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Full text of "Histoire du Concile de Trente"

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EX  LIBRIS 

JOËL  ELIAS  SPINGARIir. 


rt-wT,  Sa.Y^L. 


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JOELEUASSPINGAIW. 


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HISTOIRE 

DV  CONCILE 
DE   TRENTE, 

ÉCRITE  EN  ITALIEN       1 


PAR  FRA  PAOLO  SARPr, 

DE  l'Ordre  des  ServitË?7 

ET  T  RJDUITZ  DE  SOUVZAU  EN  FRANÇOIS, 

AVEC    DES  NOTES 

CRITIQUES,  HISTORIQUES  ET  THEOLOGIQUES, 
Par    pierre  -  FRANÇOIS   °LE    COURAYER, 

Dodcu  en  Tli^ologie  de  l'UnÎTCtCt^  i'Orhii ,  8c  Chanoine  Régulier  &  anclea 
Bi^Uoui^caiic  de  l'Abbaye  de  Ste  Geneviève  de  Pariï. 

TOME      PREMIER. 


A     AMSTERDAM, 

Chex  J.    WETSTEIN     et   G.. SMITH. 
M.   DCC    tl. 


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E  P IT  R  E 

.  4^  pouyoit  réunir ,  je  ne  dis  pas  ,  ceux<jui  lavoient 
tf^iverfëe ,  mais  même  ceux  <^ui  en  avoienc  écé  les  Mi- 
iiiftres '&  les  Prote^urs.    . 
.  :  .  Ct  fut  pour  myailler.  à  procurer  cette  réunion  de 
.rEglifè.',  <lue  fut  aflfeihblé  le  Concile  dont  Fra-Paoio 
.  tiovia  donne  ici  i'kiftoire.  Mais  comme  on  y  choiflt 
.miUe^flaoyiens^ue  l'on  dévoit  prendre  pour  y  parve- 
it{\t\\t  fuccès'jl'ejt  a ^s  été  heureux.  Lesdivifions 
n'ont  fait  que  fe  fortifier.  1&  s'accroître;  &  fi  fés  Dé- 
crets ont  remédié  à.quelquesi-uns  àci  abus  les  plus  gfof^ 
iiers ,  ils  ont  eh  même  céms  rendu  les  autres  plus  in- 
çui^ables  \  en  les  mettant  à  couvert  à  l'abri  des  Loix 
-  q!ui  (èàibloient  lie  devpir  être  deftinées  qu'à  les  refor- 
liner.    On  découvrira  dans  cet  Ouvrage ,  à  qui  on 
.4oi^  en  imputer  la  faute.  La  politique  &  l'intérêt  d'un 
4^é  ,  la  ctiakmr  &  4a  prévention  de  l'autre  ,  firent 
.^hoéer  lés  meilleures  intentions  des  gens  del>iens  \  ôc 
i*on  verra  que  tandis  qu'on  ne  padoit  de  part  Se  d'au- 
..«re  que  de  défendre  la  Vérité;  &  ide  corriger  les  Abus , 
yba  né  combattoic  rédldnienc  que  pour  l' Autorité  &  les 
<Avantages^tempoiels  v  &  qift'tinTéuiïit  bien  moins  à  re- 
-dreifer  ce  qu'il  pouvoir,  y  avoir  de  défeâwcux  ,  -quà 
ifbrtifiàr  les  préjugés ,  &  qa'i  élargir  les  brèches  qu  a- 
-Ydicnt  faitesî'ies  premièrtâs  .^ifputes ,  &  q^e  les  nou- 
irsaar  Décpsts  tUi  Condlc  dm  ifendues  prévue  irrépa* 
sables.    ."■..■  '    'i  .'  ■•■'■  •=   •    -■ 


EX  LIBRI3 

JOËL  ELIAS  SPINGAW, 


TreiyT.   SavuL, 


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E  P IT  R E 

Majesté  connoît  mieux  que  perfonne  les  pernî- 

cieufes  conféquences du;!  tel  principe.  Loin  de  croire 
qu'il  eft  de  l'intérêt  de  la  Religion  de  captiver  les  ef- 
pritj  fous  le  joug  d'une  Autorité  arbitraire ,  &  de  pu- 
nir lés  hommes  pour  des  penfées  qu'il  n  eft  en  leur 
pouvoir  ni  de  prévenir  ni  de  rejetter ,  Elle  fait  que  les 
PuifTances  ne  doivent  faire  ufage  de  leur  autorité  en 
matière  de  Foi ,  que  pour  infpirer  aux  autres  les  fenti- 
mens  qu  Elles  croyent  les  plus  raifonnables ,  &  pour 
les  porter  au  bien  par  leurs  exemples  &  par  leurs  rai- 
fons.  Le  zèle  qui  fe  borne  à  faire  triompher  le  Parti  où 
l'on  eft  né ,  eft  la  vertu  des  Princes  foibles ,  qui  me- 
furant  leurs  lumières  à  leur  puilfance ,  ne  connoiffent 
d'autre  mérite  en  fait  de  Religion ,  que  celui  d'alfer- 
vir  les  autres  à  leurs  préjugés.  Mais  Votre  Ma- 
j  £  s  T  £  a  des  idées  plus  juftes  de  la  Pieté.  Bien  dif- 
férente de  ces  Princes ,  qui  fe  livrant  à  la  conduite  de 
ces  Guides  aveugles  à  qui  ils  ont  abandonné  leur  con- 
fiance ,  croyent  expier  leurs  defordres  à  la  faveur  d'un 
zèle  perfécuteur  pour  le  maintien  de  quelques  opi- 
nions y  dont  ils  font  d'autant  plus  jaloux  d'appuyer  la 
créance  qu'elles  les  laiffent  en  pleine  liberté  de  fatisfaire 
leurs  pallions  j  Votre  Majesté  eft perfuadée 
que  c*eft  par  convifkion  qu'il  faut  faire  triompher  la 
Vérité  i  que  l'efprit  de  Religion  ne  confifte  pas  à  dilfi- 
muler  bu  à  défendre  les  défauts  ou  les  erreurs  de  fon 


D  E*D  1  C  AT  O  I  R  E. 

Parti ,  mais  à  les  avouer  &  à  y  chercher  des  remèdes  | 
que  fî  l'on  n  eft  pas  aflez  heureux  pour  être  à  l'abri  de 
toute  erreur  ,  la  fîncérité  avec  laquelle  on  cherche  à 
s'en  détromper  eft  la  difpofition  la  plus  vertueufè 
qu'exigent  la  Raifon  &  la  Religion  j  qu'il  eft  des  vé- 
rités obfcures  fur  lefquelles  on  fe  partage  fans  crime , 
quand  on  le  fait  fans  partialité  &  fans  intérêt  ;  &  qu'en- 
fin l'objet  principal  de  l'Evangile  a  été  de  nous  rendre 
gens  de  bien  ,  &  de  réformer  encore  plus  nos  cœurs 
que  nos  efprits. 

Il  eft  fâcheux  ,  Madame,  pour  l'honneur  de  la 
Religion  &  de  l'humanité  ,  qu'on  ait  ofé  attaquer  de 
fî  juftes  maximes  ;  &  ce  n'eft  que  parce  qu'on  a  tenté 
de  le  fkire ,  que  l'on  a  donné  tant  de  prife  aux  Efprits- 
forts  ,  dont  la  plume  libertine  a  fu  prendre  avantage 
pour  attaquer  les  fondemens  mêmes  de  la  Foi.  Mais 
ils  fe  trompent ,  s'ils  croient  les  renverfer  en  combat- 
tant à^  Doctrines  que  la  Religion  defavoue ,  &  qu'on 
ne  met  fur  fon  compte  quefaute  de  diftinguer  ce  qu  elle 
enfeigne  ,  d'avec  les  principes  particuliers  de  ceux  qui 
favent  fî  mal  la  défendre. 

La  pénétration  de  Votre  Majesté  afu  lui 
faire  faire  depuis  longtems  ce  difcernement.  Auflî  en- 
nemie de  la  licence  que  de  la  fervitude ,  Elle  fait  que 
la  Religion  feule  eft  capable  de  foutenir  la  Majeftédu 
Trône ,  &  d'alTurer  le  bonheur  des  Princes  &  des  Peu- 


EPÏtRE  DE'DICATOIRE. 

pies  y  &  (ju  Qn  ne  peut  compEer  fur  la  fidélité  de  ceux 
qui  bornent  leurs  craintes  &c  leurs  efpérances  à  cette 
vie  ,  &  qui  n  ont  pour  principes  de  leurs  avions  que 
leurs  palfions  &  leurs  intérêts.  PuifTe  l'exemple  de  Vo- 
TRE  Majesté  infpirer  à  tout  le  monde  plus  de 
refpeâ  pour  les  vérités  &  les  devoirs  de  la  Religion  i 
&  puiiTe  la  pratique  de  ces  mêmes  devoirs  attirer  fur 
Elle  &c  fur  fon  Augulle  Famille  lés  profpérités  ,  qui 
fans  être  la  véritable  récompenfe  de  la  Vertu ,  fervenc 
fouvent  à  la  rendre  plus  éclatante  par  le  bon  ufage 
qu'elle  fait  en  faire  !  Ce  font ,  M  a  D  a  m  s ,  les  vœux 
les  plus  ardens  &  les  plus  (incères  que  je  ne  celfe  de 
former  pour  Votre  Majesté, &  que  je  la  fup- 
plie  de  recevoir  comme  le  témoignage  de  i'eftime  la. 
plus  fincère  ,  de  la  plus  vive  reconnoilfance ,  te  du  plus 
profond  refpeâ  avec  lequel  j'ai  riionneur  d'être. 


MADAME, 


De  Votre  Majesté, 


Le  très  humble  &  ttcs  obéifTanc  Serviteur  l 
Pii&kb-FramçoisLbCovilayeju' 

PREFACE 


PREFACE- 

I E  N  n'tft  fi  ordinaire  aux  Traduiieurs ,  pour  in(pîrcr  au  Pa-* 
blic  quelque  eftime  de  leur  travail ,  que  de  commencer  par 
l'éloge  de  l'Ouvrage  qu'ils  ont  a  traduire ,  &  par  celui  de  l'Au- 
teur qui  l'a  compofS.  Heureufement ,  la  réputation  de  Frar 
Paolo  &  de  fon  Hiftoire  me  di(penfcnt  de  cet  ufage.  Si  tôt 
qu'elle  parut  dans  le  Public ,  elle  fut  lue  avec  avidité  -,  &  plus 
d'un  fiéclc  écoulé  depuis  (a  première  publication ,  n'a  fait  qu'augmenter 
l'eftime  qu'en  firent  d'abord  les  Savans  &  Içs  gens  éclairés  &  impartiaux^ 
Rome  cependant  en  fut  fcandalifée  ,&  n'oublia  rien  pour  en  diminuer  le 
mérite  8c  en  décréditer  l'Auteur.  Mais  un  Ouvrage  eÔènticUcment  bon  (c 
fontient  par  foi-même  contre  des  attaques  intérelfées  &  mendiées  ;  &  les 
méprifes  légères ,  que  rinfpeétion  des  AGtts  Se  la  découverte  de  plufieurs 
nouveaux  Mémoires  ont  fait  remarquer  dans  cette  Hiftoire,  n'ont  fervi 
tja'â  donner  au  refte  plus  de  crédit  &  d'autorité. 

L'iNGfiNuiTâ  avec  laquelle  cette  Hiftoire  étoît  éaite ,  fit  bien  juger  d 
Frd'Paolo ,  qu'il  ne  pouvoit  s'en  avouer  l'Auteur  fans  danger ,  ôc  fans  réveil- 
ler les  ennemis  que  la  querelle  de  Vlmerdit  de  Venife  lui  avoir  fufcités.  Il  prit 
xlonc  le  parti  de  tenir  la  chofe  fecrette ,  &  l'on  ignora  pendant  quelque  tems 
i  qui  l'on  étoit  redevable  de  cette  production.  Le  P.  Fnlgence^  dans  la  Vie 
C[u'il  nous  a  donnée  de  ce  grand  homme ,  trop  fcrupuleux  à  ne  pas  divul- 
guer le  (ècret  de  fon  Ami,  nous  laiflà  fur  cela  dans  la  même  ignorance  ',  & 
ce  ne  fut  d'abord  qu'à  la  faveur  de  quelques  conjeftures  qu'on  découvrit  ce 
que  Frd  Paolo  avoir  mieux  aimé  laificr  deviner,  que  déclarer  lui-même ,  foit 
de  peur  de  s'attirer  de  nouveaux  ennemis  par  une  telle  déclaration  ^  foit 
pour  ne  pas  décréditer  fon  propre  Ouvrage  parmi  les  Dévots ,  à  qui  fon 
nom  devenu  odieux  ne  pouvoit  manquer  (finfpirer  un  préjugé  contre  cette 
Hiftoire ,  nonobftant  la  fincérité  &  le  défintérellcment  qui  s'y  font  remar- 
quer de  tous  côtés. 

C  £  s  T  ce  qui  fit  que  dans  les  commencemcns ,  on  héfita  pendant  quel- 
que tems  fur  le  nom  de  fon  véritable  Auteur.  Quelques-uns,  idon  Pierre 
Vitpny  dans  une  lettre  à  Camden  du  i^  d'Avril  mdcxix,  attribuoient  cet 
Ouvrage  à  l'Archevêque  de  Sfalâtro.  D'autres ,  fclon  Camden  dans  fa  réponfc 
à  Pierre  Dapfty  du  1 1  de  Mai ,  le  donnoient  au  P.  Fntgence  ou  à  quelque  au- 
tre Italien.  On  foupçonnoit  pourtant  dès-lors ,  fclon  le  même  Camden ,  Fror 
Paolo  d'en  être  le  véritable  père  ;  &  lorfque  le  Prince  de  Conde  lui  rendit  vi- 
fite  a  Venife  en  m  ncx  x  ii ,  il  ne  manqua  pas  de  le  mettre  fur  ce  point  pour 
s'en  aflîircr.  Mais  le  Pcrc ,  qui  avoic  fcs  raitoos  pour  ne  pas  découvrir  fon  fc- 


11  PREFACE. 

crée  »  &  qm  écoic  d'autant  plus  fur  fes  gardes  avec  le  Prince  ^  qu'il  Cûvoit  qiie 
c^étoit  lui  qui  aroit  répandu  ce  brute  en  France ,  &  lavoir  même  débité  à 
rAmbafTadeur  de  Venile,  fe  contenta  de  lui  répondre  ,  qu^on  en  connoii^ 
foit  TAuteur  a  Rome.  En  efFet,  (oit  que  Ton  y  fut  inftruic  du  foin  que  Fré^ 
pAolo  avoit  pris  depuis  plulîeurs  ann^^cs  de  recueillir  tout  ce  qui  pouvoir 
avoir  rapport  â  cette  maticre  »  ou  que  Ton  nom  ne  fût  pas  allez  déguifé  fous 
celui  donc  on  sVtoit  fervi  »  fbit  que  l'on  n^  connût  perfbnne  plus  capable  que 
lui  en  Italie  d^écrire  un  tel  Ouvrage»  foit  enfin  que  Ton  y  rccrouvat  quanci«* 
té  de  maximes  ôc  de  principes  répandus  dans  îcs  autres  Ecrits >  Tonne  s'y 
trompa  point  comme  ailleurs ,  de  les  doutes  s'éclaircirent  bientôt  partouc». 
Car  comme  après  la  mort  de  notre  Hiftorien  on  n'eut  plus  le  mcmc  intérêc. 
de  dcguifèr  la  chofe ,  ou  que  ceux  qui  étoient  les  dépofitaires  du  fecret  uc 
jugèrent  pas  qu'il  convînt  de  fu^endre  plus  long^tems  la  curiofité  du  Public 
£ir  ce  point  >  tout  le  monde  fut  bientôt  que  c'étoit  i  lui  que  le  Public  ca 
étoit  redevable. 

E  N  effet  9  (ans  (è  déceler  lui  même  ^  il  y  avoit  long-rems  qu'il  avoit  laifK: 
connoicre  à  fes  amis,  {iir-cout  en  France,  qiu'il  recherchoit  avec  foin  tout 
ce  qui  avoit  rapport  à  cette  affaire  ,  afin  qu'ils  l'aidaflcnt  de  leurs  confcils  Se 
des  Mémoires  particuliers  qu'ils  pouvoient  avoir  ^&  dès  l'an  mdcviii  on 
voir  que  non-leulement  il  avoit  déjà  ramaflë  pluûeucs  chofes,  mais  mêmc^ 
u'il  avoit  commencé  à  écrire  cette  Hiftoire.  r^  vu ,  dic-il  dans  une  lettre 
u  21  de  Juillet  m  o  c  v  1 1 1  à  Mr.  Grojlot ,  U  Révijion  dn  Concile  de  Trente , 
le  BuredH ,  &  les  jiUes.  S'il  y  a  quetcfue  antre  Owvragefwr  U  menu  méuiere ,  je 
ferois  bien  aife  de  C  avoir ,  parce  que  fat  écrit  moi-même  quelcfue  chofe  de  fins  iten^ 
diii,qiufaitirtdeiAfonHmens  que  f  ai  f  h  trouver  en  ce  pdis-ci.  On  voit  auffî. 
par  une  antre  lettre  du  17  de  Mai ,  qu'il  remercie  Mr.  Gtllot-  des*  Colle(5Uons 
^u'il  lui  avoit  envoyées  fur  ce  fiijet^  &  où  il  avoue  qu'il  avoit  trouvé  des 
chofes  rrès  remarquables»  On  fut  d'ailleurs  que  c'étoit  de  lui  c^l  Antoine  de 
Dominis  y,  Aïchcyè<\uc  de  Spalatroy  avoit  eu  le  Manufcric  qu'il  avoit  fait  inv* 
primer  à  Londres  en  mocxix.  CePrélat,.auiIi  connu  par  fon  inconftancc 
&  (àfinnulhcureufè  que  par  (baérudition>  avoit  eu  des  liaifons  avec  Fra^ 
Faolo  y  &  lui  avoit  Êiit  part  appacemmenc  du  deflcin  qu'il  avoit  de  paflfêr  en. 
Angleterre..  Ce  fut  zvanr  d'exécuter  (a  réfolution ,  qu'il  avoit  tiré  de  notre 
Uiftorien  la  copie  de  (bn  Hiftoire,  qu^il  (è  propofa  de  faire  imprimer  auûî* 
fi&t  qu'il  (èroit  dans  un  pais  où  il  le  pût  faire  en  liberté.  De  (avoir  fi  l'Auteur 
lui  avoit  permis  de  tirer  cette  copie,  ou. sal  le  fit  fans  fon  aveu^  c'eft  fur  quoi 
je  n'ofe  rien  afiurer..  Je  fèrois  cependant  afiez  porté  i  croire,  que  la  chofe- 
ae  s'étoir  pas  faite  fans  fa  participation  ;  puifque,  fi  nous  en  crayons  l'An- 
leur  de  la  Vie  du  Chevalier  Waiton  qui  avoir  été  Ambadàdeur  d'Angleterre  à 
Ycnik  y^FraPaclù  en  avoit  tranfmis  lui-même  les  feuilles  au  Roi  Jacques  />. 
par  le  canal  de  ce  Miniftre*,  non  peur*  erre  dans  ledeflcin  de  faire  imprimer 
cer  Ouvrage  de  fon  vivanr ,.  mais  du  moins  pour  en  prévenir  la  fbppreflion 
après  ùk  mort ,  &  le  facrifice  qu'en  eût  pu  faire  le  Sénar  pour  ne  point  don-- 

aci  decumvcaiaiiijftt  de  plainte  i  la.  Cwc  dc&ome^ 


3 


P  1R.  E  F  A  C  E.  Ml 

M  A I  s  9  (bit  qae  Fré^Péolo  aie  communiqué  lui-même  (on  ManuTcrir  i 
rArcbevêque  de  Sfdatro ,  ou  non ,  il  paroit  bien  certain  au  moins  par  !'£- 
pitre  dédicatoire  de  ce  Prélat  au  Roi  Jacques  />  que  la  publication  de  l'HiC- 
toire  du  Concile  (è  fit  à  Tinfu  de  fon  Auteur  \  pui(que  de  Dominis  y  dit  à  ce 
Prince ,  yn*//  nejait  commem  Py^uteur  interprétera  Jk  réfilmion ,  6c  qu^U  remet 
cet  Owurage  entre  les  mains  de  S.  M.  comme  an  antre  May/ejanvé  du  mUien  dei 
eaux ,  OH  Çek  peut-être  fait  périr  celui  qui  lui  avoit  donné  la  vie.  Cela  femble  in- 
iiiquer  aiïez  clairement,  ({ucFra-Paolo  n'eut  aucune  part  â  cette  publication; 
âc  même,  qu'elle  (è^aifbit  en  quelque  forte  contre  Ces  inclinations.  Quoi 
ou  il  en  (bit,  de  Dominis  ne  fe  crut  pas  obligé  d'y  déférer;  ou  du  moins  il 
iuppofà  que  c'étoit  fuffifamment  y  fatisfaire ,  que  de  ne  pas  divuleuer  le  nom 
de  l'Auteur.  A  peine  donc  étoit-il  arrivé  en  Angleterre ,  qu'il  ht  imprimer 
cette  Hiftoire ,  mais  avec  un  Titre  Se  une  Epitre  dédicatoire  au  Roi  J acquêt  ^ 
qui  déplurent  à  F^a-Paolo  aufli-bien  qu'à  la  plupart  des  gens  (ènfés,  qui  pré- 
virent aifémcnt  Tufage  qu'on  feroit  de  ces  deux  chofes  pour  prévenir  les  Ca- 
tholiques contre  un  Ouvrage  qui  avoit  été  écrit  principalement  pour  eux» 
Se  pour  empêcher  par-lâ  tout  le  fruit  qu'il  eut  pu  faire  s'il  eut  été  publié 
fans  ces  additions ,  qui  le  leur  rendoient  en  même  tems  &  foCpcék  Se  odieux. 
Ceft  ce  que  marquèrent  â  Cambden  le  célèbre  Pierre  DupHjf  Se  Nicolas  do 
Teirefcy  qu'on  n'a  jamais  foupçonnés  d'être  fuperlUticux  dans  leur  Orthodo- 
xie. Plut  à  Dieu  9  dit  le  premier  dans  une  lettre  du  13  de  Juillet  mdcxix» 
qu'on  en  eut  retranché  la  Préface  &  la  dernière  partie  du  Titre.  Les  préju-' 

Î;és  ont  un  grand  empire  Se  un  pouvoir  abfolu  (ùr  nous.  La  Préface  rendra 
'Ouvrage  inutile,  &  lui  fera  perdre  toute  fon  autorité.  Vtinam ,  utinam  ahef 
fet  prafatio  &  etiam  pars  ultima  tituli  !  Prajudicia  apudnos  multum  valent ,  ont^ 
nia  pojfunt. —  Préfatio*^-  inutilem  &  nuliiusferi  momemi  librum  apud  nos  red^ 
det.  Ceft  une  très-belle  Pièce,  dit  l'autre  dans  une  lettre  du  i  5  de  Juillet,  & 
laquelle  étoit  capable  Jt un  grand  effet ,  &  d avoir  un  grand  cours  ,fi  celui  qui  Fa 
fait  imprimer  eut  pu  fi  contenir  dans  la  même  modération  de  F  Auteur ,  &  s^abfte^ 
nir  non^eulement  de  tarraifonnemem  qu^il  a  ajouté  au  Titre  &  des  mots  piquons 
&  partiaux  qu^it  a  entrelaces  en  F  Indice  des  matières^  putis  auffi  de  fin  Epitre  li* 
minairey  &  de  fin  nom  tout  à-fait ,  puifqi/il  efl  déjà  fi  décrie  parmi  ceux  qui  ne 
font  pas  de  fin  avis ,  quil  décréditera  ce^and  Ouvrage  ici ,  ^  t  empêchera  JtOi» 
"Voir  cours ,  comme  il  eutpojfible  eu  entre  les  mains  des  Catholiques  mêmes,  voire 
jufque  dans  F/talie. 

On  fent  bicti  les  raifons ,  qui  avoîcnt  porté  l'Archevêque  de  Spalatro  i 
cnagiraînfi.  Il  crut,  qu'en  qualité  de  Profcly te,  il  ne  pouvoit  mieux  faire 
fa  cour  aux  Protcftaris  qu'en  déclamant  avec  violence  contre  le  Pape;  Se  il 
le  fit  fans  ménagement  dans  fon  Epirre  dédicatoire.  Se  dans  l'addition  qu'il 
fit  au  Titre  de  Fra-Paoh,  Mais  on  lut  fut  fi  peu  de  gré  de  ce  qu'il  avoit  hiit, 
que  dans  faTraduâion  Latine  qui  fe  fit  auffi- tôt  de  cette  Hiftoire  en  An- 
gleterre, on  en  retrancha  &  TEpitre  &  le  Titre, auffi-bicn  que  danslesnou- 
Tclles  Editions  qui  fe  firent  du  Texte  original  à  Genève  enMDCXXix,  Se 
Cft  Mpchvi  &  if»c£x;£:  il  cft  a^natorcl  de  ccoirct  qu'on  ne  le  fie' 

aij 


lY  PREFACE. 

que  pour  fc  coefonner  aux  dcfirs  de  l'Auteur,  qui  étant  toujours  dcmcnré 
dans  la  Communion  Romaine»  fentit  toute  l'incongruité  qu  il  y  avoit  à  flat- 
ter les  Proteftans  aux  dépens  de  fon  propre  Parti,  après  avoir  affcâé  dans 
tout  le  cours  de  fon  Ouvrage  une  impartialité  que  Ton  rencontre  à  peit^ 
dans  aucun  autre  Ecrivain. 

Une  Hiftoirc  écrite  avec  autant  de  fincérité  &  de  jugement ,  fut  reçue 
comme  ont  accoutumé  de  rêrrc  de  tels  Ouvrages.  Les jperfonnes  d^fintcrclr- 
fées  Tadmirerent.  Les  autres  réglèrent  leur  jugement  (ur  leurs  préventions, 
&  en  parlèrent  bien  ou  mal,  félon  les  intérêts  &  les  préjugés  du  Parti  ou 
ils  fe  trouvoient  engagés.  Les  Proteftans  la  comblèrent  d'éloges.  La  plupart 
des  Catholiques  la  décrièrent  fans  ménagement,  &  il  n'y  eut  guercs  qu'en 
France  où  ils  ofâlTcnt  en  parler  avec  modération  &  montrer  l'eftime  qu'on 
en  dévoie  faire.  Audi  le  Catholicifme  des  François  eft  un  peu  différent  de 
celui  des  Ultramontains '>  &tel  padèpour  très-orthodoxe  tn-deçà  des  Alpes 
&  des  Py  renées ,  qui  auroit  peine  à  (c  défendre  des  pourfuites  de  l'Inquifitioa 
au-delà»  Les  Romains  (ùr- tout  en  furent  plus  indignes  que  perfbnne^  &  il 
cft  vrai  auifî  que  leur  politique  &  leurs  abus  y  avoient  été  expofés  avec  plus^ 
de  liberté.  Bien  en  prit  â  Fra-Paolo  lor(qu'ils  l'en  reconnurent  pour  l'Au- 
teur ,  de  n'être  pas  dans  un  lieu  qui  le  mît  à  leur  difcretion.  Un  prétexte  de 
Religion  les  eut  venges  des  coups  qu'il  leur  avoit  portés;  &  ils  eudènt  eu 
une  occafion  d'autant  plus  favorable  de  (àtisfaire  leur  reflfèntiment ,  qu'en 
le  faifant  ils  euflènt  paru  ne  rien  faire  que  pour  le  maintien  de  l'Orthodoxie.. 
.  Mais  l'indignation  qu'en  conçurent  quelques  Dévots  auili-bien  que  les 
Romains ,  n'a  pas  empêché  le  Public  de  regarder  fon  Ouvrage  comme  un 
chef-d'œuvre  en  fait  d'Hiftoire.  Quoique  TexprcfCon  fe  fente  un  peu  de 
ridiome  Vénitien  qui  n'eft  pas  des  meilleurs  d'Italie,  la  narration  eft  n  ai((fe  , 
6c  les  faits  (i  heureufement  liés  les  uns  avec  les  autres,  que  les  plus  judicieux 
Critiques  n'ont  pas  fait  difficulté  de  donner  cette  Hlftoire  comme  le  meil- 
leur modèle  que  puiflent  fe  propofer  les  Hiftoriens.  C'eft  ce  qui  fit  dire  â 
«Jonr.dt»  Mr.  «Wa  dans  l'Extrait  qu'il  donna  de  l'Hiftoire  du  Cardinal  Pallavicin,  ^ 
Sâ¥.  Mars  que  Fon  ru  peiU  rien  voir  de  plus  achevé  éfue  celle  de  Fra-Paolg  i  &  à  Mr.  j5w- 
'^^î*  net,^  que  c'eft  un  modèle  que  doivent  (liivre  tous  ceux  qui  veuleut  rcuffir  à 

ii&  ^p^i?^  ^^^*^^  l'Hiftoire.  Pierre  DupHy  de  Mr.  de  Peirejc  en  avoient  jugé  de  même 
'        '  dès  le  commencement ,  &  ce  jugement  n'a  fait  que  fe  confirmer  dans  la  fui* 
te;  Tans  que  la  critique  que  quelques  Ecrivains  ont  pris  à  tâche  d'en  faire  j. 
Se  les  mépriiês  Légères  qui  s'y  trouvent ,  en  ay ent  diminué  le  mérite  aux  yeux 
du  Public. 

En  effet,  fôit  que  Ton  confîdere  cet  Ouvrage  par  rapport  à  la  vérité  des 
faits»  foit  que  l'on  y  envifage  la  forme  &  rarrangpment  que  TAuteur  a  don- 
nés à  fa  matière,,  (bit  enfin  que  l'on  examine  les  réflexions  dont  il  a  coutume: 
d'accompagner  les  événemens,  tout  contribue  également  à  en  relever  le  prix. 
êc  le  mérite. 

A  l'égard  de  la  vérité  des  faits,  on  ne  peut  prendre  de  plus  juftes  me« 
6res  fout  &'cn  aHiirer^,  qae  celles  fjpt  prit  fréhPâ49*  Hh  qu'il  fe  fut  pro^ 


i; 


P  R.  E  F  A  C  E.  V 

pofé  d'dcrire  i*Hiftoire  du  Concile ,  il  n'épargna  ni  peines  ni  recherches 
pour  conlîilccr  tous  les  Monumcns  qui  y  avoicnc  quelque  rapport-,  &  fa  fi- 
nianon  lui  procuia  fur  cela  bien  des  facilirés.  Il  vivoic  près  du  lieu  ou  les 
dioies  s'étoient  pailces.  La  mémoire  de  cette  affaire  étoit  encore  toute  ré- 
cente, &  ii  eut  occalion  de  connoitre  plulieurs  de  ceux  qui  y  avoicnt  allîftc. 
Il  fut  lie  même  d'une  étroite  amitié  avec  Camille  Oliva,  :)écrétaire  du  Car- 
dinal de  MantoHc  l'un  des  Préfidens  du  Concile  fous  Pie  If^.  Il  avoir  eu  en- 
tre les  mains  le  Journal  de  Chéregat  Nonce  à'  Adrien  FI^  les  A£tes  de  la  Lé- 
gation de  Conturini  à  Ratisbonne,  une  partie  des  Lettres  du  Cardinal  del 
Monte  premier  Préûdent  du  Concile  fous  Paul  1/2  ^  celles  de  nfeonti  Agent 
de  Pie  /^  à  Trente ,  les  Mémoires  du  Cardinal  da  Mnla^  les  Dépêches  des. 
Ambaflàdeurs  de  Vcnife  au  Concile ,  la  plupart  de  celles  des  Ambaffadeurs. 
de  France ,  qui  lui  avoienc  été  communiquées  par  Mr.  Gillat  ou  par  quel- 
ques autres  de  ks  Amis-,  fans  compter  beaucoup  d'autres  Mémoires  particu- 
fiers,  dont  il  avoit  tiré  les  Vores  des  Prélats  &  des  Théologiens  fut  la  p!u- 
art  des  queftions  qui  furent  agitées  dans  le  Concile.  Il  confulta  d'ailleurs 
es  Hiftoriens  les  plus  (ars  &  les  plus  accrédités ,  fur  l'Hidoirc  de  ce  rems^ 
dans  les  chofes  qui  n  avoient  point  un  rapport  dired  au  Concile  \  Sleidan^ 
fiir  les  affaires  d'Allemagne -,  GHicciardin^  Adriani ,  Paul  Jove,  &  quelques 
autres»  fur  les  affaires  dltalie-,  Beancaire,  La  Popeltmere ,  De  Thon ,  &  d'au- 
tres pareils,  fur  celles  de  France.  En  un  mot  >  il  ne  marcha  jamais  qu'après  les 
guides  les  plus  (Tirs  \  &  s'il  s'écarta  quelquefois  de  la  vérité  >  ce  ne  fut  que 
par  un  accident  commun  à  tous  ceux  qui  font  obligés  d'écrire  fur  des  rap- 
ports étrangers ,  &  fans  aucun  delFein  ni  d'altérer  le  vrai,  ni  de  colorer  le 
faux  aux  yeux  de  perfonne.  Uefl:  vrai  que  tous  ces  fecours  ne  fufEfoienr  pas 
encore  pour  donner  à  fon  Ouvrage  la  dernière  petfeétion,  putfqu'ilne  put 
avoir  communication  ni  des  Adtes  mêmes ,  ni  des  Lettres  fecrettes  ou  écrites 
par  les  Légats  ou  qui  leur  étoient  adreflees ,  &  qui  pouvoient  nrieux  fervir 
qu'aucune  autre  chofc  à  découvrir  cous  les  myfteres  &  les  intrigues  qui 
avoient  donné  le  mouvement  au  Concile.  C'eft  à  ceci  fans  doute  que  font 
dues  quelques  fautes  qui  (è  trouvent  dans  notre  Hiftorien^  mais  dont  on 
doit  lui  faire  d'autant  moins  de  crime  „  qu'on  fait  bien  qu'il  nétoit  pas  enr 
fon  pouvoir  de  confuker  ces  Monumens  \  6c  que  fa  pénétration  d'ailleurs  ^ 
fuppléé  fouvent  aux  Ades  par  des  conjedtures  fi  heureufes,  que  la  décou- 
verte de  ces  Pièces  n'a  fervi  qu'à  les  vérifier.  Mais  malgré  ce  peu  de  mé* 
piles ,  que  la  prévention  de  Traducteur  n'a  pu  m'empêcher  de  reconnoi^ 
trc ,  8c  de  reétifier  autant  qu'il  a  éré  en  mon  pouvoir,  on  ne  voir  pas  que  ce* 
la  doive  diminuer  beaucoup  du  prix  de  l'Ouvrage.  Eneffer,  ce  font  desi 
fautes  de  nature  à  ne  rien  altérer  dans  rcflcntiel  de  la  narration ,  &  alai(ïcr 
â  l'Auteur  le  caraékere  de  véracité ,  qui  malgré  ces  méprifes  fe  fait  remarquer 
dans  cette  Hiftoire.  Qa'importe  efïcdîvement  au  Lefteur ,  qu'une  Congre- 
«non  le  foit  tenue  un  jour  plutôt  qu'un  autre ,  que  ce  Ibit  un  td  Théo- 
logien ou  un  autre  qui  ait  parlé  fur  une  telle  matière,  que  le  nom  dW 

Evcqpc  ou  d'ua  £vêché  foit  mal  marqué  y  qu'il  y  aie  qi^elquc  circooftaocc: 


VI  PREFACE 

<emi(ê  ou  changée  dans  la  relation  d'un  fait  étranger  au  Concile }  Ce  font 
réellement  des  fautes  contre  i'exaétitude  de  FHiltoire.  Mais  s'il  convient 
éc  les  remarquet  pour  l'utilité  des  Leéleurs  »  elles  ne  (àuroient  diminuer  le 
crédit  d  un  Ouvrage  dont  le  fond  eft  efTentiellement  vrai ,  Se  dans  lequel 
fi  l'Auteur  Te  méprend  quelquefois  »  c'eft  toujours  (ans  conséquence  pour 
les  chofes  edcntielles ,  Se  (ans  préjudice  pour  Ion  propre  caraâere. 

Mais  s'il  s'eft  glidè  des  fautes  légères  par  rapport  â  l'exadlitude  dans 
ouelques  chofes  peu  edcntielles,  on  ne  peut  rien  defirer  par  rapport  i  la 
totme  de  l'Ouvrage  8c  à  l'arrangement  des  matières.  La  narration  feloa 
Mr.  Dup'iy  en  eft  nette,  élégante,  &  agréable.  Uhrum  étvidè  legijiimma 
€Hm  volHptate.  Narréuio  dducida ,  elegans^  nec  minus  jHcimia.  On  ti'y  voie 

{>oint  de  digreifions  étrangetes  Se  ennuyeufès.  L'Hiftoire  du  tems  y  eft  me- 
ée ,  mais  avec  un  choix  &  une  préci(ion  qui  ne  laide  rien  ignorer  de  nécef- 
faire ,  &  qui  ne  détourne  point  l'attention  par  un  ramas  de  circonftances 
inutiles.  Tout  concourt  au  but  général  de  l'Auteur.  Les  événemens  poli- 
tiques n'y  font  touchés  qu'autant  qu'il  a  été  nécedàire  de  le  faite  pour 
montrer  la  part  qu'ils  ont  eu  (bit  â  la  convocation ,  foit  au  progrès  ou 
à  la  concludon  du  Concile.  Tout  y  (èmble  lié  (\  naturellement ,  que  la  nar« 
ration  eût  paru  imparfaite  (ans  ce  mélange ,  6c  furchargée  fans  cette  préci- 
fion.  L'érudition  y  eft  ménagée  avec  tant  d'art ,  qu'on  voit  un  homme  par- 
faitement maitre  de  toutes  les  matières  qu'il  traite ,  fans  afFeâcr  de  faire 
parade  de  iz%  connoidànces.  Toujours  exaâement  renfermé  dans  les  bornes 
d'Hiftorien ,  il  en  dit  adèz  pour  mettre  fon  Leâeur  au  fait  des  difputes  *,  & 
laide  plutôt  pre(rentir  ce  qu'il  en  pen(ê,  qu'il  ne  le  déclare.  Chaque  matière 
eft  traitée  dans  la  forme  qui  lui  convient ,  l'Antiquité  Ecclédaftique  avec 
érudition  Se  avec  critique ,  le  Dogme  avec  fobriété ,  la  Scolaftique  avec 
fubtilité ,  la  Morale  avec  pureté ,  la  Difcipline  avec  difcernement  &  avec 
(bumiflîon  pour  les  Loix.  ^ans  prendre  parti  parmi  une  grande  variété  de 
(cntimens ,  l'Auteur  les  expofe  tous  avec  netteté  &  impat tialité  ;  &  s'il  fait 
fentir  la  vanité  de  plu(ieurs  di(putes  qui  s'agitèrent  dans  le  Concile,  c'eft 
plutôt  aux  rai(bns  foibles  qu'apportoient  leurs  défen(èurs  que  fe  découvre 
ce  qu'on  en  doit  penfer,  qu'au  jugement  qu'il  en  porte.  Par  un  mélange 
jadicieax  de  Doftrine  &  d'Hiftoire,  il  a  trouvé  moyen  de  faire  lire  les 
cho(ês  les  plus  férieufes  Se  les  plus  graves  avec  plaidr ,  &  les  moins  iinpor- 
cantes  avec  utilité.  En  croyant  ne  lire  qu'une  Hiftoire ,  on  entre  infen(ible- 
ment  dans  les  difcudions  les  plus  profondes  de  la  Théologie  \  Se  fans  fon- 
ger  qu'à  s'éclaircir  des  fentimens  des  Théologiens,  on  fe  trouve  penfer  Se 
opiner  pour  foi-mcme ,  lorfqu'on  Ce  figuroit  ne  s'inftruire  que  des  opi- 
nions des  autres.  L'art  de  l'Hiftorien  paroit  (ur-tout  dans  (es  Abrégés.  Peu 
de  pages  &  quelquefois  peu  de  lignes  mettent  un  Lcftcur  au  fait  des  ma- 
tières qui  fcmbleroient  demander  une  explication  fort  étendue  i  Se  foit  qu'il 
expofe  la  DoArinc  ou  la  Difcipline  ancienne ,  foit  qu'il  donne  un  précis 
des  fuffirages  des  Pères,  tout  eft  énoncé  dans  une  préci(ion  qui  épargne 
toutes  les  inutilités  >  &  i  qui  rien  n'échape  de  ce  qui  eft  eflèntiel.  £u  ua 


PREFACE,  ru 

mot»  (î  la  Jidlion  droit  toujours  auifi  puce  que  les  idées  de  T Auteur  font 
sectes  &  aifccs  > rien  ne  manqueroic  à  ccr  Ouvrage  du  côté  de  la  narration, 
&  on  pourroit  dire  (ans  aucune  reftriâion,  avec  l'Auteur  du  Journal  des- 
Savans,  an  on  ne  fem  rien  voir  de  plus  achevé» 

La  foiidié  des  reflexions  qui  lont  ièmées  par-tout  dans  cette  Hiftoirc». 
cft  un  dernier  arricie  qui  ne  contribue  pas»  moins  que  le  refte  à  en  faire  ua 
Ouvrage  excellent.  Cène  fourni  de  cespenfées  forcées,  pour  la  produc- 
tion defqueUes  un  Ecrivain  met  fon  génie  à  la  rorture  afin  de  fe  donner  la^ 
réputation  d'homme  d'elprit  \  ni  de  ces  moralités  ennuyeufes  ,.oû  (è  perd 
un  Auteur ,  pour  iè  donner  la  réputation  équivoque  d'homme  vertueux  8c 
ic  réformateur.  S'il  ceuiure  le  vice ,  c'eft  fans  cet  efpiit  de  malignité  qur 
le  fait  on  mérite  de  rechercher  &  de  publier  les  fcandales ,  fans  autre  fruic 
^ue  de  ruiner  la  réputation  des^mtres,  fouvencau  préjudice  de  la  fienne: 
propre.  Ses  remarques  fur  les  points  de  Doârrine  Ce  fement  par-tout  de  Tim- 
partialité  avec  laquelle ,  (ans  égard  aux  préjugés  ou  favorables  ou  contrai*- 
res ,  il  approuve  ou  déiâpprouve  ce  qu'il  croit  ou  conforme  ou  contraire 
â  la  vérité ,  dans  fon  Parti  comme  dans  les  autres.  Comme  il  ne  Ce  déclare 
BÎ  l'Apologifte  ni  l'Adverfaire  du  Concile  ,^  il  en  parle  roujours  en  Hifto- 
sien  9  dont  le  caraâere  eflentiel  eft  d'expofer  les  faits  avec  fîncérité  >  fans 
déterminer  autrement  le'^jugemetu  de  ion  Leâcur  qu'en  le  mettant  au  fait 
des  raifons  ou  des  ob|eâions ,  qu'il  expolè  avec  la  même  fidélité  que  les 
faits.  Si  quelquefois  fa  Critique  eft  ou  moins  exadle  ou  moins  meiurée  », 
c'eft  qu'il  n'y  a  point  d'homme  infailHble  dans  fes  jugemens  »  ou  qui  ne  fe 
kvre  quelquefois  trop  iCcs  idées.  Mais  cela  même  eft  rare^  dans  notre  Hif- 
torien  v  &  toujours  maitre  de  lui-même  >  fes  écarts  font  légers  Se  raremenr 
capables  de  féduire  un  Leâeur  attentif.  S'il  ne  donne  pas  toujours  aux  cho^ 
ùs  le  tour  le  plus  favorable ,  c'eft  que  Tenchainement  des  faits  ne  lui  per^ 
met  pas  d'interpréter  en  bien  »  des  chofès  qui  prifes  fi^parément  feroienr 
d'elles-mêmes  indifférentes.  Il  fait  diftinguer  par-tout  la  Religion  d'avec  li' 
Superftition,  &  ne  rend  point  à  des  Fantômes  un  refpeâ  qui  n'cft  dû  qu'â^ 
k  Vérité»  Il  diftingue  dans  les  Supérieurs  l'autorité  légitime  dont  ils  (ont 
sevêtus ,  d'avec  l'abus  que  plu(ieurs  en  ont  pu  faire;  &  quoiqu'il  n'eût  que 
trop  fujet  de  fe  plaiiulre  des  injuftices  &  des  violences  qu'il  avoit  fouâfene»* 
de  la.  part  de  la  Cour  de  Rome ,  ihen  parle  avec  le  même  dérintéredemenr 
qu'eût  fait  toute  perfonnc  indifférente  v&  s'il  en  cenfure  quelquefois  la  con- 
duite Se  les  abus  >  c'eft  plutôt  avec  la  ùncénté  d'un  Hiftorien ,  qu'avec  la. 
malignité  d'un  Critique.  L'idée  quil  donne  des  délibérations  du  Concile,, 
cft  ordinairement  fondée  fur  les  faits  qu'il  rapporte  )  &  s^l  n'en  a  pas  tou- 
jours une  opinion  auflî  avanragj?u(e  que  Rome  Tcât  (ouhairé,  c'eft*  qu'il  s'y. 
cft  décidé  bien  des  cho(ês  difficiles  a  admetrrei&  l'oppofition  qui s'cft  trou- 
vée à  fa  réceprion ,  ne  juftifie  que  trop  fon  jtigement.  On  voit  régner  par- 
tout une  liberté  fans  licenee,  uae  religion  fans  hypocri(îe,  une  franchifc 
&ns  impudence,  une  modeftie  fans  afteâbation,  une  févériré  fans  rudefTe ,. 
«ne  exaâitttde  ians  fii£erititiof|r>  uoe  étcndM  de  connoiflwccs  iâns  oftenu»- 


vm  PREFACE. 

tion.  En  un  mot,  toutes  les  redexions  de  TAureur  ne  (èmblent  tendre  qu^atf 
vrai  ôc  au  bien  j  Se  n^.-  dans  un  fiécle  où  les  conceftacions  de  Religion  avoienc 
coiiimencc  à  difliper  les  préjugés  d'une  (bumiflîon  aveugle ,  &  d'une  con-- 
fiance  fuperftirieule  tn  des  pratiques  fouvenc  plus  propres  à  infpirer  la  pré- 
fomption  que  la  religion»  il  (èmble  ne  Te  propoier  dans  Ton  Hiftoire  que 
d'éclairer  la  foumiflion,  que  de  fubftiruer  la  piété  réelle  â  un  extérieur  de 
dévotion»  &  que  de  détruire  la  folle  fccurité  de  ceux  qui  â  l'abri  de  DiC- 
penfes ,  d'Indulgences ,  d'hxemrions ,  ou  d'autres  chofès  de  même  nature ,  (e 
croyent  quittes  des  devoirs  les  plus  edèntiels  de  la  Morale  Ôc  de  la  Difci- 
pline ,  ôc  ne  relèvent  la  puifTance  du  Pape  que  pour  s'en  faire  un  rempart 
contre  les  remords  d'une  confcience  féduite  par  les  charmes  des  paflions  Se 
de  la  cupidité.  Ses  réflexions  ne  font  point  d'ailleurs  d'une  prolixité  qui  lesi 
rende  faftidieufes ,  ni  de  ces  lieux  communs  plus  convenables  à  un  Sermon 
qu'à  une  Hiftoire.  Tout  eft  (ènfé ,  concis ,  &  propre  au  fujet ,  dont  rarement 
l'Auteur  s'écarte.  Le  âl  de  la  narration  n'en  eft  jamais  rompu  ;  elle  n'en  pa- 
roit  au  contraire  que  plus  animée  Se  plus  intérelTante  :  tant  l'Auteur  a  fti 
donner  à  fon  Ouvrage  le  tour  néccflàire  pour  plaire,  &  pour  faire  les  im- 
preflîons  que  les  faits  autrement  expofés  n'eudènt  pu  produire,  quoiqu'elles 
en  naidènt  naturellement. 

Mais,  quelque  attention  qu'ait  eue  l'Auteur  1  ne  rien  avancer  que  de 
vrai  &  que  de  conforme  aux  Mémoires  qu'il  avoir  recueillis ,  &  à  ne  com- 
battre directement  aucune  des  déciHons  du  Concile,  fon  Hiftoire  n'a  pas 
laiflë  de  trouver  des  Cenfeurs  ;  &  plufieurs  Ecrivains  fe  fonr  fait  un  devoir 
Se  un  mérite  de  travailler  â  décréditer  un  Ouvrage  qui  leur  étoit  d'au- 
tant plus  odieux ,  que  les  ennemi»  de  l'Eglife  Romaine  fembloient  en  faire 
plus  acftime.  Les  attaques  cependant  furent  d'abord  alFez  légères ,  &n'ef- 
fleurèrent  qu'à  peine  la  réputation  de  l'Auteur. 

U  N  des  premiers  Cenfeurs  qui  parut  fur  les  rangs  fut  un  nommé  Philippe 
Quorliy  qui  après  avoir  publié  lui-même  les  deux  premiers  Livres  de  fa  Cri- 
tique à  Venife  en  mdclv  ,  en  lai(Ià  deux  autres  qui  furent  imprimés  avec  les 
deux  premiers  à  Palerme  en  MbCLxi ,  fous  ce  titre ,  Hifloria  Concilii  Tridcn^ 
uni  Peu  Suavis  Polani  ex  AtiSlorifinet  affertionibm  confutma.  Dans  cet  Ou- 
vrage, l'Auteur  exadlcment  renfermé  dans  fon  Titre  ne  va  chercher  ni  dans 
les  Ades  du  Concile,  ni  dans  les  Hiftoriens  du  tems,  de  quoi  oppofer  aux 
récits  de  Fra-Paolo  •>  mais  fe  bornant  à  découvrir  dans  fon  Hiftoire  de  pré- 
tendues contradidtions  pour  l'oppofer  à  lui-même ,  il  y  a  réuflî  avec  fi  pea 
de  fuccès ,  que  le  Livre  eft  à  peine  connu,  &  que  la  réputation  même  de 
l'Ouvrage  qu'il  attaque  n  a  pu  lui  procurer  la  gloire  que  les  Auteurs  mé- 
diocres tirent  ordinairement  du  nom  des  Adverfaires  qu'ils  combattent. 

Vers  le  même  tems  parut  un  autre  Ouvrage  d'un  Théologien  de  Met 
iîne  nommé  Scipio  Henrici ,  fous  le  titre  de  CenfwA  Theologica  &  Hifionca  » 
dont  la  première  Partie  eft  dcftinée  à  donner  un  Extrait  de  tout  ce  qu'il  y  a 
de  bon ,  de  vrai  &  de  probable  dans  l'Hiftoire  de  Fra^Paolo;  Se  la  féconde  y 
à  cenfiirer  ce  qu'il  y  a  de  mauvais  »  de  faux  8c  de  condamnable.  Mais  il  y  a 

Uea 


PREFACE.  IX 

ïcu  de  croire ,  que  cette  féconde  Partie  n'a  été  ajoutée  que  pour  dormct 
le  change  au  monde ,  s'il  eft  vrai ,  comme  l'ont  marqué  pluficurs  Critiques, 
que  l'Auteur  mafqué  (bus  le  nom  (ïj4(jmlinHS  foit  Scipio  Henrici  lui-même. 
Car  dans  le  jugement  que  cet  Auteur  pfcudonyme  porte  (ur  les  trois  His- 
toires du  Concile,  c*eft- à-dire,  fur  celles  à^  Fra-Vnolo  y  8c  de  Pallaviciftj 
8c  fur  celle  qu'il  avoît  donnée  lui-même  dans  (à  Cenfurc  Théologique  & 
Hiftorique ,  il  donne  par-tout  la  préférence  à  la  première ,  6c  la  juftifie 
même  en  plusieurs  endroits  >  &  contre  fa  propre  Critique ,  6c  contre  celle 
an  Cardinal. 

Ces  attaques  étoient  trop  légères,  pour  avoir  quelque  (uccès;  &  l'on 
vit  bien  à  Rome  qu'il  falloir  quelque  cnofe  de  plus  important  pour  ruiner 
le  crédit  de  l'Hiftoire  de  FréhP4ola.  Le  P.  ^hiéU  Jéfuite  de  réputation  fut 
donc  chargé  de  4a  commiffion ,  &  on  lui  offrit  tous  les  (ècours  néceffaires 
pour  s'en  acquitter  mieux  que  n'avoicnt  fait  les  autres.  Toutes  les  Archi- 
ves lui  furent  ouvertes,  ôc  rien  ne  fut  omis  pour  le  mettre  en  état  de  con- 
vaincre de  faux  notre  Hiftorien  6c  de  rétablir  la  réputation  du  Concile» 
à  laquelle  l'Hiftoire  de  Fra-Paolp  avoit  donné  quelque  atteinte.  Plu/îeurs 
années  fe  padcrent  à  raffèmbler  les  matériaux  nécedàires.  Mais  tanc  de 
tems  employé  à  ces  recherches  ne  (èrvit  qu  a  lui  faire  mieux  (èntir  la  dif- 
ficulté de  rentreprifè,  6c  il  en  laiflà  l'nécution  à  une  main  plus  hardie  on 
plus  préfomprueufè.  Pallavicirij  aufli  Jéfuite  6c  depuis  Cardinal,  fiit  It 
Héros  deftiné  à  la  défaite  d*un  Ennemi  que  (a  mort  n'empêchoit  pas  d'être 
redoutable,  &  à  détruire  un  Ouvrage  qui  s'étoit  fbutenu  jufqu'alors  6c 
contre  les  cendires  Romaines ,  6c  contre  les  coups  que  différens  parricu- 
liers  avoient  voulu  lui  porter.  Chargé  &  par  Con  choix  6c  par  l'ordre  de 
fcs Supérieurs  d*une  entreprife  fi  importante,  il  eut  pour  Texécutcr  tout 
les  avantages  que  peut  avoir  un  Ecrivain.  Outre  les  Mémoires  qu'avoir  raf- 
fèmblés  y^lcidi,  chacun  s'empreflà  de  lui  fournir  tout  ce  qui  pouvoit  lui 
être  de  quelque  u6ge.  Jamais  perfonne  n'entreprit  la  compohtion  d'une 
Hiftoire  avec  plus  de  fecours.  Cependant,  quel  en  fut  le  fuccès  >  Il  fit  re- 
marquer dans  l'Ouvrage  de  Fra-Paoh  des  fautes  légères ,  des  inexaftitudes , 
quelques  méprifès  dans  les  noms  ou  les  dates,  quelques  altérarions  dans  des 
circonftances  peu  eflènrielles ,  quelques  conjedîurcs  bazardées  fans  fonde- 
ment*, mais  du  refte,  une  conformité  fi  entière  dans  la  fubftance  des  faits, 
ue  l'Auteur  mafqué  fous  le  nom  à*Ai]HilinHs ,  dans  le  jugement  qu'il  porte 
es  difFérens  Hiftoriens  du  Concile ,  ne  fait  point  difficulté  de  traiter  le 
Cardinal  Pallavicin  d'Interprète  &  d^Amplificateur  de  fon  Adverfaire ,  Am- 
plificéUor&  Intcrpreu 

'  C'a  donc  été  une  oftentation  ridicule,  &  une  malignité  condamnable 
dans  ce  Cardinal,  pour  prévenir  fcs  Lcéteurs  contre  Fra-Paoloy  d'avoir 
produit  un  Catalogue  enflé  de  méprifes  qui  n'ont  rien  de  réel  ou  d'efïcn- 
ticl.  En  effet,  outre  qu'une  partie  de  ces  fautes  prétendues  ne  font  point 
réellement  des  fautes,  comme  on  s'en  convaincra  par  mes  Notes,  &  que 
^e(k  le  Cardinal  lui-même  qui  s'cft  mépris ,  on  verra  qu'il  y  en  a  peu  paiN 
TqwI.  b 


i 


X  PREFACE. 

mi  le  refte  ^i  mérkaflcnc  d'ctre  relevées  avec  Taîgreur  6c  ramemuneavec 
laquelle  le  tak  le  Cardinal  Pédlmncin.  Il  y  a  des  féUêJfetis,  die  judicteufemenc 
Mr.  jimelaty^ui  ne  ruinem  point  U  réputation  im  Hiftorien\  &  quand  il  n$ 
parle  point  contre  fa  confiience  ,  U  mérite  JCetre  excufi  y  humanum  cnim  eft  es^ 
rare.  VHiflorien  n'eft  pas  refponfMe  des  chojes  dm  il  lui  a  fallu  Je  rapporter 
à  autrui ,  et  autant  efiiil  ftefi  pas  requis  que  celui  qui  compofi  une  Hjfloire  ait 
vu  ce  qtéM  écrit.  Tel  a  été  le  cas  de  notre  Hiftoricn  >  qui  obligé  d'écrire  Cixr 
des  Mémoires  parcicaliers  faute  d'avoir  eu  la  liberté  de  consulter  les  Aâes 
originaux»  n'a  pu  toujours  raconter  les  faits  avec  la  même  exaéHtude  que 
ion  Advecfaire.  Mais  quel  préjudice  ea  (buffire  Ton  Hiftoire  pour  le  fond  l 
Tous  les  faits  eflcntiels  font  les  mêmes  yôc  ih  fidélité  que  l'on  remarque 
dans  ce  qu'il  x  copié  des  Mémoires  du  rems  y  on  jam  que  s'iLs*eft  trompé  fur 
quelques  détails  indifférens^  ùt  véracité-  n*en  sefoit  point  d'atteinte ,  &  foa 
Hiftoire  n'en  mérite  pas  moins  notre  créance  Se  n'en  eft  pas  eflèntiellemenc 
plus  défèâucii(è. 

Ce  n'eft  pas  que,  pont  relever  Fru-P^Wt* tox  dépens  Je  ion  Cen(ênr>  je 
veuille  décrédicer  l'Ouvrage  du  Cardind  y  am  certainement  a  fon  ntiérite  p. 
quoiqu'en  qualité  d'Hiftonen  il  ibit  bien  iaKtîeiir  iMuteur  qn'iL  cenfiire». 
Mais  il  a  du  moins,  cet  avantage  au-deflîis  de  Fra^Paolo  y  que  comme  il  e^ 
travaillé  £br  les^  Aâes  de  Cat  k$  Lettres  orkinales».  il  peut  fervir  à  fuppléec 
des  faits  &  cedreficr  des  méprifès,  contre  k(quelles  il  n  étoit  pas  poliible  i 
notre  Hiftorien  de  fe  précautionner..  Ceft  par  cet  endroit  leul  qu'il  mérite 
quelque  préfihrence,  &  i  tout  autre  égard  il  ne  lui  eft  nullement  compa* 
cable.  Sa  diâdon  à  la  vérité  eft'  plus  pure  r  mais  il  écrit  moin$  en  Hiftoriei^ 

În'en.  Rhéteur  ,.&  Ton  ne  reconnoit  aucunement  dans  fon  Ouvrage  le  ftylc 
e  l'Hifloire*.  Ses  détails  (bot  plutôt  des  digreffions  étrangères ,  que  des  ré- 
cits eâèntiels  à  (à narration»  Adulateur  déclaré  des  Papes». il canonife  ju(^ 
qu*â  leurs  excès  ^&  il  juftifie  les  maximes  les  plus  fcandaleu(êsa.vec autant 
d'aflurance ,  qqe  fi  elles  faiibîent  partit  de  la  Religion.  Toujours  partial 

Îour  ce  qu'il  appelle  TEglife»  il  donne  tout  aux  préjugés  de  Parti  »,&  jufti*^ 
e  ou  condamne  (èlon  les  différens  intérêts  qui  Fagitent ,  (ans  croire  que 
ks  Catholiques  raiflènc  (ê  tromper  «  ni  tes  Protefbms  avoir  raifon  (ur  au<^ 
cun  point.  Exceflîvement  prévenu  pour  les  maximes  préiêntes ,  ou  il  f  tx-^ 
mené  les  anciennes  quoiqu'eflèntiellemenr  oppo(ëes^  ou  il  condamne  cel-^ 
lkh<i  comme  moins  (âges ,  par  la  (eule  rai(bn  qu'elles  ont  cefTé  d'être  ûii^ 


on 

hors  qui  n'en  (ont  que , 

Êlufieurs  devoirs,  qu*il  ne  donne  que  pour  desLoix  d'une  Di(<wline  ar^^ 
traire  ^  dont  la  pratique  cefte  d'obliger  â  la  £ivenr  des  Di(pen(es..  ïkié^ 

de  tour  par  les  maximes  dW  Politique  toute  mondaine»  &  il  fâtt  àt 


PRErACE.  rf 

tt^B&  âc  Jefiis-Chrijft  une  Société  toute  humaine  9  qui  doit  Ce  gourerner 
par  le  même  efprit  que  (e  gouvetnenc  les  Principtutcs  Temporelles.  Enfin 
FrM'Péid9  eft  THiftorien  du  Concile  >  &  PédUmcm  en  eft  le  Panégyrifte  *,  Se 
À,  Tavancage  près  qu  a  celni-d  d'être  plus  eiaâ  dans  certains  détails  moins 
cilendels  »  &  de  nous  avoir  communiqué  les  Extraits  de  phifieurs  Pièces 
4iriginales  que  Ton  ne  connoifloit  point  auparavant,  on  peut  dire  que  le 
Public  n*eft  gueres  plus  inftruit  qu'il  Tétoit  de  l'Hiftoire  du  Concile ,  A: 
qu*on  pouvoir  ignorer  ce  qu'il  nous  en  a  appris ,  (ans  être  moins  au  fait  de 
cette  affaire.  Encore»  comme  l'a  fort  bien  ooftrvé  Mr.  Sdê  le  premier  Ao- 
ceur  du  Journal  des  Savans  »<  fmqH^an m veuiUe pds s^infcrire  enf/mx  €mt* 
Ère  la  Latres&  les  AÛmmres  wumi^us  ùris  prmapdlemem  de  U  Bibliatheme 
VéùkmÊ^  eemfimepikfkwres  frivees,  &  k  Ufei  defymelUs  onffeflfosMi^' 
£é  de  dtfbrer  pififu^k  ce  epien  les  mt  rendnes  fnUi^s^  éfn  epien  fmffe  les 
êsséomner  &  en  recemtekre  U  véritt;  &  Jtéiméfm  fùss  dms  cette  cecifan ,  ek 
€m  fen  vemfervir  comre  mt  Hifierien  ^m  a  M  prefine  cememperém^  &  fm 
iefi  âcepm  heêxMsf  de  crismce  dmu  les  écrits  deU^^nfan  dtê  mettde. 

Voila  pourtant  proprement  le  feak  HMorien  que  Rome  ait  pu  oppo* 
(èr  à  FréhPJole,  6c  pour  le  triomplie duquel  cUe  ait  épuifô  toutes  (es  ArduTes» 
Mds  la  précaution  qu'a  eue  Fdùvkm  de  ne  publier  de  toutes  les  Piéœa 
qui  lui  ont  été  cotmnuniquées  oue  ce  qoi  convenoit  à  fês  vues,  (ans  nous 
lien  découvrir  des  Inftruâions  (ecrettes  envoyées  ou  de  Rome  ou  de  Trente» 
nous  laiâe  toi^ours  ibupçonnec  bien  des  intrigues  ftir  le(quelles  ce  Cardi* 
aal  n'a  pas  jugé  à  propos  de  s'expliquer ,  ic  que  Frs-PâûU  n'a  avancées  que 
(nr  des  Mémoires  a(G»  (un  pour  mériter  notre  créance.  An  moins  il  7  t 
lieu  de  croire  que  tout  ce  que  fi>n  Cen(èur  n'a  pas  jugé  i  propos  de  rele- 
ver >  pem  paflèr  pour  certain^  &  lors  même  que  PédUetnein ,  fans  en  ap« 
porter  d'antres  preuves  que  (on  autorité ,  s*in(crit  en  faux  contre  certains 
ntts  uniquement  parce  qu'ils  ne  font  honneur  ni  à  la  Cour  de  Rome  ni  au 
Concile  »  le  préjugé  eft  en  faveur  de  notre  Hiftorien»  qu'il  n'eût  pas  man* 
que  de  travailler  a  convaincre  de  faux,  s'il  eût  eu  en  main  de  quoi  le  faire. 
.  Cbttb  attaque  portée  â  notre  Hiftorien,  eft  proprement  la  dernière 
^'il  ait  ene  â  eflùyer-  Car  je  compte  pour  rien  une  Crit'upte  moderne  de 
tmfloire  dn  Concie  de  Tretste  de  Frét-Pétôh ,  qui  parut  in  4<<»  à,  Paris  en^ 
MBocxiXy  &  où  rAutenr  anonyme  de  cet  Ouvrage  déclare  ^  <pcfitt  dt0m 
eiefi  pas  d'examiner  fi  les  faits  del'Hkftoire  qu'il  attaqney^  tr^r/ m  noni 
mais  qu'il  &  propo(e  uniquement  de  montrer ,  que  Fra-Paelo  n'a  eu  aucune 
des  qualités  néceflàires  à  un  Hiftorien  9  c'eft-à-dire ,  nifagejfe^m  mediratiott^ 
miJMgamettty  nihâbiUti.  Un  Ecrivain  qui  choque  aîn(i  de  front  le  jugement 
qu'a  porté  depuis  plus  dfun  (iéde  le  Public  de  cette  Hiftoit e ,  8c  les  aveux 
mêmes  des  ennemis  de  Fré^Paelo ,  qui  dans  le  tems  qu'ils  l'ont  ceniuré  avec 
phis  de  rigueur ,  comme  le  P.  Rapin  Jé(ùîte ,  n'ont  pu  difconvenir  de  la  beau- 
se  de  l'Ouvrage  &  de  l'habileté  de  f  Hiftorien  ;  un  tel  Ecrivain ,  dis- je ,  ne 
mérite  pas  d'autre  (brt  ^  celui  qu'il  a  cflùjré  >  je  veux  dire  »  celui  d'être  mé' 
priîë  &  oubliée 


xu  préface; 

Il  femble  au  contraire  que  les  Critiques  que  Ton  a  faites  cte  PHîftoîre  dSr 
Fra-Paoloy  n'ayenc  fervi  qu'a  en  relever  le  crédit  &c  la  réputation.  Mais^ 
avant  cela  même  elle  avoic  été  û  agréablement  re^ue  du  Public,  que  pour  & 
tisfaire  ceux  qui  ne  pouvoient  la  lire  dans  TOriginal ,  on  la  traduiiit  en  difféi- 
rentes  forces  de  Langues.  Dans  le  tems  que  TArchevêque  de  SpaUtro  la  pa- 
blioic  en  Italien  à  Londres,  le  Roi  J^i^rj/  chargea  Michel  Newton  Pré* 
cepteur  du  Prince  Henri  Ton  fils ,  de  la  traduire  en  Latin.  Il  commença  en 
eftct  cetce  Tradu(f^ion  dès  Tan  mocxix.  Mais  comme  ^  ou  faute  d'êrre  aflèx 
au  fait  des  raacieres,  ou  parce  qu'il  n'entendoit  pas  affez  bien  l'Italien  ,  fz 
Traduction  parut  en  bien  des  endroits  défeârueule  >  Bedell  depuis  Evêque  de 
Kilmore  en  Irlande  fc  chargea  du  refte  de  l'Ouvrage ,  dont  la  publication 
fuivic  de  près  l'Edition  Italienne,  &.  en  rendit  la  leéhire  plus  commune  Se 
par  conféquent  plus  utile» 

C£TT£  Traduâion  cependant  ne  fiifEt  pas  pour  (àtisfaire  Tavidité  da 
Public.  Différentes  Nations  voulurent  avoir  l'Ouvrage  en  leur  propre  Lan-p 
gue  >  &  en  peu  d'années  on  le  vu  paroitre  en  Eraoçois ,  en  Allemand ,  &  en 
Apglois.  Diêdm  fe  chargea  de  la  Traduétion  Françoifè  à  Genève.  Etant  Ita- 
lien lui-même ,  il  fêmble  i^u'ondevoit  attendre  de  lui  quelque  chofe  d^exaét* 
Mois^  foit  que  le  François  ne  lui  fut  pas.  toutà-fait  aufli  familier  que  Tlta* 
lien  9  foit  <|ue  le  changement  aaivé  dans  notre  Langue  nous  fa(Ic  paroicre 
défeéhieux  ce  qui  ne  le  paroidbit  pas  alors ,  cette  Traduâion ,  quoique  réim* 
priniée  depuis  à  Paris  même,  ell  devenue  tellement  hors,  d'ufagc,  qu'elle 
nous  eft  prefque  aujourd'hui  plus  étrangère  que  l'Original  même.  C'eft  ce 
qui  engagea  il  y  a  environ  cinquante  ans  Mr.  j4melot  de  la  Houjfaye  à  nous 
en  donner  une  nouvelle.  Elle  n'étoit  pas  uns  défauts  >  mais  incomparable* 
ment  préférable  à  celle  de  Diodati  à  cous  égards ,  eUe  eût  dû  ce  femble  me 
détourni^r  d'en  entreprendre  une  autre ,  il  je  n'euffc  jugé  que  Taviditc  avec 
laquelle  elle  a  été  reçue  du  Public ,  que  différentes  Editions  ont  pu  i  peiné 
fatisfairc  ,  montre  mieux  Tcftime  qu'il  confcrve  pour  L'Ouvrage  de  Fra  Poù* 
lo ,  que  le  mérite  même  de  la  Tradu6kion..Ea  effet,  outre  que  Mr.  jImeloP 
femble  fouvent  dans  les  endroits  dithciles  avoir  plutôt  fait  la  fienne  fiir  le 
Lacin  même  que  fur  l'Original ,  le  fiyle  d'ailleurs^  en  femble  aujourd'hui  un 
peupoiïéî  &  il  s'y  trouve  différentes  fautes  qui  mérîtoient  ou  qu'on  ré-« 
lormat.  cette  Traduétion,  ou  qu'on  ea  fît  une  toute  nouvelle ,  pour  en  ren-» 
dre  la  Icâure  plus  agréable  &  plus  utile.. 

C  E  s  T  à,  cç  dernier  parti  que  je  me  fuis  détermine  >.fbit  pour  m'épargner 
le  défagrément  qu'il  y  a  de  retoucher  l'Ouvrage  d'un  autre,  foit  pour  pré- 
venir l'inégalité  de  flyle  qu'on  ne  peut  jamais  éviter  dans  un  Ouvrage  ré-^ 
formé.  Nos  vues^  d'ailleurs  font  afl'ez  différentes  dans  cette  entreprife^ 
Mr.  jlmelof  femble  s'être  borné  dans  la  fienne  à  une  fimple  Traduâion  y. 
6ç  le  peu  de  Not^s  qui  l'accompagnent  fcmblcnt  plutôt  faites  pour  fcrvir. 
d'ornement  à  l'Hiftoire  qu  il  publie,  que.  pour  Téclaircir  ou  la  juftifier«. 
Mes  vues  ont  été.  toutes  différentes  dans  leâ  miennes..  Toutes  ont  qiielquei 
ufage ,  ôc  je  n'en  ai  i^  aucune  pour  la  £aradc:»< 


P  R  É  1^  A  C  B.  xin 

*r  iCôlFIrv  MOta^élËihè  ^ut  Prs-Péiolènctvi^a  point avrogrtf  fur  (cthmts,. 
*ûe  panîe  eft  deftinèe  i  reâifier  («s  m^ptifls*,^  je  Tai  fait  ordinairemenc  Cut 
Tàucoritii  des  Aâes  rapportées  par  Pstlm^idn,  par  RayfiéddtiSyOwi^^x  quel*^ 
-que  autre  Aufeiir  ^  ou  lui^  Içs- témoignages  de  quelques  Hiftoriens  contem« 

£  crains  qu  il  a  méconnufr^  ou  qu'il  a^  lus  avec  rrop  de  précipitation.£n  ce- 
•  f*ài  rlKhd(i  jufticb  à  (bn^Ceoieuc  k  Cardinal  FaUavicir^i  8c  |e  n*ai  jamais 
lléotéâ'k  fiiivfe  quand  (âcvicique  mVpàru  fondée  fur  des  Aâei>  &  non 
ittr  fes'préjugé$..  Une  Miccc  partie  idts  Noces  eft  employée  d- juftifier  Frd* 
FéiùU  \ii-haik!^€  contve  fon-Adver^iire,  lorfqu'iH'a  critiqué  fans  fonde- 
ments &  j*-ai  tâché  <te  le  faire  >  ou  en  prouvant  la  vérité  des  faits  avancés* 
pftr  nocce  Hiftorien  5  on  en  le  déchargeant  par  des  témoignages  parallèles 
«Autetlinr  qui'ks*:tv<n6tit  xapportés-'ovanrluivde  la  faHiTe  imputation  de  les 
fmùr  itilvtntés;  Le^  qMftioûs  doâ7in«lle^  <ltt  Concile  ont  fourni  moticre  à 
vnautcé^ncedc^oces^^  je  n'ai  eu'pouf  objet  que  de  donner  tmeidée 
claire  ^  abrégée  iitê-^'qtfD:rok>ddk<pen&r  des- dift^r entes  dédiions  dif 
Cbncife  jT  &  crà  faifi^tiierdiot  nii  Us  d^endre  ni  '^  le$  combattre  r  je  mb 
£iÎ5  botné  i^doÀncr  quelques  notioné'juftes- des  chofes  >  Se  à  niarquer  Té^ 
poqoe  d«  quel^^ties^  ^ouveanoc.  APtictos  de' Foi;  tJne  plus- longue  contro^ 
verfe  toe  convènolit  point  a  de  ûm{4es«  Notes >d6  c'eût  été  embarraiTcr  ÏHiC" 
soiié  au-lieiide  r^ciaîrdrjiqtte^i'enire»  dan^^  diiputes  Théologiqtièa 
qu'on '{|etitcr<kiVél:^aitiplemenr(lifi:utées!  ailleurs- pas  les  Ecrivains  dts  l'ar-» 
tisopdô^,'qui''ont  examiné -plus  à^fend^ceàmaderes»  Enfin  il  y- a  x^ntl^ 

Îuepdi  d'amies^  Notes,  foie  pqur  fixer  les  date»  de  quelques  événemens ,. 
Dût  notre  Auceur  n'avoir  pas.marquéaflèz.  préciiëmenr  le  rems  $  loir  pour, 
relbver.  quelques  fautes  principales  dt^  bi  dernière  Traduâion  Fcançoi(è>. 
ou  (de  quelques- autres- Autcursr^de.  réputation ,  dont  il (èmbie^' phis  efifèn— 
âcl^de  remarquer  lesvméprîièsi  proportion  de  Teftime  qu'on  en  fait  «afin; 
d'empechct  qu'on  nes'i^gare  à  la  luice  de  leur  autorité.  Mais,  Toit  que  je; 
juftifie  notre  Auteur-,  ou  que  je  le  rcdrefle  ^  foie  que  pour  éclaircic  Ton  Hi(^.; 
roirc  j'aye  fiiivi4''aotoricé  d'aiures  Ecrivains,  oii  que  je  m'en  (bis  écarté^; 
f'ai  taché  dfe.ne  contrer  en.  tout  que  la  vérité,  uns  m'abandohner  ni  L 
k  partialité  qu'ont  ordinairement  les  Traduâeurs  ou  les  Editeurs  pour  les: 
Ouvrages  qu^'ils  pnblien&,.nià  la  vanité  de  critiquer  des  Auteurs  demé»; 
rite uoiquemeArpour  avoir  le  plaiiîc  de  me  faire,  un, nom  aux. dépens  desi- 
autres.  ,»         -  »  . 

En  matière  de  faits  princtpatemenr ,' jV  tâché  tantxju'il  a  été  pofiible: 
Jk  ne  rkn  avancer  £ins  gacaht;  &  pour.me  mettre  entièrement  au  fait  dei 
k  vérité  détour  cc.que  rapparoe  notre  Hiftorien,.  j'ai  confulté  le  plus  de: 
Mémoires  paniculiers  donc  j  ai  .pu  avoir  communication.  Outre  ceux  qui: 
ont  été  imprimés^  &  qui  om  uorvapport  plus  on  moins  direâ:  aux.afiàiresk 
40  Concile  ,  tels  que  Ic'Reaieiiride  Pièces  publié  par  Mr.  Dufmy  y  les  Mé-^ 
moîceS'  6c  l^argat  ^  les  Lettcesxle  fTi/cQmiiy^  celles  desCacdioaux.  de  ParrMre. 
Jfe  de  SântA-Croce  y  les  Aâes:  dé  MfiffareUi  6c  ceux  de  Tarelli  publiés  afTesD 
q^Pcguneniripagic.E; ^Àrr(Qn(>!.ie. Journal  é^Nicolai, Pfilme  Evêque .de. 


xïy  PREFACE. 


Vccdan  publia  pir  le  P.  Hiêgê^ic  coiit  ce  qui  a  écë  «âlii(cd ibic  dins  kf  Aif3 
.  nalcs  de  Rénndèu  »  foie  dans  l'Hiftoire  de  PédUcmhi  &  ailleurs  jj^ai 


î 


JPiÇfMMtfi  »  toit  dans  1  Hiftoire  de  ?4/!(4fi^^  &  ailleurs  j/ai  eu  c^ 
iX)urs  aux  MSS.  mêmes  donc  je  pouvois  cirer  queloue  lumière ,  dç  qui  m'onc 
ix&  communiqués  par  quelques  peribmies  qui  iê  tbnc  on  plaifir  de  comr^ 
btier  à  roue  ce  qui  peut  ccre  de  quelque  utilité  au  Public 

Entre  autres  Pièces  qui  m'ont  paru,  les  plus  curieoiês  »  j'ai  fait  ufâgp 
d*uo  Recueil  d'Aâes  qui  commencent  à  rouverciire  du  Conule  .â>u$  tM 
III  i  &  qui  finiflèot  à  Ùl  tranflatipn  i  Bologne  >  ramaflés  par  un  oomni^ 
£.  PréUéums  Nervms.  Ces  Aébs  qui  m'ont  été  communiqués  par  le  Or.  Fer^ 
rari ,  &  qui  me  paroiflènt  uès-exaéb  &  très-fidéles  »  Ibnt  précédés  d'un 
Sommaire  abrégé  écrit  avec  beaucoup  de  liberté  >  où  TAutcur  nous  donne 
une  idée  aflcz  peu  avantageuiê  Coit  des  vues  de  ia  Cour  de  Rome»  Cok 
de  la  liberté  du  Concile  »&  où  iljqftifie  bien  des.cho(cs  avancées. par  Fm- 
Paoloôc  niées  confidemment  par  le  Cardinal  PglUuksff.  Çcft  amfi  qu'il  jus- 
tifie ce  que  notre  Hiftorien  avoîc  dit  de  la  icience  du  Cardinal  de  Ste.  Croix 
dans  rAftronomie  :  Poatificem  i^ûfpf  Rmiumum  ipÈffmfmmnm  fi  Pmdo  lit 
difiinSû  jiftranomicis  rémomtas  jéon  pridem  efl  vémcinmm.  C'eft  ainfi  encore 
u  il  confirme  ce  qu'avoir  dit  Vétrf/u ,  que  dans  la  Googr^ation  du  i  f 
e  Janvier  mdxlvu  quelques  Italiens  traitèrent  les  Espagnols  de  Renards  » 
Vdffcdéu  »  parce  qu'ils  cherchoient  à  étendre  leur  autorité  au  préjudice  do 
celle  du  Pape.  U  nous  apprend  de  même,  que  les  L^ats  rendoient  le  Pape 
mairre  de  toutes  les  dénbérations  du  Condle  :  Onmo  tmm  m  Pomificisjiath 
m  ùotifiéiii  liberrmù  pofium  fiwiper  VêbêerÊ ,  cmmnAm  tétm  erebris  Decretm 
éidmis^Hi  fHùd  éigertm^  slhsnalli  Miékrm^U^^Tfm primm Prsfidins ûof* 
fi  fi  inqmt  ix  fammi  Pmtificis  Mtmo  fH€  mUaftéXHire &  concladire :  Qui'ils(ê 
donnoient  une  autorité  entière  dans  cette  Aflemblée  :  Rtpupim  apenè  prim 
mm  Prtfidens  amma  cûUocms  mpottfiâte  Ligmwrxm  ——  Ex  io  wumififlum  effi 
pour  M  Legatos  PrdJuUmesmhilreipfa  Uiersim  Synodo  ptrmttfre  :  Qu'ils  chan^ 
geoient  l'ordre  des  fiiffragcs,  lorsqu'ils  voy oient  que  les  dio(ès  n'alloient 
pas  à  leur  eré  :  ht  téon  PutUtontm  mâguan  purum  iiwrmm  éotimétdvtrtens  pri^ 
mus  Prâfidens  non  oft  pajfns  ordim  fiUto  fiiafitffiragia  pr^hpù  :  Qu'ils  fe  laiA 
foient  quelquefois  aller  â  des  emportemens  indécens  :  Promu  Pn^fiJens  nom 
finifionuieho  eonami^  atfne  éi/porM  tmis  contorfit.  Ejmt  tmnen  âarbamem  nom 
péUêci  râiionibm  filidis  &  modefiioribm  reuuUre  ^  inter  qnas  Epifiopm  Afiori^ 
cenfis  pTécipui  gravibus  mrgwnentis  bilem  ejus  confregit  — -  Commneliosi  Legéttà 
m  bœ  Epi/copo  ob/liten.  Promu  Prsfidcns  ^min  bilm  eréUprocUvior  ^jniet  Ejpif 
copum/ua  Epifiopédi  dipUau  conuntnm  ejfi.  Ce  Manufcrir  eft  plein  de  km* 
blabies  traits  »  dont  je  n'euflè  pas  manqué  de  £ûre  ufâge ,  s'il  fiit  tombé  â 
tems  entre  mes  mams  pour  pouvoir  en  enrichir  mes  Notes ,  6c  juftifier  bien 
des  cho(ès  que  Fréê-Paolo  avance  »  &  qui  l'ont  fait  traiter  par  Pédlaviçin  d'en- 
nemi du  Concile ,  quoiqu'il  ait  parié  avec  beaucoup  plus  de  réferve  que  ne 
le  Élit  l'Auteur  de  ce  Manufcrit,  qui  n'a  fait  que  copier  les.  Aâes  du  Con* 
die  où  (e  trouvent  beaucoup  de  particularités  trèscurieufês* 
J I  ne  puis  pas  dire  la  même  choie  xl'un  Abrégé  MS  d!un  Journal  da  Gott^ 


P  R  E  F  A  C  É.  %r 

file>  «ttri&iié  m  Secrétaire  d'un  Ambafladeor  de  Venî^è  i  Trente.  Car  en 
le  comparant  avec  FHiftoâre  de  Fra  P40I0 ,  il  eft  viable  que  ce  n'en  eft  qu'on 
fimple  Extraie  >  auquel  il  a  pin  a  T  Auteur  de  donner  le  nom  de  Journal  y 
quoiqu'il  n'en  ait  ni  la  forme  ni  les  détails» 

1 1  y  a  plus  i  profiter  dans  la  leâure  d'un  Recueil  de  Lettres  ècs  Légats 
jn  Concile  fomPaHUlI^éctitcs  noor  la  plupart  au  Caid^F^nf^y  6c  ait 
Gard*  Céamirl'mgue ^^^  tsiiL  fourni  auffi  le  Dt.Ferréiri^  Elles  commencent 
WOL  premier  de  Février  iinxvi  >&  finirent  au  demies  de  Décembre  de  la  me-» 
me  année  »  &  compreiment  ainfi  preique  tout  le  tems  de  la  première  Con« 
irocatioB»  Ce  Recueil»  anffi-bien  que  celui  de  Philifpe  Mkfêtti  Secrétaire  du 
Card.  Séripémdx  qae  Mylord  Lavel  a  eu  b  bonté  denM  faire  communiquer  y 
te  qm  ibos  le  dtre  de  Jmrtidt  dtl  Cptt€ili^  Ji  Trente  comprend  un  fort  grand 
nombre  de  Lettces  originales  à  commencer  depuis  k  1 8  d'Avril  mvlxi  jut 
qu'an  1 S  de  Décembre  de  la  m&me  année  »  c'eft-à-dire ,  tout  ce  qui  s'eft  fait 

EUT  préparer  U  tenue  de  la  dernière  convocation  du  Concile  v  ces  Recueils  r 
kje>. contiennent  quantité  d'Anecdotes»  dont  plufienrsmérîtoiem  d'avoic 
place  dans  l*Hifloire.  Le  Car4inal  PdUnricin  »  qui  en  avoir  en  communica* 
non  >  en  a  dré  bien  des  cho(ès  ;.  mais  toujours  avec  la  précaution  de  n^en  ex* 
traire  qne  ce  qui  étok  fiivocabk  â  (es  vues*.  Il  eût  été  pl«s  avantageux  air 
Public  de  publier  les  Recueils memcr^^  &  je  Teoilê  fiût  avecplaifir »,(i  k  Ùl^ 
vanr  Dt;  Ferréri^cfk  me  les  a  communiqués  ic  qui  a^  ramaue  beaucoup  de 
ces  fortes  de  Pièces,  ne  m^eût  fait  entendre  qu'il  fê  propofe  de  ks  puolkt 
fiii-même  6c  de  donnes  cette  CoUeâaon  an  Public ,  lor(qn'il  aura  mis  en  or^* 
dre  tour  ce  qu'il»  déjà  recueilli  >&  tout  te  qui  fe  trouve  dilperfé  ailleurs 
parmi  ce  qu'on  a.d^a  publié  de  ce  Concile.. 

C  B  fera  l*occafion  naturelle  d'y  joindre  ce  qin  manque  aux  Lettres  de 
fnfiêffti  ^  dont  on  n'a  pubUé  que  la  moindre  partie ,  pniique  les  Manu(crit& 
commencent  dès-k  mois  de  Juin*  MOLXii>^au-Iicu  que  les  Imprimés  ne  com* 
mencenr  qu'en  Févrkr  MOLxiik  Ce  Recueil  emkr ,  dont  Mylord  Ltfvcl  a  eu 
la  bonté  cle  me  communiquer  une  copie ,  &  quelques  Amis  de  Paris  uneau*- 
tre>e(bceqiie  nous  avons  de  plus- détaillé  fiir  k  dernière  convocation  do^ 
Concik  >  &  il  feroit  à  foubaiter  qu'on  eût  fiitk  refte  un  détail  auflS  parti- 
cularifë^ooe  celui  que  fournirent  ces  Eettresv  Quoiqu'elle»  manquent  qqcK 
quefoiscTexaétitude  en quelqjies drconftances > elks  nous  fbumifTent d'ail* 
kurs  tant  de  paniculatités  curieuks  »  qpe  k  publication  n'en  peut  être  qa'u* 
tile  8c  agréaâe.  Il.eft  vifibk  par  k  kéture  de  Fn^Péiolo ,  qu'il  a  eu  ces  Let- 
tres entre  les  mains  ^  &  q^'il  en  a  tiré  k  plupart  des  détails  qiie  l'on  trouve 
dans  fon  Hiftoire.  L'on  voit  de  même  par  une  Relation  MS^  des  Congré*- 
gâtions  du  mois  d'Août  au  fujet  de  la  Communion  du  Calice ,  qui  fe  trouve 
eufli  dans  k  Bibliothèque  de  Mylôrd  Lovd ,  que  notre  Uiâotien  l'a  conful* 
tée  &  prcfqoe  copiée  nK>r  pour  mot  r  preuve  évidente  qq'il  a  eu  unfbin- 
extrême  de  ne  rien  avancer  £uisgarancs9.&  que  s'il  s'eft  quelquefois  mé* 
pris»  c'eft:à  iês  Mémoires  mornes  qu^il<feut  s*en  prendre»  6c  non  à  aucun 
ééBat  de  fidéfité#.JKhis  j^ai egifccafiog  dfcxonfiikcr  de  cesibnes  dePiéccs^. 


XVI  PRETA  C  E. 

6c  plus  je  me  fuis  convaincu  de  la  fcrupuleufe  exaâicude  de  notre  Auteur  l 
&  pour  le  juftificr  contre  la  mahgnité  de  ceux  qui  Taccufent ,  le  moyeti  le 
plus  court  &  le  plus  fimplc  (èroit  de  raflembler  le  plus  qu'il  Ce  peut  de  ces  for- 
tes de  Mémoires ,  pour  (è  convaincre  par  leur  leâure  de  la  fidélité  avec  la- 
quelle il  les  a  fuivis.  Une  telle  CoUeâion  ne  peut  être  que  très-curieulè  Se 
très-  utile  ;  &  dans  le  dellèin  où  eft  le  Dr.  Ferrari  de  la  publier  aufli  ampkA 
aufli  complette  quil  eft  pollible,  il  fera  très-obligé â  ceux  qui  auroient  iîir 
cela  quelques  Mémoires,  de  vouloir  les  lui  communiquer,  afin  d-en  poa« 
voir  cnricnir  le  Public 

A  la  leâure  de  ces  difFérens  Mémoires  j'ai  joint  celle  des  Auteurs  contenir 
porains ,  qui  pouvoient  (êrvir  ou  à  éclaircir  ou  â  redreflèr  les  récits  de  notre 
Hiftorien  à  l'égard  des  faits  hiftoriques  qu'il  en  a  ou  empruntés  ou  abrégés. 
Cette  comparaifon,  quoique  pénible, Àoitnécedàire  pour  tavoirquel  fonds 
on  doit  faire  fur  ce  qu'il  rapporte.  Il  eût  pu  nous  épargner  cette  peine ,  s'il 
eut  cité  lui-même  fes  garants.  Mais  à  fon  défaut ,  j'ai  taché  d'7  (bppléer  par 
les  citations  exaâes  des  anciens  Auteurs  que  vraifèmblablement  il  n'a  taie 
que  fuivre,  ou  par  celles  des  Auteurs  modernes  qui  ont  puifè  apparemment 
dans  les  mêmes  fources ,  de  qui  (ont  une  forte  de  Notes  abrégées  pour  les 
endroits  qui  ne  fbufFrent  pas  de  difficulté ,  8c  au  moyeo  defqQclles  on  peut 
vérifier  les  faits ,  dont  fans  cela  on  n'eût  eu  auame  aflfùrance. 

P  o  u  R  ce  qui  eft  de  la  Traduâion ,  je  l'ai  faite  ftir  l'Edition  originale  de 
Londres  de  mdcxix  ,  comme  celle  qui  eft  communément  la  plus  efbmée.  Mais 
j'ai  eu  foin  de  la  comparer  exadement  avec,  &  de  la  réformer  même  quel- 
quefois fur  celle  de  Genève  de  mdcxxdc  ,  qui  fans  être  exemte  de  fautes , 
m'a  paru  généralement  plus  exaâe  &  moins  Héfe&ueufè  que  celle  de  Loti- 
dres,  quoique  le  préjueé  public  donne  ordinairement  à  celle-ci  la  préfé- 
rence, peut-être  faute  d'en  avoir  fait  comme  moi  4a  comparaifbn.  Dans 
cette  Traduûion ,  ma  méthode  a  été  de  ne  point  m'écarter  trop  librement 
du  tour  de  l'Original,  ni  de  le  fuivrc  trop  fervilement.  Outre  qu'une  imi- 
tation trop  fervile  rend  fbuvent  une  Veruon  barbare  &  prefque  inintelli- 
gible ,  il  arrive  même  quelquefois  qu'un  attachement  trop  fcnipuleux  â  la 
lettre  fait  perdre  plus  aifcment  le  tens ,  lorfque  les  idiomes  des  deux  Lan- 
gues ne  fe  rapportent  pas  exaftement  l'un  à  l'autre.  J'ai  tâché  de  plus  d'évi- 
ter également  dans  le  ftyle,  l'enflure  &  la  baflfcflc.  L'Hiftoire  demande  de 
la  fîmplicité  &  de  la  netteté,  8c  c'eft  uniquement  à  quoi  je  me  fuis  étudié, 
■fans  donncf  dans  TafFedlation  fi  commune  aujourd'hui  parmi  nos  Ecrivains 
modernes,  qui  fous  prétexte  d'enrichir  la  Langue  par  de  nouvelles  cxprcf^ 
■fions  ou  de  nouveaux  tours ,  la  défigurent  8c  la  rendent  fouvcnt  inintelli- 
gible. Mon  attention  a  été  de  conftrver  autant  qu'il  a  été  pofiîble  le  fcns 
de  l'Auteur  dans  une  Langue  étrangère  ;  &  quoique  la  néccfiitc  de  ne  pas 
s'écarter  de  fon  Original  ne  laiflc  pas  toujours  à  un  Traduékcur  la  liberté 
oc  donner  à  fa  narration  un  tour  auflî  aifé  qu'il  pourroit  fans  cette  gêne  , 
je  n'ai  rien  négligé  pour  donner  â  mon  travail  un  tour  auffi  naturel  que  ce- 
jjui  de  rOrigiaal  même.  Enfin  pour  ce  qui  regarde  les  noms-propres ,  fans  j 

obferver 


PREFACE.  xvn 

obfe'rver  d'unirormicé ,  je  me  fui!;  conformé  à  Pufage  le  phis  commun  de 
nos  Ecrivains  >  comme  la  régie  la  plus  convenable  qu'on  puidè  feproporec 
dans  ces  (brres  de  cho(ès;  ou  s'ils  iè  trouvent  partagés,  je  me  fuis  cru  en  li- 
berté de  fiiivrc  ce  qui  m'a  paru  de  mieux»  Ainfi  j'ai  mis  Pdllavicin  pour  Pal-- 
léeuidm,  Gmcciardin  pour  GMCciardimy  Raj/nalJus  ^omï  Raynaldi  >  parce  que 
tel  eft  l'ufage  de  U  plupart  de  nos  Auteurs.  Au  contraite  j'ai  confervé  le  nom 
de  Pool  que  quelques-uns  nomment  PoIhs  ,  de  del  Morne  que  quelques-uns 
nomment  Monu  ou  de  Morne  ^  de  ddi^Mula  que  quelques-uns  nomment 
jimidio ,  &c.  parce  que  comme  nos  Ecrivains  font  partagés  fur  cela ,  j'ai  pen- 
(é  qu'il  étoit  plus  naturel  de  fuivre  ceux  qui  ^z\\  tiennent  aux  noms  ori- 
ginaux. 

C  o  M  M  E  on  s'intéredè  naturellement  â  connoitre  les  Auteurs  dont  on 
lit  les  Ouvrages^  )'ai  cru  faire  plaillr  au  Publicxie  publier  à  la  tête  de  cette 
Hiftoire  un  Abrégé  de  la  Vie  de  Fra-Paolo.y^i  délibéré  même  fi  je  ne  tra- 
diiirois  point  en  entier  celle  qu'a  compofée  le  P.  Pdgence  Di(ciple  &  Ami 
infëparable  de  l'Auteur ,  comme  a  fait  le  Traduâeur  Anglois  deTHiftoire 
^du  Concile»  Mais  cette  Vie  eft  écrite  d'un  ftyle  fi  ditfus>  Se  eft  remplie  de 
-  tant  de  chofes  inutiles  »  que  j'ai  cru  qu'il  convenoit  mieux  de  n'en  extraire 
que  ce  qui  pouvoir  fèrvir  à  faire  connoitre  notre  Hiftorien  »  afin  d'épar<» 
gner  au  Public  tout  ce  qu'il  pouvoit  y  avoir  d'ennuyant  &  de  fiiperfla. 
Par-lâ  on  faura  tout  ce  qui  intérefiè  dans  la  vie  de  ce  grand  homme  ;  ic 
ce  (^e  Ton  fupprime  fera  fiippléé  plus  agréablement  par  quelques  circons- 
tances tirées  de  (t%  Lettres  ou  de  les  Ouvrages  »  fur  leiquelles  le  P.  Fidgencc 
a  gardé  un  afièz  grand  filence. 

A  la  fuite  de  THiftoire  du  Concile ,  j'ai  donné  une  Relation  hiftorique  de 
iâ  réception  principalement  en  France ,  où  fon  acceptation  a  tr'ouvé  plus 
d'obftacles  ic  de  difficultés  qu'ailleurs.  Les  Auteurs  des  Notes  fur  le  Con- 
cile en  avoient  déjà  publié  unes  &  Mr.  Dapin  dans  fon  Hiftoire  da  xvi 
Siècle  y  avoir  ajoute  quelques  autres  chofes  >  tirées  pour  la  plupart  des 
Aâes  des  Afièmblées  du  Clergé  de  France.  En  réunifiant  ce  qu'ils  en  ont 
écrit  avec  ce  que  j'ai  recueilli  de  quelques  autres  Auteurs  >  &  principale- 
ment de  l'Hiftoire  de  Mr.  de  Thon ,  qui  nous  apprend  fur  cela  plus  de  par^ 
dcularités  qu'aucun  autre  de  nosHiftoricns,  je  crois  avoir  omis  fort  peu 
de  chofes  fiir  l'article  \  Se  chacun  pourra  juger  par  ce  qui  s'eft  pafië  fur  ce  fa- 
jet,  du  jugement  que  l'on  a  porté  de  ce  Concile  en  France,  &  de  l'autorité 
qu^il  y  a  acquis  par  rapport  foie  aux  matières  de  Doârine,  foit  à  celles  de 
Difcipline. 

E  N  F I N  j'ai  mis  au  commencement  de  chaque  Livre ,  des  Sommaires  abré- 

es  de  ce  qu'ils  contiennent.  Ils  ne  font  ni  tout- â- fait  les  mêmes ,  ni  tout-à- 

ait  différens  de  ceux  qui  fe  trouvenr  dans  les  Editions  Italiennes  de  Ge-* 

neve.  Car  pour  dans  celle  de  Londres^,  il  n'y  en  a  point,  non  plus  que  dans 

la  Traduâion  de  Mr.  Ameldt.  Je  crois. n'y  avoir  rien  omis  d'efiintiel,  6c 

ces  Sommaires  peuvent  être  r^ardés  coaune  une  forte  d'Abrégé  qui  rapr 

TVmA  c 


xvîii  PREFACE. 

pelle  tout  ce  qui  eft  contenu  dans  le  Uvre  même»  8c  où  Ton  pent  te  re» 
trouver  avec  plus  de  facilité  que  dans  l'Hiftoire. 

Il  ne  me  convient  point  de  prévenir  le  jugement  du  Public  fur  ce  qu'iË 
iloit  penfer  de  mon  travail.  Te  Tattendrai  avec  refpeâ: ,  &  je  me  (èns  ailez 
de  docilité  pour  réformer  les  fautes  réelles  qui  me  feront  écbapées ,  (bit 
dans  les  expreiSons,  foit  dans  les  chofcs ,  lorfque  je  me  ferai  convaincu  que 
ce  font  réellement  des  fautes.  Dans  un  Ouvrage  auffi  long  &  qui  demande 
autant  d'application  que  celui-ci ,  il  eft  difficile  qu'il  n'en  échappe  >  &  je: 
ferai  le  premier  a  les  reconnoitre  >  duflènt-elles  m'étre  reprochées  par  dés 
plumes  ennemies  >  moins  attentives  à  découvrir  la.  vérité ,  qu'au  plaifir  de 
trouver  que  je  m'en  ferois  écarté.  Avec  de  telles  difpofitions ,  on  peut  fc 
tromper  iàns  honte  ;  &  il  y  a  fouvent  plus  de  gloire  à  (avoir  reconnoitre 
&s  fautes ,  qu'à  n'en  point  faire.  Mais  on  ne  doit  pas  s'attendre  qae  j'avoue 
pour  fautes  une  (impie  oppo(ition  de  (cntimens  aux  opinions  reçues ,  ou  au 
jugemcnr  de  gens  qui  pour  être  plus  habiles ,  ne  s'en  livrent  fonvent  pas. 
moins  aux  prqugé&deleur  Parti.  Cefi  le  fin  ordinaire  des  Auteurs  ^dit  Mr.  Si* 
â  Lett.       mon  >  ^  ut  avoir  à  Je  défendre  contre  une  foule  de  demi-favans  frivenus  en  favtwr 
choiC  T.      ^^  certaines  opinions  communes,  principalement  quand  il  sofitdk  fms  qm  rt^ 
4*  f  '  4'<     gardent  quêiqu^indireSemcnt  la  Théologie.  Mais  il  vient  un  tems  où  ce  que  Ton; 
a  condamné  d'abord  comme  une  erreur ,  eft  reçu  enfùite  comme  une  vérité». 
Les  JhfSeurs  de  Paris,  ajoute  le  même  Auteur  y  ont  condamné  au  commence* 
mem  du  dernier  fiécle  pltefiewrs  femimens  dans  les  Ecrits  de  Jacques  le  fevre- 
d*Eflaples9  &  d*Êrafine ,  comme  des  nouveautés  dimgereufis.  Ces (entimens  y^m- 
par oij] oient  dors  dangereux  à  nosfiiges  Maitres^fim  aujourd'hui  refus  do  tom^ 
ce  efu^il  y  a  d^hahiles  gens» 

Comme  je  n'ai  eu  en  vue  dans  mes  Notes  de  flatter  ni  les  Catholiques» 
ni  les  Ptoteftans  >  nuis  uniquemenc  de  chercher  la  vérité  ,  je  prévois  qu'aa 
lieu  déplaire  aux  Partis  oppo(&^je  ferai  peut-être  expofé  à  la  cenfure  des^ 
uns  Se  des  autres.  C'efl  le  iort  ordinaire  de  ceux  qui  cherchent  ai  conci- 
lier les  (èntimens  dif&rens  »  ou  qui  les  trouvent  <^^emenr  improbables». 
Les  homtnes  (buflrent  in^aticmment  qu'on  les  foupçonoe  de  (e  tromper». 
C'eft  m&me  a(Ièz  pour  être  cenfé  n'avoir  point  de  Reli^n ,  que  d'éviter  de 
fe  déclarer  pour  les  (èntimens  favoris  de  chaque  Seâe  ;  &  tel  eft  jugé  Pro^ 
tsftant  par  des  Catholiques  >  parce  qu'il  ne  donne  pas  dans  toutes  les  (u* 
perftitionsou  la  foumiflion  aveugle  qu'on  exige  dans  la  Communion  Ro-^ 
maine,  qui  eft  décrié  comme  Papifte  par  lesProteftans»  parce  qu'il  hait: 
le  Schifme ,  qu'il  n'eft  pas  ennemi  de  toute  cérémonie  >  qu'il  ne  condamne, 
pas  toute  pratique  qui  n'eft  pas  explicitement  prefcrite  par  l'Ecricure^  qu'iË: 
ne  croit  pas  toutes  fortes  d'erreurs  également  criminelles  >  Se  qa'H  ne  traite, 
^s  l'Antiquité  avec  mépris. 

Pour  moi ,  à  Tèxempie  de  Fra-Paolo  y  (ans  condamner  qui  que  ce  (bir^. 
fc  me  fuis  contenté  fur  les  articles  de  Doârine  de  Bàk  remarquer  ce  qiiii 
m*a  paru  de  bien  on  mal  fondée  d*aiidea  oa  4e  x&Qovem  ,  de  certain  m^ 


PREFACE.  xrt 

4*iiicertAin ,  de  vraifêmblable  on  d'improbable.  Si  (Quelquefois  je  me  fuis 
écarté  de  quelques  opinions  de  nos  Théologiens  fur  des  Articles  mêmes 
qu'on  a  ériges  en  Dogmes  ou  dans  le  Concile  >  ou  auparavant ,  je  n'ai 
befbin  d'employer  fur  cela  d'autre  Apologie  que  cette  maxime  de  Vincent 
de  Lérins:  Qu'on  ne  dort  regarder  comme  appartenant  à.la  Foi,  que  ce 
qui  a  ézé  cru  univerfellement ,  perpccuellement  »  &  conftamment  ^  quod 
M  oTnmBus ,  Mftte ,  &  Jhnper  creditttm  ejl.  Tout  ce  qu'on  propofe  à  croire 
comrre  ierre  régie  ne  petit  jamais  céder  d'être  opinion  ,  Se  toute  opinion 
ne  peut  avoir  aautorité  que  celle  qu'elle  emprunte  de  la  probabilité  des 
raiions  dont  on  fe  fert  pour  l'appuyer.  C'eft  â  difcuter  la  judefTe  de  ces 
tatfons ,  que  s'exerce  la  Théologie  ;  mais  une  telle  di(cu(Iîon  ne  peut  faire 
partie  dcr  la  Foi ,  parce  que  la  Foi  n'a  pour  objet  que  des  Doârines  claire- 
ment révélées  &  crues  dès  le  commencement.  Et  puifqu'on  n'eft  oblige  de 
croire  que  ce  qui  a  toujours  été  cru ,  c  eft  ne  pas  (ortir  des  bornes  de 
la  CathoHciré  que  de  combattre  des  opinions  ,  qui  quoique  reçues  gé- 
néralement aujourd'hui  par  quelque  Egli(è,  n'ont  été  proposes  comme 
des  Dogmes  que  dans  des  (lécles  reculds  ,  8c  fur  lefquelles  il  nous  eft 
auffi  permis  d'opiner  librement  >  qu'il  rétoit  à  nos  Pères  ayant  ces  dé- 
cifion^. 

Je  (ai  bien  que  cette  liberté,  quelque  reftreinte  qu'elle  puîflê  être,  ne 
manquera  pas  de  trouver  parmi  nos  Théologiens  des  Cehlures»  &  qu'il  faut 
n'attendre  de  leur  part  aux  reproches  d'HéréHe,  de  précomptions  Se  de 
témérité.  Ce  (ont  les  qualifications  ordinaires  dont  ils  ont  coutume  d'ho- 
norer ceux  qui  ne  re^eâent  pas  adèz  les  préjugés  établis ,  parce  que  c'eft 
un  crime  impardonnable  chez  eux  que  de  pas  acquie(cer  fans  réferve  i 
toutes  leurs  décifions.  j4 peine  ont-ils  prononcé  ^  écrivoit  autrefois  S.  Bafile  «  ^  S.  BaC 
i  Ettfibe  de  Samofite  en  parlant  des  Romains  ,  qu  il  font  lès  écorner  d^s  U  Jh^^*  ^^^* 
lence.  Les  repréfenttttïons  les  plus  juAes  font  à  leurs  yetix  des  crimes,  pu df*  moins 
les  preuves  de  (jnelque  Mdchenteni  a  Terreur  ;  &Jipowr  les  dijpofir  à  Us  écèi^,çr 
4evec  douceur  on  leur  parle  Ofvecfiumijfion ,  elle  ne  jfert  qu^à  les  rendre  plus  fiers 
&plus  intraitables.  Si  Fra-Paoto,  malgré  la  modération  qui  régné  dans  fon 
Hiftoire,  n'a  pu  empêcher  le  Cardinal  Fallavicin  dé  le,  traiter  de  Protefr 
tant ,  d'impie ,  de  kélérat  *,  dois-je  attendre  plus  de  jûftice  de.  ceii^  qui! 
comme  ce  Cardinal ,  ne  font  confifler  la  BLeligion  que  dans  uoe  appro- 
bation fervile^  de  tout  ce  qui  (ê  trouve  établi  biep  ôu.  rhal ,  uniquement 
Îiarce qu'il  eft  établi?  Telle  eft  la  régie  à  laquelle  (e  mefure  I^  Cathp- 
îcité  ou  rHétérodoxie  des  Ecrivains  dans  la  plupart  dds  Pafris  \Sc  j'au^ 
jrois  tort  de  prétendre  fur  cela  â  la  moindre  diûinébibn.  .^inH  f  ai  pris 
étvec  eux  mon  paru ,  pour  me  (crvir  encore  des  termes  de  iS.  Baplfi  Ib  iront 
leur  chemin  ,  /ir4/  le  mien.  Je  tacherai  de  me  prifcurer  la  peux  Ç^[(a  tismierç, 
qtiils  me  refufent^  &  nous  verrons  qui  de  nous  fi  U^cra  plutôt  de'£Cftc.€on^ 
duite.  .^  '   "  .   '  ;v  .'  ..^  ,j*"  .  ^^ 

3t  ne  pen(è  donc  poiht  1  me  défendre  contre  j^^ljtijùftt^^^^ 
Aes,  quchr  qu'fl^  puîflSht  îtké.  Les  perfonnw"  fcnfécs  h'cxîgcrit''^ofe^^  'dc^ 

cij 


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XX  PREFACE. 

moi  une  telle  Apologie,  &  elle  (croir  inutile  pour  les  autres.  A  Végttè* 
des  faits  hiftoriques  >  c*e(l  un  devoir  pour  moi  de  les  juftifier  ù  on  les 
attaque  fans  rai(on,  ou  de  les  rctr^iâcr  (î  je  me  fuis  mépris.  L*un  ne  me. 
coûtera  pas  plus  que  l'autre >  &  auflidifporé  àdcfavouer  ce  qui  eft  faux, 
u*â  détendre  ce  qui  eft  vrai ,  je  ne  me  ferai  jamais  un  mérite  de  jufti* 
er  par  obftination  ce  qui  me  (croit  échappé  par  (ùrprife.  J'aurai  la  mê- 
me déférence  à  l'égard  de  la  Traduétion  «  &  je  confentirai  aifémenc  à 
réformer  ce  qui  pourroic  s'y  trouver  de  défeâucux ,  fans  m'amufec^  con- 
tefter  pour  des  expreflions ,  lorfque  je  jugerai  que  j'en  eu(Tè  pu  employer 
de  meilleures.  Mais  il  ne  fuflSra  pas  pour  m'obliger  à  les  cbatiger  >  que 
quelqu'un  les  défàpprouve  par  mauvaife  humeur.  Il  eft  de  la  (ageflè  d'é- 
couter les  avis  &  critiques ,  mais  il  faut  du  di(cernemcnt  pour  en  faire 
ufage ,  puifque  (buvent  tel  condamne  un  tour  ou  une  ezpreflion  qui  fe 
trouve  du  goût  de  bien  d'autres  *i  &  tout  homme  qui  ne  s'aveugle  point  fur 
fon  Ouvrage  >  eft  fou  vent  plus  propre  qu'un  autre  a  juger  Ci  c'eft  à  tort  ou 
avec  raifon  qu'on  le  critique. 

Pour  ce  qui  regarde  les  matières  de  Doétrine,  comme  on  ne  peut 
m'objeâer  que  des  difficultés  cent  fois  propofées  &  autant  de  fois  réfblues  > 
ou  qu'il  eft  impoffible  d'éclaircir  au-delà  d'un  certain  degré  ,  on  ne  doit 
pas  s'attendre  que  je  m'embarque  dans  une  conuoverfè  (ans  fin.  Il  y  a  peu 
a  ajouter  aux  recherches  de  tant  d'habiles  gens  fur  ces  diffcrens  points  >  8c 
mon  autorité  de  plus  ou  de  moins  dans  des  matières  (I  fouvent  agitées»  n'eft 
pas  d'un  adcz  grand  poids  pour  engager  qui  que  ce  foit  à  fe  déterminer 
par  mon  fuffrage.  Le  Concile  d'ailleurs  a  embradë  un  (î  grand  nombre  de 
matières  dans  (es  décidons ,  que  ce  feroit  l'ouvrage  de  plus  d'une  vie  que 
de  vouloir  s'engager  à  les  défendre  ou  â  les  combattre  »  dans  la  jufte  éten- 
due qu'exieeroit  une  telle  difcuftion.  Mon  deftèin  dans  mes  Notes ,  com- 
me je  l'ai  déjà  dit ,  a  moins  été  de  m'ériger  en  Controverfifte ,  que  de 
donner  fur  chaque  matière  des  idées  qui  puidènt  fervir  ou  à  faire  céder 
toutes  les  difputes  de  mots ,  ou  à  abandonner  â  la  liberté  des  Ecoles  ce  qiû 
n'appartient  point  réellement  à  la  Foi ,  ou  enfin  i  réconcilier  des  fenti- 
mens ,  qui  fouvent  ne  font  oppofës  que  parce  qu'on  envifage  les  objets  par 
des  faces  toutes  di(rérente$  3  &  qui  ibnt  également  vrais  aans  le  point  de 
vue  où  chacun  les  conddere.  C'eft  ce  qui  a  déjà  été  tenté  par  d'habiles 
Théologiens  Catholiques  Se  Proteftans,  avant  moi*,  &  quoique  ces  efforts 
n'aient  pas;  produit  tout  l'effet  qu'ils  euflfènt  pu  s'en  promettre ,  on  peut  dire 
qu'ils  ù  ont  pas  été  toût-â-fait  fans  fuccès  ;  pui(qu'on  fe  trouve  prefque 
eaccord'  aujourd'hui  (ùr  la  plupart  des  difputes  qui  ont   occadonné  le 
Schifme  >  8c  fur  lefquelles  on  conteftoit  alors  avec  le  plus  de  chaleur  ^ 
comme  fur  la  juftification  >  le  Libre-arbitre ,  les  bonnes  (Suvres ,  le  Mé- 
rite,'&  quelques  autres.  Pourquoi  feroit-il  plus  difficile  de  (è  concilier 
fur  le  refte  ?  Avec  moins  de  hauteur  d'une  part ,  8c  moins  de  roideur  de 
l'autre,  Uchofene  (èroit  peut- être  pasimpoffible.  Mais  d  les  préventions 
tclèk ^dpDàs  4^. hommes  forment  des  opftadcs  iadirmoAtabks  aux  vues 


r  v 


PREFACE.  xxï 

Aacifiqnes  des  gens  défincéreflès  »  c'eft  toujours  un  bien  d'ouvrir  les  voies  à 
la  paix  ;  8c  au  dcfauc  du  fuccès  j  Ton  a  toujours  â  fe  (avoir  bon  gré  de  la  pu« 
xçté  de  (es  intentions. 

En  cela  j'ai  tâché  d'entrer  dans  l'efprit  de  rHiftorien^ueje  publie.  Fixé 
dans  la  Communion  Romaine  par  profeflion  >  il  y  conlerva  toujours  cec 
c(pric  de  liberté  ,  fans  laquelle  la  Religion  n  eft  qu'un  effet  de  l'éducation  Se 
de  l'habicude.  Se  non  de  la  lumière  8c  de  la  piété.  Ce  qu'il  y  connue 
d'abus»  ne  lui  fit  point  condamner  ce  qu'il  y  trouva  de  conforme  aux 
r^les  &  à  re(prit  primitif  du  Chriftianifme  >  &  il  crut  que  pour  s'y  fanc- 
tiber  il  lui  fuffafoit  de  ne  prendre  point   de   part    aux    défordrcs  qui 
$'y  étoient  glillës>  fans  s'élever  contre  l'Autorité  qui  les  toléroit,  ou  con- 
tre la  Société ,  qu'il  étoit  dangereux  d'ébranler  par  une  Réforme  ou  pré- 
maturée ,  ou  trop  févére.  Ennemi  des  partis  extrêmes  où  s'étoient  jettes  les 
premiers  Réformateurs ,  il  approuva  la  cen(ùre  qu'ils  faifoient  de  nos 
obus ,  &  ne  regarda  pas  comme  autant  d'erreurs  la  manière  différente 
dont  ils  s'expliquoient  (lit  différens  points  de  Doâirine.  La  facilité  même 
avec  laquelle  il  voyoit  les  Romains  propofèr  de  nouveaux  Dogmes ,  lui 
infpira  quelque  inclination  pour  les  Reformés  >  mais  non  pas  jufqu'au 
point  de  s'engager  lui-même  à  la  défenfe  de  toutes  leurs  opinions ,  6c 
encore  moins  de  s'élever  contre  tous  les  ufages  que  plufieurs  de  ceux-ci 
ne  condamnoient  que  pour  donner  plus  de  couleur  à  leur  (<f paration ,  ou 
faute  de  favoir  qu'ils  venoient  (inon  de  l'Evangile ,  du  moins  des  (iécles 
aflèz  proches  des  ipremiers  tems  du  Chriftianifme.  Le  Pape  ne  fut  point 
pour  lui  l'Antechrift  y  la  Meffe  une  Idolâtrie ,  les  Cérémonies  un  Judaï(^ 
me ,  le  Culte  extérieur  une  Superftition  y  la  Difcipllne  Eccléfîaftiqne  une 
Tyrannie ,  8c  la  Hiérarchie  Eccléfiaftique  une  Police  mondaine.  Il  ne  crue 
pas  que  la  Religion  l'obligeât  â  adopter  tout  dans  un  Pani ,  &  â  con- 
damner tout  dans  l'autre  *>  &  fe  renfermant  dans  cette  fage  médiocrité 
qu'avoient  choifie  Erajme ,  Cdjfander  >  &  tant  d'autres  à  leur  exemple ,  il 
ne  prit  ni  du  commun  des  Catholiques,  cette  foumiflion  aveugle  &  (ans 
examen  â  tout  ce  qui  leur  étoit  propofé ,  ni  des  Réformateurs  l'efpric 
d'oppo(ition  â  tout  ce  qui  fe  trouvoit  établi  y  faifant  ufage  de  fa  Rai(bn 
pour  éclairer  (à  Foi  ,  &  diipofé  d'ailleurs  a  fe  foumettre  a  l'autorité  lé- 
gitime en  tout  ce  qui  ne  portoit  aucun  caraâere  d'erreur  ou  de  fuperf- 
tidon  ,  quand  même  il  ne  l'eût  pas  jugé  néceflàire  ou   eflèntiel  â   la 
Religion. 

C'est  dans  ce  même  efprit  que  font  compo(ëes  \ts  Notes  doéfcrinales  qui 
accompagnent  l'Hiftoire  que  je  publie.  On  y  verra  la  même  impartialité  > 
le  même  défintéreflcment ,  &  le  même  élpignement  de  tout  efprit  de  dif- 
cprde  8c  de  divifion  y  que  l'on  a  goûtés  dans  mes  autres  Ouvrages  *,  & 
j'e(bere  que  les  personnes  raifbnnables  dans  les  Communions  oppofées  ne 
dé  (approuveront  pas  en  moi  la  liberté  que  j'ai  prife  de  m'écarter  quel- 
quefois de  leurs  (entimens,  puifqu'ils  font  pour  eux-mêmes  ufage  de  cette 
MbcrcétCciix  mêmes  qu'un  zélé  plus.rigide  empêche  de  goûter  aucun  tem* 


xxrt  PREFACE. 

péramcne  en  mâttere  de  Rel^on ,  ne  peuvent  gueres  condamner  dans  met  \ 
Noces  cequils  n*onr  jamais  condamné  dans  le  Livre  même;  &  l'Ouvrage  • 
en  paroitra  plus  uniforme  que  s'il  eût  été  publié  par  des  perfbnne^  cng»-  - 
gées  par   préjugé  a  tout  juftifier  »  ou  à  tout  cenfurer  dans  le  fyftème 
qu  ils  Ce,  fecoicnt  propofc  de  fuivre  y  ou  de  combattre.  Je  fai  qu'en  ma- 
tière de  Doârine  le  moyen  le  plus  (ur  de  (e  donner  des  Panégyriftes»  * 
eft  de  fe  déclarer  pour  un  Parti,  fans  lequel  il  eft  rare  qu'un  Oavrage- 
puiHe  fe  foutenir  contre  les  attaques  oppo(ees  auxquelles  une  voie  mi- 
toyenne ne  manque  gueres  de  rexpofer.  Maison  doit  confidérer  que  l'Ou- 
vrage que  je  publie  eft  moins  le  mien  >  que  celui  de  Fr^Péiol^s  <}ue  mon  - 
principal  objet  a  moins  été  d'établir  ou  de  corabatre  aucune  Doârinc»* 
que  d'expofer  celle  de  mon  Auteur ,  &  de  propofèr  quelques  idées  qui 
puifTent  fervir  à  Tintelligence  des  matières;  que  fans  partialité  ni  fani* 
haine  à  l'égard  des  Catholiques  Se  des  Proteftans  t  rien  ne  m'intéreflè  â 
favorifer  les  uns  au  préjudice  des  autres ,  &  que  mon  feul  intérêt  eft  de 
parvenir  à  connoitre  la  vérité  ;  que  lors  même  que  je  m*écarte  des  opi- 
nions des  autres ,  c'cft  fans  condamner  perfbnne ,  &  fans  me  rendre  Tar-» 
bitre  de  leur  (àlut  ou  de  leur  damnation ,  perAïadé  que  toute  erreur  de 
bonne  foi  eft  toujours  in  volontaire  »  ic  par  conféquent  moins  criminelle 
que  les  fautes  qui  font  l'effet  de  la  corruption  du  cœur  ;  qu'enfin  la  vé- 
ritable Catholicité  ne  confîfte  pas  tant  dans  une  uniformité  entière  de  • 
fentimens ,  que  dans  un  amour  ardent  de  la  vérité ,  une  difbofition  (incére  à 
fuivre  toutes  celles  qui  font  connues ,  6c  une  attenrion  (éiïc\xk  à  ne  fufciter 
ni  révolte  contre  l'Autorité ,  ni  Schi(me  contre  la  Charité ,  par  un  atta/- 
chement  opiniâtre  i  fès  idées ,  ou  une  oppo/îtion  trop  violente  i  celtes 
des  autres. 

CfiST  à  ce  feul  caraâere  que  peut  (è  reconnoîrre  Teffirit  du  Chriftia^- 
niCne»  efprit  de  paix^  de  tolérance  8c  de  charité.  Il  feroît  à  fouhaiter,' 
comme  le  dit  S.  Paul  >  que  nous  n'euflions  tous  qu'un  même  (entimenr.  * 
Mais  fi  nous  ne  pouvons  toujours  nous  réunir  dans  les  mêmes  idées ,  notrle- 
devoir  au  moins  eft  de  nous  fupporter  les  uns  les  autres ,  jusqu'à  ce  que  Diea 
/Philip,    nous  éclaire  ou  par  lui-même ,  ou  par  le  miniftere  de  gens  plus  inftruits.^ 
in«  I  $*       QmcunufM  ergo  perfeBiJumas  hâcftmiamms  &  fi  qmd  Miter  fiijntis ,  &  hâc  vâ» 
bisDeHsrevelahit.P^erttnttommÂdfHodpirvenimHSMidemfimi^       &  in  M* 
dtm  permaneamus  regida.  Rien  n'eft  plus  contraire  à  ce  précepte ,  que  la 
démangeaifon  de  multiplier  (ans  cefle  de  nouveaux  Dogmes ,  &  d*y  voa«- 
loir  foumetcre  avec  empire,  tous  les  autres,  en  taxant  trop  aifément  d'Hé- 
réfie  quiconque  paroit  le  moins  du  monde  s'en  écarter»  Le  mal  eft  d'une 
origine  ancienne,  mais  ce  n'eft  que  depuis  la  naifl&nce  de  la  Scolaftique  6s, 
l'établiftèment  tranquille  des  énormes  prétentions  de  la  CourdeRome^ 
qu'il  eft  parvenu  à  un  fi  haut  degré.  Ce  n'eft  plus  i  l'attaque  de  quelques* 
points eflentiels  &  fondamentaux  qu'eft  attachée  la  notion  d'Héréfie ,  mais 
à.  tout  ce  qui  s'éloigne  des  opinions  ou  des  préjugés  un  peu  répandus.  ' 
Tour  ce  qui  s*écarte^,  dit  le  ^lébre  Vrim^  des  opinions  de  TEcole,  paflc^ 


P  R  E  F  A  C  E.  iJonîT 

jpMt  aûfc  lUtéGcy  Se  Toppodrion  dans  les  choCes  les  plus  légères  eft  flé- 
trie du  nom  k  plus  atroce.  i^MdCitm^He  âb  SchêUùUchis  diffident ,  Scholaftico 
TieUogo  fimt  hésrtticas  fHod  crimen  ita  vdgautm  efi ,  ttt  rebits  quo^  Uviffimis 
impingémtr ,  qukm  fit  ip/nm  perfe  éurocijfmmm. 

Il  (èroîc  à  ibuhairer  que  le  Concile  de  Trente  ,  qnr  ayoit  été  demandé 
&  ToUicité  par  tous  les  gens  de  bien  pour  rétablir  TUnité  rompue  par  Top- 
pofidon  de  fencimens  que  pcoduiHt  la  nouvelle  Réforme ,  n*eût  pas  aug- 
menté le  mal  par  la  multiplication  exceffive  de  Dogmes  inconnus  auparar 
irant,  &  d'Anathême&  Il  y  auroitune  prévention  trop  marquée  à  ne  pas 
leconnoitre  qu'il  s'eft  fait  dans  cette  Aflembléeun  nombrr  de  Règlement 
scès-fâges  &  de  décidons  (blides,  qui  font  conformes  à  la  Doârine  an- 
cienne ,  &  aux  Loix  les  plus  pures  de  la  Morale.  Mais  comment  juftifier 
d*indifcrétioa  cette  facilité  à  ériger  en  Article  de  Foi  tant  de  chofes  in* 
certaines »^  fuperflaes»  &  peu  fondées,  pour  ne  rien  dire  de  pis 3  Com- 
ment approuver  cette  multitude  d'Anathâmes  prodigués  pour  de  (impies 
diiputes  de  mots  ,  telles  que  la  plupart  des  controverfes  fiir  la  Juftification  >. 
le  Mérite  des  ceuvrei,  &  tant  d'antres  de  même  nature  3  Comment  rece- 
voir» |e  ne  dis  pas  comme  des  Dogmes  néceilàires,  mais  même  comme 
ides  vérités  >.  tant  d'imaginations  de  r£cole  qui  n'avoient  )amais  excédé 
juiques-U  les  bornes  d  une  (impie  probabilité ,  tels  que  plufieurs  Canons 
&r  les  Sacremens  en  général  éc  en  particulier,,  dont  il  avoit  été  permis- 
jliiqu'à  lors  de  difi>uter  librement  (ans  s'expofer  à  aucune  Cen(ttreB  Com- 
menc  excufer  de  acfaut  de  charité  cette  intolérance  qui  a  fait  exclure  de 
de  l'Unité  Cbrérienne  tant  de  Peuples  y  pour  les  vouloir  aiTu jettir  trop 
impérieusement  à  des  pratiques  ou  peu  raifi)cinablcs ,  comme  les  prières 
«n  langue  étrangère  >  ou  contraires  a  l'infticucion  primitive  >  comme  la- 
Communion  (bus  une  (êuk  £(péces  ou  nullement  nécedàkes ,  comme 
fufage  des  Imagçs ,  l'invocation  des  Saints ,  &c  ?  Comment  er^n  ne  pas* 
taxer  de  dureté  cette  obftination.  à  vouloir  retenir   tant  d'ob(crvances 
|»eut*être  bonnes ,  mais  non  néceflàtres ,  &  i  forcer  tour  le  monde  4 
«'y  afTujettir  »^  au  riique  de  révolter  une  partie  des  peuples,  fans  vouloir 
&  relâcher  (ùr  ks  chofes  les  plus  indifférentes  &  les  moins  eflèntieJies  à 
Jâ  vertu,  comme  la  difttndtion  des  Viandes,  le  Célibat  du  Clergé^  Se 
le  maintien  de  certaines  cérémonies  &  de  phifieurs  u(kges ,  qui  (ans  être  des 
abus,  enavoientoccadonné  ungrandnofnbre?.Iln'yaqu'unzéIe  fans  cou* 
Aoiflànce  &  une  pure  prévenrion  de  Parti,  qui  puiÛènr  excufer  toutes  ces 
cbo(ès  i  &c  pour  peu  qu'on  juge  (ans  intérêt  &c  (ans  paflîon  ,  on  ne  peut 
gueres  difconvenir  de  ce  qiie  )'ai  dit  ailleurs ,  t  que  le  (èul  moyen  de  juftifier    gKtMU 
en  quelque  manière  le  Concile ,  eft  de  regarder  une  partie  de /es  Canons  moins  ^^^'  * 
^amme  dés  dtcifims  kjidvrt ,  que  comme  une  expofiûon  desjèntmtens  qm  koient  '  ^     ^^ 
4às»s  ptns fmvis.  ^^ 

Il  eft  bien  cercain^u^mofos ,  que  plufieurs  dies  opinions  érigées  en  Dog- 
mes dams  le  Coocile  ^  avoient  été  jii(ques-  la  libremem  agitées  dans  les  Eco* 
ics^&qnccd  cm  alors  ggflc  poqr f oaOxtfaodoxc  ^  <|ai  dqpois  cette  KSkïOe^ 


xxir  PREFACE. 

blec  a  été  traité  d'Hérctique ,  fans  avoir  ci*autrcs  fentîmens  que  ceux  quiak'f 
paravant  éroient  jugés  fore  innoccns.  Cependant ,  comme  le  remarque  (en* 
JbFlcury ,    fcmcnt  TAbbé  FUnry  ,  *>  Ufiffi^  ijffon  Jkche  le  commencement  ctune  Qpimim^ 
Difc.  ç.  fur  powr  Ajfurer  cfifelle  ne  fera  jamais  déclarée  être  de  foi  ,  (jmi  qifen  pmjfent  dire 
l'Hift.  Ec-    c^^ix  cjiù  iéchai^frnt  le  pliu  à  la  fetitenir ,  pmfin'il  eft  de  foi  que  l'Eglife  ne  crri- 
^  *  *  va  jamais  tjne  ce  (fuselle  a  toujours  cm ,  tjmi^H^elle  pmjfe  s^explitfHer  clairement  ; 

entand  e'ie  leJMenéceJféùre.  Ainfî ,  quelque  nouvelle  décifionquonprop<>* 
le,  on  eft  aum  Chrétien  &  auifi  Catholique  qu'on  doit  letre  dès  qu'on 
croit  ce  que  Jcfus-Chrifta  enfcigné,  &:  ce  que  les  Apôtres  ont  prêché.  La 
Foi  ne  reçoit  point  d'augmentations  ;  elle  a  eu  toute  fa  perfèélion  dès  le 
commencement  >  8c ,  comme  le  dit  Tertullien ,  //  ne  nous  ejfpas  permis  de  rien 
inventer  y  ni  même  de-rien  chercher  après  P Evangile,  On  a  beau  rai(bnner  pour 
montrer  qu  on  doit  croire  telle  ou  telle  choie.  H  faut  prouver  cjue  DietêCd 
voulu  &  cju'il  nous  Fa  révélé.  Il  faut  prouver  non  pas  e^ue  l'Eglife  a  du  le  croire, 
mais  quelle  Ta  cruen  ejfet.  Tout  ce  que  rC  ont  point  fa  les  premiers  Fidèles  ^ 
n  eft  point  néceflàire ,  puifqu'ils  ont  été  Fidèles  fans  le  croire.  Il  (uflitpour 
montrer  Tinutilité  de  cesdoârines,  qu*il  ait  été  un  tems  où  elles  étoient  igno- 
rées fans  crime.  On  laille  à  ceux  qui  les  trouvent  probables  ou  vraies  »  la 
liberté  de  les  croire  ,  mais  (ans  le  droit  d'en  impofcr  la  créance  aux  autres 
qui  n'ont  pas  fur  cela  les  mêmes  lumières.  C'eft  ainfî ,  comme  le  dit  l'Abbé 
là,  Dif.  7.  Fleury ,  »  que  dans  lespremeirs  tems  les  Pafieurs  avoient  fiin  de  bien  inflruire  les 
Chrétiens ,  feins  prétendre  les  gouverner  par  lafiumijfion  aveugle  qui  efl  F  effet 
&  la  caufe  de  Fignerance.  Leur  force  étoit  dans  la  perfîiafîon  >  &ilsn'exi- 
geoient  de  créance  qu'autant  qu'ils  avoient  produit  de  conviction.  Perfua- 
dés  que  la  Foi  s'infpire  ic  ne  fe  commande  point  >  ils  réfêrvoient  toute  leur 
autorité  pour  le  maintien  de  l'Ordre  &  de  la  Difcipline,  &  n'employoienc 
que  l'inftrudtion  pour  attirer  les  peuples  à  la  prorcflion  delà  vérité,  (ans 
étonner  lesefprits  pardes  Anathêmes  qui  ne  peuvent  nuire  qu'à  ceux  qui  (è 
éId.Dif.  t.  refufent  volontairement  à  la  lumière.  Mais  on  ne  (c  contint  pas  longtems 
dans  une  fi  fage  mefùre^  ^  &  comme  (î  les  Evêques  euffent  été  forcés  par  une 
nécejfué  fatale  a  prononcer  les  peines  canoniques  contre  tous  ceux  qui  ne  pou-. 
voient  fe  foumettre  qu'à  une  autorité  accompagnée  de  lumière,  lesExcomr 
munications  prirent  la  place  de  l'inftruâion ,  6c  les  Prélits  firent  plus  d'u(à*- 

fe  de  leur  pouvoir ,  à  me(ùre  que  leur  ignorance  les  rendit  moins  capables 
e  faire  ufage  de  la  fcience.  Au  lieu  d'éviter  ce  dcfordre  ,  le  Concile  de 
Trente  n'a  fait  que  le  fortifier  par  de  nouveaux  Anathêmes  ;  &  ce  n*eft  pas 
le  moindre  mal  qu'il  ait  produit,  puifque  c'eft  à  cette  indifcrétion  qu'eft 
due  la  perpétuité  du  Schifme ,  &  l'impoUibilité  morale  d'y  remédier.  Il  eft 
vrai  que  s'il  étoit  aufii-bien  au  pouvoir  de  l'homme  de  croire  que  d'agir  , 
il  n'y  auroit  en  matière  de  doârine  ,  comme  en  fait  de  pratique ,  d'autre 
parti  pour  les  Supérieurs  à  prendre  ,  que  celui  de  (è  faire  obéir  par  l'aut^ 
rite  des  Loix.  Mais  l'Efprit  ne  cède  qu'à  la  lumière  *,  &  tout  autre  moyen  9 
au  lieu  de  l'éclairer  ^  ne  fert  qu'à  produire  l'ignorance  &  Thypocrifiç; 
Toute  EgUfc  donc  qui  prononce  Anachême  contre  une  autre  fur  des  poina 

9» 


P  H  EF  ACE.  »v 

honteux  oa  non  néccffaircs,  fe  ftparc  clic  même  de  l'Unité  (ans  en  retrancher 
les  autres;  parce  que,  comme  elle  n*a  pas  le  droit  d*en  commander  la  créance,' 
il  n'y  a  pour  les  autres  aucune  néceffité  d'obéir,&qu'ufurDant  un  pouvoir  qui 
fie  lui  a  psint  été  donné ,  on  peur  par  confëquent  lui  derobéir  â  cet  égard 
fans  injimice  ôc  fans  crime. 

Mais  ce  n'eft  pas  à  oe(èul  égard  ,  qu'il  eft  difficile  de  juAifier  ie  Concile; 
SU  a  excédé  (on  pouvoir  en  ordonnant  la  créance  de  nouveaux  Dogmes^ 
il  en  a  auffi  mal  réglé  Tufàgeen  infiftant  avec  trop  de  roideur  fur  Tobrer-* 
vation  de  plufieurs  pratiques  non  néceflàires  »  8c  en.  ne  voulant  (c  relâcher 
fur  rien  dans  les  cho(ès  même  les  plus  indifférentes ,  &  qui  avoient  donné 
occafion  i  bien  des  abus.  Jifus-Cnrift  était  venu  au  monde  ,  twn  pour  ttahlir 
mg  Culte  extérieur  &  wfiititer  de  nouvelles  cérémonies  ,  méiis  pour  faire  Mdoret 
fin  F  ère  en  ejprit  &  en^ériti.  Mais  on  ne  tarda  pas  long-tems  â  s'écarter  de 
cette  vue.  Tout  le  tourna  bientôt  en  formes ,  &  on  mie  tout  (on  zélé  i  fai- 
re valoir  ce  qu'il  y  a  voit  de  moins  eflèn  tiel.  ^  A  mefure  que  U  charitije  refroi"  l  Fleury  ; 
du  y  Us  titres  &  les  cérémonies  Mg/nenterent^  Le  Chrijiiani/me  ne  fut  ùlus  par-  *^,*""  ^ 
mi  les  peuples  ^"une  punie  des  mœurs  de  chaque  nution ,  &  ne  conj^^  qiien  ^^    • 
formdités  extérieures  ,  comme  les  fuuffes  Religions.  Les  Chrétiens  sh  différèrent       ^*  ^ 
^Xmguéres  des  Juifs  &  des  Jnfideles  quuntuux  vices  &  aux  vertus ,  mais  quant 
aux  cérémonies  qtti  ne  rendent  ùoim  les  hommes  meilleurs.  Ceft  cependanr  a  ces* 
«érémonies  extérieures  que  le  Concile  s'eft  attaché ,  avec  autant  de  roideur- 

3[ue  fi  elles  étoient  ab(blument  eflèntielles.  Au  lieu  de  lai^r  i  la  dirpofitiont 
e  chaque  Egli(è  le  jugement  de  ce  qui  convenoit  au  caraâere  de  chaque 
nation  &  aux  différentes  drcooftances  des  tems  &  des  lieux,  oniinn&€. 
itir  des  pratiques  purement  humaines  ,  avec  autant  de  rieueur  que  (î  c'euf- 
(ènt  été  <ies  Loix  de  Dieu  même.  On  a  accablé  une  Religion  ,  dont  toute 
l'excellence  confifte  dans  la  (pirituaitté  du  Culte  fous  une  infinité  d'obfer- 
vances  (èrviles ,  en  (brte  que ,  comme  s'en  plaignoir  déjà  «S*.  Augifiin  de  fon    '..'** 
cems»  on  a  rendu  la  condition  des  Chrétiens  moins  tolérableque  celle  des       .         * 
|iu& ,  par  le  joug  qu*on  a  impo(ë  fur  leur  confcience  »  en  leur  faifant  des 
devoirs  de-ce  qu'on  devoit  laiuer  à  leur  liberré&à  leur  dévotion.  ™  ReU^  mkng.tf. 
ponem ,  quam  paucifpmis  &  manifefliffimis  celebrationum  Sacramemis  mifèricor'^  ^  J**^ 
dia  Ddeffeliheram  voluit ,  fervitihus  operitus  premmu  ;  ut  tolerahilior  fît  condi* 
fio  Judaorum^  qui  etiamfî  tempus  tihrtatis  non  cognoverim  ,  legalitus  tamen  Jar^ 
cinis  non  humanis  prafimptionitusfid^Jiciuntur. 

-'  G  fi  (croit  mal  prendre  ma  penfée  ,  que  de  croire  que  j'en  veux  aux 
Cérémonies  mêmes.  Quoique  je  fâche  que  ce  n'eft  point  en  cela  que  con^ 
iîfte  l'eflènce  de  la  Religion,  je  fuis  perfuadé  que  leCulte  extérieur  eft  né- 
ceflàire  pour  entretenir  l'efprit  de  piété  dans  les  peuples  ,  ôc  qu'aucune  (b- 
ciéçé.  humaine  ne  peut  le  con(erver  fans  ces  liens.  Si  nous  n'étions  qu'eC 
prit ,  d}C  S.  Chryfofiome ,  nons  n'aurions  d'autre  Culte  i  rendre  qu'un  pure» 
vient  (pirituel  -,  mais  étant  compo(ës  de  corps ,  nous  avons  befbin  de  (&- 
-cours. extérieurs  pour  nourrir  en  nous  la  religion  &  la  piété  *,  &  le  peuple 
l^c  diflicxlemcQC  ik  coofèrvcr  religieux  (ans  ce  fecours.  Mais  om  ne  doit 
Tomo  I.  d 


E 


/ 


xjm  PR.EFACE. 

t^  çQ^fy^dn  ks  moyras:  vf^c  U  fin ,  &  prcucke  cts  ^{travmftfNwl' 

kveroi  méiM»  Amr^QMiir  (quc  dégéecrç  cQfup^rflinoa,  fie  Poi^na  <)M 

l'QXfiEf icm  dq  kipié.t4  9  an  Ueud'cn  avoir  la  réaUr^.  )e  «c  di$  pas  q«c  le  Cea-^ 

cik  ^$  donocdaKUoe  ^Ik  ^fuiidtjc^.  Mais  ce  doocoa  ne  ocm  gaéccs  le 

JQftifier  »  c  cft  cTavoit  donné  occaûon  à  la  fBpcrftiticKi  en  tnâftant  irofi  IbiK 

tco^eoc  Âk  U  pjcaôquc  de  ce«  iàccj^  d'Qb(ibr\iai|CQ9^  »  en  donciafti  Uen  d'yi  qmc- 

ti(Q  tro|p^  de  coofiaoce ,  â^.  eo:  merf  aoc  rvo»  peu  (k  dèfttnftiofkciirf  e  les  LoU  <i& 

Dictt  &  celle  des  bomiws»  qui  ceflevic  4'én:e  dr$  dévoues  lor(!q^'ettea  ne  6c-» 

^^rcf»  pius  aux  fias  pour  lefqueUe^  cUes.  onc  i^é  établies  t  &  qti'U  fc  UQUve. 

pliK  d'iiKonvéoieQt  4  les  cooTervei:  <|jLi'à  li»  changée 

•  i'A^ust  de  la  PuiiTance  SpickucUe  eft  encore  un  ann»  début  qui  fit 

MMC^œ  dans  ce  Concile  ^  &  qiii  a  a  pas  p^u  conccihué  à  en  dionauer  taoroi*' 

rifié.  tt  t&  corcain  que  Jefiis-ChrUib}  en^  ^caistliâàm  des  MiniAres  dam  Cont 

Egfifir  >  le&  a  sevécus  de  couc  le  pouvoir  qui  écoîc  oéceflTaire  pour  la  fanâtr 

iÎQaiion  de  ceux  qu'il  a  coounis^  a  lieurs  (bin^  Mais  ce  pouvoir  eft  iimmé  au» 

&uks  ah^fes.  ^rituelles ,  &  tout  ce  qui  va  au-delà  nie  peut  êcre  regar<U: 

que  cofiH^e  tme  coQceiSofi  des  Princes^  ou  une  ufi^rpadoin  fi»r  eux.  Qs^ 

l^fldattc  k  Concile  >.  (ans  aucuaégajrd  a  ççx%t  diftin<%on  >.  s'eft  accâbuc  OA 

HOttvoir  itiitpîcé  fin:  leschofes  pucem^ac  cenipocelles ,  âc  aiCoumis  ei^beaiir^ 

^ouc^  dloccafions  L'autoricé  des  Princes  Se  des,  Magiftca^aà  c^Ie  du  Ckrgé». 

daai  LQ&choics  n»emes.  qi|i  ds  kur  aacure  fincu  ufÛKyjemeajt:  dtr  re&flc  de  b 

Boiii^ce  Êculiece.  Ek-là  ce$  plaintes  &  ces.  proce(£arîoaA ,  £iice&  dans  If» 

Co^icik  Blême  coacce  de  pareilles^  atceinrtes.  De-U  ces  reftriiâ&oQS.  ds  cc% 

Kmicacions  qiae  chaque  païs  a  éoé  obligé:  de  n^crre  àUpli^arc  de  (es.  Dén 

crées  ;  poitc  empêcher  le  pr^judicei  qui  en  pouvok  téw/^ct  ^Sc  ht  confiirt 

fion  qôi  en  fcroic  infiûUibkoiêmL  nie  daas  l^e^écucioa.  Qe-lÀ  ces  c^pofirioii» 

fi  (buvenc  vék6rées  en  France  i  lAréçefcioftdeceCpTOfe,  dopeitc>.coni«* 

^Ikch.  L.  me  k  die  le  célébra  Enenne  P^qmr  x  dans  Cçs  recherches ,  ^  <pi'eni  édmm 

J^c. 54«       tant  idits  /es. Dtcrtts > éUk Uti^.  de  WMyi^ner  um  (ffdr^.%  m  yt  apportai  $uf  dtf 

firJre  &  une  ABtfnmrchic  non  jamais  vue  oh  milim  dit  U  notr^    G*ci|^ 

pourquoi >  VL]Oiitt-t'T\.yfagmem^  nnus.  ne,  Fav(m$  voidu  éubnfittre  en  France^  tm^ 

emre  ipékchâque  occurrence iaffaires  Us  Çourùpms  de  U  Cour  d^  Mon»  nouf 

sôuehem  tû^oûn  dcUpublicsiion  da  Cfi  ConciU.  >  pMir  Uijudenun  trm  dt  pluma- 

is  fape  actjuimUt  plutdoMUrué  %  qu^il  n^aurohpH  faire  die  é^  depuis  U  fondât 

tion  de  notre  Chrijfîamfine. 

:    Enxin  un  dermer-  défiim ,  qui  Te  mooire  dit:  nmo^  anâi  fenfibkment 

Iue  les  aucres/Sans  ce  Cbncik  >  eft  raâedbtioo:  qui  s'y  remarque  pac^tour 
e  concentrer  toute  k  Puifl&nce  ^clcfiafttqpe  dans  k  Pape ,  au  préfudice  ^, 
£>it  des  Conciles  X  ^  des£vcques>  qui  n'y  font  regardai  que  cooimeks; 
Vicaires  du  Pape  dont  ilsxtrent  toute  kuÊ  juctTcÙâaon  at.  Se  des  ordces  dn^ 

3uel  ils  ne  font  que  ks  fimpks  exécuteurs..  Ceft  à  quoi  l'on  voir  que  cen^ 
oient  les  Légats  dans  toute  kuc conduite  ySc  il  ne  tint  pas  à&  eux  q|ie  ùu 
AxA  ne  fiic  déclacée  en>  tenoes  pofitifk  Mais  fiiKoppofitioirqu'ik  tronvep^ 


l 


PREFACE  Ktnt 

ccot  taosne  occafiôn  de  i'mtmiiec  par-toot  >  Se  totttt  k  téSAtà^  des  Fran- 
çois &  des  E^agoois  n'abôuric  qu  a  donner  aux  L^acs  lien  de  «lontrer 
.tOBce  kur  adrefie  à  établir  d'une  manière  oblî<}ue  6c  indireâe  >  des  pré- 
ceAcions  qu*ils  ne  pèuvoienr  faire  paAbr  iJos  ouvertemeiit  fins  cfaoqaec 
cous  les  Evéques  if craagers ,  &  mêmes  pluiiewrs  kaiîef».  &ttn  "Cependaoc 
de  pkis  contraire  aux  maximes  de  TAntiquité  »  qui  a*a  jafenais  mis  de  dif- 
fiircBce  tntre  les  Evéqucis  de  Rome  ôc  les  antres  >  de  qui  n'a  diftingoé  les 
Papes  des  Eveques  ordinairesque  comme  les  Métropolitains  k  font  de  leim 
SiSragans ,  -c  eft-^dice ,  par  me  érendue  plus  ou  moins  grande  de  firifdîe- 
cion ,  acqaiiè  ou  par  la  prééminence  de  kur Ville,  ouparks  Canons.  Si 
^  Pifcs  s'écoicat  contentés  de  cet  awnmjge  &  de  certe  fiipériorité  «  il  n'y 
4M*oit  aucun  lieu  de  s*en  plaindre  j^^  h  tebordination  des  antres  Erêques, 
loin  d  erre  préjudiciable  â  PEgliTe  «  loi  antoit  été  utile  pour  nûeux  «nrte- 
tctfir  l'ordre  Se  l'union.  Mais  il  eft  rare  que  ceux  qui  ibnt  revêtus  d'un  gtraitd 
fOttVioir  n'en  abufènt  &:  ne  portent  leurs  prétentions  au-deU  des  bornes  lé- 
^timel.  Ceft  ainii  que  les  Evêques  de  Rome ,  au  lieu  de  ù  contenter  de 
^cecccibpérioricé  de  Jun(Htâàon  que  la  prééminence  de  leur  Siège  leur  avoir 
«cqui^è  »  -Se  oue  les  Loix  Eccléfialtiques  leur  avoient  afiurée ,  ont  prétendu 
4cre  noo-(eukment  les  premiers'  Evêques»  mais  les  (buis-,  dont  les  autres 
me  (ont  que  de  amples  Vicaires  ;  qn'tls  ont  ^tk&é  de  paficr  pour  infailH- 
Ues:  qu'ils  feibnt  attribués  une  (ùpérioriré  itir  les  Princes  mêmes  »  Se  une 
fuifliuite  dans  le  Temporel  auffi-bien  que  dans  le  Spirimel^  en  on  mot» 
•oue  k  regardant  comme  fiipérieurs  â  toutes  (brtes  de  Loix ,  ils  Te  font 
taie  un  droit  de  di(pen(èr  non*(èukment  des  Loik  purement  hnmaines» 
mais  encore  Quelquefois  des  divines  »  au  pféjudice  de  la  Rtfigion  tSc  au 
icandale  de  l'Eglife. 

Sams  approuver  de  tels  excès,  il  eft  certain  du  moins  que  le  Concik  a 
Icfflbk  y  conniver ,  en  étendant  k  pouvoir  du  Pape  au-delà  de  (es  fnftes  bor- 
■fcs  ',  en  favorifiint  toutes  (es  prétmtiom  de  fupétiorité  non-feulement  fût 
lès  Eveques  particuliers  «  mais  fur  ks  Conctks  mêmes  8c  fur  les  Princes  \  en 
l«i  laiffiuit  une  liberté  entière  de  dî^enlèr  des  Loix  les  plus  juftes  ft:  les  plus 
Jiécefiàir^;  &  en  fécondant  toutes  fes  vues  foit  pour  reftreindre  la  Ubené 
êk  Concile  dans  les  cfaofès  oui  toncboîent  ks  intérêts  ou  ceux  de  fa  Cour , 
-Ait  pour  fôomettre  â  (k  di^ofirion  I>rsécacion  des  Lx>ix  faites  contre  les 
•bus  •  Loix  dont  on  k  rend  abfblument  le  maitre. 

MA  t  G  Ré  tous  ces  défauts  qoi  (è  remarquent  G.  fenfiblemelit  dans  fes 
Décrets  de  ce  Concile ,  &  qu'on  nfe  pcUt  ft  tiiffimultr  fans  partialité  >  on  ne 
ijpetit  dé(avoaer  qn*il  n'y  ait  beismcoup  de  éhofcs  &  looer  dans  ces  mêmes 
Oécrets,  8c  qu^  n'ayent  fervi  à  remettre  quelque  ordre  dam  TEglifo  » 
«Quoique  beaucoup  moins  qu'on  ne  s'en  ^étoit  Hatté. 

P  A  E  MiB«Eif  EMT  âl'égard  de  laDifcipiine,  il  «ft  rertain  qu'on  y  a  fait 
tm  nombre  >d'eKcelltns  Rt^lemens  ronformts  à  Taocien  efprit  de  l'Eglife , 
^  qa'on  y  a  remédié  à  quantité  d^abus  penrideux  qui  régnoient  inmuiié- 

d9 


xxvHi  PREFACE. 

dr^s  qui  faifoient  fouhaitcr  £  ardcmmenc  ôc  fi  uoivcrfellement  la  Referma 
tion.  Défordrcs  dans  lé  Clergé ,  qui  Ce  livroit  fans  réferve  à  rincontinence,» 
ôc  Ce  faifoit  un  jeu  de  la  Simonie  la  plus  déclarée.  Défordres  dans  les  Mo- 
fiafteres,  où  fous  le  voile  de  la  Religion  régnoit  une  licence  effrénée ,  une* 
avarice  (brdide,  &une  fiiperfticion  des  plus  outrées.  Défordres  dans  les 
Peuples ,  donc  la  vertu  ne  confiftoit  que  dans  la  pratique  de  vaines  obfêr^ 
vances  &  dans  une  confiance  préfomptueufe  en  l'extérieur  de  la  Religion» 
dont  le  Culte  ctoit  dégénéré  en  un  (peétaclc  plus  propre  à,  tromper  la' 
piété  q)u'à  la  nourrir.  Défordres  dans  tes  Pafteurs,:  plus  attentifs  à  s'etîgraif^ 
fer  delà  dépouille  de  leurs  Troupeaux,  qu*â  lesinftruire  &  â  les  édifier V 
^  qui  n'eftimoient  leur  vocation  que  par  l'autorité  &  le  profit  qu'ils  en 
retiroient,  ôc  non  par  l'avantage  qu'elle  leur  proeuroit  de  fe  rendre  utiW 
à  la  (anâification  des  autres.  Défordres  dans  les  Princes ,  qui  ae  fe  fi^rvoienc 
de  la  Religion  que  comme  d'un  inftrument  propre  â  tenir  les  peupks  danB^ 
la  fiijcttion  v  qui  faifoient  un  trafic  mercenaire  des  Dignités  Eccléiiaftiques 
i  leur  difpofition  ;  donc  le  zclc  pour  la  Di(cipline  ne  tcndoit  qu'à  corri- 
ger les.  abus  qui  s'oppofoieac  i  leurs  intérêts  v  qui  ne  veuloient  deRégl^- 
mens  que  pour  réformer  les  défordres  des  autres  ôc  non  les  leurs  propres^ 
&  qui  ne  paroiflbicnc  fouhairer  la  réforme  des  abus  que  pour  recouvrée 
ce  qu^ils  croyoienc  avoir  perdu  par  Tufiarpation  du  Clergé ,  &  non  par  utt 
zélé  fincerc  pour  le  jrécabliâTèment  de  la  piété  y.  dont  les  paflions  des  Prin^ 
ces  oar  plus  â  (bufifdr  que  celles  des  autres..  Tous  ces  défordres  n'ont  pas 
écétedrefi^  par  le  Concile.  Mais  fi.  l'on  en  juge  fans  prévention ,  on  peur 
dire  avec  vérité  qu'ils  (bnc  infiniment  moindres  qu'ils  n'étoienc  aupanvani;. 
que  les  Ecclcfiaftiques  ont  vécu  depuis  avec  plus  de  régularité ,  ou  du  moins, 
avec  plus  de  décence  &  moins  de  fcandale  *>  que  la  Difcipline  s'eft  mûnct- 
Biie  avec  plus  de  foin  &  d'édificarion  dans  les  Monafteres  *,  que  l'inftitutiotu 
des  Sén&inaires  a  contribué  à  former  une  infinité  d-'excclkns  Paftenrs  ôc  de 
Minifires  édifians  ;  que  le  retranchement  des  Regrès,  des  Expe6batives>  des: 
Réiêrvacions  mentales^  des  Unions  à  vie ,  a  prévenu  en  grande  partie  Its. 
défordres  ôc  la  fimonie  qui  inondoient  l'ËglKè  •,  que  la  défenfe  de  pofl2- 
der  en  même  tems  plufieurs  Bénéfices  à  charge  d'ames ,  a  rétabli  aflfez  efS«- 
cacement  le  devoir  de  la  Réfidence  *,  que  Tordre  &  la  décence  (e  (ont  faît^ 
plus  remarquer  dans  l'exercice  du  Culte  public;  que  lacafiàcion'  des  Ma- 
riages clandcftins  a  prévenu  la  ruine  &  la  confiinon  qu'ils  introduifeieac 
dans  la  plupart  des  familles  ;  que  l'abolition  des  Quêteurs  a  prévenu  etiî. 
grande  partie  le  trafic  infâme  ÔC  fcandaleux  des  Indulgences;  que  la  fup- 
prefiion  de  beaucoup  d'Exemtions  a  rétabli  la  (Iibordination  naturelle  ôc 
primitive. dans  rEalifc,  en  rendant  auxEvcques  une  partie  de  la  jurifdic- 
tion  dont  s'étoîc  loufitait  le  Clergé  inférieur  ,.&  dont  les  avoientdépouil- 
ïès  les  Papes  pouraccroicre  leur  pr-opre  pouvoir  aux  dépens  de  celui  desr. 
autres  ;  qu'enfin  il  s'y  eft  fait  quanrité  de  Réglemens  particuliers  ,  qui  >> 

riqu'infuffifans  pour  remédier  à  tous  les  maux,  n'ont  paslaifië  de  rca- 
à .lïgUiÎLuiic.  gacâcdc.  fi  £i)xccé,,&.J^.ti£éc.dc  cet  abimc^  ^  cocsf 


PREFACE.  XXIX 

ffOptioir  8c  de  èèCotdres  qai  Pavoient  enriérement  défigurée»  9c  faifoicno 
^nir  cous  les  gens  de  bien  depuis  un  certain  nombre  de  fiécles. 

P  G  u  R  ce  qui  concerne  les  Décrets  de  Doârine  ,  iï  n'eft  pas  tout- à- fait 
ttfé  d>h  porter  un  jugement  fi  favorable.  Car  quoîqu  il  j  en  ait  un  grand 
Bombre  de  parfaitement  conformes  4  la  doârine  de  TAntiquité  y  on  ne 
peut  guéres  déiàvouer  qu'on  a  excédé  en  plu/ieurs  rencontres  la  iage  me- 
iùre'  prefcvite  par  nos  Peres«  Je  ne  voudroîs  pas  dire  i  la^  vérité  ,  comme  la 
plupart  des  Ptoteftans ,  qu'on  n'a  pas  laiffèaux  Evèques  la  liberté  néceflàirt 

four  juger  des  cboTes  (ans  partialité.  Si  l'on^a  gêné  la  liberté  dujConcile  à 
égard  de  celles  qai  concemoient  les  intérêts  perfbnels  de  k  Cour  de  Ro* 
me,  on  peut  dire  généralement  parlant ^  qu'en  matière  de  Doâfrine,  les  '' 
Légats  fe  montrèrent  communément  aflèz  indifFérens  fiir  ce  qu'on  vouloit 
cti  décider  \  8c  Fra-Paolo  lui-même  remarque  plus  d'une  fois,  que  quelque 
divifés  que  fuiTènc  entre  eux  les  Prélats  &  les  Théologie^is  (iir  certains  point» 
particuliers  y  ils  s'accordoient  prefque  tous-  dans  la  condamnation  des  opi- 
nions Luthériennes.  Si  donc  l'on  a  excédé  dans  la  multiplication  des  Dog- 
mes ,  c'eft  moins  i  la  Cour  de  Rome  qu'il'  faut  s'en  pf endre ,  qu'au  zélé 
mal  entendu  de  la  plupart  des  Théologiens  du  Concile,  &  à  celui  des  E& 
pagnob  &  des  Italiens ,  qui  plus  Catholiques  que  ne  l'exigeoient  la  Rai*- 
ion  &  la  Religion,  ne  voulurent  rien  relâcher  de  leurs  opinions  &  des  pré- 
jugés établis,  &  qui  (ans  (ê  contenter  d'être  (âges  fufqu'à  Is^fobriétd,  comi- 
me  Tor donne  S.  Pauf ,  excédèrent  la:mefure  de  fageflè  Convenable  i  dos 
Chrétiens,  &  tombèrent  par-là  dans  des  ab&cdité^  Se  de  faudès  connoi^ 
fances  ,  qui  loin  d'éclairer  ne  condui(ênt  qu'à  Filltrfien;.  Ce  n'eft  pas  potus 
fant  qu'ils  ayent  propofé  de  nouvelles  opinions ,  ou  qu'ils  ayent  inventé  des. 
doârines  inconnues  avant  te  Coacilc  :  la  judice  ne  nous  permet  pas  de  1« 
charger  d'una  telle  imputation  r&  c'eft  k  coct  que  quelques  Proteftans  les 
en  ont  accu(ës*  Mais  ce  dont  iteft  diâicile  de  les  juftifier,^  c'efk  d'avoir  fait 
de  plufieurs  de  ces  opinions  autant  d'Articles^ de  Foi,,  malgré  leur  inceni-- 
tilde;  d'en  avoir  impo(ë  là  créance ,  n^algrc  la  liberté  avec  laquelle  on  en 
avoir  di(puté  jufqu'alors  v  8c  d'avoir  retranché  de  la  Communion  Rechargé 
d'Anathémes  des  Peuples  entiers,  pour  des  fentimensH  peu  néce({àires» 
^ue  ju(qu'au  Concile  de  Florence  aa  moins  chacun  avoir  eu  la  liberté  de  lot- 
croire  ou  de  les  rejetrer,. 

Il  eft  vrai  que ,.(èlonuneL  maxime  commtmément' reçue  aujourd'hui  par- 
mi nos  Théologiens ,  ce  qu'il  étoit  libre  de  croire  ou  de  ne  pas  croire  avant: 
la  détermination  d'an  ConcHe ,.  devient  néceilàire  après^  cette  déci(ioo,> 
contre  laquelle  il  n'eft  plus  permis  de  s'élever  fans  (è  cendre  coupable  d& 
Schifme,  doRévoke,  8c  d'Héréfie.  Mais  cette  maxime  ne  peut  erre  vraie: 
dans  (à  généralité ,  &  elle  doit  êtif  iPeftreiate  par  quelque  modification  »> 
*  pour  être  ramenée  à  un  (èns  raifonnablc  Car  il  eft  certain*  que  toutes  Ics^ 
vérités  néceftàires  à  croire  nous  ont  été  propoi^es  par  Jé(us-Chrift  &  (ès^ 
i^ôtres,  &  qu'ain(i  n'y  ayant  aucune:  nouvelle  lévélation  à  attendre  »> 
y^rcfautorigl  d!floXk)KiisL  jaccoiifiâie'qj^a  décJareiL  ces^vâcicés»  jtàûs^qiic. 


nx  PREF  A  et" 

cecce  détltttci^li  k$  rende  fim  ôv  tnoîdsttétieaakec* iM'MàSMkÀ'MCoB^ 
cile  n'ajoure  doM  riea  i  ieiir  oécdlités  &  s'il  eft  tt^  ^e  «qu'il  n'écok^ 
tféceflàice  <k  crdire  âiram  Me  relie  décifion  le  puiiïc  devclHc  a^ès,  ce  n6 
peut  être  qu'en  ce  &ns  »  que  cette  néceflicé  fe  fait  plus  ihridetiiiiieoc  cos- 
noicre  par  le  confetitemeRC  unanime  d'une  celle  AlfemUée  qu'ai^aravanc^ 
8c  que  ce  ctMsfenceroeiK  forme  m  préfugé  contve  lequel  il  s'y  a  qu'une  ibo* 
verâîoe  évidence  qui  pmtk  tenir.  Mais  en  cas  de  partage  d'opinion  «ntce  Jet 
Egli(ès  Chrétiennes  ^  ioit  unies  entre  elles  »  feit  réparées  (ts  uses  des  autres 
par  le  Sc]|i£kie  »  l'uniformicé  de  témoignage  venait  â  ce^  »  il  n'f  a  plui 
d'autî«  motif  pour  nous  porter  a  croire^  que  lesraifens  de  ptobabilicé  &iÊ 
iefquelles  (ont  appuyés  ks  Dogmes  qil'on  propose  f  ou  l'éTidefice  dont  cft 
accompagnée  la  Révélation. 

C'est  fauce  d'avoir  agi  fur  ces  principes  »  qu'on  a  G  fort  cbar^  noi 
Confeffions  de  Foi  ^  d'attides  nouveaux  Oc  inconnus  dans  l' Antiquité.  Si 
BOUS  nous  croyons  jplus  édaites  â  ca  ^and ,  il  faut  que  nous  logions  quo 
l'on  a  en  des  idées  fort  imparfaites  de  h  Foi  dans  \ts  premiers  rems  >  fit 
que  ces  fiéclesqoe  l'on  a  regarda  comme  les  plus  ptïts  du  Chriftianirmc# 
«ient  été  réellement  ks  plus  ignorans  Oc  les  plus  imparfkidk  Cependant  » 
comment  concevoir  tjue  la  vérité  étoît  moàis  connue  foUs  Ibs  Apôtres  Se 
jeurspremteisâicceâfèuds»  qu'à  la  diftance  de  plofîeurs  &éd^%  &  que  de- 
vient le  ^t6ék  de  cette  Tradidon  dont  on  u  ^Ruir  refevé  l'aotortté }  U  faiic 
que  l'on  (c  trompe  i  l'un  ou  i  f  autre  éeard.  Si  la  Fcfi  a  été  parfaite  àès  Coâ 
origine  >  c^eft  fans  néceffité,  comme  Sanî  autorité ,  qu'on  veut  nous  faite 
^Hte  loi  de  toutes  ces  nouvelles  dédfions.  Si  ou  contraire  elle  n'a  pas  eu  toui« 
fà  perfeébion  dès  le  commencement,  de  queUe  ref&nstçc  ta  la  Tradition  de 
ces  tems  où  Ton  ignoroit  tant  de  vérités  néceflaires  l 

L  E  plus  Ar  eft  donc  de  s'en  tenir  À  la  Auplicité  anrientie ,  >&  de  ne  point 
cmbarrallèr  la  Foi  par  des  diiêuflions  qui  ne  fervent  qu'à  aipoier  notre  eu- 
riofité,  fans  nous  rendre  pfais  éclairés  ou  plus  religieux.  L'expérience  coaC* 
rame  que  l'on  a  d'ailleurs  que  ces  (brrei  de  dilates  9c  de  recherches  ne 
fevent  communément  qu*à  remplir  l'Eglilê  de  divîfions  ic  de  fdbifmes  » 
.eut  dti  porter  le  Concile  à  raftreindte  le  nAmbre  de  iès  décidons,  plutôt 
•qu'à  les  augmenter.  Mais  i'efprit  qui  y  régnuit^t  prendre  Vautres  melures. 
Faute  de  bien  connoirre  les  hommes,  on  crut  que  ptiur  les  ibuiliettre&  ks 
réunir,  H  n'y  avoir  qu'Ailier  b  créance  par  des  Décrets  &  étonner  les  cA 
prits  par  des  Anathêmes.  Cette  mériiode  eût  pu  avoir  ion  utilité  dans  des 
rems  de  reipeâ  Se  de  foumSflion ,  oà  l'autorité  des  Pirfteurs  étoit  la  feule 
niefure  qui  régloit  la  créance  des  Fidèles.  Mais  «ts  rems  n'étoient  plus ,  Se 
chacun  vofuloit  juger  par  iôi-m$me  de  hibtidité  des  railôns  qui  poitoienc 
tes  uns  à  décider  8c  k$  autres  A  troiit^  Se  l'on  romifiença  à  regarder  phi- 
t&t  comme  nne  crédulité  btfirhable  qoe  comme  une  Foi  raifennable  >,  l' ac- 

auiefcemcnt  des  doiSfcrines  dont  4»i  ne  toimoitfbtt  point  les  preuves.  E}ans 
e  pareilles  «irconftances^  tiù  la  téfyf9c  8c  la  differécion  ièmbloient  êere 
te  iatk«Ofciis  f copctt  Atéttbl|t4à>ooiic<iMfe)^Mi«udt^liaicl^onpté<^ 


F9.  1^  F  A  €  E.  tnk 

^fkn,  qàkpùhk  ksjçcifonfc  Les  Tlnéologiens»  acçomnmés  i  regarder 
1^19  foécuiuâons  commç  aïKa^  devécicésoéceÛaices>p]:éYalucaiK  dajo&lq 
CoDotc  m  poii¥  4*ca  faire  cngcc  uft  g^raod  nw)bre  CQ  Ai^dcle&  de  Foi>â^ 
i^*€Ûc  été  r^ppo^tiod  qui  tégpoit  tmx^  ks  diSèrtmfi^  Eçaks  çu  ils  avoîenc 
é$i  îaftwcs  ]t  il  eft  a0cz  jworçl  de  croire  ^i^'co  eâc  cncpr^  gfQ^  nos  Con« 
ffiiÏQfi^  <k  F^  don  geand  iiombce  de  Dç^poes  ^ae  leur  diviCoa  nous  a. 
;«i45«  Mais  quelle  a  écé  la  cooié^eme;  dQ  eacc  ç^oivluice  >  (boa  de 
ib(9f  k&P(0(eftaas  d^ns  liçi\r  (épai^^non,  ft  de  cendre  f  lus  difficile  aux. 
Oiholiq^es  la  iitfa^  de  k^  propre  OckS^ioc  r  doox  la  Qouveamé  eu  plu*» 
fifocs  fim^  a  donné  pciiè  4  ceux  qui  ^e  checcboicnc  qnq  ïoçcàûon  de  U 
cQoibaiCF^  av«ïc  avantage  )  Maia  bem^eu/bnenc ,  la  Foi  eft  indépendanie  d« 
tQi}WiCc$ii9l>uUcéii  ;  â(  bn  4ire  moins  Oifcliadme  on  pç^i  ne  prendre  au-* 
OP  fom  (iff:  bea»cQi9|i  de  ca  qu^flio^c;»  fiu:  leftyiellcsi  noç  Pg:es  plus  /a* 
f^  4^f^  non»  aviiy;ilt  cwjpiui^  bM^e  kt^b^né  dç;  ic  pai;;açex  {blon  (ôs  lu» 

%ie9Qnr  pa«  U  voî«  de  rm»ori^é.  Cela  petit  (À^Q  pour  1q  peuple^  n:vat3 
Ûn  gcm  î»Ainirs  veulent;  dç&  laiibna  ^Sf^Q  dans  des:  nMjrtcgres  Qbicurc&  il« 
%'cxigfpi;  pasi  CQUfQur^  i|nc  p^faice  évidence  ,  ît$  veulent  du  moins  avqie 
nae  piobabilké  atfb  graMt;  pour  foti^n  in^aiçq^idCbQB^m^i^aiibnnabk^ 
«^'m  k^r  p^op€i6^  £c  dftiv^  ce  ^a^uKone.  on)  i^  p^uçpa5.  ejpgpr  qu  o^ 
igeçqivc  coaiçpc  df  Aii  »d«$  0«£UHIQf  ^  W  T^At  ibipdiie&^cfiif  une  pliif 
fmdr  piobabiMa^par^ciqpe  la  iiM(¥re;de  VaffqfMcTcenïenr  dfyaipt  çtre  îotr 
inâe  fur  la  mefyf^  dk  k  c<»iiMk$tiai,»  we  c^oayiâîgn  4ui>  n'a.  pQi»  foxukr 
iMW  qu'une  plus  gra^d?  piobaJ^lufé  t  w  p<uc;j^un4i&^Qqnei;unP  ccrckwdr 
qui  (sut  propir<i»c»f  k  cm(^^  de  k  ¥^ 

T  9>u  T  ce  q^  n'c^  àm^  ni  éyide;imieni  répété:  »  ni  évidemment  cerub  ^ 
«rpern  «ne  pçopo^  qomne  w  ^b^ec  de  créance.  U^  dé/çiiWs  d'unCgn* 
^  e»  macierr  de  D^dk^miu  <yM  n'o^ff  m^c  ^pfus  aucune;  d;  cc^  deux  évi^ 
dtnees»  fom  aM^MK  dSnipQ^iriQns  inJM^  iuc  t^Eoi  dé&bQrnme&i  âc  toute 
Anachène  qpi  p^rre  inr  un  aïKrrfgndeneius,  cft  nul  de  &  nature  9c  vickuJi; 
dAns  fon  principe.  Vancocité  d'une  celk  AdènjtEdée  ^(k  ce  qu'il  ^  a  dei  plua 
nfyc&Mfi  daBS  VE^life ,  ta#jc  q^'eik  (%  QQonenc  dans,  ks  liâmes  qpi  Ini 
ipoii  pneicxices  ^  parce  q^e  en  Tribunal  çfen^  ceconnaîc  poinc  de  {ùpérie^r., 
Maîft  pour  s'aJSiireff  k  fic^peéb  qvi  lui  eijk  du,  il  doit  fiijLvre  fiis^  scgles»  â:; 
6ppofè  ^'il  ^en  écafiCf  t  lok  ep  dpfln.ai^  pooircccuia  ce  qui  cft  doucegj^  ^ 
•u  pour  néce (Taire  ce  qui  cflF  indifférent ,  (on  aucaricé  ceilè  *». parce  qu'il  n'a 
Vautre  pouvoir  qne  celui/  de  d^dajces;  ccque  J^iûs^Cbriftncuis  aenicigpé>: 
4  q«r'il  eft  fenionenc  riniierpréjQe  de  &  Pp^îne  >.  uns  qull  hU  (Joui;  Kxmi| 
d'w  publier  d*aaccf  xnît  d'àjoiKM;!:  à  la.  nécel0^  de  Isi  fiennc»  Toac  Cfonçile 
qni  mir  d*au(rf  rég^x^'ôce  k  pQUvoir  do*  iiei;vir  de  régk  lui-même  \  parc^ 

rfoQ  amoritc  eft  toui:i9  bcKii^e  à  f^r^  r^ce\^£:  U  ElO|£b:ine  Se  ks.Lqiiu 
jjcfins-GbriA  >  ^  qA&  H)iH  Qi;!  qu'il  y  àjfiU^  on  en.  rocranjche  eft  d'utrç 
i$UQmé  pnveinent  bumainr»  ât  e$  i^p^mh^v^  çïfrgàam  q;^  ^wf^ 
a0rrcQgMQa.i9Q9ifikf«diilM^^ ^     .'_ 


;u 


.<* 


txxit  ?  k  É  t^À  CE. 

O  N  (ênt  bien  (ans  que  je  m'explique ,  aue  ces  maximes  nt  s^éténdene  ^a'|* 
ce  qui  regarde  les  vérités  de  Doârine  &  les  Loix  de  Morale ,  qui  font  d'une 
certitude  immuable,  &  qui  ne  font  fufcepribles  d'aucune  altération*  Car  en 
matière  de  Rirs  &  de  Diîcipline,  on  ne  peut  rcfufer  à  un  Concile  le  droic 
naturel  i  toute  Société  de  faire  tontes  les  Loix  qui  paroiilènt  néceflfàiret 
pour  le  maintien  de  l'Ordre  &  du  Culte  public.  En  effet ,  comme  l'Evangite  - 
n'eft  point  defcendu  dans  ces  fortes  de  détails,  &  que  Je(ùs-Chnft  a  com?  ' 
muniqué  à  fes  Apôtres  &  i  leurs  lùccêllèurs  tout  le  pouvoir  qui  étoit  né- 
ceflàire  pour  le  TOuvernement  de  fon  Eglise ,  qui  ne  peut  fubhfter  (ans  uii 
certain  ordre ,  il  faut  reconnoitre  néceiiai rement  qu'il  y  a  un  tel  pouvoir 
dans  ceux  qui  la  gouvernent ,  ou  fe  réfoudre  â  voir  régner  par-tout  la  coa- 
fu(ion  8c  l'indépendance ,  qui  font  la  ruine  6c  la  deftruéUon  de  toute  Sodé^- 
té.  Il  eft  vrai,  que  s'il  n'e(t  pas  permis  aux  particuliers  de  (e  (bu(fa:aire  i- 
ces  Loix;  comme  néanmoins  elles  (ont  variables,  8c  qu'elles  doivent  s'ac- 
commoder  aux  tems  &  aux  lieux ,  chaque  Egli(c  particulière  a  toujours  ea 
le  pouvoir  de  les  modifier  ou  de  les  changer ,  félon  qu'il  convenoit  au  bieii 
de  fes  peuples.  C'qft-Ià  ce  qui  a  produit  cette  variété  de  Cérémonies  8& 
d'Obfervances  dans  les  différentes  Eglifes,  qui  ne  fai(ànt  point  partie  des 
Loix  fondamentales  du  ChrifUanifme ,  (ont  cellement  abandonnées  au  pou^ 
voir  de  l'Eglife  en  général ,  qtie  n'ayant  rien  d'immuable  par  leur  nature» 
elles  puiflènt  être  variées  ou  altérées  félon  les  conjonâures  des  perfonnes , 
des  lieux ,  8c  des  tems ,  8c  (èlon  que  chaque  Eglife  Nationale  juge  qu'elles^ 
conviennent  au  génie  &  au  caraâiere  des  peuples  qu'elle  a  a  gouverner. 

C  E  s  T  de  quoi  l'on  peut  (ê  convaincre  *par  l'Hiftoire ,  qui  'nous  montre 
le  pouvoir  que  s'eft  attribué  chaque  Egli(è  en  matière  de  Rits  8c  d'Obfèr- 
vances ,  fans  (ê  croire  liée  par  d'autres  Loix  que  par  les  (iennes  propres. 
Car  pour  peu  que  l'on  parcoure  les  pratiques  des  différentes  Egliiès ,  l'on 
verra  une  infinité  de  dimrences  entre  celles  d'Orient  &  d'Occident  ;  Se- 
fon  trouvera  la  même  diver(ké  entre  leS'EgUfès  particulières  de  ces  di^Féren-» 
fes  Parties  du  Monde ,  quoique  les  Egli(ès  Patriarchales  ay ent  eu  aflfez  d'in- 
fluence fur  celles  qui  leur  étoient  (tibordonnées ,  pour  leur  faire  adopter  à  la 
fuite  des  tems  pluueurs  des  Loix  qu'elles  avoienc  faites  pour  elles-mêmes.  Il 
ny  a ,  ce  me  femble ,  fur  cet  article  aucune  di/Eculté-,  8c  la  (èule  qu'il  puifTe 
y  avoir ,  eft  de  (kvoh:  jufqu'â  quel  point  peuvent  obliger  celles  d'un  Con- 
cile Général  en  matière  de  Difcipline.  C'eft  ce  qu'il  hie  refte  à  examiner ,  Sc^ 
pat  où  je  terminerai  cette  Préface. 

CoMMfi  c'efl  proprement  par  l'acceptation  qni  en  eft  faite ,  qu'un  Con« 
cile  eft  regardt^ comme  Général ,  puifque  la  repréfèntation  n'eft  jamais  (i 
univerfcUe ,  qu'une  telle  Aflemblcc  puific  être  compo(ëe  de  toute  l'Eglife  5 
31  s'enfuit  par  une  conféqnence  nécefîaire ,  que  les  Loix  &  les.Réglemens 
qui  y  font  faits ,  ne  peuvent  avoir  de  force  qu'autant  qu'ils  (ont  acceptée 
par  les  Eglifes  particulières  qui  n'y  ont  point  eu  de  repréfcntatifs,  ou  con-» 
Brniés  par  celles  qui  ont  eu  leurs  Députés.  Car  les  Décrets  d'une  Eglifè  ne 
peuveat  |piat  lier  les  autres  »  8c  dcs^  Députés  ne  peuvent  point  obliger  les 

Corps 


PREFACE.  xxxirt 

Cof ps  qu'ik  repréfcntcnt  ,  qu'autant  qu'ils  agiflcnt  conformément  aux 
kitenrions  de  ceux  qui  (ont  repréfêncés  ^  ce  qui  ne  peut  Ce  vérifier  aue  par 
l'acceptation.  C'eft  donc  cette  acceptation  feule  qui  peut  donner  de  la  force 
aux  Décrets  d'un  Concile  Général  5  Se  l'on  fcnt  par  la  force  de  la  chofe 
même  ,  que  fans  cette  acceptation  ces  Décrets  ne  peuvent  lier  les  EgHfe 
particulière^,  flir  Icfquelles  les  Evéques  affèmblés  n'ont  aucune  autorité. 
S'il  s'agidbit  de  vérités  évidentes  ou  de  Loix  de  Morale ,  qui  ont  leur  certi- 
tude indépendante  de  l'autorité  des  hommes ,  il  ne  (croit  pas  libre  aux  Egli- 
fès particulières  de  les  rejetter  j  parce  que  ce  font  de  ces  chofes  à  l'égard 
de(quelles l'homme  n'a  nulle  liberté.  Mais  en  matière  de  Loix  podtives  d'une 
autorité  humaine ,  toute  leur  force  dépend  de  l'acceptation ,  fans  laquelle 
une  ou  plu(îeurs  Eglifes  enfemble  ne  peuvent  en  forcer  d'autres  à  s'y  (bumet* 
ne;  parce  que  le  pouvoir  de  chaque  Eglife  étant  égal  à  cet  égard  >  elles  ne 
deviennent  Loix  que  pour  celles  qui  les  acceptent.  &  qui  joignent  leur  con- 
(èntementâ  celui  des  Egli(cs  ou  des  Evcques  qui  y  ont  donné  le  leur  dans 
l'Aflèmblée  où  elles  ont  été  établies. 

'   C'fiST  par  cela  feul  qu'on  peut  expliquer  pourquoi  certaines  Loix  des 
Conciles  Généraux  ont  été  fuivies ,  fans  que  le;»  autres  l'ayent  été.   Si 
leur  exécution  étoit  une  fuite  néceflfàire  de  l'autorité  qui  les  a  portées ,  elles^ 
auroient  dû  erre  toutes  également  obfervées ,  pui(qu'elles  émanent  tontes' 
du  même  pouvoir.  Mais  dès-là  que  la  force  de  ces  Loix  vient  de  l'accepta- 
tion que  chaque  Egli(è  en  a  pu  faire ,  l'on  voit  évidemment  pourquoi  el« 
les  fe  trouvent  pratiquées  en  certains  endroits  ,&  non  en  d*autres.  Telle' 
eftla(burce  delà  différence  deDifcipline  qui  (ùbfifta  (î  long-tems  entre 
diâférentes  Eglifes  (ùr  la  Pâque ,  fur  la  réitération  du  Baptême  &  del'Ordi-  * 
lUtion ,  fur  l'articledes  Images&  fur  d'autres  points.  Malgré  la  décifionda 
fécond  G>ncile  de  Nicée,  on  fe  contenta  en  Occident  de  recevoit  les  Ima-, 
gcs  (ans  leur  rendre  aucun  culte-,  jufqu'âce  qu'enfin  nos  Eglilès  ayant  jngé  à 
propos  de  fe  conformer  à  fes  Décrets,  s'en  firent  des  Loix  pour  elles-mêmes,  '. 
Si  (e  (bumirent  â  la  Di(cipline  dé/a  reçue  chez  les  Orientaux.  De-là  viennent 
pareiUeraent  les  différences  qui  (c  trouvent  entre  les  Eglifes  Grecque  Se  La- 
tine dans  l'adminiftration  desSacremens ,  dans  le  Célibat ,  dans  le  nombre 
dfis  Ordres,  &  dans  beaucoup  d'autres  Obfervances,  que  les  Décrets  de  dif- 
férens  G>ncilcs  n'ont  pu  ramener  à  t^uniformité  »  faute  d  acceptation  dans 
quelques-unes  de  ces  Eglifes ,  qui  n'ont  regardé  ces  Loix   que  comme 
des  pratiques  particulières  ^  dont  chacun  devoit  être  Juge  dans  fon  propre 
diftriâ:. 

C'est  donc  alors  (èulement,  &  non  auparavant ,  que  peuvent  obli- 
^r  les  Loix  d'nn  Concile  Général.  Mais  comme  cçs  Loix  font  (buvent 
d'une  nature  très-différente ,  il  s'enfuit  aufliconfSquemment,  que  l'obliga»- 
tion  de  les  pratiquer  n'efl  pas  la  même  à  tous  égards.  Pour  décider  donc 
de  la  nature  de  l'obligation  qu'il  y  a  d'obferver  ces  Loix  9  il- en  faut  juger 
Tome  /.  c 


axw  P  R  E  P  A  C  R 

par  Vitopottancc  ic  Icar  objet.  Quclq  tes-unes  ne  Cmt  AittS  «e  pOOC 
préferver  Tordre  dADskSociécé^  ôc  ladcccace  dans  Le  Culte  pubuc.  D'au* 
rrcs  (ont  rdUtivcs  à  des  devoirs  moraux  >&  fembUiK  navojr  été  prefirrttcS^ 
que  pour  ea  cnicux  procurer  roblcrvorioA.  Plufieurs  oncété  faites  unique^ 
ment  pour  (êrvir  d*alinient  i  la  pieté  »  &  ont  été  propofées  comme  dflt 
moyens  iînoanéceilàkes,  utiles  du  moins  de  propres  ou  i  Tiniptrer  ou  ik 
rcntretenir.D*autics  enfin  femblent  n'avoir  été  imaginées  qu'en  fàvetsrdcfr 
Clergé»  à  l'avantage  duquel  on  a  coniacré  quantké  de  Décrets  »  dans  fidér 
apparemment  que  la  Religion  trouvoit  (es  avamagjcs  dans  çtu%  de  (es  Mintr- 
àresLDela  di£[^re&cede  cesEkécrets  naît  ane  di^renced'obbgations»  te^ 
htives  i  tinuKMtance  de  leucs.  objets  ^ou  à  celle  des  c6n(éqpciice8  qat  peup 
Ycnt  naître  de  la  ptatiq^  ou  de  rioob(€rvatîoo  de  cci  Loix. 

A  L'égard  de  celles  qui  (ont  faites  pour  préfèrvec  Tordre  dans  la  Société* 
Ac  la  décence  dans  le  Culte  public ,  elles  (ont  d'ime  obligation  aflèz  étroite  » 
parce  que  tout  ce  qui  tend  â  renver(êr  l'ordre  établi ,.  pèche  contre  les  fbo* 
démens  m&mes  de  la  Société,  qufne  peut  fiibûfter  que  par  cet  ordre.  Aiûe^ 
£.«  tous  ceux  q^i  refu(ênt  d'obéir  à  TAutorité  légidme  tandis  c^'cUe  nCL 
commande  rien  de  contraire  à  la  vérité  ouâ.  la  veau  t  pèchent  griévemesC 
jur  cela  mâme ,  que  refuianr  de  fe  (bomettre  i  une  Pni(Emce  établie  dcL 
Bieu  Se  aux  Loîx  <¥^*clfe  eft  en  droit  de  fàice  ^  ils  déibbéiflènr  i  celutHnâme: 
qui  rétabli  cette  Puiuànce,,&(ê  rendent  par  con^uenc  criminels  iCnyeaiu, 
l!  ne  faut  pas  croire  cependant,  que  ces  fautes  KMcnt  toujours  ég^lemcot. 
confidérafaks»  La  nature  des  Loix  doir  en*âxerl\înormicé.  Si  ces  Loîx  font: 


I 


1 


peur  imporcances ,  les  fauces  ne  peuvent  irre  qjtxe  légeresL  Msiisdaos  ce  go»-- 
tc^toac  ce  qui  peut^donner  une  atteinte  eflentielle  â  TOrdre  Se  choqucir 
avec  (candale  la  décence  da  Culte,  efl:  auficriflnnel  qtrune  immoramé  ^ 

SuKque  fi  Tîmmocilicé  a'cft  pas  dans  la  choTe  même  ,ella  fe  trouve  du  moinr 
ans  ks  cofttcqpenœs  ,,&  piu:  le  (candale  qpc  cutTe  cetoe  défbbéîflknce^^de: 
jMtr  le  renversement  qu'elle  produit  dans  la  Société. 

O»  doit  dire  la  même  cnoiê  par  rapport  aux  Lois  qoi  (ont  reladves-  i^ 
des  devoirs  moraux.  Quoique ot  nefoient  que  desmoy^ns  prefcrics  poor  eft; 
mieux  procurer  TobSèrvation  >&  qui  par  coB(2qucnt  ne  font  pasauffi^eflèi»* 
ôels  qjie  les  dévoies  mêmes  >.  il  fiiffir  pour  entendre  la  pratique  néce^aire  >. 
qu'ils  aient  une  (inutile  y,8c  qu'ils  (bienr  ceeommandéa  par  une  Autorité  fnf^ 
mÀtu^  En- matière  df  Loix  ,^1  vlcvkfàat  pas  davantage  pour  ks tendre  oUi«^ 
gfuoires.  Autrement  aucune  Loi  humaise  oepourrok  /amas  obliger ,  pui^ 
que  toute  Loi  n^ft' autre  cfao(êqq'un^pcé(èrvatircoBtre  le  vice ,  oa  qu'uni 
moyen,  pour  pratiquer  k  verni.  I^  Loix  ncRivelks  ou  divines  nous  prdfcri*» 
vmr  les  devoirs  mêmes..  Les-Loix  tuimaims  (ont  fiaàtcs^  pour  en  fi^riliter  bk 
prartqne ,  par  le  choix  des  mojcas  ks  plus  propres  Se  ks  plus  coitvenabks Ai 
wa»coadirfon&.in0sciroooftances...£rqueUc  autre  Société  eftplua  w^ 
q«i(ëci<^fair&diK.tdUyitIoift>.<^xolk  dpac  :totttk.ltttf  c&dc  travaîU(cr>  Oopf^ 


I 


P  R.  E  F  A  C  E.  xwr 

4I  procactr  anx  hommes  des  avantages  temporels  »  maïs  à  lear  afTurer  des 
biens  éternels  par  robfèrvadon  des  devoirs  qui  CenU  les  lear  peuvent  faire 
«obtenir^  On  ne  peat  donc  exemter  de  péché  ceux  qui  violent  ces  fortes  de 
Loix  y  pui(qa*ils  ne  fauroient  s'en  écarter  ùins  manquer  i  l'obéi  (lance  due 
it  1* Autorité  l(%itime  qui  les  z.  faites  ,  Ôc  fans  s'expoier  au  danger  de  tranA 
greilèr  les  devoirs  mêmes  pour  la  patique  defquels  on  a  pre(cric  ces  forces 
de  moyens. 

*     A  r^ard  des  Loix  qui  oc  concetnent  que  des  nratiques  arbitraires  de 
fiécé  f  l'obligatioB  par  ia  nature  même  de  la  cho(e  n*en  peur  pas  être  auffi 
Croire.  Car  comme  en  matière  de  Loix  Tobligation  qu'on  a  de  s'y  fou- 
saerrre  Ce  tire  non-feulemem  de  rAucorité  qui  les  pre(crit  y  mais  de  la 
nature  des  devoirs  qui  (ont  commandés  ;  il  s^enfiôr  par  une  confôquence 
nécedàire ,  que  des  pratiques  arbitraires  de  piéré  ne  peuvent  pas  être  d'une 
néceffité  aum  rigoureu(è  que  celle  de  choies  plus  eflèmieiles,  ôc  que  la  dif- 
ftrence  des  drconftances  peut  en  reflerrer  ou  en  dimimier  robligation. 
Si  les  raifons  de  s'en  di(penter  font  plus  importantes  qne  celles  qui  en*  ordon- 
fient  la  pratique  ;  ^il  y  a  une  concurrence  de  devoirs  incompatibles  dont 
celai  de  la  Loi  eft  le  moindre  \  û  le  mépris  ou  le  fcandale  n'entrent  pour 
tien  dans  llnobfêrvation  de  la  Loi ,  mais  que  des  raifons  ou  équivalentes  ou 
prépondérantes  en  prévieimcnt  l'exécution  y  il  paroit  certain  qu'en  tous  ces 
-Ms  Tomiffion  ne  peut  erre  regardée  comme  criminelle ,  parce  que  le  Legifla* 
ceur  n*eft  pas  cenfë  vouloir  prefcrire  aucune  Loi  au  préjudice  des  devoirs 
•plus  importans,  ou  lier  l'homme  (ans  égard  â  la  néceffité  contraire  où  il  peut 
le  trouver  réduit  par  les  circonftances.  Comme  il  eft  (iippofé  parla  nature 
4c  ces  Loix  que  les  cho(es  qu'elles  commandenr  font  indifférentes  d'elles- 
mêmes  j  8c  n'obligent  qu'en  verni  de  l'autorité  qui  lesprefcrit ,  le  feul  égard 
S*on  doit  i  cette  autorité  lorfqu'elle  fe  trouve  en  concurrence  avec  des  ra»- 
is  qui  diminuent  l'obligation  de  s*y  (bumettre ,  eft  de  ne  point  Ce  révol- 
ter contre ,  d'éviter  le  fcandale  dans  l'inobfervation  ,  &  de  ne  manquer  i 
pratiquer  ce  qui  eft  prefcrit ,  que  par  des  motifs  plus  confid^rables  que 
ceux  qui  ont  tait  faire  la  Loi  même.  Ce9  ainfi  que ,  quoique  l'Evangile  eût 
abrogé  les  Loix  Judaïques ,  l'on  vit  S.  Paul  s'y  foumettre  ou  les  négli«r 
ielon  que  la  prudence  ou  la  charité  le  lui  didoienr ,  fans  aucun  ^rd  â 
l'abrogation  ,  parce  que  ces  cérémonies  de  leur  nature  indifférentes  pou- 
voient  ou  fe  pratiquer  ou  s'omettre  par  des  moctB  également  bons.  Il  ya 
un  nombre  de  Loix  de  même  narare  dfam  l'Eglifè.  Si  l'ufage  des  Images ,  U 
diftinAion  des  Viandes,  la  pratique  de  certaines  Cérémonies  prefcrites  par 
des  Conciles ,  ne  peuvent  s'obfêrver  fans  altérer  la  charité ,  fans  fcandalifêr 
nos  frères,  fans  occafionner  des fchifmes  on  des  abus,  la  Lot  doit  céder 
en  ces  cas  â  la  néceflîré;  parce  que  la  Religion  Se  la  venu  ne  dépendent  m 
de  l'obfervance  ni  de  l'omiflion  de  ces  chofes.  La  Charité  eft  Tame  de  la 
piété ,  8c  c'eft  elle  qui  dans  les  con jonâures  équivoques  en  dote  régler  la 
pratique.  Ccft  Ur<^UdeS.  Paul  Ces  fortes  de  Loix  ne  font  faites  ni  pour 


XXXVI  PREFACE. 

tous ,  ni  pour  tous  les  tems  \  ni  pour  toutes  les  circonftancès.  Elles  fox 
cffcnticllcs ,  lor(qu  on  ne  peut  y  défobéir  fans  fcandalc.  Elles  font  fans  force» 
lor(qu  on  ne  peut  y  ob;iir  qu'en  blcflànt  la  Charité ,  ou  qu'en  jettant  du 
fcrupulc  dans  les  âmes.  Chaque  Société  Eccléfiaftique  peut  faire  des  Loix 
en  ce  genre.  Mais  comme  ces  Loix  doivent  tendre  au  fâlut  de  ceux  pour  qui 
elles  (ont  faites ,  Tobfervation  doit  s'en  régler  par  ce  motif  >  qui  eft  Tclprk 
de  la  Loi ,  &  qui  doit  en  fixer  lapratique. 

E  N  F I N  ,  à  l'égard  des  Loix  qui  ne  concernent  que  l'honneur  &  les  avan- 
tages du  Clergé  ,  tl  ne  fauroit  y  avoir  beaucoup  clc  difEculté.  Comme  au- 
cune Société  ne  peut  s'attribuer  de  privilèges  au  préjudice  des  autres  r  on 
fcnt  bien  que  ces  Loix  ne  peuvent  avoir  de  lieu  que  du  confentement  des 
PuiflTances  qui  peuvent  y  ctre  intéreflScs ,  &  que  pour  le  tems  qui  convient 
aux  Etats  qui  les  admettent.  Ces  fortes  de  Loix  intéreflcnt  moins  la  Coa- 
fciencc  que  la  Police  %  &  ne  peuvent  ctre  regardées  fur  un  autre  pied.  Il 
convient  d'honorer  les  Miniftres  de  la  Religion  v  &  Ç  a  été  la  pratique  de 
tous  les  tems ,  Se  l'ufage  de  toutes  les  nations.  Mais  il  ne  faut  pas  con- 
fondre un  devoir  de  Police  &  de  bienféance ,  avec  un  aâe  de  Reli- 
gion. Si  le  refoed  que  l'on  doit  aux  Miniftres  Eccléfiaftiques  conrrir 
bue  à  faire  relpeder  la  Religion  même  >  c'cft  aux  Princes  &  aux  M^ 
.  giftrats  i  féconder  la  vénération  qu'on  leur  porte.  Si  au  contraire  ce  rcf* 
pe<â  ne  fcrt  qu'à  couvrir  des  abus ,  qu'à  rendre  impuni  le  crime  ,  qu'à  pror 
duire  des  di vidons  ôc  des  brouilleries  dans  un  Etat,  &  qu'à  afifoiblir  dan5  les 
peuples  les  fcniimens  de  foumiflion  Se  d'obéiffànce  pour  leurs  Souverains >. 
:cn  ne  doit  pas  héfiter  à  abroger  des  Loix  qui  ne  peuvent  tourner  qu'au  dcfa- 
vantage  de  ceux  qui  ks  pratiquent,  &  à  la  corruption  de  ceux  en  faveur 
de  qui  elles  font  faites.  Ce  n'cft  pas  pouftanr  >  que  je  croye  qu'il  foit  per- 
mis à  chaque  paniculier  de  déroger  de  fon  autorité  privée  à  ces  fortes  dc 
Loix.  Tout  ce  que  je  prétens  ici  eft  feulement  >  que  ce  ne  font  que  des  Régie- 
mens  de  Police  &  temporaires ,  qui  ne  font  point  d'une  autre  nature  que 
les  Loix  civiles  ordinaires  ,  qui  peuvent  être  altérées  au  gré.  des  diffé- 
lens  Etats  >  &  qui  ne  lient  la  conicience  que  par  le  fcandale  ou  le  déforr 
dre  que  pourroit  faire  naitre  la  cranfgremoo  volontaire  &  déraifonnable 
de  ces  Loix.. 

TfUEeft  ndéc  que  je  croîs  que  Ton  peut  Ce  former  des  Dccrets^dc^ 
Conciles ,  &  de  l'obligation  où  l'on  eft  de  s'y  foumettre.  Si  je  ne  la  porte- 
pas  aaffi  loin  que  beaucoup  de  Théologiens,  c'eft  qjae  je  crois  qu'il  peut  y" 
avoiv  de  Texcès  dans  une  foumiffion  fans  bornes  pour  une  Auxorité  qui  a  Ics^ 
iennes,  &  qu'il  eft  âuffi  dangereux  de  trop  l'étendre  que  de  trop  la  reC- 
ferrer.  Ce  quc/r'àiidit  ici  fur  les  Décrets  du  Concile  de  Trente»  eft  fondé 
ht  la  pratique  ancienne  des  Eglifes  à  l'égard  des  autres  Conciles  Généraux^^. 
dont  eUcs  ont  reçu  ou  rejette  les  Décrets  en  matière  de  Rjts&  dcOifclr 
pliae  »  fcloo  qur'il  convei\oit  au  génie  de  leurs  peuples  &  à  leurs  circonftanr- 
ces»  Qu'inogorte  ca  effet  cette  divci;ûté  à  la  Eoi  &  aux  Meeurs  l  IL  n'y  a:  ndoi 


PRE  F  A. CE.  xxxYjr 

'  plus  si  ccnfiiPér  dam  cecce  diifércDce ,  que  dans  celle  des  Loix  civiles  qui 
iubiiftcnt  dans  chaque  nation.  £n  matière  de.chofes  indifTt^rences  de  leur 
nature ,  on  doit  laillër  à  chaque  EgUfe  le  choix  de  ce  que  la  prudence  lui 
fait  trouver  de  plus  convenable.  Retrancher  des  nations  entières  de  Ùl 
communion  fur  de  pareils,  prétextes  »  ou  s'en  féparer  foi- même,  (ont  des 
choies  qu'il  eft  impollible  de  juftifier.  Les  (culs  exemples  qu'on  en  trouve 
dans  les  premiers  rems  y  font  ceux  de  la  conceftation  lur  la  Paque  &  de  la 

•râcéracion  du  Baptême*!  &  ksplus  fages  Ecrivains  de  TAnciquité  n*ont  pu 
9-empêcher  de  cenfurer  la  conduite  des  Papes  Viiior  ôc  Etienne  y  pour  s'être 
conduits  avec  trop  de  chaleur  &  d'empire  dans  ces  difputes.  Si  Ton  ne  peut 
être  toujours  uni  de  fentimens,  on  devroit  Têtre  au  moins  par  la  Charité. 
Le  refte  eft  moins  eflcncicl ,  puifqu'il  eft  moins  en  notre  pouvoir  de  croire 
que  d'agir ,  &  que  la  Charité,  félon  S.  Paul ,  eft  au-dcffus  de  la  Foi.  C'cft  à 
quoi  l'on  auroit  dû  faire  un  peu  plus  d'attention  dans  le  Concile,  donc 
Fra-Paolo  nous  a  donné  l'Hiftoire.  Si  Ton  n'y  trouvoit  d'autres  défauts  que 
celui  de  n'avoir  pas  rétabli  la  Difcipline  dans  toute  fa  pureté ,  la  corruption 
des  tems  pourroit  peut-être  fournir  une  excufe  légitime ,  dans  l'impollibi- 
lité  où  étoit  le  Concile  de  remédier  à  tous  les  maux.  Mais  comment  jufti- 
fier  tant  d'Anathcmes  au  moins  inutiles ,  lorfqu'on  fcnt  qu'ils  n'ont  fcrvi 
qu'à  élatgir  les  brèches  faites  à  l'Unité,  au  lieu  de  les  réparer  l  II  n'y  a 
qu'un  amour  déclaré  de  Parti ,  qui  puiflc  excufer  une  telle  conduite  aux 
yeux  dcshorrvmçsi  flçp9i}j:pcjp^^4'e;i,4<^pj;^j;e{k^^^^^  il  fuffic  de 

penfer  avec  impai-jcUBcé  &.;avec,iftod6:tfûoix^  ..:.viv\i:V  , 

C'est  ce  que  fa]  tâché,  jlcfaîrç 'dàn5  jetpiîyn^e,.t>à  je  n'ai  eu  en  vue 
que  la  vérité  &  la  paix.  S'il  m'y  eft  échajpé.  quelques  favcs ,  je  ne  me  ferai 
point  un  mérite  de  lés  ^é^ndje  \  *&  j'.efpçrjc  récjprgquement  qu'on  me  fe- 
ra la  grâce  de  les  exct|fer'>  en  fafyeur  de  j^  {^Q^eté  xig  mes  intentions.  Ma 
principale  attention  a  été  de^nyc.tppijcn^gai^e  contre  les  préjugés.  Je  n'ofe 
pas  me  flatter  de  \cs  avQii^.tDds.évi^é;,  {^â.Qaîflàncç ,  l'éducation  >  un  amour 
trop  déclaré  pour  la  paixj  «ne  préyçnpiqti  quelquefois  trop  favorable  pour 
nos  propres  idées,  nous  Ciànnent  (ans  ^ne  nous  nous  en  appercevions» 
Tout  ce  qu'un  homme  fage  peut  f^îre^,  çft.  de  ne  pobt  s'y  livrer  volon- 
tairement, ni  par  aucun  motif  Je  crainte;  oy  d'intérêt^  &  c'eft  de  quoi  je 
puis  me  rendre  un  témoignage  peij J^u^^oque.  Si  j'cuffe  été  fufceptible  de: 
quelqu'une  de  ces  vues>  ou  j'auroif  ^tf^Ius  de  complaifance  dans  ma  Pa^ 
trie  >  ou  je  me  fudè  mis  dans  une  fitàà^ion  plus  favorable  â  la  fortune  dans; 
mon  exil.  Des  motifs  plus  purs  m'ont  dirigé  dans  mon  entreprife  s  &  s'il? 
m'arrîve  quelquefois  cie  me  tromper,  on  ne  doit  l'imputer  qua  la  foi- 
blcde  de  mes  lumières,  &  non  au  défaut  de  droiture  dans  mes  intentions^ 
Jai  pris  pour  mes  guides  dans  les  faits,  les  Hiftoriens  les  plus  inftruits.En 
matière  de  Théologie,  j'ai  moins  confulté  les  dédfions  des  Théologiens 
que  leurs  raifons ,  parce  que  j'ai  cru  qu'il  n*y  avoit  qu'un  Oracle  inûilli- 
ble  q^i  dût  nous,  déterminer  par  le  poids  de  fou  autocité  ^  &  que  tout  au-*^ 


miacm  !^  R  E  î  A  C  L 

xtc  Auteur  ne  âevok  exiger  notre  ÉMvicfectnmt  que  (ur  t*  fotoe  <le  ftt 
preuves.  Si  c'eft  de  ma  part  ttae  raéprite ,  on  dof r  me  la  pardonaer  cf  aocattc 
plus  atlëmentj  jqu'il  y  a  du  moins  autapt  de  danger  à  pouflèr  trop  loin  la 
crédulité ,  qu'à  y  donner  des  bornes  trop  étroites.  Il  n'y  a  qtie  Dieu  qui 
mérite  fans  réièrve  le  faccifioe  do  tios  kimierei.  Toute  autre  Autoché  étant 
faillible  en  matière  de  raifomiemcnt ,  chacun  eft  en  droit  de  hitt  ùù^  de 
•ià  raifon  pour  juger  de  la  folidité  des  opiniotis  qu'on  kA  propoâr.  S  fù 
fait  ufage  de  ût  droit  dans  cet  Ouvrage  »  les  gens  Ciges  n'auronr  garde 
•de  le  dciàpprouver  i  6c  foppotë  que  d'autres  le  coindâmtieni  >  leur  cenfute 
<eft  fi  injufte  »  que  je  me  crois  même  dliccdpé  àê  faire  fiir  ceto  fapologte 
jàc  U  liberté  que  ;'ai  prife. 


VIE       ABRÉGÉE 

D  E 

FRA-PAOLO. 

jpe  tOrdre  des  Servîtes  y,  Théologien  de  la  République  de 
V^enife^  &  Auteur  detHiJioire  du  Concile  de  Trente- 

Y7^  ^--f^  ® J^  O  i  nommé  dans  le  monde  flore  S^ ,  *  naquît  à  Vc-  *  tît;dcfl»i, 
F*  îAk  k  1.4  d'Août  M.D  L 1 1.  Son  pcre  Fruftfôis  S/tt0 ,  originaire  de  San-  ^*^®  >*•  ^•' 

Vido  dans  le  FriouU  exerça  le  Commerce  avec  peu  de  fîiccès.  D'un. 
Mnpéramefit  ftatufeMemem  violent  8c  pitls  porté  aux  armes  qu'à  fa  prôfei- 
£ofi ,  il  ruina  (es  af&ires ,  8c  hiffz  en  montant  fà  Emilie  avec  peu  de  ref^ 
fiMirces  du  côté  de  tft  fortune  »  mais  dédomfrtiagéé  d*ailleurs  par  des  biens.  -    . 

ptos  précieux  que  l'Opulence  8c  Mévation.Sa  mb:e  Jfitelle  Marelli  y  d'unt 
MMile  Gkadine  de  Vénifé ,.  d'un  caràâerê  doux  8c  naturclktnent  porté  ai 
fil  pHété*,  d'êine  conduite  régpliere  8c  édifiante  >  fuppléa  i  ce  qui  manquoir 
i  (es  enfans  du  côté  àt$  rieheflès,.|nir  les  {èmences  de  religion  &  de  vertU' 
^ifcMe  Icuf  îofpèra*,  &  pac  ^éducation  qu'elle  )cur  procura  par  le  thoyen^ 
dé  (bn  frerc -/f *r*rw/?  Mwelli  Reâeur  des  Religieufcs  de  S'«  Erroâgore ,  & 
Maître  d'une  Ecote  à  Venilè  ^  d'oà  forrirent  plufieucs  Elevés ,  qui  ont  fait 
fièfmeur  k  &  mémoire  &  i  Tes  foins». 

Ce  fot  fous  brecfikiuité  de  cet  oncle  que  ftit  élevé  le  jeune  54rp/.  ^  Ilétoît  Hb*.-p4i. 
Éé  avec  de  grands  takias  &  d*heurcu(ês  difpofitions  ».  &  fon  application  (èr- 
vit  temôt  â  les  perfeâionner.  Sous  les  veux  d'un  oncle  &  d'un  Maître  na« 
tttrelhment  févére»  8c  qui  Pétoif  peut-être  encore  plus  pour  fon  neveu  que 
I^Mir  une  perfonne  qui  lui  eût  été  indiffif rente >  il  ne  perdit  poiât  des  mo^ 
mens  dont  les  ^unes  gens  eonnoiflènt  peu  lepriX)&  que  l'on  ripare  tou- 
jÉMrs'  difficilement»,  quand  une  fois  on  \ts  a  perdus.  Son  tempérament  vé- 
sFt^ement  (êmbloit  formé  pour  ràpplicatiom.  Né  avec  un  eiprit  naturel- 
fement  pênfif^  «  &  un  cahnîkere  un  peu  mélancolique ,  rien  ne  fcmblort  ca»  €l^^H. 
i/fAAcàt  k  diffraire.  Tacitutyié,  entiemi  àvi  jeu  8c  du  plaitir,  d'urne  fàbrié- 
té  <^  ne.làiflbit  aucune  p«(èà  la  iènfûallté  »  îté toit  par  tempérament  ce. 
^  lès  autres  ne  deviennent  que  par  vertu  ,.&  fon  adofefcence  (t  pajlà  fans 
^*il  parût  rien  en  lui*  dé  jeune  mie  l'âge.  On  raconte  des  prodiges  de  (à  mé- 
^<^Tre;  &^eqtffe  pOur  endimmuer  ndéeif'avouoir  par  modcftîe>^<^  qu'il  Aib^{^*f|. 
tf avôit  jftfhai^pu  repérer  que  lavaleurdé  treince  vers^après  les  avoir  emeodm 
^i&eLmiMkk^\  TMÊteûtiàtità  i)h&aircl2râïunf.c^i!Siôîû. 


fct  V  I  E    D  E    L'  A  U  T  E  U  R. 

•  :  Avec  de  telles  difpofirions ,  on  peut  juger  que  Ces  progrès  furent ripViég! 
Les  premiers  éicmens  des  Sciences  neracrêcerent  pas  longtemS)  6c  après  avoir 
acquis  une  adèz  gr&nde  connoiflànce  des  Belles-l.crcres ,  il  s'arracha  dèsTàge 
eVic.  delP.  de  creize  ans  «  à  Técude  de  la  Philofopjbie  &  des  Mathématiques,  ôc  à  ccUc 
Paolo,  p.8.  des  Langues  Grecque  &  Hébraïque ,  fans  quie  ce  partage  affaiblît  (on  appfi- 
cation  ou  retardât  fcs  progrès.  Jean  Marie  Capella  de  Crémone,  de  TOrdrc 
flh,  p.  7.     des  Servi  tes,  ^dont  la  demeure  voi/ineiui  a  voit  procuré  la  connoiflànce ,  fuc 
celui  qui  fc  chargea  de  lui  donner  des  Leçons  de  Logique  \  &  quelque  répu- 
tation qu'il  eût  acquife  dans  ccgence  de  Sciencf ,  il  avoua  l^ientôt  qu'il  ne 
pouvoir  plus  rien  apprendre  à  (onDifciple ,  &  réforma  même  fouvent  Ces 
opinions  fur  fcs  railops ,  Auxquelles  il  faifoit  gloire  de  fe  rendre ,.  faps  croire 
qu'il  y  eût  aucun  deshonneur  pour  lui  â  cédei:  a  la  vérité ,  quoiqu'éUe  ne  Ivà' 
vînt  que  par  le  canal  de  fon  Elevé. 

L*  HABITUDE  que  le  jeune  Sar^i  avoit  contradde  avec  Capella  fon  Maî- 
f  Ib.  p.  8.  tre ,  6  le  détermina  bientôt  à  choilu:  le  même  genre  de  profeiTion.  Son  carac- 
tère leportoit  naturellement  à  la  retraite*,  (es  inclinations  le  dégoûtoieiK 
des  plaifirs  &  des  occupations  du  fiécle  ;  &  les  femences  de  vertu  Ôc  de  piét^ 
que  lui  a  voient  infpirées  les  exemples  de  fa  mère ,  6c  les  indrudtions  de  foQ: 
oncle,  lui  avoicnt  donné  un  penchant  pour  la  vie, Régulière,  que  la  çon- 
noiflTance  &  apparemment  les  infînuations  de  Capella  dirigèrent  vers  l'Ordre 
h  Ib.p.  f.  des  Scrvites.  En-vain  **  fon  oncle  &  fa  mcre,  qui  avpient  fur  lui  d'êtres- 
vues,  s'oppoferent-ils  â  fa  réfolution ,  &  tachèrent  même  de  l'en  détouract- 
par  des  mortifications  &  des  duretés,  auxquelles  peut-être  il  n'eût  pas  cru 
devoir  s'attendre  i  il  demeura  ferme  dans  fon  deflcin ,  &  prit  l'habit  de  l'Or- 
dre le  14  de  Novembre  m  d  lx  v  i  «  n'étant  encore  âgé  que  de  quatorze  ans  : 
âge  bien  tendre  pour  un  tel  engagement ,  mais  qui  dans  le  jeune  Sam  croie 
accompagné  de  tant  de  maturité,  &  fécondé  de  di(pofitions  fi  conformes  à 
une  telle  profeflion ,  que  ni  les  affaires  dont  il  fiit  chargé,  ni  les  occafîons 
quil  eut  de  s'en  prévaloir  pour  changer  de  condition  ou  fe  fouflraire  à  la 
pratique  des  Obfervances ,  ne  le  dégoûtèrent  jamais  de  fon  état  loin  de  l'en 
faire  repentir ,  &  ne  fervirent  même  qu'à  lui  infpirer  plus  d'inclination  pour 
»  Ib.  p.  10.  le  repos  &  la  retraite*  En  mdlxviii  ^  il  fit  profefuon  tacite  dans  l'Ordre ,  qu*il> 
rênouvella  enfuite  folcmnellement  le  10  de  Mai  mjlxxii_,  entre  les  mains 
d* Etienne  Bonucci  alors  Général  des  Servîtes ,  &  depuis  Cardinal. 

A  l'occafion  du  Chapitre  GénéraWe  l'Ordre  qui  fe  tint  vers  ce  même  tems 
à  Mantoue  >  le  jeune  Sarpi  (  que  nous  nommerons  dorénavant  le  P.  Paul  ou 
Fra-Paoloy  du  nom  quil  prit  en  entrant  dans  l'Ordre)  âgé.  feulement  de 
4^ Ib.p.  zi.  vingt  ans,  s'y  fit  diftinguer  par  fpn  efprit  &  fon  érudition.  ^  Il  y  foutint  des 
Thefes  fur  la  Philofophie  Naturelle  &  la  Théologie  avec  tant  d'éclat ,  qu'il 
flirprit  toute  l'Aflcmblée,  &  s'en  attira  une  infinité  d'applaudiflèmens.  Guil- 
laume Duc  de  Mantoue,  Prince  d'efprit  &  de  capacité,  &  qui  par  l'efHmc . 
dont  il  honoroit  les  Sciences  &  les  Savans  fe  faifoit  un  mérite  de  les  attacher 
à  fa  Cour ,  n'eut  garde  de  laiflèr  échaper  le  jeune  Paul.  L'ayant  obtenu  de, 
Tes  Supérieurs  9  il  le  déclara  foo  Théologien  >  6c  Boldrino  Evêqae  de  Man- 
toue, 


V  I  E    D  E    L' A  UT  E  D  R.  xli 

touc,^  qui  fccondoit  les  inclinations  du  Prince  dans  fon  affcdion  pour  les  ^  Vit.  dcl P. 
Savans ,  le  nomma  Leéècur  de  fa  Cathédrale  pour  la  Théologie  Pomive ,  les  Paolo,p.ii. 
Câs  de  confcience,  &  les  fàints  Canons.  Mais  Fra-Paolo  ^  fnpérieur  ^  fes  em- 
plois, ne  borna  pas.fès  études  a  cette  Science.  Il  profita  du  (ëjour  de  Man« 
touc  pour  fc  perfectionner  dans  l'étude  de  Ja  Langue  Hébraïque ,  &  perfua- 
dé  que  (on  attachement  à  la  Cour  d'un  Prince  lui  rendoit  la  connoidance 
Àc  rriiftoire  abfolument  nécefïaire ,  "  il  s'y  livra  avec  un  goût  qu'en  n'eût  mlb.p.i  j2 
peut-être  pas  attendu  d'un  génie  naturellement  porté  à  des  Sciences  plusab- 
ftraites ,  &  avec  un  fiiccès  qui  répondit  à  fon  application ,  &  qui  lui  tut  d'un 
ufàge  infini  dans  les  poftes  qu'il  eut  à  remplir  dans  la  fuite  de  fa  vie. 

CiPENi^ANT  il  ne  put  le  réfbudre  â  refier  long-*tems  à  Mantoue*,  "  (bit  «Ib.p,i«i, 
'que  dégoûté  par  les  caprices  du  Duc  GnUlaHme ,  qui  joignoit  beaucoup  de 
bizarrerie  à  beaucoup  d'efprir,  il  ne  pût  aifémcnt  (bufFrir  fcs  inégalités-,  (bit 
que  fatigué  du  tumulte  des  Cours  &  des  fbllicitations  impottunes  de  ceux 
qui  l'obfcdoient  pour  en  obtenir  des  recommandations ,  ^  il  regrettât  la  ^  ^^^  ^^  ^  ^ 
tranquillité  d'une  vie  privée,  dont  les  charmes  avoient  encorepour  lui  plus 
d'attrait ,  depuis  qu'il  avoit  éprouvé  les  incommodités  d'une  utuation  où  il 
vivoit  moins  pour  lui  que  pour  les  autres. 

Il  n'avoir  que  vingt-deux  ans ,  lorsqu'il  quitta  cette  Cour.  Dans  un  âge  fi 
peu  avancé ,  on  ne  peut  qu'être  furpris  de  l'étendue  de  Ces  connoiflànces.  P  f  Ib.  p.  13, 
Car  outre  celle  des  Belles-Lettres  &  des  Langues  Latine,  Grecque,  Hé- 
braïque &  Caldéennc ,  il  étoit  très-habile  dans  la  Philofbphie,  la  Théolo- 
gie^ &  le  Droit  Canon,  &  déjà  très-inflruit  du  Droit  Civil,  des  Mathéma- 
tiques ,  de  toutes  les  parties  de  la  Phyfique  >  de  la  Chymie  même,  &  de  plu- 
ficurs  autres  chofes,  qui  fembleroient  avoir  demandé  l'émde  d'une  grande 
partie  de  la  vie,&  qui  exigeoicnt  au  moins  un  efprit  vif,  une  mémoire heu- 
reufè,  une  conception  ^Cée,  &  une  tête  parfaitement  claire  &  capable  de 
réunir  tant  de  différens  objers  fans  la  moindre  confufion.  Aufli  Ton  appli- 
cation étoit-elle  fans  relâche,  &  tout  le  tems  qu*il  n'étoit  point  occupé  des 
affaires  publiques ,  n  il  ne  pafibit  point  de  jour  qu'il  n'étucfiât  au  moins  huit  j  Ib.  p. }  ù 
heures-,  parce  que  ne  donnant  rien  au  plaiiir.  Se  partageant  uniquement 
{on  tems  entre  la  prière  &  l'étude ,  peu  de  chofes  étoient  capables  de  le 
diflraire ,  Se  tout  étoit  mis  à  profit  pour  fon  inflruâiou,  ou  celle  des  autres. 

Ce  qu'il  y  a  de  fiirprenant  en  ceci  efl,  que  d'une  conftitution  auffi  foi- 
ble  qu'il  étoit,  il  pût  loutenir  un  tel  régime.  D'une  (ànté  naturellement  dé- 
licate» fon  application  l'avoit  encore  altérée;  Se  il  contrafta  dès  ce  tems-là 
des  infirmités  habituelles,  qu'il  conferva  jufqu'à  la  vieillefTe.  Ce  fut  ce  qui 
l'obligea  enfin  de  boire  quelque  peu  de  vin ,  '  dont  il  s'étoit  abftenu  juf^  ''Ib«p.  t^i 
qu'à  l'âge  de  trente  ans  :  encore  difbit-il  éjfue  c^itoit  la  chofi  qui  lui  avoit  le 
fins  coiité  y  &  une  de  celles  dont  il  setoit  toujours  repemi.  Il  ne  fe  nourrifibit 
prefque  que  de  pain  &  de  fruits ,  &  ufà  très-peu  cle  viandes  jufqu'à  l'âge  de 
cinquante- cinq  ans,  &  ce  fut  même  toujours  avec  beaucoup  dcrélcrve, 
parce  que  cela  le  rendoit  fiijet  à  de  grands  maux  de  tête.  En  un  mot  il 
Icmbloit  ne  vivre  que  par  régime,  tant  la  Nature  t'avoit  formé  d*unc  corn- 
Tome/.  f 


xLfi  VIE    DE     L' AUTEUR. 

plexion  délicace*,  &  quoique  ùl  fobriéré  ôc  un  efpric  nacurellement^me  8c 
iTit.  dcl  P.  tranquille  le  con(crva(Tènc  jufqu'â  un  âge  aficz  avancé ,  '  le  peu  de  foncU 
raoio^p.jc.  q^^»jj  ^^oic  fait  fur  la  vie  nous  a  fait  perdre  le  fruit  de  beaucoup  de  con- 
noiflfances ,  qu'il  ne  tenta  jamais  de  mettre  en  œuvre ,  par  la  répugnance 
qu'il  eut  de  commencer  des  Ouvrages,  auxquels  il  ne  compta  jamais  d'a^ 
voir  le  tems  de  mettre  la  dernière  main. 
t  Ib.  p.  ij:        Ayant  été  fait  Prêtre  à  l'âge  de  vingt-deux  ans>*  malgré  les  KégLcmens> 
^  *^«  du  Concile  de  Trente ,  qui  exigeoient  que  cet  Ordre  ne  fût  reçu  qui  vingt- 

quatre  y  il  étoit  en  Ci  grande  réputation  de  capacité  &  de  vertu  >  que  le 
Gard.  Borromie  Arcbeypque  de  Milan,  connu  depuis,  fous  le  nom  de  S.  Char* 
les ,  qui  cherchoit  de  tous  cotés  àzs  Miniikes  capables  de  féconder  les  vues, 
qu'il  avoir  pour  la  réforme  de  (on  Eglifè,  l'employa  avec  diftinâîon  >&  le 
confultoit  avec  foin  dans  tous  les  cas  où  les  diflicultés  l'obligeoient  de  re- 
courir aux  lumières  des  autres.  C'étoit  une  grande  preuve  de  l'cftime  qu'em 
faifoit  le  faint  Prélat ,  &  de  la  réputation  que  lui  avoient  acqui(è  (es  lu* 
miercs  Se  ks  vertus.  Mais  cette  réputation  ne  pur  le  fouftraire  à  la  mali-^ 
vrb.p.  iS.  gnitc  de  quelques  envieux,.  &  (èrvit  même  peut-être  â  la  faite  naitre.  ^ 
On  la  déféra  k  l'Inquifition  comme  fufpeâ  en  matière  de  Foi,  &  cela  (bus. 
prétexte  qu'il  ne  croyoit  pas  qu'on  pût  ttouver  le  myftcre  de  la  Trinité 
par  le  premier  Chapitre  de  la  Gene(e.  L'accu(àtion  étoit  ridicule.   Au(E 
TrorfaoU  s'en  moqua-r-il,  &  fans  vouloir  répondre  à  rinquî(îteur ,  il  ap- 
pella  à  Rome  de  toute  la  ptocédure.  L'Appel  y  fût  reçu  &  la  Caufe  évo- 
quée; &  lorfqu'on  y  eut  examiné  le  procès  >  on  fe  contenta  de  ccnlurer 
Pignorance  de  rinqui(îtcur ,,  fans  (c  donner  même  la  peine  d'écouter  les  jut 
tincatlons  de  raccu(e. 

Uni  tentative  auffî  peu  (cn(<fc  ne  (crvic  qu*a  faire  éclater  davantage  fe 
mérita  de  Fra-Paolo.  Après  avoir  pa(ÏS  fucceflîvement  par  tous  les  grades  des; 
X  Ib..p.  1%  Univcr(îtés  jufqu  à  celui  de  Doâreur  en  Théologie ,  *  &  avoir  été  aggrégé 
*-i^-  au  célèbre  Collège  de  Padoue ,  il  fïit  nommé  Provincial  de  (on  Ordre  pour 

la  Province  de  Vcnife^à  l'âge  de  vingt-(îx  ans.*,  cho(è,  dit  l'Auteur  de  (i 
Vie ,  )ufques-lâ  fans  exemple  dans  rHi(loire  de  cet  Ordre  r  &  comme  (i 
cela  n'eût  pas  (îiflS  pour  un  génie  fi  a6tif,  il  (c  chargea-  encore  en  même 
tems  d'enfeigner  la  Théologie  à  (es  Confrères.  Ils'acquirta  de  ces  emplois^ 
d'une  manière  qui  ne  contribua  pas  peu  à  augmenter  (a  réputation ,  par  le 
bon  ordre  qu  il  mit  dans  (is  Monafteres ,  par  les  (âges  Réglcmens  qfi*!!  y  fit ,. 
>ar  la  douceur  &  l'égalité  de  (on  gouvernemenr ,  par  les  exemples  de  vertus 
Se  de  régularité  qu'il  donna  à  tout  le  monde ,  par  le  redre(remcnt  des  abus ,. 
par  le  dé(intére(îement  de  fa  conduite  >  en^unmot,  partout  ce  qui  peut 
rendre  ua  Supérieur  égaletnent  aimable  &  refpedlable  à  ceux  qu'il  gou*^ 
j^Il>.p.  47W  vetne.  Ce  fut  fans  doute  à  cette  eftime  /  qu'il  dut  la  charge  de  Procureur- 
Général  de  fon  Ordre ,  où  il  fut  élevé  quelques  années  après ,  &  où  il  fou- 
tint  exaâxment  le  caradtere  qu'il  avoir  déjà  acquis ,  &  augmenta  rcftimc 
de  tous  ceux  qui  le  connurent  à  Rome  >  où  fon  pofte  l'bbligeoit  de  réfider;, 
i/Lh  IX  daos  lies  îocervalks.  de  negos:  que  lui  laiUbietir.  ccs.dij£^reos  txs^ 


t 


..''■* 


VIE    DE    L'  A  U  T  E  U  R:  xtlii 

plois»  n  Ce  dédommageoic  avec  Coin  du  tcms  qu'ils  cnlevoienc  à  Tes  études  » 
en  s^y  livrant  a vec'un  nouveau  plailîr  8c  une  plus  grande  application.  Et  com« 
me,  malgré  la  connoidànce  qu'il  avoir  acqui(ê  de  la  Théologie  &  du  Droit 
Ononique ,  études  plus  conformes  Se  de  plus  d'ufâge  dans  ùl  profeflion,  Cou 
inclination  le  portoit  davantage  du  côté  des  matières  philofophiques ,  il  s'y 
attacha  auifi  avec  plus  d'eraprelTement.  Les  Mathématiques  fur-tout,  TAna- 
comie ,  &  la  Chymie  eurent  pour  lui  infiniment  d'attrait  ^  &  il  y  fit  des  dé- 
couvertes ,  dont  fa  modeftie  lui  eût  fouvent  dérobé  l'honneur  de  l'invention , 
fi  d'autres  n'euflènt  pris  autant  de  foin  à  lui  rendre  juftice ,  qu'il  en  prenoit 
à  empêcher  que  Ces  talensne  fuilent  connus.  '  L^yic^uapendeme  zsiwoué  dans  >.  VîcdelP. 
(on  "Traité  De  f^i/k,  que  c'étoic  du  P.  Paul  qu'il  avoit  appris  la  manière  dont  ^aolo,p.4j 
(è  fait  la  Vi/ion.  Ce  fut  encore  de  lui  qu'il  tira  la  connoiflance  des  Valvules      ^^' 
qui  fervent  à  la  circulation  du  fâng;  &  l'Auteur  de  fâ  Vie  en  cite  pour  té- 
moins Santoriusy  &  Pierre  jlJfelitiiAU  Médecin  François.  Aucune  partie  des 
connoiflfànces  naturelles  ne  lui  étoit  étrangère, &  fur  quelque  article  decec« 
te  Science  qu'on  le  mît,  il  en  parloir  comme  un  homme  qui  ne  (ê  fut  occu- 
pé que  de  la  feule  matière  dont  on  l'entretenoit.  Il  difcouroit  de  Mathéma- 
tique avec  les  Mathématiciens ,  d'Aftronomie  avec  les  Aftronomes ,  de  Mé- 
ilecine  avec  les  Médecins ,  d'Anatomie  avec  les  Chirurgiens ,  de  la  connoif^ 
(ance  des  Simples  &  de  l'analyfe  des  Métaux  avec  les  Chymiftes  *,  &  tou« 
fours  non  en  homme  fuperficiel,  qui  eût  pris  une  fimple  teinture  de  chaque' 
chofè  pour  fe  donner  la  réputation  d'en  étreinftruit,  mais  en  Savant  qui 
avoit  pénétré  le  fond  &  l'ufage  de  toutes  ces  Sciences ,  &  qui  par  la  faci- 
lité qu'il  avoit  de  communiquer  Ces  lumières,  &  le  peu  de  foin  qu'il  prenoic 
de  fe  faire  honneur  de  Ces  découvertes,  faifoit  bien  voir  que  c'étoit  non 
par  la  vanité  de  paroitre  favant  qu'il  avoit  acquis  ces  connoiiïances ,  mais 
pour  le  plaifir  de  s'inftruire,  &  plus  encore  pour  celui  de  Ce  rendre  utile 
au  Public  &  à  ceux  qui  s'occupoient  en  particulier  aux  différens  genres 
de  Science ,  que  ce  favant  homme  avoit  embrafles  tous  enfêmble. 

Cet  état  de  tranquillité  c^eFra-PaoU  fut  fi  bien  mettre  â  profit  pour 
augmenter  Ces  connoi (lances,  &  perfeâionner  celles  qu'il  avoit  déjà  ac- 
quifès ,  fut  un  peu  dérangé  par  plulieurs  tracaflèries  domcftiques  >  qui  s'éle- 
vèrent dans  l'Ordre  des  Servites ,  &  auxquelles  la  confidération  où  il  étoic 
ic  les  poftcs  qu'il  y  avoit  occupés  ne  lui  permirent  pas  d'être  indifférent  « 
quelque  éloignement  que  lui  donnât  fon  caractère  pour  des  cabales  caufëcs 
par  l'ambition  &  fomentées  par  l'inquiétude  de  quelques  particuliers ,  fbu- 
renus  du  crédit  du  Cardinal  Protcfteur  de  l'Ordre.  *  Le  détail  de  ces  intrigues  a  Ib.  p.  j  % 
monaftiques ,  dont  on  peut  s'inftruire  afTez  amplement  dans  la  Vie  de  notre  &  fcqq. 
Auteur  écrite  par  le  P.  Fnlgence  fon  ami ,  intéreflfe  trop  peu  le  Public  pour 
en  faire  ici  le  récit  -,  &  il  fiâît  de  faire  remarquer  que  Fra-Paolo ,  après  avoir 
fait  paroitre  dans  toutes  ces  divifions  une  grande  droirure  &  un  grand  dé- 
fintércflèment ,  confèrva  toujours  parmi  ceux  mêmes  auxquels  il  avoir  été  le 
plus  contraire ,  tme  réputation  de  probité  â  laquelle  fes  ennemis  ne  purent 
jamais  donner  d'atteinte ,  &  ac  laiHà  aacvne  pr^  à  la  calomnie ,  quelque  ia- 


XLiv  VIE   DE    U  A  U  T  E  U  R. 

térêc  &  quelque  envie  qu'on  eût  de  décrier  fa  conduite,  fi  la  régularité  éc 
de  ks  mœurs  &  la  pureté  de  fe$  fcndmens  n'euflcnt  prévenu  toutes  les  at- 
taques, que  le  caraÂere  de  ceux  auxquels  il  s'étoit  oppoCé  lui  eût  donné  Iku 
de  craindre  de  leur  part. 
èVit.dclP.      On  peut  juger  cffeélivement  de  leurs  dcflcins ,  par  la  nouvelle  tentative 
Paolo,p.  84.  qu'ils  firent  de  le  défiîrer  à  Tlnquifition  de  Rome  ôc  de  Venife  >  ^  i  Rome, 
*  ^h  par  le  P.  Gabriel  Coliffbm  auparavant  fon  ami ,  mais  depuis  fon  plus  grand  ad- 

.  verfairc  à  caufc  de  Toppoûiion  qu'il  trouva  de  fa  part  à  fon  élévation  aux 
Dignités  de  TOrdrcv  â  Venife,  par  le  neveu  de  CoUJfoniy  qui  obligé  d'épou- 
fer  les  intérêts  de  fon  oncle ,  le  lècondoit  pat  les  mêmes  mefiires»  &  parta- 
geoit  fon  injuftice  pour  pouvoir  enfiiite  en  partager  le  fruit.  Mais  les  acca- 
lations  étoient  fi  ridicules,  qu'on  ne  le  mit  pas  même  à  la  peine  de  s'en  jufti- 
fier ,  &  que  dans  ces  deux  dernières  attaques >  comme  dans  la  première,  il 
.  fut  déchargé  fans  même  avoir  été  examiné»  Il  falloir  pour  cela  que  la  mali- 

fnité  des  accu/âteurs  fut  biea  fenfible,  ou  que  la  conduite  de  Fra-Paolo  fût 
ien  irréprochable.  Car  d'ailleurs,  il  y  avoit  dans  l'accuiàtion qui  (m  portée 
à  Rome  quelque  chofe  d'afièz  délicat,  &  qui  ne  laiflàpas  d'y  donner  contre 
hii  des  impreflîons  facheufes,.  quoiqu'on  n'ofar  pas  procéder  fiir  un  tel  pré- 
texte, de  peur  de  donner  trop  de  prit  aux  dilcours  publics..  Il  s  y  agiflbit 
f  Ib.  f .  f  4.  d'une  Lettre  écrite  en  chifl&e  à  Coliffoni  lui-même ,  «  qui  pour  gagticr  la  con- 
fiance de  FrorPaolo  lui  ayant  propofiî  quelques  moyens  de  s'avancer  à  Ro- 
.me,  ce  Père  en  montra  beaucoup  d'éloigncment  &  de  mépris  >&  répondit  > 
^Hon  ne  s^énvançoh  anx  Dignités  de  cette  Cour  ^  par  de  mauvais  moyens ,  &  ^uc 
loin  d!  en  faire  aucun  cas  ^il  en  avoit  horreur^  On  peut  juger  quelles  impreflîons 
put  faire  à  Rome  une  telle  Lettre ,  &  quoiqu'on  n'y  trouvât  pas  de  quoi  pror 
céder  criminclkmenr  contre  foa  Auteur ,  oa  fent  allez  qu'il  ctoit  impoflible 
au'elle  ne  laiflSt  des  préventions  contre  lui ,  qui  (è  réveillèrent  dès  que  ladé- 
Êcnfe  de  fa  Patrie  l'eut  obligé  de  fe  déclarer  contre  les  prétentions  déraifoik* 
m\Àts.àzPaulf^^ 

L'autre  accufation,  quoique  phis  frivoTe  encore  Jut  fir  également  tort 
à  Rome  j  c'cft  qu'il  entrctenoit  commerce  avec  des  Juife  &  avec  des  Héré- 
riques.  Dans  d'autres  conjonétures,  un  tel  crime  eût  peut-être  paru  ridicules 
mais  l'idée  que  l'on  a  à  Rome ,  qu'on  ne  fauroit  mal  penfer  de  cette  Cour 
lanspenfer  mal  en  même  tems  de  la  Religion,  y  fit  juger  que  celui  qui  avoir 
écrit  la  Lettre  déférée ,  pourroit  bien  aulfi  n'être  pas  trop  zélé  pour  l'Or- 
thodoxie Romaine.  Rien  néanmoins  n'étoit  fi  innocent  de  la  part  de  Fra^ 
Paolo  y  dont  tout  le  commerce  jufques-là  avec  des  Hérétiques  réels  ou  pré- 
tendus ,  confiftoit  à  recevoir  &  entretenir  civilement  les  Etrangers ,  qui  in(^ 
truits  de  (a  réputation  venoicnt  pour  l'eiuretenir  &  le  confijlter ,,  fans  avoir 
d'ailleurs  aiKune  cc^rrefpondance  par  rapport  à  la  Religion ^ qui  éioit  le  (cul 
article  qiii  eût  pu  &  dû  Le  rendre  fu(peét.  Cela  ne  laifla  pascependant  d'emr- 
pêcher  ibn  avancement  aux  Dignités  Eccléfiaftiques.  Car  lorfque  du  tems^. 
dUk  juS7.  de  Clément  yjjf  <>  on  le  propola  pour  l'Evcché  de  Milifotama  Se  cnfiiitcr 

pour  celui  dfi.iVa;y^3kl'accuiàaQa  avoit  tellement  frappé  ce  Pape  >. que  quoi»^ 


fe 


»^-  * 


V  I  E  D  E  L'  A  U  T  E  U  R.  xLT 

^a^il  avouât  que  ce  Pcre  ctoic  un  homme  de  Lettres  &  de  capacité ,  il  ajouta 
que  le  commerce  qu'il  avoit  enttetcnu  avec  les  Hérétiques,  le  rendoic indi- 
gne de  TEpifcopat.  Cétoit  outrer  le  (crupule ,  que  de  juger  du  mérite  d'un 
homme  fur  une  chofe  fî  équivoque  •,  mais  cela  entroit  fans  doute  dans  Tor- 
dre de  la  Providence  >  qui  avoit  fuicité  notre  Savant  pour  des  vues  que  fon 
élévation  eût  pu  faire  avorter  en  rempêchant  de  fervir  fa  Patrie ,  &  en  le 
détournant  d'occupations  qui  furent  plus  utiles  au  monde  que  ne  Teût  été 
fbn  Epifcopat. 

Mais  ce  tems  n'étoit  pas  encore  venu ,  &  FraPaolo  >  que  fa  réconcilia- 
tion avec  le  Cardinal  Protefteur  de  l'Ordre  des  Servîtes  &  avec  CoUJfoniy  «  *  Vit.dclftj 
aui  en  devint  depuis  le  Général ,  avoit  rendu  à  fa  première  tranquillité  &  à  ^^^\o  •  p^ 
us  Livres,  fut  mettre  à  profit  pour  fa  fan6tification  les  momens  de  repos  ^^^* 
que  la  Providence  lui  avoit  ménagés,  &  que  lui  procura  la  trêve  de  quel- 
ques infirmités  qui  diminuoient  avec  1  âge.  Il  s'occupa  alors  d'études  toutes 
différentes  de  celles  dont  il  s'étoit  occupé  autrefois.  Car ,  comme  s'il  eût 
prévu  l'ufige  que  fa  Patrie  devoir  faire  de  fcs  talens ,  ^  il  fe  livra  entière-  /"Ib.p.xo^ 
ment  à  l'étude  de  l'Hiftoire  tant  Eccléfiaftique  que  Profane  >  aulli-bicn  qu'à 
celle  des  Ecritures  &  de  la  Théologie  Morale  3  &  l'on  verra  par  la  fuite ,  de 
quelle  utilité  lui  fut  une  telle  application.  Il  ne  fongeoit  pourtant  alors  qu'à 
i^  propre  inftruâion ,  &  qu'à  (e  préparer  par  des  études  de  cette  nature  à 
Téternité  dont  il  s'étoit  toujours  cru  proche,  &  à  laquelle  ilcomptoit  tou- 
cher d'aflcz  près.  C'cft  à  ce  tems  du  moins  que  l'Auteur  de  fa  Vie  croit  que 
l'on  peut  rapporter  quelques  Ecrits  trouvés  parmi  fes  papiers,  comme  entre 
autres ,  s  Vn  Examen  de  fes  propres  défauts ,  dont  il  Je  fropofoit  de  Je  corriger  i  i  Ib.  p.  p  >» 
Vne  Médecine  de  f^r/^V  ^  auquel  il  appliquoit  les  aphoriimes  prelcrits  pour 
la  guérifon  des  infirmités  du  corps  j  Un  Ecrit  contre  [Athiijmey  où  il  prou- 
voit  qu'il  répugne  à  la  nature  humaine^  qu'il  n'y  a  point  de  véritables 
Athées ,  &  que  ceux  qui  ne  reconnoidènt  point  le  vrai  Dieu  s'en  forment 
néceflairement  de  faux  s  Un  OpufcuIeyAtr  lanaijfance  &  la  décadence  de  nos 
êpinions  >  &  quelques  autres  Ecrits,  de  même  nature  »  qui  marquent  un  liom- 
me  bien  moins  occupé  à  fe  faire  un  nom  par  des  Ouvrages  d'érudition ,  qu'ai 
k  rendre  meilleur  par  l'étude  de  fcs  devoirs ,  &  qu'à  rapporter  à  la  pra- 
tique tout  ce  que  fes  leébures  &  ks  méditations  Lui  avoient  fourni  de  lu?» 
mieres  pour  (à  propre  fanâification» 

C  É  T  o  I T  dans  cette  même  vue  qu'il  s*appfiqua  tellement  à  la  lecture  des 
Ecritures  &  fur-tout  du  Nouveau  Teftament , qu'il  le  favoit  pre(quc  entiè- 
rement par  cœur  ^  ^  &  que  s'étant  habitué  a  foûligner  les  endroits  qu'il  vou-  h  IB.  2^^i^ 
loit  éclaircir ,  il  le  relut  fi  fouvent,  qu'à  la  fin  il  n'y  avoit  pas  un  feul  mat 
dans  fon  Exemplaire  qui  ne  fut  amCi  foûligné-  C'eft  ce  que  l'on  remarqua 
aufli  dans  un  Exemplaire  de  l'Ancien  JTeftamenty  auili-bien  que  dans  ion 
propre  Bréviaire  &  fur-tout  dans  le  Pfeautier  :  ce  qur  montra  l'application, 
avec  laquelle  il  avoit  médité  les  Livres  faiats ,  &  taché  d'en  pénétrer  le  Icns  y, 
comme  la  feule  fource  dans  laquelle  on  pût  s'inftruire  fiirement  de  la  puretd 
de  U  Kpli^ton  y  ôc  qu'on  ne  pouvoir  négliger  (ans  courir  le  rif^ue  de  donnes: 


*    ••  • 


xLVi  VIE    DE    U  AUTEUR. 

dans  Terreur  ou  de  tomber  dans  la  fuperftinon.  Telles  furent  les  principales 
occupations- de  FrA-Paolo  dans  fa  retraite ,  &  dans  le  repos  dont  il  jouit  par 
la  (îilpenfion  des  divifions  de  Ton  Ordre  &  la  fubftitution  d'autres  per(onnes 
à  (es  emplois ,  ju(qu  i  la  grande  querelle  de  Pattl  /^  avec  la  Répuolique  àt 
Vcnife ,  (ans  laquelle  fon  mérite  tout  éclatant  qu'il  fût  eût  été  beaucoup 
moins  connu ,  faute  d'avoir  trouvé  une  occa/ion  aÛêz  propre  i  déployer  (âl 
lumières ,  (es  talens  >  (on  intrépidité  &  (à  religion. 

Ce  fut  vers  le  commencement  du  xvii  (Jécle  que  s'éleva  ce  différend,  au- 
lïb.  p.114.  quel  quelques  Décrets  du  Sénat  de  Venilc  donnèrent  occa(]on.  *  Par  lepre- 
.Oaer.  Ai  mier  de  ces  Décrets,  la  République  avoit  défendu  (bus  différentes  peines  de 
Paolo  V.     jjA^j^  j^j^  (^5  £jjt5  (j^js  la  pcrnîiflîon  du  Sénat  de  nouveaux  Hôpitaux  oa 

^*  *^'  Monafteres,  ou  d'y  éublir  aucun  nouvel  Ordre  ou  Société.  Par  l'autre  on 

renouvelloit  un  Décret  fait  en  mdxxxvi  ,  qui  défendoit  à  tous  les  Sujets  de 
l'Etat  de  vendre,  aliéner , ou  di(po(èr  d'aucuns  biens  immeubles  en  faveur dti 

*  Ib  p.  1  j    Clergé ,  fans  permiflîon.  ^  Vers  le  même  tems  le  Sénat  avoit  fait  cmpri(bn- 
A  »4*  ner  quelques  Eccléfîaftiques  coupables  ou  accules  de  crimes  énormes ,  &  pré- 

tcndoit  s*en  attribuer  la  connoiilance.  Pad  V  venoit  d'être  élu  Pape  en  mdcv. 

/  Ib.  p.  x5*  A  peine  fiit-il  (îir  le  Saint  Siège ,  '  qu'il  crut  ne  pouvoir  (buffrir  fans  fe  desho- 
norer ,  que  la  République  fit  de  telles  entrcprifes  fur  les  prétendues  Immu- 
nités Eccléfîaftiques ,  &  qu'il  réfolut  de  faire  révoquer  Icfdits  Décrets ,  &  de 
fe  faire  remettre  les  prifonniers.  C'cft  ce  qu'il  fit  demander  par  fon  Nonce 

m  Ib.  p.  30.  au  Sénat ,  qui  refufa  l'un  &  l'autre.  «  Sur  ce  refus ,  le  Pape  fît  expédier  deux 
Brefs  datés  du  10  de  Décembre ,  l'un  au  Doge  9  &  l'autre  à  la  République, 
en  forme  de  Monitoire  pour  les  obliger  à  (e  foumcrtre.  Les  Brefs  ayant  été 

nlb.  p.  54.  *rcmis  par  le  Nonce  au  Sénat ,  ^  la  mort  du  Doge  qui  arriva  alors  en  fit  ren- 
voyer l'ouverture  jufqu'aprcs  l'élcAion  du  nouveau ,  qui  fut  Léonardo  Do^ 
nato ,  deftiné  auparavant  Ambadadeur  à  Rome  pour  accommoder  ce  diffé- 
rend. Ce  fut  une  des  premières  chofes  fur  laquelle  on  délibéra ,  après  le  choix 
du  nouveau  Doge.  Les  Brefs  ayant  été  ouverts  alors ,  le  Sénat ,  après  avoir 
pris  l'avis  de  pluficurs  Jurifconfultes  &  Théologiens,  fit  déclarer  au  Pape  : 

•  Ib  p.  4 j.    °  Qu'il  n'avoit  point  pafle  fon  pouvoir  dans  les  Loix  qu'il  avoit  faites ',  qu'en 

les  publiant,  il  n'avoit  rien  entrepris  fur  les  Immunités  Eccléfiaftiques ;  qu'il 
ne  croyoit  avoir  rien  fait  qui  méritât  les  Cenfures  ;  &  qu'il  efpéroit  que  Sa 
Sainteté ,  pleine  de  piété  &  de  religion  comme  elle  étoit,  (c  défifteroit  de 
(es  demandes ,  ic  ceueroit  d'inquiéter  la  République  par  l'Interdit  dont  elle 
la  menaçoit. 

C  fe  T  T  E  répon(e ,  loin  d'adoucir  le  Pape ,  ne  fervit  qu'à  l'irriter  \  Se  Tin- 
flexible  opiniâtreté  de  ce  Pontife  rompit  bientôt  toutes  les  mefures  qu'atH 
roit  pu  prendre  le  Sénat  pour  accommoder  cette  affaire  à  la  fatisfaâîon 
commune.  Ce  fut  même  en  vain  qu'on  envoya  i  Rome  Pierre  Dnodo  pour 
Ambadàdeur  à  la  place  du  Doge  Donato.  Ni  les  prières  ni  (es  rai(bns  ne  pu* 
rent  rien  gagner  fur  l'elprit  de  Paul  y  qui  s'aigritibit  par  la  réfiflance ,  &qui 
ne  pouvoir  (ouffrir  qu'on  donnât  la  moindre  atteinte  a  fes  prétentions.  Ainfi 
t  Ib  p.  714  chacun  ne  pçnfa  bientôt  qu'àfou(cnir  t^  droits  à  toute  rigueur.  P4#^Pnayafic 


VIE    D  E    U  A  U  T  E  U  R;  xivn 

po  amener  les  Vénitiens  à  Ton  point ,  publia  le  17  d'Avril  mbcvx  tm  Moni- 
cpire  violent ,  par  lequel  il  ordonnoic  au  Doge  &  à  la  République  de  lui  re- 
mettre les  deux  Eccléiîaftiques  prifonniers  >  &  de  révoquer  les  Loix  dont  il 
fçplaignoit>  à  faute  de  quoi  il  les  déclaroit  excommuniés  >  fi  dans  vingt- 

Znatre  jours ,  à  compter  de  celui  de  la  publication  du  Monitoire  >  ils  n'obéit^ 
lient  à  Ces  ordres  ;  &  il  foumectoit  tout  l'Etat  à  l'Interdit ,  iî  trois  jours  après 
les  vingt-quatre  ils  perfiftoient  dans  kur  défobéiflànce. 

L  E  Sénat,  (îirpris  &  indigne  d'une  telle  conduite  >  crut  ne  pouvoir  pren- 
dre de  meilleures  mefures  pour  ramener  le  Pape,  qu'en  montrant  autant-  de 
fermeté  que  ce  Pontife  montroit  d'opiniâtreté  &  de  hauteur.  *i  L'Ambaflà-  ^  Gacr.  <S 
deur  Extraordinaire  de  la  République  fut  rappelle  immédiatement ,  &  TOr-      ?^?J1*  . 
dinaire  licencié  peu  après.  On  fit  défenfe  à  tous  les  Prélats  de  recevoir  ou  de  P*  ^       7" 
publiet  la  Bulle  du  Pape  ,  &  on  ordonna  à  tous  ceux  qui  en  avoient  des  co- 
pies, de  les  porter  aux  Magiftrats.  Le  Confeil  des  Dix  '  ayant  fait  aflcmblcr  ^  ^'  P-  ^^•^ 
çn  même  tems  les  Reâeurs  des  Egliiès  Se  les  Supérieurs  des  Monafteres , 
kor  ordonna  de  cominuer  à  célébrer  à  l'ordinaire  k  Service  divin  nonob- 
ftant  rinterclit ,  &  leur  fit  défenfe  de  fertir  de  l'Etat  (ans  permifiion.  On  dé- 
libéra enfuite  fur  k  panî  qu'il  y  avoit  à  prendre  par  rapport  au  Monitoire  y 
»&  le  Doge  par  un  Placard  du  6  de  Mai  ayant  déclaré  le  Bref  du  1 7  d'Avril.  *  ^^  P->** 
99U  yinjufle  y  &  contr élire  i  tomes  tes  règles  de  Vicfmi  &  de  la  raifiny,  dit  qu'il 
étoit  réfblu  de  k  fèrvir  de  tons  les  remèdes  dont  avoient  uie  ùs  prédéce£> 
&urs  contre  les  Papes  qui  avoient  abufè  de  leur  autorité ,  Se  qu'il  efpéroit 

3ue  les  Prélats  &  Eccléuaftiques  continueroknt  à  faire  célébrer  k  Service 
ivin  à  f  ordinaire  >  la  République  ayant  réfolu  de  perfifter  conftammcnt^  4 
dans  la  Foi  ^  8c  dans  le  re(peâ;  dû  à  l'Eglife  Ro(naine. 

JLa  [Jupart  des  Ecdéfiaftiques  &  des  Religieux  fe  rendirent  aux  ordres 
du  Sénat.  Mais  les  Jéfuites  '  ayant  été  obliges  de  déclarer  s'ils  vouloient  y  /Ifi-p^^^*- 
obéir  ,^  répondircnr  qu'ils  nepouvoient  confèntir  à  dire  la  Meflè  pendant  "^ 

f Interdit >  Se  qu'as  aimoient  mieux  fbrtir  des  Etats  de  k  République.  Suc 
cette  réponfê  le  Sénat  n'béfita  pas  à  les  congédier,  &  ceux  de  Venife  fu« 
xent  bientôt  (ùrvis  de  tous  ceux  de  kursConfreres  qui-  demeuroient  dans 
les  Etats  de  la  République  Les  Capucins  r^  à,  l'exception  de  ceux  de  BreiTè  o/Hii  g^ioo^ 
k  de  Bcrgame»  ks  Théatins>&  ks  Réformés  de  S.  François, qm  d'abord 
«voient  paru  àifpo&s  â  ne  point  obéir  à  l'Interdit  >.  ayant  changé  de  réfo- 
ktion  à  Finftigation  des  Jéfuites ,  lurent  également  bannis^  Se  le  dernier  joue 
dv  terme  fixé  par  le  Bref,  k  Sénat  donna  un  ordre  général  à  tour  ceux 
qui  voudroient  obfêrver  l'Interdit ,  de  k  retirer.  Cet  ordre  ^exécuta  d'a- 
motd  allez  tranquilkment.  Mais  quelques  tumultes  arrivés  en  divers  endreitf^ 
|ar  Its  intrigues  &  les  déclamations  des  Jéfuites ,  donnèrent  occafion  à  un 
nouveau  Décret  du  14  de  Juin ,  par  lequel  il  flit  ordonné  'que  ces  Pères  ^I&s>ih5)». 
fcroknt  exclus  à  perpétuité  des  Etats  de  la  République ,  Se  que  ledit  Décret 
ae  pourroit  jamais  être  révoqué»,  à  moins  que  fa  chok  ayant  été  délibérée: 
en  pkin  Sénat  ccmipofé  de  clxxx  perfonnes ,  ces  Pères  n'euffent  pour  ks  rag^ 
lelkc  cixiq^paus  des.  voix  en.  £x  ^  c'e&ràrdire  oudi^  aombre.  desi.cixxx.  ^  ' 


XLriii         V  I  E    D  E    L*  A  U  T  E  ir  R'. 

L  £  Pape ,  qui  avoir  cru  étonner  la  République  par  Ces  menaces,  ÔC  y  jet- 
ter  la  confuûon  par  Tes  Cenfures,  fur  i'urpris  de  la  fermeré  du  Sénar  &  de 
la  rranquilliré  des  Peuples.  Plus  il  fentoir  Timprudence  de  (a  première  dé- 
marche, &  moins  il  voyoir  comment  il  pourroit  s'en  tirer  avec  honneur» 
/Guer.  dt    D'abord  pour  intimider  les  Veniiiens  x  il  fit  montre  de  vouloir  armer,  8c 
Paolo  V.     folliçita  quelques  Princes  de  joindre  Ces  forces  aux  fienncs ,  afin  de  tirer  rai- 
p.  i4>t  311  fQjj  jg  la  République,  qui  s  effraya  encore  moins  de  fes  préparatifs  que  de 
^^^*        fcsCenfures,  Se  qui  fe  mit  en  état  de  (c  défendre  fî  elle  droit  attaquée. 
Mais  CCS  apparences  de  guerre  n'allèrent  pas  plus  loin  que  les  menaces  *,  8c 
tout  fe  termina  à  des  Ecrits  qui  fe  multiplièrent  bientôt  de  part  ôc  d'autre  » 
&  dans  lefquels  chacun  travaîUoit  â  juftifier  Ces  démarches  aux  yeux  du  Pu- 
blic ,  3c  à  faire  condamner  celles  du  Parti  oppofé. 

A  peine  l'Interdit  contre  la  République  avoit  été  publié ,  que  chacun 
prit  parti  pour  ou  contre ,  (clon  qu'il  étoit  affcété.  Tout  ce  qu'il  y  avoit  de 
*It.p.i03.  Savans  en  Droit  &  en  Théologie  s'intérefla  dans  cette  querelle  -,  *  & ,  com- 
me Fra-Paolo  le  rapporte  dans  THiftoire  qu'il  a  écrite  de  ce  démêlé, «»  vit 
avant  le  moisi  Aom  une  Armie  Jt Ecrivains  en  campagne. 

L  £  Noble  Antonio  Qjtirini  Sénateur  parut  des  premiers ,  en  publiant  une 
favante  Diflcrtation  en  faveur  des  droits  de  la  Séréniffimc  République.  Deux 
Jurifconfiiltes  anonymes  publièrent  auffi  vers  le  même  rems  une  Lettre 
adreffée  au  Pape ,  dans  laquelle  parlant  à  lui-même ,  ils  démontrèrent  la  nul* 
lité  de  fon  Bref  &  l'injuftice  de  fa  conduite.  Enfin ,  fans  parler  de  plufieuts 
autres  Ecrivains  qui  s'engagèrent  dans  la  défenfe  de  la  même  Cau(e ,  Jean 
Marfilli  Prêtre  Napolitain  &  Dodeur  en  Théologie  Ce  mit  auflS  fur  les  rangs 
par  la  publication  d'tme  Lettre  anonyme,  fous  le  titre  de  Réponfi etun Doc^ 
tew  a  la  Lettre  irni  Amifwr  les  Cenfwres ,  &c.  Le  célèbre  Cardinal  Bellarmin^ 
qui  trouva  ce  dernier  Adver(àire  digne  de  lui,  lui  répondit  avec  toute  U 
chaleur  dont  il  étoit  capable.  Mais  fa  réponfe  ne  refta  pas  long-tems  fans 
téplique  de  la  part  du  Dodteur ,  qui  repoufla  Ces  fophifines  non  par  des  in- 
veétives  femblables  à  celles  du  Cardinal ,  mais  par  de  (blides  argument  > 
dans  une  nouvelle  réponfc  qu'il  y  fit  fous  le  titre  de  Defenfi  de  ^an  Métr^ 
Jilli  en  faveur  de  la  Réponfe  aux  huit  Propofitions ,  &c. 

On  juge  bien  que  Fra-Paolo ,  que  la  République  avoit  choifi  pour  fbn 
Théologien  &  l'un  de  Ces  Confulteurs ,  ne  demeura  pas  (pecîbateur  oifif  de 
cette  dîfpute.  S'écant  apperçu  de  la  confternation  où  l'Interdit  avoit  jette  les 
efprits  non- feulement  des  peuples ,  mais  encore  de  beaucoup  de  Sénateurs  , 
il  fe  perfuada  qu'il  étoit  de  fon  devoir  &  comme  Citoyen  ,  ôc  comme  Théo^ 
logien  de  la  République,  dediffiper  certe  terreur  mal  fondée,  en  failant 
un  jufte  parallèle  de  l'Autorité  Pontificale  avec  les  droits  des  Souverains 
«  dans  leurs  Etats.  Ce  fut  dans  cette  vue  qu'il  compofa  l'Ecrir  publié  depuis 

peu  d'années  en  Hollande  fous  le  titre  de  Droits  des  Souverains  défendus  con* 
ire  les  Excommunications ,  &c.  mais  qui  dans  llt^lien  eft  intitulé,  Conjolation 
de  rejprit  pour  tran<jmlHfer  les  confciences  de  ceux  cjui  vivent  bien ,  contre  les 
frayeurs  de  interdit  publié  par  Paul  V.  Ce  Traité,  dont  l'Auteur  de  la  Vie 

de 


V  lE  I>  E    L'  A  U  T  E  U  R.  XLrt 

9e  FraPdoto  ne  parle  point,  apparemment  parce  qae  n'ayant  été  écrit  que 

?(Hir ru(àge  du  Souverain ,  il  n*a  pas  jugé  â  propos  de  le  faire  connoitre  )  ce 
'raicé,  (fis-je,  (èlon  TEditeur,  précéda  tous  les  autres»  &  ce  qui  me  fait 
croire  qu'il  conjednre  jafte ,  tr'cftque  l'Auteur  après  y  avoir  dit  qu'il  auroit 
im  vrai  défit  de  confbler  les  Grands  &  les  Petits,  ajoute  :  Qsfil  m  crépit  féu 
^ifilfk  à  propos  de  rendre  pMic  tom  ce  tp^d  étvoit  à  dire  fier  cène  matière  y  pîr- 
rr  ijiu  le  Prince  &  le  Sêt/et  dévoient  penjer  différemment  fir  cesfirtes  eté^Mtres  i 
&  tiH^il  Jèiêhéiitek  yne  ^epeu  de  conjitls  fik  r^ervé  cemme  le  trifir  péirtiadier  dm 
Prince ,  peur  9eux4à  Jeds  ^ui  étaient  k  la  tête  des  paires ,  &  fHifiutroiem  s'em 
firvir  en  tems  &  lien.  Il  patoit  donc  qu'il  n'avoit  encore  tien  publié  fur  cette 
conteftation.  Car  fî  les  autres  Ecrits  eullcnt  déjà  paru ,  quelle  néceflîté  de 
faire  un  myftere  de  celui-ci»  qui  ne  conctnoit  que  les  nuuunies  répandues 
dans  les  autres  ? 

Mais  après  avoir  travaillé  pour  le  Sénat  »  Fra-Paolo  jugea  qu'il  n'éroit 
pas  moins  néceflàsre  de  radarer  le  peuple  »  &  de  pourvoir  par  ion  inftruc- 
rion  à  la  tranquillité  publique.  Ceft  à  quoi  il  s'occupa  d'abord  *  pat  la  tra-  a  Vie  del 
duâion  d'un  petit  Traité  de  l'Excommunication»  compofif  autrefois  par  Ger-  ^'  P*olo, 
finj  qu'il  publia  en  Latin  Se  en  Italien  avec  une  Lettre  anonyme  i  la  tctc ,  P*  '^^' 
où  il  exhortoit  les  Prêtres  k  faire  leurs  fon6Hons  fans  craindre  de  rien  faire 
contre  leur  devoir.  Cet  Ecrit  fut  au(fi-t6t  condamné  par  l'Inquifition  »  6t  - 
BeBarmin  voulut  appuyer  la  Cenfure  par  des  raUôns  qui  ne  firent  qu'en  dé* 
couvrir  la  feiblefi  »  avant  même  qu'on  fe  fut  mis  en  état  d'en  découvrir 
l'abus.  De  peur  cependant  que  ces  railbns  ne  fiflènt  quelque  imprefllon  fuc 
'quelques  eiprits  trop  prévenus  en  faveur  de  l'autorité  des  Papes»  Fra-Paotë 
né  carda  pas  â  y  oppo(èr  une  réponfe  fous  le  titre  d'ulpologie  pour  Gerfin^ 
où  (uivant  pied  i  pied  le  Catdinal  »  il  juftifia  (ans  réplique  &  la  conduite 
des  Vénitiens  &  la  dodbine  de  Gerjm. 

L  B  s  e(prits  étoient  trop  animés  poiu:  (è  rendre  â  Tévidence  »  &  l'on  vie 
bientôt  plufieurs  Théologiens  venir  au  (êcours  de  BMamun  8c  du  Pape , 
quoiqu'ils  enflent  défapprouvé  l'imprudence  de  (a  démarche.  Mais  la  Ré- 
publique nereftapas  (ans  défenfeurs»  &  FraPaole  ^  oppo(â  bientôt  auxtlb.p.i|^« 
nouveaux  Ecrits  de  Barenius  »  de  Bovie  »  &  des  antres  »  un  Ouvraee  intitulé , 
Cenfidérohûns  fur  Us  Cenfitres  de  Pad  V ,  où  il  ne  laillè  rien  à  déurcr  fiir  cet- 
te matière.  Car  après  avoir  prouvé  par  l'Hiftoire  &  par  l'exemple  des  Royau-  .  * 
mes  étrangers  »  que  la  République  n'avoit  rien  fait  dans  (es  nouvelles  Loix 
que  ce -quelle  avoit  toujours  été  en  poflc(fîon  de  faire»  &  Que  ce  qui  (è 
jpradquoit  dans  tous  les  autres  Etats  »  il  montra  la  nullité  du  Décret  de 
Pmd  V ^  premièrement  par  le  défaut  de  citation  »  &  fecondement  par  le 
défaut  de  pouvoir  dans  le  Pape  »  dont  l'autorité  s'étend  aux  feules  cho(ès 
(pirimeHes.  Il  jnftifie  enfiiite  la  conduite  de  la  République  dans  la  juri(clic« 
non  qu'elle  prétendoit  fur  les  Clercs.  U  attaque  enfin  la  prétendue  infailli- 
bilité du  Pape  »  &  prouve  que  loin  d'appréhender  une  Sentence  ou  une  Ex- 
communication injufte  >  le  Prince  &  l'Etat  doivent  s'y  oppofer  de  toutes 
feors  forces. 

Tme  I.  g 


L  VIEDEU  AUTEUR, 

C€T  Ecrit  y  aufli  rccommandable  par  (à  niod(frarion  que  par  la  force  dm 
raiibos  ^  Tcruciicion  donr  il  cft  rempli  »  ^colc  fcul  capable  de  cerminer  la 
iii(puce ,  â  les  prcvcoôoDS  écoiem  fulcepcibles  de  conviâion.  On  y  répon- 
dit çcpcodaïKt  maU  oo  ne  le  réfuta  pas'i  &  le  P.  Fidgtnce  compagnon  de 
Fr4^Pêd$  acheva  de  confondre  les  défen^urs  de  rimcrdit  par  un  Ecrit  bi- 
tkulé ,  Difi^[i  di$s  C^nfiSrjuiomJiêr  Us  Ccnptres  de  Pétsd  ^,  dont  tout  le  fond 
^pojàxùcBt  à  notre  Hiftorien»  ielon  l'Auteur  de  fa  Vie.  Il  eut  aufli  la  prind^ 
pale  pa^ix  aa  Traué  de  l'Interdit  publié  au  nom  des  fept  Théologiens  de  It 
{ÇépubU^ue  »  &  dms  lequel  oo  prouve  en  xjz  Proposions ,  que  ca  Interdit 
4to^  canne  toutes  les  Loix;  que  les  £cclé£aftiques ,  loin  d'être  obligés  d'y 
déférer»  «e  le  pou  voient  faire  fans  péché  i  6c  que  la  République  en  dévoie 
libfolttiiiCTtt  empêcher  l'exécution. 

CEPENDANT ,  comme  on  vit  bien  à  Rome  que  l'on  perdoît  pins  qu*on  ne 
g^W  par  la  multiplication  de  tant  d'Ecrits  >  on  y  crut  que  le  moyen  le 
plus  câic«cc  pour  en  arrêter  les  imprefliens  étoit  d'en  rendre  fuipeâs  le^ 
Auteurs 4  £c  de  les  faire  cenfurer  comme  Hérétiques.  Ainfi ,  après  avoir  fair 
GondfinQer  par  le  Saint  Office  l'Applogie  jpour  Gerfin^  ks  Confidérarion^ 
fur  \t%  Ceninres  de  ?éudV  ,6c  le  Traité  de  rinterdit  »  comme  cootenans  d» 
PAop^Eîoos  téméraires  I  calomnicuTcs  »  fcandalcalès  9  fëdkieu(ès,  fchifinar 
dqiies  »  erronées  »  ic  hérétiques ,  FréhPaolç  fut  cité  par  un  autre  Décret  dg 
%  o  d*Oâobre  une vi  »  fous  peine  d'£xcomnuinicarion>  i  comparoitre  per- 
(oMM^lkmcfit  pour  fe  juitifier  des  excès  6c  des  hécéfies  dont  il  étoit  accufé». 
On  loge  bien  que  les  Rondins  eux-m&mes  ne  comptoient  pas  qu'il  dut  (e 
i  Op.  dî  P.  ^^^^  ^  i^  citation.  Il  en  rapporu  ios  raifons  ^  dans  un  Manifefte  daté  d<r 
Pac^o^T.f .  2f  de  Novembre  qu'il  adreua  au;c  Inquifitenrs  »2c  malgré  lequel  on  ne  laiflà 
pas  de  prononcer  la  Senteaœ  dont  on  l'avoit  menacé.  Mais  il  n'en  tint  non- 
plus  de  compte  qu'on  enavoit  tenu  de  (es  raifbnss^  â  Fréh  Pdolê  an  fû^ 
phu  bsï  à  Rome  »  cela  ne  contribua  qu'à  le  faire  plus  rc^âer  Se  plus 
çfttmer  à  Venifè  Se  dans  les  paù  étrangers ,  où  l'on  approuva  autant  1^ 
conduite  Se  les  nuoimes  des  Théologiens  Vénitiens  »  qu'on-y  coodaoma  celle 
desRomaifiSL 

RiiN  en  effet  n'étoit  pins  faux  &  plus  nréjudtctabk  à  l'Autotité  Civile». 

que  les  pnnt;ipcs  fur  ieiquels  leurs  ThéoTociens  avoknt  taché  de  juftifier 

d  Guer.  di  Tlntepclit  de  Péd  V.  Les  Chefs  â  quoi  iê  céduifoit  leur  doârinc  écoient  :  ^ 

YisAo  V.     I .  Qpe  la  PuiflTance  Temporelle  des  Princes  eft  (bumife  &  fubordonnée  i 

f>  ^^^*       la  Puil&uce  Ecçléilîaitique.  x*  Qge  le  Pape  a  lie  pouvoir  de  priver  les  Prin^ 

ces  de  lepoi  Etats  pour  fautes  commises  dans  te  Gouvernement  ^  Se  même 

fans  qu'ils  ayeat  commis  aucune  faute  >  ii  cek  eft  utile  au  bien  de  l'Eglifè*. 

5 «Qu'il  peut  décharger  leurs  Sujets  du  ferment  de  fidélité»  Se  memelef. 

obliger  ï  prendre  les  armes  contre  leur  Souverain.  4.  Q^'il  a  toute  autori« 

té  dans  le  Ciel  Se  fur  la  Terre  ^  qne  toufi  les  Princes  font  fcs  Su/ers  &  fê$. 

Vaf&ux  ».  qu'iteft  le  Monarque  temporel  de  tout  le  Monde»  que  tons  les. 

Princes  peuvent  appeller  4  lui  >  &  qu'il  peut  leur  donner  des  Xsîvi  Se  abro« 

g|cr  ks  leurs»  y^  Que  les  Immunités  £cc£éiiaftique$.  ne  viconcnc  ppioc  dc:  1% 


VIEDEL*  AUTEUR.  1.1 

ccmceffion  des  Pdoces  »  maifrqa'eUesibnr  de  Dioic  Divin,  ou  du  moins  de 
Proie  JBccldiaftique.  ^  Que  les  Clercs  ne Tonc  point  fujets  aux  Princes  >  me» 
«le  en  cas  de  crime  de  Léfe-Majefté ,  8c  qu'ils  ne  fbnc  fournis  aux  Lohc  que 
d*ttne  manière  direâîve.  7.  Qji'fis  font  Juges  de  la  ^uftice  des  Loix  ,  &  qu'ils 
lie  doivent  aux  Princes  ni  taxes  ni  impôts.  &.  Qge  le  Pape  ne  pent  (è  troixH 
per  »  qu*il  a  laffiftance  du  Siinc-Eferît >  ôc  qu on  eft obligé  crob(erver  (es 
Seaceaces  juftes  ou  infuftes;  jk  Que  dans  les  doutes  on  doit  s'en  tenir  â  la  dé- 
^lararion  du  Pape  \  8b  que  quand  tout  le  monde  jugeroit  que  Cou  avis  eft  faux, 
cm  doit  le  iuivre  ^  8c  qu*oa  pccheroit  en  ne  le  fiiivanc  pas.  i o.  Que  le  Pape 
eft  on  Dieu  en  Terre  »  que  la  Senctaee  8c  celle  de  Dieu  font  la  même  choie, 
ope  c'eft'le  m&me  Tribunal ,  8c  que  douter  die  fit  puidànce  eft  autant  que 
douter  de  celle  de  Dieu»  ii.  Qjicxieftreindre  aux  dio^èS'  (pirituelles  l'obéif- 
iânce  due  au  Pape,  c*eft^la  réduire  4  rien.  ii.  Qg'ilétoit  nécc&itc  .de  n-*é« 
ttbtir  Tautoricd  du  Plape  que  pen  à  peu-,  pour  ne  point  effittouchec  les  Prin* 
cesconvertis  »  &  pour  tei  attirer  peui  pen  par  cette' tolérance,  C^^  Maximes 
6a(Iè»,  inCcnCécs ,  raonftrueu(ès ,  itibyerlîves  de  tout  Gouvernement ,  de  donc 
pluiieurs  font  autant  de  blafphâmes ,  dont  les  anciens-Papes  eullènt  eu  autant 
4'harreur ,  que  les  modernes  en  ont  paru  jaloux. 

Lts  Ecrivains  Vénitiens  en(êigtioient  au  contraires:  x.  Que  Dieu  a  établi 
deux  Gouvernemens  dans  le  Monde  ,  l'un  Spirituel  8c  l'autre  Temporel ,  tous 
deux  indépendans  l'un  de  l'autre  *»&  que  Dieu  a  remis  le  Spirirael  aux  Apo* 
cies  8c  le  Temporel  aux  Princes ,  fans  qu'ils  doivent  s'immi(cer  dans  les  af^ 
fiîres  les  uns  des  autres,  x.  Que  le  Pape  n'a  aucun  pouvoir  d'annuller  les 
Loix  des  Princes  (ur  le  Temporel ,  ni  de  les  dépoter  8c  décharger  leurs  Sa» 
ÎPtS;dtt  ferment  de  fidélité-,  8c  que  cela  eft  contraire  aux  Ec^imres*  8c  aux 
exemples  de  JefiiSoCbrift  8c  des  Saints.  )..  Q^  cf eft  une  doârine  f^dirieufè 
Se  facrilége^  d'enfêigner  qu'en  cas  de  difpute  entre  les  Princes  8c  le  Pape  , 
celui-ci  peut  les  attaquer entrahifbn  ou  â  force ouv^ecte , 8c abfoudre ceux 
€ui  fe  révoltent  contre  enx.  4.  Que  les  Immunités  Eccléfia^aes  viennent 
4c  la  libéralité  des  Princes  &  non  de  la  Loi  divine  »  que  nonobflant  toute 
œmdoo,  le  Ptinee  a  tout  pouvoir  (br  lesperfonnes^  &  (iu:  les  biens  Ec-* 
défiaftiques^tlans  une  néceâité^  publique;  8c  qu'en  cas  d'abos,  il  peut  rcvo« 
qner  ces  Immunités.  $.  Quele  Pape  n'cfti  point  infaillible.  ^*Q^  quand  il 
prononce  qoelque  Cen(kre  contre- les  Prinœi^,  fi- cette  CcnTure  paroit  in*» 
)«fte»  ils  peuvent  &  doivent  en  empichec  Vesécuticm.  7^  Que  l'Excommu^ 
ucacton  contre  desSouverains,. ou  coonae  la  multitude ,,cft  pernicieufè  8c 
(âcrilége.  t.  Que  lenomd'obéiflaBce  aveugle  inventé  par  JgHéici  di  Lcj^aU 
a, été; inconnu  â  l'ancienne Eglife ,  esspofe:  a»:  danger  d'offenurr  Dieu,  n'ex- 
cufe  point  de  oéché  ceux  qui  font  fiikl vies,  8c  n'eift  propre  qu^  exciter  des 
i2ditions«  Ceft  an  makmen  de ees maximes  que  fe  bornèrent  Fr4-PW9  8c 
lis  antres  Ecrivams  de  la  République  ;  8c  Iota  de  les  accufer  d'avoir  pa(^ 
les  bornes  d*une  juftir  défèide  ,t  il^me  fêmUe  qm  les  Kcmiainsaur oient  dû. 
Içnr  avoir  quelque  ob%srio&  de  laiflcr  encore  beaucoup  phis  d*aotorité 
aux  Papes  qu'ib.  n*cB.8voienr  ea  damvlespccmiefs'tems^^  SàabtQt  indtftinc- 


irt  VIE    DE   L' A  tJ  TEU  It. 

'  temcnr  toute  autorité  aux  Princes  dans  1-adminiftration  de»  afTaifes^ÈMM^ 
fiafliques ,  quofqu  a  la  réfèrvç  du  droit  de  juger  en  matière  de  Doârine>  00^ 
de  la  di(penfàtion  du  Miniftere  de  la  Parole  &  des  Sacremem>  on  fâche  qu'ils^ 
ont  toujours  été  en  poflfcffion  de  faire  des  Loix  fur  dififeretKes  n»atieresde. 
Police  EcdéHaftique ,  &  que  k  pouvoir  de  rEglifè  en  ce  genre  a  preiquo 
toujours  été  fubordonné  â  celui  des  Princes% 

Autant  qu*étoient  oppofëes  les  maximes  des*  Romains  8c  de»  Vénitiens  y 
autant  y  euc-r(  de  diffirence  dans  [es  mantercSé  Car  tandis  que  les  premiers  r 
dont  les  Ecrits  etoient  remplis  de  Propoiicions  infènfées  te  de  Principesperr' 
nicieux  &  fubver(ifs  de  toute  Autorité  légtrime,.accal>loiens  leurs  adverfai-! 
"^  res  d'injures  groffieres ,  &  ne  les  traitoient  que  d'Hérétiques  »  da  Schifmaf^ 
tiques  >  8c  d'Excommuniés  ;  les  Vénitiens  renfermés  dans  les  bornes  d'uno 
légitime  défl;n(è  ne  ikent  fentir  deforce  que  dans  le  poids  de  leuts  rai/bns-» 
8c  con(crverent  d^aiUeurs  toat  le  refpeâ  poâîble  pour  le  Saint  Siège  &  mè^ 
me  pour  la  perfonne  du  Pape ,  fims  jamais  s'écarter  des  régies  les  plus  étroi*- 
tes  de  la  blenfôance.  Cette  difSirence  dans  les  manières  auili-bien  que  dan» 
les  principes  K>urna  tout-à-fait  i  l'avantage  de  la  République,  dont  la  con- 
duite fut  approuvée  dans  la- plupart  des  Cours  etvangeres^  aulieuqu-on  y» 
condamna  nautcment  tes  prétentions  exorbitantes  &  les  mauvais  artifices, 
des  Romains,  qui  ne  r<fpondoieot  au3&  raifbns  que  par  des  calonmies  ou  de» 
Çenfures. 

Le  Pap&,  qui  (ènroft  tout  le  préjudice  que  lui  hiCàit  une  telle  conduite  r 
vit  bien  que  n'y  ayant  rien  â  gagner  par  ce  qui  Ce  publioit  en  faveur  de  fap 
Caufè ,  Se  qu'au  contraire  le  Public  fc  dcclaroit  de  plus  en  plus  contre  lui  y 
il  falloit  chercher  à  terminer  ta  contefbtion  d'une  autre  manière.  Il  prit 
donc  le  parti  d'obtenir  s'il-  pou  voit  pnr  négociarion*,  ce  qu'il  n'avoir  pu» 
obccnit  ni  par  menaces  ni  par  perfîianon.  Mais  la  difficulté  écoit  qu'il  no 
rouloit  pas  fair«  les  premières  avances^  de  peur  de  paroitre- condamner  fàp 
propre  conduite ,  &  défavouetles  prétentions,  abufives  qui  avoient  fomenté 
le  Schifme  de  pluficuts  Royaumes  >&  qui  pou  voient  le  faire  naitre  dans  touo. 
#  YihdelP.  le  refte  de  TEurope,  comme  l'avoit  infmué  un  jour  i  Fra-Paoto^*  le  Cardi- 
S.  p^  52.  nal  £^//4rjR;i;i  lui-mcme.  te  Sénat  de  (on  coté,  qui  connoifTbit  toute  la  juf^ 
rice  de  fa  caufè  &  la  régularité  de  (c&  démarches,  ne  vouloir  pas  fè  faire* 
donner  te  tort  par  une  fàuflè  politefle  ;,&  quoiqu'il:  fouhaitât-  la  paix-  aufli; 
pafHonnément  peut-être  que  le  Pape,  il  ne  vouloit  pas  fàcrificr  fbn  honneur: 
ec  encore  moins  fcs  droits  â  ce  defir.  Ce  fut  une  àss  principales  difficulté» 
qui  retardèrent  la  réconciUadon  ^  âc  ks-Princes  qui  fe  rendirent  les  Médian 
teurs  furent  obligés  pour  rapprocher  les  Parties  de  prendre  fur  eux  le$:; 
avances,  8c  d'ouvrir  ainH  U voie  à  un  accommodement. 

Cb  fut  Henri  W  qui  en  eut  tout  l'honneur ,  &  à  qui  le  Pape  en  eut  la  prin<^ 

rîpale  obligation,  quoique  la  plupart  des  Princes  de  l'Europe  euflent  cher-»^ 

ché  à  s'en  Faire  un  mérita  fbit. auprès  de  tady£<m  auprès  de  la  République.. 

£]|^,^^^.^^  L'affaire  cependant  ne  fe  termina:  qu'après  une  afiez  longue  négociation  ^ 

mais  beaucoup  plus  i  la  gloire  de8;Ycmtieos.qu'à  celle  du  Pdge>  qui  ne.ra%- 


fOÊU^it  toptefoettcdirpure  que  la  r^puparion  d'homme  haut  ^.entreprenanr  ^  '  . 
^  s^i^.  ipcapabl^  de  tcun^ieclu^norablemenr  imc  ÊiuIIè  '    * 

^coit  propre  a  la.  faiise*^ 

;    Sans  encser  dans  le  dScail  de  coures  lés  dilEculcds  qui  Ce  renconcrercnc 
dans  le  cours  de  çè^ce  oégoçiaiiqaa  parce  quelles  (on  ten  quelque  force  écran: 
gères  à  la-  viç  dc^Fr^r  f 4«/<?,.  je  me  concernerai  de  marquer  ici  les  conciiciOns 
ai^xquelles  fi^c.  conclu  racçommodemenr.  On  coavinr  donc  :.  8  i.  QuelQ  j;  Guer.  H 
Cardinal  ile/f^^ij/;^  employé  par  Hen^ifi^  pour  rcrminei;  cette  atfaire,  ^^^^  V* 
4éc4areroir  à^fon -encrée  dans.  le$énar ,  que  les  Cenfiires.  écoient  levées  ^  on  P*  44^*- 
qu  il  les  levoit;  &  qu'en.m&me  cems  le  Doge  lui  remecrroit  en  main  la.  ré» 
vocation  de  la  Proteftation.  .2»  On  régla  la  manière  dont  les.  prilonniers  (è>- 
s^ienc  rem^  rentre  les  mains  de  1* Ambaflàdeur  de  Franç6<.j.  On  accorda 
qU*à  L'esfception  des  Jéfuites  &  de'quatarze.aucrespecrdnnesqut^epcnom-i 
inéès  ^  lef  ï^igîe^x  qui/avoien&  été- bannis. de  1^  République  fetoient  réca-^ 
blis.  4.:Û/ut  convenu  ;  qp'pnine  feroic  aucune  mebtioq  de  la  teçtre^éciîte 
aux  ReÂcurs ,  &  qu'on  révoqueroit  fimplemeht  la  Proteftationpar  un  Écrit 
qui  (êroic  imprimé  après  que  les  Cenûices  fèroienc  levées.  5  •  Les  VenitienS' 
promirent  ,.qu'auffi-tot  après  ils  envoyeroienc  iin  Ambailadetir  àRome,  qui 
régleroit  amiablen^ent  avec  le  Pape  to^s  les^au  très  Articles.  On  convint  en*   * 
çorç,  qu'il  nç  feroic  poinr  dréflé  d'Ecric  d^  r^çcotninodement ,.mais  que  dç     7        '  ' 
part  &  d'autre  on  ù  contei^teroitj:éciproqueinent  4cs paroles  qui  aurôierfç  .T'.v 
^té  données^ On.dretfà  en  i^eme^tsmsi'A^  4e  «Toc^      de  la  Pix»r^fta4      . 
fion,  fur  laquelle  il  n'y  eue  d'autre  diÈcultéquc  fur  cas  paroles ,,  ^^y^^         ^Vf-i-^^^ 
fMf  Us  Cenfitres  éioiem  livées^en  reûurm  laJPr^teflation  >  à  la  place  deiquelles  . .  ' 
k  Cardinal  de  /«yrij/r  infifta  qu'on  mit  félon  la  voloncé  du  Pape ,  ^qtton  révû- 
quoit  la  Proteflation  ;  ce  qui  fut  accordé ,  comnie  de  nulle  confcqucncc. 
.    Q<9Fi<^£  peu  content*  q0c  fût.le  Pape  decetaccommodcment  qiii.  étoii  Mb^pH53^ 
tout  à  rhonneur  de  la  République  9  jl  fallut  bien  y  confentir.^dans  TimpuiA. 
lânçe  où  il  Çt  si%  d*obteni(  des.  cpndkîons  plus  avantageiifès,.^&  dans  la^  . 
crainte  d  être  abandonné  des  Médiateurs»,  (ans  lefquels  il  ne  pouvoit  pas  te- 
nir contre  les  forces-  des  Vénitiens.  Il  (bufcrivit  donc  à. tout  »  &  non  con^ 
tent  de  recevoir  gracicufement  l!Ambairadeur.Cof;/iir/«i,  à  q^  ilne  parla 
que  do  l'oubli  du  paflS,  ^  îLeçyoya  un  Nonce  à  Venifcpour  marquer. fafîn-  *Tb.p\^ji^, 
cérité  à  la  République.  Ainii  finie  cette  défagréable  afEairc^  q^i  fans  lesibins 
qu'on  prit  pour  la  rermit^erar.eût  pu  avoir:  des  fuites. facheufes  pour  Rome  >. 
&  après  qu'on  eut  licencié  de  part.  Se  d'-autrelcs. Troupes  qui  avoicm  cté  h^ 
vées ,  tout  parut  Kétabli  fur  le  premien  pied  \  &  1  .on  ne  pcn(a  plus  de  la  parc 
du  Sénat  q(i^  calmer  les  agitations  paUees ,. en  rappellant  ceux  qui  avoient 
iié  bannis^  &  en  dédommageant  le  Wpe  des  mortifications  que  lui  av oie 
caufee  cette  affaire,,  par,  des. marques  de.  compbifance  &  de.tcfpeâ:  donc 
}L  avoir  toujours  été  jalouxi 

;   MAisRome  n^oublïa;pas.fiaifiiment;iceuf  que.le^Sénat  avotc  emplovéa* 
||€ur  la  défend  de  fon  ancoTÎté  &  de  iês^roits  *,  &  la  réconciliation  ne  izi^  ■  ^ 
W^  qi^U  cpyvxic.tta  cc^ènKimjenc  qui  éclata  xkguia  dans  pkis  d'uno  occallôm^r  \.    -. 


ix^  VI  E    Dg  t'-A  tJT  UXSK. 

IFra-Paol.  i  Trentâ-&r£cclK(îâ(fiques  f6ù9 divetfr pvétexvâr  Aitem rab^ri^jM^An  eli Aft 
Dec.  il^o^^  ^tns  tcnis,,<Faucrc9  bannis,  quelques-uns  mémé'envoyéstfirt'Gîlbres »  Ac'la 
&  dû  fo  '  nioindrc  punition  fut  l'exclufion  des  Dignités  auxquelles  euflènr  pu  préteB* 
Mars  140 p*  dre  ceux  qui  n'avoicnt  d'autre  raifbnjyour  les  empêcber  d'y  parvenir,  que 
le  pani  qu'ils  avoientpris  pour  leur  Patrie  centre  le  Pape.  PvwPmU^fCOiatf' 
me  le  plus  habile  de. tous  ceux  qui  aroient  écrit  en*  faveur  d^Wniriens^, 
fut  aum  celui  qui  fut  leptus-en  burrc  i  la'fatine'&  â  ia^  jahulie'dfcs^RoniaîoRi. 
Choifi  par  la  République  pour  (on*  "lliéofogiefr ,  Bs,  l^amc  de  nmi»  les  con^ 
(cils  qui  s'étoient  pris  contre  Rorae^ ii avoii^  ttm bie<i  (ÔBeemi  angoûr  du 
Pape  la  Cau(è  dont  on  lui  avoir  coniSé^ta  défm(e,poiir  qu'on-lui^pardon- 
nat  aifèment  ce  qu'on  regardoir  comme- une  (brte  de  rébellion  contre  l'E- 
glife.  Auffi  ne  ftir-il  pas-  long-tems  ùxA  éprouver  les  tfkt%  dû  reflèntiment 
que  l'on  avoit  conlèrvé  comre  lur  ;  6c  la  paix  ne  (ervi t  qu'^  l'expofer  plus 
infailliblement  aux  jpiéges  qi^rni  lui  tendotr,  par  la'  (ëcurité  ou  il  ccojpair 
être,  6c  le  peu  de  défiance  que-fr  droitofe^lui'kîflbit  prendre  des  tmen« 
rions  de  (es  ennemis. 

Mais  quoiqu'il  eût  été  compris  nonmiément  dans  l'accommcKilement  de 
la.Riépublique ,  on  ne  pouvoir  lui  pardonner  les  coups-  qu*il  avoir  portés  â 
fyiVicdelP.rautoritéduPape^,  &  des  Fanatiques  s'étoientperTnaiés,  »  qu'il  n>  avoir 
Paolo ,  f.  que  du  mérite  à  fê  défaire  d'un  homme  accu(<i  8c  condamné  d'Héréue  6c  de 
i€o  ^  i6u  révolte  contre  fEglKè.  La  choie  eff  d*âutanttnotns  (ûrprenanre ,  que  vers  ce 
n  Lete.  de  même  tems  un  Jéfnire  à  Rome-avoir  publié  un  Ecrit  "  pour  prouver ,  mn^il 
Fra-paoto  eft  permis  &  memi  mkrnohre-  de  fi  dtfmn-^  de  énultpee  mmiere  ejm  ce  fmjfteire , 
au  II  Dec.  imeperjonne  excommuméf  par  le  Pkp^i  6c  il  étoit  a(fts  probable  que  cet 
'^^^*  Auteur  n'eut  pas  avancé  une  pareille  doârine ,  s'il  eût  crainr  d'en  erre  dé- 
favoué. 

Une  maxime  auffi  meurtrière  ne  ponvoit  qu'armer  le  Fanâtifme  desfinix* 
zélés,  6c  l'on  trouve  d'ailleurs  aflez  d'indices  pour  fe  periùader  que  le  Fa* 
nitifme  n'eut  pas  (èul  part  aux  attentats  qu'-on  fit  fur  là  vie  de  Frd-Péiêle. 
n  fut  averti  de  différens  endroits  de  (e  tenir  fur  (es  jardes  ;  6C  Seieppins  dans 

•  Vit.delP.  "**  entretien  qu'il  eut  avecbi  â  Venifc  *» ,  ne  lui  dimmula  pa» qu'on  en  von- 
Paolo,  p.  *  loit  ou  à  (à  liberté ,  ou  i  fa  vie.  L'événement  montra  mez  qu'il  ne  parloir 
t  4*  pis  (ans  connoidànce.  Cependant  FrÂpadff^  qtti>(e  repofirit  avec  confiance 

nir  l'accommodement  auui-bien  que  (br  la  droiture  dt  fesdémarches,  vi- 
voit  dans  une  fcfcuiiié  qui  donnoit  â  (es  ennemis  la  fiieilité  d'entreprendre 
contre  lui  ce  qu'ils  vouloienr;  &  ils  ne  manquèrent  pas  d'en  profiter.  Reve- 

•  Ib.p.i?»  ^^°^  ^  ^^^  Monaflerc  T  le(bîr  dti  5  rfOétobre  Mocvn ,  (ix- mois  après l'ac* 
êL  17Ù  commodément ,  il  (ut attaqué  par  cinq  a(ra(Ens  armés  de  ftMets^  dont  il  re- 
çut jufqu'â  quinze  coups,  fl  n'y  en  eut  que  trois  qui*  le  bleflèrent,  mais 
d'une  manière  fi  dangereufè  qu'il  (ùt  laifië  pour  morr  (îir  la  place.  Cepen- 
dant par  un  coup  de  la  Providence  aucune  des  plaies  ne  (è  trouva  mortelle, 
6c  il  échappa  comme  par  miracle  i:  un  tel  danger.  L'on  n'a^amats  fu  bien 

f  lb.p.  171  certainement  qui  avoit  procuré  l*a(}affinat.  Mais  %  la  retraite  des  aflàifins 
êL  i'j€.      thez  le  Nonce ,  Iqir  réception  à  Ferraix  6t  dàns-d'âorres  endroics  de 


VIE  PE    VAUTEUR.  îv 

nut  Ecctéfiafiiquc ,  l'argeiic  couché  par  eux  en  différais  tems  i  Ancone  & 
ailkurS)  formccenr  de  fi  vîolens  (bupçoos  contre  la  Conr  ck  Rome,  qoe 
Fré^PéiUê  lui-m$me  m:,  pQC  ,s'empêctier  ca  mUlMr  de  dire  »  que  cela  iènroic 
bien  lêfi^€  gamMB* 

Cl  ne  fîic  pas  même  la  iêale  fois  ^ u'oo  atrenu  à  &  sic.  On  dccoarrit  '  ^  Vit  Jet 
fvelque  tems  après  u»  autre  îoc:rigi»e  encore,  plus  ccisisneUc,  cn^  ce  qu'elle  ^*  ^^^^^  » 
4coic  conàiùuwLt  des  Coninsnas  mêmes  de  dç  Pore»  qu^on  avo«  corromms  ^'e^^*^  jj,  ^|, 
•po«r  le  faire  aflaifincr  la  nuic  daosÀchambct  >doQc  oo  avoir  entrepris  d'à-  mov.  Uos^ 
voir  de  faiUles  clés.  La  cbofi:  découverte  |M(r  «ccsdcnr^  fut  coofiarée  par  &  du  30 
ks  lettres  que  Ton  CùBt.  Mm  00  kwftsL  Taffake  >  de  peur  de  donner  du  ^^^^^  ^^^•^ 
icandale )  âc tout Teffirtqne  cela prpdnifit > iîit  dVngager  le  Sénarà  prendre 
de  plus  grandes  préçaatioos  pour  la  cooicrvation  d'un  homme  qni  n'étoit 


devenq  odiemc  que  pat  (on  ^sék  fiom:  le  fervioe  de  ià  Patrie  »  4îc  d'd^Uger 
Fréhi^^Uo  kiKmeiW  ^  a'iotevdke  doiéMvwi  tmc  conraerce  avec  ceux  qnî 
lui  étoient  jncomms  s  moins  copendant^arorattlîDé,  que  de  peur  jde  donner  t 
de  nouvelles  occsânis  iueùz  qui  Je  imfibioDt  d  attenter  iur«Be  vie»  à  la* 
quelle  la  Kép^Uique  pKooit  £eaoconp  phis  d^iiKérêt ,  qu'il  ne  (êmbloit  tn 
prendre  lui-même,  lùk  cela  nVmpecba  f9$  qu*on  ne  ât  encosc  de  nou- 
velles tentatives»  (oit  pour  i*fenlever  >  fok  pourie  taer v'  &  ie  Cardioà}:^^^  ^ y ^^  j^|.p^ 
J4rmm  bû-meme  k  At  avérer 4e^£è  ceoir.âir  ibgasdes^  fins  qne  les  difirarès  paolô 


qu'ils  avoieot  leucs  enlêmhk  au  Àjet  dcfl'Uxiesdst  enflent  sien  dinûmié  de  *»  n  i 
Peftiffle  ^'ilâifpk  dei=k4riUi/!ps&  tm^âoK^ÛKr  dcsanojirens  ad&cri-  ^^^  ^^  « 
mipels  que  ceux  que  l'on  prenoît  pouiib  ^fime  d'un  £  grand  hoimne.        ^^^  ^^^  ^ 

OTCMnAHT>  quelques indioss  que  l'on  eue  que  tesKomatas  avoient  beal^     ' 
coup  de  part  â  cous  ces  complots^  ils  cacbetcut  d'écarter  ces  ibupçons  en  fe 
vengeant  Tur  Ica  auifiucs  mêmes  de  l'a&iZiQat  •  du  mauvais  fiiocès  de  kurs 
enveptifts.  Us  firent  donc  anieeer  <  Psmm  Chef  dies  affiiffins  de  Venife  dans  »  Vit.  del  F, 
k  Palais  C^Umm,  oà  ion  fikfut  bkfle  moitellemenr.eo  k  dé£endmt^6c  P^olo,  p» 
où  il  fur  pris.  ftiKPWféprHbaniet  â  CivitarVecchiav  nàil  monmt.^  ^  '^Le    A 
bannit  k  P^A£dffif^J$iy(fn  fur  enfiute  ealèrmé  dans  la  Xour  de  Nona.  Pa-  ^^  n^V.% 
ré^^  un  autre  desmeutinerss  fiitanffi  emptifianné»  Sitamê  fiit  tué  patries  an  u  Dec*, 
cnnemia»  Se  un  cbquiemcfîit  décapitéi  PéKxik.  Ainfi  périrent  prefque  tous  i*^oS,.&  dm 
•ceux  qui  avoicntcu  parrirooe  fi  diàeâabkancreprik  *»  A:  quoique  ceiutrotts  '^  ^^'^ 
d'antres  prétextes^  lWfie|NS^t  a'empèdicr  dr recoonoitre  la  main  de  la  ]uf^  ^^^^ 
tice  divine  (ur  des  malheureux  qui  fiirent  punis  par  cemd-mêmes  dont  ils 
.avoienr  éfiéle&inArmncnsvâ^quinep^tMroienr  fiautenir-les  reproche»  qtie: 
:kttr  fuioieotcQS  ftékcars  de  m'cvoirpasiéoé  pajrés  auffi  Hhérolementqp'on  le: 
:kur  avoir  fait  efyéxer.  Mats  quelque  ioio  que  l'on  prir  â  Rome  pour  détour-^ 
ner  lcsfi>ttpçDOs.qtte  cesicomphôs  avoient  fait  naître»  k  Public  eut  peine  k 
k  déaomper;  ^  c3onunc>.klDn  la  maxime  du  Dust ,  oekuk-Iâ  eft  cen&  an- 
Kurdnonmeqniai  recirc  Eavanoy  ^  oc  ne  put  fe  pcrfiiadcr  quequicë  Atr 
i^ut.vouhiattemer  diâ  mcd^ad  homme  qd  fl*af«ir  dîaticre»  ennemis -^^^ 
:ttttx  de  kRémbtiqne^^ccn'é^OMnt  çcuv^mâmsa^  s»^ei|:  é^Ofentûit'Vai 
4SQDina«firQb%»ntdepccndû;^Q^  /» 


*  •  I  ' 


Il  tû  i  croire  cepeQidati(,-:qaô'^^ue  ces  tcrcneats  fe  ISlIeDr prâlTfii 

Caufc  du  Pape,  on  ne  riftfttuHeicfas;de!î  mefurâ^énminellcs  8c  desnioyétts 

3»  Vit.  del    bas  qiie  l'on  eraployoit  i  ce  deflèin.  Il  eft  certain;  an  moins ,  «  -qae  Péutlf^ 

P.  Paola,    étoic  fort  adouci  â  l'égard  de  Fra-Paohy  6c  que  revenu  de  (es  anciennes  pré- 

^  **7"       ventionsy  iltie  pouvoir  loi  refufer  le  témoignage  <i'homme  jqfte,  prudent, 

&  fincere^  comme  de  Ton  c6r<i  ce  Peie'  reconnoiflcnt y  ^e  lé  Pape  avoir  d^ 

E>{c  lamauvaife  volooréqu'H  avoir  eue  contre  liii-,  6c  îMui  ^haitoit  ntie 
ngue,  vie ,  de  peur  de  trouver  d^aût«es  *dii(pofitions  dans  fen-  Succefleur'; 
.comme  il  arriva  en  e&r,  pui(âue  pb&urs  années  après ,  Grégoire  XV  di- 
foir  »  qu'il  ne  pouvoir  y  avoir  de  patx<entre  le  S^nt  Siège  &  la  République  t 
tant  qu'elle  (ê  iêrviroit  du  nnniftece  de  Ftâ-PooIo.  Mais  s'il  avoir  des  enne- 
mis à  Rome^  il  j  avoît  auffi  àt%  tléfen(êurs.  Des  Savans  8c  plufieon  Cardi- 
naux même  ne  nouvoieRe-s'emp2chertfe  faire  parokre  pourki  <le  Teftimc, 
&  BelUrmm  malnré  its  dictes  avtc  notre  Auteur  (èpkdgtlôir  ouvertement 
jfib.p.ftis;  t  qu'on  eâat fÎMt  upeudecas^un  fi  gtandlidknttie,  &  4]fi'on  ne  l*bût pas  re- 
tenu à  Rome,  où  n  eût  pu  être  très-utile  en  Km  procoraRt  quelque  avance- 
ment ou  cpidque  dignité  qui  l'eut  attaché  aux  intérêts  4e  cette  Cour ,  6c  qui 
l'eût  engagé  par  ce  motif  a  eo  maintenir  les  prérc^rives  6c  lesfrétentiom. 
Mais  quoiqu'il  foit  aflèz  douteux  fi  ion  amour  pour*  la  retraite  &  pour 
Tiitude  lui  eût  pcnnis  Jacoepicr  des  poftes  y  «où  il  eut  eu  tanr  de  peine  a  fi^ 
.    .dsfiùre  fur  cela  fis  inclinations;  iltft  bim-certain  du  moins  4^e  ^ialhr^Fti- 
'  ;    denceièmbia'  ménager  l'indifFérence  ^'bn  lui  nioBera  à  RoilMi  ;pôur  le 
rendre  plus  utile  au  PnbKc  par  les  fervkes  <fat'û  œndit  i  fa  Patrie  »  6c  par  les 
<xcellens  Ouvrages  auxquels  (k  fi>litudc  lui  donna  dccafion  de  s'appliquer  ; 
fiir-tout  depuis  que  confiné  »  pout  ainfi  dire,  au  dedans  de  fon  Montiftere 
pour  éviter  des  arreotats  pareils  i  ceux  que  l'on  avoir  faits  fiir  fa  vie  »  fit  pru- 
dence 6c  les  confiSlfl  de  tes  amis  l'obligtoîent  de  vivre  avec  plus  de  réierve» 
&  xlc  ne  pas  Vexpofer  témérairement  an  Fanatifme  ou  a  la  trahifon  de  ceux 
4{ui  fc^rdcmnenr  toutes  fortes  de  crimes  fous  prérexre  de  Relieiôn. 
&Ib.f.i33«      Gb  rut  dans  cette  (brte  de  ptifi>n  volontaire  qu'il  compofa  d'abord  *  fit 
Relation  du  Diffiitend  de  PaidF  avec  la  République  de  Venife ,  qui  fur  acfae- 
vée  dès  la  fin  de  wocvii,  comme  il  paroirpar  une  de  (es  Lettres  à  Mr.  GroJUt 
<dii  onxe  de  Décembre  de  la  même  années  mais  qui  ne  fut  publiée  que  quel- 
'   '  '  qnes  années  apnès ,  pour  ne  pas  rouvrir  une  plaie  qui  étoit  encore  rrop  ré- 
nento  9  âc  pour  latèèr  aux  è(prirs  le  cems  de  te  calmer.  Le  détail  que  l'on  y 
arpuve  de  cetceiqnerclle»  monrre  bien  que  cette  Relation*  n'a  pu  être  écrite 
:^ue  par  ime  perfi)nne  âqni  n'avoir  échappé  aucune  des  circonftances  ; 
.x]Uoique  la  modération  qui  y  paroit  nous  laifiètoit  à  peine  croire  qu'elle 
.  ait  été  dreflSe  par  nn  de  ceux  qui  y  avoienr  éré  engagés ,  fi  le  même  efprit 
.  dr'icnpartiaUré  qu'on  xemarque  dians  tous  les  autres  Ouvrages  de  Fré^Paoh 
:0e  (èrvoit  de  pi^euve  que  celui-ci  ne  peut  venir  d'aucune  autre  main  que  de 
Ja,fkfnne.  En.etfèt  ».qttotq«'tl  fut  l'ame  de  la  République  en  cette  affaire,  6c 
x^ùc  jciefi  ne  Ce  publiât  .fans  kiotu  que  pâc  hii\  à  peine  eûr-on  fil  qu'il  y  a  eu 
u  moindre  pm  «  fi  rtiittoricn  tic  (a  Vie  n'c9(k  eu  foin  de  nous  apprendre  oe 

qu'il 


î 


VIE    DE    L"  A  U  T  E  U  R.  ira 

u^il  a  afFeâé  de  taire»  &  ne  nous  eue  doimc  par-là  une  preuve  auffî  force 

e  fa  mo  Jeftie  que  de  Ton  habileté. 
La  an  de  cette  conteftation  ne  fut  pas  pour  lui  la  fin  de  (es  travaux ,  &  il 
ne  Te  fervit  de  Ton  repos  que  pour  s'appliquer  à  quelque  chofe  de  plus  gé- 
néralement utile  pour  le  Public.  Il  y  a  voit  long-tcms  *  qu'il  avoit  commcn-  *  Vit.dcl  P, 
ce  à  recueillir  tout  ce  qu'il  avoit  pu  apprendre  de  l'Hiftoire  du  Concile  de  ^*^^®  »P' 
Trente.  Dès  le  tems  qu'il  avoit  étc  à  Mantoue,  la  connoi({ànce  qu'il  avoir  ^^^* 
liée  avec  Oliva  Secrétaire  du  Cardinal  de  il/^^ir^i^ premier  Préfident  du  Con^ 
cile  fous  Pie  IV ^  lui  avoit  procuré  la  facilité  de  s  inftruire  de  beaucoup  de 

Sarticularités  de  cette  AfTemblée.  Mais  loriqu'il  eut  tourné  fon  application 
u  coté  des  matières  Ecdéfiaftiques ,  la  libre  entrée  q^u'il  eut  dans  les  Archi^ 
ves  de  la  République,  ^  Se  les  Mémoires  que  fès  liailons  avec  les  Errangcrs  hLetAn  i% 
lui  procurèrent,  le  mirent  bientôt  en  état  de  nous  donner  une  Hiftoire  fid-»  J«ill«i^o*< 
vie  de  ce  Concile ,  que  l'on  ne  connoidbit  prefque  encore  que  par  les  Dé-; 
crets  qui  en  avoient  été  publiés  >  &  qui  n  étoient  que  la  partie  la  moins 
curieme  ôc  la  moins  intéreflànte  de  cette  grande  affaire ,  qui  avoit  occupé 
toutes  les  Cours  de  l'Europe  pendant  une  longue  fuite  d'années ,  parce  que 
l'on  avoit  eu  grand  foin  de  tenir  (ècrettes  toutes  les  intrigues  &  les  reflbrts 
qui  avoient  donné  le  mouvement  aux  délibérations.  Que  c'ait  été  unique- 
ment par  le  défir  de  s'en  inftruire,  ou  d'en  informer  le  Public,  que  FrdPaû-' 
h  fe  (bit  appliqué  i  rechercher  tout  ce  qui  concernoit  l'Hiftoire  de  cette  Af^ 
(emblée  ^  on  que ,  comme  plufieurs  Ten  ont  (bupçonné ,  il  ait  formé  ce  dcf* 
ièin  dans  la  vue  de  mortifier  la  Cour  de  Rome,  ôc  de  l'obliger  par  cette  di- 
verfion  à  (è  mettre  fur  la  défenfive  au  lieu  d  attaquer  les  autres  Puifiances  \ 
d'eft  fur  quoi  je  n*ai  garde  de  prononcer  :  quoiqu'il  me  paroifiè  plus  naturel 
de  croire,  que  comme  (es  recherches  étoient  antérieures  à  la  querelle  de. 
Paul  V  avec  les  Vénitiens,  il  ne  s'y  eft  propo(ë  autre  cho(ê  que  de  mettre 
le  Public  au  fait  de  tour  ce  qui  pouvoit  intérefier  (à  curiofité  fur  ce  point. 
Ce  qu'il  me  fuffit  d'ob(èrver  ici ,  c'eft  que  les  Romains  lui  (ùrent  encore 
plus  mauvais  gré  de  cette  Hiftoire ,  que  de  la  Défen(e  des  Droits  de  la  Ré« 
publique  de  Veni(e,  &  que  cet  Ouvrage  ne  (êrvit  qu'à  fortifier  les  foup* 
çons  que  l'on  avoit  déjà  pris  de  fon  penchant  pour  la  Réformation,  &  ae 
les  préventions  contre  TOrthodoxie  Romaine. 

Le  Traité  des  Matières  Béncficiales  «  fut  encore  un  des  fruits  de  la  retraite  t  Ojp.  Je! 
de  ProrPû^U ,  &  dut  apparemment  fon  origine  aux  recherches  que  lui  don-  P-P*  T.  j. 
na  occafion  de  faire  la  conteftation  de  la  République  avec  PaiiL  V.  U  eft 
VtM  que  WuSimm  <* prétend  que  ce  Traité  e(t  du  P.  Pdgemt  &  non  point  i^Lctt.Cric. 
du  P.  Péud^  ôc  il  fe  fonde  fur  ce  que  le  Manufcrit  que  Mr.  Thivenoî  avoit  N.  E.^.  )^ 
apporté  d'Italie  portoit  le  nom  du  premier.  Mak  deux  raifons  m'empcdient  ?'  ''^^ 
de  foufcrire  à  fon  opinion.  La  première,  que  l'Editeur  de  ce  Traité  l'attri- 
bue po(itivement  à  Fra-P^io.  La  fccondc,  que  dans  (on  Hiftoire  du  Con-  .  . 
cile  de  Trente  notre  Auteur  y  a  in(eré  divers  morceaux ,  qui  fe  trouvent        .  .      « 
inoi  pour  mot  dans  le  Traire  des  Bénéfices.  Il  faut  donc  <|u'au  moins  le 
ibnd  de  ce  Traité  (bit  de  FraP^iolê  i  &  £  le  P.  Fulgcnçt  y  a  eu  quelque  parc,' 


Lvm  VIEDE     L'AUTEUR. 

ce  ne  peut  ccpe  que  celle  d'avoir  danné  quelque  ordfe  aux  mar^naïuc  €ps$, 
avoienr  été  recueillis  fur  ce  point  par  (on  Maure» 

Le  deileio  de  ce  Traité  eft  de  fair^:  voir  pau  queb  moyens  TEglitè  eft  de« 
vcf^ue  aiainrefie  de  il  grands  revenus  >  &  les  abus  qui  le  font  introduits  dans 
la  dirpodrion  qu'on  en  faix.  On  y  voit  par  quels  degrés  &  quels  moyens  U 
corruption  s.*cft  glillce  Se  augmentée  dans  l'EglIiiè  y  Se  comment  ces  biens> 
qui  ne  kûavoient  été  donnes  que  pour  la  (ubiiftaace  du  Clergé  &  leibo- 
lagement  des  Pauvres ,  occailonnerent  le  d<«cégieffient  des  EccléiiaftiqueSi 
ôc  no  fèrvirenc  onfiiite  que  d'aliment  à  leur  cupidité.  On  y  trouve  un  détail 
des  excès  quife  commettent  dans  la  Collation  des  Bcnéâces,  &  de  la  Simo* 
nia  icandaleuib  dont  les  Collareurs  Se  les.  ^néficiers  fe  rendent  coupables. 
On  y  remarque  fiiv^tout  l'adrellè  avec  laquelle  la  Coxk  de  Rome  seitatti-^ 
fée  la  Collation  do  tant  de  BcoéBceS)  &  les  proiks  immenfes  qu'elle  retira 
db  cette  ufurpaicîoa.  En  un  mot  l'Auteur  y  a  ttaité  fa  matière  avec  tant  d*or^ 
dtte,  d'éruditioQ,  &  de  zélé,  que  ce  ieul  Ouvrage  donneroit  une  haute 
id0e  de  b  capacitd  &  de  laprobiré  à^Era-Paot^^.  quand,  il  nauroît  pa^> 
lai^  d'aMjtres  monumens  de  la  religion  Se  de  Tes  lumières. 

L'kXAiMs  de-  tout  ce  qui  concerne  k  nutier^  de  la  Juri^îdkion  Ecclé Ga& 
tiqiie  fur  difTcreos  points»,  conduiiir encore  ccPece  à  une  autre  recherche», 
c*o(t-^diro,  3k  Taucorité  de  rinq^ailinoit  >  Se  ayant  eu  ordre  du  Sénat  de 
di(curec  i  fond  cet  article  >  il  compofale  Traité  ctmeux  qui  s'en  trouve  par<-» 
evit.  dclp.  ™^  fes.Oeu¥rcs.  «  Aprè&  y  avoir  rapparcé  d'abord  les  LqIx  ditfcrenres  quo 
P.p.  139*     k- République  avoit  fuites. de  tems  à  autre,  pour  régler  les  procédures  da 
Op.  del  P.   QQ  Tribunal ,  il  donne  une  Hiftoire  abrégée  de  fon  inftitut ion  >  &  de  la  ma- 
■  ^'       niere  donc  il  avoir  éré  introduit  à  Vcnile  aux  inûances  de  Nicolas  JP^'ctu 
MccLxxxix«  Comparant  enfuite  la  manière  dont  il  avoiic  été  reçu  par  laRé> 
publique  avec  celle  dont  il  avoir  été  ad'.nis  dans  diautces  Etats  »  il  en  coo- 
oliid  que  rinquifition  de  Venife  cft  indépendante  de  celle  de  Rome>  &; 
dépend  uniquement  du  Prince,  l.  Parce:  q^  les  Rjéglcmens  fàjts  pau  Innç^ 
cent  IV  &  les- (ucceffeurs n'onr  jamais  euheu. à. Vcnifc.  t. Parce  que  ceLTxir» 
bunal  n*y  a  point  éoé  intcoduir  en  vertu  des  Balles  des  Papes,. mais  en  verri^ 
d*iin-  Décret  du  Sénat.  3.  Parce  que  Nicolas  If^  n'a  fait  que  donner  foo^ 
confêntement  à  ce  qui  avoit  été  réglé  par  la  République.  4.  En6n ,  parca 
que  c'efb  elle  Se  non  le  Clergé:  qui  fournit  à  Tentretieo  &  reçoit  k  s  profits 
qui  en  reviennent.  Telle  eft*  la  condufion  de.  ce  Traité ,  donc  l'on  voit  bteoi 
par  confëquent  que  le  but  eflrde  faire  voir  >  quel'autotrité  de  rinquiHcion  àr 
Tenifc  eft  entièrement  ibbor donnée  à. celle  du  Prince,  &  que  leslîpix  dj&lar 
République  a  cet  égardjie  (ont  rien  moins  qu'une  encceprife  itir  l' Autoriia 
BccléHadtque. 

CfST  à-pett-prè^  dans  la.même  vtut,  quefutencorccompoiEë  fon  Traité.. 

/Ib'p*i3Sir  df^Drûivdfs  Afyley,  ^  lirécrivitauxIoUicitarion^dun  Prékc,.  donc  il  ne 

Op.  lû        nous  dit  point  le  nom ,  poirr  fixer  lamaniece  done-on  dftyoi«  procéder  dansi 

ces  fortes  d'aSbtres^,  &  pour  remédiei:  aux  abus,  que  le  zi^le:fuperJftitîeuxrpouet 

!»•  défont^'  do  Im»i4PMésiAad(^affi<gtt&,awiifJnirw 


/n 


VIE    D  E    L*  A  U  TB  UR.  ut 

faciles  les  crimes  les  plus  énormes  dameitroiwt  impunis.  L'Aoteut  y  rap- 
porte d'abord  les  Loix  des  PritKrcs  Se  les  Canotis  Eccléfiâftiqucs  qui  con*- 
cerneoc  les  droits  des  ^Jyles ,  &  montre  enfuite  quelles  régies  on  doit  faiv^e 
dans  cette  matière  pour  contilier  ce  qae  Ton  doit  à  k  Judice  8c  au  Bieh 
public  9  auflî-bicn  qu'à  la  Reli^on.  Ceft  dans  cette  vue  qtfil  examine  ^ 
•I.  qacls  font  lei  lieux  quidmvent  fervir  ni^jfjyksi  i.  quelles  font  les  pcr- 
ibnnes  &  les  crimes  qui  doivent  jouir  ou  h9h  de  la  proleftion  des  j^fykst 
j.  de  quelle  manière  on  doit  retirer  des  jljyles  ceux  dont  les  crimes  ne  kiir 
donnent  aucun  droit  d'en  mériter  la  proteébion.  Ceft  dans  Pexamen  de  et 
dernier  point  fur- tout ^  qu'il  remet  tout  au  jugement  du  Magiftrat  Laïc, 
auquel  il  donne  le  pouvoir  fiôn-ftulement  de  juger  des  cas  qui  méritent  on 
non  la  protedHon  des  Afylts^  mais  auffi  d'en  recirer  les  criminels  pat  A 
ptoprc  autorité,  fans  avoir  befoin  pour  cela  de  celle  des  Evêques. 

C&  (ont-là  les  fculs  Traités  de  Fra-Paolo  fut  les  matières  Eccléfiaftiqûes  > 
ât  on  y  difcerne  pab-tout  beaucoup  de  fens,  d'érudition  ic  de  fegeflè.  QueK 
ques  mauvais  hioyens  qu'euflcnt  pris  fcs  ennemis  pour  le  calomnier  ou  \t 
pcttlre,  une  fagc  modération  s'y  découvre  pâp-tout,  &  on  y  voit  toujours 
tm  homme  parfaitement  maitre  de  lui-même ,  &  qui  fans  rîeh  donner  ati 
reflènrimenc  (ait  facrificr  fcs  paffions  aux  vues  du  Bien  public,  &  ne  cher» 
cht  à  (ë  venger  de$  injures  qu'en  travaillant  à  rétablir  tes  cho(ès  dans  l'or* 
drc  naturel ,  dont  l'abus  de  laurotité  les  avoit  rirées.  Supérieur  â  (es  ad- 
ver(àires  par  la  juftice  de  la  Caufc  qu'il  avoit  à  défendre ,  auflî-bien  que 
par  its  taiens ,  à  peine  faurions-nous  l'acharnement  ic  la  violence  avec  la* 
quelle  on  Ta  atta(fié ,  (\  les  Ecrits  de  ks  ennemis  ne  nous  inftruifoient  et 
leuts  excès  &  de  fa  patience»  L'injuftice  avec  laquelle  il  avoit  été  traité  nt 
k  fit  jamais  foulever  contre  la  Puiflance  légfrime ,  8^  fans  s'attaquer  a  Tau-- 
roriré  Acs  Supérieurs ,  il  fe  contenta  d'en  remarquer  les  abus ,  &  dlndiquet 
ks  moyens  de  rétablir  l'ordre  primirif ,  cohimc  le  plus  naturel  it  le  pltl* 
parfait.  Ce  fut  k  (es  avis  que  fut  dû  le  re(peét  avec  lequel  le  Sénat  fe  défeti^ 
dit  contre  les  entreprifes  de  PmU  F^i  &  toujours  renfermé  dans  les  bornes 
d'une  défenfe  légitime ,  il  trouva  moyen  de  maintenir  les  droirs  de  fa  Patrie , 
uns  entreprendre  (ur  ceux  de  l'Eglife.  Ceft  pat  ce  fagc  tempérament  qtfîl 
prévint  IcSchifme  que  les  Romains  étoient  prêts  d'exciter  -,  &  fi  Ffa^-Pnàh 
n'eût  eu  plus  de  modérarion  qu'ils  n'^voicnt  montré  de  prudence,  Paul  K 
"eut  bientôt  fait  nàkrc  en  Italie  une  révolution  aufti  funefte  à  fes  intérêts, 
4jue  celle  qu'avoit  produite  en  Allemagne  la  diftribution  fcandaleufe  des  In- 
dulgences (bus  LéM  X» 

OoTRR  les  Ecrits  préèédens ,  qui  ne  concernent  que  les  marier  es  Ecclé- 
/iaftiques ,  on  a  encore  publié  deux  autres  petits  Traités  de  Fra^P4âlo  Ctx 
d'autres  points,  tous  deux  poftétieuts  â  la  querelle  de  Paulf^tvtt  les  Vis- 
fiitiens  -,  l'un  fur  la  manière  de  gouverner  la  République  pour  afTurer  la  dit- 
*ée  de  (on  Gouvernement •>  l'autre,  qui  eft  une  conritïuatiôn  de  l'Hiftoitfc 
des  VJcoijHes  commencée  par  Miftnci9  Afimtci  A  rchcvêque  de  Zéira  j  &  pour- 
fitivicpat  a0tre  Am«ur  depuis  l'an  m  a  cm  i  ju(qu*câ  iioc^vi.  Gc  dermer 

hi; 


•     tx  V  I  E    D  E    L*  A  U  T  E  U  R. 

^Op.  ^d      Ecrit  $  n'cft  proprcmcnc  qu'une  Relation  des  difFérends  de  la  Mai(biT  d*'Aa*- 

P.P.  T.  j-  friche  avec  les  Vénitiens > qui  vexés  par  les  incucfions  des  VfiocfHes  foutenus: 

des  Officiers  Iniperiaux,  ufcrcm  de  r-rpréfailles  fur  les  Siijets  de  l'Empereuc 

iitués  Le  long  de  la  Mer  Adriatique  >&  vengèrent  les  maui  de  leurs  peuples^ 

par  ceux  qu'ils  firent  fouSrir  aux  Autrichiens. 

Pour  ce  qui  regarde  le  Traiié  fur  la  manière  de  gouverner  b  Républi<- 
t  Ib.  T.  4.  q^ie ,  il  conilile  propremenr  en  deux  parties.  ^  La  première  contient  les  Loix 
que  doit  fuivre  le  Scnat  pour  le  gouvernement  de  ùs  Sujets.  La  (éconde 
concerne  la  minière  de  traiter  avec  les  autres  Princes ,  &  indique  quels  font 
les  intérêts  rcfpedlifs  de  U  République  par  rapport  à:  chacun  d'eux.  Quel- 
que court  que  Ibif  ce  Traité» on  y  découvre  un  génie  né  pour  le  Gouver* 
nsmcnr,  &  une  grande  profondeur  de  Politiques  non  de  cette  Politique  cri» 
minclle  &  artihciv-ufe  qui  tend  ou  à  adervir  les  Sujets  >  ou  à  s'aggrandir  par 
ropprclîîon  de  fcs  voilins,  mais  de  cette  Policique  fage  qui  tend  irendrCL 
les  peuples  heureux  par  de  (âges  Loix>,  &âs'ai]urer  contre  les  troubles  da 
dehors  par  de  judicieufcs  Alliances  ménagées  à  propos  pour  prévenir  Itk 
trop  grande  pwdance  de  certains  Prmces,  dont  la  (upcriorité  &  le  pou- 
voir (oar  toujours  pernicieux,  ou  du  moins  crès.  capabUs  de  troubler  le  re- 
pos des  autres^ 

C'est  là  tout  ce  que  nous  avons  d'Ecrits  de  Fra  PéMlè  qui  ayent  été  pu- 
bliés. Mais  comme  il  fut  employé  depuis  le  tcms  de  l'Interdit  jusqu'à  la  fia 
de  fa  v-e,.  c'eft^d.-dire ,  pendant  ûize  ans  entiers ,  à  L^pondrc  à  toutes  fortes 
de  confultations  publiques  d$f  particulières ,.&  à  donner  'on  avis  fur  toutes 
les  afFaites  d'Ecar  que  le  Scnat  eut  à  décider  de  foti  teilks^il  n'y  apasliea 
de  douter  qu'il  n'ait  lailfc  beaucoup  d.autres  chofes  ou  manufcrites  ou  im- 
iarfaites>  qui.  faute  d'avoir  été  achevées  par  l'interruption  que  kvi  cauloient 
;s  aiFaires  publiques»  n'ont  pu  être  recueillies  ou  communiquées  au  Pu-* 
blic,qui  par-là  s'en  eft  trouvé  privé.. L'Auteur  de  fa  Vie  nous  parle  entre 
i  Vi^iclP.  au^'^^s  *  d'un  Ouvrage yîrr  lapHijfwe  ik s  Princes  ,  donr  le  plan  qui  étoit  cn- 
B^p.  i42it      fre  les  mains  da  Noble  George  Contarini^iiott  tn  ccvi  Chapitres ,,  dont  it 
n'y  a»  eu  que  les  trois  premiers  d'achevés.  On  a  publié  aiifli  quelques  Re- 
marques de  notre  Auteur  fur  la  Relation  de  l'exat  de.  la  Religion.du  C  heva* 
lier  Sandys  >.  mais  qui  ne  s'x!tendcnt  qu'à,  quelques-uns  des  premiers  Chapi- 
tres^ &  il  y  a  apparence  qu'il  a  laifié  beaucoup  d'autres^  cnofcs  de  même 
nature ,  qui  faute  d'avoir  été  finies,  ont  ttt  négligées  ou  font  reAécs  encre 
lesm.iins  de  fes  amis.:  En  effet  ^  conftammem  appliqué  à  la  mcdirarion  ou 
à  la  lecture  dans  la  retraite  où  il  étoit  coi:ifiné  depuis /onaiTàHinat ,  il  eft  im-> 
l^ofliblç  qu'il  n'ait  laille  une  infinité  d'ob&rvatiôns  par  écrit.  Mais  diArait 
ar  les  affaires  publiques  fur  leiquelles  il  ne  fe  prenoit  aucune  réfokition 
s  fonavis,.  auifi-bien.  que  par  1^  commerce  de  lettres  qu'il,  entrctenoic 
avec  lesErrangçrs  &  fur- tout  avec  les  François  >  dont  ibavoit  adopte  les 
principes  for  l'autorité  des  Papes  Se  fur  1  indépendance  des  Princes  de  toute 
Suillànce  Eccléfiaitique  »  il  eft  allez,  naturel  de  croire  qu'iK  ne  finit  aucua 
40liX^  Quviagp  coaudérablc  j  que  cciu  qjie  UoéceiCrd  l^avok  obligé  ^ 


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VIE    D  E    L'  A  TT  T  E  U  K.  tXF 

compo(èr  pendant  ou  dcpais  les  di(putes  *,  &  nous  ne  voyons  point  en  effet 
par  les  lettres  ni  par  l'Hiftoire  de  fa  vie ,  qu  a  L'exception  de  Ton  Hiftoire  du 
Concile  de  Trente,  que  DeDominh  (èmble  même  faire  entendre  qu'il  avoit 
rcloiu  de  fbpprimer  >  il  (ê  foit  propofë  de  publier  autre  chofe  que  ce  que  ia 
conteftation  de  la:  République  de  Venife  avec  Rome  y&c  les  ordres  de  les  Su- 
périeurs, Tavoiest  forcé  de  laiilèr  ibrtir  de  (es  mains» 

Ce  s  t  sL cette  conteftation  que  futent  dues  les  liaifbos  qu'il  prit  avec  les- 
Trançois  y.  Se  c'eft  le  commerce  de  lettres  qu'il  entretint  avec  eux  ^  &  fur- 
tout  avec  ceux^  d'encre  eux  qui  étoient  Proteflans,  qui  a  donné  occafjon  L 
Ces  ennemis  de  le  foupçonner  d'avoir  été  lui-même  tout-à^fait  Proteflanc 
dans  le  cœur.  Pdlarjtcin  >  fur  quelques  extraits  de  ces  lettres ,  l'en  accufe  ou- 
vercemems  &c  Mr.  Amelattichzdz  l'en  juftifier  enprétendant ,  qn'iLy  a  liea> 
de  croire  que  ces  lettres  ont  été  interpolées  >  &  que  l'on  y  a  inféré  diverfcs 
chofes  étrangères,  que  Fra-Paolo  n'a>  jamais  écrites.>Mais  ceci  efl une  pure 
conjeâure,  qui  neft  appuyée  d'aucune  preuve,  &  qui  lai/Iè  à  Taccufation; 
coûte  fa  force.  Auffi  je  ne  crois  pas  qu^on  puiHè  douter  que  ce  &vant  homme 
n'approuvât  réellement  plnfieurs  des  opinions- Proteflantes ,  &  qu'il  ne  fou- 
kaitat  quelque  fuccès  &  quelque  avantage  aux  Reformés.  Mais  c'efl  en  ce 
iens  (èul  qu'on  peut  dire  qu'il  étoit  Proteflant  dans  le  cGeur,.&  il  ne  le  fut 
jamais  en  tout  au»re».  U  avoit  >  dit  l'Archevêque  dcSpaléUre  dans  fon  Epitre 
dédicatoire  à  Jaccfius  /,  un  z^letrès^lincere  pour  fake  ce^r  toutes  les  di- 
vifjons  qui  éroicnt  dans  l'Eglifê.  Dans  la  (êrvirude  où  il  voyoit  leGhriflia- 
.Bifme  réduit  ^  il  ieconduifoit  f^us  par  les  lumières  d'une  confcience.droite:» 
que  par  les  opinions  régnantes,  bt  cfuo'ujiiU  fou^u  auec  feine  cjiêon  Jéprimât: 
'iropiE^ltfi  Romaim  /iVtic  pou  voit  iupporter  ceux  qui  défèndoicnt  fês  abu^. 
comme  autant  de  ptaciques  louablts.âc  faintes.  Mais  ami  fînoére  de  là  vérir 
té-  —  ilfaiioit  proftllion  de  la  recevoir  &  de  l'embraflcr  quelque  part 
^qu'elle  fc  tcouvât.  Dkmofirava  infe  zxUJïncerijfimo  che  le  dhfiordie  Eccleji^ 
fiche  fi  componeJfero^Jn  ^nelU  CMtJviuêJertuva  in  mode ,  che  pero.  pik  con  U  rep- 
U  cottfiienzjty  che  col  cofifhfwe  conjuetofi  regolaffe^  Et  Je  bene  non  uMva  volon*- 
tieri  lefovtrchie  deprejfioni  dellx  thie/À  Romana^  nondimenoathorrivaatfca 
fiulli  che  gC  éénfi-dejfa.y  corne  fort  e  in{titMiti9ii,defendiJjfero.  Et  nekrimanente- 
ttéi  délia verftà  amico fingHlare^-JCT  £ejfa tenaciffimo sonde  frofffétva fenzji rifi 
petia  alcHno  tjnelld ,  d^^un^iue. etlAfoffe , dovtrfi  rictvire  &  attréicciare,  llfou* 
naitoitdonc  la  réfoiniatioB  des  PapeSr  &  non  leiur  dcftruâion.  Il  en  vou-^ 
loir  à  KuFS  abus  3c  à  leurs  prétentions,  &  non  à.  leur  place  II  étoit  .ennemi:, 
de  la  Supeiflicsony^mab  il  toléroit  fans  peine  les  Cérémonies.  U  condamnoit. 
hi  démangeaifûn  de.  faire  de  nouveaux  Dogmes,  &  ne  (e  fai(bit  pas  toujour»:. 
an  devoir  de  fe  foumettre  a  des  decifions  faites  trop  légèrement  \  mais  il 
ne  fe  croyait  pas  oblige  de  rompre. de.  communion  pour4e  nouvelles  opi- 
nions, qu^n  érigeok  trop  indilcrettemcnt  en  Articles  de  Foi  II  s'aflcrviC- 
fci<  fins  répugnance  a  l'jautoriié  dcl'EgWe  dans  taures  Icschofcsde  Rie 
&de  Difcipline',  mais  ileut  fouhakc  que  les  Supérieurs  EccléiiafHques.fuilent 
Qta$>  £uâks  1  relâcher  quelque,  choie,  dda  rigueur  dcs.Loix.£<DiItnreji  tt. 


.rxn  V  I  E   D  E   L*  A  TJ  T  E  13  K. 

hziSïmz  la  Pcrfifctrrion  ;  mtb  il  iiaï(2bic  aujfii  le  SchifiiR.  U  étcît  PpcnoftiSR;» 
6  c'eft  l'être  que  de  ne  pas  dcmner  aveuglémeoc  dans  coures  les  opinions 
régnantes  >  &  de  condamner  librement  les  abus  invoités  6c  Toutenus  par 
intérêt.  Mais  il  étoit  Catholique ,  fi  c  eft  l'être  que  d'aimer  fincéremeiK  h 
•pureté  de  r£gli&«  que  de  haïr  les  divisons ,  que  de  maintenir  Tordre  Oc  la 
fubordination  »  &  que  d'être  animé  de  zélé  pour  réformer  la  Religion  Qc 
non  pour  la  déohizcr.  Cétoit  dans  cette  vue  qu'il  £>tthaicoit  l'avantage  des 
Proceftans ,  parce  qu'il  croyoit  que  c'étoît  le  iêol  moyen  de  parvenir  à  une 
RéfbnDacioQ ,  qui  en  détrtntâni  la  &perflition  tSc  cette  domination  abtt« 
;five  £ir  la  Foi  des  autres ,  pourroit  rétablir  la  implicite  Oc  la  paix  dMS 
TËgliTe  Chrétienne  t  &  ramener  la  concorde  que  la  mnlriplicaripn  desnour 
velles  déciiîons  n'avoir  fait  qu'altérer  de  plus  en  plus.  En  un  mot ,  â  Timi* 
station  d'Er^/hu ,  de  Caffmder ,  de  Mr.  Je  Thon  ^  &  de  pluiieurs  autres  grands 
jiomines  »  il  étoit  Catholique  en  gros ,  &  quelquefois  Proteftant  en  détail. 
U  obièrvoic  de  la  Religion  Romaine ,  tout  ce  qu'il  en  pouvoit  pratiquer  (ans 
ibperftition  ^  &  dans  les  choies  dont  il  croyoit  devoir  s'abftenir  par  ictia* 

f»ole,il  avoir  un  grand  foin  de  ne  point  (candalifer  les  foibles.  Enfin ^^îga- 
emenr  éloigné  de  tout  extrême,  s'il  déiàpprouvoit  les  abus  des  Catholiques» 
il  condamnoit  aoifi  la  trop  grande  chaleur  des  Réformés  \  êc  difbit  natn- 

ABed«lI*$     Tellement  à  ceux  qui  le  prem>ient  de  ie  déclarer  pour  les  derniers,  ^  qtu 

I-ifc > p.  1 7-  Dieu  ne  Im étvoû pas  drnni  Pefpr'a  de  Lmher. 

Ma  15  à  cela  près ,  on  ne  peur  dé(àvouer  que  fur  plufieurs  points  Fra^PaeU 
iie  fût  fort  favorable  aux  Proteflans,  &  qu'il  n'eût  adopté  plufieurs  de  leuts 

^Ib.  p.  X5«  opinions.  ^  Bedell  depuis  Evêque  de  Kilmore  en  Irlande,  &  auparavant  Cha- 
pelain du  Chevalier  Woum  Ambafiàdenr  d'Angleterre  â  Venilê ,  &  confi- 
dent des  dtfpofidons  de  notre  Auteur ,  nous  apprend  qu'il  avoir  un  grand 
penchant  pour  la  Réformation,  &c  qu'il  fiit  très  mauvais  gré  à  l'Ambailàr 
deur  d'avoir  différé  de  préfenter  au  Sénat  ÏAdmmiùôn  du  Roi  lacmes  1  ^ 
après  la  réconciliation  de  la  République  avec  Rome  ;  qu'il  agréoit  fort  le 
Livre  des  Commutics  Prières  d'Angleterre,  &  qu'il  (è  propofoit  de  le  pren- 
dre pour  modèle  en  cas  de  rupture  encre  le  Pape  8c  les  Vénitiens  s  qu'il  s*ab^ 

mlb.  p.ii«  ftenoit  °>  en  difiuit  la  Me({e ,  de  la  récitation. des  prières  qui  s'adrefiènt  aot 
Saints  ;  que  dans  les  Confirffions,  il  tàchoit  de  rerirer  les  peupfes  des  abus  Oc 
des  fiiperftitions  qui  avoient  cours  dans  l'Eglife ,  &  de  leur  in(pirer  de  juftes 
idées  de  la  pureté  du  Chriftianifine  ;  en  un  mot,  qu'il  eût  fort  louhaité  avoir 

n  n>.  p.  t;«  Quitté  VeniÎTe  pour  pafièr  en  Angleterre ,  ^  mais  que  fa  fituacion  ne  lui  lai(^ 
(oit  pas  efpérer  d'obrenir  jamais  cette  liberté  du  Sénat.  Voilà  ce  que  nous  ap- 
prend Bedell^  Se  qui  eft  a/Ièz  conforme  â  ce  que  nous  favons  d'ailleurs  des 
difpofitions  de  Fra-Paolo. 

En  effet  on  voit  par  plufieurs  de  fes  lenres ,  qu'il  (buhaitoit  extrêmement 
le  progrès  de  ia  Rétbrmatîon ,  mais  d'une  nuniere  nn  peu  différente  de  celle 

ê  Lett.  an     dont  on  s'y  étoit  pris  pour  la  procurer.  *  Tapie  beaucoup ,  dit-il  dans  une  de 

1  o  J  uUl.      fc$  lettres ,  U  deffe'm  épia  Mr.  CiUu  de  met$re  oh  jour  Us  Libertés  de  tEflifi ,  mm 

'^^         pas tam  GéUksne  > qtêVmverfiUi.  ^lehitrt Dim vemil  dms  çefiicle  énindrê 


r 


V  I  E  D-  E;  L*  A  U  T  E  U  K.  rxim 

\é'  Tyéumii ^pétr  dis  moyens  fftits  dmtx  ^  ceux  tpimta  tfntés  par  Uptfé.  Ce* 
lui  (jni  M  commencé  dejetter  les  fondement ,  na  f  as  fini  îomfragt,  Qgt  fait  fi  em 
çmnmenfatttpay  le  mit  ^  comme  on  fait  k  pyéfinty  tefftf  nenfira  pas  mediiur} 
On  pem  l* obérer  yfi^DieHbmirHenerepr^.  Jefirai  ravi ,  dit-U  ckms  uorc  autre ,. 
'^dapfrindre  qua  les  patres  des  Jt^onnest  fi  raccommodent ,  parce  qm  cefi  ce  t  Lett.du  £ 
^il  y  a  de  boff  dans  k  monde.  JSfom  avom  ne»  jinéaffadiur  à  Paris ,  écnc*k  en-  ^^^  i  ^  t'  *. 
core ,  ^  f  iM  cherche  a  donner  lét  pli»  manfisaifi  idée  ^d  pem^  des  affairer  des  Ré-  q  Lett.  Jii 
formti ,  &  cela  afin  Jlcmpkher  scilngens  di^ien  de  prendre  Qomragti&  il  re-  3o  Août 
Ufut  les  affaires  des  Papifirs ,  ce  (fuifait  use  très-manvais  effet  ^mau  m  fijpnu  re-  '  '  ^' 
midiar.  Dans  plu/teurs  autres  lecxres  qd  voie  qu'il  (c  ré)Oiii(lbtt  excrémearcnr 
de  COBS  les  fiicGè^desRcfbcmés  de  France,  &  qujl  kur  fôuhaicoît  de  nou^ 
iMaua  a.vaacages  >  comme  atEes  au  pcagrès  de  là  vérkd  La  emfervaUm  dk 
SMly  900  plaît ,  dk-il',  ^  4>  catê/r  diifieppart  (pi en  pewaem  recevoir  les  Mif^rmiu  r  Lett.  àa^ 
llfatêt  ^  les  Hê^ncnaos  frfaffent  refpeSer ,  &  ils  feront  bien  de  nejipointlafi  *^  I^cc. 
Jir  de  demander y^amant  pbts  epu  tonr  a  qi^iU  ohiesedrom  feréo  pour  Ufirvict  ^  '^> 
dà  Dien^&  Fntilitâdn  Roi..  Jrfirois  tien'  aifi  de  Jkvnir y^^joate^t-il y^  fi  /^î/Lctt.  duï 
Mmic faoforifi  Condé,  &  s*it  j^afneéftte  e/p^anea  ^  InM^ormés  obtiennent  '♦  A^'^' 
ffiâlqms  meiHenres  c/mdiùans  pour  les  affaires  dà  Roligian  y  parce  ^  défi  ctép» 
jfjçedsaiu  d!n;antageyperfitadé(fMCGeiafirviroitafaire  entrer  VEvangUiem 
l^b.  Caft<V/i(  j»  aagmrrcemhaiir^  tçm  ira  bien- poser  la: ReUgiott.  y,  &  défi  ^^L'ett  Jv* 
^  Samecrmm  ^.MJttijuifitian  ceffira,  &  fEvangiie  auraconrr^  Crc^z>nm  5*1^^"^ 
OAdQÎ&iCdlic  aufiacaïvant,  ^ iljpa.mfff^andnombrerdhyfocritefreM  JktÙo,& nif^^l^^^^  ^^^ 
foyez,  pas  fkrpris  cfu^ils  ferment  les  yeux  a  la  lumière ,  pmfqiiils  les  ont  toujours  16  Août, 
ftrmèo  à\[d>vmié&  anvenr  MRmAfot.Eam%mQnyil  vegacdctc la&éfbnna-^  i^a». 
ciâfi-  acimme  la  (tvà  moyen  diabatâèr  Roroe,  &  Ëafa^iiltmeot  de  Honw 
comme  l'unique  voie  de  &ire  rcfkurir  la:  poceté  de  la.  Religionu  IL  tiyér^ 
rien  de  plus  effcntiely,  dîr-il  y^fte  dr  ruiner  k  cridk  des  Jéfmtts.  EnUrrui^  xVctt  cfà 
nant  onruine  Rome^i  &  fi  Rome  eft  perdue ,.  la*  RHiffûn  fi  reformera,  d^-  5]ùiL  i^u. 


Tous^ces  traits  macquent  nst  aflèr  gr^md  prarbant  paur  len  RéfofmdSr. 
S&  on  obfêrve  h  n»me  ehofe  dons  ce  qu'il  dit  des  prédicatîons  dirV^^FuU 
ffncOy^doQi  il  rapporte,. qu'il  avoÎD prêché  la  vérité  avec  coniiance^  r  &j^L'ett;diiT77 
qtr'il  avoit  condamtsé  rignorance.  de  ceux  qui  fe  œpofoicnc  dé  la- Foi  fiir  ^^  ^^f** 
bspaaoles  des  autoes y  malgré  la connoiffiiice:  qne  chacun-devok  avoiir  dt  ^^^J. 
&m  propre  dévoie.  Ceci  revienc  Lïsw  noir  ramorté  dafns  la  Vâe.de  Bedlrll , 
>*^îrdif  que  le  I?.  F/i/j^/»:^  s^énanr  demandé  dans  unSesmon^r^^^  dôêoif- zBeieJfÊ^ 
jpw  lac  vérité  9.  répoiodk  y, ijmd  Caooit  enfin  traufsépy  9i  cfiœ  vetatix^^m  un'Life»p*i^««^ 
liLT.  il' dit ,  iped  loitenoit  dwnfiimaim^  >iite/,afbucarC- il  rea  remet  tant  rOiH- 
uroge  dans  fa  poche,  c»  Livre^efi^difindu.XLo  fnrentxes  fortesideppedioatioiis^ 
qiii  tirentque  la  Nonce  n-bmit  rir»^  pourf^it^  mcerdire.lrPtédkatcniii^com'^ 
me  Uccéciqnc »  parce  que»  fclcm.  la.  pkance  dt»  P^ipr-y  c'étotc  une  cbo(ê  iiifV 
Biâblqwe  db  prêcher  1  Eccititce,  âs^  qBc^i^étoir  vcMoir  rainer  Ik  Foi^Caftbo^ 
IqiK  ,jqtte;dr  s-'jjtaccadicrccop  can3hemmt..Mai«^ecttropp<»(kiotpdH-N<ikira»: 
<gietvifcqBajaekKcc:dawngag».l^ 


ixiv  V  I  E   D  E    U  A  U  T  E  U  R. 

ailuce  dans  une  de  Ces  lettres,  qu'il  Ce  crouvoic  quelquefois  à  C^s  Sermons 
fufqu  a  fix  cens  perfonnes  de  la  Nobleflè. 

C  o  M  M  £  ces  (êntÛDens  du  P.  Fidgence  peuvent  (êrvir  à  nous  faire  mieux 
connoicre  ceux  du  P.  Paul  dont  il  les  avoir emprunrés,fajoucerai  un  autre 
trait ,  qui  nous  inftruira  encore  mieux  des  difpofiûons  de  lun  6c  de  laucrc 
#|Kelat,  à  regard  des  Réformés.  *  Un  Docteur  fiuncomt^  qui  chargé  de  la  conduite 
de  quelques  Seigneurs  Anglois  fe  crouvoit  â  Venife  après  la  mort  du  P.  Paul  ^ 
y  étant  tombé  malade  &  paroiflànt  tout-à*fait  abbactu»  ie  F^Fulgence  lui 
demanda  la  cau(ê  de  fon  accablement  &  lui  offrit  tous  (es  fervîces.  Le  Doc* 
teur  avoua  ingénument  au  Père  »  qu  il  avoir  toujours  demandé  à  Dieu  la 
grâce  de  mourir  dans  un  endroit  où  il  pût  recevoir  le  Sacrement  (èlon  Tu- 
lage  de  TEglife  Anglicane,  c*eft-à-dire  fous  les  deux  Efpeces,  &  que  m^lheu*' 
xeufement  il  fe  trouvoit  fans  cette  eipérance  dans  le  pays  ou  il  îè  trouvoit. 
Ce  qui  eût  été  une  difficulté  pour  un  autre ,  ne  le  fut  pas  pour  le.  P.  Fêdgence. 
Il  eut  bientôt  confolé  le  Docteur ,  en  lui  difànt  qu'il  avoit  les  f^çteces  Com- 
munes en  Italien ,  &  que  s'il  le  (buhaitoit ,  il  viendroit  lui*mêmé'49€C  quel- 
ques-uns de  Tes  Confrères  lui  adminiftrer  la  Communion  fous  les  deux  EA 
peces;  d'autant  plus  qu'il  y  avoit  encore  dans  /on  Monaftere  (cpt  ou  huit  des 
Difdples  du  P.  Pad ,  qui  s'adèmbloient  de  tems  en  tems  pour  recevoir  ainfi 
le  Sacrement.  C'eft  ce  que  le  Dr.  Duncomh  rapporta  â  Mylord  HéUton  à  (on 
iretour  en  Angleterre,  &  ce  que  l'Evêque  Anerhitry  attefte  avoir  appris  de 
la  bouche  du  Capitaine  Hmon ,  qui  l'avoir  entendu  dire  plu(ieurs  fois  à  (on 
perc. 

Mais  ces  traits  &  pla(]eurs  autres,  qui  nous  montrent  les  di(po£tions  fa- 
vorables de  Fra^Paolo  k  l'égard  des  Proteftans  Se  (on  penchant  pour  plu- 
(leurs  de  leurs  (èntimens ,  ne  prouvent  pas  qu'il  fût  Catholique  par  hypocri- 
(le  ',  mais  Gmplement^  qu'il  approuvoit  ce  qu'il  croyoit  bon  &  véritable 
dans  les  autres  Communions  \  Se  qu'il  n'étoit  ni  de  ces  Théologiens  rigides , 
<jui  faifant  confifter  TOrthodoxie  dans  une  (bumiflion  aveugle  à  toutes  les 
opinions  de  leur  Parti ,  damnent  impitoyablement  tous  ceux  qui  s'en  écar- 
tent dans  les  moindres  points  ou  dans  les  moindres  pratiques  ;  ni  de  ces  Pro- 
teftans zélés ,  qui  croyent  que  la  tolérance  d'un  abus  ou  d'une  erreur  eft  un 
péché  irrémifliole  ,  8c  qu'on  doit  fe  féparer  de  toute  Communion  dès  qu'on 
Y  connoit  quelque  chofe  de  répréhendble.  Ces  deux  extrémités  lui  paroil^ 
loient  <igalement  vicicufes ,  Se  il  crut  que  le  pani  le  plus  (âge  étoit  de  les 
éviter  Tune  &  l'autre.  D'un  côté^  il  condamnoic  une  multiplication  indif* 
crerte  de  nouvelles  décidons  *,  &  de  l'autre ,  le  zélé  outré  qui  préfcroit  un 
Schidne  i  la  tolérance  de  c^elques  abus  Se  de  quelques  erreurs.  MMflier 
h  Lett.  du  les  jHrticles  de  Foi ,  dit-il  dans  une  de  (es  lettres^  ^  &Jpecifier  ce  ejui  ne  Vejl 
1 1  Fcvr.  ^oint  dans  P Ecriture ,  ceft  donner  dans  les  ohm  faffes  ,  en  ne  laijfant  pas  dans  le 
*^^*  doHte  ce  qui  y  a  toujours  été.  T/ù  entendu  dire,  que  les  yirticles  de  Foi  font  réglés, 

&  que  qui  ne  les  croit  point  eft  un  Infidèle  ;  mais  que  qui  les  multiplie  &  fi  fepare 
des  autres,  eft  un  Seflaire.  Mais  s'il  condamnoit  cette  extrémité,  on  voit  qu'il 
ne  défapprouvoit  guéres  moins  l'autre.  V édifice  de  PEglife  de  Dieu,  dit- il 

ailleutS| 


VI  E    DE    L»  AUTEU  R.  wr 

ailleurs,  5  éfuoîtft$e  titi  par  mfig^dnd  Architefle ,  4  toujowrs  cfuel^uis  imperfèc-  ^ ^^^'  <•«  4 
nons  par  le  défaut  des  matériaux.  PofirvH  ^ne  le  fondement  Joit  bon  ,  nous  devons  ^^"*  ^•o^* 
tolérer  les  autres  fmaes ,  &  les  regarder  comme  desfoihleffes  hiemaines.  Dans  le 
firviee  de  Bien  y  diz'il  encore,^  je  fais  ce  cpte je  fiù^nuùstoitjomrs  plein  de  crainte  dljtttÀ^ 
de  faire  qiêelfiie  chofi  hors  de/aifàn  y  &  d'empêcher  par-làifuel^Hechofe  de  mienx^  »^  Mai 
Le  P.  fidgcnce  fait  de  même.  Noos  ne  devons  pas  nous  tromper ,  mais  attendre  *^^^' 
êom  etenham. 

Ce  fut  dans  des  difponcbns  fi  modérées  qu'il  paflà  le  refte  de  (à  vie  >  & 
^u'îl  (t  prépara  infènfiblemenc  à  la  mort.  Une  (ànté  naturellement  délicate  » 
de  longues  infirmités ,  une  application  conftante  à  l'étude  y  6c  la  fatigue  d'un 
Caraâere  public  qu'il  eut  a  fontenir  depub  l'affaire  de  l'Interdit  >  ôc  qui 
rexpofoit  aux  entrcpri(cs  &  aux  violences  de  Tes  ennemis  >  l'y  di(po(bienc  de» 
puis  long-tems^  &  H  envifagea  (à  fin  avec  une  fermeté  &  une  tranquillité, 
qui  découvroient  l'innocence  de  fa  vie  &  la  pureté  de  fes  intentions.  S'il  eût 
été  coupable  d'hypocrifie,  comme  l'en  acculent  fes  ennemis  >  les  approches 
de  U  mort  euflfènt  fait  tomber  le  mafque,  8c  on  eut  vu  un  homme  inquiet,- 
agité,  ôc  noyé  dans  les  frayeurs  Se  le  c^fefpoir.  Si  fa  Religion  n'eut  été 
qu'un  déguifement  criminel ,  &  que  Proteftant  de  cœur  il  n'eût  paru  Ca« 
cnolique  que  par  politique ,  la  mort  eût  décelé  (es  véritables  (èntimens ,  8c 
iès  regrets  nous  euilènt  inftruits  de  (ts  diflimulations  précédentes.  Mais  rien 
de  tel  ne  pàroit  dans  (a  conduite ,  8c  l'Auteur  de  ù  Vie ,  confident  de  (es 
plus  fecrettes  di(pofitions ,  8c  témoin  des  moindres  drconftaiices  de  fa  morr» 
nous  fait  connoitre  par  la  fimplicité  de  Ces  dernières  démarches ,  que  la  te* 
âeur  de  fa  conduite  précédente  avoit  été  l'effet  de  fa  modération  en  ma- 
tière de  créance,  &non  d'un  déguifemenc  hypocrite  qui  lui  eût  fait  difE- 
muler  Ces  véritables  fèntimens. 

Ce  fut  dans  le  courant  de  Tannée  mdcxxii  ,  qu'il  commença  à  fèntir  lei . 
premières  atteintes  du  mal  qui  le  conduifit  au  tombeau.  «  Surpris  d'une  flu*  «^it.  ici?. 
jdon  accompagnée  de  fièvre,  qu*il  négligea  d'abord  faute  d  en  prévoir  les  ^'  f*  *^'^ 
confëquences ,  il  connut  bientôt  à  la  diminution  de  fès  forces ,  qu'il  appro- 
àiok  infènfîblement  de  fa  fin.  Cette  vue ,  au  lieu  de  le  remplir  d'allarmes , 
ne  fît  qu'augmenter  fà  tranquillité*,  8c  tout  le  changement  qu'on  remar- 
<}ua  dans  fa  conduite ,  ^fut  qu'il  s'occupa  moins  de  les  études  8c  des  afFai*  /'Ib-P*^^^ 
les,  pour  fe  livrer  prefque  entièrement  i  la  méditation  des  chofes  faintcs 
&  au  paflàge  de  l'éternité.  A  la  rcfèrve  dès  momens  qu'il  ne  pouvoir  refu- 
fo  aai  affaires  publiques  fur  lefquelles  il  étoit  régulièrement  confulté ,  tout   .  . 

le  relie  étoit  confàcré  i  la  méditation  &  à  la  prière.  Il  avoit  perdu  le  goût 
pour  toute  autre  chofe  s  &  fl  quelquefois ,  t  par  un  refte  d'inclination  pour  g  ib.  p«z^f  • 
les  Mathémariques  8c  l'Aftronomie,  fbn  efpnt  rrouvoit  encore  quelque  fa- 
risfaâion  à  sV>CGuper  de  ces  connoidànces ,  ce  n'étoit  que  par  une  forte 
dediftraéHon,  qui  cédoit  bientôt  à  des  réflexions  plus  fericu(es  8c  plus 
importantes. 
:  DetachI  aiafi  de  la  vie  par  Qp  long  atfbiblif&ment  qui  le  menaçoic; 
Tmn  L  i 


le 


Lxvi         VIE  DE   U  A  U  T  E  U  R. 

d'une  prochaine  diflblucion ,  il  en  prévenoic  les  momens  pat  de  fréqocti^ 

liVit-delP^  défirs,  **  &  on  lui  encendoic  fou  vent  répéter  ces  paroles  du  faint  Patriarche 

Paolo ,       Simcon  :  Seigneur  ,  lajjfvz.  aller  voire  fcrvitewr  en  peux.  Cette  paix  effcéiivc* 

^       *        ment  Tacconipagna  jufqu'aux  derniers  momens  de  fa  vie  >&  Ton  n'envi(à-* 

zea  jamais  la  mort  avec  phis  Je  réfolution  &  de  férénité.  Mes  amis ,  di- 

loit'il  fou  vent  â  ceux  qui  Tapprochoient  ^  me  voici  bientôt  à  Ujin  de  mom 

voyage  \  Se  un  jour  qu'on  lui  pailoit  de  quelque  affaire  du  Monaftere:  Cejt 

à  vous  y  répondit-il  ^  ày  pen/èr ,  car  pour  moi  Je  n'y  ferai  plus.. 

I L  alla  ainfl  toujours  en  affbibliflanc  jusqu'au  commencement  dt  Tam 

Xb.p.  300.^  MDCXxiu  )  qu'ayant  reçu  les  comphmens  de  la  nouvelle  année ,  ^  il  dit 

nettement  que  ce  feroit  pour  lui  ia  dernière.  Il  touchoit  en  effet  à  (es. 

derniers  momens.  Le  ûxde  Jmvier  jour  de  L'Epiphanie»  malgré  l'augmetH- 

tation  de  (on  mal  y  ayant  poudé  la  complat(âncc  jufqu'à  (è  rendre  au  Sénat». 

où  il  étoic  appelle >  il  en  revint  routepuifé;  &  (entant  Ton  accablements. 

â  l^  p  )ox»  Tai  tach*  de  vous  confoler ,  dit-il  â  (es  amis ,  ^  aHj[i  longtems  ^tiilm'a  hé  p^Jfi^ 

ble  i  à  prifint  ^ne  je  nen  fuis  plus  capable  ^(^ejt  à:  vous  à  me  rendre  He-mwe  offcf.. 

Le  Dimanche   8  de  Janvier  il  ne  làifla  pas,  tout  accable  qu'il  étoit^ 

de  (è  lever  pour  cdcbrerla  Mené;  endiite  de  laquelle  il  s'en  alla  >  com?* 

me  à  Ton  ordinaire ,  prendre  (on  repas  avec  les  autres.  Mais  c'étoiem  Ics> 

derniers  effons  d'une  nature  prefque  éteinte ,  &:  qui  (c  roidi(Tbit  contre: 

la  force  du  mal.  Après  avoir  étc  (urpris  '  le  Lundi  d  une  foibleflè  qui  (it  craioh 

Ib,p  301..  jj.ç  pour  (a  vie  ,11  fe  prépara  le  Jeudi  à  ("on  dernier  moment  parkdemaii^ 

.       de  du  Saint  Viatique  ,  ^  qu'il  reçut  avec  des  ftntimcns  de  foi  ^  de  picié  6c 

^    ^^^^'  de  rédgnation  y  qui  firent  admirer  la  religion  »  Se  tirèrent  des  larmes  de  toua. 

les  fpeâbaceurs. 

PLNi.AKT  toute  cette  (èmaioe  y  qui  ne  fvLt^  pour  ainfi  dire ,  qnlme  Îdat 

01e  défaillance ,.  il  ne  l'aiflà  pas  de  recevoir  (ds    amis  â  fon   ordinaire  ^ 

^  les  entretenir  »  de.  les  con(oler ,.  &  dcles  pr<îparer  à  une  (cparation,  qu'ils 

&voit  leur  devoir  être  très-(ên(ible..  Il  répondit  même  aux  con(iilrationa 

du  Sénat  ju(qu'au  dernier  jour  de  (à  vie ,  avec  une  prclcnce  d!e(prit  q^i  noar-. 

2uoit  la  tranqnillité.  de  fon  ame.  Le  Samedi» qui  fut  le  jour  de  (â  mort^îli 
:  (Tt  celire  comme  les  jours  ptécédens  Ta  Oaûion  de  Jefus-ChriH  (elon  S». 
'Aïky  parla  de  fcs  mi(eres  &  de  la  confiance  qu'il  av^c  dans  le  (àng  de: 
:li]s-Chiifl:  )  donc  il  releva  les  mifedcordcs.  Se  nr  croître  tant  d'hnmi^tér 
de  confiance  >  que  chacun  en  fur  également  édifié  &  atcendrL 
tilbip»|i3«.    Lorsqu'il  eut  appris  du  Médeçia  qu'il  ne  paflcrott  pas  la  nuit:  ^Diem 
fiit  /#M^, dit-il.  f agrée tota.cofêiil  Im  plàit.  Puis,. après  avoir  pria. quelque: 
partie  de  ce  qui  luiavoit  été  ordonné ,  ^llezrvous  en ,  dic-il<iu  P^  Futgencet» 
tk       g  ^ff^  rejk^plns  à  me  voir  en  cet  état..  AtUz^  vom^repojer^  tandis  tftà^jie  ni  en  retoetr^ 
'''^    ^  nerai  a  Dten  ek  qtû  ttons  fommes  tous  ventés,  Au  lieude  lui  obéir  »  IcP. J^nlget^^ 
«If  fit  avertir  la  Communauté»  quife  rendit  auprès  du  monraoc  pour  faire, 
ks  prières  ordinaires,  qu'il  ne  put  accompagner qu'en^ e(prit  >  a-àjFaot  plus; 
jptiâ  que  i^ut  dite  ces  j^aialcs^.fj^  ^$Méî^$^cz:éu»itlk.x  ce  qi^  Vçtit 


VIE    DE    L*  A  UT  EUH..  Ltvti 

mtctftéti  d'une  prière  qu'il  faifoit  poift  la  con(èryation  de  la  République. 

Alors  les  bras  en  croix,  p  &  les  yeux  accachés  (ur  fon  Crucifix,  il  rendit  pyi^  j^p 

fime  à  fon  Créateur,  Se  termina  (àinrement  une  vie  confommée  dans  Tin*  P.  p.  31^.  * 

fiocence ,  employée  au  bien  public  ,  expotbe  â  Tenvie  &  à  la  violence ,  Se 

fidie  dans  la  paix&  la  li  iiplicicé  J'une  ame  jufte,  qui  fe  repofe  (ur  ia  bonté  de 

Dieu  Se  rob(êrvation  de  fcs  Loix. 

A  iNsi  mourut  le  P.  Paul  le  r  4  de  Janvier  mdcxxiit,  dans  la  (bixante  &  on->> 
sieme  année  de  fon  âge ,  épuiCé  de  travaux ,  &  comblé  de  mérites  aux  yeux 
lie  ceux  qui  ne  (çaventeftimer  dans  les  hoiiunes  que  ce  qui  eft  véritablement 
cftimable ,  ;e  veux  dire ,  la  fcience ,  la  fageflè  »  8c  la  vertu*  Ennemi  dr  tout 
ce  qui  flatte  l'ambition ,  il  ne  fit  ofàge  de  Ces  grands  calens  que  pour  Tuti^ 
licé  des  autres,  &  non  pour  fa  propre  élévation.  Chargé  d'in/ures  A:  de  ca- 
lomnies par  ceux  qui  défendoient  les  prétentions  de  Rome  contre  les  droits 
de  la  République,  loin  de  rendre  perfbnali  tés  pour  perfbnalités  dans  une 
itfl&ire  où  il  n'étoit  queftion  q^de  l'intérêt  public,  &  non  du  fien  propre  » 
il  ne  fongea  pas  même  à,  vcnfk  (a  propre  réputation ,  déchirée  contre 
Mutes  les  loix  de  la  juflice  Se  de  la  bienféance.  Accufè  d'Héréfîe  parce 
qu'il  s'étoit  élevé  contre  des  prétentions  abuflves,  il  fut  juftifier  (a  foi  non  par 
varaflervifFemefit  flatteur  aux  vues  ambitieufès  d'une  Cour  entreprenante  » 
m  par  une  fbnmiffion  crédule  Se  aveugle  â  toutes  les  opinions  que  le  pré- 
jogé  aroit  érigées  en  Dogmes ,  mais  par  une  conduite  également  éloignée 
de  /uperftition  Se  de  révolte. Sans  iê  prévaloir  delà  proceétion de  (es  Soa« 
teraifis ,  il  ne  chercha  point  à  venger  les  attentats  faits  fur  (à  vie  ^  &  il  eut 
alitant  d'attention  â  couvrir  ces  (candales  &  â  (buftraireles  Auteutsâlapu- 
lotion  qa'ils  méritoient ,  que  d'autres  en  auroient  eu  a  la  leur  faire  fuoir. 
Relirieux  (ans  fuperftition  ,  il  Ce  foumit  avec  la  fidélité  la  plus  fcrupuleu(è 
tcoL  loiic  Se  aux  pratiques  les  plus  aufteres  de  la  Difcipline ,  (ans  y  mettre 
me  confiance  pré(bmptueu(ê  ^  Se  quelque  prétexte  plaufible  que  lui  of^ 
6iScnt  (es  infirmités  Se  (es  occupations  pour  s'en  di(pen(er ,  il  (e  m  toujours 
Qoe  loi  inviolable  de  sy    (bumettre ,  aatant  peut-être  par  la  crainte  de 
£»idalifer  les  fbibles ,  que  par  l'idée  qu'il  eut  de  leur  nécef&té  ou  de  lettr 
perieéfcibn.  Auflî  dur  pour  (oi  que  charitable  pour  les  autres ,  il  ne  s'accor- 
da jamais  d'autre  plaint  jque  celui  qu'il  recevoir  de  la  fociété  de  Ces  Amis  ^ 
te  (es  mœurs  furent  fi  pures ,  qu'il  ne  donna  pas  même  la  moindre  pri- 
tt  aux  (bupçons ,  quelque  attentive  que  fut  la  malignité  pour  en  former 
à  fi>û  préjudice.  Sopérkur  par  fon  mérite  aux  Dignités ,  il  pafia  par  celles 
de  (on  Ordre  (ans  les  avoir  ambitionnées  %  Se  dédaigna  de  s'élever  à  d'au- 
tres par  des  complaifancc^  (erviles,  ou  par  de^  moyens  encore  moins  hono- 
rables que  h  complaifiince.  D'un  défintérefiement  à  toute  épreuve,  on  n'o(a 
pas  même  tenter  u  fidélité  pour  fa  Patrie  -,  ^  &  dans  le  tems  que  par  des  f  Lett.  iu  6 
ptomcfic^  Se  des  efpérances  on  travailloit  efficacement  à  cof rompre  ceux  I**^^*  *^^^« 
que  laRérablique  a^^it  chargés  de  la  défenfe  de  (es  Droits ,  l'opinion  tf op 
contme  de  (a  vemi  àca  même  jufqu'à  l'cavie  d'y  porter  des  attaques ,  loin 

iij 


xxvm        V  1  E    D  E    L'  A  U  T  E  U  R. 

de  laiCTer  la  moindre  efpérance  de  la  vaincre.  Modefte  juiqu'au  (crupiilc> 
loin  de  drer  avanc^gede  Ces  calens  pour  s'en  élever  aux  yeux  des  autres  >  ce 
n'eft  qu'à  la  grackude  de  (es  Amis  qu'on  doit  la  connoiflànce  de  les  progrès 
dans  différences  forces  de  Sciences  >  &  des  décou ver  es  qu'il  y  avoir  faices^ 
toujours  auffi  facile  à  communiquer  ce  qu'il  avoit  appris  y  qu'indifférenc  i  la 

Sloire  qu'il  eût  eu  pour  lui  d'en  êcre  reconnu  pour  l'invenceur.  £n(êveli 
ans  une  letfaice  à  laquelle  Ton  incUnatioiv  l'accacboic  aucanc  que  fa  profe(^ 
£on,  U  fur  également  ea  forcir  locfque  fe&  fervices  furent  nécedàires  à  à 
Patrie,  &sy  renfermer  avec  pUiûr  lorfqu'il  n'eut  d'aucres  mocifs  pouren 
iorcir  que  de  vivre  plus,  au  large,  ou  de  s'émanciper  de  fon  écat.  STil  parut 
quelquefois  dans  (es  écries  un  peu  trop  de  malignité  ou  de  fatire  ,  c'eft 
moins  une  faute  en  lui^  qu'en  ceux  qui  Ty  provoquèrent  par  leur  malice  > 
j&  lui  en  fourairenc  tant  de  fujets  par  leurs.maximes  &  leur  conduire.  En  ua 
moc  y  s'il  oe  fut  pas  (ans  quelques  dcfaucs ,,  ils  furent  légers,  &  efiàccs  par  de 
grandes  vercusv&  puifque  Rome  dans  le  fore  de  (à  colère  n'eue  à  lui  objeâer 
d'aucre  crime  que  celui  de  (a  réû(lance  à  fcil|précen rions  abuiives  ,  l'accnfa* 
l»on  de vienc  fon  éloge  y  Se  pour  canoniser  ù,  conduite  il  ne  faut  d'autre  jufti«< 
ficacion  que  celle  qu'il  reçoit  de  (es  ennemis^  > 

,   Qu  A  N  o  on  ne  le  connoitroic  que  par  ks  Ecrits ,  on  ne  pourroir  (e  for-* 
mer  de  lui  qu'une  grande  idée.  On  n'y  rrouve  poinc ,  â  la  vérité ,  cette 
pureté  d'élocutioa  ou  cette  élégance  de  flyle ,  qui  fait  rechercher  un  Livre 
par  le  (èul  pUifir  qu'ily  a  de  le  lire  Mais  en<  récompenfè  on;y  voit  utLacr^  uw 
erdre^un  choix,  une  précHion ,  &  une  érudition  pUcée  &à.propos,.qu'on.  ne 
peut  prefque  fe  déftndre  de  pcnfer  comme  l'Auteur.  Jamais  homme  ne  fut 
mieux  digérer  une  matière,  &la  repréfènter  dans  fon  vrai  jour.  Ceft  um 
Auteur  qui  plait  fans  afTcâer  de  chercher  à  pkirc  ,.q]ai  raille  fans  groffiere* 
té  ,  oui  triomphe,  fans  infulter,.  qui  fans  (è  parer  d'une  6u(Iè  drudicion ,  en^ 
iâir  placer  par-tout  une.  véritable  v  qui  eft  libre  fans  libertinage  >.&  circoni^ 
fcSt  fans  KypocriCe  *,  q^i  attaqpe  fans  colère  y.  Se  Ce  défend  fans  anKrtume  su 
trop  éclairé  pour  Cs  (bumettreà  de  fimples  prjéjugés  ,.&  trop  retenu  pour 
s'^ilever  contre  les  régies  ;  qpi  n'écrit  poinr  par  la  vanité  d'étoe  Auteur  om 
de  fe  faire  un  nom ,  mais  pour  le  plaifir  de  fervir  le  Public  ou*  de  lai  erre; 
i|tile  'y  également  verfé  dans  THiftoire  (âcrée  &  prophane  ;  afl^z  jnAruit  de» 
la  Théologie  pouren-cennoitre  le  véritable  ufagc^ât;  enméprifer.les  (vbti^* 
lires  vfi  au  fait  des  Loix  &  4c  U  Pifcipline  ancienne  ,  q^e  Iqs  abus  pcéfcnsne^ 
ppuvoien&  liû  en  impofer  ;  également  éloigné  de  méprifct  les  Ëeres*  Se  dei 
Wregarder  comme  des  Ora^cles  infaillibles  y&  contenant  dans  ccttcmefure^ 
de  (àgede  qui  (ait  ignorer  fans  honte  tout  ce  quILae.  nous  appartient,  m  ne*, 
nousinupojte  de  connoitre,.&  quincdonnt  point  fés  i^agit^rions  pour: 
autant  de  vérités  qui  fadènt  pairie  de  la  R^ligiotv;  aïïèzimpartialpour  laccî-^ 
fier  les  préjugés.dp  Parri  à  la  vérité ,  Se  a(Ièz  na^ddré  ppur  Qcpàs  épou(êr  uw.  ; 
9ar(i  contraire ,  parce.  qu!it  ae  pouvoit  approuver  tout  ce  qui  Te  faifpk  dans;.» 

lE;iieJDk;.caunjD[ipt)^uii  hQnHxie:qaiiàictcmf  ui»)}|fitmilicu.^^ 


VIE    DE    L*  auteur:  ix» 

.«fil Mpofifes  ^  Catholique  9  fans  ruperftkion  Se  fans  fervinide;^  Réformé, 
.£uis  ichifme  Se  fans  excès  s  ne  rcjcrcant  pas  le  bien ,  à  caufe  de  quelque  mé- 
lange ic  mal  î  con<lamnanr  les  abus  >  fans  condamner  les  pratiques  ou  loua»- 
;t>les,  ou  indifférences  'y  ennemi  de  tout  e(prir  de  domination,  fur  la  foi  des 
•jaucres  >  fans  être  ennemi  de  la.fnbordination  *^  oppofé  à  la  perfëcution ,  par- 
,çc  qu  elle  eft  oppofîî  elle-même  à  Tefptit  deFEvangile  -,  ne  montrant  de  zélé 
«que  pour  la  vérité,  &  d'attacbemenr  que  pour  la  vertu  v  8c  donnantà  tous 
les  Auteurs  un  modèle  parfait  de  lamaniere  dont  ils  doivent  écrire ,  &  de 
l'atrention  qu'ils  doivent  avoir  de  ne  point  affoiblir  leur  caufe  6c  leurs  rai<^ 
fons  par  utt  mélange  de  perfonalités  >  qui  ne  montrent  que*  la  colère 
4'un  Écrivain ,  6c  non  la  jufticc  ou  la  folidité  des  opinions  dont  îLa  pris  ja 
,défenfe. 

;.T£L  fut  Pr4*P4o/tf  dans  iès  Ecrits  ):&Fèftime  qu'en  ont  toujours  fait  les 
Savans,  montre  bien  qu'il,  n'y  a  riend'exagéK  dans  le  jugement. qu'on  ctt 
vient  déporter.,  Cen'cfl  pas  à  dire  pourtant ,  qu*il  n'y  ait  rien  abfolumcnt  i 
cenfîirer  dans  fès  Ouvrages.  Mais  les  ^utes  en  fbnt  légères  ,  en  comparai- 
(bn  des  perfeâiens  ;  &  s'il  lui  arrive  quelquefois  ou  de  s'écarter  de  la  vérité 
en  quelque  point ,  ou  de  juger  trop  peu  favorablement  des  aélions  ou  des 
mtendons  des  autres ,  ttTônt  de' ces  impèffeâ^diâ  Won  ne  fauroit  attri- 
buer qu'à  la  foiblefTe  tnctif relie  dp-l'homme*>*&'quvne  diminuent  que  peu 
b  prix  des  Ouvrages ,  iorf^ue*  tesxlléfaats  fom  cx^oyerts  par  des  beautés  auflî 
«fIciKiclles  que  ccUcs  qui^tégncnt  (lansles  fjtn^.  :  '  - 

L  E  P.  Panl  ctoit  dîuiîe  tiillà  mfidiocrc.^'  Il  ixvoirla  tête  ronde  6c  bien  fi-  rVît.  délit, 
gurce ,  mais  groflè  par  rapport  aw  rcflc  du  corps  v  un  fircmt  large ,  6c  cou-  I^«E-^^î» 
pé  dans  le  milieu  par  une  veine. grade  d*ùn  dôigc  ;  de  beaux  fburcils  ;  les  yeux 
grands,  noirs  &  vifs;  le  nez  piu$tgro}que'lc^g^9  &  marqué  proche  la  jou& 
droite  d'une  cicatrice  qui  lui  refta  du  cbùpdeftilet  qu'ilavoit  reçu  en  mocvii^s 
la  barbe  peu  épai(Tè  ;  une  couleik  M^nçhe/m'èréc  de  rouge  9  &le  corps  mai- 
gré  >  maisdurefte  capable  d'une^huîdlt'tf^ûgue^  malgré  lesinfirmités  aux- 
quelles il  fut  fujet  toute  fa  vie>  &  ^  né  lê' quittèrent  que  peu  d'années  avant  ' 
qu'il  mourût.  L'Aurcur  de  fà  vie  nou&dir ,  •  qu'il  parut  après  fk  mort  avec  *^* H*tt- 
«n  vifage  coloré  6c  riant ,  6c  que  {oji^cercueil  ayant  été  ouvert  neuf  mob 
après  >on  le  retrou  va  encore  entier  &  plein  de  couleur.  .C'eut  été  chez  les 
Romains  un  préjugé  de  fainreté..  Mais  ils  n'en  eurent  pas  une  opinion  plus 
£ivorable  de  celle  de  Fra*faolo  i^  6c  comme  s'ily  eût  eu  un  grand  miracle  ^Ib»f^5X|M 
à  voir  mourir  un  homme  dcfoixante  &  onze  ans  ,.,&  qu'on  voyoit  dépérir 
£ar  degrés  depuis  plus  d'une  année,  ils  parlèrent  de  fa  mort  comme  d'un 
coup  vifîble  delà  jnflice  de  Dieu  fur  lut.  Ce  n'^ftpas  peut-être  qu'ils  en  ju- 
^a(Iènt  amfi  v  mais  ils  fktisfaifbient  par  cette  bafle  vengeance  leur  malignité 
&  leur  reficntimem ,  &  ne  pouvant  plus  attenter  iiavie>  ils  s'en  vengçoienc. 
ibr  fa  réputation; 

Mais  fi  les  uns  ne  pouvoicnt  s'cmpccher  dé  découvtir   leur  haine  ». 
<Càutres  l'en  dédommagèrent  abondamment  £ar  les  marques  d'eftime  &de^ 


rtinc  r  I je::  D  B  X*  iA  B  OT  E  XJ  K. 

confidération  dont  ils  continuerem  i  Thonorer.  On  lui  fi r  des  fîfn(fl*StilIiâ  îi^ 
vTit.  delP.  tingaiîes  ^  autant  parla  magnificence  publique,  que  par  le  concours  dès 
P.  p«  }tu    Grands  &  de  toutes  fortes  de  perfbnnes  ^  &  les  regrets  univerjfcls  qui  l'ac- 
compagnèrent au  tombeau  firent  mieux  Ton  éloee»  que  les  Panégyriques 
flatteurs  ôc  mercenaires  dont  on  pare  la  mémoire  des  Grands»  fiins  la  rendre 
plus  chère  Se  plus  précieulc  aux  yeux  des  peuples.  Le  Sénat ,  plein  de  recon- 
noilTance  pour  les  (èrvices  que  Fra^PdoU  avoir  rendus  à  (à  Pacifie  »  ne  votf- 
lut  pas  cédera  d'autres  Thonnenr  de  lui  élever  un  Moaumenr  pour  perp^ 
mer  fit  mémoire  à  la  poftérité  ;  Se  le  Monaftere  des  Services  fut  obligé  de 
faire  céder  fa  gratitude  à  celle  du  Souverain.  Ce  fut  donc  aux  dépens  da 
Public  que  fut  dreflS  ce  Monument ,  Se  Jean- Antoine Venerio. 9 uxïct  Véni«- 
tien  compofâ  TEpitaphe ,  que  nous  ne  pouvons  nous  défendre  de  joindre  ici^ 
comme  la  récapitulation  Se  l'Abrégé  de  fa  vie  »  Se  l'éloge  le  plus  fiacére  de 
les  vertus»  * 


^Mfl^ft    ^^t^Ê    ^^t^Ê   ^tffl^ft    ^^^^Ê    ^^9^B    ^^S^k 

>■«•     ••^»      •«•     •%•     •«•    ^^«     *«• 
••*♦•  ••*••  ••*••  ••*••  •**••  ••*♦• 
49i  Wb  Wb  Wb  «qh  4« 


V^  •-v»^  •••••  •••••  ••> 

••!••  ••!%  ••!••  ••••- 


^^  Mf  ^^ 


*^^4  l 


E  P  I  TA  P  H  I  U  M* 

F  PAULl    VENETI- 


4    AU  L  u  s  Venetus  Scrvîtarum 

Ordînîs  Theologas , 

Ita  prudens ,  înteger ,  lapkn^  ^ 

Ut  majorem  nec  humanorum 

Nec  divinorum  rdennam  ^ 

Nec  integribrem  nec  faDâiorenv 

Vîtam  de/îderares  : 
Intellîgentiâ.per  cunûa  permeânce  y 
Sapîenciâ  aSè(^u$  doœioaiEiite 

Nullâ  uhquàm  cupîdicaté  commotus , 

Nullâ  aoimi  a^grîcudihe  turbfttot , 
Semper  con^ns ,  modçracus  ^perfedus  >, 
Verum  innocentiaE:  exempUr^ 

,  Deo  mîrâ  Pkcate^Relîgîottc.v  '1 
Conrinentiâ  addiâus  ^ 
Tantis  virtutibus 
Reipublicas  în  fui  deilderium^ 
Cbncîtata:  juflam ,  fîdelem  operam. 

Navans  ^ 
mioem^dum  patrîas  fervit^haud  à  D&o  (èpararireafiîmans) 
Summâ  confilîî,  rarionîs  vî  lîberâ ,, 
iDcegrâ  mente  pubUcam  €au(ami 

Defendensw. 


tf 


Ogi  deLP.P.Xî 


•  - 


tjam  EPITAPHIUM, 

Magnas  d  Ilbertate  Venetâ 

Infidias  fuâ  fapientiâ  ' 

^  Repellens, 

Majus  libercans  prasfîdium  in  Ce 

Quam  tn  Ârcîbus ,  Exerdcibus 

Pofîtunvi-, 
Veneds  oftendens} 
Mortales 
An  magîs  amandus ,  mirandus  ; 
Venerandus , 
^  Dubios  facîensj 

De  nominis  apud  probos 

JEtcrnitSLte , 

De  anîmî  apud  Deum 

bnmortalicace 

Securus > 

Morbum  negligens^ 

Morcem  contemnens^ 

Loquens ,  docens  3  crans  ^ 

Contemplans , 

Vivorum  adiones  exercens^ 

Lxxi.  i£tatîs  anno 

Magno  bônornm  ploracu 

Non  obiit ,  abiic  è  vîca,  ad  vitan 

Evolavît 


Jo.  AHTt  yzvixiOyPéttr.Feth 


•  \ 


HIST01R.B 


5    O   M  M   A   I  R   E 

Du  I.  Livre  de  THiftoire  du  Concile  de  Trente, 

T^  E  S  SEIK  de  [Auteur.  IL  Vufage  ancien  de  CEglife  itoit  d*affembter 
X-/  des  Conciles  pour  terminer  les  controverfes  de  Religion ,  &  régler  la  DiJ^ 
cipline.  III.  Etat  de  CEglife  dans  le  XVI*  Siècle.  IV.  CaraSère  de  Léon  X. 
Y.  Origine  des  Indulgences.  VL  Léon  X.  en  publie  de  nouvelles  9  &  ahufe  du 
revenu  quU  en  tire.  VIL  Martin  Luther  s'élève  contre  ceux  qui  les  préchoient  ^ 
&  contre  Us  Quêteurs  ,  &  enfiàte  contre  Us  Indulgences  mêmes.  VIII.  Plu^ 
Jieurs  Théologiens  écrivent  contre  Luther^  qui  attaque  la  Puijfance  du  Pape. 

IX.  Il  efi  cité  à  Rome  y  &  comparoit  devant  le  Card.  Cajétan  à  Aufbourg. 

X.  Bulle  de  Lion  X.  en  faveur  des  Indulgences  ,  6*  Appel  de  Luther. 
XL  TroubUs  en  Suijfe  à  roccajion  des  mêmes  Indulgences.  XII.  Doctrine 
de  Luther  condamnée  par  les  Univerjités  de  Louvain  &  de  Cologne.  XIII.  SuUe 
de  Léon  X.  contre  Luther  j  qui  en  appelle  au  Concile.  XIV.  Jugement  que^ 
ton  porte  de  cette  BulU.  XV.  Livres  de  Luther  brûlés  à  Louvain  &  à  Co- 
logne. Il  fait  brûlera  Wlttembcrg  la  BuUe  de  Léon  X^  &  les  Décrétâtes^ 
XVI.  Luther  comparoît  à  la  Diète  de  Wormes.  XVIL  II  y  eûmis  au  ban  de 
(Empire.  XYlll.  Sa  do3rine  ejl  condamnée  par  tUniverjiti  de  Paris.  XIX. 
Henri  VIÏI.  Roi  i  AngUterre  ,  écrit  conue  iâiiXX..  Continuation  des  trou- 
bles en  Suijfe ,  &  Conférence  de  Zurich  6u'  çàmmence  la  Réformation.  XXL 
Tout  U  monde  dejîre  un  Concile.  XXit.  Mort  de  Léon  X.  &  EUSion  i  Adrien 
yi.  XXIIL  Cajétan  s'oppofe  au  deffein  quavoit  ce  Pape  défaire  une  nou- 
velle BuUe  fur  la  matière  des  Indulgences.  XXIV.  Le  Cardinal  PucciU  dijfuade 
de  rétablir  [uf âge  des  ancienrus  Pénitences  Canoniques  \  &  Sodérini  U  détourne 
de  travailUr  à  la  réfofrfie  des  abus  ,  &  le  porte  àfefèrvir  de  la  force  pour  rame- 
ner les  Luthériens.  XXV.  Adrien  envoyé  Chérégat  en  qualité  de  Nonce  à  les 
DU  te  de  Nuremberg,  ^fopofitions  du  Nonce  &  réponfe  de  la  Diite.  XXVL 
Cent  Griefs  de  la  Diète  de  Nuremberg  envoyés  à  Rorru.  XXVII.  Différent 
ju^emensfur  ta  conduite  (f  Adrien  VI  ^   &  fa  mort.  XXVII  L  Eleaion  de 

Clément  Vil.  XXIX.  Envoi  du  Card.  Campege  en  qualité  de  Légat  à  la  Diète 
de  Nuremberg ,  6*  fa  conduite  dans  cette  Diète.  XXX.  De  concert  avec 
quelques-uns  des  Princes  &  des  Evêques  ^  il  propofe  des  articles  de  réforma- 
tion y  dont  les  autres  fe  plaignent  ^  &  auxquels  ils  ne  veulent  pas  fefou- 
mettre.  XXXL  L  Empereur  defaprouve  le  Décret  de  la  Diète.  y.Xyi\l.  Nou- 
velle Diète  à  Spire ,  oit  ton  conclud  à  ne  rien  changera  tétat  de  ta  Retigiàri 
jufquà  ta  tenue  d*un  Concile.  XXXII'L  Clément  VII.  jaloux  de  CEm-' 
pereur ,  fe  ligue  avec  ta  France  .  &  addreffe  deux  différens  Brefs  a  Charles  V. 
XXXIV.  Réponfe  de  P Empereur  à  ces  Brefs.  XXXV.  Les  Cotomnes  entrent 
armés  dans  Rome  &  faccagent  le  Vatican.  XXX  VL  Le  Viceroi  de  Naples 
retourne  à  Rome  ,  qui  ejl  pillée  par  €  Armée  du  Connétable  de  Bourbon  y  5» 
U  Pape  ejl  fait  prifonnier.  XXXVIL  Changement  de  Religion  en  différens 
endroits  de  la  Suiffe.  XXXVIIL  Le  Pape  fe  raccommode  avect Empereur  , 
€f  fait  une  Ligue  avec  lui  pour  fe  rendre  maître  de  Florence.  XXXIX.  Di}te 
à  Spire  j  &  protejiation  de  quelques  Princes  contre  le  Décret  qui  y  fut  fait  fur 
Tjq  m  £    L  A 


Z  son     M     AIRS. 

la  Xelîgion ,  iToà  leur  fut  donné  U  nom  de  Proteftans.  XL.  Confiront  à 
Marpàurgpou  r  riconcilitr  Its  Zuiriglicns  avec  Us  Luthirltns .  XLI .  Entrevue  du 
Pjope  &  dâ  r  Empereur  à  Bologne ,  &  couronnement  de  ce  Prince.  XLII.  Diit€ 
à  Ausbourg  où  affifie  le  Card.  Campige  en  qualité  de  Légat  y  &  où  les  PrO'* 
tefians  prifentent  leur  Confejfion  de  Foi*  XLIIL  Edit  de  l'Empereur  &  mécon^ 
teruement  du  Pape.  XLI  V.  Lettres  de  Climeru  aux  Princes  ,  &  répùnfe  des 
Proteflans.  XLV. Nouveaux  troubles  en  Suijfe.  Zuingle  eji  tué  dans  un  combat. 
XLVL  Infiances  de  t Empereur  pour  la  convocation  a  un  Concile.  LtPapt 
les  élude  »  &  Charles  accorde  la  liberté  de  Religion  aux  Protejlans.  XL  VIL 
Nouvelle  entrevue  du  Pape  &  de  C Empereur  à  Bologne  aufujetdu  ConcUe ,  & 
envoi  d^un  Nonce  en  Allemagne.  Les  Protejlans  aÏÏemblés  à  Smalcalde  rejeta 
tent  fes  proportions.  XL VIII.  Entrevue  du  Pape  &  du  Roi  de  France  à  Mar^ 
feiUe.  XLIX.  Henri  f^III.  Roi  d^ Angleterre  y  répudie  Catherine  d*Arragon% 
&fefépare  de  tEglife  Romaine.  L.  Mort  de  Clément  VU.  &  eleBion  de  Paul 
111.  LI.  Lt  nouveau  Pape  faitparoUre  quelques  déjirs  de  ré  formation ,  &  en» 
voie  des  Nonces  aux  Princes  pour  leur  propofer  le  Concile.  LU.  Promotion  de 
Cardinaux.  LUI.  Verger  Nortu  en  Allemagne  traite  avec  Luther.  LVf.LEm^ 
pereur  vient  à  Rome  &  traite  du  Concile  avec  le  Pape.  LV.  Paul  convoque  U 
Concile  à  Mantoue  ,  &  les  Protejlans  refufent  d^y  venir.  LVI.  Le  Duc  de 
Mantoue  ne  veut  admettre  le  Concile  k  Mantoue  quà  des  conditione  que  le  Pape 
rejetu ,  6*  le  Roi  ^Angleurre  publie  un  Manifejle  contre  cette  convocation. 
LVIL  Projet  de  réformation  drejfépar  quelques  Cardinaux ,  mais  qui  demeure 
fans  exécution.  L  VIII.  Autre  convocation  du  Concile  à  Nicen:^e  »  &  fécond  Ma* 
nifejle  de  Henri  FUI.  contre  le  ConcUe.  LIX.  Entrevue  du  Pape  avec  VEm^ 
pereur  &  le  Roi  de  France  à  Nice.  LX.  Henri  VIII.  efi  excommunié  par  U 
Pape.  LXI.  Diite  à  Francfort ,  oà  Conpropofe  de  tenir  à  Nuremberg  un  CoU 
loque  que  le  P ape  tache  d! empêcher.  LXII.  Henri  VUI.  maintient  la  doSrine 
de  TEglife  Romaine  dansfon  Royaume.  LXlll.  Le  Pape  fufpehd  la  tenue 
du  Concile^  fon  bon-plai/ir  9  &  le  Card.  Farnife  invite  f  Empereur  à  une 
Ligue  contre  les  Protejlans.  LXIV.  Diète  a  Hagtunau  où  Ton  ordonne  un 
Colloqiu  à  Wormes  ,  qui  fe  fépare  fans  fruit.  LXV.  Autre  Dïkte  à  Ratif^ 
bonne  y  ou  le  Pape  envoyé  le  Card.  Contarini  pour  Légat,  Succis  de  cette  Diite^ 
&  plaintes  faites  contre  le  Légat.  LXVL  Entrevue  du  Pape  &  de  T  Empereur 
a  Lucques.  LXVII.  Dihe  à  Spire ,  où  le  Pape  fait  offrir  d^aJfembUr  le  Con-- 
cile  À  Trente  ;  &  quoique  les  Protejlans  refufent  de  V accepter ,  Paul  III.  ne 
laijfe  pas  que  de  le  convoquer.    LXVIII.  Plaintes  réciproques  de  T  Empereur 
&  du  Roi  de  France.  LXIX.  Le  pape  envoyé  fes  Légats  à  Trente  y  &  TEm» 
pereur  fes  Ambajfadeurs  ;  &  après  unféjour  de  plufieurs  mois  ilsfe  retirent , 
&  le  Concile  ejl  encore  renvoyé  à  un  autre  tems.  LXX  Entrevue  de  T  Empereur 
&  du  Pape  au  Château  de  Buffet pwir  des  intérêts  particuliers.  LXXI.  VEm^ 
pereur  fe  ligue  avec  T  Angleterre  y&  le  Pape  avec  la  France.  LXXII.  On  reparle 
du  Concile  à  la  Diite  de  Spire  y  &  on  donne  ordre  de  travailler  à  quelque  for^^ 
mule  de  conciliation*  LXXIIL  Le  Pape  y  choqué  dcTentreprife  de  T  Empereur  ^ 
lui  écrit  une  lettre  tris-ylvepour  s* en  plaindre. 


HISTOIRE 

D  U 

CONCILE  DE  TRENTE. 

LIVRE     PREMIER. 

|j^§^^§^  UOIQUE  plufiean  Hiftoriens  célèbres  de  notre  Gicle  Deffim'ii 
•S6  ^^  ^  aient  touché  quelques  particularités  du  Concile  de  Trente  ^Auumr. 
iL  \^'  Mi.  *^"*  '*'^'^  Eaits  ,  &  que  Jtaa  SUidan  ■  Auteur  fort  exaft 
fe\V~V^  ea  ait  décrit  avec  foin  les  caules  &  les  motifs  i  comme 
!w^^5£.  cependant  tout  ce  qu'ils  en  ont  dit  joint  enfemble  ne  fuffit 
pas  pour  en  faire  une  narration  luivie  &  entière  ,  je  me  ptupofe  d'ea 
^rire  ici  l'Hiftoire. 

A  peine  avois  -  je    commence  à  prendre    quelque   connoiflance  dei 

I  Jtan  SUidan  Âuiiur  fort  txaS,  Stc.  ]  on  j  reconnoît  beaucoup  ie  fidélité.   Plo- 

Cet  Hiflonen ,  qni  prie  le  nom  du  lira  de  fïeuTS  de  nos  fciiviins  ont  tâchi  d'en  d^ 

fk  naiSance ,  nâc]uit  a  Stcide  village  proche  cifJicei  l'autonif  :  mais  comme ,  poor  ce 

it  Cologne ,  au  coiTimencement  de  i  f  ^^ ,  <]ui  legarde   let  alfaiies  d'Allemagne  ,  oa 

&mDDTutde  la  pelle  à  Srrasbouig  au  moi)  voit  «que  loui  c(l  appuya  Cm  des  mono- 

d'Oflobte  Jjjt,  Peu  conGJérablc  par  fa  mens  originaux,  on  ne  peut  douter  qu'à 

naiHânce  ,  il  fe  didingoa  par  Ion  mfriic  3c  cet  ^aid  du  moins  on  ne  doive  compter 

fes  talens.  €levé  parmi  les  Cacholiquei ,  it  fur  fa  v^ité,  quoii^ue  peut  ■  6tre  il  puïflë 

le  fit  rocceflivemeni  Zuingiien  &   Luihé-  y  avoir  quelqtws  fautes.  S ItiJan, dit il'A.a- 

tienavec  b  ville  de  StTasbnmg,  qui  l'em-  bignJ,L.  i.c.  i.  tjiun  Âuttur  qui  n'ait^ 

ploya  en  diDérentes  occafions ,  ii  dont  il  ni  afft^  là  ni  ajft^  tjlimé  ta  ce  ^t'cle  ;  dur 

iîil  d^tf  au  Concile  de  Trente-  Son  Hif-  ^el  Ut  Lbeurt  fenttnt  un  tfprit  général  i 

(oire,  dans  k  compofiiian  de  laquelle  il  du^utiles  pajponi  nt  s'emphytnt  qut  eoutn 

Ini  aid£  ^tx  Stunniuf ,  e(l  bien  Petite  i  &  Itviee,  duquel  U  diligtnct  ne  s'attachi  i 

^ù^ue  partiale  pour  le  Parti  Pioieftant ,  siuune  ehofi  indigne ,  &  dt  qui  la  grandeur 

A  i) 


4  HISTOIRE    pu    CONCILE 

ai&ires  dvt  monde ,  que  je  me  fentis  une  extrême  curioficé  d'apprendsr 
tout  le  détail  de  ce  qui  s'étoic  pafTé  dans  ce  Concile.  Ainfi ,  ^  après  avoir 
lu  avec  foin  tout  ce  que  je  pus  rencontrer  de  monumens  publies  imAri« 
mes  oa  manufcrits ,  qui  ont  rapport  à  cette  AlTemblée ,  je  me  mis  i  recner- 
«Pallav.  cher  ^  tout  ce  que  les  Prélats  &  les  autres  qui  y  avoient  aififté  nous  en 
lûtrod.  c  4.-Qj^ j  laiflTé,  &  je  n'épargnai  ni  foins  ni  peines  pour  recueillir  les  Mémoires, 
les  Votes  5  &  les  Suffrages  publics  ^  ou  qu'ils  nous  ont  confervés  eux-m2« 
mes ,  ou  que  d'autres  nous  ont  trànfmis^,  &  jufqu'aux  Lettres  d avis  >  qui 
fe  font  écrites  de  Trente  pendant  la  tenue  de  cette  Allèmblée.  J'ai  même 
été  afïêz  heureux  pour  voir  des  reoueils  entiers  de  Lettres  &  de  Noces  de 
ceux  qui  ont  eu  une  grande  part  dans  toutes  ces  intrieues.  Et  c  eft  à  l'aide 
de  tous  ces  monumens ,  qui  peuvent  fournir  une  matière  aflfez  ample  y.  qua 
je  me  propofe  d'écrire  cette  Hiftoire. 

J  E  raconterai  donc  les  caufes  &c  les  intrigues  d'une  Aflemblée  Ecclé- 
(laftique ,  qui  durant  le  cours  de  vingt- deux  ans  a  éoé  pour  diverfes  fins  &  ps 
diffcrens  moyens  recherchée  &  fbllicitée  par  les  uns,  &  arrêtée  ou  retar- 
dée par  les  autres  ;  &  qui  pendant  dix-huit  ans ,  tantôt  aflfemblée  &  tantôt 
interrompue,  mais  toujours  tenue  dans  dts  vues  toutes  différentes >.  a  eu 
enfin  un  fuccès  tout  contraire  à  l'attente  de  ceux  qui  l'avoient  procurée  » 
&  à  la  crainte  de  ceux  qui  l'avoient  traverfée.  Belle  leçon ,  qui  nous 
apprend  à  remettre  tout  entre  les  mains  de  Dieu»  &  à  ne  point  nous  re-- 
pofer  fur  la  prudence  humaine. 

*  Pallav. 

^  ftqq.^  '  ^  ^^*"  établi'  le  bchume  par  i  oDitination  des  rartis  oppolès ,  qu' 

n€  méprlfe  rien  de  convenable  à  rffifioire  ;  moires  Aa  Cardinal  da  Mula^  &  quantité 

hix  qui  ni  ont  donné  goût  de  lui  ,  &  m'ont  d'antres  5  on  peut  fe  convaincre  &  par  les 

dégoûté  de  plufieurs  autres.  Il  e(t  vxai  que  Lettres  de  Vargas  qui  ont  été  publiées  ^e- 

ce  jugement  peut  paroître  panial ,  comme  puis  cette  Hiftoire,  &  par  les  Mémoires  de 

venant  d*ttn    Pxotefbnt  :  mais  pour  peu  l/i.Dupuy  ,  &  par  d'autres  Aâes,  que  la 

quon  life  Sleidan  fans  préjugé ,  on  trou-  plupan  des  faits  qu'il  rappone  font  très- 

Tqp  dans  Ton  Hiftoire  un  air  de  véracité ,  yériubles  >  &  que  jG.  Ton  ne  doit  pas  tou« 

(]ui   dément  un  peu  l'opinion  dèfavanta-  jours  fe  repofer  avec  cenitude  fur  Tes  lapr 

geufe  que  s'en  font  formé  bien  des  Catko-  pons»  c'eft  à  l'inexaftitude  de  fes  Mémoii- 

Iiques.  res  qu'il  fitut  s'en  prendre,   (ans    qu'on 

1  Aprls  avoir  lu  avec  foin  tout  et  que  je  pui(fe  Taccufer  de  les  avoit  inventés. 

fus  rencontrer,  &c.  )  Po/Ztfvian ,  auffi-bien  j.  Il  a  fi  bien  établi  le  Schifine^  &c.  ) 

que  5c//>/a/i/rtf/2ri,  reprochent  fouvent  à  no-  L'Auteur  de  la  Critique  de  THiftoire  de 

tre  Auteur  d'avoir  avancé  plufienn  faits  fur  Fra-Paoh  ^^.  148.  chicane  fur  cette  ez- 

fâ  propre  autorité  &  fans  aucuns  garants,  pr efCon  ^  comme  (i  notre  Auteur  eôt  voti- 

Mais  l'accufation  parott  a({%  mal  fondée,  la  dire,  quec'étoit  le  Concile  qui  eût  fiiit 

Car ,  outre  qu'en  difSrens  endroits  de  (bn  naître  le  Schifme  s  au  lieu  qu'il  eft  vifible 

Hiftoire  Fra-Paolo  cite  les  Mémoires  d'ôil  qu'il  n'a    prétendu   faire    entendre  autre 

n  a  tiré  les  faits  qu'il  avance^  tels  que  le-  chofe ,.  finon  qu'il  avoit  fervi  à  le  fortifiez* 

loumal  6e  Chérégat ,  les  Lettres  du  Cardi-  Or  c'eft  ce  qu'on  ne  peut  raifonnablement 

%àX  del-Montc ^  celles  de  Vifconti^lesMi*  contefter,  pour  peu  que  l'on  fafe  actea- 


DE:'TRENTE,  LiVïtB    I.  y 

k  ^Âvlfion  irréconciliable*.  Les  Princes  lavoienc  demandé  comme   né- 
ceilaire  pour  la  réforme  de  l'Ordre  Eccléiîaftique  \  &  4  U  a  caufé  dans  l'£- 
gjUfe  plus  de  dérangemenr  ,  qu'il  ne  s'y  en  écoic  vu  depuis  la  naiflànce 
du  ChriftiaBifme.  Les  Evèques  avoient   efpèré  ^  d*y  recouvrer  Tautoricé  e  Thw 
Epifcopale,  paiTée  prefque  coure  entière  encre  les  mains  des  Papes-,  &L*^35* 
f  il  la  leur  a  faic  perdre  couc  à  faic  ^  en  les  réduifanc  à  une  plus  grande  ^    ^^* 
fevicude.  Au  concrake  la  Cour  de  Rome  ^  qui  appréhendoic  Se  eludoit 
la  tenue  de  ce  Concile»  comme  l'inftrumenc  .le  plus  efficace  pour  modérer 


parcie  qui  lui  relie  fujecce,  que  jamais  fon  aucoricé  na  écé  fi  grande. 
Je  n'a  jeccé  de  (i  profondes  racines. 

On  peuc  donc  sitCcz  proprement  appeller  ce  Concile  ^  ÏIliad  de  no-* 

•    .      -  -      • 

ricm  qoe  c*eft  i  la  moltiplieicé  des  ooaTel^  :toate  efpârance  cTe  lecDavrer   ce   pouvoir 

ies  décifions  faites  à  Trente  >  &  far  lelqojBlr  par  les  cpoceffibns  faites  aaz  Papes  ,  &  qui 

les  on  opinoic  librement  auparavant ,  qa'eft  font  devenues  une  fone  de  droit ,  au  lieu 

4&e  la  principale   oppofîcion   quont  âiite  qu'auparavant    on    pouvoit    les    regarder 

les  Protedans  depuis  le  Concile  de  (è  râ-  comme  autant  d'ufurparions.  Ceft  ce  qu'a 

fiir,  &  la  plus  fone  accufation  qu*ih  ont  obfervé  très-judicieulement  Mr.  de  Thau  , 

ftite  contre  l*EgHfe  Romaine ,  en  lut  Im-  qui  après  avoir  rapporté  le  delTein  qu*a- 

imtant  d'avoir  &it  de  nouveaux  dogmes  8e  voit  Philippe  Roi  d'fifpagne  de  reflerrer 

4t  nouveaux  articles  de  foi.  l*autorité  des  Papes  le  celle  des  Chapitres 

4.  //  a  cauji plus  de  dérangement^  Sec,  )  pour  augmenter  celle  des  Evoques  ,  ajois- 

Pallavicin  a  rai(bn  de  reprocher  ici  kpru-  te  :  Hac  invidiofa  interpretatione  Philippi 

Paolo  d'avoir  excédé  dans  (à  cenfure.  Car  eBufifium  criminati  illi  id  effeceiunt^  ut  non 

pour  peu  qu'on  juge  fans  partialité  >  on  doit  fohim  poteftas  Epifcoporum  non  audayfed 

conTeniide  bonne  foi,  que ,  quelques  abus  mukum  ex  ea  delibatumfit  «  cum  ea  pa^ 

qui  redent  à  redrefler,  ic  quelques  dèfor-  teftas  quee  ipforum  propria  efl  ,  ex  Deiinfii-- 

dres  qui  régnent  encore  dans  l'Eglife  Ro-  tuto  lu  auributa  ;  nfdetn  tan^am  à  Sedt 

maine ,  ils  font  incomparablement  moins  Apoftolica  deUgatis  concedatur ,  &  Epifcor- 

grands  qu'ils  n'étoient  avant  le  Concile:  fi  pipaffim  non  fua  ftd  Pontificis  auQoritate 

ce  n'eft  peut-être  qu'on  veuille  dire ,  qu'à  ac  vice  in  munerefuo  obeundofiinp  dicaxt- 

b  faveur  de  fes  réglemens  on  peut  )u(bfier  tur.  Ceft  en  ce  fens  que  Pra-Paolo  a  die 

flufieuis  pratiques  que  Ton  regardoit  au-  que  le  Concile  avoit  fait  perdre  aux  Evè^ 

Î ara  van  t  comme  autant  d'abus  ,  comme  ques  toute  leur  autorité  >  &  Pallavicin  ne 

n  Commandes  à  vie ,  les  réfignations  in  l'eût  pu  contefter ,  s'il  n'eût  penfé ,  comme 

fayorem  >  la  pluralité  des  bénéfices  ,  les  la  plupart  des  Ultramontains ,  qu'ils  n'ont 

penfions  y  £*c.  Et  ce  que  je  viens  de  dire  réellement  d^autorité  en  matière  de  juxiC- 

da  dérangement,  doit  auffi  s'appliquer  à  ce  dié^ion  ,  que  celle  que  leur  accordent  les 

que  dit  Pra-  Paolo  de  Tautorité  des  Evèques  Papes. 

.&  de  celle  du  Pape.  6.  On  peut  donc  ajfei  prêprement  appel- 
ât Et  il  la  leur  a  fait  perdre  tout  à  fait»  )  ter  ce  Concile  /'Illiade  de  notre  fiécle,  )  Sci-^ 
)^lon  en  reifenant  davantage  l'exercice  de  pion  Henri  critique  fortement  Fra^Paola, 
itui  autorité,  mais  en  ne  leur  accordant  pour  avoir  don n^ ce  nom  au  Concile.  Mais 
qu'à  titre  de  délégation  l'exercice  d'un  on  ne  voit  pas  à  quel  titre  ,  puifqae  tant 
pouvoir  qui  leur  ap^nenoit  effentielle-  de  raifons  montrent  la  )ufte(re  de  cette  op- 
inent comme  Evèques >  &  en  leur  âcant    plication»   Peut-être  que  la^  longueur  die 


I 

* 


s  HISTOIRE    pu    CONCILE 

tre  (îède.  Ec  comme  >  dans  i'Hiftoire  que  je  me  propofe  cl*cn  écrirey  te 
ne  me  trouve  préoccupé  d'aucune  paifion ,  qui  puiilè  me  dégiifer  U 
vérité ,  je  la  fuivrai  par-couc  avec  droiture ,  fans  m'en  écarter  avec  coa- 
noiflance.  Au  refte ,  h  l'on  me  trouve  plus  abondant  &  plus  étendu  dans 

3uelques   endroits  de  cet  Ouvrage ,  Se   plus  rellerré  dans  d'autres  y   on 
oit   confidérer  que  toutes  les  terres  ne  font  pas  paiement  fertiles ,  8t 
que  cous  les  grains  ne  méritent  pas  d  être  confervê  égateilnent  ;  6c  que 
quelque  foin  d'ailleurs  qu'apporte  le  moilTonneur  pour  recueillir  tous 
ceux  qui  foiic  bons,  il  lui  échappe  toujours  quelque  ébi»  né  ie  faifant 
jamais  de  moiflbn  fi  entière  ,  qu'il  ne  refte  quelque  choie  à  glaner  après. 
L'ufigf  MH*     !!•  Ma  s  avant  que  d'entrer  en  màrière,  je  dois  avertir ,  que  dans  TE* 
den  dt  CE^  elife  Chrétienne  l'ancien  ufage  ctoit  d'aflfèmbler  des  Synodes  pour  terminer 
giife  it9it    les  controverlcs  en  matière  de  Religion  ,  &  7  pour  réformer  les  abus  qui 
da^emblef  s'^jqjçj^j  introduits  dans  la  Difciplinc.  C'eft  ainfi  que,  ^  du  vivant  même 
pûHv  ttrmi^  ^^  '*  plupart  des  Apôtres ,  hir  terminée  à  Jérufafem  par  une  Adèmblée  oà 
nw  Us  C0»'  fc  trouvèrent  tous  les  Fidèles  de  cette  ville  À  quatre  Apôtres ,  la  première 
troverfis  éit  difpute  qui  s'étoit  élevée  dans  l'Eglife  au  lujet  de  l'obiervarion  des  Céré- 
Reli£t0H  cJi  monies  Mofaiqiics,  auxquelles  quelques-uns  vouloient  aTuicttir  lesGen- 
Jd1/W  V»f    ^^'^*  ^^^^  exemple»  pendant  deux  cens  ans&  plus,  &  da  >s  le  feu  mèmedei 
^     *   perfécutions ,  les  Eveques  6c  les  principaux  des  Eglifes  s'aflèmblètenc  pour 
^PaJIav.In- fçf  juipçj.  \^^  conteftations  qui  s'élevoienc  tous  les  jrurs  dans  chaque  i-^ro^ 

^  '*•  vince ,  n*y  ayant  que  ce  remède  pour  ôrer  les  divifions,  6c  pour  accorder 
les  opinions  contraires. 

Mais  après  qu'il  eut  plu  à  Dieu  de  donner  la  paix  à  fon  Eglife ,  8C 
de  fufciter  Con9anein  pour  la  protéger  ;  '  i  niefur^  qu'il  fut  plus  facile  aux 
Eglifes  de  traiter  &de  communiquer  enfcmble  >  les  di vidons  de/inreac 

cette   *  flemblée  n*a  été  que  le  moindre  da^^ear  en  parlant  des  Conciles  en  géii6> 

mocifde  cecte  dénomination.  rai  fait  dire  a  notre  Hiftorîen ,  ju'il  n*y 

7.  Pour  réformer  Us  abus  qui  s'ùount  avoit  alors  ^  c'efta-dire,  dans  ces  premîeit 

introduits  dans  la  Difeiplint,  )  le  ne  pais  tems,  que  ce  remède  pour  ôterUsdiviâonsi 

m'empécher  d'obrerrer  ici  ,    après    TAu-  au-lieu  que  notre  Hiftorien  ,  (ans  ie  fer- 

ceor  de  la  Critique  de  l'Hiftoire  de  Fra-  vir  du  terme  alors ^  dit  généralementi  9l 

Paolo  y  pzf^.  )otf.  que  Mr.  AmeUt  n'a  pas  fans  déterminer  aucun  tems  ,  qu'il  n'y  a 

tepréfencé   iA  fon  Auteur  avec  toute  la  que  ce  remède  pour  6ter  les  dirifions.  Ce^ 

fidélité  qu'il  devoir.    Car  au  lieu  que  no-  altérations  ,  00  plutôt  ces  négligences,  foitt 

cie  Hiflorien  parle  en  général  des  abus  alTez  communes  dans  Mr.  Amelot  ;  mate 

introduits  ^(f /Il  la  Difcipline  ,   (on  Tra-  nous  ne  ferons  renurqaer  que  les  plas  cooh 

du^enr  lui  fait  dire  les  abus  introduits  dans  iidèrables.  - 

t  Ordre  Ecclefiafli^ue.  Au -lien  de  ce  que  %.  A  nufure  qu'il  fiât  plus  faciU  aux  Eefl* 

dit  FraPaolo,  que  tous  les  Fidèles  de  lé-  fis  de  traiter  &  de  communiquer  enfimkk^ 

xnfalem  fe  trouvèrent  au  Concile  de  cène  &c.  )  FraPaolo  me  (emble  ici  s'exprimer 

ville,  Mr.  Amelot  dit  tous  Us  Fidèles  en  peu  exadement.  Ce  n'eft  point  à  la  paix 

général.  Fra  Paolo  dit,  que  quatre  Apôrres  de  TEglife  que  doit  contribuer  le  plus  ou  le 

y  affiftèrenti  &  Mr.  Amelot  lui  fait  dire,  moins  de  communication  qu'avoient  en- 

fu*ils  y  préfidèrent.  Enfin  ce  même  Tra-  femble  les  diffîrentes  Provinces  de  rfim« 


DE    TKENTE,  Livre    l  7 

aoffi  pluS  générales.  Car  zn^i^^  qa  elles  fe  renfermoienc  auparavant  dans 
ane  ville  ^  oa  tout  aurplu^  dans  une  Province,  elles  commencèrent 
i,  9*écéndre  par  tout  rEmpiré ,  dont  routes  les  parties  communiquoient 
plus  librement  enfemble  \  ôc  ce  fut  ce  qui  obligea  d  aflèmbler  d'un 
plus  grand  nombre  de  lieux  le  Concile ,  qui  étoit  le  remède  ordinaire 
aux:, maux  de  l'Eglifç»  C!eft  ce  qui  fit  donner  au  Synode^  que. C^/i-* 
fianfin  convoqua  en  ce  tems-U  de  tout  rEnopire,  le  nom  de  Grand 
8l  de  Saine  *,  éf,  quelque  teins  après  celui  de  Général  ou  Oecuménique ^ 
quoiqu'il  ne  comprit .  pas  toute  TEglife ,  qui  s*écendoit  bien  plu$  loin 
que  tout  TEmpiré  Romain  ,  parce  que  c'écoit  alors  la  coutume  d'ap- 
peUer  TEmpereur  le  Maître  &  le  Seigneur  univerfel  de  toute  la  Terre 
nabitée  ,  bien  que  l'Empire  n'en  fit  pas  feulement  la  dixième  partie. 

A  l'exemple  de  Conjlannn  ».  £es  iucceUèurs  convoquèrent  de  femblables 
Conciles  pour  let  différends  de  Religion,  qui  arrivèrent  fous  leur  Rè- 
gpe.  Et  comme  »  nonobftanc  ^  la  diviiion  de  l'Empire  faite  plufieurs  fois 
loas  le  titre  d'Empire  êi  Orient  8c  ^Occident  y  '^  l'on  conanoa  toujours 
d*en  adminiftrer  les  affaires  fous  un  feul  nom  commun  ,  la  convoca* 
tion  des  Synodes  continua  aufli  à  fe  faire  de  toutes  les  parties  de  l'Em- 
pioe*    Mais  cette  union  ayant  ceffé  par  la  féparation  réelle  du  Gou-^ 


!!•&  13. 

pSie  ,  mais  à  l'unité  de  Gouverneoient.  miimes  «  c'eft-à-dire ,  qoe  les  Préfeânres 

Et  comme   l'Empire  Romain  étoit  r^uni  &  les  Diocèfes^  en  qooi  chaque  Empire 

foQS  on  (êol  Chef  avant  la  naillànice  do  fut  fubdivifé ,  eurent  a  peu  près  les  m6- 

Ghiîftianifme  ^  cette  commiiaicatiop  eut,  mes .  bornes.   Car  les  Préfeâures  d'Italie 

étéanfli  £ici)e  auparavant  qo'aprèsr  Conf^i  Se  d^s  Gaules  avec  ku^  Diocèfes  confti^ 

UBtin ,  fi  elle  n'eut  été  interceptée  par.  tuoient  proprement  j'Empire  d'Occident  1 

lei  perlécotions,  qui  obligeaient  les  lidè-  &  celles  d'Orient  &  d'Illyiie  formoieot 

les  de  fe. cacher  ,   &  les  empêchoieçt  de  l'Empire  d'Orient  $  &  ces.  divifions  (iibfif- 

communîqoer    enrfeaible.   Ceci  eft  d'au-  tèrent  même  lorfqoe  l'Empire  k  xéunif^ 

ont  plus  certain  ^  que  depuis  la  divifion  foit  fous  un  feul  Chef  ^  jufqufà  ce  que  pas 

de  l'Empire ,  malgré  la  ceffarion  des  per-  Téreâion  de  différentes  Monarchies  panr- 

CcocîonSj  on  faiCvfombieA  (coffre^  de- dif-  cnli^res  l'Empire   eût  commeocéà  fe  dé^ 

ficoltés  ia  convocation  de^  Conciles. Qéné-  m^q^brer. 

aux.  ..-vfo*  L'çn  continua  ttcn  admîniftrtr  Us 

,  9»  La  divifion  de  ^Empin  faite pbifiturs  affaires  fous  un  feul  nom  commun,  )  Fra* 

fois  fous  le  titre   d^ Empire .  dOrient   &  Paolo  s'exprime  ici  fon  jufte*  Mais  Mr^t 

if  Occident.  )  Cette  divifion   faite  d'abord  Amelot  l'a  fait  parler  peu  exaâement,  ea 

avant  le  tems  de  Conftantin ,  quoique  d'une  traduifam  les  affaires  EccUfiaftiques'.  Cax 

manière  difiGb:ente ,  fe  renouvella  plufieais  notre  Hiftorien  ne  parle  point  des  affai^ 

ibis  depuis,,  mais  toujours  avec  quelque  res  Ecclefiaftiques  enpmïaûïeiywsàsde^ 

variété,  par  le  plus  ou  le  nioii^s  de  Pro-  affiiires  commune^  de  l'Empire  :  Manège 

▼inces  qui  éçoieut  foumifes  aox  Empe)reufs  giandofi  gCi-  affari  in  commune* 

d'Orient  &  d'Occident.  Mais  les  fubdivi*  11.  Su  trouva  envahi  en  grande  partie 

fions  xeftèzexit   toujours  à  peu  pxèf  «Jes  par  les  Sarrafins.  )  L'Auifeux  de  la  Critiqoe 


«  HISTOIREDU    CONCILE 

de  Concile  Univerfel  &  Oecuménique  ne  fe  tira  plus  de  l*Unité  di 
pire  Romain  ^^ ,  mais  de  TAfTemblée  des  cinq  Patriarches  chez  les  G 
chez  nous  de  Tunité  &  de  ia  Communion  des  Royaumes  &  des 

2ui  bbéiflênt  au  Pape  dans  les  chofes  Eccléliafti  ques.  C*efl:  de  c 
roits  qu'on  a  continué  de  convoquer  des  Synodes ,  non  pas  prin 
mène ,  comme  auparavant ,  pour  aflbupir  les  dirputes  de  Religion 
ou  pour  faire  la  guerre  pour  le  recouvrement  des  Lieux  faints ,  o 
écemdre  les  divisons  &  tes  fchifmes  de  l*Eglife  Romaine ,  ou  bia 
core  pour  concilier  les  ditferends  furvenus  entre  les  Papes  &  les  I 
Chrétiens. 
Etat  de  tE-  I H-  Au  commencement  du  XVI.  Siècle  depuis  la  venue  de  J.  C 
gfifi  dans  U  paroiflbit  aucun  prefTant  befoin  de  convoquer  un  Concile  »  &  il  n' 
^^^'Sihle,  aucune  apparence  d'en  voir  naître  la  néceflité  de  longtems  »  parce  qi 
ces  les  plaintes  de  pludeurs  Egliiès  contre  la  grandeur  de  U  Cour  de 
étoient  aJdbupies,  &  que  tous  les  païs  Chrétiens  d'Occident  vivoi 
communion  ic  fous  robéiflTance  de  TEglife  Romaine.  Il  n'y  avoir  qu'u 
de  terre  dans  l'endroit  où  fe  joignent  les  Alpes  avec  les  Pyrénées  »  ' 
tcouvoic  un  refte  d'anciens  Faudois  ou  jllbigeois.  Encore  étoienc 
Amples  &  (i  ignorans ,  qu'ils  n  étoienc  guères  propres  à  communiqué 
dodrine  â  leurs  voifins ,  auprès  defquêls  d'ailleurs  '4  ils  pallbienc  ] 
impies  &  fi  diflblus  ,  qu'il  n'y  avoic  point  à  craindre  que  la  con 
pût  en  infe£ker  d'autres. 


^e  Fra-Paclo  ,  p.  510.  dit  que  THifloire 
ne  nous  apprend  point  que  Tinvaiion  des 
Sarrafins  ait  donné  lieu  à  la  divifîon  des 
deux  Empires.  Cela  eft  très-certain.  Auflî 
Fra-Paolo  ne  dit  rien  de  femblable  \  mais 
Cmplemenc ,  que  Tunion  de  TEmpire ,  qui 
avoit  ceflë  auptxavanc^  fe  trouva  irrépara- 
blement rompue  depuis  Tinvafion  des  Sar- 
rafins Se  le  panage  de  l*Empire  d'Occident 
entre  phiCeufs  Princes. 

ix.  Le  nçm  de  Concile  UnivtM  &  Oe- 
cumirù^  tu  fe  ika  plus  de  tl/nité  de 
l'Empire  Romain,  Sec.  )  Ceft  très-IMal  à 
[propos  que  le  Cardinal  Pallavicin  repro- 
che ici  a  Fra  -  Paolo  d'ayoir  parlé  fiiuiTe- 
ment  &  impropremenr ,  en  difant  que 
depuis  la  divifion  de  l'Empire  le  nom  de 
Concile  Oecuménique  ft  tira  de  l'AlTemblée 
des  cinq  Patriarches  chee  les  Grecs,  Se 
chez  nous  de  la  convocation  des  Etats 
qui  obéiflènc  aux  Papes.  Car  quoique  fé- 
lon ce  Cardinal  le  nom  de  Concile  Oecu- 
minique  dénote  à  la  rigueur  un  Concile 
alTeinblé  de  tous  les  pais  Cfaxéciens ,  il  eft 


cependant  certain  par  l*Hi(loire  q 
les  Grecs  la  convocation  àt%  cinq 
ches ,  $L  chez  les  Occidentaux  Vki 
des  Evéques  fournis  au  Pape,  m  i 
uns  Se  aux  antres  pour  £iire  donne 
Concile  le  nom  d'Oecuménique.  ( 
quoi  Ton  voit  la  preuve  dans  ta 
des  Cbnciles  d'Occident,  Se  nomt 
dans  celui  de  Trente,  o&  lesGcec 
rent  point  invités,  comme  il  fiic 
en  if^). 

I  ) .  Où  fe  trottvoit  un  refle  d*andt 
dois  ou  Albigeois ,  &c.  )  Ceft  le  noi 
leur  donna,  de  celui  d'un  certain 
Valdo  Lyonnois,  qui  s'éleva  contre  [ 
dodrines  de  TEglifè  Romaine  ,  &  < 
difciples  ajoutèrent  encore  depuis  | 
erreurs  à  celles  qu'il  avoit  enfeign 
s'élevant  contre  différens  abus  d 
Eglife  y  qu'il  n'avoit  que  trop  de  n 
condamner.  Pour  le  nom  d'Albise 
le  prirent  de  la  ville  d'Albi ,  o&  co 
principale  retraite. 
'  \^Alspëffoi$mpourfiinÊpus^ 


DE    TRENTE,  Livre   I.  9, 

Il  Y  dvoic  auflî  dans  quelques  Cantons  de  la  Bohème  quelque  refte 
de  ces  mêmes  Vaudois  «  appelles  par  les  gens  du  pais  du  nom  de  Pi^ 
cards  'S  qui  écoienc  dans  les  mêmes  opinions >  mais  donc  pour  les  mè* 
mes  raifons  on  n  avoic  pas  lieu  de  craindre  de  voir  beaucoup  augmenter  le 
nombre. 

I L  fe  confervoit  aufli  dans  ce  même  Royaume  quelques  difciples  de  Jean 
Hufs  ^^  9  connus  fous  le  nom  de  Calixtins  ou  Subutraquijics\  &  qui  »  à  Tex- 
ception  de  la  Communion  qu'ils  adminiftroient  au  peuple  fous  les  deux 
efpèces  >  n'a  voient  pas  une  doârine  fort  différente  de  celle  de  TEglife  Ro- 
maine. Mais  leur  petit  nombre  &  leur  ignorance  leur  attiroient  peu  de 
coniidération  ^  &  1  on  ne  voit  pas  d'ailleurs  ou  qu'ils  fudènc  fort  curieux 
de  répandre  leur  doâirine,  ou  que  d'autres  fiflènc  paroître  quelque  dclir  de 
s*en  inftruire. 

I L  y  eut  bien  du  tems  dQ  fuies  IL  quelque  danger  de  voir  naître  ua 

Scfaifme.  '7  Car  ce  Pape,  ^  qui  fe  livroit  plus  à  l'exercice  des  armes  qtt*à    /Pallm 

celui  de  fon  Miniftère  ,  &  qui  dans  l'adminift ration  du  Pontificat  crai-  L.  i.  c  i« 

Oaaph.  ta 

16.  Connus  fous  le  nom  de  Calixtins  ou  ^^^  ^^ 
Subiaraquiftes.  )  Parce  qu'ils  fe  décUrè-  <5aicciar<L 
rent  pour  la  nécefficé  des  deux  Efpèces  1  &  ^^  '' 


tus,  8cc.  )  Ceft  ainfl  qu*eut  dâ  tra-laire 
M*  Amelot  pour  exprimer  le  (ens  de  Fra- 
Paolo  ,  qui  dit  bien  ^  que  les  Vaudois  paf* 
ibient  pour  tels ,  erano  pofti  in  cofifiniflro 
€onc€tto  d'impieiA  &  ofccnità  ;  mais  non 
qu'ils  étoienc  véritablement  coupables  de  ces 
vices,  comme  femble  les  en  accufer  notre 
Tradttâeur,  en  tradui(ânt,  que  leurs  voi- 
fins  les  avoient  en  averfion  ,  fait  pour  leurs 
impiétés,  ou  pour  leurs  faletés  ,  Sec. 

x/.  Quelque  refte  de  ces  mêmes  Vau^ 
dois,  appelles  par  les  gens  dupais  du  nom  de 
Picards.  )  Ceft  le  nom  d'une  Sede  qu'on 
accafe  d'avoir  outré  les  erreurs  des  Ada- 
mites  fin  U  nudité  6c  la  communauté  des 
femmes.  Les  Auteurs  font  très  -  panagés 
fur  les  erreurs  de  cette  Sede,  dont  on  toit 
Aoteai  an  François  venu  de  Picardie  en 
Bohème*  On  ne  peut  gpèret  difconvenir 
qu'il  n'7  ait  eu  quelques  Fanatiques  qui 
aient  poufl!  la  corruption  êc  l'extravagan- 
ce jufqu'à  ce  point.  Mais  M.  de  Beau- 
fahre  ,  dans  une  Diflertation  imprimée  à  la 
fin  de  l'Hiftoire  du  Concile  de  Baie ,  écrite 
par  M.  Lenfant  ,  prétend  qu'il  n'y  a  ja- 


la  réception  du  Calice. 


Fléury  >  L 


17.  Car  ce  Pape,qui  fe  livroit  plus  à 
l* exercice  des  armes  qu'à  celui  de  fon  Mi-- 
niftère  ,  Sec.  ]  Pallavicin  ,  qui  en  même 
tems  qu'il  reproche  à  Fra  -  Paolo  d'exercer 
(on  efprit  fatyrique  contre  les  Papes ,  s'en  . 
rend  lui-même  le  plus  vil  adulateur ,  après 
avoir  fait  tout  (on  poflible  pour  couvrir  les 
fureurs   de  Jules  II.  efl  pounant  obligé 
d'avouer,   que  ce  Pontife  étoit  d'un  ca- 
radère  colère  &  féroce ,  &  qu'il  avoit  une 
padion  pour  la  guerre  fort  indécente  pour 
fon  caraélcre.   Era  Giulio  di  cuor  firoce 
ed  iracundo  —  Trafcorfe  ben  egli  in  quai'' 
che  ecceffomilitare —  non  decevole  alla  fan- 
titâ  del  grado.  Ceft  beaucoup  plus  en  di" 
re  que  n'en  a  dit  Fra-Paolo ,  dont  on  doit 
p}ut6t  eftimei  la  modération  fur  ce  point, 
&  qui  (e  contente  d'aflurer  qu'il  k  livroit 
plus  qu'il  ne  devoit  à  l'exercice  des  armes  « 
chofe  dont  tous  les  Hiftorîens  du  tems 
fdumiflent  alfez  de  preuves.  Bellicagloria  , 


'x^« 


mais  eu  de  Seâe  en  forme ,  qui  fit  pro-    plu/quam  deceret  Pontificem ,  clarus ,  dit 
fd&OTk  4e  ces  erreurs  \  que  ce  que  l'on  en     Onuphre.  Il  n'avoir  d'un  Pontife  que  l'ha- 


a  dit  (ont  autant  de  calomnies  s  &  que 
ceux  qui  ont  poné  ce  nom  n'étoient  qu'un 
refte  de  Vaudois ,  qu'on  a  noircis  par  de 
fiuifes  imputations* 
T  o  M  s  L 


bit  &  le  nom ,  non  riuneva  di  Pontificeal^ 
tro  ehè  Vhabito  O  il  nom^  *  dit  Guiccist' 
din  ,  qui  le  dépeint  en  même  tems  com- 
me coupable  de  Simonie  i  invettrati^  ntlls 

B 


10  HISTOIR^E    DU    CONCILE 

toit  les  Princes  6c  les  Cardinaux  avec  une  bauteuf  excedive ,  en  avoit  forcé 

2uelques-uns  d  fe  féparer  de  lui  &  i  afTenibter  un  Concile.  Outre  que 
ouis  XII  Roi  de  France  s'étanc  retiré  de  l'obéilTance  de  ce  l^npe  qui  ravoir 
excommunié  »  &  s  étant  joint  avec  les  Cardinaux  qui  s'en  étoient  féparés  > 
il  fcmbloit  que  ces  commencemcns  dévoient  fc  terminer  à  quelque  cvè-^ 
nement  important.  Mais  Jules  étant  mort  fort  à  propos  dans  ces  cir* 
/IdL.  i).|. confiances,  Léon  X  fon  fuccedeur  8  éteignit  promtement  &  facilement 
^"^  ^7«  par  fa  prudence  ce  feu  qui  paroiflbit  devoit  embrafer  toute  TEglifc ,  en  ré- 
conciliant au  Saint  Siège  le  Roi  de  France  &  les  Cardinaux  qui  lui  étoient 
attachés  *•.  ^ 

CéirMâhe        IV.  Léon  apporta  au  Pontificat  de  grandes  qualités ,  qui  étoient  le  fruit 
de  Léom  X.  de  la  naifTance  illuftre  &  de  l'excellente  éducation  qu'il  avoit  reçue.  Il 
avoir  entre  autres  une  grande  connoifTance  des  Belles-Lettres  »  une  incli- 
nation particulière  à  favorifer  les  gens  favans  &  vertueux ,  de  Thumanité  » 
,   de  la  bonté,  une  extrême  libéralité,  &  une  C\  grande  affabilité  à  traiter- 
*  avec  tout  le  monde ,  qu  on  trouvoit  quelque  choie  de  plus  qu'humain  dant 
toutes  fes  manières ,  &  que  depuis  très  longtems  on  n  avoir  point  vu  fur  le 
Skint  Siège,  de  Pape  qui  eût  eu  de  ù  grandes  qualités,  ou  même  d'appro- 
h  Pallav.  k  chantes.  Et  il  eût  été  un  Pontife  parfait  ,  ^  fi  a  tant  de  perfedions  il  eût 
i.  c/  X.  ■    joint  quelque  connoifTànce  des  chofes  de  la  Religion ,  '  '  &  un  peu  plus 
d'inclination  à  la  piété ,  chofes  dont  il  ne  parut  jamais  fe  mettre  beaucoup 
en  peine. 

(JoMME  il  étoit  très  libéral ,  &  entendoit  aufli  parfaitement  l'art  de  don- 

f  Flcary ,  ner ,  qu'il  fa  voit  peu  celui  '  d'amafler ,  il  fe  fervoit  du  miniflère  de  Laurent 

L.  115.  N®  Pucci  Cardinal  de  Santi-quatro  y  qui  avoit  pour  cela  un  talent  tout  parti- 

^9'  culier.  Léon  doue  dans  cet  état  paiûble  »  voyant  tous  les  Schifmes  etouf- 


Simonia  &  ne  eojbiml  infand  ,  L.  £.  Sem* 
bo  dans  fon  Hiftoire  de  Venife  confinne  U 
même  chofe;  &  il  11*7  a  for  cela  au*iine, 
(êole  voii  de  tous  les  Hiftoriens.  Il  rat  élu 
Pape  en  x  f  05 ,  &  moamt  en  i  f  1 5  ,  après 
«voir  £ût  des  gnerres  continoelles ,  &  en 
méditant  encore  de  nouvelles ,  fi  nous  en 
cioyons  Guicciardin  Se  Paul  Jo^t. 

\%.EtUs  Cardmanx  qui  lui  étoient  utta' 
chés.  )  Savoir  Bemjtrd  Carusjal,  Guillau" 
me  Bnçonet  ,  François  Borgim  ,  René  de 
Brie  ,  Se  Frédéric  SanSeverino. 

19.  i/  eût  joint  quelque  eomnoiffanee  des 
ehojès  de  la  Religion,  &  un  peu  plus  d'in- 
eBnatian  à  U  piété,  )  PaUavicin  n'ofe  pas 
contredire  IciFro'FaoloiNelche  ionongH 
contradico  —  Non  ^oglia  già  io  afrmare  , 
cke/bffe  in  lui  tsnta  cura  deUapietâ  ,  quan- 
utfirUkieieys  êtMQftetto^usfi  divino^  Uc 


Et  c*eft  une  preare  bien  fenfible ,  que  c'eft 
moins  par  efprit  de  ùxjit  qoe  par  atta^ 
cfaement  poor  la  vérité ,  que  notre  Âoteor 
n'a  po  diffimuler  le  peu  de  rel^ion  de  ce 
Pape,  atteilé  d^ailleors  par  les  Hifbmens. 
Egli  per  natura  ,  dit  Gaicdardin ,  dedito 
air  ocio  &  apiaceri  ,  &  hora  perla  trepp0 
licen^a  egrande^^a  oËettofapra  modo  aelte 
facende,  imtner/b  ad  udire  tutto'l  gjiêmo 
mufiche,  facétie  ,  e  hufini,  inclinato  ancora 
troppopiu  che  fbonejh  apiaceri  ,  L.  1 4.  Sa 
jeunedè  fiu  aflez  édifiante ,  mais  cette  ré* 
potation  ne  fe  footint  pas  pendant  fon  Pon- 
tificat; êc  Paul  Jove,  qai  le  looe  aflèz 
d'ailleurs,  convient  qu'il  fut  foupçonné  de 
dAauches ,  &  même  des  plus  criminelles. 
Il  fut  élu  Pape  en  ifi) ,  &  mourut  en 
If  21,  auffi  déaié,  qu'il  avoit  été  eftimé 
à  Ibn  avènement  au  Pontificat  :  Ingannm 


DE    TRENTE,  Livre    I.  ii 

fési  8c  n*ayant  point,  pour  ainfi  dire,  d'adverfaires  i  craindre,  puifque 
le  peu  de  f^audois  &  de  Calixtins  qui  reftoienc  n  ecoienc  d'aucune  confidé- 
ration  ;  ^^  après  avoir  épuiic  par  les  libéralités  exceffives  faites  à  fes  Parent ^ 
à  fes  Courtifans ,  ou  aux  Profefleurs  &  aux  gens  de  lettres ,  toutes  les 
refiburces  dont  la  Cour  de  Rome  a  coutume  de  fe  fervir  pour  attirer  â  elle 
les  richedes  de  tous  les  autres  pais,  penfa  â  mettre  en  œuvre  celle  des  In* 
dulgences. 

V.  Ce  moyen  de  tirer  de  l'argent^  commença  i  être  mis  en  ufage  vers  Or^hitàn 
Tan  MC  par  le  Pape  Urbain  II.  *«  qui  accorda  une  Indulgence  plénière  çt^xindulgeneêu 
la  rémiliion  de  tous  les  péchés  à  tous  ceux  qui  iroient  à  la  Guerre  de  la     *"''*'^^ 
Terre  Sainte  pour  retirer  le  Saint  Sépulcre  des  mains  des  Mahométans.  Cet      '    ^* 
exemple  fut  fuivi  dans  les  fîècles  fuivans  par  fes  fucceflèurs ,  dont  quelques- 
uns  pour  renchérir ,  comme  on  fait  d  ordinaire  fur  les  nouvelles  inventions^ 
accordèrent  la  même  indulgence  i  tous  ceux  qui  ne  pouvant  ou  ne  voulant 
pas  aller  eux-mêmes  à  cette  guerre,  y  fourniroient  un  homme.  D'au* 
très  dans  la  fuite  offrirent  les  mêmes   Indulgences  à  ceux  qui  contri- 
bueroient  pour  faire  la  guerre  aux  Chrétiens  mêmes ,  qui  refuioient  d'o* 
béir  à  l'Eglife  Romaine.  Tels  furent  les  prétextes  dont  on  fe  fervit  fouvenc 
pour  faire  des  levées  exceflives  de  deniers ,  dont  on  ne  fit  point  de  fcrupule 
d'employer  fouvent  le  tout  ou  la  plus  grande  partie  a  des  ufages  tout 
différens. 

VL  Ce  fut  i  cet  exemple  ^^  que  Lion  ,  par  le  confeil  du  Cardinal  mdzvi« 

Lion  X« 

sflai  Vtfpttttttiont ,  tht  qucndofu  mffonto  éd  vcntbic  au  tems  préfcnt  :  Ne  convtnire  tan-  — ■^-■— • 

Pontificato  s*hmveva  dilui,  coneiofia  ck\i  U pompa,  m  Poniifici  ,  ni  tjftre  feeondo  la 

fiufe'ijfe  di  maggior pruden^a  ,  ma  dimolto  conditione  dt  tempi  prtfenti  il dijjipare inu' 

minore  botuÀ  di  qiutl^  ch'tra  gméicsioda  tUmerm  i  danari  accunUdati  dall*  Anttetf" 

tutti.  Guic.  L.  14.         •  fore.  Ceft  allez  dequoi  }\i(ki6eT  Fra-Paoh. 
zo.  Après  avoir  épuifipar  les  liUraUtés         xt.Ce  moyen  de  tirer  de  l'argent  comment 

tsttêffhes  ,  &c«  )  Que  Lion  aini&t  le  £ifte  ça  à  être  mis  en  tifage  vers  l'an  i  loo ,  par 

St  fit  piotAc  prodigue  que  libéral,  c*efl  ^P^  UrkainIL)  Ceft  eflfèétivement  la 

in  cfloi  Guiccardin ,  Onnpkre  p  ic  Panl  Jo*  première  Epoqoe  des  Indulgences  pécu- 

ve  conviennent  de  bonne  foi.   14algré  ce*  niaiies.  Le  Gard*  PaUaviein,  pour  léfii- 

la  PaUavi€in<t  L«  i.c.  ».  prétend  que  l'A-  ter  norre  Hiftorien  ,  nous  parle  d'Indu!- 

puifement  des  finances  vcnoit  moins  de  la  gences  plus  anciennes,  9c  des  Stations  que 

prodigalité  6e Léon,  que  des  dépenfes  ex-  S.   Grégoire  &  d'autres   Papes    après  lui 

cefiTes  qu'aroic  faites  Juteo  pour  les  guer-  établirent  dans  certaines  Egli(ès  de  Rome 

ses  comtnuelles  qu'il  avoît  eues  à  foutcnir.  êc  ailleun.  Mais  quel  rapport  ont  ces  Sta« 

Mais  en  cela  il  eft  démenti  par  Gnioiia^  tions  ou  ces  Indulgences  avec  celles  qu'il 


i/iii,  qui  L.  II.  &  14.  parla  des  xjéConqat  £illoit  acheter  k  prix  d'aivent,  et  dont  on 

/nks  avoit  amaiffs  St  que  Uon  difCpa  en  a  f^t  on  commerce  fi  icafidalenx  ^puxs 

peu  de  tems  :  Haweva  in  krifwt  tempo  dijjj^  l/riain  II.  en  lo^f  r  Ceft  de  cesdernières 

patQcon  inefiimakUe prodigalitÀ  Utefonf  ae^  que  parle  Frs^Pnolo,  âtilttt  certain  qu'on 

mimnUto  da  Giuli^  ;  ft  qui  rappone  qu'il  n'en  peut  £iif e  letnonier  plus  haut  l'orî- 

iKpenia  100 ,  000  ducats  i  foo  Couronne*  gîne. 

mem,  pn>fu&}n  qui  (bt  condainn<«  oom-        a  a.  Cefitt  à  net  exemple  pte  Lém^parh 

Mt  pc»  (bnti  i  m  Positif,  H  m  cou-  •mpitàt  Cttré.SÊm'fmntr$,  tÊçmdapeir 

B  1 


il  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXTi.  SamUquatro  »  ^  accorda  par  coure  la  Chrécienté  une  Indulgence  à  tous 
Léon  X.  ceux  qui  voudroienc  donner  quelque  argent  \  Indulgence ,  qu'il  étendit 
"— ^—  même  jufqu'aux  morts ,  en  voulant  que  les  âmes  de  ceux  à  rincencion 
^llr  ^j  ^  dcfquels  on  auroic  donne  de  l'argent ,  fuflent  délivrées  des  peines  du  Pur- 
^luvilUs  g^^^^^  •  ^  ^^^  ^^  ajouta  encore  une  pcrmiffion  de  manger  des  œufs  &  da 
c^  éibufedu^^^  les  jours  de  jeûne  >  de  choi(tr  un  Confeflèur  à  fon  gré ,  &  d'autres  fà-« 
rr-j#«M  ^m'i7  cultes  pareilles.  S'il  y  eut  quelque  chofe  dans  l'exécution  -de  cette 
4n  tire.  Bulle  de  peu  conforme  à  la  piété  &  aux  régies ,  &  fi  »  cqmme  on  le 
'L^L^'  dira,  elle  produifit  tant  de  fcandales,  8c  excita  tant  de  noiîveautéss  ce 
Slcid!  L  i.  ^*^^  P^  9^^  '^^  Prédéceflcurs  de  ce  Pape  n'euflent  accordé  avant  lut 
p.  I.  des  chofes  pareilles  par  des  motifs  qui  n'étoient  pas  plus  honnêtes  ,  Se 

Thuan.  qu'ils  n'euflent  fait  paroître  autant  ou  plus  d'avarice  dans  leurs  extorfions  : 
L  1.  N**  8.  mj^jg  ç*^(^  q^ç  fouvent ,  faute  de  perfonnes  qui  fâchent  profiter  des  occa- 
fions  y  on  voit  échapper  celles  qui  fe  préfentent  de  produire  de  grands 
érènemens  *,  &  qu'il  faut  d'ailleurs ,  que  pour  efièâuer  ces  choj^ ,  le 
cems  qu'il  a  plu  a  Dieu  de  redreflèr  les  égaremens  des  hommes  toit  ar- 
rivé. Ceft  juftement  ce  qui  fe  rencontra  dans  le  tems  de  Léon,  donc 
nous  parlons. 

Ce  Pontife  ^^  ayant  publié  fon   Indulgence  plénière  en  l'an  mdxvii, 

en  diftribua  une  partie  du  produit  avant  que  de  l'avoir  reçu  »  &  même 

avant  qu'il  fût  bien  aflkré,  ayant  afligné  à  différentes  perfonnes  le  revenu 

de  diverfes  Provinces,  &  réfervant  celui  de  quelques   autres  pour  la 

mPallav.  Chambre  Apoftolique.  Dans  ce  partage  °>  il  fit  don  *4  de  tout  ce  qui  de- 

Guicc^arA  ^°^^  revenir  de  la  Saxe ,  &  de  cette  partie  de  l'Allemagne  qui  va  de  là 

L.  15.         jufqu'à  la  mer,  à  Madeleine  (a  focur,  femme  de  France] chette  Cibo  fils- 


toute  U  Chrétienté  une  Indulgence,  &c.) 
Ceft  fax  Tautoricé  de  Guicciardin  ,  de  Slei- 
dan  4  &  de  M.  i£f  Thou  ,  que  Fra^Paolo  a 
avancé  ce  £aiit.  Cependant  Pallavicin^  L. 
1.  c.  3.  prétend  qoe  ces  Indulgences  ne 
furent  envoyées  qu'à  cenains  païs  particu- 
liers. L'un  &  Taotre  peut  être  vrai.  L'en- 
voi s*en  étoit  déjà  h\t  en  dificrens  païs 
particuliers  >  mais  il  n'y  a  nul  lieu  de  dou- 
ter que  le  deflein  du  Gard.  Pucci ,  qui 
ivoit  fuggèié  ce  moyen  à  Léon ,  ne  fuc  de 
les  envoyer  (ucceflîvement  par-  tout ,  Se 
qu'il  n'en  fut  empêché  que  par  les  rxoubles 
qu'elles  excitèrent  en  Allemagne.  Septi^ 
tmndo  nellt  gratic  ,  cht  fopra  U  cofe  Jpiri- 
tuali  &  ben^ciali  concède  la  Corte  ,  U  con^ 
fitio  di  Loren^o  Pucci  Cardinale  di  Santi- 
quatro  ,  dit  Guicciardin ,  L.  x  )  /  haveva 
fparfo  fer  tuto  il  mondo  ,  fen^a  diftintione 
ili  tempi  &  di  luoghi ,  initlgentie  amplijji' 
wu^  ttonfoloper  poter  giovare  con  ejifuel- 


li  che  aneora  fbno  nella  vira  prefintc ,  ma 
confacoltâ  dipotem  oltra  quefto  liberare  Vof 
nime  de  defonti  dalle  pcne  de  Purgatorio  :  ce 
qui  eft  aufC  confirmé  par  Sieidan  au  con»- 
mencement  de  Con  HiÂoire  :  Miffispcrom^ 
nia  régna  literis  atque  diplomatis,  &c.  Of 
cela  montre ,  que  fi  l'envoi  n'étoit  pas  en- 
core £iic,  on  avoit  du  moins  l'intention  de 
le  £aiire  ^  Se  que  Fra-Paolo  en  ce  point  ne 
s'eft  nullement  écarté  de  la  vérité» 

2,  ) .  Cr  Pontée  aiant publié  fon  Jndulgen^ 
ce  en  mdx viu  )  Elle  le  fut  dès  l'an  i  f  z  ^» 
&  les  BreÊs  en  avoient  été  expédiés  félon 
Pallavicin dcsïzn  ifi4  Se  ifif. 

14.  Il  fit  don  de  tout  ce  qui  devoit  revenir 
de  la  Saxe  ^^  à  Madeleine  fa  faur  ,  &c.  ) 
Pallaviciny  L.  i.  c.  )•  joge  que,  fuppofS 
que  ce  don  fut  véritable  >  on  pooiroit  lé 
juftifier.  Mais  il  prétend  qu'on  n'en  trou* 
ve  aucune  preuve  dans  les  Archives  &  dans 
les  Regifires  de  la  Cbambre  Apoflbliqiie» 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  1  V  R  E    L  î  5 

hacurel  à*Innociiu  yJII ,  qui  en  faveur  de  ce  mariage  Ta  voit  faic  Cardi-   m  d  x  ▼  t. 
nal  à  râgc  de  quatorze  ans ,  &  avoir  donné  entrée  par-là  aux  grandeurs  L  i  o  n  X. 
£cclé(iaftiques  dans  la  Maifon^dc  Médicis.  Ceite  libéralité  de  Léon  n  ecoic  — — — 
pas  tant  un  effet  de  fon  zSéSdon  fraternelle ,  qu'une  récompenfe  des  dé- 
penfes  qu'avoir  faites  pour  lui  la  Maifon  Ciio  durant  fa  recraire  à  Gènes» 
où  il  fe  réfugia  lorfque  fa  famille  fut  chaffée  de  Florence  y  n'ayant  pas  pa 
demeurer  à  Rome  fous  AUxandrc  VI ,  ni  avec  les  Florentins  ennemis  de 
la  Maifon  de  Médicis.  ^5  MadcUine^pout  tirer  le  plus  qu'elle  pouvoir  du  don 
de  fon  frère ,  chargea  du  foin  de  faire  prêcher  les  indulgences  8c  d'en  re- 
cevoir le  produit  TEvêque  Arcmbaud^  qui  en  pafTant  à  la  dignité  Epif- 
copale  n'avoit  rien  perdu  des  qualités  d'un  parrair  Marchand  Génois.  Et 
celui-ci ,  fans  aucun  égard  i  la  qualité  des  perfonnes ,  céda  i  qui  lui  en 
offirit  davantage  le  droit  de  publier  l'Indulgence  \  &  il  le  fît  d'une  manière 
fi  fordide  >  que  fans  aurre  vue  que  de  tirer  davantage  d'argenr  »  il  ne  fongea 
qu'à  trouver  des  Miniftres  qui  lui  futlènr  femblables  »  fans  concraâer  avec 
les  perfonnes  médiocres ,  qui  puflènt  parrager  avec  lui  le  profit. 
C  i  T  o  1 T  la  coutume  en  Saxe  >  que  quand  les  Papes  accordoient 


3 


Cela  peut  être,  mais  ce  font  des  libérali- 
tés donc  on  n'aime  pas  à  charger  des  comp- 
tes. Le  filence  eft  ici  la  plas  feible  de 
toutes  les  preuves  ^  far  tout  lorfque  le  fait 
eft  attefté  par  les  Hiftoriens ,  comme  ce- 
lai ci  Teft  par  Gmcciardin.  Et  accnbbt  , 
dit  cet  Hiftorien,  L.  i\.  cht  il  Pontefict , 
il  fuaU  per  facUiià  dcUa  naturafua  cferci- 
tava  in  moite  cofe  conyoca  maeftâ  luffieio 
Ponteficale,  donb  à  Maddalenafuaforella  lo 
emolumento  &  lUfauione  dclU  indiUgen^e 
di  moite  parti  di  Germania,  9cc.  Le  té- 
moignage dun  Hiftorien  qui  vivoic  dans 
ce  tems  même,  &  qui  étoit  attache  à 
Léon  par  Tes  emplois ,  peut  bien  fuppléer 
ma  filence  des  Regiftres ,  ou  du  moins  on 
ne  peut  pas  accoler  FrorPaolo  d'avoir  in- 
venté le  fait. 

X  s  •  Madeleine — chargea  du  foin  défaire 
prêcher  Us  Indulgences  &  d*en  recevoir  le 
prodÊtit  VEvêque  Arembaud  ,  qui  enpaffant 
à  la  dignité  EpifcopaU  m'avoii  rien  perdu 
des  qualités  d'un  parfait  marchand  Génois,) 
PaÙavicin  ,  L.  i.  c.  )•  a laifende  relever 
Fra-Paolo  pea  ezaâ  for  1  anide  à* Arem- 
baud ,  qui  n  étoit  ni  Marchand  ni  Génois , 
mais  Gentilhomme  Milanois,  &  qui  n'é- 
toit  point  non  plus  encore  alors  Evèqoe, 
ni  n'avoit  la  Saxe  pour  fon  dépanement 
dans  k  Ferme  des  Indulgences;  Ce  (bnc 


des  inexadlitodes ,  qae  cet  Hiflorien  a  eà 
doit  de  relever,  qnoiqn'ao  fond  elles  à'al- 
tcrent  point  TefTence  du  fait  principal. 
Car ,  félon  PaUavicin  même  y  il  «ft  cer- 
tain qxx  Arembaud  fut  chargé  de  la  publi- 
cation des  Indulgences ,  êc  du  recouvre- 
ment des  deniers  fur  le  Rhin  y  aufli  •  bien 
que  dans  la  Bafle  Allemagne  &  le  Comté 
de  Bourgogne.  Le  même  Hiftorien  con- 
vient auflî  qu'il  devint  depuis  Evéque  , 
quoiqu  il  ne  le  fût  pas  alors.  En  effet  »  fé- 
lon i/ghelli  ,  il  ne  devint  Evèque  qu'en 
ifif ,  qu'il  obtint  l'Evêché  de  Novare» 
d'od  il  padk  enfuite  à  l'Archevêché  de 
Milan.  (  It.  Sac.  T.  4.  )  Mais  ce  qo'il  7  a 
à  remarquer ,  c'eft  que  Gucciardin  attef- 
té que  ce  fut  Madeleine  qui  lei  fit  dépa-* 
ter  pour  cet  ofiBce,  &quec'éioitan  hom* 
me  fon  avare  :  ce  qui  eil  précifëmeot  tout 
ce  qu'il  7  a  d'eflèntiel  dans  le  &it  rappor- 
té ^  Fra-Paolo.  La  quale^  dit  Goic- 
ciardin,  L.  1.3.  havendo  fatta  deputato 
Commejffario  il  Fefcovo  Armboldo  minijlro 
degno  di  que  fia  commeffione,  chtl'efercitava 
con  grande  avaritia  &  eftorfioru.  Si  Fra- 
Paolo  n'eft  point  coupable  de  plos  grandes 
inexaétitudes  qae  cdles  qui  fe  trouvent 
dans  le  récit  de  ce  £iit ,  on  ne  doit  pas 
craindre  que  la  réputation  de  fon  Hiftoire 
en  diminue* 


14         HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  D  X  V I.    cies  Indulgences ,  "  la  publicacion  en  écoic  abandonnée  aux  Ermita  de  S« 

Léon  ^  jfugufiin  *^.    Les  Quêteurs  commis  par  Arcmbaud  ne  voulurent  point 

..      fc   fervir* d'eux  ,    de  peur  quêtant  accoutumés  de  longue  main  a   ce 

L  I.  c.  ?!  commerce  >  ils  n'euflènt  radreflc  de  tirer  fecretemcnt  à  eux  une  partie 

du  profit  ;  ou  qu'étant  leur  office  ordinaire  de  publier  ces  Indulgences  » 
0  Bzov.  ad  elles  n'en  valuûent  moins  entre  leurs  mains.  Les  Quêteurs  ^  en  charge* 
an.  15 17.  rent  donc  les  Dominicains^  qui,  par  les  nouveautés  qu'ils  débitèrent 
^r'^' .  pour  faire  mieux  valoir  les  Indulgences  qu'ils  publioient  »  donnèrent 
/in  L^f''  oeaucoup  de  fcandale  :  comme  en  excitèrent  de  leur  côté  P  la  vie  dé* 
Thaan.  L  ^'^  ^  ^^  ^^^  débauches  de  Quêteurs  mêmes  ,  qui  dans  les  tavernes  fie 
x.N^S.      aillears  dépenfoienc  en  jeux  &  en  autres  chofes  qu'il  eft  plus  à  propos 

de  taire ,  tout  ce  que  le  peuple  prenoit  fur  fon  néceflaire  pour  gagner 

les  Indulgences. 
Méirtb^        VIL   Cbxtb  conduite  des  Quêteurs  %  engagea  Martin  Luther  ,  de 
Luther  i*c-  l'Ordre  des  Ennius  de  S.  Auguftin  ,  à  s  élever  contre  eux.  ^^  Il  fe  contenta 
lève  tùntre  d*abord  de  parler  contre  l'excès   des  nouveaux  abus  »  donf  ils  fo*  reii* 

ceux  qui  les 
frèchoient 


*  160  C'éeoit  la  coutume  en  Saxe,  que  quand 
comte  Us  y^  p  ^conbieat  des  Indulgmces  ,  ta 
Quêteurs  »      ,  •.  ^ \  1,  •     *      .      y    *     r-     • 

^  ...  /:.  -«^   ptsbhcatian  em  mou  sùémdonaée  aux  Ermites 
O»  enjuste    j     ^      ^      ^-     »    r.      »     #     r 
contre  Us  ^*  Auguftin.  )  Fra-Paolo  le  trompe 

Indtdtences  ^^^^^  <^ic    qoe   c*écoit  la  codnune  en 

fnimes,         ^xede  leur  abandonner  la  publication  des 

a  Pallav.  L  Indulgences.  Car  il  paroip  par  les  preoves 

I.  c.  4.  &  y.  qu'en  appone  PaUavicin ,  L.  1.  c.  ).  que 

SIcid.  L.  I.  c^  emploi  n'étoic  af&âé  à  aocun  Oidre par* 

p.  6.  cicnlier,  de  qae  b  commiflion  en  étoit  don- 

rleurv  ,  L.  née  tanrAc  aux  Franctfcains ,  &  tantôt  aux 

1 1; .  N^4o.  Dominicains  ,  qui  en  dernier  lieo en  avoient 

été  chargés  par  les  Chevaliers  Teotoniques. 

Aoffi  ni  Omicciardin  ,  ni  Sleidsm  ,  ni  Mt 

de-  Tkou ,  ne  font  nulle  ntenc ion  de  cette 

coutume  »  ft  je  ne  (ai  comment  a  prévalu 

Ibr  ce  poinc  Ifopsnion  populaire  ,  qu'a  (iii« 

vie  FrO'PaêU  &ns  tiop  Texamin^  %  quol- 

qut  PaUavicin ,  L.  i.  c.  4.  avoue  que  Hi 

)aloufie  des  Auguftins  contre  les  Dominé^ 

cains  lut  une  des  premières  caufcs  de  tous 

tes  troubles. 

ST.  €S  déèauckcs  des  Quêteurs  mimas  , 
qui  dans  ks  êovtnuê  &  ailleurs  difénfriem 
en  jeux  ^  en  aafiw  chafts  qu'il  cftplus  à 
fmpos  de  $um  >  &e«  )  Ce  iont  les  ^prei 
termes  de  Guicdsrdinôc  de  M.  de  Thau , 
que  Fra-P4Qi9  n  a  dit  que  copier  {  &  la 
roppreflîoQ  que  fit  la  Concile  de  Trente  de 
ces  (bnes  de  Qaâse«9s ,  ne  ^ftiSt  que  trop 
les  plaintes  qu*en  fait  ici  notit  Htfltiioii* 


Perche  era  notorïo  ,  dit  Guicciardin  ,  cke 
{ indulgenae  )  fi  concederana  filoMteute  fer 
eftorquere  danari  da  ffi  hucmimi  ,  &  effenda 
efercitate  imprudentemente  da  Commeffmni 
dcputati  u  quefta  efattione ,  la  pim  parte  de 
quoH  comperava  délia  Carie  la  facoltà  di 
cfircitare,  kavcva  concitato  in  tûolti  luatU 
indignatione  &fcandalo  affui  ,  &eJpeciaL 
mente  ncHa  Germania  ^  dave  a  aiôki  de' 
AHaiftri  era  i^eduta'Penderepcrpoco  ptcm^ 
à  giacarfi  fa  ic  taverne  lafacoliâ  di  Iwe^ 
rare  l'anime  de*  morti  dal  Purgataria.  M. 
de  Tbou  s'ezprinned  une  manière  a&i  fem» 
blable  :  âr  ce  qui  rend  la  cbofe  plus  cei* 
taine  ,  c*eft  que  Pallavicm  n*ofe  la  4è&* 
vouer. 

it.  Ilfc  contenta  Sabord  de  parta^  eature 
l* excès  des  nouveaux  akus.  )  Palla^ictm^ 
qui  n  omet  rien  pour  multiplier  autant 
qu'il  peut  les  fautes  de  notre  Hiftorien  « 
croit  te  conmincte  de  hmt  en  foutenanc 
que  luiker  dans  fet  pcemièies  Frapofr- 
tsonf  Mcaqua  égalemem  les  Indulgeacas 
conmie  tes  Abus.  Ci  hk  eft  véri^te  , 
mais  ne  montie  pas  b  (aulleti  de  ce  tfon 
ék  FrO'Paoh  \  piiirqu>'a«ant  la  p«Wicatio« 
de  fes  Pfopefcioaft  ,  Itsthee  avoit  âc  pulé 
ft  px4ch£  contre  les  abus  qisi  Te  comme^- 
rolent  dans  la  publicarion  des  Indulgen* 
ce9 ,  comme  le  rapporte  SUidan  :  Is  corn- 
cknièus  itHs  &  ^^uafiemn^  lèàeKs  exc99a>^ 


DE    TRENTE, Livre    I.  ly 

doient  coupables.  Mais ,  irrité  de  fon  procédé  à  Ici^r  égard  ,  il  fc  mit  i  m  »  x  vi  i. 
étudier  l*origiiic  &  les  fondcmcns  des  Indulgences  ;  Bc  paflant  des  nou-  ^^^^  ^» 
teaux  abus  aux  anciens ,  &  de  Tédifice  aux  fondemens  mânes ,  *^  il  publia  """"""""^ 
xcv  Propofitions  fur  cette  matière,  qu'il  offrit  de  détendre  à  Wittcm- 
berg.  Mais  ,  quoiqu'elles  eulTent  été  &  vues  Se  lues ,  perfonne  ne  fë  pré* 
fcnta  pour  les  attaquer  de  vive  voix.  Seulement  ^  F.  Jean  Tu[cl  Domi-  rFIcury  ,L 
nicaîn  en  propofa  d  autres  toutes  contraires ,  dans  la  ville  de  Francfort  en  nf .  N''4o. 
Brandebourg.  Pallav.L.i. 

VII L    l)ettb   oppofition  de  conclufions  fut  comme  une  déclara-  ^'  p ,  ^ 
tion  de  guerre.    Car  Luther  aiant  écrit  pour  la  défenfe  Ses  iiennes  y  Théologiens 
*    Jean    Echius  les  attaqua  \    &  tous   ces   écrits   aiant    paffé  |ufqu*à  écrivent 
Rome,   Sylveflre  PnVno J>)mînicain  prit  auffi  la  ^\\xmtcotïtizlMther\ contre  Lu- 
it ce  )®  conflit  mutuel  fit  paflTër  les  uns&:  les  autres  de  la  matière  con*  ^^c7'*j  t 
teftée  â  quelques  autres  points  d'une  plus  grande  importance.  *  ^^ 

£  N  effet ,  comme  Ton  n'a  voit  pas  encore  bien  examiné  auparavant  la  Pallav.L.i. 

3ueftion  des  Indulgences  ,  &  qu'on  avoit  également  ignoré  la  manière  c  6. 
le  les  bien  défendre ,  ou  de  les  bien  attaquer  ,    Ton  n'en  oonnoifibit  ^^^^^J^ 
pas  trop  bien  ni  la  nature  ni  les  caufes  ^  Quelques-uns  crôjoient  >  que  les  !^^'  ^  7'* 

t  Pallav. 

ius  ,  quum  vîderet  vulgo  credi  quoi  Uli  ja-  ques  points  d'une  plus  grande  importance,  )  L»  2-  c.  5. 
Bahant  ,  cœpit  monere  homines  ,  agerent  C*eft  Vefftt  ordinaire  de  toutes  les  difpo- 
prudenter  ^  neque  merces  illas  tanti  corn"  tes,  par  rencfaainement  naturel  qo ont  dif^ 
pararcm  ;  qued  enim  his  rébus  impende^  férentes  matières  les  ones  avec  les  ancres. 
nm  ^  muUo  pogc  coUocaii  nuliiu.  £c  ce  C/eft  aaffi  ce  qui  fit  pa&r  Luther  de  la 
ne  fiic  qaaflei  de  tems  après  ces  prcdica-  queftion  des  Indulgences  à  celles  de  la  Pé- 
oons,  qœ  Zi/xA«r  écrivit  à  rArchev^oe  de  nitence  &  du  Purgatoire  ,  &  à  plufieurs 
Mayence  »  &  loi  envoya  (es  Propofitions .  Il  autres.  Et  quoique  dans  Tes  prémices  Pro- 
eft  en  effet  naturel  de  croire  que  Luther ,  portions  cet  Auteur  touchât  tous  ces  difS* 
|aî  ne  fongeoic  nullement  alors  à  fe  fqiarer  rens  articles ,  ce  n'efl  nollenient  une  preuve 
eTEglife  Romaine ,  ne  commença  i  parler  comme  le  prétend  PaUavicin ,  que  ce  Ré- 
contre la  doébine  qu'on  y  prêchoit ,  que  formateur  eût  eu  deflèin  d'attaques  tous  ces 
brlqueladifpuceentcomnieiicéàs'échaaécr  points  ,  avant  que  les  comefiicions  qu'il 
par  les  efiôrts  que  fûToient  les  Prédicateurs  eut  avec  (es  advexTaires  dans  les  pédicacions 
des  Indulgences  pour  juftifier  les  abus  con-  &  les  entretiens  euflènt  commencé  à  élargir 
tre  le(quels  Luther  déclamoit  i  &  c*eft  ce  la  difpute.  Ce  progrès  eft  exaâement  mar- 
ue  déclare  nettement  l'Auteur  de  la  Vie  que  par  Gulcciardin^  L.  13.  où  il  dit^  que 
le  Luther,  Luther  ayant  pris  occaûon  des  abfus  des  C^uè* 
29.  N  puàlis  xcv  Propofitions,  )  Pallof  ceun,€ommeni(aparœépniieriesIndu]gen- 
vicm  ^  L«  I.  c.  4*  en  nomme  zcvii.  Mais  ces,  de  âcome(ler  enlnite  aux  Papes  Tauto- 
SUidan  ,  aufi-bien  que  h  plupart  des  au-  rite  de  les  accorder  :  osais  que ,  (butem  par 
«es  ,  n'en  comptent  que  zcr  i  6c  on  n'en  les  applandiflèmens  popalaires  &  la  pro- 
tranve  pas  davantage  dans  les  premières  ceétion  du  Doc  de  Saxe,  (ans  (è  contenir  plus 
Thèfes  de  Luther  publiées  en  i  ;  17.  &  qu'il  long-temt  dans  ces  bornes ,  nonfèulement 
défendit  enfuite  dans  (à  lettre  à  Léon  X.  il  excéda  dans  l'anaque  qu'il  fit  de  l'auto- 
écriteen  if  18.  Luth,  T.  i.  p.  fi.  &  loi.  rite  du  Pape,  mais  qu'il  vint  avec  le  tems 
)0.  Ce  conflit  mutuel  fit  pajfer  les  uns  à  défendre  bien  d'autres  erreurs  :  Nonfolo 
&  les  autres  de  la  matière  eorusftée  à  quel-  fu  troppç  immqdarato  contra  Upotefià  de* 


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I 


16        HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  D  X  V  X I.  Indulgences  3 1  n'écoienc  pas  tant  une  difpenfe  de  payer  ce  qui  eft  d\i  à 
Léon  X.  1^  Juftice  divine ,  qu'une  abfolucion  ou  une  reraife  que  faifoient  les  Pré- 
"■■"■■■■"  lats  des  peines  que  dans  les  anciens  tcms  l'Eglife  impoloic  aux  Pénicensr 

rur  maintenir  la  Difcipline  »  &  donc  les  Eveques  s  etoienc  attribué  pea 
peu  rimpofition  ,  qu'ils  communiquèrent  enfuice  au  Prêtre  Pcniten* 
cier  )  &  enfin  à  tous  les  Confeficurs.  D'autres ,  trouvant  que  cela  tour-» 
noit  plus  au  dèfavantage  qu'au  bien  des  Chrétiens ,  qui  étant  délivrés 
des  peines  Canoniques  négligeoient  de  fatisfaire  â  la  Juftice  de  Dieu  par 
des  peines  volontaires ,  concluoicnt  qu'il  falloit  que  les  Indulgences  dé- 
livraient des  unes  &  des  autres.  Mais  ceux-ci  étoient  encore  partagés 
entre  eux.  Car  les  uns  vouloient  que  ce  fut  une  abfolution  entière  >  fans 
qu'il  fut  befoin  de  rien  donner  en  équivalent. ^Les  autres  au  contraire, 
ton  oppofés  à  ce  fentiment  >  foutenoient  qu'à  la  faveur  de  la  charité  qui 
unit  tous  les  membres  de  l'Eglife  »  les  pénitences  des  uns  fe  pouvoicnc 
communiquer  à  d'autres  »  6c  les  acquitter  par  une  telle  compenfation» 
Mais  parce  que  cette  forte  de  remife  paroidbit  plutôt  être  le  fruit  des  mé- 
rites des  perfonnes  ûintes  &ç  vertueufes  »  que  de  l'autorité  des  Prélats  > 
de-U  vint  une  troidéme  opinion  »  qui  fit  les  Indul^nces  partie  abfolution  , 
i  quoi  l'autorité  eft  requife ,  &  partie  compenfation.  Et  comme  les  Eve- 
ques ne  vivoient  pas  de  manière  d  pouvou^  donner  beaucoup  de  leurs 
mérites  à  d'autres ,  on  fuppofa  dans  l'Eglife  un  Tréfor  rempli  des  mé- 
rites de  tous  ceux  qui  en  ont  pltis  qu'il  ne  leur  eft  néceflaire  ;  ic  donc 
la  difpenfation  eft  conunife  au  Pape  y  qui  en  accordant  les  Indulgences 
donne  au  pécheur  dequoi  payer  fa  dette  par  l'aflignation  équivalente  qu'il 

Îrend  fur  ce  Tréfor.  Mais  la  difficulté  ne  fè  trou  voit  pas  par  U  toat« 
-fait  terminée.  Car  fur  ce  que  Ton  objedoit  »  que  les  mérites  des  Saints 
étant  d'une  valeur  finie  &  limitée ,  ce  Tréfor  pouvoit  s'épuifer  -,  l'on  y  ajouta 
les  mérites  de  J.  C.  qui  étant  infinis  le  rendent  inépuifable.  Cependant,  cela 
même  faifbit  peine  a  d'autres  y  qui  demandoient  à  quoi  bon  avoir  recours  i 
quelques  petites  gouttes  des  mérites  des  hommes ,  pendant  que  ceux  de  J. 
C.  en  forment  une  mer  immenfe }  C'eft  ce  qui  donna  lieu  aufli  à  quelques* 
uns  de  faire  confifter  ce  Tréfor  dans  les  feuls  mérites  du  Sauveur. 

Comme  toutes  ces  chofes  étoient  jufqu'alors  fort  incertaines  »  &  qu'el- 
les 


Pontefici  &  duthorltà  dclU  Chiefa  Roma- 
na  ,  ma  trafcorrtndo  ancora  ne  gli  errori 
de  Boemi  comincio  in  progreffo  di  ttmpo  a 
Uvare  le  imagini  délie  Chiefe  ,  &c.  C*eft 
préci((aient  ce  que  marque  Fra-Paolo^  Se 
quoiqu*en  dife  Pallavicin^  on  voit  bien  que 
la  chofe  n*a  pu  fe  £aire  autrement ,  &  il  eft 
obligé  d*en  convenir  lui-même ,  L.  i.  c.  £0. 
%  I  •  Quelques-uns  croyaient  que  les  In^ 
dulgences  ,  Bec.  )  Fra-Paolo  fait  ici  une 
énmnéiacion  ibrteza^  des  principales  opi- 


nions qu'on  a  débitées  au  fujet  is^  Indol* 
gences.  Il  eft  certain  «  que  dans  leur  origine 
on  ne  les  a  données  &  reçues  que  comme 
une  relaxation  des  peines  Canoniques.  Ce 
Tréfor  des  mérites  de  J.  C.  &  des  Saints» 
dont  la  difpenfation  eft  commifè  au  Pape ^ 
eft  une  imagination  de  TEcole  qui  n*a  au* 
cun  fondement  dans  Tantiquité,  &  qui  n'eft 
devenue  à  Rome  un  article  de  Foi  que  de- 
puis la  Bulle  de  Clément  VI ^  dont  les  Papes 
ont  Eût  depuis  fi  utilement  ufage. 

5** 


DE    TRENTE,  Livre    î.  tj 

les  n'avoîent  d  autre  fondement  5*  que  la  Bulle  de  CUmtm  VI ,  publiée  .*'^*^'^ 
pour  le  Jubilé  de  Tan  mcccl  s  aufli  ne  paroHIbient-elles  pas  fumfantes 
pour  attaquer  &  détruire  la  doctrine  de  Luther ,  &  pour  répondre  à  fes  "— """"^ 
raifons.  C'eft  pourquoi  Tu^cl,  Êchius  &  Priirio^  qui  ne  trouvoient  pas 
dans  la  matière  même  dequoi  réfuter  Luther ,  eurent  recours  aux  lieux- 
communs  ,  &  s'appuyèrent  fur  lautorité  du  Pape  &  le  confentement  des 
Doâeurs  Scolaftiques  ,   concluant  qu'il  falloit  tenir  les  Indulgences  pour 
un  Article  de  Foi  >  puifqu'elles  venoient  du  Pape  »  qui  étoit  infaillible 
dans  les  chofcs  de  Foi ,  &  qui  avoit  approuvé  fur  cepoint  la  doArine  des 
Scolaftiques.    Cela  donna  occaHon  à  Luther  de  pa(Ier  des  Indulgences  i  Luther  m- 
l'Autorité  du  Pape ,  qu'il  fbumettoit  à  celle  du  Concile  Général  légitime-  ^^îf  ^*  . 
ment  aiTemblé,  ^dont  il  difoit  qu'il  y  avoit  alors  un  prelTant  befoin  \  candis  p^fj[^^ 
que  fes  adverfaires  foutenoient  au  contraire ,  que  la  puiflance  du  Pape 
etoic  fupérieure  à  toute  autre.  Mais  plus  ils  Vattachoient  i  relever  l'auto- 
rité des  Papes  »  plus  il  prenoit  plaiiir  à  la  rabaiÏÏer  -,  parlant  néanmoins 
modeftement  de  la  perfonne  de  Léon ,  malgré  la  chaleur  de  la  difpute ,  8c 
s'^n  rapportant  toujours  à  (on  jugement.  3)     Ce  fut  par  le  même  motif, 

2u'il  vint  à  difpurer  aufli  de  la  Rémidion  des  péchés ,  de  la  Pénitence  ,  Ce 
u  Purgatoire ,  parce  que  les  Romains  tiroient  de  toutes  ces  chofbs  des  pccu- 
ves  pour  la  défenfe  des  Indulgences. 

Mais  de  tous  ceux  qui' écrivirent  contre  Luther ^  ^  autan  ne  s'y  prit  «Lodu 
mieux  que  F.  Jaques  Hochfirat  Inquifitear  Dominicain  ,  ^4  qui, fans  s'amu-cont. 
fer  aux  laifons ,  exhorxa  Léon  à  le  convaincre  par  le  fer  &  par  le  feu.        o^-^'  7*  '* 

D    S 

êuJIi  à  difputtr  de  U  Rimiffion  des  péchés  ^[^  '        i^ 
— parée  que  les  Ronuûns  tiroient  de  tou»  i^ii^-j^^ 
tes  ces  chofes  des  preuves  ,  ôcc*  )  Lêr  con-> 
nezion  nararelte  de  toutes  ces  matièies ,  9c 
non  les  «ttaqpes  dits  ^.ooiains^  fiit  Jjl  v£. 


)  u  Elles  n^avoient  d'autre  fondement  que 
la  Bulle  de  Clément  VL  )  Pallavicin  ,  L.  t. 
c  f.  &it  on  crime  à  FraPaolo  de  ces pa- 
t!oles  ,  (oQS  prétexte  qae  S.  Thomas  &  S. 
Bonavemure.  avoient  enfeigné  la  même 
doârine  un  fiède  avant  Clément  FI,  Fra* 
Paolo  ne  rignoroît  pas  fans  doace ,  lai  qui 
avoit  une  û  grande  connoiilâncedesdoâri- 
nés  de  TEcole  ,  comme  on  le  voit  par  bn 
Davrage.  Ainfi ,  quand, il  dit  que  toa^s  ces 
chofes  n'avoienc  d'aao»  fondement  que  la 
Balle  de  Clément  VI ,  ce  n*eft  pas  qa'il 
^HQl^t  qise  S.  Thomas  ^  S.  Bonaventure  « 
Atéxarfdre  .de  ffalès  èc  d*aatT.es  avoient 
lai&nné  fur  les  mêmes  fondçmens.  Mais 
c*étoic  oniquemenc  pour  marquer  qoe  c'était 
la  feulç décidon  quil  j  eût  dans  l'Edife  Cm 
fe  point  i  paifque  rautoiicé  de  5.  Tlfomas 
&  de  S.  Bonavefnure  pouvoit  bien  faire  re- 
garder Içur  opinion  comme  probable ,  mais 
non  pas  rériger  en  Dogme  &  en  Ajçcicle  de 
loi. 

l^*  Ce  fut  par  le  même  motif  qu'il  vint 

Tome  L 


ritible  caufe  qui  porta  Luther  à  en  di^pu- 
ter  I  pai(qa*avant  les  séponTes  qu'il  s'attira  » 
on  voit  qull  j  avoit  déjà  touché  dans  Tes 
Pxopofirions.  Mais  il  eft  certûo  en  même- 
tecns ,  que  les  attaques  de  Tes  adverfairesélar- 
giient  beaucoup  ladifpute,  &.lui  firent  com- 
battre phifieuxis  points ,  auxquels  de  Ton  pro- 
pre aveu  il  n*avoit  nullement  pen(é  d'a- 
bord. 

)4.  Mais '-^  aucun  ne  s*y  prit  mieux 
que  F.  Jaques  Hochftrat^  &c.  )  Ceft  ce  mê- 
me Inquiticeur  qui  fufcita  tantd'a{{àires.a« 
célèbre  Reuchlin  ,  &  dont  Erafme  nous  a 
donné  un  caiaâère4pfficnx  dans  Tes  lettres» 
Ainfi  Ion  ne  doit  point  être  furpris  apfêy 
cela ,  s  11  croyoit  que  les  (iipplices  étoient  la 
meilleure  raifbn  .dont  Léon  put  fe  (èrvix 
to(vr  nunener  Luther  ,  comme  le  dit  Slà^, 

C 


iS         HISTOIREDU    CONCILE 

fnTrm.       IX.  Cependant  la  difpace  s'échauffoic  de  plus  en  plus  •,  &  Luther 

Léon  X.  avançoit  toujours  quelque  nouvelle  Propofition ,  à  mefure  qu'on  lui  en 

• .  -  .     ,  fournidbir  Toccafion.  J  ?  C'cft  ce  qui  obligea  Léon  *  de  le  faire  citer  à  Rome 

Romf*''  ^  au  mois  d'Août  mdxviii  ,    par  **   Jérôme  Evêque  d'Afcoli  Auditeur 

*Id.  N°77.  de  la  Chambre  ;  &  d'écriçe  en  même  tcms  un  Bref  à  Frédéric  Duc  de 

Sleîd.  L.  I.  Saie ,  pour  l'exhorter  à  lui  reftifer  fa  proteAion.    Il  ccryit  t  auffi  au 

F-  ^'  Cardinal  Cajétan  fon  Légat  à  la  Diète  d'Ausbourg  ,  de  foire  de  fon  mieux 

V*^        pour  le  prendre  prifonnier  &  le  faire  conduire  à  Rome.  Mais  on  fittrou- 

y  Pallav.    ^^^  '^^  ^  ^^^^  >  ^^  ^^^^^  Caufe  fut  examinée  en  Allemagne  ;  &  il  en 

L.  I.  c.  5^.  commit  le  foin  &  le  jugement  à  Ion  Légat  >  avec  ordre  de  recevoir  Luther 

Luth.Tom.  en  grâce ,  s'il  voyoit  en  lui  quelque  cfpcrance  de  retour ,  comme  auflî  de 

i.p.  104.    |yj  promettre  non-feulement  le  pardon  pour  le  paffé  ,  )7inais  encore  des 

honneurs  &  des  récompenfes  ,  félon  que  fa  prudence  le  lui  feroit   juger 

à  propos.    Mais  s'il  le  trouvoit  incorrigible ,  il  avoir  ordre  de  s'employer 

auprès  de  l'Empereur  Maximilien  &  des  autres  Princes  d'Allemagne  »  pour 

le  faire  punir. 

é* campa-      3»  Luther  j  muni  d'un  Sauf- conduit  de  l'Empereur»  »  alla  trouver  le 

rost  devant 

le  Cardinal  j^n  >  Pontificem  ad  vim  atque  flanuaottL    Maître  da  lacté  Falaîs  qui  avoit  écrit  oon« 

Cojttan    à  exhortatus. 

Ansbourg. 


.  . ,  )/•  C*eft  ce  qui  obligea  Lion  de  le  faire 

K  Slcid.  L.  ^;^^^  ^  Rome  au  mou  d'Août  m  d  x  y  1  z  i.  ) 

L  &  ^t'°'^^  "®  ^"^  qu'après  en  avoir  été   follicité 

iii    *    *  ^*'  ^^*  lettres  de  TEmpercar  Maximilien , 

Pallav*  Li  '"^P^'^ées  parmi  les  Oeuvres  de  Luther  y 

^  o^    '      *  T.  I.  p.  10  j.  Ceft  ce  qui  nous  doit  faire 

Ffciry  ,  L  regarder  comme  riês-fufpeft  ce  que  ra- 

iif.N^So.  porte  Pujfindorf  ^ns  (on  Introduction  à 

l'Hiftoire ,  o&  il  nous  dit ,  que  Maximilien 

navoit  aucune  averpon  pour  la  domine  de 

Luther  ,  Se  qu'il  difoit ,  quil  vouloit  gar^ 

der  ce  Moine  pour  lui  ,  &  avoit  dejfein  de 

s*en  fervir  avantageufement:  H  paroic  au 

contraire  par  fa  lettre  â  Lion  ,  qu*il  accu- 

foit  Luther  d*avoir  avancé  plufieurs  Héié- 

fies ,  &  qtfil  priott  ce  Pape  A*y  apporter 

promtement  remède  :  Audhefefe  quemad- 

modum  Lutherus  muîta  difputdrit  &  pro 

concione  dixerit,  in  quitus  pleraquc  videan- 

tur  e£e  haretica — Magnitudinem  reîfane 

pofiulare  ut  nafcenti  malo  medicinamfaciat 

prîufquam  hngîus  evagetur  atque  ferpat. 

Aeid.  L.  X.  p.  8, 


çre  Luther  ,  &  que  par  cette  raifon  on 
n'auroit  pas  du  loi  donner  en  quelque  for- 
te pour  luge.  Mais  ce  ne  fut  pas  la  feule 
fadlë  démarche  que  fit  Lion  dans  toute  la 
fuite  de  cette  affaire ,  comme  Pallavicin 
Tavoue  en  parlant  de  la  part  qu'eut  Eekius 
à  la  Bulle  de  if  xo.  L.  i.  c.  lo. 
'57.  Mais  encore  des  honneurs  &  des  ré- 
compenfes ,  félon  que  fa  prudence  te  lui  fe- 
roit juger  à  propos  )  Ceft  de  quoi  il  n*eft 
&it  mention  ni  dans  la  CommifGon  en<* 
voyée  à  Cajétan  ,  ni  dans  Sleidan  ,  ni  dans 
la  relation  de  Luther  même  s  &  il  7  a  ap- 
parence que /nt-Piio/b  n*a  ajouté  ceci  que 
par  conjeéhire  ,  ou  par  une  fimple  pré- 
somption tirée  de  la  conduite  que  tinrent 
depuis  avec  Luther  ,  Miltit^  &  Verger.  Peut- 
dtre  audi  que  notre  Hiftorien  par  méprife 
a  appliqué  à  Luther  les  promefllès  fiuef  à 
ceux  qui  obéiroient  fidèlement  à  la  Bulle 
&  renonceroient  a  leurs  erreurs  s  piomefiè 
dont  £iit  mention  Pallavicin  ,  &  avant  loi 
Sleidan,  Qui  vero  fidelem  eperam  in  eo 
prctftiterint  ^   Us  vet  communem  illam  & 


3^.  ParJirSme  Evêque  ff  Afcolî  ,  Audi-  plenam  deliflonim  remijjîonem  concedi  ,  vet 

teurde  la  Chambre,  )  C'ctoit  Jérôme  Ghi-  etiammunusaliquodlargiripracipit.Sl.  L»i. 

nucci.  Tait  depuis  Cardinal  par  Paul  III ,  ^8.  Luther ,  muni  d'un  Sauf  conduit  de 

auquel  Léon  donna  pour  Con(êiI  dans  cette  V Empereur,  alla  trouver  le  Légat  à  Aus- 

affaire  Sylvtftre  PrOrio  ,  Dominicaiii  5c  hourg,  )  Selon  Sleidan  ,  L.  i.  il  vint  à  Ame^ 


DE    TRENTE,LiVRfi    h  19 

Légat  i,  Âusbourg,  qui  après  une  Conférence  qu'ils  eurent  (îir  la  matidre   mdxvw.. 
des  Indulgences  y  voyant  Uen  que  la  Thécdogie  Scolaftique  »  dans  laquelle  Lkqh  X 
il  excelloic ,  ne  ferviroic  jamais  à  convaincre  Luther  qui  n'employoir  que   " 
l'Ecriture ,  dont  les  Scolaftiques  ne  fe  fervent  guères ,  lui  déclara  qu'il  ne 
vouloir  point  difputer  avec  lui.   Mais  il  fè  contenta  de  l'exhorter  â  fe 
retraiter  »  ou  du  moins  à  foumettre  fès  livres  &  fa  doârine  au  jugement 
du  Pape  y  en  lui  remontrant  le  danger  où  il  s'expofbit  en  perCftanc  dans 
£z$  ièntimens ,  6c  lui  promettant  des  grâces  &  la  faveur  du  Pape  »  s'il 
vouloir  fe  foumettre.   Luther  ne  répliqua  rien  i  ces  exhortations  *,  &  le 
L^at  »  qui  jugea  à  propos  de  tempoduer  un  peu ,  afin  que  les  menaces 
Se  les  promefles  euflent  le  tems  de  £ûre  lur  lui  quelque  impreflîon  >  le 
renvoya  fans  le  preiler  davantage  »  de  peur  de  s'en  attirer  une  négative  fur 
le  champ.  Cependant  «'  il  lui  fit  parler  audi  en  conforoiité  par  F*  Jean 
Siaupit[  y   3  f  Vicaire-Général  de  ion  Ordre. 

40  Luther  érant  retourné  ^  une  autre  fois  chez  le  Légat  »  il  eut  avec  lui  ^  Fleory  > 
un  entretien  fort  long  fur  tous  les  chefs  de  fa  doârine.  Mais  le  Cardinal ,  [^o'»^^' 
qui  )  pour  le  rendre  plus  difpofé  à  racconmiodemenc  qu'il  lui  vouloir  pro  Paiiav.L.i. 
pofer ,  l'écouta  pluiot  qu'il  ne  di^iuta  «  l'ayant  exhorté  en  le  quittant  à  c  ^. 

SecKcnd. 

L.  I.  SedL 
iourg  fans  ce  Sauf-conJut ,  mais  il  ne  pa^    Icibrieslndolgences  5cfiir  les^Ijasile  VE-  ^g^  *^«  .. 

rat  devant  le  I^t  qu'après  Tavoir  obtenu,  glilè  Jlomaine  «  k  ^paici  qi*îl  prie  de  de- 

Quo  cum  veniffet  iniûo  menfis  OBobris  ,  meorei  dans  cette  £gli(è  (ans  acquiefcer  au 

iriduum  ibi  fu'u  antêquam  Cofctanê  loqu^  Schifine^  la  précaution  au*ii  eut  d^lpudre 

rctur  :  nam  ii^uibus  eum  Fridericus  corn-  £#/A^r  de  fiui  voeu  d*ob£iuance  avant  la  Coa« 

mtndârat^^vttabant  ne  friàsiUum  acce-  firence  d*Ausbourg»  dont  peut-être  il  prë* 

dera,  quam  ipji fublica fide  çautiun  tjfetà  voyoit  les  triftesconflSquenceSy  &.la  mode- 

Maximdiano  Ca/arx.  £m  d^mum  impetrata  jration  même  des  offres  que  fit  Luther  à  Ca- 

venu  4  &c.  Je  ne  (ai  fur  quoi  fondé  Mr.  jitéity  apparemment  par  défSrence  pour  les 

Dupia  dit  ^  que  Luther  ne  demanda  ce  Sauf-  (bUicitacions  de  Staitplt[ ,  (ont  ce  me  (èm« 

condoit  quaprès  les  menaces  de  Cajétan  s  ble  des  preuves  af&z  fortes  qu*il  s*empIofa 

car  le  contraire  psunott  par  la  Lettre  de  Lu-  eflkacemenc  pour  terminer  cette  .a&ire  2 

iher^  T.  i.  p.  m.  ramial>Ie,=&Iêconderles  vuesdu  Lé^tdans 

59.//  lui  fit  psrUr  aujf  en  conformité  par  la  (ôumifllon  qu'il  ex  igeoit  de  Luther»  Seç* 

F,  Jean  Staupit^^  Fie  aire- Général  de  fin  kend.  L.  i.  Seà.  iS.  N^  37. 

Ordre.  )  Caoit  «  ftlon  Pallaricin  L.  i.  c.         40*  Luther  étant  retourne  une  autre  fils 

xo.  un  homme  d'une  grande  naiilânce ,  Se  che^  Je  Léfot  ,  <lcc.  ]    Fra-Paolo  ,  aprc^ 

qui  avoir  un  grand  cr6dit  fur  re(pfit  de  l'E-  Sleidan^  ne  &it  mention  que  de  depx  cntre- 

ledeor.  S'il  eft  vrai ,  comme  Yçiii  rapporté  tiens  de  Luther  avec  le  liga.t.  Mais  il  parent 

Quelques  Auteurs  ^  que  c*etoit  lui  qui  avoit  &  par  la  lettre  de  Cajétan ,  &  par  la  relation 

caargé  Luther  de  prêcher  d  abord  contre  les  de  'Luther  ^  qu  il  y  en  eut  trois  s  6c  ce  ne  fqt 

Indulgences ,  &  quaprès  les  Conférences  il  auapiès  le  croifième  que  le  Lég^c  lui  défen- 

fe  retira   feçretement  d'Ausbourg   même  dit  de  fe  pr^fenter  devant  lui ,  à  moins  que 

avant  Luther ,  comme  le  dit  Cajétan  (  Luth,  ce  ne  ^t  pout  lui  apponer  (à  rétraâacion  » 

T.  i.  p.  tao.  )  on  feroit  aifez  porté  a  croire  comme  le  dit  Slèidan:  Sîmulahire  mfi  rer 

qu*il  s'acquita  n^al  de  la  commidion  du  Lé-  fyifcat ,  &  inpoftèrum  âftto  coUoquio  juha 

gat.  Cependant,  quoique  peut-être  il  ne  fôr  abfiinere.   Voyez   au(G    Luth.   T.    x«  p^ 

pas  4*abord  fait  éloigné  des  idées  de  Luther  1  ii« 

C  a 


lo         HISTOIRE    pu    CONCILE 

mrmu  profiter  d  une  occafion  fi  fiire  &  fi  utile  de  terminer  cette  affaire ,  Luther  Iiii 
Léon  X.  j-^p^j^jj^  ^^ç^  (^  véhémence  ordinaire  ,  que  Ton  ne  ponvoit  faire  aucun 


10 


accord  au  préjudice  de  la  vérité  \  qu'il  n'avoir  ofïcnfé  perfonnc,  &  n'avoir 

jbefoin  de  la  faveur  de  qui  que  ce  foit  ;  qu'il  ne  craignoit  poiint  les  me» 

naces ,  &  que  fi  Ton  entreprenoit  quelque  chofe  d'injufte  contre  lui ,  il 

en  apjpetleroit  au  Concile.  Le  Cardinal ,  aux  oreilles  de  qui  H  étoit  venu 

lue  Luther  étoit  foutenu  de  quelques  Grands  pour  tenir  le  Pape  en  bride  » 

(oupçonnant  que  c'étoit  ce  qui  le  faifoit  parler  avec  tant  de  confiance  » 

s'emporta  ^^  jufqu'à  lui  faire  de  fortes  réprimandes ,  &  lui  dire  des  injures  \ 

&  le  fit  fortir  de  chez  lui  ,  en  lui  difant  que  les  Princes  ont  les  mains 

h  là,  Ibid»  bien  longues.  Luther  ^  fonit  de  chez  le  Légat  y  &  fe  rappellant  le  traite- 

^-  *^'         ment  qu'on  avoit  fait  à  Jean  Hufs^  fe  retira  d'Ausbourg  fans  rien  dire. 

41  Mais  après  s'en  erre  éloigné ,  &  avoir  réfléchi  plus  mûrement  fur  ce  qui 

s'étoit  paflé ,  il  avoua  dans  une  lettre  qu'il  écrivit  au  Cardinal ,  qu'il  s'étott 

trop  emporté ,  mais  il  en  rejetta  la  faute  fur  les  procédés  des  Quêteurs  Se 

de  fes  autres  Adverfaires ,  &  promit  d'en  ufer  plus  modeftement  à  Favcnir> 

de  fiitisfaire  le  Pape  »  de  ne  plus  parler  des  Indulgences ,  à  condition  cepeir- 

datit  que  fes  ennemis  en  ufallent  de  même.  Mais  ni  eux ,  ni  lui  »  ne  purent 

garder  le  filence.   Au  contraire ,  ils  fe  provoquèrent  tellement  de  part  & 

d'autre  »  que  la  conteftation  ne  fit  que  s'en  échauffer  davantage. 

BuUe  de     X.  4T  L  A  conduite  du  Cardinal  ne  plue  pas  à  la  Cour  de  Rome,  où  on 

Lhn  X>efk 

^f^f^l     '^      41»  Jufqui  lui  faire  de  fortes  r^rlman-  &  par  Ta  relation  de  Luther  m£ine,  &  pat 

ti Atb  l  ^"  *  ^       ^'^^  ^^  injures ,  &c.  )  Luther  le  témoignage  de  Sleidan  ,  L.  i .  Lutherus  , 

deLuthé^    &  5W</a«  parient  des  menaces  qpe  fit  le  àït  celuï-cï  y  tertio  pofl  hanc  comminationem 

C2idïm\  Cajétan  y  mais  non  d*aacanes  in-  iSe  —  datlitteras  adillum  offlcii  plenas  ^ 

|ares  i  St  leur  filence  à  cet  égard  eft  une  benevolentia^' Cum  ad  eas  litteras  Cajc- 

preuve  ptus  qae'  fuffifante  qa*bn  ne  lui  en  taniu  nihilrefponderet^bidubpofiamicorum 

dit  aucunes.  Vàldt  tnfiahat  ut  revoearet  ^  fecutus  eonJiUa  —  difctdit  >  nli&a  quadam 

dit  Sleidan  ,  nîfifaciat ,  panas  à  Pontifice  aDptUatione  qua  pofi  àffigeretur  paiam  ,  & 

jam  confiitutds   minatnr.    Luther  même  jub  tempus  abitionis  denuo  fcribit  Caje^ 

avoue  dans  (a  relation  ,  que  le  L^t  le  tanum.  Comme  cette  dernière  lettre  ne  fut 

traita  très- humainement >&  dans  la  lenre  rendue ,  &  que  fa  proteftation  ne  fut  aflS- 

3|U*il  écrivit  à  Cajétan  avant  fon  départ  chée  qu'après  fon  départ,  c'eft  peut-être 

'Ausbourg,  il  fe  loue  beaucoup  de  (à  bon-  ce  qui  a  donné  liea  à  la  méprifè  de  JFnr- 

té ,  St  Ten  remercie  d*une  manière  qui  Paoto. 

parott  tfès-finccie.  PaUàvicïn  ^voue  ce-  j^^.  La  conduite  du  Cardinal'ne  plut  pas 

pendant,  L.  x.  c.  9.  qu*aux  manières  cî-  âla  Cour  de  Rome,  8cc.)Vévèï\em^mrMS 

▼lies  le  Légat  joignit  des  menaces  piquan-  doute  a  '6it  cotidamner  à  Rome  dans  là 

tes  :  Mefcolando  il  Legato  col  dolce  délie  fuite  la  conduite  de  Cajétan ,  &  il  y  a 

amorevolene  il  piccante  di  qualche  mi-  quelque  lieu  de  croire  qu'il:  yen  ayoît  mè- 

naccîa.  me  de  fbn  tems  qui  lebtlmoient  de  trop 

41.  Mais.àprls  s'en  être  éloigne — //  a-  de  roideur.  Ce  qu^i^y  a  de  certain  ,  c'eft 

roua  dans  une  lettre  q[U*it écrivit  au  Cardî-  que  Luther  dans  fon  fécond  Appel  fe  phu« 

nal ^  &c.  )  La  lettre  aufli  bien  que  lapro-  gnit,  non  de  rinci'vilné,  mais  de  la  dure, 

ireftàtion  de'  Luther  ,  ftirent  écrites  avant  té  de  Cajétan  ;  &  que  Charles  Mibit[ ,  en. 

fôn  départ  d*Ausbonrg,  comme  il  paxt>îc  voyé  à  l'EleAeur  de  5axe  pour  tâcher  d'ao^ 


DE    TRENTE,  Livre    I.  zi 

en  parla  avec  beaucoup  de  mépris ,  le  blâmant  ^  d'avoir  traité  Luther  avec  MDxrxxt^ 
trop  de  févérité  &c  d une  manière  trop  injurieufe ,  44  au  lieu  de  Tavoir    '^*^  ^ 
ramené  par  les  promeflcs  de  grandes richeflcs ,  ou  de  quelque  Evcché ,  ou     ^*,  ^ 
même  d*un  Chapeau  de  Cardinal.  Cependant  le  pape  apprénendant  ^  quel-  Hift.  Flor. 
que  nouveauté  en  Allemagne  ,  non  pas  tant  contre  les  Indulgences  que  I.  é. 
contre  fon  autorité ,  donna  une  Bulle  datée  du  9  de  Novembre  mdxviii  î   ^Sldd.  L. 
où  il  déclara  la  validité  des  Indulgences ,  qu'en  qualité  de  fucceÛeur  de  S*  ^  P.*  '^ 
Hcrre  &  de  Vicaire  de  Jefus-Chrift ,  il  avoir  droit  d'accorder  aux  vivans^^  ^^^'    '' 
&  pour  les  noorts  »  &  où  il  aflfura  que  telle  étoit  la  dodrine  de  l'Eglife  Lucher ,  T 
Romaine  la  Mère  &  la  Maîtreflè  de  tous  les  Chrétiens»  que  dévoient  rece-  i.  p.  xi9.  ' 
voir  tous  ceux  qui  voudroient  vivre  dans  fà  communion.  Cette  bulle  ^  fut  e  Id.  p.nt» 
envoyée  au  Cardinal  Cajetan  »   qui  étoit  alors  à  Lintz  ville  de  la  Haute 
Autriche ,  où  il  la  publia ,  &  en  fit  tirer  plufieurs  copies  authentiques  » 
qu'il  adredà  â  tous  les  Evèques  d'Allemagne ,  avec  ordre  de  la  publier  auffi  » 
te  de  défendre  à  tout  le  monde  fous  de  rigoureufes  peines  d  avoir  aucune 
autre  foi  fur  cette  matière. 

Luther  vit  bien  par  cette  Bulle  4f  qu'il  n'avoir  plus  rien  à  attendre  de 
Rome  &  du  Pape ,  que  fa  condamnation.  Et  au-lieu  qu'auparavant  il  avoir 
épargné  la  perionne  du  Pape ,  &  jie  refiifoit  pas  de  fe  fbumettre  i  fon  ju- 

commoder  cette  affaire  ,  ne  fie  pas  diffi-  un  Apptl,  &c.  )  Ce  fécond  Appel  de  Lu^ 

culte  d*en  convenir,  [Pallav.  L.  i.c.  k  3.)  ther  ne  fac  point  occafîonné  par  la  Balle , 

le  de  vouloir  traiter  avec  Luther  fur  un  dont  il  ne  pouvoit  encore  avoir  aucune      > 

pied  tout  diâihrenti  preuve  évidente  qua  connoiflànce.  Car  cette  Bulle,  qui  n*avoit 

Rome  on  eut  fouhaité  que  Cajétan  fe  fût  été  (ignée  que  le  9  de  Novembre ,  Se  non  de 

prêté  davantage.  Cependant  on  ne  voit  pas  Décembre,  comme  ledit  le  Continuateur  de 

que  ni  le  Pape,. ni  la  plus  grande  paniede  Mr.  Fltury^  L.  xif.  N^.  t^.  n arriva  à 

la  Cour  Romaine ,  cenTurairent  d*abord  fon  Lintz  en  Autriche  que  le  i  ^  de  Décembre  > 

procédé^  puîtquon  fuivit  à  Rome  fes  vues,  &  TAppel  de  Luther  avoit  été  interjette  dès 

comme  on  le  voit  par  la  Bulle  qui  fut  le  18  de  Novembre,  (ans  qu  il  y  faOe  aucune 

publiée  crois  femaines  après  contre  Lw-  mention  de  ce  nouveau  Décret.  Paliav.  L» 

ther»  I  •  c.  X  a.  Il  eft  do^  bien  plus  naturel  de  s*en 

^^  At^eu  de  r  avoir  ramené  par  Us  pro-  lapponer  à  ce  que  dit  5/r/Vtf/z ,  L.  j.qull 

maffes  de  grandes  ruhejffes,  ^c.  )  Ici  Fra-  fit  cet  Appel  pour  prévenir  le  jugement  qu'il 

Paolû  kaJbîk  contredire  ce  qu'il  avoit  die  avoit  appris  par  les  lettres  du  Curd.  Càjitan 

auparavant ,  que  Cajétan  avoit  eu  ordre  devoir  être  rendu  à  Rome  contré  lui.  Lu* 

£aSt'a  à,  Luther  de  grandes  réçompenfes ,  therus^  quoniam  i  Cajetsnî  litterïs  àccepe^ 

s'il  vot^ott  fe  reconmxtre  >  &.  o^me  qu'il  rat  fore  ut  cpntra  fe  Romajudicaretur,  no» 

Kavoit  £auit.  Car  fi  cela  étoit  ainfi ,  conunent  vam  interjicit  é^ellationem  NovemBrîs  dîr 

la  Cour  de  Rome  pouvoit -elle  cenTurer  v/;e/£ioo  o^^dvo.  Bt  c*e(l  ce  qui  paroît  par  la 

Cajétan,  ôc  l'accnfer  de  trop  de  (cvérité ?  teneur  de  l'Appel  même  >  oïl  Luiher  dît^ 

Dans  l'un   ou  dans  l'autre  notre  Hifio-  quajrant  connu  par  les  lettres  du  Légat  qu'il 

rien  fe  trompe ,  &  peut-être  dana  tous  les  n'avoit  rien  de  bon  à  attendre  de  Rome,  il 

deux. .  s'étoit  cru  obligé  d'appeller  du  Pape  au  Coh- 

4  r •  Ltttket  vil  bien  par  eetu  Bulle  qu'il  cilc  futur;  Jam  vero  poffquam  hac  apnelta^ 

n* avoit  plus  rien  à  attendre  de  Rome  j  qi^e  tione  conte^fa^  rejeâis  etiam  eondltioni^ 

fa  condamnation — Pour  cet  effet  il  publia  bus  ,  nihil  opis  aut  fabms  à  Pontifice^*- 


t^         HISTOIRE    DU    CONCILE 

utrmu  gement,  ilréfolac  alors  de  Tarcaquer  Im-m&me.  Pour  cet  cficc  ^  il  pabtia 

LâOw  X.  on  Appel,  où,  après  avoir  déclaré  4^  qu'il  ne  précend<Mr  {XMnc  s'oppofix  à 

fLutkar  ^'^^^^^^^  ^  ^^  >  quatid  il  cnfeigneroit  la  vériié ,  il  aîouioit  :  Qu'il  n'écoit 

"Ti.  p.iis!  pas  plus  infailliole  &  plus  impeccable  que  le  refte  des  hommes ,  témom  S* 

Slêik  L  i!  l^rre  qui  avoir  été  fevèretnenr  repris  par  S.  P4uU  :  Qu'il  éoiic  bten  tiCt 

P*  14*         âu  Pape  »  qui  avoir  tant  de  richeflès  6c  de  parrifàns  >  d'opprimer  fàus 

luch.  T.  I.  crainre  de  perfonne  quiconque  n'adhéroit  pas  a  fes  ibnttiiiens  ->  de  qu'il  ny 

^'  ^^  ''       avoir  à  cela  d'autre  remède  que  d'avoir  recours  au  Concile ,  qui  par  coûtes 

fortes  de  raifons  devoit  être  préféré  au  Pape.   Cette  proteftation  courue 

route  l'Allemagne ,  &  plufieurs  la  trouvèrent  fort  raifonnable  :  ce  qui  fie 

que  la  Bulle  de  Léon  ne  put  éteindre  le  feu  qui  y  étoit  allumé. 

Troubles  en     X  L  M  A I S  la  Cour  de  Rome ,  %  qui  le  regardoit  d^  conune  éteint  • 

^*^^^*^*  envoya  en  Suiflè  F,  Samfan  Milanois ,  de  l'Orie  de  S.  François ,  pour  j 

n^s  /».  P^'^chcr  les  mêmes  Indulgences  ;  ce  qu'il  fir  en  divers  lieux ,  Se  lamaflà  juf- 

dulgenees.    9^*^  ^  ^^  >  ^^>^  ^^s*  ^^   Mzi^  il  trouva  à  Zurich  de  l'oppofition  de  la  pare 

g  Sleid  L.  d  Ulrich  Zuinfjt  Chanoine  de  cette  Egiife ,  avec  qui  il  eut  de  ^andes 

I.  p.  15.      difpu tes ,  en  pafTant  d'une  matière  à  une  autre  ,  ainu  qu'il  étoit  arrivé  au- 

Pallav.  L.   paravant  en  Allemagne.  Cela  acquit  beaucoup  de  crédit  à  Ztdngle ,  qui 

Fleury^,  L.  ^'^^^"^  ^^i^  écouter  it  mit  à  parler  non  pas  tant  contre  les  abus  des  indul* 

ii;.N^P4gences9  que  contre  les  Indulgences  mêmes»  &  l'aurorité  du  Pape  qui  les 

&  L.  xi^.  accordoit. 

^^  47-  XII.  Luther ,  qui  fc  vit  écouté ,  6c  <|ui  trouroit  des  Seâatenrs  jufquet 

an^^iAs  ^^^  I^  ^u^i^^s  païs ,  en  devint  aufli  plus  hardi.  Il  paflà  donc  i  rexameu 
Isjô  ly.  '  d'autres  articles  ;  &  ayant  abandonné  la  do£brine  des  Scolaftiques  &  de 
DeOrme  de  l'Eglifè  Romaine  fur  la  Confeûîon  &  la  Communion ,  il  approuva  la  Com- 
Luther  eon-  munion  dtt  Calice  pratiquée  en  Bohème  *,  il  fit  confifter  le  capiral^ie  la  Pê- 

damnée  pMf  ' 

les  Univei''* 

filés  de  LeU'  ^^^^^^  ^  viieat  ex  Cajetani  Uttris  ad  ^7»  Akùs  it  trotn^si  Zwiek  4e  Fappofi" 

vMÎn  (^  de  Friderùum  Principem  datis ,  adduêtum  ex-  f  ion  de  lapsnd'Ukich  Zuitigie,  &c.)  Ceft 

Celûine,       tremâ  necejjitau provocare  fe  à  Ponnfice  ad  à  cortqoe  FaiLnncin  relève  ickFra-Paob^ 

ùuurum  Cçacilium,  quod  wifit  Toodis  amni^  comme  ajant  dit  qae  la  pablicacion  des  kw 

%us  prafirendum.  dulgences  £iîie  à  Zurich  avoir  doané  naif- 

4^.  Qu'il  neprêtendok  point  s'^ofpoftr  â  ûnce  à  l*Héréfie  de  ZmingUm  Cftr  notre  HiT» 

Tautorui  du  Pé^e ,  quand U  enfeiguerob  la  torien  ne  die  rien  de  pareil.  Mais  il  fe  coiv- 

viriti  »  &c..)  Ce  n*eft  pas  tout  à  &it  le  fens  tente  de  manquer  l'oppcficion  qae  Samfom 

de  Luther,  dont  1* Appel  porte  fimplement ,  croura  à  la  publicarioiMie  ces  ladalgeuoes  âm 

4  Vautorid  du  Tape  mieux  ififormi,  melitu  ia  part  de  Èmngle ,  qoi  dès^aopanvanr  avoir 

informandum.  Ce  qui  a  ttosi^  Pra-Paolo  ,  montté  fon  ttkt  en  prèdianc  oontxe  lesabos 

c*eft  qu*aa  lien  de  confulter  hi  Balle  mèmey  qui  fègnoiem  dans  la  Cour  Bc  l'EgLfe  Roi- 

il  sVftarrèté  à  Textiait  qu'endonne  SUidan^  maine.  Skidan  é'étoic  ex|imiié  de  la  -même 

&  oà  H  s'exmîme  â  peu  près  comme  nom  manière  :  Non  multè  pojt  vêuit  iMac  mifit 

HiQorien .  initioprofitetur,  noUefe  Rotna-  Pomificis  IndulgennanÊm  ,  m  amat ,  praco 

ni  Pontijlcit  rekh  fentientîs  authoritatem  SamjonMediolanenfisFrancifcanus,uipe^ 

convâière,  &c.  aa-Kea  que  Luther  dit  fim-  timiam  emungeree.  Ei  fife  famter  opponit 

plement ,  i  —  Leone  non  reâi  confubo.  ZwngVtus ,  ac  impofiorem  effe  docet.  Vun 

Lttcb«Tom.x.p.'i)2«  NBcTaotieficommeroAiroit,  farleBt4MeDdf 


DE    T  R  E  N  T  E ,  L  I  V  R  E   I.  x  j 

nicence  >  non  dans  la  confeflîoD  exaâe  de  fks  péchés  aux  Piècres»  mais  plu-  u^xwnu 
t&t  dans  une  ferme  réiblucion  de  fe  réformer  à  lavenir.  De  Ai  il  vint  en-  ^  >  ^  n  X» 
core  i  parler  des  Vœux ,  &  des  Ans  de  la  Vie  Monaftique.  Et  quoique  fes  """^"~— * 
Ecries,  ^  qui  avoienr  pénétré  jufqu  à  Louvain  Se  i  Cologne ,  eufTent  été  exa-  h  Fleiir^,  L. 
ixttnés  6c  cenfurés  par  les  Théologiens  de  ces  deux  Univerfités  >  il  ne  s'en  x^f.  N^^r* 
ébranla  pas  davantage  ;  Se  allant  toujours  en  avant  y  il  s'appliqua  à  expofer  ^  ^ 
&  à  (brcifier  d'autant  plus  fa  doârine ,  qu'il  vojoit  plus  d'adfcrfatres  s'éle-  ^'  ^^* 
ver  pour  la  combattre. 

Lan  mdxix  fe  palïà  atinfi ,  plutôt  i  contefter  cpi'à  décider.  Cependant 
il  venolt  à  Rome  de  continuels  avis  des  troubles  d'Allemagne  &  de  Snifle  ^ 
que  la  renommée  groflklbit  encore ,  comme  il  arrive  ordinairement  »  fur- 
tout  lorfque  les  nouvelles  viennent  de  paï's  éloignés.  Léon  étoit  taxé  de  né- 
gligence y  pour  n'avoir  pas  apporté  de  promts  remèdes  à  de  fi  srands  périls. 
^  Les  Moines  fur-tout  '  l'accufoient  de  ne  s'occuper  que  de  ipeftades ,  de  f  Onoph. 
chadè  ,  de  plaifirs  >  &  de  muiique  ,  au  lieu  de  prendre  foin  des  a&ices  ^^^^'^  ^ 
importantes  qui  (é  préfcntoient.  Ils  difoient  >  qu  en  matière  de  Foi  il  ne     ^^' 
faut  pas  négliger  la  moindre  chofe ,  ni  differer  an  moment  ie  remède  y  qui 
étant  applique  d'abord  y  peut  étouffer  le  mal  dans  fa  naiiTance ,  &  qui  vient 
trop  tard  quand  le  mal  s'eft  fortifié  :  Que  l'Héréfie  à*Arius  n'étoit  qu'iuie 
peute  étincelle ,  qu'on  auroit  pu  d'abord  facilement  éteindre  >  &  qui  pour- 
tant embrafa  enfuite  tout  le  monde  :  Que  Jean  Hufs  &  Jtfomt  de  Prague 
euflent  fait  autant  de  mal ,  fi  le  Concile  de  Conftance  ne  les  eut  accablés 
dès  le  commencement.  <^  Mais  au  contraire ,  Lion  fe  repentoit  de  tout  ce 


Coppofitioadé  ZMÎngksiSamfcn^txak  ils  ne  tcii  de  tout  ce  qu'il  avais  déjà  fait ,  S(c.  ) 

nient  pas ,  qii*auptrtvant  il  ne  (ê  fut  déjà  Ceft  ce  qae  dit  Fra-Paolo  >  mais  )e  ne  (àt 

déclaré  contre  les  abus  &  contre  diffirentes  fur  quelle  autorité ,  paKqu'au  lieu  d.*adoucir 

opinions  de  1  Egli^  Romaine  y  comme  il  ce  qu'il  avott  déjà  fait  par  des  démarches 

avoir  £itt  en  effet  dès  fan  x  y  i  ^*  Hift.  de  la  plus  mefurées  ,  ce  Pape  alla  toujours  en 

Réf.  de  laSuiflè,  T.  i.p.  41.  ayante  it  aigrk  le  mal  encore  davantage  9c 

49.  Les  Moines  Y  acariens  fuf-nmi  ie  par  la  nouvelle  Bultt  qu'il  publia  peu  après, 

nt  s'oeeuptr  fue  de/peUacUs,  de  ckaffe,de  âc  par  d'autres  aûiotts  aufS  tn^sudentes.  U 


pUifirs  ,  ftc.  )  Ce  n'étoieat  pas  fenlement  eft  rrai,  que  il  nous  en  cxo|ooa  Bdndeîli^ 

les  Moines  I  car  c*eft  le  caraâ^eqn'endoiv  Lion  n'avoit  pas  intérieurement  fi  mau- 

nent  généralement  les  Hiûoriens.  Folupta-  vaiTe  opinion  de  Luther  y  pui(q^ ,  félon  cet 

tîèus,  dit  Onuphre»  venationij  auaqnis  Auteur  ,  au  )ugement  de  ce  I^ntife  ,  ce 

efitfi  dedittis ,  luxui  &  fptendîffims  con-  Réformateur  étoit  un  hett^mo  ingignê  y  € 

viviis  y  muficaque magis quam  tantum  Pan-  che  contefie  erano  invidie  fratefche  »  )•  p* 

tificem  deceret ytotusimpendebat.  Gnicciar^  Nov.  15.  Mais,  fiippofé  qu'en  paniculier 

dht  en  donne  le  même  caraéV^re  :  Immerfa  il  en  ait  jng^  akiâ,  et  qiè  s'eft  pas  hors 

sd  udirt  tmtto'l  giorno  mufiche ,  ficetie ,  e  de  vrti(eMblancc  en  ^ni  m  cazaAife  4k 

hêfflmi,  ineitnuto  4uicora  troffp^  fiù  che  Léon^  jk,A  cciiayi  qae  itaos  fa.  coadtaÎM 


Fhomefto  àpiétcêri;  &  Paml  Jave  ,  fbn  ^^  pubMque  il  paoMi  peditx  iODtdiffi^iemment , 

■égytifte d'ailleurs,  n'en  porce  {»as  un  auue  fans  rien  faire  pour  réparer  le  malqa'avoit 

jugement  :  ce  qui  montre  bien  que  cet  caufé  fa  première  pfécipkatieo^  A»  reAe  , 

plaintes  n'croient  que  trop  bien  ibndées»  )e  ne  &i  poMqooi  Ma.  AmeàÊip,  att-iieu  dt 

4fn  Mme  éoê  contraèHy  Léomfe  npeM^  txêdmxty  Am  eotursiet  LéoM  fs  w/feutoîM^ 


14        HISTOIRE    pu    CONCILE 

iioxxx.  qu'il  avoir  déjà  faic  dans  cette  affaire ,  Se  fur-cout  du  Bref  qu  il  avoit  Ctt^ 
L£ON  X.  YQy^  gn  Allemagne  au fujet des  Indulgences*,  &  il  croyoic  qu'il  eût  biea 
"  mieux  fait  de  laiflcr  difputer  les  moines  entre  eux  >  &:  en  le  confervanc 

neutre  de  £e  faire  refpeâer  des  deux  Partis ,  que  d'en  aliéner  un  en  fe  dé- 
clarant pour  l'autre  :  Que  cette  difpute  ne  valoit  pas  la  peine  de  faire  cane 
d'éclar  :  Que  Ci  l'on  en  eût  fait  peu  de  cas ,  peu  de  gens  y  penferMenc  :  Ec 
qu'enfin  (i  le  nom  du  Pape  n'y  eut  point  été  engagé  »  elle  cireroit  à  ia  fin,  & 
ièroit  aflbupie. 

CiPEKDANT»  aux  iuftances  des  Prélats  d'Allemagne  Se  des  Uni* 
verfités ,  qui  vouloienc  fortifier  de  l'autorité  du  Pape  la  condamnation 
que  leurs  Théoloeiens  avoient  faite  des  Ecrits  de  Luther  ,  Se  plus  encore 
pour  fe  délivrer  de  l'importunité  des  Moines  de  Rome ,  il  fe  dcgermina 
i^Flcury, L.  ^  fuivre  le  fentimentdes  autres,  ^  &  établit  une  Congrégation  de  Car- 
11^.  N^6c.  dinaux ,  de  Prélats  »  de  Théologiens  ,  Se  de  Canoniftes ,  à  laquelle  11  re« 
mit  entièrement  le  foin  de  cette  af&ire.  On  y  décida  très  aifément ,  qu'il 
falloit  foudroyer  une  telle  impiété.  ^°  Mais  les  Théologiens  Se  les  Canonif- 
tes ne  s'accordèrent  pas  fur.  la  manière.    Les  premiers  vouloient  qu'on  en 
vînt  tout  d'abord  à  la  fulmination.  Mais  les  féconds  prétendoient  qu'on 
devoit  nécedàirement  faire  précéder  la  Citation.  Les  Théologiens  ioute- 
noient  que  l'impiété  de  la  doârine  de  Luther  étoit  manifefte ,  que  fes. 
livres  étoient  publics,  &  que  fes  prédications  étoient  notoires.  Mais  les 
autres  répondoient  que  la  notoriété  ne  dépouilloit  perfonne  du  privilège 
de  fe  défendre ,  qui  eft  de  Droit  divin  &  naturel }  &  alleguoient  pour 
/  Gcn.  III.  s'autorifer ,  ces  pafïagcs  connus  de  l'Ecriture ,  *   jidam  9  ou  êtes-vous  \ 
f.  &  iv.  9.  Caîn  y  oà  eji  votre  fren  ?  Et  dans  le  cas  des  cinq  villes  criminelles ,  "*  Jt 
m  Gea.       defcenirai  6*  je  verrai.  A  quoi  ils  ajoutoient  que  la  Citation  ,  quoique 
xviiL  II.  fj^ns  effet,  faite  Tannée  précédente  par  l'Auditeur  de  la  Chambre,  en 
vertu  de  laquelle  le  Jugement  de  la  Caufe  avoit  été  commis  au  Cardi* 
nal  CtfyV/i2/i  a  Ausbourg  >  en  montroît-affèz  la  néceffité,  quand  il  n'y  ea 
auroit  pas  d'autre  preuve.  Après  un  long  débat  entre  les  Théologiens  » 
qui  s'attribuoient  a  eux  feuls  la  décifîon  de  ce  point ,  parce  que  c*étoic 
un  point  de  Foi ,  &  les  Canoniftes  qui  vouloient  auffi  fe  l'approprier  quant 
à  la  forme  du  jugement ,  on  propoia  pour  les  concilier  un  expédient , 

Îui  fut  de  diftineuer  la  Caufe  en  trois  parties  ,  fçavoir  la  doâxine ,  les 
ivres  ^  &  la  petfonne*  l-ç$  Citnoniftes  jponvcnoiçnt  que  la  domine  pou- 
voir 


comme  le  porte  rOrigintl ,  In  corurâno 
Leone  era  pentUo  di  tutu  le  attionifatte 
da  lui,  a  tnuiuic,  D*aiUeurs  Lion  fe  rt- 
pentoii  :  ce  qai  frit  on  conooe  fens  a0ez 
ien(îble. 

j  o.  Mms  lu  Théologiens  &  les  Canoniftes 
ne  s'accordèrent  pas  fur  la  manière.  )  Palla* 

«jo/s  OC  nous  du  xien  dexe  àtwL  Mais, 


ootie  qu*il  ne  le  contredit  pas ,  ^e  q«'îl 
n'eût  pas  manqué  de  &iixe  s'il  eue  ht  Sm»  » 
il  rinfinoe  tflez  lui-mècne  en  di&nt,  J^  i« 
c.  10.  qae  quoiqu'on  s'accordât  roi  la  dAC» 
tance  de  la  Balle ,  il  y  eue  beaocoop  de 
diQnxes  for  la  forme ,  e  bcnche  non  fi  difcor^ 
dajfe  nellafoftan{a,aicuni  Cardinaliaccem^ 
narono  varie  obje[ioni  intomo  aile  parole  i 


D  E    TRENTE,  Li  VUE    I.  if 

voit  être  condamnée  fans  Citation  ;  mais  ils  perfiftoicnt  à  foutenir  qu'il  m  o  x  x. 
falloK  citer  la  perfonne  avant  que  de  la  condamner.  Mais  comme  ils  ne  ^^^^  ^' 
purent  vaincre  la  réfiftance  des  Théologiens ,  qui  infiftoient  ooiniarrément 
&  fe  couvroient  du  bouclier  de  la  Religion  ,  Ton  prit  ennn  ce  tempé- 
rament >  que  Ton  afligneroit  à  Luther  un  terme  convenable  pour  paroître  : 
ce-qui  tiendroit  lieu  de  Citation.  Il  y  eut  plus  de  difficulté  pour  lés  livres. 
Car  tes  Théologiens  vouloient  qu'ils  fullent  condamnés  abfolument  avec 
la  doârine  ;  ôc  les  Canoniftes  au  contraire  »  qu'ils  fuflent  compris  avec  la 
perfonne  dans  le  terme  prefcrit.  Ne  pouvant  donc  s'accorder  iur  ce  point 
on  fit  l'un  ôc  l'autre ,  c'eft  à  dire ,  qu'ils  furent  condamnés  d'abord ,  &    ci  •  j  t 

Îu'enfuitc  on  marqua  un  terme  pour  les  brûler.  En  conféquence  de  cette  ^  p  •q,  ' 
élibération ,  "  fut  drelfée  une  Bulle  î»  datée  du  1 5  de  Jain  mdxx  •,  qui  Paliav.  *  L. 
étant  comme  l'origine  &  le  fondement  du  Concile  de  Trente  ,  dont  nous  z.  c.  10. 
avons  à  écrire  l'Hiftoire  ,  il  eft  nécelTairc  d'en  donner  ici  le  précis.  Spond.  ad 

w  XIII.  D'abord  le  ®  Pape  y  adrcflc  le  commencement  de  Ion  difcours  ?Ji  '^*°* 
w  à  Jefus-Chrift ,  qui  a  lailTé  S.  Pierre  &  fes  fucceffeurs  pour  Vicaires     p^/^  ^^ 
»  de  fon  Hglife  ,  &  le  prie  de  la  fecourir  dans   les  befoins  préfens.  l\  Léon  Xeon* 
«porte  enfuite  la  parole  à  S.  Pierre,  qu'il  conjure  par  le  miniftère  qn*  il  tre  Luther  i 
w  a  reçu  du  Sauveur ,  de  vouloir  pourvoir  aux  befoins  de  l'Eglife  Ro-  •  ^^^^'  ^' 
»  maine  ,  confacrée  par  le  Sang  de  Jefus-Chrift.  Il  demande  auffi  la  même  ^^^  ^^^ 
»  afliftance  à  S.  Paul ,  ajoutant,   que  quoiqu'il  ait  jugé  p  les  Hiréjits  ni-  y^^  Fieary . 
M  cejfaircs  pour  éprouver  Us  bons ,  il  eft  raifonnable  néanmoins  de  les  étouffer  L.  x  %6. 
»»  dans  leur  naiflance.  Il  s'adreflè enfin  à  tous  les  Saints  du  Ciel ,  &  à  l'Eglife  N°  ^ï- 
w  aniverfelle ,  &  les  prie  d'intercéder  auprès  de  Dieu  pour  délivrer  fon  Eglife  ®*^^*  *^ 
M  d'une  fi  grande  contagion.  De  là  il  pafie  àraconter,qu'ileft  venuàfaconnoif-  ^o  .^ 
»fance&  qu'il  a  vu  même  de  fes  propres  yeux,  que  plufieurs  erreurs  déjà  con*  f  i.  Cor. 
M  damnées  des  Grecs  &  des  Bohémiens ,  &  pluueurs  autres  opinions  faudes ,  xx.  x^. 
*>  fcandaleufes ,  propres  à  offenfer  les  oreilles  pieufes  &  à  féduire  les  fimples  » 
M  fe  femoient  par  toute  l'Allemagne ,  qui  lui  a  toujours  été  fort  chère 
M  ainfi  qu'à  fes  prédecefleurs ,  qui  depuis  la  tranflation  de  l'Empire  Grec 
n  ont  toujours  pris  leurs  défirnfeurs  dans  cette  Nation ,  &  confirmé ,  plu- 

U  que  Lion  tint  beaucoup  de  Congréga-*  toccodiparîarealCard,  Loren^o  Pueci  aU 

tîons  anc  de  Théologiens  que  de  Canonif-  lora  Datario ,  e  il  quale  perd  ftimando  chc 

tes  ,  pour  mettre  cette  Bulle  dans  la  forme  cib  apparteneffe  alfuo  carico  ne  havea  dtvi^ 

oSl  elle  devoit  être ,  &  où  1  on  fit  à  pin-  fata  un  altra  idea  ,  e  fintiva  con  ramanco 

fieun  fois  difTéiences  réformes.  di  vidcrla  pofpofta  :  Si  che  noto  affai  cofe  in 

fi.  En  con/equence  de  cette  délibération  ,  quella  del  Card.  d'AnconapiU  con  acerbuà 

fut  drejfie  une  Bulle  datée  du  if  de  Juin  di  emulo  ,  che  con  {eh  di  configliere ,  dit 

If  10,  &c.  ]  Ce  fut  Pierre  Accolti  Cardi-  Pallavicin^  L.  i.  c.  10.  Il  ne  fiaillutrien 

nal  d'Ancone^  qui  en  fut  le  principal  Au-  moins  que  l'autorité  du  Pape  pour  appai(èr 

tear  :  ce  qui  occalionna  une  vive  contefta-  cette  querelle ,  qui  fut  décidée  en  éiveur 

tion  entre  lui  &  Pucci  Cardinal  Dataire ,  du  Card.  d'Ancone^dom  on  accepta  le  pro- 

qui  prccendoit  que  c*étoic  à  lui  à  la  drelfer ,  jet ,  mais  après  y  avoir  fait  diffèrens  chan^ 

éc  que  TaQtre  étoit  pleine  de  &ute$  :  Finche  gemçns* 

ToM£  I.  D 


9J 
91 


16        HISTOIRE    DU    CONCILE 

H9SIV.  M  /leurs  dccrecs  que  ces  Princes  religieux  ont  faits  contre  les  Hérétiques» 
UOM  X  „  Qqç  n^ç  voulant  plus  tolérer  de  pareilles  Erreurs ,  mais  y  remédier ,  il 
"■"■■■■■^  w  va  en  expofer  quelques-unes.  Là  il  rapporte  xlii  Articles  ^^  fur  le  péché 
m  originel  >  la  pénitence ,  la  rémiflion  des  péchés ,  la  Communion  ,  les 
M  Indulgences,  l'Excommunication,  la  Puiflancedu  Pape , l'Autorité  des 
jj  Conciles ,  les  bonnes-œuvres ,  le  Libre-arbitre  ,  le  Purgatoire ,  &  la 
>j  Mendicité  Monaftique  ;  lefquels  Articles  il  déclare  être  reineâivement 
»>  contagieux ,  pernicieux ,  fcandaleux ,  oflènians  les  oreilles  pieufes  y  coa« 
traires  à  la  charité ,  au  refpeâ:  du  a  TEelife  Romaine ,  &  à  l'obéidance 
qui  eft  le  nerf  de  la  difcipline  Ecclédaftique.  Que  pour  ce  fujet,  vou* 
iant  procéder  â  la  condamnation  de  ces  Articles  ,  il  les  a  examinés  di- 
M  ligemment  avec  les  Cardinaux ,  les  Généraux  d'ordres  r^uliers  y  plu- 
M  iieurs  Théologiens  &  Jurifconfultes ,  &  en  conféquence  îes  condamne 
M  refpeâivement  ^  comme  hérétiques  ,  fcandaleux ,  faux  ,  ofienfans  les 
9ê  oreilles  pieufes ,  féduifans  les  efprits  religieux  :  &  contraires  à  la  vé- 
M  rite  Catholique  :  Que  pour  cela  il  défend  fous  peine  d'excommunicarion 
M  &  autres  peines  à  qui  que  ce  foit  de  les  foutenir ,  de  les  défendre ,  de 
u  les  prêcher  >  ou  de  les  favorifer  :  Et  d'autant  que  ces  proportions  fe 
»9  trouvent  dans  les  livres  de  Luther^  il  condamne  pareillement  ces  livres» 
94  défendant  fous  les  mêmes  peines  de  les  lire  ni  de  les  garder  y  &  ordon- 
9#  nant  de  brûler  non  feulement  ceux  qui  contiennent  ces  propofitions,  mais 
jd  aufli  tous  ks  autres  ouvrages.  Pour  ce  qui  concerne  Luther  lui-même» 
•j  il  dit  qu'il  Ta  averti  plufîeurs  fois ,  &  l'a  cité  &  appelle  avec  promeflc 
M  d'un  Sauf-conduit,  &  oftre  de  le  défrayer  de  fon  voyage  :  Que  s'il  fut 
»»  venu  à  Rome ,  il  n'y  eût  pas  trouvé  tous  les  dérèglemens  qu'il  difoit  > 
M  mais  que  lui-même  lui  eût  appris  que  les  Papes  i^  prédécefleurs  n'a- 
>9  voient  jamais  erré  dans  leurs  Conftitutions  :  Qu'ayant  ofé ,  au  mépris 
>i  des  Cenfures  portées  contre  lui  depuis  un  an ,  n  en  appeller  au  futur 
^Spond.ad  "  Concile ,  contre  les  défenfes  ^i  de  Pu  IL  Se  dt  Jules  II  ,  fous  les  peines 
an.  i^6a  »  portées  contre  les  Hérétiques ,  il  eût  été  en  droit  de  procéder  i  ia  con- 
^^  ^'  »  damnation  fans  aucune  autre  raifon  :  Que  néanmoins ,  fans  fe  (buvenir 
99  des  injures  qu'il  lui  avoit  faites,il  vouloit  bien  encore  avertir  ledit  Ijuker, 
99  &  tous  fes  adhérans  ^4  de  fe  défifter  de  leurs  Erreurs  &  de  ceffer  de  les 
9«  prêcher  «  leur  ordonnant  fous  les  mêmes  peines  de  rétraâer  lefdites  Er- 
M  reurs  6c  de  brûler  lefdits  livres  *,  i  faute  de  quoi  il  les  déclaroit  Héréti* 
9»  ques  notoires  &  obftinés.  Il  défend  aufll  à  qui  que  ce  (bit  fous  les  mêmes 

fi.Ldii rapporte  xiii  Artidisfur le  Pé-  ciie  contre  tes  difenfes  de  Pie  IL  &  de  Jules 

ehi  Originel^  Sec.  )  CeA  une  méprife  de  //.  &c.  ]  Cette  dmnfe  avoir  été  £iite  dans 

J^d'Psûlôî  il  ny  en  avoit  que  41*  Mais  le  Concile  de  Mantoue  par  Pk  IL  le  i  S  de 

cette  mépiife  vient  de  ce  qu'il  a  fait  deux  Janvier  14^0 ,  &  fut  renoaveliée  enfaice 

Anicles  é*on  feol,  comme  a  ùlk  auffî  B^o^  par  Jules  IL  dans  fon  Concile  de  Rome 

vius  ad  an.  ifio.  N^  )•  qui  du  huitième  en  lyii, 

Anicle  en  a  fait  deux.  s^^I^^fi  défifter  de  leurs  erreurs  &d< 

S  y  Qu* ayant  ofi  —  en  appeller  au  Con»  ceffer  de  les  prêcher*  )  Lear  donnant  pout 


ftDx  i. 
Léon  X. 


DE    TRIeN  TE,  Livre    I.  17 

M  peines  de  garder  aucun  livre  de  Luther  ,  quand  même  les  Erreurs  con- 
M  damnées  n'y  feroienc  pas  contenues ,  &  d'avoir  aucun  commerce  avec  lui 
»  ou  avec  fes  fauceurs  *>  ordonnant  au  contraire  de  les  prendre  ÔC  de  les 
M  lui  envoyer  ,  ou  du  moins  de  les  bannir  de  toutes  fortes  d'endroits.  Il 
»  interdit  tous  les  lieux  où  ils  fe  retireront.  Il  ordonne  qu'ils  foient  déoon- 
t*  ces  par  tout  pour  Hérétiques ,  8c  que  fa  Bnlle  foit  lue  par-tout ,  ex* 
w  ccmnmniant  ceux  qui  en  empêcheront  la  publication.  Enfin  il  veut  que 
M  fa  Bulle  foit  publiée  en  particulier  à  Rome ,  en  Brandebourg  »  en  Mit* 
*t  nie  &  à  Man/perg  <  ^  ,  &  qv'on  ajoute  foi  aux  Copies  conune  à  l'Original. 

Xitf/Mr  ayant  I 
publia  un  Ecrit 
les  mêmes  raifons 

plaigûant  de  plus ,  que  le  Pape  avoit  proèdé  contre  lui  fans  rappielîêr  ^7  &  r  Luth.  T. 
lans  le  convamcre ,  comme  auffi  fans  avoir  écouté  les  raifons  de  Ùl  doârine;  ^:  ^\  y* 
8c  qu'il  préféroit  fes  opinions  particulières  à  l'Ecriture  Sainte ,  fans  vouloir  p/^.  ,*  *' 
s'en  rapporter  à  un  Concile.  Ce  qu^il  offiroit  de  prouver  ,  en  priant  l'Empe-  Flcury  ,  L. 
reur  8c  tous  les  Magiftrats  de  recevoir  fon  Appel  pour  la  défenfe  de  l'au-  1^6.  N'^So. 
torité  du  Concile  ,  ne  croyant  pas  que  le  Décret  du  Pape  put  obliger  per- 
ibmie ,  que  la  Caufe  n'y  eût  été  préalablement  difcutée. 

XIV.  Cependant  *  la  Bulle  de  iL^o/2  étonnoit  ^^  les  gens  fenfés,  pour  jugif^iKt 
bien  des  raifons.  Premièrement  >  quant  à  la  forme ,  f  '  on  étoit  furpri$  que  que  tan  par- 
le  Pape  y  traitât  en  îlyle  de  Palais  une  matière ,  où  il  ne  falloir  employer  ^'  ^*  ^'«^« 

2ue  des  termes  de  l'Ecriture  Sainte  :  outre  qu'onjr  avoit  inféré  des  claufes    p^;     ^ 
longues  &  fi  confufcs  ^°  ,  qu'à  peine  étoit-il  poflible  d'en  pénétrer  le  fciis ,  j.  c,  2,1! 


cela    an   terme   de  (bixante  jours. 

S  s*  Et  à  Manjberg,  ]  L'Edition  de  Ge- 
nève pone  Mansfeld,  &  non  Manfptrg» 

f  6.  Par  lequel  il  appelUit  de  nouveau 
au  Concile  ,  &c.  ]  Cet  Appel ,  félon  Sleidan, 
eftdtt  :j  de  Novembre  if  lo. 

f  7.  Se  plaignant  que  le  Pape  avoit  procédé 
contre  lui  [ansV  appeUer  ù  fans  le  convain- 
cre ^  &c. }  Il  (e  plaignoit  piincipalemenc 
de  quatre  chofes,  (avoir ,  x.  D'avoir  été 
condamné  Gtns  être  entendu  &  oonvaincu  : 
z.  De  ce  qu*on  Tobligeoit  de  nier  la  né- 
ceffité  de  la  Foi  pour  la  réception  des  Sa^ 
cremens  ;  )  •  De  ce  que  le  Pape  préféroit 
fes  opinions  à  l^criture  Sainte.  4.  Enfin 
de  ce  qu'il  ne  laiflbit  aucun  lieu  au  Con- 
cile. Sle'id^  L.  z-p.  )i. 

f  S .  Cependant  la  Bulle  de  Léon  éto/moit 
les  gens  fenfés  ,  pour  hien  des  raifons,  )  Fra- 
Paolo  ne  nous  dit  point  ici  quels*  écoienr 
ces  gens  (ènfes  ;  mais  ce  qu'il  rapporte  de 
leurs  mifons  neft  pas  toujours  également 


(blide  i  ai  le  Cardinal  PalUvicin  (èmble  en 
avoir  réfute  pluileurs  aflez  jodicieuièment, 
L»  t.  c.  XX. 

f  9.  0/1  étoit  furpris  que  le  Pape  y  trait  Je 
enfyle  de  Palais  une  matière  >  où  Une  faU 
loit  employer  que  les  termes  de  V  Ecriture 
Sainte,  )  La  uurprife  eft  ici  un  peu  dé^ 
placée  ;  puilque ,  comme  Ta-  fore  bien  re- 
marqué Pallavicin ,  on  a  employé  le  &jie 
de  Palais  non  par  rappon  aux  matières  db 
dodbine,  mais  fimplement  par  rapport  voit 
prohibitions  &  aux  peines,  fur  leibuelle* 
il  a  fallu  néce(Iàirement  fuivre  les  tonnef 
du  For  Ecdéfiafttque. 

60.  Outre  qu  'on  y  avok  infire  des  ciaufis 
(ilongutsO  ficatipifiSt^*)Q^^  e&tttt- 
vxai;  mais  Gomme  ce  (dut  de  ces  che(èf 
de  ffyle,  dont  on-  ne  peut  gucres  s'âbî^- 
gner  (ans  abanibnf^er  le»  fonnalic^  dxdc- 
naires  des  pcocédurocr,  ce-  n'éioit  pas  une 
chotk  à  obj^er  contre  cette  Bulle \  9tPM^ 
lavicin  eut  pu  fe  difpenfer  d'avoir  recours 

D  i 


JiC  DXit. 

LeOnX. 


zt         HISTOIRE    DU    CONCILE 

comme  fi  on  eût  eu  à  prononcer  fur  quelque  Caufe  féodale.  On  remarquok 

entre  autres  une  de  ces  claufes ,  laquelle  ctoit  fi  longue  &  fi  embaraflce  de 

parenthèfcs  &  de  reftriékions,  qu'entre  ces  paroles,  inhibcnus  omnibus ^  & 
celles-ci ,  ajjtrtrt  prœfumant ,  il  y  avoir  plus  de  quarre-cens  mots. 

D'autres  partant  plus  avant  remarquoient ,  que  condamner  xlii.  Pro- 
pofitions  comme  hérétiques ,  fcandaleufes ,  faurtes  ,  &  qui  offenfoient  les 
oreilles  pieufes ,  &  féduifoient  les  fimples ,  fans  expliquer  lefquelles  de 
ces  Propofitions  étoient  hérétiques,  fcandaleufes,  ^'  ou  faurtes  ,  mais  en 
lairtant  la  liberté  d'appliquer  à  chacune  d'ell«$  une  qualification  incertaine 
comprife  fous  le  mot  de  rcsptSivtmcnt ,  c'étoit  augmenter  la  confufion ,  & 
fortifier  la  difpute  plutôt  que  la  décider  f  &  montrer  qu'il  falloir  plusd'aa- 
torité  &  de  prudence  pour  la  terminer. 

^^  Quelques-uns  croient  encore  plus  furpris  ,  qu'on  y  dit  qu'entre  les 
XLii  Propofitions  il  y  en  avoir  qui  contenoient  des  Erreurs  des  Grecs  déjà 
condamnées.  ^)  D'autres  rrouvoient  afièz  étrange ,  que  tant  de  Propofitions 
en  matière  de  Foi  eufiènt  été  décidées  à  Rome  par  le  feul  avis  des  courtifans  » 
fans  en  avoir  pris  confeil  auparavant  des  autres  Evêques,  des  Univerfités9 
&  des  Savans  de  l'Europe. 
Ihres  di     ^^'  CEPENDANT  ^  les  Univcrfités  de  Louvain  Se  de  Cologne ,  ^4  ravies 

Luther  brû- 
lés À  LûU'ài  ramoTÎté  de  Cîcéron  dans  (on  Oraifbn 
vain   é^  ^  pro  Murctna  ^  pour  juftifier  la  Bulle  de  Z^'oa 
Cologne.       fur  ce  point. 

y^^^^vr  ^  '  •  ^'^'^^  ^xp^q^^r  ItfquelUs  de  ces  Pro- 
u  l^' V^fi^i^^^  étoient  hérétiques  ,  fcandaleufes  ^ 
^B^T^de^  &c.  )  Ce  que  dit  ici  Fra-Paolo  eft  très-ju- 
LéonX  f^  <l>cieax ,  au-lieu  que  ce  que  répond  Pallavi- 
les  Décréta-  ^'^  "*  ^'^^  guères.  Ceft  jetter  delà  confufion 


mi  ces  Propofitions  il  y  en  avoit  qui  con- 
tenoient des  Erreurs  des  Grecs  déjà  con- 
damnées» puifque  la  doébrine  de  Luther 
au  fujet  de  la  Primauté  du  Pape ,  &  du 
Purgatoire,  ne  paroilToit  pas  bien  éloignée 
de  celle  des  Grecs. 

6 }  •  D'autres  trouvaient  ajfe[  étrange, que 

tant  de  Propofitions  en  matière  de  Foi  euf- 

dans  Tefprit  des  Fidèles ,  plutôt  que  les  inf-    fent  été  décidées  à  Rome  par  le  feul  avis 


les,  .  1  /r/  - 

t  Pallav.  L.  oruire ,  que  de  condamner  diftcrentes  Pro- 
I.  c  11.  pofitions  par  un  tas  de  qualifications  con- 
Luth.  T.  1.  fefes ,  uns  déterminer  à  quoi  doivent  s*ap- 
p.  119.  pliquer  ces  qualifications  refpeétives ,  dont 
Sleid.  L  1.  chacun  peut  juger  différemment.  L*ezem- 
p.  3  4.  pie  du  Concile  de  Conftance ,  rapporté  par 

Spond.  ad  Pmllavicin ,  montre  bien  que  ce  n'eft  pas 
an.  1510.  Uqji  qui  ^  donné  ce  mauvais  exemple, 
N    1.  &  }»  „j^  ne  prouve  pas  qu'il  ait  eu  rai(bn  de 

'  ^  '  *       61.  Quelques-uns  étoient  encore  plus  fur- 

pris  ,  qu'on  y  dit  qu'entre  les  xlii.  Propofi- 
tions il  y  en  avoit  qui  contenoient  des  Er- 
reurs des  Grecs  déjà  condamnées.  )  C'efl 
ici  la  nième  méprife*  qu'on  a  déjà  vue,  od 
'Fra-Paolo  nomme  xlii.  Propofitions  au- 
lieu  de  X  L  I.  Mais  de  plus  on  ne  devoir 
pif' être  fon  fiupiis  qu'on  7  dit  que  par? 


des  Courtifans ,  &c.  ]  Il  y  a  trop  de  mali- 
gnité dans  ce  reproche ,  (x  par  Cooni(âns 
Fra-Paolo  n'a  entendu  que  les  Politiques  » 
puifque ,  de  fon  propre  aveu  on  tint  beau- 
coup de  Congrégations ,  où  l'on  écouta 
fur  cette  afiàire  les  Théologiens  &  les  Ca- 
noniftes  de  Rome  les  plus  éclairés.  Peut- 
être  eût  -il  voulu  qu'on  eut  pris  aupara- 
vant l'avis  des  principaux  Prélats  &  des 
Univerfités.  Mais  Rome  nVvoit  garde  de 
le  (aire,  pour  ne  laifièr  pas  lieu  de  croire 
qu'elle  doutât  elle-même  de  Ton  infailli- 
bilité j  &  d'ailleurs  les  principales  Univer- 
fités de  l'Europe  s'étoient  déjà  déclarées  au- 
paravant contre  Luther» 

4 ^.Cependant  les  Univerfités  de  Louvaïn 
&  de  Cologne  brûlèrent  publiquement  les 
livres  de  ùuhtr,  )  Ce  fiu  en  coafcquence 


DE    TRENTE, Liv^B    I. 


2^9 


M  D  X  X. 

Léon  X. 


de  voir  leur  jugement  autorifé  par  la  Bulle  du  Pape ,  brûlèrent  publique- 

xnenc  les  livres  ae  Luther.  Cela  1  engagea  ^^  de  fon  côté  à  faire  brûler  publi- 
quement à  Vittemberg  non  feulement  la  Bulle  de  £/o/z,  mais  aufli  les  Dé* 
crétales ,  par  le  jugement  de  rUniverfîté  qu'il  avoit  aflèmblée.  Ââion  qu'il 
juftifia  eniuite  par  un  long  Manifèfte ,  où  il  rendoit  compte  des  motifs  qui 
l'y  avoient  porté  ^  &  où  il  taxoit  le  Pape  de  tyrannifer  TEelife ,  de  cor- 
rompre la  Doâxine  Chrétienne  y  &  d'ufurper  la  puiilànce  des  Magiftrats 
l^itimes» 

Toutes  ces  conddérations  ,  jointes  à  l'Appel  de  Luther ,  fitent  juger  i 
tout  le  monde ,  qu'il  falloit  nécefTairement  un  Concile  légitime ,  non  feu- 
lement pour  terminer  ces  conteftations ,  mais  encore  pour  remédier  aux  a- 
bus  qui  s'étoient  gliffés  depuis  longtemps  dans  TEglife.  Et  cette  néceflité 
paroiSbit  augmenter  tous  les  jours  >  a  proportion  que  croifibient  les  contef- 
tations par  les  Ecrits ,  qui  fepublioient  perpétuellement  de  part  Se  d'autre. 
En  effet  »  Luther  ne  cellbit  de  fortifier  fa  doârine  par  de  nouveaux  Ou«- 
vra^es  ;  &  plus  il  étudioit ,  plus  il  acquéroit  de  lumières  ,  ^^  â  la  faveur 
dçlquelles  il  alloit  toujours  en  avant ,  &  découvroit  des  choies  auxquelles 
il  n'avoit  pas  penfé  auparavant.  Ce  qu'il  faifoit,  difoit-il ,  par  zèle  pour 
la  Maifon  de  Dieu  ;  outre  qu'il  y  étoit  auflS  forcé  par  la  nécedité  de  fa  dé- 
fenfe.  Car  Rome  ^  ayant  fait  folliciter  puiflamment  à  Cologne  par  Jérôme  v  SIcid.  L, 
AUandre  *7  TEledeur  de  Saxe  de  remettre  Luther  prifonnier  entre  les  mains  ^'  P-  3  3- 
du  Pape ,  ou  de  le  faire  périr  de  quelque  manière  que  ce  fut  j  il  fe  voyoit 
obligé  de  montrer  à  ce  Prince ,  aux  peuples  de  Saxe  ,  &  à  tour  le  monde , 
qu'il  avoic  la  raifon  de  fon  côté  ;  de  peur  que  fon  Prince ,  ou  quelque  au- 
tre Puiflance ,  ne  fe  laiilat  aller  aux  inftances  du  Pape  contre  fa  vie. 


des  ordres  de  TEmperear  Charles  à  fon 
retour  d'Angleterre ,  ou  il  étoit  allé  vifî- 
ter  (à  Tante  ,*  comme  le  marquent  Palla- 
vicin  L.  i.c.  ii.  Sl  Sponde  ad  an.  lyio. 

^f .  Cela  V  engagea  de  fon  coté  à  faire  bru- 
li'T  publiquement  à  ff^ntemberg  non  feule- 
ment la  Bulle  de  Léon  ,  mais  aujjî  les  Dé- 
crétales,  )  Cette  exécution  fe  fit  félon  Slei- 
dan  le  lo.  de  Décembre  i  f  lo  >  à  Wittem- 
berg,  &  fut  imitée  enfuite  en  quelques 
autres  villes  d*Allemagne,  &  même  àLip- 
fich  ville  du  domaine  du  Duc  George  trcs- 
zèlé  Catholique.  Avec  ces  Ecrits  Luther 
fit  aufC  brûler  ceux  ^Eckius  &  è^Emfer 
compofis  contre  lui. 

^^.  Plus  il  étudioit ,  plus  il  acquéroit  de 
lumières  ,  &c.  )  Ce  devoit  être  le  fruit  na- 
turel de  fes  études.  Mais  l'on  peut  dire 
au(n ,  que  Ci  à  force  d'étudier  il  acquit  plus 
de  connoiflânces ,  il  s'égara  auffi  davantar 


ge  en  plufieurs  matières  »  Se  montra  beau- 
coup plus  d entêtement,  de  violence,  & 
d*emportenient. 

éj.  Car  Rome  ayant  fait  folliciter  puif 
famment  à  Cologne  par  Jérôme  AUandre  , 
&c.  ]  Il  étoit  Nonce  vers  l'Empereur, 
conjointement  avec  Marin  Caraccioli,  Il 
dut  le  commencement  de  (on  élévation  à 
Alexandre  VI y  qui  eut  dcffein  de  le  faire 
Secrétaire  du  Duc  de  Valentinois  fon  fils , 
ce  qui  ne  fe  fit  pas  cependant.  Comme 
il  étoit  très-habile  dans  les  Langues ,  Louis 
XIL  le  fit  venir  à  Paris  pour  y  enfèigner 
les  Belles  -  Lettres.  Venu  enfiiite  à  Rome 
j>our  y  folliciter  la  promotion  ^Everard 
de  la  Marck  Evêque  de  Liège  au  Cardina- 
lat ,  il  y  fut  anètc  par  Léon  X.  qui  l'em- 
ploya en  plufieurs  Nonciatures.  Il  fut  en- 
fuite  fait  Archevêque  de  Brindes ,  &  Paul 
III  le  fit  Cardinal.  Il  fut  nommé  pour  un 
des  Préfidens  do  Concile  de  Trente  ,  mais 


30         HISTOIRE    DUCONCILE 

MD?cxi.       XVL  AiKSi  fioic  Tan  mdxx  ;  &  une  Dièce  s'écanc  tenue  à  Vormes  en 
Léon  X.    mi>xxi  ,  *  Luibtr  y  fut  appelle  avec  un  Sanf-conduic  de  Charles  élu  Eni- 


Wormes.  il  ne  pouvoît  s  aitendre  qu'à  y  voir  oonârmer  fa  condamnation ,  (i  même 
X  SieicL  L  il  ne  11»  arrivoit  rien  de  pis.  Mais  d'un  avis  contraire  i  celui  de  fes  amis  » 
J-P*  îf:  il  leur  dit  que  quand  il  fcroit  ajfuré  £  avoir  autanf  de  Diables  à  emn^ 
p^i  6±.  ^  ^^^^'  >  qu'il  y  avoii  de  adks  fur  ks  maifons  de  cesu  rille  ,  il  vouUùt  toute- 
VzWzy.Ui.fois y  aller',  comme  il  le  fit. 

c.  16.  Il  y  comparut  en  effet  ^^  le  17  d'Avril  en  préfence  de  l'Empereur  f 

^Icury  ^  ^  &  de  cous  les  Princes  \  &c  fur  la  demande  qu'on  lui  fit  >  s'il  étoit  r  Auteur 

'^5:   jL-j*  dies  livres  publiés  ibus  fen  nomi  Se  dont  on  lui  montra  des  exemplair 

slcid.  Ibid!  ^^  ^  ^^^  ''^^  ^^^^^  '  ^  '*^^  vouloiv  maintenir  tout  ce  qui  y  étoit  contenu , 

BzoY.  ad    ott  en  retraâer  quelque  cfaofe ,  il  répondit  qu'il  recoonoiflbit  ces  livres 

an.  ijii.    pour  les  fiens ,  mais  qu'il  lui  falloitdu  tems  pour  délibérer  s'il  défen* 

^"^  ^         droit  ou  non   tout  ce  qu'ils  contenoient ,  parce  que  c'étoio  une  affaire 

Anel  ^ep     ^^  grande  importance.  On  lui  donna  terme  juqu'au  lendemain  pour  fe 

y2.t.  déterminer  \  8c  ayant  été  admis  i  l'Audience*  il  y  fit  un  long  dtfcours ,  s'ex- 

xPalIav.L  cufant  premièrement  fur  fa  fimplicité  ôc  fur  la  vie  privée  dans  laquelle 

X.  c  17.      il  avoir  été  élevé ,  de  ce  qu'il  n'avoit  pas  parlé  avec  la  dignité  qui  conve- 

noit  à  cette  augufte  Afièmblée ,  ni  donné  à  chacun  les  titres  d'honneur  qui 

lui  convenoient.  Il  confirma  enfuite  l'aveu  qu'il  avoit  fait  de  fes  livres» 

ôc  dit  que  fes  Ecrits  n'étoient  pas  tous  d'un  même  genre  :  Que  les  pré« 

miers  contenoient  la  doârine  de  la  Foi  &  de  la  Piété  :  Que  les  féconds  cen« 

furoient  la  Dodrine  Romaine  :  Et  que  les  derniers  ctoient  des  répliques 

faites  à  ceux  qui  avoient  foutenu  une  doctrine  contraire  d  la  fienne.  Quant 

aux  premiers ,  il  dit ,  qu'il  n'agiroit  ni  en  Chrétien  ni  en  hom^ne  de  bien» 

s'il  les  rétradoit  »  puifque  le  Pape  même ,  qui  les  avoit  tous  condamnés  > 

ne  les  avoit  pas  cependant  jugés  tous  mauvais  :  Qu'à  l'égard  des  féconds» 

il  étoit  trop  évident ,  que  toutes  les  Provinces  Chrétiennes  &  particulie- 

sl  moanit  avant  Ton  oaverture  en  :f4t.  thcr  à  Vormes,dit,  L.  i.c.  16.  que  no-* 

Il  eac  de  grandes  conceftacions  avec  Eraf'  tre  Hiftorien ,.  fans  dire  que  peu  de  cho- 

mc^  donc  il  avoit  été  ami,  Se  aoi  nous  en  fesfauiTes,  a  voulu  £iire  honneur  de  cette, 

donne   un  caraâère  allez  dèuvantageux.  adion  à  la  Sede  Luthérienne ,  par  la  fup- 

Cétoit  un  homme  qui  avoit  beaucoup  de  predîon  de  plufieurs  chofes  véritables  :  CJke 

connoiflânces ,  mais  qui  paroïc  avoir  eu  fifi{a  moUo  di  falfo  ^  ma  col  fdtm(io  dl 

beaucoup  moins  de.  jugement  que  d'éra*  moko  vero ,  il  rsfprtftnta ptr  onorevoU  â 

dition,  quclla  Sctta,     Mais   fi  l'on  compare  ce 

6%,  Il  y  comparut  en  effet  U  17  d* Avril  qu'en  dit  Fra-Paolo  avec  ce  qu'en   ont 

enprifenct  de  V Empereur ^  &c*  ]  PaUavi"  écrit  les  Hidoriens  du  rems ,  &  ce  qu'en 

cin  ,  qui  ne  trouve  rien  ou  très -peu  de  dit  jP^tZ/^vici;?  lui  même,  on  verra  que  s'il 

chofe  à  reprendre  dans  le  récit  abrégé  que  a  fupprimc  nombre  de  particularités ,  c'eft 

£ût  ici  Fra-Paofo  de  la  comparution  de  Lu"  qu'elles  ctoient  de  trop  peu  d'importance  ï 


MDXXÎi 


DE    TRENTE,  LivRB    I.  $% 

cernent  rAllemagne  étoient  pillées  »  ôc  géniiflbienc  fous  la  fcrvicuile  s  Se 
qu'ainfi  ce  ne  fcroit  que  fortifier  davantage  la  tyraimie  »  que  de  les  récrao  ^^^^  ^* 
ter  :  Que  pour  ceux  du  dernier  genre ,  il  avouoit  qu'il  les  avoir  écrits  — — "" 
avec  trop  de  paflion  6c  de  chaleur ,  &c  qu'il  en  demandoit  excufe  :  qu'il 


pomtdobitination,  ccortrant  de  jetter 
fi  on  pou  voit  le  convaincre  de  quelque  erreur  par  l'Ecriture.  Enfin  adref* 
fant  la  parole  à  l'Empereur  &  aux  Princes  >  il  dit  que  c'étoit  an  grand 
don  de  Dieu ,  quand  il  lui  plaifoit  de  nous  découvrir  la  Vérité  ;  mais 

Sn'auffi  c'écoit  s'expofer  aux  plus  grands  malheurs ,  que  de  la  cejetter  oa 
e  la  déguifer. 
C  E  difcours  *  fini ,  TEmpeteur  ^^  lui  ordonna  de  répondre  nettement  s  Sldd.  L. 
Se  fimplement  »  s'il  vouloir  ou  non  défendre  fes  Ecrits.  A  quoi  il  répondit ,  |i.  p.  57. 
qu'il  ne  pouvoit  rien  rétracter  de  ce  qu'il  avoit  écrit  ou  enleigné  »  fi  on  ne  ^w*-  T.  a. 
leconvainquoit  auparavant  de  quelque  Erreur^  ou  par  l'Ecriture  Sainte  »  ou  P*  ^^^* 
par  des  raifons  évidentes.  Sur  cela  l'Empereur  refolut  >  à  l'exemple  de 
lès  Ancêtres»  7o<]e  défendre  TEelife  Romaine ,  6c  d'employer  toute  forte 
de  remèdes  pour  éteindre  cet  embrafement  ^  fans  violer  néanmoins  la  foi 
qu'il  avoit  donnée  à  Luther ,  qu'il  ne  voulut  orofcrire  qu'après  qu'il  firroit 
retourné  chez  lui.  Il  fe  trouva  ^  quelques  perlonnes  dans  l'Aflètnblée ,  7«  h  Pallav.  U 

I.  c  iS* 

cl   *  À     Y 

&  qne  ce  ne  peut  être  que  par  ce  féal  mo-  flîanam  Relîgionem  tffeprofsffbs ,  &  Ecete-'  p^ ,  g^ 

û(  qu'il  les  «  omifes ,    puifqu'il  pouvoir  Jia  Romarutftmper  ohumper^t  ;  tpmmfiu  sêcKend.  L* 

frire  honneur  à  Luthù    de  plofleors  cii-  Ltuhcrusnunc  eam  opjmgmt,  atftnuntm  i.  Sedl.  44. 

confbnces  quMl  a  fopphmées,  &  que  PaI-  fua  pirtinaciur  infiflat ,  ojficium  fuum p^f^  &  ^8« 

lav'uin  a  rapportées  lai-mênie.  tulan  ,  ut  antcceffonun  vcfligiîj   inftjhu  « 

6^.  Ce  difcours  fini  ,  l*  Empereur  lui  or-  &c.  ,. 

donna  de  rendre,  &c.  )  Non  pas  l'Em-         71.  Ilfe  trouva  quelques perfonnes  dans 

pereur  lui-même  »  mais  Jean  Eckius  par  VAffemhlée ,  qui  approuvant  ce  qui  sUtoU 

fon  ordre ,  comme  le  dit  Sleidan  :  FaSo  fait  à  Confiance  ,  difiiient ,  qu'on  ne  devoit 

dicendifine,Eccius  ajperiori  vultu,Non  ref-  point  lui  garder  la  foi.  Mars  Louis  EteC' 

pondes  ,  inquit ,  ad  rem,  —  flanum  &  fim-  teur  Palatin  s'y  cppofa  ,  &c.  )  Patlavicîn' g 

plex  rejponjum  ahs  te  petitur ,  an  tua  fcri-  qui  n  ofe  pas  rcjener  ce  fait  comme  abfo- 

pta  veUs  effe  rata  ?  Ce  Jean  Eckius  n*eftpas  hxment  feux ,  prétend  du  moins  qu'il  eft 

celui  qui  avoit  écrie  contre  Luther,  mais  totit  à  fait  improbable >  6:  cela  uniquemenr 

rofficial  de  rArchevèquc  de  Trêves,  grand  ibndé  fut  le  filence  SAUandre^  qui  n'en 

ConiAtnt^Aléandre,  dit  pas  tm  mot  dans  fes  lettres.   C^pen- 

70  Sur  cela  l'Empereur  refolut,  à  l'exem*  dant  Sleidan ,  qui  parofc  avoir  été  tiès-lnf- 

pie  de  fes  Ancêtres ,  de  défendre  l'EgUfe  truit  de  tout  ce  qui  fe   paffa  dans  cette 

Romaine  j  tic.  )  Ceft  ce  qu*il  fit  connohre  AfTen^lée,  5c  Amngius  cité  par  Secken^ 

par  une  lettre  qu*il  adreSa  le  lendemain  à  dorf,  le  rapportent  comme  un  bruit  tClez 

PAilêmblée,  à  oui  il  fie  pan  de  la  réfoln-  commun  :  Nefue  deerant,  uti  fertur,  qui 

tion  oàil  étoit  de  ne  plus  écouter  Luther,  Confiantiet^  Conciti  decretum  &ve/Hgia 

&  de  le  pourfuivre  comme  un  Hérétique  fecuti  ,  ftdem  ei  minime  fervandam  dicerent, 

déclaré.  Pofiridie  Cafar  epiflolam  mittit  in  Sed  huicfententia  tum  alios  tum  Ludovi- 

ConçiliumPrincipum:MajoresfuQs&Chrir^  Cum_  PaUiiaum  EleSorcm  refiirijfi  vticz 


51  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxi.    qui  approuvant  ce  qui  s'écoitfait  à  Conftance,  difoienc  qu'on  ne  devoir 

LiOM  X.    point  lui  garder  la  foi.  Mslxs  Louis  Elcéteur  Palatin  s'y  oppofa  ,  comme  i 

■  une  chofe  qui  flctrriroit  éternellement  la   Nation  Germanique ,  &  dit 

avec  indignation ,  que  Ton  ne  devoit  pas  fbufFrir  que  pour  rendre  fervicc 

aux  Prêtres  ,  toute  TAilemagne  fe  notât  d'infamie  en  manquant  à  la  foi 

publique.  D'autres  difoient  d'un  autre  coté,  que  l'on  nedevoit  pas  aller 

fi  vice  dans  une  condamnation  qui  étoit  une  choie  de  fi  grande  importance , 

&  dont  les  fuites  pourraient  être  très-dangèreufes. 

r  Pallav.  L.      Les  jours  fuivans  ^  on  traita  encore  de  cette  affaire  en  préfence  de 

I.  c.  17.      quelques-uns  des  Princes ,  &  en  particulier  de  l'Archevêque  de  Trêves  , 

^^^«^fr"  '*  ^  ^^  Joachim  Electeur  de  Brandebourg.  Luther  parla  beaucoup  pour  la  dc- 

P-3  •     19'  fçnfç  jç  ç^  dodrine,  &  d'autres  pour  la  combattre  ,  &  le  faire  confentic 

à  s'en  rapporter  au  jugement  de  l'Empereur  &  de  la  Diète ,  fans  aucune 

1/ PC  condition.  Mais  il  répondit  que  le  Prophète-Roi  <^défendoit  de  fe  confiée 

CXLV.  X.    aux  hommes  ni  aux  Princes  ,  à  qui  rien  n  appartenoit  moins  que  de  juger 

de  la  Parole  de  Dieu.  Sur  quoi  lui  ayant  été  enfin  propofé  de  s'en  remet* 

cre  au  jugement  du  futur  Concile  >  il  y  confentit  à  condition  que  l'on 

extrairoit  auparavant  de  fes  livres  les  articles  qu'il  vouloit  bien  foumettre 

au  jugement ,  Se  que  la  fentence  ne  s'en  formeroit  que  fur  les  témoignages 

de  l'Ecriture.  Et  fur  la  demande  qu'on  lui  fit  >  de  quels  remèdes  â  loa 

avis  il  feroir  plus  à  propos  de  fe  fervir  dans  cette  affaire  :  De  uux  -  là  JtuU 

€  Ad.  y,    dit-il ,    *  que  Gamalielpropofa  aux  Juifs  *,  c'eft-à-dire  ,  que  fi  Ctntreprife 

5^1  }9*     étoit  humaine ,  elle  échoueroit  :  au  lieu  que  fi  elle  venoitde  Dieu  ,  ilferoit  im^ 

pojfihle  £en  empêcher  lefucch  :  Qu'ainfi  le  Pape  devoit  être  fatisfait ,  étant 

indubitable  que  fi  fon  defiein  ne  venoic  pas  de  Dieu ,  il  feroit  bien-tôt 

anéanti.  Comme  Luther  fe  tenoit  fermement  â  ces  réponfes ,  &  qu'on  ne 

put  lui  faire  changer  la  réfolution  où  il  étoit  de  ne  fe  foumettre  i  aucun 

/  P.  Mart.   jugement ,  qu'on  ne  procédât  contre  lui  par  l'Ecriture  ;  ^  on  lui  donna 

Ang.  ep.  fon 

711. 

Luth.  T.  1.  mentir aiunt ,  quod  ad  Germanici nomînls  croyable,  maïs  à  Slcidan  ,  que  Taotren'a 

p.  1^8.         labem  atquc  dcdecus  fempiternum  ea  res  &ic  que  copier,  &  dont  raatorité écoit  a(^ 

^^^^^^'^^'  peninerct,    Quapropur  non  modo  firvan-  fez  grande  pour  lui  en  impofei  dans  des 

^'  ^^*           dam  ei  fidem  ,  fed  neque  ttmerl  damnandum  choies  de  cette  nature  >  d'autant  plus  que 

<r^         ^  /^/ffriftte  cenfibant  ,   &c.   Il  eft  vrai ,  dans  la  relation  même  de  Luther ,  T.  1.  p. 

«^0^0  '         qu*en  donnant   ce  fait  comme  un  fimple  it6,  on  voit  quelque  fondement  à  ce  foup- 

Sleid   L.      ^^^^>  Slcidan  n*en  certifie  pas  la  vérité,  fon  dans  les  Placards  qui  furent  affichés 

'       ^'  Mais  autre   chofe  eft  de  dire  qu'un   fait  pour  ou  contre  lui,  ce  qu'il  jugea  n'avoir 

n  eft  pas  certain ,  &  de  dire  qu'il  n*eft  pas  été  fait  que  pour  donner  lieu  a  violer  le 

probable.  Ce  n'eft  pas  le  filence  SAlian-  Sauf  conduit  :  Tametfi  à   multis  adeoque 

dre  qui  fufEc  pour  le  faire  juger  tel ,  puif-  inulligcntibus  dolo/l  ah   inimicis  putatur 

qu'on  fent  bien  qu  il  auroic  eu  bien  des  fuElum   idipfum  ,    ut  occajio  effet  refciu^ 

raifbns  de  cacher  la  chofe  ^  quand  il  Tau-  dendi  falvi  condu6his  ,    quod  non   impi» 

roit  fuc.  Mais  quoi  quil  en  ioit^  ce  n'c-  grè  quarehant  Romani  Legati.  Le  même 

toit  psisi  Fra-Paolo  que  devoit  s'en  pren-  fait  eft  rapporté  encore  par  d'autres  Au- 

dre  Pallavicin  ^    s'il  jugeoic  le  fait  peu  ceurs» 


7» 


• 


DE    TRENTE, Livre    I.  3} 

ibncoDgc  71  avec  le  terme  ile  xi  jours  pour  s'en  recourner  diez  lui,  i  M^ïmi 
condition  qu'il  ne  feroit  aucune  prédication ,  &  ne  publier  oit  aucun  ^^^^  ^ 
Ecrit  en  chemin.  Après  quoi  ayant  remercié  TAiflèmblée  ,  il  repartie  le  17  - 

d'Avril  75. 

XVIL  L  E  8.  de  Maifuivanç ,  s  TEmpereur  publia  un  Edit  74. dans  la   llyeflmis 
Diète  de  Vormes ,  où ,  après  avoir  expofc  qu'il  eft  du  devoir  d'^in  Ena-  Vt^^  ^ 
pereur  détendre  la  Religion  ,&  d'éteindre  les  Héréfies  dans  leur  naiflancc^^jj*^'*  ^ 
il  raconte  comment  Lii//t^  tachoit  d'infeâer  i'Allemaene  de  cette  OM-%^{Jf\i^^\ 
ragion  ^  &  le  danger  oùétoit  cette  Nation  de  périr  raifërablement  >  fi  on  c  18. 
vkj  apporroit  le  renaède  :  Que  le  Pape  Léon ,  après  des  avertiflemens  pa-  Flcurv  ,^  L. 
ternels ,  avoît  de  l'avis  des  Cardinaux  &  d^autres  gens  diftingués  condamné  '^7?  N^i?- 
fes  Ecrirs ,  &  l'avoit  déclaré  Hérétique ,  il  dans  un  <:ertain  rems  il  ne  ré« 
tradoit  fes  Erreurs  \  &  que  Jcrenu  AUandrc  Nonce  Apoftolique  lui  avait 
donné  une  Copie  de  cette  Btille,  le  priant  comcne  Pcoteâeur  de  l'EgliCç 
de  la  faire  exécuter  par  tout  l'Empire  s  &  dans  tous  fes  Etats  :  Que  oe-» 
pendant  JLi^ibr ,  au  lieu  de  fe  corriger)  écrwoit  de  jour  en  jour  des  livres 
en  Latin  &  en  Allemand  j  remplis  non  feuleinent  de  nouvelles  Hétéfîeis  % 
mais  encore  d'Erreurs  déjà  condamnées  par  les  (aints  Conciles.  Puis  «après  eu 
avoir  fpecifié  quelques-unes  »  il  conclud  qu'il  n'y   avoir  aucun  de  fes 
livres  où  il  n'y  eut  quelque  chofe  de  oontagieux  &  quelque  aiguillod  RK>r« 
fC\%6c  qu'il  n'y  avok  prelque  pas  de  mot  qu'on  ne  put  dire  être  un  poiibo  ; 

7 1.  On  lui  donna  fan  cvngé^âvtc  U  terme  l*£mpixe  auquel  il  avoir  été  mis  feroit  on- 

de  xt  jours  ,  pour  s'en  retourner  che^ lui,  ]  vert,  eut  foin  qu'il  fiit  caché  dans  un  de 

Pallavicin  dit  lo  joun,  &  P.  Martyr  dans  lès  Châteaux ,  fans  qu'il  voulut  lavoir  pi6- 

&s  Lettres  marque  la  même  cbo(e.   Mais  ciSment  lui-même  le  lieu  particulier  ou  il 

c*eft  une  méprife  ^  &  Sleidan  marque  po-  étoir*  Sleïd.L.  3*p.  4i«  B{pv»9À  an.  x  f  ii. 

fitrrement  qu'on  hii  en  donna  ii  i  Et  N^  xj.  Seckend,  Ù  i.  Seél.  44. N^^^S. 

aune  quidem  tihi  mandat ,  dit  Eckius  à  Lu-  Ceft  une  conje^re  tout  à  fait  Ctivole  que 

ther  au,  nom  de  TEmpeyeur  ,  ut  hinc  è  celle  de  Seckendorf^  qvLi  prétend  que  cet 

veJHgio  difiedas  ,  &in  reditum  diesviginti  enlèvement  de  Luther  ne  fe  fit  pas  (ans  la 

unum  tihi  largitur;  quam  etiamfidem  tihi  participation  de  l'Empereur. 

dédit,  eam  fervahit  inviolatam.   Et  c'eft  j^.  Le  %  de  Mai  fmvant,l* Empereur fti' 

ce  qui  eft  auîfC  marqué  dans  la  relation  de  blia  un  Edit  dans  la  Diète  de  Wormes^icc.) 

Luther,  Qu'il  (igna  dans  l*Eglife  en  préfence  des 

75.7/  repartit  le  zy  d* Avril ,  &c.  )  Avec  Cardinaux  de  Mayence  &  de  Sion,  Ce  fut 

une  Sauvegarde  de  l'Empereur,  qu'il  ren-  le  Nonce  Aleandre  qui  le  lui  préfenta ,  & 

vojra  trois  )«urs  aprè$  arec  des  lettres  à  ce  qui  y  avoit  eu  la  principale  part ,  (bit  par 

Prince  &  aux  autres  Princes  de  l'Empire,  les  fones  foUicitations  qu'il  fit  pour  l'obte- 

Il  fut  enfuite   accompagné  jufqu'en  Thu-  nir ,  (bit  parce  qu'il  avoit  été  chargé  de  le 

ringe  pat  quelques-uns  de  fè  amis,  qu'il  dredfèr ,  &  dont,  à  la  réferve  de  quelques 

congédia  à  Eyfenach,  Puis  ayant  £ût  mine  changemens  qui  s'y  firent ,  on  doit  le  r&« 

de  prendre  le  chemin  de  Vittembeig ,  &  -gaidex  comme  le  principal  Auteur*  Ceft 

f'étant  (iparc  du  refte  de  fâ  troupe,  11  fut  ce  que  nous  apprend  Pallavicin.  Mais  Sleh' 

enlevé  par  les  foins  de  l'Eledeur  de  Saxe  %  dan  fe   contente  de  dire   que  l*Edit  fut 

qui ,  pour  le  mettre  à  couven  des  dangers  dreflS  par  peu  de  perlbnnes ,  it  que  plu* 

^a'iljMioitt  courir  anili-tât  que  leBaa  de  fieurs  des  Eleâetus  déclarèrent  qu'on  nf 

T  0  M  E  I.  E 


34         HISTOIREDU    CONCILE 

MDtxi.  Que  pour  ces  caufes ,  voulant  fuivre  les  traces  des  Empereurs  Romains  fes 
Liow  X.  pr^deceflèurs ,  après  en  avoir  conféré  dans  cette  Diète  avec  les  Eleâeurs 
■  &  tous  les  Ordres  de  TEmpirc  ,  &  avoir  pris  confeil  des  perfonnes  choifîes 
déroutes  les  Nations  foumifesâfa  domination  ')  de  leur  avis  &  confente- 
ment,&  pour  ôter  tout  fujet  de  reproche  à  ceux  qui  difoient  qu'il  falloit  écou- 
ter Luther  avant  que  de  procéder  à  l'exécution  de  la  Bulle  du  Pape  »  quoi- 
3ae  peut-être  il  ne  fut  pas  convenable  d'entendre  un  homme  déjà  con- 
amné  par  le  Souverain  -  Pontife ,  obftiné  dans  fes  Erreurs ,  &  notoire- 
ment Hérétique ,  il  Tavoit  fait  citer  par  un  de  fes  Hérauts ,  non  pas  pour 
connoitre  ni  pour  )uger  des  chofes  de  la  Foi ,  ce  qui  appartenoit  ieule-* 
ment  au  Pape ,  mais  pour  le  rafhener  par  perfuafion  dans  le  bon  chemin. 
Il  rapporte  enfuite  comment  Luther  fut  introduit  dans  la  Diète ,  les  deman* 
des  qui  lui  avoient  été  faites  &  fes  réponfes ,  telles  qu'elles  ont  été  déjà 
rapportées  ,  &  la  manière  dont  il  avoit  été  congédié  &  renvoyé.  Il  conclud 
enfin  que  pour  fatisfaire  à  ce  qu'il  doit  â  l'honneur  de  Dieu,  au  refpeâ 
qu'il  porte  au  Pape ,  &  au  reeard  qui  eft  dûi  la  Dignité  Impériale  dont  il 
eft  revètu,du  confeil  &  du  conlentement  des  Eleâeurs  »  Princes  &  Etats  de 
l'Empire ,  &  en  exécution  de  la  fentence  du  Pape ,  il  déclare  qu'il  tient 
Martin  Luther  pour  notoirement  Hérétique  ,  &  ordonne  qu'il  foit  tenu  de 
tout  le  monde  pour  tel  y  défendant  à  tous  de  le  recevoir  ou  de  le  protéger 
de  quelque  manière  que  ce  foit  s  commandant  à  tous  les  Princes  &  Etats 
de  l'Empire  fous  les  peines  portées ,  de  le  prendre  &  emprifonner  après  le 
terme  de  ii.  jours  expirés,  &  de  pourfuivre  tous  fes  complices,  adhérans 
&  fauteurs ,  &  les  dépouiller  de  tous  leurs  biens  meubles  &  immeubles. 
11  défend  de  plus  de  lire  &  de  garder  aucun  de  fes  livres ,  quand  même  il  s  y 
trouveroit  de  bonnes  chofbs ,  &  ordonne  aux  Princes  &  aux  Maeiftrats  dé 
les  brûler  &  les  détruire.  Et  comme  il  s'étoit  fait  &  imprimé  en  divers  en- 
droits des  Abrégés  ou  des  Extraits  de  plusieurs  de  fes  Ouvraees  ,  il  défend 
abfolument  de  les  imprimer  de  nouveau  \  comme  aufli  de  tirer ,  de  pein- 
dre, ou  de  garder  aucune  de  cesEftampesou  Peintures,  où  le  Pape& 
d'autres  perfbnnes  font  repréfentés  d'une  manière  propre  à  les  rendre  ridicu-* 
les  ,  &  ordonne  aux  Magiftratsde  s'en  faifir^c  de  les  brûler  ,  &de  punir 
ceux  qui  les  impriment ,  les  achètent  ou  les  vendent.  A  quoi  il  ajoute  une 
défenfe  générale  de  rien  imprimer  fur  les  matières  de  Foi ,  fans  l'autorité  de 
l'Ordinaire. 
SMDoBrim      XVIIL  75  Vers  le  même  tems  ^  llJniverfité  de  Paris  condamna  diver- 

ift  eondMm-  {èg  Propofitions  extraites  des  livres  de  Luther ,  les  unes  comme  renouvel- 
ai/* ^4r/'[7-  ^ 

p ^*y      •'^  leur  en  avoit  rien  commaniqtté.    Aiunt  js.Versle  mêmetemsVUnherfitide  Pm- 

h  <kl  'A    T    ^^^^^  hoc  à  paucîs  aUquotjuiJfe  confia-  ris  condamna  dîverfes  Propofitions  extraites 

'  /K«r:/rtfwi  ex  EleHorihus  nonnulU  fatentur  des  livres  de  Luther,  )  Cette  Cenfure  eft 

LuUi.  T   1  f^^^fi  fi^JF^  confcios  ,  ut  fuo  loco  de  Colo-  du  i  s  ^*Avril   i  j  1 1  ,  &  condamne  plus  dé 

p.  i8c.  '     '  f^i^flfi  dicemr,  Pallavicin  dit  que  cet  Edit  cent  Propofitions  extraites  de  difRrensOa- 

Bzov.  ad     f°^  %"^  ^^  ^  ^^  ^^^  «  ^^^  ^^'^  ^^  f*''^  vrages  de  Luther  ,    comprifes   fous  difTé- 

^.i$xi.    public q\ie  le  2 é» T.  I.  Enat.  lens  titres.  Melanàon  &  Luther  loi-mtnno 


DE     TRENTE,  Livre    I.  3S 

lanc  la  doârine  de  Wlclcf  &  de  Jean  Hufs  ,  &  les  autres  comme  autant  de 
nouvelles  erreurs  qu'il  avoir  avancées  contre  la  doârine  Catholique.  Mais 
toutes  ces  oppodtions  ne  firent  qu'aigrir  la  députe  »  par  les  Ecrits  qui  fe 
multiplièrent  de  part  &  d'autre  à  loccafion  des  réponfes  de  Luther  >  &  ne 
fervirent ,  en  excitant  la  curiofité  de  plufieurs  qui  voulurent  fe  mettre 
au  fait  de  la  conteftation  >  qii  a  leur  découvrir  les  abus  que  reprenoit 
Luther  \  &  i  les  aliéner  par  ce  moyen  de  la  foumiflion  qu'ils  avoient  pour 
le  Pape. 

XlXt  7<^  L  E  plus  illuftre  des  ad verfàires  de  Luther  (vu  Henri  VIII.  Roi 
d'Angleterre  >  77  qui  étant  le  cadet  de  i^  Maifon  7S  avoir  été  deftiné  par 
fon  père  à  TÂrchevèché  de  Cantorbéry ,  &  dans  cette  vue  avoit  em- 
ployé fa  jeune(re  à  l'étude.  Mais  ayant  fuccedé  à  la  Couronne  par  la  mort  de 
fon  frère  ^  celle  de  fon  perç  7^  qui  ayoit  fuivi  »  &  fe  ftifânt  un  honneur 


MDXXU 

L£ON  X; 

Spond*  ad 
aa.  ijii. 

FleuryHift. 
Ecclef.  L 
ii7.N^i8. 
f  Spond.  ad 
an.  15 II. 
N^j.Slcid. 
L.  ).  p.  41. 
Pallav.  L.1. 
c  I.  Bumct, 
T.  I.  L.  I. 


y  firent  des  réponfes  fen  emponées.  Pla- 
fieiin  des  Propofitions  condamnées  con- 
ciennencdes  Erreurs  alTez  groffièies^  Mais 
il  £iat  avouer  qa*il  y  en  a  quelqaes-anes 
dont  la  Cenfure  eft  plus  condamna})le  que 
les  Propciicions  m&mes.  La  defcriptîon  que 
dit  à  cette  occafion  Sleidan  de  la  Faculté 
de  Théologie  de  Paris ,  mérite  d'être  lue , 
&  nous  ne  l'omettons  que  parce  qu  elle  n'a 
aucunxappoRi  notre  fujet, 

•j6m  Le  plus  illuftre  des  adverfaires  de  Lu- 
ther fut  Henri  VIII,  Roi  d* Angleterre. )Q^ï 
farviat  à  la  Courpnne  an  mois  d'Avril  de 
an  If  09  :  Prince  qui  par  un  mélange bi- 
tarre  de  bonnes  &  de  manvaifès  qualités , 
donna  fncceffivement  de  grandes  efpéran- 
ces ,  &  les  fit  perdre*  Il  balança  pendant 
loote  Gk  vie  la  fortane  de  l'Europe ,  (ans 
en  tirer  aucun  avantage  pour  lui  -  même. 
Pour  vouloir  être  l'arbitre  de  Tes  Alliés ,  il 
en  fut  toujours  la  dupe.  Né  naturellement 
libéral ,  il  fe  ruina  lut  &  Tes  Sujets  par  des 
pto&fions  criminelles  &  extravagantes. 
Mauvais  Maître ,  il  fâcrifioic  (es  Miniflres 
avec  la  même  facilité  qu'H  les  élevoit. 
Mauvais  mari,  il  regardoit  (es  femmes 
plueât  comme  fes  e(claves  que  comme  Tes 
époufes  y  &  les  immoloit  à  &  jaloufie  après 
évoôx  (àtis&it  à  Tes  paillons.  Superftitieux 
dans  (on  irreligion,  il  ne  fut  ni  Catholi^ 
que  ni  Protedant ,  tandis  qu'il  afTeâoit  de 
montrer  fon  zèle  par  les  fupplices  qu'il  fiii- 
(bic  fooffirir  à  fes  Sujets.  En  un  noot ,  ca- 
pable par  {fi%  talens  naturels  domez  le  Trô- 


ne qu'il  occupoit ,  il  le  (bailla  par  (es  cri-  P«  ^^' 
mes ,  &  n^ourut  détefté  de  prefque   tous  FleuryHift. 
l^s  partis,  auxquels  il  s'étoit  rendu  pre(que  \jo 

également  redoutable  &  par  Tes  caprices  &  '^^1^ 
par  fes  cruautés.  i^  k  T  ' 

77.  Qui  étant  le  cadet  de  fa  Maifon  f  .,  ..^ 
.  )  Arthur  Prince  de  Galles ,  qui  étoit  ^'  ' 


aine 


mourut    le    fécond    d'Avril 


fon 

IfOl. 

7*.  Avoit  été  deftinépar  fon  père  à  VAr^» 
chevêche  de  Cantorberi ,  &c.  )  c'a  été  l'o- 
pinion pre(que  générale.  Cependant  M* 
Burnety  L.  i.  de  fon  Hi(h>ire,  ne  laiflè 
pas  de  la  conteder  fur  ce  fondement ,  que 
Henri  VILCon  père  avoit  fait  donner  la  mê- 
me éducation  à  Arthur  (on  fils  aine  ,  U 
ne  les  avoit  appliqués  fi  fon  a  l'étude  l'uii 
&  l'autre ,  que  pour  leur  ôter  la  connoi(?- 
fance  des  aSaires.  Cela  me  paroît  d'au- 
tant plus  vraifemblable ,  qu'il  y  a  peu  lien 
de  croire  que  ce  Prince  n'ayant  que  deux 
fils ,  eut  voulu  coaiir  le  ri(que ,  en  enga- 
geant le  (êcond  dans  l'état  Ëccléfia(tique  , 
de  voir  terminer  fa  poAérité,  fi  par  ha- 
zard  ^'ainé  venoit  ou  à  moorir  jeune,  oa 
à  n'avoir  point  d'enfans*  Mais  de  plus, 
comme  rd>ferve  encore  Bumet  ,  Henri 
n'avoit  que  onze  ans  lor(que  (on  frère  mou- 
rut,  &  par  con(équent  n'étoit  pas  d'âge  à 
étudier  alors  pour  6tre  Archev^uede  Oui- 
torbery. 

79*  Mais  ayant  fuccïdé  à  la  Couronne 
par  la  mort  de  fon  frère  &  celle  de  fon  père  , 
&c»  )  Qeloi'Ci  mourut  le  a  a  d'Avril  1509  , 


ContlnuM" 
tien  des 
troublis 
Suifi  ,  ci- 


36        HISTOIRE    ptJ    CONCILE 

iiBZXir  d'intervenir  dans  une  difputc  ù  célèbre,  il  écrivit  un  Traité  des  fept  Sacre- 
LbomX.  ^^^^  go^  ^^  jj  défendit  Tautoritc  du  Pape  &c  combattit  la  doûrinc  de 
Luiher.  Ceci  fut  fi  agréable  à  Léon  ,  qu'après  avoir  reçu  fon  livre  it 
^S^^J*  l'honora  du  titre  de  Défenfcur  de  la  Foi  *'.  Mais  Luther  fans  fe  laiflcr 
glitene  "  épouvanter  par  l'éclat  de  la  Majcfté  Royale ,  répondit  à  ce  prince  avec 
écrit  têntti  autant  de  vi^ence  &  de  mépris ,  qu'il  avoit  fait  auparavant  aux  moindres 
^'*  Dodeurs. 

U  N  fi  grand  nom  mêlé  dans  la  difpute  ne  fervit  qu'à  exciter  davanta(Te 
lacuriofité;  &  à  l'exemple  d^s  combats  où  les  fpeâatenrs  penchent  tou* 
jours  en  faveur  du  plus  foible  ,  ic  prennent  plaifir  d  relever  fes  moin-* 
dres  aâions ,  l'inclination  univerfelle  parut  fe  déclarer  pour  Liuher. 

XX.  L  E  même  mois  ^  ^  que  fut  publié  l'Edit  de  l'Empereur ,  ^  Htiguei 
Evêque  de  Conlbnce ,  dans  le  Diocèfe  duquel  étoit  la  ville  de  Zurich  ^ 
écrivit  une  lettre  au  Chapitre  de  cette  ville  dont  Zuïngle  étoit  alors  Cha- 
Cû  f  enct  "^^"^>   ^  ^"^  autre  au  Sénar.  Dans  rtttie&  dans  l'autre  il  répréfentoir 
de  Zurich ,  ^^  ^ ort  quc  les  nouveautés  en  niatière  de  doârine  faifoient  â  TEglife  par 
ek  cemmen-  la  mine  fpirituelle  des  âmes ,  &  aux  Etats  par  la  confufion  qu'elles  y  intro- 
ce  U  Réfer-  duifoient ,  Sc  qui  en  ruinoient  la  tranquillité.  Il  les  exhortoit  it  fe  garder 
r*^l^\î   -   de  CCS  nouveaux  Dofteurs ,  qui  n'étoient  animés  que  par  leur  propre 
ambition  &  par  l'inft^ation  du  Diable.  Ces  lettres  étoient  accompagnées 
Flcury ,  L  dc  la  Bulle  de  Léon  &  de  l'Edit  de  l'Empereur  ,  qu'il  les  exhortoit  de  rccc* 
I  }8.  N%^.  voir  &  d'exécuter.  Comme  dans  fes  lettres  le  Prélat  avoit  défigné  particu* 
Rudiat       lièrement  la  perfonne  &  la  doârrine  de  Zuingle  &  dc  fes  adhérans  ^  celui- 
Ré£  a        ^^  ^^  ^^^^  obligé  de  rendre  compte  à  fon  Chapitre  &  au  Sénat  dc  tout  ce 
Suiilc  ,  T.  ^"'il  enfeignoit.  U  écrivit  auflî  à  l'Evcque,  infiftant  principalement  à  ce  que 
i.p.  114.    Ion  ne  fouffrît  pas  plus  long-tems  les  Prèrres  concubinaires ,  dont  la  vie 
couvroit  d'in&mie  tout  l'Ordre  Eccléfiaftique  ,  &  qui  par  le  mauvais 
exemple  qu'ils  donnoient  »  introduifoient  la  corruption  parmi  tous  les  peu- 
ples ,  &  difant  qu'il  n'y  avoit  d'autre  remède  d  cela  que  de  leur  permet- 
tre le  mariaee ,  félon  la  Doârine  des  Apôtres.  Il  écrivit  encore  pour  fa 
propre  défende  à  tous  les  Cantons  Suifies  »  &  leur  rappelloit  un  ancien 


fepc  ans  après  Arthur  Ton  fils  aine  »  mon 
le  (ècond  d'Avril  r  5  oi. 

Bo.  Il  écrivit  UM  Traité  des  Sept  Sétcrt' 
mens.  )  Beaucoup  Tont  attribué  à  Fifier  ^ 
Evèque  de  Rôchefter ,  depuis  Cardinal ,  & 
décrite  par  Tordre  de  Henri.  Mais  Bur-- 
iMT ,  T.  i«  L»  3.  p.  )  )  ^ ,  (bacient  que  cela 
eft  bxix. 

St.  Ill'àonmv du  titre  de  D^nfeUr de 
In  Foi.  )  Par  une  Balle  du  mois  d'Oâobre 
fyii ,  (ignée  de  17  Cardinaux,  après  de 
kxigaes  &  de  Térieufes  confulcacions  fiir  le 
tioeqabn  Revoit  donner  à  ce  Prince ,  ft 


donc  le  Cardinal  PaUavicin  nous  rend 
compte  dans  Ton  Hiftoire  ,  L.  a.  c.  i» 
pour  nous  faire  voir  avec  combien  de  ma- 
turité on  pèfe  à  Rome  les  moindres  cIk>- 
(t%.  Et  il  eft  vrai  en  eflèt  qu'il  ny  a  pas 
de  pais  au  monde ,  où  les  minuties  fe  trai- 
tent avec  plus  de  gravité. 

Si.  Le  mime  mois  que  fut  publié  l*E dit  de 
V Empereur  y  Hugues  Evêque  de  Confiance  > 
&c,  )  Notre  Hiftorien  fe  trompe  pour  Je 
tems  )  car  fEvéque  de  Confiance  n'écrivit 
ces  lettres  qu'en  iriz  ,  un  an  apsès  la 
publication  de  l'Edit  de  l'fimpexew* 


DE    TRENTE, Livre    I.  37 

£clitd(xiné  parleurs  prédeccfleurs ,  «3  pour  obliger  tous  les  Prêtres d  avoir   JJ*"^ 
leur  propre  concubine»  &c  les  empêcher  par-  U  d'attenter  à  la  pudeur   *       ** 
des  hcmnètes  femmes  ;  ajoutant ,  que  quoique  le  Décret  parût  ridicule  , 
il  s'ctoit  Eût  néanmoins  par  néccfiîté ,  &  que  tout  ce  qu"il  y  avoir  à  ré- 


Léon  X. 


er  contre  la 
Zuingle  ,  &lui  à  fe  défendre.'  Ce  fat  ^  dans  cette  vue  qu'il     /  sidA 
publia  Lxyju  Propofitions,  qui  contenoient  fa  doiSbrinc  >  &  où  il  taxoit  Ibid.  p.  48. 
tes  abus  des  Prélats-du  Clergé.  De  -  li  naquirent  tant  de  diflèn fions  &  de  J^éfonn.  de 
défordces  ,  que  pour  en  arrêter  le  cours  le  Sénat  fe  réfolut  de  convoquer  ^^      '  ^' 
tous  les  Prédicateurs  &  lesDoftcurs  de  fa  jurifdiâiion.  ^4  H  invita  en  même  \'^l[  ^^^' 
tcma  TEvêque  de  Confiance  d'envoyer  de  fa  part  quelque  perfonne  de 
fcience  ôc  de  probité  pour  affifter  à  ce  Colloque  »  &  travailler  de  concert 
â  appaifer  ces  tumultes  y  &  à  ordonner  ce  qui  feroit  de  mieux  pour  la  gloire 
de  Dieu.  Ce  Prélat  y  envoya  donc  Jacques  /Vr^^rfon grand- Vicaire,  qui 
fat  depuis  Evêque  de  Vienne  5  &  le  jour  de  la  Conférence  arrivé ,  &  l'Af- 
iëmblee  étant  fort  nombreufe ,  Zuingle  reproduifit  (es  PropoHtions,  &  s'of- 
frit de  répondre  à  quiconque  voudroit  les  attaquer.  Fabcr  y  après  plufieors 
difcours  des  Dominicains  &  d'autres  Dodeurs  contre  Zuingle  &  fes  ré- 
pliques ,  dit  que  ce  n'étoit  ni  le  tems  ni  le  lieu  d'agiter  ces  matières  >  donc 
la  connoiflknce  appartenoir  an  Concile  ,  qui  devoir  fe  célébrer  bientôt , 
comme  le  Papeen  étoit  convenu  avec  les  Princes,  les  principaux  M^iftrats> 
&  lesEvêques  de  la  Chrétienté.    Mais  Zuingle  ayant  répondu   que  ce 
n'étoient  que  des  prômeflès  pour  nourrir  le  peuple  des  vaines  efpérances  » 
&  cependant  l'entretenir  toujours  dans  l'ignorance,  ajouta  que  l'on  pouvoir 
4)ien  toujours,  en  attendant  que  le  Concile  eût  décidé  fur  les  points  {dou-- 
teux ,  traiter  de  ceux  qui  étoient  certains  &c  manifeftes  par  le  témoignage 
de  TEcrirure  Sainte  &  l'ufage  de  l'ancienne  Eglife.   Et  comme  il  preflbic 
Faber  de  déclarer  s'il  avoir  quelque  chofe  à  oppofer  à  fes  Propofirions  j 
celui-ci  lui  répondit   qu'il  ne  vouloit  pas  traiter  avec  lui  de  vive  voix  9 
mais  qu'il  lui  répondroit  par  écrit.  EnSn  TAilèmblée  fe  fépara  ,  &  ce- 
pendant le  Sénat  ordonna  ^  que  l'on  prccheroir  l'Evangile  félon  la  doârine  m  Réf.   i& 
de  l'Ancien  &  du  Nouveau  Teftament ,  &  non  félon  les  Décrets  &  les  ^^^^  »  ^" 
Conftitutions  humaines.  ^'  J?*  *^^* 

%%*Et  Uurrappelloit un  ancien Edit don*  pîunt ,  utjuheant  eum  hahtre  conàtbmam ^ 

t^  par  leurs  prédéctffittrs  ,  &c.]  Zuingle  ne  pudicitiam  alienam  tentet,  Eam  confite^ 

ne  parle  point  d'aocan  Edit ,  mais  feule-  tudinem  rideri  quîdem  à  multis ,   verim 

ment  d'une  ancienne  coutume  introduite  prudemereffe  reeeptam^  ut  fuidemeo  tenf 

dans  quelques-ans  des  Cantons  ;  &  cela  efl  pore  O  in  illis  domina  tenebris  atque  de* 

infiniment    plus  probable,  damant   plus  pravatione,  Quod  autem  iUi  de  concuèinif 

Îi  on  ne  trouve  parmi  eux  aucun  velliga  iunc  feccrint ,  idem  nunc  effe  de  legitimis 

un  pareil  Edit,  NonnuUis  in  ip/orumpa-  uxcnbus  inftitutndum  uhique* 
gis  ,  dît  Sleidan ,  hune  ejfe  morem  ,  quum         84.  //  iuvita  en  mime  tems  rEvique  da 

nûvum  quempiam  Ecclejim  Minifirum  reci-  Confiance  d'envoyer  de  fa  part  quelque  pa^^ 


3»         HISTOIRE    DU    CONCILE 

uDxxi.        XXI.  CoMMfi  donc  ni  les  pleines  quavoicnt  prifes  les Doâeurs  ficles 

Lbom  X.    pr^ijjjj  Je  TEglife  Romaine  ,  ni  la  Bulle  ôc  la  condamnation  qu  avoic  pu- 

Tçttf  U     ^^^^^  '^  Pape,  ni  le  Décret  de  TEmpereur  tout  rigoureux  qu'il  étoit , 

monde  defire  ^*^^^^'^^^  pu  arrêter  le  mal^  Se  que  loin  d  étouffer  la  nouvelle  doârine 

tm  Concile,  ils  n'avoient  fervi  jufqu'alors  qu  a  lui  faire  de  nouveaux  progrès  ;  chacun 

vit  bien  que  les  moyens  qu'on  avoir  employés  jufques-U  etoient  peu  oro- 

près  â  remédier  aux  maux  préfens  ,  &  qu'il  faudroit  en  venir  ennn  à 

celui  qu'on  avoir  eniployé  par  le  pafTé  en  de  femblables  occafions  »  &qat 

fembloit  avoir  appaiie  les  troubles  ;  c'eft-à-dire  à  la  tenue  d'un  Concile  /. 

que  tour  le  monde  commença  férieufement  à  défirer ,  comme  la  feule  reC* 

fource  qui  pût  être  falu  taire. 

£  N  effet  Ion  confidéroit  que  les  nouveautés  préfentes  n'avoient  d'aa« 
cre  principe  que  les  abus  inrroduits  par  le  rems  ôc  par  la  négligence  dc$ 
Pafteurs  »  &  qu'ainfi  il  étoit  impofuble  d'apporter  quelque  remède  à  U 
confufîon  ,  fi  Ton  n'en  ôtoit  auparavant  la  caufe  ;  ce  que  l'on  ne  pouvait 
faire  unanimement  &  uniformément  que  par  un  Concile  Général.  C'étoic 
du  moins  ce  que  difoient  les  gens  pieux  &  bien  intenrionnés.  Divecfes 
autres  perfonnes  fouhaitoienr  audi  le  Concile  pour  leurs  fins  particulières  : 
mais  elles  ne  le  vouloient  qu'à  certaines  conditions  ,  qui  dévoient  le  leot 
rendre  favoriablie ,  &  où  l'on  n'en  pût  rien  faire  de  conrraire  à  leur  inrérèc* 
Premièrement ,  ceux  qui  avoient  embrafie  les  opinions  de  Luther  demau- 
doienc  le  Concile ,  à  condition  que  tout  y  fût  décidé  par  la  Sainte  Ecri- 
ture ,  i  l'exclu  fion  de  toutes  les  Conftirurions  des  Papes  8^  df^h  Théo- 
logie Scolaftique  ;  étant  bien  affurés ,  que  c  etoit  le  moyen  non-feule« 
ment  de  défendre  leur  doctrine  ,  mais  encore  de  la  faire  Approuver  pré- 
férablement  à  toute  autre.  C'eft  pour  cela  qu'ils  ne  vouloient  point  d'un 
Concile ,  qui  procédât  comme  Ion avoit  fait  depuis  huit  cens  ans  y  don-» 
naat  i  entendre  qu'ils  ne  fe  foumettroient  jamais  à,fon  jugement  :  Et 
Luther  difoit  ordinairement ,  Qu'il  avoit  eu  trop  peu  de  courage  à  Wormes  » 
&  quil  itoitji  certain  de  la  divinité  de  fa  do3nne  ,  qui/  ne  voudroit  pas  même 
lafoumettre  au  jugement  des  Anges  ^  mais  que  c' étoit  par  elle  qu  il  devoit  juger  Us 
hommes  &  les  Anges  même.  LesPrinces&  les  Magiftratç^fans  fe  mettre  fort  ea 
peine  de  ce  quç  le  Concile  pourroit  décider  fnr  lado&rine ,  défiroient  feu* 
lement»  que  les  Prêtres  &  les  Moines  y  fuflcnt  rappelles  à  leur  première 
difcipline»  efpérant  de  rentrer  par-là  dans  leurs  droits  ,  c'eft-à-dire,  de 
recouvrer  la  Jurifiiiaion  temporelle ,  qui  étoit  paflTce  à  l'Ordre  Eccléfiaf- 
tiquç  1  &c  y  avoit  porté  tant  de  grandeur  &  de  richefles.  C'eft  pour 
cela  qu'ils  difoient ,  que  le  Concile  feroit  inutile  ,  fi  les  Evêques  feuls  Se 
les  Prélats  y  avoient  voix  délibérative ,  puifqu'ils  dévoient  être  réformés 

fonne  de  fcience  &  de  probité  pouraffîfler  à  la  part  de  l^T&qne  :  mais  od  il  refii(a  de 

ce  Colloque  ,  &c.  )  Ce  foc  au  mois  de  Jan-  difpacer ,  déclarant  néanmoins  qu'il  réfo- 

vier  I  f  1  ) ,  que  fe  tint  ce  Colloque  »  où  Fa-  teroit  les  Propofîcions  dje  Zui/igle  par  écrit* 

ter  efii^diyemenc  f^t  envoyé  Ôc  ailifta  de  Réf.  de  SuiJ[fif1.  t.  p«  171. 


LionX' 


DE    TRENTE,  Livre    I.  3^ 

eax-m&mes  ;  &  qu'il  étoit  néceflaire  par  conféquent  d*en  donner  le  foin  i 

des  gens  qui  ne  fuffcnt  point  féduits  par  leur  propre  intérêt  &  engagés  par- 

là  i  faire  quelque  chofe  contre  le  bien  commun  de  la  Chrétienté.  Ceux 
d^entre  le  peuple  qui  avoient  quelque  connoilTance  des  affaires  du  monde , 
déûroient  pareillement  qu'on  modérât  l'Autorité  EccléHaftique  ;  qu'on 
n'accablât  point  le  peuple  de  tant  d'exaftiops  fous  le  prétexte  de  Décimes» 
^Aumônes  &  d'Indulgences  *,  &  que  l'oii  arrêtât  tes  vexations  que  les 
Officiaux  des  Evèques  faifoient  fous  le  prétexte  de  correction  8c  de  juge- 
lîient.  La  Cour  de  Rome  ,  qui  étoic  la  partie  la  plus  intéreffée ,  ne 
fouhaitoit  le  Concile  qu'autant  qu'il  pouvoit  fervir  à  faire  rendre  au 
Pape  l'autorité  qu'il  avoit  perdue  ,  Se  elle  entendoit  qu'on  y  procédât 
iêlon  les  formes  des  derniers  (lècles.  Car  elle  ne  vouloir  point  de  Concile 

2ui  pût  réformer  le  Pontificat  ,  ni  abolir  les  ufages  dont  elle  recevoir  tant 
t  profit ,  &  qui  attiroient  à  Rome  une  grande  partie  de lor  de  la  Chré- 
tienté. Le  Pape  leo/i^également  embarrafle  des  deux  côtés,ne  fçavoit  que  dé- 
firer.  Voyant  d'une  part,  que  fon  autorité  diminuoit  de  jour  en  jour  par  la  fé- 
paration  de  diverfes  Provinces  qui  lui  refufoient  l'obéifTance  ,  il  fouhai- 
toit le  Concile  comme  un  remède  à  cette  révolte.  Mais  confidérant  de  l'au- 
tre s  que  le  remède  feroit  pire  que  le  mal ,  s'il  falloir  réformer  la  Cour  de 
Rome  y  cela  lui  en  donnoit  un  grand  éloignement.  Il  fongeoit  donc  aux 
moyens  de  tenir  un  Concile  à  Rome ,  ou  dans  quelque  autre  lieu  de  l'Etat 
Eccléfîaftique  ,  ainfi  que  fon  prédcceflcur  &  lui  avoient  fait  quelques 
années  auparavant  avec  un  bon  fuccès.  •  ^  Car  °  le  Concile  de  Latran  éteî-  »  Flcury  ; 
griir  le  Scnifme  par  la  réunion  de  la  France ,  & ,  ce  qui  n'étoit  pas  moins  ^  '*4-  N 
important  ,  fit  abolir  la  Pragmatique  Sanâion ,  qui  étoit  doublement  ^^* 
contraire  aux  intérêts  de  la  Cour  de  Rome  *,  tant  parce  que  c'étoit  un 
exemple  qui  pou  voit  apprendre  à  lui  ôter  la  collation  de  tous  les  Bénéfices  » 
qui  eft  le  ronaement  de  la  grandeur  des  Papes  »  que  parce  que  c'étoit  un 


s  f  •  Cork  Concile  de  Latran  — fit  abolir 
la  Pragmatique  Sandion ,  qui  étoit  double^ 
ment  contraire  aux  intérêts  de  la  Cour  de 
Rome  ,  Sec»  )  La  Pragmatique  Sanfiion 
étoit  an  Recueil  de  Décrets  faits  par  le 
Concile  de  Baie  pour  la  réformation  de 
la  Difcipline  Eccléfiaftique ,  dopt  quelques- 
uns  furent  modifiés  par  les  Prélats  de 
France  dans  TAfTemblée  de  Bourges  en 
J4)S.  Charles  VIL  la  fit  ezaâement  ob- 
ferver  pendant  (à  vie.  Mais  comme  elle 
obvioit  à  quantité  d*abus  de  la  Cour  de 
Rome ,  par  le  retranchement  des  Annates , 
des  Réfignations,  des  Accès,  des  Regrès, 
&  de  quantité  d'autres  dèfordres  fembla- 
Mes ,  &  qu^elle  étoic  le  plus  ferme  main- 
tien des  Libertés  de  TEglife  Gallicane,  les 


Papes  ne  fe  donnèrent  aucun  repos  qu'ils 
ne  fuilent  venus  k  bout  de  la  &ire  abo- 
lir i  ce  qui  ne  pat  fe  faire  cependant  qu'a- 
près bien  des  oppoficions  que  les  Papes  & 
les  Rois  eurent  à  footenir^  rant  de  la  parc 
des  Parlemens  que  àts  Univerfités  &  da 
Clergé.  La  Bulle  s'en  publia  en  i^z^  » 
dans  la  onzième  Sefiîon  du  cinquième 
Concile  de  Latran ,  où  la  Pragmatique  eft 
traitée  comme  la  dépravation  du  Royaume 
de  France,  Mzis  Léon  eût  parlé  plus  vrai, 
s'il  l'eut  appellée  le  frein  de  l'ambition  & 
de  la  cupidité  Romaine ,  qui  ne  pouvoir 
fouArir  de  trouver  (ans  celle  une  telle  bar- 
rière aux  prétentions  des  Papes  ,  &  au» 
ezaâions  qu'ils  faifoient  fui  le  ^oyaur 
me. 


40         HISTOIRE    DU    CONCILE 

MMirit.    monument  qui  confervoic  la  mémoire  du  Concile  de  fiâle  «  &  par 

IjotiX.    q^ent  de  la  fujecion  du  Pape  au  Concile  Général.  Mais  Lion  ne  YWMfe 

^  pas  comment  un  Concile  de  cette  forte  pourroit  guérir  un  mal  qui  vCèfoid 

point  dans  lesperfonnes  des  Princes  &  des  Prélats  que  l'on  auroit  pu  g^Mt 

Far  des  intrigues  &  par  leurs  propres  intérêts ,  mais  dans  les  peuples  ^  dpie 
on  ne  pouvoit  appaifcr  que  par  un  vrai  &  réel  changement.  Cetoic  l'éttlt 
où    étoient    les  chofes   lorique  °   ce  Pape  mourut  à  la  fin  de   Ttt 

0  Slcid.  L.  MDXXI  *<^. 

M'-  45-  XXII.  ^7  D'e  s  le  9  de  Janvier  mdxxii  »  p  AdrUn  fut  créé  pour  loifiir^ 

LéonX  /  ^^^^'  Cette  éleâion  d'un  homme  qui  étoit  aâuellement  en  Efpagne  >  Se 
Eleiisûn  V^^  n'étoit  counu  ni  des  Cardinaux  ni  de  la  Cour  de  Rome  »  où  il  n'écMC 
étAdrienVL  jamais  venu ,  &  que  Ion  croyoit d'ailleurs  n'approuver  ni  les  maximes Ro« 
/Guicciard.  maines  ni  la  vie  libre  des  Cardinaux  »  occupa  tellement  les  eipr irs  »  qaVa 
\'  ^^À  A  "^  pc^^o^^  prefque  plus  à  Taftaire  de  Luther.  Les  uns  craignoienc  ^  qn^ 
an^^ifii^  n'eut  trop  de  pencnant  pour  la  réformation  ;  &  d'autres  >  qu'il  nap^ 
N^  I.  pellât  à  (oi  les  Cardinaux  ,  &  ne  transférât  le  Saint  Siège  hors  de  lltalie» 
Ileuiy  ,  L  comme  il  étoit  arrivé  autrefois.  Mais  on  fut  bientôt  guéri  de  cette  craima 
117.  N°8y.  Car  Adrien  ayant  appris  le  iide  Janvier  à  Vitcoria  enlUfcaye  la  nouvelle  dà: 
^Palla^L.  £^^  éleûion ,  y  donna  fon  confentement ,  &c  fans  attendre  les  Légats  que 
^'  lui  avoient  envoyé  les  Cardinaux  pour  la  lui  notifier  &  avoir  fon  confeiito* 
ment ,  il  prit  l'habit  &  les  marques  du  Pontificat  en  préfence  de  quel» 

ques 

8^.  Lorfque  ce  Pape  mourut  à  la  fin  de  pofk  on  n*avoit  mil  deflfein  de  Télire  :  A» 

MDXXU  )  Le  (êcond  de  Décembre ,  ^é  de  propofio  fen\a  che  alcuno  hétvejfe  mcUaano* 

4^  ans,  Acla  neuvième  année  de  (bn  Pon-  ne  di  eleggerlo ,  maper  confumare  in  vamo^ 

cificac.  Guiceiardin  marque  cette  mon  au  quelle  matina.   Quoi  qu'il  en  foir  ,  (bn 

premier  de  Décembre ,  mais  il  eft  contre-  éléâion  fut  fort  mal  ref ue  du  peuple  &a-' 

dit  par  Onuphre  Se   par  plufieun   autres  main ,  félon  Paul  Jove  3  &  foit  par  le  ié^ 

Ecrivains.  eoât   qu'on  eut  de  fa  fimplicicé  &  de  & 

87*  Dès  le  9  de  Janvier  MDXXti ,  Adrien  nrugalité ,  foit  par  les  oppcÂGrions  cpe  TuC- 

fat  créé  pour  lui  fuecèder,  )  Né  i,  Utreckt  citèrent  (es  Mèniflres  à  tous  (es  ixins  àeC* 

en  1^49»  d'une  famille  pauvre,  il  s'éleva  feins,  fon  Pontificat  fut  peu beoitoz ,  4e 

par  fon  application  ic  ûl  probité  aux  plus  il  n'en  rempona  que  des  naverfes,  ft  la 

gmnd^  honneurs.  Après  s'fetre  fait  une  ré-  réputation  d'homme  de  bien,  le  ne  fait 

ptttarion    dans  ilTniverfité  de    Louvain,  où  M.PrévSt,  dans  fes  Notes  fur  M.  ifr 

choifi  pour  être  Précepteur   de   Charles  7^oii,T.  i.p.46.  a  pris  que  GuiccMn&i 

d'Autriche  depuis    Empereur  ,    il  devint  attribue  l'éleâion  d'Adrien  aux  anifices  de 

fiicceffivement  Evèque  de  Tertofe  ,  Ré-  Afj/tiM/ Amba(&deur  d'Bfpagne  s  car  je  na 

gent  d'Efpagne ,  Cardinal ,  &  enfin  Pape  tixnive  rien  de  femblable  dans  cet  (fifio* 

par  la  jonâion  de  la  faéBen  du  Cardinal  rien  i  8c  Ton  voit  au  conmipe  par  lespaio* 

de  Médicis  ,  qui  voyant  qu'il  ne  pouvoit  les  que  j'en  cite ,  qu'il  l'attribue  parement 

être  élu  lui-même ,  propofa  Adrien  a  la  au  hazard  :  mais  en  cela  't\  efl  contredit ptt 

£i6Hon  des  vieux  O&rdinaul ,  qui  y  con-  les  autres  Hiftoriens.  CeA  P.  Martyr  An» 

fentirent.   Cependant ,  ^  nous  en  croyons  glerius  qui  dans  fa  7  f  5  •  Lettre  femble  infi* 

Guiceiardin ,  cette  éleAion  <ut  pkKÀt  l'ef-  nuer  quelque  chofe  de  femblable  à  ce  qut 

fet  du  hazard ,  puifque  lorfqu  on  le  pio»  M.  ^ttrèt  ââtdixe  t  Guitciardin. 


DE    T  RENT  E  ,  Livre   I.  41 

qites  Prélats  qu'il  avoic  adèmblés  ,  &  partie  auifi-tôt  pour  Barcelone  »   kdxzii.' 
d'où  il  écrivit  aux  Cardinaux  les  raifons    qui  l'avoient   obligé  de  fe  AdxiewVL 
mectro  en  podèffion  du  nom  &  de  la  Dignité  Pontificale ,  &  de  commen-  — — — "^ 
cet  fon  voyage  avant  l'arrivée  des  Légats  ,  Se  leur  ordonna  de  le  faire 
fçavoir  par  toute  l'Italie.  Cependant  '  il  fut  contraint  d'attendre  à  Bar-  , 

celone  le  tems  propre  pour  pa(Icr  le  Golfe  de  Lyon,   qui  eft  très  dan- j^^  ^ 
gereux.  '*  Mais  il   ne  différa  »  qu'autant  qu'il  étoit  néceflàire ,  de  s'em-  Guicciâtd. 
barquer  pour  pafler  en  Italie  ,  où  il  arriva  fur  la  fin  du  mois  d'Août  L.  15. 

MOXXIX.  ^PJ^ 

Tout  y  étoit  en  mouvement»  àcaufede  la  guerre  entre  l'Empereur  &      ** 
le  Roi  de  France  *,  Se  il  trouva  le  Saint  Siège  embarafTé  dans  une  guerre  par- 
ticulière avec  les  Ducs  de   hcrrarc  Se  dUrbin^^^  Rimini  nouvellement 
occupé  par  les  Malatcfits ,  '<>  les  Cardinaux  divifés  &  en  défiance  les  uns 
des  autres ,  ^'  l'Ile  de  Rodes  afliégée  par  les  Turcs,  &  tout  l'Etat  de  TE- 
^ife  épuifé  &  en  défordre  par  une  Anarchie  de  huit  mois.  Cependant  il  ap- 
pliqua principalement  tous  fes  foins  à  pacifier  les  différends  de  Religion  en 
Allemagne ,  &  comme  dès  fa  plus  tendre  jeunefle  il  avoit  été  nourri  Se 
élevé  dans  l'étude  de  la  Théologie  Scolaflique  ,  il  en   trouvoit  les  opi- 
nions (1  claires  &  fi  évidentes  ,  qu'il  ne  croyoit  pas  qu'aucun  homme  rai- 
ibnnable  en  pût  avoir  de  contraires.  C'eft  pourquoi  il  ne  traitoit  les  fenti- 
mens  de  Luther  que  de  doârine  infipide ,  extravagante  ,  &  fans  raifon  ;  Se 
ne  croyoit  pas  qu'il  y  eût  d'autres  que  des  ignorans ,  qui  puflfènt  les  fuivre. 
Mais  il  difoit  que  ceux  qui  les  avoientembraffés  favoientenleurconfcience 
que  ceux  des  Romains  étoientinconteftables,  &  qu'ils  ne  le  contredifoient 
que  par  reflfentiment  des  vexations  qui  leur  avoient  été  fs^ites  :  Qu'ainfi  il 
était  aifé  d'étouffer  cette  nouvelle  doârine  qui  n'étoit  fondée  que  fur  l'in- 
térêt >  &  de  guérir  par  quelque  fatisfaâiion  convenable  un  corps,  quifai- 
foit  plutôt  femblant  d'être  malade ,  qu'il  ne  l'étoiteii  effet.  D'ailleurs  étant 
né  à  Ucrecht  dans  la  baffe  Allemagne ,  il  fe  flatcoit  que  toute  la  Nation 


sa»  Mais  H  ni  diffita  —  de  s'embarquer 
fourfaJUercn  lialie  où  il  arriva  fur  la  fin 
du  mois  d* Août  en  moxxxz.  ]  Selon  Guie- 
ciardln  «  il  arriva  à  Rome  le  29 ,  &  félon 
Onuphre  ^  il  fit  (bn  entrée  publique  le  )o , 
&  y  fat  couronné  le  .)  i  àa  aifenne  mois, 
le  ne  ûti  pourquoi' M.  Dupin  retarde  ceue 
entrée  au  )o  de  Septembre. 

^9,  Et  il  trouva  U  Saint  Siège  tmbaraf 
fi  dans  une  pierre  particulière  avec  les 
Ducs  de  ferrare  &  d'C/rbin  ,  Sec.  ]  Dont  le 
dernier  ayoit  (té  dépouillé  de  fon  Etat  par 
Léon  X ,  qui  vouloit  aulfi  enlever  Ferrare 
su  premier  pour  le  réunir  au  Saint  Siège. 
Mais  Adtien  termina  cette  g^erre  en  ren- 
dant le  Duché  à'I/rbin  à  Franfois  -  Marie 
T  o  M  s  L 


délia  Rovere  qui  en  svoit  été  dépouillé,  9c 
en  laidànt  le  Duc  de  Ferrare  paifible  poC* 
feflêur  de  cette  ville,  &  de  quelques  autres 
lieux,  ainfi  que  le  rapporte  Guicciardin  , 
L.  If. 

^'b.  Rimini  nouvellement  occupé  par  hf 
Malateftes,  ]  Qui  faute  de  pouvoir  pour 
maintenir  leur  ufurpation,  forent  obligés 
de  rendre  cette  Place  au  Saint  Siège,  $c 
s'acconunodèrent  avec  Adrien  par  la  mé- 
diation du  Duc  àiUrhin.  Guic.  Lift 

91.  VIU  de  Rhodes  ajjiègée  par  Us 
Turcs."]  Et  prife  à  la  la  fin  de  ifai  p«» 
Soliman  ,  qui  y  fit  (on  entrée  {olemnelle 
fe  jour  de  Noël»  ^pond.  ad  an^  If  J^a.  N^ 
ai*  Guic»  L*  ij« 

F 


4t         HISTOIRE    DU    CONCILE 

Mpxxii. .  prèreroit  volontiers  roreilled  fes  proporuions  &  sincéreileroïc  à  maintetitr 
AprienVL  î 'autorité  d'un  Pape,  qui  en  qualité  d'Allemand  avoic  toute  lafincéritédc 
la  Nation ,  &  n'étoit  pas  capable  d'u fer  d'artifices  pour  parvenir  i  fes  fins 
particulières.  Perfuade  que  i'elfentiel  étoit  de  ne  point  perdre  de  tems ,  il 
le  réfolut  d  en  faire  la  première  ouverture  dans  la  Diète  ,   qui  s'alloic  tenir 
a  Nuremberg.  Mais  afin  que  les  propofitions  qu'il  avoir  â  faire  fiidëac 
agréablement  reçues ,  &  qu'on  put  faire  quelque  fond  fur  fes  promellès  , 
il  crut  qu'avant  que  de  rien  entreprendre  »  il  étoit  nécefiaire  de  commencée 
par  réformer  les  abus  ,  qui  étoieht  les-  caufes  de  toutes  les  diflemions» 
Dans  cecre  vue  ^^  il  appella  *  à  Rome  Jean  -  PUrrc  Carafe  Archevêque  de 
/Pallav.  L.  Chiéti ,  &  9  5  Marcel  GdTel  de  Gacte ,  eftimésgens  de  vie  exemplaire  6c 
i\^  ^    -très  inftruits  dans    la  Dilcipline   Eccléliaftiquc  ;  pour  trouver  par  leur 
ix87n'^'4.  i^^yci^  >  &  ^^^  ^vis  ^cs  (Cardinaux  qui  étoient  le  plus  dans  la  confi- 
dence quelque  remède  aux  abus  les  plus  confidérables  ,  ^^  entre  lefquels 
celui  de  la  prodigalité  des  Indulgences  paroiflbit  le  plus  important ,  comme 
étant  celui  qui  avoir  donné  du  crédit  aux  nouveaux  Prédicateurs  d'Alle- 
magne. 

L  £  Pape  y   qui  comme  Théologien  avoir  écrit  fur  cette    matière  ^ 
/  Pallav,  L  t  avant  que  Ltaherciit  excité  fur  cela  aucune  difpute  ,  étoit  d'avis  d'établir. 
^'  c  4-        par  une  Bulle  &  comme  Pape ,  la  do6krine  qu'il  avoir  enfeignée  &  pu- 
bliée lorfqu'il  étoit  homme  privé ,  favoir  :  Que  l* Indulgence  9^  étant  accor-» 
dit  à  quiconque  fait  une  certaine  auvre  de  piiû  y  il  peut  arriver  que  quelqu* un 
fajje  cette  œuvre  £une  manière  fi  parfaite  quil  obtienne  l* Indulgence  \  mais 
que  s*il  manque  à  C œuvre  quelque  chofe  de  la  perfeSion  requife  ,  t homme  ne 
gagne  pas  r Indulgence  entière  y  mais  feulement  une  partie  proportionnée  à  la 


9  t.  IlappiUa  à  Rome  Jean-Pierre  Ca^ 
raffe  Archevêque  de  Chiét'u  ]  Et  depuis 
Pape ,  connu  fous  le  nom  de  Paul^  IV.  U 
avoit  été  Nonce  en  F.fpagne  &  en  Angle- 
terre, &  fut  un  des  Inllicuceurs  de  l'Or- 
dre des  Thiatins,  Il  étoit  dans  une  gran- 
de réputation  de  piété ,  &  fes  moeurs 
étoient  extrêmement  févères.  Mais  il  foii- 
tinc  mal  ce  caraé^re  dans  le  Pontificats 
&  toute  cette  (évérité  de  moeurs  n'aboutit 
quà  en  faire  un  Pontife  fier,  impérieux, 
foupçonneux  ^  intraitable ,  &  cependant  la 
dupe  d'une  famille  intérdTée  &  ambi- 
tieufe. 

9  ) .  Marcel  Gafel  de  Gaëte.  )  Que  Spon» 
de  &  M.  Dupin  ont  confondu  mal  à  pro- 
pos avec  Jean  Gaétan  Tautre  Inftituteur 
des  Théatins,  Je  ne  (ais  où  a  piis  M.  Ame* 
lot  y  que  Pallavicin  l'appelle  Toma^oGa- 
{dla  de  Gaëta  :  car  dans  i'endzoic  où  il 


parle  de  ce  &ît ,  H  le  nomme  Marceth 
Gaëtano  ^  &  le  diftingue  de  Gaètano  TU'* 
neo  Inftituteur  des  Thiatins,  PaUav»  L.  a» 
c.  4. 

94.  Entre  lefquels  celui  de  la  prodigalité 
des  Indulgences  paroijfou  le  plus  important  J^ 
Ceft  ainfi  que  s'exprime  Fra-Paolo  :  Tra 
quali  prima  fi  rapprefentava  la  prodigalitâ 
délie  Indidgen^t  :  &  je  ne  vois  point  pour- 
quoi M.  Amelot  a  miecnt  aimé  traduire 
la  vente  mercenaire ,  pœfque  l'Hiftorien 
ne  parle  que  de  leur  profofion  ,  &  non 
de  leur  vénalité. 

9^.  Que  l'indulgence  étant  accordée  à 
quiconque  fait  une  certaine  œuvre  de  piété  , 
il  peut  arriver  ^  &c.  ]  Ce  n'eft  pas  la  tout 
a  Clic  exaâement  le  Cyttème  d'Adrien, 
qui  enfeigne  bien ,  félon  la  remarque  de 
Pallavicin  L.  z.  c.  4.  que  l'Indulgence  a 
plus  ou  oioias  d'e&c  félon  la  dilpofuioa 


DE    TRENTE, Livre    I.  45 

vftUuT  it  t œuvrt.  Par-là  le  Pape  croyoït  non-fëulcment  prévenir  le  fca:i-  npxwr». 
dale  pour  l'avenir  ,  mais  remédier  encore  au  fcandale  pallc  ;  parce  que  ^p^^^V^ 
d'un  côté  la  moindre  aftion  pouvant  erre  lî  parfaire ,  qu'elle  mérite  uae 
grande  récompenfe  ,  on  réfolvoic  aind  la  di«ficulcé  de  Luther  ,  qui  de- 
xnandoir  comment  on  pouvoit  acqaérir  un  (i  grand  tréfor  par  lofFrande 
d'une  petite  pièce  d  argent ,  &  que  de  l'autre  on  n'cloignoit  pas  les  Fidèles 
de  la  recherche  des  Indulgences,  puifque  ceux  qui  a  caufcderimperfec- 
don  de  l'œuvre  ne  l'obtenoient  pas  toute  enrière  ,  ne  laifFoient  pas  d  en  ob- 
tenir une  partie  équivalente  à  la  perfedkion  de  cette  œuvre. 

X  X  1 1 1.  Mais  Thomas  Cafetan  Cardinal  de  S.  Sixte ,  Théologien   C^*^ 
oonfommé  »  pour  le  diffliader  de  fon  dcflèin  lui  repréfenta  :  Que  ce  feroit  pu  ^*^^  '  *^ 
blier  une  vérité  ,  qu'il  valoit  mieux  pv>ur  le  (alutdes  âmes  tenir  fccrete^^,,^^p^^ 
entre  les  Savans;  &  que  c'é:oir  une  opinion  problématique  ,  plutôt  qu'une  aeféûvi  un* 
cbjfe  décidée  :  Que,  quoique  lui  Cardinal  en  fut  trèi  pcrfuadé  Ààm  (z MmvelU 
confcience,  f^  il  l'avoit  pourtant  enfeignée  dans  fes  Ecrits  d'une  manière  ^"^^fi^J^ 
fi  obfcure  ,  qu'il  n'y  avoir  que  les  plus  proFonds  dans  la  Théologie ,  qui  ^^^'^'^^  ^ 
puflênt  la  tirer  de  fes  p.iroles:  Que  fi  cecte  d^^rine  venoit  à  être  auto-  ^^,^ 
rifée  &  à  fe  divulguer ,  ^^  il  y  av oit  à  craindre  que  les  Savans  n'en  concluf- 
fent ,  que  la  concellîon  du  Pape  ne  fcrvoit  à  rien ,  &  que  rout  dcpen- 
doit  de  la  qualité  de  l'avion  ;  ce   qui  diminueroit  l'emprcflement  qu'on  a 
pour  les  indulgences  ,  &  l'idée  qur  Ton  a  de  l'autorité  du  Pape.  Il  ajouta  » 
qu'après  avoir  bien  étudié  cette  matière  par  l'ordre  de  Léon  Tannée  même 

3ue  naquirent  les  conteftations  en  Allemagne  ,  &  en  avoir  fait  un  Traité, 
avoiteu  lieu  l'année  d'après  érant  Légat  à  Ausbourgd'cn  difpurer  6c  de 
afen  entretenir  avec  pluficurs  ,  &  parriculièrcment  en  deux  Conférences 
qu'il  avoir  eues  avec  Luther  en  cette  ville  s  &  qu'après  avoir  bien  examiné 


plus  ou  moins  par&ite  de  celai  qai  la  re-  qa'on  tire  la  notion  des  Tn.-ltilgences  de 

foît  i  maïs  non  pas  que  cette  difpofition  tcote  autre  chofe  que  de  la  rélazarion  des 

phis  ou  moins  parfaite  lui  puifle  faire  ob-  peines  Canoniques, 

tenir    (ans  l'Indulgence    la  même  grâce  96.  Que,  fuoi^ue  lui  Cardmai  en  fui 

qu'il  recevroit  par  la  même  difpi.firion  ,  irès  ptrfuadédans  fa  confeienee  ,9iC.]Ct1k 

lor(qu*eHe  eft  jointe   à  Tlndulgence.   Car  ainfi  qu  ont  entendu  cet  endroit  de  Fra* 

ce  Pape  raifbnne   ici   de    Tlnduîgence  ,  Paolo  le  Tradudeur  Latin  &  le  Cardinal 

comme  le  commum  des  Théologiens  fsic  Pallavicin»   Cependant  M.    Ameloi  rap- 

des  Sacremens  «  à  qui  ils  attribtient  plus  porte  tout  ceci  au  Pape  en  traduifant  ainfi: 

de  grâces  à  proponion  des  difpofirions  de  Q^ue  le  Pape ,  qui  en  était  fi  convaineUp 

ceux  qui  les  reçoivent  «  fans  pourtant  que  l' avait  néanmoins  enfeignée ,  dcccequifilic 

ces  mêmes  difpofitions  puidènt  procurer  un  fens  tout  op^H>'é,  &  ne  peut  s*accor- 

les  mêmes  grâces  ,  fi  elles  ne  font  join-  der  arec  l'Original,  qui  porte: P^ri/  che 

tes  à  la  réception  des  Sacremens.  le  ne  anea  effa ,  quai  vivamenté  in  confcien^a  Im 

fiiis  ici  qu'expofer  le  fentiment  à* Adrien,  fèntiva ,  9lcb  ces  termes  anca  effa  dciîgnaUit 

Il  eft  aufli  raifonnable  du  moins  que  ce-  une  peribnne  différente  du  Pape,               ^ 

lui  des  autres  Scolaftiques  ^  &  cependant  ^f.  Il  y  avait  à  craindre  ^qne  les  Savant 

ne  Teft  gu^res,  parce  qu'il  eft  diffi:ile  de  n'en  conelufTent ,  que  la  eoneeffiondu  Pape 

xicn  dire  de  fenft  (îtr  cet  article,  dès-lors  nefervoit  à  rien,  &  que  tout  dépendait  de 

F  X 


44.       HISTOIRE    DU    CONCILE 

a!!^**  VT  ^ig^*^^  cette  matière  ,  &  difcuté  les  difficultés  ôc  les  motifs  qui  croà^ 
^^"  bloient  ces  Provinces  »  il  ofoit  afliirer  fans  crainte  de  fe  tromper ,  qu'il  n*y 
*""*""""""  avoir  d  autre  moyen  de  remédier  aux  fcandales  paffés ,  préfens ,  &  à  venir  ^ 
t;Pallav.L  qii*cn  remettant  ies  chofes  dans  leur  premier  étac  :  Que  quoique  ^  le  Pape 
1.  c.  6,       pmfTe  délivrer  par  le  moyen  des  Indulgences  les  Fidèles  de  coures  forces 


AdriemVI  peines,  il  paroît  clairement  néanmoins  par  la  leéhire  des  Décrétales  » 
'  '^  que  rindulgence  efl:  feulement  une  abfolution  &  une  remife  des  peines 
impofées  dans  la  Confeffion  >  (i  bien  ^^  qa'en  remettant  en  ufage  les  Canons 
Pénitentiaux  qui  étoient  abolis ,  &  fe  conduifant  par  eux  dans  Timpodcion 
de  la  Pénitence  »  chacun  verroit  clairement  la  néceflité  &  Turilité  des  In- 
dulgences ,  &  les  rechercheroit  avec  ardeur  pour  fe  délivrer  du  grand  poids 
des  fatisfaâions  publiques  :  Que  cela  nous  rameneroit  le  fiécle  d'or  de  la 

{primitive  Eglife ,  pendant  lequel  les  Prélats  avoient  un  empire  abfolu  ftic 
es  Fidèles ,  parce  que  par  ces  Pénitences  ils  les  cenoienc  dans  un  exercice 
continuel  ;  au  lieu  cp  étant  devenus  oidfs  à  préfent  «  ils  veulent  fecouer 
1  obéifTance  :  Et  que  n  les  peuples  d'Allemagne  avoient  été  cetenus  par  le  frein 
de  la  pénitence  ,  au  lieu  de  prêter  l'oreille  comme  ils  onc  faic  aux  difcours 
de  Luther  qui  leur  prêchoit  la  liberré  Chrétienne  lorfqu'ils  étoient  enfé^ 
velis  dans  ioidveté  »  ils  n'eudènt  jamais  penfé  à  toutes  ces  nouveautés  ;  8c 
le  Siège  Apoftolique  pourroic  faire  grâce  de  ces  peines ,  à  qui  voudroic  re*- 
connoître  renir  cette  libéralité  de  lui. 
LtCardinal      XXIV.  L  £  Pape  goûta  ce  fentiment ,  qui  s'accordoic  avec  £bn  aocoritér 
Tueciledif-  &  auquel  il  ne  voyoit  pas  qu'on  put  former  d'oppofition.  Il  le  fie  donc  pro- 
fit^df  dî  ri^  pofer  à  la  Pénitencerie ,  pour  trouver  le  moyen  &  la  forme  dont  il  feUoit  fc 
#^/rr  i^ufa^  fervir  pour  le  mettre  d'abord  en  ufage  i  Rome  ,  Se  enfuite  dans  toute  la; 
^ciinnis  îv-  Chrétienté.  Les  Députés  de  la  Réformation  tinrent  plufieurs  Conférences 
nitincesCét-  avecles  Pénitenciers  fur  ce  fujet.  Mais  on  y  trouva  tant  de  difficultés  »  ' 

X   anav.  L  /^  ^aUU  de  Va&lon.  ]  On  pouToit  le  con-  mé  de  cette  manière ,  d'autant  pins  qi» 

*        dure  en  effet  de  la  manière  dont  Fra-  dans  fes  OpoTcoles  il  femble  étendre  ds» 

Paolo  expo(ë  le  fentiment  è^Adr'un  ,  mais  vancage  Tefièt  des  Indulgences  y  quoiqu'af- 

non  de  celle  dont  nous  Tavons  expliqué ,  vec  cette  limitation ,  que  pour  être  utile» 

Se  qui  eft  yérkablement  la  penfêe  de  ce  elles  doivent  ttre  accordées  pour*  des  cau-> 

Pape.  Tes  raiibnnables ,  &  n  être  pas  prodiguée» 

9  S.  Que  quoique  le  Papepuiffe  délivrer  (ans  prudence  &  fans  juftice. 
pûT  le  moyen  des  Indulgences  les  Fidèles  de  9  9.  £a  remettant  en  ufage  les  Canons pé* 
toutes  fortes  de  peines ,  il  paroU  néanmoins  nitentiaux  fui  étoient  abolis '-^^  ehacw^ 
par  la  leSure  des  Décrétales,  que  l'Indul-  verrou  clairement  la  néceffité  6»  l'utilité 
gence  tft  feulement  une  abfolution  &  une  des  Indulgences^  &c  ]  Cécoit  fims  doute 
remife  des  peines  impofies  dans  la  Confef  le  feul  uu^e  qu'on  devok  £uredà  Indul- 
fion,  ]  Cela  parott  un  peu  connradiébire.  gences  ^  U  ceft  la  (èule  manière d*en  don- 
Car  fi  l'Indulgence  n'eft  qu'une  remife  des  ner  une  véritable  idée.  Mais  depuis  qne 
fatis&âions  Canoniques ,  comment  le- Pa-  les  fatisfadions  Canoniques  font  abolies^ 
pe  pourroiC'il  par  elle  délivrer  les  Fidèles  on  ne  peut  plus  regarder  les  Indulgences 
de  toutes  fortes  de  peines  ?  l'ai  beaucoup  ou  que  comme  un  nom  vuide  de  fens  , 
Ueo  de  douter  que  Cajétan  k  foie  exprir  ou  que  comme  on  moyen  axtificieox  de 


DE    TRENTE,LiVRB    I.  4f 

que  le  Cardinal  '  °^  Pucci ,  auparavant  Dataire  de  Léon ,  &  du  miniftère  du*   mdxxii. 

3ucl  il  fc  fcrvoit  pour  faire  venir  de  l'argent»  comme  on  l'a  dit ,  Se  qui  ctoit  AdrienVL 
lors  Grand- Pénitencier  ,  rapporta  au  Pape ,  Que  l'avis  général  de  toute 
FAflèmblée  étoit ,  que  l'exécution  de  la  cnofè  paroidbit  impoffible  *,  &  que 
li  on  la  tentoit  »  au  lieu  de  remédier  aux  maux  préiens  »  on  alloit  en  faire 
naîcredeplus  grandsiQue  les  peines  canoniques  avoientcefTé  d'être  en  ufage» 
parœque  l'ancienne  ferveur  étant  éteinte ,  on  ne  pouvoit  plus  les  fuppor* 
ter  \  &  que  pour  les  rétablir  il  faudroic  auparavant  renouveller  le  zele  & 
la  charité  dans  l'Eglife  :  Que  le  fiéclepréfent  ne  reflTembloit  pas  aux  pré^ 
cedens,  où  tous  les  Décrets  de  TEglife  etoient  reçus  fans  contradiâion  ,  aa«- 
lieu  qu'à  préfent  chacun  vouloit  en  être  juge  &  en  examiner  les  raifons  ; 
&  que  fi  on  le  &ifoit  dans  les  chofes  de  peu  d'importance ,  à  combien  plus 
forte  raifon  le  feroit-on  dans  celles  qui  feroient  de  grande  conféquence  T 
Qu'il  étoit  vrai  que  le  remède  <]ue  l'on  propofoit  étoit  fort  convenable  au 
mal  ;  mais  aufli  ,  qu'il  paflbit  les  forces  d'un  corps  malade  5  &  que  bien 
loin  de  le  guérir,  il  lui  cauferoit  la  mort:  Qu*en  penfant  regagner  l'AU 
kmagne  »  on  l'aliéneroit  davantage ,  &  qu*on  perdroit  toute  l'Italie.  Il 
me  lemble ,  ajoutoit  le  Cardinal  ,  entendre  quelqu'un  qui  dira  »  comme 
S.  Pierre  »  y  Pourquoi  unur  Dieu ,  en  mutant  fur  Us  épauks  des  difciples  un  y  ^^  ^• 
fsrdeau  que  nous  ni  nos  pères  n^  avons  pu  porter  ?  Qu'ainfi  Sa  Sainteté  feroic '^' 
bien  de  fe  fouvenirdece  célèbre  endroit  de  la  Glofè ,  qu'elle  avoir  cité 
dans  ion  quatrième  Livre  fur  les  Sentences  ,  que  pour  ce  qui  concerne  la 
valeur  des  Indulgences^  laquefiion  efl  ancienne  mais  encore  indécije  :  Que  fi  elle 
confidéroit  les  quatre  opinions  que  cette  Glofe  rapporte ,  toutes  Catho* 


tirer  de  l'argent  de  la  crédulité  des  peu- 
ples 8c  de  leur  fuperftition.  Le  confeil 
de  Cajùan  paroit  donc  aflez  (âge  $  mais 
PaUavicin  prétend  qu'il  neft  pas  vraifêm* 
blable ,  parce  que  die  -  il ,  ou  ce  Cardinal 
prétendoit  que  les  Indulgences  ferroient 
a  remettre  la  peine  du  Purgatoire,  au- 
quel cas  fubfiftoit  la  difficulté  qu  il  avoir 
propoflEe  auparavant  ^n  il  crojoit  qu'el- 
les ne  remetcoient  ^p  la  peine  impo(!e 
parles  ConfeffeuR,  &  dans  cette  fuppo- 
firion  Liuhir  auroit  eu  raifon  de  dire 
qu'elles  étoient  plus  pemicieufes  qu'uci- 
ks.  Mais  ce  raisonnement  eft  un  piur  fo- 
phiCne.  Car  dans  cette  dernière  hypo- 
thèfe  on  ne  pouvoit  pas  dire  que  les  In- 
dulgences fioflènt  pemicieufes,  pui(qu el- 
les n  euflènt  été  accordées  comme  autre- 
fois que  dans  des  cas  extraordinaires  & 
dans  la  vue  d'exciter  davantage  la  ferveur 
4cla  vertu  des  Fidèles /&  de  fuppléer par- 
là  aux  làtis£iâions  Canoniques*  £t  dans 


le  premier  cas  la  difficulté  fubfiftoit  en« 
core  moins ,  pui(que  fi  ce  Cardinal  crojoit 
que  les  Indulgences  fervoient  à  remettre 
la  peine  du  Pu^atoire ,  en  laiflànt  au  Pa- 
pe la  acuité  de  les  accorder  utilement» 
il  en  confervoit  toujoun  le  crédit  dans 
l'eiprit  des  Fidèles,  &  la  valeur  par  lap- 
pon  à  la  produdion  de  l'effet  qu'il  lenxat- 
tribuoit. 

100.  Que  U  Cardinal  Pucci j  auparavant 
Dataire  de]  Léon  ,  &  du  miniflhr<  duquel 
il  fc  fervoit  pour  faire  venir  de  l'argent  ^ 
comme  on  l'a  dit  ^  &  qui  étoit  alors  Grand' 
Pénitencier ,  &c.  ]  C'eft  le  caraâère  que 
nous  donnent  de  ce  Prélat  Guicciardin  dans 
l'endroit  du  treizième  livre  que  nous 
avons  déjà  cité  auparavant,  &  M.  de  Thou 
dans  le  premier  livre  de  (on  Hiftoire,  od 
il  nous  dépeint  ce  Cardinal  comme  l'inP 
trument  dont  fe  fervoit  Léon  pour  four- 
nir à  fes  prodigalités.  Peccatum  ,  dit  -  il , 
tune  infacris  muneribus  difpenfanàu  admif* 


4«         HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxxf.  liques ,  8c  néanmoins  crès-difTérentes  ,  elle  verroic  bien  qu'en  ces  te!n$«ci 
AoaienVI.  il  vâloic  mieux  garder  le  ûleace  fur  cecce  matière,  que  de  la  mettre  en  dif^ 
—■—■■"  pute. 

C  E  $  raifons  firent  tcnt  d  impreffion  fur  refprit  iijldrien  ,  qu'il  ne 
favoit  à  quoi  fc  réfoudre  ;  &c  fou  irréfolucion  écoit  d'autant  plus  grande  , 
qu'il  ne  crouvoic  pas  moins  de  difficultés  dans  les  autres  chofes  qu  il  $*écoit 
«Pallav.  L.  pi^^^pofé  de  réformer  <•  On  blâmoit ,  comme  une  encreprile  qui  devoit  afibs- 
X.  c.  6,        Dîir  la  Difcipline  EccléHaftique^   la  réfolucion  où  il  étoit  à  1  égard  des  dif- 
penfes  de  mariage  ,  de  lever  pour  foulager  le  peuple  pluûeurs  défenfès 
qu'il  y  avoit  de  le  conrraâer  entre  certaines  gens ,  comme  étant  fuperflues 
&  d'une  obfervation  difficile  ;  quoique  fi  on  les  continuoit ,  c'étoit  donner 
lieu  aux  Luthériens à^^\ït(\\it  ce  n'étoit  que  pour  tirer  de  l'argent: Que 
de  reftreindre  les  difpenfes  à  des  personnes  d'une  certaine  qualité ,  c'étoit 
donner  un  nouveau  lujecdç  plaintf  à  ceux  qui  prétendoient  que  dans  les  cho- 
fes fpirituelles,  &  qui  concernent  le  miniftère  de  Jefus-Chrift»  il  ne  doit  poine 
y  avoir  de  diftinâion  de  perfonncs  \  8c  que  d'abolir  les  taxes  qui  fe  payoienc 
pour  les  difpenfes  ,  cela  ne  fe  pouvoir  faire,  fans  rembourfer  le  prix  des 
Offices  que  Léon  avoit  vendus ,  &  dont  les  acheteurs  tiroient  des  émo^ 
/  lumens.  La  même  raifon  empèchoit  encore  de  fupprimer  les  Regrès  «  les 
Accès,    lesCoadjuroreries,  &pluneurs  autres  chofes  qui  fe  pratiquoiene 
dans  la  collation  des  Bénéfices  9  qui  avoient  l'apparence  deSimonic,  ou^ 
pour  mieux  dire ,  qui  en  étpient  une  réelle.  Car  de  racheter  ces  Offices 
cela  paroidbit  impomble  à  caufe  des  grandes  dépenfes  qu'il  avoit  fallu  taite» 
&  que  Ton  étoit  obligé  de  continuer.  Er  ce  qui  chagrinoit  davantage  ce 
SodMfii  U  Pontife ,  c'eft  que  quand  il  s'ctoit  déterminé  a  ôtcr  quelque  abus ,  *  il  ne 
détoHtnt  de  manquoit  point  de  fe  trouver  des  gens  quis'opiniatroient  à  foutenir  par 
^ift;4i//fr ii quelques  raitons  apparentes,  que  les  chofes  que  l'on  vouloit  fupprimer 
U  réforme   étoicnt  bonnes  ou  même  nécelTaircs.  Tout  cela  retint  Admn  dans  la  pcr^ 
^'^*'^»^  plexité  jufqu'au  mois  de  Novembre ,  que  perfiftant  toujours  dans  le  défir 
fJruir  dtm  ^^  ^^^"^^  quclque  réformation  confidérable  pour  donner  au  public  une  preuve 
foret  four    <^  fon  zéle,  il  vouloit  apporter  quelque  remède  aux  abus  ,  avant  que  de 
rmmener  Us  commencer  â  négocier  en  Allemagne. 
Lmhériens.       »  M  A  i  s  il  fqt  tout-à-fait  déterminé  au  contraire  flùjile  Cardinal  Fran^ 

fum  Léo  Pontîftx  mox  longé  gNTvlore  cumu'  que  let  chof^r  que  Fom  veuhit  fupprimef 

Uvh.   Nam  ciim  alioqui  ad  omnem  licen-  étoient  bonnes  ,  on  mène  nicejfaires.  ]  M« 

tiam  fponte  fua  ferretur  ,  Laurentii  Puccî  Amelot  a  enduit  ici  Fra^Paolô  root  à  eon«* 

CardinaliSfhoministurbidi^cuinimiumtri'  trefens.    Car  au -lien  que    cet  iHliftoriett 

huebat ,  impulfu  ,  ut  peeuniam  ad  immen"  dit ,   que  \or((\vk  Adrkn    Toaloic  réformet 

fis  fumptus  undique  eorrot^aret ,  mîjfis  per  quelque  chofe ,  il  fe  nrouvott  toujours  des 

cmnia  Ckrifliani  orbis  diphmatis,  omnium  gens  qui  câchoient  de  juftifier  les  abus  qu'il 

deUêiorum  expiationem  ac  vitam  ttternam  vouloit  réformer,  il  lui   fait  dire,  qu'il  y 

pollicitus  efl  conjlituto  precio ,  ficc.  Thuan.  avoit  des  gens  qui  prenoient  à  tâche  dt 

L.  i.N**  8.  foutenir f  que  toutes  ces  reformations étoiem 

I.  //  ne  manquoit  point  de  fe  trouver  bonnes  &  même  néceffaires. 

des  gens  qui  s'opiniJeroient  â  foutenir  ^-^  i.  Mais  il  fut  tout  À  fait  déterminé  att 


DE    TRENTE, LivrbI.  47 

çcis  Soiirini  ^  Evêque  de  Prénefte  ,  '  furnommé  de  FoUcrre ,  alors  fon    mdxxii. 
grand  Confident ,  mais  qui  depuis  tomba  dans  fa  difgrace ,  &  fut  emprifonné  AdrienVI. 

Sar  fon  ordre.  Comme  ce  Cardinal  étoit  très-expénmentc  dans  les  affaires 
'Etat  ,  où  il  avoit  eu  beaucoup  de  part  fous  les  Pontificats  à' Alexandre  \  ^  ^^' 
VI  ^  de  Jules  IL  &  de  Léon  X  ,  remplis  devénemens  fort  différents 
4c  fort  coniîdérables  »  toutes  les  fois  qu'il  entrecenoit  le  Pape  ,  il  laif* 
(bit  couler  quelques  paroles  qui  pouvoient  fervir  à  Tinftruire.  Après 
avoir  loué  fa  bonté ,  fa  candeur  ,  &  fon  zélé  pour  la  ré  formation  de  l'E- 
gliA:  &  l'extirpation  des  Héréfies  >  il  ajoutoir  ,  que  quelque  louables  que 
niflent  fes  intentions  ,ce  n  étoit  pas  aflèz  pour  faire  le  bien  ,  s  il  ne  choifif- 
foit  avec  foin  les  moyens  propres  pour  les  faire  réufiir ,  &  s'il  n'apponoic 
dans  l'exécution  beaucoup  de  circonfpedion  &  de  prudence.  Puis  quand  il 
vit  que  le  tems  pelloit  de  prendre  une  réfolution,  il  lui  dit  nettement  : 
Qu'il  n'y  avoit  nulle  efpérance  de  confondre  ni  de  difliper  les  Luthériens 
par  la  réformation  de  la  Cour  de  Rome  :  Que  c'étoit  au  contraire  le  vrai 
moyen  de  leur  donner  plus  de  crédit  ;  parce  que  fi  le  peuple  ,  qui  juge  tou- 
jours par  les  événemens  >  v^feit  travailler  à  une  réformation  5  il  s'imagi- 
neroit  que  puifqu'on  avoit  eu  raifon  de  s'élever  contre  quelques  abus  »  il 
y  avoit  lieu  de  croire  que  les  autres  nouveautés  propofées  par  Z.///Arr  étoienc 
bien  fondées  ;  &  que  les  Héréfiarques  »  après  avoir  eu  cet  avantage  fur  une 
partie ,  ne cefleroient  de  s'élever  concie  lautrc  :  Que  c'cft  le  train  ordi- 
naire des  chofes  humaines  »  que  lorfqu'on  accorde  aux  hommes  quelques- 
unes  de  leurs  demandes,  ils  fe  font  un  droit  d'en  foUiciter  d'autres ,  comme  fi 
elles  leur  épient  dues  :  Qu'en  lifant  l'hiftoire  des  fiècles  pafies  ,  l'on  voyorc 

eontrairepar  le  Cardinal  François  Sodcrlni  ma  non  forme  propor^îonate  aile  condiiioni 

Evique  de  Prénefte,  ]  Quoique  le  Cardinal  délia  materia.  Ce  qui  revient  aiTez  à  Téloge 

PaUavicin  tâche  de  rendre  fufped  Tencre-  qu'il  fait  de  ce  Pape,  c.  9.  ou  il  dit  que  c*é- 

tien  A' Adrien  avec  le  Cardinal  Cajétan ,  il  toit  un  très  bon  Ecclcfiaflique ,  mais  on  Pape 

convient   néanmoins  de  la  .réfolution  que  fon  médiocre  îfù  Ecclejîaftico  vttimo,  Pon^ 

prit  ce  Pape  (  en  confSquence.»  ce  (èmble  »  tefice  in  verità  médiocre.  Mais  par  un  pareil 

de  cet  entretien  )  de  réformer  la  Pénitence-  jugement  ce  Cardinal  £ait  mc^ns  de  ton  à 

lie  &  la  Oaterie ,  &  des  oppofitions  qu'il  y  la  mémoire  ^ Adrien^  dont  un  tel  fiècle  n'é- 

trouva  de  la  pan  de^  Cardinaux  Pucci  &  toit  pas  digne ,  qu'à  la  flenne  propre  \  &  nous 

Sodérini ,  qui  lui  en  repréfentèrent  Xim^oC-  donn^  feulement  a  entendre,  que  les  abus 

fibilicé.  Cet  aveu  e({  une  preuve  de  la  vérité  (ont  incorrigibles ,  &  que  le  Pape  le  mieux 

de  ce  que  rapporte  ici  notre  Hiftorien,  &  de  intentionné  trouvera  toujours  des  obftades 

la  juftelTe  d'une  réflexion  qu'il  &it  aflêz  (ba-  infurmontables  à  fes  dellèins  &  à  fes  meil- 

Tent ,  du  peu  d'efpérance  que  Ton  a  du  avoir  leures  réfolurions. 

de  voir  remédier  efficacement  aux  abus  de  la         3 .  Par  le  Cardinal  François  Sodérini  E' 

Cour  de  Rome.  Mais  ce  qui  me  paroit  de  vêque  de  Prénefte  ^  &c.]  Ce  Cardinal  »  célè* 

p^a*>  remarquable,  c'edque  PaUavicin  y  ^xt-  bre  par  les  emplois  qu'il  avoit  exercés  (bus 

lieu  d'applaudir  à  ces  tentatives  à' Adrien  ,  les  trois  Pontificats  précédens,  étoit  alors  un 

le<;  traite  d'idées  chimériques  qui  n'étoient  des  plus  grands  confidens  du  Pape.  Mais  les 

belles  qu'en  fpéculacion  ,  mais  impratiqua-  lettres  qu'il  écrivoit  al'E vêque  de  Saintes  (on 

blés  en  elles  mêmes.  /  jfMi  {elanti  difegni  neveu,  par  lefquelles  il  confeilloit  au  Roi  de 

erano  idce  afratte  belliffime  à  conten^larfi  ,  Prance  d'attaquer  la  Sicile ,  ayant  été  intex^ 


48  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxii.  que  les  Hérétiques  qui  s  ecoienc  élevés  contre  l'autorité  de  l'Eglife  Romai- 
AdrienVI.  i^Q  ^  avoicnt  toujours  pris  leur  prétexte  des  mœurs  corrompues  de  ccttç 
■■■— — ^  Cour  :  Que  cependant  les  Papes  n'avoient  jamais  jugé  qu'il  leur  fut  utile 
de  les  réformer  4 ,  mais  qu'ils  s'étoient  contentés ,  après  avoir  employé  les 
exhonationsfic  les  remontrances»  d'engager  les  Princes  i  protéger  i'EgUfc: 
Qu'il  falloit  toujours  garder  une  conduite  ,  dont  on  s'étoit  bien  trouvé  par 
le  pafle  :  Qu'il  n'y  a  rien  de  plus  capable  de  renverser  un  Etat ,  que  d'al- 
térer la  forme  de  fon  Gouvernement  :  Que  de  prendre  de  nouvelles  routes  » 
c'étoit  s'expo&r  i  de  grands  dangers ,  &  que  le  plus  fur  étoit  de  fuivre  celles 
qu'avoient  tracées  tant  de  faints  Pontifes ,  qui  avoient  toujours  réufli  dans 
ce  qu'ils  avoient  entrepris  :  Que  les  Hérénes  ne  s'étoient  jamais  diflipées 
par  les  réformations ,  mais  par  les  Croifades ,  &  en  excitant  les  Princes 
Se  les  peuples  à  les  détruire  :  Que  c'étoit  par  ce  moyen  çxl  Innocent  III 
avoir  neureufement  étoufle  celle  des  jilbigeois  en  Languedoc  \  6c  que  fês 
fucceiïèurs  n'en  avoienr  point  employé  d'autres.'contre  les  fraudais  y  les  Pi^ 
cards  9  les  Pauvrts  dt  Lyon ,  les  Arnaldxfits  ,  les  Spcronifics  ,  &  les  Ptf- 
douans  ,  ^  dont  il  ne  reftoit  que  le  nom  :  Qplil'on  ne  manqueroit  pas  de 

Princes 


ceptées ,  il  fiit  arrêté ,  tous  Ces  biens  confif- 
qoés,  &  lai  enfermé  <knx  le  Château  .^.  An- 
ge, (l*oà  il  fonit  cependant  après  la  mon  da 
Fape ,  Se  affilia  aa  Conclave  oA  (et  éla  Clé- 
ment VIL  II  devint  depuis  Evêqoe  d'Oftie  & 
Doyen  du  Sacré  Collège  ^  &  monrat  en  gran- 
de réputation  de  prudence  &  de  capacité. 
5/K?#i^.  ad  am  I  f  i  5 .  N*  4* 

4.  Que  cependant  les  Papes  n'avoient  ja- 
mais jugé  qu'il  leur  fût  utile  de  Us  réformer  , 
Sec]  Ces  rai(bnnemens ,  aflèz  dignes  d*an 
Folitique,neconvenoientgaèresdans  la  bou- 
che d*un  Evèqne  &  d'un  Cardinal ,  dont  tou- 
tes les  vues  ne  dévoient  tendre  qu'à  con(èr- 
ver  ou  à  rétablir  la  pureté  de  l'EglÛè,  &  à  pro- 
curer la  (ànétification  des  Fidèles.  P^Uavi- 
cin  n'en  juge  pas  ainfi  j  Ac  fort  content  des 
maximes  de  Sodérini ,  il  foutient ,  qu'à  la 
naiflànce  des  SchiCnes  &  des  Héréfles  la  ré- 
fermacion  n'eft  pas  un  moyen  propre  de  ra- 
mener les  gens  féduits,  &  qu'on  ne  peut  le 
faire  efficacement  que  par  la  terreur  &  par 
les  peines:  Ilfiioco  délie  rehellioni  non  fi 
fmor^afe  non  h  col  gieh  del  terrore  ,  h  con  la 
pioggia  delfangue.  C'eft  fur  de  pareils  fonde- 
mens  qu'on  a  élevé  rinquifîcion ,  &  l'on  peut 
Juger  de  la  jufteflè  de  la  maxime  par  l'appli- 
cation que  Ton  en  a^te.  Elle  peut  être  vraie 
à  l'égard  des  révoltes  volontaires  contre  une 


autorité  légitime  &  des  devoirs  connns.  Mais 
comme  on  ne  refufe  de  fe  foumettre  à  une 
décifion ,  ou  de  croire  une  chofè,  que  parce 
qu'on  lajngefBiuflè,  &  que  la  terreur  êclt% 
fupplices  ne  (èrvent  de  rien  à  convaincre  les 
efprits  i  un  moyen  propre  à  être  appliqué  dans 
les  afiàires  temporelles ,  eft  abfolument  mau- 
vais &  pernicieux  dans  les  aflàires  de  Rell* 
gion. 

f .  Et  que  fes  fucceffeurs  n*en  avaient 
point  en^lôyé  d* autres  cintre  lesVaudoisJUs 
Picards ,  les  Pauvres  de  Lyon  ,  les  Amsl* 
di/èes,  les  Spéronifies,  &  les  Padouans^  doni 
il  ne  reftoit  que  le  nom,]  Nous  avons  déjà  par- 
lé des  Faudois  &  des  Picards,  Les  Pauvres 
de  Lyon  écoient  les  mêmes  que  les  Vaudois^ 
&  ne  prirent  ce  nom  qu'à  caufe  de  l'opinion 
oà  ils  étoient ,  que  félon  les  loix  de  l'Evan* 
gile  les  Miniftres  de  l'Eglife  ne  doivent 
pofléder  aucuns  biens  temporels  >  &  qu'eux- 
mêmes  hïhïtïii  profeffion  de  vivre  dans 
cette  pauvreté.  Les  Amaldiftes  êc  les  Spéro* 
niftes  étoient  d'autres  branches  de  la  même 
Sede ,  mais  aux  Erreun  comniunes  de  la- 
quelle ils  en  ajoutoient  de  paniculières.  Les 
Amaldiftes  s'appelloient  ainfi  du  nom  d'i^^r- 
naud  de  Brejffe. ,  leur  Chef.  Il  y  a  apparence 
que  les  Spéroniftes  Ct  (ont  ainfi  nommés  do 
nom  de  quelqu'un  de  leun  Cheft  »  comme 

It 


D  E    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E  I.  49 

PjQÎnccs  en  Allemagne  ,  qui ,  pourvu  que  le  Pape  leur  ofFrît  les  Erars  des  mdxxii. 
&uceurs  du  Luchéranifme  ,  fe  chargeroient  de  protéger  le  Saint  Siège  à  AdrienVI. 
CîCttc  condition  ,  Se  qu'ils  icroient  fécondes  des  peuples  à,  qui  on  projnec-  — — """^ 
troic  des  Indulgences  &  la  rémidîon  de  leurs  pèches  »  s'ils  fervoient  dans 
cette  entreprife.  Il  remontra  encore ,  qu'on  ne  devoir  pas  donner  toutes 
iks  penfées  aux  affaires  d'Allemagne  )  comme  s'il  n'y  avoir  point  d'autre 
péril  qui  menaçât  TEglife  Romaine  >  puifque  1  on  étoit  à  la  veille  d'avoir 
ta  guerre  en  Italie ,  chofe  bien  plus  dangèreufe  ,&  à  laquelle  il  falloir  pen- 
ièr  avanr  toutes  chofes,  parce  que  (I  dans  une  telle  conjondure  l'on  fe  trou- 
voit  fans  argent,  qui  e  Iç  nerf  de  la  guerre ,  on  pourroit  en  recevoir  un 
grand  préjudice  :  Qu'on  ne  pouvoir  faire  aucune  réforme  fans  diminuer 
confiderablemenc  les  revenus  Eccléfiaftiques  ,  Ijefquels  provenoienc  de  qua- 
tre fources ,  l'une  temporelle ,  c'eft  à  dire,  le  produir  des  Domaines  de  l'Etat» 
&  les  rrois  autres  fpirituelles  ^  qui  font  les  Indulgences  ,  les  Difpenfes,  & 
la  Collation  des  bénéfices^  defquelles  on  nepouvoit  tarir  aucune ,  fans  faire 
perdre  au  Saint  Siège  le  quarr  de  fes  revenus. 

Le  Pape  rapportant  .cet  entretien  à  Guillaume  Enckenwort  qu'il  fit  depsis 
Cardinal^  ^  a  Théodoric  Hc[c  ,  fes  plus  intimes  confidens  ,  fè  plaignoit  à 
^UX  ,  Que  la  condition  des  Papes  étoit  bien  malheureufe ,  ^  puifqu'il  vo- 
yoir  clairement  qu'ils  ne  pouvoicnt  faire  le  bien ,  quoiqu'ils  en  euflènt  la 
volonté  &  en  cberchaflènr  les  moyens  ;  d'où  il  concluoit  qu'il  n'étoit  pas  pof- 
fible  de  mettre  en  exécution  aucun  des  chefs  de  la  réformation  qu'il  s'etoit 
propofé  de  faire ,  avant  le  voyage  qu'il  méditoit  de  faire  en  Allemagne  ;  6c 
^u'il  falloir  qu'on  Xe  contentât  de  les  prome(îès ,  qu'il  étoit  bien  refolu  de 
tenir  ,  auand  même  il  devroit  (è  paUer  d'aucun  domaine  temporel  ^  &  fe 
]:éduire  a  la  vie  Apoftolique.  Cependant ,  comme  l'un  étoit  Dataire  »  Se 
l'autcc  Sécreraire ,  il  leur  donna  des  ordres  rrès  -  précis  ^  d'appprrer  beau-  y  Pallav.  L. 
coup  de  précaution  dans  la  conceflion  des  Indulgences^  des  Difpenies ,  des  i.  c  6. 
Regrès ,  &  des  Coadjuroreries  »  jufqu'à  ce  que  l'on  eût  trouve  moyen  de  Onuph.  îo 


Adr. 


k  Ait  M.  de  Thou  ,  L.  6.  N*  1 6.  Mats  ce  celle  qtiî  a  été  toujours  U  plas  déreftée  à  Ro- 

qae  l'on  fait ,  c'eAque  R<ynerus  dans  TO-  me,  a  été  d'avoir  maintenu  lautorité  des 

pnfcale  qu  il  nous  a  laiffi  De  Hareticis ,  &  Princes  dans  les  matières  temporelles ,  & 

2 ut  roole  presque  tout  entier  fur  les  Vaadois,  d'avoir  (ôacenu  qu'à  cet  égard  ils  étoient  in- 

lit  mention  de  ceux-ci ,  &:  de  quelques  au-  dépendans  des  Papes ,  qui  n  avoient  nulle  aa<^ 

très  Que  Fra-Paolo  ne  nomme  point,  com-  torité  fur  tout  ce  qui  concernoit les  matières 

me  d'autant  de  Seâies  de  Vaudois  \  &  qu'ils  civiles,  non  pas  même  for  les  intérêts  tem- 

fbnt  ain(!  nommés  dans  une  ConfUtntion  de  porels  des  Eglifes  qui  iV éicoieot  point  de  leur 

Crégoire  IX  en  i  z  3  y ,  &  dans  une  ature  Domaine. 

A'innoeem  IV tn  11  f  j ,  feites  l'une  &  l'au-  6.  Le  Pape  ""^  fe  pUignou  à  eux  que  I4 

trc  contre  les  Vaudois ,  &  où  la  {^upart  des  eoncHtion  des  Papes  étoit  tien  malheureufe^ 

branches  de  cette  Seéle  font  nominces.  A  &c.]  Cétoit  un  aveu  très-fincère  dans  ce  Pa- 

régard  des  Padouans ,  c'étoient  les  difciples  pc,  &  qui  montre  bien  la  pureté  de  fes  in- 

.dc  MarfiU  àt  Padoue ,  connu  par  le  parti  tentions.  C'eft  auflS  ce  qu'exprima  trcs-natu- 

qu'il  prit  en  faveur  des  Empereurs  contre  les  rellement  le  Cardinal  Enckenwort  fon  con- 

Papes ,  8c  dont  la  plus  griindc  Héréûe ,  &  fident ,  qui  dai)s  TEpitaphe  <ju'il  lui  fit ,  qwx- 

TOME    I.  G 


jo        HISTOIRE    pu    CONCILE 

MDxxiix.  régler  tout  cela  7  par  une  Loi  pcrpccucUe.  Comme  tout  ceci  peut  beaa-- 
AdrienVI.  coup  fervir  à  l'intelligence  des  chofes  que  nous  avons  à  dire  dans  la  fuite  » 
■— ■"—"  j'ai  voulu  rapporter  en  peu  de  mots  ce  que  j'en  ai  appris  par  la  ledfcure  da 
Journal  de  TEvèque  de  Fabriano  »  ^  où  il  raconte  avec  étendue  toutes  les 
chofes  confidérables  qu'il  avoir  vues  ôc  entendues  de  fon  tems. 
j4drs€n  en-      XXV.  Dans  le  premier  Confiftoire  que  le  Pape  tint  au  mois  de  No- 
t/oie  Chéri'  vembre ,  il  nomma  de  l'avis  des  Cardinaux  ^  cet  Evcque,  qu'il  avoit  connu 
f  •*  Vfî/*^  en  Efpagne ,  pour  fon  Nonce  à  la  Diète ,  qui  fe  tenoit  à  Nuremberg  en  Tab- 
s  U  Dihe   ^^^ce  de  l'Empereur ,  qui  depuis  quelques  mois  avoit  été  obligé  de  paflèr 
éU  Nnrem-  cn  Efpagne  pour  appaifer  quelques  tumultes  Se  quelques  féditions ,  qui 
*«y.  s'y  étoient  élevées.  Ce  Nonce  ^  arriva  à  Nuremberg  fur  la  fin  de  l'année  » 

PfopofatoHs  ^  y  pr^enta  des  lettres  du  Pape  du  1 5  de  Novembre  aux  Eleâeurs ,  aux 
r  Palhnr^^L  P^i'^^^  ^  ^^^  Députés  des  Villes  de  l'Empire  ;  dans  Icfquelles  il  fe  plai- 
1. c 6. & 7.  gnoit  premièrement,  que  quoique  Luther  eut  été  condamné  par  Léon^ 
Onuph.  in  &  que  cette  fentence  eut  été  foutenue  par  un  Edit  de  l'Empereur  donné 
^^'-  ,  ,  à  w  ormes  &  publié  par  toute  l'Allemagne ,  il  pcrfévéroit  néanmoins  dans 
P'*^ les" mêmes  Erreurs,  &  continuoit  de  mettre  au  jour  de  nouveaux  livres 
N^  13.&  remplis  d'Héréfies,  &  qu'il  étoit  foutenu  non  feulement  de  la  populace» 
ad  an.  mais  même  de  la  Nobleflè.  Il  ajoutoit  enfuite ,  que  (î  l' Apôtre  avoit  die 
15x5.  N®  que  •  Us  Hircjus  itoUnt  nictffaircs  pour  maniftficrles  bons,  il  ne convenoic 
Ti/^  '*  .  de  les  tolérer  que  dans  certains  tems  favorables ,  mais  non  pas  dans  les 
iis!^®! 9  conjondkures  préfentes ,  où  la  Chrétienté  fe  trouvant  accablée  par  les  Turcs  9 
Sleid.  L  3.01^  devoir  employer  tous  fes  foins  à  purger  un  mal  domeftique,  qui,  ourre 
p.  46.  le  danger  qu'il  portoit  avec  foi ,  empêchoit  encore  qu'on  ne  put  s'oppofer 
Pafcic  fcr.  à  de  fi  puifians  ennemis.  Enfuite  il  exhortoit  les  Princes  &  les  peuples 
cipct.T.  I.  ^  j^ç  pomt  cjnniver  à  une  fi  grande  impiété  en  la  tolérant  plus  longtems  » 
Ti  Cor.XI.  ^^^^  repréfentant  combien  il  étoit  honteux  pour  eux  de  fè  laiflcr  conduire 
1^,  *  *  pat  un  fimple  Moine  hors  du  chemin  de  leurs  Ancêtres  ,  comme  s'il  n'y 
avoit  que  Luther  qui  eut  des  lumières  &  du  bon-fens.  Il  les  avertifibit ,  que 
fi  les  Sénateurs  de  Luther  avoient  bien  ofé  refufer  d'obéir  aux  Loix  Ecclé* 
fiaftiques,  ils  mépriferoienc  encore  plus  aifément  l'Autorité  Séculière  :  &; 

qtia  qn^il  n*avoic  point  trouvé  de  plos  grand  heur  des  tems  ne  le  permettoit  pas  ^  il  ajoa« 

ttialheur  dans  fa  vie  que  celai  de  comman-  te ,  qu'il  ne  laiflà  pas  que  de  réarmer  bien 

der  :  Hic  fitus  eft  Adrlanus  VI ^  qui  nihil  des  chofes,  & qu il  avoit  delTein  d*en  léfbr- 

fibi  infilicius  in  vita  duxit ,  quant  quod  im^  mer  encore  davantage ,  mais  qu'il  en  fut  pré- 

peraret.  Onaph.  in  Adr.  venu  par  la  mon.  Animum  ad  Ecclcfiam 

7.  //  leur  donna  des  ordres  très-précis  Chrifii  fadis  ahufibus  corruptam  refiituen* 

d* apporter  beaucoup  de  précaution  dans  la  dam  adjecerat  — fed  morte  occupatus  propo^ 

xoncejfion  des  Indulgences  — j^fqu  *â  ce  que  fito  lufus  eft. 

Von  eût  trouvé  moyen  de  relier  tout  cela  ,  %.  J*ai  voulu  rapporter  en  peu  de  mots  ce 

&€.]  C  eft  ce  que  rapporte  Onuphre  Panvini  que)  en  ai  appris  par  la  le&ure  du  Journal  de 

dans  un  plus  grand  détail  s  &  après  avoir  VEvéque  de  Fabriano  ,  &c.]  C  eft  à  dire ,  de 

marqué o^ Adrien  ne  put  faire  toutes  les  ré-  François  Ckérégat  Evêque  non  de  Fabriano^ 

fermes  quil  fe  propoCbit  >  parce  que  le  mal-  qui  n'eft  point  an  Evtchc ,  mais  de  Teramo 


DE    TRENTE,  Livre    I.  fr 

qu*aprè5  avoir  ufurpé  les  biens  de  TEglife  »  ils  «'abftiendroient  encore  moins  mdxxih. 
de  ceux  des  Laïques  *»  où  qu'après  avoir  ofc  mettrai  la  main  fur  les  Prccres  ^^ïEwVf. 
6c  les  Miniftres  de  Dieu ,  ns  n cpargneroient  pas  les  maifons ,  les  femmes,  — — — ^ 
&  les  enfans  des  autres.  Enfin  il  leur  confeillpic ,  s'ils  ne  pouvoienc  ra- 
i^iener  Luther  &  fes  adhérans  dans  le  bon  chen^in  par  la  douceur ,  de  (e 
fcrvir  de  remèdes  plus  violens ,  >  &  d'employer  le  feu  pour  retrancher  db 
leur  Corps  des  membres  morts  »  aind  qu'on  avoit  fait  autrefois  â  Tégard  de 
Oatkun.  8c  àLAbiron ,  à!Anamc  &c  de  Sapphlrc ,  de  Jovinicn  &  de  Vigi-- 
lance  ,  ÔC  comme  avoient  fait  à  l'égard  de  fcan  Hufs  8c  de  Jcrâmc  dt 
Prague  dans  le  Concile  de  Confiance  \tMi%  Ancêtres  ^  dont  ils  dévoient  fui^ 
vie  l'exemple  ,  s'il  n'y  avoit  pas  d'autre  moyen  de  pourvoir  au  mal.  Du 
refte  il  £:  repofoit  fur  ion  Nonce  de  ce  qu'il  y  avoir  à  faire  tant  dans  cette 
a&ire  1  que  dans  les  autres.  Il  écrivit  encore  prefque  à  tous  les  Princes  fê- 
parémeac  *'  des  lettres  à  peu  près  de  même  teneur.  Mais  il  prioit  en  par- 
ticulier l'Eleâeur  de  Saxe  ^  de  bien  confîdérer  ^  quelle  tacne  ce  feroit  d  /  Onuph. 
coûte  {à  poftérité  d'avoir  favorifé  un  frénétique»  qui  mettoit  par- tout  la  ^^vlt.  Adxi 
confufion  par  fes  nouveaurés  folles  &  impies,  &  £e  révoltoit  contre  une 
doârrine  fcellée  du  fang  des  Martyrs,,  défendue  par  les  Ecrits  des  SS.  Doc- 
teurs ,  &  maintenue  par  les  armes  de  tant  de  vaillans  Princes.  Il'  le  con«- 
jurpic  de  marcher  fur  les  traces  de  fes  Ancêtres,  fans  fe  laiflêr  perfuader 
a  l'afveugle ,  par  la  fureur  d'un  homme  de  néant ,  de  fuivre  des  Erreurs 
condamnées  par  cane  de  Conciles. 

Le  Nonce  s  préfenta  non  feulement  à  la  Diète  le  Bref  du  Pape,  mais  ir  ^icid.  L 
encore  fes  propres  Inftruâions  ^  par  lefquelles  ce  Pontife  le  chargeoic  d'éx-  4*  p-  49- 
Jborter  les  Princes  à  s'oppofer  à  la  contagion  de  Luther^  pour  fept  raifons.  ^*^*^v.L.t. 
1.  Parce  qu'ils  y  dévoient  être  excités  par  l'amour  qu'ils  dévoient  à  Dieu  y]£çxc  rcr 
&  la  charité  qu'ils  dévoient  au  prochain,  i.  Pour  ne  pas  laiiler  couvrir  leur  expec.  T.  i. 

P-  HJ. 
dans  V Abrutie  s  &  que  Fra-Paoh  ne  fait    ne  doit  pas  en  împofer  à  notre  rai(bn;  &il  ^^ov.  ad 
Evoque  de  Fabrîano  que  furun  endroit  êi^O-    nous  fuflSt  de  connoitie  que  la  perfccntion  ^  i  f  î-*- 
nupkre  Panvuû  qui  Ta  trompé.  Hue  Fran-    eft  contraire  aufll-bien  à  la  raifon  qu.'à  Tef        '4* 
elfcum  Cheregatum  mlttit  fibi  antea  in  Hif-    prit  de  TEvangiie ,  pour  condamner  la  ma- 
paniA  coffiitum  —  tum  rtcens  à  fepropter    xime  éi  Adrien  ,  en  juftifiant  même  la  pure- 
cpimonem  virtutis  Prafulem  Fabrianenfem     té  de  Tes  intentions. 
declaratum,  i  o.  //  écrivit  encore  à  prefque  tous  tes 

9.  Enfin  il  leur  confeilloit ,  s'ils  ne  pou-     Princes  fipariment ,  fifc]  C'eft  ce  qui  ett 

voient  ramener  Luther  —  par  la  douceur,  de  attelle  par  Sleidan ,  auffi-bien  que  par  Oiz«^ 

feferv'u  de  remldesplus  violens  ,  &c.]  Certe  phre,  qui  nous  rapporte  la  fubftance  de  ce$ 

panie  de  la  lettre  ^ Adrien ,  qui  d'ailleurs  lettres.  Ded\t  adhac  litteras^  ditOnuphre^ 

étoit  adroite  &  CtnŒt ,  montre  combien  les  ferè  adfingulos  quofque  Principes  &  Eccte* 

plus  gens  de  bien  ont  de  peine  à  s  élever  au-  fiafticos  &  Laïcos  ejufdem  exempli  yfedpret- 

dediis  des  préjugés  où  ils  ont  été  élevés,  puif-  fenim  ad  Ducem  Saxonia  Fridericum ,  in 

que  tnaigté  toute  fa  piété  &  fa  modération ,  cujus  dominatu  totius  incendiifax  Lutherus 

ce  Pape  ne  lailfoit  pas  d*autorifer  la  plus  per-  agebat ,  monens  eum  ,  8cc,  Sleidan  ne  bit 

nicieufe  &  la  plus  antichrétienne  de  toutes  point  de  mention  de  la  lettre  à  l'Ëleéleur , 

ies  aiasiaie$.  Nbis  la  probité  des  pexibones  apparemment  parce  qu!elle  contenoit  peu  de 

G  z 


yi        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXTin.  Nation  de  cette  infamie.  3.  Pour  leur  honneur  propre  »  &poaT  montrer 
AprienVI.  qu'ils  ^ç  dcgcncroient  point  du  zèle  de  leurs  Ancêtres,  qui  étoienc  inr- 
"""""""""^  tervenus  dans  la  condamnation  de  Jtan  Hufs  au  Concile  de  Confiance  , 
&  d'autres  Hérétiques,  dont  quelques-uns  même  '^  avoient  été  menés 
par  ces  Princes  au  fupplice  ;  outre  qu*il  y  alloit  de  leur  réputation  de  te^ 
nirleur  parole,  la  plupart  d'eux  ayant  approuvé  TEdit  deTEmpereur  con-- 
tre  Luther.  4.  Parce  qu'ils  dévoient  fe  refTentir  de  l'injure  que  cet  hom- 
me fai(bit  a  leurs  Ancêtres  en  publiant  une  autre  Foi  que  celle  qu'ils  avoient 
f>rofe(rée,  &  par  conféquent  les  faifant  croire  tous  damnés.  5.  Parce  que 
a  fin  que  ces  Sedaires  (e  propofoient  étoit  d'affoiblir  la  PuiflTànce  Séculière 
après  avoir  renverfé  l'EccIéfiaftique  ,  fous  le  faux  prétexte  qu'elle  avoir  été 
ufurpée  contre  l'efprit  de  l'Evangile  ;  ic  que  s'ils  paroiÛbient  vouloîr^ka- 
ver  l'autorité  des  Priiices ,  c'étoit  un  artifice  qu'ils  employoient  pour  les  fur- 
prendre.  6.  Parce  que  c'étoitde-là  qu'étoient  venus  tous  les  trouble»  &  ron- 
ces les  didènfions  d'Allemagne.  7.  Enfin  parce  que  Luther  preaoiy  k  même 
route  qu'iavoit  prife  Mahomet^  en  permettant  de  fatisfaire  toutes  les  in^- 
clinations  de  la  chair ,  &  qu'il  ne  montroit  plus  de  modeftie  que  poàf  ctûfifT- 
per  plus  efficacement.  Que  fi  quelqu'un  difoit  que  Luther  avoit  été  con- 
damné fans  être  entendu  Se  fans  avoir  eu  la  liberté  de  fe  défendre,,  &  qu'il 
étoit  jufte  d'écouter  fes  raifons,  le  Nonce  devoir  répondre.  Qu'il  croit  fufte 
de  l'entendre  pour  ce  qui  concerne  le  fait ,  avoir  s'il  étoît  vrai  qu'il  eût 
enfeigné  ou  écrit  ces  chofes  ou  non  *,  mais  non  pas  d'écouter'ce  qu'il  avok 
à  dire  pour  Ja  défenfe  de  ce  qu'il  avott  enfeigné  fur  la  matière  de  la  Foi  & 
des  Sacremens,  parce  qu'on  ne  de  voit  jamais  mettre  en  doute  ce  qui  avoir 
été  approuvé  par  les  Conciles  Généraux  &  par  toute  l'Eglife.  Le  Pape  en- 
fuite  chargeoit  fon  Nonce  de  conféflfer  ingenumenr ,  Que  toute  '*  cette 
confufion  étoit  née  des  péchés  àcs  hommes,  &  particulièrement  de  ceux 

chofes  difflhrentes  de  ce  qai  étoit  contenci  cîn ,  qui  connoîflbit  mieux  les  maximes  d'à- 

dans  les  autres.  Mais  on  la  peut  voir  dans  ne  politique  mondaine  que  celles  de  FETan*- 

jB[ovius  ad  an.  i;ii.  N^  y 4»  Sc  dans  les  gile,  trouve  qoL  Adrien  le  conduifit  en  cela 

Oeuvres  de  Luther  >  T.  II.  p.  j  ;•  avec  beaucoup  plus  de  zèle  que  de  prudence. 

II.  Dont  quelques-uns  même  avoient  ùé  Una  taie  Jftru{ioney  dit-il  L.  2.  c.  j,  ha 

menés  par  ces  Princes  au  fupplice  J]  L*Elec-  fatto  defiierare  in  Uù  maggior  pruden^a  & 

teui  Palatin  avoit  été  chargé  a  Confiance  de  circonfpet^ione'^-^  Il  governo  -  meglio  fi 

Texécution  de  Jean  Hufs ,  &  il  fut  préfênt  amminiftra  da  una  hontâ  médiocre  accompa^ 

à  fon  fupplice.  gnata  dafenno  grande,  che  da  nnafàntità 

1 1.  (^ue  toute  cette  confufion  étoit  née  des  fomita  di  picciolfenno.  Cèft  pour  cela  qu'il 

péchés  des  hommes ,  &  particulièrement  de  condamne  prefque  toutes  les  panies  de  cette 

ceux  des  Eccléfiaftiques.']  Rien  de  plus  in-  InftruéHon ,  fi  édifiante  d'ailleurs  &  (i  Epif- 

génu  &  en  même  tems  de  plus  digne  de  copale.  Mais  ceux  qui  connoiffentnnieux  les 

louange  que  cet  aveu  à* Adrien ,  &  la  xék}lu-  devoirs  d'un  Evéque  que  les  artifices  d'une 

tion  qu'il  montroit  de  vouloir  remédier  aux  politique  nnrondame ,  ne  faotoient  qu'admi- 

défordres ,  &  d'employer  les  moyens  qu'on  ler  la  droiture  à* Adrien  ,  dont  la  Cour  de 

lui  indiqueioit  comme  les  plus  propres  à  en  Rome  n*étoit  pas  digne.  Auffî  Onuphre ,  qui 

anttei  le  cours.  Mais  le  Canlinal  Pallavf  jugeoit  plus  ftinemem  des  chofes  ^ue  nom 


DE    TRENTE,  Livre   I.  yj 

des  Ecdéfiaftiques  &  des  Prélacs ,  &c  d'avouer  que  depuis  quelques  années  mdxxxxt. 
ils  s'écoic  commis  plufieurs  abominations  fur  le  Saint  Siège*, qu'il  y  avoir  AdrienVL 
beaucoup  d*abus  dans  l'adminittrarion  des  chofes  fpirituelles  ,  &  d'excès  — ■-■^— 
dans  les  préceptes  y  qu'enfin  tout  s  ecoit  perverti  de  manière  que  la  corrup* 
cion  avoir  palTe  du  chef  aux  Membres  >  Se  des  Souverains-Pontifes  aux  Pré^ 
lacs  inférieurs  «  &  qu'à  peine  y  en  avoîr-il  un  feul  qui  fît  le  bien  :  Que 
pour  facisfaire  aucanc  à  (on  inclinacion  qu'aux  devoirs  de  fa  charge ,  il  étoit 
réfolu  de  mettre  couc  fon  efpric ,  &  d'employer  coûtes  forces  de  moyens 
pour  réformer  avant  coures  chofes  la  Couc  de  Rome  ,  d'où  peuc-ècre 
provenoic  couc  le  mal  j  6c  qu'il  s'y  porceroic  d 'aucanc  plus  volonciers  qu'il 
voyoic  que  couc  le  monde  le  défiroic  ardemmenc  :  Que  l'on  ne  devok 
pas  s'éconner  »  fi  l'on  ne  voyoic  pas  touc  d'un  coup  tous  les  abus 
corrigés  >  parce  que  le  mal  ay^nc  vieilli  &  s'étant  multiplié  ,  il  falloic 
aller  pas  à  pas  dans  la  guérifon ,  &  commencer  par  les  chofes  plus  im^ 
portantes  »  pour  ne  pas  touc  jeccer  dans  la  confufion  ,  en  voulant  couc 
faire  a  la  fois.  Il  lui  ordonnoit  de  plus  de  promettre  en  fon  nom  lobfer*  ^ 
vacioii  de  tous  les  Concordats ,  &c  qu'il  s'informeroit  des  procès  que  la 
Rou  avoic  évoqués  >  pour  les  renvoyer  fur  les  lieux  félon  la  ^uftice.  Enfin 
îl  le  cbargeoic  de  foUicicer  les  Princes  &  les  Etats  de  répondre  à  fes  lettres, 
&  de  lui  indiquer  les  moyens  les  plus  propres  d'obvier  aifémenc  aux  pro- 
grès des  Luthériens.  Après  avoir  préfenté  le  Bref  du  Pape  &  fes  inftruc- 
hons,  le  Nonce  ajouta  de  plus,  que  par  toute  l'Allemagne  on  voyoit  des 
Religieux  foriir  de  leurs  Monaftères  pour  retourner]  au  fiécle,  &  des  Prêtres 
fe  marier ,  à  la  honte  &  au  mépris  de  la  Religion  \  &  la  plupart  d'entr'eux 
commettre  encore  beaucoup  d'autres  excès  &  d'impiétés  )  &  qu'il  étoit  abfo- 
liunent  néceflàire  d'y  pourvoir  en  caflfant  ces  mariages  facrilèges ,  en  en 
panidànt  févèremenc  les  Auteurs ,  &  en  remettant  les  Moines  Apoftat9 
entre  les  mains  de  leurs  Supérieurs. 

La  Diète  ^  répondit  au  Nonce  par  écrit ,  Que  l'on  avoit  lu  avec  refped 
le  Bref  du  Pape  &  fes  inftruâions  au  fujet  deTaffaire  de  Luther 'y  que    Réfonfidâ 
l'on  rendoit  grâces  à  Dieu  de  fon  exaltation  au  Pontificat ,  &  que  l'on  lui  ^^  Di^e. 
ibuhaitoit  toute  forte  de   félicité.  Et  après  avoir  dit  ce  qui   convenoit  ^  ^^^*°'  ^ 
au  fujet  de  la  concorde  entre  les  Princes  Chrétiens ,  &  de  la  guerre  conr-  spond^ad 
ue  les  Turcs ,  en  venant  d  la  demande  qtù  écoic  faicc  aux  ordres  de  lEm-  ar.  1513. 
pire  de  faire  exécuter  la  fentence  publiée  concre  Luther  &  l'Edic  de  Vor-  N°  7. 
mes ,  l'on  marquoit ,  que  l'on  étoit  prêt  d'employer  tomes  les  forces  né-  ^^H^v.  L 
ceûTaires  pour  l'extirpation  des  Erreurs ,  &  que  fi  l'on  avoit  manqué  d'é-  p^f^|**  ^^^ 

Cardinal,  Bc  cpA  les  voyoit  de  plus  près ,  ne  fan&itas  vitœ  praftantîaque  dofirina pepere-  ^^^\  '  ** 

£itt-il  point  difficulté  de  dire  y  que  par  (à  rant^tum grand,  qudmaximdapud  Germa-  P*  '^  * 

k>nc6  ôL  (a  (àinteté  AdrUn  s*étoic  rendu  fi  nos  Pontijex  Germanus  vaUbat,  utmalum 

ifjréable  aux  Allemands»  que  s*il  n*eûc  été  iUud  jam  tum  uteunque  miufccnt^  &  fpes 

Inrpris  de  la  mon,  il  y  a^lieu  de  croire  qu'il  magfia  ejfet^  nifimors  ejus  imped'iffèt ,forraf- 

cik  remédié  aux  maux  de  rEglife*  Jnfitmmd  fis  brevi  aut  in  totum  y  aut  ex  maximâ  c^rci 

tantumegecufeduUtauauthor'uMeque^quam  parte  explodendunu 


S4        HISTOIRE    pu    CONCILE 

itOTxm.  xécuterla  fentencc  &  TEdit,  ç'avoicétc  pour  des  eau  fcs  rrès- importance?: 
AxxRxEwrl.  Q^ç  comme  les  livres  de  Luther  avoienc  perfuadc  i  la  plupart  du  peuple , 
""  mie  la  Cour  de  Rome  avoir  fait  beaucoup  de  mal  à  i  Allemagne  ;  (i  l'on 
etft  tenté  Texécnrion  de  ta  fentence^  la  niulri'ude  fe  fut  imaginée  ^*oa 
l'auroit  fait  pour  maintenir  les  abus  &  l'impiété  dont  on  ie  plaignoir  ;  d  oè 
il  feroit  né  quelque  tumulte ,  &  peut-être  quelque  guerre  civile  :  Qa'il 
falloit  donc  dans  de  pareilles  conjonâures  des  remèdes  plus  convenables» 
le  Nonce  confefTant  lui-même  au  nom  du  ■  s  Pape ,  que  ces  maux  vG- 
noienc  des  péchés  des  hommes  y  &  promettant  de  réformer  la  Cour  de  Ro- 
me :  que  fi  on  n'ôcoit  pas  les  abus  >  qu*on  ne  remédiât  pas  aux  vexations  i 
Se  qu'on  ne  fatisfît  pas  les  Princes  fur  quelques  articles  qu'ils  donneroienc 
par  écrie,  il  n'étoit  pas  pofltble  de  rétablir  la  paix  encre  les  Eccléfiaftiques 
Bc  les  Séculiers ,  ni  cTappaifer  les  troubles  :  Que  puifque  l'Allemagne  n  a« 
voit  confenti  i  payer  les  Annates  qu'à  condition  qu'on  les  eroployeroic  i  la 
guerre  contre  les  Turcs  »  8c  qu'elles  n'avoient  point  ièrvi  à  cet  ufage  depuis 

Slufienrs  années  qu'on  les  payoit  >  Ton  prioit  le  Pape  qu'à  l'avenir  la  Cou: 
e  Rome  ceflat  de  les  exiger ,  *4  Et  que  cet  argent  allât  au  Fifc  de  TEmpire 
pbur  les  dépenfes  de  la  guerre  :  Que  puifque  lePape  leur  demandoi  t  leur  avis 
lut  les  moyens  les  plus  propres  de  remédier  à  tant  de  maux  ,  ils  aoyoienr» 
que  nes'agiffànt  pas  feulement  deJ'afFaire  de  Luther^  mais  auffi  d'extirper 
beaucoup  d'erreurs  &  de  vices  enracinés  par  une  ancienne  habitude,  &  qui 
ie  répandoient  ou  par  la  malice  des  uns  ou  à  la  faveur  de  l'ignorance  des 
autres ,  il  n'y  avoir  point  de  remède  plus  propre ,  plus  efficace  &  plus  con» 
venablej  que  celui  de  convoquer  au- plutôt  du  conlèntemenc  de  l'Empereur 
un  Concile  pieux ,  libre  &  Chrétien ,  en  un  lieu  commode  d'Allemagne  ^ 
comme  Strasoourg,  Mayence,  Cologne ,  ou  Metz,  fans  différer  cette  cohh 
vocation  de  plus  d'un  an  ;  6c  que  dans  ce  Concile  les  Laïques  comme  les 
Ecclcfiaftiques  euflcnt  la  liberté  ,  nonobftant  tout  ferment  &  toute  obliga^ 
tion  contraire ,  de  parler  &  de  propofer  ce  qu'ils  jugeroient  de  mieux  pour 
la  gloire  de  Dieu  &  le  falut  des  âmes  :  Que  perfuadés  que  fa  Sainteté  feroic 

X).  Ztf  Nonce  confiffant  lui-même  au  prafuntEcclefis, comme ^^nerindm&on» 

nom  du  pape ,  que  ces  maux  venoient  des  1 4.  Et  que  cet  argent  allât  au  Fifc  ie 

péchés,  des  hommes  ,  &c.]  Ced  litteialemenc  f  Empire  pour  les  dépenfes  de  la  guerre.]!^ 

le  fens  de  Fra-Paolo ,  qui  dit ,  Confejfando  ruppreflion  des  Annates  qae  demandoient 

ejfo  Nonciopernome  dcl  Pontefice,  che  quefti  les  Allemands  étoit  aflez  raifonnable  \  mais 

maU  venivano  per  li  peccati  dcgli  huomini  :  l'application  qu'ils  fouhaicoient  qu'on  en  f k 

&  je  ne  (ai  pourquoi  M.  Amelot  Im  a  prêté  au  Fifc  de  l'Empire  pour  les  dépenfes  de  la 

un  autre  fens ,  en  traduifanr.  Le  Nonce  con-  guerre  ne  Tétoic  guères ,  6c  cette  deftination 

feffant  lui-même  que  la  Cour  de  Rome  étoit  la-  n'àvoit  jamais  eu  lieu  auparairanr.  Il  eft  joAê 

caufe  de  tous  ces  maux  ;  \m(c\VL  Adrien  ne  que  dans  les  néceffités  publiques  les  Ecclé* 

^rejettoitpas  les  mauxdel*EglifefurlaCâur  nadiques  comme  les  Laïques  contribuent 

de  Rome  feule,  mais  fur  les  péchés  de  tout  le  aux  dépenfes  de  l'Etat ,  puifqa'ils  jouidènt 

monde,&  principalement  des  Ecclé^aftiques  des  mêmes  aranrages  que  les  autres ,  ft-qu'ils, 

dont  la  Cour  de  Rome  ne  fai(bit  qu'une  par*  ont  le  même  intérêt  à  fa  confervation.  Mail 

ùcimaximivcràpropterpeccatacorumqui  rétabliflbmenc  d%ne  Amiate  perpétueUè 


DE    TRENTE, Livre    I.  yj 

poac  cela  toute  la  diligence  poifible  ^  &  pour  pourvoir  autant  qu'il  étoit  en  MDxxm^ 
eux  |)endanc  cet  intervalle  aux  maux  préfens  ,  ils  avoient  réfolu  de  s'em-  AdrixnVI. 
ployer  auprès  de  TEleâeur  de  Saxe ,  pour  le  prier  d*empêcher  que  les  Lu^  •■■'"■■■■^ 
tkéhens  n'écrividènt  &  n'imprimaflènc  de  nouveaux  livres*,  Se  d'ordonner 
en  même  tems  que  par  toute  TAllemagne  les  Prédicateurs  fe  contentaflènt 
de  pécher  parement  &  amplement  TEvangile  félon  la  doârine  approuvée 
de  rEglife,  fans  toucher  aux  chofesqui  poarroient  exciter  quelque fédition 
populaire ,  &  fans  remuer  aucune  difpute ,  afin  de  renvoyer  au  Concile  la 
décifion  de  toutes  les  conteftations  :  Que  Ion  chargeroit  les  Evèques de  dé- 
puter des  hommes  vertueux  &  favans  pour  veiller  fur  les  Prédicateurs  y  6c  \ 
les  corriger  dans  le  befoin  ,  mais  de  manière  cependant  que  Ton  né  put  foup- 
çonner  que  ce  fut  pour  arrêter  le  cours  de  la  vérité  Evangélique  :  Que  l'on 
aoroit  foin  qu'il  ne  s'imprimât  rien  de  nouveau ,  qui  n'eût  été  revu  par  des 
gens  de  probité  &  de  doârine  *,  &  que  (i  fa  Sainteté  de  fon  côté  vouloit  re* 
dreflèr  les  Griefs  dont  ils  fe  plaignoient ,  Se  convoouer  un  Concile  libre  Se 
Chrétien ,  ils  efpèroient  de  remédier  aux  troubles  &%e  rétablir  prefque  par* 
tout  la  tranquillité  >  parce  que  les  gens  de  bien  attendroient  fplontiers  la 
détermination  du  Concile  >  quand  ils  en  verroient  la  célébration  prochaine  : 
Qu'à  l'égard  des  Prêtres  qui  s  etoient  mariés ,  Se  des  Religieux  qui  étoient  re- 
tournés dans  le  (iècle ,  ils  croyoient  qu'il  fuffifoit  que  les  Ordinaires  emplo- 
yaient contre  eux  les  peines  Canoniques ,  puifque  les  Loix  civiles  n'avoienc 
point  encore  ftatué  fur  ce  point  y  mais  que  s'ils  commettoient  quelque  crime  » 
le  Prince  ou  le  Ma^ifttat  fous  la  jurifdiâion  duquel  Us  fe  trouveroient  >  les 
cbatieroit  félon  qu'ils  l'auroient  mérité. 

'  f  Le  Nonce,  >  peu  fatisfait  de  cette  réponfe ,  prit  lé  parti  de  répliquer , 
A  ce  que  l'on  avoir  dit,  que  c'étoit  pur  éviter  le  fcandale  que  l'on  n'avoit  'Pallay.  L 
pas  exécuté  la  fentencedu  Pape  &  l'Edit  de  TEmpereur  contre  Luther^  il  ré-  p  ^}' 
pondit  que  cette  raifon  néroit  pas  valable  ,  parce  qu'il  ne  convient  pas  de  cxpS\"T, 
tolérer  ic  mal  pour  en  tirer  du  bien ,  &  que  le  falut  des  âmes  doit  l'emporter  p.  34^.  ' 
fur  la  tranquillité  publique.  Il  ajoutoit  que  les  Sedateurs  de  Luther  ne  de« 
voient  point  s  excufer  fur  les  vexations  &  les  fcandales  de  la  Cour  de  Rome ,  '  ^ 
parce  que,  quand  ils  feroient  réels  3  on  ne  devoit  pas  fe  féparer  de  l'Unité 


poor  tme  guerre  accidentelle  de  extraordi- 
naire ne  paroiflbic  ni  fondé  en  juftice ,  ni 
conforme  aux  intentions  de  ceux  qai  avoient 
doté  ces  Eglifes ,  &  étoit  par  conféqaent  con- 
traire à  toute  fone  de  droit,  puifqu'on  ne 
poovoit  exiger  d**eax  avec  équité  ce  qa  on 
n'exigeoit  pas  des  Laïques  loHqu'on  leur  con  • 
iéroic  quelque  revenu  temporel. 

1/.  Lt  Nonce  ,  peu  fatisfait  de  cette  ri- 
ponfe^prit  le  parti  de  répliquer,^  Pallavicin, 
L.  1.  c.  8.  ne  paroit  pas  plus  content  des  ré- 
ponfes  du  Nonce  >  que  de  i*In(bué^ion  à'A^ 


driejty  &  cela  par  les  mêmes  principes  i  c'eft 
adiré,  parce  qu'il  juge  que  ce  Minifee  ne 
couvroitpas  aflez  bien  rbonneur&  les  inté- 
rêts de  la  Coui  de  Rome.  Il  dit  même  ici  ce 
quil  a  fbuvent  condamné  dans /ra-Piijib, 
qui  eft  de  prêter  aux  Romains  de  ce  tems-U 
fes  propres  réflexions  fur  les  réponfes  du 
Nonce ,  qu'il  cherche  cependant  a  excufer 
à  la  fin  par  cette  raifon,  que  peut-être  les 
circonftances  où  il  fe  trouvoit  alors  ne  per« 
mettoient  pas  qu'il  parlât  autrement. 
id.  Parce  que,  quand  ils  feroient  rétls 


î^         HISTOIREDU    CONCILE 

^iiDxxm.  Catholique ,  mais  fiipporcer  paciemmenc  toutes  fortes  de  maux  plutôt  que 
AdxxenVI.  de  la  quitter  :  '7  Qu*il  prioit  donc  la  Diète  qu'avant  quedefe  icparer  clic 
ordonnât  l'exécution  de  la  fentei^ice  &  de  TEdit.  Que  (i  l'Allemagne  étoic 
lèfée  en  quelque  chofe  par  la  Cour  de  Rome  »  le  Saine  Siège  auroit  foin  dV 
remédier  promptement  ;  &  que  s'il  y  avoit  de  la  divi(ion  entre  les  £cclé(îa£- 
tiques  &  les  Princes  Séculiers  \  le  Pape  accomoderoic  tous  leurs  difTérends, 
Pour  les  Annates  il  dit ,  qu'il  n'avoit  rien  à  dire  pour  le  préfent  ;  mais  que 
Sa  Sainteté  répondroit  fur  ce  point  dans  un  tems  convenable.  A  l'égard  de 
la  demande  du  Concile,  il  répondit  qu'il  croyoit  qu'elle  ne  déplairoïc  point 
au  Pape  quand  ils  la  feroient  en  des  termes  plus  mefurés  ;  mais  qu'il  fouhai- 
roit  qu'on  en  retranchât  tous  ceux  qui  pourroient  donner  quelque  ombrage 
à  Sa  Sainteté,  comme  ceux-ci >  que  le  Concile  fûe  convoque  du  confemtmem 
dp  Sa  Majeflc  ImpinaU  ,  ou  ces  autres ,  que  le  Concile  fut  convoqué  plutôt 
dans  une  ville  que  dans  une  autre  ;  parce  qu'en  ne  les  otanc  pas,  on  fembioic 
vouloir  lier  les  mains  au  Pape ,  ce  qui  n'auroit  pas  un  bon  effet.  Pour  ce  qui 
concernoit  les  Prédicateurs,  il  demanda  que  l'on  obfervât  le  Décret  du  Pape, 
qu'à  l'avenii^x^eribnne  ne  pût  prêcher  que  fa  doârine  n'eût  été  auparavant 
examinée  par  l'Evèque.  Quant  aux  Imprimeurs  &  aux  Libraires,  il  témoigna 
que  la  réponfe  ne  le  fatisfaifoit  aucunement  ;  qu'il  falloit  &ire  exécuter  fur 
ce  point  la  fentence  du  Pape  &  l'Edit  de  l'Empereur ,  qui  ordonnoient  que 
les  livres  feroient  brûlés  &  les  Imprimeurs  punis,  &  que  c'étoit-li  le  point 
eilèntiel  dont  dépendoit  tout  le  refte  s  Que  pour  les  livres  â  imprimer,  il 
n'y  avoit  qu'à  obferver  le  Règlement  du  dernier  Concile  de  Latran.  A  l'é*» 
gard  enfin  des  Prêtres  mariés ,  il  dit  que  la  réponfe  ne  lui  eût  pas  déplu ,  fi 
elle  n'avoit  pa$  cette  reftriftion  ,  qu  ils  feroient  punis  de  leurs  crimes  par  U 
Prince  ou  le  Magifirat  i  parce  que  ce  feroit  entreprendre  fur  la  libené  Ec^ 
cléfiaftique,  porter  U  ^<  dans  une  moidbn  étrangère,  &  toucher  à  ceux 
qu;  font  réfervés  d  Jefus-Cbrift  :  '^  de  (brte  que  les  Princes  ne  ponvoient 
nullement  prétendre  que  l' ApoftaHe  de  ces  gens4â  les  foumit  à  leur  jurifdic* 
tion ,  ou  qu'ils  çuflèat  droit  de  les  punir  pour  Quelque  crime  que  ce  £ftt , 

puifquc 


êcc]  Ceft  ainfi  qu'il  fiiQt'tradaîre,  &  non 
pas  comme  Ta&it  M.  Amtlot,  encore  que 
aUfât  vrai ,  ce  qui  feroit  un  aveu  des  (can- 
<)ales  >  eu-lieu  que  le  Nonce,  bien  éloigné  de 
les  avoaer,n'en  parle  ici  que  par  (bppofîtion  : 
Perche  ,  fe  benfoffcro  vert ,  dit  Fra-Paolo  ; 
exprefllon  qui  ruppofebien  la  poffibilité  de 
c^  fcandales  ,  mais  qui  n*en  eft  pat  un 
ayeo. 

17.  Qu'il  prioit  donc  la  Diète,  qu  avant 
que  defe/eparer  elle  ordonnât  fexécution  de 
la  fentence  &  de  fEdit.  ]  Ceft  ce  que  dit 
Fra-Paolo  :  Onde  li  pregavaper  VeJJeeutio' 
ne  dellajenun^a  fyîcU  Edittp,  inan^i  cke 


la  Dieta  fi  finifce  :   &  je  ne  fai  poar« 
quoi  M.  Amelot  a  omis  cette  phra(è. 

it.  De  forte  que  Us  Princes  nepouvoiene 
nullement  prétendre  —  qu'ils  eujfent  droit 
de  les  punir  pour  quelque  crime  fue  ce  fut,^ 
Si  le  Nonce  n'eAt  prétendu  autre  chofe .  fi** 
non  que  le  fagement  des  Ecdéfiaftiqoes  de- 
▼oit  être  xéfervé  aux  Evèques  à  Tégard  des 
tranfgreflions  contre  les  loix  ]nirement  Ec- 
cléfiaftiqaes ,  la  demande  eut  été  jufte  8c  raî- 
(bnnable ,  êcW  femble  que  les  Princes  n*a- 
voient  pas  deifein  de  s'y  oppofêr.  Mais  que, 
(bus  prétexte  de  leur  caraâère ,  le  Magiftiae 
Civil  ne  pût  Les  punir  poQi  quelque  crime 


DE    TRENTE, L  IVRE  I.  J7 

pnîfque  ces  Apoftacs  en  confervanc leur  caraâèré &  leurs  Ordres,  reftoienc  moxzxxx; 
toujours  fous  lajurifdiââon  de  TEglife,  &  que  les  Princes  n'avoieitt  autre  Ap^"><V^» 
chofe  à  faire  à  leur  égard ,  qu'à  les  dénoncer  à  leurs  Evêques  8c  à  leurs  Su-  """""""^ 
périeurs ,  qui  écoient  charges  de  les  punir.  Enfin  il  concluoit  en  les  priant 
de  délibérer  plus  mûrement  fur  toutes  ces  chofes ,  &  de  lui  donner  une  ré- 
poftfe  plus  favorable,  plus  claire,  plus  orthodoxe,  &  mieux  délibérée. 
Cette  réplique  fut  mal  reçue  delà  Diète,  où  l'on  difoit  communément 
entre  les  Prmces ,  que  le  Nonce  mefuroit  le  bien  &  le  mal  félon  les  inté* 
rets  de  la  Comt  de  Rome ,  &  non  félon  les  beibins  de  l'Allemagne  :  Que  pour 
la  oonfervation  de  l'Unité  Catholique  ,  il  valoit  mieux  faire  un  bien  nu:ile 
à  exécuter  ,  que  de  tolérer  un  mal  difficile  à  fupporter  :  Que  néanmoins  le 
Nonce  vouloit  que  l'Allemagne  portât  patiemment  les  oppreflionsde  la  Cour 
de  Rome ,  fans  que  cette  Cour  voulût  fe  plier  un  peu  J^ur  le  bien ,  &  fzns 
vouloir  fe  défifter  du  mal  autrement  que  par  des  promeues  :  Que  c'étoit  mon- 
tiet  trop  de  délicatefle ,  que  de  paroître  oflènfé  de  la  demande  d'un  Concile» 

Soiqu  elle  fut  Ci  nécelfaire  &  qu'on  l'eût  faite  d'une  manière  fi  modefle. 
ipendant  après  une  longue  délibération  ilfutréfolu  unanimement  de  ne 
pomr  faire  d'autre  réponie ,  mais  d'attendre  celle  du  Pape  à.  celle  que  l'oa 
avoir  donnée  à  fon  Nonce. 

j  XXVI.  ^9  Les  Princes  Laïques  ^  dreflèrent*enfuite  un  long  Mémoire  de  c#jm  Grhfs 
leurs  plaintes  &  de  leurs  prétentions  contre  la  Cour  de  Rome  &  les  Ecclé-  ^  U  DUtt 
fiaftiques ,  qu'ils  réduifirent  i  cent  chefs ,  auxquels  ils  donnèrent  pour  cela  ^  ^«•'««^ 
le  titre  de  Ctntum  Gravamina.  Et  comme  le  Nonce  ,  avec  lequel  ils  en  ^fT^ 
avoient  conféré ,  fut  parti  avant  que  cet  Ecrit  fût  dreflé ,  ils  l'envoyèrent  j^  Spond.  ad 
au  Pape,  avec  une  proteftation ,  qu'ils  ne  vouloientni  ne  pouvoient  plus  an.  ij&i. 
tolérer  fes  griefs  ,  &  que  la  néceflicé  de  leurs  affaires  aufli  bien  que  l'énor-  N^  9- 
ini:é  de  ces  excès  les  forçoient  d  employer  tous  leurs  foins ,  &  de  chercher 
ks  moyens  les  plus  propres  à  s'eji  délivrer* 

o«e  ce  i&c ,  c*eft  ce  qui  étoit  contre  tout  cni  (ë  (opprimer  ,  (èlon  qu'on  le  trouve 

droit  &rai(bn,  paifque  tout  Sujet  Ecclé/îaf-  plus  oa  moins  avantageux  pour  le  bien  de 

tique  ou  Laïque  eft  refpon&ble  au  Prince  de  la  Société ,  qui  doit  être  la  régie  immuable 

tout  ce  qui  peut  tendre  à  troubler  Tordre  de  par  laquelle  on  doit  difpofer  de  ces  (bnes  de 

la  Société.  Si ,  par  refped  pour  le  Clergé ,  cho(ès. 

les  Empereurs  ou  les  Rois  lui  ont  accordé  19 •  Les  Princes  Laïques  drejferent  en* 

des  Immunités  qui  le  mettent  à  cooven  de  fuUe  un  long  Mémoire  de  leurs  plaintes  — ■ 

k  pourfuite  du  Magiftrat ,  elles  ont  pu  être  qu'ils  réduifirent  à  cent  chefs  ^  auxquels  ils 

révoquées  par  la  même  pniflànce  qui  les  lut  donnèrent  pour  cela  le  titre  de  Cbntum  Gra- 

a  accordées ,  loifqu  on  s'eft  convaincu  par  vamina]  Ils  ont  été  imprimés  en  dififérens 

eipérienceque  ces  privilèges  pouvoient  être  ,  endroits ,  &  on  peut  les  voir  dans  le  Fafii" 

préjudiciables  à  la  Société,  èc  ne  farvoient  culus  rerum  expttendarum  ,  Bc  dans  G(?/« 

Ï*i  rendre  le  crime  impuni.  Le  caraâére  dafte^  Environ  xo  ans  auparavant  »  Maxi^ 

rOrdination  n*a  aucune  connexion  né-  nulien  avoit  &it  drelTer  dix  Grie6  contre 

ceflàire  avec  les  Immunités  Civiles.  Tout  le  b  Cour  de  Rome ,  dont  il  demandoit  le 

privilège  de  cette  profeffion  (è  borne  a^x  redreflèihent.  Mais  ces  diffirentes  deman- 

choCes  fpiritiielles-  Le  rtfie  peut  s'accorder  des  furent  également  inutiles.  Ct  a'eft  pas 

Tome  I,  H 


5»         HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDzzxix.       Il  feroLc  trop  long  de  marquer  ici  en  détail  }e  contenu  de  ce  Mémoire  § 
^DRXENyi.  jjj^^  jg  jjj.^  ç^  général ,  *  que  les  Princes  s'y  plaignoient  des  Taxes  qui  fc 
.    ç,     payoienc pour  les difpenfes  &  les  Abfolutions,  de largenc  qui  fc  ciroit  des 
rer  ezi^  Indulgences  >  de  révocation  des  Procès  à  Rome  >  des  refervations  des  Bé- 
T.i.p.  5;i.  néfices  >  de  l'abus  des  Commendes  &  des  Annates  ^  de  lexemption  des  Ec- 
défiaftiques  dans  les  Caufes  criminelles ,  des  Excommunications  &  des  In- 
terdits injuftes ,  des  Caufes  civiles  tirées  fous  divers  prétextes  dans  le  For 
Eccléliaftique,  des  dépenfes  exce(fives  qu'il  falloit  faire  pour  la  confécra- 
tion  des  Eglifes  &  des  Cimetières,  des  Pénitences  pécuniaires  >  &  des  fraix 
Gu'il  falloit  faire  pour  avoir  les  Sacremens  &  la  Sépulture.  Ce  qu'ils  rédui* 
toient  à  trois  chen  prùicipauif  ^  favoir ,  que  les  Ecclédaftiques  réduifoient 
les  peuples  en  fervitude ,  qu'ils  les  dépouilloient  de  leurs  biens  >  &  qu'ils 
s'approprioient  la  jurifdiâion  des  Magiftrats  Laïques» 
inPaIIay.L      ^^  Le  6  de  Mars  ^  la  Diète  publia  ion  Recès;  avec  tous  les  chefs  con* 
^'Jr}'       tenus  dans  la  réponfe  faite  au  Nonce  ;  &  peu  de  tems  après  ,  le  tout  Ait 
^  imprimé  avec  le  Bref  du  Pape ,  l'Inftrudion  du  Nonce ,  &  les  réplique» 
Luth.  T.  1.  ^iccs  de  part  &  d'autre  ,  comme  auffi  les  Cent  Griefs  »  oui  furent  debU 
p.  317.        tés  dans  toute  1* Allemagne  >  &delà  fe  répandirent  en  d'autres  lieux  & 
»SIeid.L    même  à  Rome,  ^*  où  l'aveu  ingénu  que  faifoit  le  Pape  9  °  que  la  Cour 
p  Fr  ^\    ^  Rome  Se  tout  l'Ordre  Eccléuaftique  étoient  la  première  fource  du  mal, 
^  ç^  '   '    déplut  beaucoup  aux  Prélats  »  qui  jugeoient  que  cela  les  couvroit  de  honte 
pjeuryi  L.  &  les  rendroit  plus  odieux  dans  le  monde  »  comme  aufli  qu'ils  en  feroienc 
nS.N^  3f.  plus  méprifés  par  les  peuples  >  &c  que  les  Luthériens  en  deviendroient  plus. 

pourtant  que  cette  Cour  ignore  00  approuve  au  Nonce.  Seulement  iî  auroit  pu  ajouter ,. 

les  abus  ;  mais  c*eft  qu'elle  (trouve  qu'il  j  a  qu'on  n'y  infifta  pas  fur  quelques  •  uns  des^ 

de  la  dureté  à  vouloir  l'obliger  de  les  réibr-  points  qui  avoient  déplu  à   ce  Miniftre» 

mer,  lorfqu'eile  ne  le  peut  £iife  fans  facri-  Mais  il  y  ar apparence  que  le  filence  de 

fier  quelque  chofe  de  Tes  prétentions  &  de  SUidan  fur  cela  a  produit  celui  de  Fra» 

fes  intérêts.  Paolo  ,  qui  n'a  tiré  pre/que  que  de  lui  feul 

10.  Le  6  de  Mars  la  Diète  publia  fort  Rt»  tout  ce  qu'il  dit  des  affaires  d'Allemagne» 
ch ,  avec  tous  les  chefs  contenus  dans  la  ir.  OhVaveuingénuquefaïfoitlerape^ 
réponfe  faite  au  Nonce,  &c.]  C'eft  donc  à  que  la  Cour  de  Rome  &  tout  l*  Ordre  Eccli^ 
ton  que  le  Cardinal  PaUavicin  reproche  à  fîaftiqtu  étoient  la  première  fource  du  mal,. 
Fra-Paolo  de  n'avoir  point  rapporté  ce  Dé-  déplut  beaucoup  aux  Prélats  ,.  icc»  )  C'eft 
cret.  Ma  cib  ,  che  il  Soave  non  riferifce  ,  apparemment  cet  aveu  ingénu  qui  a  faici 
VEdittopubUcatofifecondoTuft)  al  nome di  dire  à  PaUavicin^  L.  i.  c.  7.  cfs^Adrienr 
Crfare  benche  ajferue  nelReceffo  délia  Dieta  écoit  d'un  caraâère  uop  ouvert ,  aufll  biei^ 
fotto  il  di  fefio  di  Mar^o  >  conunnefcnne  ,  que  Chérégai^  à  quefia  f  facejffi  per  ordinc 
le  qualifen^a  rivocar  alcuno  de  punti  ejprejl  d'Adriano  troppo  aperto  ,  à  perche^  il  Chere^ 
Mellari/pojladichiararona  âfavore  del  Papa  gatofojfe  di  natura  apertijfima  l  pero  gratis 
alcuni  di  quegli  articoli  ,  che  corne  ambigui  al  Pontée  ,.  &c.  Et  c'eft  en  conféquencc" 
turbavano  ilCAeregato*  U  eft  vrai  que  no-  de  ce  yigemtnty  qu)à  l'exemple  des  Prê- 
tre Hiftnnen  n'ezpoOe  pas  tout  le  détail  de  lats  Couni&ns  dû  tems  d^Adrien^^  il  cziti- 
ce.'Recès>  mais  il  en  dit  tout  ce  qui  eu.  né-  que  prelque  tous  tes  peints  éÈe  etne-  Fnf- 
ceflàire ,  en  marquant  qu'il  comprenoit  truâion ,  &  avoue  que  fuppofé  même  I» 
tous  Us  chefs  CQiUcms  dans  la  réponftfùu  venté  d^  cbofes  ^  ce  Poniife  n'en  eue  pa»* 


DE    TRENTE,  Livre    L  p 

•hardis  &  plus  ciirbulens  Et  ce  qui  leur  déplaifoic  davan rage,  c*cft  qu'ils  mdwi^. 
voyoicnc  ouvrir  une  porte  à  Tintroduftion  d  une  Réformation  qu'ils  avoient^'^^"'*^' 
en  horreur,  &  qu'ils  ne  pouvoicnt  éviter  fans  laiflcr  voir  qu'ils  étoient 
incorrigibles.  Mais  ceux  qui  étoient  portés  à  excufer  Adrien ,  actribuoient 
ce  qu'il  avoir  fait  au  peu  de  connoidance  qu'il  avoir  des  artifices  qui  fer- 
venc  à  Htaintenir  l'autorité  Pontificale ,  &  la  puifTance  d'une  Cour  qui  ne 
(t  ibutienr  que  par  fa  réputation.  C'eft  pourquoi  ils  louoient  la  prudence 
de  Lion ,  qui  avoit  fu  attribuer  la  mauvaife  opinion  qu'avoient  les  Alle- 
mands des  mosiiTs  de  la  Cour  de  Rome  au  peu  de  connoiflfànce  qu'ils  en 
«voient ,  &  qui  dans  fa  Bulle  contre  Luther  avoit  dit  ,  que  s'il  fut  venu 
i,  Rome  lorlqu'il  y  avoit  été  cité ,  il  n'y  auroit  pas  trouvé  les  abus  qu'il 
Véroit  figurés. 

XXVII.  D'un  autre  côté ,  les  ennemis  de  cette  Cour  en  Allemagne  in-     Diffinm 
terprétoient  en  mauvaife  part  cette  candeur  d'Adrien  \  Se  difoient  que  c'é-  fjfi^'»' 
toit  l'artifice  ordinaire   des  Papes  de  confefler  le  mal  &  d'en  promettre  le  ^.     J^' 
lemede  ,  fans  aucun  deflèin  de  rien  effèâuer  \  afin  d'en4ormir  les  fîmples,  ^^^^^  yj  1, 
de  gagner  du  tems,  &  cependant  par  les  intrigues  qu'ils  employoienc  auprès  y^uy^rf. 
des  Princes ,  fe  juftifier  de  manière  qu'ils  pudent  mieux  adervir  les  peu- 
ples ,  &  les  empêcher  de  s'oppofer  à  leurs  volonrés  &  de  parler  de  leurs 
défauts.  Ils  railloient  même  de  ce  que  le  Pape  difoit ,  ^  qu'il  ne  falloit  pas  ^  sidd.  L 
icncer  de  remédier  à  routa  la  fois  de  peur  d'empirer  le  mal  ,  mais  aller 4.^.^0. 
jnu  à  pas  \^^  &c  difoient  qu'en  eflèt  on  iroic  (i  bien  pas  à  pas  y  qu'entre  un 
pas  &  l'autre  on  mettroit  bien  l'efpace  d'un  fiècle.  Mais  les  gens  de  bien  p  .  P  P!^^^^' 
îi^ oient  plus  favorablement  des  bonnes  intentions  d'^^r/e/2 ,  qui  avoic  ^ 
toujours  mené  une  vie  exemplaire ,  tant  avant  fon  élévation  aux  Digni- 
tés Eccléfiaftiques ,  que  depuis  qu'il  avoit  été  fait  Evêque  &  Cardinal  \ 
&  les  bonnes  vues  qu'il  paroiflbic  avoir  dans  routes  fes  aâions  leur  faifoietil|t 
croire  vérirablement ,  que  c'étoit  très-fincerement  qu'il  faifoit  l'aveu  des  dé- 
sordres de  Rome ,  &  qu'il  étoit  difpofé  à  y  remédier  encore  plutôt  qu'il  n  V 
voit  promis.  L'événement  n'a  pas  donné  lieu  de  juger  le  contraire.  Car  la 
Cour  de  Rome  n'étant  pas  digne  d'un  tel  Pontife ,  Dieu  le  retira  du  mon- 
de prefquc  aufli-tôt  qu'il  eut  reçu  de  fon  Nonce  la  relation  de  ce  qui  s'étolc 

d&  &îrefi  librement  Yzyevt:  Se  pure  il  Pon-  prendre.  Se  qa*il  étoit  fi  inutile  de  cacher  ^ 
tefice  kaveva  quefii  concetti  3  parue  ch'egli  étant  auffî  connus  qa*ils  Tétoient. 
cperajffi  trappo  liberamente  inpublicarli  ml-  zi.  Et  difoient  qu'en  effet  on  iroitfibien 
ia  Dkta  ,  ed  6  egli  à  il  Nun^io  in  dame  pas  à  pas  ,  qu'entre  un  pas  O  l'autre  on 
fcrittura.  Mais  ce  que  cet  Ecrivain  con-  mettroit  bien  Tenace  d'un  fiècle.)  Cefk  zinG. 
damne  y  fie  approuvé  alors  par  tous  les  qu'en  parloit  Luther,  qui  cherchant  à  dé- 
gens de  bien  i  &  Ton  a  vu  qu*au  jugement  créditer  les  promelfes  du  Pape ,  quoique 
aOniqfhre ,  il  /  a  grand  lieu  de  croire  que  très  -  fincères ,  fit  des  Noces  fur  les  diffi- 
fi  Adrien  eut  vécu,  od*eût  travaillé  plus  rentes  panies  de  Tlnftrudion  qu'il  avoit 
utilement  pour  la  réconciliation  de  l'Aile-  donnée  a  fon  Nonce,  6c  les  publia  pour 
magne,  que  ne  le  firent  fes  fuccefleurs,  en  empêcher  l'effet,  comme  nous  l'am- 
en voulant  ou  difliaïuler  ou  juflifier  les  ]^enà  Sle^an,  Hoc  fcfiptum ,  dît  cet  Au- 
abus  que  l'on  avoit  tant  de  raifondere-  ceur,  Lutherus  poftfa  fermone popnlari  coU" 

H  z 


tfo         HISTOIRE    DU    CONCILE 

iKDxxtii.  fait  à  Nuremberg  ^S  étant  mort  ^  le  i  j  de  Septembre  de  l'année  mdxxtii. 
ApjmwVI,  Cependant,  qaand  on  eut  publié  le  Décret  de  la  Diète  de  Nurem- 
berg  avec  les  Réglemens  touchant  les  Prédications  &  rimpreûion  des  livres, 
1^  ^  ^'  la  plupart  n'en  tmrent  aucun  compte  y  mais  '  ceux  qui  y  croient  intéreflés , 
rSkicL  L.  ^^^  ^tholiaues  que  Luthériens,  ^4  Tinterprétèrent  en  leur  faveur.  Car 
4.  p.53.6cee  Décret  ordonnant  le  filencefur  tout  ce  qui  pouvoit  exciter  des  tumul- 
54*  tes  populaires ,  les  Catholiques  Tinterprétoient  comme  (i  Ton  de  voit  s'abf- 

Pallay.L.i.  ^^^  j^  prêcher  les  nouveautés  que  Luther  avoit  introduites  dans  la  doébi- 
Fleûry ,  L  ne ,  &  de  repretidre  les  abus  de  TOrdre  Ecdéfiaftique  ;  &  les  Luthériens 
ai9.N^5tf.  au  contraire  difoient ,  que  l'efprit  de  la  Diète  étoit  d'empêcher  qu'on  ne 
foutînt  ces  abus ,  dont  la  défènfe  faifbit  foulever  le  peuple  contre  les  Pré- 
dicateurs 9  qui  repréfentoient  comme  bonnes  des  cnofes  tout  i  fait  mau- 
vaifès.  Et  à  l'égard  de  cette  partie  du  Décret  qui  ordonnoit  de  prêcher 
l'Evangile  félon  la  doârine  des  Ecrivains  approuvés  de  l'Eglife  ,  les  Catho- 
liques entendoient  par  -  là  la  doârine  des  Scolaftiques  6c ,  des  Com« 
mentatCHrs  modqcnes  de  l'Ecriture  Sainte  :  mais  les  Luthériens  diibient 
qu'il  falloir  entendre  les  SS.  Pères ,  tels  que  S.  Hilaire  ,  S.  Ambroift ,  S. 
Augustin ,  S.  Jiromt ,  &  d'atures  femblables  ;  ajoutant ,  qu'il  leur  étoit 
même  permis  par  le  Décret  de  continuer  d'enfeigner  leurs  opmions  jufqu'à 
la  tenue  du  (Zoncile  ;  au-lieu  que  les  Catholiques  (butenoient  que ,  (èloo 
l'efprit  de  la  Diète,  il  falloit  continuer  de  prêcner  la  doâxine  de  l'Egliiê 
Romaine.  Ce  Décret  donc ,  loin  d'éteindre  le  feu  ne  fer  van  t  qu'à  l'allumer 
davantage ,  augmeiitoit  dans  les  perfonnes  de  piété  le  defir  d'un  Concile 
libre ,  par  l'efpérance  d'être  délivré  de  tant  de  maux ,  fi  les  deux  partis  vott« 
loient  bien  ^y  foumettre. 

vtrûty  &  additis  in  marginem  annotatîun'  dans  lefqaelles  il  tiroir  ce  Décret  en  (â  fa* 

culis ,  Ulud,  quod  Pontifex  au  pedetentim  vear.  Quum  dccrttum  illud  Impem  Nori^ 

çportere  procedi,Jtc  accipiendum  effe  dicii,  ,bergéfa6ium  alii  accipereai  ,  pUriqui  enam 

ut  finguU  pedcs  atque  paffus  intcrvallum  contemnerentyLuthems  dat'u l'ueris  ad Prin* 

habeant  aliquot  facuîorum^  &c.  cipes  rcveremer  &  magna  cum  voluptate  ft 

15,  Etant  mort  U  i^.  de  Septembre  de  Ugiffe  illud ,&  Ecclefia  quoque  If^ittember^ 

Vannii  mdxxiii.)  Fra-Paolo  s*eft  trompé  gtnji propofuïjfe  dicit       Hoc  itaquefcriptû 

en  iTurquant  le  1 5  •  poar  le  1 4 ,  qui  fut  le  fi  voluijfe  declarare ,  quomodo  iliud  acei^ 

véritable  jour  de  (à  mort,  comme  le  mar-  piat,  &:c.  Ced  donc  injadement  ,  que  le 

Cfl^OnuphrctxyuuKalendasOâobris^qui  Gard.  Pallavicin  prétend  que /r^i  • /^tftf/0 

dies  ExaltatétCrucitumfifluserat       Ro-  fe  trompe  fui  ce  point  ,&  que  les  Luthé- 

ma,  in  Vaticano  naturct  concejfit.  Guscàar-  riens  ne  pouvoient  pas  tirer  à  eux  ce  Re- 

din  marque  auffî   cette  mort  au  14.   La  ces.  Ceft  difputer  contre  un  hk  certain, 

méprife  de  Fra-Paolo  vient  apparemment  dont  il  eft  obligé  d*avouer  lui-même  la  vé- 

de  ce  qu'il  a  fuivi  Paul  love  &  Sleidan  ,  rilé,  L.  2.  c.  S.  Et  d*ailleun,  quoique  le 

(ans  autre  examen.  Décret  ne  favoriflk  pas  clairement  lesLo- 

•14.  Mais  ceux  qui  y  étoient  intérejfîs^  tbériens,  il  (uffifoit  pour  Tufâge  quils  en 

tant  Catholiques  que  Luthériens ,  Vinterpré-  faifbient,  que  les  tennes  en  fo/Tent  aflei 

tirent  en  leur  faveur,  )  Sleidan  le  dit  claire-  équivoques  pour  qu*on   pût  les  tirer  bien 

mentj  &  rappone  les  lettres  de  Luther  ,  ou  mal  en  divers  fèns. 


DE    TRENTE, Livre    L  6i 

XXVIII.  Adrien  ^^  eue  pour  fucceiTeuc  *  Jules  de  Médicis^  coufln  de  mdxxiix. 
Lion  X ,  qui  prit  le  nom  de  Clément  y  IL  Ce  Pape  donna  tout  d'un  coup  ^^^^^VL 
tous  its  foins  aux  troubles  d'Allemagne.  Et  comme  il  croit  fort  verfé  dans 
les  affaires,  il  vit  clairement  <\}x'Adrtcn  ,  contre  la  conduite  ordinaire  des  c/^J^T 
Papes  les  plus  prudens  »  avoir  été  trop  facile  à  confellèr  les  défauts  de  la  viL 
Cour  de  Rome  >  &  à  promectre  la  réformation  des  abus  »  &  qu'il  s'étoit  trop  #  Onupluv 
rabaifle  en  demandant  confeil  aux  Allemands  fur  les  meilleurs  moyens  de  ^^^^ 
cerminer  les  difputes  qui  s'étoienc  élevées  chez  eux:Que  par-là  il  s'écoit  atti-  ^^^  ^ 
fié  la  demande  d'un  Concile ,  chofe  d'une  confequence  dangereufe  >  fur-tout  spond^ad 
fi  c'étoit  à  condition  qu'on  le  tînt  en  Allemagne:Qu'enân  il  avoit  tellement  an.  15 15. 
selevé  le  courage  de  ces  Princes,  qu'ils  avoient  ofé  non-feulement  lui  en-  N^  15. 
.VQ/cr,  mais  encore  faire  imprimer  leurs  C(S/i/  Griefs  ,  Ecrit  injurieux  au  Guicciari 
Clergé  d'Allemagne ,  mais  beaucoup  plus  encore  à  la  Cour  de  Rome.  Après  ^ j  '^*   « 
avoir  bien  réfléchi  fur  tout  cela,  il  vit  bien  qu'il  étoit  néceilaire  de  don-  usTn^ 
ner  quelque  fatisfaâion  à  l'Allemagne^  mais  il  fe  réfolut  de  le  taire  de  105. 
jnanière  que  fon  autorité  n'en  reçût  aucune  atteinte ,  &  que  la  Cour  de 
Rome  ne  perdît  rien  de  fes  profits.  Voyant  donc  qu'il  y  avoit  bien  pluiieurs 
<le  ces  Griefs  qui  regardoient  Rome ,  mais  que  la  plus  grande  partie  con- 
cernoit  les  Evèques ,  les  Officiaux,  les  Curés ,  &  les  autres  Prèrres  d'Alle- 
magne \  il  fe  perfuada ,  que  (i  ces  derniers  abus  étoient  réformés ,  les  Alle- 
mands confentiroient  aifénvent  à  garder  le  filence  &  à  ne  pas  infifter  fur  ce 
qui  regardoit  la  Cour  de  Rome ,  &c  que  par-U  il  feroit  aiver/ion  à  la  de* 
mande  d'un  Concile.  Il  réfolut  donc  d'envoyer  fans  retardement  un  Légac 
^^  de  tète  &  d'autorité  à  la  Diète ,  qui  devoit  fe  tenir  dans  trois  mois  à 
Nuremberg  ,  avec  ordre  de  fuivre  exadcment  ces  vues  ;  &  fur- tour,  de 
feindre  d'ignorer  entièrement  les  propoficions  faites  par  Adrien ,  &  les  ré* 


if.  Adrien  eut  pour  fuccejfcur  JuUs  de 
Médias  ,  coufin  de  LéonX  «  qui  prit  le  nom 
de  Clément  VIL  )  Il  écoic  fils  de  Julien  de 
Médicis  nié  par  les  Pa^^^i  en  1 47  S ,  6c  d*a- 
ne  femme  qu'il  tenoic  alors,  les  uns  difent 
comme  concubine  ,  &  les  autres  comme 
ton  époafe.  Ce  qu*il  y  a  de  cenain  y  c'eft 
qa*on  Ta  regardé  plus  communémenc  com- 
me bâtard ,  (  FUury^L,  ii8.N°iof.)  quoi- 
que  fous  Léon  X,  il  fiic  déclaré  légitime 
par  une  fentence  rendue  à  Rome.  Il  fuc- 
oèda  à  Adrien  le  1 9.  de  Novembre  x  f  1 5  , 
après  un  Conclave  de  près  de  deux  mois  , 
où. les  fadions  furent  extrêmement  op^x>- 
fies ,  &  qui  ne  finirent ,  félon  Mcndo^e 
Let,  du  10.  d'Oâobre  1^48,  Se  Guicciar» 
din^L,  If.  que  par  une  convention  fimo« 
niaque  entre  lui  8c  le  Cardinal  Colomnt , 
ou  par  4a  crainte  que  ce  dernier  eut ,  félon 
Onufrt ,  que  Médicis  ne  fit  élire  le  Car- 


dinal Orfini  ennemi  capital  des  Colcmnes, 
Pallavicin  nous  dit  au  contraire  fui  des 
Mémoires  anonymes,  dont  il  ne  nous 
marque  ni  le  mérite  ni  l'Auteur ,  que  1  c- 
xaltation  de  Clément  fut  le  fruit  de  (à  mo- 
dédie.  La  charité  peur  nous  porter  à  le 
croire  :  c*e(l  dommage  qu'on  n*en  ait  point 
d  autres  preuves. 

i6.  Il  réfolut  donc  d'envoyer  fans  retard 
dément  un  Légat  de  tête  &  d* autorité  À  la 
Diète  ,  qui  devoit  fe  tenir  dans  trois  mois  à 
Nuremberg.  )  Il  avoit  d  abord  réfblu  de  vif 
envoyer  qu'un  Nonce,  &  ce  fut  Jérôme 
Rorario  l'un  de  fes  Camériers ,  qu'il  avoit 
choifi  pour  cette  fondion  ,  &  qu'il  fit  par-^ 
tir  d'avance  charge  d*un  Bref  particulier 
pour  l'Eledeur  de  Saxe.  Sleidan  Su  M. 
Dupin  font  envoyer  ce  Rorario  par  Adrien 
fV»  Tannée  d'auparavant.  Mais  Pallavi^îj^ 
prouve  que  c'efî  une  erreur,  &  que  ïet*^ 


6t        HISTOIRE    DU    CONCILE 

Moxxiii.  ponfes  qu'il  avoir  reçues ,  pour  ne  point  trouver  de  traverfc  à  fa  négocit* 
Clem.  vu.  jjqj^  ^  ^  A^^^  ^^  ^^^^  jg  rraiter  «/  in  rc  inugra. 

XXIX.  Laurtnt  Campegc  *7  Cardinal  de  S"  Anafia/ic ,  fut  celui  '  que 
C.mrd.Cmvà'  Clément  choifit  pour  cette  Légation.  Etant  arrivé  à  la  Diète ,  il  traita d'abood 
j>}gecnqua-  de  différentes  cnofes  avec  quelques  Particuliers ,  pour  faciliter  le  fuccès  de 
isûdeUg4t{z  négociation.  Puis  s'étant  préfenté  dans  rAffemblée  publique  ,  il  die  » 
À  U  Dthê  Qu'il  s  etonnoit  extrêmement ,  que  tant  de  fages  &  habiles  Pnnces  puflènt 
b  ATr  ^^^^^^  ^^  ^^^  abolît  des  rits  &  des  cérémonies  dans  lefquelles  ils  étoient 
çênduiu  ^^s  &  avoient  été  élevés ,  &  une  Religion  dans  laquelle  leurs  pères  âc 
dtmi  c$tu  leurs  ancêtres  étoient  morts  >  &  fans  confîdérer  que  toutes  ces  nouveautés 
D/V/e.  tendoient  à  faire  foulever  le  peuple  contre  les  Magiftrats  :  Que  le  Pape.» 
t  SlciA  L.  f^fjg  confulter  fon  propre  intérêt ,  **  mais  plein  a  une  compaffion  pareil 
^^'  ^^'  nelle  pour  les  maux  tant  (pirituels  que  temporels  de  l'Allemagne  »  &  les 
Pailâv.  L  périls  encore  plus  grands  dont  elle  étoit  menacée  >  l'avoit  envoyé  vers  eut 
1.  c.  lo,  pour  tenter  dV  trouver  quelque  remède  :  Que  ce  n'étoit  point  Tintentimi 
Spond.  âd  jç  5a  Sainteté  de  leur  rien  prefcrire ,  &  moins  encore  qu'on  lui  prefcrivîc 


1514. 


an. 
Fleiuy , 


▼oi  s*en  fit  par  Clément^  pai(qae  le  Bref  mîqae  »  que  celle  du  Gard.  P^ifvicMr  ji  qiy 
t'^*"^  *o  dont  il  étoit  chargé  pour  l'Eleâeiir  de  Saxe  taxe  fane  efpèce  de  Simonie  le  deilèia 
I  '  &  ^'  eft  du  mois  de  Décembre  1  f  1 5  •  Climem 
jugeant  enfuiie  qa*il  avoit  befbin  pour  cette 
Légation  d'une  perfonne  plus  ca^le ,  rap- 
pella  Rorario  ,  9c  envoya  le  Cardinal  Cam- 
pegc à  la  Diète  de  Nuremberg. 

1 7  •  Laurent  Campège  Card,  de  S  te  Ana' 


qu'avoient  les  Allemands  de  fe  rédimer  des 
vexations  de  la  Cour  de  Rome  ,  par  la 
crainte  qu'ils  lui  infpireroient  de  ne  point 
retourner  fous  fon  obéiflànce ,  ob  de  loi 
&ire  acheter  ce  retour  par  le  redreflêmenc 
de  leurs  Griefe  :  /Vr  lopiù  erano  rivolùà 


flafie  fut  celui  que  Clément  choifit  pour  cette    far  unafpecie  di  Simonia^vendendo  al  P api 


Légation,  )  Ce  Cardinal  >  Bolonois  d'origi- 
ne, avoit  été  d abord   Auditeur  de  Roce» 
puis  Nonce  en  Allemagne  vers  TEmpereor 
MaximiUen,  Il  fut  &it  Cardinal  par  Lion 
X  ,  puis  Archevêque  de  Bologne  &  Légat 
en  Angleterre ,  od  il  retourna  depuis  en  la 
même  qualité  pour  juger  de  la  validité  du 
mariage  de  Henri  VIIL  avec  la  Reine  Ca» 
therine  d'Arragon.    Dans   ces  diâérentes 
fbnébons  il  fit  paroitre  beaucoup  d'habile- 
té &  de  manège  ,  (ans  cependant  avoir  eu 
beaucoup  de  (uccès  dans  la  plupart  des  né- 
gociations dont  il  fut  chargé.  St%  mœurs 
même  ne  furent  pas  à  l'épreuve  des  mauvais 
rapports,  â(  Ton  mit  fur  fon  compte  en  An- 
gleterre différentes  chofes ,  qui  ne  font  hon- 
neur ni  à  fon  caraôère  ni  à  &  profelEon» 
18.  (^ue  U  Pape  9  fans  confulter  fon  pro- 
pre  intérêt ,  mais  plein  d'une  compaffion  pa- 
ternelle  pour  Us  maux  tant  fpiritueU  que 
temporels  de  l'Allemagne   -  l'avoit  envoyé 
\-£rs  eux ,  &c.  ]  C*eft  une  penfêe  aflez  co- 


la  ricupera^ione  délie  anime  âpre[[o  d'en^ 
trate  e  di  giurifdi^ioni  ritolte  alla  Chiefàm 
A  tout  prendre  cependant ,  rechange  étoic 
à  peu  prés  de  même  efpèce.  Us  redeman- 
doienc  autorité  pour  autorité ,  &  loin  de 
fe  croire  coupables  de  Simonie  dans  cette 
compenfàtion  ,  ils  fe  plaignoient  au  con- 
traire dans  leurs  Grieé  de  celle  de  Rome  ^ 
qui  vendoit  hautement  pour  de  l'argent  fës 
Bulles,  fes  Ab(blutions,  Ces  Indulgences 
&  fes  Difpenfes }  Se  qui  ne  fe  foucioit  du 
retour  de  ces  peuples ,  qu'autant  qu'on  ne 
toucheroit  point  a  ce  trafic  ipirituel.    Il 
n'étoit  donc  pas  trop  vériuble ,  comoie  le 
di(bit  Campège  ,  que  le  Pape  en  l'envoyant 
n'avoit  point  confulté  fon  propre  intérêt* 
S'il  n  y  avoic  eu  ni  Annates  ni  autres  pro^ 
fits  fpiriruels  &  temporels  à  recouvrer  par 
le  retour  de  TAlIemagne ,  il  eft  aflez  don-^ 
teux  fi  les  Papes  euffent  &it  autant  de  dé- 
marches qu'ils  en  firent  pour  fe  réconcilier 
ces  peuples. 


DE    TRENTE,  Litre    L  6) 

k  lai-fBeme  quelque  chofc  ;  mois  bien  de  concerter  avec  eux  les  moyens  les   mdxxiv. 
plus  propres  pour  remédier  aux  maux  -,  concluanr ,  que  s'ils  ne  répondoienc  C^^"-  VJ^- 
pa^au  zèle  de  Sa  Sainteté ,  il  ne  feroit  pas  raifonnable  d'en  rejetter  la  faute 
wx  ce  Pontife. 

»  L'Empbrsur  étant  encore  en  Efpagne  >  comme  on  Ta  dit ,  les  Prin- 
ces ^  après  avoir  remercié  le  Pape  de  fa  bienveillance ,  répondirent  au  Lé- 
gat 9  qu'ils  étoient  parfaitement  inftruits  du  danger  dont  les  menaçoit  le 
changement  de  doârine,  qui  étoit  arrivé  dans  les  matières  de  Religion  : 
Que  pour  cela  ,  dans  la  Diète  précédente  ils  avoienc  indiqué  au  Nonce 
èLAdmn  les  moyens  de  terminer  ces  différends ,  &  lui  avoienc  donné  par 
écrit  un  Mémoire ,  qui  contenoit  toutes  leurs  demandes  :  Qu'ils  croyoient 
que  ce  Pape  avoir  reçu  ce  Mémoire  ,  parce  que  fon  Nonce  leur  avoir 
promis  de  le  lui  remettre  :  Que  comme  tout  le  monde  étoit  inftruit  des 
Griefs  que  l'Allemagne  avoit  foufiferts  des  Eccléfiaftiques  »  puifqu'ils  les 
avoient  fait  imprimer  y  ils  avoient  attendu  pfqu'à  préient  qu'on  leur 
donnât  une  jufte  fatisfaâion ,  &  qu'ils  concinuoient  de  l'attendre  :  Qu'ainH , 
$*il  avoit  quelques  ordres  ou  quelque  Inftruéfcion  du  Pape ,  ils  le  prioienc 
de  vouloir  les  leur  communiquer  ,  afin  qu'ils  poflènt  en  délibérer  en- 
(èmble. 

-  A  CELA  le  Légat  répondit  ^  félon  llnflrudion  qu'il  avoit  reçue  :  Qu'il  vsicîi  t. 
ne  ikvoit  point  ^9  qu'on  eût  envoyé  au  Pape  ou  aux  Cardinaux  aucun  4.  p.  58. 
Mémoire  touchant  les  moyens  d'appaifer  les  troubles  de  la  Religion  ;  mais 
qu'il  les  afTuroit  de  la  bonne  volonté  de  Climtnt ,  qui  lui  avoit  donné  un 
plein  pouvoir  de  faire  tour  ce  qui  conduiroit  à  cette  fin  :  Que  c'étoit  â 
eux  de  montrer  le  chemin  y  parce  qu'ils  connoifibient  mieux  les  difpofitions 
des  hommes  &  les  maximes  de  leur  propre  païs  :  Qu'il  fa  voir  très-bien ,  que 
dans  la  Aiète  de  formes  l'Empereur  de  leur  confentement  avoit  pulnié 
contre  les  Luthériens  un  Edit ,  obfervé  par  les  uns  &  violé  par  les  autres  : 
Qu'il  ne  favoit  point  la  raifoa  de  cette  diverfité  de  conduite ,  mais  qu'il 
lui  paroifibir  qu'avant  toutes  chofes  on  devoit  délibérer  fur  les  moyens  de 
£iire  exécuter  cet  Edit  :  Que  quoiqu'il  ne  fut  pas  '  que  les  Cent  Griefs  x  Pallav.  L. 
cuflent  été  publiés  dans  le  deflèin  de  les  préfenter  au  Pape ,  il  favoit  qu'il  ^-  c*  ^<^* 
en  étoit  paiie  trois  exemplaires  à  Rome  adrefles  à  quelques  Particuliers  » 
dont  il  avoit  vu  un  :  Que  le  Pape  &  les  Cardinaux ,  qui  avoient  vu  aufii 

19.  ji  Cita  le  Lêgai  npondU'^-^  Qu'il  tîon  »  pour  traiter  plas  &vorabIement  avec 

'mfitpoit  point  qu'on  tût  envêyé  au  Pape  ou  les  Princes.  Ma  perche  l'ejfer  queftafcrit-^ 

aux  Cardinaux  aucun  Mémoirt ,  &c.  J  Ap-  tara  ufc'ua  aUeftanme  nmn permetteva  tal^ 

piiemmenc  que  le  Pape  &  (on  ligac  jn-  Ugame  imorania^fuimpofio  alLegato  che 

feoienr,  qae   le  menfbnge   étoit  pennis  ne  parL^e  corne  di  eofa  nota  al  Pontefice 

poQT  une  bonne  caafè.    Car  il  n*eft  pas  per  conu^^a  priitata  ,  Blc^  L&s  mzxivnts  àts 

dometix  que  les  Cent  Griefs  n'enflent  été  Politiques  ne  s*accordent  pas  toujours  avec 

Mifiés  i  cette  Cour  >  &  le  Oiidinal  Palla-  celles  de  la  droite  Morale  y  mais  c*eft  fur  les 

vicin  ne  nous  laide  pas  ignoref  que  Cam-  premières  que  PaUavicînz  cru  qu'on  excu- 

fège  eut  osdre  4e  diflimiilex  cette  lecep-  fexoit  la  conduite  de  CUnunt  ôc  de  Campège^ 


«4        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxiY  c^^  £^"^  »  n'a  voient  pu  fe  perfuader  qu'il  eût  été  drefTé  par  Tordre  des 
CLtM.  VII.  Princes  \  mais  qu'ils  a  voient  cru  que  c  ecoit  la  produâion  de  quelque  mal- 
'  intenrionné  pour  la  Cour  de  Rome  :  Que  quoiqu'il  n'eut  aucun  ordre  ou 

aucune  Inftruâion  fur  ce  point^>  il  ne  laillbit  pas  d'avoir  l'autorité  d'ea 
traiter  félon  qu'il  conviendroit  :  Que  comme  ^°  parmi  ces  demandes  il  y 
en  avoit  plu(ieurs  qui  dérogeoient  à  l'autorité  du  Pape ,  &  qui  fentoienc 
l'Héréfie  y  il  ne  tx>uvoit  pas  traiter  de  celles-là  ;  mais  qu'il  s'onroit  de  con- 
noitre  &  de  conrérer  de  celles  qui  n'étoient  point  contre  le  Pape  ,  &  qui 
paroiflbient  équitables  :  Que  s'il  reftoit  enfuite  quelque  chofe  X  traiter  avec 
ce  Pontife  >  on  le  pourroit  propofèr ,  pourvu  que  ce  fut  d'une  manière 
plus  modérée  :  Que  cependant  il  ne  pouvoir  s'empêcher  de  blâmer  qu'on 
*  eût  imprimé  &  publié  ces  Griefs ,  ce  qui  lui  paroiflbit  pouflèr  les  choies 
trop  lom  :  Qu'il  étoit  certain  que  Clément^  qui étoir  le  Pafteur  univerfel  » 
feroit  tout  pour  l'amour  de  l'Allemagne  ;  mais  que  fi  on  n'écoutoit  point 
la  voix  du  Pafteur ,  il  ne  reftoit  autre  chofe  à  faire  au  Pape  &  à  lui  >  qu'i 
prendre  patience  ,  &  à  remettre  tout  entre  les  mains  de  Dieu. 

Q  u  o  I Q  u'  I L  ne  parût  pas  yraifemblable  à  la  Diète ,  que  le  Pape  &  le 
Légat  ignoraflènt  ce  qui  s'étoit  traité  avec  Adrien ,  &  qu'on  jugeât  bien 
qu'il  y  avoit  de  l'artifice  dans  les  répoufes  du  Cardinal  \  cependant,  comme 
on  defiroit  de  trouver  quelques  expédiens  heureux  pour  pacifier  les  trou-* 
blés  d'Allemagne ,  on  députa  quelques  Princes  pour  négocier  avec  lui.  Mais 
on  ne  put  en  obtenir  qu'une  promefle  de  faire  une  bonne  réforme  dans  le 
Clergé  d'Allemagne^  Car  pour  ce  oui  regardoit  les  abus  de  la  Cour  de 
Rome  9  on  ne  put  le  faire  condefcendre  à  rien  ;  parce  que  quand  on  le  met- 
toit  fur  ce  chapitre ,  ou  il  difoit  que  c'étoit  une  Héréfie  que  de  reprendre^ 
ces  abus ,  ou  il  renvoyoit  au  Pape  pour  en  traiter  avec  lui. 
br  eoncirt      ^^^*  ^  ^  Légat  dreflà  donc  une  forte  de  Réformation  pour  l'Allemagne* 
Mvcc  qtêel-  ^^\s  comme  elle  ne  regardoit  que  le  bas  Clergé ,  on  jugea  que  non  feule- 
qnes  -  uns    ment  elle  fomenteroit  le  mal ,  comme  font  toujours  les  remèdes  rrop  doux, 
d(^  Princes  mais  qu'elle  fcrviroit  encore  â  accroître  davanrage  l'autorité  de  la  Ôour  de 
&  desEye^  Rome  &  celle  des  grands  Prélats  au  préjudice  des  Puiflànces  temporelles  • 
pofi  éUssr  ^  quelle  ouvriroit  la  porte  a  de  plus  grandes 


ticUs  tU  ré-' 
formmion* 


5  e.  Que  comme  parmi  ces  demandes  il  y 
en  avoit  plujieurs  qui  dérogeoient  à  tautO' 
rite  du  Pape  ,  6»  qui  fentoient  VHérifie  ,  il 
ne poHvoii  traiter  de  celles  -la  ,  &c.  ]  Il  eft 
vrai  que  parmi  les  Ceru  Griefs  il  y  en  avoit 
plaCeurs  qai  tendoient  à  reirerrer  Tautorité 
da  Pape  dans  Ces  jades  bornes ,  &  à  fap- 
primer  beawcoap  de  charges  onéreofes  à 
la  Nation  ,  par  Talent  qu'en  tiroit  la  Cour 
de  Rome.  Ce  font- la  tes  demandes  qui, 
au  jugement  du  Ltgit ,  fintoient  VHérifie. 


exaâions.   On  regardoit 

d'ailleurs 


Mais  ces  demandes  n^  fentoient  VHérifie 
qu*à  Rome  \  &  par^toot  ailleor^  ôo  les  a 
jugées  fort  Catholiques ,   &  uniquement 
propofces  pourjreirancher  des  abus  utiles  à. 
cette  Cour ,  qui  eut  pu  aidment  ramener* 
les  peuples,  fi  elle  eût  eu  plus  à  cœurlea* 
intér^s  de  la  Religion  que  les  fiens  pio*' 
près,  puiiquonne  sjfbulevoit  point  con*. 
tre  Tamonté  du  I^tpe,  mais  fimfiieraenc. 
qu'on  ne  vouloit  pas  en  fttxt  opprimé. 

ji.  Le  * 


DE    TRENTE,  L  I  VRE    I.  6^ 

fl'knieurs  cette  Réformation  comme  un  jeu  de  la  Cour  de  Rome  ,   pour  J*^^'^^^: 
éluder  raircnce  de  l'Allemagne ,  &  la  réduire  fous  une  plus  grande  fervi-  ^^^"-  ^^^ 
Çttde.  De  forte  que  quelque  preflantcs  &  quelque  fortes  que  fuffènt  les 
inftances  que  fit  le  Légat  pour  la  faire  accepter  ,  elle  fut  rejettée  ;  comme 
îjetta  de  fon  côté  toutes  les  propofitions  qui  lui  furent  faites  par  les 


il  rejetta 

Péputés  de  la  Diète.  Voyant  donc  y  'qu'il  étoit  impoilible  de  rien  conclure j' Pallav.  L. 
avec  lui ,  la  Diète  fit  publier  fon  Rccès  le  1 8  d'Avril ,  avec  un  Décret  qui  ^  *r^^ 
portoit  :  Que  le  Pape ,  du  confentemcnt  de  TEmpercur  ,  intimeroir  au-    "  ^'^     ^ 

Îlutôt  un  Concile  liorc  en  Allemagne  en  quelque  heu  convenable ,  &c  que 
ts  Etats  de  TEmpire  s'a(tèmbleroient  à  Spire  le  1 1  de  Novembre  fuivanr  > 
pour  y  déterminer  ce  que  Ion  auroit  à  faire  en  attendant  l'ouverture  du 
(Concile  :  Que  cependant  chaque  Prince  dans  fes  Etats  feroit  recueillir  p^ 
{cns  pieux  &  favans,.lc$  matières  que  Ton  y  devoir  examiner  :  Qu'enfin 
es  Maglftrats  prendroient  foin  que  TEvangile  fût  prêché  felon  la  dodrinc 
des  Ecrivains,  approuves  par  lEglife  i  &  de  faire  fupprimer  toutes  les  pein- 
tures &  libelles  aiffamatoires  faits' contre  la  Cour  de  Rome. 

L  B  Légat  ayant  ïépondu  à  tous  les  chefs  du  Décret ,  &  montré  que  ce 
p'étoit  pas  aux  Laïques  à  rien  ordonner  fur  U  Foi  »  la  Do(%rine  ^  &  la  Pré- 
dicarioi» ,  fe  chargea  à  l'égard  feulement  de  la  demande  du  Concile  y  d'en 
£ûre  fon  rapport  au  Pape. 

.   A  u  départ  des  Princes  après  la  conclufion  de  la  Dicte ,  le  Légat  fit  înftan- 
çe  auprès  de  ceux  qui  croient  les  plus  attachés  à  Rome ,  de  s'aflembler  entre 
eux  pour  faire  publier  la  Réfôrmatiôn  que  la  Diète  avoit  rejectée.  En  con- 
icQuence,  *  Ferdinand  frèvt  de  l'Empereur,  le  Cardinal  Archevêque  de  xSlcîd.L 
Safczbourg  3  «  ,  deux  des  Ducs  de  Bavière ,  les  Evêques  de  Trente  &  de  Ra-  4-  P-  ^2- 
tîsbonne  ,  51  &  les  Agens  de  neuf  autres  EvêquQs  aflcmblcs  avec  le  Légat  à^â"*^'L««- 
Ritisbonne ,  y  firent  un  Décret  le^de  Juillet,  qui  portoit  :  Que  l'Aucm-^  "'^  ^ 
hléc  de  Nuremberg  ayant  ordonné  que  le  Décret  de  Worms  contre  Luther  ^^  15^^* 
f&t  exécuté  autant  qu'il  fe  pourroit ,  ils  vouloient ,  à  l'inftance  du  Cardinal  N''  6. 
Campigc  Légat  du  Saint  Siège ,  que  ce  Décret  fut  obfervé  dans  tous  leurs  Flcury ,  L. 
Etats  &  Domaines  :  Que  les  Novateurs  fuflcnt  punis  félon  la  forme  du  '^^'^  '5* 
Décret  :  Que  l'on  ne  changeât  aucune  chofe  dans  la  célébration  de  la  MeiTè  ni 
dans  l'adminiftration  des  Sacremens  :  Qu'on  punit  les  Moines  &  les  Religieu- 
fcs  qui  apoftafioient ,  les  Prêtres  qui  fe  marioient ,  &  ceux  qui  recevoient 
TEnchariftie  fans  fe  confellèr»  ou  qui  mangeoienr  des  viandes  défendues  : 
Enfin  que  ceux  de  leurs  Sujets ,  qui  étoient  alors  dans  l'Univerfité  de  ^it- 
temberg,  eudènt  à  en  fortir  dans  trois  mois  pour  revenir  chez  eux  y  ou  aller 
étudier  ailleurs. 

L  E  lendemain  7  Juiller ,  le  Cardinal  publia  les  Règlemens  de  Réforma- 
lion  qu'il  avoir  dreflTés ,  *  &  qui ,  après  avoir  été  approuvés  de  tous  les  Prin-  ^  Pallav.  L. 
ces  de  cette  Affemblée ,  furent  accompagnés  d'un  ordre  de  les  faire  publier ,  1.  c  11. 

Slcid.  L.  4« 
)!•  Le  Cardinal  Archevêque  de  Sab^'    Savoir  de  Bamberg,  de  Spire,  de  Seras- p^  ^^^ 

iourg.  ]  Cétoit  le  frère  du  Duc  de  Bavière,    bourg ,  d'Ausbourg  ,  de  Confiance  ,  de  Ba- 

^t.  Elles  Agens  de  9.  autres  Evêques.  ]    le^  de  fii£ngcie,  de  Brixen ,  &  de  Paflàv*  / 

T  o  M  £  L  I 


fa 


éé        HISTOIRE    DU    CONCILE 

^^t^-xxrr,  recevoir ,.  &  obfervcr  dans  tous  leurs  Etats.  Dans  le  préambule  cle  ces  Règle*^ 
Clim.  Vil.  njçns  le  Légat  y  difbit  :  Que  comnne  il  importoit  extrêmement  pour  excir- 
>er  lHércnc  de  Luther ,  de  réformer  la  vie  &  les  mœurs  du  Clergé ,  il  avoir 
fait  des  Décrets ,  de  l'avis  des  Princes  Se  des  Prélats  aflemblés  avec  lui  ;  Se 
qu'il  ordonnoit  à  tous  les  Archevêques ,  Evêques ,  &  autres  Prélats  >  Prêtres 
&  Réguliers  >  de  les  recevoir  &  publier  dans  toutes  les  Villes  &  les  Eglifès. 
n  Ces  Règlemens  contenoient  xxxvii  Oiapitres  ^  fur  le  vêtement  Se  la 
manière  de  vivre  des  Clercs ,  Tadminidration  gratuite  des  Sacremehs  &  des 
atttfes  fpndtions  Eccléfiaftiques ,  les  Feftins  ,  la  Fabrique  ^es  Eglifes  y  la 
collation  des  Ordres ,  la  célébration  des  Fêtes ,  &  les  Jeûnes.  Il  y  en  avoit 
aufli  quelques-uns  contre  les  Prêtres  qui  fe  mar ioient ,  )4  contre  les  perfon* 
ncs  qui  communioient  fans  fe  confeufer  ^  contre  les  Blafphéroateurs ,  les 
Sorciers ,  les  Devins  »  &  autres  de  cette  nature.  A  la  fin  on  commandoit  aux 
Evêques  de  tenir  tous  les  ans  leurs  Synodes  pour  faire  obferver  ces  StatutSj 
avec  pouvoir  de  s'adreflèr  au  bras  féculier  pour  faire  punir  ceux  qui  les  tran& 
grefferoient* 
D^t  lis     ^^  publication  ^  de  ces  Règlemens  oiFenfa  tous  les  Princes  &  les  Evêques 
Mutres  fe    qui  n'y  avoient  pas  voulu  confentir  dans  la  Diète  ;  Se  ils  en  furent  maoyaif 
fUignent ,  gré  non  feulement  au  Légat ,  mais  auflî  à  tous  ceux  qui  s'étoient  aflèmbiéf 
érMtxquils  j^yg^  jyj  ^  Ratisbonne ,  regardant  comme  une  injure,  qu'il  eût  voulu  avee 
)entpss%'  P^^  ^^  perfonnes  faire  un  Règlement  général  pour  toute  l'Allemagne ,  fur- 
fititMttrê.    tout  après  qu'on  lui  avoir  repréfenté  qu'il  n'en  pouvoit  arriver  aucun  bien* 
b  Flcury,  L.  '  f  Ils  trouvèrent  auffi  très-mauvais ,  qu'un  petit  nombre  de  Princes  &  d*£  vê^» 
it^.N*^#.  ques  fe  fut  attribué  l'autorité  d'obliger  toute  la  Nation  contre  l'avis  des  au- 
tres. ^^  Ils  fe  plaignoient  encore,  que  dans  cette  Réformation  le  Légat  avoir 

)  )•  Ces  Règlemens  contenoient  xxxtit.  magînoit  pouvoir  £ûre  des  Règlemens  qui 

Ckapitres,  &c. J  Notre  Aateur  Ct  trompe  fur  obligeaflênc  toute  la  Nation. 

le  nombre ,  car  il  n'y  en  avoir  que  xxxv.  ^6,  Ils  fe  plaignoient  encore  ,  que  —  h 

^^.  Contre  les  perfonnes  qui  communioient  Légat  avoit  négligé  les  chofes  importantes 

fans  fe  confejfer.  ]  Ily  avoit  aoflî  un  arti-  -     pour  ne  pourvoir  qu'à  de  ligers  aSus.  J 

cle  contre  ceux  qui  ne  (è  confeflbient  &  ne  Pallavicin  «  adêz  convaincu  de  la  juftice 

communioient  point  à  Pâques.  de  cette  plainte ,  demande  poux  Téloder , 

)f.  Ils  trouvèrent  auffi  très.-^  mauvais  ^  s'il  n'eft  pas  d'un  habile    Médecin,  pour 

qu'un  petit  nombre  de  Princes  &  d' Evêques  guérir  les  mîiladies  ^de.  commencer  par  les 

fe  fut  attribué  tautorité  d'obliger  toute  la  lemçdes  les  moins  forts.  Cçft  avouer  la 

Nation  contre  F  avis  des  autres,  ]  Pallavi-  juftice  du  reproche , .  que  de  n'y  oppofef 

cin  ,  qui  cherche  moins  à  faire  lUiftoire  qu  une  telle  répopfc  5  fie  juïlifîer  Fra  -  P^ra- 

du  Concile  de  Trente ,  qu'à  trouver  de-  lo ,  plutôt  que  de  le  réfuter.  On  ire  dif- 

quoi  cenfurer  dans  celle  de /><x-Ptf 0/0, dit,  convient  pas  au  rcfte,  que  ces  Réformes 

L.  t.  c.  II.  que  le  nombre  de  ces  Princes  ne  fuflent  néceliâires.  la  queftion  eft,  fi 

n'étoit  pas  petit  en  comparaifon  du  tout,  elles  éooient  importantes  ,  U  û  cellqs  que. 

Xlais  une  AfTemblée  où  Ton   ne  voit  au-  l'on  avoit  demandées^  êi  aqxquelles  le  I^*^ 

cun  des    Eleéleurs ,  ni  beaucoup  d'autres  gat  ne  touchoit  point  dans  ces  articles ,  ne 

Princes  &  Evêques  de  l'Empire,  pouvoit  l'éçoient  pas  bien  davanta^.  Ceftfbrqôoi 

(tfe  regardée  comme  peu  confidérable ,  &  il  fialloit  répondre  >  fie  Pallavicin  ne  le  ftir 

«tine  voit  pas  pat  qttetttâutitfiié  aile  s V  pas.        •      - 


DE    T  RE  NTE,  Livre    L  éy 

a^igé  ks  choies  importantes  >  cx)mme  s*ii  n  y  avoir  Ca  tien  ï  y  réformer , 
pour  né  pourvoir  <ju  a  de  légers  abus  :  »7  Que  ce  n'éroienc  pas  ceux  du  bas  Cl-«*«,  Vit 
Clergé V  quifaifoicnt  foufl&ir  l'Allemagne,  mais  les  £YêqiÛQ3.&  les  Pxélats """■'■■■"^ 
par  teursè  usurpations  »  èc  plus  encore  la  Cour  de  Riome  par/es  vexations  ei«- 
odffives  :  Que  néanmoins  le  Légat  avoir  gardé  fuci  tielÂ;le  filence^  comme 
ficoitt,  éroit  mieux  réglé  que  dons  la  prtmi^ve.Eg^iië  :  Et  qu'à  l'égard  mîœe 
dû  bat  Qei^ ,  on  n'y  touchoît  .pas.  aux  principaux  afcus^  iliais  aux  moil^ 
dicf  »  ce  qui  étoit  en  quelque  ibrte  approuver  les  autres  s  &  tjue  cciix 
■tèinft»  qa'oa  reprenoit  etoient  jderaeorés  fans  remède  y  parce  qukm  fe  ûoù^ 
tentoic  de  les  indiquer ,  fans  y  appliquer  les  moyetis  néctiflaires  pour  les 
g^iif  • .     '      . 

Jf  M  A  is  It  Légat  .&  \c%  Princes  afiemblés  avec  lui  fe  mtttoieût  peu  en 
pttne  de.ce  qpél*on  djifoitien  AUemagœ^.ik  moins  encore  des  fuites  delà 
M^pltcatiott  dei»!  Règlemens;  paiDœ  qu'ils-jneiè  «ptopoibiestt 'en  .cela  t^uedê 
2bnn6r  auelque  fattsfaâbn  au  Pape  i, . Se  îque  le  Pape  navoit  d'antre  vue  * 
<|ae  de  nire  croire  t]a'tl  avoir  tellement  pourvu  aux  abus.»  çu'il  n'^toit  plus 
«ttbÎQ  de  Concilie,  i*^  Car  Clhmnt^  quî^it  tràs-ton(bmmé  dansJes   '^  ' 


.      1  ^        • 

Clii^  jfiùfififouat.fouj^^    t Allemagne ,  .,^i.Jllms.Ic  L^at&  Us  Princes — fi 

mus  Tes  Evequis  &  tçs  Prélats  par  leurs  mettoientpeu  enfeùie  de  ce  gue  Ton  dijfoie 

É/lupàïions,  &  plus   ehcore  là  Cour  de  in  ASiMpit',  &' SHOinS  encore  des  faiUs 

KOmà  ;  Sec.  ]  Les  grands  abus  venaient  faits  de  ta  ipMtcntiok  de  tes  Réfjkmens  ,  &c.'] 

Mfee  Jes  Prélats  Bt  de  la  Cour  de  Kome ,  ^Pall^icùî  tnice  ^ela  de  calôomie  ;  mais  les 

de . Aoa  du  tias  Gergé ,  qui  n'écoit  ni  aflèe  e&cs  jjuftifient  wSèi  ;  Fra  -tPaolà^  pusfijae 

lidke  ni  aflèt   poi&nt   pour  aflervir.  ltq$  }*on.ne.v6it  pas. qu*ond«t  aucun  compc^ 


peuples ^    Bç  dont  les  Princes  pa; 'conflf-  ds  ces  Réglemens  en  aucun  endroit,.  & 

^œnt  n'avtfient  rienâ  craindre  poar4ear.  aue  n'étant  poii^t  confirmés  par  l-auroiicé 

pmflance.  Quoique  ces  derniers  aSus  fiT*  des  Etats  dé  VEnipirey  ils  ne   pouvoîent 

lèht  psmie  dé  ceux   dont  les  Allemands  avoir  d*aUtoriiè ,  quatitant  que  chacun  Voa- 

ilttnénc  demandé  le  redreflen^ent ,  ee  n'é-  loit  teur'iéndonher.  D*aiiIeois«  conrméon 

létëticpas  ceux  dont  4a  réformatibn  lent  oohriniiai'jfeplaikidre  desr^mèfiMîs  aVus^^jH 

wnDÎt  ;fi  fiirt  à  conm  Ce  qui  les»  dagri^.  eft  vifibiis  C]ue  ler:&égleiniens  de  Cawpèije 

n'Mt»  (coic  de  voit  lesexadHon^  ônéreufès  afoientpeu  fervi  à  ie^  réformer. 

4a  Ja  ^Côur  de  Hotnei»  la  ténalicé  de  t6u<-  .       39.  Car  ÇUment  ^  avoit  toujours  foi^ 

tas  i«s  cfaôfes  fpixitaelles  ^.Ilauroiité  que  le  tcuu  du  vivant  même  d'Adrien  ,  que  dofts 

Pape  &  les  Ëviques  prenoient  dans  les  af-  les  conjonthires  préfentésTc  ConcSc  étoit  une 

fitifët  temporelles  s  ces  domaines  immen-  c^ofe perniciéi/fe  yScc]  Ce  fut  téujotufs  À 

_  lès  qu'ils  avoient  acquis ,  &  qui  en  &i-  penfïe  de   Clénûm  >  jcrfqu'à   la  fin  de  â 

ftietat   bien  moins  des  Evtques  que  des  viei&c'eft  ce^o*il  marqua  einertûÀent 

Princes  s  cette  lurifdiétion  temporelle  dont  à  l'Empereur  C harles- Quint ,  lor(que  pref* 

id  laïques  avbient  écé  dépouillés  ipout  eh  ft^r  œ^ince^liilèmUèr  le'<}Diicile,.ît 

revêtir  le  Clergé;  cei  Immunités  ^ceffi^  lui  répondit  «n  Xrf$^«  que  dans  les  con- 

iftg \qm  fnfoient  des  EccléfiaftiquiâB  autant  joaâxaés  ôulron \fe  trouvoit,t  la.choT^  iid 

4e Sujets  tndépendans ,  Se con^me  une So"  paroiiE)it tris -Tdângeoeufé :^x0nkper  Je 

ciété  tout  à  frit  diiUnguée  dé  l^ti«.  Voilà  nmlame  délia  CÂi^  non  vkà'  pèùfakAife 

te  grands  abus  &  la  t3!rrannie  dont'fe  fû'-  -medieamehtù  d'unCoucdia^ortunûmente 

fgnoienrJes  Allemands ,  iSt  iqooi  Icsl^le-  -eoHgnféttOi  ^  c^aon  v'^^firvêhnocpiMp^ 

I  2 


6Î        HIS^TOLRE    DU    CONCILE 

wxxv.    res  d'Etat ,  ^  avoit  toujours  fourenu  du  vivant  même  à' Adrien  y  que  daiir 
Clêm.  vil  Jç5  conjonûurcs  préfentes  le  Concite  étoit  une  chofe  pernicieufe  ;  &  il  avoit 
^  --..-.  ....  ttaiteroit 

^  lus  perni' 
autrefois  la 

ïleury  y  L.  'leflonrce  des  Papes  étoit  de  recourir  aux  Côndles ,  â  préfènc  la  fureté  d» 

xi5.N®3i^Pontificat  confiftoit  i  les  éviter  :  d'autant  plus  que  Lion  ayant  déjà  con- 

.'damné  la  doâxine  de  Luther  y  on  ne  pou  voit  retoucher  cette  matière  dans 

onConcile»  ni  ly  ibumettre  à  un  nouvel  examen  >  fans  mettre  encore  ei» 

doute  l'autorité  du  Si^  Apoflolique» 

I/Empermr      XXXI.  L' Empereur  ^  ayant  reçu  le  Décret  de  Nuremberg ,  en  rf- 

étéfsfrûm/êytRoiffïti d\i reSzm'utxtnt y  croyant. que  c'étoit  montrer  peu  d'égard  pour  fx 

ie  Décret  de  Diffiité  y  que  de  rendre  fans  (a  participation  une  réponfe  fi  poficive  i  iav 

^j^i^'A  T  ^"^^  étranger  fur  une  affaire  cle  fi  erande  importance.    Il  n'agréoic  pas; 


^       d'ailleurs  qu'on  eût  rendu  un  Déaet  n  ferme ,  prévoyant  bien  qu'il  dépfai- 

Fleury  /l.  ^^^^  ^^  ^^P^  >  ^^'il  vouloit  tenir  attaché  à  fes  intérêts  y  i  caufe  de  la  euerre 

119.  N^ij.  qu'il  avoit  alors  avec  ta  France*  Il  en  écrivit  donc  *  aux  Princes  >  &  fe  plai-< 

#Pallav.  L>gnit,  qu'ayant  condamné  tous  les  livres  de  Luther  y  la  Diète  fe  fût  reflrainte 

X.  c  10.      >[|^  condamnation  des  feiils  tibeltes  diffamatoires.  Mais  il  trouva  bien  plus 

mauvais  encore ,  qu*ils  euflènt  fait  un  Décret  pour  la  tenue  d'un  Concile 

en  Allemagne  y  &  e^0eht  chargé  le  Légat  d'en  traiter  avec  le  Pape ,  comme 

fi  cela  n'appartenoït  pas  au  Pape  &  à  lui-  mtme ,  plutôt  qu  a  eux  i  Que 

s'ils  aoyoïent  qu'un  Concile  dut  êtte  fi  utile  à  l'Allemagne  ,  ils  devoicnc 

bien  s'adredèr  à  lui  pour  en  faire  la  demande  au  Pape  :  Qu'en  recosnoiflànc 

lui-même  l'utilité ,  c'étoit  bien|fon  defiein  d'en  faire  tenir  un  *,  pourvu  que 

ce  fut  dans  un  tems  ou  dans  un  lieu  ,  où  il  pût  fe  trouver  en  peribnne  : 

Qu'à  l'égard  de  la  nouvelle  Afiemblée  qu'ils,  avoient  indiquée  a  Spire  pour 

y  régler  les  affaires  de  Religion  jufqu'au  Conciîe ,  il  ne  pouvoir  y  confen- 

tir  y  mais  qu'il  falloit  obéir  au  Décret  de  Vormes  ;  6c  qu'il  ne  vouloît  point 

qa*on  traitât  d'aucune  affaite  de  Religion  >  jufqu'au  Concile  qui  £eroit  smcm- 

"  V  blé  par  l'ordre  du  Pape  &  le  fien.  Ces  lettres  de  l'Empereur ,.  plus  impériea- 

{es  que  celles  qu'avoit  coutume  de  recevoir  l'Allemagne  de  fes  prédécef- 

feurs  y  excitèrent  des  mouvemens  afièz  dangereux  dans  l'efprit  de  pliifieurs 

Princes»  dont  Tagitarion  ièmbloit  devoir  &  terminer  à  quelque  chofe  de 

fâcheux.  Mais  cène  agitation  fè  diffipa ,  Se  l'année  mdxx y  fe  pafla  fans  aUf^^ 

cune  nouvelle  négociation  fiir  cette  afEiire. 

fSlcii.  L.      40  Car  en  Allemagne  ^  la  révolte  dc&Paîfans  contre  les  Princes  &  les  Ma- 

4.  p.  6^46»  j      r 

PalIav.L.i.  1^^^  ^^mi  CcnciUo  eeUirato  întemffieitn  61  (on  (îicceflêar,  uni  étoit  fiur  ce*  pbîot 

^  ^            cîftêfian^i^  fer  cui  ella  venga  difirdinaea.  ^lans  des  idéei  afTez  (emblabies. 

PftllaT.  L.    fr  c.    f,  AvdTi  malgré   toutes  ^o.  Car  en  AtUmagnc  la  révolte  des'Paï^ 

les   inilances  qni  Loi  forent  faites  pont  af-  /anr  contre  les  Princes  &les  Magifirats  ^  & 

Icmbler  le  Concile  ,  ce  Pontife  fit  fi  bien  la  guerre  des  Anabaptifies  ,  y  occupèrent  tout 

qu'il  réluda  jofiju'à  (a  mon  i  &  il  fallut  en-  k  monde,  ]  Elle  cooimença  en  Souabe  aa 

coxe  bien  des  annies  poory  &iie  coofenr  mois  de  Novembre  x{L4>  par  la.  létaltr 


DE    TRENTE,  Livre    I.  69- 

rtrats,  &  la  guerre  àzs  Anabaptifics  ^  y  occupèrent  tout  le  monde;  4»  &  mdxxvi/' 
fuccès  8  de  la  bataille  de  Pavie  en  Italie  &  la  prife  de  François  L  Roi  de  ^^^**-  ^*'- 
France ,  augmentèrent  tellement  laucorité  de  TEmpereur ,  qu'il  fe  crut  en  . 

état  de  donner  la  loi  à  tous  les  Princes,  Mais  il  eut  aflcz  à  faire  i  fe  pré-^        ' 
cautionner  contre  les  Ligues  que  firent  plufieurs  Puiflances  contre  lui  >  &  Belcar.  L. 
â  terminer  les  négociations  qui  fe  firent  pour  la  délivrance  du  Roi  de  1 8. 
France.   Le  Pape  ^  d'ailleurs  voyant  l'Italie  fans  dcfenfe  à  la  difcrétion   h  Pallav. 
des  Miniftres  Impériaux,  penfbit  à  lui-même,  &  à  s'allier  avec  d'autres Ibid. c  13. 
Princes  qui  pulTent  le  protéger  contre  TEmpereur  ,  dont  il  avoit  pris  om- 
brée par  la  crainte  de  fa  puiHknce ,  qui  mettoit  le  Pontificat  même  â  fa 
difcrétion. 

XXXIL  L'an  mdxxvi,  on  reprit  les  mêmes  négociations  en  Allé-  VieuveUi 
magne  &  en  Italie.  En  Allemagne ,  4^  les  Etats  de  l'Empire  ^  s'étant  a(Tèm-  DiéteàSpi^ 
blés  k  Spire  fur  la  fin  du  mois  de  Juin  ,  on  délibéra  par  ordre  exprès  de  '''  *  ^^  ^^ 
l'Empereur  ,  fur  les  moyens  de  conferver  la  Religion  Chrétienne,  &  ^^ ^i^êndf^ "^ 
anciennes  pratiques  de  l'Eglife,  &  de  punir  les  tranfgreflcurs.  Mais  comme  ^7^^^^ 
les  avis  étoient  li  difFérens  qu'on  ne  pouvoir  rien  conclure ,  4}  les  Miniftres  U  Keligim 
de  l'Empereur  firent  lire  fes  lettres ,  où  il  di(bit  qu'il  avoit  réfolu  de  pa(îèr/>/9«'^  l^ 
en  Italie ,  &  d'aller  à  Rome ,  tant  pour  y  recevoir  la  Couronne  Impériale ,  Jî**"..'** 
que  pour  y  traiter  avec  le  Pape  de  la  convocation  du  Concile  ;  Que  pour  /s^y  r 
cecie  raifon  il  défendoit  qu'on  ftatuât  aucune  chofe  contre  les  Loix ,  les  Ce-  y.  p.  g^^ 
remontes,  &  les  anciens  Ufages  de  l'Eglife ,  &  qu'il  vouloir  qu'on obfervât 
la  formule  de  l'Edit  de  NTormes ,  &  qu'on  prît  un  peu  de  patience  jufqu'à 
ce  qu'il  eût  traité  avec  le  Pape  pour  la  tenue  d'un  Concile  ,  ce  qu'il  feroic 
bien-rot  ;  parce  que ,  traiter  des  affaires  de  Religion  dans  une  Diète,  faifoic 
plus  de  mal  que  de  bien. 

44  L  A  plupart  des  Villes  répondirent  :  ^  Qu'elles  avoient  un  extrême  dcfîr  k  sUli.  t, 

^.  p.  8^. 

lies  Païfans  contre  le  Comte  de  loupfiew:  C'eft-à-dîre  le  if  ,  félon  SieiJan.  i^^o 'Jdi  ^ 

Seigneur,  Se  produifo  une  infinité  de  gucr-         45.   Les  M'miftres  de  l*  Empereur  firent    ^^'      ^** 

ses  le  de  meonres  en  Allemagne.  lire  fes  lettres.  ]  Ecrites  de  Sé?ille  le  x  5  •  dei 

41.  Lé  fuccès  delà  bataille  de  Pavie  e/t  Mars  ifi6» 
Italie.  ]  Où  François  /•  fut  fait  prifbnnier         44.    La  plupart  des  Filles  ripondirenti 

Je  %y  de  Février  de  I  an  i  ;  i  f  ,  félon  Guic-  &c.  ]  Outre  la   léponfe  que  rappone  ici 

tiardin.  Mais  Du  Bellai  Se  Beaucaire  di-  Fra-Paolo  ,  les  mêmes  Villes  préfentèrenc 

(txii  le  14  ,  &  leur  témoignage  eft  préféra^  le  4  d'Août  un  autre    Ecrit  aux  Princes  , 

ble  à  celui  de  Guicciardin.  M.deTAou,  dont  notre  Auteur  ne  ^t  point  de  men- 

L*    I.  N^  II.   s*eft  groHièrement  trompé  tion,  oïl  elles  demandoient  Tabrogatio» 

en  marquant  cet  éTènenient  au  1  ^,  de  Jan-  des  Fêtes  &  de  la  diOinélion  des  riandes  , 

YÎei ,  mais  il  j  a  apparence  que  c*eA  moins  la  réduâion  des  Moines  &  de  leurs  im" 

une    faute   de  l'Auteur  que   du  Copiftc  y  munités  ,  6c  une  défenfe  à  eux  de  recevoir 

paifqo'il  ajoute  que  c  ctoic  le  mênie  jour  des  fucce(Eons  &  des  Legs ,  la  permidlon 

auquel  tonaboit  la  naifEince  de  Charles  ,  qui  à  chacun  de  fuîvre  fes  propres  cérémo* 

étott  Yérirablement  le  14.  de  Février.  nies  julqu^à  la  tenue  du  Concile ,  flc  la  li- 

4a.  Les  Etats  de  r Empire  sUtant  affem-  berté  de  la  prédication  de  TEvangilef  Steid^ 

Uis  â  Spire  fur  la  fin  du  mois  de  Juin,  }  L»  $r 


70  HISTOIRE    DU    CONCILE 

uBSxn.   de  complaire  &  d*obéir  à  TEmpereur  ;  mais  qu'elles  ne  voyoienc  pas  le  mioTeii 
CtiML  VH.  ^g  £j^^g  çg  qjj»j|  jç^P  denaandoic  par  fes  lettres ,  parce  que  les  controverfes 
""""""""""^  i  aaementoienc  de  jour  en  jour ,  particulièrement  au  fujct  des  Rits  Se  éo$ 
Cérémonies  :  Que  u  par  le  paffë  on  n'avoir  pu  obfenrer  le  Déaec  de  Vormcs 
pat  la  crainte  de  quelque  fédicion  ,  elle  étoic  encore  plus  â  appréhen- 
der maintenant  ^  conuneon  Tavoit  montré  au  Légat  :  Que  fi  l'Empcrear 
étoic  préiènt  lui-même  »  ou  mieux  informé  des  chofes ,  il  n'en  jogeroic  pas 
hacrement  qu'eux.  Quant  à  la  promeflle  que  Sa  Majefté  leur  faifbit  de  pro- 
curer U  tenue  d'un  Concile ,  cnacun  difoit^  que  rfimptreuc  eut  pu  l'e&c*- 
taer  dans  le  tems  qu'il  avoit  écrit  fes  lettres  »  parce  qu'alors  il:écoit  en  •bonne 
intelligence  avec  le  Pape  *,  mais  que  depuis  s'étanc  brouillés  l'un  l'autre  »  A:* 
le  Pape  ajrant  armé  contre  lui  >  on  ne  vojoic  pas  comment  daiis  dbtte  cQn« 
)0nâuce  on  potirroic  en  afTcmbler  un.  C'cft  pourquoi  quelques>-uns  propo^r 
'   ibieac  qne  pour  remédier  aux  périls  ^oi  les  menaçoient ,  TEmpereuc  fur 
Tupplié  de  convoquer  on  Concile  National  en  Allemagne  ;  &  s'il  ne  goû- 
roic  pas  cet  expédient ,  de  trouver  bon  an  moins  que ,  pour  prévenir  les 
créditions  dangèreufes  qui  pourroient  arriver.,  on  diifèrât  1  exétution  de  l'Edic 
de  Vormes ,  jufqu'à  la  tenue  d'un  Concile  Général.  Mais  les  Ev^ues ,  qu» 
h*avDient  pas  d'autre  vue  que  de  conibrver  leur  autorité  »  difûîent  qu'en  mâ«- 
tîèrede  Religion  on  devoir  s'abftenic  de  rien  régler  pendant  que  l'Empereuc 
&le  Pape  feroient  en  difcordo ,  ôc  qa'il  falloir  renvoyer  tout  à  un  tems  plus 
&vorabie. 

Cette  diverfké  d'opinions  fit  naStre  une  fi  grande  diflènfion  entre  lei 

Eccléfiaftiqu^  8c  ceux  qui  penchoient  pour  la  doâxine  de  Luther  y  qu'on 

fiit  fur  le  point  de  voir  naître  une  guette  civile  ^  &  plufieurs  des  Princes  te 

l  Sleid.  L.  difpofoient  déjà  à  partir.  Mais  Ferdinand  ^  Se  les  autres  Miniftres  de  l'EnH 

<;p;  %6.     péteur  »  qui  prévoyoient  les  niaux  qui  atrrveroient  a  la  Diète  fe  foin^ic 

Spood,  «d  dans  cette  animofité ,  &  fi  les  Princes  fc  féparoicnt  fans  qu'on  eût  fait  aucun 

aflu  1 5  ft^    Décret ,  parce  qu'alors  chacun  eût  agi  félon  les  di£férens  intérêts  qui  le  pouf*. 

^'       feient»  au  péril  de  divifer  ir-réconciliablement  l'Allemagne ,  s'appliquèrent 

jfivec  tant  de  iuccès  à  ramener  les  e^its  des  Chefs  de  chaque  Parti ,  qu^  k 

fin  on  convint  de  faire  un  Déârfcc  ^  x^ui  ;  <}aoiqu'tl  ne  fôt  pas  conforme -aux 

intentions  de  l'Empereur,  taifibrc  Voir  cependiant nne' appartoce  d'obéiflancè 

1  fes  ordres ,  &  de  concorde  entc^  les  Etats.  U  pûttbit  en  fubftan<:e  :  Que 

comme  il  écoit  nécenfaire  pour  remettre  Tordre  dans  les  affaires  de  Rel^ioh  % 

6c  maintenir  la  Liberté  »  de  tenir  un  Concile  légitime  en  Allemagne ,  ou* 

dr'en  procurer  un  Univerfel  avant  le  terme  d'une  année ,  on  envoieroit  des 

Amoaffadeurs  à  l'Empereur ,  pour  le  prier  de  regarder  avec  compaffion  l'état 

mifcrable  &  tumultacux  dt  1  Empire ,  &  de  retourner  au-plûtèt  e*i  Alte-^ 

lïiagne  pour  le  faire  tenir  :  Et  qu'en  attendant  l'un  où  l'autre  de^  Cohcitc^ 

nécedaires ,  les  Princes  &  lés  Etats  dans  leurs  Provinces  &  leurs  Gouvôrrfe- 

mens  eu(!ènt  à  fe  conduire  fur  le  fait  de  la  Religion  &  de  TEdit  de^oriKLès.» 

de  manière  qu'ils  pudcnt  rendre  compte  de  Uorsaâions  d  Diea'&  à  TËm- 

pereur. 


DE    TRENTE,  Livre    I.  71 

XXXIII.  Cependant  Clément ,  qui  avoir  paflTc  toute  Tannée  précé-    mdxxvx. 
dente  dans  de  continuelles  frayeurs ,  s'imaginant  tantôt  voir  Charles  i  Rome    ^^'  ^^^ 
les  armes  à  la  main  s'emparec  de  TEtat  Ëccléfiaftique  >  &  rentrer  en  pofleffion  •"■■■^— 
de  certe  partie  de  l'Empire  que  les  Papes  fcs  prcdccefleurs  avoient  acquife     ^^/nenê 
par  leurs  artifices  »  tantôt  le  voir  dans  un  Concile  mettre  des  bornes  à  1  au-  ^   /£  f  * 
tocité  des  Papes  fur  TEglife ,  fans  quoi  il  n'eut  pas  cté  poûible  de  diminuer  retirfeUzue 
leur  autorité  temporelle  ;  plein  de  foupçons  d'ailleurs  de  ce  que  tous  les  avec    U 
Miniftres  qu'il  avoit  envoyés  en  France  pour  traiter  avec  la  Reine-Mere  &  France ,  eJ» 
le  Gouvernement  écôient  péris  en  chemin ,  commença  enfin  à  refpirer  fur  ^f^-^^^«* 
la  fin  du  mois  de  Mars  ^^  lorfqu'il  eut  appris  le  retour  de  François  L  en  ^refs^ 
fbn  Royaume.  Il  dépêcha  en  diligence  une  perfonne  pour  le  féliciter  de  fa  QharUs  T. 
délivrance  ,  &  conclure  en  même  tems  une  Ligue  avec  lui  contre  l'Em- 
pereur. 4«  Elle  fut  fîgnée  à  Coignac  le  12  de  Mai,  entre  lui ,  le  Roi,  &  les 
Princes  Italiens ,  &c  fut  appellée  la  Sainte  Ligue  \  Se  le  Pape  47  délivra  le 
Roi  du  ferment  qu'il  avoir  prêté  en  Efpagne  pour  la  fureté  des  conditions 
dont  il  y  étoit  convenu  avec  l'Empereur.  Le  Pape  alors  délivré  de  la  crain- 
te ,  qui  étoit  fa  difpofition  dominante ,  fe  crur  en  pleine  liberté.  Et  comme 
il  étoic  fort  irrité  de  quelques  Réglemens  faits  en  Efpagne  &  dans  le  Royau- 
me de  Naples  au  préjudice  de  la  Cour  de  Rome ,  &  plus  encore  "^  de  ce  que  ^  ^  • 
dans  le  même  tems  un  Notaire  Efpagnol  avoit  eu  la  hardiedè  de  fe  trouver  datd.!.  17, 
3  la  Rote ,  &  de  défendre  publiquement  au  nom  de  l'Empereur  d  deux  Néa-  n  PalUv. 
politains  de  plaider  davantage  devant  ce  Tribunal ,  il  fe  réfolut  de  montrer  ^-  ^-  ^*  ^  ^ 
du  reflentiment  pour  animer  fes  Confédérés.  Il  écrivit  donc  ^  à  l'Empereur  ^P^°**-  ^^ 
le  1;  de  Juin  un  Bref  fort  lonp  en  forme  d'invedkive,  où  après  avoir  rap-  N%.Guic* 
pelle  toutes  les  grâces  qu'il  avoir  faites  à  ce  Prince ,  tant  lorfqu'il  n'écoitciard.  L17. 
^e  Cardinal ,  que  depuis  fon  Pontificat ,  6c  les  grands  avantages  qu'il  avoit  f  ieurv ,  L, 

4^  »  Lorfqu'il  eut  appris  U  retour  de  Fran-'  du  12,  &  c'eft  par  conféquent  la  vérita- 
fùis  L  en  France,  ]  Sa  délivrance  avoir  été    ble. 

(Bpalée  par  fe  Traité  de  Madrid  conclu  le         47.  Le  Pape  délivra  le  Roi  du  ferment 

14.  de  Janvier  lyiés&le  18. de  Mars  fui-  q^^il  avoit  prêté  en  Efpagne  ,  Sec.  ]  C*eft 

vant  il  fit  échange  avec  Tes  deux  enfans}  une  étrange  prétention  dans  les  Papes  j  de 

<]ai  iîirent  donnes  en  otage  pour  la  fureté  un  aveuglement  incroyable  dans  les  Prin- 

de  l'exécution  du    Traité.    Guiçciaidin  ,  ces,  de  croire  c]ue  l'autorité  d*un  Pape  efl 

l^.j6.  marque  mal  a  propos  ce  Traire  au  allez  grande  pour  délivrer  quelqu'un  de 

14.  de  Février,  en  quoi  fl  a  été  fuivi  par  Tôbligation  de  garder  un  ferment  jufte  S^ 

Biducaire  L.  18.  de  fes  Mémoires,  &  par  fait  félon  les  règles.  Rien  neft   plus  con- 

le  Oontinoaceur  de  M.  Fleury.  Mais  il  efl  traire  aux  loix  de  la  Morale  &  au  maintien 

vtfible  par  le  &ecueil<  Diplomatique,  que  de  la  Société.   Si  le  ferment  eft  injufte , 

le  Traité  avoit  été  dgné  le  14.  de  Janvier,  il  eft  nul  de  fa  nature  >  mais  s'il  eft  jufte  » 

4^.  EUt  fut /ignée  à  Coignac  le  la.  de  par  quel  droit  le  Pape  en  peut-il  difpen- 

Mai ,  entre  lui  ^  le  Roi  y  &  les  Prirtccs  lia-  kr  ?  Les  Princes  n  ont  (ans  doute  &it  fem- 

liens.  ]  Quelques-uns  de  nos  Kiftoricns  blanc  de  le  croire,  que  lorfquil^  ont  jugé 

mtttent  la  '•fignaiore  de  ce  Traité  au  17,  qu'il  y  avoit  pour   eux  de    l'avantage   à 

U  Bèaucairg  au  X3,  fixto  Idus  Maias.  rompre  leurs  engagemens  >  9l  ce  fon^  de 

Mftis  dans.k  Recueil  des  Traités  de  Paix  ces  opinions  fondées  fur  rimérât,  ft  non 

il  poTM  Goiqroe  dans  Fra^PaolQ  la  date  for  Ja  nicitié. 


71  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MoxxTi.  refufés  des  autres  Princes  pour  entretenir  fon  amitié  »  il  £e  plaignolc  cTen 
Clim.'  vil  avoir  été  fort  mal  récompenfe ,  puifque  TEmpcreur  n  avoit  ni  répondu  i-toa 
"  ' '  affeâion ,  ni  tenu  les  promeffcs  qu'il  lui  avoir  faites  j  mais  au  contraire* 
qu'il  lui  avoit  infpiré  beaucoup  de  foiipçons ,  fait  beaucoup  d'injures ,  Se 
excité  des  guerres  en  Italie  &  ailleurs.  Après  un  détail  de  tous  ces  griefs , 
6c  des  maux  dont  il  rejettoit  toute  la  caufe  fur  l'Empereur ,  6c  après  boau-^ 
coup  de  plamtes  des  injures  faites  a  la  dignité  du  Saint  Siège  par  les  Loix 
faites  en  Efpagne ,  &  la  Pragmatique  publiée  i  Naples  contre  la  liberté 
Eccléiiaftique  &  Thonneur  du  Saint  Siège»  il  conduoit  enfin  y  non  par  des 
menaces  d'excommunication  félon  la  coutume  des  Papes ,  mais  par  une  pro- 


jufti 

Saint  Siège ,  de  prendre  des  armes  juftes  &  fàintes  contre  lui ,  non  dans  le 
deflèin  de  l'ofTenfer ,  mais  pour  pourvoir  au  falut  conunnn  &  à  fa  propre 
dignité. 
#slcid  L.6.  ^^  lendemain  ^*  de  ^expédition  de  ce  Bref,  ^  le  Pape  en  écrivit  un  au- 
p.  88.  ^ce  fans  faire  mention  du  premier  >  où  il  difoit  en  fubllance  :  Que  pour 
PaUav.Li.  maintenir  la  liberté  de  l'Italie  ,  &  détourner  les  maux  dont  le  Saint  oiège 
^;  <5*  écoit  menacé ,  il  avoit  été  contraint  de  prendre  des  réfolutions  qu'il  n'eue 
pu  n^liger  fans  manquer  au  devoir  d'un  bon  Pape  &  d'un  Prince  équitable  : 
Oue  u  l'Empereur  vouloit  ap[>orter  aux  maux  préfens  le  remède  convenable» 
comme  il  lui  étoit  facile  ,  utile  >  &  glorieux  ,  la  Chrétienté  feroit  délivrée 
d'un  grand  danger  ,  comme  fon  Nonce ,  qui  réfidoit  auprès  de  lui  »  le  lui 
expoieroit  plus  amplement  :  Qu'il  le  prioit  donc  au  nom  de  Dieu  de  l'écou- 
ter &  de  pourvoir  au  falut  public ,  6c  de  contenir  dans  les  bornes  de  la  jus- 
tice les  paflîons  effrénées  des  Hens ,  afin  que  les  autres  puflent  être  en  fureté 
de  leurs  vies  &  de  leurs  biens.  Par  ces  dernières  paroles  le  Pape  taxoit  prin- 
cipalement le  Cardinal  Pompée  Colomne  ,  Vefpajîtn ,  Jfcagne^  6c  quelques, 
autres  de  la  même  famille  qui  tenoient  le  parti  de  l'Empereur ,  &  qui  fe  fen- 
tant  appuyés  parle  Viceroi  de  Naples,  s'oppofoient  perpétuellement  à  tour- 
tes {ts  vues.  Et  ce  qui  l'intriguoit  davantage,  ceft  qu'il  appréhendoit  encore 
qu'ils  ne  lui  fufcitaflent  de  l'embaras  au  fujet  du  Pontificat.  Car  le  Cardinal 
Cohmne  ^  ^>  homme  hardi  6c  faftueux ,  ne  pouvoir  s'empccher  de  dire  tout 

publique- 

48.  Le  lendemain  de  V expédition  de  ce  che fiijfe  troppo  acerho  ,  ne  feriffe  fuhiiomn 

Bref,  te  Pape  en  écrivit  un  autre  ,  &c.  ]  ahropiù  manfueto, 

PéUlavicin  pr^end  »  fur  les  recherches  de  49.  Car  le  Cardinal  Colomne  — — •  mt 

Contelori  y    qa*il    ne  fut  (igné  que  deux  pouvoii  s'empécker  de  dire  tout  publique^ 

jours  après,  c'eft-à-dire  >  le  if •  Guicciar-  ment ,  que  Clément  étoit  parvenu  au  Por^ 

din ,  fans  marquer  le  jour  du  fécond  Bref,  tificatpar  des  voies  illégitimes ,  &c.  ]  Guù^ 

dit  iknplement  qu'il  fut  expédié  aufH-tôt  ciardin ,  L.   if.  dit  quil  avoit  promis  à 

«prêt  rtunre  t  Ma  parendogUpoi  che  rheb*  Colomne  par  un  billet  (igné  de  (a  main  de 

terojpedito ,  (  c*efl-à-diie ,  le  preoiieiBref  )  le  faire  Yicechancelier  de  TEglife  Romfi*. 

ne. 


DE    TRENTE,L  i  vre   L  7? 

publîqatniCDC ,  que  Clément  étoir  parvenu  au  Pontîftcat  par  des  voies  illé-    mdx 
gkiinef ,  &  relevoic  avec  fafle  tout  ce  que  k  Maifon  Colomnc  avoit  fait  ^'*^  VM 
contre  les  autres  Papes  intrus  &  illégitimes ,  comme  il  les  hommoit.  Ilajoa^     , 
toit,  que  c'^oit  une  fatalité  attachée  à  (a  Maifon ,  cl*èrre  haïe  par  les  Papes 
tyranniques,  comme  à  eux  d'être  reprimés  par  les  Celomms  \  &  menaçant 
Climtnt  dun  Concile ,  il  folUcitoic  les  Miniftres  de  l'Empereur  de  le  ré- 
ibudre  à  ie  convoquer.  Le  Pape  P  non  feulement  irrité  de  fes  difcours  ^  tnais*  f  Gale* 
afaffi  pottF  prévenir  fes  menaces ,  pubKa  un  rigoureux  Monitoire  contre  lui ,  ciard.L  i;^ . 
où  il  raxoir  ouvertement  le  Viceroi  de  Naples,  &  obliquement  TEmpe-  P****^'^-*'* 
tfeur  ;  &  il  cita  le  Cardinal  à  Rome  fous  des  peines  &  des  cenfures  très  griè-^  ^^ 
ves*^  Mais  comme  le  fuccès  des  armes  îi'étoit  pas  heureux  en  Lombardie  » 
que  les  troupes  de  France  tardoient  trop  à  venir  ;  que  TArmée  Chrétienne 
avoit  été  défaite  en  Hongrie  ,  &  le  Roi  Louis  tué  ;  que  le  nombre  des  Sec- 
tateurs de  Luther  fe  Aiultiplioit  de  jour  en  jour  en  Allemagne ,  &  que  tout 
le  monde  fouhaitoit  un  Concile  pour  rétablir  1  union  entre  tous  les  Chré- 
*  cions^ mettre  fin  à  tant  dedèferdres)  il  crut,  pour  s'accommoder  au  tem^ 
devoir  changer  de  mefures. 

S' B  r  A  N  T  doBC  d*abord  réconcilié  avec  les  Colorants ,  5c  ayant  révoqué 
le  Monitoire  publié  contre  le  Cardinal ,  4  il  rint  un  Confiftoire  le  t  j  de  q  Gole^ 
Septembre ,  où  daAs  un  lonç  difcours  il  déplora  les  mifères  de  la  Chrétienté  «ard.L.17. 
&  la  mort  du  Roi  de  Hongrie ,  attïibuanc  tous  ces  malheurs  à  la  colère  de  ^«"T»^" 
Dieu ,  provoquée  par  les  péchés  des  hommes.  Puis  avouant  que  les  dérègle-    '^ 
mens  de  l'Ordre  Eccléfiamque  étoient  ta  fource  de  tous  ces  maux  ,  il  mon- 
tra la  néceflité  qu'il  y  avoir  d'applaifer  la  colère  divine ,  en  commençant  » 
comme  il  dit ,  par  la  maifon  de  Dieu  i  &  ajouta ,  qu'il  vouloir  en  donner 
kii-mème  l'exemple  en  fa  propre  perfonne.  Il  excufa  enfuité  fon  armemenr> 
&  fa  conduite  contre  les  Colomncs  ,  &  exhorta  les  Cardinaux  à  la  réforme 
de  leurs  mœurs ,  jdifant  qu'il  vouloit  aller  lui-mèmetrouver  tous  les  Prin- 
ces, pour  ménager  'une  paix  univerfelle  ,  &c  qu^il  pcrdroit  plutôt  la  vie, 
que  de  fe  -défifter  de  -cette  entreprife ,  jufiju  à  ce  qu'il  l'eût  conduite  â  un 
heureux  fuccès.  Que  moyennant  la  grâce  de  Di^  >  il  efpéroit  fermement 
voir  fes  defirs  heureufement  accomplis  :  Et  que  sV  pouvoiten  venir  â  bout, 
il  étoit  réfolu  de  convoquer  un  Concile  Général,  pour  éteindre  les  divifions 
de  TEglife ,  &  étouffer  les  Héréfîes.  L'on  publia  ce  difcours  à  Rome  &  par 


Ae ,  &  de  lui  donner  le  Pïlais  qui  lui  ap- 
partenoit  à  Rome  :  //  quale  per  una  cedo- 
la  di  mano  propria  fegretiffimamcnte  glipro- 
mcffe  rC/fficio  dtUa  Viciscanccllana  che  ri- 
fùdeva  inperfona  fua,  col  Pala[7^o  fontuo- 
Pffit^ ,  il  quale  edifieato  giâ  dal  Car^ 
Hinale  di  San  Giorgio  era  ftato  conceduto 
À  lui  dal  Pomtfice  Leone.  On  ne  voit 
point  cependant,  qae  dans  les  Manifeftes 
que  les  Colonines  pablièienc  contre  Clé- 
TOM£   I« 


ment ,  on  fît  mention  de  cette  promeflè 
Simoniaqtie ,  comme  Ta  obfervé  PaUavi^ 
cin^  L.  1.  c.  10.  Mais  c'étoic  peut-être 
parce  que  Pompée  Colomne  ne  vouloit  pas 
paroitre  coupable  lui  -  même  d'une  con- 
vention (t  criminelle^  Car  Mendoie  yJ^m^ 
baflàdeur  à  R^ome  fous  Paul  III y  donqe 
la  chofe  comme  publique,  dans  fa  lettre 
du  lo  d*p«aobre  154^,  &  Onuphre  lie 
le  diâîmale  pas  dans  la  Vie  de  Climeat, 

K 


74         HISTOIREDUCONCILE 

vnxxvi*  coûte  l'Italie ,  ôc  Ton  en  fit  courir  beaucoup  de  copies  y  mais  quelque  foin 
Clem.  vil  quç  priflent  fes  partilans  de  le  louer ,  J<»  il  y  eue  peu  de  perfonnes  qui  rc* 
—"■"""  gardaflcnt  fes  paroles  comme  fincères. 

r  Pallav.  L.     Son  Nonce  '  en  Efpagne  ayant  préfenté  fes  deux  Brefs  à  PEmpereur  i 
1.  c  1 3.      un  jour  l'un  de  l'autre ,  excita  différentes  penfces  dans  le  Çonfcil  de  ce  Prin- 
ce. Quelques-uns  penfoient  que  Clcmtnt  avoir  écrit  le  fécond  pour  adoucir 
l*aigreur  du  premier ,  donc  il  fe  repentoic  s  ce  qui  leur  faifoic  croire  qu'il 
ne  ralloic  pomr  en  moncrer  de  redencimenc.  Ec  ce  qui  fonifioic  cec  avis> c'eft 
que  le  Nonce  avoic  répandu  un  bruic ,  qu'avec  le  fécond  bref  il  lui  écoir  veno 
un  ordre  de  renvoyer  le  premier ,  s'il  n'avoir  pas  encore  été  préfenté.  Mais 
les  plus  fenfés  iugeoient ,  que  n'y  ayant  qu'un  jour  d'incervalle  enrre  txok 
ic  1  aurre  ,  il  eue  été  facile  au  Pape  ,  s'il  fe  fut  repenti  >  de  faire  prévenir  le 
premier  Courier  par  le  fécond  :  Que  d'ailleurs  il  n'y  avoic  point  d^appacen- 
ce  >  qu'un  Prince  aufli  prudent  que  lui  fe  fût  déterminé  à  raîre  d'une  mif 
nière  aufli  aigre ,  fans  y  avoir  bien  réfléchi  auparavant  v  ce  qui  donnoicliea 
de  croire  que  ce  n'étoic  qu'un  artifice  de  Clément  »  oui  vouloit  faire  une  ' 
forte  de  proteftation ,  qui  demeurât  fans  réponfe.  U  rot  donc  réfblu  que 
pour  lui  rendre  le  change  ,  l'Empereur  â  fon  imitation  répondroit  au  pre- 
mier Bref  en  des  termes  plus  durs  »  &  au  fécond  on  jour  apr&  en  un  ftyle  pin» 
cbux ,  &  femblable  à  celui  du  fécond  Bref  :  ce  qui  fut  exécuté. 
Hifùàfiéè     XXXIV.  Le  17  de  Septembre  *  l'Empereur  écrivit  donc  une  lettrç  apo- 
TEmfirek^  logécique  de  vingt-deux  feuilles  en  papier  Impérial ,  «que  Mercure  Gaeti-- 
^  ^^'.f^*^''  ^^^^  préfenca  coûte  ouverte  au  Nonce  >  &  donc  il  lui  fît  ta  leâure  »•  après 
*  H*L        *  ^ûoi  iï  J*  cacheta  en  fa  préfence ,  &  la  lui  remit  pour  la  faire  cenir  au  Pape. 
Pallav. Li.  ^*^'^  s'y  plaienoic  d'abord  :  Que  le  procédé  du  Pape  à  fon  égard  ne  con- 
CI).        venoic  pas  a  celui  d*un  véritable  Palpeur,  &  ne  répondoit  pas  au  refpeA 
Fleury  >  L.  Ûial  qu'il  avoir  toujours  eu  pour  le  Saint  Siège  &  la  perfonne  du  Pape  i  Se 
'3^*  ^^'^^  que  les  louanges  qu'il  fe  donnoit  à  lui-même»  le  forçoient  lui  Empereur  ». 
qu'il  taxoit  d  ambition  &  d'avarice  >  de  faire  voir  fon  innocence.  Puis  re- 
prenant lliiftoire  de  tout  ce  qui  s'étoit  pa(Ie  du  cems  de  Lion  Se  à* Adrien  » 
&  fous  le  Pontificat  mêtne  de  Clemcm ,  il  montroit  qull  n'avoit  eu  que  de 
bonnes  intentions  dans  toor  ce  qull  avoit  fait ,  qu'il  n'avoit  fait  que  ce  qu'il 
avoic  été  contraint  de  faire ,  &  que  le  Pape  étoic  la  caufe  du  mal  qui  ecoir 
arrivée  U  rappellpit  enfuite  les  fervices  qu'il  avoit  rendus ,  pour  leK[uels  il 
n'aVoit  reçu  de  Clément  que  de  mauvais  traitemens  en  diveries  occamms.  Es 
il  conduoit  enfin  en  difanc  qu'il  ne  défiroir  rien  davancage  que  la  tranquil- 
lité publique  >  une  paix  générale  »  &  la  jufte  liberté  de  l'Italie  :  Que  fi  le 

f  o.  Ity  eut  peu  de  perfonnes  qui  regar-  Fît  udïta  eon  grande  attentîene  &  etiandlà 

dafintfis  paroles  comme  fincires.  ]  C'eft  ce  con  non  minore  compajjiùne  lapropofiadet 

cpLt  tVinoigne  Guicciardîn^  en  noasdifiint  Pontefice  &  commendata  moho  ;   ma  fa^ 

atie  les  GÎrdinauz  ibrenc  fore  toacbés  de  rehhe  fiata  anche  commendata  moka  pià  » 

(on  difcoars  «  mais  qn*îls  renflent  été  da-  fe  le  parole  fue  haveffero  havuta  tanta  fir^ 

vantage ,  slls  euflènt  pu  7  ajouter  foi  :  de,  fuanta  in  fe kavevano  dignità. 


DE    TR  EN  T  E,  Livre-  I.    •  7;^ 

Pape  la  (buliaitoic  autant  q^c  lui  »  il  4e voit  mettre  bas  les  armes >  î<  &  re-  jiiu>^:pc;nfi- 
.  mettre  l  epce  de  S.  Pierre  d^ns  le  fourreau  ;  après  quoi  il  feroit  aifc  de  tra-  ^^^**'  ^• 
vailler  à  la  paix ,  &  de  s*a{>pliquer  à  éteindre  les  erreurs  de  Luther  Se  des    ■ 
autres  Hérétiques  j  en  quoi  iji  le  tcouyeroit  toujours  un  fils  très-obéi0ant. 
Mais  que  fi  Sa  Sain{;etc  en  agidbit.auQcement  »  ilproteftoit  devant  Dieu  Se 
devant  les  hommes  >  ^ue  1  on  ne  pourroit  lui  attribuer  les  malheurs  qui  en 
Dourroient  arriver  à  U  Chi;étienté  :  Que  s'il  plaifoit  à  Sa  Sainteté  d'écouter 
nvorablement  fes  bonnes  &  juftes  raifons,  il  oublieroit  entièren^ent  les  in- 
jures qu  il  en  avoit  reçues  :  Mais  que  fi  Elle  continuoit  d'armer  contre  lui , 
ce  qui  nétoit  pas  faite  l'office  d'un  Père  &.d'un  Pafteur ,  mais  d'un  Aggref- 

uftificat 
unique 
iburce  à  laquelle  il  pût  avoir  recours  :  Que  cependant  il  l'exhortoit  au  nom 
de  Dieu  d'afligner  un  lieu  fur  &  propre  pour  cette  Adèmblée  ^  &  de  la  te* 
nir  dans  un  tems  convenable  ;  parce  que ,  vu  la  confuHon  où  fe  trouvoiept 
i*Eglife  &  la  Religion  t  pour  pourvoir  i  fa  propre  fureté  &  au  falut  du  pu- 
blic >.il  avoit  recours  au  Concile  Uniyerfel ,  auquel  il  appelloit  de  toutes 
(es joienaces  &  des  injures  qu'il  pourroit  Jui  faire. 

Dans  la  réponfe  au  fécond  Bref  qu'il  fit  le  lendemain  18  ,  il  y  difbit  : 
Que  les  fécondes  lettres  du  Pape  lui  avoient  donné  beaucoup  de  fatisfaAion» 
voyant  que  Sa  Sainteté  lui  témoignoit  plus  de  bienveillance  ,  &  marquoit 
plus  d'inclination  à  la  paix  :  Que  s'il  étoit  aufC  bien  en  fon  pouvoir  de  la 
procurer  ,  comme  aux  autres  de  faire  la  guerre ,  le  Pape  ceconnoîtroit  aifé- 
ment  la  fincérité  de  fes  intentions  :  Que  perfuadé  que  Sa  Sainteté  lui  avoit 
parlé  coniime  elle  avoit  fait ,  plutôt  à  l'inftigation  des  autres ,  que  de  fon  pro- 

Î^te  mouvement ,  il  efpèroit  en  Dieu  qu'EUe  aimeroit  mieux  travailler  pour 
e  bien  public  ,  que  de  féconder  les  intentions  particulières  de  quelques 
perfonnes  :  Qu'il  la  prioit  donc  de  regarder  avec  compaffion  les  maux  de 
la  Chrétienté ,  &  de  croire ,  comme  il  en  prenoit  Dieu  a  témoin ,  qu'il  étoit 
prftt  de  montrer  â  tout  le  monde  qu'il  ne  fe  propofoit  en  tout  que  la  gloire 
oe  Dieu  &  le  falut  de  fon  Peuple ,  comme  il  s  en  étoit  expliqué  plus  au 
loQg  dans  fes  lettres  précédentes. 

Le  6  d'Oûobre  l'Empereur  écrivit  encore  ^  au  Sacré  Collège  :  Qu'il  ref-  ^  fIcutt  * 
jcntoit  une  extrême  douleurde  ce  que  le*  Pape ,  oubliant  fa  dignité  ,  chcr-L.iji.N6i* 
choit  â  troubler  la  tranquillité  publique  *,  Se  que  dans  le  tèms  qu'il  croyoit  sieid.  L  6. 
avoir  mis  tout  le  monde  en  paix  par  l'accord  qu  il  avoit  fait  avec  le  Roi  de  P-  ^^• 

f  1.  £/  rtmtttre  Vipic  de  S.  Pierre  dans  avec  l'épée,  ctxidi  pas  à  cette  repré(èntâ» 

tefiwrreau,]  NT.  Amelœ ,  en  fobftitaanc  le  cion  que  notre  Hiftorien  fiit  allafion  i  mais 

nom  de  5.  Paul  â  celai  de5.  Pierre  dans  (â  i  Tendioit  dé  l'Evaiigile  oà  yéros-Chrift  or- 

traduAion ,  n*eft  pas  entré  dans  la  pehfïe  de  doiine  'i  l^îéne  di  reitiéttre  fon  épée  dans 

Frd-Paofo.  Car  qaoiqu'ordinairement  on  le  fototreaa.  Il  Cdloit  donc  laiflèr  a  5.  P/Vrre 

^pri&nte  5.  Pierre  avec  les  clés,  &  5.  Paul  Fépée  qae  Fra-Paolo  lui  donne. 


i6         HISTOÏRE    Dû    CONCILE 

ïiDXXTi.  France ,  il  avoir  reçtt  des  lettres  de  Sa  Sainteté  qu'il  n'eut  jamais  cru  devoir 
Ci,EM.  VIL  attendre  d'un  Père  commun  &  d'un  Vicaire  en  Jéfus-Chrift  :  Que  comme 
■■"■■■■■"■  il  croyoit  que  ces  lettres  n'avoient  pas  été  écrites  fans  leur  participation  ,  & 
que  le  Pape  ne  prenoit  pas  fans  eux  des  réfolutions  de  cette  importance ,  il 
ne  pouvoit  voir  fans  furprife  qu'un  Pape  &  des  Pères  fi  religieux  fc  fullènt 
laiué  aller  i  des  menaces  de  guerre  &  à  des  confeiiis  pernicieux  contre  un 
Empereur ,  proteâeur  del'Eglife  qui  en  avoit  fi  bien  mérité ,  &  qui  pour 
leur  complaire  avoit  fermé  tes  oreilles  dans  la  Diète  de  ^Tormes  à  toutes  les 
prières  de  l'Allemagne  contre  les  oppreflions  qu'elle  fouffroit  de  la  Cour  de 
Rome  ,  ^^  &  avoit  négligé  les  juftes  demandes  qu'on  lui  avoit  faites  d'un 
Concile ,  pour  remédier  aux  dites  vexations ,  ce  qui  auroit  fervi  en  mcme 
tems  à  arrêter  iHéréfie  AtLutherxQxat  pour  te  fervice  de  TEglife  Romaine 
il  avoit  défendu  TAfiemblée  que  les  Allemands  avoient  indiquée  i  Spire , 
prévoyant  que  de-tà  il  naîtroit  un  Schifine ,  qui  fépareroit  rAllemagne  du 
Saint  Siège ,  &  qu'il  en  avoit  fait  perdre  la  penlée  par  la  promené  d'un 
Concile  :  Qu'en  ayant  écrit  au  Pape ,  Sa  Sainteté  l'avoit  remercié  d'avoir 
empêché  l'Adèmblée  de  Spire ,  &  l'avoir  prié  de  remettre  â  un  tems  plus 
favorable  à  parler  d'un  Concile  :  '  '  Que  quoique ,  pour  lui  complaire ,  il 
eût  eu  plus  de  (bin  de  lui  procurer  cette  fatisfaâion ,  que  d'égara  pour  les 
|uftes  prières  &  les  befoins  de  l'Allemagne ,  cela  n'avoit  pas  empêché  CU' 
ment  de  lui  écrire  des  lettres  remplies  de  plaintes  &  de  faufles  imputations , 
&  de  lui  faire  des  demandes  que  la  juftice  &  fa  propre  fureté  ne  lui  per- 
mettoient  pas  de  lui  accorder  :  Qu'il  leur  envoyoït  une  copie  de  ces  lettres , 
afin  qu'mftruits  de  tout ,  ils  fubvinfTent  aux  befoins  de  la  Chrétienté  qui 
comboit  en  ruine ,  &  qu'ils  travaillaflènt  â  faire  revenir  te  Pape  de  defleins 
fi  pernicieux  :  Que  fi  Sa  Sainteté  y  perfiftoit ,  ils  eudènt  â  l'exiiorter  à  con- 

f  1.  Et  avait  néglige  les  jupes  demandes  mais  dont  Viwportuniti  n*einpèchoit  pas  la 

fu'on  lui  avoit  faUes  d*un  Concile»  ]  Pour  juftice. 

rendre  exactement  le  fcns  de  rBmpereur  ,         /  j .  Que  quoique ,  pour  lui  complaire  ,  il 

ïk  auroic  6llu  que  Fra-Paàlo  eût  dit,  que  eût  en  plus  de  foin  de  lui  procurer  cette  fi" 

Charles  avoit  fermé  les  oreilles  aux  deman-  tisfa&ion  ,  &c. }  Le  Cardinal  PaUavicin  , 

des  importunes  de  F  Allemagne.  Mais  Palla-  qui  ne  cherche  qn  a  chicaner  Fra-Patilù  (or 

/vicin  a  tort  de  dire  qœ  ce  tetme  a  un  fens  les'  moindres  expre({ipns ,  deoiande  en  quel 

tout  oppofé  à  celui  de  jufiies  demandes.  On  endroit  de  la  lettre  TEmpereor  dit  qa*îî  a 

peut  le  rendre  importun  dans  la  demande  travaillé  pour  complaire  au  Pape.  Mais  il 

d'une  ch9k  jujie,  comme  d*une  chofe  iVi-  n^avoit  qnà  relire  ce  quil  en  rapporte  luî- 

jufte  ;  &  il  paroh  bien  par  toute  la  conduite  même  dans  la  page  précédente ,  od  il  (ait 

de  Charles  Quint ,  &  par  la  lettre  même  écrire  ces  paroles  par  l'Empereur  :  Ha* 

fp*il  écrivit  aux  Princes  plein  de  méconten-  veva  elet^o  più  tçfio  di  conformarfi  com 

temenr  contre  le  Rëcét  4e  la  Ûiecé  de  Nu-  gU  affetti  del  Papa  ,  che  eon  teptegjkitf 

xemberg,  qu'il  apprqnyoit  lui-mêsi^la de>  deW  yjàUemagaa.    N'eft -ce  pas  lâexaâe- 

.  mnde  d'un  Conpiie  y  quoiqu'il  ci&t  que  ce  men^ç  l'expidiion  de  Fra-Paolo  «  &.  PaS^ 

ïïftR  étoit  pas  le  tems  y  &  oue  c'écoit.  à  lui^  l^vicinne  le  juAific^'-il  pas  lui-même  dans 

non  a  ces  Princes  de  la  iaire.  Cefi  à  quoi  le  rtems  qu'il   prétend  le    convaincze  de 

filit  allufiôn  le  mot  de  prières  in^ortunes^  bxxx,  ? 


'DE    TRENTE,  LïVKB   L  jy 

ifoqMr  le  Concile  *,  &  en  cas  qu'il  le  re&ilàc  ou  qu'il  le  différât  »  qu'il  prioic   mdxxvx. 
leurs  Révérences  &  le  S^cré  Collège  ,  félon  la  Loi ,  de  le  convoquer  eux-  Clim*  Vll^ 
mêmes  dans  les  formes  ordinaires  :  Et  qu'en  cas  qu'ils  refufaflcnt  d  acquief-  -■■-"-■-• 
cer  à  une  il  jufte  demande ,  ou  qu'ils  dinérallènt  plus  qu'il  ne  convenoic  » 
il  y  pourvoiroit  lui-même  par  l'Autorité  Impériale,  &  uferoit  de  tous  les 
remèdes  qu'il  croiroit  juftes  &  raifonnables.  Cette  lettre  fut  préfentée  le 
12  de  Décembre  dans  le  Confiftoire,  &  on  rendit  au  Pape  dans  le  mê- 
me lieu  un  double  de  celle  qui  avoic  été  remife  encre  les  mains  du  Nonce 
à  Grenade. 

Toutes  ces  lettres  furent  aofli-tât  imprimées  en  divers  endroits  d'AU 
lemagne,  d'Efpagne  &  d'Italie^  &ilen  courut  quantité  d'exemplaires, 
f ^  Ceux  qui ,  quoique  fpeâateurs  des  évènemens  humains  »  n'ont  pas 
beaucoup  d'intelligence ,  &  «qui  font  accoutumés  à  régler  leur  vie  &  leur 
conduite  fur  l'exemple  des  autres ,  &  particulièrement  des  Grands ,  avoienc 
cm  jufqu'alors ,  que  c'étoit  par  un  pur  motif  de  Religion  &  de  con^Tcience 
que  Charles  avoit  pris  le  parti  do  Pape  »  de  montré  beaucoup  de  zèle  con- 
tre les  Luthériens  à  formes  &  en  d'autres  occaiions.  Mais  ils  furent  extrê- 
mement fcandalifés  de  fon  changement ,  &  f»r-  tout  de  l'aveu  qu'il  ^  faifoi  t  ^  Pallav.  lé 
d'avoir  fermé  les  oreilles  aux  juftes  prières  de  TAllem^ne ,  pour  complaire  i.  c  i^ 
m  Pape.  ^  ^  Pour  les  gens  fenfés ,  ils  jugèrent  que  l'Empereur  avoic  fuivi 


f4.  Ctux  qui  ^  quoique  fptAatturs  des 
Mnemens  humains  ,  nont  vas  beaucoup 
d'intelligence  —  avoient  cru  jufqu  alors  que 
ettoit  par  un  pur  motif  de  Religion  &  de 
tonfcience  que  Charles  avoit  pris  le  parti  du 
Pape,.  &C.J  Lorfque  Charles  fe  déclara  d'a- 
bord contre  Luther  dans  la  première  Diète 
i&WoxmeSy  il  y  a  toute  apparence  qa'ille fit 
&  par  zèle  de  par  attachement  pour  la  Reli- 
gion Catholique  &  pour  le  Pape }  d'autant 
plus  quil  ne  pouvoit  prévoix  encore  les  fui- 
tes qu'auroit  cette  afiàire  par  rapport  à  (es 
intérêts  temporels.  Mais  on  ne  peut  guères 
douter  j  que  quand  la  diviGon  fut  toute  for- 
mée, &  lur-tout  depuis  le  (bccès  de  la  ba- 
taille de  Malberg)  ce  Prince  ne  regardât  le 
Xothéranifme  comme  une  occafion  propre 
peur  fe  rendre  maître  ab(bltt  de  TAÎlema- 
goe,  &pour  alTujettir  enfuite  l'Italie,  s'il 
ae  portoit  pas  même  plus  loin  fes  vues.  C'eft 
ce  <fBn  ferma  toutes  ks  Ligues  contre  lui  y 
par  la  crainte  que  les  Allemands  &  les  Ita- 
liens earem  de  (è  voir  aflèrvis.  Se  les  auaes 
Princes  de  l'Europe  tout  à  fait  dépendans. 
Cette  politique ,  6c  la  )aloufie  que  l'Europe 
en  conçut,  ^ent  la  fource  de  toutes  les 


guerres.  On  auroit  ton  de  juger  par-là ,  que 
Charles  n  avoit  point  de  Religion  s  mais  il 
el\  vrai  auflî  qu'il  fit  trop  fervir  la  Religion 
à  fes  intérêts  y  &  qu'il  eût  travaillé  plus  uti- 
lement pour  rétablir  l'unité  8t  la  concorde , 
sll  n'édt  entretenu  un  peu-  la  divifion  lui- 
même  pour  aflfujettir  les  uns  par  les  autres  ,• 
&  fe  rendre  le  maître  abfolu  de  tous. 

f  ;.  Pour  les  gensfenjes,  ils  jugèrent  que 
l* Empereur  avoit  fuivi  un  tris  mauvais  con'^ 
feil  en  divulguant  un  telfecret^  &c.j  Palla-' 
vicin  demande  od  l'Empereur  avoit  révélé 
ce  fecret.  Mais  Fra-Paolo  eât  pu  facilement 
lui  répondre,  que  c'étoit  en  découvrant  trop 
ouvertement  que  fon  union  avec  lie  Pape 
avoir  eu  un  autrebut  que  celui  d'appaifèx  les 
difiérends  de  Religion ,  &  que  les  intérêts 
temporels  avoient  du  moins  autant  de  pan 
à  leur  alliance  &  à  leur  querelle ,  que  le  dé- 
fît de  s-'oppofer  aux  nouveautés  de  Luther, 
^ooxtf,  comme  £iit  Pallavicin ,  que  Char- 
Us  oe  doutoic  point  de  rinfàilli!  ilîté  da 
Pape  dans  lea  controverfes  de  Religioa> 
c'efl  dire  une  choie  dont  il  n'a  nulle  preuve^ 
&  qui  ef^  clairement  scfutée  par  toute  la 
conduite  de  ce  Prince. 


^-^ 


y%         HISTOIRE    DU    CONCILE 

^Dxxvi.  un  très  mauvais  confeil  en  divulguant  un  tel  (ecret  >  &  en  donnant 
CLttt.  VII.  monde  de  croire  ,  que  le  refped  qu'on  faifbit  paroître  pour  le  Pape  n'écoic 
-    qu'un  arcifice  du  Gouvernement ,  couvert  du  manteau  de  la  Religion. 

L'on  s'atcendoit  que  ces  lettres  exciteroient  un  grand  redenument  daoi 
le  Pape ,  d'autant  que  l'Empereur  y  avoir  touché  deux  chofes  très  délicaces 
pour  la  Papauté  ;  Tune ,  en  appellant  du  Pape  au  Concile  futur  contre  les 
O>nftitutions  de  Pie  IL  Se  de  Jules  II  'y  &  l'autre  ,  en  invitant  les  Car- 
dinaux à  convoquer  le  Concile ,  û  le  Pape  refufoit  on  différoit  de  le  faire  : 
ce  qui  pouvoir  avoir  de  grandes  fuites.  Mais  comme  les  femences ,  quelque 
bonnes  qu'elles  foient,  demeurent  ftériles  lorfqu'elles  ont  été  jettées  en  terre 
hors  de  laifon  -,  de  même  les  grandes  entreprifes  aboutidènt  ordinairement  i 
rien ,  lorfqu'elles  fe  font  à  contre-tems  ,comme  il  arriva  en  cette  rencontre. 
Car  pendant  que  le  Pape  méditoit  de  montrer  fon  reflèntiment  par  fes  armes 
&  celles  des  Princes  fes  Alliés ,  Se  de  fe  faire  quelque  appui  temporel  avant 
X  Giiic-    que  de  fe  fervir  des  armes  fpiri ruelles  ;  ^  les  Colomnes  y  ou  par  défiance  de 
ciard.L.iy.  jfes  promeflès ,  ou  pour  quelque  autre  caufe ,  après  avoir  armé  les  fujets  de 
Spond.  ad    jç^-g  Xfef  ^gs ,  &  tous  leurs  adnérans ,  s'approchèrent  de  Rome  par  le  Bourg 
^ô    ^^  g    le  lo  de  Septembre.  Cette  furprife  mit  l'épouvante  dans  la  famille  du  Pape^ 
Paîlar.  L.i.  qui  fe  trouvant  au  dépourvu ,  &  ne  fçachant  â  quoi  fe  réfoudre  dans  le  trou- 
c.  14.         ble  où  ilétoit ,  <lemanda  Ces  habits  Pontificaux  à  l'imitation  de  Bonifact 
^^^"^y  j  ^  ^///,  difant  qu'il  vouloit  attendre  dans  le  Siège  Pontifical ,  &  voir  fi  l'on 
'^  '*     ^'*  auroit  bien  la  hardieflè  de  violer  encore  une  fois  en  la  perfonne  du  Pontife 
la  Dignité  Apoftolique.  Mais  il  fe  rendit  aifément  à  l'avis  des  fiens,  qui 
lui  confeillerent  de  fe  fauver  par  le  Corridor  dans  le  Château  S.  Ange>  pour 
ne  point  fe  faire  taxer  d'imprudence  mal  à  propos. 
Les  Cohm-      XXXV.  Les  Colomnes  eturèrent  dans  Rome ,  où  ils  pillèrent  rEglifê 
nés  entrent  de  S.Pierre,  &  tous  les  meubles  du  Palais  Pontifical.  Ils  commençoient 
Mjnés  éimns  auffi  à  faccager  les  premières  maifons  du  Bourg.  Mais  la  réfiftance  des  habi* 
Rome ,  eJ»  tans ,  &  l'arrivée  des  l/r/ins  qui  étoient  de  la  Faâion  contraire ,  les  forcé- 
vJtîcéml     ^^^^  ^^  ^^  retirer  dans  un  lieu  fur  ,  qu'ils  avoient  pris  dans  le  voifinage ,  7 
r^  emportant  avec  eux ,  au  grand  déplaifir  du  Pape ,  la  proie  du  Vatican. 
Et  comme  leur  troupe  fe  groffifibit  de  jour  en  jour  par  les  fecours  qui  leur 
yQ\xlcz\zxi0  yenoient  de  Naples ,  y  Clément  y  craignant  qaelque  chofe  de  pis ,  6c  cédant 
1^17*        â  la  nécefllité  >  fit  appeller  au  Château  Hugues  de  Moncade  Miniftre  del*Em- 
"Dereur  ,  &  conclut  avec  lui  une  trêve  de  quatre  mois ,  d  condition  que  les 

f  ^.  Emportant  avec  eux,  au  grand  dé-  mettre  à  coaven  leur  batin ,  une  place  oA 

plaifir  du  Pape ,  la  proie  du  Vatican],  Je  ils  ne  pouvoienc  demearer  que  quelques 

fuis  furpris  que  M.  Amelot  ait  pu  traduire  »  heures  par  la  réfiftance  qu'ils  trouirarent ,  & 

emportant  néanmoins  leur  proie  au  Vatican  ;  qui  les  empêcha  de  fe  rendre  maicres  de 

ce  qui  eft  non  feulement  coût  â  (ait  connaîre  Rome  ?  La  chofe  eft  fans  vraifemblance,  êe 

au  texte  deFra-Paolo^  cà  on  lit,  portando  prouve  que  la  traduôion  de  M.  Amtht  eft 


nondimeno  lapreda  del  Vaticano  ,  mais  aufli    défeâueufe  ;  ou  ,  ce  que  je  croirois  plus 
à  la  nature  dé  la  chofe.  Car  pedc-on  s*imagi-    lontiers ,  que  ce  n*eft  qu'une  fimple  &iice 
ner  que  les  Colomnes  euUènt  choiii  pour    d'imprefliom 


m 


DE    TRENTE,  Livre    L  79 

Colomms  &  les  Néapolicains  forciroient  de  Rome,  &  que  le  Pape  retireroic    mbxxti. 
Its  troapes  de  Lombardie  :  ce  qui  fuc  exécuté  de  part  &  d'autre.  Cependant  ^l^^*  VII« 
ÇUnunt ,  rafluré  par  la  péfence  de  fes  troupes ,  que  fous  prétexte  d'obfer-  •"— — 
ver  les  conventions  de  la  trêve  il  avoir  fait  revenir  à  Rome ,  *  fulmina  x.  SponcL 
les  ^7  Cenfures  contre  tous  les  Colomnts ,  les  déclarant  Hérétiques  &  Schif-  N^'t.  &  8. 
matiques ,  &  excommuniant  tous  ceux  qui  leur  donneroient  du  fecours  ou  ^^^v.  L.i. 
du  confeil,  &  qui  les  favoriferoient ,  ou  leur  donneroient  quelque  ^c-q'^*.   . 
Oraitc.  Il  dégrada  de  plus  de  fa  Dignité  le  Cardinal  Colomnt ,  qui  étoit  q\J^ 
alors  i  Naples  s  qui  fe  moquant  des  Cenfures  en  interietta  appel  au  Con- 
cile ,  expofant  non  feulement  l'injuftice  &  la  nullité  des  Cenfures ,  des 
Monitoires ,  &  des  Sentences  portées  contre  lui  »  mais  encore  les  befoins 
de  TEglife ,  donc  Tétat  déplorable  ne  pouvoir  trouver  de  reflburce  que  dans 
la  convocation  d'un  Concile  légitime ,  qui  la  réformât  dans  le  Cher  &  dans 
les  Membres,  f  ^  flc  citant  le  Pape  lui-mcme  A  celui  que  rEmpereur  devoir 
dflèmbler  à  Spire. 

Les  partilans  des  Colomnts  firent  afficher  de  nuit  aux  portes  des  prin- 
cipales Eglifes  de  Rome  &  en  divers  autres  lieux  cet  Appel  »  ou  plutôt  ce 
Manifefte ,  ic  en  répandirent  des  copies  par  toute  lltalie  :  ce  qui  jetta  dans 
on  grand  trouble  le  Pape ,  qui  avoir  en  norreur  le  nom  de  Concile ,  non 
pas  tant  par  lappréhenuon  qu'il  avoir  de  voir  modérer  l'Autoriré  Pontificale» 
<m  diminuer  les  profits  de  fa  Cour  y  que  parce  qu'il  craignoit  pour  fa  pro- 
pre perfbnne.  Car  *  quoique  Lion  fon  coufin  ,  en  le  créanr  Cardinal ,  eûr  m  Guîc- 
taic  prouver  qu'il  7  avoir  eu  une  promellè  de  mariage  entre  fa  mère  &  Ju-  ciard.L.  10. 
Ikn  tU  Mcdicis  fon  père  >  ^^  néanmoins  la  fauflèté  des  preuves  étoit  mani-  ^*  Martyr 

*  *  Angl.  ep. 

f7.  Cependant  Clément  — fulmina  les  ce  Prince  avoît  deflêin 'd^  convoquer  Im-  74^» 

Cenfitres  contre  tous  Us  Colomnes  ,  les  dé-  m6me.  Car  THiftoire  ne  fait  nulle  mention 

iUrant  Mérétifues  &  Schifmatiqucs ,  &c.]  d*aucon  Concile  indiqué  en  cette  ville ,  U 

On  ne  Toît  pis  U'aotre  lailon  dans  Clément  Fra-Paolo  a  raifon  de  dire  qu'il  n'en  eft 

poof  traiter  les  Colomnes  d'Hérétiques  y  fi-  parlé  que  dans  le  Manifefte  da  Cardinal  Co- 

non  parce  qa'ih  a  voient  pris  le  parti  de  l'EDI-  lomne ,  &  dans  Ùl  vie  écrite  par  Paul  Jove* 

pereor  contre  lui.  Tout  eft  Héréfie  à  Rome».  U  fe  peut  bien  faire  cependant,  que  l'Em- 

qoand  on  s'oppoft  à  (es  intérêts  temporels,  perenr  eàt  fiiit  entendre  aux  Colomnes,  poux 

Les  Colomnes  furent  pai&itement  Catho-  les  maintenir  dans  (on  pani ,  qu'en  cas  que 

lîqnes ,  dès  qu'ils  fe  forent  réconciliés  avec  le  Pape  peififtât  dans  la  Ligue  faite  contre 

Clément,  &  qu'il  eut  &it  (â  paix  avec  l'Em-  loi ,  il  anfembleroit  un  Concile  5  conune  oi| 

pereor.  Apparemment  qu'à  Rome  il  7  a  de  voit  qu'il  l'en  avoit  menacé  dans  (â  lettre  aci 

difTéientes  efpéces  dliéréfie  ^  &  que  celles  Sacré  Collège.  Mais  tout  cela  n'étoit  qu'une 

^  (bnt  en  matière  de  dodrine  ne  (bnt  pas  menace ,  &  n'alla  jamais  au-delà, 
celles  qo'on  j  détefte  le  plus.  f  9.  Néanmoins  la  fauffeté  des  preuves 

$%•  Et  citant  le  Pape  lui-même  à  celui  étoit  manifefte,]  Fra-Paolo,  qoi  dans  ce 

fie  r Empereur  devoit  affembler  à  Spire.]  qo'il  dit  ici  des  craintes  qne  Clément  avoir 

jl  7  a  apparence  que  Colomne  prend  ici  pour  do  Concile ,  ne  fait  qoe  copier  Guicciardin^ 

on  Concile^  ou  la  Dete  qoe  l'AfTemblée  de  ne  noos  marque  point  les  raifons  qo'il  avoir 

Noremberg  avoit  indiquée  à  Spire  «  &  qoi  de  croire  qne  les  preuves  do  mariage  de  Ju» 

n'eot  point  de  lieo  par  le  lefos  qoe  fit  VEtn'  lien  de  Médias  étoient  faulTes  ;  &  nous  ne 

pexeor  d'y  confèntir}  ou  qoelqoe  antxe  qoe  trouvons  pas  plos  d'éclairciffcment  for  cela 


to         HISTOIRE    DU    C  O  M  C  I  L  E 

Hî>xxn.  feftc.  Et  comme ,  ***  quoiqu'il  n'y  ait  point  de  Loi  ^  qui  exclue  les  bâtards 
Clem.  vil  du  Pontificat ,  c'eft  cependiant  l'opinion  commune  que  cette  Dignité  eft  in- 
—■"■""  compatible  avec  une  telle  naidance)  Clément  apprchendoit  que  les  ennemis' 
Pailay.  L  ^ppuy^j  Jç  l'Empereur  ne  filTcnt  valoir  ce  prétexte  tout  frivole  qu'il  fur. 
Mais  ce  qui  l'intimidoit  davantage,  c'eft  que  fâchant  par  quelles  ^'  intri- 
gues il  étoit  parvenu  au  Pontificat  >  &  la  facilité  qu*avoit  de  le  prouver  le 
Cardinal  Colorant  y  il  craignoit  qu'il  ne  lui  arrivât  ce  qui  étoit  arrivé  à  BaU 
thazar  Coffa  connu  fous  le  nom  4c  Jean  XXlll  9  attendu  la  févérité  de  la 
■  Bulle 


h 

1.  C  10^ 


dans  lesHiftoriens.  Nardi  nous  dit  bien  dans 
£)n  HiAoire  de  Florence ,  L.  4.  qae  (km  les 
prières  de  Lucrèce  Tomabuoni  mire  de  /#- 
Utn^  il  n  eue  jamais  été  reçu  dans  la  £uxiille» 
5c  que  Lion  le  faifant  Archevêque  de  Flo- 
rence le  déclara  légitime  fu^  le  rappon  de 
qoelqaes  Religieux ,  &  do  frère  de  (à  mère. 
Mais  cela  ne  prouve  évidemment ,  ni  qu'il 
fit  légitime ,  ni  qu'il  f&t  amplement  fils-na^ 
Corel.  Ce  qoe  l'on  peot  dire,  c'eft  qoe  le 
bruit  commun  n'étoit  pas  £ivorable  a  Clé' 
ment,  comme  on  le  voit  par  Onuphre.  Mais 
on  ne  peot  regarder  cette  jopinion  comme 
une  conviûion  manifefte  de  la  faufleté  des 
preuves ,  &  Fra  Paoîo  eût  ce  (èmble  parlé 
phis  ezadement ,  s'il  eut  dit  qoe  ces  preuves 
éfoient  toojoors  demeorées  nrès-folpeâes. 

éo.  Quoiqu'il  n'y  ait  point  de  Loi  qui 
exclue  les  bâtards  du  Pontificat ,  ^efi  c«- 
pendant  l'opinion  commune ,  que  cette  Di- 
gnité eft  incompatible  avec  une  telle  naijjhn- 
ce  ,  &.C.]  Fra-Paolo  a  raifon  de  traiter  ce 
prétexte  de  frivole.  Car  qooiqoe  par  plo- 
iieors  Canons  la  bâurdife  foit  on  empêche- 
ment  canonique  à  la  réception  des  Ordres  » 
comme  cet  empêchement  fe  lève  par  les 
difpenfes ,  on  ne  pouvoir  s'en  fervir  contre 
Clément ,  fuppoft  même  que  fa  bitardife 
êàt  été  con(bnte  :  ce  qui  n'étoit  pas,  puif^ 
qu'il  avoit  été  déclaré  légitime  par  une 
Sentence  publique.  Lç  Pontificat  d'ailleun 
n'eft  pas  plus  incompatible  avec  la  qualité 
de  fils-naturel ,  que  rSpifcopat  \  &  l'on  a 
TU  quantité  de  bâtards  devenir  £vêques, 
6c  avoir  pan  à  tootes  les  Dignités  Eedé- 
fiaftiqoes. 

éi.  Sachant  par  quelles  intrigues  il  étoit 
parvenu  au  Pontificat ,  &la  facilité  qu'a- 
voit  de  le  prouver  le  Cardinal  Colomne,  il 


craignoit,  etc.]  Le  Cardinal  Pallsvicim  s 
qoelqoe  raifon  d'être  furpris,  pourquoi,  fi 
la  chofe  étoit  fi  &cile«  le  Cardinal  Colomne 
ne  l'a  pas  £iit  dans  le  fini  de  leurs  querelles. 
Mais  comme  il  ne  pouvoit  accu(êr  Clément 
de  Simonie,  (ans  s*en  convaincre  lui-mê- 
me ,  cela  a  pu  lui  fournir  un  motif  aflTea 
puif&nc  pour  fupprimer  les  preuves  qui  en 
pouvoient  être  entre  fes  mains.  Ainfi  ce 
filence  n'eft  pas  une  preuve  bien  évidente 
de  l'innocence  de  Clémtni  ,  fur-tout  coatit 
la  dépofition  des  Hiftoriens  »  dont  [es  acco- 
(àtions  ne  font  pas  (ans  de  fiortes  ntéfivnp- 
tions^  quoique  les  preuves  n'en  loîencpaf 
fouvent  fiiçiles.  La  conduite  de  Ctémemt  en* 
vers  Colomne  aufii-tAt  après  fon  éleâion , 
noos  donne  lieo  de  croire  qoe  la  Simonie 
étoit  aflèz  véritable.  Cependant  je  doute 
qu*il  j  ait  eu  de  promefle  par  écrit,  com- 
me le  rapportent  Guieeiardin  8c  Metuhft  ; 
6c  ces  Ordinaux  étoient  trop  habiles  pour 
s'czpofer  aux  confSquences  qui  en  pou- 
voient arriver ,  fi  la  chofe  çât  pu  fe  prou- 
ver d'une  manière  auffi  pofitive.  Au£S  On»' 
phre ,  fans  parler  d'aucune  promeflè  par 
écrit ,  dit  fimplement  que  Colomne  ,  pouc 
prix  du  fervice  rendu  à  Clément ,  reçut  de 
lui  un  magnifique  Palais ,  &  la  Dignité  de 
Chancelier  :  Cujus  navatœ  opérée  Pompeius 
prtcmium  tulit  magnificentijpmas  eedes  à 
Raphaële  Riario  exftruélasy  quas  JuBus 
paulo  ante  Riario  mortuo  à  Leone  obtb* 
nuerat ,  item  Caneellariatûs  officium^  Il  y 
a  bien  de  l'apparence  que  cela  avoit  étk 
promis:  mais  cet  Hiftorien^  comme  foa 
voit,  ne  (ait  mention  d'aocon  Ecrit  s  &  en 
bonne  pditiqoe,  il  étoit  trop  dang^euz 
d'en  faire ,  pour  fuppofer  qu'ils  en  aient 
voulu  courir  le  liiquc. 

0t.  E$ 


DE    TRENTE,  Livre    I.  8i 

Bulle  de  Jules  IL  qui  annulie  route  Election  Simoniaque ,  fans  permettre   mdxxtx; 
qu'elle  puiflfe  être  validée  par  un  confentemcnt  fubfcquenr.  Ci.bm.  VIL. 

Quant  i  la  négociation  prétendue  pour  tenir  un  Concile  â  Spire  ,  |e  "■■■'■■■■■■■ 
ne  trouve  point  qu'il  en  foit  fait  mention  ailleurs  que  dans  le  Manife)(îe 
du  Cardinal  Colomnc  y  &  dans  la  Vie  de  ce  même  Cardinal  y  écrite  par. 
Paul  Jove. 

Ce  fut  au  plus  fort  de  tous  ces  embarras  que  finit  Tan  mdxxvi,  laiflànc 
tout  le  monde  dans  l'attente  &  dans  la  crainte  où  tômberoit  une  fi  grande  .     - 

tempête.  C'eft  ce  qui  fit  que  Tannée  mdxxvii  on  ne  parla  en  aucune  façon 
des  négociations  du  Concile  ;  parce  qu'il  arrive  d'ordinaire  qu'on  ne  fbnge 
guères  à  faire  des  Loix ,  lorfqu'on  eft  occupé  de  la  guerre.  Il  ne  laifia  pas 
cependant  d'y  avoir  des  évènemens  confidérables ,  qu'il  eft  befoin  de  racon- 
ter ici  y  pour  l'intelligence  des  chofes  qui  arrivèrent  dans  la  fuite ,  &  qui 
ont  rapport  à  mon  Hiftoire. 

XXXVI.  Le  Viceroi  de  Naples ,  ^  prétendant  que  le  Pape  avoit  violé  la  leVicerâssU 
trêve  par  fes  procédures  contre  les  Colomnts  ,  &  pouffé  par  le  Cardinal  &  ^^plesre^ 
les  autres  de  cette  famille ,  fit  reprendre  à  fes  foloats  le  chemin  de  Rome.  ^'^'^  ^  . 
D'uir  autre  côté  Charles  de  Bourboriy  Général  de  l'Armée  Impériale  en  Lom-  efipiiUeTj^ 
bardie  ,  n'ayant  pas  de  quoi,  payer  fes  troupes»  &  craignant  qu'elles  ne  kr  Armée  dn 
mutinailènt  ou  qu'elles  ne  défertaffènt ,  les  ht  tnutL  dans  l'Etat  Eccléfiafti-  CûnnhéMe 
que ,  pour  fc  les  confcryer  à  quelque  prix  que  ce  fut.  Il  y  étoit  fortement  i^^î^^*^ 
pouflï  d'ailleurs  par  George  Franfperg  Officier  Allemand,  qui  avoir  conduit  ^  ^/£L 
en  Italie  i)  ou  14000  hommes  prclque  tous  Luthériens  >  fans  autre  l^^y^fimUir. 

20e  d'un  écu  par  tête ,  qu'il  avoit  donné  defon  argent ,  m^is  avec  promeffe   «OnupI^  . 
e  les  conduire  à  Rome  y  où  ils  aurotent  occafion  de  s'enrichir  par  le  pillage  1°  Clem^ 
d  une  Ville  où  fe  portoit  tout  l'or  de  l'Europe.  ^^^^ 

Sua  la  fin  de  Janvier  *^  Bourbon  ayant  paué  le  Po  avec  toute  fon  Armée  ,  p^Uav.!.!,' 
sVurança  vers  la  Romagne.  Cette  marche  troubla  extrêmement  le  Pape  y  qui  c  14.  ' 
connoiffbit  le  caraâère  de$  Allemands ,  &  étoit  informé  des  menaces  con-  4/Spoiui.ad 
dnuelles  de  Fronfpergy  qui  pour  tenir  fes  fbldats  unis ,  &  les  animer  à  fup-  ^^^  '5*7* 
porter  les  fatigues  du  voyage ,  quoiqu'ils  ne  fuflcnt  pas  payes ,  faifpit  porter      '*  ^  ^ 
auprès  de  l'EnCbi^e  une  corde  «  dont  il  difoit  qu'il  vouloit  étrangler  le  Pa- 
pe.  Cela  porta  Clément  à  prêter  les  oreilles  à  Céfar  Fièramofca  Néapolitain  ^ 
qui  nouvellement  revenu  d'Efpagne  en  avoit  rapporté  une  longue  lettre  cle 
l'Empereur  coûte  pleine  d'offres  »  &  qui  l'affuiant  que  ce  Prince  avoit  ioit 
défaprouvé  l'entrée  des  Cohmrus  dans  Rome  >  &  qu'il  ne  défiroitque  la 
paix  9  lui  perfuada  de  traiter  d'une  trêve  avec  le  Viceroi  de  Naples.  Et  quoi* 
qu'au  mois  de  Mars  George  Fronfptrg  eût  eu  une  attaque  d^apoplexie  qui 
le  mît  prefque  au  tombeau  ;  cependant ,  comme  l'Armée  étoit  déjà  entrée 
dans  rÈtar  Ecclcfiaftique ,  &  s'avançoit  toujours ,  le  Pape  fc  réfolut  à  la 
fin  de  ce  mois  d'-en  venir  à  quelque  accord  >  Quoiqu*ij[  vit  bien  que  ce  ne 
fêroit  pas  fans  deshonneur  pour  fui ,  &  fans  donner  de  l'ombrage  à  fes  Al- 
liés ,  qui  peut-être  abandonneroient  fa  défisnfe.  L'on  convint  donc  d'uniç 
/ufpenfion  d'armes  pour  huit  moisjif  ondition  que  le  Pape  p^yeroit  foixwcç 
T  x>  M  E  L  I0 


9z         HISTOIRE    DU    CONCILE 

mille  ccus  ,  qu'il  donncroit  aux  Colomncs  rabfolucion  de  leurs  Ccnfures  ^ 
Olèm.  tîï.  ^  qQ»ii  rétabliroit  le  Cardinal  dans  fa  Dignité ,  à  quoi  il  ne  confencic  qu'a- 
■■■*■"■"  vcc  une  extrême  répugnance» 

Mais  quoique  la  trêve  eût  été  conclue  avec  le  Viceroi  »  &  que  le  Pape 
eut  payé  la  fbmnne  convenue ,  &  rétabli  les  Colomms ,  le  Duc  de  Bourbon 
ne  voulue  point  accepter  la  rufpennon  ,  &  continua  fon  chemin  vers  Ro- 
me ,  aux  environs  de  laquelle  ayant  pris  les  poftes  le  5  de  Mai  ,  il  y  donna 
#Plcury  L.  l'aflaut  le  jour  fui vant  du  côté  du  Vatican.  D'abord  «  les  foldats  du  Pape  » 
1 }  I. N**i }.  5jr  la  Jcuneflc  Romaine ,  &  particulièrement  ceux  de  la  Faftion  Guelfe  ,  fc 
défendirenr  avec  allez  de  courage  y  &  Bourbon  y  fut  rué  d'une  moufque- 
tade.  Mais  les  afliègés  s'écanc  mis  â  fuir  dans  le  Dourg,  l'Armée  entra  viâo- 
rieufe  dans  h  Ville.  Le  Pape  effrayé  ,  comme  il  arrive  dans  les  accident 
imprévus ,  fe  fauva  dans  le  Château  S.  Ange  avec  quelques  Cardinaux  ;  8c 
quoiqu'on  lui  confeillât  de  ne  s'y  point  arrêter,  mais  de  paflèr  dans  la  Ville 
&  àt  gagner  de  U  quelque  retraite  fure ,  il  rejetta  un  confeil  û  faluraire  9 
&  par  la  difpolition  peur-ctre  d  une  caufe  fupérieure ,  il  k  réfolur  d  y  reT* 
ter.  Cependanr,  faute  de  Chef,  une  telle  confufion  fe  mir  dans  Rome  » 

Îue  perfbnne  ne  s'avifa  d'un  expédient  qui  eût  été  rrès  -  urile ,  6c  qui 
toit  de  rompre  les  ponts  par  où  l'on  paffe  du  Bourg  d  la  Ville,  &  de  fe 
inertre  en  defenfe  :  ce  qui  eût  donné  aux  Romains  le  tems^de  mettre  leurs 
efiets  à  couvert ,  Se  de  faire  évader  les  perfonnes  de  con(idération.  Mait 
f  Oiwt*    ^^^^  ^^  ^^^  expédient  les  foldars^  étant  entrés  dans  la  Ville ,  pillèrent  noa 
in  cîfcS"*  feulement  les  maifons ,  mais  dépouillèrent  encore  les  Eglifes  de  leurs  or- 
Gffiocîàtà.  nemens ,  foulèrenr  aux  pieds  les  Reliques ,  &  les  chofes  facrées  qui  n'é- 
L..ît;        toienr  point  de  prix,  ** &  firent  prifonniers  les  Cardinaux  &  les  aurre^ 
Steid:  L  1^.  Prélats ,  qu'ils  menoienr  par  dérifion  fur  des  ânes  ,  revêtus  de  leurs  habitr 
^•-  V'        Pontificaux.  Il  eft  certain  au  moins  que  les  Cardinaux  de  Sienne ,  de  la  -Mï- 
nerte ,  &  Poni^etta  furent  chargés  de  coups  ,  &  menés  honteufement  en 
procdflîon  ;  Se  que  les  Cardinaux  Allemands  &  Efpagnols  ne  fîirenr  pas 
moins  maltraités  que  les  autres ,  quoiqu'ils  s'attendiflënt  à  un  meilleur 
traitement ,  d'une  Armée  compofce  de  troupes  de  leur  propre  Nation, 
i^^rf  *^    ^^  ^^P^  ^  '  ^^^  P^^  *^  Impériaux  dans  le  Château  de  S.  Ange  ,  fut 


N*>j:, 


6%.  Et  firent  pnfonmèrs  les  Cardinaux  &  de  Jules  IIl  ^  Sartholini  Archevêqtie  de 

les  autres  Prélats ,  qu'ils  menaient  par  </if-  Pife ,  Pucd  Evôcjae  de  Piftoye  ,  Gihenl 

rifion  fur  des  ânes ,  revêtus  de  leurs  habits  Evèqoe  de  Vérone,  &  plufieon  autres,  qui 

Pontificaux ,  &c.]  Toac  ce  détail  eft  tiré  étoienc  les  cautions  du  Pape  pour  l'argent 

mot  pour  mot  de  THiftoire  de  Guicciar-  promis  aux  (bldacs  ,   furent  menés  trois 

din ,  à  Timitarion  duquel  notre  Auteur  die  fois  dans  le  Champ  de  Florence  comme 

que  ces  Prélats  furent  menés  fopra  le  beftie  des  criminels ,  &  que  peu  s'en  fallut  qu'ils 

vt/i.  Outre  les  trois  Cardinaux  que  nomme  ne  foiTent  pendus.  Rien  ne  fut  épargné 

ici  notre  Auteur   après  Guicciardin  ,qui  dans  ce  (âccagement,  &  Rome  (ut  plus 

furent  (I  maltraités,  Mardi  au  livre  t.  de  maltraitée  fous  on  Empereur  Catholique  ^ 

fon   Hiftoire  de  Florence  dit ,  que  Jean^  quelle  ne  l'avoic  été  fous  les  Barbares  de 

Marie  del  Monte  ^  depuis  Pdpe  (bus  le  nona  fous  les  Pajens. 


DE    TRENTE, Livre    L  Çj 

abligé  de  le  leur  rcmetue,  &  de  fe  rendre  prifonnierentrc  leurs  mains,  mdxxtik 
où  ilfur  tenu  forr  rellcrré.  A  toutes  ces  aflfliftions  il  en  furvint  une  nou-  P*-**»»  Wf. 
vellc ,  encore  plus  triftepour  lui  que  toutes  les  autres.  C'eft  que  le  Cardi- 


ayant ,  

vemement;  &  la  plupart  des  Florentins  montrèrent  tant  danimofitc  con-      *** 
tre  le  Pape  &  fa  Maifon ,  qu'ils  biffèrent  toutes  leurs  armes  jufques  dans 
les  lieux  particuliers  ,  ^  défigurèrent  par  plufieurs  coups  les  portraits  de 
Hon  8c  de  Clément^  qui  éroicnr  dans  1  Eglife  neuve  de TAnnonciade. 

L'Empereur  ^^  ayant'reçu  avis  du  fac  de  Rome  &  de  la  prifon  du  Pape , 
en  témoigna  beaucoup  de  douleur  * ,  &  fit  céder  aufii-tôt  toutes  les  fctes  ,•  ^ponj. 
publiques  qui  fe  faifoient  à  Valladolid  pour  la  naiflance  de  fon  fils  ,  né  le  ibid  N^  8. 
21  de  ce  même  mois.  Avec  de  telles  apparences  il  eût  donné  au  public  une  P^Uav  ' 
idée  avantageufe  de  fa  piété  &  de  fa  religion  ,  s'il  eût  ordonné  en  même  ^  ^^ 
tems  de  remettre  le  Pape  en  liberté.  ^4  Mais  en  le  voyant  retenir  encore  fix 
mois  prifonnier  ,  l'on  reconnue  aifément  la  différence  qu'il  y  a  des  apparea- 
ces  à  ta  vérité. 

On  commença  aufld-tôt  à  traiter  d'accommodement ,  3c  de  la  délivrance 

KTaicciaijtf. 


E(pagne  deux  aufii  illuftres  pri- 

ibniïiers ,  qu'un  Roi  de  France  &  un  Pape.  Mais  fâchant  que  tous  les  peu^ 

^) .  V Empereur  ayant  reçu  avis  du  fac  6^.  Mais  en  le  voyant  retenir  encore  fix 

di  Rome  &  de  la  prifon  du  Pape,  en  témoi-  mois  prifonnier  ,  Von  reconnut  mfement  la 

gna  beaucoup  de  douleur  ^  &  fit  cejfer  aufii-  dijfference  quil  y  a  des  apparences  â  la  v/- 

Ut  toutes  les  fêtes  publiques  ,  &c]  Il  eft  rite.]  Le  Cardinal  Pallavicin^  L.  i.c.  14. 

certain  qui  l'extérieur  ce  Prince  parut  af-  rejette  la  &ute  de  ce  longemprifonnement , 

fligé  de  cet  cvènement»  mais  Guicciardin  non  fur  TEmpereur ,  mais  fur  fesOfl^cierSj 

ne  convient  pas  qu  il  ait  (ait  céder  toutes  qui  prirent  prétexte  de  Tambiguité  de  Tes 

les  fttes  publiques.  Intefa  la  cattura  del  ordres ,  pour  retenir  fi  long-tems  le  Pape 

Pontefice ,  dit-il ,  benche  con  le  parole  di-  prifonnier ,  afin  d*cn  tirer  plus  d*argenr. 

mofirafie  effergU  moleflijjîma ,  nondimeno  fi  Cependant  il  eft  difficile  de   croire  que 

raccoglieva  che  in  fecreto  gli  era  ftata  gra-  l'Empereur  voulut  bien  fincèrement  fa  dé- 

tîjfima  ;  an^i  non  fi  afienendo  totabnente  livrance,  puifque  s*il  eût  donné  des  ordres 

dalle  dimoftrationi  eftrinfeche ,  non  haveva  bien  pofitiÊ,  kl  Généraux  ne  pouvoient 

per quefto  iruermejfo  le fefte  comminciate pri'  gucres  fe  difpenfer  d'y  obéir.   L'on   voit 

màper  la  natiyità  del  figlivolo.  D'autres  d'ailleurs  par  les  Places  au'on  demanda  i 

Hiftoriens  cependant  rapponent  le  fait  com-  Clément  ^ux  caution  delà  fidélité  future. 

me  Fra-Paolo,  Mail  quoi  qu  il  en  foit  de  par  les  orages  qu'on  en  exigea ,  &  par  les 

ces  démonftrations    extérieures ,  tout  le  fommes  immenfes  qu'on  tira  de  lui  pouf 

monde  convient  affez  au  moins  «  qu'inté-  les  dépenfes  de  la  guerre  êc  le  payement 

xieurement  Charles  n'étoic  pas  trop  âché  des  Armées  ,  que  tout  cela  ne  le  pouvoit 

de  cet  accident ,  quoiqu'il  le  (3c  fans  doute  (aire  qu'au  fu  de  l'Empereur,  &  qu'il  Ëilloic 

qu'on  eut  porté  la  violence  jufqu'à  l'excès  bien  que  Charles  eût  quelque  part  à  cette 

qu'on  avoit  va  dans  le  fâccagement  deRoaie.  longue  captivité. 

L  i 


«4         HISTOIRE    DU    CONCILE 

■  inxTTn.  pics  d'Efpagnc  avoicnt  horreur  de  voir  de  leurs  yeux  celui  qui  repréfcntoît 
CtEM.  vil.  JcfuS'Chrift,  prifonnier,  chofe  qu'ils  tegardoient  comme  rignominic  <fc 
la  Chrétienté  ,  il  changea  de  de(tein  *,  d'autant  plus  qu'il  craignoit  d  ail- 
leurs d*exciter  trop  d'envie ,  6c  d'irriter  le  Roi  d'Angleterre,  qu'il  a  voit 
^rcé  par  la  paix  publiée  au  mois  d'Août  précédent  de  fe  lier  plus-étroitement 
avec  le  Roi  de  France ,  qui  avoir  déjà  envoyé  une  puiflante  Armée  en 
/I<L  Ibi<L  Italie,  &  gagné  divetfes  vidhûres  en  Lombardie.  L'Empereur  ^  confèntic 
Spond.  ad   Jonc  à  la  nn  de  l'année  à  la  délivrance  da  Pape ,  ^î  à  condition  qu'il  ne 
??;  '^*'^'   le  traverferoit  point  dans  les  affaires  de  Milan  Se  de  Naples  ,  &  que  pour 
Bclcard  L   ^^^^^^  ^^  ^^  remettroit  Oftie  ,  Civita-Vecchia ,  Civita^Caftellana ,  avec 
1^.  N°  44.  laFortcrelTc  de  Forli  >  qu'il  lui  donnecoit  pour  otages  ffypoliu  &  Alexan* 
drc  fes  neveux ,  &  qu'il  lui  accorderoit  la  Croifade  en  Efpaene  ,  &  la 
Décime  des  biens  EccléGaftiques  dans  tous  fes  Royaumes.  Apres  que  tout 
•  ^Jrr"*^'   ^"^  conclu  "*  >  le  Pape ,  qui  avoit  reçu  la  pcrmiflîon  de  fortir  du  Châtcaa 
Onuph.  in  ^*  ^"g^  '^  9  ^^  Décembre  >  &  oui  étoit  toujours  en  défiance ,  en  fortit  la 
Clcni.         ^^^^  du  8  ,  &  fc  retira  en  habit  de  Marchand.  &  avec  peu  d'efcorte  à  Monte- 
Fiafcone  ,  &  après  s'y  être  peu  arrêté  il  palTa  de  là  à  Orviète. 
Chémge"       XXX VIL  Pendakt  que  tous  les  Princes  étoient  occupés  d  la  g^uerre ,  la 
me9udê-R£-  Religion  ^  s'altéroit  toujours  de  nouveau  en  divers  endroits  ;  en  quelques- 
^tùnendif-  ^^^  ^^^  l'ordre  des  Magiftrats ,  &  en  d'autres  par  des  féditions  populaires. 
"2vi/j  diU  ^  ^^'^  ^  ^  Berne  ^^  ayant  fait  faire  une  Aflemblée  folemnellc  de  fts 
Smjfe.        Dodeurs  &  de  Savans  étrangers  >  après  une  difpute  de  plufieurs  jours  fe 
«Spond.  ad  déclara  pour  la  dodtrine  de  ZuingU.  A  Baie  il  y  eut  une  émeute  populaire  , 
juL  iyi8.    p  q(^^  toutes  les  Images  furenr  renverfées  ,  les  Magiftrats  dépofés ,  d'autres 
Sldi  U  ™^  ^"  ^"^  P^^^^  ,  fie  la  nouvelle  Religion  introduite.  ^7  D'un  autre  côréil 
6,0,9%.      y^uc  huit  Cantons  qui  dans  leur  Aflemblée  affermirent  pour  leur  diftriA 
pld,  L.  tf.  la  dcwlrinc  de  l'Eglne  Romaine,  ôc  écrivirent  une  longue  lettre  à  celai 
p«  97*         de  Berne  pour  l'cxliorter  à  ne  rien  changer  dans  la  Religion  >  cela  n'appar- 
S  ^^"t      menant  pas  à  un  Peuple  ni  à  un  Paîs  particulier ,  mais  au  feul  Concile  Gé- 
Spond  ad  "^^^*  Néanmoins  ^  l'exemple  de  Berne  fïit  fuivi  à  Genève  ,  i  Confiance , 
an.  151^.    fi^  en  d'autres  lieux  voifins.  A  Strasbourg ,  après  une  difpute  publique  ,  la 
N^  8.         Meflè  fut  défendue  par  un  Décret ,  jufqu  a  ce  que  ceux  qui  la  mainte- 

Steid.  L.  ^ 

p.  5^,  ^  .  .    ^ 

6f.  j4  condition  fu'il  ne  le  traverferoit 

point  dans  les  affaires  de  Milan,  &c.]  Oa- 
tre  les  conditions  dont  parle  ici  Fra-Paoto  , 
&  qu*il  a  copiées  de  Guicciardin,  il  y  en 
avoic  une  autre  marquée  par  PaUavici'n, 
L.  1.  c.  14.  par  faquelle  le  Pape  s*enga< 
geoic  de  convoquer  aiiplûtôt  un  Concile 
Général  dans  un  lieu  convenable  ,  &en  oh- 
fervant  toutes  les  chofu  que  requièrent  les 
Loîx.  FraPaolo  n'en  fa>t  point  de  men- 
tion y  parce  que  s*étant  borné  aux  recher- 
ches de  Guicciardin,  qui  garde  for  cela  le 


fflence  ,  il  y  a  apparence  qu'il  n'en  a  eu  tti- 
cune  connoidànce. 

6  6.  LavHU  de  Berne  ayant  fait  faire  une 
Affemblée  de  fes  Doreurs  ,  &c.]  La  difpute,. 
félon  Steidan^  commença  le  7  de  Janyier , 
&  iïnit  le  2^.  On  en  peut  voir  le  dérail  dans 
rniftbire  de  la  RTéformation  de  \z.  Suiflê , 

T»<  1.  pp.   24  .  ».  102. 

^7.  D*un  autre  cStê  il  y  eut  huit  C  art- 
tons  ^  &c.]  Céroient  ceux  de  LucemCy  Uri^ 
Schwit^  y  Underwald ,  Zoug ,  Glaris^ 
Fribourg  ,  &  Soleurre. 


DE    TR  EN  T  E,  Livre    I.  8y 

noient  cuflcnt  prouve  que  c  ccoit  un  culte  agréable  à  Dieu  ',  &  le  Décret  ^mdxxvw. 
fiibfiftanonobftant  une  longue  &  forte  remontrance  de  la  Chambre  de  Spire,  ^'■^^  V^^> 
pour  prouver  qu'il  n'croit  pas  permis  à  une  Ville  particulière  ,  &  non  pas  ■"— ^"^ 
même  à  tous  les  Etats  de  l'Empire ,  de  rien  innover  dans  la  Doctrine  &  les 
Rits  de  l'Eglife ,  fans  l'ordre  d'un  Concile  Général  ou  National. 

Dans  l'Italie  ^  même ,  plufieurs  perfonnes  goûtèrent  la  nouvelle  Réfor-  ^Spond.  ad 
me.  Car  ayant  été  deux  ans  fans  Pape  &  fans  Cour  Romaine ,  on  rcgardoit  ^ôj'^l^ 
les  malheurs  qu'elle  avoir  efliiyés  comme  l'exécution  d'une  fentence  de  la  i^^^  t;\  ^^ 
Juftice  Divine  contre  ce  Gouvernement  *,  &  Ton  prèchoit  contre  l'Eglife 
Romaine  dans  lesmaifons  particulières  de  plufieurs  Villes,  &  fur- tout  à 
Facnza  Ville  du  Domaine  du  Pape  •,  en  lorte  que  l'on  voyoit  augmen- 
ter tous  les  jours  le  nombre  des  Luthériens ,  qui  avoient  pris  le  nom  d'£' 
vangèliques. 

XXXVIII.  L'an  mdxxviii  ,  •  TArmée  de  France  fit  de  grands  progrès  LeVapifi 
Àams  le  Royaume  de  Naplcs  ,  qu'elle  occupa  prcfqiie  entier.  Cela,  obligea  raccommode 
les  Impériaux  de  faire  forrir  de  Rome  la  leur  ,  dont  la  pefte  avoit  confumé  ^'^'^  ^^^1. 
une  partie ,  &  qui  d'ailleurs  étoit  aftbibliepar  la  retraite  de  ceux  qui  avoient  /^^^  iji 
voulu  mettre  en  fureté  leur  butin.  Cependant  les^  Alliés  faifoient  de  gran-  gue  avec 
des  inftances  au  Pape  de  fe  déclarer  ouvertement  pour  eux  >  de  procéder  /«<  pour  fi 
contre  l'Empereur  par  les  armes  fpirituelles ,  &  de  le  priver  du  Royaume  •'^«^^  ^'- 
de  Naples  &  de  l'Empire,  puifque  Rome  érant  délivrée  non  par  la  bonne  ^*    ' 
volonté  de  Charles  ,  mais  par  la  néceflîté  qui  Ty  avoit  forcé ,  rien  ne  l'obli- ,  sponck  ad 
geoit  plus  de  temporifer  avec  lui.  Mais  le  Pape ,  que  les  traverfes  avoient  an.  15x8. 
abbattu  ,&  qui  prévoyoit  que  fi  les  Alliés  reftoient  les  plus  forts,  iUmain-  N°  3. 
tiendroicnt  la  liberté  de  Florence ,  dont  il  defiroit  davantage  de  recouvrer  ?"^g"^ 
la  poîèrtîon  ,  que  de  fe  venger  des  aflfronts  que  lui  avoit  faits  l'Empereur  -,     ^  *    '^^ 
loin  de  lui  être  contraire  ,  réfolut  de  s'unir  à  lui  à  la  première  occafion  » 
^'  pour  fe  rétablir  dans  Florence ,  dont  il  étoit  (Tir  que  le  Rot  de  France  Se 

^S.  Maïs  le  Pape  —  loin  de  lui  Are    pe  n*iavoit  rien  pîos  à  cœur  que  de  voir  16^ 
€wuraire^  réfolut  de  s'unir  à  lui  à  la  pre-    tablir  fa  famille  dans  cette  ville  avec  toute 


occafion  ,  pour  fi  rétablir  dans  Flo-  l'autorité  qu'elle  y  avoir  eue ,  &  que  c'écoic 

rence,  8ccJ]  C'écoit  une  des  principales  vues  à  quoi  tendoient  toutes  (es  démarclies.  Ma 

de  Clément  en  fe  réconciliant  avec  TEnripe-  giâ  comminciavano  à  non  fi potert  più  difi 

fèor  s  &  rien  n  eft  plus  frivole  que  ce  que  fimulare  i  fiioi  più  profindi  &  piu  occulti 

dit  le  Cardinal  Paltavicin  ,  L.  i.  c.  i^.  penfitri  ^  dïjfimulati  prima  eon  mohe  artiy 

pour  réfuter  fur  cela  Fra-Paolo  ^  favoir,  perche  ejfendogli  infijfa  neW  anima  la  eu- 

qœ  ce  Pape  ne  fie  aucune  mention  de  ce  pidità  di  refiituire  alla  fiimiglia  fiia  la 

dedèin  à  Longueval ,  lorfqu  il  lui  propof»  de  grande^j^a  di  Firen^e ,  s'era  sfir^ato  publi- 

s'ciriir  avec  la  France  &  TAngleterre  contre  cando  ^cacijftmamente  il  contrario  perfita^ 

J'^pereur.  Car  Clément  étoic  trop  habile  dere  à  Fiorentini   niano  penfiero-  ejfir  più 

pour  s'ouvrir  fur  ce  point  à  des  Princes  qu  il  alieno   da  lui,   ne  dtfiderare  fi  non  ehe 

-Ikvoit  bien  être  dans  Tintenrion  de  mainte-  ipieUa  Republica  lo^  riconofitjfi  filaments 

nir  la  tibené  de  Florence.  Auffi  Guicciardin  —  come  Pontcfice  ^  &  che  nelle  cofi priva-' 

qro  notre  Hiftorien  n  a  fait  ici  que  copier,  te  non  pcrfigu'itajfero  i  fiioi ,  ne  lovajfero^ 

nom  Qoarque-c-il  poCciveaient,  que  lePa-  U  infigne  &  gli  omamenti  proprii  doll^ 


t6         HISTOIRE    DU    CONCILE 

Mtf^xviii.  les  Vénitiens  vouloicnt  maintenir  la  liberté ,  s'ils  rcftoicnt  fupérieufs  en 
Clem.  VII.  Italie.  Cependant  ^  fans  fe  découvrir  alors  il  s'excufa  envers  les  Alliés , 
"  fous  prétexte  que  dans  Tétat  de  pauvreté  &  de  foibleflc  où  il  étoit  réduit ,  il 

f  j/V^g  nepouvoit  que  leur  erre  à  charge  ,  fans  leur  êtrcdaucune  utilité  •,  ôc  que 
*  la  dépofition  de  Charles  feroit  loulever  l'Allemagne  par  la  jaloufie  qu'elle 
en  prcndroit ,  &  la  crainte  quelle  auroit  que  Rome  ne  s'arrogeât  Tautorîté 
de  créer  l'Empereur,  Et  comme  il  s'appcrçut  que  fes  Confédérés  pénétroient 
fes  vues ,  &  qu'il  étoit  parfaitement  habile  à  didimuler ,  il  fit  iemblanc  de 
n'avoir  plus  de  penfée  pour  les  affaires  temporelles  'i  &  pour  en  mieux  per- 
fuader  le  public ,  il  ht  entendre  aux  Florentins  pendant  plufieurs  mois , 
qu'il  avoit  tout  â  fait  perdu  le  deflcin  de  fe  mêler  de  leur  Gouvernement  \ 
V  Id.  L  i9>  ^"*^^  ^^  fouhaitoit  autre  chofe  que  d'être  reconnu  d'eux  pour  Ponrife  com- 
me du  refte  des  Princes  Chrétiens  ,  les  priant  ^  de  ne  point  maltraiter  fa 
famille  dans  fes  affaires  particulières  ,  &c  de  fouârir  que  ks  Armes  reftaf- 
fent  aux  édifices  qui  avoient  été  conftruits  par  fes  ancêtres.  En  même  tems 
il  ne  parloir  plus  que  de  réformer  l'Eglife ,  de  ramener  les  Luthériens ,  & 
de  la  réfolution  où  il  étoit  d'aller  lui-même  en  Allemagne  pour  les  convertir 
par  fes  bons  exemples.  Tels  étoient  les  difcours  qu'il  tint  toute  l'année,  & 
qui  firent  croire  à  la  plupart  que  fon  changement  étoit  le  fruit  des  affligions 
que  Dieu  lui  avoit  envoyées.  Mais  ce  qui  arriva  les  années  fuivantes  fie 
X  Luc  VIII.  juger  aux  perfonnes  de  piété ,  que  c'a  voit  été  une  femence  ^  jettée  fur  la  pierre 
}.  ou  le  long  des  grands  chemins  ;  &  aux  gens  éclairés  »  qu'il  ne  s'étoit  conduit 

ainfi  que  pour  endormir  les  Florentins. 

L'an  mdxxix  ,  l'ardeur  de  la  guerre  s'étant  ralientie  par  une  négociation 
de  paix  entre  l'Empereur  &  la  France  »  l'on  traita  de  nouveau  de  la  convo- 
cation d'un  Concile.  François  Quignonès  Cardinal  de  Sainte  Croix  ayant 
apporté  d'Efpagne  l'ordre  de  remettre  au  Pape  Oftie ,  Civita-Vecchia ,  Se 
les  autres  Places  qu'il  avoit  confignéesaux  Impériaux  pour  fureté  de  fes  pso- 
y  Guic-   mcdcs  y  ,  &  lui  ayant  fait  des  offires  confidérables  de  la  part  de  l'Empereur  ; 
ciarcl.Li9.  Clément ,  qui ,  vu  la  paix  qui  fe  traitoit  avec  la  France  ,  confidéroit' oom* 
Spond.  ad   bien  il  lui  importoit  de  fe  lier  étroitement  avec  l'Empereur  ,  lui  envoya  i 
N**  I  ^&^*    Barcelone  TEvêque  de  Vaifon  fon  Ma/ordômc  ^9  pour  traiter  avec  lui  ',  &  ils 

Pallav.  L.  * 

x.c.  i6.      jig^  famigUs  ,  &c.  Ce  neft  donc  pas  paT  dans  le  Traité  que  fit  Clément  avec  Chades 

malignité ,  comme  le  reproche  Pallavicin  l'année  fuivante,  le  fécond  article  fut  pour 

à  Fra-Paolo ,  mais  far  lautorité  d'Ecri-  alTajettir  les  Florentins  aaz  Médicis ^  ce 

vains  inftruits  &  impartiaux ,  que  notre  qui  avoit  toujours  été  le  grand  objet  du 

Hiftorien  attribue  un  tel  deflèin  à  Clément  ;  Pape. 

êc  la  conduite  fuivante  de  ce  Pontife  ne  juf-         ^9.  Clément  —  envoya  à  Barulone  l*E* 

tifie  que  trop  ce  récit,  confirme  par  Nar^  vcqut  de  Vaifon  fon  Majordome  pour  trai" 

di,  qui  dit  que  tous  ces  propos  de  Clé-  ter  ,8cc.]Céto\t  François  Seledo,  qoicon- 

ment  n*étoient  que  pour  endormir  les  Flo-  dut  un  Traité  avec  TEmpereur  le  a  9  de 

rentins:  Addormentare  la  Citta ,  &  farla  Juin  ifi94  comme  on  le  voit  dans  le 

pigra  neir  amarfi  &  fortificarjî ,  corne  fi  Recueil  des  Traités  de  Paix  ,  &  non  le 

êonveniva  ,  perdifendere  lafua  libertà.  Auffi  10  ,  comme  le  dit  Pallavicin ,  ou  le  ii^  j 


DE    TRENTE,  Liv!iE    I.  87 

convinrent  facilement  des  articles.  D  une  part  le  Pape  proraectoit  à  TEm-   mdxxtx.- 

Screur  linveftiture  du  Royaume  de  Naples ,  fans  autre  redevance  que  celle  ^^^***  ^^^' 
*un  cheval  blanc  tous  les  ans.  Il  lui  accordoïc  le  Patronage  de  vingt-qiutre  " 
Eglifesde  ce  Royaume ,  &  s'en^geoit  à  lui  donner  la  Couronne  Impériale , 
8ciCt$  troupes  la  liberté  du  pafUge  par  TËcat  Ecclcfiaftique.  Charles  de  fon 
côté  *  promettoit  7®  de  rétablir  à  Florence  le  fils  de  Laurent  de  Medicis  ne-  ^  j^  jj^j j 
vcu  du  Pape  ,  de  lui  donner  en  mariage  Marguerite  fa  fille  naturelle  ,  &  Guicciard. 
7*  d'aider  Clément  i  recouvrer  les  Villes  de  Cervia ,  Ra venue ,  Modene,  &:  L.  i^. 
Reggio  ,  occupées  par  les  Vénitiens  &  le  Duc  de  Ferrare.  Ils  convinrent  en- 
core de  fe  recevoir  a  la  folemnité  du  Couronnement  avec  toutes  les  cérémo- 
nies ordinaires.  Il  n'y  eut  qu'un  article  qui  fut  lor.g-tems  contefté.  C'eft  que 
le  Pape  voulant  que  Charles  Se  Ferdinand  s'engageaient  à  contraindre  les 
Luthériens  par  la  voie  des  armes  à  rentrer  dans  fobéiflànce  du  Saint  Siège  , 
l'Empereur  demandoit  au  contraire  la  convocation  d'un  Concile  Général 
pour  les  réduire.  Mais  après  de  longues  conteftations ,  pour  ne  point  faire 
manquer. tant  d'autres  articles  importans  fur  lefquels  ils  étoient  d'accord  > 
ib  convinrent  de  s'en  tenir  à  des  termes  généraux ,  &  conclurent ,  que  R, 
les  Luthériens  perltftoient  dans  leur  opiniâtreté  ,  le  Pape  employeroit  pour 
les  réduire  les  moyens  fpirituels ,  &  Charles  &  Ferdinand  les  temporels ,  tels 
que  la  prife  des  armes  ;  en  quel  cas  le  Pape  feroit  obligé  d'engager  les  autres 
Ihînces  Chrétiens  à  fe  joindre  à  eux  pour  les  foumettre. 

Ainsi  fut  terminé  ce  Traité  dont  la  coudufion  donna  beaucoup  de  joie  i 
Clément  y  &  de  furprife  à  tout  le  monde  ,  qui  admiroit  comment  le  Pape  ^ 
qui  avoit  perdu  tout  fon  Etat  &  fa  réputation  >  a  voit  pu  recouvrer  fà  pvc^ 
roière  grandeur  en  fi  peu  de  tems  :  ce  que  les  Italiens  ,  qui  avoient  va 
des  évenémens  fi  differens  &  fi  contraires ,  regardoient  comme  un  miracle  » 
&  les  partifaas  de  la  Cour  de  Rome  comme  un  figne  éclatant  de  la  pro* 
tedfcion  de  Dieu  fur  fon  Eglife. 

XXXIX.  En  Allemagne ,  l'Empereur  ^  ayant  convoqué  les  Etats  à  Spire     Dihe  à 
pour  le  15  de  Mars,  le  Pape  y  envoya  Jean  Thomas  Comte  de  la  Mirandole^p'^^* 
pour  les  exhorter  à  la  guerre  contre  le  Turc  ,  promettant  d'y  contribuer  ^  ^^^*^*  ^ 
de  fa  part  autant  que  les  forces  épuifécs  par  calamités  pafTées  le  lui  per-  pâ^'av^Li. 
znett^oient ,  ic  de  mettre  tous  fcs  foins  à  pacifier  les  difrérends  qui  étoient  c  18. 

Spond.  ad 

2Q     I C  XQ 

comme  le  marque  le  Continuateur  de  M.  Laurent  Je  Medicis  neveu  du  Pape.]  Sa^  N.'io. 

FUury.M,  de  Thon  ^L.  i.  N**  1 1.  ditqae  voir  Alexandre^  fils-naturel  de  Laurent 

le  Pape  lai- même  fut  à  Barcelone  s  nnais  Duc  d*i/rhin ,  qui  époufà  Marguerite,  8c 

t*eft  une  méprife,  5c  il  el\  le  feul  qui  le  fut  proclamé  Doc  de  Florence  le   6  de 

&£e.  Il  7  à  beaucoup  d  apparence  y  comme  Juillet  i  f  ^  i  • 

le  conjeéhire  M.  Dupuy ,  quau-lieu    de         71.  D'aider  Clément  à  recouvrer  les  vil^ 

Sarcinonem  il  faut  lire  Bononiam  prafeBus^  Us  de  Cervia ,  Ravenne ,  Afodène,  &  Reg^ 

puifque  ce  (lit  a  Bologne  que  Ce  m  l'entre-  gio,  occupées  par  les  Vénitiens  &  le  Duc  de 

vue ,  iTiais  plufieurs  mois  après  la  fignature  F^rr^rr. JCervia  &  Ravenne  furent  effjélive- 

du  Traire.  ment  rendues ,  mais  non  Modcne  &  Reggio> 

jo.  De  rétablir  i  Florence  le  fils  de  qui  reûettnt  too|oan  à  la  Maiibn  d'i?/?e. 


S8         HISTOIRE    DU    CONCILE 

ifoxxix.  entre  TEnipcreur  &  le  Roi  de  France  ,  afin  que  touc  étant  tranquille  ',  ic 
Clem.  VII.  jQus  les  empcchemens  levés  ,  il  pic  convoquer  un  Concile  pour  le  réca- 
■"■"■■"  bliflement  de  la  Religion  eh  Allemagre. 

Les  affaires  de  Religion  furent  les  premières  qui  occupèrent  la  Diète» 
^Pallav  L  ^^  ^^^  Catholiques  rentcrent  de  faire  naître  ^  de  ladivifion  entre  leurs  ad- 
L.  i.  c  i8.  verfaires,  qu'ils  voyoient  partagés  en  deux  Partis  ,  dont  Tun  fuivoic  la 
Fleur)r ,  L.  dodbcine  de  Luther  &  l'autre  celle  de  Zuinglc  ;  &  ils  y  euflènt  réufli  ^  fi 
x5i.N^6z.  le  Landgrave  de  Hefic  Prince  fage  &  prévoyant  n'eût  prévenu  le  péril» 
7  3  en  remontrant  que  la  différence  n'étoic  pas  importante  »  &  en  leur 
faifant  efpérer  qu'ils  s'accorderoient  facilement  enfemble  \  au -lieu  que 
s'ils  fe  parcageoient ,  leur  divifion  les  expoferoit  â  un  grand  danger  par 
l'avantage  qu'en  tireroient  les  Catholiques.  Après  une  longue  difpuce  qu'il 
y  eut  dans  la  Diète  pour  trouver  quelque  forme  d'accommodement  »  M 
c  Slcid.  L.  enfin  on  convint  d'un  Décret ,  qui  portoit  :  «  Que  celui  de  la  précédente 
^. p.98.      Diète  de  Spire  ,  par  les  fauflès  interprétations  qu'on  lui  avoit  données» 
Fleury  ,  L  ayant  fervi  à  maintenir  toutes  fortes  d'opinions  abfurdes ,  il  étoit  nécef* 
*^**^°^4- faire  de  l'expliquer  :  7t  Qu'ils    ordonnoient  donc  que  ceux  qui  avoienc 
jufqu'alors  oofervé  l'Edit  de  Wormes  euflènt  à  continuer  de  le  faire  ,  te 
euflent  le  pou  voir  d'y  contraindre  leur  peuple ,  jufqu'à  la  tenue  du  Coa- 
cile  que  l'Empereur  faifoit  efpérer  bientôt  :  Qui  l'égard  de  ceux  qui  avoienc 
changé  de  Doâirine ,  &  qui  ne  pouvoient  l'abandonner  fans  crainte  de 
quelque  fédition ,  ils  s'en  tiendroient  à  ce  qui  étoit  fait ,  £ins  rien  inno- 
ver davantage  jufqu'à  ce  même  tems  :  Que  la  Meflc  ne  fût  point  abolie  » 
&  que  dans  les  lieux  même  où  la  nouvelle  doftrine  avoit  été  reçue , 
n'^Aipèchat  poiqit  de  l'y  célébrer  :  Que  ï /Inabapnfmc  fut  interdit  fous  pei 


71.  Les  Catholiques  tentèrent  de  faire 
naître  de  la  divifion  entre  leurs  adverfaires  , 
3cc.]  Ceft  ce  oue  Pallavicin  reconnoît  lui- 
tnème ,  en  crîciquant  cependant  Fra-Paolo 
pour  avoir  traité  cela  d'artifice.  11  eut  eu 
ton  en  effet,  fi  par  le  mot  êi artifice  il  eût 
entendu  quelque  chofe  criminelle.  Mais 
fi  y  comme  il  eft  vraifemblable ,  il  n'a  pris 
ce  mot  dans  aucun  autre  fens  que  celui 
d'adreflc  &  d'habileté ,  je  ne  vois  pas  quelle 
cenfure  il  mérite  pour  cela  \  &  le  Cardinal 
Séripand  dzns  une  de  Tes  lettres  Ce  fert  de  la 
Blême  expreiïlon  dans  une  occafion  à  peu 
près  pareille. 

•  jy  En  remontrant  que  la  différence  ni- 
toit  pas  importante,  &c.]  Le  Landgrave 
e&t  bien  voulu  le  leur  foire  croire.  Mais  tant 
de  réunions  tentées  inutilement  entre  les 
^uingliens  &  les  Luthériens  ont  toujours 
montré  ^  qu'au  jnoins  ils  éjtoient  bien  perf^a* 


on 

peine 

de 

dés  du  contraire.  En  ceci  chacun  (botenoir 
(on  caraétère:  le  Landgraveparloit  6c  agiflbîc 
en  Politique  ,  &  les  autres  en  Théologiens. 

74*  Enfin  on  convint  d^un  Décret ,  &&] 
Qui  fiit  foit  (èlon  Pallavicin  le  1 5  d'Avnl 
I  f  29.  Mais  comme  félon  Sleidan  la  pfo- 
teftation  des  Princes  oppofkns  (e  fit  le  19  ^ 
il  fout  que  le  Décret  ait  été  foit  plntÂtp 
quoique  peut-être  il  n*ait  été  publié  que 
le  1).  Le  Continuateur  de  M*  Fleury  met 
ce  Décret  an  1  ) ,  &  cette  date  paroir  plqs 
vraifemblable. 

7f.  Qu'ils  ordonnoient  done^9cc.'\  0«* 
tre  les  diflérens  articles  du  Recès  rapponéf 
ici  ^tFra-Paolo^  il  y  en  avoit  encore  aa 
autse  par  lequel  il  étoit  ordonné  que  la  Seât 
des  Sacramentaires  fôt  bannie  de  toutes  lef 
terres  de  l*Empire,  &  qui  défendoit  deie* 
cevoir  en  aucun  lieu  leur  doélrine  fiiî  I9 
Cène  du  Seigneur. 

7^.  VE^ 


DE    T  R  EN  T  E,  Livre   I.  %$ 

AU  vie»  fuivanc  TEdit  de  l'Empereur  qu'ils  avoient  ratifié  :  Qu'à  l'cgard  MDXxTiir. 
des  Prédicateurs  &  des  Impreflions  l'on  obfervâc  les  Décrets  des  deux  derniè-  ^^^  ^^ 
ses  Dièaes  de  Nuremberg  ,  c*e(b-à-dire  »  que  les  Prédicateurs  fuÛeotcir-  ■"— •■■^ 
a>nfpecb  »  &  fe  gatdallent  d'ofFenfer  peribnne  par  leurs  paroles ,  &  de 
donner  lieu  au  peuple  de  fe  foulever  contre  leurs  Ma^iftrats  :  Qu'ils  s  abf- 
dnflènt  de  |)ropofer  de  nouveaux  dogmes ,  ou  qui  mOfèut  peu  fondés  fur 
rEcriture  \  mais  qu'ils  prèchadènt  l'Evangile  félon  l'interprétation  approu- 
vée par  l'Ëgliie ,  fans  toucher  aux  chofes  qui  étoient  en  difpute ,  jufqu'â 
la  détermination  du  Concile  >  où  tout  feroit  légitimement  décidé. 

7^  L'Electeur  ^  de  Saxe  &cinq  autres  Princes  s  oppofèrent  à  ce  DéaeC)  Frûtefistim 
di(ant ,  Qu'il  ne  convenoir  pas  de  déroger  à  celui  de  la  Diète  précédente  »  ^  ^utlquês 
^ui  avoit  accordé  â  chacun  la  liberté  de  Religbn  jufqu'au  Concile  -,  &  Prstues^* 
que  ce  Décret  ayant  été  £ait  du  confentement  de  tous,  il  ne  pouvoit  auffi^^^^      •  * 
èoe  alteii  que  d'un  conientement  général  :  Que  dans  la  Diète  de  Nurem-yL^  jmtjw 
bergron  avoic  vu  clairement  l'ori^me  &  la  caufe  de  toutes  les  diilenûons  ^  U  ReUgfo»^ 
te  que  le  Pape  lui  -  même  en  avoit  fait  l'aveu  ;  mais  eue  nonobftanx  les  de-  ^^JVT^ 
jnandes  qui  lui  avoient  été  faites ,  il  n'aveic  apporte  aucun  remède  aux  ^    p^^?!^ 
(knt  Gritfs  dont  on  s'étoit  plaint  :  Que  dans  toutes  les  délibérations  précé- 1^,. 
dences  on  étoit  convenu ,  qu'il  n'y  avoit  point  de  moyen  plus  propre  que  i/Spoad.ad 
le  Concile  pour  terminer  toutes  les  difputes  :  Qu'en  attendant,  recevoir  an.  i  j  ty. 
le  nouveau  Décret,  c'étoit  rejetter  la  Parole  ck  Dieu  pure  &  fimple  ;  ^pV^V 
que  permettre  la  Mefle,  ^'étoit  renouveller  les  défordrcs  :  Qu'ils  approu-  ^  f^\%^ 
voient  la  clauie  de  pr^dier  l'Evangile  ielon  l'interprétation  approuvée  par  sieid.  L  €^ 
i'Eglife ,  mais  qu'il  reftoit  à  (çavoir  quelle  étoit  la  véritable  Eglifè  :  Que  p^^t.  de  ffs 
d'admettre  un  Décret  (i  obfcur  ,  c'étoit  ouvrir  la  porte  à  beaucoup  de  trou<- 
Vits  te  de  conteftations  :  Qu'ils  n'y  pouvoient  donner  leur  confentement , 
&  qu'ils  rendroient  compte  à  tout  le  monde  &  i  l'Empereur  même,  de 
leur  refus  *.  Et  qu'enfin  ils  ne  feroient  rien  jufqu'au  Concile  Général  ou  i 
!un  Concile  National  d'Allemagne  ,   qui  ne  riit  conforme  à   la  raifen. 
77  Quatorze  des  principales  Villes  d'Allemagne  ^  fe  joignirent  à  cette  op-  g  id.  f,  f^ 
pofition.  Et  parceque  les  Princes  &  les  Villes  rendirent  publique  leur  Pro- 
teftatjon  &  l'Appel  qu*ils  firent  de  ce  Décret  à  l'Emperçur  &  au  Concile 
Général  futur  ou  à  un  Concilp  National  d'Allemagne  p  &c  Jl  tontes  fortes 
de  Juges  non  fufpe£fcs ,  le  nom  de  Prçuftanscn  oemeura  â  tous  ceux  qui 
Êdfoient  profeflion  de  la  nouvelle  Relieion  de  Luther. 
'    XL.  Comme  nous  avons  fait  ici  mention  de  la  différence  d*opinîoii  quHl  Cênflntuê 

y  avoit  entre  Luther  8c  ZtùnsUivii  l'article  de  l'Euchariftie ,  il  eft  bon  d'en  ^  ^^^^ 
'  ^  fottr  nçQWz 

76.  L'EUHtur  de  Saxe  &  cinq  autres  lemagne  fi  joîgnirem  à  cette  oppofition  ^ 
f  rinces  s'opposèrent  à  ce  Décret  ^  Sec»]  Sa-  &c.]  Cétoienc  celles  de  Strasbourg  ^  Nu* 
Yoir^  l*Eledear  àt  Brandebourg  ^  Emefl  &  remherg.  Confiance  j  Ulme  ,  ReutUnghen  ^ 
François  Dacs  de  Lunekourg ,  Philippe  fPînd^heim,Meminghen,Lindaw,Kemp^ 
Landgrave  de  Meffe  ,  8c  Voijgang  Prince  ten^  HaiBron,  Ifny  ^Weijfembçurg^  tf^nt, 
^Anhalt.  knghen  ,  9c  f.  GaL 

77.  Q^atorzi  dfis  prineipêUs  Villes  f^k 


90  HISTOIRE    DU    CONCILE 

uvtMx.  parler  un  peu  plusdiftinâemenc.  78  Lutherie  Zuinglcy  fans  aucun  concert 

CiMi.  Vil.  çntrc  l'un  &  l  autre ,  ^  ayant  commencé  le  premier  en  Saxe  Se  l'autre  2 

'    '  Zurich  à  faire  des  cha^gemens  dans  la  Religion  ,  s'accordèrent  fur  tous  les 

^uLàli'  s  ^^^^  ^^  doârine  jufqu  en  mdxxv.  Mais  quoique  dans  l'explication  du  mjù 

^^f^^Xiy.  èiedu  Sacrement  de  TEuchariftie  ils  convinrent  l'un  &  l'autre»  que  le 

tkéri  ns.      corps  &  le  fang  de  Jefus  Chrift  ne  font  que  dans  l'ufage ,  &  y  font  reçus 

/Flcury,  L  de  cœur  &  par  la  foi  ;  néanmoins  Luther  enfcignoit  que  ces  paroles  de  Notre 

I  }!•  N^'Si.  Seigneur ,  Ceci  efi  mon  corps  ,  doivent  s'entendre  a  la  lettre ,  &  dans  leur 

fens  naturel  \  &  Zi^'/7^/e  au  contraire  >  qu'il  les  faut  prendre  dans  un  ient 

figuré ,  fpirituel  &  facramentel ,  &  non  pas  charnellement.  Et  comme  la 

difpute  s'échauffoit  &  s'aigriflbit  toujours  de  plus  en  plus ,  fur- tout  du  côté 

de  Luther  y  qui  traitoit  fes  ad verfaires  d'une  manière  fort  dure ,  cela  fournit 

occafion  aux  Catholiques  de  travailler  dans  la  Diète  de  Spire  tenue  cette 

annéo ,  à  infpirer ,  comme  on  l'a  dit  »  de  la  défiance  &  du  dégoût  à  l'un  des 

Partis  contre  l'autre.   Mais  le  Landgrave  de  Hefle ,  %  qui  découvrit  l'arti- 

., , .      fice  ,    &  qui  avoit  tenu  iufque-là  ces  deux  Partis  unis  dans  l'efpérance  de 

pw  lox.       concilier  leurs  opmions ,  les  ht  conlentir  ,   tant  pour  maintenir  les  pto» 

meflès  que  pour  prévenir  le  danger  de  cette  divifion ,  à  tenir  un  Colloque  » 

où  les  Suiues  dévoient  envoyer  quelques-uns  de  leurs  Théologiens.  7$  Mar« 

h  Spond.  ad  pourg  fut  le  lieu  qu'il  affigna  pour  cette  Conférence  ,  **  &  elle  fe  tint  pen- 

adaiLi;i^.  Janttout  le  mois  d'Oftobre  de  Van  mdxxix.  *®  Luther  y  vint  de  Saxe  avec 

Pallav.L).  deux  de  fes  difciples  9  &  Zuingle  &  (Rcolampadc  s'y  trouvèrent  de  la  part 

c  K         '  des  Sui(Tès.  Luther  &  Zuingle  y  difputèrent  feuls.  La  difpute  dura  plusieurs 

Kéfbmi.  de  jours  ,  fans  qu'ils  puflent  convenir  de  rien  \  foit  que  la  conteftation  ayant 

Suiffc,  T.x. 

^'      ^'            78.  Luther  &  Zuingle -^s'accordèrent  tivementqne  dans  rarricTe  de  ITncbariftiew 

Jur  tous   Us    chefs   de  do&rine  jufqu  en  79.  Marpourg  fut  le  lieu  qu'il  ^gfUÊ 

UDXXY.]  Cela  n'eft  pas  exaâemenc  vrai ,  pour  cette  Conférence  y  &  elle  fe  tint  /ma* 

&  ne  doit  pas  fe  prendre  à  la  rîgaeurs  dant  tout  le  mois  d^Oéhère  de  Tan  UDXXixJi 

êc  on  ne  doit  entendre  cet  accoiS   qae  Selon  Sleidan ,  on  fe  fépaia  dès  le  conn- 

par  rappon  aax  conceftatîons  principales  mencement    d*Oâobre  :  Et   its  fuidem 

qui  x^noient  alors,  c*efl  à  dire  »  par  rap-  amicl  difcejjfutn  fuit  initia  Offohris.  En  ef* 

poR  aux  Indulgences ,  aa  culte  des  Ima-  fet  cette  Conférence ,  qui  ne  dora  que 

ges ,  à  Tinvocation  des  Saints ,  à  la  dif-  deox  joan  y  finit  dès  le  troifièmc  d*Oâo* 

tin^on  des  Viandes  ,  aa  Célibat  »  &  à  bre,  ce  qni  montre  que  FrârPaolo  nesVft 

quelques  autres  anicles  de  cette  nature,  pas  exprimé  exaâement. 

Car   d'ailleurs  il  y  avoit  plufieuis  autres  to.  Luther  y  vint  de  Saxe  avec  deux  dt 

points  (îir  leiquels  ils  ne  s'accordoient  pas  j  fes  difcipUs  ,  &c.  ]  Luther  y  étoit  accom» 

comme  fur  le  Péché  originel ,  l'eflScace  pagné  de  Mélanfion  ,  dt  Jonas ,  SOfian^ 

des  Saciemens,  &  quelques  autres  quef*  der^  deBrentius,  8l  d'Agricolai  Se  Zuin* 

tioDS  fur  lesquelles  ces  deux  Seélcs  ont  gle  y  vint  avec  Oecolampade  ,  Bueer^  ft 

toujours  été  partagées.  Le  Continuateur  de  Nédion^  febn  le  rz^fon  de  Spondt.  S  là- 

IL  Fkury  s'exprime  pounant  comme/Wi-  dsu  ne  parle  ni  de  Brentius  ni  d^^gncola: 

Piitf&^&ron  voit  que  les  Confeffionsdefbi  mais  on  voit  par  la  ^nature  de  Taccord 

des  Zaingliensêc  des  Luthériens  préTentées  dit  le  tioifiême  d'Oâobre ,  qu'ils  7  écoiciir 

danaUDimd'AnfboiirgnedifiSroientefièG-  cemme  les  awes. 


DE    TRENTE,  L  i  vue  I.  91 

été  pottflee  trop  loin,  les  Auteurs  y  tcouvadënc  leur  honneur  engagé  ;  ^' 
foit  que ,  comme  il  arrive  d'ordinaire  dans  les  queftions  de  mors  >  la  peti 
cedcmème de  la  différence  fervîr i  fomenter looftinacion  ;  ^^  foir  qu'enfin 
Luther,  comme  il  1  écrivit  peu  après  à  un  de  fes  amis  »  voyant  déjà  de  fi 
grands  rroubles ,  ^  ne  voulût  pas  rendre  fes  Princes  plus  odieux ,  ni  les  ex- 
pofer  à  de  plus  grands  dangers  en  recevant  l'interprétation  des  Zuingliens  > 
dont  les  Romains  avoient  tant  d'horreur.  Mais  quelle  que  ce  foir  de  ces 
caufbs  i  laquelle  on  veuille  rapporter  cet  événement  >  il  y  en  a  une  qui 
eft  plus  générale  &  plus  vraie  ,  &quieft,  que  Dieu  vouloic  fe  fervir  de 
çecte  divifion  de  fentimens  pour  divers  effers ,  qui  arrivèrent  dans  la  fuite. 
Cependanr  il  fallut  finir  la  Conférence  fans  rien  conclure,  finon  que  le  Land- 
grave obrinr  d'eux ,  ^  qu'éranr  d accord  fur  cous  les  autres  chefs  ,  ^)  ils 
s'abftiendroientd  l'avenir  de  trairer  cette  matière  parâculière  avec  aigreur  & 
avec  emportement ,  &  qu'ils  prieroient  Dieu  de  leur  découvrir  quelque 

Sie  de  concorde.  ^^  Mais  comme  leurs  fuccefleurs  fuivirent  mal  un  accord 
c  avec  taiit  de  prudence  >  ^  ou ,  comme  ils  difoient ,  avec  tanr  de  charité , 
cela  rerarda  beaucoup  le  pro«:ès  de  la  nouvelle  doârine.  Car  en  marière 
de  Religion ,  coure  divifion  oans  un  Parri  fournir  au  Pani  contraire  dequoi 
Tactaquer  avec  fuccès. 


!?pi^ 


k  Sleid.  L. 
^.  p.  loi. 


/  Spond.  ûi 
an.  1519. 
N«  II. 


'  Si.  SoU  que  ,  comme  il  srrive  d'oniinai'- 
n  dans  les  queftions  de  mou  ,  la  peùtejfe 
mime  de  la  diffirenee  fervît  â  fomenter  Vob-' 
fittduion.]  Fra-Paolo  juge  ici  de  cette  dif- 
firence  aotrement  c^  n'en  jageoient  ]es 
Lodiériens  eax-mimeSt  qai  lont  toajonrs 
regardée  comme  fi  eHèntielle,  qu'ils  nont 
pQ  troarer  moyen  ni  de  la  concilier ,  ni 
de  fe  réunir  «  tant  qu'ils  ne  s'accordent 
pas  fur  ce  point.  Lors  même  qu'a  la  pnère 
do  Landgrave  l'on  convint  malgré  cette 
oppofition  de  fé  (bpponer  avec  charité , 
Luther  répondit  que  c*étoit  avec  cette  cha- 
rité qu'on  doit  aux  ennemis,  &  non  celle 
qui  unit  les  Chrétiens  en  une  feule  Sbcié- 
^.  (Rif.  de  Suiffe»  T.  t.  p.  490.)  U  eft 
yrai  aum ,  que  fans  décider  de  quelle  im* 
portance  eft  cette  queftion ,  on  ne  peut  pas 
dire  du  moins  que  ce  ne  (bit  qu'une  cptC- 
cion  de  mots.  Si  par  rappon  aux  effets  la 
diffibence  eft  peu  eflentielle,  elle  ne  laiffe 
pas  d'être  confidèrable ,  tant  par  rapport  à 
la  nature  de  la  chofe ,  que  par  rappon  i  la 
diverficé  du  culte ,  qui  (uit  de  la  diverfité 
d'opinion  (ur  ce  point. 

tz.   Soit  qiC enfin  ^  il  ne  voulût  pas 
rendre  fis  Princes  plus  odieux  ,  &c.]  Ce 


pouvoir  êore  an  de  fes  motifs ,  mais  ce 
n'étoit  pas  &ns  doute  le  plus  puiflànt, 
puifque  d'ailleurs  Luther  a  toujours  £iit 
profeffion  jufqu'à  la  fin  de  re^rder  le  fen- 
timent  des  Zuingliens  comme  contraire  à 
l'Ecriture  Sainte,  à  la  tradition  de  l'Eglife, 
&  à  la  vérité. 

%\.Ils  s'ahfiiendroient  à  lavenir  de  traî* 
ter  cette  matière  particulière  avec  aigreur 
(f  avec  emportement  y  &c.]  Doveffero  per 
Vauvenire  aftenerfi  dalle  acerbità  in  fuefto 
paniculare^  pregando  DiOy  che  mcfiraje 
qualche  lume  di  concordia.  Ce  font  les  ter* 
mes  de  Fra  -  Paolo  ,  que  M.  Amelot  a 
mal  rendus  en  traduifant ,  quils  s'éUftien" 
droient  à  l'avenir  de  conttfier  davantage 
fiir  ce  point.  Car  le  Landgrave  les  fie 
convenir,  non  de  ne  point  contefter, 
mais  de  le  £iire  (ans  aigreur,  aftenerfi  dalle 
acerbità. 

S  4.  Mms  comme  leurs  fucceffeurs  fuivi- 
rent mal  un  accord  fait  -  avec  tdtnt  de 
charité,  êcc]  Ceft  à  dire,  comme  l'^Ji- 
pUquoit  Luther,  avec  la  charité  qu'on  doit 
aux  ennemis ,  Bc  non  celle  qui  fait  regar- 
der les  Chrétiens  comme  autant  dt  ui«. 


res. 


M  a 


9t        HISTOIRE    DU    CONCILE 

i^xTiT.  XLI.  ^ï  Le  Pape  ™  &  l'Empereur  ayant  conclu  leur  Ligue  enfeinbtey 
CtEu.  VU  comme  nous  l'avons  dit  ,  &   tout  étant  prêt  pour  le  Couronnement  de  ce 

«  Prince  ,  la  Ville  de  Bologne  fut  choifie  pour  cette  cérémonie ,  le  Pape  ne 

^u  plp!^  trouvant  pas  à  propos  de  la  faire  à  Rome  en  préfence  de  ceux  qui 
de  tEmff'  favoient  laccagée  deux  ans  aupstravant.  L'Empereur  de  fon  c6té  y  crouvoie 
ffsa^  k  Btf- fa facisfaârion  ;  parceque  la  cérémonie  en  dévoie  être  plus  courte,  &  que 
ic^ne  ^  (^  par- là  il  pourroit  pafTer  plutôt  en  Allemagne,  comme  il  le  fouhai  toit.  Le 
Cûuronnt'  ^^^^  n  comme  Ic  plus  grand  vint  donc  le  premier  k  Bofogne ,  puis  l'Erope* 
Trince,       teur ,  qui  y  arriva  le  j  Novembrclc  s'y  arrêta  quatre  mois,  demeurant 

iff  Pailav.  dans  le  même  Palais  avecle  Pape.  Il  %*y  traita  de  oeaucoup  de  ebofès  encre 
L  3.  c.  X.  ces  deux  Princes  ,  les  unes  pour  le  repos  univerfel  de  la  Chrétienté  »  les 
Sponcf.  ad  autres  pour  leurs  intérêts  particuliers.  Les  principales  furent  la  paix  gén^ 
>rY&'x.  ^^'^  d'Italie,  &  la  ruine  des  Proteftans  d  Allemagne.  La  première  n'ap- 

n  sldd.  L.  patient  point  à  notre  fujet.  Mats  pour  ce  qui  concerne  les  Proteftans ,  il 

7.  p.  104.    y  avoit  des  perfonnesqui  confeilloient  i  l'Empereur  de  diffimulep  béas» 

Guk.  L.  &a  coup  de  chofes  ,  attendu  le  caraâère  des  Allemands  fort  paflionnés  pour 

leur  liberté ,  &  qui  croyoient  qu'il  feroit  beaucoup  mieux  de  ramener  les 

Princes  à  l'obéifiànce  du  Pape  par  des  moyens  doux  &  cfes  remontrances  en* 

{gageantes  ;  d'autant  que  ii  une  fois  ils  retiroient  aux  nouveaux  Doâeurs 
eur  proteâion ,  il  feroit  aifé  de  remédier  au  refte  :  Que  pour  cela  le  Con- 
cile étoit  le  rtméde  te  plus  propre  &  le  plus  certain  ,  tant  parce  qu'ils^  le 
IblliciToient ,  que  parce  que  totK  le  monde  £t  ibnmettrote  à  un  nom  & 
Ugufte  &  n  vénérable. 
V  Mais  le  Pape ,  qui  ne  craignoît  rien  tant  qu'un  Concile ,  fur-cour 

8%»  Le  Pape  nr  trouvant  pas  a  propos  meffo  îTpenJîero  tanâare  hutanp  j  pnfi  im 

'de  la  faire  à  Rome  en  préftnce  de  ceux  qui  Bologna  con  eonforfo  grande  ma  conpiccoléS 

Pavoîent  faceagée  deux  ans  auparavant.  ]  pompa  &  fpefa  la  Corona  Impériale  j  Sec. 

£a  nifon  qa*en  donne  ici  Fra-Faolo  ne  Ceft  ce  ce  que  Pii/Afvicin  prouve  tnffi  par 

ficmUe  pas  la  véritable ,  paifqne  le  Pape  &  une  lettre  du  Pape  mtme  à  l*Ev£que  de  Vai* 

FEmpereur  étoient  convenus  auparavant  de  fon  ^  Se  ce  qui  eft  attefté  par  d'aatres  Hîf» 

fetranfponer  à  Rome  pour  cette  cérémo-  torrens.  Peut-être  même  que  j.  comme  Tin-^ 

nie ,  comme  le  dit  Guicciardin.    Statut-  ûnxxt  dans  Sltidan^  L.  7.  p.  loj.ledilcoort 

roRO  poi'  il  Ponttfice  &  Ctfare  étandare  à  de  l*Empereur  à  la  Diète  d'Ausbourg  «  cr 

Swnaper  dare  pïh  (Tapprejo  favore  alla  Prince  pnt  ce  parti  pour  diminatrb  dé^n*^ 

imprefa  ,  &  poi  trasferirfi  à  Romaper  la  fe.  His  rébus  cvgniti^  valde  fejuije  eom-^ 

Corona.  Ce  qu'ajoute  ce  même  Auteur  a  motum,  ^  idcirco  ut  celeriter  auxUia  mitte^ 

Jlbsdevnrifemblance.  CeflqueTEmpereur  rentur  ^  eam  pecuniam  quam  fibi  Romam 

tant  preffé  de  paflêr  en  AHemagne ,  il  étoic  inaugurationu  eaufa  proficifcerui  erant  f»» 

plus  commode  pour  ce  Prince  d'être  cou-  penfuri  ,  juffijfe  omnem  eè  converti.  Cda- 

lonnéà Bologne , d'oiil  poiivoît plus promp-  n'cft pas  abfolument hors dfe  vraifemblance r 

lemenc  fe  rendre  à  Ausbourg  pour  7  tenir  la  mats  la  raifbn  de  Guicciardin  paroit  de  too*- 

Dière  qut  devoit  s'y  aflfembler  :  JHa  ejfendo  tes  la  micui  fondée  ,  it  Fra-Paolo  femUe 

già  in  proeinto  di  partir  fi,  d  vera  h  fimu-  en  convenir  à  lia  fin. 
Èéta  chefujje  ta  dtliherûtione  ,  fopravennero         %6.  Mais  le  Pape  ,  qui  ne  craignoit rieit 

ktterê  di  Germania  ,  cke  lo  folUcitavano  à  tant  quun  Concile ,  &c.  ]  C'eft  Guieciatdm 

srasfirirji  in  quella  Provinda-m^Pero  om*  <pk  nous  le  dit  ^  &  qui  a'eft  pas  contredit  tft 


comme  fage  &  pieux.  Riferuo  qmfto  dif-  ^^^'  ^ 
ccrfo^  ilquaUfefoffipato  Morfaua  ve-  ^ôl^^^' 


DE    TRENTE,  Livre   I.  ^j 

t^l  &  tenoit  delà  les  monts ,  librement ,  &  avec  Tintervention  de  ceux  qui  kdxxxx. 
avoient  déjà  fecoué  le  )ougde  robéiffance ,  voyoit  clairement  combien  il  le-  ^****  ^^^ 
loit  facile  â  ces  gens-là  de  gagner  les  autres.  Ouae  cela  il  confidéroit ,  que  '■■■■■■■■^ 
bien  qu'il  eut  un  intérêt  commun  avec  tous  les  Evèques  ,  que  les  Au- 
teurs des  nouvelles  doârines  vouloient  dépouiller  de  leurs  richeflès ,  ils 
aroient  néanmoins  eux  *  mêmes  quelque  lujet  d'être  mécontens  de  la  Couc 
de  Rome ,  qu'ils  prétendoient  avoir  ulurpé  fur  eux  la  collation  des  Béné- 
fices par  les  Réfervations  &  les  Préventions  >  &  leur  avoir  enlevé  une 
grande  partie  de  leur  jurifdiâion  par  les  Evocations  ,  les  Difpenfes ,  les 
Abfblutions  &  autres  droits  pareils  ,  que  les  Papes  s'étoient  appropriés , 
èt^  communs  qu'ils  étoient  auparavant  à  tous  les  Evêques  :  ce  qui  lui  fai- 
foie  juger  que  la  tenue  du  Concile  ne  ferviroit  qu'à  diminuer  con(tderable« 
ment  1  autorité  du  Pontificat.  ^7  II  s'applioua  doncentiérement  à  perfuader 
à  l'Empereur ,  ^  que  le  Concile  >  loin  d'être  utile  à  pacifier  les  trouble   ^  ^j^ij-  r 

7«P.  lotf. 
cda  par  les  aanres  Hiftoriens.  Neffuna  cofa.    Mais  il  eft  cenain  ao  moins  que  s'ils  ne  (ont  ^allav.  L 
ik  cet  Hifèoîien  L.  lo.  di/piaceva  jnù  si    pas  vrais,  THiflorieny  a  mis  coatela  vrai-  3*  <^  ^*  N^ 
Pép^  di  quefta  ;  ma  per  confervart  Ufli^    Ambiance >  poifqae  PaUavieim  avoue  qoe^*  5*  &  5* 
msiione  deÛa  huona  menu  fua  ,  dij/imu^    fi  ce  difcoors  écoit  vrai  i.  on  devroir  le  louer  ^^^J' 
iâVéi  quefta  inclinatione  à  caufa  di  timoré  : 
ms  temcndo  in  effetto  che  il  Concilioper  mo- 

derare  Pabufioni  délia  Cotte  e  le  îndifcrete  ramente  dal  Papa  ,  dovreih  bdarji  corne  -^{^^   r 
tmueffioni  di  moki  Pontefici  non  diminitiffi  figgio  ,  pio ,  e  eonfermato  daW  e^ento.  C'eft  j  j  ij$^ •<- 
tr^fpo  Ufacokà  Pontificale  Sec.  PaUavicin    tout  ce  qaon  peat  exiger  en  pareil  cas^  ^ 
Ini-inême  n  ofe  pas  le  nier.  E  ben  verità  ,  quand  on  ne  fzïi  pajier  les  hommes  que  fe^ 
dit  ce  Cardinal  L.  j  c.  lo  che  Clémente  Ion  les  loiz  de  la  prudence  humaine  Se  de 
mefiràin  variitempi  qualche  dttàita{ione  g  la  vraifemblance ,  il  eft  cenain  que  s'ils 
cke  apenofiuna  volta  ,  benche  ad  altrofine  y  n'ont  pas  dit  précifement  ce  qu'on  leur  fini 
U  Concilia  alcuni  cervelli  inquieti  rifufcitaf'  diie  ,  on  doit  convenir  du  moins  qu'ils  ont 
firo  timportuna  fuejhone  délia  mamoran^a  dit  quelaae  cfaofe  d'^^aivalent.  Aufli  le  mè' 
fra  effo  e*l  Papa  con  rïfchio  dijar  nttovo  nie  PaUavicin  nedèlàvotte-t-îl  pas,  que  le 
fcifma  in  cambio  di torre il già  fatto*  Mais  Pape  montra  peut-être  quelque  éloigne- 
il  ne  dit  ici  qu'une  paitie  des  raifons  qui  ment  do  Concile.  Certo  è  che'l  Pomefice 
fidlbtent  craindre  le  Concile  à  Clément  Ù  à  p^tè  iviperauventura  mofirar  opinione  cAe'i 
lèf  (bcceflèurs.  Car  quoiqu'ils  paioflènt  ac-  Concilié  non  fojffi  per  giovare  al  Ben  pv* 
quiefcet  à  la  réforme  des  abus  ,  ce  n'éroit  blieo  ,  &c.  Ainii  toute  la  queftion  (t  réduit 
que  malgré  eux  qu'ils  confèntoientà  la  fup-  à  favoir  s'il  employa  les  raiTonnemens  que 
pieffion  de  ceux  dont  ils  tiroient  avantage  s  Fra^Paolo  lui  prête.  Sur  cela  on  ne  peut 
%L  ils  craîgnolent  poux  le  moins  antanrqu  on  avoir  que  de  la  vntifembJance  \  mtis  ii  fem* 
j. touchât  9  qu'a  leur  autorité.  Ue  qu'elle  fuffit  en  pareil  cas.  Au  refle  ^  je 
S7.  n  s^àpptiqua  donc  entièrement  i  per-  nv  dois  pas  difllimuler  que-  félon  Guicciar^ 
fkader  à  V Empereur ,  q;aek  Concile  >  &c.  ]  din  L.  10.  le  Pape  convint  à  la  fin  d'adèm- 
U  eft  aflèz  difficile  de  fàvoir  d'oil  Fra-Paolo  bler  le  Concile ,  fi  on  le  jugeoit  nécelTaire 
a  tiré  les  difcoiirs  qu'il  fiiit  tenir  ici  par  le  pour  ramener  les  Luthériens  :  Havuta  in^ 
Hpe  à  l'Encreur.  Ces  fônes  d'entretiens  tentione  dàl  Pontefice  di  confintire  al  Con^ 
nt  peuvent  guères  être  connus  ^  Ar  on  a  tosc  ciHo  9  fe  fi  conofcejfe  effer  utiU  per  efirparm 
Seit  de  croire  qu'ils  ont  été  formés  aprér  la  herefia  da  Luterani». 
coog  6ax  ht  conduite  qp!a  tenue  ce  Papev 


\ 

/ 


94         HISTpIRE    DU    CONCILE 

.KDxxtx.  d'Allem^^e ,  ne  ferviroic  qu'à  y  ruiner  fon  autorité.  Il  lui  fit  lemarqocr  i 
Xx£M.  VIL  q^g  l'Héréfic  avoir  infedé  deux  ferres  de  perfonnes ,  favoir  ic  Peuple  ,.  te 
"  les  Princes  ou  les  Grands  :  Qu'il  croit  vrailemblahle  que  la  muUiruoe  a¥oic 


^ré  féduite  ;  mais  que  le  Concile  n'ctoit  pas  le  moyen  propre  de  !'< 
£c  qull  ne  ferviroir  qu'à  inrroduire  la  licence  populaire  :  Qu'après  lui 
avoir  lai0e  révoquer  la  Religion  en  doute ,  ou  rechercher  fur  cela  plus  de 
lumières ,  ce  feroit  un  prétexte  pour  elle  de  vouloir  donner  des  loix  aa 
Gouvernement  *,  &  qu'après  s'être  mife  en  poflèHion  d'examiner  &  de  con« 
trôler  la  puiiTance  Eccléuaftique ,  elle  vouaroit  aufli  réeler  la  Temporelle  : 
Qu'il  éroit  plus  facile  de  s  oppofer  aux  premières  demandes  de  la  malcitude  » 

Sue  de  la  contenir  dans  cerraines  bornes  »  quand  on  a  eu  la  complaifancc 
c  lui  en  accorder  une  partie  :  Qu'à  l'égard  des  Princes  6c  des  Grands  »  il 
devoir  s'affurer  que  ce  n'éroient  poinr  des  vues  de  piété  qui  les  Êûfbieoc 
agir  »  mais  qu'ils  n'avoient  pour  but  que  de  s'emparer  des  biens  Eccléfiafttp- 
ques,  &  de  devenir  abfolus  »  fans  reconnoîrre  que  point  ou  rrès-peu  Tao* 
torité  de  l'Empereur  :  Que  s'il  y  en  avoir  encore  quelques  uns  exemts  de 
eerte  contagion  faute  d'avoir  pénétré  ce  fecret»  ils  tendroient  toasai 
même  but ,  aufll  tôt  qu'ils  l'auroient  découvert  :  Que  fans  doute  le  Pape 
perdroit  beaucoup  en  perdant  l'Allemagne ,  mais  que  l'Empire  &  la  Maitoa 
d'Autriche  y  perdroient  encore  davantage  :  ^'  Que  le  meilleur  moyen  de 
parer  à  ce  mal ,  étoit  d'employer  l'autorité  &  la  force  pendant  que  la  plus 
/  FkiuT,  L  grande  partie  obéïdbit  encore  ;  mais  qu'il  falloir  fe  prefller  avant  que  la  ré- 
141.N  ^4.  y^ijç  s'acaût  ,  &  que  la  généralité  eût  découvert  les  avanrag^  qu'elle 
trouveroit  à  fuivre  ces  nouvelles  opinions  :  Que  rien  n'éroit  plus  concraiie 
à  la  célériré  qui  éroit  fi  nécelTaire  »  que  de  parier  d'un  Conale  ;  puiique  t 
quelque  défir  que  chacun  en  eût ,  quand  même  on  n'y  mettroit  aucun  €h£* 
tacle ,  il  falloit  des  années  pour  l'aflèmbler  >  9c  que  les  chofes  ne  s'y  poa» 
voienr  rraiter  qu'avec  beaucoup  de  longueurs:  Qu'il  ne  vouloir  faire  men- 


tion que 


iter  qu  avec  oeaucoup  ae  longueurs  :  v^u  une  voujoir  raire men- 
de  cela ,  puifque  ce  feroit  une  chofe  infinie  que  de  ^vouloir  parler 


S  s.  Que  le  meilUur  moyen  de  parer  à  réfiitent  aiTez  d'elies-mémes  s  &  fi  Too  com^ 

ce  mal  étoii  d'employer  l' autorité  &  la  for-  pare  les  deux  HiAoires ,  on  n*aoia  pas  de 

€€9  Bec*  ]  Ce  difconn  ^  que  Fra^Paolo  peine  à  décider  dans  laquelle  des  deux  la 

traite  avec  laifon  de  malfiant  dans  la  boa-  politique  de  Machiavel  éclata  daTaniage  i 

che  d*an  Pape  ,  n'a  pas  paru  tel  à  Palla^  00  dans  celle  de  Pallavicin  »  qui  fâcnfie 

viein  ,  qui ,  tout  in&tué  des  maximes  de  tout  aux  intérêts  &  à  rambitîon  de  la  Cour 

la  Cour  Romaine ,  trouve  qu'il  y  a  de  la  de  Rome  ,  jufqa'à  en  joflifier  ies  abus  les 

vertu  Se  de  la  religion  à  employer  le  fer  &  plus  criminels  s  ou  dans  celle  de  FrorPmah^ 

le  (en  poar  convertir  les  hommes ,  Se  leur  qui  dans  le  tems  qu'il  détefte.la  violence  ft 

embrafTer  des  opinions ,  de  la  £ia(Iëté  refclavage  en  matière  de  Religion  ,  ne  pré» 


4e(qoelles  ils  fecroyent  convaincus.  Et  parce  che  que  la  vertu  »  ne  condamne  que  la 

que  notre  Hiilorien  penfe  différemment ,  fuperltition  y  êc  ne  cenfure  que  les  abus 

ce  Cardinal  ofe  bien  raccafer  d'avoir  rem-  Se  les  défordres  ,  Se  loue  dans  les  Papes 

flï (on  Hiùoixe  de femences  éCAthafme,&  mêmes  qu'il  condamne,   leun  vercot  ft 

de  maximes  plus  impies  que  celles  de  Ma-  tout  ce  qu'il  trouve  de  louable  dans  leu^ 

chiavel.  Des  accu(ations  de  cette  nanire  (è  conduite.  , 


DE    TRENTE,LivKE    I.  JT 

^  tous  les  empèchcmens  qa*y  feroienc  naître  pour  leurs  intérêts  particuliers    mdxxx< 
bien  de  perfonnes ,  qui  ious  différens  prétextes  en  empecheroient  ou  au  ^^^^  VU; 
moins  en  retarderoienc  la  tenue  »  pour  le  faire  tout-à-fait  échouer  enfuite  :  "■— ^"^ 
Que  c'étoit  le  bruit  commun ,  que  les  Papes  ne  vouloient  point  de  Concile  : 
dejpcur  qu'on  n* y  mît  des  bornes  à  leur  puiflfance  i  mais  qu'il  n'étoit  poino 
ioueptible  de  cette  crainte  »  puifque  Jefus-Chrift ,  de  qui  il  tenoit  imrné* 
lUatement  fon  autorité  »  avoit  promis  ^  que  les  porus  de  VEnfe 


promis  4  que  les  portes  de  l  r»njer  neprevau^  q  Matt. 
Jnùefujamais  contre  tEglife  :  Que  l'expérience  du  paffè  montroit  aflez ,  que  ^vi.  1 8. 
Tautorité  des  Papes  n'avoic  jamais  été  diminuée  par  aucun  Concile  ^  qu'au 
contraire  »  félon  les  paroles  du  Seigneur ,  les  ô>nciles  l'avoient  toujours 
teconnue  pour  abfolue  &  (ans  bornes  ,  comme  elle  l'eft  véritablement  \  & 
que  quand  les  Papes  par  humilité  ou  par  quelque  autre  motif  s'étoient  abf* 
tenus  de  l'exercer  toute  entière ,  les  Pères  les  avoient  toujours  portés  à  s'en 
fervir  dans  toute  fon  étendue  :  Que  quiconque  avoic  lu  THiftoire  voyoit  clai- 
rement ,  que  lorfque  les  Papes  avoient  employé  les  Conciles  contre  les  Hé- 
léfies  ou  pour  quelque  autre  befoin  >  ils  y  avoient  toujours  trouvé  Taug^* 
nentation  de  leur  pouvoir  :  Qu'en  mettant  â  part  la  promefle  de  Jefus* 
Chrift  9  qui  eft  le  véritable  &  l'unique  fondement  de  l'Autorité  des  Papes  » 
te  qu'^  ne  confidérer  les  chofes  qu'humainement  ^  le  Concile  ne  pouvoir 
fttre  contraire  aux  Papes  »  étant  compofé  d'Evèques  y  à  qui  la  grandeur 
des  Papes  eft  utile ,  parce  qu'elle  fert  a  les  protéger  contre  les  Princes  &  les 
Peuples  :  Que  les  Rois  &  les  autres  Souverains  qui  entendoient  bien  leurs 
avantages ,  &  les  maximes  du  Gouvernement  »  étoient  eux-mêmes  inté- 
cefles  a  favorifer  l'Autorité  Papale  »  n'avant  pas  d'autre  moyen  de  réprimer 
lenrs  Evèques ,  (|uand  ils  oibient  étendre  trop  leur  pouvoir.  Enfin  le  Pape 
conclut ,  qu'il  étoit  fi  certain  de  l'événement,  qu'il  pouvoit  en  quelque  fone 
prophérifer  que  le  Gondle  produiroit  encore  de  plus  grands  défordres  en 
Allenu^e  :  parce  que  ceux  qui  le  demandoient  »  s'en  fàiibient  un  pré-* 
texte  pour  perfifter  dans  leurs  opinions  jufqu*à  ce  qu'il  fut  tenu  ;  mais  qu'auC- 
fi-tdc  qu'elles  feroient  condamnées  »  comme  il  arâveroit  infailliblement  ^ 
ils  prétexteroient  quelaue  autre  chofe  pour  décrier  le  Concile  »  Se  qu'alors 
TAutorité  Impériale  aemeurerott  anéantie  en  Allemagne  &  fort  ébranlée 
ailleurs,  au  lieii  que  celle  du  Pape  diminueroit  à  la  vérité  en  Allemagne, 
.mais  en  augmenteroit  d'autant  plus  dans  tout  le  refte  du  Monde  :  Que 
l'Empereur  devoit  d'autant  plus  l'en  croire  ,  qu'il  n'avoir  en  cela  d'autre 
intérêt,  que  de  voir  l'Allemagne  réunie  àrEgliib  &  à  l'Empereur  obéi  : 
Que  cela  ne  réuffiroit  pas ,  s'il  ne  rerournoit  au  plmât  en  ce  païs ,  8c  n'em- 
ployoit  fon  autorité  poury  ordonner  que  (ans  aucune  réplique  on  eut  àmet-^ 
tre  à  exécution  la  fentence  de  Lion  y  8c  l'Edit  de  formes  «  fans  rien  écou- 
ter de  ce  que  les  Proteftans  pourroient  dire ,  fbit  en  demandant  un  Con- 
.cile  ou  de  plus  grandes  inftruâîons ,  foit  en  alléguant  leur  ProteftatioU 
8c  leur  appel ,  ou  toute  autre  excufe ,  qui  ne  pouvoient  être  que  des  pr^ 
textes  pour  couvrir  leur  impiété  :  Qu'au  premier  refiis  d\>béir ,  il  falloir 
d'abord  employer  la  £arce  :  Qjoe  la  chofe  loi  (broie  £uâlc  »  ayant  pour  lui 


96         HISTOIRE    DU    CONCILE 

Moxxx.   tous  les  Princes  Ecclétlaftiques ,  &  la  plus  grande  partie  des  Princes  Laïqudf  f 

Clem.  vil  Q^^  fç  joindroicnt  à  lui  contre  le  petit  nombre  des  oppofans  :  Que  cela 

■      ccoit  du  devoir  d'un  Empereur ,  qui  croit  Avocat  de  TEglifè  Romaine  \  ic 

2u'il  devoir  cela  au  iènnenc  qu'il  avoir  fait  à  fbn  Couronnement  à  Aix-U* 
Ihapelle,  &  qu'il  alloit  faire  de  nouveau  en  recevant  la  Couronne  impériale 
de  fes  mains  :  Qu'enfin  il  étoit  évident  que  la  tenue  d'un  Concile ,  &  toutes 
les  négociations  ou  les  tranfaâions  qui  fe  feroienc  en  cette  occafion  »  iè  ter* 
mineroient  à  une  guerre  ;  &  qu'ainfi  il  valoir  mieux  tenter  d'étouffi!^  ces  dé« 
iordres  par  un  coup  d  autorité  &  un  commandement  abfolu  j  donc  il  y  a  voie 
lieu  de  croire  que  le  fuccès  feroit  heureux  »  &  en  venir  plutôt  à  la  rorce  ic 
aux  armes  »  en  cas  que  Tautoricé  feule  ne  fufFît  pas  »  que  de  lâcher  la  bride  k 
k  licence  populaire,  i  l'ambitioo  des  Grands  »  &  à  la  méchanceté  des  Héré- 
fiarqûes. 

'^  Ces  raiiôns  ,  qui  euflênt  été  peu  convenables  dans  la  bouche  de  Fr. 
Jules  Je  MLUcis  Chevalier  de  Malte  ,  (  car  c'eft  ainfi  que  s'appelloic  le  Paoe 
avant  que  d'avoir  été  créé  Cardinal  )  &  qui  l'étoient  encore  moins  en  celle 
de  Clément  VII  ^  ne  laiflèrenc  pas  que  de  taire  impreflion  fur  Charks  »  étant 
iecondées  d'ailleurs  &  par  les  perluaûons  de  Mercure  Gaetinare  ion  Chan« 
#  celier  &  Cardinal ,  i  qui  le  Pape  entre  autres  promedes  avoir  fait  efpèrer  eh 
particulier  d'avoir  égard  i  fes  parens  &  à  fes  créatiures  dans  la  première  pro- 
motion de  Cardinaux  qu'il  fe  préparoit  de  faire ,  &  par  la  propre  inclinarkm 
de  l'Empereur ,  qui  fouhidtoit  de  fe  rendre  plus  abtolu  en  Allemagne  i  que 
répond,  ad  ne  Tavoienc  été  Ion  Ayeul  &  fon  Bifayeul. 

Mj  in^*        Son  Couronnemenr  '^  fe  fit  i  Bologne  le  14  de  Février  avec  les  cérémo- 
Id.'M^i!^  nû:s  ordinaires  i  ôc  Charles  ^  réfolu  de  fe  rendre  en  Allemagne  pour  mettre 


fleorv»  L. 


19.  Ces  raîjbns'^^'  ne  lai/sirentpas  qtu 
de  faire  imprej/ion  fur  Charles  ,  étant  fteon- 
dits  d^ ailleurs  &  par  les  perfuafions  de  Mer-* 
fiure  Gattinare  fon  Chancelier  «  Bec.  ]  Sans 
4oCet  déterminer ,  comme  on  Ta  déjà  ob- 
fer?é  »  quels  forent  en  détail  les  entretiens 
de  Clément  8c  de  Charles  ,  du  moins  Slei- 
dan  ne  nous  \z\Se  p$s  lieu  de  douter  qoe 
€*en  lut  à  peu  pris  la  (bbftarice.  Cnfar, 
dit -il  ^  qui  totam  hyemem  inde  â  Novemhri 
afyue  in  Martium  menfem  Bononiet  fiterat 
$am  Poruifiu  in  eodem  paUtio  ,  totus  eà 
/peSahat,  quemadmodum  reUgionis  dij/î" 
dinm  ahfque  Concilia  pacarttm  Nam  hoç 
qffi  Ckmenti  longé  gratijpmum  fciebat  «  cic- 
jus  hic  eratfcopus  ,  utfileniter  fopiri  caufa 
9on  poffet  «  omrimeretur  armis.  Ceft-U , 
•onçune  on  voit  ^  a  quoi  fe  rédoir  tout  le' 
difisoors  que  Fra-Paolo  met  dans  la  bouche 

i^  CiSâpr/u  ;  4c  il /eft  éyidem  de  m£ioe ,  que 


fin 

l*Empereur  s^la  for  cela  &  conduite.  On 
ne  peut  goiies  mime  douter ,  qoe  Oat» 
tinare  n'apporât  ces  projets ,  êc  qa*U  nt 
fécondât  les  vAes  do  Pape ,  dont  ilavoit  ob* 
teno  le  chapeau  de  Cardinal.  De  dire  apiif 
cela,commefiût  Pallavicin^  qoe  CUtnene 
n'avoir  point  d'éloignemenr  m  GmciJe , 
c*eft  démentir  toot  les  H^lorîens*,  ft  too* 
loii  être  cm  par  la  feole  raifon  qo'il  ne  (è« 
Toit  pas  honorable  poor  te  Pape  .qu'on  cfAc 
le  contraire.  Il  eft  mtme  confiant  par  la 
lettre  qu*écrivirent  au  mois  de  Février  foi- 
vant  aoz  Rois  de  France  8l  d'Angleterre  les 
Protefbns ,  qoe  Charles  fit  ce  qu'il  put  dans 
la  Di^e  4'Aosboorg  pour  éviter  le  Çénôl^ 
Ç^uufu  auum^Cafar — vfnijjet  in  Ger* 
maniam  ad  Auguftét  Comitia ,  totum  m 
hoe/kiffi/s  ut  fine  ConeUio  res  componere^ 
turi  Bc  s'il  Ta  fiût«  ce  n'a  été  &ns  dooit 
que  ppr  défibcace  pour  le  Pape. 

90.  Mais. 


7. 
8C 


t 

DE    TRENTE,  Livre    I.  97 

fin  aux  défordres ,  intima  une  Diète  à  Aufbourg  pour  le  8  d'Avril ,  &  fe    Mirtcxx. 
siit  en  chemin  le  mois  de  xMars  pour  s'y  rendre  ,  avec  une  ferme  réfohuion  ^^^^'  VU 
d'agir  dansla  Diète  avec  empire ,  d'obliger  les  Princes  par  force  de  rentrer  ■"— ^~" 
daas  l'obéillance  de  TEglife  Romaine,  &c  de  défendre  qu'on  prêchât,  & 

3[u  on  publiât  des  livres  en  faveur  de  la  nouvelle  do6krine.  Le  Pape  lui 
oana  *  le  Cardinal  Campcgz  pour  l'accompagner ,  &  pour  affilier  à  la  Diète  '  ^^^^^^^  ^ 
<n  qualité  de  Légat.  Il  envoya  en  même  tems  PUrrc-Paul  Ferger  pour  fon  |j  ^'a'\ 
Nonce  auprès  du  Roi  Ferdinand  y  &c  le  chargea  par  ks  inftrudions  d'obre-  p.  104, 
nir  de  lui  qu'on  ne  dilputât  ni  ne  délibérât  d'aucun  point  de  Religion  dans  10^. 
la  Diète ,  6c  que  l'on  ne  tînt  point  de  Concile  en  Allemagne.  Et  pour  fc 
rendre  favorable  ce  Prince  ,  qu'il  croyoit  avoir  beaucoup  de  crédit  en  Alle- 
magne ,  tant  parce  qu'il  étoit  frère  de  l'Empereur ,  que  pour  avoir  paffe 
tant  d'années  dans  le  païs ,  il  lui  accorda  la  faculté  de  tirer  une  contribu- 
rion  du  Clergé  d'Allemagne,  &  même  de  fc  fervir  de  toute  l'argenterie  des 
Sgliiès  pour  la  guerre  contre  les  Turcs. 

XLII.  Presque  tous  les  ïîjrinces  arrivèrent  à  la  Diète  avant  l'Empereur,  ^     Dihe 
qui  s'y  rendit  le  1 3  de  Juin  veille  de  la  Fête  du  Saint  Sacrement  ;  &c  qui  ^^^^^^ourg^ 
aflifta  le  lendemain  à  la  proceffion ,  fans  avoir  pu  obtenir  que  les  Princes  ^  ^'^  '* 
l*rotcftans  s'y  trouvaffènt.  Le  Légat  en  parut  extrêmement  mortifié ,  par  i^Campèreen 
préjudice  ,  difoit-il ,  que  cet  entêtement  caufoit  au  Pape.  Mais  pour  pren-  ^ualiié  de 


jours  après  a  1  ouverture  ae  la  uiete.  l  électeur  trou-  Confcjfion 
voit  que  c'étoit  contrevenir  à  la  dodrine  dont  il  faifoit  profeffion ,  s'il  obéif-  de  Toi,  ' 
£>ic:&  craignoitde  perdre  fa  Dignité  ,  s'il  réfiftoit,  ayant  preiïcnti  que  '  ^'^^^•^*  7- 
l'Empereur  à  foi7  refus  étoit  déterminé  de  transférer  cet  honneur  à  un  autre.  ^'  n^^'r 
Mais  k%  Théologiens  difciples  de  Luther  lui  firent  entendre ,  que  fans  bief-  c.  3. 
fer  fa  confcience  il  pouvoir  affifter  à  la  Melfe  comme  à  une  cérémonie  ci-  Fleury  ,  L. 
vile  &  non  religieufe  ;  &  que  ce  confeil  étoit  femblable  à  celui  du  Pro-  ^^h^'^.  i'. 
phère  EUfée  ,  ^  qui  ne  défapprouva  point  que  le  Général  de  la  Milice  de   v  4  Recr. 
Syrie  s'inclinât  dansinn  temple  d'Idoles,  lorfque  fon  Roi  appuyé  fur  fon  V.  i^. 
bras  s'inclinoit  devant  elles.  Quelques  uns  n*approuvoicnt  pas  cette  décifion, 
parce  qu'on  en  pouvoit  conclure  qu'il  feroit  permis  à  un  chacun  d'affiftcr 
a  toutes  les  cérémonies  d'une  autre  Religion  ,  comme  à  des  cérémonies  ci- 
viles •,  les  prétextes  de  néceflîté  ou  d'utilité  ne  manquant  jamais  à  quicon- 
que en  veut  trouver.  ^^  Mais  d'autres  juftifioient  le  confeil  &  la  réfolution 


90.  Mais  d* autres  ju  fit  fiaient  U  confeil 
&  la  réfolution  de  VEUàeur ,  &c.  ]  Il  y  a 
ce  femble  une  injuftice  criante  dans  le  Car- 
dinal Pallavicin  ,  de  rendre  Fra  -  Paolo 
rcrpqn(àblc  d'une  dodlrine  qu'il  ne  fait cju'ex- 
j!>o(er  comme  Hiftorien.  Car  il  eu  certain  , 
que  ce  fiit  fur  les  raifons  qu'il  allùgue  >  que 
Tome    I. 


les  Théologiens  du  Duc  de  Saxe  lui  perfua- 
dihrent  de  fe  trouver  à  la  MelFe.  Le  Cardi- 
nal lui-même  juge  que  cette  Dcdrine  eft 
recevable  dans  un  fens ,  &  avec  certaines 
limitations.  Quejîa  dottrina  ,  benche  in 
qualche  fenfo  è  con  alcune  Umita^ioni  fa 
yera  ed  infecnata  da  Theologi ,  &c.  C'eft 

N 


5>8        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxJnt.    de  TElcdeur ,  foucenant ,  qu'à  cet  exemple  il  dévoie  être  permis  à  un  chz^ 
Clem.  vil  çhh  ,  pour  conferver  fa  Dignité  ,  ou  fon  Etat ,  ou  les  bonnes  grâces  de  Ton 
«      Seigneur  ,  ou  de  quelque  perfonne  cminente ,  de  ne  pas  refufer  d'aflifter 
i  quelque  aâion  comme  à  une  cérémonie  civile  »  quoique  les  autres  qui  y 
affiftoienc  la  regardaflenc  comme  une  action  de  Religion  \  6c  que  fi  les  nou- 
veaux Doâeurs  en  avoienr  ufé  ainfi  par  le  pafTc ,  ou  en  ufoienc  ainfi  à  l'ave* 
nir ,  la  porte  ne  feroic  pas  ouverte  en  bien  des  occafions  à  mille  inconvéniens. 
;tPaUav.       Dans  cette  Meflè  ,  avant  TOficrtoire  ^' ,  Vincent  Pinpintllo  Archevè- 
L-  3*  ^  5*    que  de  RofTane  Nonce  Apoftolique  fit  un  difcours  Latin  >  <  dans  lequel  il 
ne  parla  aucunement  de  chofes  édifiantes  ou  de  Religion.  Il  reprocha  feu- 
lement aux  Allemands  d'avoir  fouâfert  tant  de  maux  de  la  part  des  Turcs» 
fans  fonger  à  en  tirer  vengeance*,  &  il  les  exhorta  par  l'exemple  de  plu- 
fieurs  anciens  Capitaines  de  la  République  Romaine ,  â  leur  déclarer  la 
guerre.  11  remontra  que  le  malheur  de  l'Allemagne  venoit  de  ce  que  plu- 
lieurs  ne  vouloient  obéir  à  perfonne  ,  au-lieu  que -les  Turcs  obéillbienc  z 
un  feul  Prince  *,  &  qu'ils  n'avoient  qu'une  feule  Rehgion ,  au-lieu  que  les 
Allemands  en  inventoient  tous  les  jours  de  nouvelles ,  &  fe  moquoient  de 
l'ancienne  comme  d  une  Religion  furannée.  Il  leur  dit  que  s'ils  vouloienc 
changer  de  Foi ,  ils  dévoient  bien  au  moins  en  choiûr  une  plus  fainre  fie 
plus  prudente  :  Que  s'ils  fe  fuflènt  propofé  pour  exemples  ceux  de  Scipion 
Najica ,  de  Caion  ,  du  Peuple  Romain ,  &  de  leurs  ancêtres ,  ils  fudènt  de- 
meurés fermement  attachés  à  la  Religion  Catholique.  Enfin  il  les  exhorta 
à  renoncer  à  toutes  ces  nouveautés  »    &  à  fe  préparer  férieufement  à  U 
guerre. 
y  là.  IbU.       Dans  la  première  féance  de  la  Diète ,  y  le  Cardinal  Camptge  présenta 
Skid.  L.  7.  les  Bulles  de  la  Légation  ,  &  y  fit  un  difcours  Latin  en  préfence  de  l'Em* 
\\  '^^    T  P^^^^*^  >  ^"^  portoit  en  fubftance  :  Que  Pextinâion  de  la  charité  &  de  la 
lu  N^^i4.  ^^^^veillance  mutuelle  étoit  la  caufe  de  toutes  les  ScQits  qui  regnoienc 
alors  :  Que  le  changement  de  la  doârine  &  des  cérémonies  avoir  non-fi:u- 
lement  déchiré  l'Eglife ,  mais  encore  mis  une  confufion  horrible  dans  la 

plus  faire  que  n'a  &ic  Fra-Paolo  y  qui  s*eft  a  cm  les  plas  relifîfox ,  il  efl  vifible  que  ce 

contenté  de  la  rapponer'bns  rien  dire  dod  neflqu  une  violente  dcclâmation,oii{>arune 

Ion  paiflè  jager  s*il  l'approuve  ou  la  con-  oppofîtion  bizarre  entre  la  conduite préfente 

^amne.  Ainfî  lacenfure  de  PaUavicin  re-  des  Allemands  &  celle  des  anciens  Romains^ 

Mmbe  plucât  fur  lui-mfme ,  qoe  for  fon  ad-  par  rapport  à  leur  zèle  poor  le  culte  de  leurs 

verfaire.  faox   Dieux ,  il  exhorte  puifTamment  \ft 

9 1 .  Vincent  PimpineOo  Archevêque  de  Princes  à  la  guerre  contre  les  Turcs  «  &  în« 

Rojfano^fit  un  difcours  Latin,  dans  lequel  vedive  fonemenc  conne  la  nouvelle  Ré- 

U  ne  parla  aucunement  de  chofes  édifiantes  formation,  qu  il  les  invite  de  détruire  à  feif 

0u  dt  Religion  ,  &c.  ]  Le  Cardinal  traite  &  à  fang.  Si  c'eft  là  ce  que  le  Cardinal  ap» 

cette  accufation  de  calomnie.  Mais  ceqa*il  pelle  un  Sermon  édifiant,  il  ne  faut  pas 

xappone  lai-même  du  difcours  de  Pimpi-  dtfputer  de  termes  i  mais  on   ne  dois  pas 

nelio  eft  bien  plus  propre  a  jaftifîer  Fra^  être  furpris  en  mènr>e  tems  ,  que  Fra-Faoh 

Paolo  ,  que  le  Sermon  de  TArchevèque.  en  ait  jugé  autrement  ,   &  que  d*aatxes 

Car  quoiqu'il  en  ait  choi£  les  endroits  qu'il  crojent  qu'il  en  à  bien  jugé* 


DE     TRENTE,  LivrbI.  99 

police  des  Etats  :  Que  les  Papes  ayant  envoyé  fans  aucun  fruit  des  Légats  **^^3f3f- 
dans  les  Diètes  précédentes ,  Clément  Tavoit  député  vers  eux  pour  les  exhor-  ^'***  * 
ter ,  leur  donner  confeil ,  &  concourir  avec  eux  dans  tout  ce  qui  fe  pourroic 
faire  pour  le  rétabliflèment  de  la  Religion.  Puis ,  après  avoir  loué  TEmpe- 
reur,  il  exhorta  tout  le  monde  à  lui  obéir  en  tout  ce  qu'il  ordonneroit  6c 
régleroit  fur  les  matières  de  Religion  &  fur  les  articles  de  Foi.  Il  les  anima 
aum  à  la  guerre  contre  les  Turcs ,  avec  promeflè  que  le  Pape  n'épargneroic 
rien  pour  les  fecourir.  Il  les  pria  pour  l'amour  de  Jefus-Cnrift ,  &  pour  le 
falut  de  leur  Patrie  &  le  leur  propre ,  de  fe  défaire  de  leurs  Erreurs  ,  afin  de 
s'appliquer  à  délivrer  l'Allemagne  &  toute  la  Chrétienté  ;  &  finit  en  difanc 
que  s'ils  vouloient  faire  ce  qu'il  leur  demandoit  >  le  Pape  leur  donnoit  fa  bé« 
nédiâiion. 

L'Archevesque  de  Mayence ,  par  ordre^  de  l'Empereur  &  de  la 
Diète ,  répondit  au  Légat  :  Que  l'Empereur ,  pour  remplir  les  devoirs  d'A« 
Tocac  fuprême  de  l'Eglife ,  tenteroit  toutes  fortes  de  moyens  pour  concilier 
les  différends ,  Se  employeroit  toutes  fes  forces  contre  les  Turcs  \  Se  que 
cous  les  Princes  concourroient  avec  lui ,  &  tâcheroient  ^^  de  faire  enforte 
que  leur  conduite  fut  agréable  à  Dieu  &  au  Pape.  Les  autres  Ambaffadeurs 
ayant  été  ouïs  enfuite  ',  l'Eledteur  de  Saxe  ^J  conjointement  avec  les  au-  j^  sicîd 
très  Princes  &  les  Villes  Proteftantes  préfenta  a  l'Empereur  leur  Confeffion  L.  y.p.io^ 
de  Foi  écrite  en  Latin  &  en  Allemand  ,  le  fuppliant  de  la  faire  lire.  Mais 
l'Empereur  ne  voulant  pas  qu  elle  fut  lue  en  pleine  Diète ,  remit  la  chofe 
au  lendemain ,  que  la  ledture  s'en  fit  à  haute  voix  devant  l'Empereur  Se  les 
Princes  dans  une  Salle  capable  de  contenir  deux  cens  perfonnes  ,  mais  en 
i'abfence  du  Légat  qui  refufa  d'y  adlfter ,  de  peur  qu'en  femblant  l'autori- 
fer  par  fa  préfence ,  cela  ne  lui  portât  quelque  préjudice.  '4  Les  Villes  du  iii<I.p.io7. 
parti  de  Zuinglc  *  préfentércnt  auflî  féparément  leur  Confeflion ,  qui  ne 
diiféroit  de  l'autre  que  dans  l'article  de  l'Euchariftie. 

L  A  première ,  qui  »  depuis  cette  AflTcmblée  où  elle  fut  lue ,  s*appella  la 
Confcffion  d' Ausbourg  y  contenoit  deux  parties.  La  première  étoit  une  ex- 
pofition  des  Articles  de  la  doârine  Luthérienne  au  nombre  de  ;cxi  ;  &  l'on 
y  craitoit  de  l'Unité  de  Dieu  >  du  Péché  originel ,  de  l'Incarnation ,  de  la 

j2.Dc  faire  enforte  que  leur  conduite  fut         ^  j .  Z  *Eleffeur  de  Saxe ,  conjointement 

'agréable  à  Dieu  6»  au  Pape,  ]  Ceft  ce  que  avec  les  autres  Princes  &  les  Pilles  Pro^ 

dit  Fra-Paolo  :  Operando  fi  fattamente  ,  tejîintes  ,  préfenta  à  V Empereur  leur  Con* 

ehe  le  loro  attionifaranno  approvate  da  Dio  fejfion  de  Foi  écrite  en  Latin  &  en  Aile- 

^  daV  Papa  ;  &  je  ne  fai  pourquoi   M.  mand  ,   &c.  ]    Et  fîgnée  par  les  Princes 

Amelot  ne  parle  que  de  Tapprobacion  du  qui  l'avoient  enibraflcc.  Pallavicin  L.  j. 

Pape ,  &  qu  il  traduit  »  en  forte  que  U  Pape  c.  j . 

en  feroit  content.  Ceft  Caire  parler  TArche-         p4.  Les  Filles  du  parti  de  Zningîe  pré- 

vèque  de  Mayence  dune  manière  qui  ne  fenterent  féparément  leur  ConfeJJion,  ]  C*é- 

convenoit  pas  aflez  à  fon  caradlcre,  ni  à  toicnt,  félon  5/f/Wj/x,  celles  de  Strasbourg, 

celui  de  fa  Nation  ,  que  de  ne  lui  faire  avoir  de  Conftance ,  de  Mcmminghen  ,  &  de 

d'égard  que  pour  la  feftion  du  Pape.  Lindav. 


N  t 


82442Î) 


îoo       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxx.  Juftificarion ,  du  Miniftére  Evangélique  ,  de  TEglife ,  de  radminiftration 
Clkm.  Vil.  Jeg  Sacremens  ,  du  Baptcme ,  de  l'Euchariftie ,  de  la  Confeffion  ,  de  la  Pé- 
■■■■■■■"■■"  nicence ,  de  Tufage  des  Sacremens  ,  de  TOrdre  Eccléfiaftique ,  des  Cciémo- 
nies  de  l'Eglife ,  de  la  Police  Civile ,  du  Jugement  dernier ,  du  Libre- Ar- 
bitre ,  de  la  Caufe  du  Péché ,  de  la  Foi ,  des  bonnes  Œuvres ,  &  du  Culte 
des  Saints.  On  expofoit  dans  la  feccnde  les  dogmes  oppofcs  à  ceux  de  l'Egli- 
fe Romaine  ,  &  les  Abus  que  les  Auteurs  de  la  Confeflion  trouvoient  à  re- 
prendre -,  le  tout  en  fept  Articles  fort  étendus  ,  où  Ion  traitoit  de  la  Com- 
munion fous  les  deux  efpéces,  du  Mariage  des  Prêtres,  de  la  Meffe ,  de  la 
Confeffion ,  de  la  diftindbion  des  Viandes ,  des  Vœux  Monaftiques ,  &  de 
la  Jurisdidtion  Eccléfiaftique.  A  la  fin  les  Auteurs  oflfroient  de  donner,  s'il 
en  ctoit  befoin ,  une  expofition  plus  ample  de  leurs  fentimens»  Ils  mar- 
quoient  dans  la  Préface ,  qu  ils  avoient  mis  leur  Confeffion  de  Foi  par 
écrit  pour  obéir  à  l'Empereur ,  qui  avoit  fouhairé  qu'ils  propofaflcnt  leurs 
opinions  -,  &  que  fi  les  autres  Princes  vouloient  donner  aullî  leurs  fentimcns 
par  écrit,  ils  etoient  prêts  d'en  conférer  à  lamiable,  pour  en  venir  à  quel- 

3ue  accord  :  Que  fi  on  ne  pouvoir  y  parvenir,  l'Empereur  ayant  fait  enten- 
te dans  les  Diètes  précédentes  ,  que  pour  diverfes  raifons  qu'il  avoit  allé- 
guées il  ne  pouvoir  rien  déterminer  en  matière  dt  Religion  ,  mais  qu'il 
agiroit  auprès  du  Pape  pour  la  convocation  d'un  Concile  Général  ;  &  ayanc 
fait  dire  dans  la  Diète  de  Spire ,  que  les  différends  entre  Clcnunt  ôc  lui  étant 
prêts  d'être  terminés ,  on  ne  pouvoir  plus  douter  que  ce  Pontife  ne  con- 
fentît  au  Concile  ;  ils  s'offroient  d'y  comparoître ,  d'y  rendre  compte  de  leurs 
fentimens ,  &  de  défendre  leur  caufe  dans  un  tel  Concile  Général ,  libre  & 
Chrétien  ,  dont  on  avoit  toujours  traité  dans  toutes  les  Diètes  tenues  depuis 
fon  éle(5tion  :  Qu'ayant  déjà  appelle  auparavant  au  Concile  &  à  Sa  Majefté 
Impériale  félon  les  formes  légitimes ,  ils  adhéroient  de  nouveau  à  leur  Ap- 
pel ,  fans  intention  de  s'en  defifter ,  quelque  Traire  qu'on  propofac ,  qu'au- 
paravant la  charité  n'eût  fait  terminer  les  différends  par  une  concorde  Chré- 
tienne. 

On  ne  fit  rien  davantage  ce  jour-là.  Car  l'Empereur  ,  avant  que  de 
prendre  aucune  réfolution  fur  cette  affaire  ,  voulut  avoir  l'avis  du  Légat. 
Les  Théologiens  que  Campège  avoit  amenés  d'Italie  ,  ayant  lu  ôc  examine 
cette  Confeffion ,  étoient  d'avis  de  la  réfuter ,  &  d'en  publier  une  Cenfurc 
fous  fon  nom.  Mais  il  n'y  voulut  point  confentir ,  de  peur  de  donner  occa- 
fion  à  de  plus  grands  troubles.  Il  dit  donc  nettement ,  que  comme  il  ne 
trouvoit  prefque  qu'ure  différence  de  termes  dans  l'explicarion  de  la  doâri- 
ne,  &  qu'il  importoit  afièz  peu  de  parler  d'une  façon  ou  d'une  autre,  il 


fcrupuleux  de  la  dodrine  ,  mais  qi 
l'exemple  qu'on  donneroit  par- la  à  tous  les  efprits  inquiets  &  pointilleux, 
qui  auroient  toujours  quelques  nouveautés  à  propofer ,  qu'on  ne  laifieroic 
pas  d'écouter  avec  plaifir  quelque  peu  probables  qu'elles  fulfenc ,  pai  Ta 


DE    TRENTE,  Livre    I.  loi 

dcmangeaîfon  que  le  monde  a  pour  les  chofes  nouvelles  :  Qu  a  l'égard  des    mdxxj^. 
abu2»  dont  ou  fe  plaignoit,  il  y  auroit  plus  d'inconvéniens  à  les  corriger,  que  Clem.  VÏL 
ceux  aufquels  on  vouloir  remédier  :  Que  fon  fcntiment  étoic  ^ ,  que  pour  — — ■ 
cnipC^clier  les  Luthériens  de  tirer  avantage  de  la  ledure  de  leur  dodrine ,  ^  Pallav.  L. 
il  falloir  aullî  en  faire  lire  la  réturation ,  mais  fans  en  donner  de  copies  ,  ^'  ^'  ^' 
pour  ne  point  ouvrir  la  porte  aux  difputes ,  &  s  appliquer  uniquement  au 
moyen  d'em^^^ècher  que  les  Proteftans  ne  pairaffent  plus  avant ,  en  les  ga- 
gnant par  des  promelfes ,  ou  en  les  intimidant  par  des  menaces.  Cependant 
la  Icdure  de  leur  Confeflîon  produifit  fur  Tefprit  des  Catholiques  des  effets 
fort  différens.    Quelques-uns  crurent  les  Luthériens ,  encore  plus  impies 
qu'ils  ne  fe  1  croient  figuré ,  avanr  que  d'être  inftruits  du  détail  de  leur^ 
opinions.  D'aurres  au  contraire  diminuèrent  beaucoup  de  la  mauvaifc  opi- 
nion qu'ils  en  avoient  ;  ne  trouvant  pas  leur  dodine  fi  abfurdc  qu'ils  l'avoient 
pcnfé  ,  ni  qu'ils  eu(Icnt  fi  grand  tort  de.  reprendre  les  abus  contre  lefqueU 
ils  s'étoient  élevés.  ^^  Je  ne  dois  pas  omettre entr'autres  ce  que  difoir  fur  ce 
fujct  à  rout  le  monde  le  Cardinal  Matthieu  Lang  ,  Archevêque  de  Salcz- 
bourg  :  Que  la  réformation  de  la  Meflèlui  paroifloir  raifonnable,  la  liberté 
de  manger  indifféremment  de  toutes  fortes  de  viandes  jufte ,  &  la  demande 
(de  l'abolition  de  tant  de  préceptes  humains  fort  convenable  ;  mais  qu'il 
n  etoir  pas  fupportable  qu'ils  fuflent  tous  réformés  par  un  miférable  Moine, 
Et  Corneille  Scoper  Secrétaire  de  l'Empereur  difoir  :  Que  fi  les  Prédicateur^ 
Proteftans  euiTent  eu  de  l'argent ,  ils  enflent  pu  aifément  acheter  des  Italiens 
telle  Religion  qu'ils  enflent  voulu  \  mais  que  fans  or ,  ils  ne  pouvoient  ja- 
mais efpérer  que  la  leur  brillât  dans  le  monde. 

L' Empereur,  fuivant  l'avis  du  Légat  approuvé  par  fon  propre  Con- 
fcil ,  voulant  tout  accornmoder  par  la  négociation  ,  tâche  d'abord  de  divifer 
les  Ambafladeurs  des  Villes  d'avec  les  Princes.  Mais  n'y  ayant  pu  réullîr ,  il 
fitdreflèr  une  Réfutation  de  l'Ecrit  des  Proteftans,  avec  uns  Réplique  à 
part  à  celui  des  Villes.  Puis  ayant  aflemblé  toute  la  Diète ,  &  ayant  dit  aux 
Proteftans  qu'il  avoir  fait  examiner  leur  Confeflîon  par  des  gens  pieux  & 

^$*  Je  ne  dois  pas  omettre  entre  autres  mutta  fuîjfe  In  tadtm  Synodo  coram  tepro^ 

ce  que  difoit  fur  ce  Jujet  à  tout  U  monde  le  pofita  àfide  erronea  ,  6*  à  generalibus  Con- 

Cardinal  Matthieu  Lang ,  Archevêque  de  ciliis  antea  reprobata  ,   admijfafque  etïam 

Sali^bourg,  ]  Fra-Paolo  ne  nous  dit  point  perfonas  qua  nec  jure  née  tonfuetudine  ad' 

d'où  il  a  tiré  ce  fait ,  qui  n'eft  rapporté  ni  mitti  debeant ,  &c.  Je  ne  faurois  dire  quels 

par  Sleidan  ni  par  M.  de  Thou,  Mais  outre  font  les  points  que  Paul  III  trouvoit  repré- 

3ue  Pallavicin  ne  le  contredit  pas ,  il  y  a  henfibles  dans  ce  Synode ,  qui  a  été  enticre- 

autantplus  de  raifon  de  le  croire  véritable,  ment  omis  dans  les  CoUedions  des  Conciles, 

que  nous  trouvons  dans  Raynaldus  ad  an.  Mais  il  eft  alTez  probable  par-là ,  que  ce  Prc- 

i^-jy.No.  3j.un  Bref  de  Paul  III .  a  cet  lat  étoit  fort  capable  d'avoir  dit  ce  que  lui 

Archevêque ,  ou  il  le  reprend  d  avoir  dans  feit  dire  ici  Fra-Paolo  \  &  Ton  voie  d'ail- 

fon  Synode  fait  plufîeurs  Rcglemens  très  leurs  dans  l'Hiftoire  du  Concile ,  que  le 

préjudiciables  à  la  foi  Catholique  :  Rela-  Cardinal  Aftf^ri/cr  dit  un  jour  quelque  chofe 

tum  eft  aobis  [quod  vix  credere potuimus]  d'affeifemblabie. 


\ 


auf( 
lur 


T02.         HISTOIRE    DU    CONCILE 

M©xxx.   éclaires  ,  pour  en  avoir  leur  jugemem ,  «^  il  en  fie  lire  la  Réfacarion  >^,  dani 

Cx.EM.  VIL  laquelle ,  après  avoir  condamne  plufieurs  de  kurs  opinions ,  on  y  convenoic 

à  la  fin ,  qu*ilj  y  avpit  diffcrenres  chofes  â  réformer  dans  TEglife  Romaine, 

.  bid.  — /q^ç^es  TEmpereur  promettoit  de  pourvoir  :  Qu'ils  dévoient  s'en  repofer 

fui  »  &  fe  reunir  aux  Catholiques  ;  qu'il  les  afTuroic  qu'en  le  fàifant  »  ils 

bbciendroient  tout  ce  qu'ils  demandoienc  de  jufte ,   mais  que  s'ils  le  re£u* 

foienc ,  il  ne  manqueroic  pas  de  faire  ce  qu'exigeoicde  lui  la  qualité  de  Pro- 

teneur  &  de  Défenfeur  de  l'Eglife. 

Les  Princes  Proteftans  déclarèrent  qu'ils  étoient  pnèrs  de  faire  tout  ce 

que  leur  confcience  leur  permettoit  de  raire ,  &  de  reformer  leur  doétrine  » 

fi  on  pouvoir  leur  montrer  par  l'Ecrinfre  Sainte  qu'il  y  avoit  quelque  Erreur  ; 

ou  de  l'expliquer  plus  amplement ,  fi  on  jugeoit  que  cela  fut  néce(faire.  Et 

^  comme  dans  la  rémtation  des  différens  chefs  de  leur  Confedion  on  en  ad« 

mettoit  quelques-uns ,  &  on  en  rejettoit  d'autres  *,  ils  s'ofiroient ,  fi  l'on 

vouloitleurdonner  copie  de  cet  Ecrit,  de  s'expliquer  d'une  manière  plus 

claire  qu'ils  n'avoient  encore  fait. 

d  Pallav.  L      '^  A  p  R  i  s  plufieurs  pourparlers  ^  l'on  élut  enfin  fept  Catholiques  8c  fept 

5.  c.  4.        Proteftans  pour  conférer  enfemble ,  &  trouver  quelque  voie  d*accommode- 

Slcid.  L.  7.  j^çj^f ^  58  Ne  pouvant  s'accorder ,  le  nombre  en  fut  réduit  à  trois  de  part  & 

d'autre,  ^^  Mais ,  quoique  d'accord  fur  quelques  points  de  doârine  moins 

0é.  Dans  laquelle  ,  après  avoir  coniam-  de  Bade  ,  Turirconrulces  s  &  Jean  EcKÎusl 
ni  plufieurs  de  leurs  opinions  ,  &c.  ]  Je  ne  Conrad  Vlmpina ,  &  Jean  CochUe  ,  Théo- 
Tois  point  pourquoi  M.  Amelot  a  omis  ces    logiens.Les  Proteftans  forent  Jean-Frediric 

proies ,  qui  ne  laifTent  pas  d'avoir  leur  con-  fils  de  TEleéleur  de  Saxe ,  George  Marquis 
féquence ,  puifqu  on  peut  juger  par-là  qu'on  de  Brandebourg  fils  de  TEledteur ,  Grégoire 
ne  défapprouvoit  pas  également ,  je  ne  dis     Bruch  &  D.  Heller^  Jurifconfultes  ;  &  Afê- 

pas  tous    les    anicles    de   la    Confeffion  lanâon  ^  Brentius  &  Schnepfius  ,Tkto\0' 

d*AusbouTg ,  y  en  ayant  plufieurs  conformes  giens« 

à  la  doArine Catholique ,  mais  même  tou-         ^%.  Ne  pouvant  s'accorder ,  le  nomhn 

tes  les  opinions  Luthériennes,  dont  plufieurs  en  fut  réduit  à  trois  départ  &  d* autre. 'l 

apparemment  ne  paroiflbient  pas  trop  con-  Savoir  Eckîus  &  deux  lurifconfiilres  Ca- 

damnables.  Car  c'eft  de  leurs  opinions  &  tholiques  d'une  part ,  avec  Mélanélon  & 

non  de  leurs  articles  que  parle  Fra-Paolo  ,  deux  Jurifconfultes  Proteftans  de  l'autre* 
néÛa  quate  taffate  moite  délie  opinioni  loro*         9  9 .  Mais  ,  quoique  d*  accord  fur  quelquii 

Et  c'éft  ce  qui  paroit  auflî  clairement  par  la  points  de  doélrine  moins  import  ans  — coM' 

léponfe  des  Proteftans,  où  ils  déclarent  qu'on  me  aucun  des  partis  ne  voulait  rien  céder  à 

àvoit  admis  quelques  chefs  de  leur  doctrine  :  Vautre  fur  les  articlei  principaux  ^  &c.  J 

Quia  ejus  doârinctauain  obtulerint  capità  Le  Cardinal  Pallavicin  prétend  an  contfai^ 

qiieedamfint  admijja  ^  quœdam  repudiatà^  ré,  que  l'accord  étoic  (ut  les  articles  les 

&c»  plus  importans  ^  &  il  en  produit  pour  prea- 


97»  Après  plufieurs  pourparlers  ^  Von  ve  une  lettre  de  3f^7â/z^on  au  Cardinal 

ihu  enfin  fept  Catholiques  &  fept  Protef  pège  pleine  de  grands  complimens  pour  le 

tans,  J    Les  Catholiques  furent  l'Evèque  Légat ,  &  qui  pounant  ne  décide  de  lien  s 

à'Ausbourg^  le  Duc  de  Brunswick^  &  à  ion  &  eft  même  convaincu  de  faux  dans  rartî- 

départ  George  Duc  de  Saxe  »  les  Chancel-  cle  le  plus  efTentiel ,  où  il  dit  que  foh  Pirtî 

liers  de  r£le£teur  de  Cologne  &  du  Marquis  n\nfeighe  aucun  dogme  contraire  à  ctux  tè 


DE    TRENTE,  Livre    I.  loj 

imporcans  »  &  fur  quelques  cérémonies  peu  efTencielles ,  comme  aucun  des  mdxxx. 
Partis  ne  vouloir  rien  céder  à  l'autre  fur  les  articles  principaux ,  on  vit  ^^***'  ^^^* 
bien  qu'il  ne  falloit  rien  attendre  de  cette  Conférence  pour  la  paix.  Après 
plu^eurs  jours  employés  dans  cette  affaire  »  on  fit  lire  la  Réfutation  de  la 
Confeflion  préfentée  par  les  Villes  j  Se  leurs  Ambaffadeurs  >  après  lavoir 
entendue  ,  répondirent  :  ^  Que  1  on  a  voie  rapporte  plufieurs  articles  de  leur  ^  Sleld.L,7. 
Confeflion  autrement  qu'ils  n'étoient  »  &  qu'on  avoit  donné  à  plufieurs  P*  '^^ 
autres  un  mauvais  fens  pour  les  rendre  plus  odieux  :  Qu'ils  répondroient  à 
tout  »  (i  on  vouloit  leur  donner  une  copie  de  la  Réfutation  :  Et  qu'ils  prioienc 
qu'on  voulut  attendre  leur  Défenfe ,  &  qu'on  n'ajoutât  aucune  foi  aux  ca- 
lomnies dç  leurs  ennemis.  Mais  on  refufa  de  leur  donner  la  copie  qu'ils  de- 
mandoient ,  en  difant ,  que  l'Empereur  ne  vouloit  pas  que  l'on  mît  en  dif- 
puce  les  chofes  de  Religion. 

Cependant  Charles  eflaya  par  perfuafion  de  ramener  les  Princes ,  en 
leur  difant  entre  autres  chofes  :  ^  Qu'ils  étoient  en  petit  nombre  :  Que  leur/SIcIdX/r 
doctrine  étoit  nouvelle ,  &  qu'ayant  été  fuffifamment  réfutée  dans  la  Diète ,  P«  ^  ïo* 
c'étoit  une  extrême  hardieflc  à  eux  de  vouloir  condamner  d'Erreur ,  d'Hé- 
rcfîe ,  &  de  fauflTe  Religion ,  l'Empereur  &  tant  de  Princes  &  Etats  d'Alle- 
magne ,  en  comparaifon  defquels  on  pouvoir  les  compter  pour  rien  ;  Se  ce 
qui  étoit  de  pis  encore,de  traiter  d'Hérétiques  leurs  Pères  &  leurs  Ancêtres  ; 
Se  pendant  qu'ils  demandoient  un  Concile ,  de  chercher  à  répandre  de  plus 
en  plus  leurs  Erreurs.  Mais  comme  ces  raifons  étoient  de  peu  de  poids  au« 
près  d'eux  »  parce  qu'ils  nioient  que  leur  doârine  fut  nouvelle  ^  6c  que  les 

FEglifc  Romaine,  Mais  comme  Milanc^  ntque   Luneturgicl ,  neque  Norihergcnfcs 

ton  écoic  na^uiellemenc  porté  à  la  tolérance,  probabant,  Fra-Paolo  a  donc  pa  dire  fan» 

&  beaucoup  plas  modéré  que  la  plupart  des  en  impofer ,  quon  n  étoit  convenu  que  fur 

tatres  Luthériens  ,  on  ne  peut  pas  £iire  quelques  points  moins  imponans.  Car  à  Té^ 

grand  fonds  fur  les  conceiTions  de  cet  Au-  gard  àt^  controverfès  de  la  Juflification ,  do 

ceur  s  &  nous  voyons  par  SUidan  qu*il  fut  mérite  des  bonnes  œuvres ,  quand  on  en 

iléfavouc  par  fes  propres  aflbciés ,  &  qu  après  auroit  été  d'accord ,  comme  elles  ne  confif^ 

la  rédudion  du  nombre  des  Interlocuteurs ,  toienc  la  plupart  que  dans  des  difputes  de 

il  fut  chargé  de  ne  faire  aucune  concedîon  mots ,  &  quon  pouvoit  fe  réunir  fanscban* 

davantage  :  Sed  Philippo  fuit  injunSum  ,  ger  de  fentiment ,  il  n*en  étoit  pas  moins 

ne  quid  amplius  conccderet.  Ce  qu'il  y  a  de  vrai  qu'aucun  des  deux  Panis  ne  vouloir 

certain,  c'eft  quon  ne  convint  point  fur  rien  ccder  à  l'autre  fur  les  articles  princi- 

quantité  de  points  importans.  Intcr  hoc  de  paux ,  comme  le  déclare  l'Empereur  dans 

mofuiullis  convenit  ;  feddc  Mijfa  ,  de  con-  le  difcours  qu'il  fit  après  la  rupture  des  Con* 

fupo  facerdotum  ,  de  cetaa  Domini  tota  ,  férences  :  Nunc  autem  non  fine  gravi  molef- 

de  votis  monafticis  ,  de  jurifdidione  Epif-  tia  cognofccrt  ipfos  à  reliqnis  diffcntire  in 

€Çporum,prctcipua  erat  controverfia  ,  maxi-  pracipais  dogmatls  ,  quod  fibi  plané  prêter 

mi  verà  de  Mijfa  dcque  votis.  Mélaniton  fe  expeffationtm  acciderit  ;  &  l'on  voit  la  vnt» 

relâcha  un  peu  davantage  fur  le  pouvoir  des  me  chofe  dans  la  Dicte  de  Ratisbonne  qui 

Evjk]ues ,  mais  il  en  fut  dè(âvoué.   Quan-  fe  tint  onze  ans  après ,  &  où  Ton  ne  pue 

tum  ad  iltud  pertinet  de  poteftate  &  jurls'  jamais  convenir  que  des  anicles  moins  ef- 

diHionc  Epifcopomm  ^  Saxonu  aUquantà  fentiels ,  comme  nous  le  verrons  bientôt ,  tSt 

pUis  erant  largiti ,  fid  neqau  Lantgraviani^  conune  le  marque  ezpredéoaent  Beaucwe^ 


104       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxx.    ccrcmonies  de  l'Eglifc  Romaine  fufTent  anciennes  -,  '°°  TEmpereur  ,  6  pour 
Clem.  vil  tenter  les  autres  moyens  que  lui  avoit  propolcs  le  Légat  ,   ht  traiter  avec 
chacnn  des  Princes  en  parriculier ,  leur  promettant  quelque  fatisfadion 
g     .  ibid.  j^j^^  ^^  qu  ils  paroiflbient  fouhaiter  davantage  pour  leur  rropre  intérêt,  8c 
*  leur  reprclentant  au  contraire  les  oppolinons  &  les  traverfes  qu  ils  trouve- 

roient  d  leurs  avantages ,  s'ils  perfifloient  opiniâtrement  dans  la  réfolution 
de  ne  fe  point  réunir  â  TEglife.  Mais  ,  foit  que  ces  Princes  cruflcnt  qu*ea 
tenant  bon  ils  y  trouveroient  plus  d'avantages ,  ou  qu'ils  préféraflènt  la  con* 
fervation  de  leur  Religion  a  tout  autre  intérêt ,  toutes  les  tentatives  de 
TEmpcreur  furent  fans  effet  ;  &  il  ne  put  pas  même  obtenir  d'eux  de  fouf- 
r  Tj  Ti.«  j  frir  dans  leurs  Etats  l'exercice  de  la  Relieion  Romaine ,  iufqu'au  Concile  ^ 
qu  il  promettoit  de  convoquer  dans  Iix  mois  ;  parce  qu  ils  s  appcrçurcnt 
que  c'étoit  un  artifice  du  Légat ,  qui  ne  pouvant  alors  venir  à  bout  de  ce 
qu'il  prétendoit ,  jugeoit  que  ce  feroit  gagner  beaucoup ,  fi  en  rétabliffant 
par- tout  les  ufages  de  l'Eglife  Romaine ,  il  pou  voit  mettre  la  confufioa 
parmi  les  peuples  qui  en  croient  déjà  féparés ,  ce  qui  pourroit  ouvrir  la 
porte  à  certains  incidens,  qui  fourniroienc  peut-être  Toccafion  de  détruire 
la  nouvelle  Religion.  Car  a  l'égard  de  la  convocation  d'un  Concile  dans 
fix  mois ,  ils  prévoyoient  bien  qu  il  furviendroit  de  jour  en  jour  des  obftaclcs 
qui  obligeroient  de  le  diftcirer ,  &en  cmpêchéroient  peut-être  tout  à  fait  la 
tenue. 

XLIII.  La  Diète  s'ctant  alnfi  terminée  fans  qu'on  pût  rien  conclure, 

les  Princes  partirent  fur  la  fin  d'Odobre  •,  '  &  l'Empereur  fit  un  Edit  pour 

^''  *   le  maintien  des  anciens  Ufages  de  l'Eglife  Romaine ,  »  par  lequel  il  défen- 

^'^f^' doit  de  changer  aucune  chofe  dans  la  Meîfe,  &  dans  Tadminidration  des 

internent    Sacremcns  de  Confirmation  &:  d'Extrcme-onftion  ,  &c  de  détruire  les  Ima- 

dn  Pape,     gcs  ,  &  ordonnoit  que  les  anciennes  feroient  rétablies.  Il  déclaroit ,  qu'il 

i  Slcid. I,  n'étoit  pas  permis  de  nier  le  Libre-arbitre,  ni  d'cnfeigner  qu'on  pût  être 

7.  p.  114.    j.jdifié  par  la  feule  Foi.   Il  vouloir  qu'on  confcrvât  les  Sacremens ,  les  Cé- 

/!^ô    '  rémonies  ,  les  Rits  ordinaires ,  8c  qu'on  cardât  les  formes  accoutumées 

dans  les  Obféques  ',  qu'on  donnât  les  Bénénces  à  des  perfonnes  qui  en  fuf- 

fent  capables  *  Se  que  les  Prêtres  mariés  abandonnaflent  leurs  femmes  ,  ou 

qu'ils  fuflènt  bannis  5  que  toutes  les  ventes  des  biens  Eccléfiaftiques  fuflcnt 

annuUées  , 

100.  L* Empereur  ''^fit  traiter  avec  cha^  ab  aliîs  dîvellere  — —  &petenti  fuee  ditio' 

Clin  des  Princes  en  particulier  ,  leur  pro-  nis  inaupirationem  pro  more  Jmperii  dtnf 

mettant  quelque  fatis fa Siion  dans  ce  qu'ils  gabat  ^  nifi  priiis  cum  Ecclejîa  Romana  in 

paroi ffoient  fouhaiter  davantage  ,  &c.  ]  A  gratiam    rediret,     Alteri   vero    denuntia" 

TEledeur  de   Saxe,    Tinverticure    de   fes  bat  ^  nifî  vareret ,  fore  ut  Alberti  fui  nC" 

Etats  3  à  celui  de  Brandebourg,  la  confer-  potis  ex  jratre  Cafimiro  tutela  ipfi  adîma* 

vation  de  la  tutèle  de  Ton  neveu  Albert  ;  tur^  Sec, 

au  Landgrve  de  Heife,  le   rétabli  (Terne  nt  i.  Et  l'Empereur  fit   un  Edit  pour  le 

à' Ulrich  Duc  deWirtemberg,  &  d'autres  maintien  des  anciens  Ufages  de  V Eglife  Ro' 

cliofes   à    d'autres  ,   comme    le   rapporte  maine.  )    Et  félon  Sleidan  ,  le  fit  publier 

Sleidan.  Saxonem  quidem  conatus  ejl  etiam  daiis  la  Diète  le  r  9  de  Novembre  mdxxx» 

1*  Li 


Edit 


DE    TRENTE,  Livre    L  loy 

tnnullées ,  &  coures  les  ufurpations  reftituées  ;  qu  on  prêchât  ôc  qu'on  en-    mdxxx. 

feignâc  conformément  à  cet  Edit  ;  &  qu'on  exhortât  le  peuple  à  entendre  C^***-  VU. 

U  Melïc  ,  à  invoquer  la  Saince  Vierge  Ôc  les  autres  Saints ,  à  obfcrver  les  — "■■■■■^ 

Fèces  ôc  les  Jeûnes  ,  &  d  rétablir  les  Monaftères  &  les  Lieux  faints  qui 

aVoient  écé  détruits.  Il  annonçoit  que  le  Pape  feroit  prié  de  faire  avant 

fix  mois  la  convocation  d'un  Concile ,  pour  en  faire  louverture  en  un  an 

au  plus  tard.  Enfin ,  pour  que  TEdit  fut  obfervé  dans  toute  Ton  étendue  » 

il  annuUoit  toutes  les  Appellations  ôc  Exceptions  contraires  ;  il  enjoignoic 

à  un  chacun  d'employer  (es  forces ,  fes  biens ,  fon  fang ,  ôc  fa  vie  pour  le 

Étire  exécuter  y  ôc  il  ordonnait  à  la  Chambre  de  procéder  contre  ceux  qui 

y  contreviendroient. 

^   L  E  Pape ,  qui  avoir  appris  par  le  Légat  ce  qui  s'écoic  pa(Ië  dans  la 
Diècc,  ^  en  fuc excrêmement  mortifié;  voyant  que  quoique  l'Empereur,  ^PallaT.L 
félon  fon  confeil ,  eût  employé  l'autorité  ôc  les  menaces ,  il  n'en  avoit  pas  '*  ^  ^* 
agi  cependant  comme  (impie  Défenfeur  ou  Avocat  de  i'Egiife  Romaine,  au- 

Ïuel  il  n'appartient  pas  ae  prendre  connoifTance  des  chofes  ,  mais  d  être 
mple  Exécuteur  des  Décrets  du  Pape  :  Que  fans  fe  contenir  dans  ces  bor- 
nes ,  l'Empereur  au  contraire  avoit  reçu  &  fait  lire  les  Confeflions  de  Foi 
des  Proteftans ,  &  avoit  fait  tenir  des  Conférences  pour  accorder  les  diffé- 
rends de  Religion.  Il  étoit  encore  plus  mortifié  de  ce  que  l'on  avoit  accordé 
certains  points ,  &  qu'on  eût  confenti  i  l'abolition  de  quelques  Rits  ; 
parce  qu'il  croyoit  que  c'étoit  ufurper  fon  autorité  >  que  de  traiter  des  cho- 
ies de  cette  importance  fans  fa  participation ,  quoique  ce  que  l'on  eût  fait 
eut  pu  fe  tolérer ,  fi  cela  fe  fût  fait  par  Taucorité  du  Légat.  U  trouvoic 
d'ailleurs ,  que  le  confentement  qu'avoient  donné  les  Prélats  à  ce  qui  s'étoic 
fait ,  lui  portoût  un  grand  préjudice.  Enfin ,  ce  qui  le  fâchoit  plus  que  tout 
le  cefte^  étoit  la  promefiê  d'un  Concile ,  donc  il  avoit  une  extrême  averi- 

t.  Le  Pape ,  qui  avoit  appris  par  U  fat  anfll  favorable  aax  Catholiqaes ,  qa'il 
Légat  et  -qui  s'étoit  paffe  dans  la  Diète  ,  Ce  pouvoir  fouhaicer  dans  les  conjoi\ébi- 
en  fut  extrcmement  mortifié  ,  Sec.  ]  lÀ  res  où  Ton  (è  trouvoit.  Il  y  avoit  à  U 
Pape  (ans  douce  n  écoic  point  trop  conre^c  vérité  div.er(ès  chofès  y  que  fon  caradère 
de  ia  demande  inflexible  qa*on  lui  faifoit  ne  lai  permettoit  pas  d'approuver  en  pu- 
d'an  Concile  s  &  il  eft  aiTé  de  voir  par  ]a  blic  s  mais  il  e(i  difiîcile  de  croire  qu  jl 
r6pon(è  qu'il  fit  à  TEmpereur  après  en  en  fut  fâché  intérieurement  ,  puifqu  elles 
avoir  délibéré  avec  les  Cardinaux  ,  que  tendoient  infenGblement  ou  à  regagner  les 
cet  expédient  ne  l'accomnoodoit  aucune-  Luthériens,  ou  à  engager  tellement  TEm- 
ment  :  ffaver  egîi  riçhiefto  foprà  çib  il  pa-  pereur  contre  eux ,  qu'il  ne  pût  s'enipô- 
rered'una  fpecial  Congregaiione  diCardir  cher  de  leur  f^irp  la  guerre ,  ce  qui  étoit 
nali  ;  e  molti  h^vtr  giudïcato  che  nonfojfe  l'objet  principal  de  Clément^  qui  avoit  tou- 
j^i(«/i/:ri/i^oj?ci/i0>  comme  nous  l'apprend  jours  cra  que  la  voie  des  armes  étoit  plus 
Pallavicuiy  L.  }.  p.  y.  Mais  il  neft  pas  propre  que  celle  d'un  Concile  pour  rédui- 
Également  certain  qu'il  fut  fi  fiché  de  re  l'Allemagne.  Nom  hoc  ejfe  CUmenti 
ce  qui  s'étoit  paffi  dans  la  Diète  ,  puif-  longé gratijpmumfciebat ,  eujus  hic  eratfco» 
que  l'Empereur  y  avoit  toujours  agi  de  pus,  utfilenitercaufafopirinon  poJfct,op^ 
concert  avec  le  Légat  .  &  que  le  Recès  primeretur armis^coaime  le  iii  SIeidiVttUj* 
Tome  1.                           '  ^  p 


10*        HISTOIREDU    CONCILE 

«Ditxx«  (ion  ;  &  quoique  Ton  auroritë  parue  aflez  ménagée  dans  la  demande  qifctk 

CuM.  VIL  çjj  devoir  faire ,  il  lui  fembloic  cependant ,  que  de  lui  pccfcrire  le  terme 

■■*■■■—"  de  fix  mois  pour  le  convoquer  ,   Se  celui  d*un  an  pour  le  commencer  » 

c*étoit  entreprendre  fur  fès  droits ,  &  faire  l'Empereur  le  Principal ,  &  la 

Pape  le  Miniftre.   Par  ces  commencemens  il  jugeoit  qu'il  y  avoir  doré*- 

navant  fort  peu  à  efperer  du  côté  de  l'Allemaene ,  &  qu'ainii  il  falloir 

penfer  à  fe  mettre  fur  la  défenfive ,  afin  d'empêcher  ,  s'il  étoit  poffible  , 

que  le  mal  ne  gagn&t  les  autres  parties  du  corps  de  TEglife.  Mais  comme 

/Pall^.  L.  1^  P^f^^  ^t^oit  fans  remède ,  ^  il  crut  qu'il  étoit  de  fa  prudence  de  ne  pat 

).  c.  j.       laiitèr  voir  que  ce  qui  s'étoit  fait  fur  contre  ion  eré ,  mais  au  contraire  de 

s'en  faire  lui-même  l'auteur  »  afin  que  fa  réputation  en  pût  recevoir  moin$ 

«l'atteinte. 

Lettres  d0     XLI V.   I L  écrivit  donc  ^  le  premier  de  Décembre  à  tons  les  Rois  8c  les 

dimfnt      Princes  des  lettres  de  même  teneur ,  où  rendant  compte  de  ce  qui  s'étoit 

^**  i"*'  P^^^  >  *'  ^*^  •  Q^*^'  avoit  efperé  que  la  préfence  de  l'Empereur  pourroic 

^tênÇtàir  "^i"^"^^  l'Héréfie  de  Luthtr  \  &  que  c'étoit  pour  cela  qu'il  s'étoit  rendu 

Froteftmu  ^  Boulogne  pour  Ten  prefler  ,  quoique  Charles  y  fut  aflèz  porté  de  loi*- 

iwSlcid.  L  même  r ' ' n-:--^     o ^ — /^.  i-„  r 

7.  p.  11^.    que  les 

après  en  avoir  délibéré  avec  les  Cardinaux ,  qu'il  n'y  avoit  plus  d'autre  re- 
mède à  employer  que  celui  dont  s'étoient  fervîs  nos  Ancêtres  »  c*eft-à-dire% 
le  Concile  Général  ,  il  les  exhonoit  à  favorifer  une  fi  fainte  caufè ,  ou  en 
honorant  de  leur  préfence ,  ou  du  moins  en  envoyant  leurs  Amballàdeurs 
au  Concile  libre  &c  général  qu'il  étoit  réfolu  de  convoquer  le  plutôt  qu'il 
pourroit  dans  quelque  lieu  commode  d'Italie.  '  Ces  lettres  furent  bienc&t 
connues  de  tout  le  monde,  par  le  foin  que  prirent  par- rout  les  Mini(hes 
du  Pape  de  les  répandre  •,  4  non  que  le  Pape  ou  la  Cour  de  Rome  defiraf- 
fent  ou  eudent  delfein  de  procurer  un  Concile  ,   pour  lequel  ils  avoient 


:  mais  qu'ayant  appris  par  ce  Prince ,  6c  par  Campige  fon  Legar» 
I  Proteftans  n'en  étoient  que  plus  obftinés ,  &  connoitlant  clairement 


5»  Ces  lettres  furent  Bientôt  evnntus  de 
tout  le  monde  ,  par  le  foin  que  prirent  pat" 
tout  les  Miniftres  du  Pape  de  les  répandre  , 
&c.  )  Il  n'étoic  pas  befoin  d'un  grand  foin 
pour  cela>  paifqoe  ces  lettres  ayant  été 
envoyées  à  tous  les  I^inces ,  fe  rép^ndi- 
lent  a(rez  d'elles-mêmes;  &  s'il  y  eut  de 
Taf&âation  de  la  pan  de  la  Cour  de  Ro- 
me, ce  fut  en  faifant  paroltre  un  grand 
defir  du  Concile,  dans  le  tems  que  réelle- 
spentelle  le  craignoit  beaucoup  plus  qu'elle 
ne  le  defîroit ,  &  qu'elle  ne  te  vouloit  te- 
nir qu'à  4es  conditions  qu'on  favoijt  bien 
que  les  Prpteflans  n's^ccepteioienr  jamais* 

^.  Non  que  le  Pape  ou  la  Cour  de 
Rome  defiraffent  ou  eurent  defftin  deprocw- 
rer  un    Concile  >  fOur  lequel  Us  ayoiejH 


Beaucoup  de  répugnance  ,  Sec]  C'eft  ce  qui 
Ce  voit  6c  par  les  diâRcultés  que  le  Pape 
fit  repréfenter  à  l'Empereur  &  pr  le  Lé^ 
gat  &  par  l'Evêque  de  Tonone  fon  Non- 
ce ,  &  encore  mieux  par  les  conditions 
qu'il  exigeoit ,  3c  dont  plufieurs  étoient  înv 
pratiquables.  Il  edvrai  que  furies  inftan» 
ces  réitérées  de  TEmpereur,  Clément  paxm 
y  confemii  à  la  fini  mais  d'une  manière  fi 
vague,  qu'on  voit  bien  que  c'étoit  contre 
fon  inclination  qu'il  agiuoit  en  le  pTome^- 
tant.  Anffi  ces  promeHes  n'eurent  elles  au- 
cune fuite,  U  if»  ans  s'écoulèrent  encore 
avant  que  fon  fuccelfeur,  qui  appréhen- 
doit  autant  le  Concile  que  lui,  enficToa- 
verture,  z^rh  qu'il  y  fut  forcé  par  fEmr 
pereur  &  les  autres  Princes» 


1 


DE    T  R  E  N  T  E ,  L  <  V  A  Ë    I.  ro? 

beaucoup  de  répugnance ,  ""mais  pour  amufer  les  hommes  par  l'efpérancc   **'^*^* 
«l'une  promtc  réfbrmation  des  abus  ou  des  défordrés ,  8c  les  retenir  par-là       "'^    ' 
dans  lobciflance.  Mais  peu  de  gens  y  furent  trompés ,  étant  facile  de  dé-    ' 
couvrir  qu'il  n  y  avoit  qu'une  pure  am&ation  dans  les  inftances  que  le  Pape 
Êiifoit  aux  Princes  d'envoyer  leurs  AmbafTadeurs  â  un  Concile  >  dont  il  ne 
dé^erminoit  ni  le  tems ,  ni  le  lieu  ,  ni  la  forme. 

f  Les  Proteftans  prirent  occafion  de  ces  lettres  d'écrire  au(E  au  mois  de 
Février  fuivant  aux  mêmes  Rois  &  aux  mêmes  Princes  une  lettre  commune 
au  nom  d'eux  tous ,  où  ils  difoient  :  ^  Que  leurs  Majeftés  étoient  afièz  in-  '^  ^1^^^*  ^ 
formées  des  vieilles  plaintes  que  des  gens  pieux ,  &  entre  autres  Jean  Ger^  p  f;  ^  Y' 
fon  f  Nicolas  de  CUmanps  &  d  autres  en  France  »  Jian  Collet  en  Angle-  ^  ^; 
terre ,  &  d'autres  en  cFautres  lieux  >  avoient  faites  il  y  a  longtems  contre  Spond.  zi 
les  vices  EccléHaftiques  :  Que  la  même  chofe  étoit  encore  arrivée  depuis  an.  153 r. 
auelques  années  en  Allemagne  ,  à  l'occa/ion  du  déteftable  gain  que  fai-  ^^  ^* 
loient  quelques  Moines  en  publiant  les  Indulgences.  Et  de-U  prenant  00 
cafion  de  raconter  tout  ce  qui  s'étoit  pafle  depuis  ce  rems-là  jufqu  a  la  der- 
nière Diète  i  ils  difoient  que  leurs  Adrerfaires  chercboient  â  aierir  l'Em- 
pereuT  &  les  autres  Rois  contre  eux  par  diverfes  calomnies  »  qu'ils  avoient 
déjà  réfutées ,  &  donc  il  leur  feroit  encore  plus  aifé  de  fe  juflifier  dans  uû 
Concile  Général ,  i  la  décifion  duquel  ils  ecoient  prêts  de  s*en  rapporter  » 
pourvu  qu'on  n'y  écoutât  ni  les  partis  ni  les  préjuges  :  ^  Que  de  toutes  les 
calomnies  dont  on  les  charéeoit ,  la  principale  etoit  qu'ils  condamnoient 
les  Magiftrats  >  &  diminuoient  la  dignité  des  Loix  :  Que  cela  non-(èuler 
ment  n'étoit  pas  véritable  ;  mais  que ,  comme  ils  l'avoient  montré  dans  la 
Diète  d'Ausbourg  ,    ils  enfeignoient  à  honorer  les  uns  ,    &  défendoient 
l'autorité  des  autres  ,  plus  qu'on  ne  l'avoir  jamais  fait  avant  eux  ;  faifanc 
entendre  aux  Magiftrats ,  que  leur  état  &  leur  genre  de  vie  eft  très-agréa- 
ble à  Dieu  ;  &  prêchant  aux  peuples  >  qu'ils  font  obligés  de  les  honorer 

/.  Les  Proteflans  prirent   occafian   de  cette  Seéte.  Fleury ,  L,  ijr.  N°  87.  Car 

ces  lettres  d'écrire  aujjl  au  mois  de  Févr'ur  d'ailleurs  il  eft  cenain ,  que  Luther  écri- 

fuivant  aux  mêmes  Rois  ,  &c*  )  Leur  let-  vit  contre  la  révolte  des  Païfans  de  Soua* 

tre  rapportée  par  Sleïdan  L.  8.  eft  datée  be  &  contre  les  Anabaptiftes  ,  &  que  les 

du  16.  de  Février,  &  écrite  au  nom  des  Princes  Luthériens  soppoferent  à  eux  auffi 

Eleâeurs  de  Szut  &  de  Brandebourg ,  du  fortement  que  les  Catholiques.  Mais  com- 

Duc  de    Lunebourg  ,  du    Landgrave   de  me  ils  ne  voulurent  ni  obéir  aux  Décrets 

Hefle ,  &  des  Villes  de  Strasbourg ,  Nu-  de  TEmpereur ,  ni  fe  foumettre  aux  Re- 

remberg,  Magdebourg,  &  Ulmé.  Elle  fut  ces  des  Diètes  qui  letit  étoient  contiaires» 

adreifée  principalement  aux  Rois  de  France  on  en  prit  prétexte  des  les  accufer  de  ré^ 

&  d'Angleterre.  volte  contre  les  Magiftrats  &  contre  les 

6,  Que-  de  toutes  les  calomnies  dont  on  Loix  $  &  ce  fut  ce  qui  engagea  plufieurs 

les  chargeait ,  la  principale  étoit  qu'ils  con'  àts  Proteftans  à  s'unir  à  l'Empereur  con- 

damnoient les  Magiftrats, 8cc.)  Parce  (fx'on  tre  la  Ligue  de  Smalcalde ,  qui  n'avoir 

les  confondoit  avec  les  Anabaptiftes ,  ou  été  £iite  que  pour  la  défenfe  de  la  nouvelle 

plutôt  qu'on  prétendoit  que  c'étoic  fui  les  Religion  contre  les  attaques  qu'on  (c  pcir 

principes  de  Luther  ,  que  s'étoit  fbnnée  paroit  à  lui  porter* 

O  X 


log       HISTOIRE    DU    CONCILE 

"HDxxx.    Se  de  leur  obéir  par  l'ordre  de  Diea ,  qui  ne4ai(Ièra  pas  leur  défobéi£&iioe 

Clsai^  VII.  impunie ,  parce  qu'ils  font  établis  par  fon  ordre  :  Qu'ils  avoient  été  bieo 

"""■"■■"■*■  aifcs  de  les  informer  de  ces  chofes ,  pour  fe  difculpcr  auprès  d  eux  de  ce 

qu'on  leur  imputoit  ;    &  qu'ils  les  prioient  de  ne  point  ajouter  foi  aux 

calomnies  dont  on  les  chargeoit,  &  de  s'abftenirde  les  juger,  jufqu'i  ce 

3[u'ils  euffent  lieu  de  fe  juftifier  publiquement  :  Qu'enfin  ils  les  prioient 
'engager  l'Empereur  i  faire  adembler  au  plutôt  pour  le  bien  de  toute 
l'Eglife  un  Concile  libre  &  pieux  en  Allemagne ,  &  de  ne  point  employer 
la  force ,  que  les  difputes  n'eudènt  été  auparavant  examinées  ôc  définies  lé- 
gitimement. 
#  Spond.  td     7  L  E  Roi  de  France  les  remercia  très-ôblîgeammenc  ^  par  une  lettre  de  la 
?^  <  n  !•   part  qu'ils  lui  avoient  donnée  d'une  affaire  (i  importante ,  leur  témoignant 
Slcïd  L.  8  ^^'^'  ^^^^^  ^^^^  fatisfair  de  leur  juftification  ,  qu'il  approuvoit  leurs  inftan- 
f.  XIX.      '  ces  pour  la  réformation  des  abus,  &  qu'il  avoit  fur  cela  les  mêmes  defirs 
qu'eux  'y  que  la  demande  d'un  Concile  étoit  jufte ,  fainte  ,  &  néceflaire 
non- feulement  pour  les  befoins  de  l'Allemagne ,  mais  aufii  pour  ceux  de 
toute  l'Eglife  ;  &  qu'il  n'étoit  pas  honnête  d'en  venir  aux  armes  »  pendant 

Sue  l'on  pouvoit  terminer  les  conrroverfes  par  des  voies  pacifiques.  Le  Roi 
'Angleterre  p  écrivit  aufli  dans  le  même  fens ,  ajoutant  en  particulier,  qu'il 
P*  '^^*       deiiroit  lui-même  le  Concile ,  &  qu'il  vouloir  s'entremettre  auprès  de  Char^ 
les  pour  trouver  les  moyens  de  tour  pacifier. 

L  E  Décret  de  l'Empereur  ayant  été  notifié  dans  toute  l'Allemagne ,  Too 
commença  auffi-tôt  à  accufer  à  la  Chambre  de  Spire  ceux  qui  fmvoienc  la 
nouvelle  Religion  ;  accufation  que  les  uns  faifoient  par  zèle  ,  d'autres 
pour  venger  leurs  inimitiés  particulières ,  &  quelques-uns  pour  s'emparer 
des  biens  de  leurs  ennemis.  Mais  de  toutes  les  fentences ,  déclarations  » 
ou  confifcâtions  qui  forent  décrétées  contre  les  Princes ,  les  Villes ,  ou  les 
Particuliers  ,  pas  une  n'eut  fon  effet  qu'a  l'égard  de  quelques  personnes 
dont  les  biensétoientfitués  dans  les  Etats  des  Catholiques.  Les  autres  mé« 
priférent  toutes  ces  fentences ,  au  préjudice  non- feulement  de  la  réputation 
de  la  Chambre»  mais  aufli  de  celle  de  l'Empereui;,  qui  s'apperçut  bientôt  que 
le  remède  n'étoit  pas  convenable  au  mal  ,  qui  croifTbit  de  jour  en  jour» 
Car  >  outre  que  les  Princes  &  les  Villes  Protedantcs  faifoient  peu  de  cas 
des  Jugemens  de  la  Chambre ,  ils  s'étoient  liés  plus  étroitement  entre  eux 
&  s'étoient  fortifiés  par  des  Alliances  étrangères  pour  fe  préparer  à  la  dé« 
fenfè;  &  tout  s'animancde  plus  en  plus,  on  fe  voyoit  à  la  veille  d'une 
guerre  également  dangereufe  pour  les  deux  Partis,  &  dont  l'événement > 
quel  qu'il  pût  être  ,  ne  pouvoit  manquer  d'être  pernicieux  à  l'Allemagne, 
•  C'eft  ce  qui  engagea  l'Empereur  i  confentir  »  que  quelques  Princes  s'en- 

r.  Le  Roi  de  France  Us  remercia  très»         t.  C*</?  ce  ^i  engagea  tEmperemt'  à 

êèUgeammeni par  une  lettre,  &c.  )  Salet-  eon/ènth que  quelques  Princes  s'entremiffimf- 

tie   eft   du  II   d*Avril,  &  celle  du  Roi  potp"  trouver  une  voie  de  conciliation.)  Ces 

^•«ngletenre  du  5.  de  MaÎMDXXxi ,  &  on  Princes  étotent  l'Eleé^ur  de  Mayence,  ft 

en  trouve  le  pxécis  dans  5i!rid^/r ,  L.  %•  le  Comte  Palatin  i  êc  les  Proteflaas  yo»- 


DE    T  R  EN  T  E  ,  L  I  V  R  E  I.  109 

tftmîflênt  pour  trouver  une  voie  de  conciliation  ;  &  toute  i  ann^  mdxxxi  mdxsxz« 
ayant  été  employée  à  négocier  fur  les  différens  chefs>^  &  à  concerter  quelques  ^^****  VII. 
conditions  au  moyen  defquelles  on  pût  saccordcr ,  l'on  intima  pour  Tannée  "TJTT"" 
fui  vante  une  Diète  à  Raiisbonne ,  où  Ton  put  en  venir  a  quelque  concluHon.  î    "^^' 
XL  V.   Cependant  tout  étoit  plein  de  foupçons ,  &c  les  défiances  Id.  p.  Ar. 
augmentoient  de  plus  en  plus  entre  les  deux  Partis.    Mais  il  arriva  parmi  ^ouvemux 
les  Suides  un  événement  confidérable ,  qui  les  engagea  enfin  d  s'accorder  '''^^^^  ^ 
entre  eux.  Quoique  les  dxfputes  '  pour  caufe  de  Religion ,  qui  étoicnt  5^^'/. 
entre  les  Cantons  de  Zurich ,  de  Berne ,  &  de  Baie  d  une  part ,  &  les  Can-  /J'^  ^ 
tons  Catholiques  de  l'autre  >  euflènt  été  plufieurs  fois  adoupies  par  l'en-  cênAmt. 
tremife  de  diverfes  perfonnes ,  il  reftoit  toujours  de  l'aigreur  &  de  l'ani-   ^^à,  ibid. 
mofité  dans  les  efprits  \  Se  les  querelles  fe  renouvelaient  fouvent ,  par  mille  ^*^'*v-^3* 
accidens  qui  arrivoient  de  jour  en  jour*  Elles  s'échauffèrent  plus  que  jamais  spoli<L  d 
cette  année ,  par  la  défenfe  que  firent  ceux  de  Zurich  8c  de  Berne ,  de  laiflcr  an.  r  ;  3V 
tranfporter  des  vivres  dans  les  cinq  Cantons  Catholiques.  L'on  arma  donc  N""  6. 
de  part  &  d'autre.  ^  Zuinglc ,  inflexible  aux  prières  de  [^  amis  qui  lexhor-  ^^f-  ^^ 
coient  à  refter  chez  lui  >  &  à  laiflèr  ce  foin  d  un  autre ,  voulut  accompagner  ^     ^  *  ^' 
les  trotipes  de  Zurichdans  cette  expédition,  pour  ne  pas  paroitre  abandonner  jj  487^^' 
les  fiens  dans  le  danger,  &lai(Ièr  croire  qu'il  netoit  propre  à  les  encourager 
que  dans  la  Chaire.  L'on  en  vint  aux  mains  le  onze  d'Oâobre.  Les  trou- 
pes de  Zurich  furent  défaites  ,  »  &  Zuinglc  tué ,  ce  qui  fit  plus  de  plaifir  ^  puir. 
aux  Catholiques  que  la  victoire  même.  Ils  infultérent  fon  corps.  Se  luij^i^^^ 
firent  plufieurs  outrages;  Se  cette  mort  fut  une  des  principales  caufes  deN"*!!;. 
l'accommodement  que  quelques  perfonnes  procurèrent  entre  les  deux  Par- 

Inrent  bien  qaon  s'aflèmblât ,  mais  a  teur,  poarne  pas  paroîcre  abandonner  dans 
oonditîonqae  l'on  fie  ceflèi  les  pcarfuices  le  danger  ceux  qu'il  y  avoir  en  qaelqaéfbrte 
de  la  Chambre  Impériale  contre  les  Lu-    piécipicés  :  Qui/m  ficum  reputaret ,  quod 

thériens  poor  caufe  de  Religion.  fi  domi  refidtret ,  ac  praiium  forte  fient 
9.  Zuingle  ,  infiexihU  aux  prières  de  pu    adverfiim  «  fore  ut  mapiam  ipfofobiret  i n- 
mmis  ,  —  voulut  accompagrur  les  troupes    vidiam  ,  quafi  conciombus  quidcm  accen* 
it  Zurich  dans  cette  expédition  ,  &c.  ]  il  ne    deree  âominum  animos  ^  in  ipfo  autem  difi 

pouvoir gttJres  s'en  difpenfer,  s*il  e(î  vrai  crinùneremoUcfoeret^^voluitomninbcommU" 

ce  qu'ajoute  Sleidan^  que  la  coutume  de  nemfiihiremartyrem.VkyMtMTàeVH\i\om 

Zurich  eft  y  que  lorfque  Ton  envoie  une  de  la  Reformation  de   la  Suillè  convient 

Armée  contre  l'ennemi ,  le  premier  Minif-  avec  Sleidan ,  que  c'étoit  alors  la  coutume 

tie  du  païs  doit  l'accompagner.  Nam  Tigu-  que  le  premier  Pafleur  de  l'Eglifè  de  Zurich 

rinorumitafirt  confoetudo ,  quum  in  ko  fi-  accompagnât  l'Armée  ,&  ajoute  d'ailleurs  ^ 

tem  exitur,    ut  Ecclefict  Minifter  prima-  que  Zuinglc  eut  un  ordre  particuliei;  du 

rius  unà  prodeat.  Il  &lloit  pourtanr  que  Magidrar  de  le  faire.  Si  cela  eft,  il  n'eft 

cette  coutume  ne  fât  pas  bien  abiblument  pas  difficile  de  voir  pourquoi  \\  ne  déféra 

établie  «  puirqu'autremcnt  les  amis  de  Zuin-  pas  aux  prières  de  (es  amis ,  ni  à  (à  pro- 

^  n'eollènt  pas  eu  lieu  de  l'exhorter  à  ne  [>re  répugnance.  Ceût  été  en  quelque  (bne 

point  accompagner  les  troupes.  Ainfî  il  fem-  déiëner  ceux  à  qui  il  avoit  mis  les  armes 

ble  que  c'ait  été  plutôt  par  zèle  que  par  né-  à  la  main  s  &  il  aimoit  mieux  courir  le  mê-» 

ceflîcc  qu'il  fe  Toit  rendu  à  l'Armée ,  &  appa-  me  ri(que  qu'eux  ,  que  de  (urvi vre  à  leur  dé- 

zeiiunenr ,  comme  l'ajoute  le  même  Au-  faite  i  ou  a'aToii  pas  de  paie  à  leur  visite* 


1X0        HISTOIRE    DU    CONCILE 

wûMÊitTL.   tis ,  à  condition  que  chacun  reciendroic  fa  propre  Religion.  Les  cinq  Cân«^ 

toM.  VIL  j^^j  Catholiques  fc  flattoicnt  que  les  autres  reviendroienc  bientôt  i  Taiw 

***'''*'^  cieniie ,  après  avoir  perdu  celui  qui  par  fcs  prédications  avoir  ctc  rauteor 

du  changement  qui  étoic  arrivé  ;  &  ils  fe  rorrifiérenc  d'autant  plus  dang 

cette  efpérance ,  c^'Oecolampadc  Miniftre  de  fiâle ,  &  dont  les  lentimens 

étoient  conformes  à  ceux  de  Zuinglc ,  étant  mort  peu  de  jours  après  de  de-« 

Slaidr  d'avoir  perdu  fon  ami ,  ils  regardoient  ces  deux  morts  comme  un  efièc 
t  la  Providence ,  qui  par  compaflion  pour  les  maux  de  la  Suillè  avoir  enfin 
puni  &  enlevé  les  auteurs  de  la  difcorde.  Mais  fi  c*eft  piété  &  Religion  qoe 
d'attribuer  à  la  Psovidence  la  difpoiition  de  tous  les  événemens  »  c'eft  pré« 
fomption  que  de  vouloir  déterminer  la  fin  que  Dieu  fe  propofe  en  les  per-^ 
mettant.  Les  hommes  fe  font  un  point  de  Religion  de  s'attacher  à  leurt 
opinions ,  comme  fi  Dieu  en  étoit  aufii  jaloux ,  qu'ils  le  font  eux-mêmes. 
Mais  comme ,  par  ce  qui  arriva  dans  la  luire ,  on  voit  que  depuis  la  mort 
de  ces  deux  hommes  la  do£b:ine  des  Cantons  appelles  Evangéliqucs  fir  en-* 
core  plus  de  progrès  qu'auparavant ,  c'efl  une  preuve  évidente  qu'il  faut 
rapporter  cet  effet  â  une  caufe  plus  élevée  que  les  efforts  de  Zuinglc. 
ImfiéKÊfêi^dê     XLVL  E  N  Allemagne  '  l'Archevêque  de  Mayence  &  l'Eleârur  Palatin. 
tEmfn9wr  s'entremirent  de  l'accord  des  Proteftans  avec  les  Catholiques  *,  &  l'on  &t 
fêurUeên-  ^ovLt  cela  plufieurs  Ecrits ,  qu'il  fallut  fouvent  changer ,  parce  qu'ils  ne  fk-» 
2J^2L.  risfaifoient  entièrement  ni  l'un  ni  l'autre  Parti.   L'Empereur  jugea  de-là  , 
àU.  ^^  1^  Concile  étoit  abfolument  néceflaire  *,  &  après  en  avoir  délibéré  avec 

t  Sltt<L  L.  te-Roi  de  France ,  il  envoya  en  pofte  à  Rome  pour  en  traiter  avec  le  Pape 
s,  p.  114.    ^  les  Cardinaux.  Ce  Prince  ^  ne  fe  mettoit  pas  beaucoup  en  peine  ni  wt 
*fÎ*^     -  lieu  ni  des  autres  conditions ,  pourvu  que  l'Allemagne  fût  latisfaite ,  bc  que 
M^N^7*.  ^^  Protcflans  y  intervbflènt  &  promiCTent  de  s'y  foumettre  5  &  le  Roi , 
'  qui  trouvoit  que  cette  fatisfaâion  étoit  jufte  >  promit  d'y  contribuer  de  fa 
part.   L'Ambaffadeur  repréfenta  donc  au  Pape  :  Que  l'Empereur  ayant 
eflayé  toutes  fortes  de  moyens  pour  ramener  les  Proteflans  ,    &  ayant 
employé  l'autorité  ,  les  remonrrances  ,  les  menaces  >  &  la  jufHce  même  9 
fans  fuccès  ,  il  ne  reftoit  plus  que  la  guerre  ou  le  Concile  :  Que  ne  pouvant 
en  venir  aux  armes  à  caufe  des  préparatifs  que  faifoit  le  Turc  contre  lui , 
il  étoit  forcé  d'avoir  recours  sL  l'autre  parti  :  Qu'il  prioit  donc  le  Pape  y  quÛ 
l'imiution  de  fes  prédéceflèurs  il  voulut  bien  accorder  un  Concile ,  âucuel 
les  Proteflans  ne  nffent  nulle  diflBculté  de  fe  foumettre ,  puifqu'ils  avoienc 
plufieurs  fois  offert  de  s'en  tenir  à  la  décifion  d'un  Concile  libre ,  où  Ton 
I#  P^^/f  eût  pour  Juges  des  perfbnnes  défintéreflées.  '^   Le  Pape,  qui  ne  vouloir 


10»  Le  Pape  g  qui  ne  voulait  point  du 
totu  du  Concile  ,  mais  qui  ne  pouvoit  pas 
ouvertement  rejetter  cette  demande  ,  y  eon^ 
fentit.  Bec,  ]  Quelques  effotts  qne  faSe 
Pallaviein  pour  prouver  que  Clément  con- 
(êntoit  de  bonne  foi  à  la  tenue  du  Concile , 
on  voit  cependant  5e  par  toutes  fes  démar- 


ches, &  par  l'ambiguïté  de  (es  léponiès^ 
qu'il  ne  cherchoic  qu*à  Téluder  i  &  le  Car- 
dinal lui-mémie  ne  (auroit  dèfa  vouer  qo't^ 
y  étoit  tout  à  fait  contraire  d'inclination.  // 
Papa  difuo  giudicio  non  vinelinava  ,  die* 
il  L.  5  •  c.  7.  riputandolo poc'  opportuno  allé^ 
quaktà  dclpsAlica  mék  ,  e  déUl'  akrs  pano 


DE    TRENTE,  Litre    L  ji« 

p(Mn€<dti  tout  du  Concile ,  mais  qui  ne  pouvoir  pas  ouvertement  rejetcer     . ^^ 

cette  demande  »  y  con&ntit ,  mais  d'une  manière  dont  il  favoit  bien  qu  on  ^^^ac  VB. 
«e  fc  contentcroir  pas.  '  *  Il  propofa  pour  cette  Aflcmblce  »  une  des  Villes  ■ 

de  l'Etat  Eccléfiaftique ,  celles  que  Bologne ,  Parme  ,  ou  Plai&nce ,  touiqs  * ^*^'^^* ^ 
capables  de  contenir  Se  de  nourrir  beaucoup  de  monde ,  d'un  air  fort  fain  ,  y'ptllâv,  L, 
&d'tta  territoire  fort  étendu  5  &  dit  que  les  Proteftans  ne  dévoient  faite  3.  c,  ix.' 
«ocune  difficulté  d'y  venir  pour  y  être  écoutés ,  parce  qu'on  leur  donneroic 
tm plein  &  ample  Sauf- conduit»  &  qu'il  s'y  trouveroit  lui-même  afià 

2a  on  n*y  fit  tore  à  perfbnne  ,  &  que  tout  s  y  traitât  avec  une  concorde 
Chrétienne  :  »*  Qu'il  ne  pouroit  confentir  4  tenir  le  Concile  en  Allemagne, 
parce  que  l'Italie  ne  pourroit  foufirir  cette  préférence  :  Que  la  France  6c 
rEfpagne ,  qui  pour  les  affaires  de  l'Eglife  oédoient  volontiers  a  l'Italie  par 
-cefpeâ  pour  le  Pontificat  dont  elle  eft  k  Siège,  ne  voudroient  jamais  céder 
à  l'Allemagne  ;  ôc  que  l'on  feroit  peu  de  cas  de  l'autorité  d'un  Concile  où 
il  n*y  auroit  que  des  Allemands ,  &  fort  peu  de  perfonnes  d'autres  Nations  > 
parce  qu'indubitablement  les  Italiens ,  les  François ,  &  les  Efpagnols  ne 
pounoient  fe  laiiler  perfuader  de  s'y  rendre  :  Que  ce  n'étoit  pas  au  malade  > 
mais  au  Médecin ,  à  choifir  le  remède  :  Que  l'Allemagne  étant  infeâéc 
d'tme  multitude  &  d'une  grande  variété  d'opinions  nouvelles ,  ne  pourroit 

f»as  porter  un  jugement  fi  Tain  fur  ces  matières ,  que  pourroient  faire  l'Ita- 
ie ,  la  France  6c  l'Efpaene  >  qui  étoient  encore  exemtes  de  corruption ,  8c 
perfévéroient  tout  entières  dans  l'obéiflance  de  l'Eglife  Romaine  k  Mère 

'SBCQmmodo  à  se  in  ^uel  tempo  —  Nondimc-  le  dit  Fm-Pdolo  ^  que  le  Pape  proposa  qaet- 

ma  veggenÂQ  ,  ehi  il  ricufdrlo  gli  concite*  Ques  Villes  de  TEcac  Eccléfiaftiqae  ,   mais 

nkhcgratuT  odiotd  infamia  ,  eUggea  piu  uns  s  y  borner  néanmoins,  pourvu  (|u'on 

10^  di  Ci^nfeatire  ad  un  danno  vcro ,  che  di  ne  tint  point  le  Concile  hors  d'Italie  >  corn- 

fipugnare  ad  un  benc  falfamcnte  fpcrato  ,  me  notre  Auteur  femblè  le  fairtf  encendlè 

6cc,  Ce  n'étoit  donc  ,  félon  Pallavicin  mô-  lui  même  par  la  fuite. 
me ,  que  malgré  lui  que  Clément  avoit  cette  i  x.  Qu'il  ne  pouvait  confentir  à  tenir  U 

complai(ànce  pour  l'Empereur  s  &  perfuadé  CoacUe  gn  Allemagne  ,  parce  que  l'Italie 

qu'il  7a5K>it  peu  à  efpérer  d'un  Concile  pour  nepgmrrQitfouffrir  cette préférenc^.  ]  Ces  râi- 

le  retoor  des  Proteftans  f  &  beaucoup  à  crain-  (bns  éroîent  bien  frivoles,  auffî  nétoiene* 

«Ire  peur  (on  autorité ,  il  n*eft  pas  étonnant  elles  pas  les  véritables  j  &  fi  le  Pape  refWiôic 

Qu*ilen  écootit  peu  voloniien  la  propofi-  détenir  le  Concile  hors  d'halte ,  cVftpAroe 

tion.  qu'il  apprébendoic  d'y  être  moins  le  maître  ^ 

1 1 M  propofa  pour  cet»  affenélie  mu  des  &:  de  ne  pouvoir  empêcher  qu'on  n'y  traii(t 

VUlesdelEtatEccîéfiafiique,^c,'^t(\vud-  de  mattèies  contraires   à  (es  intérêts ,  le 

ques  autres,  à  condition  néanmoins  qu'elles  qu'on  n'y  travaillât  à  la  réferme  de  fâ  Cour 

ne  fiiflent  point  hors  d'Italie,  comme  Mibn  à  (bn  piéjudice.  Depuis  l'exemple  des  Con* 

QQ.Mantooe  i  bien  réfolu-de  ne  point  tenir  ciles  de  Conftance  &  de  Baie ,  les  Papes 

de  Concile  au-delà  des  monts,  foit  parce  craignent  des*expoferauz  dangers  de  leurs 

•que  cela  augmenteroit  (à  dépenfe  9c  fes  em-  prédccedèufs.  Ils  courent  moins  de  rifques 

■bâfras  ,  foit  parce  que  hors  d'Italie  il  appré-  dans  les  endroits  Oil  ils  font  les  makies ,  le 

hendoit  plus  pour  (on  autorité.  Ilter^ofu  ,  il  £iudra  qu'ils  y  fôient  forcés  pour  con(ei>- 

càe  il  Conciliofi  ceUhraJfe  in  It^ia  ,  dit  tir  jamais  qu'on  tienne  de  celles  AilèaibUfS 

Pallavicin.  Il  eft  donc  bien  vrai ,  aouuae  fldilsoelefoAtpas* 


m      ^HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxxn.  Se  la  Maîtreflê  de  tous  les  Chrétiens  :  Que  (|uanc  à  la  manière  de  définir 
Clem,  VII.  |ç5  chofes  dans  le  Concile ,  i\  n  ce  jit  pas  néceflaire  d'en  traiter ,  puifqu*il  ne 
•^■•""^  pouvoir  y  avoir  fur  cela  aucune  difficulté ,  à  moins  qu  on  ne  voulut  introduis 
re  une  nouvelle  forme  de  Concile  inufîtéejufqu  alors  dans  l'Eglife  :  Qu'il 
étoit  clair ,  que  félon  les  Canons  il  n'y  avoir  que  les  Evèques  qui  euflènc 
droit  d'y  opiner  :  Que  la  coutume  avoit  fait  étendre  ce  droit  jufqu'aiu 
Abbés  ,  &  la  concedion  du  Pape  à  quelques  autres  perfonnes  :  Que  tous 
les  autres  qui  vouloient  être  ouïs  dévoient  fe  fou  mettre  i  la  dérermination 
de  ceux-ci ,  '  '  au  nom  defquels  fe  font  les  Décrets  des  Synodes  fi  le  Pape 
en  eft  abfent ,  au  lieu  que  s'il  y  affide ,  tout  fe  fait  en  fon  nom  avec  la 
feule  approbation  des  Pères.  Les  Cardinaux  parlèrent  aufli  dans  le  même 
fens  que  le  Pape  »  ajoutant  feulement  quelques  raifons  >  pour  montrer  que 
le  Concile  n'etoit  point  nécefiàire  après  la  Sentence  de  Ùon  ,   qu'il  faffi- 


foit  d'exécuter  pour  remédier  à  tout  -,  &  que  ceux  qui  refufoicnt  de  fe  fou- 
mettre  i  la  déafion  d'un  Pape  faite  de  l'avis  des  Cardinaux ,  mépriferoient 
encore  davantage  les  Décrets  d'un  Concile  :  Qu'il  étoit  bien  clair ,  que  les 
Proteftans  n'en  demandoient  la  convocation  que  pour  éluder  l'exécution  de 
l*£dit^de  Wormes ,  parce  qu'ils  favoient  bien  que  le  Concile  ne  pourroit  pas 
manquer  d'approuver  ce  que  Léon  avoit  défini ,  à  moins  que  de  vouloir  être 
xegardé  comme  un  Conciliabule  >  ainfi  que  tous  ceux  qui  s'étoientéloigpés 
de  la  doftrine  &  de  Tobéiltance  des  Papes. 

Pour  trouver  quelque  tempérament  à  tout  cela  l'Ambadàdeur  de  PEm* 
pereur  eut  plufieurs  Conférences  avec  le  Pape  &  avec  deux  Cardinaux 
qu'il  avoit  nommés,  pour  cet  efiet.  Il  leur  remontra  :  Que  l'Italie  ,  1 
France  &  l'Efpagne ,  n'avoient  point  befoin  de  Concile  &  n'en  demandoieoc 
point ,  &qu  ainfi  il  ne  falloit  point  les  confidérer  dans  cette  affaire  :  Que 
comme  c'étoit  pour  remédier  aux  maux  de  l'Allemagne  qu'on  lefolliditoir» 

U 


9 

la 


I  ) .  Au  nom  defiuels  fe  font  les  Décrets 
des  Synodes  J!  le  Pape  en  eft  aèfom  «  mu  lieu 
fue  s'il  y  affifte  ,  tout  fe  fait  en  fon  nom 
avec  la  feule  approbation  des  Pères.  ]  C'eft 
une  des  maximes  modernes  de  la  Cour  de 
Rome  y  fondée  fur  la  fituife  opinion  de  là 
(àpériorité  des  Papes  fur  les  Conciles.  Mais , 
outre  qa'elle  eft  combatnie  par  toute  la  doc- 
trine de  TAntiquité  &  la  conduite  Àe  tous 
les  anciens  Conciles  >  qui  n*ont  jamais  fup- 
po(é  une  telle  fupériorité ,  &  que  cette  fa- 
périorité  a  même  été  de(à vouée  par  les  Pi- 
pes, qui  fe  font  reconnus  fournis  eux-mê- 
mes aux  Décrets  de  ces  Aflèmblées  ;  il  fuffit 
de  confidérer  quelle  e(l  la  nature  des  Con- 
ciles ,  pour  juger  que  leurs  décidons  doivent 
être  Eûtes  au  nom  de  tous  les  Pères,  6:  non 


do  Pape  fenl.  Car  fi ,  comme  Ta  tm  bien 
prouvé  Holden^  AnaL  fid.  L.  r.  c.  ^.  le  jii« 
gement  des  Conciles  n'eft  autre  chofe  que  le 
témoignage  que  les  Evtqœs  de  tontes  lit 
Nations  Chrétiennes  rendent  de  la  Foi  de 
leurs  Eglifès ,  il  s'enfuit  que  ce  témoigna* 
ge  doit  être  rendu  en  leur  commun  nom , 
&  non  en  celui  du  Pape  feuL  Ceft  anffi 
pour  cela  que  chaque  Evâqqe  figne  comme 
jugeant  en  fon  propre  &  privé  nom^jmdi» 
cans  fcripfii  ce  qui  nanrpit  pA  fè  &ire  fi 
tous  les  Décrets  le  publioient  au  nom  dn 
Pape.  Comme  le  premier  Evéque,  il  j  tient 
le  premier  rang  i  mais  c*eft  toute  fa  préro* 
gative ,  &  les  définitions  ne  tirent  pas  plot 
de  force  dt  fon  m^tpriié  (|ue  de  celle  des 
autres. 

«4-  Q« 


DE    TRENTE,  Livre   I.  115 

il  étoît  i  propos ,  afin  que  le  remède  convînt  au  mal ,  de  choifir  un  lieu  mdxxxi. 
où  cette  Nation  piu  s  aflèmbler  :  Qu  à  l'égard  des  autres  ,  dont  il  ne  s'agif-  ^^^*  ^^^* 
foit  pas,  il  fuâîioitqu*il  y  vînt  quelques-uns  des  Principaux  Prélats  :  Que 
les  Villes  propofées  avoient  bien  des  avantages  ,  mais  qu'elles  écoient  trop 
éloignées  de  TAllemagne  :  Que  quoique  la  parole  de  Sa  Sainteté  Tufifit  pour 
Giâurer  chacun  >  on  ne  guériroit  jamais  les  Proteftans ,  de  leurs  défiances 
pour  des raifons  anciennes  Se  nouvelles,  dont  la  moindre  étoit,  qntLéon 
X*  Ton  couiin  les  avoit  déjà  condamnés  &  déclarés  Hérétiques  :  Que  quoi- 
que la  perfuanon  de  la  bonne  foi  du  Pape  dut  les  tranquilUfer  &  Tempor* 
xtx.  fur  toutes  leurs  raifons ,  Sa  Sainteté  fa  voit  auiE ,  par  l'expérience  qu'elle 
avoit  des  afEiires  &  par  fa  propre  pénétration  ,  qu'il  falloit  condefcendre  à 
la  fbiblede  des  hommes ,  &  leur  accorder  par  compadion  ce  que  l'équité 
jttgeoit  convenable,  quoiqu'il  ne  fut  pas  dû  en  rigueur  :  '4  Quepuifque  le 
droit  de  fufFrage  avoit  été  introduit  partie  par  coutume  &  partie  par  privi- 
lège ,  le  y  Pape  avoit  un  grand  champ  ou  vert  à  l'exercice  de  fa  bonté,  en/ Pallav.L 
'*  introduifant  une  coutume  propre  au  temspréfent  :  Que  fi  les  Abbés  avoienc^  ^'  ^*' 
été  admis  autrefois  à  donner  leur  fuffrage  par  la  coutume,  &  parce  qu'ils 
mdbient  pour   odieux  instruits  de  la  Religion  ,   la  raifon  vouloir  que 
Von  en  u$at  de  même  avec  des  gens  d'une  capacité  égale  ou  plus jgrande,  quoi* 
qu'ils  n'eudènt  point  le  titre  d* Abbcs  :  Qu'enfin  le  privilèee  tournifibit  un 
moyen  aifé  de  contenter  tout  le  monde  ;  ic  qu'en  l'accordant  à  ceux  qui 
pourroient  procurer  la  gloire  de  Dieu  dans  cette  Afiemblée ,  ce  feroit  le 
moyen  d'avoir  un  Concile  pieux  &  Chrétien  i  comme  tout  le  monde  le  dé^ 
Ûroic.  ^^^^^^ 

L  E  Pape  ayantoppofé  à  ces  remontrances  les  mêmes  raifons  qu'il  avoit  ^^^^^  ^  ^^' 
déjà  alléguées ,  l'affaire  n'alla  pas  alors  plus  loin  -,  &  l'Empereur ,  '  à  la  hmidt  R#« 

Ugion  4UK 

14*  Quepuîffue  le  droit  defuffrage  avoit  to  Cefare  e*l  Papa  dîfconvenivano  ;  cioè  ,    ^^/J  ^^i 

iU  introduit  partie  par  coutume  &  partie  che  Vuno  conofceva  la  ra^onevolei(^^a  dcUe  « 

parpriviUge,  le  Pape  avoit  un  grand  champ  condi^ioni  ;  ma  come  bramofo  difodufar  i  p^llav  L  ' 

ouvert  à  V exercice  de  fa  bonté ,  &c.  ]  Le  Tedefchi  in  qualunque  modoperhaver  quie-  •  ^^  J 

Card.  Pallavicin  ,  L.  ).  c.  y.  après  avoir  teneW  Imperio ,  dejiderava  dal  Papaei^n-  Spond.  ad 

taxé  de  fauifeté  la  demande  que  Fra-Paolo  do  VecceJJivo  ,  quando  gli  altri  non  fi  con-  an.  15  5^. 

dirquerAmbalfadeur  deTEmperearfic  que  tentaffero  del  ragionevole.  Per  contrario  il  N°  i. 

les  Proteftans  eulTent  voix  dans  le  Concile ,  Papa  —  non  voleva  dare  alV  appetito  in-  Fleury ,  L. 

avoue  néanmoins,  c.  ii.  que  qaoiqae  ce  fano  djuia parte rejffir regola al govemo  del  154.  N^j;*' 

Prince  fût  convainca  de  Téq^icé  des  condi-  ri^r/aJfete»  adunare  il  ConciUo  in  maniera 

rions  qa*ezigeoic  le  P^pe,  c'eft-à-dire,  infiJÊKmtdetita pregiudicare al Primato 

qu'on  laivic  les  lx>iz  ordinaires  fur  ce  point,  Ap^lfH^ ^  ècc.  far  cet  aveu ,  qui  ne  peut 

&qa'il  n'y  eût  qaeceaz  qqi  avoient  voix  legarderqueledroitde  fiifFrage, /'«//^vici/j^ 

dans  les  Conciles  félon  les  règles  ordinaires  jultifie  Ton  adver(kire ,  &  fe  condamne  Iqj- 

qai  pufTent  y  ppiner  >  cependant  pour  con-  même.  Mais  ce  neft  pas  le  feul  endroit  oà 

tenter  les  Luchériens  il  defîroit  que  le  Pape  il  l'a  âdt,  &  où  il  donne  malgré  lui  des  preu- 

ne  fe  tint  pas  fi  ion  attaché  aux  règles ,  puif-  ves  de  la  finccritc  &  de  la  pénétration  dç 

que  les  autres  ne  fe  contentoienc  pas  de  ce  FrA'Paolç* 
qai'ccoit  raifonnable*  Vcdevafi  ^  che  inpun- 

Tome  I.  ^  P 


ri4       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxxi.  veille  d'avoir  la  guerre  avec  les  Turcs  ,  fe  mit  à  foUicicer  la  conclufîon  da 
Cleia.  vil  Traité  qu'il  avoir  commence  de  n^ocier  avec  les  Proteftaus.  '  î  Tout  étant 
**■■■■■■■"  convenu  ,  on  publia  enfin  le  23.  de  Juillet ,  l'accord ,  qui  portoit  :  Qu*il 
y  auroit  entre  l'Empereur  &  tous  les  Etats  de  l'Empire  ,  tant  Eccléfîafti« 
ques  que  Laïques  une  paix  générale  jufqu'à  la  convocation  d'un  Concile 
Général  »  libre  &  Chrétien  :  Que  perlonne  pour  caufe  de  Religion  ne 
poorroit  faire  la  guerre  à  quelque  autre ,  ni  le  prendre  ,  le  dépouiller  »  oa 
i'aûiéger  :  Qu'il  y  auroit  entre  tous  une  amitié  fincère ,  ic  une  concorde 
Chrétienne  :  Que  l'Empereiu:  tâcheroit  de  faire  indiquer  le  Concile  dans 
ûx,  mois ,  6c  d'en  procurer  la  tenue  en  un  an  :  Que  fi  cela  ne  pouvoir  fe 
£ûre  y  tous  les  Etats  de  l'Empire  feroient  ailemblés ,  pour  délibérer  de  ce 
que  Ton  auroit  à  faire ,  tant  par  rapport  au  Concile  ,  qu'à   l'égard  des  au- 
tres chofes   nécelTaires  :   Que   l'Empereur  fufpendroit  tous   les  procès 
inrentés  pour  fait  de  Religion  par  fon  Fifcal  ou  par  d'autres  contre  l'E- 
-  leâcur  de  Saxe  Se  Tes  Alliés ,  jufqu'au  Concile  futur ,  ou  à  ladite  Adeni- 
blée  des  Etats. 

L'Electbur  de  Saxe  &  les  autres  Princes  Se  Villes'  Proteftantes  pro* 
menoient  de  leur  côté  d'obferver  de  bonne- foi  cette  Paix ,  de  rendre  i  l'Em- 
pereur l'obéiâance  qui  lui  étoit  due  ,  6c  de  lui  fournir  des  fecours  convé- 
M  SIcid.  L.  nables  contre  le  Turc.  Charles  ^  ratifia  6c  confirma  cette  Paix  par  fes  let- 
t.  p.  1 1^.    très  du  1  d'Août ,  fufpendit  tous  les  procès ,  &  promit  de  faire  convoquer 
un  Concile  dans  fix  mois ,  &  d'en  procurer  l'ouverrure  dans  un  an.  Il  rendit 
auffi  compte  aux  Princes  Catholiques  de  TAmbaflfade  qu'il  avoit  envoyée 
à  Rome  pour  folliciter  le  Concile  ,  ajoutant ,  que  quoiqu'il  n'eût  pu  en- 
core régler  les  grandes  difficultés  qu'il  y  avoit  lur  la  forme  6c  le  lien ,  il 
h  Id.  IbU.  continueroit  ^  cependant  d'employer  fes  foins  auprès  du  Pape  pour  l'enga- 
ger à  le  convoquer  ,  dans  l'efpérance  que  ce  Pontife  ne  voudroit  pas  man- 
quer aux  befoins  de  la  Chrétienté  ni  à  fon  devoir  ;  &  que  s'il  n'y  réuflif- 
K)it  pas ,  il  ne  manqueroit  pas  d'intimer  une  Diète  pour  trouver  aux  maux 
préfens  quelque  remède. 

C  E  fut  là  la  première  liberté  de  Religion  •  que  ceux  de  la  Confcflîon 

d'Ausbourg  obtinrent  par  un  Décret  public.  On  en  parla  diverfement  dans  le 

#  Pallav.  L.  monde.  ^  ^  A  Rome  on  blâmoit  fort  l'Empereur  ^  d'avoir  porté  la  faux  dans 


ft^Pite 


T  f .  Tout  étant  convenu  l  on  pi 
U  1^  de  Juillet  l'Accord  ,  qui  pt 
Pallavicin  dit  le  i  j ,  mais  c'eft 
une  fente  dlmprefllon ,  où  I  on  a  mis  x  ) 
pour  1 5 .  Cet  Accord ,  que  Ton  appelle  com- 
munément la  Tranjaàion  de  Nuremberg , 
fut  ratifié  pir  rEmpercnr  le  fécond  d'Août. 
Hanc  pacis  formulant  ^  dit  Sleidan  ,  In* 
terctffores  decreverunt  Julii  die  vigefima 
tertia.  Cafàr  autem  —  Aupi^Vfnenfis  die 
ficundo  ratam  habuit^  &  Edi6lo  publico 


deinde  fanxît.  Dans  cet  accord  ctoîent  com- 
pris les  Eledears  de  Saxe  &  de  Brandeboar^ 
les  Ducs  de  BninfwicK ,  le  Prince  d'Anhalt , 
les  Comtes  de  Mansfeld ,  5c  14  Villes  Impé- 
riales. Mais  les  AnibafTkdeurs  du  Landgrare 
de  Hçffe  refusèrent  de  fîgner  cet  AAe  ,  i, 
caufe  de  quelques  Griefs  qu'ils  donncrcnt 
par  écrit  aux  Eledeursde  Mayence  &  Pala- 
tin. Gold.  Confl.  Imp.  p.  £• 

16.  A  Rome  on  hlamoit  fort  fEmp  n  -ur 
d^avoir  porté  ta  faux  dans  la  moijfon  d*éu^ 


DE    TRENTE, Livre    L  iiy 

la  moîfibn  d'aucrui  :  les  Princes  ,  &  encore  plus  les  Empereurs  qui  en  font  mdxxxxz. 
4es  (ermens  fi  foiemncis  ,  étant  étroitement  obligés  fous  peine  des  Cenfures  ^^s**^  VIL 
d'extirper  ceux  que  les  Papes  ont  condamnés,  8c  dy  employer  jufquà 
leurs  Etats  ôc  même  leur  vie  ;  &  Ton  diibit  que  Charles  ayant  contrevenu 
1  ce  ferment  par  un  procédé  fans  exemple  ,  devoir  appréhender  de  re(Ien- 
tir  bientôt  quelque  effet  de  la  vengeanœ.  divine.  Mais  d'autres  louoient  ùl 
piété  &  fa  prudence  ,  d'avoir  prévenu  par-là  le  danger  preOTant  dont  étoic 
menacé  le  nom  Chrétien  par  les  armes  des  Turcs  ,  qui  attaquent  dire£i;c« 
ment  la  Religion  *,  &  aufquels  il  u  auroit  pu  réfifter ,  '7  s'il  ne  fe  fut  aifuré 


toujours  ^nretiens.   '^  lis  diioient  de  plus  que  la  maxime  fi  fa-   i/Thuan. 
vorite  de  Rome  ,   Qu'il  vaut  mieux  petfécurer  les  Hérétiques  que  les  L.  i.  N°  4* 
Infidèles  ,   ^  s'accommodoit  bien  avec  les  intérêts  des  Papes  ,    mais 


irui ,  &c  ]  En  tolérant  des  gens  qui  avoient 
été  condamnés  à  Rome  comme  Héréciqaes« 
&qae  le  Pape  eue  voulu  quon  forçât  par 
les  aimes  à  rentrer  dans  Tobéiflance  de  l'E- 
glife.  Auffi  voyons  -  nous  <ra*Aléandre  fit 
tout  ce  qu  il  put  pour  empêcher  TEmpereur 
cTâCCorder  la  paix  aux  Luthériens  s  &  peut- 
être  en  (ut-  il  venu  à  bout,  fans  la  crainte 
que  l'on  eut  de  5o/i/7tif/x ,  crainte  qui  obligea 
ks  deux  Partis  de  fe  réunir  pour  s'oppoTer 
de  concen  à  Tentreprife  qu'il  méditoit  con- 
tre l'Allemagne.  Il  eft  donc  indubitable  « 
?ie  cette  paix  fut  extrêmement  défaprouvée 
Rome  i  &  quoique  PalUvicin  remarque 
^fki  (ênfîment ,  que  Fra^Paolo  s'eft  mal 
exprimé  en  appellant  cela  ,  pomr  la  faux 
dans  la  moiffon  (T autrui ,  la  chofe  n'étoit 
pas  de  nature  à  mériter  d'être  relevée  com- 
me une  faute. 

xy.  S'il  nefcfât  affuri  des  Proteftans  , 
îftfif  quoiqu'ils  diffirent  d<s  autres  dans 
fuelques  Rits  particuliers  —  ne  laiffentpas 
^ue  d*ctre  toujours  Chrétiens,  ]  Il  y  avoit 
ikns  doute  quelque  chofe  de  plus  qu'une  (im- 
pie différence  en  quelques  Rits  j  &  les  Lu- 
thériens eux-mêmes  euflènt  été  bien  âchés 
que  Ion  crût  qu  il  n'y  en  avoit  point  d'autre, 
puisque  c'eut  été  un  grand  crime  de  rompre 
l'unité  Se  la  charité  pour  de  (impies  Rits*  Il 
efk  vrai  cependant,  que  beaucoup  des  prin- 
cipaux articles ,  qui  excitoienc  alors  le  plus 
de  contefbtion ,  n'ont  paru  depuis  que  de 
impies  difputes  de  mots.  Mais  aoffi  »  il  relie 


encore  quelque  chofe  de  plus  que  des  Ries  ; 
&  l'on  eu  toujours  divilë  (ùr  plu&urs  opi- 
nions ,  qui  font  peut  -  être  moins  eifen- 
tielles  qu'on  ne  dierche  à  le  faire  croire  , 
mais  aufn  auxquelles  on  ne  peut  ni  (è 
(bumettre ,  ni  renoncer  au/Iî  facilement 
qu'à  des  Rits ,  qui  de  leur  nature  (ont  ailez 
indifSrens. 

I  %m  Ils  difoient  de  plus  ,  que  la  maxi-9 
me  fi  favorite  de  Rome,  Qu'U  vaut  mieux 
perficuter  les  Hérétiques  qiu  Us  Infidèles ^^ 
s'accommodoit  bien  avec  les  intérêts  des 
Papes  y  &c.  ]  PaUavicin  demande ,  qui  en- 
feigne  à  Rome  cette  maxime  ?  Perfonne 
peut-être ,  mais  on  ly  pratique  a(fez  vo- 
lontiers \  &  pour  peu  qu'on  life  l'Hifloire , 
on  verra  peut-être  plus  de  guerres  enrrepri- 
(ès  pour  l'extirpation  des  Hérétiques  que 
pour  celle  des  Infidèles ,  contre  lesquels  on 
n'a  armé  que  par  crainte  de  leur  pui(}ànce, 
&  beaucoup  moins  par  zèle  de  Religion , 
que  pour  prévenir  leurs  invafions.  A  quelle 
autre  maxime  en  effet  peut-on  attribuer  les 
guerres  de  Languedoc ,  de  Bohème ,  d'AHOi» 
m^ne ,  de  Flandres  &  de  France  ,  dep«is 
(Ix  fiècles  ,  (ans  compter  celles  qui  ayoienc 
précédé  ?  Ne  difpotons  point  At%  termes  :  fi 
l'on  n'enfeigne  point  cette  maxime  à  Ro- 
me «  on  (ait  bien  du  moins  en  faire  u(àge 
dans  rocca(ion  s  &  ce  n*eft  pas  Fra-Paolo 
feul  qui  l'a  remarqué ,  puifque  M.  de  Thou 
nous  apprend  que  c'étoit  le  reproche  que 
&î(bient  les  Pxotcfians  aux  Papes  :  Onétt» 

P  1 


ïï6       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxvii.  nullement  avec  ceux  de  la  Chrétienté.  Quelques-uns  même  ,  fans  COO'- 
Clem.  vil  (îdérer  les  Turcs ,  difoienc  :  Que  les  Royaumes  &  les  Etats  ne  dévoient 

('  )as  fe  gouverner  par  les   maximes  &  les  intérêts  des  Prêtres  qui  (ont 

es  gens  du  monde  les  plus  attachés  à  leur  grandeur  &  à  leurs  commodités^; 
mais  par  l'amour  du  bien  public ,  qui  exige  quelquefois  qu'on  tolère  cenains 
défauts  :  Que  c'eft  à  la  vérité  le  devoir  de  tout  Prince  Chrétien  ,  de  faire 
en  forte  que  fes  Sujets  s'attachent  également  â  la  véritable  Foi  5  &  à  l'obia> 
yation  de  tous  les  Connnandemens  de  Dieu  »  fans  faire  différence  entre  l'un 
&  1  autre  >  mais  cependant ,  que  quand  un  vice  ne  peut  s'abolir  fans  la  ruine 
de  l'Etat  ,  Dieu  fans  douce  ne  défapprouve  point  qu'on  le  tolère  :  '^  Qu'il 
n'y  a  pas  plus  d'obligation  de  punir  les  Hérétiques  que  les  Fornicateurs; 
&  que  fi  ceux-ci  fe  louffirent  pour  ne  point  troubler  ta  tranquillité  publicpic^ 
il  n'y  a  pas  plus  d'inconvénient  à  tolérer  ceux  qui  ne  tiennent  pas  toutes  nof 
opinions  :  Que  quoiqu'il  ne  foit  pas  aifé  de  trouver  des  Princes  qui  Payent 
fait  depuis  huit  cens  ans ,  l'on  verroit  en  remontant  plus  haut ,  qti*ils  s'étoient 
tous  conduits  de  cette  manière  ;  &  qu'ils  étoienc  louables  d'en  aeir  ainfi, 
lorfqu'ils  y  étoient  forcés  par  la  néccflîté  :  Que  Charles  ayant  tente  pendant 
onze  ans  toutes  fortes  de  moyens  pour  terminer  les  différends  de  Religion 
fans  pouvoir  y  réuffir ,  on  ne  pouvoir  le  blâmer  qu'en  attendant  le  remède 
qu'on  efpéroit  du  Concile  >  il  eut  établi  la  paix  en  Allemagne ,  pour 
ne  pas  la  voir  tomber  en  ruine  :  Qu'il  n'y  a  que  le  prince  feul  qui 
fâche  gouverner  fon  Etat  ,  parceque  lui  feul  en  connoit  les  befoins  r 
&  que  celui-là  le  ruinera  toujours  »  qui  le  gouvernera  fdon  l'înrérêr 
d'autrui  :  Et  qu'il  y  auroit  autant  d'inconvénient  à  gouverner  l'At- 
lemaene  au  goût  des  Romains ,  qu  a  gouverner  Rome  au  goût  des  Alle« 
xnanas. 

fiM/R  multis  perfuafum  fitU  Cafdrem  at*  d'ane  &ate  fe  doit  me(ur6r  {^  la  liberté  Jiî 

ma  contra    Turcam  parafa  ïn  Germanos  choix  y  il  £iut  convenir  qae  de  toutes  le^ 

vertijffi  peffima  fed  folcmni  &  ufitato  Poti^  fautes  THéréfie  eft  la  moindre.  Mais  fi  Ttf- 

tificibus  Romanis  ,  ftcuti  Proteftantis  jac-  bligation  doit  fe  meforer  aux  inconvénient 

tabant,  confiRo  ,  qui  eos  inter  Chriftianos ^  cjui  en  reviennent  à  la  Société,  pour  loisr 

qui  ip forum  nimiam  potcntiam  in  dubium  on  peut  doatef,  peut-être,  lequel  eft  le' 

vocant  y  capitaliori  odio  quam  ipfos  Chri-  plus  tolérable  ,  de  THéréfie  ou  de  la  Fornî- 

fiiani  nominis  hoftes  ha&cnus  femper profit  cation.  Ceft  à  ce  feul  égard  que  Pallavicin 

cuti  funt.  eut  pu  raifennablement  attaquer  cette  ma- 

19.  Qu*  il  ny  a  pas  plus  d*  obligation  de  zime  :  car  dire,  comme  il  fait,  que  c'efb 

punir  Us  Hérétiques  que  Us  Fomicateurs  ,  donner  dans  Terreur  des  Stoïciens ,  qui  égt- 

&c.  ]  Si  cette  obligation  fe  tire  de  Ténor-  loient  tous  les  péchés,  c*ef^ avancer  lachofe 

mité  du  crime  ,  il  femble  qu'il  y  a  moins  du  monde  la  plus  abfurde  ;  puifque  ceux  qui: 

de  nécefficé  de  punir  les  Hérétiques  que  débitoientcettedoâ!rine,nectDyoient THé- 

toute  autre  Cône  de  pécheurs ,  puisque  l^Hé-  léfîe  moins  punifTable ,  que  parce  qu'ils  pen- 

xéfie  eft  une  faute  toujours  involontaire ,  foient  qu'il  y  avoit  moins  d.e  mal  à  fuiwer 

&  par  conféquent  plus  digne  d'indulgence  des  opinions  particulières  ^qu  à  s'écarter  desr 

que  toute  autre.  Car  perfonne  ne  fe  livre  loix  de  la  Morale  for  l'article  de  la  chafteté» 
foîontairement  à  Teneur  ^  &  fi  la  grandearoa  fu  r   qoelqu'autre  de  même  nature* 


DE    TRENTE, Livre    I.  ity 

Au  re(Ve  pcrfonne  en  lifantces  cvcnemcns  ne  doit  s'ctonncr  de  tout  ce  mdxxxix. 
que  difoient  fur  cela  les  hommes ,  &  d  une  infinité  d'autres  difcours  qui  Clem,  VIL 
\t  tenoient  alors ,  parce  que  ce  font  de  ces  chofes  qui  intcreffenc  tout  le  —■■■-■"'• 
inonde.  ^^  En  eâtt  s'il  s*agi(Ibit  de  favoir  fi  chaque  Païs  Chrétien  doit 
être  gouverné  félon  fes  beloins  &  fon  avantage  *,  ou  fi  toutes  les  Nations 
font  tellement  efclaves  d  une  feule  Ville ,  que  pour  lui  pfocurer  toutes  fes 
ailes  elles  doivent  s'épuifer  elles-mêmes  ,  &  refter  dans  la  défolation  ;  on 
a  vu  par  la  fuite ,  &  on  le  verra  éternellement ,  que  le  parti  que  prit  l'Em- 
pereur étoit  conforme  à  toutes  les  Loix  divines  &  humâmes.  Quelque  mor- 
«fié  qu'en  fut  le  Pape ,  la  grande  expérience  qu'il  avoit  des  affaires  d'Etat 
loi  fît  bien  juger  qu'il  n'avoit  pas  fujet  de  s'en  plaindre.  Mais  réâéchiflant 
en  même  tems  que  fes  propres  intérêts  ne  s'accommodoient  point  avec  ceux 
de  ce  Prince  ,  il  s'aliéna  de  lui  entièrement. 

XLVII.  Charles ,  après  avoir  chaflc  le  Turc  de  l'Autriche ,  *  rcpaflTa  en   f^^g^^h^ 
Italie,  &  vint  â  Bologne  s'aboucher  avec  le  Pape,  pour  y  traiter  de  leurs  ^^^^^^^ 
intérêts  communs.  Us  renou  vellèrent  leur  confédération  \  ^^  mais  le  Pape  ne  Pape  <^  de 

tEmferettr 

^  À  BoUgne  g 
>o.  En  tffet  »  il  i*ag!ffblt  it  favoir  fi    parence  de  Religion,  que  la  dlviaon  le  mit  ^  ^^^^i 

éhtquc  Païs  Chrétien  doit  être  gouverné fe-  dans  tome  TEorope ,  &  qae  fè  maintient  le  d^un  Ncnc€ 
lonfis  hefoins  &  fon  avantage ,  ëcc.  )  C'é-  Schifme  que  les  abas  des  Indulgences  firent  en  AUems" 
toit  ta  fond  le  véritable  point  de  la  difpute  >  naître  ,  &  qae  les  nouvelles  décidons  dtgne, 
&  les  opinions  paniculicres  de  Luther  ou  Trente  n'ont  6it  que  fortifier.  •  Spond.  ad 
des  Doâedrs  qui  lont  fuivi,  nom  été  que         ai.  Mais  le  Pofenefutpas  entièrement  an.  1531. 
le  préteite  des  divifions.  L*abtts  que  les  Pa-  fatisfait ,  tant  à  caufe  de  la  liberté  de  Re*  N    7- 
pcs  Êufoient  de  leur  pouvoir  >  les  profits  Si-  ligion  que  l'Empereur  avoit  accordée  en  Al*  *^^'*'^'  ^  J* 
moniaques  qu  ils  tiroient  du  trafic  des  cho-  lemagne  ,  &c.  )  Ce  n*étoit  pas  le  feul  fujet  c  '  i*  *  '*• 
fês  (pirituelles  »   lufurpation  qu  ils  avoient  du  mécontemenc  du  Pape ,  &  il  7  avoir plth 
£ûte  en  matière  temporelle  fur  l'autorité  fietns  autres  intérhs  perfonels  qui  avoient 
des  Princes  i  les  richefies  immenfes  qu'eux  recommencé  à  brouiller  ces  deux  Princes* 
&  le  refte  do  Clergé  avoient  accumulées ,  U  Car  Charles  ayant  été  choifi  pour  arbitre  par 
dont  ils  Ëii(bient  un  ofage  tout  contraire  à  Clément  &  le  Duc  de  Ferrare ,  qui  fe  con- 
l'intention  de  ceux  qui  les  leur  avoient  cé«  teftoient  la  pofièffion  de  Modéne  êc  de  Re^ 
dées  t  &  le  foin  qu'ils  prenoient  d'entretenir  gio ,  il  avoit  décidé  en  faveur  du  Duc ,  cou- 
les peuples  dans  des  fuperûitions  inCenCées  tre  la  promefie  faite  au  Pape  de  ne  point 
poorlesretenir  dans  l'a veuglemcnt,furent  les  prononcer  en  cas  qu'il  ne  trouvât  pas  la 
caufes  qui  foulevcrent  d'abord  les  Princes  juftice  de  fon  c6té.  Le  Pape  ne  fut  pas 
d'Allemagne ,  &  plufieurs  autres  peuples  a  moins  mécontent  de  la  décifîon  de  l'Empe- 
lenr  exemple  -,  parce  que  l'on  vit  que  c*é-  reur  au  fujet  de  Ferrare  «  qu'il  adjugea  au 
toit  moins  par  zàle  de  Religion  que  par  ef-  Duc,  quoique  les  JurifconfultesieconnuiTent 
prit  d'ambition  &  d'avarice,  qu'on  perfiftoit  le  droit  du  Pape.  (  Onuph.  in  Clem,  )  A  cela 
a  maintenir  des  maximes  évidemment  fauf-  fe  joignirent  d'autres  mécontentemens  par- 
fes  &  criminelles.  De  part  &  d'autre ,  on  fe  ticnlier^,  comme  l'affront  fait  au  Cardinal 
teprochoit  des  Erreurs.  Le  prétexte  étoit  de  Médicis ,  que  l'Empereur  fit  arrêter  pour 
honnête.  Mais  au  fond  ,    c'efl  parce  que  n'avoir  pas  voulu  fe  conformer  à  l'ordre 
Rome  voiiloit  commander  comme  aupa>  donné  pour  la  marche  des  troupes  en  Italie^ 
lavant ,  &  que  les  autres  ne  vouloient  plus  Ces  motifs  &  d'autres  joints  enfemble  reiroi- 
obéir  fervilement  ni  j^re  la  dupe  d'une  ap-  dirent  infiniment  ces  Princes ,  &  la  uoor 


ii8  HISTOIRE    DU    CONCILE 

icDzxzxxi.  fut  pas  encièremenc  facisfaic ,  tant  à  caufe  de  la  liberté  de  Religion  que  l'Em« 

Clbm.  VII.  pereur  avoit  accordée  en  Allemagne ,  comme  on  Ta  dit ,  que  parce  qu'ils  ne 

•■■'■''■■■"  purent  convenir  fur  l'article  du  Concile.  Ce  Prince  ,  conformément  aux 

inftances  qu'il  avoit  fait  faire  l'aimée  précédente  nar  fon  Ambalfadeur, 

inflftoir  à  en  avoir  un  qui  pût  remédier  aux  maux  de  l'Allemagne  ;  ce  qui 

ne  fe  pouvoir  faire ,  fi  les  Proreftans  n'y  étoient  pas  admis.  Le  Pape  au 

contraire  5  ou  n'en  vouloir  aucun  ;  ou  s'il  écoit  abfolumentnéceflàired'cQ 

ailèmbler  ,  il  vouloir  que  ce  fut  en  Italie  ,  &   que  perfonne   n'y  eue 

droit  de  fuffrage  que  ceux  à  qui  ce  privilège  eft  acquis  par  le  Droit  Canon» 

L'Empereur  étoit  adêz  difpolé  d'en  pafler  fur  cela  par  la  volonté  du  Pape  f 

fi  l'on  pouvoit  trouver  quelque  moyen  de  faire  goûter  cette  proportion  aux 

Proteftans  iSc  pour  en  convaincre  CUmcrUyiX  lui  propofa  d'envoyer  un  Nonce 

f  Pallav  ^^  Allemagne ,  ^  qu'il  feroit  accompagner  par  un  Ambafladeur  ,  pouf 

L.V  ç.  lu  ^^^  'î   o"  pouvoit  trouver  moyen  de  lever  cette  difficulté  ;  avec  promeflfe 

que  fon  Ambaffadeur  fe  régleroit  fur  les  volontés  du  Nonce.   Le  Pape  ac» 

ceptace  parti,  mais  fans  être  tout-à-fait  content  de  l'Empereur  \  perfuadé 

qu'il  étoit  que  (i  la  négociation  des  deux  Miniftres  échouoit ,  Charles  préfé- 

reroit  toujours  la  fatisfadtion  de  l'Allemagne  à  la  (îenne.  Il  fe  réfolutdonc 

dès  ce  moment  de  fe  lier  plus  étroitement  avec  le  Roi  de  France  ,  pour 

fe  metrre  en  état  par  -  U  de  traverfer  tout  ce  que  Charles  pourroir  pro« 

pofer. 

sieîd.  L.      ^  ^  exécution  de  ce  que  Ton  étoit  convenu  à  Bologne ,  8  le  *  ^  Pape   en* 

t.  pi  I  jô.    voya  après  Pâques  de  l'an  moxxxiii  ,  Hugues  Rangoni  Evêque  de  Reggio  ^ 

Pallav.  L.  conjointement  avec  l'Ambaffadeur  de  l'Empereur ,  à  Jean-Frederic  Elec- 

î-  c-  M-      teur  de  Saxe  ,  qui  quelques  mois  auparavant  avoit  fuccedé  à  fon  pcre,  & 

Spond,  ad   ^^j  ^^^-^  comme  le  Chef  des  Proteftans.  Le  Nonce  pour  exécuter  fa  com« 

N^  II.       miffion  lui  expofa  :  Que  Climtnt  dès  le  commencement  de  fon  Pontificat 

Fleury  ,  L  avoir  dcfiré  par  deffus  toutes  chofes  de  voir  terminer  les  différends  de 

i34.N**7o.  Religion  qui  s'étoient  élevés  en  Allemagne  ,  &  qu'il  y  avoit  envoyé  pour 

cela  plufieurs  [)erfonnes  très-habiles  :  Que  cela  n'ayant  pas  réuflî  >  il  avoit 

cfpére  que  l'arrivée  de  l'Empereur  en  Allemagne  après  fon  couronnement 

metrroit  entièrement  fin  aux  divifions  :  Que  le  luccès  n'en  ayanr  pas  été 

plus  heureux»  ce  Prince  à  fon  retour  en  Italie  lui  avoit  répréfenré  ,  qu'il  n'y 

avoit  point  de  remède  plus  propre  qu'un  Concile  Général ,  que  les  Princes 

d'Allemagne  défiroient  ardemment  :  Qu'ayant  agréé  ce  moyen ,  tant  pour 

h  Spond.ad  complaire  à  l'Empereur ,  que  pour  conrribuer  au  bien  public,  ^  le  Pape 

an.  1555.    lavoir  envoyé  pour  concerter  avec  lui  la  forme  ,  le  tems  ,  &  le  lieu  du 

N**  II.      futur  Concile  :  Qu'à  l'égard  de  Tordre  &  de  la  forme,  le  Pape  Tavott 

Pallav.L3. 

c.  1 5.          velle  alliance  qoc  fit  Clément  avec  François  Reggio  «  conjointement  avec  l* Ambaffadeitr 

/.  acheva  de  rompre  le  concert  qui  avoit  été  de  l'Empereur  «   &c.  ]  Cétoit  Lambert  de 

entr*eux,  &  fie  bientôt  qa'on  ne  pen(àplus  Briard  ^ikÇÀ'^nx  du  Confeil  de  Flandres  , 

du  rout  au  Concile.  qui  fe   rendit  avec  le  Nonce  le  i.  loin 

tt^  Le  Pape  envoya  après  Pâques  de  l* an  mdxxxiii  auprès  de  TEleâcui  de  Saxe  à 

MDxzxiii  ^  Hugues  Rangoni  Evique  de  Nf^eymai  en  Tburinge» 


DE    TRENTE, Livre    L  119 

charge  de  lui  propofer  ces  conditions  comme  néccfTaires  :  La  première,  que  le  mdxxxitt. 
Concile  fut  libre  ôc  général ,  &  tel  que  par  le  pafle  les  Pères  avoient  cou-  ^'^'  ^^^' 
tiune  de  le  tenir  :  La  féconde  ,  que  ceux  qui  le  demandoient  promiflent  •  -' 

8c  alTuraflènt  d'en  recevoir  les  Décrets ,  fans  quoi  il  feroit  inutile  de  Tadèm-i 
blet ,  puifque  c'eft  envain  qu'on  fait  des  Loix  ^  fi  on  ne  veut  les  obferver  x 
La  troifiéme  ,  que  ceux  qui  n'y  pourroient  aflifter ,  y  envoyaient  des  Am- 
balTadeurs ,  pour  faire  cette  promede  >  &  en  donner  caution  :  Qu'en  atten- 
dant il  étoit  nécelTaire  que  tout  reftat  dans  l'état  où  il  fe  trouvoit  ,  & 
qu'où  ne  fit  plus  aucune  innovation  jufqu'au  Concile  :  Qu'à  l'égard  du  lieu , 
le  Pape  ,  après  y  avoir  fouvent  Se  mûrement  penfé  »  &  avoir  confidére  qu'il 
falloir  choiHr  un  endroit  fertile  qui  pût  fournir  abondamment  des  vivres 
pour  une  Aflemblée  fi  nombreufe ,  èc  un  lieu  fain  pour  que  les  délibé- 
rations ne  fuflent  point  fufpendues  par  les  fréquentes  infirmités  de  ceux 
qui  y  afiifteroient ,  il  ne  trouvoit  point  de  place  plus  convenable  que  les 
Villes  de  Piaifance ,  Bologne  ou  Mancoue  ,  de  l'une  defquelles  il  laiUbit  le 
choix  aux  Allemands.  Le  Nonce  ajouta  que  fi  après  cela  quelque  Prince  né- 
gligeoit  de  venir  au  Concile  ou  d'y  envoyer  fes  Ambafiadeurs,  &  refufoic 
d'obéir  à  fes  Décrets ,  il  écoit  jude  que  tous  les  autres  prifiènt  la  défenfe  de 
TEglife.  Puis  il  conclut  que  fi  l'Allemagne  étoit  contente  de  ces  propofi- 
ûons ,  le  Pape  traiceroit  aufii-tôt  avec  les  antres  Rois  3  Se  convoqueroit  dans 
fix  mois  un  Concile  ,  dont  l'ouverture  fe  feroit  un  an  après ,  afin  qu'on  eût 
le  rems  de  préparer  des  vivres  ,  Se  que  ceux  quiétoient  éloignés  eullênt  le 
BCms  de  fe  difpofer  pour  le  voyage. 

L  E  Nonce  *  donna  fefc  propotitions  par  écrit,  &  l'Ambafladeur  de  TEm-  '  Pallav.  L. 


Mreur  les  appuya  auprès  de  lEledeur,  qui  demanda  quelque  rems  pour  5;^- H* 
y  repondre.  Ce  Miniltre  5  qui  ne  deliroit  que  de  gagner  du  rems  ,  agréa  p  m 
oe  délai ,    &  en  augura  un  heureux  fuccès  pour  fa  négociation.  Il  ne  put  Fleury'»  L. 


même  s'empêcher  de  louer  ce  Prince,  de  ce  quil  vouloir  délibérer  â  loifir  i34.N°7i. 
fiit  une  affaire  qui  le  méritoit  fi  bien.  Cependant  peu  de  Jours  après ,  TE- 
ledteur  répondit  :  Qu'il  apprenoit  avec  un  extrême  plainr ,  que  l'Empe- 
reur &  le  Pape  fè  fuflcnt  déterminés  à  tenir  un  Concile  pour  décider  les 
conrroverfes  félon  les  régies  de  la  Parole  de  Dieu  ,  comme  on  l'avoir 


qui  fuivoient  comme  lui  la  Confefiion  d'Ausbourg 
noit  pas  qu'il  fît  cette  réponfe  fimsen  délibérer  avec  eux»  Se  que  cela  même 
étoit  utile  pour  le  bien  de  lacaufc  :  Qu'y  ayanr  une  afiemblée  indiquée  pour 
le  14.  Juin ,  il  lui  demandoir  ce  petit  délai ,  pour  lui  communiquer  la 
dernière  réfolution  qu'ils  prendroient  en  commun  fur  cette  afl&ire.  *  3  Le 

1 3 .  Z^  Nonce ,  qui  eût  fouhaîté  que  le  l'Hiftoire.  Car  ,  quelque  proteftation  que 

délai  fût  plutôt  de  plujîeurs  années  que  de  fît  le  Pape  de  vouloir  bien  concourir  à  la 

phifieurs  mois ,  fut  fort  content  de  cette  re*  tenue  du  Concile  ,  comme  il  ne  loffroit 

mife  ,  &c.  )  Cette  réflexion  que  Pallavicin  qu'à  des  conditions  qu*on  étoit  fur  que  les 

laze  de   malignité  ,   fe  vérifie  aiTez  par  Piotcftans  b  acceptexoienc  pas ,  on  ne  peoc 


110        HISTOIRE    DU    CONCILE 

WDxxxiii.  Nonce  qui  eût  fouhaité  que  le  délai  fùc  plurôc  de  pluficurs  anucçs  que  dé 

^^*^      *  piufieurs  mois,  fut  fort  content  de  cette  remife ,  &  en  conçut  encore  de 

k  Id  ibid.  "^^^'^^""^^^  cfpérances.  *4  Mais  les  Proteftans  s'ccant  affcmblés  à  Sni^lcalde 

PalIav.Li.  ^"  ^^^^  çrefcrit ,  répondirent:  ^  Qu'ils remercioient i*Empereur  de  lapeinç 

c  1 3.         qu'il  avoir  prife  de  foUicirer  \p  Concile  dans  la  vue  de  procurer  la  gloire  do 

Dieu  ,  &  de  rétablir  la  tranquillité  public^ue  *,  mais  que  cette  peine  feroic 

inutile ,  (1  ce  Concile  manquoit  des  conditions  néceiFaires  pour  remédier 

$iux  maux  de  TAUemagne  :  Qu'ils  défiroient  que  les  chofes  s'y  décidallènc 

dans  Tordre  convenable  :  Que  l'Empereur  leur  ayant  promis  dans  plusieurs 

Dictes  ,  après  en  avoir  délibéré  avec  les  Princes  Si  les  Etats ,  qu'on  le  tien«- 

droit  en  Allemagne ,  ils  efpéroienc  qu'il  leur  tiendroit  ce  qu'il  leur  avoi( 

promis  :  Que  s  étant  découvert  beaucoup  d'Erreurs  à  l'occaûon  de  la  prédi* 

cation  des  Indulgences ,  le  Pape  JUon  avoit  condamné  les  Doûeurs  qui  ea 

damni 

très 

que^ 

île  puflènt  former  aucun  préjugé  , 

teftation  non  par  les  Décrétales  ni  par  l'autorité  des  Scbolaftiques  ,  mais  par 
l'Ecriture  Sainte  ;  Que  Ci  l'on  fuivoit  une  autre  voie  >  c'étoiç  inutilement 
Gu'on  fe  donneroit  tant  de  peine  »  comme  on  le  pouvoir  voir  par  l'exemple 
de  quelques  Conciles  précédens  :  Qu'à  l'égard  df  s  proportions  du  Pape  » 
elles  étoient  contraires  aux  fins  qu'on  fe  propofoi|: ,  aux  demandes  des  Diètes 
&  aux  promelles  de  l'Empereur  :  Que  ce  Pontife  propofoic  un  Concile  qui 
n'étoit  libre  que  de  nom ,  mais  qui  réellement  feroit  captif ,  fi  on  ne 

f)QUvoit  y  reprendre  les  abus>&  réformer  la  doâ:rine>&  qui  ne  feryiroit  qu'à 
e  mettre  mieux  en  état  de  maintenir  fon  autorité  :  Que  ce  n'é^oit  pas  une 
demande  raifonnable ,  que  d'exiger  d'eux  qu'ils  s'obligeafiçntà  obferver  les 
Décrets  du  Cgncile ,  avant  que  de  favoir  quel  ordre  &  quelle  forme  on 
garderoit  en  les  faifant ,  &  fi  le  Pape  &  les  uens  voudroient  y  être  les  feuls 
Juges  fouverains ,  &  y  faire  décider  les  concroverfès  ou  par  l'Ecriture ,  ou 
par  les  Loix  de  ks  Tradiûon;  humaines  ;  Qu'il  paroiUbit  quelque  cbofe  de 

captieux 

pas  donter  que  toute  remife  ne  lui  fut  agréa-  paearet.  Nam  hoc  tjfc  Clemcnti  longé  gra^^ 

ble ,  parce  que  fans  fe  commettre  il  fe  ùjfimum  fciehat  ;  au  lieu  que  par  un  refus 

trouvoit  ciré  d*embarras.  Il  n*ell  pas  vrai  toute  négociation  étoit  rompue  :  ce  qui  eat 

pounant ,  qu  a  ce  compte  il  eût  dû  être  plus  peut-être  été  auffi  défagréable  au  Pape  qu'un 

content  d*an  refus  ,  comme  le  dit  Le  Car-  Concile. 

4inal  i   parce  qu'au  moyen  d'une  fîmplc         14.  Mai4  Us  PrHeflans  sUtant  affemhUs 

remife  ,  il  ponvoit  négocier  utilement  fans  à  Smalcalde  au  tems préfcrit,  répondirent  ^ 

aucun  Concile ,  comme  ç  avoit  toujours  été  &c.  ]  Cette  réponfe  efl  non  du  dernier  de 

fon  objet,  ainfS  que  nous  l'apprend  SUidan  Juillet ,  comme  le  dit  Pallavicin  ,  mais  da 

en  parlant  de  la  première  entrevue  de.Bo-  dernier  de  Juin ,  comme  le  dit  SUidan,  JJc 

logne  :  Cafar  —  totus  eb/peéiahat  quemad-  delibcrata  communi  nomine  per  liuras  rif' 

^odum  Rdiçionis  dijjidium  abf^uc  Co/^çilio  ponfum  fiiif  uUima  dU  Junii. 

1/.  CVjï 


DE    T  RE  NT  E,  Livre    L  m 

captieux  dans  la  demande  que  le  Concile  fut  tenu  félon  l'ancien  ufage  ;  mdxxxzu« 
parce  que  (i  par  cela  on  entendoic  que  tout  s'y  dût  décider  parTEcriture ,  C^****  ^^^* 
comme  dans  les  premiers  Conciles ,  ils  ne  le  refiiferoient  pas  ;  mais  que  les      ; 
Conciles  des  (iécles  fui  vans  avoient  été  fort  diffërens  des  premiers  >  &  qu'on 
y  avoir  trop  déféré  aux  Décrets  humains  8c  aux  Loix  des  Papes  :  Qu'ainfi 
cetiû  demande  étoit  fpécieufe ,  mais  qu'elle  détruifoit  en  effet  la  liberté 
qu'on  demandait  ôc  qui  étoit  tout-à-fait  néceiïàire  dans  l'affaire  préfente  : 
Qu'ils  prioient  l'Empereur ,  que  tour  fe  pafsât  d'une  manière  légitime  :  Que 
îDUS  les  peuples  étoient  dans  l'attente  ôc  l'efpérance  du  Concile  ,  &  qu'ils 
le  ibllicitoient  ardemment  par  leurs  vœux  8c  leurs  prières  ;  mais  que  ce  feroic 
pour  eux  un  grand  fujet  d  affliâion  &  de  peines ,  (1  on  éludoit  leur  attente 
par  la  tenue  d'un  Concile  tout  différent  de  celui  qui  étoit  demandé  &  pro- 
nus  :  Qu'il  ne  falloir  point  douter  que  tous  les  ordres  de  l'Empire  »  ôc  tous 
les  autres  Rois  ôc  Princes  >  ne  fuffent  réfolus  comme  eux  de  ne  point  fe  laif* 
ta  captiver  par  les  liens  dont  on  vouloit  les  retlèrrer  davantage  dans  un  tel 
Concile  ^auquel  fi  on  abandonnoit  entièrement  le  ménagement  de  tout  ,  ils 
wmettroient  à  Dieu  le  foin  de  leurs  intérêts  ,  &  penleroient  a  ce  qu'ils 
-aoroient  à  faire  :  Que  néanmoins  (i  on  les  y  citoit  en  leur  donnant  des  furetés 
légitimes  ,  ôc  qu'ils  viflcnt  qu'ils  puflènt  y  faire  quelque  chofe  d'utile  pour 
leièrvice  de  Dieu  ,  ils  ne  laidèroient  pas  d'y  comparoître,  mais  àcondi- 
non  de  ne  point  confentir  aux  demandes  du  Pape,  ni  aux  décidons  d'un 
Concile  qui  ne  feroit  pas  conforme  aux  Décrets  des  Diètes  de  l'Empire. 
Enfin  ils  prioient  l'Empereur  de  ne  point  prendre  en  mauvaife  part  leur  ré« 
Iblmion  ,  &  de  ne  pas  travailler  à  fortifier  la  puifTance  de  ceux  qui  depuis 
plufieurs  années  perlécutoient  cruellement  des  innocens. 

Les   Proteftans  ^  fe  réfolurent  non-feulement  d'envoyer  leur  Rcponfe   /  sicid.  L. 
au  Pape  &  i  l'Empereur,  mais  encore  de  la  faire  imprimer  avec  la  Pro-  8.  p.  I^^. 
^j^tion  du  Nonce ,  <jue  le  Pape  même  jugea  imprudente  ôc  trop  peu  cou-  ^^^^î^o'^^ 
verte.  C'eft  pourquoi  il  le  rappclla  fous  prétexte  de  fa  vieilleffe  ,  &  de  ^^'^•'     '^' 
t'impuiffance  oui!  etoit  de  foutenir  la  fatigue  de  cet  emploi  %  ôc  lui  fubflitua 
Verger  Nonce  auprès  du  Roi  Ferdinand ,  avec  ordre  de  fuivre  les  mêmes  Inf- 
truàions ,  d'être  extrêmement  attentif  à  ne  point  s'écarter  fous  quelque  pré- 
texte que  ce  fut  de  fes  intentions  ,  &  de  n'écouter  aucun  tempérament , 
quand  même  Ferdinand  Vtn  foUiciteroit  5  de  peur  qu^  cela  ne  le  jettât  im- 
prudemment dans  quelque  embarras  ÔC  dans  la  nécefllcc  d'afTembler  un  Con- 
cile :  ce  qui  ne  convenoit  ni  aux  befoins  de  l'Eglife ,  ni  aux  intérêts  du 
Siège  Apoflolique. 

XLVIII.  Cependant  le  Pape  qui  avoit  prévu  la  rcponfe  qui  devoit     'Entrevue 
^enir d'Allemagne,  &  qili  dès  l'entrevue  de  Boloene  avoit  pris  des  dé- *(''  ^^^^^ 

C  j    1 K»      ^  *  \    r  '     \  r  '  '  *  ^         n  -  du    Rot    de 

iiances  de  l^mpcreur ,  renonça  tout-à-fait  a  Ion  amitie  ;  parce  que  ce  Prmce,  Yrance  à 
"  à  qui  avoit  été  remis  l'arbitrage  d'un  différend  qui  étoit  entre  le  Saint  Siège  MarfeUe. 
£c  le  Duc  de  Ferrare  au  fujet  de  la  Principauté  de  Modène  &  de  Reggio  >    m  Guîc- 
a voit  jugé  en  faveur  du  Duc  de  Ferrare.    *^  C'eft  ce  qui  engagea  le  Pape  ciard.Lxi?. 

^j.  C'eft  ce  qui  engagea  le  Pape  a  s'allier    avee  Ja  France ,  ôcc.  )  Ce  mariage  avoit  été 
X  O  M  E     L  Q 


MDXXX1II. 

Cl£m.  vil 

n  Sleld.  L. 
5.  p.  154. 
Pallav.L.}. 
c.  14. 

0  Paul.  Jov. 
Hift.L5i. 


111       HISTOIRE    DU    CONCISE 

i  s'allier  avec  le  Roi  de  France -,  &  pour  fortifier  davantage  leur  Alliance  ^ 
^^  ils  concluccntle  mariage  de -Wf/jri  fécond  fils  de  France  ,  zwcc  .Catherine 
de  Midicis  petite-nièce  de  Sa  Sainteté  ;  &  le  Pape  "  vint  à  Marfeille  s'abou.» 
cher  avec  le  Roi  potir  mettre  la  dernière  main  à  leur  négociation.  Ce 
Pontifi:  voyant  quetoutle  monde  délkproavoit  ce  voyage,  comme  entrepris 
uniquement  dans  la  vue  d*aggrandir  la  Maifon  ,  fans  aucune  vue  du.bictt 
public,  *7  tâcha defe  juftificr  en  publiant  ® qu'il  ne  sy  était  ergagé.quç 
dans  :1c  deflfein  de  porter  le  Roi  a  favori  fer  le  Concile  pour  rextinûion 
de  THéréfie de  Luther,  Mais  ilcft  vrai. pourtant ,  qu*entr'autres chofesdonc 
ils  traitèrent,  «-^  il  foUicita  le  Roi  de  faire  enforte  que  les  Protcft ans  & 


propof6  il  y  avoir  déjà  quelques  années  , 
comme  Ta  obfervé  Pallavic'm  s  mais  il  y  a 
bien  de  l'apparence  que  les  mécontentemens 
qui  augmentoienc  entre  le  Pape.&  l'Empe- 
xeur ,  donnèrent  lieu  de  l'accélérer  &  de  le 
con(bmmer. 

i6.  Ils  conclurent  le  mariage  de  Henri 
fécond  fils  de  France  ,  avec  Catherine  de 
Midicis  petite  nièct  de  Sa  Sainteté.  )  Cette 
Piince0e  fi  célèbre  dans  THiftoire  de  France , 
encore  plus  par  fon  ambition  que  par  Ùl 
beauté  &  (on  efprit ,  écoîc  fille  de  Laurent 
de  Médicis  Duc  d'Urbin  ,  &  arrière-petite- 
&le  du  célèbre  Laurent  de  Médicis  le  redau- 
laceur  des  Belles-Lettres  &  des  beaux-Arts 
en  Italie.  Il  n  y  eut  que  la  paflîon  qu'eut 
François  L  de  mettre  le  Pape  dans  (es  incé- 
lêts ,  pour  être  en  état  de  recouvrer  plus 
aifémenc  &  plus  furement  le  Duché  de  Mi- 
lan ,  qui  lui  fit  choifir  pour  fon  fils  une  al- 
liance ù  disproportionnée  à  fon  rang ,  & 
dont  les  fuites  fe  trouvèrent  par  1  événement 
fi  défavantageufes  à  la  France. 

17.  Tâcha  de  fe  juflifier  en  publiant  qu'il 
ne  s* y  étoit  engagé  que  dans  le  deffein  de 
porter  le  Roi  à  favorjfer  le  Concile ,  &c.  ) 
Guicciardin  ne  parle  nullement  du  Con- 
cile, mais  il  dit  feulement  que  Clcment  pour 
juftifier  ce  voyage  difoit ,  qu'il  ne  l'avoir  en- 
trepris que  par  la  vue  du  bien  public.  Sfor- 
ij^avafi  il  Ponteficc  di  perfuadere  à  c'iafcuno 
d*andare  â  qiiello  ahboccamento  principal" 
mente  ptr  praticare  la  pace  ,  trattare  la 
imprefa  contra  gV  Infidcli ,  ridurre  à  buo- 
na  via  il  Re  d* Inghiiterra  ,  6*  finalmente 
' folo  per  gV  intercfjî  communi.  Ma  non  po- 
tendo  diffîmulare  la  vera  Ctigione  ,  &c.  Mais 
ce  Pontife  eut  beau  difiimuler  y  perfônne  n'y 


fiit  trompé  ;  8c  on  vit  bienr6t  que  le  mariage 
de  {à  nièce  étoit  le  principal  bue  de  ce  voya- 
ge,  &  que  le  Pape  avoic  du  moins  autant 
en  vue  les  avantages  de  (a  famille ,  que  le 
bien  public. 

iS.  Il  foUicita  le  Roide  faire  enforte  que 
les  Proteflans  ,  &  principaletnetu  U  Laad» 
grave  de  Heffi  y  qui  devoit  aller  en  Frati^. 
ce  y  fe  défifUtffent  de  la  demande  d'un  Conr* 
eiû  ,  &c.  )  Sleidan ,  qui  !•  9.  nous  parle 
êc  de  l'entrevue  de  Clément  avec  François  /• 
&  du  voyage  du  Landgrave  en  France ,  ne 
nous  apprend  rien  à  ce  fujet ,  6c  le  fait  me 
paroît  aflez  douteux.  Car  quoique  le  Pape 
eût  réellement  de  Téloignement  pour  le  Con- 
cile ,  il  n'eft  pas  naturel  de  croire  qu'il  eâc 
voulu  que  les  Proteflans  l'en  fbup^onnaflenty 
comme  ils  n'eufient  pas  manqué  de  le  faire  » 
û  François  eût  follicité  fur  cela  le  Landgra- 
ve ,  qui  auroit  bien  jugé  qu'il  ne  le  ùdGAt 
quepour  faire  plaifir  au  Pape.  Auffi  'en  too- 
tes  occafions  Clément  fit  toujours  entendre 
aux  Proteflans,  qu'il  étoit  prêt  de  convo- 
quer le  Concile  :  mais  comme  c'étoit  à  des 
conditions  qu'ils  n'^éoienc  pas  ,  il  trouva 
toujours  moyen  de  l'éluder,  (ans  leur  mon- 
trer qu  il  le  defirat.  Au  contraire  nous  voyons 
par  nos  Hifloriens ,  comme  le  remarque  le 
Continuateur  de  *M.  Fleury ,  L.  x  5  4,  N* 
1 3 1.  que  François  I,  propofa  au  Landgrave 
de  faire  agréer  aux  Protefhns  la  tenue  du 
Concile  aux  conditions  marquées  par  le 
Nonce  ;  &  il  efl  bien  plus  naturel  de  croire 
que  ce  fut  à  la  follicitation  du  Pape ,  pour 
qui  le  Concile  n  avoir  plus  rien  de  dange- 
reux ,  fi  les  Proteflans  cuflènt  accepté  ces 
conditions. 


DE    TRENTE, Livre   L  113 

principalement  le  Landgrave  de  Heffè ,  qui  devoir  aller  en  France,  fedé-  mdxxxiix.. 
aftallcnt  de  la  demande  d'un  Concile ,  &  chcrchaflent  quclqu  autre  voye  ^^®***  ^^^ 
pour  accommoder  les  différends ,  leur  promettant  de  les  féconder  de  bonne  — — ""-^ 
toi  &  de  tout  fon  pouvoir  5  quand  il  en  feroit  tems^ 

Lb  Roi  en  parla  donc  au  Landgrave  -,  mais  il  ne  put  rien  obtenir  de  ce 
Peiace  ,  qui  lui  die  qu'il  n')r  avoit  nul  autre  moyen  de  prévenir  ladéfo- 
lacion  de  l'Allemagne  que  la  tenue  d'un  Concile  ,  &  qu'on  ne  pouvoic  y- 
renoncer  fans  fe  jeccer  volontairement  dans  une  guerre  civile.  Sur  quoi  le 
Roi  infifta  pour  qu'on  fe  contentât  au  moins  que  le  Concile  fe  tînt  ea 
Italie.  Mais  cecte  demande  fut  également  cejetcee  -,  \cs  Allemands  trou- 
vant que  ce  parti  étoit  pire  que  le  premier ,  qui  leur  attireroit  feulement 
lagùer/e*,  au^lieu  que  celui-ci  les  réduiroit  à  une  manifefte  fervitude  cor- 
poielte  &  fpirituelle ,  à  quoi  l'on  ne  pouvoir  remédier  que  par  un  Concile 
tCQU  dans  un  lieu  libre;  Que  cependant  par  condefcendance  pour  Sa  Ma^ 
fdké  ils  ceilèroient  d'inHlter  à  ce  qu'il  fe  tînt  en  Allemagne  ,  pourvu  que  l'on 
conièntît  à  le  tenir  dans  un  lieu  libre  hors  de  l'Italie ,  quelque  voikn  qu'il 
en  put  être. 

Au  commencement  de  Tan  mdxxxi  v ,  le  Roi  rendit  compte  au  Pape  de 
ce  qu'il  avoit  fait ,  &  s'of&it  de  faire  agréer  Genève  aux  Proj^ftans.  Le  Pape 
à  cette  nouvelle  ,  incertain  (i  en  cette  occaHon  le  Roi  quoique  ion  Allié  &c 
&n  parent  s'étoit  peu  foucié  de  le  voir  dans  l'embarras  ,  ou  fî  fa  prudence 
oirdinaire  l'avoir  abandonné  > Jpgea  qu'il  ne  devoir  pas  fe  fervir  ciavantlage. 
de  ion  entremife  dans  cette  a&ire  ;  êc  ib  contentant  de  le  remercier  de  la 
peine  qu^'il  avoit  prifb ,  fans>  dite  un  mot  de  Genève,  il  rafliiiraceux  de 
là  Cour  que  cette  propo(ition  avoit  allarmés,  en  leur  promettant  que  rien^ 
au  monde  ne  fèroit  capable  de  le  faire  confentir ,  comme  il  s'exprimoit  ^  2^ 
cette  folie. 

Cbpenikant,  au-lieu  de  regagner  rAllemagne ,  le*  Pape  perdit  encore 
cette  année  l'obéifTance  de  l'Angleterre,  ^^  pour  s'être  conduit  dans  une 
a&ire  pl&tôt  par  reilentiment  &  par  paflîon  »  ^pie  iclon  les*  régies  de  ù 
pnidenoe  (inéceflàire  dans  les- choies»  importantes.  Comme  cet  événement 
ar  été  cbniidérable  Se  par  lui-  même  &  encore  plus-  par  (es  fuites  ,  il 
eft  nécelTaire ,  pour  le  bien  faire  connoître ,  de  remonter  jufqu'â  fbn  ori« 
gihc. 

'   ar9.  Pouw  3* krc  conduit  dsns  ww^airt  coii.tre  le  mariage  XAnru  4e  Boûn  ,  qne. 

jhi&ffar  reffentiment  &  parpaffion',.  que^  beaucoup  de  Catholiques  &  la  plupart  des 

fiUm  Ut  règles  de-  la  prudence  ,  &c«  ]  La^  Pitoteflans  jugeoîent  criminel.  Loiamème 

cendjaecflèfzizioiFra^Paolo  de  la  con«^  de  croire  que  Clément  aie  montré  de  la 

diitce  de  Clément  •  ne  paroic  pas  toat-à-^it  partialité  contre  Henri  en  faveur  de  Charles^ 

équitable.  Car  fi  on  ne  peut  pas  dire  qae-  îonpeatdire  qu'iiétoit  natoreilement  plus 

ce  Pape  ait  foivi  exaâ:ement  tontes  les  Idx.  porté poorle Roi d'Angletene  quepour  TEm* 

de  la  prndence- dans  TafËûre  da  divorce  de  peieor  avec  qui  il  étoit  alois  aiTez  brouillé^- 

Henri  VIII ,  on  doit  encore  moins  affiner  8l  qu'il  n  a  condamné  le  premier  ,  que 

qae  ce  foit  pnr  paffion  d»  par  rtfflaitvmnt  patce  que  raiIbnnabJement  il  a,e  pouvoir  pas 

qu  il  l'air  condamné ,  &  qu'il  air  pionoiicé\  l4bfib]dre;< 

Q  * 


114       HISTOIRE    DU    CONCILE 

idDxxxiY.      XLIX.  î<>  Henri  FUI.  Roi  d'Angleterre,  P  avoir  époufé  avec  une  di^ 

CiEM.  VIL  pçnfe  jç  /^/^^  //  ^    Catherine  Infante  d'EKpgne  ,  veuve  à* Arthur  Prince  de 

jj     .T^,jw  Galles  fon  frère  aîné,  &  fœur  de  la  mère  de  Charles- Quint.  Cette  Princefle 

JR«    iTilji-  ^voit  été  grofle  plufîcurs  fois  •,  mais  ou  elle  avoit  eu  de  fauflfcs  couches  ,  on 

gUterreyrt-  les  enfans  avoient  peu  vécu  ,  &  il  ne  reftoic  de  fon  mariage  avec  Henri 

fudie  C4-   qu*une  feule  fille.   î*  Ce  Prince,  ou  par  haine  contre  l'empereur ,  ou  par 

r^mVf#        iç  j^(jj  d*avoir  des  enfans  mâles ,  ou  par  quelque  autre  raifon  que  ce  puiflè 

&fi^^!ire  ^^^^  *  ^^^^^  P^^^  quelques  fcrupules  delà  validité  de  fon  mariage ,  &  aprè» 

élê  CEgtife  ^^  avoir  conféré  avec  fes  Evèques ,  iifefépara  de  lui-même  de  fa  femme. 

Romsune.    Les  Evêques  follicitèrent  la  Reine  de  conlentir  au  divorce ,  difant  que  !» 

/  Slcid.  L.  difpcnfe  de /tf/w //.  n'étoit  ni  valide  ni  véritable.  î*  Mais  cette  Princeffè 

P  fl  '  ^L.     ^^^^^^  ^^  ^^  rendre  à  leurs  fenrimens  eut  recours  au  Pape ,  à  qui  le  Roi 

c  I  f .  &  17!  s^^ddreda  de  fon  côté  pour  demander  la  cafTation  de  fbn  mariage.  CUmcru  , 

Burnec       <iui  étoit  alors  à  Orviète  ,  fe  flattant  de  mieux  réuflir  dans  fes  deflèins  ^  & 

Hift.  Ré-  les  Rois  de  France  &  d'Angleterre  continuoient  â  le  fevorifer  en  inquiétaac 

form.  Part.  ITEmpereur  dans  la  poflèllion  du  Royaume  de  Naples  ,  envoya  en  Angle- 

^       rerre  le  Cardinal  Campige ,  auquel  conjointemenr  avec  le  Cardinal  d*I&rck 

il  remir  le  Jugement  de  cette  anaire.  3  3  Henri  reçut  de  Romc&  de  ces  Car-- 

dinaux  des  efpérances  que  le  Jugement  luiferoit  favorable.  )4  Etpoar  fâci* 


)  G.  Henri  VI H ,  Roi  S  Angleterre  j  avoit 
ipoufe  avec  une  difpenfe  de  Jules  II ,  Ca- 
therine Infante  d'Éjfpagne  ,  &c.  ]  Elle  étoic 
fille  de  Ferdinand  Roi  d'Arragon  »  Se  d'/- 
fabelle  Reine  de  Caftille ,  Se  foeur  cadette 
de  Jeanne  meie  de  CharUs-Quint.  Cette 
PrincelTe  »  auflî  diftingoée  par  Ùl  venu  que 
par  fes  malheurs,  &  par  les  révolutions  aux- 
quelles ce  mariage  donna  lieu  dans  la  faite , 
avoit  époufiE  en  première^  nocesArthur 
Prince  de  Galles ,  frère  aine  de  Henri  ;  & 
ce  fut  ce  qui  fît  douter  enfoice  de  la  validité 
du  fécond  mariage. 

)i.  Ou  par  quelque  autre  raifon  que  ce   feroit  favorable.  ]  Ceft  (ans  doute  for  ces- 


fe  (ut  tout  d*an  coup  adreOS  à  Tes  Evèquet ^ 
&  qu'ils  eulfent  déclaré  fon  mariage  mw*^ 
llde,  il  eût  eu  plus  de  moyens  de  juftifier 
(à  conduite.  Mais  qu'après  avoir  reconnu.  • 
Clémentpoax  fon  Jii^e,  il  ait paflé outre (kn^ 
attendre  la  fentence,  &ait  décliné  ce  Tti* 
bunal  pour  en  dioifir  un  autre  ,  c^eft  ce  qui 
eft  contraire  à  toutes  les  loix ,  &  qui  moor 
tre  que  ce  Prince  fe  conduifoit  bien  moinr 
dans  cette  aâire  par  fcrupolè,  que  fat' 
paflion. 

35*  Henri  reçut  de  Rome  &  de  ces  Car^^ 
dinaux  des  efpérances  que  le  Jugement 


puijfe  être  ^  Bec.  ]  La  paiCon  de  Henri  pour 
Anne  de  Bolen  eut  fans  doute  autant  de 
pan  à  cet  événement  y  qu'aucun  des  autres 
iiioti($  qu'allègue  ici  notre  Hiftorien.  Ja- 
mais Prince  depuis  cet  engagement  ne  fie 
paroitre  plus  d'intempérance  &  de  cruauté  1 
&  ceux  mêmes  qui  étoient  les  plus  portés  à 
condamner  fon  premier  mariage ,  n'ont  pu 
juftifier  la  mémoire  d'un  Prince  ,  qui  fur  la 
fin  de  (à  vie  viola  toutes  les  loix  de  la  ver- 
tu,  de  l'humanité  ^  &  de  la  bienféance. 

3 1.  Ztfi  Reine  — -.  eut  recours  au  Pape,  à 
firi  le  Roi  s'adrejfa  de  fon  côté  ,  Sec*  ]  Si 

Henri  (ans  recoanoitze  le  Tribunal  du  Pape 


efpérances  y  que  ce  Prince  preflbit  fi  fisnle 
Jugement  dénnitif  ,  qu'il  eût  (bllicité  plus 
froidement  ,  s'il  n'eut  eu  quelque  lieu  de' 
croire  qu'il  lui  feibit  avantageux.  Il  avoir 
encore  plus  de  rai(bn  de  fe  le  per(iiader  ,. 
s'il  eft  vrai  ce  que  rapporte  Bumet,  que 
Clément  encore  prifonnier  à  Rome  avoic: 
promis  au  Secrétaire  Knight  qu'au(fi-tdc  qu'il 
feroit  en  liberté ,  il  donneroit  au  Roi  la  &^ 
tisfadion  qu'il  feuhaitoit  »  &  que  Cangfége: 
le  fiata  de  la  même  efpérance.  Bumet ,  P.  ?•. 
L.  2»p«  47. 

34*  Et  pour  faciliter  la  chofe  &  acMtrtr 
U  Juge§tent ,  U  Pape  fit  drefferuaBref--^ 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E   L  iif 

litcr  la  chofc  &  accélérer  le  Jugement ,   le  Pape  fit  drefler  un  Bref  <l  avec  les  mdxxxxv. 
clauiès  les  plus  amples  qu'on  eut  jamais  employées  dans  aucune  Bulle ,  ^^****  ^^ 
lequel  il  dégageoit  le  Roi  de  fon  mariage ,  &  le  déclaroit  ^libre  *,  &  le 


Gulc- 


firef  fuc  envoyé  en  Angleterre  avec  ordre  à  Campegc  de  le  préfenter  au  cîard.L.i^. 
Roi  9  auflîtôt  que  Ion  auroit  fait  quelques  preuves  ,  qu'il  étoit  très-aifé  de  Pallav.Li. 
£ùre.   Tout  cela  fe  paiTa  en  mdxxviii.   Mais  enluite  Clément ,  pour  c  i;. 


'Angleterre  ,  3î  il  envoya  en  mdxxix. rBiini.P.r« 
François  Campana  en  Angleterre  ,  '  avec  ordre  à  Campigc  de  brûler  le  ^  *•  P*  ^^ 
Bref,  &  de  procéder  lentement  dans  cette  affaire.  Le  Cardinal  commença 
donc  i  tirer  les  chofes  en  longueur ,  &  à  faire  naître  des  difficultés  à  Texécu- 
rion  des  promeflès  faites  au  Roi.  Henri  perfuadé  par-là ,  qu'il  y  avoit  de  la 
œlluiion  entre  fon  Juge  &  fes  ennemis ,  fit  confulterle  cas  dans  lesUniver- 
fitcs  d'Italie,  d'Allemagne,  &  de  France,  où  il  trouva  des  Théologiens» 
qui  opinèrent  les  uns  pour  la  validité ,  &  les  autres  pour  la  nulaté  da 
mariage.  3^  La  plupart  des  Théologiens  de  Paris  prononcèrent  conformé- 
jnent  aux  inclinarions  de  Henri  :  mais  plufieurs  crurent  que  les  préfens  de  ce 
Prince  avoient  plus  influé  fur  leur  décifion ,  que  fes  raifons. 

par  kfud  il  dégageait  le  Roi  de  fon  mariagt ,  cagioni  pure  auencnti  à  qutlla  caufa  ,  ma 

ftc  )  Cécoit  le  fentiment  général  de  ce  con  commeffione  al  Campeggio  che  abbm^ 

temf-U  y  &  Guicciardin  l'acre  en  termes  ciajfe  la  BoUa  ;  il  che  bencke  différée 

pofitifi.  Fece  fecretijpmamente  una  Solla  d'effequireper  ejfere  fopravcnuu  Uinfernd* 

decretale  declaratoria  che  il  matrimoniofojfe  ta  del  Pomefice  ,  guarendo  poi  mife  ad  ef- 

invalida  ,  laquale  dette  al  Cardinal  Cam»  fetto  il  comandamento  fuo.  Mais  qaoi  qu'il 

peggio  ,  &gli  commife  che  moflratale  al  Re  en  foit  de  la  vérité  de  ce  Bref^l'ordre  aa  moin» 

&  al  Card.  Eboraccnfe  dicejfe  havere  com,'  de  tirer  cette  affiiire  en  longaear  eft  certain  ^ 

wùffione  di  publicarla  ,  fe  nel  giudicio  la  Se  Pallavicin  en  convient.  En  cela  CUmenè 

€ogni{ione  délia  caufa  non  fucccdejfe prof  agilToit  ave<^  beaucoup  de  prudence,  parce 

/icnfm^Ar^.Cependant  le  Cardinal  Pallavicin  qu'en  diflèrant  le  Jugement,  la  mon  de  Hen^ 

niele  £ut  y  mais  for  des  xaifons  qui  me  ri  on  de  Catherine^  qui pouvoit  arriver , 

paroiflènt  trop  foibles  pour  nous  convain-  eut  terminé  le  dif!îrend  (ans  aucun  rifqne.. 

cre  de  fa  faaUetc  ,  quoiqu'elles  foient  aflêz  3  6*  La  plupart  des  Théologiens  de  Paris 

ipécieufes  pour  le  rendre  doutenz.  Je  ne  (ai  prononcèrent  conformément  aux  inclinations 

néanmoins  fi  1  on  peut  demeurer  dans  le  de  Henri  ,  5cc.  ]   Mais  non  fans  foupçon 

doote  après  la  leâure  des  lettres  de  Henri  d'avoir  été  gagnés  par  argent.  Et  Pari-- 

'VUI , .  de  Wolfey  »  &  de  Cajfati  y  rappor-  fienfes  quidem  ,  dit  Sleidan  L.  9.  videbantur 

tées  par  Burnet  ,  &  qui  toutes  fuppofent  approbare  ,  non  fine  largitionis  fufpicione , 

clairement  la  réalité  de  ce  Bref.  Bum.  P.  !•  ficut  alii  plerique.  La  plupart  des  Univers 

Coll.  of Records,  L.  i.  N^  i^.&  17.  fités  dltalie  &  de  France,  foit  perfuadées^ 

^$•11  envoya  en uDxxix François Cam-  parles  raifons  de  ce  Prince,  (bit  gagnée» 

pana  en  Angleterre  avec  ordre  à  Campége  par  fes  libéralités,  opinèrent  pour  le  mime 

de  brûler  le  Bref ^  £•  •  de  procéder  lentement  parti.  Mais  en  Espagne,  en  Flandres,  &  dans 

dans  cette  affaire.  ]  C^  ce  que  continue  les  Païs-Bas  on  décida  pour  la  validité  ;  &en 

d'afliirer  Guicciardin,  Manda, dii-Uy  Fran-  comparant  les  rai(bns  ,  il  femble  que  c'é- 

cefco  Campana  injnghilterra  alCardXam-  toit  le  pani  le  plus  jofte  &  le  plus  honnête. 

peggio  dmofkando  al  Re  mandarlo  per  altre  Bum.V.  Xt  C9llio£Keco2[dS|  t.  a,  M^  ^^ 


j 


ii<f-      HIS'TOrRÉ    DV    CONCILE 

Mblrtf^iV;       Cependant  le  Pape  ,  oti  pour  obliger  TEmpcreur ,  «  ou  par  crainte  que 
CleAi.  Vir.  jç  Cardinal  d^Yorck  ne  fît  pàflcr  quelque  A<Ste  contraire  à  ks^  intentions ,  ÔC 

j I  pour  tirer  Camphgc  d'A'ngleterrc ,  évoqua  à  lui-même  la  connoiflTance  de  cette 

iV^N^A^i  Caufe,  Le  Roi  impatienté  par  ces  longueurs ,  foit  pour  avoir  pénétré  les 
rânâv*.  L  *  aftifiees  du  Pape',  fbit  pour  quelqu'autre  rai(bn  ,  publia  fon  divorce  avec 
X.C  17.      VdMrine  ,  )7ge:  épouùijinne  de  BoUn  en  mMxxiii  :  la  Caufe  demeucanr 
I<L  L.  j.    totijburs entre  lés- mains du< Pape ,  qui,  pour contttnter TEmperear ,  &ne 
^'  '^        point oïFehfer  le*  Roi,  s'étoit  réfola  de  procéder  lentement.  C*eft  pourquoi 
l'on  traita  plûcèc  de  quelques  incidens  que  du  fond  d&rafiàice  ;  3«  ⣠ U  dis- 
pute s'étant  bornée  d'abord' à  l'Article  des  Attentats ,  le  Pape  prononça  fim« 
plemeht  cotitre  le  Roi ,  qu'il  ne  lui  avoir  point  été  permis  de  fe  fejpacer  de 
la  femme,  de  fa  propre  autorité  fans  Pintervention  du  Jugpr  Eccléuaftiquc, 
y^  Henri  informée  cette  Sentence  fecoualobéifTance  du  Pape  au  commsn-^ 
t  Pallav.  L.  cernent  de  l'an  Mbixxi  v ,  &  défendit  à  tous  fes  Sujets  de  porter  doréna«  ' 
D  ^  M^     vant  de  l'argent  à  Rortic ,  Se  de  payer  le  Denier  de  S.  Kerre.  Cette  nou> 
up.    cm.  ^jj^  confterna  lirGour  de  Rome  ,  \&c  on  penfa  immédiatement  à  y  remédier. 
Qtitlqnelç-unsétoientd'avistfe  fulminer  des  Cenfures  contre  le  Roi,  ^  6c 
d'interdire  à  toutes^  les  Nations  Chrétiennes  le  commerce  fd^'Angleterre» 
Mais  d'autres  jngelbient  plus  k  propos  de  teraporifer  ,  ôc  de  ménager  quel- 
que accommôdenhént  par  l'entremife  du  Roi  Très-Chrétien ,  &  cet  avis 
pfh^\}»V  €e  Prince  y  confeAtJt  8c  envoya  ^  Romei'Evèque  de  Pasis  poue 
tcf^ttët  d€  l'âcdommôdên^t'  at^ec'  lè  Pape.  Cependant  oa  pn>céd6il^  toujoucs 
â  Rome  â  l'exametï  de  k  Caufe  -,  mais  lentement ,  8c  dans  la  oéibltition  det 
n'en  point  venir  aux  Cenfures ,  que  TEmpereuï  n'eut  pris  les  armes  pour 

^7.  Xe  Roi  —  époufa  Anne  de  Bolen  en  nonce  fur  la  validité  da  preoiîer  mariage^ 

MDxxxiii.  ]  Ce  lïiariage  fe  fie  fecretepienc  II  n'étoic  nullement  qtieftion  dans  cette 

éh  le  mois  de  Novembre  1/3  &•  Mais  il  ne  premiàre  Sentence ,  de  favoir  fi  ce  premier 

£it  publié  qu  au  mois  de  &lai  x  n  5  >  ^P^^  mariage  avoit  été  valide  ou  non.  Mais  on 

la  Sentence  de  divorce  que  prononça  Cra/t'  y  condamnoit  /implcmenr  Henri,  pour  ttk 

mer  Archevêque  de  Cantorbery  »  qui  aux  avoir  contraflé  un  fécond  de  (on  amorîtf , 

inftances  du  Roi  prit  fur  lui  le  jugement  avant  que  le  premier  efit  été  jugé  invalide, 

de  cette  affaire ,  quoiqu'elle  fît  toujours  ou  que  ce  Jugement  eut  été  poné  par  un 

pendante  à  Rome ,  dont  le  Roi  &Ia  Reine  Tribunal  compétent, 

avoient  reconnu  le  Tribuital.  Burnet^  F«  i*  3.9.  Itcnri  informé  de  cène  Sentence^ 

L.  1*  p.  1)1.  Une  relation  citée  par  M,  Le  défendit  à  tous  fes  Sujets  de  porter  darin^^ 

Grand  f  nous  apprend  que  Aouland  Lee  vant  de  l'argent  â  Rome  ^  &  de  payértk 

qui  fit  ce  mariage  «  ne  le  fit  que  fur  Taf-  Denier  de  S.  Pierre,]  Lés  Hifterient  ntf 

uiranceque  lui  donna  Henri  ^  quelel'ape  déterminent  pas  bien  préclfément  qoellè 

avoit  caflé  par  fi  Sentence  celui  qu'il  avoit  efl  la  valeur  que  Ton  doit  entendre  par 

conttafté  avec  Catherine  tArragon.  ce  Denier ,  Se  l'on  ne  fait  pas  même  bien 

%%.Et  la  dijpute  s  étant  bornée  Sabord  quelle  eft  la  première  origine  de  cette.  Ifr^ 

à  V-articU  des  Attenats  ,  &c.]  Ceft  à  dire,  devance.  Polydort  Virgile  ^Sîeidan  aplif 

à  favoir  fi  la  Cauft  demeurant    toujours  lui  l'attribuent  au  Roi //i4i  en  DCCXL',Ârlt 

entre  les  mains  du  Jhipe ,  Henri  avoit  pu  fixent  à  un  écu  d'argent.  Mais  il  y^a'  (ufceaf 

légiomemenc  fe  féparei  de  fâ  femme  &  en  deux  points  tant  d'incenitude,  que  leplo^^ 

époofer  une  autre,  avant  quon  eut  pro-  eft  d'attendre  fur  cela  plus  d*éc]a§rdliefnta& 


DiE    ÎTREN  T  E  ,  LivxE   I.  117 

les  foacçnlr. La  Caufe.écoic  pacci^ée en  xxiii  Accicics \ 6c  onexamiQqic.^Iors,  Hî>X3Ksnr^ 
fi  le  Prince  Arthur  avoir  eu  commerce  avec  la  Reii^e  Catherine.   Çeçtc  <Uf-^^^w..YII. 
cuffion  dura  ^  jufqu*après  la  moirié  du  Carême^  quon  reçut  nouvelle â  ' 
Komele  19  de  Mafs  que  Ton  avoir  publié  ço  Angler^c  un  Libelle  violent  Hift^^ 
çQWiP  le  Papc.A:  coure V.Çour de  ftqme , .4^ quenr^préfence  ^>Roi  &c  de  Réf.  l.  x. 
ix)u|C  la. Cour  on  î^vçir.r^préfenié  une,Com64iepù:ion  cpurnqir  le  Pape  ^  p.  13^, 
jRHEis IfisCacd^inauK  pi •ciqiçiile.  40  .Ççla  les  ^ni(n^  rejlemqnr  tp^s >  ;quon  P^ll^^-I^-j* 
pç^jpiuU^Sçutçpce,  jpfutpïibUécleAii.  du.raç^  mpis  dapsje  Con-  ^  '^ 
iiftoke  >  :&  qi^  .déclarait ^v^li^  ic .n^^^age  de  If^à  8c  ^^Cathcrinc ,  or-  ^^^'Jf 
^ODQoit  a,a  Roi  4c, U  .rjBpcçûdic,,  &  le.dçnogsqic  çjxçpminuwc  ,  sïl  oc  N^  j.  & 
Je  faiibit  pas.  (êq^. 

if  Pape 41  lac  tarda piajsifcçépenîir 4c ceucw?^  Ç^rjiy.joui» 

nprès  iLreçut  dos  lcççfçs4a'ÇU>i Jc;Çrai|cç>'quifuiit^  four 

«lettQit/à  la>Sonrfinee-prQnoocéc  fur  j'ATticlcfi;?  ArKçnft«rj9cqtt!U4toitptcc 
Je  i^entrcr  d^ns  l'pbéiilançfi  du  S.  Siège ,  ppiurvu  que  Içs  Ç^ainïUix  qui  lui 
-^coicnt  fufpei^s  ne  ftiflcftr  point  Juges  dans  cette  affaire,,  8c  ^u.Qnenvoyâc 
Â.Ombrai  des  perfonnes  ^fCi  non  fufpeâes  pour  piendre  les  informations. 
Jùnri  même  avoitdéja  envoyé  fes  Procureurs  à  Rome  pour  agir  en  fon  nom 
.dans  fa  Caufe  ;  ôc  CUmP^  cherchoit  quelque  pcétej^ic  pour  fufpendre  la 
.SçQcence  que  L'on  avpit  précipî^içe  »  &  reprendre  la  .Caiiiè  en  fon  enrier% 
Mais  Henri  ayant  va  Ja^cqtcoce  1  dit  :  Que  U  choie  lulimportoit  peu  : 
jQâe  le  Pape  feroit  Evèque  de  Rome  >  ^  lui  ifçul  Maître  de  fon  JRoyaume  : 
Qu'en  cela  il  fuivroit  l'ulage  ancien  de  l'Eelife  Orientale  :  Qu'il  ne  cef- 
JfeîQit  pas  dette  bon  Chrétien,  &.  qu'il  ne  JaiHèroit  point  entrer  dans  fon 
;Royaume  ni  l'Héréfiede  Lfithcr^  ni  aucune  autre  5  ce  qu'il  exécuta  effec- 
tlivement.  Il  publia. donc  un* Edit ,  ^  où  il  fe  déclara  Chef  de  l'Eglife  Angli-  ^  Spon(I.a<! 
•cane  il  menaça  de  mort .  quiconque  diroit  que  le  Pape  a  quelque  au- î^o*"*'^^^ 
:tQrité  en  Angleterre  ;  il  chafTa  les  Collecteurs  du  Deoicr  de  Saint  Pierre  ;       ^' 
f&  il  fit  approuver  tour  cela  par  le  Parlement ,  oii  Ton  ordonna  encore ,  que 
tous  les  Evèchés  d'Angleterre  reccvroient  leur  Confirmation  de  l'Arche vê- 

40.  Cela  Us  anima  tellement. tous ,  quon  û  court >  8c  les  fuices  fi  importantes ,  qa on 

-précipita  la  fentence  »  qui  fiu.publide  le  24  :ne  peut  (ans  la  <ienii(^re  partialité  pour  Ko- 

hU  Mars,]  Ou  plutôt  le  x^  ,  comme  le  nie  ezcuf^r  Clément  d'imprudence  &  de 

ipfouve  le  Cardinal  P.2//tfvicia  par  les  Aâes  .précipitation,  quand  .même  on  convien- 

:Coi3iî()x>xiaax  9    &   comme    k   marquent  droit  qii*iln  a  rien  donné  au  xeiTentimentl^ 

Sliidan,  L.  9»  &  Bumet  ^.  x.  L.  r..p.  à  la  vengeance. 
1 J  ^»  4*'  Car fix  jours  offres  il  reçut  des  lettres 

^u  Xi 'Pape  ne^tarda  pas  à  fe  repentir  de  du  Roi  de  France  ,  &c.]  Ceft  ce  que  die 

€eue  précipitation,]  Quoi  qu'en  dife  Palla-  l'Auteur  Anglois  de  la  Vie  de  lienri  VI IL 

-vicin,  on  ue  peut  juftiiier  Cinntf/i/ d'un  lAzxs  Guillaume  du  Bellai  àziiiksiAcmoï' 

excès  d'imprudence  en  cette  eocafîbn.  Car  resdicqoe  le  Courier  arriva  feulement  deux 

'pQifqu'on  attendoit  inceflamment  le  retour  jours  après ,  &  Bumet  le  marque  de  même. 

•du  Courier  dépêché  en  Angleterre ,  on  ne  Peut-être  que />tf-P<joib  marque  (»x  jours ^ 

^pouvoit  fe  difpenfer  d  attendre  la  rcponfe  ,  parce  que  du  Sellai   avoit   eÉfe^vcmenc 

quelle  qu'elle  put  être.  Le  délai  devoir  être  demandé  lix  jours  de  délai. 


xi8        HISTOIRE    DU    CONCILE 

Msxzxnr.  que  de  Cantorbcry ,  Se  que  le  Clergé  payeroit  au  Roi  tous  les  ans  la  iommé 
Clem.  vil  de  I  jo  ,  ooo  livres  ftcrUng  pour  la  dcfenfe  de  TEtat  contre  qui  que  ce  pue 


être. 


^)  Cette  aftion  du  Roi  fut  interprétée  fort  diverfement.  Les  uns  ju<- 
geoienc  qu'il  avoir  agi  très-prudemment  de  s  être  tiré  de  la  fujettion  de 
Rome  j  ians  faire  aucun  changement  dans  la  Religion ,  fans  courir  le  rif- 
que  de  faire  ibulever  fes  peuples ,  &  fans  fe  remettre  au  jugement  d'an 
Concile.  Car  outre  la  dimculté  qu'il  y  avoit  dans  un  tel  jugement  9  il  y 
avoit  tout  d  craindre  pour  lui  »  puifqu'on  ne  voyoit  pas  comment  un  Con- 
cile compofé  d'Eccléfiaftiques  ne  feroit  pas  toujours  favorable  à  la  puiflànce 
du  Pape  ,  qui  eft  le  foutien  de  leur  Ordre ,  &  par  le  moyen  duquel  ilsfe 
trouvent  fupérieurs  aux  Empereurs  &  aux  Rois ,  auxquels  ils  feroient  alTu- 
jetcis  fans  lui,  qui  eft  leleul  qui  ait  cette  fupériorité fur  les  Princes.  La 
Cour  de  Rome  foutenoit  au  contraire ,  qu'on  ne  pouvoir  pas  dire  qu'on  n'eut 
rien  altéré  dans  là  Religion ,  puifqué  Ton  avoir  changé  le  premier  &  le  prin- 
cipal article  ,  qui  eft  Ta  Supériorité  du  Pape  ,  &  que  ce  ièul  changement 
ièroit  naître  autant  de  féditions ,  que  tous  les  autres  points  enfemble.  L'é' 
vénement  confirma  cette  conjeâure.  Car  ffenrî  pour  le  maintien  de  fon 
Edit  fut  forcé  de  procéder  rigoureufement  contre  pluHeurs  de  fes  Sujets  » 
qu'il  honoroit  auparavant  de  fon  amitié  &  de  fon  eftime.  L'on  ne  peut  ex- 
primer le  déplainr  que  fenrirent  Rome  Se  tour  l'Ordre  Eccléfiaftique  ,  de 
voir  un  fi  grand  Royaume  fouftraie  à  l'obéiflànce  du  S.  Siège  \   ic  ce  fiit 
un  exemple  bien  éclatant  de  l'inconftance  des  chofes  humaines  ,  dont  (bu- 
vent  celles  mêmes  qui  ont  produit  de  plus  grands  avantages  ,  portent  auffi 
dans  la  fuite  de  plus  grands  préjudices.  Car  les  Difpenfes  de  mariage  &  les 
Senrences  de  divorce  accordées  ou  refufées  avoient  beaucoup  fervi  par  le 
pafTé  à  enrichir  le  Pontificat,  lorfque  les  Papes  à  l'ombre  du  nom  de  Vi- 
caire de  Jefus-Chrift ,  ayant  ou  aucorifé  un  mariage  inceftueux ,  ou  difibos 

on 

43.  Cette  aHion  du  Roi  fut  interprétée  mêmes  qui  écoîenc  les  plus  portés  à  l'exco^ 

fort  diverfement.]  Il  eft  alTez  naturel  de  le  fer ,  comme  les  François  ,  Se  ceux  qai 

croire,  fui-toat  dans  la  difpoficionodétoient  avoient  décidé  contre  la  validité  du  pre« 

alors  les  efprits  en  Europe.  Les  Proceftans  la  mier  mariage ,  ne  voyoient  cependant  qu'a- 

louèrent ,  comme  propre  à  introduire  la  vec  peine  que  Henri  eue  poné  les  choies  à 

Réfbrmation  dans  un  Royaume  où  die  cette  extrémité <  &  quoique  peat-trre  ils  ne 

n*avoit  point  encore  pénétré  >  6c  quoiqu'ils  fulTent  pas  bien  convaincus  de  cette  Pri* 

n^approuvalTent  pas  le  motif  qui  avoit  porté  mauté  de  Droit  divin  que  s  attribooient  les 

Henn  à  cette  démarche,  ils  n'en  étoient  Papes,  du  moins  eaffent-ils  été  bien  aifes 

pas  n^oins  portés  à  la  louer  à  cauTe  des  que  pour  conferver  la  paix  Se  Tanité^  on  ne 

îuites  qu'elle  pouvoit  avoir ,  Se  de  1  atteinte  touchât  pas  à  cette  fubordination ,  qui  (bb- 

qu'elle  portoit  à  l'autorité  du  Pape.  Les  Ca-  £ftoit  depuis  tant  de  fiècles ,  &  que  le  Prince 

fholiques  généralement  la  condamnoient ,  ne  s'attribuât  pas  an  titre  &  une  autorité 

comme  une  déclaration  ouverte  de  Schif-  jufque-lâ  inconnue  dans  l'EgliCe ,  Se  donc 

ine,  &  d'un  Schifme   qui  ne  dévoie  fa  Henri  fit  dans  la  faite  on  aflèz  uiawais 

naiflànce  qu  a  une  pailion  cxioûnelle.  Ceox  ulage. 

4+.  Lorfyuc 


DE    TRENTE,  LiYKfiL  ri^ 

un  mariage  légicime  pour  donner  lieu  à  un  autre  »  avoienc  fourni  anrPrin-  mdxxxiv. 
CCS  des  prcrcxtes  de  s'emparer  de  quelque  Principauté ,  ou  de  firuftrcr  les  C^^**-  VII. 
droits  des  autres  Prétendans  ,  &  les  avoientinterefles  par-id  tant  eux  que  ■"■■■■™" 
leur  poftérité  à  défendre  leur  propre  autorité ,  fans  laquelle  ce  que  ces  Prin- 
ces avoient  fait  eut  été  condamné ,  &  leur  poftérité  regardée  comme  illé- 
gitime. Quoi  qu'il  en  foit ,  on  ne  peut  difcon venir  que  le  malheur  qui  arriva 
cette  fois  ne  fut  un  efïèt  de  la  précipitation  de  Clément  ,  qui  ne  fçut  pas  en 
cette  occaHon  ménager  fon  autorité  ;  &  qui>  s'il  eut  plu  à  Dieu  lin  iailfec 
£iire  ufage  de  fa  prudence  ordinaire ,  eût  pu  tirer  un  grand  avantage  de  la 
même  chofe  qui  lui  caufa  une  (î  grande  perte. 

44  Lorsque  TEmpereur  de  retour  en  Allemagne  eut  appris  de  que' le  manière 
le  Nonce  Rangonizvoit  négocié  l'affaire  du  Concile, 4^  ii  écâvic  a  Rome  pour 
le  plaindre  y  de  ce  qu'ayant  promis  aux  Allemands  de  le  faire  aifcmbler  »  . 
te  étant  convenu  avec  le  Pape  de  la  manière  dont  il  falloir  s'y  pendre  j^  ^^^ 
pour  traiter  avec  les  Princes ,  les  Nonces  s*y  étoient  pris  d  une  manière  toute 
différente ,  4«  de  forte  que  les  Protcftans  croyoient  qu'on  avoit  voulu  les 
tromper  ;  Se  il  orioit  i  la  an  Sa  Saintetéde  vouloir  trouver  quelque  expé« 
dientpour  fatisraire  l'Allemagne.  47  Ces  lettres  furent  lues  dans  le  ConfiC- 


44.  Lorfque  l'Empereur  de  retour  en  Al- 
lemagne^ écc]  L'Empereur  ne  tevinc  en  Al- 
lemagne qu  après  la  mon  de  Clément  Vll^ 
&  même  après  Texpédition  d'Afrique  qui  ne 
it  fit  que  Tannée  fuivante, 

^%*  Il  écrivit  à  Rome  pour  fe  plaindre  , 
&c*]  Je  ne  fai  fur  quels  Mémoires  nocre 
Hiftorien  avance  ce  fait.  Car  ^  comme 
robferve  fçrt  bien  Pallavicin ,  il  eft  alFez 
difficile  de  comprendre  de  quoi  l'Empe- 
reur Ce  (èroit  plaine,  puifque  le  Nonce 
n*avoit  négocié  que  de  concert  avec  l'Am- 
baflàdeor  de  ce  Prince,  qui  avoir  appuyé 
Rangoni  dans  toutes  Tes  proportions ,  & 
qui  même,  félon  Sleidan  L.  8.  avoit  prié 
l'Eleveur  de  Saxe  d^ajouter  foi  à  tout  ce 
que  l'autre  lui  avoit  propofé.  Et  quoniam 
ÙU  de  re  tota  fit  abundè  locutus  ,  non  ej/e 
quod  ipfe  pluribus  agat  :  Pctere  autem  ut 
narrationi  fidem  habeat ,  6'  henevoU  ref- 
pondeat.  Il  y  a  donc  peu  lieu  de  croire  que 
l'Empereur  fe  foie  plaint  de  la  ncgocia:ion 
de  Rangoni ,  fi  ce  n'eft  peut-être  qu'on 
veuille  penfer  que  l'Empereur  n'ctoit  pas 
content  des  Inftruiflions  qui  avoient  été 
données  à  ce  Nonce ,  &  qui  ne  lailïbienc 
pas  efpcrer  que  jamais  les  Proteftans  con- 
ïentilTent  à  aucun  Concile  (bus  les  condi- 
tions que  propofoic  la  Cour  de  Rome*  ta 

1  O  M  £     L 


chofè  poftirroit  bien  être  vraie  en  ce  (ens  » 
&  l'Empereur  n'auroic  fait  femblanc  d'être 
mécontent  du  Nonce,  que  pour  n'en  pas 
rejetter  la  &ute  fur  le  Pape  même.  Mais 
quoi  qu'il  en  foie,  il  &ut  que  la  négocia- 
tion de  Rangoni  ait  déplu  au  Pape  ou  2 
l'Empereur ,  puifque  peu  après  il  fut  rap<- 
pelle,  U  que  Verger  lui  fut  fubftitaé  dans 
le  même  emploi. 

4^.  De  foru  que  les  Proteflans  cnoyoîenl 
qu'on  avoit  voulu  les  tromper,  to.J  C'eft 
eSèdivement  la  plainte  qu'ils  faifoienc 
dans  leur  réponfe:  Et  laqueum  illum  atque 
vincula  ,  qua  Pontifex  ipfis  induere  cogi* 
tat ,  longijffimè  répudient  —  Quam  enim 
ille  molitur  obligationem ,  ejfeplenam  cap-- 
tionis  &  injîdiarum.  Fra-Paolo  ne  dit  pas 
que  cette  plainte  fur  jufte ,  &  il  ne  le  £iicpas 
dire  à  l'Empereur.  Il  rapporte  fimplement 
la  chofe ,  &  l'on  voit  par  $leidan  qu'elle  eil 
affez  certaines. 

47.  Ces  lettres  furent  lues  dans  le  Con-- 
Jiftoire  du  8  de  Juin.]  Selon  Pallavicin ,  ce 
furent  les  lettres  non  Je  l'Empereur ,  mais 
de  Ferdinand  y  qui  furent  lues  dans  le  Con- 
fidone  ,  non  du  8  mais  du  10  de  Juin  s  Se 
il  n'eft  fait  mention  dans  les  Ades  Confîfto- 
riaux  d'aucunes  lettres  de  Charles^  ni  dans  le 
Confilloire  du  8,ni  dans  celui  du  10  de  JuiJi» 

R 


130       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDzzxzT.  toire  du  8  de  Juin.  4»  Et  comirc  quelques  jours  auparavant  *  l'on  avoîi 
Clem.  vil  reçu  nouvelles,  que  le  Landgrave  de  Hefle  avoir  enlevé  le  Duché  de  Vir- 
■■"""^  tembeig  au  Roi  Ferdinand  pouv  le  rendre  au  Duc  l///ic  fon  légitime  Maîrr^ 

*o  ^N°''  ^'  ^  ^^°*^  ^^^^^  '^  ^^^  ^  ^^^^^  ^^  P^^^  ^^^^  '^^  Protcftans ,  plufieifrs  Car- 
Slcjd.  L^^!  dinaux  furent  d'avis ,  qu'après  un  tel  avantage  remporté  par  les  Luthériens, 
'  il  étoit  nécelFaire  de  leur  donner  quelque  fatisfadion  cfFedive  ,  fans  les 
amufer  davantage  par  des  paroles  artificieufcs  :  d'autant  plus  qu'il  étoit  à 
craindre ,  que  a  le  Pape  ne  trouvoit  quelque  expédient  pour  dégager  la  pro- 
mciïè  de  l'Empereur ,  ce  Prince  qui  avoir  promis  le  Concile  ne  le  trouvât 
obligé  d'avoir  quelque  condefcendance ,  qui  fcroit  encore  plus  préjudicia- 
ble d  l'Eglife.  Mais  le  Pape  ôc  la  plus  grande  partie  des  Cardinaux ,  qui 
voyoicnt  qu'il  feroit  impoflible  de  faire  accepter  aux  Luthériens  un  Concile  • 


p.  137. 


tel 


qui  convint  aux  mtcrcts  ^^ 


s  de  la  Cour  de  Rome ,  &  qui  étoient  déterminés 
M  Pallav.  a  n'en  point  agréer  d'autre ,  fe  réfolurent  de  répondre  à  l'Empereur  :  »  Qu'on 
L  }.c.i6.  fcntoit  bien  Timportance  dafTembler  préfentement  un  Concile  Général , 
6c  qu'on  étoit  prêt  de  le  convoquer ,  pourvu  qu'on  pût  le  célébrer  de  ma- 
nière qu'il  pût  produire  les  bons  effets  que  le  befoin  requéroit  :  mais  que 
voyant  naître  de  jour  en  jour  de  nouvelles  brou illeries  entre  lui  &  le  Roi  de 
France ,  &  des  diflenfions  ouvertes  entre  les  autres  Princes  ,  4^  il  étoit  né- 
ceffaire  de  tout  concilier  avant  que  d'aflemblcr  le  Concile  ,  qui  fans  cela 
ne  produiroit  aucun  bon  effet ,  dans  un  tems  fur  -  tout  où  les  Luthériens 
tout  fiers  de  la  viûoire  de  Wirtemberg  avoicnt  toujours  les  armes  à  la  main» 


4%,  Et  comme  quelques  jours  auparavant 
ton  avoit  reçu  nouvelle  ,  que  le  Landgrave 
de  Hejje  avoit  enlevé  le  Duché  de  JFirtem- 
terg  au  Roi  Ferdinand ,  &c.]  A  en  croire 
Pallavicin ,  notre  Hiftorien  fe  trompe  en 
dîfant  qu'avant  le  Confîdoirc  du  S  de  Juin 
on  avoît  eu  nouvelle  que  le  Landgrave  avoit 
enlevé  leDuchéde\5^irtemberg  iFerdinand^ 
puilqne  la  paix  entre  ces  Princes  ne  fut 
faite  que  le  29  de  Juin  >  félon  Sleidan. 
Mais  je  ne  vois  aucune  con{?quence  de 
l'un  à  l'autre  ,  ni  aucune  contradiction  à 
dire  qu'on  avoit  eu  nouvelle  à  Rome  que 
le  Duché  de  Wirtemberg  avoit  été  enlevé 
iès  le  commencement  de  Juin ,  quoique 
la  paix  ne  fe  fit  qu'à  la  fin  du  même  mois. 
Ce  qu'il  y  a  de  vrai ,  c'eft  que  cette  guerre 
ajant  commencé  dans  le  mois  de  Mai ,  5c 
l'Armée  de  Ferdinand  ayant  été  mife  en 
déroute  des  le  1 5,  la  guerre  finit  prefque 
auiïi-tôt  qu'elle  avoit  commencé ,   par  la 
reddition  volontaire  de  toutes  les  Places  à 
leur  ancien   Seigneur.  Ainfi  ceft  à  tort 
que  le  Cardinal  cenfuie  ici  Fra-Paolo  , 


qui  ne  s'eft  écarté  for  ce  point  ni  de  la  vé- 
rité ni  de  la  vraifemblance.  Il  eft  vrai  que 
dans  le  Confîftoire  du  10  de  Juin  on  ne 
pouvoit  pas  avoir  nouvelle  de  la  paix ,  qui 
ne  (ut  faite  que  le  19.  Mais  il  femble  que 
notre  Hiftorien  parle  plutôt  de  la  nécef- 
fîté  où  Ferdinand  fe  trouvoit  de  (aire  la 
paix ,  que  de  la  conclufîon  mhne  de  cette 
paix  :  ou  fi  c'eft  de  cette  conclufion  qu'il 
parle,  il  faut  avouer  que  Pallavicin  a  eu 
rai  fon  de  relever  fa  méprife  en  cette  cir- 
conftance. 

^^.11  étoit  nécejfaire  de  tout  concilier 
avant  que  d'aJlembler  le  Concile.]  Ceft  ce 
que  reconnoît  Pallavicin  lui-même  ,  Forf- 
qu'en  parlant  des  délibérations  du  ConfiC" 
toire  tenu  le  10  de  Juin  ,  il  dit  que  tous 
les  Cardinaux  convinrent  unanimement  de 
la  néceflîté  du  Concile ,  mais  qu'on  ne  pou- 
voit le  tenir  que  préalablement  la  paix  ne 
(3t  établie  entre  les  Princes  Chrétiens.  E 
perche  le  ueilità  fperabili  dal  Concilio  dovt^ 
vano  havera  per  fondamento  lapact  i  quefis 
nel  primo  luogo  fi  procurajjk. 


DE    TRENTE,  Livre   L  131 

L.  Mais  toutes  ces  négociations  au  fuiec  du  Concile  furent  toat  d'un  mdxxzit. 
coup  interrompues  par  la  raorc  ^  de  CUmcnt ,  qui  î®  après  une  longue  ma-    ^^"'  ^^^* 
ladie  termina  fcs  jours  dans  le  mois  de  Septembre  ,  n  à  la  grande  fa-     ^       , 
tifïaâion  de  fa  Cour.   Car  quoiqu'on  admirât  en  lui  une  gravité  na-  clément 
curelle,  une  économie  admirable ,  &c  une  grande  habileté  dans  rartdedif-  vil ,  é" 
(Imuler  *,  on  le  baiïlbit  cependant  à  caufe  de  fon  avarice ,  de  fa  dureté  >  éUHion  dt 
&  de  fa  cruauté  ,  qui  s  croient  encore  plus  fait  remarquer  depuis  fa  ma-  ^V^\  ^//v 

ladie,  9.  p.  n8. 

Durant  la  vacance  du  Siège ,  c'eft  la  coutume  des  Cardinaux  de  dredèr  spond.  ad 
certains  Articles  de  reformation  »  qu'ils  jurent  tous  d'obferver ,  s'ils  devien-  an.  1554. 
ncnt  Papes*,  mais  que  l'expérience  montre  qu'ils  jurent  fans  aucune  inten-  N"*  17. 
cion  de  les  obfcrver ,  ne  manquant  pas  de  dire  après  leur  exaltation ,  ou  P^"*^-L«J- 
qu'ils  n'ont  pu  s  obliger,  ou  que  le  Pontificat  les  dégage  de  leurs  proïncf- q^j^^^^j^ 
ies.  L'un  des  Articles  donc ,    qui  fut  propofé  dans  le  Conclave  après  la  l.  lo. 
mort  de  Clément ,   fut  :  Que  le  Pape  futur  feroit  obligé  de  convoquer  le 
Concile  dans  le  terme  d'une  année.   Mais  ces  Articles  ne  fiirent  ni  confir- 
més ni  jurés.  Car  le  jour  même  ^  que  le  Conclave  fut  fermé  ,  qui  étoit  le  1 1     e  Rayn. 
d'O&obre  î*  ,  on  élut  Pape  à  Timprovifte  le  Cardinal  Farnéft^  tJ  quiadaiLi5  54. 
pris  à  fa  création  le  nom  èi  Honoré  K.  qu'il  changea  dans  fon  couronne   ^  *• 
ment  pour  celui  de  Paul  III.  Pontife  qui  avoitde  bonnes  qualités  ,  ^4  mais    ^"'xjSi^ 

3 ui  n'en  eftimoit  aucune  à  l'égal  de  fa  diflimulatioru  II  etoit  alors  Doyen  jj^J^o^  L. 
u  Sacré  Collège,  ^  &  l'expérience  qu'il  avoir  acquifedans  les  affaires  ,  i.N^  ii« 

Spond.  ad 

Mais  il  pâTwt  Bc  par  les  A^es  Confîftoriaax ,  *"^  '  ^  ^  ^ 
&  par  les  Relations  de  ce  Conclave  écrites  ^    ^^ 
par  àts  perfonnes  qui  y  écoient  préfentes. 


f  0.  Qui  après  uru  lonpu  maladU  ter- 
mina fes  jours  dans  le  mois  de  Septembre.^ 
Ceft  à  dire,  fel©n  Onuphre  ,  le  if  de  ce 
mois. 

^i.A  la  grande  fatisfaêlion  de  fa  Cour,] 
Ceft  ce  ou  allire  Guicciardin.  More  odio- 
fo  alla  Coru ,  fofpetto  à  Principi ,  6»  con 
fama  piu  prejlo  grave  &  odiofa  che  piace- 
vole ,  ejjendo  riputato  avaro^  dipocafade^ 
&  alieno  di  natura  da  beneficare  gli  huo- 
mini.  Et  PalLzvicin  confirme  ce  jugement 
en  di(ànr  que  fa  mort  (ixt  reçue  avec  au- 
tant de  joie  que  fon  éledion.  Fu  fentita 
con  altretanta  allègre  [{a,  con  quanta  già 
Ufua  ele{iione. 

^imLe  12  £OElobre  on  élut  Pape  â  Vun- 
provifte  U.  Card,  Farnèfe]  Il  fut  clu  le  i  j  : 
mais  la  méprife  de  Fra-Paolo  eft  affez  légè- 
re ,  parce  que  Icleâion  fe  fit  la  nuit  du  ix 
au  I  ) ,  &  pour  cette  raifon  pludeurs  la  mar- 
quent au  II. 

f  3 .  Qui  prit  à  fa  création  le  nom  d^ Ho- 
nore VJ\  Ceft  ce  que  dit  Fra-Paolo ,  fur 
l'aucoiité  de  quelques  Auteurs  mal  inftruits* 


qu  il  prit 'le  nom  de  Paul  dès  le  moment 
de  fon  éledion.  Ceft  donc  avec  aufll  peu 
de  fondement  que  M.  de  Thou  L.  i.  die 
quil  prit  d*abord  le  nom  6! Onuphre.' Le% 
mêmes  autorités  fervent  à  réfuter  Tune  & 
Tautre  méprife. 

f4.  Mais  qui  n'en  ejlimoit  aucune  J 
régal  de  fa  dijimulation,]  Au  moins  Ptf/- 
lavicin  convient  que  c'étoit  lopinion 
qu'on  avoir  de  ce  Pontife  :  Cojî  la  fama 
che  Paolo  havea  di  prudente ,  fe  dapprima 
riputar  à  i  Politici  ch'egU  finge(fe  ;  mais 
il  foutient  en  même  tems ,  qu  on  n  en 
jugeoit  ainfi  que  parce  que  rarement  le 
monde  (ait  distinguer  la  difUmuIation  de 
la  prudence. 

f  $,  L'expérience  qu'il avoit  acquife  dans 
les  affaires  fous  les  fix  Pontificats  précé- 
dens7]  C  eft  à  dire  ,  (bus  ceux  ^Alexandre 
VI,  Pie  III y  JuUs  II,  Léon  X,  Adrietf 
VI,  &  CUment  VIL 


iji  HISTOIRE    DU    CONCILE 

mxTcxiv.  où  il  avoît  eu  beaucoup  de  part  fous  les  fix  Pontificats  précédens  ,  lui 
Clïîm.  VII.  gj  juger  qu'il  ne  devoit  pas  faire  paroîtrc  ,  comme   fon  prédeceflcur ,' 
,p  ..       qu'il  craignît  le  Concile,  Au  contraire  il  croyoit  **  qu'ilf  étoit  utile  pour 
1^  ,  ç  j^'  (es  intérêts  de  montrer  qu'il  le  défiroit  &  le  vouloir  abfolument  :  étant 
bien  certain  d  ailleurs  qu'on  ne  pouvoir  le  forcer  de  le  tenir  dans  un 
lieu  ou  d  une  manière  qui  lui  fut  défavantageufe ,  Se  que  quand  il  feroit 
nécelfaire  de  l'empccher  ,  loppofition  de  la  Cour  de  Rome  &  de  tout  l'Or- 
dre Eccléfiaftiquc  lui  en  fourniroit  afTez  de  moyens.  Il  jugeoit  même ,  que 
cela  lui  ferviroit  encore  à  conferver  la  paix  en  Iralie  ,  qui  lui  paroilloit 
néceflaire  pour  gouverner  avec  tranquillité  •,  &  que  le  prétexte  du  Concilô 
t'aideroit  à  couvrir  beaucoup  de  chofes  ,  &  à  s'excuferde  faire  celles  qui 
ne  feroient  pas  de  fon  goût.  C'cft  pourquoi  au(Titôt  après  fon  éleâion  if 
donna  à  entendre,  que  quoiqu'il  n'eut  point  juré  les  Articles  qui  avoient  été 
dreffes,  il  étoit  néanmoins  réfolu  d'obferver  celui  de  la  convocation  du  Con- 
#  Rayn.  ad  cile  ,  fâchant  de  quelle  néceflîté  étoit  uoc  telle  AlTemblce  pour  la  gloire  de 
an.  I  j  34.    Dieu  &  l'avantage  de  l'Eglife.^  Le  1 6  d'Oftobre  t^  ayant  donc  convoqué  une 
^   *'         Congrégation  générale  de  Cardinaux  ,  'qui  ne  s'appelle  Confiftoire  que 
guand  le  Pape  eft  couronné ,  il  leur  en  fit  la  propofition.  Il  leur  repréfentar 
fortement ,  qu'on  ne  pouvoir  différer  de  convoquer  le  Concile ,  pnifqu'on 
ne'pouvoit  fans  cela  rérablir  la  bonne  intelligence  entre  les  Princes  Chrétiens, 
fld  Ibtî  ^^  détruire  les  Héréfies  r  &:  qu'ils  dévoient  tous  examiner  avec  attention  , 
]sîo  /       '  comment  il  feroit  à  propos  de  le  célébrer.   Il  députa  même  ^  trois  Cardt- 
naux  en  parriculier  pour  délibérer  du  tems  ,  du  lieu  ,  &  des  autres  chofes 
qui  regardoient  cette  affaire  ,  avec  ordre  de  lui  en  rapporter  leiu^s  avis  dans 
le  premier  Confiftoire  qui  fe  tiendroit  après  ion  couronnemenr.  Et  pour 
commencer  a  faire  naître  des  con traditions  dont  il  pût  fe  prévaloir  au 
befbin ,  il  ajouta    que  comme  l'Ordre  Eccléfiaftique  devoir  être  réforme 
par  le  Concile  »  &  qu'il  n'étoit  pas  convenable  que  l'on  y  réformat  les 
Cardinaux ,  il  falloir  qu'ils  commençaflent  à  fe  réformer  d'eux-mêmes  ; 
étant  déterminé  à  tirer  tout  le  fruit  qu'il  pourtoit  d'une  Affemblée,  dont  les 
Décrets  auroientpcu  de  vigueur ,  s'ils  ne  donnoient  les  premiers  l'exemple. 
CoMWE  c'cft  la  coutume  des  nouveaux  Papes  a  accorder  aifément 
les  premiers  jours  de  leur  exaltation  quelques  grâces  aux  Cardinaux  ,   & 
principalement  à  ceux  d'une  grande  naiflance  ,  ^7  le  Cardinal  de  Lorraine 

fé.Le  î  6  d*0(iobre  ayant  donc  convoque  de  France,  que  le  Pape  lai  refiifa  honnê-»- 

une  Congrégation  générait  de  Cardinaux ,  tement.  Lotharingus  Cardinalis  GaUicam 

&c.]  Se  fon /?ijy;i<2/</Mj ,  cette  Congrégation  Legationem  ad  fe  transferri  rogavit^fièî 

ne  fe  tintqne  le  17.  certo  pollicitus  illum  in  tanta  animi  alie^ 

S7*  Lt  Card,  de  Lorraine  6*  les  autres  nationt  eam  rem  non  fibi  negaturum.  At 

François  le  prièrent  au  nom  de  leur  Roi  Farnefius  nondum  plané  Pontifex ,  id  de* 

d* accorder  au  Duc  de  Lorraine  la  nomic  corifuo  convenire  negans  ^  preces  ejus  non 

nation  des  Evichés ,  &c.]  Onuphre  ne  dit  audivit.  Ce  Cardinal    de   Lorraine    étoit 

rien  de  pareil,  mais  il  nous  apprend  que  oncle  du  célèbre  Charles  Câïd,  de  Lorraine ^ 

ce  Cardinal  demanda  pour  lui  la  Légation  qui  fie  tant  de  biuit  fous  les  règnes  fuivans» 


D  E    T  RENITE,  L  I  VR  E    I.        ,    i^f 

te  les  autres  François  le  prièrent  au  nom  de  leur  Roi  d'accorder  au  Duc  «oxxxit; 
de  Lorraine  la  nomination  des  Evêchés  &  des  Abbayes  de  fes  Etats  ;  Se  la  ^^^  ' 
République  de  Venife  avoir  envie  de  faire  la  même  demande.  Mais  le 
Paperépondir  :  Qu'il  écoit  néceflaire  dans  le  Concile  quon  devoir  célé- 
brer ,  d  oter  aux  Princes  une  nomination  ,  que  fes  prédécefleurs  avoient 
accordée  avec  rrop  de  facilité  *,  &  qu'il  ne  falloit  pas  multiplier  les  abus ,  ôc 
accorder  à  préfent  une  chofe  ,  qu'il  étoit  fur  qu  on  révoqueroit  en  peu  de 
cems  dèshonorablement  pour  lui. 

LI.  î^  Dans  le  premier  Confîftoîrc  qu'il  tint  le  1 1  de  Novembre  ,  s     Le  noU'*^ 
il  remit  fur  le  tapis  l'affaire  du  Concile  ,  &  dit  :  Qu'avant  toutes  chofes  y^'*P^f^ 
il  falloit  procurer  l'union  des  Princes  Chrétiens  ,  ou  du  moins  qu'ils  ^^^'^^f^'*^^^ 
naflent  quelque  afliirance  que  pendant  le  rems  de  fa  tenue  ils  ne  1^^^^^-  defiA  tUrt* 
droient  point  les  armes  :  Que  pour  cet  effet  il  leur  vouloir  envoyer  à  ions  formation  ^ 
des  Nonces,  pour  traiter  avec  eux  de  cet  article,  &  de  tous  les  autres é»  *«vm> 
dont  les  Cardinaux  avoient  fait  mention.  Il  rappcUa  auffî  d'Allemagne  ^'  ^^^" 
Vtrgtr  ^  pour  être  informé  de  l'état  des  chofes  en  ce  païs ,  ^^  &  députa  ^^  jJJ^** 
les  Cardinaux  de  Sienne  ,  de  S.  Séverin ,  &  Ce^/is^  cires  des  trois  Oxàx^  propcfir  u 
du  Sacré  Collège,  pour  délibérer  fur  l'affaire  de  la  réformarion.  Il  ne  te-  Concile, 
noie  même  auam  Confiftoire,  où  il  ne  parlât  long-tems  fur  ce  fujet,  &  iPallar. 
où  il  ne  répétât  fouvent  qu'il  étoir  néceflaire  de  commencer  la  réforme  par  ^  3*  c»  17* 
fa  Cour  &  principalement  par  les  Cardinaux  ;  difcours  que  les  uns  attri* 
buoient  â  un  bon  zèle  &  au  defir  (incère  d'en  voir  quelques  effets ,  &  que 
d'autres  prenoient  pour  un  artifice ,  croyant  qu'il  n'en  ufoit  ainfi  que 
pour  engager  fa  Cour  Se  les  Cardinaux  à    faire  naître  des  obflacles  au 
Concile  ,  afin  d'éloigner  par- là  la  réformation.  Et  ce  qui  le  faifoit  croire 
davantage ,  c'eft  que  dans  le  choix  des  trois  Cardinaux  qu'il  avoir  char- 
gés de  délibérer  fur  ce  point  ,  il  n'avoit  pris  ni  les  plus  zélés  ni  les  plus 
expéditifs  ,  mais  au  contraire  les  plus  lents  Se  les  plus  tranquilles  du  Sacré 
Collège. 
LU.  ^^  M  A I  s  il  donna  bien  plus  a  parler ,  ^  lorfqu'au  mois  de  Dé-    Tromottnt 

de  Cardi- 

f  S,  Dans  U  premier  Confiftoire  qu'il  tint  ans  ,  &  Gnî-Afcapie  Sforce ,  dgé  de  16  y  »^^*'. 

U  %2  de  Novembre  fuivant ,  &c.]  Selon  les  &c.]   Ce  fut  le  1  »  de   Décembre  i  f  5  4 ,     ^  ^^-  ^hidr 

A^te   Confiftoriaux  cités  par  Pallavicin ,  deux    mois  après    fon   éledion ,   qu'il  fît  l^J^' 

Il  ne  le  tint  que  le  1 5.  cette  promotion,  que  le  Cardinal  PaOavi-  \L  '^.    . 

^^1  Et  députa  les  Cardinaux  de  Sienne  y  cin  tâche  d'excufer  cdmme  il  peut,  c  eft  p  ""F**- *^ 

'de  S.  Séverin  ,  6»  Céfis ,  &c.  ]  Auxquels  à  dire  aflez  mal ,  en  difant  qu'un  tel  ex-  p.       '    • 

Fra-Paolo  eut  du  ajouter  les  Cardinaux  ces  de  tendreffe  ne   feroic  pas  on  défaut  j,*    m» 

Ghinucci  ScSimonète^  aufli-bien  que  Ja-  dans  d*autîes  que  dans  un  Pape.  Mais  en  ^     ' 

eobacci  alors  Evêque  de  Caffano  &  depuis  qui  ne  condamneroit-on  point  le  choix  de 

Cardinal ,  &  les  Archevêques  de  Nicofie  deux   enfans  pour  occuper  une  dignité , 

&  d*Aix  y  conmne  on  le  voit  par  un  Bref  dont  la  fonélion  ne  confiée  à  rien  moins 

de  Paul  II J  cité  par  Pallavicin.  qu'à  partager  avec  le  Pcipe  le  Gouverne- 

<^0.  Mais  il  donna  bien  plus  à  parler  ,  ment  de  rÈglife  UniverfeÛe  ,  &  à  lui  don- 

iorpptau  mais  de  Décembre  fuivant  il  créa  ner  des  confeils  dans  les  affaires  du  monde 

Cardinaux  Akxandre  Farnèfe  âgé  de  14  les  plus  importantes  ?  Ne  feroitcc  poiuc 


134       HISTOIRE    DU    CONCILE 

iCDxxxty.  cembre  fuivant  il  créa  Cardinaux  AUxandn  Furnkft  âge  de  quatorze  ans  » 
PAPtllL  ^  Gui-AJ'cagru  Sforcc  âge  de  feizc  ,  ks  pecirs-tils  -,  le  premier ,  fils  de 
*"■■—"■  Louis  Farnhjc  fon  fils-naturel  \  Se  Tautre  ,  de  Confiance  fa  fille- naturelle  : 
difant  à  quiconque  parloir  de  leur  jcunelTe ,  qu'il  y  fuppléoit  par  fon  âge 
décrépit.  Dès-lors  s'évanouirent  l'attente  que  Ton  avoit  de  voir  réforaicr 
les  Cardinaux  ,  &  la  crainte  qu'en  avoient  quelques  uns  ,  puifque  c'euc 
été  par  l'âge  &c  la  naitfance  de  ceux  qu'on  de  voit  ciécr  ,  qu'il  auroit  fallt^ 
commencer.  Le  Pape  lui-même  cclFa  depuis  de  parler  comme  auparavant 
de  réforme  ,  ne  pouvant  plus  fe  mafquer  apte;  une  a^ion  de  cette  nature. 
Cependant   la  propoficion  du  Concile  rcftoit  toujours  fur  le  même 
pied*,  &  dans  le  Confilloire du  i(S  de  Janvier  mdxxxv,  Paul ùtixn  long 
&  fort  difcours  pour  exciter  les  Cardiîiaux  à  prendie  quelque  réfolution 
fur  ce  point  ,  difant  qu'en  procédant  h  lentement  c'éroit  donner  à  enten- 
dre au  monde ,  que  tout  ce  que  l'on  en  avoit  dit  n'étoit  que  des  paroles 
Se  un  appât ,  mais  que  réellement  on  ne  vouloit  point  de  Concile.  U 
f  Id.L  15^.  parla  *  fur  cela  d'une  manière  lî  pa:hé:ique>que  tout  le  monde  en  fut  ému. 
N**  I.         Il  fut  donc  réfolu  dans  ce  Confiftoire  d'envoyer  des  Nonces  à  l'Empe- 
reur ,  au  Roi  de  France  ,  &  aux  autres  Princes  Chiétiens  ,  avec  ordre  de 
leur  expufer  que  le  Pape  &  le  vSacré  Collège  étoicnt  absolument  déter- 
minés pour  le  bien  de  la  Chrétienté  de  tenir  le  Concile ,  Se  les  exbor- 
coientàle  favorifer,  &  à  afTurer  la  paix  Se  la  tranquillité  publique  pen- 
dant qu'il  feroit  aflfemblé  ;  mais  de  dire  qu'à  l'égard  du  tems  &  du  heu  , 
Sa  Sainteté  n'avoir  encore  pris  aucune  réfolution  fixe.  Ces  Nonces  avoienc 
outre  cela  une  Inftrudtion  fecrette  de  fonder  adroitement  la  pcnfée  des 
Princes  pour  le  lieu  *)  afin  que  lorfqu'on  connoitroit  leurs  intérêts  Se  leurs 
vues,  on  put  les  oppofer  les  uns  aux  autres ,  ^*  &  que  le  Pape  tût  plus 
en  état  de  faire  préférer  celui  qu'il  vouloir  cboifir.  Enfin  ils  avoient  ordre 
de  fe  plaindre  de  ia  conduire  du  Roi  d'Angleterre  ,  &  s'ils    y  voyoient 
quelque  ouverture ,  d'animer  les  Puiflances  conrre  lui ,  &  de  leur  offrir 
ton  Royaume. 
Vergiff       Lni^  berger  ^  entre  autres  fut  renvoyé  en  Allemagne  avec  une  com« 
AlU^^  «tf   °^^''^®"  P^^5  particulière  de  fonder  les  vues  des  Proteftans  fur  la  manière 
trMte  Mvèe  ^^  flairer  dans  le  Concile  ,  &  de  faire  fur  cela  ce  qu'il  jugeroit  néceflàire. 
Luther.       ^^  U  fut  chargé  même  de  traiter  avec  Luther  y  Se  les  autres  principaux 
k  RayiLad  , 

l^\i  U"  dé&at  dans  d'autres  que  dans  on  Pape,  ne  (ai  pourqaoî  M.  Amelot  a  omis  cet 

Spood.  ad   ^^  ^^^^  ^^  ^^^  choix  5  &  quelle  eft  la  nv>-  endroit ,  qui  ne  paroît  point  du  tom  in»- 

an.  I  c  3  r .     ^^^^  ^^  Cardinal ,  s'il  la  cru  ?  Il  £iut  avouer  tile. 

N°  10.         9^'i^  *  ^^  Evangile  tout  particulier  pour         6i.  Il  fut  chargé  même  de  traiter  avec 

Pallav.  L.    les   Papes,  &  qu'il  eft  auflî  diflScile  de  Luther,  Sec]  Il  y  a  lieu  de  douter  de  la 

}.  c.  x8.      Texcufer  dun  excès  de  flaterie,  que  Fra-  vérité  de  cette  ciiconftance.   Car  il  paroic 

Paolo  quelquefois  d'un  peu  tiop  de  aia-  &  par  une  lettre  de  Verger ,  &  par  le  lap- 

lignité,  port  de  Seckendorf,  que  cette  rencontre 

^i.  Et  que  U  Pape  fût  plus  en  état  de  fut  purement  accidentelle.  Cependant  Slei^ 

faire  préférer  celui  qu'il  vouloit  choijir.]  Je  dMi  (èmble  infinuer,  que  la  vifite  de  Lit* 


DE    TRENTE,LxyRE    I.  ijy 

Prédicateurs  de  la  nouvelle  dcn^rine ,  &  de  travailler  à  les  amener  â  quel-  uûxitTT» 
^ue  accommodement  par  toutes  fortes  de  promeflTes  ,  &  en  leur  oftirant  ^^^^  ^^ 
toutes  fortes  de  partis.  Le  Pape  blâmoit  en  route  occadon  le  Cardinal  CVi-  ■■^■■■«* 
Jéian  d  avoir  rejette  à  Ausbourg  en  mdxviii  Tofïre  que  lui  faifoit  Luther 
et  ^ar<ler  le  (ilence ,  pourvu  qu  on  Timpofat  en  même  tcms  à  fbs  adverfai* 
res  ;  &  il  condamnoit  la  dureté  de  ce  Cardinal ,  qui  en  exigeant  opiniâtre* 
ment  une  retraâation  de  cet  Auteur ,  Tàvoit  rédoit  à  un  défefpoir  qui 
ftvoit  déjà  tant  çoutfé  à  TËglife  Romaine ,  &  qui  lui  couteroit  encore  la 
moitié  de  fon  Autorité.  Il  difoit  qu'il  ne  vouloir  pas  imiter  Lion ,  qui  s'é^ 
toit  figuré  que  les  Moiiies  étoient  des  inftrumens  propres  pour  accabler  les 
nouveaux  Dofteurs  en  Allemagne  :  Que  Texpériertce  &  la  raifon  avoienc 
Élit  voir  combien  il  s  etoit  trompé  :  Qu'il  n'y  avoit  que  deux  moyens  pro- 
pres à  rcrminer  cette  affeire ,  qui  étoient  la  force  &  la  négociation  j  & 
qu'il  les  employeroit ,  voulant  un  accord  à  quelque  prix  que  ce  fût ,  pourvu 
qu'on  mît  à  couvert  l'Autorité  Pontificale.  Et  comme  il  difoit  qu'il  avoir 
be(bin  pour  cela  de  gens  de  mérite  &  d'expérience  ,  ^J  il  créa  le  n  de 
Mai  fix  Cardinaux ,  &  peu  de  jours  après  un  feptiéme  ,  tous  gens  fort 
eftimés  à  Rome.  *  De  ce  nombre  fut  Jean  Fisher  Evcque  de  Rochcfter  ,     /  Rayn. 
alors  prifonnier  en  Angleterre  pour  avoir  refufé  de  renoncer  à  l'obéiflfànce  N°  7. 
du  Pape.  Dans  le  choix  que  Paul  fit  de  lui ,  il  confidéra  que  c'étoit  faire  Spond. 
honneur  à  fa  promotion ,  que  d'y  joindre  un  homme  favanr ,  &  qui  avoit  ^^^  ^^ 
fi  bien  mérité  du  Saint  Siège  par  la  perfécution  qu'il  foutenoit  pour  fa  dé* 
fcnfc  ;  &  il  fe  figuroit  d  ailleurs  que  cette  nouvelle  dignité  le  rendroic 
plus  refpcdtable  au  Roi  ,  en  même  tems  qu'elle  augmenteroit  (on  crédit 
parmi  le  peuple.   Mais  elle  ne  fer  vit   ™    au  contraire  qu'à  avancer  fap  ^'^^^^ 
mort  ,   ^4  ayant  eu  la  tète  coupée  publiquement  quarante  -  trois  jours  p*  ^e^J' 
après. 


iher  fe  fît  de  propos  délibéré  :  Quum  in 
ea  Legaùone  Lutherum  quoque  witumbir- 
pt  convenijfet  ;  expreflîon  qui  ne  paroïc 
pas  défîgner  une  rencontre  fortuite ,  mais 
qui  en  même  tems  n'eft  pas  exade ,  puif- 
jjoe  ce  ne  fut  ^s' Verger  qui  alla  trouver 
Luther  y  mais  Luther  qui  vit  Verger  dans 
le  Château ,  &  à  qui  il  fîit  pré(èntc  par  le 
Gouverneur. 

6 } .  //  créa  le  21  de  Mai  fix  Cardinaux , 
&c.]  Savoir  Nicolas  Schombergh  Archevè- 
^edeCapoue,  Simonète  Auditetrr  de  Ro- 
te, Ghinueci  Auditeur  de  la  Chambre  Apo(^ 
tolfqne ,  Jean  du  Bellai  Evêque  de  Paris , 
Jean  Fifher  Evêque  de  Rochefter,  Gafpar 
Contarini ,  Se  Marin  Caraccioli  Protono- 
taire Apoftolique.  Fipier  fat  crée  le  même 
)dui  que  les  (u  autres. 


64,  Ayant  eu  la  tête  coupée  publique* 
ment  43  jours  après,]  Il  y  a  ici  une  mé- 
prife.  Car  Fifher  fut  exécuté  le  12  de  Juin 
fîiivant ,  &  par  confïquent  le  3  5  jour  après 
fa  promotion.  Je  ne  fai  pourquoi  M.  Ame- 
lot  traduit  -40  jours  après  :  car  cela  n*e(l 
conforme  ni  à  Ff^-Paolo  ,  ni  à  1«  vérité. 
Au  reAe  ce  Prélat ,  recommandabie  par  &: 
capacité  ,  fa  venu  »  fon  •  defintéreffementv 
de  (à  fermeté  à  s*oppofef  aux  caprices  dé- 
raifonnablesdVin  Prince  violent  &  empor^, 
mourut  d'une  manière  qtli  répondit  à  fâ 
vie  î  c*eft  4  dire ,  avec  an  courage  &  une  • 
religion  qui  feront  toujours  honneur  à  fâ 
mémoire ,  &  dêskonoreront  toujours  fon 
perfécuteur.  Il  mourut  à  r4ge  de  ^  «ns , 
après  une  prifon  des>plusdan!6  te  desptds 
criantes. 


MDXXXY. 


tié      HISTOIRE    DU    CONCILE 

Qu£LQ.UE  démon ftracion  que  fît  le  Pape  de  vouloir  un  Concile  t  tel 

Vaul  III.  QUI  p{;^  contenter  l'Allemagne  &c  fervir  à  la  ramener  j  cependant  toute  la 

^  CoMT  de  Rome ,  &  ceux  même  avec  qui  ce  Pontife  en  traitoit  plus  confia* 

demmcnt,  difoient  qu'on  ne  pouvoit  le  tenir  ailleurs  qu'en  Italie;  que  par*- 

tout  ailleurs  il  ne  feroit  pas  libre  ,  &  qu'en  Italie  on  ne  pouvoit  choifir 

d'autre  Ville  que  Mantoue. 

f^crger  étant  de  retour  en  Allemagne  ,  commença  par  traiter  avec  Fer^ 
dinand ,  puis  avec  ceux  des  Proteftans  qui  vinrent  alors  trouver  ce  Roi 

1)our  leurs  affaires  :  après  quoi  il  fit  un  voyage  exprès  pour  négocier  avec 
es  autres.  Mais  il  ne  tira  d'aucun  d'eux  d'autre  reponfe  »  finon  qu'ils  en 
confulteroient  enfemble  dans  TAfTemblée  qu'ils  dévoient  tenir  à  la  fin  de 
l'année ,  &  lui  rendroient  en  commun  leur  réponfe. 
n  Slcid.  L  La  propofition  du  Nonce  étoit  :  ^  Que  le  tems  du  Concile  tant  dé(tr£ 
g.  p.  143.  ^i2LVii  venu  ,  ^ï  le  Pape  vouloit  traiter  avec  l'Empereur  &  les  Rois  férieu- 
i\6AV^  '  fement  &  non  en  apparence  ,  comme  on  avoir  fait  auparavant  ,  pour  le 
'  tenir  :  Que  pour  ne  pas  différer  davantage ,  il  avoit  jette  les  yeux  fur  Man- 
toue ,  comme  on  en  étoit  convenu  deux  ans  auparavant  avec  l'Empereur  : 
Que  cette  Ville  appartenant  à  un  Feudataire  de  l'Empire  >  &  confinant 
avec  les  Terres  de  l'Empereur  &  des  Vénitiens,  ils  dévoient  fc  regarder 
en  parfaite  fureté  dans  cette  Place  ,  outre  que  le  Pape  &  l'Empereur  leur 
donneroient  toute  forte  de  caution  :  Qu'il  n*étoit  point  befoin  de  parler  de 
la  forme  &  de  la  manière  de  traiter  dans  le  Concile  ,  parce  que  cela  ie 
règleroit  mieux  lorfqu'il  feroit  aflfèmblé  :  Qu'il  ne  pouvoit  nullement  k 
tenir  en  Allemagne ,  où  il  y  avoit  tant  d'Anabaptiftes  »  de  Sacramentai-» 
res ,  &  d'autres  Sedtaires  pour  la  plupart  fous  &  hirieux  :  Qu'il  n'y  auroit 
pas  de  (ïïrecé  pour  les  autres  Nations  d'aller  au  milieu  d'une  multitudç  fi 
puifTante  ,  &  d'y  condamner  leur  doârine  :  Qu'il  étoit  indifférent  au  Pape 
dans  quel  lieu  il  fe  tînt  \  mais  qu'il  ne  vouloit  pas  paroître  forcé ,  ni  qu'on 
le  dépouillât  de  l'autorité  de  prelcrire  le  lieu  du  Concile  Général  ,  dont  il 
étoit  en  poflèiïion  depuis  tant  de  (iécles. 

^^  Dans  ce  voyage  f^crger  fut  trouver  Luther  à  Wirtemberg ,  le  traita 

très- 

éf.Le  ape  Pvoutut  iraittr avec  VEmpe* 
nur  £•  Us  Rois  fcrieufement  &  non  en  ap* 
psrence  ,  comme  on  avoit  fait  auparavant , 
Sec.]  Non  quidem  ad  fpeciem ,  fed  ferio  & 
rêvera  ,  comme  le  ^it  SUidan  L.  9  s  preuve 
que  y  quoi  qu  en  dife  Pallavicin  «  le  Pape 
ctoit  ailèz  perfuadé  que  ju(que-li  les  pro- 
çneflès  du  Concile  n  ayoient  pas  été  fort  fin- 
cères. 

66*  Dans  ce  voyage  ^  Verger  fut  trouver 

Luther  à  Wittemberg  ,  le  traita  très-humai' 

nament ,  &  eut  avec  lui  de  longs  entre^ 

^ns^  &C.J  Ç'eft  ceijue  dit  aufli  Sponde, 


maïs  peut-étte  uniquement  (br  Ti 
de  Fra-Paolo.  Ad  Lutherum  quoque  wii* 
tenbergam  divertens  cum  eo  eopiofl  atque. 
humaniter  egit.  Cependant  Pallavicin  tiaî* 
ce  èi  le  diicoun  du  Nonce  &  la  xépon(e 
de  Luther  d'un  pur  Roman  »  &  il  parafe 
en  effet  par  une  lettre  de  Verger  écrite  le 
rz  de  Novembre  au  Secrétaire  de  Paul^ 
Se  dont  le  Cardinal  nous  donne  quelques 
fragmens ,  que  ce  Nonce  ne  vit  Lttther 
qu'une  fois  ,  &  que  l'entretien  fut  a(tè« 
léger.  Il  dit  même  qu'il  l'écouta  avec 
beaucoup  de  peine  ^  Çc  qu'il  nç  voulut  ja« 

mail 


^  DE    TRENTE, Litre   L  137 

très-humainement  »  ®  &  eue  avec  lui  de  longs  entretiens ,  dans  lefquels  udxxxt. 
il  l'aiTura  d'abord  :  Que  le  Pape  Se  le  Sacré  Collège  faifoienc  beaucoup  ^^"*"  ^^* 


^'eftime  de  lui ,  Se  qu'ils  avoienc  un  déplaifir  extrême  de  la  perte  d'un  ""rTTTT" 
Sujet  qui  auroit  pu  faire  un  bien  infini ,  s'il  eût  employé  fes  taiens  au    ^    ^^ 
ifervice  de  Dieu  6c  du  Saint  Siège  »  dont  les  intérêts  font  inféparables  ;  &  p^av.  L.  t. 


qu'ils  feroient  toutes  chofes  au  monde  pour  le  regagner  :  Qu'il  pouvoit  c  i8. 
l'alfurer  que  le  Pape  &  tous  les  Cardinaux  blâmoient  extrêmement  la  du-  Spond. 

Rayi 

ifpofition  f  qu'à  l'inftigation  des  autres  :  Qu'il  pouvoit  fe  promettre  tou-  Secxcnd. 
tes  fortes  de  ntveurs  du  Saint  Siège.  Il  ajouta  :  Qu'il  n'étoit  point  venu  L.  5.  Scâ^ 
pour  difpuier  avec  lui  fur  les  points  conteftés,  ne  faifant  point  profeffion  >''  $•  54* 
tle  Théologie  ;  mais  feulement  pour  lui  montrer  par  des  rations  fenfibles» 
combien  il  lui  feroit  avantageux  de  fe  réunir  au  Chef  de  l'Eglifè:  Qu'en 
réâéchiflant ,  que  depuis  dix  huit  ans  feulement  que  fa  doârine  paroif- 
Ibit  au  jour ,  elle  avoit  produit  une  infinité  de  Sedtes  ,  qui  fe  déteftoicnt 
les  unes  les  autres,  &  mille  féditions,  qui  avoient  entraîné  la  perte  Se  la 
ruine  d'une  infinité  de  perfonnes  :  on  en* devoir  conclure  quelle  ne  ve- 
noît  pas  de  Dieu,  mais  au  contraire  qu'il  paroidbit  certain  qu'elle  avoit 

mais  loi  répondre  que' deux  mots,  pour  dum  eoUoquium  fiiiffc ,  fed  meditatum  & 

ne  pas  paroicre  une  b6te.   ïo  udiva  con  fccretum  ,  certè  mafculum  animoque  Lutht"  " 

'gran  tormento  ;  non  voUi  mai  rijpondtre  fi  ri   dignum.  Il  fe  peut  donc  bien   faire  ^ 

non  due  paroUtte^  p€r  non  parer  unironco,  comme  le  foupçonne    encore  Seckcndorf 

Ce  témoignage  eft  précis,  fi  Ton  pouvoit  après  Maimbourg  ,   que  fi  Verger  ne  s*é- 

compter  bien  furement  fur  la  fincéricé  de  tend  pas  davantage  dans  fà  lettre  fur  fon 

cet  homme.  Mais  je  ne  (âurois  me  per-  entretien  avec  Luther ,  c'eft  qu'il  aura 

(bader    que   Fra-Paolo  ait  imaginé  tout  voulu  acconr^moder  fon  récit  au  goût  des 

cet  entretien  de  lui-même  >  &  il  y  a  tou-  oreilles  Romaines  ,  &  ne  pas  fe  rendre 

te  apparence ,  ou  que  Ferger  ne  rappone  lui-même  fufpeâ.  Credibilius  efi  &  ab  ip^ 

pas  tout  ce  qui  fe  paflà  entre   eux ,  ou  fi>  Maimburgio  olfaHum ,  quod  ad  auhe 

que  PaUavicin  ne  nous  en  donne  pas  un  Romana  genium  relationtm  fuam  accom* 

extrait  fidèle.  Car  il  paroit  par  une  rela-  modaverit ,  &c.  Car  d'ailleurs  il  eft  vifi- 

tien  dont  Seckendorf  nous  donne  un  ex-  ble  par  la  relation  de  5<cA:r/7</oj/j  qui,  com- 

erait ,  qu'il  s'y  dit  bien  d'autres   thofes  me  il  le  marque ,  s'accorde  aifez  pour  le 

3|ue  celles  dont  il  eft  parlé  dans  la  lettre  fond  avec   le  récit  de  notre   Hiftorien  , 

e  Verger.  Et  quoiqu'elles  ne  (e  rapponent  qua  Venenis  tant  acuratè  notavit ,  &  quct 

pas  exaébment  à  ce  qu'en  dit  Fra-Paolo ,  in  fiimma  non  difirepant  à  narratiotu  Wit- 

on  voit  du  moins  que  l'entretien  en  quet  tenbergenfi;  il  eft  vifible,  dis-je,  que  Ver- 

don   xx'eft  pas  au(fi  chimérique  que  fon  ger  diffimule  roue  ce  qu'il  y  a  de  plus  ef- 

adverûiire  voudroit  le  faire  croire ,  com-  fentiel  dans  cette  entrevue ,  &  que  fa  let- 

me  le  remarque  Seckendorf»  Jam  ex  col-  tre  eft  une  pièce  bien   infuiffifante  pour 

latione  ,  dit-il,  wittenbergenfis  reiaiionis,  convaincre  de  &ux  la  narration  de  Fra^ 

imperfeéia  Ucet  â"  rudis  ,   &  ejus  quam  Paolo ,  qui  ne  fiait  dire  à  Luther  que  ce 

€X  Veneto  attuU  ,  plura  apparet  locutum  qu'il  avoit  dit  &  écrit  plufieurs  fois  :  Et 

effe  Vergerium  cum  Luthero ,  quàm  ex  lit-  fuccum  quemdam  ac  nervum  eontm  con' 

teris  illius  à  Pallavicino  ad<ûiâis  percipi-  tinent,  quœ  Luthcrus  aliâs  locutus  eft  & 

iur,  nequt  tantùm  fortuitum  inter  cœnan*  fcripfiu 

T  o  M  E  L  S 


138 


HISTOIRE    DU    CONCILE 


MDzxxY.  ^cc  crès-pcrnicicufe ,  puifqu  il  en  étoic  né  <ie  (i  grands  maux.  Qu'il  falloit 
Paul.  111.  -•^-^'^-^  ...P.. 


bien  s*aimer  foi- même ,  &  avoir  une  grande  eftime  de  Tes  opinions ,  quand 
pour  les  répandre  on  vouloir  rroubler  couc  le  monde.  Si  c  ell  par  conlcien- 
ce,  &  pour  votre  falut  ,  difoic  Ferger  i  Luther^  que  vous  avez  innové 
dans  la  Foi  dans  laquelle  vous  êtes  né ,  &  vous  avez  été  élevé  pendant 
trente-cinq  ans  ,  il  vous  fufiifoit  de  garder  vos  connoifTances  pour  vous- 
même.  Si  c'eft  la  charité  du  prochain  qui  vous  y  poufloit ,  pourquoi  trou- 
bler tout  rUnivers  pour  une  chofe  qui  n  etoit  point  nécefTaire  ,  &  fans  la- 


tppliquer  en  convoquant 
Mantoue ,  où  fe  trouveront  tous  les  Savans  de  TEurope  pour  faire  paroitr^ 
la  vérité  dans  tout  fon  jour ,  à  la  confufîon  des  efprits  inquiets.  Et  bien 
qu'il  faille  mettre  fa  principale  efpérance  en  la  bonté  divine ,  cependant  en 
y  ajoutant  les  moyens  humains ,  il  dit  à  Luther ,  qu*ii  étoit  en  fon  pouvoir 
de  faciliter  le  fuccès  du  remède,  s'il  vouloir  fe  trouver  au  Concile,  8c  y 
traiter  avec  charité  *,  &  que  par-  là  il  obligeroit  le  Pape ,  qui  étoit  un  Prince 
très-généreux  &  favoit  reconnoitre  les  perfonnes  de  mérite.  Là-deiTus  il 
lui  rapporta  l'exemple  à'Enéc  Sylvius ,  qui  avec  toute  fa  peine  &  fk  fervi- 
tude  ne  put  jamais  parvenir  qu'à  un  Canonicat  de  Trente ,  tant  qu'il  fuivit 
fes  propres  opinions  s  au-  lieu  qu'en  y  ayant  renoncé  il  devint  Evêque  , 
Cardinal ,  &  Pape  ifous  le  nom  de  Pie  IL  II  lui  rappella  auili  l'exemple  <le 
Btffarion  de  Nicée ,  qui  d'un  raiférable  Caloier  de  Trcbifonde  devint  on 
célèbre  Cardinal ,  &  acquit  tant  de  réputation ,  que  peu  s'en  fallut  qn'il 
ne  devînt  Pape. 

^7  La  réponfe  de  Luther  fut  violente  &  emportée ,  félon  fon  caraâère. 

/Flcury,L.Il  dit  au  Nonce  :  P  Qu'il  ne  fe  mettoit  nullement  en  peine  de  ce  qu'on 

1 3^.  N°  4.  penfoit  de  lui  à  la  Cour  de  Rome  s  qu'il  ne  craignoit  point  fa  haine  ,  &  ne 

Verger ,      f^  foucioit  point  de  fa  bienveillance  :  Qu'il  s  employoit  autant  qu'il  pou« 

Ep.  II.  II.      j^  ^^  fcrvice  de  Dieu,  fans  que  fon  fuccès  l'empêchât  de  fc  regarder 

€omme  un  lerviteur  inutile  :  Qu  il  ne  voyoït  pas  comment  le  lervice  de 

Dieu  pouvoit  être  joint  à  celui  du  Pape ,  (inon  comme  les  ténèbres  le  font 

à  la  lumière  :  Que  rien  ne  lui  avoir  été  plus  utile  dans  fa  vie  que  la  rigueur 

de  Léon  ôc  la  dureté  de  Cajétan ,  ou'if  ne  falloir  pas  tant  leur  attribuer 

qu'à  la  Providence  divine  :  Que  n'etanr  pas  encore  bien  inftruir  dans  ces 

tems-14  de  toutes  les  Vérités  de  la  Foi  Chrétienne,  &que  n'ayant  encore 

découvert  que  les  abus  des  Indulgences ,  il  avoir  été  difpofé  à  refter  dans  le 


67,  La  réponfe  de  Lmher  fut  violente  & 
emportée  ,  félon  fon  caraSèreJ]  On  le  voit 
par  le  peu  qai  s'en  trouve  dans  les  lettres 
de  Verger  &  la  relation  de  Wlttemherg^  Se 
qui  fe  rapporte  en  partie  à  ce  qu*en  dit 
Fra-Paolo  ,  &  eft  d'ailleurs  entièrement 
du  caïaâère  de  Luther.  On  voit  au  lefte 


par  le  peu  qui  fê  lit  dans  cette  ierare^ 
que  Tentretien  du  Nonce  n*eft  p«s  aoli 
ronnanefque  que  le  vondroit  faire  crom 
Pallaviciny  puifoue  par  les  réponfes  ie 
Luther  il  eft  aifé  de  juger  que  les  dif- 
com^  de  Verger  n'ont  pu  être  fort  difiï- 
zens  de  ccez  que  M  prête  n«txe«iftori«i» 


DE    TRENTE,  LiYRE    I.  ij^ 

filcnce ,  fi  fcs  Advcrfaires  euireiu  voulu  taire  de  mcmc  ;  mais  que  les  Ecrits  ¥i>w«v. 
du  Maicre  du  Sacré  i^alais  ,  la  fuperchene  de  Cajétan  ,  &  la  rigueur  de  ^^^^'  ^^'* 
Uon ,  en  le  concraignaac  d  ecudicr  ,  lui  avoienc  fait  découvrir  divers  au-  ^^■""- 
très  abus  &  eneuis  Uu  i^oaaiicac  encore  moins  tolérahles  ,  qu'il  ne  pouvoir 
en  confcience  m  diiliaiulec ,  nisempccher  de  d  couvrir  :  Que  laveu  iu- 
g^nu  que  lui  a  voit  fait  le  iM  jnce  de  ne  poinc  entendre  la  Théologie ,  fe  vé« 
rifioic  aiTc^  par  les  raifons  qu  il  lui  avoïc  propofées  \  puifqje  fa  doârine  ne 
(e  pouvoir  appeller  nouvelle  que  par  ceux  qui  croyoient  que  Jefus-Cbrift , 
les  Apôtres ,  &  les  Saints  Pcics  avoicnt  vécu  comme  ViVoient  à  préf^nc  le 
Pape  »  les  Cardinaux  ,  &  les  Ëvèques  :  Qu  on  ne  pouvoir  tirer  contre  (à 
domine  aucune  conféquence  de  toutes  les  féditions  arrivées  en  Allemagne» 
fi  ce  n éroient  ceux  qui  faute  davoir  lu  TEcriture  Sainte ,  ne  favoicnc  pat 
Gue  l'effet  ordinaire  de  la  Parole  de  Dieu  &  de  l'Evangile  étoit  d  exciter 
oes  troubles  &  des  divifions  par-tout  où  elle  étoit  prcchée  ,  jufqu  a  féparcr 
les  enfans  de  leurs  pères  :  Que  fa  vercu  étoit  de  donner  la  vie  à  qui  Tecou* 
coic»  &  de  procurer  une  plus  grande  condamnation  à  qui  la  rejettoit.  Lu-- 
ihcr  ajouta  :  Que  c'étoit  là  le  défaut  le  plus  général  des  Romains ,  de  vou- 
loir gouverner  1  Eglife  par  des  vues  de  politique  ,  comme  fi  c  etoic  un 
Eue  temporel  :  Que  cctoit- là  cette  forte  Aq  fagcffc  que  S.  Paul  dit  4  qui    j^  j.. 
paflc  pour  folie  devant  Dieu  ;  comme  au  contraire  méprifer  toutes  ces  \^\    '* 
maximes  politiques  félon  lefquelles  Rome  gouvernoit ,  &  fe  confier  aux 
promedès  de  Dieu ,  &  lui  remettre  la  conduite  des  affaires  de  PEglife ,  paf- 
ibit  pour  folie  aux  yeux  des  hommes  y  mais  étoit  une  vémakle  fagejfe  aux 

âge  ( 

agir  ^  ,  ^  ^  ^  

sic ,  &  qu  on  n'y  prit  pour  règle  des  délibérarions  que  rEericure  Sainte  > 
ùm  mélange  d'intérêts  &  d'artifices  ,  &  fans  entreprendre  rien  fur  la  li- 
berté des  autres  :  Que  fi  on  en  agiffoit  ainfi  >  il  apporteroit  de  fon  côté 
toute  la  fiacécité  &  la  charité  Chrétienne ,  non  pour  obliger  le  Pape  ni 
aucun  autre  >  mais  pour  le  fervice  de  Jefus-Chrift ,  &  pour  procurer  la 
-  -.-  ;  Q^•on  ne  pouvoit  efpérer  d< 

!bic  pas  que  la  colère  de  Dieu 

'hypocriue  :  Qu  oti  ne  pouvoit 
£ur  rAffemblée  de  tant  de  Savans ,  parce  que  Dieu  étant  irrité  >  il  n  y  avoir 
point  d'Erreur  fi  abfurde  &:  fi  déraifonnable ,  que  Satan  ne  pût  faire  rece- 
voir ,  fur*tout  à  ces  Savans  qui  fe  croyoient/z^^ ,  '  &  dont  Dieu  vouloir  r  Cor.  L 
confondre  la  fageffe  :  Qu'on  ne  pouvoit  rien  recevoir  de  Rome  >  qui  fïic  17- 
compatible  avec  le  miniflère  de  l'Evangile  :  Que  lei  exemples  à'Enée  Syl^ 
vius  8c  de  Bejfarion  ne  faiibient  nulle  impreflion  fur  lui  »  parce  qu'il  ne 
faifoit  aucun  cas  de  ces  grandeurs  ténébreufes  v  .&  que  Vii  vouloir  fe  glo^ 
rifier  lui-même,  il  le  pouvoit  en  difant  férieufemenr  &  avec  vérité,  ce 
q\xErdfme  avoit  dit  de  lui  en  railUnt  ^  ^ue  Luibtr  »  tout  pauvre  &  cour 
pbfcur  qu'il  fut  ^  ^sw  (Uvichi  â;  «levé  biiea  des  pei:^uiAei  :  Que.ûns  ailes 

S  a 


140        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxxT.  plus  loin ,  le  Nonce  favoic  bien  qu'au  mois  de  Mai  dernier  il  avoic  beaa« 
Paul  111.  ^^p  contribué  à  faire  élever  l'Evêque  de  Rochefter  au  Cardinalat  ;  que 
*■"— ^  Schombcrg  lui  devoir  à  lui  feul  fa  nomination  î  &  que  fi  le  premier  avoic 
perdu  la  vie  auffi-iôt ,  c'étoit  un  effet  de  la  providence  de  Dieu,  f^crger 
ne  put  jamais  engager  Luther  à  rien  relâcher  de  fa  fermeté  ;  &  celui-ci  di- 
foii  au  contraire  ,  qu'il  étoit  auffi  cerrain  de  fa  dodrine  que  s'il  rcût  vue 
de  fes  yeux  s  &  que  le  Nonce  &  le  Pape  même  embrafleroient  plutôt  ùl 
Foi ,  qu'il  ne  l'abandonneroit.' 

Le  Nonce ,  félon  la  commiflion  que  le  Pape  lui  en  avoir  donnée ,  fonda 
auflî  les  autres  Miniftres  de  Virtemberg  &  ceux  des  autres  lieux  où  il  paflà) 
mais  par-tout  il  ne  trouva  que  de  l'opiniâtreré  dans  ceux  qui  étoient  de 

3uelque  confidération  :  &  ceux  qui  vouloient  bien  fe  rendre  avoient  fi  pea 
e  mérite  ,  &  portoient  fi  haut  leurs  prétentions ,  qu'il  ne  crut  pas  devoir 
les  acheter  fi  chèrement* 

^^  Cependant  les  Proteftans  aflfèmblés  à  Smalcalde  au  nombre  de 
quinze  Princes  avec  les  Députés  de  trente  Villes ,  répondirent  aux  propo- 
I  Sleid.L5^.  étions  du  Nonce  :  »  Qu'ils  avoient  marqué  dans  plufieurs  Dières  leurs 
p*  144-  intentions  au  fujetdu  Concile:  Qu'en  dernier  lieu  ils  avoient  déclaré  il 
N^  «4.  yavoit  deux  ans  au  Nonce  de  Clément  y  &à  l'Ambailadeur  de  l'Empe- 
Pallav.L.5.reur ,  qu^ils  défiroient  toujours  un  Concile  légitime  ^  ainfi  que  faifoienc 


que  le  Pape  faifeit  de  le  tenir  à  Mantoue ,  ils  ne  pouvoient  l'agréer 

qu'ils  efpéroieift  que  l'Empereur ,  conformément  aux  Décrets  de  ces  Diè  - 

tes  j  leur  tiendroit  les  promefies  qu'il  leur  avoir  fi  fouvent  &ites  de  le  faire 

tenir  en  Allemagne  ,  ou  ils  ne  voyoient  pas  quel  danger  il  pouvoir  7  avoir» 

puifque  tous  les  Princes  &  les  Villes  obéifioient  à  l'Empereur  ,  &  que 

tout  y  étoit  fi  bien  réglé ,  que  les  Etrangers  y  étoient  reçus  &  traités  avec 

route  forte  d'humanité  :  Que  pour  la  fureté  que  le  Pape  promettoit  à  ceux 

qui  iroient  au  Concile  ,  ils  ne  (avoient  quelle  confiance  y  prendre  après 

ce  qui  étoit  arrivé  par  le  patTé  :  Que  la  République  Chrétienne  avoir  beloin 

d'un  Concile  libre  &  pieux ,  &  qu'ils  en  avoient  appelle  à  un  qui  fut  tel  : 

Que  de  dire  qu'il  n'étoit  point  nécefiaire  avant  toutes  chofes  de  trairer  de 

la  manière  &  de  la  forme  dont  on  y  procéderoit  ,  c'étoit  faire  entendre 

qu'il  n'y  auroit  point  de  liberté ,  &  que  tout  s'y  pafièroit  à  la  difcrétîon  du 

Pape,  qui  ayant  déjà  condamné  pliweurs  fois  leur  doftrine,  préjudiciel 

roir  à  la  liberté  du  Concile ,  s'il  y  étoit  une  fois  le  Juge  :  Que  le  Concile 

n'étoit  pas  le  Tribunal  du  Pape  feul ,  ou  des  feuls  Prêtres ,  mais  de  tous 

les  Ordres  de  l'Eglife  ,  fans  en  exclure  même  les  Laïques  t  Que  c'eft  tme 

opinion  injufte  &  tyrannique ,  que  de  vouloir  mettre  la  puifiance  du  Pape 

au-delTus  de  l'aurorité  de  toute  l'Eglife  :  Qu'enfin  le  Pape  étant  Patrie ,  & 

^S.  Cependant  tes  Protefians  affemhUs    tîons  du  Nonce,  &c.]  Cette  réponfè  foc 
i  Smalcalde  •'^^répandireni  aux  pr^ofi^    donnée  le  fti  4e  Décembre  x/5f« 


DE    TRENTE,  Livre   I.  141 

défendant  même  l'opinion  des  Gens  par  des  Edics  cruels  9  la  Juftice  vou-  mdxxxvx* 
knc  que  ce  fut  aux  Princes  i  déterminer  la  manière  &  la  forme  donc  on  ^^^^'  ^^• 
devoir  procéder  dans  cette  Aflèmblée.  - 

Lbs  Rois  de  France  ^  &  d'Angleterre  avoient  envoyé  au(G  leurs  Am-  t  Pallav. 
baflàdeurs  à  l'Adèmblée  de  Smalcalde.  Celui  de  France ,  qui  après  la  mort  ^j'\^- 
<k  François  S  farce  Duc  de  Milan  fongeoit  à  porter  la  guerre  en  Italie ,  fit  ^  J     ^^* 
prier  l'Aflemblée  de  ne  point  accepter  le  lieu  du  Concile  que  de  concert  i^^/* 
avec  lui  -,  &  le  Roi  d'Angleterre  promit  de  fa  parc  qu'il  n'en  accepteroic 
point  fans  leur  participation.  Il  les  avertit  en  même-  tems  de  bien  prendre 

Sarde  que  l'on  ne  tînt  un  Concile ,  où  au-lieu  de  réformer  les  abus  on  éta- 
lic  de  plus  en  plus  l'autorité  du  Pape  >  &  il  les  pria  en  mème-tems  d'ap- 
pcouver  fon  divorce.  De  leur  côté  ils  lui  propoférenc  de  recevoir  la  Con« 
feffion  d'Ausbourg.  Mais  ils  ne  purent  convenir  de  ces  chofes ,  quoiqu'on 
eut  tenu  fur  cela  pluûeurs  Conférences. 

Au  commencement  de  Tan  mdxxxvi  >  Vtrgtr  retourna  à  Rome  pour  y 
fiûre  rapport  au  Pape  du  fuccès  de  fa  Légation  s  &  il  lui  déclara  en  fub- 
ftance  :  ▼  Que  les  Proteftans  ne  recevroient  jamais  le  Concile  ,  s'il  n'étoit  ^  ji^jj^  ^ 
libre  >  &  fi  on  ne  le  cenoit  dans  un  lieu  convenable  de  l'Empire ,  comme  10.  p.  léz. 
l'Empereur  le  leur  avoic  promis  :  &  qu'à  l'égard  de  Liuhtr  &  de  fes  com-  Pallay.L.5. 
pUces ,  il  n'v  avoir  rien  à  efpérer  de  leur  retour ,  &  qu'il  n'y  avoir  d'au-  ^  *^* 


la  vidoire  qu'il  avoir  remportée  en  Afrique  ,  éroir  pade  dans  ce  Royaume  ^^  ^• 
poar  en  régler  les  aSàires.  Sur  le  rapporr  de  Ftrgtr  >  ce  Prince  vinr  à  Ro- 
me >  r  où  il  ear  des  entreriens  tres-fecrets  avec  le  Pape  fur  les  affaires^  ^^Y**-  *<* 
d'Italie ,  &  fur  les  moyens  de  pacifier  l'Allemagne  ;  ce  qui ,  félon  le  Pape  î?ô  ^^^^' 
anpuyé  par  le  Nonce ,  ne  pouvoir  plus  fe  faire  que  par  la  voie  des  armes,  spond.  N^ 
L  Empereur ,  ^  qui  ne  voyoit  pas  que  le  tems  fût  fort  propre  à  en  rirer  5. 
aucun  avantage  j  &  qui  trouvoit  dans  les  affaires  d'Italie  un  embarras ,  donc  ^  Flcury , 
il  ne  pouvoir  fe  démêler  qu'en  cédant  le  Duché  de  Milan  ,  dont  il  avoit  ^"  ^37-  N"* 
céfolu  de  s'emparer  &qui  faifoit  le  principal  objer  de  toutes  fes  démar-  ^^'\     - 
ches ,  dit  pour  éloigner  la  prife  d'armes  contre  les  Proteftans ,  qu'il  éroit 
bien  plus  nécefTaire  alors  d'empêcher  que  Milan  ne  tombât  entre  les  mains 
des  François.  Mais  le  Pape  >  dont  tout  le  but  étoit  de  faire  céder  cet  Etat 
i  un  Italien  »  &  qui  propofoit  la  euerre  d'Allemagne  non  pas  rant  pour 
opprinver  les  Luthériens ,  comme  il  Te  difoic ,  que  pour  empêcher  TEmpe- 

6^*  Le  P^  ,  pour  récompenfer  U  Noacc  c.  19.  &  qu'il  fiic  envoyé  à  Naples  dès  le 

ii  fis  peines  ^  lui  donna  L'Evêchéde  Capo-  mois  de  Mais.  Mais  il  fe  peut  Étire  quil 

£Ifiria  fa  patrie  ^  &  V envoya  à  Naples  ,  étoit  déjà  deftiné  pour  cetEvèché  avant  fon 

&c.]  Cet  Evêché  ne  lui  fut  donné  que  plus  envoi  à  Naples  ,   &  ce  (eroit  alTez  pour 

d'un  mois  après  le  voyage  de  Naples,  puif-  juftifier  notre  Hiftorien.  Le  Continuateur 

qu'il  ne  fut  préconiffi  dans  le  Confiftoire  de  M.  Fleury  a  fuivi  la  méprife  de  Fra- 

que  le  /  de  Mai ,  félon  Pallavicin  L.  }»  Paolo. 


J41        HISTOIREDU    CONCILE 

MDxzxvx.  reur  de  s'emparer  de  Milan ,  ce  qui  écoic  Ton  bue  principal  quoique  fecret  % 
Paul  m.  repliquoic,  qu'en  fe  joignant  avec  les  Vénitiens  il  pourroit ,  Ibit  par  les 
armes  ou  la  négociation ,  faire  défifter  la  France  de  les  entrcpci£e&^  quaad. 
bien  même  Charles  ne  s'en  mêleroit  point. 

Ce  Prince ,  qui  pénétroit  les  fecrètes  intentions  du  Pape ,  feignit  par  iioo' 
didîmularion  réciproque  d  être  perfuadé  de  (es  raifons ,  ôc  d'êtie  porté  i  U 
«Raya,  guerre  d'Allemagne*)  mais  il  die  '  que  pour  n avoir  pas  tout  le  monde 
^"^  ^-         lur  les  bras ,  il  italloir  pour  juftiâer  fes  démarches  commencer  pac  convo- 
quer le  Concile ,  afin  de  faire  voir  qu'on  n'avoir  pris  les  acmes ,  qu'après 
avoir  tenté  tous  les  autres  moyens.  Le  Pape  n'étoit  pas   fâché  qu'ayant 


^  Flcury^,  en  feu ,  7©  il  auroit  un  prétexte 

j  j  ^  37-  N    ^^ç  £^^^  ombre  de  le  protéger  &  de  le  défendre.  Ainfi  il  parut  confentir  i> 
cette  convocation ,  pourvu  que  ce  fur  à  des  conditions  qui  ne  dérogeaflènc 
ni  à  Tautorité  ni  i  la  réputation  du  Saint  Siège.  L'Empereur  £er  de  iâ 
viéloire  d'Afrique ,  &  plein  de  vaftes  dedeins ,  cbmptoit  de  terminer  ea 
deux  ans  au  plus  la  guerre  de  Lombardie ,  &  qu'après  avoir  chaflë  les 
François  de-deçà  les  monts ,  rien  ne  l'empêcherait  plus  de  pourvoir  aux 
af&ires  d'Allemagne.  Il  prétendoit  auffi  fe  fervir  du  Concile  à  deux  fins. 
Premièrement,  i  tenir  Paul  en  bride  pendant  la  guerre  d'Italie,  s'il  lut 
prenoit  envie  félon  la  coutume  des  Papes  de  fe  joindre  avec  la  France  »  en 
cas  qu'elle  eut  du  dedbus ,  pour  contrebalancer  la  puiffance  du  vainqueur. 
Secondement ,  à  réduire  l'Allemagne  à  fon  obéiflànce  9  qui  eft  ce  à  quoi 
il  tendoit  principalement  ;  car  il  ne  comptoit  que  pour  une  chofe  accioen** 
telle  d'y  maintenir  l'autorité  du  Pape.  Il  agréoit  (on  la  ville  de  Mantoue  s 
&  à  l'égard  des  autres  conditions  il  s'en  mettoit  peu  en  peine  ,  parce  qu'il 
favoit  bien  que  quand  le  Concile  feroit  afTemblé  ,   il  feroit  maître  d'jr 
changer  ce  qui  ne  lui  plairoit  pas.  Ainfi ,  pourvu  que  l'on  ademblât  le 
Concile ,  il  parut ,  qu'à  quelque  condition  que  ce  fut  >  il  en  étoit  content  ^ 
&  il  fit  efpérer  de  le  faire  agréer  lînon  à,  toute  l'Allemagne ,  du  moins  à  U 
plus  grande  partie  :  &  la  refolution  en  fur  prife  par  le  Pape ,  du  confente- 
ment  de  tous  les  Cardinaux. 

70.  //  aiiroit  un  prétexte  honnête  d'envi'  fte  plus  politique  a  Paul  III  dans  cette 
ronner  d* armes  le  Concile^  &c.]  Pallaviciny  convocation ,  ce  feroit  de  croire  qu'il  n'ao- 
!•  5.  c.  19.  a  raifon  de  relever  cette  ré-  roit  paru  fi  promt  à  convoquer  le  Concile 
flexion,  comme  peu  folide  &  trop  ma-  pour  plaire  à  i'Eftipereur,  que  parce  que 
ligne,  puifque  les  Armées  qui  fe  trouve-  le  voyant  embarqué  dans  une  nouvelle  guer- 
roient en  Italie  ne  pouvoient  être  à  la  dif-  re  avec  la  France ,  il  ptévofoir  bien  qu'il 
pofition  du  Pape ,  &  qu'il  avoit  moins  à  feroit  impofiîble  de  tenir  cette  Aflèmbtée  » 
efpérer  de  s'en  fervir  poor  fe  rendre  mai-  Se  qu'on  ne  pourroit  loi  en  imputer  la  £iote« 
tre  du  Concile,  qua  craindre  que  l'Empc-  Cette  penfée  a  quelque  chofe  de  plus  n** 
reur  ou  le  Roi  de  France  n'en  fiffent  ufà-  turel  que  celle  de  Fra-Paolo  ;  qui  a  pour- 
ge  pour  rendre  le  Concile  dépendant  d'eux-  tant  été  adoptée  par  le  Continoaseor  da 
mêmes.  Si  l'on  pouvoit  prccer  une  pcn-  M.  Fleury» 


DE    T  R  E  N  T  E ,  L  I  V  R  E    I.  143 

7>  En  conféquence  Charles  «  parut  dans  le  Confiftoire  du  iS  d'Arudo 
mur  y  remercier  le  Pape  &  le  Sacré  Collège  de  la  promce  réfolucion  qu  ils 
«voient  prife  de  convoquer  le  Concile  Général ,  &  les  pria  en  même  cems 
id'en  faire  expédier  la  Bulle  avant  fon  départ ,  aân  qu'il  pût  après  cela 
prendre  fes  mefures  pour  le  refte.  La  chofe  pourtant  ne  fe  put  faire  &  prom- 
isement ,  parce  qu'il  étoit  néceffaire  de  melurer  avec  foin  les  paroles  qull 
fâlioit  employer ,  pour  faire  efpérer  toute  la  libené  qu'on  pourroit  lou- 
liaiter,  fans  préjuaicier  cependant  â  l'autorité  du  Pape.  7^  Lacommiflion 
«i  fut  donnée  ^  i  &l  Cardinaux  &  i  trois  Evcques  ;  ^3  de  la  Bulle  enfin 
en  (ai  expédiée  le  1 1  de  Juin ,  publiée  dans  le  Con(iftotre ,  74  &  foufcrite 
par  tous  les  Cardinaux. 

LV.  Elle  portoit  en  fubftance  :  ^  Que  le  Pape  dès  le  commencement 
de  fon  Pontificat  n'avoit  rien  eu  plus  â  cœur  que  de  purger  l'Eglifb  que 
Dieu  avoir  comroife  à  fes  foins ,  des  Erreurs  %  des  Héréfies ,  &  d'y  reta- 
Uir  1  ancienne  Difcipltne  :  Que  n'ayant  point  trouvé  pour  cela  de  meilletir 
aoyen  que  celui  dont  on  s'étoit  toujours  (èrvi  en  pareilles  occafiotis ,  c'eft- 
«Â-dire  le  Concile  Général ,  il  en  avoir  écrit  plufieurs  fois  â  l'Empereur  Se 
aux  autres  Rois ,  dans  l'efpérance  non-feulement  de  parvenir  â  ces  fins  , 
«nais  encore  de  rétablir  la  paix  entre  les  Princes  Chrétiens ,  poirr  les  mettre 
'en  état  en  faifant  la  guerre  aux  Infidèles ,  de  délivrer  les  Chrétiens  de  h 
ifervitude  cruelle  où  ils  étoient  réduits  ,  &  d'amener  les  Infidèles  eux-mê- 
mes à  la  Foi  :  Qu'à  cet  effet ,  en  vertu  de  la  plénitude  de  puilfance  que 
Dku  lâi  avoit  donnée ,  du  confentement  de  fes  frères  les  Cardinaux,  "75  il 


MDXXXVI, 

Paul  III. 

c  Slcid.  L. 
10.  p.  i^i. 
Pallav.L.5. 
c.  19, 
Rayn.N°;. 
Spond.  N° 

5- 
Flcury,  L. 

Âf  Rayn. 

4. 
F  nul  eott' 

voqucê  U 

Céneilè  À 

Spond,  N^ 

Sleld.  L. 
10.  p.  16%. 


N° 


71.  En  conféquence  Charles  parut  dans 
U  Confifioire  du  28  d'Avril,]  Notre  Auteur 
4e  -tiompe  dans  ta  daie.  Car  idès  le  i  S  d'A- 
•fpl  ce  Prince  écoic  pani  de  Rome.  Ce  &t 
-J^ns  le  CoaÛloire  du  1 7 ,  où  TEmperear 
.afilfau,  ^ail  tnve^iva  fi  fonement  contre 
Jrwnç(HS  /.  comme  le  marqnear  bu  bien 
itsynaldus  8c  Pallavicin.  • 

7t*  La  cammiffhn  en  fat  donnée  â  fix 
Cardinaux  &  à  trois  Evêques.  ]  C  eft  en- 
■C<Mre  ici  tine  inéprife  de  notre  Hiftorien  , 
Se  qui  a  été  copiée  par  Raynaldu4  &  M. 
JDiupin,  Car  il  y  avoit  7  Cardinaux ,  favoir 
Pieohmini ,  Campège  ,  Ghinucci  ,  Simo- 
éièfe,  Cùntarini,  Céfis^  &  Céfarini,  aux- 

Soels  furent  joints  Aléandre  Archevè>]ue 
e  Blindes,  &  Verger ,i\\ii  n*étoic  pas  en- 
core Evèque.  Pallav.  L.  %,c,%<)* 

7^.  Et  la  Bulle  enfin  en  fat  expédiée  U 
12  de  Juin.  ]  Non  le  1 1  ^  mais  le  i ,  com- 
me on  le  voit  par  le  témoignage  des  Au- 
teurs du  tems ,  &  par  les  AdesConfîftoriaax 
cités  par  Raynaldus  y  qoi  dit  qoe  le  Pape 


déclara  Tindiélion  du  Concile  dans  le  Con* 
fldoire  du  fécond  de  Juin ,  &  que  la  Bulle 
en  fiit  publiée  dans  celui  du  4 ,  dont  elle 
.porte  la  date.  Roma  foria  6  z  ^  Jmùi  SS» 
D.  N.  —  indixu  Oecumcmcum  fut  Uni- 
verfalc  &  Générale  Concilitim  m  ciVitatc 
Mantua  mehoandum  die  Z3  nunfis  Mail 
unxxxvzz.  Decrttum  in  fenaiu  editum  hi- 
duà  poft  inter  facra  fûUmrù  pompa  promuU 
gatum  eft.  Je  ne  (ai  pourquoi  Pallavicm  die 
que  riadiâion  s*en  fit  dans  le  Contiiloiie  du 
19  de  Mai,  &  que  la  Bulle  en  fîit  publiée 
le  fécond  de  Juin. 

7  4*  Et  foufcrite  par  4ous  Us  Cardinaux^ 
&c.  ]  Non  par  tons ,  mars  feulement  par 
2,  f  ,  dont  on  voit  ia  i^acure  dans  Ray^ 
naldusm 

^^»  Il  convôquoit  pour  le  zy  de  Mai  de 
Vannée  fu'tvante  mdxxxvii.]  C*eft  encore 
ici  une  négligence ,  qui  a  été  copiée  par  M* 
Dupin.  L*indiclion  s*en  fit  non  pooi  le 
17  de  Mai ,  mais  pour  le  2  3 . 


144        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDzxxTi.  oonv3quoic  pour  le  17  de  Mai  de  l'année  faivante  mdxxxvii  ,  an  Concile 
Paul  lli.  Général  de  toute  la  Chrétienté  à  Mantoue,  lieu  abondant  &  commode 
pour  la  célébration  d'un  Concile ,  &  conunandoic  fous  les  peines  portéei 
par  les  SS.  Canons ,  â  tous  les  Evêques  &  Prélats  de  quelque  lieu  que  ce 
rue ,  de  s'y  trouver  au  jour  marqué ,  comme  ils  y  étoient  obligés  en  verra 
du  ferment  qu'ils  lui  avoient  prêté  :  Qu'il  prioit  l'Empereur  ,  le  Roi  de 
France  >  &  tous  les  autres  Rois  &  Princes ,  pour  l'amour  de  Jefus-Chrift  , 
8c  pour  le  falut  de  la  Chrétienté  ,  de  s'y  trouver  en  peribnne ,  ou ,  s'ils  ne 
le  pouvoient  pas,d'y  envoyer  leurs  Amba({adeurs  »  comme  ils  l'avoient  (bu-' 
vent  promis  à  Cicnene  Se  à  lui-même  ;  &  d'oblieer  audi  les  Prélats  de  leurf 
Royaumes  d'y  venir  &  d'y  demeurer  jufqu'à  la  nn ,  pour  déterminer  ce  qui 
feroit  nécedaire  &  convenable  pour  la  réformation  de"  l'Eglifè ,  l'extirpa* 
tion  des  Héréties ,  &  l'entreprile  de  la  guerre  contre  les  Infidèles. 

7^  Le  Pape  publia  en  même-tems  une  autre  Btdie  ^  pour  purger  j  di« 
(bit-il ,  de  toutes  fortes  de  vices  &  d'abus  la  ville  de  Rome ,  Capitale  de 
toute  la  Chrétienté ,  77  &  la  Maître({e  de  la  Dodrine ,  des  Mœurs  &  de 
Slei(i.L.io.  la  Difcipline  ;  afin  qu'ayant  purifié  fa  propre  maifon,  il  pût  enfuite  ploi 
^am  ad  facilement  purifier  toutes  les  autres.  A  quoi  ne  pouvant  vaquer  entière- 
an  1540.  nient  Inifèul,  il  nommoit  pour  cela  les  Cardinaux  d*Ofiie^  de  S.  Severin^ 
N^  ^y.  Gkinucci;  &  Simoniu ,  ordonnant  i  tout  le  monde  fous  de  grièves  peinci 
Pallav.  L.  de  leur  obéir  abfolument.  Ces  Cardinaux ,  conjointement  avec  quelques 
^  ^  J*  Prélats  députés  par  le  Pape  ,  fe  mirent  aufll-tôt  à  travailler  à  la  réforma- 
non  de  la  Pèniunceric ,  de  la  Dateric ,  &  des  mœurs  de  la  Cour  ,  mail 
fans  que  rien  fut  mis  â  exécution.    78  Chacun  même  jugea  qu'à  l'égard 

de 


/Flcury , 
L.  157. 


j6*  Le  Pape  publia  en  mime  tems  une 
autre  Bulle,  pour  purger,  difoÎMl,  de  iou- 
tes  fortes  de  vices  &  d'abus  la  ville  de  Rome, 
&c]  Ceft  fur  l'aacorité  de  Sleidan  ,  que  no- 
tre HiAnrien  avance  ce  &it.  Mais  je  ne  vois 
point  que  ni  Onuphre  ni  les  autres  Hiflo- 
riens  en  fedènt  mention  fur  cette  année  : 
&  Raynaldus  ,  aufli-bien  qne  Pallavicin 
1.  4*  c.  f  •  ne  marquent  cette  réfomnation 
que  fur  Tan  i  f  40  ^  &  en  diftribuent  Tezé- 
cution  à  plnfieurs  autres  Cardinaux.  Ray- 
naldus  marque  pourtant  dès  Tan  1/34  les 
Cardinaux  d  0/?/>  ,  de  S.  Séverin  ,  &  Ghi- 
nucci,  comme  défignés  f>ar  Paul  III  pour 
la  réforme  de  la  Difcipline  Ecdéfiaftique. 
Le  Continuateur  de  M.  Fleury  rappone  le 
fait  comme  Fra-Paolo  ,  mais  c'eft  peut-être 
fur  fa  feule  autorité. 

77.  Et  la  Maitrejffe  de  la  DoShine  ,  des 
Mœurs  6»  de  la  Difcipline.]  C*eft  ainfi  que 
sexjîrime  Fra-Pa^lo,  Maejlra  délia  dot- 


trina,  di  cofluml,  &  délia  difciptma;  9c 
je  ne  fai  pourquoi  M.  jim$lot  traduit  ici 
la  fource  de  la  do&nne  ,  &c.  ce  au*'  ne 
fait  en  cet  endroit  aucun  fens  raiu>i.na- 
ble ,  au-lieu  que  Texprefllon  de  Fra^Pao^ 
h  eft  fon  jofte.  Le  Continuateur  de  M. 
Fleury  a  copié  ici  mal  à  propos  M.  jimelotm 
78.  Chacun  même  jugea  qu'à  l'égard  de 
la  convocation  du  Concile  on  ne  pou^oh 
la  faire  en  un  tems  moins  propre ,  &c.]  C*eft 
allez  vainement  que  Pallavicin  s'arrête  k 
prouver  que  tout  le  monde  étoit  fbn  con- 
tent de  la  convocation  du  Concile ,  &  le 
fouhaitoit.  Car  c'étoit  juftement  parce  qu'qa 
le  fouhaitoit ,  quon  trouvoit  que  le  tems 
n*croit  guères  propre  pour  le  tenir ,  puisque 
la  guerre  prête  à  éclater  en  Italie  ne  permet- 
toit  pas  d'efpérer  que  cette  convocation  p&t 
avoir  lieu ,  comme  le  fie  entendre  François 
L  à  TEvêque  de  Faê'nza  Nonce  en  Franct. 
/'tf/Ztfv.  L.4.C.4. 


DE    TRENTE, LiynE   I.  i4y 

delà  conrocation  du  Concile  on  ne  pouvoir  la  faire  en  un  rems  moins  pro-  mdxxxtic 
{nre  que  celui  >  où  TEmpereur  &  le  Roi  de  France  écoienc  en  guerre  ouverte  Pavl  lii.* 
en  Picardie ,  en  Provence ,  &  en  Piémont.  ■ 

Les  Proteftans  §  ayant  vu  la  Bulle ,  écrivirent  à  TEmpcrcur  :  Qu'ils  ne  Let  Vrouf- 
lâvoient  pas  quelle  étoit  la  forme  de  procéder  que  Ton  devoir  garder  dans  tum  refu- 
le  Concile  -,  6c  que  comme  ils  en  a  voient  toujours  demandé  un  qui  fùtfi^^^J  '^'- 
pieux ,  libre ,  &  aflcmblé  en  Allemagne  >  &  qu  on  le  leur  avoir  promis,  ils "''^'j  . ,   - 
efpéroient  qu'on  leur  tiendroit  la  parole  qu  on  leur  avoit  donnée,  Ôc  qu  on  iq,  p^  î^^^ 
iàcisferoit  à  leurs  demandes. 

Mais  au  commencement  de  Tan  mdicxxvii  ,  l'Empereur  leur  envoya 
Matthias  Hdt  fon  Vice-Chancelier ,  ^  pour  les  exhorter  à  accepter  le  Con-  h  Flcury  U 


appelle  au  Concile  ,  il  ne  convenoitpas  que  par  un  changement  fubit  ils  n.p.  U7. 
zerbfaflènt  de  s'y  trouver  avec  toutes  les  autres  Nations ,  qui  fondoient  fur  Rayn.  a4 
cette  Aflcmbléc  toute  l'efpérance  de  la  réformation  de  TEglife  :  Que  TEm-  ??•  '^  ^7- 
pereur  ne  doutoit  point  que  le  Pape  ne  fe  conduisît  d'une  manière  digne  spond.  N*. 
dn  Chef  de  tout  l'ordre  Eccléfiaftique ,  &  que  s'ils  avoient  quelques  plain-  J^  i^ 
ces  â  faire  contre  lui ,  ils  pourroient  les  propofer  modeftement  dans  le 
Concile  :  Que  quant  à  la  manière  &  à  la  forme  de  procéder  ,  il  n'étoit  pas 
ratibnnable  qu'ils  donnalTent  la  loi  i  toutes  les  Nations  :  Que  leurs  'Hiéo- 
logiens  n'étoient  pas  les  feuls  infpirés  de  Dieu ,  ni  les  feuls  qui  fuflènc 
inftruits  des  chofes  facrées ,  &  qu'il  y  en  avoit  ailleurs  qui  ne  manquoient 
ni  de  doârine  ni  de  fainteté  :  Que  pour  le  lieu,  quoiqu'ils  eudènt  demandé 
^a'on  le  choisît  en  Allemagne ,  ils  dévoient  bien  avoir  quelque  égard  à  la 
commodité  des  autres  Nations  :  Que  Mantoue  étant  proche  de  l'Allemagne» 
fertile,  faine,  &fu)ette  à  un  Feudataire  de  l'Empire,  le  Pape  n'y  avoir 
aucun  pouvoir  ;  &  que  s'ils  fouhaitoient  de  plus  grandes  aflTirances ,  l'Em* 
pereur  étoit  prêt  de  les  leur  donner.  Hdt  s'entretmt  auffi  féparément  avec 
rÈleâeur  de  Saxe ,  l'exhortant  d'envoyer  fes  Ambaffadeurs  au  Concile  » 
fans  apporter  de  prétextes  ni  d'excofes  >  qui  ne  pourroient  produire  que  des    - 
inconveniens. 

Les  Proteftans  firent  réponfe  à  l'article  qui  regardoit  le  Concile  :  ^  *  ^'cU.  U 
Qu'ayant  lu  les  lettres  du  Pape ,  ils  voyoient  que  fes  vues  étoient  fort  dif-  "'  P*  i5/* 
férentes  de  celles  de  l'Empereur.  Puis  ayant  rappelle  routes  les  négocia-  xc^^ 
tions  qui  s'éroienr  faites  avec  Adrien  ^  Clément ,  &  Paul  y  ils  conclurent  Flcury ,  L' 
qu'il  eroit  vifible  que  tous  ces  Papes  avoient  eu  un  même  but.  Ils  vinrent  ij 8.  N^  ^ 
cnfuitc  aux  raifons  pour  lefqudles  il  ne  convenoit  pas  que  ni  le  Pape ,  ni 
ceux  qui  lui  étoient  attachés  par  fcrmenr ,  fuflcnt  Juges  dans  le  Concile. 
A  l'égard  du  lieu  ils  dirent  :  Qu'outre  que  celui  qu'on  indiquoit  étoit  con- 
craire  à  ce  qui  avoit  été  arrêté  dans  les  Diètes  de  TEmpire ,  ils  ne  pourroient 
d'ailleurs  y  aller  fans  danger ,  quelque  (Tirçré  qu'on  leur  donnât;  parce  que 
le  Pape  ayant  des  adhérans  par.  cmce  Tlcalie  >  qui  étoient  ennemis  jurés 

ToM£  L  T 


14^         HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxxvii.  de  la  dodrine  des  Proteftans ,  ils  auroient  toujours  à  craindre  quelques 
Paul  III.  embûches ,  6c  quelques  pratiques  fecretes  \  outre  que  plufieurs  de  leurs 
'^"— ~"  Doûeurs  Se  de  leurs  Miniftrcs  devant  y  aller  en  perfonne ,  parce  que  les 
chofes  de  cette  importance  ne  pouvoient  fe  traiter  par  Procureurs ,  leurs 
Eglifes  refteroient  abandonnées.  Comment  d'ailleurs  >  difoienc-ils  ,  pour- 
roient-ils  s'en  rapporter  au  Jugement  du  Pape  ,  qui  n'avoit  d*autre  vue  que 
de  profcrire  leur  doûrine ,  qu'il  traitoit  d'Héréue,&  qu'il  ne  pouvoir  s'em- 
pêcher de  qualifier  ainfi  dans  toutes  Tes  Bulles  ,  &  tout  nouvellement  en- 
core dans  celle  de  l'indiâion  du  Concile  ,  &  dans  l'autre  où  il  avoir  feint 
de  vouloir  travailler  à  réformer  la  Cour  de  Rome ,  &  où  il  avoir  die  en 
propres  termes ,  qu'il  convoquoit  le  Concile  pour  extirper  l'Héréfie  Luthé- 
rienne *>  &  qui  joignant  Teftet  aux  paroles  ,  dccernoic  de  cruels  fupplices 
contre  de  malheureux  innocens ,  dont  tout  le  crime  étoic  de  fuivre  cette 
Religion  par  un  motif  de  confcience }  Et  comment  pourroient-ils  l'accufer 
lui  &c  Tes  adhérans ,  s'il  prétendoic  être  leur  Juge  }  Que  cependant  rece- 
voir Ton  Bref ,  ce  feroit  fe  foumettre  à  fon  Jugement  :  Qu'ils  avoienc  tou- 
jours demandé  un  Concile  libre  &  Chrétien ,  non  pas  tant  pour  que  chacuq 
y  put  parler  librement ,  &  qu'on  n'en  exclue  que  les  Turcs  &  les  Infidèles  p 
qu'afin  que  ceux  qui  étoient  liés  par  ferment  au  Pape ,  ou  par  quelque  aflb- 
ciation  particulière,  n'y  fulfent  pas  les  Juges,  &  que  les  controverfcs  n'y 
fuflent  décidées  que  par  la  Parole  de  Dieu  ,  qui  devoir  préfider  aux  Juge- 
Uiens  qui  s'y  rendroient  :  Qu'ils  favoient  fort  bien  qu'il  y  avoit  des  gens 
pieux  &  favansdans  les  autres  Nations  >  mais  qu'ils  n'étoient  pas  moins 
certains ,  que  (i  la  puilfance  démefurée  du  Pape  étoit  réprimée ,  non-feule- 

tenoient  cachés 
réforme  de 
'Eglife  :  Qu'ils  n'avoienr  rien  à  dire  contre  la  fituation  &  la  commodité  de 
Ta  ville  de  Mantoue  ;  mais  que  la  guerre  étant  en  Italie  ,  ils  ne  pouvoient 
y  vivre  fans  défiance  *,  ourre  que  le  frère  du  Duc  étoit  Cardinal ,  &  un  des 
principaux  de  la  Cour  de  Rome  :  Qu'il  y  avoit  plufieurs  villes  en  Alle- 
magne auHi  commodes  que  Mantoue,  &  où  régnoic  l'équité  &  la  juftice,  8c 
où  d'ailleurs  on  ne  connoiffoit  point  ces  moyens  fecrets  &  ces  complots 
clandeftins  pour  fe  défaire  des  gens  ,  qui  étoient  fi  fort  en  ufage  en  d'autres 
lieux  :  Que  dans  les  anciens  Conciles  on  avoit  toujours  recherché  princi- 
palement la  fiireté  du  lieu  ;  &  que  quand  bien  même  l'Empereur  feroit  OQ 
I)erfonne  au  Concile ,  ils  n'en  feroient  pas  plus  en  affûrance  ,  fâchant  que 
e  Pane  vouloit  bien  lui  laifier  prendre  part  aux  délibérations,  mais  qu'il 
fe  réiervoir  à  lui  feu!  le  pouvoir  de  déterminer  :  Qu'on  favoit  ce  qui  étoit 
arrive  à  l'Empereur  Sigl  mond  dans  le  Concile  de  Confiance ,  où  l'on  avoit, 
viole  fon  Sauf- con'iuit,  &:  où  il  avoit  été  forcé  de  foufftir  cet  affront  : 
Qu'ils  fupplioien;  donc  l'Empereur  de  vouloir  bien  avoir  quelque  égard 
pour  des  raifons  d  un  fi  grand  poids  ,  &  d'y  faire  les  réflexions  qu'elles 
/Pallav.  méritoient. 
L4.C1.       L'Ëv£s<iUS  d'Aqui  >  envoyé  pai  le  Pape  vers  les  Proteftans  ^  pour  les 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E    L  147 

inviter  au  Concile,  parut  aulîî  dans  la  même  Dièrc  ,    mais  fans  pouvou  «oR'Trrrt. 
rien  obtenir  ;  79  &  quelques-uns  même  des  Princes  refuferent  de  lui  don-  ^^^^  ^^^' 
ner  audience.  Et  pour  notifier  à  tout  le  monde  les  raifons  de  leur  conduite , .. 
ils  publièrent  un  Ecrit  imprimé  ,  *"  dans  lequel  ils  s'attachoient  principa-  ^o^' 
lement  â  repondre  à  lobjedtion  qu'on  leur  raifoir ,  qu'ils  ne  vouloii^nt  fe  Fleury ,  L. 
Ibumettrc  à  aucun  Juge  ,  qu'ils  méprifoient  les  autres  Nations ,  qu*ils  re-  i58.N°  15. 
jcttoicnt  le  fuprcme  Tribunal  de  TEelife  ,  qu'ils  renouvelloicnt  des  Hcré-    ''-  ^^^'^^• 
^cs  autrefois  condamnées  ,  qu'ils  tomentoient  les  difcordes   civiles,    &    '|^j^' 
qu'ils  ne  reprenoient  dans  les  mœurs  de  la  Cour  de  Rome  que  des  chofes 
légères  &  tolcrables.  Ils  alléguoient  les  raifons ,  pour  lefquelies  il  ne  con- 
Vcnoit  pas  que  le  Pape  feul  ou  avec  les  fiens  fiit  Juge  daris  le  Concile.  Ils 
irapportoient  les  exemples  de  plufîeurs  Conciles  récufés  par  plufîeurs  dés 
Saints  Pères.    Enfin  ils  appcUoient  tous  les  Princes  à  leur  defcnfe ,  s  of- 
frant en  quelque  tems  qu'on  voulût  aflcmbler  un  Concile  légitime  ,  d  y 
défendre  leur  caufe ,  &  d'y  rendre  compte  de  leurs  adtions.  Ils  envoyèrent 
^  auflî  un  Ambafladeur  en  France  pour  informer  des  mêmes  chofes  le  »  là.  Ibî<L 
Roi ,  qui  répondit  :  Qu'à  Téi^ard  du  Concile ,  il  étoic  d'avis  comme  cax  P*  *^^ 
de  n'en  point  approuver  que  de  légitime  ,  Se  qui  fe  tînt  dans  un  lieu  fur  ; 
^^  Se  que  le  Roi  d'Ecofle  fon  gendre  croit  fur  ce  point  dans  les  mêhies 
ibntimens. 

LVI.  Cependant  le  Duc  de  Mantoue  ,  *  pour  obliger  le  Pape ,  &    J^«  I>«^  de 
(ans  réfléchir  fur  les  fuites ,  avoir  accordé  fa  ville  pour  y  tenir  le  Concile  ,  ^^^^yf^ 
jugeant  d'ailleurs  félon  l'opinion  commune  ,  qu'attendu  la  guerre  de  l'Em-  ^g^f^^  *^ 
pereur  avec  la  France  ,  &  l'oppofition  de  l'Allemagne ,  ce  Concile  n'auroit  ConàU  À 
point  dz  lieu.  Mais  lorfqu'il  vit  le  Concile  indiqué ,  fongcant  aux  moyens  Msntouây 
d'aflurer  fa  ville ,  **  il  fit  repréfenter  au  Pape  :  Qu'un  fi  grand  nombre  de  ^^'^  des 

contliiieni 

j^.  Et  quelques-uns  mêmes  des  Princes  iii(bn  ^  1^  payât.  L'autre,  que  la  Jufli-  qne le  Pafg 

rifiuèrent  de  lui  donner  audience.]  Sleidau'  ce  &t  rendue  dans  Mancoue  par  Ces  pro-  rejette, 

.nomme   en  rparciculier  le  Landgrave  de  près  Officiers ,  &  non  par  ceux  du  Con-    o  Slzïâ,  L. 

.Heflê,  à  qui  le  Nonce  ayante  fait  un  jour  cile.    PalUvicin    prétend    au  contraire,  n.  p.  i8o. 

demander  audience ,  il  lui  fie  dire  qu'il  n'eiï  qu'il  rie  fut  queftion  que  de  la  garnifoiî  j  Rayn. 

avoir  pas  le  temsî  &  fortit  prefque  dans  &  ce  qui  me  poneroic  alTez  à  le  croire,  ^^    ^^' 

le  même  monient  pour  aller  rendre  vi/îte  c'eft  qu'il  neft  fait  mention  que  de"  ce  ^^^^^^•^.4. 

â  Luther  y  qui  logeoic  dans  un  endroit  que  feul  point,  non  feulement  dans  la  Bulle  de  î.^ 

lé  Nonce   pouvoir  voir  de  fon  logis  5  ce  la  prorogation  du  Concile ,  mais  encore     ^«J^ÎJo'o  * 

qui  étoit  ajouter,  pour  ainfi  dite  :  Tinfulte  dans  les  Brefs  de  Paul III kVEm^^rem  &  '  ^  '        ^' 

au  mépris.  à  Ferdinand ,  Se  dans  les  lettres  du  Car- 

S  o.  Et  que  le  Roi  d*EcoJfefon  gendre^&c]  dinal  Sadolet  rapportées  par  Raynaldus  far 

Cétoit /tfc^£/«  f^,  qui  avoit  époufé  AfWtf-  Tan   :f37.   Si    nous   en   croyons    même 

Uine  de  France  SlX^àt  François  L  Onuphre  ^   c'étoit    bien    moins    Tautorité 

t  .,11  fit  repréfenter  au  Pape  ,  quun  fi  du  Pape  quapfprchendoit  le  Duc  de  Man- 

grand  nombre  de  perfonnes  ayant  à  venir  toue',  que  celle  de  rEniperôur.  Sed  mox 

dans  Mantoue ^  il  y  falloit  une  grojfe^arni-  DUcis  ^  qui  Imperatorh  vires  timebat,  r'o- 

fon  ,  &c.]  Notre  Hiftbrien  rapporte   ici  ' gatu  locum  mutavit,  Ainfî  il  y  a  peu  d'ap- 

deùx     demandes    du    Duc    de    MàritoUe.  parence ,  que  la  jaloufie   de  Jurifdidlion 

L'une,  que  le  Pape  loi  fournît  une  gar-  entrC  le  Duc  &  le^Pape  ait- eu  aucune  pÉrt 

T  i 


14»  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDzxzTTi.  perfonnes  ayant  à  venir  dans  Mancoiie ,  il  y  falloit  une  grofle  garnîlon  i 
Paul  111.  q^»j|  ^^  {ouffiriroit  pas  dépendre  d'autre  perfonne  que  de  loi ,  &c  qu'il  ner 
^  pouvoit  cependant  entretenir  à  fes  dépens  ;  &  que  puifque  le  Pape  vouloic 

qu  on  y  aiiemblât  le  Concile  >  il  falloir  qu'il  lui  fournit  dequoi  payer  les 
troupes  qui  feroient  jugées  néceflaires.  Mais  le  Pape  répondit  :  Que  le  Con- 
cile n'étant  pas  une  AÎlemblée  de  eens  de  guerre  ni  de  perfonnes  armées, 
mais  d'Eccléfiaftiqucs  &  de  gens  de  Lettres  ,  il  fuffiroit ,  pour  contenir 
chacun  dans  le  devoir ,  d'un  Magiftrat  qu'il  nommcroit  pour  rendre  la  Jus- 
tice ,  &  d'une  petite  Garde  :  Qu'une  garnifbn  de  Soldats  feroit  fufpedte 
à  tous  ceux  du  Concile ,  &  malféante  dans  un  lieu  où  il  ne  devoit  y  avoir 
que  des  apparences  de  paix ,  &  où  tout  devoit  réellement  fé  paUër  en  paix  r 
Et  que  quand  même  il  faudroit  quelque  milice  pour  la  Garde ,  il  ne  feroit 
pas  raifonnable  qu  elle  dépendît  d'autre  que  du  Concile  même ,  c'eft-â-dire 
du  Pape ,  qui  en  étoit  le  Chef.  Le  Duc  »  qui  conddéroit  que  la  Juri»» 
diâion  entraîne  toujours  avec  foi  la  Souveraineté ,  répliqua  qu'il  ne  vou* 
loit  en  aucune  manière  que  la  Juftice  fût  rendue  dans  Mantoue  par  d*aa.- 
tres  que  par  fes  Officiers.  Le  Pape ,  homme  très-éclairé  »  &  à  qui  it  arri- 
voit  rarement  de  recevoir  une  réponfe  qu'il  n'eût  prévue ,  demeura  fort 
furpris  ,  &  repartit  à  l'Envoyé  du  Duc  :  Qu'il  n'eût  jamais  cru  qu'un  Pria- 
ce  Italien ,  comme  fon  Maître ,  dont  la  Maifon  avoit  reçu  tant  de  bien-^ 
faits  du  Saint  Siège ,  &  qui  avoit  un  frère  Cardinal ,  dût  lui  refu&r  une* 
chofe  telle  que  le  jugement  fuprème  des  Eccléûaftiques ,  que  jamais  perfôor- 
ne  ne  lui  avoit  contefté,  qui  lui  appartenoit  par  les  Loix  divines  &  Humai- 
nes» que  les  Luthériens  ne  lui  difputoient  pas,  &  que  le  Duc  lui-mêm^ 
ne  conteftoit  pas  à  fon  Evêque,  qui  iugeoit  à  Mantoue  les  Caufes  de  fes 
Prêtres  :  Que  dans  le  Concile  il  ne  devoit  intervenir  que  des  perfonnes^ 
£cclé(iaftiques ,  qui ,  comme  aufC  leurs  familles ,  font  exemres  dé  la  Ju- 
rifdidlion  Séculière  :  ^^  Que  la  chofe  étoit  û  cbire ,  qu'au  fentiment  àt 
tous  les  Dodeurs ,  les  Concubines  mêmes  dts  Prêtres  reflbrtiflbicnt  au  jir- 
gement  du  For  EccléHaftique  ;  &  comment  après  cela  fon  Maître  pouvoir- 
il  lui  refufèr  d^avoir  dans  Mantoue  utx  Magiftrat  qui  rendît  la  Juftice  aux 


cEiangement  de  IFea  pour  la  renne  Ja  plos  de  rapport  a  qacîqae  Tdrirdîdion  qne- 

Concile.  Cependant  dans  la  Bulle  d'indic-  le  Duc  vooloit  exercer  fur  les  membres  âm 

tîon  du  Concile  de  Trente  publiée  en  i  j  42* ,  Concile ,  &  qae  le  Pape  tntice  de  contraixe 

il  7  a  un  endroit  qui  (èmble  infinuer  quel-  à  la  liberté  Eccléfîaftique.  Le  Continuateur  dr 

que  chofe  de  pareil  àcequarance  ici  Fra-  M.  Fltury  s'eft  exprimé  fur  ce  fait  comme 

Paolû.  Dtntgata  fuit  nohis y  dit  Paul  III ,  notre  Uiftorien. 

Mantuana    civitas ,  nifi   aViquas  condl'         8i.  Que  la  chofe  étoît  fî  daire^  qu'où 

tiones  fuhïremus    ab    inftitutis  Majorum  fentiment  de  tous  les  DoSteurs ,  lis  Concu" 

nofhorum  &  conditione  temporum,  nofba-  bines  même  des  Prêtres  reffortijfoient  aujw^ 

fue  ac  hujus  5.  Sedis  ac  nominis  EccU-  gement  du  For  Eccléfiajiique.]  Ceft  appa- 

fiaflici  dignitate  Hbertateque  prorfus  oGe-  remment  une  raillerie  de  Fra-Paolà.  Cac 

nos  y  quas  in  aliis  nofiris  litteris  expreffimus»  félon  Pallavicin^  ce  n*efl  ni  la  pratique 

n  eft  difficile  d'expliquer  cela  de  la  de-  de  Rome  >. ni  U  maxime  des  Canomftes^. 
■aande  d'une  g^ifon  ^&  cela  a  infiniment 


cettt 
eonvoca^ 


DE    T  R  E  N  T  E ,  L  I  V  R  E    I.  149 

Eccléfiaftiqaes  pendant  la  durce  du  Concile?  Nonobftant  ces  raifons^,  le  MDxxrvm 
Duc  pcrlKta ,  tant  à  rcfufer  au  Pape  aucune  jurifdidtion  dans  Mantoue ,  ^^^^  ^^^•' 
qu  a  demander  qu'il  payât  la  earnifon.  Mais  Paul^  qui  trouva  ces  conditions  •—■■■—• 
trop  dures,  &,  comme  il  difoit ,  contraires  à  l'ancien  ufagc,  à  la  dignité 
du  Saint  Siège,  &  à  la  libet té  Eccléfiaftique ,  refufady  acquiefcer ,  &  quitta 
le  de(ïèin  de  tenir  le  Concile  a  Mantoue ,  fe  fouvenant  de  ce  qui  étoit  arri- 
vé* à  Jean  XXIII  pour  en  avoir  tenu  un  dans  un  endroit  où  il  n'étoit  pas 
le  plus  forf.  83  II  fe  réfolut  donc  de  fufpcndre  le  Concile ,  &  fit  publier  une 
Bulle  P  où  pour  s'cxcufer  il  difoit  en  fubftance  :  Que  quoiqu'il  eût  une  ex-    .  ^ 
trème  douleur  d*êtte  forcé  de  changer  le  lieu  du  Concile  •,  ce  qui  le  confo-  n©  j,/^ 
loit ,  c'eft  qu'on  en  devoit  imputer  la  faute  à  d'autres ,  &  non  pas  à  lui  : 
Et  que  comme  il  ne  pouvoir  pas  trouver  tout  d'un  coup  un  lieu  commode 
pour  cette  Aflemblée ,  il  fufpendoic  la  célébration  du  Concile  jufqu  au  pre- 
mier de  Novembre  de  la  même  année. 

D  A  N  s  ce  même  tems  le  Roi  d'Angleterre  ^  publia  un  Manifefte  en  fbn     te  K^r 
nom  &  en  celui  de  fa  Nobleffe ,  contre  la  convocation  du  Concile  faite  par  d^ Angleterre 
le  Pape,  où  il  difoit  :  Qu'elle  étoit  faite  par  une  perfonnequi  n'en  avoir /'^^^'f  *» 
pas  le  pouvoir,  dans  un  tems  que  la  guerre  étoit  allumée  en  Italie,  &  ^i^nifeftê 
clans  cm  lieu  mal  afluré  :  Que  quoiqu'il  délirât  un  Concile  Chrétien  ,  il  ^^^, 
ne  vouloit  ni  aller  ni  envoyer  ks  Ambaffàdeurs  à  un  qui  feroic  convoqué  tion 
par  le  Pape  r  Qu'il  n'avoir  rien  à  faire  avec  l'Evêque  de  Rome  y  ni  avec  q  Slcid.  I^ 
KS  Bulles  ,  plus  qu'avec  aucun  autre  Evêque  :  Qu'autrefois  les  Conciles  "•  P*  ^8®" 
8*a(IèmbIoienr  par  l'autorité  des  Rois,  &  que  cet  ufage  devoit  fe  renou-  W*^ 
veller  avec  d'autant  plus  de  raifon  ,   qu'il  étoit  queftion  de  s'y  plaindre  Spondl 
des  abus  de  la  Cour  Romaine  :  Que  ce  n*étoit  pas  une  chofe  rare  de  voir  N**  ij. 
les  Papes  manquer  à  leur  parole  :  Qu'il  avoir  a'autant  plus  d'intérêt  d'y  ^^^*  P-  ^*^ 
faire  attention ,  qu'ils  le  haiflbient  mortellement  pour  avoir  aboli  leur  au-  pj^*  P*  ^^S*" 
torité  en  Aneleterre ,  &  refufé  de  leur  faire  payer  le  Denier  de  S.  Pierre  :  j  ?%^^ 
Que  c'étoit  fe  moquer  du  public  ,^  que  de  rcjetter  la  faute  de  la  fufpenfion 
fiir  le  Duc  de  Mantoue ,  parce  qu'il  ne  vouloit  pas  recevoir  tant  de  monde 
dans  fa  ville  &ns  garnifon  ,  ic  que  de  proroger  le  Concile  jufqii'au  mois 
die  Novembre ,  fans  dire  où  on  Taflembleroit  ;  puifque  fans  doute  le  Paper 
Toodroit  choifir  l'endroit  oadàns  fes  propres  Etats ,  ou*  dans  ceux  de  quel- 
que Prince  de  fa  dépendance  :  Qu'ainfi  aucuTie  perfonne  de  bon  fens  ne* 
pouvant  efpércr  d'avoir  un  vrai  Concile  ^  il  valoir  mieux  que  chaque  Prin^^ 
ce  réformât  la  Religion  chez  foi  :  Que  cependant  y  fi  quelqu'un  trouvoic 
quelque  meilleur  expédienr ,  il  ne  le  rejetteroit  pasr 

En  Italie  même  on  n'étoit  pas  moins  difpofé  à  interpréter  en  niauvaifcr 
part  les  a&ions  dtt  Pape  >  &  on  y  difbit  librement  >  que  c'étois  à.  lui  qu'ils 

f  j.  Il  fi  réfilut  donc  de  fufpendre  le  mais  le  lo' d'Avril,  dont  elle  porte  ladatéf 

Concile  ,  &  fit  publier  une  Bulle ,  &c.]  dans  Raynaldus ,  oà  elle  fe  croave.   Lat 

Non  le  lo  de  Mai ,  comme  le  dit  Pallo'  méprife  de  Pallavicin  a  été  copiée  plu:  1^ 

L»  x^  Ct  4»  &  M*  Dvgin  afcès  Ivii^  Continimeui  de^  là^Flmry^  ^ 


lyo        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxxYn.  falloîc  fe  prendre  de  la  fufpenfion  du  Concile  ,  donc  il  rcjcttoic  la  faute  fur 

J?AUL  III.  Iq  J)^^  jç  Mancoue  ;  &c  que  cela  paroiflbic  alTcz  clairement ,  parce  qu  aprèr 

"""■—"—■"  avoir  publié  une  DuUe  pour  la  réformacion  de  fa  Cour  ,  &  avoir  charge 

quatre  Cardinaux  de  cette  affaire  qui  ne  dépendoit  que  de  lui ,  &  à  Texé- 

c^î:ion  de  laquelle  ni  le  Duc  ni  qui  que  ce  foit  n'eut  pu  soppofcr ,  il  n'ca 

écoit  plus  queftion  ,  &  que  depuis  trois  ans  qu  il  en  avoit  fait  la  propofî- 

cion  audi-tot  après  fon  exaltation  au  Pontihcat  >  laffaire  étoit  demeurée 

dans  loubli &  le  (ilcnce.  Pour  arrêter  tous  ces  mauvais  difcours ,  &  faire 

tomber  ces  reproches  &  le  mauvais  tour  qu'on  donnoit  à  toutes  fcs  aâions» 

le  Pape  réfolut  de  reprendre  de  nouveau  l'affaire  de  la  réformation  >  &  de 

fe  réformer  lui ,  les  Cardinaux  ,   &  toute  fa  Cour.  *4  Pour  cet  cflfct  il 

r  Sleid.  L.  choilit  quatre  Cardinaux ,  ^  &c  cinq  autres  Prélats ,  qu'il  eftimoic  tant , 

II.  p.  i8i.  qu'il  y  en  eut  quatre  qu'il  fit  Cardinaux  dans  la  fuite  ;  &  il  les  chargea  tous 

^^        les  neuf  de  recueillir  les  abus  qui  méritoicnt  d'être  réformés ,  &c  de  lui 

Paliav.  L4«  "^^^q^er  les  remèdes  les  plus  propres  à  ôter  aifément  ôc  promptcmcnt  le 

c.  j-.  mal  y  tout  dans  le  bon  ordre.   Ces  Prélats  exécutèrent  donc  les  ordres  du 

Flcury ,  L.  Pape  ,  &c  lui  remirent  leur  avis  par  écrit. 

i38.N°ir.      LVII.  Ils  marquoient  d'abord,  «  que  lafource  &  l'origine  de  tous  lesabus 
'f*\'     venoit  de  ce  que  les  Papes  prctoicnt  trop  aifément  l'oreille  aux  flatteurs, 
dfeffepmr     ^^  '^ur  facilité  à  déroger  aux  Loix ,  &  de  l'inobfervation  du  commandement 
tjHtl^ues      qu  avoit  fait  Jefus-Chrifl  de  ne  tirer  aucun  profit  des  fondions  fpirituelles. 
CsrdinMix,  Après  quoi  venant  au  détail ,  ils  notoient  xxiv  abus  dans  l'adminiftration 
mAtsqtUde-  j^^  chofes  Eccléfiaftiques  ,  &  quatre  dans  le  Gouvernement  particulier  de 
gxicmtion     ^^^^'  ^^^  Y  traitoicnt  de  l'Ordination  des  Clercs ,  de  la  collation  des  Bé- 
s  Faîcîc     néfîces  »  des  Pcnfîons  ,  des  Permutations ,  des  Regrès ,  des  Réfcrvations  , 
rer.  ezpet.    de  la  pluralité  des  Bénéfices ,  des  Commandes ,  de  la  Réfidence ,  des  £xem« 
T.i.p.  150.  tions ,  de  la  dépravation  des  Ordres  Réguliers ,  de  l'ignorance  des  Prédica- 
teurs &  des  Confefleurs,  de  la  liberté  d'imprimer  des  Livres  pernicieux, 
des  Ledures ,  &  de  la  tolérance  des  Apoftars  &  des  Ufuriers.  De- là  venant 
aux  Difpenfes  ,  ils  parloient  de  celles  de  marier  des  gens  dans  les  Ordres, 
de  la  facilité  de  difpenfer  dans  le  dégrés  défendus  ,  des  Difpenfes  données 
aux  Simonianues  >  de  la  facilité  d'accorder  des  Indulgences  &  des  Permi£- 
fions  de  confefler ,  des  difpenfes  des  Vœux ,  de  la  licence  de  léguer  des 
biens  aux  Eglifes  ,  de  la  commutation  des  Teftamens  ,  de  la  tolérance  des 
Courtifanes ,  de  la  négligence  dans  l'adminiflration  des  Hôpitaux  ,  &  d'au* 
très  chofes  de  ce  genre  y  dont  ils  faifoient  un  détail  en  expofant  la  nature 
des  ces  abus  ,  leur  origine  ,  les  mauvaifes  conféquences ,  &  les  moyens  d*y 
remédier  ,  &  de  porter  la  Cour  de  Rome  à  mener  une  vie  Chrétienne  :  Ou- 
vrage tout-à-fair  digne  d'être  lu,  &  qui  eut  mérité  d'être  inféré  ici  tout 
entier ,  s'il  eût  été  moins  étendu. 

84.  Pour  cet  effet  il  chotjit  4  Cardinaux  Salerne,   AUandre  Archetèqnc  de  Erin- 

S>  ;*.  autres  Prélats, 1^^^%  Cariinanx  furent  des,  Giberti  Evèqae  de  Vérone,  GrégoiPi 

•  Contarini^  Carafe,  SadoUt^  8c  Pool;  &  Corte^  Abbé  de  S.  George  de  Vertife,  9 

les  Prélats  furent  Frégofe  Archevêque  de  Badia  Maître  du  Sacre  Palais. 


DE    TRENTE,  Livre    h  lyi 

L  E  Pape  ayant  reçu  des  Prélacs  cet  écrit ,  le  fit  examiner  par  plufieurs  mdxxxvh. 
Cardinaux ,  &  le  propofa  enfuite  en  plein  Confiftoire  pour  en  délibérer.     ^^"^  ^^^• 
Nicolas  SckomhergCzvdinal  de  S.  Sixte ,  ^  qu'on  appelloit  auflî  le  Cardinal    „  ,, 
de  Capout  y  ne  un  long  dilcours  pour  montrer  que  le  cems  prefent  netou  ^.^  c 
pas  propre  pour  faire  une  telle  réforme.  Il  remarqua  d  abord ,  que  la  cor-  sicid.L.  ii. 
ruption  des  hommes  écoit  telle ,  que  fi  on  vouloit  arrêter  le  cours  d'un  mal ,  p.  1 8  j. 
on  en  feroit  naître  un  plus  grand  ;  &  qu'il  y  avoit  moins  d  mconvénient  à  ^^^ury^,  L. 
tolérer  un  défordre  connu,  &  que  la  coutume  rend  moins  remarquable  ,^38*^   3^' 
aue  d'en  introduire,  en  le  réformant ,  un  autre»  qui  par  fa  nouveauté  même 
leroit  plus  fenfible  &  par  conféquent  plus  expofé  à  la  cenfure.  Il  ajouta 
que  par-U  l'on  donneroit  lieu  aux  Luthériens  ae  fe  vanter  d'avoir  forcé  le 
Pape  à  cette  réforme  ;  il  infifta  beaucoup  à  faire  voir  que  ce  feroit  un 
pas  non-feulement  pour  retrancher  les  abus ,  mais  aufli  pour  abolir  les  bons 
ufages ,  &  pour  expofer  â  un  plus  grand  danger  toutes  les  chofes  de  la  Re- 
ligion }  parce  que  la  réformation  que  l'on  feroit  ,  étant  une  efpéce  d'aveu 
Gue  les  Luthériens  avoient  eu  raifon  de  reprendre  les  abus  aufquels  il  avoit 
fullu  remédier ,  ferviroit  à  fomenter  tout  le  refte  de  leur  dodtrine.  Jean^ 
Pierre  Carabe  Cardinal  Théatin  remontra  au  contraire  ,  que  la  réforme 
ctoic  néceftaire ,  &:  qu'on  ne  pouvoit  l'omettre  fans  oflfenfer  Dieu  :  Et  que 
c'étoit  une  régie  générale  de  la  Morale  Chrétienne ,  que  comme  il  ne  faut 
point  faire  un  mal  pour  procurer  un  bien ,  on  ne  devoir  pas  non  plus  omet- 
tre un  bien  d'obligation  ,  dans  la  crainte  qu'il  n'en  arrivât  un  mal.  Les  avis 
far  cela  furent  partagés ,  &  après  difiérentes  chofes  dites  de  part  &  d'autre 
il  fut  conclu  de  remettre  à  un  autre  tems  à  parler  de  cette  affaire  -,  &  le 
Pape  ordonna  de  tenir  fecrettes  les  remontrances  des  Prélats.  ^^    Mais 
Sckomberg  en  envoya  une  copie  en  Allemagne  ,  Se  quelques-uns  crurent 


Sf .  Maïs Schomberg  en  envoya  une co- 
pie  en  Allemagne ,  &  quelques-uns  crurent 
que  ce  néto'u  pas  à  Vinfu  du  Pape.]  Ceft 
ce  que  dit  Sleidan ,  qui  pouvoir  bien  être 
inftruic  de  ces  bruits.  Alii  putant  non 
nefcio  Pontifice  exiiffe  libellum ,  ut  fie  ipfius 
aiiquod  ftudium  appareret  emenJationis , 
&  ut  homines  inteUigerent  aliunde  tanquam 
îpfe  fuerit  daturus  graviora  ,  fiquidem  ali- 
quid  ejufmodi  putajfet  evulgandum»  Palla- 
vicin  dit  qu'un  tel  foupçon  n  eft  digne  que  de 
raillerie  &  de  mépris.  Mais  au  moins  cette 
raillerie  ne  devroit  regarder  que  ceux  qui 
formoient  un  tel  (bupçon ,  &  non  l'Hif- 
torien  qui  le  rappone,  quand  bien  même 
la  chofe  feroit  tout  à  faic  improbable.  Mais 
au  fond ,  je  ne  vois  pas  qv  elle  foie  fî  fort 
contraire  à  la  vraifemblance.  Car  quoiqu'il 
<bk  Yiai  que  Paul  dans  tootes  les  Inltruc* 


tions  données  aux  Nonces  eut  ordonne  de 
tenir  fecret  cet  Ecrit ,  comme  Fra-Paolo 
le  reconnoît  ;  eft-il  impoiïible  que  Schom" 
bergh  l'eut  envoyé  fecrettement,  en  croyant 
en  faire  honneur  à  ce  Pontife ,  fans  que 
celui-ci  lui  en  ait  fu  mauvais  gré ,  parce 
que  n'étant  point  publié  avec  autorité  on 
écoit  toujours  en  état  de  le  défavouer  ?  Le 
Cardinal  juge  plus  probable,  que  Schom* 
bergh  l'envoya  à  un  Catholique.  Cela  efl 
poflîble  y  mais  ce  n'eft  qu'une  (impie  pro- 
babilité :  &  d'ailleurs  Fra-Paolo  ne  dit  pas 
le  contraire ,  puifque  lorfqu  il  marque  qu'il 
fut  envoyé  en  Allemagne ,  il  ne  détermine 
pas  fi  ce  fut  à  un  Catholique ,  ou  à  un 
Proteflant  j  &  il  refte  bien  certain ,  que 
malgré  le  fecret  recommandé  ^  l'Ecrit  fut 
communiqué. 


lyi         HISTOIRE    DU    CONCILE 

uDxxTwji.  que  ce  n'écoit  pas  à  Tinfu  du  Pape ,  afin  que  I  on  vît  qu  a  Rome  on  avoît 
Paul  III.  quelque  vue  de  reforme,  Ôc  qu'on  penfoir  à  y  travailler,  Cerrc  copie  fut 
'^"— —^  aufli-toc  imprimée  6c  publiée  par  toute  l'Allemagne ,  &  on  y  publia  aufli 
en  Latin  &c  en  Allemand  quelques  Ecrits  qu'on  y  oppofa.  Cependant 
le  nombre  des  Proteftans  augraentoit  tous  les  jours  ,  6c  le  Roi  de  Dannc- 
marc  Se  quelques  Princes  de  la  Maifon  de  Brandebourg  entrèrent  dans  la 
même  Ligue. 

LVIII.  ^^  A  l'approche  du  mois  de  Novembre ,  ▼  le  Pape  publia  nnè 
Joc7n7nJu  nouvelle  Bulle  pour  convoquer  le  Concile  à  Vicenzc  s  6c  voyant  que  l'hiver 
ConciU  À  approchant  il  étoit  néceflaire  de  donner  un  plus  long  terme  ,  il  l'intima 
Vicensie^  &  pour  le  premier  de  Mai  de  Tannée  fuivante  mdxxxiiii  ,  &  y  deftina  pour 
fécond  Ma-  Légats  trois  Cardinaux ,  fa  voir  Laurent  Campègc  auparavant  Légat  de  Clé* 
H  VIU  ^^^^  ^^^  ^^  Allemagne ,  Jaques  Simonèu,  6c  Jérôme  AUandre ,  qu'il  avoît 
jcontTt  U  '  c^^és  Cardinaux. 

Concile.  L  A  nouvelle  Bulle  ayant  été  publiée ,  *  le  Roi  d'Angleterre  *7  fit  paroi- 

V  Slcid.  L.  tre  contre  cette  nouvelle  convocation  un  fécond  Manifefte  daté  du  8  d'Avril 
V-f'  '^^  MDxxx  vxii ,  qu'il  adrefla  à  l'Empereur ,  &  à  tous  les  Rois  &  Peuples  Chré- 
c.V*&  ^.^  tiens ,  dans  lequel  il  difoit  :  Qu'ayant  déjà  informé  le  monde  ces  raifons 
Rayn.  qu'il  avoit  eues  de  recufer  le  Concile  que  Paul  avoir  feint  de  vouloir  célé- 
N°  j4.  brer  à  Mantoue ,  6c  qu'enfuite  il  avoit  prorogé  fans  aflîgner  aucun  lieu  ^ 
Spoiîd.  ij  ne  lui  paroiflToit  pas  néceflaire  de  faire  de  nouvelles  proteftationsou  rc- 
^  ^^' ,  cufations,  toutes  les  fois  qu'il  prendroit  envie  au  Pape  de  faire  quelque 
an.  1538.    nouvelle  feinte  de  le  vouloir  célébrer  :  Que  comme  fon  premier  Ecrit  dé- 


, par  cette  Lettre  ,  qui 

Z'^^^^'        cufe  de  ce  quil  n  etoit  pas  plus  difpofé  à  aller  à  Vicenze  qu'à  Mantoue  » 
Rayn.  ad     quoiqu'il  n  y  eCit  perfonne  qui  denrât  plus  que  lui  un  Concile  Général  ^ 
2r\,  1  j  3^.    pourvu  qu'il  fût  liore  &  pieux ,  comme  il  l'avoir  marqué  dans  la  protefta^ 
^'^  >5«        tion  qu'il  avoit  faite  contre  la  tenue  du  Concile  a  Mantoue  :  Que  comme 
rien  n'ctoitplus  faint  qu'une  A(Icmblée  gcnéialcde  Chrétiens ,  rien  aufli  ne 
pouvoit  ctre  plus  préjudiciable  6c  plus  pernicieux  à  la  Religion  qu'un  Con- 
cile corrompupar  l'intérêt,  &  alTemblépour  confirmer  des  Erreurs  ;  Qu'un 
Concile  s'appelle  Général  ,  parce  que^tous  les  Chrétiens  y  peuvent  dite 
leurs  fcnrimcns,  6c  qu'on  ne  de  voit  pas  donner  ce  nom  à  une  Affëmbléc, 
où  l'on  ne  devoir  écouter  que  ceux  qui  fe  trouvoient  obligés  à  çenir  en  tout 
le  parti  du  Tape ,  6c  où  les  mcmes  pcrfonnes  étoient  accufateurs  &  cou- 
pables ,  Parties  6c  Juges  :  Qu'on  pouvoit  objeder  contre  Vicenzc  les  mêmes 

chofes  9 

66.  AT  approche  du  mo'is  de  Novembre  y  tre   cette  nouvelle  convocation  un  fecQfld 

U  PiJpe  publit:  une  nouvelle  Bulle  pour  con-  AfanifeJIe  daté  du  8  d^  Avril  mdxxxviii.J 

roquer  le  Concile  à  Vicenze,']  Cette  Bulle  C'eft  donc  une  faute  à  Raynaldus  d*avoi^ 

cft  du  8  d'Oddbre  1^37.  rapporte  ce  Maiiifefte  à  l'an  i/}5,i 


$j.  Le  Roi  d*  Angleterre  fit  parçifre  CQtiz 


4t.  Li 


DE    TRENTE,  Livre    I.  in 

cbofes  que  dans  fon  premier  Ecrie  il  avoir  objedces  concre  Mantoue.  Puis ,  MDrxxvm.  - 
après  avoir  rappelle  en  peu  de  mots  ce  qu  il  avoir  dir  fur  ce  point  dans  fon  ^^"^-  ^^^• 
premier  Ecrie  :  ii  Frédéric  Duc  de  Manroue ,  ajoutoit-il ,  n*a  pas  eu  la  com-  — — "■•—^ 
plaifance  pour  le  Pape  de  lui  accorder  fa  ville  aux  conditions  qu*il  le  fou- 
nairoir ,  quelle  raifon  aurions^-nous  d'avoir  celle  d'aller  où  il  lui  plaîr  ?  Si  le 
Bape  a  de  Dieu  le  pouvoir  d'appeller  les  Princes  où  il  veur ,  pourquoi  n  a* 
c*il  pas  celui  de  choidr  le  lieu  qui  lui  plaît ,  &  de  fe  faire  obéir }  Si  le  Duc 
de  Mantoue  peut  refufer  avec  raifon  Tendroit  que  le  Pape  a  choid  ,  pour-* 

Soi  les  Rois  &  les  autres  Princes  n'auroient-ils  pas  la  liberté  de  n'y  pas 
er  ?  Et  fi  tous  les  Princes  lui  refufoient  leur  ville ,  où  feroit  fa  puifTance  ? 
Que  feroit'il  arrivé  ,  s'ils  fe  fudènt  mis  en  chemin  »  &  qu  arrivés  à  Man- 
toue ,  le  Duc  leur  en  eut  refufé  l'entrée  ?  Ce  qui  eft  arrivé  de  Mantoue , 
peut  également  arriver  â  Vicenze. 

LIX.  Les  Légats  s'y  rendirent  y  au  tems  marqué ,  &  le  Pape  en  même  Entrevue 
tems  fe  rendir  à  Nice  en  Provence  »  pour  ctrc  à  l'entrevue  de  l'Empereur  ^«  P^f^ 
Se  du  Roi  de  France  qu'il  avoir  moyennée  ^.    Le  prétexte  public  étoit  ^^*^  ^^^ 
de  **  rétablir  la  paix  entre  ces  deux  Princes ,  mais  (a  fin  principale  étoit  yj^^^  ^ 
de  faire  tomber  le  Duché  de  Milan  dans  fa  Maifon.    Entre  ancres  chofes  France  k 
qui  fe  négocièrent  dans  cette  entrevue ,  le  Pape  tâcha  d'engager  l'un  &  ^ice. 
l'autre  d'envoyer  au  Concile  leurs  Arabafladeurs  &  les  Prélats  qui  étoient  >'Slcid,  L. 

I2(.  p.    l%6. 

iPallav.L, 
■  18.  Le  prétexte  public  était  de  rétablir    nons  a.Ture  bien  pofitivement  &  du  dehr  ^^  ^.^  ^^ 

la  paix  entre  ces  deux  Princes  ;  mais  fa  que  le  Pape  avoit  de  feire  paflèr  ce  Duché  Rayn.  ad 

fin  principale  étoit  de  faire  tomber  le  Du-  dans  fa  famille,  &  des  propolîcions  qu'il  an.  if  j8. 

ché  de  Milan  dans  fa  Maifon.]  Pallavi-  en  fit  faire  à  l'Empereur.  Cafarem^  dit-il,  N°  lo,  fc 

cïn  dit,  qu'il  ne  voudroit  pas  nier  que  le  à  bello  avcrtere  cupiebat ;  fed  arcani  ca«-fcqq. 

Pape  n'en  eftt  eu  quelque  de(iein,  mais  filii  alias  grav ivres  fubejffi  caufas  h omines  Svond. 

qail  ne  paroîc  pas  pat  les  Mémoires  du  putahant ,  qui  eum  Mediolanenfis  Imperii  ^^  f- 

ttmt  qu'il  en  ait  fait  aucune  piopofition.  dominatum  affeitare  dicebant ,  quùtn  r^on  Adnan.  u 

Je  ne  (kis  pas  ce  qu'entend  ce  Cardinal  obfcuri  nepotum  fuorum  alterum  infinuansy  ^'  F*  '^' 

par  \e%  Mémoires  du  tems  >  mais  ce  qu'il  id  prafenti  pecunia  comparare  poffe  fibï      i^Tri     ' 

y  a  de  vrai,  c'eft  qu'^^Jritf /si, Auteur  con-  perfuadebat  ab  egente  Cafare,  Ce  qu'il  ré-  ^^  ^'* 

^einporain  le  marque  bien  pofitivement.  pète  encore  en  un  autre  endroit  ^  où  il  dit; 

Kon  fitrovando  modo  di  convenir  di  pace^  Cœfari  autemfîbi  arma  in'  Germanîampa* 

4ii*il,  voUndo  il  Re  che  gUfoJfe  reftituito  ranti  quUm  pecunia  deejfet,  Pontifici  Âfe- 

in  qualche  modo  il  Ducato  di  Milano^  il  diolanenfem  Principatum  cupienti  per  am- 

^uale  diceva  appartenerfeli  di  ragione ,  6*  bages  obtulit ,  ut  grandi  pecunia  perfoluta 

V Imperadore  non  volendo  ufcire  di  cofe  ricco     O&avius  nepos  Jnfubrum  Augufta  auélo- 

6r  opportuno  ftato  aile  cofe  dltalia  ,  ne  con-     ritate  Dux  conftitueretur.  Sur  de   pareils 

tentandofi  di  darlo  à  un  S  ignore  lialiana,     garants   eft  ce  un  fi  grand  crime  à  Fra- 

che  à  ciafcuno  di  loro  pagajji  omaggio^  il     Paolo  d'avoir  avancé  un  tel  faiti  &  croit- 

quai  modo  era  trovato  dal  Papa  propûmn-  on  qu'un  argument  négatif^  tel  que  celai 

do  unfuo  Nipote  per  farlo  Duca  di  Mila-  que  lui  oppofe  Pallavicin  ,  &  qui  aihne 

no,fifiabUi  una  triegua  per  diecd  anni.     cft  convaincu  de    faux   par  la  dépoficion 

Onuphre ,  qui  ne  doit  pas  être   fufped ,     des  Hifloriens ,   futKfe    poux  anéantir  1q 

nous  apprend  la  même  chofe  ,  de  quoiqu'il     poids  de  ces  témoignages? 

iic  parle  pas  de  llencrevae  de  Nice  j  il 

Tome    I.  V 


iy4         HISTOIRE   DU  CONCILE 

tfDRzyiii.  à  leur  fuite ,  &  de  donner  ordre  à  ceux  qui  étoient  dans  leurs  Ecars  de  fe 
Paul  III.  mectre  en  chemin  pour  s'y  rendre.  Mais  ils  s  cxcufercnt  tous  deux ,  difanc 
'^"— —^  qu'il  falloir  auparavant  favoir  de  ces  Prélats  les  befoins  de  leurs  EgUfes  i 
éc  qu  a  regard  de  ceux  qui  étoient  avec  eux ,  il  feroit  difficile  de  leur  per« 
fuader  d  y  aller  feuls ,  fans  en  avoir  auparavant  conféré  avec  leurs  confrè- 
res. ^  9  Le  Pape  fe  contenta  fi  ailément  de  cette  raifon  ,   qu'il  laiflà  lieu 
de  douter  lequel  des  deux  il  aimoit  le  mieux,  ou  d'unconfentement,  ou 
d'un  refus.  Mais  voyant  qu'il  n  y  avoit  rien  à  efpérer  ,  ni  fur  ce  point,  ni 
fur  les  autres,  qu'il  avoit  négociés  dans  cette  entrevue,  il  partie;  &  de- 
retour  à  Gènes  ayant  reçu  des  lettres  de  Vicenze  ,  par  lefquelles  fes  Légats 
lui  mandoient  qu'ils  y  étoient  encore  feuls ,  &  qu'il  n'y  avoit  pas  un  icui 
Prélat  ;  cela  l'obligea  '^  de  les  rappeller ,  &  de  proroger  par  une  Bulle  du  18 
«Rayn-N^  de  Juillet  ^  le  terme  de  l'ouverture  du  Concile  juiqu'a  Pâques  de  l'année 
34.^35.    fuivame. 

^PJ""*-  >»  C  E  Pontife ,  qui  depuis  quane  ans  ufoit  prudemment  de  patience  & 

^'  de  diflimulation  avec  le  Roi  d'Angleterre ,  fulmina  contre  lui  cette  même 
h  Barnct ,  année  ^  une  Bulle  te  rible ,  &  dans  une  forme  inufitée  par  fes  prédéceflèurs. 
Pan.  I.  L  ^  q^j  j^»^  jamais  été  imitée  depuis  par  fe»  fucceflcurs.  Et  comme  cette 
Pafîav.^ll  fiiln^ii^ation  fut  l'effet  des  Manifeftes  que  Henry  avoit  publiés  contre  le 
4*  C.7.  Concile  convoqué  à  Mantoue  &  à  Vicenze,  il  convient  à  THiftoire  que 
Rayn,  N®  j'écris  d'en  faire  mention ,  d'autant  plus  que  ceci  fervira  à  l'intelligence  de 
4^*  plufieurs  chofes  qui  doivent  fuivre.  Se  qui  m'obligent  de  rapporter  ici  le 

^^^g"^J^-  dérail  de  cet  événement. 

HetniVlU.      ^^'  ^  ^  Prince  s'étant  fouftrait  à  l'obéifTance  de  l'Eglife  Romaine ,  & 
tfi  excom-  s'étant  fait  déclarer  en  mdxxxiv  Chef  de  l'Eglife  Anglicane  ,  comme  on 

mimiéfêr 

le  Pdfe.  *?•  -t«  ^^  fi  contenta  fi  aïfiment  de  de  Juin  ,  &  avoit  été  précédée  <i*une  autre 

cette  raifon ,  quil  latffa  lieu  de  douter  /e-  da  if .  d'Avril  ,  oà  le  Pape  remettoit  TcHi- 

quel  des  deux  il  aimoit  le  mieux  ,  ou  dun  verture  do  Concile  ,  (âus  en  déterminer  le 

confintemtnt ,  ou  d'un  refus»  ]  Ceci  edane  jour.  Rayn,  N^  34. 
calomnie  ,  à  entendre  Pallavicin,  Cepen-         $1.  Ce  Pontée  ,  qui  depuis  quatre  ans 

dant  il  convient  que  le  Pape  ne  rétifta  nul-  ufoit  prudemment  de  patience  &  de  dij^mu" 

lement  i  la  demande  de  la  prorogation.  E  tation  avec  le  Roi  d'Angleterre  ,  fiilminéL 

je  il  Pontefice  'non  fù  duro  alla  concorde  contre  lui  cette  mime  année  une  Bulle  ter* 

lor peti[ionefopra  l'indugio  del  convocarlo  y  rible  ,  &c.  ]  Je  ne  fais  à  qui  en  veut  le  Car- 

non  fapeva  il  Soave  ,  &c.  Ceft-à-dire  ,  dinal,  d*accufer  ici  Fra-Paolo  d*approavcf 

qu  au  fond  il  convient  do  fait ,  mais  qu'il  tous  les  excès  de  Henri  VIIL  II  n-y  a  pas 

croit  qu'il  y  a  trop  de  malignité  dans  la  an  mot  dans  tout  le  récit  de  notre  Hifto- 

léflexion  de  Fra  -  Paolo  &  dans  la  conff-  rien  qui  puiflè  Éstire  foupçonner  qu'il  ap- 

quence  qu'il  en  tire  ,  poifqoe  fi  le  Pape  prouvât  les  fureurs  de  ce  Prince.  Il  raconte 

céda  fi  aifcment ,  c'eft  parce  qu'il  étoit  amplement  le  &it  ;  &  les  réflexions  qo'il 

împofnble  de  ne  le  pas  ÉÎire.  ajoute  font  plus  propres  à  faire  honneoi  à 

90.  Ce  qui  l'obligea  —  de  proroger  par  la  prudence  de  Paul ,  qui  le  fît  difRrer  fi 

une  Bulle  du  28*  de  Juillet  le  terme  de  l'ou-  longtems  à  fulminer  cette  Bulle  y  dont  il 

verture  du  Concile  ^   Sec,  ]  Fra-Paolo  fe  prévoyoit  bien  qu'il  ne  devoit  attendre  zxp- 

trompe.  La  Bulle   n'efl  point  do  iS.  de  cun  fuccès  ,  qu'à  juftifier  le  Prince  contre 

luillet,  mais  elle  eft  datée  de  Gènes  du  iS»  qui  la  Cenfoif  étoit  portée* 


D  E    T  R  E  N  T  E,  Li  VRE    L  lyy 

Ta  rapporté  auparavant.,  Paul  aulfî-côc  après  fon  exalracion  fut  fortement  6c  mdzxxtiiu 
continucllcmeiit  follicitc  par  l'Empereur  ,  qui  ne  confultoit  en  cela  que  fes  ^^"^  ^^• 
propres  intérêts ,  de  fulmmer  les  Cenfures  contre  H^nri  -,  &  il  y  étoir  d'ail-  -^■— * 
leurs  encore  excité  par  fa  Cour  »  qui  croyoit  par  ce  moyen  ou  regagner 
l'Anglererre ,  ou  du  moins  la  mettre  toute  en  feu.  Mais  le  Pape,  qui  etoic 
très-expérimenté  d^ns  les  affaires ,  jugeoit  cette  démarche  peu  convenable» 
condderant  que  (ï  les  foudres  de  its  prédeceflèurs  n  avoienr  produit  aucua 
bon  tfict  dans  le  cems  quon  les  craignoit  &  qu'on  les  refpeâoit ,  on  de* 
voit  encore  moins  efpcrer  de  réullir  i  préfenc  que  tant  de  gens  avoient  pu- 
blié &  reçu  une  doélrine  qui  apprenoit  à  les  méprifer  \  6c  il  croyoit  qu'il 
^toit  plus  prudent  de  tenir  dans  le  fourreau  une  épée ,  qui  n'a  point  d'au- 
tre tranchant  que  l'opinion  de  ceux  contre  qui  on  la  tire.  Cependant  le 
Cardinal  de  Kocâefter  ayant  été  décapité  en  moxxx  v ,  les  autres  Cardinaux 
ie  mirent  à  lui  remontrer  l'affront  qui  en  retomboic  fur  leur  dignité ,  Se 
le  danger  extrême  où  feroit  expofé  un  Ordre  qui  pallbit  pour  faint  &  pour 
inviolable ,  (i  on  laiffoit  prendre  pied  à  cet  exemple  :  que  d'ailleurs,  comme 
les  Cardinaux  défendent  le  Pontificat  contre  les  entreprifes  des  Princes  avec 
d'autant  plus  de  hardiede ,  qu'ils  fe  regardent  comme  en  lureté  de  leur  vie  » 
ils  feroient  dorénavant  obligés  de  fe  ménager  par  crainte ,  s'ils  perdoienc 
cette  affurance  >  &  fi  les  Laïques  venoient  à  connoitre  que  les  Cardinaux 
peuvent  être  condamnés  &  exécutés  i  mort  comme  les  autres.   Le  Pape 
néanmoins  ne  changea  pas  de  réfolution.  Mais  pour  employer  un  tempérar 
ment  dont  aucun  autre  de  fes  prédéceflfeurs  ne  s'etoit  encore  fervi ,  qui  étoit 
de  lever  la  main  &  de  menacer  de  la  foudre ,  mais  fans  la  lancer ,  &  (atts-* 
faire  ainfi  les  Cardinaux  &  fa  Cour  fans  commettre  l'Autorité  Pontificale» 
^*  il  fit  drefler  un  Procès  &  une  Sentence  très-rigoureûfc  contre  Hcnriydzxéc 
du  50  d'Août  MDXxxv ,  ^  ^}  dont  il  fufpendit  la  publication  à  fa  volonté  »  t  Rayo.  ad 

an.  iyj4. 

N®  18. 
91.  Il  fil  dreffcrun  Procès  fi»  une  Sen*    fa  volonté.  ]  Cefiit ,  félon  Sanderus ,  tant  Spood. 

U7U€  irès-rigoureufe  contre  Henri ,  datée  du  à  la  foUicitation  de  plufîetirs  Princes ,  que  N®  15. 

)o.  d'Août  MOXXX V,  &c.  )  Ceft  la  date  de  (on  propre  moavement ,  comme  il  eft 

qu'elle  pone  dans  le  BuUaire  &  dans  la  ponéparlaBulledu  17.de Décembre  if)S. 

Colleâion  de  Bumet^  L.  j.  p.  17^.  quoi--  Fadum  eft  y  (  dit-il,  L.  1.)  ut  Pontifix, 

que  Raynaldus  la  date  du  jo.  d*Oélobre,  partimfua  Jponte  ,  partim  multorum  Prin» 

ce  qat  (ans  doute  eft  an  faute.  Au  refte ,  ce  cipum  rogatu  ,  ab  exequenda  hac  fua  fen^ 

même  Auteur  nous  apprend  que  cette  Sen-  tentia  adnonruiUos  annos  fe  cohibuerit  ;  & 

tence  ne  paflâ  pas  fans  de  grandes  oppofi-  peut-être  ne  le  fit-il ,  aue  parce  qu'il  ne 

tions  :  Maximis  autem  difficultatibus  hanc  trouva  aucun  Prince  difpof!  à  le  foutenir , 

rem  impUcitam  fuiffe  docent  ASta  Confifto^  quoique  félon  Raynaldus  il  en  eut  folli- 

rialia.  Et  il  ne  feut  pas  s'en  étonner.  Car  cité  l'Empereur ,  &  les  Rois  de  France  & 

quoique   peut-être    tous  convinflent  que  d'Ecoffe ,  mais  en-vain.  Ce  qui  me  porte 

Henri  fe  (ut  juftement  attiré  les  Cenfures,    encore  plus  à  le  croire,  c'en  que  ,  félon 

il  pouvoit  y  aToir  bien  des  raifons  pour     PaUavicin  lui-même  L.  4.  c.  7-  il  n'en 

croire  qu'il  n'étoit  pas  de  la  prudence  de  vint  enfin  à  la  publication  delà  Sentence, 

les  employer.  que  fur  une  efpérance  qu'il  croyoit  bien 

9).  Dont  il  fufpendit  la  publication  à  fondée  ,  q[ue  l'Empereur  ,  la  France,  9c 

V  a 


i$6       HISTOIRE    DU    CONCILE 

•iDxxxix.  mais  dont  il  laifFa  aller  fecretrcmenc  quelques  copies  encre  les  mains  de 
Paul  III.  g^j^^  ^^'^j  fa  voit  bien  les  devoir  faire  courir  ;  répandant  en  même  tcms  le 
bruic  que  la  Bulle  avoir  été  drelféc  &  fufpenduc,  &  qu'il  la  publieroic 
bientôt ,  quoiqu'il  n'eut  aucun  dellèin  de  le  faire.  Car  il  ne  défelpéroic  pas 
que  ce  Prince  ne  cédât  à  la  fin  >  ou  par  la  crainte  de  cette  foudre ,  ou  pour 
latisfaire  aux  dedrs  de  fon  peuple ,  ou  las  des  fupplices  qu  il  avoir  cm-* 

5»loyés  pour  faire  reconnoître  fa  Suprémacie  ,  ou  enfin  par  1  entremife  de 
'Empereur  ou  du  Roi  de  France ,  en  cas  que  la  néce/Sté  de  fes  afikires 
l'obligeât  de  fe  joindre  à  l'un  ou  à  l'autre.  Et  ce  qui  Tengageoit  encore 
plus  a  garder  cette  conduite ,  c'eft  qu'il  ne  vouloit  pas  montrer  la  foibleflè 
de  fes  armes  >  de  peur  d'affermir  encore  plus  par-là  Hinri  dans  fa  fèpa* 
ration. 

M  A I  s  enfin  au  bout  de  trois  ans ,  irrité  par  les  mauvais  traitemens  dont 
il  croyoit  que  ce  Prince  avoir  ufé  envers  lui  fans  lui  en  avoir  donné  de 
fujet  >  comme  auffî  par  les  Manifeflcs  qu'il  avoir  publiés  contre  fes  Convo- 
cations du  Concile ,  par  la  cenfure  qu'il  faifoit  de  fes  avions  quoiqu'il  n'eue 
jamais  eu  en  vue  de  l'offènfer ,  8c  nouvellement  enfin  par  les  procédures 
contre  S.  Thomas  de  Cantorbéry  canonifé  par  Alexandre  IIL  â  caufe  de  la 
morr  qu'il  avoir  fouffèrt  en  mclxxi  pour  la  défenfe  des  Libertés  &  de  la 
Puidance  Ecdéfiaftique ,  &  honoré  dans  l'Eglife  Romaine  par  une  Fêre  an- 
nuelle qu'on  y  célèbre  ;  mais  que  Henry  avoir  fait  citer  &  condamner  com- 
me un  rebelle,  dont  il  avoit  fait  brûler  les  os  publiquement:  par  la  main  da 
boureau ,  8c  jetter  les  cendres  dans  la  rivière ,  &  de  TEglife  duquel  il  avoir 
confifqué  les  biens  >  &  fait  faifir  les  tréfors ,  lesornemens,  &  les  revenus^ 
ce  qui  étoit  toucher  a  un  des  myflères  du  Pontificar  bien  plus  imporranr 

3ue  le  Concile  même  :  irrité,  disje,  de  toutes  ces  chofes,  il  crur  enfin 
.•  w^.*.  evoir  changer  de  conduite.  Il  lança  donc  ^  le  17  de  Décembre  la  foudre 
Hid.  of.  qu'il  tenoir  fufpendue  depuis  rrois  ans ,  &  cela  dans  l'efpérance  qu'il  avoir 
Rcf.  P.  i.L  conçue  dans  fon  entrevue  avec  le  Roi  de  France ,  que  ce  Prince  avant  feit 

ion 

Saint 

Spond.        Siège  ,  le  meurtre  du  Cardinal  de  Rochcjlcr ,  &  fes  procédures  conrrc  S. 

p  V^  T     Tf^'^^^^^  E"  conféquence  de  quoi  il  le  privoit  de  fon  Royaume ,  &  tous  fes 

2^1"       adhérens  de  tous  leurs  biens  ;  il  ordonnoit  a  fes  Sujets  de  lui  refufer  l'obéif- 

ûnce ,  &  aux  Etrangers  de  n^avoir  aucun  commerce  avec  fon  Royaume  ;& 

donnoi.  à  ceux  qui  prendroienr  les  armes  contre  lui  &  les  (îens,  leurs 

Etats  &  leurs  biens ,  &  même  leurs  perfonnes.  Mais  les  Ligues  ,.  tes  Con« 

rEcoflê  (è  décîareroient  en  mime  -  tems  II  ftir  pourtant  trompé  dans  ion  attente  s  dt 

contre  Henri  i  &  même  ,  ajoute-t'il  ,  je  Charles  auffi  bien  que  François  ne  s'ena- 

crois  qae  (ân<;  cette  affiirance  il  ne  fe  feroic  prellérenc  pas  moins  depois  à  xecbexcfact 

pab  dc:larc.  j4n^'io  trovo  chefen^a  un  tal  îaUlancc  de  Henri* 
foadamentQ  il  Pontefice  non  yoUe  proccdere* 


D  E    TR  EN  TE   Livre  I.  157 

fédérations  ,  &c  les  Traités  que  firent  depuis  avec  ce  Prince  l'Empereur ,  mdxxxxx. 
le  Roi  de  France  ,  &  les  autres  Souverains  Catholiques ,  montrent  aflez  ^^"^  ^^^' 
quel  cas  Ton  fit  de  fon  Bref,  &c  avec  quelle  fidélité  l'on  obéit  à  fcs 
ordres. 

•   LXI.  Au  commencement  de  l'an  MDxxxiX,  s'étant élevé  de  nouveaux     Dihê  tU 
troubles  en  Allemagne  fur  les  affaires  de  Religion  ,  qui  fervoient  de  pré-  ^runcfort , 
texte  aux  perfonnes  mal-intentionnées  pour  augmenter  les  défordres ,  on  ^'^  ^^^  t^^' 
tint  «  à  Francfort  une  Aflèmblée ,  ^4  où  l'Empereur  envoya  un  Commiflai-  tv^^^temt 
rc ,  &  où  après  une  longue  difpute  on  convint  le  19  d'Avril ,  du  confcntc-  hniunQoU 
ment  de  ce  Miniftre ,  de  tenir  une  Conférence  le  premier  d'Août  à  Nurem-  Uqnt  ^  quê 
bcrg ,  pour  y  traiter  amiablement  6c  tranquillement  de  la  Religion.  Là ,  ^^  P^f^  ta- 
outre  les  Doàeur^ ,  l'Empereur ,  le  Roi  Ferdinand  ^  &  les  Princes  dévoient  ^J'  ^«»/«- 
envoyer  de  part  &  d'autre  des  perfonnes  prudentes  pour  tâcher  de  concilier  ^  ^'  ^^     . 
les  deux  Partis ,  &c  préfider  à  un  Colloque  dont  le  réfultat  feroit  notifié  à  an.  1539, 
tous  les  Ordres  de  l'Empire ,  &  confirmé  par  l'Empereur  dans  la  première  N®  j.  & 
Diète  fuivanie.  Les  Catholiques  vouloient  que  l'on  priât  auffi  le  Pape  d  y  ^^4^- 
envoyer  quelqu'un  de  fa  part  -,  mais  cela  n'eut  point  de  lieu  ,  parce  que  les  ^P^^-  ^  - 
Proteftans  remontrèrent  que  c'étoit  une  chofe  contraire  à  leur  Proteftation.  Pallav.L4, 
Le  Pape ,  ^  informé  de  cette  convention ,  s'en  tint  fort  oflfenfé  5  tant  à  caufe  c.  8.  iL9.  ' 
de  la  liberté  qu'on  prenoit  de  vouloir  traiter  des  affaires  de  Religion  en  Slci<l.L.ii. 
Allemagne ,  que  par  le  préjudice  que  cela  portoit  à  la  réputation  du  Con-  P-  ^^°'  ^ 
cilc  qu'il  avoit  convoqué ,  quelque  peu  qu'il  fe  fouciât  de  le  faire  tenir  \  p f^  '      j 
&  plus  encore  parce  qu'après  avoir  propofé  de  faire  afliiler  quelqu'un  de  i  j^.  \^o  ^^ 
fa  part  au  Colloque,  on  avoit  confenti  à  l'en  exclure,  ^y  C'efl  pourquoi  /Id.  N®4, 
il  dépêcha  fur  le  champ  en  Efpagne  l'Evèque  de  Montépulciano ,  pour  fol* 
liciter  l'Empereur  de  ne  point  confirmer ,  ou  même  d'annuller  les  Décrets 
de  cette  Auemblée. 


'Empereur  ,  qui  fans  aucun  égard  au  ferment  qu'il  avoit  Rayn. 
prêté  au  Saine  Siège ,  aux  bienfaits  qu'il  avoit  reçus  du  Pape ,  &  aux  Inf-  ^^  ^ 

94.  Oh  V Empereur  envoya  un  Commlf-  Chrîftieme  II ,  qae  fes  craautés  beaucoap 

faire  ,  &c.  ]  C  étoit  Jean  Véfal  Archevêque  plus  que  fa  Religion  avoienc  rendu  odieux 

de  Lunden ,  de  la  conduite  duquel  Aléan-^  &  exécrable  à  tous  fes  Sujets  j  ce  Prélat , 

ère  alors  L^t  en  Allemagne  fit  de  grandes  dis-je  ,  s'étant  mis  au  fenrice  de  l'Empe- 

plaintes  au  Pape  ,  comme  s'il  eut  trahi  les  leur  devint  dans  la  fuite  &  mourut  Evêque 

intérêts  du  parti  Catholique.  Mais  les  let-  de  Condance. 

ties  du  Cardinal  Contarini  le  juftifient  aa  $s*C*eftpourquoiildip€chafur  le  champ 

jugement  même  de  Pallavicin  ;  &  l'on  en  Efpagne  C  Evêque  de  Montépulciano.  J 

doit  croire  ,  que  s'il  ne  tira  pas  des  con-  Jean  Ricci  ^  depuis  Cardinal  &  Evêque  de 

ditions  plus  avantageufes ,  c'efl  qu'il  ne  lui  Montépulciano.  Car  il  ne  l'étoit  pas  encore 

fiit  pas  pcfTible  de  le  £iire.  Ce  Prélat  qui  lorfqu  il  fut  envoyé  en  Efpagne  ,  Montée 

avoit  étéchalfé  de  fon  Archevêché  de  Lun-  pulciano  n'ayant  été  érigé  en  Evêché  que 

den ,  lorfqu  on  bannit  la  Religion  Catholi-  plufîeun  années  après ,  fous  le  Pontificat  de 

que  de  Dannemazc ,  &  qa'c»  deftitoa  le  Koi  Pie  IV*  Pallav»  L.  4-  c.  9. 


ij8       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxxxix.  truétions  de  l'Empereur  ,  avoic  confenci  aux  demandes  des  Luthériens  »  au 
'  ^^^^  ^^^'  préjudice  du  Saint  Siège  fie  au  deshonneur  de  fa  Majefté  Impériale ,  s  etaoc 
"— ""— "^  iaillc  corrompre  par  les  promefles  ôc  les  préfens  de  la  Ville  d'Ausbourg  ** 
f  T.  qui  lui  avoient  donné  ^^  150  ^  000  florins  dor ,  fie  par  le  Roi  de  Danoe- 

N^  10.  '  marc ,  qui  lui  avoir  promis  4000  florins  par  an  à  prendre  fur  les  revenus  de 
i'Ârchevcché  de  Lunden  donc  il  Ta  voie  dépouillé  j  outre  qu  il  penfoit  à  £è 
marier  fie  à  quitter  l'érat  Eccléiîaftique ,  n'ayant  jamais  voulu  recevoir  les 
Ordres  facrés.  i.  De  remontrer  à  l'Empereur ,  que  s'il  confirmoit  les  chofes 
accordées  par  cet  Archevêque ,  il  ne  fe  montreroit  pas  véritable  flls  du 
Saint  Siège  ;  fie  que  tous  les  Princes  Catholiques  d'Allemagne  fe  plaignoienc 
de  cette  convention ,  fie  fe  flattoient  qu'il  ne  la  conflrmeroit  jamais.  3.  De 
lui  propofer  pour  fe  le  rendre  plus  favorable ,  d'appuyer  fes  intérêts  touchant 
le  Ducné  de  Gueldre  fie  l'éleâion  du  Roi  des  Romains.  4.  De  lui  repréfen- 
ter  y  Qu'en  tolérant  les  Erreurs  des  Luthériens  il  n'efi  feroit  pas  plus  maître 
en  Allemagne  ,  quelque  chofe  au  contraire  que  puHènt  lui  dire  l'Archevê- 
que de  Lunden  &  quelques  autres  ;  l'expérience  montrant ,  qu'il  ne  fauc 
point  efpérer  de  conferver  les  Etats  où  la  Religion  fe  perd ,  ni  où  Ton  ea 
ibuflre  deux  :  Que  Ton  en  voyoit  l'exemple  dans  les  Empereurs  d'Orient > 
qui  ayant  renoncé  à  l'obéiflance  du  Pape ,  avoient  perdu  leurs  forces  fie  leur 
Empire  :  Que  l'on  connoiflbit  préfentement  allez  les  fourbes  des  Luthériens  » 
qui  en  avoient  toujours  agi  frauduleufement  avec  l'Empereur ,  fie  qui ,  (bus 

Î rétexte  de  calmer  les  brouilleries  de  Religion,avoient  toute  autre  chofe  que 
i  Religion  en  vue  :  Que  l'on  avoit  l'exemple  de  la  Diète  de  Spire  de  i'aa 
MDxxvi,  fie  de  celles  de  Nuremberg  en  mdxxxii,  fiedeCalan  en  mdxxxiy, 
quand  le  Duc  de  Virtemberg  reprit  fon  Duché  ;  chofe  qui  montroit  que  le 
Landgrave  fie  les  Luthériens  avoient  moins  eu  la  Religion  en  vue,  que  d'en* 
lever  cet  Etat  au  Roi  des  Romains  :  Qu'il  devoit  faire  attention ,  que  s'il 
s'accordoit  avec  les  Luthériens ,  les  Princes  Catholiques  ne  pourroient  fouf- 
frir  qu'il  eut  plus  de  pouvoir  fur  eux  que  fur  les  Proteftans  »  fie  qu'ils  pen-* 
feroient  à  de  nouveaux  remèdes  :  Qu'il  y  avoit  d'autres  voies  légitimes  8c 
honnêtes  de  redrefler  les  affaires  de  l'Allemagne ,  fie  que  le  Pape  leroit  cou« 
jours  prêt  de  l'aider  félon  (es  forces  :  Que  Sa  Majeftc  devoit  penfer  qu'elle 
ne  pouvoir  approuver  ces  articles ,  fans  rifquer  de  voir  toute  l'Allemagne 
devenir  Luthérienne  ,  ce  qui  lui  feroit  perdre  toute  fon  autorité ,  cette 
Se<5te  étant  ennemie  de  toute  Souveraineté,  fie  ne  prêchant  que  la  liberté 
Se  la  licence.  Outre  cela ,  le  Nonce  avoit  ordre  de  porter  l'Empereur  à  fori' 
tifier  la  Ligue  Catholique ,  fie  à  détacher  des  Luthériens  cous  ceux  que  l'on 
pourroit ,  en  envoyant  le  plus  d'argent  qu'il  feroit  poflible  en  Allemagne , 
pour  en  promettre  fie  en  aiftribuer  à  ceux  qui  fuivroicnt  le  parti  Catnoli- 

-     $6,  Qui  lui  avoit  donné  1  fo  ,000  florins  blable  de  toaces,  û  Véfal  &  le  Landgrave 

iTor,  ]  C  efè  ainfi  que  porte  TEdition  de  de  Heftè  après  loi  n  avoient  traité  toute 

Londres.  Mais  celle  de  Genève  marque  feu-  cette  accufation  de  pure  calomnie.  Ste^ 

lement  i  s ^000  i  8c RaynéUdus  1  s 00.  Cette  kend,  L.  j.Seâ.  it«  $.  70.  &  Seâ.  il* 

dernière  fomme  paioicroit  la  plus  viaifem-  $.  Se. 


; 


D  E    T  R  E  N  T  E ,   L  I V  RE    I.  ly^ 

que  :  De  lui  pcrfuader  d'envoyer ,  fobs  prétexte  de  la  crainte  des  Turcs ,  mdxxiix» 
quelques  croupes  Italiennes  &  Ëfpagnoles  dans  les  terres  du  Roi  des  Ro-  Paol  III/ 
mains  :  De  lalTurer  que  le  Pape  etoit  dans  la réfolution  d'envoyer  vers  les «— — — 
Princes  Catholiques  quelque  perfonne  avec  de  l'argent  y  pour  en  promettre 
&  en  donner  à  ceux  qu'il  croiroic  utiles  à  fes  intérêts  :  De  l'engager  à  faire 
un  Edit  femblable  à  ceux  qu'avoic  publié  dans  fes  Etats  le  Roi  d'Angle* 
terre ,  &  de  faire  répandre  adroitement  le  bruit  qu'il  étoic  en  négociatioa 
avec  ce  Prince  pour  le  ramener  à  l'obéillànce  du  Pape.  Enfin  le  Nonce  ,•  ^tj^^^ 
avoir  ordre  encore  de  fe  plaindre  :  ^  Que  la  Reine  Mane  fa  fœur  »  Gou-  N®  Z4« 
vernante  des  Païs-Bas  »  favorifoit  fecrettement  les  Luthériens  »  qui  entre* 
tenoient  des  intelligences  auprès  d'elle  :  Que  fur  le  point  de  conclurre  la 
Ligue  Catholique  ,  elle  avoir  détourné  l'Eledleur  de  Trêves  d'y  entrer  , 
&  avoir  fait  manquer  par- là  une  (1  bonne  œuvre  :  Qu'elle  avoir  empêché 
TEvèque  de  Lavaur  ÂmbalTadeur  de  France ,  de  paflèr  en  Allemagne  pour 
délibérer  avec  le  Roi  des  Romains  &  le  Légat  de  Sa  Sainteté  fur  les  atti- 
res de  la  Religion  :  Qu'à  la  vérité ,  le  Pape  croyoit  bien  que  cela  ne  venoic 
pas  d'aucune  mauvaife  volonté  de  fa  part ,  mais  des  mauvais  conièils  de 
{es  Miniftres. 

LXII.  Comme  je  viens  de  faire  mention  d'un  Edit  du  Roi  d'Angle- 
terre fur  les  matières  de  Religion ,  il  n'eft  pas  hors  de  propos  de  raconter  ^^^J^^^ 
ici  ^  comment  Henri  F7II ,  ou  parce  qu'il  croyoit  qu'il  étoit  du  fervice  do^InT'éU 
de  Dieu  de  ne  pas  permettre  qu'il  fc  fît  aucun  changement  de  Reliçon  dans  rEgUfe  Ko^ 
fon  Royaume ,  ou  pour  montrer  fon  ferme  attachement  à  la  dodrme  qu'il  maéne  dans  * 
avoir  défendue  dans  fon  livre  contre  Luther ,  ou  enfin  pour  donner  le  de-  ^'^  ^oy^- 
menti  au  Pape  ,  qui  dans  fa  Bulle  l'accufoit  d'avoir  publié  une  doârine  ^!^^ 
hérétique  dans  fon  Royaume  *,  '7  comment ,  dis-je ,  ce  Prince  donna  un  Hift.of.Rc- 
Edit  pendant  la  Diète  de  Francfort,  par  lequel  ilcommandoit  à  tous  fes  form.  P.  i. 
Sujets  de  croire  la  Préfencc  réelle  du  Corps  véritable  &  naturel  &  du  Sang  L»3-  P-  ^58» 
de  Jefus-Chrift  fous  les  efpéces  &  apparences  du  pain  &  du  vin ,  fans  que  ]^o^^* 
la  fubftance  de  ces  deux  élemens  demeurât  ;  comme  auflî  que  Jefus-Chrift  ^\^2^'  ^ 
étoit  contenu  tout  entier  fous  l'une  ou  l'autre  efpéce  -,  que  la  communion  i3^.N^*i/. 
du  Calice  n'étoit  point  néceffaire  -,  qu'il  n'étoit  pas  permis  aux  Prêtres  de 
fc  marier  ;  que  les  Religieux  après  leur  profeflSon  étoient  pcrpétucUemenr 
ohligés  à  garder  leur  vœu  de  chaftété ,  &  à  vivre  dans  leurs  Monaftéres  \ 
que  la  Confeflion  fecrctte  &  auriculaire  étoit  non- feulement  utile,  mais 
encore  néceflfâire  *,  que  la  célébration  des  Medes  privées  étoit  une  chofe 
fàinte  >  voulant  que  la  pratique  s'en  continuât  dans  fon  Royaume  \  &  dé- 

97.  Comment,  dis-'je ,  ce  Prince donns  écrire  ,  ou  prêcher  contre  le  premier  Ar» 

MU  Edit  pendant  la  Diète  de  Francfort ,  ticle,  c*eft-à-dire,  contre  la  Préfence  réelle, 

&c.  )  Cequenonre  Hiftorien  appelle  ici  on  à  peine  d'eue  brolé,  fans  être  reçu  à  faire 

Edit ,  eft  un  Ade  du  Parlement  palTé  le  aucune  abjuration  s  &  d'écrire  ou  de  prêcher 

x8.  de  Juin  if  39  ,  par  lequel  on  ordon-  contre  les  cinq  autres,  fous  peine  d'être  puni 

noit  la  créance  de  ces  ûx  Anicles ,  &  il  étoit  comme  pour  crime  de  Félonie ,  c*eft-à-dire, 

défendu  apri»  le  ix»  de  loillet  de  parler  >  d*êtxe  pendu  &  d  avoir  fes  biejos  confisqués» 


i6o        HISTOIRE   DU  CONCILE 

UDXxxix.  fendant  à  tout  le  monde  de  rien  faire  ou  cnfeigner  contre  chacun  de  ces 
Paul  III.  articles,  fous  toutes  les  peines  ordonnées  par  les  Loix  contre  les  Hérétiques. 
"'""■"■^"  Ce  qui  pourra  furprendre  ici ,  c'eft  de  voir  comment  le  Pape ,  qui  peu  de 
jours  auparavant  avoir  lancé  de  (i  rerribles  foudres  contre  ce  Prince ,  avoic 
pu  fe  refoudre  à  le  louer ,  &  à,  propofer  à  Tempereur  fon  exemple  à  fuivre  ; 
^'  tant  il  eft  vrai  que  c'eft  Tintérêc  qui  nous  fait  tantôt  louer ,  &  tantôt  bla  • 
mer  la  même  j^erfonne. 
I#  PMpg      LXIII.  9'  Paul  y  après  le  départ  de  Montépulciano  y  voyant  que  d'amu- 
fufitjtd  U  fer  iç  monde  en  convoquant  le  Concile ,  &  en  le  fufoendant  après  jufqu'à 
C^iiiÀ    ^^  <^crtain  tems  limité,  comme  il  avoit  déjà  fait  pluueurs  fois,  cctoit  trop 
fin  hên      cxpofer  fa  réputation ,  jugea  néceffaire  de  quitter  une  conduire  fi  équivo- 
fUifirm        que ,  qui  aores  avoir  laiïé  le  monde  pourroit  avoir  quelques  mauvaifes  fui- 
tes -,  &  il  (e  réfolut  d  agir  plus  ouvertement  &  de  quitter  routes  ambiguï- 
tés. Après  avoir  donc  expofc  tout  ce  qui  s  etoit  pafTé  jufqu'alors ,  &  montré 
la  néceflité  de  prendre  une  réfolution  décifive  de  manière  ou  d'autre ,  il 
pria  le  Confiftoire  d'en  délibérer.  Quelques  -  uns  des  Cardinaux ,  pour  fè 
délivrer  tout-à-fait  de  la  crainte  qui  les  tenoit  tous  les  jours  en  fufpens  » 
n'approuvoient  pas  le  terme  de  fufpenfion  ;  &  ne  voyant  pas  comment  fur- 
monter  les  obftacles  qui  fe  rencontroient ,  ils  euflent  voulu  qu  on  déclarât 
cxpreflément ,  que  le  Concile  ne  fe  tiendroit  point  jufqu  a  ce  que  les  Prin- 
ces fuffent  en  paix ,  fans  laquelle  il  n'y  avoit  nul  lieu  d'efpérer  qu'on  pûc 
le  célébrer.  Mais  les  plus  prudens ,  qui  craignoient  encore  plus  que  fi  1  on 
faifoit  une  telle  déclaration ,  on  ne  revint  a  parler  de  Conciles  Nationaux 
ou  de  quelques  autres  remèdes  encore  plus  dangereux ,  étoient  d'un  autre 
avis.  C'eft  pourquoi  la  plupart  fe  rangèrent  à  leur  fentiment ,  Se  opinè- 
rent d  fufpendre  le  Concile  autant  qu'il  plairoit  au  Pape ,  eftimant  que  la 

dilcorde 


98.  Tant  ilejl  vrai  que  c'eft  l* intérêt  qui 
nous  fait  tantôt  louer  &  tantôt  bUmer  la 
même perfonne.  ]  La  maxime  eft  aflcz  vraie 
en  général  ,  mais  je  ne  (ai  fi  Tapplicacion 
ici  en  eft  bien  jude,  pai(qu'on  ne  voit  pas 
qael  intérêt  panicalier  avoic  le  Pape  de 
louer  le  Roi  d'Angleterre.  Ceft  ce  qif  ob- 
ferve  Pall^vicin^  L.  4.  c.  8.  qui  remarque 
d'ailleurs  qu'un  méchant  homme  peut  faire 
des  allions  louables  ,  &  qu'on  peut  par 
con(cquent  eftimer.  Mais  ce  que  l'on  pour- 
rait dire  à  la  juftifîcation  de  Fra-Paolo , 
c'eft  que  Rome  ayant  toujours  défapprouvé 
que  les  {Princes  ftatuafTent  rien  en  ma* 
tière  de  Religion  de  leur  propre  autorité , 
cétoit  un  affez  mauvais  exemple  a  alléguer 
que  celui  de  Henri  VIIL  Car  quoique  Ion 
Edit  ou  l'Aél*-  du  Parlement  fut  en  faveur 
(les  articles  de  l'ancienne  Religion  ,  con)- 


me  c'ctoit  de  (on  autorité  prppre  qu'il  or« 
donnoit  de  les  croire ,  il  étoit  dangereux 
de  propofer  un  tel  exemple  aux  Princes  i 
&  je  ne  fai  comment  la  Cour  de  Rome  , 
qui  condamnoir  fi  fert  le  principe  fur  le- 
quel Henri  agidbit ,  pouvoic  louer  ainfi  un 
A^e  émané  de  ce  principe. 

99.  Paul  i  après  le  départ  de  Montépul- 
ciflno  «  voyant  que  d*amufer  U  monde  en  con^ 
voquant  le  Concile  &  en  Ufufptndant ,  8cc.  ] 
Il  y  a  ici  une  mépri(è  de  Frd'Paoio.  La 
Bulle  de  prorogation  du  Concile  fut  pu- 
bliée avant  &  non  après  le  départ  de  Mon- 
tépulciano. Car  cette  Bulle  qui  fut  arrttëe 
dans  le  Confiftoire  du  30.  de  Mai  ,  fut 
publiée  le  I3.de  Juin  ,  &  Montépulcîane 
lie  partit  pour  l'Efpagne  que  le  xo.  d'Août 
fuiyant.  Pallt^y.  L.  4.  c.  9. 

190.  VEm^ 


DE    TR  ENTE,L  I  V  RE   L  r^r 

difcordc<lcs  Princes  ou  quclqu  autre  motif  fer viroit  d'un  prétexte  raifonna-  mdxxxix. 
ble  de  continuer  la  fufpenfion ,  tant  qu'on  jugeroit  qu'il  ne  feroit  pas  utile  P^^'-  ^^^' 
de  tenir  le  Concile  5  &  qu'au  contraire,  fi  l'on  avoit  à  craindre  quelque 
Concile  National ,  ou  quelque  Colloque  ou  autre  chofe ,  on  fe  délivreroic 
de  ce  danger  en  levant  la  fufpenfion ,  Se  en  aflignant  le  tems  &  le  lieu  du 
Concile ,  que  l'on  tiendroit  ou  ne  tiendroic  pas ,  félon  l'exigence  des  con- 
jonctures. Ori  s'en  tint  donc  à  ce  parti,  ^  &  le  i  j  de  Juin  le  Pape  expédia  /PalUv.L. 
une  Bulle  qui  fufpendoit  à  fon  bon  plaifir  ,  &  à  celui  du  Saint  Siège ,  le  4.  c  9. 
Concile  qu'il  avoir  convoqué.  Rayn. 

Cependant  Montépulciano  ^  avoit  exécuté  en  Efpagne  fa  commiflîon  î*'**  ^^* 
auprès  de  l'Empereur ,  '  0°  qui ,  foit  pour  les  raifons  alléguées  par  le  Nonce ,  ^^ 
foit  par  d'autres  vues ,  ne  jugea  pas  a  propos  de  déclarer  s'il  approuvoit  ou  m  Rayn. 
défkpprouvoit  le  Colloque  qui  fe  devoit  tenir  au  mois  d'Août  à  Nurem-  N"*  15. 
berg.  Et  comme  la  mort  de  l'Impératrice ,  &  le  foulévement  de  Gand  &c 
<l'une  partie  des  Païs-Bas,  fuivirent  peu  après,  ce  Prince  prit  prétexte  de  tant 
d'afËiires  plus  imponantes ,  pour  iaiflfèr  la  chofe  en  fufpens.  Ainfi  fe  pafla 
toute  Tannée  mdxxxix. 

Quand  j'ai  commencé  à  écrire  cette  Hiftoire ,  voyant  combien  on  avoir 
ou  convoqué  ou  tenu  de  Colloques  pour  terminer  les  différends  de  Religion, 
j'ai  douté  fi  je  devois  parler  de  tous  ,  trouvant  des  raifons  pour  &  contre. 
Mais  enfin  ayant  réfléchi  que  je  m'étois  propofé  de  raconter  jtou tes  les  caufes 
de  la  tenue  du  Concile  de  Trente ,  &  voyant  qu'on  n'avoit  ou  convoqué 
ou  tenu  aucun  de  ces  Colloques ,  que  dans  la  vue  d'empêcher  ou  de  pro- 
curer ,  de  retarder  ou  d'avancer  ce  Concile ,  je  me  fuis  déterminé  à  n'en 
omettre  aucun ,  fur-tout  à  caufe  de  l'utilité  qu'on  peut  tirer  de  la  connoif- 

xo«.  L'Empereur  qui  — /i^  J^S^^  P^^  tlone.  Il  (emble  donc  qa*il  ne  voulût  pas 
à  propos  de  déclarer  s'il  approuvait  ou  dé-  s'expliquer  trop  clairement  fur  le  Colloque  ; 
/approuvoit  le  Colloque  qui  Je  devoit  tenir  au  d'autant  plus  qu'il  ajoute  par  la  fuite  ,  qu'il 
mois  d*Aout  à  Nuremberg.  ]  Il  paroît  an  croyoit  qu'il  étoit  à  propos  qu*il  en  con- 
contraire  par  la  réponfe  de  l'Empereur  aux  voquat  un  lui-même.  Rayn.  N°  17.  Inte" 
proportions  du  Nonce,  &  par  une  lettre  rim  vifum  eft  Cafarea Majeftati jfi Ponti- 
de  ce  Prince  au  Pape  citée  pat  Pallavicin,  ficia  Sanflitas  rem  approbaret  ,  indicere 
L.  4*  c.  9.  que  quoiqu'il  approuvât  la  con-  alium  Conventumin  Germania,  reformandi 
duite  de  l'Archevêque  de  Lunden ,  il  déclara  Decreti  Francofordienfis  gratia  ,  eaque  oC" 
néanmoins  qu'il  ne  ratifîeroit  point  cette  cajîone  eoque  tempore  viros  fapientes  ac 
Concorde  ,  &  ne  lailferoit  point  tenir  ce  pacis  cupidos  pro  Religionis  dijjidiis  com-^ 
Colloque.  Mais  quoique  l'Empereur  dans  ponendis  in  Colloquium  vocare ,  &c.  Ce- 
la réponfe  déclarât,  qu'il  ne  ratifieroit point  toit  donc  en  quelque  forte  approuver  la  voie 
l'accord  de  Francfort ,  il  lefeifoit  cependant  du  Colloque  ,  dans  le  même  tems  qu'il  re- 
d'une  manière  affez  ambiguë  pour  laiffer  jcttoit  celui  de  Nuremberg  i  &  cela  juftifîe 
douter  s'il  laifTeroit  tenir  un  Colloque  ou  adèz  ce  que  dit  Fra-Paolo  ,  qu'il  ne  jugea 
non.  Car  après  avoir  die  qu'il  ne  ratmeroit  pas  à  propos  de  déclarer  s'il  approuvoit  ou 
point  cette  Concorde  ,  il  ajoute,  Porro  défàpprouvoitleColloque, quoiqu'il fetrom- 
animadvertendum  ne  aberrantes  à  fide  Ca-  pe  en  parlant  de  celui  qui  fe  devoit  tenir 
thoUca  effèrantur  in  extremam  defperatio^  a  Nuremberg, 
fionem  ex  denegata  illius  faderls  confirma" 

T  O  M  E    L  X 


U%        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MBvmx.  fan  ce  de  ce  qui  s'y  eft  paifé.  Voici  donc  1  origine  de  celui  qui  fe  tint  en 
Paul  IU.  mdxl. 

"■■^— — "     »  L'Empereur  s'étanc  rendu  par  la  France  aux  Pais- Bas  **  pour  appaifer  la 
»  Rayn.    f^^jjon  qui  s  y  ctoit  élevée  ,  Ferdinand  vint  l'y  trouver  pour  s'aooucher 
Sleid.^L     ^^^^  ^^^  >  ^  ^'^^^  ^^^  principaux  obiers  de  l'entrevue  fut  de  chercher  quel* 
13.  p.  zpj.que  moyen  pour  accommoder  les  cufTérends  de  Religion  en  Allem^ne. 
La  cbofe  miie  en  délibération  dans  le  Confeil  de  l'Empereur  ,  tous  après 
un  examen  férieux  penchèrent  pour  la  tenue  d'un  Colloque. 
X#  C4r-     Farnifty  qui  avoir  accompagné  l'Empereur  en  qualité  de  Légat  %^  6c 
SmI  ¥ar^  qui  n'ayant  pas  encore  vingt  ans  avoit  auprès  de  lui  plufieurs  perionnes  de 
M^fi  invhê  capacité  &  d'expérience  >  &  entr'autres  Maral  Cervin  Evèque  de  Nicaftro» 
ïEmtnMur  depuis  Pape  fous  le  nom  de  Marctl  IL  ayant  eu  avis  de  ce  qui  fe  paflbit  , 
Centre  'fes'  ^  oppofa  à  cettc  réfolution ,  &  remontra  à  Charles  »  à  Ferdinand  ,  &  â 
Trêtefians.  tous  ceux  du  Confeil  avec  qui  il  eut  à  traiter  :  Que  depuis  le  premier  ac- 
0  Sleid.  L  cord ,  qu'on  avoit  commencé  dix  ans  auparavant  de  négocier  à  Ausbourg 
1 3.  p.  10}.  avec  les  Proteftans ,  on  avoit  fouvent  tente  d'y  réuffir  fans  pouvoir  parvenir 
Rayn.  ad    ^  ^^^^  conclure  :  Que  quand  bien  même  on  n'eût  pu  trouver  &  convenir 
N^  14.       ^  quelque  voie  d'accommodement ,  cela  deviendroit  inutile ,  parce  qu'ils 
Spoud.        changeoient  tous  les  jours  d'opinion  fans  fe  fixer  i  aucune  doârine» ju(que-là 
N^^4.  ^     qa'ilscontrevenoientmême  a  la  Confeflion  qu'ils  avoient  préfentée  â  Auf^ 
bourg:  Qu'ils étoient auffî gli(Iàns que  des  anguilles  :  Que  d'abord  ils  ne 
demandoient  que  la  réforme  des  défordres  &  des  abus  ^  mais  qu'à  préfenc 
x79*N^'44.cc  n'étoit  plus  la  réformation  du  Pontificat  qu'ils  fouhaitoient  »  maisfon 
Belcar.  L.    extindion  &  la  deftrudion  du  Saint  Siège  &  de  toute  la  Jutifdiâion  Ecclé- 
ai.N°  41.   flaftique  :  Que  fi  jamais  ils  a  voient  été  infolens ,  ce  feroit  encore  pis  à  pré- 
fent  que  la  paix  ctoit  mal  afTurée  avec  la  France ,  &  la  Hongrie  menacée 
par  le  Turc  :  Que  les  controverfes  s'étendant  à  une  infinité  de  dogmes  »  il 
ne  falloir  pas  efpérer  de  leur  faire  abandonner  leurs  fentimens  'y  qu'étant  par- 
tagés en  cuBférentes  Seâes  ,  il  étoit  impofliblede  s'accorder  avec  tous  ;  outre 
3ue  la  plupart  d'entre  eux  n'avoient  a'autre  vue  que  de  s'emparer  du  bien 
'aurrui ,  &  de  dépouiller  l'Empereur  de  fon  autorité  :  Qu'il  etoit  vrai  que 
la  guerre  qu'on  étoit  à  la  veille  d'avoir  avec  les  Turcs  devoir  porter  â  s'ac- 
corder fur  la  Religion ,  mais  eue  cela  ne  fe  pouvoir  faire  ni  dans  des  Diètes 
particulières  ni  dans  des  Conciles  Nationaux ,  mais  feulement  dans  un  Con- 
cile Général  qu'on  pourroit  aflembler  fans  délai  \  parce  que  dans  les  matières 
de  Religion  on  ne  devoit  faire  aucun  changement  que  d'un  confentemenc 

\*VEmf€Hur  iksm  rendu  par  UFnmee  contre  Charks.  Maïs  par  on  excès  de  gc» 

mêx  Pais-Bas  peur  y  maifer  lafidiiion  ncxofité  François  refQfa  leorofit,  dans  Vef^ 

^i  s'y  étoii  iUvée ,  êcc.  J  Les  Gantois ,  fa-  pérance  (ans  doute  ,  que  l'Empereur  loi 

tigoés  ptf  les  impÂes  ezceflîft  que  les  gaer-  feroit  enfin  raifon  fur  fes  prétentions  ao 

Tcs  continuelles  de  TEmperear  Tobligeoie^t  Dnchi  de  Milan.  Mais  il  fer  la  dape  de 

à  mettre  for  fes  Sujets  ,  s'étoient  révoltes  ChmrUt  en  cette  occafion ,  comme  il  Ta- 

contre  lui ,  &  avoient  oSen  de  fe  fomnet-  voit  été  en  une  infinité  d*aetifc. 
tre  à  la  France ,  fi  elle  yoaloit  les  foittenii 


Pallav.  L 
c.  10. 
Fleury ,  L. 


DE    TRENTE, Livre    I.  1^5 

commun  :  Qu  on  ne  dévoie  pas  avoir  feulement  égard  à  TAllemagne ,  mais  ^^tu 
auflii  A  la  France  ,  â  TEfpagne  ,  à  l'Italie ,  &  aux  autres  Nations  ,  dont  il  ^^^^  ^ 
Y  auroic  du  danger  pour  l'Allemagne  à  fe  divifer  ,  fi  elle  Faifoit  quelque  ■■'■"'■■■• 
changement  fans  la  participation  des  autres  :  Que  cetoit  une  coutume  établie 
depuis  le  tems  des  Apôtres  ,  de  terminer  les  difputes  de  Religion  par  la 
fcuït  voie  du  Concile  '^  ôc  que  tous  les  Rois ,  les  Princes  &  les  gens  de  bien 
le  défiroient  :  Que  l'on  pouvoit  aifément  conclure  la  paix  entre  l'Empereur 
&  le  Roi  de  France ,  &  tenir  le  G>ncile  auflltôt  après  >  &  pendant  ce  tems-lâ 
s'appliquer  i  augmenter  &  i  fortifier  la  Ligue  Catholique  d'Allemagne ,  ce 
quimtimideroit  les  Proteftans ,  &  les  obligeroit  de  fe  foumettre  au  Concile» 
oumettroit  les  Catholiques  en  état  de  les  y  fixcer  :  Que  la  Ligue  Catholi- 
aue  étant  puiflante  >  Ton  pourroic  obliger  les  Proteftans  de  contribuer  aux 
nraix  de  la  guerre  contre  le  Turc  »  lorfqu'on  feroit  dans  la  néceflité  de  la 
faire  :  Qu'en  cas  même  qu'ils  ne  le  fifient  point  »  il  valoit  toujours  mieux  de 
deux  maux  choifir  le  moindre  ;  Se  qu'il  y  avoit  plus  de  mal  à  offenfer  Dieu  » 
&  à  abandonner  la  caufe  de  la  Religion ,  qu'à  fe  pafier  des  fecours  d'une  par-i* 
lie  d'une  Province  *,  étant  difficile  fur*  tout  de  déterminer  qui  des  Protef- 
cans  ou  des  Turcs  étoient  plus  contraires  â  Jefus-Chrift  »  puifqueceux-  ci  ne 
fnettoient  que  les  corps  en  fervitude ,  au- lieu  que  les  premiers  y  vouloient 
mettre  les  corps  &  les  âmes.  De  tous  ces  diicours  &  ces  raifonnemens  le 
Cardinal  en  conclut  qu'il  ne  falloit  point  traiter  les  afEtires  de  Religion 
dans  ces  Diètes  d'AUemame  >  mais  convoquer  &  commencer  le  Concile 
cette  même  année  ,  s'appliquer  â  augmenter  la  Ligue  Catholique  >  &  faire 
la  paix  avec  la  France. 

Malgré  ces  remontrances,  l'Empereur  après  de  grandes  délibérations 
réfolut  de  tenter  la  voie  de  la  concorde ,  &  conclut  à  tenir  une  Diète  en  AU 
leraagne  dans  l'endroit  que /Vr^'/Zii/z^jugeroit  le  plus  convenable;  Se  à  invî« 
ler  les  Princes  Proteftans  à  s'y  trouver  en  perfonne  >  avec  promefiè  de  toute 
faxtii*^ Farnifty  averti  de  cette  réfolution  prife  à  fon  infçu,  p  partit  aufli-tôt,  p  Bclcar.  L. 
&  obtint  du  Roi  en  paflant  par  Paris  un  Edit  très-rigoureux  contre  les  Hé-  ^^*  ^"^  4i- 

c.  10. 

s.  Famlfe  ,  averti  de  cette  réfolution  cîn  .  qu'avant  le  départ  de  Farnlfe ,  ce  Lé  Id.  L.  4« 

fr^e  à  fort  ïnfu  ,  partit  auJUi-tèt  y   &c.  ]  gatfuc  averti  de  la  réfolution  prife  de  tenir  c.   ii. 

Le  Cardinal  PalUvlcin  prétend    que    ce  la  Diète  &  le  Colloque,  au*il  en  (ut  fort  Hcury  ,  L- 

ne  (uc  pas  la   nouvelle  de  la  Diète  &  du  mécontent  ,  qu'il  j  oppofa  de  £au(Ies  re-  i}9*^  45* 

Colloque ,  qui  détermina  Famhfe  i  partir  $  montrances  ;  &  on  ne  peut  douter  que  n'y 

&  que  dès  auparavant  il  avoit  demandé  (on  voyant  point  de  remède  ^  cela  n'ait  con- 

rappel ,  chagrin  de  ne  voir  aucun  jour  à  ré-  tribué  à  hâter  fon  dépan  ,  comme  le  mar- 

tablir  la  paix  entre  l'Empereur  &  le  Roi  de  que  Beaucaire.   Non  mult'u  poft  dUbùs  ^ 

France  ;  5e  appréhendant  que  François  loti^  dit-il ,  conventu  jam  Haganoam  indiSlo  , 

2i*il  fe  verroit  trompé  ,  ne  s'imaginât  qu'il  de  ^mo  fi  â  Cafare  Granvellanoque  ceU^ 

oit  refté  pour  l'amufer  de  concen  avec  tum  indignabatur  ,    Camefius   Cardinalis 

Charles  par.  des  apparences  d'accommo-  ex     aula    Cafariana    di/cej/ît.     Ce    qui 

dément  qu'il  favoit  bien  être  ÊiuiTes.  Il  jaftifie  tout  à  £iit  le  récit  de  notre  Hifto^ 

rft  certain  néanmoins,de  l'aveu  de  PaUavi-  rien» 

X  1 


if4       HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  D  X I.  réciques  &  les  Luthériens ,  que  l'on  exécuta  fort  févéremenc  par  toute  la 
Paul  UL  pr^ncc  ,  auflî-tôt  qu  il  eut  été  publié. 

^  LXIV.  5  Cependant  la  Diète  fut  convoquée  ^  par  Ferdinand  i  HaguenaUf 

Bthê  À  çy^  fg  rendirent  avec  les  Doâeurs  Catholiques  pluueurs  Minières  Lutnériens» 
ûh^têH^or-  ^^^  Eleûeurs  de  Trêves  &  Palatin ,  le  Duc  Louis  de  Bavière ,  &  Guil-' 
donné  9m  Idumt  Evèque  de  Strasbourg  ,  furent  nommés  pour  Médiateurs  entre  les 
Cêlloqne  À  Parties.  Les  Proteftans  requis  de  déclarer  les  Chefs  de  Ipûr  doârine  »  répon- 
^VT^i^  dirent  :  Que  dix  ans  auparavant  ils  avoicnt  préfcnté^  dans  la  Diète  d  Auf- 
f^'jfj^f^'  bourg  leur  Confeflion  &  fon  Apologie  :  Qu'ils  perfiftoicnt  dans  la  même 
fiMit.  doârine  >  &c  étoient  prêts  d'en  rendre  compte  d  tout  le  monde  :  Que  ne  fa- 

9l(i.N^4^.  chant  ce  que  leurs  adverfaires  avoient  i  y  reprendre  >  ils  n'auroient  rien  de 
SleicLL  15.  nouveau  à  dire  »  mais  qu'ils  attendoient  quon  leur  marquât  ce  qu'on  y 
p.  10^.       trouvoit  de  contraire  ^  à  la  vérité  i  que  c'etoit  pour  cela  qu'ils  s'étoient 
N^^4.o       tendus  au  Colloque  *,  &  qu'ils  ne  manqueroient  pas  d'avoir  toujours  devant 
Spond.'       l^s  yeux  l'amour  de  la  concorde.  Les  Catholiques  aufli-^tot  prirent  la  pa- 
N°  j.        rôle ,  &  confcntant  à  ce  que  les  autres  propofoient,  ils  dirent  :  Qu'il  conve- 
noit  qu'ils  approuvadènt  ce  quis'étoit  fait  dans  cette  Dicte  -,  qu'ils  en  dé- 
voient recevoir  le  Décret ,  &  fui  vie  la  forme  de  réconciliation  que  l'on  y 
avoit  ébauchée.  Les  Proteftans  >  qui  connoifibient  le  défavantage  qu'il  y 
auroit  pour  eux  à  fuivre  cette  forme  ,  &  le  préjudice  qu'ils  recevroient  de 
ce  Décret  >  ^  infîftoient  qu'en  laiffant  à  part  tous  les  torts  ,  on  drefsât  une 
nouvelle  Formule.  Mais  les  Catholiques  de  leur  côté  demandoient ,  que 
puifqu'il  falloit  redreflfèr  tous  les  griefs ,  les  Proteftans  réparaftent  tous  les 
torts  &  reftituaflènt  tous  les  biens  de  l'E^life.  Ceux-ci  répliquèrent  :  Que 
ces  biens  n'avoient  point  été  ufurpés,  mais  appliqués  par  le  rétabliflèmenc 
de  la  bonne  doârine  aux  ufages  légitimes  &  hotmêtes  ,  aufquels  quoique 
deftinés  dans  leur  première  inftitution ,  les  Eccléûaftiques  avoient  ctffi 
de  les  appliquer  ;  &  qu'ainfi  il  étott  nécefTaire  de  décider  des  points  de 
doârine,  avant  que  de  parler  de  la  reftitution  des  biens.  Les  conteftations 
rRayn.       «'échauffant ,  Ferdinand  otdonnz  :  '  Que  Ton  dreftcroit  une  nouvelle  For- 
N<'  y 8.      mule,  qui  ne  put  préjudicier  à  aucune  des  Parties  *,  que  le  nombre  des 
Spoxid.       Doâeurs  feroit  égal  de  part  &  d'autre  -,  que  le  Colloque  s'ouvriroit  dans 
^^*  S'       une  nouvelle  Aflèmblée  qui  fous  le  bon  plaifîr  de  l'Empereur  fe  tiendroit  sL 
Wormesle  28.  d'Oûobre  fuivant  5  &  qu'il  feroit  libre  au  Pape  d  y  envoyer 
fes  Nonces.  Les  Proteftans  acceptèrent  le  Décret,  &  déclarèrent  qu'ils  ne 
s'oppofoient  point  à  l'intervention  des  Nonces  y  mais  qu'ils  ne  prétendoient 

3*  La  Diète  fut  convoquée  par  Ferdinand  M.  Ameîot  a  traduit ,.  tous  Us  préjugés  mis 

â  Fagutnau,  ]  L ouverture  s*en  fie  le  tf.  à  part.  Mais  cela  ne  hit  aucun  fens.  Cas 

de  Juin,  &  elle  finit  le  i8.de  Juillet  i;40.  il  ne  s  agit  pas  ici  de  préjugés  ,  mais  de 

Sleid.  L.  1 5 .  p.  10^.  réparer  les  tons  que  les  Catholiques  fe  plai-^ 

4.  Injifioient  quen  laijfant  â  part  tous  gnoient  quon  leur  avoic  âdts  pax  TuTuipa.* 

les  torts  ,  &c.  ]  Ce  qu'exprime  ainfi  Fra-  tion  des  biens  Eccléfiaftiques* 
Paole  ,  rimojp  tutti  i  pregiudicii  ,  que 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E   I.  itfy 

Doint  par-U  attribuer  ni  aucune  primauté  au  Pape ,    ni  aucune  autoriré  i  m  d  x  u 

>•!  •  PaUi   ÏÎI 

ceux  qu  il  pourroit  envoyer.  '^^^^  "*• 

ï  L'Empereur  en  confirmation  de  ce  Décret  ordonna  TAflemblce ,  »  &  y 
envoya  pour  fon  Commiflaire  Granvellcy  qui  y  alla  avecl'Evequed'Arrasfon  /  p^^oS 
ils  depuis  Cardinal  ,  &  trois  Théologiens  Efpagnols  »  &  qui  en  fit  l'ou*  Pailav.  L.' 
vercure  par  un  difcours  fore  pieux ,  fort  propre  à  infpirer  la  concorde  &  d  4.  c.  ix. 
terminer  les  différends.  Peu  cie  jours  après  arriva  Thomas  Campege ,  Evèque  ^ ^cury  i  L. 
de  Felcri  &  Nonce  Apoftolique.  Car ,  quoique  le  Pape  vîr  bien  qu'il  étoit  nlf'^^'f '* 
couc-à- fait  contraire  àfes  intérêts  de  laifler  traiter  des  matières  de  Religibn  ^^^  ^'o    g^ 
en  Allemagne ,  &  qu'il  eût  fait  tout  fon  poflîble  pour  empêcher  ce  Col-  Rayn. 
loque  9  il  jugeoit  pourtant  quec  ctoit  encore  un  moindre  mal  d'y  confentir ,  N°  5^. 
que  de  le  laifler  tenir  malgré  lui.  ^  Le  Nonce  ,  conformément  aux  In£- 
miâions  du  Pape  ,  ^  fit  un  difcours  à  fon  entrée  ,  oii  il  dit  :  Que  les  Papes   t  SleiJ.  L. 


que  quoiqu'il  eût  été  oblig( 
pendre ,  parce  que  perfonne  ne  s'y  étoit  rendu ,  il  étoit  de  nouveau  réfolu 
de  le  convoquer  dans  un  lieu  plus  commode  :  Qu'afin  qu'on  y  rraitât  avec 
iiiccès  les  matières  de  Religion ,  ^  il  avoir  permis  à  l'Empereur  de  tenir  un 

$.  V Empereur  en  confirmation  de  ce  Dé'  Campège  ,  &  tapponées  par  Raynaldus ,  & 

ertt  ordonna  VAjfembUe  ,&y  envoya  pour  il  n  y  a  aucune  apparence  que  ce  Nonce  eût 

fon  Commijfaîre  GranveÛe  -■  qui  en  fit  Pou-  fàic  une  pareille  avance  fans  des  ordres  pré- 

verture.  Sec]  Non  le  18.  d'Oâobie  ,  auquel  cis  de  fon  Maître. 

le  Colloque  étoit  intimé,  mais  le  i;  de  8.  //  avoit  permis  à  V Empereur  de  te* 

Novembre  fuivant,  (tXon  S leutan^L.  13.  nir  un  Colloque  en  Allemagne  ,  quifervît 

p.  108.  comme  de  prélude  au  Concile^  &c.  ]  //vs- 

ê.  Le  Nonce  t  conformément  aux  inftruc'  Paolo  prête  ici  beaucoup  au  Nonce,  qui 

tions  du  Pûpe  ,  fit  un  difcours  a  fon  entrée  ,  fans  parler  du  Pape  dit  amplement ,  que 

&c.  ]  Ce  fur ,  félon    Sleidan  ,   le  8.  de  l'Empereur  avoic  ordonné  ce  Colloque  pour 

Décembre  fuivant.  fervir  comme  de  prélude  à  ce  qui  dévoie  (e 

7.  Que  Paul  III  —  étoit  de  nouveau  ri'-  traiter  a  Racisbonne  :  Ccefarem  quoque  Wor» 

fobi  de  le  convoquer  dans  un  lieu  plus  corn*  matianum  hoc  CoUoquium  inftituijfe  ,  Ra^ 

mode,  &c.  ]  11  ne  parok  point  par  Textrait  tisbonenfis  Conventûs  ,  ubi  Cafar  aderit^ 

qjoe  donne  Sleidan  de  ce  difcours,  que  le  velutiquoddampraludium.{Rayn*'N^  jf^*) 

Nonce  ait  oHén  de  la  part  du  Pape  de  trans-  Il  n'eA  effeéUvement  nullement  vrai^m- 

férer  le  Concile  dans  un  lieu  plus  commo-  blable ,  que  le  Nonce  eut  ofé  dire  que  le 

de  i  mais  il  dit  fîmplement  que  ce  Pontife  Pape  avoit  permis  ce  Colloque ,  tandis  que 

voyant  que  perfonne  ne  s*étoit  rendu  à  Vi-  dans  fes  inftruâions  il  étoit  marqué  que  le 

cenze ,  av.iit  remis  la  tenue  du  Synode  à  un  fàint  Siège  les  avoit  toujours  condamnés, 

autre  tems ,  in  aliud  tempus  neceffarid  re-  Nos  licet  ex  eo  quod  iftos  fuper  Religiont 

jeciffi  ;  Se  qu'il  TaiTembleroit  lor(qu*il  plai-  Trafiatus  —  nonfolum  nonprobare  ,  verum 

loit  à  rEinpereur  &  à  l'Allemagne  ,  qualora  etiam  damnare  ,  &  quoad  fieri  poffet,  pro- 

foffe  gradito  aW  Imperadore  ed  alla  Ger^  hibere  deberemus  ^  tamen  «  Sec,  L'on  a  vu 

mania  ,  comme  s'exprime  PuUavicin,  Il  même  que  les  Cardinaux  Farnèfe  Se  Cervin 

n  e(l  eliedlivement  rien  dit  de  l'otfre  d'une  avoient  îzÀi  tout  leur  podible  pour  détour- 

autre  Ville  dans  les  Inflruâions  données  à  ner  TEmpereui  d'en  permettre  aucun  s  &  il 


166       HISTOIREDU    CONCILE 

U9XU   Colloque  en  Allemagne  »  qui  fervît  comme  de  prélude  au  Concile  »  &  qu'il 

PAut  m.  l'avoic  envoyé  pour  y  ailifter  de  fa  part ,  Se  les  aider  autant  qu'il  pourroit  : 

'  Qu'il  les  prioit  donc  tous  de  faire  leur  poflible  pour  parvenir  â  la  concorde  t 

ôc  qu'il  leur  promettoit  de  faire  de  fon  côté  tout  ce  que  la  Religi<Hi  pourrok 

lui  permettre  de  faire.   '  f^erger  Evèque  de  Capo  d*lftria  ,  donc  on  a  déjà 

V  Pallav.L  P^^^^  plufieurs  fois ,  vint  aufli  au  Colloque ,  ^  non  comme  Miniftre  du  Pape  t 

5.  c.  1 1.    quoiqu  en  eâèt  envoyé  par  lui ,  comme  fort  au  fait  du  génie  des  Allemands  » 

Steid.  L     mais  avec  le  caraâère  d'Envoyé  de  France ,  pour  fervir  plus  utilement  le 

15-  P  ^^9*  Pape  fous  un  nom  étranger.  Ayant  fait  imprimer  un  Difcours  fur  l'unité  SC 

^o   '         1^  P^ix  de  TEglife ,  où  il  avoir  pour  but  de  montrer  que  le  Concile  Na« 

Fleury    L.  t^onnal  n'étoit  pas  un  moyen  propre  pour  parvenir  â  cette  fin ,  il  en  fit  difl 

i3^.N^;3.  tribuer  le  plus  qu'il  put  de  copies ,  à  deifein  d'interrompre  ce  Colloque  qui 

reflembloit  en  quelque  forte  a  un  Concile  de  cette  namre.  On  fut  long* 

cems  à  ajufter  la  forme  de  la  Conférence ,  tant  par  rapp:>rt  au  (ècrec  qui 

s'y  devoir  garder ,  que  pour  régler  le  nombre  des  Doâears  qui  parleroienr» 

■<»  Car  il  y  avoir  des  grns  ,  qui>  tant  à  l'inftigation  du  Nonce  Campige^ 

eft  (arprenant  qae  Fra-Paolo  »  qai  Tenoit  pour  empêcher  de  remployer  avec  on  ca- 

de  le  raconter,  air  fait  parler  le  Nonce  d*a-  raâ:re  public  ,  pouvoir  cependant  ne  Vtxst 

ne  nnanière  fi  peu  conforme  a  ce  qui  s*é(oit  pas  alTez  pour  empêcher  de  (ê  (êrvir  de  loi 

palis  auparavant.  Car  quand  bien  même  fecrerrement ,  non  comme  d*un  homme  é^ 

Paul  l'eÂt  permis  «  il  n'eue  januis  fouifèrt  confiance ,  mais  comme  d*an  infljument 

qu'on  le  iaillàc  connoirre  au  Public.  Au(H  ne  fecret ,  propre  à  être  défàvoué  en  cas  qu'il 

voit-on  rien  de  pareil  ni  dans  les  Inftrudions  n'agît  pas  comme  on  le  defiroit.  Du  nxiins 

de  Campége ,  ni  dans  l'extrait  que  donne  il  me  paroit  tout  à  fiiit  hors  de  vraifem- 

SUidan  de  fon  dHcours.  blance  ,  que  l'a  France  fe  toi  (èrvie  fans 

9*  Verger  Evêque  de  Capo-d^Iftrla    -  la  participation  du   Pape  ,   d'un    Evêqoa 

vint  auffiau  Colloque ,  non  comme  Mini^  Italien  qui  avoit  exercé   plufieurs  Nonr 

tre  du  Pape  ,  quoiqu  en  ejfet  envoyé  par  ciatures^  &  en  qui  les  Papes  ic  Paul  Im^ 

ht  —  mais  avec  le  caraélère  d'Envoyé  de  même  aveient  montré  beaucoup  de  con* 

/r^s/zce.  ]Ceftcequedit  poficivement5/ri-  fiance.   Ainfi ,  fi  ce  que  difem  5/(fiikii  ft 

dan  ,  fur  rautorité  duquel  Fra-Paolo  l'a  Fra-Paolo  n'eft  pas  tout  à  dit  certain  ,  ii 

(ans  doute  avancé.  Erat  etiam  in  hoc  Con^  me  femble  au  moins  qu'il  eft  extrêmement 

venm  Petrus  Paulus  Vergerius  Epifcopns  probable. 

JufiinopoUianus  ,  verbo  quidem  tanquam  1  a.  Car  H  y  avoîi  des  gens  qui  ,  tant 

Oailia  Régis  caufa  ,  fed  rêvera  miffus  â  à  Finftigation  du  Nonce  Campège  «  que  par 

Ponùfice  ,  qui  fuis  rébus  Ulum  infervire  ks  intrigues  fecrettes  de  Vetpr ,  s*appli* 

magis  putabat ,  fiquidem  alieno  nomme  ibi  quoient  â  tirer  les  chofes  en  lofègueur  ]  No- 

verfaretur.  Il  faut  avouer  d'ailleurs ,  que  la  tre  Auteur  après  Sleidan  rejette  ces  tenta* 

conduite  que  tint  cet  homme  dans  le  Col-  tives  fur  les  Catholiques  \  de  Paltaviein  for 

loque  juftifie  afiez  le  peHbnnage  que  ces  les  Proteftans  ^  que  le  Nbnce  Moron  es 

deux  Hiftoriens  lui  font  &ire.  Cependant  accufe  di?^s  fes  lettres.  L'autorité  de  chaque 

PalUvicin  prérend  que  la  chofe  eft  abfola-  cAté  eft  fafpede ,  9c  peut  être  chaque  Parti 

mear  &ulle  ,  &  même  impoffible  ,  parce  avoir-il  fes  raifons  pour  temporifirr  ;  les  Ca« 

que  dès-lors  ce  Prélat  avoit  éré  rendu  CuC-  tholiques,  parce  que  félon  Shidan  les  Pré- 

peél:  a  Rome  par  les  rapports  défavantageur  fidens  leur  étoient  fufpeéh  >  ft  les  ProteT- 

qq  avoit  Eût  de  lui  le  Légat  Aléandre  au  tans  ,  parce  qti'ils  étoient  bien  aifes  à  la  fil* 

Pape.  Cette  raifon ,  toute  fone  qu  elle  fflt  reur  dn  cems  de  pouâèi^or  aranti^  «  9t. 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I V  R  E   I.  Uy 

que  pftr  tes  intrigues  fecrectes  de  f^trgcry  sappliquoienc  à  tirer  les  chofes  m  irxi.  il 
en  longueur.  Mais  il  fut  arrêté  enfin  ,  que  Tcan  Eckius  parleroit  pour  les  ^^^^  ^^ 
Catbobques  ,  &  Philippe  MelanSon  pour  les  Proceftans  >  &  qu'on  coin-  *""— "^ 
IDenceroit  par  la  matière  du  Péché  originel. 

PENDANT  que  cela  fe  paiToit  à  formes  »  le  Nonce  qui  rcitdoir  auprès  de 
FEmpereur  ne  ce({bit  de  lui  repréiènter  '  que  ce  Colloque  prodoiroit  on      |. 
moà  Schifme  »  &  rendroit  toute  l'Allemagne  Luthérieime  ;  âr  que  non-  ^Jo  ^J^ 
feulement  il  détruiroit  entièrement  l'autorité  du  Pape  >  mais  auffî  qu'il  Spond.* 
efibibliroit  extrêmement  la  fienne.  Il  lui  répéta  toutes  les  mêmes  raifons  y^""  $> 
que  lui  avoir  alléguées  Montcpulciano  pour  empêcher  le  Colloque  ordonné  ^^^*"Jj  ^ 
dans  la  Diète  de  Francfort ,  &  celles  dont  s'étoic  fcrvi  le  Cardinal  Farnifc  '  ^^"^  ^^ 
pour  arrêter  celui  de  Haeuenau.  Enfin  l'Empereur  perfuadé  par  fcs  raifons  » 
-  ic  inftruit  par  GranvdU  açz  difficultés  qu'il  rencontroit  >  ne  voulut  pas  que 
l'on  pafsât  plus  avant.  '  '  C'eft  pourquoi ,  après  trois  jours  de  conférence 
entre  Eckius  &  Milancion  ,  le  Colloque  fut  rompu  par  des  lettres  de  l'Em* 
pereur  >  qui  rappelloit  GranvclU  >  &  qui  remettoit  tout  à  la  Diète  de  Ra- 
cisbonne,  où  il  avoitdellèin  de  fe  trouver»  croyant  que  fa  préfcnce  facili- 
cetoit  les  chofes. 

LXV.  L'EMPEREUR  y  s'y  rendit  en  effet  avec  de  grandes  efpérances  de  -^^  ^>*^ 
H^rminer  tous  les  di£fêrends  ,  &  d'unir  rAllemagne  en  une  feule  Religion  ,  ^'  ^  ^^ïf/u 
»>  &  l'ouverture  s'en  fit  au  mois  de  Mars  mdxli.  Charles  zyon  invité  le  p^^^'^J^^ 
Pape  d'y  envoyer  un  L^at  habile  &  difcret  »  avec  des  plein- pouvoirs  très-/^  CardiiuU 
ainples  >  pour  cire  en  état  de  terminer  fur  le  champ  ce  que  la  Diète  &  le  Contarini 
Légat  jugeroient  convenable ,  fans  qu'on  fut  obligé  d'envoyer  à  Rome  pour  f^'^  I^Js^^ 
chaque  cnofe  -,  &  il  lui  marqua  que  c  etoit  dans  cette  vue  qu'il  avoit  cédé  ^^  IVo  ^ 
aux  inltances  faites  par  fon  Nonce  pour  la  rupture  du  Colloque  de  VTor-  Flcury  ,  lT 
mes.  i59.N**^7. 

Paul  envoya  donc  *  le  Cardinal  Gafpar  Contarini ,  eftimé  très-habile  &  *  FlcunfjL, 
très-homme  de  bien,  &c  il  le  fit  accompagner  par  des  perfonnesbieninf- ^^^*^  ^ 

de  tendre  leur  Seâe  plus  nombieofe.  A  )a-  tx.  L'ouverture  s*  en  fit  au  mois  de  Mars  ^ô  ,  ^ 

&poimanc  des  chofes  far  la  fimple  vrai-  mdxlt.  ]  Sleidan   marque  au  contraire ,  feqq. 

blance ,  il  femble  que  Sleidan  eft  mieux  qu'elle  ne  fe  fît  qu'au  f  d'Avril.  Qukmjam  Spond.  N^ 

ftndédans  fes  conjonâures  que  le  Cardi-  plerique  convenijfentomnes  ^  inchoatur  adio  i.  i.  &  5. 

nel  Pallavicin»  parce  que  les  Catholiques  di^ quinta  menfis  ^/xri/ix. Cependant  j?jy*  Pallav.L4. 

lyint  intérêt  de  £aire  avorter  ce  Colloque  naldus  la  marque  au  premier  :  Cofti  funt  c.  1 5.  &  14. 

comme  les  précédens^  ne  pouvoienc  mieux  prima  AprHis  die  Ratishonenfts  Convenu- 

Îf  réttffii  qu'en  &iûinc  traîner  les  chofes  en  tus.  Peut-être  que  la  cérémonie  de  l'oo- 

ongueur.  venure  de  la  Diète  fe  fit  le  premier ,  & 

I  r.  C*efi pourquoi  ,  après  trois  jours  de  qu'on  ne  commença  à  parler  d'af&ires  que 

conférence  entre  Eckius  &  Mélanéhn  ,  le  le  f.  Cela  reviendroit  ailez  a  ce  que  dit 

Coiioque  fat  rompu  ,  &c.  ]  Le  1 8  de  Jan-  Fra-Paolo ,  qui  après  avoir  mis  l'ouver- 

vier  1  f  4f  ,  après  la  leéhire  dts  lettres  de  ture  de  la  Diète  au  mois  de  Mars ,  mar* 

fEmpereur  ,  qui  rappelloit  Granvelîe ,  &  que  la  première  finance  au  f  d'Avril.  Mais 

Tcmenoit  tout  à  la  Diète  de  Ratisbonne,  o&  en  ce  cas ,  Sleidan  ou  Raynaldus  fe  fou» 
si  ayoît  dcflêin  de  fe  trouver  loi-même»         mal  exprimés. 


V 

X 


Il  D  X  L  I. 

Paul  III. 


i6i       HISTOIRE    DU    CONCILE 

truites  de  tous  les  intérêts  de  la  Cour  de  Rome ,  &  par  des  Notaires  char- 

gcs  de  drefler  des  Aftes  de  tout  ce  qui  fe  diroit  &  fe  feroit.  Le  Légat  avoit 

*""■■■■"  ordre ,  en  cas  qu'il  preflentît  qu'il  le  dût  faire  quelque  chofe  au  préjudice  de 
l'autorité  du  Saint  Siège ,  d'interrompre  le  Colloque  ,  &  de  propofer  un 
Concile  Général  comme  l'unique  &  le  véritable  remède  aux  maux  :  ou 
s'il  arrivoit  que  l'Empereur  fut  forcé  d'accorder  aux  Proteftans  quelque 
chofe  de  défavantageux ,  il  étoit  chargé  de  s'y  oppofer  par  l'Autorité  Apof* 
tolique  *,  ou  fi  la  chofe  étoit  déjà  faite  ,  de  la  condamner  &  la  dédaccr 
nulle ,  Se  enfuite  de  fe  retirer  ae  la  Diète  »  mais  non  pas  d'auprès  l'Em- 
pereur. 

La  première  chofe  que  fit  le  Légat  à  fon  arrivée  à  Ratisbonne  ,  futd*ez- 
cufer  le  Pape  de  ce  qu'ilne  lui  avoit  pas  donné  des  plein-pouvoirs  auifi  amples 
&  une  autorité  aufli  abfolue  que  l'Empereur  le  défiroit  y  premièrement  » 
parce  que  cette  puifiance  abfolue  eft  tellement  attachée  au  Pontificat ,  qu'elle 
eft  incommunicable  à  tout  autre  s  '3  &  fecondement,  parce  qu'il  n'y  avoit 
ni  termes  ni  claufes  propres  d  exprimer  la  communication  que  feroit  le  Pape 
à  d'autres  pour  déciaer  des  controverfes  de  la  Foi  ;  le  privilège  de  l'Infàilti- 
bilité  n'ayant  été  donné  qu'à  la  perfonne  du  Pape  dans  ces  paroles  de  Jefus-» 
M  Luc.  Chrift  à  S.  Pierre  :  *  Pierre  y /ai  prié  pour  vous.  Il  ajouta:  Que  cependant 
XXII.  $1.  Paul  lui  avoit  donné  tout  pouvoir  de  faire  un  accord  avec  les  Proteftans  » 
pourvu  qu'ils  admifiènt  d'abord  ,  que  la  primauté  du  Saint  Siège  a  été  ins- 
tituée par  Jefus-Chrift ,  qu'ils  reconnufiènt  les  Sacremens  tels  qu'ils  fbnc 
enfeignés  dans  TEglife  Romaine  ,  6c  qu'ils  reçudènt  tout-ce  qui  avoit  été 
décidé  par  la  Bulle  de  Lion  :  '^  Qu  a  ces  conditions ,  il  ofiroit  de  donner  aux 

Allemands 


X  5 .  Secondement ,  parce  qu'il  n'y  avoit 
ni  termes  ni  claufes  propres  à  exprimer  la 
communication  que  feroit  le  Pape  ,  &c.  ] 
Tout  cec  endroic  a  été  omis  par  M.  Ameloty 
(ans  nous  dire  pourquoi. 

1 4.  Qu'à  ces  conditions  il  offroit  de  don- 
ner aux  Allemands  une  pleine  fatisfaBion 
fur  toutes  les  autres  chofes.  ]  Par  les  Inf- 
crudions  données  à  Contarini ,  il  ne  pa- 
Toit  pas  que  Tes  pouvoirs  fuflenc  fi  amples. 
Car  il  lui  étoit  défendu  de  rien  innover,  & 
de  donner  aucune  difpenfe  des  Loiz  &  des 
Cérémonies  qui  étoient  en  ufage  dans  route 
TEglife.  Amplijfima  poteftate  à  Pontifice 
inftruHus  eft  ,  dit  Reynaldus  ,  ut  hœreticos 
ad  fidem  CathoUcam  pelliceret  :  verum  cir- 
ca  Ritus  Ecclefict  aliaque  traditione  Apof- 
tolica  ad  nos  tranfmiffa  quidquam  novari 
ah  eodem  Pontifice  vetitus  eft,  C'eft  ce  que 
portoit  le  premier  chef  des  InQruâions , 
(eloa  Pallavicin ,  où  il  étoit  marqué ,  Che 


nella  di/penfa^ione  dette  leggi  e  de'  riti  délia 
Chiefa  introdotti  non  gli  dava  il  Pontefict 
veruna  giurifdi^ione  :  3c  tous  les  autres 
points  étoient  conformes  à  ce  premier, 
comme  on  le  voit  dans  ces  Auteurs*  Si 
urgentur  ad  permittenda  Lutheranis  fidû 
dignitatique  Pontificia,  contraria  ,  interritai 
animo  profiteatur  nunquam  iis  affenfurum  ^ 
imb  nomine  Pontificio  illa  prohiheat  ac  rtf-^ 
cindat  —  Si  quid  etiam  iniqui  ad  tempus 
aliquod  Lutheranis  in  Conventu permittatur 
donec  celebretur  Concilium  ^  id  omninb  pro* 
hibeat ,  &c.  Il  n'eft  donc  pas  étonnant  apréf 
cela,  que  l'Empereur  fe  foit  plaine  qaon 
eût  envoyé  le  Légat  avec  des  &cultés  fi  li- 
mitées ,  ni  que  celui-ci  en  ait  fait  des  ex-* 
cufes.  Mais  il  feroit  un  peu  extraordinaire , 
que  ce  Miniftre  connoiflant  ces  limitations, 
eût  offèn  aux  Allemands  de  leur  donner  uns 
fi  ample  (àtisfadUon  fur  tout  ce  qui  ne  legar» 
doit  poiot  les  dogmes  »   &  Fra-Paola 

fembl^ 


DE    TRENTE, Livre    I.  169 

Allemands  une  pleine  fatisfadtion  fur  toutes  les  autres  chofes.  Enfin  il  m  d  jc  1 1; 
fjria  l'Empereur  de  n'cœuter  aucune  propofition  des  Proreftans  &  de  ne  leur  ^^^^  ^^' 
rien  accorder  à  Tinfu  des  autres  Nations  >  de  peur  qu'il  n'en  arrivât  quelque  •"■"■■" 
diviàon  dangéreufè. 

'  f  Comme  cette  Diète  fut  la  caufe  principale  qui  porta  le  Pape ,  non- 
ièalement  i  confentir  comme  auparavant  à  la  célébration  du  Concile ,  mais 
encore  à  en  preflèr  davantage  la  célébration  ;  ^  &  qu'au  contraire  *  ^  les  Pro-  b  Pallav.  U 
teftans  s'y  convainquirent  plus  <fue  jamais ,  qu'il  n'y  avoit  rien  â  efpérer  4*  c.  13. 
pcmr  eux  ni  dans  le  Concile ,  ni  par-tout  où  il  y  auroit  un  Miniftre  du 
Pape  ;  il  efl:  néceflàire  d'expofer  ici  dans  un  plus  grand  détail  toutes  les  chofes 
qai  sYpafsèrent. 

^7  Dans  la  première  Séance,  qui  fe  tint  le  5  d'Avril,  on  y  dit  au  nom     Suechdt 
i l'Empereur:  ^  Que  Sa  Majefte  Impériale  voyant  que  les  divifions  des ceae Diéie ^ 
Etats  de  l'Empire  fur  les  matières  de  Religion  avoient  donné  occafion  aux  &pUintês 
Turcs  de  pénétrer  jufque  dans  le  fein  de  l'Allemagne ,  ce  Prince  avoit  cher-  /«'^J  ^^»^' 
die  tous  les  moyens  poflSbles  de  les  terminer  :  Que  n'en  trouvant  point  de  ^^^^  j 
— :ii^.._  q^ç  jç  ^^^  j^  Concile  Général,  il  s'étoit  rendu  en  Italie  pour  ij.p.  xîi. 

RaynuN?i, 
auparavant ,  par  les  tentatives  qae  les  Non- 


femble  avoir  ignoré  en  le  hifknt  parler  ain- 
fi  ,  combien  (es  pouvoirs  étoienc  bomés. 
Cependant  avec  de  celles  limitations,  com« 
ment  éroic-il  pofEble  de  tenter  jamais  aa- 
cane  union  ?  Si  le  Légat  ne  pouvoit  pas  fe 
f  elicher  même  fur  des  Rits ,  à  quoi  pou- 
voit fervir  (à  préfence  ?  rien  qu'à  rompre  le 
Colloque  s  &  c*étoit  apparemment  le  but 
in  Pape ,  dans  le  tems  qu*il  fembloît  vouloir 
contenter  l'Empereur  par  Tenvoi  d  un  Lé- 

I  f  •  Comme  cette  Diète  fut  la  caufeprin- 
tipak  fui  porta  le  Pape  ,  non-feuUment  à 
confentir  comme  auparavant  à  la  célébra^ 
tîon  du  Concile  ,  mais  encore  à  en  preffer 
dévantage  la  célébration  ,  &c.  Ce  que  dit 
ici  Fra-Paolo  eft  très-certain  i  Se  c'eft  en- 
vain  que  le  Cardinal  Pallavicin  prétend  le 
convaincre  de  &ux ,  en  ditant  que  dès  au- 
paravant Paul  IIL  avort  fon  infifté  pour 
»ire  tenir  le  Concile.  Notre  Hiftorien  ne 
le  nie  pas  ^  mais  il  dit  que  cette  Diète  le 
porta  à  en  prelTer  davantage  la  célébra- 
tion ,  &  (on  Adverfaire  ne  prouve  pas  le 
contraire. 

■  1^.  Les  Protefians  s'y  convainquirent 
plus  que  jamais  ,  qu'il  n'y  avoit  rien  à  ef" 
peur  pour  eux  ni  dans  le  Concile  ,  ni  par- 
tout  où  il  y  auroit  un  Miniftre  du  Pape.  ] 
Ils  avoient  dû  s'en  convaincre  dès  longtems 

TOM£    L 


ces  &  les  Légats  avoient  toujours  £iites,  & 
les  ordres  qu'ils  avoient  d'empêcher  tout  ac- 
cord ,  qui  ne  fe  pourroit  faire  qu'en  relâ- 
chant quelque  chofe  ou  des  prétentions  oa 
des  opinions  delà  Cour  de  Rome.  Et  quoi*- 
que  Pallavicin  femble  le  nier  »  en  difanc 
que  plufîeurs  blâmèrent  Contarin  pour  s'être 
trop  prêté  à  cet  accord  ,  cela  fert  plutôt  à 
jïdiiéei  Fra-Paolo  qu'à  le  réfuter  s  puifque 
le  peu  d'avances  que  fit  ce  Légat  contre  (es 
Inftiuélions ,  ne  laiflà  pas  de  £iire  blâmer 
(k  conduite  à  Rome ,  oà  l'on  parloit  bien 
d'avoir  de  l'indulgence  pour  les  Hérétiques  y 
mais  oà  l'on  ne  voiHoit  rien  relâcher  «  pas 
même  dans  les  chofes  les  plus  indifférentes, 
&même  les  plus  néceffaires,  comme  les 
prières  en  Langue  vulgaire ,  le  retranche* 
ment  du  culte  des  Images ,  la  Communion 
fous  les  deux  efpèces ,  &c» 

17.  Dans  la  première  Séance  ,  qui  fe 
tint  le  s  d'Avril ,  &c.  ]  Apparemment  que 
notre  Auteur  diftingue  l'Ouverture  «  de  la 
première  Séance ,  puifqu'il  a  dit  un  peu 
plus  haut ,  que  l'ouverture  de  cette  Diète 
fe  fit  au  mois  de  Mars.  Autrement ,  il  (è 
contrediroit  d'une  manière  a(fez  fen(!ble» 
Je  ne  (ai  fur  quelle  autorité  il  a  placé  l'ouver- 
ture an  mois  de  Mars.  Mais  ici  il  fuit  le  té* 
moignage  de  Sleidan» 

Y 


170         HISTOIRE    DU    CONCILE 

u  D  X  L I.  en  traiter  avec  le  Pape  Clément  \  mais  que  la  chofe  n'ayant  pu  s'exécuter  »  il 
Paul  IIL  ^^^Jj  ^\\^  ^  Rome  pour  en  conférer  avec  Paul ,  qu'il  y  avoit  trouvé  très- 
difpofé  :  Que  la  guerre  ayant  toujours  empêché  l'exécution  de  ce  deflcin» 
il  avoit  enfin  convoqué  cette  Diète ,  &  prié  le  Pape  d'y  envoyer  an  Légat  ^ 
Qu'enfin  il  n'avoit  rien  de  plus  à  cœur  que  de  pouvoir  procurer  quelque  ac- 
commodement ,  &  que  pour  y  parvenir  il  étoit  à  propos  de  choifir  de  part  &c 
d'autre  un  petit  nombre  de  gens  pieux  &  favans ,  qui  fans  préjudice  d'aucune 
des  Parties  conféradent  à  l'amiable  fur  les  points  controverfés ,  &  propo- 
fàiTent  à  la  Dièce  quelque  voie  de  conciliation ,  afin  qu'après  en  avoir  dé* 
libéré  avec  le  Légat,  on  pût  parvenir  à  la  fin  qu'il  défiroit.  Il  y  eut  d'abord 
une  contedation  entre  les  Catholiques  &  les  Proteftans  >  fur  la  manière 
d'élire  ceux  qui  dévoient  conférer.  C'eft  pourquoi  l'Empereur»  qui  fouhaitoic 
que  cette  Conférence  eût  quelque  fuccès ,  fe  fit  déférer  cette  nomination 
par  les  deux  Partis ,  les  amirant  qu'il  ne  feroit  rien  que  pour  le  bien  &  l'a- 
vantage commun.  Il  élut  donc  pour  les  Catholiques  »  Jean  Eck^tus  ,  JuUs 
Pflug ,  &  George  Groppe  ;  &  pour  les  Proteftants ,  Philippe  MelanSon  , 
Martin  Bucer  &  Jean  Pifiorius ,  qu'il  exhorta  par  un  difcours  très-grave  i 
fe  dépouiller  de  leurs  padions  &c  de  leurs  préjugés ,  &  a  n'avoir  en  vue  que 
iSleiJ.  L.  la  gloire  de  Dieu.  Il  nomma  ^  pour  préfider  d  ce  Colloque ,  Frédéric  Prince 
1  j. p.  xij.  Palatin ,  &  Granvelle  ;  «^  &  il  cnargea  quelques  autres  dy  aflifter,  afin  que 
Rayn.N  7.  ^^^^  (g  pafsât  avec  plus  de  dignité.  Le  Colloque  étant  affcmblé ,  Granvelle 
j}9^^99.  y  préfenta  un  Livre  qu'il  dit  avoir  été  donné  â  l'Empereur  par  quelques  per- 
lonnes  pieufes  &  favantes  >  comme  propre  à  rétablir  la  concorde  ;  Se  die 
que  ce  Prince  fouhaitoit  qu'on  le  lût  &  l'examinât,  comme  devant  fervir 


le  guide  fur  les  matières  fur  lefquelles  on  devoir  conférer  ;  6c  qu'il  prioic 

3u'on  y  confirmât  ce  qui  plairoit  à  tout  le  monde ,  qu'on  y  reformât  ce  qui 
éplairoità  tous,£c  qu'on  vit  comment  on  p  arroit  s'accorder  fur  les  chofcs 
•lAN^'ioo.  fur  lefquelles  on  ne  conviendroit  pas  de  fentimçns.  Ce  Livre  «  contenoit 
Skid.L.  14.  XXII  Articles  ,  &  l'on  y  traitoitdc  la  création  de  l'Homme  &  de  l'intégrité 
l"^-"^' de  la  Nature,  du  Libre- Arbitre ,  de  la  caufe  du  Péché  originel,  delajufti- 
N°  IX.       fication  ,  de  TEglife &  de  fes marques^  des  fignes  de  la  Parole  de  Dieu» 
de  la  Pénitence  après  le  Péché ,  de  l'Autorité  de  l'Eglife ,  de  llnterpréta^ 
tion  de  l'Ecriture ,  des  Sacremens ,  de  l'Ordre  ,  du  Baptême  ,  de  la  Con- 
firmation ,  de  l'Euchariftie,  delà  Pénitence  ,  du  Mariage,  de  l'Extrême- 
Ondion ,  de  la  Charité ,  de  la  Hiérarchie  Eccléfiaftiquc ,  des  Articles  dé- 
terminés par  l'Eglife ,  de  l'ufage ,  de  l'adminiftration  &  des  cérémoaies 
des  Sacremens,  de  la  Difcipline  Eccléfiaftique ,  ôc  de  la  Difcipline  da 

1%.  Et  il  chargea  quelques  autres  d*y  af-  naldus  ,  c'étoîent  Eherard  de  FoleJvBerg  ^ 

fifter  ^  afin  que  tout  je  paffdt  avec  plus  de  le  Comte  de  Manderpett,  Henri  Najs  , 

dignité.]  Ceux  qui  étoicnt  chargés  de  cette  François  Rivard ,  Jean  Jai  ,  àc  Jaques 

commiÂon  écoient ,  félon  Sleidan ,  le  Com-  Sturm  ;  qui  font  apparemment  les  mêmes 

te  de  Manderfcheid  ,   Eherard  Rudens  ,  perfonnes  ,  mais  dont  les  noms  ont  txiàkr 

Henri  Hafs ,  François  Burchard  ^  Jean  figurés  par  ce  dernier  Auteur»- 

Figgg  &  Jaques  Sturm.  Mais  félon  Ra^r. 


* 


DE    TRENTE, Livre    L  171 

Peuple.  Ce  Livre  ayant  été  luô^examiné,  on  en  approuva  quelques  Ar-  MDrt't. 


ciclcs,  on  CT  réforma  quelques  autres  d'un  confentemcnt  général,  &  '5.  il  Paul.III. 
r  en  eut  quelques-uns  fur  lefqueis  on  ne  put  convenir,  ^  comme  far  le  ix  de  "TT" 
a  Puiflance  de  TEglife ,  fur  le  xi  v.  du  Sacrement  de  Pénitente ,  fur  le  x  viii.  :    xîl 


i 


/Bclcar.  L- 


de  la  Hiérarchie,  fur  le  xix.  des  Articles  déterminés  par  TEglife ,  &  fur  le 
XXI.  du  Célibat,  fur  lefqueis  on  relia  oppofé  j  &  chaque  Parti  écrivit  fon 
avis. 

Ceci  étant  terminé  dans  l'Aflemblée  des  Princes  ,  K  rEmpercur  pré-^FIcury,  L. 
icntaà  toute  la  Diète  les  articles  accordés,  &  les  fcntirtiens  difFércns  desi59.N®io}. 
Interlocuteurs  du  Colloque,  &  en  demanda  les  Avis,  propofant  en  même-  Pallav.  L. 
rems  de  faire  une  réformation  tant  dans  TEtat  que  dans  l'Eglife.  Les  Eve-  ^:  ?•. '  J* 
ques  rejettérent  entièrement  le  Livre  de  la  Concorde  &  tous  les  AAes  du  j      '  ^^ 
Colloque.  Mais  les  Eleâeurs  &  les  autres  Princes  Catholiques  ,  qui  déH- 
roient  la  paix ,  n'entrant  pas  dans  les  mêmes  fentimens,  il  fut  conclu  que 
l'Empereur  ,  comme  Avocat  de  TEglife  ,  examineroit  avec  le  Légat  les  Ar- 
ticles accordés ,  &  feroit  expliquer  ceux  où  il  pouvoir  refter  quelque  obfcu- 
rité  5  après  quoi  il  traiteroit  avec  les  Proteftans  ,  pour  tâcher  de  convenir 
de  quelque  Formule  de  concorde  fur  les  points  conteftés.  L'Empereur 
communiqua  le  tout  au  Légat ,  &  lui  fit  des  inftances  pour  la  réformation 
de  l'Etat  Eccléfiaflique.  ^®  Après  de  férieufes  réflexions ,  le  Légat  ^  donna  ^FIcury,L. 
par  écrit  une  réponfe  conçue  d  la  manière  des  anciens  Oracles ,  où  il  di-  i39*N°io;. 
foit  :  Qu'iayant  vu  le  Livre  préfenté  à  Jtmperêur ,  Se  tous  les  Ecrits  des  ^^^^^*  ^ 
Députés  du  Colloque,  auffi-bien  que  les  Apoftilles  faites  de  part  &  d'au-  ^^'  ^V* 
trc,  &  les  objedions  des  Proteftans,  *'  il  étoit  d  avis ,  que  comme  ils  an.  15  41. 


19.  Il  y  en  eut  quelques-uns  fur  le/quels 
en  ne  put  convenir  ,  comme  fur  le  neuviè" 
me  ,  &c.  ]  Fra-Paolo  en  a  omis  ici  quel- 
ques autres ,  comme  les  articles  de  TEucha- 
riftie ,  de  Tinvocation  des  Saints ,  de  la 
Meffe ,  de  lufage  du  Colice ,  &  de  quel- 
ques autres.  De  quibufdam  non  ita  magni 
momenti capitibus, dit  Beaucaire^L»  ti.  N^. 
/o«  înter  Colloquutores  convenu  ;  de  prct" 
cipuis  non  convenu  ,  nempe  de  Ecclefia 
€jufque  poteflate  ,  de  corporis  &fanguinis 
Chrifti  facramento  ,  quam  Euchariftiam  vo- 
camus,  de  SatisfaSlioru  ,  de  Unitate  &  Or^ 
dine  facrorum  Miniftrorum  ,  de  SanElis  , 
de  facra  Liturgia  quam  Miffam  vocant  ^  de 
ufu  integro  Sacramenti  ,  id  efl  ,  quod  fit 
unus  integerfub  una  fpecie  ;  de  Calibatu. 
Ceft  auflî  ce  que  marque  SUidan  ,  &  je 
m*étonne  que  notre  Auteur  ,  qui  le  copie  fi 
ibuvent ,  ne  Taie  pas  fait  ici.  Ce  qu  il  y  a  de 
vrai ,  c'eft  qu'il  en  fut  de  ce  Colloque  com- 
me de  celui  d'Ausbooig  onze  ans  aupara- 


vant, otl  Ton  convint  des  queftions  les 
moins  importantes  ,  &  où  les  autres  leftè- 
rent  toujours  auflî  conteftces. 

20.  Après  deferieufes  réflexions  ^  le  Lé* 
gat  donrta  par  écrit  une  réponfe  conçue  à  Ia 
manière  des  anciens  Oracles ,  &c.  ]  Palla" 
vicin  dit  au  contraire  ,  L.  4.  c.  i  f .  qu'elle 
étoit  fon  claire  >  &  cependant  il  avoue  dans 
le  même  endroit ,  que  TEmpereur  la  prit 
dans  un  fens  tout  oppo(£.  Eft-ce  une  preuve 
de  fa  clarté  ,  ou  de  fon  ambiguïté  ? 

11.//  étoit  d*avis  ,  que  comme  Us  diffi- 
roient  en  certains  points  de  la  créance  corn» 
mune  de  rEglifc"^  on  ne  devoit  rien  flatuer 
fur  cela  ,  &c.  ]  C'eft  cette  réponfe ,  que 
Fra-Paolo  a  traitée  de  femblable  aux  an- 
ciens Oracles ,  &  il  femble  qu  il  n'ait  pas 
eu  tout  à  &it  tort.  Car  l'Empereur  en  con- 
clut que  le  Légat  n'ayant  parlé  de  ren- 
voyer au  Pape  que  les  articles  controverlés  ,' 
il  écoic  d'avis  qu'on  reçut  les  autres  jufqu'aa 
Concile  Général  00  a  la  Diète  prochaine.  L* 

Y  2 


N*>  14. 


17^        HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  o  z  L  X.  dififéroienc  en  certains  points  de  la  créance  commune  de  TEglife,  fur  le£^ 
Paul. IIL  qQ^j  néanmoins  il  efperoit  avec  laide  de  Dieu  de  les  voir  oientôt  d'ac- 
"^■■■■^  cord  ,  on  ne  devoir  rien  ftatuer  fur  cela,  mais  renvoyer  le  tout  au  Pape  Se 
au  Saint  Siège  y  qui  décideroient  ces  points  conformément  à  la  vérité  Ca« 
cbolique  ,  ou  dans  le  Concile  Général  qui  fe  devoir  bientôt  tenir  >  ou  de 
quelque  autre  manière  s*il  en  étoit  befoin ,  &  qui  auroient  égard  au  tems 
&  aux  conjonâures  pour  déterminer  tout  ce  qui  feroit  de  plus  avantageux 
au  bien  de  toute  la  (Chrétienté  &  de  l'Allemagne.  Quant  à  la  réformation 
de  l'Ordre  Eccléfiaftique  >  il  s'y  montra  très-porté  »  6c  affembla  pour  cela 
chez  lui  tous  les  Evèques ,  à  qui  il  fît  un  très>long  difcours  >  les  exhortant 

f»ar  rapport  à  leurs  perfonnes  à  éviter  tout  fcandale  &c  toute  apparence  de 
uxe  j  aavarice ,  ou  d'ambition  ;  &  par  rapport  à  leur  famille  >  à  la  tenir 
dans  la  régie  9  parce  qu'ils  favoient  bien  que  le  peuple  juge  des  mœiurs  Se 
de  la  concmite  de  fon  Evèque  par  celles  de  fa  maifon.  Il  les  exhorta  encore 
  demeurer  dans  les  lieux  les  plus  habités  de  leur  Diocèfe  »  pour  veiller 

5 lus  commodément  fur  leur  Troupeau  ,  &  a  tenir  dans  les  autres  lieux 
es  Surveillans  fidèles  *,  à  vifiter  leurs  Diocèfes  ;  à  conférer  les  Bénéfices  à 
des  gens  de  bien  &  de  capacité  ;  à  employer  leurs  revenus  au  foulag^ment 
des  pauvres  s  à  choifir  des  Prédicateurs  pieux ,  favans ,  difcrets ,  6c  pacifi- 
ques )  &  à  pourvoir  à  l'inftruâion  &  à,  l'éducation  de  la  Jeuneflè ,  qui  étoit 
le  moyen  dont  fe  fervoient  les  Proteftans  pour  attirer  à  eux  toute  la  No- 
bleflê.  Il  donna  des  copies  de  ion  Difcours  à  l'Empereur ,  aux  Evèques ,  Se 
aux  Princes  )  ce  qui  donna  occafion  aux  Proteftans  de  cenfurer  ce  Difcours 
aufli  bien  que  la  réponfe  donnée  a  l'Empereur ,  en  difant  pour  raifon ,  que 
cet  Ecrit  ayant  été  publié ,  on  pourroit  prendre  leur  filence  pour  une  ap- 
probation. Les  Catholiques  de  leur  côté  n'approuvèrent  pas  davantage  la 
réponfe  qu'il  avoit  faite  à  l'Empereur ,  parce  qu'il  leur  fembloit  y  approu- 
ver les  Articles  accordés  dans  te  Colloque, 
f  Fleury,  L  L'Empereur  *  fit  part  à  la  Diète  de  tout  ce  qui  s  etoit  pafTé  jufqu'alors  » 
xj^.N^xe^.  &  leur  communiqua  tes  JBcrits  mêmes  du  Légat  -,  concluant  qu'après  avoit 
fait  tout  ce  qui  étoit  en  lui ,  il  ne  reftoit  qu'a  délibérer,  fi  fauf  le  Recès  de 
la  Diète  d'Ausbourg  on  devoit  recevoir  les  Articles  accordés  dans  cette 
Conférence  comme  une  doârine  Chrétienne,  fans  les  mettre  davantage 
en  difpute  jufqu'au  Concile  Général  qui  devoit  bientôt  fe  tenir ,  comme 
le  Légat  fembloit  en  être  d'avis  ;  ou  bien ,  en  cas  que  le  Concile  ne  fe  tînt 
pas  ,  jufqu'à  une  nouvelle  Diète ,  où  l'on  examineroit  a  fond  toutes  les 
controvcrfes  de  Religion. 
J^  Pallav.      La  réponfe  des  Elefteurs  Catholiques  fiit  :  ^  Quils  approuvoient  fans 

L.  4.  c.  15.  héfiter  ,  comme  quelque  chofe  de  très-bon  &  de  très-utile ,  que  les  Arti- 

$leld.  L 

1 4*  p.  X I  ^.  plupart  des  Catholiques  l'entendirent  de  mfr-  mais  j*av(nie  que  fi  le  Légat  n*eâc  expliqué  (k 

me.  Cependanc  le  Légat  nia  que  ce  (ut  le  penfée  depuis  y  j*aurois  jugé  de  la  réponfe 

fensde^  réponfe.  Croira-t-on  après  cela  comme  en  jugèrent  alors  &  rEoipereox  &^ 

qu  clleétoic  audi  claire  que  le  dit  Pallavicin}  la  plupart  des  Cacholiques. 
Je  n'oIê  rien  aiTurex  do  jugement  des  amies; 


DE    TRENTE,  Livre    I.  173 

des  accordés  dans  le  Colloque  fuflenc  reçus  unanimement  jufqu'au  tems  m  d  x  l  1; 
du  Concile  Général  où  Ton  pourroic  les  examiner  de  nouveau ,  ou  du  moins  ^^^^  ^^* 
|afqu'à  la  renue  d  un  Synode  National ,  ou  d'une  Diète  ;  &  que  ce  feroic  - 

un  acheminement  à  une  conciliation  entière  fur  les  articles  fur  lefquels  on 
ii'étoit  pas  encore  d'accord  :  Que  de  plus  ils  prioient  Sa  Majefté  de  paflèr 
encore  plus  avant ,  s'il  y  avoit  quelque  efperance  d'avancer  davantage  la 
concorde  dans  cette  Diète  *,  mais  que  (1  les  conjondures  ne  le  permettoienc 
p0s,  ils approuvoient  fort  qu'il  traitât  avec  le  Pape,  pour  tâcher  de  l'en- 
gager â  aUèmbler  au  plutôt  en  Allemagne ,  de  l'agrément  de  Sa  Majefté , 
on  Concile  Général  ou  National  pour  y  rétablir  entièrement  l'union.   Les 
Proteftans  firent  la  même  réponfe ,  déclarant  feulement ,  que  comme  ils 
defiroient  un  Concile  libre  &  Chrétien  en  Allemagne ,  ils  ne  pouvoient 
en  accepter  un  oi\  le  Pape  Se  les  tiens  euflènt  le  pouvoir  de  connoitre  Se  de 
juger  les  points  de  Religion.  Mais  les  Evêques  ^  Se  quelque  peu  des  Prin-  ^ld>  Ibld 
CCS  Catholiques  répondirent  différemment.  Ils  avouèrent  d'aoord ,  qu'il  y  ^J^ 
avoit  en  Allemagne ,  auffi  bien  que  dans  d'autres  Nations,  des  Abus ,  des  Paiiav  L^ 
ScùtSf  ôcdesHéréfies,  qu'on  ne  pouvoir  détruire  fans  un  Concile  Gêné- c.  ij. 
raL  Mais  ils  ajoutèrent  :  Qu  ils  ne  pouvoient  confentir  à  aucun  change* 
ment  de  Religion ,  de  Cérémonies ,  Se  de  Rits ,  puifque  le  Légat  ofïroit  un 
Concile  dans  peu  de  tems ,  &  que  l'Empereur  en  devoir  traiter  avec  le  Pape: 
Que  fi  le  Concile  Général  ne  pouvoir  s'adembler ,  ils  fupplioient  Sa  Majefté 
&  le  Pape  d'en  faire  aflembler  un  National  en  Allemagne ,  ou  du  moins 


que 

des  Diètes  Impériales ,  &  fur  -  tout  dans  celui  de  la  Diète  d'Ausbourg  : 
Qu'ils  ne  confenciroient  jamais  â  recevoir  les  Articles  accordés  dans  le  Col* 
loque ,  rant  parce  qu'il  y  en  avoit  quelques-uns  qui  étoient  fuperflus ,  corn* 
me  les  quatre  premiers ,  que  parce  qu'on  y  avoit  employé  des  manières  de 
parler  qui  n'étoient  nullement  conformes  à  l'ufage  de  TÈglife  ;  qu'il  y  avoit 
atielques-uns  de  ces  Articles  qui  étoient  condamnables ,  Se  d'autres  à  ré- 
rormer  ;  qu'on  ne  s'étoit  accordé  que  fur  les  points  les  moins  importans , 
candis  qu'on  reftoit  divifé  fur  ceux  d'une  plus  grande  conféquence  ;  &  en- 
fin que  les  Catholiques  avoient  trop  accordé  aux  Proteftans ,  ce  qui  blef- 
fbit  la  réputation  du  Pape  &  des  Etats  Catholiques.  De  tout  cela  ils  con- 
duoient  qu'il  ne  falloit  faire  aucun  ufage  des  Aâres  du  Colloque  >  Se 
qu'on  devoit  renvoyer  à  régler  tout  ce  qui  concemoit  la  Religion  au  Con- 
cile ou  Général  ou  National ,  ou  à.  la  Diète.  Ce  qui  donna  lieu  à  cette  ré- 
ponfe des  Catholiques ,  fut  que  non-feulemenr  ils  croyoient  que  la  propo- 
iltion  de  l'Empereur  étoit  trop  avantageufe  aux  Proteftans  ;  ^^  mais  en- 

11.  Mais  encore,  que  Us  Do  fleurs  C  a-  en  détail   par  Sleidan,  qui  dit,  L.  14. 

tholîques  du  Colloque  ne  s'accordoient  pas  €pLEckius  ,  qui   mcprifoit  fon  &  le  Livre 

tnfemble.]   Ce  que    Fra-Paob   ne  fck  préfenté  par  rEmpereur,  &  les  Théologiens 

qa'expofei  ici  en  général  ,  cft  lapportfplus  qu'on  lui  avoit  aflbciés  dans  le  Colloque  , 


Rayn. 
N°  i; 


T74        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MD  X  L  I.  cjce  ,  que  les  Doâ;eurs  Catholiques  du  Colloque  "^  ne  s'accordoient  pas 
Paul.  III.  cnfemble. 

Le  Légat  apprenant  '^  que  l'Empereur  faifbit  entendre  que  ce  qui  avotc 
^    "  '    ■  étc  accorde  Tavoit  été  de  ion  confcntement  •,  &  pouflc  autant  par  la  propre 
Pallav.  L.4!  *^rainte  que  par  les  inftances  des  Eccléfiaftiques  de  la  Diète ,  il  fe  plaignit  i 
c.  15.         ce  Prince  de  ce  qu'on  avoir  mal  interprété  fa  réponfe  ,  en  l'accufant  d'avoir 
»Slcid.L.  confenti  qu'on  tolérât  jufqu'au  Concile  ce  dont  on  éroit  convenu  dans  le 
P^.jP*  *i^*  Colloque.  Il  dit  :  Que  fa  pcnfée  avoit  été  que  tout  reftât  indécis ,  ôc  qn'ùù 
4.  c  ic.      renvoyât  le  tout  au  Pape ,  qui  promettoit  ,  foi  de  bon  Pafteur  &  de  Chef 
univerfel  de  l'Eglife  >  de  faire  déterminer  tout  par  un  Concile  Général , 
ou  par  quelque  autre  voie  équivalente ,  avec  toute  la  maturité  &  la  fincé- 
rite  poflible  ,  fans  précipitation  ,  fans  partialité,  Se  fans  avoir  rien  autre 
chofc  en  vue  que  le  fervice  de  Dieu  :  Que  fi  Sa  Sainteté  avoit  envoyé  dans 
cette  vue  dès  le  commencement  de  fon  Pontificat  des  lettres  &  des  Non- 
ces à  tous  les  Princes  pour  les  inviter  au  Concile ,  &  après  l'avoir  convo- 
qué y  avoit  envoyé  (es  Légats ,  &  fi  Elle  avoit  foufFert  qu'on  eût  traité 
plufieurs  fois  des  matières  de  Religion  dans  les  Diètes  d'Allemagne ,  au 
préjudice  de  fon  autorité  ,  quoiqu'il  appartînt  à  Elle  feule  d'en  juger ,  ç'a- 
voit  été  furies  promedèsque  Sa  Majefté  lui  avoit  faites  que  tout  fè  tai- 
foit  pour  le  bien  :  Qu'il  étoit  contre  toute  raifon  ,  que  l'Allemagne  au 
préjudice  du  Saint  Siège  voulut  s'attribuer  ce  qui  appartenoit  à  toutes  les 
Nations  Chrétiennes  :  Qu'enfin  il  ne  falloit  plus  abufer  de  la  bonté  du 
Pape ,  en  voulant  déterminer  dans  une  Diète  ce  qui  ne  devoir  être  décidé 
que  par  le  Pape  ôc  par  TEglife  Univerfelle  •,  mais  envoyer  à  Rome  le  Livre 
&  tous  les  Aâes  du  Colloque  avec  les  Avis  des  deux  Partis,  6c  attendre  fur 
cela  la  détermination  de  ce  Pontife. 
0  Slcîd.  L.      Non- CONTENT  de  cela,  le  Légat  publia  un  troifiéme  Ecrit  >  ®  où  il  dî- 
14.  p.  Il 6.  foit  :  Que  la  réponfe  qu'il  avoit  faite  à  l'Empereur  fur  ce  qui  s'étoit  pafR 
Pallav.  L.   j^^g  jç  Colloque  ayant  été  inteprétée  diverfement ,  les  uns  jueeant  qu'il 
Flcùry  ,*L.  ^voit  confenti  à  ce  qu'on  obfervât  jufqu'au  Concile  Général  les  Articles 
x}5-N°xo8.  convenus.  Se  les  autres  qu'il  avoir  tout  renvoyé  au  jugement  du  Pape  ;  il 
déclaroit ,  pour  ne  laidèr  aucun  doute  for  fa  réponfe ,  que  ce  n'avoir  point 
été,  &:  que  ce  n'étoit  point  encore  fon  intention  de  rien  déterminer  foc 


étant  arrêté  par  une  fièvre  ,  éaivit  une  let- 
tre aux  Piinces ,  oi  il  difoit  :  Que  ce  Livre 
lui  avoit  toujours  beaucoup  déplu ,  qu  il  y 
avoit  trouvé  quantité  d'erreurs ,  qu*il  y  re- 
connoiflfoic  tout  le  flyle  &  le  génie  de  Mé" 
lanSion  »  &  qu'il  y  avoit  apperçu  plufieurs 
des  dogmes  Luthériens.  Gropper  &  Pflug  > 
qui  fe  crurent  attaqués  par  cette  lettre,  s*en 
plaignirent  aux  Préudens ,  qui  en  firent  leur 
rappon  à  l'Empereur.  Ce  Prince ,  qui  appa- 
remment n  avoit  rien  £ût  que  de  concen 


avec  ces  Théologiens  ,  qui  ▼railêmblable'' 
ment  avoient  eu  part  ou  à  la  compofition  oa 
à  la  revifion  de  ce  Livre,  fut  (ènfible  à leoit 
plaintes  ,  Se  leur  rendit  témoignage  par  un 
Ecrit  public  ,  qu'ils  n'avoient  rien  fait  dans 
cette  affaire ,  que  ce  qui  convenoit  a  des 
gens  de  bien.  Voilà  apparemment  la 
mèfintelltgence  à  laquelle  notre  Hifto- 
rien  fait  allufion ,  &  qui  fut  peut  -  être 
une  des  caofes  du  peu  de  fuccès  du  Co11q« 
que. 


DE    TRENTE,  Livre    I.  17^ 

cette  afiaice  ,  ni  de  décider  qu'on  dût  recevoir  &  tolérer  jufqu'au  futur  m  d  x  l  v»  * 
Concile  les  Articles  fur  lefqucls  on  avoir  été  d  accord  dans  le  Colloque  5  ^^^^^  ^^^ 
inais  de  renvoyer  le  tout  au  Pape ,  comme  il  le  renvoyoit  de  nouveau  :  &  — ■■■■■^ 
qu'après  1  avoir  déclaré  de  vive  voix  à  l'Empereur  ,  il  jugeoit  à  propos  de 
le  déclarer  par  écrit  à  tout  le  monde.  Il  n'en  refta  pas  même  encore  là  y 
nais  voyant  que  tous  les  Princes  Catholiques  &  même  les  Ecqiéfiaftiques 
s'accordoient  a  demander  un  Concile  National  »  &  le  Pape  l'ayant  chargé 
pot  fes  Inllruâions  de  s'y  oppofer  ,  quand  même  on  le  voudroit  tenir  par 
ion  autorité  6c  en  la  préfence  de  fes  Légats  >  &  de  repréfenter  quel  danger 
il  y  auroit  pour  les  âmes ,  &  quel  affront  ce  feroit  pour  le  Saint  Siège  ^ 
que  ce  feroit  dépouiller  d'une  autorité  que  Dieu  lui  avoit  donnée ,  pour 
l'attribuer  à  une  Nation  particulière  :  il  remontra  :  Que  l'Empereur  dévoie  ^ 

ic  fouvenir  qu'étant  à  Bologne  il  avoit  détefté  lui-même  le  Concile  Natio- 
nal ,  comme  préjudiciable  à  l'Autorité  Impériale  ^  parce  qu'il  avoit  fujec 
de  craindre  que  les  Sujets  ,  après  avoir  ofé  une  fois  innover  dans  la  Reli^ 
gioi\ ,  ne  s'enhardidènc  enfuite  à  faire  aufC  des  changemens  dans  l'Etat  y 
&  que  pour  éviter  la  demande  qu'on  lui  en  pourroit  faire,  il  s'étoit  abfenté 
de  toutes  les  Diètes  depuis  l'an  mdxxxii.  Le  Cardinal  fit  donc  tout  ce  qu'il 
put  auprès  de  l'Empereur  &  des  Princes  pour  détourner  ce  deflein  ,  &  il 
adrella  dans  cette  même  vue  un  autre  Ecrit  aux  Catholiques ,  où  il  difoit  :  P  p  sIcM^L 
Qu'après  avoir  confîderé  mûrement  de  quel  préjudice  il  feroit  pour  la  Re-  14.  p.  117. 
lieion  >  que  les  controverfes  de  la  Foi  fe  remifïcnt  à  la  décifîon  d'un  Concile  Rayn. 
National ,  il  croyoit  qu'il  étoit  de  fbn  devoir  de  les  avertir ,  qu'ils  de-  ^**  *^' 
voient  fupprimer  entièrement  cette  claufe ,  étant  manifefte  qu'un  Concile 
National  n'a  point  le  pouvoir  de  décider  des  controverfes  de  la  Foi ,  dont 
la  détermination  appartient  à  toute  TEglife  :  Que  les  déciiions  qui  s'y  fe« 
roient  9  feroient  nulles  &  invalides  :  Que  s'ils  vouloient  fupprimer  cette 
demande ,  comme  il  s'en  flattoit ,  ils  feroient  une  chofe  très-agréable  aa 
Pape  ,  qui  efl  le  Chef  de  l'Eglife  ôc  de  tous  les  Conciles  ;  comme  au  con- 
traire ce  feroit  un  grand  déploifir  pour  lui  »  s'ils  ne  le  faifotent  pas»  puifque 
cela  ne  manqueroit  pas  d'exciter  de  plus  grands  troubles  dans  les  matières 
de  Religion ,  aufli-bien  parmi  les  autres  Nations ,  que  dans  l'Allemagne  : 
Qu'enfin  il  s'étoit  crû  ooligé  de  leur  repréfenter  toutes  ces  chofes  ,  tant 
pour  obéir  aux  ordres  de  Sa  Sainteté  »  que  pour  remplir  les  devoirs  de  Gl 
Légation. 

Lis  Princes  répondirent  à  cet  Ecrit  du  Légat  :  ^  Qu'il  étoît  en  fbn  pou-   ^  Rayn^ 
voir  de  prévenir  &  de  remédier  à  tous  les  inconvéniens  dont  il  parloir ,  en  Ibid, 
engageant  le  Pape  à  convoquer  &  à  tenir  le  Concile  Général  fans  différer  ^^^^^*  ^ 
davantage  :.  Que  par-là  il  fatiçferoit  aux  défîrs  de  tous  les  Etats  de  l'Em-  ^^  ^*       ' 
pire ,  ôc  feroit  cefler  la  demande  d'un  Concile  National  :  mais  que  (î  le 
Concile  Général  fî  fouvent  proniis ,  &  encore  nouvellement  par  lui-même  » 
ne  fe  tenoit  pas  efïeftivemenr ,  les  befoins  preflans  del' Allemagne  exigeoient 
que  les  controverfes  tudent  terminées  dans  un  Concile  National  >  ou  dan$ 
une  Diète  en  pcéfencç  4'ua  Légat  ài  Saint  Siège; 


176      HISTOIRE    pu    CONCILE 

MD XIX.       Les  Théologiens  Proceftans  ^  répondirent  de  leur  côté  par  an  long 

Paul  111.  £çj.jf  ^  q^  ils  dirent  :  Qu'il  ne  pouvoir  naître  ni  grandes  ni  petites  féditions 

■~rrj""  en  décidant  les  controverfes  de  Religion  conformément  a  la  Parole  de 

Ibii"       ^^^"  »  ^  ^^  réformant  les  abus  par  la  doârine  de  TEericure  &  les  Canons 

Pallav.  L.  authentiques  de  TEglife  :  Que  dans  les  (îécles  précédens  on  n'avoit  jamais 

4.  c  ly.     refufé  aux  Conciles  Nationaux  de  prononcer  fur  la  Foi  :  Jefus-  Chrift  ayanc 

s  Matt.  pi^omis  fon  afliftance  *  à  ceux  qui  s'aJfcmbUroicnt  au  nombre  de  deux  ou  irois 

XYUL  xo,  en  fon  nom.  Qu'il  y  avoir  eu  plufieurs  Conciles  non-feulement  Nationaux^* 

mais  même  d'un  très-petit  nombre  d'Evêques  ^  dans  la  Sjrrie ,  la  Grèce  ^ 

l'Afrique  ,  l'Italie ,  la  France ,  &  l'Efpagne ,  qui  avoient  tait  des  dédfionf 

de  Foi  contre  les  Erreurs  de  Paul  de  Samofau ,  è^Arius ,  des  Donatifles  » 

I  des  Pela^ns  ,  Se  d'autres  Hérétiaues  >  &  fait  des  Réglemens  pour  les 

mœurs  -,  Se  qu'il  y  auroit  de  l'impiété  à  traiter  de  nulles  1  d'invalides,  ÔC 

de  vaines  ces  décifions  :  Qu'on  avoir  bien  accordé  la  Primauté  â  l'Eglife 

de  Rome,  &  la  prérogative  d'autorité  i  fon  Evêque  au-deflus  des  autres 

Patriarches  ;  mais  qu'on  ne  rrouvoit  dans  aucun  Père ,  qu'il  eût  été  appelle 

le  Chef  de  l'Eglife  Se  des  Conciles  :  Que  Jefus-Chrift  étoit  le  feul  Chef  de 

TEglife ,  Se  que  Paul,  Jpollo  ,  Se  Céphas  n'en  étoient  que  les  Miniftres  i 

Qu'enfin  la  difcipline  qui  s'obfervoit  à  Rome  depuis  tant  de  fiècles ,  &  les 

délais  affeâés  qu'on  apportoit  à  la  célébration  d'un  Concile  légitime  »  nooiw 

troient  afièz  ce  qu'on  devoit  attendre  de  fa  part. 

t  rleary ,      Enfin  après  de  longues  difcuflions  ,  l'Empereur  ^  congédia  la  Diète  le 

X»  X  )f .      18  de  Juillet ,  en  renvoyant  au  Concile  Général ,  ou  â  un  Synode  National 

N®  117.     d'Allemagne ,  ou  à  une  Diète  de  TEmpirc,  toute  la  procédure  du  Collo* 


V  Id.  IbU.  que.  Il  promit  ^  d'aller  en  Italie  pour  traiter  du  Concile  avec  le  Pape  ,  & 
Rayn.  il  aflTira  que  s'il  ne  pouvoir  en  obtenir  un  Général  ou  tm  National  ^  il 
^^  H*  convocjueroit  dans  dix-huit  mois  une  Diète  de  l'Empire ,  â  laquelle  il  in- 
,  "  XI 7.  viteroit  le  Pape  d'envoyer  im  Légat ,  pour'y  fixer  les  matières  de  Religion^ 
'  Il  défendit  aux  Proteftans  de  recevoir  d'autres  dogmes ,  que  ceux  fur  le£- 

aiiels  on  s'étoit  accordé  -,  Se  ordonna  aux  Evèques  de  réformer  leurs  Eelifês. 
défendit  aufli  d'abattre  les  Mouaftères ,  d'ufurper  les  biens  d'Eglile ,  8c 
de  foUiciter  perfonne  à  changer  de  Religion.  Et  pour  fatisfaire  davantage 
«p  Id.  Ibid.  jg5  Proteftans ,  *  il  ajouta  :  Qu'il  ne  leur  prefcrivoir  rien  par  rapport  aux 
Articles  dont  on  n'étoit  pas  d'accord  ;  qu'à  l'égard  des  Monaftères ,  oh  ne 
devoit  pas  les  détruire ,  mais  les  réformer ,  &  les  ramener  4  une  vie  plus 
Chrétienne  ;  qu'on  ne  devoit  pas  non  plus  s'emparer  des  biçns  Eccléfîafti-* 
ques ,  mais  les  laider  aux  Miniftres ,  lans  égard  à  la  diverfité  de  Religion  1 
Se  qu'enfin  on  ne  devoit  foUiciter  perfonne  â  changer  de  Religion ,  mais 
qu'on  pourroit  recevoir  ceux  qui  fe  préfenteroient  volontairement.  Il  fu{^ 
pendit  aufli  le  Décret  d'Ausbourg  par  rapport  aux  af&ires  de  Religion  &  àt 
ce  qui  y  avoir  rapport ,  jufqu'à  ce  qu'on  eût  décidé  les  controverfes  ou  dans 
Entrevue  ^^  Concile ,  ou  aans  une  Diète. 
dn  Pétpe  (^     LXVI.  Tout  étant  ainfi  terminé ,  y  l'Empereur  pafla  en  Iratie,  8c  con- 
de  tEmfe-  fera  4  Lucques  avec  le  Pape  fur  le  Concile  Se  fur  la  guerre  des  Turcs.  Ils  y 

convinrent 


DE    T  RÈNT  E,  L  I  T  R  E    I.  177 

convinrent  enfcmble  ,  que  Paul  envoyeroir  un  Nonce  en  Allemagne  pour  ki>  rts: 
délibérer  fur  lune  &  l'autre  de  ces  affaires  dans  la  Diète  quidcvoit  fe  tenir  ^^^^  ^» 
i  Spire  au  commencement  de  Tannée  fui  vante  ,  &  que  le  Concile  fe  tien- 
droit  à  Vicenze  ,  comme  on  en  étoit  convenu  auparavant.  Le  Pape  fit  part  ^^1^1      *** 
de  cette  réfolution  au  Sénat  de  Vénife  ;  qui  pour  différentes  raifons  ne  ju-  y  sltïL  t» 
gçant  pas  à  propos  de  recevoir  une  (i  grande  Affemblée  dans  Vicenze  »  ni  14.  p.  ixf» 

2u*on  y  traitât  de  la  guerre  contre  les  Turcs  »  foit  que  réellement  on  en  eût  ^^*Uav.  k 
eflèin^  ou  qu'on  n'en  fît  que  la  feinte ,  répondit  :  Que  les  affaires  ayant  t,  ^  '^* 
changé  de  face  par  laccord  que  la  République  venoit  de  faire  avec  le  Turc,  i^^a^^ 
elle  ne  pouvoit  plus  conièntir  à  prêter  cette  Ville ,  de  peur  que  SoUman  ne  Spood.*  Wi 
la  ibupçonnât  de  vouloir  y  former  une  Ligue  de  tous  les  Princes  Chrétiens  7* 
contre  lui.  Il  fallut  donc  que  le  Pape  prît  d'autres  mefures.  ^'^*"Ito'* 

Cependant  *  on  répandit  à  la  Cour  de  Rome. beaucoup  de  calomnies  '^ô--!,'' 
îDontre  le  Cardinal  Contarini ,  ^)  qu'on  y  foupçonnoit  d'avoir  du  penchant  m»  ^%^ 
pour  la  domine  Luthérienne  ;  &  ceux  qui  parloient  plus  favorablement  Spond» 
de  lui  9  ^  difoient  qu'il  ne  s'y  étoit  pas  oppolé  autant  qu'il  convenoit  ^  &  ^^  ^\ 
qu*il  avoit  mis  en  danger  l'autorité  du  Pape.  »4  Paul  même  n'étoit  pas   *  ^'^*^  ^ 
cout-â-fait  content  de  lui ,  quoique  le  Cardinal  Frégofc  n'oubliât  rien  pour  Pai^Vxx* 
le  défendre.  Mais  Contarini  étant  venu  à  Lucqnes  trouver  le  Pape,  qui  y  c.  ly.  ' 
actendoit  r£mpereur ,  il  lui  rendit  fi  bon  compte  de  fa  Légation  ^  que  ce     I>i^t9  À 
Pontife  en  rcfta  pleinement  fatisfair.  ^^*  «jf*  ^ 

LXVIL  Ainsi  finit  l'an  mdxli  ,  &  dès  le  Commencement  ^  de  Tannée  ^^^  £sl^ 
fuivante ,  *î  Paul  envoya  â  la  Diète  de  Spire ,  où  étoit  le  Roi  FerJinanJ,  ji^igr  u 
*^  Jean  Moron  Evêque  de  Modène  ;  qui ,  félon  l'Inftruâion  qu'il  avoit  Qàncil$  i 
reçue ,  dit  :  Que  la  difpofition  du  Pape  â  l'égard  du  Concile  étoit  la  même  Tr/»/*  \  cf* 
que  par  le  paffê ,  &  qu'il  fouhaitoit  qu'on  le  tînt  :  Qu"il  l'avoit  fufpendu  du  ^*^f  *'  ^^ 


Qu'il  ne  pouvoit  fe  réfoudre  de  le  tenir  en  Allemagne ,  parce  qu'ayant  ^^^*  f^u 

%  %  •  Qu*on  yfittpçonnoît  iT avoir  du  peH'  para  porté  pour  quelques-unes  de  ieow  Er-  ^?  çf  ^- j^'tj 

*£haiup0urU  dodrine  LuthérUnne.  ]  Appa-  reurs.  Mais  s*il  eue  des  ennemis,  il  eut  auflt  '^ 

remment ,  parce  qae  fur  les  macièies  de  la  des  défenfeurs ,  comme  les  Cardinaux  Pool  p^juv  L  iL 

Viiftification  il  avoir  cru  que  les  Luthériens  &  Frégofcy  ce  qui  fit  qu'il  fiic  mieux  re^u  c  17   * 

a'étoientdiyifésd'aveclesCatholiquesqu'en  du  Pape  qu'il  ne  Tavoic  e/pèré.  Cet  accueil  j^^yQ.  ^i 

paroles.  Qui  familiariter  illum  noverant ,  néanmoins  ne  prouve  pas  que  Paul  n'eâc^n.  î<au 

4itSlcidan,  de  juftificaiione  hominisrt&è  point  pris  de  (oupfons  contre  lui  ^  mais^o  i.  ^ 

ftnfiffc  dicunt,  amplement  quil  n*y  ajouta  pas  entière-  (eqq. 

14-  Paul  même  n'éioit  pas  tout  â  fait  ment  foi ,  &  qu'il  foc  fa^en  àife  quil  fe  fui  Spond. 

aonunt  de  lui  ,  &c.  ]  Non  bonam  gratiam  juftifié.  N^  i. 

inik  apud  Poniifieem  atque  Collegiumy  dit  1  f  •  Paul  envoya  â  la  Diète  de  Spire.  ]  Fleury  ,  Ï4 

6leidan  ,  L.  14.  Il  cft  certain  du  moins  ,  Qui  commen^  le  9  de  Février  i  f  41.  '40»  N  1^ 

JeraveujnnèmedePiri!^viciii,qaeplu/ieurs  16.  Jean  Moron  Evêque  de  Modène,^  l^s 

faccufoienc  ou  d'avoir  agi  trop  mollement  &c.  ]  Cefiitle  1^  deMars  qu'il  àtfoadif» 

contre  les  Luthériens ,  ai  ikm^  d'avoir-  waa^ 


/ 


X78        HISTOIRE    DU    CONCILE 

Il  D  X 1 1 1«  defTein  de  s  y  trouver  en  perfonne ,  fon  âge  ,  la  longueur  du  chemin  ,  & 
pAui  IlL  im  changement  d'air  fi  différent ,  ne  lui  permettroit  pas  de  s'y  tranfporter  ^ 
J  &  que  cela  feroit  également  incommode  aux  autres  Nations  :  Que  d'ail« 

leurs ,  comme  il  étoit  à  aaindre  que  vraifemblablement  on  ne  pût  pas  y 
naiter  les  chofes  (ans  troubles  &  fans  violence ,  il  lui  paroiflbit  plus  à  pro- 
pos de  choilu:  Ferrare ,  Bologne,  ou  Plaifance ,  villes  très-grandes  &  très* 


Qu  11  auroit  ete  Dien-aiie  a  ouvrir  le  L^onciie  a  la  i^entecote  -,  mais  que 
terme  étant  trop  court  >  il  le  prolongeoit  jufqu'au  i  )  Août  -,  &  qu'il  les 
prioit  tous  d'y  aflifter ,  &  de  fe  défaire  de  leurs  averfions  réciproques ,  pour 
traiter  la  caufe  de  Dieu  avec  droiture  &  avec  fincérité.  Ferdinand  &  les 
«ftayiLN^  Princes  Catholiques  remercièrent  le  Pape,  ^  en  difant  que  puifqu'ils  ne 
luktii*    pouvoient  obtenir  un  lieu  propre  en  Allemagne ,  comme  eut  été  Ratisbonno 
ou  Cologne ,  ils  fe  contentoient  de  Trente.  ^7  Mais  les  Proteftans  n'a- 
gréèrent ni  Trente  pour  le  lieu  du  Concile ,  ni  qu'il  fût  convoqué  par  lo 
Pape  ;  ce  qui  fut  caufe  qu'on  ne  prit  aucune  autre  réfolution  dans  la  Diète 
au  fujet  du  Concile. 
iT Sleid.  L.      ^'  Cela  n'empêcha  pas  le  Pape  de  publier  le  22  de  Mai  de  cette  année  ^ 
14.  p.  i&s.  la  Bulle  dlndidiou  du  Concile  *,  dans  laquelle ,  après  avoir  témoigné  le 
^^^"^        défit  qu'il  avoir  coujours  eu  de  pourvoir  aux  maux  de  la  Chrétienté ,  il  di- 
foit  :  Qu'il  avoit  coujours  penfé  â  y  chercher  les  remèdes  ;  &  que  n'en 
ayant  point  trouvé  de  plus  propre  que  d'affembler  un  Concile ,  il  étoir  dans 
une  ferme  réfolution  de  le  faire.  Puis  après  avoir  parlé  de  la  convocation 
qu'il  en  avoit  faite  i  Mantoue  &  enfuite  à  Vicenze ,  &  des  fufpenfions  i 
terme  qu'il  avoir  été  forcé  de  faire  de  l'une  &  de  Taurre ,  &  notamment 
d'ime  dernière  qu'il  avoit  faite  fans  prefcrire  de  tems ,  il  déduifoit  les  eau* 
{^  qui  avoient  fait  prolonger  jufqu  alors  cette  fufpenfion ,  &  qui  étoienf 
la  guerre  de  Ferdinand  en  Hongrie ,  la  révolte  de  Flandre  contre  l'Empe* 
reur ,  &  ce  qui  s'étoit  pafie  à  la  Diète  de  Ratisbonne.  Il  marquoit  enfuite  : 
Que  trouvant  tant  d bbftacles ,  il  avoit  attendu  que  le  tems  deftiné  de  Dieu 
pour  cette  enivre  fut  arrivé  ;  mais  que  confiderant  enfin  que  tout  tems  lui 
eft  agréable  quand  il  s'agit  de  traiter  des  chofes  faintes,  il  étoit  réfoin  àt 
ne  plus  attendre  davantage  le  confentement  des  Princes  :  Que  n'ayant  pa 


Eayn. 
N«  1}. 
Spond. 
N'^io- 
Pallav.  L. 
4.C  17. 
Pleuxy,  L. 


17.  Maïs  Us  Prottjlans  n'ap'ttnnt  ni 
Trente  pour  le  lieu  du  Concile  ,  ni  ^u*  il  fui 
convoqué  par  le  Pape  ,  &c.  ]  C'eft  ce  que 
dit  Fra  Paolo  :  Ma  Proteftanti  negarono  di 
confentire  ne  chc  il  ConcUiofoJfe  intimato 
dai  Pontefice  >  ne  che  il  luogofojfe  Trente  ; 
&  je  ne  fçii  pourquoi  M.  Amelot  traduit  : 
Mais  les  Proie ftans  ne  votdurent  accepter  ni 
le  lieu  ^  ni  le  Conc'ite.  Car  ce  n  eft  pas  couc 
Concile  qu'ils  zefoToient,  mais  on  qui  £k 


aflfemblé  par  le  Pape* 

2.S  Cela  nempechapas  le  Pape  Je  puhlîew 
le  22  de  Mai  la  Bulle  d^IndiBion  y  &c.  ] 
Cette  Bulle  fut  bien  fignée  le  ix  de  Mai, 
mais  elle  ne  fut  publiée  que  le  29  de  Juin. 
Je  m'étonne  que  Sleidan  L.  f  4.  ait  placé 
cette  Indiâion  au  premier  de  Juin.  Interem 
Pontifex  Kalendis  Junii  Concilium  indicii» 
Car  ce  n'eft  ni  le  jour  de  iafignatore  |  ni  c^ 
lui  de  la  paUicauon» 


DE    TRENTE,  Litre   I.  17^ 

obtenir  la  ville  de  Vicenze  ,  Se  défiranc  donner  à  TAllemagne  la  fatif-  m  d  x  1 1  x. 
fadtion  qu'elle  défiroicà  1  égard  du  lieu,  il  avoitparune  charité  paternelle  P^uï'^M- 
pour  les  Allemands  qu'il  favoit  dcfirer  Trente  ,  quoiqu'une  ville  d'Italie  ""■"■■^ 
lui  eût  paru  plus  commode  ;  il  avoit ,  dis-je ,  â  leur  demande  choifi  cette 
ville  pour  y  célébrer  le  Concile  Général  le  premier  de  Novembre  fuivant, 
donnant  un  (i  long  terme,  afin  que  fa  Bulle  pût  être  publiée  par-tout,  Ôc  que 
les  Prélats  enflent  le  tems  de  s'y  rendre  :  Qu'en  conféquence  de  l'autonté 
du  Père ,  du  Fils ,  ôc  du  Saint-Efprit ,  Se  des  Apôtres  S.  Pierre  Se  S.  Paul  » 
qu'il  ezerçoit  en  Terre ,  &  de  l'avis  &  du  confentement  des  Cardinaux ,  il 
levoit  toute  fufpenfion  du  Concile ,  &  l'intimoit  à  Trente ,  ville  libre  & 
commode  i  toutes  les  Nations ,  pour  y  être  commencé  le  premier  de  No* 
yembre ,  &  y  être  enfuite  continué  Se  achevé  :  Qu'il  y  appelloic  tous  les 
Patriarches ,  Archevêques ,  Evcques ,  Abbés  ,  &  tous  ceux  qui  par  droit 
ou  par  privilège  avoient  voix  dans  les  Conciles  Généraux ,  Se  leur  comman* 
doit  de  s*y  trouver  en  vertu  de  l'obéidance  &  du  ferment  qu'ils  lui  avoient 
prêté  Se  au  Saint  Siège ,  fous  les  peines  portées  par  les  Loix  Se  la  Coutume 
contre  les  défobéiflans  ;  ou  s'ils  en  étoient  empêchés,  de  certifier  leur  em- 

Ecchement,  &  d'y  envoyer  leurs  Procureurs  :  Qu'il  prioit  l'Empereur ,  le 
oi  Très  -  Chrétien  ,  Se  tous  les  autres  Rois  ,  Ducs ,  &  Princes ,  de  s'y 
trouver  ;  ou  s'ils  en  étoient  empêchés ,  d'y  envoyer  des  Ambaflàdeurs  pleins 
de  fagedè  &  d'autorité  '  &  les  Evêques  &  autres  Prélats  de  leurs  Etacs  : 
Qu'il  y  invitoit  plus  particulièrement  que  les  autres ,  les  Prélats  Se  les 
Princes  d'Allemagne ,  puifque  c'étoit  principalement  pour  eux  qu'on  avoit 
choifî  pour  le  lieu  du  Concile  cette  ville  qu'ils  avoient  défirée  ^  &  où  l'on 
s'allèmbleroit  pour  y  traiter  de  tout  ce  qui  regardoit  les  Vérités  de  la  Reli- 

f'ion  Chrétienne ,  la  réformation  des  mœurs  ,  l'union  &  la  concorde  des 
rinces  &  des  Peuples  Chrétiens  >  &  les  moyens  de  fe  délivrer  de  l'oppref^ 
fion  des  Barbares  Se  des  Infidèles. 

Cette  Bulle  fut  envoyée  au(S-tôt  à  tous  les  Princes  Chrétiens  ,  mais  «Raya, 
dans  une  conjondlure  peu  favorable.  Car  «  dès  le  mois  de  Juillet ,  le  Roi  ^°.  î^ 
de  France  déclara  la  guerre  à  l'Empereur  par  un  Manifefte  public  rempli    "^g^^* 
de  paroles  outrageantes,  &  qui  fut  fuivi  d'une  irruption  faite  en  même- 
tems  dans  le  Brabant ,  le  Luxembourg ,  le  Rouflillon ,  le  Piémont  ,  8c 
i'Anois. 

LXVIII.  L'Empereur  parut  mal  fatîsfait  de  la  Bulle  du  Concile  ,  &  il     TLuntts 
nurqua  au  Pape  :  ^  Qu'il  trouvoit  étrange  que  n'ayant  épargné  ni  peines  ni  »'^«/j[«3'«« 
dangers  pour  procurer  le  Concile ,  on  lui  comparât  &  égalât  dans  cette       *^'^^- 
Bulle  le  Roi  de  France ,  qui  avoit  tout  tair  pour  1  empêcher.  Puis  après  un  s^;  ^ 
détail  de  toutes  les  injures  qu'il  croyoit  en  avoir  reçues ,  il  ajoutoit  :  Qa*en-  VrMnce. 
core  dans  la  dernière  Diète  de  Spire ,  ce  Prince  avoit  travaillé  par  fcs  Am-    /  Pallav. 
balladeursâ  fomenter  les  différends  de  Religion,  en  promettant  à  l'un  &  ^  ^'  ^  '• 
l'autre  Parti  féparément  fon  aflîftance  Se  fa  proteftion.  Efinn  il  prioit  Sa  j^jo^"' 
Sainteté  de  confidérer  fi  la  conduite  de  ce  Monarque  étoit  propre  a  remé-  Spon<L 
dier  aux  maux  de  la  Chrétienté  ^  &  â  permettre  iouverture  du  Concile ,  N"*  xi. 


tîà      HISTOIRE    DU    CONCILE 

«i>z  L 1 1.  qu  il  avoic  toujours  cfaverfé  pour  fon  utilité  privée  i  ce  qui  l'avoir  (brcl 
Paul  111  lui.tnème ,  après  s'en  être  auperçu  ,  de  prendre  d'autres  moyens  pour  tâ- 
*~""^  cher  de  paciner  les  difputes  de  Religion  :  Que  Sa  Sainteté  donc  devoit  s'en 
Bdcar.  L  pendre  au  Roi  &  non  à  lui ,  fi  le  Concile  ne  fe  tenoit  pas ,  &  que  fi'  Elle 
fleury ,  L.  vouloit  contribuer  au  bien  pubhc ,  Elle  devoit  fi:  déclarer  fi^n  ennemi  » 
i4o.N^  57.  pnifque  c'étoit  le  feul  moyen  de  £aire  aflembler  le  Concile ,  de  rétablit'  Içf 

affaires  de  Religion ,  Se  de  procurer  la  paix. 

^Id-N**  )S.     ^^  ^oi  de  France ,  s  pour  prévenir  les  imputations  d'avoir  fait  la  gtiefrc 

Sleid  L      au  préjudice  de  la  foi ,  &  d'avoir  empêché  par-U  le  fruit  qu'on  attendoit 

14.  p.  iis.  du  Concile,  dont  il  avoit  bien  préva  qu'on  te  chargeroit ,  avoit  fait  publiet 

Spojid»  N**  yjj  £jjj  contre  les  Luthériens,  avec  ordre  à  fes  Parlemens  de  l'exécuter  in» 

^*  violablement  >  &  de  procéder  rigoureufement  contre  ceux  qu'on  dénonce^ 

toit  comme  ayant  des  livres  contraires  à  la  dodtrine  de*  l'EgQfe  Romaine  » 

Se  qui  ou  tiendroient  des  Allèmblées  fecrettes ,  ou  violeroient  les  Com-» 

mandemens  de  l'Eglife,  de  fur-tout  contre  ceux  ou  qui  n'obferveroient  par 

la  défenfb  des  viandes ,  ou  feroient  leurs  prières  en  une  autre  Langue  que 

la  Latine  ',  &  il  en joignoit  en  même-tems*  à  la  Sorbonne  d'en  faire  une 

exaéte  perquiHtion.  Puis  inftruit  des  artifices  dont  fe  fi:rvoit  FEmpereuc 

pour  animer  le  Pape  contre  lui  ,  il  donna*  ordre  pour  lès^  âuder  qu'on  rolc 

en  exécution  l'Edit  publié  contre  \t&  Luriiériens ,  de  fit  drefier  à  Paris  une 

Formule  pour  les  découvrir  Se  les  accufer ,  promettanr  des  récompenfès  2 

ceux  qui  les  dénonceroient  >  &  menaçant  de  punir  ceux  qui  ne  le  rëroienc 

pas.  Ayant  appris  enfuite  ce  que  Charles  avoit  écrit  au  Pape  contre  lui  ,  û 

f  Iljqdj,  adrefla  à  ce  Pontife  ^  une  lettre  apologétique  pour  hii-même,  St  pleine 

li'inveâives  contre  l'Empereur ,  à  qui  il  reprochoit  premièrement  le  fac  de 

Rome ,  Se  h  détention  ae  Clément ,  pendant  qu'il  faifoit  faire  des  Procef^ 

fions  en  Efpagne  pour  ia* délivrance ,  ajoutant  ainfi  la  dérifion  à  l'injuftice; 

Il  racontoit  enfuice  la  caufe  de  toutes  leurs  querelles ,  dont  il  rejettoit  là 

faute  fur  l'Empereur.  Ilfinifibit  enfin  en  montrant  que  ce*  n'étûit  point 

à  lui  qu'on  devoit  imputer  les  empechemeirs  ou  les^  retardemens  du 

Concile  de  Trente ,  puifqu'il  ne  lui  en  revenoit  aucune  utilité  ;  &  qu'l 

l'exemple  de  fes  Ancêtres  ,  il  mettoit  toute  fon  application  i  conferver  là 

Religion,  témoin  le^  Edits  qu'il  avoit  publiés  &  les  exécutions  qu'il  avoit 

£dt  taire  tout  nouvellement  en  France.  11  prioit  donc  le  Pape  de  ce  point 

ajouter  foi  aux  calomnies  de  l'Empereur,  &  de  s'afiurer  qu'il  feroit  tou«» 

fours  prêt  à  prendre  la  défenfe  de  fes  intérêt? ,  &^de  ceux  oc  l'Eglife  Ro^ 

maine. 

le  Tétfé      LXIX.  Le  Pape  pour  ne  point  manquer  à  Toffice  de  Père  commun  9 

envoie  fis    ^Jo^t  fes  prédéceflèurs  avoient  toujours  affefté  de  paroître  jaloux ,  deflini 

^ml    é»  ^^  ^  Légats  à  ces  deux  Princes  ,  favoir  Contarini  i  l'Empereur ,  Se  Sadoht 

tEmpeiem  ^  ^^^  >  P^"^  ^^^  pottor  a  Ta  paix ,  Se  i  facrifier  leurs  injures  particulières: 

fis  Àmbafi  au  bien  public ,  de  peur  que  leur  difcorde  ne  fut  un  obftacle  à  la  pacification 

/^««''JcJ*  de  Religion.  Mais  Cc?/2/tfri/2i  étant  mort  peu  après,   Paul  lui  fubftitua  le 

*'^*^^. Cardinal  à^Fiftu^  ^  augtaod  ctoancment  de  fa  Gour,  <iui  favoit  qa'3 


DE    TRENTE,  Livre  !♦  fîi 

A'étoît  pas  aîmè  de  rEmpcreur  ^^  vers  lequel  on  Tenvoycir.  Quoique  la**^3CLH. 
guerre  Kit  allumée  en  tant  d'endroits ,  J®  le  Pape  cependant,  qui  croyoit  ^^^^ï"* 
^uil  étoit  de  IW  réputation  d«  pourfuivre  l'affaire  du  Concile  y  fit  partir  • 

Itour  Trente  le  16  d'Août  mdxlii  ,  les  Cardinaux  PUm-Paul  Parifiy  Jcan^n^.  LUZ 
Moron ,  &  Ktgnaud  FooL ,  qu  11  avoit  nommes  pour  les  Légats  -,  le  pre-  ils  fe  ren-^ 
Mkict ,  comme  très-habile  Canonifte  -,  le  fécond,  comme  bon  Politique  &  nnt^fjf»  U 
^Jbrc  au  fait  des  affaires  ;  6c  le  dernier  afin  de  montrer ,  que  quoique  le  Roi  ^^^^^  '/^ 
d'Angleterre  fût  féparé  de  TEgliic  Romaine ,  ca  Royaume  ne  laiffoit  pas  '^^^l  ^"^ 
d'avoir  grande  part  au  Concile.  Il  leur  fit  expédier  le  Bref  de  leur  Légation,  ]^^y^  ^^^ 
êc  leur  ordonna,  s'ils  trouvoient  à  Trente  des  Prélats  &  des  AmbaflTadeurs ,  i  Flcory,  L* 
de  chercher  le  moyen  de  les  y  amufer  fans  faire  pourtant  une  aftion  publi-  i4o-N^4i.' 
que ,  ^  jufqir'à  ce  qu'ils  enflent  reçu  les  Inftruâions  qu'il  leur  envoycroit  ^^J^' 
Jorfqu'il  en  feroit  tems.  ^  j^^^^o    .. 

L'Empereur  ayant  appris  l'envoi  des  Légats  au  Concile,  y  envoya  de  fa  Adrian,  L. 
fztz  "  D.  Diego  de  Mendo^t  fon  Réfîdent  à  Venife ,  &  Nicolas  Granvelle ,  j.  p.  17^, 
avec  TEvêque  d'Arras  foti  fils,  &  quelque  peu  d'Evêques  du  Royaume  de  ^^7^. 
Naples  -,  non  qu'il  efpcrât  que  dans  les  conjonûures  préfentes  o»  pût  en  ^p  jf^*' 
attendre  quelque  bien ,  mais  pour  empêcher  le  Pape  d'entreprendre  quelque     ^  ,^^'  ' 
^fc  à  fon  préjudice.  3  <  Outre  les  Légats ,  le  Pape  donna  ordre  â  quelques  m  Mém.  do 

Varg.  p.  7. 

Concile  que  le  i  f  d'Ôftobre  fumrit  feloh  ^^7"'  ^^ 
Raynaldus  ,  ou  le  U  félon  PallaviciriySc  ^  j^"^* 
qu'ils  n arrivèrent  à  Trente  que  le  ii  de  ç 
Novembre  félon  ce  dernier ,  ou  le  1 1  félon  p^lfâv.  L. 
Taucre.  L'erreur  de  notre  Hiftorien  vient  r.  c.  4, 
ùihs  douce  de  ce  qù*il  a  niafpris  le  fens  de  Adrian.  L*' 
SUidan  »  qui ,  après  avoir  mis  au  1 8* d'Août  5.  p.  1 84. 
renvoi  des  Cardinaux  de  Vifeu  Se  Sadelet\  Fleury  ,  L.  • 
raconte  tout  de  fuite  l'envoi  des  Légats  an  i40.N^  ^9^ 
Concile  fans  marquer  la  diate  de  leur  mif^ 
fion.  Pontifex  jfupi0  o6(6decirhà  Legatôs 
MÙttït  Cardinales  pacificatores  Micha'éUift 
Vifenfem  Lufitanum  ad  Cctfarem ,  Jacobum. 
Sadoletum  ad  Gallia  Regem  —  Legatos 
quoque  Tridentum  mîttit  in  Synodknt  Car" 
dinales  Parijium  ,  Polum,  Moronum.  Sleid. 
L.  I  f  p*  131.  Voilà  fans  doute  la  fource  de 
la  méprife ,  &  il  en  arrivé  tcfùà  les  jours  de' 
pareilles  à  d'autres  Auteurs. 

3 1  •'  Outre  Us  Légats',  le  Pape  donna  or*  ' 
dre  â  quelques  Eveques  defesplus  confidcTÙs 
deferendreaujpà  Trente,  Sic.^  Le  Gard. 
Pallavicin  y  L.  ;.  c.  4.  dit  quéc'eftunô 
grande  feufleté ,  fl  Pra-Paolo  entend  qd*3 
preffa  plus  ceux-ci  que  ceux  de  tous  les  au- 
tres païs ,  auprès  defquels  il  fit  de  très-fones 
ifl^di  4ç  k  xeadic  ftu  Co/icilc:  Si  intem' 


't 


19 .  Paul  lui  fuhflituale  Cardinal  de  J^i" 
fnC,  au  grand  étonnement  de  fa  Cour,  qui 
favoit  quil  n  étoit  pas  aimé  de  [Empereur^ 
etc.  ]  Pallavicin  die ,  que  TEmpereur  n'a- 
mc  rien  de  perfonnel  contre  lui.  Mdt\s  que 
cela  £ût>il  à  la  ckofe ,  puifqu  il  eft  certain 
que  la  perfonne  lui  étoit  délagréable  par  d'an- 
ges raifons  l  Ce  qu'il  y  a  de  vrai  y  c  eft  que 
ee  Cardinal  fut  tort  mal  reçu  de  Charles  , 
qui  à  peine  voulut  le  voir  ^  &  le  reçut  d'un 
TOÎige  très-froid  &  très-dèfagréable.  Trifii 
mique  afpero  "vultu  illum  mox  â  fe  dimifit , 
difficillimumque  aditufeprahuit ,  dit  Ray* 
naldus.  C'efl  ce  qui  eft  confirmé  ^  Adria- 
mi»  Vifeo y  dit-il,  dallo  Imperadore  nonfu 
Molto  ben  ricevuto  — fu  in  queUa  Corte 
mal  veduto  >  6*  tenutone  lontano.  Ce  mé- 
contentement de  l'Empereur  fut  fi  fenfi- 
ble  ,  que  le  Pape  fut  obligé  de  rappeller  ce 
Cardinal  dès  îe  fécond  de  Novembre.  Cela 
ne  juflifîe-t-il  pas  alTez  Pra-Paelo  contré 
fon  Adverfaire  ? 

50.  Le  Pape  fit  partir  pour  Trente  le  16 
d^Août  MDXLii.  les  Cardinaux  Pierre- 
Paul  Parifi,  &c.]  La  méprife  de  Pra-Paolo 
eft  ici  un  peu  groffière ,  puifque  ces  Cardi- 

WMK  nefyjçAdiçguncs  {»our  ^léfider  a» 


M  D 

Pau 


i8i/       HISTOIRE    DU    CONCILE 

X  L 1 1.  Evcqaes  de  fes  plus  confidens  de  fe  rendre  aufli  à  Trente  >  ^^  mais  le  plus 
JL III.  lentement  qu'ils  pourroient.  î3  Les  Impériaux ,  comme  ceux  qui  venoienc 
""de  la  parc  du  Pape,  arrivèrent  au  tems  prefcrit;  &  î4  les  premiers  après 
avoir  préfenté  aux  Léeats  les  lettres  de  TEmpereur ,  demandèrent  qu  on  fît 
l'ouverture  du  Concile  &  qu'on  commençât  à  agir.  Mais  les  Légats  s'ea 
excuférent ,  fur  ce  qu'il  n'étoit  pas  de  la  dignité  ou  Concile  de  le  conunen- 
cer  avec  fi  peu  de  perfonnes  ,  fur- tout  ayant  à  traiter  de  matières  aufli  im« 
portantes  que  celles  qui  étoient  en  difpute  avec  les  Luthériens.  Les  Impé- 
riaux repliquoient  qu'en  attendant  on  pouvoit  bien  traiter  la  matière  de  la 
réformation ,  qui  écoit  Se  plus  nécefTaire  &  fu jette  à  moins  de  difficultés  : 
a  quoi  les  Légats  répondirent ,  que  comme  la  réforme  devoir  être  com- 
mune à  différentes  Nations,  on  ne  pouvoit  la  faire  fans  quelles  y  con» 
courudent.  Sur  cela  les  Impériaux  procédèrent  ;  mais  les  Légats  au-lieu  de 
leur  répondre ,  renvoyèrent  la  chofe  au  Pape ,  &  il  n'y  eut  rien  de  terminé. 
«ricury,  L,      îî  SuR  la  fin  de  l'année  ,  l'Empereur  ordonna  à  GranvtlU  ^  d'aller  à  la 
i4o.N*'48.  Diète ,  qui  fe  devoit  tenir  au  commencement  de  Tannée  fuivance  à  Nurem* 
berg  -,  &  a  Diego  de  Mcndo^c  de  refier  à  Trente ,  pour  continuer  d'y  foili- 


de  y  che  à  beUoftudio  fcegHeffi  fol  quefli  , 
proferifci  unasfacciata  hugia.  Mais  ce  qu*il 
appelle  un  menfonge  ef&oncé  ,  efl  poortanc 
an  fait  actcflé  par  le  témoignage  d*iin  Au- 
teur eflinié  tiés  -  fidèle.  //  Pontefict  ,  dit 
^jidriani  ,    vi  haveva  anco   invitato  al" 
cuni  defuoi  Vefcovî  più  fedcli  y  comandan- 
do  àgli  altri  pur  Untamente  che  vifi  do- 
vcjfero  prefcntart*  Noos  verrons  d'ailleurs 
dans  la  fuite  de  cette  Hifloire  ,  que  les  Pa- 
pes avoient  à  leurs  gages  un  certain  nombre 
d'Evêques  afiîd£s«  qu'ils  envoyoient  à  Trente 
toutes  les  fois  ou  qu'il  y  avoit  à  décider  quel- 
que point  à  quoi  s'intéreSbit  la  Cour  de 
Rome,  ou  que  le  nombre  des  Evèques 
Nationaux  leur    faifoit  craindre  qu'il  ne 
fe  paflac  quelque  chofe  au  défâvantage  du 
Pontificat  ;  afin  d'avoir  toujours  on  con- 
trepoids à  oppofer  aux  tentatives  que  l'on 
voudroit  faire  pour  lefierrer  la  puifiànce 
Pontificale. 

3  !•  Mais  le  plus  lentement  quils  pour* 
roient.  ]  Il  me  femble  que  Fra-Paolo  fe 
trompe  ici  pour  avoir  mal  entendu  le  fens 
iLAdrianîy  que  vraifemblablement  il  n'a 
fait  que  copier.  Car  ce  n'eil  pas  aux  confi- 
dens  que  ce  dernier  Hiftorien  dit  que  le  Pa- 
pe avoit  ordonné  d'aller  plus  lentement, 
mais  aux  autres  qui  n'étoient  pas  fi  confidensi 
eomandando  à  gli  altri  pur  lentamtntc  che 


fidoveffero  prefentare.  Cela  eft  infinxmenc 
plus  viaifemblable,  &  il  femble  qu'on  devroic 
réformer  le  texte  de  notre  Hiflorien  par  ce- 
lui ^Adriani» 

5  5 .  Les  Impériaux  — .-  arrivèrent  au  tems 
prefcrit,  &c.  J  Non  pas  exadement,  pniC- 
qu'ils  n'arrivèrent  à  Trente  que  le  8  de 
Janvier  iy4)  ,  au  lien  que  rouvertore 
du  Concile  étoit  indiquée  pour  le  premier 
de  Novembre  iy4i,  &  que  les  L^ats 
étoient  arrivés  le  1 1  ou  le  ii  du  mhne 
mois. 

3  4*  Les  premiers ,  apris  avoir  préfenti 
aux  Légats  les  lettres  de  V Empereur.  ]  C'eft 
ce  qu'ils  firent  le  9  de  Janvier,  &  Gran- 
velle  Evèque  d'Arras  fut  celui  qui  prononçs 
le  difcours. 

3  f  •  Sur  la  fin  de  P année ,  t Empereur 
ordonna  à  Granvelle  daller  â  la  Diète  i 
&c.]  Ce  n'a  pu  être  fiir  lafin  de  l'année  i  s^z^ 
puifque  Granvelle  n'étoit  arrivé  à  Trente 
qu'au  commencement  de  i  f  4  3  •  Il  &ut  donc 
que  l'ordre  qu'il  reçut  de  fe  rendre  à  Norem* 
perg  fut  poflérieur  ;  &  il  ne  s'y  rendit  en 
effet ,  félon  Sleidan ,  que  le  i  f  de  Janvier  , 
huit  jours  après  l'ouvenure  de  la  Diète ,  qui 
fe  fépara  fans  prendre  aucune  rcfolution  , 
quoique  Ferdinand  ne  laiflat  pas  d'y  faire 
faire  un  Décret ,  mais  qui  n'eut  aucune  exé- 
cution. 


DE    TRENTE,  Livre    L  183 

citer  Touvercure  au  Concile ,  ou  du  moins  pour  empêcher  que  ceux  qui  s*y  m  d  x  l  i  x. 
trou  voient  ne  s'en  retiraflènr ,  afin  qu'il  pue  faire  ufage  dans  la  Diète  de  ^^"^  ^*^* 
l'ombre  de  cette  AfTembléc.  GranvclU  ^  propofa  à  la  Diète  de  faire  la  guerre  — ^— - 
au  Turc,  &c  d'affifter  TEmpereur  contre  le  Roi  de  France.  Les  Proteîlans  de-  ,  si  j  t 
mandoient  au  contraire ,  qu'avant  toutes  chofes  on  terminai  les  différends  de  i.  p.  ^', . 
Religion ,  &  que  Ton  fit  cefler  les  oppreflions  que  les  Juges  de  la  Chambre  Flcury ,  L. 
Impériale  leur  faifoient  fouffi:ir  fous  divers  prétextes,  quoique  la  Religion  i40'N^75- 
en  fût  la  caufe  réelle.  GranvclU  lepliqua  que  l'on  ne  pou  voit  ni  ne  dévoie 
leur  accorder  ce  qu'ils  fouhaitoient ,  dans  le  tems  que  le  Concile  étoit  a(Ièm- 
blé  i  Trente  pour  délibérer  fur  cette  affaire.  Mais  ils  rejettèrent  cette  ex« 
cufe ,  fous  prétexte  qu'ils  n'approuvoient  point  ce  Concile  ,  auquel  ils  dé- 
clarèrent nettement  qu'ils  ne  vouloient  point  aflfUler.  Ainfi  la  Diète  s'étanc 
lëparée  fans  rien  faire ,  D.  Diego  s'en  retourna  à  fon  Ambaflade  de  Venife  ; 
quelque  inftance  que  lui  fiiFenc  les  Légats ,  pour  donner  de  la  réputation 
au  Concile ,  de  refter  à  Trente  jufqu'à  ce  que  le  Pape  eût  fait  réponfe'à  fa 
proteftation. 

LXX.  L'Ambassadeur  de  l'Empereur  étant  parti ,  les  Eyèques  Impé* 
tlaux  le  fuivirent  :  &c  les  autres  s'étant  retirés  fous  divers  prétextes,  ^^  le    Entrevue 
Pape  rappella  fcs  Légats  ,  p  après  fept  mois  entiers  de  féjour  â  Trente  fans  ^^  ^^t'  ^ 
rien  faire  ;  &  telle  fut  Tiflucde  cette  Aflfemblée.  Cependant,  comme  TEm-  /^   '^*" 


pereur  à  fon  retour  d'Efpagne  devctit  dans  peu  palier  en  Italie  pour  fe  ren-  châtemu  éh 
arc  en  Allemagne ,  le  Pape  qui  défiroit  s'aboucher  avec  lui ,  4  envoya  Pierre-  Buffet^  pour 
Louis  i^on  filsàGencs  pour  l'iLviter  à  fe  rendre  à  Bologne.  Mais  l'Empereur  ^^^ '.»^^*^' 
ne  voulant  pas  fe  détourner       '  '  ..-_..  *-        — 

dépêcha  le  Cardinal  Farnife 

où  il  l'itoit  attendre.  Cepenuaiu ,  cummc  n  cul  uuciljuc  uiiumnc  lui  i<i  ^ 

fiianière  dont  ce  Prince  y  enrrcroit  ,  ils  fe  trouvèrent  l'un  &  l'autre  '  le  Adr.  L,  3. 
21  de  Juin  mdxliii  au  Château  de  Buffet,  fitué  fur  les  bords  du  Tar  entre  P-  ]^\' 
Parme  "^  Plaifance,  qui  appartenoit  aux  P^^v/ci/u.  Les  intérêts  particu- J'^  1^1^^ 
licrs  dont  ils  avoient  a  traiter  enlemble ,  ^7  i,e  leur  permirent  pas  de  taire  Rayn.  N® 
des  affaires  de  la  K^eligion  &c  du  Concile  le  fujet  de  leur  principal  entretien.  1 3.  &  14 . 
L'Empereur  qui  ne  fongeoit  qu'à  fe  fortifier  contre  le  Roi  de  France ,  prefTbit  Pallav.  L. 
le  Pape  de  fe  déclarer  contre  lui ,  &  de  fournir  aux  fraix  de  la  guerre.  J^  Le  j/f '.*'  ^rj* 

^6,  Le  Pape  rapfelU  fes  Légats  après  7 
mois  entiers  de  féjour  à  Trente.  ]  Il  femble- 
xoit  par  le  récit  de  Fra^Paolo  ,  que  les  Lé- 
gacs  furent  rappelles  avant  rentrevuc  de 
l'Empereur  ao  Château  de  Buflec.  Mais  la 
chofe  n*.l\  pas  aind:  car  l'entrevue  fe  fie 
avant  la  fin  de  )uin  «  &  les  Légats  ne  furent 
lao  lellés  c|'i*a'.ncs  la  Bulle  de  fufpenfion  du 
Concile  4  qui  ne  fut  donnée  que  le  fiz  de 
3ui  let  IJ4;. 

^7.  Ne  leur  permirent  pas  de  faire  des 
affaires  de  la  Religion  &  du  Concile  lefu^ 


jet  de  leur  principal  entretien.  ]  Ceft  ce  que  ^  P*  J^  V 
dit  Adriani  en  ternies  bien  pofitifs  ;  La  r^°"P"*  *^ 
cofa  era  tutta  riftrettafopra  lo  ftato  di  Mi-  g^t  '    r 
lano,  non  contcndendo  il  Papa  tanto  d'al-       N^;  x. 
eun' altra  cofa. 

3S.  Z/  Pape  au  contraire  vouloit  pro* 
fixer  de  Voccafion  pour  faire  tomber  â  fes 
petits-fils  le  Duché  de  Milam  ]  Le  Cardi- 
nal Pallavicin ,  L.  f .  c.  5.  après  avoir  avoué 
que  ce  récit  n*eft  pas  fans  vraifemblance, 
s'étend  beaucoup  pour  prouverqu!il  eft  faux, 
foit  en  déczéditant  les  Aoteois  qui  cm  lap* 


i«4       HISTOIRE    pu    CONCILE 

tf  9  X  L  t  X.  Pape  au  contraire  vouloir  proficcr  de  loccafion  pour  faire  tomber  à  fc$  petits*^ 
PAut  IIL  £jj  |ç  Duché  de  Milan ,  &  il  fc  trouvoic  féconde  en  cela  par  Marguerite  fiUc- 
'  naturelle  de  TEmpcceur  ,  mzxiiti  Octave  Farnije  petic-fils  du  Pape,  8ç 
qui  avoir  été  faite  Duchede  de  Camérino.  )'  Pour  obtenir  ce  qu'il  ioabai« 
toit ,  le  Pape  offroijc  i  TEmpereur  de  fe  ligupr  avec  lui  contre  la  France  » 
de  faire  pluueurs  Cardinaux  à  fa  nomination  ,  de  lui  payer  pendant  quelques 
années  i^o ,  ooo  écus  ,  de  lui  laifler  entre  les  mains  lés  Cnaceauic  de  Milaa 
&  de  Crémone.  Mais  les  Impériaux  demandant  un  Million  de  ducats  argent 
comptant,  &  un  autre  million  à  payer  en  quelques  termes  aflèz  proches  ^ 
l'affaire  ne  put  fe  conclure ,  &  on  en  remit  la  négociation  entre  les  mains  det 
Minières  du  Pape ,  qui  dçyoient  fuivre  l'Empereur.  Ce  Prince  qui  crut 
avoir  fait  afTez  connoitre  aux  Catholiques  d'Allemagne  fa -bonne  volonté 

Ç)ur  le  Concile  par  l'envoi  des  Légats  &  de  quelques  autres  Evèques  k 
rente  ,  &  pouyoit  faire  tomber  fur  la  France  les  reproches  d'en  avoir  em» 
péché  la  tenue  ,  n'indfta  plus  fur  ^'article ,  &  dit  au  contraire  qu'il  falloic 
voir  auparavant  quel  feroit  l'événement  de  la  euerre  ,  pour  fa  voir  de  quel 
remède  on  pourroit  fe  fervir.  Ils  fe  féparerent  m>nc  avec  de  grandes  demonf- 
crations  d'amitié  réciproque.  Mais  le  Pape,  qui  foupçonnoit  un  peu  (1  l'Em- 
pereur voudroit  lui  donner  une  fatistadion  qu'il  déllroit  p  coimnença  i 
tourner  fes  penfées  du  cote  de  la  France. 

LXXI.  Il  étoitdans  cette  incertitude  ,  <  lorfquon  publia  la  Ligue  faim 
entre  l'Empereur  &  le  Rpi  d'Angleterre  contre  la  Fi;ance.  ^^^  Cette  oemarche 

dt 


p.  101. 

Selcâr.  L 


fiUguê 

Im  Ftsnee,     P®*^^  ^^  f^*'  *  fbît  en  donnant  qaelqttcs  raî- 
s  Slcid.  L  ^o"5  ^^*  femblent  le  détmire.  Mais  ces 
ly.p.  1}^,  raifons  font  foibles  >  &  les  Hiftoriens  du 
Ait.  L  4.     tems ,  qaî  n*ont  eu  aucun  intérêt  de  le  fup- 
pofer  ^  le  confirment  prefqne  tous  «  ôc  en- 
tre auttes  Onuphre  ,  /ijriarii  ,  Paul  Jove  , 
Sandoval  ^  Beaucaire  ,  Sleidan  ,  &  plu- 
fieun  autres.  Rejetrer  le  fufTrage  de  ces  Au- 
teurs ^  parce  qu  ils  fe  font  trompés  fur 
quelques  autres  £iits  «  oA  qu  ils  ne  s'accor- 
dent pas  entièrement  fur  les  circonftances 
de  celui  -  ci  ,  c*eft  érablir  un  Pyrrhonifme 

Îénéral  dans  l'Hiftoire  ,  puifqu'il  n  y  a  point 
'Auteur  fî  abfolument  exadl ,  qui  ne  Se 
trouve  quelquefois  en  faute  s  &  que  quand 
tous  conviennent  fur  la  fubftance  d  un  fait, 
che  méprife  (ùr  quelques  légères  circonf- 
tances  n*en  altère  jamais  la  certitude.  Ce 
font  là  les  règles  générales  de  Critique  en 
matière  d'Hiftoire,  &  il  fuflfît  ici  pour  la 
judification  de  Fra-Pooio^  qu  il  n*a  avancé 
ce  quMl  dit  du  deffein  du  Pape  pour  faire 
fcunl^er  le  Ducké  de  Milan  à  fes  petits-fils , 


que  fur  des  témoignages  tr^  -  éîepe%  iê 
créance  j  &  que  Pallavicin  le  nie  uns  acu 
,cune  autorité,  &  vraisemblablement  parctt 
qu'il  lie  îHi  pas  d*honneur  à  la  mémoôe  4c 
Paul  JIL  On  fait  cependant  auffi ,  qoll 
s'agit  dans  cette  entrevue  de  la  paix  entre 
l'Empereur  &  la  France ,  que  le  Pape  tâcha 
de  moyenner  ,  mais  que  CharUs  itjecta 
opiniâtrement. 

39.  Pour  obtenir  et  quil  fouhaitoiê^  (g 
Pape  ojffroit  à  V Empereur  ,  &c.  ]  Le  détail 
de  ces  conditions  ell  expreflément  marqué 
par  Adriani  ,  L.  ) .  p.  19  f  •  d'od  vrailèmbla'^ 
blement  Ta  tiré  notre  Auteur. 

40.  Cette  iimarthe  de  CharUs  aUéna  de 
lui  tout  à  fait  le  Pape.  ]  C'eft  ce  que  mar« 
que  le  m^me  Hiftorien  :  Sapevafi  in  oUrt 
moite  tene  ,  che  egli  s*era  fdegnato  con  C#-* 
fare  ,  poiche  il  Re  d' Jnghilterra  nimico  em^ 
pital  fuo  &  deUa  Chitfa  Catholica  £trm 
con  ejfo  collegato.  Ce  qui  eft  auffi  confirmé 
par  Sleidan  «  qui  dit  que  le  Pape  porufort 

jiflnpatkœmeiu  cem  alliance.  Hane  ven 

fici€tê$em 


DE    TRENTE,  Livre   I.  i8y 

de  Charles  aliéna  de  lui  tout-à-fait  le  Pape ,  qui  fentoit  combien  croit  prcju-  MDTtxii. 

diciable  à  fon  autorité  une  Lieue  conclue  avec  un  Prince  qu'il  avoit  excom-  ^^"^  *^^' 

manié,  anathématifc,  maudit,  condamné  à  la  damnation  éternelle  &  dé- 

daré  rchifmàtique ,  privé  de  fon  Royaume  &  de  tous  fes  Etats ,  incapable  de 

contradter  aucune  Alliance ,  &  contre  lequel  tous  les  Princes  Clirétiens 

étoienc  obligés  par  fes  ordres  de  prendre  les  armes.  Il  voyoit  avec  chagrin 

que  l'Empereur  en  s'alliant  avec  ce  Prince  contumace ,  &  qui  méprifoit  plus 

Ouvertement  que  jamais  fon  autorité ,  ne  rooatroit  pour  lui  iucun  égard  ni 

ibirituel  ni  temporel,&  donnoit  aux  autres  l'exemple dene  tenir  aucun  compte 

de  (es  ordres  ^  &  Taffront  lui  paroilToit  d'autant  plus  grand ,  que  c'étoit  aux 

fbllicitations  de  l'Empereur  ,  &  pour  favorifer  fes  intérêts ,  que  le  Pape  Cli^ 

mtm ,  qui  auroit  pu  facilement  accommoder  cette  affaire  en  temporifanr» 

avoir  procédé  contre  Henri ,  Prince  d'ailleurs  affeâionné  au  Saint  Siège ,  6c 

qoi  en  avoit  bien  mérité.  De  l'autre  côté  de  la  balance  le  Pape  mettoit  les 

Lois  &  les  Edits  que  le  Roi  de  France  avoit  faits  pour  maintenir  la  Religion 

ic  l'autorité  du  Saint  Siège ,  ^  au(E-bien  que  les  Lettres-Patentes  pat  lef-   ^  ^^cW.  L. 

quelles  il  confirmoit  xx v  Articles  de  la  doftrine  Chrétienne ,  que  les  Théo-  '^'  Pj  ^^' 

log^ens  de  Paris  avoient  fait  imprimer  &  publier  a  fon  de  trompe ,  &  dont  ^  ^.'   ^ 

Us propofoient  par  toute  la  France  la  créance  avec  empire ,  fans  y  joindre  les  n^  ;. 

caiions  ou  les  fondemens  fur  lefquels  cette  créance  étoit  appuyée ,  défendant 

finis  de  grandes  peines  de  rien  dire  ou  enfeigner  de  contraire  -,  &  un  nouvel 

Edir  ^  qu'il  venoit  de  faire  pour  ordonner  la  recherche  des  Luthériens.  Tout  v  Id.  ad  a«. 

cela  failoit  d'autant  plus  de  plaifir  au  Pape,  qu'il  favoit  que  ce  qu'en  avoit  i54î«  N*^. 

fait  le  Roi  étoit  autant  pour  lui  complaire  &  marquer  (on  refpeâ  au  Saint 

Sî^e»  que  pour  faire  connoître  que  ce  n'étoitpas  pour  favorifer  la  dodbrine 

Lauiérienjie ,  ni  pour  empêcher  de  la  détruire  qu'il  avoit  entrepris  la  guerre 

contre  l'Empereur. 

-Chmrlesy  inftruit  àts  plaintes  du  Pape,  répondit:  ^  Qu'il  lui  étoit  bien  xPallav.L. 
aiiffi  permis  de  s'allier  avec  le  Roi  d'Andeterre,  qui  ne  laidbit  pas  d'être  5.  c.  4. 
Chrétien  ,  quoiqu'il  ne  reconnût  pas)  l'autorité  dû  Pape ,  qu'il  l'avoir 
été  au  Roi  de  France  de  fe  liguer  avec  les  Turcs  pour  faire  la  guerre  aux 
Chrétiens  ,  comme  cela  étoit  arrivé  au  Siège  de  Nice  en  Provence  fait  par 
la  Flotte  Ottomanne  conduite  pzv  Paulin  Ambaflfàdeur  du  Roi,  &dans  les 
defcentes  faites  au  Royaume  de  Naples  :  Que  le  Pape  avoit  bien  approuvé 
quclui  Se  Ferdinand  (c  ferviflent  du  fecours  des  Proteftans  ,  quoique  plus 
ennemis  du  Saint  Siège  que  le  Roi  d'Angleterre  :  Qu'il  auroit  du  procéder 
contre  le  Roi  de  France  lorfqu'il  avoit  fu  qu'il  s'étoit  ligué  avec  les  Turcs. 
Mais  que  l'on  voyoicbien  d  où  venoit  la  différence  de  fa  conduite ,  puifque  les 
Turcs  qui  avoient  fait  tant  de  dégât  par-tout  où  ils  avoient  paffé ,  n'avoicnt 

JocUtatem  graviter  tulit  Pontîfex ,  îdeoqne  ohlhus^  GaU'que  Régis  odtopercitus  ,  An- 

Gallicam  amicitiamfibi  ducebat  ejfe  necef-  gloque  reconcûia'us  ,  a/m  illo  Gallia  rcg^ 

firïam.  Ec  U  même  chofe  eft  atteftce  par  num  parti  tus  erat  ^  multum  indignante  Pau^ 

Beaucaire  ,  I.  19.  N°.  f9.  Cafar  nihil-  lo  Pontifice  ,  ùdc  Cafare graviter  conque" 

omlnks  ^  die  -  il  4  6*  religionis  &  promijjî  rpr^e. 

T  p  M  £  L  h^ 


1Î6        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxtiii.  exercé  aucunes  hoftilités  dans  les  terres  du  Pape  -,  &  que  tout  étant  en  côa^. 
Paul.  111.  fufion  à  Rome  fur  la  nouvelle  ,  y  que  la  nuit  de  Saint  Pierre  ils  étoient. 
venu  faire   eau  à  Oftie  ,   le  Cardinal   Carpi  ,  qui  y   commandoit  en 
p.  10?.  '^'l'abfence  du  Pape,  raffiira  le  peuple  par  les  intelligences  qu'il  avoit  avec 

les  Turcs. 
OnupsfU     LXXIL  4i  L'an  mdxliv,  laf&ire  du  Concile ,  que  la  guerre  &  contes. 


dri  de  /r«- de  Ratisbonne  pour  remédier  à  tous  les  différends  de  Religion,  dit  :Que 
voilier  À  n'y  ayant  pu  reuilir  alors ,  on  avoir  tout  rerais  à  un  Concile  Général  oa 
^^ji^f^fi^  Nationnal ,  ou  à  une  Diète  :  Que  depuis ,  le  Pape  avoit  à  fà  prière  convo* 
^UMihn^'  que  le  Concile  ,  auquel  il  avoit  eu  deffein  de  le  trouver  en  perfonne ,  œ, 
z  Slcii  L  ^"'^^  auroit  fait ,  s'il  n'en  eût  été  empêché  par  la  guerre  de  France  :  Que 
15.  p.  143.  la  continuation  des  mêmes  différends  de  Religion  Se  des  mcmes  maur 
Pallav.L.5.  nejpermettoit  plus  de  différer  le  remède  j  &  qu'il  prioit  la  Diète  d*y 
R  ^'  ^  réfléchir  ,  &  de  lui  propofer  tous  ceux  qu'elle  jugeroit  les  plus  pro- 
an^°r44.  P^^^*  ^^  délibéra  donc  plufîeurs  fois  fur  les  afikires  de  Religion.  Mais 
N^  1.  &  4.  dans  la  néceflité  où  l'on  etoit  de  penfer  à  la  guerre  qui  preflbit  bien  dsi- 
Spond.  N®  -    .  -     - 

Tliutn.  L.   fi^^^JJ  Décret ,  de  remettre  i,  l'Empereur  le  foin  de  nommer  quelques  gens 
Bckar.L.    P^^^^  &  favans ,  pour  dreffer  un  Formulaire  de  Kéfbrination ,  avec  ordre 
15.  N^  51.  a  tous  les  Princes  c'en  faire  autant  chez  eux ,  afin  qu'après  avoir  tout  con<* 
s  Flcury ,  féré  dans  la  Diète  prochaine,  l'on  pût  convenir  unanimement  de  ce  qu'il 
Ibo'^'*      y  auroit  à  obferver  jufqu'au  futur  Concile  Général  oa  National,  qui  de* 
Slcid^Li     ^^^^  ^^  célébrer  en  Allemagne,  On  y  enjoignoit  cependant  à  tous  de  vivre  en 
p.  149.       p^îx  ^^ns  exciter  aucun  trouble  fur  le  fait  de  la  Religion ,  &  l'on  permet- 
Rayn.         toit  aux  EgUfes  de  Tun  &  l'autre  parti  de  jouïr  tranquillement  de  leurs  biens» 
^^  S*         Ce  Décret  ne  plut  pas  généralement  à  tous  les  Catholiques.  Mais  comme 
quelques-uns  d'entr'eux  s'étoient  alliés  avec  les  Proteftans,  une  partie  ap- 
prouva ce  tempérament  ;  &  ceux  qui  ne  l'approu voient  pas  fe  trouvant  en 
petit  nombre,  fe  réiblurent  de  le  tolérer. 

L  A  guêtre  cependant  fe  continuoit  toujours  ,  Se  le  Pape  devint  plus 

irrité  que  jamais  contre  l'Empereur.  Car  outre  le  chagrin  que  lui  avoir  caufé 

h  Flcnry,  la  Ligue  d'Angleterre  ,  *>  il  étoit  très  choqué  de  ce  que  ce  Prince  n'avoir 

!•  141.  N^  voulu  accepter  aucun  des  partis  avantageux  qu'il  lui  avoit  fait  offrir  par  le 

5  '•  Cardinal  Farnefc  fbn  Légat ,  pour  obtenir  le  Duché  de  Milan  pour  fa  famille  ; 

p  ..      -  comme  auflî  de  ce  que,  pour  ne  point  oflfènfer  les  Proteftans  ,  ^  il  n'avoir 

5.  c  f .        P^  voulu  permettre  à  fon  Légat  d'aflîfter  à  la  Diète  de  Spire ,  &  de  ce  que 

Hayn. 

'*  41,  L'an  9^44,  l'affaire  du  Concile —     8c  fut  terminée  If  xo  de  Juin  (iiÎTanc,  ft- 

fut  remifefur  le  tapis  dans  la  Diète  de  Spi'     Ion  Sleidan» 
re.  ]  Qpi  s'ouviit  le  20  de  Jcvxier  x  J44  > 


DE    TRENTE,  Livre    L  187 

le  Décret  qu  on  y  avoic  fait  écoic  fi  préjudiciable  à  fa  dignité  &  à  fon  Siège,   mdxlxt. 
Voyant  donc  toutes  fes  efpérances  évanouies ,  &  l  atteinte  qu  en  recevoit  fa  ^^"^  ^^'• 
réputation  ,   il  réfolut  de  faire  éclater  fon  reflfentiment.  Et  quoique  quel-  ——■■■" 
ques-uns  de  (es  plus  conâdens ,  qui  voyoient  combien  étoit  afFoiblie  fou 
autorité  en  Allemagne,  lui  confeillallent  de  didimuler  >  alTuré  cependant 
que  pat  une  déclaration  ouverte  contre  TEmpereur  il  engageroit  encore 

ÎAus  fortement  le  Roi  de  France  â  foutenir  fes  intérêts  &  fa  réputation  »  il 
c  réfolut  de  commencer  par  les  paroles  pour  en  venir  enfuîte  aux  tScts  > 
lorfque  les  conion£lures lui  en  fourniroient  loccadon. 


LXXIIL  41  II  écrivit  donc  le  1 5  d'Août  une  longue  lettre  à  l'Empereur ,  J'^Ji^j[  * 
^  où  il  lui  difoit  en  fubftance  :  Qu  ayant  avis  des  Décrets  faits  à  Spire ,  f  ^X#^7» 
il  fe  croyoit  obligé  par  le  devoir  de  la  charité  paternelle  de  lui  en  dire  fon  de  tEmfe^ 
ibntiment ,  de  peur  de  s'expofer  au  châtiment  dont  Dieu  avoir  puni  l'indul-  reitr  ,  liU 
gence  dont  le  Grand-Prêtre -Hi?/i  avoitufé  envers  fes  enfans:  Que  ces  Décrets  *^'^  ^'^^ 
expofant  fon  ame  à  un  grand  danger  &  TEglife  à  un  grand  trouble,il  n  auroit    .  * 
pas  dû  s'écarter  des  régies  Chrétiennes  ,  qui  iorfqu'il  s'agit  de  la  Religion  ,»^;,  pimn- 
obligent  d'en  renvoyer  la  connoilTance  àl'Eglife  Romaine:  Que  cependant»  dre. 
fans  tenir  aucun  compte  du  Pape  ,  à  qui  feul  appartient  par  les  Loix  divi-  ^  là.  N^Jy. 
ncs  &  humaines  l'autorité  d'aUembler  des  Conciles  &  d'ordonner  des  chofes  ^^^ 
faintes  >  il  avoit  voulu  de  lui-même  faire  aflembler  un  Concile  Général  ou^i^^J^^  14 
National  :  ^J  Que  d'ailleurs  il  avoit  permis  à  des  Ignorans  &  des  Héréti-  p.  ly  i.  ' 
ques  de  juger  de  la  Religion  :  Qu'il  avoit  fait  des  Décrets  fur  les  biens  Pallav.  L. 
Eccléfiaftiques  >  &  rétabli  dans  leurs  dignités  des  gens  rebelles  à  l'Eglife,  S-  c«  ^• 
&  condamnés  par  fes  propres  Edits  :  Qu'il  vouloit  croire  ,  que  tout  cela  iie  ™Lî    ' 
venoit  point  de  fon  propre  mouvement ,  mais  des  pernicieux  confeils  de 
quelques perfonnes  malintentionnées  contre  l'Eglife  Romaine,pour  lefqueU 
fesilleplaignoit  qu'il  eût  eu  tant  de  déférence  :  Que  l'Ecriture  étoit  pleine 
d'exemples  de  la  colère  de  Dieu  contre  les  ufurpateurs  des  fondions  du 
Grand-Prêtre,  &  que  *  les  pimitions  d'Oia  y  de  Dathan ,  à'jitiron ,  de  Coré,  ^  ^  ^ 
du  Roi  0{îas  ,  &  de  quelques  autres ,  en  étoient  autant  de  preuyes  :  Que  iv. 
c  ctoit  une  excufe  frivole  que  de  dire  que  ces  Décrets  n'étoient  que  pro-  4.  Rcg. 
vifionels  ,  &  feulement  pour  jufqu'au  rems  du  Concile  ;  parce  que  ,  XVII. 
quand  une  chofe  feroit  pieufè  en  elle-même ,  elle  devient  mauvaife  fi  elle  y^' 
cft  faite  par  une  perfonne  qui  n'a  pas  droit  de  la  faire  :  Que  Dieu  avoit  tou-  ^^  pàralîp. 
jours  élevé  les  Princes  aflfedionncs  à  l'Eglife  Romaine  ,  qui  eft  le  Chef  de  XXYI. 


4.1,  Il  écrivît  donc  le  2  s  dAoût  une  lort" 
gue  lettre  â  l'Empereur,  ]  Pallavicin  &  Ray- 
naldus  la  datent  du  24.  Mais  Sleidan  la  met 
au  if  ,  comme  notre  Auteur. 

45.Q//f  d'ailleurs  il  avoit  permis  à  des 
I^noraiis  6*  des  Hérétiques  de  juger  de  la 
Religion.  ]  Le  texte  porte  ,  non  des  Igno- 
rans ^  mais  des  Lûïques,  Qiiod  Laïcos  de 
rchuj  fpiritualibus  judicarc  vispojje  ,  nequç 


LaïCQ.s  modo  ,  fed  nullo  difcrîmine  Laîcos 
&  damnatarum  harefum  affertores.  Mais 
Fra-Paolo  a  moins  fuivi  le  texte  que  Tex- 
trait  de  Sleidan ,  qui  porte  :  Sed  illud  etiam 
quod  non  idiotis  modo  ,  fed  &  damnatarum 
hxrefum  ajfertoribus  permittat  de  Religione 
judicare.  Ceft  une  véritable  négligence ,  de 
fc  contenter  d'un  Extrait ,  quand  on  peut 
avoir  recours  à  l'Original. 

Âa  1 


MDXLXV. 

Paul  111. 


188       HISTOIRE    DU    CONCILE 

toutes  les  Eglilès  ,  comme  Conjlantin ,  les  Thiodofcs ,  &  CharUmagne  ; 
&  qu'au  concraire  il  avoic  puni  tous  ceux  qui  ne  l'avoient  pas  refpeâée  » 
'  comme  Anafiafcy  Maurice  ,  Confiance  IL  Philippe ,  Léon  &  plufîeurs  auccesi 
&  que  Henri  IV.  6c  Frédéric  IL  en  avoient  été  punis  tous  deux  par  leurs 
propres  fils  :  Que  non- feulement  les  Princes ,  mais  des  Nations  entières 
avoient  été  châtiées  de  ces  fautes ,  les  Juifs  pour  avoir  crucifié  Jefus-Chrifl: 
Fils  de  Dieu ,  &  les  Grecs  pour  avoir  méprifé  de  diverfes  manières  fon 
Vicaire  :  Qu'il  devoir  appréhender  d'autant  plus  la  même  punition  >  qu*il 
tiroit  fon  origine  d  Empereurs  qui  avoient  plus  reçu  d'honneurs  de l'Eelife 
Romaine ,  qu'ils  ne  lui  en  avoient  procure  :  Qu'il  louoit  en  lui  le  aéfic 
qu'il  avoit  de  réformer  l'Eelife  ,  mais  qu'il  en  devoit  laiflèr  le  foin  à  ceux 
que  Dieu  en  avoit  charges ,  l'Empereur  n'étant  que  le  Miniftre ,  &  non 
le  Pafteur  ni  le  Chef.  Il  ajoutoit  :  Qu'il  défiroit  lui-même  la  réforma- 
tion  ,  &  qu'il  l'avoit  aflèz  montré ,  en  convoquant  plufieurs  fois  le  Con- 
cile ,  &  aufli  fouvent  qu'il  y  avoit  eu  quelque  lueur  a'efpérance  de  le  pou- 
voir aflèmbler  :  Que  fi  c'a  voit  été  jufqu'alors  fans  effet ,  ce  n'avoit  pas  été 
faute  d'avoir  fait  ce  qu'il  devoit ,  ayant  toujours  défiré  le  Concile  comme 
l'unique  moyen  de  remédier  aux  maux  *,  non-feulement  de  toute  la  Chré- 
tienté ,  mais  plus  particulièrement  à  ceux  de  l'Allemagne  >  qui  en  avoit  un 
plus  grand  befoin  que  tout  autte  :  Que  fi  les  troubles  de  la  guerre  avoienc 
obligé  de  remettre  a  un  tems  plus  commode  le  Concile  qu'il  avoit  convoqué 
il  y  avoit  déjà  long-tems ,  c'étoit  à  l'Empereur  à  ouvrir  les  voyes  à  fa  tenue» 
foit  en  faifànt  la  paix  »  foit  en  fufpendant  la  guerre  pendant  qu*on  traitetoic 
des  affaires  de  Religion  dans  le  Concile  :  Qu'il  devoit  donc  obéir  à  fes 
commandemens  paternels  ,  empêcher  tome  difpute  de  Religion  dans  les 
Diètes  Impériales ,  &  en  renvoyer  la  connoiflfance  ic  le  Jugement  au  Pape> 
ne  rien  ordonner  fur  la  difpofition  des  biens  Ecdéfiaftiques ,  &  révoquer 
tout  ce  qu'il  avoit  accorde  à  ceux  qui  s'étoient  révoltés  contre  le  Saint 
Siège  ;  ou  qu'autrement  il  feroit  forcé  »  pour  remplir  fon  devoir  ^  d'en  ufer 
avec  lui  plus  rigoureufement  qu'il  ne  voudroit. 


^mmmm 


S    O    M  M   A    I  R   E 

Du  IL  Livre  de  FHiftoire  du  Concile  de  Trente* 

L^  paix  faite  tntrt  P Empereur  &  le  Roi  de,  France  donne  occajion  de 
remettre  fur  le  tapis  ï* affaire  du  Concile. W.  Le  Pape  l'intime  ^fapricipitO' 
tion  déplaît  à  t  Empereur  qui  fait  ce  qu  il  peut  pour fe  faire  regarder  comme  U 
principal  Auteur  de  cette  convocation.  III.  //  donne  ordre  àfes  Théologiens  de 
fe  unir  prêts  à  s  y  rendre  ^  '&  le  Roi  de  France  enfuit  autant.  IV.  Le  Pape 
nomme  trois  Légats  pour  le  Concile  ,  &  envoyé  le  Cardinal  Famïfe  à  CEmpe^ 
reur.  V.  Il  fait  expédier  deux  Bulles  \  l'une  oh  font  énoncés  tes  pouvoirs  des 
Légats ,  &  uru  autre  plus  fecrette ,  pour  leur  donner  le  pouvoir  de  fufpendre  ^ 
de  transférer  ,  ou  de  diffoudre  le  Concile.  VI.  Arrivée  des  deux  premiers  Li^ 
gats  à  Trente.  Ils  demandent  qu'on  réforme  la  Bulle  de  leurs  facultés.  VIL 
Mendo^e  Amhaffadeur  de  L'Empereur  arrive  au  Concile  9  &  y  expofefes  de^ 
'  mandes.  VIII.  Les  Légats  ontjoin  de  pourvoir  à  conferv^lefecret  de  leurs  dé- 
pêches ,  enfefaifant  envoyer  de  doubles  lettres.  IX.  Arrivée  des  Ambaffadeurs 
du  Roi  des  Romains  au  Concile.  X.  Ferdinand  notifie  à  la  Dihe  la  tenue  du 
Concile.  Les  Protejlans  en  prennent  ombrage  &  refufent  de  s*y  foumettre. 
XI.  Le  Pape  efl  mécontent  delà  Dihe&  prend  deffein  de fufciter  une  guerre 
de  Religion.  XIL  Les  Légats  confultent  le  Pape  fur  Vouverture  du  Concile  , 
6*  u  Pontife  donne  ordre  de  la  faire  ,  6*  refufe  d entretenir  uru  gamifon  , 
que  le  Cardinal  de  Trente  lui  avoit  demandée  pour  fa  ville.  XIII.  L'Ambaffu" 
deur  de  C Empereur  préund  la  préfféance  avant  tout  le  monde ,  excepté  Us  Lé- 
gats. XIV.  Le  Viceroi  de  Naples  ne  veut  envoyer  au  Concile  que  quatre  Evf- 
ques  de  ce  Royaume ,  quifoient  chargés  des  procurations  de  tous  Us  autres.  Ces 
Evêquess'y  oppofent  y  &  le  Pape  fait  ujie  Bulle  pour  défendre  aux  Prélats 
de  càmparoîire  par  Procureurs  ;  mais  les  Légats  lafuppriment  comme  tropfe- 
vire  >  &  demandent  à  Rome  de  C argent  pour  la  fubfifiance  des  Evêques  pauvres 
au  Concile.  XV.  Congrégation  où  l'on  traite  des  préliminaires  du  Concile  ,  & 
arrivée  du  Cardinal  Pool  troifiéme  Légat.  XVI.  Perfécution  des  Vaudois  en 
Provence^  &  maffacre  de  Cabriires  &  de  MerindoL  XVII.  L'Empereur  fe 
rend  à  la  Diète  de  Wormes.  Le  Cardinal  Famefe  demande  qu'on  n'ait  aiuun 
égard  aux  oppofitions  des  Protefians  ^  &  il  fe  plaint  du  Ficeroi  de  Naples  ^  & 
de  la  promejfe  faite  d'affembler  une  nouvelle  Diète.  Réponfe  ambiguë  deTEm* 
pereur  ,  qui  confent  à  la  guerre  contre  les  Protejlans.  Le  Légat  luipropofe  U 
deffein  qu'a  le  Pape  de  donner  Parme  &  Plaifance  à  fa  famille ,  &  [Empereur 
promet  de  ne  s'y  point  oppofer.  XVIII.  Les  Protefians  preffentent  le  deffein 
qu'on  a  de  leur  faire  la  guerre.  XIX.  Les  Procureurs  de  l'Electeur  de  Mayence 
arrivent  à  Trente.  On  fait  difficulté  de  les  recevoir ,  à  caufe  de  la  BulU  du 
Pape  contre  les  procurations.  Lts  Légats  demandent  qii on  la  modère^  à  quoi 
le  Pape  ru  conferu  qu' avec  peine.  XX.  Les  Evêques  sUnnuyeru  à  Treme  & 
murmurent ,  mais  Us  Légats  les  appaifent.  XXI.  L'Empereur  fait  citer  l'EUc^ 
teur  de  Cologne.  On  blâme  cette  entreprife  à  Trente  &  à  Rome.  Le  Pape  fait 
citer  en  même  tems  U  même  Prélat  devant  lui.  XXII.  L'Empereur  tâche  ^ 
mais  inutilement ,  de  faire  confentir  les  Protefians  au  Concile  5  6*  ils  pu^ 
blient  un  Manif e  fie  pour juJlifierUur  refus.  XXIIL  On  condamne  à  Rome  &^ 


15)0  SOMMAIRE 

à  Trente  la  conduite  de  H Empereur ,  &  plujieurs  Prélats  en  prennent  occajion 
de  quitter  Trente  ,  ce  qui  infpire  au  Pape  le  dejfein  de  transférer  ailleurs  le 
Concile.  XXIV.  Paul  donne  VlnveAiture  de  Parme  6*  de  Plaijance  àfonfils^ 
naturel ,  &  envoyé  un  Nonu  à  l'Empereur  par  rapport  à  r affaire  du  Concile. 
Ce  Prince  y  confent  à  des  conditions  qui  déplaifent  au  Pape  ,  qui  en  prend  occa* 
fion  dordonner  â  fes  Légats  d*en  faire  l'ouverture,  XXV.  Les  Prélats  de 
France  ont  ordre  de  s'en  retourner ,  mais  Us  Légats  Us  arrétem.  XXVI.  BulU 
pour  V ouverture  du  Concile*  UEvéque  d'^florga  demande  qti on  fafft  la  lu-- 
(ure  de  la  BulU  des  facultés  des  Légats  ,  qui  éludent  cettejetition.  XXVII.  On 
ouvre  le  ConciU.  Cérémonies  faites  à  cette  ouverture^  Exhortation  des  Légats  » 
&  USure  des  BulUs  du  Pape  &  du  Décret  de  la  Sejpon.  XXVIII.  Sermon  de 
VEvéquede  Bitonte  comparé  avec  r exhortation  des  Légats  s  &  jugement  que 
Von  porte  de  l'un  &  de  t  autre.  XXIX.  Les  Légats  confultent  le  P ope  f ter  plu^ 
fieurs  chofes  ;  &  en  attendant  fa  réponfe ,  amufent  les  Prélats  à  des  chofes  peu 
importantes.  XXX.  Réflexions  de  Fra-Paolofur  Us  différentes  ejpeces  de  Con* 
ciles  9  &fur  la  différence  de  procéder  dans  Us  anciens  &  les  nouveaux.XXXl. 
Le  Pape  fait  publier  une  BulU  pour  exemter  du  payement  des  Décimes  Us  Prl^ 
lots  préfens  au  Concile.  LesEfpagnols  s'en  plaignent ,  auffi-bien  que  quelqius 
4Utres.XXXlLLe  Cardinal  del  Monte propofe  le  dernier  Concile  de  Latran  pour 
modiU  de  la  forme  avee  laquelle  on  doit  procéder  dans  celui  de  Trente.  XXXIIL 
Conujlationfur  U  titre  que  ton  doit  donner  au  Concile  XXXIV.  Seconde  Sef-^ 
fion ,  &  Décret  qui  y  efl  publié.  XXXV.  On  contefle  de  nouveau  fur  U  titre 
du  Conclu.  XXXVL  On  délitirefur  les  matières  dont  on  doit  traiter  d abord • 
Partage  d'avis  fur  utte  matière.  Les  Légats  écrivent  à  Romepoiir  avoir  Tavis 
du  Pape  )  quidijffire  de  leur  répondre.  XXXVll.  Quelques-uns  font  infiance  , 
qu'on  commence  par  la  Réformation.  Les  Légats  éludent  leurs  demandes^  &  onfc 
détermine  â  traiter  de  la  doSrine  &  de  la  Réformation  tout  enfemtU.XXXVllL 
On  propofe  décrire  au  Pape  &  aux  Princes^  &  on  délibère  fur  U  Sceau  dontfe 
doitfervirle  CenciU.  XXXIX.  Ia  Cardinal  Pool  propofe  défaire  lire  U  SymboU 
dans  la  prochainefefpon^&l'Evtque  de  Bitonte  s'y  oppofe.XhJTroifiémtfeJfion^ 
où  l'onfe  borne  à^  récitation  du  Symbole  de  Nicée.  XLI.  Nouveaux  progris  du 
Luthéranifme  en  AlUmagne  ,  6*  mort  de  Luther.  XLII.  Diffîmulation  de 
t Empereur  à  la  Diète  de  Ratisbonne.  XLIII.  Le  Pape  confent  qu'on  entre  en 
mature  y  &  on  propofe  de  traiter  de  T  Écriture  Sainte.  Articles  extraits  des  Li^ 
vresde  Luther.  XLIV.  Tous  s  accordent  à  reconnoitre  t  autorité  des  Traditions. 
XLV.  Vincent  Luntl  demande  qùon  traite  de  V autorité  de  l'églife^  mais  f on 
avis  n'eflpasfuivi.  XLVI.  Marinier  ri  efl  pas  d'avis  qu'on  parle  des  Traditions^ 
mais  fonfcntiment  ejl  cenfuré.  XL  VII.  Diverfité  d'opinions  fur  le  Canon  dès 
Livres  fûcrés.  XLVIII.  Plaintes  excitées  dans  U  Concile  au  fujet  des  Pen/ions. 
XLIX.  Congrégation  ou  l'on  égale  T  autorité  des  Traditions  â  celU  de  CEcri" 
ture.  Arrivée  de  François  de  Tolède  fécond  Ambaffadeur  de  l'Empereur  y  à 
Trente.  L.  Verger  vient  au  Concile  pour  s'y  difculper  des  foupçons  d'Héréfie 
dont  il  efl  chargé ,  mais  on  ne  veut  pas  Vy  admettre.  LI .  On  arrête  le  Canon  des 
Livres  facrés  ^  &  on  traite  de  l'autorité  de  la  Vulgate  Latine.  LU.  Difpute 
fur  Us  nouveaux  fens  que  Us  Interprètes  modernes  peuvent  donner  â  rÉcn» 


DU    LIVRE    IL  ..     '9^ 

turc.  LIIL  On  approuve  la  Vulgatt  en  propofant  den  donner  une  Edition  plus 
correclci  &  on  défend  de  donner  à  F  Ecriture  aucun  fens  contraire  à  la  doc-^- 
triru  commuru  de  tEglife  &  des  Pères.  Difficultés  fur  la  formation  du  Décret. 
LIV.  On  parle  de  réformer  les  abus  qui  fe  font  gHjfés  dans  Pufage  que  F  on  fait 
de  r Ecriture.  LV.  Conuflations  entre  les  Evêques  &  les  Réguliers  fur  le  droit 
de  prêcher  &  défaire  des  leçons  publiques.  LVI.  Quatrième  Seffion ,  &  Décret 
fur  F  Ecriture  &  fur  les  Traditions.  Jugement  du  Public  fur  ce  Décret.  LVII. 
UAmbaffadeur  de  F  Empereur  préfente  fes  Lettres  de  créance.  Réponfe  du  Con- 
cile. LVIII.  Le  Pape  prend  à  cœur  les  affaires  du  Concile  9  &  donru  plU" 
Jieurs  avis  aux  Légats  y  qui  lui  promettent  defuivrefes  ordres.  LIX.  Le  Pape 
inviu  les  Suiffes  au  Concile.  Il  excommunie  FEleUeur  de  Cologne  &  le  dépofe. 
Les  Protefians  s^en  irritent  davantage ,  &  F  Empereur  lui-même  a  peu  d* égard 
à  ceue  Sentence.  LX.  On  difpofe  les  matières  de  la  Seffionfuivante  ^  &  le 
Pape  ordonne  qiiony  traite  du  Péché  originel.  LXI.  On  remet  fur  le  tapis 
t affaire  des  Leçons  &  des  Prédications.  LEvêque  de  Fiéfoli  parle  avec  beau- 
coup de  liberté  y  &  les  Légats ,  après  en  avoir  repris  rudement  ce  Prélat ,  en 
écrivent  au  Pape.  LXII.  On  foutient  à  Rome  Viruirêt  des  Réguliers ,  &  les 
Légats  trouvent  un  tempérament  pour  les  accorder  avec  les  Evêques.  LXIII.  Les 
Impériaux  s^oppofent ,  mais  envain ,  au  deffein  de  traiter  du  Péché  origiruL 
Articles  extraits  des  Livres  des  Luthériens.  LXIV.  Sentimens  des  Théola^ 
giensfur  ces  différens  Articles.  LXV.  Conuflation  de  Catharin  &  de  Sotofur 
la  nature  du  Péché  originel  y  &  de  Marinier jur  la  Concupifcence.  LXVL  Em- 
harras  des  Pères  fur  ^formation  du  Décret.  LXVII.  Difputes  des  Dominicains 
&  des  Francifcains  fur  la  Conception  immaculée  de  la  Vierge.  Réflexions  de 
Fra-Paolofur  Forigine  &  le  progrès  de  cette  opinion.  LXVIII.  Ordre  du  Pape 
aux  Légats  de  coruilier  ,  5*//  étoit  pofjîble ,  les  différends  des  Théologiens  fur 
ce  point.  LXIX.  L Empereur  travaille  inutilement  dans  la  Diète  a  terminer  Us 
querelles  de  Religion ,  &  commence  à  laiffer  connoitre  le  deffein  quil  avoit  de 
faire  la  guerre  aux  Protefians.  LXX.  Cinquième  Sefjîon.  Décret  fur  le  Péché 
Originel  y  &  fur  les  Leçons  &  les  Prédications  des  Réguliers.  Jugement  du 
Public  fur  ces  Décrets.  LXXI.  Lettre  du  Roi  de  France  au  Concile  ,  &  dif- 
cours  de  fes  Ambaffadeurs.  LXXIL  Conclufîon  de  la  Ligue  entre  le  Pape  & 
F  Empereur  contre  les  Protefians.  Le  Pape  en  donne  avis  aux  Suiffes  y  &  les  in^ 
vite  au  Concile.  L  Empereur  tâche  de  diffimulerles  motifs  de  cette  guerre  ,  mais 
les  Protefians  Us  découvrent.  LXXIII.  Congrégation  où  Fonpropofe  de  traiter 
des  matières  de  la  Grâce  &  de  lajuffificationy  malgré  F oppofition  des  Impé- 
riaux. LXXIV.  Autre  Congrégation  où  Fonpropofe  de  parler  en  mêmetems  de 
la  Réfîdence.  Avis  deFEvêquede  Vaifonfurcefujet.  LXXV.  Articles  fur  la 
Juflification  extraits  des  Livres  des  Protefians.  LXX  VI.  Sentimens  &  di/putes 
des  Théologiens  fur  les  articles  de  la  Juflification  &  de  la  Grace.lXXNW*  Jubilé 
publié  à  RomeàFoccafion  de  la  guerre  contre  les  Protefians.  V empereur  met 
F  Electeur  de  Saxe  &  de  Landgrave  de  Heffe  au  Ban  de  F  Empire.  Les  vues  du 
Pape  &  de  F  Empereur  dans  cette  guerre  font  tris-différentes.  LXX  VIII.  Char-' 
les-  Qiiini  soppofe  à  la  ^diffolution  du  Concile ,  &  le  Pape  enfufpend  les  opé-^ 
rations.  LXXIX.  Manifefie  des  Protefians  contre  le  Pape  >  doru  les  troupes 


191  SOMMAIRE  DU  LIVRE  IL 
ft  joignent  à  celles  de  V Empereur.  LXXX.  Nouvelles  dif putes  dans  le  Con* 
ciUfurles  madères  de  la  Jujlificationy  ioùVonpaffe  à  ullts  du  Libre  Arbl- 
ire ,  &  enfuite  à  celles  de  la  Prédejlination  &  delà  Réprobation.  Grandes  con» 
iejlations  fur  cette  matière ,  fur  laquelle  on  forme  enfin  les  Canons.  LXXXL  Au^ 
ères  dif  putes  fur  C  article  de  la  Rifidence ,  pourfavoirfi  elle  eft  de  Droit  divin  ou 
humain.  Les  difpenfes  du  Pape  fur  ut  article  en  font  négliger  entièrement  Cob-^ 
fervaiion.  LXXXII.  Le  Pape  mécontent  de  VEmpereur  rappelle  le  Cardinal 
Farnife.  Avantages  remportés  par  ce  Prince  fur  les  Proteflans.  Le  Paperap-* 
pelle  fes  troupes.  VEmpereur  s  en  plaint.  Paul  fe  jufiîfie  ^  &  ordonne  â  fes 
Légats  de  tenir  la  S  effion.  LXXXIII.  Sixième  Seffion,  Décrets  fur  la  Jufiifi^ 
cation ,  la  Liberté ,  la  Grâce ,  &  la  Prédejlination.  Jugement  du  Public  far 
ces  Décrets ,  fur  lefquels  les  Tliéologiens  ne  saccordoient  que  dans  les  termes. 
Catharin  &  Soto ,  quoique  defemimens  oppofes ,  prétendent  chacun  que  le  Con^ 
cile  a  décidé  en  faveur  defon  opinion.  Autre  Décret  fur  la  Réjidence.  LXXXIV. 
Congrégation  où  tonpropofe  de  traiter  des  Sacremens  en  général  ^&  des  abus 
qui  Je  font  introduits  dans  leur  adminiflration.  Les  Efpagnols  ont  envie  de  re-- 
nouvdler  la  que/lion  du  Droit  divin  de  la  Réjidence ,  mais  Del  Monte  ittuU 
leur  dejfein.  LXXXV.  Articles  extraits  des  Livres  Protejlans  fur  les  Sacre* 
mens  en  général ,  &  fur  le  Baptême  &  la  Confirmation.  Sentimensdes  Théo* 
logiens  fur  tous  ces  différens  articles.  LXXXVI.  Différend  entre  Us  Dondni* 
coins  &  les  Francifcains  fur  la  manière  dont  les  Sacremens  opèrent  ^  ^  fi^ 
d autres  articles.  Grandis  difputes  fur  le  genre  iinteruion  qui  efl  néceffairt^ 
LXXX  VII.  Décrets  formés  fur  la  réforme  des  Abus ,  &  arande  contçjlasion 
fur  la  gratuité  de  Cadminifiration  des  Sacremens.  Autres  Décrets  formes  fur  la 
DoSrine.  LXXXVIII.  Difputes  fur  la  pluralité  des  Bénéfices  9  &  remïdes 
propofés  contre  cette  affaire  au  Pape.  Ce  Pontife  veut  révoquer  à  foi  par  uru' 
Bulle  y  mais  le  Concile  s  y  oppofe.  LXXXIX.  On^  Articles  de  Réformation 
propofés  parles  Efpagnols  ^  &  inquiétude  qii  en  prennent  les  Légats*  Le  Pape 
fait  délibérer  fur  cela  Çf  envoyé  fa  réponfe.  XC.  Paul  II L  commence  à  crains* 
dre  le  Concile  &  furtaùt  les  Efpagnols  ,  &  il  fortifie  fon  parti  par  tenvêi  de 
nouveaux  Evéques  Italiens.  Il  forme  le  deffeiu  de  transférer  le  Concile  â 
Bologne  &  mandefon  projet  au\  Légats,  XCI.  L  Empereur  dépouille  t Ar^ 
chevêque  de  Cologne  defon  EleHorat.  XCII.  Mort  de  Henri  VIII.  RoidTAn* 
gleterre.  XCIII.  Différence  tfavis  entre  les  Légats  fur  les  demandes  des  Efpa» 
gnols.  XCI  V.  Les  fentimens  font  partagés  fur  les  Difpenfes  ^  fur  la  Réjidence  , 
fur  les  qualités  des  Evéques  &  des  Curés  ,  fur  la  réforme  des  Cardinaux  ;  mais 
le  parti  des  Romain^  prévaut  fur  celui  des  autres.  XCV.  Septième  Seffion» 
Canons  fur  les  Sacremens  en  général  y  &  fur  le  Baptême  &  la  Confirmation  , 
&  Décret  fur  la  réforme  des  Abus.  XCVL  Ordre  de  transférer  le  Concile  , 
fignifiéaux  Légats.  XCVII.  Pour  y  obéir  ils  prennent  prétexte  iTun  bruit  de 
contagion  qui  sétoit  répandu.  XCVII  I.  Les  Efpagnols  s^oppofen/^^  la  propo» 
fitiony  mais  la  majorité  Cemporte.  XCIX.  La  tranjlationejl  conclue  &  exécu^ 
tée  fur  le  champ.  Huitième  Seffion  »  oit  on  licentie  le  Concile.  Les  Légats 
quittent  Trente ,  &fontfuivis  des  Evéques  de  leur  parti.  Les  EJpagnols  refu* 
Jfent  defuiyre  Us  autres^  &  refiènt  à  Trente.  CMort  de  François  L  HIS« 


^®.  ^^  ^w  >SiïSiïïis,ïHKM»TO»!T  JK'ît  ^'^  i*'" 


HISTOIRE 

DU 

CONCILE  DE  TRENTE. 


LIVRE     SECOND. 

j  A  guerre  entre  l'Empeieat  8c  le  Rcn  <le  FEincê  ne  dura  pas 

t  loog-ienu.   Cai  Chartes  vît  clairement  >  qne  pendant  qu'il 

itoit  occupé  contre  les  François  ,    &  fbn  ficte  contre  les 

t  Turcs,  l'AUetn^oe marchoit  agrandi  pas  à  la  liberté j  & 

•  que  bientât  elle  ne  vôudroÏE'plus  reconn<^tre  l'autorité  Im- 

Pcriale.  Aînlî ,  pour  ne  pas  imiter  It  cbieti  ne  la  f^bte ,  qui  conrant  apt^ 
ombre  perdit  réellement  Ùl  proie ,  il  &  détermina  i  prêter  l'oreille  aux 
propcfitions  de  paix  faites  par  les  François ,  afin  que  délivré  de  cet  embar- 
ras il  pût  faire  ùm  accommodement  avec  les  Turcs  par  l'entremife  de  la 
France  t  Se  donner  enfuite  toute  ibn  application  aux  sHàires  d'Allemagne. 
*  La  paix  fut  donc  conclue  entre  ces  deux  Princes  à  '  Ctépy  en  Valois  le 
14  de  Septembre  -,  ^  Se  ils  convinrent  encre  autres  chofes ,  de  défnidie 


t.  La  paix  fat  dont  eonelue  mtrt  ea 
dtux  Pr'mets  A  Cr^  m  faioU  It  24  de 
Sepitmirt.]  Ctd  ce  qoe  dît  M.  dt  Tkou 
a^èt  Sleidan  ,  qa'a  fuivi  noue  Hilloiien. 
PalUvit'm  an  cantnire  marque  ceicc  piii 
W  17.  Mtii  Stsucairt,  Spondt,  It  Rai- 
natdiu  b  mettent  an  iS  ,  qù  eft  1ï  va- 
lable iue,  comme  on  le  voit  pu  le  Re- 
coetl  des  Tnitjs  de  piiz. 

X,  lit  eonvmrtiît  tmre  aturts  çhofet  ^^ 
et  travsiiter  dt  eo/utn  i  la  ràtman  Jt  l'E' 
Tout   I. 


^e ,  Cf  à  U  r^iitaàon  de  U  Cour  dt 
Rome.  ]  Çavoit  toujoon  été  l'intention 
de  ces  Princes  j  qui  convaincus  qne  les  dî- 
vilïons  en  midoe  de  Relieion  renoient 
originaiiement-iles  ■bus  qoi  i^noient  dans 
l'Eglife,  &  foi-toui  à  la  Cou  de  Rome ,  Te 
proposèrent  de  commencei  pu  ié£bnnei 
ces  abus.  C'ell  donc  aSêz  mal  à  propoc 
que  PaiUviein  dit ,  qu'il  n'eft  point  parl^ 
de  cela  dans  les  Capitulations.  Ce  font  de 
ce*  chofèt  qui  avoient  d'autu»  moins  be- 
Bb 


La  f*ùt 
fmit  tntrt- 
lEn^tnmr 
éUKtidt 
trmiet, 
dtmutet»- 
fitmde  n- 
VMttre  fir 

ftw  A» 

<iSIcii.L. 
ij.p.iji. 
Bclcar.  L 

Thuan.  L. 
i.N»  ij. 
Kayn.  ad 


N 
Spond.  N» 

Pallav.I,;. 


SpODil. 


194       HISTOIRE    DU    CONCILE 

uDXLiT.   l'ancienae  Religion  ;  de  navaillet  de  concetc  i  ta  céunion  de  rEjdilc ,  Se 

Paul  III.  ^  j^  réfpctnadan  de  la  Cour  de  Rone ,  d'où  venoient  tomes  les  di|Ieniions  ; 

,   .    Ôe  de  s'unir  pour  demander  au  Pape  la  convocation  du  Goncilc  ,  quole 

PaoJ  m.'"  ^^  icavaillcroit  à  faire  accepter  aux  Proteftaas ,  en  envoyant  un  Atiibaflk- 

dçw-^-1^;  Diète.  lie  l'^P^'s  ràï  cjuc  l'opporuion  d'intérêts  de.  ces  Princes  ne 

leur  pcrmectroit  pas  d  agir  longiems  de  concert ,  ne  s'effiaya  point  de  la  cé- 

folutM)9-qu'ils  avoient  ptik  au.iiuçt  du.Cooqle  6;^ dç  la  B4ibrnuâoa4. Se 

il  ne  douta  point  que  cettqR.craiination  devant  s'esécutst  par  le  inoyea 

du  ConcilCi  il  ne  nt  tournai  ce  projet  tn^me  auprgfit  de  Ibn  autoàté. 

Mais  craignant  que  s'il  convoquoit  le  Concile  à  l'înffance  de  ces  Princes  , 

on  ne  crût  qu'il  y  avoir  été  forcé  ,  ce  qui  ne  te  pouvoit  faire  fans  affbiblir 

fa  réputation  >  &  relever  le  cour;^  deiccux  qui  tendoient  à  diminuer  Ton 

autoriré,  il  ne  voulut  yns  fe  laiuer  prévenir.  Sans  attendre  donc  qu'il  en 

(Tu  iblliciié  ,  &  djfllmulznt  tous  les-feupçons  qu'il  avoitrconçus  contre 

l'Empereur,  &  fiir-tout  le  chagrin  qu'il  avoir  de  voir  la  paix  faite  Tant 

fa  participation  ,  &  m&me  avec  des  articles  préjudiciables  à  fôn  autorité  * 

'  il  publia  une  Bulle,  dans  laquelle.''  invitant  toute  l'Eglife  à  fe  réjouir 

fiRayn.  d'une  paix  qui  Icvoit  l'unique  obftaclrqu'il  yavotti  Ix  rcrrae  dn  Con- 

'*^'"  cite  ,  il  l'intimoit  de  nouveau  i  Trente  pour  le  i  j  du  mois  de  Mars 

fuivant. 
~.      .    .       II.  L  E  Pape  voyoit  bien  que  le  terme  étoit  trop  coun  pour  notifier  la 
,^_[^o'^p'cIiofe  à  tout  le  inonde,  &  donner  aux  Prélats  le  tcms  de  s'y  djfpofcr  &  de 
Lt  Taft  faire  le  voyage.  *  Mais  il  croyoir  >  que  puifqu'ïl  faltoit  tenir  le  Gèftcilo'^  it 
tiniime ,  é- 

yâ;m;^i(«-fdn  d'être  fpceifiéci.qne  cesl'rincei  (tant         4,  Mais    it  eroyoit  ^  qu'il  Jii^  iuft 

tien  Jiff^ii  convenut  d'agir  de  concerr  poar.la  lénnion    ^vantagtux  dt.  U  totattUcer  avteptu,^ 

À    TEmpc-   d«;l'EgJife  &  la  tenue  Aa  Concile,  ramre     Préiau »  &  mhu  ^i.jkfftU  Ï(mS*v  mi 

rrur,   qui    anicle  ctok  une  fuite  nécclFaiie.^  ceiu-cî.    gfnt  di  fa  Cour  &  dt  fa  ^éf^damtt^  11 

fatt  ce  qu  il  (^^11  ce  qa'i  fort  bien  marqué  Onaphrt ,     iioii  fans  douce  fort  îiDponant  sa  Pape , 

/rw  f u«r/«  njji  jjf^  jjyg  Paul  III -iy^m  fu  ce   que    qu'on  dLteimînît  à  là  faiisliâion  Ik-mani^- 

fAtrt  f'S'^-  CkiirUiai.Fntnçols»yoi&ni^m]etttà.Crépy     re  de  procédai  dans  le  Concile;  Kc'eft' 

."^    -  *' .contre  la  Cour  de  Rome,  indiqua  aufli-    ce  qui  a  fait  croin  iFra-Paola,  que  çV 

AHicuT  d      *^^  ^^  nonve»u  le  Concile.  Cogngfcent  vf    voit  été  la  tm  qm  loi  aTCit  frit-  preridiv 

«/««(WM-'^" y* '"/"'"  Crepinii  comt*»  Rtmanam-  un  terme /îcoan'pour.'&MOiifnnmOft' 

t»:if»H        ^'Orùn   Regti   agitaverant .,    Cmiçilam^  nw  peittfeqpi  ji>h  «flpiin^iiTcliitrmii  4» 

-    bello  huBeniit  imptdimnt  denu&  convoea-    ce  qu'^ifn^  avoit  dit,  que  léPapetVaiE 

vit  infefueMtis  anni  mtafem  MankimL  Cil.^  prellè  fa  plv  confiAni^dvin  nBdn  ai 

n'ell  donc  pas  une  vaine  iinaf;inatian  dé'   Tte»Ec,  avec  ctitfwex-taatitéa'tt'^im- 

'  noaa  Hiftorien ,  comme  l'appelle  Piji/a~    qne  plut  lentemenT.  //  PoHuficc  vi  ' 

vitin,  mais  un  6it  bien  attcOf  pat  un     m^co  invitaia  aicnai  de  fuiù  Ktfc 

Asteur  qui  n'Jtoit  certainement  ennemi    fidiU,   ecmsitdando  j  gli  aliri  pt 

m  de  Paatn\At\a.  Coui  de  Roma ,  non     rntnit  chc  vi  fi  dovtfftro  pn/Husa.  Crpi 

plat  que  f^Mi/f,  qui  noofaâine  de- li  mf'     dam  il  TamMe  qu'ii  ^ait  un  peu  trop: 

meçhofê.  Difinemcmidanscetteixtlin^m  ft'^i 

\,  Il'pnklis-  knt  SuUidëiulaqueUi^  roii  plus  voloniierr, 
&-C.J  elle  cil  <iatte-dft'i9'A-Nc»vembn  qa'eut  Aii/il«a  ~ 
1S44.  wÂ&n  '  ' 


r!i 


iui  étoit  avantageux  .deile  commencer: <ifvec  peu  de  Prelars^^  &  ,même  <}ui  ^plt;i{7« 
rfbdenc  Italiens  ou  gens  de. fa  Cour  &  de  fa  dépendance ,  qail  fpUiciceroïc  ^f^i^P^* 
ok  5-y  rendre  les  premiers»  catitparcqque  Ton  y  Revoie  traixer  de.U'mamère      •         ' 
lie  pooeéder /dansL  leConcilç,  dKHejcrès^iapo^wtejpour  lui^,  &'d*9Ùdépen-  ^ 
41dic. 'entièrement  larcoriferVation>dp^(pni  aiK^Q(ii^:;  fque  rparce^uecou^içeqx 
mtiarriveroisntiaprès  »  feroient  obitgés^C)fe'ib|Ame£cre  à  co  qui  aucoxt  été  ^ 
Ctt»lé« ^c  de  peuirqu'oa ne.fïlciorpfîs de  1soii:^j>mii^cer  un  Concik  (fjéné- . v . 
rai  avec  fî  peu  de  monde ,  il  difbit  qti'on  en  avoit  ain(i  ufc  4a&s  IpiÇÔacile   t 
olePiiè  &  de  Coriftande  s^qui  h-avôientpiitt  laitlerp^urcda  d  avQir  un  <|ieu*- .     .    , 
mox'fucoès.  .Cdmme  il  aVoit  pénétré  d* ailleurs  la* véritable  caf^  de  la.paiz ,    . 
di  écrivît  à  TEimpereur ,  qu  il  s^étoit Jiâtéifpour  l|ii  rendse  iervic^  de  coavp^ 
'^tidir  Jo:  Concile  ;  a£n  de  luictioEOner  ^tsiCyenUp^-Urdc^s'cxc^fçx'  auprès  dps ' 
iMOieftans'dans  laDièœ>qui le deviriceenii^^  S^ptepi^boç^»  i^e ,f e^.  l      ,'-' 

zmé  £aqrcé  do  leor  promettre.,  à ^taufe  de  1a  guerre  «^'il  avoii;  alprs  ^y^/ia   .  :  '  .  2 

frAnuiœ.  •     •    'V' 

'  MILMai  s  FEmperenr -nàfttt'conttat'iu  4e-la  précipitation  du  Pape  »  '   _      •; 
***^i-dêsirailbnsqbHl  apportoirpoor  la^ftiâer  ,f  parce  roue^pour  ^^'P^9P^^^^i^%f^ 
•0é(Hiiacian  »  &  pour  fkire^usepter  pks  auetnent  Iç  Concile ^xiAllcxqands  y.tkéihJSs 

6c  pour  d'autres  raifons  encore  >  il  eût  fbiibaité  qu W.  i'^p  eiu  i^a]4é^oixi*%^'jft^<«#à' 
imc^  fe  principal!  amène;  iMais  neipouTant  tlé&itf!^  ce  qui^érpit  fait- ,.  il  (c  pn-  pf"^^*  ^  '> 
Hbifit  de  celle  manière ,  qu'il^arucricsi  le!  ¥éffitab{^.)>Fomoreurdu  Cécile,  ^^'^^ 
^(Cpte  le  Pape  n'étoit  qàe^fbn  fécond.  Il  -envoya  donc  des  Anât^ailàcleurs^à  N'^^.sf^. 
'  icnules  Princes  pour  leufnoti&r'la  eonvocatiCMv  du -Concile ,  &  les  prier  Pallay.L.5i 
^'f  emvoyer  leurs  AmbaÛàdeursf  pour  honorer -eeece  A^Ièmblée  de  leur  pré-c  7. 
"'laioe  y  ' ic  ^(ifimier ks  Décrets  qlii  a'y  feroiejit.  'Eiifûite r^  ;^>ppliqua  aux 
^Mépacatifs ,  comme  s*il  eutséoèrauteurideVtintKdpffiiiè.  {Idojinâ  divers  or- 
jims  M»  Prélacs >d^pagne  •&•  de$  Daïs^^fiaSfi&^ocdodna^enrre^tres  ^  aux    dRayn: 
''Ilitetogîeiiside  Ix^uvaioiiiefs^reteUàrcpoa^^  qui  d^-N^*  55. 

iraient  fe  propofet  M  Concile,  f  Ces  Doâeurs  6>rméreat  donc  xxxii  Ar- 

• 

»flWMi4aC(>nQile,&,qallfnétoic  le  principal    fuffi  o  deiemmaJIe  ,  'cûnqfçctido  la  cofa 

proniotear.  Il  avoit  en  effèt  toujours  afiedé'  poter  ijje'di  molto  pregîûdicîo  alla  Corte 

de  le  faire  croire,  depuis  le  commence-    Romana.  C'ed  ce  qu*a  obfervé  aufi'i^r- 

'téknt'àe  Con  Poètî&at. 'Irlus;  ^çomme  il  rgas  dans  (è& mémoires. ,\ p. «^.i  j8(./i.  & 

nHaàgnoityefi  -Àième: t«ns,- qii'.il  ne' s'/?/ît    ce  dont  la  fuite  du  Concile  mondera  âiifèz 

qudque  chofe  contre- Tes* îfmtrics,  il :étoit  ^Ja  véi^té.:  " 

^bien* tife  dy  évoir . «a' commencement  un  ,.$,  Ces ^boj^joirsfo^rtnt  danc  j 2  Arti* 
cerMin .  nombre >d*Ë^o^  entièrement  à  ^ctc^,  Asç»]  JL'E^ion  de  LpivJr^  porté  xi  » 
-doi^Jpanre  «)Q*îl.-tûi  étoit^flibnûe^qa'onne  .  'mais  f  ë(liaiis'doate  «n'e-'&ike'de Cppîfte , 
>4étennifutineni  far-U.maiiiière  d^  procé-  ii£fahi^dans4^s'^dûions  de.Cenèye.  Car 
néer,  âui  pût  rempCdber 'd'èare-maUre  \àt  yû\j  .esfi,.^voic;j.'rfellèaaient/^» ,  foinme,  le 

'pnpoter  te  qd'on;/  devQii;d^UbNKr)'a3m-'  ^^ii^pqueaf  J^;^^^  ^^  ^^' 

vimW.ik'Adnmi<^.hi  s»,  p*  ^O4é'^^iy0'.  w^-firéff-Paôlq  copie ordiQaix^Qni,en(  ce'det- 
Uva  chiîLegatifiwiitgnieàitfMpytuiffiro^  .t^HJler'Hi(^enf:furx;çs^^ 
e  cki  fcnia  lor  conftnfo  nuUa  vi^fi prop<^  .gurs ,  îi  çj);.^^  viuble'|]a*on  àe  peut 

Bbif 


196       Histoire  du  concile 

'ttDXLiT.  ricles  9  ^  aulls  propoferent  magiftraleiDcnc  à  croire ,  fans  les  appuyer  par 
Vavl  IIL  aucun  pailàge  die  TLcricure  *,  &  l'Empereur  les  confirma  par  un  Edic ,  avec 
*~TrT  ordre  à  tout  le  monde  de  les  fuivre.  Il  s'expliqua  enfuice  au  Nonce  ranr  en 
itf  Ik^xc^  ^^^^  occafion 'qu'en  plufieurs  autres  audiences  »  en  termes  qui  marquoienr 
f kii!^  ,  il  ïc  mécontentement  qu'il  avoir  du  Pape  s  ^  &  il  défendit  même  i  trois  Ef- 
i4i.N®4i;  pamols  que  Paul  ^yoit  créés  Cardinaux  ^  dans  une  promotion  de  treize 

/Pallav.  qu^ii  fit  au  mois  de  Décembre  ^  d'en  prendre  les  marques  »  &  d'en  porter  le 
^ycj.    nom  8c  l'habit. 

L#  Wdi     7  Lb  Roi  de  France  de  fon  c6té  r  fît  auflîaflèmbler  les  Théologiens  àc 


37 


Dap.  Mein.  rétabliflement  de  la  Pragmatique  Sanâion.  Les  autres ,  craignant  d'o&nfcr 

P*  !f •  le  Roi  par  une  demancfe  qui  alloiri  détruire  le  Concordat  qu'il  avoit  £ûr 

ë^  ^  é  ^^^^  ^      '  ^^  Youloifnt  point  au'on  touchât  à  ce  point.  De  plus  comme  ils 

Spônd.  ad  *  étoient  aufli  partage  fur  l'article  des  Sacremens  »  aufquels  quelques-uns 

r  4c .   attiribuoient  une  emcace  miniftérielle  »  que  d*autres  rejettoient  >  6c  que  cha» 


an.  I 


M^*  I.  at  A.  cun  vouloit  faire  paflèr  fon  opinion  pour  un  dogme  de  Foi  >  ils  ne' purent 

^'^^o  ^  convenir  d'anrre  chofe  »  fînon  que  1  on  s'en  tiradroit  aux  zzv  Acticfes  pa-* 
141 J^  4».  yj^  jçjy^  j^  auparavant. 

L  B  Pape  cependant  ayant  (ait  part  au  Roi  de  la  mauvaife  difpofition  eik 
paroiflbit  l'Empereur  à  ton  égard ,  le  nria  d'envoyer  au-  plutôt  fes  Ambaflk* 
oeurs  au  Conale  »  pour  y  défendre  les  intérêts  du  Sièêe  Apoftolique  \  de 
ordonna  en  m^e  rems  à  (on  Nonce  auprès  de  Charles  ce  profiter  de  toutes 
les  occafions  ,  où  les  Proteftans  pourroient  donner  quelaue  chagrin  â  oe 
Prince  »  pour  lui  oflfrir  de  fa  part  toute  Taffiftance  fpirituelle  &  temporelle 
dont  il  anroit  befoin  pour  recouvrer  fon  autorité.  Le  Nonce  n'ayant  eu  que 
trop  d'occafions  de  le  faire  »  l'Empereur ,  qui  comprit  qu'il  pourroit  avoir 
î^foin  du  Pape  »  relâcha  de  fa  dureté  )  &  pour  en  donner  une  preuve  >  il 
permit  aux  nouveaux  Cardinaux  de  prendre  le  nom  &  les  marques  de  lew 
dignité  »  donna  au  Nonce  des  audiences  nlus  favorables  »  &  conféra  avec 
lui  fur  les  affaires  de  l'Allemagne  plus  fouvent  qu'il  ne  faifoir  aupara« 


vaut. 

sejetter  cette  &iite  que  (nr  le  Confie  ea 
l*;bnprimear. 

tf  •  //  défendu  mime  à  trois  EJpapÈoU  que 
Péoti  svoit  criis  Cardinaux  —  ^en  prcn- 
ire  Us  marques  j  &c.  ]  Ces  Caidînaoz  é- 
toient  Gajpard  ^Avalos  ArcfacTÊque  de 
CompoRelle  ,  François  BoèadiBa  Brèque 
deCoxiâ ,  &  Barthéknd  de  la  Cueva.  Pal" 
taviein  dît  qœ  la  raifon  de  cette  défenfis 
vint  du  m^ncenrement  qo'tyoit  l*Empe- 
Veor ,  de  ce  que  Pitrré  PicheeoEfèqptét 
Jtien  n*aToit  pas  été  oompt»  dans  cette 


pRNnot!oii«Céla  pentèore  Tfài  :  mmtFra^ 
Paolo  ne  dir  pas  le  comnîare^  comme  fe» 
accufe  (on  adTerfaixe* 

7.  Le  Roi  de  France  de  fon  tUéfta^ 
JemhUrles  Théologiens  de  Paris  â  Meium^ 
&c.  ]  Non  pas  toate  la  Faculté  de  Jhéolo- 

g'e ,  mak  amplement  douze  Doâeofs  qui 
rendirent  à  Melon  far  la  fin  de  Kovcm- 
brei  âc  nous  avons  dans  les  Mémoires  de 
M.  Di^uy  \t  letcrd  da  Roi  à  Claude  d'£f 
pence  pour  $'7  troevcr.. 


DE    TRENTE, Livre    IL  197 

IV.  L' Empressement  du  Pape  ne  fe  montra  pas  feulement  dans  la  unxzir. 
convocation  du  Concile,  mais  encore  dans  Tenvoi  de  fes  Légats  ,  ^  qu'il  ^^"^  ^^^' 
obligea  de  partir  avant  le  tems ,  &  de  fe  rendre  à  Trente  les  premiers ,  quoi- 
que  quelques-uns  lui  fiflcnt  entendre  qu'il  étoit  de  (a  dignité  d'envoyer  au-  „^^^  JJ^ 
poravant  quelqu'un  pour  recevoir  les  premiers  Prélats,  afin  ope  fes  Légats  i^^j^^i^  p^^ 
pudênt  faire  enfuite  leur  entrée  avec  plus  de  cérémonies  &  oéclat.   Jean-  le  Concile. 
Marie  dtl  Monte  Cardinal  Evèque  de  Paleftrine  ,  Marcel  Ctrvin  Cardinal  ^  ^^y»-  ^d 
Prêtre  de  Su  Croix  ,  &  RéginaU  Pool  Cardinal  Diacre  de  Su  Marie  in  ^"ô  |^^^ 
Cejmedin ,  furent  ceux  qu'il  choifit  \  le  premier ,  à  caufe  de  fa  candeur  &  Spon'a.  ^* 
de  fa  franchife ,  '  &  d'un  attachement  ii  fort  pout  fes  Maîtres  ,  qu'il  ne  N""  14! 


quêtant  Anglois ,  toute  1  Angleterre  netoit pas 
fi^lfe.  Le  Pape  ne  leur  donna  ni  Bulle  contenant  leturs  fruités ,  ni  Inftruc- 
fions  par  écrit  félon  la  coutume  *,  parce  qu'encore  incertain  de  ce  dont  il  de- 
voir les  charger ,  il  voulut  attendre  à  fe  gouverner  félon  l'événement  &  les 
démarches  de  l'Empereur  :  &  il  les  fit  partir  avecc  le  feul  Bref  de  leur  Lé- 
gation ,  qu'il  leur  avoir  fait  expédier. 

Mais,  outre  l'affaire  du  Concile  dont  le  Pape  étoit  occupé ,  celle  de     ^l  inwU 
la  Diète  qui  devoit  fe  tenir  i  Wornies  en  l'abfence  de  l'Em^reur ,  8c  qui  ^  ^^«^ 
ne  lui  paroiflbit  guéres  moins  importante ,  n'attiroit  pas  moins  fon  atten-  ^£^1^^^ 
non.    Comme  il  apprehendoit  que  ce  Prince  irrité  de  fa  lettre  n'y  fît  ^ire 
ibus  main  ,  ou  du  moins  ne  permît  qu'on  y  fît  quelque  Décret  encore  plus 
préjudiciable  à  fes  intérêts  que  ceux  que  l'on  avoit  déjà  faits  \  ^  il  jugea  né- 


S.  Et  iun  attachement  fi  fort  pour  fts 
'Maîtres  j  <iu*il  ne' pouvait  facri fier  leurs  in* 
iéréts  â  fa  propre  confciencei  ]  L'Edition  de 
Londres  y  qai  porte ,  ehe  non  poteva  pre» 
porre  gli  intere^  di  quelii  alla  propria  cof- 
eien^a  ,  eft  vifiblemenc  défedueufe ,  &  c'eft 
ce  qui  m*a  obligé  de  fuivre  U  leçon  des 
Editions  de  Genève,  otl  l'on  lit pojporre  au 
lieu  de  preporre.  En  effet ,  qu'y  auroit>il 
i  blâmer  dans  rattachement  de  ce  L^gaK 
pour  fes  Maîtres ,  s'il  eAc  toajbois  préfixé 
&  confcience  à  lears  intérêts?  Au  refte^ 
par  les  éloges  qoe  Fra  -  Paolo  donne  aux 
autres  Lég^s  ^idel  Monté  loi-même  >  on 
ne  oeut  pas  croire  que  c'ait  été  par  malignité 
plutôt  que  par  fincérité-^  qo'il  en  aie  donné 
ce  caraà^re.  Car  ^  (ans  vouloir  s'en  rappor- 
ter trop  aveuglément  ni  à  l'autorité  de  notre 
Hiftorien  qui  le  critique  ^  ni  à  celle  de 
Pallavicin  qui  le  loue  i  à  en  juger  Am- 
plement pax  l'idée  que  nous  en  donne  ià, 


conduite  dans  le  Concile ,  on  fencaflfèz  que 
le  jugement  de  notre  Auteur  n'eft  pas  extrê- 
mement exagéré. 

9.  Il  jugea  nécefiaire  d'y  avoir  un  Mi-- 
nifire  d* autorité  d»  de  réputation ,  en  qualité 
de  Légat,  ]  Pour  avoir  occafion  de  décrier 
le  témoignage  de  Fra-  Paolo ,  le  Cardiijal 
PaUaviein  lui  prête  fouvent  des  imagina- 
tions auxquelles  l'autre  n'a  jamais  pen(£. 
Ainfi  pour  le  contredire  ici ,  il  foocient  que 
le  Pape  n'avoit  jamais  eu  deflèin  au  com- 
mencement d'envoyer  Famkfe  pour  L^ae« 
MaiSj  Q^  Fra- Paolo  a-t-il  dit  le  contraire, 
&  même  ne  l'infinue-t-il  pas  aflez  par  la 
fuite?  Parce  qoe  cetHiftohen  ne  rapporte 
ordinairement  que  ce  qui  a  été  fait ,  le  Car- 
dinal en  prend  prétexte  de  l'accufer  ou  d*o- 
miflion  ou  d'ignorance.  Mais  il  Ct  trompe. 
Ce  n'eff  pas  une  faute  d'omettre  ce  qui  n'eft 
nullement  ellèntiel  au  fujet  >  c'eft  difcerne- 
jnent  dans  un  Hiftorien  >  &  fi  Pallavicin 


Y>«      H rs Tom£  iDV  con cil e 

*UTixtT7.  cefTaire  â'y  avoir  un  Miniftre  d'autorité  &  àc  réputation  »  en  qualité 
•Paul  III.  ,jç  -Légat.  Mais  -dans  -la  eraintc  où  il  étoit  de  recevoir  un 'affront  fi  « 
"— ~~"  Légat  rfétoir  pas  reçu  dans  la  Diète  avec  tes^honneurs  requis,  il  treaya'im 
f Pâllàv  L. ^crop^ïûetït ,  *  qâi'fîit  ,-en isnvôyftiit4e  Cardinal  Fâméfcfon  iievea:ir£in- 
j.  c.  8.  '  pereur ,  de  le  fuite  p^r^^'Vâ^ttifcs^potir  y  dotitierfes'Oïdtes  auac  Gâàia^ 
sieidL.  i^.  tiques ,  d'où  >  aptes  avoir  feglé  et  qui  cenviendiroit ,  ilfe  vendcuiràcipsètHle 
p.  1^0.       ce  Prince  ;  &  de  dépêcher  en  même  tems  '»  Fàbio^Mignantlio  de  Steitfke 

Evèque  de  Groflleto  >  en  qualité  de  Nonce  auprès  du  Roi  Bifdmaml^^sûc 

ordre  de  le  fuivre  à  la-Diàte. 
1/  fiUtex'     V.  T  o  V'K  V  A'K  T ' ettfiiite  toute  fbn'  attention  aux-tfdiMs^  Trente ,  îil 


2LWA/  "P^csà  fuivre;  Gât  au  dernier  Gôncile de  featran  le  ftipe  y-ttvcitipiîéfidé 

/«^Mv^ff/ i^/pcrfodiie ,  cotnmeauffi  atiparavam  Eugène  iri  celui  ^Flotence,  fûPi 

Ugats  ;       xXIir-  te  Màrnn  V  ^  celni  de  Gotilbmee  »  où  l-on  ^it  fin  iiu>  Schifitie^por 

ia  déposition  de  trots  Papes ,  &  AlMàndré  V\  la  fin  de  celui^de  Pife,  ^i 

avoir  été  aflèttiblé  ^r  les  Gudinaux.  DAns'testeins'eticole'plas' scions» 

'  CUnttnt  V  aVôit  été  préfenr  au  Gbncile  tte  Vienne  >  fffnoitnp  IK^  ^Gfstmire 

X  aux  deux  Conciles  de  Lyon  »  &  InHotent  III-^  ^ui  deXaitrM.  ixC^at^-» 

cilede  Bitei,  dans  le' rems  qu'il  teconnoifloit  !£«^^^  ÎVy  étoit  le^feûl  où 

^h)n  eût  envoya' des  Légats  \  i8c  il  eùr  été  d'un  trop  mauvais  ptéi^e  d'imiitr 

te  Concile  en  quoi  que  ce  pur  être.  ''  Il  fut  donc  réfolu  de  fonrtier  la-Botte 

ide  lamanière  fuivante  ^JPaul  y  difbit  :  qu'il  envoyoit  fes  Légats  au  Gon- 

*  Raya,  cile  qu'il  avoit  convoqué  à  Trente  ,-  comme  des  'Anges  de  paix  ;  &  que  de 

^"^  5^*       ctaititeque  faute  d'autorité  ia  célébration  oU  la  continuation  du  Concile^e 

^fùt  letardée.^  il  leardonnoit  un  pouvoir  .plein  2^  entier  d  y  préfider.,  & 

djy  faire  cous  les  Décrets  -&  Statuts  convenables ,  i8c  de  les. publier  dans<  les 

Seffions  felon  la  coutume  ;>de  propofer ,  conclure  >  &'^aiter  tonr  ce  qui 

feroiti)éee(Gdrepc)ar-€x>ndamiler  &  extirper  les  Erreurs  'de  tous- les  Royau* 

nies  &  de ' totlKies  les  Provinees >  de  connoitre»  entendre, *'&  décider ^ de 

toutes  les  caufes  dliéréfie ,  &  de  tout  ce  qui  appar  tenoità  la  Foi  Catholique  ; 

de  réformer  l'état  de  rEglîfe  dàxis  tods  les  ^membres  ,.  tant  '  Eçdéfiaftiqâes 

^que  Laïques-,  de:procUrer  la  paix  entré  les  Prihc^' Chrétiens  '^  de  détentimer 

lout  ce  qu'ils  rageroienr  être  de  tvhonneur  de^l>ieu^  &  fervir  à  l^ugniep* 

•cation  delà  Foi  Chrétienne  /  de  repriaser:ipiarixrfirurcs  &  peines £ccTéiiajr- 

'^ues' tous  les  dpporans&les^pebetles,ide*4^uelqele  dignité  &  condition 

gu'ils  fuffent,  quand'bîen  mèitieils  feraient  rerèttts^deUa 'Dignité  Ponci^ 
cale  ou  Royale  -,  '&  de' faite  tolkte'Àutte'chbfe'nécéiratte  î6f  eonyenable  po«r 

en  e&t'fiiît  paxoînre  autant '(}ûe''rdrï'iildvér-  •'^''i^\s^'éc^\\îtkc^ti^ 

faire ,  illé ffit  (bavent épàr^é éé$-^rfeè:kér-  '>t\. ll'fhrdone  fifiAu drfomtrla^FnUt 

ches ,  qm  montrent  plus  (à  leSOte  qtfe  fbn  WU  ^anïhc  fuivante.  ]  '  fitle  éft  '<k^e ^éu 

jugenlenc.  ■  %  l'dëïéVrifer  i  f  4  f  ;  aofli  bi^en^qUeceHequi 

lo.  Fahio Mignariillo de' Sienne Evcjue  Uôhnoit âoïLé^trie pouvoir  4e*transfEfex 

/«Gre//^/oJil  ne  futEyê^âeaeGïôtéto  'le'tbttdle. 


D^E    TRENTE,  Livre    II 

^exûcpatioû  des^Héréûes  &c.  des  Erceucs ,  pouc  le  recour  des  Peuples  féduics  ^^xinr. 
4  robctiraDccdu  Siègp  Apcftolique  ,  6c  pour  la  conJfcfvaciQQ  &  le  rétablif-  ^'^"^^^^ 
femenc  de  la  Liberté  Ecclcfiaftiquc  :  à  ccsodiâon  cepc^ajoc  >,qH'en<coui;cela,  -- 

ib-he  ptocéderoient  qu'avec  le  confenrerocnct  dui  Cbocile* 

A.PR.£'s  avoir  pris  ces  mefures  pour  avancer  l'afTaicedaCopcile,  lePape,^  ^^^  ^^ 
^«ne.  penfoic  pas  moins  aux.  moy  ens^  de  Je  di0Qudre:  apsè^  qu!il  fc^ic>  ir^  phs  fi^. 
cônmencé r  (i  fes  intérêts  le  cequéroicot  ^  cmt.dfvoir> dooMC à/t^.  LqgaA»  ^^f^yf^ar^ 
pttun  Bref  parricuiierJ!amadtc  de  le proi»açr  »  diffwdf^'i.Q»  tuiwftw.W  ^*^  *w^ 
lUcor  plaitaittCommè^vDitÊdr  avanfluiinmy^/^f.qiii  criiii^^  Jk^^hh^ 

Bctnele  malheur  arrivé  i  Jean^XXUl  à  Ctoftbnce  >  donM  k^  mème^poiir  dr^^  y  JSt 
^Ecnn  aux  Nonces  qttil.eEiyoyoit:à.Pavie  :  heut^ux  fecretpoor  traveifcar^par  tramfkw  » 
Mtles  déiibécacÎQas^  jqui  pourroient  être  contraires  au»  vueadit  R0<»|&«  *^  Il  ^^^^àigéM^. 
Àinnadonc  que^uerjouts- après  ifesI^ata^pafiUoeaiiitveBuUi^^Ma^  ^rO»* 

ai;  de  Fé varier  de  la  même  année  »  la  faioulté  die  cnuMfécQr  le  Conçîleu .  Mak    /  ^ariu. 
cûmme  nou&enjdèvoos  parier  aiUeursài'occafionrdii^aifraii^iltfl^U  Synoi-^N'^  i«. 
dà  à  Bologne  >  nous  remettons  à.  ce  toms  à.  lapponef  cC''.qpfli  nousjavonii.sk 
to  dite. 

Vi.  Le.  1}  de  Macs^œxLv,  °^les  Cardinaux  dc^Afo/ii^  &! de  iSr^.Crc?^.    Anlvi%^ 
aonverent  â  Trente ,  où  ils  furent  reçus  par  le  Cardinal  Madm€c%  ficfirent^^^  '^f'^* 
tesr  entrée  publique  le  même  jour ,  accocdanctrois  ans  £c  autant  de  quarati*  Rentiers 
fliiiies^'Indulgences  à  tous  ceux  qui- y  étaient  pré&os^  dansl'eipécaticequc^Trf^^ 
W- Pape,  qui>nis:leoc  avoit  point  doniié  ce  pou  voie,,  ne  laii&roit  pas  qoe  de  m  sieid. 
mtifier  cette  oonceifion;  '3  Us  n'y  trouvèrent  aucun  Prélat,  quoique  le  Pape  L.  i6,  p. 
itn.euc  fait  partir  quelques-uns  de  Rome»  afin  qu'ils  s'y  trouvadencaatems^^o. 

prefcrit.  VlnL^^ 

La  première chofe que  firent  les: Légats,  fur. d'examiner  la:  tennur  desi>^  i^ 


£tcultés'que  leur  donnoic  la  Bulle«  Ils^  convinrent  de  la  tenir  fecrécre  >.  &.de  Pallav.  Ly; 
flipréfenter  au  Pape  :  "  Que  la  claufe  de  procéder  avec  le  confentement  du  5*  ^• 
GoBcile  reftraignoittrDp  leur  pouvoir,  &  leurégaloît  le  moindre  Préiatj;: que  V^  ^^^f^ 
^ifafMt  donner  ttopdelibertéL&mcmedclicenceà  la  multirudejâ:  qu'il  fcroit^^^ 
très-difficile  de  la  gouverner,  s'il  falloit  tout  communiquera  tous.  '^  Ces  BulU  de 
nûibns  furent  approuvées  à  Rome ,  où  l'on  corrigea:  la  BuUe  fur  lettrs:aYis ,  /r«r/  /«• 

€uhh. 
■    XI.  IL  donaa  donc^  quelques  jours  après,^  .  me^^j^HtV  ou  corrigea  la.SulkfuxUufs- avisai  '  n  Pallav. 

fis  Légau  par  une  autre  BulU  —  Ufaçubé  Onlelçur.a^itpromiseneffçct,  &  l'on  en  L.  j.c.  pi  - 

de  (rànsfirer  le  Concile,  8cc.  ]  Ce  ne  fut  pas  délibéra.  Mais  fur  les  réflexions  que  1  on.fic , 

Ofielaues  jours  après ,  car  les  deux  Balles  que  le  poaroir  q^'on  leur  donnôit  de  ne 

nmt  datées  do  même  jour ,  ceft-à-dîre ,  du  lien  faire  que  du  confentement  du  Concile 

t  des  Calendes  de  Mars ,  ou   du   1 1  de  ne  regardoir  pas  la  Eeiculté  de  propofer , 

Février^,  comme  on  le  peut  voir  dans  Ray-  mais  celle  de  (lacuer  &  de  décider ,  ce  qui 

kalàus ,  &  comme  en  convient  lui-même  ne  poovoit  fe  &ire  efieôivement  fans'  ce 

Fra^Paolo.  conlentemenr  ^  ^n  ne  jugea  pas  à  propos:  de 

I  ^ ,  //r  ny  irottvhint  aucun  Prélat ,  &c.  ]  rienchvnger  dans  la  Balle ,  comme  on  le 

Selon  Pallavicin  il  j  en  aroic  un ,  Se  cVtôlt  vott-parune  lettre  du  Ca^udÀFamèfic\i6ê 

sekn  de  Cava.  par  PaUavicm^ 
i^»  Ces  raîfons  furent  approuvées 'iRo'^ 


loo        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxtiv.  Se  on  leur  y  donna  une  autorité  abfolue.  En  attendant  cette  réponfè  >  les 
Paul  IIL  Légats  firent  préparer  dans  TEglife  Cathédrale  un  endroit  pour  les  SeflionSi 
— — — ~"  capable  de  contenir  quatre  cens  perfonnes* 

j^^j  VII.  Dix  jours  après  les  Légats ,  arriva  à  Trente  ®  D.  Diego  de  Mcn-^ 
AnAsffs-  ^i^  AmbafTadeur  de  l'Empereur  à  Venife  >  muni  d*un  très-ample  Mande- 
éhmr  df  ment  daté  de  Bruxelles  du  lo  de  Février.  Il  fut  reçu  par  les  Légats  accom- 
tEmfiTêftr'  planés  du  Cardinal  Madrucc  &  de  trois  Evêques ,  les  leuls  qui  aoient  arri- 

c^^'i  ^'tv  ^^  ^'^^^  '  ^  ^^'^^  ^^  ^^  ^°  ^^  marquer. ici  les  noms  »  parce  que  ce  furent 
Téxpûfefis  ^^  premiers  qui  fe  rendirent  au  Concile.  C'étoienc  Thomas  Campimt  Eve- 
demémd€s.    que|de  Feltri ,  neveu  du  Cardinal  de  ce  nom  \  Thomas  de  S.  Félix  Eveque  de 
^  Rayn.     Cava  ;  &  Comelio  Mujjo  Francifcain  Eveque  de  Bitonte ,  le  plus  éloquent 
^^  4-         Prédicateur  de  fon  tems.  Quatre  joiurs  après ,  Mendo^e  p  donna  fes  propofî- 
h!^?c  '       ^^^^  P^  ^^^*  ^^  y  ^^P^^^  ^^  bonnes  intentions  de  l'Empereur  pour  le  Con-^ 
Pallav.  L   ^6  9  &  Tordre  qu'il  avoir  donné  de  s'y  rendre  aux  Evêques  d'Efpagne  » 
5.  c.  8.       qu'il  croyoit  déjà  en  chemin.  Il  s'excmafur  fes  indiibofitions  »  de  n'être 
Flcury^,L.  pas  venu  plutôt  >  &  demanda  qu'on  commençât  au  plutôt  le  Concile»  8c 
X41.N  8^.  q^ç  ^>Qjj  y  travaillât  à  la  Réformation  des  mœurs»  comme  GranveUc  ÔC 
N^4.  tc^.  ^^  lavoient  demandé  deux  ans  auparavant  dans  ce  même  lieu.  Les  Légats 
donnèrent  auffi  leur  réponfe  par  écrit.  Ils  y  louèrent  l'Empereur  de  foit 
zélé  >  reçurent  les  excufes  de  fon  AmbaHadeur  »  &  marquèrent  le  defir 
qu'ils  avoient  de  voir  arriver  les  Prélats.  La  proportion  &  la  réponfe  furent 
reçues  de  part  6c  d'autre  fans  préjudice  aux  intérêts  refpeélifs  de  leurs  Maî- 
tres :  ■  f  précaution ,  qui  montre  clairement  avec  quelle  charité  Se  quelle 
confiance  on  traitoit  des  deux  côtés ,  puifqu'au  mot  de  Réformation  près  » 
la  demande  Se  la  réponfe  n'étoient  que  de  purs  complimens. 
Les  LigMU     VIII.  Les  Légats ,  incertains  encore  de  quelle  manière  ils  dévoient  pro- 

>  faifoient  mine  de  vouloir  aeir  de  concert  avec  l'Ambaflàdeur  &  les 


^tfi'm  de  céder  >  faifoient  mine  de  vouloir  agir 

fourvotr  À  £v^aes ,  Sc  de  leur  communiquer  toutes  leurs  vues  ;  Se  dès  qu'il  arrivoit 

ficra^ê  *  ^  lettres  de  Rome  ou  d'Allemagne ,  ils  les  aflembloient  pour  leur  en  faire 

hurs  défi'  ?^^^*  lA^  s'appercevant  que  mendo^e  s'égaloit  â  eux  ^  &  que  les  Evêques 

ehes  y  mfiit  faifoient  plus  valoir  qu'ils  n'avoienr  coutume  de  faire  à  Rome ,  &  crai- 

fmfvtt  in-  gnant  que  quand  ils  feroient  en  plus  grand  nombre  il  n'en  arrivât  quelque 

Hui^le  Ut'  i^^^^^nic'*^  >  ^  ^^  confeillerent  au  Pape  que  lorfqu'on  auroit  à  leur  écrire 

f^ç^^        '  on  leur  mandât  les  chofes  fecrettes  â  part ,  8c  qu'on  leur  envoyât  en  même 

tçms  une  lettre  qu'ils  pudent  montrer  »  d'autant  plus  qu*â  l'égard  de  celles 

qu'ils  avoient  déjà  reçues  9  il  leur  avoir  fallu  ufer  aadrefle.  Us  demandèrent 

auili  un  Chiffre  pour  les  a&ires  de  plus  grande  importance.  Particularités 

que 

Zf«  Précaution  qui  montre  clairement  roic  Ce  (errîr  à  leur  ptéjadice  :  &  ceft 

avec  quelle  confiance  &  quelle  charité  on  poudèr  trop  loin  la  critique  que  d*en  con« 

traitoit  des  deux  côtés ,  &c.  ]  Ce  fi>nt  de  dure»  comme  £iit  Fra  -  Paolo  y  que  ces 

«ei  £>rmalités  ,  que  les  Miniftres  em-  per&nnes  agiflbient  fans  charité  &  (ânt 

ployent  pour  prévenir  des  confiqoences  confiance  «  comme  Ta   fort  bien  obfervi 

qu'ils  ne  piévojent  pas  >  &  dont  on  pour-  PaUavicin. 

U.  Les 


DE   TRENTE,  Livre    IL  lor 

3ae  j'ai  tirées ,  ainfi  que  plufieurs  autres  dont  je  ferai  mention  dans  la  fuite ,   moxlt:  ' 
u  Recueil  des  lettres  du  Cardinal  dcl  Monte ,  &  que  je  n'ai  pas  voulu  taire ,  ^^^^  ^^^y 
parce  qu'elles  fervent  beaucoup  à  pénétrer  jufque  dans  1  intérieur  des  intri-  ' 

gués  qui  Vemployoient. 

IX.  L  £  mois  de  Mars  étant  déjà  paflé  »  &  le  terme  de  Touverture  du  Coti'     Arrivée 
cile  fixé  par  la  Bulle  du  Pape  expiré  depuis  plufieurs  jours ,  les  Légats  réfo-  des  Ambaf- 
lurent  entre  eux  d'attendre  à  l'ouvrir ,  qu'ils  euflcnt  des  nouvelles  de  Fabiof^àe^*  dtê 
Migmamllo  Nonce  auprès  de  Ferdinand ,  de  ce  qui  fe  traitoit  à  Wormes ,  &c  '**'/'*  ^* 
un  ordre  du  Pape  t  i  qui  ils  avoient  rendu  compte  de  la  venue  &  de  la  P^o-'^^l^^^ 
poficion  de  Mendo^e  ;  d'autant  plus  qu'ils  avoient  quelque  honte  de  corn-* 
menoer  une  affaire  fi  importante  avec  trois  Evcqnes  feulement.  '  Les  Am-  ^  Heury^t. 
bafladeurs  ''^  du  Roi  des  Romains  arrivèrent  le  8  d'Avril  >  &:  on  tint  une  i4i.N^V'' 
Congrégation  folemnelle  pour  les  recevoir.  Mendo^e  y  vouloir  avoir  féance^^ayn-N**  ^. 
inimédiatemeiit  après  les  Légats  &  au-deflfus  du  Cardinal  Madruce  ,  fous  ?P°"^" 
prétexte  que  répréfentant  l'Empereur  ,  il  devoir  avoir  la  place  que  fon  p^j^y'  j^^  ' 
Maître  auroit  occupée.  Mais  pour  ne  point  arrêter  cette  Aébion ,  on  trouva  j.  c.  s. 
moyen  de  les  placer  de  manière ,  qu'on  ne  pouvoir  difcerner  qui  avoir  la 
preifèance.   Les  Ambafiadeurs  de  Ferdinand  ne  préfenterent  qu'une  lettre 

de  leur  Maître  ,  dent  ils  exooferent  de  vive  voix  le  refpeft  envers  le. 
Saint  Siège  &  le  Pape  >  &  fa  difpofition  à  favorifer  le  Concile  ;  &  après  de 
grandes  ofires  qu  iU  firent  de  fa  part  »  ils  ajoutèrent  qu'il  envoyeroit  bien« 
tôt  des  Ifidruftions  en  forme  »  &  des  perfonnes  plus  inftruites  de  fes  ia- 
tentions. 

X.  O  N  reçut  enfuîte  à  Trente  &  i  Rome  l'avis  que  Ton  attendoit  de  la  ^^f^fff 

prôpofition  faite  à  la  Diète  le  14  de  Mars  par  le  Roi  Ferdinand  y  «  c^ui  y  jj^jj/  i^ 

prélidoit  au  nom  de  l'Empereur ,  &  des  négociations  qui  Tavoient  fuivie.  tênuê  dm 

La  propofition  de  ce  Prince  fut  :  Que  pour  s'appliquer  à  pacifier  les  difiî-  Concile. 

rends  de  Religion ,  &  fe  mertre*  en  érat  de  faire  la  guerre  aux  Turcs ,  r>Em-  '  Bolcat  i; 

pereur  avoir  mt  la  paix  avecla  France,  dont  le  Roi  avoir  promis  de  lui  four-  çfc^if'r.^ 

nir  desfecours  &  d'approuver  le  Concile  de  Trente ,  &  même  de  s'y  trouver  p  ^ ^^ 

ou  en  perfonne  ou  par  fes  Ambafiadeurs  :  Que  dans  cerre  même  vue  Giar^  Thuao.  L.* 
Us  -    -      -- 


OUI 

des  fecours  contre  les  Turcs  :  Qu  it  arv/^i.  vi^twi»  «aw  ^^  c»aiiiivi.w  t«  wwâtTv/w«-  ^      , 
tion  du  Concile ,  &  que  les  Amba(radeurs  de  l'Empereur  &  les  fiens  ctoitnt  ^o  ^  * 
déjà  à  Trente  :  Que  perfonne  n'ignoroit  les  peines  que  l'Empereur  s'étoit  Flcury  ,  L. 
données  pour  procurer  certe  Aflèmblée,  &  les  inftances  réitérées  qu'ri'en  i4ï«N''7^-» 
avoir  faites  au  Pape  Climent  à  Bologne  ,  &  à  Paul  à  Rome ,  à  Gènes  ,  â 
Nice,  à  Luques ,  &  à  Buflfèt  :  Qu'en  exécution  du  Décrer  de  Spire ,  ce  Prince 

16.  Les  Anéajfadeurs  du  Rot  des  Ro-  félon  Sponde  ,  étoîent  fFblfffangEyèque  iè 

mains  arrivèrent  le  8  {tAyriL^  Il  Mloit  Paflkv,  le  Comit à^  C afldalto ^  JeanCo- 

qaHlsfaflfent  arrivés  auparavant,  car  ils  pré*  chlée ,  ^Antoine  Quêta  ou  Gineta,  Ce 

(entèrent  le  $  d'Avril  leurs  lettres  datées  de  fut  le  Comte  qui  préfenia  les  lettres  &  fit  If 

formes  da  14  de  Mars.  Ces  Ambai&dean,  diTcoors.  ' 

T  o  M  E    L  Ce 


Zm  tp§* 


xox      HISTOIRE    DU    CONCILE 

iisxiir*  avoir  ordonné  à  des  gens  pieux  &  favans  de  drelfer  un  plan  de  Réforma* 
?AUL  IlL  (^on  9  ce  qui  avoir  été  exécuté  *>  mais  que  la  cbofc  demandanr  beaucoup  do 
délibérarion  »  &  que  la  gr-crre  des  Turcs  donr  on  éroic  menacé  inceflammenc 
n'en  donnanr  pas  le  rems  »  TËiTipereur  vouloir  différer  d'en  trairer ,  jufqu^ 
ce  qu'on  eue  vu  quel  feroii  le  fruir  du  Concile  qui  alloit  commencer  >  &  ce 
qu'on  en  pouvoir  efpérer  :  Qu'enfin  fi  l'on  voyoir  qu'il  n'y  eûr  aucun  bien  X 
en  arrendre,  on  pourroir  avanr  la  fin  de  certe  Dière  en  inrimer  une  autre  9 
où  l'on  régleroit  route  l'afTaire  de  la  Religion  \  &  qu'en  atrendanr  il  falloic 
fe  précautionner  conrre  la  guerre  des  Turcs  >  qui  éroic  la  cbofe  qui  impoc^ 
cgic  davanrage. 

Les  Proceftans  prirent  beaucoup  d^ombrage  de  cette  propofition ,  '  parco 

^^  '^^  que  la  paix  de  Religion  devant  durer  jufqu'au  Concile  »  ils  appréhendoienc 

^'ummi     ^^'^^^^^  épuifés  d'argent  par  les  contriburions  qu'ils  fourniroienr  contre  les 

mrAréHTf ,    Turcs ,  on  ne  les  arraquâc  enfuire ,  foos  précexre  que  le  rerme  de  la  paia 

&fififim,  étott  expiré  par  Touverrure  du  Concile  a  Trenre.  *7  Us  demandèrent  donc» 

de  s'y  y#ir-  Q^  qu'on  conrinuat  à  traiter  des  ai&ires  de  Religion  ,  difanr  qu'il  y  avoic 

'"'r^âvii.   ^^  ^  ^^^^  P^^  ^^^^  ^^  avoient  la  crainte  de  Dieu  \  ou  au  moins  qu'ott 

N®  10.       ^^"^^  aflfurat  de  nouveau  la  paix  jufquà  la  tenue  d'un  Concile  légitime  qu'ott 

Slei(l.JLi^.  leur  avoir  tant  de  fois  promis,  ne  pouvant  reconnoîcre  pour  tel  celui  de 

P*  ^57*       Trente  »  pour  les  raiibns  qu'ils  avoient  fi  fouvene  alléguées.  Its  déclarèrent 

^^'*  en  mîme  rems  >  qu'ils  ne  pouvoient  contribuer  en  rien  pour  la  guerre  des 

Turcs  »  fi  on  ne  leur  donnoitdes  furetés  d'une  paix  indépendante  d'aucun 

if  U.  Ibîd.  Concile  du  Pape ,  ^  qu'ils  avoient  toujours  rejetré  »  auranr  de  fois  qu^oo 

en  avoir  parlé.  Ainfi  ,  quoique  les  Eccléfiaftiques  fuflènt  tous  d'avis  de 

renvoyer  entièrement  au  Concile  toutes  les  afiàires  de  Religion ,  il  fut 

néanmoins  réfolu  d'attendre  la  réponfe  de  l'Empereur  »  avant  que  de  pceti^ 

die  aucune  réfolution.     . 

Xt  P4^  4^     XI*  Dans  toute  cette  conduite  il  y  eut  trois  ehofes  qui  déplurent  bea»«^ 

îmkmt9n$    coup  au  Pape  »  &  aux  Légats  qui  étoient  à  Trente.  La  première  >  qu^l'Em* 

*^^J^>  pereur  publiât  qu'il  avoir  pouÛS  le  Pape  à  faire  afièmbler  le  Concile  j  ce 

jLmrjM    ^uî  iembloit  inunuer  que  ce  Pontife  ne  fe  mettoit  pas  beaucoup  en  peine 

fufùtif  ttm  ^^  affaires  de  Religion.  La  féconde  »  que  ce  Prince  fe  fît  honneur  d'avoit 

puffê^éê     engagé  le  Roi  de  France  à  donner  fon  confentement  au  Concile  ;  ce  qui  fiû:- 

Ihtifjmu     foit  af&ont  au  Pape ,  que  ce  foin  regardoit.  La  troifième  »  qii'il  vouloir  too* 

jours  le  tenir  en  bride  par  le  moyen  d'une  Diète  »  afin  que  h  le  Concile  n'a»* 


17.  Ils  denuindbrent  tUnc  y  &ۥ  ]  Cette 
«Jemande  fe  fit  félon  Skidam  le  i)  d*Avril, 
It  felon  Raynaldus'ct  ne  fiic  que  le  xS« 
Mais  cela  fe  peut  concilier  aifémenc ,  parce 
^ot  RmyMéUas  npponeà  on  feollt  ra^mt 
jour»  ce  qui  fe  fit  en  dilRrens  temt  felen 
Skidsiu  Ainfi  on  peut  concevoir  ai{ëmenr, 
ipe  1%  première  oppofition  des  Protefians  à 
b  propofidon  de  ferdifumi  fe  &  la  %y^ 


ft  qa'Us  préfentèrent  enfoite  leun  <Ie« 
mandes  le  18  s  d'autant  plus  que,  félon 
Beaucsue^  qui  met  la  première  oppoS* 
tion  des  Princes  Proteftans  dès  le  5  d'A- 
vril y  tt/iia  n^MorAfrlUs  rt/pondàRt  Pro^ 
Hfismtt ,  le  refte  du  même  mois  fe  paffii 
en  oomeAations  &  en  difpntes  :  In  his 
éÊbtrcêÊiiomkui  fmitm  tmuim  ApriUm  im^ 
ffmdifuu  ^  ùLCé 


DE    TRENTE,  Livre    II.  105 

Ytnçoîc  DâS  ,  il  eue  toujours  à  craindre  que  la  Diète  ne  voulut  régler  les    umnw» 
affaires  de  Religion.    Ainlî  Paul  vivoit  dans  une  inquiétude  continuelle  «  ^^^^  ^ 
tant  â  caufe  des  outrages  que  lui  faifoient  tous  les  Proteftans ,  que  par  rap« 
port  à  la  conduite  de  l'Empereur  »  qui  »  comme  il  diibit  »  plus  elle  avoit  dea 
apparences  favorables  ,  plus  elle  étoit  préjudiciable  à,  la  Religion  &  â  {bq 
autorité ,  Tune  étant  infcparable  de  Tautre.  Il  craignoit  toujours  d'ailleurs ^ 
'  que  ce  Prince  ne  s'accordât  avec  les  Proteftans  à  fon  préjudice;  '^  &  il  jrBeIcir.L» 
n'y  Yoyoit  point  d'autre  remède ,  que  de  fufciter  une  guerre  de  Religion ,  ^4*  f^  ^f# 
qui  en  fervant  d'un  c6té  i,  réprimer  les  Proteftans ,  &  de  l'autre  i  embar* 
rafler  l'Empereur  »  empècheroit  qu'on  ne  parlât  davantage  ni  de  Concile  ni 
<)e  Réforme.  Ce  qui  lui  faifoit  elpérer  d'jr  réaflir ,  c'eft  que  fon  Nonce  lui 
mandoit ,  que  Charles  s'irritoic  de  plus  en  plus  contre  les  Ftoteftans ,  &  qu'il 
^coucoit  vobntiers  les  propodtions  qu'on  lui  faiCbic  de  les  réduire  par  U 
fbrœ.  '^  Il  prit  donc  la  réfolution  d'envoyer  le  Cardinal  Famè/l  Légat 


pour  relever  le  courage  de  ceux  qui  lui 
étoient  attachés  »  ^^  mais  encore  pour  une  autre  qui  lui  étoit  plus  impor« 


%%•  Et  II  n'y  voyait  point  tûutn  remkde 
qiu  dt  fufciter  une  guerre  de  Religion,  &c.] 
Ce  n*étoit  pas ,  comme  le  dit  notre  Aotenr, 
afin  qa'on  ne  parlât  ni  de  Concile  ,  ni  de 
Réferme ,  piii(qQ*il  j  a  apparence  que  Péoil 
m  (êncoit  bien  que  le  G>ncile  étoit  né- 
cefiàire ,  &  que  comme  il  laudroit  Taflèm- 
hier  tôt  ou  tard ,  il  étoit  plus  à  propos  de 
le  tenir  (ans  de  plus  grands  délais.  Mais 
jugeant  bien  par  tout  ce  qui  s*étoit  paffi^^ 
que  les  Proteftans  ne  fe  foumettroient  ja- 
mais aux  décifions  qui  s*y  feroienc ,  il  crut 
qv^il  n'y  avoit  d*a«re  moyen  de  les  réduire 
que  par  une  guerre  }  &  ce  fut  ce  qui  l'enga- 
gea plus  d'une  feka  en  faire  )a  propoficion  à 
Iwnpecear ,  &  à  lui  fournir  des  (ècours  » 
amant  pour  l'aider  dans  cette  entreprit , 
que  pour  rendre  ce  Prince  favorable  aux 
vues  particulières  qu'il  avoit  pour  rarance- 
jnent  de  Tes  neveux. 

19.  Il  prit  dont  Ut  réfiimtwn  d*tmroytr 
ie  Cardin^  Fsrnifi  ,  etc.  ]  Quoique  les 
Inftrudtoiic  de  ce  Cardinal  ne  porrallenc 
rien  par  nppcMrt  i,  la  guerre  ^  on  ne  douta 
|ioint  néanoioins  que  ce  ne  fit  un  des  mo- 
ttfs  de  fit  LôptioR.  Die  étbtro ,  dit  Beau- 
Caire  »  Fmrmfims  Cmrdinddis  p  ftti  pëueoâ 
i^  éiêâ  €Êmmorûtmt  Romsm  tuiilm  V9I4U* 
cejfus  vel  reditus  ptï  caufa  dtçlarmét  pfh 


diit ,  helli  adverfus  Lntheranos  eomcitandl 
caufa  acceffijfe  fsrébamr  ;  ftd  nondmm  Cm^ 
fttr fûtis  paratus  erat»  Ceflaafli  ce  que  mar* 
que  SUidan  L.  i  é.  de  rércnemenc  juiHfia 
afiêt  le  bruit  public ,  &  le  (bupçon  de  ces 
HiAoriens. 

xo.  Mais  encore  pour  uttt  attire  pti  lai 
étoit  plus  importante ,  parce  quelle  toucAoii 
À  fis  propres  intérêts»}  On  ne  voit  pas  par 
les  InftruéUons  du  Cardinal  Fsmèfi ,  qu'U 
fBt  chargé  de  ^pte  aiBire  en  particulier» 
qui  efieâivemeat  ne  fut  réglée  que  quel- 

Ïies  mois  après.  Mais  je  ne  ûti  fi  l'on  peofii 
ire  un  grand  fonds  fur  ces  Indruâions  » 
puisque  quoiqu'il  n'y  (oit  point  parlé  de  la 
guerre  contre  les  Proteftans  »  il  eft  certain 
néanmoins  que  le  Légat  en  traita  :  ce  qui 
prouve  qu'il  j  avoit  (ans  doute  quelque  Inf- 
trudion  plus  (ecrette  que  celle  dont  parle 
Pallavicin.  De  ea  Legatiame  ,  dit  Rayn^U 
dus  ,  varii  varia  opinati  funt.  Belêaritu 
verà  femju  ,  fiûjfi  mijfittn  mt  Cmfarem  ad 
fociak  iellum  m  Protefiantes  sdeos  in  ofi^ 
dam  redigendos  uuitaret ,  cogeretque  de»* 
crtta  Confiiu  atnpleâi.  Ce  que  confirma 
auffi  SUidan  :  Hmjus  qua  fuerit  adventûs 
caufa  ,  dit-il ,  non  quidem  afirmart  pof'^ 
fum  ,  ftd  excitandi  hclU  caufa  in  Luthara^ 

tmvm^gcmèfatatitr.l.i6.QAikagaim 

Ce  i 


104        H  IST  OI  RE   DU  C  ONCIL  E 

uDrxtY.  tante,  parce  qu'elle  toiichoit  à  fcs  propres  iticcrêts.  *  Cctoir qu'ayant  def- 
PAut  III.  fçj(^  jç  donner  Parme  6c  Plaifancc  a  ton  fils ,  il  ne  croyoii  pas  le  pouvoir 
'  faire  fans  fc  mettre  en  grand  danger ,  s'il  n'avoir  le  confentemcnt  de  l'Em- 

f  p  îoT  P^^^^^  >  ^^^  auroit  pu  travcrfer  fon  de(Ièin«  ou  fous  prétexte  que  ces  ville» 
PaUav.L.5.  ^'voi^'^^  ^f^  autrefois  des  dépendances  du  Duché  de  Milan  ,  ou  parce  que 
c.  13.  comme  Avocat  de  TEglife  il  pouvoir  citipccher  qu'on  n'en  fit  aucun  dé- 
•  "  raembrement. 

*tes  Légats  XII.  CEPENDANT  Ics  Lcgats ,  quî  avoient  ordre  en  cas  que  l'on  voulût 
€onft4Uenth  traiter  de  Religion-dans  la  Dicte  ,  de  commencer  le  Concile  fans  attendre 
Tape  fur  qq  plus  grand  nombre  de  Prélats ,  ou  de  &  conduire  félon  que  l'cxigeroient 
Totiverture  fcs  conjonftures ,  en  cas  que  l'on  n'y  en  traitât  pas,  jugèrent  bien  par  le* 
é*  ce  Von-  propofi rions  de  la  Dicre ,  que  rien  ne  les  obUgeoit  de  le  prefler  ;  &  au  con- 
tife  donne  tîaire  le  nombre  des  Evêques ,  qui  n'étoient  encore  que  quatre  ,  les  enga« 
ifrdre  de  U  geoit  plutôt  à  diffèrer  qudque  tems  à  l'ouvrir.  Mais  ils  ne  laiflbient  pas  de* 
//ittB^ré*''^  craindre  que  la  guerre  des- Turcs  ne  contraignît  Ferdinand  ik  faire  le  Recès^ 
tretèr^r^'  de  la  Diète ,  &  à  en  intimer  une  autre  felon^  fa  promefle  ,  où  l'on  traitâr 
Gamifon  ^^^  affaires  de  Religion  •,  &  q»c  ce  Prince  n'en  rejettât  touro  la  faute  fur 
^ue  U  C/rr-  eux ,  en  difant  qu'il  les  avoit  informés  de  fes  propofitrons ,  afin  qu'inftruits^ 
dinal  de  de  ce  qu'il  avoit  promis  à  bonne  intention ,  ils  ouvriflcnt  le  Concile ,  6c 
Trente  lui  |yj  fourniflcnt  par-U  le  prétexte  de  ne  point  tenir  fa  promeffè.  Dans  cette 
irréfolution  où  les  jet^oit  d  un  c&té  la  nécefldcé  d'accélérer  l'oaverture  dis 
Concile  ,  de  de  l'autre  la  raifon  qu'il  y  avoit  de  la  différer  comme  étanc 


avoit  de^ 
mandée 
four  fa 
wlle 


ïlie.  prefquefculs  à^  Trente  ,  *  ils  envoyèrent  en  diligence  au  Pape  pour  recc- 

Pallav.L  voir  fes  ordres ,  &  favoir  ce  qu'ils  avoient  à  faire  dans  une  telle  perplcxitér^ 
Ra^  K^  ''^  ^^^  repréfenterent  donc  :  Qu'ils  avoient  toutes  fortes  de  railons  de 
^  ^'  foupçonner  que  l'Empereur  ne  fe  foucioit  pas  beaucoup  de  la  célébration 
du  Concile  :  Que  fon  Ambaffadeur  denuis  fa  première  audience  n*én  avoit 
pas  dit  tui  mot,  &qMl'on  jugeoitàlon  maintien  qu'il  les  voyoit  avec 
plaifir  perdre  le  rems  ane  rien  taire;  parce  que  fa  préfence  fufmbit  pour, 
difculper  fon  Maître,  6c  l'autorifer  à  convoquer  une  Diète  afin  d'y  termi-^ 


âonc  pas  s^aflurer  forces Inibodions ,  que 
Famè/è  ne  traita  point  de  1  al&ire  de  Par- 
me 8c  de  PlaifaïKC  y  ni  faire  un  crime  à 
Fra-Paolo  daroir  avancé  que  ce  Légat 
avoit  commiflion  dVn  parler.  Il  eft  même 
d'autant  plus*  ridicule  à  Paliavicin  de  trai- 
ter ceci  de  menfbnge  énorme ,  énorme  bu- 
gra ,  que  Fra-^Paolo  ne  IV  rapponé  que  for 
Pautoricé  d*un  Ecrivain  très>accrédité ,  je 
▼eux  diie  ^'Adrianiy  qoiie  dit  pofitive- 
ment.  Et  pero  che  Papa  Paolo  Terip  coh 
fpvetno  dtlle  cofepuhlïche  con'giugneva  fem-^ 
pre  ilhene  e  Vhonor  di  cafafua ,  diede  anco 
id  €ard,  commeffione  ai  proporrt ,  chc  con 
htçna  gracia  di  quella  Maefià  haiifya  in 


snimo  d'invefiire  Picr-Lulgi  fuo  figUvolo* 
dello  flato  di  Piacen^a  e  di  Parma  —  iL 
quale  (  Legato)  là  giunto  e  fcufate  le  coft 
paffate  fi.  ben  feppe  adoperare  ,  che  la  mala^ 
eimtentei^a  deW  Imp.  con  le  moite  promefft 
de  danari  &  de  gli  ajuti  quando  ne  fufftk 
bifogno  \  '  fi  muto  in  miglior  difpofiiJLone. 
Qa'on  joge  par-li  ^  fi  PaUavicin  efl  de 
bonne  fin  en  accuûtnc  notre  Hiftorien  de 
ne  pas  racencer  ,  mais  d'inventer ,  nom 
racconta ,  ma  inventa.  Quand  un  Ecri^ 
vain  ne  parle  qu'après  les  Hiftoriens  »  iL 
peut  fe  tromper;  mais  c'eft  one  calom-*- 
nie  >  de  l'accoièr  d'inventer  les  £ûts  qi^ 


DE    TRENTE   Livre  IL  rof 

lier  les  affaires  de  Religion  comme  dévolues  à  fa  JurilUiftion  par  fon  zèle  m.dxlv. 
&  ia  négligence  du  Pape ,  puifque  le  Concile  qu'il  avoir  follicité  &  obrenu  ^^^^  ^^^' 
par  fes  inftances  &  celles  de  fes  Ambafladeurs ,  ne  fe  mercoir  en  devoir  de      ' 
lien  faire.    En  conféquence  ils  lui  propofércnt  de  prçndre  un  milieu ,  ^  qui  ^Flcury ,  L. 
écoirde  faire  chanter  la  Meflc  du  Sainr-Efprir ,  avant  que  l'Empereur  arri-  i4ï«N®88, 
vâc  â  la  Diète  :  Que  par-U  on  pourroit  dure  qu'on  avoic  ouvert  le  Con- 
cile  y  &  prévenir  ain(i  tout  ce  que  ce  Prince  pourroit  ordonner  dans  le  Re^ 
ces  ',  &  que  de  l'autre  côté  on  oteroit  le  prétexte  de  dire  qu'on  avoir  com* 
snencé  à  traiter  les  affaires  du  Concile  feulement  avec. quatre  perfonnes  : 
Que  fî  l'on  attendoit  à  ouvrir  le  Conciles  que  le  Cardinal  Farnife  eue 


pourroit  s'imaginer  qu'on  lauroit  ouvert  dans  un  temsoù  l'on  iàvoic  bien 
qu'on  ne  pourroit  le  tenir  >  &  qu'il  falloit  penfer  à  toute  autre  chofe.  Le 
Cardinal  de  Sainte  Croix  ,  qui  avoir  un  grand  de(îr  qu'on  donnât  en  cette 
rencontre  des  marques  de  dévotion  ^  &  qu'on  attirât  un  grand  concours  de 
peuple  par  les  cérémonies  ordinaires  de  l'Eglife ,  perfuada  â  fes  Collègues 
de  demander  au  Pape  un  Bref,  qui  leur  donnât  pouvoir  d'accorder  des  In- 
dulgences, ^  6c  qui  fur  daté  du  tems  de  leur  départ ,  pour  valider  celles  i/u  c^^c 
qu'ils  avoient  données  le  jour  de  leur  entrée.  ^'  Car  il  avoir  quelque  {cru-* 
pule  fur  celles  qu'ils  avoienr  accordées  ;  &  pour  ne  point  priver  le  peuple 
de  ces  trois  années  &  d'aurant  de  quaranraines  d'Indulgences ,  il  vouloir  y 
famléer  par  ce  Bref  9  fans  confiderer  qu'il  y  avoit  quelque  difficulté  à  fa- 
voir  fi  celui  qui  a  le  pouvoir  d'accorder  des  Indulgences ,  a  celai  de  valides 
celles  que  les  autres  ont  accordées  fans  autorité. 

Lb  Cardinal  Madruce  Evèque  &  Seigneur  de  Trente,  confîderant  que  fa 
ville  étant  petite  &  mal  peuplée,  refleroic  à  la  difcrétion  des  Etrangers  fl 
le  Concile  s'augmenroit ,  &  qu'il  y  avoit  du  danger  d'y  voir  naître  des  fé- 
dittons ,  remontra  au  Pape  qu'il  y  falloit  une  garnifon  d'au  moins  cent 
cinquante  hommes ,  fur-rout  fl  les  Luthériens  fe  rendoient  au  Concile  ;  & 
qu'étant  épuifé  par  les  dertes  que  lui  avoir  laifTées  fon  prédéceflèur ,  il  ne 
ournir  a  certe  dépenfe.  *^  Mais  le  Pape  répondit  :  Que  fî  l'on  met- 


pouvoit  fourni 

1 1 .  Car  il  avoit  quelque  fcrupulejhr  cel- 
tes qu'Us  avoient  accordées ,  &c.  J  Notre 
Ktftorien  fe  moque  ici  aflèz  agréablement 
6e  la  implicite  da  Cardinal  de  S  te  Croix  ^ 
qai  pal  uii  Bref  antidaté  vouloir  faire  re- 
vivre des  Indulgences  que  les  Légats  avoient 
données  à  leur  entrée ,  (ans  que  le  Pape  les- 
câc  aatoriSs  potir  cda.  Pallavicln^  qui 
d'abord  uze  notre  Auteur  d'être  fon  igno- 
lanc  dans  la  Théologie  Morale  ,  eft  pour- 
tant obligé  à  ta.  fin  de  recourir  à  une  /impie 
f  robabilité  pour  jofUfier  la  valeoi  de  ces 


Indulgences  par  une  approbation  fiibfi- 
qaente.  Mais  j'appréhende  que  d*autres  ne 
trouvent  très-improbable  ce  qu'il  juge,  pro- 
bable y  &  qa'au  lieu  de  trouver  de  la  charité 
dans  les  Légats  ,  oa  ne  les  accufe  d'avoir 
trempé  les  peuples  ,  en  les  flattant  d'une  ré- 
miflion  de  péchés ,  qu'il»  n'a  voient  pas  le 
pouvoir  de  leur  accorder.- 
.  a 2^  fii^is  h  Pape  répondit  y  que  fi Von^ 
mtùoit  une  garnifon  à  Trente ,  dcc.  J  La. 
raifbn  que  donne  ici  le  Pape  pour  ne  point 
vouloir  mettre  de  garni(bn  à  Trente  ^  écoiK 


lo^        HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  î>  K  t  V.  roic  une  garnifon  à  Trente ,  les  Luthériens  en  prcndroicnt  prétexte  de  pa- 
Paul  III.  yj^,.  q^ç  jç  Concile  ne  feroit  pas  libre  -,  que  pendant  qu'il  n'y  avoir  que 
"^■~~"  des  Italiens  au  Concile ,  fa  crainte  étoit  fans  fondement  ;  qu'il  ne  s'intcnef* 
ibic  pas  moins  que  lui-même  à  la  tranquillité  de  (a  ville  ;  que  la  (ureté  da 
Concile  importoit  plus  au  Pape  qu'à  TÊvèquc  ;  que  par  oonféquent  il  n'a« 
voit  qu*4  fe  repofèr  fur  lui  de  tout  foin ,  &  s'aflurer  qa'il  pocuroiroic  teU 
iement  i  <out  >  qu'il  ne  feroit  chargé  d'aucune  dépenfc  »  &  iie  icroit  expofé 
â  auctm  dommage. 

Apre*s  que  le  Pape  eut  bien  pefé  toutes  les  rai(bns  pour  8c  contre  Von* 
▼ertute  du  Concile ,  il  ne  trouva  rien  qui  pût  le  difluader  de  l'ouvrir ,  (inon 
0ue  quand  il  iêroit  commencé  »  il  y  avoit  a  craindre  qu  on  ne  le  follicitât 
de  le  fufpendre  jufqu'i  ce  qu'on  fut  délivré  de  la  guerre  des  Turcs  ou  d'aa« 
très  pareils  empèchemens  9  ce  qui  feroit  une  efpéce  de  frein  dont  fe  (ervi^ 
foit  celui  qui  fe  riendroit ,  pour  le  conduire  ou  l'on  voudroit ,  chofe  très^ 
4angereufe  pour  fes  intérêts.  C'eft  ce  qui  le  fit  léibudre  i  ne  point  laiflèr 
le  Concile  oifif  quand  une  fois  il  feroit  ouvert ,  mais»  ou  de  le  faire  agit 
autant  qu'on  le  pourroit  ;  ou  (î  on  ne  le  pouvoir  pas ,  de  le  finir  ou  le  fuf« 
pendre  jufqu'au  jour  qu*on  fixeroit  pour  le  teprendre«  En  conicquence  de 
-^       cette  réfolution ,  «  il  ccrivir  à  fes  Légats  de  l'ouvrir  le  jour  de  Sainte  Croix  , 
^o\{^      &  ils  firent  favoir  cette  réfolution  11  TAmbadadeur  de  l'Empereur  &  aux 
Pailay.L  5.  autres ,  mais  fans  marquer  précifément  le  jour.  Peu  de  jours  après  le  Car« 
c  10.&  XI.  dinal  Farnife  allant  à  IP^rmes  pafla  par  Treme  »  où  après  avoir  confifré 
avec  les  Légats  »  ils  convinrent  qu'il  falloir  continuer  de  notifier  à  tout  le 
/PallâT.  L  mondre  Tordre  qu'ils  avoicnt  de  faire  l'ouverture  du  Concile ,  ^  mais  (ans 
§.€.  II.      marquer  le  jour,  jufqu'à  oe  que  Famè/i eût  entretenu  l'Empereur.   Car 
ayant  appris  que  ce  Prince  paroififoit  très-fatisfait  de  la  Légation  qui  lui 
étoit  envoyée  »  Se  laiflbit  à,  entendre  qu'il  vouloit  agir  de  concert  avec  le 
Pape ,  ils  en  connurent  de  très-bonnes  efpérances  ;  &  pour  ne  point  rompre 
cette  bonne  intelligence  ,  les  Légats ,  de  l'avis  de  Mtndo^t  &  du  Cardinal 
et  Trente ,  réfcJurent  de  ne  commencer  aucune  Aââon  ùnt  la  pacticipatioa 
de  l*Empcreur. 
'VMmbMÏÏéir     XIH.  Mendoje  reneuvelk  alors  fa  prétention  c  de  précéder  tout  autre 
êUar  de      que  les  Légats  ,  (bus  prétexte  que  perf<mne  ne  pouvant  prendre  iéance  en- 
tEmperittr  q^  k  Pape  &  TEmpereuT  lorfqu'ils  fe  trouvent  enièmble ,  la  même  chofe 
fritind  U  jçy^^  s  obferver  eatre  ceux  qui  les  repréfentoient  ;  &  il  dit  qu'il  avoit  pris 
d^lfn^Mf  ^^^^^  ^'^▼is  &  lecûnièil  de  geos  habiles  eu  ces  ic^tes  de  choies.  Les  Lo- 
ir monde , 

gxceptéles    fert  fenfh',  rtnîs  il  j  en  aroic  encore  «ne     mêmes  f  aifims  avoiem  fint  re(ûfer  au  Pape 

Légats,        autre ,  fans  éoote ,  qm  !e  poitoît  à  ce  sefos*     la  Vtlfe<le  Mantooe  ;  Se  il  rùitoit  pas  nanfr» 

X  Spond.     C'eft  qoe  comme  ii  e&t  été  obligé  de  l'en-     rclqa*il  accordSt  a«  Caidinat  Msdma  c» 

N^  If.       tretenir ,  cela  l'eut  brchaigé d'tme  dCpenfe     qiTil  avoit  re(ii(S  à  «n  Prince  Italien,  for^- 

qui  n*<étok  trallement  nécctiàîre,  0cqmn*é»     tout  dans  one  Tille  qoi  ^coit  dn  domaino 

toit  d'iractinetmlii^.  Oorre  que ,  peut-être,     de  Ferdinand ,  Se  où  malgré  (à  gaimlba  le 

2  7  eût  p&  avoir  quelque  contefbftion  poor     Piape  n'eût  es  aeaue  autos ité« 

fctoix  â  qui  devuh  dbék  cette  garmfcn»  Ces 


DE    TRENTE,  Livre    IL  407 

pLts  répondirent  en  termes  généraux  :  Qu'ils  écoient  prêts  de  donner  i  cha-  m  »  z  &% 

con  la  place  qui  lui  éioit  diie ,  &  qu'ils  attendoient  fur  cela  des  ordres  de  ^^^^  ^^^ 

ILoioe.   Cette  réponfe  plut  à  Mcndo^ê  ,  qui  croc  que  Ton  irouveroit  dans  ^ 

ka  Arcbives  pi^liques  quelques  décidons  ou  quelques  exemples  favorables 

k  fea  prétentions  s  &  qui  pour  éloigner  toute  idée  de  fafte  diibit  y  que  hors 

dtt  Concile ,  il  céderoit  volontiers  aii moindre  Prêtre  ;  mait  que  dans  le 

Concile  ,  perfonne  après  le  Pape  n'y  avoir  plus  d'autorité  que  ton  Maître. 

Ce  détail  de  cbofes  légères  ic  preu  importantes  j>aroîtra  pettt-fttre  fuperflu 

i  quelques  Leâeurs  :  mais  j'ai  jugé  au  contraire  qu'il  etoît  nécelfaire  de 

ikire  bien  connoitre  de  combien  de  petits  rutflèaux  ^  s'eft  formé  ce  erand  i^^PalfavrEr 

lac ,  qui  a  couvert  toute  l'Europe  %  ic  ù  l'on  voyoit  dans  les  Archives  5*^9* 

quelle  quantité  de  lettres  furent  écrites  de  différentes  parts ,  avantxjued'en 

Tenir  à  l'ouverture  du  Concile,  on  feroit  étoriné  &  du  jugement  que  l'on 

en  £ii(bit ,  &  des  ombrages  que  plufieurs  en  prenoient*^ 

XIV.  Quand  on  vit  en  Italie  »  que  le  train  que  prenoietit  tes  affaires    Xt  Vimri 
dtt Concile  donnoit  lieu  d'efpérer  qu'on  le  célébrerok  enfin,  les  Evcques  de  NsfUi 
penferent  férieufement  au  voyage*  Le  Viccroi  de  Naples^  *  qui  ne  trou-  »*'«'«•»  «»^ 
Toît  pas  i  propos  que  tous  les  E venues  du  Royaume  fe  rendiflcnt  à  Trente,  ^ZJ^ 
Youlut  y  en  envoyée  feulement  quatre  àfon  choix  ,  avec  procurarioe  de  quMtM^^ 
iQtts  les  autres ,  qui  font  au  nombre  de  plus  de  cent.  Le  Grand-Cbapelain  aues  de  er 
du  Royaume  convoqua  donc  chez  lui  une  A({èmblée  dé  Prélats  d  cet  e&t ,  kayMMme  ^ 
9c  leur  propofà  de  donner  la  procuration  qu'on  leur  demandoit.   Mais  la  ^  J^^ 
plupart  b  rcfuferent ,  difant  qu'ils  voaloient  affifter  au  Concile  en  per-  procu^MtiJ!» 
.  kinne ,  comme  ils  l'avoient  ^uré  &  y  étoienr  obligés  ;  Se  que  »ils-  ne  pou^  jes  munes^ 
Toient  y  aflifter ,  il  étoit  raifonnable  cpe  chacun  conftituat  un  Procureur  ^Paltâv.  U 
pour  foi  ielon  les  lumières  de  fa  confcience,  &  non  pas  qu'on  en  établît  5-  ^  ^^^ 
ua  pour  tous.  Le  Viceroi  s'irrita  >  fie  ordonna  au  Grand-Chapelain  de  con-  ^'    ^^^ 
Toquer  les  Evèques  de  nouveau,  &^leur  commander  de  donner  leur  ^itury ,  U 
procuration ,  &  il  envoya  les  mêmes  ordres  i  tous  les  Gouverneurs  des  x4i.N°  s^. 
difiéren tes  parties  du  Royaume.  Cate  conduite  inquiéta  fort  le  Pape  &     Ces  Ex  t^ 
les  Léears  ,  qui  ne  jQivoient  (x  cela  venoit  du  propre  caprice  du  Viceroi  qui  V*"  *y  ^f; 


vouloir  montrer  fon  autorité,  ou  s'il  Tavoit  fait'  par  iênorance  ,  ou  enBn  ^pjp^r^ 
s'il  en  avoir  agi  ainG  par  des  ordres  fupérieurs.  Pdtu:  découvrir  s'il  fe  pou-  mi#  Bfdif 
Yoit  la  caufe  fecrette  de  cette  aftàire  ».  >)  Paul  fit  une  Bulle  par  laquelle  fêur  dé/en- 
il  défendoit  très«févèrement  ^  de  compardirre  par  Procureur  au  Concile,  dre  aux 

^  ^^  Frtiéiis  d9 

ccmparoitrr 
%2*  Paul  fit  une  Btdu  par  taqitelU  u    <m  par  leurs  ^ocafean>eiiiienrea  une  telle  ^^^P^^^i,^ 

'i^ttdoii  très'fMrement  de  comparaître  par  fapénorité  de  voix ,  que  le  giand  nombre  re$trs  ;  wMti 

Procureur  au  CotuiU,  &c.  ]  Il  étoit  «fone  d'Evfeques  Italiens  flr  abToknneiu  àtytnn  Us  Légat flm 

omCqoence  infinie  poar  le  Pape  de  ne  inutile  au  Ps^e.  Ceft  ce  q^i  le  fie  tç3Xt')o\usfuffrimenfp. 

point  admecnre  les  Procoreurs  des  Ev^œs  à  ^oppofer  à  les  admettre ,  &  Ton  révoqua  comme  trop 

voter  an  Concile  ,  poor  deux  raifons  f  la  même  dans  la  dernière  tenue  du  Concile  fivïre, 

première ,  (arce  que  la  pki|;»art  (ê  feririent  le  privilige  qu'on  «avoit  accordé  fur  cela   ^  Rayn.- 

iàfytnSii  Sy  afiifter  i  la  féconde,  paiceqqe  dans  la  première  aux  Prélats  d'Allemagne  ^^  ^  9^  t% 

)Kfiv^ucséaangess>oiapac  fWHiiAaicSji  pas  diâi&âioiu  PaUanciMplè»  i%^  fm 


io8       HISTOIRE    pu    CONCILE 

KDXLT.  Mais  le$  Légats  la  trou vanc  impraticable»  parce  qu'elle  s etendoic  à  cous 
Paul.  HI.  les  Prélats  de  là  Chrétienté ,  fans  en  excepter  ceux  qui  étoient  fort  éloignés 
"  ôc  qui  avoient  des  empechemens  légitimes ,  &  la  jugeant  trop  rigide ,  parce 

qu'elle  menaçoit  les  contrevenaos  a  une  fuô>ennon  ipfo  facto  à  divinisy  Ôc  de 
radminiftration  de  leurs  Eglifes  »  ce  qui  pouvoir  caufer  quantité  d'irré* 
gukrités ,  de  nullités  d'Ââes  ,  Se  de  perceptions  de  fruits  lU^times ,  6c 
exciter  quelque  Nation  malcontente  â  en  appeller ,  &  à  contefter  la  Jurif- 
diâion  du  Pape  ^  ^^  ils  jugèrent  à  propos  de  la  tenir  fecrette  fans  la  pu* 
blier.  C'eft  pourquoi  ils  repréfenterent  au  Pape»  qu'ils  ne  croyoient  pas  la 
devoir  rendre  publique  uns  de  nouveaux  ordres  »  &  qu'il  fufiîfoit  que  le 
bruit  courûr  qu'elle  étoit  expédiée ,  fans  la  montrer.  Je  dirai  ailleurs  le 
fuccès  qu'elle  eut  d  la  fin.  ' 
,  Il  reftoit  alors  une  autre  diffiailté  »  qui  quoique  moins  importante  ne 

demanden!  ^^^^^it  pas  que  d'avoir  fon  embarras*  Les  L^ats ,  *  qui  jufqu'alors  n'avoienc- 
à  R0m9'êU^^<i^  que  des  remifes  légères  pour  les  dépentes  courantes  ,  6c  qui  d'ailleurs 
targent  '      étoient  trop  pauvres  pour  y  fuppléer  du  leur ,  6c  n'auroienc  pu  avoir  de 
p^ftrUfub^  quoi  fe  maintenir ,  s'ils  avoient  continué  â  faire  la  dépenfe  qu  il  leur  avoic 
J^Mtce  dis  ^jj^  £^^^  ^j^  quelques  occafipns  particulières ,  écrivirent  au  Pape  après  en 
pMMwnsém  ^^^^^  conféré  avec  le  Cardinal  Farniji^  qu'il  n'étoit  pas  de  fa  réputation 
<:o$mU.      de  tettir  le  Concile  fans  les  préparatifs  &:  la  fplendeur  que  demandoit  U 
/  Fleuf |r>  L.  dignité  d'une  telle  Aflèmblée ,  &  qu'il  étoit  néceflaire  par  conféquenc  d'é^ 
141.N  90,  (^5iîr  une  perfonne  avec  un  fonds  capable  de  fournir  aux  dépenles  couran^» 
tes  »  de  (ubvenir  aux  befoins  des  Prélats  pauvres  ,  &  de  gratifier  quelques 
perfonnesde  mérite  Se  en  état  de  rendre  fervice  :  chofe  tout-à-fait  impor- 
tante pour  le  bon  fuccès  du  Concile. 
Cangrigf^-      XV.  Le  )  de  Mai ,  y  ayant  déjà  dix  Evêques  à  Trente  ^^  il  fe  tint  une 
thn  4k  Fo»  Congrégation  pour  r^ler  les  préUminaîres  du  Concile.  Les  Légats  y  expo« 
trMhi  des     férent  la  eommiilion  qu'ils  avoient  de  l'ouvrir,  &  dirent  qu'ils  attendoienc 
friUms^t"  4  çn  fixer  le  jour ,  jufqu';î  ce  qu'ils  en  enflent  donné  avis  a  l'Empereur.  La 
^elîê  é^'  Congrégation  fe  pafià  prefque  toute  à  régler  le  Cérémonial.  On  y  arrêta  » 
nvU  du     que  les  Légats  »  quoique  d'Ordres  différens  ^  Tun  étant  Evèque  »  l'autre 
Cétrdisiêl     Prêtre  »  &  le  troiiiéme  Diacre  »  porteroient  tous  les  mènaes  ornemens  ,  6c 
V90I  tfoifii'  feroient  également  revêtus  d'une  Chappe  »  étant  tous  égaux  en  autoricé  6c 
^^^^'^\  en  pouvoir ,  &  exerçanr  la  Légation  &  la  Préfidence  par  indivis  •,  6c  que  le 
x4i.^N^i9.  ^^^"  ^  '^  Seflion  feroit  tendu  de  tapiitèries ,  de  peur  qu'on  ne  les  prît  pbue 
Pallav.Lj.  une  AfTemblée  d'Artifans.  On  propofa  enfuite  fi  l'on  placeroit  des  (vb^ 
c  13.  pour  le  Pape  &  TEmpereur,  qui  demeureroient  ornés  &  vuides;  fi  iiff/z- 

doz*t  devoir  avoir  une  place  plus  honorable  que  les  autres  Ambafiàdeurs  \ 
fi  les  Evèques  d'Allemagne ,  qui  étoient  Princes  de  l'Empire  ,  aoroienr  la 
prefT^ance  fur  les  autres  Prâats  &  même  fiir  les  Archevêques  >  çomipe  il  ie 

pratiquoic 

SL4n  Ils  jugheru  â  frop9s  de  la  tenir  fe-  de  Naples  &  tous  les  Métropolitains  &  â 
xreue  fans  la  puhlUr.  ]  Mais  le  Pape  la  fit  tous  les  Evêques ,  &  l^mperear  ordonna 
diftôbaerpar  Ton  Nonce  dans  le  Royaume     enfuite  ao  Viceioi  de  xéypqoer  lès  ordreSé 


DE    TRENTE,  Livre    II. 


109 


pratîqaoît  dans  les  Diètes ,  ou  les  Evcgucs  non  Princes  fe  tiennent  même  m  o  x  l  v. 
découverts  devant  eux.  Sur  quoi  Ton  nt  remarquer ,  que  l'année  daupa-  ^^^^  ^^^' 
«vant  dans  cette  même  ville  TEvèque  d'Aichftat  &  les  Archevêques  de  — ■"— 
Corfou^  d'Otrance  fe  trouvant  à  la  même  Meflè,  on'avoit  eu  fur  cela  une 
conreflation ,  &  l'on  s'étoit  trouvé  partagé  de  fentimens  ;  comme  auflî  que 
dans  la  Chapelle  du  Pape ,  les  Eveques  qui  font  AmbafTadeurs  de  Ducs 
ou  d'autres  Princes, précèdent  les  Arcnevêques  »  qui  dévoient  donc  par  con- 
fiquent  céder  la  prelléance  aux  Princes  mêmes.  Mais  il  fut  réfolu  de  ne 
rien  décider  fur  cela  jufqu'à  ce  que  le  Concile  fut  plus  nombreux ,  8c  qu'on 
eut  pris  l'avis  des  Eveques  de  France  &  d'Efpagne.  L'on  convint  auiC  de 
renouveller  le  Décret  du  Concile  de  Baie  &  celui  de  Jules  II.  dans  le  Con- 
cile de  Latran ,  qui  ordonnoient  que  la  féance  que  pourroit  prendre  quel«- 
qu'un  hors  de  fa  place ,  ne  pourroit  préjudicier  a  fes  prétentions.  L'on  ap- 
prouva  au  grand  contentement  àtMendo^t ,  la  réfolution  de  ne  point  fixer 
le  jour  de  l'ouverture  du  Concile ,  jufqu'â  ce  qu'on  eut  eu  des  lettres  du 
Cardinal  Farnèfe.  Enfin  ce  petit  nombre  d'Evcques  fit  paroître  beaucoup 
de  dévouement  &  de  foumimon  pour  le  Pape,  comme  fit  aufiî  depuis  TE- 
vêque  de  Verceil ,  qui  arriva  le  même  jour  avec  le  Cardinal  Pool  troifiéme 
Légat,  après  la  fin  de  la  Congrégation. 

XVL  Pendant  que  Ton  saUcmbloit  à  Trente  pour  extirper  l'Héréfie  Perfîleution 
par  la  voie  du  Concile ,  *  ^  l'on  travailloit  en  France  à  faire  la  même  chofe  ^*'  Vm§dois 
par  les  armes  qu'on  employoit  contre  un  rcfte  de  Vaudois  retirés  dans  les  ^^  Jl^^^\ 
montagnes  de  Provence ,  ^  qui ,  comme  on  Ta  dit  plus  haut ,  demeuroient^^'^^^^P^^ 
féparés  de  l'Eglife  Romaine  ,  &  dont  la  Dodlrine  &  les  Rits  avoient  été  briêres  & 
très-imparfaits  &  très-groflîers.  Mais  après  la  Réformation  de  Zuingle  ,  de   Merin- 
ils  s'approprièrent  une  partie  de  fa  Doûrine  ,  &  ils  avoient  donné  quelque  ^^^' 
forme  a  leurs  Rits,  lorfque  Genève  embrafla  la  Réforme,  Il  y  avoir  quel-  ^    ^^^*  ^ 
qocs  années  que  le  Parlement  d'Aix  avoit  prononcé  un  Arrêt  contre  eux  :  xhuan.  L. 
mais  comme  il  n'avoit  point  eu  jufqu'alors  d'exécution  ,  le  Roi  ordonna  6,  N^  i6, 
en  ce  tems-  là  de  l'y  mettre.  Le  Préfident  dOpphdc  ayant  donc  ramaflTé  tout  î>pond. 
ce  qu'il  put  de  foldats  des  lieux  circonvoifins  &  de  l'Etat  d'Avignon,  mar-  ^^  ^*     -; 
châles  armes  à  la  main  contre  ces  miférables ,  qui  n'en  ayant  point  ne  pen-  j  A"^^^i. 
foient  qu'à  fe  défendre  par  la  fuite ,  s'ils  le  pouvoient.  On  ne  parla  ni  de 
les  inftruire ,  ni  de  les  engager  par  menaces  à  quitter  leurs  opinions  &  leurs 
cérémonies  :  mais  les  troupes ,  après  avoir  rempli  tout  le  païs  de  crimes  ic 
de  débauches ,  pafferent  au  fil  de  l  epée  tous  ceux  qui  n'avoient  pu  s'en- 


2  S'  Von  travailloit  en  France  à  faire  la 
même  chofe  par  les  armes  quon  employoit 
contre  un  refle  de  Vaudois  ,  &c,  ]  On  peut 
voir  le  décail  de  cette  af&ire  dans  le  Livre 
lizième  de  THiftoire  de  M.  de  Thou.  Ce  fut 
tin  évciîement,  où  la  barbarie  &  la  cniantc 
forent  ponées  à  Texcès.  Aufîî  François  ï. 
plein  de  remords  des  ordres  qu'on  lui  avoir 
Tome  L 


forpris,  commanda  avant  que  de  mourir 
de  Élire  des  recherches  contre  les  auteurs 
de  ce  maflàcre.  En  conséquence ,  TAvocat 
Général  du  Parlement  de  Provence  fut  con- 
damné &  exécuté  à  mort;  &  le  Premier 
Préfident  néchîippa  au  fupplice  que  par 
la  proteftion  déclarée  du  Duc  de  Guife. 

Dd 


1^ 


110        HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  D  z  I  y.  fuir  ^  5^  étoicnt  reftés  expofés  à  la  merci  du  foldat ,  fans  diftinékion  d  âge  , 

Paul  111.  j^  qualité ,  ni  de  fexe.  *^  On  rafa  les  villes  de  Cabrièrcs  en  Provence ,  & 

,  de  Mcrindol  dans  le  Comtai  de  Venaillîn  appartenant  au  Pape  »  avec  tous 

les  lieux  d'alentour  ^  &  il  eft  certain  qu'on  y  raafTacra  plus  de  4000  pcr- 

fonnes ,  fans  autre  défenfe  que  celle  de  la  compaflion  qu'ils  excitoient. 

XVII.  Le  16  dt  Mai  l'Empereur  arrivai  Wormes ,  °  &  fut  fuivi  le  Icn- 

VEmpirntr  demain  du  Cardinal  Farnijc  ,  qui  y  traita  avec  ce  Prince  &  le  Roi  des 

ferendk  U  Romains  à  part.  Il  leur  expofa  félon  fa  commiffion ,  qui  regardoit  priiici- 

£î.         r  paiement  le  Concile  :  Que  le  Pape  avoir  donné  ordre  à  fes  Légats  de  rou- 

Cardirtéd     ^^^^  >  ^^^^  qu'ils  différoient  de  le  faire  jufqu  a  ce  qu'ils  eudent  appris  de 

Tam}fi  de-  lui  It'état  des  affaires  de  la  Diète.  Il  remontra  à  l'Empereur  :  Qu'il  ne  de- 

mmidi  ^     voit  avoir  aucun  égard  aux  oopofitions  des  Proteftans  ,  puifque  l'empcchc- 

quon  nsis  ^jç^t  qu'ils  y  apportoient  n'etoit  ni  nouveau  ni  imprévu  ,  depuis  le  tems 

t[4nd  MMx  m^*^^  avoir  commencé  à  parler  du  Concile  :  Que  l'on  devoir  tenir  pour 

êffo&iam    certain ,  qu'après  avoir  fecoué  le  joug  de  l'obéiflance  qui  eft  le  fondemenc 

dis  Prûsef'  principal  de  la  Religion  Chrétienne  ,  &  avoir  introduit  tant  de  nouveautés 

tsns.  impies  &  criminelles  contre  les  pratiques  obfervées  depuis  tant  de  (lècies 

*  ™5"'  &  approuvées  par  tant  de  fameux  Conciles ,  ils  s'éléveroient  avec  la  même 
sîcid.  L  fiireur  contre  celui  qui  commençoit ,  quelque  légitime  ,  général  >  &c  Chré- 
16.  f.xéo.  tien  qu'il  fût  >  étant  bien  afTurés  d'y  être  condamnés  :  Que  Sa  Majefté 
Thuan  L  Impériale  n'avoir  donc  point  d'autre  parti  à  prendre ,  que  de  les  obliger 
p  iV*  't  ^"  P^  l'autorité  ou  par  la  force  2  Que  fi  elle  fe  conduiioit  autrement ,  fie 
c  11^  ^  ^^^  P^  égard  pour  eux  elle  empêchât  qu'on  ne  procédât  à  leur  condamna- 
Flcury ,  L.  ^^^^  >  ^^  qu'après  qu'ils  auroient  été  condamnés  elle  ne  les  forçât  pas  à 
i4i.N^  91.  renoncer  à  leurs  Erreurs  >  elle  laidèroit  voir  à  tout  le  monde  que  c'étoienc 
Rayn.  N*  eux  qui  commandoient ,  ôc  qu'elle  &  le  Pape  ne  faifoient  qu'obéir  :  Que 
^^'  comme  Sa  Sainteté  avoir  approuvé  qu'on  eut  employé  d'abord  les  voies  de 

la  douceur ,  elle  jugeoit  néce(Taire  audi  qu'on  leur  fit  fentir  que  Ion  en 

p  Pallav.  viendroit  cnfuite  à  la  force.  ^7  H  lui  offrit  pour  cet  effet  p  de  lui  accorder 
L.  5.  c.  15. 

'      '*         26'  On  rafa  les  Villes  de  Cabrièrcs  en     mifliond^en  faire  la  propoficion,  oa  non.' 

*  *  ^   ^'         Provence  y  &c.]  C'eft  Mérindol ,  qui  eft     Laplapaitdes  Hiftoriens  le  difent  comme 

en  Provence  y  6c  Cabrièies  eft  dans  le  Fra-Paolo ,  Se  encre  autres  Adriani ,  Slel' 
Comtar.  dan  ^  Beaucaire  y  &  d'autres.  Pallavictn 
27.  Il  lui  offrit  pour  cet  effet  de  lui  ac^  aa  contraire  traite  ce  rapport  de  fauiïeté, 
corder  tufage  d'une  partie  des  revenus  Ec-  (îir  ce  qu'il  n'en  eft  rien  dit  dans  les  Inftruc- 
cUfiaftiques  d*EJpagne  ,  &c.  C'eft  ce  qu'af-  tions  de  Famèfe.  Mais  qui  ne  fait ,  que  fbcH 
fuie  pofîtivement  Adriani  ;  &  Pallaviciny  vent  les  Miniftres  ont  des  Inftrudions  fe- 
tprès  avoir  nié  que  Famèfe  e&c  eu  aucune  cretces,  qui  neparoilTent  point  dans  les  Aâes 
commiffion  de  traiter  de  la  guerre  contre  ordinaires?  Quoi  qu'il  en  foit^  on  doitie- 
les  Proteftans,  L.  $.  c.  11.  convient  pour-  connoître  du  moins  ,  que  Ton  ne  devoitpas 
tant  dans  le  chapitre  fuivant ,  des  offres  mettre  fur  le  compte  de  notre  Hiftorien  un 
qu'il  fît  lorfqae  TEmpereur  fe  fut  ouvert  à  fait  appuyé  fur  tant  de  garants  j  fans  comp- 
lu! de  fon  deifein.  11  eft  donc  avéré ,  qu'il  ter  qu'il  me  paroît  aflez  difficile  de  croire 
fut  traité  de  la  guerre  avec  le  Légat  i  èc  la  que  le  Légat  fe  fut  avance  de  faire  des  of- 
feule  queftion  eft  de  fiiToir  s'il  avoit  com-  &es  à  l'Empereur  fur  la  guerre  qu'il  pro- 


DE    TRENTE, Livre    IL  m 

f  ufage  d*une  partie  des  revenus  Ecclcfiaftiques  d'Efpagne  ,  &  de  vendre  m  d  x  l  ¥• 
ks  Vaflèlages  de  ces  Eglifes ,  comme  auffi  de  lui  fournir  de  l'argent  &  de  ^^"^  ^^^' 
lui  entretenir  liooo  nommes  dlnfanterie  &  500  de  Cavalerie  qu'il  lui 
cnvoyeroit  d'Italie;  de  faire  cnforte  que  les  autres  Princes  d'Italie  lui  four- 
niflènc  aulH  des  fecours  ;  &  de  procéder  par  les  armes  fpirituelles  ôc  tem* 
porelles  contre  tous  ceux  qui  attaquerçient  Tes  Etats  pendant  cette  guerre. 
Farnèji  remontra  encore  a  l'Empereur  :  Que  la  réfolution  qu'avoit  prife    IlfefUîm 
le  Viceroi  de  Naples  de  n'envoyer  à  Trente  que  quatre  Evcqucs  chargés  '^^  Viceroi 
d'une  procuration  au  nom  de  tous  les  autres ,  n'étoit  ni  raifonnable  ni  lé-  ^'  N«pw  ; 
^rime ,  &  ne  convenoit  pas  à  la  réputation  du  Concile  ;  &  que  (1  des 
Evèques  fi  voifins  &  en  fi  grand  nombre  pouvoient  s'excufcr  en  députant 
feulement  quatre  de  leurs  Confrères ,  ceux  de  France  &  d'Efpagnc  feroient 
bien  plus  autorifés  à  le  faire  ,  &  que  Ton  verroit  un  Concile  Général  corn- 
pofé  d'une  vingtaine  de  Prélats  :  Qu'il  prioit  donc  Sa  Majefté  de  ne  pas 
ibuffirir  une  chofe  fi  contraire  à  l'autorité  du  Pape  &  à  la  dignité  du  Con« 
cilc  5  dont  il  étoit  le  Protefteur ,  &  d'y  apporter  quelque  remède.   Le  &  de  U 
Cardinal  parla  auffi  à  l'Empereur  de  la  promeuc  que  Ferdinand  avoir  faite  f!!^!''^Jf^ 
en  fbn  nom  i  la  Diète ,  qu'en  cas  que  le  Concile  ne  fit  rien  pour  terminer  v*^^^^^  ^ 
les  différends  de  Religion ,  il  intimeroit  une  autre  Dic:e  pour  le  faire  •,  &  nouvelU 
lui  rcpréfenta  que  comme  il  ne  tenoit  ni  au  Pape  ,  ni  à  fes  Légats  &  fcs  Dihc. 
Miniftres ,  ni  à  la  Cour  de  Rome ,  que  le  Concile  ne  fe  tînt ,  &  ne  tra- 
Taillât  d  cette  affaire  ,  Sa  Majefté  ne  devoir  en  aucune  manière  convoquer 
ilne  autre  Diète  fous  ce  prétexte.  Il  infifta  extrêmement  fur  ce  point ,  parce 
que  non-feulement  il  en  avoit  un  ordre  très-exprès ,  mais  encore  parce  que 
fe  Cardinal  ^^/Afo/zr^  homme  très- libre  l'en  avoit  preffé  de  vive  voix,  & 
depuis  fon  départ  de  Trente  lui  en  avoit  écrit  tant  en  fon  nom  qu'en  celui 
de  fes  Collègues,  lui  déclarant  ouvertement  que  c'étoit  un  article  très  im- 
portant ,  qu'il  ne  dévoie  point  perdre  de  vue ,  &  dont  il  ne  devoit  point 
s'écarter  dans  toute  fa  négociation ,  &  l'avertiffant  bien  de  n'admettre  au- 
cun palliatif,  parce  que  ce  feul  point  obtenu  produiroit  un  bon  accord  fur 
tout  le  refte.  A  quoi  Monte  ajoutoit  :  *l  Que  quant  à  lui  y  il  confei  Icroit  ^Pallav.L 
pliftét  au  Pape  de  quitter  fon.  Siège  y  &  de  rendre  les  clefs  à  S.  Pierre ,  que  5.C.  n- 
defouffrir  que  la  Puiffance  Séculière  s  attribuât  C autorité  de  juger  Us  caufes 
de  Religion ,  fous  prétexte  qtu  la  Puiffance  Eccléfiaflique  fût  manqué  à  fon 
devoir  ou  par  rapport  au  Concile  y  ou  autrement. 


pofoit ,  s*il  n'avoit  eo  far  cela  des  ordres 
particuliers  ,  quoiqu'ils  ne  paroidènt  pas 
dans  les  Infhuâions  publiques.  Et  perhfi 
Ttfolve  ,  dit  Adrianî ,  di  wiandarli  il  Catd. 
Famefe  fuo  nipote  ,  oferendoli  ajuto  contro 
al  Turco  &  contro  à  Lutherani  ,  &  depoji" 
tare  gran  fomma  di  denari  per  ifpendcrfi 
nella  guerra  ;  6»  corne  havevano  domandato 
prima  i  Miniftri  di  qucUa  Maeftà  concederli 


la  meta  de  fiuttî  dette  Chiefe  di  Spagna  ,  la 
vendita  de  vaJfaUaggi  de  Monafteri ,  &  ia 
oltre  rompendofi  guerra  contro  à  difuhbe^ 
dienti  &  contumaci  delV  Imperio  per  conta 
di  Religione  ,  ajutarlo  con  Varmi  d'Jtalia 
franeamen  e.  Croie  qui  le  pourra  ,  après 
ceci ,  que  Famhfe  navoit  point  d'ordre  de 
traiter  de  la  guerre. 

Dd  1 


zit        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxt  V.      L'Empereur  répondit  fur  l'article  du  Viceroi  de  Naples  :  Que  ce  que 

Paul  111.  ^ç  Seigneur  avoit  fait ,  il  1  avoit  fait  de  fon  propre  mouvement  •,  &  que 

s'il  n'avoit  de  puiflantes  raifons  pour  en  agir  ainfi ,  la  chofe  n  auroit  point 

J^fu   ile  ^^  ^^^^*  ^  1  égard  de  l'ouverture  du  Concile  ,  il  ne  donna  point  de  réponfe 

CEmpereur  >  pofitive  >  mais  variant  dans  fes  fentimens  »  tantôt  il  difoit  qu'il  eût  été 

^$ii  confent  bon  de  le  tenir  dans  un  lieu  plus  commode ,  &  tantôt ,  qu'il  étoit  nécef- 

M  U guerre  faire  de  pourvoir  à  bien  des  cnofes  avant  que  de  l'ouvrir  *,  par  où  le  Cardi- 

contre  les     ^^  yoyoit  clairement  »  ^  que  ce  Prince  avoit  en  vue  de  tenir  les  cbofes  ca 

f  'id.  îbid.  '^Q^Cïis ,  &  de  faire  ouvrir  le  Concile  ou  le  dillbudre ,  félon  que  l'exigc- 

Rayn.  N^   roient  les  événemens.  Quant  à  la  demande  qubn  lui  faifoit  de  ne  point  in?» 

II.  timer  d'autre  Diète  pour  y  traiter  de  Religion ,  il  répondit  en  termes  géné^ 

raux  &  ambigus  >  qu'il  auroit  tous  les  égards  qui  lui  feroient  poûibles  pour 

l'autorité  du  Pape.  Enfin  à  la  propofition  qui  lui  avoit  été  faite  de  faire  t& 

guerre  aux  Luthériens ,  il  dit  :  Que  le  confeil  du  Pape  étoit  fort  bon  ,  6c 

quele  parti  qu'il  lui  propofoit  étoit  le  feul  qu'il  y  eût  à  prendre,  &  qu'il 

étoit  refolu  de  le  fuivre  ;  mais  qu'il  falloir  fe  conduire  en  cela  avec  beai»* 

coup  de  précaution  ,  &  conclurre  auparavant  avec  le  Turc  la  Trêve  qu'il 

traitoit  fecrettement  par  Tentremife  du  Roi  de  France  ;  parce  que ,  comme 

le  nombre  des  Proteftans  éroit  très^grand ,  &  leur  puidance  très- redoutable» 

le  fuccès  de  la  guerre  feroit  très-equivoque  &  très-dangereux  j  (î  on  ne 

rravailloit  auparavant  à  les  defunir  ou  à  les  furprendre  :  Qu'ainfi  ce  deflèin 

devoir  fe  tenir  très-fecret  »  jufqu'à  ce  qu'il  fe  préfentât  quelque  occauon 

favorable  ;  &  qu'aufli- tôt  qu'elle  s'oflriroit^  il  en  envoyeroit  traiter  avec 

le  Pape  »  dont  en  attendant  il  acceptoit  les  offires. 

leLegst      ^^  OuTRjE  les  affaires  publiques,  le  Cardinal  Farnè/c  traita  d'une  autre 

propofe  le    parriculiere  >  qui  re^rdoit  les  intérêts  de  fa  Maifon.  Le  Pape  *  croyant 

iiepin  qua  avoir  peu  fait  pour  ton  fils  de  lui  avoir  donné  le  Duché  de  Camérino  &  de 

le  Pape  de  jsj^pj  ^  pcnfoit  à  lui  donner  en  échange  les  Villes  de  Parme  &  de  Plaifan- 

'^"^D/^"  ce  ;  dont  pour  mieux  affermir  la  donation ,  il  fouhaitoit  que  l'Empereur  1» 

me  Q»  riat-       •  r  a        '  ¥m  •  /   /         /r*/  i  /  i 

fance  à  fa  >^^^i"^c  >  parce  que  ces  Places  avoient  ete  poflédees  auparavant  par  les. 
famille.      Ducs  de  Milan.  Le  Cardinal  en  traita  donc  avec  ce  Prince ,  à  qui  il  repré* 

s  Adr.  L.  ^. 

p*  ^03.  28.  Outre  les  affaires publiquis 9  le  Car-  Pape  ,   étoit  nne  occafion  trop  ftyorable 

PaUa  v^  L  y .  dinal  Farnefe  traita  d'une  autre  particulier  pour  que  le  Légat  n'en  profitât  pas.  Du  moins 

*•  ^4*  re,qai  regardai  fies  intérêts  de  fa  Maifon.  ]  Ja  chofe  fuivit  de  û  près  ,  qu  il  n*  y  a  aucun" 

Nous  avons  déjà  remarqué,  que  les  Tn£-  deuce  que  tout  n'eue  été  concené  auparavant 

tniéUons  publiques  de  ce  Cardinal  ne  por-  entre  le  Légat  Se  l'Empereur.  Mais  il  n'eflr 

toient  lien  qui  regardât  cette  af&iie,  6c  guèrespre^ble^queparmilesiaifonsquap- 

que  ce  ne  fut  que  quelque  tems  après  (6a  pona  Famifo  pour  engager  Charles  à  y 

retour  que  la  chofe  fut  conibmnoée.  Peut-  confentir»  il  ak  fiùt  valoir  Imtérèt  qu'il 7^1 

être  mime  qu  il  n^ofa  pas  d*abord  en  faire  avoit  à  caufe  de  la  pcoximité  du  Duché  de 

d  ouvetture  à  ce  Prince ,  dans  un  tems  aà  Milan  ;  pililque  ce  Duché  ayant  été  cédé 

la  froideur  qu  il  y  avoit  entre  eux  ne  laiilbic  alors  au  fécond  Fils  de  France  y  cet  inté- 

pas  lieu  defpérer  qu'il  y  donnât  aifémenr  lêtfembloitneplusfubfifter»  ou  du  moins,, 

ion  confentement.  Mais  Tamitié  lécablie  rEmpeieux  devok  Être  bien  zilk  qu  oa  le 

par  la  Ligue  &  par  les  fecours  of&ns  par  le  çsùu 


DE    T  R  ENI  TE,  L  I  V  R  E    IL  2.13 

{enta  :  Qu'il  écoitde  fon  incérêc  que  ces  Villes  qui  écoienc  fî  proches  du  mdxlt. 
Duché  de  Milan  fuilènc  plutôt  encre  les  mains  d'une  Maifon  qui  lui  fùc  ^^^^  ^^^^ 
coûte  dévouée  &  honorée  de  fop  alliance  j  qu'entre  celles  de  l'Eglifc  »  ■■■■■'"■■— 
parce  que  le  Saint  Siège  venant  à  ctre  rempli  par  un  Pape  qui  lui  fut  peu 
gfièâionné ,'  il  en  pourroic  naître  beaucoup  d'inconvéniens  :  Que  cette  do- 
fiacion  ne  feroit  point  une  aliénation  du  patrimoine  de  TEglife ,  parce  que 
ces  Places  n\ivoient  été  réunies  que  du  temsde  JetU^  II ,  &c  quon  n'eu 
croit  entré  en  podèflion  que  fous  LéonX:  Qu'au  contraire  »  ce  feroit  l'in- 
térêt de  TEglife  Romaine  \  parce  que  n'étant  données  qu'en  échange  du 
Duché  de  Camérino  s  en  déduifant  les  dépenfes  qu*il  falloit  faire  pour  1« 
garde  de  ces  deux  Villes  »  *>  &  8qoo  écus  que  le  nouveau  Duc  devoir  payer , 
elle  tireroit  plus  de  revenu  du  Duché  de  Camérino  3  que  de  Parme  &  de 
Plaifance.  A  ces  raifons  le  Cardinal  joignit  des  lettres  à  l'Empereur  de  fa 
fille  p  qui  le  prioit  inftamment  de  donner  fon  confentement  à  cet  échange. 
Mais  quoiqu'il  ne  defapprouvât  pas  la  chofe,  tant  par  rafFeéfcion  qu'il  avoir  L'Emfenttp 
pour  (a  fille  &c  fes  petits-fils ,  que  parce  qu'il  lui  feroit  plus  facile  de  retirer  f^^^^  ^ 
ces  Villes  des  mains  d'un  Duc  que  de  TEglife  •,  cependant  il  ne  donna  ni  de  ^/Jj^rf '^ 
confentement  ni  de  refus ,  &  il  fe  contenta  de  promettre  qu'il  ne  mettroit 
à  cela  aucune  oppofition. 

XVIIL  Le  Légat  traita  aufS  avec  les  Catholiques  &  particulièrement  avec  l^s  Puuf-- 
les  EccléfiafliqueS)  les  animant  à  la  défenfe  de  la  véritable  Religion ,  &  leur  f^^P^^P»-; 
promettant  de  la  part  du  Pape  toutes  forces  de  grâces.  Cependant ,  quelque  r^?J  u*onM 
iecrctte  que  fut  la  négociation  de  la  guerre ,  les  Proteftans  en  prirent  quel-  ^^  letir  fm- 
qaes  foupçons  fur  ce  qu'un  certain  Francifcain  <  prêchant  devant  l'Empe-  telapum. 
leur  ^  le  Roi  Firiinand ,  &  le  Légat  ^  après  une  grande  inveâive  contre   ^  ^^^^^^  L. 
les  Luthériens ,  addrelïà  la  parole  à  l'Empereur  en  lui  difant  :  Qu'il  étoit  ^^«P»  *^ï' 
de  fon  devoir  de  défendre  l'Eglife  par  les  armes  >  &  qu'il  lui  refloit  encore 
à  faire  ce  qu'il  auroit  déjà  dû  avoir  fait  :  Que  toutes  les  grâces  que  Dieu  lui 
avoir  faites  méritoient  bien  qu'il  lui  en  marquât  fa  reconnoiflance  9  en  pre« 
nant  la  défenfe  de  fa  Caufe  contre  cette  pefle  d'hommes  qui  ne  méritoienc 
pa^  de  vivre  :  Qu'il  ne  devoir  donc  pas  différer  davantage  »  pendant  que 
cous  les  jours  il  fe  perdoit  rant  d'ames  >  dont  Dieu  lui  demanderoit  compte  » 
s'il  n'y  apportoit  un  prompt  remède.  Cette  Prédication  non-feulement  inf- 
pira  des  foupçons  aux  Proteftans ,  mais  leur  fit  dire  encore  que  le  Prédica-* 
leur  avoir  ainfi  parlé  par  ordre  du  Légat  •,  &  ils  jugeoient  par  des  difcours 
aufC  publics  >  quels  devoienr  ctre  les  particuliers.  ^^  Ces  bruits  firent  réfou- 


'29.  Et  8000  écus  ^u  U  noveau  Duc 
êUvou  pAytr. }  PéUlavicin  JL  f .  c.  ij.  die 
que  c'écoic  90G0  ducats  de  la  Chambre^  & 
qa'il  ny  a  point  de  Coonifan  à  Rome  qui  ne 
le  (àche  :  Benche  non  v'hà  Conegiano  in 
Roma  ^  il  quaU  non  fappia  ,  ch'egli  è  di 
Movemila  ducati  di  C  dînera.  Apparemment 
que  ce  qui  a  trompé  fra-Paolo ,  c'eft  qu*>#- 


driani  marque  que  cette  redevance  ne  de- 
voit  êae  que  de  ^000  ducats,  L.  y.  p.  5  x  x* 
£i  corn  ccnfo  di  ottomila  ducati  di  Caméra 
ciafcunanno. 

5  o.  Ces  bruits  firent  réfoudre  le  Cardinal 
À  parùr  fecretument  de  nuit ,  &  À  retourner 
en  diligence  en  Italie.  ]  Cefl  de  Sleidan  que 
notre  Hifbtien  a  pris  ce  £ùt#  Car  cet  Âx^ 


114       HIStpiREDUCONClLE 

M  D  X  L  T.  drc  le  Cardinal  à  partir  fccrctcmcnt  de  nuit ,  &  à  retourner  en  diligence 

Paul  m.  ^^^  Italie.  Mais  la  défiance  des  Proteftans  augmenta  fur  les  avis  qu'ils  re« 
curent  de  Rome. ,  que  le  Pape  en  licentianc  quelques  Capitaines  leur 
avoit  fait  efpérer  de  les  employer  l'année  d'après. 

LesProcii-  XIX.  3«  Lb  i8  dc  Mai  l'Evêque  de  Sidon  arriva  à  Trente  avec  deux 
reurs  de  Théologiens  ,  l'un  Séculier  &  l'autre  Régulier ,  ^  chargés  de  la  procuratioa 
tArchevè-  dc  rElcdteur  Cardinal  Archevêque  de  Mayence.  L'Evêque  fit  un  petit  dif- 
^^*  ^^  cours  à  la  louange  du  Concile ,  qu'il  dit  être  Tunique  remède  aux  agitations 
Mrn%ent  i  &  ^^x  troubles  de  la  Foi  &  de  la  Religion  Catholique,  &  il  donna  des 
Trente.        alTurances  du  refpeâ  de  l'Eleâeur  pour  le  Pape  &  le  Saint  Siège.  Les  Légats 

ij  Rayn.  dans  leur  rcponfe  louèrent  la  piété  &  la  Religion  de  ce  Prince.  Mais 
^V^T      ^  Tégard   de  la  procuration  ils  dirent    qu'avant    que  de  la   recevoir  , 

a^av.L.j.  £1  j^  falloir  voir  ,  à  caufe  de  la  nouvelle  défenfe  qu'avoir  faite  le 
Onfm  '^^P^  ^  perfonne  de  donner  fon  fuffrage  par  Procureur  ;  qu'ils  ignorcienc 
'diffictUti  de  fi  cette  défenfe  s'étendoit  à  un  Cardinal  &  un  Prince ,  &  qu'ils  favoient 
les  recevoir  ^}jxn  la  diftindion  que  meriroit  TEleifleur  ,  à  qui  ils  étoient  prêts  de 
u b'^u  ^  inarquer  toutes  fortes  de  refpeûs  &  de  rendre  toutes  fortes  d'honneurs» 
p^fc*'^^  Cette  réponfe  furprit  exticmement  les  Députés  ,  qui  choqués  de  ladi& 

J  ope  contre  ^      ,    ,      *  ,        ,       ^  r    r  -        /     •         j»      •     j        »  xi   -    t      w  t 

les  frocHTét-  nculte  qu  on  leur   tailoit  »  ecoient  d  avis  de  s  en  retourner.  Mais  les  Le« 
tions,  gats  fentant  de  quelle  confcquence  il  feroit ,  Ci  le  premier  Prince  Se  Prèlac 

d'Allemagne  en  dignité  &  en  richellcs  étoit  mécontent  du  Concile  ,  fe  re- 
pentirent de  la  réponfe  qu'ils  avoient  donnée  à  fes  Procureurs  ,  &  les 
firent  foUiciter  de  refter  par  le  Cardinal  de  Trente  ,  les  Ambaflkdeuis 
6c  d'autres  perfonnes  ,  qui  leur  dirent ,  que  la  Bulle  ne  parloir  que  des 
Evêques  Italiens ,  &  que  les  Légats  s'étoient  trompés  :  ce  qu'ils  voulurent 
bien  prendre  fur  leur  compte  ,  pour  prévenir  les  inconvéniens  qui  en  povL^ 
voient  naître. 

Les  Légats  rendirent  compte  à  Rome  de  ce  qui  s'étoit  pafle  ^  &  déniant 
dèrent  au  Pape  fi  malgré  fa  Bulle  ils  dévoient  recevoir  ces  Députés  ;  lui 
remontrant  en  même  tems ,  qu'il  leur  paroifToit  de  la  dureté  à  renvoyer  les 
Procureurs  d'un  Prince  Ci  didingué  ,  qui  s'étoit  montré  fi  zélé  &  fi  fiivorable 
aux  Catholiques ,  8c  qui  pourroit  fe  refroidir  fi  on  manquoit  d'égards  pour 


teor ,  après  avoir  parlé  du  difcoars  da  Fran- 
ci(cain  ,  ajoace  :  Non  multis  ab  ea  concione 
diebus  Farnefius  de  noEte  clanculiim  difce" 
dit,  6»  Romam  magna  celeritate  revotât*  Ce- 
pendant ,  quoique  la  crainte  de  Farnèfe  ait 
pu  avoir  quelque  part  à  lui  faire  hâter  fon 
retour,  je  croirois  aflTez  volontiers  avec  Pal- 
lavicin  ,  qu*ayant  confommé  ce  qu  il  avoit 
a  traiter  avec  TFmpereur  ,  il  s'étoit  prellë 
ie  retourner  à  Rome  pour  rendre  lui-mê- 
me compte  au  Pape  de  tout  ce  qui  regardoit 
fà  négociation  ,  dont  une  partie  roulant  fur 
les  intérêts  particuliers  de  (à  £umlle  ^  ne 


pouvoit  bien  Ct  finir  que  par  des  entretient 
de  vive  voix  ;  d'autant  plus  que  les  cbofo 
demandant  une  prompte  expédition ,  il  étoit 
difficile  au  Légat  de  refter  plus  loug  tems  ea 
Allemagne. 

y  t.  Le  1 8  de  Mal  FEvêque  de  Sidon  ar* 
riva  à  Trente  ,  &c.  ]  M.  Amelot  prétend 
qu'il  faut  metcpe  4'Evêquede  Segns^  parce 
qu'il  n'y  a  point  d'Evêché  de  Sidon.  Mais 
il  ne  prend  pas  garde  que  c'étoit  un  Evèqae 
in  partibus ,  qui  fervoit  de  SufTragant  à 
l'Archevêque  de  Mayence,  Alb§n  dc  Btû^, 
dtbourg^ 


DE     T  REN  T  E,  Li  VUE   IL  zij 

lai.  Ils  fouhaicoienc  fur  cela  une  réponfe  qui  pût  leur  fervir  de  régie  ,  m  d  z  l  t. 
fuppofé  que  les  autres  Evcqucs-Princes  d'Allemagne  envoyaflcnt  des  Procu-  I'-^^  11^- 
cçars,ce  qui  feroit  plus  commode  poiu  le  Concile^parce  que  ces  Princes  ayant  — — 
coutume  de  mener  une  grande  fuite  ,  s'ils  y  venoient  tous  en  perfonne  ,  la 
vHle  ne  feroit  pas  a(Ièz  grande  pour  les  contenir  tous.  Ils  ajoutèrent  qu'il 
ne  falloit  pas  choquer  les  Allemands  ,  naturellement  foupçonneu^ç  8c 
pcomts  à  fe  rebuter  ;  d'autant  plus  qu'on  avoit  à  traiter  avec  des  gens  affec- 
tionnés &c  qui  avoient  rendu  de  bons  fervices,  comme  Cochlée  qui  étoit  en 
toute  au  nom  de  l'Evèque  d'Aichftat  »  &  à  qui  ils  auroient  honte  de  dire^ 
qu'il  ne  pouvoir  donner  fbn  fu£&age  contre  les  Hérétiques  »  lui  qui  avoit 
tant  écrit  contr'eux.  Le  Pape  ne  jugea  pas  à  propos  de  donner  fur  cela  une 
réponfe  poHtive ,  à  caufe  du  Viceroi  de  Naples ,  qui  perfiftant  dans  fa  ré- 
iblution  avoit  fait  donner  une  procuration  de  tous  les  Evêques  du  Royau- 
me aux  quatre  qu'il  avoit  deftinés  au  Concile ,  &  qui  paflant  par  Rome 
ians  parler  de  cette  procuration ,  dirent  qu'ils  alloient  à  Trente  en  leur  pro* 
pie  nom ,  &  qu'ils  feroient  bientôt  fuivis  des  autres  :  ce  qu'ils  confir- 
inèrent  encore  a  leur  arrivée  à  Trente.  Mais  il  manda  aux  Légats  de  don^ 
neraux  Procureurs  de  l'Eledbeur  de  bonnes  paroles  jufqu'à  nouvel  ordre  > 
ic  d'ufèr  comme  lui  de  diflimularion ,  en  attendant  à  s'expliquer  ,  que 
le  tems  d'ouvrir  le  Concile  fût  tout  à  fait  déterminé. 

XX.  A  la  fin  de  Mai  il  y  avoit  à  Trente  vingt  Evèques  >  cinq  Gêné-  j   ^  , 
raux  d'Ordres  ,  &  un  Auditeur  de  Rote ,  qui  étoient  fort  las  d'attendre,  &  s*ennu!etuÀ 

âui  louoient  fort  les  Prélats  qui  moins  empretfés  qu'eux  ne  fe  predbient  pas  Trfnte ,  é* 
i  venir  jufqu'à  ce  qu'ils  enflent  raifon  de  croire  que  le  Concile  alloit  s'ou-  fnurmu- 
Tiir ,  &  qui  fe  moquoient  des  autres  en  les  appellant  par  dérifion  les  Dupes,  ^^^^j  /^^'' 
Pour  fe  défennuyer  du  féjour  incommode  de  Trente,  ils  demandèrent  aux  "^  âpui- 
Légats  la  per<miflion ,  les  uns  fous  prétexte  d'indifpodtion ,  les  autres  pour  kfent. 
£ure  habiller ,  &  d'autres  fous  d'aucres  prétextes ,  d'aller  pour  1 5  ou  zo 
jours  ou  à  Venife ,  ou  à  Milan ,  ou  ailleurs.  Mais  les  Légats ,  qui  favoient 
de  quelle  importance  il  étoit  pour  la  réputation,  du  Concile  de  les  retenir , 
les  amufoient  en  difant  y  tantôt  qu'ils  n'avoient  pas  le  pouvoir  de  leur 
donner  congé ,  &  tantôt  en  leur  faifant  efpérer  que  le  Concile  s'ouvri- 
coit  en  peu  de  jours.  L'Ambafladeur  de  l'Empereur  ,  fous  prétexte  d'in* 
diipoHtion ,  retourna  i  fon  Ambaflade  de  Venife ,  laiflant  aux  Légats  à 
douter  H  c'étoit  par  ennui ,  par  indifpofition ,  ou  par  ordre  de  l'Empereur 
&  pour  couvrir  quelque  intrieue  ,  qu'il  faifoit  cette  démarche.  Il  promit 
cependant  que  fon  retour  feroit  fort  promt ,  demanda  qu'on  ne  fïr  point 
l'ouverture  du  Concile  auparavant  ;  &  aflura  que  pendant  fon  abfence  les 
Ambafladeurs  du  Roi  des  Romains  feroient  tout  ce  qui  feroit  jugé  conve- 
nable pour  le  fervice  de  Dieu. 

Sur  la  fin  du  mois  de  Juin  ,  la  plupart  des  Evêques  ,  les  uns  prefles  par 
h  pauvreté  ,  les  autres  par  les  incommodités  du  féjour ,  firent  de  grandes 
plaintes  -,  &  excitant  entr'eux  comme  une  efpèce  de  fédition ,  ils  menacè- 
rent de  s'en  aller,  &  s'addfefl^rent  à  François  Cafld-alto  Gouverneur  de 


±16        HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  D  X  L  T.  Trente  f  ^  ^  qui  avec  Antoint  Quêta  éroic  AmbafTadeur  de  Ferdinand  auprès 
PaulIIL  J^  Concile.  Ce  Seigneur  vint  trouver  les  Légats,  *&  les  pria  au  nom  de 
"~^"^  fon  Maître  de  vouloir  ouvrir  le  Coiicile  en  leur  repréfentanc  le  bien  qui 
*       *^*     en  arriveroit ,  &  les  inconvéniens  qu'il  y  avoit  à  tenu)orifer  davantage» 
Les  Légats  s'ofïènsèrent  d'une  renK)ntrànce  ,  qui  leur  (eimbloit  faite  pour 
faire  croire  au  monde  coût  le  contraire  de  la  vérité  ^  ic  faire  retomber  (tit 
eux  un  retardement  qui  ne  venoit  que  de  l'Empereur.  Et  quoiqu'ils  euflënc 
réfolu  de  dillimuler  Se  de  ne  répondre  qu'en  termes  généraux  ,  le  Cardinal 
dd  Monte  avec  fa  liberté  naturelle  ne  put  s'empêcher  à  la  fih  de  fa  réponfe» 
de  dire  à  Cafiel-^to  d'attendre  Mendo^e  »  qui  avoit  des  Inftruâions  plus 
particulières  que  lui.  C'étoit  pour  les  Légats  unechofe  pénible,  que  d'amufer 
&  de  confoler  les  Prélats  qui  iupportoient  fort  impatiemment  ce  féjour  oifif, 
&  fur-tout  les  pauvres  Evêques ,  à  qui  il  falloir  plutôt  de  l'argent  que  de 
paroles.  )  '  C'eft  pourquoi  ils  réfolurent  entr*eux  de  donner  fur  le  compte  du 
Pape  40  ducats  par  tète  aux  Evcques  &Atcïa ,  de  Bertinore ,  &  de  Chiov^ , 
qui  fe  plaignoient  plus  que  les  auttes.Mais  pour  empêcher  qu*on  ne  prît  droit 
pour  l'avenir  fur  cette  gratification  d'en  prétendre  d'autres  ,  ils  déclarèrent 
que  c'étoit  feulement  par  forme  de  préfent ,  &  non  de  penfion.  Ils  rendi- 
rent compte  enfuite  au  Pape  de  ce  qu'ils  avoient  fait ,  &  lui  repréfentè*- 
rent  qu'ils  avoient  befoin  d'un  plus  grand  fonds  ;  mais  qu'il  ne   falloit 
abfolument  rien  accorder  à  titre  de  penlion ,  de  peur  que  les  Pères  ne  pa- 
ruflent  aux  gages  du  Pape,  &  que  les  Proteftans  n'en  prifTent  occafîonde 
plus  en  plus  de  refufer  de  fe  (bumettreà  un  Concile  compofé  de  gens  qui 
étoient  fes  penfionnaires ,  &  tout-à-fait  dans  fa  dépendance. 
Vtmpeftuf      XXI.   54  Ce  fut  dans  ce  même  tems  que  l'Empereur ,  qui  étoit  à  Wor- 
fMt  citer     mes ,  cita  y  l'Archevêque  de  Cologne  à  comparoître  devant  lui  dans  le  terme; 

CEleâettr  de 

de  Cologne. 

y  Spond.         j2.  Et  qui  avec  Antoine  Quiéta  étoit  vcque  de  Cologne,  Sec,  jCctoit  Hermaade 

N°  7.  Ambajfadeur  de  Ferdinand  au  Concile,  >  Afeurs  ^  de  la  Maifon  des  Comtes  de  Jf^iei- 

Flcury  ,  L.  L'Edition  de  Londres  l'appelle  Ginéta.  Mais:  Cétoit  un  homme  de  bien ,  &  qui ,  plus 

141.  N°8o.  c'eft  une  faute  deCopifte ,  comme  il  parofc  appliaué  au  foin  de  fon  Diocèfe  que  ne  le 

Sleid.L.  i^.  paj  les  Hiftoriens  ,  (  Rayn.  N°.  19.  Spond.  font  d'ordinaire  les  Evêques  d'Allemagne , 

p.x^j.  ^6^.  |sjo,  ly.  &  Lahbe  Conc.  Trid.  p.  i).  )  &  avoit  tenté  d'y  rétablir  la  difcipline  &  le 

cette  Êiute  fe  troate  conigéé  daas  les  Edi-  bon  ordre.  Mais  comme  il  fe  lervit  poux 

tions  de  Genève.  cet  effet  de  quelques-uns  des  nouveaux  Ré- 

33'C'efi  pourquoi  ils  réfolurent  entre  eux  formateurs ,  cela  le  rendit  fufpcdl  lui-même 

de  donner  fur  le  compte  du  Pape  40  ducats  d  avoir  embraflë  leur  dodrine  ,  quoiqu'il 

par  tête  aux  Evéques  d'Accîa  ,  &c.  ]  Fra-  proteftat  de  n'être  ni  Luthérien  ni  Sedaire* 

Paolo  àxxde'  NohiUMz\%  c'eft  une  méprife;  Il  fut  la  viôîme  de  (on  zèle  :  car  abandonné 

&  il  a  pris  le  nom  de  TEvèquc  qui  s'appelloit  par  ceux  mêmes  de  fon  Clergé  qui  Tavoient 

de  Nobili ,  pour  celui  de  l'Evêché  qui  étoit  fécondé ,  il  fut  obligé  de  fe  foumettie  à  la 

Accia  y  petite  Ville  dans  Tlfle  de  Corfe.  Sentence  du  Pape  &  de  l'Empereur ,  qui  le 

Auin  a-t-on  corrige  cette  méptife  dans  les  privèrent  de  fon  Eledorat ,  &  lui  fubftituè^ 

Editions  de  Genève.  rent  Adolphe  de  Schvvart^emkourg  fon  Co- 

34'  Ce  fut  dans  ce  même  tems  que  VEm-  adjuteur ,  &  qui  avoit  été  fon  ami. 


vereur  ^  qui  étoit  à  Wormes  ,  cita  F  Arche- 


u-/^ 


DE    TRENTE, Litre   I. 


117 


zlà.L. 


de  }0  jours ,  ou  à  envoyer  un  Procureur  pour  répondre  aux  accufacions  for-  unxzr. 
mées  contre  lui ,  avec  défenfes  à  lui  de  rien  innover  fur  le  fait  de  la  Rcli-  ^^^^  ™' 

ë'on  &  des  ufages  de  TEglife ,  &  ordre  de  rétablir  ce  qui  avoit  été  changé, 
es  l'an  MDXxxvi.  '  ce  Prélat  voulant  réformer  fon  Eglife  avoit  tenu  un 
Concile  des  Evêgues  de  ùl  Province  8c  y  avoit  fait  faire  plufieurs  Décrets  ^  *p  ^'^t'g^ 
recueillis  &  imprimés  depuis  par  Jean  Groper  Canonifte ,  que  Paul  IF  créa 
depuis  Cardinal  pour  les  fervices  qu'il  avoit  rendus  à  l'Eglife  Romaine.  Mais 
ibit  que  l'Archevêque  ni  Groper  ne  fuflènt  pas  encore  contens  de  cette  Ré-< 
forme  »  ibit  qix'Herman  eut  changé  de  fentimens  ,  h  il  afièmbla  en  mdxliii 
faa  Clergé ,  ù,  Noblefle  >  &  les  Principaux  de  fon  Etat  >  &  fit  une  Ré- 
formation plus  étendue ,  qui  9  quoiqu'approuvée  par  pluûeurs  perfonnes , 
ne  plut  pas  à  tout  le  Cierge.  Au  contraire  il  y  eut  une  oppofition  de  la 
plus  grande  partie ,  à  la  tcte  de  laquelle  fe  mit  Groper ,  qui  d'abord  avoit 
confeiUé  cette  Réfbrmc  &  l'avoit  favorifée.  Les  oppoiàns  •  tachèrent  d'en-  ^  ^^5^*^ 
gager  l'Archevêque  à  fe  défifter  de  fon  entreprife,  &  à  attendre  le  Concile 
Général  ,  ou  au  moins  une  Diète  de  l'Empire.  Mais  n'ayant  pu  y  réaflir, 
ils  en  appellèrent  en  hdxliv  au  Pape  &  i  l'Empereur ,  comme  au  fupréme 
Avocat  &  Proteâeur  de  l'Eelife.  D^ns  un  Manifeftc  que  publia  l'Archevè- 

3ue  y  il  traita  cet  appel  de  rrivole  >  ôc  fbutint  qu'il  ne  pouvoit  fe  défifter 
e  ce  qui  regardoit  la  gloire  de  Dieu  &  la  Réformarion  de  l'Eglifê  :  qu'il 
n*avoit  rien  de  commun  ni  avec  les  Luthériens  ni  avec  d'autres  ;  &  qu'il 
fuivoit  une  doârine  conforme  à  l'Ecriture  Sainte.  U  pourfuivit  donc  toa^ 
jours  l'ouvrage  de  fa  Réforme  :  mais  le  Clergé  de  Cologne  continuant  fon 
oppofition  »  l'Empereur  prit  ce  Clergé  fous  fa  protedion ,  &  cita  l'Archevê- 
que à  cpmparoître  devant  lui  >  comme  on  Ta  dit. 

Cette  nouvelle  fervit  d'entretien  à  Trente  ,  où  l'on  étoit  fort  oifif.  Les    ^  ^^me 
Légats  s'échauffèrent  beaucoup,  î^&ceux  d'entre  les  Prélats  qui  avoient^*'^  ^^^^^' 
€|uelque  fcns ,  blâmoient  fort  l'Empereur  de  fe  rendre  Juge  dans  une  affaire  jlf„fg^  ^ 
«  Foi  &  de  Réformarion;  &  ce  qu'ils  difoient  de  moms  fort  étoit  ,que  Rame. 
le  procédé  de  ce  Prince  écoît  crès-fcanoaleux.  Ils  commencèrent  à  voir  qu'on 
ne  tenoit  aucun  compte  d'eux ,  &  que  leur  oifîveté  les  rendoit  mépri£i- 


y  ç.  liaffimbla  en  tS43  fin  Clergé  y  &c.] 
Il  y  a  dans  le  Texte  de  TEdition  de  Lon- 
mf,  Xf4f.  Mais  c'eft  vifîblemenc  une 
date  de  Cbpifte ,  pusCque  FraPaolo  piT]e 
^euz  lignes  après  de  TAppel  interjette  en 
s  f  44  contre  la  Referme  précédente  de  l'Ar- 
chevêque. Auffi  les  Editions  de  Genève  por* 
tenr  if4). 

36.  Et  ceux  d'entre  Us  Prélats  qui  s- 
if^nt  quelque  fins  ,  blâmoient  forttEmpe" 
reur  de  fi  rendre  Juge  dans  une  affaire  de 
fei  &  de  réfirmation,  ]  Ce  n*étoit  pas  couc 
à  &ic  le  cas  :  car  l'Appel  interjette  à  l*£m- 
pertur  par  les  peuples  de  l'Eleâorat  de  Co- 

TOME    I. 


logne  ne  s^adretToit  pas  à  lui  comme  Juge 
de  la  dodrine ,  mais  comme  Chef  du  Corps 
Germanique  ,  i  qui  il  appanenoitde  main- 
tenir chacun  dans  Tes  droits  ,  &  d'empê^ 
cher  que  TArchevèque  ,  fous  prétexte  de 
Réfermation ,  ne  troublât  la  paix  &  la  tran- 
quillité de  fes  fujers.  Il  eft  vrai ,  que  les 
innovations  en  matière  de  Religion  écoien't 
ce  qui  avoit  occafîonné  cet  Appel*  Mais 
FAppel  à  TEmpereur  n'étoit  pas  fur  le  fait 
de  la  doârine ,  mais  fur  le  trouble  que  les 
peuples  de  Cologne  prétendoient  leur  être 
fait  dans  leun  droits  5c  leurs  privilèges  par 
les  nouvelles  Loix  de  TArchevêque» 

Ee 


ir8         HISTOIRE    DU    CONCILE 

UDXtv.  blcs:  &  îlsdifoient  qu'il  étoit  ncccflTaire  de  déclarer  que  le  Concilie  étcrfir 
Paul  III.  ^     .  -i       .  ^     . 


légicimément  afiemblé  ,  de  raercre  la  main  à  l'œuvre  de  Dieu  ,  &  de  corn- 
^mencer  les  premières  Actions  du  Concile  par  procéder  contre  rArchevcqiic 
deColoene,  TEledtçur  de  Saxe ,  le  Landgrave  de  Heflè ,  &  même  con* 
cre  le  Roi  d'Angleterre.  Us  avoient  tellement  relevé  leur  courage ,  qu'ils  ne 
paroifToient  plus  être  ces  mêmes  Pr^ats ,  qui  peu  de  jours  auparavant  & 
regardoient  comme  prifonniers*  A  la  vérité ,  les  Députés  de  TEleéteur  de 
Mayence  auflirbien  que  le  Cardinal  de  Trente  réprimoient  un  peu  cette 
ardeur ,  en  les  faifant  refléchir  fur  la  grandeur  de  ces  Princes ,  &  le  nombre 
de  leurs  adhérans ,  &  fur  le  danger  qu'il  y  avoir  de  les  lier  plus  étroitenoenc 

{»ar4â  avec  le  Roi  d'Angleterre ,  Se  d'allumer  an  plus  grand  feu  dans  l'AU 
emagne.  Mais  les  Evèqiies  Italiens ,  qui  croyoient  fe  faire  valoir  en  procé^ 
dant  contre  desperibnnes  (î  diftinguées ,  difoient  qu'il  étoit  vrai  que  tout 
h  Pallav.  L.  le  monde  feroir  étonné  d  un  procédé  fi  vigoureux  'y  ^  mais  que  tout  confiftoit 
;-.  c.  z  j;  à  bien  commencer  &  i  prenore  de  bonnes  mefures.  Ils  s'excîtoient  l'un  Tat»- 
tre  à  réparer  en  partie  l'oifiveté  paffée  par  leur  diligence  ^  &  difoient  qu'il 
falloit  demander  au  Pape  quelque  homme  habile  &  intrépide  ,  qui  portât  lu 
parole  contre  les  coupables  y  comme  avoir  fak  Mtlchior  Baldajjini  dans  le 
Concile  de  Latran  contre  la  Pragmatique  ;  slmaginant  qu'il  n'y  avoit  d'au- 
tre difficulté:  pour  priver  les  Princes  de  leurs^  Etats  y  qu'à  bien  fuivre  les 
formalités  des  procédures.  Les  Légats  en  effet  connurent  qu^un  tel  homme 
kur  étoit  néceflàire  ,  &  écrivirent  à  Rome  pour  en'  avoir  un ,  dont  ik 
puffent  fefervir  foit  dans  cette  occafîon ,  foit  dans  d'autres. 

î7  Le  Pape,  averti  de  ce  qu'avoit  fait  l'Empereur  contre  l'Archevêque, 
en  fut  extrêmement  furpris,  bc  ne  favoit  s'il  de  voit  fe  taire  ou  s'en  plaitv- 
dre.  D'un  côté,  s'en  plaindre  en- vain  ,  c'étoit  montrer  fbn  peu  de  pour- 
voir,, ce  qui  l'inquiétoit  étrangement.  Mais  de  l'autre,  confidérant  comn 
bienilécoitimportantpour  luiœ  nepasdiffimuler  une  telle  enrreprife,  H 
réfolut  de  ne  pas  s'en  tenir  aux  paroles ,  comme  on  faifoit  à  Trente,  mais 
d'en  venir  aux  effets ,  pour  répondre  cnfuite  i  l'Empereur ,  s'il  lui  en  par- 


r  Spond.   loi  t.    5*  Le  1 8  dc  Juillet  il  fit  donc  citet  le  même  Archevêque ,  ^  le  Doyeî 

N^  7. 
Slcid.  L.  I  ^r 

p.  1^5.  37  ^^  P^P^  »  averti  de  ce  qu  avoit  fait  aife  que  ce  Prince  n'eût  agi  que  comme 

îlcury  ,  l^l'Enwereur  ,  en  fut  extrêmement  furpris,  ezécuceor  de  la  Sentence  qu'il  fe  préparoic 

l4i.N°8ov^c*  J  Le  Cardinal  Pallaviciny  L.  7.  ci.  de  rendre.  Mais  c croit  vraifemblablemenc 

n'a  pas  ,  ce  me  femble  >  tout  à  fait  tort  de  un  motif  tout  oppofc,  qui  avoit  fait  kâter 

croire  que  Ci  le  Pape  parut  furpris ,  cette  l'Empereur ,  à  qui  en  qualité  de  Chef  de 

furprife  ctoit  un  peu  de  commmande  ^  poif-  l'Empire  il   appartenoit  de  connoitre  de 

que ,  comme  on  le  voit  par  les  Articles  ar-  tout  ce  qui  étoit  porté  par  appeLà  fon  Tii- 

rètés  avec  êiAndelot ,  ce  Pontife  &  l'Em-  bunal. 

pereur  étoient  convenus  de  procéder  de  con-  .     ^8.  Le  iS  de  Juillet  il  fit  citer  le  mime 

cert  contre  TEIefteur  de  Cologne.  Peut-  Archtveqtu  ,  le  Doyen  y/&  cin^des pritL- 

être  feulement  fut-il  fiché  que  l'Empereur  cipaux  Chanoines  de  Cologne ,  &c.  ]    Le 

l'eût  prévenu ,  parce  que  ,  comme  il  s'agif-  Doyen  étoit  Henri  de  Stolbtrg ,  &  les  Cha- 

foit  d'une  caufe  de  Religion ,  il  eût  été  bien  noines  étoient  Frédéric  ficre  de  l'Archet 


l^L. 


DE    TRENTE,  Litre    IL  119 

&  cinq  principaux  Chanoines  de  Cologne,  i  comparoître  en  perfonne  uDXtt^ 
devant  lui  dans  le  terme  de  foixame  jours  ;  lallFantà  penferau  monde  ,  Pa^'-  ^^^* 
5  '  comment  l'Archevêque  pourroit  comparoître  en  même  teras  devant  deux  ■——■■" 
Juges  qui  le  citoient  en  divers  lieux  pour  la  même  caufe ,  Se  de  quoi  pou- 
vait fervir  i  la  gloire  de  Dieu  un  tel  conâiâ  de  Jucifdidion*  Nous  verrons 
en  fon  lieu,  comment  fe  termina ce!tte a&irc  •   ,    . 

XXII.  Pour  revenir  préièntement  à  ce  qui  regarde  de  plus  près  le  Coq-  rEmpirêur 
cUe,  TEmpeteur ,  fans  parler  des  affaires  de  Religion ,  tenta  divers  moyens  t^l»f»mMit 
dans  la  Diète  pour  tâcner  d'engager  les  Proteftans  à  lui  fournir  desfecours*?*?^**^^* 
contre  les  Turcs.  Mais  ils  rcponaircnt  toujours ,  ^  qu'ils  ne  pouvoient  y  /^ji^*^/^, 
conientir ,  qu  on  ne  leur  donnât  des  alTurances  de  continuer  la  paix  de  Re-  Protefttms 
ligion »  &  quon  ne  reconnût  que  par  la  convocation  de  TAflcmbiée  de étu  ConeiU. 
Trente  fous  le  nom  de  Concile  ,  le  Décret  fait  dans  la  Diète  précédente  ^Slci4.^L. 
d*entretenir  la  paix  jafqu  au  Concile  n'étoit  point  diflbus;  que  cette  paix  ^^*P*  ' 
n*étoît  point  compue  ',  &  qu'ils  ne  feroient  point  forcés  d'obéir  aux  Décreu 
qu'on  feroit  à  Trente  :  parce  qu'ils  ne  pouvoient  fe  foumettre à  un  Concile» 
ou  le  Pape  qui  les  aroit  déjà  condamnes  étoit  entièrement  le  maître.  L'Em- 
pereur leur  répliqua  :  Qu'il  ne  pouvoir  leur  accorder  de  paix  qui  les  exemcsU 
d'obéir  aune  Ailèmblée,  â  l'autorité  de  laquelle  toas  les  Chrétiens  étoienc 
foumis  ;  &  qu'il  ne  pourroit  s'excufer  auprès  des  Rois  Se  des  Princes  /s'il 
accordoit  aux  Allemands  la  liberté  de  rejetter  un  Concile  qui  étoit  aflemblé 
principalement  pour  eax  :  Que  (1 ,  comme  ils  difoient ,  ils  croyoient  avoir 
des  raifons  de  ne  ^y  point  foumettre,  ils  dévoient  aller  au  Concile  pouc 
y  expofer  celles  pour  lefquelles  il  leur  étoit  fufpeâ  4  Qu'ils  y  feroient  écou- 
tés ;  &  qu'ils  pourroient  le  récufer  en  cas  qu'il  parût  qu'on  leur  y  fie 
quelque  tort  ;  mais  qu'il  ne  convenoit  pas  de  £è  laidèr  prévenir  &  de  fe 
livrer  aux  foupçons ,  ni  de  chercher  dans  lavenir  des  griefs  dont  ils  n'avoienc 

{»as  encore  à  fe  plaindre.  Les  Proteftans  difoient  :  Que  ce  n'étoit  point  de 
'avenir  dont  ils  tiroient  leurs  griefs  ,  mais  du  paffé  *,  puifqu'on  avoic 
déjà  condan^né  leur  doârine  ,  &  que  le  Pape  Se  tous  fesadhérans  l'avoienC 
pxofcrice  :  Qu'ils  n'avoient  plu3  de  jugement  à  attendes ,  puifqu'il  étoit  déjà 
rendu  :  Qu'il  étoit  jude  par  conféquent  que  le  Pape ,  Se  tous  ceux  qui  lai 

que ,  Jaques  Rhîngrave,  Chrîflophîe  lOU 
icmhourg  y  Richard  de  Bavière  ,  Se  Phi^ 
lippe  d'Oherfleln*  Sleid  L.  i-^.  p.  i.^)« 

59.  Laijfant  à  penfer  au  monde  ,  com' 
ment  r Archevêque  pourroit  comparoître  en 
même  tems  devant  deux  Juges  qui  le  fiitoient 
en  divers  lieux ,  &c.  Notre  Hiftorien  a 
quelque  raifon  de  faire  remarquer  Hncon- 
iiftance  de  cette  procédure  ,  félon  laquelle 
on  ci  toit  en  même  rems  la  même  perfonne  à 
deux  Tribunaux  diffërens.  L'impoflTibiîité  d*y 
comparoître  devoir  néceflairement  le  -faire 
4^1arer  çpat\inuce  dans  Tun  d^  deux ,  & 


ainfi  le  rendre  criminel  »  quand  il  eât  été 
înnocenr.  Mais  ce  n'étoit  pas  la  feule  nul- 
lité qui  (è  troQvoit  dans  cette  af&iiv  •«  &  it 
y  en  a'voit  une  bien  plus  eflêmielle  à  toq- 
loir  condamner  un  homme  pour  une  doc- 
trine 4  qui  ne  devoit  être  cenCée  décidée 
qu'après  que  le  Concile  aijoit  prononcé* 
Cela  fêmble  împlic|uer  contradidlion.  Mais 
à  Rome  on  agiilbit  fur  d*aurres  principes* 
Le  Concile  n'étoit  que  pour  la  forme ,  &  on 
étoit  bien  réfolu  qu'il  ne  s'y  dccideroit  rien 
que  de  conforme  à  la  5enen:ede  lAoa^ 
qui  ferroitdeprcjugé dans  toute  cette  aSaire; 

Ec  a 


110       HISTOIRE    pu    CONCILE 

X  D  z  L  V.  écoienr  attachés  foit  en  Allemagne  foit  ailleurs  »  fifTeut  une  partie  du  Con- 

PavlIII.  cile,  &  eux  lautre  \  Se  que  pour  la  manière  de  procéder ,  rEmpereor  , 

'  les  Rois  9  &  les  Princes  en  fuflcnt  Juges  ;  mais  que  pour  le  fond  de  la  caufe  > 

il  la  falloit  décider  par  la  feule  Parole  de  Dieu. 

Quoi  que  pût  leur  dire  rAmbafladeur  de  France  pour  les  porter  i  recon- 

fSlcâ.  L  ^^^^^^  ^^  Concile ,  ^  il  ne  put  jamais  les  faire  changer  de  rélolution ,  bien 

x^.  p.  1^1.  qu'il  employât  des  efpèces  de  menaces,  qui  i  fbn  départ  de  France  lui  avoicùt 

Thoan.  L  été  fuggérées  par  ceux  des  Miniftres  du  Roi  qui  étoient  attachés  au  Pape. 

^  N^  |.     Les  Impériaux  proposèrent  de  transférer  le  Concile  en  Allemagne,  avec 

^^îîo  ^  promefle  que  l'Empereur  agiroit efficacement  pour  y  faire  confcntir  le  Pape; 

'41*     79»  g^  i^  Proteftans  acceptèrent  ce  parti,  â  condition  que  la  paixdureroit  joT- 

qu'â  ce  qu'il  y  fut  aflemblé.  Mais  Charles ,  a^uré  que  le  pape  n'y  conten- 

tiroir  jamais ,  &  voyant  que  c'étoit  leur  accorder  une  paix  perpétuelle  , 

jugea  plus  à  propos  de  laiuèr  les  chofes  en  fufpens ,  étendant  feulement  le 

terme  de  la  paix  jufqa*à  une  autre  Diète  ;  parceque  n'ayant  pas  encore  concla  ' 

de  trêve  avec  les  Turcs ,  de  la  part  de  qui  il  appréhendoit  plus  la  guerre  , 

il  efpéroit  à  la  faveur  de  quelque  Colloque  trouver  des  moyens  raiibn* 

nabtes  de  forcer  les  Proteftans  à  le  foumettre  au  Concile  de  Trente ,  ou  s'ib 

le  refufbient ,  de  leur  faire  la  guerre  comme  à  des  contumaces.  Il  finie 

fSltii.  L.  donc  ^  la  Diète  le  4.  d'Août ,  &  en  intima  une  autre  pour  le  mois  de  Jan-  * 

i^.  p.  x^5.  vier  fuivant  a  Ratisbonne ,  où  les  Princes  dévoient  fe  trouver  en  perfbnnc* 

l^ayn.        Il  ordonna  en  mèmc  tems ,  qu'il  fe  tiendroit  un  Colloque  fur  les  matières 

^    V*      de  Religion ,  où  il  fe  trouveroit  quatre  Doâeurs  &  deux  Juges  de  chaque 

l^    *       parti ,  &  qu'il  commencèroit  au  mois  de  Décembre ,  afin  que  toutes  les  m^i- 

Pallav.  L.  tières  fuflènt  digérées  avant  la  Diète.  Du  furplus  ,  il  confirma  &c  renoa« 

5.  c.  I j.      vella  les  précédens  Edits  de  paix  ,  6c  régla  là  manière  de  pay^r  les  conrri« 

butions  pour  la  guerre.  Nous  verrons  dans  la  fuite  ce  qui  fe  paifa  dans  le 

Colloque. 

Ils  publient     Au  retour  de  Vbrmes ,  les  Proreftans  publièrent  un  Ecrit ,  où  ils  dé- 


tendre  fatisfaire  à  cette  promede  par  le  choix  de  la  ville  de  Trente ,  puifqu'on 
ne  pou  voit  pas  dire  que  Trente  fut  en  Allemagne,  finon  parce  quefon  Eveque 
éroit  Prince  de  l'Empire  :  Que  par  rapport!  la  sûreté,  cette  ville  n'étoit  ni 
moins  en  Italie,  ni  moins  au  pouvoir  du  Pape,  que  Rome  même  :  Que  ce  qui 
les  empèchbit  davantage  de  tenir  ce  Concile  pour  légitime,  c'cft  que  le  Pape  y 
vouloit  préfidcr  &  propofer  tout  par  fes  Légats  ;  que  tous  les  Juges  lui  étoient 
attachés  par  ferment ,  &  que  le  procès  étant  contre  le  Pape  lui-même ,  il  ne 
devoir  pas  en  être  le  Juge  :  Qu'enfin ,  40  avant  toutes  chofes,  il  falloit  traiter 
de  la  forme  du  Concile ,  6c  des  aurorités  fur  kfquelles  on  devoir  s'appuyer. 

.  40.  Qu'enfin  ,  avant  toutes  chofes  îi     autorités  ,  &c.  ]  Le  texte  de  l'Edition  ée 
falloit  traiter  de  la  firme  Ju  Concile  &dts     Londres  pone,  qu'il  £alloit  traiter  de  la 


DE   TRENTE,  Litre   IL  zii 

XXIII.  ^«  L  A  rcfolution  de  l'Empereur  déplut  B  cxceffivcment  à  Trente  m  d  x  t  v. 
ic  à  Rome ,  où  Ton  ne  pouvoit  digérer  qu'un  Prince  Séculier  fe  mêlât  ^^^^  ^^^* 
ainfi  des  a&ires  de  Religion ,  &  où  Ton  trouvoit  qu  il  décréditoit  entié-  "TT" 


CCH' 


fement  raucorité  du  Concile  \  puifque ,  quoiqu'on  tût  à  la  veille  de  l'ou-  4^^,^^  ^ 
Ttir»  il  vouloir  qu'on  traitât  ailleurs  des  matières  de  Religion.  Les  Eve-  Rome  é*  à 
ques  qui  étoient  à  Trente  blâmoient  prefque  dune  commune  voix  ïtTrentt  u 
Dccrei ,  difant  qu'il  étoit  encore  pire  que  celui  de  Spire ,  ôc  qu'ils  s'éton-  ^*^'^*'*^  ^' 
noient  comment  le  Pape  ,  qui  avoit  montré  tant  de  vigueur  contre  le  pre-  ^*^'*^ 
mier ,  avoit  toléré  Se  toléroit  encore  ce  dernier ,  tandis  que  le  Concile  étoit  1^0  ^J  * 
déjà  aflèmblé.  Ils  conduoient  que  cette  conduite  mont  toit  clairement ,  Spond. 
qu'il  étoit  inutile  &  même  déshonorable  poureuxderefter  pluslongtemsà^^  4* 
Trente  -,  ôc  lorfque  les  Légats  faifoient  tout  ce  qu'ils  pouvoient  pour  les  ^*^^*^*  L» 
Gonfoler  ôc  leur  perfuader  que  le  Pape  avoit  permis  tout  celaà  bonne  inten-  ^'  ^  ^^* 
(ion ,  ils  répondoient  qu'a  quelque  fin  que  le  Pape  l'eiit  permis ,  &  quel- 
chofe  qui  en  pût  arriver ,  l'afiont  fait  au  Pape  »  au  Saint  Siège ,  au 


fiue 


Concile  &  à  toute  l'Eglife ,  ne  pourroit  jamais  fe  réparer.  Les  Légats  ne   '^Utfnwt 
ÊLvoient  comment  appaifer  leurs  plaintes ,  qui  toutes  aboutirent  enfin  à  leur  ^^^^^^  ^ 
faire  demander  leur  congé,  les  uns  fous  prétexte  de  lanéceffité  ^^  leurs ^^?^^^^^'" 
affaires,  les  autres  â  titre  de  maladie  ou  d'indifpofition.  Et  quoique  les^«i>/^ 
Légats  ne  le  donnaficnt  à  perfbnne ,  plufieurs  le  prenoient  chaque  jour ,  en  Trm/r. 
force  qu'avant  la  fin  de  Septembre  il  ne  reftoit  que  fort  peu  de  Prélats  i 
Trente.  Mais  quoiqu*d  Rome  on  eut  prévu  par  la  négociation  du  Cardinal 
Farnife ,  que  les  chofes  dévoient  aller  ainfi  \  lors  néanmoins  que  cela  fuc 
irrivé  »  l'on  commença  i  réfléchir  plus  férieufement  fur  les  fuites.  L'oa 
confidéra  que  les  vues  de  l'Empereur  étoient  fort  ditférentes  de  celles  da 
Pape.  CharUs  trouvoit  fon  intérêt  \  tenir  les  choies  en  fufpens ,  faifanc 
éfpérer  aux  Proteftans  de  ne  point  laifTer  ouvrir  le  Concile ,  s'ils  le  conten-> 
toient  ;  &  leur  faifant  craindre  au  contraire  de  le  laifTer  ouvrir  &  de  pro* 
céder  contr'eux ,  s'ils  te  défobligeoient.  C'eft  pourquoi  il  faifoit  naître  tous 


ferme  éa  Concile  avftnt  qve  A^  miter  des 
âatorités  ,  trattan  prima  deUa  forma  del 
Conàlio  cbe  dclU  autoruây  &c.  Mais  la 
leçon  des  Editions  de  Génère  y  que  nous 
avons  faivie  >  &  où  on  lit  £»  Jella  autorità 
au  lieu  de  che ,  femble  plus  raifbnnable  ^ 
parce  que  la  difficulté  des  Proteftans  regar- 
doit  non-feulement  la  ferme  du  Concile , 
mais  aullî  les  autorités  fur  le/quelles  on  de- 

Joie  appuyer  les  décifions  y  c'eft-a-^lire  ,  fî 
Ecriture  dévoie  être  regardée  comme  le 
ièul  Juge  que  1  on  dût  Cuivre ,  ou  fi  les  Dé- 
crets des  Papes  ou  d'autres  autorités  humai- 
nes dévoient  faire  règle  dans  le  Concile. 
Ceft-là  ce  que  les  Prdreftans  vouTdient  qui 
fut  réglé  d'avance ,  mais  ce  qu  on  n  avoit 


garde  de  leur  accorder. 

4%,  La  réfiduùon  de  tEmperatr  dipbu 
txcejpvimeru  à  Trtnu  &  à  Rome  ,  &c.  ][ 
C*eft-à-dire ,  à  ceux  qui  dans  l'un  ou  Tau- 
tre  endroit  n'étoient  point  dans  le  (ecret 
des  affaires ,  8c  ne  fâvoiem  rien  du  delièin 
pris  de  faite  la- guerre  aux  Frotéftans.  Oui 
fEmperectr  ne  voulant  pas  (e déclarer^  qu*tl 
ne  fût  fîjr  de  Ja  paix  avec  les  Tujrcs ,  avoir 
cm  devoTT  indiquer  une  autre  CHète  Si  an 
autre  Colloque  y  afin  qu'à  la  faveur  4e  <ê 
délai  il  eût  le  tems  de  fe  préparer  à  oppri* 
mer  les  Proreftam  y  s'ils  refufoient  de  fe 
foumettre  aux  propofttîohs  qu'il  leur  feroit 
dans^  prtKhaînc  Oiètc, 


111         HISTOIRE   DU  CONCILE 

MDXLv.  les  jours  de  nouveaux  incidens,  &lai(Tbic  couler  doucement  le  cèmsfbus 
Paul  III.  divers  prétextes  ,  tantôt  en  faifant  entendre  au'il  feroic  plus  à,  propos  de 
"■'■'—■'■"  transférer  le  Concile  ailleurs ,  tantôt  laiflknt  cipérer  qu'il  confentiroit  vo- 
lontiers qu'on  le  transférât  en  Italie  &  à  Rome  même,  afin  que  le  Pape  ÔC 
les  Evèques  d'Italie  écoutaflènc  plus  favorablement  fes  proportions  »  &  ti-* 
raflent  en  longueur  la  célébration  du  Concile.  4^  Le  Pape  de  fon  coté 

ftPallav-I-^^i^  fort  embarraflfé.  **  Quelquefois  il  fentoit  réveiller  en  lui  l'ancien  défie 
f.ç.  i^  qu  avoient  eu  tts  prédecefleurs  de  ne  point  tenir  de  Concile  ;  &  il  ferepen- 
toit  lui-même  d'avoir  été  fi  avant ,  parcequ'il  voyoic  qu'il  ne  pouvoit  fans 
un  grand  fcandale  ÔC  fans  danger  montrer  ouvertement  qu'il  n'en  vouloic 
point ,  &  difibudre  cette  petite  Afièmblée  qui  étoit  à  Trente.  Il  con« 
noiflbit  clairement  d'ailleurs,  qu'à  l'égard  de  l'Italie ,  le  Concile  n'étoit  pas 
un  remède  propre  pour  éteindre  rHéréfic,  contre  laquelle  il  valoit  bien 
mieux  procéder  par  les  rigueurs  de  Tlnquifition ,  qui  étoit  l'unique  remède 
i  ce  mal  »  &  qui  feroit  fufpendue  par  l'attente  de  fa  tenue.  Quant  i 
l'Allemagne  il  paroifibit  aufll  évidemment  ,  que  le  Concile ,  loin  de  faci- 
liter les  chofes  ,  les  rendroit  encore  plus  difficiles.  Outre  cela  il  héfitoit  en 
tenant  cette  Aflèmblée,  s'il  devoir  accorder  à  l'Empereur  la  moitié  des 
fruits  &  les  Vafièllages  des  Monailères  d'Eipagne ,  parce  qu'en  ne  le  faifanc 
pas ,  il  choqueroit  ce  Prince  ,  &  qu'en  le  faifant  >  il  craignoit  que  les 
Prélats  Efpagnols  nefe  plaignifiènt  qu'il  dotmoit  aux  autres  ce  qui  leur  ap- 

Eartenoit)  Se  qu'ils  ne  fiflènt  fentu:  contre  lui  &le  Saint  Siège  leur  ref- 
mtiment  dans  le  Concile.  Il  voyoit  enfin  le  mécontentement  qu'auroient 
les  Prélats  Néapolitains  »  qui  ne  pourroient  fuppotter  de  payer  les  décimes 
Se  faire  encore  des  dépenfes  dans  le  Concile ,  &  il  appréhendoit  que  les 
François  ne  les  appuyaflènt ,  non  par  charité  »  mais  pour  embarraflèr  l'Em* 

rendre  le  deflèin  ■  de  transférer  le 

comme  on  avoir  fait  à  Vor« 

^        à  quoi,  difoit-il»  il  ne 

rer  miuirs  confentiroit  jamais  y  quand  on  lui  donneiroit  cent  otages  &  cent  gages  ; 

le  Concile,   au  lieu  qu*en  le  transférant  en  Italie  dans  un  lieufi;rrile,  commode»  &  sûr  ^ 

«  14.  Ibid.  jj  s'épargneroit  le  défagrément  d'être  toujours  dans  l'incertitude ,  &  de  tenir 

pour  ainfi  dire  Iç  Cpncilç  à  Tsmcre  >  au  rifque  d'être  obligé  de  le  tranfportes 


41.  Le  Pape  de  fon  eôié  itêîifirt  embat' 
rajje  «  &c  ]  PalUvîein  ,  L.  f .  c.  ly.  pré- 
tend que  les  railônnemens  qoe  £ût  £iire  ici 
Fra-Paclç  an  Pape  ^  font  au^nt  de  fiâions 
lie  ton  invention  i  &  il  eft  vrai  que  le  tour 
eft  effedivement  dejnotxe  Hiftorien.  Mais 
comn^e  Ton  juge  des  penffes  d'un  homme 
parla  conduite  qu'il  tient,  &  que  rarement 
i*on  fe  troçipe  dans  ces  (brtes  de  jugemensi 
fi  l'on  veut  lire  ce  que  PalUvicin  lpi-m6« 
m$  nousrapponc  dans  lecliap.  14  dfss  vues 


(ècret^  in  Pjape  pour  la  tranflttion  da 
Concile  «  &  de  rembarras  où  le  jettoit  la 
conduite  de  TEmpereur  .  (bit  à  T^ard  de 
l'ouverture ,  (bit  à  l'yard  de  la  fufpenfion 
4e  cette  A(kmb\ép ,  on  (r  convaincra  ai(2« 
Qient ,  que  notrç  Hiftorien  ne  lui  a  rien 
pr^té  de  fbn  éloigné  de  fes  vâes ,  &  que  les 
raifonnemens  qu'il  lui  fait  hite  (bnt  fondés 
en  &its  y  &  s'accordent  affez  ezaâemeni 
avec  &  çonduiot  &  (b  de£rSf 


DE    TRENTE,LivRE    IL  i%$ 

tantôt  d*un  côté  6c  tantôt  d*un  autre  ,  qui  écoit  la  (ituation  du  nK)nde  la  a  o  x  l  r. 
plus  facheufe  »  par  les  inconvéniens  perpétuels  &  infinis  qui  en  pourroient  ^^^^.^U. 
naître.  Ce  qui  le  déterminoit  encore  à  ce  parti ,  c'eft  qu  a  la  faveur  du  — — — 
tems  que  demanderoit  la  tranflation  du  Concile ,  il  détourneroit  une  chofe 
dangëreufe ,  déshonorable  ,  &c  de  mauvais  exemple  >  qui  étoit  d  avoir  un 
Concile  en  concurrence  avec  un  Colloque  ou  une  Diète  où  Ton  traiteroic 
des  affaires  de  Religion  >  fans  favoir  quelle  ilTue  auroient  l'un  ôc  l'autre» 
Se  qu'il  contenteroit  les  Evcques  en  les  laiflant  ibrtir  de  Trente.  45  Pour 
mettre  les  Légats  en  état  d  exécuter  cette  délibération  lorfqu'ils  jugeroient 
que  loccafion  en  feroit  favorable ,  il  leur  envoya  par  une  Bulle  dattée  du 
.12  de  Février»  &dont  nous  avons  parlé  plus  baut>   le  pouvoir  de  trans- 
férer le  Concile. 

XXIV.  CfiTTE  affaire  n'étoit  pas  la  feule,  ni  même  la  principale  ,  qui  Témldânm 
occupât  le  Pape.  Il  penfoit  plus  efficacement  que  jamais  à  aonner  àfon  fils  ^^f^^fiiturg 
rinveftiture  de  Parme  &  de  Plaifapce  ,  pour  laquelle  il  avoir  demandé  le  ^L^^l . 
confentemcnt  de  TEmpereur.  ^  C'efl  ce  qu  il  fit  à  la  fin  du  mois  d'Août ,  %„fg  ^  ^ 
fans  aucun  égard  au  murmure  eénéral  du  Public ,  qui  trouvoit  fort  étrange  fils  natttreL 
que  pendant  qu'on  parloit  de  reformer  le  Clergé ,  le  Chef  de  l'Eglife  don-  *  Pallav.Lr 


Jean  Véga  Ambaffadeur  de  l'Empereur  refufa  néanmoins  d'aflîfler  d  cette  In-  Rayn. 
vcftiture  2  &  Marguerite  d! Autriche  femme  du  petit  fils  du  Pape  en  fut  aufli  N®  ^5* 
mécontente  ,  parcequ'elle  auroit  voulu  que  cette  Inveftiture  fut  donnée  â 
ion  mari  plutôt  qu'a  fon  beau-pére  ,  à  caufe  qu'elle  perdoit  par-là  le  titre 
de  Ducheuè  de  Camérino  >  fans  en  acquérir  un  autre.  Cette  affaire  ter- 
jninée  >  le  Pape  mit  toute  fon  application  à  fe  tirer  des  difficultés  &  des 
périls  où.rexpofoit  le  Concile ,  qui  n'étoit  ouvert  ni  fermé  &  qui  dans 
cet  état  ne  pouvoir  fervirqu'à  TEmpereui:  contre  lui.  Il  fe  détermina  donc    llê»véiê 
i  envoyer  ™  l'Evêque  de  Caferte  à  ce  Prince  ,  pour  négocier  avec  lui  ou  «»  t^onee  i 
Touverture  ou  la  fufpenfîon  du  Concile  pour  quelque  tems  ;  ou,  (r  cela '^'"^'''•^ 
ne  lui  plaifbit  pas  >  pour  lui  propofer  la  tranflation  du  Concile  en  Italie ,  ^^J»!^^' 
afin  de  donner  nonnêtement  le  tems  de  tenir  le  Colloque  &  la  Diète  -,  ou  <^  ConciU, 
pour  lui  offrir  quelqu 'autre  parti  que  ce  pût  être  ,  pourvu  qu'il  ne  fut  ni   mPaÛav. 
déshonorable  pourj  l'Eglife  ,   ni  aufli  dangereux  que  1  etoit  celui  de  tenir  ^*  5*  c-  ^%^ 
un  Concile  afièmblé  &  oifif. 

Cette  négociation  rencontra  bien  des-  difficultés ,  parce  que  l'Emperetu:    Ce  Vflwc^ 
ne  voulant  confentir  ni  à  la  fufpenfion  ni  à  la  tranflation  du  Concile ,  ccnfent  k 

des  eçndi^ 

4y.  Pour  mettre  Us  Légats  en  état  (fé^*  tems-cî.  Elle  avoir  fté  expédiée  en  même  tiens  qui  dé* 

xicuter  cette  délibération  —  //  leur  envoya  tems  que  la  Bulle  de  Légation  ,  &  il  y  a  pl^fi^t  ste 

.par  une  BuUe  datée  du  22  de  Février^-^'  toute  apparence  qu'elle  fut  envoyée  en  m^-  ^^'  >  ^^ 

U  pouvoir  di  transférer  le  Concile.  ]  Je  ne  me  tems  que  l'autre.  Du  moins  je  ne  vois  '*'*  f^^d 

/ai  fur  quoi  fondé  Fra-Paolo  prétend  que  rien  daïit  l'Hiftoiie  ,  qui  me  fitflè  croire  te  ^^^^'^^ 

cette  Bulle  ne  for  envoyée  que  dans  ce  contxaiie» 


114       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLv.  &  ne  trouvant  pas  qu'il  lui  fut  utile  de  le  laillèr  ouvrir,  il  ne  rejettoic 
Paul  m.  abfolument  aucune  de  ces  propontionS)  mais  comme  il  ne  favoit  encore 
— ■"■^—^  que  faire  ,  il  faifoit  des  dimcul  ces  contre  toutes.  Enfin  vers  le  milieu  d'Oc- 
^ordonner   ^q}^^^  n  [\  propofa  un  tempérament,  quiétoit  d ouvrir  le  Concile,  &dy 
iCen  f^rt   traiter  de  la  Retormation ,  mais  lans  toucher  encore  aux  Hereiies  oc  aux 
tonvetiurt.  Dogmes,  de  peur  d'irriter  les  Proceftans.  Le  Pape  inftruit  de  cette  propofi- 
»PalIav.L  tion  par  fon  Nonce,  en  fut  piqué  jufqu'au  vif.  Il  voyoit  clairement  que 
5.C.15.       cetoit  donner  la  victoire  aux  Luthériens,  &  le  dépouiller  de  toute  ion 
autorité  pour  l'alFujettir  aux  Colloques  &  aux  Diètes  de  l'Empire  ;  &  que 
d'ordonner  qu'on  y  rraitat  de  la  Religion  ,  tandis  qu'on  vouloit  empêcher 
le  Concile  de  le  faire  ,  &  qu'on  le  bornoit  à  traiter  de  la  Réformation  » 
c'écoit  l'atfoiblir  en  aliénant  de  lui  ceux  qui  lui  etoient  attachés  ,  &  fortifier 
les  Lurhériens  en  foutenant  ou  du  moins  en  tolérant  leurs  Héréfies.  Etant 
donc  convaincu  que  fes  intérêts  éroient  incompatibles  avec  ceux  de  l'Empe^ 
reur  ,  il  réfolur  de  difltmuler  avec  lui ,  &  cependant  d'agir  félon  qu'il 
jugeroit  plus  avantageux  pour  fes  affaires.  C'efl  pourquoi  (ans  montrer 
aucun  mécontentement  de  fa  réponfe  il  écrivit  à  (on  Nonce ,  que  pour 
complaire  à  ce  Prince  ,  il  vouloit  ouvrir  le  Concile  fans  différer  davan^- 
rage  ,   &  qu'il  a  voit  envoyé  ordre  de  le  commencer  ,  &  d'y  procéder  avec 
pleine  liberté  ic  félon  l'ordre  &  la  forme  légitime.  Il  sVxprimaainfi  en  ter- 
mes généraux ,  pour  ne  point  expliquer  plus  diftinâement  par  où  l'on  devoir 
commencer  ,  ni  ce  qu'on  de  voit  propoier  enfuite  ou  omettre.  Mais  c'étoir 
•  Id.  Ibid*  bien  fa  réfolurion ,  ^  que  l'on  traitât  des  matières  de  doftrine  &de  dogme 
c  u.         préférablement  à  toute  autre  chofe ,  fans  en  apporter  d'autre  raifon  ,  lors- 
qu'il feroit  obligé  d'en  donner  quelqu'uiK ,  finon  que  c'étoit  une  chofe  fans 
exemple  &  contraire  à  fa  réputation  &  i  celle  du  Concile  ,  que  de  traiter 
de  la  Réf jrmation  toute  feule.  44  C'eft  pourquoi  le  dernier  d'0<5tobre  » 
'^Rayiu     après  en  avoir  conféré  avec  les  Cardinaux  il  envoya  ordre  F  à  Trente,  de 
N^  iS.       leur  avis  &  confentement,  d'ouvrir  le  Concile  le  troifiéme  Dimanche  de 
Pallav.  L.    TA  vent ,  dit  Gaudtu^  qui  tomboit  au  ij.de  Décembre. 
^•^p7;  XXV.  Cette  nouvelle  réjouit  extrêmement  les  Prélats  ,  &  les  délivra 

diFfénLe  '  ^^  ^*  crainte  où  ils  étoient  de  rcfter  longtems  à  Trente  fans  rien  fiiire.  Mais 
cnt  ordre  de  Ics  ordres  ^  qu'en voya  le  Roi  de  France  à  fes  Evèques  de  revenir  ,  rejette- 
s*ên  retour-  rent  le  Concile  dans  de  nouvelles  inquiétudes.  Les  Légats  qui  regardoient 
ner  \mMs  ce  rappel  comme  une  déclaration  que  la  France  &  fon  Roi  n'approu voient 
les  Légats  pQ^^t  le  Concile ,  crurent  qu'il  étoit  très-important  d'en  arrêter  l'exécd- 
a  Rayn.  ^*^"*  ^'^  tentèrent  donc  toute  forte  de  moyens  pour  retenir  les  trois  Prélats 
N*'  1 3.  François ,  en  leur  remontrant  que  les  affaires  étoienr  dans  une  autre  (itoa- 
Pallav.  L.5.  tion  lorfque  le  Roi  leur  avoir  en voyp  ces  ordres  ^  qu'ils  dévoient  en  atten- 
dre 


c.   I^. 
Spond. 


^4,  Cefl pourquoi  le  dernier  ^Ofhbrei     cités  par  Raynaldus  Se  Pailavicin  ,  ne  (ê 
après  en  avoir  conféré  avec  les  Cardinaux^     fit  qoe  le  6  de  Novembre  ,  &  Tordie  filC 
il  envoya  ordre  à  Trente  ,  &c.  ]  Cette  dé-     envoyé  le  7. 
libération,  félon  les  Aâes  ConfiAoxiauz 

4S-  E^ 


DE    TRENTE,  LiTRi    II  iiy 

-^de  nouveaux  y  après  qu'il  feroic  infornoé  de  Técat  préiènt  des  chofes;  MDziy; 
&  que  ce  feroic  un  grand  Icandale  pour  les  autres  Nations  >  s'ils  en  adflbient  ^^^^  ^''* 
.autrement.  Le  Cardinal  de  Trente  &  les  E vêtues  Efpagnols  &  Italiens  di-  ^ 
ibient  de  leur  coté  ^ 


gats  '  écrivirent  à  Rome  le  dernier  de  Novembre  >  pour  avoir  une 
qui  leur  commandât  de  l'ouvrir  ,  afin  de  conferver  par-U  Tautorii 


lamenc  qu  on  trouva 

pour  l'informer 

parti  qui. fut  fort  approuve  par  ce  Prince 

XXVI.  G^MME  le  tems  de  l'ouverture  du  Concile  approchoit ,  les  Lé-  BuHefçap 

'    •  •        ^  -^         r  une  BuUe^^'^'^^' 

,    -    .  par-là  1  autorité  du  jliL,^^ 

Saint  Siège;  6c  pour  qu'elle  pût  arriver  â  tous»  ils  envoyèrent  un  Exprès N®  i. 
CD  diligence;  La  Bulle  arriva  le  onzième  de  Décembre-,  4f  &  les  LégatsRayn.  N* 
ordonnèrent  pour  le  lendemain  un  jeune  &  une  proceffion.  On  tint  aufiî'^^^ï* 
«ne  Congrégation  générale  ,  où  après  la  leâure  de  cette  Bulle  »  on  traita 
de  tout  ce  qu'il  y  avoit  à  faire  le  jour  fuivant  dans  la  Seffion.  ^^  L'Evèque 
iHAJlorga  demanda  poliment ,  '  qu'on  fît  la  leâ:ure  du  Bref  de  la  Légation  &  ^  Pallav.  ti 
de  la  Préfidence  »  ann  que  chacun  eue  occafion  par-là  de  montrer  fon  refpeâ  ^  v!^^  J* 
&  fa  foumiffion  au  Saint  Si^e.  Prefque  toute  la  Congrégation  approuva  ^j^fi^^  . 
cet  avis>  &  chacun  même  y  jo^it  iès  inftances.  Mais  le  Légat  Cardinal  demsindt 
de  S^^  Crdx  confîdéranc  où  pouvoir  tendre  certe  demande ,  &  que  fi  l'on  qu'on  fifâ 
poblioit  l'autorité  de  la  Légation  ,  il  y  avoit  quelque  rifquc  qu'on  ne  ^*  ^^^^^^  ^« 
▼oulût  la  limiter»  trouva  plus  à  propos  de  la  tenir  fecrettc ,  pour  pouvoir  ^^^'i?^  ^^ 
«'en  fervir  félonies  événemens.  Il  répondit  donc  fur  le  champ  9  que  tous "^^//^^ ^^ 
ae  f^oienc  au'un  feul  corps  dans  le  Concile ,  Se  qu'il  feroit  également  éludentçttu 
lire  de  lire  les  Bulles  de  chaque  Evèque  pour  faire  preuve  qu'il  avoit  fiMim^ 


ton  Inftitution  du  Saint  Siège ,  ce  qui  tireroit  après  foi  de  grandes  longueurs» 
9c  qui  occuperoit  toutes  les  Congrégations ,  à  mefure  qu'il  viendroit  de  nou- 


veaux Evêques.  Par  -  là  il  arrêta  toutes  les  inftances  »  &  conferva  la  di-; 
gnité  de  la  Légation  »  qui  confiftoit  à  être  fans  bornes. 

SÂJlorga  ;  mais  Pachico  Eyèqae  de  Jaèn  ; 
nommé  Cardinal  peu  de  tems  après,  qui 
avant  demandé  que  le  jour  de  la  Scflîon  on 
nt  la  leéhire  da  Bref  de  la  Légation  »  le 
Cardinal  de  Su  Croix  l'an  des  Légats ,  re- 
montra ,  que  là  Bulle  d*Indiétion  &  le  Bref 
des  facultés  étant  trop  longs  ,-  il  (ûffiroit 
de  lire  la  Bulle  qui  levoit  la  fufpenfios ,  & 
le  Bref  qui  ordonnoit  aux  Légats  de  faire 
l'ouverture  5  à  quoi  confentirent  la  plupaxt 
des  Prélats.  Ce  fut  une  adrelfe  du  Légat, 

J|ui  pour  ne  point  laiiTer  pénétrer  quelles 
toient  les  (acukéc  des  Préfidens,  trouva 
moyen  d'éluder  la  demande  de  TEv^ue  de 
Jaïn ,  toute  jufte  &  toute  raifonnable  qu  ella 
fit.  . 

Ff 


'4\n  Et  les  Légats  orionnhtnt  pour  le 
Undemain  un  jeûne  &  une  procejjion*  ] 
^onr  traduire  littéralement  Fra-Paolo ,  il 
fiuidioit  dire  :  ÎU  ordonnèrent  le  lende- 
main un  jeûne  &  une  proce£ion  :  perîlche 
u  giorno  feguente  i  Legiti  commandarono 
un  digiuno  &proeeffione  ,  &c.  Mais  cela  ne 
fexoit  pas  exaâ  :  car  la  Bulle  étant  arrivée 
le  onze ,  ils  ordonnèrent  dés  le  même 
jour  le  jeune  pour  le  lendemain,  afin  de  Ce 
préparer  à  l'ouverture  qui  devoit  fe  &ire  le 
1-5  i  &  il  eût  été  trop  tard  à  attendre  le  11 
à  l'ordonner* 

46.  L*Evêqu£  d^Aflorga  demandapoU' 
ment  qu'on  fit  la  UBure  du  Brefdi  la  Le- 
gation  ,  &c.  ]  Ce  ne  fat  point  l^Bvèque 

T  o  M  fi    L 


iitf      HISTOIRE    DU    CONCILE 

u  p  X 1  T.       XXVII.  Le  1 3  de  Décembre  étant  enfin  arrivé ,  ^  le  Pape  fit  publier  i, 
Paul.  IlL  Rq^^ç  y^ç  BqUc  ^^  fi^rme  de  Jubilé ,  où  après  avoir  marqué  qu'il  avoit  a£- 
•  fcmblé  le  Concile  pour  remédier  aux  plaies  que  l'impiété  des  Hérétiques 

U  CmmI!  ^^^^^  fî&ites  à  TEelife  >  il  exhortoic  tout  le  monde  à  aider  de  fes  prières  les 
Cbimonïts  Pcres  alTemblés  a  Trente  ;  &  pour  les  rendre  plus  efficaces ,  il  accordoic  une 
fmttskum  Indulgence  plénière  de  tous  leurs  péchés  à  tous  ceux  qui  jeûneroienc  crois 
^^*^^J^   jours ,  &  aflifteroient  pendant  ce  même  tems  aux  procemons  qui  dévoient  le 
^JfQod.  £j^j^^  ^  &  qui  fe  confelTeroient  &  communieioienc  dans  cette  intention.  Le 
ec  VfAjh.    Rième  jour  '  les  Légats  &  les  Evcques  qui  étoienc  à  Trente  au  nombre  de 
K^  56.       vin^tcina  »  revêtus  de  leurs  habits  Pontificaux ,  &  accompagnés  des  Théo- 
Pallav.  I*   logiens  >  du  Clergé ,  &  de  tout  le  peuple  de  la  ville  &  du  ddiors ,  allèrent 
5*  <•  >7«      en  proceffion  de  l'Eglife  de  la  Trimté  a  la  Cathédrale  >  où  le  Cardinal  iUl 
Monte  premier  Légat  chanta  la  Meflè  du  Saint  Efprit ,  &  TEvêque  de  BUonu 
fit  un  long  diicours  fort  fleuri.  47  La  Meflè  étant  finie  >  les  Légats  fireae 
ExhmMtiaê  lice  r  une  longue  exhortation  par  éait,  qui  portoit  en  fubftance  :  Que  leur 
ÀesUgms.   charge  durant  le  cours  du  Concile  étant  d'avertir  les  Prélats  de  leur  devoir 
^  ^^1^6    ^"  ^^"^^  rencontre  >  il  étoit  jufte  de  commencer  par-là  cette  première  SeC- 
U^  /.     *    fion  >  Se  qu'ils  prendroient  par  eux-mêmes  les  avertiflèmens  qu'ils  donnoient 
Labbc  ColL  aux  autres ,  n'étant  pas  d'une  autre  condition  qu'eux  :  Que  le  Concile  étant 
p*  ^^4«       aflèmblé  pour  trois  caufes  principales ,  favoir  l'extirpation  des  Héréfies  >  le 
létabliflèment  de  la  Difcipline  Eccléfiaftique»  &  le  recouvrement  de  la  Paix» 
il  falloit  pour  réuflir  dans  cette  enueprife  avoir  d'abord  un  vif  fentiment  de 
s'être  attiré  par  fes  fautes  les  trois  maux ,  aufquels  on  avoit  à  remédier  : 
Qu'ils  dévoient  fe  regarder  conune  la  caufe  des  Héréfies ,  non  pour  les  avoir 
fémées ,  mais  pour  n'avoir  pas  fait  ce  qu'ils  dévoient  pour  répandre  la 
bonne  doârine  ,  6c  déraciner  la  zizanie  :  Qu'à  l'égard  de  la  corruption  des 
moeurs ,  il  n'étoit  pas  befoin  d'en  parler ,  perfonne  n'ignorant  que  le  Clergé 
&  les  Pafteurs  feuls  étoient  les  corrupteurs  &  les  corrompus  s  &  que  c'étoit 
en  punition  de  cette  faute  >  que  Dieu  leur  avoir  envoyé  le  troifieme  fleaa» 
qui  étoit  tant  la  guerre  étrangère  avec  les  Turcs ,  que  la  guerre  civile  entre 
les  Chrétiens  :  Que  fans  ce  fentiment  vif  &  intérieur  de  leurs  fautes  »  c'étoiç 
en  vain  qu'ils  entroient  au  Concile  ,  &  qu'ils    avoient  invoqué  le  Saint 
Efprit  :  Que  c'étoit  par  un  jufte  jugement  de  Dieu  qu'il  les  puniflfbit  ainfi  » 
mais  cependant  beaucoup  moins  qu'ils  ne  le  méritoient  :  Qu'ils  les  exhor* 
toient  c^nc  à  reconnoître  leurs  fautes,  &  à  appaifer  la  colère  de  Dieu  \  parce 
que  s'ils  refufoitnt  de  le  faire  &  de  confeder  leurs  péchés,  i  l'exemple  d'Ef» 
dras ,  de  Nihcmie ,  &  de  Daniel  ^Ws  ne  pourroient  recevoir  le  Saint  Efprit 
qu'ils  avoient  invoqué  :  Que  c'étoit  une  grande  miféricorde  de  Dieu ,  que  ' 

47.  La  Meffi  étant  finie ,  Us  Légats  fi^  Mante  en  fit  dans  celle-ci  une  fort  courte»' 

rent  lire  une  longue  exhortation ,  A:c.  ]  Cette  qo  on  peut  voir  dans  Raynaldus  N^  ai  ièt, 

longue  exhortation ,  dont /Vd-Pii^/o  donne  elle  fe  fie  (elon  le  même  Auteur  à  la  fin  de 

ici  rextrait  ,  ne  ftit  point  lue  dans  cette  la  cérémonie  &  non  au  commencement  ^ 

Sefllon ,  mais  dans  la  fui  vante ,  'qui  (à  tint  comme  le  dit  Palla^iein ,  L.  j.  c^  »7« 
k  7.  de  lanvier  x ;4^«  Mais  le  Cardinal  M 


M  D  X  t  V. 


DE    TRIENT  E,  Livre    11/  xvj 

FodcaCon  qu  il  leur  fôurnifibic  de  commencer  le  Concile  pour  c&cher  de  :é- 
v&Xix,  toutes  chofes  :  Que  comme  ils  dévoient  s'attendre  a  ne  pas  manquer  ^aitl.III. 
de  contradifteurs  s  ils  étoient  obligés  de  s'armer  de  conftance»  &  comme  ' 

Juges  fe  garder  de  routes  fortes  de  partialités  &:  d'intérêts  ,  pour  n'avoir 
en  vue  que  la  feule  gloire  de  Dieu ,  &  s'acquitter  de  leur  devoir  comme 
.à  la  vue  de  Dieu  >  de  fes  Anges ,  &  de  toute  i  Eglife.  Enfin  ils  averriflbtenc 


4ionnée  en  mdxlii  '  pour  la  convocation  du  Concile }  de  celle  qui  avoitB«//^  du 
'été  donnée  pour  l'ouverture ,  &  qu'on  avoir  lue  la  veille  dans  la  Congréga-  ^^'  &  ^^ 
-tion ,  &  du  Bref  de  la  fimple  dépuration  des  Légats.   Alfonft  ZonUa  Se-  JJ^'^'  '^^ 
crétaire  de  Mtndo^t  *  préfenta  enfuire  le  Mandement  de  l'Empereur ,  que  x  Rayn.  ad 
Mcnio:^€  lui-même  avoir  déjà  préfenré  aux  Légats  longtems  auparavant ,  an.  1545. 
&  il  y  joignit  une  lettre  de  cet  Amba(fadeur ,  qui  s'excufoit  de  fon  abfence  N**  59. 
fur  fon  indifpofition.  Les  Légats  reçurent  l'excufe.  4^  Et  i  l'égard  du  Man-  *  W.N**4o;, 
dément  ils  répondirenr  »  que  quoiqu'ils  puflèntfe  difpenfer  d'y  faire  une  ré- 
ponfe  après  celle  qu'ils  y  avoient  donnée  dans  le  tems»  ils  vouloient  bien 
cependant  pour  montrer  davantage  leur  re(peâ  â  l'Empereur  le  recevoir  de 
nouveau ,  &  y  donner  une  nouvelle  réponfe ,  après  l'avoir  examiné. 

Tout  ayanr  été  ainfi  exécuté ,  chacun  fe  mit  à  genoux  conformément 
àtt  Cérémonial  Romain ,  pour  faire  d  abord ,  comme  il  efl:  ordonné  dans 
chaque  SefHon  »  une  prière  à  ba(Iè  voix  ;  après  quoi  le  PréHdent  récita  à 
haute  voix  au  nom  de  tous  la  Colleâp ,  AdJurriUs  Domine  SanSe  Spiriius  » 
&c.  On  chanta  enfuite  les  Litanies  >  &  '^  &  le  Diacre  ^^  lut  l'Evangile  »  «^i  iRavn.  âd 
ficcavtrit  in  tt  fraur  tuus  j  &c.  Enfin  >  après  que  l'on  eut  chanté  l'Hymne ,  an.  15  45^ 

'49*  Ctnt  USurt  fia  fmvie  de  celle  de  mus  Prefidens  refpoHdit  ^împedîmeMuM  Me- 
ta Bulle  donnée  en  mdxlii.  ]  Ce  ne  fat  verfievidetudinisIlLD.DidacVàMendo^u 
point  cette  Balle  qoi  lut  loe  »  mais  celle  da  effe  notorium,  &propterea  excufationem  ejus 
X  9.  de  Novembre  i  )  44.  qoi  levoit  la  fiif-  eJJeadmiuendam:Mandatum  vero  Cetfareum 
penfion  da  Concile ,  &  celle  da  ta.  de  Fé-  recipiendum  effe  &  examinandum  ,  prout  in 
Trier  i;4f«  qai  contenoit  la  nomination  litteris  D.  Didacipetitur  ;perJiftendo  etiaut 
des  Légats.  quantum  ad  îpfus  Prapdentes  &  Legatos 

4$»  Et  à  V égard  du  Mandement  ils  ri"  pertinet  in  refponfionthus  jam  fa&is^  cùik 

pondirent,  que  quoiqu'ils  pujfentfe  difpen-  allas privatini  coram  eis  Mandatum  ipfum 

fer,  &C.1  Ce  n'eftpas  là  toot-à^fiiit  la  teneur  efi  exhWuum,  Cependant  lelon  Pallavicin  » 

et  la  réponfe  s  mais  Del  Monte  dit  :  Que  ce  qoe  dit  Fra-Paolo  e(l  allez  cûnfenne  à  ce 

les   Légats   perûftoient  dans   celle  qu*ils  qa*en  mandèrent  les  Légats  à  Rome:  ce  qui 

avoient  déjà  faite  à  Mendo\e  :  Que  pour  ce  prouve  qu*il  ne  s*eft  pas  beaucoup  écarté  dii 

qui  étoit  du  Concile ,  il  admetcoit  Texcufe  fens. 

de  rAmbafladeur ,  paifoue  &  maladie  écoie         s  o*  Et  le  Diacre  lut  V Evangile ,  Si  peo* 

ilotoire  >  &  qu'à  Fég^rd  de  fon  Mandement ,  caverit  in  te  firater  tuus,  &c.  ]  Matt.  XVIII. 

il  le  feroit  examiner.  Ceft  ainfi  du  moin^  i  f .  Ce  ne  fiit  pas  cet  Evangile  qui  fut  lu  ^ 

qae  cette  réponfe  eft  conçue  dans  les  Aétes  mais  celui  de  la  milfion  des  txxii.Dirciple^i 

Ôcés  par  RaynMu  N"*  40.  IUu(t.D.prir  tiré  da  Chap.  X.  de  S.  Luc.  Rayn  N*'  }  |« , 

Ff  1 


ii«        HISTOIRE    DUCONCILE 

M  l>  X  L  ▼.  ye/ii  Cnator  Spiritus  ,  &c.  cous  ayant  repris  leurs  places  y  le  Cardinal  ikf 
^^^^  ^^^'  Monte  «  lut  lui-même  le  Décret  en  demandant  aux  Pères ,  S  *U  leur  plûifoU 

}i^ 

Peti^ 

pie  ,  &  CabaiJJement  des  ennemis  du  nom  Chritien.    A  quoi  ils  répondirenc 

tous  f  Placti  9  les  Léeats  les  premiers ,  puis  les  Ev^ues  »  &  cous  les  autres. 

Le  même  Légat  leur  demanda  enfuite  y  Si  à  cûufe  des  empêchemens  des  Fêtes 

de  la  fin  de  Vannée  &  du  commencement  de  lafuivante  ,  ils  vouloient  que  la 

Sejjion  prochaine  je  tînt  U-j  de  Janvier  :  A  quoi  ib  répondirent  encore  par 

un  P lacet.  Ceci  nni ,  Hercule  Sévirole  Promoteur  éoL  Concile  requît  les  No** 

taires  d'en  pafler  un  Aâe  public  ;  après  quoi  l'on  chaota  l'Hymne  Te  DeMtm 

laudamus  9  &c.  Se  les  Pères  ayant  quitté  leurs  habits  pontificaux ,  acconw 

pagnerent  chez  eux  les  Légats  précédés  de  leur  Cron.  Comme  on  obfervs 

dans  les  Seflions  fui  vantes  les  mêmes  cérémonies  >  je  me  difpenferai  de  lem 

rapporter  davantage* 

iermm  de  .   XXVIIL  L'Allemagne  &  l'Italie  attendoient  avec  impatience  des  nouvel-' 

^vêque  de  jç^  j^^  ptemieres  démarches  de  cette  Ademblée ,  qu'on  avoit  eu  tant  de  dit 

eompmt      ^^^^^  ^  commencer  ;  8c  les  Prélats  &  leurs  domeftiques  qui  étoienc  i 

énjec  r£x-  Trente  avoient  été  dmgés  par  leurs  amis  de  leur  en  rendre  compte.  Il  ooo- 

horti 
des 


\t  dois  rapporter  ici  ce  qu 
i^Labbe    p^^p^^  d'expofer  d'abord  le  contenu  de  ce  Sermon.  L^Auteur  ^  le  com« 
Collcdb.      mençoit  par  montrer  ta  nécedicé  du  Concile  >  parce  qu'il  n'y  en  avoit  point 
p.  X70.       eu  depuis  le  Concile  de  Florence  »  qui  s'étoit  tenu  il  y  avoit  plu$  de  cent 
FallayX;.  ^^^3  ^  ^  cpt  les  affaires  difficiles  &  épineufes  de  l'i^life  ne  le  pouvoieoc 
**  ***        bien  traiter  que  dans  une  telle  Aflcmbîée.  Après  quoi  il  difoit  :  Que  c  etoic 
dans  les  Conciles  qu'avoient  été  faits  les  Symooles  >  &  qu'on  avoit  condam- 
né les  Héréfies ,  réformé  les  mœurs,  réuni  les  Nations  Chrétiennes»,  ordonné 
les  Croifades ,  dépofé  les  Rois  &  les  Empereurs,  &  éteint  les  Schifmes  : 
Que  c'éroit  pour  cela  que  les  Poëtei  avoient  feint  des  Conciles  de  Dieux  t 
Que  le  décret  de  créer  l'Homme ,  &c  de  confondre  les  Langues  des  Géans» 
étoit  une  efpéce  de  délibération  Conciliaire  :  Que  ta  Religion  avoit  trois 
chefs ,  fa  voir  la  Doârine»  les  Sacremens ,  &  ta  Charité  >  &  que  tous  troi^ 


Que  c'écoit  pour  y  remédier  que  le  Pape  ,  féconde  par 
l'Empereur ,  du  Roi  de  France ,  du  Roi  des  Romains ,  de  cefui  de  Portu- 
gal ,  &  des  autres  Princes  Chrétiens ,  avoit  aflcmbléle  Synode ,  &  y  avoit 
envoyé  des  Légats.  Il  faifoit  enfuire  une  loneue  digreflîon  i  la  louange  da 
Pape ,  &  une  autre  pFus  courte  en  ITionneur  de  l'Empereur.  Il  venoît  après 
aux  Légats ,  trouvant  dans  leur  nom  &  leur  furnom  matière  à  leurs  élevés* 
Il  exhorcoit  tout  le  monde ,  d  préfenc  que  le  Concile  étoit  aflemblé ,  à  s^ 
xéuoir  comme  dans  le  Ch^al  de  Troie*  H  spoftrpphoic  coaccs  les  fi^êu  d^ 


/ 


DE    T  REN  TE,Liviii    II.  ii^ 

environs  de  Trente ,  &  les  invitoic  i  faire  entendre  à  tout  le  monde  qu'on  m  D  x  l  r; 
dévoie  fe  foumertre  au  Concile  >  à  faute  de  quoi  on  pourroic  dire  avec  rai-  Paul  III. 
fon  ,  que  la  lumière  du  Pape  étoit  venue  dans  le  monde  ,  &  que  le  monde  •- 
mvoie  préféré fes  ténèbres  à  la  lumiire.  Il  gemitibic  de  ce  que  l'Empereur ,  ou 
au  moins  Mendo^e  fon  Âmbalfadeur  »  n'étoic  pas  préfenc  au  Concile.  Il 
féliciroic  le  Cardinal  Madruce ,  de  ce  que  le  Pape  avoir  choifi  fa  ville  pour 
y  adcmblec  les  Pères  difperfés  &  errans.  Puis  s'adreflTanc  aux  Prélacs ,  il  leur 
die  :  Qu'ouvrir  les  portes  du  Concile ,  c'écoic  ouvrir  les  portes  du  Ciel  » 
d'où  dévoie  defcendre  l'Eau  vive  pour  remplir  la  Terre  de  la  fcience  du  Set- 

Jrneur.  Il  exhorta  les  Pères  k  ouvrir  leurs  cœurs  comme  une  terre  aride  pour 
a  recevoir  >  &  à  s'amender  \  Se  il  ajouta  :  Que  s'ils  ne  le  faifoient  pas  » 
quoique  leurs  cœurs  demeuradènt  toujours  vicieux  &c  corrompus ,  le  Saine 
Êfprie  ne  laifleroir  pas  d'ouvrir  leurs  bouches,  comme  celles  de  Caîphc  &  de 
Balaam  \  de  peur  que  fi  le  Concile  erroit ,  l'Eglife  ne  tombât  avec  lui  dans 
l'erreur.  Il  les  conjura  de  fe  dépouiller  de  toutes  fortes  de  pallions  >  pour 
pouvoir  dire  à  jufte  titre ^  ^  lia  fembli  bon  au  Saint  Efprit  &  à  nous.  Il  § 
invita  la  Grèce  ,  la  France ,  l'Efpagne ,  l'Italie ,  &  toutes  les  Nations  ^S* 
Chrétiennes  à  cette  efpéce  de  Noces.  Enfin  s'adretlant  à  Jefus-Cbrift ,  il  le 
pria  par  l'intercefiion  de  S.  Figilè  Patron  du  païs  de  Trente  >  d'afiifter  i  ce 
Conale. 


Aâ.3cv; 


très  chofes.  A  ce  qu'avoient  dit  les  Légats ,  que  fans  une  reconnoiflànce  fin« 
cére  &  intérieure  de  fes  fautes  y  c'étoit  en  vain  qu'on  invoqueroit  le  Saine 
Efprit ,  on  oppofbit  comme  une  impiété  à  une  maxime  pleine  de  vérité  & 
de  piété  ce  quavolt  dit  rEvèque,  que  fans  cette  repentance,  quoique  l6' 
cœur  des  Pères  reftât  plein  du  mauvais  Efprit ,  l'Efprit  Saint  ne  laifleroir 
pas  de  leur  ouvrir  la  bouche  &  de  parler  par  leur  voix.  On  trouvoit  de  ror- 
eueil  à  avancer ,  comme  avoit  fait  l'Evoque ,  que  fi  ce  peu  de  Prélats  tom« 
TOit  dans  l'erreur  y  toute  l'Eglife  erreroit  avec  eux  \  comme  s'il  n'y  avoic  pas 


p.  Maïs  on  jugea  fin  dljfiremment  du 
Htfcours  de  l*Evique  ,  que  tout  le  monde  taxa 
de  vanité  d*  d'une  fou ffi  parade  détoquence»  ] 
Le  Cardinal  PaUavicin  s'ttenà  fon  au  long 
pour  joftifier  ledifcoors  de  cel^lar.  Mais 
Ton  peur  dire  9  qaesM  y  aqaelqœchofede 
tolérable  ,  on  ne  faaroir  défavoaer  do  moins^ 
qu'il  ne  fok  plein  de  ces  Concetti  Italiens , 
audi  éloignés  de  la  jufteflè  qoede  la  véritable 
éloquence  \  &  que  la  plupart  des  pen(éef  n*en . 
ibient  Rafles ,  les  louanges  ootiées  ^  les  aU 
lofions  pxo&nes^  &  les 


cuîfs.  Ainfi  la  cenfure  que  &it  iciPaUavîeut 
du  jugement  de  Fra-Paolo  »  ne  fait  nul  hon* 
neur  au  (ien ,  &  nrrontre  qull  n  7  a  que  le 
defîr  de  contredire  ce  célèbre  Hiftorien  ^ 
qui  kii  fa^Iè  juflifier  on  difcours  que  tous? 
les  gens  fenfe  condamnent ,  &  que  lui-' 
même  n'ofeToîc  tout  à-fait  approuver.  C'eAr. 
ce  qui  a  fait  dire  au  Continuateur  de  M^ 
FUury  ^qarptefqiie  tous  les  AJJiftansbUme^ 
rent  ce  difcours  ^  6^  que-  tous  ceux  qaf 
Orient  du  bon  fens  en  furent  indipiés. 


zio       HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  o  3C  L  V.  ea  de  G>nciles  de  fept  cens  Evêques  qui  avoienc  erré  »  fans  que  l'Eglifi: 
Paul  IIL  fççûj  [^^^  doctrine.  D'autres  ajoucoienc  :  ^  Que  ce  fencimenc  même  ne 
y  '  s  accordoic  pas  avec  la  doûrinedela  G>urde  RomCf  qui  n'attribue  l'In- 

i4t^x   faillibilitc  qu'au  Pape ,  &  ne  la  donne  au  Concile  qu'en  vertu  de  la  con- 
firmation du  Pape.  On  irairoit  d'imprudence  &  de  peu  refpedkueufè  la  com- 


phème  lapplicacion  que  TEvêque  avoir  faîteau  Pape  de  ces  parolei 

cure ,  que  Jefus-Chrift ,  ou  (a  doârine  qui  cjl  la  lumière  du  Père  >  ayane 
foru  dans  U  monde  ,  les  hommes  avoicnt  prifiri leurs  ténèbres  à  ceue  lumière  \ 
(Se  l'on  eût  défilé  au  moins ,  qu'il  ne  fe  fut  pas  fervi  des  propres  expreflionft 
ide  l'Ecriture ,  pour  ne  pas  paroître  ouvertement  la  traiter  avec  tant  d'irré^ 
vérence* 
lis  ligMtt'    XXIX.  Q  U  O I  d  u'  O  N  eut  fait  l'ouvcituce  du  Concile  ^  les  Evcques  qui 
tânjultent le  itoxztii  i  Trente,  ni  les  Légats  eux-mêmes  ne  fai^oienc encore  ni  de  quoi  » 
P«^y«r     ^^  jg  quelle  manière  on  devoir  traiter.  Ceux-ci  joignirent  donc  au  compte 
thojh!'      qu'ils  rendirent  au  Pape  de  ce  qui  s'étoit  paflc  auparavant ,  une  lettre  donc 
g  Palûv.  L.  toutes  les  parties  méritent  d'être  rapportées.  6  Ils  y  difi^ient  premièrement  : 
6.  Cl.       Qu'ils  a  voient  remis  la  féconde  Seifion  au  lendemain  des  Rois ,  comme 
^^^"iZo  ^  ^  Wï*  terme  qu'on  ne  pouvoir  taxer  ni  de  trop  court  ni  de  trop  éloigné ,  afîa 
i4*.N  8.  ^^»îl5  cuflènt  le  tems  d'être  avertis  comment  ils  dévoient  fe  gouverner 
dans  les  autres  Seflions  s  Se  qu'ils  demandoient  fur  cela  des  lumières  dont 
ils  avoient  befoin  :  Que  comme  ils  auroient  à  écouter  à  toute  heure  diver* 
fes  propofitions ,  dont  ils  n'auroient  pas  le  tems  de  donner  avis  ou  d'atten- 
dre la  réponfe ,  ils  fuppUoient  le  Pape  de  leur  envoyer  l'Inflruâion  la  plus 
détaillée  qu'il  feroit  imjpoûible  :  Qu'ils  defiroient  fur-tout  d'être  inftruirs 
de  la  manière  dont  ils  dévoient  fe  conduire  dans  la  forme  de  procéder ,  de 
propofer,  &  de  réfoudre ,  &  des  matières  dont  ils  dévoient  traiter.  Ils  de- 
mandoienr  fpécialement  :  Sx  l'on  commenceroit  par  traiter  des  HéréHes ,  Se 
s'il  falloir  le  faire  en  général ,  ou  en  parriculier  :  Si  l'on  devoir  condamner 
les  erreurs  >  ou  les  perfonnes  des  principaux  Hérétiques  \  ou  s'il  falloir  faire 
l'un  &  l'autre  enfemble  :  Si  les  Prélats  propofant  quelque  point  de  Réfor- 
mation  >  a  quoi  il  fembloit  que  chacun  étoit  porré ,  on  devoir  en  rraiter  con- 


f  1.  Enfin  l'on  regardait  comme  un  blaf* 
phème  V^qflication  que  FEvcque  avait  faite 
au  Pape  de  ces  paroles  de  l* Ecriture  ,  &c  ] 
Rien  n  écoiteSedivemenc  plus  profane  qa*a- 
ne  telle  application.  Pallavicin  pour  Tezcu* 
fer  prétend ,  que  l'Evique  de  Bitonte  n*a 
point  ici  nommé  le  Pape  >  &  que  le  moe 
Papa  en  cet  endroit  n*eft  qu  une  particule 
d'admiration ,  &  non  un  nom  paniculier* 
Mais  comme  il  prévoit  bien  que  cette  ez-* 
cufe  n*eft  pat  d*une  évidence  à  (âtisfiûre 
tout  le  monde ,  il  convient  à  la  fin  qu'il  eft 


aflêz  viaifèmblahle ,  que  (bus  cette  équîvo* 
que  le  Prélat  a  voulu  nire  allufion  an  Pape  » 
6c  il  juftifieainfi  Fra»Paolo^  apris  avoir  £uc 
(es  efforts  pour  le  convaincre  ou  d'ignorance 
ou  de  malice.  Car  en  accordant  même  qu'il 
ny  a  ici  qu'une  (impie  allufion  >  ce  qui  me 
paroit  peu  conforme  à  la  conftruûion  »  on 
conviendra  du  moins  que  l'allufion  eft  tont- 
9Mx  profiine ,  &  que  c'eft  «  comme  nous 
l'avons  dit ,  une  de  ces  pointes  Italiennei  : 
toat-à-£ût  oppofifes  à  Ja  jufteffe  &  an  boq 
fens. 


D^E    TRENTE,  Livre    II.  zyi- 

joîntement  avec  les  Dogmes  ;  ou  s'il  falloit  le  faire  devant  ou  après  :  Si  le  md  xx  va' 
Concile  devoir  donner  avis  de  fon  ouverture  aux  Princes  &  aux  Peuples  »  Se  .^^*^^^ 
inviter  les  Prélats  &  les  Princes  i  prier  Dieu  pour  fon  heureux  fuccès  ;  ou  ■•■■■"■■■• 
£  le  Pape  le  feroit  lui-même  :  En  quelle  forme  on  écriroic ,  ou  Ton  feroit 
céponfe  ;  &  de  quel  cachet  l'on  fe  ibrviroit ,  fi  Ton  avoir  à  écrire  :  De 
quelle  manière  feroient  conçus  les  Déaets  :  Si  les  Pères  dévoient  paroîtte    .  ' 
prendre.  connoifTance  du  Colloque  &  de  la  Diète  qui  dévoient  fe  tenir  ea 
Allemagne  »  ou  s'ils  difllimuleroient  :  Enfin  s'ils  dévoient  procéder  vite  ». 
ou  lentement  »  tant  à  déterminer  les  Sefiions  »  qu'à  propofer  les  matières* 
Ils  avertiflbient  en  même  tems  le  Pape  du  defièin  de  quelques  Prélats  >  ^  qui  If  Pallar.  L 
vouloient  qu'on  opinât  par  Nations  *,  prétention  qulls  r^rdoient  conune  ^«  ^  4« 
féditieufe ,  &  propre  à  foulever  chaque  Nation  l'une  contre  l'autre  >  6c  qui  ' 
rendroit  inutile  le  grand  nombre  a  Italiens  >  qui  étoient  plus  attachés  au 
Saint  Siège ,  puifque  qu'^n  quelque  nombre  qu'ils  fiifiènt  >  toutes  leurs', 
voixenfemble  ne  feroient  pas  comptées  poturplus  que  celles  des  François» 
des  Efpagnols  >  des  Allemands  »  qui  étoient  u  peu  en  comparaUbn  des  au- 
tres. Ils  difoient  encore  3  qu'ils  avoient  entrevu  que  quàques  perfonnes 
avoient  envie  de  difputer  Tautorité  du  Concile  Se  du  Pape ,  chofe  dange« 
reufe  >  qui  pouvoit  faire  naître  un  Schifme  entre  les  Catholiques  mêmes  y 
&  que  dans  la  Congrégation  du  1 1  >  tous  les  Prélats  avoient  infifté  nnani<* 
mement  à  voir  la  Bulle  de  leurs  pouvoirs ,  ce  qu'ils  n'avoient  pu  éludée 

3u'avec  beaucoup  d'adrefle,  ne  facnant  pas  encore  comment  on  devoit  prend- 
re leur  Préfidence  ,  8c  jufqu'â  quel  point  Sa  Sainteté  vouloit  l'étendre. 
Ils  demandoient  aufli ,  qu'on  établît  des  poftes  de  Trente  i  Rome ,  afin  que 
tous  les  jours  &  â  toute  neure  ils  puflènt  donner  &  recevoir  les  avis  9  que 
les  conjonâures  rendroient  nécellaires.  Ils  prioienf  qu'on  leur  envoyât 
quelque  ordre  fur  la  prefféance  des  Ambafladeurs.  Enfin  ils  demandoient  de 
œ  l'argent,  les  1000  écus  qu'on  leur  avoir  envoyés  quelques  jours  aupara- 
vant ayant  été  dift'ribués  à  de  pauvres  Evèques* 


vie  &  leur  conduite  >  &  de  celui  qu'ils  dévoient  faire  obferyer  dans  leurs  des  chofit 
familles.  On  dit  beaucoup  de  chofes  contre  l'abus  introduit  principalement^^^  iniptr* 
â;  Rome  »  où  les  Prélats  ne  portoient  leur  habit  propre  que  dans  les  cérémo-  ^f^^t!*    r  . 
monies.  »  Se  étoient  revêtus  par-tout  ailleurs  comme  les  Séculiers.  On  cen-  ^.  c.  4. 
fura  également  le  luxe  &  la  mal-propreté  dans  les  habillemens.  On  y  parla  Rayn. 
auffi  beaucoup  de  l'âge  des  domeftiqucs  \  mais  on  ne  régla  rien  ,  &  on  rcn-  N®  41. 
voya  le  tout  à  une  Congrégation  qu'on  indiqua  pour  Iç  11 ,  &  qui  fe  pafla  ^'^'"7»  ^. 
auffi  toute  entière  i  dilojurir  fur  de  pareilles  cérémonies  ,  fans  conclurre*^**      ^' 
autre  chofe ,  finon  qu'il  falloit  principalement  réformer  Tefprit  5  parce  que  ' 
û  chacun  fe  propofbit  de  vivre  d'une  manière  convenable  à  fa  profeffion  8c 
de  travailler  à  édifier  les  peuples  >  il  verroit  bientôt  ce  qu'il  y  avoic  à  réfoc-:' 
joer  en  lui  &  en  ia  famille. 


iji  HISTOIRE    DU    CONCILE 

Paul,  III. 


U0  z  1 V.       Le  Pape  ayant  reçu  avis  de  l'ouverture  du  Concile ,  établit  une  Congré- 


gation de  Cardinaux  6c  d*Officiers  de  fa  Cour  ,  pour  veiller  fur  ce  qui  fè 
pafToit  dans  cette  AfTemblée  &  en  diriger  les  démarches.  Puis  ayant  délibéré 
k  Pallar.  ^^^^  ^^^  ^^^  ^^  lettre  des  Légats  »  ^  &  voyant  que  les  affaires  n'étoient  pas  en<- 
L.  5.  c.  i^.  core  dans  un  état  où  Ton  pût  difcerner  clairement  de  quelle  matière  on  de- 
/  Rayn.    voit  traiter,&  quel  ordre  on  devoir  fuivre,il  leur  fit  répondre  :  ^  Que  le  Syno- 
^^  47«       de  n'avoir  pas  befoin  d'inviter  les  Princes  &  les  Prélats  au  Concile  >  ni  de 
^^^o      ft  recommander  aux  prières  des  peuples  ,  puifqu'il  avoir  fait  fuffifamment 
^'  Tan  ôc  l'autre  lui-même  par  fes  lettres  de  convocation  &  la  Bulle  du  Jubilé 
qu'il  avoit  publiée  :  ^  ^  Qu'il  n'étoit  pas  néceflaire  non  plus  ^  que  le  Concile 
écrivît  à  perfonne ,  les  Légats  le  pouvant  faire  au  nom  ce  tous  :  Qu'à  l'égard 
de  la  manière  de  dreflèr  ks  Décrets  ,  on  devoir  commencer  par  cette  For<« 
mule  ,  Le  Saint  Concile  Oecuménique  &  Générai  de  Trente  y  Us  Légats  du 
Siège  Apojlolique  y  préfidam  :  ^^  Quepour  la  forme  de  voter ,  ils  avoient 
d'autant  plus  de  raifon  de  ne  point  foufirir  qu'on  le  fît  par  Nations  »  que  cet 
ufàge  n*avoit  aucun  exemple  dans  l'Antiquité  ;  qu'on  ne  l'avoir  introduit 
<^ue  dans  le  Concile  de  Conftance ,  &  qu'il  n'avoir  été  fuivi  que  par  le  Con« 
cile  de  Baie  ,  qu*on  ne  devoir  pas  imiter  ;  mais  qu'il  falloit  fuivre  l'ordre 
du  dernier  Concile  de  Latran ,  comme  le  plus  propre  &  le  plus  convenable  » 
ic  qu'on  pouvoir  par  cer  exemple  fermer  la  bouche  à  quiconque  en  propo- 
ièroit  un  autre  ;  Qu'à  l'égard  de  la  condamnation  des  Hérétiques ,  des  ma-* 
rières  dont  on  devoir  rraiter ,  &  de  routes  les  autres  chofes  fur  lefquelles 
ils  demandoient  des  Inftruâions ,  on  les  leur  envoyeroir  lorfqu'il  en  feroic 
tems;  &  que  cependanr,  à  l'exemple  des  aurres  Conciles ,  ils  pouvoienc 
s'arrêter  pendant  quelque  tems  à  régler  les  préliminaires  :  Qu'ils  devoienc 
foutenir  l'honneur  de  la  Préfidence  avec  route  la  dignité  qui  convenoir  à  des 
légats  du  Saint  Siège ,  ic  tâcher  en  même  tems  de  fatisfaire  autant  (ju'ils 
pourroient  tout  le  monde  t  fans  rien  omettre  cependant  de  ce  qui  feroit  né- 
cefTaire  pour  empêcher  que  qui  que  ce  fût  ne  fortît  des  bornes  d'une  hon« 
nêté  liberté ,  &  du  refpeâ  qu'on  devoir  au  Saint  Siège.  Et  comme  ce  qui 
pre0bit  davantage  étoit  de  ioulager  les  Prélats  pauvres  pour  les  mettre  en 
—  étac 

f  ) .  Qu*il  nétoitpas  niceffaîre  non  plus  ,  etiam  fummam  in  to  perducendo  auâorltM^ 

jpii  le  Concile  écrivit  à  perfonne,  ]  Ce  n'eft  tem  prœferre  appareat  ;  &  tribus  Legatorum 

pas  là  le  véritable  fens  de  la  rcponfe  ,  &  le  Jigiliis ,  velfaltem  primi  ,  muniantur. 

Pape  marqaoic  amplement ,  que  les  lettres  5-4.  Que  pour  la  forme  de  voter  ,  ils 

qai  feroient  écrites  par  le  Concile  dévoient  avoient  d* autant  plus  de  raifon  de  ne  point 

être  lignées  au  nom  feul  des  Légats  &  du  fouffrir  qu'on  le  fît  par  Nations  ,  que  cet 

Pape ,  &  fcellées  des  cachets  ou  des  trois  ufage  ,  Sec.  ]  Cétoit  bien  la  réfolarion  de 

Légats  ,  ou  du  premier  d*entr*eur.  Litera  Rome  ;  mais  ce  ne  fut  pas  alors  qu*on  la 

&  fcriptura  ,  (çua  nomine  Concilii  expi-  fit  favoir  aux  Légats  ,   qui  s'étoient  con- 

diendcc  erunt ,  etiam  nomine  Legatorum  uti  tentés  d'indiquer  le  foupçon  qu'ils  avoient 

Prœfidcntîum ,  6»  Pontifias  uti  ab  illis  re-  que  quelques  Evêques  le  demanderoienc* 

prœfentatiy  confignentur  ;ita  ut  non  folhm  Cette  réponfc  ne  filt  envoyée   que  longr 

Pantifex  Concilii  convocandi  au&or  ,  fed  tems  après» 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  y  n  B   IL  133 

état  de  foutcnir  les  dépenfes  jiéccflaircs ,  le  Pape  ^  donna  un  Bref  par  le-  m  ©  x  t  r* 
quel  il  excmtoic  tous  ceux  qui  viendraient  au  Concile  de  payer  les  décimes  ^^"^  ^^ 

E;ndant  qu  ils  y  aflifteroient ,  Se  leur  accordoit  pendant  leur  abfence  de 
urs  Egliles  tous  les  fruits  &  les  émolumens  qu'ils  enflent  perçus  s'ils  euf-  j^  *  ^' 
fent  été  préfens.    Il  envoya  outre  cela  zooo  ecus  aux  Légats  pour  diftri*  Rayn.  ad 
buer  aux  Prélats  pauvres,  avec  ordre  de  ne  s'en  point  cacher-,  puirqueafi..z54^. 
quand  on  le  fauroit ,  on  ne  pouvoit  regarder  cette  générofité  que  comme  ^^  3* 
un  devoir  de  charité  ôc  de  bienveillance  »  qui  convenoit  bien  â  un  Chef  da 
Concile. 

XXX.  Pour  éclaircir  pluCeurs  chofes  que  nous  avons  déjà  dites  »  &   ^ifi^xf^ns 
beaucoup  d'autres  que  nous  aurons  encore  occafion  de  dire  fur  la  manière  if  ^JV  , 


trouve 
Bornât 


c  hdi.  XV. 


'ufage  qu'on  fuit  aujourd' 
gue  de  raflèmbler  toute  TEglife  pour  traiter  au  nom  de  Dieu  des  affaires  A**^*^'/*^^ 
toit  de  doÂrine  i  foit  de  diicipline.  Les  Apôtres  en  donnèrent  l'exemple ,  ,^  I^^^Jj^ 
foit  dans  l'éledfcion  de  Matthias ,  foit  dans  celle  des  fept  Diacres  s  &  les  j^,  igg  ^. 
Conciles  Diocéfains  ont  aflèz  de  rapport  à  ces  premières  Aflèmblées.  L'on  dens  é*  /«' 
de  même  dans  l'endroit  des  A£tes  où  il  eft  rapporté  ^  que  Paul  &  nouvemux. 
c  avec  d'autres  Fidèles  vinrent  de  Syrie  à  Jéru{alem  confulter  les  "  ^^"  î;i* 
Apôtres  &  les  Difciples  qui  s'y  rencçntroient  3  fur  la  queftion  des  Obfet* 
yances  de  la  Loi  :  l'on  v  trouve  »  dis-Je  »  un  exemple  célèbre  des  Conciles  » 
ui  s'aflembloient  de  différens  lieux  tort  éloignés  >  pour  conférer  en/emble 
es  matières  de  Religion.  Car  quoique  l'on  puifle  dire  que  ce  fut  un  re- 
cours des  Eglifes  nouvelles  des  Gentils  à  l'ancienne  Eglife  Matrice  ,  d'où 
la  Foi  leur  avoir  été  apportée , .(  ufage  qui  dura  longtems  dans  ces  premiers 
fiècles ,  &  qui  eft  fouvenr  attefté  par  S.  Irénéc  &  Ttrtullicn ,  )  &  que  la 
lettre  qui  leur  fut  écrite  ne  l'ait  été  que  par  les  Apôtrts^  les  Anciens  ^  le^ 
Frires  de  TérufaUm  ;  néanmoins  comme  ils  ne  parlèrent  pas  feuls ,  &  que 
Paul  &  Barnabe  y  parlèrent  comme  les  autres  ,  on  peut  avçc  raifon  don- 
ner â  cette  Aflemblée  le  nom  de  Concile,  f  ^  C'eft  a  cet  exemple  que  les 


t 


s  s»  Ctft  à  cet  exemple  ,  que  les  Evcques 
quîfuccéderent  aux  Apôtres  ,  regardant  tour- 
tes Us  Egiifes  Chrétiennes  comme  unefeuU 
Eglife ,  &  tous  les  Evêchés  comme  unfeul , 
&c.  ]  Rien  n*e(l  fi  jafte,  que  ce  qu'avance 
ici  Fra-Paolo.  Mais  comme  la  politique 
Italienne  ne  s*accnmmode  pas  de  cette  Théo- 
logie j  PalLavicin  L.  6,c.  5.  a  recours  aux 
fubtiliccs  or.linairesdes  UUramontains  pour 
i:luder  la  confcquence  que  tire  ici  fon  ad- 
verfaire  de  Tautoricé  de  5.  Cyprien ,  &  dit 
que  ce  Père  dans  Tcgalité  de  puiiîànce  qu  il 
reçonnoîtdans  les  Apôtres  Wenfeigne  autre 
çbpCc,  iînoi>  qije  cette  puiflàncc  ctoit  ordi- 

Tpme  U 


naire  dans  S*  Pierre ,  8c  devoît  paflèr  à  Ces 
fuccedêun  s  au  lieu  que  dans  les  autres  elle 
étoic  extraordinaire,  &  nctoit  que  pour  eux 
feuls  :  &  que  d'ailleurs  cette  igalité  de  poif^ 
fànce  n'empichoit  pas  que  tous  les  Apôtres, 
ne  fufTent  fournis  à  5.  Pierre.  Mais  la  (èole 
leâure  du  texte  de  S. Cyprien  démontre  évir 
demment ,  que  cette  interprétation  efl  con- 
traire aux  paroles  de  ce  Père ,  qui  fuppofë 
clairement  que  les  Evèques  font  les  fuccef- 
feurs  des  Apôtres ,  de  la  même  manière 
que  les  Papes  le  font  de  S.  Pierre  ;  8ç  que 
les  uns  &  les  autres  hcrirent  du  mèipe  pou« 
voir  qui  étoit  dans  ceux  auxqqets  ils  focç^ 

Gg" 


1J4       HISTOIRE    DU    CONCILE 

iiDZLT.  Evëqucs  qui  fuccéderenc  aux  Apôtres,  regardant  toutes  les  Egli(es  Chré- 

Paul  IIL  (ienncs  comme  une  feule  Eglile  ,  &  tous  les  Evèchés  comme  un  fcul , 

■  dont  chaque  Evèque  tient  une  portion  ,  non  comme  quelque  chofe  qui  lui 

appartienne  en  propre,  quoique  l'infocâion  en  foit  fpécialemenc  recom^ 

mandée  à  fes  foins ,  mais  que  tous  doivent  gouverner  folidairement  en 

^Pallav.L commun,  comme  ledit  (î  bien  S.  Cyprien  P  dans  fon  excellent  OuvraK 

é. c  3.       deCUnitidc  rEglifc;  c*eft  à  cet  exemple,  dis-je,  que  les  Evcques  s's3l 

ièmbloient  comme  ils  pouvoient ,  même  dans  le  rort  clés  perfécutions ,  pour 

g)urvoir  en  commun  aux  befoins  particuliers  des  ^lifes,  C'étoient  Jefos- 
hrift  &  le  Saint  Efprit  qui  préiidoient  i  ces  Aflemblées  \  &  comme  les 
C (lions  humaines  n'7  avoient  aucune  part ,  mais  la  charité  feule,  on  déli- 
roit  &  on  rég.loit  ce  qui  convenoit  félon  les  occurrences ,  fans  cérémonicf 
&  fans  aucunes  formules  fixes  &  déterminées.  Mais  la  charité  fe  trouvant 
altérée  dans  la  fuite  des  tems  par  le  mélange  de$  vues  humaines ,  commt 
il  étoit  néceffaire  de  mettre  quelque  ordre  ^ns  ces  AflèmMéçs ,  ccloi  qui 
paroiflbit  le  plus  diftingué  par  fa  doâtine  ou  par  la  grandeur  dç  fa  ville  » 
ou  la  dignité  de  fbn  EgTife ,  ou  par  quelque  autre  forte  de  confidération  9 
fe  charg^it  d'en  diriger  la  forme  ,  de  propofer  les  matières,  &  de  recueil- 
lir les  avis.  Ainfi  fe  conduifîrent  les  cbofes  jufqu*à  ce  qu'il  plût  â  Dieu  it 
donner  la  paix  aux  Fidèles ,  &  d'attirer  si  la  Foi  les  Empereurs  Romaim. 
Alors ,  comme  il  s'éleva  plus  fbuvent  des  difficultés  par  rapport  tant  i  la 
DoArine  qu'à  la  Difciphne ,  &  que  ces  difficultés ,  rottientées  par  Tambi- 
tion  &  les  paffions  criminelles  de  ceux  qui  les  avoient  ou  excitées  ou  en- 
tretenues, troubloient  le  repos  public  ;  '^  on  vit  naître  une  autre  font 
d' Aflemblées  Epifcopales  convoquées  par  les  Princes  ou  leurs  Officiers  » 
pour  apporter  quelque  remède  aux  troubles.  ^7  Ces  fortes  d'Aflèmblées 


dent  dans  radminiftncion  des  Eglifes.  Ce 
n'eft.pas  au  xefte ,  que  pour  conlerver  l'a- 
nicé  &  le  bon  ordre ,  l*Eglife  n*aic  jugé  à 
propos  d'établir  une  certaine  fobordination 
entre  les  Evtques.  mêmes ,  &  que  cette  fu- 
bordination  ne  (bit  établie  (br  de  légitimes 
fendemens.  Mais  elle  n'a  jainais  empêcha 
que  dans  toos  les  befbins  communs  les  Eve- 
ques  ne  (è  foient  cru  en  droit  de  pouttoiren 
comman  aux  néceffités  de  la  Religion  s  &le 
Pape  n*a  en  cela  aucun  antre  privilège  que 
celui  que  donne  le  crédit  &  Tantorité  d'on 
grand  Siège  à  tous  ceux  qui  ont  eu  rhonneur 
07  fttre  placés. 

S  6,  On  vit  naître  une  dutre  forte  éTA/- 
fembUes  Epifcopales  convoquées  par  les  Prin- 
ces ou  leurs  Officiers  ,  pour  apporter  quel- 
que remède  aux  troubles.  ]  Ce  n'étoient  pas 
les  Aflemblées  d'une  feule  Pxorince ,  puifque 


depuis  qu'on  eut  formé  un  corps  réglé  de 
Dircipline  ,  elles  s'aflèmbloient  régulière- 
ment (ans  le  concours  des  Princes.  Mais 
l'Auteur  parle  ici  d'autres  AfTemblées  extiti- 
ordinaires  ,  qui  convoquées  de  difSrentes 
Provinces  ne  pouvoient  être  ordonnées  par 
des  Evêques ,  qui  n'avoient  nulle  jurifiliâiott 
les  uns  fur  les  autres ,  &  ne  pouvoient  par 
conféquent  s'aflèmbler  que  par  l'autorité  des 
Princes  ou  des  Magifhats  y  (bus  la  jurif^ 
didion  defquels  ils  vivoient. 

;7.  Ces  fortes  d'jijfemhlées  fitrent  dirî^ 
gies  par  les  Princes  ou  les  Magiftrau  qui 
les  avoient  convoquées  ,  &  qui  y  ajffîftoient 
eux-mêmes  propofoient  les  madères,  &c.  ] 
Cela  paroît  fenfîblement  par  les  Aéles  des 
Conciles  d'Ephcfe  ^de  Chalcédoine ,  où  tour 
ce  qui  regardoit  la  police  extérieure  de  ces 
Conciles  ttoit  réglé  par  les  Miniftres  des 


DE    TRENT  E,  Livre   II.  ijjr 

ftu€nc  dirigées  par  les  Princes  ou  lès  Màgiftracs  qui  les  avoîent  convo-  m  d  se  l  ▼. 
quées  »  Se  qui  y  a(£ftoienc  eux-mêmes  ^  propofoient  les  matières  ,  en  diri-  ^^^"^  ^^f* 
geoienc  h  forme ,  ôc  jugeoienr  interlocucoiremenc  les  différends  qui  naif-..        .  .. 
foienc  ^  xn^s  en  abandonn^m  à  l'avis  généra  deTAlIèmblée  la  décinondu 
point. pripàpal  qui  faifoic  le  fi^jpc  de  fa  Convocation.  Telle  eft  la  forniè 
.qui  fe  voie  pratiquée  dans  les  Aûfcs  des  Cpnciles  q^i  qpus  relient  de  cts 
4çms»  On  pçut  en  doqnçr  pour  exemple  la  Çopférei^c^  des  Catholiques  éc 
4ks  Votmmts  en  préience  de  MarulUn^  &c  plufieurs  gune^.  Mais  pour  ne 
parjier  que  4^s  Concile^  Cénéraux  %  9  on  peut  voir  cecte  même  forme  ob- 


'Empecei 

4aQS  le  Concile  de  Conftantinople  in  TruUç  deyanjt  Conft^ntin  Pogonat , 
i^  ouïe  Ptince ou  te  Magiftrat  qui  y  préfidoient,  pcefcri voient, ce  donc  U 
^dloic  traiter  »  &  l'ordre  qu'on  devoir  Cuivre ,  maïquoicnt  ceu^  qui  der- 
jroieor  parler  ou  &  c^ire  9  &  décidoienr  JLes  diffécends  qui  ^rrivpient  en  ces 
ibrtes  de  cjbpfes.  C^nfUmin  &  Thi^ojfi  en  u^é;:ent  de  mêcpj:  dans  lê  pre« 
mier  Concile  de  Nicée.dc  le  (bcond  de.  C^jDltantinppjc  >  CQmme  rattdtêpt 
les  Hiftpcicns  de;çes  tems  au  défaujt  de$  A^es  ^  qui  ne  nous  en  reftenr  p|u5« 
Mais  loriquçdaos  ces  n^mes  cen^  lés  Evcques  s'ailèmblpient  d'eux- me- 
nées ,  ces  peribnnes  ne  s'y  meloient  pas  ^  u>ais  l'un  des  Evêques  dirigeoit 
rAflemblee  »  &  la  dédfion  fe  formoit  iiir  l'avis  commun  de  tous.  Quel- 
ouefois  ces  Synodes  ne  cenoienr  qu'une  Séance  »  parce  que  la  matière  ne 
oemandoic  pas  beaucoup  de  difcufSon  ;  &  d'auqres  fois  la  multiplicité  ou  la 
difficulté  des  chofes  dont  on  avoit  à  traiter  prolongeoit  les  délibérations , 
jfc  obiigeoic  d*eu  conférer  pluCenr^  fois  avant  que  de  fe  féparer ,  &  ces  dif- 

Emperean ,  ou  par  les  Emperecurs  eax-mè-  comme  le  dit  Fra  -  Paolo  auparavant ,  Us 

ines,  qui  alnndpnnpient  pounant  aux  Eve-  abandonnaient  à  l'avis  général  de  l'Affem- 

qaes  fieuls  la  déciSonJes  poincs^de  doârine  blée  la  décifion  du  point  principal ,  qui  fat" 

.  poqr  lesquels  ils  Soient  aflèmblés.  Ce  n*eft  fait  le  fujet  de  fa  convocation.  C'eft  donc 

gaètes  que  dans  les  Conciles  d'Occidé];it ,  une  fupercherie  ao  Cardinal  Pallavicin  de 

tgoe  les  Papes (è  (ont  attribnétoate raùcbrîté  rîier  du  fetis équivoque  du  mot  préfider^nn^ 

qu'ils  exercent  aujourd'hui  dans  ces  Atfèm-  confêanénce  contre  l'onhodoxie  de  notre 

1)14^  g^érales  ,  &qàç.ia  divifion  de  l*Em-  Auteur ,  qui  ne  dit  ici  que  ce  qui  (ê  con- 

piie  en  plulteun  Principautés  indépendantes  firme  évidemment  par  la  leéhire  des  Aâes 

Ûnr  a  donné  occafion  de  s'approprier  à  Tex-  de  ces  Conciles  ^  &  qui  ne  parle  ni  de  pré- 

dufion  des  Princes,  cm  jaloux  les  uns  des  (ider  aux  décifions,  ni  même  d'7  donner 

autres  ont  mieux  aimé  laiflèr  ce  pouvoir  aux  leun  fuffirages  ,  mais  de  propofer  ce  dont  il 

Papes  que  .de  le  laiflèr  exercer  par  un  d'eux ,  fiUloit  traiter ,  deprefcrire  Tordre  que  l'on 

dont  ils  ne  voaloiem  point  rieçpnnoic^  la  4€voit  f^ûvre ,  &.de  décider  les  conteftacions 

(bpériorité*  qui  regardoient  ces  fones  d'affaires ,  toutes 

$%*  Qu  le  Prince  pu  le  ^/fagifirat  qui  y  chofes  appartenantes  purement  à  la  police 

firéfidoient  ,  prefcrtpoieru  ce  dont  ilfaflpit  du  Concile ,  dont  le  foin  étoit  commis  au 

traiter  ,  Sec.  ]  Ils  préCdoient  à  la  police  Avi  Pïince  ou  à  fes  Officien. 
Concile  1  &  non  a  fes  décifiof^  ,  puKque , 

Ggi 


lié       HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  D  X  L  Y.  fërentes  conférences  produifoient  les  différentes  Seffîons  d'un  même  Con« 
Paul  m.  ^jj^^  On  n'en  confumoit  aucune  en  finiples  cérémonies,  ni  à  publier  des 
"'  chofes  déjà  arrêtées  auparavant  •,  mais  on  prenoit  d'abord  les  avis  fur  les 

matières  en  conteftation  \  &  l'on  appelloic  Aclcs  du  Concile  les  conféren- 
ces ,  Jes  difcuflîons ,  les  difputçs  ,  &  tout  ce  qui  s'y  difoir  ou  s'y  faifoic 
t9  C'eft  un  ufage  toùfc  nouveau  &  rarement  pratiqué  ^auparavant»  que 
celui  qu  on  a  fuivi  à  Trente»  de  ne  publier  que  les  Décrets  du  Concile*  d: 
de  ne  donner  qu'à  eux  fêuls  le  nom  aASes  »  qui  autrefois  fe  donnoir  7  totit 
ce  qui  s'y  paubit.  Il  y  avoir  des**Notaires  pour  recueillir  les  ftifïn^esL 
Quand  un  Evcque  opinoit  fans  être  contredit  de  perfonne  »  on  ne  marquoit 
point  fbn  nom  en  particulier  »  mais  on  fe  fervoit  de  cette  formulé ,  Le  S  mit 
Synode  a  jugé;  &  quand  la  pluralité  fimplemient  étoit  de  même  avis ,  i9p 
éhonçoit  ainfi  ta  chofe  ,  Les  Eviqacs  ont  diclarl  &  affirmé ,  fie  cela  paflbic 
pour  une  décifion.  Mais  s'ils  ne  s'accordoient  pas ,  Ton  marquoit  lés  avis 
contraires  avec  les  noms  de  leurs  Auteurs  ;  &  les  '  Juees  ou  les  Préfidens 
décidoient.  ^^  S'il  arrivoit  quelquefois '^ne  par  inhatÊileté  quelqu'un  dé^ 
bitat  quelque  chofe  de  peu  raiibnnable  5  la  charité  »  qui  eft  portée  à  exçiN 
fef  ïcfs  fautes»  chetchoit  à  les  couvrir.  Les  Evdquesde'  la  Provjlnce  6è'£b 
ténoit  le  Concile  3  &  ceux  des  Provinces  voifines  »  étoienr  d'ordinaire' en 
plus  grand  nombre  que  ceux  des  Provinces  éloignées-;  mais  tout  fe  faifok 
fans  jaloùde ,  parde  que  chacun  aimoit  mieux  obéir  que  donner  là  .loix  aux 
autres.  Après  ta  divinon  de  l'Empire  d'Occident  d'avec  celui  d'Orient  ,-on 
conferva  encore  en  Occident  quelques  veftiges  de  l'ancienne  ferme  des 
Conciles.»  &  l'on  en  voit  beaucoup  d'exemples  en  France  &  en  Allemagne 
fous  la  poftérité  de  CharUmagne ,  &  en  Eipagne  fous  les  Rois  Gorhs.  Mzh 
à,  la  fin  les  Princes  s'étant  laiué  exclure  de  la  connoiflfancedes  affaires  Ecclé'- 
iîaftiques,  Tufagc  de  cette  forte  de  Conciles  s'abolit  »  ^'  &  les  Eccléfiafti- 

• 

59.  C'eftun  ufage  tout  nouveau  &  rare"  qaes.  Ceft  (ans  doate  cette  mime  raifon 

ment  pratiqué  auparavant ,  que  celui  quon  qui ,  jointe  à  la  prolixité  des  Ade$  ,  a  fiiic 

a  fuivi  à  Trente  ,  de  ne  publier  que  Us  Dé-  prendre  le  parti  de  né  laiflèr  publier  que  les 

crets  du  Concile ,  &c.  J  Cet  a&ge  n'étoit  Décrets. 

ni  ancien  ^  ni  auili  toat-à-&it  noavean  dans  éo.  S'il  arrivoit  quelquefois  que  par  m» 
le  tems  du  G>ncile  de  Trente»  Çc  01)  en  voit  hahiUté  quelqu'un  débitât  quelque  choft  ie 
aiTez  d'exemples  auparavant  >  furtout  dans  peu  ralfonnable  ,  ècc.  ]  Ceû  le  fens  de  Fra- 
ies Conciles  d*Occident.  Il  ne  paroit  pas  Paolo  y  qui  s'exprime  ainfi  :  Auveniya  fenr 
même  qu'il  fut  fort  utile  de  publier  toutes  [a  dubio  qualche  impertinenj^a  aile  voUeptr 
les  difputes  qui  s  agitoient  entre  les  Théo-  l'imperfettione  d'alcuno  ,  ma  la  caritâj  Sic, 
logiens  >  quoîqu* elles  fidènt  panie  des  Aâes  MaisM.^mr/a/a  alteréce  fensen  traduifànt, 
du  Concile.  Il  eût  été  aflêz  convenable  ,  à  .  qu'il  arrivoit  quelquefois  que  là  décifianfe 
la  vérité  ,  quon  eût  publié  les  Votes  des  rejjentoit  ou  de  lafoibleffe  ou  de  V ignorance 
Prélats.  Mais  on  ne  vouloit  pas  laiflTer  con-  du  Juge.  Car.il  feit  tomber  fur  la  décijîon 
noîtrele  manège  des  Légats ,  &  tontes  les  la  (bible^Te  ou  Tignorance,  que  THiftorien 
divisons  des  Evèques  s  &  c  eft  pour  cela  que  ne  met  que  fur  le  compte  de  quelques-uns 
les  Légats  foufTroient  G  impatiemment  la  de  ceux  qui  opinoient. 
moincLre  oppoCtion  dans  les  Sefllons  publi-  61.  Et  les  Eccléfiàftiqucs  tirèrent  â  eux 


2 nos  tirèrent  iàix  la  cortVocarion  dés  Synodes  que  le  Pipe'  s'attribua  en-  m  û  x  t  v, 
lîtc  à  Jai  fciil ,  en  envoyant  fes  Lé^ts  préfider  par^tout  faù  ils  fe  terioicnt.  ^^"^  ^^^' 
^*  Il  tira  même  à  lui  fcul  le  pouvoir  qu'avoient  exercé  jufqùe-lâ  les  Em-  -^ 

«pereurs  Romains,  dé  convoquer  dei  Conciles  de  tout  l*Empir6,  *  J  &  d*y  pré- 
ficfcr  ou  par  liii-mètnê  bli  çH  foh  isrbfente  par  fes  Eégatis  •;  qui  en  dirîgebicnt 
toutes  lès  démarches.  -  Alors  les  EVîfques  le  trouvant  délivrés  de  la  crainte 
=  des  -Séculiers  qui  les  contfertdicnt  tn  régie .;  &*  les  vlics  mohAainés ,  qui  oflt 
catffô tarit dfedëfoitir«'i'*çrôi(rarit-i  Kj^roduifent  inillc  indécentej's 

*4  rôn  commença  à  chàngéi*  de'fcwmè  &  à  digérer  ké  ixiatières  en  fccret , 
jfowl  pouvoir  çônferver  plus  d*Ofdre  &  de  décence  dans  les  'iéànces  pnbli- 
Œies'/Cetre  forme -fktlTa'airifi  en  ufàge  ordinaire',  &de-là  vint  dans  le^ 
'Côhciles  la  prati^  d^étktlir  dutrfc  fes  SttSotisi  détf  Coii^égàtiohs  dartî- 
cnUeres  de  quelques  Députés ,  charges  d^  di«rër  l'es  matières  avant  qu^ob 
•tes  proposât  à' toute  rAflahbMé'iW'quand  les  n^ières  étoîént  en  hop 
grahd  nombre  <wî de  difiîkent^^efpèafisî,  bh  aflSgtioît  poUr  ce^^diâférihtes 
matières  autant  de  ditfjfrènres  Cksingrégati'onii^-  Mais  comme  cela  ne  fuffifbxt 
pas  encore  pour  prévenir  toutes  fortds  dinconvéniens  ,  parce  qtie  fcéux  qui 
n'avoient  point  afllîfté  i  ces  Ohi^réeation^  particulières  ayant  ibuvent  des 
•yues-ôppofées,  fdrmoicrifén'jmbBé  l^^^  difficultés  s  ^'  ckitrc  ces  àiffé-        ' 

1 

ci  convocation  ^  dès  Synodes  ^  &ç..  ]Lep;4-»    -  ^î'-^f  d'y  prî/^der  ou  par  tui-mcm^^oa         ^ 

texte  en  fut  >  (Jne  la  conhôiflahce  dès  afiàîrë^  énfon  ahfénce  par  fes  Légats,  ]  ;  Avant  la 

«fe  Religion  n*appartenoitpibprement  qu'au  éîvifîon  même  de  TEmpixe  »  lapiéfidence 

Clergé.  Mais  la  n^ifbu réelle écoit^qoe.l'Em-  des  Conciles  na  jamais  été  concédée  ^uz' 

'prelecrouYant  pfigtagéenplufieuTsRJoyâ^  Papes,  lorfqu*ils  s'y  font  trouvés  en  per- 

mes,  il  n 7  avoir  plus  aucun  Prince,^ qui  fonne.  La  chofe  neft  pas  fi  évidente  a Té- 

eât  Irpouvoir  de  convoquer  les  Eyêqùésqili  '  gard  de  leurs  Légats.  Mais  on  ne  peut  pas 

'étaient  (ujets  à  un  autre  ;  de  fotte  que  les  '  cbntèfter  au  moins,  ou  qu'ils  n^ayent  préfidé        • 

Piiiites  Séculiers  fe  trouvant  dépoîftdçs  de  diâns  plufieun',  ou  qu'ils  n^ayénc  partagé  la 

ce  pouVoit  par  les  chan'geiniins'affivé^  daris  préfidence  avec  les  Patriarches  qui  étoîenc 

le  Gouvernement  Civil  ,*  il  paflEi  comme  a  la-  tète  de  ces  Concildf 

•naturellement  entre  les  mains  diès  Ecclé-  '  'é^.Uon  commença  à  changer  de  firme' i 

£afliques ,  qui  y  prétendoient'  d'ailleurs  à  '&  à  digérer  les  matières  enfecret.  ]  Ceft-à- 

•  hiiibff'  des  matiîreiï  qui  s'y  tfaitoiént ,  &  dire,  <btis  des  Congrégations  particulières,    . 

qfrfregardoièniproprerrientlèurprofeflioh.  duîéfultat  defquelle*?  fe  feifok  le  rapport      . 

éi.n  tira  méée  à  lui* fehî  -lé pouvoir  -aujt  Pères.  Mais  il  (emble  que  cette  mé- 

^u*avoient  exercé  jufyue^  là  les  'Empehurs  tirode  ait  été  inventée  plutfic  pour  l'expédi- 

Romains  ,  de  convoquer  des  ConctUs  dttàut  i\on  des  matières,  que  pour  la  décence'} 

l'Empire  ,  &c.  ]  C'étoit  une  con(équence  ptiifque  le  réfultat  de  ces  Congrégations  fe 

néceflaire  de  la  première  altération.  Car  la  confervoit  dans  les  AAes  auffi-bien  que  les 

convocation  des  Conciles  étant  dévolue  au  Décrets. 

Clergé  par  le  changement  imervena  dans  *     6f.  Outre  ceé  différentes  Congrégations 

le  Gouvernement  Civil ,  îl  étoîi  nattwel  que  on  en  établit  avant  là  Sejfion  une  générale 

cet  aéte  d'autorité  fiitf  attribué  au  Pape  ,  —  &  qui  eft  proprement  l'Aflion  du  Con- 

qu  on  a  toujours  regardé  comme  le  premier  cile  ,  Sec»  ]  Celaeft  très- certain  ,  puifque  h 

desEvèques  ,  &  dont  la  jurifdi^ion  étoit  la  Selïîon  n'eft  pfos  qu'une  fîmple  cérémonie, 

plus  étendue.  C'eft  ce  qui  (aifbit  que  les  Légats  trou- 


438       HIÇTQ^RE    DU   <:  O  N  €  l  L  E 

iCBZtT%  rentes  Çongréga^iqns  onjCA  érablitavgnc  U  SelSon  une  générale ,  où  coos 
Paul  UL  les  membres  du  Çoncité  'de?oienc  être  préfens ,  &  .qui  à  bien  coniidérer 
I  l'ancien  uÎTage  eft  propremenc  ÇAUion  du  Concile  9  parce  que  la  Seflion  n*eft 
plus  qu'une  (impie  cérémonie^  pourjpublier  ce  qui  aéré  arrêté*  ^^.llny 
4  guères  plus  4*up  (îécle<»  que,  la  différence  d'incérecs'  m.;nairre  une  cer- 
taine émularion  entre  le^  ^vèques  de  Nations  diflfércnres  »  £ur  ce  que  ceux 
^qui  vepoienr  des  Provinces  éloignées,  &  quiéroienren  periç nombyçe ^  ne 
lmi4ajupaft(elaiflaC:domincr  par  ceux  des  Provincc&ivaiûnes.qui^uucnc 
bien  plus  noimbrep^:^  u  ^ur  pour  mecrre  une  lo^te  d  œaUré^que^h^que 
"TNlaciouVaiTembl&t  ^P^^y  &fprit  fkdéiibéracioa  à  k  c^raliré  dçs  yois^, 
pc  qu'enfuife  ladéunicion  gé»4>^f^:4^:'^îc  i  la  fijlaraurc  jdef  Nario^., 
^  nou  à  ce^le  dc$  pcrf^pqes^-Çfeil  ce  q^vf^^:pb|^ji'dj^  lef  Conciles  cle 
Confiance  &dç  Bale^i^^^. .Maôf  ç^i  pi^<;  qi^.çoavÇf|D^'i^     un  nu9B  (àc 
Ubfccé,  tel  qu'étoit  )çetui'l^  pà.;ii.>ny^voi^  poû^       Pape ,  o^^oiç  ^ai^c 
d!crre  fuivi-i  T^ï^xp^-K^on^^Q^îç^  4^pcQ<ëc  eijitiènçffïcoc 

dej^ome.  C!ç(î  aufllja.véïjicAblç  raifon  pourquoi  k  Cocu  cïc  Rome  de  les 
Légats  f  ^ard^n^  çomm<:  unechofe  (i  edèncielle  s  &  écoienr  fi  jaloux  de 
la.formqde  pitocéd^rr,  i&dc  lauforicé ou  4^  facultés;. dp  la  Pcéfidetiçe* 
U  ?Mfê      X>^XI.:  ^*  IfEs  Lf^aijs  ayàrtt  reç^  la^r^pqnjCs  qu'ils  atceadoieacde  Rome» 
fMtf$^Utr  convoquèrent  ^  la  Coneréearion  le  j  de  Janvier  mdxlvi.  Mônec  après 

une  Bmlê    .      •_  /i  .1  i^    m o.i^..-      .^"    j      _i  1^  li   zj!a: i      ri* 


tour  êxem^  avoir  (alué  1er  Pères ,  &  leur  avoir  donné  la  bénédiélion  au  nom  du  Pape» 
pter  du  y^dîi^dc  Bref  de  l'exeration  des  péçirpes:  àprj^  quoi  clu^:^n  j|*uh  après 
payement   Tâutre  fit  Télogedu  Pape»  &  releva  beaucbujp  ùk  bonne  volonté \à  l'égard 


des  Dittmês 

les  PréiMts  yoîent  fi  maQvais  qii*on  (ic  aacone  oppofi-  fiùviATrofU^  &c.]llécQictCG)pxontiiise 

préfens  mu    tion  dans  les  Seflîons ,  ^e  peai  qu'il  ne  pa-  anz  ipréxèis  4ela  G)QÇ  Je  "^Aoienqpii  vojfoit 

Concile.  Les  j(^c  quelque  divifipn  daos  le  Concile  >  an  qu*oa  ne  p«n(oit  à  x^imener  tes  Lutliériei|s 

£fi^^^ls     liea  que  dans  la  Congrégation  g6n6:ale  qa*en  informant  les  ^us  qui  xjgnçîenc  €|i 

s*en  P^*''    chacun  avoit  une  oercaioe  tibeic£  de  propo-  cette  .Cour,  ^.qu^en  reflèxxanc' ks  lifnitfs 

^'*'»  ^"-^^  1er  Ton  avis.                           .           .     ,  deifoi  aoioriïé.    Ain/i  airus£e\qut  fi  Ikm 

/.^^^          ^6.  Un  y  a  glàns  plus  d^unfikch^  fjùe  opinok  par  Nations,  on   (àctifiesoît  &  Cts 

^    ^'*'  ^      la  différence  d'intcnêufit  naitrt  un»  certaine  profirs  U  une  4M>nne  panie  de  fbn  poavoîj; , 

^     '      «  émulation  entre  Us  Eveques  de  Nations  dif-  poiiqne  ies^saafois ,  ies£(pagnoli(»  fi  IfS 

an.  ika6     fr^^^^ »  ^  )  ^  ^  ^^^  ^^  Concile  de  Allegîaxuiaconooamemtotts^ani^ilie  bar, 

N^  x!  &  t.  Ccnftance  ,  que  l'on  commença  à  opioçr  elieprit  4ia^ ferme  séTolucion  de  t^ofp^ 

Spond.     *  P^^  Nations  »  &  outre  l'émulation  qui  étoit  confiamment  à  ce  deflêin  :  &  kprétexte  en 

N»  I.         .  entx'elles ,  il  y  avoit  une  autre  raifon  q^i  étoit  d^autapt  plus  .f^aufibl^  ^  qu'elle  ^^ vqjt 

Pallay.L.^.  eng^geoic  à  prendre  cette  voie  ,  &  qui  pour  elle  l'ancien  uîàge  ,^  la  pratique  4e 

c.  1.            écoit ,  que  comme  ils'agiduit  déterminer  tousles  anciens  Conciles,  ou  l'ojfi  avoit  tmi- 

Fleur/  y  L.  le  Schifine  par  la  ceffion  des  trois  Papesqu'oh  jours. fuivi  un  uCige  contraire. 

i4i.N^i7.  força  à  renoncer  au  Pontificat ,  on  en  fBt  ^8.  Les  Légats  ayant  reçu  Ja  r^poafi 

jamais  venu  à  bout ,  fi  l'on  eût  opiné  par  qu'ils  attendaient  de  Rome  ,  conyaquhrat 

voix  particulière^  i  le  nombre  des  créatures  la  Congrégation  le  s»  de  Janvier  mdxlvi  ] 

àeJean  XXIIL  étant  beaucoup  plus  grand  Raynaldu^  m^fr  cette  Congrégation  au  4» 

que  celui  des  deux  autres.  ■&  fi  elle  (e  tint  le  Lundi  ,  comme  il  eft 

6y.  Mais  cet  ufagê  qui  convenait  fort  à  marqué  dans  les  Aétes  ,  il  eft  certain  que 

un  tems  deUherté  ^-^m'soois  garda  d'être  cefiitte  6  ,  quien  xf 4^,toaibatt]«  Lundi. 


DE    TRENTE,  LiYÂEr  ïtfî        135 

des  Pères.  Mais  quelques  Efpagnols  dirent  que  te  que  Paulieat  âccotdoic  mdzlt!. 
BDurnoic  moins  à  leur  avantage  qu'à  leur  jnc^udice  5  DuifquC'  (î  on  Taccep-  ^^"^  ^^^'  . 
toit,  c'étoit  avouer  que  le  Pape  avoit  droit  d*impo(er  des  charges  fur  les 
autres  Eglifes ,  &c  que  le  Concile  n'avoir  ni  l'autorité  de  l'erapecner  ,  ni  le 
pouvoir  d'exemter  ceux  qui  dévoient  être  avec  juftice  décharges  de  cette 
uhpofition.  Les  Légats  furent  mortifiés  de  cette  liberté ,  &  ils  ne  purent 
même  s'empccher  d'en  marquer  leur  mécontentement  d'tme  manière  aflez 
piquante.   Quelques  autres  Prélats  demandèrent  qu'on  étendît  la  même 

g'ace  d  tous  leurs  Domeftiques  »  &  à  tous  ceux  qui  ecoient  au  Concile.  Les 
énéraux  d'Ordres  demandoient  auffi  la  même  ezemtion ,  eti  confidération 
des  dépenfes  que  leurs  Monaftères  étoien t. obligés  de  faire  pour  l'entretien 
de  ceux  de  *  leurs  Religieux  qu'ils  avoient  amenés  i  Trente.  Catalan  Tri- 
m/^  arrivé  deux  jours  auparavanr  fe  plaignit  pùbliqttement ,  qu'il  avoit 
été  dévalifé  en  pauant  auprès  de  la  Mirandole ,  8c  demanda  que  le  Concile 
fît  une  Ordonnance  contre  ceux  qui  apporteroient  quelque  empêchement» 
ou  feroient  quelque  ton  aux  Prélats  ou  aux  autres  qui  viendroient  au  Con- 
cile. Les  Légats  joignirent  cette  requêre  à  celle  de  ceux  qui  demandoient 
des  exemtions.  Mais  confidérant  en  mêmetems  quelles  pourroient  être 
les  conféouences ,  û  le  Concile  mettoit  la  main  a  toutes  ces  chofes  ;  6c 
qu'en  fàifant  des  Ordonnances  pour  fa  propre  utilité  &  pour  marquer  fa 
puidance  ,  ce  feroit  donner  atteinte  aux  myftères  de  U  Hiérarchie  Ecclé* 
naftique  \  ils  détournèrent  toutes  ces  propofitions  avec  adreflè  >  en  difant 
(pc  le  monde  legarderoit  cela  comme  une  nouveauté  Se  un  aâe  de  re(Iên* 
nment  ;  Se  ils  s^of&irent  plutôt  de  s'employer  auprès  du  Pape  pour  l'en^- 
ger  à  pourvoir  â  la  fureté  de  tout  le  monde ,  &  à  donner  quelque  fatis- 
?a£fcion  aux  Ordres  Religieux  &  aux  Prélats  par  rapport  à  leurs  Domefti- 
ques :  ce  qui  appaifa  roue  le  monde. 
XXXII.  ^^  âpre's  que  ceci  Ait  fini  >  le  Cardinal  Jel  Morne  expofk  l'or-  LeCétrJméU 

del  Monté 

^9.  Apris  çttè  ceci  fit  fini  y  le  Cardinal  rAflèmbléc  à  qudqiie  ptrtî  dingéitor.  CePj^P^fiJf 

del  Monte  erpo/a  l'ordre  qu'on  avoit  tenu  ftnrent-là  leurs  véritables  vues  dans  cet  anan-  dermerCon- 

dans  le  dernier  Concile  de  Latran  ,  &c.  ]  gemenc.  Mais  les  prétextes  qu'ils  propofl^        *'  ^* 

Cette  propofition ,  que  Fra-Paolo  met  dans  rent  furent  <f  expédier  plus  promptement  les  ^^j^l'^j^r. 

h  Cèngrégation  du  5.  de  Janvier ,  ne  (è  fit  matières ,  &  de  prévenir  la  confiiHon.  C*eft  r> 

félon  Raynaldus  que  dans  celle  du  24 ,  ou  ainfi  (ôaTentqtte  fous  des  dehors  fpécieox  & /_|y^/^  ^^^ 

ftlon  Pallavicin  dans  celle  du  12.  A  cette  popalaires  on  cache  des  vues  plus  profondes  ^J^  tr§cé' 

occafion  ce  Cardinal  remarque ,  que  ce  fot  &  plus  politiques  s  &  cela  nous  apprend  âne  ^^  ^^i^^  ^,. 

tnt  grande  adreflè  dans  les  Légats  de  par-  pas  noosrepofer  avec  affiirance  for  ce  qui  fe  i^i^  Tren* 

iager  ainfi  les  Prélats  en  trois  daflfes  diflé-  dit  dans  les  Aâes  publics  ,  parce  que  fi  on  te. 

tentes ,  &  qae  Ton  fe  propo&  par-là  d'en  ti-  y  expofe  avec  foin  les  vues  populaires  qui 

fer  trois  grands  avantages.  Le  premier  de  font  agir,  on  a  grand  foin  (buventde  tenir 

gouverner  plus  aisément  cette  multitude^  Le  trés-cachés  les  motifs  fecrets  qui  donnent 

ftcond ,  de  rompre  par  cette  diftribution  le  véritable  branle  aux  événémens  publics, 

les  brigues  &  les  cabales.  Le  troifiéme  y  d*em-  Ceft  ce  que  nous  donne  lieu  de  remarquer 

pécher  qu'un  Prélat  hardi  &  entreprenant  ne  KtrgaSy  qui  dans  Tes  Mémoires  nous  donne 

portât  par  fon  crédit  &  (on  éloquence  toute  ce  partage  des  Prélats  comme  nue  gjrande 


140        HlSTOLR|&    PI?    GOrNCILE 

uBxtn.  dte  qu'on  avoic  tenu  dans  le  dernier  Concile  de  Lacran^  ou  il  avoit  afllfté 
en  qualité  d- Archevêque  de  Siponte  ^  Il  dit  :  'Que  ç/t  Concile  ayant  eu  i; 


Paui  UL 


traiter  de  la  Pragmatique  Sanâion ,  duSchilme  formé  contre  JuUsIIy  & 
s  Spond.  jjj  rétabliflèment  de  la  paix  entre  les  PrincesCbrétiens ,  on  avoit  diftribué 


N*^  I. 


Pallav.  L.  l'examen  de  ces  différentes  matières  à  diffcrens  Prélats  ,  quon  avoit  partar* 
6.  c  8.  gés  en  trois,cla(Iès3  afin  que  chacune  n'étant  occupée  que  d*une  feule  ma- 
Rayn.  ciète.>  fût  plus  ei»état  de  la  bien  digérer  :  Qu'après  que  les  Décrets  étoient; 
N*  I  ik  fprit)és  >  l'on  tenoit  uncCongrégation générale  où  chacun  en  difoit  fon  avis,. 
M^  p  f  1  ^  ^^  ^'^^  réfbrjEnoit  ce  qui  paroifToit  xiécefTaire  ,  de  manière  que  dans  les 
Fleury ,  L.  Sefllons  tout  fe  paflbft  avec  beaucoup  d'union  Se  de  décence  :  Que  comme 
141.  N^5  4.  ils  avoient  beaucoup  plus  de  chofes  à  examiner ,  parce  que  les  Luthériens. 
^  44*         n'avoient  rien  omis  pour  rcfnverfer  l'édifice  de  la  Foi  »  il  étoit  néceilaire  de 

fiar^ger  les  ;natières  >  d''établir  pour  chacune  une  Congrégation  partico- 
ière»  &  de  nommer  des  peribnnes  pour  former  les  Décrets  qui  dévoient; 
ccre  proposés  dans  une  Çqngr^ation  générale  >  où  chacun  pourroit  dire  foi^ 
avis  avec  une  entière'  liberté  >  ici  hcgzts  ayant  pris  réfolution  de  ne  faire; 
que  l'office  de  propofans ,  &  de  ne  donner  leurs  fuffrages  que  dans  les  Sef-*. 
lions  :  Qu'il  prioit  donc  chacun  de  penfer  aux  matières  qu'il  faudroic 
traiter  »  pour  en  commencer .  Texamen  auill-tot  après  la  Sefiion  fuivante. 
Cantifia-     XXXIII*.  U  demanda  enfuite  ,  fi  l'on  vouloit  qu'on  proposât  de  publier 
tion  fw  le  j^j  la.Seffion  préfente  un  Décret  concernant  la  manière  de  vivre  chrérien- 
j*^'  ?**    nement  à  Trente  durant  le  Concile.  On  en  fit  la  le£kure ,  &  comme  il  ne 
^nmr  su    portoit  d'autre  titre ,  que  la  Formule  envoyée  de  Rome ,  Saçrofancla  Sy^- 
ConeiU.      nodus ,  ^ç.  7P  lc$  François  demandèrent  fortement  ^  qu'on  y  joignît  ces 

4  Pallav.  L  mots  » 

Rayn.         poltciqae  des  Légats ,  &  dont  les  confèquen^  rien  ajoute  anfll-tèc  après ,  qqe  la  plus  gran^ 

^"^  !•  ces  furent  ithS'pemicieufes  à  la  liberté  du  de  partie  des  Evêques  applaudît  à  cet  avis  ^ 

Spond.         Concile,  Mem.  p.  fi.Car,  dic-il -^  après  &  enfuite  ,  que  les  intrigues  des  Légats 

?J    ^'  que  ces  Allèmblées  étoient  finies  ,  les  Le-  n  empêchèrent  pas  les  François  &  quelques 

MO*       8*^  s'aflèniblôient  y;ottr  conférer  enfemble  autres  de perfifler  dans  leurs  demandes,  Fra" 

141. W    }0,y^j,  ce  qu'ils  avaient  remarqué»  Lâ-deJ/us  ils  Paolo  reconnoic  donc  quil  y  eut  d*autres 

prenaient  leurs  mefiires  pour  avancer  ,  pour  Prélacs  que  les  François  qui  firent  cette  de^ 

écrire  à  Rome  ,  pour  négocier  ,  ppur  engager  mande.  Et  en  effet  il  j  en  eut  plufiears  tanc 

par  leurs  artifices  ordinaires  quelques-uns  Iraltensqu*Efpagnols  qui  requirent  la  même 

des  Prélats  â  changer  de  fentiment.  Ils  firenti^choCef  comme  parmi  ceux-ci  les  Eviques 

celaji  long-tems  ,  quon  s'apperçut  à  la  fin  de  Badajo^^de  LancianOyàt  CaltelV  à  mare 

de  leur  manauvH.  Cette  conduite  étoit  d'aU"  6cd*/4ftçrga  ;  &  pamii  les  premiers  TAr- 

tant  plus  pemicieufe  6»  d'autant  plus  capa-  chevêque  de  Palerme ,  &  lès  Evèqnes  de  Fié» 

ble  (Tèter  la  liberté^  qu'on  fe  fervoit  toujours  foU  ,  de  Capaccio ,  de  Belcaflro ,  &  de  Mot'i 

du  prétexte  de  la  Religion ,  &c.  tola»  Pallav.  L.  ^.  c.  5 .  Je  ne  fai  (î  c*eft  dans 

70.  Les  François  demandèrent  fortement  cette  Congrégation  qu  on  traita  de  Renards  , 

quon  y  joignît  ces  mots  ,  Ecclellam  Uni-  Vulpeculas ,  ceux  qui  demandoient  Taddi* 

verfalem  rejnrxfentans ,  &c.  ]  Le  Cardinal  tion  de  ces  mocs\  Univerfalem  Eccl^am 

Pall^yicin  accufe  Fra-Paolo  d*avoir  attri-  reprétfentans,  C*e{l  Vargas  qui  nous  en  afi 

bue  cette  demande  feulement  aux  Francis»  fure ,  p.  ;  f  •  de  fes  Méitioires.  Dans  une 

Mai$  il  lui  ^n  ^mpofe ,  puilqud  nociç  Hidp-  Congrégation  générale  >  di(-il  ^  il  y  eut  un 

ftommt 


DE    TREN;T  E,  LïnrkÉ  II.  ï        *4i 

laots  >  Èccltjiam  Ur^ivtrfaUm  rcprœjentans  ;  fie  la  plus  grande  partie  ^  uvrtvu  ' 
Evêques  applaudie  à  cet  avis.  Mais  les  Légats  fc  fouvenant  que  cette  For-  ^^^^  ^^^' 
fnuie  n'a  voit  été  employée  que  par  les  Conciles  de  Conftance  &  de  Bâlc  y  Se  —"■■■■* 

3ue  de  fuivre  cet  çxemple  teroit  en  renouveller.  la  mémoire  »  leur  donner 
e  l'autorité ,  ouvrir  la  porte  aux  difficultés  qu'eut  à,  furmonter  l'Eglife 
Romaine  en  ces  tems-lâ ,  &  ce  qu'ils  appréhendoient  lé  plus  >  fi  l'on  fe  fer« 
yoit  de  ces  paroles  y  repréfintam  l^Egufi  UmvtrfelU^  donner,  occafion  â' 
quelqu'un  de  vouloir  encore  y  faire .  joindre  celle-ci,  ^  qui  lient  fa  puif-    vPaUar. 
Janu  immidiaitmtnt  de  Jcfus^Chrifl  y  &  à  qui  chacun  de  quelque  dignité  qu'il^  ^'  ^  ^* 
fiit  y  même  U  Pape  y  tfi  obligé  a  obéir  \  ils  s'y  oppoferent  ouvertement  ic 
en  termes  formels ,  comme  as  le  mandèrent  i  Rome.  Mais  »  fans  en  expli- 
quer la  véritable  caufe ,  ils  fe  contentèrent  dédire  y  '  que  ces  paroles  étoient  x  Rayn» 
ixop  faftueufes  &  propres  i  exciter  l'envie  ,  &  que  les  Hérétiques  pour-  ^^  ^* 
soient  les  interpréter  en  mauvaife  part.  Us  employèrent  enfuite  toute  leur 
àdredè ,  fans  découvrir  leur  iècret ,  pour  faire  changer  d'avis  aux  Pères  y 
6c  déclarèrent  à  la  fin  libremenr ,  qu'ils  ne  permettroient  point  qu'on  fe 
ifervît  de  cette  formule.   Cela  n'empêcha  pas  les  François  &  quelques  au^ 
très  de  perfifter  dans  leurs  demandes  :  mais  la  multitude  s'appaifa  &  fe 
ibumit. 

7»  Jean  de  Sala^ar  Evèquede  Lancianoy  Efpagnol  T,  fervit  utilement  j^^^^^  j^. 
les  Légats  en  cette  occafion  y  en  relevant  beaucoup  les  anciens  Conciles  de  i^x.i^o  ^i,' 
i*Edite  fi  vénérables  par  leur  antiquité  »  6ç  la  fainicté  de  ceux  qui  les  corn- 
poloîent  y  8c  qui  étoient  fi  dignes  dette  imités  dans  la  fimplicité  qu'ils 
avoient  aflfeâée  dans  leurs  titres  ,  où  il  n'étoit  parlé  ni  dé  repréfentation  y 
ni  de  l'étendue  de  leur  autorité.  7^  Mais  ils  n'î^réerent  pas  de  même  ce 
qix'il  ajouta  :  *  Qu'il  ne  falloit  pas  nommer  les  Préfidens  5  que  cet  ufagc  *  ^  ^^ 

homme  afft[  hardi  pour  traiter  (Tennemîs  en  cette  occafion ,  &c.  ]  Il  y  a  apparence  que, 

fierets  £•  de  Renards  ,  Valpecnlas  ,  ceux  notre  Auteur  fe  trompe ,  Se  qu*il  a  pris  TEvâ» 

quifouteno'unt  qu'il  falloit  mettre  à  la  tête  que  de  Lanciano  pour  quelque  autre  ,puif> 

du  Décrets  ,  que  le  Concile  repréfente  touu  que  nous  voyons  le  nom  de  ce  Prélat  parmi 

l'EgU/e.  La  ckofe  ne  déplut  point.  On  la  ceux  qui  s'oppofiftent  à  Tomiffion  de  la  clau- 

laijfa  pajjer  ,  au  grand  fcandaU  du  Con^  fe  ,  Ècclefiam    Univerfalem  rtprtefentans. 
cile  &  desperfonnes  de  mérite  ainfi  maltrai"         71.  Mais  ils  n* agréèrent  pas  de  même  ce 

tées.  Avec  cela  les  Légats  ne  parloient  que  qu'il  ajouta  :  Qu'il  ne  falloit  pas  nommer 

de  laiffer  une  entière  liberté.  Vàrgas  ne  dé-  les  Préfidens  ,  &c.  )  Selon  le  Gard.  Palla-' 

termine  point  en  quelle  Congrégation  cela  vicin ,  ce  fut  MartcUi  Ev^ue  de  FiéfoU^vl 

fe  fit.  Mais  il  eft  alTez  probable  que  ce  fut  fit  cette  difficulté,  mais  non  pas  en  cette  oc* 

dans  celle-ci ,  ou  s*agita  pour  la  première  cafions  &  ce  ne  fut  que  quelque  tems  aprèf 

feis  cette  difficulté.  U  impone  peu  cepen-  la  féconde  Seffion.  Il  e(t  aifez  vraifembla* 

dant  en  qcielle  Congrégation  fe  dit  la  chofe  %  ble  néanmoins ,  que  l'Evêque  de  Lanciano  y 

mais  il  eft  étonnant  qu'on  tolérât  impnné-  qui  avoit  été  joint  à  l'autre  dans  la  demande 

ment  une  telle  licence  y  &  qu'on  femblât  de  la  claufé,  Ecclefiam  Univerfalem  repra- 

même  Taurorifer  en  laiflant  entrevoir  qu'elle  fentans  ,  s'y  joignit  encore  pour  demander 

ne  déplaifoit  pas.  qu'on  ne  fit  aucune  mention  des  Préfidens 

7 1 .  Jean  de  Sala^ar  Evique  de  Lancia'  dans  le  titre  qu'on  mettoit  à  la  tttt  des 

no  ,  EJpagnol ,  Jerv'u  utilement  Us  Légats  Décrets. 

T  o   M  fi   1.  H  h 


Z4Z        HISTOIRE    DU    CÔNCllE 

scDUTi.  ne  fe  tronroic  dans  aucun  ancien  Concile  »  6c  du'il  n'aTôic  été  introAift 
Pa«l  IIL  qa^  j^ms  celui  de  Confiance  >  où  à  cailfe  du  ScmfrM  U  àvoic  fallu  chan-< 
'  ger  plufieurs  fois  de  Préfidens  :  Que  fi  on  Toulôit  llmitôÉ  en  cela  »  il  fàh' 
Uni  donc  auffi  nommer  l'Ambafiadeuc  de  TEAiMttîur  f  puiiqu'on  aVoif 
nommé  alors  le  Roi  des  Romaini  6c  leb  aactes  Vttntts  mi  étoithi  à  Cbn« 
ftance  a^ec  lui  ;  maii  que  ce  fafte  étoit  ttop  éfDcffJt  a  l'hunnlieé  Chiè- 
tienne.  Puis  ayant  rapporté  le  difcours  fait  te  li  de  DécMiibrb  par  lé  Cati 
£nal  de  Sainte  Cràix  ,  il  conclut  à  oe  qu'il  lie  fut  fi^iç  inscttn'e  kâéhftioti  éétt 
iPréfidens.  Cet  avis  inquiéta  encore  plus  les  Légats  qîie  te  j&rtcédfefi't.  Maif 
le  Cardinal  dd  Monu  rémndic  fiir  le  champ  :  Que  le^  Concitâ  ié^oiéfit 

farlé  diverfement ,  félon  les  tem&ft  les  conjôtiâiltt^  t  QMf  pifr  lé  pàSk  \ff 
ape  avoir  toujours  été  regardé  comiM  te  Chef  tjè  t'ËgUft  »  6t  c[tië  ftt^ 
fonne  n'avoir  jamais  demandé  jufqoe-lâ  UH  Corïcite  ^  mit  côîM^Btiâtt  t^ 
fur  indépendant  du  Pape  ^  oommé  a^ieht  c^é  fititè  lé»  Ânéi^ftd»  :  QÂ? 
pour  s'oppofer  i  cène  témérité  béttétique ,  il  jyiôk  Môtittéf  tn  ÏMte  ôteà- 
fion  que  les  Pères  étoienc  tous  unis  avec  l6ut  Ch<^^  ^ùi  Àdic  te  Pipe  >  en; 
nommant  fes  Légats.  Il  parla  fort  longteins  fifir  cette  fnàtîélit  \  tftiisMigeàtit 


3u'il  réuffiroit  mieux  pat  la  divef fion  que  psir  là  ^fuâficfn  j  il  6t  cfbtnger 
_^^ efujet.  Le  contenu  au  Décret  fut  approuvé  de  rout  le  monde,  *'i  céïa 

K""  I.        fèul  pr%s  >  que  73  lés  Francis  înfimrènt  à  ce  qu'oYi  ilôtomat  dtltinâe- 

PalIaTJ.^.  ment  leur  Roi  dana  l'endroit  où  on  exhortoit  tout  te  itto^é  i  hûSi  E^èi» 

Flciî       L.  ^^^  ^^  ^^^  '  I?™'  TEmperèot ,  &  pouî  tes  Ross.  Le  t^at £nàl  de  ^tdott 

x4i.N^'3i.  ^'^^^  approuvoit  aOex  la  chofe  ;  mais  il  difoit  quil  aufoit  donc  faite  nUfr- 

'  mer  auiii  les  autres  Rois  félon  leur  ranr ,  chofe  t¥o^  lohgué  6c  trop  dân-^ 

gereufe  à  caafe  des  prétentions  de  préftëance^.    Les  Prfn{€fis  ré[>lî(]ûerêhr  >' 

que  comme  dans  la  BuUè  de  convocarion  te  JPape  n'àVôic  fait  ménttbfi  que 

de  l'Empereur  &  du  Roi  de  France  ,  il  falloir,  â  cet  exempte  ou  les  nom-« 

inet ,  oxi  lès  ôfnettre  tôù$  deux.  Sut  cela  lès  Légats  dirédt  qu'ihy.pênitt-i 

roieht ,  tk  donnèrent  à  entendre  que  tout  le  monde  feroit  contait. 

Seepntlê       XXXI V.  Ls  7  dc  Janvier  ^  tous  les  Prélats  en  habits  ordinaires  s'aflfKm^ 

Sejfton  ,  é»  blerent  dans  la  maifon  du  ^emier  Légat ,  d'où  ils  alterent  à  l'EgKfe  C^ 

^(t^'luf^  thédrale  précédés  dc  là  Croix ,  &  pafTant  an  milfeu  dé  joiô  Fantïflîftfs.  fa- 

fpaîlav  u  ^^^  ^^  Cèmtéde  Trente,  &  armes  partie  de  pîquei  &  partie  dytc^ué- 

^.  c.  5.       bufes.  Ils  étoienr  rangés  en  hâte  des  deux  c6tés  Ht  ta  rue  jiuqù'â  TEgjlifc, 

llayn,N*»4.  ^  quelques  Cavaliers  avec  eux  ;  &  lorfque  les  Légat*  ic  les  Prélats  y  fei- 

Spond.       reht  arrivés  »  tous  ces  ibldats  firent  une  décharge  dans,  la  Place  9  6c  f 

^°  *•        demeurèrent  pour  faire  la  garde  durant  le  rems  de  la  StfCiôn.    Outre  les 

lAuN"^  l'r  Légats  6c  le  Cardinal  de  Trente,  il  s'y  trouva  quatre  Archev^ùes ,  ^ngt- 

huitEvÊqucs,  trois  Abbés  de  la  Côngrégatîort  du  Mont- Caffirt ,  fir^tiâtttf 

.  7  V  Les  François  înfiflèrem  à  ce  (fuon  l*fivècft!e  de  CUiikom  infift»  dé  t/à&HH^fkk 

nvntmât  dijtindement  leur  Roi  ,  &:c.  j  Ce  la  mÎYne  cfaofe,  mais  fkni  être  fecohdt  dés 

far  dans  la  Congrégation  qu'ils  firent  cette  autres ,  qui  fe  contentèrent  ai(^mélitdcs  fâ^ 

demande.  Fra-Paoio  a  oublié  de  dire ,  qae  fons'qde  Irâr  aVoîent  af^portéles  Léffmfdàt 


dans  la  Sefiion  qui  fe  fit  deux  joun  aprts ,    l6c  fiinre  défiftet  de  ce  ^'ik  dettiAdbiâMk 


DE    TRENTI,  L*  Vjl»  :II.IT        h^ 

Généraux  d'Oidces ,  ce  qui  faifbic  en  cour  qaarantp-ccoil  perfohncfi  >  qui 
xtmpoùûcat  le  Concile. Qéoéral.  Encore  du  nombce  des  Aicheir&qaes^  f  en  ^^^  ^"^ 
ay«u-il  deuK ,  qui  q Woieac  jamais  été  vus  de  leurs  Egliiès  t  6c  qpi  n'en  ' 
icnt  que  lé  citre  dont  le  Pape  les  avoir  honorés ,  74  favoir  Olaiis 
Btff  Archevêque  ^Upfal  en  Suéde  >  &  7i  Ricinrt  Vtaaut  Ecofibis  » 
icvique  d*Acmagh  en  Irlande  »  ^  qui  malgré^  ^ue  coocie  paflbit  pour   c  Sleid.  L.' 
Jft.jnetllcùr  hon^me  de  poftp  de  ion  rems.  Tous  deux  écoient  enrrerenus  i  17-  p*  ^9^ 
Rjpme  depuis  quelcpiesanniéçs  par  le  Pape  »  &  on  les  envoya  i  Trente  pour  ^^°^ 
fiice  nombre ,  &  jr  vivre  dans  la  dépendance  des  Légats,  i^  Il  y  avoir  en^-       ^* 
viron  vingt  Théologiens  qui  iè  teijoient  debout.  L'Ambadadeur  du  Rqi 
ides  ELomains  &  le  Procuceur  du  Cardinal  d'Auibourg  y  aflifterenr  aflis  fu,r 
Itjbaacxles  An^fladeurs ,  77  &  ^upcàs  d'eux  fur  le  à&mt  banc  4ix  Gen^ 
âilsbommes  du  voifinage  choiHs  par  le  Cardii^  de-  Trente.  J^ân  Fm/ica 
-Evèquc  de  Caftell'â  Mare  chanea  la  lAcSCf  àc  Çmélan  AtafiintM  Evèque 
«de  S.  Marc  piècha  le  Sermon. 

'  ^pii£'s  la  Meâe  les  Pciélacs bécane xevttus  de  lepcs  iiabics  Pontificaux, 
iOn  chanta  les  Litanies»  Se  qn  dit  les  mêmes  oraîfens  qi^e  dani  la  première 
^Seffion.  ^  Quand  79  tout  le  monde  fut  afis  »  l'fiv&que  célébrant  étatir  monté  ^  ^^ftu 

Irère  de  /m»  Magfms,'<\\ii  ëtok  Archevé-  qù*il  a  cirée  aè  Surdon  ,  yiepc  apparent 

qae  d'Upfal  Iqrlqae  la  RéJEprmatign  %  in-  meru  du  noahtf^  de  voyages  qu'il  fi:  ep  AI- 

4nxiaice  en  Saède.  Ce  ^nri^er  ayant  été  lenugne,  en  France  &  aillenn,  poorexé- 

sbaiTé  de  (on  Siège ,  (e  recira  à  Ronie ,  <A  coter  diffîrentes  coiiuniffioqs  ,  dont  il  f^ 

^^Mxçpoix,  le  ï^pe  donna  le  m^ne  citre  fà  chargé  par  lef  Papts. 

J9/lfW.^4g|^«fon^ère,  qttil>|i9Jica^^  7f .  //  y  «t^  /s^'iRiyi  »9'WU9hgi€n^ 

jfffit  dans  £1  fuice.  Ainfi  frf'/>aola  ^  ^i'  »i  fi  m^^  Mm-  i  §^  ^45*vi«^  {1 

fcn-de dire ,  qoil ne  vit  îênç^isipn  Eglife^  j  m ^Ypir  }.s  i  a  4caf  dk^qels , 'yi^fcuf 

te.  <fï\\  n'eue'  d'Archev^fie  ilTpfal  que  le  OUafler  Si  i|n'  autf  e ,  onperm je  par  l^o^eor 

titre,  donc  le  Pape  Tfaonora  dans  Tefpé-  des*a(feoir.                  ,     .  ..^  .. 

rance  peut-être  de  quelque  retour  de  ce  J7.  Et  auprès  J'tux  fur  le  même hanç  dix 

^Içyaonie  à  l'obéilEuice  du  iTainc  Siège*  Mais  Gentilshommes  du  voijînage  choifis  par  le 

A  &c  trompé  dans  Ton  attente  >  9c  OUus  Cardinal  de  T^nfè.  ^  Le  Çasdind  PaHavi^ 

Magnus  mouruc  dans  (on  exil  .  -avec  la  ci/i  en  marque  xf. 

UBORÎfic^cîon  de  voîr  que  le  lurnérankme  '     7S.  Quand  tout  le  monde  fiit  aflis  ,  l'E^ 

'    ""  '                 **    .            -  vê^e  célébrant •  étant' monté  en  chaire  lut 

4a  Butté  — *«  qui  'défendait  d'admettre  Us 


«eiai&iitattcuçe  ed^ahce  au  Papeni.de 
^  jBétabUr  ,  ni  de'&umettre  jamais   ce 


-j^auoie.  ProQurettrs  des^  ahfehs  à  donner  leur  fuf- 

7f.  Ri^tn  Venant  Ecojfois  ,  Archevê-  frage ,  &c.  ]  Fta-Paolo  oublie  de  dire  , 

^fud'Armaffken  Irlande,  ]  Son  nom  étoic  qu  avant  cela  Ange  Maffarelli  choifî  par 

VaucQf.  Quoique  prefque  aveugle.dès  Ken-  intérim  poùrlaire'  \k  fonéUon  de  Secrétaire 

félon  quelques  Auteurs,  il  s'appliqua  fi  dû  Concile ,  lut  alors  la  longue  Exhortation 


A>nài*étude<{U4ldévincDoâeurenTkéolo-  dcsLéga^,  que  ttotte  Hmorien  a  placée 
gie  de  la  Faculté  deParis.  Il  ftit  Légat  à  latere  mil  à  propos  dans  la  première  SelEori.  Ce 
^Allemagne  v&  mourut  à  Pans  cliez  les  lé-  fat  après  çéU-ode  REvéqué  célébrant  lot  la 
fttixes  en  x/f  i.Ce (iic lui, Telon  waraus^  qui    Bulle  du  1  €i  l'Avrif  x  r 4;  »  qui  ezdoost 

Hk  X 


X44        H.rSTOIRE,DU    CONCILE 

jfDxirx.    en  chaire  lut  la  Bulle  ;  donc  on  aparté  plus  haut  ^  qui  défehdoit  d'admettre 

Paul  UL  j^^  Procureurs  des  abfcns  à  donner  leur  fufiragc,  fans  faire  mention  d'une 

"  autre  qui  exemtbit  de  cette  Loi  Us  Prélacs  d'Allemagne.  Enfuite  il  lut  le 

ê  I<L  N®  6,  ^^^^^^  >  ^  P^  lequel  le  Synode  exhortoit  tous  les  Fidèles  aÛeniblés  i  Trente 

*  à  vivre  dans  la  crainrede  Dieu ,  Se  à  prier  tous  les  jours  pour  la  paix  des 

Pcinces  &  l'unité  de  TEglife  ;  toutes  les  perfonnes  du  Concile  a  dire  la 

Meflè  au  moins  tous  les  Dimanches  »  à  prier  pour  le  Pape,  TEmpereur» 

les  Rois  &  les  Princes  -,  &  tout  le  monde  à  jeûner ,  i  faite  Taumone ,  i 

être  fobres ,  &  à  inftruire  leurs  domeftiques.  On  y  invicoit  auffi  toutes  les 

perfonnes ,  &  iur-tout  les  Savans  »  à  penfer  férieufement  aux  moyens  les 

plus  propres  à  éteindre  les  Héréfies  »  &  à  parler  avec  modeftie  dans  lea 

Congrégations.  Enfin  on  y  déclaroit  >  que  n  quelqu'un  donnait  fon  fuf- 

frage ,  ou  afiifloit  aux  Congrégations  hors  de  ton  rsmg  »  cela  ne  devoir 

porter  aucun  préjudice  i  perfonne  »  ni  (ervir  à  qui  que  ce  fut  pour  pr^ 

tendre  un  nouveau  droit.  Le  Décret  étant  lu  »  les  Pères  après  s'être  interco- 

gés  fi  le  Décret  leur  plaHbit  >  répondirent  :  Placet.  7^  Mais  les  François: 

/Fallav.  L.  dirent  ^  qu'ils  n'approuvoient  point  le  titre  imparfait ,  comme  il  étoit  »  de 

^•-c.  5»       infîflerent  comme  auparavant  qu'on  y  ajoutât  ces  mots  :  C/nivirfalem  E'ccli- 

Jiam  reprafcntans.  ^^  On  afligna  enfuite  au  4  de  Février  la  Seffion  fuivan- 

te  »  &  on  congédia  les  Pères  ^  <jui  après  avoir  quitté  leurs  habits  Pontificaux 

accompagnerenr  en  habits  ordinaires  les  Légats  jufqu'à  leur  maifon ,  dans  le 

même  ordre  dans  leauel  ils  étoient  venus  i  TEglife  :  ce  qui  s'obferva  dans 

toutes  tes  Seffions  fuivantes« 

Apre's  laSeflion,  '^  on  ne  tint  point  de  Congrégation  jufqu'au  ij  de 
glàX.6.  Janvier,  s.  parce  que  PUm  P^Aeco  Evèque  de  Jaën,  qui  avoir  été  créé 
^  ^'  Cardinal  %  défiroit  de  %*y  trouver  :  ce  qu'il  ne  pouvoir  faire  fans  avoir  reçu, 

la  Barette  qu'il  attendoit  de  Rome ,  &  fans  laquelle  le  Cérémonial  ne  per- 
met pas  aux  Cardinaux  nommés  de  fe  trouver  dans  des  Afièmblées  puoli- 
ques.  On  devoir  mettre  ordte  dans  cette  Congr^arion  i  ce  qu'il  n'arrivât 
.    .   ...    plus  d'inconvéniens  dans  les  SefEons.  Lors  donc  qu'elle  fut  aflemblée ,  ^  les^ 

flcurv  La 

2  4i.N^  ;  7.  ^"  ^^^^  ^^  (uf&age  les  Procureurs  dés  Eve-  Mais  la  pluralité  fat  d*an  avis  conoaire ,  ft 

'  ques  abfèns»  pois  le  Bref  du  4.  de  Décem-  le  Décret  padà   toat  d'une  voix  dans  la. 

bre  I  f  4  f  ,  qui  fixoit  roavenure  da  Concile  5efl!on. 

au  I  ) ,  &  le  Décret  poux  le  règlement  de         ti.  On  ne  tim  point  de  Conp^amm 

vie  qui  devoit  s'obferver  dans  le  Concile*  jufqu'au  i^.  de  Janvier  :  parce  que  Pierre 

79»    Mais  Us   François  dirent    qu'ils  Pachéay — qui  avait  été  créé  Cardinal^ 

n'approuvoient  point  le   titre  impaifait ,  défiroit  de  s'y  trouver  ,  ce  qu'il  tu  pow 

comme  U  étoit.  ]  Noos  avons  déjà  vu  que  ce  voit  faire  fans,  avoir  reçu  la  Barette ,  &c.  ] 

ne  furenr  pas  feolemenc  les  François ,  mais  Ce  n'écoic^tas  £aute  d'avoir  reçu  la  Barette^ 

aoffi  pluiicurs  Italiens  &  Efpagnols.  comme  le  dit  fra^Paelo  »  puifijo'elle  étoir 

80.  On  affifna  enfuiu  au  ^.ie  Février  déjà  arrivée  }  mais  parce  que  félon  le  Cai» 

la  Seffion  fuivante^  ]  Dans  la  Congrégation  dinal  Pallavicin^  L.  ^*  c.  6%  â  n'dbit  liik 

du  4.  les  François ,  félon  Raynddus  N^  psendre  (ans  avoir  auparavant  le  confente- 

5 .  avoient  demandé  que  le  terme  de  la  Sef-  ment  de  l'Empereur ,  qu'il  attendoit  \ 

fion  prochaine  fit  xenYojé  à  deux  mois»  FUwy ,  L*  \\\%  N^  ^7.. 


DE    TRENTE, Livre    II.  14^ 

tigSLts  **  s'y  plaignirent  de  ceux  qui  avoienc  fait  oppofition  au  titre  du  ^^^^^I: 
Dtoet  dans  la  Seilion  j>récédente.  lis  remontrèrent  :  Qu'il  étoit  malféam  ^^^^^^* 
de  faire  paroître  unedivet/ité  d'c^inions  dans  les  Séances  publiques  :  Qu'on  "' 

terioit  les  Congrégations  en  particulier  où  chacun  peuvent  dire  ton  avis  en 
libené ,  afin  qu'après  ils  puDcnt  paroître  unis  de  fentimens  dans  ce  qui  fe 

Eblioit  :  Que  rien  ne  pouvoir  plus  mortifier  les  Hérétiques ,  6c  fortifier 
Catholiques ,  que  1  opinion  qu'on  auroic  de  leur  unammité.  Ils  vinrent 
cnfuire  au  titre  même  en  qoeftion ,  *  &  dirent  :  Qu'il  n'y  en  avoit  point  de  ^^^T^ 

f>lu6  convenable  au  Concile,  (ficcclvLià'Occumémqttcécd'CTniverJely  que  ^* 
ni  donfeioit  le  Pape  tant  dans  la  Bulle  de  Convocation  que  dans  plufieurs 
tutres,  où  il  l'appelloir  ainfi  :  Que  ce  feroit  en  vain  qu'on  y  ajouteroit  le 
terme  de  npréftntant ,  puifque  rous  les  livres  étoient  pleins  de  ce  que  c*eft 
&  de  ce  que  repréfente  un  tel  Concile  légitimement  indiqué  &  commencé  : 
Qu'en  faifant  autrement  on  femUeroit  cfouter  de  fon  autorité ,  &  le  conw 
parer  d  quelques  autres  Conciles»  qui  avoient  pris  ce  titre  parce  que  fâ- 
chant qu'ils  manquoient  d'une  autorité  légitime ,  ils  y  vouloient  fuppléer 
Ear  des  paroles  »  (  en  quoi  ils  défignoient  les  Conciles  de  Confiance  Se  de 
aie  :  )  Qu'enfin  pour  favoir  à  quoi  s'en  tenir  fur  ce  point  y  chacun  dévoie 
en  dire  librement  fon  avis. 

XXXV.  Le  Cardinal  Pachico  commença  par  dire  :  ^  Que  le  Concile  On  c»mefé 
avoit  tant  de  titres  à  prendre  %  que  fi  on  les  nommoit  tous  en  toute  occa-  de  nûttvêa» 
fion  ,  l'énumération  en  feroit  plus  longue  que  le  corps  du  Décret  :  Que-^^*^'^7 
comme  un  Empereur,  qui  poflede  un  grand  nombre  d  Etats  Se  de  ^^Y^^  jf  fi^!^  £ 
mes ,  ne  prend  ordinairement  à  la  tète  de  fes  Edits  que  le  titre  qui  leur  u^^^^^^ 
donne  plus  de  force ,  8c  que  fbuvent  il  viy  met  que  tba  nom  propre  ;  le  Raya. 
Concile  de  même  pour  fiiire  connoître  fon  autorité  devoir  fe  fervir  de  di-  ^^^  9- 
vers  titres,  fekm  les  différences  matières  dont  il  auroir  à  traiter  :  Et  qu'à 
préfênt  qu'il  ne  s'asiflbit  encore  que  des  matières  préparatoires ,..  il  n'étoic 
pas  nécei&ire  que  Te  Concile  en  prît  aucun. 

L'EvESQUi  de  Feliri  dit  r  Que  fi  le  Concile  prenoit  le  titre  de  Rtpriftn^ 
Èoiu  tEglifc  UnivtrftlU ,  les  Proteftans  qui  avoient  demandé  un  Concile  » 
où  ils  enflent  droit  de  fuffrage  ,  en  prendroient  occafion  de  dire ,  oue  puif> 
que  l'Eglife  éroît  compofée  de  deux  Ordres  r  l'Ecdéfiaftique  fie  le  Laïc  >. 
elle  ne  feroit  pas  repréfentée  toute  entière  fi  les  Laïcs  en  étoient  exclus*^ 
Cependant  ceux  qui  dans  la  Sefllc^  avoient  opiné  pour  le  titre  fimple  » 
fiirent  d'avis  qu'on  y  fît  l'addition  en  queftion» 

Sx.  Les  Lt^au  s'y  plaignirent  de  ceux  ne  (cancklifStîes  CatBoIiqaes,  &  nefiornft 

fvi  avoient  fait  oppofition  au  titre  du  Dé-  matière  aax  railleries  des  Proteftans.  Mais 

€r€t  dans  la  S effion  précédente.  )  Parce  qoe  oaoi  qu'ils  pnflènt  &ire  y  il  y  eattoDJoar* 

jaloax  de  la  lépatacion  du  Concile  ils  euilent  at%  Evtqnes  qui  ne  cnirenrpas  devoir  avoir 

fbahaité  qall  ne  parut  rien  au  dehors  de  cette  complaîunce  pour  eux  ;  &  il  y  eue  peut 

rbppofition  de  fenrimens ,  &  qu'ils  appré-  de  Seffions ,  oïl  il  ne  (ê  tronvit  quelque  o^ 

kendôienr  que  hirfqu'il  s'agiroitde:nntièses  poficion  de  la  mtmff  (bxte** 
fins  im£Qrtântescette  appuence  de  divifioA 


i4«       HISTOIRE    DU    CONCILE 

wjctn.        L'EvESQui  de  S.  Marc  dit  ;  Que  les  Laïcs  ne  pou  voient  s'appellor 

Paul  IIL  Eglife  que  crès-impropremenc  9  puifqae  ibkm  les  Canons  ils  p'^vaiçat  iMlr 

"  cune  autoricé  de  commander  »  mais  qu  ils  étoient  çbligps  d'ohék  \  8c  quf 

c'écoic  une  des  chofes  que  le  Concile  avoic  à  déânir  >  que  les  Laïcs  dcvxMK 

recevoir  bun)bleniencu  Doârine  de  la  Foi»  quer£gli(r  kur  propofiik» 

fans  difputcr  ni  paiibnner  :  Que  par  conféquent  il  étoit  i  pEQpos  qM  Jfap 

Concile  prît  le  cinre  de  âUpr^e/tùtni  f£gti/€  UmvtrfidU  %  afio  de  Àirc  esr 

tendre  aux  Laïcs  qu'ils  o'ctoieot  pas  l'Ëdife  »  mais  qu^ils  dévoient  Técott** 

ter  &  lui  obéir.  Aptes  pluiieurs  chofes  dices  de  part  &  d  autre  9  '*  00  pa£Qt. 

/Pallar  L^^^^^  ^^  '^^^^  condure  autre  choie»  ^  finon  que  dans  la  Seflionfiiir 

^.  ^  ^^  '    vante  on  fe  ferviroit  encore  du  titre  iimple  >  comme  <qo  avoit  £ût  dans  k 

précédente. 
On  dûitiff  '  XXXVL  Cet  article  étant  fini  •  comme  qiiclques  PréliLts  avoicnc  -^Bt- 
fitr  Us  #M-  mandé  quon  en  vînt  enfin  à  reflèntiei »  les  Légats  »  pour  les  fatiafaice  di«- 
iihes  dent  rent  »  que  comme  il  y  avoir  tcois  choies  qui  dévoient  £ùce  Tobjet  des  délir 
Tt^dlàî^L  ^^^^^^  ^  ^  9f^  ^^  ^^P^  indiouoit  dans  Ùl  fioUe ,  favoir ,  Tcxtirpatian 
^wtM  ^^  Héréfies  9  la  Réfiarnkatioo  de  la  DifcipUne ,  &  TérahliiTeoif  nt  de  U 
/«vi/  /vr  Paix ,  ils  les  exhortoient  â  demander  i  Dieu  qu'il  les  édaicar ,  Sg,  leur  àtr 
uttt  ivM*  couvrît  par  où  ils  dévoient  commencer  ;  quelle  voie  ils  dévoient  lenir  »  6c 
^^*  ce  qu'ils  avotent  d  faire  ;  j&  ils  i;emirent  à  la  prochaîne  Congcégacifiin  à 

écouter  fur  cela  leurs  avis.  A  la  hn  ou  chargea  f  Archevêque  ^Aix ,  iSc  Ici 
Ev&qoes  de  Fdtri  &  ^Aflorga  ,  d'examiner  les  procurations  &  ies  exonicf 
envc^^  par  quelques  £v^ues  abièns  »  6c  d'^ca  &ire  leur  rapport  à  la 
Congrégation. 
LesUgift9     Lb  jour  fuivant  les  Légats. écrivirent  i  Rome:  Que  l'Addition  de  Hifwi^ 
écrivêni  À  fintam  lEgUJi  UnivtrytUt ,  jétoit  une  sk^sAt  £  jpopulaiioe  8c  qui  plaiioic 
^êmefonr  tellement  â  tous ,  <}u'ils  prévoyoient  eue  l'on  pouccoit  jbiea  ia  redemander 
^p^P^^'  encett  :  Qu'ainfi  ils  founaitoient  de  lavpir  fur^cekt  Iç^  imentiops  de  Sft 
^m  dijftre  Sainteté  ,  &  s'ils  dévoient  ou  perCfter  d  la  cefu&r  »  ou  jr  coadêntir ,  foc- 
de  leur  ri*  tout  en  cas  que  l'on  eût  à  faise  quelque  Décret  important  fi>it  ^our  con-* 
fondre.       damner  les  HéréHes ,  foit  pour  quelque  autre  chofe  de  iemblable.  Ils  man^ 
dotent  enoote  »  outils  n'avoient  propofé  que  d'une  Aanièce  génénde  \fCÈ 
chefs  ^e  délibération  pour  la  Congr^ation  fuivaote»  pour  avoir  le  tcms 

<   '•l.  0/z  pt^T^  vutre  fitm  ri^n  ^êm^hfm  giroît  ^t  «Matières  pkis  Smponancts.  Mak 

autre  chofe ,  finon  que  dans  la  S^fiêa  fat*  JiaijfJuLbiSf  N^  $.  (eroble  attribqf  tcexQffh' 

vante  on  fi  firvirou  encore  du  titre  fimple  ^  péiamenc  au  Cardiral  Pach^co,  Tum  fubjt* 

4cc:}  Cfi  fuc ,  (elon  PaiUvicin ,  /grànu  S^  ùt,  dic-il ,  CardinaUf  GUnnvifif  ^fihii^uU 

fifmid  alors  ^Gén£sal  des  Auguâins  4c  die-  (n«p  ÀMbium  accurrjire  ^  juiti  Triflmims 

jMii*  Cardinal ,  qui  cpn^ibna  Je  plus  à,î^  JCfinfiJfus  licet  e^ip^uj  ÛnivtrfaUm  BçfUf 

trce  JiifixeQd  >  en  prppo&uc  4^  x^  pi^  fumJrt^afifUf^t  -    catcrujn  inprmfinti  ç^f^ 


fe>e(tar^eûcrepour toujours,  mais  fimpte-  ahUa  P^tr^  itrpri  nsçeEiate  ut  çum  ti* 

jneat  de  ii^meuxe  ^poor  cette  fois ,  te  de  xi-  ttijjm  ^^dinrif^nt ,  &c.  Pei^  -  j^tre  l'pn  4^ 

QvftT  cette  difcoffion  pour  le  tjtn^s  gjî  1^  iantr/e  jwttànuu  iis  ^n  fytv^m  i»  Mmf 

Concile  feioit  plus  nombreux ,  Se  où  il  s'a-  ^prîs* 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  B  I  T.  147 

JliÉttencIre  far  cela  les  Inftruâions  de  Sa  Sainteté ,  &  cependant  contenter  '  uDtvth 
ceux  des  Prélats  qui  demandoient  qa'cm  en  vint  enfin  aaz  cbofes  eflèntieU  ^^^^  ^Ù. 


ptu  commune ,  de  le  rendre  au  Concile  s  8c  qu  amii  ils  |ageoient  qi 
iiécsflàire  que  le  Pape  envoyât  dit  ou  douane  Prélats  ^n$  de  confiance,  de  Att 
te  de  capacité,  afin  que  le  nombre  des  Uhramontams ,  la  plupart perfonnea 
kabiles  &  exemplaires  venant  à  croître  ^  ils  trouvafTent  gens  en  état  de  ku^ 
lépondre  ;  la  plupart  àt^  Prélats  qui  à  Trente  étoient  bien  ineentbnnéi 
âjont  peu  de  lavoir ,  ic  êncord  moins  de  prudence ,  6c  ceux  qui  avoienc 
quelque  fcience  étant  gens  d'intrigue  &  difficiles  à.gouverner. 

XXXVII.  Dans  la  Congrégation  du  1 8  ,  il  y  eut  quatre  avis  ditfetens  Qj^^h^/^ 
^m  ratticle  des  matières  par  oè  Ton  devoir  commencer  â  traiter.  «4  Les  ^^^^"^  *!^'^ 
bipériaux  dirent  qù'oâ  Ht  poavôit  todtbér  utilement  aux  Dogmes,  <fxt*^^^^^ 
l'on  n'eût  réformé  les  abus  aoù  étoient  nées  les  Héréfies  *,  &  après  s'être  far  U  Ré^ 
£ott  étendus  ils  conclurent  que  tant  que  durefoit  le  fcandale  que  produi-  ffrmMùon. 
fcit  dans  le  monde  la  fcorfuption  de  l'Etat  Êtcléfiaftique ,  on  ne  eroiroit  j^^*y?* 
rien  de  tout  ce  qu'ei^feignetoit  le  Cletgé  y  tout  le  monde  tenant  pour  pai^y  Ltf 
ifiaxime  de  &ire  plus  d'attention  aul  aâiôns  qu'aux  paroles  :  Qu^on  ne  c.  % 
devoir  pas  prendre  en  cela  les  anciens  CohcjlH  poui:  modèles ,  parce  qu*a-  Fleurf  >  L» 
Itnrs,  ouilnyavoitpoint  la  même  corruptim  dans  les  mœurs.  Ou  THéré- '4*'N^3lt 
£e  ne  venoit  pas  de  ce  principe  :  Qu'enfin  ce  fètôit  vouloir  pa(!èr  pour  in- 
corrigible ,  que  de  diflferet  i  rrairer  de  la  Réformé. 

^J  D'authés  j  rt«is  en  périt  Nombre  ,  vouloienr  commencer  par  tes 
Dogmes  &  venir  ènfuite  à  la  Réfôtmation  ',  &  pour  appuyer  leur  avis  ils 
difoient  :  Que  la  Foi  cft  le  fondement  &  la  bafe  de  la  vie  Chrétienne  : 
C'en  ne  doit  pas  commencer  un  édifice  pur  le  toit ,  mais  par  les  fondemens  : 
Qh'îI  y  a  plus  de  péché  à  errer  dans  la  Foi ,-  que  dans  toute  autre  aâion 
Itamaine  :  Qu'enfin  l'esltirpàHion  dés  Héréfiet  ^ftott  le  premier  chef  in&qué 
dans  la  Bulle  du  Pape» 

'  94.  Ltê  Impériaux  dirent ,  ^'éln  ÀépàU'  fual  cûfà  i  lègàii  vWàmtrtttfi  wpdfnt^atiQ, 

«f»tt  toUchir  utUemtnt  dust  dogmes ,  ^ue  Voh  Ce  fut  pour  feCôndet  les  vuè6  dé  llEmpér^y, 

wteâi  réformé  les  abus  ,  écc»  )  Ce  fut  le  Car-  cfiQ  Madruct  parla  fi  ferrement  pour  cet 

4ÎQal  Madruce  qai  oovric  cet  avi^  ,  qai  hoït  avis.  Mais  félon  Pallavicin  ,  il  n*eft  pas 

cnrèrement  contraire  aux  intentions  de  la  vrai  que  les  Impériaux  indiflindement  1  ao* 

C6ur  de  Rome ,  &  auquel  le  Pape  avoir  or-  puyafTenr ,  puifque  le  Cardinal  Pschéco  vax 

donné  atu  Légats  de  s*oppofer  de  tout  leur  dun avis  tout  différent* 
pnàtoir.  L*Eihipëteur  ato  cofirtare  Vouloir         i^.  D* autres^  mais  en  petit  tttfnâre y ou^ 

^olument  qti'on  cottmènçat  par  là  Ré-  tdient  tcMmneer  par  tifs  dogmes.  )  PaHa- 

fiirmatfoh.  VbBH^à  m  oitre  rimpef-adore  ,  vicôinoftnme  entrauties -Pitc^^^ ,  Fitfn>tl 

ikAdriani  L.  /.  p.  !çii.  ehe  ùi  Coneilio  Aîrlkevêque  d'Aii  ,  Si  Muffo  Èvêqné  de 

fUiwCàfi  f^âtinffeto  j^i  abafi  detta  CorU  di  Bitonte.   Appatemment  même  que   tou^ 

Roma  &  la  vita  de  Cherici  ^firhàndofi  al  ceux  qui  pn^hoiént  leurs  ttf dits  dei  Lépt^  , 

dâfe^^  dopo  la  Dieta  di  Ratishona  à  trot-  appuyèrent  Ife  même  avis. 
tare  de  gli  articoli  délia  Rtligiom  ;  aUa 


*48  HISTOIRE    Dtr   CONCILE 

1IIMH.VI.       8tf  Ls  croifîéme  avis  fut  :  Qu'il  écoic  difficile  de  féparer  la  Foi  de  la  RjS^ 
tAOL  UL  formation ,  n'y  ayant  point  de  Dc^me  où  il  ne  fc  trouvât  quelque  abus  , 
-        ni  d'abus  qui  ne  tirât  après  foi  quelque  mauvaife  interprétation ,  ou  ne  fît 
prendre  un  Dogme  en  quelque  mauvais  &ns  »  que  par  confcquent  il  falloic 
traiter  de  l'un  Ôc  de  l'autre  en  même  tems  :  Que  tout  le  monde  ayant  les 
yeux  fur  le  Concile ,  dans  i'efpérance  qu'il  apporteroit  quelque  remède 
rant  aux  chofes  de  la  Foi  qu'à  celles  des  Mœurs,  on  le  fatisferoit  davantage 
en  traitant  de  l'un  &  de  l'autre  en  mème-tems  »  qu'en  renvoyant  lun  après 
l'autre  -,  &  que  la  chofe  pouvoit  fe  faire  aifément  en  fuivant  le  plan  dtt 
Cardinal  4Ùl  Monte  »  qui  ézoit  de  partager  les  matières  en  difierens  Bu-- 
leaux  ,  qui  examineroient  chacun  â  part  les  points  dont  ils  feroienc  char- 
gés :  Qu'on  devoir  fe  hâter  de  le  faire  pendant  que  la  Chrétienté  étoic  en 
paix  ,  Se  qu'il  ne  falloît  pas  perdre  un  tems  fi  précieux  »  puifqu'on  ne  £h 
voit  pas  quels  empêchemens  le  tems  pourroic  apporter  :  Qu'enfin  il  falloic 
s'étudier  à  expédier  le  Concile  le  plus  promtemenc  qu'il  feroit  poiCble» 
pour  ne  pas  laidèr  trop  long-tems  les  Eglifes  fans  Pafteurs ,  &  pour  pla« 
fieurs  autres  raifons  ;  par  ou  l'on  donnoit  à  entendre  qu'en  le  prolongeant 
on  ne  feroit  plaifir  ni  au  Pape  ,  ni  à  la  Cour  de  Rome. 
nHâya.       D'autres  enfin,  du  nombre  defquels  écoient  les  François,  vouloient  * 
N^  lo.       que  l'on  travaillât  principaleoiMt  à  la  paix ,  Se  que  pour  cet  effet  l'on  écrivît 
PsUav.  L.^.  à  l'Empereur  ,  au  Roi  Très-ttrétien  ,  Se  aux  autres  Princes  ,  pour  les 
^  ^*  remercier  de  la  convocation  <lu  Concile ,  Se  les  prier  d'affermir  la  paix  » 

Se  d'envoyer  leurs  Amballàdeurs  Scieurs  Evèques  pour  féconder  l'A  fleni« 
blée  Se  en  alfurer  la  continuation.  '7  Us  fouhaitoient  auffi  ,  qu'on  y  invitâc 
amiablement  les  Luthériens  ,  Se  qu'on  les  prefsât  avec  charité  de  le  joindre 
au  refte  de'  la  Chrétienté. 
Les  LtgMts     ^£<  Légats  après  avoir  ouï  ces  diâerens  avis  >  Se  loué  la  prudence  des 
éludent  littr  Pères ,  dirent  ^  que  comme  il  étoit  déjà  tard ,  que  les  fentimens  étoient 
àemtmde^é^  fi  partagés  ,  &  que  la  matière  étoit  importante  ,  ils  penferoient  à  loifir  \ 
en  fi  déter^  j^^.  ^^  q^^  g^^^jj  ^^^  jj^.    ^  qu'ils  propoferoient  dans  la  première  Con« 
ttr  de  U    gi^égation  les  points  en  queftion  pour  en  décider. 

Dûârine  é*      I  ^  ^ut  réglé  enfuite  que  l'on  tiendroit  deux  Congrégations  par  femaine  » 

if  ^i  Rej^r- favoir  le  Lundi  Se  le  Vendredi  ,  (ans  avoir  befoin  de  les  intimer.  P  Eti 

^f^^foHt  la  fia  de  la  féance  l'Archevêque  d'Aix  ,  qui  avoir  reçu  des  lettres  du  Roi 

êld  c'j  ^  l^^^^^c  y  ^lua  le  Concile  au  nom  de  ce  Prince  >  Se  dit  qu'il  envoyé* 

P  Rayn.'  roit 

N«io. 


S  6»  Le  troifiéme  avu  fui  ,  ^îl  étoit  dif- 
ficile de  flparcr  la  Foi  de  la  Réformation.  ] 
Ce  fut  cet  avis  qni  prévalue,  &  Raynaldus 
audi-  bien  que  Pallavicin  en  font  honneur 
à  Thomas  Campége  Evéque  de  Feltrî. 

$7.  Ils  fouhaitoient  auffi  quon  y  invitât 
amiabitment  les  Luthériens.  )  Quelques-uns 
Bémt ,  (èlon  Pallavicin ,  propofbient  qu*on 


7  invitât  aaflSIe  Frite- Jean  Empereordï-' 
chiopie  ,  auflî  bien  que  les  Arméniens  &  les 
Arabes  :  ce  qui  apprêta  à  rireà  plu£eors.  Non 
manco  cki  diede  occafione  al  n/ç  d'aleutd  . 
in  proporre  ,  che  s'invitafiiro  ancora  U 
Signore  dcll'  Etiopia  ,  detto  volgarmenie 
il  Frète- Janni ,  gli  Arabi  e  gli  jirmemi» 

$8.  Afaii 


i3(  E    TRENTE, Livre    II.  i4J 

coït  bientôt  un  Ambaflàdear  &  pluûeurs  Evêques.  AinG  finit  cette  Con-  HBxirt; 
gtégation.  .  '  ^ 

Les  Lézats  donnèrent  avis  du  tout  à  Rome ,  ^  &  mandèrent  :  Que  les  „  „  . 
prétextes  qu  ils  avoient  apportes  pour  remettre  a  une  autre  Congrégation  ^  ^  ^ 
la  décidon  de  ce  qui  avoit  été  propofé ,  n  croient  que  pour  avoir  le  tems  de  rieurv ,  L. 
recevoir  les  ordres  du  Pape,  &  favoir  comment  ils  dévoient  fe  conduire  :  i4t.N°58. 
Qu'ils  prioient  de  nouveau  Sa  Sainteté  de  leur  faire  favoir  fa  volonté ,  &c  de 
coniîdérer  fur-tout  qu'il  n'étoit  pas  de  l'avantage  du  S.  Siège,  de  tenir  le  Con<- 
cile  fans  rien  faire  &  de  le  prolonger,  lorfqu'on  pouvoir  l'expédier  adbz  prom- 
cement  :  Qu'ils  avoient  été  obliges  d'établir  deux  Congrégations  par  femaine» 
pour  tenir  les  Prélats  en  haleine,  &  leur  ôrer  l'occadon  de  s'aflèmbler  de  leur 
chef  :  Que  comme  cela  ne  manqueront  pas  de  preller  l'expédition  des  chofes , 
il  falloit  qu'on  prît  le  parti  i  Rome  de  ne  point  les  faire  attendre  pour  les  ré-^ 
ponfes ,  comme  on  avoit  fait  jufque-là ,  mais  de  réfbudre  promtement  leurs 
difficultés,  ôc  de  les  inftruire  comme  de  la  main  à  la  main  en  prévoyant  même 
autant  qu'il  feroit  poffible  les  cas  qui  pourroient  arriver  :  Qu'y  ayant 
beaucoup  de  pauvres  Evèques ,  qui  étoient  venus  au  Concile  fur  l'efpérance 
qu'on  leur  avoit  donnée ,  &  fur  les  promedès  de  Sa  Sainteté  &  du  Cardi- 
nal Farnhfc ,  ils  réitéroient  les  prières  qu'ils  avoient  déjà  faites  en  leur  fa- 
veur :  Qu'il  ne  falloit  pas  prétendre  les  traiter  à  Trente  avec  la  même  hau- 
teur que  l'on  faifoit  à  Rome  où  n'ayant  nulle  autorité  ils  étoient  hum* 
blés  &  fouples ,  au- lieu  qu'à  Trente  ils  croyoient  qu'on  de  voit  avoir  des 
égards  pour  eux  &  pourvoir  à  leur  fubdftance  :  Que  fi  on  ne  le  faifoit  pas  > 
ilauroit  mieux  valu  ne  les  point  envoyer  au  Concile,  que  de  les  y  tenir 
mécontens  &  mal  Satisfaits  :  Qu'en  un  mot  on  ne  pouvoit  efpérer  aucune 
bonne  i(Iue  du  Concile  ,  fans  dilieence  &  fans  dépenfe. 

Chacun  pourra  s  étonner  que  le  Pape,  qui  éroir  une  peribnne  fi pru*   rPallav* 
dente 4  Se  qui  avoit  une  fi  grande  expérience  dans  les  affaires,  n'eût  pas^^*^  7- 
fait  àc  réponfe  fur  deux  points  fi  importans  &  fi  néccflaircs ,  après  tant  d'inf-    ^^o  TJ^ 
tances  de  fes  Légats.  **  Mais  ^  c'dOt  que  ce  Pontife  eoroptoit  peu  fur  le  ^  * 


le 


8  s.  Maïs  c*cftqu€  u  Poatifi  cômptou  preflknre  de  (ê  hSter  de  rendre  réponfe  fur 
peu  fur  le  Concile  ,  &  qu'il  nétoit  occupé  des  chofes  fur  lefquelles  il  étoit  bien  aife 
ue  de  la  guerre ,  &c*  ]  Il  y  avpic  des  rai-  de  confolcer  ,  pour  ne  rien  lailfer  pafTet 
bns  plus  naturelles  à  apporter  de  ce  délai,  qui  put  ou  préjudicier  à  fes  intérêts  ,  ou  le 
que  celle  que  produit  ici  Fr^Paolo»  Car  jetter  dans  un  embarras  qu  il  vouloit  éviter, 
quoique  le  P^pe  après  les  engagemcns  pris  11  pouvoit  croire  d'ailleurs  qu'après  les  or- 
avec  TEmpereur  pût  compter  alFez  certai-  dres  précis  qu'il  avoit  donnés  à  fes  Légats 
ncment  fur  la  guerre ,  on  ne  voit  pas  ce-  de  faire  traiter  des  Dogmes  avant  que  de 
pendant  qu'il  en  fut  moins  attentif  à  routes  toucher  à  la  JKéforipation  ,  rien  ne  le  pref* 
les  démarches  du  Concile ,  &  qu'il  négligeât  foit  dci  répondre  fur  les  autres  anicles  ,  U 
les  moindres  chofes  de  ce  qui  y  avoit  rap-  qu'il  feroit  aflêz  à  rems  de  faire  favoir  fes 
pônrt.  Il  eft  donc  plus  natprel  de  croire  que  intentions  avant  le  tems  de  la  Seflîon.  En- 
comptant  fur  les  ordres  donnas  aux  Légats  fin ,  fans  faire  mention  de  mille  incidens 
de  ne  rien  laiflêr  déterminer  qu'après  l'en  qui  arrêtent  fouvent  la  prompte  expédition 
avoir  aveni ,  il  ne  voyoit  pas  de  néceffitc  des  affaires  ,  peut-être  q[ue  le  Pape  étoic 
Tome   I.  Il 


ayo        HISTOIRE    DU    CONCILE 

xDxiTt.   Concile  y  &  quil  n'écoïc  occupe  que  de  la  guerre,  dooc  k  Cardinal  Far^ 

Pavl.  HL  j^iji  avoit  traité  l'année  précédente  avec  l'Empereur.  Il  ne  pouvoir  même 
fi  bien  fe  contenir  ,  qu'il  n'enlaifsat  entrevoir  quelque  chofc  ;  6c  l'Empe- 
reur de  Ton  coté  fe  foucioic  peu  du  progrès  du  Concile,  parce  qu'il  lui  fuffi-» 
foie  qu'il  fut  ouvert. 

Les  Prélats ,  qui  fouliaitoient  qu'on  commentât  par  traiter  de  la  Réfor- 
fnation,  &  qu'on  remît  à  un  autre  cems  l'examen  des  Dogmes,  Secondés  par 
les  Minifttes  de  l'Empereur ,  travailloient  à  attirer  les  autres  â  leur  avis  i 
chofe  d'autant  plus  sûfée ,  que  la.£léfbrme  étoLt  généralement  defirée ,  mais^ 
peu  efperée  ',  &  ils-  augmentèrent  tellement  leur  parti ,  que  les  Légats  ea 
j  Kcury   Pf^rç^^  ^"^  extrême  inquiétude.  Pour  s'en  délivrer  ils  employèrent  eux  «  ôc 

L.  141.  N^  leurs  adhérans  toute  forte  d 'intrigues  \  &  enfin  dans  la  Congrégation  du  11  ». 

1^.  ils  fe  mirent  i  combattre  tous  les  trois  l'un  après  l'autre  les  raifons  furlef* 

quelles  on  s'appuyoît  pour  faire  commencer  par  le  fedreflement  des  abus» 

t  Pallar.  '  Une  de  celles  qu'ils  employèrent  contre  les  partifans  de  la  Réformation  ^ 

Lr  ^.  c  7.  &  qui  fît  auffi  le  plus  d'impreflion  ,  fut  que  l'Empereur  ayant  dit  dans  U 
Diète  de  Vormes  aumois  de  Mai  pade ,  qu'il  falloir  voir  quel  progrès  feroir 
le  Concile  dans  la  difcuffion  des  Dogmes  &  la  Réformation ,  àc  qu'en 
cas  qu'on  n^'y  en  fît  aucsn  il  intimeroit  une  autre  Diète  pour  concilier  les* 
différends  de  Religion  &  réformer  les  abus ,  ils  oonduoient  de  U  ,  que 
fi  on  différoit  l'examen  des  Dogmes ,  on  jufHfieroit  par-là  le  Colloque  Se 
la  Diète  future,  &  l'on  nepourroit  empêcher  qu'on  ne  traitât  des  affaires- 
de  Religion  en  Allemagne ,  puifqu'on  refuibic  d'ett  traiter  dans  le  Con«» 
cile. 

^^  I  L  y  eut  dans  la  Cbn^égation  un  grand  &  riche  Prélat  qui  après* 
avoir  fort  exagéré  la  corruption  générale  de  tous  les  Ordres  du  Clergé  r 
s'appliqua  i  montrer  par  un  difcours  étudié,  qu'on  ne  devoit  avoir  prin-^ 
cipalement  en  vue  que  la  correâion  des  abus  -,  que  le  Saint-Efprit  ne  pou-> 
^t  habiter  en  nos  vafes  s'ils  n'étoient  purifiés ,  &  que  par  eonfêquent  on 
ne  pouvoir  porter  un  jugement  droit  fur  les  choies  delà  Foi  qu'après  la  Ré« 
formation. 

«  14  Ibîi      ^  Mais  le  Cardinal  de  S^^.  Croix  ayant  pris  la  parole  dit  ^  qu'il  étoit 

Itayn. 

N^  10^       ^ic"  ^f^  <^"^  ^^  commencemens  de  ne  Tiroft  avec  beaucoup  de  £ifte  &  de  magni? 

Ilemy ,  L  P^  trop  preffer  les  chofes,  afin  de  fe  régler  ficence. 

i4a,N^  j^.  lor  les  événemens  qai  pouToient  arrÎTei ,  ft         90%  Maïs  U  Cariinat  it  S».  Croim 

de  profiter  des  conjondcues  pont  fe  déter-  ^ant  pris  la  parole  ,  &c.  ]  Ce  ne  fbt  point 

miner  de  la  manière  qui  conriendioic  k  ce  Cardinal  qui  fit  cette  réponfe  y  comme 

mieux  à  fes  intérêts.  on  le  voit  par  les  Aéles  citéis  par  Raynaldus 

9^,  Il  y  eut  dans  la  Cêngr^aihn  un  &  par  PaUavicîn  s  mais  le  Cardinal  dd' 

framd  &  riche  Prélat  y  qui  après  avoir  fort  Monte  j^cpi  fut  appuyé  enruice  par  les  au-- 

exagéré  la  corruption  générale  ,  &c.  }  Ot  très  Légats  &  par  le  Cardinal  PackécOy^ 

Prélat,  que  Fra-Paolo  ne  nomme  point,  fime  que  tout  le  monde  revint  enfin  k 

tpparemment  &ure  de  Tayoïr  connu ,  étoit  Tavis  de  FEtique  de  Feltri  »  qui  étoit  de 

^   te  Cardinal  Madiruce  ,  qui  podîdoit  plu-  naiter  tout  enfemble  des  Dogmes  &  de  la^ 

feors  fivèchés  £t  autres  w^^fi^^  ^  Sl  imi  Riffiixniidoii* 


DE  TRENTE^LivRE   IL  lyi 

bien  ral(bnnable  qot  les  Meidbfcs  du  Conale  ne  diffëcallent  pi&d'on  mo-   KB^nw* 
mène  à  fc  céforiacf  eu»-  mcmes  •,  mais,  que  cela  écoic  facile ,  &  fe  pou  voit  ^^^^  ^*^* 
mettre  promtemenc  en  e:(éaKioa  fans  rocardev  l'examen  des  Dognies ,  qui  ""■■■■■^ 
icoic  une  choTe  plus  embarcaiFce  &c  d'unie  longue  difcuifion.  Il  loua  fore 
le  Prélat  qui  avoicpafléava,nc  lui,,  d  avoir  fait  une  û  faincecenioacrance, 
te  qui  pouvoir  produire  de  fi  bons  exemples  >  puifquen  commençant  par 
«ux- menées  il  leur  fèroic  aifé  dé  réformer  cour  le  monde  *,  &  il  exhorta  route 
l'Ailèmblée  i  joindre  la  pratique  aux  paroles.  Cet  avis  fut  loué  de  tout  le 
monde ,  mais  ne  fut  pas  fuivi  »  pludeurs  difant  que  la  Réforme  devoir  être 
univerfeUe ,  6c  qu'on  ne  devoir  pas  perdre  le  tems  à  en  faire  une  parti- 
dculiere^  C*eft  pourquoi,  i  la  réferve  de  deux  feuls,  rous  conclurent  à 
ce  qu'on  traitât  en    même  tems  des  Dogmes  &  de  la  Réformation , 
comme  tour  le  monde  le  defiroir  &  le  jugeoit  néceflàire  ,  &  comme  le 


parti  que  Ton  avoit  pris;  *  parce  gu*i!s*P*Il*^*K 
craignoienr  tant  d'être  forcés  de  traiter  Seulement  de  la  Réforme ,  qu'ils  re-  ^*  ^  ^* 
garooient  comme  une  viâoire  d'avoir  à  trairer  des  deux  matières  enfemble- 
Us  conlîderoient  d'ailleurs»  qu'ils  nepouvoient  fansfcandale  &  fans  in- 
jàmie  réfifter  â  cous  les  Prélacs  &  à  cous  les  Etats  de  la  Chrétienté ,  qui  de« 
mandoient  la  correftion  des  abus ,  &c  qu'il  y  eûr  eu  du  danger  à  l'omettre. 
£c  9^  enfin  fi  le  parti ,  que  la  néceffité  les  avoit  forcés  de  prendre ,  ne  plai- 

^j.  Ils  furent  affi^  fatisfaïts  du  parti  fort  en  colîiede  ce  que  fes  Légats  aroienc 

que  Von  avoit  pris  — *-  quils  regardoient  confenti   contre    fes  ordres   quon  traitât 

comme  une  viÀfire  >  &c.  ]  C  eft  ce  qu  ils  en  même  tems  de  la  Réformation  6c  det 

mandèrent,  au  Cardinal  Famèfe ,  au  rapport  Dogmes  ,  leur  marqua   Ton  mécontente- 

de  PaUavicin.  I.  Trefidenti ,  dit-il ,  neldar  ment ,  &  leur  ordonna  d*aboid  de  faire  ré- 

noveila  al  Card.  Parnkfe  d*un  tal  fuccejfo  traâer  ce  Décret.    Mais  mieux  coiifeillé 

chiamarono  quefla  or  la  giomata  del  con-  en  fui  ce  il  confentit  à  le  laillêr  fobfifler ,  à 

fiitto  ,  orâ  ildi  gloriofiffimo  ver  la  Sede  A^  condition  néanmoins  qu'on  ne  touchât  poinc 

pofloUca  —  M'a  tolh  non  fu  minor  il  tra^  à  cette  partie  de  la  Rcfomiation  qui  regar- 

vaglio  de'  vincitori  che  de  vinti ,  mentre  doit  la  Cour  de  Rome,  &  qu'on  ne  publiât 

fuelli  riportarono  dal  Pontefice  riprenfioni  le  Décret  qu'après  qu  il  en  auroit  approuvé 

per  lodi.  On  peut  juger  par  cet  aveu  forcé  la  forme.  Cela  paiTa  enfin  a  la  pluralité  :  ce 

du  Cardinal,  û  ce  qu'il  dit  foavent  dudefir  qui  n'empêcha  pas  les  Evèques  àîAftoYga  5c 

du  Pape  5e  des  Légats  pour  la  réforme  des  de  Badajo^  de  dire  publiquement  que  les 

abus  étoic  bien  fincère  >  &  fi  PmU^  fuppofé  Légats  trompoient  les  Pères.  Pallav.  L.  6. 

qu*il  eût  fouhaité  férieufement  qu'on  eàc  c.  7.  Traifei  contradittori  i  piu  caldifu* 

remédié  aux  défordres  &  aux  excès  qui  rono  il  Vejcovo  d'Aftorga  e  quello  di  Ba* 

régnoienc  dans  TEglife^  e&t  été  fi  mortifié  dajo^  ,  il  quale  proruppe  a  dirche  i  Legati 

de  voir  joindre   enfemble  la  matière  des*  ingannavano  i  Padri.  Les  Légats  effu)rèrenc 

Dogmes  &  celle  de  la  Réformation.  ce  reproche  fans  s'en  montrer  trop  ofTenfés  i 

9  t.  Enfin  fi  le  parti ,  que  la  néceffité  les  mais  ils  perfiftèrent  dans  leur  fféfolution  , 

^voit  forcés  de  prendre ,  ru  flaifoit  pas  à  la  &  le  Décret  ne  parut  ni  dans  cette  SeiEoa 

Cour  de  Rome  ,  ce  nétoit  pas  leur  faute,  ni  dans  aucune  autre. 
<cc«  ]  Il  ne  plue  pas  en  effet ,  5c  le  Pape 

liij 


M*      HISTOIRE    Dtr   CONCILE 

iiiKriTi.  foie  pas  à  la  Cour  de  Rome ,  ce  n'écoit  pas  par  leur  faute  »  &  elle  n*avoit 

Paul  m.        -  f  r.-i-: -J j.^ii-  -^ _„!V-.,*înl  _^  i : 1  ^:  .i. 


yU.L,6.      Il  fut  délibéré  enfuite  d'écrire  au  Pape  y  pour 
c-  8.  cation  &  de  Touverture  du  Concile ,  &  le  fupplier  de  le  maintenir  6c  le  fa- 

^o^°*        vorifer  y  Se  d'enoployer  fes  bons  offices  auprès  des  Princes  Chrétiens  pour  les 
inviter  à  vivre  en  paix ,  &  à  envoyer  leurs  Ambafladeurs  à  Trente.   Ils  con- 
vinrent aufli  d'écrire  à  l'Empereur ,  au  Roi  de  France ,  à  celui  des  Romains 
&  de  Portugal ,  &  aux  autres  Rois  Catholiques ,  pour  les  exhorter  à  main^ 
tenir  la  paix  >  a  envoyer  leurs  AmbalTadeurs  au  Concile ,  à  aflurer  les  che*- 
mins ,  &  à  exciter  leurs  Evèques  i  fe  rendre  peribnnellement  au  Synode  ;  ÔC 
l'Evcque  de  S.  Marc  fut  chargé  de  dreflèr  ces  lettres,  pour  être  hies  &  ob- 
chetées  dans  la  Congrégation  prochaine. 
Om  ffêffi     Les  Légats  propofèrent  enfin  deux  points  fur  lefquels  on  auroit  ï  déti- 
déerire  mh  berer  &  à  Opiner  dans  cette  même  Congrégation.  Le  premier  fi  dans  la 
^^p^^&      Sellion  fuivatite  l'on  pubiieroit  un  Déaet  qui  ordonnât  de  traiter  toujours 
&  on  dili-  cniSnble  d'une  matière  de  Foi  &  d'une  Rétormation,  qui  euflent  quelque 
bire  fur  U  rapport  l'une  à  l'autre.  Le  fécond  de  quelle  manière  on  s'y  prendroit  pour 
fci^u  dmt  .choifir  ces  deux  matières  >  &  enfuite  pour  les  examiner  &  en  délibérer» 
f^,  ^J!^'  Par  ces  propofitious  les  Légats  crurent  s'être  délivrés  de  Timportunité  de 
«;Ar  welques  Prélats  y  qui  deroandoient  que  dans  chaque  Congrégation  on  iraîu 

«  RayiL    ^^  de  quelque  choie  d'edèntid ,  &  montrer  par-  U  qu'ils  avoient  égatd  à 
N*^  II.       leurs  inftances. 

Flcury^,  L.  XXXVIII.  ^î  L  A  Congrégation  fuivante  fc  paflTa  i  lire  les  lettres  *  qu^on 
ï4*«N^  4»»  avoir  drcffccs  ,  &  à  difpoter  de  quel  fceau  on  devoir  fc  fcrvir  pour  les  c*» 
-cheter.  Quelques-um  propofoient  de  les  fcdler  en  plomb  avec  le  propre 
fceau  du  Concile ,  d'un  côté  duquel  feroit  empreinte  l'image  du  Saint  ££> 
prit  en  forme  de  colombe,  avec  le  nom  du  Concile  de  l'autre.  D autres 
propofoient  d'autres  formes,  qui  toutes  tenoient  du  noble  &  du  grand« 
Mais  les  Légats,  qui  avoient  d'autres  ordres  de  Rome»  après  avoir  laifTé 
.difpurer  les  Pères  fur  cela,  dctouroèrent  la  proportion  en  difant  que  ce 
que  l'on  avoir  propofé  avoir  quelque  chofe  de  trop  faftueux ,  &que  d'ail* 
leurs  n'y  ayant  point  à  Trente  d'Ouvrier  capable  de  faire  ce  cachet  »  on 

yy  Ld  CongrigAtton  fuivénui  fepaffaà  pliu  quelUon  de  ces  lerane?  qui  ne  forent 

Urt  Us  lettres  quon  avoît  dreffees  ,  &c.  )  point  envoyées.  Au  refte,  quoique  le  Car* 

Cette  ledvire  tyant  donné  lieu  à  une  con-  dinal  PaUavic'm  donne  â  entendre    que 

teftation,  pour  fa  voir  laquelle  on  dévoie  lire  la  conteftation  far  la  piéfTéance  entre  le 

Ja  première^  oi>de  celle  qui  étoit  pour  le  Roi  de  France  &  celui  des  Romains  refla 

Roi  des  Romains,  ott  de  celle  qui  écoit  pour  indéci(ê ,  il  paroit  cependant  p«r  le  té* 

le  Roi  de  France  ,  fit  quon  ne  (latua  rien  *moignage  de  Camphge  Evêque  de  Feltrî , 

ibr  la  leduie  de  ces  lettres  dans  la  Se/Iîon  i  qui  étoit  aloTS  au  Concile  ,  que  la  difficulté 

&  les  Lépts  ayant  appris  que  le  Pape  nap^  fut  décidée  en  faveur  de  la  France,  &qu'xi 

prouvoic  pas  que  le  Concile  les  écrivit ,  &  n*y  eut  que  Tordre  du  Pape  qui  empêcha 

q\i*il  croyoit  qu on  deyoit  lui laiflèr  ce  foin ,  lenvoi  des  IcKics» 
•A  laiffa  toniber  cette  affaire ,  &  il  ne  fiir 


Paul  m. 


DE    TR  E  N  T  E,  Liy  n  E   II.  ijrj 

perdroir  trop  de  tems  d'envoyer  à  Venife  pour  en  faire  un  :  Que  cepen- 

'danc  ils  y  penferoienc  plus  mûrement  ;  mais  comme  il  ctoit  nécetTaire  a*ex- 

pédier  pour  le  préfent  les  lettres  qu'on  venoit  de  lire  ,  ils  croyoient  qu'on  '■■■■■■^^ 
le  pouvoit  faire  fous  le  nom  &  le  cachet  du  premier  Légat.  Le  refte  fut 
lemis  à  la  Congrégation  fuivante.  • 

L'on  y  parla  fur  les  deux  points  propofés  par  les  Légats ,  &  il  y  eut 
deux  opinions  fur  le  premier.  L'une  étoit  pour  que  l'on  publiât  un  Décret* 
L'autre  qu'il  ne  falloit  point  fe  lier  par  un  Décret,  maisfe  conferver  la 
liberté  cie  délibérer  félon  les  événemens.  Dans  ce  partage  ^  on  prit  un  ^  Pallar. 
milieu ,  qui  fut  de  dire  fimplemenc  >  que  le  Concile  étoit  adèmblé  prin-  L  6x.  s.  * 
cipalemenc  pour  ces  deux  caules,  fans  s'expliquer  davantage.  A  l'égard  du 
iecond  point  la  plupart  étoient  d'avis,  qu'étant  aflèmblés  pour  condamner 
l'Héréde  des  Luthériens,  on  devoit  fuivre  l'ordre  de  leur  Confedion.  Mais 
-d'autres  furent  d'un  fentiment  contraire,  fous  prétexte  que  ce  feroit  rabaif- 
fer  la  dignité  du  Concile ,  que  de  fe  régler  fur  les  Colloques  tenus  en 
Allemagne.  Ils  craignoient  d'ailleurs  que  (i  l'on  appiouvoit  les  deux  pre* 
miers  Chapitres  de  la  Confeflion  d' Ausc>ourç ,  où  u  e(l  traité  de  la  Trinité 
&  de  l'Incarnation,  &  fur  lefquels  on  étoïc d'accord  en  fubftance,  quoi- 
-<]u'ils  fuffent  exprimés  d'une  manière  nouvelle  &  inuCtée  dans  les  Eco- 
les ,  cela  ne  donnât  de  la  réputation  aux  autres ,  &  n'en  rendît  la  con» 
idamnation  plus  dangéreufe  -,  Se  Ci  fans  les  approuver  ou  les  condamner  , 
on  vouloir  en  traiter  non  dans  les  termes  de  la  Confeflion ,  mais  dans  ceux 
des  Scolaftiques  ou  d'autres  pareils  ,  on  courroit  rifque  d'introduire  de 
nouvelles  diiputes  &  de  nouveaux  fchifmes.  Les  Légats ,  qui  ne  cherchoient 
•qu'à  gagner  du  tems,  voyoient  avec  plaidr  ces  conteftations ^  &  les  fo- 
inentoient  avec  foin ,  en  paroiflant  adroitement  pencher  tantôt  pour  un 
ièntiment  &  tantôt  pour  un  autre. 

XXXIX.  Le  tems  de  la  Selfion  approchant  »  les  Légats  fc  trouvèrent  bien    ^'  C^iï-» 
cmbaraffcs  de  ne  recevoir  aucune  inftruâion  de  Rome.    Pliflcr  cette  Seflion  ?T  ïj 
en  cérémonies  comme  la  précédente,  c'éroità  leur  avis  perdre  le  Concile  ^,>/^y//^ 
de  réputation.  Entamer  quelque  matière,  fans  favoir  encore  à  quoi  i's  de-  Symbole 
voient  fc  fixer ,  ils  y  trouvoicnt  du  danger.  Il  y  avoir  moins  de  rifque  àî  for-  ^^"^  ^^  P^^ 
mer  un  Décret  fur  la  réfolution  prife  dans  la  Congrégation ,  de  traiter  en-  ^'^^'»'  ^^J^ 
icmble  des  matières  de  Foi  &  de  celles  de  la  Reformation  ;  mais  ce  qui  Ics''^^^ 
«rrètoit ,  c'eft  que  c'étoit  fe  lier ,  &  d^'ailleurs  déterminer  une  chofe  que  le 
Pape  avoir  laiffée  indécife  dans  la  Bulle  de  convocation.    Dans  cette  incer- 
titude il  fe  parla  de  publier  une  prorogation,  ^  fous  prétexte  qu'il  y  avoit    h  Id.  lbl(). 
en  chemin  pludeurs  Prélats ,  qui  dévoient  arriver  dans  peu  de  jours.  ^4  Le  ^^^^^  >  L. 

94*  Le  Cardinal  Pool  fit  olferver  ^  que  firion,  laquelle  fut  faifie  atec  aTidiré  par 

tous  Us  anciens  Conciles  ayant  publié  un  ceux  qui  étanc  honteux  de  tenir  une  Selfion 

Symbole  de  leur  Foi  y  on  devoit  à  leur  exem-  fans  rien  faire ,  furent  bien  aifes  d^avoir  ce 

fie  publier  celui   de  l'Eglife  Romaine  ,  prétexte  pour  amufer  le  public  ,  dont  ce* 

Sec,}  Selon  le  Cardinal  PaÛaviciny  ce  fut  pendant  ils  ne  parent  éviter  la  raillerie  de 

JBertani  Evoque  de  Fanoqoi  en  fie  la  propo-  les  bons  mots. 

0 


2f4        H  rSTOIREDU  CONCILE 

tiBxrfc.    Cardinal  Pool  âc  obferver ,  que  cous  les  anciens  Conciles  ayant  publié  Wfk 
Pau4  iU.  Symbole  de  leur  Foi ,  on  devoir  à  leur  exemple  publiée  celui  de  i'Ëglijfe 
■■■■^—■^  Romaine  dans  cette  Seffion.   Enfin  il  fut  réfolu  de  former  un  Décret  avçc 
€  IL  Ibid.  le.  titte  (impie  comme  auparavant  »  ^  &  d  y  marquer  »  mais  jfeulemeac  en 
général ,  ^^  que  Ton  traiteroisde  la  Doârine  &  de  la  Réfbrmation,  afin 
que  Ton  put  expliquer  cela  ièlon  le  befoin.   On  convint  au(E  de  réciter  le 
Symbole ,  &  de  fane  enfuite  un  Décret  pour  remettre  les  aucres  matières 
à  la  bellion  fui  vante,  fous  prétexte  qu'il  y  avoit  plufieurs  Evêquesen  route, 
&  d'autres  prêts  à  s^'y  mettre.    Puis  pour  ne  plus  retomber  en  pareil  embar- 
ras ,  les  Légats  fb  réfolurent  de  reculer  le  plus  loin  qu*ils  pourroienc  le  cems 
de  la  Seflion  fuivante ,  fans  cependant  la  difierer  au-delà  de  Pâques. 
VEvtquâ       ^^  projet  ayant  été  communiqué  aux  Evêques  qui  écoicnt  le  plus  dani 
éU  B  ionie  1^  conndence  »  celui  de  B'uonu  remontra  :  ^  Que  ce  feroit  s'expofer  i  la 
<r  oppofe,    raillerie  des  uns  &  aux  cenfures  malignes  des  autres ,  que  de  tenir  une  Se£- 
^^^^o'  ^  ^^'^  P°^*^  réciter  un  Symbole  comjpolé  depuis  douze  cens  ans ,  toujours  cm 
'4  -W  4^.  ^  jamais  contredit  depuis  tant  de  uécles  :  Qu'on  ne  pouvoit  fe  juftifier  en 
cela  par  l'exemple  des  anciens  Conciles  »  parce  qu'où  ils  avoient  compofë 
ces  Symboles  contre  les  Héréfies  qu'ils  condamnoient ,  ou  qu'en  renouvel* 
lanc  les  précédens  contre  des  Héréuesdéja  condamnées^  ils  y  ajoutoienc  quel- 
que nouvelle  explication  pour  leur  donner  plus  d'autorité»  ou  pour  en  tairai 
cnirla  mémoire  &en  prévenir  l'oubli;  au-lieu  qu'ici  il  n'étoit  queftion  ni 
de  compofer  un  nouveau  Symbole ,  ni  d  ajouter  quelque  déclaration  aux  ao- 
ciens  :    Qu'il  n'étoit  ni  en  leur  pouvoir  ni  en  celui  du  fiécle  ptéfènt  de  don» 
fier  plus  d'autorité  au  Symbole  Apoftolique ,  qu'il  y  auroit  de  rafTeâation 
&c  de  l'inutilité  à  le  réciter  pour  en  rappeller  le  fouvenir ,  puisqu'il  (è  récL* 
toit  au  moins  une  fois  par  fèmaine  dans  toutes  les  Eelifes  ,  &  que  chacun  le 
favoit  par  cœur  :   Que  fi  le  Symbole  étoit  propre  a  convaincre  les  Héréti- 
ques ,  qui  crroient  contre  quelqu'un  de  fes  articles  >  cela  ne  pourroit  être 
d'aucun  ufage  cûntie  les  Luthériens,  qui  faifoient  profcfiion  de  le  croire 
comme  les  Catholiques  :  Que  fi  après  tant  d'appareil  on  ne  ie  fervoit  point 
du  Symbole  dans  la  vue  de  combattre  quelque  Hérefie ,  on  interpréteroit  la 
conduite  des  Pètes  comme  ne  tendant  a  autre  chofe  qu'a  paficr  le  tems  &  i 
amufer  le  public  y  fans  qu'ih  ofafTènt  toucher  aux  Dogmes ,  ou  qu'ils  voui- 
ludènt  mettre  la  main  à  la  Réforme  :  Qu'il  croyoir  donc  qu'il  valoir  mieux 
proroger  la  Seffion  fous  prétexce  de  l'attente  des  Prélats ,  &  ne  la  point  te* 
nir  au  tems  pour  lequel  elle  avoit  été  fixée. 

L'EvESQUEde  Chio^^a ajouta  que  les  Hérétiques  pourroient  prendre 
avantage  des  raifons  alléguées  dans  le  Décret ,  en  difant  que  fi  le  Symbole 
peut  fervir  à  convertir  les  Infidèles ,  confondre  les  Hérétiques,  &  confirmer 
les  Fidèles,  on  ne  devoir  pomt  les  contraindre  à  crcire  autre  chofe  que  ce 

9  î .  Que  Von  traiterott  de  ta  Dofirine  &  que  pnr  la  Religon  il  cnretid  ici  la  DcârinoV 

de  la  Réformation.  )  Fra-Paolo  dit  de  ^à  puifm'il  la  diilingue  de  la   Rcforuiarion  ^ 

Religion  &  de  la  Réformation  ;  delta  Reli»  qui  apf'arr.ienr  néanmoins  a  la  Relig^)nâttS 

fiQne&  délia  Riforma,  Mais  il  ed  vi£ble  bien  que  laLoâiine* 


DE   TRENTE  Livre  IL  mT 

qull  contient.  Mais  les  Légats ,  moins  frappés  de  ces  raifons  que  ccl!c  qii  on    mï«it  i. 
«voit  allégiicc  ,  que  ce  (croit  fe  perdre  de  réputation ,  que  de  ne  point  fai-  ^^^^  ^^- 
le  de  Décret ,  fe  déterminèrent  a  ce  dernier  parti.  Ils  en  drelfcrcnt  donc  un,      • 
qu'ils  propofèrent  dans  la  Congrégation  du  premier  de  Février,  &  qui  après 
^voir  été  retouché  fur  les  avis  des  Prélats,  qui  dirent  fur  cela  différentes 
àkofcs ,  pada  à  la  pluralité  des  voix.  Cela  n'etppècba  pas  cependant  que  quel- 
ques prélats  s'entretenant  l'un  l'autre  au  fortir  de  la  Congrégation  ne  dillenc 
avec  une  forte  de  mécontentement ,  qu'une  négociation  de  vingt  années  s'é^ 
toit  terminée  d  venir  entendre  réciter  le  Credo. 

XL.  Le  4de  Février  jour  de  laSeifion  étant  vena,  ^  on  alla  i  l'Eglife  nj.Selfion 
avec  les  mêmes  cérémonies  qu'auparavant»    La  Mede  y  fut  chantée  par  0h  Con  fi 
Fient  Tagliavia  Archevêque  de  Palerme  :  jimbroifc  Catharin  Dominicain  ^^^^  ^  l^ 
Siennois  fit  le  Sermon ,  &  ^  Salvator  Altpo  Archevêque  de  Saflari  lut  le  ^j'"f'^ 
Déaet ,  qui  portoit  en  fiibftance  :  Que  le  Concile  confidérant  l'importance  J^  ^j^  *  * 
des  deux  points  dont  il  avoità  traiter,  fa  voir  de  l'extirpation  des  Héréiîes     «Raya; 
Ce  de  la  réformation  des  mœurs,  ^  les  exliortoit  tous  à  mettre  leur  confiance  N^  if . 
en  Dieu ,  &  à  fe  revêtir  des  armes  fpirituel les  :  Qu'afin  que  fes  foins  ôc  fa  ^[Hmd. 
diligeiKe  fulïcnt  fécondés  par  la  Grâce  dans  fon  commencement  Se  dans  fon  ^  J'    - 
progrès ,  il  avoir  réfolu  à  l'exemple  des  Pères ,  (  qui  dans  les  principaux  Con-  ^,  ^  ^ 
ciles  avoient  coutume  au  conunencement  de  leurs  AÏÏèmblées  d'oppofèr  ce  Fkury ,  L, 
bouclier  aux  Héréfies ,  &  avoient  quelquefois  par  cela  feul  converti  les  i3<"N^47. 
Infidèles  &  défarmé  les  Hérétiques ,  )  de  commencer  par  la  confeifion  de  fa  J^^^'  ^ 
Foi ,  en  laquelle  tous  ceux  qui  font  profcffion  du  nom  Chrétien  fe  font  una-    "  * 
aimement  une  loi  de  croire.  Le  Symbole  enfuite  fut  lu  mot  pour  mot ,  fans 
y  rien  ajouter;  &  l'Archevêque  ayant  demandé  aux  Pères  s'ils  agréoient  le  Dé- 
cret,'7  ils  répondirent  tous,  qu'ils  l'approu voient ,  J  mais  quelques-uns  avec    paHav.-!.^ 
it::^  claufes  &  des  additions  de  peu  de  conféquence*,chofe  qui  déplut  au  Cardi-  ^.  &  ^^  '^ 
aal  dd  MonUy  qui  ne  pouvoir  goûter  que  dans  les  SefEons  on  proposât  rien  de 
particulier  ,  de  peur  que  quand  on  auroit  à  traiter  de  quelque  chofe  d'im- 

Ertance ,  il  n'en  arrivât  quelque  inconvénient.  Enfin  on  intima  la  Sefiion 
ivante  au  S  d'Avril  ;  &  l'on  dit  pooc  raiibnd'un  ^  long  délai,  que  plufieurs 
Prélats  étant  fur  le  point  de  partir  pour  fe  rendre  au  Concile ,  &  d'autres 

9^.  Salvator  AUpo  AreKeveque  dt  Saf"  plus  en  dérail  en  nous  di(ânt  que  les  Eve' 

pai  lutU  Décret.  ]  Fra-Paolo  (ans  nommer  ques  de  Fiéfoli ,  de  Capaccio ,  &  de  Sador' 

perfonne  dic{împleinenc,.querArchevèqae  joi^  demandèrent  par  écrit  ^  que  dans  le 

de  Torre  lac  le  Décret ,  &  l' Arcivefcovo  di  titre  du  Décret  on  ajoutât  la  claufe,  C^ni- 

Torrt  leffc  il  Décréta,  Ceft  une  ÊMte.  Car  verJaUm  EccUfiam  reprafentanr  :  &  qu'à' 

il  f  avoit  long-tems  que  la  ville  de  ce  nom  Tégard  du  fécond  Décret ,  les  mêmes  Erè^ 

tfoit  été  démiite ,  &que  rArchevêché  avoit  ques  de  Capaccio  8c  de  Sadajoi  déclaiè- 

été  transféré  à  Saflàri  nlle  de  Sârdaigne.  lent  aufli  par  écrit ,  qulls  n'approuvoienc' 

97»  Ils  répondirent  tous  qu'ils  lapprou"  pas  qu'on  n'eut  point  fait  mention  de  Ijp 

woUnt ,  mais  quelques-uns  avec  des  claufes  léfolucion  prife  de  joindre  coujoun  cn(èn> 

4»  des  additions  de  peu  de  confequence  ,  ble  les  matières  de  Dodrine  5&  df  ^jsb»', 

iBc*  )  Ceft  ce  que  mas  apprend  FaUavicin  matton»* 


lytf       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MosXTi.  déjà  en  route  ,  les  délibérations  du  Synode  feroient  plus  refpeâées  &  d*im 
Favl  IIL  p|Q5  grand  poids  »  quand  elles  feroient  autorifées  par  un  plus  grand  non»- 
'  *       brc  œ  Pères  :  Que  cependant  on  ne  laiflcroit  pas  de  travailler  i  la  di&> 
Cttflion  des  chofes  que  le  Synode  jugeroit  à  propos  de  faire  examiner. 

^^  L  A  Cour  de  Rome  »  qui  trembloit  au  feul  nom  de  Réformation  ; 
Toyoitavec  plaidr  le  Concile ^^amufet à  ces  préliminaires,  &  efpéroitque 
le  cems  apporteroit  quelque  changement  favorable.  Cependant  les  Cour- 
•tifàns  qui  ne  fauroient  retenir  leur  langue ,  railloient  avec  malignité  les 
Pères  \  Se  l'on  faifoit  courir ,  félon  la  coutume  de  Rome,  diverfes  pafqui*^ 
nades  très*piquantes,  tantôt  en  louant  les  Prélats  du  Concile  d  avoir  £ûc  un 
Décret  C\  aigne  d*un  Concile  Général ,  tantôt  en  les  encourageant  i  bien 
oonnoitre  leur  fcience  &  leur  mérite. 

Les  Légats  en  rendant  compte  de  cette  Seflîon  au  Pape  lui  mandèrent  : 
Qu'à  Tavenir  il  feroit  très  dimcile  de  l'emporter  fur  ceux  qui  vouloient 
qu'au  titre  du  Concile  on  ajoutât  ces  mots ,  Rtprcftntant  VEgUfc  UiàW'» 
ftlU  \  mais  que  néanmoins  ils  s'efTorceroient  de  furmonter  cette  difficulté  : 
Qu'il  ne  leur  étoit  pas  poffible  d'amufer  plus  longtems  les  Prélats,  fans  ver- 
nir à  l'effentiel ,  &  fans  travailler  à  quelque  chofe  d'important ,  &  qu'ils 
attendoient  fur  cela  les  ordres  Se  les  inftruâions  qu'ils  avoient  (i  fouvenc 
demandées  :  Qu'à  leur  avis  il  feroit  bon  de  traiter  de  l'Ecriture  Sainte ,  au 
fujet  de  laquelle  il  y  avoir  pluGeurs  conrroverfes  avec  les  Luthériens  ^  Se 
de  réformer  les  abus  qui  s'étoient  glides  dans  l'Eelife  fur  cette  matière  : 
Qu'on  pouvoit  par-là  contenter  tout  le  monde,  fans  offènfer  perfbnne  : 
Qu'ils  attendroient  fur  cela  la  réponfe  de  Rome ,  y  ayant  afTez  de  tems 
pour  examiner  ces  controverfes  ,  &  même  afièz  de  prétextes  pour  diffêrer 
cet  examen  jufqu'au  commencement  du  Carême. 
VûHviMêtx      XLI.  Cependant  ,  quoique  le  Concile  fut  ouvert  &  en  train  d*agir  ^ 
f^^^f  ^   les  affaires  n'en  alloient  pas  mieux  en  Allemagne.  Au  commencement  de 
me  nT^Ai'  ^'^"^^  »  ^  l'Elefteur  Palatin  introduifit  chez  lui  la  Communion  du  Calice  » 
lemagne.      Ics  prières  publiques  en  Langue  vulgaire  ,  le  mariage  des  Prêtres  ,  &  le$ 
h  Sicid.  L  autres  Réformations  faites  en  divers  lieux.  ^'  Le  Colloque  intimé  par 
16.  p.  166.  l'Empereur  à  Ratisbonnf  *  pour  concilier  les  diflférends  de  Religion  ,  au* 
X  No''*^    quel  préfidercnt  l'Evêque  dj4ich/lat  &  le  Comte  de  Furjjlcmbcrg ,  fe  tint 
PalUv^L^.  ^^^  ^"^  ^^^^^  »  ^  caufe  des  défiances  que  chaque  parti  conçut  l'un  de 
c.  9,  l'autre  5  &  *°o  l'on  fm  obligé  de  le  rcn:pre,  parce  que  les  Catholi^ef 

i  sicid.  L.  profiro^ent 

i^.  p.  169, 

^ô     '       9S.  Zif   Cour  de  Rome^  ^uî  trcmbloh  à  Ratîshonnt  pour  concilier  Us  dijflrends 

-/  '       ^     au  feul  nom  de  Réformation,  ]  On  le  voit  de  Religion  — fe  tint  auffi  fans  fruit.  ]  Il 

^  '  par  la  colère  où  entra  le  Pape  ,  qaand  il  avoir  été  convoqué  pour  le  4.  de  Décem* 

fut  qu'on  écoic  convenu  de  traiter  de  la  xr4f  »  mais  il  fut  dificré  enfiiite»  &  nt 

Réformation  conjointement  avec  les  Dog-  s  ouvrit  que  le  X7.  de  Janvier  i  %\6. 

mes*  Pallav.  L.  6,  c*  7.  &  Fleury  ,  L.         100,  L'on  fut  obligé  de  le  rompre  ^  para 

Z41.  N^  40.  que  les  Catholiques  profitaient  de  touus  U$ 

$9»  Le  Colloque  intimé  par  l'Empereur  occafions  pour  infpirer  aux  autres  desiom" 

hrages 


DE    TRENTE, Livre   II.  iy7 

Sofitoienc  de  coures  les  occa(îons  pour  infpircr  aux  autres  des  ombrages  Se 
s  foupçons,  en  feignant  d'en  concevoir  eux-mêmes. 
'  Le  I S  de  Février  mouruc  Martin  Luther ,  ^  &  le  Concile  aufli-bien 

3tte  la  Cour  de  Rome  conçurent  moins  de  peine  du  changement  de  Religion 
ans  le  Palacinat ,  que  de  plaifir  de  cette  mort ,  &  de  ce  que  le  Colloque 
l'étoit  tenu  fans  f  uccès  &  tendoic  à  fa  didblution.  Ce  Colloque  paroi(ioic 
en  effet  un  autre  Concile ,  ôc  donnoit  une  grande  )alou(îe  à  Rome  ;  parce 
que  s'il  accordoic  quelque  chofè ,  on  ne  voyoit  pas  comment  le  Concile 

Emrroit  te  refufer  ;  ou  H  le  Concile  1  admettoit ,  il  paroîtroit  recevoir  la 
i  du  Colloque  :  outre  que  la  réputation  du  Concile  Se  du  Pape  fouf&oit 
l^aucoup  de  voir  continuer  un  Colloque  en  la  préfence  des  Miniftres  de 
FEmpereur,  pendant  le  Concile.  Les  Pères  de  Trente  &  la  Cour  de  Rome 
Mnçurent  cependant  de  grandes  efpérances  de  la  mort  d'un  homme,  qui 


fiBXLVf. 

Paul  HI. 

Mort  de 
Luther, 
k  Fleorv,  L 

Slei4.L.x^ 

t  *'^*' 
Tiiiuui.  L. 

1.  N°  6. 

Pallav.  Lit 

c  la 

Rayn. 

Spond. 

N«xi4 


prciaçc  û  autant 

plus  heureux  pour  le  bon  fuccès  du  Concile  ,  qu'on  la  difoit  en  Italie 
accompagnée  de  circonftances  merveilleufes  mais  tabuleufes ,  qu'on  regar- 
doit  comme  un  miracle  &  un  ctkt  de  la  vengeance  divine,  quoiqu'il  n'y 


tragis  &  des  foupçans  ,  Sec.  ]  Notre  Aateor 
xejecce  la  rupraie  de  ce  Colloque  fur  les 
Catholiques  ,  &  Pallavicin  fur  les  Pro- 
teftans.  Il  y  a  cependant  bien  de  Tappa- 
xence  que  chacun  y  contribua  pour  (a  pan  i 
les  Pioceftans ,  parce  qu'ils  fe  voyoient  gè^ 
fiés  par  les  conditions  que .  TËmpereur  tou- 
'  Àt  mettre  au  'Colloque ,  &  par  le  choit  des 
^rifidens  qui  leur  étoieac  fufpedls  >  les  Ca« 
taoliques  ,  parce  qu'ils  avoient  naturelle- 
ment de  réloignement  pour  ces  fortes  de 
Conférences ,  qui  ne  pouvoient  avoir  aucun 
fbccès  par  le  refus  inflexible  qu'ils  Ëiifoient 
le  fe  relâcher  fur  quoi  que  ce  foit,  même 
iuis  les  chb&s  les  plus  indifRrentes*  Il 
£uit  avouer  cependant ,  que  les  Proteftans 
£irent  les  premiers  quixompjrent  les  Con- 
férences en  fe  retirant  fecrettement  pour 
fui  vre  les  ordres  de  l'Eledeûr  de  S^xe ,  qui 
mal  fatisfait  des  conditions  auxquelles  l'Em- 
pereur vouloir  que  Ce  tînt  le  Colloque ,  en 
rappella  fes  Théologiens,  qui  ftdrent  bien- 
tôt fuivis  des  antres.  A  cet  égard  il  êft  cer- 
Uin  que  ce  furent  ceux  qui  rompirent  le 
Colloque.  Mais  on  ne  peut  gucres  défà- 
vouer  que  les  Catholiques  n'y  eoilènt  donné 
lieu  par  les  diflérêrfs  avanbgês  qu'ils  vou- 
lurent prendre,  foit  de  ce  que  l'Empereur 


&  les  Préfidens  leur  éroient  £ivorables ,  fok 
en  re(u(ànt  aux  Protcdans  quelques  con« 
dirions  alfez  équitables  que  ceux  ci  deman^ 
doient. 

I*  Le  i8.  de  Février  mourut  Martim 
Luther.  ]  C  eft  ain/î  que  le  marquent  Slei" 
dan  ,  Pallavicin ,  Sponde  »  Ôc  presque  tous 
les  Auteurs  i  &  je  ne  puis  dire  fur  quelle 
autorité  M.  Prévôt  dans  (à  Traduâion  de 
M.  de  Thou  place  cette  mon  au  i).  de 
Février.  Ce  n'eft  peuc-èrre  qu'une  fimple 
Êtute  d'impreflion,  ou  l'on  aura  mis  un  5* 
pour  un  f.  Les  Proteftans  ont  tiché  de 
Élire  paroître  cette  mort  la  plus  édiiSante 
qu'il  leur  a  été  polTible.  Plusieurs  Catholi* 

3ues  au  contraire  l'ont  &it  accompagner 
es  circonflances  du  monde  les  plut 
odieufès.  Ils  n'ont  eu  égard  ,  dit  Bajie  « 
ni  au  vraifemhlable  ,  ni  aux  règles  de  l'art 
de  médire  ,  &  ils  fi  font  donné  toute  Is 
hardieffi  de  ceux  qui  font  trh-perfoadés 
que  le  public  adoptera  aveuglément  tout  ce 
qu'ils  débiteront  y  quelque  ahfurde  quilpuijfe 
être.  Mais  ce  qu'ils  en  difenr  la  plupart  eft 
fi  labuleux ,  que  l'on  volt  bien  fans  réfuta^ 
tion  ,  que  la  pafHoh  feule  a  eu  parc  à  tous  ces 
récits,&  qu'il  n'v  a  que  la  plus  outrée  préveni« 
cion  qui  pui0è  poner  quelqu'un  à  tes  cxoil^ 


ij8        HISTOIRE    DU    CONCILE 

ICDXI.TI.  eâc  rien  eu  que  d'ordinaire  »  &  que  ce  qui  arrive  communément  i  la  mort 

Faul  III.  ^^  perfonnes  de  foixance-crois ans >  qui  écoic  lage  de  Martin  Luther.  Mais 

.  ce  quieft  arrivé  depuis  ce  cems*U  }u(qtt'aa  nôcre ,  a  bien  montré  <mc  Lu^ 

thtr  n'écoit  que  rinftrument  des  moovemens  d'Allemagne  >  &  que  les  caO'-^ 

its  en  étoient  plus  cachées  &  plus  ouilTantes» 

'iTijIhMiri       XLII*  L'Empsreuh  étant  arrive  à  Ratisbonne  »  ie  pta^nit  amèrement 

Uê»  dâ      de  la  di£&lution  du  Cofloque  »  ^  &  il  en  écrivit  des  lettres  par  toute  TAlle^ 

tEmf§r99»  m^ne  >  dont  on  ne  fit  que  rire  »  tout  le  monde  ne  fâchant  que  trop  que 

^J^^  les  Efp^nols ,  les  Moines  »  &  TEvèque  ^Jichftat  »  qp'il  avoii  envoyé  Itii- 

yj^^^    même  au  Colloque ,  étoient  auteurs  de  cette  féparatwB.  Il  n'eft  pas  diffi^ 

l  SleI<L  L.  ^^  ^^  ^^  ^  connoitre  le  principe  du  mouvement  >  ^oand  on  fait  qui  eit 

17*  p.  &8a  ibnt  les  auteurs.  Mais  ce  politique  Empereuf  vouloir  faire  nùg^  de  là 

Palkv.  L,  mlème chofe  pour  Iatis£ûre le  Pape  6c  le  Qmcile»  A:  avoir  en  mème-tems 

^  9*      un  prétexte  delêdéclarec  contre  les  Proteftans^  comme it  y  panx  par  Ut 

l^^       £iice.  Car  ayant  réitéré  les  mêmes  plaintes  dans  la  Diète»  &  loahaitè  qoi» 

SpoocL       VAflemblée  lui  fuggerât  quelques  nouveaux  movens  de  procurer  la  coa* 

N^ia       corde»  "^  les  Minift^  de  Mayence  &  de  Trève&  ie  féparant  des  Miniftreft 

Tbu^  I«  Jes  antres  Eleâeurs  pour  fc  joindre  aux  Evêques  »  approuvèrent  le  Cou* 

^  Sk*i  L        *  ^  fupplierent  l'Empereur  de  le  protéger  »  &  de  fiiire  en  (ont  qofr 

i7.p.i8i.  ^^  Ptoteftans  y  afliftaflènt  &  s*y  foumiflènt.   Ceux-ci  s'y  oppo(ant  d» 

'  nouveau  remontrèrent  <yie  ce  Concile  n*avott  point  les  conditions  qu*bit 

{eur  avoic  promifès  tant  de  fois  »  &  perfifterent  â  demander  que  la  paix 

continuât ,  &  qu'on  réglât  les  £fôrends  de  Religion  ou  dans  un  Concile 

légitime  tenu  en  Allemagne»  ou  dans  une  Dièie  de  l'Empire.  Maislocfqoie 

l*Emperettr  ne  pot  plus  tenir  fecrets  fes  préparatifs  de  guerre  »  il  leva  en&a 

k  mafimie  >  comme  nous  le  rapporterons  en  fen  lieu. 

£#  fjÊpê      XUlL  L  E  Pape  délibéra  beaucoup  Ibr  la  lettre  des  Légats,  partagé  tanif 


— ^^. ,  ^ par  le  raque  qu'on  couroit  en  coaunençant 

^^^^â  la  RéformatioB.  Enfin  voyant  qu'il  &llok  donner  quelque  ehofè  a»  ha* 

ur  éU  /£-  2^^  »  ^  9^  1^  prudence  ne  eonfeilloic  que  d'éviter  le  plus  mnd  mal  »  il 

mttgre       tt  réfelitt  d'écrire  â  fts  Légats ,  qu'ils  n'avoient  quU  mettre  le  Concile  ea 

^4MM«.       train  »  comme  ils  le  lui  a^voient  propofé  ;  les  avernfl&m  feulement  ècpretÈ^ 

are  garde  qu  on  ne  fît  naître  aucune  nouvelle  difliculté  fur  tes  roarières  ât 

Foi  ;  ^*on  ne  décidât  rien  de  ce  qui  étoit  contefté  entre  les  Catholiques  ^ 

ti  qu'on  n'allât  trop  vite  dans  Tartide  de  ta  Réfermation.  ^  Les  Légats  ^ 

«Raya.    '  V^  foicpi^alors  n'avoîent  propose  <^ue  des  chofes*  fort  générales  cbns  les 

N®  i^.       Congrégations»  ayant  la  liborte  d'agir  »  proposèrent  dans  la  Congrégation 

PalIav.L.^ 

HcurT   L.       ^*  ^'^  LitsÈi '^-^ fKQpofhtru  dknt  tk    RâynaUks ,  (kSiiàxA  la Congr^^on ch» 
s 4&J^^'  cS.  Ç^^iPif^^*^  ^^  ^^  ^  FéifrUr  ,  fu'é^rls.     z  i ,  Se  probiblemcnt  h  le^-^n  dt  Ré^rPàoA 
^  '  ôwnriaèRlkprtmUrfindemêntdeUFoi,     n*eft^annefiuKedeCo|ttfi^ 

4fe..  Otta  iPPt^fiMau  >  ft^ 


DE    TRENTE,LiyiiB    IL  lyj 

4a  11  de  Février  :  Qu'après  avoir  établi  le  premier  fondement  de  la  Foi  5   ^^'^'^Vi 
l'ordre  demandoit  qu'on  en  vînt  à  un  autre  plus  ample ,  oui  eft  l'Ecriture  ' 

Sainte  :  Qu'il  y  avoir  fur  cette  matière  pluiîeurs  points  dans  lefquels  on  ' 
n'étoit  pas  d'accord  avec  les  Proreftans  \  Se  qu'il  s'y  rencontroit  auffi  à  ré- 
former des  abus  fi  e(G;nriels  &  en  fi  grand  nombre  »  qu'il  n'y  auroit  peut-être 
Ms  aflèz  de  tems  jufqu'à  la  Seffion  pour  remédier  à  tous.  Divers  Prélats  par« 
lerent  amplement ,  tant  fur  les  abus  qu'il  y  avoit  à  réformer  »  que  fur  les 
controverfes  oue  l'on  avoit  avec  les  Luthériens  fur  ce  point. 

Jus<xuB-LA  les  Théologiens  >  qui  étoient  au  nombre  de  trente  &  la  plu- 
part Réguliers»  n'avoient  encore  ieryi  qu'à  faire  quelques  prédications  le» 
lours  de  ftte  à  la  louange  du  Concile  ou  du  Pa^  »  &  à  combattre  contre 
l'ombre  des  Lurhériens.  Mais  comme  il  s's^iflbit  si  préfent  de  décider  des 
dogmes  conteftés,  &  de  réformer  les  abus  »  qui  étoient  plus  communs  parmi 
les  Savans  que  parmi  les  autres ,  ils  commencèrent  à  trouver  par  où  fe  faire 
▼aloir.  L'ordre  que  l'on  réfolut  de  fuivte  fut ,  que  dans  les  matières  de  doc« 
trine  Ton  tireroit  des  Livres  des  Luthériens  les  Arricles  contraires  à  la  Foi 
Orthodoxe ,  pour  les  donner  â  examiner  &  à  cenfurer  aux  Théologiens ,  fut 
les  avis  defquels  on  prépareroit  ia  matière  des  Décrets  :  Que  ces  Décrets  en- 
fuite  feroienr  propoies  a  ia  Congrégation  »  où  ils  feroienr  examinés  par  les 
Prélats ,  donc  on  prendioic  tous  les  futfrages  :  Que  ce  qui  auroit  été  ainfi 

on  :  Enfin  qu  à  l'égard  des  abus 


déterminé  feroit  enfuite  rablié  dans  la 

chacun  propoferoit  ce  qiril  croiroit  i  réformer  »  Hcici  remèdes  les  plus  pro- 
pres pour  arrêter  le  mal. 

Les  Articles  doébrinauz  tirés  des  Livres  de  Iici^  fur  la  matière  de  l'Ecd-' 
tue  Sainte ,  furent  : 

I .  Q  u  E  les  Articles  de  la  Doârine  Chrétienne  nécefiâire  à  croire  étoient        . 
cous  compris  dans  l'Ecritnce  Sainte  ;  que  c*étoit  une  fiâion  humaine  d'y  ^l^^^Jj^ 
joindre  des  Traditions  non  écrites  comnie  lailRes  i  lIBjgliiê  par  Jefus-Cbrift 
Bc  fes  Ap6tres ,  &  dérivées  jufau*i  nous  par  une  fucceflSon  d'Evèques  non  in- 
terrompue *,  8c  que  c'éroit  un  uailége  aégaler  leur  autorité  à  cdle  de  TAu* 
cien  &  du  Nouveau  Teftament. 

1.  Q  u  B  l'on  ne  devoit  admettre  dans  le  Canon  des  Livres  de  l'Ancien 
Teftament  que  ceux  qui  avoient  été  reçus  par  les  Jnifis  t  ôc  que  Ton  devoir 
exdure  du  Nouveau  l  Epître  aux  Mtbrcux  qui  porte  le  nom  de  S.  Paul^  l'E* 
phre  de  S.  faqms ,  la  féconde  de  Saint  Pitrrt  ^  la  féconde  6c  la  rroifième  de 
S.  Jtan  9  celle  de  S.  Jude  ,  te  VApocalypfc. 

}.  Que  pour  avoir  la  vérirable  intelligence  de  l*Ecriture  Sainte»  &  en 
citer  les  propres  paroles ,  il  falloir  avoir  recours  an  Texre  original  dan$ 
lequel  eue  efk  éaite»  &  rejetter  laTraduâion  Larine  oonune  ^eine d'err 
feurs* 

4*  Q  o  x  l'Ecriture  Satnce  étoir  très-facile  &  très^daire  >  ti  que  {>our  Ten- 
tendte  il  ne  falloir  ni  Glofe  ni  Commentaire  »  mais  fimplement  avoir  l'iefprît 
d'ouaille  de  Jefus-Chrift. 

O  N  propofoir  enfuite  »  fi  Ton  devoir  joindre  des  Anatbémes  aux  Canons 
que  l'on  avoit i  £ûre  iiir  tous  ces  Articles.  Kk  x 


i^o        HISTOIRE    Î)V    CONCILE 

iinxLVi.  XLIV.  Les  Théologiens  parlèrent  pendant  quatre  Congrégations  fut  leï 
Paul  HL  j^^^  premiers  Articles.  Ils  convinrent  tous  fur  le  premier ,  que  la  doâriné 
^T"T""  Chrétienne  écoit  partie  dans  TEcriture  Sainte  ôc  partie  dans  les  Traditions  v  ' 
cordent' M  '  ^  ^'^^  P*^^  beaucoup  de  tcms  à  citer  des  paflages  de  Tertull'un  ,  qui  parle 
ticonnoitu  ibuvent  de  cette  matière»  comme  aufli  plu(icurs  autres  de  S.  Innée ,  S.  Qr« 
tsmmié  pricn  ,  S.  BaJîU ,  S.  Auguftin  ,  &  d'autres  Pères.  Il  y  eut  même  des  Thco- 
dts  Tradi'  I^^îens  qui  ofercnt  bien  dire  >  que  toute  la  dodrine  Catholique  n'étoit  fo»-' 
^'*'^*  dee  que  fur  la  Tradition  ,  puilqu'on  ne  croit  à  TEcriturc  que  parce  qu'on 

Ta  par  Tradition.  Mais  on  ne  s'accordoit  pas  tout-à-fait  fur  la  manière  donc 

il  falloit  traiter  cette  matière* 

Vincent        XLV,  Fr.  Finccnt  Luntl  Francifcain  J  fut  d'avis  °  qu'avant  que  d'éta- 

Lnnel  di-   blir  pouT  fondemens  de  la  Foi  l'Ecriture  &  la  Tradition ,  il  falloir  traiter  do 

ntMidi        TEglifc,  qui  cft  le  fondement  principal  de  tout ,  puifquc  c'cft  d'elle  ^uc^ 

jm'm  tfMtte^  l'Ecriture  reçoit  fon  autorité  ,  félon  cette  parole  fi  célèbre  de  S.  Augafiin-i 


i  c  M  ^^^  ^^  P*'  ^^  témoignage  ou  par  la  détermination  de  TEdife  :  Qu'ayant  éta- 
>ieury  ,  L  ^^î  ^n^  ^^^  P^^  fondement  ^  que  tout  Chrétien  eft  obUgé  de  croire  à  TE* 
i4ijvj°  ^5.  glifc)  o<i  pouvoir  élever  furement  là-detfus  l'édifice  de  la  Foi.-  It  ajoutoict 
Qu'il  falloir  fuiyre  l'exemple  de  tous  ceux  qui  jufque-là  aveient  écrit  folf* 
dément  contre  les  Luthériens ,  comme  Sylveflrc  Primas  6c  Eckius  ,  qui 
s'éçoient  plus  fecvis  de  l'autorité  de  l'Eglife  que  de  tout  autre  argtime&t  ; 
&  qu'il  n'y  en  avoit  aucun  autre  ^  qui  pût  fervir  â  copvainae  ces  Hécéci^ 


)  .iFr.  yineent  LuntTFrancifeainfitt  ia- 
vis  r'&f*[  l'C  Cardinal  Pallaviein ,  L.  ^«c 
'  X  X  •  N  •  1 4.  dit  qu'il  n'a  rien  troavé  ni  dans 
les  Aâes  du  Concile  ^  ni  dans  les  lettres  des 
Légats ,  de  ce  que  rappone  Fra-Paolo  dés 
avis  de  Vincent  Lund  &  à' Antoine  Mari" 
tuer.  Niais  le  filence  dés  Légatsreft  une  prei»* 
▼ebieninfnfEfànce  pont  convaincse  de  £mix 
ce  qae  rappone  notie  Hifiorien ,  pnirqu'on 
ne  voit  pas  quiils  rendent  compte  dans  lews 
lettres  de  tous  les  avis  particuliers  des  Théo- 
logiens. Et  à  regard  des  A^s  ,  il  pazok 
par  les  réfulcats  que  Pallaviein  &  Raynal- 
dus  nous  donnent  des  difputes ,  qu'on  ny 
•  pas  toujours:  marqué  exaâemènc  tout  le 
détail  des  opinions.  Enfin  ce  Cardinal  nous 
9ifptuà  lui-même  ,  qu'il  y  eut  des  peilbn-^ 
nés  qui  vouloient  qu*oa  parlât  de  Tautorité 
de  l'Eglife  :  fce  qui  revient  parfaitement  à 
Tavis  de  Lunel^  U,  vérifie  pat  oonTéqoeoc 


ce  qu'en  a  tapporté  Fra-Paolo.  Vhehhe^ 
dit  Pallaviein  ,  ehi  defiderb  di  eongiugner^ 
vi  gl'ifiituti  délia  Chiefa.  Et  nouspouvont 
conduire  la  mèoie  cbofe  du  fufirage  du  Ca£« 
dinal  de  Ste  Croix  rapporté  par  Raynaldus 
N^  XI ,  qui  endifant  qu'il  &lloit  renvoyer 
Tezamen  de  l'autorité  de  TEglife  àon  autre 
rems ,  nous  infinue  chirement  ^  qu'il  7  avoîc 
des  Théologiens  qui  avoient  diemandé  (ju'on 
examinât  ce  point*Q«(H/tftt/^ffi  adauHoriia^ 
tem  Eeclêfia^uoniam  antefiifceptionem  fa* 
crarumfcrîpturarum  de  ea  troBari  non  pote* 
rat ,  fuecejfivï  ad  iHam  maturijiio  loco  de^ 
venietur.  Il  eft  vrai  qu'il  n'eft  point  parlé 
ki  de Zifj^i;  mais  comme  ^^  eft  vifiblequ'on 
fait  ici  allufion  a  (on  avis ,  il  eft  naturel  d'ea 
concTuné  que'nbne  Hiflorien  a  appris  par 
des  Mémoires  paxtkaljexs  I  qo*il  en  éoMi 
FAuteux. 


ypH    TRENTE, Livre    IL  x6i 

ou^s  :  Que  c'écoic  une  chofe  fore,  peu  convenable  à  la  fin  qu'on  fc  propo-   mdxiti. 
toit,  qiien  prétendant  pofcr  tous  les  fondcmcns  de  la  doûrine  Cluctien-  ^^^^  1^^* 
jpe  >  on  abandonnât  le  principal  &  peut-  ctre  l'unique ,  mais  certainement  •—— — - 
celui  fans  lequel  les  autres  ne  jpouvoicnt  fubûder.  Cet  avisne  fut  apppyc 
de  perfonne.  Quelques-uns  diioient  qu'il  étoic  fujtt  auic  fncmes  dimaul- 
tés  que  les  autres  ^  parcp  que  les  Hérétiques  précendcoienc  être  cette  véri* 
table  Eglife»  âqui  on  doniK)ic  tant  d'autorité.  D'autres  tçnant  pour  cer^ 
tain  &  pour  inconteftable  ,  que  par  TEglife  il  falloit  entendre  l'Ordre  Ec- 
çléûaftique ,  &  fur-tout  le  Concile  &  le  Pape ,  qui  en  ell  le  Chef,  difoieot 
que  l'autorité  de  l'Eglifefe devoir  tenir  pour  décidée,  fi^  que  d'en  traiter  à. 
préfeat ,  ce  ferpit  donner  lieu  de  croire ,  ou  qu'il  y  avoir  (ux  cela  desrxliffi*' 
cultes ,  ou  au  moins  que  c'étoit  une  vérité  nouvellement  éclairde,  &  q^4 
jp'avoit  pas  toujours  été  crue  dans  TEglife  Chrédepne..'  i 

!  XL VI.  ^  Antoine  Marinier^  Carme ,  dit  qu'il  n'étoic  [KÛnt  dl^vis  P  qu'ofir     Marintif 
parlât  des  Traditions  \  ôc  que  pour  bien  décider  le  premier  article  il  falloit.  »'efi  féu 
déterminer  d'abord ,  fi  la  queftion  écoit  de  fait  ou  de  droit  5  c'€ft.-i-dire  ,  ^*w  ^*' 
fi  la  doSttint  Chrétienne  avoit  deux,  parties ,  l'une  que  Dieu  eut  voulu- q^i  ^ 
fut  écrite ,  l'autre  qu'il  cire  dépendu  d'écrire  pour  n'être  enfeignée  que  de-  p 
vive  voix  ;  ou  fi  ^'avoic  été  par  bazard ,  qu'il  n'y  avoit  ea  qu'une  papiede>  141^^»  ^4^ 
cette  dodrine  qui  eut  été  écrite ,  fans  que^  Taurre  le  fof.  Il  ajouta  :•  Qu'U^ 
écoic  certain  que  Dieu  r  en  donnant  l'Ancienne  Loi ,  av4>it  cru  ttécedàire, 
de  la  laidêr  par  écrit ,  ôc  c^ue  pour  cet  effet  il  avoit  tracé  ^  de  fon  propre    ^  ^^^^ 
doigt  le  Décalogue  fur  la  pierre ,  ic  commandé  qu'on  le  gardât  dans  l'Ar-  XXXl.  î  t. 
che  d'alliance  :  Qu'il  avoit  ordonné  fouvent  à  Moyfe  ^  d'écrire  tous  les  pré-  r  Dcut.X.i. 
ceptes  qu'il  lui  dônnoit ,  dans  un. Livre  dont  il  deVoit  remettre' un txem-     j  ^^ot. 
plaire  •  à  côré  de  l'Arche ,  &  dont  le  Roi  dévoie  avoir  un  autre  *  pour  le  XXXI.  p. 
lire  tous  les  jours  :  Qu*il  n'dn  étoit  pas  atnfidela  LoiEvangeliqûe ,  que  le     ^  I^«t. 
Ris  de  Dieu  avoit  écrite  dans  les  cœurs ,  &  oui  n*avQÎt  belbiil  rii  de  cot  ^^^^  *^ 
jfres ,  ni  de  tables,  ni  de  livres  :  Qu^ain{îr.Églile  avoit  été  très-parfaite  avant 
.même  qu'aucun  des  Apôtres  écrivît,  &  que  quand  on.n'auroit  rien  écrite 


m 

trjûti    des 
TrMditiûns* 
Flcury,  L 


4.  Antoine  Marinier ,  Cafnte^  dit  ^M 
ftitoit point  d'évis  qU'çn  pfarlatduTradi» 
iions ,  ]  On  nt  troiiye  rien  nî  dans  Ruyr 
jitri^.nïdgns  Pdlldyicih^cetttisèc  Mér 
finier ,  non  ,pliis  qiK  4e  la  xé|K>fi(«ida  Cte- 
di'nal  PooL  Je  nefaurois  {pourtant  nie  pïeifba- 
der  qa'il  y  ait  fien  ici  de  invention  de 
jiotTe  Auteur  ^  &  cela  d'aount  moins ,  qae 
Von  ne  peotîmaeînei  à  quelle  fio  Ueât  ioe 
.vencé  de  pareils  nits.  Il  e(t  certain  de  plut 

3^'il  y  eot  un  grand  pw^ge  d*opinioni  fiir 
article  des  Traditions  tant  parmi  les  Théor 
•logiens  que  parmi  \ei  Evèqnes,  comn>e  en 
convient  Pallavicin.  On  verra.  d'aiUeiuQs 
dans  la  fuite,  que  Ainri/ucr devint Ibitfiif* 


.i' 


peâiaoïle  Goocife  de  pehdier  vers  les  âd^ 
^ea«cii  LùcbérÎMines  1  &  il  eft  aOk  ptôba^ 
Ue*qiie-iceqft*it  idic  ici  des  Traditions  pon» 
voie  7  avoir,  donné  Ueo,  aufli4>ien.que  ce 
^'ildébiraidapois  rur\le8  matières  de  Mvt' 
tificacion.  C'a  écénne  âmte  à  Fra^Pa9loét 
4i^yoit|)^alafqué  fur  chaque  &ifi  lies'Mé- 
'moîrcç  dopt  il  Ta  tbc.-  Mais  par  ceux  qui 
.oUa  pM»  d^^  (bq  Hiflbite^.oA  a  vérifié 
.-tani^Sditf'fiEka  dofit  on  .p^avoit  Tacéofer  an- 
4Nimavjt^^ètrel'iaventettff  f  qu'il  7  a  lien  de 
.cfoiif  jqoft  a'il^ivrefte  que  nous^ne  pouvons 
•vérifier;  c*^  qu'il  nous  manque  enoMe 
bien  des  pi^ees  particnliires  qu'il  a  eues 
^teajnaiaf»...  » 


x<i        HISTOIRE    DU    CONCILE 

ic»n9i;  elle  n*tiiroit  manqué  cl*aucane  perfeâion  :  Que  néanmoins  »  quoique  Jetait 
Paul  UL  Cfarift  ait  gravé  dans  les  cgduis  la  doâxine  du  Nouveau  Teftamenc ,  il  n*a« 
'  voit  pas  défendu  de  l'écrire  ,  comme  il  fc  pratique  dans  quelques  faufles 
Reliions ,  qui  tiennent  leurs  myftères  caches  >  &  ne  les  enfeignent  jamait 
que  de  boocne  »  ians  permettre  qu'on  les  mette  par  écrit  :  Qu'il  étoit  donc 
indubitable ,  que  ce  Que  les  Ap6tres  avoient  écrit ,  &  ce  qu'ils  avoientefr* 
feigne  de  vive  voix ,  m>it  de  aAtat  autorité  >  puifqu*ils  avoient  parlé  com-« 
me  écrie  par  l'infpiration  du  Saine  Efprit  :  Que  puilqoe  ce  Divin  Efprit  les 
âvoic  dir^és  par  ton  affîftance  pour  prêcher  ôc  écrire  la  vérité  »  on  ne  pouvoir 


pas  dire  qu'il  eue  défendu  d'écrire  fa  dodrine  pour  en  faire  un  myftère 
^  Que  Ton  ne  pouvoir  donc  pas  diftinguer  de  deux  forces  d*areicies  de  Foi  ^ 
ki  uns  pd>U^  par  écxit  »  &  les  autres  qu'il  étoit  défendu  d'enfeigner  auc»' 
ment  que  de  bouche.  Il  ajoutoit  :  Que  fi  quelqu'un  fintcenoit  te  coneraiiei 
â  anroit  deux  grandes  difficultés  i  réfimdte  \  Tune  »  de  dire  en  quoi  ooa- 
fifte  la  diffirence  de  ces  deux  fortes  <f  articles  \  l'autre  »  comment  les  fiie^ 
ceflèurs  des  Ap&tres  ont  ofé  écrire  ce  aue  Dieu  avoit  défendu  de  mettre  par 
icàt  1  ^  Qu'il  n'étoit  pas  moins  hardi  6c  moins  difficile  de  fôntentr  que 
c*étoir  par  hasard  au'une  partie  de  la  doâxine  Qirétienne  n*avoir  point  été 
écrite  >  puifque  cek  feroit  très-  injurieux  à  la  Providence  »  qui  a  dirigé  les 
Ap&cres  dans  la  compofîtion  du  Nouveau  Teftamenr  :  Qu'ainu»  entrer  dsam 
eecte  difcuffion  ce  raroit  pafler  entre  Charibde  &  Scjrlla  ;  y  &  qu'il  valoîc 
mieux  imiter  les  Pères ,  qui  s'étoient  tonknirs  fèrvis  de  l'Ecriture  feule  an 
befbin  >  fans  jamais  ofer  mettre  la  Tramtion  en  compétence  avec  elle  ; 

f*  Qmt  tan  n  pêm^oii  doMgpss  élfiim^  s*ils  omjrent  qnetoisleB  siddes  nfosftiiw 

pur  de  dtÊUt  firus  éTsmcl^  d€  Foi,  lu  nefimtpts  compris  dans  i*Ecritare>&qaeIt 

MMifÊihlUspsricru  ,  &ks  autns  fu^UéaU  Txididen  eft  ane  r^lcdt  Foi  de  même  su* 

dtfaidm  d'euftigner  éuuremint  pu  dt  hou*  torité  doc  les  Lines  uins.  Cur  s*il  n'yapss 


db.  ]  Si  MdrinUr  a  faifonné  ainfi»  jt  at  taàt  dé&nfê  d'&iiie  tout  ce  qui  étoit  nfr 

m*én>nne  pts  qa'il  n'ait  contenté  perfonne ,  ceflaîre  i  croise ,  à  qoeDe  soore  csofe  qoTaa 

piidujae  (on  isiionneinent  étoit  dnpojt  ibr  asxsia  peut^on  suilbiier(]ue  de  certains  $t* 

one  fiippofition  entièrement  hmt  ,êcqai  tides  ajent  été  écrits  »  Se  qoe  les  antses  at 


énitqaelesaftidesfiMiibtelaTndtâdQ  raftmpaséiér 

lioieiit  des  sitides  qae  lefiit-Clitift  avok  y.  Qu'it  ifshU  wAux  mbiriisPtrÊé^ 

défimdo  dféeriR.  Car  iai  Qnkittqiiis  »*ont  fdyàrimutwjaunfirvisde  FStnturtfiiÊ- 

}tntaiséiablî  laTiidiiîeiiliirctccefiinede  hsuhfom^fimsJMmsù^firmtiinlsThh' 

détBnft,  9l  fêt  eonfiquent  cet  «gonnni  dstiûM  ém€9iffkineesv9Cê0i.]Vum  qniji 

poRanéct&irementàfiMix.  JMsrmîir  donne  id ,  étoit  très  •  6ge  :  À 

4.  Qu'il  m^àm  pas  $fêaMàéfdi&mùbu  qooiqo'ilnefiiitpasezaAementvraiqiielBS 

4Ftp€iU  de  fimuùr  fiu  c^éêêii  fm  kmf4Êfd  9ireB(tfmHït§mJ0mnfif¥is  ArEcAmif 

fSruMiféniêdeJu  dÊétriut  CMiéuiH  aV^*  fiuk  mm  êtfiin ,  comme  on  le  tok  par  kk 


vplifoim  ùiiMtii\nc.]  Le^OitlMliqass    dî^pmes  &  les  Ecrits  des  Fèiet.lbr-tDar  dm 
«Broient  plus  iaptine  i  wfiiftifiêrdoci  va-»     pnl  It  dnqmémefiédesil  eftconftanimili 


proche*  Gsrqac^'ils  nedifimtpasftiiaF  certain  qdîk  nVmt  jamais  égalé  la  Tsad^ 

aies  ibnneli,  ^oe  c*eft  par  lunard  qn^tei^  tion  k  nScritsre  »  ft  qu'ils  ont  too}eiiR aais 

partiedebdoftrineCbrétiennen'apoînféié  beaacoop  de  diffirenee  cnott  fiiaioriiê  ds 

écrite,  il&ot  pourtant  qu'ils  le  Afpdbtf^  AmeAddltait» 


DE    TRENTE,Liv»B   IL  tgj 

Qu'enfin  il  ne  croyoic  pobt  qu'il  fût  néceflaite  de|faire  fur  cela  une  nouvelle  ubzlt^ 
étciùon  y  puifque  quoique  les  Luthériens  euflènc  die  qu'ils  ne  vouloienc  ^^^^  ^^ 
d'autre  Juge  que  TEcriture  »  ib  n'a  voient  point  encore  norme  de  contefta-  — — "• 
àon  fur  cet  article  ;  &  qu'il  fu£Efoit  qu'on  s'attachât  aux  controverfës  qu'ils 
âvoienc  fait  naître  »  (ans  en  fufciter  de  nouvelles  »  au  rifque  d'augmenter 
encore  davantage  les  divifions  de  la  Chrétienté» 

.Cet  avis  fut  peu  goûté  »  &  le  Cardinal  Pool  ▼  s'éleva  contre  »  en  difant  i     Mmsfit^ 
Qu'il  étoit  plus  d^e  d'un  Colloque  d'Allemame ,  que  d'un  Concile  Gêné-  femimtnt 
cal  9  où  l'on  ne  devoit  avoir  en  vue  que  la  vérité  toute  pure  ;  au  lieu  que  *fi  ^^Mi. 
dans  les  Colloques  on  ne  cherchoit  qu'à  faire  un  accord  au  prâudke  même  ^  ^  ^?2f '^ 
de  la  vérité  :  *  Que  pour  conferver  l'Eglife  >  il  étoit  néceiiâire  que  les  ^^^       ^* 
Luthériens  reçuflènt  toute  la  doârine  de  Rome  >  ou  que  l'on  découvrit  le 
plus  de  leurs  erreurs  qu'il  iêroit  poffible  »  pour  convaincre  le  monde  de  plus 
en  plus»  ^u'on  ne  pouvoît  faire  aucun  accord  avec  eux  ;  >  Que  slls  n'^ 
iroient  point  forme  de  controverfè  fur  les  Traditions  »  il  falloir  en  Îùïù 
naine  tme»  condamner  leurs  opinions  »  ic  monrrer  que  leur  doâxine  étoi^ 
difi&rente  de  la  véritaMe,non-feulcnacnt  dans  les  points  qu'elle  contredifoi^ 
ouvertement  »  mais  aoffi  dans  tous  les  autres  :  Qu'on  devoit  s'attacher  i 
condamner  tout  le  plus  d'abfordités  qu'on  pounroit  tirer  de^  leurs  Ecrits  ^ 
Qu'enfin  les  raifbns  qu'on  avoir  apportées  pour  infpirer  une  vaine  crainte 
de  fe  brifer  contre  Charibde  ou  Scylla  ,  étoîent  purement  captieufes  ,  \U 
feroient  conclure  â  quiconque  les  approfondiroit  ^  qu'il  riy  avoit  aucune 
Tradition. 

XLVIL  A  l'é^d  du  Iccond  article  ».  ^  tous  s'accordèrent  à  l'exemple     mvtffil 
des  Anciens  i  Cure  im  Catalogue  des  Livres  Canoniques  >  dans  lequel  ^ofimcns 
furent  compris  tous  ceux  qui  fe  lifoient  dans  l'Eelife  Romaine  >  &  mraie-^  ^  ^^" 

*  *  ^  nmdfs  Li^ 

vrts  fmcrés^ 
■   t.  Qse  pmtr  tmjirvtr  FE^fifê  m  étoh     plts  expieSont  que  Tott  poiiix»it  changer    x  Kzjsu 

Mietffairt  ou  fue  ks  LuMnâm  nçmfim  fans  pié^ice  de  la  Térité  ^  Se  dont  le  &-  N^  xu 

êomt  U  doBfine  dâ  Rome  »  ftc  J  Si  le  Cax^  cfifice  fesoit  infiniment  unie  i  maintenit 

tàaàX  Pool  a  dit  ici  ce  que  F^éf^Pétoh  loi  Tiiniié. 

Ut  dire  y  je  ne  &i  Gomment  on  Ta  jamais         ^  Qut  s'ils  n'avaUntpohtt firme  Je  con^ 

pft(bapçonnef  d*amr  do  pendbant  pour  les  tnivtrfi  fur  Us  Tradinoms  ,  'û  faUoit  en 

epinions  Luthéfiennes ,  paifqn'on  ne  peut  fwe  naitrt  une^l  Cécoitid  an  zdle  d'âne 

avancer  de  maxime  plosinécondliaUea<vee  étrange  efpèce  onecekii  da  Cardinal  Pool^ 

lem  principes.  M«s  aiiffic'eft  à  cette  maU  qui  an  lien  de  cfaerdier  ik  appaMèr  les  con- 

lleoreofe  poÀitiqae  qa*eft  dS  le  maintien  de  teftations  qar  s'étoient  âevées ,  necsa^noit 

la  divifibn  qui  eft  entre  les  dîflibem  Ptf-^  pas  d'en  dise  naitse  de  noaveDet  pour  ren- 

ris.  Car  fi  on  eût  voelo  (âcrifiier  qoelqnes  dreladiTifion^«inéoondiiable»C'eftpoQS 

opinions  &  quelques  intérêts»  il  eft  indo^  avoiragi  dans  ce  même e(prit,qae  le  Goa- 

linbfeqoeleserpritsrereioientnippiiocbés;  die,  qui  dans  les  vAes  des  Princes  avoit  été 

B  eft  vraiqoTen  matièie  de  Religion  ,  on  aftmblé  pour  mettre  fin  am  divifions  de 

nedoitptslacriierla  véritêàla  pair.  Mais  l'Eglife»  n'afervi  qn'àlesionifier  par  une 

Sjabiendela  ffiSrenceentxelavftitéSe  mokipUdié  dedêemoBsaciinoestainei^oo 

defimplesopimons^qnî  (ont  foavtnr  vraies  fiyeffiaca^ 

aSBMHcS'loqs  difltentscgpads^ovdaflBl^ 


iéf4       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxtTx.  xtvm  de  l'Ancien  Tcftamcnt  qui  n*ctoicnc  pas  re^usdes  Juifs  ;  «^  &  on  alle- 
pAUL.  III.  giia  fur  cela  les  Catalogues  drcflTés  par  les  Conciles  de  Laodicée  &  le  rroî- 
•■"— "^  fieme  de  Carthage  ,  &  par  les  Papes  Innocent  L  &  Gélafe  /.  Mais  il  y  eut 
quatre  opinions  différentes  fur  la  manière  de  dreflcr  ce  Catalogue.  '  *  Qud- 
y  Pallav.  L  ques-uns  vouloient  que  Ton  partageât  les  Livres  en  deux  claflcs  ,  y  dans 
6.  cil.  Tune  defquellcs  on  mît  les  leuls  Livres  qui  avoient  toujours  été  reçus  fans 
contradiction  ,  &  dans  l'autre  ceux  que  l'on  avoit  quelquefois  rejettes  ,  oi| 
fur  lefquels  du  moins  on  avoit  eu  des  doutes  ;  &  ils  difoient  que  quoique 
cela  n'eut  été  fait  auparavant  ni  par  aucun  Concile  ni  par  aucun  Pape ,  il 
paroiflbit  cependant  que  ç'avoit  été  leur  penfée  ,  puifque  S.  AuguJUn 
ayant  fait  cette  diftinflbion ,  fon  autorité  avoit  été  adoptée  dans  le  DécreCf 
cap.  In  Canonicis  ;  &  que  S.  Grégoire  le  Grand  poftérieur  à  Gilafe ,  dans 
■fes  Expofitions  fur  le  Livre  de  /oi,  avoit  dit  en  parlant  des  Livres  de» 
-^Machabtes ,  qu'ils  avoiênt  été  écrits  pour  l'édification ,  mais  qu'ils  n'étokne 
pas  pour  cela  Canoniques;  Louis  Ht  Catane ,  Dominicain ,  dit  que  cette 
îliftinAion  avoit  été  Élite  par  S.  Jérôme ,  &  q^c  TEglife  l'avoit  reçue  com- 
me une  réglé  donc  elle  s'étoit  fervie  pour  dreflcr  le  Canon  des  Ecritures  ■; 
&  il  cita  le  Cardinal  Cajitan ,  qui  à  l'exemple  de  5.  Jérôme  avoit  fait  la 
même  diftindion  ,  &  Tavoit  donnée  pour  une  régie  infaillible  de  TEglife  ^ 
dans  l'Epîtrc  qu'il  adreflc  au  Pape  Clément  VII  ^  à  la  tête  de  fon  CorpiQCQ* 
taire  fur  les  Livres  hiftoriques  de  l'Ancien  Teftament. 

Les  Auteurs  du  fécond  avis  vouloient  qu'on  diftinguâr  trois  fortes  de 
Livres.  Les  premiers ,  qui  avoient  toujours  été  reconnus  pour  divins.  Les 
féconds ,  dont  on  avoit  douté  autrefois ,  mais  qui  enfin  avoient  été  recon- 
nus pour  Canoniques  j  tels  c^ue  font  parmi  le$  Livres  du  Nouveau  Tefta- 
ment 


10»  Et  an  allégua  fur  cela  Us  Catalo" 
pits  drejfés  piar  Us  ÇonciUs  de  Laodicée  & 
le  troîficmc  de  Carthage,  &c.  ]  M.  Amelot 
a  tout  à  fait  ici  altéré  le  Cens  de  (on  Ajitear 
en  tiaduifant ,  U  Cpaci(e  de  Laodicée  fous 
Innocent  L  &  de  Carthage  fous  Gélafe  1 1 
ci  qui  ne  fait  que  deux  Catalogues ,  au  lieu 
de  quatre  indiqués  par  Fra-Paolo.  Fu  da 
tutu  alleg4to  j  dit-jl,  Concilio  LçLodiceno^ 
Innocentio  L  Pontefice  ,  il  ^ .  Concilio  Car* 
taginenfe  ,  &  Gelafio  Papa,  La  mcpri(ê  eft 
d'autant  plusfingulièie,  que  ces  Concile  ne 
fe  font  point  tenus  fous  ces  deux  Papes.»  & 
il  eft  étrange  que  M.  Dupin  ait  donné  dans, 
la  même  méprife ,  après  que  M.  Amelot 
avoit  été  relevé  Air  jce  pojnt, 

X I  •  X^uelqueS'Uns  voulaient  que  Von  par* 
tageât  les  Livres  en  deux  claffts ,  Çùc,.  ] 
C'écoit  ce  femble  le  parti  le  plus  fage  ,  puîf- 
£p^  ç'td  celai  qui  fe  trouve  le  plus  autoiifS 


dans  l'Antiquité ,  oà  la  plupart  des  Vktg 
diftinguent  les  Ltvxes  dont  on  peut  Ce  fer* 
vir  pour  autohfçr  les  dogmes ,  d'avec  cens 
qui  n  ont  été  écries  que  pour  l'édification  ; 
éc  puilque  l'Eglife  ne  peut  pas  donner  plus 
d'autorité  à  an  Livre ,  que  celle  qu'il  peoc 
tirer  ou  de  celai  qui  Ta  écrit ,  ou  de  la 
Tradition  qui  nous  l'a  tranfmis*  Orpaif>. 
que  cette  Tradition  eft  incertaine  à  l'égard 
de  plufieurs  Livres  »  &  que  l'Eglife  ne  jii«f 
ge  pas  de  leur  canonicité  par  in(piration  p- 
mais  par  l'autorité  de  cette  Tradition  .  il 
fcmblê  que  le  (èul  parti  qu  il  y  eût  à  pren* 
dreétoit  de  ne  leur  donner  que  le  degri^ 
d'a,utqrité  que  TAnciquicé  leur  avoit  accop-' 
dé«  Ce  parti  pourtant  ne  prévalut  pas ,  Ac 
l'on  prie  l'autre ,  non  pas  peut-être  commff 
le  oieillenr^  mais  con;ime  exigeant  moins 
df,4iCço(£f>n  y  &  f9x  Gooiiqiiem  cpqun^  pltf 
commodeé 

tu  D* mitres 


DE    TRENTE, Livre    IL  i6s 

ment ,  les  fix  Epîtres  dont  on  a  parlé  plus  haut ,  rApocalypfe ,  &C  quelques   mdxlvi, 
endroits  des  Evangéliftes.    Enfin  quelques-uns  qui  n  avoient  jamais  été  ^^^^  ^^^' 
reconnus ,  comme  Tept  Livres  de  l'Ancien  Teftament  &  quelques  chapitres        ' 
de  Daniel  6c  d'E/Iker. 

^^  D'autres  difoient  qua  l'exemple  du  Concile  de  Carthaee  ôc  de 
quelques  autres ,  il  valoir  mieux  ne  faire  aucune  diftinâion  ,  &  drefTer  le 
Catalogue,  fans  rien  ajouter  davantage. 

Enfin  le  dernier  fentiment  étoit  de  déclarer  tous  les  Livres  qui  fe  troU' 
Voient  dans  la  Vulgate  Latine ,  6c  toutes  leurs  parties  >  également  Cano- 
niques y  6c  d'une  autorité  divine*  i  3  La  plus  grande  difficulté  ^  regardoit  ;t  Pallar.  U 
le  Livre  de  Baruck,  qui  ne  fe  trouve  point  dans  le  Canon  des  Ecritures  ^é  c  ii. 
dre(ré  par  les  Conciles  de  Laodicée  &  de  Carchage ,  ou  par  les  Papes  j^^6c 
on  l'eût  omis  tant  pour  cette  raifon ,  que  parce  qu'on  n'en  a  point  le  com- 
mencement, fi  l'on  n'eût  fait  remarquer  que.l'Eglife  s'en  fert  quelquefois 


II.  D* autres  difoient  qu*à  V exemple  du 
Concile  de  Carthage  &  de  quelques  au^ 
ires  ,  il  valoie  mieux  ne  faire  aucune  dif- 
tinâlion,  &c«  Cela  eût  pu  fe  juftifier,  pour- 
vu qa*en  mime  tems  on  n'eût  point  dé- 
claré de  même  autorité  tous  ces  Livres.  En 
^fièt  le  Concile  de  Canhage  s*étoit  bien 
gardé  de  le  faire ,  poifque  Ton  voit  que  5. 
Auguftin  mime  depuis  ce  Concile ,  n*a  pas 
laifie  de  mettre  toujours  de.  la  diftindion  en« 
cre  l'auroiité  4^  ces  différëns  Livres  ^comme 
on  le  peut  voir  par  une  inanité  de  paflàges  de 
ce  Père. 

i^.  La  plus  grande  difficulté  regardoit  le 
Livre  de  Baruch  ,  qui  ne  fe  trouve  point 
dans  le  Canon  des  Ecritures  dreffi  par  Us 
Conciles  de  Laodicée  &  de  Carthage  ,  ou 
par  les  Papes.  ]  Pallavicin ,  pour  convain- 
cre Fra-Paolo  de  faaflèté ,  nomme  quel- 
ques Papes  qui  ont  cite  ce  Livre  de  Baruch 
comme  canonique.  Mais  il  7  a  beaucoup  de 
mauvaife  foi  dans  ce  Cardinal ,  pui(que  Fra- 
Paolo  ne  nie  pas  que  quelques  Papes  n  ayent 
cité  ce  Livre  y  mais  qu'il  ië  trouve  dans  les 
Catalogues  dreflîs  par  les  Papes ,  ce  qui  eft 
inconteftable  ,  comme  le  reconnoit  Bel- 
larmin*  De  libro  Baruch  controverfia  fuit 
&  efl  ^  tum  quia  non  invenitur  in  He- 
hrais  codicibus  ,  tum  etiam  quia  nec  Con- 
cilia  antiqua  ,  neque  Pontifices  y  neque 
Patres  —  qui  Catalogum  Uhrorum  facro^ 
rum  texunt ,  hujus  Prophetœ  difertis  verbis 
meminerunt.  De  verb.  Dei  L*  x*  c.  S,  Et 

Tome    I. 


à  l'égard  des  citations  des  Pères  ,  riea 
n'eft  plus  équivoque  pour  décider  de  la 
canonicité  d'un  Livre,  puifque^l'on  voit 
Couvent  qu'ils  citent  ceux  qu'ils  ont  re- 
connu eux-mêmes  n'être  pas  proprement 
canoniques. 

14.  On  Veut  omis -^  fi  Von  n  eût  fait 
remarquer  que  l'Eglife  s'en  fert  quelquefois 
dans  fes  offices»  Cette  raifon  parut  fi  forte  , 
&c.  ]  Il  y  a  ici  encore  une  autre  chicane 
de  Pallavicin  y  qui  pour  trouver  à  cenfuret 
fon  Adverfaire  lui  fait  dire  que  la  récita- 
tion  du  Livre  de  Baruch  dans  l'Office  pu- 
blic fut  la  feule  raifon  pour  l'admettre  com* 
me  Canonique.  Non  adunque  ,  dit  ce  Car- 
dinal L.  ^.  c.  IX  ,  lajola  autorità  che  ri-* 
fulta  à  quel  libro  daW  ufarfi  nelle  le^ioni 
délia  Meffa  di  Penticofle  moffe  que'  fapien* 
tijjîmi  huomini  a  riconnofcerlo  per  Cano' 
nico  con  dogma  di  fede  ,  &c.  Cependant 
Fra-Paolo  dit  bien  que  cette  laifon  leur 
parut  adez  forte  ,  mais  non  pas  que  ce  fut 
la  feule ,  puifqu  il  en  ajoute  lui-même  une 
autre.  Ma  oftava  ,  che  nella  Chiefa  fe  nt 
legge  lettione  ,  raggioneftimata  cofipotente  , 
che  fece  rifolvere  la  Congregatione  con  dire  , 
che  da  gli  antichi  fu  fiimato  parte  di  Jere^ 
mia  ,  &  comprefo  con  lui  :  raifon  qu'effec- 
tivement ,  félon  Pallavicin ,  les  Pères  ap- 
portèrent pour  mettre  Baruch  dans  le  Ca- 
non ,  ce  qui  n'avoit  jamais  été  fait  avant  le 
Concile  d^  Florence» 

Ll 


%66       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvi.   dans  fes  Offices,  Cette  raifon  parut  fi  forte ,  qu'elle  détermina  la  Congré- 
Paul  III.  gation  à  le  recevoir ,  endifantque  fi  les  anciens  Catalogues  n'en  avoienc 
""""——"  point  fait  mention ,  c'eft  qu'on  l'avoit  regardé  comme  une  partie  de  Jiri^ 
mie ,  &  qu'on  l'avoir  compris  fous  le  nom  de  ce  Prophète. 
flaintts       XL VIII.  M  Dans  la  Congrégation  du  Vendredi  5  de  Mars,  l'Evêque 
excitées       de  Bitontt ,  qui  avoir  eu  avis  que  les  perfonnes  *  qui  avoient  des  pcnfionfs 
i^«»W*Cp»- fur  fonEvcché  l'a  voient  fait  citer  à  Rome  devant  l'Auditeur,  &  deman- 
ciieaufujtt  doicnt  qu'on  le  contraignît  à  les  payer  par  la  voie  de  l'Excommunication 
/paUav 'l.  ^  ^^^  Cenfures  félon  le  ftyle  de  cette  Cour  ,  fe  plaignit  de  cette  procé- 
^.  c.  15.      dure,  &  dit:  Que  ces  perfonnes  avoient  raifon  ,  mais  qu'il  n'avoit  pa^ 
tort  -,  puifqu'étant  au  Concile  il  ne  pouvoit  pas  dépenfer  moins  de  600 
écus  par  an  *,  &  qu'en  prélevant  les  penfions ,  qui  ctoient  de  100  ,  il  ne 
lui  en  reftoit  que  400  pour  vivre  :  Qu'il  falloit  donc  ,  ou  qu'on  le  déchar- 
geât ,   ou  qu'on  y  fuppléât  d'ailleurs.  Les  Prélats  pauvres  s'intéreflcrenc 
pour  lui ,  comme  ayant  une  caufe  commune  ;  &  quelques-uns  vinrent 
fufqu'à  dire  que  ce  feroit  une  infamie  pour  le  Concile ,  qu'un  Officier  de 
la  Cour  de  Rome  procédât  par  Cenfures  contre  un  Evèque  qui  affiftoic 
actuellement  au  Concile  :  Que  c'étoit  une  chofe  monftrueufe ,  &:  quiferoic 
dire  à  tout  le  monde  que  le  Concile  n'étoit  pas  libre  :  Que  Thonneur  de 
l'Aflèmblée  demandoit  qu'on  citât  l'Auditeur  â  Trente ,  &  que  pour  met- 
tre â  couvert  la  dignité  du  Synode ,  on  u(at  envers  lui  de  quelque  févérité^r 
D'autres  s'avancèrent  jufqu'à  condamner  les  penfions  ,  dilant  :  Qu'il  étoit 
bien  jufte  que  les  Eglilcs  riches  foulageaflent  celles  qui  étoient  pauvres  ,. 
par  charité  ,  &  non  en  fe  dépouillant  du  nécefTaire,  ni  par  contrainte  > 
comme  l'enfeignoit  faint  Paul  ;  mais  que  c'étoit  un  abus  intolérable  que 
les  pauvres  Prélats  ftiflènt  forcés  par  Cenfures  a  fe  déiK)uilIer  de  ce  qui 
étoit  néceflaire  à  leur  fubfiftance ,  pour  en  engraiffer  les  riches  j  &  <jue 
c'étoit  unechofè  à  faire  réformer  par  le  Concile,  en  rétabliffant   l'ancietr 
ufage  véritablement  Chrétien.  Les  Légats  confidérant  où  pouvoient  aboutir 
ces  plaintes ,  dont  ils  fentoient  toute  la  juftice,  tâchèrent  de  les  appaifer  en 
promettant  d'écrire  à  Rome  pour  faire  cefler  les  procédures ,  &  pour  ob- 
tenir qu'on  pourvût  de  telle  manière  à  la  fubfiftance  de  l'Evêque»  qu'il  pût 
demeurer  au  Concile. 
ComytgA-     XLIX,  Le  8  de  Mars  tous  les  Théologiens  ayant  fini  de  parler  >  on  in- 

<^^;^  j  If.  Dans  la  Congrégation  du  Vendredi  dorent   pour  loi  ,   &  qne   le    Pape  fan« 

^T^^Ai  '^^     f' de  Mars  l'Evêque  de  Bitonfe,  qui  avoù  lexemter  de  ces   penfions  lui  fie  donner 

lie  d     ^*^  ^^'"^  ^^^  ^^^  perfonnes  qui  avoient  dâs  un  fabfide  de  1 00  ccus  d  or.  N'cft-ce  pas 

ÏLcriture     V^^fi^^f^^  fi^  Eveché  l*  avoient  fait  citer ,  la  aa  fond  la  même  chofe  que  raconte  Fra^ 

ôcc]  Le  Cardinal  Pallaviciny  après  avoir  dit  Paolo  ?  qui  n'y  ajouta  que  les  plaintes  qne 

qu'il  n'y  a  rien  de  tout  ce  bruit  ni  dans  les  firent  les  pauvres  Evèques  qui  s'intéreilc- 

AAes  du  Concile  ni  dans  les  lettres  des  rent  pour  loi  ;  chofe  plus  que  vraifèmbla- 

Légats  ,  avoue  cependant  ,  que  ce  Prélat  ble  ,  quoiqu'il  n'en  foit  rien  dit  dans  les 

avoit  été  cité  à  Rome  ,   qu'il  s'en  étoit  Aftes  ,  parce  que  cette  affaire  n'avoit  ancin 

plaint  aux  Légats ,  que  les  Légats  ^iteicé-;  rappon  aux  maticres  du  Concile» 


DE    T  R  EN  T  E  ,  Livre    IL  i(?7 

diqua  pour  le  jour  fuivant  une  Congrégation  extraordinaire ,  non  pas  tant   ^^oxlvt. 
pour  dreflcr  le  Décret  furies  articles  en  difpute,  que  pour  l'honneur  du  ^^''^  ^^^' 
Concile  ,  en  occupant  les  Pères  au  travail  dans  un  jour  employé  par  le  — — — ^ 
peuple  aux  divertiflèniens  profanes  du  Carnaval.  On  y  convint  unanime- 
ment de  déclarer  les  Traditions  d'une  autorité  égale  à  celle  de  l'Ecriture  ; 
mais  on  ne  fut  pas  d'accord  fur  la  forme  de  dreder  le  Catalogue  des  Livres 
facrés ,  &:  il  y  eut  fur  cela  trois  opinions,  La  première ,  de  ne  point  fpé. 
cifier  les  Livres  particuliers.  La  féconde ,  de  diftinguer  le  Catalogue  en 
trois  parties.  La  troifieme ,  de  n'en  faire  qu'une  feule  clalfe ,  Se  de  les 
déclarer  tous  d'une  égale  autorité.  Etant  encore  indéterminés  fur  le  parti 
qu'il  y  avoir  à  prendre ,  on  dreffa  trois  minutes  ,  avec  ordre  i  chacun  de 
les  examiner  avec  foin  ,  pour  en  dire  leur  fentiment  dans  la  Congrégation 
fuivante  du  1 1  de  Mars.  *^  Mais  elle  ne  put  fe  tenir  à  caufe  de  l'arrivée  de  Arrivée  de 
D.  François  de  Tolède ,  ^  que  l'Empereur  donna  à  Mcndo:^c  pour  Collègue  françois  de 
d'Ambaflade  au  Concile ,  &:  au  -  devant  duquel  allèrent  la  plupart  des  T<'/^*^'  »  f^' 
Evèques  &  des  domeftiques  des  Cardinaux.  cond  Amb. 


arriv 

fouftraire  à  la  fureur  de  fon  peuple  foulevé  contre  lui  par  l'Inq 

Annibal  Grifon ,  comme  étant  la  caufe  de  la  ftérilité  qu'ils  fouffroient.  Flcury  ,  L. 

Comme  ce  Moine  le  faifoit  paflcr  pour  Luthérien  non-feulement  en  Iftrie,  f;^^-  ^' '^^• 

mais  encore  auprès  du  Nonce  à  Venife ,  &  â  Rome  auprès  du  Pape ,  il  ne  ^^|f  ^'^'^^ 

lavoit  OU  S  arrêter  avec  dignité ,  ni  ou  trouver  plus  de  commodité  pour  fe  four  /v  dif- 

juftifier  que  dans  le  Concile.  Mais  les  Légats  avertis  des  bruits  répandus  culfer  dtt 

contre  lui  ne  voulurent  point  l'y  admettre  comme  Evcque ,  qu'auparavant T^/'/f^»^ 

il  ne  fc  fut  juftifié devant  le  Pape,  auprès  duquel  ils  l'cxhortcrent  forte-  ^J^^^^f[^ ft 

chargé  \ 

16  Mais  elle  ne  put  fe  tenir  â  caufe  de  Grifon,  Verger  fut  ciréi  Rome,  oà  crai-  mmis  on  ne 

r  arrivée  de  D.François  de  Tolède^  Sec]  gnant  que  fes  Panies  ne  faSent  txop  fuiC-  vêtit  pas  Cy 

Ce  Miniftre    n'arriva   qae  le   i  y ,  félon  fances  il  ne  voulut  pas  Ce  rendre ,  croyant  admettre. 

Pallaviclni  mais  faute  <f  avoir  vu  les  Ades ,  trouver  mieux  fon   compte  en  venant  à    ^Slcid.  L. 

Fra-Paolo  s'eft  affez  fouvent  trompé  fur  le  Trente.   Mais  les  Légats  qui   n'agilToient  ^ï- P*  3^^- 

vcritable  jour  des  Congrégations.  que  par  les  nnouvemens  de  cette  Cour  ,  ^'^"•^^•^^' 

17.  Dans  le  même  teitis  Verger  arriva  à  éc  qui  ne  croyoient  pas  pouvoir  admettre  à  ^.  '  ^* 

Trçjite  ,  nondansledefjeind'ajfifier  auCon-  fe  juftifier  un  homme  qui  écoic  cité  pour     14^^'  ^" 

die ,  &c.  ]  Dès  quelques  années  auparavant  caufe  d'Hcréfie ,  firent  renvoyer  fon  affaire  L'   ^    IJi 

le  Czrdïniil  Aléandre  y  Prélat  ardent  &  ou-  au  Nonce  de  Venife  5  qui  déjà  prévenu    *^"* 

tré  ,  l  avoit  accuK  à  Rome  de  penchant  contre  lui  ,  lui  laiffa  lieu  de  craindre  au  p fj^^v     L. 

de   Luthéranifme.  Pallav.  L.  44.  c.  11.  moins  pour  fa  liberté,  &  peut-ôcre  même  , ,,  f^- »--.] 

Mais  comme  il  n  avoit  pas  laifl?  d*étre  em-  pour  fa  vie.  C  eft  ce  qui  lui  fit  prendre  le 

ployé  depuis  ,  il  femble  que  ces  foupçons  pani  de  paflçr  chez  les  Grifbns ,  oii  il  fe 

n'euffent  fait  que  peu  d'impreflîon.  Il  nj  rendit   quelque  tems  après  pour  y  faire 

a  pas  d'apparence  néanmoins  ,  qu'on  eut  profeffion  de  la  nouvelle  Religion  ,  &  y 

penie  à  le  faire  Cardinal ,  comme  le  dit  exercer  la  fbnélion  de  Miniftre  du  nouvel 

Sleldan.  Les  foupçons  s*ctant  fonifits  dans  Evangile. 
Ja  fiiite  par  les  accu(àtions  de  rinquificcur 

LI  * 


i6î        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLYi.  ment  de  fe  rendre  -,  &  s'ils  n  euflènt  craint  de  faire  dire  qu'il  n'y  avoît 

Paul  IlL  point  de  liberté  dans  le  Concile ,  ils  ne  s'en  fuffent  pas  tenus  aux  exhorta- 

"■■"■■"'""  rions.  Fcrgcr  voyant  donc  qu'il  ne  pou  voit  refter  a  Trente  fans  deshon* 

neur ,  en  partit  peu  après  pour  retourner  dans  fon  Diocèfe  >  dans  l'efpé- 

rance  où  il  étoit  d'y  trouver  la  fcdition  appaifée.  Mais  étant  arrivé  à  Ve- 

nife ,  le  Nonce,  qui  avoir  reçu  ordre  de  Rome  de  procéder  contre  lui  , 

lui  défendit  d'y  aller  ;  ce  qui  le  détermina  ou  par  reficntiment ,  ou  par 

crainte  >  ou  par  quelque  autre  raifon  »  de  fortir  d'Italie  peu  de  moi( 

après. 

OnMniteU     LI.  Lb  15  du  mob  les  trois  Minutes  du  Décret  fur  l'Ecriture  Sainte 

Csnon  des  ayant  été  propofécs ,  la  troifiéme  l'emporta  à  la  pluralité  des  voix.  Dans  les 

€fés'^ti%n  Congrégations  fuivantes  les  Théologiens  parlèrent  fur  les  autres  articles  , 

tTMitê  de    &  il  y  eut  fur  le  troifiéme ,  qui  regardoit  la  Tradudtion  Latine  de  l'Ecri- 

rmutoritéde  ture ,  une  vive  conteftation  entre  les  Dodeurs  parfaitement  verfés  dans  lor 

U  VulgMê  connoiflTance  du  Latin  &  du  Grec ,  &  ceux  qui  n'avoient  aucune  connoif- 

w f'i"'*    l  ^^^^^  ^^^  Langues.  Louis  de  Catant  dit  ^  que  pour  décider  cet  arricle  00 

141.1^69.  ^^  pouvoir  rien  propofer  de  meilleur,  ni  de  plus  propre  au  tems  préfenc» 

Pallav.L^.  que  le  jugement  du    Cardinal  Cajctariy  qui  élevé  dans  l'érude  depuis 

c  17.         ion  enfance ,  étoit  devenu  par  l'affiduiré  de  fon  travail  &  la  beauté  de  fon 

cfprit  le  plus  grand  Théologien  qu'il  y  eûteu'depuis  plufieurs  (iècles ,  &  au-» 

quel  il  n  y  avoir  perfonne  dans  le  Concile  qui  nit  comparable  en  fcience  » 

&  qui  ne  rrouvâr  â  s'inftruire  dans  fes  Ecrits.  Ce  Cardinal  dans  fa  Léga«> 

tion  d'Allemagne  en  mdxxiii  ,  cherchanr  avec  foin  les  moyens  de  ramener 

à  TEglife  ceux  qui  s'en  étoient  féparés ,  &  de  convaincre  les  Héréfiarques» 

n'en  trouva  point  de  meilleur  que  l'intelligence  littérale  du  Texte  original 

de  l'Ecriture  Sainte  ;  &  comme  il  n'avoit  aucune  connoiflance  des  Langues 

Grecque  &  Hébraïque,  il  fe  fervit  de  gens  habiles  dans  ces  Langues  pour 

lui  traduire  mot  i  mot  les  Textes  de  l'Ancien  &c  du  Nouveau  Teftament  ^ 

dont  il  fit  fon  étude  les  onze  dernières  années  de  fa  vie  >  pendant  lefquelles. 

il  compofa  (zs  Commentaires  non  fur  la  Veriion  Latine  ,  mais  uir  les 

Textes  originaux  de  l'Ancien  &  du  Nouveau  Teftamenr  ,  comme  on  peut 

s'en  convaincre  en  les  lifant.   '^  Ce  favant  homme  avoir  coutume  de  dire  % 

Qu'entendre  le  Texte  Latin  ^  ce  n'étoit  pas  entendre  la  Parole  de  Dieu  qui 


I  s.  Ce  favant  homme  avoit  coutume  de 
'd'ire  ,  quentendre  le  Texte  Latin  ,  ce  né- 
toit  pas  entendre  la  Parole  de  Dieu  ,  &c.  ] 
Cajétan  pailoit  en  homme  fenff ,  lorCjo'il 
difoit  qu'entendre  le  Texte  Latin  ce  n'é- 
toit  entendre  que  la  parole  du  Tradudeor, 
qui  avoit  pu  fe  tromper  5  &  Pallavicin  ne^ 
Tefl  guères  en  voulant  afToiblir  une  niaxi- 
me  fi  fagie.  Car  avoir  recours ,  comme  il 
fait,  à  des  infpiralions  ou  à  une  provi- 
dence particulière  poux  donner  à  une  fiixk- 


pie  Verffon  autantd'auoritc  qu'en  a  le  Texte 
original  ,  c  eft  avoir  recours  à  un  fyftème 
de  fstntaifie  &  de  convenance  pour  dé- 
truire une  vérité  de  fait ,  qui  eft  qn  aucune 
Verfion  n'a  été  faite  par  infpiration  ,  &. 

Jue  par  confêquent  toute  fon  autorité  n'eil 
)ndée  que  fur  la  fidélité  avec  laquelle  elle 
lepréfênte  le  Texte,  fidélité  qui  ne  demande: 
que  de  l'habileté ,  &  qui  eâpar  conféquenfi; 
toute  humaine*. 


DE   T  R  EN  f  E,  Livre   II.  169 

eft  infaillible ,  mais  celle  da  Tradufteur  qui  poavoic  fe  tromper  ;  Se  que    mdxltt. 

:    !_: -r.^  j.  j._.       i^i^-r...  ,     •       ,      .  .^         Paul  III. 


Langue ,  il  ne  falloir  qu'une  habileté  toute  humaine.  C'eft  ce  qui  &ifoit 
que  Càjctan  s'écrioit  en  gémiflànt ,  Plut  à  Dieu  que  Us  DoScurs  desJihcUs 
faffis  en  cujfcntjugi  de  mime!  les  Herijies  de  Luihtr  n'euffent  pas  trouvé 
iont  de  facilité  à  fe  fiùre  recevoir.  C^^i;?^  ajoutoit  :  Que  Ion  ne  pouvoit 
approuver  aucune  Verfion  ,  fans  rejetter  le  Canon  Ut  Veterum ,  Dift,  ix, 
qui  ordonne  d'examiner  les  Livres  de  l'Ancien  Tcftament  fur  le  Texte 
Hébreu ,  &  ceux  du  Nouveau  fur  le  Grec  :  Que  ce  feroit  condamner  faine 
Jérôme  &  tous  les  autres  Traducteurs  t  que  de  donner  pour  authentique 
une  Tradudion  particulière  \  &  que  s'il  y  en  avoit  une  authentique ,  à  quoi 
{èrviroient  les  autres  qui  ne  le  feroient  pas  ?  Qu'il  n'y  auroit  pas  de  raifbn 
i  produire  des  Copies  incertaines  >  fuppofé  que  l'on  en  eût  d'autres  en 
bonne  forme  :  Que  l'on  devoit  croire  avec  S.  Jérôme  &  Cajétan  ,  que 
chaque  Interprète  peut  fe  méprendre ,  quelque  foin  qu'il  ait  pris  de  ne 
point  s  écarter  de  fon  Original  :  *>  Qu'il  étoit  vrai ,  que  fi  le  Concile  exa- 
minoit  &  corrigeoit  une  Verfion  fur  le  Texte  original ,  TEfprit  Saint,  qui 
dirige  les  Synodes  dans  les  chofes  de  Foi ,  empècheroit  qu'il  ne  tombât  dans 
l'erreur ,  en  forte  qu'une  Traduûion  ainfi  examinée  &  approuvée  pourroit 
être  regardée  comme  authentique  ;  mais  que  fans  un  tel  examen  il  n'ofoic 
dire  fi  Ton  en  pouvoit  approuver  une ,  &  s'affurcr  de  l'aflîftance  du  Saint- 
Efprit ,  à  moins  qu'un  Concile  ne  l'eût  ainfi  déterminé  :  Que  dans  celui  qui 
avoit  été  tenu  par  les  Apôtres ,  la  décifion  avoit  été  précédée  d'un  grand 
examen  :  mais  que  comme  la  révifion  des  Verfions  Latines  fur  les  Textes 
originaux  écoit  un  ouvrage  de  dix  années  ,  &  ne  fe  pouvoit  entreprendre 
alors  >  il  croyoit  qu'il  valoit  mieux  lailler  les  chofes  fur  le  pied  où  elles 
étoient  depuis  1 500  ans,  que  de  vouloir  faire  faire  cette  révifion. 

La  plupart  des  Théologiens  difoient  au  contraire  :  Qu'il  falloit  tenir 
pour  divine  &  authentique  en  toutes  it%  parties  cette  Traduction ,  qui  par 
le  pafic  avoit  été  lue  dans  les  Eglifes  &  employée  dans  les  Ecoles';  &  qu'au- 
trement ce  feroit  donner  gain  de  caufe  aux  Luthériens  ,  &  entrée  à  mille 
Héréfies  ,  qui  troubleroient  éternellement  le  repos  de  la  Chrétienté  :  ***Quc 


1 9.  Qjiil  étoit  vrai  que  fi  le  Concile  exa» 
minoit  &  corrigeoit  une  Verfion  fiir  U  Texte 
eriginal ,  l'Efprît-Saînt,  qui  dirige  les  Syno- 
des dans  Us  chofes  de  Foi  empècheroit  qu'il 
ne  tombât  dans  terreur  ,  &c.  ]  Qaoiqa*i[ 
fbit  vrai  que  Tautoiicé  d'un  Concile  foit  la 
plus  grande  qui  foie  dans  TEglife,  comme  la 
fidélité  d'une  Tradudion  efl  une  cbofèqoi 
dépend  dune  induftrie toute  humaine,  on 
ne  peut  guères  s  alFurer  qu'une  Verfion  ou 
f»ice  ou  approuvée  par  un  Concile  foie  (ans 
ciienr ,  quoiqu'on  puKIè  préfumei  plus  favo- 


rablement en  fa  faveur  qu'en  faveur  d  al^- 
cune  autre.  Mais  on  ne  doit  pas  confondre 
avec  l'infpiration  ou  avec  l'in&illibilité  une 
fknple  prélbmption.  L'autorité  d'un  Ori* 
ginal  (èia  toujoun  préférable  à  une  Tra- 
duétion,  quelque  authentique  qu'elle  puide 
être  $  &  il  n'y  a  point  d'autorité  fur  la 
terre  ,  qm  puifTe)  égaler  une  Verfion  au 
Texte. 

10.  Que  les  Papes  &  les  Théologiens 
Scholaftiques  avoient fondé  en  grande  partie 
lado&rine  deVEgUfe  Romaine  — fur  quel' 


170        HISTOIR  E    DU    CONCILE 

MDXLVi.   les  Papes  &  les  Théologiens  Scolaftiques  avoicnt  fondé  en  grande  partie  la. 

Paul  III.  dodtrine  de  TEglife  Romaine ,  Mère  &c  Maîcrefle  de  toutes  les  autres  ,  fut 
"———""  quelque  paflàge  de  l'Ecriture  ;  &  que  fi  chacun  avoit  la  liberté  d'examiner 
fi  la  Veruon  en  étoit  bonne ,  foit  en  la  comparant  avec  d'autres  Verfions , 
foit  en  recourant  au  Texte  Grec  ou  Hébreu,  ^'  ces  nouveaux  Grammai- 
riens jetteroient  de  la  confufion  par-tout,  6c  fe  rendroient  les  Arbitres  8è 
les  Juges  de  la  Foi ,  &  qu'il  faudroit  donner  TEpifcopat  &  le  Cardinalat 
à  ces  Pédans ,  à  Texclunon  des  Théologiens  Se  des  Canoniftes  ;  Que  les 
Inquilîteurs  à  moins  que  de  {avoir  le  Grec  &  l'Hébreu  ne  pourroient  plus 
procéder  contre  les  Luthériens ,  que  les  coupables  ne  répondiilent  aufli* 
tôt ,  que  le  Texte  ne  parloir  pas  ainfi  ,  &  que  la  Traduâion  n'étoit  pas 
fidèle  :  Que  ce  feroit  autorifi^r  tous  les  caprices  &  les  nouveautés  que  cha- 
que Grammairien  prendroit  fantaifie  de  fi^utenir  par  malice,  ou  par  igno- 
rance de  la  Théologie ,  &  qu'il  trouveroit  moyen  de  défisndre  à  la  faveur 
de  quelque  minutie  de  Grammaire  ,  fans  qu  on  vît  jamais  la  fin  de  ces 
conteftations  :  Que  la  Traduûion  de  l'Ecriture  faixe  par  Luther  en  avoic 
fait  naître  beaucoup  d'autres  toutes  contraires ,  qui  méritoient  d'ctre  en- 
févclies  pour  toujours  dans  les  ténèbres  :  Que  Luther  lui-même  avoir  re- 
touché plufîeursfois  lafienne,  &  qu'on  n'en  avoit  point  fait  de  nouvelle 
Edition  qu'on  n'y  eiir  corrieé  non  pas  un  ou  deux  paflages ,  mais  des  cen- 
taines a  la  fois  :  Qu'enfin  fi  l'on  donnoit  à  chacun  cette  liberté ,  on  rédui- 
roit  bientôt  la  Chrétienté  à  ne  favoir  plus  que  croire. 

Acesraifons,  que  la  plupart  reçurent  avec  applaudiflement ,  d'autres 
ajoutoient  encore  :  Que  u  la  divine  Providence  avoit  donné  une  Ecriture 
authentique  à  la  Synagogue ,  &c  un  nouveau  Teftament  authentique  aux 
Grecs,  ^^  l'on  ne  pouvoit  dire,  fans  lui  faire  injure ,  que  i'Eglife  Romaine 

que  paffage  de  l' Ecriture,]  Ceft  aînfîqu*il  n'ont  aucune  (blîditc,  font  pourtant  ordî- 

îauc  traduire  ,  &  non  pas  ,  comme  a  feit  nairement  celles  qui  ont  le  plus  d*influenc:é 

M,  Amelot  ,   &  après  lui  M.    Dupin  Se  dans  les  décidons.  La  crainte  de  .voir  des 

le  Continuateur   de   M.  FUuri  ,  que  la  Grammairiens  s'ériger  en  Juges  des  vérités 

dodrine  de  l*  Eglife  Romaine  étoit  fondée  pref-  de  la  Religion  n*empêche  pas  qu'un  Ohgî- 

que  toute  fur  des  paffages  de  l'Ecriture.  Car  nal  ne  foit  préférable  à  des  Tradudions  i 

il  y  a  bien  de  la  différence  entre  dire ,  que  mais  c* eft  pourtant  ce  quia  principalement 

cette  doélrine  eft  réellement   fondée  fur  déterminé  les  Pères  du  Concile  à  juger  en 

l'Ecrlcure ,  ou  dire,  comme  feit  Fra-Paolo ,  faveur  d'une  Traduâion ,  de  peur  de  lax€êr 

que  les  Papes  &  les  Théologiens  la  fendent  prendre  aux  Grammairiens  une  autorite 

ordinairement  fur  quelque  paflâge  de  TEcri-  que  les  Evêques ,  qui  ne  font  pas  toujours 

ture.  La  dottrina  délia  fanta  Madré  Chiefa  les  plus  habiles  ,  craignoîenc  de  trouvez 

Romana ,  Madré  6»  Mae/ha  di  tutte  U  altre  ,  très-préj  udiciable  à  la  leur • 
ejferefondata  in  gran  parte  da  '  Pontefici  Ro^         2i.  L'on  ne  pouvoit  pas  dire^fans  lui  faire 

mani  &  da*    Theologi  Scolajlici  ,  fopra  injure  ,  que  l  Eglife  Romaine  fa  bien-aimee 

qualche  paffo  délia  fcrittura.  eût  étéfruftrée  d'un  fi  grand  bienfait.  ]  Ceft 

II.    Ce/ nouveaux  Grammairiens  jette-  ain/i  que  les  fyflémes  s'établiflent ,  non  fur 

roient  de  la  confufion  par-tout ,  &c.  ]  Ces  des  preuves  &  des  faits ,  mais  fur  des  con- 

&ncsde  raifons populaires, qui  réellement  venances.  Il  eft  évident  par  laveamime 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  Ê   I.  171 

fa  bien-aimce  eut  été  fruftréc  d'un  fi  grand  bienfait  :  Que  par  conféquent   mdxlvi. 
il  étoit  fort  probable  que  le  même  Efprit  £aint  c[ui  avoir  didé  les  Livres  fa-  ^^"^  ^^^' 
crés,  avoit  auflS  diûc  laTradudion  que  l'Eglife  Romaine  avoir  adoptée,  "— ~— ~ 
Mais  d'autres  ayant  de  la  difficulté  à  taire  un  homme  Prophète  ou  Apôtre 
uniquement  pour  lui  faire  traduire  un  Livre, adouciflbient  cet  avis  en  difant: 
Que  le  Tradufteur  n  avoir  pas  eu  Tefprit  des  Prophètes  &  des  Apôtres , 
mais  un  qui  en  approchoit  fort  :  *  '  Que  fi  quelqu'un  trouvoît  de  la  difficulté 
à  accorder  TafTiftance  de  TEfpric  de  Dieu  à  l'Interprète ,  il  ne  pouvoir  la 
refufer  au  G)ncile  :  Et  que  comme  le  Synode  aprouvoit  la  Verfion  Vulgatc  i 
&  prononçoit  anathème  contre  ceux  qui  ne  la  recevroient  pas  ,  elle  cfcvoir 
être  jugée  fans  erreur*,  non  pas  parce  que -celui  qui  l'avoir  écrite  avoir  été 
infpiré  de  l'Efprir  de  Dieu  >  mais  à  caufe  de  l'autorité  du  Synode  qui  l'àu^ 
roit  reçue  pour  divine, 

D.  IJiJore  Clarius  de  Brejfe^  Abbé  Bénédiétin»  fort  habile  en  cette  matiè- 
re, ^  attaqua  ce  fentimenr  par  un  détail  hiflorique,  dont  la  fubflance  fé  elleury,  I, 
réduifit  à  faire  voir ,  qu'il  y  avoir  eu  dans  la  primitive  Eglife  plufieurs  Ver-  '4i«  ^^lU 
fions  Grecques  de  l'Ancien  Teflament ,  qvCOrigènc  avoir  ramaffees  en  un 
feul  volume  &  rangées  en  fix  colomnes  :  Que  la  principale  étoir  celle  des 
LXX ,  donr  on  avoir  fait  diverfes  Traduâions  Latines  ,  auffi-bien  que  de 
f  Original  Grec  du  Nouveau  Tcftamcnr^  *4  Que  la  plus  fuivie  de  ces  Ver- 

3e  5.  /rro/ne  le  principal  Aotear  âe  la  Val-  pa$  qu'on  Concile  puilTe  juger  antrement 
^te  y  qu'il  n'a  été  rien  moins  qa  intpiré.  de  ces  faits  que  ne  feroic  un  particulier. 
Cependant  comme  il  écoit  plus  commode  D'ailleurs  il  eft  atifez  difficile  de  concevoir 
pour  établir  l'authenticité  de  cette  Traduc^  comment  le  Concile  de  Trente  ,  quelque 
tion  de  croire  que  le  5aint-E(prit  en  avoit  afHftance  de  Dieu  qu'on  lui  accorde  ,  a 
au  moins  dirigé  l'Auteur ,  ces  Théologiens  '  pu  fans  aucun  examen  préalable  prononcer 
pour  couper  court  à  toutes  les  difficultés  fur  l'authenticité  de  la  Vulgate ,  a  l'exdu- 
n'héfitoient  pas  à  aflurer  que  Dieu  l'avoic  iion  mime  des  Textes  Originaux ,  dont  il 
£ùt ,  parce  qu'ils  jugeoient  qu'il  l'a  voit  du  n*a  pas  ain£  reconnu  l'authenticité.  Ce 
£ure.  C'ed  à  de  pareilles  convenances  qu'eft  laifbnnement  n'eft  donc  qu'un  fophifme» 
Aà  le  fyftèine  de  l'in&illibilité  des  Papes  Se  puifque  cette  force  d'afmlance  générale 
beaucoup  d'autres ,  dont  en  -  vain  on  re-  ne  peut  fervir  que  dépendamment  des 
chercheroit  d'autres  preuves  que  l'intérêt  moyens  naturels  »  qui  frute  d'avoir  été  em- 
que  l'on  trouve  à  les  établir  poo^  trancher  ployés  avant  qu'on  déclarât  cette  authenti- 
cout  d'un  coup  toutes  les  difficultés.  cité^  ne  donne  pas  plus  d'autorité  à  la  Vul- 
X  i  Que  fi  quelqu'un  trouvait  de  la  dîffi^  gâte  qu'elle  en  avoit  auparavant  ^  &  la  lailTe 
eulté  à  accorder  l'affiftan ce  de  Dieu  à  Vin-  toujours  inférieure  aux  Originaux. 
terprête  ,  il  ne  pouvait  le  refufer  au  Con-  14.  Que  la  plus  Juivie  de  ces  Verfions 
cile,  ]  Mais  en  fuppofanr  même  cette  affif-  Latines  de  l'un  &  l'autre  Teflament ,  &c.  ] 
Cance  accordée  au  Concile ,  tout  ce  qu'il  M.  Amelot ,  que  M.  Dupin  &  le  Conti- 
côt  pu  feire  étoit  de  juger  {\  la  Traduftion  nuateur  de  M.  Fleury  n'ont  fait  que  co- 
étoît  conforme  à  l'original  ,  &  exaâe*  pier  ,  a  fort  brouillé  cet  endroit ,  qui  eft* 
ment  fidèle.  Et  comme  cela  ne  fe  peut  efïèébvement  un  peu  embarraflfé  dans  l'O- 
faire  que  par  les  régies  ordinaires  de  la  Cri-  liginal  même,  auffi  bien  que  dans  la  Ver- 
tique  ^  &  par  une  comparaUbn  eiade  de  iion  latine.  Cai  le  Tradu^eur  dit ,  quiî 
]a  TraduâioD  ayec  rOiiginal  ,  on  ne  voit  s' efl  fait  plufieurs  TnàviQÀOïtà  du  Nouveau 


X7X       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLYx.  (ions  Latines  de  Tun  6c  l*aucre  Teftamenc  »  Se  celle  qui  avoic  été  lue  dinf 
Paul  III.  |^  Eglifes  Se  qui  s'appe^loic  Italique ,  avoic  été  ju^ée  la  meilleure  par  $«  jiu^ 
■-  jfZj/Zif^i  9  qui  croyoic  cependant  qu'on  dévoie  lui  préférer  fans  néiîter  les 
Textes  Grecs  :  Que  S.  Jérôme ,  qui  »  comme  tout  le  monde  favoit  ^  était  û. 
verfé  dans  la  connoiflance  des  Langues ,  voyant  que  cette  Traduction  de 
l'Ancien  Teftament  s'écartoit  quelquefois  du  fens  cle  TOriginal  Hébreu  pac 
la  £iute  de  llnterpréte  Grec  ou  Latin  »  avoit  fait  une  autre  Traduction  La« 
tine  de  l'Ancien  Teftament  fur  l'Hébreu  »  &  avoit  corrigé  celle  du  Nou- 
veau fur  le  Grec  :  Que  la  réputation  de  ce  Père  avoit  fait  recevoir  â  plu-- 
£eurs  fa  Vcriîon  »  tandis  que  d'autres  plus  attachés  aux  erreurs  de  i'Anti- 
auité  l'avoient  rejettée,  foit  par  éloignement  pour  tout  ce  qui  eft  nouveau» 
toit  >  comme  il  s'en  plaignoit ,  par  une  efpièce  de  jaloufie  :  Que  le  tems 
ayant diflipé  l'envie  que  fon  entreprife  lui  avoit  attirée,  fa  Verfion  avoit  été 
Cûfin  reçue  de  tous  les  Latins ,  Se  qu'on  s'étoic  fervi  indifféreaunent  des 
deux  Yerfions  Latines  en  les  diftinguant  par  le  nom  d'ancienne  &  de  nou- 
velle :  Que  S,  Grégoire  dans  fon  Expoiltion  fur  Job  >  difoit  à  Léandre  de 
Séville ,  que  le  S.  Siège  fe  fervoit  également  de  ces  deux  Verfions  ;  mais 
que  pour  lui  il  avoit  préféré  la  nouvelle  comme  plus  conforme  à  l'Hébreu  » 
quoique  (buvent  il  citai  ç^tôt  l'une  Se  tantôt  l'autre,  félon  quei'une  ou 
l'autre  convenoient  mieux,  à  ion  d^^cin:  Que  dans  les  tems  fui  vans,  en 
prenant  quelque  cho(e  de  l'ancienne  &  de  la  nouvelle,  félon  que  les  con^ 
jonâures  l'avoient  exigé ,  Ton  en  avoit  fait  une  des  deux  ,  à  qui  on  avoit 
donné  le  nom  de  Vulgate  ;  Que  les  Pfeaumes  étoient  tous  de  l'ancienne 
Verfîon,  parce  que  l'ufàge  où  l'on  étoit  de  les  chanter  tous  les  jours  dans 
l'Eglife  n'avoir  pas  permis  d'y  rien  changer  :  Que  les  petits  Prophètes  étoienc 
tous  de  la  Traduâion  nouvelle ,  Se  ks  grands  mêlés  de  l'une  Se  de  l'autre  : 
Qu'il  étoit  bien  cenain  que  tout  celas'étoir  fait  par  la  difpofition  de  la 
Providence ,  fans  laquelle  rien  n'arrive  \  mais  qu'on  ne  pouvoir  pas  dire 

?u'il  fallût  pour  cela  autre  chofe  qu'une  habileté  purement  humaine  :  Que 
.  Jérôme  enfeignoit  ouvertement ,  qu'aucun  Interprète  n'avoit  eu  d'inA>i<« 
ration  pour  traduire  :  Que  la  Tradu&ion  dont  on  fe  fervoit  aujourd'hui 

étant 

Teftament  Grec  l   l'une  de/quelles  appellée  Latino  »  fi  corne  varie  anco  nefiirono  €m^ 

V Italique    eft  U\meitUure   de  toutes  :  ce  vau  del  Novo   Teftamento    Greco  ,  unA 

qui  fembleroic  faire  entendre  ,  que  TAu-  de  quali  lapiù  fepi'ua  &  letta  nelUCàiefd 

tear  ne  parle  ici  que  d'une  des  Verfions  du  fi  ehiama  Itala  ,  &c.  Ce  qui   a  cauS  la 

Nouveau  Teftament ,  au  -  lieu  qu'il  s'agit  méprife  du  Traduéleur  ,  c'eft  qu'il  a  lap- 

de  la  Verfion  de  l'Ancien  comme  du  Nou*  poné  ces  paroles  una  de  quali  fimplemenc 

Teau ,  ainfi  que  Ta  fort  bien  remarqué  M.  à  une  Verfion  Latine  du  Nouveau  Tefta- 

Simon  %  Se  (ans  doute  que  fra^Paolo  a  ment ,  au  *  lieu  que  dans  Fra-Paolo  eUts  fe 

parlé  de  la  Verfion  de  l'un  &  de  l'autre,  rapponent  à  cette  même  Verfion  unt  de 

IM  quefle^  dit -il  en  parlant  des  difii^re  a  tes  l'Ancien  que  du  Nouveau  «  qui  eSeétive«( 

Traduâions  Grecques  de  l'Ancien  Tefta-  vement  portoit  dans  l'Eglife  le  nom  Slta* 


ment  ,  la  principale  fi  ehiama  de  lxx  ^     lique^ 
délia  quale  ne  furono  anco  trotte  diverfe  in 


a;.Qi 


^Pjtn  nu 


DX    T)R)E  N  T  E,  L  I  y^r^e    IL  175 

-4kanc  âe'Juipour  la  plas^cancie  parue,  il ^y  auroit  de  la  témérité  à  donner 
idc  l'infpiration  à  uaEciivaia ,  qui  afluroit  lai^çme  n'en  avoic  eu  aucune  : 
Que  par  coofèquent  on  ne  pouvoit  jamais  égaler  aucune  TraduAion  au  "'"*"""'"^^ 
Texte  original  :  Qu'il  cooit  donc  d'avis  qu'on  préférât  la  Traduction  Val- 
•^te  à  toutes  les  autres  ,  &  qu'on  l'approuvât  après  l'avoir  corrigée  fur*  le 
Texte  or jginal  :  Que  cependant  il  falloarfaice  détenfe  d'en  faire  aucune  au- 
tce»  6c  qu'en  réfisrmant  celle- iâ,  toutes  les  autres  s'écêindroîent  peu  à  peu  : 
Que  par-là  on  préviendroit  cous  les  inconveniens  qu'il  y  avoit  à  craindre  des 
nonveUes  Traoudtioas ,  &queles Théologiens  avoient marqués  &  cenfurés 
£  judicieufen^nt  dans  les  Conerégatioas  précédentes. 

jindré  def^égattzncifcsdnf^  mfant  l'office  de  médiateur  entre  les  Au-/F!eiiry,  U 

.ftaxs  de  ces  deux  opinions ,  approuva  c&  que  dit  S.  7#i^«zey  que  l'Interprète  i4i.N''7z^ 
n'a  rien  de  l'Efprit  prophétique  »  ni  aucun  don  d'infaillibilité^  comme  auffi 
le  fentiment  de  ce  Père  Se  de  Saint  Auguftin  »  qu'on  doit  corriger  les  Tra- 

.duâions  fur  les  Textes  originauxt^Maisil  ajouta  en  même  tems  :  ^f  Que 

-cela  n'empechoit  pas  de  dire  que  l'Eglife  Latine  tenoit  l'Edition  Vulgate 
pour  authentique,  parce  qu'on  devoir  entendre, feulement  par-là,  que 
cette  Verfion  ne  contient  rien  de  contraire  à  la  Foi'&  aux  bonnes  mœurs  , 
quoiqu'elle  ne  rende  pas  toujours  exaélement  la  force  des  expreffions^  le 

:  iens  des  paroles ,  étant  impoifiUe  de  traduire  d'une  Laneue  dans  une  autre , 

.ians  reftreindre  od  fans  étendre  le  (êns  du  Texte ,  &  lans  employer  qucU 

«que  métaphore  ou  quelque  autre  -  figure  ;  Que  la  Vulgate  avoir  été  fuivie 
pendant  plus  de  mille  ans  dans  TE^life,  &  qu'on  favoit  qu'-elté  étoit 

-cxemte  d  erreur  ic  dans  k'  Foi  &  dans  les  mœurs  :  Que  les  anciens  Conci- 
les l'avoient  jugée  telle  &  s'enétoient  fervis  fur  ce  pied ,  &  qu'ainfî  on  de« 

.  voit  la  retenir ,  l'approuver ,  &  la  déclarer  authentique  en  ce  fens  >  c'eft-à- 
dire ,  qu'on  pouvoir  la  lire  fans  danger  de  ton^ber  dans  l'erreur  ;  ce  qu'on  ne 

-fèroit  pas  pour  empêcher  les  Savans  de  recourir  aux  Textes  originaux  Grecs 
&  Hébseux ,  mais  pour  arrêter  ce  grand  nombre  de  Traduâ:ions  nouvelles, 

'  qui  ne fervoicnt  qu'à  caofer  de  la  confusion. 

LIT.  A  l*égard  du  quatrième  article,  qui  regatdoit  la  clarté  du  (êns  de  Diffutêfi^ 
VEcriture ,  les  avis  furent  partagés  ,  &  ce  qui  donna  lieu  à  ce  partage  fut  ce  ''^  *^** 
qu'avoir  enfeigné  Se  pratiqué  le  Cardinal  Cajitdn ,  %  c'eft-a-dire,  de  ne  ^l^^^s  iH^ 
point  rejetter  les  fens  nouveaux ,  quand  ils  convenoient.  au  Texte ,  &  qu'ils  terprét 
fi'étoient  point  contraires  à  d'autres  palTages  de  l'Ecriture ,  ni  à  la  doârine  mûden 

fenvent 

if.  Que  etU  n'emp/ckoh  pas  'de  dire  ;  deqaoi  la  plàpan  des  Savans  »  .6c  quelques-  p écriture» 

.  ifue  l^EgUfe  Lmine  tenoit  la  Verfion  Vulgate  ans  mime  da  nombre  des  Proteftans ,  con-  ,^  p^iii^y,  \^ 

yfOUT  authentique  ,  te.  ]  Si  par  cela,  coch-  viennent  aajoordliai  ,  &  ce  que  Fega  a  ^^  q^  ^g/ 

me  femble  le  &ire  entendre  Féga  ,  le  Con*  pu  foutenir  fans  préjugé.  Mais  qu'elle  foit  fleurv  y  L* 

tQÎlâ  a*a  rien  piétenda  autre  cnofe  y6»oti  'de  mAflité  autorké  que  les  Originaux,  &  i4i,N^7  5^ 

>4ae  cette  V^on  eft  moins  fufpede  que  ioac-à-&it  parfaite ,  c*eft  ce  qui  eft  enriéte- 

^foucesAes  autres,  comme  étant  antérieure  à  ihentinCyotenable,  &  ce  qu'on  peut  raifon- 

{Qutes .  les  conccftations  ,  &  tout  confidéîé  .  nablamenc  penferque.  le  Concile  n'a  pas  eu 
.  mpiiis  ^iéfeâueafe  quaucme' autre  s  c'eft  en?îe  de  fixitenir* 

ToMs  I.  Mm 


Uis 
mùdeme» 


174      HISTOIRE    DU    CONCILE 

lâmcLYx.  cle  la  Foi  »  quand  bien  même  le  torrent  des  Doreurs  donneroic  dans  un  an* 

Paul  III.  ^^g  fçj^j.  q^^^  n'ayant  pas  attaché  Te  fens  des  Ecritures  au  jugement  des 

■  '  Anciens:  Qu'autrement  les Savans d'aujourd'hui  &  ceux  qui  viendroiene» 

n'auroient  plus  rien  à  faire  qu'à  tranfcrire  les  autres  \  fentiment ,  qui  parmi 

les  Pères  &  les  Théologiens  eut  des  partifans  &  des  adverfaires. 

Les  premiers  trouvoient  que  c'étoit  une  efpèce de  tyrannie  fpirituelle» 
d'empêcher  que  lesl^idèles  n'exerçaflènt  leur  efprit  félon  les  grâces  que  Dieu 
leur  avoir  données ,  &  que  c'étoit  leur  ôter  la  liberté  de  mettre  â  ufure  des 
calens  qu'ils  avoient  reçus  :  Qu'il  falloir  attirer  les  hommes  â  la  leâuredes 
Livres  (acres ,  par  les  charmes  même  de  trouver  quelque  chofe  de  nouveaa  ; 
»  Se  que  (i  on  les  privoit  de  ce  plaifir ,  ils  n'auroient  que  de  1  eloignemenc 
pour  cette  étude  f  Se  k  livreroient  à  celle  des  Sciences  profanes  :  Qu'ea 
abandonnant  la  leâure  des  Livres  faints  »  ils  perdroient  aufli  tout  le  fenti- 
ment Se  tout  le  foin  de  la  pièce  :  Que  cette  variété  des  dons  fpirituels  faifbîc 
la  perfeâion  de  l'Eglife ,  rémoin  les  Ecrits  des  anciens  Pères ,  dans  lefquols 
on  trouvoit  une  grande  dtverfité  de  fentimens ,  &  fouvent  même  de  la  con- 
trariété ,  mais  toujours  jointe  à  une  extrême  chatité.  Et  pourquoi ,  difoienc- 
ils ,  ôter  à  notre  (iécle  une  liberté  dont  avoient  joui  tous  les  ancres ,  &  qui 
avoir  produit  tant  de  fruits  fpirituels }  Que  quoique  les  Scolaftiques  n'euf* 
fent  entre  eux  aucune  difbute  fur  l'intelligence  de  l'Ecriture ,  ils  ne  laiflbieat 
pas  d'avoir  de  grands  difiérends  &  fouvent  auili  dangereux  fur  les  points  de 
Reli^pn  :  Qu'enfin  il  valoit  mieux ,  i  l'exemple  de  l'Antiquité  >  laiflèr  la 
liberté  d'interprérer  diverfement  l'Ecriture  »  que  de  la'reftreindre. 

Les  autres  difoient  au  contraire  :  Que  la  licence  populaire  caufant  en- 
core plus  de  defordre  que  la  Tyrannie,  il  falloir  en  ce  tems  tenir  en  bride  les 
efprits  qui  étoient  fans  frein,  &  qu'autrement  on  ne  verroit  aucune  fia 
aux  conteftations  :  Que  l'on  avoit  permis  autrefois  d'écrire  fur  les  Livres 
faints,  parce  qu'y  ayant  alors  peu  de  Commentaires  on  avoit  beibin  d'en  pu- 
blier ,  &  que  les  hommes  étant  d'une  vie  fainte  &  d'un  efprit  plein  de  mo- 
dération ,  on  n'avoit  point  à  craindre  de  confuHon  comme  dans  le  tenus 
préfent  :  Que  les  Scolaftiques  voyant  que  l'Eglife  n'avoit  plus  befoin  d'au- 
tres Commentaires ,  &  que  l'Ecriture  étoit  non-feulement  fuf&fammeat 
mais  même  abondamment  éclaircie ,  ils  avoient  pris  une  autre  méthode  de 
traiter  des  chofes  (àintes  :  Que  s'appercevant  que  les  hommes  avoient  da 

r^nchant  pour  la  difpure  ,  ils  avoient  ju^é  qu'il  valoit  mieux  les  occuper 
l'examen  des  raifonnemens  &  des  opinions  à* j4riftoec^  pour  les  entretenir 
dans  le  refpeâ  de  l'Eaiture ,  qui s'a£R>iblit  par  les  difputes  &  par  la  manière 
trop  familière  avec  laquelle  on  en  traite.  L'on  pouffa  même  ces  maximes  ii 
^  ^^^^*  ^*  ^^^^  >  **  ^"^  Richard  du  Mans  >  Francifcain  >  dit  **  que  les  Scolaftiques. 

lé*  Richard  du  Mans,  Ffaneifcain,  dît  traire  que  cdie-cîà  tout  ce  qae  nom 

fut  Us  Scolaftiques  avoient  fi  bien  éclairci  apprend  l'Antiquité  for  la  leâurc  de  l'Ecris 

alors  les  dogmes  de  la  Foi ,  quil  n'étoii  plus  ture  Sainte.  Nous  aurions  peine  àen  crotte 

néeejfaire  de  les  apprendre  de  F  Ecriture.]  ici  Fra-Paola^  fi  nous  n'avions  vu  de  nos 

II  n'y  a  point  de  maxime  au  monde  fi  cou-  jouxi  (e  seytiÛa  ont  pareille  diffiuc  ^  4^ 


DE    TRENTE,  Livre    II.  ly^ 

«iroîent  fî  bien  éclairci  alors  les  dogmes  de  la  Foi ,  qu'il  n*étoic  plus  nécef-  md^ivu 
fiûre  de  les  apprendre  de  TEcrirure  :  Qu'il  écoic  vrai  qu'autrefois  on  la  lifoic  ^^^^  ^^^ 
dans  TEglife  pour  Tinftruâiion  des  peuples ,  &c  qu'on  l'étudioit  dans  cette  ■ 

snême  vue  \  mais  qu'à  préfent  on  ne  la  lifoit  que  par  forme  de  prière  >  Se 

au'on  ne  devoir  plus  s'en  fèrvir  que  pour  cela ,  &  non  pour  en  faire  un 
t>jet  d'étude  :  Que  c'écoit-U  en  quoi  confiftoit  le  refpeâ:  ic  la  vénération' 
que  chacun  devoit  à  la  Parole  de  Dieu  :  Mais  qu'au  moins  on  devoir  en  in« 
cerdire  l'étude  à  quiconque  n'étoit  pas  rompu  dans  la  Théologie  Scolaftique  ; 
&  que  les  Luthériens  n'avoient  fait  de  progrès  qu'auprès  de  ceux  qui  n'étu- 
dioient  que  l'Eaiture*  Un  tel  avis  ne  laiflapas  que  d'avoir  des  partifans. 
.  Entre  ces  différentes  opinions  »  il  7  en  avoit  deux  qui  tonoient  com- 
me le  milieu.  L'une;  :  Que  l'intelligence  de  l'Ecrimre  n'étoit  point  réfervée 
s^ix  feuls  Pères ,  d'autant  plus  que  leurs  fens  font  fouvent  allégoriques  Se 
xareoient  lictéraux ,  &  que  ceux  qui  fe  font  attachés  à  la  lettre  »  l'ont  fouvenc 
accommodée  aux  a&ires  de  leur  tems ,  en  forte  que  leur  expofition  ne  con- 
vient pas  à  ce  qui  fe  pafle  dans  le  nôtre  :  ^7  Que  le  pieux  Se  doâe  Cardinal 
de  Cufa  avoit  lavamment  remarqué  »  que  l'intelligence  de  l'Ecriture  de- 
un  Corps  de  Théologiens  qoi  fembloient  au  ums  >  &c.  ]  Il  eft  bien  certain  que 
iroir  confpiré  à  6ter  aaz  Fidèles  la  connoïf-  Tintelligence  de  i'Ecritare  n*a  poiac  été 
itnce  êc  la  leéhire  des  Echtores.  Vouloir  tellement  léfërrée  aaz  Pères  ,  que  les  In- 
nous  Tenyojer  aux  Scolaftîqoes  plutôt  qu'à  terprétes  modemes  ne  puiflènt  (ans  témé* 
rficricure  pour  nous  inftmiie  de  la  Religion  rite  ajouter  de  nouvelles  lumières  a  Tin- 
9c  des  dogmes ,  c'eft  vouloir  nous  £iire  ac-  teiligtnce  de  l'Ecriture.  L'on  peut  même 
croire  que  la  connpiflânce  de  la  Religion  dire  qu  a  la  léCeive  de  trois  ou  quatre  Pe- 
confiAe  dans  des  fpéculations  &  des  fubti-  jts,  les  travaux  des  autres  for  l*Eciicure(bnc 
lit6s  philo(bphiques  ,  Se  quon  ne  fauroit  bien  éloignés  de  la  perfedion  où  des  per- 
•ttie  Chrétien  Gins  être  au  fait  d'une  infi-  Tonnes  médiocres  pourroient  atteindre  de- 
nité  de  précisons  métaphjfiques  ,  &  fans  puis  Térade  des  Langues  &  de  la  Critique* 
adopter  les  fanuifies  du  monde  les  moins  Mais  je  ne  (ai,  û  'pour  cela  Ion  peut  trai- 
fondées  &  les  moins  raitônnables.  Ce  qu*a-  ter  de  favante  la  remarque  do  Cardinal  de 
joute  le  même  Théologien,  que  l'Ecriture  Cufa,  que  l'intelligence  de  l'Ecriture  doit 
ne  doit  plus  faire  â  préfent  l'objet  de  notre  s'accommoder  au  tems»  Ao  moins  je  ne 
dtude ,  &  que  c^eftlâ  en  quoi  confifie  le  refpe6i  puis  pas  dire  ,  qu'elle  Toit  ion  judicieufê.' 
qtie  nous  devons  avoir  pour  eUe  ^  eft  d'une  Carfilefens  de  l'Ecriture  eft  tellement  ar- 
a&furdité  (i  exceffive  >  qu'on  a  peine  i  con-  bitraire  ,  qu'on  doive  ou  qu'on  puifle  l'ac-' 
c^voir  qu'on  ait  pu  poneî  jufques-là  la  fo-  commoder  au  tems»  il  nj  a  plus  de  fens 
lie.  Car  s'il  eft  vrai  que  les  Çexitures  ayent  fixe  auquel  on  pui(&  s'attacher ,  &  chacun 
été  données  pour  nous  inftroire ,  quel  autre  7  trouvera  tout  ce  qu'il  lui  plaira  d'y  décou- 
refpeâ  peut-on  leur  montrer  qu'en  les  étu-  vxir.  Il  eft  vrai ,  que  s'il  ne  s'agit  que  d'ap- 
diant  s  &  quelle  étrange  forte  de  vénéra-  plication  de  l'Ecriture,  cela  fe  peut  faire  à 
tion  feroit-ce ,  que  celle  de  fe  £iire  un  devoir  des  événemens  tous  difièrens.  Mais  il  y  a 
dlignorer  un  Livre  qui  n'a  été  écrit  que  une  extrême  difiërtoce  entre  l'intelligence 
pour  nous  éclairer  &  nous  dire  connoitre  de  l'écriture,  &  l'a^^icarion  qu'on  en  peur 
1$  vérité  &  nos  devoirs  ?  &ire  »  &  ce  n'eft  nijar  leièns  qu'y  donne 

x-Jm  Que  le  pieux  £•  do3e  Cardinal  if  l'vi&ge  préfenjt,  mais  par  les  régies  ordinal- 
Cufa  avoit favamment  remarqué  ,  que  Vin*  res  de  la  Critique ,  qu'op  doit  juger  du  fens 
uUigencedi  récriture  devoif  s' gccom/poder    de  l'Ecriture  ,  comme  de  tout  autre ',Livré«. 

Mm  %      •  •* 


vjé      HISTOIRE    DU    CONCILE 

uMCLvi^  voit  s'accomtncxler  au  tems^  &  qu'on  devoir  l'expliquer  félon  la  pratique 
Pavi  UL  régnante  -,  &  que  par  conféquent  on  ne  devoir  point  ôttc  furpris^  lî  rEgiife- 
'         rinrerprétoit  d'ùtlo  nianièteen  un  tems'&  d-unc-aurre  manière  après  :  Que 
tel  avoir  été  1- eferir  du  Gon<âlo  de  Latrân  »  eh  ordomnant  que  récrirure  fût^ 
expliquée  felôln  les  Dbâeufê dt  TËglife',  ou  felotl  rufage  appromvé  depuis' 
long-cems»  D^'ôà*  r<Hï  conoluoît  ^  qu'on  ne  devôit-  dérendre  les  iiouvdle^ 
interprétations  de  TEbriture ,  que^lor£:]U'*cUe&'  ne^s'accoïkk^ieûtpas  avec  Id 
fens  qui  étoit  reçu-  disons  Tufagie  ^ïéfentv 
•  ^'^7  ^     ^'^'^  Dùmimqut  Soio  y  Domitiioaiii^ ,  *  fît  mie  diftin  Aion  cnire  les  iMaiii^ 
I4J..N  74- tîères  de  Foi  Se  dt^rttœuiesr,  ftles-autres,  &  dit:  *•  Que  dtns  ce  qui  re- 
garde la' Foi'  &  les  nrâtfuR,  it  éfoir  jufte  de  contenir  lescfprits  dans  lesbér- 
nes  que  l'on  av'okr  n^arcpiées^  mais-  que  peur  le  refte  ^  il  s'f  avoir  niit  itt^ 
convénient  i  iTÀtBèt  ^Ihotïâtt  chatenri  en  fon  propre  fetos  >  fkuf  la  piéré  &  1» 
charité  :  Que  lésfVért^  n^'avoierit  point  prétendu  ittlpefer  aux  autres  là  nè^ 
ceffité  de  les  fuivr«F,  esMWé^diHis'  lès  cnofes  qu'il  elt  néicéflaire  dd  dseiire 
A  de  faire:  Que  quand  les-Pape^  dans  leurs  Décrétale^avoient  intctprété 
quelque  pa^àg^  dé  l'Ecriture  eu  tm  fmsyils  n'avoient  pas  préteïïda^  âret  lar 
liberté  d  y  donner  un  autre  fens  raifonnable  :  Que  telle  étoit  la  penfée  de  S. 
I  Rom.      ^^^^  9  lorfquli  difôit ,  ^  que  celui  qui  avait  U  don  deprophitk  >c'eft' Ji-dire  ». 
XIL  ^       d^interpréter  les  Ecritures ,  devoir  le  faire  fcten  C analogie  de  ta  Foi  y  c'eft-  i« 
dire»  d'une  manière  oontorme  aux-arrides  de  la  Foi:  Qu'en£n  &  l'on  ne: 
faifoit  cette  diftin&ion ,  oin  tomberotc  dans  des  inconvéniefl»  confidés able^». 
^caufe  de  l'oppofirion  qui  ifè  nonvedans  le^dîffiirentes  explicatieirs  des  aa*' 
ciens  Pères ,  qui  font  fou  vent  contraires  les  unes  z\xx  autres^ 
On  MpfroM"     ^'^^*  T  ô  û  T  S  s  ces  difficultés  ne  furent  pas  affès'  fbrres  pour  etùpiébet 
vê  u  Vul"  qûè  ta  Congrégation  ,  les  Pères  Se  Tes  Pi'élats  frappés  fortement  de  ce  que- 
X»ti^ pTû'  1  on  avoit  dix»  que  de  (impies  Granunairiens  voudroiene donner  la  loi  aux 
fûfétnt  itn  Évèques  &  aux  Théologiens  y  ne  convinflênt  prefq^  onanimemenc  dap* 
^.^^  T^  prouver  l'Edition  Vulgate.  Etqaoione  qnel<pie»-nn»»  frappés  des  rai£>ns- 
mrt&ij     qu'avoient  apportées  quelques  Théologiefts ,  raient  d'avis  qu'il  étoit  i  pro^ 
pos  de  rémettre  ptfui'leirs  cet  article  ^  comme  l'opinion  An  traire  préiralar  » 

tt.  Qti  idhi  et  ^l  rèfâfieté  Fâi  6^  nient  pt6pr«  i  en  défttbmrer  la  tarifé  ; 

ier  meurs  ,  iféôit  jtfii  de  cùnUrtirUief'  cbnlnne  <m  peut  t*eA  corivamcre  par  pla^^ 

frits  ààiu  Us  h&fhts  fie  Fait  avait  mat-  fiétirs  paf&iges  allégués  iivhne  dans  \H  Ofr 

pdis  y  sec^Ql^iqne  5m  f^51<  donmtf  cms  doftfinsiiï  èsx  Concile,  tbat  cete 

^  et  liberté  tM  iHcerprérei  y  cflt  n'é-  dépend  d*un  fàptt^nt  de  Critique  ,  pour 

i^ênt  6ic  ptùfieùts  autres  Théofogietai  dtf  lequel  l*Ëglî(e  n'a  famjris  piÀéndu-à  Tin»' 

iSbncilë  ,  le^  IJôtneS  cjtl'il  marque  id  ne  &fllibiHté.  lEfien  àt%  dogmes  ('^▼^"^  ^^ 

fliiflènt  pas  <jae  d^é  eik:ore  béideoii}»  Vrais  quoiqo'appuyés  for  de  feible^  preQ«> 

plni  érrmret  qUé  là  ftàSbti  M  lléxigé.  Càf  y(ft $  S^  otené  veît  ptfs  qu- ft  fdit  contrane 

qtioiquè  l'Ej^iTe  hérj^Mnettl^  pas  qu'en  $'é-  ifi  i  lâ  foi  di  aut  bbfîhes  moeurs  »  de  n# 

nrrte   de  (es  déci£>h^  dans  tè  qui-  côrt-  pas  admettre  pour  Ai,  preuve'  d*iin  doglnê" 

cèmè  la  toi  El  lès  ifiâédfs  s  H  /e  peut  âirë  uH  ptffftge  de  TÉicrituté  etnplajré  pfir  uit 

que  les  ps^ftgès  de  llScfituré  fur  lëfqueft  Concile  ^qôàild  fêlôiiles  régler  d^ane  iuAtf 

éttes'ap^e  âe  iSliât  {«i  teè)i)tiss  éj^.  ÛStlqtie  il  «ft  tfifibll  ^iTll  «  Où  aocse  £Mr 


D  E   T  RÈ  N  T  E,  Li  VUE    IL  177 

^  on  ptopofa' que  puifqa'onr  approuvoic  la  Vulgatc  »  il  convenoic  de  la.  faire  Moancy^ 
corriger,  &  de  fornier  l*Exemplairc  fur  lequel  on  dévoie  rimpriuier.  On  ^^^^^^'* 
OKivinr  donc  d'une  voi»  unaniine  dé  choiiïv  iîxr  perfonnes.  pour  rra^vaillec: 
avec  foin  d  cette  conreâion ,  afin  quelle  pût  pacoicreavanc  la  fin  d»  Con« 
cfie;  &  on  fe  réferva  la* libérée  d'en  augmencev  le  nombre,  (i  pacmi  ceuat 
^  viendtoient  ai«areo»eif  crouvoir  quoajugcâc  couc  à  fait  propres  à  ce 
travail. 

L  o  R  9  Q  u'o  N  fut  à  opiner  fiar  le  quatrième  artidr  9  preiqae  tous  &  ren«   O»  défend 
dirent  à  Tavif  du  Cardinal  Pàchécoy  qui  repré&nto.:  Que  '^^rEcntucc: ayant  ^^J^^?^^  ^ 
été  expliquée  par  tsmcde  gens  éminens  )?n  pié(é  &?  cndciArine,  ^'^^^^  MtKun^hnf 
pouvoit  pas  efperer  de  rien  ajouter  de  meilleur  :  Que  les  nouvelles  Héréiies  contraire  i 
étant  routes  neesrdes  nouveaux  fèns  qu^'on  avoit  donnés  4  TEcriturc,  ilétoit  Udodrmm 
iiéceflaire  d'arrêter  la  licence  des  éfprits  modernes ,  &  de  t'es  obliger  de  fe  comtmmt  d$. 
laiflèr  gouverner  par  le»  Anciens  &  par  TEglife  :  Et  que  fi  quelqu'un  natflbit  ^^"^ 
avec  un  efprir  (ingulier,  on  devok  le  forcer  4  le  renfermer  au  dedians  de 
lui-même ,  &à  ne  pasr  troubler  le  monde  en  pabtianr  toaterqu'it  penfoit. 

3  ^  La  Congregarion  du  29  fc  paflà  toute  H'examen  dw  cinquième  arri*   DiffiêmM» 
de  •,  ^  &  les  ThéoTogiciTS  ayant  parlé  d^one  manière  indécife ,  &  renvoya  tout  ^''  /*  ^ 
à  la  volonté  dur  Corrcile ,  à  ^ui  il  appartenoit  de  faire  des  Statuts ,  les  Pères  ^Jl^ 
ne  favoient  à  quoi  fe  déterminer.  Omettre  entièrement  T  Anathème ,  c  étoit   /  PaHav. 
ne  point  finre  de  Décret  de  Foi ,  8c  renverfer  dès  le  commencement  Tordre  L  6.  c.  14. 
éraoli  de  traiter  en  même  tems  d'une  matière  de  Foi  &  de  Réformarion: 

Zfi  On  frûpofa^  que  pmfqa'oft  appraU"  tant  de  gens  imînenf  ett  jriM  &'  en  doc^ 

VOU  la  Fidgase ,  il  eomvenoit  de  la  faire  cor^  trine  ,  l'on  ne  pouvoit  pas  efpinr  dtsien  ajow 

ripr  ,  8cc.  }.C*écoit  ce  femUe  renverfer  ter  de  meilleur,  )  Ceut  été  bien  dommag^^ 

'  Tordre  des  choTes  }  &  il  eut  été  j^os  nato-  qoe  cet  avis  eut  abiblomenc  prévalu  ,  oa 

yei  que  la  révifion  &  U  corredion  de  la  do  moins  qu'il  n'eut  pas  été  lufceptible  de 

Volgtte  précédalTent  ^approbation.  Rayn,  quelque  flYoïable  interprétation.   Car  on 

N^  40.  Car  comment  approuver  tmechofe  peut  dire,  que  c*eft  depuis  le  Concile  de 

one  l'on  reconitoit  avoir  befoin  de  xé-  Trente  qu'ont  paru  les  meilleurs  Commen» 

rarme  ,  fans  (avoir  fi  la  réforme  (éra  telle  taiies  du  l'Ecritme  ^mte  que  nous  ayonsr^ 

qu'elle  mérite  Tappiobocion  ?  C'étoit  ap-  En  effirt  ,  comme  cetto  (orce  d.'onvrage«k 

pxaarûx  une  TraduâioR  foi  la  fiippo£tion  dépend  infininnent  de  la  comiotiitnce  deo 

incenaine  qae  la  coneâion  feroit  bonne  »  Langues  &  de  la  Critiqire  y  6c  que  cette 

Se  telle  que  chacun  dût  s'f  (bamettre  ,  fcience  a  été  beaucoup  plus  cultivée  depuit 

quoique  les  Correâean  n'euflent  ni  in(pi*  ce  tems  qu'elle  ne  l'avoit  été  auparavant  , 

xation  ni  in&illibilité.  Mais  comme  on  il  eft  aflez  atiS  d'en  conclure  contre  le 

▼ouloit  prononcer  fur  le  choix  de  tant  de  Cardinal  Pacheco  ,  qu'on  pouvoit  efpérer 

f  laduâions  ,  &  qu^il  pouvoit  arriver  ,  d  ajouter  quelque  cko(è  de  meilleur  à  ce 

comme  U  aniva  en  efi*et ,  que  le  Concile  qur  avoit  été  bxt  en  ce  gjmre  auparavant.- 
tinit  avant  que  la  lévifion  (3t  faite  ,  on         \\. La  Conffigaûort du  x9fepa f atouts- 

fe   hâta  de  déclarer  la  Vulgate  anthenti-  à  t examen  du  cin^iime  article.  ]  Paûa^^ 

que  ,  Giuf  à  voir  a{Mrès  comment  on  s'j  vicin  met  cette  Congrégation  au   a  5  d& 

prendroit  pour  la  mettre  en  état  de  paroitre  Mars.  Mais  il  y  a  bien  de  l'apparence  qu'île 

telle.  s'eft  tenu  plus  d'une  Congrépcion  ûtf  Uf 

|0.  VEçritttn  syUHt  àé  îxpUfUepar  jâ&Bie  fuj/êu. 


MDXLVI. 

Paul  III. 


m 


76. 


O»  fmrh 


X7%         HISTOIRE    pu    CONCILE 

Condamner  cl*Héré(ie  quiconque  n  accejpreroic  pas  l'Edition  Vulgate  en 

quelque  endroit  particulier  &  peut-être  de  nulle  importance ,  ou  qui  par 

— ^^  légèreté publieroïc  quelque  nouvelle  explication  fur  l'Ecriture ,  paroifloic 

une  choie  bien  dure.  Le  tempérament  donc  que  Ton  prit  après  une  Ion-- 

„,  Ficury    8*^^  délibération ,  ™  fut  de  former  un  premier  Décret ,  qui  comprît  feule-* 

il'  141.  N''  nient  ce  qui  regarde  le  Catalogue  des  Livres  faints  &  les  Traditions  »  &  de 

le  terminer  par  un  Anathème  ;  de  comprendre  enfuite  dans  un  fécond  Dé« 

cret  où  Ion  devoir  traiter  de  la  Réformation  >  &  où  TAnathème  n  a  point 

de  lieu ,  tout  ce  qui  regardoit  les  Traductions  &  les  fens  de  l'Ecriture  , 

comme  un  remède  qu'on  oppofoit  aux  abus  de  tant  de  Traduâions  &  d'In* 

terprétations  impertinentes. 

LIV.  }^  Il  reftoit  encore  à  parler  des  autres  abus ,  ^  dont  chacun  avoic 

dt  refermer  recueilli  un  grand  nombre  >  &  entre  autres  de  mille  manières  qu'emplôyent 

Us  mhms  qui  la  foibleSè  &  la  fuperflition  des  hommes  pour  faire  fervir  les  diofes  facrées 

fifiy  l^f'  non-feulement  à  d'autres  chofes  qu'à  celles  auxquelles  elles  font  deftinées  , 

Cuhu*  H9  ^^^  encore  à  des  fins  toutes  contraires  à  leur  inftitution.  Il  fe  parla  beau- 

Vm  fédtdê  ^^^P  ^^  enchantemens  qui  fe  faifoient  pour  trouver  des  tréfors ,  ou  exé- 

tEeriture.    cuter  des  deflèins  lafcifs>  ou  obtenir  des  chofes  illicites;  comme aufli  des 

n  M.N®  80.  moyens  d*y  remédier.  Au  nombre  des  enchantemens  ou  des  fortilèees ,  queU 

Pallar,  U4.  qucs-uns  mirent  la  pratique  de  porter  fur  foi  l'Evangile ,  ou  fc  nom  de 

^*  Dieu  ,  pour  prévenir  les  maladies  ou  s'en  guérir,  pour  être  préfervé  des 

accidens  &  des  malheurs ,  ou  pour  avoir  une  bonne  fortune  -,  comme  aufli 

celle  de  lire  l'Evaneile  dans  la  même  vue  »  ou  de  l'écrire  en  obfervant  le 

tems.  On  mit  aufli  de  ce  nombre  la  pratique  ufitée  en  certains  Pais  de  dire 

des  Meflès  fur  du  fer  brûlant ,  ou  fur  des  eaux  froides  ou  bouillantes  %  ou 

fur  quelque  autre  matière  deftinée  pour  fe  purger  de  quelque  crime  ;  celles 

de  réciter  l'Evangile  fur  des  armes»  afin  Qu'elles  aient  plus  de  force  contre 

les  ennemis  ;  de  conjurer  les  chiens  »  les  ferpens ,  &  les  autres  bètes  nuifî- 

btes ,  afin  qu'on  n'en  foit  ni  mordu  ni  offenfé  ;  celle  auflii  de  conjurer  les 

tempêtes  &  les  autres  caufes  de  la  ftérilité  de  la  terre  :  8c  l'on  demanda  que 

toutes  ces  fuperftitions  fuflènt  condamnées  ,  défendues  ^  Se  punies.  Mais  it 

y  eut  de  la  difpute  &  de  la  conteftation  fur  différentes  de  ces  pratiques  , 

que  quelques-uns  défendoient  comme  des  aftions  de  piété  &  de  Religion, 


51.//  reftoit  encore  i  parler  da  autres 
dbus  y  &c.  ]  Pallavîcîn  ni  Raynaldus  n'en- 
trent dans  aucan  détail  de  ces  abos  :  mais 
le  premier  conyient  qifon  en  avoit  re- 
cueilli on  très  -grand  nombre  ,  &  qa  on 
fbt  obligé  de  renvoyer  la  matière  à  la  Sef- 
fion  foivante.  Il  paroit  cependant  par  on 

3|ae  " 
éCorcures  on 
fit  mention  en  gros ,  &  qu'on  ^  condatnna 
lous  les  o(ages  (ùperfticieux  ,  pro&nes  , 


Ëtécret  de  la  IV.  Seflion ,  qoe  fans  entrer 
dans  le  deuil  de  toos  ces  défordies  on  y 


&  indécens  qo*on  poovolt  £iire  de  l'Bcri-* 
tore  y  en  abandonnant  aox  Evftcjoes  le 
choix  des  peines  dont  on  po^yoit  ponir 
ces  diffcrens  abos.  Ainfi  ce  ne  font  pas . 
de  ces  abos  qoe  parle  Pallavicin ,  lor(^o*il 
die  qoe  l'examen  en  fbt  renvoyé  à  la  Seffion 
foivante,  mais  de  qoelqoes  antres  qoire- 
gardoient  les  Leçons  Bc  les  Pr  édicacions , 
dont  on  ne  traita  en  ef&t  qoe  dans  la  Sef> 
(ion  cinqoiéme  i  8c  c'eft  aoffi  ce  que  myi* 
^oe  Frm  •  Paoh  peuapiès. 


DE    TRENTE,LiVRE   IL  179 

du  tout  au  moins  comme  des  chofes  permifes  &  tolèrables  >  tandis  que  d'au-  mdziti. 
très  iescondamnoi^nc  comme  pleines  d'impiété  &  de  fuperftition*  Pareille  ^^^^  ^^ 
difpute  arriva ,  quand  on  parla  de  i'ufage  qu'on  fait  des  paroles  de  TEcri-  " 

cure  pour  des  fortilèges  ou  des  divinations,&  des  prognoftics  que  l'on  forme 
de  ièntences  écrites  fur  des  billets  que  l'on  tire  au  fort ,  ou  de  pafl^es 
qu'on  trouve  à  l'ouverture  des  Livres  facrés.  L'uiàge  des  paroles  faintes  dans 
les  libelles  dif&matoires  &  autres  railleries  piquantes  fut  généralement 
condamné  \  &  comme  on  parla  beaucoup  des  moyens  qu'on  pourroit  em- 
ployer pour  abolir  les  pafquinades  de  Rome ,  le  Cardinal  del  Monte  en  té- 
moigna un  extrême  defir>  parce  que  la  liberté  &  la  gaieté  de  fon  naturel 
avoient  fouvent  fourni  aux  Courtifans  matière  à  leurs  bons  mots.  Tous 
convenoient  que  la  Parole  de  Dieu  ne  peut  jamais  être  traitée  avec  trop 
.ic  refpcâ:  \  qu'il  eft  contre  la  décence  de  s'en  fervir  pour  louer  les  hom- 
mes y  ôc  même  les  Princes  &  les  Prélats  ;  &  que  généralement  parlant  > 
c'eft  un  péché  d'en  faire  ufage  en  toute  chofe  vaine.  Mais  cependant  on  di- 
foit  :  Que  le  Concile  ne  devoit  pas  s'arrêter  à  tout  cela  »  n'étant  pas  a(Iem- 
blé  pour  remédier  à  toutes  fortes  d'abus  :  Que  d'ailleurs  on  ne  devoir  pas 
défendre  univerfeliement  d'appliquer  quelquefois  les  paroles  de  l'Ecriture 
à  des  affaires  toutes  humaines  >  &  que  &  Antonin  dans  fon  Hiftoire  ne  con« 
damne  pas  les  Ambaffadeurs  de  Sicile ,  qui  demandant  pardon  à  Martin  IV 
dans  un  ConCftoire  public ,  n'employèrent  pour  expofer  le  fujet  de  leur  An> 
baffade  d'autre^  paroles  que  celles-ci  qu'ils  répétèrent  trois  fois  »  ^  Agnus  ^  1o\l 
Dti  9  qui  tollis peccaia  munS^  miftrcre  nobis;  a  quoi  le  Pape  ne  dt  d'autre  XIX.  5. 
réponfe  que  par  ces  autres  paroles  de  l'Ecriture ,  qu'il  répéta  audi  trois  fois  > 
Av€  Rcx  Judaomm  »  &  dabant  illi  alapas  :  Que  c'étoit  donc  aux  Luthé- 
riens une  pure  malignité  de  criiquer  >  comme  ils  faifoient,  ce  qu'avoit 
dit  TËvèque  de  Bitonu  dans  le  Sermon  fait  à  Touverture  du  Synode  >  qu'on 
pourroit  dire  de  ceux  qui  n'accepteroienr  pas  le  Concile  9  Papœ  lux  venu  in 
mundum  >  P  6*  diUxerunt  homines  magis  untbras  ^uam  lucem.  On  employa  p  joh.  IlL 
beaucoup  de  Congrégations  à  la  recherche  des  abus  ',  &  la  foiblefle  desre-  19. 
mèdes  fe  faifant  mieux  fentir  à  proportion  que  l'on  découvroit  un  plus 
grand  nombre  de  trhofes  à  réformer  3  le  parti  le  plus  nombreux  opina  a  ne 
faire  aucune  mention  détaillée  ni  des  abus  ni  des  remèdes ,  ou  acs  peines 
particulières  »  mais  de  renfermer  tout  fous  des  chefs  généraux  ,  &  de  re- 
mettre les  peines  â  la  difcrétion  des  Evêques.  On  parla  audi  des  abus  qui 
fe  commettoient  dans  les  Impreflions  ;  mais  on  s'y  arrêta  peu ,  tous  conve- 
nant unanimement  qu'il  falloit  mettre  un  frein  à  la  licence  des  Imprimeurs  » 
&  leur  défendre  de  rien  publier  fur  la  Religion ,  qui  n'eut  été  approuvé  y 
&  qu'il  ne  falloit  pour  cela  que  renouveller  le  Décret  du  dernier  Concile 
•de  Latran. 

LV.  M  A I  s  il  y  eut  un  grand  débat  fur  le  fait  des  Leçons  &  des  Prédi*  .  ^^*fi^^ 
cations.  Car  les  Réguliers  ,  oui  depuis  trois  cens  ans  étoient  en  po(Teffion  y^^  ^Y.vèau9$ 
de  ces  fonctions  par  les  privilèges  que  leur  en  avoient  accordé  les  Papes  ,  ^  la  Y^êgu^ 
faifoient  tous  leurs  e&rrs  pour  les  conferver  \  &  les  Evêques  en  deroan^  Um  »  /«r  U 


HISTOIRE   DU  CONC3XE 

umv^i.  doienr  ia xefticurion  ,  comme  d'une  choie  qui  avoic'été'Ufucpfe  fuctaxff 
•lUui^IlL  jqui  hruraroortenoic  en  propre.  Et  commeilne  $*agiiS)icpasUd'opintois 
,  ,  mais^d'incerccs,  &  que  l'un  ic  l'autre  parti  prétendoient  ^foutentr  leurs 

ehn  \^j^'^^'^^^  par  les  etfècs  »  les  Légats  ,  qui  ctaignoienr  que  ces  ditfevends  n'em- 
faire  des  /#-  ^pêcha({ènt  qu*on  déterminât  rien  avant  le  tems  de  la  Seflion  »  séTolurcnc  de 
fons  fubU^xtmçxxxc  l'exataen  de  ces  deux  points  à  la  Sellion  ^fuivante. 
^u€s.  On  forma  donc  deux  Décrets,  conformément  à  kréfolurion  qui  avoir 

été  prife  *,  &  la  leâure  en  ayant  été  Êiite  dans  la  dernière  Congrégation ,  ils 
furent  approuvés  ,  i  quelques  changemens  près  qu'on  fit  fur  Harticle  de 
l'Edition  Vulgate.  LtÇMàiusX  dcl  Monte  termina  la  Congrégation  par  oOm 
difcours  ,  où  après  avoir  loué  la  fcience  &  la  prudence  de  tous  les  Pères» 
il  les  avertiten  même  tems ,  que  la  Uenféance  cxieeoit  d'eux ,  a  pré&ntqoe 
les  matières  avoîent  été  fuffilamment- examinées  dans  la  Congrégation  ,  de 
ae  montrer  dans  la  Seffion  publique  qu'un  cœur  &  qu'une  aœe.  Le  Cardi* 
nal  de  S  te  Croix  zptès  là  fin  de  la  Congrégation  raflèmbla  ceux  qui  s'étoienc 
opfK>fés  i  l'Edition  Vulgate  ,  6c  leur  remontra ,  qu'ils  n'avoient  point  à,  iè 
plaindre ,  puifqu'on  avoir  laide  la  liberté  de  la  corriger  &  d'avoir  recours 
aux  Textes  originaux ,  &  qu'on  n'avoir  défendu  que  de  dire  qu'il  y  avoir 
des  erreurs  fur  la  Foi  qui  pbligeotent  de  la  rejetter. 
QuMtrUmê     L VL  L  E  8  d'Avril  jour  de  la  Seffion  9  étant  arrivé ,  la  'Mefle  du  Saiat 
Seffiùn ,  &  Efprit  fut  chantée  par  Salvator  AUpo^  Archevêque  de  Saffkrvtn  Sardaigne^ 
I^*#  fur  g^^ç  Sermon  prêché  par  Aumflin  Arétin^  Général  des  Servîtes  ;  après  lequel 
^fwr^Us  les  Pères  s'érant  revêtus  de  leurs  ornemens  Pçnrificaux ,  on  récita  les  Lita- 
TraMtions.  nies  &  les  prières  ordinaires.  Elles  furent  fuivies  delà  leânre  que  fit  l'Ai« 
f  Pallav.  L.  chevèque  célébrant  des  Décrets,  dont  le  premier  ponoit  en  fubftancQLc 
n  ^  '  MO    '  Q"^  ^^  Concile  ayant  pour  objet  de  cooferver  la  pureté  de  l'Evangile  pro- 
Rayn.  N     ^^^  p^^.  |g^  Prophètes ,  publié  par  Jefus-Chrift  &  prêché  par  fes  Apôtres  t 
SpôncL       comme  la  fburce  '  '  de  route  vérité  &  la  règle  des  mcrurs  y  6c  connoiflànc 
N^y.         que  la  vériré  &  les  règles  de  Morale  font  contenues  dans  les  Livres  écritf 
Flcury ,  L  &  les  Tradirions  non  écrires ,  que  les  Apôtres  avoient  reçues  de  la  propre 


&  du  Nouveau  Teftament ,  6c  les  Traditions  qui  regardent  la- Foi  6c  k$ 

mcnurs» 


5  $ .  Comme  la  fouree  de  toute  viriti  (f 
Ia  régie  des  mœurs,  ]  Cefl  ainfi  qae  s'ex- 
prime hbcre  Htftorien  \  come' fonte  £ognî 
verità  &  dijciplina  dfi  coftumi  ,    &c«  ce 

Sue  M.  Ameiot  a  mal  lenda  en  tradui- 
me,  comme  l^  fourudela  vérité  &  de  la 
difciplifu ,  puifquil  ne  s'agit  pas  ici  de di(^ 
cipline ,  mais  de  morale  fdîfciplinade  cpf 
tnmi. 


f  4*  Que  le  Concile  *—  recevait  ^ret 
le  même  rejjfeél  tous  les  Livres  de  l* Ancien 
^  du  tfouveau  Teftament  ,  J^  les  Tradi^ 
tions  qui  regardent  la  Foi  &  Usm^urs,i 
&c.  ]  Les  ËvèqueS'  de  Fano  Se  ^e  ÇlApggis 
s'écoieot  forcement  oppoCfs.  à  ce  Décrètes 
&  ce  dernier  avoic  traité  oaTenemenc 
cette  égalité  à'impie.  Il  y  aoroit  de  Tim- 
piété  en  dSst  à  ^alej:  la  parole  des  hcmfr 

mesi 


MDZLTr. 


D  E    T  RENTE, Litre    II.  »8i 

inœorâ  >  comme  venues  de  la  bouche  de  Jefus-Chrift ,  ou  comme  diâées 
par  le  Saine  Efpric ,  &  confcrvées  dans  TEglife  Carholique.  Puis,  après  le  Paul  III. 
dénombrement  des  Livres  facrés ,  le  Décret  ajoutoit  :  Qu  afin  que  chacun  ■  ^ 

iut  fur  quel  fondement  le  Concile  vouloit  s'appuyer  pour  confirmer  les  dog- 
mes &  réformer  les  moturs  ,  h  il  prononçoit  Anathème  contre  quiconque 
ne  recevoir  pas  pour  facrcs  &  canoniques  tous  ces  Livres  entiers  avec  tou* 
ce$  leurs  parties ,  tels  qu'ils  font  lus  dans  TEglife  Catholique ,  &  tels  qu'ils 
£c  trouvent  dans  l'Edition  Vulgate  \  ^^  ou  contre  ceux  qui  de  propos  déli* 
béré  Se  avec  connoiflance  méprifoient  les  Traditions. 

Par  le  fécond  Décret  il  étoit  ordonné  en  fubftance,  de  tenir  l'Edition 
"Vulgate  pour  authentique  dans  les  leçons  publiques,  les  difputes,  lespré^r 
^cations,  &  les  explications^  &  défendu  à  qui  que  ce  fut  de  la  rejeccer^ 
^^7  On  y  défendoit  aufii  d'expliquer  la  Sainte  Ecriture  dans  un  fens  con^ 


mes  à  celle  de  Dica  ,  comme  TEvèque 
de  CAioggia  difbic  que  îa^iz  le  Concile 
en  égalant  les  Tiadicions  à lEciicure.  Mais 
les  Péies  répondoient  ,  que  ne  s'agidant 
Ici  que  des  Traditions  divines  ,  c*étoit 
égcler  la  Parole  de  Dieu  à  elle-même  , 
puifque  d*ètre  écrite  ou  non  écrite,  cela 
ne  change  rien  à  (à  nature.  Le  principe  eft 
très  -  vrai  ^  mais  la  différence  e(l  infinie 
ims  Tapplication.  Car  on  fait  où  eft  con- 
'tenue  la  Parole  de  Dieu  écrite  >  au-lieu 
que  rien  n'eft  G,  incertain  que  les  Tradi- 
tions non  écrites  ,  faute  de  pouvoir  re- 
monter avec  cenitude  jufqu'à  leur  origine. 
C*écoic  fans  doute  ce  quentendoit  Na- 
chianti  f  Evèque  de  Chioggia ,  &  il  fem- 
1>le  qn*à  cet  égard  il  navoit  pas  trop  de 
fort  de  traiter  d*impie  Tégalité  que  l'on 
mettoic  entre  TEcritare  &  les  Tradi-^ 
lions. 

5f.  //  prononçoit  anathème  contre  qui^ 
^nque  ne  recevoit  pas  pour  facrés  6»  ca- 
noniques  tous  ces  Livres  entiers  avec  tou* 
tes  leurs  parties  ,  tels  qu'ils  font  lus  dans 
VEglife  Catholique.  ]  En  recevantcesdiffé- 
rens  Livres  dans  fon  Canon  ,  le  Concile  ne 
failoit  rien  en  quoi  il  ne  f&t  autorifé  ou 
par  quelques  Conciles  piécédens  ,  ou  par 
piufîeurs  Ecrivains  de  l'Antiquité.  Mais 
C*éroit  aller  plus  loin  qu'on  n'avoir  été 
jufqu'alors  ,  que  dy  joindre  TAnathême  , 
&  d'obliger  de  recevoir  avec  le  même  ref- 
peA  des  Livres  ,  à  qui  ceux  même  qui 
oous  les  avoienc  tianfoiis  navoient  pas 

T  O  M  s  I.   - 


donné  le  même  rang  ni  la  même  autorité* 
Car  on  ne  voie  pas  comment  le  Concile, 
fans  nou¥elle  inspiration ,  pouvoit  ordon- 
ner fous  peine  d'Anathême  de  regarder 
comme  également  facrcs  des  Livres  que  les 
Juifs  ou  les  premiers  Chrétiens  ne  ret 
peéloient  pas  comme  tels,  quoique  pour 
les  recevoir  nous  n'ayons  d'autre  autorité 
que  celle  des  Eglifes  dont  nous  les  avons 
reçus. 

5  6.  Ou  contre  ceux  qui  de  propos  délî-» 
heré  &  avec  connoiffance  méprifoient  Ufdi" 
tes  Traditions,  ]  Il  e(l  certain  que  la  Parole 
de  Dieu  mérite  le  même  refpeft ,  foit  qu'el- 
le foit  écrite  ,  foit  qu'elle  ne  le  foit  pas. 
Mais  ceux  qui  rejçttenj  les  Traditions ,  ne 
le  font  que  parce  qu'ils  doutent  qu'elles  vien- 
nent  de  Dieu.  Il  n'y  a  donc  perfonne  qcA 
de  propos  délibéré  &  avec  connoiifance ,  les 
méprife  \  Ôc  cet  Anathème  paroit  lancé  à 
pure  penp ,  puifque  ceux  contre  qui  il  eft 
poné  ne  les  rejettent  que  parce  qu'ils  les 
regardent  comme  des  dodrines  huitaines , 
qu'on  n'a  pas  prétendu  égaler  à  la  Parole  de 
Dieu  par  ce  Décret. 

57.  On  défendoit  aujji  d'expliquer  la 
Sainte  Ecriture  dans  un  fens  contraire  à 
celui  que  lui  donne  la  Sainte  EgUfe  ,  8cc.  ] 
Cette  défenfe ,  quelque  fpécieulè  qu  elle  pa- 
roifle  ,  n'eft  pas  d'un  grand  u^age ,  puifqu'il 
y  a  peu  d'endroits  de  l'Ecriture  fur  l'expo- 
ficion  defquels  le  confenrement  des  Peref 
foit  unanime ,  &  du  fens  defquels  TEglife 
W  &ic  une  loi»  0  ailleurs  ordonner  ^09 

Nn 


JUPXLVI. 

Paul.  III. 


lîi  HISTOIRE    DU    CONCILE 

traire  a  celui  que  lui  donne  la  Sainte  Eglife  notre  Mère,  &  au  con(ente<- 
ment  unanime  des  Pères ,  quand  bien  même  on  auroit  intention  de  tenir 
ces  explications  fecrettes  *,  &  on  ordonnoit  que  ceux  qui  contreviendroienc 
à  cette dcfenfe fuflent  punis  parles  Ordinaires.  On  y  ftatuoit  qu'il  feroic 
fait  de  la  Vulgate  une  Edition  très  exadc.  3»  On  défendoit  d'imprimer , 
vendre  »  ou  retenir  des  Livres  anonymes  qui  traitoient  des  chofes  facrées , 
s'ils  n'étoient  approuvés  ,  &  (i  l'approbation  ne  paroifToit  à  la  tète  du  Li- 
vre >  )^  &  cela  fous  peine  d'excommunication  &  de  l'amende  pécuniaire 
ordonnée  par  le  Concile  de  Latran.  Il  y  étoic  fait  pareillement  défenfe  i 
tout  le  monde ,  fous  peine  de  punition  remife  à  la  difcrétion  des  Evcques  » 
d'employer  les  paroles  de  l'Ecriture  Sainte  à  des  boufonneries ,  des  fa* 
blés ,  des  chofes  vaines ,  des  flatteries ,  des  médifances ,  des  fuperftitions  » 
des  ench'antemens ,  des  divinations  ,  des  fortiléges,  &  des  libelles  diffama- 
coires.  Enfin  le  Décret  fe  terminoit  par  l'indiâion  de  la  Sedion  fuivante  au 
1 7  de  Juin. 

LVIL  A  p  R  e's  la  leâure  de  ces  Décrets  ^  le  S^Btetaire  du  Concile  >  lut 


iRayn. 
NO  51. 


sieur  de 

VEmfeteuf  cent  qui  donneront  de  pareilles  explica- 
f  réfente  fes  tions ,  &  les  tiendront  fecrenes,  feront  pu- 
Lettres  de  nis  par  les  Ordinaires  ,  c'eft  avancer  une 
créance.  efpéce  de  contiadidion  ;  puifque  fi  c  eft  une 
chofe  fecretre ,  les  Ordinaires  ne  peuvent 
jpas  la  punir.  Mais  fuppofê  même  quils  la 
connurient  »  de  quel  droit  punir  une  chofë 
qui  n*efl  pas  une  Ëiute ,  fi  la  nouvelle  ex- 
plication ne  s'éloigne  pas  de  refprit  du  Tex- 
te ?  La  nouveauté  par  elle-même  n  eft  pas 
un  ciime ,  &  par  conféquent  ne  mérite  au- 
cun châtiment. 

)  S.  On  défendoit  dt imprimer  ,  ^vendre  , 
ou  retenir  des  Livres  anonymes  ,  qui  trai- 
toient des  chofes  facrées^  &c.  ]  Les  Loix 
trop  rigoureufes  ne  peuvent  jamais  fiibfif- 
ter.  C'eft  ce  qui  a  fait  reftieindre  celle-ci 
même  par  la  Congrégation  de  ï Index  ;  Se 
toute  refbeinte quelle  eft ,  elle  n*a  jamais 
^u  d'exécution ,  du  moins  hors  des  païs  d*In- 
quifition.  En  France ,  perfonne  ne  fe  &it  un 
fcrupule  de  retenir  un  Livre  anonyme  non 
approuvé  ;  &  il  n*y  a  qui  que  ce  foit  ailleurs 
même  qui  croye  avoir  pour  cela  encouru 
l'excommunication  ponée  dans  le  Concile 
de  Latran  de  Tan  If  if  ,  &  renouvellée 
dans  celui  de  Trente.  Cela  n'a  jamais  été 
regardé  que  comme  un  Règlement  de  po- 
lice i  &  quoique  le  contenu  en  ait  été  con- 
firmé par  plufieurs  Edits  de  nos  Rois  ,  ce 
n'a  jamais  été  avec  la  claufe  d'excommuni- 


cation, don(  l'excès  même  prouve  rinjufti- 
ce.  Voyez  TOuvrage  intitulé ,  Notes  fur  k 
Conc.  de  Trente ,  p.  z.  &  fiiiv. 

l$*  Et  cela  fous  peine  d'excommunîca^ 
tion  &  de  l'amende  pécuniaire  ordonnée  par 
le  dernier  Concile  de  Latran.  ]  Quelques 
Prélats  dans  le  Concile,  &  entre  autres  l'Ar- 
chevêque de  Palerme  &  VEst<\\xtà' Aftorga; 
s'étoient  oppofés  à  l'amende  pécuniaire  infli- 
gée ici  par  le  Décret ,  comme  à  une  ufiir- 
pation  fiir  la  PuiiTance  Laïque.  Mais  la  plu* 
ralité  l'emporta  contre  leur  avis ,  quoique 
le  plus  fage,  fur  cette  vaine  raifon  de  l'Eve» 

2ue  de  Èitonte  ,  que  l'on  doit  reconnoitxi 
ans  l'Eglife  tout  le  pouvoir  qui  eft  néceflàî- 
re  pour  le  bon  Gouvernement  s  raifon  qui* 
fi  elle  étoit  admife ,  prouveroit  que  l'Eglite 
a  droit  d'infliger  non-feulement  ^^  peinef 
pécuniaires ,  mais  même  toute  autre  (brte 
de  peines  temporelles  ,  à  quoi  cependant 
elle  ne  prétend  pas.  Auflî  cette  Loi  n'a  ja- 
mais été  reçue  en  France  ,  comme  étant 
contraire  à  lanicle  XXXVII  de  nos  Liber- 
rés  ,  qui  ne  permet  pas  aux  Juges  Eccléfiaf- 
tiques  d'infliger  aucune  peine  de  cette  efpé- 
ce }  &  le  Concile  de  Latran  ,  dont  celui  de 
Trente  a  emprunté  ce  Décret,  n'a  jamais 
été  reconnu  comme  (ai&nt  loi  dans  le  Ro- 
yaume. C'eft  ce  que  l'on  peut  voir  plus  aq 
long  dans  l'Ouvrage  cité  dans  la  Note  pxé^ 
cedente ,  pag.  ;•  &  fui?* 


DE    TRENTE,  LiTHE    II.  z«j 

le  Mandement  dont  ctoient  charges  les  Ambafladeurs  de  TEmpereur ,  D.   wortvi. 
Diego  dcMendo{c  alors  abfcnt ,  &  François  de  Tolède.  Celui-ci ,  après  avoir    ^^^  ^^^' 
falué  les  Pères  au  nom  de  fon  Maître  en  peu  de  paroles ,  fît  un  difcours , 
où  il  dit  en  fubftance  :  ^  Que  tout  le  monde  connoiffbit  allez ,  que  ce  Prince     ^  Labbc. 
n'ayant  jamais  rien  jujgé  de  plus  digne  de  lui  9  que  de  défendre  non-feu-  ConcTrid. 
lement  le  Troupeau oe  Jefus-Chrilt  contre fes  ennemis,  mais  encore  depag.  x^j. 
le  mettre  à  couvert  de  toutes  fortes  de  féditions  ôc  de  tumultes,  avoit  vu  ^^^^ 
avec  une  extrême  joye  ouvrir  le  Concile  ,  que  le  Pape  avoit  convoqué  :       ^^ 
Que  voulant  en  cette  occafîon  fe  fervir  de  fon  autorité  &  de  fa  puidance 
pour  le  protéger ,  il  leur  avoit  envoyé  Mendo^e  pour  le  repréfènter  \  mais 

3ue  ce  Seigneur  étant  arrêté  par  fes  indiipofitions ,  il  lui  avoit  été  afTocié 
ans  la  même  qualité  :  Qu'il  nereftoit  plus  qu'à  unir  enfemble  leurs  prières» 
pour  demander  à  Dieu  qu'il  bénît  l'entreprife  du  Concile ,  &  ^  ce  qui  en 
étoit  l'objet  principal ,  qu'il  confervât  l'union  entre  le  Pape  &  l'Empereur  » 
afin  qu'ils  puflènt  travailler  à  affermir  la  vérité  Evangélique,  rétablir  l'Eglife 
dans  fa  pureté  ,  &  arracher  l'yvraye  du  champ  du  Seigneur.  On  répondit  j^^  /•  ^^ 
À  Tolède  au  nom  du  Concile  :  Que  ion  arrivée  étoit  très-agtéable  au  Sy-  ç^f^jg^ 
node ,  tant  par  le  refpeâ  qu'on  y  avoit  pour  fon  Prince  >  que  par  la  pro- 
teâion  qu'on  s'en  promettoit  :  Qu'on  attendoit  aufli  beaucoup  de  la  fmcé- 
rité  Se  de  la  religion  de  fon  Ambalfadeur  :  Que  le  Concile  l'embraifoic 
unanimement  >  &:  admettoit  autant  qu'il  étoit  de  raifon  le  Mandement 
dont  il  étoit  chargé  :  Que  les  Pères  étoient  très  mortifiés  de  Tindifpofition 
de  Mendo^e  :  Qu'ils  rendoient  grâces  à  Dieu  de  la  bonne  intelligence  qui 
étoit  entre  le  Pape  &  l'Empereur ,  &  qu'ils  le  prieroient  de  favorifer  les 
■defirsde  ces  deux -Princes,  pour  l'accroiflement  de  la  Religion  Chrétienne 
&  la  paix  de  TEglifc.  Tout  ceci  étant  fait ,  la  Seflîon  finit  par  les  cérémo- 
nies ordinaires*,  &  les  Légats  ayant  envoyé  les  Décrets  à  Rome  j  ils  furent 
publiés  peu  de  tems  après. 

Cette  publication  fournit  matière  à  bien  des  difcours ,  fur-tout  en    Ji^s^fnent 
Allemagne.  Quelques-uns   trouvoient  extrêmement  étrange,  que  cinq  ^'^  ^^^ /_ 
Cardinaux  &  quarante- huit  Evêques  euHènt  défini  fi  aifément  les  princi  "^^^^^ 

{>aux  &c  les  plus  importahs  chefs  de  la  Religion  qu'on  avoit  laides  )ufqu'a- 
ors  indécis  ,  ^^  en  donnant  pour  Canoniques  des  Livres  jufques-là  regar- 

40.  En  donnant  pour  Canoniques  des  où  il  n*y  avoit  prefque  que  des  Prélats  Ita- 

L'ivres  qu'on  avoii  regardés  jufque-là  eom^  liens ,  &  encore  en  petit  nombre.  Ce  n'étoic 

me  incertains  &  apocryphes ,  &c«  ]  La  fur-  pas-la  le  moyen  de  ramener  les  ProteAanSk 

prife  naoit  pas  trop  déraiibnnable ,  &  on  Auffî  n*étoit-ce  pas  le  but  des  Pères ,  qui 

dévoie  trouver  un  peu  étrange ,  que  ians  de  fongeoic  bien  plus  à  les  condamner  qu*à  les 

noatelies  lumières  on  nrrft  dans  le  même  convertir ,  à  moins  que  ce  ne  fut  aux  con» 

^ang  des  Livres  dont  on  avoit  toujours dif-  ditions  de  renoncer,  je  ne  dis  pas  à  leurs 

tinguc  l'autorité  ;  que  &ns  examen  &  fans  erreurs ,  la  chofe  eut  été  jufte  ,   mais  de 

■la  comparer  avec  l'Original,  on  déclarât  une  Te  foumettre  non-(èulement  à  une  infinité 

Traduâion  authentique  >  &  que  fans  nécef-  de  chofes  indifférentes,  mais  même  d'abus 

iîté  on  reftreignît  la  liberté  d'interpréter  la  condamnables,  qu'on  ne  juflifioit  autreaienc 

Parole  de  Dieu  s  &  cela  dans  une  Aifeoiblée  que  parce  qu'iU^écoient  intxo{lQitai    /     • 

Nn  X 


i84        HISTOIRE    DU    CONCILE 

HDxiTi.  dés  comme  incertains  Se  comme  apocryphes  »  en  déclarant  authentique  anif 
Paul  III.  Traduftion  quelquefois  différente  du  Texte  original ,  &  en  reftreignant 
*■——■""  la  manière  d'entendre  la  Parole  de  Dieu.  4»  On  difoit  d'aillairs  :  Qu'entre 
tous  ces  Prélats  il  n'y  en  avoît  aucun  de  confidcrable  par  fa  fcience  ;  qu'il 
y  avoit^quclqucs  Canoniftcs  qui  pouvoient  être  habiles  dans  leur  profef- 
lion ,  mais  qui  n'avoicnt  nulle  connoiflance  de  la  Religion  ;  4*  nue  les 
Théologiens  qui  fe  trouvoient  au  Concile  étoient  d'une  capacité  au-de(Iou9 
de  la  médiocre;  que  le  plus  grand  nombre  étoit  de  Gentilshommes  ou 
de  Courtifans;  &c  qu'a  l'égard  de  la  dignité  des  perfonnes  ,  quelques- uni 
des  Evèques  n'étoient  que  de  (impies  Titulaires ,  &  que  la  plus  grande 
partie  des  autres  Prélats  étoienc  Evèques  de  villes  (i  peu  confîdérables  > 
qu'on  pouvoir  dire  que  tout  leur  peuple  réuni  cnfemble  ne  faifoir  pas  la 
millième  partie  de  la  Chrétienté.  On  aioutoit ,  qu'il  n'y  a  voit  pas  en  pacw 
liculier  un  feul  Evcque  ni  un  feu!  Théologien  cf  Allemagne.  On  deman* 
doit  commenr  il  étoir  podible  que  parmi  un  (i  grand  nombre  on  n'en 
eût  pas  pu  envoyer  un  fail  >  &  pourquoi  l'Empereur  n'avoir  pas  fair  venit 
quelqu'un  de  ceux  qui  avoienr  affifté  au  Colloque,  &  étoienc  inftruitt 
des  différends.  Enfin  on  remarquoit ,  que  de  tous  les  Prélats  d'Aile^ 
magne  le  Cardinal  ^Ausbourg  ctoir  le  feul  qui  eût  un  Procureur  ,  en* 
core  étoir- ce  un  Savoyard.  Car  pour  les  Procureurs  de  l'Eledteur  de  Maytn*'^ 
ce  y  ils  étoient  partis  deux  mois  auparavant ,  à  caufe  de  la  iiK)rt  de  leur 
Maître. 

D  AUTRES  difbienr:  Que  les  points  décidés  n'étoient  pas  d'une  au(S 

41.  On  difoit  d*aîl!curs  ,  qu^ntrê  tous  te  dans  le  genre  de  fcience  qui  eût  été  néi^ 

us  Prclau  il  n'y  en  avait  aucun  de  confi-  cellâire  poor  décider  de  matières  aufli  abCr 

dirahle  par  fa  fcience.  ]  Quoique  le  Cardi-  traites  &  audî  profondes  que  celles  dont  oa 

nal  Pallavicin ,  L.  é.  c.  17.  nous  les  donne  traita  dans  ce  Concile, 

pour  rélite  des  Ev^ues  de  la  Chrétienté»  41.    Que  les  Théologiens  qui  s*y  trow^ 

on   n*en   voit  pas    cependant  aucun  d*un  votent  étoient  dune  capacité  au-deffotu  de 

grand  nom  parmi  les  Savans.  Fargas  dans  la  médiocre.  ]  Notre  Hifèorien  ne  rend  pas 

fon  Mémoire  fur  le  Concile  «  p.  si*  ^^^  i^^  toat-à-fait  juftice  à  ces  Théologiens.  VL 

avoue  lui-même  que  dans  la  première  con-  y  en  avoit  plufieurs  fort  capables  èc  même 

vocation  qui  fe  tint  fous  Paul  III  y  à  peine  d*un  grand  nom  ,  comme  Clarius  ,  Vega, 

y  avoit- il   vingt  perfonnes  de  ceux  qui  Soto  ,  Catharin ,  &  plufîeurs  autres.  Mais 

avaient  voix  décifive  dans  cette  Aflèmblée,  leur  capacité  pour  la  plupart  fe  bornok  à  Is 

quifufent  capables  du  travail  &  de  Tappli-  connoillànce  de  la  Scolaftique,  qui  n'étoîç 

cation  néceflâire  pour  examiner  &  décider  pas  celle  qui  étoic  la  plus  néceffiûre  alon.  U 

les  matières  qui  s*y  traicoient.  Et  Ton  voie  y  en  avoir  quelque  peu  à  la  vérité  »  comint 

cfieâivement  par  la  leâore  des  fufirages ,  Ifidore  Clarius  ,  Marinier  ,  &  quelque»  ai]k 

que  dans  les  matières  de  fpécnlation  &  de  très ,  qui  fembloient  plus  inftruits  dans  Is 

^ogme  tout  fe  regloit  pbtât  par  les  lumières  Théologie  pofoive  s  mais  ils  étoient  en  petit 

its  Théologiens  que  par  celles  des  Prélats,  nombre  ,  &  c*eft  apparemment  ce  qui  * 

On  ne  die  pas  pour  cela  qu'ils  fuflent  tout-  fiait  dire  à  Fra-Paolo  «  que  les  Théologiens 

à-&ic  îgnorans.    Mais  l'éloge  que  £iit  le  qui  fe  trouvoient  au  Concile  ^A7i</t/^'i^«rtf^ 

Cardinal  de  la  littérature  de  quelques-uns  pacité au-deffbus  delà  médioefe;c^Yzwdef . 

A*eil  pas  ne  ficove  qu'ils  fii(ftn(  feu  btbjf:   âoaei  f  séyaliK  zacemeAt  dans^les  décifeo^ 


DE    TRENTE,  Livre   IL  tts 

grande  importance  qu'ils  paroifloient  :  4î  Que  rarcicle  des  Traditions ,   mdxlvï. 
qui  fcmbloit  le  plus  important ,  étoit  d'aflèz  peu  de  confcquencc  ,  puif-  P^^^  HL 

au'il  ne  fcrvoit  à  rien  d'ordonner  qii'on  reçût  les  Traditions  ,  ^  u  l'on  ne  p  ., 
ifoit  quelles  étoient  les  Traditions ,  &  qu'on  ne  donnât  quelque  moyen  £  ^  ^^  ^gj 
pour  les  connoîcrc  :  Que  d'ailleurs  on  ne  commandoic  point  de  les  recevoir  , 
mais  qu  on  défendoit  feulement  de  les  méprifer  avec  connoidance  &  de 
propos  délibéré  ;  de  forte  que  ce  ne  feroit  point  contrevenir  au  Décret  » 
que  de  les  re/ecter  toutes  aune  manière  refpedtueufe ,  à  l'exemple  des; 
partifans  de  la  Cour  de  Rome  ,  qui  ne  rccevoient  point  l'Ordination  des 
DiaconefTes  *,  44  qui  ne  donnoient  aucune  part  au  peuple  dans  l'éleâion  de 
fcs  Fadeurs  ,  quoiqu'il  fiit  certain  que  cet  ufage  étoit  d'une  inftitution 
Apoftolique  qui  avoit  duré  plus  de  huit  cens  ans  >  &  ce  qui  eft  bien  plus 
important ,  qui  avoient  retranché  aux  Laïques  4f  la  communion  du  Calice 
înftiiuée  par  Jefus-Chrift  ,  prêchée  par  les  Apôtres ,  Se  obfcrvée  par  toute 
l'Eglife  il  n'y  avoit  pas  encore  deux  cens  ans  y  &  même  retenue  aâuelle- 
ment  dans  toutes  les  Eglifes  Chrérieiines  excepté  la  Latine  :  Que  il  ce  n'é^ 
toit  pas  là  une  Tradition  >  on  ne  iàvoit  pas  comment  on  pourroit  s'y  pren- 
dre pour  prouver  qu'il  y  en  a  quelque  autre  :  Qu'à  l'égard  de  l'Eclitioft 
Vulgate ,  c'étoit  ne  rien  faire  de-  la  déclarer  authentique  y  (i  parmi  tant 
d'Exemplaires  diifêrens  on  ne  pouvoir  difcerner  auquel  il  falloir  s'en  tenir. 
Mais  cette  dernière  réflexion  ne  venoit  que  de  ce  qu  on  ne  favoit  pas ,  que 
le  Concile  eut  député  quelques  perfonnes  pour  travailler  à  en  donner  une 
Edition  corredfce  *,  ce  qui  pourtant  ne  fe  âc  pas ,  pour  des  raifons  que  nous 
rapporterons  en  fon  lieu*. 

4).   Que  r article  de^  Traditions ,  qui  au  peuple  dans  réleôion  Je  fe$  PaffeoiS'J 

fimblûU  le  plus  important  ,  étoit  d'ajje^  ou  la  lui  abandonner  couce  entière ,  fans  enf 

feu  de  confiquence  ,  &c,  ]  Parce  <pe  le  excepter  TOVdination.  Pallavicîn  pour  ré^ 

^tncipe  décidé,  HCvoir  ,  que  la  Parole  dé  foter  Fra-Paolo  ^toûve  la  faulTeté  de  cette 

Dieu  écrire  ou  non  écrite  étoit  de  mênrM  doniière  propefition  ^  que  notre  Hiftorien 

•atoriré  i  que  ce  principe ,.  dis-je ,  n'écoit  n'a  point  avancée  >  &  ne  touche  point  à  la 

concefté  de  perfonne»  &  que  le  Concile  ne  première,  qui  eft  certaine,  &  qui  eft  la  feult 

donnoit  point  de  règles  pour  en  faire  Tappli-  dont  il  eft  ici  queftion   :   Non  concedono 

cation.  On  ne  domoit  point  qae  les  Traili^  lelettione  de'  Miniftri  al  popolo  y  che  certor 

fions  qui  renoienc  de  Jefus  Chrift  ne  mé-  ^  ejfer  l'inftitutione  Apoftolica ,  continuata 

tkaifene  le  xt^mt  refpeâqoe  la  Parole  écri-  per  pià  di  $  fcoli  >  comme  s'exprinle  fra* 

te  ;  mais  on  ne  difoit  point  quelles  étoient  Paolo. 

ces  Traditions  ,  &  on  ne  donnoit  aucuns         ^s.  La  communion  du  Calice '^^ohfer* 

mojens  pour  le  connokrer  Ceft  ce  qui  a  vie  par  toute  VEglife  p  il  n'y  avoit  pas  en^ 

£iit  dire  à  Fra-Paoio ,  que  cet  anicle  étoit  core  deux  cens  ans.  ]  Avec  la  même  bonne* 

'^affe^  peu  de  confiqnence  ;  puiCque  tant  foi ,  Pallavicin  ,  pour  trouver  matière  k 

qti'on  demeure  intertain  quelles  font  ce$  critiquer /7'if-/'^oi(7^  remarque  qu'il /avoir 

Tndîttons ,  il  n'eft  pas  polSble  d*^n  égaler  bien  plus  die  deux  cens  ans  quon  trouvoit 

J'aotorité  à  celle  de  la  Parole  de  Dieu.  des  exceptions  à  l'ufagp  de  recevoir  le  Ca^ 

44*    Qui  ne  donnoient  aucune  part  au  lice.    Mais  ce  n*eft  nullmient  de  quoi  il 

petsple  dans  ViUSion  de  fes-  Payeurs.  ]   11  s*agit  \  Se  il  n  eft  point  queftibn  de  favoir  & 

jt  bien  de  la  diffibence  entre  donner  pair   ayant  deux  cens  ans  on  ne  di(j>eafbit  gat^ 


i8(f        HISTOIRE    DU    CONCILE 

itDXLvi.       LVIIL  4^  L  E  Pape  ayant  vu  les  Décrets  de  la  Scflîon ,  Se  Tcfléchiffant 

Paul.  IIL  f^J.  l'iajportance  des  matières  quon  y  avoit  traitées ,  crut  que  les  af&ircs 

.  -  du  Concile  demandaient  qu'on  y  donnât  plus  d'attention  qu'on  n'avoit 

prevd  k      ^^^^  P^*"  ^^  pafle.  Il  augmenta  donc  le  nombre  des  Cardinaux  &  des  Pré- 

cœur  Us  mf-  lats  »  à  qui  il  avoit  donné  la  direétion  des  affaires  qui  fe  pafToient  au  Con- 

faires  du     cilc ,  &  lordrc  de  lui  en  faire  leur  rapport  ;  &c  par  le  confeil  qu'ils  lui 

Concile  y  é*  donnèrent  aptès  S 'êtrc  aflèmblés  pour  la  première  fois,  il  chargea  fes  Lé- 

donne  p  u-  j^  ^^^^^  chofes.  *  La  première ,  de  ne  publier  dorénavant  aucun  Dé- 

aux  Légats^  ^^^^  dans  la  beliion ,  fans  le  lui  avoir  communique  auparavant  ;  &  d  éviter 

qui  lut  fro'  aver  foin  la  lenteur  &  plus  encore  la  précipitation  ,  qui  pourroit  leur  faire 

mettent  de  paflèr  des  Décrets  mal  digérés ,  &:  ne  pas  leur  laifler  le  tems  de  recevoir 

>/ vrr  fes    jç  Rome  les  ordres  fur  ce  qu'il  y  avoit  à  propofer ,  à  délibérer ,  &  i  con- 

^jc  Rayn.     ^lure.  La  féconde,  de  ne  point  employer  le  tems  à  des  matières  qui  n'étoienc 

N®58.        point  en  controverfe ,   comme  on  paroiflbit  avoir  fait   dans  la  dernière 

Pallav.L/.  Seffion,  où  Ton  avoit  traité  de  chofes  qui  étoient  inconteftables  ,  &  fur 

^'  ^«  lefquelles  tout  le  monde  étoit  d'accord.  La  troinèmé ,  de  ne  fouffirir  jamais 

fous  quelque  prétexte  que  ce  fût  qu'on  vînt  à  difputer  de  l'autorité  da 

Pape. 

Les  Légats  répondirent  au  Pape ,  qu'ils  ob^roient  à  tout  ce  que  Sa  Sain- 
teté leur  ordonnoit.  Mais  à  l'égard  de  ce  qui  avoit  été  décidé  ,  ils  dirent 
qu'il  s'en  falloir  bien  que  les  Catholiques  &  les  Hérétiques  fuflfent  d'ac- 
cord fur  ces  points  :  Que  non- feulement  les  Hérétiques  ,  mais  des  Catho- 
liques ,  &  des  Cardinaux  même  qui  pis  eft  ,  révoquoient  en  doute  la  Ca- 
nonicité  de  quelques  Livres  de  l'Ancien  &  du  nouveau  Teftament ,  reçus 
ar  le  Concile  de  Carthage ,  par  les  Papes  Innocent  L  &  Gclaft  L  par  le 
Concile  in  Trullo  ,  &  par  celui  de  Florence  :  Que  les  Lurhériens  atta- 
quoient  non-feulementles  Traditions  non  écrites,  mais  qu'ils  ne  tendoient 
même  à  rien  moins  qu'à  les  anéantir  ,  en  donnant  à  entendre  que  tout  ce 
qui  étoit  nécefTaire  à  falut  étoit  renfermé  dans  les  Ecritures  :  Que  quoique 
ces  deux  articles  duflent  être  régardés  comme  autant  de. principes ,  ils  ne 
laiflbient  pourtant  pas  d'être  deux  des  points  les  plus  conteftés  &  les  plus 

quelquefois  &  en  quelques  endroits  de  cet  de  ne  point  lailTer  mettre  en  difpate  l'aato- 

ùfage,  ou  s'il  étoit  jugé  âbrolument  nécef-  licé  du  Pape,  étoit  antérieur  à  la  tenue  de 

cetuirc  ;  mais  fi  avant  ce  tems-là,  la  pia*  cette  Seffion,  &  que  par  conféquent  ce  ne 

tique  commune  &  ordinaire  n  ctoit  pais  de  peut  être  la  vue  de$  Décrets  qui  le  lui  fie 

recevoir  le  Calice.  C*e(l  ce  dernier  point  donner.  La  chofe  au  fond  eft  peu  eflentielle, 

que  foutient  Fra-Paolo ,  &  qui  eftincon-  &  ne  pèche  que  contre  rexaàitade  ,  &noii 

teftable  par  le  témoignage  même  àts  Au-  contre  la  fidélité  de  THiftoire.  Mais  il  n'eft 

teurs  cités  par  Ton  Adversaire  ,  Lir.  i6  ,  pas  étonnant,  que  FrorPaolo  fe  foicqaei* 

ç.  i8.  qui  n*a  nullement  aSbibli  cette  pro-  quefois  trompé  (ur  les' dates  ^  &  que  n 'ayant 

pofition.  vo  ni  les  Aâ«s*ni  uhe  gfaiidc  partie  dti 

"45.  Lt  Pape^yant  vu  les  Décrets  de  ta  Lettres  originales  des  L^ats  ,  il  ait  joirit 

Sejfion  —  chargea  fes  Légats  de  trois  cho-  enfénnble  plufieurs  chofes  ,  quoiqu'arrivées 

fes,  &c.  ]  Le  Cardinal  Pallavicin ,  L.  i^.  en  divers  tems. 
c.  17.  prétend  que  Tordre  donné  aux  Légats  '  • ', 


ë 


DE    TRENTE,  Livre     IL  ^8/ 

împortans  qu'eue  i  décider  le  Concile  :    Que  jufau  alors  il  n  y  avoit  point   MDxi»vr. 
eu  d  occafion  de  parler  de  l'autorité  du  Pape  ou  du  Concile ,  finon  au  fu-  ^^"^  ^^^• 
jet  de  la  claufe  hepriftntant  rEglifc  UnivtrftlU ,  qu'on  avoit  voulu  faire  ■"— — ' 
ajouter  au  titre  des  Décrets  :  Que  plufieurs  défiroient  encore  cette  addi- 
tion>  mais  qu'ils  l'éluderoient  autant  qu'il  éroit  poflible  *i  &  que  s'ils  ctoient 
contraints  de  l'admettre ,  ils  feroient  enforte  que  ce  ne  fiit  qu  en  marquant 
la  manière  de  cette  repréfentation ,  c'eft- à-dire  >  par  le  moyen  du  Cnef  > 
medianu  fummo  Ponnfict^  ce  qu'ils  ne  croyoient  pas  qu'on  pût  leur  te- 
£ufcr  :  Qu'avec  cette  condition,  Rome  y  gagncroit  plus  qu'elle  n'y  pcr- 
droit  :  Qu'au  refte  ils  voyoient  la  plupart  des  Pères  tout-à-faic  difpoies  à 
marquer  au  Pape  toute  forte  de  refpeâ  >  &  que  tant  qu'il  refteroit  uni 
comme  Chef  avec  le  Corps  du  Concile ,  ce  qui  feroit  toujours  tant  qu'il 
s'accorderoit  avec  eux  fur  l'article  de  la  Réformation ,  il  pouvoir  demeu-- 
rer  tranquille ,  &  s'alfurer  que  fon  autorité  ne  foroit  point  mife  en  con- 
teftation. 

-♦7  LIX.  Ce  fut  après  cette  Seffion ,  que  le  Pape  envoya  y  Jérôme  Franco     f  *  ^^fi 
Nonce  en  Suiflè,  avec  des  lettres  pour  les  Evêques  AtSion  &  de  Coire  y^^'^*^^* 
&  pour  l'Abbé  de  S.  Gai  Scies  autres  Abbés  de  cette  Nation,  aufquels  ^^/^  ^'^ 
il  mandoit  :  Qu'ayant  invité  au  Concile  Général  de  Trente  tous  les  Prélats  ySkid.  L. 
de   la  Chrétienté  ,  il  étoit  a  propos  qu'eux,  qui  repréfentoient  l'Eglife  17. p.  lyob 
Helvérique,  Se  qui  étoient  d'une  Nation  qui  lui  étoit  fort  chère,  &  qu'il  ^^7"- 
regardoit  comme  les  enfans  particuliers  du  Saint  Siège  &  les  défenfeursp!  ^^'    r 
de  la  Liberté  Eccléûaftique ,  ne  manquaient  pas  de  s'y  rendre.  Qu'il  y  141,  ^ôo^'. 
avoit  déjà  à.  Trente  des  Prélats  d'Italie ,  de  France ,  &  d'Efpagne ,  &  que 
le  nombre  s'en  augmentant  tous  les  jours,  il  ne  convenoit  pas  qu'eux 
qui  en  étoient  plus  voifins  que  les  autres ,  fe  laiflaflent  prévenir  par  ceux 
qui  étoient  plus  éloignés  :  Qu'une  grande  partie  de  leur  païs  étant  in- 
fectée d'Hérefie,  avoit  encore  plus  beioin  du  toncîle  que  d'autres  :  Qu'en- 
fin ,  en   vertu  de  l'obéïfTance  qu'ils  lui  dévoient  Se  du  ferment  qu'ils  lui 
avoient  prêté  ,  il  leur  commandoit  ibus  les  peines  portées  par  les  Loix 
de  sy  rendre  au-plutôt,  fe  remettant  pour  le  furplus  à  ce  que  fon  Nonce 
leur  diroit  fur  cela  de  fa  part. 

Jusqu'alors   l'affaire  de  l'Eleûeur  de  Cologne  étoit  demeurée  en    ^^  •xcom- 
fufpens-  »  48  Mais  le  Pape  cédant  enfin  aux  inftanccs  du  Clergé  &  de  l'U.  ^^"^^^  J^^- 

47.    Ce  fut  après  cette  Seffion  ,  que  le  Evêques  de  Sion  &  de  Coire,  dont  SUidan  ^o^ogne ,  ($. 

Pape  envoya  Jerôtne  Franco  Nonce  en  Suif-  £iic  mention.  ^^  tj  mo* 

/J,&c.]  Ce  Nonce  y  étoit  déjà  depuis  quel-         48.  Mais  le  Pape  — prononça  contre^  r.       ^^' 

que  tems ,  puifque  par  le  Bref  de  Paul  III  l* Archevêque  Eleêleur  une  Sentence  défini-    ^  ^^* 

aux  Cantons ,  il  paroît  qu'il  leur  avoit  déjà  tive,  &c  ]  La  date  en  eft  du  16  d'Avril  »  Jj  .'i  £ 

écrit  plufieurs  fois  par  le  même  Nonce  :A^0A  nnais  félon  SUidan  elle  ne  fut  publiée  que       ^g^* 

deflitimus  crebris  literis  &  mandatis  perdi"  le  mois  d*Aout  fuivant.    M.  de  Thou  mar-  Lig  «  \o%. 

teBumfiUum  Hieron.  Franeumvos  kortari,  que  cette  Sentence  au  if  ,   auffi-bien  que  xhuan.  L, 

&c.  Ceft  ce  qui  eft  marqué  dans  le  Bref  du  Raynaldus  ,   quoique  les  Aétes  Conûfto-  x.  N**  j.  & 

X I  d*Avril  rapporté  par  Raynaldus ,  qui  ne  riaux  qu'il  rapporte  la  mètrent  au  i  ^  ,  aufli*  L.  4.  N°  6. 

parle  point  de  ceux  qui  étoient  adieflés  aux  bien  que  Pallavicin  &  Sleidan.» 


z88       HISTOIRE    DU    CONCILE 

upxf.vx.    nivcrfité  de  cette  Ville ,  foutenucs  d'ailleurs  par  celles  des  Evcques  de 
Paul  III.  Lug^^  èiUtrtclu^^  de  l'Uni verfitc  de  Louvaitiy  prononça  contie  TAr- 
chevêque  Eieâciir  une  Sentence  définitive,   par  laquelle  il  le  déclaroif 
N*^ioî      excommunié,  &  comme  tel  le  privoit  3e  fon  Archevêché  &  de  tous  fci 
Sponi  '     autres    Bénéfices  &  Privilèges   Eccléfiaftiques ,  &  déclaroit  fe$  peuples 
N*  x/.        abfoas  du  ferment  de  fidélité,  avec  défenfes  de  lui  obéir,  comme  ayant 
encouru  les  Cenfures   portées  par  la  Bulle  de  Lcon  X.  contre  Lutherie 
fes  adhérans ,  dont  il  avoir  reçu,  foucenu  ,  &  publié  la  dodrine  con- 
traire aux  Régies  Eccléfiaftiques ,  &  aux  Traditions  des  Apôtres ,  &auz 
Obfervahces  ordiiiaires  de  la  Religion  Chrétienne. 
tes  Tr^      L  A  Sentence  fut  iippriméc  à  Home  i  &c  le  Pape  par  une  autre  Bulle 
ieftans  s* en  ordonna  qu  on    obéît  à  Adolphe  Comte  de  SchaJTcmiourg^  que  TAr- 
jMriteni  ds-  chevcque  avoir  pris  auparavant  pour  fon  Coadjuteur.  Mais  quelque  inftan* 
t;«»M^^,  6»  ce  qu'il  fit  auprès  Je  l'Empereur  pour  que  Ql  Sentence  fut  exécutée ,  ce 
lu^tumêk  P'^i^ce  ne  jugea  pas  à  propos  pour  Tintérêt  de  fes  affaires  d  approuver 
feu  it^Mrd  ctizc  nouveauté ,  dans  la  crainte  .que  l' Archevêque,  qui  jufqu  alors  lui 
iè  ^f//f  ^«9- étoir  demeuré  entièrement  fournis  ,  ne  s'unît  avec  les  autres  Proteftans 
'*^*^f-  Confédér,és.  Il  continua  donc ,  ^  nonobftant  la  Sentence  du  Pape,  de  le  rc- 

«Pallar.  L.  ^onnoître  pour  Archevcauc ,  de  traiter  avec  lui  comme  tel,  &  de  lui  adreflct 
sicid.  L  ^^5  lettres  çn  cettç  qualité.  ^*  Le  Pape  en  fot  piqué  au  vif,  mais  n'y 
17.  p.  188.  voyant  point  de  remède,  &  jugeant  qu'il  y  auroit  de  l'imprudence  i 
Bclcar.  L  fe  plaindre  inutilement ,  il  ajouta  cet  z&qnt  aux  autres  qu'il  croyoil 
^••N  Ao-  avoir  reçus  de  l'Empereur.  ^^  Cette  Sentence  fit  encore  un  autre  mau- 
vais effet,  qui  fut  de  confirmer  les  Proteftans  dans  l'idée  où  ils  étoienr^ 
que  le  Concile  n'avoit  été  convoqué  que  pour  les  furprendre.  Car  s'il 

étoit 

49.  Le  Pape  en  fut  piqué  au  v//,  &c.  ]  mauvais  effet,  ^c.  ]  Cette  réflexion  de  noirf 
Le  Cardinal  PaUavUin  die  qa*il  ne  croit  pas  Hiftorien  eft  extrêmement  jufte  ,  &  rien 
que  le  Pape  en  fut  û  fâché.  Mais  comme  n*eft  plus  ridicule  que  le  raifonnement  de 
il  ayoae  en  mème-tems  ,  que  ce  Pontife  Pallavicin  ,  qui  demande  oil  Ton  a  va ,  que 
fut  obligé  par  bienféance  de  paroîcre  defap-  pendant  qu  un  Concile  fubtifle  ,  le  Pape  oa 
prouver  beaucoup  la  conduite  de  TEmpereurs  aucun  aBure  luge  ait  les  mains  liées  Se  ne 
An^î  io  per  me  eredo  al  contrario  del  Soa-  puiife  exercer  (a  Jurifdidion.  Car  ce  n'eft 
Vf ,  che  unn  taie  a^ione  di  Carlo  poeo  fpia-  pas  par  défaut  de  Jurifdidion  ,  qu  on  cou» 
ceffe  nell*  interno  al  Pontefice  ;  ancorche  teftoit  au  Pape  le  droit  de  pouvoir  juger  TAr- 
per  decoro  dalla  proferîta  fenten^a  moftrajfe  cûevèque  î  mais  par  la  nature  mïme  du 
neir  eftcrno  di  riprovarla  i  c  eft  juftifier  Fra-  délit ,  qui  ne  pouvant  Acre  regardé  comme. 
Paolo  en  môme  tems  qu*il  feinble  le  con-  un  crime  ,  tandis  que  le  Concile  n*avoi( 
damner.  Ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'eft  que  point  encoce  prononcé  fur  la  Doôrine  ^ 
nonobftant  cette  Sentence  Charles  écrivit  c  étoit  ou  le  condamner  fans  juftice  ,  ou 
à  Hcrman  comme  Arcbevôque  ,  &  que  ce  faire  voir  que  le  Concile,  comme  s'en  plai- 
Prélat  en  conf'équencèdes  lettres  de  ce  Piin-  gnoient  les  Luthériens ,  étoit  alfemblé  noa 
ce  ordonna  des  prières  pour  le  fuccès  de  fes  pour  examiner  leurs  fentimens  ,  comnna 
armes ,  &  n  ofa  fe  joindre  aux  PriiKes  ligués  on  le  leur  avoir  promis ,  mais  pour  les  con- 
centre lui.  damner  :  ce  qui  éroit  un  jugement  préma« 

/9.    Cette  Semence  fit  encore  un  autre  Jgfé^  &  par  conféquenc  in;ufte. 

SuJH 


DE    TRENTE,  Livre   II.  189 

étoît  âflemblc  pour  examiner  les  difputes  qui  s'étoicnt  élevées  fur  la  M^xtTi. 
Doârinc  delà  Foi,  comment  le  Pape  pouvoit-il  condamner  rArchcvc-  ^^^^ ^^^* 
que  d'Héréde  »  &  rendre  contre  lui  une  Sentence  »  avant  que  ces  con- 
ceftations  fudènt  décidées  ?  C  etoit  donc  vainement  >  à  ce  qu'il  leur  pa- 
roiflbit  >  qu'ils  Ce  feroient  rendus  â  un  Concile  où  dominoit  le  Pape  , 
qui ,  quelque  deHr  qu'il  eut  de  diflSmuler ,  ne  pouvoir  s'empêcher  de 
les  regarder  déjà  comme  condamnées.  Ils  ajoutoient,  qu'il  étoit  même 
vifîble  que  le  Pape  lui-même  ne  tenoit  aucun  compte  du  Concile ,  puif- 
que ,  quoiqu'il  fut  ouvert ,  ce  Pontife  fans  en  faire  aucune  part  au  Sy- 
node décidoit  de  chofes  qui  lui  appartenoient.  C'eft  ce  que  le  Duc  de 
Saxe  fit  repréfenter  à  l'Empereur  par  fes  Ambafladeurs  ;  ^  qui  lui  re-  ,  j. 
montrèrent,  que  le  Pape  découvrant  (i  viHblement  fes  vues,  il  écoit^o^/ 
tems  de  pourvoir  aux  befoins  de  1* Allemagne ,  par  un  Concile  Natio- 
nal ou  par  une  Diète,  où  l'on  traitât  férieufement  des  intérêts  de  la 
Religion. 

LX.  Pour  revenir  maintenant  aux  affaires  du  Concile,  il  étoit  refté,   Onitfpofe 
comme  on  la  dit  >  deux  chofes  de  la  dernière   Seflîon  à  traiter,  ^  ^^^^j^TV'P^ 
la  manière  de  pourvoir  aux  Leçons  de  l'Ecriture ,  &  aux  Pré-  Cu-Z^^f!', 


croient  y 


ton 


ché  originel.  ^^  Les  Prélats  Efpagnols  *^  s'y  oppofcrent  en  difant ,  que  .    /  ^'^'' 
les  abus  qu'il  y  avoit  à  réformer  par  rapporr  aux  Leçons  &  aux  Prédi-f^ij^^^r. 
cations,  fuffiroient  pour  occuper  une  Selîion",  &  les  Prélacs  Italiens  Su-     iRayn. 
jets  de   l'Empereur  furent  de  même   avis.    Les  Légats  croyant  entrevoir  N°  70. 

3ue  les  Miniftres  de  l'Empereur  avoient  ménagé  cette  oppofition  dans 
es  entretiens  fecrets  qu'ils  avoient  eus  avec  ces  Prélats ,  en  donnèrent 


y  il  Et  pour  entrer  en  même  tems  dans  les 
matières  de  Foi  ,  on  propofa  encore  de  trai- 
ter tout  enfcmble  du  Péché  originel,  ]   Le 
Card.  PdUavicin  &it  ici  une  grande  â)rtie 
contre  Fra-Paolo ,  pour  avoir  dit  que  les 
Elpagnols  &  les  Prélats  Impériaux  s*étoient 
oppofés  à  ce  quon  traitât  des  Dognaes  , 
&  que  les  Légats  en  avoient  donné  avis 
à  Rome.     Ce  n'eft  pas  pourtant  que  la 
chofc  ne  foie  vraie ,  puisqu'il  la  reconnoît 
lui-même  ,  L.  7.  c.  5  :  mais  c'cft  que  ce 
ne  fut  pas  dans  cette  première  lettre  qu  ils 
en  informèrent  le  Pape.  Ainfi  toute  la  mé- 
prife  confifte  dans  un  changement  de  date, 
qui  donne  occadon  à  ce  Cardinal  de  traiter 
notre  Hiftorien  comme  TEcrivain  du  monde 
4e  plus  infidèle  ou  le  plus  mal  inftruit.  Mais 
à  des  déclamations  fi  tragiques  fur  des  1116- 
T  O  M  £     L 


prifes  aufl!  légères  ,  il  eft  ai(2  de  juger  qu'il 
&utque  Fra-  Paolo  fur  le  fond  ait  été  bien 
fidèle  ,  pui{que  fans  cela  (on  Adverfaire  ne 
fe  fut  pas  arrêté  à  relever  de  pareilles  mi* 
nuties. 

f  1.  Les  Prélats  EJpagnols  s'y  oppoferent 
en  difant ,  qu'il  y  avoit  ajfi^  dequoi  occu^ 
per  une  SeJJîon ,  &c.  ]  C*eft  ce  qui  eft  attefté 
par  Rayrialdus  N*'  ^9.  qui  die  que  les  Lé- 
gats ayant  propoff  de  traiter  du  Péché  ori- 
ginel ,  plufieurs  s'y  oppoffrent ,  &  fur  tout 
les  Efpagnols ,  qui ,  à  Texception  cependant 
du  Cardinal  Pachéco ,  infiftérent  à  ce  qu'on 
traitât  de  la  Réfbrmation  ;  licet  nonnulli  , 
ac  potijjîmum  Hifpani ,  excepto  tamen  Car- 
dinali  Giennenfi ,  de  reformatione  ante 
omnia  pertraBandum  ejfe  à  Synodo  infifie- 
rent* 

Go 


190       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLVx.  avis  à  Rome ,  ci  où  ils  reçurent  ordre  ^  de  gagner  du  rems  jufqu*!  ce 
Paul  III.  qu'on  leur  envoyât  une  refolucion  plus  précife.  lU  le  firent  en  effet , 
'  n  &  pr  une  diligence  pleine  d*artince  ils  occupèrent  les  Congr^ations 

ê  Pallav,  jufqu'a  Pâques  à  Tcxamen  des  abus ,  fans  rien  déterminer  fur  ce  point , 
&  lans  laiiler  connoîcre  s'ils  vouioienc  oa  non  qu'on^  entamât  la  ma- 
tière du  péché  originel. 
Peu  de  tems  après  Pâques  y  ils  recurent  ordre  du  Pape  de  la  pro- 
/Flcury,  L.  pofer.  ^  ToUdt ,  averti  de  la  lettre  arrivée  le  i  de  Mai ,  le  rendit  chez 
141.  N^  les  Légats  j  &  dans  le  deflcin  de  pénétrer  leurs  vues  ,  il  feignit  avec 
p^.^*^  î^.°.*adrefle  tantôt  de  leur  donner  confcil ,  rantôt  de  leur  dire  fimplementfa 
Rayn/  penféefur  le  fait  de  la  Reformations  afin  de  les  engager  indireâemenc 
N®  69,  a  féconder  fes  intentions.  Mais  voyant  tous  fes  artifices  inutiles ,  il  dé- 
clara enfin  auifî  ouvertement  qu'il  convenoit ,  qu'il  avoit  des  ordres  de 
l'Empereur  de  faire  inftance  qu'on  n'entrât  point  alors  dans  l'examen  des 
Dogmes  >  &  qu  on  s'attachât  uniquement  à  la  Réformation.  Les  Légats 
s'en  défendirent  par  beaucoup  de  raifons»  &  dirent  entre  autres,  que 
ce  qu'il  dcmandoic  ne  fe  pouvoir  faire  fans  contrevenir  aux  Bulles  da 
Pape ,  &  à  la  réfolution  prife  dans  le  Concile  de  ne  point  féparer  ces 
deux  matières  \  outre  qu'ils  avoient  écrit  à  Sa^  Sainteté ,  que  huit  jouts 
après  Pâques  ils  commenceroient  à  faire  examiner  les  matières  de  Doâxi- 
ne.  Il  y  eut  plufieurs  répliques  de  part  &  d'autre  *,  &  fur  ce  que  les 
Légats  direnr  enfin  qu'ils  avoienr  fur  cela  des  ordres  du  Pape  ,  &c  qu'ils 
ne  pouvoient  fe  difpenfer  d'y  obéir ,  ToUde  répondit ,  que  le  devoir  des 
hons  Miniftres  étoit  de  maintenir  la  bonne  intelligence  entre  les  Prin- 
ces, &  qu'ils  dévoient  quelquefois  attendre  de  féconds  ordres.  Les  J.é- 
gats  en  convinrent  \  mais  ils  dirent  en  même  tems ,  qu'on  ne  devoit 
pas  exiger  d*eux  plus  qu'ils  ne  pouvoient  faire  honnêtement.  Ils  info^- 
nierenr  enfuite  le  Pape  de  cet  entretien ,  comme  audi  de  ce  que  leur 
avoit  dit  le  Cardinal  de  Trente ,  que  l'Empereur  feroit  très-mécontent , 
fi  l'on  propofoit  l'article  du  péché  originel.  Ils  ajoutèrent  en  même  tems.: 
Que  comme  d'une  part  ils-  ibuhaitoient  d'être  des  Miniftres*  de  paix  & 
de  concorde ,  ic  marquer  de  l'autre  leur  obéiilànce  ï  fes  ordres ,  ils  avoient 
cru  devoir  lui  donner  cet  avis  en  diligence ,  &c  qu'ils  le  fupplioient  de 
ne  point  les  laifièr  faire  de  faafiè  démarche  :  Que  s'ils  ne  recevoient 
poinr  de  (os  nouvelles,  ils  fuivroient  fes  derniers  ordres,  &  tâcheroienc 
de  perfuader  à  ToUde  Se  au  Cardinal  de  Trente  ,  que  l'article  du  pé.- 
ché  originel  n'étoit  plus  cçntefté  en  Allemagne ,  &  qu'on  convenoit  fur 
ce  point ,  comme  il  paroi(Ibit  par  le  dernier  Colloque  de  Ratisbonne , 
où  l'Empereur  fans  parler  du  péché  originel  avoit  fait  mettre  l'article  de 

fj.  Et  par  une  diligence  pleine  d'artl-  gati  ftirarono  aâ  arte  per  qualche  giomê 

fice  ils  occupèrent,  les  Congrégations  jufqu  *à  Vefame  de  due  abufi  propofti  j  finche  tomaffi 

Pâques.  ]  Ce  neft  point  une  imagination  laftafetta  di  Roma  con  certificargli  fopra  la 

maligne  de  Fra-Paolo ,  pnifque  Pallavi-  mente  del  Papafatto  confapevoU  délia  nuoh 

cin  eit  obligé  d'en  cenvenix  loi-mime.  /  Le-  yj  mojfa  de '  Cefariani. 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  K  E    IL  1J9 

k  Tuftification  à  la  cèce  de  ceux  fur  iefquels  il  falloic  chercher  a  fe  coh-  ui>xtvu 
cilier  :  Et  que  pour  lui  donner  le  plus  de  tems  qu'il  fcrpic  podible  pour  P-^ul.  Ilf. 
fc  déterminer ,  ils  s  arrêtcroicnt  le  plus  longtems  qu'ils  pourroienc  honnc-  - 

cernent  i  expédier  ce  qui  reftoit-de  la  dernière  SelHon. 

Il  fè  tint  cependant  une  Congrégation  pour  délibérer  uniquement,  com« 
ment  on  s'y  pourroit  prendre  pour  procéder  plus  régulièrement  que  par 
le  pa(ré ,  tant  de  lexamen  des  matières  de  Foi ,  que  de  celles  de  la  Ré* 
formation.  Pour  y  parvenir,  ^^  l'ondiftingua  deux  fortes  deCongréga^ 
rions.  L'une  de  Théologiens ,  qui  examineroient  les  matières  de  Foi  pro- 
pofées ,  &  -donc  les  opinions  feroient  écrites  par  un  des  Notaires  du  Con- 
cile. L'on  devoir  auifi  y  admettre  les  Canoniftes  ,  lorfqu'on  y  traiteroic 
des  matières  de  Réformation  ;  êc  elle  devoir  fe  tenir  en  préfence  des 
Légars ,  avec  liberté  aux  Pères  qui  le  voudroient ,  de  s'y  trouver.  L'au- 
Cf e  forte  de  Congrégation  devoir  être  compofée  de  Prélats ,  qui  feroienc 
chargés  de  dreffer  les  Décrets  de  Doârine  ou  de  Réformacioa  au  juge- 
ment du  plus  grand  nombre ,  pour  être  pottés  enfuite  à  la  Congréga- 
tion générale,  où,  après  avoir  été  confirmés  à  la  pluralité  des  fumages, 
ils  feroient  pubUés  dans  la  Seffion. 

LXL  L'on  fuivit  donc  cet  arrangement  en  traitant  des  Leçons  6c  des     Onremit 
Pxédications.  8  L'on  forma  &  rebrma  difïci  entés  Minutes  de  Décrets  , -/f'r.^  *«?'' 
uns  pouvoir  jamais  couAirenir  d'aucune  donr  rout  le  monde  fût  content;  y'-^'^*!^ 
parce  que  d'un  côté  les  Evcques  ne  vouloient  aucunes  exemtions ,  &c  pré-  ^^f  Prédi- 
rendoient  tout  foumettre  à  l'autorité  Epifcopale  >  &  que  de  l'autre  les  Lé  cMioM. 
gats  vouloient  maintenir  les  privilèges  que  les  Papes  avoienr  accordés,  ^Rayiu 
aux  Moines  Mendians  &  aux  Univerfités.  n  Après  plufieurs  difputcs  la^^  ^^• 
matière  ayant  été  extrêmement  débattue.  Ton  crut  que  l'on  pourroit  tout 
accommoder  dans  la  Congrégation  du  lo  Mai.   Mais  tout  le  contraire 
arriva,  &c  quoiqu'elle  eût  duré  jufqu'à  la  nuir,  on  ne  put  convenir  en 
quelques  points ,  à  caufe  de  la  diverfité  des  avis  entre  les  Prélats  mêmes , 
ni  en  pluueurs  autres ,  parce  que  les  Légats  ne  vouloient  confentir  ni  à 
la  fuppreflion ,   ni  au  moins  à  la  modération  des  privilèges.    Ils  repro- 
choient  aux  Evêques ,  qu'ils  agiflbient  plus  par  intérêt  que  par  raifon  ; 
qu'ils  ne  renoienr  aucun  compte  du  préjudice  qu'ils  faifoienr  aux  Régu- 
liers -,  &  qu'ils  entreprenoient  trop  hardiment  de  réformer  les  Conciles 
précédens ,  &  de  toucher  anx  privilèges  accordés  par  les  Papes.  Mais  ce 
n'étoit  pas  feulement  la  diverfité  d'avis  &  l'intérêt  des  Evêques ,  qui  les 
çmpêchoient  de  x:onvenir  de  rien.  Ce  qui  y  contribuoit  encore ,  c'eft  que 


S  4.  L'on  diftînpia  deux  fortes  de  Con- 
grégations^ &c.  ]  Ces  Congrégations  avoient 
déjà  été  établies  aapararanc ,  comme  on  l'a 
dit  ci-deffus  i  &  peut-être  que  Fra-Paolo 
n'a  voula  dire  ici  autre  chofe ,  (î-non  que 
l'on^exécuta  alors  le  projet  pris  d'établir  deux 
ioTt^$  de  Congrégations. 


f  f .  Après  plufifurs  difputes  ,  &c.  ]  Oa 
en  peut  voir  quelque  deuil  dans  Paîlavicin^ 
L.  7.  c.  4.  où  il  rapporte  les  contellations 
qu'il  y  eut  entre  le  Cardinal  del  Monu  8c 
les  Cardinaux  Madruce  Se  Pachéco  ,  auili* 
bien  qu'entre  les  Evêques  de  fiéfoli  Se  de 
Bcrtinore ,  &  quelques  autres. 

Ooi 


i9t       HISTOIRE    DU    CONCILE 

icBxivz.   les  Impériaux  câchoient  de  profiter  de  ces  difpuces  pour  empêchef  qu'oa 

Paul  IIL  ^^  ^\^  f^f  \^  j^p^j  j^^  matière  des  Dogmes.   Les  Légats  eux-mêmes  n'é- 

toient  pas  fâchés  de  temporifer»  jufqua  rarrivcc  delà  rcponfc  qu'ils  ac* 

tendoient  de  Rome ,  pour  paflèr  eniuite  à  la  propofirion  des  Dogmes  » 

s*il  ne  leur  étoit  défenau  de  le  faire  ;  &  avoir  moyen  de  fe  juftifier ,  com« 

me  le  difoienc  leurs  confidens  >  fi  les  choies  ne  réuûifibient  pas  comme  ils 

le  fouhairoient. 

VEvique     Cependant»  pour  prendre  quelque  réfolucion  fiir  les  matières  qui 

Je  Fiéfili    avoient  été  ^tées>  ils  firent  lire  un  Sommaire  des  opinions  desThéolo» 

tfLêCMT^lie  S^^"^  ^  ^^  Canoniftes  qui  aroîent  parlé  dans  les  Congrégations  précéden- 

liberté  ;  (^^^9  &  dirent  y  que  comme  ces  avis  écoient  rrop  longs  »  ils  s'étoient  con- 

hs  Légjits^  tentés  d*en  choifir  lafobftance  ,  pour  avoir  fiir  cela  lavis  du  Concile,  t^ 

Mprh  9n     Mais  ^  Bract  MaruUo  Evèque  de  Fiifoli  ayant  entendu  lire  ces  Extraits» 

*w"^  ^^^*  s  oppofa  toujours  à  cette  leâure  en  difant ,  qu'il  falloit  entendre  tout  au 

VréUt     en  ^^"g  ^^  raifons  &  les  fiiffrages  de  tout  le  monde ,  &  non  de  fimples  Ex* 

écrivent  mu  traits  OU  Sommaires  »  parce  qu'il  étoit  néceflaire  que  le  Concile  ,  dont  it 

^af  .         releva  beaucoup  l'autorité ,  tut  parfaitement  inftruit  de  tout  ce  qui  avoir 

APalIav.  L,  ^x,è  allégué  -,  &  qu'il  convcnoit  mal  que  quelques  pcrfonncs  feules  fc  ren- 

^'  ^  "^        didènt  nuîtres  des  délibérations,  ou  que  les  réfolutions  vin(Tènt  d'ailleurs 

$  Ravn.    q*ic  du  Synode.  ^7  LesTégats,  ^  très  oflènfés  de  ce  difcoars>  répriman* 

N^  ^4.       derent  l'Evèque  d'une  manière  très-piquante ,  quoiqu'avec  une  modéra* 

tioQ  affeâée ,  &c  coi^cdierent  la  Congrégation. 

f^.  Mais  Braee  Martello  Evêque  de  primande.  Fra-Paolo  dit  qne  ce  fut  aree 

Ftéfali  ayant  enundu  lire  ces  Extraits  ,  une  modération  afTeâée ,  &  il  efl  allez  vifi** 

s'oppofa  toujours  à  cette  le&ure,  ]   Selon  ble  quil  die  vrai ,  puifque  s*ils  n alierenc  pas 

Pailavicin,  ce  fiic  le  Cardinal  Pachico  qui  plus  loin  ,  c  efl  qu'ils  ne  roCerent ,  de  peur 

forma  cecce  oppoficion ,  &  TEvêque  de  Fii'  de  paroître  violer  la  liberté  du  Concile.  Cax 

foli  s'étendit  beaucoup  plus  à  parler  contre  d'ailleurs  ils  ne  manquèrent  pas  d'écrire  à 

les  privilèges  des  Réguliers.  Mais  Pallavi-  Rome ,  pour  perfuader  au  Pape  de  le  faire 

ein  a  tort  de  foire  dire  à  Fra-Paolo ,  que  fonirde  Trente ,  auflî-bien  que  l'Evêque  de 

"            l'Ev^ue  de  Fiéfoli  fe  borna  purement  à  Chio^^a  ,  fous  quelque  prétexte  fpécieux. 

prouver  qu*il  £illoic  lire  les  fufTrages  tout  Fefulanum  &  Clodienfem  Epifcopos  ^  quo* 

au  long.  Il  n'y  a  pas  on  mot  dans  notre  rum  diSia  ad  feditionem  quodammodo  fpec" 

Hiftorien  qui  l'inûnue.  A  la  vérité  -,  il  ne  tare  viderentur  ,  ex  Concilio  revocandos 

fait  mention  que  de  cette  panie  de  Ton  fuf-  videri  ,  mandoient  les  Légats  au  Cardinal 

frage  ;  mais  s'il  ne  parle  point  de  l'autre ,  Farnèfe  ,  félon  le  rapport  de  Raynaldus 

c'eft  qu'elle  revenoit  à  ce  qu'il  venoitdedire  N°  ^f  ;  &  ils  taxèrent  le  difcours  du  pre- 

auparavant  de  l'oppofition  de  plufieurs  Pré-  mier  de  calomnieux  ,  d'injurieux  ,  de  fé- 

lats  aux  prétentions  des  Réguliers.  ditieux  &  de  fchifmatic|ue ,  de  l'aveu  même 

J'y.    Les  Légats  très-offenfés  de  ce  dif-  de  Pallavicin,  Lorifprefe  come-pieno  di  ca* 

cours  rqfrimandèrent  V Evêque  d'une  manié-  lunnie  ,  di  contumelie  ,  di  fedi;^ioni  ,  e  di 

re  très  piquante  ,  quoiqu'avec  une  modéra-  fcifmi  ;  8c  cela  uniquement  parce  qu'il  avoif 

tion  ajfeàée ,  &c,  ]  Le  Cardinal  del  Monte,  parlé  en  faveur  des  droits  des  Evêques  con- 

felon  PaUavicin  ,  avoit  écouté  très-impa-  tre  les  privilèges  &  les  concédions  abufives 

tiemment  le  difcoun  de  l'Evèque  de  Fiéfoliy  de  Rome  en  faveur  des  Régulien.  Grande 

&  ne  manqua  pas  conjointement  avec  le  preuve  de  la  liberré  du  Concile  >  &  de  la 

Cardinal  Pool  de  lui  en  fiaire  une  vive  ré*  modération  des  Légats. 


DE    TRENTE,  Livre    IL  1555 

-    Le  lendemain  ^  ils  lui  firent  demander  une  copie  de  fon  difcours ,  qu*xb   mdxlt?. 
envoyèrent  à  Rome ,  8c  qu'ils  taxèrent  de  féditieux  &  de  contraire  au  ^^^^  ^^^ 
iàCpték  j  aioutant  qu'ils  lui  en  avoient  fait  une  réprimande  modcftc  &  fc-  ,  ^  ,. 
vère»  &  quits  auroient  été  même  plus  arant,  comme  il  le  meritoit,  ^  ^  ^    '  * 


n'eutTent  craint  de  faire  naître  quelque  difpute  violente  ^qui  auroit 
fa  dégénérer  en  divifion  *,  mais  qu'il  ne  falloit  pas  le  laiflèr  impuni ,  de 
peur  que  dans  chaque  Congrégation  il  ne  devint  a(Iêz  hardi  pour  faire  la 
mîme  chofe,  peut-être  encore  pis.  ^  Ils  confeilloient  enmcme  tems  au^I^leury,!. 
Pape  de  le  faire  fortir  de  Trente  fous  quelque  prétexte  que  ce  pût  être ,  '4^-  N*. 
'6c  d'empêcher  auflG  d'v  revenir  TEvêque  de  Cniouay  d'un  caraûère  aflca  '°4&  no. 
fcmblabie,  quoiqu'il  tint  une  autre  route.  «  f*  Ce  dernier  Prélat  auflfi-   '^Rayn. 
tôt  après  la  Seflion  étoit  parti  de  Trente  fous  prétexte  d'indifpofirion,  p  ..^^* 
i>  mais  réellement  i  caufe  d'une  prife  qu'il  avoir  eue  avec  le  Cardinal  ^^  ^'  *^' 
Pool  dans  une  Congrégation  ,  où  il  avoir  pris  la  défenfe  d! Antoine  Ma-  lâ.  l.  6. 
nnier  au  fu jet  des  Traditions.  Car  dans  la  chaleur  de  la  conteftation  quic.  14. 
s'étoit  élevée  entre  lui  &  le  Cardinal  »  s'étant  échapé  à  dire  qu'il  n'y  avoir 
point  de  liberté  dans  le  Concile  ,  les  Légats  lui  en  furent  fort  mauvais 
gré  ,  &  la  crainte  du  péril  lui  fit  prendre  le  parti  de  fe  retirer.  Non  con» 
cens  de  ce  qu'ils  avoient  fait  pour  mortifier  î' Evêque  de  FUfoli  y  afin  de 
laifler  jufqu'â  la  réponfe  de  Rome  cette  affaire  dans  un  état  qu'on  pût  ou 
la  diflimuler  ou  la  poutfuivre  félon  les  ordres  qu'ils  en  auroient ,  °  le  Car-    n  Rayn. 
dinal  dtl  Manu  dans  la  Congrégation  fuivante  fit  une  nouvelle  répriman-  ^°  ^^* 
de  à  ce  Prélat ,  qu'il  termina  par  dire  qu'on  n*avoit  pas  préfentement 
le  tems  de  s'arrêter  à  ce  qu'il  avoir  dit ,  &  qu'on  avoit  i  s'occuper  de 
chofes  plus  importances. 

La  réponfc  de  Rome  ^  par  rapport  à  ces  deux  Evêqucs  fut,  qu'on  y^PalIav.JL 
pourvoiroit  en  tems  &  lieu.  Mais  à  l'égard  des  matières  qu'il  y  avoit  â  7.  c.  4. 
traiter ,  on  marqua  aux  Légats  :  Que  fi  l'on  vouloit  fe  conduire  félon  le 
defir  des  Princes ,  le  Concile  feroit  plein  de  tumultes ,  &  que  les  réfolu- 
tions  deviendroient  de  jour  en  jour  plus  longues  Se  plus  diflBciles ,  attendu 
que  chaque  Prince  voudroit  traverfer  tout  ce  qui  ne  lui  plairoirpas,  on  faire 
naîcre  des  difficultés  fur  une  matière  pour  être  maître  d'en  faire  agiter  une 


f  s.  Ce  Prélat  auffî  tôt  après  la  SeJJion 
itoit  parti  de  Trente  fous  prétexte  d'indif- 
pofition.  ]  Selon  le  Cardinal  Pallavicîn  , 
ce  ne  fut  pas  (bus  prétexte  d'indirpofîtion , 
mais  fous  celui  d  aller  pafTer  les  fêtes  de  Pâ- 
ques dans  fon  Eglife.  Peut-être  prit-il  le 
prétexte  de  fon  indifpofîtion  ,  pour  ne  pas 
Tevenir.  Quoiqu'il  en  foit,  le  fait  du  départ 
eft  certain  ;  &  il  y  a  bien  de  l'apparence 
qu'étant  averti  du  deflein  qu'avoient  les  Lé- 
gats de  le  faire  rappeller,  il  Youlut  prévenir 
cet  affront  par  un  prétexte  coloré ,  foit  de 
maladie ,  foie  des  fêtes ,  mais  xéellemenc 


par  la  crainte  de  quelque  mauvais  traite- 
ment, pour  s'être  oppoK  fortement  aux 
vues  politiques  des  Légats* 

J9.  Ataîs  réellement  à  caufe  d'une prïfe 
qu'il  avoit  eue  avec  le  Cardinal  Pool,  ] 
C'éioît  plotAt  avec  le  Cardinal  del  Monte, 
qui  choqué  de  ce  qu'il  avDÎt  traité  d'impie 
l'endrpit  du  Décret ,  où  l'on  difoit  quil  faU 
luit  recevoir  avec  le  même  refpefl  V Ecriture 
Sainte  6»  les  Traditions  ,  &  qui  profitant 
de  l'indignation  que  cela  avoit  excitée  dans 
la  plupart  des  Pères ,  lui  en  fit  une  forte 
de  réprimande ,  &  l'obligea  de  fe  létxaâeib 


III. 
ij^. 


rRayn. 
N^  71. 


194  HISTOIRE    DU    CONCILE 

siDXLvi.  autre  :  P  Que  fans  avoir  donc  aucun  égard  à  ce  qu'on  leur  pourrait  dire»  ik 

Paul  III.  n'a  voient  qu'à  propoicr  la  matière  dtt  Péché  originel  î  mais  ikns  fe  fcrvir  dtt 

*— — — ^  prétexte  dont  ils  avoienc  eu  deflein  de  s'excufer  auprès  de  ToUde^  fàvoir  » 

flL  L.  7.  q^ç  Tarticlc  du  Péché  originel  n'étoit  plus  i:n  difpute  en  Allemagne  c 

Fieury  »  L.  Qu'ils  n'avoient  (implement  qu'à  s'expliquer  en  termes  généraux  j  &  d'une 

141.  N''      manière  fort  refpeéfcueufe  à  l'égard  de  l'Empereur.  ^*  On  leur  ordonna  ^  djd 

Elus  très-po(îtivement  d'empêcher  qu'on  ne  paflatoucreà  la  correâion  de 
i  Vulgate ,  jufqu'd  ce  que  la  Congrégation  des  Députés  qu'on  avoit  établie 
i  Rome  pour  les  affaires  du  Concilp ,  eût  délibéré  de  la  manière  dont  on 
devoir  s'y  prendce. 

Em  exécution  de  ces  ordres  >  '  les  Légats  ré£>lus  de  pcopolêr  la  matme 
du  Péché  originel ,  tinrent  deux  jours  de  fuite  des  Congrégations  pour  ré* 
foudre  ce  qui  regardoit  les  articles  des  Leçons  6c  des  Prédications  >  avanc 
que  de  traiter  de  la  matière  de  Foi ,  de  peur  que  ces  deux  articles  teftanc 
indécis  >  les  Impériaux  n'en  priHent  prétexte  d'empêcher  qu'on  ne  pa(fâc 
à  aucun  autre.  Ils  fe  firent  remettre  en  mème-tems  tout  ce  qu'avoient  faic 
les  Députés  établis  pour  la  Réformation  de  l'Edition  Vuleate  ,  avec  d^ 
fenfes  de  paflèr  outre  jufqu'à  nouvel  ordre.  Telle  étoir  la  lioené  du  Con- 
cile y  qui  déjpendoit  entièrement  du  Pape  9  foit  pour  abandonner  les  chofès 
que  l'on  avoit  commencées  »  foit  pour  padèr  à  l'examen  d'autres  matière^. 

Quant  à  ce  qui  regarde  celle  des  Leçons  &  des  Prédications»  les  Evê^ 
ques  &  principalement  ceux  d'Efpagne  fe  plaignoient  :  Que  Jefus-Chrift 
ayant  ordonne  de  prêcher  fà  doârine ,  ce  qui  s'exécutpit  par  le  miniftèrc 
de  la  Prédication  aans  l'Eglife  ,  &  par  celui  d'enfeigner  la  Théologie  dans 
les  Ecoles  >  il  appartenoit  aux  Evêques  de  prépofer  à  ces  fon&ions  ceux 
qu'ils  croyoient  les  plus  propres  à  inftruire  les  peuples  :  Que  c'étoit  l'or- 
dre des  Apôtres  &  la  pratique  des  SS.  Pères  :  Que  par  les  privilèges  on 
jstvoit  tellement  dépouillé  les  Evèques  de  cette  autorité  >  qu'ils  n'en  con^ 
fervoieuc  aucuns  reftes  :  Que  le  cnangement  de  l'ordre  établi  par  Jefuc- 
Chrift  étoit  la  caufe  de  tout  le  defordre  :  Que  par  les  exemtions  les  Unl- 
yerAtés  s'étoient  tellement  fouftraites  aux  Eveques ,  qu'ils  ne  pouvoienc 
plus  favoir  ce  qu'on  y  enfeignoit  :  Que  par  les  privilèges  de  prêcher  don** 
nés  aux  Mendians  ils  s'étoient  rendus  indépendans  des  Evèques ,  &  leur 


j^o.  On  Uur  oriorwA  dt  plus  trh-pojiti' 
vement  d' empêcher  qu'on  ne  pajfât  çutrc  à 
*  la  çorreéiion  de  la  Vulgate,  j  ]A  Cardinal 
Pallaviein ,  L.  7.  c.  it.  pr^eodqail  ny 
eut  point  d  ordre  pareil,  Cs  qu  il  7  a  de  cei* 
.tain  nàmmoins  ^  c*eft  quon  ne  poarfuivit 
point  cette  affaire  aa  Concise ,  qu*à  Rome 
on  def^pprovva  plofiears  çhores  dans  )e  Dé- 
cret ,  &  qaon  y  prit  fur  foi  le  fpin  d'exé- 
cuter le  projet  de  publier  une  Edition  ré- 
JEbrmée  de  la  Volgate ,  ce  qui  ne  fe  fit  ce- 
pervifnt.q^et>ienaes^nnées  ^f  ris,  ly^  lel^ç^ 


il  parojt  par  Qne  lettre  da  Cardinal  F^méfc 
aux  Légats ,  citjte  par  le  Cardinal  Pall^viçin. 
que  s*il  n'y  eut  point  d'ordre  pofitif  ao  Con* 
cile  de  ne  point  paflèr  outre  à  la  correc- 
tion de  la  Vulgate ,  il  y  eue  quelque  cliofè 
d'aifez  équivalent  h  puifque  Farnèfe  %juït 
fait  pntendre  aux  L^ats  »  que  Ije  Pape  avoir 
deifein  de  £iire  publier  une  Edition  plus  coi- 
re^e  de  la  Vulgate,  c'étoit  aflèz  leur  fat>^ 
comprendre  que  le  Concile  devoit  s'épargnier 
ce  foin  »  &  qvi'on  de  voit  fe  jepofei  fui  lui  df 
cf  tte  .affiufe^ 


DE    TRENTE, Livre   IL  19S 

laîflbienc  fi  peu  la  liberté  de  s'en  mêler  ,  que  ceux-ci  ne  confervoient  plus  mdxlti. 
que  le  nom  de  Pafteurs ,  fans  pouvoir  en  exercer  les  fondions  :  Qu'au  ^^^^  ^^^ 
contraire  ceux  qui  dans  l'Antiquité  n'étoienc  deftinés  qu'à  pleurer  leurs  ■■^^— ^ 
péchés ,  &  à  qui  il  éroit  expreuément  &  févèremenc  détendu  d'enfeigner 
ëc  de  prêcher  ,  s'étoicnc  approprié  ce  Miniftère  9  &  l'avoient  ufurpé  fur 
eux  :  Qu'ainG  le  Troupeau  demeuroic  fans  Pafteurs  &  étoic  abandonné  i 
des  mercenaires  ,  qui  demeurant  aukmrd  hui  dans  uiie  ville  Se  demain 
dans  une  autre  ,  ne  connoiflbient  ni  les  befoins  ni  la  portée  des  peuples  9 
&  ne  pouvoient  profiter  des  occaûons  de  les  inftrutre  Se  de  les  édifier  9- 
comme  le  propre  Pafteor ,  qui  demeurant  toujours  avec  fon  Troupeau ,  en 
connoifibit  les  befoins  8c  les  infirmités  :  Qu'outre  cela  le  but  de  ces  Prédi^^ 
cateurs  n'étoit  pas  d'édifier ,  mais  de  tirer  des  aumônes  ou  pour  eux  ou 
pour  leurs  Couvens  \  Se  que  pour  y  mieux  réuffir ,  &  en  rirer  plus  d'à  van-* 
cages  pour  eux-mêmes ,  ils  fongeoient  bien  moins  a  l'utilité  des  âmes ,  qu'à 
divertir  les  hommes,  à  les  flatter,  &  à  féconder  coupleurs  defirs  :  Que  le 
peuple  ,  au  lieu  de  s'inftruire  de  la  doârine  de  Jefus-Chrift  ,  n'apprenoit 
que  des  nouveautés»  ou  au  moins  des  chofes  tout- à-fait  fuperflues:  Que 
tel  avoir  été  Luther  y  qui  s'il  fut  demeuré  à  pleurer  dans  fa  cellule,  l'E- 
glife  de  Jefus-Chrift  ne  feroit  pas  dans  ia  coniufion  où  elle  étoit  :  Que  plus 
intolérables  encore  étoient  les  abus  de  ces  Quêteurs  qui  alloient  prêcher 
des  Indulgences ,  dont  on  ne  pouvoit  rapporter  fans  larmes  les  fcandales 
arrivés  les  années  précédemes ,  &  qui  viublement  ne  tendoient  à  autre 
chofe  dans  leurs  Prédications  qu'à  tirer  le  plus  d'argent  qu'ils  pouvoient  ^ 
Qu'enfin  le  feul  remède  à  ces  defordres ,  éroit  d'abolir  tous  les  privilèges , 
de  rendre  aux  Evêques  le  foin  d'enfeigner  8c  de  prêcher  ,  &  de  leur  laifïcr 
h  liberté  d'affocier  à  leur  Miniftère  ceux  qu'ils  en  jugeroient  dignes.  Se 
qu'ils  trouveroient  difpofés  à  l'exercer  par  charité. 

Lfis  Généraux  des  Réguliers  &  les  autres  répliquoîent  zvt  contraire  :  Que 
les  Evoques  Se  les  Curés  ayant  abandonné  tellement  l'office  de  Pafteurs  » 
que  pendant  plufieurs  Cèdes  le  peuple  avoît  été  fans  Prédicateurs ,  &  les 
Ecoles  fans  Maîtres ,  Dieu  avoir  fufcité  des  Ordres  Mendians  pour  fuppléec 
i  des  Miniftères  fi  nécelTaîtes  r  Qu'ils  ne  s'y  étoient  point  intrus  d'éux-mê-^ 
mes ,  mais  y  avoient  été  appelles  par  la  conceftion  du  fouverain  Pafteur ,  à 
qui  il  appanient  principalement  de  paître  tout  le  Ti:ou|)eau  de  Jefus- 
Chrift  :  Qu'aihfi  on  ne  pouvoit  pas  dire  que  ceux  qu'il  avoir  députés^  pouc 
fuppléer  au  défaut  des  perfonnes  qui  étant  chargées  de  ce  foin ,  l'avoient 
abandonné  ,  enflent  ulurpé  l'office  des  autres  :  Qu'on  pouroir  bien  affurei^ , 
que  s'ils  n'avoient  pas  eu  cette  charité  ,  irl  n'y  auroit  plu9  à  préfent  aucun 
▼eftige  de  Chriftianifme  :  Qu'ayant  vaqué  à  cette  œuvre  avec  fruir  pen- 
dant plus  de  trois  cens  ans.  Se  y  étant  aurorifés  d'ailleurs  par  le  titre  légi- 
time qu'ils  tenoient  du  Souverain-Pontife ,  la  prefcription  leur  avou  appro* 
Îriéce  Miniftère  ;  &  que  les  Evêques  n  avoient  nulle  raifon  légirime  de 
is  en  dépouiller  ^  &  ne  pouvoient  le  leur  redemander  à  ritre  d'antiquité  , 
après  s'en  erre  défiftés  pendant  tant  de  fiécles  :  Que  c'étoit  une  pure  osLn 


tj^        HISTOIRE    pu    CONCILE 

UDXLTi.   lomnie  que  de  dire  >  qu'ils  n'exerçoienc  ce  Miniftère  que  pour  s'enrichit 

Paol  III.  eux  ou  leurs  Monaftères ,  puifqu'ils  ne  ciroienc  de  ces  aumônes  que  le 

■        Il     I  vivre  &  le  vêtir  »  &  que  le  refte  étoit  employé  au  culte  de  Dieu  ,  &  fc 

coofumoit  en  Meflès ,  en  édifices  9  &  en  ornemens  d'Eglifes  >  &  fervoit 

non  i  leur  propre  utilité ,  mais  à  celle  de  l'Eglife  &  à  l'édilication  du  peu* 

pie  :  Qu'enfin  les  fervices  qu'ils  avoient  rendus  à  rEgliiè ,  ôc  que  la  fcience 

de  la  Théologie ,  qui  n  etoic  cultivée  que  dans  leurs  Cloîtres ,  mériroienc 

bien  qu'on  les  maintînt  dans  l'exercice  de  ce  Miniftère ,  que  les  autres 

n'étoient  pas  fort  capables  d'exercer. 

r^    r    '   .     LXII.  ^*  Les  Légacs  également  prefTés  par  les  deux  partis ,  *  réfolurent 

M  Rome  Tin-  ^^  l  ^^^^  ^^  Icwïs  Conhdens  de  rendre  compte  de  tout  a  Rome ,  &  d  en  ac* 

térêi  des  Ré-  tendre  la  réponfc.  Le  Pape  renvop  l'affaire  à  la  Congrégation  ,  qui  vit 

guliers^  6»  d'abord où  tendoit  la  prétention  des  Evcqucs ,  c'eft- à-dire,  à  fe  faire  tous 

les  Légats    p^p^s  daos  leufs  Diocèfes ,  parce  qu'en  fupprimant  les  privilèges  8c  les 

^^^^^ *'* exemtions des  Moines,  ceux-ci  ne  dépeodroient  plus  que  des  Evèques  & 

mens  four    non  du  Pape,  &  par  conféquent  n'auroient  plus  befoin  d'aller  à  Rome* 

lis  accorder  ^^  L'on  y  confidera  que  depuis  un  tems  très- ancien,  le  grand  fecret  des 

Papes 

dîgnitau  excrefceret ,  Sec,  ]  Il  n  7  a  doitc 
rien  ici  de  Tinvention  de  Fra-Paolo,  com- 
me on  le  lai  reproche  ;  &  il  eft  vraifembla- 
blequefi  fon  Ad  ?er faire  n'en  a  rien  vu  dans 
Tes  propres  Mémoires ,  c*eft  qu'il  n*a  pas  en 
tous  ceux  que  notre  Hiftorien  a  eus  encre 
les  mains ,  comme  réciproquement  celui-ci 
n  a  pas  confulié  tous  ceux  qu  a  vus  le  Cardi- 
nal. Mais  de  plus  Pallavicin  lui-même,  L* 
y.c.  II.  die  poficivemenc ,  que  les  L^ars 
ayant  communiqué  au  Pape  ce  qui  fe  délibc- 
roic  fur  les  Leçons  &  les  Prédications ,  il  en 
donna  part  à  la  Congrégation ,  qui  y  fit  (ci 
obfervations ,  lefquelles  furent  enfuite  en- 
voyées au  Concile.  Havtvano  tjp  commu^ 
nicato  al  Pontefice  ciochc  fi  difegnava  di 


avec    les 

Evéques. 
^Rayn.  ^i,  £^/  Légats — réfi>lurent  de  Pavls 

11^^*         rftf  leurs  Confidens  de  rendre  compte  de  tout 

Pallav.Ly.  ^  ^^^^^  ]  Lç  Cardinal  Pallavicin ,  L  7. 

^  ^'  p.  3.  prétend  qu'il  n*y  a  rien  ni  dans  les 

Aâes  ni  dans  aucuns  autres  Mémoires  (è- 
crets ,  de  tout  ce  que  Fra-Paolo  raconte  de 
ce  qui  fe  paflà  alors  entre  les  Légats  &  le 
Pape.  Mais  s'il  n'en  eft  pas  parlé  dans  les 
Aâes,  la  chofe  n'eft  pas  furprenante ,  puif- 
qu'il  n'y  eft  fait  mention  que  de  ce  qui  fe 
padôit  dans  les  Adlions  du  Concile ,  &  non 
de  qui  fe  ncgocioic  (ecrettement  entie  les 
Légats  &  le  Pape.  Mais  qu'il  n'en  foit  rien 
pour  cela  de  réel  >  c'eft  ce  que  perfonne  ne 
croira  jamais  ,  après  tant  de  preuves  que 
l'on  a  qu'il  ne  fe  faifoit  rien  dans  le  Condle, 


dont  on  ne  rendit  compte  à  Rome ,  &  fur    ftatuire  interno  aile  le^ioni  ed  alU  predica^ 


quoi  on  n'attendit  les  ordres  du  Pape  &  ceux 
de  la  Congrégation.  L'on  (ait  d'ailleurs,  que 
les  Légats  avoient  donné  avis  à  Paul  du  dif- 
férend qui  fe  trouvoit  entre  les  Evèques  & 
les  Réguliers  y  comme  on  le  voit  par  une 
lettre  dont  Raynaldus  nous  donne  l'extrait 
N®  é  f .  Signîficarunt  Legaù  Cardinali  Far- 
nèfio  gefia  iftius  Convenais  —  cum  plures 
Epifcopi  propriïs  commodïs  magis  quàm 
etquïtati  confulerent ,  ac  Regularium  Pa^ 
rochortimque  privilégia  refcindi  cuvèrent  ; 
quafi  ipforum  auBoritas  ex  deprejfa  eorum 


T^ioni,  Ed  ejfendofi  cib  efaminato  nelU  |  Con» 
grega  di  Roma ,  e  fattevi  fopra  ,  corne  aw 
viene  ,  da  molti  varie  confidera{ioni  ,  // 
Papa  le  fi  participare  a'  Legati,  Peot-on 
juuifier  plus  clairement  le  récit  de  Fra-Pao^' 
lo  ,  que  le  fait  ici  fon  Adverfaire  ?  &  n'eft-il 
ps  vidble  que  (i  le  récit  de  notre  Hiftorien 
eft  plus  circonftancié  ,  c'eft  qu'il  a  expofé  eo 
détail  ce  dont  Pallavicin  ne  rapporte  que  la 
fubftance  ? 

6z,  Von  y   confidera   que   depuis    ttn 
tems  très-ancien  le  grand fitcrct  des  Papes  -~ 

éVQÎt 


DE    TRENTE, Livre    II.  %9f 

l'apes  pour  fè  conferver  la  primauté  que  Jefus-Chrift  leur  avoir  donnée ,  udxltt* 
jivoic  ccé  de  fbuftraire  les  Ëvèques  aux  Archevêques ,  &  les  Abbés  aux  ^^^^  ^^^* 
£vèques  »  afin  d'avoir  par- là  des  perfbnnes  toujours  intéreflees  à  défendre 
4eur  autorité  :  Que  c'étoit  une  chofe  certaine ,  que  depuis  Tan  oc  la  Pri- 
mauté du  Saint  Siège  avoir  été  maintenue  par  les  Moines  Bénédiélins 
xxemts  y  de  enfuite  par  les  Congrégations  de  Clugny  ,  de  Cîteaux  >  &  plu- 
4ieurs  autres ,  jufqu  a  la  naidànce  des  Ordres  Mendians  »  qui  i  leur  tour 
i'avoient  défendue  jufqu  alors  :  Qu'abolir  leurs  privilèges,  ce  toit  attaquer 
.diredtement  le  Pontificat ,  &  non  ces  Ordres  ;  &  que  la  fuppreflîon  de  ces 
«xemrions  alloir  manifeftemenr  au  rabaifïèmenr  de  la  Cour  de  Rome ,  qui 
n'auroir  plus  de  moyens  de  conrenir  un  Evêque  qui  voudroir  prendre  rrop 
•d  autorite  :  Que  par  conféquent  c'étoit  une  néceflité  pour  le  Pape  &  pour 
la  Cour  Romaine  >  de  favorifer  les  prétentions  des  Mendians.  Mais  pour 
£iire  paiïèr  les  chofes  avec  douceur ,  on  jugea  qu'il  étoir  nécedàire  de  renir 
cette  raifon  fecrette  ;  &  on  prit  le  parti  de  repondre  aux  Légats  :  Qu'ils 
cudenr  à  conferver  entièrement  l'indépendance  des  Réguliers  ,  &  qu'en 
cepréfentanr  aux  Evèques  le  nombre  exceflif  des  Mendians  ôc  le  crédir 
qu'ils  avoienr  auprès  des  peuples ,  ils  râchaflenr  de  les  engager  â  prendre 
quelque  rempéramenr  pour  prévenir  un  Schifme  qui  pourroir  arriver  en 
|>orranr  rrop  loin  leurs  prétentions  :  Qu'il  étoir  jufte  que  les  Evèques  re- 
çuflenr  quelque  fatis&âion  ;  mais  qu'ils  dévoient  fe  contenter  de  celle 
qu'on  pourroit  leur  donner  :  Que  s'ils  £e  voyoient  preffés ,  ils  pouvoienc 
tout  accorder  par  rapport  aux  Quêteurs,  mais  qu'ils  ne  fidènr  rien  à  le- 
gard  des  Ordres  fans  ta  parricijpation  des  Généraux  î  &  que  la  fatisfaâion 

3a*on  donneroir  aux  Evèques  fe  fîr  fans  .toucher  aux  privilèges  :  Qu'enfin 
s  fiflenr  la  même  chofe  a  l'égard  des  Univerfités ,  parce  qu'il  étoit  néccf-» 
/aire  que  les  uns  &  les  autres  dépendifiènr  enrièrement  du  Pape  Se  nonxles 
£vêques. 

Ces  lertres  étant  arrivées  à  Trente ,  on  procéda  à  cette  affaire  dans  le 
Concile  avec  trois  vues  très-différentes  ,  fans  tenir  beaucoup  de  compre 
de  ce  qui  fe  difoir  fur  ces  points  par  ceux  qui  n'étoient  ni  favorables  ni 
contraires  aux  Exemtions.  Quelques-uns  propoièrent  à  l'égard  des  Leçons 
de  rétablir  l'ufage  qui  fubfiftoit  anciennement ,  lorfque  les  Monaftères  Se 
les  Chapitres  n'éroienr  que  des  Ecoles  ;  ufâge  dont  il  refte  encore  des 


Sivo/f  éié  de  fouJiraîreUs  Evèques  aux  Ar» 
'^evèques  ,  &  Us  Abbés  aux  Evèques  , 
&c.  ]  Ce  ne  fut  pas  cout-à-fait  là  le  pre- 
>nier  motif  des  Exemtions  ,  oui  eurent 
d*abord  quelques  prétextes  plus  Ipécieux  8c 
plus  honnêtes.  Mais  on  ne  peut  guères 
âouter  que  ce  ne  fut  dans  la  fuite  la  raifon 
(ècrette  qui  engagea  les  Papes  à  les  étendre 
AQ^n  loin  qu'ils  firent,  &  à  les  maintenir 
coniie  l'oppofition  6ts  Ev^ues*  On  n  a 

T  O   M  I    I. 


qu'à  lire  fur  cela  ce  qu'en  marque  Saine 
Bernard  dans  (es  livres  de  la  Confidiratiom 
au  Pape  Eugèm^  &  l'on  verra  que  Fra* 
Paolo  n'a  rien  exagéré  dans  la  cenfure  de 
cet  abus  ,  &  que  ce  n'eft  point  par  mali- 
gnité mais  par  zélé  qu'il  a  repréfenté  ici 
u  naïvement  les  vues  politiques  des  Ro-* 
mains  dans  le  maintien  des  privilèges  des 
Régulien. 


19»        H  I  S  T  O  l'R  E  t)  U  C  O  N  C  IL  E 

MDxtvi.    veftiges  dans  pluficurs  Cathédrales ,  où  les  dignités  d*Ecolâtrc  ou  de  Théo- 
Paul  m.  iQgai  j  auxquelles  font  annexées  des  Prébendes ,  font  demeurées  fans  exer- 
'  cice ,  faute  d'être  conférées  à  des  perfonnes  qui  en  fuient  capables.  Tout  le 
monde  jugea  donc ,  que  c  etoit  une  chofe  avantageufe  &  utile  de  rétablir 
les  Leçons  de  Théologie  dans  les  Cathédrales  &  les  Monaftères.  L'exécu- 
tion en  paroifToit  facile  dans  les'Cathédrales  ,  en  en  remettant  le  foin  aux 
Evêques.  Mais  il  y  avoir  de  la  difficulté  par  rapport  aux  Monaftères.  Car 
quoiqu'il  ne  s'agit  que  des  Moines  Se  non  des  Mendians,  les  Légats  pour 
empêcher  qu'on  ne  touchât  aux  privilèges  accordes  par  les  Papes  ,  s  oppo- 
foientà  ce  qu'on  donnât  aux  Evèques  la  fiurintendance  &  Tinfpedion  de  ces 
/  Pallav.  L.  fortes  de  Leçons.  Mais  Sibaftien  Pigkino  Auditeur  de  Rote  *  trouva  a  cela 
7.C.  XI.      un  tempérament  ,  qui  étoit  de  donner  cette  furintcndance  aux  Evèques 
^^^'"L'o  ^  comme  délégués  du  Saint  Siège.  L'expédient  fut  du  goût  de  tout  le  mon- 
J^^*  de  ,  parce  qu'il  faifoit  le  mcme  efïct  à  l'égard  des  Evèques,  ôc  qu'on  ne 

dérogeoit  point  par-là  aux  privilèges ,  les  Evèques  devant  agir  en  cela  non 
comme  Evêques  >  mais  comme  Députés  du  Pape.  Ce  même  expédient 
fervit  encore  à  rerminer  d'autres  difficultés  qu'il  y  avoit  ;  l'une ,  de  donner 
aux  Métropolitains  autorité  fur  les  Paroides  unies  à  des  Monaftères  qui  n'é- 
toient  d'aucun  Diocèfc  ;  6c  l'autre ,  de  foumettre  aux  Evèques  les  Prédi- 
cateurs exemts  qui  feroienc  des  fautes  :  &  dans  les  Décrets  des  Seffions 
fui  van  tes  on  eut  fouvent  occafion  de  fe  fervir  de  la  même  invention, 
v  Pallav.  L.  Les  Canoniftes  repréfenterent  enfuite  :  ▼  Que  les  fubtilités  des  Scolafti- 
7»c.5.  qucs  qui  n'apprenoient  qu'à  difputerde  tout,  &  s'attachoient  moins  à  la 
connoidance  de  la  Religion  qu'aH^^hofes  naturelles  &  philofophiques ,  n'é- 
tant guères  de  faifon  dans  le  teôi^  préfent ,  on  ne  devoir  traiter  dans  les 
nouvelles  Leçons  qu'on  vouloit  introduire  »  que  des  Sacremens  &  de  l'auto- 
rité ou  de  la  puiflance  Eccléfîaftique  ,  comme  avoient  fait  très-utilement 
Turrecrcmata ,  Augujlin  Triomphe ,  &  après  eux  S.  j4ntomn  &  quelques 
autres.  Mais  l'oppolition  des  Mendians,  qui,foutenoienr  que  l'une  de  ces 
Sciences  étoit  auflî  nécefTaire  que  l'autre  >  fit  prendre  un  tempérament  y 
qui  fiit  d'ordonner  que  les  Leçons  feroient  deftinées  à  l'explication  de  l'E- 
crirure  Sainte ,  &  qu'on  en  feroit  l'application  félon  l'exigence  du  Texte 
&  la  capacité  des  Auditeurs. 
X  Flcury,L.  ApRÉs  bien  des  difcours  fairs  dans  plufîeurs  Congrégations  ,  *  l'on  vint 
i4i.N^iii.  enfinà  former  le  Décret  fur  l'article  à^z  Prédications.  ^^  Les  Légats  pour 


6^.  Les  Légats  pour furmonter  les  diffi- 
cultés tâchèrent  par  leurs  Confidens  de  ga- 
gner  les  Evêques  Italiens ,  &c.  ]  Ceux-ci 
nctoient  pâs  tons  également  oppoics  aux 
Régulier*; ,  qui  avoient  des  adveifaircs  & 
des  défendeurs  dans  chaque  Nation.  Le 
feul  embarras  des  Légats  étoit  uc  peifua- 
der  aux  Evèques,  que  Ton  faiioit  beau- 
coup poux  eox  en  leur  zendanc  une  par* 


rie  de  rautoritc  ,  dont  ils  avoient  été  dé- 
pouillés par  des  privilèges  qui  étoicnt 
paflès  en  droit  ordinaire.  Ils  furent  heoren- 
fcment  fécondés  en  cela  par  le  Caïd* 
Pachéco  ^  qui  étoit  damant  moins  fbfpcd, 
qu'il  n'étoit  pas  toujours  d'accord  avec 
eux.  Enfin  les  uns  de  peur  de  tout  perdre , 
&  les  autres  de  crainte  de  ne  rien  lecon- 
vier ,  confentiieni  réciproquement  ao  Dfi 


DE   TRENTE,  Livj^«   II.  199, 

furmonter  les  difficultés  tâchèrent  par  leurs  Confidens  de  gagner  lés  Eve-   mdxivi. 
gués  Italiens,  en  leur  repréfentant  :  Que  pour  l'honneur  de  la  Nation  ils  PA^i-m* 
ctoient  obligés  de  défendre  la  dignité  du  Pontificat,  dont  l'on  diminuoit 
l'autorité  en  toucliant  aux  privilèges  accordés  par  les  Souverains-Pontifes  : 
Qu'ils  avoient  beaucoup  d  efpérer  du  Pape  &  des  Légats  ,  en  accord&nt  ce 
qui  étoit  jufte ,  &  en  laillànt  les  Réguliers  jouir  d'un  Droit  dont  ils  étoient 
en  podèflion  depuis  (i  long-tems  :  Qu'il  y  avoir  du  danger  i  mépriièr  tant 
de  gens  de  lettres ,  dans  un.tems  où  THéréfie  ravageoit  l'Eglife  :  Qu'on 
alloit  augmenter  l'autorité  des  Evèques  en  leur  accordant  le  pouvoir  d'ap- 
prouver ou   d'exclure  les  Prédicateurs  qui  ^uroient  à  prêcher  hors  des 
Eglifesde  leur  Ordre,  &  en  obligeant  ces  Prédicateurs  à  leur  demander  la 
benédidion ,  avant  même  que  de  prêcher  dans  leurs  propres. Eglifes  :  Que 
les  Evêques  pourroient  punir  les  Prédicateurs  pour  caufe  d'Héréfie  ,  ou 
kur  interdire  la  Prédication  pour  caufe  de  fcandale  :  Qu'en  fe  contentant 
de  cela ,  on  pourroit  de  jour  en  jour  leur  accorder  encore  davantage.  Par 
ces  intrigues  les  Légats  gagnèrent  tant  de  monde ,  qu'ils  s'affurerenc  de 
faire  palier  le  Décret  à  ces  conditions.  Mais  il  refloit  une  autre  difficulté 
â  furmonter.  T  C'eft  que  les  Généraux  &  leurs  Religieux  n'en  étoient  P.as/^^^?î^>  ^• 
contens  ;  qu'il  y  avoit  quelque  danger  à  les  mécontenter.  Se  que  le  Pape  l'a-  ^^*'^  "^' 
Yoit  expreffëment  défendu.  On  leur  remontra  donc  que  ce  qu'on  accordoic 
aux  Eveques  étoit  jufte  &  néceflaire ,  &  qu'ils  y  avoient  donné  occafion  en 
^tendant  trop  loin  leurs  privilèges ,  &  en  paflant  les  bornes  delabienféance. 
Il  fallut  en  pa(Ier  par-là ,  &  ils  fe  rendirent  enfin  fur  la  promeflè  qu'on 
leur  fit  de  recommander  aux  Eveques  d'en  agir  avec  eux  de  manière  qu'ils 
a'euffent  aucun  fujet  de  reeretter  ce  qu'ils  perdoient« 

LXIIL  Lorsque  les  Légats  découvrirent  la  réfolution  011  Us  étoient  de    Les  Impé- 
condamner  dans  la  même  Seflion  les  opinons  Luthériennes  fur  l'article  du  ^'^f*x  sop- 
Péché  originel  ,  ils  repréfenterent  :  Qu'étant  ncceffaire  de  traiter  d'une -?^^''^?'"^' 
matière  de  Foi  ,  pour  iuivre  l'ordre  établi  de  joindre  toujours  enfembïe'^^^f^"^^'* 
quelque  article  de  Doârrine  &  de  Réformation ,  ils  ne  pou  voient  commen-  traiter  du 
cer  par  un  poinr  plus  convenable  que  celui  du  Péché  originel.  Sur  quoi  ils  Péché  origi- 
propoferent  pluneurs  Arricles  extraits  de  la  Dodtrine  des  Proteflans  fur  »*^- 
cette  matière ,  afin  que  les  Théologiens  examinaficnt  dans  les  Congréga- 
tions ,  fi  on  devoir  les  condamner  comme  Hérétiques.  *  Le  Cardinal  Pa-    p  ,.      • 
chico  remontra  :  ^4  Que  le  Concile  n'ayant  à  traiter  de  la  Foi  que  pouç  ^  c.  3. 

Rayn. 
cret ,  tel  qu'il  avoit  été   réformé  par  les    d'une  manière  fi  dire^e ,  &  il  fc  contenta  N**  72- 
Légacs,  mais  qui  fiit  altéré  depuis  fous  P/V    de  piopofer  ,  qu  ayant  que  4e  traiter  du 
IV.  à  Tavantage  des  Evoques.  Péché  originel  ,   on   décidât  l'article   de 

^4.  Le  Cardinal  Pachèco  remontra  que  la  Conception  immaculée  de  la  Vierge. 
li  Concile  n'ayant  à  traiter  que  de  la  Fot\  Au  fond  ,  la  ditT^rence  entre  ces  Hifuhr. 
&c.  ]  Ce  fut  pour  retarder  l'examen  des  riens  eft  pei)  confidér^^le  »  &  ne  confifte^ 
macicres  de  Dogme  ,  conformément  aux  qa  en  ce  que  félon  Frà-Paolo  il  s  oppoui 
intentions  de  TEmpereur.  Mais  félon  plus  diredement ,  &  félon  Pallavïcin  & 
PallayiciniL  Raynaldus  y  il  ne  s  y  prit  pas    Raynaldus  plus  obliquement  à  rejcamefi 

Pp  z 


joo        HISTOIRE    DU    CONCILE 

iiBxtYx.  ramener  rAllemagne ,  loin  de  parvenir  à  cette  fin  >  on  augmenreroit  le  mal  ^ 
Paul  III.  {j  ['q^  vouloir  le  Faire  hors  de  laifon  :  Qu'on  ne  pouvoit  favoir  à,  Trente  » 
'  quand  il  feroit  tems  d'entrer  en  matière ,  que  par  le  canal  de  ceux  qui 

eioient  à  la  tête  des  afifaires  en  Allemagne  y  &c  qui  étant  inftruits  de  tout  le 
détail  de  ce  qui  s'y  padbit ,  ^uroienc  exadement  quand  il  feroit  à  propos 
de  fe  fervir  de  ce  remède  :  Qu'ainfl  il  étoir  d'avis  qu'avant  de  pa(Ier  outre 
on  en  écrivît  aux  principaux  Prélats  de  cette  Nation ,  on  qu'au  moins  le* 
Nonce  en  parlât  i  l'Empereur.  Cet  avis  fut  fuivi  de  tous  les  Prélats  Impé- 
riaux qjic  Tolède  avoit  gagnés.  Mais  les  Légats  après  avoir  loué  ce  confeil  » 
«Tleory  L.^  promis  d'en  écrire  au  Nonce ,  ^  dirent  que  pour  ne  point  perdre  de 
141.  N^     tems ,  on  pouvoit  toujours  faire  exaisiner  par  les  Théologiens  les  Propofi* 
fitu  tions  qu'ils  avoient  fait  extraire.  Pachéco  Se  les  autres  y  confentirent  dans 

l'efpérance  qu'il  pourroit  furvenir  à  la  traverjfè  bien  des  difficultés ,  qui  fe^ 
roient  traîner  les  chofes  en  longueur  ;  &  To/iJe  qui  ne  demandoit  que  de 
voir  pafler  l'Eté  fans  rien  définir ,  parut  lui-même  s'en  contenter» 
h  RayiL       Voici  les  Proportions  ^  que  f  on  donna  â  examiner- 
K*  74.  !•  Qu'Adam»  par  la  ttanfgreflion  du  commandement  qn*iT  avoit  reçor 

JMcUs  «ar-  avoit  perdu  la  Juftice»  &  encouru  la  colère  de  Dieu  &  la  niorralité  ;  mais 
^siis  dêj    q^ç  quoiqull  fût  devenu  pire  &  pour  l'ame  &  pour  le  corps ,  il  »*avoir 
ij^rfrlr  P^^^^  tranfmis  de  péché  i  fa  poftérité  j  mais  feulement  les  peines  corpo« 
*  relies. 

1.  Que  le  Péché  d'Adiam  s'iappelfe  origineF,  parce  qu*il  a  paiTé  de  lui  à* 
fa  poftérité ,  non  par  tranfmidion ,  mais  par  imitatiom 

} .  Que  te  Péché  originel  eft  une  ignorance  ou  un  mépris  de  Diea  »  quf 
£iit  que  l'honune  eft  lans  crainte»  tans  confiance ,  &  fans  amour  pour 
Dieu  »  &  fujet  i  la  concupifcence  6c  i  des  defirs  déréglés  -,  &  que  c'eft  une 
corruprion  générale  de  tout  l'homme  dans  la  volonté  »  dans  l'ame  ,  &  dant 
le  corps» 

4.  Que  dans  les  enfans  il  y  a  une  inclination  de  la  nature  corrompue 
au  mal ,  qui  tcrfqu'ifs  viennent  à  Tufage  de  raifon  produit  en  eux  une  avets* 
£on  des  cnofes  divines  y  6c  une  forte  inclination  pour  les  chofes  du  monde; 
ic  que  c'eft-là  le  Péché  originel. 

5»  Que  les  enfans,  du  moins  ceux  qui  nai&nt  de  parens  fidèles,  quoi* 
que  baptifés  pour  la  rémiflion  des  péchés ,  n'apportent  au  monde  aucua 
péché  par  leur  defcente  d'Adam. 

6.  Que  le  Baptême  n'ef&ce  point  le  Péché  originel ,  mais  fait  qu'il  ne 

4és  matières  de  Foi.  Mais  tous  convîen*  ^êa;  ttt  dum  in  ed  qumJHoni  unntMf 

sent  également ,  que  Tintention  fècreue  tempus  ,    Lutherantt  impiitatir  dogmaig, 

it  Packico  éroit  de  fàyorirer  les  vues  de  JUcntio  invohenntur ,  comme  parle  Rdy* 

fEmpereur,  qai  (buhaicoit  qoe  l'on  s^att»-  naldia ,  qui  jaftifie  par-là  le  lécît  de  notro 

c&âr  d*abord  plAtAc  à  la  Réfbrmation  qu'aux  Hiftbrien  ,  qooiqae  Pailavîcin  le  cenfme 

Dogmes.   V<rum  Giennenfem  Cardînalem  aigrement ,  parce  qail  n'a  pas  fait  mentioit 

wtsgis  duâum  ahblandiendi   Cafàreis  vo*  datoar  oblique  qoe  pris  PtfcAcVa  pOUpas^ 

tMoiibus   luam  fittmf  JhuHo  refcrum  tenir  à  Ics-Bnsi 


DE   TRENTE  LivRi  H.  301 

&ons  e(t  point  imputé  ,  ou  qu'il  eft,  pour  ainfi  dire  ,  rafé  ;  de  manière  MoxLTif 
qu'il  commence  à  diminuer  en  cette  vie,  Ôc  qu'il  eft  entièrement  déraciné  ^^^^  ^^* 
aaûs  l'autre.  ' 

7.  Qu£  ce  péché  reftant  dans  les  baptifés»  retarde  leur  entrée  dans  le 
Ciel. 

8.  Que  la  Concupi(cence  y  qu'on  appelle  auflS  l'aliment  du  péché  >  qui 
refte  après  le  Baptême  >  eft  véritablement  un  péché. 

9.  Qu'outre  la  mort  corporelle  &  les  autres  imperfeâtons  auxquelles 
l'homme  eft  fujec  en  cette  vie>  le  feu  de  l'Enfer  eft  la  peine  principale  due 
au  Péché  originel. 

Dans  la  Congrégation  ^  tous  les  Théologiens  s'accordèrent  unanime*  p  ..  ^ , 
ment  à  dire ,  que  pour  bien  difcnter  tous  ces  Articles  il  n'étoic  pas  nécef-  ^^  ^  ^' 
faire  de  fuivre  Tordre  dans  lequel  ils  éroient  propofés ,  mais  qu'il  falloir 
examiner  méthodiquement  cette  matière ,  &  voir  quel  étoit  le  Péché  d'A- 
dam y  ce  que  c'eft  qu'il  tranfmet  à  fa  poftérité  »  &  qui  conftitue  le  Péché 
qui  s'appelle  originel  *i  la  manière  dont  il  eft  tranfmis  ;.  &  comment  il  eflr 
remis. 

LXI V.  S  u  R  le  premier  Article  fous  convinrent  :  Qu'Adam  ayant  été   Senthmê 

F  rivé  de  la  Juftice  >  les  paflions  fe  révoltèrent  contre  la  raifon  ,  ce  que  dis  ThuU^ 
Ecriture  appelle /ii  wt^/rc  de  la  chair  contre  Ceffrr'u ,  défaut  qui  eft  expri-  gifnsfttrcêf 
mé  par  le  (cul  mot  de  concupifcence  :  Que  par- la  il  avoit  encouru  la  colère  ^^tf' 
de  Dieu ,  Se  la  mort  corporelle ,  dont  il  avoit  été  menacé  conjointement     '*'  ^'^ 
avec  la  mort  fpirituelle  de  l'ame  :  Que  néanmoins  ce  n'étoit  aucun  de 
ces  dé&uts  qu'on  pouvoit  appeller  péché ,  fie  qu'ils  en  étoient  plutôt  des 
fuites  ;  la  tranfgreffion  du  commandement  de  Dieu  étant  proprement  ce 
qui  forme  l'idée  du  péché.  Ce  fur-là  aue  pludeurs  s'étendirent  à  recher- 
cher quelle  étoit  proprement  la  nature  du  péché  d'Adam.  Les  uns  difoienc 
3ue  c'étoit  un  péché  d orgueil  >  d'autres  de  gourmandife ,  quelques-uns 
'infidélité  ,  &  plufieurs  enfin  paroidbient  mieux  fondés  i  dire ,  que  certe 
£!iute  tenoit  quelque  chofede  tous  ces  péchés  &  de  plufieurs  autres  encore  % 
mais  que  fi  Ion  s  en  rapponoit  à  la  parole  de  S.  Paul  i  on  ne  pouvoit  regar« 
der  ce  péché  que  comme  une  pure  aéfobéiiTance* 

Mais  les  fentimens  furent  bien  plus  panagés ,  quand  il  fallut  expli** 
quer  quelle  chofe  tranfmife  d'Adam  en  nous  eft  péché.  Car  S.  Augujtin  ^ 
qui  le  premier  de  tous  s*eft  mis  à  rechercher  quelle  en  eft  l'eflènce,  dit 
i^rès  S.  Paul^  que  c'eft  la  concupifcence.  S.  Anfelme  atr  contraire  »  qui  eft: 
Tenu  beaucoup  de  fiécles  après  ce  Père  ,  remarquant  quela  concupifcence 
demeure  dans  les  baptifés  ,  quoique  le  péché foir  effacé,  (butin t  que  ce 
péché  n'eft  autre  chofe  qne  la  privation  de  la  Juftice  originelle ,  dont  ï€^ 
quivalent  >  qui  eft  la  Grâce ,  nous  eft  rendu  par  le^baptème.  Mais  S.  Tho-^ 
mas  8c  S.  Bonavemure  pour  concilier  ces  deux  opinions  ont  remarqué 
*  que  dans  notre  nattire  corrompue  il  y  a  deux  fortes  de  révoltes ,  Pune  dé  ^^p^n^y^  l 
rcfprit  contre  Dieu ,  Pautre  des  fcns  contre  l'efprir  ;  que  celle-ci  eft  là  con^  7,  c  «•  '     ^ 


302.       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLVx.  font  proprement  le  péché.  Mais  ils  diffèrent  en  ceci ,  que  S,  Bonaventurt 
Paul  III.  ^^^  \^  principale  partie  du  péché  dans  la  concupijccnu ,  qu'il  dit  être  quel- 
""— ■■■"  que  chofe  de  pofitif ,  au  lieu  que  la  privation  de  la  Juftice  n*eft  qu'une 
hmple  négation  *,  &  que  S.  Thomas  au  contraire  met  le  matériel  du  péché 
dans  la  concupijcencc ,  &  le  formel  dans  la  privation  de  la  Juftice  ;  ci  où  il 
conclud  que  le  Péché  originel  en  nous.eft  la  concupijccnce  deftituée  de  la 
Juftice  originelle.  Lt  Maure  des  Sentences  y  &  les  anciens  Scolaftiques  après 
lui ,  ont  fuivi  l'opinion  de  S.  Augujlin ,  &  deux  Ermites  de  S.  Augujlin 
défendirent  le  même  fentimenc  dans  le  Concile.  Mais  les  Francifcains  fe 
déclarèrent  pour  celui  de  Scot ,  qui  avoir  défendu  l'opinion  de  S.  Anfelmt 
Ton  compatriote,  &  la  plupart  des  Dominicains  pour  celui  de  S.  Thomas. 
C'eft  ainii  qu'on  expliqua  la  nature  du  Péché  d'Adam ,  &  celle  du  Péché 
originel  dans  les  autres  hommes. 

Mais  il  y  eut  bien  plus  de  peine  â  faire  comprendre  comment  ce  péché 
avoir  été  tranfmis  par  Adam  i  fa  poftériié ,  &  le  communiquoit  des  pères 
aux  enfans.  S.  Augufiiny  qui  fur  ce  point  a  fravé  le  chemin  aux  autres» 


e  Rom.  V.  gc  J  r Apotrc  difant ,  *  que  U  péché  efl  entré  dans  le  monde  par  Adam.  Et 
ii«  dans  tous  les  endroits  où  ce  Père  a  eu  occadon  de  parler  fur  cette  matière  » 

on  le  voit  toujours  dans  le  doute  ^  jufqu'â  n'ofer  même  décider  fi  l'ame  du 
fils  ne  vient  pas  de  l'ame  du  père >  comme  le  corps  vient  de  fon  corps»  en 
forte  que  la  fource  étant  infeâée ,  le  ruiHèau  qm  en  découle  le  foit  aufli, 
La  réferve  &  la  modeftie  de  ce  Père  n'ont  pas  été  imitées  par  les  Scolafti*^ 
ques  ,  qui  renant  pour  indubitable  <^ue  chaque  ame  eft  créée  immédiate* 
ment  de  Dieu  ont  enfeigné ,  que  Tinfeâion  eft  principalement  dans  la 
chair  ;  que  nos  premiers  pères  l'ont  contradtée  dans  le  Paradis  terreftre ,  ou 
par  la  qualité  venimeufe  du  fruit,  ou  par  le  foufile  empoifonné  du  Ser« 
peut;  que  cette  infeâion  paCTée  dans  la  chair  des  enfans ,  qui  fait  partie 
de  celle  des  parens ,  fe  communique  à  l'ame  lorfqu'elle  eft  unie  au  corps  ^ 
de  la  même  manière  qu'une  liqueur  contraâe  la  mauvaife  .qualité  d'un  ira& 
infeété  ;  &c  que  cette  corruption  eft  produite  dans  la  chair  par  le  plaifir  fen* 
fuel  que  prennent  les  parens  dans  la  conjonârion  charnelle.  Cependant 
cette  diverfité  d'opinions  n'empêcha  pas  que  tous  ne  s'acçordafient  dans  U 
cenfure  des  Articles ,  parceque  chacun  inféroit  de  fa  propre  opinion  ,  que 
le  premier  étoit  Hérétique ,  comme  en  effet  il  avoit  été  déclaré  tel  pat  le 
Concile  de  Paleftine  &  par  plufieurs  Conciles  d'Afrique  contre  Pelage. 
Au  refte  ,  ce  qui  obligea  de  le  recondamner  à  Trente  n'eft  pas  qu'on  l'eue 
trouvé  dans  les  Ecrits  de  Luther  ou  de  fes  adhcrans  :  mais  plutôt  dans 
ceux  de  ZuingU  >  qui  cependant  au  jugement  de  quelques  Tnéologiens  ^ 


DE    TRENTE, Livre    II.  305 

qui  avoicnt  examiné  plus  attentivement  fes  paroles/ ^  fembloit  plutôt  avoir  mdxlvi. 
cru  fimplement,  que  le  péché  de  la  poftériic  d'Adam  n'eft  pas  tant  un  pé-  ^^"^-  ^^^• 
chc  d  adion ,  qu'une  certaine  corruption  ou  déformation  de  nature ,  qu'il      • 
<lifoic  être  la  fubftance  du  péché. 

Le  fécond  Article  fut  unanimement  jugé  Hérétique.  ^^  Pelage  en  zvoit 
été  le  premier  Auteur.  Mais  pour  éviter  d'être  condamné  dans  le  Concile 
de  Paleftine ,  comme  s'il  eut  enfeigné  qu'Adam  n'avoit  point  nui  à  fa  pofté- 
ricé  j  il  confeda  publiquement  le  contraire  ,  &  s'expliqua  enfuite  à  fes  dif- 
ciples  en  difant  qu'Adam  avoit  véritablement  attiré  la  condamnation  fur 
fa  race ,  non  en  lui  tranfmettant  fbn  péché  ,  mais  en  lui  donnant  un  mau- 
vais exemple ,  qui  nuifoit  a  ceux  qui  l'imitoient.  ^"^  L'on  taxa  en  même 
rems  Erajme  d'avoir  renouvelle  cette  erreur  ,  lorfqu'interprétant  cet  en- 
droit où  S.  Paul  dit ,  ^  que  le  péché  ejl  entré  dans  le  monde  par  Adam  ,  &  /Rom.  V* 
tftpaje  dans  tous  Us  hommes ,  il  l'explique  de  tous  les  hommes  qui  ont  imité  1 1. 
Adam  &  fa  defobéiflance. 

La  première  partie  du  troidème  Article  fut  cenfurée  à  Trente  >  comme 
elle  l'avoit  été  en  plufîeurs  Colloques  d'Allem^ne  ,  par  la  raifoA  que  le 
mépris  de  Dieu  ou  d'autres  défauts  de  cette  nature  ne  peuvent  pas  être  le 
Péché  originel ,  ces  défauts  n'étant  pas  dans  les  enfans  >  ni  même  toujours 
dans  les  adultes  ;  de  forte  que  de  dire  qu'il  n'y  a  point  d'autre  Péché  origi- 
nel que  celui-là ,  c'étoit  le  nier  tout  à  fait  :  Que  fi  pour  s'cxcufer  les  Aile* 
mands  difoient  que  par  le  nom  d! actions  ils  entendoient  l'inclination  de 
la  nature  au  mal ,  &  Ion  impuiflànce  pour  le  bien  ,  leur  excufe  n'étoit  pas 

6$,  Mais  plutôt  dans  ceux  de  ZuîngUy  M.  Amtlot ,  qui  ne  parle  dans  Ùl  traduc^ 

qui  cependant  au  jugement  de  quelques  Théo-  tion  ni  da  Concile  de  Paleftine ,  ni  delà 

logiens   fembloit  plutôt  avoir  cru  ,  diflimulation  de  Pelage  ^  &  ne  fait  mention 

&€•  ]    C*eft  ainfî  que  lont  expliqué  pla*  ^e  de  fon  erreur, 

iîeors  perfonnes  ,  qui  ont  prouvé  par  dif-  ^7.  L'on  taxa  en  même  tems  Erafme 

féiens  endroits  de  fes  Ecrits  ,  qu  il  avoit  d* avoir  renouvelle  cette  erreur  ,  &c.  ]  Ccft 

reconnu  le  Péché  originel  ,  quoiqu'il  en  dans  fa  Paraphrafe  fur  le  cinquième  chap* 

e&t  expliqué  la  nature  autrement  que  ne  de  rspitre  aux  Romains ,  ou  expliquant 

le  font  communément  nos  Théologiens  ^  comment  le  péché  eft  entré  dans  le  monde 

&  quil  n  avoit  exclus  que  la  notion  dun  par  Adam ,  il  dit,  Ita  faâbimejl,  ut  ma* 

péché  d  adion.  Ceft  en  ce  Cens  du  moins  lum  à  Principe   humani  generis  ortum  in 

que  Tont  entendu   Heidegger  &  plufîeurs  univerfam  pofleritatem  dimanaret,  dum  nc' 

de  fes  difciples  ;  &  même  lëlon  Fra-Paolo  mo  non  imitatur  primi  parentis  exemplum* 

plufieurs  Théologiens   Catholiques.  Mais  Mais  tout  ce  que  1  on  peut  conclurre  zai- 

il  ne  parle  point  des  Théologiens  de  Trente  fonnablement  de  ces  paroles  ,    n*eft  pas 

en  particulier ,  comme  le  lui  impute  Pal-  qa'Erafme  n*ait  point  cru  le  Péché  origi- 

lavlcln  ,   I.  7.  c.   8.  afin  d'en  prendre  nel,  mais  fimplement  quil  necrojoitpas 

occafion  de  Taccufei  fur  cela  d'infidélité.  qu'on  put  le  prouver  par  ce  pa(fage  >  en 

€6.  Pelage  en  avoit  été  le  premier  Au-  qMÎ  il   a  été  fuivi  par   plufieurs  Inter- 

teur.  Mais  pour  éviter   dêtre  condamné  prêtes  ,   5(  n'a  feit  que  fuivre  lui-même 

dans  le  Concile  de  Paleftine,  Sec.  ]  C'eft  l'interprétation  de   S.  Chrlfoftome  9c  de 

ainfi  que  s'exprime  Fra  -  Paolo ,  qui  a  été  Théodorct^, 

ezaimeoieac  «9nqu6  en  cet  endroit  par   . 


304       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvi.  recevabic;  puifquc  fi  c*ctoit-là  leurfens,  ils  dévoient  mieux  s'exprimer,' 
Paul  III.  ç^^^  vouloir  que  lorfqu'ils  s'expliquoient  mal ,  les  autres  donnaflcnt  à  leurs 
"■"■"""^  paroles  un  bon  fens  :  Que  véritablement  S.  j4ugujiin  s  etoit  exprime  à  peu 
près  de  la  même  manière  ,  en  di(ant  que  la  Juftice  originelle  confiftoit  i 
obéir  à  Dieu  >  &  à  être  fans  concupifcence  ;  mais  que  s 'ii  eût  vécu  dans  ces 
tems-ci ,  il  ne  (e  fut  pas  exprime  de  cette  manière  >  parceque  s'il  efl:  per- 
mis de  nommer  la  cauie pour  l'effet  »  &  leffèt  pour  la  caofe  >  quand  ils  (è 
répondent  exaélement  l'un  à  l'autre  &  qu'ils  ont  une  connexion  néceflàire , 
il  n'en  étoit  pas  ainfi  dans  ce  cas  >  puifque  le  Péché  originel  n'eft  pas  la  caufe 
des  aâions  mauvaifes  >  finon  en  fuppofant  la  mauvaife  volonté  comme 
finftrunient  principal. 

A  l'égard  de  la  féconde  partie  du  même  Article ,  on  dit  que  fi  les  Prote£» 
rans  »  en  enfeignant  que  l'homme  étoit  univerfellement  corrompu ,  n'enten» 
doient  parler  que  d'une  corruption  privatiw ,  on  auroit  pu  tolérer  leur 
opinion;  ^'  mais  qu'ils  en  tendoient  que  la  fubftance  même  étoit  corrom* 
pue  >  &  que  la  nature  humaine  étoit  changée  en  une  autre  forme  que  celle 
dans  laquelle  elle  avoir  été  créée.  C'eft  ce  qui  faifoit  qu'ils  reprenoient  les 
Catholiques,  lorfqu'ils  appelloient  le  péché  une  privation  de  la  Juftice, 
comme  une  fontaine  fans  eau  ;  au  lieu  que  pour  eux  ils  difoient ,  que 
c'étoit  une  fource  d'où  fortoient  des  eaux  corrompues  »  c'eft-â-div ,  d(es 
a£tions d'incrédulité  »  de  défiance  >  de  haine,  de  contumace ,  ^'amour  dé-» 
réglé  de  ibi-mème  &c  des  jcho&s  du  monde.  On  convint  donc  dp  condii^ii- 
ner  abfolument  cet  Article ,  aufii-bien  que  le  quatrième ,  où  l'on  diibit 
que  cette  inclination  étoit  la  peine  du  péché,  &  non  point  formellement 
un  péché  ;  de  forte  que  faire  confifter  le  péché  dans  ce  penchant ,  c'étoit  ab« 
folument  le  nier. 

j£  ne  dois  pas  oublier  de  m^quM:  id,  qu'à  propos  de  cette  matière  les 
Francifcains  ne  purent  s'empêcher  ocxemter  la  Vierge  Mère  de  Dieu  de  la 
loi  commune  ,  par  un  privilège  fpécial  \  ce  qu'ils  tentèrent  de  prouver  fbrc 
au  long  contre  les  Dominicains  qui  foutenoient  le  contraire  ,  quoi  que  pût 
faire  en  toute  occafion  le  Cardinal  dd  Monte  pour  arrêter  cette  contefta* 
tion ,  en  difant  qu'ils  étoient  allèmblés  pour  condamner  les  Héréfits ,  & 
IX>n  les  opinions  Catholiques.» 

LXV.  It 


€%•  Mais  qu  Us  enundoîent  que  ta  fubf' 
tance  même  étoit  corrompue  ,  &c.  ]  Ce 
il*écoit  pas  là  le  fentiment  général  des  fec- 
tacears  de  la  Confefllon  d*Ausbourg ,  mais 
celui  feulement  de  quelques  particHlicrs  , 
qui  s'expliquoient  de  manière  à  faire  croire, 

Îue  Taltérarion  produire  par  le  péché  étoit 
ans  la  fubftance  même  de  Thomme.  Mais 
cette  opinion  tout  érrange  qu'elle  paroiiTe 
ne  fembloit  dans  Texplication  différer  des 

^ttcj;es  ^ue  dans  les  aiots,  &  en  lifimta?ec 


application  les  Théologiens  de  ce  pani ,  il 
7  a  quelque  lieu  de  croire  ,  que  qaelqœ 
dures  que  (oient  leurs  expreffions ,  ils  n'ont 
voulu  dire  autre  chofe  ,  finon  que  le  Péché 
originel  ne  confifte  pas  dans  un  fimple  dé* 
pouillement  de  la  Juftice  ,  mais  dans  tut 
principe  de  corruption  &  de  péché^  qui  n'eft 
proprement  autre  cbofe  que  cette  concik- 
pifcence  y  que  tout  le  monde  reconncÀ 
dans  les  hommes  depuis  la  piéTaxicauoii 


DE    TRENTE,  Livre    IL  505 

LXV.  I L  n'y  eut  pcrfonne  qui  s'oppofât  à  la  condamnation  de  ces  Arri-   mdxlvi. 


clcs,  c^'Ambroifc  Caikarin^  8  oui  traita d'infuffifan tes  toutes  les  raifons  que  ^^^^  ^^^' 
Ton  avoit  apportées ,  &  qui  dit  qu'elles  n'expliquoient  point  la  véritable  . 

nature  du  Péché  originel.  Pour  le  prouver  il  ht  un  long  difcours ,  où  il  dit  4^0^^^^ 
en  fubftance  :  Qulf  falloit  diftinguer  le  péché  d'avec  fa  peine  :  Que  la  ^  jg  Sêîê 
Concupifcence  &  la  privation  de  la  Juftice  étoient  la  peine  du  péché  :  Qu'il  fur  U  nsm* 
falloit  donc  néceflàirement  que  le  péché  fut  autre  chofe  :  Qu'il  eft  iropof-  ^^f^  ^^W 
fible ,  que  ce  qui  n'a  point  été  pèche  en  Adam  le  foit  en  nous  :  Que  la  Con-  ^^*i*^^^' 
cupifcence  &  la  privation  de  la  Juftice  n'avoient  point  été  péché  en  Adam ,  l.  i^^,  n*** 
puifqu'elles  necoient  point  les  adtions  d'Adam ,  Se  qu'à  plus  forte  raifonzx^^ 
elles  ne  pouvoient  être  péché  en  nous;  &que  comme  elles  n'avoient  été 
en  lui  que  l'effet  du  péché ,  elles  ne  dévoient  être  en  nous  que  la  même 
chofe  :  Que  par  la  même  raifonon  ne  pouvoir  pas  dire  que  le  péché  ibic 
une  inimitié  de  Dieu  contre  le  pécheur ,  ni  du  pécheur  contre  Dieu ,  parce 
que  toutes  ces  chofes  ne  font  que  des  fuites  du  péché  ,  &  qu'elles  font  ve« 
nues  après  lui.  Il  attaqua  de  même  cette  rranfmiflion  du  pécne  par  le  moyen 
de  la  lemence  &  de  la  génération  »  en  difant,  que  comme  fi  Adam  n'eût  - 
point  péché  ,  la  Juftice  ne  feroit  pas  tranfmife  à  fa  poftérité  par  la  généra- 
tion >  mais  par  la  volonté  de  Dieu  >  ^'  il  falloit  chercher  un  autre  moyen 
id'expliquer  la  transfufion  du  péché  :  ce  qu'il  fit  de  cette  manière.  Il  dit , 
que  comme  Dieu  ,  quand  il  établit  ^  Abraham  le  Pire  des  Croyans^  avoit  j^  ^^^  y^ 
fait  un  pade  avec  lui  &  fa  poftérité  \  de  même  quand  il  donna  la  Juftice  n. 
originelle  a  Adam  &  au  genre  humain  ,  notre  premier  Père  s'engagea  en 
fon  nom  &  en  celui  de  fes  defcendans  de  la  conferver pour  lui  &  pour  eux^en 
obfervant  le  précepte  qu'il  avoit  reçu  ;  au  lieu  que  faute  de  l'obferver  il  la 
perdroit  autant  pour  eux  que  pour  lui-même»  &  les  rendroit  fujets  aux 
mêmes  peines,  fa  tranfgrefuon  étant  devenue  celle  de  chacun  ,  en  lui  com- 
me caufe,  &  dans  les  autres  comme  la  fuite  du  paâe  contracté  pour  eux  : 
Qu'ainfi  la  même  tranfgreffion  qui  étoit  en  lui  un  péché  aâ:uel  ,  fait  dans 
les  autres  le  péché  originel  par  l'imputation  qui  leur  en  eft  faite,  &  que 
c'eft  ainfi  que  tout  le  monde  a  péché  en  lui  lorfqu'il  a  péché.  Catharin 
fondoit  principalement  fon  opinion  fur  ce  qu'il  ne  peut  y  avoir  propre- 
ment de  véritable  péché  s'il  n'y  a  poinr  d  adte  de  la  volonté,  &  qu'il  ne  peut 


é?9.  Il  falloit  chercher  un  autre  moyen 
^expliquer  la  transfufion  du  fiché  ,  ce 
qu^il fit  de  cette  matière,]  Catharin  paroît 
ici  réfuter  folidement  les  autres  opinions , 
far  la  nature  du  Péché  originel  3  &  celle 
qa*il  établit  eft  infiniment  plus  intelligible 
que  celles  quil  attaque.  Mais  c*efl  dom- 
mage que  la  fîenne  ne  (bit  fondée  que  fur 
la  luppofîtion  chimérique  d*an  pade ,  donc 
îl  n'y  a  d'autre  preuve  que  la  fanraifie  de 
TAuteur  qui  Ta  imaginé  :  k  qui  d'ailleurs 
T  o  M  fi    L 


eftaulC  peu  propre  que  tout  autre  Syftème 
à  mettre  à  couvert  la  juftice  de  Dieu  fur  ce 
point.  Le  feul  avantage  donc  que  ce  Sjft^me 
a  fur  les  autres ,  eft  qu'il  eft  moins  abftraic 
&plus  ÊLcile  à  entendre  .*  mais  après  tour, 
ce  n'eft  qu*ane.  imagination  deftitoée  de 
preuves;  &  dans  tin  Dogme  auflî  contraire 
en  apparence  aux  idées  de  la  droite  raifon, 
il  femble  qu'on  ne  devroic  rien  avancer 
que  fur  des  démonftrations  ^  ou  des  liuc^f 
ricés  qui  y  fuflèm  équivalentes. 


îcyS        HISTOIRE    DU    CONCILE 

AiAzLVi.   y  avoir  rien  de  volontaire  dans  le  Péché  originel ,  que  rimputation  de  la 
Paul  IIL  tranfgreflSon  d'Adam  à  tous  -,  puifque  quand  S.  Paul  dit  que  tous  ont  péché 
■■■"■■"""  en  Adam  ,  on  ne  peut  entendre  autre  chofe ,  finon  qu'ils  ont  commis  le 
même  péché  avec  lui.  Il  rapporta  pour  exemple  ce  qu'écrit  S.  Paul  aux 
i  Hâ>r.  VH.  Hébreux ,  ^  que  Lévi  avoir -payé  la  dixme  à  Meichifédech ,  quand  Abraham 
9*  fon  bifàyeul  la  lui  paya  ;  8c  que  par  la  même  raifon  on  peut  dire  que  la 

poftérité  d'Adam  a  violé  l'ordre  de  Dieu ,  quand  Adam  la  viola  lui-même , 
&  qu'elle  a  péché  en  lui ,  comme  elle  àuroit  reçu  la  Juftice  en  lui  :  Qu'ainfi 
il  n'étoit  pas  néceflaite  de  recourir  au  plaifir  fenfuel  qui  infeéte  la  chair  , 
&  dont  rinfedfcion  fe  communique  à  Tame  ;  étant  impofliible  de  concevoir 
qu'un  Efprit  puifle  recevoir  une  aifeâiion  corporelle  :  Que  fi  le  péché  eft 
tttie  tache (pii'ituelle  dans  lame ,  elle  ne  peut  pas  erre  auparavant  dans  U 
chair  ;  &  n  c'eft  une  tache  corporelle  dans  la  chair,  elle  ne  peut  rien-opéret 
fur  Teiprit  :  Qu'enfin  il  étoit  impoflîble  de  concevoir  qu'une  amc  pour 
fe  joindre  à  un  corps  corrompu  concra(%ât  elle-même  l'inFeâiion  du  corps. 
Pour  prouver  enfiute  le  paâe  de  Dieu  avec  Adam  ,  ilfe  fervitd'unpaflàge 
du  Prophète  OJée ,  d'un  autre  de  VEccUJiaJliquc  y  &  de  plufieurs  endroits  de 
S.  AugaAin.  Il  montra  aufli ,  que  le  Péché  originel  de  chacun  eft  l'aâe 
feul  delà  tranfgteflion  d'Adam  :  il  le  montra  ,  dis-je  ,  par  un  endroit  où 
h  Rom.  V  ^*  ^^^^  'di^  <^t'^  plujîmrs  ont  été  faits  pécheurs  par  la  defobéïjfance  d*un 
ï9.  '  ftul\  &  parce  qu'on  n'a  jamais  cru  dans  TEglife,  que  le  péché  foit  autre 

chofi;  qu'une  aâiion  volontaire  contre  la  Loi  ;  &  qu'il  n'y  a  eu  d'autre 
aftion  volontaire  que  celle  d'Adam.  Il  fe  fervit  encore  pour  prouver  la 
•même  chofe  d*un  autre  endroit ,  où  S.  Paul  dit  que  ct^par  le  péché  ori- 
^jjjIj^  j^  ginel  *  que  la  mort  efi  entrée  dans  le  monde  y  quoiqu'elle  ny  foit  entrée 
que  par  la  tranfeteffion  aâruelle  d'Adam.  Enfin  il  tira  une  de  fes  princi- 
pales preuves ,  de  ce  que  quoiqu'Eve  eût  mangé  avant  Adam  du  fruit 
défendu,  elle  ne  reconnut  point  fa  nudité,  &  ne  foufifrit  aucune  peine  » 
avant  qu'Adam  eût  péché  lui-même.  D'où  il  conclut  que  le  péché  a  Adam 
'flitnon-^ feulement  fon  péché  propre,  mais  encore  celui  d^ve  &  de  toute 
fa  poftérité. 

70  Dominique  Soto ,  pour  défendre  l'opinion  de  S.  Thomas  Se  des  autres 

70.  Dominique  Soto^pour  défendre  Vopi'  Hans  Ta  poftérité,  la  chofê  na  rien  de 
nion  de  5.  Thomas  &  des  autres  Théolo^  concradidoire.  Mais  qae  ce  penchant  & 
giens  y  répondit ,  i&c.  ]  Le  Syftcme  que  pro-  cette  habitude  foienc  un  péché  dans  (fL 
pofe  ici  Soto  a  fa  vraifemblance  &  fes  dif-  poftérité  conrane  dans  lui-même ,  c*eft  ce 
ficalcés,  comme  les  autres.  Que  le  péché  que  les  raifons  de  Soto  ne  prouvent  point» 
d*Âdam  confifte  dans  fa  défobéiiTance  &  &  cependant  ce  qu'il  s*écoit  propofé  de 
fk  cranfgrefljon  aduelle  , .  c*éft  ce  femble  montrer.  *  Car  la  comparaifon  de  la  cour- 
ce  qui  ne  peut  être  contefté.  Qu'en .  pé-  baie  par  laquelle  ce  Théologien  prétend 
chant  il  ait  perdu  la  Juftice  &  la  Grâce  ,  éclaircir  fon  explication,  niontie bien  qui! 
c'eft  ce  qui  n'eft  pas  douteux.  Que  de  rcfnlte  de  ce  péché  un  défaut  ou  un  défor- 
cettc  tranCgreffion  il  Toit  né  une  habitude  dre  qui  a  paflc  dans  fa  poftérité  ,  mais 
&  un  penchant,  poiir  le  -mal  dans  hû  de  non  pas  que  ce  J飻ttc  ou  ce  défoxdie  fok 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  T  R  B   I  ï.  J07 

Tliéotogicns  contre  les  objeââons  de  Catharin  ,  répondit  :  Qu*Adaîti  pécha 
'*     "  '    ''    "    ""^  idur;  mois  qu'il  demeura  pécheur 

par  t*aâ:k>n  :  Que  tel  e(b  d  ordi- 
produiibnt  dans  Tame  de  ceux  qui 
les  commettent  une  dîfpofition,  qui  fait  qu'après  l'aâe  ils  demeurent  pé- 
cheurs &  en  confervent  le  nom  :  Que  l'aâion  d'Adam  fut  une  aâion 
paAagère  ,  qui  n'eut  d'être  <|u'au  moment  qu'elle  fut  produite  ;  mais  que  la 

Sualité  habituelle  qui  lui  en  refta  pafla  à  fapoltérité-  >  &  eft  devenue  propre 
chacun  à  qui  elle  a  été  tranfinife  :  Que  cette  aâion  d'Adam  n'eft  pomt 
ie  Péché  originel ,  &  qu'il  n'eft  autre  chofe  que  cette  habitude  qui  a  fuivi 
de  l'aâiion,  &  que  les  Théologiens  appellent  la  privation  de  la  Juftice  :  Que 
l'on  peut  expliquer  cela  en  confiderant  que  l'homme  eflr  appelle  pécheur 
non-feulement  dans  le  tems  qu'il  pèche  aâuellen^nt ,  mais  encore  après» 
tant  que  le  péché  n'eft  point  efface  s  Se  cela  non  point  à  caufe  des  peines 
ou  des  autres  fuites  du  péché,  mais  uniquement  par  rapporta  la  tranferef- 
fion  précédente  ^  de  même  que  l'homme  qui  devient  courbé  eft  appelle  tel 
tant  qu'il  ne  fe  redredè  point ,  non  à  caufe  de  l'aârion  aâuelle ,  mais  i 
caufe  de  l'effet  qui  en  refte  après  que  l'action  eft  paflee.  Puis  comparant 
le  Péché  originel  à  cette  courbure ,  conutic  véritablement  c'en  eft  une  fpi- 
rituelle ,  Soeo  dit ,  que  comme  toute  la  nature  humaine  étoir  en  Adam  » 
quand  il  fe  courba  en  violant  le  commandement  de  Dieu,  tout  le  gcnre- 
kumain  8c  par  conféquent  chaque  individu  particulier  eft  demeuré  courbé  » 
non  point  de  la  courbure  d'Adam ,  mais  de  la  courbure  qui  lui  eft  propre  » 
êc  qui  le  fait  refter  courbé  Se  pécheur,  tant  qu'il  n'eft  point  redrerfc  par  la 
Grâce.  Ces  deux  opinions  furent  Contenues  avec  une  chaleur  éeale  de  part 
&  d'autre  ,  chacun  voulant  faire  adopter  la  Tienne  par  le  Synode, 
:    Mais  quant  à  la  manière  dont  le  Péché  originel  eft  remis ,  chacun 
s'accorda  à  clire  qu'il  eft  effacé  par  le  baptême ,  qui  rend  Pâme  auffi  pure 
qu'elle  Ictoic  dans  l'état  d'innocence ,  quoique  les  peines  dont  a  été  fuivi 
ce  péché  ,  reftent  pour  fervir  d'exercice  aux  Juftes.  Us  convinrent  encore  : 
Que  la  perfedion  d'Adam  confiftoit  dans  une  qualité  infufe  ,  qui  ornoit 
l'ame  &  la  rendoit  parfaite  Se  agréable  à  Dieu  ,  &  exemtoit  fon  corps  de 
la  mortalité  :  Que  Dieu  par  les  mérites  de  Jefus-Chrift  donne  à  ceux  qui 
renaiiïent  par  le  baptême  une  autre  qualité,  qu'on  appelle  la  Grâce  jufti^ 
fiante ,  qui  en  purifiant  l'ame  de  toutes  fes  taches  la  rend  auili  pure  que 
celle  d'Adam ,  Se  produit  même  en  quelques-uns  de  plus  grands  effets  que 
la  Juftice  originelle  ;  à  la  réferve  qu'elle  ne  fe  répand  point  fur  le  corps» 
qui  refte  toujours  fujjet  àla  mortalité  Se  aux  autres  défauts  naturels.  On 
alléguafur  cela plufreurs endroits  de  S.  Paul  Se  des  autres  Apôtres ,  qui  en* 
feignent,  que  le  baptême  lave  l'ame,  qu'il  la  nettoyé ,  la  purifie,  &  l'é-   . 

tin  péché  dans  ceaz  en  qui  il  refte.  Ceft  rafTer  de  prouver  la  chofe  fe  font  bornés  2 
pourtant  là  dequoi  il  eft  queftion.  Mais  vouloir  rëclaircir  :  en  quoi  je  ne  vols  pai 
les  Théologiens  du  Concile  (tas  s'embax-    qu'ils  ajent  bien  xéuffi. 

Qq* 


Udxlti. 
Paul  III. 


3o8        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDZLYi.  claire,  en  forte  qu'il  n  y  reftc  ni  condamnation,  ni  tache,  ni  ride.  7»  Oa 
Paul  III.  difcuta  avec  beaucoup  de  foin ,  comment  il  fe  peut  faire  que  ceux  qui  font 
'  '  baptifés  tranfmetteijtàleurs  enfans  un  péché,  dont  ils  ont  été  purifiés. 
C'eft  à  quoi  S.  jéuguflinna  répondu  que  par  des  exemples ,  comme  par  ce« 
lui  d  un  fils  qui  naît  incirconcis  d*un  père  circoncis ,  d  un  enfant  qui  voie 
clairement  quoique  né  d'un  père  aveugle  ,  &  d'un  grain  de  bled  qui  vient 
revêtu  de  paille  quoique  produit  par  un  autre  grain  pur.  Mais  Catharin  en 
fuivant  toujours  fon  Syfteme  difoit  que  comme  le  paéle  n'a  voit  ctc  fait 
qu'avec  Adam ,  &  que  chaque  homme  n  eft  pécheur  que  par  l'imputation 
de  la  tranfgreflion  de  ce  premier  homme ,  les  parens  intermédiaires  ne  font 
rien  à  la  tranfmiffioii  ;  de  telle  forte  que  fi  le  Fruit  défendu  n'eût  été  maneé 
que  par  un  des  enfans  d'Adam ,  &  non  par  lui  même,  fa  poftérité  n'eut 
point  contrainte  de  péché  \  &  qu'au  conrraire  quand  Adam  n'eût  péché  qu'a- 
près la  naidànce  de  fes  enfans ,  ce  péché  n'eût  pas  lailfé  de  leur  être  imputé» 
quoique  nés  auparavant.  Mais  Soto  foutenoit  au  contraire ,  que  fi  Adam 
n'avoir  péché  qu'après  que  ks  enfans  étoient  nés ,  ils  euHent  été  exemts  de 


ce  pèche ,  qui  n'auroit  paflé  qu'à  leurs  defcendans. 
1     L  E  fixième  article ,  où  l'on  fupp 


Conteflation  ^  ^  fixième  article ,  où  l'on  fuppofe  qu'il  refte  dans  les  baptifés  des 
i^Af^n'mVr  chofes  dignes  de  damnation  ^  &  le  leptième  où  l'on  dit  qu'ils  ont  encore 
fur  Jm  Con-  Jes  reftes  de  péché,  furent  déclarés  hérétiques  d'une  voix  unanime.  7*  On 
€Hfije0nce.  condamna  encore  plus  clairement  le  huitième,,  qui  fait  de  la  Concupifcence 
inTleury^un  péché  dans  ceux  qui  font  baptifés.  Le  km  Antoine  Marinier  ™  Car- 
L.  141.  N**  jng^  convenant  avec  les  autres  que  le  péché  eft  effacé  par  le  baptême  ^ 
'^^'  &  que  la  Concupifcence  eft  un  péc5ié  auparavant  >  ne  laifla  pas  de  remon- 

trer qu'il  troavoit  de  la  difficulté  à  taxer  cette  propofition  d  nérétique,  par« 
ce  que  S.Auguftin  déjà  vieux,  après  avoir  écrit  à  Boniface ,  que  la  Concit- 
pifcence  n'étoit  point  un  péché ,  mais  la  caufe  &  l'eif&t  du  péché,  avoit  dit 
enfuite  en  termes  au0i  clairs  dans  fes  Ecrits  contre  Julten ,  que  la  Conçu- 

71.  On  dîfcuta  avec  beaucoup  de  foin  on  article  condamnable  en  effet  ,  8c  qui 

comment  il  fe  peut  faire  que  ceux  qui  font  n'avoir  pour   appui  que  quelques  expref* 

êaptifis  tranfmettent  â  leurs  enfans  unpé-  ûons  de  S.  Auguftin  y   qui  dans  ces  maciè-» 

ché  dont  ils  ont  été  purifiés.  ]  Les  Théolo-  Tes  ne  paroic  pas  toujours  ou  s'exprimer 

eiens ,  à  les  en  croire ,  n'ont  aucune  peine  avec  une  par&ice  exaôinide  ,  ou  avoir  éc£ 

a  comprendre  comment  les  enfans  d'Adam  entendu  dans  un  fens  auffi  étendu  Se  adlT 

pécheur  naiflènc  pécheurs  ;  Scne  (àuroient  vague  que  fes  expreflîons  le  comportent* 

expliquer  comment  ceux  d'un  père  jufti-  Le  Concile  a  parlé  trcs-jufte  en  diîantque 

fié  nailFent  fans  être  juftifiés.   Le  Syftème  la  Concupifcence  eft  quelquefois  appeUée 

de  Catharin  l'explique  plus  naturellement  péché  ,  entant  qu'elle  vient  du  péché  ,  êc 

que  les  autres  ,  mais  toujours  fur  la  fup-  qu'elle  y  porte.   Mais   Marinier  fembloic 

pofition  du  même  paéle  ,    dont  il  n'a  ja-  un  peu  trop  donner  dans  les  idées  de  ceux 

•    mats  prouvé  l'exiftence,  &  dont  la  réalité  des  Réformateurs,  qui  regardoient  toutes 

eft  très-douceufe.  les  œuvres  des  hommes  comme  autant  de 

71.  On  condamna  encore  plus  clairement  péchés  ,  &  qui  à  force  de  trop   relever  r# 

U  huitième  ,  qui  fait  delà  Concupifcence  un  juftice  de  Jefus-Chrift ,  anéantiifoient  tout 

péché  dans  ceux  qui  font  haptifis.  ^C'étoit  le  méxice  des  hommes. 


DE    T  R  EN  TE,  L  I  vu  E    IL  309 

plfcence  éroir  non-feulemenc  la  caufe  &refFec  du  péché ,  mais  auflî  un  péché   mdxlti. 
elle-même  •,  &  qu'il  n'avoit  rien  dit  dans  fes  Retradlations  de  ces  propoutions  ^^^^^  ^^^* 
contraires  *,  preuve  qu'il  ne  croyoit  pas  que  cela  appartînt  à  la  Foi ,  &  qu'il      • 
fugeoit  qu'on  pou  voit  dire  l'un  ou  l'autre ,  la  difrérence  étant  plutôt  dans 
les  mots  que  dans  la  chofe  même  :  Que  véritablement  autre  choie  eft  de  re- 
chercher n  une  chofe  eft  péché  en  foi ,  ou  H  elle  l'eft  dans  une  perfonne 
qui  a  une  jufte  excufe  :  comme  par  exemple ,  H  quelqu'un  allant  à  la  chafTe 
pour  chercher  de  quoi  vivre ,  tue  un  homme  par  ignorance  invincible , 
en  croyant  tuer  une  bête ,  les  Jurifconfultes  conviennent  que  cette  action 
en  foi  eft  un  homicide  &  une  faute  ,  mais  que  ce  n'eft  pas  un  péché  dans 
le  Chaflcur ,  ôc  que  fon  ignorance  doit  Texcufer  :  Que  de  même  la  Con- 
cupifcence ,  foit  devant  foit  après  le  baptême ,  eft  un  péché  en  elle-même  » 
parce  que  tout  ce  qui  eft  oppofé  à  la  Loi  de  Dieu  eft  un  péché  >  &  que  S. 
Paul  nous  apprend  que  dans  les  baptifés  mêmes  la  Concupifcence  répugne 
i  cette  Loi  -,  mais  que  le  baptifé  eft  excufé  parce  qu'il  eft  revêtu  de  Jelus- 
Chrift  :  Qu  aind  cette  Doârine  étant  vraie  dans  un  fens ,  &  fauflfè  dans 
un  autre ,  il  n'étoit  pas  jufte  de  condamner  une  proposition  qui  avoit  un 
bon  fens  ,   fans  la  diftinguer  auparavant.  Mais  cet  avis  fut  untverfelle- 
ment  rejette  ;  &  Ton  foutint  que  S.  Augujlin  diftingue  deux  fortes  de  Con- 
cupifcences  ;  l'une  avant  le  baptême ,  qui  eft  une  oppoHtion  de  la  volonté 
â  la  Loi  de  Dieu  »  qu'il  foutenoitêtre  un  péché  qui  s'efface  par  le  baptême  ; 
l'autre  qui  eft  une  révolte  des  fens  contre  la  raifon ,  qui  refte  après  le  batê- 
me ,  &  qui  félon  ce  faint  Doâeur  eft  bien  la  cauie  &  l'effet  du  péché  j 
mais  n'eft  point  un  péché  elle-même  :  Que  quand  ce  Père  paroît  dire  le 
contraire ,  il  faut  tenir  pour  affuré  que  fa  penfée  eft ,  que  quoique  la  Con- 
cupifcence foit  un  péché ,  elle  ceflc  d'être  telle  par  le  batême ,  &  qu'elle 
ne  fert  plus  qu'à  l'exercice  des  vertus  &  des  bonnes  œuvres.  Quelques-uns 
faifant  attention  aux  chofes  que  Marinier  avoit  dites  en  opinant ,  &  rap- 
pcllant  ce  qu'il  avoit  avancé  lians  les  Sermons  **  qu'il  avoit  prêches  le  qua-  »  Lab.  Col- 
Crième  Dimanche  de  l'A  vent  précédent  &  un  Dimanche  de  Carême,  où  ^^^^P-^/y- 
il  avoit  exhorté  l'Auditoire  à  mettre  toute  fa  confiance  en  Dieu  8c  condamné  ^  ^^^' 
toute  celle  qu'on  met  dans  les  œuvres  ;  où  il  avoit  fbutenu  que  tous  ces 
aftes  héroïques  des  anciens  Payens ,  fi  fort  loués  par  les  hommes ,  étoient 
de  véritables  péchés;  où  il  avoit  parlé  de  la  différence  de  la  Loi  6c  de 
rEvangile ,  non  comme  de  deux  tems  difïcrens ,  mais  comme  fi  l'Evan- 
gile eut  toujours  fubfifté ,  ôc  que  la  Loi  ne  dût  point  finir*,  &  où  enfin  il 
s'étoic  expliqué  fur  la  certitude  de  la  Grâce  en  termes  ambigus  &  artificieux, 
pour  avoir-toujours  de  quoi  fe  défendre  en  cas  qu'on  voulut  l'attaquer  ;  en 
faifant,  dis- je,  attention  à  toutes  ces  chofes ,  quelques-uns  foupçonne- 
rent  que  ce  Théologien  n'étoit  pas  fort  éloigné  de  la  doctrine  des  Pro- 
teftans. 

Quant  â  l'article  qui  regardoit  la  peine  due  au  péché  originel ,  quoi- 
que 5.  Augufiin  ,  qui  fe  fonde  fur  S.  Paul ,  fc  déclare  ouvertement  pour 
la  peine  du  feu  >  même  à  l'égard  des  enfans ,  &  qu'aucun  des  SS.  Pères  n'aie 


MOXLVI. 

Paul  III. 


FIcury 


>io        HISTOIRE    Dr  U    CONCILE 

avancé  le  contraire ,  cependant  le  Makre  des  Sentences  fuivi  des  Scola(lI«> 
ques  j  qui  confulcenc  davantage  les  rairons  philofophiques  »  ayant  diftin« 
gué  deux  fortes  de  peines  éternelles ,  Fune  qui  eft  ta  privation  de  la  béa* 
titude  célefte y  &  Faucrequi  eft  la  douleur,  n'ont  deftiné  que  la  première 
à  la  punition  du  péché  originel.  Le  feul  Grégoire  de  Rimini  ^  s'écarranc  fur 
cela  de  1  opinion  univerfelle  des  Scholaftiques  a  été  de  l'autre  avis»  qut 


118. 


L  141.  N^  lui  a  fait  donner  dans  les  Ecoles  le  furnom  de  Bourreau  des  enfans.  7  s 
Mais  ni  lui ,  ni  S.  Auguftin ,  ne  trouvèrent  dans  les  Congrégations  au- 
cuns défcnfeurs  parmi  les  Théologiens. 

74  II  y  eut  aufli  un  autre  débat  entr'enx  fur  le  même  fujet.  Les  Domi- 
nicains foutenoient  que  les  enfansmons  fans  batcme  avant  l'ufage  de  rai- 
fon  y  refterôient  après  la  réfurreéfcion  dans  les  Limbes  »  c'eft-à-dire ,  dans  des: 
lieux  Souterrains  &  ténébreux ,  mais  fans  feu.  Les  Francifcains  au  con- 
traire prétendoienc  qu'ils  feroient  fur  la  terre  &  jouiroienr  de  la  lumière. 
D'autres^difbient  qu'ilis  y  philofbpheroient  &  s'occuperoient  de  la  connoif- 
fance  des  chofes  naturelles ,  &  joaîroient  même  du  plaifir  que  trouve  la  qm^ 
rioHté  à  faire  des  découvertes  :  Et  Co/A^i/t ajoutoit  encore,  qu'ils  fèroienr 
vifités  &  confolés  par  les  Anges  &  les  Bienheureux.  Enfin  on  débita  fur  ce 
fujet  tant  de  fantaifies  &  de  chofes  frivoles ,  qu'elles  pourraient  fournir 
beaucoup  de  matière  à  égayer  une  converfation.  Cependant  par  refpeft 
pour  S,  Auguftin ,  &  afin  de  ne  pas  voir  OHidamnet  Grégoire  de  Rimini , 
les  Auguftins  ment  beaucoup  dmftancepoor  qu'on  ne  cenfurâr  point  com- 
me hérétique  ^article  neuvième  ,  quoiqu'ils  le  cniflent  faux.  Mais  Catha^ 
rin  n'omit  rien  au  contraire  pour  obtenir  cette  cenftnrey  afin,  difoit-il^ 
de  réprimer  Taudace  &  l'ignocsuice  de  ces  Prédicateurs,  qui  au  grand  fcan» 
dal^  du  peuple  enfetgnoient  cette  doârine.   Puis  fbutenant  que  S.  Au- 

f^uftin  avoit  parlé  ainfi ,  plutôt  emporté  par  k  chaleur  de  la  di^ute  contre 
es  Pélagiens,  que  perfuadé  que  cette  opinion  fut  certaine,  il  ajoutoit 
que  puifque  les  Ecoles  s'étoient  toutes  accordées  à  reconnoître  la  vérité 
contraire ,  Se  que  les  Luthériens  avoiem  renouvelle  l'erreur  de  Grég<^$ 


7).  Mais  ni  lui  ni  S.  Augufiin  netrou^ 
virent  dans  Us  Congrégations  aucuns  défcn^ 
fiurs  parmi  les  Théologiens.  ]  Apparem- 
ment que  ce  fentiment  parut  fi  baxbare  , 
qoeperibnne  n'oCi  en  prendre  la  défenfe. 
Il  s*eft  trouvé  depuis  beaucoup  de  Théo- 
logiens ,  qui  ont  été  moins  fenfibles  à  la 
compagnon.  Et  il  faut  avouer  qu'ils  ont 
pour  eux  le  filence  de  TEcriture ,  qui  ne 
marque  point  de  diftinâion  du  lieu  pour 
les  damnés  ,  &  qui  ne  diftingue  que  les 
difTérens  degrés  de  dairination.  Mais  fiir 
un  pareil  fflence  il  faut  être  bien  hardi 
pour  décider  du  fort  éternel  de  ceux  fur  la 
Qene  delquels  rEaituie  n'a  point  claire- 


ment prononcé,  &  en  faTeur  de  qui  la  ni:- 
tuie  &  la  raifon  fe  déclarent. 

74.  Il  y  eut  aujp.  un  autre  débat  entrt 
eux  fur  te  même  fujet,  ]  Ceft  quelque  cho(ê 
d*aflez  plaifanc,  de  voir  la  facilité  avec  la- 
quelle ces  Théologiens  décidoient  de  tout 
ce  qui  fe  doit  paflèr  en  Tautre  monde  ,- 
comme  s'ils  y  avoient  été  eux-mêmes , 
&  qu'ils  en  furent  porâiitement  infbuitf. 
Cependant  ,  à  la  feule  connoidânce  piiès 
que  nous  avons  ,  que  les  bons  feront  lé- 
compenfés  &  les  mcchans  punis  ,  je  crois 
que  fur  ce  point  les  plus  favans  n'en  br» 
vent  pas  plus  que  les  plus  ignorans. 


D  E    TREN  T  E,  Li  VRX  m  ijii 

dt  Rimîni ,  de  que  quelques  Catholiques  s  y  laiUbienc  aller ,  il  écoic  né-   mdxlvi. 
:ce(Iàire  que  le  Synode  s'expUquâc  fur  ce  .point.  Paul  lll. 

LXVI.  Apjeubs  avoir  écouté  les  avis  des  Théologiens ,  ^'agiflknt  entre    ^  , 
les  Pères  de  drefler  une  formule  de  Décret  >  les.Evèques>  dont  fort  peu  de^Vh^T 
:étoicnt  verfcs  dans  la  Théologie  >  mais  qui  écoient  ou  Jurifconfulies ,  fur  U  for- 
-ovL  ne  fkvoient  que  la  fdence  de  la  Cour ,  embarrafles  par  une  (i  grande  mmtion  di$ 
variété  d  opinions  &  par  la  manière  obfcure  &  épineufe  dont  les  Scholafti-  ^^^^^^ 
ques  avoienc  traité  cette  matière  >  ne  favoient  quel  jugement  porter  de 
l'eflènce  du  péché  originel.    Ils  avoient  plus  de  penchant  pour  l'opinion 
•de  Catharin^  qu'ils  entendoient  mieux ,  parce  qu'elle  étoit  exprimée  en 
termes  de  Politique: fous  l'idée  d'un  paâe>kiit.par  un  feul  homme  au  nom 
de  fa  poftéricé  >  &  de  la  tranfgreflion  duquel  elle  fe  trouve  coupable  *,  &c 

{>lufieurs  des  Pères  la.Eivorifoient  :  mais  voyant 'la  con tradition  de  tous 
es  Théologiens ,  ils  n'oferentpas  la  recevoir.  Et  àl l'égard. de  laremiffion 
.du  Péché  originel ,  toutxequ'ilstrouvoient de  clair,  c'eft  qu'avant  le  ba« 
tème  tous  étoientinfeâésde  c&péché  ,  &  en  étoient  parfaitement  purifiés 
par  ce  Sacrement.  D'où  ils  concluoient  qu'il  n'y  avoit  que  cela  qu'on 
dût  établir  comme . de  Foi ,  en  condamnant  d'Héréfie  le  contraire ,  auffi^ 
bien  que  toutes  les  opinions  qui  alloient  à  nier  de  quelque  manière  que 
ce  fût  le  Péché  originel.  A  l'égard  de  fon  eflPence,  comme  il  y  avoit  une 
C\  grande  variété  de  fentiniens  entre  les  Théologiens ,  ils  ne  croyoicnt  pas 
qu'il  fût  poilible  ni  de  définir  la  chofe  avec  tant  de  circonfpeâion  qu'on 
pût  cgalementifatisÊiiretout  le  monde,  ni  condamner  quelqu'une  de  oes 
opinions ,  ians  courir  le  rifque  de  caufer  quelque  Schifme. 

Mais  p  Marc  liguer  Evêque  de  Sinigaglia ,  Jérôme  Séripand ,  Général   t  Fîcury , 
des  Auguftins,  &  jir^é  i^iguy  Théologien  de  l'Ordre  de  S.  François ,  ^'  ^^^'  ^'° 
.parurent  contraires  à  cette  inclination  générale.  Ce  dernier  principale-       ' 
ment  remontra.  Qu'il  ne  convenoit  pas,  &  que  c'étoit  une  chofe  fans 
exemple  dans  un  .Concile,  de  taxer  une  opinion  d'hérétique,  fans  éta- 
blir auparavant  quelle  étoit  la  vérité  Catholique  :  Qu'aucune  propofition 
négative^  qui-cft  véritable  n'a  en  foi  la  caufe de  fa  vérité,  mais  qu'elle  ^ P^^l^^- 1-. 
n'eft  vraie  q^'cn  conféquence  d'une  vérité  affirmative  s  Se  qu'aucune  affèr-  7'  ^*  ^^* 
tion  n'eft  faaiïe  que  parce  que  la  contraire  eft  véritable ,  enfbrte  que  l'on 
ne  fauroit  connoître  la  faufîeté  de  l'une ,  qu'on  ne  facfie  auparavant  la  vé- 
rité de  l'autre  :  Que  par  conféquent  on  ne  pouvoit  condamner  d'Héf^e 
l'opinion  des  Luthériens  fans  établir  auparavant  la  doârine  de  l'Eglife  ; 
Que  n  l'on  vouloir  examiner  la  manière  dont  on  avoit  procédé  dans  tous 
les  Conciles  qui  ont  traité  des  matières  de  Foi ,  on  vcrroit  qu'ils  avoient 
toujours  d'abotd  jette  :  les  fondemens  orthodoxes  pour  les  faire  fervir  à  la 
condananarion  des  Héréfics ,  &  qu'il  falloir  fuivre  Je  même  ordre  :  Car 
quand  on  lira,  difoit-il,  que  le  Concile  ^de-Trente  a  condamné  cette  Pro- 
pofition Luthérienne,  Que  le  péché  originel  e/i  une  ignorance  y  un  mépris  y 
une  défiance  y  &  une   haine  des  chofes  divines,  y  &  wu^  corruption  de  tout 
r homme  dans  la  volonté  y  rame  y&le  corps  y  qui  ne.dcmai^dera  paç  auflî- tôt  : 


311        HISTOIRE    DU    CONCILE 

Mi^xLvi.  Qu'eft-cc  donc  que  ce  péché  î  &qui  ne  difc  en  lui-même ,  Quel  eft  donc 
Paul  III.  [c  fcntiment  Catnolique ,  fi  celui-là  eft  hérétique  î  De  même  en  voyant 
— ~— —  condanmec  ZuingUj  qui  avoit  dit  que  Us  tnfans  des  Fidèles  font  baptifis 
en  la  nmiffion  dtspccnis ,  mais  quAdam  ne  leur  a  tranfmis  que  les  peines  &  ' 
la  corruption  de  la  nature ,  qui  ne  demandera  auflî-tot ,  Que  leur  a-c-il  donc 
tranfmis  autre  chofe  t  II  conclut  en  finifTant ,  que  le  Concile  étoit  princi- 
palement aflèmblé  pour  enfeigner  la  vérité  Catholique ,  &  non  pas  feu- 
lement pour  condamner  les  Héréfîes. 

L*Ev£SQUE  de  Sinigaglia  remarqua  à  fon  tour  :  Quaprès  tant  de 
diiputes  aeitées  fur  ce  point  dans  les  Diètes  d'Allemagne  »  chacun  atten- 
doit  du  doncile  une  doârine  claire»  nette»  cxemte  de  toutes  diffip- 
cultes. 

Enfin  Séripandy  que  Ton  foupçonna  un  peu  de  parler  à  Tinftigation 
de  rAmbaffadeur  de  l'Empereur ,  ajouta  :  Que  la  doârine  Catholique  du 
péché  originel  fe  trouvoit  dans  les  Ecrits  de  S.  Augujlin  :  Que  Gilles 
de  Rome  avoit  écrit  fur  cela  un  Livre  exprès  ;  &  que  fi  les  Pères  vou- 
loient  fe  donner  quelque  peine  de  le  parcourir  »  ils  comprendroient  faci- 
lement la  vérité  &  feroient  aifément  en  état  de  porter  leur  jugement  : 
Qu'enfin  on  ne  devoit  pas  donner  occafion  de  dire ,  qu'en  quatre  jours 
on  avoit  décidé  a  Trente ,  ce  qu'on  n'avoit  pu  réfoudre  en  tant  de  Con- 
férences tenues  en  Allemagne. 

Mais  ces  avis  ne  furent  pas  écoutés.   Car  ces  Prélats  défefpérant  de  pou- 
yoir  jamais  fe  mettre  allez  au  fait  de  ces  queftions  épineufes  de  l'Ecole , 
n'avoient  nulle  envie  d'en  faire  l'épreuve.    Les  Légats  de  leur  côté ,  qui 
avoient  reçu  de  Rome  des  ordres  abfolus  de  terminer  cette  matière  dans  la 
Sefiîon  prochaine ,  étoient  forcés  d'éviter  les  difficultés.    Le  Cardinal  del 
Monte  lur-tout  >  réfoiu  entièrement  de  franchir  le  pas ,  ayant  afièmblé  chez 
lui  les  Généraux  d'Ordre  ,  avec  Catharin  &  Véga ,  qui  avoient  plus  parlé 
que  les  autres  »  leur  ordonna  d'écarter  les  difficultés  >  &  de  faciliter  le  plat 
qu'ils  pourroient  l'expédition  de  cette  matière. 
DiffHtisdes      Les  Prélats  députés  pour  former  le  Décret  conjointement  avec  quel- 
Dêtmm-      ques  Théologiens ,  partagèrent  donc  toute  la  matière  en  cinq  Canons. 
ca$ns  é^des  ^^jj^  |g  prc^içr  ^  w  s  agifl&it  du  Péché  çerfonnel  d'Adam  •,  dans  le  fécond» 
eainsfûr  U  ^^  ^*  transfufion  3c  ce  Péché  à  fa  poftérité;  dans  le  troifième,  du  remède 
Conctftion  <iui  fcf  t  à  l'efTacer ,  c'eft-à-dire  »  du  baptême  -,  dans  le  quatrième ,  du  bap« 
mnuuuUt   terne  des  enfans  *>  &c  dans  le  cinquième  >  de  la  Concupifcence  qui  refte  dans 
df  UVierie,  [es  baptifés.  On  condamnoit  enfuite  les  opinions  des  Zuingliens  fur  les 
quatre  premiers  articles  ,  &c  celle  de  Luther  fur  le  cinquième.  On  parla 
fur  tous  ces  points ,  &  on  fit  des  additions  &  des  retranchemens  félon  les 
avis  que  l'on  donna ,  &  fur  lefquels  tous  firent  paroître  une  grande  una- 
nimité y7s  i\2i  réfervc  de  quelques  Evêques  fc  des  Francifcains ,  qui  n'ap- 

prouvoient 

7f.  AUréfirife  de  quelques  Evêques  &     qu*on  dit  fi  généralement  ,    que  h  Péché 
des  Francifcains  ,  qui  riapprouvoicnt  pas    d'Adam  éteit  pajji  dans  tout  le  genre-ku* 

main^ 


DE    TR  ENTE,  t  I  y  JLK    IL  315 

pronvoienc  pas  qu'on  dît  fi  généralement  que  le  Péché  d'Adam  étoît  paffc  Moxtvn 
dans  tout  le  genre  -  humain ,  parce  qu'on  paroiflbit  comprendre  la  Sainte  ^^^^  HL 
Vierge ,  fi  elle  n'étoit  exceptée  diftindement  ;  ce  qui  leur  faifoit  deman-  - 

dcr  qu'on  fit  cette  exception*  '  Les  Dominicains  au  contraire ,  difoicnt  que  rPailav.  U 
S.  Paul  &  tous  les  SS.  Pères  avoient  parlé  d  une  manière  auflî  générale ,  7.  c  7,  ' 
&  fans  faire  aucune  exception  ,  &c  que  par  conféquent  il  n*en  falloir  faire 
aucune.  Cela  ralluma  la  difpute ,  &  on  retomba  dans  une  queftion  que 
les  L^ats  avoient  taché  plufieurs  fois  dccarter.  Les  Dominicains  direnc 
que  quoique  TEgli'"'  "'' — '^"  1»-^:^:^^  j^  1-  ^ -•—  • »/ 

pendant  fi  Ton  vo 

Vierge  n'avoit  pas 

xcpliquoient  au  contraire ,  aue  de  ne  pas  en  exemtcr  la  Vierge ,  ce  feroit 

condamner  TEelife ,  qui  céleoroit  fa  Conception  comme  immaculée  \  Se  fe 

rendre  coupable  d'ingratitude  à  fbn  égard ,  que  de  priver  d'un  honneur 

qui  lui  étoit  du  »  celle  par  le  canal  de  laquelle  nous  venoient  toutes  les 

Î;races  de  Jefus-Chri(L  La  conteftation  alla  fi  loin ,  que  l'Ambafiadeur  de 
Empereur  conçut  quelque  efpératKe  d'obtenir ,  comme  il  le  fouhaitoit  » 
que  la  matière  ne  put  pas  être  en  état  d'être  propofée  dans  la  Seffion  fui* 
vante. 

LXVIL  Mais  comme  on  dit  plufieurs  chofes  en  cette  rencontre  ,  qui  HijUxiêni 
©ccafionnerent  le  Décret  qui  fui  vit,  &  qui  donna  beaucoup  occafion  de  deffM-Foê-^ 
parler ,  7<f  il  cft  à  propos  pour  l'intelligence  de  toute  cette  affaire  de  re-  ^^  fi*^  ^•"*' 
monter  jufqu'à  l'origine  de  la  conteftation,  ^^^J  ^  ^ 

nuin  ,  Bic»  ]  Selon  le  Cardinal  Pallavïcin^  contentlo  &  difputAtîo  inter  Patres  »  num  niotu 

la  conteftation  entre  les  Francifcains  &  les  in  hoc  Décréta  de  peccato  originaU  ejfet 

Dominicains    nétoit  pas  proprement  de  decidenda quafiio de  Concept'ione  B. Mariœ 

£ivoir,  fi  l'on  devoit  comprendre  on  ezcep-  Virpnis.  Et  major i  parti  vifumfuit  relm" 

ter  la  Vierge  da  Décret  ,  oa  non  4  mais  quendum  ejfe  hune  articulum*  Notre  Hi(^ 

feulement  u  Ion  deroit  louer ,  oa  non  ,  torien  n*a  donc  rien  dit  ici  que  de  con« 

l'opinion  des  Francifcains  comme  meilleure  ferme  aux  Âôes  du  Concile.   Il  eft  vrai  ^ 

•&  comme  plus  pieufe.  Si  c*eAt  été  là  réelle-  que  lorfque  le  Décret  fut  arrêté ,  les  Do^ 

ment  la  qneftion  ,  la  ckofe  ne  lailTeroit  minicains  formèrent:  leur  oppoficion  à  U 

pas  que  de  revenir  à  peu  près  au  même,  claufe  oïl  il  étoit  dit  que  l'opinion  de  U 

Mais  il  patoît  par  la  nature  des  raifons  Conception  immaculée  étoit  pieufe  i  mais 

que  ch^n  appona ,  &  dont  on  trouve  un  la  première  difficulté   étoit   de  favoir  fi 

Extrait   dans  Fra^Paolo  ,    qu'il  s'agifibit  l'exception  feroit  comprife  ou  non  dans  le 

réellement  de  comprendre  ou  d'excepter  Décret   ;  quoi  que  diïe  au  contraire  Pif/« 

la  Vierge  du  Décret  général.  Cela  le  con-  lavicin, 

£rme  aufll  par  un  Extrait  des  Âé^es  de         76.  Il  efi  â  propes  pour  t intelligence  de 

Majfarelli  rapporté   par    Raynaldus  N**  toute  cette  affaire  y  de  remonter  jufqu  à  Ve-' 

7f .  od  l'on  voit  qu'il  s'agiflbit  d'abord  de  rigine  de  la  conteftation.  ]  Tout  ce  difcoun 

(avoir ,  fi  l'on  devoir  décider  b  queftion  y  de  Fra  «•  Paolo  fur  la  Conception  immaculée 

ou  non,  comme  l'avoit  propofé  le  Cardi-  a  étrangement  fcandali(é  le  Cardinal /'^f/Zk* 

nal  Pachéco^iLir.JunUdifcuffiim  eftacerhç  ricin  ,  qui  ne  le  traite  pas  moins  que  4# 

ixamine  Decretum  depeecato  originaU.  In  mcnlbnge   &  d'impiété.  11  7  a  poortanc 

cujus  Decred  ezanùnatipne  çn(^  ta^igns  peu  d'endroits  |  oà  notre  Hiftoxien  f'ex» 
ToMi  I.  Rr 


IfPXLVI 


314        HISTOIRE    DU    CONCILE 

77  Après  que  •  Nejiorius  eut  eu  Timpiécé  de  divifer  Jefus-Chrift  8c  d'en 


par  ces  paroles  Latines  ,  Maria  Mater  Dei  ;  1^  ce  qui  ayant  d'abord  été 
inventé  feulement  à  l'honneur  de  Jefus-Chrift  ,  fervit  bientôt  à  celui  de  fa 
Mère ,  Ëc  enfin  ne  fervit  plus  qu'à  elle.  Ceci  arriva  encore  dans  les  Ima- 
rs,  où  pour  fe  reffouvenir  de  l'honneur  qui  étoit  du  à  Jefus-Chrift  en- 
mt ,  on  le  dépeignoit  entre  les  bras  de  fa  Mère.  Car  ce  qui  avoir  été  fait 
pour  honorer  Jefus-Chrift  ,  ne  fervit  plus  qu'a  faire  honorer  la  Mère  fans 
leFiU,  qui  ne  fervoit  plus  que  d'une  efpèce  d'ornement  à  limage.  Le^ 
Prédicateurs  &  les  Ecrivains»  &  fur-tout  les  Myftiques  entraînés  par  le 
peuple,  qui  peut  beaucoup  en  matière  de  Religion,  ceflerenc  de  parler  de 
Jefus-Chrift ,  &  inventèrent  au  contraire  de  nouvelles  louanges  >  de  wont^ 
Telles  épithètes ,  &  de  nouvelles  dévotions  pour  honorer  fa  Mère  \  jufque* 
U  que  vers  Tan  ml  on  drefla  en  l'honneur  de  la  Vierge  un  OflSce  diftingué 
en  iept  Heures  Canoniales  >  de  la  même  forme  que  celui  qu'on  récitoit  en 


prime  avec  plus  de  lumière  &  d'ezadicade. 
Mais  fi  Ton  ne  donne  dans  la  (bperfti- 
tion  la  plas  outrée  ,  on  court  grand  rifque 
Jepa0èr  pour  impie  auprès  de  ce  Cardinal. 

7  7 .  Aprls  qut  Nejiorius  eut  eu  V impiété 
de  divifer  Jefus  -  Chrift  &  d*en  faire  deux 
Fils  s  &c.  ]  On  ne  peut  ceicainement  ezca- 
fer  Nejiorius  d*knprudence  &  de  témérité 
4ans  Tinnovation  qu'il  voulut  introduire 
dans  le  langage  de  TEglife.  Mais  des  Sa* 
▼ans  Vont  juftifié  de  Timpicté  donc  Fra» 
Paolo  l'accufe  ici  ,  &  ont  juge  alTez  pro- 
^able  que  toute  cette  grande  concroverfe 
n  étoit  proprement  qu  une  conteftation  de 
mots. 

78.  L'EgUft^^întroduifit — Vufagt  fré- 
quent de  faf^elUr — hi*^U  61079»^  ,&c.  ] 
Fra-Paolo  ne  die  pas  qu*elle  en  introduifit 
Tufage  ,  comme  le  lui  fait  dire  M.  w^/wr- 
lot^  CQ.  qui  eue  été  faux  5  mais  feulement 
Tufage  fréquent ,  ce  qui  eft  inconteftable, 
pui(que  ce  terme  ne  fe  trouve  que  rare- 
ment dans  les  Ecrits  antérieurs  au  Concile 
d'Ephèfe  ,  &  PalUvicin  eft  forcé  de  la- 
vouer.  La  Chu  fa  ,  dit  notre  Hiftorien , 
irarodûffe  di  repli  caria  frequentijfimamente 

79»  Ceépii  ayant  tC abord  été  énventéfeu^ 
Umtnt  ^  l'honneur  de  Jefut  -  Chrijl  j  fervh 


bient&t  à  celui  de  fa  Mère;  ]  '  -il  n'cft  pas 
bien  exactement  vrai  ,  comme  le  dit  ici 
Fra-Paolo ,  que  le  titie  de  Mère  de  Dieu , 
ou  les  Images  dont  parle  notre  Hiftorien , 
ayent  été  imaginées  d'abord  pour  faire  hon- 
neur à  Jefus  -  Chrift  ,  il  n*eft  que  trop 
certain  du  moins  qu  a  la  fin  cela  ne  (èrvit 
prelque  plus  qu'à  Thonneur  de  (â  Mère  i 
que  la  figure  de  Jefus-Chrift  ne  tint  plus  lieu 
que  d'ornement  à  celle  de  Marie ,  &  que 
le  culte  de  la  Vierge  devint  prefquc  une 
efpèce  d'idolâtrie ,  ^nt  à  peine  pourrions* 
nous  juftifier  le  Cardinal  lui  -  même  ,  fi 
nous  ne  prenions  dans  un  fèns  moins  ri- 
goureux ce  qu*il  nous  dit,  L.  7,  c.  7.  de  l'a- 
doration de  la  Mère  de  Dieu.  Fii  egli  con* 
danatOy  dit  PaUavicin  en  parlant  de  Nejlo' 
rius  ,  nel  Concilio  Efêfino  ,  e  s'introdujje  il 
cojlume  di  fipirar  le  adorate  immagini  di 
Maria  con  Crijio  fanciullo  in  braccio  ,  per 
/tgnificare  chc  fi  adorava  Maria  corne  Ma-- 
dre  di  quel  fanciullo  ;  eper  tanto  ch'ella  era 
Madré  di  Dio;  auvenga  che  Veffer  Madré  di 
qualunque  altro  figlivolo  non  varrebbe  per 
titolo  d*adorj{ione.  Ces  expreffions  ne  font 
rien  moins  qu'exa^es ,  &  je  ne  fai  fi  on 
ne  pourroit  pas  les  taxer  d'impiété  avec 
plus  de  raifon  ,  que  PaUavicin  n'en  a  taxé 
k  difcosrs  de  fon  adveriàiie. 


DE    TRENTE,  Livre    IL  31^ 

llionneuc  de  Dieu  depuis  un  tems  très-ancien  •,  8c  cette  vénération  augmenta  *inxLti. 
encore  tellement  les  cent  années  fuivantes,  qu'on  vint  jufqu  a  cet  excès  que  ^^^^  ^^^' 
d'attribuer  à  Marie  ce  que  l'Ecriture  dit  de  la  Sagefle  divine.  L'exemtion  ■■■——■ 
du  Péché  originel  fiit  une  des  nouveautés  qu'on  inventa  alors  ;  mais  cette 
opinion  ne  rut  adoptée  que  par  quelques  particuliers ,  Se  ne  trouva  ni 
créance  parmi  les  Savans  >  ni  place  dans  les  cérémonies  Eccléfiaftiques. 
*®  Vers  Tan  mcxxxvi  ,  les  Chanoines  de  Lyon  ayant  ofé  en  introduire  la 
Fête  dans  les  Offices  Eccléfiaftiques ,  S.  Bernard  qui  pallbit  pour  le  Théo- 
logien le  plus  habile  &c  le  plus  pieux  de  fon  fiècle  >  &c  qui  d'ailleurs  dans 
les  louanges  qu'il  donnoit  à  la  Vierge  avec  profufion  alloit  jufqu'à  l'appellcc 
le  cou  de  l'Eglife  >  par  le  canal  duquel  paflènt  du  chef  aux  membres  toutes 
les  influences  &  les  grâces,  écrivit  fortement  à  ces  Chanoines  pour  les  re- 
prendre d'avoir  introduit  une  nouveauté  dangereufe ,  fans  raifbn  &  fans 
exemple  dans  l'Antiquité,  Se  pour  leur  dire  qu'il  7  avoir  aflèz  de  verttts 
réelles  à  louer  dans  la  Vierge  ,  à  qui  ne  pouvoir  olaire  une  nouveauté  pré- 
fomptueufe  ,  mère  de  la  témérité ,  fœur  de  la  fuperftirion  ,  &  fille  de  la 
légèreté.  Dans  le  (îècle  fuivant ,  il  y  eut  des  Dodeurs  Scolaftiques  de  l'Or- 
dre de  S.  François  Se  de  S.  Dominique ,  qui  réfutèrent  cette  opinion  dans 
leurs  Ecrits  ;  jufqu'à  ce  que  vers  Tan  mccc  Jean  Scot  Francifcain  ayant  mis 
cette  matière  en  difpute  ,  &  examiné  les  raifons  pour  &  contre  »  s'aviiâ 
pour  appuyer  l'opinion  de  la  Conception  immaculée ,  d  avoir  recours  i  la 
puiflànce  de  Dieu  ,  en  difant  :  Que  Dieu  a  voit  pu  exemter  la  Vierge 
au  Péché  originel  ,  ou  ne  Ty  laifïcr  fujette  que  pour  un  moment  ,  ou 
pour  quelque  tems  :  Que  Dieu  feul  favoit  lequel  des  trois  étoit  véritable  ; 

80.  Vers  Van  xi^é,  les  Chanoines  de  nîers  Ecrits  ne  parle  de  cette  exemtian 

'Lyon  ayant  ofé  en  introduire  la  Fête  dans  Us  dn   péché   pour  la  Vierge  ,  que    connnne 

Offices  EccUfiaftiques ,  &c.  ]  Dans  tout  ce  d'une  chofe  pofCble.  Non  vogUo  diffimu^ 

long  difcours  le  Card.  PaUavicin  ,  qui  taxe  lar  tuttavia   cht  '—  divenuto  allora  più 

notre  Hiftoriend*impiété,  n'y  relevé  d'au-  cauto  in  fidarfi  délie  congruen^e  fopra  cio 

très  faits  que  ce  qu'il  y  dit  de  St  Bernard  ch'erapoflonelmero  arbitrio  di  Dio  ,  nèda 

&  de  Scot.  Mais  fur  l'un  &  TautTe  anicle  lui  revelatoci  apartamente ,  aggiunfe  lapar- 

la  juflificacion  de  Fra-Paoh  eft  aifée.  S.  tîcella  dubitativa  forfe ,  àquello  cht  intor* 

Bernard  en  condamnant  la  Fèce  nous  a  no  alla  perpétua  innocenta  di  Maria  Ver^ 

donné  alTez  clairement  à  entendre  qu  elle  gine    ajjolutamente  haveva   infegnato  —^ 

étoic  établie  fur  un  £iuz  fondement,  puif^  nelU  It's^oni  Qxfordieft,  C'eftainH  que  de 

qu'il  na  rien  dit  pour  juflifier  la  chofe  3  &  Jcfuite  y  après  routes  fcs  déclamations,  Ç^ 

^u*au  contraire  toutes  fes  rai(bns  tendent  trouve  obligé  de  convenir  de  la  vérité  de 

à  infinuer  que  cette  Conception    de   la  ce  qu'avolc  dit  fon  adveifaire.  Qr  de  dire 

Vierge  fans  péché  étoit  la  chofe  du  monde  d'ailleurs  ,   que   Scot  en  répondant  aux 

la  plus  douteufe  ,   &  (a  moins  fondée  ,  objeâions  qu'il fe  fait,remble  établir non- 

pour  ne  pas  dire  abfolumenc  âiafiè.  Et  à  feulement  la  poffibilité ,  mais  la  réalité  de 

l'égard  de  Scot  ,  (ans  entrer  ici  daiis  un  la  Conception  immaculée  ,  c'eft  une  éva- 

plus  grand  détail  ,   il  eft  fi  évident  qi/il  fion  &   un  fubterfuge   ridicule ,   puifqu'il 

n'a  donné  fon  fentiment  que  comme  pro-  ne  réfout  ces  objedlions  ,  que  pour  prou- 

bable ,  que  PaUavicin  lui-même  efl  oblige  ver  fa  proportion  ,  qui  étoit ,  que  cette 

d'avouer  que  ce  Théologien  dans '(es  der-  exemtion  du  péché  n'étoit  pas  irtpoflîbft. 

Rr  1 


3T«       HISTOIRE    DU    CONCILE 

«ivicLTi.  mais  que  néanmoins  il  y  avoit  beaucoup  de  probabilité  au  premier  ^ 
Paul  III.  ^  ïxioins  qu'il  ne  fut  contraire  à  l'autorité  de  l'Ecriture  &  de  TEglife.. 
^  L'Ordre  de  faint  François  fuivit  pour  la  plupart  la  dodrinc  de  ce  1  héo- 

k)gien ,  qui  avoit  été  K)rt  célèbre  en  fon  tems.  Et  à  Tégard  du  point  parti** 
culier  de  la  Conception  ^  les  Francifcains  voyant  la  porte  une  fois  ouverte  > 
foutinrent  comme  abfolument  vrai ,  ce  qu'il  n'avoir  avancé  que  comme 
poHible  &  probable  >  mais  toujours  pourtant  avec  cette  reftriâiion  y  Ji  ctlé^ 
ne  répugne  point  à  la  Foi  Orthodoxe.  Les  Dominicains  au  contraire  com- 
battirent toujours  cette  opinion  fur  Tautorîté  de  S.  Thomas  Doâeur  de  leur 
Ordre ,  célèbre  par  fa  capacité  &  par  l'approbation  de  Jean  XXII  y  qui 
pour  rabaidcr  les  Francifcains ,  lefquels  pour  la  plupart  fuivoienc  le  parti 
de  l'Empereur  Louis  de  Bavière ,  qu'il  avoit  excommunié  >  avoit  relevé  ce- 


grande  répui 

fe  déclara  ouvertement  &  fortement  pour  elle.  Le  Concile  de  Baie  même 
après  de  longues  difcuffions  &  de  grandes  difputes  l'approuva ,  &  détendic 
de  prêcher  Se  d'enfeignec  le  contraire  :  ce  qpi  s'obferva  dans  les  lieux  oili^ 
fon  autorité  fut  reconnue.  Enfin  le  Pape  Sixte  IV  y  de  l'Ordre  de  S.  Fran- 
çois y  publia  deux  Ikilles  fur  ce  point  ;  l'une  en  mcccclxx  vi  y  pour  ap- 
prouver un  nouvel  Office  que  Léonard  de  NogaroUe  y  Protonotaire  dit. 
daint  Siège  >  avoit  compofè  en  l'honneur  de  cette  Fcte  ,  &  pour  accorder 
des  Indulgences  à  cous  ceux  qui  le  réciteroienc  ou  y  aflifteroietK  ;  l'autre 
en  MCCCCLXX XIII ,  pour  condamner  ceux  qui  difoient  que  c'étoir  une  Hé<* 
réfie  de  croire  la  Conception  immaculée  >  ou  un  péché  d'en  célébrer  lat 
Fête ,  &  pour  excommunier  les  Prédicateurs ,  ou  tout  autre  qui  taxeroic 
d'Héréfie  cette  opinion  y  fur  laquelle  TEglifè  Romaine  &  le  Saint  Siège 
n'avoient  point  encore  prononcé.  Cts  Bulles  ne  terminèrent  pas  les  con- 
teftations  cnrre  les  deux  Ordres.  Elles  fe  renouvelloient  au  contraire  i 
chaque  Fête  de  la  Conception ,  &c  elles  s  echaufToient  d  un  tel  point  »  que 
Léon  X  pour  les  faire  ceflèr  fit  écrire  à  différentes  perfbnnes  »  afin  de  fè 
mettre  en  état  de  terminer  par  une  décifion  cette  controverfe.  Mais  le<> 
nouveautés  qui  arrivèrent  en  Allemagne  le  firent  penfer  à  des  chofes  plus 
importantes ,  &  il  en  fut  de  ce  différend  comme  de  ceux  qui  arrivent  dans 
les  Etats  troublés  par  des  fa&ions,  qui  Ibrfqiie  la  ville  eft  afliegée  fe  réu- 
nifient toutes  contre  l'ennemi  commun.  Les  Dominicains  fe  fbndbienr 
pour  la  défenfe  de  leur  opinion  fur  l*Ecriture ,  les  Pères  &  les  anciens 
Scotaftiques  ;  dans  les  Ecrits  defquels  les  autres  ne  trouvoient  pas  un  feul 
mot  en  leur  faveur ,  &  étoienc  obligés  de  recourir  aux  miracles  &  au  coa* 
lentement  des  peuples.  Cefl{ce  qui  faifoit  que  Jean  d^Udine  Dominicaiit 
difoit  aux  Francifcains  :  Ou  S.  Paul  &  les  Pères  ont  cru  comme  vous  que 
la  Vierge  étoit  exemte  du  Péché  originel ,  ou  ils  ne  l'ont  pas  cru.  S'ib  Tout 
cru ,  &  cependant  n'ont  jamais  fait  mention  de  cette  exception ,  que  ne  les: 

îmicez-vous  )  Et  c'iU  pnt  au  le  concraiie  >  votre  fencimeot  eft  dooc  ooc 


DE    TREN  T  E,  Livre    IL  317 

sooveauté*   }Azis  à  cela  Jérôme  Lombardtl  Francifcain  répliquoît  :  Que   mbxltt. 
raacoricé  de  TEglife  préfente  n'étoit  pas  moindre  que  celle  de  l'Eglifc  an-  ^^^^*  Ml. 
ciennc  -,  &  que  (i  le  confenteraent  de  l'Eglife  primitive  avoir  fait  parler  ——■■—• 
fans  exception ,  celui  de  TEglife  préfente ,  qui  fe  voie  par  la  célébration 
générale  de  la  Fête  de  la  Conception  >  dévoie  nous  porter  à  ne  pas  difconti* 
nuer  cette  Fête. 

LXVIII.  Cependant  les  Légats  mandèrent  i  Rome  l'union  admirable     Ordrtdm 
des  Pares  contre  la  dofbrine  des  Luthériens  ,  SE  la  délibération  prife  de  la  ^^p^  Mtx 
condamner.  Ils  envoyèrent  en  mêrae-tcms  copie  des  Anathématifmes  qui  "^^^f Jf  ^ 
avoienr  été  drcflfés  ,  &  donnèrent  auflî  avis  de  la  conteftation  qui  s'étoit  ^^/A^Ti^A 
élevée  au  fujet  de  la  Conception.  La  réponfe  qu  ils  reçurent  de  Rome  fur  fi^e^s  dif" 
ce  dernier  article  fut  un  ordre  de  ne  point  toucher  à  cette  matière ,  c^mférends  tUg 
pouvoir  caufer  un  Schifme  entre  les  Catholiques ,  de  tacher  de  maintenir  ThéohgUnt 
la  paix  entre  les  deux  Partis,  de  chercher  moyen  de  les  fatisfaire  égale- •^^'^^'*^* 
ment,  &  fur-tout  de  conferverle  Bref  de  Sixte  /^dans  toute  fa  vigueur. 
En  conféquence  de  cette  réponfe  les  Légats ,  fbit  par  eux-mêmes  foit  par 
Tentremife  des  Evêques  les  plus  prudens  y  exhortèrent  les  Parties  i  fziïc 
ce  (1er  leurs  difputes ,  pour  pouvoir  agir  de  concert  contre  les  Luthériens. 
Chacun  confentit  donc,  a  garder  le  (ilence ,  pourvu  qu'on  ne  mît  rien  qui 

5)ût  préjudicier  à  fbn  opinion.  '  Mais  comme  les  Francifcains  difoient  que   ^  Rarit» 
c  Canon  feroit  contre  eux ,  (î  Ton  n'y  mettoit  point  d'exception  en  faveur  N®  77. 
de  la  Vierge  i  &c  que  les  Dominicains  rcmontroieiit  au  contraire  ,  que  ce  flcury  ,  U 
feroit  les  condamner  ,  fi  Ton  faifbit  une  telle  exception;  il  fallut  chercher  H«"N**i^34r 
on  tempérament,  qui  fut  de  ne  la  comprendre  ni  de  l'excepter  d'une  manière 
pofitive  -,  ce  que  1  ojî  crut  pouvoir  faire ,  en  difant  qu'on  n'avoit  eu  inten- 
tion ni  de  la  comprendre  ni  de  l'excepter.  Cependant  les  Francifcains ,  qui 
n'étoient  pas  encore  tout-a-fait  fatisraits ,  firent  tant  d'inftances  pour  qu'oiy 
dît  feulement  qu'on  n  avoit  pas  eu  intention  de  la  comprendre  dans  le  Ca- 
non ,  qu'à  la  fin  les  autres  y  confentirent.  Mais  pour  obéir  au  Pape  >  on 
ajouta  qu'on  obferveroit  fur  cela  les  Conftitutions  de  Sixte  IV. 

LXIX.  Pendant  que  tout  ceci  fe  traitoit  à  Trente,  ^  TEmpercur  dans  Vtmfinwr 
la  Diète  qui  fe  tenoit  i  Ratisbonne  témoigna  an  grand  déplaifir  de  ce  que  trsvMiiie 
le  Colloque  s'étoit  rompu  fans  fruit ,  &  demanda  que  chacun  voulût  pro-  '««'^'^«"«rt^ 
pofer  ce  qu'il  croyoît  ae  plus  propre  à  pacifier  l'Allemagne.  Les  Proteftans  j^J^^^ 
demandèrent  que  conformément  au  Recès  de  Spire  on  travaillât  i  appaifer  j^,/^^  /^^ 
les  différends  oe  Religion  dans  un  Concile  National ,.  qui  y  réuflîroir  plus  qmerelles  de 
aifément  qu'un  Concile  Général  -,  parce  que ,  vu  la  grande  différence  d'opi-  ^'//>/>». 
nions  qui  &  trouvoit  entre  l'Allemagne  &  tes  autres  Nations ,  il  étoit  im-    '^  ^^^^^  ^ 
pofiible  que  les  conteflarions  ne  devinflcnt  encore  plus  grandes  dans  un  -lî^^^^i^ 
Concile  Général  •,  &  que  fi  Ion  vouloir  employer  la  force  pour  obliger  Tes  u  N°  7^ 
Allemands  à  changer  de  fêntimens ,  cela  ne  poarroit  arriver  fans  maffacrer  Flcury ,  IL. 
des  milliers  d'hommes ,  au  grand  defavant^e  de  l'Empereur  &  à  là  fàtif-  r4?..N*^<ïr 
£iâion  des  Turcs.  A  cefa  les  Miniftres  de  l'Empereur  répondirent  :  Qu'il 

a'avoit  pas  tenu  à  r£mpci:ear>  quon  n'ex^atac  le  Déaecde  Spire  ;  Qiie 


3ï8.        HISTOIRE   DU  CON  CIL  E 

MPXLTi.  tout  le  monde  favoit ,  que  pour  avoir  avec  le  Roi  de  France  la  paix  qui 
Paul  III.  ctoic  H  nécelTaire  ,  il  avoir  été  forcé  de  condefcendre  aux  volonrés  du  Pape 
'  fur  le  fait  des  affaires  de  Religion  :  Que  le  Décret  de  Spire  avoir  été  fait 

par  rapport  aux  befoins  qui  étoient  alors  *,  mais  que  le  changement  arrivé 
dans  lès  affaires  obligeoit  auflî  de  changer  de  mefures  :  Que  dans  les  Con* 
ciles  Nationaux  on  avoir  quelquefois  travaillé  à  réformer  les  mœurs»  mais 
qu'on  n'y  avoir  jamais  traiié  oc  la  Foi  &  de  la  Religion  :  Que  dans  les  Col- 
loques où  tout  fe  palToit  entre  des  Théologiens  la  plupart  difficiles  de  en- 
têtés ,  on  n'en  viendroit  jamais  à  aucune  réfolurion  modérée  ,  comme  il 
feroit  nécedaire  -,  Que  perfonne  n'étoit  plus  zélé  pour  la  Religion  que  l'Em- 
pereur 5  qui  n'étoit  pas  un  Prince  à  s'écarter  un  pas  de  la  juftice  Se  de  h 
vertu  i  pour  complaire  au  Pape  ;  mais  qu'il  favoit  aufli  que  dans  un  Con- 
cile National  on  n'auroit  jamais  pu  ni  concilier  les  Parties ,  ni  conveoit 
X  Flcury ,  d'un  Juge.  Les  Ambafladeurs  *  cle  Mayence  ôc  de  Trêves  s'étant  féparés 
L.  141.  N°  jçs  autres  Eledeurs ,  de  concert  avec  tous  les  Catholiques ,  approuvèrent  le 
sicid  L       Concile  de  Trente  ,  Se  fupplierent  l'Empereur  de  le  protéger ,  &  d'exhor- 
p.  18  r.        f^r  les  Proteftans  à  s'y  rendre  Se  à  s'y  foumettre.  Mais  ceux-ci  difanc  que 
ce  Concile  n'étoit  ni  libre ,   ni  tel  qu'ils  i'avoient  demandé  >  Se  qu'on  le 
leur  avoit  promis  dans  les  Dictes  de  l'Empire ,  firent  de  nouvelles  inftances 
à  l'Empereur  pour  obtenir  qu'il  voulût  maintenir  la  paix  ,  Se  ordonner 
qu'on  réglât  les  différends  de  Religion  ou  dans  un  Concile  légitime  qui  & 
tmt  en  Allemagne  ^  oii  dans  une  Diêce  de  l'Empire  >  ou  dans  un  Colloque 
de  perfonnes  favantes  de  l'un  Se  l'autre  parti. 
Ileommenee      Cependant  y  les  préparatifs  fecrets  que  l'Empereur  avoit  faits  pour  la 
ÀUijfercûn'  guerre  ne  pouvant  plus  demeurer  cachés  >  vinrent  a  la  connoiffance  des  Pro- 
noitre  U  def"  tcftans  ,  qui  virent  alors  quels  motife  avoient  engagé  ce  Prince  â  faire  là 
AVâlt^Je      E^^^  ^^^^  ^^  France ,  &  uiie  trêve  pour  cette  année  avec  le  Turc.  Le  bruit 
fsire  U      ç  ailleurs  s'étant  répandu  que  le  Pape  Se  Ferdinand  ^moicnt  de  leur  côté, 
guerre  aux  ioxxi  tomba  en  confufion.  L'Empereur  *  voyant  fes  deffeins  découverts  » 
FrotefiMns,  dépêcha  le  9  de  Juin  en  pofte  le  Cardinal  Madruce  à  Rome  pour  demander 
y  là.  Ibid.  ^^  p^p^  j^^  fecours  qu'il  lui  avoir  promis.  Il  fit  faire  en  même-rems  des 
N**  94!^    levées  en  Italie  Se  en  Flandre ,  Se  fit  folliciter  les  Princes  &  les  Officiers 
Ileury ,  L.  Allemands  Proteftans  ,  qui  n'étoient  point  de  la  Ligue  de  Smalcalde  >  de 
i4i.N°i48.  fervir  dans  fes  Troupes  ,  les  aflurant  que  ce  n'étoit  point  pour  caufe  de 
Religion  qu'il  vouloir  faire  U  guerre ,  mais  pour  réprimer  la  révolte  de 
ceux  qui  fous  ce  prétexte  ne  vouloient  ni  obéir  aux  Loix,  ni  refpeâer  la 
Majefté  du  Prince.  Par  cette  promeflè ,  Se  les  affurances  qu'il  donna  de  fa 
procedion  &  de  la  liberté  de  confcience  à  ceux  qui  refteroient  fidèles  ,  il 
contint  dans  la  tranquillité  plufieurs  des  villes  qui  avoient  déjà  reçu  la  Ré« 
formation  ,  &  fait  du  changement  dans  les  cérémonies  de  l'Egliiè. 
F.  Se//!on.      LXX.  Dans  le  Concile,  après  avoir  terminé  routes  les  difputes  furies 
Y^pf^t/'*^  matières  propofées,  &:  avoir  formé  les  Décrets  de  la  Foi  Se  de  la  Réforma^ 
^wS^r"^"»  les  Légats,  à  la  réfolution  defqueU  l'Ambafladeur  de  rEro'^rcar  ' 
les  iefons   né  "put  pIus  rcfiftcr,  fe  déterriiinêrent  a  faire  tenir  la  Seflîon  1<!  17  de  Jui^i 


ce 


&  les  Pré- 
Mtiens 


DE    TREN  TE,^i  VRE    IL  ^i^ 

^ui  étoit  le  jour  fixe  pour  cette  cérémonie.   *  La  Mcfle  y  fut  chantée  par   mdxlvi» 
Alexandre  Piccolomini  *  *  Evêque  de  Pienza ,  &  le  Sermon  prêché  par  Marc  ^^^^  ^^ 
Laurto  Dominicain.  Après  les  cérémonies  ordinaires  on  y  lut  le  Décret  de  ' 
Foi  contenant  cinq  Anathèmes.  ^  Le  premier ,  contre  ceux  qui  ne  con-  ^ 
'^  Ibient  pas  qu'Adam  par  fa  tranfgreflSon  avoir  perdu  la  faintcté  &  la  jufti-  dnlRJgH- 

5  avoit  encouru  la  colère  de  Dieu  &  la  mort ,  étoit  devenu  l'efclave  du  //m. 
Diable ,  &  de  pire  condition  pour  le  corps  &  pour  l'ame  qu'il  n'avoir  été,  «PaUav.  L. 
Lcfecond,  contre  ceux  qui  difoient  quAdam  n'avoir  nui  qu'à  lui  feuliZ'  ^'  '^' 
ou  n'avoir  rranfmis  à  fa  poftériré  que  la  morr  du  corps ,  &  non  le  péché  qui  n^^to. 
cft  la.  mort  de  l'ame.  Le  troifième ,  contre  ceux  qui  enfeignoient  que  le  Spond! 
péché  y  qui  quoiqu  unique  dans  fon  origine  eft  devenu  propre  à  chacun  j  N''  6. 
iC'Cft  rranfmis  par  génération  &  non  par  imitation ,  pouvoir  être  effacé  pac  ^^"n^^>  L; 
Bn  autre  remède  que  par  lemçritc  de  Jefus-Chrift  ',  ou  qui  nioient  que  Je  ^J^p    '^^* 
mérire  de  Jcfus-Chrift  fur  appliqué  tant  aux  enfans  qu'aux  adultes  par  le  Trid.Scff.f . 
Sacremenr  de  baptême ,  adminiftré  félon  la  forme  &  les  cérémonies  de  l'E^ 
glife.  Le  quatrième ,  contre  ceux  qui  nioient  que  les  enfans  dont  les  pères 
lonr  Chrériens  »  eulTenr  befbin  d'être  baptifés  ;  ou  qui  difoient  qu'ils  étoienc 
baptifés  à  la  vérité  pour  la  remiflion  des  péchés ,  mais  cependant  fans  avoir 
conrraâé  d'Adam  aucun  péché  originel.   Le  cinquième  enfin  ,  contre  ceux 
qui  nioienr  que  la  coulpe  du  Péché  originel  fur  remife  par  la  grâce  tlu  bap« 
terne  ;  ou  qui  difoient  que  par  elle  tout  ce  qui  e{l  proprement  péché  n'étoii 
pi^  ôté ,  mais  Amplement  rayé  &c  non  impure.  Après  quoi  le  Concile  en- 
feignoit ,   que  la  Concupifcence  refte  dans  les  baptifés ,  mais  feulement 
pour  leur  fervir  d'exercice  ,  &  qu'elle  ne  peut  nuire  à  quiconque  n'y  con- 
fenr  pas  :  &  il  déclaroir ,  que  quoique  l'Apôtre  lui  donne  le  nom  de  péché , 
elle  n'eft  poinr  pourtanr  un  véritable  &  propre  péché ,  mais  qu'elle  n'eft 
ippcllée  ainfi ,  que  parce  qu'elle  eft  née  du  péché ,  &  qu*elle  porte  au 
jpéché.    Après  quoi  le  Concile  ajoutoit ,  qu'il  n'avoit  point  intention  de 
comprendre  la  Sainte  Vierge  dans  ce  Décret ,  mais  qu*on  devoit  s'en  tenir 
iur  cela  aux  Conftitutions  de  Sixte  IV y  qu'il  renouvelloit  entant  que 
de  befoin. 

L  E  Décret  de  Réformation  contenoit  deux  parties ,  dont  l'une  regardoic 
les  Leçons  ,  &  l'autre  les  Prédications* 

'    A  l'égard  des  Leçons ,  il  éroir  ordonné  :  ^*  Que  dans  les  Eglifes  où  il  y 
avoit  un  fonds  deftiné  pour  enfeigner  la  Théologie ,  l'Evcquc  devoit  avoir 


8i.  Alexandre  Pîcolomïnî  Evique  de 
Pienza,  ]  L'Edition  de  Londres  marque  Evê- 
que de  Plaifance  i  mais  c  e(l  une  méprife  , 
éc  qui  vraifemblablement  vient  du  Co- 
fiifle,  paifque  dans  rBdicion  de  Genève  on 
lie  Pienza ,  Se  qu'il  y  avoit  alors  un  autre 
£vcque  de  Plai(àuce. 

81.  Que  dans  Us  Eglifes  où  il  y  avoit  un 
fonds  defiiné  pour  enjeigner  la  Théologie  , 


&c.  ]  Comme  cette  fonélion  apparcenoîc 
proprement  aux  Evêques ,  c'eft  auffi  à  eux 
qu  on  laifToit  la  nomination  de  celui  qu'ils 
dévoient  fubfticuer  ,  lorfqu'ils  ne  pou- 
voient  exercer  cette  fondion  par  eux-mê- 
mes. En  quoi  le  Concile  de  Trente  a  fuivi 
exa<^ment  la  dirpofuion  des  anciennes 
Régies  EcclcfiaAiques. 


510       HISTOIRE    DU    CONCILE 

KoxLVt.  foin  que  ceux  qui  pofTedoient  ce  revenu  âflent  des  Leçons  par  eux-mêmes  fng 
Paui  III.  l'Ecriture  Sainte ,  s'ils  en  ctoient  capables  5 ou  s'ils  ne  Tétoicnt  pas,  qu^ellet 
'— ■— "^  fuflent  faites  par  quelqu'un  que  TEvêque  même  nommeroic  pour  cet  cfet  9 
&  qu'il  prenclroit  garde  i  la  venir  que  cet  emploi  ne  fut  donné  qu'à  gens 
qui  pufTent  l'exercer  par  eux-mêmes  :  ^  )  Que  dans  les  Cathédrales  des  graii« 
des  villes  »  &  même  dans  les  Collégiales  qui  étoient  dans  quelque  eiuicoic 
conlidérable  où  il  n'y  avoir  point  de  revenu  affeâé  pour  cette  fondion  y  on 
prendroit  la  première  Prébende  vacante  ou  quelque  Bénéfice  fimple ,  oa 
que  l'on  feroit  contribuer  tous  les  Bénéficiers  pour  fair^  cet  établiflement  t 
^4  Que  dans  les  Eglifes  paunes  il  y  auroit  au  moins  un  Maître  pour  eniêù- 
ener  la  Grammaire  »  auquel  on  afligneroit  le  revenu  de  quelque  Bénéfice 
umple ,  ou  quelques  appointemens  fur  le  revenu  de  la  Menfe  Capiculaût 
ou  Epifcopale ,  ou  que  l'Evèque  trouveroit  quelque  autre  moyen  d'y  pour- 
voir :  'T  Que  dans  les  Monaftêres  de  Moines,  ou  on  lepourroitj  on  lèroit 
des  Leçons  fur  l'Ecrimre  Sainte  *,  Se  que  fi  les  Abbés  manquoienc  à  ce  de« 
voir  par  négligence ,  l'Evêque  comme  délégué  du  Saint  Siège  les  y  oblige 
roit  :  Que  dans  les  Couvens  des  autres  Réguliers  on  nommeroit  des  Maîtres 
pour  le  même  effet  :  Que  dans  les  Acaoemies  publiques  où  il  n  y  avait 
point  de  pareilles  Leçons  fur  l'Ecriture  Sainte ,  on  attendoit  de  la  piété 
êc  de  la  charité  des  Princes  &  des  Républiques  qu'ils  en  établiroient  î  tc 
que  par  toi^t  où  il  y  en  avoit  ei^  de  négligées  »  ils  kferoient  rétablir  :  Qo^â 

Texceptioa 


t).  Que  dans  Us  Cathédrales  des  part'* 
des  villes  ,  &c.  ]  Ceft  une  extenfîon  du 
Règlement  du  Concile  de  Larxan  fous  In^ 
nocent  111  y  qui  navoic  établi  les  Prébendes 
Théologales  que  dans  les  Eglifes  Méciopo- 
licaines.    Le  Concile  de  Bâle  avoit  enfuite 
ordonné  le  même  érabliflfement  dans  les 
Eglifes  Cathédrales  ,    &  celui  de  Trente 
retendit  mftme  aux  grandes  Collégiales  \ 
ce  qui  n*a  popxcant  pas  eu  de  lieu  en  France  « 
od  1  on  n  a  établi  de  Théologaux ,  dont  la 
nomination  appartient  à  TOrdinaire ,  que 
dans  les  Eglifes  Métropolitaines  &  Cathé- 
drales. Le  Card.  Pachéco  demanda ,  que 
dans  l'endroit  où  il  étoit  dit  qu  on  afTîgne- 
loit  pour  cez  établiflement  la  première  Pré- 
bende vacante  autrement  que  par  rcfigna- 
tion  on  ajoutât ,  6»  par  Regrhs.   Mais  le 
Card.  de  Ste  Croix  sy  oppo'a  en  difânt, 
que  les  Lc^ts  avoient  affedé  de  ne  point 
parler  de  Regrès  ,  parce  que  lé  Concile 
lie  les   approuvoit  pas   &  quon  pourroit 
bien  les  fupprimer  tout-à-faiti  ce  qui  arriva 
cfTçâivemeut  dans  la  fuite. 


94.  Que  dans  les  Eglifes  pauvres  il  y 
auroit  au  moins  un  Maure  pour  enfeigaerld 
Gtammaire ,  &c.  ]  L'origine  de  cette  fenc* 
tion  eft  ancienne  dans  nos  Loix ,  9c  Vçm 
en  voit  des  refte^  dans  les  Dignités  d'EcxH- 
lâtre  ou  de  Scholaflique ,  qui  (obfiftent  ei^ 
core  dans  plufienn  Eglifes.  Mais  comint 
par  rétabliffement  à^%  Univeifités  &  des 
Ecoles  on  a  pourvu  preique  par -root  à 
rinftru^ion  de  la  Jeuneflê ,  on  n'a  pas  et 
befbin  en  beaucoup  d'endroits  de  aiettrt 
en  exécution  ce  Décret  du  Concile  ,  qoî 
d'ailleurs  étoit  fort  fage. 

S  f .  Que  dans  les  Monaftêres  de  Moines  2 
.  ok  on  ne  pourroit ,  on  feroit  des  Leçorufur 
l'Ecriture  Sainte,  &c.  ]  Cela  n'a  pu  s'exé- 
cuter univerfellement ,  mais  pour  j  fûp«» 
pléer ,  tous  les  grands  Monadères  ont  établi 
chez  eux  des  Leçons  de  Théologie.  Et  à 
l'égard  des  moindres  ^  on  a  pourra  à  ce  que 
les  jeunes  Religieux  fe  fiffent  inftroire  ctf 
dans  les  grands  Monaflères  ,  on  dans  les 
Uiûveriin^. 

t^  Qiff 


DE    TRENTE,  Livre    II.  ^tj 

rexccption  de  ceux  ^ui  faifoienc  des  Leçons  dans  les  Cloicres  de  Moines  ^   mdxl.-vi. 
-îcrfonnc  ne  pourroïc  en  faire  foit  en  public  foit  en  particulier  ,  qui  n'eiu  ^^^^  ^^* 
;tc  approuve  de  l'Evcque  pour  fes  bonnes  mœurs  Se  fa  fcience:  ^^  Que  - 
l'oti  confer vérole  à  ceux  qui  feroienc  ces  Leçons  publiques  de  TEcriture 
Se  aux  écoliers  qui  les  recevroienc ,  les  privilèges  qui  leur  écoient  accordés 

far  les  Loix  ;  &  que  quoiqu  abfens ,  ils  pourroienc  jouir  des  fruirs  de  leurs 
énéfices. 
Quant  aux  Prédications ,  le  Décret  ordonnoit  :  Que  les  Evèques  5c 
ics  Prélats  qui  n'avoient  point  d  empèchemens  feroient  obligés  de  prêcher 
eux-mêmes  TEvangile^  &  qu'en  cas  ,d*empcchement  ils  fubftitueroient  des 
perfonnes  qui  en  fuflènt  capables  :  Que  les  Curés  ,  au  moins  tous  les  Di^ 
manches  Se  les  Fcces  folemnelles  >  feroient  obligés  d'enfeigner  les  chofes 
ziécedàires  au  falut  ou  par  eux-mêmes  ou  par  d'autres ,  Se  que  uonçbftanc 
toute  exemtion  ils  y  feroient  contraints  par  TEvcqvie  :  '^  Que  les  Curés  des 
Paroiflès  fi\jettes  à  des  Monaftcres ,  qui  ne  font  d'aucun  Dipccfc ,  ;  y  fe- 
roient contraints  par  les  Métropolitains  comme  délégués  du  Pape ,  H  le 
Prélat  Régulier  negligeoit  de  les  y  contraindre  :  *^  Que  les  Réguliers  ne 

{>rêcheroient  point ,  même  dans  les  Eglifes  de  leur  Ordre  »  jfans  avoir  de 
eurs  Supérieurs  une .  atteftation  de  vie ,  de  mœurs  Se  de  capacité ,  Se 
fans  avoir  auparavant  demandé  en  pecfonne  la  bénédidtion  de  TEvêque  ; 
£e  que  dans  les  autres  Ëglifes  ils  ne  prêcheroient  point  fans  la  licence  de 
TEveque ,  qui  leur  feroit  donnée  gratuitement  :  Qu'en  cas  que  quelque 
Prédicateur  femât  des  erreurs  ou  donnât  du  fcandale ,  l'Evcque  lui  inter- 
4iroit  la  prédication  ;  fie  que  s'il  prêchoit  des  Héréfies  ,  TEvèque  procc- 
deroit  contre  lui  félon  la  difoofition  des  Loix  ou  la  coutume  des  lieux  ;  ou* 
en  cas  qu'il  fut  exemt ,  l'Evcque  ne  laifferoit  pas  de  procéder  comme  dé- 
légué du  S.  Siège  *,  mais  qu'il  devoir  prendre  garde  qu'on  ne  moleftât  point 

Sé.  Que  Von  conftrvtroït  i  ceux  qui  point  de  lieu  en  France  oà  ces  Curés  Ton' 

feroUnt  ces  Leçons  publiques  de  r  Ecriture  &  ûijecs   comme  les  autres  i  la  Jarisdidion 

aux  Ecolier f  qui  les  recevroient ,  lesprivl-  de    leur   Evèqae  ,  &  non   du  Mécropo- 

lèges  ,  &c.  ]  Ce  Règlement  n  a  lieu  en  France  litai n. 

qu'à  regard  de  la  perception  du  gros  des  %%.  Que  les  /Réguliers  ne  pr4cheroient 
Bénéfices  ,  &  non  <ies  diftribucions  quoti-  point ,  mime  dans  Us  Eglifes  de  leur  Ordre , 
diennes  ,  excepté  dans  les  endroits  où  la  &c.  ]  Dans  le  châp.  7.  de  la  Seflion  14. 
Prébende  ne  confifte  quen  ces  (brtes  de  on  ordonna  de  plus  qu ils  ne  pourroienc 
diftribucions.  Car  alon  les  Chanoines  ont  le  prtcher  même  dans  les  Eglifes  de  leur  Ordre, 
droit  d'en  percevoir  les  deux  tiers ,  félon  contre  la  volonté  de  TEvêque.  Mais  on  a 
le  Règlement  de  la  Congrégation  des  Car-  été  encore  plus  loin  en  France ,  où  les 
dinaux  Iriccr prêtes  du  Concile.  Ce  Régie-  Réguliers  ne  peuvent  prêcher  dans  leurs 
ment  d'ailleurs  na  de  force  à  Tégard  àts  propres  Eglifes  ,  ûins  avoir  été  préalable- 
Ecoliers  ,  c]ue  pour  ceux  qui  étudient  dans  ment  approuvés  par  les  Evèques  des  lieux , 
les  Univeriîtcs ,  &  pour  un  certain  nombre  comme  Tavoient  demandé  beaucoup  de 
d'années.  Prélats  dans  la  Sçlllon.  Voy.  les  Notes  fur 

87.  Que  les  Curés  des  Paroijfesfujettes  à  le  Concile  de  Trente ,  p«  16 
'àfs  Monaflères  ,  &c.  Ce   Règlement  n'a 

T o  M  E  I.  se 


31Ï.         HISTOIRE    DU    CONCILE 

u^xvti,  les  Prédicateurs  par  de  fauflês  imputations  &  des  calomnies ,  afin  qu'ils 

Paul  III.  n'cuflcnt  point  occafion  de  fe  plaindre  de  lui  :  *^  Qu'il  ne  ieroit  permis  ni 

'  aux  Réguliers  qui  vivoient  hors  de  leurs  Cloîtres,  ni  aux  Prêtres  Séculiers 

inconnus,  de  prêcher  fous  prétexte  de  privilèges ,  qu'on  n'en  eûtanpara* 

vant  rendu  compte  au  Pape  :  Que  les  Quêteurs  ne  pourroient  ni  prêcher 

«         eux-mêmes  ni  faire  prêcher ,  nonobftant  quelque  privilège  que  ce  put  être; 

&  que  s'ils  contrevenoient  à  cette  défenfe ,  ils  feroient  contraints  par  TE-* 

vêque  à  y  obéir.  On  termina  ce  Décret  par  Tafllignation  de  la  Semon  foi- 

vante  au  19  de  Juillet. 

LXXI .  ^«>  A  p  R  e's  la  leâiure  de  ces  Décrets  faite  par  l'Evêque  célébrant ,' 
^f^^''**>«  le  Secrétaire  du  Concile  lut  les  Lettres  du  Roi  de  France.  «  ^*  Pierre 
ce* MU  Cofp-^^^^  ^^  ^^^  Ambafladeurs  au  Concile  fit  enfiiite  un  long  &  éloquent  dif- 
dit  é"  ^h  ^urs ,  où  il  dit  en  fubftance  :  Que  depuis  Clovis  premier  Roi  Très-Chré« 
€owrs  dt  fes  tien ,  la  France  avoir  toujours  conferve  la  Religion  Chrétienne  dans  fapu« 
AmhMjfM-  reté  :  Que  le  Pape  S.  Grégoire  le  Grand ,  en  témoignage  de  l'intégrité  de  ù, 
Sl^'d.  L  ^^ligio^  >  ^^^^  donné  à  Childebert  le  titre  de  Catholique  :  Que  les  Rois 
17.  p.  i8i.  ^^  France  n'avoient  jamais  permis  dans  aucun  endroit  de  leur  Royaume  > 
Rayn.  N^  d'autre  Seâe  &  d'autre  Religion  que  la  Catholique  ;  &  qu'ils  avoient  pro« 
1 10.  u  curé  la  converfion  des  Idolâtres  &  des  Hérétiques ,  &  les  avoient  obligés 
^^SS-  par  leurs  armes  à  faire  profefiion  de  la  véritable  Religion  :  Que  Clùldebert 

^o^  avoir  forcé  les  Vifigoths ,  qui étoient  Ariens ,  à  fe  réunir  à  l'Eglife  Catho- 
Fallav.LS.  Hque  ;  &  que  Charlemagne  par  une  guerre  de  trente  ans  avoit  contraint  les 
c.  3.  Saxons  à  embrader  la  Religion  Chrétienne.  Danisçsiffs,  enfuite  aux  bien- 

Labbe  CôI-  fai^j  que  l'Eglife  Romaine  avoit  reçus  des  François.  Il  raconta  ce  que 

99.  Qu'il  ne  feroît  permis  ni  aux  Ré^  SleUan^  fuÎTi  aoffi  par  M.  Dupin  i  pnU^ 

piliers  qui  vivent  hors  de  leur  Cloître  ,  que  les  Ambaflâdeuis  narrivcrent  que  le 

&c.]  Cette  reddition  de  compte  au  Pape  lé.  de  Juin,  9  jours  après  la  SefTion;  èc 

n'a  aucun  lieu  dans  les  endroits  ou  les  qu'ils  ne  furent  reçus  que  dans  la  Congre* 

Réguliers  ne  peuvent  prêcher  fans  laper-  gation  du  S.  de  Juillet  fuivant ,  comme  Le 

miftîon  derOrdinaire,  comme  en  France,  marque  Pallavicin  L.  7.  c.   15.  &  L.  fr 

'     90.  j4près  la  leBure  de  ces  Décrets ,  &c.  ]  c.  3  •  Raynaldus  marque  cette  réception  au 

Celui  de  la  Réformatîon  ne  palTa  pas  fans  3 .  de  Juillet ,  mais  c'eft  fans  doute  une  m6-. 

différentes   modifications    quy    voulurent  pri(è. 

mettre  quelques  Evtques,  mais  qui  faute       ^x.  Pierre  D  ânes  un  de  fes  Amhajfadeurii 

d'hre  foutenues  par  un  aflez  grand  nombre ,  &c.  ]  Nous  avons  traduit  ainfi,  parce  que 

furent  rejettées  ,  ou  plutôt  à  peine  écou-  réellement^ quoique /r^-Z^ifo^  ne  nomme 

tées.  Les  Prélats  qui  proposèrent  ces  (brtes  que  Danls ,  il  y  avoit  deux  atitres  Ambaf^ 

de    modifications   furent    principalement  fadeurs,  favoir  Claude d*l/rfe Goviverneux 

TArchevêque de  Sajfariy  &les  Evèquesde  de  Forez,  &  Jaques  de  Ligneris Viifident 

Fiéfoli ,  de  Belluno  ,  6,'Aquino ,  de  Ca--  au  Parlement  de  Paris.  Pierre  Danès  de- 

lahorra,  8C  quelques  autres ,  comme  on  le  puis  Ev^ue  de  Lavaur ,  n'étoit  même  que 

peut  voir  dans  Pallavicin  y  L.  7.  c.  i).  le  troifîéme  ,  comme  on  le  voit  par  leoc 

$j.  Le  Secrétaire  du  Concile  lut  leslet*  Mandement  rapporté  par  les  Mémoires  de 

très  du  Roi  de  France  ,  &c  ]  Ce  ne  fut  Dupuy  ,  p.  10.  Apparemment  que  /T^r- 

pointdans  cette  SefEon  que  furent  lues  ces  Paolo  ne  parle  que  de  Danès  ^  parce  i^ue 

lettres ,  comme  le  dit  ici  Fra-Paolo  après  ce  fut  loi  qui  porta  la  parole. 


DE    TRENTE,LivRE   IL  J15 

iPtpîn  8c  CharUmagnc  avoienc  fait  contre  les  Lombards ,  ^J  &  comment  MoxtTi* 
jidrUnly  dans  un  Synode  d*Evêqucs  a  voit  donné  à  ce  dernier  Prince  le  ^^"^^^ 
«koit  de  créer  le  Pape,  de  confirmer  les  Evèques  dans  fes  Etats ,  &  de  leur  -•■■■■■" 
ilonner  TinveAiture  après  en  avoir  reçu  le  ferment  de  fidélité.  Il  dit  enfuite  : 
Que  quoique  Louis  le  Débonnaire  fon  fils  eût  renoncé  au  droit  de  créer  le 
Pape ,  il  avoir  ftipulé  que  les  Papes  lui  en voyeroient  des  Légats  pour  entre- 
tenir Tamitié  ,  qui  s  ecoit  toujours  cultivée  par  de  bons  offices  réciproques  : 
Que  c'étoit  par  un  effet  de  cette  confiance ,  que  les  Papes  ou  chaifés  de  leurs 
Sièges  ,  ou  dans  la  crainte  de  quelque  fédition ,  s  etoienc  toujours  retirés 
en  France ,  comme  dans  un  afyle  où  ils  pouvoient  être  en  fureté  dans  les 
tems orageux:  Qu'on  ne  pouvoir  compter  combien  les  François  avoienc 
couru  de  danger  >  &  combien  de  richefles  &  de  fang  ils  avoient  prodigué 

{>our  étendre  les  limites  de  TEmpire  Chrétien ,  ou  pour  recouvrer  ce  que 
es  Barbares  avoient  occupé  ,  ou  pour  rétablir  les  Papes  ôc  les  délivrer  des 
périls  où  ils  étoient  expofés.  Il  ajouta  que  François ,  héritier  de  la  piété  de 
les  ancêtres ,  dès  le  commencement  de  fbn  règne  s  etoit  rendu  à  Bologne 
Ê,\iDtcs  de  Léon  JtT après  la  viâoire  de  Marignan ,  pour  former  avec  lui  une 
Alliance  ,  &  qu'il  avoit  confervé  la  même  bonne  intelligence  ayec  Adrien^ 
Clément ,  &  Paul  lui-même  :  Que  dans  la  confufion  où  fe  trouvoit  la  Re- 
ligion en  différens  pais  depuis  vingt-fix  ans  «  il  avoit  pris  beaucoup  de  foiit 
pour  empêcher  qu'on  ne  fit  aucune  innovation  dans  les  chofes  de  Religion» 
ôc  avoir  tout  rélervé  au  jugement  public  de  l'Eglife  :  ^-^  Que  quoique  d'un 
naturel  clément ,  paifible ,  &  éloigné  de  verfer  le  fang ,  il  avoit  ufé  de  fé- 
vérité  &  publié  des  Edits  très-rigoureux  contre  les  Novateurs  :  Que  par 
iès  foins  &  la  vigilance  de  fes  Magiftrats ,  au  milieu  des  tempêtes  qui 
avoient  fubverti  plufieurs  Villes  &  des  Nations  entières  ,  il  avoit  confervé 
&  fournis  à  l'Eglife  un  fi  floriffant  Royaume,  où  fe  trouvoient  encore  la 
doârine ,  les  ufage$ ,  les  cérémonies  5c  les  obfervances  anciennes ,  &  où 
le  Concile  pouvoir  ordonner  ce  qu'il  jugeroit  de  vrai  Se  d'utile  à  la  Répu- 
blique Chrétienne  :  Que  le  Roi  connoifibit  fi  bien  combien  il  étoir  utile 
à  la  Chrétienté  d'avoir  pour  Chef  l'Evêque  de  Rome ,  que  ^^  quoique  rente 


$1»  Et  comment  Adrien  dans  un  Sy- 
node d'Evêques  avoit  donné  à  ce  dernier 
Prince  le  droit  de  crier  le  Pape ,  de  con- 
firmer Us  Evêques  de  fes  Etats  ,  &c.  )  Ni 
l'un  ni  l'autre  n*eft  vrai.  Il  transféra  (eule- 
ment  aux  Rois  de  France  le  droit  de  confir- 
mer Teledion  des  Papes  ,  qu  avoient  au- 
paravant les  Empereurs  Grecs ,  dont  Tlralie 
ne  reconnoilToit  plus  1  autorité.  EtàTégard 
des  Evèques  du  Royaume  ,  les  Rois  de 
France  avoient  toujours  été  en  polTeflion  de 
confirmer  leurs  élcdions  ,  comme  on  le 
voit  par  les  Formules  de  Marculfe  anté- 
lieures  à  Adrien  /•  &  par  les  preuves  qui 


s'en  trouvent  dans  les  libenés  de  TEglifê 
Gallicane. 

94.  Que  quoique  d'un  naturel  clément 
•—  il  avoit  uje  de  févérité  ,  &  puhlU 
des  Edits  très-rigoureux  contre  les  Nova" 
teurs  j  &c.  )  Plus  par  politique  que  par  au* 
cun  motif  de  Religion  ,  puifque  dans  le 
tems  même  qu'il  perfécutoit  les  Protefbmt 
en  France  ,  il  les  foutenoit  en  Allemagne  » 
Se  fe  liguoit  avec  eux  contre  l'Empereur* 

91*.  Quoique  tenté  £•  invité  a  des  con^ 
ditions  très-avantageufes  de fuivreT exemple 
dun  autre  Prince^  il  n  avoit  pas  voulu 
changer  de  fentimens  ^  ^c.)  C'étokl'ezem* 

Sf  X 


314       HISTOIRE- DU    CONCILE 

tiDXLvi.  ic  invité  à  des  conditions  très-avantageafes de  fuivrelexemple  d*un  antre 
PaulIXL  Prince,  il  n*avoit  pas  voulu  changer  de  fentimens»  &  avoir  mieux  aimé 
-  perdre  Tamitié  de  fcs  voitins  &  facrîfier  fcs^  intérêts  :  Qa  auflî-tor  aprè» 
avoir  appris  la  convocation  du  Concile ,  il  y  avoir  envoyé  quelques-un» 
de  Tes  Evêques  *,  &  que  voyanr  qu'on  avoir  commencé  rour  de  bon  à  aeir  , 
&  que  ^ar  les  différentes  Seffions  qu'on  avoir  renues ,  le  Concile  s'eroit 
acquis  plus  d'autorité ,  il  avoir  voulu  y  envoyer  fcs  Amballadeurs  pour 
aflifter  les  Pères ,  &c  les  ibllicirer  d'érablir  une  bonne  fois  &  de  propofec 
la  dodbrine  que  rous  les  Chrétiens  doivenr  profefler  par^rouc ,  Se  de  réra« 
blir  la  Difcipline  conformément  aux  SS.  Canons  :  Qu'il  promettoir  de  faire 
obferver  le  Concile  dans  rous  fes  Erars ,  de  de  prendre  la  défenie  de  f» 
Décrets.  Danis  finit  en  ajoutanr  que  les  Rois  de  France  ayant  fi  bien 
mériré  de  TEglife ,  il  demandoir  que  fon  Maîrre  fur  mainrenu  dans  tous 
les  privilèges  qui  avoienr  éré  accordés*  à  fés  prédéceflfèurs  par  les  anciens 
Pères  &  les  Papes ,  &  donr  Louis  le  Débonnaire  &  fes  fuccefleurs  avoienc 
joui  \  &c  que  routes  les  Eglifes  de  France  donr  il  éroir  le  Tureur  fuilènt  con« 
firmées  dans  la  poflèflion  de  leurs  droirs ,  privilèges  &  immunités  r  Que  6 
le  Concile  en  agilfoit  ainfî,  rous  les  François  lui  en  fèroienr  obligés ,  6c 
qu'il  ne  fe  repentiroir  poinr  de  leur  avoir  fait  ce  plaiftr. 

>^  Hercule  ScvéroU  Promoteur  du  Concile  répondit  en  peu  de  paroles  aiff 

Qom  du  Synode ,  qu'il  remercioit  le  Roi  *,  que  la  préfence  de  fes  Ambaflâ^ 

deurs  lui  étoit  très- agréable  ;  qu'il  prometroit  de  donner  rous  fes  foins  à  éra^ 

blir  la  Foi  Se  d  réformer  les  monirs  \  &  qu'il  éroir  difpofé  à  favorifer  en  rout 

ce  qu'il  poiirroit  le  Royaume  Se  l'Eglife  de  France. 

Jugement       LORSQUE  les  Décrers  de  la  dernière  SefHon  eurent  été  imprimés  & 

du  Public   furenr  parvenus  en  Allemagne ,  ils  y  foumirenr  matière  à  bien  des  dif- 

fur  ^^ij^i'  cours.   On  y  dir  :  Que  c'étoir  bien  envain  que  le  Concile  s'éroit  amufé 

^anciU       ^  traiter  de  l'impiété  Pclagienne ,  condamnée  depuis  plus  de  mille  ans 

par  tant  de  Conciles ,  Se  par  le  confentemenr  univerfel  de  l'Eglife  :  Qu'en* 

corc  il  n'y  auroit  rien  à  redire ,  fi  en  confirmanr  l'ancienne  doârme,  les  Pères 

du  Concile  n'avoient  fait  qu'en  propofcr  une  qui  y  fût  conforme,  telle  que 

cette  propofition  univerfelle  &  vérirable,  que  le  péché  d* Adam  étoit  paffc 

dans  toute  fa  poJUrité  ;  >7  mais  qu'ils  avoient  rcnvcrfc  cette  vérité  par 

tée,  )  Slls  ne  Ta  voient  p«  renverfife  ,  on 
peut  dire  tfu  moins  qu'ils  lavoient  rendu 
douteu(e.  Car  ^  fans  la  garantie  de  TEcri- 
nire  ou  de  la  Tradition  ils  croyoient  pou* 
voir  mettre  ane  exception  à  la  régie  géné- 
rale en  faveuf  de  La  Vierge  j  qui  poir- 
voit  empêcher  quon  n'y  en  mît  encore 
d'autres,  lori(qu*ii  prendroit  envie  à  quel- 
qu'un d'imaginer  des  raifons  de  convenan- 
ce pour  accorder  à  d'autres  ce  privilège  , 
que  l'Ecriture  n'avoit  attribué  qu'à  Jefus- 
Cîulft?  Cefice  que  reinsrq«e  cxès-jadir 


fie  de  Henri  VIII.  Roi  d'Angleterre,  dont 
il  avoit  peu  après  négligé  l'alliance ,  parce 
qu'il  croyoit  tirer  plus  de  profit  de  celle  de 
r&npereur. 

96,  Hercule  S évérole  Promoteur  du  Con* 
aie  répondit ,  &c.  )  Ce  ne  fut  point  lai  qui 
fit  cette  réponfe ,  comme  le  difent  Fra- 
Paolo  Se  M.  Dupin  ;'maîs  le  Cardinal  del 
Monte  lui-même,  comme  le  marquent  les 
Ades  cités  par  Pallavicin  &  Raynaldus» 

97.  Mais  qu'ils  avoient  renverfî cette  vé- 
rité par  l'^exception  qu'ils  y  avoient  ajow 


DE   TRENTE,  Livre   II.  jzy 

^exception  qu'ils  /avoienc  ajoutée  :  Qu'en  vain  ils  diroicntque  rexception  mdxlti. 
ii'écoic  oas  affirmative  ^  mais  douteufe  5  parce  que  comme  une  exception  ^^^^  ^^^" 
particulière  rend  fauflè  la  proportion  contradiftoire  univerfcUe,  aum  une 
exception  particulière  douteufe  y  rend  la  propofitionr  tmiverfeUe  incertaine  : 
Que  tout  le  monde  voyoic  que  fi  on  admettoir  cette  exception  »  même 
comme  douteufe ,  chacun  pourrok  conchire  3  Donc  il  n^eft  pas  certain  qtte 
te  péché  d'Adam   ibit  raQé  dan^  toute  fa  poftérité ,   puilqu'H  n'eft  pas 
certain  qu'il  foit  pafle  dan9  la  Vierges  d'autant]  plus  que  la  raiforr  fur  lai- 
quelle  on  fondoit  cette  exception ,  pourroit  faire  croire  qu'on  en  devoit 
admettre  plusieurs  autres  :  Que  c'étoit  ainfi  qu'avoit  raifonné  S.  Bernard  y 
en  difant  que  la  même  raifon  qui  portoit  les  Chanoines  de  Lyon  à  éta- 
blir une  Fcte  en  l'honneur  de  la  Conception  de  la  Vierge  ,  devoit  auffi  les 
engager  à  inftitucr  autant  de  Fètcs  pour  honorer  la  Conception  de  fbn  pè- 
re &  de  fa  mère ,  de  fes  ayeux ,  de  fes  bifayeux  &  de  tons  fes  afncêtres  juf* 
3u'à  l'infini  ;  comme  dit  ce  Père  r  Que  cependant  on  n'auroît  pas  beloin 
'aller  ainfi  à  l'infini  -,  parce  que  fi  on  remontoit  jufqu'à  Abraham  >  on 
trouveroit  qu'il  y  aur<Mt  beaucoup  de  raifon  à  rcxemter  feul  du  péché  ori- 
ginel :  Que  c'étoit  à  lui  en  effet  qu'avoit  été  promis  le  Rédempteur  •,  c'é- 
toit de  lui  que  Jefus-Chrift  étoit  appelle  la  Stmtnct  \  c'étoit  lui  qui  étoir 
nommé  le|Pir«  dt  Jefus-Chrifiic  de  tous  Us  Croyans  ,  *^  &  qui  étoit  l'cxem-  i/Rom^ 
plaire  des  Fidèles  ;  toutes  dignités  bien  plus  grandes  que  celle  d'avoir  por-  IV.  1 1. 
té  Jefus-Chrift  dans  fon  fein ,  félon  cette  réponfc  de  Jefus-Chrift  même , 
que  la  Vierge  ^  avoir  été  bien  jHus  heureufe  d avoir  Jcouté  la  parole  dé  '^"^^-^^ 
Dieu  j  que  de  l'avoir  enfanté  &  alaité  :  Qu'enfin  quiconque  malgré  ces 
prérogatives  n'exemteroit  pas  Abraham  de  la  condition  commune ,  6c  s'en 
tiendroit  à  cette  raifon  des  Anciens,  que  Jefus-Chrift  eft  fans  péché  par- 
ce qu'il  èft  ne  du  Saint  Efprk  &  non  de  la  fcmence  à\\n  homme ,  con- 
viendroit  qu'il  eût  été  bicn'mcilleur,  faivant  le  confeil  du  Sage,  de  fe  con- 
tenir dans  les  bornes  prcfcrites  par  les  Pères.  On  ajoucoit  aulfi ,  que  l'on 
avoir  une  grande  obligation  au  Concile  de  ce  qu'il  s'éroit  contenté  de  dire 
qu'il  confeffoit  &  qu'il  fcntoitquela  Concupifcence  refte  dans  les  bap- 
tifés ,  parce  que  peut-être  autrement  les  hommes  fcroient  obligés  de  nier 
qu'ils  (entent  ce  que  véritablement  ils  fentent* 

>^  Dans  le  Décret  de  Réformation  on trouvoit à  redire  qu'on  n'eue 


cîewfcment  Fra-'Paolo ,  Jonc  la  réflexion 
cft  d'autant  plus  jufte ,  quelle  eft  fondée 
fur  les  principes  de  la  plos  pure  Théo- 
logie. 

98.  Dans  le  Décret  dt  Reformât  ion  an 
trouvoit  à  redire  quon  ncût  touché  ni  aux 
Sèolap'tques  ni  aux  Canontjles y  &c.  1  Ces 
réflexions  que  Fra-Paolo  met  ici  fur  le 
compte  des  Allemands ,  pourroient  bien 
venir  de  ivÂ-iuinie.  Mais  de  quelque  paie 


qu'elles  vtennenr,  elles  ne  fbnc  que  trop 
véritables ,  &  les  reproches  que  fait  ici  cec 
Aateirr  aux  Canoniftes  &  aux  Scholaftiques 
ne  font  que  trop  bien  fondés.  Mais  ce 
<\à\\  y  a  de  fcandaleux  ,  ce  font  les  efforts 
que  foit  ici  PallJvicin  L.  7  c.  14.  pour, 
juftifter  les  baffes  flatteries  des  uns,  qui 
tiennent  du  blaffphôme  ,  &  la  méthode  des 
autres  ,  qui  ont  fait  du  Chriftianifmeune 
pure  Sq£U  de  Philofopbie,  où  Ton  apprend 


3i^       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLVi.   touché  ni  aux  Scolaftiquesj  ni  aux  Canoniftes,  ^  quoique  ceux-ci  accoN 

Paul  III.  Jç^c  au  Pape  les  propriécés  divines,  jufqua  même  lui  donner  le  nom  de 

Dieu ,  &  rinfaillibilitc ,  &  jufqu'à  lui  donner  le  mctne  Tribunal ,  &  le 

/Pallav.  L  £^|^ç  même  plus  mifcripordipux  que  Jefus-Chrift  -,  &  quoique  les  Scolafti* 


1 


ment  pour  &  contre.  On  trouvoit  auflî  étrange,  qu'on  çûc  érç  ji^fqu alors 
à  {avoir  que  Toffice  d un  Evèque  eft  de  prêcher ,  &  que  Ion  n'eut  iii  pour^ 
vu  à  Tabus  qui  fe  comme ttoit  de  débiter  des  chofes  vaines  dans  la  Chai« 
re  »  &  de  prêcher  toute  autre  çhofe  que  Jefus  -  Chrift  ,  ni  rien  fait  pour 
arrêter  le  commerce  fordide  que  les  Prédicateurs  faifoient  fous  le  ticro 
d'aumônes. 

S  u  a  la  connoifHince  quç  l'pn  eut  4  la  Cour  de  l'Empereur  des  Décreti 
faits  au  Concilç ,  on  7  trouva  très-mauvais  qii'en  matière  de  Réforma-* 
lion  on  y  eût  traité  des  chofes  (1  légères  &  non  demandées  par  les  A11&* 
nunds  \  &c  qu'en  matière  de  Foi  on  eût  fait  un  Décret ,  qui  n'étoit  pro* 
pre  qu'à  reveiller  les  difputes.  En  çflèt  la  controverfe  du  péché  originel 
ayant  écç  déjà  prefque  accommodée  dans  les  Colloques  d'Allemagne,  le 
Concile  ,  de  qui  Ton  ;ittendoit  une  conciliation  entièrç  ,  avoir  faic 
un  Décret  tout  contraire  a  cç  que  l'on  avoir  accordé.  ^^  Cependant  l'Enn 
pereur  fit  écrire  i  Trente  i  fes  Miniftres  de  faire  tout  leur  poflible  pour 

Iu'on  s'attachât  à  la  Réformation ,  &  qu'on  différât  l'examen  des  choies 
e  Foi  jufqu'à  l'arrivée  des  Proteftans ,  qu'il  s'affuroit  d'y  pouvoir  faire 
^ller  ;  ou  au  moins  jufqu'à  ce  que  pudènt  s  y  rendre  les  Prélats  d'Aile* 
maene ,  qpi  fe  mectroient  en  chemin  aufli-tot  que  la  Diète  feroit  finie. 
Mais  on  ne  parla  plus  guères  des  affaires  du  Concile  ;  8c  les  événement 
qui  arrivèrent  peu  après ,  attirèrent  bien- tôt  les  yeux  &  l'atter^tipn  dc 
iput  le  monde. 
Ccnelufion     LXXII.    '^o.  En  efïèt^  le  Cardinal  de  Trente  conclut  à  Rome  lo 

dets  Ligue 

§nne  le  Ps-  beaucoup  moins  à  s'inftraire  qu*à  difputer.  tîon  ,  &c.  ]  De  la  manière  dont  M-  Ame^ 

fe  é"  i^Em^w  femblc  ,  que  ce  Cardinal  ne  s'eft  pro-  lot  a  traduit  cet  endroit ,   il  femble  qu'il 

fereur  con^  pog  j^^is  fon  Ouftage  que  de  contredire  veuille  faire  entendre  cela  des  lettres  qot 

tre  us  Pro-  £^^  adverfaire  ,  fans  égard  ni  à  la  rai(bn  ni  TEmpereur  avoit  fait  écrire  avant  la  StCr 

tffiMns.        ^  j^  vérité  ,  &  que   de  couvrir  les  excès  fion  ,  aurlieu  que  Fra-Paolo  parle  de  noi*' 

1^  plus  grofliers  des  adulateun  des  Papes,  veaux  ordres  envoyés  à  loccafion  de  cet 

C'eA  du  moins  ce  qui  fe  découvre  pçut-  Décrets. 

è(re  même  malgré  lui  dans  toute  la  con-  1 00 •  En  çffitU  Cardinal  de  Trtnteconchti 

doite  de  fon  Hiftoire  ,  qu  on  n'a  pas  trop  à  Rome  U  26 •  de  Juin  — —  la  Ligue  con^ 

mal  nommée  un  nouvel  Evangile  ^  puif-  tre  les  Proteftans  d'Allemagne  y  Sec]  Ainfi 

qui  peine  y  i^connoît-on  celui  de  Jefus-  le  dit  Fra-Paolo  y  z^ïcs  Sleidan  :  Illoigitur 

C)>rift.  falliçitante  ,  fcedus  ,   quodjam  antea  con* 

99.  Cependant  l* Empereur  fit  écrire  4  ceptum  erat  &  informatum  ,  Junii  die  26 • 

Trente  à  fes  Miniftres  de  faire  tout  leur  pof-  decernitur.   Cependant,  félon  Raynaldut 

ftUfçtw  (ju^on,  s'atttachât  à  U  Réformez  ^  PaUayiçin^  le  Traité  avoit  été  axztii 


DE    TRENTE, Livre    IL  317 

x6  Juin  entre  le  Pape  Se  TEmpereur  5  la  Ligue  contre  les  Proteftans  MDxtn. 

d*AUemagne  ,   que  le  Cardinal   Farncfc  avoir  propofée  Tannée  prccé-  ^*^^^  ^^^* 

dente  à   Wormes ,  &  dont  depuis  on  avoir  continué  de  trairer  pluficurs 

fins  parle  canal  de  quelques  autres  Miniftres.  Les  motifs  qu'on  allégua^  ^j^'* 

furent  :  que  comme  TAllemagne  perféveroit  depuis  longtems  dans  THé- 51^ j,  l.  1 7. 

réfie ,  &  que  les  Proteftans  refufoienr  de  fe  foumettre  au  Concile  qu'on  p.  18^. 

avoir  aflcmblé  &  qui  fe  tenoit  à  Trcnre  pour  remédier  aux  erreurs  5  le  ^*l"^-  ^• 

Pape  &c  l'Empereur ,  pour  la  gloire  de  Dieu  &  le  falut  de  l'Allemagne ,  *•  ^°  7.  & 

étoient  convenus  d'unir  leurs  armes  contre  ceux  qui  refuferoient  de  re-  ^^y^  ^« 

tourner  à  robé'iïfance  du  Saint  Sïége.    Les  conditions  du  Traité  fîurent  :  ^4. 
I 

i 

cette  guerre  :  Qu'outre  cela  il  fourniroit  à  fcs  dépens  pour ..-.  .«v/**  .  -www  j>o 
hommes  d'Infanterie  Italienne,  &  500  Chevaux-légers:  Qu'il  accordoit 
à  l'Empereur  pourTannée  préfente  la  moitié  des  revenus  des  Eglifes  d'Ef- 
pagne  •  ^  &  le  pouvoir  d'aliéner  des  biens  des  Monaftères  de  ce  Royau*^ 
me  jufqu'à  la  fomme  de  500,000  écus:  Que  durant  ces  fîx  mois  l'Em* 
pereur  ne  pourroit  faire  aucun  accord  avec  les  Proteftans  ^  que  conjoin- 
tement avec  le  Pape  »  qui  auroit  une  certaine  portion  de  tout  ce  qui  fe 
prendroit  fur  eux  :  Que  (î  après  ce  terme  expiré  la  guerre  devoir  con** 
tinuer ,  ces  deux  Puiflanccs  feroienr  de  nouvelles  conventions ,  comme 
elles  jugeroient  convenables  à  leurs  intérêts  :  Qu'enfin  fi  quelque  autre 
Prince  vouloir  entrer  dans  cette  Ligue ,  il  y  feroit  admis  &  auroit  part  aux 

Jans  le  ConCftoire  da  ix  ,  maïs  ne  fut  le  (îiivre  Ta  abandonné  ici,  comme  a  fait 

figné  que  le  lé.  félon  Raynaldus\  ce  qui  audî  Beaucaîre  ,  qui  eft  tombé  dans  la 

apparemment  a  engagé  ^^iZ//(;iZ/>tf,5/tf/Vtf/t,  même  méprife  que  notre  Hiftorien.  Pon^ 

êc  Fra-Paolo  après  lui ,  à  dater  la  conclu-  tifex  dit-il  ,  vic[fflm  praicr  eentum  num* 

(ion  du  Traité  du  jour  de  rafignature^  que  mûm  aurcorutn  millia  yjam  Venetiis  depê* 

PaUavicin  cependant  mec  au  i  y .  Mais  dans  fuit  eentum  altéra  ibidem  deponat ,  &c» 
)e  Recueil  des  Traités  de  paix  la  fignacure         i»  Et  le  pouvoir  d* aliéner  dei  biens  dtt 

eft  du  1^.  Monafthes  de  ce  Royaume  jufqu'à  la  fomme 

1  •  Q^ue le  Pape , outre lestoo^  ooo  écus  de  foo  ,000  écuf  ,  &c.  ]  Cet  article ,  feloa 

quilavoit  déjà  mis  en  dépôt  à  Venife  ^  yen  Raynaldus  de  PaUavicin,  ne  fut  pas  ap- 

ajouteroit  200 ,  000  autres,  Sec.)  ^^112.1^"  prouvé  par  les  Cardinaux,  dont  on  avoir 

neor  du  Traité  il  paroit  que  les  premiers;  requis  le  confentement  pour  la  validité  dé 

100  y  000  écus  avoient  été  mis  en  dépôt  à  ce  Traité,  &  il  fut  réfolu  qu'on  cherche- 

'Ausboarg  ,  6c  que  le  refte  devoit  être  en-  roit  quelque  autre  équivalent  pour  fournir 

voyé  à  Venife.  Teneatur  Pontificia  San&i^  la  même  fomme  à  l'Empereur,   Fuernnt 

tas  unius  menfisfluxu  ab  hoc  fcedere  pado  approbata  fupradiBa  capitula  ~~  excepta 

deponere  apud  Trapei^itas  Venetos  eentum  capitula  continente  vendhionem  vajfalagio^ 

millia  aureorum ,  qua  unà  cum  aliis  cen-  rum  Monafteriorum  Hifpania  ,  quod  non 

sum  millibus  Augufta,  Vindelicorum  depofitis  fuit  approbatum  ;  fed  fuit  di&um  ut  provi^ 

éib  Adminiftris  Pontifiais  convertantur  in  deretur  Majeftatifua  de  aquivaUnti  recom* 

àujus  expeditionis  fumptus*  C'eft  ce  qui  eft  penfa  m  Hifpania  ,  &c.  C/eft  Wt  que  por- 

audî  attefté  par  Sleidam  &  jenefaicom-  tent  les  A6bes  ConiSftoiiaux  cites  par /{^. 

aient  notre  Hiftorien  >  qui  a  coutume  de  naldus  N^.  94. 


3^8         HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXivi.   fraix  &c  aux  acquiiicons.  >   Il  y  avoic  encore  un  autre  arriclc  iccrct ,  qui 

Tavl  m.  regardoit  le  Roi  de  France,  par  lequel  il   étoit  ftipulc  que  fi  pendant 

■—■"■—■"  cette  guerre  quelque  Prince  Chrétien  vcnoit  à  prendre  les  armes  contre 

l'Empereur ,  le  Pape  s  obligeoit  à  le  pourfuivre  par  les   armes  fpirituel- 

les  &  temporelles. 

Le  Tape       ^    ^^^  "^  P^^^  après  ce  Traite ,  le  Pape  '^  écrivit  aux  Suides  pour  leur 

gn  donne     demander  du  fecours.    Après  avoir  exagère  dans  fa  lettre  la  bienveillance 

Mvîs  sHx    qu'il  avoit  pour  eux»  Se  la  douleur  qu'il  refTcntcit  de  ce  que  quelques-» 

Suijfes^  d»  uns  sctoient  retirés  de  fon  obéiffancc;  &  après  avoir  remercié  Dieu  de  la 

les  '^fte    pç^ç^^é^^Yïç^  ^  Je  ceux  qui  lui  reftoient  fournis ,  il  les  louoic  tous  de  ce 

i^Hcury,L.  qu  "S  nc  laifloient  pas  de  vivre  en  paix  parmi  cette  diverlitc  de  Religion» 

X43.N'^4.  quimcttoit  la  difcordepar  touc  ailleurs^  &  il  ajoutoit  :  Que  c'éroic  pour 

Sleid. L. 1 7. remédier  à  tous  ces  troubles  qu'il  avoit  aflemblé  le  Concile  de  Trente, 

^.148.  it^.  jj^j^g  Tefpérance  que  perfonne  ne  refufcroit  de  s'y  foumettre  :  Qu'il  s'afTu- 

1  N*^io     ^^^^  ^"^  ^^^  d'cntr  eux  qui  perféyéroient  dans  l'obéïflance  du  Saint  Sié- 

Rayn.        gc  obéiroient  au  Concile ,  &  qu'il  fe  Hattoic  que  les  autres  ne  le  niépri* 

N^jS.       feroient  pas  :  Qu'il  les  invitoit  donc  à  s'y  rendre.  Ilfe  plaignoit  enfuite 

de  ce  qu'en  Allemagne ,  plufieurs  de  ceux  qui  s'appelloienr  Princes  s  elé- 

voient  avec  orgueil  contre  le  Concile,  Se  blamoient  une  Aflèmblée  dont 

l'autorité  étoit  plus  divine  qu'humaine  \  Se  il  difoit  :   Que  c'étoit  ce  qui 

l'avoit  mis  dans  la  ncceflité  de  recourir  i  la  force  &  aux  armes  :  Que 

l'Empereur  ayant  pris  la  même  réfblution,  il  avoit  cru  devoir  s'unir  à  loi 

&  l'allifter  de  tout  fon  pouvoir  &  de  celui  de l'Eglife  Romaine ,  pour  lai* 

der  i  rétablir  la  Religion  :  Qu'il  avoit  ctu  devoir  leur  faire  parc  de  fei 

intentions  Se  de  fes  deffeinsA  aân  qu'ils  joigniflènt  leurs  vœux  auxfiensi 

Qu'ils  rendifTent  à  l'Eglife  Romaine  l'honneur  ancien ,  &  la  fecouruflent 
ans  une  caufe  fi  pieufe. 
L'Empereur  Mais  l'Empereur  '  de  fon  côté  faifbit  entendre  :  Que  ce  netoit  point 
tache  de  dif  pQ^j  j^  Religion  qu'il  prenoit  les  armes,  mais  pour  des  raifons  d'Etat, 
^'"Î'a  j  Se  parce  qu'il  y  avoit  des  Princes  qui  lui  refufbient  l'obéiflàncc  ;  qui  fc 
cetteguerre,  "guoicnt  contre  lui  avcc  les  étrangers  ;  qui  refufoient  de  fe  foumetttc 
mMts  les  aux  Loix  ;  qui  ufurpoient  les  biens  d'autrui ,  &  fur-tout  ceux  de  l'Eglife  -, 
Vroteftmts  &  qui  tâchoient  de  rendre  héréditaires  dans  leurs  maifbns  les  Evcchés  & 
les  décoH'  jgj  Abbayes;  &  parce  qu'ayant  mis  en  ufage  pour  les  ramener  ,  toutes  les 
*I  Hift.  de  ^^^^^  ^^  douceur ,  cela  n'avpit  fcrvi  qu'à  les  rendre  plus  infolens. 

Charles  V.  I-E5 

par  Lcttî , 

F.  x.L,  2,.         ^*  Uy  ^voîi  encore  un  éutre  anlclefi^  it  regarder  cet  article  comme  fecret,  k 

FJcjry  ,  L.  ^^^^  ^  ^g^i  regardo'ule  Roi  de  France,  &c^)  c'eft  une  mcpffifç  à  Fra  -  Paolo  de  lavoir 

Ï43*  ^^  '•  Comme  cet  article  fe  trouve  compris  avec  tjaité  de  tel. 

toas  les  autres  /Se  non  fifparémenc,  &  que         4.  Peu  de  jours  apris  ce  Traité  ^  U  PafC 

d'ailleurs  il  &t  ki  en  plein  Confiftoire  écrivit  aux  5k/^^  «  &c.  ]  Ce  Bref  eft  rap- 

&enregi{Hé  avec  les  autres  dans  les  Ades  poné  par  Raynaldus  ;  êc  Sleidan  &  M.  /r 

Confîftoriauz ,  comme  on  le  voit  ^jRay  Thou  difeac  qu'il  fut  envoyé  le  $  de  ]ail- 

naldus  &  Palldvicin  ï  il  n  7  a  nulle  rai&a  kt. 


DE    TRENTE, Litre    IL  $19 

Les  Proteftans  à  leur  tour  publioicnt ,  que  tout  le  mal  vcnoit  des  foUi-   mdxlvi. 
citations  du  Pape  &  du  Concile.    Us  rappclloient  à  l'Empereur  la  Capitula-  ^^^^  ^^^\ 
tien  qu'il  avoit  jurée  à  Francfort  au  temsde  fon  Election,  ôc  proteftoient 
de  rinjure  qu'il  leur  faifoic.    Mais  plufieurs  d'entr'eux ,  ne  pouvant  s*ima* 
gincr  que  ce  Prince  agit  par  d'autres  vues  que  par  celles  d'Etat  »  ne  laidbienc 
pas  de  lui  demeurer  attachés  >  &c  l'Eledleur  de  Cologne ,  dont  on  a  parlé 
plus  haut ,  &  qui  quoiqu'excommunié  &  dépofé  par  le  Pape  fe  maintcnoic 
toujours  dans  le  gouvernement  &  étoit  obéï  par  fes  peuples  >  fuivit  conftam* 
tnent  le  parti  de  l'Empereur,  qui  le  reconnoiflbit  encore  pour  Ele(Sbeur&  kSïcid.  L. 
pour  Arcnevcque ,  ^  &  qui  lui  écrivit  pour  l'engager  d'cmpcchcr  que  fes  Su-  '7-  P-  «-^S. 
|Cts  ne  pridènt  parti  contre  lui ,  ce  que  ce  Prélat  ht  avec  beaucoup  de  fince- 
ricé.  Cependant  *  l'Eledeur  de  Saxe  &  le  Landgrave  de  Heflè  firent  publier./ Id.  p.  189. 
an  Manifclle  daté  du  1 5  de  Juillet ,  pour  montrer  que  cette  guerre  étoit  une  ^^îjjo^  ^' 
guerre  de  Religion  ,  &  que  ce  que  di foi t  l'Empereur ,  qu'il  ne  prenoit  les  ar-  ^' 
mes  que  pour  punir  la  reoellion  de  quelques  perfonnes,  n'étoit  qu'un  prétexte 
dont  il  le  ièrvoit  pour  defunir  les  Confédérés^  &  les  opprimer  l'un  aprèsi 
l'autre.  Us  rapportoientque  Ferdinand  j  6^r^z/ivr//f  ,&  les  autres  Miniftre» 
de  l'Empereur  avoient  avoué  que  cette  guerre  étoit  pour  venger  le  mépris 
qu'ils  faifoient  du  Concile.  Ils  rappelloient  la  Sentence  du  Pape  contre  l'E- 
leâeur  de  Cologne.  Us  difoient  que  les  Prélats  d'Efpagne  ne  fe  dépouille- 
roient  pas  d'une  fi  groilè  partie  de  leurs  revenus  pour  tout  autre  fujet.  En« 
fin  ils  loutenoient  que  l'Empereur  n'avoir  ni  à  fe  plaindre  d'eux ,  ni  au- 
cune jufte  prétention  contr'eux. 

LXXIIL  "    "  

aux  Luthériens  que  des  Anathèmes,  il  fe  tint  le  1 8  Juin  une  ^  Congréga-  tion  ou'Kn 
âon,  "*  où  après  les  prières  ordinaires  &  l'invocation  du  Saint  Efprit,  Icfropofe  de 
Secrétaire  ^  lut  un  Ecrit  drcfle  au  nom  des  Légats  de  l'avis  des  principaux'^*''^  ^' 
Théologiens ,  où  l'on  difoit;  Que  le  Concile  ayant  condamné  par  infpira- f'*^^*'  ^ 
tion  divine  les  Héréfies  qui  regardoient  le  péché  originel ,  Tordre  des  ma-  ^^  ujloii 
cières  demandoit  qu'on  examinât  la  doctrine  des  nouveaux  Doâeurs  fur^^f^/i^, 
la  Grâce  ,  qui  eft  le  remède  du  péché  ;  &  que  cet  ordre  étoit  d'autant  plus  malgré  tcp- 
convenable ,  que  c  étoit  celui  qu'avoit  fuivi  la  Confeflîon  d'Ausbourg  ,  tofition  des 
que  le  Concile  fe  propofoit  de  condamner  toute  entière  :  Qu'à  cet  effet  ics  W^^*"* 
Pères  ôc  les  Théologiens  dévoient  avoir  recours  à  Dieu  par  leurs  prières ,  l^j  ^  ^^' 
Se  étudier  avec  foin  6c  application  cette  matière ,  fur  laquelle  étoient  fon-  Rayn. 

N°ii8. 

/.  Il  fi  tînt  letS  de  Juin  une  Congréga-  Congrégation  de  ce  jour.  f[io 

iion  ,  Sec.  ]  La  première  Congrégation  après         6,  Le  Secrétaire  lut  un  Ecrit  drejjé  au  ^^^'^  ^^ 

la  Seflîondu  17  ,  ne  fe  tint  (ëlon  les  Adtes  nom  des  Légats,  &c.]  P allavicin  piétenà. 

cités  par  Pallavicin^  que  le  ti.  Il  femble  quil  ixy  eue  point  d'Ecrit  lu>  mais  qu'en 

cependant  par  le  récit  de  Raynaldus  qu  il  Tabfence  du  Cardinal  dcl  Monte ,  qui  étoic 

y  eut  une  Aifemblée  tenue  avant  le  1 1 ,  indifpolé ,  le  Cardinal  de  Ste,  Croix  pro* 

puifque  le  difcours  où  le  Cardinal  de  Sainte  po(à  dans  un  di(couis  de  traiter  de  la  ma* 

Croix  propofa  de  traiter  de  la  Juièifica-  tièredela  Judiâcation  :  cequieft  aufCcon* 

tion  eft  raporté  par  cet  Annalifte  avant  la  firme  par  Raynaldus,  N^  ii^« 

T  o  M  Ji  L  Te 


L  Pendant  que  le  Pape  &  l'Empereur  préparoient  autre  chofe    Ccntrliê^ 
friens  que  des  Anathèmes ,  il  fe  tint  le  18  Jum  une  ^  Congréga- //< 


55©        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MimKV^  àécs  toutes  les  £rrem^  de  Luther  :  Que  cet  Auteur  ayant  commencé  par 
Pmji.  I11«  attaquer  les  Indulgences ,  8c  voyant  <5[u'il  ne  viendroit  jamais  à  boot  de 
"■"■■■■^  fon  deâèin  fans  détruire  les  oeuvres  de  pénitence  ,  dotit  les  Indulgences 
fiippléent  le  défaut ,  il  n'avoic  point  trouvé  de  meilleur  moyen  que  la 
domine  îoouie  de  la  Juftificarion  par  la  Foi  feule  :  Que  de*  là  il  avoir  cor» 
du  que  non  -  ieulement  les  bonnes  oeuvres  ne  font  point  néceffaires  -,  mais 
ip'il  avoit  encore  introduit  une  licence  effrénée  de  s*eicemter  de  robfer- 
vation  des  Loix  de  Dieu  Se  de  l*£glife  :  Qu'en  confeqtrence  il  âvoit  nié 
Tefficace des  Sacremens,  &  l'autorité  des  Prêtres ,  le  Purgatoire»  le  Sacri- 
fice  de  la  Meflè ,  Se  tous  tes  autres  remèdes  inftitués  pour  la  remiflhm 
des  péchés  :  Que  par  une  raifon  toute  contraire ,  il  falloit  pour  établir  le 
cxffps  de  la  dodrime  Catholique ,  détruire  cette  Héréfie  de  k  Jufti^tion . 
par  la  feule  Foi ,  Se  condamner  les  blafpbèmes  de  cet  ennemi  des  bonnes 
cDUvres. 

^  Apki'b  la  le€bire  de  cet  Ecrit  les  Prélats  Impériaux  dirent  :  Que  plus 
h  matière  qu'on  venoit  de  propofer  étoit  imporrante ,  plus  il  faBoit  ^ppor* 
fcr  de  maturité  i,  la  traiter  :  Que  l^nvoi  du  Cardinal  Madruct  à  Rome 
KiontFoit  qu'U  y  avoit  quelque  négociation  confidérable  fur  pied  :  Que 
pour  n'en  point  -ampècher  le  fuccès  >  il  étoit  plus  à  propos  pendmt  cela 
de  traiter  de  quelque  motiètse  de  Réformation.  Mais  les  partiians  du  Pape 
répondît^Qt ,  qu'il  n'étoit  pAs  de  la  dignité  du  Ct>ncîle  de  changer  i'ororcf 

7.  jtprh  la  heure  de  cet  écrit  ^  Us  Pri-  les  Congrégations  \  8c  c'cft  pBUt-êtie  la  raî- 

Utn  ingfériénx  Eurent  ^  ftc«  ]  Il  ne  patotc  fon  pour  laquelle  il  n'en   eft  point  fait 

point  par  lés  hôx%  ,  qiie  les  impétiaak  mention  dans  les  Aâes.  Ctr  d'alllems  on 

s*oppo(à(2èilt  4a  moins  dice^ement ,  à  ce  Toit  par  les  plaintes  des  Légats  dans  la 

quon    continuât  de  traiter  des  dogmes,  fuite  ,  que  les  Imperiaax  fifent  ce  qu'ils 

Au  contraire  le  Cardinal  Pachéco  fembla  purent  pour  retarder  autant  qu'il  étoit  pof^ 

appuyter  cet  avis  ,  (Kayn.  N^  ixy.&Pal-  îible  la  déciiîon  de  ce  point  »  (  Paliav.  L. 

lav.  L.  3  c.  1.  )  êc  s'ilcheicha  à  Téluder ,  ce  8.  c.  1 1.  )  /Se  Vargas  nous afliire  pofitive- 

ne  ¥iit  qn'indireâement ,  ft  en  difant  que  ment  ^  Mém.  p.  f  7.  mu  Us  Légaufe précis 

cet  article  n'ayant  été  ni  défini  par  les  Con*  pitant  dtpuhlier  Us  Décrets  fur  la  matière 

cilei,  ni  exa^mentdifcaté  par  lesThéo^  deU  Juftificati&n,  D^  Diego  de  Mendia 

logiens  ,  il  fstlloit  en  examiner  diftinâe-  envoya  un  Prélat  pour  leur  repréfemer*^^ 

ment  toutes  les  panies  ,  6c  y  procéder  qu  avant  que  de  prononcer  fur  une  contre 

avec  plus  de  maturité  qu'on  n'avoit  en-  verfe  fi  importante ,  on  eut  à  confuhet  Us 

core  fait.  Ce(l-là  le  feul  fens  auquel  on  Univerfités  de  Paru  6*  de  Louvain  :  ce 

peut  dire   que    les  Prélats  Imoériaux  fe  qui  étoit  fans  doute  une  adre0e  pour  re- 

foient  oppofes   à  ce  qu'on  traitât  de  ce  tarder  les  décidons  s  mais  que  Us  Légats 

dc^me.  Il  eft  cependant  rffez  naturel  de  répondirent  qu'ils  maurroient  plutôt  que  de 

atoftt ,  qa 'aptes  les  ordres  réitérés  qu'a^  confentirà  une  ekofef  contraire  àVhonneur 

ivient  re^  les  Miniftres  de  TEmpereur  de  du  ConciU,  Cela  revient  alTez  ,  comme 

fimretom  leur  poflîble  pour  qu'on  ne  traitât  Ton  voit ,  â  la  narration  de  notre  flifto- 

que  de  la  Kéfo)rmation ,  ils  firent  quelque  rien  ;  &  fi  aut  'Préhfts  Impériaux  on  fobf- 

déffunthe  pour  arrêter  l^examen  de  l'arti-  tîtuc  les  Ambaffadeurs  ,  on  fe  convaincra 

ete  de  la  Ti;^ificatidn.  Mais  cerre  oppofirion  qu'il  n'a  ricti  dit  que  de  trts-véïinibk. 
ne  fut  point  iûte  par  4ci  ftéhts ,  m  diui 


DE    T  RENT  E,  Li  VK  1   IL  331 

établi  de  traiter  rott|ûurs  conjoincetnent  d'iuic  matière  dft  Doârine  Se  de  m^h^^i. 
Rcformation  v  &  (jn'après  Tarticlcda  Péché  ofîgîne) ,  il  n'y  en  avoît  point  ^^^^  ^^ 
qu'il  convînt  mieux  d'examiner  que  ceku  qu'on  avoir  prc^fé.  Les  Légats  ""■■"— ^ 
aptes  avoir  recueilli  les.  dîâerens  avis  remontrèrent  que  de  diâruter  les 
matièces  &  les  prépares ,  ccnécoît  pas  les  d^ênif  ^  de  que  comme  l'on  ne 
pouvoit  Bien  décider,  que  préatabiemenc  on  n^euft  tout  examiné,  il  faltoit 
iOttjoucs  proâoer  dutems,  pouic  &  même  enfin  te  en  état  d^exécuter  ce  que 
W  Ps^  de  le  Cardinal  Madtua  a»  nom  de  fEmporeur  auKnent  réfolu  en- 
tre eux:  Que  k  préparation  de  ces  matières  ^Vmpècheroit  pa&  qu'on  ne 
travaillât  ea  même  tems  à  la  correâion  des  aho»;  puifque  pendiant  que  1^ 
XhéologieiDS  icroîcnt  occupés  ^  la  Doânme',  les  fères  de  tes  CanoniAes 
naTailleroient  i  la  Réformacîon^  Ainfi  il  fit?  conc!»  qu«  Ton  titeteit  ées 
Ii>R»s  de  Luckâtf,  des  CoUoqucs ,  des  Apolbçtes,  9c  des  aufves  Ecrits  des 
Luthériens. ds  des  autres  Héréci<)oes  ,  tes  ApticTes  w'il  y  auroit  â  diicuter 
&  à  cenfisrer  ;  &  l^oi»  députa  trois  Pdres  9i  aoi%  Théologiens  pour  recueillir 
&  mettre  ea  oodre  ces-  Actickts. 

LXXVf'.  ^  La  Congrégation  fWivante  £r  tint  pour  pr^rer  les  «latiàres      Autre 
de  RéfiarmatioR  que  l'oA  OTVott  pFG{)ofer.  te  Cardinal  dbt  Monte  ^  7  dit  :  Conir^m- 
Que.  tout  le  monde  &  plaîgfiok  depuis  longtems  de l^abfence  des  Pbélats  8c  ^'^^  »  ^^ 
des  Pafteurs  ,  &  drmandbît  tous  les  jours  qit'ils  réfidaflfent  :  Que  cette  2"*^2!/^ 
^fènce  des  Evèques  ft  des  Payeurs  étoir  la  caufe  de  tous  ks  maux  de  TE-  J^^  ,^^ 
gliic,  que  fon  pouvoir  comparer  a  un  Vaiflfeau,  dont  Ka  perte  devoir  ctr^  de  U  Réfi- 
attribuée  à  ïdhwnco  du  Pilote ,  ô^  qui  eue  été  Âiuvé  par  n  présence  :  Que  Jence, 
les  Héréfies ,  lignorance,  ta  corruption  des  peuples ,  les  matnrai&s  mœurs  ^  ^^^^'^' 
&  les  defordres  du  Chsrgé  ne  regnoient ,  que  parce  que  les  Pafteurs  étant  *^^      ^^* 
éloignés  de  leur  Troupeau ,  perfbnne  n'avoit  fom  d'inftraire  les  premiers  8c 
de  réformer  les  Ecclénaftiques  :  Que  c'étoit  Tabibnce  dés  Prélats  qui  écoit 
cauife  qu'on  avoit  admis  au  Miniftère  des  Sujets  ignorans  8c  indignes ,  8c 
qui  avoit  donné  lieu^  d'élever  i  TEpifcopat  même  d^  perfbnne^  plus  propres 
à  toute  autre  chofe  5  parce  que ,  comme  on  n'exigcott  point  qu'ife  gouver- 
aa(Iènt  par  eux-mêmes  ,  c'étoit  allez  inutilement  qu'on  eut  recherché  qu'ils 
en  Êiflent  capables  :  Que  la  RéHdence  étoit  donc  un  remède  edenriel  pour 
tous  les  maux  de  l'Eglife ,  8c  que  c*écoit  pour  cela  que  les  Concilies  de  les 
Papes  l'avoient  toujours  recommandée  :  mais   que  comme ,  foie  qu'alors 
oa  violât  moinâ  fréquemment  la  loi  de  la  Réfidence ,  ou  poi»  quelque  autre 
laifbn»  on  n'àvoitpas  ferré  auffi  éîcroircmcnt  Tobligation  d'y  être  fidèle, 
il  étoit  néceflatre  de  le  faire  à  préfent  qiie^  le  maLéroit  à  fon  comble  :  le 
bien  de  l'Eglife  exigeoit  qu'on  prît  des  moyens  plus  eJOKcacca  de  faire  ob- 
fcrver  cette  obligation^  Sr  qjti'on  punît  plus  icvér^meni  ceux  qui  s'en  dif-- 
penferoient. 

t.  La  CQnpcgiM>nfui%aatcfctinLg(mr    Ton  p2ppo&  de  p^irlex  daToblig^tion  de  U 
préparer  Uf  matières  de  la.  R^matian^     BLéAdenc^»  &  de  levée  les  ob(hcles  qais| 
^c.  ]  Ce  fat ,  félon  Pallavicih  Ôc  Raynal-    écoiemi  lanffliKlcs  ju(qa*alozs. 
dus  I  dans  la  première  Congrégation  que 

Tt  a 


Pallav.L.8 


351       HISTOIRE    DUCONCILE 

iioxLTx.  Ceux  des  Prélats  qui  opinèrent  les  premiers ,  approuvcrcnr  ce  difcoarft; 
Paul  III.  ^  i^^^  °  quand  ce  fut  à  Jaques  Cortifi  Florentin  Evcqae  de  Vaifon  à  par- 
.  1er ,  après  avoir  loué  ce  que  les  autres  avoient  dit ,  il  ajouta  :  Que  comine 
tV.viqui  ^9^  croyoit  que  la  préfence  des  Prélats  &  des  Curés  avoir  fervi  autrefois  i 
V^fon  fw  maintenir  la  pureté  de  la  Foi  parmi  tes  peuples  ,  &  la  Difcipline  parmi  le 
ttfujeu  Clergé,  il  pouvoir  montrer  clairement  que  dans  les  derniers  tems  leuE  ab- 
ê  Flcury,  L.  fence  n  ctoit  point  la  caufe  du  renverfement  qui  étoic  arrivé  »  &  qu'ils  a'a- 
i^iV.^^T^i'voient  ceflcderéfider  que  parce  que  leur  préfence  étoit  devenue  entière* 
*  ment  inutile  :  Que  les  Evêques  ne  pouvoient  rien  faire  pour  conferver  U 
faine  dodrine  parmi  le  peuple ,  tandis  que  les  Mendians  &  les  Quêteurs 
avoient  le  pouvoir  de  prêcner  malgré  eux  :  Que  Ton  favoit  que  les  noa* 
veautés  d'Allemagne  venoient  des  Prédications  de  Jtan  Tctielôc  de  Liakcr, 
Se  que  les  innovations  faites  en  Suillè  avoient  été  produites  par  celles  de 
Sam/on  de  Milan  :  Qu'un  Evèque  réfident  n'auroit  pu  faire  autre  chofè 
contre  une  armée  de  Privilégiés ,  que  d'être  fans  cefle  aux  prifes  avec  eux  & 
fe  perdre  :  Qu'il  étoit  impolCble  aux  Evcques  de  tenir  leur  Clergé  dans  li 
règle  j  puifqu'outre  l'exemtion  générale  de  tous  les  Réguliers ,  chaque  Cha- 
pitre avoit  les  (lennes ,  6c  qu'il  y  avoir  peu  de  Prêtres  particuliers  qui  n'euf- 
fent  une  telle  proteâion  :  Qu'il  ne  leur  étoit  guère  plus  poflible  de  choiCr 
des  gens  capables  pour  le  Miniftère ,  à  caufe  des  Licences  de  promovendo  » 
&  des  Facultés  accordées  aux  Evêques  Titulaires  >  qui  ne  leur  laillbient  pas 
même  l'exercice  du  Miniftère  Pontifical  :  Qu'en  un  mot  on  pouvoir  dire 
que  les  Evêques  ne  réfidoient  pas,  tant  parce  qu'ils  n'avoient  rien  à  faire  » 
que  pour  éviter  de  plus  grands  inconvéniens  qui  feroient  nés  des  contefta- 
nons  &  de  la  concurrence  où  ils  fe  trouveroient  fans  celle  avec  les  Privi- 
légiés. D'où  il  conclut ,  que  H  on  jugeoit  néceffaire  de  rérablir  l'obligatioa 
de  la  Réfidence ,  il  falloit  donc  aufli  rendre  aux  Evêques  &  aux  Pafteurs 
toute  leur  autorité.  Les  Evêques  qui  fuivirent  ce  Prélat  ayant  appuyé  la 
même  opinion ,  en  difant  qu'il  falloit  en  même-tems  ordonner  la  RéHden- 
ce ,  &  fupprimer  les  exemtions  qui  la  rendoienr  inutile  ;  les  Légats  furent 
obligés  de  confentir  qu'on  délibérât  en  même-tems  fur  ces  deux  poinrs ,  & 
que  chacun  en  dit  fon  avis  ;  &  quelques  Pères  furent  chargés  de  former  le 
Décret  qu'on  devoit  examiner. 


9.  Mais  quMnd  cefiit  à  Jaques  Cortifi 
Florentin  Evêque  de  Vaifon  â  parler  il 
ajouta  y  &c.  ]  Je  croirois  alTez  volontiers 
que  Fra  -  Paolo  a  pris  ici  l'Erêque  de  Vaifon 
ou  pour  celui  de  Fiéfoli ,  on  pour  quelque 
autre.  Car  lorfquavant  ta  Seflion  précé- 
dente dans  la  Congrégation  du  t  x  de  Mai 
Ton  traita  pour  la  preonière  fois  de  la  Ré- 
fîdence,  ce  Prélat  venant  à  parler  deso5f- 
racles  qui  s  y  rencontrorent  (  Pallav.  L.  7. 
e.  6.  ]  prétendit  qu'ils  venoient  de  la  PoU^ 


(ânce  Sécuficre  «  &  ne  fit  aucune  mentlpit 
des  exemtions  des  Privilégiés.  L'on  ne 
manqua  pas  dans  la  fuite  de  marquer  ces 
exemtions  parmi  les  obdacles  de  la  Réfi- 
dence  >  mais  on  ne  voit  pas  par  les  Aéles 
que  ce  ffit  l'Evèque  de  Vaifon  qui  en  fit 
mention ,  ni  en  cette  occalson.  C'eft 
par  méprife  ,  que  le  Continuateur  de  M.. 
Fleury  appelle  Cortéfi  Evêque  de  Vérone  ^  & 
non  de  Vaifon^ 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E  I.  335 

Cbux  qui  avoienc  été  députés  pour  recueillir  les  Articles  de  la  Tuftifi-  mdxltl 
c&tign  ,  ayant  reçu  les  extraits  des  Proportions  que  chacun  trouvoit  à,  cen-  Paul  IU. 
furer ,  ne  fe  trouvoient  pas  tous  de  même  avis.  Quelques  -  uns  vouloient  •■—■ ^— 
qu'on  choisît  cinq  ou  fix  des  Articles  fondamentaux  de  la  nouvelle  doâri* 
ne ,  ic  qu'on  les  condamnât  comme  on  avoit  fait  à  l'égard  du  Péché  oriei* 
nel  s  &  ils  difoient  qu'il  falloit  fuivre  la  même  méthode  ,  à  l'exemple  oe$ 
anciens  Conciles ,  qui  s'attachoient  à  l'Article  principal  &  condanmoienc 
l'HéréHe ,  fans  entrer  dans  le  détail  des  Proportions  particulières ,  contens 
de  condamner  en  général  les  Livres  des  Hérétiques  &  par-U  toute  la  doc- 
trine pernicieufe  qu'ils  contenoient.  Ils  croyoient  même ,  que  la  dignité 
du  Concile  le  demandoit  ainfi.  Mais  les  autres  vouloienc  qu'on  examinât 
toutes  les  Proportions  qui  pouvoient  avoir  un  mauvais  fens  »  afin  de  con- 
damner celles  qui  le  mériteroient.  Pour  appuyer  leur  fentiment  ils  difoient  : 
Que  c'étoit  le  devoir  d'un  Pafteur  de  difcerner .  entièrement  les  bonnes 
herbes  d'avec  les  mauvaifes  ,  &  d'ôter  toutes  celles-ci  à  fon  Troupeau  ; 
parce  que  la  moindre  qu'on  néglige ,  &  qu'on  reçoit  pour  bonne  quoique 
contagicufe ,  eft  capable  d'infeâer  tout  le  Troupeau  :  Que  fi  on  vouloit 
fuivre  l'exemple  des  anciens  Conciles ,  on  avoit  celui  du  Concile  d'Ephèfe  » 
€|ui  fit  contre  la  dodrine  de  Nefiorius  ce  grand  nombre  d'Anathématifmes 
Il  célèbres ,  qui  comprenoient  tout  ce  que  cet  Hérétique  avoit  enfeigné  \ 
&  ceux  des  Conciles  d'Afrique  contre  les  Pélagiens ,  dont  ils  avoient  con- 
damné toutes  les  Erreurs  en  détail. 

La  première  opinion  propofoit  fans  doute  un  moyen  plus  facile  9  &  qui 
plaifoit  à  ceux  qui  defiroient  de  voir  le  plutôt  qu'il  fe  pourront  la  fin  du 
Concile  *,  outre  qu'elle  laiiïbit  toujours  quelque  ouverture  à  un  accommo- 
dement que  le  tems  pourroit  amener.  *°  Mais  cependant  la  féconde  fut 
5 référée  >  par  la  raifon  qu'il  étoit  bon  d'examiner  toutes  les  Propofitions 
es  Luthériens  »  pour  condamner  enfuite  celles  qu'après  un  mûr  examen  on 
trouveroit  nécedaire  &  convenable  de  cenfurer.  ''  L'on  donna  donc  ces 
XXV  Propofitions  P  à  examiner.  /  PaMav.  L 

LXXV.  1 .  La  Foi  feule ,  à  l'exclufion  de  toutes  les  autres  œuvres,  fuffit  ^-  ^  4. 
au  falut ,  &  juftifie  toute  f^ule,  ^^^"• 

2.  La  Foi  qui  juftifie,  eft  la  confiance  par  laquelle  on  croit  que  les  pé-  pjcu"  '  l. 
ches  font  remis  par  Jefus-Chrift  ,  &  ceux  qui  font  juftifiés  ,  font  obligés  143.  N%j. 
de  croire  que  leurs  péchés  leur  font  remis. 

3.  Avec  la  feule  Foi  nous  pouvons  comparoître  devant  Dieu,  qui  ne  fe  Articles  fur 

l^  Jttftific  - 

10.  Maïs  cependant  La  féconde  fut  préfi'  â  examiner.^  Le  Csud»  Pallavicin  &  Ray- ^^^gj  ^^^ 

ne,  par  la  raifon  qu'il  étoit  bon  d'exami-  naldus    n*en    marquent  que  15  3  &  ^^  Livres    des 

ner  toutes  les  Propofitions  des  Luthériens  y  fieurs  font  exprimées  aflez  diffcremment  P/^^/wf^j,/. 

&c.)  Toutes  ces  Propofitions  nccoienc  pas  de  ce  que  marque  ici  Fra-Paolo  ^  quoi- 

des  Luthériens  feuls ,  mais  encore  des  Zuin-  qu  au  fond  elles  reviennent  à  \te.\x  près  au 

gliens ,   aufO  bien  que  de  plufieun  autres  même  fens.  Ce  fut  dans  la  Congrégation 

Auteurs,  ^  du  30  de  Juin,  que  l'examen  cnfutpr^ 

II*  L'on  donna  donc  ces  z$  Propofitions  poff  aux  Pèies. 


334      HISTOIRE    DIT    CONCILE 

MDXLTi.  loucîe  ]ioiac  &  a  a  potat  b^foûi  de  mot  cBuvces.  La  Foi  feutc  pttrifie  les 
Paul  111.  hommes ,  Oc  lcs.'reoiixlig06& de  rcœvKnn  FEuchaciftie  >  s'ils  crojrenc  qiiLiU  j 

recevf ont  la  Grâce» 

4«  Ciux  qaî  fbnt  le  hîeft  fSuifi  le  Sakic-»EQïric ,  pèchent  >  parce  qu'ils  jt 

fooc  avec  un  cœur  ijEDpia  >  &  c'eft.  lun  péché  d'ohfinnrer  les  coaunaadefocDt 

de  Ddw  £uis  k  FoL 

5 .  La  bonne  pénioeace  cft  la  nouivellB  tîo»  La  pénitence  de  la  vie  pail^ 
n'oft  point  nécemire  ^  &  la  pcnitence  dos  péchés  adhiels  ne  dlipoTe  point  à 
recevoir  ht  Girace. 

6.  AucONB  di^pofition  n*eft  néceflfaire  i  b  Juftification  *,  de  la  Foi  juftî- 
fie»  non  pavos:  qa  elfo  difpofe  rhonnaCt  mais  parce  qu'elle  eft  le  mojtenft 
linftrumens  [¥tf  lequel  oa  iàific  5c  on  reçoit  la  proaieiie  &  k  grâce  de  Dieu. 

7.  La  eraînte  de  fEnfbr  no  (en;  point  à  acquévir  k  Joftice  ;  au  coatraire 
ttte  iMiit  ôidàvm  péché  >  ic  rend  les  pécheurs  pises  qu^ib  n'éioienr. 

t.  La  contrition  qiû  naît  de  teiamen ,  du  fbuvenis  ,  de  la  déteftatiou 
des  péchés.  As  quiconfitteitenKier  la  gravité»  h  muhitude  »  &  l^énor^ 
mite ,  aufi  bien  que  k  peroe  de  la  béatitude  éternelle  »  &  le  malheur  de  k 
damnation ,  rend  l'homme  hypocrite  8c  plus  grand  pécheur. 

9*  Les  terveurs  intérieures  dont  Dieu  épouvante  les  hommes  »  d^  les 
extérieures  donc  on,  eft  frappé  par  Ips  Ptédicaseurs ,  ibnt  autant  de  péchés  , 
jufqu'd  ce  quo  la  Foi  les  furmonte^ 

lo.  La  doârine  des  difpodtions  détndc  celle  de  la  Foi  >  Ôc  fait  perdre  iM 
coniblation  des  confciences. 

1 1  •  La  Foi  feule  eft  nécei&irei  *,  les  autres  chofes  ne  font  ni  commandées 
ni  défendues ,  &  il  n'y  a  d'autre  péché  que  l'incrédulité. 

I  a.  Qui  a  la  Foi ,  eft  libre  des  préceptes  de  k  Loi ,  &  il  n'a  nul  beibîfl 
d'œuvres  pour  &tre  ûuvé  *,  parce  que  k  Foi  donne  tout  abondamment  »  dc 
qu'elk  feule  remplit  cous  ies  préceptes.  Nulle  oeuvre  du  Fidck  n'eft  &  mé« 
chante  ,  qu'elle  le  puiflè  accufer  oucondaouier. 

I  ^.  Aucun  baptifé  ne  peut  perdre  fon  iâlut  par  aucun  antre  péché  que 
pat  t'Inctiédulité ,  &  aucun  pécné  ne  fépare  de  k  Grâce  de  Dieu  que  l'Infi* 
délité. 

14.  La  Foi  Se  les  ouvres  ibnt  contraires  entre  elles  >  &  on  ne  peut  en« 
ibignec  les  œuvres  iàns  détruiiie  k  Foi. 

1 5.  Les  oeuvres  extérieures  de  k  fecondie  Table  font  une  pure  hypocrifîei 

16.  Les  hommes  juftifiés  font  exemts  de  toute  faute  Se  de  toute  peine  f 
&  n'ont  point  befoin  de  farisfadtion  ni  en  cette  vie  ni  après  la  mort.  C'eft 
poucquot  il  n*y  a  ni  Purgatoire»  ai  iàtisfaâion ,  qui  Ëiile  partie  de  k  péni- 
tence. 

17.  Les  juftifiés  même  avec  la  Grâce' de  Dieu  ne  fàuroient  accomplir  k 
Loi  >  ni  éviter  les  péchés ,  non  pas  mcme  ceux  qui  font  mortels. 

18.  L'oBçissANCE  à  k  Loi  dans  ceuK  mêmes  qui  font  juftifiés  eft  foiblç 
^  impure  par  foi- mcme,  de  eUe  n'eft  aeréable à  Dieu  que  par  la  foi  qu'iU 
ont  que  les  reftes  de  leurs.  pécjié$  kur  iQuc  remis. 


BE    TRENTE,  Livre   IL  53^ 

19.  Le  Jafte  pèche  même  dans  toutes  fes  bonnes  œuvres ,  &  il  n'en  fàk  n^^^Jïl 
aucune  qui  ne  loïc  un  pèche  véniel. 

10.  Toutes  les  œuvres  des  hommes  ^  même  les  plus  faims ,  font  des  pi- 
ehés.  Les  bonnes  œuvres  des  Juftes  pr  la  miférkorde  de  Dieu  ne  font  que 
des  péchés  véniels  >  quoiqu'ils  foient  mortels  félon  la  rigueur  des  jugemens 
àt  Dieu. 

ai.  QboiQUE  le  Jufte  doive  craindre  que  fes  œuvres  ne  ibient  des  pé« 
chés  ,  il  doit  être  certain  cependant  qu'ils  ne  lui  font  point  imputés. 

11.  La  Grâce  &  la  Jufticene  font  amre  chofe  que  la  volonté  de  Dieu. 
Les  Juftes  n*onc  aucune  Juftice  inhérente  en  eux ,  &  leurs  pédiés  ne  font 
point  effacés ,  mais  feulement  remis  ic  non  imputés. 

13.  Notre  Juftice  n'eft  autre  chofe  que  l'imputation  de  la  Juftice  de 
Jefus-Chrift ,  Se  les  Juftes  ont  befoin  d'une  Juftificarimi  &  d'une  imputa- 
liôn  continuelle  de  la  Juftice  ^e  Jefiis^Chrift. 

24.  Tous  les  Juftes  font  Admis  au  même  degré  de  grâce  8c  de  gloire ,  8c 
tous  les  Chrétiens  font  auffi  grands  en  Juftice  que  la  Mère  de  Dieu  ^  8c 
auflîfaints  qu'elle. 

1 5 .  Les  œuvres  des  Juftes  ne  méritent  point  la  béatitude ,  8c  ils  ne  doi-^ 
vent  mettre  aucune  confiance  en  leurs  mérites ,  mais  feulement  en  la  mifé- 
ricorde  de  Dieu. 

Il  ne  fut  pas  fi  aifé  ^  de  reeler  la  manière  dont  on  traiteroit  <Ians  les     ^Rayn. 
Congrégations  des  Articles  qui  avoient  été  proproïes ,  qu'il  l'avoir  été  i  l'c-  N°  116.  se 
gafd  du  Péché  originel  *i  parce  que  cette  dernière  matière  avoir  déjà  été  11 7- 
wahée  par  les  Scolaftiqnes  >  au  lieu  qu'aucun  d'eux  n'avoir  ni  imaginé  ni  ^^^^^'  L 
ônœre  moins  réfuté  l'opinion  de  Luther  fur  la  Foi  juftifiante  ♦  qu'il  faifoit  '*'  ^*  *' 
confifter  dans  une  certaine  confiance  &  une  ferme  perfuafion  des  promefles 
divines  ;  non  plus  que  les  conféquences  de  cette  opinion ,  8c  ce  qu'il  en* 
ibîgnoit  fur  la  diftinâion  de  la  Loi  8c  de  l'Evangile ,  &  for  la  qualité  des 
oeuvres  qui  dépendoient  de  l'une  8c  de  l'autre.  Il  y  avoit  donc  beaucoup  i 
travailler  pour  eux ,  pcemieremenr  pottr  entendre  le  (ens  des  Propofirions 
de  Luther  8c  leur  dimrence  d'avec  celles  qui  éroient  enfcignées  dans  les 
Ecoles ,  &  enfuite  pour  entendre  les  rsifons  de  cette  diférence.  Il  eft  cer- 
tain que  d'abord  quelques-uns  des  Théologiens  du  Concile  &  la  plus 
grande  partie  des  Pères  croyoient  que  les  Proteftans  en  niant  le  Litsire- 
arbitre ,  tenoient  que  l'homme  dans  fes  aAions  extérieures  étoit  comme 
irae  t>ierre  *,  8c  que  lorfqu'ils  arrribuoient  la  Juftificarion  à  la  Foi  feule  â 
i-exclufion  des  œuvres ,  ils  tenoient  pour  jufte  celui  c[ui ,  pourvu  qu'il  crut 
feulement  la  vériré  de  l'Hiftoire  de  l'Evangile,  vivroit  d'ailleurs  auffi  mal 
qu'il  voudroit  :  abfurdités  comme  plufieurs  autres,  qui  plus  elles  éroienr 
OMUcaires  au  fens  commun  ,  plus  anfli  éroient-eUes  difficiles  i  réfuter  ; 
comme  il  arrive  i  contes  les  opinions  qui  font  contraires  à  une  apparence 
évidente,  8c  aux  perfuafions  nniverfellement  reçues. 

Entre  les  Théologiens ,  qui  fe  trou  voient  alors  au  nombre  de  qua- 
rante-cinq ,  la  plupart  éroienx  fonement  attachés  aux  opinions  générale- 


}3<f        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLTi.   ment  reçues  dans  les  Ecoles ,  &  ne  pouvoienc  fouf&ir  qu'on  avançât  rîcn 
Paul  IIL  j^  contraire  aux  fcntimens  fur  lefqucls  les  Scolaftiqucs  ccoienc  d'accord. 
*■"—■■'""  Et  à  regard  des  points  fur  lefquels  ils  nes'accordoient  pas ,  chacun  étoit  fore 
jaloux  de  fa  propre  opinion ,  &  fur-tout  les  Dominicains ,  qui  fe  vancoient 
d'avoir  été  depuis  trois  cens  ans  ceux  dont  TEglife  fe  fervoit  pour  confondre 
lesHéréGes.  Il  ne  laiffoit  pas  cependant  dy  en  avoir  quelques- uns  parmi 
eux ,  qui  plus  pénétrans  que  les  autres  vouloient  qu'on  fufpcndit  fon  juge- 
ment ,  julqu'à  ce  qu  on  eut  pefé  les  raifons  de  chacun.  Tels  écoient  Am^, 
broift  Catharin  de  Sienne  Dominicain  ,  depuis  Evèque  de  Minori ,  André 
di  f^cga  Francifcain  Efpagnol ,  ic  Antoine  MarinUr  Carme.  Pour  ce  qui  eft 
des  Auguftins,  comme  ils  éroient  du  même  Ordre  que  Luther  j  ils  affec« 
toient ,  8c  Jérôme  Siripand  leur  Général  plus  que  les  autres ,  de  montrer 
plus  d'oppoHtion  que  qui  que  ce  fut  à  toutes  fes  opinions. 
Sentiment      LXXVI.  PouR  l'intelligence  des  trois  premiers  Articles  que  l'on  avoit  i 
é*  dil^ntes  examiner  »  >^  les  premier^  Théologiens  qui  parlèrent ,  crurent  qu'il  falloit 
des  Theolo-  rechercher  d'abord  quelle  eft  cette  Foi  qui  juftifie ,  &  quelles  fortes  d'œu- 
^^Icles  de  ^^^'  elleexclud.  Ils  diftinguèrent  pour  cela  trois  fortes  d  œuvres  ;  celles  qui 
U  jMfiifcM"  précédent  la'Grace ,  dont  il  étoit  parlé  dans  les  fept  Articles  fuivans  jufqu  aa 
tien  é"  de  dixième  ;  celles  qui  concourent  au  moment  même  de  l'infuCon  de  la  Grâce; 
U  Grâce,     g^  enfin  celles  qui  font  poftétieures  à  la  réception  de  la  Grâce ,  &c  dont  il 
étoit  patlé  dans  les  onze  Proportions  fuivati tes. 

Que  la  Foi  juftifie ,  c'eft  ce  qui  fut  fûppofé  comme  indubitable ,  S.  Paul 

l'ayant  dit  8c  répété  plufieurs  fois.  Mais  pour  décider  quelle  étoit  cette  Foi , 

&  de  quelle  manière  elle  juftifie  l'homme ,  c'eft  fur  quoi  on  ne  convint  pas» 

&  les  opinions  fe  trouvèrent  d'abord  partagées  fur  ce  point.  Car  l'Ecriture 

attribuant  à  la  Foi  plufieurs  propriétés  8c  plusieurs  vertus  »  que  quelques^ 

uns  ne  pouvoient  appliquera  une  feule  forte  de  Foi,  on  regarda  ce  terme 

comme  équivoque  ôc  comme  fufceptible  de  plufieurs  fens.  On  remarqua 

donc ,  que  tantôt  elle  fe  prenoit  pour  une  obligation  de  tenir  fa  promefle  > 

r  Rom.  IIL  comme  quand  S.  Paul  dit  »  '  que  l* incrédulité  des  Juifs  n  avoit  point  anéanti 

3-  la  foi  de  Dieu  :  tantôt  pour  la  vertu  de  faire  des  Miracles ,  comme  quand  le 

s  I.  Cor.    même  Apôtre  dit ,  s  que  quand  il  auroit  affei  de  foi  pour  tranfporter  les  mon-» 

XIII.  1.      tagnes ,  en  quel  fens  S.  Paul  dit ,  que  ^  que  ce  qui  nefi  pas  félon  la  foi  eft 
t  Rom.   péché  :  d'autres  fois  pour  la  confiance  en  Dieu  ,  &  une  ferme  perfualion 

XIV.  1  j.     qu  il  tiendra  fes  promeflTes ,  comme  quand  S.  Jacques  exhorte  ^  a  demander 
^u^u  v-i'  ^^^^  foi  fans  héfiter  :  enfin  *  pour  une  ferme  pcrfuafion  &  une  créance  cer- 
taine des  chofcs  que  Dieu  a  révélées  »  quoiqu'elles  ne  foient  point  vifibles. 

D'autres 

IX.  Les  premiers  Théologiens  quiparlè^  me  ils   ne  le  font  qae  par  extrait,  iInVft 

rené,  crurentqu  il  falhit  rechercher  d'abord  pas  étonnant  que  chacan  d*eaz  ait  fait  ces 

quelle  e/l  cottte  Foi  qui  juftifie  ,  &c.  ]  Nos  fones  d'Extraits  conformément  à  fes  idées 

deux  Hiftoriens  rapportent  aûTez  diverfe-  ce  qui  produit  toujours  une  affiez  grande 

ment  les  avis  des  Théologiens.  Mais  com-  difiîrence* 


X  Hebr.XI. 

X 


DE    TRENTE, Livre    IL  337 

D'autres  donnoicnt  encore  d'autres  fens  au  mot  de  Foi ,  les  uns  jufqu'à  neuf  udxlti. 
Se  d'autres  jufqu  à  quinze.  ^^"''  ^"• 


proprement  que  deux  lignincations  :  ijnc  par 
voit  entendre  la  véracité  &  Taflurance  de  celui  qui  difoit  ou  qui  promet- 
toit  une  chofe ,  &  par  l'autre  le  confentement  de  celui  qui  écoutoit  :  Que 
la  première  forte  de  Foi  étoit  celle  de  Dieu ,  &  que  la  féconde  étoit  la  nôtre  : 
Que  c  ctoit  de  cette  féconde  efpèce  de  Foi  que  dévoient  s'entendre  tous  les 
endroits  de  l'Ecriture  où  il  étoit  parlé  de  notre  Foi  i  «-*  ôc  que  d'entendre 
par  ce  mot  une  afllirance  ou  une  confiance ,  c'étoit  une  interprétation  non- 
feulement  impropre,  mais  encore  abufive  &  rejettée  par  S.  Paul  :  »î  Que 
la  confiance  ne  diffëiroit  point  ou  fort  peu  de  Tefpérance;  &  que  par  confé- 
quent  on  devoit  tenir  pour  une  erreur  &  même  pour  une  héréfie  cette 
Propofition  de  Luther  ,  que  la  Foi  /unifiante  eft  une  confiance  &  une  cer^ 
eitude  qua  le  Chrétien^  que  fes  péchés  lui  font  remis  par  Jefus-Chrifi.  Il 
ajoutoit ,  &  la  plupart  convenoient  avec  lui  >  qu'une  telle  confiance  ne 
pouvoit  juftifier ,  parce  que  c'eft  une  témérité  &  un  péché  »  l'homme  ne 
pouvant  uns  préfomption  être  certain  d'être  en  grâce ,  mais  en  devant  tou* 
jours  douter. 

Catharin  difoît  au  contraire:  <  Que  quoique  la  Juftification  ne  foit   k  Fleiuy; 

point  l'effet  de  cette  confiance ,  '  *  cependant  le  Jufte  pouvoic  &c  même  de-  L.  143-  ^'^- 

47. 

X).   Mais  Dominique  Soto  s'oppofa  à  qae  \zFoi  ne  confifle  pas  dans  cette  con» 

eux  tous  en  difant ,  que  c'étoit-là  déchirer  fiance  feule.  Mais  c  écoit  une  témérité  dé- 

la  Foi ,  &c.  ]  Je  ne  vois  pas  en  quel  fens  raifonnable  en  Soto  de  traiter  d*incerpréta- 

Soto  À  p'd  dire   que  c  ccoic  déchirer  la  Foi  tion  abudve  le  fens  de  confiance  ,  que  Ton 

&  donner  gain  de  caufe  aux  Luthériens  ,  donne  quelquefois  au  mot  de  Foi ,  puifqu  il 

que  de  marquer  les  diil&rens  fens  auxquels  eft  clair  qu  en  certains  endroits  deTEcricure» 

le  mot  de  Foi  fe  prend  dans  TEcriture.  C'é-  il  ne  peut  avoir  d*aucre  fens, 
toit  bien  plutôt  leur  donner  gain  de  caufe,         jf.    Que  la  confiance  ne  différoit  point 

que  de  nier  un  feit  aufC  cenain  que  left  ou  fort  peu  de  Vefpérance,  &c.  ]  Autre  illu- 

celui  que  le  mot  de  Foi  ne  peut  pas  s*en-  £on  de  Soto  qui  confond  ici  deux  choies 

tendre  toujours  dans  le  même  fens.  Rien  très-différentes ,  puifque  Tefpérance  ne  re- 

n*efl  plus  capable  de  confirmer  un  Adver-  garde  que  des  biens  à  venir  j  au  lieu  que  la 

(aire  dans  fon  oppofition  »  que  de  lui  con-  confiance  eft  une  ferme  afturance  &  une 

cefter  des  chofes   évidentes.  Car  c'eft  lui  forte  perfua/îon  tant  de  la  vérité  èa^  promet 

donner  lieu  de  croire  par-là  qu'on  ne  fat-  fes,  que  de  la  puiffancede  celui  en  qui  nous 

taque  que  par  e(prit  de  parti  &  par  opinia-  avons  cette  confiance, 
tretc.  16.  Cependant  U  Jujle  pouvoit  &  même 

14.   Et  que  d* entendre  par  ce  mot  une  devoit  croire  par  la  Foi  qu'il  étoit  en  gra^ 

affurance  ou  une  confiance  ,  c'étoit  une  in-  ce*  ]  Cette  opinion  de  Catharin  ,  quoique 

terprétation  non  feulement  impropre ,  &c  ]  non  cenfurée  par  le  Concile  ,  paroît  allez 

Reftreindre  le  mot  de  Foi  à  cette  ferme  mal  fondée ,  puifque  la  Foi  n'a  pour  objet 

confiance  ,  ce  feroic  fans  doute  une  inter--  que  des  choies  révélées  &  furnaturelles  ,  & 

prétation  non-feulement  impropre  ,  mais  en-  qu'au  contraire Taifurance  que  lliomme  peut 

cpre  ahufive  6*  rejettée  par  S.  Paul ,  puif-  avoir  de  (à  Juftification  ne  peut  être  qu  un 
To  ME    I.  Vu 


3}8  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDZLTi.  voie  croire  par  la  Foi  qu'il  écoic  en  grâce  *,  &  il  eut  bien  des  personnes  dt 

Paul.  UL  fon  avis. 

'  »7  jindrc  Je  Fcga  ouvrit  une  croifième  opinion  en  difanc  :  Qu  on  pou- 

voir fans  rémérité  croire  erre  fans  péché  -,  mais  ohh  on  n'en  avoir  aucune  pcr* 
fuafion  certaine ,  &  qu'on  n'en  avoir  qu'une  aUurance  conjeâurale. 

On  ne  peut  pas  négliger  certe  controverfe ,  parce  que  c'éroir  de  la  déci^ 
fion  de  ce  poinr  que  dépendoit  la  cenfure  de  l'Arricle  fécond.  C'cft  pouE« 
quoi  après  l'avoir  difcuré  d'abord  aiTez  légèrement,  lespanis  s'édiâu£Fè* 
rent ,  &  produi(irent  dans  le  Concile  de  longues  difputes  &  des  divifîoas  t 
pour  des  caufes  &  des  raifons  que  nous  rapporrerons  dans  la  fuite  Mai» 
tous  convenanr  unanimement  »  que  la  Foi  juftifiante  eft  un  confentemenc 
donné  à  toutes  les  chofes  que  Dieu  a  révélées ,  ou  que  l'Eglife  ordonne  de 
croire,  Se  qui  rantôr  eft  joinre  à  la  charité  &  tantôt  fë  trouve  fans  elle» 
on  la  diftingua  en  deux  efpéces  :  l'une  qui  fe  trouve  dans  les  Pécheurs  ,  & 
qu'on  appelle  dans  les  Ecoles  Foi  informe  ^  foluain  ^  flériU  ,  ou  moru: 
l'autre  qui  n'eft  que  dans  les  Juftes  ,  &  qui  opère  par  la  charité ,  &  qu'on 
nomme  pour  cela  Foi  formée  ^  efficace  &  vivante.  Sur  quoi  ilyeurime  au* 
rre  difpuce.  Car  les  uns  vouloient  que  la  Foi ,  a  laquelle  l'Ecriture  attri* 
bue  le  (alur ,  la  juftice ,  &  la  fanâificarion ,  fût  la  feule  Foi  vivanrc,  com- 
me l'avoienr  foutenu  les  Catholiques  d'Âllemaene  dans  les  Colloques ,  6c 
qu'elle  renfermât  en  foi  la  créance  des  chofes  révélées ,  les  préjpararions  de 
la  volonté ,  &  la  chariré,  en  quoi  confifte  tout  l'accompliflemenr  de  la 
Loi  s  &  qu'en  ce  fens  on  ne  pouvoit  pas  dire  que  la  Foi  feule  juftiâe ,  puif- 

3 n'étant  animée  par  la  charité  elle  n'étoit  pas  feule.  Mais  Marinier  ,  quoique 
e  cet  avis  ,  n'approuvoir  pas  qu'on  dît  que  la  Foi  eft  animée  par  la  cna* 
rite,  parce  que  S.  Paul  ne  s'eft  jamais  fervi  de  certe  manière  de  parler,  8c 
jGal.  V.  ^-  qu'il  s'eft  conrenté  de  dire ,  *  que  la  foi  opïrepar  la  chariti.  D'aurres  au 
conrraire  par  la  Foi  juftifiante  vouloienr  qu'on  enrendît  la  Foi  en  général  » 
fans  fpéciner  fi  elle  étoir  vive  ou  morte ,  parce  que  l'une  &  Taurre  jufti- 
fient  en  différentes  manières  \  la  Foi  vive  dune  manière  complette  > &  ht 
Foi  morte  &  hiftorique  uniquement  comme  principe  de  la  juftification. 
'^  Ils  difoienr,  quecetoitde  celle-ci  dont  parle  toujours  S.  Paul,  quand 
il  ne  lui  attribue  la  juftice  que  delà  même  manière  que  toute  la  Philofo- 

fencimenc  intérieur  naturel ,  coot-à-£ik  chofes  Je  (entîment ,  comme  cclle-ci ,  cleft 

diftingné  de  la  Foi.  Oonre  qae  d*aiileQrs  il  moins  par  Taurorité  &  le  raifbnnemenr 

eft  impoflTible  qae  l'homme  pwfTe  parvenir  ao'on  en  doit  décider  ,  que  parce  que  le 

à  une  celle  cercicude,  à  caufe  des  &mes  per-  ienriment  général  de  tous  les  hommes  leur 

pénielles ,  qui  rendent  toujours  (bn  tàlut  in-  apprend  fur  ce  qui  fe  padè  au-dedans  dVax- 

certain  ja(qu'à  ce  que  la  mon  aie  fixé  pour  mêmes ,  relie  qu'eft  la  connoîflance  intime 

jamais  fon  fort  éternel.  que  chacun  a  de  fon  propre  étar. 

17*  André  dt  Véga  ouvrit  une  troifième         1 1.  Ils  difoient  y  que  détarttûitjûurs  de 

opinion  y  drc.  ]  Celle-ci  eft  fans  doute  infi-  celU^ei  dont  parle  S*  Paul,  8cc.  ]  Au  con* 

niment  plus  raifbnnable ,  &  plus  conforme  traire  y  quand  cet  ApAtre  parle  de  la  Foi  qui 

an  fentiment  intérieur  de  chacun  ,  &  a  d&  juftifie,  c'eft  toujours  d'une  Foi  aéHve  qui 

par  confcquent  prévaloir  5  puslque  dans  les  fe  montre  par  les  oeuvres ,  &  non  de  celle 


DE    TRENTE,  L  I  VRE    IL  359 

phic  cft  comprifc  dans  les  lettres  de  l'Alphabet  -,  c'eft-à-dirc ,  que  cette  Foi  Mûxtrr- 
n'cft  proptetnent  que  comme  la  bafe  de  la  juftice ,  ce  qui  n'eft  prefque  rien  ^^^^  ^^ 
en  comparai£bci  de  ce  qui  refte  à  faire ,  comme  une  bafe  de  ftatue  n*eft  — ■— ■ 
ptefque  rien  en  comparaifon  de  la  ftatue  même.  Les  Dominicains  &  les 
Francifcains  ctoient  pour  cette  féconde  opinion ,  &  Marinier  A^rtc  les  autres 
pour  la  première.  '^  Mais  on  ne  toucha  pas  au  point  de  la  difficulté  ,  qui 
etoit  de  favoir ,  fi  l'homme  premièrement  eft  jufte  avant  que  d'opérer  la 
juftice,  ou  s'il  devient  jufte  par  les  œuvres  de  juftice  qu'il  opère.  Ils  con« 
venoient  tous  en  une  feule  chofc ,  qui  eft ,  que  cette  Propontion ,  La  Foi 
ftuUjufiifu ,  avoit  plufieurs  fens ,  mais  tous  abfurdes  \  parce  que  Dieu  juf* 
cifie  ,  &  les  Sacremens  aufli ,  chacun  en  leur  manière  :  de  forte  jque  cette 
Propofition  fouffroit  différenres  exceptions.  Car  la  préparation  de  l'ame  ï 
recevoir  la  Grâce  juftifieauili  en  fa  manière  ^  &  la  Foi  par  conféquent  ne 
pouvoir  pas  exclure  cette  forte  d'œuvres. 

Pour  ce  qui  regardoit  les  Articles  où  Luther  traire  de  péchés  toutes  les 
œuvres  qui  précédent  la  Grâce ,  les  Théologiens ,  plutôt  en  déclamant  qu'en 
les  réfutant ,  les  taxèrent  tous  d'hérétiques ,  comme  ils  firent  auflfi  cetre 
Propofition  générale ,  que  toutes  les  œuvres  humaines  fans  ta  Foi  font  despé* 
chis.  ^o  Car  ils  (butenoient  comme  une  chofe  évidenre  :  Qu'il  y  a  beaucoup 
d'aétions  humaines  indifférentes ,  qui  ne  font  ni  bonnes  ni  mauvaiies  ;  &: 
qu'il  y  en  a  d'autres ,  qui  (ans  être  agréables  à  Dieu ,  font  néanmoins  mo« 


qui  (è  termine  i  une  créance  Tpécolative  des 
tkofes  révélées,  &  deftitoée d'obéiflànce  aax 
comaumdemens  de  Oiea. 

19.  Maïs  9n  ne  toucha  pas  au  point  de 
la  difficulté ,  &:c.  ]  Cette  difficulté  eiTedi- 
yement  nétoic  pas  aiSe  à  réfoudre ,  &  poux 
le  faire  d*une  manière  fatisfaifante ,  il  £aat 
envifager  la  Propofition  (ov&  des  rappons 
très-difflfrens.  Car  ou  il  s'agit  d*an  Infidèle, 
ou  d*un  Fidèle  enfanr  oa  adulte.  Llnfidéle 
fans  doute  efl  jufiifié  avant  que  d'opérer  la 
juftice ,  puifqu  il  eft  juftifié  par  la  Foi ,  avant 
laquelle  fes  œuvres  ne  peuvent  ni  lui  niéri- 
cer  ni  lui  conSrer  la  juftice.  L'en&nt  Fidèle 
eft  jufte  auffî  avant  que  d'opérer  la  juftice, 
puisqu'il  n'eft  jufte  que  par  l'imputation  qui 
lui  eft  Êiice  de  la  Grâce  dans  an  &ge  od  il 
eft  encore  incapable  d'aucune  juftice  inlîifê 
ou  inhérente.  A  l'égard  du  Fidèle  adulte ,  il 
ne  peut  certainement  être  jufte  que  par  les 
oeuvres  opérées  par  la  Foi  ,  puifque  la  jufti- 
ce de  la  Foi  n'étant  réelle  en  lui  qu'autant 
qu  elle  opère ,  s'il  n'a  point  d'œuvres  il  n'a 
point  de  juftice  h  Se  fa  Foi  ,  comme  dit  S. 
lacques ,  eft  feoiblable  à  celle  des  Démons 


qui  croyent  6»  qui  tremblent.  IstCm  IL  x^* 

to.  Car  ils  Jbntenoient  comme  une  chofi 
évidente  ,  qu'il  y  a  beaucoup  d*a3ions  hu* 
maines  indifférentes  »  &c«  ]   11  j  en  a  cex- 
uinement  beaucoup ,  qui  font  telles  par  leur 
nature.  Mais  bien  des  Théologiens  préten- 
dent avec  raifon ,  qu'il  n'y  en  a  aucune  qui 
le  (bit  dans  l'individu  ,  c'eft-à-dire  ,  dans 
l'intention  de  celui  qui  agit  ;  parce  que  toute 
fin  étant  bonne  ou  mauvaiiè  ,    Se  toute 
adion  étant  faite  potur  une  fin  ,  il  s'enfait 
qu'il  ne  peut  j  en  avoir  aucune  indiSerentr* 
La  queftion  donc  fe  réduit  à  favoir  s'il 
peut  Y  avoir  des  fins  indifférentes.  La  chofè 
ne  feroit  pas  difficile  à  décider ,  û  le  terme 
d'indifférentes  fe  prenoit  dans  un  fens  vague. 
Se  qui  fignifie ,  que  l'homme  ne  (e  propofe 
dans  une  aèlion  particulière  de  rien  faire  qui 
foit  proprement  ou  vice  ou  vertu.  Mais  à 
prendre  ce  mot  dans  un  fens  plus  ftrîèl , 
Se  en  parlatn  plutât  d'une  intention  habi- 
tuelle que  d'une  aéVuelle ,  il  eft  difficile  de 
croire  qu'il  y  ait  i  proprement  parler  au- 
cune aèiion  autrement  indifférente  que  dans 
(a  nature. 

Vu  1 


340         HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLYx.  ralemem  bonnes  :  Que  de  ce  nombre  font  les  aâions  vertueufes  des  Infîdè* 
Paul  III.  {^^  ^  g^  celles  des  Chrétiens  qui  font  en  péché ,  qu'il  cft  contradiûoire ,  ce 
'  femble  ,  de  traiter  en  même  tems  d'aftions  honnêtes  &c  de  péchés  -,  fur-tout 

étant  obligé  de  mettre  en  ce  rang  les  œuvres  héroïques  des  anciens  Payens  3 
fi  fort  louées  dans  l'Antiquité. 
(F]eary>L.  ^'  Mais  Catharin  foutint  :  ^  Que  fans  le  fecours  particulier  de  Dieu  , 
X43.N^5 5.  l'homme  ne  pouvoit  faire  aucune  aâion  véritablement  bonne  ,  &  qui 
ne  fût  un  péché  :  Que  toutes  les  œuvres  des  Infidèles  que  Dieu  n'appelle 
point  à  la  Foi ,  &  celles  des  Fidèles  qui  font  en  péché ,  &  que  Dieu  n'ex- 
cite point  à  la  converfion  ,  quoique  bonnes  &  honnêtes ,  &  même  héroïques 
en  apparence ,  font  de  véritables  péchés  :  Que  qui  les  loue  ,  ne  les  con- 
fidére  qu'en  général  &  félon  les  apparences  extérieures  ;  mais  que  qui- 
conque en  voudroit  examiner  les  circonftances  ,  en  découvriroit  Tini* 
quiré  :  Que  par  conféquent  ce  n'étoir  point  en  cela  qu'on  devoir  con- 
damner Luther  9  mais  par  rapport  aux  Articles  où  il  étoit  parlé  des 
œuvres  qui  fuivent  la  Grâce  prévenante ,  &  qui  font  des  préparations 
à  la  JulUtication ,  telles  que  font  la  déieftation  du  péché  »  la  crainte  de 
l'Enfer  ,  &  les  autres  terreurs  de  la  confcience.  Pour  appuyer  fon  fentiment 
il  allcguoic  S.  Thomas ,  qui  enfeigne ,  que  pour  faire  une  bonne  œuvre  il 
faut  que  toutes  les  parties  en  foient  bonnes ,  au  lieu  que  pour  la  rendre 
mauvaife  il  ne  faut  que  le  défaut  d'une  feule  circonftance  :  Que  bien  qu'à 
confidécer  les  œuvres  en  général  ,  quelques-unes  foient  indifférentes  > 
cependant  dans  celui  qui  les  fait  il  n'y  avoit  point  de  milieu  entre  les  faire 
fans  défaut ,  ou  avec  quelque  défaut  :  Que  par  conféquent  chaque  ac- 
tion particulière  étoit  ou  bonne  ou  mauvaife  ,  &  qu'il  n'y  en  avoir  point 
d'indifférente  :  Que  comme  la  fin  efl  une  des  circonflances  qui  fert  à  qua- 
lifier l'adion ,  toutes  les  œuvres  qui  ont  une  mauvaife  fin  fonr  gâtées  & 
corrompues  :  ^^  Que  les  Infidèles  rapportant  tout  ce  qu'ils  font  à  la  fin 


II*  Mais  Catharin  foutint ,  que  fans  le 
fecours  particulier  de  Dieu  ,  l'homme  ne 
pouvoit  faire  aucune  aSion  véritablement 
bonne  ,  &c.  ]  Cette  opinion  de  Catharin  , 
qui  efl  celle  de  cous  les  Thoniiiles  &  de 
tous  les  Janicnides  ,  fuppofé  la  vérité  da 
principe ,  e(l  conflammenc  la  plus  philofo- 
phique  &  la  mieux  foutenue  dans  Tes  con- 
(équences.  La  feule  difficulté  efl  de  fa  voir 
ce  que  cet  Auteur  entend  par  un  fecours 
paniculier  de  Dieu.  Car  fi  ce  n'ed  que  cette 
lumière  natureUe  &  ce:  amour  inné  daUien, 
ue  Dieu  donne  à  cous  les  hommes ,  per- 
oniie  ne  conteflera  le  principe.  Mais  que , 
fans  ce  que  les  Théologiens  appellent  la  Foi , 
&  fans  une  grâce  fpéciale  qui  applique  in- 
^illiblement  au  bien  >,  cous  les  Infidèles  ^ 


t 


c*efl-à-dîre ,  non-feolement  les  Idolâtres , 
mais  cous  ceux  qui  ne  croyenc  poinc  en 
Jefus-Chhft  ,  quoiqu'ils  aienc  d'ailleurs  It 
connoiflance  de  Dieu  &  agiflenc  conformé* 
ment  à  cette  connoiilànce  »  que  tous  ces 
gens-là,  dis  je  y  pcchenc,  &  que  routes  leurs 
avions  foient  autant  de  véritables  péchés  , 
c'eft  ce  quil  efl  difficile  de  croire  &  de  pei^ 
fuader  à  ceux  qui  ont  quelque  idée  de  la 
juftice  de  Dieu  &  de  ce  qaon  appelle  Vertu ^ 
qui  n  eft  autre  chofè  qu'une  exaéle  confos- 
mité  de  nos  aâions  à  la  rai(bn  &  aux  de- 
voirs qui  nous  font  prefcrits  ,  avec  une  in- 
tention droite  de  faire  ces  actions  précilé- 
menc  pour  une  bonne  fin. 

11.   Que  ks  Infidèles  rapportant  tout  ce 
qu'ils  font  a  la  fin  de  leur  Se  fie  qui  efi  mau* 


DE    TRENTE,  Livre    IL  J41 

de  leur  Seâe  qui  eft  mauvaife  ,  leurs  oeuvres  ,  quoiqu'elles  paroiÔènt  udxvtk 
héroïques  à  ceux  qui  ne  voyent  point  l'intention ,  font  néanmoins  autant  ^^^^  ^^^* 
ck  péchés  :  Qu'il  eft  indifférent  que  le  rapport  d'une  a£tion  à  une  fin  mau-  " 

vaiife  foit  un  rapport  adtuel  ,  ou  habituel ,  puifqu'il  n'eft  pas  nécelTaire 

Bmr  que  le   Jufte  mérite  ,  qu'il  rapporte  aéluellement  fon  aâiôn   i 
ieu  ,  &  qu'il  fuffit  qu'il  le  fa(Iè  habituellement.  Il  ajoutoit  même  » 
que  félon  S.  AugufHn ,  pour  faire  un  péché  il  n'étoit  pas  nécefTaire  d'agir 
pour  une  mauvaife  fin ,  mais  qu'il  fuffifoit  qu'on  n'agit  pas  pour  une  bonne 
&  pour  celle  qu'on  devoir.  Et  comme  il  foutenoit  que  fans  la  Grâce  pré- 
venante l'homme  ne  pouvoir  rien  rapporter  à  Dieu  ,  il  concluoit  qu'avant 
de  l'avoir  reçue  il  ne  pouvoir  y  avoir  aucune  œuvre  moralement  bonne. 
Il  rapporta  beaucoup  d'endroits  de  S.  Auguflin  pour  montrer  qu'il  avoir 
été  de  ce  fentiment  *,  &  y  en  joignit  beaucoup  d'autres  de  S.  Ambroift ,  de 
S.  Profpcr ,  de  S.  Anfdmt ,  &  des  aurres  Pères.  Il  cita  auffi  Grégoire  de  Ri^ 
mini  &  le  Cardinal  de  Rochcfier^  qui  dans  fbn  Livre  contre  Luther  défend 
ouvertement  la  même  opinion.  Il  foutenoit  enfuite  ,  qu'il  valoit  mieux 
fuivre  les  Pères  que  les  Théolc^iens  Scolaftiques ,  qui  fe  contredifoient 
l'un  l'autre  ;  &  qu'il  éroit  plus  fur  de  s'appuyer  fur  l'Ecriture ,  qui  eft  le 
fondement  de  la  véritable  Théologie  ,   que  fur  les  fubtilités  philofo- 
phiques  ^  qu'on  avoir  fuivies  trop  facilemenr  dans  les  Ecoles.   Il  difoit 
qu'il  avoit  été  lui-même  autrefois  du  fentiment  contraire  ,  mais  qu'après 
avoir  étudié  l'Ecriture  &c  les  Pères ,  il  avoit  découverr  la  vérité.  Il  infif- 
^oit  beaucoup  fur  l'endroit  de  l'Evangile  où  il  eft  dit ,  ^  quUin  mauvais     e  Matt. 
arbre  ne  peut  perter  de  bon  fruit  ;  &  fur  ce  que  Jéfus-Chrift  y  ajoute  en  VU.  i8. 
difant ,  ^  Plante?  un  bon  arbre ,  &  le  fruit  enjera  bon  ;  ouplante^  un  mau^     d  Matt. 
vais  arbre  ,  &  U  fruit  en  fera  mauvais.  Enfin  il  appuya  plus  fortement  que  ^^^*  3  3- 
fïir  toute  autre  chofe  fur  cet  endroit  où  S.  Paul  dir  ,  ^  que  rien  nefipureVii.  L15. 
pour  Us  Infidiles  y  parce  que  leur  ef prit  &  leur  confcience  font  fouillés, 

Soto  s'éleva  avec  beaucoup  d'aigreur  contre  cette  opinion  ,  jufqq'à  mê- 
me la  traiter  d'hérétique ,  parce  qu'on  en  pouvoir  inférer  que  l'homme 
n'a  pas  la  libcrré  de  faire  le  bien  ,  &  n'étoit  pas  capable  d  oDtcnir  fa  fin 
raaturelle  ,  ce  qui  étoit  nier  avec  les  Luthériens  le  Libre-arbitre.  ^^  Il 


vaife  ,  leurs  auvres  — fifnt  néanmoins  au- 
tant  dépêchés,  ]  Il  eft  certain  qu'âne  adion 
quoique  bonne ,  fi  elle  eft  lapporcée  à  une 
mauvaife  fin ,  ne  peut  être  que  mauvaife. 
Mais  eft-il  toujours  vrai ,  que  ces  Infidèles 
rapponent  tout  ce  qu'ils  font  à  la  fin  de  leur 
Seâe  ?  Catharin  le  TuppoTe,  mais  ne  le 
prouve  pas,  &  le  contraire  fembleplus  rai- 
îbnnable. 

1  ) .  //  foutenoit  ,  que  l'homme  avec  les 

feules  forces  de  la  Nature  peut  obferver  tous 

Us  préceptes  de  la  Loi  quant  à  la  fubftance 

d:  fauvre»  6cc  ]  le  ne  fki  comment  Soto 


pouvoir  traiter  d'hérétique  lopinion  de  Ca^ 
tharin ,  puifque  la  fienne  propre ,  quoique 
moins  dure  en  apparence ,  revient  pourtant 
dans  le  fond  an  même.  Car  f\  c'eft  une  Hé< 
réfie  de  dire  ,  que  fans  U  fecours  particu- 
lier de  Dieu  ,  l'homme  ne  peut  faire  aucune 
a&ion  véritablement  bonne  >  ce  n'en  doit  pas 
être  une  moindre,  que  de  (butenir  comme 
Soto  ,  (\M^  V homme  ne  peut  pas  obftrver 
tous  les  préceptes  de  la  Loi  t^uant  à  la  fin  ; 
puifque  i\  on  ne  peut  pas  obferver  ces  pré- 
ceptes quant  à  la  fin,  on  ne  peut  pas  dire  que 
ces  avions  foient  véritablement  bonnes ,  &: 


Ht  HISTOIRE    DU    CONCILE 

JC9XLTI.  foacenoic,  que  rhorome  avec  les  feules  forces  de  la  Natuie  peut  obferver 
Paui  m.  JQU5  [ç5  préceptes  de  la  Loi  quant  à  la  fubftance  de  l'œuvre ,  quoique  non 
'■■■■"■■■^*  quant  à  la  fin  ',  &  que  cela  fuffifoit  pour  éviter  le  péché.  Il  diftinguoit  trois 
tortes  d'<ruvres  dans  les  honunes ,  iavoir  la  tranferedion  de  la  Loi ,  qui 
fait  ie  péché  i  Tobfervation  de  la  Loi  par  la  chanté  ,  qui  eft  une  œuvre 
méritoire  6c  agréable  àDieuv^^>-*&  une  aâiion  mitoyenne,  qui  eft  i'ob- 
fervation  de  la  Loi  quant  à  la  fubftance  du  précepte ,  Ôc  qui  eft  une  œuvre 
moralement  bonne  dfc  parfaite  en  fon  genre ,  eniorte  que  celui  qui  la  fait 
accomplit  la  Loi,  ^^  fait  une  œuvre  moralement  bonne,  &  par-là  évite 
ainfi  tout  péché.  Pour  modérer  cependant  cette  «rande  perfeâion  ,  que 
Soto  attribuoit  à  notre  Nature  ,  il  ajoutoit  :  Qu  autre  ctiofe  étoit  de  fe 
garder  de  quelque  péché  en  particulier ,  Se  autre  chofe  de  les  éviter  tous 
enfemble  :  Que  Thomme  pouvoit  fe  garantir  de  chacun  en  paniculier^ 
inais  non  pas  de  tous  î  ^^  &  il  apportoit  pour  exemple  celui  d'un  homme 
qui  ayant  un  vaifleau  percé  en  trois  endroits  ,  ne  pouvoit  pas  les 
boucher  tous  avec  deux  mains  ,  mais  feulement  choitir  les  deux  qu*il  vou- 
droit  boucher ,  en  forte  cependant  qu'il  en  refteroit  toujours  un  troifieme 
ouvert.  Cette  doârine  ne  contentoit  pas  tous  les  Pères ,  parce  que ,  quoi- 
qu'elle montrât  clairement  que  toutes  les  œuvres  ne  font  pas  des  péchés, 
elle  ne  fauvoit  pas  entiètement  le  Libre-arbitre ,  en  ce  qu'il  s'enfuivoit  tou- 
jours néceftairement ,  qu'il  ne  feroit  pas  libre  à  l'homme  d'éviter  tous  le9 
péchés.  D'ailleurs  ce  Théologien ,  après  avoir  donné  pour  bonnes  les  œuvres 
nonnètes  des  Infidèles  ou  des  pécheurs  ,  fe  trouvoit  embarraifé  à  détermi- 


qu'ainfi  c'eft  rainer  également  la  Liberté. 
Catharin  d'ailleors  ne  nioxt  pas  plus  que 
Soto  ,  qae  fans  ce  fecours  particulier  de 
Diea  un  Infidèle  ne  pût  faire  des  aétions 
bonnes  quant  à  la  fubftance  >  &  ainfi  ces 
deux  fyftémes ,  quoique  dificrens  en  appa- 
rence ,  revenoient  pourtant  réellement  au 
même. 

14.  Et  une  aBioti  mitoyenne  ,  qui  efl 
tobfervation  de  la  Loi  quant  à  la  fuh fian- 
te du  précepte  ,  &  qui  eft  une  auvre  mora* 
lement  bonne  ,  Scc,  ]  Qu  une  adion  qui  eft 
défedhieufe  quant  à  la  fin  ,  (bit  une  aâion 
moralement  bonne  &  par&ite  en  (on  genre, 
c*eft  ce  qui  femble  ouvertement  impliquer 
contradiàion.  Car  pui(qne  c'eft  la  fin  qui 
caxa^rife  &  qui  fpécifie  proprement  Tac- 
tii>n,  comment  eft-ii  podible ,  qu'une  aâion 
dont  la  fin  eft  défedneufe  foit  cependant 
moralement  bonne  8c  parfaite  en  (on  gen- 
re ?  Ce  (ont  de  ces  aveux  incompatibles , 
qui  montrent  la  foibleflè  &  rincon(îftence 
d'un  f/ftème. 


if.  Fait  une  ctuvre  moralement  honm  ^ 
&  par4à  évite  ainfi  tout  péché.  ]  Si  c'eft  I« 
fin  qui  donne  proprement  le  niérite  on  le 
démérite  à  une  a^on ,  comment  une  œuvre 
moralement  bonne  feulement  quant  à  la 
fubfbnce  peut-elle  être  exemte  de  péché  j 
fi  la  fin  n'eft  pas  également  bonne  ?  Et  corn* 
ment  peut-il  fuffire  pour  éviter  le  péché  de 
dire  une  adion  bonne  quant  à  la  fubftanf 
ce ,  fi  la  fubftance  même  ne  fait  que  partie 
de  l'aâion  ?  Ce  ibnt  de  ces  chofes  qui  ne 
s'accordent  ni  avec  la  Théologie  ni  avec  la 
Philo(bphie ,  &  je  doute  que  Soto  s'entendit 
bien  lui-même ,  lor(qu*il  parloit  ainfi. 

i6.  Et  il  apportoit  pour  exemple  celui 
d'un  hommt ,  qui  ayant  un  vaiffeau  percé 
tn  trois  endroits ,  &c.  ]  Cet  exemple  rend 
encore  plus  fenfible  ,  combien  ce  Cjilhne 
étoit  contraire  à  la  Libené ,  puifqu'il  laiflbit 
toujours  l'homme  dans  l'impoiflance  de  fe 
défendre  du  péché  -,  Se  c'eft  ce  qui  fait  ajou- 
ter à  Fra-Paolo ,  que  cette  doébine  ne  con* 
tentoit  pas  tous  les  PereSt 


'^1 


D  E    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  X  1   IL  34) 

net  (i  elles  préparoienc  à  la  JoftiScation,  ou  non.  En  ne  regardant  que  la  ui^xitr. 
bonté  de  ces  onivres  »  elles  lui  fembloient  y  préparer-,  mais  en  con(idéranr  ^^^^^' 
que ,  félon  la  doûrine  de  S.  Augujlin  ûiivic  par  S.  Thomas  &  par  de  bons  " 

Théologiens  >  U  principe  du  falut  vient  de  la  vocation  de  Dieu  ,  il  femblcnr 
devoir  croire  le  contraire.  ^7  H  lui  fallut  donc  éluder  la  difficulté  par  cette 
difbn&ton  >  que  ces  ceavres  étoient  des  préparations  éloignées  &  pro« 
chaînes  \  comme  (l  en  donnant  aux  forces  de  la  Nature  le  pouvoir  aap- 
porter  des  préparations  même  éloignées  ,  ce  n'étoir  pas  oter  à  la  Grâce  de 
Dieu  le  commencement  da  falut. 

^^  Les  Francifcains  allant  plus  loin  foutenoient ,  que  non  feulement  ces 
enivres  étoient  bonnes  &  préparoient  à  la  Juftâficarion  véritablement ,  mais 
encore  qu'elles  étoient  proprement  méritoires  auprès  de  Dieu  ;  parce  que 
Scot  y  donc  ils  fuivoient  la  cloârine  >  avoir  inventé  une  forte  de  mérite ,  qu'il 
attribuoit  aux  œuvres  faites  par  les  feules  forces  de  ta  Nature.  En  e&t  ce 
Thcoloeien  enfcignoit  que  ces  oeuvres  méritoienr  la  Grâce  de  congruo  ^ 
c'eft-à'dire ,  comme  quelque  chofe  de  raifonnable ,  Se  qne  cela  arrivoit  in« 
failliblement  &  en  conféquence  d'une  certaine  Loi  \  &  qu'ainfi  l'homme  par 
izs  feules  forces  naturelles  pouvoir  avoir  une  douleur  defon  péché,  qui  fut 
une  difpofîtion  à  les  lui  faire  ren^ttre,  &qui  méritât  cène  rémiffion  de  con-^ 
gnso  :  ce  qui  étoic  fondé  fur  une  nwudme  reçue  de  fon  rems ,  ëc  qu'il  ap* 
prouvoit ,  Que  Dieu  ne  manque  jamais  à  quiconque  fait  tout  ce  qu^il  peut  Je^^^ 
ion  fes  forces.  Mais  quelques  Ecrivains  du  même  Ordre  alloient  encore  plus 
avant,&  difoient  que  (i  Dieu  ne  donnoit  pas  fa  Grâce  à  quiconque  agit  félon 
{es  forces ,  il  feroïc  injufte  &  partial ,  &  feroit  acception  de  perfonnes.  Ils 
difoient  même  avec  beaucoup  de  chaleur  &  de  pamon,  que  ce  feroit  une 
grande  abfurdité ,  (i  Dieu  ne  faifoit  pas  de  différence  d'un  homme  qui  vie 
naturellement  bien  ,  d'avec  un  autre  qui  eft  plongé  dans  toutes  fortes  de 
vices  ;  &  qu'il  n'y  avoit  pas  de  raifon  pour  donner  la  Grâce  à  l'un  plutôt  qu'i 
Fautre.  Us  ajoutoient  que  S.  Thomas  avoit  été  de  leur  opinion  \  ôc  qu'en- 

ijM  lui  fallut  donc  éluder  la  difficulté,  que  celai  de  Soto  ,  mais  aufli  plus  appro- 

&c,  ]  Cécoit  bien  l'éluder  en  effet  y  que  de  chant  du  Pélagianifme ,  Se  tout-à-Êiic  con- 

traiter  ces  œuvres  de  préparations  éloignées  traire  à  l'expérience,  qui  nous  apprend  que 

à  la  luflification  ;  puifque  (i  elles  y  difpo-  Dieu  appelle  fouvent  ceux  quife  font  rendus 

fent  dune  manière  même  éloignée ,  elles  les  plus  indignes  de  fa  vocation  par  une  con-. 

doivent  être  regardées  comme  le  principe  duite  criminelle  ,  6c  abandonne  ceux  qui 

de  la  Juftification  :  à  moins  qu'on  ne  difè  par  une  conduite  moralement  bonne  en  pa* 

qu elles  y  difpofent  non  par  voie  de  mérite,  roiilènt  les  plus  dignes.  Rien  d'ailleurs  n'efl 

mais  parce  quelles  laiflent  moins  d*ob(la-  fi  clairement  marqué  dans  l'Ëcriture  que  1^ 

clés  à  la  vocation  de  Dieu  :  ce  qui  au  fond  gratuité  de  la  vocation  de  Dieu ,  qui  ne  noua 

ne  donne  aucun  avantage  au  fyftême  de  Soto  appelle  point  en  vue  de  nos  mérites  i  Ôc  tour 

fur  celui  de  Catharin.  ce  que  Ton  peut  dire  pour  {âuvex  fa  juftice 

2.  S,    Les  Francifcains  allant  plus  loin  eft,  que  (î  les  œuvres  de  llomme  ne  méri* 

foutenoient ,  que  non-feulement  ces  oeuvres  tent  point  la  Grâce ,  Dieu  du  moins  ne  punit 

étoient  bonnes ,  &c.  ]  Leur  fyftème  comme  pas  en  lui  le  défaut  d'une  Grâce  qui  ne  lui  a^ 

celui  de  Catharin  étoit  mieux  fuivi  &  plus  lié  point  été  donnée. 


J44       HISTOIRE    DU    CONCILE 

UDXLTi.  feigner  autrement ,  ce  feroit  jetrcr  les  hommes  dans  le  défefpoir  ,  les  ren-*^ 
Paul  III.  j^g  négligens  à  faire  le  bien ,  &  fournir  aux  mcchans  un  prétexte  pour  cx- 
~  cufer  leurs  mauvaifes  aâions ,  en  en  rejettant  lacaufefurle  tnanquemenG 

de  la  Grâce. 

Les  Dominicains  avouoient  bien ,  que  S.  Thomas  avoir  été  de  ce  fen« 
timenc  étant  jeune  ,  mais  ils  difoient  qu'il  l'avoir  retraité  dans  fa  vieille/le. 
Ils  le  combattoient  enfuite  par  lautorité  du  Concile  d'Orange ,  qui  avoic 
déclaré  que  la  Grâce  n  eft  précédée  d'aucun  mérite  y  Se  que  c'eft  à  Dieu  qa'oa 
doit  attribuer  le  commencement  du  bien.  Ils  ajoutoient  ^^  qu'après  Téclac 
que  les  Luthériens  avoient  fait  contre  l'Eglife  pour  ce  mérite  de  congrue  >  il 
etoit  néceffaire  de  l'abolir  entièremenr ,  d'autant  plus  qu'on  n'en  avoir  ja- 
mais entendu  parler  dans  les  anciens  rems  de  l'Eglife  ,  ni  dans  les  grandes 
difputes  qu'on  avoit  eues  avec  les  Pélagiens  \  qu'enfin  l'Ecriture  attribue 
toujours  notre  cooverfion  à  Pieu ,  &  qu'il  ne  convenoir  pas  de  s'écarter  de 
fon  langage. 

Sur  l'article  des  préparations  à  la  Juftifîcation ,  il  n'y  eut  aucune  difpute 
pour  le  fond  de  la  dfoârine.  Tous  convenoient  :  Qu'après  le  mouvement  de 
Dieu  9  il  naît  en  nous  une  crainte  &  diverfes  confidérations  fur  la  malice  du 
péché  -,  3^  &  on  s'accordoit  à  cenfurer  comme  hérétique  l'opinion  de  Luther^ 
qui  çnfeignoit  que  cette  crainte  eft  mauvaife ,  puifque  c'eft  Dieu  qui  ez« 
^orte  &  qui  excite  le  pécheur  à  cette  crainte  &  à  ces  confidérations  ,  & 
qu'on  ne  peut  pas  dire  qu'il  nous  excite  au  péché  :  Que  d'ailleurs  l'office  du 
Prédicateur  étoit  de  fe  fervir  de  ces  confidérations  pour  effrayer  le  pécheur  \ 
ic  comme  c'étoit  la  voie  par  où  tous  paient  de  l'état  du  péché  à  celui  de  la 
grâce ,  il  eut  été  bien  étrange  qu'on  n'eut  pu  pafier  du  péché  à  la  juftice  que 
par  un  autre  péché.  Il  y  avoir  pourtant  une  difGcalté  à  laquelle  ils  ne  pour- 
voient 


19.  Qu'après  l*icUt  que  les  Luthériens 
évoient  fait  contre  l'Eglife  pour  ce  mérite 
de  congrup  ,  //  étoit  néceffaire  de  V abolir 
entièrement,  ]  Cette  diftinâion  de  mérite  de 
çongruo  qui  eft  fondée  fur  une  cenaine  équi- 
té naturelle ,  9c  en  mérite  de  cçndieno  qui 
a  Con  fondement  dans  les  promefles  de  Dieu» 
cette  diftind^ion,  dis-je,  quoique  fondée  en 
laifbn,  a  été  tout'à-£iit  ignorée  dans  les 
grandes  controverfes  du  Pélagianifme ,  oi 
fon  n'a  accordé  de  mérite  qu'à  la  Foi ,  ou  aux 
ceuvres  faites  par  la  Foi.  Ceft  ce  qui  a  tou- 
jours fait  traiter  de  doébine  Pélagienne  par 
Luther  &  Calvin  ce  mérite  de  congruo.  Mais 

Quoique  ce  terme  (bit  une  invention  mo- 
emc de  l'Ecole,  il  femble  cependant,  que 
la  plupart  des  Pères  Grecs  en  ayent  fourni 
l'idée ,  lorfqu'ils  ont  attribué  le  commence- 


ment du  (klut  à  rhomme  s  &  que  c'eft  à  (es 

forces  feules  qu'ils  on  rapponé  la  premièrt 
volonté  de  fe  fauver ,  comme  le  font  en  bien 
des  endroits  S.  Chryfçftome  ,  5.  Cyrille  da 
lerufalem ,  &  plufieurs  autres. 

3  o.  On  s'accordoit  à  cenfurer  comme  hl' 
rétique  l'opinion  de  Luther  ,  qui  enfeignoii 
que  cette  crainte  eft  mauvaife  ,  &c,  ]  11  n'eft 
pas  étonnant  qu'on  s'accordât  à  condamner 
une  opinion  qui  n'eft  fondée  ni  en  raifon,  ni 
en  autorité.  Car  quoique  la  crainte  (bit  in* 
fgffifantè  au  falut  fans  la  charité  y  on  ne  peut 
pas  dire  cependant  qu'une  telle  crainte  (bit 
mauvaife ,  puifqu*il  ne  peut  y  avoir  de  p6? 
ché  à  craindre  un  mal  réel ,  &  que  cette 
crainte  ne  peut  naître  que  de  la  créanct 
d'une  autre  ^ie  ,  qui  fait  partie  de  ('objet  da 
la  Foi, 


DE    TRENTE,  Livre    IL  J4f 

voient  répondre ,  &  qui  croit  que  toutes  les  bonnes  œuvres  peuvent  s  ac-  Mûi^tvi. 
corder  avec  la  grâce  5  3  «  au  lieu  que  la  crainte  &  ces  autres  préparations  ^^^  ^"* 
ne  peuvent  ' fubfifter  avec  elle,  &  quainfi  il  falloit  en  conclure  qu'elles 
étoient  mauvaifes.  Antoine  Marinier  foutenoit  que  toute  certe  difpute 
n'étoit  qu'une  difpute  de  mots  ;  Se  il  difoir  que  comme  «n  pafTantdun 
grand  froid  au  irhaud ,  on  paflè  par  un  moindre  froid ,  qui  n  eft  ni  un  chaud 
ai  un  froid  nouveau  ,  mais  un  froid  diminué  ;  ainfi  en  paflant  du  péché  i 
la  juftice ,  on  pafle  par  des  terreurs  &  par  des  attritions ,  qui  ne  font  ni  de 
jbonnes  œuvres  ni  de  nouveaux  péchés  ,  mais  d'anciens  péchés  cxrénués  èc 
aifoiblis.  ^3  Mais  cette  opinion  ayant  foulevé  tous  les  Théologiens  »  Mari^ 
nier  fut  obligé  defe  rétraâer. 

A  l'égard  des  œuvres  faites  en  grâce  il  n'jr  eut  nulle  difficulté  ,  ic  tout 
convinrent  qu'elles  font  parfaites  &  méritent  la  vie  éternelle  *,  h  &  que 
t*opinion  de  Luther  ^  qui  en  fait  autant  de  péchés ,  étoit  impie  &  facrilege. 
Car ,  difbit-on ,  (i  c  eft  un  blafphème  que  d'attribuer  le  moindre  péché  vé- 
niel i  la  Vierge ,  comment  pourroit-on  entendre  dire  que  toutes  les  aâions 
ont  été  des  péchés  ?  La  Terre  ic  l'Enfer  devroient  s'ouvrir  à  de  fi  grands 
b]afphèmes. 

Quant  i  TeHênce  de  la  Grâce  divine ,  les  Tiiéologiens  pour  la  cenfure 
4es  PxopqfiUons  ;cxii  &  xxiii  s'accordèrent  unanin\qment  à  reconnoître  que 
le  mot  de  Grâce  dans  fit  première  fignification  marque  une  bienveillance 
ou  une  bonne  volonté  >  qui  quand  elle  fe  rencontre  dans  une  perfonne  qui  a 
le  pouvoir ,  produit  un  bon  effet ,  c'eft-à-dire ,  un  don  ou  un  bienfait  9  qui 
s'appelle  aum  Grau.  '4  On  débita  que  les  Proteftans  croyoient  que  Dieu 

)  I  •  Au  lieu  que  la  crainte  &  ces  autres  étonnant  que  dans  le  OoncHe  il  tk  été  an  peu 

fréparatïons  ne  peuvtnt  fithjifter  avec  elle  ,  fuCpeA  de  donner  dans  (es  idées. 

&  quainfi  il  falloit  en  conclurre  quelles         )).  Que  l'opinion  4e  Lutiurqui  enfuie 

jkoient  mauvaifes»  ]  Il  eft  vrai  qae  la  crainte  autant  de  péchés  eft  impie.  ]  Sans  doute  que 

des  peines  &  les  autres  piéparations  dont  Luther  n*a  pas  pouflè  l'extravagance  fi  loin , 

il  eft  ici  qaeftion ,  peuvent  être  fans  la  Gra-  &  fes  difciples  tâchent  de  l'en  difcnlper  en 

çt  %  mais  je  ne  vois  pas  comment  on  peut  diËint  qu'il  n*a  pfécendu  autre  chofe ,  finon 

^ire  qu'elles  ne  peuvent  fubfifter  avec  elle  ;  que  les  oeuvres  des  Juftes  ne  (ont  jamais  fi 

Bc  je  fais  encore  moins  en  quel  fens  Fra-  par&ltes  ,    qu'elles  n'enferment  toujours 

Paolo  a  pu  dire ,  qu'on  ne  pouvoit  répondre  quelque  imperfection.  Mais  il  £iHt  avouer 

à  cette  difficulté.  Car  en  foutenant,  comme  quefesexprefCons  danslefens  même  le  plus  , 

Te  (ai(bient  beaucoup  de  Théologiens ,  qu'il  radouci  font  outrées  i  &  que  cet  homme , 

At  £inzqtte  cette  crainte  ne  pouvoit  pas  fub-  pour  vouloir  donner -tout  a  la  Foi ,  a  ruiné 

fifter  avec  la  Grâce ,  étoit-i!  bien  difficile  de  par  les  confîquences  de  fa  doélfine  toute  la 

répondre  à  ceux  qui  (butenoient  que  cette  néceflicé  &  le  mérite  des  bonnes  oeuvres. 

crainte   Se   d'autres    pareilles    difpofitions         34.  On  débita  ,  que  les  Proteftans  cro^ 

étoient  mauvai(es  ?  yoient  que  Dieu  ne  nous  faifoit  part  que  de 

51.   Mais  cette  opinion  ayant  foulevé  fa  bonne  volonté ,  &c.  ]  Ceft  une  étrange 

tous  les  Théologiens ,  &c.  ]  C'étoiten  effet  dodrine  que  celle  qu'on  attribue  ici  aux 

une  opinion  aflèz  étrange ,  que  celle  que  Proteftans  ,   puifqu'une  bonne  volonté  de 

propofe  ici  Marinier)  &  elle  avoit  tant  de  Dieu ,  qui  ne  feroit  fuivie  d'aucun  effet,  eft 

jMipport  à  celle  de  Luther ,  qu'il  n'çft  pas  une  pure  chimère.  AofE  ce  n'a  jamais  été 

T  o  M  E    L  X  X 


j4tf       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MAxiTi.  Q^  nous  faifoic  parc  que  de  fa  bonne  volonté ,  comme  s'il  ne  pouvoic  rieiv 
Paul  III;  faire  davantage  ',  &  on  dit  que  (a  Touce-puitTance  demandoit  (]ue  fa  y(y, 
loncé  fut  fui  vie  du  bienfait.  Et  comme  quelqu'un  auroit  pu  dire  que  U 
feule  volonté  de  Dieu  ,  qui  eft  Dieu  même ,  ne  peut  avoir  de  plus  grande, 
chofe  à  donner  *,  &  que  le  don  de  fon  propre  Fils  eft  un  bienfait  fi  gjcand  i 
que  S.  Jean  ^  pour  prouver  le  grand  amour  de  Dieu  envers  Icshommes  >  n'eà 
allègue  point  d'autre  preuve  que  ce  don  ;  n  on  ajoutoic  :  Que  ces  bienfaits 
étant  communs  i  tous  ,  il  étoit  convenable  qu'il  fît  à  clucun  quelque  doa 
qui  lui  for  propre:  )^  Quec'étoit  pour  cela  que  les  Théologiens  avoienc 
joint  une  Grâce  habituelle  donnée  à  chaque  Jufte  »  qui  eft  une  qualité  fpî^ 
rituelle  créée  de  Dieu  &  infufe  dans  i'ame ,  par  laquelle  elle  devient  agrea^ 
ble  à  Dieu  :  Que  quoique  le  nom  n'en  fut  point  dans  les  Pères ,  &  encore 
moins  dans  l'Ecriture ,  cependant  on  l'inféroit  évidenunenc  du  moi  jujlifitr^ 
qui  étant  effèâif ,  fignifie  néceflàirenaent  rendre  jufte  par  Timpredion  d'une 
juftice  réelle ,  qui  ne  pouvant  ctre  une  fubftance  ,  ne  peut  être  qu^unc  qua- 
lité &  une  habitude. 

'7  A  cette  occafion  on  difcourut  &rt  iong-tems  contre  les  Luthériens  » 


leur  penSé ,  &  il  7  en  a  peu  mime  qui  s'ex- 
priment de  cette  manière.  Si  la  plupart 
parient  an  pea  difflhremment  des  Thomiftes 
&  des  lanfibiftes ,  ils  penfènt  à  peu  prèsde 
m&me. 

3f.  On  djoutoit  ,  qnt  ces  biens  étant 
communs  À  tous  ,  il  étoit  convenable  ^*il 
fît  à  chacun  quelque  don  qui  lui  fût  propre*  ] 
Le  don  que  Dieu  a  £ût  de  fon  Fils  aav 
hommes  ,  eft  commun  à  tons  ceux  à  qui 
Isconnoiflàncede  TEvaiigilea  été  comma- 
niquée.  Ceft  en  eux  le  principe  dt  toaces. 
les  autres  grâces  »  mais  non  pas  la  feule  %  àL 
d!ailleais  ce  n'eft  qu'un  bien£ut  extérieur , 

£'  ne  peut  joftifiec  l'homme  que  par  une 
pie  impQtacion.  Mais  comme  cette  im* 
patarion  ne  peoc  avoir  lieu  qua  l'égard  des 
péchés  i  remettre ,  on  doit  bien,  (uppo&r 
la  nécef&té  de  quelque  autre  (êcours ,  à  la 
faveur  duquel  l'homme  poiflè  acquérir  une 
Joftice  inhérence ,  &  par-là  obtenir  le  (àluc 
)  ^.  Que  c'étoitpour  cela  que  les  Théoh 
logiens  avoient  joins  uns  Grâce  habi^ 
tuelU —  qui  eft  une  qualité  fiinsusile  créée 
de  Dieu  £•  iufitfi  dans  l'âme  »  <8c.  ]  La  dé- 
finition que  donnent  ici  les  Théologiens  de 
la  Grâce  habituelle  a  quelque  abofe  d*adèa 
bizarre.  Une  qualité  fpiricuelle  créée  de 
Dieu ,  &  infufè  dans  l'âme  »  quel  jargon  I 
Dieu  (ans  doute  eftaoteu»  de  mit  la  bien- 


léel  qui  eft  dans  le  monde  »  &  par  conflE- 
quent  de  la  Grâce ,  c'eft-à-dire  de  la  conr 
noiflânce  du  bien ,  &  dé  l'amour  qu'il  noot 
infpire  pour  lui.  Mais  qu'il  crée  cette  quali» 
eé  &  la  lépande  dans  Tame ,  comme  on  tt^ 
soie  une  liqueur  dans  on  Terre  ^  c'eft  une 
idée  abfurde ,  prife  des  idées  du  Péripetétifi» 
me ,  où  l'on  explique  tout  par  des  idées  ma- 
térielles ic  (ènfibles*  Cette  infiifion  d'ailleurs 
eft  eoQt-à-£iit  £iaflè.  Dieu  nous  fournit  1» 
coonoiUânce  dn  bien  par  différentes  fertea 
de  mojrens  axcéxieurs»  &  cette  comioiflânce. 
nous  conduit  naturellement  à  l'aimer  ^  A 
nos  paiEons  n'en  anècent  point  Timpredion. 
Telle  eft  la  voie  ordinaire  dont  Dieo  noua» 
communique  la  Grâce  s  &  fttfi^K>reT  que  lei 
chofê  fe  fait  autrement ,  c'eft  dire  ce  que  l'oa. 
ne  conçoit  pas,  &  oe  qui  eft  entièiemett  in* 
intelligible* 

^7*  A  cette  oaca/ion  on  dîftoumt  fonn 
long^têms  contre  les  Luskérittu  »  f ni  eei 
vouloisMspas  fua  U  mot  îvûi&afét  ^tB^f.  ] 
Toute  cette  conrrowerfe  n'eft  fondée  que  (bî: 
ce  que  Ton  ne  diftingue  pas  ezaâeinanc  let^ 
di£Rfrentes  parties  de  la  juftice  Chsétienne., 
Gomme  eecte  juftice  confifte  ^  dans  la  re* 
miffiondu  péché ,  &  dans  ratiachemeAt  an 
bien ,  on  doit  dire  que  Le  mot  jttftifier  doit 
s'entendre  auffi  difiéremmenc  felea  qtt*iL 
s'applique  à  l'une  de  ces  deua  yaxtiea  de  lei 


DE   TRENTE,  Livre   II.  547 

^qai  ne  vouloient  pas  que  le  mot  jupificr  fût  eficâif ,  mais  judiciel  &  déclara-   n^TVft. 
tif ,  fc  fondant  lut  le  mot  Hébreu  pivn  T^adak  ,  &  fur  le  mot  Grec  ^^^^  *^^ 
Jini«i«vv ,  qui  fignificnt  dUlanr  juflt  ;  comme  auflî  fur  plusieurs  endroits  de  ~ 

jtKncwa  8c  du  Nouveau  Teftament,  jufqu'au  nombre  de  quinze ,  où  même 
lâVuigace  Latine  lui  donne  une  telle  fî^nification.  Mais  «fo/o  en  excluoit 
tous  les  endroits  de  S.  Paul ,  où  il  eft  parle  de  notre  Juftification ,  &  qui  i  ce 
qu'il  prétendoit  ne  pouvoient  s'entendre  que  dans  une  (ignification  eflFëc- 
"tîvc.  De-là  fc  forma  une  grande  difpute  entre  lui  Se  Marinier  ,  qui  n'ap- 
prouvoit  point  qae  l'autre  fe  fondât  fur  une  chofe  auflfi  légère ,  &  qui  difoit: 
Qu'on  ne  pou  voit  révoquer  en  doute  rartîcle  de  la  Grâce  habituelle  ,  après 
la  décidon  du  Concile  de  Vienne  foutenue  du  confentement  général  de 
tous  les  Théologiens  :  Que  ce  fondement  étoit  bien  plus  folide  8c  moins  tn(è 
à  détruire  ;  au-lieu  qu'en  niant  que  iorfque  S.  Paul  difoit  dans  fon  Epitrc 
«ax  Romains  que  Dicujufiifie  ,  ce  terme  d&tître  pris  en  un  fenf  déclaratif, 
certe  interprétation  étoit  contraire  au  texte  exprès  &  manifefte  de  cet  Apôtre, 
qui  employant  ici  lestetmes  judiciaires  dit,  <\fXt^fiDieujufiifie  fes  Elus  ,  f  Rom. 
ptrfonntnt pourra  nilts  accufcr  ni  Us  condamner;  par  où  il  paroi(foit  que  les  ^^^^  J ^* 
tctmcsd*  accu  fer  &c  de  condamner  étant  dc$  termes  judiciaires ,  celui  de  Juf" 
tijier  le  devoir  erre  àufli ,  &  ne  pouvoit  pat  conféquent  ttre  pris  là  qu'en  un 
iens  déclaratif. 

PoDR  les  Frâncifcatns  ils  prourtnent  la  Grâce  habituelle  ,  parce  que  la 
îré  elle-même  eft  une  habitude.  **  Sur  cela  il  y  eut  entre  eux  &  les  Do- 
minicains une  grande  difpute  pour  favoir  (t  l'habitude  de  la  Grâce  eft  la  même 
que  celle  de  la  Charité ,  comme  le  foutenoit  i'cw  -,  on  fi  elle  en  eft  diftin- 
guée  ,  comme  le  prétendoit  S.Thomas.  Et  comme  ni  les  uns  ni.  les  autres 
se  vouloient  céder ,  ^9  on  vint  à  rechercher  fi  outre  cette  Grâce  ou.juftice 

jfiftice.  Sll'S*agit  de  la  tSrace  par  kqfidle  dtns'Ies  Ecûifesfcm  donfend  (ôavem  h  Gfa- 

''l>iM  nous  (ait  «ioiet  )e  bitn  ,  il  eft  ce^ain  ef  atec  b  Charité.  Mais  H  n^eft  pas*  moins 

i|tie  le  mcfc  yif^^r  eft  ^efleéHf ,  en-  ce  6f)s  ceream ,  iqu^à  parler  dans  Textfâe  propriété 

Me  Dieu  n«>ui  foaniit  tes  '  fecotin  qui  prb-  des  termes ,  ce  font  deux  chofts  tontes  dff- 

«nfent  «n  novis  cefamoar.  S'il  s'agit  encore  tîngiiêes  ,  contme  la  câufe  Feft  de  Teflèt  : 

et  H  remiflîoit  de  nos  "péchés ,  il  eft  efièéHf  pomjtie  la  Graœ  -eft  proprement  le  ftcoon 

•et  même ,  pnHqtae  c*éft  Dîen  qui  nous  les  '  que  Dieiraccordeà  l'homme ,  &  que  la  Chà- 

"Vemet.  Mais  auîSi  il  ti'eft  que  déclaratif  ,  ntéeft  la  dîfpofinon  qm  a  été  pitxhiire  par 

lOTfqoe  ftippofé  la  nemMion  de  nos  péèhés  la  grâce.  Ce  n'éftque  £iute  d'expKqaer  ce 

dé}afaite,  il^dirqoe  DiarnousyffjV^e;  i|aechacim  entend  par  les  termes  qall  em- 

■poiftjtr'aloTs  cela  ne  fignifie'aàtte  tiic/fe,  finon  ploie  «  qùon  voit  naître  tanrdedifpates  ik.  de 

t|ue  Dîeti  dc^late  qae  nous  (ômmes  )tkftifiés.  dvvifions. 

CTeft  de  quoi  il  y  a  prcare  dans  fEcrlrote ,  59.  Onvhn  -i  nehercher  fi  êutrt  cette 

tri  ce  mot  eft  pris  dans  toBS  ces  dîffibeils  Grâce  &u  cette  jt^e  inhérente  ,  tajufiice 

(ena.  '  de  Dieu  eft  encore  imputée  au  fufle  ,  comme 

f9.  Sur  cela  II  y  eut  nne  partie  iîjpute  fi  c'était  la  fienne  propre,  ]  11  ne  femWe  pas 

tnire  eu^  &*les  Dominicains ,  8cc,  ]  C'eft  qàVm  dfit  'femietaacane  qacftion  fur  une 

«ne cho(e déplorable  ,  quecfinfiftet  fur  de  dbofeqox  fi?mMe  auflî  cenainej  paifque  fi 

fimples  définitions  athitraîTcf  xlrmots  pour  tf un  côté  xm  ite  peut  reconnoître  de  vcrita- 

établir  des  articles  de  Foi.  Il  eft  certain  »  que  bleTofticé  (ans  on  amour  prédominant  da 

Xx  1 


34»         HISTOIREDU  CONCILE 

UT^xvfi.  inhérente  ,  ia  juftice  de  Jcfus-Chrift  cft  encore  imputée  au  Juftc  ,  comme 
Paul  lU.  g  c  croit  la  fienne  propre.  Ce  qui  occafionna  cette  difpute  fut  l'opinion  d'Al* 
-'  btn  Pighius ,  qui  confcflant  la  juftice  inhérente  ajoutoit ,  qu'on  ne  dévoie 
pas  s'y  ronfler  ,  mais  feulement  dans  celle  de  Jefus-Chrift  ,  qui  nous  eft  iro« 
putée  comme  fi  c'étoit  la  nôtre.  Perfonne  ne  conteftoit  que  Jefus-Chrift  eût 
mérité  pour  nous  :  mais  plufieurs  blâmoient  le  mot  ^'impuur ,  &  vouloienc 
qu'on  l'abolît,  parce  qu'il  n'avoir  point  été  employé  par  les  Pères ,  qui  ne 
s'étoient  fervis  que  des  mots  de  communication  ^  participation  jdiffujion  y  di^ 
rivation  ,  application  ^computation  y  &  conjon&ion.  D'autres  diioient:  Que 
puifque  la  chofe  étoit  certaine ,  il  ne  falloit  pas  difputer  fur  un  mot  qui  (ig- 
nifioit  précifément  la  mcme  chofe  que  les  autres  ,  &  qui  quoique  moins  en 
ufage  n'avoir  paslaifTé  d'être  employé  quelquefois,  témoin  TEpirre  cix de 
S.  Éernard.  Fega  ajoutoit  même,  que  quoique  véritablement  ce  terme  ne  fe 
trouvât  point  dans  l'Ecriture ,  il  étoit  cependant  très- propre  &  très-Latin  de 
dire ,  que  la  juftice  de  Jefus>Chrift  étoit  imputée  au  genre-humain  pour  lai 
tenir  lieu  de  fatisfadion  &  de  mérite ,  &  qu'elle  continuoit  d  être  imputée 
à  tous  ceux  qui  font  juftifîés ,  &  qui  fatisfont  pour  leurs  propres  péchés  :  mais 
il  40  ne  voufoit  pas  qu'on  dît ,  qu'elle  nous  étoit  imputée  comme  fi  c'eût  été 
la  nôtre  propre.  A  quoi  quelques-uns  ayant  objeâé  ,  que  S.  TAo/rrizj avoir 
dit  fou  vent ,  que  la  padion  de  Jefus-Chrift  étoit  communiquée  aux  baptifés 
pour  la  témiuion  de  leurs  péchés  ,  comme  s'ils  avoient  fouilèrt  &  étoient 
morts  eux-mêmes  s  il  y  eut  une  grande  difpute  fur  les  paroles  de  ce  faint 
DoâeuF. 

4>  Seripand  Général  des  Âuguftins  tenant  le  milieu  entre  ces  opinions 

bien  y  qur  (aie  proprement  la  jaftice  inbé-  ne  (8e  que  l'ef&t  de  U  Grâce.  En  cela  il  (t 

rente  i  on  ne  peac  nier  aufli  que  pour  parve-  trompoit ,  &  c'eft  cette  crainte  mal  fondée 

nir  à  la  juftice  par  la  remiflion  de  nos  pé-  qui  loi  faifoit  rejetcer  cette  impreflion* 

chcs  r  nous  n  ayons  befoin  que  Dieu  nous         41.  Seripand  Général  des  Auguftijuti' 

impute  la  Juftice  de  lefus-Chrift,  fans  la-  nant  U  milieu  entre  ces  opinions  fouttnoit , 

quelle,  pécheurs  comme  nous  fommes,  nous  que  dans  U  baptême  ,  &c.  ]  Les  opinions 

ne  pourrions  mériter  par  nous-mêmes  que  mitoyennes  pour  être  les  plus  plaufibles  ne 

nos  péchés  nous  fuflènt  remis.  Cette  impa-  (ont  pas  toajoun  les  plus  juftes ,  &  on  ne 

.  ration  fait  donc  partie  de  notre  juftice  ,  voit  pas  pourquoi  la  juftice  de  Diea  nous 

puisque  de  pécheurs  nous  ne  pourrions  de-  feioic  moins  imputée  dans  la  pénitence  que 

▼enir  ^uft^s  fans  cette  imputation.  dans  le  baptême ,  pnifqoe  dans  Tune  comme 

40.   Véga  — ^  M  voulait  pas  qu^on  dit  dans  Taotre  nos  péchés  ne  nous  peuvent  être 

.  quelle  nous  fût  imputée  comme  fi  ceût  été  remis  que  par  cette  imputation.   Toot  le 

la  nôtre  propre.  ]  Ce  fcrupale  étoit  allez  fin-  fyftème  de  ce  Théologien  ne  peut  être  fende 

gulier ,  puifque  la  juftice  de  Dieu  ne  peut  que  fur  la  différente  difcipline ,  que  l'Eglife 

.  nous  être  imputée ,  qu  elle  ne  devienne  en  obfenroit  à  l'égard  des  Caihécufhènes  &  àts 

.  quelque  forte  la  nôtre.  Mais  apparemment  Pénirens.  Mais  cette  diffirence  étoit  fondée 

.  que  Véga  appréhendoit  qu'en  difanc ,  que  (ùr  tant  d'autres  motifs ,  quon  ne  peut  pas 

cette  juftice  nous  étoit  impurée  comme  fi  en  conduire ,  que  l'imputation  des  mérites 

c'eût  été  la  nôtre,  on  ne  voulut  eiclurrela  de  Jefus-Chrift  fe  filfe  difSremment  à 

nécedlté  d'une  juftice  inhérente ,  &  qui  en  l'égard  devons  &  des  autreit 

.  quelque  (ont  nous  (ût  propre ,  quoiqu'elle  . 


DE    TRENTE, LivrbII.  $49 

ibucenoit ,  que  dans  le  bapcême  la  juftice  de  Jefus-Chrift  écoic  imputée ,   aidxlvi; 

.  parce  quelle  nous  y  ccoit  communiquée  en  touc  &  par^cout;  mais  qu'il  P^vuIIt 
n'en  écoic  pas  de  même  dans  la  pénitence ,  où  il  falloit  auflî  que  nous  fatis-  — — -^ 
fiflions  nous-mêmes*  Mais  Soto  dit  :  Que  le  mot  à' imputation  étoic  très-* 
populaire  &c  très-plaufible ,  parce  qu'à  la  première  vue  il  ne  (îgnifioit  autre 
chofe,  tinon  que  l'on  doit  reconnoitre  qu'on  tient  tout  de  Jefus-Chrift  : 
Que  cependant  ce  mot  lui  étoic  toujours  iufpeft ,  à  caufe  des  mauvaifes 
conféquences  qu'en  ciroient  les  Luthériens  *,  comme  par  exemple ,  que  la 
fuftice  imputée  de  JefusChiift  eft  fuffifante,  fans  qu  il  foie  befoin  d'en 
avoir  une  inhérente  -,  que  les  Sacremens  ne  donnent  point  la  grâce  ;  que 
les  peines  fè  remeccenc  avec  la  coulpe  du  péché;  que  la  fatisfaâion  na 
point  de  lieu  -,  &  que  cous  fonc  égaux  en  grâce,  en  Juftice  &  en  gloire; 
d'où  s'enfui voie  aufti  cet  horrible  blafphême ,  que  roue  Jufte  eft  égal  i  la 
Vierge.  Cecte  confidéracionfic  tanc-d  imprëfllion  fur  les  efprics ,  qu*il  parue 

.un  grand  penchant  à  condamner  cecce  expreflîon  comme  hérétique  ,  quel- 
que forces  raifons  qu'on  oppofâc  au  concraire. 

I L  eft  certain  que  les  grandes  conteftacions  des  Théologiens  venoienc  de 
l'actaçhemenc  immodéré  que  chacun  d'eux  avoir  pour  les  lencimens  de  fon 
parti  \  4&  mais  il  fauc  avouer  aullî  qu'elles  écoienc  fomentées  par  différences 

.personnes  pour  leurs  vues  particulières;  par  les  Impériaux ,  pour  obliger  le 
Concile  à  laiilèr  la  la  matière  de  la  Juftiâcation;  par  les  Romains,,  pour  . 
avoir  un  prétexte  de diilbudre le  Concile,  &  d'éviter  la  Réformacion  donc 
ils  écoienc  menacés  ;  par  les  autres  enfin ,  pour  erre  délivrés  des  incommo* 
dicés  qu'ils  fouftroienc»  &  de  plus  grandes  encore  qu'ils  appréhendoient» 
foie  par  la  chercé  foie  par  la  guerre  qui  écoic  prèce  declacer ,  oucre  le  peu 
d'efpérance  qu'ils  avoienc  de  cirer  auam  fruic  du  Concile. 

LXX VIL  Pendant  que  couces  ces  difpuces  fe  paflbienc  à  Trenre ,  ^  le    I^UpU" 


Pape  i  Rome  publia  le  1 5  de  Juillet  une  Bulle  de  Jubilé ,  par  laquelle  il  ^'''  ^  *^ 

magne  la  ^ine  de  deviner  »  ou  de  faire  connoî-  ^^  J^ 


épargna  aux  Princes  d'ÂÛemagi 


;  ptim  cm* 

41.   Mais  il  faut  auffi  avouer  qi^tlks  d'expédier  plus  promptement  ces  matières  ir#  Us  Tro» 

étaient  fomentées  par  difftnnus  perfoiuus  afin  d'avancer  toujours  le  G>nci]e  de  plus  tejléms, 

pour  leurs  vues  particulières,  ^lljz  bitn  en  plus ,  &  qa  en  cas  qa*on  f&t  obligé  de  le   h  Sleld  L 

de  Ijapparence  que  les  Impériaux ,  qui  ne  fufpendre  ou  de  le  dlifoudre ,  en  ne  fut  plus  '7*  P*  ^^t, 

chercboient  qo*à  accrocher  Texamen  des  obligé  de  revenir  far  ces  pointr.  Ce  qpil  j  Thuan.  L. 

dogmes ,  comme  le  remarque  PaUavtdM  a  de  certain ,  c*eft  que  d«is  couces  leurs  dé-  ^*  ^'^  <  ^ 

(L.  8*  c.  II.  )  n*étotenc  pas  fikbéf  de  cet  piclies  ilsfe'^aignoientdeceslong>]eur^5&  PleUrv  ,  I^ 

dirputes^ft  peut-être  mèine  les  frvorifoient»  qnoiquf  dans  ce  même  rems  ilspieflàllèhr  le  '4?*  N^  7^ 

Mais  à  regard  des  Romaini ,  je  doute  qu'ils  Pape  de  transfihrer  le  Concile  en  Italie  { Pall.  ^  ^^* 

Jes  fomenudènt,  comme  le  dît  Fra-Paolo^  L.  S.  c.  ^.  )  touc  le  prétexte  en  fut  pris  du 

pour  avoir  un  piétexce  de  diffixidre  la  Con*  "voifinag^  de  la  guerre  >  fans  quSl^t  jjtinais 

cile.  Ce  n'écotenc  pas  ces  dîTpoiaf  qui  po««  qoeftiendè  la  longueur  des  difpuces  fur  une 

voient  le  leur  (burnir  ,  j8t  ilsavoient  des  matière  qui  n'ûnôefloit  nullement  la  Cour 

flio^ns  plus  plaufibles  de  le  fitire,  s'ils  s'y  de  Rome  ,  U  o&  on  laiilôic  volontiers  aux 

fiilTent  décerminés.  le  crois  au  contraire,  Théologiens  la  liberté  de  parler  àufli  long* 

qu'ils  n'endèm  pas  mieux  démandé  qua  ccnsxju'ils  Tooloient* 


jp       HISTOIRE    DU    CONCISE 

maxLvu   cre  aux  aucres  la  véritable  caufe  de  la  guerre.  Car  après  y  avoir  expofê  fan 
JPaujlUI.  au  long  (à  tendrelTe  &  fa  (bllicicude  paftorale  pour  le  uiut  des  noiAmei  » 
I  &C  déptoi 
pourText 

amèremencde  ropiniâcrecé  des  Hérétiques  >  qui  le  méprifoient,^  qui 

foient  d'obéir  &  de  fe  ibomectre  â  (es  décidons.  Après  quoi  il  difoic»  qœ 

pour  remédier  à  ces  tnaux  il  avoir  conclu  une  Ligue  avec  rEcnpereur»  pour 

réduire  par  la  force  des  armes  les  Hérétiques  i  revenir  1  TobéÛIanœ  dcTE- 

glife  ;  Et  que  pour  cela  chacun  devoir  recourir  1  Dieu  par  £zs  prières  ,  (u 

jeunes  »  Ces  Confeilions  »  &  (es  Communions  ;  afin  qu'il  ini  pl&t  de  donner 

une  heureufe  iiïue  à  une  guerre  entreprife  pour  (a  gloire,  pour  l'exalrarion 

de  l'Eglife  »  &  pour  l'exurpation  des  Héréues. 

VEmpt^ewr      L  EupiREun»  confurmemenc  à  la  réfolution qu'il  avoir  pri(ê  de  liiflS- 

mettEUc"  tnulcr  que  la  Religion  fur  k  véritable  cau&dela  guerre ,  ■  publia  le  20  du 

S^i  ^  U  ^^^^  "^^^  ^^  ^^°  contre  TËlcâour  de  Saxe  &  le  Landgrave  de  Heflè ,  les 

LMmdrravê  ^ccufant  de  s'être  toujours  oppofés  à  (es  dedans ,  d  avoir  refufé  de  lui  obéir» 

êU  Hejfi  MM  d'avoir  conjuré  contre  lui  ;  d'avoir  fait  la  guerre  à  d-aurres  Princes  de  t'Em- 

Bsn  de      pire ,  de  s'être  emparé  des  Evèchés  &  depinHeurs  autres  Dignités  Bo- 

^^r^^^^'  T  clé(iaftiques ,  d'avoir  dépouillé  pldieurs  per(onnes  de  cous  leurs  biens  ;  Hp 

1 4 x^^'  7.  ^^"^  ^^  ^^^^  '^  ^'^  ^  (pédeax  nom  de  Rdigion,  de  paix ,  &  de  libercé^ 

Belcar.  L.    quoiqu'ils  eudènr  des  vues  couoes  cootraires^:  Que  pour  ces  caufes  il  iêi 

14.  N®  10.  pro(crivoit  comme  perfides.,  rebelles,  fédicieux,  coupables  de  Lèfe-Ma^ 

SleidX.  17.  jeîté ,  &  perturbateurs  de  la  tcanquilhté  poblique  %  qu'il  défendoir  i  qui 

^^^^'  ^   quecefutdefiMoindreâecix,  ou.ckktirdjnnerdttfi:a>urs  ;  qu'il  dif^^ 

1.  N^^  I  c .   ^^^  ^^^  Nobleâe  &  leurs  peuples  du  firrment  de  fidélité  qa  'ils  leur  a  voient 

Rayn.        prêté  *,  &  qu'il  comprenoit  dans  le  ncnoe  fiaa  tuas  ceux  qui  concinueroiefic 

N*"  ïof.     de  leur  obéir. 


p^'  ^ff  ^  Le  Pape  &  L'Empereur  ^  fioeat  mécomens  récrpr^oemcm  dt%caQtes 
Kmpmm  ^^  cb&<=un  d'tauxavoit  0lIéguées.de'lagQeqie^:parroe  ^ae  tes  vues  <ie  l'uH 
dsfu  40tM  aécruifoienr  celles  de  l'autre.  Et  quoique  le  Pape  prétendît  avoir  fait  la 
lumê  TM^BiillepiMu:  engager  kpeupke  i  implorer  la  pcoioâbion  de  Dieu^fur  le5>ar' 


j7->  ^9t*  ^W-Û  I^lC.4\u>^T4^WQll:^?!Sui0cs•  e^rJ^uK  fnvgyam  iCMiie  do  Tfattéqu'H 

i ^ Ibid. avait faii iSHrvecr.EmfmeiiffSiaci'^ntieni&fe dttCâBtéktuAèimiùmt.  Lebutda 

fiape^)  ^eiren  niant  atnfteimv deienir  l>ét^lîbre'  en«e  PEmpereurd:  ixk 


caufam ,  dit  cet  Hilbnua  «.ÀvisgfiifjaaMH    aamateoccf  de  bamtm  lMqr»«'afi»iUîr  àqi 


DE    TREN.T  E,  Livre   II.  jy? 

Pcoceftans ,  dont  il  fouhaicoichioi  l'ahaitfemenc  *,  mais  fans  voulok  Tagran*  m0xitu 
«liflèment  de  ce  Prince,  contre  lequel  il  avoir  bien  prévu  que  tous  ceux  ^^^^*  ^^*^ 
^faifoienc  profelfion  de  la  nouvelle  Religion  feroienc  forces  de  fe  réu-  •     " 

nir.  44  Ce  qci'il  Y  ^  de  certain ,  c*eft  que  Taâion  du  Pape  mie  un  grand 
abftade  aux  deileins  4^  r£mpereur.  Car  ayant  fait  foUiciter  les  Suiflest 
^  de.eontinuer  la  Lieue  qu'ib  avoient  avec  la  Mai(bn  d'AucricIie;  SeÂc  ^sldcLL, 


BcNirgc^ne  >  &  de  ne  dônnerranam  fecours  aux  révolté^  ',  les  Cantons  £vaiv-  i.^*  P*  ^^^* 
g^ques  répondirent  >  qu'ils  vouloient  être  afTurés  auparavant-,  &  oe:n'écoit;^  N^4. 
point  une  guerre  de  ELeligion.  Ce  qui  fit  qu'avant  que  la  guerre  fût  oom^ 


mencée ,  on  vit  naître  des  fenicnces  de  difcocde  entre  ces  Princes  nouvel- 
lement alliés. 

La  nouvelle  Ligue furprit. toutes  les  Poidànces  d'Italie,  qui  s'étonne-     Cksrtn^ 
lent  de  ce  que  le  Pape  s'écartant  de  £i  politique  ordinaire  >  (pûétoit:  de  j^<»>'^'*#^^ 
tenir  la  guerre*  éloignés  d'Italie  »  &  de  confervet  l'équilibre  entre  les.fbr-i^^-^^.^ 
oes  des  Princes  Ultramontains»  avoir  agi  dam  cette  occafilond'utKrmamere^^l^^ 
tDut^à-fait  contraire  i  ces  deux  vues.  Car.  H  l'Empereur  venoic  à  fubfUT^ 
guet  l'Allem^^e  ,  Tltalie  reftoit  à  fa  discrétion ,  làns»  que  la  France  pût 
téfifter  à  une  h  grande  puiflance  ;  Se  &  l'Empereur  fliccomboir ,.  il  y  avoic 
tout  à  craindre  des  Allemands?  >  qui  ne  rc&icoictic  que  d'entrer  en  Italie. 
Cirfurentrpeut-^reoeslréâëxioss^  qui  obh^Qcnt' le  Pape  apcèsfon  Traité 
avec  l'Empereur  de^s'affiiccr cancre  fa  pilidànoe  ,  en  hii  ^:q9olanc  uacontie- 
poid^dans  l'AUemagne^ 

LXXVHL  Cr  Prince  de  ion  coté  »  outre  le  mâcontentenusic  que  lui 
avoir  donné  la  publication  du  Jubilé ,  commença  à  foupçonner  que  le  Pape» 
après  en  être  venu  à  fon  bur ,  qtû  étoit  de  l'engager  dans  une  guerre  avttc 
lis  Proteftans,  pouccott  bien  travailler  i  diâbuidre  le  Concile,  finir)  pré* 
texte  de  le  fufpendce  à  caufede  \m  guerce^  âcde  iSb  précastiouoer  ountiie 
tes  dangers-<.donc  on  éiok  menacé  pur.  les  préparatiâ  que  fadfoîerit  les  Pxx^        .    ^ 
leftans.  en  Suabe^  E^epuis  plus  de  yîngc-cinq*  ans  qu'il  nég^ocioit  avec  cette 
Cour,  il  connoiflbir  quelles  éroient  toutes  les  vjuss.  U  iavott  '^  qi«o  les  Evè-^  n  Pi|)ml^ 
ques  qui  étoient  i  Trenœ,  &  même  fes  propres  Sujets ,  defiroîenc  la«  fépa-  8.  ç.  j^o.. 
xitÎQn.da  Concile  à  caqfe  des  iacommodioés  qu'ils  je ibuffioiencl  ilceas^.       .^  .\    . 
gnoir  que  s'il  venoit  à  fe  rompre,  les  Luthériens  n'en  priflent  occafion       ;i.v- 
de  dire  qu'on  ne  l'avoir  afiemblé  qu^.  pour  trouver  un,  préte^tq  de  leuc  faire 
h  g^uerre }  8c  que  les  Catholiques  (f  AUn^magne.ne  croflënt  qu,'i!  abai^doôr 

AUnnee  6  néoe&tre  pour  sMiastnâr*  racH  ik  nettement  M.  de  thm.,  ^  infffXkm* 

WDxJk  de  ccs^^ees  Pniffitocee  »  ateif  le  Pipe ,  dee  lettres  do  Pape  ai»  Saîtf^s^b,  qo^Nea  • 

qattappeéhendekeiwtot  le  irap  gtf ii^  pou-  rendirent  inoiiliM'  Ift  foUîlBkatioiiaxle'CAlifw 

Taùrde  FEtnpcreerqoe  fa  nriftie ,  ne-yootok  UÊ^Quw$i    ^umi^^nMa  fitdkutmmciib 

tnUm  qo^àccNndNÎofiquaoé'Psiiioe'eûitoii-  tmiffÊverit,  ê^>oonftà^^tà§ky€ro  fii  fiiiii^ 

jeafs^berom  <ie  ftii,  U^^^ii^fartm^^utm^mêèêfiifirêist^spu^ 

4'4.   C#  qB'U^yséeierMm't  4f^,fjft^  éJMé-ff&  ïmptm  majefluta,  éKfué^i^f^ 

tkëhu-dttKp^  mié^nagrsmt'êêjjUùk^ém^  Rêitgiohit  Mlum  fiifctpHfm  éMfiart^^fimh 

defeiM  dé  l'Emptriur^  «ce.  ]  C'eft  o««ae  mk'diffè9katil^aUi0em^,9i$. 


iS2.        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLTx«  noit  les  intérêts  de  la  Religion  ou  de  la  Réformarion ,  6c  qu'il  ne  vifbic 
Pau  I.  III.  qu*^  fubjuguer  l'AUetnagne.  D*un  autre  côté  il  appréhendoit  »  que  fi  Ton 
'         continuoit  à  décider  les  controverfes ,  comnae  on  avoir  déjà  fait  à  Tégard 
du  Péché  originel ,  &  comme  on  fe  préparoic  à  l'égard  de  la  Juftificarion  » 
cela  n'empèchat  l'accord  qu'il  fe  flattoit  de  prociurer  ,  en  faifant  efpérer  aux 
•   Villes  pour  les  féparer  des  Princes  de  la  Ligne ,  qu'on  écouteroit  leurs  rai* 
fons.  Il  voyoit  donc  s  qu'il  étoir  nectaire  que  le  Concile  demeurât  ou- 
vert >  &  qu'on  n'y  traitât  que  de  la  Réformation.  Mais  comme  il  étoir  diffi- 
cile d'obtenir  cela  {ans  être  uni  au  Pape ,  il  dépêcha  en  diligence  à  Rome 
ê  Adr  L.  ^.  ^  P^^^  afTurer  ce  Pontife  ,  qu'il  n'épargneroit  ni  application  ni  forces  pour 
p.  580.      *  q«e  Trente  fût  en  fureté ,  &  pour  le  prier  de  ne  point  s'effrayer  des  bruits 
PAUav.JLS.  cfe  l'armement  des  Protefbns  en  Scube*  Il  lui  nt  repréfenter  qu*il  éroit 
^  ^4«        néceflaire»  pour  prévenir  les  calonmies  &  les  mauvais  bruits  que  l'onré* 
pandroit  contre  eux  fi  le  Concile  venoit  1  fè  diflbudre ,  de  le  renir  ouvert* 
Mais  il  demanda  qu'on  n'y  traitât  point  des  conrroverfes ,  étant  ferme- 
y^  ment  réfolu  d'obligq:  les  Proteftans  de  fon  parti  par  fon  crédit ,  &  les  autret' 
par  la  force ,  à  y  affifter  Se  s'y  foumettre.  ^11  lupplia  le  Pape  de  ne  poine 
mettre  obftacle  â  un  fi  bon  defièin  »  en  lui  difanr ,  que  ce  feroir  fermer  la 

{)orte  du  Concile  aux  Proteftans  »  que  de  faire  des  Décrets  contre  eux  ea 
eur  abfcnce  :  Que  cela  ne  pouvait  p^  ^Iter  bien  loin ,  &  qu'il  efpéroic 
voir  la  fin  de  cette  guerre  cçt  Eté  :  Que  l'on  fk  contentât  pendant  ce  tenuK 
là  de  traiter  de  la  Réformarion ,  ou  que  fi  Ton  vouloit  traitec^e  la  Doâri-* 
ne  »  on  ne  parlât  que  des  chofes  qui  feroient  moins  importantes ,  Se  donc 
la  décifion  ne  pût  point  ofiènfer  tes  Ptoteftans.  Il  ordonna  aufii  k  fon  Anw 
bafladeur  â  Trente  de  faire  les  mêmes  repréfentations  aux  Légars.  Et  com* 
p  Adr.  L  c.  "^^  ^^  étoit  informé ,  P  que  le  Cardinal  de  Sainu  Croix  inclinoit  pour  la  diiV 
P*  M  7-     *  folation  du  Concile  de  quelque  uianière  que  ce  pût  être ,  il  xjiar^  fon  Am- 
PalUv.  L,8.  badadear  de  lui  faire  dire  «  Que  s^Ufaifou  quelque  chpfi  comte  fis  intemàons^ 
n  '^l       ^^  ^  firoitjuur  dans  CAdigt.  C'eft  9?x  moins  un  fait  qui  fut  tout  publie 
^^j^J^  alors ,  Se  qui  a  éré  rapporté  par  les  Hiftoriens  de  ce  rems. 
*  ii^tàhé     ^^  Quoique  le  Pape  Se  la  Cour  de  Rome  eudrpt  fouhaité  de  fe  voir  dé- 
^  ySir/|>^  Ura^  du  Concile  9  ib  jagèrçnt  néccfiàire  pour  coniplaire  à  rEmpeceor  »  de 

Us  êfêrm-  te.. 

4f.  Quolpu  (eP^c&la  ÇmrJe  Rof^e    (9.ayn,  N^  it? ,  4^  P^T*  L.  t.  c.  10.  ) 
eùffcnt  bien  fouhMii  de  fc  voir  détlvrù  du    Mais  comme  il  avdit  plus^àé  ménagement 
CênciUy  3cc.  ]  Cétoic  certaioement  le  defir    à  garder  arec  l*Emperear  à  caalè  de  leur 
des  U|ats ,  comme  on  k  foie  par  les  înf*    nouvelle  aUuncc  «  H  ne  Toaloit  pts  irrite]^, 
cances  fortes  éc  réitérées  qa'ils  en  firent  au  .  ce  -Prince  ,  ic  l'oUiger  par  une  démarche 
Pape  «;4(  qae  Paiiavicin  lui-même  n'a  pu    auffi  prépiptcée  à&ire  avec  les  Luthériens  un  > 
dîflimoler.»  !«•:$«  c.  j^St  ïq»  A  Tégtrd  du  .  accord,  dont  «tout  le  blâme  feroit  retombé.* 
Pape>  on  nepiéoc  guè^et  dootçr  qu'il  ne  ,  foi  l«î-mime.  Ainfi  il , ordonna  aoiLégâctt 
leibubaitatauûLntqfie  (es Légats,  pttiiqp'jl .  de  conc;inuer  le  Concile  ,  5t  de  voir  quel; 
leur  envoya- le  pottToir  de  dé(;lîu;er  la  traci£--,  ;oiii^.pltt|dxQien€  les  W{Ures\  avant,  que  de 
lation  t  s'ils  poiivoient  le  &ire  d\i  cçnTeni^'''  iè-^enniiicr  Cax  le  parti  qu'it.j  auroit  2^ 
ment  d^  la  plus  grande  pani^  dus  P^^ .  cimîfii.     j  ,  .  .*   * 

1  4^^Mélk 


DE    TRENTE,  Litre  II.  5^ 

le  tenir  ouvert,  &  de  ne  point  laidèr  traiter  de  la  Doctrine  y  4^  niais  ils  ne  mdxitt. 
purent  eoiiter  la  propolition  de  ne  travailler  qu'à  la  Réformatiou.  Le  Pape  ^aulIU. 
écrivit  donc  aux  Légats  de  ne  point  laider  difloudre  le  Concile ,  mais  de  ne  — — — • 

Ï>int  tenir  de  Seflion  jufqu  a  nouvel  ordre ,  &  d'occuper  les  Prélats  &  les 
héologiens  à  tenir  des  Congrégations,  &c  à  traiter  de  tout  ce  qu'ils  juge- 
roient  le  plus  à  propos.  *i  47  Le  Jubilé  fut  publié  à  Trente  le  15  a  Août ,  en 
préfènce  des  Légats  Se  de  toi^t  le  Concile.Et  afin  que  chacun  put  vaquer  aux  1^0  ^J^ 
jeûnes  6c  aux  autres  œuvres  de  pénitence  prefcrites  par  la  Bulle ,  les  Con-  Thuan.'L. 
grégations  furent  fufpendues  pour  15  jours,  6c  la  Seflion remife  au  tems  ^-  N^  15. 
qu'on  l'indiqueroit  de  nouveau*  Pallav,L.S. 

Cependant  '  l'Armée  des  Proteftans  s*approchoit  du  Tirol  pour^*  j'i'-'t   j 
couper  le  paffage  aux  troupes  qui  venoient  d'Italie  au  fecours  de  TEmpe-  17.  «.  îoi. 
reur  ,  6c  Sébajlun  SchtruLl  s'empara  de  la  Chiuza.  Tout  le  Comté  fc  mit  Thuan ,  L. 
alors  en  armes  pour  empêcher  les  Proteftans  de  faire  aucun  progrès  5  &  1.  N°  1 7, 
François  Caficllalto  commis  à  la  garde  du  Concile  alla  à  Infpruck ,  6c  après  ^7*^  ^^ 
avoir  muni  la  ville ,  fc  campa  avec  fa  Milice  à  fept  milles  au-deflus  ,  pour  p^'^y  i^ 
empêcher  qu'ils  n'occupaflent  les  paflàges  :  ce  qui  fit  craindre  que  ce  païs  %,  c  y. 
ne  devînt  le  fiège  de  la  guerre,  &  ne  troublât  entièrement  la  tranquillité  Adrian  Li 
du  Concile.  Les  Prélats ,  qui  ne  cherchoient  qu'un  prétexte  pour  fc  retirer ,  f  •  P-  J  J^»  - 
exagéroient  le  péril  &  les  incommodités  s  &  les  Légats  ne  répondant  rien 
au  commencement ,  donnèrent  quelque  lieu  de  croire  que  le  Pape  n'avoic 

Îas  trop  d'envie  de  continuer  le  Concile.  Il  partit  donc  de  Trente  quelques 
^oélats  des  plus  timides ,  ou  qui  demeuroient  malgré  eux  au  Concile  -,  6c 
il  en  feroit  parti  un  bien  plus  grand  nombre,  fi  le  Cardinal  de  TrenUy  quire- 
venoit  tout  nouvellement  de  Rome ,  ne  leur  eût  déclaré  que  le  Pape  le  trou- 
veroit  très-mauvais  ;  fi  lui  &  TA  mbaflfadeur  de  l'Empereur  n'euflcnt  rafluré 
les  plus  timides ,  en  leur  faifant  entendre  que  le  grand  nombre  de  troupes 
qui  venoient  dltalie  oblieeroit  bien-tôt  les  Proteftans  de  fe  retirer  ;  &  fi 
enfin  les  Légats ,  après  avoir  reçu  la  lettre  que  le  Pape  leur  avoir  écrite  dans 

4^.   Mais  ils  nt  purent  goûter  la  pro-  pigltavano  di  levarfi  quinJi ,  dolendofi  ora 

pofition  de  ne  travailler  quâ  la  Réforma-  délia  poten^a  del  Card,  di  Trento  ,    &c* 

ùottu  ]  Le  prétexte  en  écoit  fpécieux ,  puif-  C*eft  pourquoi  quelque  fortes  infUnces  que 

qu'il  avoit  été  ordonné  qu'on  ne  fépare-  fiflent  l'Empereur  &  Tes  Min iftres  dans  tout 

Toit  point  les  matières  de  Dogme  d'avec  le  cours  du  Concile ,  pour  qu'on  travaillic 

celies  de  la  Reformation.   Rome  d'ailleurs  à  la  Réformation  dans  le  tems  qu'il  ne  con* 

ciaignolt  trop  pour  (es  intérêts  &  fbn  au-  venoit  pas  d'avancer  l'examen  de  la  Dodrî- 

foTÎté ,  pour  céder  à  la  demande  de  ne  tra-  ne  ,  il  fiit  toujours  împoflible  de  l'obtenir 

Tailler  qu'à  la  Réforme ,  qn  elle  favoit  bien  du  Pape  ou  des  Légats, 

deroir  l'intérelfer  plus  qu'aucun  autre.    Le  47.   Le  Jubilé  fut  publié  à   Trente  U 

^ali  cofe  (  dit  Adriani  L.  y.  p.  537.)  fa-  if  d'Août   —    &  Us   Congrégations  fu^ 

cevano  che'l  Papa  &  i   Legati  molto  più  rent  fit/pendues  pour  tj  jours,]  Ce  fut  le  19 

ne  fofpettavano  ,  sfuggendo  che  U  cofe  loro  ,  d'Août  félon  Palla^icin  8c  Raynaldus ,  que 

oride  fono  grandi  ,  &  délie  quali  fono  in  fe  publia  cette  Bulle  à  Trente ,  &  on  ne 

pofejjione  ,  fî  metteffero  in  compromefb.  Et  laifla  pas  pendant  cet  intervalle  de  tenii 

ptrb  ognî  via  cereavano  &  ogni  occafiom  quelques  Congiégations. 

Tome  L  •  Y y 


.    3y+'     HI  5  TOI  RE    PU    CONCILE 

unjxvi.  tous  ces  mouvemens»  n  ealTenc  pas  jainc  leur  autorité  &  celle  du  Pape  aux 
Paih.  liu  follicitations  des  autres. 
•  Mais  quoique  les  Protcftafis  coflènc  dlayc  fans  fruit  de  couper  le  paflà- 

ge  aux  troupes  Italiennes ,  &  que  par  leur  re traire  le  Tirol  fut  a  couvert ,  la 
conf  udon  ne  laifToit  pas  de  régner  à  Trente  à  caufe  du  grand  nombre  de  trou- 
pes qui  paflbient  continuellement  d'Italie  en  Allemagne,&  qui  félon  la  con- 
vention étoient  au  nombre  de  i  looo  Fantadîns  &  de  500  Cavaliers  ,  outre 
2.00  hommes  du  Duc  de  To£:ane  i  &  1 00  du  Duc  de  Ferrare.  Ces  troupes 
étoient  conduites  par  les  meilleurs  Officiers  d'Italie ,  fous  le  commande- 
ment d'03avc  Farnifc  Capitaine-Général ,  &  èiAUxandrt  Farnhfe  Cardi- 
nal-Légat fon  frère ,  tous  deux  petits-fils  du  Pape.    Il  y  avoir  outre  cela 
^000  Efpagnols  des  propres  troupes  de  l'Empereur ,  tirés  de  Naples  &  de 
Lombardie.  Pendant  tout  le  tems  que  continua  ce  pafHtge ,  qui  dura  juf- 
ijjfik  la  moitié  du  mois  d'Août,  quoiqu'on  n'omît  pas  touc-à^fait  les  exerci- 
ces du  Concile ,  ils  furent  bien  moins  nombreux  Se  moins  fréquens.  Mais 
afin  que  les  Evêques  &  les  Théologiens  ne  fiidènt  pas  fans  occupaxions» 
Iç  Cardinal  de  Sidnu  Croix  tenoit  chez  lui  des  Conférences  de  gens  fa- 
ixans»  où  l'on  parloir  des  mêmes  chofes ,  mais  d'une  manière  familière  te 
igns  cérémonie. 
Mémifeât      ^  ^^  ^  '^^  ^^  ^^^  ^*^^  ^  tems-li  que  les  Protcftans  ligués  contre 
des  Frotef'  TEnapereur  '  adreflèrent  un  Maiûfe&e  à^  leurs  peuples ,  rempli  de  venia 
tétns  contre  contrc  le  Pape ,  qu'ils  traitoient  d'Amecbrift  &  d'inftrument  de  Satan  , 
le  ?afey    4a. &  qu'ils  accufotenc  d'avoir  envoyé  par  le,  paffc  des  Incendiaires  pour 
dont  Us      n^ettre  le  feu  en  différens  endroits  de  k  Saxe ,  d'être  l'auteur  &  l'inftiga- 
io^£nmt  À  ^^^^  ^^  ^^  guerre,  d'avoir  envoyé  des  peribnnes  en  Allemagne  pour  em- 
€illes  de      poifonner  les  puits  &  les  étangs  ;  donnant  ordre  i  tout  le  monde  de  faire 
VEmfereur.  toutes  leurs  diligences  pour  prendre  &  punir  ces  Empoifonneurs.     Mais 
iThuan.  L.on  regarda  cette  accufation  comme  une  calomnie,  &  il  y  eut  très-pco 
si  1  ^L.     ^^  S^"^  ^"*  y  trouvaflTent  de  la  vraifemblancc. 

18.  p.  if9.  ^^^  troupes  du  Pape  étant  arrivées  au  Camp  de  Landshut><  l'Empereur 
/ThuaiLlI  donna,  le  15  d'Août  1q  Collier  de  la  Toifon  d'or  4  OHavt  fon  gendre  » 
1.  N*  i^.  qu'il  avoir  aflbcié  à  cer  Ordre  dans  le  Chapitre  tenu  le  jour  de  S.  André 
Adr.  L.  y.  précédenr;  &  il  fit  enfuite  la  revue  de  fes  troupes  ,  dont  il  parue  très- 
«Psdiav  L.  ^^^'^"^>  ^  ^"^  étoient  en  effet  l'élite  de  la  Milice  Italienne.  Mais  com- 
s. c  i^.  mêles  vues  du  Pape  &  de  i*Empereur  étoient  toutes  contraires,  il  fur- 
Adrian.  L  vint  bientôt  des  occafions  de  mécontentement.  49  Le  Cardinal ,  confbrmé- 
p.  5^5.       mencT  aux  ordres  du  Pape»  vouloir  faire  porter  la  Croix  devant  lui  ea 


4^.  Et  qu'ils  accufoient  d'avoir  envoyé 
par  le  paffé  des  Incendiaires  pour  mettre  le 
feu  endifférens  endroits  de  la  Sqxe<  ]  Je  ne 
fâi  pourquoi  M.  Amelot  qui  fait  ailleurs 
mention  de  cette  circonflance^la  oubliée  en 
cei  endroit.  Elle  eft  rapportée  par  Sleidan» 
Mais  quoique  les  Proteftaps  daDs^  leuxK. 


M«nifeftes  accuGiflênt  le  Pape  d*an  crima 
ù  acToce-,  la  .cho(è  eft  fi  pea  vraifembjable. 
&  fi  mal  atteAée  ,  qu'il  eftafièz  vifible  qo» 
ce  n'étoit  qu*ane  calomnie  inventée  pQKir  le 
Tendre  odieuy. 

4^«  Z^  Cardinal  ,  cùhformment  aaxr, 
ordres  Au.  Papu  vo^l4HsJkwfi9nfif,UiCrpis 


DE     T  R  E  N  T  E  ,  L  I  T  u  E    1 1.  3^5-5 

quâUcé  de  Légat  de  T  Armée,  &  ^publier  des  Indulgences,  comme  on  *«dxlvi. 
avoic  coutume  de  faire  autrefois  oans  le  tems  des  Croifades ,  pour  mon-  ^^^''^^' 
trer  que  c*étoit  une  guerre  de  TEglife  Catholique.  Mais  il  ne  put  obte- 
«nir  ni  Tun  ni  l'autre  de  l'Empereur ,  qui  vooloit  faire  croire  tout  le  coa- 
•tmire ,  pour  arrcfer  dans  4bn'p*rti  les  PrîncçsLtrtliériens^qui  éroicrtt  avec 
4cii ,  &  né  pas  'révolter  contre  lui  les  ViH^i  qui  en  euflènt  été  choquées. 
'-*•  Ainfi  le  Cardinal ,  voyant  qu'il  11c  pouvoit  refter  au  Camp  en  une 
«atrc  qualité  fans  bleflêr  k  dignité  du  Pape  &  la  tienne,  s'arrêta  à  Ratis- 
1)onne  fous  prétexte  de  maladie^  pour  y  attendre  les  ordres  du  Pape  foa 
^and-père ,  auquel  il  avoir  donné  avis  du  tout. 

Les  deux  Armées  étoienc  en  préfcnce.  *  Mais  quoiqu'elles  fiilïcnt  nom-  3^  xh  an 
■fereufes  &  s*obfervaflcnt  l'une  TauTre  ,  Ôc  que  tnacun  des  Chefs  préfen-  l.  x.N°ii* 
ikt  la  bataille  iorfqu'il  y  trouvoit  foq  avant^^e ,  on  laiflà  perdre  né^n- 
•moins  de  part  &  d'autre  de  bonnes  occafions  deremporrcr  quelque  vic- 
toire cohudérable  ;  du  côté  des  Proteftans  ;  parce  que  t'Eleâeùr  de  Saxe 
'&  le  Landgrave  avoient  une  autorité  égale ,  choie  toujours  fatale  dans 
les  Armées  ;  &  du  côté  de  l'Empereur ,  parce  que  ce  Prince ,  qui  le  fàvoit, 
Youloit  vaincre  fans  répandre  de  fkng ,  &  que  pour  ne  point  donner  aux 
ennemis  le  tems  de  prendre  de  meilleures  mefures ,  il  âttendoit  que  Toc- 
cafion  lui  mît  entre  les  maii^s  une  yiéàoire  certaine.^  aujieu  d'une  douceu* 
fe ,  s'il  s'expofoit  au  hazard  d'une  journée.  C'eft  ce  qui  fut  caufe  qu'il  ne 
fe  fit  rien  alors  de  conddér^le. 

Les  Légats ,  délivrés  du  bruit  &  du  pa(Iàge  des  gens  de  guerre  ^  re- 
commencèrent à  tenir  les  Con^égations  les  Lundis  &  les  Vendredis  com- 
me auparavant.  ^^  Mais  penfant  à  la  manière  doilt  ils  pourroient  traî- 

^Jevant  lui  en  qualité  de  Légat,  ]  Le  Card.  de  la  rigueur  de  VHyVer  qp^il  follicicafon 
-Pallavicin  pour  rendre  ce  £àit  doateux  «  retoar ,  &  dans  rappréfaenfion  qu'ayant  ccé 
dit  qu'il  ne  l'a  trouvé  que  dans  la  feule  Hif-  (bnvent  indirpofë  pendant  la  (kiion  de  l'an- 
toire  d*Adrian'i,  Mais  comme  c'ctoit  un  née  la  plus  éivorable  ,  il  ne  pât  foucenir 
£crivtin  contentporain ,  Fra-Paolo  a  cru  l'âpreté  du  firoid  dans  un  climat  fi  diffê* 
que  Ton  autorité  étoit  fuffi(ânte  pour  appuyer  rent  de  celui  d'Italie.  Dire  d'ailleurs ,  com- 
tin  fait  de  cette  nature.  Et  combien  de  &its  me  &it  ce  Cardinal  ,qûe  le  mécontente- 
dVilleurs  dans  rHiftotre  ^  qui  ne  font  fon-  ment  de  Famèfe  ne  fut  pas  un  des  motifi 
rdes  que  fur  le  témoignage  d'un  feul  Au-  qui  lui  fit  demander  fon  rappel ,  c'eft  dire 
teur?  Ceft  aflez  qu'il  n'ait  point  étécon-  une  chofe  qui  n'a  aucun  rapport  au  £iit  en 
tredit,  pour  rendre  ce  feit  du  moins  fon  qaeftionjpuifque  félon  Fra-Pàolo  ce  Lé- 
probable  ,  d'autant  plus  que  l'on  fait  bien  gat  s'arrêta  bien  à  Ratisbonne  par  mécon- 
que  TuGige  des  Légats  du  Saint  Siège  eft  de  lentement  de  ce  qu'on  lui  refufà  de  &iie 
faire  toujours  porter  la  Ctoiz  devant  eux  '  poner  la  Croix  devant  lui ,  mais  il  n*y 
par-tout  oi  ils  font.  a  rien  dans  cet  Hiftprien  qui  indique  que 
So.  Ainfi  le  Cardinal'-'^^s^arrêta  â  Ra-  ce  fôt  lia  railbn  qui  lui  fit  demander  ioa 
iïsbonne  fous  prétexte  de  maladie.]  \\  pa-  rappel. 

roît  bien  que   ce  n'étoit  qu'un  prétexte . ,         f  i.  'Maispenfant  à  la  mahilre  dont  ils 

puifque  Pàllavicin  convient  lui-même ,  L.  pourroient  traîner  les  cbofes  en  longueur  fc* 
S.  c.  x^t  que  ce  ne  fut  que  pat  la  crainte    hn  les  intentions  du  Pape ,  ils  ne  trouvé' 

Yyi 


\ 


Paul  IU. 


UêmftUit 
diffutês 
démsUCon- 
tilê  firr  Us 
WMnhês  de 
U  JuftificM' 
Mon. 


3î^       HISTOIRE    DU    CONCILE 

ner  les  chofes  en  longueur  félon  les  intentions  du  Pape ,  ils  he  trouve^ 
rent  point  de  meilleur  moyen  que  de  repréfenter  que  l'importance  de  It 
matière  demandoit  une  difcu  mon  plus  exaâe,  &  de  prolonger  les  dis- 
putes des  Théologiens  en  leur  fourniffant  de  nouvelles  difficultés  ;  ce  qu'il» 
avoient  fouvenc  occafion  de  faire ,  foit  par  la  connexion  des  matières  ^  ibic 
par  la  démangeaifon  qu'avoient  les  Dodeurs  de  patler  continuellemenc 
d'un  fujetà  un  autre.  ^^  Ils  prirent  au(fi  le  parti  de  fomenter  la  diverfité 
d'opinions  ->  chofe  afTez  facile ,  tant  par  le  penchant  naturel  qu'ont  les 
hommes  à  vouloir  l'emporter  dans  les  difputes  ,  que  par  l'attachement 
opiniâtre  que  les  Théologiens  &  furtout  les  Moines  ont  pour  les  opinionf 
de  leur  Seébe.  La  chofe  paroidbit  difficile  au  Cardinal  dcl  Morne ,  qui 
étant  d'un  caraâère  plus  ouvert ,  ne  fe  croyoit  pas  en  état  de  difllimuler 
plus  longrems  qu'il  etoit  néceflaire.  î  '  Mais  Sainte  Croix  ,  d'un  natti- 
rel  plus  mélancolique  &  plus  caché  >  voidut  bien  fe  charger  de  ce  foin» 
LXXX.  On  propofa  oans  la  Congrégation  du  lo  Août,  de  nonmier 
des  Pères  pour  former  les  Anathématifmes  fur  les  15  Articles  dont  on  a 
parlé  ,  &  qu'on  croyoit  avoir  fuffifamment  éclaircis  ;  &  l'on  nomma  pour 
cet  effet  trois  Evèques  &  trois  Généraux  d'Ordres»  avec  le  Cardinal  de  Sainu 
Croix  i  leur  tète.  Mais  lorfque  la  Minute  qui  avoir  été  drefTée  des  Canon» 


rent  point  de  meilleur  moyen  ,  &c.  ]  Avant 
toutes  ces  agitations  il  eft  cenain  qoe  le 
Pape  eut  fort  fouhaicé  qa'on  eut  expédié 
promtement  la  matière  de  la  Juflification. 
PalUv,  L.  8.C.  f.  Mais  le  défir  qa avoient 
ce  Pontife  &  fes  Légats  de  transférer  le 
Concile  ,  leur  fit  changer  de  réfolution  s 
&  quelque  envie  qu*ait  Pallavicin  de  con- 
tredire Fra-Paolo  ,  il  eft  pourtant  obligé 
d'avouer  Y  L.  8.  c.  10.  qu'il  envoya  ordre  à 
fes  Léeats,  aux  infiances  de  l'Empereur, 
de  furfeoir  pendant  deux  mois  la  décifion 
des  Dogmes. 

$1.  Ils  prirent  auffi  le  parti  de  fomen- 
ter la  dïverfitè  des  opinions*  ]  Il  y  a  bien 
quelque  apparence  que  les  Légats  ,  qui 
avoient  ordre  de  furfeoir  la  dccifîon  des 
Dogmes ,  nétoient  pas  fâchés  de  laiifer  dif- 
pucer  les  Théologiens  autant  qu'ils  lé 
fouhaitoîent  pour  la  défenfe  de  leurs  opi- 
nions y  fans  relTerrer  les  avis  &  abréger  les 
difcours ,  comme  ils  firent  fouvent  depuis. 
Mais  il  n'étoit  pas  néceflàirc  qu'ils  fomen- 
taffent  par  politique  la  diverfité  d  opinions. 
11  lear  fuffîfbit  de  ne  point  gêner  les  Théo- 
logiens. L'efprit  de  difpuce  ,  qui  eft  ordi- 
nairement celui  des  Ecoles  ,  étoit  fuffifant 
poux  entretenir  les  conteftations.  Peut- 


être  même,  que  les  Légats  n'étant  pas  tous 
de  même  avis  fur  les  matières  conteftées  , 
cela  donnoit  encore  occafion  de  crotfe 
qu'ils  fbmentoient  les  difputes  par  poli- 
tique ,  quoique  réellement  ils  n'eufleic 
d'autre  vue  que  de  former  les  Décrets  de 
manière  qu'ils  pufient  agréer  à  tout  le 
monde. 

S^.Mais  S  te  Croix  ^  d* un  naturel  pUt^ 
mélancolique  &  plus  cachée  voulut  bien  fi 
charger  de  ce  foin  ,  &c.  ]  C'eft  donner  aux 
chofes  plus  de  malignité  qu'elles  n^enont^ 
que  de  prétendre  ,  comme  fait  ici  PaUa-^ 
vicin,  L.  8.  c.  10.  que  Fra-Paolo  avoola 
taxer  ici  le  Gard.  ^  de  Ste  Croix  de  duplicité 
&  de  fourberie.  Ce  n'a  point  été  du  tout 
fa  penfée  s  &  il  n'a  voulu  dire  autre  chofe  » 
comme  on  le  voit  par  l'éloge  qu'il  (ait  ail- 
leurs de  la  patience  &  de  l'application  qu'eut 
ce  Cardinal  pour  faire  former  le  Décret 
fur  ces  matières ,  finon  que  fon  caradère 
plus  froid  &  plus  maître  de  lui-même ,  le 
lendoit  auffi  plus  capable  de  ménager  tout 
les  efprits  avec  plus  d'an  &  de  patience  » 
outre  que  cl'ailleun  il  fembloit  plus  inftruit 
de  ces  matières  que  le  premier  Légat.  Ainfi 
le  caradère  que  lui  donne  ici  notre  Hifto«%, 
lien ,  eft  plutôt  or  éloge  qu'une  cenfuxe* 


DE    TRENTE,  Livre    IL  5^7 

flic  propofée  dans   les  Congrégations  fuivanres.  Ton   rentra  dans   les   ujyxtru 
mêmes  difputcs  fur  la  certitude  de  la  Grâce ,  fur  les  œuvres  morales  des  ^^^^  ^^'• 
Infidèles  Se  des  Pécheurs ,  fur  le  mérite  de  congruo ,  fur  Timputation  de  la      - 
Juftice ,  &  fur  la  diftinâ:ion  de  la  Grâce  &  de  la  Charité  -,  &c  les  parti- 
fans  des  opinions  contraires  montrèrent  encore  plus  de  chaleur  qu'aupara- 
vant, d*autant  plus  que  le  Cardinal  fembloit  lui-même  animer  ladifpute, 
en  remontrant  que  la  matière  étoit  importante ,  qu'il  étoit  nécefTaire .  de  la 
bien  difcuter,  &  qu'il  étoit  impoflible  de  prendre  un  bon  parti,  fi  ces 
controverfes  n'étoient  bien  éclaircies  auparavant.   La  feule  queftion  de  la 
certitude  de  la  Grâce  occupa  plufieurs  Congrégations,  &  partagea  non-feu- 
lement  les  Théologiens  >  mais  auffi  les  Prélats  *,  &  les  difputes  ,  auliea 
d'éclaircir  la  matière ,  ne  fervirent  qu'à  l'embrouiller  davantage. 

De' s  lewcommencement ,  comme  on  l'a  déjà  rapporté ,  t4  les  ims  di- 
foient   y  qu'il  y  avoit  de  la  préfomption  dans  la  certitude  qu'on  difoit  „  Palitv  L; 
avoir  de  la  Grâce  -,  &  les  autres  prétehdoient  qu'il  y  avoit  du  mérire  dans  s.  c  xx. 
cette  afTurance.    Les  premiers  fe  fondoient  fur  l'autorité  de  S  Thomas  » 
4e  S.  Bonavcnturc^  &  de  beaucoup  de  Scolaftiques,  qui  avoient  été  de  ce 
fentiment  :  ce  qui  faifoit  auflî  que  la  plupart  à^  Dominicains  s'en  rendi- 
rent les  défenfeurs.    Mais  à  cette  autorite  ils  ajoutoient  encore  quelques 
raifons ,  comme  par  exemple,  que  Dieu  n'ayoit  pas  voulu  que  l'homme  eue 
cette  certitude ,  non  -  feulement  de  peur  qu'il  ne  s'enflât  d'orgueil  &  ne 
conçut  de  lui-même  une  eftime  qui  le  portât  à  fe  préférer  aux  autres,  ce 
qu'il  ne  manqueroit  pas  de  faire  a  l'égard  des  pécheurs  manifeftes ,  s'il  fe 
connoidbit  pour  jufte  ;  mais  aufli  de  crainte  qu'il  ne  s'endormît  &  ne  négli- 
geât de  faire  le  bien.    C'eft  par  ces  raifons  qu'ils  difoient  que  l'incertitude 
étoit  utile  &  méritoire ,  parce  que  c'étoit  une  peine  d'efpnt ,  qui  devenoic 
un  mérite  quand  on  la  iouffroit  comnie  il  faut.    Ils  fe  fondoient  encore 
pour  prouver  cette  incertitude,  fur  difFérens  endroits  de  l'Ecriture,  &  en- 
tre autres  fur  un  où  Salomon  dit,  *  que  r homme  méfait  sileji  digne  d^a*   »  Ec  Icf 
mour  ou  de  haine  \  fur  une  parole  du  Sage ,  qui  recommande  de  n^étre  point  ix,  i. 
^fans  crainte  à  regard  d*un  piché  pardonné  ;  fur  un  partage  de  S.  Paul,  qui    m  Eccli. 
nous  ordonne  ^  de  travailler  à  notre  Jalut  avec  crainte  &  tremblement;  &  V*  5• 
fur  un  autre  du  même  Apôtre,  qui  difoit  que  *^  quoique  fa  confcience  ne   ^^^^^^L 
lui  reprochât  rien  ,  il  nefe  tenoitpas  pour  jujiifii.  Séripandj  Vega^  Se  Soto   /i  q^ 
furent  de  tous  les  partifans  de  cette  opiiiion  ceux  qui  firent  valoir  davan-  IV.  4. 
tagé  ces  raifons  'Se  ces  témoignages ,  qu'ils  appuyèrent  de  l'autorité  dts  Pè- 
res ,  dont  ils  produifirent  un  grand  nombre  de  partages. 

5-4.  Les  uns  difoient  y  qu'il  y  avoit  de  ait  afTe^  de  Ce  fervir  de  termes  qui  cho-^ 

la  préfomption  dans  la  certitude  qu'on  di-  qoaflent  le  moins  qu*il  écoic    poflîble  les 

/bit  avoir  de  la  Grâce  ,  &c.  ]  Ce  fit  le  panifans  de  l'opinion  contraire  «  ileftalTez 

(èntiment  qui  prévalut  à   la  fin  dans  le  vifîble  que  celui  de  Catharin  ny  eftguères 

Concile,  &  qui  a  mon  fens  eftaud!  le  plus  diftingué  de  celui  quon  y  condamne  corn- 

laifonnable,  &  quoique  dans  le  Décret  on  me  une  HéséCe. 


MDXtrt. 

.Faux  III. 


£ 


^Mact. 
IX.  1. 


îy8         HISTOIRE    DU    CONCILE 

^    Mais  Catharïn  &  Marinier  tn  citèrent  de  tout  contraires  :  ce  qni 
montre  que  ces  Pères  avoient  parlé  félon  qu'ils  s'y  étoient  trouvés  forcés 
>ar  les  occaiions ,  tantôt  pour  -animer  les  foibles ,  &  rancôt  pour  humilier 
es  préfomptueax.    C'eft  pourquoi  fe  renfermant  dans  les  paflages  de  rEcri* 
cure ,  ils  difoient  que  Jefus-Chrift  avoit  dit  â  cous  ceux  à  qui  il  aroic 
jemis  leurs  péchés ,  de  s'alTurer  ^  que  leurs  pèches  leur  éteiene  pardonnes  » 
&  qu'il  y  auroit  de  Tabfurdité  à  croire  qu'il  eût  voulu  les  expofer  à  la  té- 
inéritc  &«  Torgueil  ^  eu  les  priver  des  avantages  ou  du  mérite  qu'il  y  auroit 
€u  pour  eux  k  demeurer  dans  l'incertitude.  Ils  ajoutoient  :Que  Dieu  nous 
oblige  à  lui  rendce  grâces  de  notre  Juftification  :  ce  que  nous  ne  pourrions 
£ftice ,  fi  nous  ignoHons  que  nous  l'euffions  obtenue  ;  puifqu'il  feroit  ridi- 
cule &  ftbfurde  de  rerancrcier  Dieu  d'un  bienfait ,  que  nous  ferions  incer- 
tains d'avoir  reçu  :  Que  S.  Paul  enfeigne  ouvertement  la  certitvde  du  falut  » 
»  II.  Cor.   quand  il  demandoit  ^ux  Corinthiens. ,  ^  n  à  moins  que  d'être  réprouvés  y  ils 
XIU.  s»      ne  fentoiene  pas  que  Jefus^Chrifi  fût  en  eux  ;  où  quand  il  dit,   ^  c^tnous 
f  l'^^f-    ayons  reçu  de  Dieu  rÈJprii  pour /avoir  ce  que  nous  avons  reçu  de  lui;  8c 
plus  clairement  encore  lorfqu'il  enseigne ,  8  que  fE/prie  rend  témoigna^ 
ge  à  notre  efprit ,  que  nous  fommes  enfans  de  Dieu  :  Que  ce  feroit  une  grande 
hardieffe  d'accufer  de  témérité  ceux  qui  croyent  au  Saint  Efprit  qui  parle 
en  eux  )  après  que  S.  ^/77^rc?(/dnousauurequele  Saint-Efprit  ne  nous  parle 
jamais  >  qu'il  ne  nous  fa(Tè  favoir  en  même  tems  que  c'eft  lui  qui  nous  pat* 
le.  Ils  citoient  encore  ce  que  dit  Jefus-Chrift  à  S.  Jean,  ^  que  le  monde 
ne  peut  recevoir  le  Saint  Ejprity  parce  quil  ne  le  voit  point  &  ne  le  connoît 
point  ;  mais  que  fesdifciples  le  connaîtront  parce  qu*il  habitera  &  qu*  il  fera  en 
eux.  D'où  Catharin  concluoit  fort  librement ,  que  c'étoit  une  rêverie  de  dire 
qu'on  reçoit  la  Grâce  volontairement,  fans  pourtant  favoir  fi  on  l'a  -,  comme 
u  pour  recevoir  une  chofe  volontairement,  il n'éroit  pas  néceflaire  que  celui 
qui  la  reçoit  fâche  qu'elle  lui  eft  donnée ,  qu'il  la  reçoit  réellement ,  & 
qu'il  la  poflcde  après  l'avoir  reçue. 

L  A  force  de  ces  raifons  fit  un  peu  rabattre  de  leur  prévention  ceux  qui 
taxoient  ce  fentiment  de  téméraire ,  &  leur  fit  avouer  que  les  perfonnès 
ordinaires  pouvoient  bien  avoir  quelque  conjedure ,  mais  non  aucune  cer« 
tirude  de  la  Grâce ,  qu'on  ne  pouvoit  accorder  tout  au  plus  quVux  Martyrs, 
aux  nouveaux  baptilés,  &  â  ceux  qui  en  auroient  eu  une  révélation  fpccia- 
le.   Ils  vinrent  mcme  jufqu'd  accorder  qu'on  pouvoit  donner  le  nom  de 


II.  II. 

g  Rom. 

VIII.  16. 


h  Joh. 
XIY.  17. 


f  f.  Mais  Catharïn  &  Marinier  en  ci- 
tèrent de  tout  contraires  ,  &c,  ]  Le  Cardi- 
nal Pallavicin ,  qui  prend  ici  la  défenfe 
du  premier  fentiment  contre  celui  de  Ca^ 
tharin  L.  8.  c.  11.  taxe  Fra-Paolo  d'avoir 
appuyé  ce  dernier  par  Ton  penchant  pour 
les  opinions  Luthériennes.  Mais  pour  peu 
qiion  le  life  fans  préjuge ,  Ton  voit  alTez 
que  notre  Auteur  n  a  fait  ici  que  l'ofEce 


d*Hiftorien ,  fans  fe  déclarer  pour  aucune 
des  deux  opinions  contraires.  Ceft  une 
in>partialité  quon  trouve  rarement  dans 
fon  Adverfaire  y  qui  pour  faire  parade  de 
fon  érudition  Théologique,  a  prefque tou- 
jours oublié  que  ce  n  eft  pas  à  un  Hifto- 
rien  à  prendre  parti ,  &  qu  on  n*attendde 
lui  autre  chofe  que  le  récit  &  non  le  choix 
des  fentimens  dont  il  rend  compte. 


DE   TR  ENTE,  LrvicF  IL  355 

foi  morale  à  ce  qu'ils  n'avoicnt  voulu  traiter  que  de  conjefturc  :  &  yiga^    Mi>xLvi- 
qui  au  commencement  n'admettoit  que  la  (impie  probabilité  >  cédant  à  la  ^^"^  ^^ 
rorce  des  raifons  contraires ,  devint  lui-même  un  des  fauteurs  de  la  certîtu-  — •-^^ 
de,    Cependant  pour  ne  pas  paroître  donner  dans  lesfencimens  de  Liaher^ 
il  difoit  qu'il  y  avoit  une  certitude  qui  excluoit  tout  doute  &  toute  erreur» 
qui  cependant  n'étoit  pas  une  foi  Chrétienne  ,  mais  une  foi  humaine  &: 
expérimentale  :  &  comme  celui  qui  a  chaud  en  efl:  certain ,  &  feroit  fans 
fentimens  s'il  en  doutoic  ;  de  même  celui  qui  a  la  Grâce  en  foi  la  fent,  & 
n'en  peut  douter  >  non  par  la  révélation  divine  ,  mais  par  le  fentimenr 
de  fon  ame. 

Mais  les  autres  défènfeursde  la  certitude  »  forcés*  par  leurs  adverfaires- 
â  déclarer  clairement  s'ils  croyoient  que  Thomme  la  pue  avoir ,  &c  mémo 
s'il  y  étoit  obligé,  &  fi  c'écoic^une  foi  divine  ou  humame  \  ils  feréduifirenc 
à  dire  que  puifque  c'étoit  une  foi  que  l'on  a  au  témoignage  du  Saint- 
Efprit ,  l'on  ne  pou  voit  pas  dire  qu'elle  fût  libre  \  &  que  chacun  étant 
obligé  de  croire  aux  révélations  divines ,.  on  ne  pouvoir  rappeller  qu'une 
foi  divine.  Preffé  enfuite  par  cette  objeâipn ,  que  fi  cette  certitude  n'éroic 
pas  égale  à  la  foi  Catholique,  elle  n'excluoit  pas  tout  doute,  ou»  que  fi 
elle  y  étoit  égale ,  le  Jufte  devoit  croire  auflî  fcrmemait  qu'il  eft  Juftifié  , 
qu'il  croit  les  articles  de  Foi;  î^  Ck/Ww  répondit ,  que  cetto  foi  étoit 
une  foi  divine ,  aufii  certaine  que  la  fbi  Catholique ,  &»  qui  comme^  elle 
excluoit  tout  doute  *,  mais  que  cependant  ce  n'étoit  pas  la  tov  Catholique. 
Car  comme  la  fbi  que  chacun  a  aux  révélations  particulières  qui  lui  font 
faites  eft  une  foi  divinoqui  exclud  tour  doute ,  mais  qui  ne  devient  uni- 
verfelle  &  Catholique  que  quand  ces  révélations  font  reçues  de  toute  VE^ 
glifè  ',  cette  dernière  foi ,  qui  eft  celle  qui  convient  aux  articles  de  Foi , 
n'eft  pas  cependant  fupérieure  à  l'autre  en  certitude ,  &  n'exclud  pas  da- 
y^mtage  le  doute ,  mais  elle  n'a  d'avantage  fur  la  première  que  parce  qu'elle 
eft  plus  univerfelle.  C'était  ainfi  félon  Catharin  que  tous  les  Prophètes 
ayoïent  d'abord  une  foi  particulière  des  révélations  que  Dieu  leur  avoit 
faites ,  &  qui  était  enfiiite  devenue  une  fbi  Catholique ,  après  que  l'Ëglife 
avoit  reçu  ces  révélations.  Cette  opinion  parut  d'abord  fort  étrange  aux. 
p^rtifàns  même  de  Catharin  ,  c'eft-à-dire  à-  tous  les  Carmes  ,  quoique 


$6.  Catharin  répondît,  que  cette  fol  étoit 
une  foi  divine  aujji  certaine  que  la  Catholi- 
qiie  4  &c.  ]  Il  Cstlloic  bien  qu  il  le  (bucînt 
ainfî^  paifqa'il  appuyoic  cetre  cenitude  fur 
le  témoignage  intérieur  &  in&illible  du 
Saint-  Efpric  ,  &  qa*il  ne  diftinguoic  cette 
certitude  de  la  Catholique  ,  que  par  rap- 
port à  la  notoriété  ,  &  non  par  rapport  à 
la  vérité  des  chofes-,  qui  étpient  toutes  fon- 
dées fur  la  même  autorité.  Ceft  au(£  ce 
qu'a  fort  bien  remarqué  Fra  -  Paolo ,  dans* 


rexpoficion  quil  fait  du  fentimenc  de  Ca^ 
tharin  ,  incompaiablement  plu^  concife  Se 
plus  claire  que  celle  quen  donne  Paltavi^ 
cia  y  quoique  celui-ci  n'ait  point  de  honte 
de  reprocher  à  notre  Hiftorien^  L.  8,  c  i  x 
qail  a  mal  repréfencé  le  fens  de  cet  Auteur* 
Mais  pour  pjeu  quon  ait  lu  les  Ecrits  de 
Catharin  avec  un  peu  de  foin,  l'on  verra, 
ou  que  rexpo&ion  de  PaUavicin  revient  à 
celle  de  Fra-Paolo  ,  ou  qu  elle  n'a  aucua 
fens. 


/ 


î6b        HISTOIRE    pu    CONCILE 

«Dxtvi.  Bacon  ^  donc  ils  fuivoient  le  fencimenc ,  eût  été  de  cette  opinion  ;  &  les 
^/^^^  ^^^'  Evêqucs  de  SinigagUa ,  de  Worceftcr ,  &  de  Salpi  avoient  peine  d*abord  à 
la  digérer.  Cependiant  après  avoir  pefc  les  raifons  dont  Catharin  rappuyoit» 
î7  il  cft  étonnant  combien  de  Prélats  y  parurent  favorables  ,  quoi  que  put 
dire  Soto  »  qui  en  faifoit  beaucoup  de  bruit ,  fous  prétexte  qu'elle  favori* 
foit  trop  les  fentimens  des  Lurhériens.  Mais  on  lui  répondit  qu'il  n'y  aa- 
roit  rien  à  cenûircr  en  Luther  fur  ce  point ,  s'il  avoit  dit  que  cette  foi  fuit 
la  Juftification  »  &  qu'il  n'écoïc  condamnable  que  pour  avoir  enfeigné  que 
c'ctoit  cette  foi  qui  juftifie. 

On  repliquoic  de  même  aux  raifons  donc  Soto  avolt  appuyé  fôn  fênti«- 
ment  :  ^'  Qu'il  ne  falloit  pas  faire  grand  fonds  fur  l'autorité  des  Scolafti- 
ques ,  qui  pour  rejetter  l'opinion  de  la  certitude  de  la  Grâce  ne  s'étoienc 
fondés  que  fur  de  (impies  raifons  philofophiques ,  qui  font  peu  propres  à 
nous  faire  ju^er  des  mouvemens  divins  :  Que  l'autorité  de  Salomon  n'étoic 
point  alléguée  à  propos ,  parce  qu'en  preffant  trop  ce  qu'il  dit ,  que  rhom* 
me  ne  peut  f avoir  s'il  cft  digne  d* amour  ou  de  haine  ,  on  en  pourroit  con- 
clure que  le  plus  grand  pécheur  &  le  plus  endurci  ne  fait  pas  s'il  eft  haï  de 
Dieu  :  Qu'on  pouvoit  encore  faire  moins  d'ufage  du  paflage  de  la  Sagede  » 
où  il  eft  dit  quV/2  doit  toujours  craindre  pour  les  péchés  pardonnes  ;  parce 

Sue  le  motGrec  U^cf^.t  ne  fignifiè  point  péché  pardonné ,  comme  le  Tra- 
uâeur  Latin  l'a  inal  rendu  ,  mais  feulement  expiation  ou  pardon  ;  Se  que 
le  fens  du  Ssge  n  cft  que  d'avertir  les  pécheurs  de  ne  point  ajouter  péché  fut 

g'ché  par  une  vaine  efpérance  du  pardon  futur ,  &  non  du  pa(Te  :  Qu'il  ne 
lloit  pas  fonder  un  article  de  Foi  fur  une  faute  du  Traduâeur ,  (  £r  c*eft 
ain(i  que  parloient  même  alors  de  la  VerHon  Vulgate  ceux  qui  l'avoienc 
déclarée  authentique  ,  &  l'on  peut  obferver  la  mcme  chofe  dans  les  Livres 
imprimés  de  ceux  qui  éoient  intervenus  au  Décret  d  approbation  :  )  Que 
quand  S.  Paul  nous  ordonne  de  travaillera  notre  falut  avec  crainte  &trtm* 
blementy  ce  n  etoit  pas  pour  marquer  notre  incertitude  >  mais  que  c'étoit 
une  phrafe  Hébraïque  qui  ne  défignoit  que  le  refpcft  ;  &  que  c'eft  de  cette 
manière  que  les  fcrviteurs  font  remplis  de  crainte  &  de  tremblement  de- 
vanr  leurs  Maîtres,  lors  même  qu'ils  favent  qu'ils  en  font  aimés  &  qu'ils 
ont  leur  approbation  :  Qu'enfin  fi  S.  Paul  parloit  de  la  Juftification ,  lorf- 

qu'il 

f  7.  //  efl  étonnant  combien  de  Prélats  véritable  contradiéUon  entre  ce  qac  ih  îcî 

y  parurent  favorables,  ]  Il  eft  certain  que  Fra-Paolo  ,  8c  et  qu'il  avoit  dit  quelques 

les  raifons  de  Catharin  entraînèrent  plu-,  lignes  auparavant,  que  les  Carmes  fur  l*ao- 

fieurs   Evoques  dans  Ton  fencimenc  ;  mais  torité  de  Bacon  fuivoient  Topinion  de  Ca* 

leur  nombre  fuc  toujours  fort  infériçur  à  tharin.  Mais  ceci  n  eft  une  contradiôion 

celui  des  autres»  5:  le  Canon  fut  fait  vifî-  quaux  yeux  du  Cardinal  >  puifque  Caths- 

blement   pour  appuyer  le  fentiment  con-  rîn  pouvoit  fort  bien  mépriferrautorité  des 

traîre.  Scholaftiques ,  quoique  quelques-uns  de  fou 

fS.  Qu  il  ne  falloit  pas  faire  grand  fonds  parri  ne  laiiraflenc  pns  de  s*autorifei  de  ceux 

fur l* autorité  des  Scholaftiques,  Sec,  )  A  en  quils  croyoient  leur  être  Civorables. 
croire  le  Cardinal  PaUavicin  >  il  y  a  une 


:  DE    TRENTE,  Livre    IL  j^r 

Oall  dît  que  quoique  fa  confcicncc  ne  lui  reprochât  rien  »  Uh*étoupas  cepen--  ubxvwi, 
darujuJliJiéyCt  partage  favorifcroit  plutôt  la  certitude  du  falut  qu'il  ne  lui  ^^^^  H^- 
ièroit  contraire  -,  parce  qu  on  en  pourroit  inférer  que  s*il  n  croit  pas  juftific      -' 
parce  qu*il  ne  fentoic  point  de  reproches  de  fa  confcience  »  il  Tëtoit  par 
autre  chofe;  mais  que  le  vrai  fens  de  T Apôtre  en  cet  endroit  ne  regardoic 
point  la  Juftification  ,  niais  le  miniftère  de  la  prédication  »  &  que  c  etoic 
comme  s'il  eut  dit  que  fa  confcience  ne  lui  reprochoit  point  de  s'être  mai 
acquitté  de  ce  miniltère»  mais  qu'il  nofoit  pas  dire  pour  cela  qu'il  en  eut 
rempli  parfaitement  cous  les  devoirs  »  &  qu'il  remettoit  tout  au  jugement 
4le  Dieu. 

A  moins  que  d'avoir  vu  les  Mémoires  manufcrits  &  les  Ecrits  imprimés 
de  ceux  qui  eurent  part  à  ces  difputes  »  il  eft  importible  d'imaeiner  tout  ce 

Îtti  fut  dit  fur  ce  fujec»  &  la  chaleur  avec  laquelle  non-leulemcnc  les 
héologiens ,  mais  encore  les  Evèques  contefterent ,  chacun  prétendant 
avoir  pour  foi  la  vérité.  C'eft  ce  qui  fie  que  Sainte  Croix  »  qui  vie  qu'ils 
avoient  plus  befoin  de  frein  que  d'éperon ,  tâcha  fouvent  de  mettre  fia 
aux  conteftations  en  propofant  d  autres  matières  pour  faire  diverfion  aux 
^putes.  Il  propofa  deux  fois  dans  les  Congrégations  des  Prélats  de  laidèc 
U  cette  queftion ,  comme  douteufe  »  longue ,  &  embarraflànte  -,  mais  la 
chaleur  étoit  (î grande  »  quon  y  revenoic  toujours.  A  la  fin  le  Cardinal,  à 
force  de  remontrer  qu'on  avoir  artèz  parlé  fur  ce  fujet ,  &  qu'il  falloir  k 
donner  le  tems  de  réfléchir  fur  ce  qui  avoir  été  dit  pour  en  décider  plus 
mcuement ,  fit  trouver  bon  qu'on  parla r  des  œuvres  préparatoires  ,  &c  de 
l'obfervation  de  la  Loi.  Plufieurs  prirent  occadon  de  certe  nouvelle  ma-  st^h  tm 
lière  pour  parler  du  Libre-arbitre  >  &  le  Cardinal  loin  de  l'empêcher  pro-  t^^k  eêlk 
pofa  d'examiner  cette  queftion ,  qui  fembloit  avoir  tant  de  connexion  avec  ^  Uhi- 
les  deux  autres,  qu'il  ne  paroiflbit  pas  qu'on  pût  la  traiter  féparément.  On  ^^'^^* 
nomma  donc  des  Prélats  &  des  Tnéologiens  pour  extraire  des  Livres  des 


dultèrede  David  ^  la  cruauté  de  Manlius  y  &  la  trahifon  de  Judas  y  font 
aufii  proprement  l'œuvre  de  Dieu ,  que  la  vocation  de  S.  Paul. 

1.  Personne  n'a  la  liberté  de  jpenler  bien  ou  mal  »  mais  rout  fe  fait  par 
une  nécefiité  abfolue.  Il  n'y  a  pomt  de  Liberté  en  nous ,  &  c*eft  une  cni- 
snere  que  d'en  reconnoirre. 

).  La  Liberté  eft  perdue  depuis  le  péché  d'Adam.  Ce  n*eft  plus  qu'un 
nom  fans  réalité ,  &  un  titre  fans  chofe  ;  &  quand  l'homme  tait  ce  qu'il 
peut ,  il  ne  laide  pas  que  de  pécher  mortellement. 

4.  Nous  n'avons  de  Liberté  que  pour  faire  le  mal ,  6c  nous  ne  ibmmes 
point  libres  de  faire  le  bien. 

5.  Le  Libre-arbitre  mû  de  Dieu  ne  coopère  en  rien  à  Taâion  >  &  il 
n*eft  que  comme  un  inftrument  inanimé  y  ou  que  comme  un  animal  fans 
jraifon. 

Toici  L  Zz 


^6t        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxiTx.       6.  Dieu  ne  convertie  que  ceux  qu'il  lui  plaît,  &  il  le  fait  faas  qu'ils  le 

Paul  III.  veuillent,  ou  même  contre  leur  volonté. 

■■"— ""^  t^.  On  déclama  tragiquement,  plutôt  qu'on  ne  raifoqna,  furies  deux 
premiers  Articles  \  &  Ion  dit  :  Que  la  dodbrine  de  Luther étoit  une  doârine 
de  frénétique  :  Que  la  volonté  humaine ,  telle  que  les  Luthériens  la  repré- 
ientoient ,  feroit  un  monftre  :  Que  ces  paroles  ou  ils  qualifioient  la  Liberté 
d'un  fimple  nom  ou  d'un  titre  fans  réalité ,  'étoit  quelque  chofe  de  mon- 
ftrueux  :  Que  cette  opinion  étoit  impie  &c  un  véritable  blafpbème  :  Que 
TEglife  l'avoit  déjà  condamnée  autrefois  dans  les  Manichéens  &  les  PrifciU 
lianijles ,  &  depuis  encore  dans  Abailard  &  dans  Wideffx  Que  c'étoic  une 
extravagance  contraire  au  fens  commun ,  puifque  chacun  fentoit  par  expé- 
rience ia  propre  Liberté  :  Qu'une  telle  erreur  ne  devoir  fe  réftiter ,  comme 
parle  Anfioie  ,  que  par  le  châtiment  ou  par  une  preuve  expérimentale  r 
Qu'enfin  les  difciples  même  de  Luther  s'étant  apperçus  de  l'extravagance  de 
cette  doârine ,  avoient  voulu  tâcher  d'en  adoucir  l'abfurdité ,  en  difanc 
que  l'homme  eft  libre  dans  les  aâions  extérieures ,  politiques  &  œconomi- 
ques ,  &  dans  tout  ce  qui  concerne  la  Juftice  civile  ,  &  qu'il  falloic  être 
itupide  pour  nier  que  ces  adtions  viennent  d'un  choix  libre  *,  &  qu'ils  le 
bornoienc  a  nier  la  Liberté  par  rapport  aux  a£tions  qui  regardent  la  Juftice 
divine. 

Marinier  dit  :  Que  comme  il  y  avoic  de  la  folie  â  prétendre  qu'aucune 
aâion  humaine  ne  fut  en  notre  pouvoir ,  il  n'y  avoir  guères  moins  d'abfur- 
dite  à  croire  que  nous  fuflions  libres  dans  toutes  nos  aâions ,  chacun  expé- 
rimentant enibi-mème  qu'il  n'eft  pas  maître  de  tous  fes  mouvemens  :  Que 
c'étoit  en  ce  fens  que  l'Ecole  enfeignoit ,  que  les  premiers  mouvemens  ne 
font  point  libres  -,  &  que  c'eft  en  cela  que  nous  différons  des  Bienheureux  t^ 

3ui  lont  maîtres  de  leurs  premiers  mouvemens ,  &  qui  par-lâ  ont  une  forte 
e  Liberté  qu  n'eft  point  en  nous.  Catharin  toujours  conformément  à  fon 
propre  principe,  que  fans  une  Grâce  fpéciale  de  Dieu  l'homme  ne  peut  faire 
aucune  bonne  aâion  morale ,  foutenoit ,  qu'en  ce  fens  on  pouvoit  dire 
qu'il  n'y  avoir  point  de  Liberté ,  &  que  pour  cette  raifon  on  ne  devoir  pas 
condamner  fî  facilement  le  quatrième  Article.  ^^  Vigc-  »  après  avoir  parlé* 


S^.On  déclama  tragiquement ,  plutôt 
fu*on  ne  raijbnna  fur  les  deux  premiers 
Articles.  ]  Ils  étoient  en  effet  très-condam- 
jaables.  Car  iaiie  Dieu  aaceor  du  péché ,  & 
yhomme  purement  paflîf  foit  pour  le  bien 
foit  pour  le  mal ,  c'eft  une  dedrine  per- 
xiicieufe ,  qui  ne  tient  à  rien  moins  qu*à 
dérruire  toute  la  moralité  des  adions ,  qu*à 
anéantir  la  vertu  &  le  vice  }  la  raifon  & 
la  Religion ,  &  qa*à  Êiire  des  hommes  au^ 
tant  de  machines  qui  n  agiffent  que  par  im- 
pulfion ,  comme  autant  d'inftxumens  îna- 


^o,  Vega'^'  conclut  qu'il  n'y  avoit  an^^ 
cune  différence  entre  le  fentiment  de  ces  Théo* 
logiens  &  celui  des  Protejians  ^  &c.  ]  £» 
eâ^t ,  à  la  différence  près  des  ezpreflîons  , 
qui  font  beaucoup  plus  dures  dans  les 
Ecrits  de  Luther  &  de  Calvin  que  dans  la 
plupan  des  ouvrages  des  Thomiftes  êc  de» 
fanféniftes ,  le  fond  du  fjftème  revient  » 
peu  pr^i  au  même.  Car  fi  l'on  ne  peut 
£ûre  de  bien  fans  la  Grâce,  &fi  cttte  Grâce 
n'eft  pas  donnée  à  tous  s  ceux  donc  à  qui 
elle  eft  refufée  ,  nont  de  liberté  que 
{0U  fiûze  le  mal  s  puifque  le  iècouir 


DE    TRENTE, Livre     IL  3^5 

d'une  manière  fi  ambiguë  qu'il  ne  s'encendoit  pas  lui-même ,  conclut  qu'il    mdxltt. 
n'y  avoit  aucune  diftcrencc  entre  le  fentiment  de  ces  Théologiens  &  celui  ^^^^  ^"• 
des  Protcftans ,  puifqu'en  admettant ,  conune  ceux-ci  faifoient  à  prcfcnt ,      - 
une  Liberté  pour  les  aâions  civiles  &  non  pour  les  furnacurelles  ,  ôc  pour 
les  œuvres  extérieures  de  la  Loi  &  non  pour  les  intérieures  &  fpiricuelles , 
c'étoit  précifément  dire  comme  l'Eglife ,  qu'on  ne  fauroit  faire  les  œuvres 
fpirituelles  qui  ont  rapport  à  la  Religion  >  fans  le  fecours  de  la  Grâce.  Mais 
on  n'écouta  pas  favorablement  ce  qu'il  dit  >  qu'il  falloir  ne  rien  épargner 
|)our  tâcher  de  fe  concilier  fur  cela  ;  ^  '  parce  qu'on  rcgardoit  comme  quel- 
que chofe  d'odieux  pour  le  Concile  d'avancer  qu'on  pût  s'accorder  fur  quel- 
Îrues  points  avec  les  Proteftans ,  &c  qu'on  avoit  coutume  de  dire  que  ces 
ortcs  de  conciliations  ne  convenoient  qu'à  des  Colloques ,  nom  qui  étoit 
en  horreur  ,  à  caufe  qu'on  regardoit  ces  Aflemblées  comme  des  moyens 
par  où  les  Laïques  avoient  ulurpé  une  autorité  qui  n'appartient  qu'aux 
Conciles. 

Au  fujet  de  la  queftion  ,  Si  C homme  a  la  liberté  de  croire  ou  de  ne  pas 
troire  ,  il  s'éleva  une  grande  difpute  parmi  les  Théologiens.  ^^  Les  Fran- 
cifcains  le  nioient  avec  Scot ,  qui  foutienr  que  conune  l'évidence  naît  né- 
cedairement  des  démonftrations ,  les  perfuauons  produifent  néceflairement 
la  Foi  dans  l'entendement ,  qui  eft  un  Agent  naturel ,  &  qui  eft  mû  nécef- 
fairement  par  l'objet.  Ce  qu'ils  confirmoient  par  l'expérience  ,  qui  montre 
que  perfonne  ne  peut  croire  ce  qu'il  veut  »  mais  feulement  ce  qui  lui  pa- 
foît  vrai  -,  &  par  cette  raifon ,  que  perfonne  ne  fentiroit  jamais  de  dépfai- 
fir ,  s'il  pouvoir  croire  qu'il  n'en  a  point.  Les  Dominicains  difoient  au  con- 
traire $  que  rien  n'eft  plus  au  pouvoir  de  la  volonté  que  de  croire  *>  &  que 

(ans  lequel  ils  ne  peuvent  faire  le  bien  fions  qa*on  poavoit  ramener  à  on  fens  to- 

fie  dépend  point  d'eux ,  &  qu'il  leur  eft  re-  lérable. 

fiiTé.  6 1 .  Les  Francifcains  le  nioîent  avec  Scot, 
61,  Parce  qu'on  regardoit  comme  quelque  êcc.  )  Il  eft  certain  que  Tefprit  fe  rend  né- 
€kofe  d'odieux  pour  le  Concile  ,  d'avancer  ceflairemenc  à  révidence ,  &  qu  il  ne  peut 
éiu  *  on  pût  s' accorder  fur  quelques  points  avec  y  refufer  fon  confentement.  Perfonne  n*eft 
les  Protejlans.  )  Cétoic  donc  bien  mal  à  libre  de  croire  que  deux  &  deux  ne  font 
propos,  que  Ci6<2r/^j-Qi^i/2/s*ccoic  flatté  que  pas  quatre.  Mais  dans  les  chofes  où  Tévi- 
le  Concile  étoit  un  moyen  propre  à  lame-  dence  neft  pas  alTez  grande  pour  détermi- 
ner les  Proteftans.  Car  fi  on  avoit  tant  ner  invinciblement  Tefprit ,  on  peut  dire 
d*averfion  pour  les  vojes  de  conciliation ,  que  rien  n  eft  plus  au  pouvoir  de  la  volonté 
Zc  qu'on  fe  proposât  uniquement  de  con-  que  de  croire  ou  ne  cKiire  pas  »  non  que 
damner  toutes  leurs  doéhines  ,  c'étoit  la  créance  foit  proprement  l'objet  de  la  vo- 
bien  en-vain  qu'on  efpéroit  la  paix.  Le  lonté  ,  mais  parce  que  l'eCprit  étant  indé- 
malheur  eft,  qu'en  cherchant  moins  à  con-  terminé  par  le  poids  des  raifons  oppofées , 
cilier  qu'à  cenfurer ,  on  a  multiplié  les  con-  il  ne  peut  fe  déterminer  que  par.  des  pré* 
teftations  au  -  lieu  de  les  diminuer  ,  &  jugés  ,  ou  le  coeur  a  toujours  beaucoup 
que  par  les  décifions  non  néoedàires  on  plus  de  pan  que  l'efprit ,  lors  fur  •  tout 
a  prétendu  faire  des  erreurs  réelles  de  qu'il  s'agit  de  chofes  qui  iméreilènt  fes 
£mples  qucftioas  de  nom  ,  ou  d'expref-  penchans. 

Zz  t 


3^4        HISTOIRE    DU    CONCILE 

M]>xLTf.   ^}  parla  feule  décerminacion  de  fa  volonté  rhomme  peut  croire  ,  s*il  le 

Paul  IIL  yeut ,  que  le  nombre  des  Etoiles  eft  pair. 

— "— ■*  Sur  le  troificme  Article ,  où  il  étoit  dit  que  le  Libre- arbitre  a  été  perda 
par  le  péché ,  on  allégua  quantité  de  paflàges  de  S.  Augufiin ,  qui  enleigne 
la  même  chofe  en  propres  termes  -,  fie  Soto  ne  put  s  en  débarraflèr  qu'en 
jdifant  :  Que  le  mot  de  Liberté  eft  équivoque ,  comme  pouvant  venir  da 
mot  Hier  y  ou  du  verbe  libcrarc  :  Que  dans  le  premier  fens  il  étoit  oppofé 
i  la  néctffité ,  &c  dans  le  fécond  à  la  fervitude  :  Qu'ainfi  quand  S.  Augufiin 

voulu  dire  autre  chofe» 
able.  *4  Mais  on  ne  corn* 
prit  pas  trop  bien  cette  différence ,  parce  que  TEfclave  ne  ceflè  d'être  libre  » 
ouc  parce  qu  il  ne  peut  pas  faire  la  propre  volonté  ,  &  qu'il  eft  forcé  de 
hdre  celle  de  fon  Maître  *,  &  que  félon  cet  avis  ,  on  n'aurott  pu  bKunet 
Luther  d'avoir  intitulé  un  de  fcs  Lines ,  Defcrvo  arbitrio. 

Plusieurs  trouvèrent  un  défaut  de  jugement  dans  le  quatrième  Arti- 
cle ,  où  il  étoit  dit ,  que  l'homme  n'étoit  liore  que  pour  le  mal  ;  puifque  la 
Liberté  renferme  le  pouvoir  de  faire  les  deux  chofes  contraires ,  &  qu'ainfi 
<T  on  ne  pouvoit  dire  qu'on  fut  libre  pour  le  mal ,  (i  on  ne  Tétoit  en  même- 
tems  pour  le  bien.  Mais  on  les  fit  cnanger  de  penfée  en  leur  remontrant 
que  les  Saints  &  les  Anges  ne  font  libres  que  pour  le  bien  ,  &  que  par 
la  même  raifon  on  pouvoit  dire  que  d'autres  n  etoient  libres  que  pour  le 

mal. 

Les  fentimens  furent  auIH  partagés  fur  le  cinquième  ic  le  fixîeme  Arti- 
cles ,  où  il  s'agiffoit  du  confentement  que  donne  la  Libené  à  l'infpiration 
ou  à  la  Grâce  prévenante.  Les  Francifcains  foutenoirat  que  comme  il  eft 
au  pouvoir  de  la  volonté  de  fe  préparer  d'elle-même ,  elle  en  étoit  d'autant 
plus  libre  d'accepter  ou  de  rejetter  la  Grâce  3  lorfque  Dieu  la  lui  préfente  > 
avant  qu'elle  fade  ufage  des  forces  de  la  Nature.  Les  Dominicains  au  cou- 

^).  Par  la  feuk  détermination  de  fa         44.  Mais  on  ne  comprit  peu  trop  Bien 

volonté  l'homme  peut  croire,  s'il  le  veut,  que  cette  diffUrence,  &c.  )  Comment  emAÎTe- 

le  nombre  des  Etoiles  eft  pair.  ]  Si  tespréju-  ment  la  compiembe?  Car  fi  Tliomme  eft 

g6s  delà  volonté  nous  déterminent  ordinai-  devenu  Tefclave  da  péché ,  &  n*a  de  liberté 

Tement  dans  le  concours  des  raifbns  oppo-  qae  poar  faire  du  mal  s  ne  doit-on  pas  àiif 

fées ,  du  moins  eft-  il  faux  que  par  la  feule  qn'il  eft  auffi  aflèrvi  à  la  néceffité  qa*â  Tef- 

détennination  de  la  volonté  on  puiffe  croire  ciavage  ? 

fins  aucunes  laifons.  Il  n*eft  non  plnspof-         6f»  On  ne  pottvoit  dire  qu'on  fut  libre 

fible  de  croire  fans  quelque  raifon  ,  que  pour  le  mal  y  fi  on   ne  l'étoit  en  mime 

d*aimer  fans  quelque  nwtif.  II  eft  donc  tems  pour  U  bien*  )  On  pourroit   avoir 

abfurde  de  dire ,  que  Ton  peut  croire  fans  une  forte  de  Liberté  ,  qui  ne  (èroit  que 

aucune  raifon  que  le  nombre  des  Etoiles  eft  dans  le  choix  d'un  mal  piucAt  que  Taotre* 

pair.  On  peut  le  dire ,  mais  cenainement  Mais  fi  l'on  n'étoit  pas  libre  pour  Je  bien 

on  ne  le  croit  pas.  La  volon ré  donne  quel-  en  même  tems  qu'on  Teft  pour  le  mal^ 

qioefois  du  poids  aux  raifons  >  mais  elle  ne  on  ne   voit  pas  comment  il  poturoit  j 

nous  dàexmine  point  à  croire  ûnsaocone    atoix  Uea  ao  mérite  Qc  au  itsatnxt» 

laiTon. 


DE    TRENTE,  Livre    IL  ^6$ 

traire  nioient  que  les  œuvres  qui  précédent  la  vocarion  foient  véritable'  mdxltx. 
ment  préparatoires ,  &  foutenoicnt  qu'il  falloit  toujours  donner  le  premier  ^^^^  ^^^ 
rang  à  Dieu.  ......„.^ 

Mais  la  difpute  ne  fe  borna  pas  entre  les  Francifcains  6c  les  Domini- 
cains feuls ,  ôc  ^^  ceux-ci  fe  trouvèrent  divifés  entre  eux-mêmes.  So£o  fou« 
cenoit  :  Que  quoique  Thomme  ne  pui({è  acquérir  la  Grâce  fans  le  fecours. 
prévenant  de  Dieu ,  néanmoins  la  volonté  peut  toujours  en  quelque  ma- 
nière réfifter  &c  refufer  ce  fecours ,  Se  que  lorfqu'elle  le  reçoit ,  c'eft  qu'elle 
le  veut ,  Se  qu'elle  y  donne  fon  confentement  :  Que  (i  notre  confente- 
inent  n  etoit  point  requis  ,  il  n'y  auroit  pas  de  raifon  pourquoi  tous  les 
hommes  ne  font  pas  convertis;  puifque  félon  l'Apocalypfe^  -^^^^fi^PP  f  k  Apoc  UL 
toujours  â  la  porte  ;  que  c'eft  la  maxime  commune  des  Pères ,  que  Dieu  xob 
donne  fa  Grâce  â  quiconque  la  veut  -,  Se  que  l'Ecriture  demande  toujours 
de  nous  ce  confentement  :  Que  parler  autrement ,  c'étoit  détruire  la  liberté 
de  la  volonté  >  Se  dire  que  Dieu  ufe  avec  nous  de  violence.  Lotus  de  Catane 
difoit  au  contraire,  que  félon  la  doârine  de  S.  Thomas  y  Dieu  meut  l'ame 
par  deux  fortes  de  Grâces  prévenantes ,  Tune  fuffifante  &  l'autre  efficace  : 
Que  la  volonté  peut  donner  ou  refufer  fon  confentement  à  la  première  » 
mais  non  pas  i  la  féconde ,  parce  qu'il  y  auroit  de  la  contradiâion  qu'on 
lui  réfiflat,  fi  elle  étoit  efficace.  Il  alléguoit  pour  le  prouver  quelques  paf- 
fages  de  S.  Paul  Se  de  S.  Jean ,  Se  des  explications  très- claires  de  S.  jiu^ 
gufiin.  Il  foutenoit  :  Que  fi  tous  n'étoient  'pas  convertis  ,  c'eft  qu'ils  n'é- 
toient  pas  tous  prévenus  de  cette  Grâce  efficace  :  Que  S.  Thomas  avoir  ôté 
la  crainte  de  bleHer  le  Libre-arbitre  y  en  difant  que  les  cliofes  font  violen- 
tées quand  elles  font  mues  par  une  caufe  contraire  ,  mais  que  tout  ce  qui 
eft  mu  par  fa  propre  caufe  ne  fouffre  point  de  violence  :  Que  Dieu  étant  la 
caufe  ce  la  volonté ,  c'étoit  pour  elle  la  même  chofe  ou  d'être  mue  par  Dieu» 
ou  d'être  mue  par  elle-même.  Il  condamnoit  Se  railloit  même  la  manière 
dont  s'exprimoient  les  Luthériens ,  en  difant  que  la  volonté  fuit  l'imprefiion 
qu'elle  reçoit ,  comme  une  chofe  inanimée  ou  fans  raifon  ;  parce  qu'étai;hc 
raifonnable  de  fa  nature ,  &  mue  par  fa  propre  caufe  qui  eft  Dieu ,  elle  étoic 
mue  comme  ratfonnable  ,  Se  fuivoit  le  mouvement  comme  raifonnable.. 
57  II  fe  moquoit  également  de  ce  qu'ils  difoient ,  que  Dieu  convertir  ceux 


é6.  CeuX'ci  fi  trouvèrent* divifis  entre 
eux-mêmes»  ]  Soto  appuyoit  l'opinion  des 
Moliniftes ,  &  Louis  de  Catane  celle  des 
Thomiftes  ,  à  cette  différence  près ,  qa  on 
ne  peut  pas  bien  jagerpar  ce  que  rapporte 
ici  Fra-Paolo  ,  fi  ce  dernier  Théologien 
croyoît  que  les  Grâces  faffifances  étoient 
toa)ours  rejettées  ,  à  moins  qu'elles  ne 
(uilènc  fécondées  par  une  Grâce  efficace  y 
ce  qai  eft  le  fencimenc  commun  des 
Thoaùftes  modernes  ,   dont  Mt  Pafcal 


s*eft  raillé  fi  délicatement  dans  (es  Provin- 
ciales. 

^7»  Il  fi  moquoit  également  de  ce  qu'ils 
difiientj  que  Dieu  convertit^  Ôcc.  ]  C'eft 
ainfi  qu'il  faut  traduire  cet  endroit  de  Fra* 
Paolo  y  dont  M»  Amelot  a  toat-à-&it  al- 
téré le  (èns ,  en  faifanc  dire  à  Catane  ce 
que  Fra-Paolo  £aiic  dire  aux  Luthériens  à 
qui  ce  Théologien  ieprocboi(  de  fe 
<Uret 


5f<î        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDZLTi.  mêmes  qui  ne  le  veulent  pas  &  qui  réfiftenc,  puifqu'il  y  a  de  la  contradifbion 

Paul  III.  qu'y^  effet  réfîfte  à  fa  caufe.    Il  avouoit  qu'il  pouvoit  arriver  que  Dieu 

^■'"^"  convertît  efficacement  une  perfbnne  qui  auroit  réfiftc  d  autres  fois  â  de 

Amples  grâces  fuffifantes,  mais  nonjpas  lorfqu'il  la  meut  efficacement ,  la 

foumiffion  de  la  volonté  étant  un  effet  infaillible  de  l'efficace  de  la  motion 

prévenante  de  Dieu. 

A  cela  Soto  repliquoît  :  Que  toutes  les  motions  de  Dieu  ne  pouvoienc 
être  que  fuffifàntes  par  elles-mêmes,  &  que  celle  à  laquelle  Thomme  donii(s 
fon  confentement  >  tire  fon  efficace  de  ce  confentement ,  faute  duquel  elle 
refte  inefficace  y  aon  par  fon  défaut ,  mais  par  celui  de  l'homme.  Mais  il 
fbutint  fon  opinion  avec  beaucoup  de  timidité  ,  ^^  parce  que  Loids  de 
Catant  lui  objeâoit  qu'en  ce  cas  la  diftinâion  des  Elus  d'avec  les  Réprou* 
vés  viendroit  du  côté  de  l'homme  >  &  que  le  choix  des  Elus  viendroit  de 
la  prévidon  des  œuvres  &  non  du  bon  plaifir  de  Dieu  \  ce  qui  étoit  con- 
traire à  la  créance  générale  des  Catholiques  >  qui  tiennent  que  c'eft  par  la 
Grâce  que  les  vaies  de  miféricorde  font  diftingués  des  vafes  de  colère  : 
*^  Que  les  Pères  &  les  Conciles  d'Afrique  &  de  France  contre  les  Pélagiens 
avoicnt  toujours  enfeiené  que  c'eft  Dieu  qui  nous  fait  vouloir  >  ce  qui  eft 
la  mcme  chofe  que  de  dire ,  que  c'eft  lui  qui  nous  fait  coniêntir  :  Qu'ainfi» 
s^il  mectoit  en  nous  le  confentement,  il  falloit  l'attribuer  à  l'efficace  de  la 
Grâce  *,  parce  qu'autrement  y  fî  tous  étoienc  également  traités,  celui  quife 
fauve  Re  feroit  pas  plus  obligé  à  Dieu  que  celui  qui  fe  damne.  Mais  non- 
obftant  ces  raifons  ,  l'opinion  contraire  ne  laiffa  pas  que  d'avoir  l'appro- 
bation générale ,  quoique  plufîeurs  avouadent  qu'on  n'avoit  |^s  fuffiiam- 
ment  repondu  aux  raifons  de  Catant  ;  &  qu'on  rrouvât  mauvais  que  Soto 
n'eut  pas  parlé  a(Ièz  librement ,  &  fe  fut  contenté  de  dire  que  la  volonté 
confent  d'une  certaine  manière  ,  ou  qu'elle  peut  réflfter  d'une  certaine 
manière  ;  comme  fi  entre  l'affirmation  &  la  négation  il  y  avoir  une  cerraine 
manière  qui  fût  mitoyenne.    Ce  qui  faifoit  encore  pencher  pour  Soto  y 

éî.  Parce  que  Louis  de  Catane  lui  oljeC'  fait  vouloir  y  &c*  ]  Il  nous  fait  vonloir^^ 
toit  y  qu'en  ce  cas  la  difiinSion  des  Elus  d'à-  entant  que  par  fa  Grâce  il  influe  fur  la  dé* 
vec  Us  Réprouvés  viendroit  du  côté  de  Vhom-  termination  de  la  volonté  ,  mais  non  pas 
me  ]  Ceft-là  en  effet  le  grand  reproche  en  déterminant  cette  volonté  par  une  im- 
des  Calviniftes  ,  auffi-bien  que  des  Thomif-  preffion  irréfîftible  :  ce  qui  feioit  détruire 
tes  &  des  Jan(éniftes  ,  à  leurs  Adverfki-  lia  Liberté  pour  établir  la  Grâce.  Il  7  a  quel- 
les. Mais  il  n  y  a  rien  de  plus  mal  fondé  ,  ques  Conciles  à  la  vérité ,  &  quelques  Pè- 
puifque  d'une  pan  la  diftinéUon  vient  au-  tes  qui  après  5.  Auguftin  ont  femblé  aller 
tant  de  Dieu  que  de  Tbomme,  quon  fuppofe  plus  loin.  Mais  outre  que  leur  autorité  eft 
ne  pouvoir  rien  &ire  de  bien  fans  la  Grâce  >  balancée  par  des  autorités  contraires  de 
l^quedeTaotreon  ne  peut  fuppofer  aucun  même  poids  &  pat  de  meilleures  raifbns  s 
mérite  dans  la  volonté,  fi  quelque  partie  de  on  fait  affez  que  le  défir  de  contrecarrer 
cette  diftinâion  ne  vient  ds  fon  choix  &  de  les  Pélagiens  leur  a  fait  oublier  la  matière , 
(a  part.  finon  dans  les  points  en  conteftation  y  du 

69.  Que  les  Pères  6»  les   Conciles  —  moins  dans  les  preuves  &  les  principes  qu'ils 

ont  toujours  enfeigné  que  c'eft  Dieu  qui  nous  ont  établis  pour  s  en  fkxiïx  contre  enz. 


DE    TRENTE, Livre    IL  J67 

70  c  eft  qu'on  étoit  choqué  de  la  liberté  avec  laquelle  Catanc  &  les  autres  MMctrir 
Dominicains  foutcnoient  qu  on  ne  pouvoit  diftingucr  la  différence  du  ^^^^  ^* 
fentiment  qui  attribue  la  Juilification  au  confcntement ,  d'avec  lopinion  ' 

des  Pélagiens  -,  &  on  difoic  que  par  trop  d'envie  de  condamner  Luther  y  on 
devoir  prendre  garde  de  ne  pas  donner  dans  une  extrémité  ordinaire. 

7»  Mais  comme  largument  fur  lequel  les  Dominicains  infiftoient da- ci» *w/«^^* * 
vantage ,  ^  c  eft  que  rEleftion  ou  la  Prédeftination  fe  fcroic  en  vue  des  ^^  'f  ^ 
mérites ,  ce  qu'aucun  Théologien  n'admettoit ,  cela  engagea  auffi ,  à  caufe  J^  ^£!deïm 
de  la  connexion  des  matières  »  de  traiter  de  la  Prédeftination.  On  réfolut  RifrohM- 
donc  d'extraire  des  Livres  des  Proteftans  les  Propofitions  qui  regardoient  thn. 
ce  fujet.  On  ne  trouva  rien  à  cenfurer  fur  cela  dans  les  Ecrits  de  Luther ,  ^  ^^^JY^^  ^ 
ni  dans  la  Confeflion  d'Ausbourg ,  ni  dans  les  Apologies  &  les  Colloques.  '^*'     ^^ 
Mais  il  fe  trouva  bien  des  chofes  dans  les  Ouvrages  des  Zoingliens  >  dont 
on  tira  les  Articles  fuivans. 

I .  La  caufe  de  la  Prédeftination  ôc  de  la  Réprobation  ne  fe  tire  point 
du  côté  de  l'homme ,  mais  de  la  volonté  de  Dieu. 

1.  Les  Prédeftinés  ne  peuvent  jamais  fe  damner  >  ni  les  Réprouvés  fe 
fauver. 

j .  Il  n'y  a  que  les  Elus  &  les  Prédeftinés  qui  foienc  véritablement 
îuftifiés. 

4.  L£s  Juftifiés  font  obligés  par  la  Foi  de  croire  qu'ils  font  du  nombre 
des  Prédeftinés.        < 

5.  Les  Juftifiés  ne  peuvent  perdre  la  Grâce, 

6.  Ceux  qui  font  appelles  »  &c  ne  font  pas  du  nombre  des  Prédeftinés  9 
ne  reçoivent  jamais  la  Grâce. 

7.  L'homme  juftifié  doit  croire  par  la  Fch  ,  qu'il  perfeverera  jufqu'à  la 
fin  dans  la  Juftice. 

8.  L'homme  juftifié  doit  croire  fermement  9  que  s'il  perd  la  Grâce  >  il  la 
recevra  de  nouveau. 

Les  opinions  furent  d'abord  partagées  fur  le  premier  Article.  Les  plus 

70.  C€  quîfaifoît  incore  pencher  pour  So-  Novateurs  déjà  condamnés  avant  la  tenue  d» 

to ,  c'eft  quon  étoit  choqué  de  la  liberté  avec  Concile. 

laquelle  Catane  ,  &c.)  Ça  toajoois  été  la         71.  Mais  comme  l'arpiment  fur  lequel 

manière  des  partis  oppo(c$^  de  confondre  les  Dominicains injîfloient  davantage ,  écc.'\ 

les  fencimens  de  leurs  adverfiiires  avec  Cet  endroit  eft  on  peu  embarratK  dans 

ceux  d'autres  Ecrivains ,  que  leur  condam-  Fra-Paolo  &  M.  Amelot  :  mais  je  ne  croîs 

nation  ayoit déjà  rendu  odieox^nr  les  ren-  pas  quon  pailTe  donner  aucun  autre  fens 

dre  odieux  eux-mêmes  par  une  pareille  raitonnablie  que  celui  que  j'ai  exprimé  ici 

aiTociation.  Mais  fi  les  Pères  condanonoient  à  ces  paroles  de  notre  Auteur  :  Sopra  tuttor 

Catane  pour  ce  fujet  ,  il  eût  pu  à  fon  tour  effendo  ftimato  queW  argomento ,  che  la  di- 

cenfurer  avec  autant  de  raifon  fes  adverfai-  vina  ekttione  à  predeftinatione  farehhe  per 

tes  ,  puifqu'ils  lui  faifoient  la  même  injuf-  opère prevedute  ,  che  nijjam  Theologo  admet» 

tice  ,  &  que  dans  leurs  avis  &  leurs  fufTra-  ttva  j  la  quai  anco  tiro  âparlar»  délia  fr^ 

ges  ils  le  traitoient  de  la  même  manière  «  dejlinaùoncw 
^confondant  (on  opinion  avec  celle  àe$^ 


î«8         HISTOIRE    DU  CONCILE 

«ftxtvt.  cftimés  parmi  les  Théologiens  7^  foutenoient  :  Que  la  Propofition  ctoît  Ca-^ 
Paoi  lil.  tholiquc  ,  &  que  la  dodlrinc  contraire  ctoit  Hérétique  •,  parce  que ,  félon 
"  les  meilleurs  Scolaftiques  >  comme  S.  Thomas  ôc  Scoe ,  &  félon  le  plus  grand 

nombre  des  Théologiens  ,  Dieu  avant  la  création  du  Monde  avoir  choifî  de 
toute  la  madè  du  genre- humain ,  par  fa  feule  miféricorde ,  quelques  per« 
fonnes  qu'il  avoir  prédeftinées  à  la  gloire,  &  auxquelles  il  avoir  préparé  des 
moyens  efficaces  pour  les  y  faire  arriver  ;  ce  qui  s'appelle  Prédeftinarion  : 
Que  le  nombre  de  ces  perfonnes  étoic  certain  &  déterminé  »  &  qu  on  ne 
pouvoir  y  en  ajouter  aucune  :  Que  ceux  que  Dieu  navoit  pas  ainfi  prédef- 
tinés  ne  pouvoient  fe  plaindre  de  lui ,  parce  qull  leur  avoir  préparé  des  (e« 
cours  fumfans  pour  arriver  au  falut ,  quoiqu'en  effet  il  n'y  eut  que  les  Elut 
qui  varrivaflènt  efibâivement.  Ils  fe  tondoienc  principalement  pour  la  dé« 
renie  de  leur  fentiment  fur  l'autorité  de  S*  Paul ,  qui  dans  fon  Epître  aux  Ro- 
mains ayant  propofé  Jacai  pour  le  modèle  des  Prédeftinés  &  E/aii  pour  celui 
des  Réprouvés  ,  dit  que  Dieu ,  avant  qu^ilsfuffcnt  nés  l'un  &  l'autre ,  Tavoic 
m  Rom.     i^cfolu  ainfl ,  ^  non  dans  la  vue  de  Uurs  auvrcs  »  mais  par  un  effet  de  fon  bom 
IX.  II.      plaijîr.  Ils  ajoutoient  enfuite  la  comparaifon  dont  fe  fert  le  même  Apôtre ^ 
i»Ib.  II.    c'efl-à'dire,  celle  d'un  Porier  ,  qui ,  comme  il  fait  °  d'une  même  maffe  de 
terre  deux  vafcs ,  dont  il  dejline  l'un  à  des  ufagcs  honorables  &  Vautre  à  quelque 
ufagt  vil  ;  Dieu  choifît  ainfî  de  la  maflèdes  hommes  ceux  qu'il  lui  plaît  »  SC 
abandonne  les  autres.  Ils  rapportoienc  encore  après  S.  Paud  ce  que  Dieu  diç 
f  Ib.  X  j.     à  Moyfe  >  ^  qu  il  fait  miféricorde  à  ceux  à  qui  il  veut  »  ÔQ  qu'il  a  compafjion  de 
ceux  quil  lui  plaît  de  choijir  ;  d'où  ils  concluoienc  avec  cet  Aporre ,  que  le 
(alut  ne  vient  ni  de  celui  qui  veut ,  ni  de  celui  qui  courte  mais  de  Dieu  qui  faut 
>  Ib.  1 1.    ^ifiricorde  ,  &  que  Dieu  P  a  compajpon  de  celui  quil  veut ,  &  endurcit  qui  il 
veut.  Ils  diibient  que  c'étoit  pour  cela  que  l'Apôrre  appelle  le  myftère  de  la 
f  Rom.      Prédeftination  &  de  la  Réprobation  ^  la  humeur  6c  la  profondeur  impini^ 
3u.  jj.       trahie  &  incomprihenfihU  de  lafageffe  de  Dieu.  Ils  produifoient  encore  dif» 
r  I,  G>r,   férens  endroits  des  autres  Epîtrcs  de  S.  Paul ,  comme  ceux  où  il  dit  »  ^  que 
t  i^Cbr.    ^^'^^  n'avons  rien  que  nous  n'ayons  reçu  de  Dieu ,  •  que  nous  ru  fommes  pas 
111^  ^  capables  de  nous-^memes  de  penfer  quelque  chofe  comme  de  nous-mêmes  ;  &  celui 

où  rendant  raifon  pourquoi  les  uns  fe  révolrent  contre  la  Foi  &  les  autres  de« 
Y'      mcurenr  fermes ,  il  n'en  afliene  point  d'autre ,  finon  que  c'cfl  parce  que  «  U 
1%  fondement  de  Dieu  demeure  fiable  ,  ayant  pour fceau  ces  paroles ,  Le  Seigruur 

connaît  ceux  qui  lui  appartiennent.  Enfin  ils  jojgnoienr  à  tout  cela  difîerens 
endroits  de  l'Evangile  de  S.  Jean  ,  &  une  infinité  de  pafïàges  de  S.  Augufiin  » 
qui  dans  fa  vieilleUe  n'avoir  çcrit  (ju'en  faveur  dç  cet^e  Doârine. 

7  s  Mais 

71*  Les  plus  efiîmis  parmi  les  ThcoUh»  paSrqne  c^eft  la  doârine  commane  desTho* 

giens  foutenoient  que  ceue  Propofition  étoit  miftcs  &  des  Jan(2niftes ,  dont  on  ne  leof 

Catholique  &c.  )  Ceftà-dire,  non  oppo-  a  jamais  fait  un  crime  ,  quoique  le  fenti- 

iée  k  aucune  vérité  décidée  &foutenue  libre-  ment  oppofé  ait  toujours  eu  oneiand  nom* 

ment  dans  TEglife  >  &  ils  difoient  vrai  9  bre  de  défenfeurs» 

fl.Atalê 


D  E    T  R  EN  T  E,   L  I  y  RE  IL         ^69 

7)  Mais  d'autres  Théologiens  d'une  moindre  répuracion  s'oppofbienc  d  mdxlti. 
cette  Dodrinc ,  74  la  taxant  de  dure ,  de  cruelle ,  d'inhumaine  ,  d'horrible ,  ^-^"^  ^^^' 
&  d'impie ,  comme  faifant  Dieu  partial  >  fi  fans  aucune  caufe  il  choifillbit  "■■■■"" 
Ton  ôc  rejettoit  l'autre  ;  &  injufte ,  s'il  deftinoit  des  hommes  à  la  damna* 
tlon  de  fon  propre  mouvement  &  non  point  pour  leurs  fautes ,  &  s'il  avoic 
créé  tant  de  millions  d'ames  pour  les  damner.  Ils  difoient  :  Que  cette  doc- 
trine détruifoit  le  Libre -arbitre  ,  puifque  les  Elus  ne  pourroient  jamais 
finalement  faire  le  mal,  ni  les  Réprouvés  faire  le  bien  :  Qu'elle  jettoit  les 
hommes  dans  le  défefpoir ,  en  leur  faifant  craindre  d'être  réprouvés  :  Qu'elle 
encourageoit  les  méchans  d  perféverer  dans  le  mal  fans  fe  foncier  de  péni- 
tence  >  en  leur  faifant  penfer  que  s'ils  étoient  élus  ils  ne  périroient  jamais  >  8c 
que  s'ils  étoient  réprouvés  ce  feroit  en  vain  qu'ils  feroient  un  bien  qui  ne 
leur  ferviroit  d  rien.  Ils  avouoient  à  la  vérité  >  que  les  œuvres  ne  font  pas  la 
caufe  de  l'Ële&ion  de  Dieu  ,  puifqu  étant  éternelle  elle  eft  antérieure  d  ces 
œuvres  y  7f  Sc  que  ce  n'écoit  point  non  plus  la  prévidon  des  avions  des 
hommes  qui  portoit  Dieud  les  prédeftiner  *,  mais  ils  difoient  que  c'étoit  par 
fa  miféricorde  infinie  que  Dieu  vouloir  que  tous  les  hommes  fuHènt  fauves» 
&  qu'il  leur  préparoit  d  tous  pour  cette  fin  des  moyens  fuffifans ,  que  cha- 
cun avoit  la  liberté  de  rejetter  ou  de  recevoir  >  coaime  il  lui  plaifoit  ;  & 
qu'ayant  prévu  de  toute  éternité  l'ufage  que  les  hommes  feroient  de  ces 
moyensyil  avoit  deftinéd  la  réprobation  ceux  qui  les  rejetceroient>&  préJef* 
tiné  au  bonheur  ceux  qui  s'en  ferviroient  pour  faire  le  bien.  Us  ajoucoient 


qui 

* 

7).  Mais  (fautres  Théologîtns  étunt 
moindre  réputation  s'oppofoient  â  cette  doc* 
sriae  ,  &c.J  II  ned  pas  nop  cenain  ,  que  ces 
Théologiens  fuifenr  d'une  moindre  réputa- 
tion que  ceux  du  parti  contraire.  Car  Fiéga  Se 
Catharin  ,  qu'on  doit  regarder  proprement 
comme  partifans  de  lopinion  contraire  a 
Aile  de  Catane ,  avoienc  bien  autant  de  ré< 
^tation  de  capacité  Se  de  dodrine  que 
ceux  du  parti  contraire. 

74»  La  taxant  de  dure  ,  d'inhumaine  ^ 
etàorribU  ,  &  d'impie.  ]  Elle  l  eft  cffedi- 
Tement  aux  yeux  de  la  raifon  »  3c  Ton  ne 
conçoit  pas  comment  peut  fe  concilier  la 
jcftice  de  Dieu  avec  la  fuppofîtion  d'une 
£leâion  faite  avant  la  création  ,  d  une  petite 
ponion  du  genre->humain  que  Dieu  achoifie 
pour  la  defliner  à  la  gloire  ,  candis  qu  il 
laiffe  les  autres  dans  un  état  nécelfaire  de 
perdition ,  puifqu  il  leur  refufe  les  fecoars , 
fims  le(quels  ils  ne  peuvent  parvenir  à  cette 
fin.  Si  c*eftà  la  défenfe  d^  pareils  paradoxes 
qu  on  attache  la  réputation  de  dodjrine ,  il 
nj  aoroh  pas  d  perdre  en  préficiant  celle 
Tome  L 


d*ignoTance. 

7  j.  Que  ce  nétoit  point  non  plus  la  pré- 
vifion  des  aâions  des  hommes  ,  qui  portoit 
Dieu  à  Us  prédeftiner.  )  Dire  ,  coiiime  le 
Êiifoient  ces  Théologiens  ,  que  ce  n*cft 
point  la  prévifîon  des  aérions  des  hommes 
qui  pone  Dieu  a  les  prédediner  ,  &  ajouter 
cependant  ^  que  Dieu  ayant  prévu  de  toute 
éternité  Tulàge  que  les  hoipmes  feront  des 
moyens  qu*il  leur  accorde ,  prédeftine  les 
Uiis  au  falut  &  les  autres  à  la  réprobation , 
c*e(l  dire  ^  ce  femble ,  quelque  chofe  ou 
d  équivoque  ou  de  contradidoire.  Si  Dieu 
ne  pr6de(line  les  hommes,  que  fur  la  pré- 
vifîon de  Tufage  des  moyens  qu'il  leur  ac- 
corde, c'efl  donc  la  prévifîon  de  leurs  a<f^ions 
qui  le  porte  aies  prédeftiner.  Il  n'y  a  point 
ici  de  milieu  ;  &  d  les  défenfeurs  de  cette 
opinion  n'ofbient  pas  fe  déclarer  en  termes 
fi  précis  ,  ce  n'efî  pas  qu'ils  ne  vilfent 
bien  U  jufleffe  de  cette  conféquence,  mais 
c'eflque  la  crainte  de  pafTer  pour  Péiagirnt 
les  portoit  à  s'expliquer  d*une  manicre  plus 
cgttYerte  &  plus  oblique» 

Âaa 


J70  HISTOIRE    pu   CONCILE 

uMTtvt.   qu'autrement  on  ne  verroic  pas  la  raifon  pour  laquelle  Dieu  dans  l'Ecriture 

Pavl  îlh  {^  plaindroic  des  pécheurs  ,  ni  pourquoi  il  les  exhoriieroic  rous  à  la  pénitence 

'        fica  laconverflon,  s'il  ne  leur  donnoit  pas  des  moyens  efficaces  pour  y  pac^ 

venir*, 7^  Se  quelefecours  fuffifadt  inventé  par  quelques  Théologiens  du 

fentiment  contraire  étoit  réellement  înfQffifant,  puiique  félon  eux  il  a'avoic 

jamais  eu  ^  &  ne  devoit  jamais  avoir  d*cfïèt. 

La  première  opinion ,  comme  plus  myftérienfe  Se  plus  incomprébenfîble» 
étoic  plus  propre  à  humilier  Thomme  >  à  lui  faire  mettre  toute  fa  confiance 
en  Dieu  fans  fe  repofer  fur  lui-même  ,  &  i  lui  faire  mieux  connoicre  la  dif- 
formité du  Péché ,  &  Texcellence  de  la  Grâce.  Mais  l'autre  étoit  plus  plaa« 
fible ,  plus  populaire  >  &  plus  compatible  avec  la  préfomption  numaine  ^ 
77  Se  comme  elle  étoit  plus  propre  à  fatisfaire  aux  apparences  ,  elleagréoic 
aaffi  davantage  aux  Moines  bien  plus  habiles  dans  l'art  de  la  Prédication  aue 
dans  celui  de  la  Théologie  ,  &  aux  Courtifans ,  parce  qu'elle  favoriioie 
'  dàvanrage  le  Gouvernement  politique.  L'Ev^ue  de  Bieonu  ,  &  celui  de 

Saif^icncott  dàvanrage ,  fe  déclarèrent  hautement  pour  elle  ;  &  véritable-^ 
ment  ,  à  ne  confulter  que  les  raifons  humaines ,  elle  fembloit  prévaloir 
fur  l'autre  *>  mais  celle-ci  trouvoit  plus  d'appui  dans  les  témoignages  de 
TEcfiture. 
vPallav.  L.      78  Catharin  ,  qui  étoit  de  ta  féconde  opinion ,  ▼  pour  tâcher  de  réfoudft 
«.  c.  1 3.      les  paffages  de  l'Ecriture  que  les  premiers  avoient  allégués ,  Se  dont  les  aunt^ 
^So'    *  avaient  peine  à  fe  débarrafler,  inventa  une  opinion  mitoyenne  ,  qu'il  emc 
'  propre  à  réunir  tout  le  monde.  Il  dit  :  Que  de  tous  les  hommes  Dieu  par  fa 
t>onté  en  avoit  choiû  un  petit  nombte  >  qu'il  voulôit  abfolument  failvcr  iSc 

f6.   Que  U  ftcvttrs  fuffifant  inventé  par  dent  ne  regardent  rîen  moins  que  la  Px6* 

^eifius  Théologiens  —  étoit  réellement  in*  deftination  ,  donr  il  s*agit, 
fitfffunt.  J  Un  (êcoors  qui  n'a  &  n'aura         78.  Caiiharin    -    inventa  une  9pinwm 

jamaisd'efFec ,  ne  peut  erre  ruffifant  qae  dans  mitoyenne ,  ace.  )  Ce  n* étoic  pas  CaehoM 

un  fens  tout-à-fiiit  impropre.  Les  Jéfuites  qui^ravoic  inventée,  poifqo'à  quelque  1^ 

en  réduifànt  leurs  adverfaires  à  uneabfur-  gère  différence  près ^  elle  avoit  été  (bstend^ 

dite  fi  fenfible  ,  ont  mis  le  langage  public  depuis  long-tems  par  plufteurs  Scobftiqoas» 

ct>ntre  les  Thomiftes,  &  par-là  ont  plus  dé-  Il  l'avoic  Amplement  adoptée  Se  accommo* 

crédité  le  fTftème  de  cette  Ecole  ,  qu'ils  dée  à  fon  fyftème  ,  qui  s'écane  ici  étran- 

n'euflènt  pa  feixe  par  des  argumens   plus  gementde  celui  des  Tiiomides,.  tant  fur  1* 

ffrieux  iSc  plus  pref!àns.  nature  de  la  Grâce  roffifante,  que  far  le 

77.  Comme  elle  étoit  plus  propre  àfatif-  nonabre  fixe  des  Prédeftinés.  Mais  ce  qu'il' 

fidre  aux  apparences,  &c.  )  Ce  n 'étoit  pas  y  a  de  paniculier  dans  ce  fyftème  ,  &  ce 

amplement  aux  apparences^  mais  aufÔ  à  qui  arrive  ordinairement  aux  opinions  mî« 

la  réalité  ,  puifque  (elon  Ffa-Pado  ,  à  ne  toyennes,  c'èftqu'an-lieude  réfoudre  mieux 

ctmfulter  que  les  raifons  humaines ,  elle  les  difficultés ,  il  eft  expoff  à  celles  A^%  deux 

fembloit  prévaloir  fur  l'autre^  à  laquelle  il  partis.  Car  la  prentière  partie  de  fon  (yt 

ne  donne  d'avantage  que  du  côté  de  l'au-  tème  eft  fujette  aux  mêmes  objedHonsqoe 

torité.  Mais  de  ce  côté-là  même  l'opinion  celui  des  Thomiftes  ;  &  la  dernière  a  lea 

des  Thomiftes  n'a  pas  tout  l'avantage  que  mêmes  inconvéniensque  l'opinion  des  Mo* 

notre  auteur  femble  lui  attribuer ,  puifque  liniftes. 
la  plûpan  des  paflàge»  fur  le(quels>ils  fe  lovt» 


DE    TRENTE,  Livre   IL 


371 


quepouc  cet  effet  il  lui  avoit  préparé  des  moyens  très  puiflfants ,  très-effi- 
caces ,  &  infaillibles  ;  Qu'à  Tegard  des  autres  ,  il  auroit  voulu  que  tous  mdxlvx. 
fuflènt  fauves ,  &  qu'il  leur  avoit  préparé  pour  cela  des  moyens  (uffifans ,  ^^^^  ^^^ 
qu'il  avoit  laifTé  à  leur  liberté  d  accepter  &  ae  fç  fauver ,  ou  de  rejetter  &  de 
je  perdre  :  Que  de  ceux-ci  il  y  en  avoit  un  aflez  grand  nombre  qui  en  ac- 
ceptant ce  fecours  fe  fa^voient ,  quoiqu'ils  ne  fuuent  pas  du  nonibre  des 
Elus  ;  &  que  d'autres  qui  rejettpient  ce  fecours  fe  damnoient,  faute  de  co- 
opérer à  la  Grâce  que  Dieu  leur  donnoit  pour  les  fauver  :  Que  la  feule  vo- 
lonté de  Dieu  étoit  la  çaufe  de  la  Prédeftination  des  premiers  \  que  le  falut 
des  féconds  étoit  l'effet  de  l'acceptation  >  de  la  coopération  ,  &  du  bon  ufage 
qu'ils  avoient  fait  de  la  Grâce ,  &  que  Dieu  avoit  prévu  5  &  que  la  réprr 
bation  des  derniers  venoit  de  la  prévifîon  que  Dieu  avoit  faite  du  refus  c 


:o- 
oa 


de  l'abus  volontaire  qu'ils  avoient  fait  de  fon  fecours  :  Que  tous  les  paflàgCs 
de  S.  Jean  Se  de  S.  Paul,  &tous  les  autres  endroits  delïcriture  qu'on  avpjt 
allégués  pour  la  défcnfe  de  la  première  opinion ,  &  où  tout  eft  attribué  à 
Dieu  &  marque  une  infaillibilité  dans  l'Eleâion  >  ne  dévoient  s'entendre 
que  des  premiers ,  qui  étoient  diftingués  d'une  manière  privilégiée  ;  mais 
que  les  exhortations ,  les  avertiflèmens ,  &  les  fecours  généraux  fe  rappor- 
coient  à  tous  les  autres  qui  ne  fortent  point  de  la  voye  commune ,  &  qui  je 
lâuvent  s'ils  veulent  écouter  ces  avertiflèmens  &  profiter  de  ces  fecours ,  ou 
fe  damnent  par  leur  propre  faute ,  s'ils  les  rejettent  :  Que  le  nombre  de  ce 
peu  d'Elus  privilégiés  étoit  fixe  &  déterminé  devant  Dieu  >  mais  que  celui 
des  autres  qui  fe  lauvçht  par  la  voye  commune  &  le  bon  ufage  que  fait  leur 
Liberté  de  cts  fecours ,  ne  l'étoit  que  fur  la  prévifion  des  œuvres  de  cha- 
cun. Catharin  ajoutoit  :  Qu'il  s'étonnoit  de  la  ftupidicé  de  ceux  qui  difoient 
que  le  nombre  ces  Elus  étoit  certain  &  détermine ,  &  que  cependant  d'au- 
tres pouvoient  encore  fe  ûuver,  ce  qui  étoit  .dij;c  qu'un  nombre  pQuvoit 
£cce  déterminé  &  en  mhxy^  tems  s'augmenter  ;  aui£-bien  que  de  celle  des 
Théologiens ,  qui  (butenant  que  les  Réprouvés  ont  un  fecours  fuffifant  pour 
.' fe  fauver ,  en  dcmandoient  pourtant  un  autre  plus  grand  ,  ce  qui  étoit  dire 
qu'un  fecours  fuffifant  ne  fuffifoit  pas.  79  H  dit  enluite  :  Que  l'opinion  de 
S.  Auguflin  avoit  été  înouie  avant  ce  Père  :  Qu'il  avouoit  lui-même  qu'on 
ne  la  trouveroit  point  dans  ceux  qui  avoient  écrit  avant  lui ,  &  qu'il  ne 
l'avoit  pas  toujours  cri^  véritable  lui-même  *,  mais  qu'il  avoit  rap- 
porté aux  mérites  les  décrets  de  la  volonté  divine  ,  lotfqu'expliquani:  ces 
paroles»  Dieu  fait  fmfiricorde  à  qui  il  lui  plaît  ^  &  endurcit  qui  il  veut  ^W 
avoit  dit  que  la  volonté  de  Dieu  ne  peut  pas  être  injufle ,  parce  qu'elle  eli; 


j^.  Il  dit  enfuîu  ,  que  F  opinion  de  $• 
'Auguftin  avoit  été  inouïe  avant  ce  Père , 
&c.  )  Du  moins  elle  avoit  été  peu  fuiTÎe 
lians  TEglife  >  Se  (bit  qa*pn  neût  pas  eu 
occafion  d'y  traiter  cette  matière  à  fond , 
ou  qu  on  fe  Sk  prévenu  contre  une  opi- 
nion quon  confendoit  prefque  avec  la  Fa- 


talité Sto'iqpe  Teâra(ci(ée  par  les  Manichéens» 
il  eft  certain  qu  avant  S.  Àugufiia  {on  fyÇ" 
tètxxe  ^voit  eu  peu  de  patrons  ,  &  qi|e  la  pii« 
blication  qu'il  ren  fit  excita  bien  des  troubles 
ôc  Aes  difputes  >  qui  appaxeoimeot  ne  £ni*! 
xomqu'avec  le  monde. 

Aaa  L 


'371         HISTOIRE    DU    CONCILE 

iiBxiTi.   fondée  fur  des  mérites  très  cachés  *,  qu'il  y  a  une  grande  diverdté  dans  les 

Paul  III.  pécheurs  >  &  qu'il  y  en  a  quelques-uns  qui  quoiqu'ils  ne  foienc  point Juftî- 

■  hés  font  cependant  dignes  de  1  ctre  :  Qu'il  ctoit  vrai  que  dans  la  fuite  » 

emporté  par  la  chaleur  de  la  difpute  contre  les  Pélagiens>  il  avoir  penfé  Sc 

parlé  d'une  manière  conrraire  *,  mais  que  dans  ces  tems  mêmes  ,  lotfqu*on 

fut  inftruitde  fes  nouveaux  fentimens,  tous  les  Catholiques  en  furent  fcan- 

dalifés ,  comme  S.  Profpcr  le  lui  manda  :  Que  Gcnnadc  de  Marfeille ,  dans 

le  Catalogue  des  Ecrivains  Eccléfîaftiques  qu'il  compofà  cinquante  ans 

après ,  diloit  »  que  ce  Père  avoic  vérifié  par  fon  exemple  la  maxime  de  Sa- 

p       »  lomon  ,  quon  *  ncfaurou  éviter  Us  fautes  en  parlant  beaucoup  \  mais  que  ce« 

^9'      '      pendant  fa  faute 3  quoiqu'exagerée  par  (es  ennemis ,  n'avoir  point  encore 

taie  naître  d'Héréfies  :  comme  (i  ce  judicieux  Auteur  eût  prévu  que  cette 

opinion ,  comme  on  le  voyoic  au jourd'hui ,  produiroic  un  jour  quelque  Sedte 

&  quelque  dividon. 

^^  La  cenfure  du  fécond  Article  varia  félon  les  trois  opinions  que  nour 
venons  de  rapporter.  Catharin  »  conféquemment  à  lefficace  qull  attribuoit 
à  la  volonté  de  Dieu  à  l'égard  de  certains  Elus  privilégiés ,  en  jugeoit  la  pre- 
mière partie  véritable  ;  mais  il  condamnoit  la  féconde  comme  fauflè  ,  vu  ta 
fufEfance  des  fecours  que  Dieu  accordoit  à  tous ,  &  la  liberté  qu'ils  avoieat 
d'y  coopérer.  Ceux  qui  rapportoient  au  confentement  de  l'homme  toute  tu 
caufe  de  la  Prédeftination  »  condamnoient  toutes  les  deux  parties  de  la  Pro- 
podtion.  Mais  ceux  au  contraire  qui  fuivoient  le  fentiment  de  S.  Augtifiin^ 
6c  l'opinion  commune  des  Théologiens  >  fe  fer  voient  d'une  diftinâion  » 
''  &  difoientque  la  Proportion  étoit  vraie  dans  Ufens  çompofiy  mais  con- 


80.  La  cenfure  du  fécond  Article  varia 
félon  les  trois  opinions  que  Von  vient  de  rap- 
porter* )  Il  feinbloit  pourtant  ,  au'aacune 
Ecole  ne  dât  le  condamner ,  put(qae ,  foit 
que  l'on  fuppofe  la  Prédeftination  avant 
ou  après  la  prévifion  des  mérites ,  il  eft 
certain  qu'elle  ne  peut  changer  après  cette 
prérifion.  Il  eft  donc  également  vrai  dans 
cous  ces  (Vftêmes  ^  que  les  prédeftinés  ne 
peuvent  périr  ,  ni  les  réprouvés  fe  fauver. 
Car  quoique  félon  les  Moliniftes  la  caufe 
de  la  Prédeftination  fe  rappone  au  confen- 
tement de  l'homme  qui  peut  changer  • 
&  que  par  la  nature  de  la  chofe  même 
elle  foit  variable}  elle  ne  i'eft  plus,  pré- 
fuppofé  la  préfcience  infaillible  de  Dieu, 
qui  feroît  trompée  ,  fi  ce  nombre  ve- 
noit  à  changer.  Ainfi  ^  foit  que  l'on  fup- 
pofe  la  Prédeftination  gratuite ,  ou  non ,  il 
fufHt  pour  juftifier  la  vérité  du  fécond 
Article ,  que  l'on  admette  en  Dieu  la  pré- 
fcience  in£ûlUble  des  contingens ,  qui  eft 


la  doArine  générale  des  Ecoles  ,  &  qui 
n'eft  contredite  bon  de  l*Eglire  Romaine 
que  par  un  trés-petic  nombre  de  Théob« 
giens. 

Sx.  //r  difoient  que  la  Propofition  étoit 
vraie  dans  le  fens  propoft*  )  La  doéhine  do 
fens  compofé  &  du  fens  diviS  ,  eft  une 
chofe  très- claire  fous  des  termes  ailèz  ob^ 
cun.  Tout  le  monde  conçoit  clairement  i 
qn^un  homme  aflîs  a  toujours  la  liberté  de  fe 
lever  après  ,  mais  qu'il  ne  peut  être  a(Es 
&  debout  en  même  tems.  L'obfcorité  des 
termes  eft  tout  ce  qui  &it  le  myftère  de 
cette  diftinélion.  Mais  le  malheur  eft  que 
ces  fortes  4e  folutions  ne  font  illufion  qu'aux 
fimples  ,  &  ne  refolvent  aucune  difficulté» 
PalUviciny  L.  8.  c.  14.  taxe  d'ignorance 
Fra-Paolo ,  comme  s'il  avoir  fiit  dire  aux 
Scolaftiques  ,  que  l'homme  a  la  Liberté , 
parce  qu'il  peut  faire  en  un  autre  tems  ce 
u'il  ne  peut  pas  faire  dans  le  tems  pré- 
tm.  Mais  ce  n'a  jamais  été  la  penfée  de 


?. 


DE    T  RE  N  T  E,  Li  VUE    IL  37} 

tdamnable  dans  U  fins  divijî  :  fubcilité  qui  ne  faifoic  qu'embrouiller  les  mdxltx. 
Pères  auflî-bicn  que  ceux  qui  la  propofbienc ,  quoiqu'ils  râchaflcnt  de  Te-  ^^"^  ^^^-  ' 
claircir  par  cet  exemple  ;  qui  cft ,  que  lorfqu  on  dit  qu'un  homme  qui  fe  — — — ■ 
xcmue  ne  peut  pas  être  en  repos  »  cette  Propontion  eft  vraye  dans  Uftns 
compofiy^zxcz  qu'on  entend  qu'il  ne  peut  pas  être  en  repos  dans  le  tems 
même  qu'il  fe  remue  \  mais  qu'elle  eft  fauHè  dans  U  fcns  divift ,  parce 


ipplication,on  ne  pouvoir  pas  dire  qu'un  prédeftine  pur 
ner  en  un  tems  où  il  n'avoit  point  éce  prédeftine  »  ayant  toujours  été  tel  ; 
&  que  d  ailleurs  le  fensdivife  ne  pouvoir  jamais  avoir  lieu  dans  le  cas  ou 
Eaccidenr  eft  inféparable  du  fujet.  Qulelques  autres  croyoient  fe  mieux  ex* 
pliquer  en  difant  que  Dieu  régit  &  meut  chaque  chofe  félon  fa  propre  na« 
ture ,  qui  dans  les  chofcs  contingentes  eft  libre ,  &  telle  qu'avec  Tafte  même 
il  refte  toujours  le  pouvoir  de  faire  le  contraire  :  d'où  venoit  que  pofé  l'aâe 
de  la  Prédeftination  ,  on  confervoit  toujours  le  pouvoir  d'être  réprcmvé 
&  de  fe  damner.  Mais  on  entendoit  encore  moins  cette  folution  ,  que 
l'autre. 

**  On  s'accorda  parfaitement  fur  la  cenfure  des  autres  Articles,  y  Sur  le^  Flcury,  L. 
troinème  &  le  (ixième  on  dit,  que  ç'avoir  toujours  été  le  fentiment  de  l'E-  H}-  N'^yj. 
glife ,  que  plu(ieurs  reçoivent  ôc  confèrvent  pour  quelque  tems  la  Grâce , 
qui  la  perdent  enfuite  éc  fe  damnent  9  témoins  les  exemples  de  Saiil ,  de  Sa^ 
lomon  y  ôc  de  Judas  l'un  des  douze  Apôtres  ,  mais  principalement  de  ce 
dernier  ,  dont  la  perre  eft  moins  conteftable ,  à  caufe  de  ces  paroles  que 
Jefus-Chrift  adreflè  à  fbn  Père:  *  foi  gardé  tn  votre  nom  ceux  qui  vous  m  ^avit[     x.  Joh. 
donnés^  &  aucun  deux  rieji  piriy  que  U  Fils  déperdition.  On  joignit  à  ces  XVII.  ii. 
exemples  ceux  de  Nicolas  l'un  des  fept  Diacres ,  &  de  quelques  autres  que 
t'Eaiture  condamne  après  les  avoir  loués  ;  &  on  y  joignir  celui  àt  Luther 
même ,  comme  au-deUus  de  toute  exception  &  le  plus  convaincant  de  tous. 


i^tre  Hîftorîen,  qoife  (trt  feulement  ibrt 
«propos  de  lacomparaifon  qaapponent  les 
Scolaîliqoes  ^  pour  montrer  comment  un 
homme  dans  Taûion  conferve  la  liberté  de 
fiûre  l'adion  contraire.  Il  foatient  qaecet 
exemple  n'a  nul  rappoR  à  ranicle  de  la 
Prédeftination  )  &  ne  pent  fervirâ  l'expli- 
quer. Cétoit  far  cela  qu'il  falloir  l'attaquer, 
s*il  avoit  tort ,  &  non .  pas  chicaner  un 
Auteur  (ur  de  faux  fens  qu'on  lui  prête  , 
comme  fait  ici  le  Cardinal. 

81.  On  s^ accorda  parfaitement  fur  la 
cenfure  des  autres  Articles  ,  &c.  ]  Il  n'y  a 
xien  d'étonnant  dans  cet  accord.  Car  la 
plupart  de  ces  Anicles  étoient  G.  évidem- 
ment &ox  dans  leur  fex»  nacuxel ,  qu'on  ne 


fauroit  jnftifer  ceux  qui  les  avoient  en(èi- 
gnés  qu'en  TuppoGint  qu'ils  les  entendoient 
dans  un  Cens  plus  mitigé.  Comme  par  exem- 
ple, loriqu'ils  difoient  que  les  Elus  nepou^ 
voient  perdre  la  Grâce  ^  ils  ne  vculoient 
dire  autre  chofe  finon  qu'ils  ne  lapouvoient 
perdre  finalement  ,  ce  qui  revient  au  fyf- 
téme  commun  des  Thomiftes.'  Il  en  écoic 
ainfi  de  la  plapart  des  autres  Articles.  Mais 
comme  ces  fens  mitigés  n'écoient  pas  le 
(ens  le  plus  dired  de  ces  Propofitions ,  on 
s'accorda  d'autant  plus  ai(ément  à  les  con- 
damner ,  '  qu'en  n'en  nommant  point  les 
Auteurs  on  leur  lailkit  la  liberté  de  %*tn 
juftifier  en  défayouant  les  fens  condam- 
nés. 


374        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvi.       On  ajoutoit  en  parricalier  fur  le  fixième  Article ,  qoe  la  vocation  en  queT- 

Paul.  ni.  lîon  ne  feroit  qu'une  dérifion  impie ,  fi  les  hommes  étant  appelles ,  &  fai- 

"~"""""  fant  tout  ce  qu'il  falloit  de  leur  part ,  ils  n'écoient  pas  admis  5  &  que  d'ail- 

leurs  les  Sacremens  ne  feroiene  d'aucune  efficace  pour  eux  >  choie  que  l'on 

r^ardoit  comme  pleine  d'abfurdité. 

A  la  Propofition  cinquième  on  oppofoit  le  témoignage  direâement  con- 
4Ezc:h.    traire  du  Prophète  Ezéchiel  où  il  eft  dit,  *  qnc^lt  Juftcfc  détourne  de  la 
III.  10.*  ^jujluc  &  commet  Viniquité ,  Dieu  nefefouviendraplus  du  bien  quil  avoit  fait 
XVIII.  14.  auparavant.  On  ajoutoit  l'exemple  de  David  ^  qui  avoit  commis  un  homi- 
cide &  un  adultère  ;  &  ceux  de  Madeleine ,  &  de  S.  Pierre  cpi  avoit  renoncé 
a  Jefus-Chrift  ;  &  on  fe  moqua  beaucoup  de  l'extravagance  des  Zuingliens  » 
qui  foutenoient  en  même  tems  que  l'homme  juftifié  ne  pouvoit  perdre  ia 
érace  >  &  que  cependant  il  péchoit  dans  toutes  îcs  œuvres  :  Propofitions 
évidemment  contradi<%oires. 

^NFiN  les  deux  derniers  Articles  furent  unanimement  condamnés  de 
témérité ,  &  l'on  conclut  que  perfonne  ne  pouvoit  croire  fa  prédeftinarion 
certaine ,  que  ceux  d  qui  Dieu  l'avoit  révélée  fpécialemenr,comme  à  Moyfè 
&  aux  Difciples  >  auxquels  il  avoit  été  révèle  qu'ils  étoient  écrits  dans  le 
Livre  de  Vie. 

Les  Théologiens  ayant  achevé  l'examen  des  Propofitions  qui  r^rdoient 
le  Libre-arbitre  &  la  Prédcftination ,  on  forma  les  Canons  fur  cette  matière 

f)our  les  inférer  parmi  ceux  de  la  Juftificarion  ,  de  la  manière  qui  paroîtroic 
a  plus  convenable.  Il  y  eut  encore  fur  cela  bien  des  oppofitions,  l'un  re- 
prenant un  endroit  &  laurre un  autre  ,  à  mefure  qu'ils  trouvoient  quelque 
parole  qu'ils  croyoient  pouvoir  ponêr  quelque  préjudice  à  leur  opinion  par- 
ciculière. 

Jacques  Cocco  Archevêque  de  Corfbu  fit  remarquer  :  Que  comine  les 
propontions  avoient  été  ccnfurées  avec  différenres  reftriâions  ou  explica^ 
tions ,  il  falloit  ajouter  ces  reftriâions  aux  Ana thèmes,  pour  ne  pas  con^ 
damner  abfolumcnt  des  propofitions  qui  pouvoient  avoir  un  bon  fens  >  par« 
ce  qu'il  étoit  de  Ihumilité  de  recevoir  toujours  l'interprérarion  la  plus  favo- 
rable, &  que  c'étoic  un  dévoir  de  charité  de  ne  point  penfer  le  mal.  Mais 
|)lufieurs  s'y  oppoferent  >  tant  parce  que  les  anciens  Conciles  avoient  con- 
damné purement  &  fimplement  les  propofitions  hérétiques  fans  aucune  li- 
mitation ,  &  telles  qu'elles  avoient  été  avancées  par  leurs  auteurs  ;  que 
garce  qi^e  pour  condamner  un  Anicle  en  matière  de  Foi ,  il  fuffifoit  qu'il 
\i  un  fens  faux ,  qui  put  induire  les  fimples  dans  l'erreur.  Les  deux  opi- 
nions paroifloicnt  fondées  en  raifon.*  La  première ,  parce  qu'il  étoit  juftc 
de  (avoir  quel  fens  écoit  condamné.  La  féconde ,  parce  qu'il  n'étoit  pas  de 
la  dignité  du  Concile  de  limiter  les  propofitions  des  Hérétiques.  On  ajou- 
toit a  cela:  Que  tous  les  Canons  étoient  compofés  de  manière,  qu'on  y 
marquoit  Terreur  condamnable ,  puis  les  motifs  fur  lefquels  on  fondoit  la 
condamnation ,  en  rapportant  les  endroits  de  l'Ecriture  &  la  doûrine  de 
TEglife ,  à  quoi  l'erreur  étoit  oppofée  :  Que  c'étoitla  méthode  qu'avoir  pra^ 


DE    T  R  E  NT  E ,  L  i  t  r  e    II.  jyy 

liquée  le  Concile  d'Orange  ,&  celle  qu'on  avoic  fuivie  tout  DQjHvellcment  mdxlvj. 
dans  la  dernière  Seffîon  fur  rarcicledjiP^cbé  originel.    Mais  comme  la  nlu-  ^^"^  ^^^' 
paEC  crouvoienc  qu'ea  fuivanc  cette  méthode  la  Teûure  des  Canons  de vicn-  — "~~"^ 
droit  longue  &  ennuyeufe,  &  que  Icraèlan^e  de  la  vérité  avec  Ja  faufTe- 
te  i  Se  des  cbofes  condamnées  avec  celles  qui  étoient  ajpprouvées ,  les  rea- 
doit  moins  inteUigibles  ;  TEvèque  de  i^zWjTii^/ia  proposa  un  expédient  plus 
commode  9  ^  qui  remédioit  aux  deux  inconvéniens ,  &  qui  étoit  de  faite  ^Hcury,!^ 
deux  Décrets,  pour  féparer  la  doârine  Catholique  de  celle  qui  lui  étoit  i43*N^75. 

fuite  la  dodrine  Catho- 
&  on  condamneroit  & 
qui  y  étoient  contraires.  L'expé- 
dient fur  approuvé  de  tout  le  monde  ',  6c  en  conféquence  de  la  délibéra- 
tion on  forma  d'abord  féparément  les  Ânatbèmes  >  &  on  travailla  enfuite 
i  former  l'autre  Décret.  Ce  dernier  fut  appelle  le  Décret  de  Doârine  ^ 
&  on  donna  à  l'autre  le  nom  de  Canons.  L'ordre  que  l'onintroduiiît  aloi:s> 
fut  encore  fuivi  dans  la  féconde  &c  la  troifième  reprife  du  Concile. 

Le  Cardinal  dt  Sainte  Croix  prit  des  peines  incroyables  dans  la  compofi- 
cion  de  ces  Décrets ,  évitant  autant  qu'il  lui  étoit  podible  d'y  rien  infé- 
rer de  ce  qui  étoit  contefté  encre  les  Scolaftiques  ,  6c  exprimant  Ibs  choies 
qu'il  ne  pouvoit  omettre  »  avec  tant  de  prudence  ^  que  chacun  en  redatik'-  ^ 
tisfair.  Il  faifoit  attention  dans  toutes  les  Congrégations  à  ce  que  chacun 
pouvoit  defapprouver  ;  &  le  fupprimoit,  ou  le  corrigeoit,  fur  les  avis  qu'il 
avoir  reçus.  Dans  les  entretiens  mcmes  particuliers  il  écoutoit  les  doutes 
de  tout  le  monde  ,  6c  den>andoit  l'avis  de  chacun.  Il  changea  diveribs  fois 
Tordre  des  matières  ;  &  réformant  tantôt  un  endroit  6c  tantôt  un  autre  » 
il  mit  enfin  les  Décrets  dans  la  forme  où  ils  font  aujourd'hui ,  6c  qui  eut 
alors  l'approbation  générale  de  tout  le  Concile.  Il  eft  certain  que  l'on  tint 
fur  ces  matières  cent  Congrégations ,  tant  des  Prélats  que  des  Théologiens  ; 
que  depuis  le  commencement  de  Septembre  jufqu'à  la  fin  de  Novembre  il 
ne  fe  pa(Ià  pas  un  feul  jour,  que  ce  Cardinal  ne  mît  la  main  à  ce  qui  avoir 
été  écrit,  ècyùt  quelque  changement ,  faifant  attention  jofqu  aux  moin- 
dres chofes.  On  conferve  encore  des  Minutes  de  ces  ckangemens,*dont  je 
ne  rapporterai  que  deux  comme  un  échantillon  de  plufieurs  autres ,  dont 
il  feroit  ennuyeux  de  'ftdrc  mention.  ^  ^^  Dans  le  premier  Chapitre  du  c  Flcury  ,L. 
Décret  de  DoArine  on  avoir  d'abord  mis  d'un  confentement  générai ,  qQei4?N''.87. 

Pallav.L.8. 

c    IX 

.  -.83.  Dans,  le  premier  Chapitre  Je  Décret  Hiftoricn  ,  on  verra  qa*il   n'y  eft  pas  dit  * 

de  DoBrint  on  avait  d* abord  mis  ,  Sic. '\0n  un    mot  des  Francifcains ,  &  qa*au-Ileu 

doit  être  ,  ce  me  femble ,  fore  furpris  du  te-  de  (ê  moquer  de  cette  corredion  ,  il  fait 

proche  que  fait  ici  Paâavicin  à  Fra-Paolo  remarquer  combien  elle  étoit  )ufte.  En  lî- 

d'ayoir  avancé  que  cette  correAioa  od  Ton  fànt  quelquefois  la  cenfiire  que  le  Cardinal 

avoir  mis  la  lettre  de  la  Lpi  pour  la  Loi  ^  £ûc  de   ion  adver&ire  ,   on  feroit   tenté 

atott  été  faite  *à  rinûance  des  Fiancifcains ,  de  croire  ou  qa  il  ne  Ta  point  lu  ,  ou  Qii*il 

&  de  s'en  être  moqué  conmne  de  quelque  n*en  a  vu  que  des  Extraies  ion  infidè- 

cKofe  foit  impropre.  Car  fi  on  lit  notre  les. 


37tf       HISTOIREDU    CONCILE 

MoxLvi.   Us  Gentils  ne  pouvoum  pas  fc  dnrdc  fefclavage  du  péché  par  Us  forets  dg 

Paul  IIL  ^  J^ature ,  ni  Us  Juifs  par  la  Loi  de  Moyfc.    Mais  parce  que  plafieuts  fou- 

^  cenoienc  que  la  Circoncifion  reraettoit  les  péchés,  &  qu  ils  appréhendoienc 

Sue  ces  paroles  ne  préjudiciafTenc  à  leur  opinion  »  quoiqu'en  plus  d*un  en- 
roic  S.  Paul  eue  die  la  même  chofe  en  termes  formels  *,  le  Cardinal  pour  les 
{acisfaire,  aulieu  de  ces  paroles  :  Per  ipfam  Ltgem  Moyfis^  mit  celles-ci, 
Per  ipfam  ctiam  Uncram  Lcgis  Moyjîs  :  &  les  moins  verfés  dans  la  Théolo« 
gie  peuvent  voir  aifémenc ,  combien  cette  parole  littcram  convient  parfai-* 
cément  en  cet  endroit*  Au  commencement  de  même  du  Chapitre  neu« 
vièrae,  lespartifans  de  la  certitude  de  la  Grâce  n  étant  pas  contens  de  ce 
qu  onavoit  dit ,  que  les  péchés  ne  font  point  remis  à  Thomme  par  la  certi- 
tude qu  il  a  de  leur  remillion  ,  &  par  la  confiance  qu'il  y  a  *,  le  Cardinal 
pour  les  fatisfaire  ora  le  mot  de  certitude^  &cy  fubftitua  celui  de  préfom- 
ption  ou  dc/aSance  ou  de  confiance  en  elle.  ^^  Ainfî  encore  à  la  fin  du  me- 
me  Chapitre ,  où  Ton  voit  que  la  raifon  qu'on  donne  de  ce  que  chacuQ 
doit  toujours  vivre  dans  la  crainte ,  c'eft  que  perfonne  ne  peut  f avoir  c«r- 
tainement  5*il  a  reçu  la  Grâce  de  Dieu  ;  Sainte  Croix  pour  contenter  une 
des  parties  fit  ajouter ,  de  certitude  de  foi.  Et  comme  les  Dominicains  in« 
fiftoient  qu'on  ajoutât  encore  le  mot  de  foi  Catholique  ,  &  que  les  parti* 
-  fans  de  Catharin  vouloienr  qu  aulieu  de  foi  Catholique  on  mit  d'une  foi 
qui  ne  foit  fujette  à  aucune  erreur  ;  le  Cardinal  crut  devoir  choifir  cette 
dernière  expreflfion  comme  plus  propre  à  fatisfaire  les  uns  &  les  autres , 
i/Pallav.  L  ^  parce  que  les  uns  en  inféroienc  que  la  certitude  de  foi  qu'on  a  fur  cet 
8.C.  II.  article  peut  devenir  faulTê  &  par  conféquent  incertaine,  &  que  les  autres 
au  contraire  en  concluoient  ,que  cette  certitude  ne  pouvoit  être  fufceptible 
d'aucun  doute  &  d'aucune  faufleté  pendant  que  Ion  étoit  dans  cet  état  de 
Grâce  »  mais  que  par  le  changement  qui  pouvoir  arriver  en  paflant  de  l'é* 
tat  de  Grâce  â  celui  du  péché  elle  pouvoit  devenir  fau(Iè,  comme  toutes 
les  vérités  du  préfent  contingent ,  qui  quoique  certaines  &  indubitables 
en  elles-mêmes,  deviennent  faufTès  par  le  changement  des  chofes;  aulieu 
que  la  foi  Catholique  eft  non-feulement  certaine  mais  encore  immuable, 

•  parce 


S4.  Aif^  encore  à  la  fin  du  mime  Cha* 
pitrty  où  l'onyoii  quila  raifon  qu  on  donne^ 
&c.  ]  La  raifon  que  rend  ici  Fra  -  Paolo 
At  rincenicode  de  cette  foi  eft,  qu'elle 
peut  devenir  faulTe  lorfque  le  Jufte  paflè 
de  l'état  de  grâce  à  celui  de  péché.  Pal- 
lavicin  prétend  au  contraire,  que  cette  in- 
ccnitude  vient  ou  de  celte  qui  accompagne 
«ne  révélation  particulière ,  ou  l'ignorance 
d'un  fait  qui  n*a  pas  la  même  certitude 
que  la  Proportion  générale  à  laquelle  elle 
eft  jointe.  Mais  il  eft  vidble ,  que  ce  ne 
peut  point  avoir  été  la  la  penlœ  de  Ca- 


tharîn  »  ptûiqoe  s'agiflânt  de  la  cenitode 
que  rbom.T>e  a  de  fa  prope  Juftificacion ,  il 
ne  peut  avoir  de  doute  ni  flir  fk  propre 
révélation  particulière  ,  qui  eft  Tappolée 
venir  de  Dieu  même,  ni  fur  aucune  cir- 
conftance  qu'il  ignore,  paifqu'il  connoîr 
par  fentiment  ce  qui  regarde  Tes  difpofi- 
tions  intérieures.  L'incertitude  de  cette  foi 
ne  peut  donc  venir  que  de  la  mutabilité 
de  l'état  du  Jnfte  :  &  quoi  qu'en  dife  Pal-* 
lavicin  ,  c'a  cerrainement  été  le  véritable 
fentiment  de  Catharin. 

ts.Je 


? 

le 


DE    TRENTE,  Livre    II.  J77 

parce  qu'elle  a  pour  objet  des  dbofes  néceilàires  ou  palTées  »  qui  ne  peu-  u^xvrù 
^cnt  pas  être  fulceptibles  de  changement.  ^^^^  ^^' 

Au  fond  y  fi  l*on  veut  bien  refléchir  fur  tous  ces  faits  particuliers  »  on 
iie  peut  refufer  au  Cardinal  de  Sainu  Croix  toutes  les  louanges  qu  il  mérite 
pour  avoir  fu  contenter  des  perfonnes  fi  attachées  à  des  opinions  toutes  con- 
paires  ;  Se  fi  Ion  veut  s'en  ailurer  davantage  ,  il  n  y  a  qu  à  fe  fouvenir 
qu'aufii-tôt  après  la  Seffion  où  l'on  traita  de  cette  matière ,  Dominique  Soto  % 
lii  tenoit  le  principal  rang  parmi  les  Dominicains  ,  écrivit  trois  Livres 
bus  le  titre  Dt  ia  Nature  &  de  la  Grâce  ,  pour  fervir  de  Commentaire  à  la 
doâxine  du  Concile  >  oii  il  prétendit  qu  étoient  établies  toutes  fes  idées  \  Se 
qu'en  même  tems  Andri  Vïga  >  qui  étoit  le  plus  accrédité  des  Francifcains  » 
publia  quinze  grands  Livres  de  Commentaires  fur  les  feize  Chapitres  de  ce 
Décret ,  &  les  interpréta  tous  en  faveur  de  fon  opinion  :  quoique  ces  deux 
Théologiens  non-feulement  différadènt  de  fentiment  dans  prefque  tous  les 
Articles ,  mais  que  dans  plufieurs  même  ils  enfeignaflènc  une  doârine  évi- 
demment  contraire.  Ces  deux  Quvrages  parurent  en  mdxlviii  \  &  quicon^ 
que  en  les  lifanc  vçrra  que  ces  deux  hommes  >  qui  étoienc  les  plus  efliimés 
&  les  plus  fa  vans  du  Concile ,  donnent  fouvent  aux  paroles  du  Décret ,  au- 
quel ils  avoient  eu  plus  de  part  que  perfonne ,  des  fens  contraires  &  douteux» 
il  s'étonnera  qu'ils  n'ayent  pas  connu  le  véritable  iens  ou  le  vrai  but  du  Con- 
cile. D'ailleurs  puifque  les  autres,  qui  ont  encore  écrit  depuis^  &  qui  étoienc 
intérefTés  aux  déciuons  du  Synode ,  eo  ont  parlé  avec  la  même  diverfité  » 
*  f  je  n'ai  pu  pénétrer  fi  cette  Adèmblée  a  jamais  été  d'accord  dans  le  (cns 
des  décifionsyou  s'il  n'y  a  eu  entre  eux  qu'une  fimple  union  dans  les  paroles. 
Mais  pour  revenir  au  Cardinal ,  aufii-cot  que  le  Décret  eut  été  approuvé  i 
Trente ,  il  l'envoya  au  Pape,  qui  le  fit  examiner  par  des  Moines  &  d'autres 
gens  de  Lettres,  qui  Tapprouverenc  au(fi  tous>  parce  que  chacun  pouyoic 
finterpréter  félon  fon  propre  fentiment. 

J'ai  raconté  tout  de  fuite  ce  qui  s'étoit  traité  en  matière  de  Foi ,  pour  ne 
point  féparer  des  matières  qui  avoient  une  liaifbn  naturelle  entre  elles. 


Sf.  Je  n  ai  pu  pénétrer  fi  cette  Affem- 
hlée  M  jamais  été  d^ accord  dans  U  fens  des 
décifions ,  &c.  )  Ce  que  dit  ici  Fra-Paolo  en 
général  de  cous  les  Décrets  qui  regardent 
la  matière  de  la  Juftification ,  Pallavicin , 
L.  8.  c«  i  I.  le  veut  faire  entendre  du  feul 
anicle  qui  regarde  la  cenitude  de  la 
Grâce  >  ce  qui  eft  d*une  mauvaife  foi  d'autant 
plus  fenfible ,  que  notre  Hiftorien  parlant 
ici  de  la  difpute  qui  s*cleva  entre  Soto  8c 
f^éga  ,  il  eft  vifîble  qu'il  s'agiflbic  dç  toute 
la  matière  de  la  Juftification.  On  ne  doit 
pas  s'étonner  au  rede  ,  que  Fra-Paolo 
ignorât  quel  étoit  le  véritable  (èns  du  Con- 
cile aufujet  Aes  controveifes  qui  étoient  en*: 

Tome  I. 


trè  les  Ecoles  «  puiCqae  les  Pères  s*étoienc 
fait  un  devoir  de  ne  les  point  définir.  Il 
fttffifbit  pour  l'objet  du  Concile  qu'il  con- 
damnât les  erreurs ,  fans  entrer  dans  àts 
précifîons  fuperflues.  En  cela  (à  prudence 
étoit  extrtme  :  Ik  fi  on  a  quelque  reproche 
à  &ire  aux  Pères ,  c'eft  de  n'avoir  pas  roa- 
joun  exa^ment  fqivi  la  mènie  régie. 
Cependant  à  travers  de  tout  le  ménagemene 
que  le  Synode  a  obfervé ,  on  découvre  ce 
nae  femble  affez  fenfiblement ,  que  le  Con* 
cile  penchoit  beaucoup  plus  pour  le  fentî-' 
ment  des  Francifcains  que  pour  celui  des 
TbomifieSf 

Bbb 


iy$        HISTOIRE    DU    CONCILE 

mxLTt.  Maison  n'avoic  paslaifTé  encre-cen»  detraicer  auffi  de  iaRéforinations&  l'oil 
VMVi  III.  pfopofa  dans  quelaues  Congrégaâons  de  régler  les  qualités  requifcs  pout 
**"^""  être  promu  aux  Prelaturcs ,  &  aux  autres  Mintftètes  inférieurs  de  TEglife» 
On  dit  fur  cela  des  chofes  crès-édifiantes  ,  que  Ton  propofa  avec  beaucoup 
d  ap|mreil ,  mais  fans  pouvoir  trouver  moyen  de  les  faire  obferver.  Car  on 
ne  voyoit  pas  comment  aifujetcir  aux  Loix  qu'on  pourroit  faire  >  ni  les  Rois 
qui  a  voient  la  préfentation  aux  Bénéfices ,  ni  les  Chapitres  ôii  TEleâion 
avoir  lieu  »  &  qui  étoienc  compofés  de  perfonnes  nobles  Se  poidanres  ^  &  on 
ne  trouvoit  pas  non  plus  convenable  de  donner  la  loi  aux  Papes  qui  ont  la 
collation  de  toutes  les  Prélatures  »  &  de  plus  des  deux  tiers  de  tous  tes  antres 
Bénéfices.  Ainfi  après  beaucoup  de  longs  difcours  on  conclut  qu'il  valoir 
mieux  ne  point  toucher  à  cette  matière. 

L'on  ne  difcourûtpas  moins  amplement  fur  laRéfidence.  Mais  quoiqu^on 
ne  prit  pas  alors  la  refolution  qui  étoit  néceffkire  »  &  que  beaucoup  de  per- 
fonnes defiroient ,  on  ne  laifTa  pas  de  propofer  confufémcni  bien  des  choies» 
qui  fervirent  à.  préparer  les  matières  pour  un  autre  tems.  Cependant ,  pour 
bien  entendre  ce  que  l'on  a  à  dire  fur  ce  fujet ,  il  faut  reprendre  cette  matière 
dès  fon  origine. 
Attira Mf'     LXXXI.  Les  Grades  Eccléfiaftiques  ^  ne  furent  pas  établis  dans  leur 
f  util  fur     commencement  >  fur  le  pied  des  dignités»  de  prééminences  >  de  récom^ 
^i^RéTd  '  P^'^^  ^^  d'honneurs ,  oomme  ils  font  aujourd'nui  &  depuis  plufieurs  fiè« 
cêtp^urfit'  ^^^^  "^**^  ^"^  ^^^"^  ^^  Miniftères  Se  d'Offices,  auxquels  S.  Paul  ^ donne 
vJir  fi  ilU  le  nom  àiOtuvrts  y  dans  le  même  fens  que  Jefus-Chrift  a  appelle  ceux  qui 
efi  di  Droit  en  étoient  revêtus  >  i  des  Ouvriers.  Selon  cette  idée ,  ceux  qui  étoient 
divinonhu"  chargés  de  ces  Offices  étant  obligés  de  les  remplir  par  eux-mêmes  ,  ne  poc^ 
Tvsilhy  L  vo*^*^^  P^^  avoir  la  penféede  s'anfenter  ;  ou  s'ils  le  faifoient ,  ce  qui  arri- 
s.  c.  17.      voit  rarement,  ils  ne  pou  voient  avec  raifon  retenir  ni  le  ritre  ni  les  fruits 
/i.  Tim.  de  leurs  charges.  Quoique  même  il  y  eût  deux  fortes  de  Miniftères»  Tun 
appelle  anciennement  le  Miniftère  de  la  parole,  &  aujourd'hui  le  foin  des 
Ames,  &  l'autre  qui  regardoit  le  foin  du  temporel ,  c*eft-à-dire»  le  fer- 
vice  des  pauvres  8c  des  malades ,  exercé  par  les  Diacres  &  les  autres  Mi- 
niftres  inférieurs  ;  ces  différentes  fortes  de  Miniftres  fe  croyoient  également 
obligés  d'exercer  leur  Office  en  perfonne ,  Se  ne  s'avifbient  point  d'y  pour- 
voir par  des  Subftituts ,  fi  ce  n*ecoit  pour  un  tems  très  court  &  pour  des 
caufes  très-preflanres,  ùaxs  jamais  prendre  d  ailleurs  aucun  Emploi»  qui 


III.  I. 

;Matt. 
IX.  38. 


pour 

Eccléfiaftiques ,  foit  â  lire  l'Ecriture  Sainte ,  oui  d'autres  fonéhons  dédi- 
te. Bt  les  Fidèles  s^étant  itmhipiléipër  tems  trant  hi  fm  dfs  pefflkmions  ,  côm- 
bt pndesperflattions ^  r<m  injîitua  uréjU"  me  on  le  vofc  par  les  Epicres  it  S.  Cy* 
tnfifrte  de  Mmifires  y  Sic*  ]  Cela  n'eft  pas  pHen ,  de  par  plufietirs  adtres  Monmnens 
toat-à-fàic  ex^^  puîfque  la  plâptR  éé  ces  Eccléfîafliijaes  anténeun  au  tems  dt  Cim^ 
Miniftres   inféiieors  lorenc  établis  long-    AMût. 


D  E   TRENT  E,  LrrjLB  U.  17^ 

nées  à  exciter  la  dévotion-  On  établie  auili  des  Collèges  de  Miniftres  qui  UDttfù 
travailloient  en  commun ,  6c  d'autres  qui  fu0ènc  comme  autant  de  Sémi-  ^^^^  ^^ 
saires ,  d'où  Ton  tirât  des  Pafteurs  déjà  tout  ioilruits.  Ceux  de  ces  Collé-  * 
ges  qui  n'écoient  point  chargés  perfonoellemeat  de  l'exercice  du  Miniftère» 
s*abfencoient  quelquefois  de  l'Eglife  »  foit  pour  s'appliquer  à  Tétude ,  foie 
pour  s 'inftruire ,  ou  pour  quelque  autre  caufe  également  jufte»  les  uns  pour 
plus ,  les  autres  pour  moins  de  tems ,  parce  que  l'abience  d  une  peribn- 
ne  de  plus  ou  de  moins  n'empichoit  pas  que  le  Miniftère  ne  fur  rempli  par 
le  Collège  i  mais  ceux  qui  ècoient  abfens  »  n*avoient  alors  ni  le  titre ,  ni 
la  charge»  ni  les  émolumens  de  l'Office.  AinfiS.  Jcr4mc  Prêtre  d'Antio- 
die  »  Rufin  d'Aquilée ,  &  S.  PauUa  Prêtre  de  Bareelone  »  réfidèrent  peu  > 
parce  qu'ils  n'avoient  point  de  titre  particulier.  Mais  le  nombre  de  ces 
Portes  de  Non- titulaires  s'étant  auginenté  9  l'abus  s'y  glifla  ;  &  étant  deve- 
nus odieux  par  le  genre  de  vie  qu'ils  menoient  i  on  leur  donna  le  nom  de 
CUrcS'Vagabonds ,  &  il  en  eft  fouvent  parlé  dans  les  Loix&  les  Novelles 
de  JufiinUn.  On  ne  penfoit  point  cependant  encore  alors  à  prendre  le 
iicre  d'un  Office,  &  â  en  tirer  les  fruits  ^  fans  fervir.  Ce  ne  fut  que  depuis 
l'an  pcc  i  que  dans  l'EgUiê  Occidentale  les  Miniftàres  Eccléfiaftiques  chaa^ 
gètent  de  nature,  &  qu'ils  devinrent  des.  Grades  de  dignité  &  d'bonneur» 
&  qu'on  les  donna  même  i  titre  de  réeompenfe  pour  les  (ervices  rendof. 
De-là 


motions 

oiftère  aue  des  perfonnes  qui  y  fuffcnt  propres 
ces  Grades  »  ces  Oimités  1  &  ces  revenus  conlbtmément  à  la  qualité  dei 
perfonnes  -,  ce  qui  fit  naître  Tulage  de  faire  exercer  les  Miniftères  par  ua 
dubftitut ,  (pli  le  chargeât  du  travail.  Cet  abus  en  attsta  bienc6r  un  aa« 
fre>  qui  étoit  non- feulement  de  fe  croire  déchargé  du  travail ,  mais  de  (b 
difpenfer  même  d'être  préfent  &  de  veiller  fur  celui  qu'on  en  avoir  chareéii 
Et  vériublement ,  puifque  dans  les  EteAions  on  n'avoir  plus  d*ég;ard  i  U 
capacité  de  la  perfonne  pour  le  Miniftère ,  mais  que  le  Grade  n  &oit  pluf 
coniidéré  que  pour  honorer  la  peribnne ,  il  n'y  avoir  plus  de  raifon  m  de 
l'obliger  i  travailler  par  elle-même  »  ni  de  veiller  fur  celle  «ju'on  lui  avoit 
fubftituée.  Le  defordce  alla  fi  loin ,  qu'il  auroit  détruit  entièrement  TOr* 
dre  Eccléfiaftique ,  fi  les  Papes  n'y  avotent  remédié  en  partie ,  en  com- 
mandant aux  Prélats  &  aux  autres  Curés  de  demeurer  dani  le  lieu  de  leurs 
Bénéfices ,  ce  qui  s'appelle  rijîdcr ,  quoiqu'ils  fillent  exçrcçr  leur  Miniftère 
par  des  Subftitucs.  On  étendit  auffi  la  même  obligation  aux  Chanoines^ 
Mais  comme  on  ne  parla  point  des  autres  Bénéficiers,  dç  qu'^  leur  égard 
on  ne  toucha  point  a  la  coutume  ou  plutôt  à  l'abus  iRtrodoit,  ils  fe  crurent 
par  ce  filence  difpenfés  du  même  devoir  *,  &  les  Papes ,  qui  voyoient  que 
cela  pourroit  tourner  à  l'agrandiflcment  temporel  de  leur  Cour ,  tolérèrent 
fans  peine  cet  abus  volontaire.  '^  C'eft  dc-li  qu'eft  venue  la  diftinâion 

s 7.  C^efl  delà^ueflvenu<Udifiin6Uon    fid<ncc  &  de  Non^rtfidtnce  ,  &c  ]  Il  eft 
pcrnicUufc  &  dctefiablcdc  Bc/iificcs  de  Ré-    certain  ,  que  lien  n*eft  plus  çentram-i 

Bbbx 


38ô       HISTOIRE    DU    CONCILE 

ii0XLVt.  pcrnicicufc  &  dcccftable  de  Bénéfices  de  Réfidencc&  de  Non-réfîdenccr 
Paul  IlL  diftinékion  autoriféc  en  fpécalation  aufli-bicn  qu'en  pratique  >  fans  qu'on 
■  rougifle  de  l\abfurdicé  évidence  qu'il  y  a  à  recevoir  un  rirre  ôc  un  (àiairc 

fans  obligation.  Mais  pour  ajouter  le  comble  à  cette  abfurdité,   les  Cano* 
niftesy  qui  dans  le  deifein  de  la  pallier  l'ont  rendue  plus  nionftrueufe  , 
ont  interprété  cette  maxime  du  Droit ,  que  le  Bénéfice  fc  donne  pour  VOf* 
fice  ,  ce  qui  veut  dire ..  pour  la  charge ,  en  ce  fens ,  que  le  Bénéfice  fe  don- 
ne pour  réciter  le  Bréviaire  qu'on  appelle  l'Office;  ^*  comme  fi  l'Eglifc 
donnoit  un  revenu  de  mille  ou  dix  mille  écus  &  davantage  ,  feulement 
pour  prendre  en  main  un  Bréviaire  &  le  lire  aufiî  rapidement  qu'on  peut 
abadevoix,  faas  même  penfer  à  autre  chofe  qu'à  en  réciter  les  paroles. 
LesDirpen-  ^^  Maisladiftindion  des  Ganoniftes  &  les  Provifions  des  Papes  augmen- 
fes  dm  Pétpe  tètent  bien-tôt  l'abus  »  en  aurorifant  les  Bénéficiers  à  regarder  comme  une 
fur  cet  éirti'  chofe  permife  >  ce  que  fans  cela  quelques-uns  du  moins  des  Bénéficiers  fim-> 

iU  en  fmt 

fièrement  l'inftitation  primitive  des  Bénéfices  >  qae 
cette  diftinâion  s  puisqu'il  e(l  inouï  dans 
TAntiquicé  >  quon  ait  établi  aucune  Cône 
de  Bénéfices  fans  leur  afCgner  quelques 
foni^ions  s  &  qu'on  eût  regardé  comme 
quelque  cbofe  de  monftiueux  ,  qu  un  Bé- 
néficier ffit  encrecenu  aux  dépens  de  TEglife 
\(àns  ttre  obligé  de  la  fervir  ,  &  qu'il  ne 
xeçuc  cette  Coize  d'aumône  que  pour  vivre 
plus  commodément  dans  l'indolence,  le 
b&e ,  ou  le  plaifir.  C'eft  cependant  ce  qui 
eft  arrivé  de  cène  diftinétion,  que  notre 
Hiftorien  appelle  fi  judicieufemenc  une  dif- 


fobfervé^ 


de  ta  feïvir ,  ont  cru  remplir  toutes  leûri 
obligations  en  récitant  fouvent  (ans  atten- 
tion roffice  divin  ,  qui  nétoit originaire- 
ment qu'une  prière  qui:  fe  faifoit  en  cod> 
mun  par  tous  les  Fidèles  à  certains  tems 
de  la  journée.  Kritn  cependant  n'eft  plus 
contraire  à  l'efprit  primitif  de  TinAttution 
des  Bénéfices.  Mais  l'abus  eft  devenu  fi 
général  &  le  fcandale  fi  grand  ,  que  le 
ieul  remède  peut-être  feroit  de  rappeller  les 
chofes  à  leur  première  origine ,  ou  de  fi]p*> 
primer  toat-à'£itt  ces  fortes  de  Bénffices 
de  Non-réfidence  ,   pour  les  appliquera 


tinâion    fi   pernicieufe   &   déteftable ,  &    quelque  chofe  de  plus  utile  à  l'Eglife  »  ^ 
dont  il   montre   fi  bien  l'abus  dans  fon    de  plus  édifiant  pour  les  Hdèles. 


Traité  des  Bénéfices  Eccléfiaftiques  N°.  } }  • 
Mais  ce  dont  on  ne  fauroit  trop  s'étonner, 
c*eft  que  le  Card«  Pallavicin  loin  d'en 
&ire  un  abus ,  cherche  à  juftifier  cette  pra- 
tique ,  parce  qu'elle  contribue ,  dit-il ,  L. 
t.  c»  17.  à  la  fplendeurde  TEglife.  Com- 
me fi  la  fplendeur  de  l'Eglife  confiftoità 
entretenir  une  troupe  de  Miniftres  dont 
tout  le  fervice  &  le  mérite  confiftent  dans 
le  fafte ,  le  luxe  Se  la  bonne  chère. 

S  8.  Comme  ^l'Eglife  donnoit  un  revenu 
de  xooo  ou  loooo  écus  6*  davantage, 
feulement  pour  prendre  en  main  un  BréviaijCy 
&c.  ]  Tel  a  été  le  fruit  de  la  pernicieufe  fub- 
tilitc  de  quelques  Ganoniftes  ,  qui  pour 
tranquillifer  la  confcience  de  ceux  des  Ec- 
cléfiaftiques ,  qui  vouloient  profiter  des 
cevenus  de  l'Eglife  ,  fani  être  à  la  ptme 


89.  Mais  la  diftinSion  des  Canonises 
&  les  Provifions  des  Papes  augmentèrent 
bientôt  l'abus  en  autorifant  les  Bénéficiers 
À  regarder  comme  une  chofe  permife  ,  &c.  ] 
Cefc  une  méprifè  bien  dangéreufe  que 
celle  de  croire ,  qu'une  chofe  illicite  par 
elle-même  peut  devenir  licite  par  la  conni- 
vence ou  la  difpenfe  des  Supérieurs.  Leur 
autorité  ne  (!hange  rien  à  la  nature  des  cho- 
fes >  &  fi  un  Bénéficier  ne  peut  en  confcience 
recevoir  un  revenu  Eccléfiaftique ,  fans  en 
faire  l'ufage  auquel  ileftdefèiné  par  fon  inf- 
tttution,  ri  n'y  a  ni  Bulles,  ni  Provifions, 
ni  Difpenfes,.  ni  coutume  ,  qui  poifiènc 
rafiurer  ceux  qui  font  d'une  deftination  au(H 
fàinte  l'aliment  de  leur  ambition  ou  de 
leox  avarice» 


DE    TRENTE, Livre    II.  381 

pies  euffent  jugé  criminel ,  &  donc  ils  fe  foient  faic  une  confcience.  Quant 
aux  Curés ,  ils  trouvèrent  également  moyen  de  fe  difpenfer  de  la  Réfidencc 
  la  faveur  des  Difpenfes  des  Papes  ,  qui  ne  fe  refufent  jamais  à  quicon- 
que les  recherche  d'une  certaine  manière  ,  qui  fait  tout  obtenir  à  Rome  t 
cnforte  qu'il  n'y  eut  plus  que  les  pauvres  qui  réfidaflcnt ,  &  ceux  qui  y 
trouvoient  quelques  avantages >  &  l'abus,  qui  avoit  d'abord  été  réprimé  â 
quelque  peu  d'égards  par  les  Loix  des  Papes  3  monta  bien-tôt  à  fon  comble 
i,  la  faveur  de  leurs  Difpenfes ,  &  fe  répandit  comme  une  contagion  qui 
infefta  en  peu  de  tems  toute  la  Terre.  Cependant  les  troubles  de  Religion 
arrivés  en  Allemagne  ayant  donné  occafîon  de  defirer  &  de  demander  une 
Réforme ,  chacun  ne  manqua  pas  d  attribuer  les  maux  de  l'Eglife  à  la  né- 
gligence &  au  peu  de  foin  des  Pafteurs  j  &  le  deHr  que  l'on  eut  de  les 
voir  attachés  au  gouvernement  de  leurs  Eglifes  fit  détefter  les  Difpenfes  > 

3u'on  regardoit  comme  les  véritables  caufes  de  leur  abfence.  On  commença 
onc  à  parler  fortement  de  l'obligation  de  la  Réfidence  ;  &  plufieurs  per- 
fonnes  de  piété,  comme  entre  autres  le  Cardinal  Thomas  Cajetariy  foutin- 
rent  qu'elle  étoit  de  Droit  divin.  Et  cela ,  comme  en  toute  autre  chofe , 
il  arriva  que  le  defordre  précédent  fit  embralTer  l'opinion  la  plus  rigou- 
reufe ,  &  reflferrer  plus  étroitement  l'obligation  du  devoir  ;  &  l'on  crut  que 
pour  rendre  moins  facile  la  tranfgreifion  du  précepte,  on  ne  pouvoit  mieux 
y  réuffir  qu'en  le  faifant  regarder  comme  une  Loi  de  Droit  divin.  >^  Ceux 
au  contraire  des  Prélats  qui  voyoient  le  mal ,  mais  qui  vouloient  y  cher- 
cher une  excufe  en  faifant  paroître  la  faute  plus  légère  ,  pour  pouvoir  fe 
tirer  d'embarras  à  la  faveur  de  la  Difpenfe  ou  au  filence  du  Pape ,  appuyoienc 
l'opinion ,  que  l'obligation  de  la  Réfidence  venoit  du  Pape  &  non  de  Dieu. 
Telles  étoient  les  di(pofitions  des  Pères  fur  cette  matière ,  lorfque  comme 
on  l'a  dit ,  elle  fut  propofée  dans  le  Concile.  D'abord  les  conteftations  fur 
ce  point  furent  allez  modérées  ;  mais  elles  augmentèrent  dans  la  fuite ,  Se 
devinrent  très- violentes  à  la  fin  du  Concile ,  c'eft-à-dire ,  en  mdlxii  Se 
MDLxiii.  Il  étoit  à  propos  pour  bien  entendre  ce  que  nous  avons  à  dire  5 
de  reprendre  ainfi  cette  matière  dès  fon  origine;  &  il  ne  le  fera  pas  moins 
de  rendre  compte  ici  de  quelques  particularités  qui  accompagnèrent  cette 
difpute. 


Paul  IIL 


90.  Ceux  au  contraire  des  Prélats  qui 
voyoient  le  mal,  mais  qui  vouloient  y  cher- 
cher une  excufe  ,  appuyoient  l'opinion  , 
que  l'obligation  de  la  Réfidence  venoit  du 
Pape  6»  non  de  Dieu.]  Opinion  monfliueufe 
&  dans  fon  principe  &  dans  Ces  conféquen- 
ces.  Dans  (on  principe  :  paifqae  dans  toutes 
les  obligations  de  Droit  naturel ,  telle  qu'eft 
celle  qui  oblige  un  Padeur  à  prendre  lui- 
même  le  foin  du  Troupeau  dont  il  eft 
chargé  par  fa  vocation ,  toute  Tobligation 
ne  peut  venir  que  de  rAutear  de  cette 


Loi  qui  eft  Dieu-même.  Dans  (es  confë- 
quences  :  puifque  £1  cette  obligation  vient 
du  Pape,  il  s'enfuit  quun  Pa(teurà  l'om- 
bre d'une  Difpenfe  peut  abardonner  légi- 
timement le  devoir  elTentiel  de  fon  Minif> 
tère ,  6c  qu'il  n'eft  nullement  refpon  fable 
du  foin  des  âmes  qui  lui  (ont  confiées: 
con(!k]uence  qui  ne  va  i  rien  moins  qu'i 
expofer  le  Pafteur  &  le  Troupeau  à  la  perte 
réciproque  de  leurs  âmes  par  la  négli- 
gence oà  vivent  les  uns  ,  &  Tabandonoà 
demeuienc  les  autres. 


iU      HISTOIRE    DU    CONCILE 

joziLf  I.       QuQiQUB  les  Articles  qu'on  jpropofa  d  abord  n'eudcnc  pour  objet  que  db 

l'oblk 


que 
def  CanQo$  &  des  Conciles  f  Se  des  témoignages  des  Pères ,  s'accordaflènc 
fut  ^c  point ,  &  reconnu0ènt  les  inconveniensdont  la  Non-réGdence  éroic 
çaufe  ;  néanmoins  la  plus  grande  partie  des  Théolojgiens  >  âc  fur-tout  des 
Ponûnicains  «  pafla  jufqu'a  foutenir  que  l'obligation  de  réfider  étoit  éU 
Droit  divin.  BanlUUmi  Caran^a  &  Domimquê  Soio  parurent  les  plus  té« 
lés  pour  cette  opinion  ^  fondés  principalement  fur  ces  raifons  :  Que  l'Em- 
pire opat  a  été  inftitué  p^  Jefus-Chrift  comme  un  Miniftère  &  un  travail  \ 
&  qu'il  exigeoit  par  qpnféquent  une  aâion  perfonnelle,  dont  les  abfens 
pe  iont  pas  capables  :  Que  JefusChrid  ,  dans  la  defcription  qu'il  donne 
h  Toh.  X.  des  qualités  du  bon  Pafteut ,  dit  ^  qu'i/  txpoft  /m  vie  pour  fon  Troupeau  % 

IX.  5. 4.  qa*it  connoit  toukts  fts  brthis  par  Uur  nom  ,  &  qu'//  marché  devant  dits. 
Mais  les  Canoniftes  âc  les  Prélats  Italiens  difoient  an  contraire  :  Que  U 
Réfidence  ii'écoit  que  d'obligation  Ecdéliaftique  :  Que  l'on  ne  trouveroit 
point  que  les  Anciens  eullènt  tepris  ceux  qui  ne  réfidoient  pas ,  comm^ 
défobéidans  à  la  Loi  de  Dieu»  maisi  (ùnplement  tomme  ttanlgrefleurs  dei 
Canons  ;  ''  Que  Timothie  j  quoiqu'Eveque  d'Ephèfe  >  avoir  pafle  la  plû« 
part  du  rems  en  voyage  pat  l'ordre  de  S,  Paul  :  Qu'il  avoir  été  dit  à  S.  Pierrt 
f  Joh.     '  de  paitrc  Us  brebis  %  ce  qui  s'étoit  dit  de  toutes  fans  exception  5  quoiqu'il 

XXL  17.    0e  pût  pas  être  préfent  par-tout  :  Que  pat  conféquent  1  Evèque  pouv<»t 

accomplir  le  précepte  de  paître  fon  Troupeau  >  fanstcfider.  Ils  répondoienc 

au(n  aux  autres,  que  Udefctiption  que  Jefus-Chrift  avoit  donnée  d'un  bon 

Pafteut  ne  convenoit  qu  à  lui  feul* 

>^  Catharm  aufli  >  d'un  avis  contcaite  i  celui  det  DQmUicaini  fes  CoOf^ 

.91.  Que  TmotKcc^  quoi^Evtque  iEphlfty  entre  cet  denûttt  A  Ifs  avtaes  l 

^voitpaffi  la  plupart  du  Hms  en  voyage  par  9  t.  Catharin  aujf^  d'un  4vis  eoMUrahe 

Vûrdrede  S.  Paul.  ]  Cet  exemple  étoit  al-  A  celui  des  Domnkamfi^  ^oafiiresydi' 

i^ébien  mal  à  propos  contre  robli^tton  Jm  :  (^u^VEp^copat  nitçitdermfiitutiatt 

de  la  Réfidence,  puilque ,  comme  l'on  (ait,  da  JefusChrefi  que  dans  k  Papefeuly  &c,  ] 

les  premien  Evtques  îtoienc réellement  an-  Ce  qae  Fra-Paolo  rappone  ki  de  Catka» 

cmt  4'Ap$n:^  «  dontleminiftirtn'étoit  pas  rin  paroUroit  tin  paradoxe  pea  croyable , 

Uc  a^  fçin  d'une  Egli(ê  paniculiéte.  C'étoient  fi  Ton  ne  (avoit  que  c*eft-là  W  chimère  (can- 

propremçnt  aut^t  de  Miffionnaires  »  dpnt  daleufe  d'une  grande  partie  des  Italiens , 

la  mnAÎQn  confîftoit  à  répaodre  TEvan*  qui  font  du  Pape  non  le  premier  ài^%  Evt- 

gile  df  to«$  c6ré$  :  Se  fl  par  leur  Ordination  ques ,  mais  propreiuenc  U  feul ,  ^  qui  fe 

Us  étoient  attacher  a.  qiKelque  EgUfe  pani-  rendent  tellement  le  maître  de  l'Eglife, 

colite  t  ce  o'étQit  pour  ainfi.  dire  que  pour  qu'il  n  y  a  d'obligation  que  celle  qu'il  im« 

en  (aire  le  centre  de.  leur  Mi^Hon ,  d*od  ib  poTe ,  &  que  par  fes  Diipenfès  il  peut  reii« 

pouvoient.  (b   rendre  plus  comoiodément  dre  licites  toutes    les    tiah^effions  des 

en  d'autres  endroits*  En  pajeil  cas  ^   nos  Xon  Eccléfiaftiques.  Morale  aboniinable , 

Evêques  ne  feroient  pas  plus,  obliges  à  la  plus  dangéreufe  que  toutes  les  Uéréfiés 

îéfidence.  Mais  quelle  coippanuibn  àfai^  ({féculatives  des  derniers  fiécles ,  ^  qui  e^ 


DE    TRENTE,L  I  VRE   IL  jfj 

frères ,  difoit  :  ^  Que  l'Epifcopac  n'étoit  de  rinftitution  de  Ïcfus-Chrift  MDXtttp 
que  dans  le  Pape  feul ,  &  qu'il  n'écoir  que  d'inftitution  Papale  dans  tous  ^^^'  ^h 
les  autres  Evêques  :  Que  comme  c'étoit  au  Pape  de  leur  alfîgner  le  nombre  *"T~""* 
de  brebis  qu'ils  ont  à  paître,  c'étoit  à  lui  de  même  i  leur  en  prefctire  la  *     "^'  ^ 
forme  &  la  manière  :  Que  par  confcquent,  comme  il  pouvoir  leur  affignet 
nn  Troupeau  plus  ou  moins  nombreux ,  ôc  même  àter  à  qui  il  vouloir  la 
puiÛance  de  paître  »  il  pouvoir  auffi  leur  ordonner  d^exercer  leur  Office  ou 
par  eux-mêmes ,  ou  par  autrui. 

^  J  Thomas  Cttmpège  Evêque  de  Feltri  prit  un  autre  tour ,  &  dîr  :  *  Que  /  M.  ibid. 
félon  S.  Jérôme  »  rEpifcopat  étoit  de  rinftitution  de  Jefus-Chrift  ;  mais 
que  la  divifîon  des  Evêchés  étoir  d'inftitution  Eccléfiaftique  :  Que  Jcfus* 
Cbrift  avoir  donné  le  foin  de  paître  à  rous  les  Apôrres ,  mais  fans  les  lier  i 
aucun  lieu ,  comme  on  le  voyoirpar  la  conduire  des  Ap&rres  &  celle  dd 
leurs  Difciples  s  &  que  Taffignation  d'une  parrie  du  Troupeau  i  un  Evêque, 
&  d  une  autre  partie  à  un  aurre ,  n*étoir  que  d^inftiturion  Eccléfiaftique , 
afin  que  le  rroupeau  fiit  mieux  gouverné.       ♦■ 

Tout  cela  fut  traité  avec  auez  de  chaleur  par  les  Evêques.  Ceux  d'Eil 
pagne ,  qui  étoient  convenus  fecrerremenr  entre  eux  d'agrandir ,  s'ils  pûu- 
Voienr ,  l'autorité  Epifcopale ,  non-feulement  àdhéroient  aux  Théologien^ 
qui  étoient  pour  le  Droit  divin  ^  mais  ils  les  foutenoient  &  les  animoient 
encore  à  la  aéfeniè  de  leur  fentimenr  ;  parce  que  fî  l'on  eût  une  fois  décidé 
que  c'étoit  de  Jefus-Chrift  qu'ils  renoient  la  commiffion  de  gouverner 
leurs  Eglifes ,  c^:ût  été  décider  en  même  rems  qu'il  leur  avoir  donné  l'au^ 
torité  néceflàire  pour  cela  >  6c  que  le  Pape  ne  pouvoit  la  reftreindre.  Com- 
me les  partifans  de  la  Cour  de  Rome  preffentoienr  ce  deflein ,  &  en  con* 
noiflbienr  les  conféquences ,  ils  encourageoient  autant  qu'ils  pouvoient  le^ 
Théologiens  contraires  au  Droit  divin.  Mais  les  Légats  crurent  mieux  évitef 
le  péril  en  ^ignaur  de  ne  s*en  pas  appercevoir  *,  &  dans  certe  vue  ils  dirent  : 
Que  la  matière  étoit  difficile ,  Se  avoit  befoin  d'un  plus  long  examen  :  Que 
d'ailleurs ,  dans  les  chofes  conreftées  entre  les  Catholiques ,  il  ne  conrenoit 
pas  de  décider  au  pr^udice  de  l'une  des  Parties ,  de  peur  de  faire  naître 
an  Schifme,oud^exciter  desdtfpiites  qui  les  empêchalfènt  d*agîr  de  con- 
cert contre  les  Luthériens:  Que  ^  par  conféquenr,  il  valoir  mieux re-  «PalfajJL 
mettre  i  une  aurrc  Scffion  à  examiner  de  quel  Droit  étoit  la  Réfidencc.  ••  c.  •, 


EîiQ  mieux  mérité  toute  rattenrion  &  la 
cenTure  du  Condte  ,  que  lâ  (yf&part  des 
opinions  qui  y  (brenc  condamnées. 

93.  TàontéU  Campigi  S^êfte  de  Feteri  y 
jritun  autre  ttmr^  &  dit  i  Qœ  fiUn  S* 
Juvme  pStCm]  Ce  que  dit  ici  l'EyèqiH  d« 
Feltri  ,  que  Ja  divifion  du  Evichés  eft  din^ 
fituMn  ÊccUfiafliaae  ,  eft  tiis- vraie»  mais 
il  en  tire  une  ciès-ua(&  confcqnence.  Car 
quoique  l'ai^nation  d'un  tel  Bvêqae  i  Qnif 


teIR  Pgfife  ne  foit  que  dlnlBtacion  Ëcdé- 
fi.iftique }  cependant ,  comnie  le  (oin  ea 
général  qa'tm  Pafbat  doit  i  Ton  Y roapeâtt 
efl  de  Droit  divin  Se  nttttfel ,  FâpplicatiDh 
e|ae  &it  l'Eglife  d*an  tel  Evèque  à  an  tel 
Troapeaa  faicqi/il  devient  redevable  à  caxnt 
panie  du  Troupeau  de  fes  foins  <  en  OHiré*» 
qner.ce  du  devoir  général  qui  oblige  tout 
les  Pafteors  de  veilki  par  eûx*ïptmits  Oaa, 
ièWbfeb^. 


.3«4         HISTOIRE    DU    CONCILE 

upxvfh  D'autres  écoicnc  d  avis  qu  il  fufliroit  de  renouveller  fur  ce  point  les  Ca-^ 
PaOi  IIL  nous  &  les  anciennes  Decrécales ,  qui  croient  aflez  fcvères  puifqu  elles 
■■"■■■■■■^  portoienc  la  peine  de  dcpofîtion ,  6c  aflez  raifonnables  puifqu'elles  admet- 
toienc  des  excufes  légitimes-,  qu'il  ne  reftoit  qu'à  trouver  un  moyen  d'em-- 
pêcher  lesDifpenfes>&  que  cela  feroit  fuffifant.  Quelques-uns  croyoient 
qu'il  étoit  néceifairé  d'ordonner  de  nouvelles  peines ,  &  de  travailler  à  le- 
ver les  empl'chemens  de  la  Réfidence  *>  que  c  etoit-là  le  point  le  plus  impor^ 
tant ,  puiique  les  empèchemens  étant  levés  »  on  réCcleroit  enfuite  >  qu'il 
impbrtoit  peu  d'où  vînt  l'obligation  i  pourvu  qu'elle  fût  pratiquée  >  6c 
que  quand  cela  feroit  fait ,  on  pourroit  mieux  difcuter  cette  matière.  La 
plupart  des  Pères  furent  d'avis  qu'on  fît  l'un  &  l'autre  >  &  les  Légats  y 
confentirent ,  à  condition  qu'on  ne  parlât  point  des  Difpenfes  >  mais  que 
pour  faire  qu'on  n'en  demandât  pomt»  il  falloit  prévenir  les  empècne* 
mens  qui  naiflbient  des  Exemtions.  Sur  cela  il  s'éleva  une  autre  grande 
conteftation  entre  ceux  qui  regardoient  comme  autant  d'abus  toutes 
les  Exemtions ,  &  ceux  qui  kfs  croyoient  néceflaires  ôc  n'en  condamnoie  ne 
que  l'excès. 

S.  Jirômt  enfeigne  que  dans  les  premiers  tems  du  Chriftianifme  le^ 
Eglifes  ,  comme  dans  un  Gouvernement  Âriftocratique  ,  étoient  gouver- 
nées par  le  commun  Confeil  du  Presbytère  ;  mais  que  pour  obvier  aux  di*« 
vifionsqui  s'y  formoient,  onintroduifit  le  Gouvernement  Monarchique  « 
en  donnant  toute  la  Surintendance  à  l'Evèque  >  à  qui  tous  les  Ordres  de  TEi* 
glife  obéiflbient ,  fans  qu'il  vînt  en  penfée  a  perfonne  de  fe  fouftraire  de  fôn 
autorité.  Les  Evèques  voidns ,  dont  les  Egliies  étoient  plus  liées  enfembtc 
parce  qu'elles  étoient  dans  la  même  Province  »  fe  gouvernoient  aufli  ea 
commun  par  des  Synodes ,  dont  on  coniideroit  l'Evèque  de  la  Ville  capitale 
comme  Chef ,  pour  lequel ,  afin  de  rendre  lé  Gouvernement  plus  facile  f 
on  avoit  beaucoup  de  déférence.  Puis  pour  étendre  davantage  la  commu-^ 
nion  que  routes  les  Provinces  d'une  même  Préfcârujre  avoient  enfemble» 
l'Evèque  dç  la  Ville  où  réfidoit  le  Préfçt ,  acquit  pat  coutume  une  certaine 
fupériorité  fur  les  autres.  Ces  Préfectures  étoient  Rome  avec  les  Villes 
fuburbUaircs  ;  Alexandrie ,  qui  comprenoit  V Egypte  >  la  lÀbyc ,  &  la  Pea^ 

.  ..  tapole  ;  ôc  Antiocht^  fous  laquelle  étoient  la  Syrie  û  les  autres  Provinces 
^  de  VOrieru.  On  garda  le  même  ordre  dans  les  petites  Préfeâures ,  qui  s'ap-« 
pçUoîent  en  Grec  Eparchies.  Le  premier  Concile  de  Nicée  tenu  fous  Coi^ 
ftimtifi  confirma  par  un  Canon  cctjc  formç  de  Gouvernement ,  que  Tqfag^ 
âyoît  introduite,  Se  qu'on  trouvoît  utilç  ;  Çz  chacun  étoit  alors  fi  éloigné, 
jtm  ^^À.^^À.^  -,'-.«- — -.-  j^  ^^^  ^^j^^     i^-z  1^-  -prééminences  d'hoo^ 

c  que  c'étoit  le. lieu 
paflé  (a  vie  »  &  où  le  Chriftianifme  avoit  pris  naif« 
iknce»  le  Concile  de  Nicée  ordonna  que  ces  prérogatives  d'honneur  IxÀ  fe«» 
roienc  confervées ,  mais  fans  que  l'Evèque  de  Céfaréé  perdît  tien  de  la 
fiipérîorité  qu'il  avoit  comme  Métropolitain.  La  fondation  &  l'établiAç-» 
itiçnt  de  plufieurs  Monaftérçs  c^çtjr^  Se  ppmbrçux  fit  ^Itérer  iians  ITslift* 

tatino 


DE    TRENTE,  Livre    II.  j8y 

Latine  cette  forme  de  Gouvernement ,  quia  toujours fubfifté  dans  TEglife    wDXLvt. 
Orientale.  Il  s  éleva  des  conteftations  entre  les  Eveques&cles  Abbés,  gens  P^^lIII. 
accrédités  &  puiilans ,  dont  les  vertus  éclatantes  iaifoient  ombrage  aux 
Evêques  -,  ^+  Se  ces  Abbés,  foit  pour  fe  délivrer  des  incommodités  teintes 
ou  réelles  que  leur  caufoient  les  Evêques ,  foit  pour  couvrir  Tambition  qui 
leur  faifoit  fouhaiter  de  fe  fouft r aire  d  une  foumifliion  légitime,  obrinrenc 
des  Papes  d'être  reçus  fous  la  proteâion  de  faint  Pierre ,  ôc  de  ne  dé^-endre 
immédiatement  que  du  Saint  Siège.  Cela  tournant  au  profit  de  la  Cour 
de  Rome ,  puifque  celui  qui  obtient  des  privilèges  eft  obligé  de  foutenir 
rautorité  de  celui  qui  les  accorde,  tous  les  Monaltères  fe  trouvèrent  bieniôc 
exemts.  Les  Chapitres  des  Eglifes  Cathédrales,  qui  pour  la  plupart  étoienc 
alors  Réguliers ,  obtinrent  de  pareilles  Exemtions  fous  les  mêmes  prétextes. 
Enfin  les  Congiégations  de  Clugny  &  de  Cîteaux  fe  rendirent  entièrement 
exemtes  ,  ce  qui  îervit  beaucoup  a  agrandir  l'autorité  des  Papes ,  qui  par- 
la fe  faifoient  par-tout  des  Sujets  intérelTés  à  devenir  leurs  défenfeurs,  i  _ 
caufe  de  la  proteâlon  qu'ils  recevoient  eux  mêmes  du  Saint  Siège.  S.  Ber-* 
nard  y  qui  vivoit  de  ces  tems-là  dans  la  Congrégation  de  Citeaux ,  ne 
goû'a  pas  cette  innovation.  Il  remontra  au  contraire  au  Pape  Eugène  Illi 
Que  ces  Exemtions  étoient  autant  d'abus  ,  &  qu'on  ne  devoit  pas  approu« 
ver  qu'un  Abbé  refufôt  d'obéir  à  fon  Evêque ,  ni  un  Evêque  à  fon  Métro- 
politain >  Que  1  Eglife  Militante  devoit  prendre  pour  modèle  la  Triom- 
phante ,  ou  jamais  un  Ange  n'a  dit  qu'il  ne  vouloit  point  être  fournis  à  un 
Archange.  Mais  que  n'eût  il  point  pu  ajouter  d  ces  plaintes,  s'il  eût  vécu 
dans  les  fiècles  fuivans  ?  En  effet ,  les  Ordres  Mendians  ne  fe  renfermèrent 
pas  encore  dans  ces  bornes  \  &c  non  contens  d'obtenir  une  Exemtion  totale 

94.  Et  cts  Abhés  ,  foît  pour  fe  délivrer  tenir  la  Difcipline,  fervit  bientôt  à  la  ruiner, 
des  incommodités  feintes  ou  réélus  que  leur  Les  Monaflères  exemts  de  rinfpe^ion  des 
caufoient  les  Evêques  ,  foit  pour  couvrir  Evêques  profitèrent  de  cette  liberté  pour 
l'ambition  ,  &c.  ]  Ils  eurent  d'abord  des  s'abandonner  à  la  licence ,  6c  ce  qui  avoic 
motifs  plus  juftes,  ou  du  moins  plus  fi^écieux.  été  introduit  pour  favorifer  la  piété ,  ne  fer- 
Car  ils  ne  (ollicicoient  ces  Exemtions ,  ou  vie  plus  qu'à  fortifier  l'ambition  &  Tindé- 
que  pour  rendre  plus  tranquilles  leurs  re-  pendance.  C'eft  de  quoi  fe  plaignirent  fou- 
traites  qu'ils  préiendoient  être  troublées  par  vent  les  Evêques.  Mais  la  Cour  de  Rome , 
les  fréquentes  vifices  des  Evêques  ,  qui  à  qui  ces  Monaflcres  par  leur  fbudraélion 
étoient  fouvenc  accompagnés  d'un  grand  de  l'autorité  Epifcopale  étoient  devenus  im« 
concours  ,  ou  que  pour  mieux  maintenir  médiatement  fujets  ,  étoit  bien  aife  de  fe 
au- dedans  la  Difcipline  clauflrale  dont  les  conferver  l'autorité  immédiate  que  ces 
Evoques  étoient  peu  inftruîts.  Cette  Exem-  Exemtions  lui  avoienr  acquife.  Plusieurs  Pré- 
tion  dans  les  premiers  tems  étoit  d'autant  lats  firent  dans  le  Concile  de  grands  efforts 
'  moins  abufive ,  que  comme  les  Moines  dans  pour  rétablir  les  chofes  dans  leur  premier 
leur  origine  n'étoient  pour  la  plupart  que  état  (  mais  ils  trouvèrent  tant  d'oppofition 
des  Laïques ,  il  y  avoit  peu  d'inconvénitrnt  de  la  pan  de  Rome  &  de  fes  partifans ,  qu'ils 
à  les  fouftraire  à  l'autorité  des  Evêques.  Mais  forent  obligés  de  fe  contenter  du  peu  qu'on 
il  y  a  peu  d'inftiturion  fi  léj^irime  y  qui  voulut  leur  rendre ,  &  qui  étoit  infiniment 
ne  dégénère  bientôt  en  abus.  Ce  qui  n'avoie  au-de(ïbus  de  ce  qu'ils  prétendoient ,  &  de 
J'abord  été  accordé  que  pour  mieux  main-  ce  qui  leur  étoit  dû. 

ToMtl.  Ccc 


586  HISTOIRE    DU    CONCILE 

vDTtvi.  de  la  JurifdidHon  des  Evêques  par- tout  généralement  où  ils  (croient ,  ils  fe 
l'AUL.  III.  hrcnt  donner  auflî  le  pouvoir  de  bâtir  des  Eglifes  par- tout ,  &  même  d'y 
adminiftrer  les Sacremens.  En  un  mot ,  labus  étoit  monté  à  un  (f  grand 
excès  dans  ces  derniers  tems,  que  chaque  Prctre  particulier  obtenoit  à  peu 
de  fraix ,  non-feulement  d  être  exenit  de  la  foumiflion  qu'il  devoit  à  fon 
Evêque  fur  le  fait  de  la  correâion ,  mais  aufli  d'avoir  la  liberté  de  fe  faire 
ordonner  par  qui  il  lui  plaifoit ,  &  de  ne  tenir  aucun  compte  de  fon  propre 
Evêque. 

Tel  étoit  l'état  des  chofes  »  &  les  Evcques  demandoîfent  qu'on  y  remé- 
diât. Quelques-uns  des  plus  animés  répétèrent  tout  ce  que  Ton  avoit  dit 
dans  les  Congrégations  de  la  Seflion  précédente ,  contre  les  Exemtions  des 
Réguliers.  Mais  les  plus  prudens  jugeant  que  c'étoit  tenter  rimpoflîble  > 
que  de  vouloir  faire  révoquer  ces  Exemtions ,  vu  la  grandeur  &  la  puif- 
iance  de  ces  Ordres  ,  &  le  crédit  qu'ils  a  voient  à  la  Cour  de  Rome ,  fe 
«PalIav.Li^^dui^^cnt  à  demander  qu'on  révoquât  au  moins  toutes  celles  des  Chapitres 
s.  c  i8.      &  des  perfonnes  particulières.  Les  Légats  '^  néanmoins  leur  ayant  reprefenté 
d'une  manière  particulière  qu'il  n'étoit  pas  poffible  de  régler  tout  ce  qu'il  y 
avoit  à  réformer  fur  ce  point  pour  la  Seflîon  prochaine ,  &  qu'en  commen- 
çant dans  celle-ci  il  feroit  à  propos  de  remettre  le  refte  à  quelqu'une  des^ 
Se/Iions  fuivantes,  ils  firent  conlentir  les  Evèques  à  fe  contenter  pour 
cette  fois  d'ôtcr  aux  Prêtres  particuliers ,  aux  Religieux  vivans  hors  de 
leurs  Cloîtres  >  &  aux  Chapitres ,  leurs  Exemtions  en  matières  criminelles  > 
comme  celles  d'où  naiflbient  les  plus  grands  défordres  ;  de  de  révoquer  le 
pouvoir  de  donner  les  Ordres  a  ceux  qui  ne  réfideroient  pas  dans  leurs 
propres  Diocèfes  •,  avec  promeffe,  que  dans  la  Seflîon  fuivante  on  pourvoi- 
roit  aux  autres  abus. 
Le  Pâte       LXXXn.  Pendant  que  cela  fe  paffbit  à  Trente,  le  Pape  «  ayant  été 
mécontent    averti  par  le  Cardinal  Farnifc  de  la  fituation  des  chofes  en  Allemagne  , 
de  rEmte^   ^^  &  jugeant  qu'il  n'étoit  pas  de  fa  réputation  qu'un  Légat  du  Saint  Siège 
teur  ^  TMf-  reftât  à  Ratisbonne ,  pendant  que  fon  Armée  tenoit  la  campagne  ,  le  rap- 
V^^^j^  ,     pcUa.  Il  revint  donc ,  fuivi  d'un  bon  nombre  de  Gentilshommes  Italiens 

TAdr\         ^^'  ^^  jugeant  qu'il  nétott  pas  de  fa  troupes  étant  prêt  d*expirer ,  Farnèfe  ^  qui 

«  6c  '   réputation  qu'un  Légat  du  Saint  Siège  refiât  favoit  les  intentions  du  Pape  ,  ne  voulut  pas 

^  *  *^       "     à  Ratisbonne  y  pendant  que  fon  Armée  te-  demeurer ,  pour  prévenir  les  inflances  que 

Thuan.  L.  ^^^^  ^^  campagne ,  le  rappella.  ]  C'avoit  été  lui  pourroit  faire  TEnripereur  de  lui  lainèr 

a.  N*^  17.     ^^^  ^^^  inftanccs  même  du  Légat,  qui  avoit  avoir  encore  les  mêmes  troupes  pour  le  fer- 

Slcid.L.  1 8.  «lemandc  Ton  rappel  î  foir  que  réellement ,  vice  de  la  Campagne  prochaine.  Quel  que 

p.  505.         comme  le  dit  Adriani ,  il  ne  fut  pas  content  ce  fût  de  ces  différens  motifs ,  il  eft  certain 

Ficury ,  L    qu  on  lui  eut  refufé  de  paroître  comme  Lé-  toujours  que  le  Pape  permit  au  Légat  de  re- 

i4i.N°io.  gat  dans  l'Armée  ,  de  peur  qu'on  ne  prît  venir,  &  que  fon  retour  fut  bientôt  fuivi 

cette  guerre  pour  une  guerre  de  Religion  5  de  celui  des  troupes  Italiennes,  dont  Je  rap- 

foit  que  les  approches  de  l'Hiver  lui  fiifcnt  pcl  choqua  l'Empereur ,  qui  s'en  vojoit  aban- 

craindxe  poux  fa  fanté,  faute  d'être  accou-  donné  dans  le  tems  qu'elles  lui  étoient  le 

tumé  au  climat  d'Allemagne  3  foit  enfin  que  plus  néceilaixes.. 
le  terme  poux  lequel  le  Papeayoit  prêté  fes 


DE    TRENTE,  Livre    IL  387 

de  rArméc  du  Pape.  A  la  mi-Odobre  les  deux  Armées  fc  rencontrèrent  à   mdxlvi. 
Santhen ,  n  étant  féparces  que  par  une  petite  rivière.  Oclavc  Farnift  avec  ^^^^  "*• 
les  troupes  Italiennes  &  un  détachement  d'Allemands  prit  Donawert  à  la    . 
vue  de  TArmée  ennemie,  qui  n'ayant  rien  fait  en  Suabe  que  de  ^^^^^ remporta 
l'Empereur  en  haleine,  fut  forcée  d'abandonner  ce  pais  au  mois  de  l^-purcePrm- 
vembre  par  la  diverdon  que  firent  les  Bohémiens  &  quelques  autres  troupes  ce  Jur  les 
Impériales  contre  la  Saxe  Se  la  Heflc ,  domaines  des  deux  Chefs  Proteftans ,  P^ouftMns. 
qui  obligés  de  pourvoir  à  la  défenfe  de  leurs  propres  Etats ,  laifTerent  la 
Hauce- Allemagne  à  la  difcrétion  de  l'Empereur.  Ce  fuccès  engagea  bientôt 
quelques  Princes  &  plufieurs  des  Villes  liguées  à  fe  foumettre  à  Char/es  ,  à 
condition  qu'on  leur  donnât  une  jufte  fureté  de  pouvoir  retenir  leur  Reli- 
gion.  Mais  P  ce  Prince  ne  voulut  jamais  fouffiir  qu'on  en  fit  mention  par 
écrit ,  de  peur  de  paroître  avoir  entrepris  la  guerre  pour  caufe  de  Religion  ,  f  Slcld.  L. 
ce  qui  eût  oflfenfc  ceux  des  Proteftans  qui  tenoient  fon  parti,  rendu  les  ^^-P*  3**- 
autres  plus  difficiles  à  fe  foumettre  ,  &  donné  de  l'ombrage  aux  Eccléfiaf- 
tiques  d'Allemagne ,  qui  efperoient  voir  rétablir  partoutla  Religion  Ro- 
maine. Cependant  les  Miniftres  de  l'Empereur  ,  après   avoir  excufé  leur 
Maître  de  ce  qu'il  ne  pouvoir  pas  pour  bien  àcs  raifons  leur  accorder  cette 

fïromcflc  par  ecrir ,  donnèrent  parole  à  tous  qu'ils  ne  feroient  point  mo- 
eftés  dans  l'exercice  de  leur  Religion-, en  effet  il  fe  gouvernoit  de  manière  , 
^u'on  vit  clairement  que  fon  derfcm  étoic  d'ufer  de  connivence.  Au  moyen 
e  ces  conquêtes ,  l'Empereur  fc  rendit  maître  d'une  nombreufe  artillerie , 
&  tira  pluneurs  millions  à  titre  d'amendes  *,  & ,  ce  qui  étoit  encore  bien 
plus  important ,  il  refta  maître  abfolu  de  toute  la  Haute- Allemagne. 
^^  Le  Pape  témoin  de  ces  fuccès  en  conçut  beaucoup  de  jaloufies  ^  8c 

rappelle  fis 

^€.  Le  Pape  témoin  de  ces  fucch  en  con'  Cornes  ne  feit  pas  difficulté  d'afTurer ,  que  *^^^P^^* 

çut  beaucoup  de  jaloujîe  ,  &c.  ]  Nos  deux  la  Conjuration  de  Gènes  &  les  troubles  de  ^     ^ 

Hiftoriens  (ont  allez  d*accord  fur  ces  faits  ,  Naples  furent  un  effet  des  pratiques  fecret-  ^^^'    '  î' 

cVft-à-dire ,  fur  le  rappel  des  troupes  Ita-  tes  du  Pape  &  du  Roi  de  France ,  qui  étoient  Ç  j    i 

liennes,  fur  le  refus  de  l'aliénation  des  Vaf-  jaloux  des  fuccès  de  TEmpereur  en  Aile-       \' 

felages  des  Eglifes  d'Efpagne  ,  fur  les  plain-  magne ,  &  vouloient  lui  caufer  de  Tembar-  j^ujin^  L. 

tes  de  l'Empereur,  &  fur  les  julHfîcanons  ras.  La  même  chofe  eft  confirmée  par  Af^/  ^^  j^o  j- 

du  Pape  i  mais  ils  ne  conviennent  pas  fur  les  cardi  i  &  il  e(l  évident  par-là ,  que  la  jaloufie 

motifs.  Fra-Paolo  prétend ,  qu*il  y  eut  de  la  dont  Fra-Paolo  accufe  le  Pape  n'eft  pas  de 

jaloude  du  côté  du  Pape.  Pallavicin  le  nie ,  fon  invention.   Cornes  ajoute  même  que  ce 

&  ne  lailfe  pas  de  convenir  de  fes  mécon  •  fut  la  véritable  raifon  de  la  trandation  du 

centemens  &  de  la  nouvelle  Alliance  quil  Concile  à  Boulogne.  Nam  felices  ,  diz-W  ^ 

projettoit  avec  la  France.  Pallav.  L.  9.  c.  5.  rerum  Cafarianarumeventus  in  Gcrmania 

C'eft  beaucoup  avouer  ,  &  du  mécontente-  non  mediocriter  animum  utriufque  Princi^ 

ment  à  la  jaloufîe  il  n  y  a  pas  beaucoup  de  pis  torquebant  —  Retrahendum  igitur  a  tam 

diftance.  Ce  que  Ton  peut  dire  de  plus  jufte ,  fdicibus  fuccejjibus  exijiimabant  per  teruot 

ceft  que  Fra-Paolo  a  jugé  en  Politique ,  &  Italicamm  motus.    Si  variis  in  locis  uno 

que  Pallavicin  a  parlé  en  Panégyrifte.  Il  eft  tcmpore  res  fluduarent  ,  id  facile  fe  confe* 

certain  au  moins  ,  que  plufieurs  Hiftoriens  cuturos  fperabant,  Namcum  Cafar  fummo 

ont  penfé  comme  Fra-Paolo  ;  &  Natalis  Jludlo  curaffet  ut  Synodus  Antijlitum  Tri-- 

CCC    2, 


l 


388  HISTOIRE    DU     CONCILE 


MDXLTi.  crut 
Paul  III.  ^^^^^ 


qu'il  devoir  penfcr  d  fes  propres  intércrs  ,  avant  que  l'Allemagne  fut 

a  fait  fubjuguée.  Les  troupes  que  commandoit  ion  petit-fils  Octave 

-,p  écoient  beaucoup  diminuées  ,  tant  par  le  départ  de  ceux  qui  avoient  fuivi 

s*inpl^nu  ^  Rome  le  Cardinal  Farnift ,  que  par  la  défercion  qu'avoir  produite  lafa- 

P^tlfijêtf-^ig^^  de  la  Campagne.  Au  n>ois  de  Décembre  ,  lorfque  l'Armée  Impériale 

tfiê.  fe  fut  raflcmblécà  Santhen  ,  03ave  eut  ordre  du  Pape  derama^.erlc  reftc 

en  Italie  >  &  de  dire  à  TEmpereur,  que  le  terme  des  fix  mois  étant  expiré  > 

&  qu'étant  quitte  de  fes  engagemens  par  la  foumiflion  de  l'Allemagne  qui 

avoir  été  l'objet  de  la  Ligue ,  il  ne  pouvoit  plus  foutenir  une  fi  grande  dé- 

r  Pallav.  L  pcnfc.  L'empereur  '  ne  manqua  pas  de  fe  plaindre  fortement ,  que  le  Pape' 

9'  c  3.       rabandonnoit  au  plus  grand  befom ,  &  à  la  veille  d'un  bon  fuccès  ;  que  rien 

n'étoit  encore  fait ,  puifqu'on  n'avoit  pas  opprimé  les  Chefs  :  qu'on  ne 

fouvoit  pas  dire  qu'ils  fuflent  vaincus  ,  pour  s'être  retirés  afin  de  pourvoir 
la  défenfe  de  leurs  Etats  >  &  qu'après  qu'ils  y  auroienr  pourvu  ,  il  étoit  i 
craindre  qu'ils  ne  revinfient  avec  de  plus  grandes  forces  Se  plus  d'ordre 
qu'auparavant.  Le  Pape  ,  pour  juftifier  le  rappel  de  ks  troupes  Se  le  refus 
qu'il  taîfoit  de  continuer  la  Ligue ,  répondit  :  Qu'on  ne  lui  avoit  rien  com- 
muniqué des  Traités  faits  avec  les  Villes  ôc  les  Princes ,  quoiqu'on  ne  dût 
pas  traiter  fans  lui  ;  que  l'Empereur  avoit  accordé  fur-tout  bien  des  chofes 
au  préjudice  de  la  Foi  Catholique ,  &  toléré  l'Hércfie  qu'on  pouvoir  exter- 
miner 'y  que ,  contre  un  article  des  Conventions  ,  il  n'avoit  partagé  avec  lui 
ni  les  avantages  de  la  guerre  ,  ni  l'argent  qu'il  avoit  tiré  des  Villes  ;  Se  que 
l'Empereur  Ê  plaignoit  de  lui  >  quoique  ce  fut  ce  Prince  qui  l'eût  offenfc 
Se  méprifé,  au  préjudice  même  delà  Religion.  Non  content  de  ces  re- 
proches ,  Paul  refufa  de  continuer  à  l'Empereur  le  pouvoir  de  faire  payer 
aux  Eglifes  d'Efpagne  au-delà  des  fix  mois  les  fommes  qu'il  lui  avoit  permis 
de  lever.  Et  quelques  inftances  que  lui  fiflent  les  Miniftres  de  l'Empereur  , 

Four  lui  repréfenter  que  la  conceflion  devoir  durer  autant  que  lacaufe  qui 
avoit  fait  accorder  ,  &  que  tout  ce  qu'on  avoit  fai:  deviendroit  inutile  fi 
l'on  ne  continuoit  la  guerre  jufqu'à  la  réduction  des  Proteftans  >  on  ne  pue 
jamais  le  faire  changer  dercfolurion. 

Aux  plaintes  que  l'Empereur  fit  du  Pa:  e  en  cette  rencontre ,  il  s'enjoi- 
gnit bientôt  d'autres  à  l'occafion  de  la  Conjuration  dangereufe  arrivée  i, 
Gènes  vers  ce  tems-là ,  &  qui  penfa  réuflir.  97  Ce  fut  celle  des  Fiefqucs 

demi  hahcretur  ,  fofieà  Pontifex  cognov'n  de  terre  fur  une  galère  tomba  dans  la  mcT; 

fiiturum  nihil  ut  commodi  ex  eo   Concilio  &  périt  ainfi,  dans  le  tems  qu  il  penfoit  fiiire 

reportaret  ,  fid  potius  fua  authoritas  in  périr  fon  ennemi.   Les  Famèfes  eitrent  fe- 

magno  difcrimine  verfaretur.  Idcircè  Pa-  crettement  parc  à  Tentreprife ,  &  plufiears 

trcs  Antiftites  ac  purpuratos  Tridento  Bo-  Hiftoriens  nous  affûtent ,  quon  nedouroic 

noniam  acciri  jubet ,  quod  Cafarem  gravi-  point  alors  en  Italie,  que  Rome  ne  leôc 

ter  laturum  fciebat ,  eu  jus  inftin&u  &  fuafu  appuyée.  Hujus  tumultus  authores  Fame^ 

illud  fuerat  induêîum.  fios  -   Cafar  fufpicatus  eft ,  dit  Beaucaire  ; 

^^-j.   Ce  fut  celle  des  Fiefques  contre  Us  Se  Ton  voit  le  môme  foupçon  dans  Natalu 

Doria  ,  &c.  ]  Elle  ne  réuflît  point ,  par  la  Cornes ,  &  dans  M.  de  Thou  &  SUidan. 
mon  de  Jcan^Louis  de  Fiefque ,  qui  pailànt 


DE    T  R  EINÏ  T  E,  Livre    II.  3Î9 

contre  les  /Joritf  ,  qui  tcnoient  le  parti  de  l'Empereur.  »  Ce  Prince,  qui 
regarda  comme  certain  que  le  Duc  de  Plaifance  fils  du  Pape  en  étoit  l  au- 
teur ,  ne  put  s'empêcher  de  croire  que  cela  venoit  du  Pape  lui- même ,  & 
ajoura  ce  mécontenremcnt  aux  autres.  De  fon  côte  le  Pape  étoit  pcrfuadc 

3ue  TEmpercur  feroit  longtems  occupé  en  Allemagne ,  &  dans  rihipuiflTance 
e  tourner  contre  lui  fes  forces  temporelles  •>  ^^  mais  il  craignoit  qu'il  ne 
lui  fufcitât  de  l'embarras  en  envoyant  les  Proteftans  au  Concile.  Cependant 
rompre  cette  Aflcmblée ,  fur-tout  après  avoir  employé  fept  mois  a  traiter 
d  une  matière  fur  laquelle  on  n'avoir  encore  rien  publié ,  la  chofe  lui  pa- 
roiflbit  trop  violente  &  trop  fcandaleufe.'^Ilfe  réfolut  donc  de  faire  publier 
ce  qui  avoir  déjà  été  arrête ,  dans  la  penfée ,  ou  qu'après  cela  les  Proteftans 
refuferoient  de  venir  au  Concile  -,  ou  que  s'ils  y  venoient ,  ils  feroient  con- 
traints de  fe  foumettre  à  ce  qui  avoir  été  décidé  ;  &  que  comme  le  point  de 
la  Judification  étoit  le  fondement  de  toutes  les  controverfes  ,  il  s'affureroit 
par- là  de  la  vidboire  :  ^  Que  d'ailleurs  ,  quand  il  n  auroit  d'autre  raifon  pour 
prefTcr  la  publication  de  ces  Décrets ,  que  de  favoir  que  l'Empereur  deuroit 
qu'on  s'en  abftint ,  c'étoit  alfez  pour  l'engager  à  les  publier  ,  puifque  la 
différence  de  leurs  vues  demandoit  qu'ils  priflentauffi  des  voyes  différentes. 
Il  fentoit  bien  à  ta  vérité  y  que  l'Empereur  s'offenferoit  extrêmement  de 
cette  réfolution  ;  mais  il  ne  croyoit  pas  que  ce  fut  im  grand  furcroit  à  fes 


MDXLVL 

Paul  III. 


m. 


iBelcar.  L. 

Slci<LL.il. 

P- 315- 
Thuan.  L. 

Adr,  L.  8. 

P-374- 
Nat.  Co». 

ï-  Î'P-  47- 
Flcury,  L. 


t  Pallav.  L 
7.  c  16. 


98.  Mais  il  cr aï  gnou  qu'il  ne  lui  fufci" 
iât  de  rembarras  en  envoyant  les  Proteftans 
au  Concile.  ]  Le  Cardinal  Pallavicin  croie 
avoir  bien  réfuté  ce  foap^on ,  en  difànt  que 
le  Pape  &  fes  Légats  avoient  (bavent  invité 
les  Proteflans  de  fe  rendre  à  Trente.  Mais 
Varias  nous  a  fuâfîfàmment  inflruits  de  la 
crainte  oïl  l'on  étoit  qu'ils  hy  vinlfent  5  & 
la  conduite  que  tinrent  les  Légats,  lor{qu*il 
Êillut  accorder  un  Sauf-condoit  pour  les  y 
feire  venir ,  ou  pour  les  admettre  lorsqu'ils 
arrivèrent  ,  montre  bien  quils  ne  fouhai- 
toient  rien  moins  que  de  les  y  voir ,  &  qu  il 
y  avoit  plus  de  politique  que  de  fîncérité 
dans  leurs  invitations.  Je  vois  maintenant , 
dit  Vargas  Letr.  du  7.  Décembre  i  ;  n  >  où 
tout  ceci  tend ,  6»  je  connoijfois  depuis  long- 
tems ,  combien  les  Miniftres  du  Pape  ont 
déloignement  pour  la  venue  des  Proteftans, 
•"—  Je  fuis  le  plus  trompé  du  monde  ,  fi  le 
Légat  ne  cherche  pas  tous  les  prétextes  ima- 
ginables pour  empêcher  que  cela  ne  ft)it. 

99.  llfe  réfolut  donc  de  faire  publier  ce 
qui  avoit  déjà  été  arrêté ,  &c,  ]  Cette  ré- 
(blution  ne  fe  prit  pas  d'abord.  Le  Pape , 
fur  l'avis  des  Légats  &  par  complaifance  pour 
TEmpereur  ^  qui  s  oppofojc  toujouK  à  la  pu- 


blication du  Décret  (ur  la  Juftification,  avoic 
confenti  à  fufpendre  le  Concile  pour  /bc 
mois ,  &  avoit  promis  d'en  publier  la  Bulle , 
fuppofé  que  Charles  agréât  ce  parti.  Mais 
ce  Prince  ayant  defappronvé  la  voie  de  la' 
fufpenHon  , ,  le  Pape  &  Tes  Légats  jugèrent 
que ,  quelque  mécontentement  qu*en  mon- 
trât l'Empereur ,   ils  dévoient  pafTer  outre 
à  la  publication  du  Décret ,   fans  s'embar- 
xaSer  des  oppoiîtions  des  Impériaux  s  & 
cette  réfolution  fut  approuvée  par  la  plus 
grande  partie  du  Concile  »  &  fur-tout  par 
les  François.  Il  n'eft  donc  pas  vrai ,  comme 
le  dit  Fra-Paolo  ,  que  ce  fut  pour  contre- 
carrer les  vues  de  l'Empereur ,  que  le  Pape 
voulut  qu  on  publiât  le  Décret  de  la  JulU- 
fication  ,  puifqu'il  lui  fît  offrir  de  fufpendre 
le  Concile  fans  le  fiiire  publier.  Mais  n'ajranc 
pu  faire  entrer  ce  Prince  dans  fes  vues ,  & 
croyant  qu'on  ne  pouvoit  pas  amu&r  plus 
longtems  les  Pères  fans  tenir  la  Sefliori  qu  on 
avoit  déjà  prorogée ,  il  fe  détermina  à  l'inf-  ' 
tanee  des  Légats  à  ne  plus  dxffirer,  croyant 
avoir  alfez  fait  pour  TEmpereur,  de  lui  of&ir 
le  parti  de  la  fufpendon ,  &  fe  jugeant  par-là 
quitte  de  toute  autre  compUiiànce.  Pallav. 
L.  8.  c.  x(# 


390        HISTOIRE    DU    CONCILE 

p^'^^^m  "^^contentemens  :  &  c  croit  aflèz  l*uiâgc  de  ce  Pontife  lorfqu'il  fc  crouvoic 
^"'"        en  fufpens  entre  les  raifons  qui  le  portoicnt  à  faire  une  chofe ,  ou  celles 
qui  l'en  difluadoient ,  de  fc  déterminer  à  ce  qui  lui  paroillbit  le  plus  né- 
cellaire  ,   en  difant  le  proverbe  Florentin ,  Cofa  fatta  capo  ha. 
lloriônntk      11  écrivit  donc  les  Fctes  de  Noël  aux  Légats  ,  de  faire  tenir  la  Scffion 
fes  Légats   pour  y  publier  les  Décrets  qui  avoient  déjà  éré  arrêtés.  En  conféquence  de 
^  Jf^  ^  cet  ordre  ^  ils  tinrent  »°®  une  Congrégation  le  j  de  Janvier ,  dans  laquelle  » 
Tvf     de  l'avis  unanime  de  tous  les  Pères,  qui  s'ennuyoienc  d'avoir  été  fi  long- 
tems  fans  rien  déterminer,  on  affigna  la  Sellion  au  ij  de  ce  mois.  A  la 
V  Id.  L  8.  ptopofition  que  firent  les  Légats  d'y  publier  les  Décrets  qui  avoient  été 
c.  i^.&  17.  formés,  les  Prélats  Impériaux  formèrent  une  opjpofition  en  difant,'  qu'il 
X  Pallav.    fufKfoit  de  publier  ceux  qui  regardoient  la  Reformation ,  &  que  le  tems 
L.8.  c.  i^'netoit  pas  encore  propre  pour  publier  ceux  qui  appartenoient  à  la  Foi. 
^^'         Mais  ceux  qui  étoient  attachés  a  Rome  dirent  au  contraire  ,  que  tout  le 
monde  fâchant  qu'on  avoit  agité  pendant  fept  mois  la  matière  de  la  Grâce 
&  de  la  Juftification ,  &  que  le  Decrer  en  avoir  été  arrêté ,  la  Foi  recevroic 
quelque  préjudice  ,  (i  l'on  voyoit  que  le  Concile  appréhendoit  de  publier 
les  vérités  qui  avoient  été  décidées  \  &  cet  avis  appuyé  de  lautorité  des  Lé- 
gats palfa  à  la  pluralité  des  voix.  On  employa  cnfuitc  les  deux  Congre* 
gâtions  fuivantes  à  relire  les  Décrets  tant  oe  la  Foi  que  de  la  Reformations 
qui  après  quelques  légères  correâions  ,  faites  fur  les  avis  de  ceux  qui 
n'avaient  point  affifté  aux  auues  Congrégations ,  furent  approuvés  de  roue 
le  monde. 
VI.  Sêffim.      LXXXIIL  Le  Jeudi  y  i  j  de  Janvier ,  les  Léeats  accompagnés  des  Prélats 
Décrets  fur  s'étant  rendus  à  l'Eglife  avec  les  cérémonies  ordinaires  ,  on  tinr  la  Seflion» 
la  'Jttftificoh  où  la  Meflè  fut  célébrée  par  André  Cornaro  Archevêque  de  Spalatro ,  &  le 
/jtf»,  UU'  Sermon  prêché  par  Thomas  StcllaE\i:c^t  de  Salpi  5  après  quoi  on  lut  les 
Grâce  é'  U  ^^^^rets  de  la  Foi  &  de  la  Réformation. 

Trédeftina-       Celui  de  la  Foi ,  outre  le  préambule  dans  lequel  il  étoit  défendu  de 
tion.  croire ,  de  prêcher  ,  ou  d'enfeigner  autrement  qu'il  n'étoit  ordonné  par  Ip 

jflà.L.9.  Décret,  contenoit  xvi  Chapitres  &  xxxiii  Canons. 
?•  '^'  .  Dans  les  Chapitres  on  enfeienoit  en  fubftance  :  '  i.  Que  ni  les  Gentils 
an7iî47.  P^*"  les  forces  de  la  Nature ,  ni  les  Juifs  par  la  lettre  de  la  Loi  de  Moyfe., 
N*'  6,  n'avoicnt  pu  fe  délivrer  de  l'éfclavagc  du  péché.  1.  Que  pour  cela  Dieu 
Spond.  avoir  envoyé  fon  Fils  pour  racheter  les  uns&  les  autres.  3.  Que  quoique 
^**  '•  Jeftts-Chrift  fut  mort  pour  rous ,  il  n'y  avoit  néanmoins  que  ceux  à  qui  étoît 
I  iÎ^'ts'  communiqué  le  mérite  de  fa  mort ,  qui  jouiffcnt  du  bienfait  qui  en  revient. 
* Conc.  4-  Q"^  la  Juftification  de  l'impie  n'eft  autre  chofe  que  la  tranflation  de  Ic- 
Trid.  Scif. 

é.  •  '       '     '.  ■ 

:• .  loo.  Ils  tinrent  une  Congrégation  le  $  de    N**  13  f.  &  Pallavicîn  L.  8.  c.  17.  Mais 

•  Janvier  ,  dans  laquelle — on  ajjigna  la  Sef-  .  cela  ne  ibt  pas  rcfolu  d*un  confentemenc  tina- 
:Jion  au  1%  de  ce  mois,  ]  Ce  fut  dans  celle  du     nime  ,  comme  le  dit  Fra-Paolo  ,  poirqull 

♦  2.9  de  Décembre  que  fe  prie  cette  réfblu-    y  eut  environ  16  oppolâns. 
tion  ,  félon  les  Ades  ciics  par  Rainaldus 


E     T  REN  T  E,  Lt  VR  E   IL  .         551 

tat  de  fils  d'Adam  à  celui  du  fib  adoptif  de  Dieu  par  Jefus-Chrift  ;  *  &  que  ^^^l'^u 
depuis  la  publication  de  l'Evangile  ,  cette  Juftification  ne  fc  faifoit  point  ^^"^  ^^^ 
fans  le  baptême  ou  fans  le  defir  de  le  recevoir.  5  .Que  le  commencement  de  la  ' 

Juftification  dans  les  adultes  vient  de  la  Grâce  prévenante ,  qui  les  invite  à 
s'y  préparer ,  en  confentanc  librement  ou  en  coopérant  au  mouvement  qu  elle 
excite  ;  &  que  le  confencement  qu'ils  y  donnent  eft  volontaire  ,  &  qu'ils 
ont  le  pouvoir  dy  réfifter.  6.  Que  le  moyen  *  de  fc  préparer  à  la  Juftifica- 
tion eft  de  croire  d  abord  volontairement  les  révélations  &  les  promedes  de 
Dieu  ;  puis  en  fe  reconnoiftant  pécheurs ,  de  palier  de  la  crainte  de  la  juftice 
divine  a  Tefperance  de  fa  mifericorde  &  du  pardon  de  Dieu ,  qu  on  com- 
mence à  aimer  en  déteftant  le  péché  ;  &  enfin  de  fe  propofer  de  recevoir  le 
baptême ,  de  commencer  une  vie  nouvelle ,  &  d'obferver  les  commandement 
de  Dieu.  7.  Que  cette  préparation  eft  fuiviede  la  Juftification ,  qui  confifte 
non-feulement  dans  la  rémiflion  dés  péchés ,  mais  encore  dans  la  fanâifica- 
tions  )  &  que  cette  Juftification  a  cinq  caufes  ;  la  finale  >  qui  eft  la  gloire  de 
Dieu  &  la  vie  éternelle  ;  ref&ciente,  qui  eft  Dieu  \  la  méritoire  ,  qui  eft 
Jefus-Chrift  *,  i'inftrumentelle  ^  qui  eft  le  Sacrement  \  &  la  formelle ,  qui 
eft  la  juftice  donnée  de  Dieu ,  &  que  chacun  reçoit  ielon  la  diftribution  qu'il 
plaît  au  Saint  Efprit  d'en  faire  ôc  félon  fa  propre  difpofition  ,  recevant 
avec  la  rémiflion  des  péchés  ,  la  Foi>  ITfpérance,  &  la  Charité.  8.  Que 
quand  S.  Paul  dit  que  l'homme  eft  juftifié  par  la  Foi  6c  gratuitement,  on 
doit  l'entendre  en  ce  fens ,  que  la  Foi  eft  le  principe  de  la  Juftification  ,  8c 
que  les  œuvres  qui  précédent  la  Juftification  ne  font  point  méritoires  de  la 

j*  Et  fue  depuis  la  puhUcatiûn  de  l'E-  blement  les  progrès  de  toQs  ces  difSrens  fen- 

vangile  ,  €9tte  Juftification  ne  fe  fait  point  timens  dans  Tame. 

fans  le  baptême,   &c.  ]   Par  rappon  (ans  ).  Que  cette  Juftification  a  cinq  caufes  , 

doute  à  ceux  à  qui  TEvangile  a  été  annoncé.  &c.  ]  Cette  diftinâion  de  caufes ,  quelque 

Car  les  autres  doivent  ècre  cenfés  dans  le  fondée  qu'elle  puifle  être  d'ailleurs ,  a  peut- 

même  cas  où  étoient  les  hommes  avant  la  être  quelque  cho(ê  de  trop  fcolaftique  pour 

propagation  de  l*£vangile,  &  qui  fe  fauvoient  entrer  dans  la  définition  d*un  Concile.  C*eft 

ou  par  la  pratique  de  la  Loi  naturelle ,  ou  un  de  ces  Décrets ,  que  Fra-Paolo  a  eu  rai- 

par  celle  de  la  Loi  de  Moyfe.  En  matière  de  fbn  de  dire  que  nous  n'aurions  point  fans  la 

Loi  pofitive ,  comme  elle  peut  être  ignorée  Philofophie  à'Ariftote,  Ces  fortes  d'arrange- 

invinciblement ,  elle  ne  peut  obliger  qu'au-  mens  pUilofophiques  devroient  être  renfier- 

tant  qu  elle  eft  promulguée ,  puifque  l'ufage  mes  dans  les  Ecoles ,  &  ne  pas  être  propo^ 

de  la  raifon  ne  peut  point  nous  faire  parve-  fês  aux  Fidèles  comme  des  objets  de  leur 

nir  à  cette  fene  de  connoidànce.  Foi.  Faut- il  pour  être  Catholique  favoir  que 

1.  Que  le  moyen  de  fe  préparer  à  la  la  Juftification  a  cinq  caufes ,  &  favoir  ce 
jiiftification  eft  de  croire  d* abord  volontai-  que  c'eft  qu'une  caufe  efficiente ,  formelle , 
rement  les  révélations  ,  &c.  ]  C'eft-à-dire ,  inftrumentelle ,  &  quelle  eft  leur  différen- 
que  tel  eft  le  coun  ordinaire  des  chofes.  ce  ?  Ces  fones  de  précifions  font  fi  arbitrai- 
Mais  ces  fortes  de  difpofitions  n'arrivent  pas  res ,  qu'il  n'y  a  que  peu  ou  point  d'utilité 
toujours  fucceflivement  dans  le  même  ordres  à  en  faire  ufage.  Avant  la  naifiànce  de  la 
&  l'on  voit  fouvent  un  pécheur  rempli  en  Théologie  Scolaftique,  on  ignoroit  ces  dif- 
même  tems  de  crainte  ,  d'efpérance  ,  &  tintions ,  &  on  n'en  éroit  ni  moins  Chié* 
d'amour  y  fans  qu'on  puiflè  diftinguer  (en&-  tieo  ^  ni  moins  Catbdiquer 


591       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MOiciTiT.  Grâce.  9.  Que  les  péchés  ne  font  pas  pardonnes  à  ceux  qui  s'en  glorifient  t 
Paul  III.  ^  q^i  fe  repofent  dans  la  feule  confiance  &  la  cercitude  de  cette  rémiffion  : 
■■"■"■■■"  Qu  on  ne  doit  pas  dire  que  cette  feule  Foi  juftifie  \  mais  que  comme  d'un 
coté  perfonne  ne  doit  douter  de  la  miféricorde  de  Dieu  >  des  mérites  de 
Jefus-Chrift>&  de  1  efficace  des  Sacremens  ;  de  Tautre  chacun  à  la  vue  de  fa 
propre  indignité  peut  demeurer  dans  le  doute ,  patce  qu'il  n  a  pas  une  cet- 
citudedeFoi  infaillible  d'avoir  obtenu  la  Grâce.  10.  Que  les  Juftes  4  font 
jttftifiés  de  plus  en  plus  par  l'obfervation  des  commandemens  de  Dieu  &  de 
l'Ëglife.  1 1.  Qu'on  ne  peut  pas  dire  que  les  préceptes  de  Dieu  foient  im- 

Îioflibles  aux  Juftes ,  qui,  quoiqu'ils  tombent  dans  des  fautes  vénielles ,  ne 
aident  pas  pour  cela  d'être  juftes  :  ^  Que  perfonne  ne  doit  s'appuyer  fur 
la  feule  Foi  »  ni  dire  que  le  juftc  pèche  dans  toutes  fes  bonnes  œuvres  ,  ou 
lorfqu'il  agit  dans  la  vue  de  la  recompenfe.  ^  iz.  Que  perfonne  ne  doit 

préfumec 


4.  Que  les  Jujlesfont  jufiîfis  de  plus  en 
plus  par  roèfervation  des  Commandemens 
de  Di%u  &  de  l'Eglife.  ]  La  Juftification  par 
la  feule  Foi  (ans  les  oeuvres  eft  un  dogme  y 
qui  ne  tend  à  rien  moins  qu'à  renverfer 
toute  la  Morale  Chrétienne.  Auffî ,  ceux  qui 
parmi  les  Proteftans  s*en  font  rendus  les  dé- 
tenfeuTS  ,  ont  tâché  d*cluder  ce  qu  il  avoit 
d*odieux  par  différentes  explications  plus  ou 
moins  adoucies.  En  déclarant ,  comme  plu- 
fieurs  ont  fait ,  que  ce  n*étoit  point  pour 
nier  la  néceflité  des  bonnes  œuvres ,  mais 
pour  marquer  fîmplement  que  toute  notre 
juftice  vient  proprement  de  Dieu ,  c*eft  divi- 
fer  la  Religion  Chrétienne  pour  des  difputes 
âe  nom  >  ce  que  Ion  ne  peut  guères  excu- 
fer  dans  ceux  qui  ont  occafionné  ces  divi- 
sons ,  quoique  leur  doébrine  ne  foit  pas  au/H 
erronée  qu  on  a  voulu  le  faire  croire* 

f  •  Que  perfonne  ne  doit  dire  ,  fue  le 
Jufte  péché  dans  toutes  fes  bonnes  œuvres  j 
ou  lorfqu'il  agit  dans  la  vue  de  fa  récom- 
penfe,  J  Si  en  difant  que  le  Jufte  pèche  dans 
toutes  {^  bonnes  ceuvres  ,  on  a  voulu  dire 
que  fes  bonnes  œuvres  font  autant  de  pé- 
chés ,  comme  nos  Théologiens  en  ont  ac- 
cufé  Luther  ,  c*eft  une  domine  fiiuflfe  & 
.  contiadiâoire  ,  &  par  conféquent  condani- 
née  avec  juftice  par  le  Concile.  Mais  fi  Ton 
a  entendu  amplement ,  comme  il  eft  affez 
vraifemblable  ,  &  comme  les  Apologiftes 
f)e  ce  Réformateur  le  foutiennent ,  que  nos 
bonnes  enivres  font  toujours  accompagnées 


de  quelques  imperfeâlons  &<le  quelques  d£« 
fauts ,  la  chofe  n'eft  que  trop  vraie ,  &:  ne 
paroit  pas  du  moins  fort  condamnable ,  eu 
égard  à  la  feibleife  &  à  Fimpeifedion  de 
l'homme  le  plus  jufte.  Pour  ce  qui  eft  de 
croire  que  Thomme  pèche  ,  lorjquil  agit 
dans  la  vue  de  la  recompenfe  ,  c'eft  un  par 
Quiétifme  ,  qui  n*eft  fondé  ni  fur  rEcrituie 
ni  fur  la  raifon  ;  &  le  Concile  a  eu  d'autant 
plus  de  fujet  de  le  condamner  ,  que  Diea 
nous  propofanc  lui  -  même  la  xécompenfe 
comme  un  motif  propre  à  i\9|y  animez  i 
la  vertu  ,  il  femblexoit  nous  avoir  tendu  on 
piège ,  fi  Ton  ne  pouvoit  fans  péché  fe  pro- 
polér  pour  un  des  motifs  de  fes  aélions ,  la 
recompenfe  quil  nous  propofe  lui-même 
pour  nous  porter  à  les  faire. 

6*  Que  perfonne  ne  doit  prifumer  quil 
foit  prédeftiné  ,  &  croire  qu'étant  joftifié  il 
ne  peut  plus  pécher ,  Sic.  ]  Quelque  oppo- 
fition  qu'il  paroiiTe  y  avoir  fur  cela  entre  les 
Catholiques  &  les  Réformés  ,  je  me  perfua- 
de  au  fond  que  tous  penfent  à  peu  prcs  de 
même.  Les  premiers  ne  rejettent  pas  une 
confiance  raifonnable  -,  5c  les  derniers  ref- 
treignent  cette  certitude  par  tant  de  limita- 
tions, que  Ton  voit  afiez  que  tonte  cette 
oppofition  ne  confifte  que  dans  une  manière 
différente  de  sexprimer.  Lon  même  que 
ceux-ci  difent  qu*un  homme  juftifie  ne  peut 
plus  pécher ,  ce  n*eft  pas  qu'ils  prétendent 
qu*il  ne  peut  plus  s'écarter  de  la  juftice  i 
mais  que  s'il  eft  vciitablemept  prédeftinç, 

U 


DE    TRENTE,  Livre    II.  593 

prcfumer  qu'il  foit  prédeftiné ,  &  croire  qu  éranr  juftifié  il  ne  peut  plus  MDxtvii. 

f)écher ,  qu  qu'après  avoir  péché  il  cft  fur  de  fc  relever,  i  j.  Que  7  pareil-  ^^"^  ^^. 
emenc  perfonne  ne  peut  fe  promettre  une  certitude  abfolue  de  perlévcrer  '——■■" 
jufqu  a  la  fin ,  mais  qu'on  doit  mettre  fon  çfpérance  dans  le  lecours  de 
Dieu  »  qui  ne  manque  point  à  l'homme  s'il  ne  lui  manque  le  premier. 
14.  Que  ceux  qui  font  tombés  dans  le  péché  peuvent  recouvrer  la  Grâce  » 
étant  excités  par  le  mouvement  de  Dieu  à  la  recouvrer  par  la  pénitence  : 
Que  cette  pénitence  eft  différente  de  celle  qui  précède  le  baptême ,  parce 
qu'elle  exige  non-feulement  la  contrition  ,  mais  encore  la  confeffion  facra- 
mentale  Ôc  l'abfolution  facerdotale  >  du  moins  dans  le  defir  ,  ^  &  de  plus 


il  ne  s'en  écartera  jamais  tellement ,  qu'il 
perde  totalement  la  Foi ,  &  qu'il  (bit  privé 
pour  toujours  de  la  JuAice.  Cela  eu,  fort 
vrai  ;  mais  c*eA  s'exprimer  d'une  ntanière  û 
contraire  aux  régies  ordinaires  du  langage , 
qu'il  n'efl  pas  étonnant  que  le  Concile  ait 
condamné  toutes  ces  expreflions  comme  au- 
tant d'erreurs ,  puifque  c'en  feroient  en  effet, 
s'il  falloit  les  prendre  à  la  rigueur ,  fans  les 
ramener  aux  explications  qu'on  a  apponées 
pour  les  amollir, 

7.  Que  pareillement  perfonne  ne  peut  fi 
promettre  une  certitude  abfilue  de  perfivèrer 
jufqu  à  la  fin,  J  Sur  ce  point  ^  comme  fur 
les  précédens  ^  les  Catholiques  &  les  Réfor- 
més s'exprihient  d'une  manière  tout  oppoféci 
mais  je  doute  qu'il  y  ait  réellement  aucun 
homme  au  monde ,  qui  puifle  dire  qu'il  eft 
iur  de  perfévérer  jufqu *à  la  fin.  Ces  fortes  de 
Propo/icions  peuvent  fe  maintenir  fpéculati- 
vement,  à  la  faveur  de  quelque  diftinâion 
ou  de  quelque  équivoque  \  mais  le  fentiment 
intérieur  dément  toutes  ces  fpéculations  , 
qui  ne  font  fondées  que  fur  des  principes 
d'une  application  extrêmement  incertaine* 
Dire ,  comme  fait  Heidegger,  que  les  Pères 
du  Concile  n'ont  eu  d'autre  vue  dans  ces 
Décrets  que  leur  propre  avantage  &  leur  in- 
térêt ,  c'eft  calomnier  les  gens  par  un  atta- 
chement opiniâtre  à  fes  propres  opinions  j 
&  il  auroit  dû  d'autant  plus  s'en  défier ,  que 
la  plupart  des  Réformés  ont  été  obligés  eux- 
mêmes  ou  de  s'écarter  des  expreffions  de 
leurs  propres  Chefs ,  ou  de  les  interpréter 
d'une  manière  très- forcée  pour  les  juftifier. 

8.  Et  de  plus  une  fatisfaSlion  pour  la 
peine  temporelle  ,  qui  ne  fi  remet  pas  toU" 
jours  entièrement  dans  la  Pénitence  comme 

Tome    I. 


dans  le  Baptême,  ]  L'Eglifè  a  toujours  ob* 
.fervé  une  Difcipline  fort  différente  à  l'égard 
des  Catéchumènes ,  &  des  Pénitens.  Ce  n'eft 
pas  qu'on  ne  di(pofat  aufli  les  premiers  à\i 
baptême  par  des  aâes  de  pénitence  à  pea 
près  femblables ,  comme  on  le  voit  par  Ter- 
tullien.  Mais  on  regardoit  ces  aéles  plutôt 
comme  des  préparations  au  Sacrement,  que 
comme  des  fatisfadions  pour  les  péchés  pré- 
cédens. Il  n'en  étoit  pas  de  même  à  l'égard 
des  Pénitens,  dont  on  punilfoit  les  crimes 
par  des  fatisfaélions  temporelles  ,  qu'on  re- 
gardoit non*  feulement  comme  des  difpcfi- 
tions  néce(faires  à  l'abfolution  ,    mais  en 
même  tems  comme  une  forte  de  compen- 
fation  requife  pour  réparer  le  fcandaîe  à 
l'égard  des  hommes ,  &  appaifer  la  juftice  de 
Dieu.  Ce  langage  a  choqué  les  Réformateurs, 
comme  fi  en  parlant  d'appaifer  la  julHce  de 
Dieu  ,  on  vouloit  (outenir  que  ces  facisfac- 
tions  font  équivalentes  aux  fautes  ,  &  que 
ces  fautes  font  exaftement  compenfées  par 
autre  chv  feque  parle  mérite  de  lefus-Chrift* 
Ainfi  l'oppofition  ne  confifte  pas  ici  a  ad- 
mettre ou  a  rejetter  l'ob'ervation  de  Tim- 
pofition  des  peines  a  l'égard  des  Pénitens  , 
mais  dans  la  notion  qu'on  fe  forme  de  ces 
peines»  ce  qui  eft  faire  confiQerun  dogme 
dans  une  précifion  bien  métaphyfiqoe,  Cai 
qu'importe  à  l'EglKe  de  Dieu,  quelle  idée 
l'on  fe  forme  de  ces  œuvres ,  pourvu  que 
l'on  s'en  ferve  &  pour  retenir  les  pécheurs, 
&  pour  réparer  les  fcandales ,  &  pour  répri- 
mer la  chair  defobéidànte  à  la  Loi  ?  Avouer, 
comme  font  quelques  Proteftans,  que  l'oa 
doit  regarder  ces  fàtisFaélions  comme  des 
peines  matériellement  Se  non  formellement  y 
c'eft  embaxialTex  la  Foi  par  des  diftinâions 

Ddd 


l 


j>4        HISTOIRE    DU    CÇNCILE 

MDXLvn.  une  fatisfa&ion  pour  la  peine  temporelle  ,  qui  ne  fe  remet  pas  toujours 
?AUL  III.  entièrement  dans  la  pénitence  comme  dans  le  baptême.  1 5  •  Que  la  Grâce 
■•■■■■"""  de  Dieu  fe  perd  non-fculcment  par  Tinfidélîté  ,  mais  par  tout  autre  pcché 
mortel ,  quoique  pour  cela  on  ne  perde  pas  la  Foi.  Enfin  on  exhorte  dans, 
le  dernier  Chapitre  les  Juftifiçs  à  la  pratique  des  bonnes  œuvres ,  par  où 
s'acquiert  la  vie  éternelle  comme  une  Grâce  promife  par  la  miféricorde  de 
Dieu ,  Se  comme  une  récompenfe  diie  à  ces  bonnes  œuvres  en  conféquence 
de  la  promedè.  Puis  on  conclud  que  le  Concile  ne  cherche  point  par  cette 
doârine  i  établir  notre  propre  ^uftice  à  l'exclufion  de  celle  de  Dieu  ;  mais 

Iue  la  même  jufticeeft  notre  jufticey  parce  qu*elle  eft  en  nous.  Se  celle 
e  Dieu  ,  parce  qu  elle  nous  vient  de  lui  par  Its  mérites  de  Jefus-» 
Chrift. 

Telle  eft  la  dcâorine  du  Concile  fur  cette  matière.  Mais  afin  que  cha- 
cun fâche  non- feulement  celle  qu'il  doit  fuivre»  mais  celle  qu'il  doit  re-> 
jetter  ,  ces  Chapitres  font  fuivis  de  xxxui  Canons  où  Ton  anarhémarifè 
ceux  qui  difent  >  1 .  Que  Thomme  ^  peut  être  juftifié  fans  la  Grâce ,  par  les 
forces  de  la  Nature  ou  par  la  doârine  de  la  Loi.  2.  Que  la  Grâce  eft  accordée 
pour  donner  plus  de  facilité  â  bien  vivre  &  à  mériter  la  vie  éternelle  »  com- 
me fi  on  le  pouvoir  faire  fans  Grâce  par  les  feules  forces  du  Libre- arbitre  » 
qgpiqu'avec  plu$  de  difficulté,  j.  Que  Thomme  peut  croire ,  aimer ,  efpérer> 
Se  fe  repentir  comme  il  faut ,  fans  TinfpiFation  prévenance  Se  le  fecours  du 
Saiçf-Efprit.  4.  Que  le  Libre-arbitre  ^^  excité  de  Dieu  ne  coopère  point 
pour  fe  di{po^  i  la  Grâce  >  &  ne  fauroic  y  réfiiter  quand  il  le  voudroir» 
5.  Que  depuis  le  péché  d'Adam ,  le  Libre-arbitre  eft  perdu.  ($.  Qu'il  n'eft 
point  au  pouvoir  de  l'homme  de  faire  le  mal  ;  &  que  Dieu  non-ieulement 
pei;p}et,  ipais  opère  proprement  auffi-bien  les  mauvaifcs  œuvres  que  les 


poériles ,  rendre  1»  Religion  ridicule  par  de 
pareilles  conteflations  ,  &  tomber  dans  le 
môme  défluir  qu  on  a  fi  Ior  reproché  aux 
Scolaftiqoes.  Ce  qa'il  y  a  de  vrai ,  ceCk  que 
le  Concile  ne  s*eft  exprimé  ici  que  comme 
a  fait  TAntiquicé ,  &  les  Proceftans  euflënt 
fiiit  plus  (âgemen^  de  ne  poinr  attaquer  un 
langai^  confâcré  dans  TEglife ,  &  de  fe  con- 
tenter d'en  écanerles  notions  qui  pou?oîent 
leur  paroitre  porter  à  Terreur» 

f.  Qu€  l'homme  peut-  être  jufiifié  fans 
la  Grâce  par  les  forces  de  la  Nature  ,  &c.  ] 
Ce  Canon  &  les  deux  fui  vans  avoient  déjà 
été  faits  auparavant  contre  les  Pélagiens ,  & 
le  Concile  ne  fait  ici  autre  cho(ê  que  de  les 
renouveller.  La  (êule  chofe  que  des  efprits 
trop  critiques  pourroient  7  trouvera  redire, 
c'eft  que  cooime  on  ny  définit  point  ce 
qu  on  doit  entendre  par  cette  Grâce  $  on 


laide  un  vafle  champ  à  ceux  qui  donnent 
dans  le  Péiagianirme  pour  les  éluder. 

10.  Qiit  le  Lière  arbitre  excité  de  Dieu 
ne  coopère  point  pour  fe  difpofer  à  la  Grâce  , 
&c.  ]  Ce  Canon  &  les  deux  (uivans  ,  qui  ne 
femblene  faits  que  contre  les  Réformés ,  & 
les  Luthériens,  frappent  d  un  même  coup  les 
Janfénides  &  les  Thsmifles  ,  quoique  ce 
n  ait  pas  été  tout-à-fait  le  delTein  du  Concile  i 
puisque  dans  le  fyflème  des  uns  &  des  au- 
tres le  Libre  -  arbitre  étant  mu  irréfiflible^ 
ment  par  la  Grâce  efficace,  &  n  ayant  nulle 
force  pour  le  bien  que-  par  fbn  impreflion 
▼id^orieufe,  il  s'enfuit  par  une  conféquence 
nécefTaire  de  tous  cesfyftèmes,  quel'horn- 
me  ne  coopère  point  pour  fe  difpofer  a  la 
Grâce ,  &  qu'il  ne  fauroit  7  réfî/ler  quand 
il  levoudfoit,  &c 


DE    TRENTE,  Livre    IL  397 

bonnes.  7.  Que  toutes  les  œuvres  faites  avant  la  juftification  font  des  péchés  \  mdxlyii. 
&  *  '  que  plus  rhomme  fait  d'efforts  pour  fc  difpofer  â  la  Grâce  ,  &  plus  ^^"^  ^^^' 
il  pèche.  '  ^  Que  c'eft  un  péché  de  s'abftenir  du  mal  ou  de  recourir  à  la  mi-» 
féncorde  de  Dieu ,  par  la  crainte  de  l'Enfer.  9.  Que  l'impie  '  3  eft  juftifié  par 
la  Foi  feule ,  fans  qu'il  foit  néce(faire  qu'il  fe  prépare  a  la  Juftification  par  le 
mouvement  de  fa  volonté.  10.  Que  1  homme  '^  eft  juftifié  fans  la  juftice 


1 1 .  Que  plus  l'homme  fait  d'efforts  pour 
fe  difpofer  i,  la  Grâce  ,  6*  plus  il  pèche»  ] 
C  eft  un  paradoxe  dans  la  Morale  qu  une  telle 
Propoiîcion ,  &  qui  ne  tend  à  rien  moins 
qu  a  arrêter  tous  les  efforts  qu  un  pécheur 
pourroit  faire  pour  Ce  rapprocher  de  la  jufti- 
ce. AufH  a-t  on  cherché  à  adoucir  ces  ez- 
predîons,  par  des  explications  qui  diminuaf- 
fent  ce  qu*enes  avoient  d*odieax.  Mais  com- 
me ce  font  des  confôquences  néceffkires  des 
principes  que  quelques  Réformés  avoient 
établis ,  on  a  eu  raifon  de  les  condamner , 
quoique  ces  Théologiens  defavouaflènt  ces 
€on(i^quenc6S. 

li.  Que  cefl  un  péché  que  des*ahjlenîr 
du  mal  — par  la  crainte  de  l'Enfer,  ]  Autre 
paradoxe ,  auHfi  erroné  que  le  précèdent  i 
puifque  s*il  eft  vrai  que  la  crainte  ne  fuffit 
pas  pour  la  Juftification  fans  la  charité  ,  &: 
que  le  plus  bas  degré  de  perfedion  eft  d'a- 
gir par  ce  motif,  il  neft  pas  moins  certain 
qu*il  n*y  a  point  de  péché  à  agir  par  cette 
vue ,  &:  que  c*eft  au  contraire  un  commen- 
cement de  difpofition  pour  parvenir  à  la  juf- 
tice. 

1 5 .   Que  l'impie  eft  juftifié  par  la  Foi 
feule  ,  fans  qu'il  foit  née  ejf aire  qu'il  fe  pré ^ 
pare  à  la  Juftification  par  le  mouvement  de 
fa  volonté.  ]  Toute  cette  matière  eft  pleine 
d'équivoques  ,  &  chaque  Parti  s'impute  des 
erreurs  ,    que    réciproquement   il  defa- 
voue.  Les  Luthériens  fe  plaignent,  que  par 
le  tour  que  Ton  a  donné  à  ce  Canon  &  aux 
fuivans,  le  Concile  a  femblé  vouloir  faire 
entendre  qu'ils  détrui(bient  le  Libre-arbi- 
tre &  faifoient  de  l'homme  une  machine. 
Les  Catholiques  fe  plaignent  de  leur  côté , 
que  fous  prétexte  de  la  néceffité  des  œuvres 
qu'ils  établirent ,  on  leur  impute  d^attribuer 
leur   falut  à  leurs  propres  rnérites ,  &  aux 
préparations    naturelles  qu'ils  apportent  à 
la  Foi.  De  pan  &  d'autre  ces  confSquences 


font  défavouées ,  3c  fi  Ton  examine  impar- 
tialement le  fond  de  la  conteftation  ,  oA 
verra  que  tout  roule  fur  des  précifiùns  meta- 
phyfiques  ou  des  difputes  de  mots ,  &  qu'an 
tond  1  on  convient  des  mêmes  vérités.  Car 
d'une  pan  les  Luthériens  déclarent  ^  qu'ils 
n'ont  jamais  prétendu  exclurre  pour  la  Jufi 
tificacion  la  néceflité  des  œuvres  >  3c  de 
l'autre  le  Concile  n'a  rien  attribué  aux  œu- 
vres ,  qu'autant  qu'elles  font  £aiites  par  le 
mouvement  de  la  Grâce  ,  3t  par  confé- 
quent  par  un  commencement  de  Foi.  Ceft 
ce  qui  paroit  évidemment  par  le  cinquième 
Chapitre  de  Doébine  ,  ou  il  eft  dit ,  que 
le  commencement  de  la  Juftification  dans  les 
adultes  vient  de  la  Grâce  prévenante  qui 
les  invite  à  s'y  préparer  y  &c.  Tous  convien- 
nent donc  de  la  nécefHté  de  la  Foi  &  des 
œuvres  ,  &  toute  la  difpute  ne  confifte 
qu'a  (avoir  quelle  eft  la  caufe  formelle  de 
la  Juftification  i  difpute  purement  nomina- 
le ,  qui  ne  change  rien  à  l'edence  des  chofês» 
puifque  l'on  convient  unanimement  3c 
que  le  mérite  des  œuvres  vient  de  la  Foi  , 
éc  que  la  Foi  fans  les  bonnes  œuvres  eft  inu- 
tile  pour  le  falut. 

14.  Que  l'homme  eft  juftifié  fans  ta  jufti^ 
ce  que  Jefus  -  Chrifl  nous  a  méritée  ,  ou 
que  c'eff  par  cette  juftice  ,  qu'il  eft  formel^ 
lementjufte,  ]  Ce  Canon  eft  formé  en  même 
tems  contre  deux  erreurs  dircé^ementcon- 
traires.  L'une,  que  l'homme  eft  juftifié  par 
fes  propres  mérites  ,  indépendamment  de^ 
ceux  de  Jefus-Chrift  :  l'autre  ,  qu'il  eft 
juftifié  par  la  feule  imputation  des  mérites 
de  Jefus-Chrift  >  fans  aucune  juftice  ou 
fainteté  inhérence  en  lui-même.  La  pre* 
micre  ,  comme  en  vient  de  le  dire,  eft 
celle  dont  les  Luthériens  accnfent  les  Ca- 
tholiques; 3c  l'autre  eft  celle  que  les  Ca- 
tholiques attribuent  aux  Luthériens.  Mais 
comme  chaque  Parti  s'en  juftifié ,  on  doit 

Dddz 


i96       HISTOIRE    DU    CONCILE 

ilDXLViL  que  Jcfus-Chrift  nous  a  méritée ,  ou  que  c'eft  par  cette  juftice  qu'il  eft  for- 
Paul  IIL  mellement  jufte.  1 1.  Que  4*honime  eft  juftifié  par  la  feule  imputation  de  la 
*  juftice  de  Jefus-Cht ift,ou  par  la  feule  rémidion  des  péchés  fans  la  Grâce  &  la 

Charité  inhérente ,  ou  que  la  Grâce  de  la  Juftification  n'cft  autre  chofe  que 
la  faveur  de  Dieu.  1 2.  Que  la  Foi  '  î  qui  juftifié  n'eft  autre  chofe  que  la  con- 
fiance en  la  miféricorde  de  Dieu ,  &  que  c*eft  par  cette  confiance  que  les 
péchés  nous  font  remisparJefus-Chrift.  1  j.  Que  pour  obtenir  la  rémimon  «^ 
des  péchés ,  il  eft  nécedaire  de  croire  qu'ils  nous  font  remis ,  fans  que  notre 
propre  indignité  nous  doive  infpirer  aucun  doute.  1 4.  Que  Thomme  eft  ab- 
fous  &  juftifié  parce  qu'il  le  croit  fermement.  1 5 .  Qu'il  eft  obligé  par  la  Foi  > 
de  croire  qu'il  eft  certainement  du  nombre  des  prédeftinés.  1 6.  Qu'il  eft  cer- 
tain d'avoir  le  don  de  la  perfévérance ,  fans  en  avoir  aucune  révélation  par- 


en  conclure  que  la  doétritie  qae  le  Con- 
cile établie  ici  eft  la  Tcricable  ,  mais  que 
les  erreurs  qu'il  condamne  n'ont  peut-être 
réellement  aucuns  dcfenfeurs. 

If.  Que  la  Fol  qui  juftifié  nejl  autre 
chofe  que  la  confiance  en  la  miféricorde  de 
Dieu  ,  &  que  c*eft  par  cette  confiance  que 
les  péchés  nous  font  remis,  ]  La  véritable 
Foi  eft  toujours  certainement  accompa- 
gnée de  confiance.  Mais  croire  quelle  ne 
confifte  que  dans  cette  confiance ,  c*eft 
nourrir  la  préfomption ,  plutôt  qu  opérer  (a 
Juftification.  D'ailleurs  le  pécheur  doit  être 
à  la  vérité  pleinement  perfuadé  que  Dieu 
eft  tout  puillànt  pour  lui  pardonner  &  le 
juftifier  ,  &  qu'il  eft  aflez  miféricordieux 
pour  le  vouloir  :  mais  cette  certitude 
n*ezclud  jamais  la  jufte  crainte  qui  nous 
eftinfpirée  par  les  tentations  de  cette  vie, 
&  par  les  £autes  auxquelles  nous  fuccom- 
bons  perpétuellement  %  &  qui  fans  nous 
£dre  perdre  la  confiance  que  nous  avons 
en  la  miféricorde  de  Dieu  ,  nous  Ôte  cette 
fécurité  qui  accompagna  la  certitude.  De  la 
part  de  Dieu ,  la  caufe  de  la  remiffion  de 
nos  péchés  eft  donc  (à  miféricorde  gratuite  5 
&  de  notre  part ,  c*eft  la  Foi  accompagnée 
de  Charité ,  &  non  la  fimple  confiance , 
qui ,  (\  elle  étoit  deftituée  de  Charité  ,  ne  fe- 
roit  qu'une  fauffe  préfomption  ,  plus  pro- 
pre à  nous  rendre  criminels  qu'à  nous  ren- 
dre juftes. 

I  ^ •  Que  pour  obtenir  la  rémijjîon  de  nos 
péchés  il  ejl  néceffaire  de  croire  qu'ils  nous 
font  remis  ,  fans  que  notre  propre  indignité 


doive  nous  infpirer  aucun  doute*  ]  Ce  Ca- 
non comme  le  précédent  &  les  trois  [fui- 
vans,  roulent  tous  fur  le  même  anicle^ 
&  tendent  à  condamner  cette  pleine 
confiance  &  cette  certitude  du  falut  plutôt 
comme  une  erreur  que  comme  une  di(^ 
pofition  néceflaire  pour  la  remi/fion  des 
péchez.  Cependant ,  comme  les  Théologiens 
du  Concile  étoient  eux-mêmes  partagés 
fur  ce  point  ,  les  Pères  ,  qui  vouloienc 
épargner  les  opinions  des  Ecoles  ne  voulu* 
rent  pas  condamner  toute  forte  de  cenî- 
tude ,  mais  feulement  une  certitude  de  Foi , 
qui  n'eft  pas  fufceptible  de  faufl*eté.  De 
cette  manière  on  ne  rifqiwit  point  de 
trouver  de  contradiction  parmi  les  Partis  op- 
pofés  ,  puisqu'il  n'y  a  voit  perfonne  qui  crue 
de  certitude  de  Foi  devoir  être  fauve  ^  la 
certitude  de  Foi  n'étant  appuyée  que  fur 
la  révélation ,  &  aucun  particulier  n'ayant 
de  révélation  de  fon  falut.  Cette  certitude 
réduite  ainfi  à  ces  juftes  bornes  n'eft  donc 
qu'une  efpérance  folide  fondée  fur  la  mi(2« 
ricorde  de  Dieu ,  &  fur  le  fentiment  inté- 
rieur de  ces  propres  difpoCtions.  Mais  com- 
me ces  difpofitions  font  variables,  &  qu'un 
homme  paffe  fouvent  de  la  venu  au  vice, 
comme  du  vice  à  la  vertu  ,  nous  (entons 
aifcment  par  notre  propre  expérience  ,  que 
cette  prétendue  certitude  ne  fubfifle  qu'en 
Spéculation ,  &  que  réellement  nous  avons 
toujours  fujet  de  craindre  que  le  falut  ne 
nous  échape ,  foit  par  notre  propre  foiblefle, 
foit  par  les  tentations,  auxquelles  la  con- 
dition hum^ne  eft  fans  cefle  expofée. 


D  E    T  R  EN  T  E  ,  L  I  V  R  E   L  397 

ticulièrc.  17.  Que  les  feuls  prédeftinés '^obtieonent  la  Grâce.  18.  Que  *^  mdxlvu. 
les  commandemens  de  Dieu  font  impoflîbles  aux  juftes.   19.  Qu'il  *^  n'y  a  P^ul  111. 
rien  d'ordonné  dans  l'Evangile  que  la  Foi.  10.  Que  les  juftes  &  les  parfaits  — — 
ne  font  pas  obligés  d'obferver  les  commandemens  de  Dieu  &  de  l'Eglifc  , 
mais  feulement  de  croire  -,  &  que  l'Evangile  n'eft  qu'une  promeffè  de  la 
vie  éternelle ,  fans  la  condition  d'obferver  les  commandemens.  2 1 .  Que 
Jcfus-Chrift  nous  eft  donné  pour  Rédempteur,  &  non  pour  Légiflateur. 
21.  Que  l'homme  *°  juftifié  peut  perfévérer  dans  la  juftice  fans  un  fecours 


17.  Que  les  feuls  prédefiinis  obtiennent 
la  Grâce,  ]  Ceft  avec  bien  de  la  raifon ,  que 
le  Concile  a  condamné  une  erreur  fi  per- 
nicieufe  ,  &  qui  ne  va  à  rien  moins  qu*à 
nous  faire  regarder  Dieu  comme  un  monf- 
tre  de  cruauté ,  qui  damne  les  gens  après 
les  avoir  mis   dans    rimpofTibilité   de   (ê 
làuTer  î  puifqu'ils  ne  le  peuvent  être  que 
par  la  Grâce  ,  &  quil  la  refufeà  cour  autre 
qu*auz  prédeftinés.  La  feule  manière  d  a- 
doucir  cette  Propofition  eft  de  dire ,  com- 
me  ont   fait  depuis  plufieurs  Réformés  , 
qu'il  ne  s  agit  que  de  la  Grâce  finale  de 
perféverance  qu'il  n  y  a  que  les  prédeftinés 
qui  l'obtiennent ,  ce  qui  eft  l'opinion  des 
Thomiftes  &  des  Janléniftes.  Bn  ce  cas  la 
Propofition  eft  moins  dure.   Mais  pour  la 
rendre  touc-à-fait  Orthodoxe  >  il  £audroic 
ajouter  encore  ,  que  Dieu  ne  refiife  cette 
dernière  Grâce  qu'en  conféquence  du  démé- 
rite des  hommes,  &  non  d'une  volonté  an- 
técédente en  Dieu  de  fauver  ou  de  damner 
qui  il  lui  plaît.  Car  (\  Dieu  peut  fauver  par 
miféricorde  ceux  mêmes  qui  ne  le  méri- 


Texcellence  de  la  Foi ,  Z^M^radonnéliea 
de  croire,  qu'il  détruifoit  tout-à-faitla  né- 
cefficé  des  œuvres.  Ctiï  dequoi  les  Catho- 
liques l'ont  accufé  lui  &  fes  fedateurs  >  & 
ils  s'en  juftifient  afiez  mal^  lor(quen  dé- 
clarant  qu'ils  ne   prétendent  pas  exclcure 
la  néceffité  des  bonnes  œuvres ,  ils  en  par- 
lent  néanmoins  comme  des  chofes  qui 
n'influent  point  dans  la  caufe  de  la  Juf^ 
tification ,   qu'ils  font  entièrement  dépen- 
dre de  la  miféricorde  gratuite  de  Dieu,  en 
forte  qu'ils  regardent  les  bonnes  œuvres 
plutôt  comme  l'effet  que  comme  la  caufe 
de  la  Juftification.  Je  ne  trouve  pas  cette 
manière  de  philofopher  bien  exaâe  3  mais 
fuppofé  même  qu'elle  le  fut ,  l'on  ne  peut 
pas  douter  au  moins  ,   que  l'Anicle  tel 
qu'il  eft  propofc  dans  ce  Canon  ne  méri- 
tât extrêmement  d'être  condamné  ,  aufil- 
bien  que  les  Articles  10.  11  ,  14  &  z6^ 
qui  tendent  tons  au  même  but. 

lo.  Que  V  homme  juftifié  peut  perfévérer 
dans  la  juftice  fans  un  fecours  fpécial  de 
Dieu  ,    ou  quavec  ce  fecours  il  ne  le  peut 


tent  pas  ,  il  ne   peut  fans  injuftice  dam-    pas,  ]  Par  ce  Canon  le  Concile  condamne 
ner  ou  refufer  les  fecours  nécefiaires  pour 
être  fauves  à  ceux  qui  ne  l'ont  point  mé- 


rité. 

1 8.  Que  les  commandemens  de  Dieu  font 
împojffibles  aux  Juftes.  ]  Autre  paradoxe 
également  oppofé  à  la  Juftice  de  Dieu  , 
qu'on  ne  doit  pas  fuppofer  faire  aucuns 
commandemens  qu'il  foit  impoflîblc  d'ob- 
ferver >  puifque  s'il  le  faifoit,  ce  nepour- 
loit  erre  que  pour  rendre  les  hommes 
plus    coupables    &    par    conféquent    plus 


deux  erreurs  direâement  contraires  ,  & 
toutes  deux  également  éloignées  de  la  vé- 
rité &  de  la  raifon.  Car  d'une  part  ,  ie 
fentiment  que  chacun  a  de  fa  foiblelle  le 
convainc  aifez  qu'il  ne  peut  rien  fans  le 
fecours  de  Dieu  i  &  de  l'aurre ,  l'expérience 
de  fa  Liberté  Se  l'idée  de  la  ;uftice  de  Dieu 
prouvent  afl'ez  ,  qu'avec  la  Grâce  il  peut 
remplir  fes  devoirs  ,  fans  quoi  cette  Grâce 
ne  ferviroit  qu'à  le  rendre  plus  criminel. 
Ceft  à  quoi   fèmble  tendre  le  fyftême  de 


malheureuY  ,  ce  qui  feroit   indigne  d'un  *ceux   qui  croyent,    ou   que  ceux  q«»  ne 

Etre  plein  de  bonté  &  de  miféricorde.  font  point  prédeftinés  ne  reçoivent  point 

19.   Qu'il  n'y  a  rien  d'ordonné  dans  de  Grâce,  ou  qu'elle  eft  toujours  inefficace 

V Evangile  que  la  Foi»  ]  A  force  de  xelevei  en  eux. 


\ 


Î98       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  fpécial  de  Dieu ,  ou  qu'avec  ce  fecours  même  il  ne  le  peut  pas.  13.  Que  ^< 
Paul  III.  [^  Jufte  ne  peut  plus  pécher  ,  ou  qu'il  peut  éviter  tous  les  péchés  même  vé- 
*— ^"""^  nicls  fans  un  privilège  fpécial ,  comme  l'Eglift  le  croit  de  la  Vierge.  24.  Que 
la  juftice  ne  le  confcrve  ôc  ne  s'accroît  point  par  les  bonnes  œuvres ,  mais 
qu'elles  ne  font  que  des  fruits  &  des  ngnes  de  la  juftice.  1 5 .  Que  le  Jufte 
pèche  mortellement  >  ou  au  moins  véniellement ,  dans  toutes  fes  aâions. 
16.  Que  le  Jufte  ne  doit  point  efpèrer  de  récompenfe  pour  fes  bonnes 
œuvres.  17.  Qu'il  n'y  a  point  d'autre  péché  mortel  que  l'Infidélité. 
i8.  Qu'en  perdant  la  Grâce  ^^  on  perd  la  Foi ,  ou  que  la  Foi  qui  demeure 
n'eft  pas  une  véritable  Foi ,  &  que  celui  qui  n'a  qu'une  telle  Foi  n'eft  pas 
Chrétien.  19.  Que  Thomme  ^3  qui  pèche  après  le  bapième  ne  peut  fe  relever 


z  I.  Que  le  Jufte  ne  peut  plus  pécher  ^-^ 
Que  le  jufte  pèche  mortellement  ,   ou  au 
moins  véniellement  j  dans   toutes  fes  ac- 
tions, ]  Dans  la  cenfure  de  ces  Piopoiîcions  y 
comme  de. la  plupart  des  autres  de  cetce  Sef- 
(îon ,  ce  qui  étonne  le  plus  n*eft  pasqu  on  les 
air  jugées  mauvaifes  ,  mais  de  ce  qu  on  ait 
trouvé  quelqu  un  qui  les  eût  enfeignées ,  tant 
elles  font  contraires  au  fentiment  intérieur  & 
à  la  raifon.  AufO  ont-elles  été  défavouées  par 
ceux  à  qui  on  les  ïmputoit  &  qui  prétendent 
n'avoir  enfeigné  autre  chofe  finon ,  ou  qu'on 
n'accomplit  jamais  (î  parfaitement  la  Loi , 
qu'il  n'y  ait  toujours  quelque  imperfec- 
tion mêlée  dans  les  aélions  des  plus  ]uftes  s 
ou  que  les   prédeftinés  ne  perdent  jamais 
totalement  ou  plutôt  finalement  la  Grâce , 
&  qu'ils  demeurent  toujours  radicalement 
juftes.   Ces  Proportions  ainfi  modifiées  dif- 
férent beaucoup  de  celles  qui  ont  été  con- 
damnées.  Mais  comme  les  expreflîons  de 
pluûeurs  Théologiens  Luthériens  ou  Calvi- 
niftes  (èmbloient  peu  fufceptibles  de  ces  mo- 
difications ^   ou  qu'on  croyoitque  ces  Pro- 
pofitions  étoient  des  confequences  néceflài- 
res'de  leurs  principes,  le  Concile  n'a  pas  cm 
pouvoir    fe  difpenfer  de   les  condamner , 
&   cette    condamnation    femble  d'autant 
moins  repxéhen{îble  ,  que  comme  il  n'y  a 
point  d'imputation  faite  à  perfonne  ,  on 
ne  peut  fe  plaindre  que  le   Concile  ait 
&it  injuftice  à  qui  que  ce  foit  en  con- 
damnant ces  erreurs. 

xXm  Qtten  perdant  la  Grâce  on  perd  la 
Fol,  ou  que  la  Foi  qui  demeure  rieft  pas 
une  véritable  Foi  ,  &c.  ]  Si  ^véritable  Foi 
en  entend  une  Foi  aâive  &  opérante^  il  eft 


bien  certain  que  celui  qui  perd  la  Grâce 
perd  la  Foi  ,  puifque  la  Foi  deftituée  de 
Charité  eft  une  Foi  morte  &  infuffifknie 
pour  la  Joftification ,  &  n'eft  point  félon 
les  défenfeurs  de  ces  Proportions  une  vé- 
ritable Foi.  Mais  s'il  n'eft  queftion  que  d'une 
Foi  fpéculative  y  il  n'y  a  nulle  conféqoence 
de  la  perte  de  la  Grâce  à  celle  de  cette 
Foi ,  puifque  l'on  voit  tous  les  jours  les 
plus  grands  pécheurs  très  attachés  aux  vérités 
fpéculatives  de  la  Religion.  Ceft  fans  doute 
dans  ce  dernier  fens  que  le  Concile  a 
condamné  cet  Article  $  mais  il  eft  aflès 
naturel  de  croire  que  ceux  qui  le  défen- 
doient  ne  le  £iifoient  que  dans  le  premier 
fens>   qui  n'a  point  été  condamné. 

z  3 .  Que  r  homme  qui  pèche  après  le  bap* 
terne  ne  peut  fe  relever  avec  la  Grâce  de 
Dieu  ,  ou  qu'il  peut  recouvrer  la  Grâce  par 
la  Foi  feule  fans  le  Sacrement  de  Pénitence.  \ 
La  première  partie   de  cette   Propofitioii 
eft  une  fuite  de  l'erreur  déjà  condamnée  » 
que  le  lufte  ne  peut  pécher  ,  &  que  les  . 
prédeftinés  ne  perdent  jamais  la  Grâce  » 
d'où  il  s'enfuit  par  une  confïqnence  nécefr 
faire  y  que  ceux  qui   ne  le  font  pas ,  font 
toujours  réellement  dans  le  péché,  &  ne 
peuvent  fe  relever  avec  la  Grâce  \  Propofi* 
tion  erronée ,  dont  la  cenfure  étoit  déjà  corn* 
prife  dans  celle  des  Propofitions  précédentes* 
Dans  la  féconde  partie  du  même  Canon ,  le 
Concile  condamne  en  même  tems  ceux  qui 
difent ,  quon  peut  recouvrer  la  Grâce  par 
la  Foi  feule  fans  le  Sacrement  de  Pénitenctm 
Il  eft  bien  certain  en  efïèt  ,  que  fi  la  Foi 
fe  prend  ici  exclufivement  à  toute  autre 
difpofition  oa  à  toute  antre  obligation ,  on 


DE    TRENTE, Livre     IL  j^c) 

Avec  la  Grâce  de  Dieu  »  ou  qu'il  peut  recouvrer  la  Grâce  par  la  Foi  feule  mdxlvu. 
fans  le  Sacrcmcni  de  Pcnicencc,  jo.  Qpc  ta  peine  *^  eft  entièrement  rcmife  ^^"^  ^^^• 
arec  la  coulpe  à  tout  Pénitent ,  &  qu'il  ne  lui  refte  aucune  peine  temporelle  — — —■ 
à  fouflfrir  ni  dans  cette  vie  ni  dans  le  Purgatoire,  j  i.  Que  le  Jufte  *î  pcchc 
•'il  fait  le  bien  dans  la  vue  de  la  récompenfe  éternelle.  3 1.  Que  les  bonnes  ^^ 


ne  peat  (ans  enenr  (batenir  qoe  Thomme 
puifle  recouvrer  la  Grâce  par  la  Foi  feule. 
Le  repentir  ,  le  changement  de  coeur ,  & 
la  converfîon  (ont  abfblament  aufll  nécef- 
bÎKs  que  la  Foi ,  &  on  ne  peut  (ans  elles 
xecoavrer  la  Grâce.  La  feule  difficulté  re^ 
garde  le  Sacrement  de  Pénitence  s  &  il 
n'eft  pas  moins  certain  que  félon  le  cours 
ordinaire  de  la  Difcipline  extérieure,  un 
pécheur  neft  point  cen(é  rétabli  dans  l'état 
ie  Grâce  qu'en  recevant  rab(blution,  dont 
le  miniftère  e(l  confié  aux  Pafteurs.  De 
(avoir  (i  réellement  il  ne  recouvre  pas  la 
Grâce  fans  ce  moyen  ,  c'eft  ce  qu'on  ne 
peut  mieux  décider  que  par  la  comparai- 
ion  entre  la  Pénitence  &  le  Baptême , 
pui(que  dans  TEglife  Chrétienne  TAUblu- 
don  a  toujours  été  pour  les  Pénitens  ,  ce 
que  le  Baptême  a  été  pour  les  Catéchumè- 
nes. 

24.  Qx^^  la  pane  eft  entièrement  remife 
Mveela  coulpe  à  tout  Pénitent  y  &c.]  Les 
Catholiques  conviennent  de  la  remife  de  la 
peine  étemelle.  Les  Proteftans  ne  nient 
pas  que  le  pécheur ,  pour  eftâcer  fes  fcan- 
dalés,  n'ait  à  expier  les  peines  que  les  Loix 
êM  TEglife  ont  prefcrites  pour  l'édification 
4b9 Fidèles,  &  celles  aufldque  Dieu  envoyé 
oocant  pour  l'épreuve  que  poiur  nourrir  le 
iêntiment  &  l'averfion  du  péché.  Ce  qu'ils 
nient  eft ,  que  ces  fones  de  peines  pnif- 
ktii  être  regardées  comme  une  exade 
CDmpenfation  du  péché  &  une  fatisfiiâion 
€ute  à  la  juftîce  de  Dieu  ,  comme  ^  la 
}u(Hce  de  Dieu  ne  pouvoit  être  (àtis&ite 
fans  cette  (brte  de  compen(àtion.  C'eft 
donc  encore  ici  une  de  ces  di(putes  qui 
ne  roulent  que  fur  les  différentes  idées 
qu'on  fe  forme  des  chofes ,  mais  qui  ne 
diangent  rien  réellement  â  leur  nature  ; 
poifque  ,  quelque  notion  qu'on  fe  forme 
de  ces  peines  ,  pourvu  qu'on  en  main- 
tienne robfervation  &  la  nécefïîté ,  on  rem- 
plit toutes  les  vues  dé  l*Egli(ky  a:on(âtisfiaiit 


aux  oblig^îons  que  la  Loi  de  Dieu  impo(ê. 

a  f .  Que  le  jufte  pêche  ,  s  *il  fait  le  ht  en 
dans  la  vue  de  la  récompenfe  éternelle.  ]  Ce 
que  le  Concile  condamne  ici  (î  juftement , 
ne  peut  être  regardé  que  comme  un  para- 
doxe infoutenable.  Car  puisque ,  comme 
on  l'a  dic^  c'eft  Dieu  lui-même  qui  nous 
propofie  ceae  récompenfe  comme  un  objet 
propre  à  nous  porter  à  agir  >  dire  que  le 
Jufte  pèche  en  ag^dànt  dans  cette  vue  ,  c'eft 
fuppofer  que  Dieu  lui-même  nous  induit 
au  péché.  D'ailleurs  ,  comme  Dieu  lui- 
même  £iit  panie  de  cette  récompen(è ,  le 
moyen  de  croire  qu'on  pèche  en  agi  (lin  t 
pour  elle  s  il  eft  vrai  qu'il  fembe  qn'enagiflânt 
ainfi  dans  la  vue  de  la  lécompenfe,  on  rap- 
porte tout  à  fon  propre  bonheur  comme  à 
à  fin.  Mais  comme  cette  ^w  elle-même  fe 
rapporte  à  Dieu  qui  a  imprimé  dans  le  fond 
du  coeur  de  l'homme  ce  penchant  général 
pour  (à  félicité  \  loin  de  regarder  cela 
comme  un  défaut ,  on  ne  peur  l'envKà- 
ger  que  comme  une  fuite  naturelle  de  la 
création  ,  qui  eft  de  rendre  heureux  ceux 
ui  s'acquittent  de  leur  devoir ,  &  qui  ne 
ont  ufagc  de  leur  liberté  que  pour  prati- 
quer la  vertu. 

1^.  Que  les  bonnes  oeuvres  du  Jufte  font 
uniquement  des  dons  de  Dieu  ,  &  non  point 
les  Tntrites  de  l'homme  juftifié.  ]  Ici ,  plus 
que  fur  aucune  autre  matière ,  les  Catholi-* 
ques&  les  Proteftans  fe  (ont  imputés  les  er- 
reurs les  plus  grofficres,  (ans  qu'il  y  ait  pour- 
tant de  conteftarion  bien  réelle  entre  eux  *, 
pui(que  lë  mérite  que  les  uns  excluent  n'eft 
point  celui  que  les  autres  établidènt  ,  & 
qu'ils  fe  forment  les  uns  &  les  autres  des 
notions  fbn  diffihrentes  de  ce  qu'on  appelle 
mérite.  Par  ce  terme  les  Prote(bns  enten- 
dent une  proportion  exade  de  juftîce  équi- 
valente entre  l'œuvre  &  la  récompenfe.  Les 
Catholiques  au  contraire  n'exigent  qu'une 
certaine  proportion  de"  convenance  ,  qui 
defbne  une  récompenfe  à  chaque  bonne 


2 


400        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  œuvres  du  Juttc  font  uniquement  des  dons  de  Dicu,&  non  point  les  mérites 
Paul  III.  de  l'homme  juftifié.  3j.  Enfin  que  par  la  dodrine  que  le  Concile  vient  d'cn- 
"— ~"~  feigner ,  loin  de  contribuer  à  la  gloire  de  Dieu  &  aux  mérites  de  Jefus- 
Chrift ,  on  déroge  à  Tune  &  aux  autres. 

A  p  R  E*s  avoir  préparé  TExtrait  de  ce  Décret ,  j*eus  quelque  envie  de 
le  fupprimer  comme  luperflu ,  puifque  tous  les  Décrets  de  ce  Concile  étant 
imprimés  en  un  feul  volume  ,  qui  eft  entre  les  mains  de  tout  le  monde  » 
je  croyois  que  je  ferois  mieux  d'y  renvoyer  pour  le  récit  des  Décrets  des 
Seflîons  fuivantes.  Mais  ayant  fait  attention ,  que  plufieurs  trouveroienc 
plus  de  fatisfaûiou  à  trouver  tout  raflcmblé  dans  un  feul  Livre,  Se  que 
ceux  qui  aimeroient  mieux  confulter  TOriginal  pourroient  pafler  ces  Ex- 
traits, je  me  déterminai  à  ne  rien  changer  &  à  luivre  le  même  ordre  dans 
les  Seffions  fuivantes.  Et  ce  qui  m'afFermit  davantage  dans  cette  réfolution, 
c  eft  le  chagrin  que  j  ai  fouvent  eu  en  lifant  Xénophon  ou  Tacite ,  de  trouver 
omifcs  certaines  chofes  qu'il  eft  préfentement  impolTîble  de  favoir ,  quoi- 
qu'elles fullent  très  connues  de  leur  tems  -,  d'où  j'ai  pris  pour  maxime,  qu'un 
Livre  ne  doit  jamais  renvoyer  à  un  autre. 

Pour  venir  préfentement  au  Décret  de  la  Réformation,  voici  ce  qu*il 

contcnoit  en  (ubftance. 

Autre  Dé"      1 .  On  y  dit  premièrement  :  Que  le  Concile  voulant  corriger  les  mœurs 

cret  fur  /il  dépravées  du  Clergé  &  du  peuple,  ilajtigé  à  propos  de  commencer  par 

Réfidince,    ^çy^^  q^j  gouvernent  les  grandes  Egliles  :  Qu  elpérant  de  la  mifcricorde  de 

Dieu 


œuvre  ,  quoique  cette  œuvre  foit  infini- 
ment aU'deflbus  de  la  récompenfe.  D'ail- 
leurs, par  œuvres  les  Proteftans  entendent 
celles  qui  fe  font  par  les  feules  forces  natu- 
Telles  ,  &  qui  fembleroient  par  confcquent 
exclurre  la  ncceffité  de  la  Grâce  ;  les  Catho- 
liques au  contraire  n'attribuent  de  mérite 
qu'aux  œuvres  qui  fe  font  par  un  mouve- 
ment de  Foi  ou  de  Grâce,  &  rapportent 
par  confîquentà  Dieu  comme  à  fon  Auteur 
tour  le  bien  qu'il  peut  y  avoir  dans  les  allions 
des  hommes.  De  ces  différentes  notions 
doivent  fuivre  des  confcquences  fort  oppo- 
fées  ,  &  c'eft  au/H  pourquoi  les  uns  ont  (i 
fort  condamné  le  mérice  des  œuvres ,  tan- 
dis que  les  autres  l'ont  tant  recommandé. 
Mais  ,  comme  l'a  très -bien  remarqué  le 
judicieux  Auteur  des  Thcfes  de  5tf^tf«,  quoi- 
que Proteftant ,  roppofition  eft  bien  moin- 
dre qu'on  ne  fe  l'imagine ,  &  les  deux  panis 
conviennent  au  fond  à-peu-près  des  mimes 
chofes.  Car  tous  reconnoident  que  les  œu- 
vres des  Fidèles  faites  par  le  mouvement  de 


la  Grâce  plaifent  à  Dieu ,  &  qa*il  leur  a  pro- 
mis la  vie  éternelle  j  que  ces  œuvres  ont 
une  certaine  convenance  avec  iarécompen* 
fe ,  &  qu'elles  (ont  faites  pour  cette  fin } 
qu'on  peut  dire  qu'elles  font  dignes  de  la 
vie  éternelle  ,  non  dans  une  proponion 
exade  de  juftice  ,  mais  dans  une  cenaine 
convenance  naturelle  >  que  cette  récom- 
penle  leur  eft  due  non-feulement  parmifS- 
ricorde ,  mais  par  une  forte  de  juftice  s  que 
les  bonnes  œuvres  ont  le  même  rapport  a  la 
récompenfe ,  que  le  chemin  a  au  terme, 
les  moyens  à  la  fin ,  le  combat  à  la  vidloire  ; 
que  les  œuvres  des  Fidèles  ne  font  acceptées 
que  par  le  mérite  de  Jefus  Chrift  >  que  la 
juftice  de  la  récompenfe  n*exclud  pas  la  mi- 
féricorde ,  &c.  Ces  points  accordés  de  parc 
&  d'autre ,  on  fent  bien  que  tout  le  refte  de 
la  difpute  ne  roule  plus  que  fur  des  mots  ou 
des  définitions  arbitraires,  5:  que  la  cenfore 
du  Concile  eft  jufte ,  mais  ne  tombe  que  fur 
des  exprefOons  ,  parce  que  Terreur  icelle 
n'eft  foutenue  de  peifbnne* 

X7.  // 


î 


DE   TRENTE, Livre  IL  401 

Dîca  &  de  la  vigilance  de  fon  Vicaire  en  terre ,  que  ce  Gouvernement  MDxirw; 
ne  fera  plus  donné  qu'à  des  gens  qui  en  feront  dignes,  &  exercés  dès  leur  ^^^^  ^^^^ 
enfance  dans  les  obfervances  de  la  Difcipline  Eccléfîaftique  ,  il  exhorte  ' 

cous  ceux  qui  feront  prépofés  à  cet  OfEce ,  de  s'acquitter  de  leur  devoir  » 
<t  qu'ils  ne  fauroient  faire  fans  veiller  fur  la  conduite  de  leur  Troupeau  : 
Que  cependant ,  comme  il  y  en  a  plufîeurs  qui  abandonnent  leur  Bergerie 
Se  le  foin  de  leur  Troupeau ,  pour  paiïèr  leur  vie  dans  les  Cours  &  dans  les 
embarras  des  affaires  féculières ,  il  renouvelle  ^7  contre  ceux  qui  ne  réfidenc 
as  tous  les  anciens  Canons  ;  &  ordonne  outre  cela ,  que  (i  quelque  Prélat 
bus  quelque  titre  que  ce  pui(Iè  être ,  &  de  quelque  dignité  qu'il  foit  re« 
v&tu ,  s'abiente  de  fon  Diocèie  pendant  fix  mois  confécutifs  fans  une  caufe 
jufte  &  raifonnable ,  il  perdra  la  quatrième  partie  de  fon  revenu  \  Ôc  que  s'il 
continue  d'être  abfent  pendant  (ix  autres  mois,  il  en  perdra  un  autre 
quart  :  Que  s'il  perdfte  encore  plus  long-temsd  ans  fa  contumace ,  le  Mé- 
tropolitain ,  fous  peine  d'être  interdit  de  l'entrée  de  l'Eglife ,  fera  obligé 
dans  l'efpace  de  trois  mois  de  le  dénoncer  au  Pape ,  qui  de  fon  autorité 
fuprcme  pourra  employer  un  plus  grand  châtiment ,  ou  pourvoir  fon  Eeliiè 
d'un  Pafteur  plus  utile  :  Ou  que  fi  le  Métropolitain  tombe  dans  la  même 
faute ,  le  plus  ancien  des  SufFragans  fera  tenu  de  le  dénoncer. 

l.  Qu'a  l'égard  des  autres  Eccléfîaftiques  inférieurs  aux  Evèques,  qui 
tiennent  des  Bénéfices  qui  obligent  à  la  Réfidençe  par  droit  ou  par  la  cou*  * 
.tume ,  ils  y  feront  contraints  par  les  Evèques,  8c  que  tous  les  privilèges 
qui  en  exemtent  pour  toujours  demeureront  annuUés.  Que  les  Difpenfbs 
accordées  feulement  pour  un  tems  &  pour  des  caufes  vraies  Se  raiionna- 
i>les,  qui  auront  été  prouvées  devant  l'Ordinaire  ,  refteront  en  vigueur  ; 

17.  //  renouvelle  contre  ceux  qui  n£  refi-  ni  ceax  de  la  xxiii.  aient  rendu  la  Rcfidence 

Jent  pas  tous  les  anciens  Canons  ,  &c.  J  beaucoup  plus  exacte,  &  que  qui  que  ce  foie 

Cette  matière ,  qui  n'avoic  d*abord  été  pro-  (è  mette  en  devoir  de  les  Ëdre  exécuter  à 

.foCte  que  comme  un  règlement  de  Difci-  leur  ^rd  ^  fi  ce  n'eft  que  le  (candale  Coit  fi 

{iline  néceflkire  pour  remettre  Tordre  dans  excefuif ,  qu'il  n'y  ait  moyen  ni  de  le  cou>» 

le  Clergé  ^  devint  enfoite  le  fujet  d'une  vrir,  ni  de  le  diffimuler.  Cependant  il  n'y  a 

grande  conteÛation ,  qui  ne  (ut  terminée  aucune  obligation  plus  contbrme  à  la  rai** 

que  dans  la  Seifion  xxiii.  &qui  intrigua  fon,  ni  plus  recommandée  dans  les  Canons, 

irivement  la  Cour  de  R.ome  >  les  Légats ,  ôc  ^ue  celle  de  la  Réfidençe  s  9c  il  n'y  en  a  peut- 

les  Evèques ,  qui  réciproquement  regarde-  être  aucune ,  qui  mériftt  mieux  d'être  qua- 

irent  cette  difpute  comme  décifive  pour  la  lïSée  de  Droit  divia.Mzis  comme  enlàqaatii  ^ 

^fenfe  de  leurs  droits  ou  de  leurs  précen-  lifiant  ainfi  on  fembloit  trop  reflerer  l'au- 

tions.  Ici ,  fans  parler  de  la  nature  de  l'o-  torité  des  Di(pen(ès  ,  &  que  cela  préjudi* 

bligation  de  la  Réfidençe  >  &  fi  elle  eiï  de  doit  à  la  puiflance  du  Pape  »  aufil-bien  qu'à 

Droit  divin  .ou  fimpl^ment  EccUfiaftique ,  l'ambition  de  cedx  des  Prélats  qui  vouloiene 

on  fe  contente  pour  la  £siire  obferver  de  s'avancer  par  leurs  intrigues  dans  les  Cours 

porter  quelques  Loix  pénales  contre  ceux  des  Princes  i  la  partie  la  plus  fàge&  la  mieux 

qui  y  manquent ,  &  ces  Loix  même  n'ont  intentionnée  fqt  obligée  de  céder  à  la  plus 

guères  de  lieu,  que  contre  les  Miniftres  in-  nombreufe  «  &  il  £ei11uc  fc  contenter  de  ce 

férieurs.  Car  à  l'égard  des  Bvêques,  on  ne  que  l'on  pouvoit  obtenir,  dans  l'impoffibiUU 

iroit  pas  que  ni  les  Décrets  de  cette  Seflion ,  oi  Ton  étoic  d!ob;enix  ce  qu'on  vouloir* 

T  o  M  £  I.  Ë  e  e 


4ot         HISTOIRE    pu    CONCILE 

BDZLTix.  mais  que  r£vèque  comme  délégué  du  Saine  Siège ,   nonobftant  toute 
J^^aulIII.   exemcion  ou  privilège  contraire,  pourvoira  au  foin  des  amcs  par  Icrablif- 
"■■'■■■■■'"  fcment  des  bons  Vicaires ,  à  qui  il  aflîgnera  une  portion  convenable  fur  le 
revenu  des  Bénéfices. 

3 .  ^'  Que  nul  Eccléfîaftique  Séculier  fous  prétexte  d'un  privilège  per« 

ibnnel ,  ni  aucun  Régulier  demeurant  hors  de  (on  Monaftère ,  ne  pourra  , 

s'il  tombe  en  faute ,  s'exemter  »  en  vertu  du  privilège  de  ion  Ordre  ^  de  la 

vidte,  de  la  correâion ,  &  de  la  punition  de  l'OrdinairCr 

4*  ^^  Que  les  Chapitres  des  Cathédrales  &  des  Collégiales  ne  poorronc 


1  s .  Que  nul  EccUfiaftîque  Séculier  fous 
friuxtt  d*un  Privilège  perfonnel ,  ni  aucun 
Régulier  demeurant  hors  defon  Monaftère  , 
ne  pourrais' il  tombe  en  faute ^'exemterJUc,} 
Les  premières  Exemcions  des  Monaftères , 
comme  on  Ta  déjà  obfervé ,  avoient  été  ac- 
cordées par  des  motiâ  fon  rai(bnnables. 
Mais  cela  dégénéra  bientôt  en  abus ,  &  les 
Supérieurs  de  ces  Monafièies  (è  firent  un 
titre  de  Jurifdiétion ,  de  Texemcion  qu'on 
leur  avoit  procurée  de  celle  des  Evtqnes, 
Ceux-ci  s'en  plaignirent  de  bonne  heure , 
mais  l'abus  loin  de  diminuer  augmenta  à 
l'excès  par  la  naiflance  des  Ordres  Men- 
dians,  qu'on  accabla  de  privilèges.  La  Dif- 
cipline  en  fut  tellement  renverfée ,  que  la 
Jurifdiâion  des  Evèques  fe  trouva  réduite  à 
rien.   On  prèchoit  &  on  adminiftroit  les 
Sacremens  (ans  leur  licence  >  ils  n'avoient 
droit  ni  de  vifice  ni  de  correétion  s  chacun 
avoit  Tes  Tribunaux  propres ,  qui  rendoient 
celui  de  l'Evèque  inutile  :  en  un  mot  j  à  la 
ré(èrve  des  pouvoirs  qui  dépendent  du  ca- 
Taâère,  &  de  leurs  revenus  temporels ,  les 
Evèques  ne  l'étoient  plus  que  de  nom.  On 
avoit  même  donné  atteinte  à  leur  droit  d'Or* 
dination  ,  (bit  en  laillànt  aux  Moines  Is 
libené  de  fe  faire  ordonner  par  qui  ils  vou- 
droientyfoiten  accordant  à  plufievrs  Abbés  le 
droit  de  conférer  les  Ordres  Mineius  ,  de  à 
quelques-uns  même  celui  de  donner  le 
Soufdiaconat  &  le  Diaconat.  De  tels  abus 
excitèrent  les  Evoques  à  s'en  plaindre  forte- 
ment dans  le  Concile ,  &  Ion  y  pourvut  par 
difTérensxéglemens,  mais  toujours  en  favo- 
Yi(ânt  beaucoup  les  Moines ,  &  en  ne  ren- 
dant aux  Evéques  que  le  moins  qu'il  étoit 
podîble.  Dans  ce   Chapitre  od  le  Concile 
foumet  à  U  jurifdiétioii  de  TEvéque  ou  les 


Séculien  qui  auroient  des  privilèges  per(bn« 
nels  ,  ou  les  Règulien  qui  commettenc 
Quelque  fcandale  hors  du  Monaftère ,  il  ne 
fait  que  renouveller  une  Loi  autorisée  dans 
le  Droit  Canon  >  mais  il  le  fait  même  au 
préjudice  des  Evèques  ,  à  qui  il  ne  permer 
d'agir  en  ces  occasions  que  comme  Délégués 
du  Saint  Siège. 

a^.  Que  les  Chapitres  des  Cathédrales 
&  des  Collégiales  ne  pourront  fous  prétexte 
d'Exemtions  ,  de  coutumes^  defermens  ,  om 
de  Concordats  ,  sexemter  de  la  vifitede  leurs 
Evéques  ,  &c.  ]  Les  Auteurs  des  Notes  fur 
le  Concile  de  Trente  remarquent ,  qu'on  ne 
voit  point  d'Exemtions  données  aux  Ch^i- 
tres  avant  le  xii.  ou  le  xiii.  fiècle  5  que 
l'autorité  de  ces  Corps  s'eft  établie  en  partie 
par  la  jurifdiélion  qu'ils  ont  exercée  ,  Seds 
vacanUy  qui  ne  commença  que  quand  les 
Vifiteurs  que  le  Métropolitain  envojoit  ont 
celTé  ,  ce  qui  arriva  vers  le  x.  fiècle  i  que 
du  tems  à*Innocent  III ,  les  Chapitres  feai 
prétexte  de  partitions  Se  de  l'exemtion  poof 
leur  temporel ,  commencèrent  de  s'attri- 
buer quelque  efpéce  de  juh(cliâion  dans  Is 
correÂion   des   moeurs  des  Chanoines  ^ 
quoique  ce  (ut  tvec  fubordination  a  l'Evè- 
que )  mais  que  les  privilèges  ou  la  pcflèdion 
qui  exemtent  ces  Corps  de  la  jnrifdiflioii 
totale  font  abufifs  ;  que  la  panition  du  tefl»* 
porel  qui  a  été  ùÂte  entre  les  Evèques  &  les 
Chapitres ,  ne  peut  pas  être  étendue  à  la  jv* 
rifdiéHon  fpirituelle  >  que  les  Evèques ,  en 
communiquant  une  portion  de  cette  jurif- 
dièlionpar  des  Concordats  particuliers,  (è 
(ont  toujours  retenu  le  droit  de  rupériorité  & 
de  reflbrt  ;  que  les  privilèges  plus  étendus 
ont  été  forpris  &  extorqués  ,  &  (ont  des 
eâèts  de  la  foibledê  ou  de  la  prévaiicatioo 


DE    TRENTE, Litre   II.  40 j 

Cous  prérexce  d'exemcions ,  de  coutumes ,  de  fermens ,  ou  de  Concordats ,  MûxLtif^ 
«'cxcmtcr  de  la  vifite  de  leurs  Evêques  ou  d  autres  Prélats  fupérieurs ,  lou-  ^^^^  ^^^ 
ces  les  fois  qu'il  en  fera  befoin.  ' 

5.  50  Qu'aucun  Evêquc,  en  vertu  de  quelque  privilège  que  ce  puifle 
£tre ,  ne  pourra  exercer  aucune  fon£tion  Epifcopale  dans  le  Diocèfe  d*au- 
crui ,  (inon  avec  la  permiflîon  de  TEvêque  du  lieu  >  ôc  feulement  les  Sujets 
^e  ce  même  Evèque. 

Enfin  ,  l'on  afligna  la  Seflion  fuivante  au  troifième  jour  du  mois  de 
Mars  prochain. 


^es  EY^ues ,  qai  (bavent  pour  augmenter 
leur  rerena  temporel  ont  abandonné  par  des 
paôions  illicites  &  (îmoniaques  les  droits 
de  l'Epifcopat  -,  que  la  poflèdion  immémo- 
riale eft  inluffilante  pour  maintenir  de  telles 
prétentions  ,  puifqu'ane  coutume  abufîve 
ne  peut  préjudicier  à  un  droit  imprefcripti- 
ble  i  que  les  Rois  ont  quelquefois  £ivori(ë 
des  Eglifes  de  leur  procedion  fpéciale,  en 
les  ezemcant  de  la  jurifdiôion  ordinaire  , 
mais  qu'en  ce  qui  eft  purement  fpiriruel  ils 
n'ont  pu  les  fouftraire  à  leur  Supérieur  na- 
turel s  qu  enfin  a  l'égard  des  Bulles  qui  au- 
torifent  ces  fones  d'Ezemtions  ,  on  re- 
marque dans  la  plupart,  des  abus  &  des  nul- 
lités qui  en  rendent  l'effet  inutile.  Ce  fut 
fur  une  partie  de  ces  raifbns ,  que  les  Evê- 
ques infiderent  à  rappeller  tout  au  Droit 
commun ,  &  c'eft  à  quoi  le  Concile  a  pourvu 
jen  partie  ,  tant  par  ce  Décret  que  par  le 
fixièmeChapitredelaSelTion  xxv.  Mais  il 
t*en  faut  bien  ,  que  les  Evéques  aient  été 
rétablis  par-là  dans  tous  leurs  droits.  Les  Lé- 
gats &  la  Cour  de  Rome  qui  s  oppofoient 
&crettement  à  tout  ce  qui  favoriCbitlagran- 
diflement  des  Evêques ,  footenoient  fecret- 
cement  les  Chapitres  ,  &  auroient  voulu 
maintenir  des  Exemtions  ,  qui  en  les  fou- 
mettant  immédiatement  au  Pape,  rendoient 
(bn  autorité  plus  étendue,  en  même-tems 
qu  elles  afToiMiflôient  celle  des  Evêques.  Mais 
on  avoit  trop  befoin  d'eux ,  pour  tout  leur 
refufer  5  Se  c'eft  à  cette  néceffité  ,  plutôt 
qu'au  defir  de  réformer  les  abus ,  que  font 
dus  ce  Décret ,  Se  celui  de  de  Sedîon  xxv. 

)o.  Qu'aucun  Evêque  ,  en  vertu  de 
quelque  privilège  que  cepuiffe  être  ,  nepour» 
ra  exercer  aucune  fonBion  Epifcopale  dans 
le  Diocèfe  d' autrui ,  finon ,  &c  ]  Ce  que  le 
Concile  ordonne  ici  eft  conforme  à  l'an- 


cienne Difcipline ,  &  il  n'a  fait  que  renou* 
veller  ce  qui  avoit  déjà  été  établi  auparavant 
par  le  xxxvi.  Canon  des  Apôtres ,  auffi- 
bien  que  par  le  Concile  d'Antioche  fous 
Jules  /,  par  le  Concile  de  Sardique,  parle 
troifième  Concile  de  Carchage ,  par  le  troi- 
fième  d'Orléans,  par  le  Synode  in  TruUo, 
Se  par  plufieun  autres,  qui  ont  tous  défendu 
aux  Evêques  de  £iire  aucunes  fondions  dans 
des  Diocêfès  étrangers  (ans  la  permiffîon 
du  propre  Evêque ,  auffi-bien  que  d'ordon* 
ner  des  Clercs  de  la  jurifdidion  d'un  autre. 
Sur  ce  fécond  point  cependant  il  y  a  beau- 
coup plus  de  variété ,  parce  qu'on  ne  deve- 
noit  pas  fujet  d'un  Evêque  d'une  manière 
uniforme  par- tout.  Cette  fujettion  fe  tiroît 
quelquefois  de  la  naidànce  ,  ou  plutôt  du 
lieu  du  baptême ,  quelquefois  du  domicile  , 
Se  plus  ordinairement  autrefois  du  titre  de 
la  première  Ordination.  Mais  enfin  la  pra- 
tique la  plus  commune  aujourd'hui  ,  du 
moins  en  France,  pour  l'Ordination,  eft 
de  l'attribuer  à  l'Evêque  du  lieu  de  la  haif- 
(knce  y  quoique  les  Evêques  puilfent ,  s'ils  le 
veulent ,  exercer  cette  jurifdiélion  à  l'égard 
de  ceux  qui  ont  un  titre  bénéficiai  dans  leurs 
Diocêfès ,  Se  que  le  Concile  leur  permette 
auflî  d'ordonner  quelqu'un  né  hors  de  leur 
Diocèfe ,  pourvu  qu'il  ait  demeuré  trois  ans 
avec  celui  qui  l'ordonne.  C'eft  ce  qui  fut 
réglé  dans  les  SeiHons  xiv.  5ç  xxiii.  Mais 
pour  ce  qui  regarde  le  Déàret  de  cette 
SefCon ,  il  n'y  a  fur  cela  aucune  difficulté  , 
Se  l'on  n'a  &it  que  confirmer  l'ancienne 
Police  ,  à  laquelle  quelques  Evêques  ,  qui 
par  privilège,  ou  par  leur  droit  de  fupério- 
rité  fur  d'autres  Eglifes ,  prétendoient  fans 
raifbn  avoir  droit  d'exercer  par- tout  leur 
jurifdiâion ,  avoient  quelquefois  donné  at« 
teinte. 

Eee  X 


Paul  III. 

lugimtnt 
dtê  Publie 
fieras  Dé- 
nets ,  fisr 
lêfquels  les 
Théologiens 
ne  succw^ 
dotent  que 
dmns  Us  tmt' 
mes. 


404       HISTOIRE    DU    CONCILE 

3  X  Le  Décret  de  Foi  ne  donna  pas  beaucoup  matière  de  parler  à  Rome  l 
parce  qu  y  ayant  été  vu  &  examiné  publiquement  »  comme  on  l*a  dit  >  il 
n'y  étoit  point  nouveau  5  &  que  d'ailleurs  tout  le  monde  favoit  qu'on  y 
devoit  condamner  toutes  les  opinions  Luthériennes ,  &  qu'on  7  avoir  vu 
&  approuvé  ce  Décret.  ^  ^  Mais  les  Evèques  de  cette  Cour ,  qui  avoiene 
été  long-tems  inquiets  fur  l'Article  de  la  Réfîdence  qu'ils  fa  voient  qu'on  y 
traitoit ,  furent  bien  contens  lotfqu'ils  eurent  vu  le  Décret ,  perfuadés  qu'il 
n'auroit  pas  plus  d'effet  que  n'en  avoient  eu  auparavant  les  Décretales  des 
Papes  fur  la  même  matière.  Quant  aux  Courtifans  d'un  rang  inférieur , 
ils  furent  extrêmement  mal  fatisfaits  de  voir  qu'on  donnoit  aux  Evêques  le 
pouvoir  de  les  contraindre  à  la  Réddence  ;  &  ils  fe  trouvoient  fort  malheu* 
reux  de  ce  aue  pour  pouvoir  gagner  dequpi  vivre  ;  ils  étoient  obligés  de 
fervir  toute  leur  vie ,  &  pour  toute  récompenfe  de  leurs  peines  de  fe  voir 
pour  toujours  confinés  dans  un  village  -,  ou  s'ils  rcccvoicnt  quelque  pauvre 
Canonicat,  d'avoir  à  fupporter  une  fetvitude  plus  vile  &  plus  pénible  de 
la  part  des  Evêques ,  qui  non-feulement  les  tiendroient  comme  liés  d  ua 
poteau  >  mais  qui  d  titre  de  vifites  &  de  corredions  les  con tiendroient  dans 


3 1 .  £e  Décret  de  Foi  ne  donna  pas  heau' 
coup  matière  de  parler  à  Rome ,  &c.  ]  Le 
Cardinal  Pallavicin  ,  L.  8.  c.  18.  remar- 
que ,  qu'il  palTa  dans  la  SelHon  avec  une 
entière  unanimité,  &  qu'il  n'y  eut  d'oppo- 
ficion  que  de  la  part  de  l'Ev^ue  de  SenÎM- 
glia ,  qui  protefb  qull  lui  paroifToit  défec- 
tueux en  ce  qui  y  étoit  dit  de  la  Foi  &  de  la 
miféricorde  de  Dieu  ;  &  de  la  pan  de  l'Eve- 
que  de  Bojfa ,  qui  vouloit  qu'on  anathéma- 
u(àt  l'opinion  de  la  certitude  de  la  Judifica- 
tion.  Il  ne  lai(Ta  pas  néanmoins ,  félon  le 
même  Cardinal  L.  9.  c.  i.  de  fe  trouver  des 
gens  à  Rome  qui  le  blâmèrent,  non  tant  à 
caufe  de  ce  qu'on  y  avoit  défini ,  que  parce 
que  beaucoup  de  gens  eudènt  (buhaité  qu'on 
X>e  fe  fut  pas  tant  précipité  de  le  publier.  Ce 
n'efl  pas  pounant  qu'on  n'eût  pris  a(Ièz  de 
tems  pour  examiner  les  matières,  puifqu'il 
s'étoit  pa(K  près  de  fept  mois  depuis  la  der- 
nière Sedion ,  &  qu'il  n'y  eut  aucun  point 
fur  lequel  il  fe  tînt  tant  de  Congrégations. 
Mais  comme  cette  publication  s'ctoit  faire 
contre  la  volonté  de  FEmpereur ,  on  appré- 
bendoit  que  cela  n'indifpofat  l'efprit  de  ce 
Prince ,  &  que  les  fuites  n'en  fuflent  fôcheu- 
fes  Se  pour  le  Concile  &  pour  Rome ,  comme 
Maffei  Secrétaire  du  Pape  s'en  étoit  expli- 
qué au  Cardinal  de  Ste  Croix. 


5 1.  Mais  les  Evêques  de  cette  Cour^  qui 
avoient  été  longtems  inquiets  fur  P article  de 
la  Réjîdence  ,  —  fiirentbien  contens  ,  &c.  J 
Le  Décret  fur  la  Réfîdence  &  les  autres 
points  de  la  Réformation ,  ne  pafla  pas  avec 
la  même  unanimité  dans  la  Sedîon.  Au  con- 
traire il  s'y  fit  tant  d'oppofitions  &  tant 
d'exceptions ,  qu'on  fut  obligé  de  renvojer 
à  la  première  Congrégation  générale  a  délî- 
berer  de  nouveau  lur  ce  point,  &  à  rajufler 
le  Décret  au  gré  des  Pères  ,  ce  qui  fe  fit 
effedivement  dans  la  Congrégation  du  2  f 
de  Février  fuivant ,  félon  Pallavicin  L.  8. 
c.  1 8 ,  &  Raynaldus  N°  5  j.  A  l'égard  do 
point  particulier  de  la  Réfidence  ,  les  uns 
fouhaitoient  le  Décret  plus  refferré ,  &  les 
autres  moins.  Les  Counifàns  éroient  fort 
contens,  qu'on  n-'eut  point  déclaré  l'obliga- 
tion deréfider  de  Droit  divin^  &  prévoyoienc 
bien  qu'au  moyen  des  Difpenfes  on  éluderoit 
aifément  les  peines  fous  le(quelles  la  Réfi- 
dence étoit  ordonnée*  Mais  tel  qu'étoit  ce 
Décret ,  il  ne  laiffa  pas  de  fervir  a  remenre 
quelque  ordre  dans  l'Eglife.  Cependant  y 
comme  on  s'apperçiit  bien  qu'il  étoit  infiiffi. 
(ant ,  on  fut  oWigé  d'y  revenir  dans  la  fuite , 
&  de  reiferrer  par  de  nouvelles  Loix  une 
obligation ,  dont  on  fentoit  t?.nc  d'iucUn»» 
tien  à  fe  décharger. 


DE   TRENTE,  LiVRB   IL  405 

une  fiijcccion  pénible ,  ou  les  courmenteroienc  par  des  vexations  Se  des  dé-  mdxlyii» 
penfes  continuelles.  Paul.  III. 

Mais  lorfque  les  Décrets  *  eurent  été  répandus  hors  de  l'Italie ,  celui •  .. 
de  la  Foi  donna  bien  matière  à  difcouric ,  fur-tout  en  Allemagne ,  où  Ton  g  *^' 
trouvoit  qu  il  falloit  le  lire  ôc  rélire  très-attentivement  &  beaucoup  mé- 
diter delTuspour  y  comprendre  quelque  chofe,  &  même  qu'on  nepouvoic 
l'entendre  fans  une  parfaite  connoiiTance  des  moavemens  intérieurs  de 
l'ame ,  &  fans  favoir  en  quoi  elle  eft  aâire  &  paflive ,  parce  que  toute  la 
doâ:rine  du  Concile  rouloit  fur  ce  point ,  favoir  fi  le  premier  objet  de  la 
volonté  opère  en  elle  ou  elle  en  lui ,  ou  bien  s'ils  font  tous  deux  aâifs  &c 
paflifs  :chofes  très-fubtiles ,  &qui,  félonie  différent  côté  dont  on  les 
cnvifage,  ont  toujours  été  regardées  comme  problématiques.  Quelques 
plaifkns  dirent  qu*il  n'étoit  pas  étonnant  qu'à  l'exemple  des  Aftrolo- 
gués ,  qui  pour  cacher  l'ignorance  où  ils  écoient  des  véritables  caufes  des 
mouvemens  céleftes  ,  avoient  inventé  les  Epicycles  &  les  Excentriques  > 
le  Concile  eut  donné  dans  l'Excentricité  des  opinions  pour  fauver  les  ap- 
parences des  mouvemens  furnaturels.  ^  ^  Les  Grammairiens  ne  fe  ladbienc 
point  de  faire  admirer  par  raillerie  l'artifice  de  cette  expreflion  du  cinquiè- 
me Chapitre  de  la  Do£trine ,  Ncquc  homo  ipfc  nihil  omnino  agat  ,  qu'ils 
difoient  être  inintelligible  &  fans  exemple.  Us  remarquoient  que  fi  le  Sy<- 
liode  avoir  voulu  faire  entendre  que  l'homme  fait  quelque  cnofè,  ils  le 
pouvoient  dire  plus  clairement  en  ces  termes ,  Etîam  homo  ipfc  aliquid 
agat  y  ce  qui  convenoit  mieux  en  matière  de  Foi ,  où  l'expreilion  la  plus 
fimple  eft  toujours  la  meilleure  \  ou  que  s'ils  avoient  voulu  employer  une 
élégance ,  ils  auroient  mieux  fait  de  dire,  Etiam  homo  ipfc  nonnihil  agat  : 
Mais  qu'en  inférant  le  mot  omnino  y  la  phrafe  étoit  impropre  &  fans  fens  ^ 
comme  font  toutes  les  Propofitions  où  fe  trouvent  deux  négations ,  qui 
ne  peuvent  pas  fe  réfoudre  en  une  affirmation  :  Qu'en  effet ,  fi  l'on  vou- 
loit  convertir  cette  Propofition  en  une  affirmative,  il  faudroit  dire,  Etiam 
homo  ipfc  aliquid  omnino  agat ,  ce  qui  feroit  tout-à-fait  impropre ,  étant 
impoflible  d'entendre  ce  que  veut  dire  dans  cette  Propofition ,  Aliquid  om^ 
nino  ,  qui  fignifieroient  que  l'homme  a  une  aâion  d'une  certaine  manière  > 
qui  d'une  autre  manière  ne  feroit  pas  une  aftîon. 

Quelques-uns  défendoient  les  Pères  en  difant ,  qu'il  ne  failoît  pas  exa- 
miner leurs  expreflîons  à  la  rigueur  ,  ce  qui  ne  fcncoit  que  la  chicane.  A 
quoi  on  repliquoit ,  qu'il  croir  vrai  qu'on  devoir  toujours  interpréter  fa- 
vorablement les  façons  de  parler  ordinaires  \  mais  que  l'utilité  publique 
demandoit  qu'on  découvric  l'artifice  de  ceux  qui  en  s  écartant  des  expref- 

3).  Les  Grammairiens  ne  fe  laffoient  qu'ils  ne  fervent  qa*à  mieux  faire  voir  que 

ppint  défaire  admirer  par  ra'dlerie  l*  artifice  l'on  pouvoir  s'exprimer  &  plus  ezademenc 

de  cette  exprejjion  ,  Sec,  ]  Il  faut  avouer  ^  &plus  intelligiblement.  €c  neft  pas  qu'on 

que  leur  cenfure  n'étoic  pas  tout-à  fait  mal  n'entrevoye  bien  le  fens  du  CotKÏle  ;  mais 

fondée  >  &  les  exemples  que  rapporte  Pal-  ce  quon  en  critiquoit,  c'cd  que  rexpieûTioQ 

lavicin  L.  8.  c.  i<?.  font  fi  diileuiblables  ^  n'ccoit  ni  propre  ni  claire. 


40(;       HISTOIRE    pUCONCILE 

soxLYii.  fio^  claires  &  d'ufage  ,  en  inventoienc  d'impropres  &  d  ambiguës ,  &  qui 
Paul  IIL  couvroienc  quelque  concradidion  ,  pour  avoir  une  reflburce  contre  les 
^  deux  partis. 


te  nojlras  ctiam  rebelles  compclU  propititis  voluntates;  Se  qu'il  ne  convenoic 
(lac  L  ^.  P^s  QC  faire  paflcr  cette  prière  gour  un  defîr  vain  de  illufoire  ,  puifqu  étanc 

tus 

IX.  2.1      11     une    «IV^l.  %Jm   &  aUl    }    \jU^  W    Al  Vril.    LAJIIII.   UW  A  AIWPItJAllW     *      ^UW    VJ«,*1II.    S^M    UUl    A^patC 

'  les  vafcs  de  colère  de  ceux  de  miféricorde ,  puifque  ce  qui  fait  cette  dii^ 
rinâion  ,  c'eft  ce  Aonnihil  omninà  ourcmcnt  humain  du  Concile.  '^  D'au- 
tres critiquoicnt  cet  endroit  du  leptième  Chapitre ,  où  il  eft  dit  y  que 
chacun  reçoit  la  jujlice  jclon  la  mejure  qu'il  plaît  à  Dieu  d*en  départir  y  & 
félon  fa  propre  difpofition  y  &  ils  trouvoient  que  ces  deux  chofes  ne  pou*- 
voient  s'allier  enfemble  \  parce  que  (I  Dieu  vouloir  donner  une  plus  gran- 


3  4.  Ceux  qui  étaient  au  fait  de  la  Tkéo^ 
logie  difoient  qu'enfeigner ,  comme  faifoit 
le  Concile^  &c  ]  Cétoit  poodèr,  ce  fem- 
ble ,  la  ciîcique  trop  loin ,  qae  de  précendre 
trouver  de  la  contradiâion  entre  ce  qu  en- 
feigne  le  Concile  ,  que  l'homme  peut  tou- 
jours rejetier  les  injpirations  divines  ,  & 
Tancienne  prière  où  l'Eglifè  demande  à  Dieu 
dejbumettre  à  lui  nos  volontés  rebelles.  En 
efjfec,  ce  terme  compelle  ne  doit  s'entendre 

3ue  d'une  motion  proponionnée  à  la  nature 
e  notre  volonté  ,  qui  ne  pouvant  être  pri- 
vée de  (à  libené,  n*eft  forcée  de  fe  foumet- 
tre ,  que  de  la  même  manière  que  les  con- 
viés de  TEvangile  étoient  forcés  aux  Noces 
de  celui  qui  les  invitoit,  c'eft-à-dire,  par 
attrait  ou  par  perfuafion  ,  comme  l'a  fon 
bien  remarqué  le  Cardinal  Pallavicin  L.  8. 
c.  T9.  pui(que  la  Grâce  quelque  forte  qu'elle 
fbit  n'emporte  leconfentement  de  la  volon- 
té, &  n'agit  que  de  la  même  manière  que  le 
font  tous  les  autres  moti&  qui  nous  déter- 
minent à  Tadion. 

^f*  Ils  objeéioient  auji  ,  qu'on  ne  pour- 
toit  plus  dire  avec  S.  Paul ,  que  ce  nefl 
point  de  V homme  ,  &c.  ]  Cette  critique  n'eft 
pas  plus  jufle  que  l'autre.  Car  en  fuppo&nt 
la  néceflité  de  la  Grâce,  comme  &it  le  Con- 
cile ,  on  a  toujours  très-grande  rai(bn  de 
dire ,  que  ce  n'eft  point  de  l'homme  que 


vient  ce  qui  (épare  les  vafes  de  colère  d'avec 
lesvafesde  miféricorde.  Carde  croire  qu'il 
£iut  que  l'homme  ne  hSt  rien ,  pour  avoir 
droit  de  dire  que  ce  n'eft  point  de  lui  que 
vient  cette  diftinâion  ,  c'eft  ce  qui  n*eft 
jamais  venu  dans  l'efprit  de  S.  Paul  ,  qui 
dans  cet  endroit  de  l'Epître  aux  Romains  ne 
nous  en(èigne  autre  chofe  ,  fi  non  que  ce 
n'eft  point  en  vue  de  leun  mérites  que  les 
Juifs  8c  les  Gentils  ont  été  appelles  à  la  con- 
noiilànce  de  l'Evangile ,  ce  qui  n'eft  aucune- 
ment oppofé  à  ce  qu'enfeigne  le  Concile  de 
la  coopération  néceflàire  du  Libre  -  arbitre 
avec  la  Grâce. 

3  6,  D'autres  critiquoient  cet  endroit  du 
feptième  Chapitre  ,  où  il  eft  dit  que  chacun 
reçoit  la  juftice  ,  &c.  ]  Il  femble  véritable* 
ment ,  que  le  Concile  n'ait  pas  parlé  ici 
avec  la  m^me  exaé^itude  que  dans  les  en** 
droits  précédens ,  puifque  fouvent  la  Grâce 
a  été  départie  avec  plus  d'abondance  a  ceux 
qui  paroiiTent  y  avoir  apporté  moins  de  pré- 
paration. Ce  que  difent  ici  les  Pères  ne 
peut  donc  être  vrai  qu'en  ce  fens ,  que  ceux 

3ui  font  mieux  difpofés  mettent  moins 
*obftacles  à  la  Grâce  que  les  autres ,  quoi- 
qu'ils la  reçoivent  (bu vent  avec  moins  d'a- 
bondance. Mais  ce  fens  n'eft  pas  celui  qui 
fe  préfente  le  plus  narorellement» 


DE    TRENTE,  LivKE   11.  407 

de  mefure  de  juftice  à  celui  qui  feroit  moins  difpofé ,  ce  ne  feroir  pas  fe-  uuxLViu 
Ion  la  mefure  de  la  difpolition  j  au  lieu  que  fi  Dieu  la  donne  félon  la  dif-  Paul  III. 
pofition  du  fujec,  il  y  a  donc  un  autre  motif  qui  porte  Dieu  à  agir  que 
celui  de  fon  bon  plaifir.  37  Plufieurs  s*étonnoient  aum,  que  le  Concile  eue 
condamné  ceux  qui  diroienc  qu*il  ncfi  pas  pcffibU  dobftrycr  Us  comman^ 
dcmtns  de  Dieu ,  après  avoir  dans  le  Décret  de  la  féconde  Seffîon  exhorté 
tous  les  Fidèles  auemblés  à  Trente  à  avoir  de  la  douleur  le  leurs  péchés , 
•à,  fe  confefler  &  communier ,  &  d  obferver  les  commandemens  de  Dieu  » 
autant  qu'il  feroic  poflible  à  chacun  ,  quantum  qtdfqiu  pourit  :  modification 
^ui  fèroit  impie ,  li  l'homme  juftifié  pouvoir  les  obferver  abfolumenc.  Ec 
pour  prévenir  toutes  les  chicanes  qu'on  auroit  pu  oppofer  ,  ils  obfèr- 
voient  que  dans  l'un  &  l'autre  endroit  le  Concile  s*étoit  fervi  du  même 
mot,  Pmcepta. 

Les  gens  verfés  dans  l'Hiftoire  Eccléfiaftique  remarquoient  de  leur 
côté,  3^  que  dans  tous  les  Conciles  tenus  dans  TEglife  depuis  le  tems 
des  Apocres  jufqu'alors  ,  joints  enfemble ,  on  n'avoit  pas  déciaé  tant  d'Ar- 
ticles de  Foi  y  qu'on  avoir  fait  dans  cette  feule  Sefiion  ;  &  o^Arifiott  y  avoir 
eu  une  très-grande  parr ,  puifque  s'il  n'avoit  pas  diftingué  aufii  exaâement 
qu'il  avoir  fait  tous  les  différens  genres  de  Caufes ,  nous  manquerions  de 
beaucoup  d'Articles  de  Foi. 

Les  Politiques  enfin ,  quoiqu'il  ne  leur  convienne  pas  d'examiner  les 
cbofes  de  Religion  y  mais  de  s'y  foumetrre  avec  fimplicité,  fe  mêlèrent  néan- 
moins de  critiqtfer  auffi  ce  Décret.    Car  ils  étoient  fcandalifés  de  ce  que 

)7.  Plufieurs  s*itonnoient  auj/i ,  que  le  3  S.  Que  dans  tous  les  Conciles  tenus 

Concile  eût   condamné  ceux  qui  diraient  dans  VEglife  depuis  le  tems  des  Apôtres  juj^ 

qu'il  n'ejl pas  pojphle  d* obferver  les  comman-  qu'alors    —  on  n'avoit  pas  décidé  tant 

démens  de  Dieu ,  &c.  ]  De  qai  que  ce  (bit  d'Articles  de  Foi ,  &c.  ]  En  effet ,  je  crois 

que  vienne  cette  remarque ,  il  eft  difficile  de  que  de  tous  les  G>nciles  teiios  dans  l'Eglifè , 

ne  la  pas  regarder  comme  une  chicane.  Car  celui  de  Trente  eft  le  Concile  de  tous ,  ou 

loin  qu'il  y  ait  de  la  contradidion  entre  Ton  a  moins  épargne  les  Anathêmes  i  paif> 

exhoner  les  Fidèles  à  obferrer  les  corn*  qaon  en  compte  au  moins  1 5  j  dans  les 

mandemens  de  Dieu  autant  qu'ils  le  pour-  différentes  Seffions  de  cette  Adèo^ée.  Cette 

Tont  >  &  déclarer  qu  ils  font  poflibles  ,  Tez*  méthode  tA  certainement  la  plus  propre 

honation  au  contraire  en  fuppofe  la  poflibi-  pour  foumettre  les  dmples  ,  qui  ne  diftln- 

lité  ;  pui(qu'il  feroit  ridicule  d'exhorter  à  guent  point  TAnathème  de  la  damnation, 

obferver  ce  qui  feroit  impodlble»  D  ailleurs ,  Mais  comme  ces  Anathêmes  n'ont  de  poids 

comme  le  remarque  fon  bien  Pallavicin  ,  que  fuppofé  la  véricé  ou  l'importance  des 

il  7  a  bien  de  la  différence  entre  obferver  décidons ,  il  n'eft  pas  toujours  aifc  de  jufti* 

fimplement  ,  &  obferver  parfaitement  les  fier  une  pareiUe  conduite ,  quand  on  fait,  oa 

commandemens  de  Dieu.  La  poffîbilité  re*  qu'il  ne  s'eft  agi  (buvent  que  de  dictes  de 

sarde  le  premier  point,  &  l'exhonation  le  mots ,  ou  que  les  cbofes  n'étoicnt  pas  d'une 

dernier  :  ce  qui  feroit  difparoître  toute  con-  importance  à  faire  excluire  de  l'Eglife  ceux 

tradition,  quand  bien  même  on  en  fuppo-  qui  penfbient  différemment.  Dans  de  tels 

feroit    quelqu'une  apparente  dans  les  ter-  cas,  la  multiplicité  des  Anathêmes  efl  plus 

mes ,  qui  cependant  fe  concilient  aifément  propre  à  former  des  Schifmes ,  qu'à  remé- 

fans  cette  diftinâioa*  dier  aux  divifions  de  l'Eglife* 


4o8       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDZLTii.  le  Concile  avant  recommandé  dans  le  Chapitre  x.  Se  le  Canon  xz.  roblî- 
PAut  IIL  gation  d  obéir  aux  commandemens  de  Dieu  &  de  TEglife ,  *^  il  n*y  éroit  riea 
dit  de  lobéiflance  due  à  ceux  des  Princes  6c  des  Magiftrats.  Ilsdifoiencx 
Que  TEcrimre  Sainte  s'explique  plus  clairement  fur  cette  obéiflance  que 
fur  celle  de  TEelife  y  que  l'Ancien  Teftament  eft  plein  de  préceptes  qui  mar- 
quent cette  obligation  i  Se  que  dans  le  Nouveau ,  S.  Pierre ,  S.  Paul  y  Se 
Jefus-Chrift  lui-même  1  etaDlidènt  d'une  manière  très-claire  &  très-éten« 
due  :  Que  pour  l'Eglife  il  y  a  bien  im  commandement  exprès  de  l'écouter  : 
mais  qu'il  n'eft  pas  marqué  aufli  clairement  de  lui  obéir  ;  parce  qu'on  obéit 
bien  à  celui  qui  a  l'autorité  propre  de  commander ,  mais  qu'on  ne  fait 
qu'écouter  celui  qui  publie  le  commandement  d'autrui.  En  vain  leur  répon* 
doit  -  on  que  le  précepte  d'obéir  aux  Princes  étoit  renfermé  dans  celui 
d'obéir  à  Dieu ,  l'obligation  de  leur  obéir  étant  fondée  fur  ce  que  Dieu  a 
commandé  cette  obéiflance.  Ils  ne  fe  payoient  point  de  cette  excufe ,  Se 


'Eglife ,  Se  paffé  i  autre  lous  nience  y  aans  la  vue  qu 
eue  depuis  long-tems  les  Eccléfîaftiques  d'entretenir  le  peuple  dans  cette 
pernicieufe  opinion ,  qu'on  leur  doit  obéir  par  confcience  »  mais  qu'on 
n'obéit  aux  Princes  &  aux  Magiftrats  que  par  la  crainte  des  peines  tem^ 

{)orelles ,  &  qu'il  n'y  a  que  cette  vue  qui  doive  empêcher  qu'on  ne  viole 
eurs  Loix  :  Que  c'eft  par  ce  moyen  qu'on  repréfente  leur  Gouvernement 
comme  tyrannique ,  &  qu'en  le  rendant  odieux  on  s'expofe  a  le  détruire  ; 
tandis  qu'en  faifant  regarder  la  foumiflion  aux  Prêtres  comme  la  princi- 
pale &  même  l'unique  voie  d'acquérir  le  Ciel ,  les  Ecclé/iaftiques  n'ont 
en  vue  que  d'attirer  a  eux  toute  la  jurifdiâion ,  fie  à  la  fin  conféquçmmen( 
tout  le  pouvoir  Se  tout  l'empire. 
40  Pour  ce  qui  regarde  le  Décret  de  Réformation  ,  on  le  traita  nettes 

ment 


%^n  Ils  étoieru  fcandalifîs  de  ce  que  le 
Concile  ayant  marqué  l'obligation  d'obéir 
aux  commandemens  de  Dieu  &  de  l'Eglife^ 
il  ny  étoit  rien  dit  de  l'obéiffance  due  d 
ceux  des  Princes  ,  &c.  ]  C'a  été  un  trait 
judicieux  en  Fra  -  Paolo  d  avoir  mis  cette 
remarque  fur  le  compte  des  Politiques,  qui 
n*ont  pas  manqué  fouvent  de  la  Êiire.  Mais 
comme  il  ne  Ta  point  £&ire  en  fon  nom ,  il 
n*y  a  pas  tout-à-Ëiit  de  juftice  à  Pallavicin 
de  vouloir  l'en  rendre  refponfàble.  Au  refte, 
de  quelque  pan  que  vienne  la  réflexion , 
elle  me  paroit  tout-à'&itinjufte.  Car  il  n*eft 
nullement  vraifemblable  que  le  Concile  ait 
voulu  faire  regarder  comme  indiffib-ente 
Tioblig^tion  d'obéir  aux  Puiilânces  Séculières. 


Conune  ce  point  n'avoit  pas  été  rondié ,' 
&  qu'il  ne  faifoit  point  l'objet  des  délibéra^ 
dons  du  Concile ,  il  n'y  avoit  nulle  rai(bn 
d'en  parler,  ni  nulle  politique  à  Texclurre, 
d'autant  plus  que  prefque  tous  les  Théolo* 
gîens  ont  déclaré  cette  obéiflàace  aux  Prin-> 
ces  comme  une  obligation  de  confcience* 
De  favoir  ^u  refte  jufqu*o&- s'étend  cetc^ 
obligation  d'obéir  aux  Loix  humaines  tant 
Eccléfîaftiques  que  Civiles  ,  &  de  quelle 
nature  en  eft  la  tran(gre(Con ,  c'eft  ce  que 
le  Concile  n*a  point  déterminé  >  parce  qu'il 
n'étoit  point  qneftion  de  cette  auticres^c 
Fra-Paolo  a  eu  la  même  ré(eirve* 

40.  Pour  ce  qui  regarde  le  Décret  de  I4 
Réfçrmatiêtt^  on  le  traita  tuitcmint  d'unt 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E   1 1.  409 

xncnt  d'une  illufion  toute  pure.    Car  dire,  comme  on  faifoit,  quon  fe  mdxlvii. 
confioit  en  Dieu  &  au  Pape ,  que  les  Eglifes  feroienc  pourvues  de  pcr-  ^^"^  ^^^• 
fonnes  dignes ,  cela  fencoir  plus  la  prière  que  la  Réformation.  Renouveller  — ■— ■ 
les  anciens  Canons  en  un  fcul  mot  Se  d'une  manière  auflî  vague  ,  c'ctoit 
en  autorifer  davantage  rinobfervation  ;  au  lieu  que  fi  l'on  eût  voulu  les 
rétablir ,  il  falloir  ôter  les  caufes  qui  les  avoienr  fait  mettre  en  oubli ,  re- 
mettre en  vigueur  les  peines  décernées  contre  les  tranfgreflcurs ,  établir 
des  perfonnes  pour  les  faire  exécuter,  &  employer  tous  les  autres  moyens 
dont  on  a  coutume  de  fe  fervir  pour  l  etablififement  &  la  confervarion  des 
Loix.  Enfin  on  difoit  :  Que  par  les  Réglemens  que  Ton  avoir  faits  ,  Ton 
n'avoir  fait  autre  chofe  qu'autorifer  les  Bénéficiers  à  être  abfens  toute  Tan- 
née en  facrifiant  une  moitié  de  leurs  revenus ,  &  qu  on  leur  avoir  même 
appris  à  s'abfenter  onze  mois  &  plus  fans  rien  perdre  de  leurs  revenus  , 
en  paroiflant  trente  jours  ou  même  moins  avant  Vexpiration  des  fix  mois  : 
Que  d  ailleurs  quand  le  Décret  feroit  plus  ferieux  ,  on  Tavoit  rendu  inutile 
par 
puil 

îur-tout  ayant  pour  juges  acs  gens  qui  icmoicnt  s  mtcreucr  a  ce  qu 
jétablifle  point  la  Réhuence. 

Avant  que  de  quitter  ce  qui  regarde  cette  Seîfion  ,  41  il  eft  à  propos     (^jith    ' 

&  Soto , 

en  combat  la  confcquence  en  diftinguant  ce  V*^'^'*^   «^ 

qu  il  y  a  de  clair ,  d'avec  ce  qu'il  y  a  d'ambigu  J'^^^^^^^  ^ 

dans  la  décifîcn.  Cependant  cette  diftindion,  ^^^^/"»  'T^T 
--'----  :  tendent  ch/i" 


Ulufion  toute  pure  y  Sec]  Cétoit  aflTurément 
trop  dire.  Mais  il  efl  vrai  pourtant  que  l'Em- 
pereur enfutalfez  mccontenc,  comme  n'y 
trouvant  rien  de  fort  imponant  i  &  le  Con- 
cile en  jugea  aflez  de  la  môme  manière 
dans  la  fuite ,  puifqu  il  fallut  retoucher  tou- 
tes ces  matières  ,  &  relferrer  beaucoup  plus  une  certitude  de  foi  de  fa  Juftification  ,  fi  zxxfuycur  de 
qu'on  n'a  voit  fait  l'obligation  de  la  Rcfi-    vu  &  au  fu  du  Concile  chacun  des  Théolc-/^;»  cPinio». 


qui  peut  avoir  fon  ufage  ailleurs ,  n'a  pas  ici  » 

la  moindre  application.  Car  puifqu'il  s'agif-  Connle   » 
foitaufond  de  favoir,  fi  l'homme  peut  avoir  décidé 


dence  &  les  Exemtions  des  Privilégiés ,  que 
la  Cour  de  Rome  avoit  grande  envie  de 
maintenir  pour  le  foutien  de  (à  propre 
autorité. 

41.  Ile  fi  à  propos  de  faire  mention  d*un 
événement,  qui  y  quoiqu'il  ne  foît  arrivé  que 
quatre  mois  après  ,  &c.  ]  Cet  événement 
efl  que,  quelques  mois  après  le  Concile, 
Soto  &  Catharin  publièrent  l'un  &  l'autre  un 
Ouvrage ,  où  fur  l'article  de  la  certitude  de 
la  Grâce ,  quoique  d'un  fentiment  oppofé  , 
chacun  d'eux  ^^rccendit  que  le  Concile  avoit 
décidé  en  fa  faveur.  Ils  eurent  l'un  &  l'autre 
Ifurs  partifans  }  d'oJ  notre  Hiftorien  con- 
clud  que  fi  dans  le  tems  môme  du  Concile 
l'on  a  Ç\  peu  connu  le  fens  de  fes  décifions , 
il  eft  encore  plus  ditSwile  de  le  favoir  à  pré- 
&nr.  PaUavicin  ne  nie  pas  le  (ait ,  mais  il 
TOM£    I. 


giens  oppolcs  a  pu  foutenirque  cette  Afl'em- 
blée  avoit  ou  n'avoit  point  défini  la  chofe, 
fans  que  les  Pcres  aient  voulu  s'expliquer  de» 
puis  fur  cette  conteftation ,  ne  doit-on  pas  en 
conclure  que  le  fens  de  la  définition  étoit 
trcs-ambigu ,  &  que  par  le  principe  du  Car- 
dinal cette  décifion  n'appartient  point  à  la 
Foi ,  puifqu'aucune  des  parties  oppofées  ne 
convenoit  du  lens  de  la  définition  ?  C'eft  la 
conféquence  qui  réfulte  de  cette  contefta- 
tion ,  &  qui  prouve  invinciblement  ce  qu'a 
avancé  Fra-Paolo ,  que  le  Concile  s'eft  fou- 
vent  expliqué  d'une  manière  Ci  ambiguë, 
qu'il  eft  impo/fible  d'en  pénétrer  véritable- 
ment le  fens.  C'cftauili  ce  qui  fit  dire  dans 
la  fjite  à  Piùrac ydsins  une  lettre  au  Chan- 
celier de  r Hôpital  ,  qu'il  fembloit  qu'aie 
lieu  que  les  autres  hommes  s'expliquuieoc 

Fff 


le 


410       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  de  faire  mention  d'un  événement  qui ,  quoiqu'il  ne  foie  arrivé  que  quatre 
Paul  III.  ^^^jg  après  ,  appartient  pourtant  à  la  Seflîon  préfente ,  &  peut  fervir  à 
nous  faite  connoître  ce  que  cetoit  que  le  Concile  de  Trente,  ôc  quelle 
opinion  en  avoient  ceux  mêmes  qui  y  aflîftoient.  Pour  bien  entendre 
e  Pallav  L  ^^^^  >  ^  ^^  ^^^^^  ^^  fouvenir  que  Dominique  Soto ,  dont  on  a  déjà  parlé 
».  c.  19.  fi  fouvent,  &c  qui  eut  tant  de  part  à  la  compofition  des  Décrets  fur  le 
>éché  originel  Se  la  Juftification ,  après  avoir  recueilli  tous  les  avis  &c 
[es  raifons  que  Ion  allégua  dans  ces  difputes  >  &  avoir  pris  le  deffcin  d'en 
faire  part  au  public ,  &  d'interpréter  les  paroles  du  Décret  d'une  manière 
fevorable  à  fes  opinions*,  que  Soto ^  dis-je,  fit  imprimer  un  Livre  inti- 
tulé ,  De  la  Nature  &  de  la  Grâce ,  avec  une  Epître  dédicatoirc  au  Con- 
cile, où  il  difoit  que  fon  Ouvrage  n'étoit  qu'un  Commentaire  des  deux 
Décrets  précédens.  Dans  ce  Traité ,  lorfqu'il  vient  à  l'article  de  la  cer- 
titude de  la  Grâce  ,  il  prouve  fort  au  long,  que  le  Synode  avoit  déclaré 
que  l'homme  ne  peut  favoir  avec  une  certitude  pareille  à  celle  de  la  Foi , 
c'eft-à-dire,  qui  exclue  tout  doute,  s'il  a  la  Grâce.  Catharin  qui  venoic 
d'être  fait  Evêque  de  Minori ,  &  qui  perfiftoit  toujours  dans  l'opinion  con- 
traire qu'il  avoit  défendue  dans  le  Concile  ,  fit  imprimer  de  (on  côté  un 
petit  Livre  dédié  pareillcmenr  à  cette  A(Temblée  ,  dont  l'objet  étoit  de 
prouver  que  le  Concile  n'avoir  point  prétendu  condamner  l'opinion  de 
ceux  qui  afliirent  que  le  Jufte  peut  croire  avoir  la  Grâce  avec  la  même 
certitude  qu'il  croit  les  Articles  de  Foi  ;  qu*au contraire  il  avoit  décidé  qu'il 
eft  obligé  de  le  croire,  puifque  dans  le  Canon  xxvi.  il  avoit  condamné 
ceux  quidifent,  queleJufie  ne  doit  pas  efpérer  &  attendre  la  récompenfe  ; 
&  qu'il  eft  néceflaire  que  qui  doit  efperer  comme  Jufte  ,  fâche  certainement 
qu'il  eft  rel.  Dans  cette  oppofition  de  fentimens  ,  non-feulement  l'un  & 
l'autre  écrivant  au  Concile  aiFuroient  que  leur  opinion  étoit  celle  de  l'Af- 
femblce  ;  mais  dans  les  Apologies  &  Contrapolocies  qu'ils  publièrent  de- 
puis, ils  fe  plaignoienr  réciproquement  au  Synode,  qu'on  lui  impofoit  en 
lui  faifant  dire  ce  qu'il  n'avoir  point  dit,  &  ils  prenoient chacun  diver» 
Pères  à  témoin  de  ce  qu'ils  avançoient.  En  effet ,  a  la  réferve  de  quelques. 
^  bons  Prélats ,  qui  fe  tenant  neutres  difoient  n'avoir  pas  bien  compris  la  dif- 

férence qui  étoit  entre  eux  ,  mais  avoir  donné  leur  confentement  au  Décret 
parce  qu'ils  voyoient  les  deux  partis  accordés  à  le  recevoir  ,  les  Evêques 
croient  parragés  &  rendoient  témoignage  les  uns  â  Soto  &  les  autres  à  Cï- 
tharin.  S  te.  Croix  étoit  pour  ce  dernier  ;  &  Monte  difoit  que  pour  lui  il 
croit  demeuré  neutre.  Par-là  on  peur  juger  combien  peu  l'on  peut  efpérer 
de  favoir  à  préfenr  la  pcnfée  du  Concile,  puifqu 'alors  même  ceux  qui  en 
croient  les  Chefs,  &  ceux  qui  y  avoient  a(Iîfté,ne  saccordoient  paseux- 

pour être  entendus,  ceux-ci  pailoient  pour  nihil  maps  volunt  quam  ne  inteUigantur2 
ne  point  rêtre.  Nofti  artificia  horum  homi-  Dup.  Mem.p.  z/t.  Ce  jugement  eft  peot- 
num  ;  vix  unquam  aliquid  apertè  dicent,  être  un  peu  exagéré ,  mais  il  eft  viai  pour- 
ri* unquam  Jimplicitcr  ;  &  cum  cateri  tant  qu'on  en  peut  trouver  difiîrentes  preik* 
hûmints  loquantur  ut  inuUîp  po£int  ,  ifii  y^  dans  le  Concile^ 


DE    TRENTE,  Livre     IL  411 

mcmes.  D'ailleurs  ce  qui  fait  une  autre  difficulté  elt  de  favoir  quel  ctoit  ce  mdxl vu- 
Concile  qui  avoit  décide  l'Article  ,  &  auquel  appelloient  Soto  &  Catharin ,       "'^  ^^^' 
chacun  deux  croyant  qu il  lavoit de  fon  côté.  Car  il  falloir  que Tun  des ■■*■"■■" 
deux,  ou  que  cous  les  deux  enfemble,  fe  trompaflent  dans  le  jugement 
qu'ils  en  portoient  \  Se  que  peut-on  juger  des  autres  y  fi  ceux-là  même  fe 
trompoient?  A  cela  Ton  dira  peut-être,  que  c ctoit  à  tousenfemblc  que  le 
Saint  Efprit  fit  déterminer  la  vérité  ,  que  chacun  des  particuliers  n'entendoit 
pas-,  ainfi  que  Caïplu  commç^  Souverain- Pontife prophétifa  ,  fans  entendre 
ce  qu'il  prophétifoit ,  félon  la  comparaifon  que  fit  TEvêque  de  Bitonu  dans 
fon  Sermon.  Mais  il  y  a  deux  difficultés  à  cette  réponfe,  L  une ,  que  Dieu 
fait  prophétifer  les  Réprouvez  &  les  Infidèles  ,  lans  leur  donner  Tintelli- 
gence  de  ce  qu'ils  prophétifent;  au  lieu  que  dans  les  Fidèles  qui  prophé- 
tifent ,  leur  entendement  eft  éclairé  pour  entendre  ce  qui  leur  cft  infpiré. 
L'autre  que  les  Théologiens  conviennent  unanimement,  que  les  Conciles 
ne  décident  point  de  la  Foi  par  une  infpiration  divine  ,  mais  qu'ils  n'em- 

{)loyent  pour  le  faire  qu'une  diligence  &  une  recherche  toute  humaine  ,  que 
e  Saint  Efprit  dirige  pour  les  préferver  de  l'erreur,  en  forte  qu'ils  ne 
peuvent  rien  déterminer  fans  bien  entendre  la  matière  fur  laquelle  ils  ont  à 
décider.   Peut-être  approcheroit-on  plus  de  la  vérité  en  difant ,  que  lorfquc 

{)our  former  le  Décret  on  difcutoit  les  opinions  contraires,  chacun  rejettoic 
es  paroles  qui  avoient  un  fens  contraire  à  fon  opinion  ,  pour  s'arrêter  à 
celles  qui  la  favorifoient  -,  ce  qui  rendoit  les  exprellîons  fulccptibles  d'in- 
terprétations oppofées.  Mais  cela  même  ne  fullîroit  pas  pour  réfoudre  le 
doute propofé ,  &  pour  faire  trouver  quel  étoit  ce  Concile-,  puifque  ce 
feroit  avouer  qu'il  n'y  avoit  d'accord  que  dans  les  paroles ,  &  que  réel- 
lement on  étoit  divifédans  les  fentimens.  4^  Mais  ce  qui  arriva  dans  le  cas 
dont  l'on  vient  de  parler ,  &  peut-être  encore  dans  plulieurs  autres ,  ne  re- 
garde pas  la  condamnation  des  Erreurs  Luthériennes  ,  fur  laquelle  tous 
croient  d'accord  avec  une  unanimité  fingulicre. 


41.  Mais  et  qui  arriva  dans  U  cas  dont 
Von  vient  de  parler  ^  &  peut-être  encore  dans 
flufieurs  autres  ,  ne  regarde  pas  la  condam- 
nation des  Erreurs  Luthériennes  ,  &c.  ]  Il 
fauc  avouer  que  pour  la  plupart  du  tems 
les  Théologiens  du  Concile  saccordoient 
fort  fur  la  condamnation  des  opinions  Lu- 
thériennes ,  &  qu'il  Y  eut  beaucoup  d'adreflTe 
dans  la  manière  avec  laquelle  le  Concile 
ménage  tellement  Tes  expreflions ,  que  les 
Ecoles  Catholiques  ne  fe  trouvèrent  point 
comprifes  dans  cette  condamnation.  Mais 
quelque  art  que  l'on  ait  employé  dans  la 
comDofîcîon  cîes  Décrets  &  des  Canons ,  on 
doit  ctrealfcz  embarrafic  à  ju<îcr,  comment 
on  a  pu  condamner  les  Pxotedans  fans  tou- 


cher aux  opinions  des  Catholiques ,  dans  les 
articles  ou  1  on  voit  que  les  principes  font 
abfolument  les  mêmes.  Car  en  ce  cas  il  faut 
conclurre ,  ou  que  les  Proteftans  n  ctoient 
pas  plus  condamnables  que  quelques  Ecoles 
Catholiques ,  ou  que  ces  Ecoles  ont  étc  en- 
veloppées dans  la  m6me  condamnation  ;  ce 
qui  rend  la  plupart  des  Anathcmes  fur  la 
Juftification  &  la  Grâce ,  ou  outrés ,  ou  illu- 
foires  -,  outrés ,  (1  Ton  a  condamné  dans  les 
Proteftans  ce  qui  n'eft  pas  condamnable  dans 
les  Catholiques  5  illufoires ,  s'il  eft  permis 
aux  Catholiques  de  foutenir  fous  d'autres 
termes ,  ce  que  Ton  a  trouvé  dans  les  Pro- 
teftans  digne  d'une  jufte  condamnation, 

Fff  i 


BTDXtVIÏ. 

Paul  III. 


411        HISTOIRE    DU    CONCILE 

Puisque  je  fuis  fur  ce  fujet,  je  ne  dois  pas  omettre  uue  réflexion  que 
Catharin  adreflc  au  Concile  dans  le  Livre  qu'il  lui  prcfenta,&  on  ne  doit  pas 
""*■——"  priver  cet  Auteur  de  l'honneur  que  mérite  fon  obfervation^  C  eft  que ,  ciic- 
il ,  il  y  a  de  la  contradiction  à  dire  que  l'homme  reçoit  volontairement  la 
Grâce  ,  &  qu'il  n  eft  pas  certain  de  l'avoir  ;  parce  que  perfonne  ne  peut  re- 
cevoir volontairement  unechofe,  fans  favoir  fi  elle  lui ett  donnée,  &fan$ 
ctre  certain  qu'il  la  reçue. 
Conffrlga^     LXXXIV.  Mais  pour  revenir  préfentement  aux  affaires  du  Concile, 
tion  oh  Con  £  45  j^  lendemain  de  la  Seflîon  il  le  tint  une  Congrégation  générale  pour 
^naiter  des   ^cliberer  de  la  matière  à  traiter  dans  la  Seflîon  prochaine.  Et  comme  on 
Sacremens   étoit  déjà  convenu ,  que  par  rapport  aux  matières  de  Foi  Ion  fuivroit  Tordre 
en  général ,  de  la  Confeflîon  d'Ausbourg ,  il  s'agiflbit  de  traiter  du  MiniflèreEccléfîaf- 
^  i/«  abus  tique ,  que  les  Luthériens  faifoient  confifter  dans   l'autorité  d'annoncer 
^'"'^        l'Evangile  &  d'adminiflrer  les  Sacremens.  44  Sur  cela  quelques-uns  étoient 
dans  leur    d*^vis  ,  qu'en  s'attachant  d'abord  à  la  première  partie  on  traitât  de  la  Pui£. 
adminifira-  fance  Eccléfîaflique,  &  qu'on  s'expliquât  fur  toutes  les  fondions  fpirituellcs 
tion.  Se  temporelles  dont  Dieu  a  chargé  TEglife  à  l'égard  des  Fidèles,  ôc  qui 

/Rayn,  ad  étoient  conteftées  par  les  Luthériens.  Cet  avis  étoit  du  goût  de  tous  les 
an.  1547-    Prélats,  parce  que  c'étoit  une  matière  facile  à  entendre  ,  &  dégagée  de 

Pallav.  L.^      ^^  ^  ^^  lendemain  de  la  Sejfion  il  ft  tint 
une  Congrégation  générale  ,  &c.  ]   Elle  ne 


fe  tint  cjue  deux  jours  après ,  c'eft- à-dire,  le 
ly  de  Janvier  1 547  ,  félon  Raynaldus  N^ 
13.  &  Pallavicin  L.  9.  c.  i.  &  félon  les 
Ades  écrits  par  Pratano. 

44.  Sur  cela  quelques-uns  étoient  d*avis, 
quen  s* attachant  d'abord  à  la  première 
partie  ,  on  traitât  de  la  Puijfance  Ecclé- 
Jiaflique  ,  Scc,  ]  Le  Cardinal  Pallavicin 
prétend  au  contraire ,  qu'il  ny  eut  aucune 
difpute  fur  ce  qui  devoit  faire  le  fujet  de  la 
prochaine  Seflîon  ,  quon  en  croit  déjà  con- 
venu auparavant ,  &  que  le  Card.  del  Monu 
fe  contenta  dans  cette  Congrégation  de  fe 
plaindre  de  l'attachement  exceffif  que  cha- 
cun faifoit  paroître  pour  fes  fenrimens ,  & 
de  la  variété  d'avis  qu'il  y  avoit  eu  dans  la 
dernière  Seflîon  au  fujet  du  Décret  de  la 
Réfidence  &  de  la  matière  de  la  Réforma- 
tion 5  après  quoi  il  propo(a  de  traiter  des 
Sacremens.  Ce  que  dit  ici  Pallavicin  eft 
txadement  conforme  à  ce  que  rapporte 
Raynaldus  du  diicours  de  ce  Légat  tiré  des 
Ades  du  Concile.  Raynald»  N°.  ij.  Je  ne 
(àurois  me  perfuader  cependant ,  que  notre 
Hiftorien  ait  avancé  un  tel  fait  de  fon  chef, 

âc  il  eft  certain  ao  moins ,  qu'on  ne  convint 


pas  fi  unanimement  de  traiter  des  Sacre- 
mens ,  qu'il  n'y  eût  quelques  Prélats  qui 
propoGdfeni  de  traiter  auparavant  de  Tinm- 
tution  des  Evêques  5  ce  qui  revient  affez  i 
ce  que  dit  Fra-Paolo  ,  que  quelques-uns 
étoient  d'avis  qu'on  traitât  d'abord  de  la 
Puiflànce  Eccléfîaftique.  Car  au  rappon  de 
Raynaldus  ,  N°  30.  dans  une  des  Congre^ 
gâtions  qui  fe  tint  avant  qu'on  préfentat 
les  Articles  à  difcuter  lur  les  Sacremens , 
Antoine  de  la  Croix  Evèque  des  Carraries 
s'étendit  beaucoup  pour  montrer  qu'avant 
toutes  chofes  on  devoit  établir ,  que  l'Epif- 
copat  &  la  Riéfidence  étoient  de  Droit  divin« 
Canarienjis  multa  deduxit ,  ut  perfuadertt 
ante  omnia  (latuendum  ejfe  ,  Epifcoporum 
refidentiam  de  jute  divino  ejje  ;  Epijcopa-» 
tum  6»  Epifcopale  ojfficium  à  jure  divino  ejffe 
contendit.  Cui  Alifanus  &  Minoritenfis 
refponderunt.  Cet  avis  ne  fut  pas  écouté  , 
mais  il  a  pu  donner  occafion  à  Fra-Paol» 
de  croire  qu'il  y  eut  quelque  diverfité  d'avis 
fur  la  proportion  du  Légat ,  quoique  Palla' 
vicin  dife  qu'il  n'en  a  rien  vu  dans  les  A6ies 
du  Concile.  C'eft  pourtant  de  quelques-uns 
de  ces  Aéles ,  que  Raynaldus  nous  rapporte. 

le  mime  fait- 


DE    T  REN  TE,  L  I  VR  E    IL  415 

toutes  les  fubtilicés  Scolaftiques  ,  &  où  ils  pouvoient  avoir  leur  part  comme  mdxlvii. 
les  autres.  Mais  comme  cette  matière  n'avoit  point  cté  traitée  par  lesSco-  ^^"^  ^^' 
laftiques ,  elle  n'agréoit  point  aux  Théologiens ,  qui  n'auroienc  rien  eu  à 
dire  lur  ce  fujet  ,  fur  lequel  il  eût  fallu  qu'ils  s*en  rapportalTent  entiè- 
rement aux  Canoniftes.  Ils  remontrèrent  donc ,  que  la  Confeflîon  d'Auf- 
bourg  ne  traitoit  pas  de  toute  Tautorité  Eccléiiaftique  ,  mais  feulement  du 
pouvoir  de  prêcher  y  fur  lequel  on  avoir  réglé  dans  la  Seflîon  précédenie 
tout  ce  qu'il  falloit  s  Se  que  comme  rien  n'avoir  plus  de  liaifon  &  ne  fuivoic 
plus  naturellement  la  matière  de  la  Juftification  que  celle  des  Sacremens 
qui  font  les  moyens  pour  l'acquérir ,  il  étoit  bien  plus  à  propos  d'en  faire  le 
iujet  de  la  Seffion  fuivante.Cet  avis  fut  appuyé  par  les  Léeats  &  leurs  adhé- 


Conciles  &  du  Pape  >  &  qu'on  n'eût  pas  manqué  de  toucher  à  différentes  ^^^'  ^*^ 
queftions  délicates ,  qu'ils  jugeoient  plus  à  propos  de  ne  point  laiflèr  remuer.  ^^^* 

^î  Après  la réfolution priîe  de  traiter  des  Sacremens  >  on  fit  réflexion, 
que  cetre  matière  écoit  fi  ample  &  fi  abondante ,  qu'on  ne  pouvoir  pas 
l'examiner  toute  entière  en  une  feule  Sefiion  ;  mais  on  ne  pouvoir  pas  ré- 
foudre aifément  en  combien  de  parties  on  la  partageroit.  La  Confeflîon 
d'Ausbourg ,  en  ôtant  quatre  Sacremens  ,  l'avoir  bien  abrégée  ;  mais  on 
difoit  que  c'étoit  pour  cela  même  qu'il  falloit  en  traiter  plus  exadtement , 
afin  de  les  rétablir  :  Qu'ainfi  il  feroit  bon  de  commencer  par  traiter  des  Sa- 
cremens en  général ,  après  quoi  on  pourroit  venir  à  chaque  Sacrement  en 
particulier-,  &  l'on  donna  commiflîon  d'extraire  de  la  doctrine  des  Luthé- 
riens les  Articles  qui  regardoient  cette  matière.  Et  pour  joindre  la  Réfor- 
mation à  la  Doctrine  &  a  l'examen  des  E>ogmes  ,  on  réfolut  d'examiner  les 
abus  qui  fe  commettoient  dans  l'adminifliration  des  Sacremens  *,  &  on  éta- 
blit une  Congrégation  de  Prélats  &  de  Canoniftes  pour  délibérer  fur  les  re- 
mèdes qu'il  y  faudroit  apporter  ,  &  pour  former  les  Décrets  qui  feroienc 
néceffaires.  Mais  comme  il  pouvoir  arriver  que  les  deux  Congrégations 


grégations  générales.  On  convint  outre  cela  ,  qu'attendu  la  promeflè  qu'on  Ficury     £^ 
avoir  faite  de  continuer  de  traiter  de  la  Réfidcnce  ,  on  en  examineroit  143.  N*î 

lOI, 

4^.  j4près  la  réfolution  prîfe  de  traiter  Croix  à  celles  où  l'on  traiteroit  des  matières 

des  Sacremens  ,  on  fit  réflexion  ,  &c.  ]  Ce  de  Dodrine.  Car  il  n'y  avoit  plus  alors  que 

ne  fut  pas  dans  cette  première  Congrégation  ces  deux  Légats  au  Concile  ,  &  le  Card. 

du  I  f  de  Janvier  que  la  chofe  fut  arrêtée ,  Pool  obVigé  de  quitter  Trente  pour  Tes  in- 

mais  dans  celle  du  17  >  oj  il  fu:  T>g!cauffi  firmités  avoit  obtenu  permiffion  de  retour- 

que  le  Cardinal  del  Monte  préfideroit  aux  ncr  à  Rome  des  la  fin  de  IJ4^.  Rayndir 

Congrégations  qui  fe  tiendroient  furies  ina-  N^  i  ^4, 
tièies  çle  Kiforaution ,  &  le  Caxd.  de  Stt 


4Ï4        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  quelqu'un  des  principaux  Articles.  ^^  Mais  comme  les  Légats  avoicnt  fur  ce 
Paul  III.  point  des  vues  fort  contraires  à  celles  des  autres  ,il  ne  fut  pas  aifé  de  s'ac- 
""■"■—""  corder  fur  le  parti  qu*il  y  avoit  à  prendre. 

LesE/pa-     Les  Evèques ,  &  iur-tout  ceux  d'Efpagnc  ,  ayant  conçu  Tefpérancc  &  le 
^ncls  ont  en- dcÇCcin  dt  recouvrer  lautoritc  Epifcopale  ,  que  chacun  cxerçoit  autrefois 
^''    ^/  ^T  ^^"^  ^°"  Diocèfe ,  lorfqu'on  ne  favoit  encore  ce  que  c'étoit  que  Réfervations 
laut^ion  du  ^^  ^^"cfices  ,  que  Cas  réfervcs  ,  qu*Abfolutions  ,  que  Diîpenfes  &  autres 
lùroit  divin  chofcs  de  cette  nature  ,  difoient  lorfqu*ils  étoient  feuls  entre  eux  :  Que  la 
i€  U  Réfi'  Cour  de  Rome  par  avarice  &  par  lamour  de  dominer  s'étoit  approprie  tous 
^fw^tf, milices  droits,  fous  le  faux  prétexte  de  mieux  régler  les  chofes,  &de  rendre 
^dê^U^^    plus  defervice>i  Dieu  &  à  TEglife  dans  leurs  Diocèfes  particuliers ,  à  caufc 
deffhin»        "^  l^nts  imperfedions  &  de  leur  ignorance  :  Que  cependant  cela  n'étoitpas 
vrai ,  puifque  la  diflblution  &  l'ignorance  n'étoient  entrées  dans  l'Ordre 
Epifcopal ,  que  depuis  que  les  Evêques  avoient  été  obligés  d'aller  faire  les 
efclâves  à  Rome  :  Mais  que  d'ailleurs ,  quand  bien  même  la  mauvaife  con- 
duite des  Evcques  eîit  été  caufe  qu'on  les  eût  dépouillés  de  leur  autorité , 
aujourd'hui  que  la  conduite  de  la  Cour  de  Rome  étoit  infiniment  plus  mau- 
vaife ,  il  falloit  àplus  jufte  raifon  lui  ôter  un  pouvoir  qui  ne  lui  appartenoic 
pas,  &  dont  elle  avoit  extrêmement  abufé. 

Ces  Prélats  jugeoient  donc ,  que  le  meilleur  remède  qu  on  pût  apporter 
aux  maux  paflcs  ,  &  le  meilleur  préfervatif  pour  l'avenir  ,  étoit  de  déclarer 
la  Réfidence  de  Droit  divin  ;  parce  que  (i  Dieu  avoit  ordonné  aux  Evêques 
de  veiller  inceflPamment  au  bien  de  leur  troupeau  ,  il  étoit  conféquemmenc 
néccflaire  qu'étant  chargés  de  ce  foin ,  il  leur  eût  donné  tout  le  pouvoir  né- 
ceflairepour  s'en  bien  acquitter  ;  &  que  par  conféquent  le  Pape  ne  pouvoir 
ni  les  tirer  de  leurs  fondions ,  ni  les  occuper  à  autre  chofe ,  ni  leur  donner 
de  Difpenfes  ,  ni  enfin  reftreindre  Tautorité  que  Dieu  leur  avoit  donnée. 
C'eft  pourquoi  ils  infiftoicnt  qu'on  eût  à  décider  cet  article ,  difant,  qu'ayant 
été  fuflifamment  difcuté  ,  il  étoit  ncceflaire  d'en  venir  à  une  réfolution.  Le 
Cardinal  dd  Monte ,  qui  avoit  prévu  ce  mouvement ,  après  avoir  laiflc  par- 
ier les  plus  zélés  afin  de  leur  lailTer  exhaler  une  partie  de  leur  chaleur  ,  leur 
f  Rayn.  remontra  d'une  manière  adroite  :'  Que  véritablemcnr,ce  qu'ils  dcmandoient 
N^  30.  étoit  néccflaire,  &  que  tout  le  monde  le  dcfiroit  •,  mais  qu'il  le  falloit  faiic 
dans  un  tems  plus  propre  :  Que  la  chofe  avoit  été  traitée  avec  trop  de  cha- 
leur ,  ôc  que  plufîeurs  ayant  plutôt  fuivi  les  impreffions  de  leur  zèle  que 

4^.  Mais  comme  les  Lce;ats  avoient  fur  tion  primitive  dan?;  le  Clergé,  que  lesLé- 

ee  point  des  vues  fort  contraires  à  celles  gats  tâchoient  de  l'empêcher  dans  tout  ce 

des  autres  y  il  ne  fut  pas  aifé  de  s'accorder  qui  pouvoir  préjudiciel  aux  intérêts  de  la 

fur  U  parti  qu'il  y  avoit  à  prendre.  ]   Il  Gourde  Rome.  Ceft  ce  qui  eft  attefté  non- 

eft  certain  du  moins ,  comme  toute  la  fuite  feulement  par  Fargas  &  parles  Mémoires 

le  prouvera  ,  que  les  vues  dos  Lcgits  étoient  des  Ambaffadeurs  de  France  au  Concile , 

fort  contraires  à  celles  des  Efpagnols,  qui  mais  aufïî  par  les  Ecrivains  Italiens  mêmes, 

a'piroienr  amant  à  rétablir  les  Evcques  dans  qui  n'ont  pu  dcguifer  un  feit  fi  public» 
leur  autorité  ,  &  à  remettre  la  fuborilina- 


DE    TRENTE, Livre     IL  41  y 

ceux  de  la  raifon ,  il  étoit  plus  à  propos  de  laiffer  refroidir  cette  première  MDXLvir. 
ardeur,  afin  que  le  tems  ayant  fait  oublier  les  difputes  pour  donner  place  ^^^  ^^^' 
à  la  charité ,  on  pût  écouter  le  Saint  Efprit ,  fans  lequel  on  ne  peut  connoître  — — — 
la  vérité  :  Que  le  Pape  y  qui  avoit  î^pris  avec  beaucoup  de    peine  les 
contcftations  palfées,  louhaitoit  auflî  qu  on  différât  de  décider  cette  ma- 
tière ,  pour  pouvoir  la  faire  examiner  à  Rome ,  afin  d'aider  le  Concile  de 
fes  confeils.  -♦^  Après  quoi  il  conclut  d'un  air  plus  impérieux  que  ne  fembloic 
le  faire  attendre  le  commencement  fi  modefte  de  fon  difcours ,  qu'on  eût  à 
ne  plus  parler  de  la  Réfidence  avant  la  Seffion  ,  ^  4»  que  telle  ctoit  la  vo-  ^^^^ 
Ion  té  du  Pape  »  &  qu'on  devoit  fe  contenter  de  remédier  aux  caufes  qui       ^^ 
avoient  introduit  l'abus  de  la  Non-réfidence.  Ce  mélange  de  remontrances 
&  d'autorité  fit  que  quelques  Pères  qui  écrivirent  depuis  fur  ce  fujet ,  pu- 
blièrent que  les  Légats  avoient  défendu  de  parler  de  cette  queftion  ;  &  que 
d'autres  le  nièrent ,  reprochant  aux  premiers  que  ce  qu'ils  difoient  dé- 
rogeoitàla  liberté  du  Concile.  La  conclufion  de  la  Congrégation  ^  fut ,  de  ^^^'  ^• 
reprendre  les  chofes  qu'on  avoit  laiflees  à  faire  dans  la  Seffion  précédente ,  ^' 
&  de  travailler  à  lever  les  empèchemens  de  la  Réfidence.  Et  comme  un  des 
principaux  venoic  de  la  pluralité  des  Bénéfices  ,  puifqu'il  eft  impoffible  de 
réfider  en  plufieurs  lieux ,  on  convint  de  traiter  de  cet  Article. 


47*  Après  quoi  il  conclut  d'un  air  plus 
impérieux  que  ne  fembloit  le  faire  attendre 
le  commencement  fi  modefte  defi>n  difcours  , 
&c.]  Le  Cardinal  Pallavicin ,  qui  taxepref- 
que  par-tout  Fra-Paolo  d'alicrer  la  vérité , 
&  qui  s'accorde  pourtant  prefque  toujours 
avec  lui  fur  le  fond  des  chofes ,  convient  en 
effet  L.  8.  c.  i8.  de  la  dcfenfe  que  le  Pape 
avoit  envoyée  aux  Légats  de  laiffer  agiter 
\z  queftion  du  Droit  divin  de  la  Réfidence , 
&  ne  peut  didîmuler  non  plus  >  L.  9.  c.  i  • 
que  la  fin  du  difcours  du  Cardinal  del  Monte 
ne  fut  affez  impérieufe.  On  la  peut  voir 
dans  Raynaldus  N^  ^o.  &  je  n'en  rap- 
porterai que  ce  quil  faut  pour  juflifier  le 
jugement  de />tf-/'tfo/o.  HaSlenus  fortajfîs  , 
dit  ce  Légat ,  plus  quam  oportebat  patientes 
fiiimus.  Si  poft  h<zc  aliquis  adverfus  nos 
talia  dixerit ,  fciat  nos  muneri  noftro  non 
defuturos.  Et  hctc  familiarité^  6»  cum  omni 
charitate  diâla  funt.  Patres  omnia  boni 
confulant,  Patrum  fententia  proponantur  , 
&  ex  eorum  voto  Canones  aptabuntur,  Fra^ 
Paolo  a-t*il  exagéré  en  traitant  cette  con- 
clufion d'impérieufe  ?  Je  ne  (ai  li  on  trouve- 
roit  an  autre  exemple  d'un  tel  difcours  d'un 
Légat  dans  aucun  ancien  Concile. 

48.  QutulU  étoit  U  volonté  du  Papt^ 


&c.  ]  Quoique  Pallavicin  ne  dife  rien  en 
cet  endroit  de  cet  ordre  du  Pape ,  il  eft  bien 
cenain  néanmoins  qa*il  y  en  avoit  eu  un  , 
&  Raynaldus  lavoue  fans  aucun  détour.  Et 
infuper  jujfit ,  dit- il ,  ne  in  difputationem 
adduci  paterentur  an  Refidentia  effet  de  jure 
divino  necne  ,  quia  ubi  de  pctnis  agendum' 
erat  y  non  debebat difcuti  an  Refidentia  ejfct 
de  jure  divino  ,  cum  effet  res  dificultatibus 
plena  &  longum  tempus  ad  difccpta/idum- 
exigeret.  Auflî  le  Cardinal  Pallavicin  L.  8. 
c.  1 8.  efl-il  obligé  de  reconnoître  cet  ordre 
qui  avoit  été  intimé  aux  Légats  longtems  au- 
paravant par  le  Cardinal  Farnéfe  dans  une 
lettre  du  50  de  Juin  if4^  i  &  il  n'efl  pas 
étonnant  qu  on  publiât  fur  cela ,  que  les  Lé- 
gats avoient  défendu  de  parler  de  cette 
queflion.  Je  doute  cependant  qu'ils  euflènc 
fait  fur  cela  aucune  défenfe  pofitive.  Mais 
l'intimation  quMs  avoient  &ite  à  leurs  par- 
tifàns  des  intentions  du  Pape ,  équivaloit  à 
la  défenfe  i  ôc  ils  s'en  prévalurent  tellement , 
qu'ils  empêchèrent  toujours  que  les  Efpa- 
gnols  ne  reuffiffent  dans  leurs  vues  -y  &  ce 
ne  fut  que  bien  des  années  après ,  que  ceux» 
ci  trouvèrent  moyen  fous  Pic  IV  de  faire 
délibérer  fur  ce  point,. 


>. 


4i(f        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXtvii.  Mais  pour  ne  poinc  confondre  les  matières ,  &  ne  point  rompre  le  fil  da 
Paul  III.  récit  que  je  me  propofe  de  faire  de  ce  qui  arriva  dans  Tafiâire  des  matières 
■  Béné&ciales  »  où  il  fe  pafla  des  chofes  qui  donnèrent  lieu  à  quelques  évé- 

nemens  dangereux  &  importans ,  je  raconterai  ici  tout  de  fuite  ce  qui  re- 
garde les  Sacremens  ,  fur  lefquels  on  ne  propofa  guères  que  des  réflexions 
Ipcculatives  &  doctrinales.  A  près  que  lesArticles  fur  cette  matière  eurent  été 
préfentés  par  les  Députés  ,  ils  furent  remis  à  tous  les  Théologiens  avec  une 
Inftrudlion  par  écrit ,  où  on  leur  prefcrivoit  la  manière  dont  ils  dévoient 
parler  fur  ce  fujet ,  avec  ordre  de  dire  fi  tous  ces  Articles  étoient  hérétiques 
ou  fimplement  erronés ,  &  fi  le  Concile  devoir  les  condamner  ;  &  en  cas 
qu'ils  en  trouvaflent  quelques-uns  qui  ne  méritaflTent pas  de  1  être,  de  mar- 
quer les  raifons  èc  les  autorités  fur  lefquelles  ils  fe  tondoient.  Ils  avoienr 
ordre  d'expliquer  auflî  quel  avoir  été  le  fentiment  des  Conciles  &  des  Pères 
fur  tous  ces  Articles ,  de  marquer  ceux  qui  avoient  été  déjà  condamnés ,  & 
ceux  qui  reftoient  à  cenfurer  ,  d'indiquer  s'il  fe  rencontroit  fur  la  même 
matière  quelque  autre  Article  digne  de  condamnation  ;  enfin  d'éviter  les 
difcours  trop  longs ,  Se  de  fuir  les  queftions  fuperflues ,  &  qui  n'appar- 
tenoient  point  au  fujet,  auffi-bien  que  toutes  celles  qui  étoient  problé- 
matiques ,  &:  fur  lefquelles  on  pouvoir  difputer  pour  &  contre  fans  pré- 
judice de  la  Foi. 
Articles  ex-     LXXX  V.  Su  a  les  Sacremens  en  général  "  on  propofa  ces  xi  v  Article^, 
traits  des         I*  Qu'iL  n'y  a  pas  VII  Sacremens  dans  TEglife  ,  &  que  ceux  qu'on  doit 
Livres  Fro-  appeller  véritablement  Sacremens  font  en  moindre  nombre. 
^^^  /«r       ^^  Qyg  jçj  Sacremens  ne  font  point  néceflaires  ,  &  que  l'homme  peut 
mens  en    Obtenir  fans  eux  la  Grâce  parle  moyen  de  la  Foi  route  feule. 
général.  3-  Qu'aucun  Sacrement n'eftplus  digne  que  Tautrc. 

m  Rayn.        4.  Que  les  Sacremens  de  la  Loi  nouvelle  ne  donnent  point  la  Grâce  à  ceux 
N*^  15.  &   qui  n'y  mettent  point  d'empêchement. 

F^curv    L        ^'  Que  les  Sacremens  n'ont  jamais  donné  la  Grâce  ni  la  réraiflîon  des  pé- 
143.  N**  '  chés,  mais  quec'eft  la  feule  Foidu  Sacrement  qui  le  fait, 
xoi.  6.  Qu'immédiatement  après  le  péché  d'Adam,  Dieu  a  inftituéles  Sa* 

cremens ,  par  le  moyen  defquels  la  Grâce  a  été  donnée. 

7.  Que  la  Grâce  n'eft  donnée  par  les  Sacremens ,  qu'à  ceux  qui  croycnt 
que  leurs  péchés  leur  font  remis. 

8.  Que  la  Grâce  n'eft  pas  toujours  donnée  dans  les  Sacremens  )  ni  à  tous  ^ 
en  vertu  du  Sacrement ,  mais  quand  &  où  il  plaît  à  Dieu* 

9.  Qu'aucun  Sacrement  n'imprime  Caraékère. 

10.  Qu'un  mauvais  Miniftre  ne  confère  point  de  Sacrements 

1 1 .  Que  tous  les  Chrétiens  ,  de  quelque  fexe  qu'ils  foient  y  ont  un 
pouvoir  égal  d'adminiftrer  la  Parole  de  Dieu  &  les  Sacremens. 

1 1.  Que  tout  Pafteur  a  l'autorité  d'allonger ,  de  racourcir ,  &  de  changer 
a  fon  gré  les  formes  des  Sacremens. 

1 3.  Que  l'inrentjon  des  Miniftres  n'eft  point  ncceflaire ,  &  n'opère  rien 
dans  les  Sacremens. 

14,  Que 


DE    TRENTE,  Livre    II.  417 

1 4.  Que  les  Sacremens  n  ont  été  inftitués  que  pour  nourrir  la  Foi.  mdxlvh. 
A  CES  Propofitions  fur  les  Sacremens  en  général  on  joignit  ^^  ces  xvn  ^^"^  ^^^' 

autres  fur  le  Baptême.  «     , 

I .  Qu'il  n'y  a  point  de  véritable  Baptême  dans  TEglife  Catholiquc-Ro-  ^J^     **" 

maine,  n  Rayib 

z.  Que  le  Baptême  eft  libre  &  non  néceflàire  au  falut.  N°  i;.  i6. 

3 .  Que  le  Baptême  des  Hérétiques  n'eft  point  un  véritable  Baptême.  ^  *7- 

4.  Que  le  Baptême  eft  la  Pénitence. 

5.  Que  le  Baptême  n'eft  qu'un  figne  extérieur  ,  comme  la  marque 
rouge  qu'on  met  fur  les  moutons  5  &  qu'il  ne  fert  de  rien  pour  la  Jufti- 
•fication. 

6.  Que  le  Baptême  fe  doit  renouvcller. 

7.  Que  le  véritable  Baptême  eft  la  Foi,  par  où  Ion  croit  que  les  péchés 
font  remis  auxpénitens. 

8.  Que  dans  le  Baptême  le  péché  n'eft  point  détruit ,  mais  qu'il  fait  feu- 
lement qu'il  n  eft  point  impute. 

9.  Que  le  Baptême  de  S.Jean  avoit  la  même  vertu  que  celui  de  Jefus- 
Chrift. 

10.  Que  le  Baptême  de  Jefus-Chrift  n'a  point  anéanti  celui  de  S.  Jean , 
mais  qu'il  y  a  feulement  joint  la  promefle. 

I I .  Que  dans  le  Baptême  la  feule  immerfion  eft  néceflaire ,  &  qu'on  peut 
omettre  toutes  les  autres  cérémonies  fans  péché. 

1 1.  Qu'il  vaut  mieux  ne  point  baptifer  les  Hnfans ,  que  de  !e  faire  lorf- 
qu  ils  ne  croyent  point. 

13.  Qu'on  ne  doit  point  baptifer  les  Enfans ,  parce  qu'ils  n  ont  point  de 
Foi  propre. 

14  Que  ceux  qui  ont  été  baptifés  dans  leur  enfance,  doivent  être  re- 
baptifés  quand  ils  font  parvenus  à  1  âge  de  difcrétion  ,  parce  'qu'ils  n'ont 
pas  cru. 

15.  Que  quand  ceux  qui  ont  été  baptifés  dans  leur  enfance  font  venus  a 
rage  de  raifon ,  on  doit  leur  demander  s'ils  veulent  ratifier  leur  Baptême  ; 
&  s'ils  le  rcfufcnt ,  qu'on  doit  les  laiffer  en  liberté. 

1 5.  Que  les  péchés  commis  après  le  Baptême  font  remis  par  lefeul  fou- 
venir  &c  la  Foi  du  Baptême. 

1 7.  Que  le  Vau  du  Baptême  n'a  point  d'autre  condition  que  celle  de  la 
Foi ,  &c  qu'il  annulle  tous  les  autres  Vœux. 

On  propofa  auflî  ces  quatre  autres  Articles  à  examiner  fur  la  Confir-  ^^  /^  ^^^ 
mation.  firm^thn. 

I.  Que  la  Confirmation  n'eft  point  un  Sacrement. 

1.  Qu'elle  a  été  inftituée  par  les  Pères,  &  que  Dieu  n'y  a  point  arraché 
la  promefle  de  la  Grâce. 

3.  Que  maintenant  c'eft  une  cérémonie  inutile,  &  qu'autrefois  ce  n'é- 
toit  qu'un  compte  que  les  Enfans  rendoienc  de  leur  foi  en  préfence  de 
i'Eglifc. 

TomeI.  ^gg 


siclis, 
L. 


418        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDZLvn.       4*  Que  l'Evêque  n'en  eft  pas  le  (eul  Miniftre  >  &  que  chaque  Prêtre  peat 
PaulIIL  Tadminittrer. 

^  49  Dans  les  Congrégations  ®  tous  les  Théologiens  convinrent  du  nombre 

^#j«w»^  des  V 1 1  Sacremens ,  &  condamnèrent  d'Hcréfic  l'opinion  contraire  -|  vu  le 
tiens  fur  confentemcnt  univerfcl  de  l'Ecole  depuis  le  Maître  des  Semences ,  qui  dk 
tous  as  tUf-  le  premier  qui  en  ait  déterminé  le  nombre ,  &  le  Décret  du  Concile  de  Flo- 
firens  Ar-  rence  pour  les  Arméniens  *,  à  quoi  on  ajoutoit ,  comme  une  preuve  encore 
"'ri  P^^^  decifive  ,  l'ufage  de  l'Eglife  Romaine ,  qui  dcvoit  taire  regarder  ce 

^"^  *  nombre  comme  une  Tradition  Âpoftolique  »  &  comme  un  Article  de  Foi. 
N^  xo(.  ^^is  on  ne  s'accordoit  pas  fi  unanimement  fur  la  féconde  partie  de  la  Pro- 
portion ,  &  pluHeurs  étoient  d'avis  de  s'en  tenir  aux  termes  du  Concile  de 
Florence,  fans  paflcr  outre;  î^  parce  que  pour  décider  qu'il  n'y  avoir  ni 
plttsni  moins  de  vu  Sacremens  proprement  dits  ,  il  eût  rallu  décider  au- 
paravant quelle  eft  l'edence  propre  &  la  véritable  notion  de  Sacrement; 
chofe  pleine  de  difficultés ,  à  caufe  des  définitions  différentes  qu'en  don« 
noient  non-feulement  les  Scolaftiques ,  mais  aufii  les  Pères ,  &  qui  étoient 
fi  contraires ,  que  félon  les  unes  il  faudroit  mettre  au  nombre  des  Sacre- 
mens ,  des  choies  qu'il  en  faudroit  exclure  félon  les  autres.  On  repréfentoic 
d'ailleurs  :  Qu'on  difputoit  entre  les  Scolaftiques  mêmes  ,  fi  on  pouvoir  dé- 
finir ce  que  c'eft  qu'un  Sacrement ,  s'il  a  une  unité ,  &  s'il  a  quelque  chofit 
de  réel  ou  feulement  d'intentionnel  :  Que  par  conféquent  il  n'étoit  pas 
raifonnable  de  décider  d'une  manière  fi  pofitive  fur  des  principes  fi  ambigus* 

4^.  Dans  Us  Congrégations  tous  Us  Mats  comme  ils  Tont  donné  en  même  temf 
Théologiens  convinrent  du  nombre  des  fept  à  plofieurs  autres ,  on  doit  regarder  ce  fiède 
Sacremens  ,  6»  condamnèrent  d'HéréJïe  comme  la  première  Epoque  oïl  ce  nombre 
V opinion  contraire.  ]  La  matière  des  Sa-  ait  été  fixé-  De  (avoir  comment  ce  qui  n'étoit 
cremens  eft  celle  fur  laquelle  le  Concile  a  qu  opinion  alors  peut  être  devenu  article  de 
le  plus  multiplié  le  nombre  des  Articles  de  Foi  dans  la  fuite  (ans  aucunes  nouvelles  la- 
Foi.  Avant  le  fiècle  du  Maître  des  Senten-  micres ,  c'eft  ce  que  je  lailTe  à  de  plus  habiles 
tences  ,  on  avoit  ou  étendu  ou  relferré  ce  à  déterminer. 

nombre,  félon  la  notion  plus  ou  moins  vague         yo.   Parce  que  pour  décider  quil  n*y 

que  Ion  avoit  donnée  au  nom  de  Sacreoïent.  avoit  ni  plus  ni  moins  de  Jept  Sacremens 

L'autorisé  de  ce  Théologien  &  de  quelques  proprement  dits  ,    il  eût  fallu  décider  au- 

autres  fit  enfuite  adopter  fon  opinion  dans  par  avant,  &c.  ]  Que  l'Eglife  ait  pu  donner 

l'Ecole ,  &  le  Pape  Eugène  dans  fon  Inftruc-  le  nom  de  Sacremens  à  ces  Rites  exclufive* 

tion  aux  Arméniens  la  donna  pour  une  doc-  ment  à  d'autres ,  c'eft  ce  que  pe7(bnne  ne 

trine  Catholique.  Ce  fut  l'auiorité  la  plus  peut  contefter ,  puifqu'elle  eft  maîtreflè  de 

décifîve ,  qui  détermina  le  Concile  de  Trente  fon  langage.  Mais  pour  décider  qu'il  n'7  en 

à  en  faire  un  Anicle  de  Foi.  Mais  il  feut  a  ni  plus  ni  moins  de  proprement  dits ,  c'eft 

avouer -que  c'eft  dater  d'un  peu  tard  une  ce  qui  dépend  d'une  notion  antérieure ,  que 

Tradition  Apoftolique ,  que  de  n'en  trouver  le  Concile  n'a  pas  fixée ,  &  qu'il  a  dû  fuppo- 

1  origine  que  dans  le  commencement  du  fer.  Mais  comme  cette  notion  a  varié  félon 

XII.  ficelé.  Avant  ce  tems-là,  il  eft  vrai,  le  plus  ou  le  moins  d'étendue  qu'on  lui  a 

on  voit  bien  que  difiérens  Auteurs  avoienr  donné ,  on  doit  la  mettre  au  nombre  de  cet 

donné  le  nom  de  Sacrement  aux   Rites  définitions  de  nom ,  qui  ne  peuvent  jamais 

que  l'Eglife  Romaine  a  honorés  de  ce  nom*  faire  l'objet  d*an  Article  de  Foi. 


DE    TRENTE, Livre    IL  419 

f  <  On  remarqua  :  Que  S.  Çyprien  ôc  S.  Bernard  avoient  traité  de  Sacrement  uùxtru. 
ic  Lavement  des  pieds  ,  &  que  S.  Augujlin  donnoit  le  nom  de  Sacrement  P^^^-  m* 
â  tous  les  Rites  établis  pour  honorer  Dieu  ;  &  qu'en  d'autres  endroits  rcf-  -■■^■■■'^ 
creignant  le  même  nom  plus  que  la  propriété  du  mot  paroît  ne  le  comporter» 
il  n'appelloit  Sacremens  que  ceux  dont  il  eft  ezpreflement  parlé  dans  le  Nou- 
veau Teftament  ;  en  quel  fens  ce  nom  tie  convient  proprement  qu'au  Bap- 
tême &  à  TEuchariftie  >  quoiqu'en  un  endroit  il  femble  douter  s'il  n'y  en  a 
point  quelque  autre. 

D'autres  difoient  au  contraire  :  Que  pour  réprimer  la  témérité  des 
Luthériens ,  qui  comptent  tantôt  deux  ,  tantôt  trois  ,  &  tantôt  quatre  Sa- 
cremens ,  comme  auui  celle  de  ceux  qui  en  admettent  plus  de  vu ,  il  falloic 
établir  pour  Article  de  Foi  qu'il  n  y  a  ni  plus  ni  moins  de  Sacremens  pro- 
premens  dits  ;  ^  ^  &  que  fi  les  Pères  en  avoient  admis  tantôt  plus  &  tantôt 
moins ,  cela  venoit  de  ce  qu'avant  la  détermination  de  TEglife  il  étoit  per- 
mis de  donner  au  mot  de  Sacrement  une  fignification  tantôt  plus  &  tantôt 
moins  étendue.  ^  3  Puis  pour  établir  la  propriété ,  ou,  comme  s'expriment  les 
Scolaftiquesjla  fuffifance  de  ce  nombre  de  vu  ,  P  ils  firent  un  détail  ennuyeux  t  Pallar.  L 
des  convenances  de  ce  nombre ,  tirées  des  vu  chofes  namrelles  par  où  la  vie  ^'  ^  ^ 
s'acquiert  &  fe  conferve ,  des  vu  Vertus ,  des  vu  Crimes  capitaux ,  des  vu 
Défauts  venus  du  péché  originel ,  des  vi  Jours  de  la  Création  du  Monde  qui 
avec  celui  du  Sabbath  en  font  vii,des  viiPlayes  de  l'Egypte,  des  vu  Planètes, 
de  la  dignité  du  Nombre  de  vu ,  &  de  plusieurs  autres  pareilles  convenances 
employées  par  les  principaux  Scolaftiques  pour  autorifer  le  nombre  des  vu  > 
Sacremens.  Ils  apportèrent  en  même  tems  plufieurs  raifons  pour  montrer 
pourquoi  l'on  ne  devoir  pas  regarder  comme  des  Sacremens  les  Confécra* 

$1,  On  remarque  que  S.  Cyprîen,  Sec]  commencement.  Le  langage  peut  s'altérer ,' 

C*eft-à-dire ,  TAuteur  d'un  Ouvrage  attriboé  le  raifonnement  peut  fe  perfeÀionner.  Mais 

i  ce  Père ,  &  qui  neft  que  du  xii.  fiècle,  les  vérités  néceflaires  à  croire  ont  été  con- 

comme  S.  Bernard.  nues  dès  le  commencement  i  >&  quelques 

fi.  Et  que  Ji  les  Pères  en  avoient  admis  nouvelles  définitions  qu'on  faflè  y   ce  qu'il 

tantôt  plus  &  tantôt  moins ,  cela  venoit  de  n'étoit  pas  nécedàire  de  croire  aufll-tât  après 

ee  qu'avant  la  détermination  de  VEglife  il  la  publication  de  l'Evangile ,  ne  le  fera  ja- 

étoit  permis  de  donner  au  mot  de  Sacrement  mais. 

unefignification  tantôt  plus  &  tantôt  moins         f  3.  Puis  pour  établir  la  propriété ''^•^  de 

étendue.  ]  Ce  raifonnement  feroit  Ion  jufte ,  ce  nombre  de  7 ,  ils  firent  un  détail  ennuyeux 

s'il  ne  s'agiflbit  que  de  fixer  la  propriété  du  des  convenances  de  ce  nombre  ,  &c.  ]    On 

langage  ,  pui(qu'on  ne  peut  contefter  ce  auroic  peine  à  croire  ce  que  dit  ici  Fra^ 

droit  à  aucune  Société.  Mais  on  ne  conçoit  Paolo  ,  de  toutes  les  puérilités  qui  fe  débi- 

pas  aifément  comment  (ans  une  nouvelle  tèrent  pour  établir  le  nombre  des  Sacre* 

révélation  il  peut  être  criminel  de  penfer  mens.  Mais  pourpeu  qu'on  ait  jette  les  yeur 

après  une  définition  Eccléfiaftique  ce  qui  ne  fitr  an  certain  nombre  de  Scholaftiques ,  on 

l'étoit  pas  auparavant ,  puilque  l'autorité  de  verra  qu'il  n*a  rien  exagéré ,  8c  Pallavicin 

l'Eglife  ne  confifte  pas  à  nous  enfeigner  de  doit  avoir  été  de  fbn  mauvaife  humeur  pour 

nouvelles  vérités ,  mais  à  nous  inftruire  de  £iire  un  crime  à  notre  Hiflorîen  du  peu  de 

celles  qu  elle  a  toujours  crues ,  Se  qu'on  n'eft  railleries  qu'il  en  &it« 
obligé  de  croire  que  ce  qu'on  a  cra  d^  le 

Gggx 


410         HIST  OIRE   DU  C  ONC  IL  E 

jiDxtvii.  rions  des  Eglilcs ,  des  Vafcs  facrcs ,  des  Evcques  ,  des  Abbés ,  des  Abbede?  , 
Paul.  III.  gcdcs  Rcligieufes,  non  plus  que  rEau-bcnite  ,  la  cérémonie  du  Lavement 
des  pieds,  donc  parle  S.  Bernard  y  le  Martyre.»  la  Création  des  Cardinaux  ^ 
Se  le  Couronnement  des  Papes. 

On  remarqua  enfuite  ,  que  pour  réprimer  les  Hérétiques  il  ne  fuffifbic 
pas  de  condamner  TArticle  ,  6c  de  décider  qu'il  y  avoit  vu  Sacremens ,  i, 
moins  qu'on  ne  les  nommât  en  particulier  *,  de  peur  que  quelque  perfonne 
mal-intentionnée  n'en  fubftituâc  de  faux  à  la  place  des  véritables.  ^4  On 
rcpréfenta  encore  qu  il  étoit  elFentiel  en  même  tems  de  marquer  que  Jefus- 
Chrift  écoit  Tlnftituteur  de  tous  les  Sacremens  ,  pour  cenfurer  THéréde  des 
Luthériens  qui  n'attribuoienti  Jefus-Chrift  que  l'inlHtutiondu  Baptême  8c 
TEuchariftie.  Et  pour  prouver  qu'il  cft  de  Foi  qu'il  eft  TAuteur  de  tous ,  on 
allégua  l'autorité  de  S.  Ambroifc  &  de  S.  j4uguftin^  h  &  on  tndila  prin- 
cipalement fur  la  Tradition  Apoftolique  ,  à  quoi  perfonne  ne  contredit. 

Mais  d'autres  ne  vouloient  pas  quon  allât  H  avant ,  &  fouhaitoienc 
qu'on  s'en  tînt  dans  les  termes  du  Concile  de  Florence  •,  attendu  fur-tout 
que  le  Maître  des  Sentences  avoit  enfeigné  que  rExtrême-Ondion  avoit  ctç 
inftituée  par  S.  Jacques ,  que  S.  Bonavcnture  après  Alexandre  de  Halis 
avoit  cru  que  la  Confirmation  n'a  voit  été  en  ufage  que  depuis  les  Apôtres  , 
&  que  le  même  S.  Bonaventure  &  d'autres  Théologiens  faifoient  auili  les 
Apôtres  Auteurs  du  Sacrement  de  Pénitence  :  Que  de  même  à  l'égard  da 
Mariage  plufieurs  avoienr  enfeigné  que  Dieu  l'avoit  infticué  dans  le 
Paradis  terreftre;  &  que  Jcfus-Chrift  lui-même  dans  l'endroit  où  il  en 
avoir  parlé  ,  &  qui  étoit  le  lieu  d'en  nommer  l'Auteur ,  en  avoit  rapporté 
l'inftitution  non  à  lui-même  ,  mais  à  fon  Père  au  commencement  du  monde. 
Pour  ces  raifons  ils  étoient  d'avis  qu'on  ne  touchât  pas  à  ce  point ,  pour  ne 
pas  condamner  les  Catholiques  qui  tenoient  cette  opinion.   Mais  les  Do« 

f4.    On  reprefenta  encore  ,  qu'il  étoit  prennent  ici  feuls  fous  le  nom  de  Sacremens. 
iffentiel    en   même  tems  de    marquer    que         yf.    Et  on  infifla  principalement  fur  la 

JefuS'Chrift  étoit  VInftituteur  de  tous  les  Tradition  Apojlolique  y  ôcc,]  Il  faut  que  les 

Sacremens  ,  &c.  ]  C'ell  encore  un  de  ces  traces  de  cette  Tradition   fuflent  bien  ca- 

Articles  de  Foi ,  dont  la  date  Ce  peut  raj>-  chées  ,  puifqu'avant  le  Concile  plufieurs 

porter  au  tems  du  Concile.  Ce  neîï  pas  que  Théologiens  avoient  enfeigné  que  quelques- 

différens  Auteurs  n  euffent  enfeigné  la  même  uns  des  Sacremens  avoient  été  inftirués  par 

chofe  auparavant.  Mais  comme  g 'étoit  une  les  Apôtres  i  &  que  depuis  même  ,   pour 

de  ces  opinions  fur  lefquelles  on  s*expliquoit  tâcher  de  ramener  ladccifion  à  un  fens  plus 

librement  dans  les  Ecoles  avant  le  Concile ,  fupportable ,  il  a  fallu  recourir  à  la  didinc- 

on  peut  dire  qu'elle  ne  faifoit  pas  encore  tion  d'Autour  médiat  ou  immédiat  des  Sa- 

tlors  partie  de  la  Catholicité.  L'autorité  de  cremens  ,  c'efl-à-dire  ,  nier  réellement  & 

S.  AnJfToife ,  ou  plutôt  de  T  Auteur  du  Traité  de  fait  ce  qu'on  paroilfoit  avouer  de  parole* 

des  Sacremens  attribué  à  ce  Père ,  &  celle  Prodiguer  le  nom  d'ApofloIiques  à  de  telles 

de  S.  Auguftin  ,  qu'on  allégua  pour  établir  Traditions  ,  c'eft  rendre  (ufpedes  les  autres 

ce  nouveau  Dogme,  furent  citées  aflèz  mal  a  qu'on  honore  de  ce  nom  ;  61.  au-Iieu  de  ren« 

propos,puirque  ce;  deuxEcrivains  n'ont  parlé  dre  celle-ci  plus  refpedable,  on  s'expofe  à 

f^ue  duBapcème  &  de  TËuchaiiAie^qu'ils  com*  déciédicex  U  plupart  des  auues*. 


D  E     T  R  E  N  T  E,   Livre    II.  411 

itîlnicains  répliquoicnc  aigrement  :  Qu  a  la  faveur  de  quelques  diftinftions  MDXLvir. 
on  pouvoir  fauver  ces  Dodteurs,  qui  avoienc  toujours  fournis  leur  fentiment  ^^^^  ^^ï* 
au  jugement  de  TEglife  \  mais  qu'on  ne  devoit  pas  laiflcr  pafler  fans  ccnfure  "" — ■"- 
la  témérité  des  Luthériens ,  qui  au  mépris  delEglife  avoient  introduit  ces 
faufTetés^  Se  qu  on  pouvoit  excufer  dans  les  Pères  ^  ce  quon  ne  devoit  pas 
tolérer  dans  ces  Hérétiques. 

^^  Sur  l'article  de  la  néceflité  des  Sacremens  ,  quelques-uns  vouloient  q  FIcury, 
^  qu'on  ne  condamnât  pas  abfolument  ce  qui  y  eft  dit,  qu'ils  ne  font  pointa-  ï4}»  N** 
nécelfaires  ,  &  qu'il  falloir  faire  une  diftincâion ,  parce  qu'il  eft  certain  que  '^^' 
tous  ne  font  pas  abfolument  nécelfaires.  D'autres  foutenoient  qu'il  failoic 
condamner  hmplcment  ceux  qui  difoient  que  les  Sacremens  ne  font  point 
néceflaires  dans  l'Eglife  ;  parce  que  ,  quoiqu'il  fbit  certain  que  tous  ne 
font  pas  néceffaires à  chacun  ,  &  qu'il  yen  ait  même  quelques-uns  d'incom- 
patibles enfemble,  comme  l'Ordre  &  le  Mariage ,  ils  n'en  font  pas  moins  né- 
ceflaires â  l'Eglife  en  général.  Mais  l'avis  le  plus  nombreux  fut  de  condam- 
ner l'Article  abfolument  &  fans  itftridion ,  pour  deux  raifons.  La  première» 
farce  qu'il  fuffifoit  qu'il  y  eut  un  feul  Sacrement  néceflaire,  pour  rendre 
Article  >  tel  qu'il  étoit  exprimé ,  faux.  La  féconde  ,  parce  que  tous  les  Sa- 
cremens font  en  quelque  façon  néceifaires  ,  les  uns  abfolument ,  &  les 
autres  conditionnellement  ;  les  uns  par  convenance  ,  &  les  autres  pour  une 
plus  grande  utilité.  Mais  comme  quelques-uns  trou  voient  fort  eirange  , 
qu'on  fie  des  Articles  de  Foi  de  chofes  qui  étoient  fufceptibles  de  féns  fî 
équivoques  -,  pour  lesfatisfaire  on  prit  le  parti,  quand  on  drefla  les  Canons, 
de  condamner  ceux  qui  difoient  que  les  Sacremens  n'étoient  pas  néceflaires , 
mais  fuperâus  ,  étendant  ainli  par  ce  dernier  terme  la  figniHcation  du 
premier. 

Plusieurs  étoient  d'avis  qu'on  ne  touchât  point  à  la  féconde  partie  du 
même  Article ,  qui  regarde  la  fuftifanccdela  Foi ,  parce  que  dans  la  Seflion 
précédente  on  avoit  déjà  décidé  que  la  Foi  feule  ne  fuffit  points  &  Marinier 


iquite  ,  «X  que  ci  ailleurs  elle  louttroit  de  grandes 
difficultés  :  Que  dans  les  Actes  Von  voyoit  ^  que  l'Ange  avoit  dit  au  Cen-     ,  /^/v  y 
turion  Corneille  ,   que  fes  prières  croient  agréables  à  Dieu ,  avant  qu*il  eût  4.  5 1. 


^6.  Sur  V Article  de  la  nécejpté  des  Sa- 
cremens y  quelquis-uns  vouloient  qu'on  ne 
condamnai  pas  abfolument  ce  qui  y  eft:  dit  , 
eu  ils  ne  font  point  nec^Jfaires  ,  &c.  ]  Il  a 
fallu  prendre  le  terme  de  nccelFuc  d.ins  un 
fensfort  vague,  pour  décider  que  les  Sacre- 
mens étoient  néceiraires }  &  c'eft  ce  qui  a 
obligé  à  la  fin  du  Canon  d'en  reflerrer  le  fens, 
en  difant  que  tous  ne  font  pas  nccelîàires  à 
chacun»  Par -là  ce  Canon  deyenoit  alTez 


inutile.  Car  d'un  c^tc  les  Proteftans  ne 
nioient  pas  la  nccefl[îtc  de  quelques-uns  des 
Sacremens  j  &  de  l'autre  le  Concile  décla- 
rant que  tous  ne  font  pas  néceflaires  à  cha- 
cun ,  c*ctoir  condamner  une  erreur  chimé- 
rique, que  de  décider  que  les  Sacremer» 
font  nécellaires ,  lorfqne  perfonne  ne  nioit 
que  quelques-uns  ne  le  fulFent  ,  8c  quoD 
n'àdhlilToit  pas  la  nécef&tc  de  tous» 


411  HISTOIRE    p.U   CONCILE 

MDXLviï.  entendu  rien  dire  ni  du  Baptême  ni  de  l'Evangile  ;  que  toute  fa  famille 
Paul  III.  après  avoir  entendu  la  Prédication  de  S.  Pierre  avoir  reçu  le  Saint  Efprit , 
avant  que  d'avoir  été  inftruite  de  ladoétrinedesSacremens'i  &  que  n'ayanc 
rien  appris  du  Baprèmc  qu'après  avoir  reçu  le  Saint  Efprit ,  clic  ne  pouvoic 
pas  avoir  le  vœu  d'un  Sacrement  qu'elle  ne  connoiiloit  pas  :  Que  le  bon 
Larron  n'ayant  rien  connu  de  la  puifTance  de  Jcfus-Chrift  qu'au  moment 

3[u'il  expiroit  fur  la  Croix ,  il  ne  pouvoir  pas  avoir  le  defir  d'un  Sacrement  , 
ont  il  n'avoit  aucune  connoiflancc  :  Qu'enfin  plufieurs  Martyrs,  qui  ayant 
^  été  convertis  à  la  vue  de  la  confiance  des  autres ,  avoient  été  enlevés  aufli- 
tot  &  mis  à  mort  y  n'avoient  pas  pu  defirer  des  Sacremens  »  dont  ils  ne 
pouvoient  avoir  de  connoidance  que  par  divination  :  Qu'ainfi  il  valoir 
mieux  abandonner  cette  diftinétion  aux  Ecoles ,  fans  la  faire  entrer  dans 
les  Articles  de  Foi.  Mais  cet  avis  fe  trouva  contredit  par  le  plus  grand 
nombre  ,  qui  foutenoit  :  Que  quoique  le5  termes  de  la  diftinûion  fuflTènt 
nouveaux  &  de  l'invention  des  Ecoles ,  on  devoir  croire  que  Jefus-Chrift 
en  avoir  enfcigné  le  fens ,  &  qu'on  devoitle  tenir  pour  une  Tradition  Apos- 
tolique :  Qu'à  l'égard  des  exemples  du  Centurion  ,  du  bon  Larron ,  &  des 
Martyrs ,  on  devoir  fa  voir  qu'il  y  avoir  deux  forres  de  vœux  du  Sacrement» 
l'un  explicite  &  l'autre  implicite  ,  &  qu'au  moins  ce  fécond  étoit  nécef* 
faire  -,  c'eft-à-dire ,  que  toutes  ces  perfonnes  n'avoienr  pas  le  vœu  aéhiel  da 
Sacremenr ,  mais  qu'ils  l'euflènt  eu  ,  s'ils  l'eufTent  connu  :  ce  que  les  autres 
avouoient  ctre  vrai ,  mais  fans  convenir  qu'on  dur  le  regarder  comme  un 
Arricle  de  Foi.  Cependant  comme  on  ne  put  pas  entièrement  s'accorder  fur 
ces  difficultés ,  on  en  renvoya  la  décifion  au  Synode  >  c'eft-à-dire  »  à  la 
Congrégation  générale. 

On  ht  la  même  chofe  à  l'égard  du  troifième  Arricle.  Car  quoique  cha- 
cun le  crût  faux  ,  parce  que  tous  convenoient  que  fi  l'on  regarde  la  nécef- 
fité  &  l'utilité  ,  le  Baptême  devoit  avoir  la  préférence,  mais  qu'on  dévoie 
la  donner  au  Mariage  fi  Ton  regardoir  ce  qu'il  fignifie  ,  à  la  Confirmation 
û  on  avoit  égard  à  la  digniré  du  Miniftre,  6c  à  TEuchariftie  fi  l'on  confia 
déroit  la  vénerarion  qui  lui  étoit  due  ;  cependant ,  comme  on  ne  pouvoir 

E^as  dire  quel  étoit  le  plus  digne  fans  ufer  de  diftindbion  ,  on  crut  qu'il  va* 
oit  mieux  laifièr  tour  à  fait  cet  Article ,  qu'on  ne  pouvoit  entendre  fans 
I  Flcury  ,  enrrer  dans  des  fubtilités.  Quelques-uns  cependant  ^  étoient  d'avis  qu'on 
L.  14}.  N®  expliquât  à  quels  différens  égards  certains  Sacremens  étoient  plus  dignes 
*®7«  que  d'aurres.  Quelques  Théologiens  propoferenr  un  milieu  ,  qui  étoit  de 

marquer  fimplement  que  certains  Sacremens  étoient  plus  dignes  que  les 
autres  félon  différens  rapports  ;  &  ce  fentiment  eut  l'approbation  du  plus 
grand  nombre  ;  î7  quoique  plufieurs  ne  puffcnr  voir  fans  peine  que  le  Con- 
cile s'abaifTât  à  ce  qu'ils  appelloient  vétilles  d'Ecole ,  &  voulût  faire  croire 

S7»    Quoique  plufieurs  ne  puffent  voir  ge  démangeai&n  de  (aire  des  Dogmes ,  pour 

fans  peine  que  le  Concile  s'abhaijfde  â  ce  en  faire  un  da  plus  ou  du  moins  de  dignité 

quils  appelloient  vétilles  d'Ecole,  &c.  ]  Il  qu'il  y  avottdans  les  Sacremens.  Cétoitone 

falloir  qu*il  y  e&t  dans  le  Concile  une  étran-  invention  due  aoz  fiibtilités  de  l'Ecole  >  ft 


le 


DE    TRENTE, Livre    II. 


4^3 


que  Tcfus-Chrift  avoit  introduit  cette  minutie  d'opinions  dans  la  Foi.  mdxlvii* 

î*  Tout  le  monde  s'accorda  à  condamner  le  quatrième  Article,  oii^^"^^^^ 
Ton  cnfeigne  que  les  Sacremens.  ne  donnent  point  la  Grâce  *,  ^  mais  on        - 
ajouta  quil  falloit  l'amplifier  en  condamnant  en  termes  formels  la  doc- ^^^  ^**^o 
trine  de  Zuinglc  ,  qui  enfeignoit  que  les  Sacremens  ne  font  que  des  fignes ,  lôs. 
par  où  les  Fidèles  font  diftingués  des  Infidèles ,  ou  des  aâes  &  des  exerci- 
ces d'une  podeflîon  extérieure  de  la  Foi  Chrétienne ,  mais  qui  n  ont  d'autre 
rapport  à  la  Grâce  ,  que  de  montrer  qu'on  Ta  reçue.  ^9  On  opina  aufli  à  con- 
damner ceux  qui  nioient  que  les  Sacremens  conféraflent  la  Grâce  à  ceux  qui 
n'y  apportent  point  d'empêchemens ,  comme  aufli  ceux  qui  nioient  que 
la  Grâce  fût  contenue  dans  les  Sacremens ,  &  qu'ils  la  confëraflènt  non  en 
vertu  de  la  Foi ,  mais  ex  opère  eperato.  Quand  ce  fut  à  expliquer  la  manière 
dont  ils  contiennent  la  Grâce  &  la  produifent ,  chacun  convint  que  la 
Grâce  s'obtenoit  par  toutes  les  aâions  qui  animent  la  piété,  &  que  cela 
ne  vient  point  de  la  vertu  de  l'œuvre  même ,  mais  de  la  difpofition  dc 
celui  qui  agit  s  &c  c'eft  ce  que  l'on  appelle  dans  les  Ecoles  produire  la  Grâce 
€x  opère  operantis.  ^^  Mais  on  diftinguoit  un  autre  genre  d'adtions ,  qui 


on  ne  s'en  étoit  point  avifS  auparavant.  Si 
les  Proteftans  ne  s*éroient  point  propofS  de 
concéder  avec  les  Scolaftiqaes ,  noas  man- 
querions de  bien  des  Articles  de  loi  s  mais 
la  Religion  foufEriioit  peu  de  ce  manque- 
ment. 

f  8.  Tout  le  monde  s* accorda  à  condam* 
der  le  quatrième  Article  ,  oh  Von  enfeigne 
que  les  Sacremens  ne  donnent  point  la  Grâ- 
ce ,  &c.  ]  Ça  été  certainement  la doéhine 
confiance  de  TAntiquicé ,  qu*il  j  a  une  Grâ- 
ce actachée  à  la  réception  des  Sacremens  s 
mais  qu*ils  fuppofenc  certaines  difpoficions 
néceflàires  pour  la  recevoir.  Çtl  donc  écé 
une  erreur  dans  les  Zuingliens  ,  de  ne  re- 
garder les  Sacremens  que  comme  de  {im- 
pies fignes  de  la  Grâce  reçue ,  &  non  comme 
des  moyens  de  la  recevoir.  En  ce  (èns  les 
Scolafliques  ont  pu  dire ,  que  les  Sacremens 
agi({ènc  ex  opère  operato ,  c'eft-à-dire,  qu'en 
vercu  de  leur  infticucion  ces  fignes ,  qui  fiins 
«ecre  inflicucion  ne  feroîent  d'aucun  ufage 
pour  le  faluc ,  doivent  être  regardés  comme 
des  inflrumens  propres  à  nous  communi- 
quer la  Grâce. 

f  9 .  On  opina  aujp,  â  condamner  —  ceux 
qui  ne  confejfoient  pas  que  la  Grâce  fût 
contenue  dans  les  Sacremens  ,  &  qu'ils  la 
conférajfent  non  en  vertu  de  la  Foi  ,  mais 
tx  opexe  operatQ.  ]  Si  par  Vopus  tpenuum 


des  Sacremens  les  Théologiens  n'entendent 
aucre  chofe ,  finon ,  que  ces  fignes  ont  en 
conféquence  de  Tindicucion  une  vertu  qu  ils 
n'auroient  pas  fans  cela  ,  la  penffe  eft  rai<- 
(bnnable ,  &  ça  toujours  écé  la  doârine  de 
TEglife,  quoique  fous  d'autres  termes.  Mais 
fi  l'on  oppo(e  Vopus  operatum  des  Sacre* 
mens  à  la  nécefficé  des  difpofitions  ,  c'eft 
une  erreur  encore  plus  condamnable ,  que 
celle  des  Zuingliens;puifque  celle-là  ne  tend 
à  rien  moinsquainfpirerune  fauflè  confian- 
ce dans  les  Sacremens  &  peu  de  zèle  pour 
nous  ydifpoferjau  lieuque  l'opinion  des  Zuin- 
gliens ne  peut  fervir  qu'à  ranimrer  nocre  fer* 
veur  9  &  qu'à  nous  faire  redoubler  nos  foins, 
comme  fi  coût  dépendoic  de  nous. 

6o,  Mais  on  diftinguoit  un  autre  genre 
d'a&ions  qui  produifent  la  Grâce  non  par 
la  difpofition  de  celui  qui  fait  la  chofe  ,  &c.  ] 
Autre  chofe  efl  de  dire ,  quilles  Sacremens 
produifent  la  Grâce  en  venu  de  cercaines 
difpofitions  ;  &  autre  chofe  d'enfeignei 
qu'ils  ne  la  produifent  point  (ans  cenaines 
difpofitions.  Le  premier  déroge  à  la  pro- 
meflfe  de  l'inditution ,  mais  non  le  fécond. 
Le  Concile  en  coniamnant  le  premier 
fencimenc  ne  s'eft  nullemenc  écané  de  l'an- 
cienne dodrine  de  l'Eglife  ,  qui  a  coujours 
accaché  une  certaine  efficace  aux  Sacremens 
en  conféquence  de  leur  inftitucion.  Mais 


414        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MoxLvxi.  produifenc  la  Grâce  non  par  la  difpofinontie  celui  qui  fait  lachofe  ou  qui 
Paul  III.  J^  reçoit  ,  mais  par  la  vertu  de  l'œuvre  nicme  j  &  Ion  difoit  :  Que  les 
""""■■"  Sacremens  ctoient  de  cette  efpcce  :  Que  pourvu  que  celui  qui  les  recevoic 
ne  fut  point  en  péché  mortel  qui  put  exclure  la  Grâce  >  il  ne  laiflbit  pas 
que  de  la  recevoir ,   quoiqu'il  n  y  apportât  aucune  dévotion  :  Que  c'étoic 
ainfi  que  le  Baptême  conréroit  la  Grâce  à  un  Enfant  ou  à  un  Fou  ,  qui  n'y 
apportoient  aucune   difpofition ,  parce  qu'en  eux  il  n'y  avoir  nul  empê- 
chement du  péché  :  Que  le  Sacrement  du  Chrême  &  celui  de  l'Extrcme- 
Onâion  produifoienc  le  même  effet  fur  un  malade  qui  auroit  perdu  toute 
connoiffance  :  Que  Ci  quelqu'un  perliftoit  adtuellement  ou  habituellemenc 
dans  un  péché  mortel ,  il  ne  pourroit  point  à  la  vérité  recevoir  la  Grâce ,  à 
caufe  de  l'oppofition  qu'elle  rencontreroit ,  non  pas  cependant  que  le  Sa- 
crement n'ait  la  vertu  de  la  produire  ex  opère  operato ,  mais  parce  que  l'hom- 
me feroit  hors  détat  de  la  recevoir,  par  les  difpofitions  contraires  qu'elle 
trouveroit  en  lui. 
Différend       LXXXVI.  CEPENDANT ,  quoiquc  d  accord  en  cela ,  ils  ne  laiflèrent  pas 
entre  Us  Do-  jç  fç  ttouvcr  fort  opDofés  quand  on  vint  à  s'expliquer.  ^*  Car  les  Domini- 
&iesFrM^^*^^^^  loutenoient  que   quoique  la  Grâce  tut  une  qualité  Ipintuellc  créée 
cifcains  fur  immédiatement  de  Dieu ,  il  y  avoir  cependant  dans  les  Sacremens  une  verra 
lamanihre    inftrumentelle  &  eftë«5tive,  qui  produit  dans  l'ame  une  difpoHcion  pour  la 
'dont  les  S^'  recevoir;  &:  que  c'eft  en  ce  lens  qu'on  difoit  qu'ils  contiennent  la  Grâce, 
eremens       ^^^  qu'elle  foit  en  eux  comme  dans  un  vafc  ,  mais  comme  l'effet  cft  dans 
fur  iCuHtres  ^^  caufe  ;  ce  qu'ils  expliquoient  d'une  manière  aflèzfingulicreparrcxein- 
mriicles.       plc  d'un  cifeau  ,  qui  non- feulement  a  la  propriété  de  tailler  la  pierre, 
mais  encore  la  vertu  de  former  une  flatue.  Les  Francifcains  difoienc  au 
contraire,  qu'on  ne  pouvoir  concevoir  comment  Dieu,  qui  efl une  caufe 
fpirituelle,  fe  fert  d'un  inftrument  matériel  p<^ur  produire  la  Grâce,  qui 
cfl  un  effet  fpirituel  ;  &  ils  nioicnt  abfolument  qu'il  y  eut  dans  les  Sacre- 
mens aucune  vertu  effedtive  ou  difpofitive,  ^*  Mais  ils  difoient  que  toute 

leur 

s*il  eût  condamné  le  fécond  ,  il  nous  eut  Grâce  ell  contenue  dans  les  Sacremens 

donné  une  erreur  pour  un  Article  de  Foi ,  comme  dans  une  câufe  phyfique ,  &  les  re- 

pnifque  fî  nos  difpofirions   ne  font  pas  la  garder  autrement  que  comme  une  occafîon 

caufe  de  la  Grâce,  elles  en  font  au  moins  &  un  moyen  que  Dieu  nous   offre  pour 

des  conditionf  néceflàires.  nous  la  communiquer  ,  c'eft  débiter  une 

^i.  Car  Us  Dominicains  foutenoient que  chimère  qui  n'eft  appuyée  ni  fiir  raatorité 

quoique  la  Grâce  fut  une  qualité  fpirituelle  ni   fur  la  rai(bn  ;  &  s'il  Éailloic  pour  être 

créée  immédiatement  de  Dieu  ,  ii  y  avoit  Catholique  fbufcrire  à  de  pareilles  imagî« 

cependant  dans  Us  Sacremens  une  vertu  nations  ,  le  premier  (acrifice  qu'il  y  auroit 

inftrumcntelle   &  effective  ,  Sec,  ]  C'eft  un  à  faire  pour  avoir  de  la  Religion  ,  feroic 

bonheur  que  les  Francifcains  ne  fe  foient  celui  du  bon  fens. 

pas  trouves  d'accord  fur  ce  point  avec  les  6i.  Mais  ils  difoient  que  toute  leur  effi- 

Dominicains.    Cela    nous   a   épargné   un  cace  ne  venoit  d'autre  chofe  ,  que  de  ce  que 

novivel  Article  de  Foi ,  &  un  fyftêmealTez  Dieu    avoit  promis  ,    &c.  )  C'eft  la  feule 

ridicule  à  défendre.  Car  Ibutenir   que  la  manière  |[iaifonnable  d'expliquer  la  yeita 

des 


i^ 


DETRENTE,  Livre    II.  4iy 

kur  efficace  ne  venoic  d  autre  chofe  que  de  ce  que  Dieu  avoir  promis  que  mdxitiï4 
toutes  fois  &  quances  que  le  Sacrement  feroit  conféré,  il  accorderoic  la  ^-^ulIII. 
Grâce  ;  &  que  <:'étoit  en  ce  fens  qu'on  devoit  dire  qu'ils  la  contenoient ,  .  ' 

non  par  aucune  vertu  qui  fut  en  eux ,  mais  parce  qu'ils  en  étoient  un  figne 
efficace  »  &c  que  Dieu  avoit  promis  de  joindre  infailliblement  fon  affîftance 
a  ce  miniftère ,  qui  par-là  devenoit  la  caufe  de  la  Grâce  ^  parce  que  l'effet 
en  fuivoit  infailliblement ,  non  par  une  vertu  qui  fut  en  lui ,  mais  par  la 
promellè  qui  y  étoit  annexée  ;  de  la  même  manière  qu'on  dit  que  le  mérite 
eft  la  caufe  de  la  récompenfe ,  quoiqu'il  n'y  ait  en  lui  aucune  activité.  Ces 
Théologiens  prouvoienr  leur  fentiment  non-feulement  par  l'autorité  de 
Scot  &c  de  S.  Bonavcnturc  qui  étoient  de  leur  Ordre ,  mais  auffi  par  celle 
de  S.  Bernard  y  qui  dit  que  l'on  reçoit  la  Grâce  par  les  Sacremens,  comme 
un  Chanoine  reçoit  Ixnveftiture  defa  dignité  par  un  Livre  >  &  l'Evêque  pac 
un  Anneau.  De  part  &  d'autre  chacun  expofà  fes  raifons  fort  au  long  & 
dune  manière  encore  plus  aigre  qu'étendue,  ôc  on  fe  cenfuroit  récipro- 
quement. Les  Dominicains  difoient  que  le  fentiment  des  Francifcains 
approchoit  du  Luthéranifme  \  &  les  autres  leur  reprochoient  à  leur  tour 
qu'ils  donnoient  lieu  aux  Hérétiques  de  calomnier l'Ejglife ,  en  foutenant 
une  opinion  impoffible.  Ce  fut  en  vain  que  quelques  bons  Prélats  voulu- 
rent les  concilier  ,  en  difant  qu'étant  d'accord  de  la  concluflon  ,  qui  eft  que 
les  Sacremens  contiennent  la  Grâce  &  la  produifent ,  il  importoit  peu  de 
favoir  de  quelle  manière  cela  fe  faifoit ,  &  qu'il  eut  mieux  valu  s'en  tenir 
à  la  proportion  générale ,  fans  defcendre  à  la  manière  particulière.  Car 
ils  répondoient ,  qu'il  ne  s'agidbit  pas  de  mots ,  mais  d'établir  ou  d'anéantir 
les  Sacremens  ;  &c  on  n'eût  jamais  uni  de  contefter ,  fî  le  Cardinal  de  Sainte 
Croix  n'eût  ordonné  qu'on  padat  aux  autres  Articles ,  en  difant  qu'à  lafiti 
on  reviendroit  à  ce  point  >  &  qu'on  examineroit  s'il  étoit  à  propos  de  le 
décider  ou  de  lomcttre. 

Les  Légats  enfuite  ayant  fait  appeller  chez  eux  les  Généraux  de  ces  Or- 
dres ,  les  prièrent  d'engager  leurs  Religieux  à  paçler  avec  plus  de  modeftic 
&  de  chance»  &  à  ne  point  fe  pafConner  fi  fort  pour  les  (entimens  de  Leur 
Ecole  -,  &  de  leur  remontrer  qu'on  ne  les  avoit  fait  venir  que  pour  combat- 
tre les  Héréfies  ,  &  que  rien  n'étoit  plus  contraire  à  ces  vues  que  de  s'ex- 
pofer  à  en  fufciter  de  nouvelles  par  leurs  difputes.  ^^  Ils  écrivirent  en  mc- 

des  Sacremens  ,  puUqae  n'y  ayant  aucan    pour  remontrer  combien  étoit  dangéreufe  la 


rapport  naturel  entre  une  caufe  matérielle 
^  un  effet  fpirituel ,  la  vertu  du  Sacremeni 
ne  peut  venir  que  de  la  promefle ,  &  le 
figne  ne  peur  être  regardé  que  comme  Tinf- 
crument  &  la  caufe  occafionnelle  de  la  ré- 
ception de  la  Grâce.  Croire  que  cette  Grâce 
A  dans  le  Sacrement  d'une  manière  inhé- 
rente ,  c'eft  un  fyftême  abfurde ,  &  qui  ne 
piérice  pas  d'être  refuté. 

6^*  Ils  écrivirent  en  mime  tems  à  Rome , 
T  O  M  £    L 


liberté  que  prenoient  les  Moines  ,  &c.)  Ce 
ne  (ut  pas  en  cette  feule  occaflon  ,  que  les 
Moines  prirent  tant  de  libené  ^  &  on  en 
verra  encore  d'autres  exemples  dans  la  fuite» 
Comme  la  plûpan  &  les  plus  diftingués 
Théologiens  du  Concile  étoient  Réguliers  ^ 
ils  s'y  donnoient  beaucoup  d'autorité»  & 
parce  que  la  plupart  des  Prélacs  n 'étoient 
guères  au  fait  de  leurs  difputes  Scolafti^ 
ques ,  il  fialloit  néce0àirement  s'en  xap- 

Hhb 


xo^ 


4%6       HISTOIRE    DU    CONCILE 

'hpxltii*  me  cems  a  Rome ,  pour  remontrer  combien  écoic  dangereufe  la  liberté  que 
Paul  IIL  prenoicnt  les  Moines ,  &  quelles  en  pouvoient  être  les  fuites  •,  &  ils  mar- 
quèrent au  Pape  la  néceflîté  qu'il  y  avoit  d  y  apporter  quelque  modération  , 
parce  que  fi  une  fois  le  bruit  fe  répandoit  dîe  ces  dtvifions ,  Se  des  cehfures 
qu'ils  raifoient  les  uns  des  autres ,  il  ne  pouvoit  en  naître  que  du  fcandale  ^ 
éc  un  grand  tort  à  la  réputation  du  Concile. 

On  vouloit  laidèr  le  cinquième  Article  ,  comme  déjà  décidé  dans  I2 
X  Fleory ,  Sedion  précédente*  '  Mais  Barth/Umi  Miranda  remontra  :  Que  de  ce  pa« 
L.  143.  N^fadoxe,  que  les  Sacremens  ne  donnent  point  la  Grâce  finon  par  la  Foi 
qu'ils  excitent ,  ^^  Luther  avoit  inféré  que  Us  Sacremens  de  l* Ancienne 
Loi  avaient  la  même  vertu  que  ceux  de  la  Loi  Nouvelle  &  Evangélique  ;  ^ 
qu'on  devoit  condamner  cette  opinion  comme  contraire  â  la  dodtrine  de 
l'Eglife  &  des  Pères ,  qui  enfeignent  tous  ,  que  les  anciens  Sacremens 
étoient  feulement  des  fi^nes  de  la  Grâce ,  au  lieu  que  les  nouveaux  I3 
contiennent  &  la  produifent.  Perfonne  ne  s'oppofa  à  la  conclufion.  Mais 
les  Francifcains  foutenoient  :  Qu'on  ne  devoit  pas  dire  les  Sacremens  de 
t Ancienne  Loi ,  mais  de  la  Loi  Mofaïque  ,  vu  que  la  Circoncifion  produi-* 
foit  aufli  la  Grâce  »  mais  n'étoit  pas  un  Sacrement  de  la  Loi  de  Moyfe  > 
&  que  Jefus  -  Chrift  même  avoit  dit  y  qu'elle  ne  venait  pas  de  Moyje  , 
mtds  des  Pires  ;  8c  ils  ajoutoient  que  les  autres  Sacremens  qui  étoienc 
avant  Abraham ,  produifoient  &  conféroient  aufli  la  Grâce.  ^5  Les  Domini^ 


/  Joan. 
VIL  11. 


porter  à  ces  Théologiens  pour  la  difcuffion 
des  matières.  Ce  qoi  embarralToit  le  pitis 
les  Légats ,  c*eft  qae  comme  ces  Religieux 
itoient  d'Ecoles  oppofiées,  &  que  chacun  étoit 
également  ardent  poor  la  défenfe  de  U  iîen- 
ne  ,  il  falloit  beaucoup  plus  de  tems  pour 
concilier  les  fencimens  des  uns  &  des  au- 
tres )  que  pour  convenir  de  ce  qu'il  falloit 
oppofer  aux  Proteftans.  Ceft  de  quoi  fe 
plaignoient  les  Légats.  Mais  cette  oppofi- 
tion  entre  eux,  &  cet  attachement  mo- 
cnel  à  leurs  Ecoles  ne  laifsèrent  pas  que 
ie  produire  un  bien  ,  qui  eft ,  qu  on  en 
multiplia  nn  peu  moins  les  Anatbêmes, 
parce  qu  on  ne  vouloit  mécontenter  aucun 
ëe  ces  Ordres. 

^4.  Luther  avoit  inféré  que  les  Sacre- 
fnens  de  l'Ancienne  Loi  avoient  la  même 
yfertu  que  ceux  de  la  Loi  Nouvelle  &  Evan^ 
"gelique  ;  &  qu'on  devoit  condamner  cette 
opinion  ,  &c.  )  II  efl  certain  du  moins , 
que  S.  Paul  a  regardé  toutes  les  obfervan- 
ces  de  lancienne  Loi  ,  comme  des  élé- 
mens  infirmes  ,  qui  ne  pouvoient  con- 
duire pei(bnne  â  ht  peifeâion  }  de  c'en 


étoit  aflcz  pour  faire  donner  la  préférence 
aux  Sacremens  de  la  nouvelle.  Mais  de  dc^ 
terminer  en  quoi  condfle  préafement  cette 
difiérence ,  c'eft  ce  que  le  Concile  fagement 
n  a  point  fait.  Au  défaut  du  Concile  »  des 
Théologiens  plus  hardis  ont  imaginé  di- 
verfes  différences  dont  Tune  entre  autres 
eft ,  que  les  Sacremens  de  l'ancienne  Lot 
opèrent ,  comme  ils  parlent ,  ex  opère  ope- 
rantis  ,  au-lieu  que  ceux  de  la  nouvelle 
opèrent  ex  opère  opersto.  Mais  je  né  (â> 
fiir  quoi  eft  fondée  une  pareille  différence. 
Car  fi  on  accorde  une  venu  aux  anciens 
Sacremens,  il  faut  qu'elle  vienne  comme 
aux  nouveaux  de  leur  inftitution ,  qui  eft 
proprement  le  fens  de  Vopus  operatum  y 
fi  réellement  il  en  a  auccm.  Le  Concile 
avoit  d'abord  omis  cet  Article  ,  &  peut- 
être  eât-on  fait  aofli  fagement  de  le  iaif- 
fer  tout  à-fait. 

tf  f .  Les  Dominicains répondoient  an  con^ 
traire  que  5.  Paul  avoit  dit  clairement , 
qu'Ahraham  avoit  reçu  la  Circoncifion  feu- 
lement comme  un  fiffie,  &c.  )  (JTa  été  le 
ièntiment  de  tous  les  Pères  Grecs  »  &  de 


DE    TRENTE, Livre    II.  417 

cains  répondoient  au  contraire  :  Que  S.  Paul  avoir  dit  clairement»  ^  qu'A-  Mi>xtviw 
braham  avoir  reçu  la  Circoncifion  feulement  comme  un  fîgne  ;  &  qu'étant  ^^^^  ^* 
le  premier  qui  l'avoir  reçue  >  c  etoirune  preuve  qu'elle  n'avoir  été  iaftiruée 
feulemenr  que  pour  fervir  de  figne.  A  l'yard  de  la  manière  dont  ces  diâfé-  iJ^n^ 
rens  Sacremens  contenoient  &  produifoient  la  Grâce ,  on  revint  aux  më^ 
mes  difputes.  Grégoire  de  Padouc  dit  à  cefujet:  Que  félon  les  Logiciens^ 
c'éroit  une  chofe  certaine  >  que  les  chofes  d'un  même  genre  ont  enrre  elles 
une  forte  d  identité  Se  une  différence  :  Que  ù  entre  les  Sacremens  anciens 
&  les  nôtres  il  n'y  avoir  que  de  la  différence ,  ils  ne  feroienr  pas  rous  des 
Sacremens ,  (înon  d'une  manière  équivoque  i  &  que  s'il  n'y  avoir  que  de 
l'identité  »  ils  feroienr  tous  la  même  chofe  :  Qu'il  falloit  donc  prendre 
garde  de  ne  point  faire  naître  de  difficulrés  fur  des  chofes  claires ,  pour 
quelque  différence  de  mots  ;  &  que  S.  Augujlin  avoit  dit  que  les  uns  6c 
les  autres  étoient  différens  dans  le  figne  »  mais  pareils  dans  la  chofe  figni« 
fiée  ;  &  dans  un  aurre  endroit ,  qu'ils  étoient  dinerens  quant  à  l'appaience 
vifible  ,  mais  les  mêmes  dans  la  (ignification  intelligible  :  Que  c  etoit  ce 
qui  lui  avoit  fait  dire  dans  un  autre  endroit,  que  leur  différence  con(lf-r 
toit  en  ce  que  les  premiers  étoient  promijjîfs  ^  &  les  autres  indicatifs ,  ce 
qu'un  autre  avoit  exprimé  par  les  rermes  A^  prinonciatifs  &  de  conufiaùfs  : 
Que  par-là  ilparoifloir  clairement ,  qu'entre  ces  différens  Sacremens  il  y 
avoit  des  différences  &  des  conformités ,  ce  qu'aucun  homme  fenfé  ne 
pou  voit  nier;  &  que  ç'avoir  été  avec  beaucoup  de  prudence  qu'on  avoit 
d'abord  omis  cet  Article ,  &  qu'il  n'étoit  pas  plus  à  propos  d'y  toucher  dans 
le  Décret  préfent.  Il  y  eut  encore  un  autre  avis ,  qui  rut  »  que  fans  entrer 
dans  le  détail  de  ces  différences ,  il  tiilloit  Amplement  condamner  l'opinion 
des  Luthériens  &  des  Zuingliens,  qui  difoienr  que  les  Sacremens  anciens 
&  nouveaux  ne  différoient  que  dans  les  fignes  exrérieurs  *,  &  que  comme 
on  avoit  montré  qu'ils  différoient  en  plufleurs  aurres  chofes ,  on  pouvoir 
condamner  pour  cela  feul  la  doârine  contraire ,  fans  être  obligé  de  dé- 
tailler quelles  étoient  ces  différences* 

Les  Dominicains  *  cenfuroient le fixième  Article,  difantavec  S.  Tha^    *^'^^i 
masj  que  le  propre  des  Sacremens  Evangéliques  eflde  donner  la  Grâce,     ^43«  ^  - 
au  lieu  que  les  anciens  ne  la  conféroient  que  fuivant  la  difpofition  du  fujet. 
Pour  appuyer  cette  doftrine  ils  fe  fbndoient  principalement  fur  l'autorité 
du  Concile  de  Florence ,  qui  enfeigne  que  les  Sacremens  de  l'Ancienne 
Loi  ne  donnoient  pas  la  Grâce ,  mais  figuroient  celle  qui  devoit  être  don- 

la  plupart  des  Latins  avant  S.  Augufiin ,  qui  que  Ton  s*en  tienne  au  Jugement  qu'en 

cherchant  par  -  tout  des  argumens  pour  porte  S.  Paul  »  on  verra  que  rétablidèment 

prouver  le  Péché  originel  contre  les  Pela-  de  cette  cérémonie  pour  Tabolition  du  Pé- 

giens^  prétendit  que  la  Circoncifion  avoit  ché  originel  efl  une  imagination  fans  fb- 

écé  infUtuée  pour  effacer  ce  péché.   Mais  lidité,  uniquement  inventée  pour  Tappai 

cA  de  quoi  on  ne  voit  pas  la  naoindre  d'un  fydème  que  les  Pélagiens  rejettoienc 

trace  dans  TEcriture  >  &  foie  que  Ton  exa-  comme  contraire  à  la  raifon  ,  &  deftitu6 

mine   loccafîon  de  fou  inftitution  ,   foit  d  autorité* 

Hhh  1 


4i8         HISTOIRE   DU  CONCILE 

MDXLvii.  née  par  la  paffion  de  Jefus-Chrift.  Mais  comme  S.  Bonaventurt  8c  Scoi 
Paul  III.  foutcnoicnt,  que  la  Circoncifion  conféroit  la  Grâce  ex  optrc  optrato  ^  6c 
■■■■'■■■^■""  que  Scoc  même  ajoucoic  qu'immédiacemenc  après  le  péché  d'Adam  ,  Diea 
avoir  infticué  un  Sacremenr ,  qui  par  fa  propre  vertu  conféroit  aux  enfant 
la  Grâce  ex  opère  operato  ;  les  Francifcains  prctcndoient  que  la  Propofition 
étoit  véritable ,  &  qu'on  ne  devoir  |>as  la  cenfurer.  Pour  fortifier  leur  opi- 
nion ,  ils  inûftoient  beaucoup  principalement  fur  ce  que ,  s'il  étoit  vrai  ce 
que  difoit  S.  Thomas ,  qu'avant  Jelus-Chrift  les  enf ans  étoient  fauves  par 
la  Foi  de  leurs  parens  Se  non  par  la  vertu  des  Sacremens,  &  ce  que  dir 
S.  jiugujiin  de  la  damnation  d  un  enfant  qui  mourut  pendant  que  fon  père 
le  portoit  au  Baptême ,  la  condition  des  enfans  Chrétiens  étoit  infiniment 

{)ire  qu'elle  tt'étoit  fous  l'Ancienne  Loi»  où  la  Foi  des  parens  fuffifok  pour 
es  fauver.  Ces  diflScultés  firent  propofer  à  plusieurs  qu'on  ne  touchât  point 
à  cette  propofition ,  comme  étant  probable.  On  convint  auflS  d'omettre  le 
feptième  &  le  huitième  Articles. 

^^  Mais  à  l'égard  du  neuvième,  où  il  cft  parlé  du  Cara«Slèrc  »  Domini^ 
que  Soto  propofa  de  déclarer  qu'il  étoit  fondé  fur  l'Ecriture  Sainte  ,  & 
qu'on  l'a  voit  toujours  regardé  dans  l'Eglife  comme  une  Tradirion  Apofto- 
lique ,  parce  que ,  quoique  les  Pères  ne  fe  fuilent  pas  fervis  de  ce  nom  , 
néanmoins  la  chofe  fignifiée  étoit  très-ancienne.  Les  autres  cependant  ne 
lui  donnoient  pas  une  fi  grande  antiquité,  parce  qu'on  ne  voyoitpasque 
ni  Gratien  ni  le  Maure  des  Sentences  en  eudent  fait  mention.-  Au  contraire 
Scot  dit  que  les  paroles  de  l'Ecriture  ou  des  Pères  n'obligeoient  point  de 
l'admettre ,  mais  qu'il  n'y  avoir  que  l'autorité  de  l'Eglife  qui  nous  y  obli* 
geât  :  rour  ordinaire  que  prend  ce  Doâeur  »  quand  il  veut  nier  les  chofè? 
d'une  manière  honnêter 

^7  C  E  feroit  une  chofe  très-curieufe  de  favoir  ce  qu'ils  entcndoicnt  par 

46.  Mais  à  regard  du  neuvième  ^  oîtit         6j.  Ce  feroit  une  chofe  très'Curieufi  de 

eft  parlé  du  Caraéière ,  Dominique  Soto  /avoir  ce  qu'ils  entendaient  par  le  CaraBere  ; 

propofa  de  déclarer   qu'il  étoit  fondé  fur  &c.  )  S'il  eft  rrai  qu'ik  s'entendoient  eux- 

i Ecriture  Sainte ,  &c.)  Il  ^ut  plus  que  de  même^.  Mais  comme  toat  ce  qu'ils  di* 

la  pénérration  ,  pour  trouver  le  Caractère  (oient  fur  ce  point  éroir  fbn  inintelligible , 

des   Sacremens  dans  l'Ecricure  Sainre.  A  la  feule  curiodté  (eroitde  (avoir  comment 

regard  de  la  Tradition  ^  il  n'en  eft  pas  tout'  ils  pouvoient  difpucer  dune  chofe  qu*ik 

à-fait  de  mêmes  &  cependant  il  faut  avouer  avoient  rendue  incompréhenfible.  LeCar" 

quelle  a  a(ïez  varié  fur  ce   point.  Mais  dinal  Pallavicin  ^  qui  fe  met  (î  fort  en  co- 

dans  une  matière  d  obfervance  &  de  difci-  1ère  contre  Fra  -  Paolo  à  caufe  de  lair 

pline,    il  n'eft  nullement  étonnant  que  badin  donc  il  raille   ici  les  Scolaftiques  , 

l'Eglife  ait  quelquefois  changé  de  pratique,  compare  aflèz  à  propos  ce  qu'ils  diloient 

Elle  Ta  fait  placeurs  fois  en  d'aurres  points  au  Syftème  de  Ptolomét  fur  le  mouvement 

non  moins   importans.  En  ces  fortes  de  des  Cieuz.  Chimère  pour  chimère,  je  n'y 

matières  la  feule  régie  eft  de  fnivre  la  pra-  vois  d'autre  différence ,  (rnon  que  celle  de 

tique  établie  par  Tufage,  pui(que,  quelle  Ptolomée  eft  plus  intelligible  que  l'autre, 

qu'elle  foie ,  la  Foi  ni  les  Mœurs  n'y  font  Pour  la  podîbilité  ,  les  deux  Syftèmes  fon^ 

point  intéreifés»  a  peu  pxès  de  niveau. 


-V 


DE   TRENTE,  Livre   IL  419 

le  Camâèce ,  &  où  ils  le  plaçoienc ,  eu  égard  au  nombre  &  à  la  variété  des  mdxltii. 
opinions  des  Scolaftiques,  dont  quelques-uns  en  faifoienc  une  qualité:  ^^"^^^I*. 
ce  qui  produifit  quatre  opinions  différentes ,  félon  les  quatre  efpèces  de  ^ 
qualités.   Les  uns  difoienc  que  c'étoic  une  puiffance  fpirituelle  *,  les  au- 
tres ,  une  habitude  ou  une  difpoHtion  j  quelques-uns ,  une  figure  fpiri* 
tuelle  y  Se  d  ancres ,  une  qualité  fenfible  métaphorique ,  opinion  qui  avoic 
comme  les  autres  fes  approbateurs.  Il  y  en  avoir  qui  en  raifoient  une  re- 
lation réelle  ,  &  d'autres  une  fiâion  de  Tefpcit ,  fauf  à  eux  à  déclarer  com- 
bien elle  étoit  éloignée  du  néant.  Il  n'y  avoit  pas  moins  de  variété  d  opi« 
fiions  à  regard  du  fujet  où  réfide  le  Caraâère,  les  uns  le  plaçant  dans  l'effen- 
ce  de  Tame  ,  les  autres  dans  Tefprit ,  quelques-uns  dans  la  volonté ,  &  il 
s'en  trou  voit  même  qui  le  plaçoientdans  les  mains  &  fur  la  langue. 

Jérôme  Olcajier  j  Dominicain  Portugais,  étoit  d'avis  ^  qu'on  décidât  :    ^Flcury; 
Qu'avant  que  la  Grâce  foit  infufe,  tous  les  Sacremens  impriment  uneL,  i4j.N^ 
qualité  fpirituelle,  qui  efl  de  deux  genres-,  l'une  ineffaçable,  l'autre  qui  *"• 

Kut  fe  perdre  6c  fe  recouvrer  5  que  la  première  s'appelle  Caradère ,  &  que 
utre  eft  un  certain  ornement:  Que  les  Sacremens  qui  donnent  la  pre- 
mière ne  fe  réitèrent  point ,  parce  que  leur  effet  dure  toujours  ;  mais  que 
les  autres  fe  réitèrent ,  quand  l'ornement  qui  eft  leur  effet  eft  perdu  :  ima- 
gination fort  belle  en  apparence ,  mais  qui  eut  fort  peu  d'approbateurs  9 
parce  qu'il  n'y  avoit  d'autre  Auteur  de  cet  ornement  que  Saint  Thamas^ 
qui  même  après  lui  avoir  donné  la  naiffance ,  ne  le  jugea  pas  digne  de  fes 
K)ins. 

Cependant  ,  quoique  tous  convinflènt  dans  cette  Propofition  générale , 
Qu'il  y  a  trois  Sacremens  qui  impriment  Caraâère,  quelques-uns  plus  mo- 
deftes  difoient  qu'on  pouvoit  admettre  ce  fentimenc  comme  plus  probable , 
&  non  pas  comme  néceflaire.  ^^  Mais  d'autres  au  contraire  foutenoicnt  que 
c'étoit  un  Article  de  Foi ,  parce  c\vl  Innocent  III  en  avoit  fait  mention ,  & 
que  le  Concile  de  Florence  l'avoir  ainfî  défini  depuis. 

L'article  ^  qui  regardait  la  néceflîté  de  la  probité  du  Mîniftre  avoit  ^W-N® 
tellement  été  examiné  par  S.  Auguflin  dans  fes  Livres  contre  les  Donatiflcs,  '  '*' 
que  les  Théologiens  n'eurent  pas  de  peine  à  s'accorder  •,  &  l'on  apporta 


^8.  Mais  d* autres  au  contraire  foute- 
noient  que  c  étoit  un  Article  de  Foi  >  &c.  ) 
Ce  n'étoit  pas  une  chofe  aifée  à  compren- 
dre ,  comment  une  obfervance  fur  laquelle 
TEglife  avoit  ^  (on  varié  ,  comme  Tinité- 
Tabilicé  de  certains  Sacremens ,  pouvoit  de- 
Tenir  un  Article  de  Foi,  ni  comment  une 
chofe  dont  on  n'a  pas  la  moindre  notion , 
telle  quune  qualité  imprimée  dans Tame , 
pouvoit  être  un  objet  de  croyance.  Mais 
l'accord  des  Théologiens  fur  un  nom  , 
dont  chacun  (è  formoit  des  idées  particu- 
lières ,  &  la  décifion  d* Eugène  IV ,  paru- 


rent fufïifans  pour  faire  non-feulement  une 
Loi  d'une  pratique  fondée  fur  une  Tradi- 
tion auffi  refpedable  que  celle  de  la  pîus 
confidérable  partie  de  TEglife  >  ce  qui  eut 
été  trés-fage,  mais  aofE  un  Dogme  dune 
idée  auiïi  obfcure  que  celle  d'une  qualité 
imprimée  dans  l'ame  >  idée  qui  n  a  pas  le 
moindre  fondement  ni  dans  TAntiquité  ni 
dans  la  raifon.  Cefl  ce  qui  a  été  fait  par  le 
Canon  neuvième,  que  l'on  peut  regarder 
fous  ce  dernier  rapport  comme  un  nouvel 
Article  de  Foi  de  la  £içoa  des  Scolaftiques 
&  du  Concile. 


Paih.  111. 

dlElcury  t 

#Id.L  143. 
N<>ii4. 


GrMttdtt 

tUffutes  fitr 
U  genre 
dintention 
qui  êfi  né' 
eêffkire, 
fld.  N° 
115, 


4jd        HISTOIRE    DU    CONCILE 

d  ailleurs  pour  une  preuve  décifive ,  que  cette  dodtrine  avoic  déjà  été  C(m^ 
damnée  par  le  Concile  de  Conftance  parmi  les  Erreurs  de  Jriclcff. 

L'oKziEME  Article  ^  fut  auifi  condamné  à  toutes  voix ,  comme  contraire 
â  l'Ecriture  Sainte ,  à  la  Tradition ,  &  à  lufage  de  TEglife  Univerfelle. 

On  diftingua  ^  le  douzième  ^  qui  regardoit  les  formes  des  Sacremens» 
comme  pouvant  recevoir  deux  fecs.  Car ,  ou  par  la  forme  on  entend  les 
paroles  elTentielles  9  en  quel  fens  on  dit  que  chaque  Sacrement  a  fa  matière 
qui  eft  le  figne  fenlible ,  ic  fa  forme  qui  conlifte  dans  les  paroles  qui  Tac* 
compagnent  ;  ou  Ion  entend  toute  la  cérémonie  avec  laquelle  le  Sacre* 
ment  s*adminiftre ,  &  qui  renferme  plusieurs  chofes  non  néceffaires  & 
qui  ne  font  que  de  bienléance.  ^^  Selon  cette  diftinâion  y  on  propofa  de 
faire  deux  Canons*,  lun  qui  condamnât  d'Héréfie  ceux  quidifent  que  les 
formes  peuvent  être  changées,  ce  qui  ne  peut  être,  puifqu 'elles  onr  été 
inftituées  par  Jefus-Chrift  -,  l'autre  pour  déclarer  que  quoique  les  Rits  acci^J 
dentels  puillent  être  changés  ^  il  n'eft  pas  libre  a  chaque  particulier  de  le 
faire ,  quand  c*eft  un  Rit  introduit  par  lautoricé  publique ,  &  reçu  & 
confirme  par  un  ufage  uniforme  ,  ic  que  cela  n'appartient  qu'au  Pape» 
comme  Chef  de  l'Eglife  Univerfelle ,  lorfqu'il  y  a  de  jufles  raifons  de  le 
faire. 

Sua  TArticlc  xiii,  où  Ion  rejette  la  nécefEté  de  l'intention  du  MiniC- 
tre  ,  ^  on  convint  au  on  ne  devoit  pas  s'écarter  de  la  décifion  du  Concile 
de  Florence  qui  Ta  déclarée  nécefTaire.  70  lAzàs  on  fe  trouva  affez  embar*^ 


€  9  •  Stton  cette  difiîn^hn  ,  on  propofa  de 
défaire  deux  Canons  ;  l'un  qui  condamnât 
d'Héréfie  ceux  qui  difent  que  les  formes 
peuvent  être  changées  ,  ce  qui  ne  peut  être  , 
puifqu  elles  ont  été  injlituées par  Jefus-  Chrijl, 
Sec.  )  Nous  ne  voyons  pas  cependant,  que 
ce  premier  Canon  aie  été  fait  >  foie  qu'il 
eût  été  difficile  de  prouver  que  toutes  les 
fermes  des  Sacxemens  ayent  été  inftituées 
par  Jefus-Chtift  ,  attenài  la  diveiAcé  qui 
s'7  trouve  dans  différentes  Eglifes  >  foitque 
dans  ceux  mtmes  où  cène  forme  ptrote 
indiquée  dans  l'Ecriture  ,  comme  ceUe  dm 
Baptême,  ce  n'eft  que  par  Tu&ge  deTE- 

Slife  que  nous  favons  que  Ton  doit  regar- 
er  rinvocacion  qui  s'y  fait  de  la  Sainte 
Trinité  plûtèt  comme  la  forme  du  Sacre- 
ment, que  comme  une  fone  de  profe(Eon 
de  la  doélrine  dans  laquelle  nous  devons 
être  baptifés. 

70.  Mais  on  fe  trouva  ajfe^  embarraffé 
à  expliquer  quelle  forte  d* intention  étoii  né" 
cejjaire,  )  Les  Théologiens  étoient  alors 
dans  des  fencimens  ailez  di^ens.  Mais 


quoiqu'ils  ne  foient  pas  encore  tons  d'ac* 
cord  ,  il  feaible  cependant  tpie  preiqut 
tour  le  monde  eft  levena  au  fentiment  df 
Catharin ,  qu'on  paroiflbit  affez  difpoft  à 
condamner  alors ,  parce  qu'on  le  croyoit 
trop  approcher  de  celui  de  Luther.  La 
différence  pourtant  eft  affez  con£dérable» 
puifque  l'on  &it  dire  â  Luthtf^  qu'un  Sa* 
crement  conféré  même  par  )eu  étoit  va* 
lide  >  au-Heu  que  Catharin  n'a  regarda 
comme  tel  ,  que  celai  qui  eft  adminifbé 
ftrieufemeni  &  félon  Us  r^es  de  l'Eglife» 
quelque  intention  in téheere  qu'ait  d'ailleuia 
le  Miniftre»  Pallavicin  convient,  L.  5^* 
c.  6.  que  ce  dernier  fentiment  ne  fut  pas 
l'objet  de  la  Cenfnre  du  Concile  ,  &  que 
Catharin  le  (butine  ouvertement  ,  mmm 
depuis  la  décifion.  Il  nous  apprend  mêmt 
que  ce  Prélat  ayant  eu  fur  cela  quelqaç 
conteftation  avec  le  Makre  du  SÀciè  Pa« 
lais  ,  les  Légats  prièrent  le  Pape  de  dé* 
fesdie  à  ce  dernier  d'attaquer  l'autre  fur 
cet  article.  On  peut  donc  regarder  cetta 
intention  cosnaa»  la  fyaim  nlce0àirei  9? 


k 


/ 

DE    TRENTE,   Litre  1 1.  431 

rfiiflK  1  expUaucc  quelle  force  d'intention  étoit  nécelTaire ,  à  càufe  de  la  usxivii» 
diver(ité  des  lentimens  fur  la  valeur  &  l'efficace  des  Sacremens  »  puifque  Paul  IIÎ. 
la  même  intention  ne  peut  pas  fe  trouver  dans  deux  perfonncs  qui  ont  — — — 
des  opinions  différentes.  L'avis  commun  fut  >  qu'il  fuffifoit  d'avoir  l'in- 
tention de  faire  ce  que  fait  l'Eglife.  Mais  cela  ne  levoit  point  la  difficulté  » 
parce  que ,  félon  la  différente  opinion  qu'auroient  les  hommes  de  l'Eglife^ 
ils  dévoient  avoir  auffi  une  intention  différente  dans  l'adminiftation  des  Sa- 
eremens.  Cependant  on  crut  qu'on  pouvoit  dire  que  qu^nd  bien  même 
on  prendroit  une  faudè  Eglife  pour  la  véritable  ,  pourvu  que  le  Rit  foie 
le  même  dans  l'une  SC  l'autre  Eglife ,  l'intention  n'étoit  pas  différente  » 
parce  que  tous  avoient  pour  but  de  faire  ce  que  Jefus-Chrift  avoir  inftitué  » 
&  ce  qui  étoit  obfervé  par  TEglife. 

Catharin  Evêque  de  Mitiori  S  propofa  fur  ce  point  une  chofe  que  cha-    g  Ficury , 
cun  jugea  très-digne  d'attention  ,  &  qui  mérite  bien  d'être  ici  rapportée.  L-  i4}*N*»^ 
Il  dit  donc  :  Que  les  Luthériens  ne  donnant  point  aux  Sacremens  d'autre  '^^* 
vertu  que  celle  d'exciter  la  Foi ,  qui  cependant  peut  être  réveillée  d'une 
autre  manière  ^  il  leur  imporroit  peu  de  recevoir  un  vrai  Sacrement  ;  ic 
que  c'étoit  pour  cela  qu'ils  difoient  qu'il  n'étoit  point  néceffaire ,  &  qu'ils 
ne  convenoient  pas  que  pût  nuire  aux  Fidèles  la  méchanceté  d'un  Miniilre» 
qui  n'auroit  pas  intention  de  conférer  un  véritable  Sacrement ,  puifqu'on 
lie  doit  regarder  qu'à  ce  que  le  Fidèle  reçoit  >  &  non  à  ce  qui  lui  eft  don- 
né 2  Qu'au  contraire  il  imporroit  beaucoup  aux  Catholiques  de  s'aflîirer 
s'ils  reçoivent  un  Sacrement  véritable  &  efficace ,  parce  que  félon  la  vé- 
rité ils  donnoient  aux  Sacremens  la  vertu  de  produire  la  Grâce  en  ceux 
qui  n'y  mettoient  point  d'empêchement  •,  &  qu  il  arrivoit  rarement  qu'ils 
l'obtinfïcnt  par  un  autre  moyen  :  Qu'en  effer  il  étoit  certain  que  les  En- 
fans  &  les  Simples  n'ont  que  cette  voie  pour  arriver  au  faluf,  que  les 
Chrétiens  ordinaires  onr  de  fi  foibles  difpolîtions ,  que  fans  les  Sacremens 
elles  feroient  infuffifantes  ;  &  que  ce  peu  de  pcrfonnes ,  qui  prefqae  auffi 
rares  que  le  Phénix  ont  des  difpofîtions  parfaites  ,  ne  laiubient  pas  que  de 
recevoir  par  les  Sacremens  une  plus  grande  abondance  de  grâces  ;  &c  qu'ils 
dévoient  par  conféquent  être  tous  bien  certains ,  fi  les  Sacremens  qu'ils 
recevoient  écoient  véritables  :  Que  cependant ,  en  fuppofant  la  néceffité 
d'une  intention  intérieure ,  fî  un  Prêtre  chargé  du  foin  de  quarte  ou  cinq 
itiille  âmes  éroit  un  incrédule  mais  grand  hypocrite  ,  qui  foit  dans,  le  Bap- 
tême des  enfans ,  foit  dans  l'Abfolution  des  pénitens ,  foit  dans  la  Conlé- 
cration  de  l'Euchariflie ,  eût  intention  de  ne  point  faire  ce  que  fait  l'E- 
glife, il  faudroit  dire  que  tous  les  enfans  font  damnés,  \t$  pénitens  non 
abfous ,  &  que  tous  ceux  qui  ont  communié  n'en  ont  retiré  aucun  fruit  : 
Qu'en  vain  l'on  objC(fteroit ,  que  la  Foi  fupplée  1  ce  défaut ,  parce  qu'il  eft 

comme  la  plupart  des  Proteflans  convien*-  Paaio ,  pôar  avoir  fait  valoir  1er  rai/bns  éé 

Aent  auiourd'hni  far  ce  point  avec  les  Ca-  Catharin  le  plus   forremenc  qu'il  a  pu , 

tholiques ,  je  ne  vois  pas  pourquoi  PaUa-  quoiqu'elles  foienc  quelquefois  un  peu  Lxdr 

vicin  s'élève  fi  fortement    contre   Fra-  gérées. 


4J2.       HISTOIRE    DU    CONCILE 

uDXLyix.  certain  qu'elle  ne  le  peut  faire  à  l'égard  des  enfans ,  &  qu'à  l'égard  des  aa-* 
Paul  III.  ^^^^  j^  p^j  ^g  pç^  point  produire  l'effet  du  Sacrement  »  félon  la  doârinc 
-  Catholique  ;  parce  que  fi  elle  le  pouvoit  faire  dans  le  cas  de  la  méchanceté 
d'un  Miniftre ,  qui  peut  être  un  cas  fort  ordinaire  y  pourquoi  ne  le  feroic*- 
elle  pas  toujours }  Que  cependant ,  donner  unt  de  vertu  à  la  Foi ,  ce  fcroit 
anéantir  celle  des  Sacremens ,  &  donner  dans  l'erreur  de  Luther.  Il  appuya 
beaucoup  fur  l'aflliâion  que  fentiroit  un  père  plein  de  tendreffe  >  fi  voyant 
fon  fils  moribond  il  venoit  â  douter  de  l'intention  du  Prêtre  qui  l'auroic 
baptifc  s  fur  l'inquiétude  qu'auroit  un  homme  qui  n'ayant  qu'une  difpofî- 


baptifer 
il  n'auroit  pas  eu  celle  de  le  laver  par  raillerie  &  de  faire  un  jeu  de  tout  le 
refte*)  &  k  quelqu'un  difoit  que  ces  cas  font  rares ,  Plut  à  Dieu5  ajou- 
coit-il ,  que  dans  ce  fiécle  corrompu  il  n'y  eût  pas  lieu  de  croire  qu'ils 
font  adez  firéquens  !  Mais  même  en  admettant  qu'ils  font  fort  rares  »  6c 
même  uniques ,  qu'on  fuppofe  par  exemple  un  mauvais  Prêtre  hypocritQ 
&  qui  n'ait  point  l'intention  d'adminiftrer  le  véritable  Baptême  à  un  en* 
fant ,  6c  qu'enfuite  cet  enfant  devienne  Evêque  d'une  granae  ville ,  &  quç 
pendant  une  longue  fuite  d'années  il  ait  ordonné  un  grand  nombre  de  Prê-r 
cresî  il  faudra  dire  que  cet  enfant  n'étant  point  baptifé  n'aura  point  reçi| 
d'Ordination ,  &  que  par  conféquent  tous  ceux  qu'il  aura  ordonnés  lui- 
même  n'auront  rien  reçu  ,  Se  qu'ainfi  il  n'y  aura  dans  cette  grande  ville  ni 
Çacrçment  de  Pénitence  ni  Eucharidie ,  puifqu'il  n'y  en  peut  avoir  (ans 
Ordination  ,  ni  Ordination  fans  un  véritable  Evêque,  ni  aucun  Evêque 
s'il  n'a  auparavant  été  baptifé  *,  &  qu'ainfi  par  la  malice  d'un  feul  Miniftre 
pn  rendra  nuls  un  million  de  Sacremens  :  Que  dç  dire  que  Dieu  fupplée 
par  fa  toute  -  puifiance  aux  befoins  des  peuples  ,   &  qu'il  pourvoit  à  des 
accidens  quotidiens  par  des  remèdes  extraordinaires,  n'eft  pas  une  chofe 
facile  à  perfuader  \  &  qu'on  fera  croire  bien  plus  aifément ,  que  la  Provi- 
dence a  pourvu  à  ce  que  de  pareils  accidens  ne  pufient  point  arriver  *,  8c 
que  la  manière  dopt  elle  y  a  pourvu  eft  en  ordonnant  qu'on  regarde  com-. 
me  un  véritable  Sacrement  celui  qui  eft  adminiftré  félon  la  forme  infti-^ 
tuée  y  quelque  intention  contraire  qu'ait  intérieurement  le  Miniftre  :  Que 
cela  n'étoit  contraire  ni  i  la  doârine  commune  des  Théologiens  »  ni  a  la 
décifion  du  Concile  de  Florence ,  lorfqu'il  exige  l'intention  comme  nécef-^ 
faire ,   parce  que  ce  Concile  ne  parle  pas  de  l'intention  intérieure ,  mais 
de  celle  qui  fe  manifefte  par  l'aftion  extérieure ,  quoiqu'intérieurement  le 
Miniftre   en  ait  une  toute  contraire  :  Qu'il  n'y  avoir  que  ce  fentimenc 
qui  pût  obvier  aux  inconvéniens  infinis  qui  fe  trouvoient  daqs  tous  les  au- 
tres. Catharin  appuya  fon  fefltiment  par  beaucoup  d'autres  preuves  y  qu'il 
conclut  par  ce  fait  tiré  de  Soiominc.   7»  Cet  Hiftorien  rapporte,  qu'on 

jour 

71.  Cet  ffiJforUn  rapporte   qu*un  jour    quelques  enfans  l* AUxandrle  jouant  enfem* 


DE     TRENTE,  Livre     IL  435 

|our  quelques  cnfans  d'Alexandrie  jouant  enfemble  fur  le  bord  de  la  mci ,  mdxlvii. 
fe  mirent  à  imiter  en  badinant  quelques  cérémonies  de  TEdife  ;  &  qu'-^-  ^^^^  ^^^' 
ihandfc,  qu'ils  avoicnt  créé  leur  Evèque»  en  baptifa  quelques-uns  d'en- 
tre  eux  qui  n'avoient  point  encore  été  baptifés.  Alexandre  Evêque  d'A- 
lexandrie ,  averti  de  ce  qui  s'étoit  paûfé  Se  en  étant  embarrafle  ,  fit  venir 
ces  enfàns  pour  favoir  d'eux  ce  qu'avoir  fait  Se  dit  l'Evèque  de  leur  fa- 
^on  ;  &  connoitfant  par  leurs  reponfes  (yi  il  avoir  obfervé  exaâement 
coures  les  cérémonies  de  l'Eglife ,  de  l'avis  de  fcs  Prêtres  il  approuva  ces 
Baptêmes  :  approbation  qu'on  ne  pourroit Juftifier ,  Ci  l'intention  qu'exi- 
geoient  les  autres  Théologiens  étoic  néceflaire  y  &  qui  ne  pouvoir  avoir 
Ueu  qu'en  fuppofant  la  vérité  de  fon  opinion. 

Cette  doctrine  ne  fe  trouva  pas  du  goût  des  autres  Théologiens,  Se 
quoique  les  raifons  de  Catharin  fuflenr  fi  fortes  qu'ils  ne  fudènt  qu'y  ré- 
pondre >  71  ils  perfiflèrent  cependant  à  fbutenir ,  comme  on  le  leur  avoir 
appris  ,  que  la  verirable  intention  aâuelle  ou  virtuelle  du  Miniftre  eft  né- 
ceflfàire  ;  &  que  s'il  a  une  inrention  intérieure  conrraire ,  le  Sacrement  n'eft 
point  valide ,  quoiqu'extérieurement  il  obferve  tout  ce  qui  eft  prefcrit 
pour  l'adminiftration  du  Sacremenr.  Mais  je  ne  puis  m'empêcher  de  dire 
ici  9  quoique  par  anticipation ,  que  lorfque  le  Concile  eut  déterminé  ab« 
folumeqr  que  l'intention  du  Miniftre  éroit  nécelTaire  ,  comme  on  le  voie 
par  le  Décret ,  Catharin  ne  lailTa  pas  de  perfifter  dans  fon  fentiment  ;  Se 
qu'il  publia  même  une  année  après  un  Ecrir  pour  prouver  que  le  Concile 
avoir  été  de  fon  avis ,  &  qu'on  devoit  interpréter  ce  qu'il  en  avoir  décidé 
dans  le  fens  qu'il  lui  donnoir. 

Il  n'y  eut  nulle  difficulté  pour  la  condamnation  du  dernier  Article ,  où 
il  eft  dit  que  les  Sacremens  n'onr  été  inftitués  que  pour  nourrir  la  Foi  ; 
parce  que  c'éroit  une  fuite  de  ce  qui  avoit  été  dit  pour  la  condamnation  de 
pluHeurs  autres^ 

La  matière  du  Baptême  n'arrêra  pas  fi  long-rems  que  l'autre.  Sur  le 
troifième  Arricle ,  **  qui  regardoir  la  validité  de  ce  Sacrement  adminiftré   h  Flcury 
par  les  Hérétiques  ,  après  avoir  remarqué ,  conformémenr  à  la  doâ:rine  de  ^  *45-  ^^ 

bU^  &.C.)  Cette  Hifloire  ,  fi  elle  étoic  vé-  venoit  inatile  à  fa  caufe. 
ritable  prooveioit  non-(eulemenc  que  Tin-  yi»  Ils  perfiflcrent  cependant  à  fotuenir 
tencion  intérieare  ne  feroit  pas  néceflàire  que  — >  s'il  a  une  intention  intérieure  con- 
pour  la  validité  d'un  Sacremenr ,  mais  traire ,  le  Sacrement  n'eft  point  Valide,  ) 
même  quun  Sacrement  adminiftré  par  IJexprefTion  du  Concile  fêmble  anffi  aflez 
jeu  n'en  feroit  pas  moins  valide.  Mais  £avorifer  ce  fentiment.  Mais  comme  le  con* 
les  Critiques  ont  démontré  que  ce  fait  eft  traire  n  avoit  point  été  expreiiément  con* 
faux  &  impodible,  &  quil  ne  peutfecon-  damné  ,  &  que  lopinion  oppo(ée  à  celle 
cilicr  avec  lage  de  S»  Athanafe  ,  ni  avec  de  Catharin  femble  fujette  à  trop d'incon* 
rhiftoire  de  fa  vie.  Ce  fait  eft  donc  allé-  véniens  ,  on  en  eft  revenu  infenfiblement 
ac  mal  à  propos  ;  &  fuppofc  même  qu  il  à  (on  fyftème  ,  &  c'eft  celui  qui  eft  fou- 
ut  véritable,  Catharin  avoit  ton  de  sen  tenu  conimuncmenc  aujourd'hui  dans  nos 
fervir  ,  puifqu  il  eût  prouvé  betucuop  plus  Ecoles» 
quil  ne  prctendoit ,  &  que  pai-là  il  de- 

T  o  M  E  L  I  i  i 


tu 


434        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  TEcole  reçue  par  le  Concile  deFloience,  que  le  Baptême  demande  rrofs 
^Aui  m.  chofes ,  la  ma:icre,  la  forme,  &  rintention  ,  &  que  l'eau  tft  la  matière 
"—■■"■*  de  ce  Sacrement  y  que  rcxprclîîon  de  l'Atte  au  nom  du  Pcn ,  &  du  fils  , 
&  du  Saint  Efprit  en  eft  la  forme ,  &  que  l'intention  eft  de  faire  ce  que 
TEglife  fait  \  on  établit  pour  une  vérité  incontcftable  :  Que  tous  les  Héré* 
tiques  qui  convenoient  avec  nous  en  ces  trois  chofes ,  avoient  un  vérita- 
ble Baptême  :  Que  cette  Doârine  devoir  être  regatdée  comme  une  Tra- 
dition Apoftolique,  &  quelle  avoit  déjà  été  établie  dès  le  Pontificat 
d'Etienne  I.  au  commencement  du  troifième  (iccle  >  &  approuvée  depuis 
par  toute  TEglife.  7  3  Mais  ceux  qui  ont  quelque  connoiilance  de  l'Anti- 

?|uité,  favent  bien  qu  on  ignoroit  encore  alors  ce  que  c  ctoit  que  matière  > 
orme ,  &  intention  ,  74  &  que  le  fcntiment  à' Etienne  u  etoit  pas  propre- 
ment celui  qu  on  lui  attribue  ici  >  mais  qu'il  penfoit  qu'on  ne  devoit  pas 
baptifer  ceux  qui  revenoient  à  l'Eglife  >  de  quelque  Seâe  qu'ils  vin(Iènr> 
fans  exception  ;  &  qu'à  la  réferve  de  quelque  peu  de  Montanijlcs  ,  pref- 

Iue  tous  les  Hérétiques  de  ce  tems-là  étoient  des  Gnofliques  ,  qui  ufoient 
e  Baptêmes  extravagans ,  conformément  aux  idées  bizarres  qu'ils  s'étoienc 
faites  de  la  Divinité  &  de  la  Perfonne  de  Jefus-Chrift.  D'où  il  eft  certain  > 
que  quoiqu'on  n'employât  pas  dans  ces  Baptêmes  la  même  forme  dont 
on  fe  fert  aujourd'hui ,  l'Eglife  Romaine  ne  laiflbit  pas  de  recevoir  indif- 
féremment toutes  fortes  d'Hérétiques  à  la  pénitence  fans  les  rebaptifer  r 
Que  d'ailleurs  les  Evêques  d'Afrique,  comme  ceux  de  Cappadoce  qui 
étoient  dans   un  fentiment  diamétralement  oppofé  >  enfeignoient   qu'il 


i 


7  ) .  Mais  ceux  qui  ont  quelque  connoif- 
fance  de  F jintiquité  favent  bien  qu'on  igno- 
roit  encore  alors  ce  que  c' etoit  que  matière, 
forme  fi»  intention  ,  &c.)  Ceft-à-dire, 
qae  l'on  ignoroit  ces  termes.  Caid'aillears 
on  favoit  bien  que  dans  le  Baptême ,  par 
eiemple  ,    il  falloic  fe  fervir  d*eau ,  que 
rimmeiHon  ou  rafperfîon  étoic  accompa- 
gnée de  rinvocation  de  la  Sainte  Trinité, 
éc  que  rintention  de  l'Eglife  ou  du  Minière 
qui  agillbit  en  fbn  nom  étoit  de  régénérer 
les   Catéchumènes  en  Jefus  Chrift  ,  pour 
les  faire  paflèr  de  Térat  du  péché  à  celui  de 
la  judice.    la  manière  piéfence  d  expri- 
mer cela  étoic  inconnue,  parce  que  le  lan- 
gage de  TEçlife  ne  fe  formoit  pas  alors  fur 
celui  d'Âriftote  ;  mais  fous  dificrens  teraies , 
on  ne  lailioit  pas  que  d'avoir  à  peu  près 
k$  mêmes  idées. 

74.  Et  que  le  fentiment  d Etienne  /iV- 
toit  pas  proprement  celui  qu'on  lui  attribue 
ici,  &c.  )  Ce  na  pas  été  Fra-Paolo  feul 
ijui  a  penfé  ain£u  Plofieurs  Sayans  ont  cru 


de  même ,  fur  quelques  endroits  des  Lettres 
de  Firmilien  &  de  S.  Cyprien ,  que  le  Pape 
Etienne  avoit  admis  le  Baptême  de  toutes 
fortes  d'Hérétiques.  M.  de  Launoi  ^tre 
autres  s*eft  cout-à-fait  déclaré  pour  ce  fenti- 
ment ,  dans  l'une  de  fes  Lettres.  Je  n'ofê 
pas  dire  que  fes  rai(bns  foient  toat-à-fàic 
convaincantes  >  mais  il  eft  vrai  auffiqu  elles 
ont  leur  probabilité ,  &  qu  on  ne  pourroic 
pas  s*y  refuser ,  fi  la  chaleur  de  îa  contef 
ration  qui  étoit  entre  Etienne  &  ces  deux 
Prélats  ne  nous  don  noie  lieu  d*appréhender 
qu'ils  auroient  bien  pu  ne  pas  prendre  exac- 
tement fa  penfée.  D'ailleurs,  comme  nous 
n'avons  point  les  Lettres  ê^ Etienne  même» 
il  efl  difficile  de  s'alfurer  pleinement  de  & 
doélrine  >  &  je  crois  que  Fra  Paolo  a  ex- 
cédé en  difanc  qu*il  eft  cenain  que  l'E- 
glife Romaine  recevoit  indiffihremmenc 
toutes  fortes  d'Hérétiques.  Lachofen'eftpas 
hors  de  vraifemblance  >  mais  je  ne  voudiois 
pas  dire  qu'elle  eft  certaine- 


DE    TRENTE, Livre    II.  4jy 

falloir  rebaptifer  toutes  fortes  d'Hcrétiques  :  Que  le  Concile  de  Nicéc  moxlvii. 
tenant  une  efpèce  de  milieu ,  défendit  de  rebaptifer  les  Cathares  y  mais  fit  ^^"^  ^^^• 
rebaptifer  les  Fauliani/Us  &c  les  MontaniJIes  :  Que  celui  de  Conftantinople  ——■■■■■"" 
marqua  ptufieurs  Fiérétiques qu'il  falloir  rebaptifer,  6c  d  autres  donc  il  tal- 
loit  admettre  ie  Baptême  ,  quoiqu'il  feroic  a(iez  difficile  de  monrrer  qu'ils 
fe  ferviffeni  de  la  même  forme  que  nous.   Mais  ce  qui  eft  de  plus  impor- 
tant ,  c'eft  que  S.  BaJiU  nous  apprend  qu'il  rebaptifoit  les  Novatuns  ^  les 
Encratitcs  ,  Ôc  les  Succophorcs  ,  qu'on  ne  rebaptiloit  point  à  Rome ,  fans 
qu'il  trouvât  aucune  abfurdicé  dans  cette  différence  de  conduite;  &qull 
eût  fouhaité  feulement  qu'on  eût  alfemblé  plufieurs  Evêques  ,  pour  trou- 
ver les  moyens  d  introduire  par-tout  une  même  pratique.  7i    Mais  fans 
faire  non  plus  d'attention  à  tout  cela  ,  que  fi  c'euifent  été  des  fables ,  on 


s  en  tint 


a  la  Dodrine  régnante ,  que  (i  les  Hérétiques  emploient  la  for- 
&  ont  l'intention  de  TEglife  ,  leur  Baptême  doit  être  regardé 


me  reçue 
comme  valide. 

Da  ns  le  quatrième  Article ,  où  il  eft  dit  que  le  Baptême  eft  la  Pénitence, 
pludeurs  ne  trouvoient  pas  qu'on  dût  condamner  l'ezpreffion  comme  fauflè  , 
parce  que  l'Evangéhtte  dit  *  que  Jean  préchoit  le  Baptême  de  la  Pénitence ,  iMarc.  1.4. 

?ue  S.  Paul  dans  fon  Epître  aux  Hébreux  ^  donne  au  Baptême  le  nom  de  yi^^ 
^ènitenu ,  &  que  plufieurs  Pères  s*étoient  exprimés  de  même  :  Que  par 
confcquent  on  ne  pouvoit  condamner  cet  Article  qu'en  ce  fens ,  que  le 
Baptême  étoit  le  Sacrement  de  Pénitence.  Mais  comme  en  ce  fens  cet  Ar- 
ticle fembloit  revenir  au  xvi  >  on  convint  à  la  pluralité  de  l'omettre. 

Plusieurs  étoient  aufli  d'avis  qu'on  omît  le  ix.  &  le  x.  qui  regardoient 
le  Baptême  de  S.  Jean  ,  parce  que ,  comme  on  ne  parloit  point  des  Sacremens 
de  l'Ancienne  Loi ,  il  convenoit  encore  moins  de  parler  de  celui  qui  avoir 
été  entre  les  deux  Loix ,  &  que  le  but  du  Concile  n'étoit  que  de  traiter  des 
Sacremens  de  la  Loi  Nouvelle.  Mais  on  remontra  de  l'autre  coté ,  que  le 
^ledein  des  Hérétiques  n'étoit  pas  tant  de  relever  le  Baptême  de  S.  Jean 

r3ur  régaler  à  celui  de  Jefus  Chrift  ,  que  de  rabaiffer  celui  de  Jefus-Chrift 
celui  de  S.  Jean ,  &  en  inférer  que  comme  celui-ci  n'étoit  qu'un  pur  fignc 
3ui  ne  donnoit  point  la  Grâce  »  celui  de  Jefus-Chrift  ne  la  donnoir  pas 
avanrage  »  ce  qui  étoit  une  Héréfie  formelle  \  Se  ce  fentinient  empêcha 
d'omettre  cet  Article. 

A  l'égard  des  Rits  dont  il  étoit  parlé  dans  le  onzième  Article,quelques-Qns 
vouloient^u'on  diftinguat  ceux  qui  font  edèntiels  d'avec  les  autres,5c  qu'on  /Fleury ,  L. 

déclarât  qu'il  n'y  avoit  que  les  premiers  qu'on  ne  pouvoit  omettre  fanspé-  i43-  N^ 

117. 

7  s»  l^^i^  fif^fifire  nonplus  d'attention  Nicée.  D'ailleurs,  û  en  matière  de  Dif- 

*i  fut  cela  que  fi  c'euffent  été  des  fables ,  on  cipline  &  de  Pratique  qai  n'eft  point  déter- 

s* en  tint  à  la  Doârine  régnante  ^  êcc,  )  On  minée  par  rEciirare  ,  on  ne  s*en  rapporte 

ne  pouvoit  faire  mieux  ,  puilque  c*écoit  pas  à  Tautorité  de  l'Eglife ,  il  ny  a  plus  de 

éviter  les  deux  extrêmes,  &  que  cela  étoit  régie  pour  ceschofes  ,  dont  Vufzge  oppolE 

ibndé  en  autorité  comme  en  rai  fon ,  de-  peut  s'appuyer  fur  des  raifons  i  peu  près 

puis  les  dédiions  des  Conciles  d'Arles  &  de  également  folides. 

m  i 


435       H  IS  T  O  IRE    DU    CONC  ILE 

MDXLvii.  ché.  Mais  d'autres  foutcnoient,  qu'excepte  le  cas  de*  néccffîté ,  il  n'étoit  pa* 
Paul  III.  permis  d'en  omettre  aucun ,  même  de  ceux  qui  font  moins  elTcntiels  ;  parce 
'  qu'ayant  tous  été  établis  par  l'Eglifc^  qui  eft  conduite  par  le  Saint  Efprit,  ils 
/ont  tous  nécefTaires  de  néceflite  de  précepte  »  quoiqu'ils  ne  foient  pas  né- 
cellaires  pour  la  validité  du  Sacrement.  On  allégua  fur  cela  plufieurs  Dé- 
crets de  Papes  &  de  Conciles ,  qui  parloient  de  quelques-unes  de  ces  céré- 
monies ,  &  qui  tous  deviendroient  inutiles  9  s'il  écoic  permis  a  chacun  d'y 
faire  quelque  changement.  7<^  L'autre  partie  de  l'Article  où  il  étoic  parlé 
de  la  néce/Eté  de  rimmerfion ,  comme  exprimant  mieux  la  mort ,  la  fepuU 
ture ,  Se  la  réfurreâion  de  Jefus  -  Chrift  »  fut  unanimement  condamnée 
par  les  Théologiens  ,  qui  ayant  allégué  plufieurs  endroits  des  Prophètes 
où  il  eft  parlé  d'afperfion  ou  d'effiilion  de  Teau ,  prétendoienc  que  tous  ces 
endroits  dévoient  s'entendre  littéralement  du  Baptême. 

77  Les  trois  Articles  qui  traitent  du  Baptême  des  Enfans  ,  furent  con- 
damnés généralement  de  tout  le  monde  >  comme  contraires  à  la  Doâirine 
des  anciens  Pères  &  des  Scolaftiques  ;  &  on  inveâiva  beaucoup  contre 
Erafmc  comme  l'inventeur  du  quinzième  ,  qu  on  qualifia  d'impie  &c  de 
pernicieux ,  &  propre  à  ouvrir  le  chemin  à  l'abolition  du  Chriftianifme.  Oa 
ajouta ,  que  fî  les  Enfans  circoncis  des  Juifs  étoient  obligés  lorfqu'ils  étoienc 
venus  â  l'âge  de  raifon  d  obferver  toute  la  Loi  »  &  étoient  fournis  au  châ- 
timent loriqu'ils  la  tranfgrefllbient  9  il  étoit  encore  bien  plus  jufte  d'obliger 
les  Enfans  des  Fidèles  d'obferver  la  Loi  de  Jefus- Chrift  :  Que  c'étoitavec 


7^.  L'autre  partie  de  V Article  ,  9Ù  il 
étoit  parlé  de  Vimnurfion  ^^^fut  unanime^ 
ment  condamnée^  &c.)  Quoique  notre  Hif- 
toiien  dife  que  cette  panie  de  l'Article  fut 
condamnée,  on  ne  voie  pas  cependant  que 
le  Concile  en  an  fait  aucune  mention  dans 
les  Décrets.  Et  (i  on  eûr  eu  intention  de 
la  condamner,  ce  n'auroit  pu  être  par  rap- 
port à  ce  qui  y  eft  dit ,  que  Timmerfion 
exprime  mieux  la  mort,  la  répnlturc,& 
laréfuireâion  de  Jefus-Chrift,  puilquec'eft 
aînfi  qu'on  en  jugeoit  dans  l'Antiquité  ; 
mais  Amplement  parce  qu'on  y  jugeoit 
cette  immerfion  nécedàire ,  qui  étoit  cen- 
furei  la  pratique  contraire ,  généralement 
établie  depuis  plufieurs  (iécles  ,  du  moins 
dans  les  Eglifes  d'Occident. 

77*  Les  trois  Articles  qui  traitent  du 
Baptême  des  Enfans  ,  fiirent  condamnés gé- 
néraUment  de  tout  le  monde  ,  &c.  )  Les 
deux  premiers,  comme  contraires  à  la  pra- 
tique générale  du  Chriftianirme ,  au  moins 
depuis  le  tems  de  5.  Irenée  ,  &  comme 
conformes  à  la  doâiine  d^  Anabaptifiesi 


&  le  dernier  ,  comme  inouï  dans  l*EgIife 
Chrétien  ne  «  &  d'une  conféquence  dangé- 
reufe  pour  la  Religion.  Mais  je  ne  vois  pas 
od  pouvoir  être  le  danger  ,  fie  encore 
moins  comment  on  pouvoir  traiter  ce 
dernier  Anicle  àTtmpie  i  pui(qu'a(Inrémenc 
Erafme  ne  l'avoir  propofé  que  comme  un 
mojen  plus^  propre  à  établir  la  piété  &  i 
n'admettre  parmi  les  Chrétiens  que  des 
perfonnes  qui  le  fuHènt  librement  &  fin- 
cerement.  Il  eft  vrai  ,  que  peut-être  le 
nombre  des  Chrétiens  en  feroic  moins 
grand ,  nuis  en  récompenfè  ils  en  (èioient 
meilleurs  ;  &  cet  avantage  peut  bien  com* 
penjfer  l'autre.  Une  chofe  d'ailleurs  peoc 
fervir  à  juftifier  Erafme, ced  qu'il  n'avoic 
propofé  cela  que  comme  une  penfée  , 
dont  il  laidbit  l'examen  &  le  jugement 
aux  Pafteurs  ,  &  non  comme  une  Loi 
qu'il  voulût  £iiire  à  TEglife  d'une  pareille 
conduite  >  ce  qui  fuffit  pour  rêxcofer  de 
témérité ,  quand  on  ne  feroit  pas  difpofé  à 
le  difculpei  d'imprudence» 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E    II.  437 

beaacoup  de  raifon  que  l'Uni verfité  de  Paris  avoit  condamné  cette  dodrine  MDxtvir. 
dans  Erafmc ,  &  que  le  Concile  en  dcvoit  faire  de  même.  Paul.  III. 

Le  feizième  Article  fut  condamné ,  comme  détruifant  la  Pénitence  ,  qui  ■ 

cft  un  des  vu  Sacremens  ;  &  on  s*y  arrêta  peu  ,  parce  qu'on  remarqua  qu'il 
étoit  renfermé  dans  quelques-uns  des  Articles  précédens. 

Enfin  on  cenfura  unanimement  le  dernier  ,  comme  contraire  aux  en- 
gagemens  pris  dans  le  Baptême ,  au  commencement  de  l'adminiftration  du- 
quel on  avertit  le  Catéchumène ,  que  s 'il  veut  arriver  à  la  vie  éternelle  »  il 
faut  qu'il  obferve  tous  les  Commandemens. 

78  II  n'y  eut  pas  "*  de  difpute  fur  les  trois  premiers  Articles  de  la  Confit-  «ricury,!. 
mation>  comme  déjà  décides  dans  le  Concile  de  Florence  ,  qui  étoit  allé-  '^|'  ^• 
gué  par  tous  à  tous  propos.  Sur  ce  qui  étoit  dit  dans  le  troifieme ,  qu'autre- 
fois les  Enfans  étant  parvenus  à  l'âge  de  raifon  venoient  rendre  compte  de 
leur  Foi  en  préfence  de  l'Eglife  ,  7?on  oppofa ,  que  puifquc  cela  ne  fepra- 
riquoit  plus  à  préfent ,  on  devoit  croire  que  cela  ne  s'étoit  jamais  pratiqué 
par  le  pafle ,  parce  que  l'Eglife  n'auroit  pas  aboli  une  cérémonie  fi  utile. 
'o  On  cita  plufieurs  pafTages  des  Conciles  &  des  anciens  Ecrivains  ,  où  il 

-jt.  Il  n  y  eut  fas  de  difpute  fur  Us  trois  gement ,  que  d'abréger  les  di(pates  à  la 

premiers  Articles  de  la  Confirmation ,  com"  aveur  d'ane  telle  aatoiicc. 
me  déjà  décidés  par  le  Concile  de  Florence  ,         jf»  On  oppofa  ,  que  puifque  cela  ne  fe 

&c.  ]  Dans  toutes  ces  dccifîons  modernes ,  pratiquoit  plus  à  préfent ,  on  devoit  croire 

rinfïruâion  ^Eugène  aux  Arméniens  fer-  que    cela  ne  s'étoit  jamais  pratiqué  par  le 

▼oit   de  légle  au   Concile  ,  (ans   presque  p^ffé ,  &c.  ]  Cétoit  un  rai(bnnement  très- 

qu  il  osât  s'en  écarter.    Cela  ne  doit  pas  faux  ,   mais  tout-à-fait  propre  à  abbréger 

furprendre  dans  la  plupan  des  Prélats ,  qui  les  controverfes  ,  &  le  moyen  le  plus  court 

Tegardoient  cette  Inftrudion  comme^l'oa-  pour  fixer  la  créance  &  la  pratique.  Car 

▼rage  du  Concile  de  Florence ,  qu'ils  ref-  fi  ce  qui  fe  &it  aujourd'hui  efl  une  preuve 

peéloient  comme   an    Concile    Général,  que  la  même  cho(e  s'eft  toujours  prati- 

Mais  cette  Indrudlion  n ctoit  point  lou-  quée  ,   c'eft  inutilement  qu'on  fe  donne 

vrage  du  Concile  ^  fie  ce  Concile  lui~mê-  la  peine  de  remonter  a  l'Antiquité  :  les 

me  n'écoit   pas  univerfêllemenc  reconnu  recherches  deviennent  inutiles,  &  l'obfer- 

pour  Oecuménique.  Du  moins  les .  Fran-  vance  préfente  e(l  la  feule  cho(ê  dont  il 

^is  y  comme  on  le  voit  par  la  lettre  du  (bit   befbin  de   sinftruire  pour  (avoir  ce 

Card.de  Lorraine  a  Breton  fon  Secrétaire,  qu'il £aut  croire  &  ce  quil  faut  faire.  Rien 

faifoient  hautement  profefilon  de  ne  point  de  plus  commode  que  cette  régie ,  fi  elle 

le  regarder  comme  tel.    11  paroit  d'ail-  étoit  bien  fondée.   Mais  ce  qui  nous  rede 

leurs ,   qu  Eugène  dans  cette  Indruâion  des  monumens  de  l'Antiquité  nous  dé- 

s'ed  moins  propofé  de  donner  pour  des  montre  fur  bien  des  points ,   que  ce  qui 

Articles  de  Foi  tout  ce  qu'il  enfeigne  aux  fe  pratique  aujourd'hui  eft  tout  diâéientde 

Arméniens  ,  que  de  leur  expofer  la  doc-  ce  qui  Ce  pratiquoit  autrefois, 
trine   qui  s'y   enfeignoit    communément        %o.  On  citaplufieurspaffages des  Conciles 

alors  dans  les  Ecoles  de  l'Eglife  Romaine,  &  des  anciens  Ecrivains  ^  oti  il  efl  parlé  de 

êc  dont  on  s'cft  écarté,  depuis  en  bien  des  Chrême  &  d'Onilion  ,  ce  qui  ne  peut  con- 

points.  C'a  été  pourtant  laie  principal  fon-  venir  à  unefimple  Inftru6lion  ou  à  un  Exa- 

dément  de  plufieurs  des  nouveaux   Dog-  men.  ]  Mais  les  palfages  où  il  e(l  parlé  de 

mes.  Mais   que  faire?  on  n'en  (àvoit  pas  Chrême  ou  d'Ondion,  regardoient  la  céré- 

4avantage  alors  ,  &  Ton  croyoit  agir  ùr  moniequiacconipagnoic  anciennement  le 


438         HISTOIRE     DU    CONCILE 

Mi^XLvii.  cft  psitlé  de  Chrême  &  d'Ondlion  ,  ce  qui  ne  peuc  convenir  à  une  Hniple 
^"'^         Inftruékion  ou  à  un  Examen.  D'où  1  on  conclue  que  ce  ne  pouvoir  être 
l'effet  que  d'une  extrême  ignorance  ,  que  de  vouloir  conrre  le  fentimenc 
commun  de  toute  TEglife  changer  un  Sacrement  fi  important  en  une  fimple 
ccrcmonie,  qui  pourroit  bien  avoir  eu  lieu  en  quelques  endroits  particu- 
liers ,  mais  qui  n'avoir  jamais  été  auflî  univerfelle  qne  Tondion  du  Chrême. 
iiFlcury ,      Il  y  eut  beaucoup  de  difficulté  ^  fur  le  quatrième  Article  ,  à  caufède  la 
L.  145- N**  pcrmillîon  qu  avoir  accordée  le  Pape  S.  Grégoire  à  de  fimples  Prêrres  d'ad- 


9'C7. 


p  \.  ,  miniftrer  la  Confirmation.  ®  Les  Francifcains  ^'  qui  conformément  à  la 
'  Dodrinc  de  S.  Bonavcnturc  &  de  Scoe ,  qui  étoit auflî  celle  de  leur  Ordre, 
attribuoient  ce  miniftère  i  TEvcque  feul  >  Se  tenoient  pour  nulle  la  colla- 
tion de  ce  Sacrement  par  un  fimple  Prêtrc,ce  qui  avoir  été  auflî  l'opinion  d'-<^- 
dricn  AV,  difoient  :  Que  ce  qu  avoit  fait  S.  (?/e^(?/>«  n*étoit  qu'une  fimple 
permiflîon ,  &  pour  une  fois  feulement  •  &  qu'il  ne  lavoit  donnée  qu'à  re* 
gret  8c  pour  éviter  le  fcandale  que  cela  auroit  caufé  parmi  les  peuples  de 
Sardaigntf  ;  ou  que  l'ondion  qu'il  avoit  permife  n'étoit  point  le  Sacremenc 
de  Confirmation.  Mais  comme  cette  réponfe  n'avoir  pas  plu  à  S.  Thomas  » 
parce  qu'elle  ne  purgeoit  pas  tout  à  fait  ce  Pape  d'avoir  erré  ,  il  trouva  un 
tempciament  qui  fut  de  dire  :  Que  quoique  l'Evêque  fut  le  Miniftre  de  la 
Confirmation ,  elle  pouvoir  néanmoins  être  adminiftrée  par  un  Prêtre  avec 
la  permiflîon  du  Pape.  ^'  Mais  à  cette  fuppofition  les  autres  oppofoient  : 
Que  l'Eglife  Romaine  enfeignoit  expreflcmcnt ,  que  Jefus  Chrift  avoit  inf- 
citué  les  Minières  des  Sacremens  >  Se  que  fi  le  Pape  avoit  le  pouvoir  de 


Baptême ,  &  n'avoient  tucan  rapport  à  Tlnf- 
trudion  donc  il  s'agit  ici  y  fi  ce  ne(k  dans 
les  cas  ou  cette  Ondion  ayant  été  omife 
dans  le  Baptême  ,  fe  fuppléoit  par  l'Evo- 
que dans  le  cems  od  chacun  lui  venoic 
rendre  compte  de  fa  Foi  ;  &  ceux  cjui 
parloienc  de  cette  Inflrudion ,  ne  nioient 
pas  quelle  ne  fut  accompagnée  d'une 
imposition  des  mains  ,  ou  de  TOnôion, 
Ainfi  ces  pafTages  ne  prouvoient  rien 
proprement  contre  eux ,  &  ne  montroient 
pas  que  ce  fur  un  Sacrement  propre- 
ment dit  ÔL  tout- à -fait  diftingoé  du  Bap- 
tême. 

8 1 .  Les  Francifcains  qui  conformément 
à  la  dodrine  de  Bonavcnturc  &  de  Scot 
— —  attribuoient  ce  Miniftèrc  à  l'Evêque 
feul  y  &c.  ]  Cette  doéhine  n'étoit  point  la 
dodbrine  conftanw  de  leur  Ordre ,  puifque, 
comme  Ta  fort  bien  remarqué  Pailavhin  y 
plufieurs  d'encre  eux  ont  été  d'un  fenti- 
ment  oppofé  ;  5c  que  dans  \t%  autres  Eco- 
les au  contraire  il  fe  trouve  plqfieon  dé- 


fenfeurs  de  cette  opinion  j  qui  par  confe* 
quent  ne  peuc  être  regardée  comme  la 
dodrine  univerfelle  ou  particulière  de  cet 
Ordre  ,  comme  femble  l'infinuer  Fra* 
Paolo. 

8i.  Mais  à  cette  fuppofition  Us  autres 
oppofoient  que  tEglife  Romaine  enfei^ 
gnoit  que  JefuS'ChriJl  avoit  inftitué  Us 
Minijères  des  Sacremens ,  &c.  ]  Il  n'y  a  rien 
dans  les  Canons  du  Concile,  qui  nous  pone  i 
croire  que  c^écoit  là  la  doébine  de  l'Eglife 
Romaine  ;  &  nous  avons  an  contraire 
plufieurs  raifons  de  penfer ,  qu'on  y  a  cm 
que  le  choix  des  Minières  en  plufieari 
cas  a  dépendu  de  l'autorité  de  l'Eglife» 
L*admini(îration  du  Baptême  par  les  Laï- 
ques en  efl  une  preuve  conibnte ,  audl- 
bien  que  la  diverfité  qui  fe  trouve  entre 
les  Eglifes  Grecque  Se  Latine  fur  le  Mi- 
niftre de  la  Confirmation.  La  pratique 
en  CCS  matières  eft  une  preuve  de  iait^ 
plus  convaincante  que  tous  les  raifbnoe-* 
mens. 


DE     T  R  E  N  T  E  ,  L  i  V  K  E    1 1.  435^ 

leur  commander  quant  à  l'exercice  de  leur  Minillèrc,  il  ne  pouvoir  pas  faire  mdxlvu. 
que  le  Sacrement  conféré  par  d'autres  que  par  ceux  qui  avoient  été  mftitués  ^^^^  '^^• 
fut  valide  ,  ni  que  celui  qui  étoit  conféré  par  le  Miniftre  établi  par  Jcfus-  — — — 
Chrift  fut  nul,  quoiqu'il  reut  fait  contre  Tordre  du  Pape  :  Que  par  confé- 
quent  fi  Jefus-Chrift  avoir  inftitué  TE vcque  pour  le  Miniftre  delaConfir-  • 
mation ,  le  Pape  ne  pouvoit  pas  permettre  à  un  Prêtre  de  la  conférer  ;  ou 
que  fi  Jefus-Chrift  avoit  donné  ce  même  pouvoir  à  un  Prêtre,  le  Pape  ne 
pouvoit  pas  le  lui  ôter  :  Que  d'ailleurs  il  paroîtroic  fore  érrange ,  que  dans 
les  autres  Sacremens  qui  font  tous  plus  nécelTaires ,  Jefus-Chrift  eût  déter^ 
miné  le  Miniftre ,  fans  laifTer  la  liberté  d'en  choifir  un  autre  ;  &  que  dans 
celui-ci ,  qu'on  peut  différer  jufqu'à  ce  qu'on  en  rrouve  la  commodité ,  il 
eût  ufé  de  cette  nngularité ,  dont  jufqu'à  S.  Grégoire  on  a  fait  nulle  mention 
pendant  fix  cens  ans  *,  ôc  qu'on  voulût  faire  un  Article  de  Foi  fur  quatre 
mots  dits  par  occafion  :  d'autant  plus  que  fi  cette  Lettre  de  S.  Grégoire  fe 
fut  perdue ,  perfonne  n'eût  jamais  inventé  cette  diftindion  tout  à  fait  iu« 
folite  en  pareille  matière ,  &  qui  n'eft  applicable  qu'à  ce  fait  de  ce  Pape. 

Tout  le  monde  n'étant  pas  pleinement  facisfait  des  raifons  des  deux  partis 
oppofés ,  quelques-uns  propolerent  de  s'en  tenir  aux  paroles  du  Concile  de 
Florence ,  fans  pafter  outre.  Mais  d'autres  furent  d'avis  qu'on  condamnât 
feulement  ceux  qui  diroient ,  que  le  Prêtre  &  non  l'Evêque  feul  eft  le  Mi- 
niftre ordinaire  de  la  Confirmation  ;  pour  laiflèr  la  liberté  aux  défenfeurs 
des  deux  opinions  d'inférer ,  ou  qu'il  y  avoit  un  autre  Miniftre  extraor- 
dinaire ,  ou  qu'il  ne  pouvoit  point  y  en  avoir  d'autre  ^  puifque  les  Sa  < 
cremens  n'ont  point  d'autre  Miniftre  qu'un  ordinaire. 

LXXXVII.  ^3  Pendant  que  les  Théologiens  difcutoient  ces  Articles,     Décrm 
P  la  Congrégation  des  Canoniftes  députés  pour  recueillir  &  réformer  \cs  formés  fur 
abus  qui  concernoient  la  matière  des  Sacremens  en  général  &  celle  du  Bap-  ^*  ^^firme 
icrae  ôc  de  la  Confirmation ,  ^^   dreficrcnt  un  Décret  envi  Chapitres  j ^p|^*'* ^^ 

8  3 .  Pendant  que  les  Théologiens  difcw  ther i  &  que  le  fécond  ne  préjaJîcioit  p«int 

toieni  ces  Articles  y  la  Congrégation  ^  &c.  ]  à  la  nécefficé  du  Baptême  ,  &  n'aÊrmoi: 

Le  Card.  Pallavicin  L.  9.  c.  8.  nous  ap-  point  dogmatiquement  le  falot  de  ces  en- 

prend  qu  on  en  avoit  encore  préfencé  deux  £ins* 

autres  pour  être  cenfurés  >  le  premier  de         84.  Ils  drtfsèrtntun  Décret  en  fix  Chu" 

Luther  :  Qu'aujffi-tôt  après  le  péché  d'A-  pitres  ,  &c.  Raynaldus  ne  die  rien  ni  de 

dam  ,  Dieu  avoit  inftitué  des  Sacremens  qui  ce  Décret  ni  des  dilpuces  qu*il  occafionnai 

conféraient  la  Grâce ^  ï'simiede  Cajetan:  8c  Pallavicin  L.  9.  c.  ^.dicpofitivoment. 

Que  ce  feroit  une  précaution  irrépréhenfi-  qu'il  ne  s'en  trouve  pas  un  feul  mot  ni 

hie  à  V égard  des  enfans  qui  foru  dans  le  dans  les  Aâes  ni  dans  les  Mémoires  du 

ventre  de  leur  mère  ,  de  Us  bénir  au  nom  Gsncile.  Il  n'eft  pas  naturel  cependant  de 

de  la  Sainte  Trinité ,  &  de"^ remettre  en-  fuppofer  que  Fra-Paolo  aie  inventé  une 

fuite  la^décifion  de  leur  fort  au  jugemeru  de  telle  chofe ,  puilqu'on  ne  voit  pas  quel  but 

Dieu.  Mais  tout  bien  examiné  on  jugea  il  pourroit  avoir  eu  à  la  fuppofer  ,  &  que 

plus  à  propos  de  n'y  point  toucher,  d'au*  d'ailleurs  un  tel  Décret  convenoit  allez  à  la 

unt  plus  qu'à  l'égard  du  premier,  plufieurs  réfblution  que  T'on  avoit  prife  auparavant 

Catholiques  avoient   penft  comme  Lu^  de  xéfexmei  les  abus  ^  qui  avoienc  rapport 


Paul  IIL 


440  HISTOIRE    DU    CONCILE 

Minctvii.  où  après    avoir  marque    que  le  Concile   voulant   remédier  aux    abus 
Ti . ...  ITT   ^^^  j^  ^^^^  ^^  j^^  hommes  a  voient  introduits  en  ces  matières  ,  &  enfeigner 

aux  Miniftres  de  VEgVikSc  aux  autres  Fidèles  comment  ils  fe  dévoient  gou- 
verner dans  radfniniitratioEi ,  la  réception ,  ou  la  garde  des  Sacremens ,  il  ju- 
geoità  propos  d'ordonner: 

I .Que  les  Sacremens  Ecclé(îa(Hques  ^^  feroient  admîniftrés  gratuitemenr» 
qu'on  n  exigeroit  ni  ne  demanderoit  rien  fous  quelque  prétexte  que  ce  pût 
ctre  9  &  qu'on  ne  mettroit  ni  tapis ,  ni  baffin ,  ni  vafe ,  ni  aucune  autre 
chofe  qui  put  faire  paroitre  tacitement  qu'on  demandât  :  Qu'on  ne  pourroic 
ni  refufer  ni  différer  de  les  adminiftrer  kmis  prétexte  de  quelque  ancienne  8c 
longue  coutume  de  ne  point  les  conférer  qu'après  avoir  reçu  auparavant 
quelque  rétribution ,  ou  avoir  été  payé  de  quelque  dette  ;  anendu  que  le 
tems  Se  la  coutume  ne  font  qu'augmenter  le  péché  au  lieu  do  le  diminuer  : 
Et  que  les  contrevenans  feroient  fournis  aux  peines  portées  par  les  Loir 
contre  les  Simoniaques* 

1.  Que  le  Baptême  ne  feroit  conféré  à  perfonne  ailleurs  que  dans  les 
Eglifes ,  (inon  en  cas  d'urgente  nécefllîté ,  &  à  l'exception  des  Rois  &  des 
Princes  Souverains  fpécidés  par  la  Conftitution  de  Clément  f^,qui  cependant 
ne  pourroit  avoir  lieu  qu'à  l'égard  des  grands  Princes  ,  &  non  à  l'égard  de 
tous  les  autres  ;  &  que  les  Evèques  ne  pourroient  donner  la  Confiiiaiation 
qu'en  habits  convenables  >  Se  que  dans  les  Eglifes ,  les  Lieux  facrés,  ou  leurs 
Maifons  Epifcopales. 

3 .  Que  le  Sacrement  de  Baptême  feroit  adminiflré  par  des  Prêtres.habiles 
&  capables  ,  &  feulement  dans  les  Eglifes  Matrices  dans  lefquelles  il  y  a 
des  Fonts  baptifmaux  »  à  moins  qu'eu  égard  à  la  difficulté  de  fe  rendre  à  ces 
Eglifes  ,  TEvcque  n'eût  permis  de  l'adminiftrer  dans  d'autres  >  ou  que  cela 

ne 


aux  matières  de  Do^rine  qui  fe  traitoient 
dans  le  Concile*  Ce  que  je  puis  (bupçon- 
ner  de  plus  vraifemblable  ,  c*eft  que  /><!- 
Paolo  y  faute  de  Mémoires  allez  exa^  y  a 
rapporté  à  ce  tems-ci  y  ce  qui  ne  fe  fit  que 
quelque  tems  après*  Car  l'on  voit  pdiRay- 
naldus  N°  7 1.  que  Ton  dreflk  de  pareils  Ré- 
glemens  quelques  mois  après  à  Bologne , 
&  qu  ils  y  furent  difcuccs  en  plufieurs  Con- 
grégations &  arrêtes  mais  Gins  aucune  fuite  y 
parce  qu* on  ne  publia  rien  de  tout  ce  qui  s*é- 
toit  fait  là,  &  qu*on  rexamina  de  nouveau 
toutes  les  mômes  matières  après  le  rctablif- 
(èment  du  Concile  à  Trente. 

S  ç.  Qite  Us  Sacremens  EccUfiafliques  fe- 
roient admîniftrés  gratuitement ,  &c.  ]  Ceft 
un  des  Réglemens  qui  fîit  arrêté  à  Bolo- 
gne ,  (  Rajn.  N°  7  X.  )  &  il  feroit  à  foohai- 


ter  que  celui-ci  au(fi-bien  que  les  fuivans 
euffent  pu  avoir  lieu.  La  chofe  eut  été 
aflèz  facile,  s'il  n'y  eût  eu  d'autres  Minif- 
tres que  les  Titulaires ,  à  la  fubfiftance  def- 
duels  le  public  ayant  pourvu  par  Tétablid 
fement  de  fonds  fuffifans  pour  leur  entre- 
tien y  il  n'eAt  plus  été  nécellâire  de  rien 
exiger  pi  de  rien  donner  pour  la  réception 
des  Sacremens.  Mais  un  iîbus  ne  manque 
guères  d'en  attirer  un  autre  >  &  cette 
multiplication  inutile  8c  onéreofe  de  Mi- 
nières pauvres  &  fuperflos  a  donné  lieu  à 
une  infinité  de  Simonies  y  qui  palliées  (bus 
le  nom  d'oblations  ont  fait  cïégénérer  le 
Miniftère  en  une  (ôrtê  de  profeffion  lucra- 
tive ,  qu'on  embraife  plûtAc  comme  un 
moyen  de  vivre ,  que  comme  un  OSke  dt 
Religion  fie  de  cbariié» 


DE    TRENTE,  Livre    IL  441 

tic  fut  établi  de  tems  immémorial  *,  en  quel  cas  ces  E^Iifes  confervoîent  dans  mcxitit. 
un  vafc  propre  &  décent  TEau-bénite  qu  elles  tircroient  de  l'Eglife  Matrice  ^^^^  ^^^• 
pour  raaminiftration  de  ce  Sacrement.  «^i».— ^ 

4.  Que  pour  le  Baptême  *^  &  la  Confirmation  on  ne  prendroit  qu'un  feul 
Parrain,  qui  ne  feroit  ni  infâme  ,  ni  excommunié ,  ni  interdit ,  ni  au  de0bus 
de  1  âge  de  raifon  ,  ni  Moine  ,  ni  tel  en  un  mot  qu'il  ne  pût  exécuter  ce 
qu'il  promectoit  :  Et  que  pour  la  Confirmation ,  on  n'admettroit  pour 
Parrain  que  celui  qui  lauroit  reçue  lui-même. 

5 .  Que  pour  ôter  l'abus  qui  s'étoit  glifK  *7  en  plufieurs  endroits  de  tranf- 
porter  l'eau  du  Baptême,  ou  de  conduire  par  les  rues  les  enfans  confir* 
mes  avec  le  bandeau  fur  le  front ,  pour  faire  plufieurs  Compères,  foit  en  (è 
lavant  les  mains  avec  cette  eau ,  foit  en  déliant  le  bandeau ,  par  où  néan* 
moins  il  ne  fè  contradte  aucune  Compaternité  ;  les  Prêtres  empêche- 
roient  qu'on  ne  tranfporcât  l'eau  du  Baptême  hors  de  l'Eglife  ,  6c  au- 
roient  loin  qu'on  la  jettât  dans  quelque  Pifcine  ,  &  qu  on  fermât  les 
Foncs  ;  ôc  que  lorfque  les  Evêques  auroient  donné  la  Confirmation ,  ils 
feroient  demeurer  deux  Clercs  à  la  porte  de  TEglife  pour  lever  le  bandeau, 
&  laver  le  front  des  Confirmés ,  fans  laiflèr  fortir  aucun  avec  le  bandeau  fur 
le  front. 

6.  Que  les  Evêques  auroient  foin  aufld  de  ne  confirmer  aucune  per^ 
ibnne  qu'ils  connoitroient  pour  excommuniée ,  ou  interdite ,  ou  en  pé^ 
ché  mortel. 

Quoique  les  Canoniftes  eufiènt  eu  plus  de  facilité  à  s'accorder  dans  la     Clrmfdê 
oompoficion  de  ces  Décrets  ,  que  les  Théologiens  dans  la  difcuflîon  des  ^^^'^fi^'^ 
Articles  de  Doûrine  ,  ils  ne  laiflcrcnt  pas  de  fe  trouver  auflî  Partagés  fur ^^^^^^^V 
quelques  points  ,  fur  lefqnels  après  avoir  long-tems  difputé  fans  pouvoir  miniJhMtiûm 
s'accorder ,  ils  formèrent  une  Lifte  de  certains  doutes ,  dont  ils  renvoyèrent  des  SMtri" 
la  décifion  à  la  Congrégation  générale.  ^*  Le  premier  doute  étoit  >  fi  à  ces  ''^^^* 


\ 


8  6,  Que  pour  le  Baptême  &  la  Confir- 
mation on  ne  prendroit  qu  un  feid  Parrain  , 
Sec.  )  Cétoic  pour  diminuer  le  nombre  de 
ces  Affinités  fpiricuelles  dont  on  avoir 
fkit  (ans  ncceffité  autant  d*emp^hemens 
pour  le  Mariage.  Ceft  auffî  à  quoi  on  eut 
^ard  dans  la  fuite  en  reftreignant,  com- 
me Ton  fit  dans  la  Seffîon  zxiv,  le  nom* 
bre  des  Parrain»  8c  des  Marraines  à  un  (èul 
&  à  une  feule  pour  le  Baptême  ,  en  itC' 
ferrant  aufH  l'étendue  de  cette  Affinité^ 
qu'on  auroic  pu  &  peut-^tre  dft  retrancher 
tout-à-fait. 

ty-Que  pour  ôter  l'abus  qui  s'étoit  gliffé 
en  plufieurs  endroits  de  tranfporter  Veau  du 
Baptême  ,  &c.  ]  Le  but  de  ceux  qui  avoient 
préparé  ce  Réglemem  étoit  de  piévenix 

ToMB   I. 


Quantité  d'ufages  fuperftitîeux  ,  que  Ton 
tifoitde  l'eau  qui  avoitfervi  an  Baptême, 
ou  des  bandeaux  qui  avoient  fervi  aux  Con- 
firmés y  &  dont  quelques  Miniftresabufoienc 
par  des  vues  intéred^es.  Il  y  a  peu  de  prati« 
ques  imaginées  par  religion ,  dont  on  n'aie 
enfin  abufé  par  intérêt  ou  par  fupeifti* 
tion. 

%t ,  Le  premier  doute  étoit,  fi  àcespa» 
rôles  du  Décret ,  qui  défendoit  de  rien  exi^ 
ger  ou  de  rien  demander  ^  on  ajouteroit  aujfi 
de  rien  recevoir,  ]  C'eût  été  cenainemenc 
le  parti  le  plus  sâr  pour  extirpertoutefone 
de  vue  Simoniaque  >  mais  prefque  iiTH 
praticable  dans  la  conduite  ,  êc  même  in«* 
compatible  avec  la  confHturion  préfente  de 
l'EgUTe,  od  les  Non  titulaires  &  les  Oidzcf 

Kkk 


f  Matt. 
X.8. 


44Z       HISTOIRE    DU    CONCILE 

iipxLVii.  paroles  du  Décret  qui  défendoit  de  rien  exiger  ou  de  rien  demander  y  on  ajoa^ 
Paul  111.  ceroic  aulli  de  rien  rt  avoir ^  Le  fécond ,  fi  on  devoir  auffi  ajourer  encore  » 
.1  .  -L  jous  prétexte  de  quelque  coutume  que  ce  put  être.  Le  troifiènie  ,  li  l'on  devoir 
ajourer  quelques  paroles  pour  marquer  que  le  Concile  ne  défendoit  point 
les  oblarions  voionraires  ,  ou  qu  il  les  défendoit  feulement  quand  elles 
étoienr  faites  en  vue  du  Sacrement  conféré,  &  non  par  quelques  autres  vues 
de  piété  >QU  fi  Ton  laiflèroir  le  Décret  dans  fon  univerfalité. 

Mais  on  eut  les  mêmes  difficultés  dans  les  Congrégations  générales ,  te 
on  n*y  put  trouver  moyen  de  les  accorder.  Ceux  qui  vouloient  qu  on  ajoutât 
la  défenfe  de  recevoir  fous  prétexte  de  quelque  coutume  »  s'autorilbient 
de  Tordre  prefcritaux  Apôtres  4  de  donrur  gratuitement  ce  qu  ils  avaient  reçu 
gratuitement  y  &  de  pluiieurs  Canons  de  Conciles ,  qui  prononçoient  ana» 
thème  contre  ceux  qui.  don  noient  ou  qui  recevoient  des  chofes  temporelles 
pour  une  fpirituelle.  Us  difoient  :  Que  la  coutume  qui  eft  contraire  a  la  Loi 
divine  &  naturelle  eft  une  corruption ,  qui  ne  doit  point  avoir  lieu  :  Que 
dans  le  titre  De  Simonia  on  condanme  la  coutume  de  donner  ou  de  recevoir 
pour  la  poflèflion  des  Bénéfices,  la  bénédiâion  du  Marine ,  la  Sépulture, 
tabénédiâion  duChrêmeoude  THuile ,  &  pour  la  terre  de  la  Sépulture  ;  6c 
que  l'application  de  cette  défenfe  étoit  bien  plus  jufte  i  1  égard  de  ladn.iniC- 
cration  des  Sacremehs  :  Que  ce  ne  femit  tien  faire  que  de  ne  point  interdire 
la  coutume  de  recevoir,puifque  la  corruption  étoit  devenue  ^énérale,&  que 
chacun  s'excuferoit  fur  elle  :  Que  par  la  même  raifon  que  le  Décret  avoic 
condamné  la  coutume  de  rien  recevoir  avant  ladminifîration  des  Sacre- 
mens ,  on  devoit  aufli  défendre  généralement  de  rien  recevoir  après  >  parce 
qu'en  ne  condamnant  expreifément  que  la  première ,  on  femoleroit  ap- 
prouver la  féconde.  A  Tégard  des  oblations  volontaires  >  ils  vouloient  auffi 
qu'on  défendit  généralement  d'en  recevoir  ou  peu  avant  ou  peu  après  ,  pour 
Quelque  raifon  que  ce  pût  être;  parce  que  la  proximité  du  tems  feroit  pré- 
iumer  que  le  don  fe  feroit  a  caufe  du  Sacrement  ^  conformément  à  ce  que 
dit  la  Glofe  :  quoique  ce  ibit  une  œuvre  de  piété  que  de  mettre  de  l'argent 
dans  le  baflin  >  il  y  a  quelque  apparence  de  Simonie  de  le  faire ,  lorfqu* oa 
vient  de  recevoir  le  Sacrement.  Ils  ajoutoient  :  Qu'une  chofe  peut  avoir 
une  apparence  de  mal  par  rapport  au  tems  où  on  la  fait ,  qui  dans  tout 
autre  tems  pourroit  paroi tre  bonne  :  Que  c'eft  un  commandement  de  Dieu 
d'écarter  toute  occafîon  de  fcandalc  ,  &  de  s'abftenir  de  route  apparence' 
de  mal  :  Qu'enfin  pour  faire  en  forte  que  les  Sacremens  fuflent  adminiftrés 
avec  toute  forte  de  pureté  >  il  falloit  retrancher  abfolument  toutes  les  of* 


Mendians  ne  peuvent  fubfîAei  (ans  ces 
oblations  volontaires.  Ce  douce  dans  la  (î- 
tnarion  où  écoienc  les  chofes  écoic  donc 
toQC-à'faic  fuperfla  ,  &  une  de  ces  idées 
Platoniques  qui  ne  font  belles  que  dans  la 
fpéculacion*    Car    va  le    befoin  quavoit 

K,9i&e  M  roos  ces  Ordres ,  qui  pe  pou- 


voienr  fubfifter.  que  par  les  offrandes  qnlls 
recevoient  dans  rezercice  de  leur  Miniftère» 
&  le  crédit  que  ces  mêmes  Ordres  avoienc 
dans  le  Concile  par  leurs  Théologiens ,  c*é- 
toît  une  tentative  chinicriqaede  demander 
la  chofe  ^  &  une  prcibinption  encore  plii$ 
chimérique  4*efpérei  de  Tobtenir» 


^DE    TRENTE,  Livre    IL  443 

frandes  volontaires  dans  le  tems  de  la  réception  des  Sacremens ,  &  exhorter  MDxtviî. 
les  Fidèles  à  les  faite  dans  d'autres  tems  èc  d'autres  occafions.  ^^"^  ^^• 

Mais  d'autres  difoient  :  Qu'il  y  avoit  un  Canon  du  quatrième  Concile  - 
de  Carthage  ,  qui  permettoit  de  recevoir  ce  qui  étoit  offert  par  celui  qiû 
faifoit  bapcifer  fes  enfàns  :  Que  les  Théologiens ,  après  avoir  décidé  qu  on 
ne  devoir  recevoir  aucune  chofe  temporelle  pour  les  Sacremens  ,  conve- 
noient  tous  qu'on  pouvoit  recevoir  quelque  rétribution  pour  la  peine  de 
les  adminiftrer,  fur- tout  (i  elle  n'étoit  ni  donnée  ni  reçue  en  vue  du  Sa- 
crement ,  mais  en  forme  d'aumône  :  Qu'abolir  les  offrandes  volontaires , 
ce  feroit  ôter  aux  Laïques  l'occafîon  d'exercer  des  œuvres  de  piété ,  Se  aux 
pauvres  Curés  les  moyens  de  fubfîfter  :  Que  S.  Paul  ^  avoit  enfeigné  ,  que  r  i  Cor. 
ftti  fere  VAuttl  doit  vivre  de  P Autel ,  &  avoit  applique  aux  Miniftres  ce  ^^*  '4*^» 
précepte  parabolique  de  l'Ancienne  Loi  >  qu^il  ne  faut  pas  lier  la  bouche  du 
Bctuf  qui  foule  le  grain  :  Que  Ton  ne  devoir  point  avouer  qu'il  y  eût  eu 
«ne  coutume  établie  dans  l'Eglife  de  donner  ou  de  recevoir  aucune  chofe 
pour  le  miniftère  des  Sacremens ,  parce  que  l'ufage  des  offrandes  fe  trouvant 
par- tout, 'ce  feroit  avouer  que  l'Eelife  auroit  toléré  ou  même  approuvé  un 
abus  rrès-perriidieux  :  Qu'il  ne  falloir  donc  point  parler  d'abolir  une  cou- 
tume qui  n'avoir  point  été  introduite ,  de  peur  de  faire  une  plaie  mortelle 
i  l'Eglife  en  penfant  remédier  à  une  chofe  qui  n'étoit  point  un  mal ,  quoi- 
qu'elle en  parut  un  à  quelques  perfv>nnes  d'une  confciencè  trop  fcrupuleufe  : 
Qu'enfin,  ce  qui  devoir  paroître  plus  convainquant,  c'efl  c^  Innocent  1  II 
dans  le  Concile  général  cie  Latran ,  cap.  Ad  Apojiolicam  ,  tit.  De  Simonia, 
avoir  non-feulement  approuvé  comme  louable  la  courume  des  oblations 
volontaires  dans  l'adminiflration  des  Sacremens,  mais  que  même  il  avoit 
ordonné  qu'on  la  retînt  ,  &  que  TEvêque  punît  ceux  qui  voudroient  la 
changer  :  Que  par  conféquent  on  ne  pourroit  ordonner  préfentement  le 
contraire  fans  un  grand  fcandale ,  en  taxant  ainfi  un  Pape  &  un  Concile 
général  d'une  erreur  fî  pcrnicieufe. 

A  cela  les  premiers  repliquoienr  ;  Que  le  Concile  de  Carthage  condamnoît 
févéremenc  l'ufage  d'exiger  quelque  chofe  ',  &  que  s'il  loléroit  les  offrandes 
volontaires ,  il  avoit  été  réformé  en  cela  par  le  Concile  d'Elvire,  qui  défcn- 
doit  l'ufage  introduir  que  les  perfonhes  baptifécs  miflent  quelque  argent  dans 
un  vafe  :  Que  la  diflmâion  inventée  par  les  Théologiens ,  du  miniftère  du 
Sacrement  d'avec  la  peine  de  l'adminiftrer ,  comme  auflfî  celle  de  recevoir 
en  vue  du  Sacremenr  ou  pour  quelque  autre  motif,  ou  la  diftin£kicn  de  la 
première  &  de  la  féconde  inrention  ,  éto^ent  métaphyfîques  &  chiméri- 
ques ,  puifque  les  paroles  de  l'Evangile  étoient  abfolues ,  &  n'admettoient 
ni  chicanes  ni  Glofe  contraire  aux  Texte  :  Que  lorfque  Dieu  par  Moyfo  Se 

Sar  S.  Paul  avoit  défendu  de  lier  la  bouche  du  Bœuf  qui  foule  le  grain  ,  il 
éfendoit  feulement  de  refufcr  la  nourriture  à  un  animal  affamé-,  mais  qu'il 
n'avoit  pas  eu  intention  qu'on  le  laiflat  fe  remplir  fans  néceflîté  iufqu'a  la 
fatiété  :  Que  l'on  ne  pouvoit  pas  prétexter  la  pauvreté  de  l'Ordre  Ecclé- 
fiaflique  »  puifqu'il  avoit  des  revenus  non-feulement  fuffifans ,  mais  abon^ 

Kkk  t 


444         HISTOIRE    DU    CONCILE 

uDXLTii.  dans  :  Que  l*abus  écoir ,  que  les  Reâeurs  des  Eglifes  vouloient  fans  y  réfî« 
Paul  III.  dcr  jouir  néanmoins  de  cous  les  fruits,  &  pouffoienc l'avidité  jufqu*à  atfèr* 
' '  mer  même  ceux  qui  étoient  incertains  à  de  pauvres  Prêtres,  qui  étoienc 
forcés  de  vendre  tout  pour  vivre:  Qu'il  falloit  donc  pourvoir  à  faire  vid^ 
der  chacun  dans  fes  Bénéfices  ,  où  il  auroit  de  quoi  vivre  Se  èire  dans 
l'abondance  fans  être  obligé  de  vendre  les  Sacremens  Eccléfîaftiques.  A 
cette  occasion  on  revint  à  s'étendre  de  nouveau  fur  l'Article  de  la  Rédden- 
ce,  &  fur  les  avantages  qui  en  reviendroient ,  û  on  la  dédaroît  d!e  Droit 
divin.  On  ajouta  :  Que  s'il  y  avoir  quelque  Cure  qui  n'eût  pas  aflèz  de 
revenu ,  on  pouvoit  y  pourvoir  par  l'union  de  quelques  Bénéfices  (impies  ; 
&  que  (i  cela  ne  fe  pouvoit  pas ,  il  falloit  que  le  peuple  pourvût  à  la  fub- 
(iftance  de  fon  Pafteur  :  Qu'enfin  il  étoit  meilleur  Se  plus  agréable  à  Diea 
de  confeflfer  les  fautes  padees  &  d  y  remédier ,  que  de  les  défendre  Se  d'y 
perfifter. 

Le  Cardinal  Jel  Monte  ,  qui  d'ailleurs  paroiflbit  peu  porté  à  la  Réfor-* 
mation ,  fe  déclara  néanmoins  vivement  pour  ce  dernier  parti ,  &  répondic 
si  ceux  qui  alléguoîent  Vamonié  àî Innocent  III  Se  du  Concile  de  Latran  : 
Qu'ils  faifoient  grand  tort  à  la  réputation  de  ce  Pape  &  de  ce  Concile , 
de  leur  attribuer  la  juftification  d'un  fi  grand  abus ,  Se  qu'ils  montroient  en 
cela  leur  ignorance  :  Que  s'ils  lifoient  les  trois  Chapitres  de  ce  Concile  qui 
précédoient  celui  j4d  ApoJloLicam ,  ils  verroient  clairement  fon  intention  ^ 
&  que  non-feulement  il  avoit  défendu  toute  exaâion  ,  mais  condamné 
même  toute  coutume  contraire  :  Que  dans  le  Chapitre  même  en  queftion, 
on  n'approuvoit  pas  l'ufage  de  donner  quelque  choie  pour  le  miniftère  des 
Sacremens  ,  mais  feulement  quelques  pratiques  licites  &  honnêtes  intro* 
duites  en  faveur  des  Eglifes ,  comme  les  Décimes ,  les  Prémices ,  les  Of- 
frandes qu'on  avoir  coutume  de  faire  à  l'Autel ,  les  Portions  Canoniques  , 
&  d'autres  pareils  ufages  louables  \  Se  que  c'étoit  ainfi  que  Bartok  Se  Gilles 
Romain  avoient  entendu  ce  Chapitre. 
Autres  Df-  '^  Les  Pères  dépurés  pour  préparer  les  Décrets  de  foi ,  après  avoir  exa-' 
€rits  firmes  miné  les  avis  des  Théologiens  &  les  points  dont  ils  convenoicnt ,  omis  ou 
fttrls  Doc-  diftingué  les  Arricles  fclon  leurs  avis  ,  &  les  avoir  mis  dans  un  ordre  plus 
naturel,  formèrent  xiv  Canons  fur  les  Sacremens  en  général  ,  x  fur  le 
Baptême ,  Se  m  fur  la  Confirmation ,  qui  étoient  dreffês  avec  tant  de  dexté* 
rite,  qu'on  n'y  avoit  cenfuré  aucune  opinion  Catholique,  Se  qu'on  avoie 
trouve  moyen  de  contenter  tout  le  monde  en  n'employant  que  des  expref- 
(ions  générales.  Mais  quand  l'on  vint  à  drefler  les  C^hapitres  de  Dodhine  , 
comme  on  avoit  fait  fur  la  matière  de  la  Juftification ,  on  trouva  qu'il  n'é- 

•  9.  Les  Pères  députés  pour  préparer  Us  Mâisau-lîea  de  10  qu'il  marque  fiir  le  Bap-' 

Décrets  de  Foi  -formèrent  1 4  Canons  fur  tême  il  y  en  eut  1 4  ,  &  )  fur  la  Confir- 

Its  Sacremens  en  général,  10  fur  le  Bap^  mation.  Je  m'étonne  que  le  Continuateur 

téme  j  &  5  fur  la  Confirmation,  )  Notre  de  M.  /Y^i^ry  ait  £ûc  ici  la  mime  faute  que 

.Hiftorien  n'eft  pas  ici  exad.  Il  n'y  eut  que  Fra  -  Paolo» 
X5  Canons  fui  les  Saaeaiens  en  général* 


DE    TRENTE, LivRElL  44^ 

toit  prerque  pas  poflible  d'employer  les  cermes  d'une  opinion ,  fans  paroicre  tA^^^i^riu 
rejetccr  l  autre  ;  ce  qui  ne  plaifoit  ni  aux  Théologiens ,  par  1  attacnement  ^^"^  ^^^* 
qu'ils  avoient  aux  fencimens  de  leur  Ecole ,  ni  aux  Légats  &  aux  pcrfonncs  ■■■"— ^ 
neutres  ,  qui  craignoient  de  faire  naître  quelque  nouveau  Schifme.  Voyant 
donc  quiî  étoit  impoûîbletl expliquer  la  Doûnne  Ci  délicatement»  que 
l'on  ne  parût  point  favorifer  l'une  des  parties  au  préjudice  de  l'autre ,  on 
remit  à  la  Congrégation  générale  à  décider  la  manière  dont  les  Sacremens 
contiennent  &  produifent  la  Grâce. 

Mais  la  Congrégation  générale  *  n'y  fut  pas  moins  embarraflce  que  Ta-  '  Flcurr,  L. 
voient  été  les  Députés  5  ^^  ce  qui  fit  qu'une  partie  des  Pères  fut  d'avis '^^^  *• 
d'omettre  tout-à-tait  les  Chapitres  de  Doârine ,  &  de  ne  publier  que  les 
Canons ,  comme  on  avoir  fait  fur  1  Article  du  Péché  originel.  Mais  les  au- 
tres vouloient  abfolument ,  que  pour  les  mêmes  raifons  qu'on  avoit  appor- 
tées en  traitant  de  la  Juftification ,  on  dredat  de  pareils  Chapitres ,  &  que 
l'ufage  en  ayant  été  introduit ,  il  étoit  néceffaire  de  ne  pas  l'interrompre  : 
Que  feulement  il  falloit  tâcher  de  le  faire  avec  tant  de  prudence ,  qu'on  ne 
mécontentât  aucune  des  parties  :  Qu'il  n'y  avoit  aucune  divifion  à  craindre 
en  le  faifant ,  puifque  tous  les  jours  dans  le  Concile  les  Théologiens ,  après 
avoir  défendu  leurs  fentimens  avec  le  plus  de  chaleur  ,  s'en  remettoient  â 
fon  jugement  s  &  qu'on  devoit  s'alfurer  que  ceux  qui  étoient  abfens  en  fe- 


90.  Ce  qui  fit  qu'une  partie  des  Pères  fut 
d* avis  d'omettre  tout' à-fait  les  Chapitres  de 
DoBrine,  ]  Cefl  cet  avis  qui  prévalut  à  la 
i  fin  ,  &  fi  Ton  en  croit  ici  Fra-Paolo  ,  ce 
fut  à  caufe  de  la  difficulté  que  l'on  trouva 
a  les  drefler  de  manière  qu'on  ne  parut  fa- 
vorifer aucune  Ecole  au  préjudice  de  l'au- 
tre. Pallavicin  dit  au  contraire,  L.  9.  c. 
7  ,  que  ce  fut  parce  que  cette  matière  ayant 
été  pleinement  traitée  par  le  Maître  des 
Sentences  ,  &  par  S.  Thomas  &  les  autres 
Sw'olaftiques  ,  &  ezpofée  clairement  par  le 
Concile  de  Florence ,  on  jugea  (uperflu  d'en 
faire  une  nouvelle  ezpofition,  &  on  crut 
qu'il  fuffifoir  de  condamner  les  Erreurs  con- 
traires. Mais  comme  ce  Cardinal  ne  cite 
point  ici  les  Ad^s  du  Concile  pour  jufti- 
fier  ce  fait ,  comme  11  a  coutume  de  faire , 
il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  ce  n'eft 
qu'une  raifon  imaginée  pour  colorer  ce 
changement  de  conduite  dans  les  Pères ,  & 
toute  la  vraifemblance  eft  pour  le  réckde 
Fra-Paolo,  En  eîfet ,  quoique  la  matière 
<ies  Sacremens  fe  trouvât  aiTez  amplement 
difcurée  par  les  Sco'aftiques  ,  il  refloit 
alTez  de  difficultés  pour  donner  lieu  à  une 


ezpofition  de  doékine  ,  û  on  n*avoît  en 
quelque  motif  plus  fecret  de  s'en  difpen* 
fer.  D'ailleurs  ,  Çl  la  raifon  du  Cardinal 
étoit  la  véritable  ,  il  eût  fallu  fuivre  la 
même  méthode  fur  le  refle  des  Sacremens: 
ce  que  l'on  ne  fit  pas  cependant ,  pnifqu'en 
traitant  de  l'Eucharidie  &  des  autres  ,  on 
reprit  l'ufage  que  l'on  avoit  firivi  en  trai- 
tant de  la  Juflification.  Enfin  il  paroïc 
clairement  par  les  raifons  de  l'Evèque  à' Al- 
tengay  que  c'ctoit  bien  plutôt  par  la  crainte 
de  fouîever  un  des  deux  partis  ,  qu'on  s'abP- 
tint  de  l'expofition  de  Dodrine ,  que  par- 
ce qu'on  crut  la  matière  affe^  éclaircie 
par  les  Scoladiques  >  d'autant  plus  que  cette 
prétendue  clané  n 'avoit  pas  empêché  les 
Théologiens  du  Concile  d'avoir  de  gran- 
des conteftations  fur  différens  points ,  com- 
me fur  l'intention  ,  fur  la  manière  dont 
les  Sacremens  opèrent  la  Grâce ,  fur  l'ef- 
ficacité des  Sacremens  de  l'ancienne  Loi, 
&  fur  d'autres  articles  anfiî  confidérables  j 
&  n'empêcha  pas  dans  la  fiiite  de  revenir 
à  la  méthode  que  l'on  interrompit  dans  cette 
Sefiion» 


44«       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxiTii.  roienc  de  même  :  Qu'enfin  »  il  ne  falloit  rien  omettre  de  tout  ce  qai  Ct 
Paul  111.  pouvoit  faire  pour  convaincre  les  Hiérctiqucs. 

"*""■"■""      Cet  avis  eue  prévalu ,  *  fans  la  vive  oppoficion  de  /.  B.  Cigala  Evèque 
*      "j^'  ^  àiAlbcnga  ôc  Auditeur  de  la  Chambre.  11  remonrra  :  Qu'on  ne  trouveroit 
*  pas  dans  THiftoire  y  qu'aucun  ent  jamais  abfhdonné  fa  propre  opinion  » 
quoiqu'elle  eût  été  condamnée ,  à  moins  que  d'y  avoir  été  forcé  :  Que 
quoique  rous  les  Catholiques  diflènt  qu'ils  s'en  remettoient  au  jugement  de 
TEglile  Romaine,  lors  néanmoins  qu'on  venoicà  condamner  leur  opinion  ^ 
'  loin  d'y  renoncer  ils  s'opiniâtroient  davantage  à  la  défendre  ,  &  le  forri- 
fioienr  même  dans  leurs  fentimens  par  l'oppotition  qu'on  y  faifoit  :  Que 
c'étoit  ainfî  que  les  Scâres  faifoient  naître  les  Héréfies  :  Que  le  vrai  moyen 
pour  les  prévenir  éroit  de  tolérer  toutes  les  opinions  ,  Se  de  faire  enforttf 
qu  on  ne  fe  condamnât  point  les  uns  les  autres  ,  Se  que  chacun  vécut  eh 
paix  :  Que  quelque  oppofitiûn  qu'il  y  eut  entre  les  fentimens ,  il  ne  naîtroic 
aucun  inconvénient  en  obfervant  cecte  modération  ;  au  lieu  qu'en  s'en  écar- 
tant ,  un  différend  fur  un  mot  ou  fur  un  ïota  étoit  capable  de  divifer  tout 
l'Univers  :  Qu'on  auroit  pu  tolérer  plufieurs  des  opinions  des  Novateurs 
modernes  »  s'ils  les  avoient  avancées  avec  modeftie  ,  &  fans  condamneif 
l'Eglife  Romaine  &  la  Doftrine  des  Ecoles  :  Que  c'étoit  ce  qui  avoit  forcé 
Lion  Xi  renvoyer  contre  Luther  \ts  mêmes  traits  qu'il  avoit  lancés  contre 
le  Saint  Siège  :  Qu'en  un  mot,  toutes  ces  proteftations  de  s'en  remettre  au 
jugement  de  l'Eglife  étoient  des  coraplithens  de  civilité  &  de  refpeA ,  aux* 
ouels  il  falloit  répondre  par  des  égards  réciproques  ,  &  par  la  confervatioo 
aune  parfaite  neutralité  entre  leurs  fentimens  différens  :  Que  la  manière 
de  fe  conduire  dans  le  monde  étoit  de  refpeâer  celui  dont  on  vouloit  être 
refpeâé,  fans  croire  que  celui  qui  parloir  de  fe  foumettre  eût  réellement 
envie  de  le  faire,  lorfqu'il  en  faudroit  venir  aux  eflèts  :  Qu'on  en  avoit  un 
exemple  en  Luther ,  qui  tant  qu'il  n'eut  à  faire  qu'aux  Quêteurs  d'Aile** 
magne  &  aux  Théologiens  de  Rome  dans  la  difpute  des  Indulgences ,   pro«' 
tefta  toujours  qu'il  s'en  rapporteroit  au  jugement  du  Pape  ;  mais  qu'aufli-tot 
que  Léon  ayant  pris  pour  une  foumiflîon  réelle  ce  qui  n'étoit  qu  un  com« 
pliment ,  1  eut  condamné ,  Luther  loin  de  tenir  fa  promefTè  inveâiva  plus 
fortement  contre  le  Pape ,  qu'il  n'avoir  fait  contre  les  Quêteurs  d'Alle- 
magne. 
V  Flcury,L      Les  Légats  envoyèrent  i  Rome  ^  une  copie  des  Articles  qui  avoient  été 
144.  N°  3.  arrêtés ,  &  un  Mémoire  des  difficultés  qui  reftoient  à  réfoudre  tant  fur  \ci 
matières  de  Doârine  que  fur  celles  de  la  Réforme  des  abus ,  Se  demande** 
rent  en  même-tcms  qu'on  leur  envoyât  des  ordres  fur  ce  qu'ils  avoient  i 
faire.  En  attendant  ils  ne  laiflerent  pas  de  repaflcr  de  nouveau  fur  ces  ma- 
tières ,  mais  plus  férieufement  encore  fur  l'Article  de  la  pluralité  des  Béné- 
fices ,  qui ,  comme  on  l'a  dit ,  avoit  déjà  été  propofé  Se  difcuté  en  partie« 
Mais  pour  ne  point  partager  ce  qui  regarde  cette  matière ,  j'ai  remis  à 
raconter  ici  tout  de  fuite  ce  qui  la  regarde. 

LXXXVIIL  Apres  que  dans  la  Congrégation  du  1 5  de  Janvier  on  eut 


DE    TRENTE,  Livre    II.  447 

propofé  les  Articles  des  Sacrcmens»  on  réfoluc  qu'outre  rArticle  de  la  plu-  mdxltiu 
raiitc  des  Bénéfices ,  dont  on  avait  commencé  de  parler  le  jour  d'auparavant ,  ^^^^  ^^^* 
çn  traiceroit  auffi  des  qualités  requifes  dans  les  Evcques  -,  parce  que  fi  plu-        . 
^eurs  ne  réûdoient  pas  ,  c*eft  qu'ils  n  ctoient  pas  capables  d'exercer  cet  n^^P^^'f^ 
emploi.  Sur  quoi  il  le  dit  bien  des  chofes ,  en  commençant  par  les  qualités  raUtéles^^ 
qu exige  S.  Paul  dans  les  Evêques  &  les  Diacres,  &  en  taifant  (ur-tout  Bénéfices. 
peaucoup  de  réflexions  ^  fur  ce  qu'il  demande  qu'ils  foient  irrcprihcnfibUs  ,    ^  <  '^i™« 
adonnes  à  L^fiofpital'uc  ,  point  avares  ,  point  Néophytes ,  mais  ejUinés  dts  ^^*  *" 
perfonnes  du  dehors.  On  remarqua  enfuite  pluficurs  autres  conditions  re- 
quifes p^r  les  Canons ,  &  il  n'y  eut  fur-tout  cela  aucun  partage  ,  chacun 
«'accordant  unanimement  contre  les  vices  &  les  defordres  des  Prélats  &  de 
touc  l'Ordre  Eccléfiadique.  Ce  n'étoit  pas  fans  quelque fàtisfa£lion ,  que  les 
Légats  voyoient  ainfi  les  Pères  fe  repaître  de  cette  petite  apparence  de  liberté; 
9^  lorfque  dans  la  chaleur  du  difcours  Jean  di  Sala^ar  Eveque  de  Lanciano 
attribua  la  fource  du  mal  à  la  Cour  de  Rome  9  qui  dans  la  diftribution  des 
Evêchés  regardoit  bien  moins  i  la  capacité  des  perfonnes ,  qu'aux  (èrvicts 
qu'elle  en  avoir  reçus.  Mais  TEvèque  de  Bitonu  y  qui  parla  peu  après  lui , 
lui  répliqua  avec  beaucoup  de  vivacité  :  Que  l'on  ne  devoit  pas  taxer  cette 
Cour  d'une  faute  qui  venoit  des  autres ,  puifqu'en  Allemagne  les  Evèchés 
çtoient éleâifs ,  qu'en  France,  en  Efpagne,  &  en  Hongrie  ils  étoient  de 
nomination  Royale ,  qu'en  Italie  plufieurs  étoient  en  Patronage  Laïc ,  & 
que  ceux  même  qui  étoient  libres  étoient  extorqués  au  Pape  par  les  recom- 
mandations de  Princes  ,  qui  étoient  des  prières  auxquelles  il  ne  pouvoir 
léfifter ,  &  qui  lui  ôtoient  la  liberté  de  leur  refufer  la  fatisfaâion  qu'ils 
dcmandoient  :  Que  quiconque  voudroit  juger  avec  candeur ,  fans  préven- 
tion &  fans  pafiîon ,  pourroit  voir  que  les  Evcques  faits  librement  à  Rome 
étoient  peut-crre  les  meilleurs  de  toute  l'Europe  :  Que  la  pluralité  des 
Bénéfices  ^  qui  étoit  un  mal  inconnu  dans  l'Antiquité ,  ne  venoit  point  de 


-  91.  Lorfque  dans  la  chaleur  du  difcours 
Jean  de  Sala^ar  Eveque  de  Lanciano  attri- 
bua la  fource  du  mal  à  la  Cour  de  Rome  y 
4cc.  ]  Les  Hiftoriens  du  Concile  ne  nous 
ont  rien  rapporré  de  (on  avis.  Mais  on  ne 
peut  pas  doucer  que  lui  ou  quelques  aa- 
txes  n'ayenc  parlé  alfez  fbnemenc  contre 
les  abus  de  la  Cour  de  Rome  ,  puifque  le 
Cardinal  del  Monte  dans  le  difcours  adroit 
qu'il  Hc  dans  la  Congrégation  du  6  de  Fé- 
vrier ,  tâcha  de  la  juftifîer  contre  les  repro- 
ches publics  ,  dont  quelques-uns  avoienc 
o(é  la  charger.  j41u  ,  dit  -  il  execrati  funt 
Simoniam  maxime  Curialium,  &haccul' 
pa  non  eft  rejicienda  ad  SS*  Dominum  nof- 
trum,  Sunt  6*  in  Curïa  Romana  &  boni 
&  mali  ,  nec  efl  pojpbile  in  omnes  malos 


animadvertere  ,  &c.  Le  tour  eft  adroit^' 
comme  Ion  voit.  Les  abus  étoient  trop 
notoires  pour  les  diflimuler:  mais  le  Lé-- 
gtt  ne  Touloit  pas  qu  on  en  crût  le  Pape 
coupable ,  &  en  rejettoit  toute  la  Ëiute  Tnr 
quelques  Officiers,  qui  même  agifToient 
avec  tant  de  précaution ,  qu'on  ne  pouvoir 
les  convaincre  d'aucune  nute.  Cependant 
ce  n  étoit  pas  de  ces  fautes  fecrettes  dont 
on  fe  plaignoit  ,  mais  des  abus  publics, 
comme  des  Unions  à  vie  ,  des  Regrès ,  des 
Ezpedatives,  des  Réfervations  mentales^ 
&  d'une  infinité  d  autres  chofes  de  cette  na-- 
tore  ,  qui  ne  pouvoient  fe  ^ire  que  par 
l'autorité  du  Pape ,  &  dont  on  eut  tant  de 
peine  à  obtenir  le  redreffement. 


44«        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  la  Cour  de  Rome ,  mais  des  Evcqucs&dcs  Princes,  avant  que  les  Papes 
Paul  IIL  euflcnt  pris  le  foin  de  régler  les  matières  Bénéâciales  dans  toute  la  Chrc- 
»-^— — *  rienté  \  Se  que  ce  mal  leroit  parvenu  à  fon  comble  fans  les  Conftitutions 
des  Pontifes  ,  qu'on  pouvoir  voir  dans  le  Corps  du  Droit  Canon.  Chacun» 
félon  fes  vues  &  (es  pallions  particulieres,ccouta  ces  con^ellations  avec  plai« 
iîr  ou  avec  peine.  Mais  tous  fentirent  aifcment,  quon  ne  pouvoit  traiter 
fans  danger  de  cette  matière  ;  &  on  s'en  convainquit  encore  davantage  dans 
les  Congrégations  fuivantes. 

Comme  ce  fujet  mérite  extrêmement  d  être  connu ,  il  eft  bon  de  remon- 
ter jufqu'â  l'origine  de  l'abus ,  Se  de  faire  voir  comment  il  eft  parvenu  1 
^ Pallav. L Icxcès  où  il  étoit  alors,  y  Sans  f^  parler  de  ces  tems  heureux  ,  où  le  nom 
9»  c.^*       .à'EgUfc  étoit  donné  a  toute  TAllèmbiée  des  Fidèles,  à  qui  appartenoit  le 
domaine  &  Tufage  de  tou^  les  biens  qu  on  appelle  Biens  Ecclefiaftiquesy 
&  fur  le  fond  defquels  fe  prenoit  le  vivre  &  le  vêtement  des  Pauvres  &  des 
Miniilres ,  mais  encore  plus  des  premiers  que  des  autres  ;  &  fans  faire 
mention  non  plus  du  tems  où  commençant  à  s*écarter  de  ce  degré  de  per- 
feâion  ,  on  partagea  la  maffe  de  ces  biens  en  quatre  portions ,  dont  les 
Pauvres  qui  auparavant  avoient  la  première  fiirent  réduits  à  la  dernière  Se 
à  la  moindre  *,  je  commencerai  par  celui ,  où  le  Clergé  s  étant  approprié  k 
lui  feul  le  nom  d'Eglife  ,  qui  lui  étoit  commun  auparavant  avec  tout  le 
Corps  des  Fidèles  ,  s'appropria  aufli  le  domaine  Se  Tufage  des  biens  Ecclé* 
iiaftiques  :  ce  qui  fît  que  quelque  peu  de  perfonnes  fe  rendirent  maîtres  de 
ce  qui  appartenoit  â  tous,  &  que  les  riches  s'emparèrent  de  ce  qui  devoit 
fervir  à  la  fubfiftance  des  pauvres.   Dans  ces  commencemens  donc»  les 
Eccléfîaftiques  ayant  partagé  entre  eux  tous  les  revenus  des  Eglifes  ,  les 
Charges  qui  s'appelloient  auparavant  Miniflères,  &  dont  ceux  qui  étoienc 
revêtus  n'étoient  occupés  que  du  foin  du  Spirituel ,  furent  nommées  Béné- 
fices, &  ceux  qui  les  exerçoient  firent  leur  principal  du  Temporel.   Ec 
'         comme  les  anciens  Canons  ,  qui  étoient  encore  eu  vigueur  ^  ne  permet- 

coienc 


91.  Sans  parler  de  ces  tems  heureux  ^  oh 
le  nom  d^Eglife  itoit  donné  à  toute  l'Affem- 
hléedes  Fidiûs,  &c.  ]  Toutes  ces  réflexions 
de  Fra  Paolo  (ont  très  judicieufes ,  &  fon- 
dées fur  des  faits  connus  &  certains.  Le 
Cardinal  Pallavicin  ,  dont  THiftoire  n'cft 
qu  une  Apologie  des  ufages  ou  plutôt  des 
abus  préfens  ,  déclame  fortement  contre  ce 
difcours  comme  Séditieux,  &  comme  ten- 
dant à  jetcer  la  confufion  dans  le  Gouver- 
nement Ecclcfîadique.  Mais  s'il  y  a  quelque 
chofè  de  (éditieux  à  repréfenter  les  (âges 
prariques  de  l'Antiquité ,  il  faïut  qu'un  Hit 
torien  renoaceau  devoir  principal  de  l'Hif- 
loîre  ,  6c  qu'il  diffimole  tout  ce  qui  s*eft 


£iiCy  pour  ne  point  paroftre  le  Cenfeor  des 
morars  préfentes.  Fra  -  Paolo  a  cru  cette 
fbibleife  indigne  de  lui  ,  &  fon  ingénuité 
fera  toujours  honte  an  caradère  Cerrile  êc 
adulateur  de  fon  Adveifaire.  Tout  ce  qu'il 
dit  ici  fur  la  divifion  des  biens  EccléfSaftiques 
eft  amplement  jnftifié  par  ce  qu'il  en  a  die 
lui-même  dans  fon  Traité  des  Bénéfices , 
aufli-bien  que  par  le  P.  Thomaffin  dans  fon 
Traité  de  la  Difcipline  Eccléfiaftique ,  par 
Bingàam  dans  fes  Origines  Eccléfia(Hques  » 
par  M.  Simon  fous  le  nom  de  Jérôme  â 
Cofta ,  &  par  difR^rens  Auteurs  qui  ont  traité 
de  la  même  matière. 

9l*Ei 


DE    TRENTE,  Livre   IL  449 

loient  pas  qu'on  fut  ordonné  pour  deux  Titres  enfembîc,  on  ne  pouvoir  MDxtvn. 
avoir  alors  qu'un  fcui  Bénéfice.  Les  revenus  enfuice  étant  venus  à  diminuer,  ^^^^  ^^^ 
ou  par  les  ravages  de  la  guerre ,  ou  par  les  inondations  ou  d'autres  accidens,      " 
6c  ne  pouvant  luffire  à,  la  fubCftance  du  Miniflre  ,  on  permit  quelquefois  i 
celui  qui  avoir  un  tel  Bénéfice  d'en  recevoir  encore  un  autre ,  pourvu  ce- 
pendant qu'il  pût  vaquer  au  fervice  de  tous  les  deux.    Ainfi  tut  d'abord 
introduit  cet  ufaee,  non  pas  en  faveur  du  Bénéficier  pour  l'enrichir^  mais^ 
«n  faveur  de  l'Eglife  »  qui  n  ayanr  point  de  quoi  entretenir  un  propre  Mi- 
niftre ,  ne  laiilbit  pas  que  d  être  deflêrvie ,  autant  qu'il  étoit  pofiible  de  le 
faire.  Sous  prétexte  donc  qu'un  Bénéfice  ne  fuffifoit  pas  pour  l'entretien  de 
ion  Miniftte ,  Se  qu'on  ne  trouvoit  perfonne  pour  le  defiervir ,  on  fe  donna 
la  liberté  d'en  donner  plufieurs  à  une  même  perfonne  »  quoique  cela  ne 
parût  pas  néceflàire  pour  le  fervice  des  Eglifes  *»  *  8c  peu-â-peu  on  leva  ie«Fr.Paolo; 
mafque  ,  ^^  &  on  n  eut  plus  hpnte  de  faire  en  faveur  du  Bénéficier ,  ce  qui  '^'- ^  ^" 
n'avoitété  introduit  que  pour  l'utilité  de  TEglife.  Puis,  pour  obvier  au  ^^^* 

icandale  qui  naifToit  de  cet  abus  ,  on  convint  de  le  modérer  &  de  le  couvrir 
de  quelque  prétexte  honnête  -,  ce  qu'on  fit  en  diftinguant  d'abord  les  Béné- 
fices qui  demandoient  Réfidence  d'avec  ceux  qui  n*y  obligeoient  pas  ; 
diftinâion  qui  attira  celle  des  Bénéfices  compatibles  &  incompatibles  >  8c 
qui  fit  appeller  incompatibles  ceux  oui  obligeoient  à  la  Réfidence ,  8c  com- 
patibles ceux  qui  n'exigeant  point  de  Réfidence ,  pouvoient  être  polfédés 
avec  d'autres  Bénéfices  de  Tune  on  de  l'autre  efpéce.  Cependant ,  poiu: 
conferver  toujours  quelque  régie  de  bienféance ,  on  continua  félon  le  pre- 
mier ufage ,  en  fuivant  la  Glofe  des  Canoniftes ,  de  dire  qu'on  nepermet- 
toit  de  jouir  de  plufieurs ,  que  quand  un  ne  pouvoir  pas  fuffire  pour 
vivre.  '^  Mais  on  étendit  étrangement  cette  fu£lance ,  en  la  proportion- 
nant non  poipt  ila  néceffité  de  la  fubfiflance,  mais  à  la  qualité.  Car  un  Prê- 

9  y  Et  on  n*eut  plus  honte  défaire  en  6c  le  Bénéficier  pour  s'enrichir  négligea  en- 

fayeur  du  Bénéficier^ce  qui  navoit  été  intro-  tièrement  le  ÇÔÀn  des  âmes  ,  qui  avoic  été 

duit  que  pour  l'utilité  de  l'Eglife.  ]  La  pre-  Tobjec  de  la  dotation  6ss  Eglifès. 

mièie  dotation  des  Eglifes  n'avoit  eu  pour  94..   Mais  on  étendit  étrangement  cette 

objet  que  de  les  pourvoir  de  Miniftres ,  qai  fuffifance  ,  &c.  ]  Le  Cardinal  PalUvicin6xt 

(ans  être  panagés  par  les  néceffités  de  la  vie  qa*il  ne  connoit  aaciin  Théologien  à  Rome, 

&les  (bins  de  pourvoir  à  lem  fubfiftance,  qui  ait  enfeigné  cette  doébrine  ezorbiume, 

puflent  vaquer  (ans  ceflè  à  leurs  ibnâions,  qui  £ixt  mesurer  les  revenus  néceflkiresnon 

&  s'occuper  uniquemeiy  de  leur  Miniflàre  à  la  néceffité  de  la  fubfi(bnce  ,  mais  à  la 

&  du  foin  à^  âmes.  Comnae ,  en  réunifiant  qualité  de  la  perfonne.  Au(E  n'eft-ce  pas 

fur  une  ofième  tète  plufieurs  Bénéfices,  on  aux  Théologiens  ,  mais  aux  Ginoniftesque 

choquoit  diredement  cette  vue  primardiale  Fra-Paolo  attribue  cette  licendeufe  doâri- 

de  leur  inftitution ,  on  eut  regardé  comme  ne.  Mais  qui  que  ce  foit  qui  Taitenfeignée» 

un  abus  intolérable ,  fi  tout  anu'e  motif  que  per(ônne  n'ignore   que  pre(que  tous  les 

la  nécefiité  eut  engagé  un  ËcdéCaftique  à  Cardinaux  &  les  Prélats  a^ent  fur  ceprin- 

&  charger  en  mlKme-tems  de  deux  Béné-  cipe  ,  &  que  beaucoup  de  CafuUles  n'ont 

fices.  Maïs  on  fie  enfuitepar  cupidité ,  ce  j«^ifié  la  pluralité  des  Bénéfices  que  ÙX  ce 

que  la  nécefficé  avoit  introduit  quelquefois  ï  fendemenu 

ToM£L  LU 


4ÎO       .HISTOIRE    DU    C  ON  C  I  L  E 

uvxvni.  tre  ordinaire  ne  croyoic  pas  avoir  fuffifammenc ,  s'il  n'avoir  non-feulemchcT 
Paul  IlL  de  quoi  fe  nourrir ,  mais  aufli  fa  famille  &  fes  parens ,  crois  fervireurs  Se 
■■  un  cheval.  Si  c'écoit  un  homme  noble  ou  un  homme  de  Lercres ,  il  lui  fal- 

loir fans  comparaifon  beaucoup  davanrage.  Pour  un  Evèque ,  on  ne  fauroit 
croire  jufqu'où  on  étendoir  ce  qu'il  lui  falloir  pour  la  décence*  £r  à  l'égard 
des  Cardinaux ,  il  ne  faut  que  lavoir  la  maxime  Romaine ,  qu'ils  font  égaux 
aux  Rois ,  pour  ji^er  qu'ils  ne  peuvent  jamais  trop  avoir  *)  ce  qui  a  fait 
conclure  aufli ,  que  leur  revenu  ne  peut  jamais  être  rrop  grand ,  à  moins 
qu'il  ne  furpafle  celui  des  Rois.  Cette  coutume  s'érant  (i  oien  affermie  » 
que  ni  le  monde  ni  l'équité  ne  pou  voient  plus  la  détruire,  ks  Papes  fe  ré- 
ferverenr  à  eux  ieuls  le  pouvoit  de  donner  des  Difpenfes  pour  tenir  enfem- 
ble  des.  Bénéfices  incompatibles  ^  &  en  tenir  plus  de  deux  compatibles  en- 
femble.  Et  pour  trouver  moyen  de  colorer  cette  pratique  de  quelque  appa- 
«Pr-Paplorence,  ^  on  eut  ^^  recours  aux  Commendes>  dont  l'inilitution  avoit  été 
Tr.  des  Be-  faite  dans  de  très-bonnes  vues ,  mais  qui  depuis  ne  fer  virent  plus  qu'à  cou* 
ncÊN**  5;.  yjj,.  l»abus  de  la  pluraliré.  En  effet,  quand  autrefois  à  caule  de  quelque 
guerre ,  ou  d'une  pefte,  ou  d'autres  pareils  accidcns  ,  on  ne  pouvoir  adez- 
tot  faire  unréleâiion,  ou  pourvoir  a  une  Eglife  vacante ,  le  Supérieur  en 
recommandoit  l'adminiftration  à  quelque  perfonne  de  vertu  ôc  de  mérite  , 
qui  outre  le  foin  de  fa  propre  Eglife  ,  gouvernoir  encore  celle  qui  étoit  va- 
c^te ,  jufqu'à  ce  que  le  Supérieur  y  eût  pourvu  par  le  choix  d'un  Pafteur 
propre  Ôc  Titulaire  v  &  le  Conunendataire  n'étoit  que  le  Gouverneur  &  le 
Dépofîtaire  >  ôc  non  le  Propriétaire  des  revenus.  Mais  dans  la  fuite  les 
Commendataires  fous  divers  prétextes  de  néceflité  ôc  de  bienféance  k  fer^ 
virent  des  fruirs ,  ôc  pour  en  jouir  plus  longcems  ils  mettoient  obilacle 
autant  qu'ils  pouvoient  à  la  nomination  d'un  Titulaire  ;  de  forte  même  que 
pour  remédier  à  ce  defbrdre ,  il  fut  ordonné  que  la  Commende  ne  ponrroit 
durer  plus  de  fîx  mois.  Mais  les  Papes  de  l'autorité  de  leur  pleine  puiâance 
prolongèrent  les  Commendes  beaucoup  au-delà  de  ce  terme,  &  pour  route 
b  vie  même  du  Commendataire  ,  avec  la  liberié  de  fe  fervir  des  r£uits,non- 
feulement  pour  les  dépenfes  néceffaires ,  mais  audî  pour  lui-  même*  Cette 
invention  ,  qui  d'abord  avoit  été  très-bonne,  étant  ainii  dégénérée,  fervit 

9f«    On  tut  ncours  aux  Cvmmendes  ,  guerres  &  les  invafions  ils  poomiflênt  à  la 

Jont  l'inftitutum.  avo'u  été  faiu  dans  de  très,*  défenfedes  Eglifes.  Mais  ce  qai  n  avoir  d*a<» 

tonnes  vues.  ]  Les  Commendes  y  comme  la  Ifoid  été  introduit  que  poar  le  bien  des  E- 

pluralitédes  Bénéfices ,  n  avoient  ea  d'abori  glifes ,  Ce  fit  enfiiiy  pour  Tavantage  tem- 

poar  objet  que  le  foin  de  l*Eglire  donnée  en  porel  des  Eccléiiaftiqaes  ,  âc  on  érigea  en 

Commende ,  &  n  avoient  ésé  établies,  qu'a-  véritables  Titres  de  fimples  Commiffions  à 

fin  que  pendantla  vacance  le  foin  des  âmes  cems ,  qui  n*avoient  été  données  que  pour 

j^efôt  pas  négligé.  Çavoit  été  au(G  pour  e  m-  (obfifler  peodant  la  vacance.  PaLr-làron  in- 

pèchex  la  diffipation  des  biens  ,  loiique  la  tioduifit  la  pluralité  en  la  palliant  fous  le 

eonfufion  Se  le.  trouble  regnoient  par  tout  ;  nom  de  Gooimende  ,  &  en  changeant  de 

ai  c'eft  ce  qui  fit ,  qu*outre  les  CommeAda-  noms  on  apprit  à  éluder-  les  Loiz  C^ls  rieft 

?aires  Eccléfiaftiques  on  eiv  nomma  quel-  changer  aux  ckofes. 
quefois  de  Laïques  ,  afin  que  peadani  le» 


DE    TRENTE,  Livre    IL  451 

dans  la  fuite  des  temsà  couvrir  la  pluralité,  puifque  le  Titulaire  d'un  Bc-  u^xiwit: 
ncfice  pouvoir  en  avoir  un  autre  ou  pluûeurs  en  Commende  j  &  on  trouva  ^"^^^  ^^ 
moyen  par-là  d  obfcrver  les  paroles  de  la  Loi ,  qui  défend  de  donner  plus  *"— ~^ 
d  un  Bénéfice  à  une  perfonne  ;  &  en  mcme-tems  d'en  éluder  le  fens,  puif- 
que r(!ellement  &  de  fait  le  Commendataire  n  eft  point  diftingué  du  Titu- 
laire. L'abus  de  la  multiplicité  des  Commendes  fur  la  tète  d'une  même 
petfonne  étoit  monté  i  un  excès  Ci  énorme ,  que  depuis  la  naiflance  même 
des  troubles  excités  par  Luther  ,  6c  pendant  que  tout  le  monde  demandoic 
la  Réforme ,  ^^  Clément  Fil  en  mdxxxiv  n'eut  pas  honte  de  donner  en 
Commende  au  Cardinal  Hippolytt  de  Mididsy  fon  coufin ,  cous  les  Béné- 
fices vacans  par  toute  la  Chrétienté ,  Séculiers  &  Réguliers  y  fimples  &  i 
charge  d'amcs ,  &  les  Dignités  &  Perfonats ,  pour  le  terme  de  fix  mois ,  i 
compter  du  jour  qu'il  en  auroit  pris  po^feifion ,  avec  pouvoir  de  difpofer  ic 
de  convertir  à  fon  ufage  tous  leurs  fruits  :  excès  exorbitant  &  porté  au 
dernier  comble  ,  &  que  Rome  n'a  voit  jamais  ofé  tenter  au  point  de  donner 
à  une  même  perfonne  un  fi  grand  nombre  de  Commendes  à  la  fois. 

Pour  pallier  le  même  abus  de  la  pluralité  >  on  employa  encore  un  autre 
moyen ,  qui  avoir  au(fi  été  inventé  pour  une  bonne  nn  ,  &  qui  étoit  l'union 


3, 


charge  au  Bénéfice  le  plus  voifin  >  dont  on  ne  faifbit  plus 
u'un  feul  Bénéfice.  Mais  l'adrefie  des  Courrifans  trouva  enfuite  moyen 
e  faire  faire  ces  fortes  d'unions  même  indépendamment  de  ces  motifs  » 
&  de  couvrir  ainfi  la  pluralité  par  la  collation  d'un  Bénéfice  groffi  de  ces 
unions  *,  enforte  qu'on  vit  quelquefois  trente  ou  quarante  Bénéfices  fimés 
en  divers  lieux  de  la  Chrétienté ,  unis  ainfi  en  faveur  de  quelque  Cardinal 


9^.    Clément  VII  en   tS34  rCeut  pas  aaoiqa*ilne  foît  pas  à  préfomer  qu'ils  ea& 

honte  de  donner  en  Comnundt  au  Cardinal  tenc  omis  un  &ic  (l  eznaoxdinaire,  s'il  y  eftt 

Hippolyte  de  Médiois  ,  fon  coufin ,  tous  Us  eo  le  moindre  fondement.  Peut-êcre  que  ce 

Bénéfices  vacans  '^^^  pour  U  terme  de  fix  qui  a  donné  lieu  à  ce  lappon  ,  eft  que» 

mois ,  &c.  ]  Le  Cardinal  Pallavicin  L.  9.  comme  on  le  voit  dans  Ciaconius  T.  }. 

c.  9*  dit  qu*il  ne  croie  pas  que  ce  hit  foit  p.  f  oj.  le  Cardinal  de  Médicis^  qui  par  (à 

vrai  ,  parce  que  Fra-Paolo  n'en  rapporte  conduite  s'étoit  rendu  indigne  de  Tes  -Dignî- 

aucunepreuve.Mais  comme  notre  Hifbrien  tés  ,  fut  réhabilité  le  50  de  Juillet  i)  )4  t 

n'a  pas  coutume  de  citer  Tes  garants  pour  la  qui  eft  l'année  où  l'on  marque  cette  ton- 

Juftifîcation  des  &its  qu'il  rapporte  ,  cette  cefllon  de  tous  les  Bénéfices  de  la  Chrétieiv» 

omifTton  ne  peut  pas  être  apportée  en  pren-  té  >  qu'il  fut ,  dis-je  ,  réhabilité  à  tous  fts 

Te  contre  la  vérité  de  ce  fait.  Ce  qui  me  le  Bénéfices,  à  Tes  Evêchés,  &  a  la  Dignité 

Tendroit  plus  fufpeél ,  c'eft  que  la  chofe  eft  de  Cardinal  :  Ne  de  creationïsviribus  duhi" 

monfbrueufe  en  elle-même  ,  &  qu'on  n'en  tariunquam  contîngeret ,  ad  Bénéficia ,  Êé- 

trouve  aucune  mention  dans  tous  les  Hifto-  clefias  ,  &  Cardinalatus  Hgnitatem  reftU 

riens  du  tems,  c'eft-à-dire,  ni  dans  PaUl  tutus  efidie  jo  JuUiannotS34-  Ces  dfetir 

Jove  qui  a  écrit  l'Hiftoire  de  ce  Cardinal ,  feiis  (ont  très-difRrens  :  mais  il  ne  ferolt 

ni  dans  Guiceiardin  ,  ni  dans  Alberti ,  ni  pas  incroyable  que  l'un  eût  pu  fervir  de  fort^ 

dans  Ammirato  ,  ni  dans  tous  les  autres*,  dément  à  débiter  l'aUtfe. 

LU  a 


4J1       HISTOIREDU    CONCILE 

UDXLTix.  OU  de  quelque  autre  perfonne  puitTante.  Mais  comme  il  en  naifibic  un  iii> 
Paul  III.  convénienc  >  qui  croit  que  le  nombre  des  Bénéfices  diminuoir  confidéra- 
■—■■■■■"  blement ,  au  grand  préjudice  de  la  Cour  Se  de  la  Chancellerie  Romaine , 
&  qu  une  grâce  faite  à  une  feule  perfonne  pafToic  enfuice  à  fes  fuccedèurs, 
fans  qu'ils  TeufTenr  ni  méritée  ni  demandée  '»  on  y  remédia  par  l'inven- 
tion du  monde  la  plus  ingénieufe  &  la  plus  fubtile ,  qui  écoic  d  unir  autant 
de  Bénéfices  qu'il  plairoit  au  Pape  en  un  feul ,  uniquement  pour  la  vie 
de  celui  à  qui  on  les  conféroit ,  &  par  la  mort  duquel  l'union  devoir  ceflèr 
ipJofaSo ,  &  tous  les  Bénéfices  rentrer  dans  leur  premier  état*  C'cft  ainû 
qu'on  ouvrit  la  porte  â  une  infinité  de  fupercheries ,  &  qu'en  recevant  un 
feul  Bénéfice  en  apparence  »  on  en  tiroir  véritablement  plufieurs  après  ^en- 
forte  que  celui  qui  les  avoir  auroit  pu  »  s'il  s'en  fut  confefTé ,  imiter  celui 
qui  s'accufoit  d'avoir  volé  la  bride  d'un  cheval ,  mais  fans  dire  que  le  che* 
val  étoit  avec  la  bride. 
"Rinàdis  '"  Pour  remédier  à  l'abus  de  la  pluralité ,  il  eût  été  néceflaire  d'ôter 
frofofiscm-  les  trois  prétextes  dont  on  fe  fervoir  pour  le  couvrir.  ^  Les  plus  fages  Pré- 
trecct  shus.  ^^j^  j^  yoyoient  bien.  C'cft  pourquoi ,  ^ès  la  première  propofition  qui  en 
144.  N^^  "^^  ^^^  '  ^^^^  unanimement  turent  davis  quon  détendit  a  aucune  per- 
fonne ,  de  quelque  condition  qu'elle  fut ,  de  polleder  plus  de  trois  Bené* 
fices  enfemble.  Quelques-uns  vouloicnt  même  qu'on  ajoutât  cette  dauiê  » 
tn  cas  que  deux  ne  montajfent  pas  à  lajomme  de  quatre  cens  ducats  d'or  dt 
revenu;  &  que  toutes  fortes  de  perfonnes,  de  quelque  qualité  ou  de  quel- 
que rang  qu'elles  putlènt  être ,  tudènt  fujettes  a  la  régie  de  n'avoir  qu'un 
feul  Bénénce  quand  il  feroit  de  ce  revenu ,  ou  deux  quand  un  ne  monte- 
roit  pas  à  cette  fomme  ;  mais  jamais  plus  de  trois ,  foit  qu'ils  fudcnt  de  ce 
revenu ,  ou  non.  Il  y  eut  fur  cela  beaucoup  de  difputcs  >  mais  de  bien  plus 
grandes  encore  »  après  que  Louis  Lipoman  Evcque  de  Véroru  eut  propofé 
d'étendre  ce  Décret  à  ceux  qui  en  pofTédoient  alors  un  plus  grand  nombre  > 
&  de  les  obliger  »  de  quelque  degré  &  de  quelque  éminence  qu'ils  fu^ 
iènr  y  de  renoncer  au  furplus  dans  fix  mois  s'ils  étoient  en  Italie  >  ou  dans 
neuf  s'ils  étoient  ailleurs  \  faute  de  quoi»  fans  qu'il  fut  befoin  d'une  autre 
déclaration,  ils  feroient  privés  de  ces  Bénéfices  furnuméraires ,  &  cela, 
foit  qu'on  les  podedat  â  titre  dUnion ,  ou  de  Commende ,  ou  foos  quel:- 

97.  Pour  remédiera  F  abus  de  laplura^  ment  maintenir  on  tel  abus,  jugea  à  pro* 

Uté  ,  il  eût  été  nicejfaire  d*6ter  les  trois  pré'  pos  d'y  apponer  quelque  remède  ,  en  défen» 

uxtes  dont  on  fe  fervo'u  pour  le  couvrir.  ]  dant  la  pluralité  des  Evècbés,  des  Cures ,  & 

Dans  le  Confeil  des  Cardinaux  préfenté  à  des  Bénéfices  qui  demandent  Réfidence  >  Se 

Paul  III ,  on  avoit  demandé  la  réforma-  en  renvofanc  aux  Ordinaires  la  connoif- 

tîon  de  cet  abus,  au(n>  bien  que  de  celui  des  iànce  des  Unions  &ices  depuis  quarante 

Comnœndes  et  des  Unions  à  vie.  Tout  le  ans.  Mais  en  laiflànt  fnbfifter  les  Commen- 

inonde  en  fentoit  la  néce/Gtc,  mais  la  plu-  des  &  les  Difpenfes  on  n'a  remédié  qu'à  une 

part  des  Courtifans  s'oppofbient  à  1  eiécu-  panie  des  abus  ,  &  ceux  qui  (ont  redcs  n'ont 

f  ion ,  &  la  Cour  de  Rome  ne  s'j  portoit  pas  &it  que  Ce  fonifier  davanuge  pax  la  tolér 

arec  zélé.  Le  Concile  ne  pouvant  décem-  lance  de  k  Loi. 


DE    TRENTE,  Livre   IL  453 

,^e  autre  titre  que  ce  fut.  UEvèque  de  Feltri  quoique  de  même  avis  y  mbxitït. 
«pporta  un  tempérament ,  qui  étoit  en  diftinguant  les  Difpenfès  »  les  ^^^^  I^^* 
dommendcs ,  &  les  Unions  faites  pour  l'utilité  des  Eglifes ,  d  avec  celles  ' 

qui  écoient  faites  pour  l'avantage  des  Poilèfleurs  \  de  maintenir  les  premiè- 
res ,  quelque  grand  que  fût  le  nombre  des  Bénéfices  unis  enfemble  »  &  de 
réformer  les  fécondes.  L*Evèque  de  Lanciano  rejetta  cette  diftinâion ,  en 
difant  que  (i  on  vouloir  faire  une  Loi  qui  fût  durable ,  il  ne  falloir  point 

Î  faire  d'exceptions  \  parce  que  la  corruption  des  hommes  eft  ingénieufe 
trouver  de  taux  prétextes  pour  fe  mettre  dans  le  cas  de  l'exception ,  Se 
par-là  fe  délivrer  de  la  régie,  L'Evêque  àiAlbcnga  s'étendit  fort  au  long 
pour  montrer  :  Que  les  bonnes  Loix  ne  fe  font  uniquement  que  pour  pré- 
venir les  abus  à  venir ,  &  non  pour  remédier  au  pade  :  Qu'en  fortaat  de  ces 
bornes  raifonnables ,  &  voulant  réformer  le  paUe ,  on  excicoit  toujours  du 
tumulte^  &  qu'au  lieu  de  corriger  les  vices»  on  les  augmentoit  :  Qu'il 
.  écoit  bien  dimcile  de  dépouiller  les  gens  de  ce  qu'ils  avoient  poiledé  long- 
tems ,  &  qu'on  fe  flatcoit  en  vain  de  leur  perfuader  de  fe  contenter  de  ce 
<}ui  leur  reileroit  :  Que  (1  on  propofoit  un  tel  Décret,  il  prévoyoit  qu'il  ne 
feroit  pas  feçu  *,  ou  que  s'il  l'etoit  »  il  donneroit  lieu  à  quantité  de  réfigna- 
cions  umulées  &  Simoniaques,  &  à  des  maux  bien  plus  grands  que  celui 
de  retenir  plufieurs  Bénéfices  :  Que  même  par  rapport  à  l'avenir  »  il  lui  pa- 
roidôic  fuperflu  de  rien  ftatuer  ;  parce  que  peribnne  ne  pouvant  polTéder 
plus  d'un  Bénéfice  que  par  la  difpenfe  du  Pape ,  il  fuffifoit  que  le  Pape  fe 
réiblût  de  n'en  point  accorder. 

Parmi  plufieurs  exclamations  tragiques  que  firent  divers  Prélats  dans 
cette  Congrégation,  Bernard  Dia^  Evêque  de  Calahorraà\t\  ^  Que  TE-  g  Pallav. 
glife  de  yUtn^e  étant  tombée  dans  tous  les  defordres  que  tout  le  monde  !••  9»  c.  lo. 
connoidbit,  auroit  eu  befoin  d'un  Apôtre  pour  Evêque»  >^  taxant  par- là 
le  Cardinal  Ridolfi ,  qui ,  outre  un  grand  nombre  d'autres  Bénéfices ,  jouif- 
ibit  encore  de  cet  Evêché^  fans  en  prendre  aucun  foin,  fans  avoir  reçu 
l'Ordre  Enifcopal ,  fans  y  avoir  même  jamais  été  ,  &  fans  en  connoitre , 
&  fans  fe  foncier  d'en  favoir  autre  choie  que  le  produit  de  fes  revenus* 

^S.  Taxant pat'lâ  le  Cardinal  Ridolfi^  bien  d'iaacres.  C'eft  pooiqooi  le  Cardinftlir/ 

imi ,  outre  un  grand  nombre  des  Bénéfices ,  Monu  repiéfenca  quon  dévoie  fe  conten- 

jo'ûîjfo'a  encore  de  cet  Eveché  fans  en  pren-  ter  de  reprendre  les  abus  en  gén6:al ,  (ans 

dre  aucun  foin*  ]  Ce  Cardinal  parent  àta  nommer  les  perfonnes  en  particulier.  Mais 

Médicisy  mais  jaloux  de  leur  fbnùne ,  étoit  il  ne  laiflà  pas  en  m^me-cems  d'écrire  au 

on  homme  d'une  grande  ambition.  Chargé  Pape,  qu'il  devoit  avertir  le  Cardinal  Ri- 

des  Bénéfices  il  n*en  cherchoit  que  le  rêve-  dolfi  de  remédier  à  ce  fcandale.  Je  ne  fai  fi 

nu ,  &  en  négligeoit  le  miniftère.  L  excès  ce  Cardinal  le  fit ,  mais  il  ne  (arvécut  pas 

étoit  fi  vifible ,  que  non-feulement  l'Evêque  long-tems  i  ces  reproches ,  étant  mort  dans 

de  CaUhorra  ,   mais  auparavant  encore  le  Conclave  oà  Jules  III  fut  élu ,  &  od  il 

celui  de  FUfoli  »  n'avgient  pu  s'empêcher  avoit  lui-même  une  aiTez  Ibrte  faâion  poux 

de  le  ceniurer  hautement  dans  le  Concile,  le  poner  â  la  Papauté.  Adr.  L.  7.  p.  491. 

Cela  ne  plut  pas  aux  Légats ,  qui  appréhen-  &  49 1. 
doient  qu'on  n'abulac  de  cette  liberté  contre 


4T4      HISTOIRE    DU    CONCILE 

.MDZLYii.  Sur  quoi  chacun  trouva  à  mordre  ,  Se  à  faire  valoir  l'inconvénient  qa*il  y 
Paul  III.  ^^^j^  ^^ç  j^^  Eglifes  confidérables  ne  vident  jamais  leur  Evcquc,  occupe 
"  .  ou  dans  quelque  autre  Evcché ,  ou  â  des  dignités  plus  lucratives.  Plufîeurs 

éle  renvZ^^^^^^^  ^"^  ^^  P^P^  ^®^  pouvoit  remédier  â  ces  maux-,  &  quelques-uns 
sette  ii/iwr*  commençoient  à  gourer  l'avis  de  TEvêque  A'Albcnga ,  qui  croit  de  rcn- 
MH  PMfi.     voyer  cette  Réforme  au  Pape.  Cet  avis  plaifoit  beaucoup  aux  Légats  »  tanc 
à  caufe  que  c'étoit  un  relief  pour  la  digniré  du  Pape ,  que  parce  qu'ils  (e 
trouveroifcnt  délivrés  par-lâ  d*un  travail  qu'ils  pcévoyoient  devoir  être  dif&- 
cile  à  digérer ,  à  canie  de  la  diveriité  des  opinions  &  des  intérêts  \  &  qu'ils 
efpéroient  que  fi  on  laiflbit  au  Pape  à  faire  cette  Réforme ,  on  jpourroîc 
facilement  après  lui  remettre  aum  laftaire  de  la  Réfidence ,  encore  plus 
difficile  à  manier ,  parce  qu'elle  étoit  plus  populaire ,  &  qu  elle  tireroit  i 
fa  fuite  le  recouvrement  de  l'autorité  &  de  la  jurifdiâion  Epifcopale.  Les 
Légats  remplis  donc  de  l'efpérance  qu'on  pourroit  obtenir  du  Concile  ce 
renvoi  au  Pape  y  fur-tout  fi  on  te  propofoit  comme  une  chofe  déjà  faite  6c 
non  à  faire ,  en  donnèrent  avis  à  Paul ,  à  qui  cette  nouvelle  fut  fort  aigréa^ 
ble ,  parce  que  toute  fa  Cour  &  lui-même  étoient  a(Iez  inquiets  de  favoir 
à  quoi  fe  termineroient  toutes  les  tentatives  &  les  de(feins  deS  Evêques. 
Ci  ?ontife  Et  pout  ne  point  tarder  à  battre  le  fer  pendant  qu'il  étoit  chaud ,  allant 
veut  Tn/o-pius  loin  que  ne  lui  avoient  marqué  les  Légats,  «  ^^  il  fît  expédier  une 
quer  à  fit  g^^^ç  p^^^  laquelle  il  évoquoit  à  foi  toute  l'affaire  de  la  Réformarion.  Mais 
Bulle,        pendant  qu'à  Trente  on  attendoit  la  réponfe  de  Rome ,  on  ne  laiffa  pas  d'y 
ê  Pallav.  L.  continuer  à  traiter  la  même  matière  ^  &  l'on  y  dreffa  une  Minute  de  Dé<- 
^.  c  10.     cret,  qui  portoit  :  Que  perfonne  n'c  pourroit  tenir  plus  d'un  Evcché  ,  & 
que  ceux  qui  en  avoient  un  plus  grand  nombre  n'en  tiendroient  qu'un  feul  { 
Qu'à  Tavenir  ceux  qui  obtienidroient  plus  d'un  Bénéfice  inférieur  incompa- 
tible ,  en  feroient  privés  fans  aucune  autre  déclaration  *,  &  que  ceux  qui  en 
pofTédoient  déjà  »  montreroient  leur  Difpenfe  à  l'Ordinaire  >  qui  procéder 
roit  félon  la  Décrétale  à' Innocent  IV ^  OrdinariL  Quand  on  vint  a  opiner 
/Flcury,  L.  ^^^  ces  deux  points ,  plufieurs  infiftèrent  à  ce  qu'on  ajoutât  ^  qu*à  l'avc^ 
144.  N^  7.  nir  on  n'accorderoit  auCuiles  Difpenfes.    Mais  peu  de  gens  aproavereht 


99.  ^i'fit  expédier  une  Bulle, pdrtaqtieiU 
il  évoquait  a  foi  toute  l'affaift  de  la  Rifor^ 
mation.  ]  Nonre  Hiflotîen  s'cft  trompé  ici, 
en  prenant  ane  BûlIe  pour  une  aatre.  Il  n'y 
en  eut  point  pour  évoquer  toute  la  'Réfor* 
mation  à  Rome.  Le  Pape  aroit  fîmplement 
ordonné  aaz  LépLts  par.  an  Bref  dû  2  8  de 
Mars  I  j"4^ ,  cit&pzT^RuynàtdUs  N**  3  8.  de 
ne  rien  laiffier  (laraer  fnr  h,  Réferfhation  , 
qu'après  le  loi  àVoir  côhimaniqaé.  Le  Car- 
dinal Pallavicin  fait  fhencion  d'un  autre 
Brefda  ij  de  Février  ir47  ,  qui  àutorifoîe 
le  Concile  à  réformer  ce  qui  regardoit  les 
Unions  de  Bénéfices ,  en  lérexvanc  pourtant 


ao  Pape  feul  le  pouvoir  dé  régler  ce  qui  re* 
gardoir  fes  Minifbês  félon  qae  rezigeroient 
les  conjonékires ,  fans'qae  les  Pères  fe  don* 
nalfént  l'autorité  de  loi  lier  les  tfnains  s  U 
c  eft  peat-ètre  ce  Bref  qui  a  ddnné  occafioA 
à  la  méprifè  de  Fra-P'uolo.  Mais  les  Légats 
n'o(?rent  communiquer  ^e  Bfef  ^au  Concile^ 
depeurqtie  quelques  uns  he  le  regarcfedëilt 
comme  une  injure  feite  àl'autctfîic  Aeàettt 
Aflemblée,  dont  PaUl  fembteit  mécotinot- 
èrela  jurifdiéHon  en  lui  déléguant  la 'fiefirie, 
comme  l'avoue  Pallâvicîh  loi  •  tndne  ^ 
L.  9.C.X0. 


DE    TRENTE,  LiTRH   IL  4yj 

qu'on  renvoyât  aux  Ordinaires  les  Difpenfes  déjà  accordées ,  &  qu'on  pro-  Monvuk; 
cédât  félon  le  Décret  à'Irmoctru  If^;  vu  que  de  le  faire ,  ce  feroit  les  ap-  ^^^^  ^^ 

Eouver  toutes  &  rendre  le  mal  plus  grand.  Car  ce  Pape  ordonnant  que 
\  Difpenfes  fuflent  admifes  n  on  les  trouvoit  bonnes ,  ou  que  (1  ello$ 
étoient  douteufes  on  eût  recours  à  Rome ,  il  écoit  indubitable  qu'en  cas  de 
doute  on  décideroit  toujours  en  faveur  de  la  conceffion  :  Qu'au  contraire  , 
tant  qu'on  laiflferoit  les  chofes  en  fufpens ,  les  perfonnes  qui  avoient  ob* 
tenu  ces  Difpenfes  ayant  toujours  lieu  de  craindre  qu'elles  nç  fudent  point 
légitimes ,  nepourroient  s'en  autorifec  ;  au  lieu  que  li  une  fois  elles  étoient 
txaminées  &  approuvées ,  comme  elles  le  feroient  toutes  fans  doute ,  labus 
fèroitplus  fortifié  que  jamais.  ^^^  Sur  cela  pluiieurs  étoient  d'avis  qu'on 
abolît  tout  à  fait  les  Difpenfes  \  mais  d'autres  s'y  oppofoient  en  difanc 
qu'elles  avoient  toujours  eu  lieu  d^ns  l'Eglife  ,  &  qu'elles  étoient  nécelTai*- 
fcs>  &  que  le  tout  écoit  d'en  bien  ufcr. 

'  Marc  Figuier  Evoque  de  Senigag/ia  ouvrit  un  avis  ^  qui  >  s'il  eut  été 
iuivi ,  eut  procuré  aifément  la  Réformation  de  tout  l'Onlce  Eccléûaftiquei 
11  dit  donc  :  Que  le  Synode  pouvoit  remédier  à,  tous  les  defordres  »  en  dé-^ 
clarant  qu'il  falloit  néce({airement  une  caufe  légitime  pour  une  Difpenfe } 
que  celui  qui  l'accorde  fans  cela  pèche ,  &  ne  peut  être  abfous  qu'en  la  ré« 
voquant  *,  Se  que  celui  qui  l'obtient  n'eft  point  en  fureté  de  confcience  par 
une  pareille  Difpenfe  >  &  eft  toujours  en  péché,  tant  qu'il  ne  renonce  point 


loo.  Sur  cela  pluficurs  étaient  d'avis 
qu'on  abolit  tout^-fait  les  Difpenfes,  &c.  ] 
Comme  les  Loix  homaioes  pratiquées  dans 
toute  la  ligueur  ont  toujours  quelque  cho(ë 
de  trop  dur  félon  la  maxime  des  Canon  ides, 
parce  qu'elles  ne  peuvent  prévoir  tous  les 
cas ,  c*eft  ce  qui  a  toujours  donné  lieu  aux 
DifpenTes.  Mais  d^un  autre  càcé ,  comme 
les  Difpenfes  dégénèrent  pre(que  toujours 
en  abus ,  ce  feroit  une  qneftion  rai&nnable 
à  agiter,  dequeicÀcéil  y  a  plus  d'inconvé- 
nient,  ou  à  abroger  toutes  les  Difpenfes, 
cm  à  les  perniiettre  dans  les  cas  raifbnnables. 
En  po(ant  ainti  Tétat  de  la  queAion ,  elle  ne 
paroit  pas  difBcile  à  décidez ,  puifque  les 
cns  de  néce(Gcé  étant  raies  ,  il  femble  que 
l'abrogation  toule  des  Difpenfes  feroit 
moins  préjudiciable  a  l'Eglife  que  Içur  mul- 
tiplication >  Se  qu* il  feroit  bien  plus  avan- 
tageux que  quelque  particulier-  fouffirît  de  la 
ligueur  des  Loix ,  pour  empêcher  que  lor** 
dre  de  la  Difcipline  ne  fôt  détruit  par  l'abus 
des  Difpenfes  >  d'autant  plus  que  l'inobfer- 
vation  d'une  Loi  même  fans  Difpenfe  ne 
peut  rendre  perfdnne  criminel ,  lorfque 


cette  inobfèrvation  eft  fondée  fiirane  jufte 
néceffité. 

I  •  Marc  Figuier  Evêque  de  Senigaglia 
ouvrit  un  avis  ,  Sec]  Rien  de  plus  raifon- 
nable  que  ce  que  prérendoic  ici  ce  Prélat , 
^'il  &ut  une  caufe  légitime  pour  une  Dif- 
penfe ,  âc  que  celui  qui  l'accorde  comoie 
celui  qui  l'obtient  pèchent  >  fi  le  motif  qui 
la  £iic  obceoii  n'eft  pas  jufte,  C'eft  renverfer 
toutes  les  régies  de  la  Monde,  que  de  &ire 
dépendre  la  validité  d  une  Difpenfe  de  lafbi- 
bleffe  oa  du  caprice  d'un  Supérieur.  Toute 
Loi  fondée  en  raifon&bfifte,  tant  que  fub- 
fifte  la  raifon  qui  l'a  &it  établir  s  &  on  n'en 
eiipas  nooins  prévaricateur,  lorfque  leSo- 
périear  conaive  à  la  tranfgreffion  d'une  Loi 
jufte,  qtie  lorfifi^'il  s'y  oppol'e.  Cette  oonnir 
vence  peut  bien,  exenater  de  la  peine  devant 
le  Tribunal  des  homoies,  mais  elle  ne  fàu- 
Toit  juftifier  la  confcience  devant  Dieu  , 
lorfque  d'ailleurs  la  Loi  de  la  Difcipline  eft 
fondée  fur  un  devoir  naturel  ou  mora] ,  3c 
qu'elle  ne  regarde  pas  des  chofes  puxeineiKt 
indifSbe&tes. 


456      HISTOIRE    DU    CONCILE 

HDitlyiT.  aux  Bénéfices  qu'il  a  obtenus  de  cette  manière.  Mais  cet  avis  fut  combatta 
Paul  111.  par  d'autres  qui  foutinrent  :  Qu'à  la  vérité ,  celui  qui  donne  une  Difpenfe 
■  '  làns  caufe  légitime  pour  tenir  plufieurs  Bénéfices,  pèche-,  mais  que  laDif- 
penfe  ne  laiue  pas  d'être  valide  *,  Se  que  celui  qui  l'obtient  eft  en  fureté  de 
confcience»  quoiqu'il  fâche  qu'il  Ta  obtenue  (ans  caufe  légitime.  Ea  cons- 
tellation fur  ce  pomc  dura  plufieurs  jours  ,  ceux-ci  difant  que  c*étoit  ôter 
coûte  l'autorité  au  Pape  \  &  les  autres ,  que  l'autorité  du  Pape  n'alloit  pas 
jufqu'à  faire  que  ce  qui  étoit  mal  ne  fut  pas  mal. 

^  De  cette  queftion  on  pafla  à  une  autre ,  oui  étoit  de  favoir  ù  la  plu* 
ralité  des  Bénéfices  étoit  défendue  de  Droit  divin ,  ou  de  Droit  humain* 
Ceux  quiitenoient  pour  la  Réfidence  de  Droit  divin  ,  foutenoient  auffi  que 
la  défenfe  de  la  pluralité  étoit  de  même  nature.  Mais  les  autres  préten* 
doient  qu'elle  n'étoit  que  de  Droit  Eccléfiaftique  ;  &  les  Légats  eurent 
bien  de  la  peine  à  adbupir  cette  conteftation  »  qu'ils  regardoicnt  comme 
crès-dangereufe ,  tant  parce  qu'elle  réveilloit  la  difpute  de  la  Réfidence  ^ 
que  parce  qu'elle  toucnoit  à  l'autorité  du  Pape  fans  le  nommer ,  6c  ptïom 
cipalement  fur-tout  parce  que  cette  diicuflSon  trop  délicate  de  la  valeur 
des  Difpenfes  les  mettoit  toutes  en  compromis.  Au  milieu  de  cette  con* 
fufion  ,  Diego  d^Alva  Evêque  èiAtlorga ,  propofa  que  puifqu'on  ne  pou- 
voit  pas  s'accorder  fur  les  Difpenfes  >  on  devoir  au  moins  défendre  les 
Commendes  ôc  les  Unions  à  vie^qui  n'étoienc  que  des  prétextes  pour  pallies 
l'abus  de  la  pluralité.  Il  parla  fortement  contte  les  unes  &  les  autres ,  & 
dit  qu'elles  étoient  tout-à-fait  contre  la  raifon ,  puifqu'il  étoit  clair  que 
ce  n'étoit  point  à  l'utiliré  de  l'Eglife  qu'on  les  faifoit  ièrvir,  mais  unique<f 
ment  à  celle  des  particuliers  *>  que  n'étant  employées  que  pour  fatisfaire 

l'avarice 


1.  De  cette  ptefiion  onpaffa  â  une  au- 
tre  j  qui  itoit  ie  favoir  fi  U  pluralité  des 
Bén^ces  étoit  défendue  de  Droit  divin  ,  ou 
de  Droit  humain.  ]  Je  ne  m'étonne  pas , 
que  les  Légats  fiflenttoat  ce  qu'ils  poavoient 
jour  aflbopir  une  telle  conteftation  ,  qui 
pouvoit  avoir  de  fi  dangereufes  coniïquen- 
ces  pour  l'autorité  du  Pape.  Chaque  pani 
d'ailleurs  avoit  des  raifons  adez  fpécieuû<s 
pour  Tappui  de  (on  opinion.  U  me  (emble 
cependant ,  que  ceux  qui  étoient  pour  le 
Droit  divin  confnltoient  plus  leur  zélé  que 
la  nature  des  chofes.  Car  quoiqu'il  foit  très- 
véritable  que  la  Réfidence  eft  de  Droit  di- 
vin ,  &  qu'il  (bit  impofEble  de  réfider  dans 
plufieurs  Bénéfices  en  mème-temss  il  n'eft 
pas  moins  certain  d'une  autre  part,  que  les 
Titres  des  Bénéfices ,  &  l'étendue  de  leur 
diftrid ,  étant  d'un  établiflèment  purement 
humain ,  l'Eglife  a  pu  permettre  en  cçxtains 


avance 

cas ,  qu*une  même  petibnne  pHc  le  foin 
d'un  diftrid  plus  ou  nooins  énenda  ,  toit 
qu'il  {3t  réuni  (bus  un  (èul  Titre ,  ou  qu'il 
ffit  partagé  en  plufieun  i  n'y  ayant  gnéres 
plus  d'inconvénient ,  qu'une  perfbnne  pré^ 
ûâe  a  plufieun  Paroi(Iès  d'une  moindre  éten* 
due ,  qu'à  une  feule ,  qui  quelq^efisis  fiifr 
roit  a  plufieun  Titres  en  mime-tems.  Mais 
cela  fiippofe  toujonn  »  que  cette  pluralité  à 
permette  pour  le  bien  de  l*Egli& ,  Se  non 
pour  l'avantaee  du  Particuliers  parce  qu^n- 
trement  ce  ^roit  non-feulement  violer  la 
Loi  Eccléfiaftique ,  qui  interdit  cette  plura- 
lité, mais  même  la  Loi  divine  ^  qui  inteiv 
difant  aux  Miniftres  toute  antre  vue  dans 
-leur  vocation  que  celle  du  (âlut  dti  amet , 
ne  permet  la  pluralité  que  pour  le  fisrvict 
de  TEglife,  &  non  pour  tevorifior  la  copSilit^ 
ou  l'ambition  do  particulier* 


J 


Méie 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E    IL  4^7 

l'avarice  &  l^ambicion  des  hommes  ,  elles  croient  d  un  grand  fcandalc  ;  &:  mdxivu. 
.qu'il  croit  honteux  de  maintenir  un  abus  fi  pernicieux  &  fi  public.  J  Mais  P^utlII. 
les  Evcques  Italiens  qui  étoient  intcreflcs  à  Texcufer ,  ne  pouvoient  goû-  — — — • 
xer  des  propoûtions  fi  abfolues ,  &  vouloient  bien  qu'on  y  apportât  quelque 
modération ,  mais  non  pas  qu'on  abolît  tout-à-fait  ces  ufages. 

4  Au  commencement  de  Février  arriva  de  Rome  la  réponfe  du  Pape   LeConctW 
t  avec  la  Bulle  d'cvocarion ,  que  les  Légats  eux-mcmes  jugèrent  trop  ample.  i>  ôpfofe. 
Néanmoins  pour  tenter  de  s'en  fervir  ,  ils  propoferent  de  nouveau  la  ma-  i  ï^leury,  L. 
tièie ,  &  firent  dire  par  leurs  Confidcns ,  qu  attendu  les  difficultés  &  ladif-  ^^^*  ^**  *• 
ierence  des  fentimens  ,  on  feroit  mieux  de  fe  décharger  de  l'embarras  de  la 
Réformation ,  &  d'en  renvoyer  le  foin  au  Pape  Mais  les  Prélats  Impériaux, 
^  ôc  ceux  même  qui  par  le  pafle  n'avoient  point  paru  contraires  à  la  propo-  ^  PalUv.  L. 
fition  y  répondirent  vivement,  que  cet  avis  étoit  contraire  à  l'honneur  du  9.0.  10. 
.Concile*,  &  leur  oppofition  fut  fécondée  du  plus  grand  nombre  ,  qui  fit  va* 
loir  les  raifons  qu'on  avoir  déjà  rapportées ,  ce  qui  produifit  plus  de  confu- 
fion  que  jamais.  Les  Légats  voyant  donc  qu'il  leur  éroit  impoflîble  de  fe 
firvir  de  la  Bulle ,  récrivirenr  à  Rome  :  Qu'il  n'y  avqîc  nul  lieu  d'efperer 
qu'on  remît  à  S.  S.  le  foin  de  toute  la  Réformation ,  mais  qu'ils  croyoienc 
qu'on  pourroic  la  partager  :  Que  le  Pape  pouvoir  fe  charger  de  celle  qui  le 


)•  Mais  les  Italiens  ,  qui  étaient  Inté- 
rejfis  à  Vexcufer  f  ne  pouvaient  coûter  des 
propqfitions  fi  abfolues  ,  &c.  ]  Ce  n'écoient 
pas  cous  les  Italiens,  &  il  y  en  avoir  d'aufli 
zélés  pour  la  Réforme  &  le  récabliflèment  du 
bon  ordre  ,  que  les  Prélats  d'aucune  autre 
Nation  5  témoin  TEv^que  de  Fiéfoli  &  plu- 
£eurs  autres.  Mais  il  faut  avouer  que  le 
plus  grand  nombre  y  étoit  contraire ,  foie 
par  la  plus  grande  dépendance  oi^  ils  écoient 
de  la  Cour  de  Rome  ,  foit  parce  qu  étant 
plus  pauvres  ,  ils  avoient  plus  d'incér^c  à 
maintenir  les  Commendes  &  les  Unions  i 
vie.  Ce  qu  il  y  a  de  vrai ,  c'eft  que  tous  les 
Bidoriens  du  tems  marquent  unanimement, 
que  les  Légats  &  tous  les  Prélats  qui  agif* 
(oient  fous  leur  direâion  s'oppoferenc  le  plus 
qu* ils  purent  à  une  Réformation  férieufe  & 
folide  >  qu'ils  vouloienc  tout  renvoyer  au 
Pape ,  afin  qu'on  ne  réfonnâc  que  ce  qui  ne 
portoic  aucun  préjudice  à  les  intérêts  ou  à 
fes  prétentions  i  que  les  François ,  les  Alle- 
mands ,  &  les  Efpaj^nols  s'en  plaignirent 
unanimement  ;  que  fous  Pie  IFle  Cardinal 
de  Mantoue  fut  prefque  difgracié  ,  parce 

Îiu'il   paroiflbît  Cavorifer  la  Réforme  plus 
incérement  8c  plus  efficacement  qu'on  ne 
Ù  fuuhaitoit  à  Rome  >  en  un  mot  ,  que 
Tome    I. 


quoique  pour  la  fatisfadion  des  Princes  8c 
des  Peuples ,  les  Romains  confèntirent  enfin 
qu'on  travaillât  à  quelque  Réformation ,  on 
la  fît  toute  la  plus  légère  qu'il  fut  pofGble , 
comme  on  le  voit  par  la  protefbtion  que  fie 
le  Cardinal  Je  Lorraine  à  la  fin  du  Concile  > 
&  encore  en  laiflànt  au  Pape  tout  le  pouvoir 
d'endifpenfer,  ce  qui  en  a  rendu  inutiles 
les  points  les  plus  efientiels. 

4.  j4u  commencement  Je  Février  arriva 
de  Rome  la  réponfe  du  Pape  avec  la  Bulle 
d'éi'ocation  j  &c.  ]  Si  c'ed  de  la  Bulle  du 
1  ^  de  Février ,  dont  parle  ici  Fra-Paolo  , 
elle  ne  put  être  envoyée  au  commencement 
du  même  mois,  puifqu'elle  n'écoit  pas  en- 
core dredée.  D'ailleurs  nous  avons  vu  que 
ce  n*étoit  point  une  Bulle  d'évocation  ,  & 
qu'au  contraire  le  Pape  y  autorifoit  le  Con- 
cile à  réformer  labus  des  Unions  à  vie ,  & 
quelques  autres  de  mc^me  nature  ;  &  que  ce 
qui  empêcha  les  Légats  de  la  publier ,  ce  fut 
la  crainte  où  ils  furent ,  que  cela  n'occa- 
fionnât  quelque  confiiâ  de  jurifdidion  en- 
tre le  Pape  8c  le  Concile ,  &  n'excitât  des 
plaintes  de  la  part  des  Prélats ,  qui  feroient 
fâchés  de  voir  qu'on  leur  accordât  comme 
une  grâce ,  un  pouvoir  dont  ils  fe  croyoiepc 
revêtus  par  leur  caradère. 

Mm  m 


4j8  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLTii.  rcgardoîc  ^avantage  ,  comme  pourroic  être  la  modération  des  di/penfês  & 

Paul  III.  des  Privilèges ,  &  la  Réformacion  des  Cardinaux  ;  &  que  s*il  agréoir  ce 

■  I  parti ,  it  feroit  bon  qu'il  prévînt  le  Concile ,  en  publiant  une  Bulle  fous 

le  Titre  de  Rtformation  de  la  Courx  Que  perfonne  ne  pourroit  nier  que  le 

Pape  n'eut  le  droit  de  réformer  fa  propre  Cour  ,  &  les  chofesqui  le  regar- 

doient  perfonnellement  :  Qu'il  ne  feroit  pas  befoin  de  publier  cette  Bulle 

dans  te  Concile  :  Et  que  le  Svnode  pourroit  être  pleinement  fatisfait  fi  le 

Pape  lui  abandonnoit  la  Réfoimarion  de  tout  ce  qui  ne  touchoit  point  la 

i  Pallav.  L.  Cour  de  Rome.  ^  Les  Légats  donnoient  en  même  rems  avis  au  Pape ,  qu'ils 

5.  CIO.      croyoient  que  le  Concile  ne  fe  contenteroit  pas  qu'on  fît  desRégiemens 

pour  l'avenir ,  mais  qu'il  demanderoit  encore  qu'on  révoquât  aâuellement 

tes  concédions  fcandaleufes  qui  avoient  été  faites. 

Au  fortir  de  cette  Congrégation ,  les  Evêques  Efpagnols  fuivis  de  quel- 
ATkary,!.  ques  autres  y  avec  le  Cardinal  Pachéco  à  leur  tête  ,  ^  s'étant  aflemblés  aa 
144.  N^^.  nombre  de  vingt  >  pour  s'entretenir  enfemble ,  dirent  :  Que  de  la  manière 
qu'on  s'y  prenoit  dans  les  Congrégations  ,  on  n'en  viendroit  jamais  à  au- 
cune bonne  réfolutiBb ,  parce  que  ce  que  Ton  y  difoit  de  bon  étoit  ou  diffi- 
SDolé  par  les  Préfidens  3  ou  obfcurci  par  les  difputes  :  Qu'il  falloir  donè 
changer  de  méthode  ,  &  donner  par  écrit  fes  aemandes ,  &  que  c*étoit 
le  feul  moyen  d'en  venir  i  quelque  conclufioc.  >  En  conféquence  ik  dcef^ 
ferent  un  Cahiet  de  Demandes  mr  les  Articles  au'on  avoir  propofés  »  &  le 
préfenterent  par  écrie  aux  Légats  dans  la  Congr^ation  du  3  de  Février.  Ce 
Cahier  coneesoit  les  onze  Articles  fuivans. 
Onti  Af-     LXXXIX.  1.  Qu'on  exigeât  pout  les  Evêques  6c  les  Curés  tourcs  les 
licles  de  Eé-  condition?    prefcrites  par   le  dernier  Concile  de  Latran  ,  d  autant  que 
•^?^'**    par  la  conduite  qu'on  tenoit  on  avoir  donné  trop  d'entrée  aux  Difpenfes  ; 
UsE%4^  qu'il  étoit  befoin  de  les  abolir  tout  à  fair ,  à  caufe  des  Hcréfies  qui  regnoient» 
xncU.         éc  <lu  feaodale  qu'elles  caufoient  *,  Se  de  faire  une  Réformation   plus 
étroite. 

1.  Qu'il  fut  fpécifié  ouvertement  ,  que  les  Cardinaux  qui  auroient  des 
Evcchés  fuflent  obligés  d'y  ré(ider  au  moins  fix  mois  de  Tannée  >  comme  la 
Seflion  précédente  l'avoit  ordonné  aux  autres  Evêques. 

3*  Qu'avant  toute  autre  chofe  ,  on  déclarât  la  Réfidence  Jt  Drou 
divin. 


S.  En  confequence  ils  dreffertnt  un  Ca^ 
hier  de  Demandes  fur  Us  Articles  qu'on 
avait  propofis  ,  &c.  ]  Toutes  les  demandes 
que  feifoient  ici  les  Efpagnols  étoient  très- 
juftes,  &  très  propres  à  rétablir  le  bon  or- 
dre dans  i'Egîife.  Mais  comme  quelques- 
unes  fembloient  donner  trop  d'autrrité  aux 
Evêques ,  8c  refferrer  trop  'brt  celle  du  Pa- 
pe ,  &  que  d'ailleurs  elles  mettoient  trop 
de  bornes  à  l'ambition  &  à  l'avarice  des 
Coimifans  ,  il  n  eft  pas  étonnant  que  tant 


de  perfbnnes  cherchaflbit  à  les  éluder  paf 
des  motifs  difTérens  M  P^pe,  pour  le  main- 
tien de  fon  autorité  s  les  Légats ,  pour  ne 
laiflèr  pas  prendre  le  deflbs  aux  Pores  »  les 
Prélats  ambitieux  &  Counifàns  y  poux  fiaccer 
le  Pape ,  &  fe  conferver  des  moyens  de  yine 
dans  le  luxe  &  l'abondance.  C'eft  ain£  que 
les  différentes  pafHons  des  hommes  con- 
courent a  maintenir  le  defordre,  &  que  ks 
intérêts  particuliers  prévalent  giefqœ  coiH. 
joQzs  fuirutilicé  publique* 


DE    T  RE  NTE,  L  I  V  HE    IL  4^9 

'  4.  Qu*ON  déclarât  la  pluralité  des  Evcchés  un  très-grand  abus  ,  &  qu  on  p '^^^'î"' 
avertît  chacun  &  même  les  Cardinaux  de  n  en  retenu  qu'un  ,  6c  de  fc  dé      ^^^ 
jnettrc  des  autrres  dans  un  terme  coure  qui  ferait  prefcrit  >  même  avant  la 
£tï  du  Concile. 

5.  Qx3£  Ton  fupprimatla  plortltté  des  autres  moindres  Bénéfices  »  8c  que 
jlon-iêulement  on  la  défendît  pour  l'avenir  ,  mais  enconfi  >  qa*à  l'égard 
du  pade  on  révoquât  toutes  les  Oifpenfes  accordées  ^  ians  exception  de 
-Cardirraux  ni  d'autres  perfonnes  >  à  moins  qu'elles  n'cuflènt  éfé  données 
.pour  des  caufes  juftes  &  raifonnables ,  qui  fèroient  produites  Ôc  prouvées 
-devant  POrdinaire. 

6.  QvE  ks  Unions  i  vie  »  même  celles  qui  étoient  déjà  faites ,  fiiâenc 
ixEvoquces ,  comme  rendantes  à  introduire  la  pluralité  des  Bénéfices. 

f^  Que  toute  perfonne  qui  avoir  une  Cure  ou  tout  autre  Bénéfice  oblt* 
l^nt  i  Réfidence ,  &  ne  réliderott  point,  en  fût  privée;  £c  qu'on  n'accor- 
dât  aucune  Di{pen£b  de  faire  deflèrvirpar  un  autre  ^iînon  dans  les  cas  per« 
•ttîs  par  la  Loi. 

t.  Qufi  quiconque  ièroit  nconmé  à  un  Bénéfice-Cnre  pût  erre  examiné 
par  TEvèque^  qui  pût  le  deiliiuer  9  s'il  le  trou  voit  ignorant ,  ou  vicieux  » 
jOvl  inhabile  i  le  pouéder  pour  quelque  autre  chofe  ;  Ce  que  le  Bénéfice  fut 
-donnéi  un  autre ,  qai  en  feroic  Juge  digne  par  un  examen  rigoureux  j  8c 
non  à  la  volonté  de  l'Ordinaire. 

9.  Qu'a  l'avenir  on  ne  donnât  les  Cures  »  qu'après  un  examen  &  une  in- 
formation préalable. 

10.  Que  perfonne  ne  fût  promu  i  un  £v^hé ,  que  fur  un  procès-verbal 
de  naiffance ,  de  vie  &  de  mœurs ,  fait  fur  les  lieux. 

11.  Qu'aucun  Evèque  ne  pût  ordonner  dans  le  Diocèfe  d'un  autre  ians 
iapermiffion ,  &  rien  que  des  perfonnes  de  ce  Diocèfe. 

Cet  Ecrit  inquiéu  les  Légats  ,^  non  pas  tant  encore!  caufe  du  nombre  j„quUtMde 
d'Articles  qu'il  contenoit,&  qui  tendoient  tous  à  augmenter  l'autorité  Epif-  ^u*en  pm- 
copale  aux  dépens  descelle  du  Pape  ,  que  jjaicc  qu'ils  fentoient  toutes  les  »^»^  '^^  ^'- 
conféqui 
& 

qu'ils  penfoient ,  &  infiftant  uniquement  fur  l'importance  des  chofes  qu' 
avoit  propofées  «  ils  demandèrent  quelque  tems  pour  y  réfléchir  ,  &  dirent 
cu'on  ne  laidèroit  pas  de  travailler,  y  ayant  plufieurs  autres  Articles  de  Ré- 
formation à  régler.  Ils  donnèrent  enfuite  avis  au  Pape  de  tout  ce  qui  s'étoic 
paffé  ,  ajoutant  :  Que  les  Evèque  prenoientde  jour  en  jour  plus  de  liberté, 
$c  qu'ils  ne  ceffoient  de  parler  des  Cardinaux  fans  refpeA ,  &  de  dire  hau- 
tement qu'il  étoit  néceflaire  de  les  difcipliner  :  Que  fans  refpeâer  beaucoup 
plus  le  Pape ,  ils  difoient  qu'il  ne  leur  donnoit  que  des  paroles  ,  &  qu'il  ne 
tenoit  le  Concile  que  pour  amufer  le  monde  par  dévalues  efpcrances,  & 
ïion  pour  travailler  fincérement  à  une  bonne  Réforme  :  Qu'il  feroit  difficile 
à  l'avenir  de  les  tenir  en  règle -,  &  qu'ils  avoient  fouvent  des  Aflembiées  & 
dcs^Conférences  entre  eux.  Ils  firent  encendrc  en  même  tems  au  Pape ,  qu^il 

Mmm  1 


4^o        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  fcroitbon  qu'il  fit  quelque  Réforme  cffcûive  à  Rome,  &  qu'il  la  publiât 
Paul  III.  avant  la  Seilion.  Ils  lui  envoyèrent  auflii  les  Demandes  des  Ëfpagnols  ,  ôc 
■  lui  firent  remarquer  les  conféquences  de  leur  entreprife,  &  lesluites  qu'elle 

pouvoir  avoir;  n'étant  pas  probable  qu'ils  euflTent  pris  cette  hardiefie  s'ils 
n'étaient  appuyés ,  ou  même  animés  par  quelque  puiiTant  Prince.  Enfin  ils 
preflerent  le  Pape  de  leur  prefcrire  ce  qu'ils  dévoient  faire  ,  &  lui  dirent  : 
Que  pour  eux ,  ils  étoient  d'avis  de  tenir  toujours  ferme  ,  &  de  ne  céder  en 
rien  >  tant  par  rapport  à  l'importance  des  chofes  en  elles-mêmes ,  que  pour 
ne  pas  laiflèr  croire  aux  Eveques  qu'ils  pourroient  obtenir  par  fédition  6c 
par  force  ce  qu'on  ne  voudroit  pas  leur  accorder  de  bop  gré  :  Qu'autre* 
\  ment  ce  feroit  fe  foumettre  à  leur  merci ,  &  courir  rifque  de  quelque  fa* 

cheux  accident  :  Que  quelque  chofe  qui  pût  fe  pzffçt  dans  les  difputes  ,  ils 
ne  laiiferoient  jamais  les  autres  prendre  fur  eux  le  deiTus;  mais  qu'après 
les  difcufiions,  fi  ceux  qui  étoient  d'un  avisi:ontraireau  leur  ne  vouloient 
pas  céder ,  il  faudroit  bien  s'en  rapporter  au  plus  ou  au  moins  de  fufïrages.  : 
Que  comme  ils  ne  fe jpefoient  pas»  mais  qu'ils  fe  comptoient  >  il  feroit  nécef- 
faire ,  pour  ne  s'expofer  à  aucun  rifque  &  s'afTurer  de  la  fupériorité  des  voix 
ëans  la  Sedion  d'envoyer  un  ordre  exprès  aux  Evêques  qui  étoient  allés  i. 
Veniiè  fous  le  prétexte  de  paflèr  le  commencement  du  Carême  dans  leuis 
Eglifes,  mais  peut-être  dans  l'intention  de  ne  point  revenir-,  de  leur  enr- 
voyer,  dis-je,  un  ordre  exprès  de  retourner  à  Trente  y  parce  qu'on  dévoie 
déterminer  dans  la  Seflion  luivante  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  efTentiel  à  réfor* 
mer,  fur-tout  par  rapport  à  ce  qu'il  y  avoit  à  régler  entre  le  Pape  &  les 
EVêques  *,  &  que  le  fuccès  de  cette  Sefiion  ou  rendroit  les  mutins  plus  faciles 
à  former  des  oppofitions  ,  ou  les  rendroit  plus  foumis  ôc  plus  obéifTans. 

Les  Légats  ,  après  avoir  envoyé  avis  à  Rome  de  ce  qui  £e  paffbit ,  pro- 
poferent  dans  les  Congrégations  fuivanres  divers  autres  abus  à  réformer, 
iw  f  Icury ,L.  ™  L^  premier  regardoit  ceux  qui  ne  prenoient  point  les  Ordres  requis  pour 
144.  N^ii.  les  Bénéfices  ,  dont  ils  é'^oient  Titulaires.  Tout  le  monde  condamna  cet 
abus,&  jugea  qu'il  y  falloit  remédier.  Mais  le  Cardinal  Pachéeo  lemonit^i 
Que  tous  les  remèdes  feroient  illiifoires ,  fi  on  n'aboliflbit  les  Commendes 
Se  les  Unions  •,  étant  manifefte ,  qu'une  Eglife  Epifcopale  pouvoit  être  don- 
née en  Commende  même  à  un  Diacre  ,  &  que  quiconque  voudroit  tenir 
une  Cure  fans  prendre  d'Ordres  Sacrés ,  n  avoit  qu'à  la  faire  unir  a  im  Bé- 
néfice fimple  qui  ne  les  exigcoit  point ,  &  que  fans  être  ordonné  il  tiendroic 
ainfi  la  Cure  hmplement  comme  une  Annexe  du  Bénéfice  fimple. 

Les  autres  poinrs  de  Réformation  regardoient  la  fupprefiion  de  di0eremes 
Exemptions  des  vifites  &  de  l'examen  des  Evêques ,  &  le  maintien  du  pou- 
voir  de  juger  de  quelques  Caufes  civiles  ,  &  du  Droit  d'infpeûion  fur  le 
gouverncmenr  des  Hôpitaux.  En  étendant  atnfi  l'autorité  des  Evêques  ,  les 
Légats  croyoient  fe  les  acquérir.  Mais  comme  ordinairement  il  arrive  que 
ceux  qui  prétendent  tout  fe  tiennent  ofFenfés  de  ce  qu'on  ne  leur  rend  qu'une 
partie  ,  les  Evêques  &  fur- tout  ceux  d'Efpagne  fe  perfuadoient  qu'on  leur 
faifoit  un  plus  grand  tort  en  ne  remédiant  qu'à  quelques-unes  des  ufur-- 


DE    TRENT  E,  Livre    II.  461 

Earions  dont  ils  fc  plaignoienr.  Cependant ,  quand  ils  virent  groffir  le  nom-  mdxlvh. 
re  des  Italiens  qui  tenoient  pour  les  Ltgats,  &  qu  on  attendoit  de  Rome  ^^"^  ^^^• 
ia  rcponfc  à  leurs  Propolitions  qu'on  y  avoit  envoyées  >  ils  commencèrent  à 
parler  avec  plus  de  réfervc  Se  moins  de  roideur. 

Aussi-tôt  que  le  Pape  eut  reçu  Tavis  des  Légats ,  °  il  écrivit  a  fon  Nonce     i^  p^g 
à  Venife  des  lettres  très-fortes ,  mais  en  même  tems  très-gracieufes ,  poar fitu  déUbé- 
rengager  à  prelFcr  les  Evêques ,  qui  étoient  encore  prefque  tous  en  cette  nrfiir  aU^ 
ville  ,  de  retourner  à  Trente  j  &  le  Nonce  s'y  prit  h  bien  qu'ils  fe  firent  &J^y>i'f* 
tous  un  honneur  de  faire  ce  voyage ,  où  il  s'agiflbit  de  rendre  un  fi  grand  '^^^li  îticL 
fervice  au  Pape.  Ce  Pontife  remit  aufC  à  la  Conerégation  du  Concile  les 
Demandes  des  Efpagnols  pour  en  délibérer ,  &  le  réferva  à  lui-même  là 
détermination  des  cnofes  qui  étoient  les  plus  importantes  y  &  de  celles 
dont  on  lui  avoit  auparavant  donné  avis. 

Apre's  avoir  bien  examiné  l'état  deschofes  >  les  Députés  jugèrent  que  le 

f)arti  que  propofoient  les  Légats  étoit  le  plus  honorable,  &  qu'il  feroit  même 
e  plus  utile  >  fi  Ton  pouvoit  être  alTuré  du  fuccès  *,  mais  aufli ,  que  dans 
une  affaire  de  (1  grande  importance  ,  il  n'étoit  pas  de  la  prudence  de  courir 
un  n  grand  rifque.  Voyant  d  ailleurs  qu'il  étoit  également  dangereux  de 
tout  refufer  &  de  tout  accorder ,  ils  conclurent  que  fi  les  Légats  n  étoient 
plus  que  certains  du  fucccs  ,  ils  pourroient ,  félon  l'exigence  de  1  ctat  à^^ 
chofes  ,  accorder  en  tout  ou  en  partie  les  Demandes  des  Efpagnols  avec  les 
modifications  qu'on  leur  envoyoit ,  &  qui  étoient  digérées  en  forme  dp 
réponfes ,  Article  par  Article. 

®  Sur  le  I .  où  l'on  demandoit  le  renouvellement  du  Concile  de  Latran  ^  W.N°.i2. 
fur  les  deux  chefs  propofés ,  on  difoit  qu'on  pou  voit  l'accorder  aux  Evcques> 
pourvu  qu'au  refte  les  Canons  qu'on  reroit  fuflènt  raifonnables. 

^  Sur  le  11.  où  il  s'agifïbit  d'obliger  les  Cardinaux  à  la  réfîdence, 
on  répondoit>  que  la  demande  n'étoit  pas  raifonnable  à  l'égard  de  ceux 
qui  étoient  aduellement  à  Rome  pour  le  fervice  de  TEglife  Uuiverfelle  \ 
&  qu  a  l'égard  des  autres  Sa  Sainteté  y  pourvoiroit ,  comme  on  le  lui  avoic 
confeillé  dans  la  lettre. 

7  Sur  le  1 1 1.  c'efl-à-dire  »  fur  la  demande  de  déclarer  la  Réfîdence  de 


é.  Sur  le  fécond ,  où  il  s'agijfoit  d'obli- 
ger les  Cardinaux  à  la  Réfidence,  on  répon- 
doit  que  la  demande  n  étoit  pas  raifonnable 
À  regard  de  ceux  qui  étoient  afluellement  à 
Rome ,  &c.  ]  On  ne  voie  pas  à  quel  titre 
on  pouvoit  dire  que  la  demande  n'étoit  pas 
zaifonnable,  puifque  s*il  étoit  néceflaire  qae 
les  Cardinaux  reflalTent  à  Rome  pour  le 
fervice  de  TEglife  ,  il  ne  Ictoit  pas  qu'ils 
tinrent  des  Evèchcs.  Il  convenoit  au  con- 
traire qu'ils  n*en  tinlïent  point,  puifqu'ctant 
attachés  par  leur  Titre  au  fervice  de  TEglife 
Romaine  ,  cétôic  une  forte  d'incapacité, 


qui  fembloît  les  exclurre  de  toute  autre  Pré- 
lature.  Il  ell  vrai  que  par  leur  multiplica- 
tion cette  dignité  n  étant  plus  proprement 
qu'un  titre  d'honneur ,  leur  préfence  à  Ro- 
me eft  aiTez  inutile.  Mais  par  cette  raifon 
même  ,  il  n'y  avoit  plus  de  rai(bn  de  les 
difpenfer  de  la  Réfîdence  dans  leurs  Evd- 
chés  j  &  comment  par  (^onféquent  pouvoit- 
on  dire  que  la  demande  des  Efpagnols 
n'étoit  pas  raifonnable  ? 

7.  Sur  le  troijîéme ,  c'eft-à-dire ,  fur  la 
demande  de  déclarer  la  Réfîdence  de  Droit 
divin  j  on  marquoit  que  premièremint  le 


4tft         HISTOIRE    DU    CONCILE 


S er mettre  en  même  cems ,  au  moins  caciteiixcnt ,  le  contraire  pour  la  moitié 
e  Tannée. 


Ëvechés 

fieme 

Clle-m^me ,  comme  on  Ta  dit  auparavant. 

Sua  le  V.  qui  regardoit  la  ploraliré  des  Bénéfices  inférieurs  ,  on  répon- 
doit  que  la  Réforme  que  propofoient  les  Légats  paroiilbit  fuffifante  ;  que 
cependant)  (làTézaid  dupade  on  vonloit  ordonner  quelque  chofede  plus 
jfévere ,  Sa  Sainteté  s'en  rapportoit  au  Concile  :  mais  qu  elle  ravertiflbit  en 
même  cems^  que  le  trop  de  rigueur  fur  ce  point  pourroit  produire  un  effet 
tout  contraire,  par  la  rçtiftance  qu*on  devoir  prélumer  qixe  feroient  les  pof- 
fedeurs  ;  ^  Se  que  d'ailleurs  ,  en  laifTant  purement  &  amplement  le  ju- 
gement de  la  bonté  des  Difpenfes  aux  Ordinaires ,  ils  poinrroient  en  abufer  , 
6c  qu'il  n'en  proviendroit  aucun  autre  effet,  que  celui  d'accroître  leur  au- 
torité. 

Sur  le  V I .  où  il  étoit  queftion  des  Unions  â  vie ,  on  difoit  que  quoique 
Sa  Sainteté  eût  deffein  d'y  remédier  d'une  manière  convenable  ,  cependant 
A  le  Concile  fouhaitoit  qu'on  les  aboltt  tout  à  fait ,  on  pou  voit  l'accorder , 
pourvu  que  Ton  donnât  un  tems  raifonnable  à  ceux  qui  poflfédoient  ces  fortes 
de  Rénénces  pour  en  difpofer. 

^Sua  le  VII.  où  l'on  demandoit  la  deftitution  des  Curés  qui  ne  réfi- 


■  Décret  ne  feroit  peut-être  pas  vrai  ,  Sec.  ] 
Comment  dire  que  ce  Décret  ne  feroit  pas 
Yiai  s*il  écoic  appliqué  aux  Eglifes  particu- 
lières y  comme  ïî  la  RéCdence  n  étoit  pas 
également  d'obligation  dans  ces  fones  d*£- 
glifes,  ou.plutôt,  comme  iî  Tobligation  de 
xéfider  ne  regardoit  pas  uniquement  ces 
fortes  d^Eglifes ,  puifqne  toute  Eglife  eft  une 
Eglife  particulière  ?  Il  faut  avouer  cepen* 
dant ,  qu'il  eA  très  -  vrai  qu'il  y  avoit  une 
efpéce  de  concradi£lion  à  déclarer  îa  Réfl- 
dence  de  Droit  divin ,  &â  en  reftreindre  en 
mème-tems  l'obligation  à  fîx  mois.  Mais 
cela  ne  prouve  pal^  que  l'obligation  n  étoit 
pas  réellement  de  Droit  divin  5  mais  am- 
plement ,  que  la  rellriâlon  de  l'obligation 
de  la  Réûdence  à  fix  mois  n'étoit  pas 
jufte. 

8.  Et  que  (Tailleurs  ,  en  laijfant  pUfe^ 


ment  &fimpUment  le  jugement  de  la  homi 
des  Difpenfes  aux  Ordinaires  ,  ils  pour- 
raient en  abufer ,  &c.  ]  C'étoit  une  foiBle 
raifbn  que  celle-là ,  puifqu'on  poovoit  au- 
tant abuiêr  à  Rome  du  pouvoir  de  difpen- 
fer,  que  les  Ordinaires  du  pouvoir  déjuger 
des  Difpenfes.  Mais  le  vrai  motif  de  réfuter 
la  demande  étoit  celui  qui  étoit  rappoipé 
après,  c*eft-i-dnre ,  qu'H  ft'en  proriendroic 
d'autre  effet,  que  celui d'^ccrotrre  Faiitotké 
des  Evèques ,  qui  eft  ce  qu'bn  ctasgnoît4e 
plus  à  Rome. 

9.  Sur  lefeptième^  où  Pon  demanéoit7a 
dejlitution  des  Curés  qui  ne  réfidoieni  pas  , 
—  Von  trouvait  la  peine  trop  forte  ,.  &c»  ] 
Il  femble  pourtant  qu'elle  fut  affez  propor- 
tionnée à  la  faute ,  putfqu^on  ne  pouvoit  rien 
foire  de  plus  raifonnable  que  dé  priver  du 
Miniflère  ceux  qui  ne  rexer(aient*pas,-âc 


DE    TRENTE,LiVKE    iL  4^3 

doienc  pas  >  &  qu  on  n'en  difpenfâc  pecfonne  que  dans  le  cas  permis  par  la  ubxvm. 
Loi,  on  trouvoit  la  peine  trop  forte  , &  Ion  mfoit que  cela ae  pourroitja-  ^^viIII. 
mais  s  obfervcr  »  quand  bien  même  cela  feroit  ordonne  par  le  Concile.  — i— — 

Sur  le  VI I .  qui  regardoit  la dépo(îcion  des  Curés  vicieux >  ou  ignorans  » 
au  jugement  de  TOrdinaire  ,  on  cro]roic  qu'on  pouvoir  empki)per  cette  peine 
s'il  s  agilToit  d'une  incapacité  qui  de  Dfoit  mérite  privation  ;  qu'autrement 
la  demande  ne  feroit  pas  honnête  »  puifque  ce  feroit  rendre  les  Ordinaires 
maîtres  de  tout. 

Sua  le  iz.  où  Ton  demandoit  qu'on  ne  donnât  les  Cures  qu'après  un  bon 
examen  préalable ,  on  répondoit  qu'il  falloir  laiflèr  à  la  conicience  du  Col* 
lateur  du  Bénéfice  la  manière  &  u  qualité  de  l'examen ,  6c  qu^il  paroiflbtc 
inutile  de  faire  faire  fur  cela  un  autre  Décret. 

Sua  le  X.  on  diibit ,  que  l'on  nevoyoit  ni  la  manière  ni  l'utilité  dedref- 
fer  fur  les  lieux  un  jprocès- verbal  de  la  vie  &  des  mœurs  de  ceux  qui  étoient 
promus  aux  Evèches  ',  puifqu'il  étoit  aufli  facile  de  trouver  des  faux  té- 
moins fur  les  lieux  qu'a  Rome  ;  où  ,  comme  on  7  pouvoir  avoir  ôc  que 
l'on  y  avoir  prefque  roujours  une  connoiflance  fuffiiance  des  perfonnes>  il 
étoir  tout  â  fait  inutile  d*ea  rechercher  une  plus  grande. 

Enfin  fur  le  xi.  ou  Ton  demandoir  que  perfonne  ne  fur  ordonné  que 
par  fon  propre  Evêque  >  on  difoir  que  la  Bulle  remédioir  fuffifamment  i 
cela ,  d'autant  plus  qu'on  y  avoit  pourvu  d'ailleurs  de  plus  d'une  manière 
aux  inconvéniens  qu'on  prérendoir  ie  trouver  fur  ce  poinr. 

Le  Pape  envoya  auffi-rot  cette  réponfe  à  Trente  P  ,  remettant  du  furplus  i  p  Pallav.  L. 
la  prudence  des  Légats  de  faire  ce  qu'après  avoir  pris  confeil  de  ceux  qui  lui  ^'  ^  '  ?• 
étoient  le  plus  attachés  ils  jugeroient  plus  à  propos»  felouque  l'exigeroit 
l'état  des  chofes ,  &  d'accorder  en  tout  ou  en  partie  les  Demandes  des  Ef- 
pagnols  ,  avec  les  modifications  pourranr  qui  avoient  été  faites  a  Rome  par 
les  Députés  ;  ou  de  refufer  tout ,  s'ils  fe  voyoient  en  état  de  le  pouvoir  faire. 
Il  les  avenir  en  même  tems  de  ce  qu'il  avoit  fait  à  1  égard  des  Evèques  qui 
étoient  à  Venife  -,  &  leur  ordonna  de  tenir  la  Seffion  dans  le  tems  marqué } 
d'omettre  rout  â  fait  les  Chapitres  doârinaux  ,  puifqu'on  ne  pouvoit  les 
faire  pa(Ier  fans  quelque  danger  d'excirer  quelque  divifîon  ;  de  ne  publier 
que  les  Canons  fur  leiquels  tout  le  monde  étoit  d'accord  ;  &  d'omerrre  auffi 
tout  à  fait  le  Décret  des  abus  fur  les  Sacremens  de  Baptême  &  de  Con- 
firmation ,  étant  prefque  impoflible  de  toucher  à  cette  matière ,  fans  révol- 
ter rous  les  pauvres  Prêtres  &  les  Mendians  ,  &  fans  donner  trop  de  prife 
aux  Hérétiques  en  avouanr  que  par  le  patfé  on  avoir  approuvé  de  u.  grands 
abus.  Il  finit  en  leur  recommandant  de  faire  enforteque  la  SeflSon  fe  paflac 
avec  le  plus  de  tranquillité  qu'il  fe  pourroit  >  mais  toujours  en  confervanc 
la  dignité  du  Saint  Siège. 

de  le  commettre  à  d'antres  qui  en  remplif-  vigilance  daPaftenr ,  il  n'y  a  point  de  peine 

fent  les  fonélions.  Le  (âlat  da  peuple  e(l  la  trop  font  pour  punir  la  négligence  d'un 

foaveraine  Loi  du  Gouvernement  i  3e  puif*  Miniftre ,  qmi  manque  au  devoir  le  plus  e(^ 

que  ce  falot  cftpre(qoe  toujoun  attaché  à  la  fbitiel  de  fbn  Miniftère. 


4^4       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxivii.       «o  XC.  Paul  réfléchiflant  cnfuitc  fur  les  avis  qu  il  avoit  reçus  de  Trente 

Paul  III.  ^  jg  fg^  Nonce  en  Allemagne ,  il  fit  part  â  {z%  Confidens  des  foupçoos  & 

de  la  crainte  qu'il  avoit ,  que  le  Concile  ne  vînt  à  tramer  quelque  chofe  de 

commence  k  "^^5-préjudiciabIe  à  lui-même  &  au  Pontificat.  Il  voyoit  les  factions  qui  rè- 

craindre  le  gnoient  entre  les  Théologiens ,  &  fur-tout  entre  les  Dominicains  &  les  Fran* 

Concile  é"  cifcains ,  qui  toujours  d'une  doârifie  contraire ,  &  jaloux  les  uns  des  autres  » 


fin  Parti  q^'îl^  nétoicntpas  moins  oppofcs  entre  eux  qu' 
fétr  f envoi  mêmes ,  &c  qu'ils  avoient  pris  la  hardieflTe  de  fe  taxer  d'erreurs  les  uns  les 
de  nou'  ^  :autres ,  il  fcntit  tout  le  danger  qu'il  y  auroit  eu  de  voir  quelque  grand  dc- 
veauxEvê'  fjjfjrc  ,  fi  on  avoit  eu  moins  d'attention  à,  tâcher  de  les  concilier.  ifreDafibic 
liens.  '*"  ^^^^  ^^^  efprit  avec  quelle  chaleur  on  avoit  difputé  fi  la  Réfidence  etoit  de 
.Droit  divin ,  &  écoit  effrayé  de  la  hardieffe  de  Caran^a  j  qui  à  rindigation 
de  plufieurs  autres  avoit  ofé  traiter  de  Doârine  diabolique  le  fentiment  de 
ceux  qui  étoient  contraires  au  Droit  divin.  Il  voyoit  combien  facilement  il 
pouvoit  naître  un  autre  défordre  aufii  confidérable  que  celui  qu'avoir  excité 
Luther  y  &  que  la  Papauté  feroit  réduite  à  rien ,  fi  on  faifoit  un  Article  de 
Foi  de  la  néccflîté  de  la  Réfidence.  Il  s'appercevoit  que  toutes  les  Réformes 
tendoienr  à  reftreindre  l'autorité  des  Papes»&  à  augmenter  celle  des  Evêques. 
Il  regardoit  combien  peu  d'égards  on  avoit  eu  pour  fa  dignité  ,  puifqu'après 
lui  avoir  fait  efpérer  de  lui  remettre  le  foin  de  la  Réformation  ,en  confé-. 
quenqe  de  quoi  il  avoit  fait  drefièr  une  Bulle  pour  l'évoquer  à  foi,  le  Concile 
lans  aucun  refpect  pour  lui  ^  en  avoit  traité  avec  plus  de  zèle  qu'auparavant. 
11  concevoir  de  grands  ombrages  de  la  vigueur  &  de  la  fermeté  des  Eipagnols^ 
Nation  prudente  &  qui  ne  fait  rien  au  nazard  ,  qui  montre  beaucoup  plus 
de  refpe6tau  dehors  qu'elle  n'en  a  intérieurement  ;  &  qui  concentrée  au 
dedans  d'elle-même  »  ne  fait  jamais  un  pas  en  avant  qu'elle  ne  regarde  a 
cent  autres  plus  loin  ;  &  il  envifageoit  comme  une  chofe  très-hardie  de  leur 

f>art ,  qu'ils  cuflent  pris  le  parti  de  s'aflembler  en  commun  pour  préfcntcr 
eurs  Demandes ,  ce  qu'il  ne  croyoit  pas  qu'ils  euflent  ofé  faire ,  s'ils  n'euffcnt 
été  fourenus  par  l'Empereur,  qui  avoit  là  un  Ambaflàdeur  qui  rraitoit  tous 
q  Adr.'L  ^.  les  jours  avec  eux.  La  profpérité  dont  jouiflbit  alors  ce  Prince  *i  redoublcit 
p.  38  c.  encore 

10.  Paul  réfléchijfant  enfuîte  fur  Us  avis  ces  cas,  fur- tout  lorfqae  Ton  fait  d'ailleun 

qu  il  avoit  reçus  de  Trente  6»  de  fon  Nonce  3c  que  les  Légats  &  que  le  Pape  dès  long- 

tn  Allemagne  y  il  fit  part  à  fes  Confidens  de  tenis  auparavant  avoient  pris  la  xc(bIucion 

ipts  foupçons  ,  &c.  J  Toutes  les  reflexions  de  profiter  de  toutes  les  -occafîons  quils 

que  fait  faire  ici  Fra  -  Paolo  au  Pape  (ont  trouveroient  pour  transférer  ou  pour  fuf- 

extrêmement  naturelles  ,  quoiqu'elles  ne  pendre  le  Concile  ,   comme  on  le  voit  & 

(oient  fondées  que  fur  de  fimples  conjeda-  par  les  tentatives  qu'avoii  faites  le  Npnce 

Tes,  &  fur  rimpreffion  que  les  faits  avoient  en  Allemagne^  &  par  les  inûnuations  des 

pu  faire  fur  Telprit  de  ce  Pontife.  Ceft  tout  Légats  dans  le  Concile, 
ce  qu  on  peut  exiger  d'un  Hillorien  dan$ 

II.  Il 


£ 


DE    TRENTE,  Livre    IL  46$ 

.'encore  les  foupçons  de  Paul  >  qui  favoic  que  les  fuccès  portent  les  hommes  mpxlvu. 
â  ne  point  mettre  de  bornes  à  leurs  deflfeins  ;  &  voyant  qu'il  toleroit  la  Re-  ^^^^  ^^' 
.ligion  des  Luthériens ,  il  fe  perfuadoit  qu'il  n  avoit  en  cela  d'autres  vues  que  ' 

de  fe  les  attacher  par  cette  connivence.Il  favoit  toutes  les  jplaintes  qu'avoient 
faites  l'Empereur  Se  fes  Minières  du  rappel  qu'il  avoit  rait  de  fes  troupes  > 
£c  les  reproches  qu'ils  lui  avoient  faits  d'abandonner  ce  Prince  au  befoin.  Il 
n'ienoroit  pas ,  qu'il  regardoit  le  Duc  de  Plaifance  fon  fils  comme  l'auteur 
delà fédition de  Gènes.  '  Il  étoit  allarmé  '  '  fur-tout  de  ce  que  Charles  avoit  r  I<Lp.  }?$• 
dit  à  fon  Nonce ,  qu'il  n  avoit  point  de  plus  grand  ennemi  que  le  Pape  ^  &  il 
craignoit  que  s'il  venoit  à  bouc  de  fe  rendre  maître  abfblu  en  Allemagne ,  il 
ne  lui  prit  envie  de  faire  la  même  chofe  en  Italie  ,  &  de  fe  fervir  du  Con- 
xile  pour  déprimer  lePontificac.il  levoyoic  comme  l'Arbitre  de  l'Europe 
ar  la  maladie  incurable  du  Roi  de  France  >  dont  on  att;pndoit  inceiTammenc 
a  mort.  Il  ne  fàvoic  que  fe  promettre  du  Dauphin ,  encore  jeune  &  fans 
expérience.  Enfin  il  ne  doutoic  pas  que  les  Prélats ^  qui  jufqu'alors  étoienc 
demeurés  attachés  à  la  Cour  de  Rome  ,  ne  fe  déclaradènt  pour  l'Empereur 
lorfqu'il  fe  feroit  découvert ,  &  qu'ils  ne  s'attachaflènt  à  ce  Prince ,  foit  par 
la  crainte  de  fa  puitlance  >  foit  par  la  jaloufie  que  tous  avoient  de  la  gran- 
deur des  Papes ,  &  qu'ils  découvriroienc  auffi-tot  qu'ils  trouveroient  l'occa- 
Xion  de  la  modérer. 

Toutes  ces  diflférentes  confidérations  portèrent  le  Pape  à  s'affurer  du  llformê  U 
Concile,  de  quelque  manière  que  ce  pût  être.  De  le  finir ,  la  chofe  nepa-  dejfein  de 
roillbit  pas  faifable ,  à  caufe  de  la  multiplicité  des  matières  qui  reftoient  i  ^^^f^  v 
traiter.  De  le  fufpendre  ,  il  ne  le  pouvoir  fans  de  fortes  raifons  -,  &  d'ailleurs  ^^i^  ^ 
le  remède  lui  fembloit  trop  foible  ,  parce  qu'on  n'auroit  pas  tardé  à  lui  de-  fntmâe  fin 
mander  de  lever  la  fufpenlion.    Le  parti  qui  lui  parut  le  meilleur  étoit  donc  frmét  m$x 
de  le  transférer  dans  un  lieu  où  il  eut  une  autorité  abfolue  ;  &  puifqu'il  le  ^é^^* 
devoir  faire ,  il  réfolut  de  le  faire  d'une  manière  qui  remédiât  à  tous  les  dan- 
gers ,  ce  qui  ne  (e  pouvoit  qu'en  le  transférant  dans  fes  propres  Etats.  Puis 
penfant  à  lendroît  qui  pourroit  être  le  plus  convenable ,  il  jugea  bien  qu'il 

II.  //  était  alUrmé  fur^tout  de  ce  que  cîlio  di  Trento  li  dava  molto  da  penfarey 

.  Charles  avoit  dit  â  fon  Nonce,  qu'il  n'a^  temendo  che  V Imperadore  non  vole ffevaUr^  , 

.  voit  point  de  plus  grand  ennemi  que  le  Pa-  fine  a  fiemar  l'autoritâ  nella  religione  de 

pe,  &c.]  Ceft  àAdriani,  que  notre  Hif-  Pontefici  ,  &  haver  con  ejfo  gccafione  dl 

torien  a  ciré  la  plûpan  de  ces  réflexions  &  meglibfirmare  &  fittonutterfi  la  Germania^ 

de  ces  £iics«  Car  dans  le  Livre  fixième  de  haveva  tentate  piu  vie  dUpoterfm^a  offe" 

fon  Ouvrage,  cet  Hiibrien  rendant  compte  fii  di  Cefiire  quindi  Uvarlo  h  fofpenderlo^ 

des  difFérens  moci£s  qui  ponoîent  le  Pape  C*e(]b  donc  à  toxt  que  PaUavicin  fait  un 

a  fufpendre  ou  à  transiéret  le  Concile ,  il  crime  à  Fra^Paoto  de  toutes  ces  réflexions. 

.  marque  la  crainte  que  ce  Pontife  avoit  de  Quand  elles  (croient  de  lui  y  elles  n*en  fe- 

TEmpereoff ,  &  les  motifs  qui  lui  infpfroienc  roient  pas  moins  eftimables.  Mais  on  voit 

fette  crainte  :  Si  era  fico  fieramenu  adira^  bien  qu  il  n'y  a  donné  que  la  forme  ,  & 

,fo,&  haveva  apertamente  detto  alfio  Nun-  qu'elles  font  fondées  fui  des  faits  qui  en 

p^io  ,  chc  non  haveva  maggior  nimico  al  prouvent  la  foUditc» 
monda  che'l  Papa,  —  Epercià  che*l  Cêrh 

TqmiL  Nnn 


466        HISTOIRE-DU    CONCILE 

MMRTTi.  ne  falioic  pas  fonger  à  Rome  »  de  peur  de  faire  trop  parler  en  Allem^e  ; 
Pavl  Ul  ^  Bologne  lui  parue  la  ville  la  plus  propre  ,  comme  étant  fenile  »  abon- 

-  dante  ,  &  la  plus  proche  pour  ceux  qui  leroient  obligés  d*y  venir  de  de-li 
les  monts.  '^  Mais  pour  ne  point  fe  commettre  il  réfoluc  de  ne  point  pa- 
roître ,  &  de  lailTer  tout  faire  à  fes  Légats  »  en  conféquence  de  l'autorité 
qu'il  leur  en  avoit  donnée  par  fa  Bulle  du  ii  de  Février  mdxlv  ,  &  qu'il 
leur  avoit  envoyée  le  mois  a'Août  fuivant.  Par  ce  moyen  il  jugeoit  que  s'il 
fe  faifoit  quelque  oppodtion  i  la  tranflation  du  Concile ,  tout  leroit  mis  fur 
le  compte  de  fes  Légats  ;  &  que  lui ,  comme  n'y  étant  point  iméreflë ,  anroit 
plus  de  facilité  â  les  foutenir  *,  ou  que  Ci  par  quelque  accident  imprévu  il 
étoit  obligé  de  changer  d'avis ,  il  le  pourroit  toujours  fans  compromettre  £i 

s  Pallar.   dignité •  '  Sa  réfolution  prife  9  '^  n  dépêcha  aux  deux  Légats  un  Gentil- 
L  ^.  c.  15.  homme  du  Cardinal  iUl  Menu  »  chargé  de  Lettres  de  créance ,  avec  ordre  a 
lui  de  ne  point  arriver  à  Trente  avant  te  tems  de  la  Seffion  ,  &  d'ordonner 
aux  Légats  de  transférer  le  Concile  à  Bologne  fous  quelque  prétexte  véri- 
table ou  fîmulé ,  &  de  le  faire  ù  brufquemenr ,  qu'auffi-tôt  après  en  avoir 
laiflfé  prendre  connoififance  ils  en  vinlfent  à  l'exécution,  (ans  laifler  le  tems  de 
former  aucune  oppofition  qui  put  y  apporter  quelque  empcchemenr. 
VEmferutr      XCI.  En  Allemagne ,  la  plupart  des  Villes  du  Rhin  s'etanr  accommodées 
t^'uUlA.    ^^^^  rEmpcreur,&  TEleûeur  Palatin  ayant  défendu  aux  Miniftres  qu'il  avoit 
auêiêCê-  *"*r^  ^^  ^^i  ^  paflfer  outre,*4  Chartts'^c^i  crut  l'occafion  propre  pour  pri- 

/jfj»# iê  fin      IX.  B r^olut  de  ne  point paroître  &  dt  paroît affex fabuleux ,  comme  PaUavicïn  le 
lAïU'A     ^^^J^''  ^ûi«//i/>e  âfes  Légats  ,  en  conféquen-  montre  aflcz  bien.  Ce  qu*il  y  a  de  réel ,  c  eft 
Itt*.    i       ce  de  fautorhi  qu'il  leur  en  avoit  donnée  que  le  Pape  foutaitoit  véritablement  la  tranf- 
18               par/a  BuIU  du  22  de  Février  tf4f  ,&  qu'il  lation  du  Concile,  fit  que  ce  Cent  ilhomme, 
Fleury     L*  ^^^  ^^^  ^'^^^y^  ^  "^^^  d' Août  fuivant»  ]  fuppoft  qu*il  jr  en  ait  eu  vérltablemenr  un 
2  .  .J^lg^*  Ce  n'étoit  point  cette  Bulle  »  qui  avoit  été  d'envoyé,  ce  qui  eft  aCn  «boteax ,  poovoit 
'  envoyée  aux  Légats  le  niois  d*Aout  i  f  4f  •  bien  être  porteur  xie  ces  fentimens.  Mais  de 
Frs-Paolo  confond  ici  deux  chofes  toutes  croire  qve   la  précipitation  avec  laquelle 
«ëiffirences.  Au  mois  d'Août  non  de  x  jr4f ,  agirent  les  Légats  fut  la  fuite  des  ordres  du 
mais  de  i  f  4^ ,  le  Pape  avoit  envoyé  à  fes  FÎpe,  c*eft  ce  qui  ne  paroit  nullement  vrai- 
L^ts  un  Bref  de  tranllation  du  Concile  à  femblable ,  d'autant  plus  qu'il  ne  pouvoit  pas 
Toccafion  du  voifiiiage  de  la  guerre ,  dont  être  encore  informé  des  brtrits  de  Peftequi 
on  appréhendoit  l'événement.  Cependant  s'étoient  répandus.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  pro- 
cette crainte  étant  diflSpée  par  ht  retraite  bable ,  c*e(l  que  les  Légats  inftrurrs  des  in- 
des  troupes,  les  L^ats  tinrent  ce  Bref  fe-  tentions  de  Paul,  Se  bien  fSrs  qu'ils  n'en 

-  crtty  Bc  n'en  firent  aucun  ufàge  >  &  ce  ftit  feroient  pas  défavoués ,  faifirent  cette  occa- 
celui  du  11  Février  1^4;  dont  ils  fe  fervi-  ffon  comme  très-&vorable ,  de  brufquèrent 
xent ,  lorfqu'ils  fe  déterminèrent  de  tranf-  Taflàire ,  de  peur  qu'en  la  différant ,  les  or- 
firer  le  Concile  ,  comme  nous  Tapprend  dres  contraires  de  fEmpereurneb  leur fiflênt 
J^allavicin  L.y.  c,  16.  échapper  pour  toujours. 

ij.  Sa  réfàhnion prîfe y  il  dépêcha  aox  14.  Charles,  qui  crut Toccafton propre 

deux  Légats  un  Genrilàomme  du  Cardinal  pour  priver  l'Archevêque  de  Cologne  de  fin 

del  Monte  ,  &c.  ]  Je  ne  fais  oi  Fra-Paolo  Eleâoretty  envoya  deux  Commijfaires  ^  &c.  ] 

a  pris  ce  fiit ,  qui  n'efl  rapporté  ni  dans  les  Cétoient  Philippe  Ldein  ,  &  Kigfius 

Ades  publics  ,    ni  par  les  Hifboriens  du  ch^m* 
tenu  ,  &  qui  dans  quelques  circonflances 


DE    TRENTE,  Livre   IL  4^7 

ver  l'Archevêque  de  G)iogne  de  ion  Eleâorac,  envoya  deux  Commîilaires ,  umctnu 
qui  ordonnèrent  aux  Etats  qu'ils  avoient  fait  aflcmbler ,  de  renoncer  d  lo-  ^'^^^  ^^ 
bciflance  de  l'Arche vcque ,  dfc  reconnoître  pour  leur  Evêque  Se  leur  Prince  " 

Adolphe  fon  Coadjuceur ,  &c  de  lui  prêter  leiferment  de  fidélité.  '  ^  Les  Ec* 
cléiiaftiques  le  firent  fans  différer ,  pour  les  raifons  qu'on  a  rapportées  ail-^ 
leurs.  Mais  la  Nobie(fe  6c  les  Ambadadeurs  des  Villes  le  refuferent ,  fous 
prétexte  qu'ils  ne  pouvoient  abandonner  un  Prince  à  qui  ils  avoient  juré 
obéidance.  Sur  cela  le  Duc  de  Cléves  >  dont  les  Etats  étoient  voifins ,  dé- 
puta  à  r  Archevêque  &  engagea  les  principaux  de  la  NobleÛe  i  l'aller  trouver, 
pour  le  prier  de  trouver  quelque  moyen  d'empêcher  la  défolation  de  feu 
Etats,  &  la  ruine  de  ceux  de  fes  voifins.  L'Archevêque  toudié  de  compaffion, 
&  craignant  qu'en  attirant  chez  l|ii  la  guerre ,  le  peuple  qui  en  étoit  innocent 
n'en  fût  la  viÂime  »  renonça  généreufement  i  fa  Dignité  &  remit  à  fcs  Sujets 
le  ferment  de  fidélité.  Airni  fut  reconnu  pour  fbn  luccefllèur  Adolphe  y  qu'il 
avoir  toujours  aimé  comme  fon  frère  ,  &  avec  la  participation  duquel  il 
avoit  fiiit  tout  ce  qu'il  avoit  entrepris  pour  la  Réformation  de  ion  Eglife. 
'  ^  Mais ,  foit  par  inconftance ,  ou  par  quelque  autre  motif»  Aiolpht  paroif- 
foit  alors  dans  d'autres  fentimens. 

XCIl.  «  7  Au  milieu  de  Février  on  apprit  à  Trente  "  la  mort  du  Roi  d'An-  „  ^^^r 
gleterre ,  arrivée  le  mois  précédent.  Les  Pères  en  rendirent  grâces  à  Dieu ,  &  B^^An-  * 
allèrent  prefque  tous  féliciter  l'Evêque  de  Worcefter,  de  ce  que  le  Kojzumc  ^Uterre, 

V  Sleid.  L» 

I  f .  Les  EccUJiadiques  U  firent  fans  dif-  (à  maintenir,  &  cmt  qa'il  valoic  mieaz  Te  JL^'        . 

firer ,  pour  Us  raifons  qu'on  a  rapportées  retirer  de  bonne  grâce ,  que  de  (è  fiiire  ex-      J^^ 

ailleurs,  ]  Fra-Paolo  ne£ûc  ici  qae  copier  pulfer  par  force  &  d*enveloper  par-là  plu-  •!'        ^* 

Sleidan  ,  qui  regarde  comme  une  générofi-  (ieors  perfonnes  dans  (à  nune.  Cétoit  ccr-      j  j,  ^^ 

té  dans  l'Eleveur  d'avoir  mieux  aimé  céder  cainemenc  un  trait  de  bonté  dans  ce  Prélat ,  Bom.  P.  Y. 

fans  réfiftance  ,  que  dexpofer  fon  peuple  à  &  on  ne  peut  nier  que  dans  tout  ce  qu  il  fit  l.  ,,  p.}f  ol 

une  ruine  inévitable ,  s'il  vouloit  s'engager  pour  U  Réforme  deionDiocèfe,  il  n'ait  paru  Flcury ,  I« 

dans  une  guerre.  C'en  étoit  une  en  effet,  fi  on  fort  homme  de  bien.  j^^.  n^88« 

c'a  été  là  fon  motif  j  &  Pallavicin  a  mau-         i^.  Mais  y  foit  par  inconfiance  ,  ou  par 

vaife  grâce  de  dire  que  c'étoit  trahir  fi>n  de-  quelque  autre  motif,    Adolphe  paroijfoit 

voir  ,   s'il  croyoit  avoir  la  vérité  pour  luit  alors  dans  d'autres  fentimeru.  ]  Et  horafi 

Car  la  Religion  ne  confifte  pas  à  fe  défen-  vcdeva  d'altro  parer  ,  dit  Fra  -  Paolo,  M. 

dre  par  les  armes ,  fiir-tont  lorfqu*en  les  pre-  Amelot  a  traduit ,  avoit  d'autres  fentimens  , 

Bant  on  rilqoe  le  maflkcre  &  la  niïne  de  Maii  cela  ne  répond  pas  à  l'expreHion  de 

tant  de  peuples  »  mais  à  fe  déclarer  conf-  Fra-Paolo  ,  qui  n'ofe  prononcer  fi  c'étoit 

tamment  pour  la  vérité ,  &  à  tout  facrifier  par  inconftance  on  par  diiEmulation  qu'>#- 

pour  elle.  Il  fe  peut  bien^re  a«  refte  >  que  dolphe  paroidbit  avoir  changé  ,  &  qui  par 

fi  Herman  aima  mieux  céder  qtie  d'entre-  confiquent  ne  peut  parler  que  des  fentimens 

prendre  la  guerre  ,  c'eft  qa'apr^  le  de(k*  apparens  &  non  réels, 
vantage  qu'avoient  eu  les  Proteftans ,  il  ne         17.  Au  milieu  de  Ftprier  on  apprit  A 

vit  plus  perfonne  capable  de  le  (butenir  î  &  Trente  la  mort  du  Roi  d'Angleterre  ,  &c.  ] 

qu'ayant  à  fe  défendre  contre  les  deux  Pnif-  Arrivée  le  1 8  de  Janvier  i  f  47.  L'Evêque  de 

fances  Ecdéfiaftique  &   Temporelle  ,    &  irorc^yi^r,  dont  il  efl  fait  ici  mention,  s'ap- 

voyant  une  panie  de  fon  Diocèfe  Ibnlevée  pelloit  Richard  Pote,  êc  non  Parrt,  com^ 

contre  lai ,  U  (cfentit  dans  l'impuiflaoce  de  me  le  die  M.  Amelot* 

Nn  n  ^ 

1^ 


4(5S        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MBXLTii.  éc  lui-même  ctoicnt ,  difoienc-ils ,  délivrés  de  la  tyrannie  d'un  cruel  pcrf?^ 

PaulIIL  cmcaj ,  &  de  ce  qu'il  écoic  mort  lorfque  fon  fils  n'avoir  encore  que  neuf 

*""""""■""  ans  ;  ce  qu'ils  regardoienr  comme  un  miracle  opéré  par  la  Providence ,  afin 

qu'il  ne  marchât  pas  fur  les  traces  de  Ton  père.  Il  n'y  marcha  pas  en  effets 

Car  Edouard  gouverné  par  le  Duc  de  Sommer  fit  fon  oncle  maternel  »  qui* 

avoit  du  penchant  pour  la  doârine  des  Protcftans  ,  changea  la  Religion  y 

comme  on  le  dira  en  fon  lieu  \  au-lieu  que  Htnri  avoit  conftammeot  con^ 

fervé  la  doârine  de  TEelife  Romaine ,  quoiqu'il  eût  aboli  entièrement  dans^ 

fon  Royaume  l'autorité  du  Pape  >  &  défendu  de  lui  obéir  fous  peine  de 

la  vie. 

Différence      XCIII.  Les  Légats  ayant  reçu  les  lettres  du  Pape ,  «  le  Cardinal  de  Sainte 

davis  entre  Croix  étoit  d'avis ,  que  pour  adoucir  l'efprir  des  Prélats  qui  s'étoient  unis 

/*^  ^/^**d   ^"^^"^^'^  >  ^"  '^"^  accordât  celles  des  demandes  que  Rome  confcntoit  de* 

mandes  lu  ^^^^  paffcr ,  efpérant  qu'on  rrouveroit  aifémcnt  par-li  le  moyen  de  les  ap- 

Efpagnoîs.    paifer.  Mais  le  Cardinal  dcl Monte  diCoit  au  contraire  :  Que  céder  à  des 

X  Id.L.144.  inférieurs  &  fur-tout  à  la  multitude  ,  c'étoit  leur  donner  occafion  de  fûre 

^^  ^}»      de  plus  grandes  demandes  ;  qu'il  vouloir  fonder  auparavant  ceux  qui  étoienr 

plus  affcdionnés  -,  &  que  s*il  pouvoit  s'aflurer  du  plus  grand  nombre  de. 

voix ,  il  étoit  réfolu  de  ne  pas  reculer  d'un  feul  pas  :  mais  qu'en  cas  qu'il  fe 

fentit  le  plus  foible  ,  il  uferoit  alors  de  ménagement  &  de  prudence.  Après 

{>lufieurs  difcours  »  Sainte  Cro/or  céda  à  l'autre  ^  qui  marquoit  plus  de  cha^ 
eur  ,  comme  cela  arrive  ordinairement  entre  Collègues.  Avertis  enfuite 
que  les  Evêques  abfens  fe  retrouveroient  à  Trente  avant  la  fin  de  Février  , 
&  ayant  reconnu  en  fondant  ceux  qui  étoient  préfens  qu'il  y  en  avoit  plu- . 
fieurs  dans  les  intérêts  du  Pape ,  qui  fur  les  efperances  qu'on  leur  avoit  don-^ 
nées  pour  eux  mêmes  en  attirèrent  encore  d'autres  en  les  flattant  que  ce  Pon- 
j»Pallav.  L.  tife  reconnoîtroit  le  mérite  de  chacun ,  Y  ils  firent  former  le  Décret  de  Ré- 
8.  c  II.      formation  en  xv  Chapitres ,  6c  le  propoferent  dans  la  Congrégation. 
'  Lesfenti*     XCIV.  Maîs  les  difficultés  fe  trouvèrent  plus  grandes  que  |amais.  On, 
é^ns  font  ç„  gj  d'abord  une  »*  fur  cette  claufe  du  Prdogue,  Salvafimperin  omnibtis^ 
Us  Difhm-^^^^^^^^^^  '^P^fi^^^^^'  Car  les  moins  pénétrans  s'a ppercevoient  où  tendoit 
fes  y  fur  Im  cette  exception ,  &  il  n'y  avoit  perfonne  qui  ne  vît  qu'on  vouloit  cacher 
B^éfidence ,  par-la  un  deflein  opiniâtre  de  maintenir  les  abus  ;  puifque  tandis  qu'on  par. 

fnr  les  qun- 

lit  h  des  <  '•  On  en  fit  â' abord  une  fur  cette  claufe  fier  la  claufe ,  eft  encore  pire  qde  la  cenftre 

Evêques  ^  du  Prologue ,  SaU'a  femper  in  omnibas  au-  injude  qu'il  fait  de  Fra-Paolo  fur  ce  point* 

des  Curés  ,  thoritace  Apoflolica.  ]  Ce  fut  TEvèque  de  Car  il  dit,  que  (ans  cela  on  auroitcni  que 

<^  j/tf /a  r«- ^ai^yo^ ,  qui  fit  remarquer  que  cette  claufe  le  Concile  pooroic  prefcrire  des  Loix  au 

forme  des     ne  tendoit  à  rien  moins  qoa  éluder  toute  la  Pape ,  chofe  à  fon  avis  fon  déraifbnnable  r 

C/fr/^';?4«x5  force  du  Décret.  Cette  remarque  étoit  fon  comme  fi  les  Papes  eux-mêmes  n*avoient 

m4/V  /tf  ^4r- jade ,  &  quoi  qu'en  dife  Pallmvicin^  L.  9.  pas  reconnu  mille  fois ,  qu'iU  éteient  fou- 

ti  des    Rc»  c.  i  x.  on  n'en  a  que  trop  vu  les  conféquen-  mis  aux  Canons  comme  les  autres  ,  Se  qne* 

fnatns  pre-  ^5  ^  pnifqu*à  la  Éaveur  des  Difpenfes  on  a  toute  leur  autorité  confifle  à  en  procurer 

vaut  fur  ce-  tjQuv^  moyen  de  rendre  inutiles  la  plupart  l'obfervation  ,   &  non  à  en  anthorifer  la 

M    es  SU'  ^g  Décrets ,  au  moins  à  l'égard  des  Grands,  tranfgreflîon  par  leur  exemple  ou  leun  Dif- 

Mais  ce  que  ce  Cardinal  ajoute  pour  )u(ti«  penfes.. 


DE   TR  E  N  TE,  LivKB  IL  469 

loitd'y  remédier  »  on  ne  vouloic  pas  coucher  à  ce  qui  en  écoic  la  cau(ê.  Il  n'y  mdxitix; 
eue  cependant  perfonnc  qui  ofac  s'y  appofer ,  que  TEvèi^uede  Badajo^y  qui  ^^"^  ^'• 
dit  :Que  cette  claufe  avoir  befoin  d'explication ,  puilque  le  Concile  ne 
pou  voit  ni  ne  devoit  blelTer  l'autorité  de  qui  que  ce  fut ,  &  encore  moins 
celle  du  Saint  Siège ,  que  tous  les  Catholiques  reconnoifibient  pour  leur 
Chef  :  Qu'il  fembloit  que  par-là  on  voulût  faire  entendre  qu'à  Rome  on 
devoit  toujours  procéder  fur  cette  matière  comme  on  avoit  fait  auparavant! 
fans  que  le  Deaet  pût  empêcher  les  Difpenfes>ni  les  autres  moyens  dont  on 
s'étoit  toujours  fervipour  affoiblir  l'autorité  des  anciens  Canons.  Mais  ceux 

2ui  vouloient  maintenir  cette  claufe  ,  dirent  pour  la  juftifier  :  Qu'il  n'en 
toit  pas  des  Loix  des  Conciles  comme  des  Loix  naturelles ,  où  la  rigueur  Se 
l'équité  ne  font  qu'une  mcmechofe  :  Que  celles  des  Conciles  étoientfujettes 
au  défaut  commun  de  toutes  les  Loix  ,  dont  il  faut  que  l'équité  limite  l'u- 
niverfalité  dans  les  cas  imprévus  »  où  il  feroit  injufte  de  les  exécuter  :  Que 
n'y  ayant  pas  toujours  de  Concile  fubfiftant  auquel  on  puifle  avoir  recours  ) 
ou  que  quand  il  y  en  auroit ,  le  Concile  ne  pouvant  pas  toujours  être  occupé 
à  régler  tous  ces  cas  iinguliers ,  il  étoit  néceffaire  d'avoir  recoure  à  l'autorité 
du  Pape.  A  cela  l'on  répliqua  :  Que  quoique  toutes  les  Loix  euflènt  le  dé- 
faut de  l'univerfalité ,  on  ne  laiflbit  pas  de  les  publier  toutes  fans  y  inférer 
les  exceptions  :  Que  par  conféquent  on  en  devoit  faire  de  même  dansToc* 
caûon  préiènte  ;  parce  qu'en  inférant  la  claufe  en  queftion ,  ce  feroit  dire 
que  le  Pape  peut  difpenfer  du  Décret  non- feulement  dans  des  occasions 
rares  &  imprévues ,  mais  même  dans  les  cas  ordinaires.  Cet  avis  ne  fut  pas 
foutenu  9  comme  il  devoit  ,  par  tous  ceux  qui  dans  leur  confcience  le 
croyoient  jufte  i  ôcMonu y  en  prenant  avantage,  dit  que  tout  cela  n'étoic 

3u'une  fubtilité  inventée  pour  ne  pas  rendre  au  Saint  Siège  ce  qui  lui  étoic 
û  :  ce  qui  fit  taire  tout  le  monde. 
^9  L'EvEQUE  de   Sadajoi  *  demanda  enfuite  ,  qu'on  déclarât  dans  le  ii  Fleur jr,  !• 
Prologue  du'Decrer,  que  l'article  de  la  Réfidence  n'étoit  pas  omis,  mais  144- N^M- 
diffère.  Mais  les  Légats  répondirent  :  Que  c'étoit  fe  défier  de  leur  promedè 
&  de  celle  du  Pape ,  &  les  obliger  en  vain  à  une  chofe  qui  feroit  toujours  en       ^ 
leur  pouvoir  :  Que  cependant ,  pour  fatisfaire  à  un  denr  fi  ardent ,  on  mar* 
queroit  qu'on  avoit  defièin  de  pourfuivre  la  matière  de  la  Réfidence  dont 
on  avoit  déjà  commencé  à  traiter  *,  pour  faire  entendre  par-là  que  l'examen 


19.  L'Evéque  de  JBadajoi  demanda  in- 
fuite  ,  qu*ùn  déclarai  dans  le  Prologue  du 
Décret ,  que  l'Article  de  la  Réfidence  n'étoit 
pas  omis ,  mais  différé,  ]  Autant  que  les  Lc- 
gats  cheichoient  à  éloigner  la  décifion  de 
Tobligaiion  de  la  Ré/îdence  ,  autant  let 
Efpagnols  s'efTorçoient-ils  de  la  foUiciter  à 
tout  propos.  Les  Légats  les  en  âattérent , 
mais  (ans  deflein  d'en  venir  à  Tezécution  ; 
&  il  fallut  bien  que  les  autres  fe  concenuf- 


(ênt  d'erpéran<:es ,  n'ayant  pour  eux  ni  l'au* 
torité  ni  la  fnpérioricé.  Mais  lorfque  fous  Pig 
ly  il  âdlut  enfin  en  venir  a  une  réfblntion  , 
la  Cour  de  Rome  paya  d*adreflè ,  &  les  Pt&* 
lats  zélés  y  de  peur  de  tout  perdre  ,  furent 
obligés  de  fe  contenter  du  peu  qui  leur  fut 
accordé,  c*eft-à-dire ,  de  paroles  envelopées, 
que  chacun  pouvoit  expliquer  à  fa  manière , 
&  de  Loix  qu'on  pouvoit  éluder  à  la  faveoi 
des  Difpenfes. 


47«       HISTOIRE    DU    CONCILE 

ù;6xtru.  éc  cette  matière  n'avoit  pas  été  achcré  dans  la  Seflion  précédente,  9C  ^tf^ii  en 

Paul  IIL  ^eftoit  encore  une  partie  à  difcuter. 

— — ~^  Sur  les  Chapitres  où  il  étoit  traité  des  qualités  des  Evèques  &  des  Cur és^ 
AUpo  Archevêque  de  Saffari  dit  :  Que  non-feulement  ils  ne  remédioient 
point  aux  abus  introduits ,  mais  qu'ils  n'étoient  propres  qu'à  énerver  ]i» 
anciennes  règles  ;  puifque  fous  les  termes  généraux  d'âee  ,  de  mceurs  »  de 
feience ,  &  ae  mérité  »  chacun  pouvoit  paflèr  pour  habile  â  potCédet  cer 
emplois  :  Qu'alléguer  (împlement  le  Décret  d' Alexandre  III ,  c'étoit  a 


nuiler  les  autres  Canons  qui  prefcrivoient  d'autres  condirions  ;  puifqo'ea 

nommant  celui-là  feul ,  c'étoit  déroeer  à  tous  ceux  qu'on  aâèâoit  de  ne  pà» 

nommer  :  Qu'il  étoit  néceffaire  de  déclarer  nettement  en  quoi  confiftoient 

'  éette  gravité  de  mœurs  &  cette  connoilTance  des  Lettres  que  l'on  exigeoir  ; 

&:  qu'en  le  faifant  ^  les  Counifans  fe  trouveroient  par-là  exclus  pour  toa-^ 

h  I.  Tim.  jours  de  ces  emplois  :^  Que  S.  Paul  avoir  marqué  très-nettement  quelles 

UL  &•        dévoient  être  les  moeurs  nécdflfaires  à  un  Evoque ,  fans  qu'on  y  fie  la  moindre 

attention  :  Que  la  feience  &  le  Doâorat ,  que  requiert  cet  Apôtre ,  confiftent 

dans  la  connoiflfance  de  la  Doftrine  Chrénenne  6c  des  Sainres  Ecritures  ;  ic 

qu'on  ne  devoir  pas  imiter  le  Pape  Honoré  III ,  qui  dépofa  un  Evèque  de  la 

BalTe-Saxé ,  parce  qull  n'avoit  ni  lu  Donat ,  ni  appris  la  Grammaire  ,  8C 

que  y  comme  dit  la  Glofe  ,  il  ne  pouvoit  enfeigner  la  Grammaire  à  fon 

peuple  ',  comme  fi  les  règles  de  la  Grammaire,  6c  non  l'Evangile,  étotenr 

ce  qu'il  devoit  prêcher  à  Ion  peuple. 

»o  L'EvÈSQUE  de  Huefca  ajouta  :  Qu'il  n'approuvoir  point  qu'on  ren- 
voyât ,  comme  on  faifoit ,  aux  Décrétâtes  ou  aux  Ct>nftitutions  des  Papes» 
parce  qu'où  on  le  faifeit  pour  leiu:  domier  plus  d'autorité  ,  ou  pour  en  rece^ 
voir ,  ou  pour  rendre  les  Loix  plus  fortes  par  l'union  de  leur  autorité  avec 
celle  du  Concile  ;  &  que  dans  quelque  vue  que  cela  iè  fit,  la  cfaofe  ne  con^^ 
venoit  pas ,  &  que  cela  ne  fervoit  qu'à  aflbiblir  l'autorité  de  l'an  &  des  au* 
rres  enlemble  :  Que  cela  étoit  bon ,  quand  la  Conftitation  étoit  trop  Ion** 
eue  pour  la  rapporter  route  entière  *,  mais  que  quand  elle  ne  contenoit  que 
la  même  chofe  qu'on  vouloit  ordonner ,  il  ne  voyoit  pas  à  quoi  bon  y  ren« 


lo.  L'Eviqui  ée  Huefem  mjmitm  qu'H 
n'éjmrouvok  pas  qu  if  H  renvoyât  ^  tomme 
on  faifoit ,  aux  DécrétaUs  ou  aux  Confti- 
tutions  des  Papes ,  &c.  ]  Mais  les  Romains 
avoîent  leur  rai(bn  poor  le  faire.  Ce  Code  eft 
proprement  letir  cinqaiéme  Evangile  ,  & 
ils  voaloient  en  y  renvoyant  fims  ceflè  lai 
donner  plu^  d'àutoritë ,  $c  en  même  tems 
^«mettre  coajoors  celle  dû  Concile  an  Pape, 
dont  les  Loix  fervoient  pour  ainfi  dire  de 
tègle ,  &  dont  il  (e  trouvoit  par-là  mènrie  en 
état  de  dirpenfer.  Les  Efpagnols,  qui  fen- 
toientbien  ces  conflk|aence$ ,  enflent  voola 
les  prévenir.  Mais  comment  prévaloir  fbr  ce 


nombre  d'Italiens ,  qui  tioienc  ou  aux  gaqjet 
de  Rome  ^  ou  dans  ft  dépendance?  Lachoft 
n*étoit  pas  poflîble  »  Se  on  doit  s*étonner  en- 
core plas  qae  malgié  tant  d  oppodtions  , 
les  Prélats  bien  nuencionnéis  «yent  eu  aièz 
de  crédit  pour  faire  porfèt  la  Réforftie  aafi 
loin ,  que  de  ce  ^e  l\Dti  n*«it  pis  pu  «b« 
tenir  davantage.  An  tékè  ,  ef^^UjÊt  m» 
fennsdj^etquefoflèm  )es  Teflénoiis  <|aeâiif 
ici  l*Evèqoe  de  Huefca ,  âH  y  eac  fbn  peu 
d*atcenQon ,  &  l'on  voit  qae  dans  la  fiiiet 
on  n'y  renvoya  pas  iMoîns  fféqoeftimefic  mm 
pécrètales  &  aux  Conflitatioiii  des  PapfS* 


/ 


DE  TRENTE, tivR»  1%.  471 

yeftt  y  ptttfquc  cela  ne  pouvoît  fervir  qu'à  occafionncr  àc$  conticftackMis  Se  ^o^f^ 
des  dUpuces ,  pour  (avoir  £  ces  Confticuûons  écoienc  approuvées  à  la  lec-  ^^^^  ^ 
:  ttc  «  ou  bien  avec  les  limuacipns  »  les  aoipdiaaons  s  fie  les  kicerprétacions  ""^""""""^ 
4if&ences  des  Dodeurs ,  ce  qui  ne  ferok  que  répandre  de  la  confu&m  : 
Qi»e  Ton  avoir  befbin  de  Décrecs  qui  produiâflènr  la  paix ,  la  charicé ,  ic 
une  bonne  réforme  dans  l'Eclife  »  &  non  qui  jr  fifleni  aaîcre  df  nouvelles 
disputes  Se  de  nouveaux  deârdres.  A  quoi  par  exemple  »  dîibit-il ,  pouf- 
foit  iervir  aufourd'hui  de  donner  aux  Ordic^ures  le  dcot^  d'impofer  les  pei- 
.0CS  portées  par  Je  C  Grave  mmU ,  donc  Texécucioa  eft  ttaàik  aux  Conciles 
Provinciaux ,  qui  ne  font  plus  en  ufage ,  à  moins  qu'on  ne  les  rérabli(fe 
auparavant  \  D'aîllears  »  le  non^re  des  Bénéfices  conférés  par  les  Ordinaires 
ne  £ii£uit  pas  la  dixième  partie  des  Coltarînns  >  à  ouiie  des  différentes 
Réfervations  ;  à  qooi  ficrr  de  réformer  cetoe  petire  panie ,  (i  on  lai0è  régner 
les  abus  dans  les  neuf  aaae$ ,  qm  fbût  i  k  diipoAtion  de  k  Cour  de  Roi^ 
De  même  ,  Ç\  pour  remédier  à  la  pLuralicé  6t%  Bénéfices  on  approuvé  la 
Conititution  De  midia  ,  à  quoi  cela  peut-il  iecvir  qu  a  fortifier  davantage 
Tabus  par  la  permiifion  qui  s'y  rroture  d'accorder  des  Di/penfes  ? 

^'  On  difputa  longtems  fur  la  demande  que  fiûibient  les  Efpagnols ,  ^;Fleary,L. 
que  les  Carcfinanx  fimènt  fpécifiés  nonunémenr  dans  le  Décret.  Les  uns  144.  N^i4, 
difoient  :  Que  pour  l'honnem  jdc  cet  Ordre, qui  eftie  premier  de  TEgtife,  & 
rempli  de  pcrfonnes  d'un  mérite  fingulicr ,  il  ne  convcnoit  pas  de  montrer 
£  oaverceoient  qu'il  y  e&r  parmi  eux  des  abus  à  réfootner ,  ou  qu'ils  ne  le 
^udent  pas  faire  eux-mêmes  \  8c  qu'en  fe  £srvant  des  termes  ^éraux  qui 
es  compriflènt,  comme  en  difant  4jue  Les  Décrets  s'étendoicnt  à  routes  fortes 
de  perfbnnesy  de  quelque  dimité,  rang,  ou  prééminence  qu'elles  fullènt,cela 
feroit  le  même  effet.  Mais  ks  aucies  repliquoient  :  Que  puiiqae  ,  félon  la 
•anaxime  des  Canonifles ,  les  Cardinaux  ne  font  jamais  compris  fous  aucune 
expreilion  générale ,  à  moins  qu'ib  ne  foient  expricpés  nommément ,  il  ne 
reitoit  d'autre  moyen  de  remédier  au  mauvais  exemple  qulls  donnoient  au 
'  monde ,  qu'en  les  réformant  en  particulier  :  Que  le  Clergp  inférieuif  avoir 
Bx>ins  beloin  de  réforme ,  parce  que  fes  defbrdres  éroiem  plus  légers  >  ^ 
qu'il  ne  fe  dérangeoirxjue  par  Texemok  de  fes  Supérkurs  :  Qoe  pour  gué^- 
rir  un  corps  malade ,  il  fàtloic  s'actacner  aux  pins  grands*  maux  &  aux  par- 

tff.  Qndijjmu  iangums  fia  Udem^nit  MApÀ  faut  ils  vo«k>ieni  £ii«e  xéfesves  Go«t 

.  fUr  fêifoUm  Us  EffûfiÊols ,  firr  lu  CarM-  /ce  qiû  iegsr<bit  la  jUlorimtwn  lie  fa  Com  s 

naux  firffcnt  fjdctfiés  aommémOÊt  dans  le  ^  par  u«i  %»$%  éffoi  po^r  la  ilignké  des 

.  Dècrtt.  ]  Les  Li^ss  vc^Boieoe  bien  la  ni-  Cartânpna  ,:à  laquelle  ils-cipjmeiic  ^qoe  k 

•<  ccfficé  qa*il  y  avoit  de  W  hvn  \  9c  c*étoîc  Con€ileid09MMTMau6ince««^kSil9inm»f¥. 


E 


pour  cela  qu'ils  avoieac  ccMifiallé  au  Pape  Ces  vues  hoitfèt  Jbien  iMmiaines  }  mais  on 

.é'en^ftireineotian  dans  la  Bulle  qQ*il  a^aic  ne  doit  pas  s'aciendae  que  dans  les  a&i- 

fubliée  à  ïem  (bHicitaiioit.  Ce  n^tc  pas  xes  les  plus  fainEes  les  Ito^nmes  fe  dépouij- 

icanc  au£  pour  les  «zemier  de  cette  Loi ,  lent  alTez  de  leurs  foiblefTes  pow  ne  Te  con- 

qu'ils  s^oppo&ienc  à  ce  que  le  Concile  les  duire  que  par  d(^  vBes.d^ane  fag^  5c  d'une 

nommât  dam  (bn  Décret ,  que  jncT  une  dé-  xeligioa  £ip£skixt  à  tome  attMe  ^stt  di- 

Iscatelfe  qu'ils  aaoiempaKÏaïKQSiiéjdofiape,  ^gafd^ 


47*        HISTOIRE    DU    CONCILE 

BCDXLTii.  cies  principales  ;  parce  que  celles-ci  écanr  guéries  ,  il  écoic  iacile  de  gnérir 

•Paul  III.  \q^  aurres ,  ou  du  moins  qu'il  fuffifoit  d'y  employer  des  remèdes  légers. 

■  Quant  à  l'abus  des  Unions  perpétuelles ,  les  parcifans  des  Légats  dirent  : 

Qu'on  y  avoir  fuffifammenr  pourvu  en  remettant  aux  Evêques  l'examen  de 

celles  qui  étoient  déjà  faites  ,  Se  le  pouvoir  de  déclarer  lubreptices  celles 

3ui  ne  fe  trouveroient  pas  fondées  fur  des  caufes  raifbnnables.  Mais  on  ne 
ifoit  pas ,  que  ce  Dédret  étoit  rendu  inutile  par  cette  reftridion  qui  y  étoic 
jointe ,  Si  U  SUge  Apojloliquc  ntn  juge  autrement  ;  reftriâion  qui  non-> 
feulement  tendoit  à  aotorifer  l'abus ,  mais  encore  à  conftituer  l'Evêque  en 
procès  &  en  dépenfes. 

^^  L'on  demanda  aufllî  de  nouveau  encore  ,  qu'on  défendît  tout-â-faic 
les  Unions  à  vie ,  &  qu'on  caflat  celles  qui  étoient  déjà  feites.  Mais  le  plus 
grand  nombre  approuva  les  Décrets  tels  qu'ils  avoient  été  propofés  par  les 
Légats  ,  les  uns  par  leur  attachemenf  propre  pour  la  Cour  de  Rome  >  les 
autres  parce  qu'ils  avoient  été  gs^és.  Il  y  eut  même  quelques  gens  de 
bien ,  qui  fe  lai({èrent  aller  comme  les  autres  >  par  la  promeOe  qu  on  leur 
fit  que  le  Pape  remédieroit  à  cet  abus  &  à  plufieurs  autres ,  par  une  Bulle  \ 
mais  qu'il  étoit  de  la  réputation  du  Saint  Siège  de  le  lailTer  agir  lui-même , 
&  de  ne  pas  laifTer  paroitre  que  le  Synode  l'eût  forcé  maigre  lui  â  recevoir 
la  Loi.  ^3  Tous  ces  Prélats  réunis  faifoient  enfemble  les  trois  quarts  da 
Concile. 

Le  tems  de  la  Seffion  approchant,  l'on  relut  les  Canons.  Quelques-uns 
demandèrent  qu'on  y  joignît  des  Chapitres  de  Poârine ,  comme  dans  la 
Seffion  précédente  *,  *4  &  les  autres  s'étonnèrent  de  ce  qu'on  omettoit  le 
Décret  des  abus  qu'on  avoit  trouvé  à  réformer  fur  cette  matière.  Mais  on 
répondit  i  ces  derniers ,  que  la  chofe  n'avoir  pas  été  allez  difcutée  >  &  qu'il 

feroic 

tu  Von  demanda  auffi  de  nouveau  en'  fieme  afeendevana a*  tre quarti  di  tutio'lnu* 

eore  ^  quon  d^endit  tout^à-faït  les  Unions  mcro  délia  Sinodo*  Je  ne  (àt  donc  poorqnoi 

à  vie  ,  &  quon  cajfât  celles  qui  étoient  M.  Amelot  a  nradait les deu^  tiers.  La  dîf- 
dêja  faites,  ]  Les  Aucenis  des  Notes  fox  le  ^  ftience  eft  pen  eflèntielle  }  mais  pouiquoi 
Concile  de  Trente  ont  bien  xai(bn  d*appel-  '  s'écarter  de  (on  Original,  loxfqa'il  ny  en  • 

1er  ces  foites  d'Unions  monjirueufes  ,  èc  il  nulle  nécefllté  } 

eût  été  à  foohaiter  que  le  0>ncile  fe  fât  ex-  14.  Et  les  autres  s'étonnirent  de  ce  qu'oie 

pliqaé  d'ane  manière  on  peu  plas  pofitive  omettoit  le  Décret  des  àbiu  qu'on  avoit  trou^ 

for  on  abus  fi  déteftable.  Car  qooiqo'gn  y  vé  à  réformer  fur  cette  matière*  ]  Les  abus 

ait  condamné  ces  fortes  d'Unions ,  on  s*eft  vraifemblablemenc  avoient  été  recoeillis  , 

exprimé  for  ce  point  d'one  manière  fi  légè'  mais  non  pas  examinés  \  &  cet  examen  , 

re ,  qo*il  femble  qoe  ce  ne  (bit  qo'à  regret  comme  noos  l'avons  vo ,  ne  fe  fit  qo*aprèf 

qu'on  ait  retranché  on  de(brdre  C\  otile  a  la  la  tranflation  do  Concile  â  Bologne.  Rayn^ 

Coor  de  Rome  &  à  qoelqoes  Eccléfiaftiqoes,  N^  7  t.    Les  Prélats  poovoient  donc  bien 

mais  en  même  tems  û,  préjodiciable  ao  bien  s'étonner  de  ce  qoe  l'on  n*avpit  pas  réfisr* 

de  toote  l'Eglife.  .  mé  ces  abos  ,  mais  non  de  ce  qaon  n'en 

1  )•  Tous  ces  Prdau  réunis  faifçienten"  avoit  pas  publié  le  Décret',  poifqoe  ce  Dé« 

fcmhU  les  trois  quarts  du  Concile,  ]  Ce  font  cret  n'exiftoit  pas  encore,  &  par  coniéqoenc 

^  les  termes  de  Fra-Paolo  i  &  quefti  pofii  <^-  n'avoir  pas  pu  (tre  propcfé* 

%^*  Criolani 


DE    T  R  E  N  T  E ,  L  I  V  R  E    II.  473 

fcroit  plus  convenable  de  renvoyer  le  tout  après  qu'on  auroir  traite  de  cous  mdxlvxi. 
les  Sacremens,  auquel  tems  on  pourvoiroicà  tous  les  abus  qu'on  auroic  Paul  III. 
remarqués  dans  ladminidration  de  chaque  Sacrement  en  parriculier ,  com-  ' 

me  auifi  à  ceux  qui  leur  fèroienc  communs  à  tous.  La  meilleure  raifon 
qu'on  pût  apporter  aux  autres  pour  juditîer  lomidion  des  Chapitres  de 
Dodbrine ,  fut  :  Qu'on  en  avoir  ulé  ainfi  dans  la  Seflion  du  Péché  originel  : 
Que  rExpofition  de  Doctrine  n  croit  néccflàiie,  que  lorfque  fans  elle  on 
ne  pouvoir  entendre  les  Canons  :  Que  c'étoic  pour  cela  qu'on  l'avoir  jugée 
néceffaire  fur  la  matière  de  la  JuiHfication  :  mais  que  comme  cous  les  Ca- 
nons fur  les  Sacremens  étoienr  fort  clairs ,  il  eûr  été  inutile  de  les  faire 
accompagner  d'une  Expodtion  de  Doârine.  Le  peu  de  tems  qui  reftoit  ,  & 
le  conlentement  du  plus  grand  nombre  ,  firent  prévaloir  ce  parti ,  &  obli- 
gèrent de  fe  taire  tant  ceux  qui  demandoienr  que  les  Canons  fuflcnt  précé- 
dés d  une  ExpoHtion  de  Doârine  f  que  ceux  qui  fouhaicoienc  la  réforme 
des  abus  qui  regnoient  fur  cet  article. 

XCV.  Les  Décrets  ayant  été  arrêtés,  quoiqu'avec  les  difficultés  qui  ont  VILSeJflfi». 
été  rapportées  ,  &  le  troifième  de  Mars  jour  de  la  Seflîon  étant  venu ,  les  ^P'*"*^'  L. 
Prélats  avec  les  cérémonies  ordinaires  fe  rendirent  à  TEglife ,  ^  où  la  Mefle  Rayn  n* 
fut  célébrée  par /^c^ae5  Cocco  Archevêque  de  Cor/ou.'-^  Coriolan  Manirano  jj. 
Evêque  de  S,  Marc  devoir  faire  le  Sermon.  Mais  jugeant  qu'après  les  mor-  Spond. 
tifications  qu'il  avoit  cflTuyées  dans  les  Congrégations  ,  il  ne  lui  convenoit  N°  5* 
pas  de  fe  trouver  à  la  Seflîon  fans  perfifter  dans  les  fentimens  qu'il  avoir    ^^^J 
défendus  ,  &  qu'il  n'y  avoit  pas  de  fureté  pour  lui  à  s'oppofcr  aux  Décrets    • 
dans  la  Seflîon  publique  ,  *^  il  crut  qu'il  feroit  mieux  de  refter  chez  lui 
fous  prétexte  d'une  indifpofition  •,  enforte  que  la  cérémonie  fe  paflà  fans 
Sermon.  Chofe  furprenante ,  que  de  foixante  Evèques  &  de  trente  Théolo- 
giens exercés  à  prècner ,  il  ne  s'en  trouvât  pas  un  leul ,  qui  pût  dire  quatre 


if.  Coriolan  Martirano  Evêque  de  S. 
'Marc  devo'u  faire  le  Sermon  ,  &c.  ]  Et  fon 
Sermon  fiic  enregidré  dans  les  Aéles  ,  oà 
l'on  marque  qu*il  ne  fut  pas  prononcé  , 
parce  que  ce  Prélat  étoit  G.  enroué  qu  il  ne 
pouvoit  pre(c]ue  parler. 

té.  Il  crut  qu'il  feroit  mieux  de  refter 
che[  lui  fous  prétexte  d'une  indifpofition,  ] 
Notre  Hiftorien  prétend  que  cette  indifpo- 
fition étoit  affedée ,  &  que  la  vraie  raifon 
pourquoi  ce  Prélat  ne  prêcha  pas,  fiit  quaprès 
les  mortifications  qu  il  avoit  reçues  dans  les 
Congrégations ,  il  ne  pouvoit  adlder  à  la 
SefHon  fans  perfifter  dans  les  fentimens  qu'il 
avoit  défendus ,  &  qu*il  n'y  avoit  pas  de  fu- 
ifeté  pour  lui  à  le  taire.  Mais  Pallavicin 
fbutient  que  tout  ceci  n  eft  fondé  que  fur  de 
£iux  rapports ,  &  cela  eft  très-vrai femblable. 

T  O  Jkf  £     I. 


Car  ni  ce  Cardinal ,  ni  Fra-Paolo  lui-même , 
ne  nous  marquent  rien  de  ces  prétendues 
mortifications  ,  ni  de  loppofirion  que  fie 
Martirano  dans  les  Congrégations.  Il  paroit 
au  contraire ,  que  ce  Prélat  étoit  a^Tez  dans 
les  idées  des  Légats  >  &  quand  il  n'y  eut  pas 
été,  il  n'y  eût  pas  eu  moins  de  liberté  pour 
lui  de  s'expliquer  dans  la  Seflton  ,  que  pour 
TEvèque  de  Fiéfoli  Se  pour  plufieurs  autres , 
qui  perfiftèrent  au  jour  de  la  Seffion  dans  les 
mêmes  oppofitions  qu'ils  avoient  formées 
auparavant  dans  les  Congrégations*  11  fane 
donc  que  Fra-Paolo  ait  été  mal  informé  s 
&  il  n'eft  pas  furprenant  que  faute  d'avoir  vu 
les  Aéles  mêmes  du  Concile ,  il  Ce  foit  quel- 
quefois mépris  dans  ces  fortes  de  détails, 
Praeano  dans  fon  Recueil  d'Adles  confirme 
le  récit  de  Pallavicin. 

Ooo 


474       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLVii.  mots  avec  une  préparation  de  quatre  heures.  L'on  marqua  dans  les  AStcs,. 
Paul.  III.  q^i^il  n'y  avoir  point  eu  de  Sermon ,  parce  que  TEvêque  de  S,  Marc  avoit 
■— — ■"■  été  enroué ,  &  cela  fut  même  imprimé  ainfi  :  ce  qui  marque  la  politellê 
du  Secrétaire,  mais  qui  eft  une  preuve  en  même- tcms,  qu'on  *7  ne  pen-- 
foit  pas  alors  qu'il  viendroit  un  tems ,  où  l'on  croiroit  que  toutes  les  aâions 
de  cette  Aflemblée  étoient  femblables  à  celles  des  Âpotres  ,  lorfqu'étant 
tous  enfemble  ils  attendoient  la  venue  du  Saint-Efprit. 

Apres  la  Meflè  &  toutes  les  autres  cérémonies  ,  on  lut  les  deux  Dé- 
crets. * 
i  Conc  L^  premier ,  qui  concernoît  la  Foi ,  contenoit.  en  fubftance  :  Que  pour 
Trid.Sdr.7.  complément  de  la  Doârine  de  la  Juftification  qui  avoit  été  établie  dans  1^ 
Sedion  précédente ,  l'ordre  naturel  avoit  demandé  qu'on  traitât  des  Sacre«- 
mens;  &  que  pour  extirper  les  Héréfîes  qu'on  avoit  répandues  fur  ce  point» 
le  Concile  avoit  fait  les  Canons  fuivans^  qui  dévoient  être  fuivis  dans  leur 
tems  de  quelques  autres.  • 

Il  y  en  avoit  xiii  fur  les  Sacremens  en  général ,  où  l'on  difoit  Anatheme 
à  tous  ceux  qui  diroient  : 
CMumsfin      '•  Q^E  ^^  les  Sacremens  de  la  Loi  Nouvelle  n'ont  pas  tous  été  inftitués 
Us  Sdcre-    par  Jefus-Chrift ,  ou  qu'il  y  en  a  plus  ou  moins  de  vu  ,  ou  que  quelqu'un 
mins  en  gi-  d'eux  n'eft  pas  véritablement  &  proprement  Sacrement. 
nksl.  ^^  Qu'ils  ne  font  différens  de  ceux  de  l'Ancienne  Loi  ,  que  dans  lc% 

Rits  &  les  Cérémonies. 

5.  Qu'aucun  d'eux  ^^  n'eft  plus  digne  qu'un  autre ,  fous  aucun  refpeâ:; 
4*  Qu'ils  30  ne  font  pas  nécefTaires  au  falut ,  &  que  la  Grâce  fe  peut 
obtenir  fans  eux ,  ou  fans  le  defir  de  les  recevoir ,  &  par  la  Foi  feule. 

17.*  On  ne  penfoît  pas  alors  quit  vien-  c  eft  ne  dire  autre  chofe ,  finon  que  Jefiis^ 

droit  un  tems  ,  oà  l'on  croiroit  que  toutes  les  Chrift  a  hittè  à  fon  Eglife  le  pouvoir  d*inftir: 

avions  de  cette  AjfembUe  étoient  femblables  tuer  ces  fortes  de  f^nes  extérieurs. 

à  celles  des  Apôtres ,  &c.  ]  Ce  tems  n'eft  19.    Qu'aucun  d'eux  n'eft  plus  dîgn€ 

point  encore  venu ,  &  ceux  même  qui  font  qu'un  autre  »fous  aucun  refpeU»  J 11  eft  aSèx 

le  plus  prévenus  en  faveur  de  l'autorité  de  étonnant ,  comme  on  l'a  dit,  qu'on  aie  voolo 

cette  AiTemblée,  n'ont  jamais  été  ju(qu*à  faire  un  Dogme  d'un  Anicleaudiléj^er.  Sup- 

prétendre  que  toutes  Tes  aftions  étoient  fem-  po(é  la  vérité  même  de  ce  qu'enieigne  le 

blables  à  celles  des  Apôtres ,  lorfqulls  atten-  Concile  ,  quelle  néceflité  d'en  impofer  la 

doient  le  Saint  Efprit.  Le  tems  en  viendra  créance  ,  lors  fur-tout  qu'on  ne  détermine 

peut-être  :  on  a  vu  des  chofes  plus  extra-  point  quels  Sacremens  font  plus  dignes  les 

ordinaires  dans  l'Eglife  i  &  il  n*v  a  guères  uns  que  les  autres ,  pui(qu'à  différens  égards 

d'événement  dont  on  puîHIe  être  (urpris.  les  uns  peuvent  être  cen(és  tantôt  ou  plus 

18.  Que  Us  Sacremens  de  la  Loi  Nou-  ou  moins  dignes  que  les  autres  ? 

velle  n'ont  pas  tous  été  inftitués  par  Jefus^  50.   Quils  ne  font  pas  néceffaires  au 

Chrift  y  &c.  ]  Si  la  décifion  doit  s'entendre  falut ,  &c.  ]  Cette  définition  dans  fa  génér»- 

d'une  inftitution  immédiate,  il  eft  bien  diffi-  lité  ne  peut  être  conteftce  après  la  dcclar»- 

cile  de  la  juftifier  à  l'égard  des  vu  Sacre-  tion  que  fait  le  Concile  ,  que  tous  ne  font 

mensreconnusparleConcile.  Si  on  l'entend  pas  nécef&ires  à  chacune   Ce  n'eft  pas  an 

feulement  d'une  inftitution  médiate  ,    le  refte ,  que  Dieu  ne  fupplée  quelquefois  an 

Canon  n'eft  pas  d'un  grand  ufage ,  poifque  dé£wit  des  Sacremens  dans  la  néoefGxc»  Mais- 


DE   TRENTE,  Livre   IL  47^ 

5,  Qu'ils  ne  font  infticués  que  pour  nourrir  la  Foi. 

è.  Qu'ils  ne  contiennenc  point  en  eux  ia  Grâce  qu'ils  fignifient ,  ou 
qu'ils  ne  la  donnent  pas  4  ceux  qui  n'y  réfiftent  point  -,  mais  qu'ils  ne  font  " 
que  des  fignes  extérieurs  de  la  Juftice  &  des  caraftères  de  la  profeffion 
Chrétienne ,  pour  diftinguer  les  Fidèles  des  Infidèles. 

7.  Que  Dieu  ne  donne  pas  toujours  ni  à  tous  la  Grâce  par  les  Sacrc- 
mens ,  quoiqu'ils  fbient  reçus  avec  les  difpofitions  requifes. 

8.  Que  5  »  les  Sacremens  ne  donnent  pas  la  Grâce  par  leur  propre  vertu  , 
ce  qu'on  appelle  opus  optratum  ;  mais  que  la  feule  Foi  aux  promefles  de 
Dieu  fuffit  pour  la  faire  obtenir. 

9.  Que  5*  le  Baptême,  l'Ordre,  ic  la  Confirmation  n'impriment  pas 
dans  Tame  un  caraâère  fpirituel  qui  ne  peut  s'effacer,  &  qui  fait  qu'on  ne 
peut  les  recevoir  qu'une  fois. 

10.  Que  33  tous  les  Chrétiens  ont  le  pouvoir  d'annoncer  la  Parole  de 
Dieu  ,  &  d'adminiftrer  les  Sacremens. 

1 1.  Que  dans  l'adminiftration  des  Sacremens,  il  n'efl  pas  néceflaireque 
le  Miniftre  ait  l'intention  au  moins  de  faire  ce  que  l'Eglife  fait. 

1 1.  Que  le  Miniftre  qui  eft  en  péché  mortel  ne  confère  point  un  véri<* 
table  Sacrement ,  quoiqu'il  obferve  toutes  les  chofes  nécefTaires. 

15.  Que  54  chaque  Pafleur  peut  méprifer ,  omettre  ,  ou  changer  les  céré- 
monies approuvées  par  l'Eglife  qui  font  en  ufage. 


MDXtVlI. 

Paul  III. 


le  G)ncile  apparemment  n*a  voulu  rien  en- 
ièigper  autre  chofe  ,  ûnon  que  ce  font  des 
moyens  ordinaires  établis  pour  nous  fandi- 
fier  dans  le  cours  ordinaire  de  la  vie  Chré- 
tienne. En  tout  autre  fens ,  le  Canon  pour- 
toit  être  raifonnablement  contefté. 

%  I  •  Que  Us  Sacremens  ne  donnent  pas 
la  Grâce  par  leur  propre  vertu  ,  ce  qu'on 
appelle  opus  opéra tum.  ]  Si  Vopus  opéra- 
ium  des  Théologiens  étoit  imaginé  pour  ex- 
durre  la  nécefllté  des  difpofîtions ,  le  Canon 
ne  feroit  pas  un  Anicle  de  Foi ,  mais  une 
erreur.  Mais  s'ils  n'entendent  autre  chofe , 
finon  que  ce  font  des  moyens  que  lefus- 
Chrift  a  rendu  utiles  &  efficaces  pour  le 
fa  lut ,  &  qui  ne  le  feroient  pas  fans  Tinf- 
titution  qu  il  en  a  £iite  ,  mais  qui  fuppo- 
fent  toujours  la  néceflité  des  difpofîtions  , 
c'eft ,  je  crois  ,  ce  qu'aucun  Chrétien  ne 
contefle. 

3  t.  Que  le  Baptême  ,  l* Ordre  ,  &  la 
Confirmation  n  impriment  pas  dans  l'ame 
un  caraâlre  fpirituel ,  8c;  ]  Si  par  le  ca- 
laélére  on  n'entend  autre  chofe  finon  que 
ces  Sacremens  ne  doivent  pas  fe  réitérer , 
la  chofe  eft  aiffe  à  comprendre  8c  à  croire* 


Mais  que  cela  vienne  de  quelque  imprefllon 
formée  dans  l'ame ,  c'eft  ce  que  l'efprit  ne 
conçoit  pas ,  ce  que  l'on  ne  trouve  ni  dans 
l'Ecriture  ni  dans  les  Ecrits  des  anciens 
Doé^eurs  ,  8c  ce  qu'on  ne  croyoit  pas 
avant  que  les  ScoUftiques  en  eoflènt  fait  un 
Dogme. 

5  ) .  Que  tous  les  Chrétiens  ont  le  pou" 
voir  d'annoncer  la  Parole  de  Dieu  ,  &c.  ] 
Le  Concile  avoit  raifon  de  condamner  une 
dodrine ,  qui  fous  prétexte  de  faire  de  cous 
les  Chrétiens  autant  de  Prédicateurs ,  eftt  in- 
troduit une  confufîon  générale  &  un  en* 
thoufîafme  univerfèl.  Puifque  lefus-Chrift 
a  établi  des  Miniftres ,  &  qu  ils  ont  eu  foin 
de  fe  choifir  des  fucceifeurs  diftingués  de  la 
multitude  des  Chrétiens ,  il  faut  bien  que 
les  Apôtres  ayent  cru  que  le  pouvoir  d'an- 
noncer la  Parole  de  Dieu  n'écoit  pas  donné 
à  tous  i  8c  quand  leur  conduite  ne  fèroic 
par  pour  nous  une  règle ,  ce  que  nous  con- 
noiflbns  du  commun  des  Chrétiens ,  nous 
convaîncroit  alTez  que  tous  n'ont  pas  ce 
pouvoir. 

}  4.  Que  chaque  Pafleur  peut  méprifer i 
omettre  ^  ou  changer  les  cérémonies  approu" 

O  Ou    2 


47<î         HISTOIRE   D  U  C  O  N  C  I  L  E  ^ 

liDXLvn.       On  lue  audi  xiv  Canons  fur  le  Bapccme,  où  l'on  difoic  Anachèmeà  ceux 

Paul  IIL  qoi  diroicnt  -, 

■  1.  Que  le  Baptême  de  S.  Jean  avoir  la  même  icrcu  que  celui  de  Jefus^ 

Mfttm.     ^  Q^^  jj  j.^^^  véritable  &  naturelle  n'cft  pas  néceflTaire  pour  le  Bap- 
tême. 

j  •  Qu'on  n'enfeigne  pas  la  vraie  doârine  fur  le  Baptême  dans  l'Eglife 
Romaine ,  qui  eft  la  Mère  &  la  Maîtreile  de  toutes  les  Eglifes. 

4.  Que  le  Baptême  donné  par  les  Hérétiques  au  nom  du  Pire  5  du  Filsi 
&  du  Saint'EJ'prit ,  avec  intention  de  faire  ce  que  TEglife  fait ,  n'eft  pas 
un  véritable  Baptême. 

5.  Que  î^  le  Baptême  eft  libre,  &  n'eft  point  néceflTaire  au  falut. 

6.  Que  le  Baptifé  ne  peut  perdre  la  Grâce,  quoiqu'il  pèche  ,  pourvu 
qu'il  ne  ceflc  point  de  croire. 

7.  Que  le  Baptifé  n'eft  obligé  que  de  croire ,  6c  non  pas  d  obferver  Iz 
Loi  de  Jefus-Chrift. 

8.  Qu'il  n'eft  point  obligé  d'obferver  les  préceptes  de  l'Eglife. 

9.  Que  37  Ion  doit  rappeller  les  Fidèles  au  fouvenir  de  leur  Baptême,' 


vées  par  l'Eglife  ,  &.  ]  Quoique  ces  céré- 
monies paillent  être  peac-êcre  indifférentes 
en  elles-mêmes  ,  ce  (èroit  introduire  une 
véritable  confufîon  dans  TEglife  ,  que  de 
laiiTer  à  chaque  Pafleur  la  liberté  de  les  chan- 
ger à  Ton  gré.  Lordre  de  la  Société  deman- 
de une  certaine  conformité  à  ce  qui  eft  établi 
juridiquement.  Trop  de  confiance  dans  de 
iimples  cérémonies  eft  une  fuperftition.  Le 
refus  de  s*j  foumettre  eft  entêtement ,  ou 
lîngularitc. 

j  I .  Que  l'eau  véritable  6»  naturelle  nefi 
pas  nécejaire  pour  le  Baptême,  ]  Comme  le 
Baptême  eft  une  foi  te  de  purification  myfti- 
que  ,  elle  ne  peut  mieux  être  repréfentée 
que  par  l'eau  naturelle  ,  qui  a  été  choifie 
pour  la  matière  de  ce  Sacrement.  Mais  dans 
un  cas  de  néceflicé ,  il  n  eft  pas  douteux  qu  au 
défaut  d*eau  naturelle  toute  eau  artificielle 
né  fût  également  propre  au  Baptême ,  dont 
1  effet  eft  tout  myftique ,  &  par  conféquent 
jia  aucune  connexion  néce(&ire  avec  l'une 
plutôt  qu'avec  l'autre,  qu'en  vertu  de  l'infti- 
tution ,  qui  n  a  rien  de  déterminé  dans  le  cas 
de  néceflîté. 

3^.  Que  le  Baptême  efl  libre  &  n'eft 
point  nécejfaire  au  falut,  ]  C'a  toujours  été 
la  dodrine  de  l'Eglife  Chrétienne  ,  que  le 
Baptême  étoit  néceflaire  \   &  la  pratique 


conftante  &  perpétuelle  de  l'Eglife  en  eft 
une  preuve  fans  réplique.  Ce  n'eft  pas  que. 
l'on  n'ait  cru  que  dans  rimpoilibilitc  de  \%. 
recevoir ,  la  Foi  rie  fupplcat  au  Sacrement. 
Tel  eft  le  cas  de  toutes  les  inftitutions  ex« 
térieures ,  dont  la  nécefCté  (e  mefure  toa« 
jours  à  la  poilibilité.  Les  difpofitions  inté«> 
rieures  ne  fe  luppléent  point.  Mais  tour 
moyen  extérieur  qui  n'eft  néceffiiire  qu'en 
vertu  d'une  inftitution  pofitive ,  &  qui  n*s 
aucune  connexion  eilèntielle  avec  la  Cha* 
rite  &  la  Foi  y  n'eft  cenfé  nécelTaire ,  qu'an** 
tant  qu'il  eft  connu  &  qu'il  eft  pofCble. 

57.  Que  Von  doit  rappeller  les  Fidèles^ 
au  fouvenir  de  leur  Baptême  ,  de  manière 
qu'ils  regardera  tous  les  vaux  qui /ont  faits 
depuis,  comme  nuls  ,  &  comme  dérogeans  à 
la  Foi  &  à  la  profeffion  même  du  Baptême.  J 
Il  peut  y  avoir  de  bonnes  raifons  pour  em- 
pêcher qu'on  ne  s'engage  témérairement  à 
faire  des  vœux ,  lorfqu'il  y  a  lieu  d'appré- 
hender qu'il  ne  foit  pas  en  notre  pouvoir* 
de  les  accomplir.  Mais  je  ne  vois  rien  qui 
prouve  que  les  vœux  ^its  après  le  Baptême 
foient  nuls  ,  &  dérogent  en  aucune  forte 
à  la  profeffion  du  Baptême.  Si  l'on  y  pre- 
noit  des  engageméns  contraires  au  Baptê- 
me ,  il  eft  certain  que  ces  vœux  feroient  nuls.  • 
Mais  coiiune  ce  ne  font  que  des  moyens* 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E    IL  477 

de  manière  qu*ils  regardent  tous  les  vœux  qui  font  faits  depuis,commc  nuls,  mdxlvu. 
&  comme  dérogeans  à  la  Foi  &  à  la  profcmon  même  du  Baptême.  ^^"^  ^^ï- 

10.  Que  les  péchés  commis  depuis  le  Baptême  font  remis  ou  deviennent  — — — 
véniels  par  la  Foi  &  le  fou  venir  du  Baptême. 

1 1 .  Qu  ON  5*  doit  réitérer  le  Baptême  en  ceux  qui  ont  renié  la  Foi. 

X 1.  Que  î9  perfonne  ne  doit  être  baptifc  qu'à  lage  que  Jefus-Clirift  la 
été ,  ou  à  rheure  de  la  mort. 

I }.  Qu'on  ^  ne  doit  pas  mettre  au  nombre  des  Fidèles  les  Enfans  bap-» 
tifés ,  ou  qu'il  faut  les  rebaptifer  lorfqu'ils  ont  l'âge  de  raifon ,  ou  qu'il 
vaut  mieux  ne  les  point  baptifer  du  tout  dans  l'enfance. 

14.  Que  ceux  qui  ont  été  baptifés  dans  leur  enfante  doivent  être  inter- 
rogés ,  quand  ils  font  venus  à  l'âge  de  raifon ,  s'ils  veulent  ratifier  la  promeflè 
faite  en  leur  nom  'y  ^*  ôc  s'ils  ne  le  veulent  pas ,  qu'on  doit  les  laiflcr  â  leur 


pour  pratiquer  plus  ai(Sment  les  devoirs  du 
Baptême  ,  je  ne  vois  point  pourquoi  ils  fe- 
roienr  regardés  comme  nuls,  finon  lorfqu'ils 
(ont  hits  fans  allez  de  connoidànce  &  de 
liberté  :  en  quel  cas  ils  font  certainement 
nuls  ,  non  parce  qu'ils  font  feits  après  le 
Baptême ,  mais  parce  quils  font  faits  fans 
liberté  ,  ou  fans  connoiilànce. 

^ÎJ.    Qu'on  doit  réitérer  le  Baptême  en 
ceux  qui  ont  renié  la  Foi,  ]  Si  l'Eglife  Ta  voit 
ainfi  ordonné  ,  il  y  auroit  des  raifons  alTez 
plaufîbies  pour  juftifier  cette  conduire.  Mais 
la  confiante  pratique  contraire  eft  une  rai- 
fon décifîve  dans  des  matières  où  nous  n  a- 
vons  pour  règle  de  notre  conduite  que  l'au- 
torité de  l'Eglife  »  &  une  autorité  fondée  fur 
des  raifons  qui  ont  leur  poids  &  leur  mérite. 
Comme  le  Baptême  ,  en  le  confîdérant  in- 
dépendamment ik  fon  effet ,  eft  une  intro- 
duélion  au  Chriftianifme ,  un  homme  qui 
la  une  fois  reçu  ne  laiffe  pas  que  d'être  cenfé 
appartenir  a  cette  Société ,  quoiqu'il  en  ab- 
jure la  profeffion  j  &  c*efl  fans  doute  la  rai- 
fon pourquoi  on  ne  le  réitère  pas  a  ccnr 
qui  y  rentrent  >  parce  que  n'ayant  pu  perdre 
le  caraélcre  de  Chrétien  ,  ils  n'ont  befbin-en 
reprenant  leur  profefTîon ,  que  de  faris^aire 
à  leurs  enj^agemens  ;   &  de  réparer  par  la 
pénitence  le  fcandale  qu'ils  ont  donné ,  fans 
une  nouvelle  introduélion  dans  la  Religion 
qu'ils  ont  abandonnée, 

^9.  Qjie  perfonne  ne  doit  être  haptifé 
quà  rage  que  Jefus-Chrift  l'a  été  ]  C'eft 
une  fuperdition ,  plutôt  qu'une  religion ,  de 


prétendre  Imiter  Jefus-Chrift  dans  des  chofes 
où  il  n'a  pas  prétendu  être  imité.  Il  a  com- 
mandé le  Baptême ,  mais  il  n'en  a  point  &xé 
le  tems  ;  &  comme  les  raifons  qui  l'ont  fait 
recevoir  à  lefus  -  Chrid  à  cet  âge  ne  nous 
regardent  pas,  il  n'cd  point  d'obligation  pouc 
nous  de  l'imiter  en  ce  point.  '  » 

40.  Qu'on  ne  doit  pas  mettre  au  nombre 
des  Fidèles  les  Enfans  baptifés ,  &c.  ]  C'eft 
contredire  l'opinion  de  tous  les  fiècles ,  que 
d'avancer  une  telle  dnélrine.  Sans  décider 
fi  le  Baptême  a  été  inditué  ou  non  pour  les 
Enfans  aufll-bien  que  pour  les  Adultes ,  oa 
fî  on  l'a  jugé  abfolnment  néceffaire  ou  non 
pour  eux ,  il  ed  certain  du  moins  que  les 
Enfans  baptifés  ont  toujours  été  mis  au  nom- 
bre des  Fidèles ,  &  qu'on  ne  les  a  jamais 
rebaptifés  lorfqu'ils  parvenoient  à  l'âge  de 
raifon.  C'efl  donc  avec  juftice  que  le  Con- 
cile a  condamné  une  doébrine  contredite 
par  toute  l'Antiquité ,  8c  qui  n'a  aucun  fon- 
dement dans  l'Ecriture.  11  eft  vrai  que  le 
Baptême  femble  avoir  été  principalement 
infîitué  pour  les  Adultes.  Mais  comme  les 
Enfans  n'en  font  exclus  en  aucun  endroit  ^ 
c'eft  une  raifon  fiiflifante  pour  croire  que 
lorfqu'ils  l'ont  reçu  ,  il  n'y  a  nulle  raifon  de 
le  réitérer ,  ou  de  les  regarder  toujours  com- 
me Infidèles,  quoiqn'initiés  auChhftianif* 
me  par  ce  Sacrement. 

41-  Et  s'ils  ne  le  veulent  pas  ,  qu'on 
doit  les  laiffer  à  Unr  liberté ,  fans  les  can- 
traindre  à  vivre  en  Chrétiens  que  par  Vex* 
clufion  de  If  participation  des  Sacremens,  ] 


MDXLVII. 

Paul  III. 


Ctmonsfm 
la  Confit' 
msthn. 


Décrit  fur 
Is  réforme 
des  Abus. 


478  HISTOIRE    DU    CONCILE 

liberté  fans  les  contraindre  à  vivre  en  Chrétiens,  finon  par  Icxclufion  de 
la  participation  des  Sacremens. 

Enfin  on  lut  encore  trois  autres  Canons  fur  la  Confirmation ^  où  i  on 
difoit  Anathême  à  quiconque  diroit  : 

I.  Que  41  la  Confirmation  neft  point  un  véritable  Sacrement,  Se  n'eft 
qu'une  cérémonie  inutile  ;  ou  qu'autrefois  ce  n'étoit  qu'une  efpéce  de  Ca- 
téchifme  ,  où  les  Enfans  rendoient  compte  en  public  de  leur  Foi. 

1.  43  Que  c  eft  faire  injure  au  Saine  Efprit  que  d'attribuer  quelque 
vertu  au  Chrême. 

3  •  Que  TEvêque  n'eft  pas  le  feul  Miniftre  ordinaire  de  la  Confirmation, 
mais  que  les  fimples  Prêtres  le  font  auflS. 

Ensuite  de  ces  Canons  on  lut  le  Décret  de  Réformation ,  qui  dans  les 
A6fces  porte  le  titre  de  Canon  de  Ré/idtncc\  Se  il  contenoit  en  fubftance  : 

I.  Qu'aucun  ne  de  voit  être  créé  Evêque,  s'il  n'étoit  né  de  légitime 


Comme  TEglifè  n*ad*aacre  puiflânce  qu'âne 
paremenc  fpirituelle  ,  on  ne  voie  pas  quelle 
aucre  force  de  punition  elle  pourroic  infliger 
à  ces  perlbnnes ,  que  Texcluiion  de  la  Com- 
munion* Ainfî  ce  ne  peuc  être  fur  cet  en- 
droit que  combe  d*Anachème  du  Concile , 
ou  il  nudroic  avouer  que  cet  Anacbème  fe- 
roic  aflez  légèrement  lancé.  Pour  y  donner 
«n  fondemenc  plus  raifonnable,  il  £iuc  fup- 
pofèr  qu'on  na  condamné  cecce  maxime 
i'Erafme^  que  parce  qu'on  fuppofe  qu'il  eut 
voulu  que  TEglife  fe  fut  fait  une  loi  de  ne 
regarder  comme  véricablemenc  Chrétiens 
que  les  Adulces ,  &  qu'il  a  cru  que  les  Enfans 
n'étoienc  enga^  à  rien  par  leur  Baptême , 
jufqu'à  ce  qu'ils  euflènt  confirmé  par  un 
choix  délibéré  les  engagemens  que  l'on  avoic 
pris  pour  eux  dans  le  Baptême.  Mais  c'eft  , 
je  crois,  ce  que  cet  Auteur  n'a  jamais  pré- 
rendu. 

41.  Que  la  Confirmaùon  neft  point  un 
véritable  Sacrement ,  &  n'efi  qu'une  céré" 
ntonie  inutile  ,  &c.  ]  L'ulage  de  la  Confir- 
mation employée  par  les  Apâtres ,  &  à  leur 
exemple  par  les  Evêquès ,  même  depuis  là 
ceflàtion  des  dons  miraculeux ,  n'a  point  été 
difcontinué  dans  l'Eglife  ,  quoiqu'en  diffé- 
rentes manières.  Dans  les  premiers  cems , 
cetce  cérémonie  fembloic  figiire  parcie  du 
Baptême  1  &  depuis  on  l'a  regardée  comme 
une  forte  de  fupplément.  Le  nom  de  Sacre- 
ment lui  a  été  (buvent  donné  depuis  le  cin- 
quième fiècle  s  &  fi  cela  a  été||ioins  com- 


mun auparavant  ,  cela  peut  venir  de  ce 
qu'on  ne  diflinguoit  pas  ce  Rit  de  celui  du 
Baptême.  11  eft  cenain  d'ailleurs  que  le  nom 
de  Sacrement  lui  convient  à  plufieurs  égards, 
quoique  peut-être  non  pas  à  tous  les  mêmes 
aùfquels  il  convient  au  Baptême  8c  à  J'Eu- 
chariftie.  Le  mot  de  Sacrement  ne  fe  prend 
pas  toujours  dans  un  f<rns  univoque ,  même 
à  l'égard  des  tu  Sacremens  propoGÊs  par  le 
Concile  >  autrement  il  ne  feroic  pas  tout- 
à-fak  aifé  de  juftifier  fa  décifion.  Mais  il 
fuffit  pour  ne  la  pas  contefter ,  que  le  nom 
de  Sacrement  lui  convienne  à  quelque  jufte 
ticre,  &  que  cette  cérémonie  ait  fon  utilité , 
comme  on  Ta  toujours  cru  dans  l'Eglife. 

4).  Que  c'eft  faire  injure  au  Saint 
Efprit  «  que  d'attribuer  quelque  vertu  au 
Chrême^  ]  Ce  n'efi  non  plus  fiiire  injure  au 
Saint  Efprit  d'attribuer  quelque  venu  aa 
Chrême ,  que  d'en  attribuer  à  l'eau  du  Bap- 
tême \  puifqu'en  leur  attribuant  quelque 
vertu ,  on  fuppofe  toujours  qu'elle  vient  du 
Saint  Efprit  même ,  &  que  toute  la  force 
de  ces  élémens  ne  conbfte  qu'à  être  les 
inflrumens  par  lefquels  il  communique  fa 
Grâce.  Il  n'y  a  pas  plus  d'injure  £aite  au  Saint 
Efprit ,  en  croyant  qu'il  agit  par  des  moyens 
extérieurs  &  par  des  inftrumens,  qu'en  le 
fàifânt  agir  par  lui-même.  Tout  ce  qu'exige 
rhonneur  qui  lui  eft  du,  eft  de  croire  qu'il 
eft  Auteur  de  toute  Grâce ,  foit  qu'il  la  com- 
munique immédiatement,  foit  qu'il  la  con- 
fère par  quelques  inftrumens  extérieurs. 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E     IL  479 

mariage  ,  &  s'il  n  croit  d'un  âge  mûr,  de  bonnes  mœuDS,  &:  inftruit  dans  mdxlvh. 
les  Lettres.  ^     ^  ^        ^^^'^  "^' 

1.  44  Que  nul  ne  pourroit  recevoir  plufieurs  Evcchés  enfemble  enTitm,  — ■— — ■ 
ou  en  Commende ,  ou  fous  quelque  autre  nom  que  ce  pût  être  ;  ou  que  fi 
quelqu'un  en  avoic  aâuellement  plufieurs ,  après  en  avoir  retenu  un  à  fon 
cnoix ,  il  feroic  obligé  de  quitter  les  autres  d^ns  le  terme  de  fix  mois ,  s'ils 
étoient  à  la  collation  du  Pape ,  ou  dans  celui  d'un  an  ,  s'ils  n'y  étoienc  pas  ; 
&  que  faute  de  fatisfaire  à  ce  Décret ,  ils  feroienc  cous  tenus  pour  vacans» 
à  la  réferve  du  dernier  obtenu. 

3.  4f  Que  les  autres  Bénéfices  Se  principalement  les  Cures  feroienc  don- 
nées à  des  perfonnes  qui  en  fufient  dignes ,  &  capables  de  fe  charger  du 
foin  des  âmes ,  à  faute  de  quoi  le  Collateur  feroic  puni. 

4.  Que  quiconque  à  l'avenir  recevroic  plufieurs  Bénéfices  inconlpacibles 
par  voie  d'Union  a  vie^  de  Commende  perpécuelle,  ou  aucremenc,  ou 
reciendroit  ceux  qu'il  auroic  reçus  concre  les  L)anons ,  feroic  privé  de  cous. 

5*  4^  Que  ceux  qui  pofiedoienc  plufieurs  Cures  ou  Bénéfices  incompati^ 


44*  Que  nul  ne  pourrait  recevoir  plu^ 
fieurs  Evcchés  enfemble  en  Titre  ou  en  Corn* 
menée  i  &c.  ]  Ce  Règlement,  ù  conforme 
à  refprK  de  l'Antiquité  &  à  la  nacore  même 
du  Miniflère  Ecdéfîafiiaae  ,  qui  demande 
que  chacun  veille  par  (oi-même  aa  Trou- 
peau qui  lui  e(l  confîé,ce  qui  ne  peut  fe  faire 
en  réuniffanc  fur  une  même  tête  plufieurs 
Evêchés  enfemble,  a  remédié  à  un  abus  très- 
commun  avant  le  Concile  de  Trente  ,  oïl 
chacun  accumuloit  autant  de  Bénéfices  & 
d*Evêchés  qu  il  pouvoit.  Ce  qui  feroit  à  (bu- 
haiter  feulement ,  eft  ,  que  ce  .Décret  fut 
obfervé  généralement.  Mais  c*e(l  à  quoi  Ton 
n*a  eu  aucun  égard  en  Allemagne ,  où  les 
£vèques  continuent  de  poflévler  plufieurs 
Evèchés  enfemble  ,  (bus  prétexte  d'avoir 
be(bin  d'une  puifiânce  alfez  forte  pour  dé- 
fendre leurs  États  contre  les  invafions  des 
Proteftans.  Cette  raifon  a  peut-être  fa  pro- 
babilité aux  yeux  des  hommes  :  mais  je  ne 
fai  G.  elle  efl  de  quelque  (blidité  devant 
Dieu ,  fur-tout  dans  la  filiation  préfente  des 
affaires ,  où  tout  étant  réglé  de  part  &  d'au- 
tre y  l'on  ne  voit  pas  que  les  Puifiânces  Pro- 
teftantes  cherchent  à  empiéter  fur  les  Etats 
Catholiques  ,  ou  du  moins  fongent  à  j 
détruire  la  piofeffion  de  Religion  qui  y  eft 
établie. 

4f.  Que  les  autres  Bénéfices  & princi- 
paiement  les  Cures  feroient  données  à  des 


perfonnes  qui  en  fuffent  dignes  — -  â  faute 
de  quoi  le  Collateur  feroit  puni*  ]  La  peine 
ordonnée  par  le  Can.  Grave  nimis ,  5c  re« 
nouvellée  ici  par  le  Concile,  étoit  la  fufpen- 
fion  du  droit  de  Collation  ,  ita  ut  qui  poft 
primam  6»  fecundam  correptionem  fuerit  re* 
pertus  culpahilisyâ  beneficiis  conferendis  per 
ipfum  Concilium  fuffendatur.  Le  Canon  ne 
marque  point  Çi  cette  fufpenfioti  devoit  êae 
pour  toute  la  vie  du  Collateur ,  ou  fimple- 
ment  pour  cette  fois.  Mais  quoiqu'il  en  toit, 
ce  Canon  n'a  point  eu  d'exécution  à  l'égard 
de  la  fufpenfion  du  droit  des  Collateurs  ; 
mais  fi  la  perfbnne  qu'ils  ont  pourvue  eft 
jugée  juridiquement  indigne,  ils  (ont  obligés 
d'en  préfenter  une  autre  en  certain  tems  >  à 
£iute  de  quoi,  ou  ù.  le  nouveau  pourvu  eft 
également  indigne,  après  un  certain  terme 
la  nomination  eft  dévolue  pour  cette  fois  â 
rOrdinaire. 

4^.  Que  ceux  qui  pojffédoient  plujieura 
Cures  ou  Bénéfices  incompatibles  ,  feroient 
obligés  de  faire  voir  leurs  Dijpenfes  à  l'Or^ 
dinaire  ^  &c.  ]  Comme  il  a  été  réglé  par  les 
Ordonnances  des  Rois  &  parla  Jurifpruden** 
ce  des  Arrêts  ,  qu'il  ne  feroit  permis  en 
aucun  cas  en  France  de  poffeder  des  Béné- 
fices incompatibles ,  ce  Décret  ne  fauroit  y 
avoir  aucun  lieu  ,  pui(au'on  n'y  reconnoic 
point  la  validité  des  Difpenfes  fur  ce  poin»v 
&  qu'elles  font  toutes  jugées  de  nulle  valeoi» 


48o        HISTOIRE    D  U    C  O  N  C  I  L  E 

MDXLVTT.  blcs ,  fcroieiit  obligés  de  faire  voir. leurs  Difpcnfes  à  TOrdinairc,  qui  fc- 
Paul  m.  |.QJj  charge  de  pourvoir  au  foin  des  âmes ,  &c  à  [acquit  des  autres  obliga- 
^  fions. 

6.  Que  les  Unions  à  perpétuité  faites  depuis  quarante  ans  pourroient 
être  examinées  par  les  Ordmaires  comme  Délégués  du  Saint  Siège ,  &c  qulls 
pourroient,  après  avoir  cité  les  intéreffés ,  déclarer  nulles  celles.qui  avoienc 
été  faites  contre  les  règles,  aufli-bien  que  celles  qui  n'auroient  pas  eu 
Jieu  ,  &  les  autres  que  1  on  pourroit  obtenir  à  Taveiiir  ,  s'il  y  avoir  lieu  de 
préfumer  qu'elles  fulTent  fubreptices ,  &  fi  elles  n'étoient  pas  faites  pour 
CCS  caufes  raifonnables ,  47  à  moins  que  le  Saine  Siège  ne  le  déclarât  au- 
trement. 

7.  Que  48  les  Cures  unies  feroient  vifirces  tous  les  ans  par  les  Ordinai- 
res ,  qui  y  mectroient  des  Vicaires  perpétuels ,  ou  .pour  un  tems  ,  à  qui  ils 
afligneroient  une  portion  des  fruits  telle  qu'il  leur  plairoit ,  nonobftanc 
toute  Appellation  ou  Exemtion  quelconque. 

8.  Que  les  Ordinaires  en  vertu  de  l'autorité  du  Saint  Siège  vifiteroicnc 
tous  les  ans  les  Eglifcs  exemptes  ,  &  pourvoiroient  au  foin  des  amcs  &  aux 
autres  charges ,  nonobftaht  tous  Privilèges,  Exemtions  ou  Coutumes  ,  & 
Préfcription  quelconque. 

9.  Que  4>  les  Evêques  nommés  fe  feroient  facrer  dans  le  tems  ordonne 
par  la  Loi ,  fans  que  les  délais  accordés  au-delà  de  fix  mois  pufTènt  valoir. 

10.  ^0  Que  les  Chapitres  des  Eglifes  ne  pourroient  accorder  de  Diroif- 

foire 

ëc  tout  Bénéfice  qui  exige  une  refidence  per*  tés  amovibles  qae  qaelqaes  Chanoines  Ré« 

Tonnelle  y  eft  cenfé  incomparible  avec  un  guliers,  qui  foncreftés  enpofTefCon  défaire 

autre  de  même  nature ,  foie  qu'il  (bit  à  char-  delfervir  leurs  Bénéfices  plutôt  en  Commif* 

ge  d*ames  ,  ou  non.  fion  qu'en  Titre. 

47.  A  moins  que  U  Saint  Siègi  ne  U  dé'  49.  Qite  les  Eveques  nommés  fe  feroient 
tîarât  autrement.  ]  Cette  reflridion  eftde  facrer  dans  le  tems  ordonné  par  la  Loi,  &c.] 
nul  ufage  en  France ,  où  la  chofè  doit  être  Le  Concile  dans  ce  Décret  n'avoir  ordonné 
jugée  fur  les  lieux  &  par  l'Ordinaire.  aucune  peine  contre  ceux  qui  difeeroient 

48,  Que  les  Cures  unies  feroient  vifitées  Jeur  (acre  au  delà  du  terme  prcfcrit.  Mais 
tous  Us  ans  par  Us  Ordinaires  ,  qui  y  met'  dans  le  chapitre  ii  de  la  Seflîon  xxiii. 
troient  des  Vicaires  perpétuels  ^  ou  pour  un  il  fot  réglé  que  ^  trois  mois  après  leur 
ttms ,  &c.  ]  Cette  disjondHve  de  Vicaires  confirmation  les  Evêques  différoient  de  fe 
perpétuels ,  ou  pour  un  tems ,  autori(ée  par  6ire  facrer,  ils  feroient  tenus  à  îa  reftirntion 
k  Décret  du  Concile,  a  cédé  en  France  de  leurs  fruits  5  &  que  s'ils  négîigeoient 
à  une  Difcipline  contraire  5  ou  l'on  n'ad-  de  te  Êiire  trois  autres  mois  après  ,  ils 
met  point  de  ces  Vicaires  amovibles ,  ré-  feroient  privés  de  leurs  Evêchés  mèines. 
tocables  au  gré  de  ceux  qui  les  commet-  Ce  Règlement  jufte  en  lui-même  ,  &  con- 
tent. Les  Chapitres  ou  les  Abbayes,  qui  forme  aux  anciennes  régies,  ne  s'exécute 
«n  qualité  de  Curés  primitif!;  (ont  obligés  pounant  pas  à  la  rigueur ,  &  l'on  voit 
de  faire  deflervir  les  Paroiffes  de  leur  dé-  tous  les  jours  des  facres  diflfcrés  au  delà 
pendance ,  font  obligés  de  le  faire  par  des  d'un  terme  ,  (ans  qu'on  encoure  aucune 
Vicaires  perpétuels ,  à  qui  Ton  aflîgne  une  peine. 

portion  congrue  ,    foit  en  fruits,  foit  en  $0.  Que  les  Chapitres  des  Eglifes  ne  pour- 

argent}  &  il  n'y  a  plus  proprement  deCu-    roient  accorder  de  Dimijosrepvtir  Us  Ordres 

pendant 


DE    TRENTE,  Livre    IL  4S1 

foire  pour  les  Ordres  pendant  la  vacance  du  Siège  Epifcopal ,  finon  à  ceux  MDxtvn. 
qui  à  raifon  de  leur  Bénéfice  fcroicnt  obliges  de  les  recevoir  à  un  certain  ^^"^  ^^^' 
tems.  — — — 

II.  Que  h  les  Permiifions  accordées  pour  être  promu  aux  Ordres  pat 
quelque  Evèque  que  ce  foit  ne  pourroient  fervir ,  fi  dans  la  Licence  on  n  a- 
voit  exprime  la  caufe  légitime  pour  laquelle  on  étoit  difpenfé  d  être  or- 
donné par  le  fien  *,  &  qu'en  ce  cas-là  même  on  ne  feroit  ordoané  que  par 
l*Evcque  dans  le  Diocèfe  duquel  on  réfidoir. 

1 1.  Que  les  Difpenfes  de  recevoir  les  Ordres  requis  ne  pourroient  valoir 
au-delà  d'une  année,  finon  dans  les  cas  marqués  par  la  Loi. 

15.  Que  ^^  ceux  qui  feroient  préfentésà  des  Bénéfices  par  des  Patrons 
Eccléfiaftiques ,  quels  qu'ils  fuflqnt ,  ne  fi:roient  mis  en  poflcflîon  qu  après 
avoir  érc  examinés  par  l'Ordinaire ,  à  moins  qu'ils  n'euflcnt  été  nommés 
par  des  Univerficés, 

1 4.  Que  dans  les  Caufes  des  Excmts  on  obfirrveroit  la  Conftitution  f^o- 
lentes ,  à'Innoum  IF^  &  que  dans  les  affaires  de  falaire  ou  àcs  pauvres  ou 
|X)urroit  citer  devant  l'Ordinaire  les  Excmts ,  quoiqu'ils  cuflent  un  Jug^ 
Député  du  Saint  Siège  ;  &  qu'à  l'égard  de  ceux  qui  n'étoient  point  Exemcs, 
ils  pourroient  être  cités  devant  TOrdinaire  pour  toutes  fortes  de  Caufes. 

pendant  U  vacance  du  Siège  Epifcopal,  8cc,  )  que  ce  /bit ,  ne  pourroient  fervir ,  fi  dans 
Lts  Auteurs  des  Notes  lur  le  Concile  de  la  Licence  on  n'avoit  exprimé  la  caufe  U" 
Trente  obfervent  que  ce  neftque  depuis  gitime ,  &c.  ]  Ces  Facultés,  qui  félon  les 
la  fin  du  treizième  fiécle ,  que  les  Chapi-  Aateurs  des  Notes  furie  Concile  de  Trente 
très  ont  commencé  d'exercer  quelque  ju-  ne  s'expédient  qu'en  Cour  de  Rome,  n'ont 
rilHiélion  fur  leur  Diocèfe  pendant  la  va-  guères  de  lieu  en  France  >  excepté  peut- 
cance  du  Siège  ;  qu'auparavant  elle  étoit  être  dans  des  tems  de  divifion.  Autre- 
exercée  par  le  Métropolitain  ,  &  que  ce  ment  les  Evêques  n'ont  aucun  égard  à 
fut  Boniface  VllL  qui  introduifîtcechan-  ces  fones  de  Facultés  fans  le  Dimilfoire 
gement.  Les  Canoniiles  même  enfeignent  particulier  des  Evêques  de  ceux  qui  fe 
qu'il  n'y  a  que  la  jurifdiéHon  néceifairé  préfenteroient  pour  demander  l'Ordina- 
qui  leur  foit  dévolue  »  &  non  la  volontaire,  tiôn  :  ce  qui  eft  abfelument  confomie  aux 
Mais  it  n'y  a  pas  (br  toAt  cela  une  unifor-  régies. 

mité  entière  dans  toutes  les  Eglifes ,  &  Ton         f  i.  (^ue  ceux  qui  feroient  prifentés  à  des 

voit  que  cenains  Chapitres  exercent  cette  Bénéfices  par  des  Patrons  Eccléfiafiiijues  ^ 

jurifdidion  avec  beaucoup  plus  d'étendue  quels  qu'Us  ftiffent ,  ne  feroient  mis  en  pof 

que  les  autres.  Quoiqu*ilen  (bitycomme  feffion  quaprh  avoir  été  examinés  par  VOr* 

l'Ordination  eft  on  Aôe  de  '  jurifdiéHon  dinaire,â  moins  qu  ils  neuffent  été  nommés 

gracieofe  ,  le  Concile  défend  aux  Chapi-  par  des  Univerfités*  ]  Par  les  Ordonnances 

cres   de  donner  pendant   la  vacance  des  à^Orléans  &  de  Moulins ,  les  nommés  par 

Dimiflbires,  finon  à  ceux  qui  font  obli-  les  Univerfités  ne  font  pas   plus  exemts 

gés  à  raifon  de  leurs  Bénéfices  de  rece*-  de  l'examen  que  les  autres  en  France  j  & 

▼oir  les  Ordres  en  ccnain  teins  :  en  quel  ceux  même  qui  font  nommés  par  des  Pa- 

casc'eftun  Ade  de  jurifiiiâion  néceifairé ,  trons  Laïques   à  àt%  Bénéfices  à  charge 

plutôt  que  volontaire.  d'ames  ,  y  font  fujcts   comme  ceux  qui 

$  r.  Que  Us  permifiions  accordées  pour  font  nommés  par  des  Patron^  Ecclcfiafti- 

iire promu  aux  Ordns  par  quelque  Eviqué-  qnes» 

XPMB   I.  Ppp 


MDXLVir. 

Paul  111, 


482,        HISTOIRE    DU    CONCILE 

1 5.  Que  î  î  les  Evcques  auroient  infpeAion  fur  les  Hôpitaux,  pour  voir 
s'ils  écoienc  bien  gouvernés  par  leurs  Adminiftrateurs  même  exemts  *,  en  gar» 
dant  pounanc  toujours  la  formé  prefcrite  par  la  Conftitution  Quia  contins 
^v/^ ,  au  Concile  de  Vienne. 

^^  Les  Prélats»  qui  dans  les  Congrégations  s'étoient  oppofés  a  plufieursr 
Articles  de  ce  Décret  »  renouvelèrent  leur  oppofition  dans  la  Seffion>  mais 
d'une  manière  plus  modefte  ;  demandant  qu  on  exprimât  les  qualités  des- 
perfonnes  obligées  d'obéir  à  ces  Réglemens,  Se  que  non  concenr  de  pour- 
voir aux  maux  futurs,  on  remédiât  auili  aux  maux  préfens,  qui  étoienc 
&  plus  pernicieux  &  plus  dangereux  que  les  autres,  n  Mais  les  Légats  ne 
regardant  ces  paroles  que  comme  les  derniers  eflfbrts  de  perfonnes  expiran- 
tes  y  terminèrent  la  Seifion  fans  y  avoir  le  moindre  égard»  ôc  aiEgnérem  la 
prochaine  au  1 1  d*Avril  fuivant. 


f  )  •  Que  Us  Evêques  auroient  tnfpe&ion 
fur  les  Hôpitaux  ,  pourvoir  s'ils  ètoient  bien 
gouvernés  ,  &c.  ]  Quoique  ce  R^lement 
paroiiTefon  raifonnable  &  conforme  mteie 
à  lancien  efpric  4e  TEglife  ,  où  les  Evo- 
ques écoient  regarilés  comme  les  pères  U 
les  proreéleurs  à^s  pauvres  ;  cependant  on 
ne  s*e(l  pas  fait  une  loi  de  Tadoprer  en 
France,  où  lès  Evèqoes  nont  aacune  inf- 
pe^ion  fuiu«e  grande  paxtie  des  Hôpitaux  , 
donc  Tadminiflration  teaipoielle  eft  foa- 
venc  confiée  aux  (Ms  Laïques.  C'eft  en 
conformité  des  QrdonndWKes  de  nos  Rois 
que  cela  fe  p;'4(iqae  aitifi  ,  parce  qo*il 
vkj  eft  actiibué  aucune  juriiHiébon  ^lui 
Evfques  fur  les  Hôpitaux  ,  ^  qu'il  7  eflfe 
dit  feulement  >  que  ceux  qui  ont  droit  die 
pourvoir  à  cette  adminiftration  y  feront 
Qiaintenus.  Mais  comme  ces  droits  iie  fontr 
que  locaux^ le  Décret  à  caufe  deiàgénérap 
lité  n'a  pas  été  adopté  dans  le  RoyaucRe. 

f  4.  Les  Prélats  y  qui  dans  Us  Congre'^ 
gâtions  s* étaient  oppofés  à  pUiJkurs  Articles 
de  ce  Décret ,  renouvellcrent  kur  oppofition 
dans  laSejffion]  les  Evèques  de  Badajo^, 
61Aftorga ,  de  Huefca  ,  de  Calahorra  ,  ^ 
de  CUrmont,  demandèrent  que  les  Cardi- 
naux foilènt  i^mmés  dans  les  Décrets. 
Ceux  de  Port<y.,  de  Bojfa  ,  àeFiéfoli^  de 
Lanciano  ^  de'Caftell'â  Mare  ,.  ScdtMityr- 
Une  4  comme  auflî  quelques-uns  des  prc^ 
cedens ,  requirent  qu  on  mît  dan^  le  titre 
du  Décret ,  que  le  Synode  reprèfentoitl'E- 
glife  Uniyerfelle.  Ceux  de  Fiéfoli  &  de  Se- 
nigaglia  deinandèrent  qu'en  donnant. «u^ 


Evèque^  le  droit  d'agir  comme  Délégnéf  • 
du  Saint  Siège ,  on  déclarât  qu'on  ne  pré- 
tendoit  pas  préjudiciel  à  leur  autorité  prcv 
pre.  Ceux  de  C/tfitU'à  Mare  6e  de  Lan^ 
c'iano  dirent  qu'ils  approuvoiem  les  Ca- 
nons ,  mais  non  le  Décret,  tant  à  cau(è 
du  titre  ou  l'on  avoit  omis  ces  mots  ,'. 
Repréfentant  l'Eglife  UniverfeUe  ,  que  par 
rapport  à  la  dauiê  inf&rée ,  ialyafemfttt  in 
omnibus  auâoritatt  Appfiolica*  Calque» 
Efpagnols  enfin  fouhaitçrejt^  qu'em  pou^ 
vue  efficacement  à  Tautorké  des  fivtques 
contre  les-  Exemts.  C'eft  ce  que  ni^is  ap- 
prend FaUavicitk  L.  9^  c»  i  \»  RaynaUus 
N^  4^  nous  indique  la  mènaechofe  en  g6> 
néral,  &  fans  entrer  dans  aucf»  détail  (ur' 
cette  diverfité  de  demandes. 

f  f .  Mais  Us  Légats  —  Urminèrcni  Im 
Seffion  fans ,y  tpvokr  U.nmnin  é^trd y  drcj 
Ils  avoient  pour  eux  1^  régie  ordinaire ,  qui 
eft  de  conclure  à  la  plufaliiéi  &  ils  avoient 
d'autant  plus  d'inclination  à  en  pretidre 
avantage  ,  qu'ils  n'avoient  rien  épaigné 
pour  fe  procurer  la  cnajorité  des  fuffirages 
dans  une  matière  dont  ils  apprélxendoie&8 
les  conféquences  pour  l'autoriré  da  Saine 
Siège.  Iln'eftdonc  pas  éDQddQam qu'ils  n'eat 
&nt  aucun. égard  à  ces-oppoficions,  qu'ils 
croyoient  trop  foibles.  pour  diminoer  l'ait* 
torité  de  leun  Décrets  v  d'autant  plus  qu'ils 
voyoient  -qu'on  ne  viendroit  jamais  à  au^^ 
cune  réfolution  ,  s'il  falloit  avoir  égard  à 
l'oppofition  de  quelques  partioiliers ,  com- 
me il  ne  manquejamais  de  s'en  trouver  dans 
jes  grandes  AEèmblées*.  . . 


DE    T  R  E  N  T  E ,  L  I  V  R  E    II.  4%) 

XCVI.  ï^  Le  mcme  jour  TEnvoyc  du  Pape,  ^  qui  sccoit  tenu  caché  mdxlvu. 
même  aux  Légats,  ics  vint  trouver,  &:  leur  ayant  cxpofc  fcs  Lettres  de  Paul  III. 
créance ,  il  pafla  immédiatement  à  Infpruck  fans  s'arrêter  à  Trente.  ^7  Lor- 


Ordre  de 


dre  qu'il  avoir  apporté  con&crm,  Sainte  Croix.  Mais  iWb»/^  naturellement 
intrépide  dit  :  Qu'il  avoir  toujours  connu  le  Pape  pour  un  Prince  fort  fage ,  ^^^^J^ 
mais  qu'à  préfcnt  il  cornioifloit  toute  1  étendue  cfc  fa  prudence,  puifque  iju^/^f^^^ 
s'il  vouloit  confervcr  lautorité  du  Saint  Siège,  il  ne  pouvoir  fe  difpenfer  Lf^.tw, 
de  faire  ce  qu'il  faifoit  ;  &  que  par  conféquent  il  falloir  fcrvir  Sa  Sainteté  /Pallav.  L. 
fidèlement,  fccrettcment ,  Ôc  diligemment,  ^^  Heureufemcnt ,  pour  lors  ^•^-  ^^ 


f  6é  Le  même  jonrV Envoyé  du  Pape ,  qui 
ji^étoit  tenu  caché  même  aux  Légats  ,  les 
vint  ti^uver ,  &c.  Nous  ne  favons  de  cet 
Envoyé  ^  comme  on  Ta  déjà  die ,  que  ce  que 
nous  en  apprend Fra - Paolo.  A  len croire , 
il  Tembleque  cet  bomme  apportât  des  or- 
dres abfolûs  de  transférer  le  Concile.  Mais 
en  ce  cas,  pourquoi  aller  à  Inrpruck  ,  6c 
ne  pas  retourner  directement  à  Rome? 
<D*ailleurs  comment  le  Pape  pouvoit-il  être 
Indruit  de  cette  efpèce  de  contagion  qui 
legnoit  dans  le  Tirol  ,  puifquon  n*en  eut 
avis  dans  le   Concile  que  quelques  jours 
après  ?  De  plus  ,  ft^  Pape  eut  envoyé  fur 
cela  dès  ordres  précis,  comment  en  té- 
moigna-t-il  par  des  lettres  fecrettes  fon  peu 
de  (atisfàâion  au  premier  Légat ,  comnrre 
Von  voit  par  Pallavicin  L.  9.  c.  ly.qu'il 
le  fit  ?  Ces  raifons,  &  qnelqueis  autres  rap- 
ponées  par  le   même  Cardinal  ,   rendent 
donc  cette  relation  de  Fra-Paolo  bien  fbf- 
peéle ,  d'autant  plus  que  dans  les  protcfta- 
tioris  fiiites  à  Rome  &  à  Bologne  contre 
la  tranflation  du  Concile  ,  elle  efl  toujours 
mife  fur  le  compte  des  Légats  ,  &  non  (ûr 
celui  du  Pape.  Tout  ce  que  Ton  peut  donc 
con;eâ"urer  de   plus  vraifemblablc  ,   c'eft 
que  les   Légats  avoient  des  ordres  géné- 
Taux  de  transférer  le  Concile ,  s'ils  jugeoient 
que  cela  convînt;  &  qu'ils  profitèrent  des 
bruits  de  Pefte  qui  fe  répandirent ,  comme 
4e  Toccafion  la  plus  fpécieufe  qui  pût  fe  ren- 
contrer ,  d'autant  plus  qu'ils  ne  fa  voient  pas 
quand  aifément  ils  pourroient  en  trouver 
une  pareille. 

ST»  L'ordre  qu^ïl  avait  apporté  conjierna 
Ste,  Croix,  ]  Cette  circonftance  n'éft  pas 
non  plus  dans  la  vraifemblancesd'autant  plus 
^uece  Cardinal  avoit  paru  plus  vif  que  fon 


CoUègue  pour  la  tranflation  au  Concile,  êc 
qu'il  avoir  agi  fortement  à  Rome  pour  en 
montrer  la  néceffité.  La  chofe  même  étoit 
fi  connue,  que  l'Empereur  lavoit  fait  me- 
nacer de  le  faire  jetter  dans  TAdige,  s'il 
faifoit  transférer  le  Concile  fans  la  volonté 
du    Pape.   Et  peroche   qnefta  difpofi^ione 
de  Prelati  di  Roma  ,  pareva  the  fiijfe  nu- 
trita  &  creata  in  gran  parte  da  Marcello 
Cervini  Cardinal  Ste  Croce  uno  de  Legati , 
govemandofiin  quefti  affari  il  CardJi  Mon" 
te  altro  Legato  aflutamenu  per  non  dijpia- 
cerne  ail*  Imperadore ,  haveva  mandato  Ce- 
fare  à  minacciarlo ,  eht  fe  del  levar  quindi 
Concilio  feruça  volontà  dd  Papa  &  efpreffa 
BoUa  fi  ragionajfe,  che   lofarebbe  g'utare 
in  Adice.  Adr.  L.  f.p.  357,  Ceft  ce  qui 
cft  auflS  confirmé  par  les  A^te  de  Pratano, 
D'oà  lui  firoit  donc  venue fubitement  cette 
condernation  ?  La  cliofèeft  fans  apparence , 
&  eft  d'amant  moins  probable  ,  qu'après 
que  la  tranflation  lut  faite ,  il  la   jufbifia 
hautement ,(  Ptf//tfv.  L.  9.  c,  17.)  &qtie 
l'Empereur  la  lui  attribua  à  lui  feul.  Id,  ib« 
c.  15. 

f8.   Heurenfement  pour  lors  il  y  avoit 
plufiturs  Domejliques  de  différens  Prélats  qui 
étoient  malades ,  &c«  ]  Fra  -  Paolo  parok 
douter  fi  cette  maladie  étoit  réelle  >  éi  plu- 
fieurs  autres  Hiftoriens ,  comme  Adriani , 
Sleidan  de  M.  de  Thou ,  en  ont  douce  de 
même.  L'AmbaHàdeur  Mcndo^e  dit  même 
nettement  ,  que  plufieurs  Evèques  Se  les 
Médecins  du  Concile  avoient  été  payés  pat 
les  Légats  pour  le  &ire  croire,  (ans  qu'il 
Y  eût  en  cela  rien  de.  véritable.  Cepen- 
dant M.  d*l/rfc  AmbafTadeur  de  François 
L  au  Concile  ,   mandoit   positivement  le 
CMtraixe.  Sire^  écrivoit-il.  Vous  pourrei 

ppp  1 


484         HISTOIRE   DU  CONCILE 

MDXLvii.  il  y  avoir  plufieurs  Domeftiqucs  de  dificrcns  Prélats  B  qui  croient  mala* 
Paul III.  ^^ ^  {q[^  Jqj  débauches  du  Carnaval,  foit  par  Tintempérie  de  lair  qui 
avoit  été  fort  humide  depuis  quelques  jours.    Morne  ayant  donc  fait  de- 
j^     ^°^'  mander  aux  Médecins  par  plusieurs  des  fiens,  s'il  n'y  avoit  pas  quelque 
Adr.  £  6.   fuj^^  d^  craindre  que  ces  maladies  ne  fuffent  contagieufes  ,  ceux-ci,  qui 
p.  581.        font  toujours  le  mal  le  plus  grand  qu'ils  peuvent ,  parce  que  s'il  arrive  ils 
SIcid-L.  19.  en  paroiflent  plus  habiles  pour  l'avoir  prévu ,  ou  pour  y  avoir  remédié  s'il 
P:J^'*       n'arive  pas;  ceux-ci,  dis-je,  répondirent  d'une  manière  ambiguë:  ce 
2  1^0  jg' qui  étant  répandu  avec  aifedation   &  recueilli  avec  légèreté,   trouva 
Rayn.         d'abord  créance  parmi  les  plus  (impies ,  &  fut  re^u  avec  avidité  bar  ceux 
N''4i.        qui  fouhaitant  paflionnément  de  fe  retirer,  eudent  voulu  que  la  chofe 
Spond.        eût  ^i^  véritable.  ^9  H  arriva  fort  à  propos  encore  pour  le  deflèin  des 
Flcaiv  L   ^^S^^^  >  ^^^^  quelques  jours  après  la  Seflîon  un  Evcquc  étant  mort ,  &  fcs 
i^^^o^j  funérailles  ayant  été  honorées  ae  la  préfence  de  tout  le  Concile ,  la  chofêett 
éclata  davantage,  &que  non-feulement  à  Trente,  mais  dans  les  lieux  cir* 
convoidns ,  le  bruit  fe  répandit  que  la  contagion  étoit  dans  la  ville. 
Toftr y        XCVII.  Cependant  les  Légats,  pour  raire  croire  qu'ils  n'y  avoient 
chéir ,  iis    aucune  part ,  tinrent  le  jour  d  après  la  Seflion  une  Congrégation  générale 
ptnnent     p^y^  difpofer  ce  qu'il  y  avoit  à  traiter  fur  le  Sacrement  de  l'Eucoariftie , 
dun^hruit   ^  '^  femaine  d'après  on  commença  la  Congrégation  des  Théologiens.  Mais 
ilewntMgion^otfqiic  le  bruit  qui  alloit  toujours  en  augmentant  fe  fut  bien  répandu , 
^Ht  5*éîoit    le  Cardinal  dcl  Monte  ordonna  i  Hercule  Sévérole  Procureur  du  Concile 
téfandu.     (Je  drefler  un  procès- verbal  de  la  contagion,  •o  On  interrogea  enfuite  ks 

voir  par  ce  que  mes  Collègues  &  moi  vous  commînciate  à  fpargere  ,  il  quale  non  è  al 

écrivons ,  Voccafion  de  la  prompte  tranjU"  tutb  contagiofo  ,  &  ejjendo  mono  di  taie 

tion  du  Concile ,  qui  a  été  fi  foudaine  y  quil  infirmit  à  uno  de  Vefeovi  del  ConciliofoU" 

a  été  impojfible  d*en  avertir  V*  M.  ni  au£i  mente  ^fattalor  raunan^a  propofero  i  ,  Le-- 

r Empereur  ni  autres  Princes*  Car  pour  cer^  gati  ,  cheper  ejferequella  Città  infetta  d*in^ 

tain ,  enfix  jours  la  mortalité  s* efl  tellement  fermit  àpericolofa ,  bene  farebbe  flato  quindi 

augmentée  en  ce  lieu  ,  que  c  étoit  chofe pref-  partirfi  ,  portandovifi  pericolo  délia  vita,  II 

que  impojjlhle  que  cette  grojfe  compagnie  y  cft  donc  vrai  ,  félon  cet  Aureur,  &  qu'il 

€Ût  fu  demeurer.  Rib.  Mcm.  d*Erat,T.  i.  y  avoicdes  maladies^  &qae  cependant  ces 

p.  6iz,  Cette  lettre  judifie  aHez  les  Légats,  maladies  ne  furent  qu un  piéceice  dontfe 

Mais  le  refus  que  firent  les  Médecins  de  la  fervirent  les  Légats ,  puifque  ce  mal  n  aranc 

•  ville  de  Trente  de  ligner  le  procès-verbal  rien  de  contagieux ,  il  n  y  avok  nuJJc  né- 

de  Fracaftor  Médecin  du  Concile ,  les  infbr-  ceditc  de  fort irde  Trente.  Mais  tout  prétexte 

mations  faites  par  le  Cardinal  P^c^^ca,  efl  bon,  quand  on  ne  cherche  que  des  oc- 

&  l 'événement  même,  dcpofènt  contre  eux.  cafions* 

Peut-être  qu'^^/'/Wi  en  a  mieux  jugé  que         y  9.  Il  arriva  fort  à  propos  encore  pour 

tous  les  au:res  ,  en  avouant  qu'il  y  avoit  le  defjein  des  Légats  ,  que  quelques  jours 

quelques  maladies  qui  donnèrent  aux  Lé-  après  la  Seffion  un  Evéque  étant  mort ,  &c,  ] 

gats  le  prétexte  quils  cherchoient,  mais  Cétoit  TEvêque  de  C<7/»ptf  cao ,  &  avant  lui 

que  ces  maladies  n*avoient  rien  de  conta-  le    Général  des  Frères  Mineurs ,  &  quel* 

gieux./.  Cardinali  Légati-^-^prefero  occa-  ques  DomeAiques. 

fione  di  partir/!  ccn  preteflo  del  malore  délie         60,  On  interrogea  enfuite  les  Médecins  2 

petecchie  ,  le  quali  in  quella  terra  fi  erano  &c.  ]  Sàyoii  Jérôme  Fracafior  Médecin  du 


DE    T  R  E  N  T  E,  Livre    II.  48^ 

Médecins  &  fur-tout  Jérôme  Fracaflory  qui  avoic  le  titre  de  Médecin  du 'mdxlvii. 
Concile,  &  plufîeurs  autres  pcrfonnes.  Puis  fur  les  rapports  qui  fe  firent ,  ^^^^-^^^ 
que  les  lieux  voidns  fe  prcparoient  à  rompre  tout  commerce  avec  Trente  ,  — ■"— "^ 

f)luneurs  Prélats ,  ou  par  la  crainte  du  mal ,  ou  par  le  defir  de  fç  voir  eh 
iberté ,  demandèrent  aux  Légats  lapermidjon  de  fe  retirer.  ^ *  Monte  la 
donna  à  quelques-uns ,  dans  le  deflein  de  fe  fervir  de  leur  départ  pour 
en  faire  un  des  motifs  de  la  tranflation  du  Concile.  Mais  pour  ceux  qui 
étoient  plus  à  lui ,  il  les  encouragea  à  attendre  ;  en  apparence ,  pour  ne 
pas  paroitre  vouloir  la  difiblution  du  Concile  ;  mais  réellement  &  en  fecret> 
pour  avoir  des  voix  à  lui ,  lorfqu'il  en  propoferoit  la  tranflation  :  &  ce- 
pendant il  leur  dit  qu'ils  pouvoient  faire  dans  les  Congrégations  quelque 
proteftation ,  pour  porter  le  Concile  à  prendre  quelque  expédient.  ^^  On 
continua  jufqu'au  8  de  Mars  â  dreflèr  le  procès-verbald*enquête ,  lorfqu  on 
reçut  de  Vérone  la  nouvelle  feinte  ou  véritable ,  que  cette  ville  vouloir 
rompre  tout  commerce  avec  Trente  :  ce  qui  effraya  tout  le  monde  ^  parce 
qu'ils  craignoient  d'être  retenus  là  comme  autant  de  prifonniers. 

XCVIII.  On  tint  donc  le  9  une  Congrégation  générale  fur  cette  aflàire^    lal^ffu^ 
où  on  lut  le  procès- verbal  qui  avoir  été  dreflé  :  après  quoi  les  Légats  pro-^^^*    '//- 
poftrent  de  délibérer  fur  le  remède  auquel  on  pouvoir  avoir  recours ,  pour  f^^''/.  ^  ^* 
ne  pas  refter  renfermés  au-dedans  avec  le  mal ,  &  être  privés  au-dehors  du  V^^yf/^'^^^* 
fecours  des  vivres  &  de  toutes  les  autres  chofes  neceflaires.  Plufieurs/Vm/  Vemx 
proreftèrent  qu'ils  vouloient  parrir ,  &  que  rien  ne  les  pourroit  arrêter,  to^^^* 
Sur  quoi ,  après  que  Ion  eut  dit  bien  des  chofes ,  le  Cardinal  dcl  Monte 
propofa  de  rransférer  le  Concile ,  en  vertu  du  pouvoir  que  le  Pape  en 
avoir  donné  à  {t&  Légats  dès  le  commencement.   ^^  Li-defliis  il  fit  lire  la 
Bulle  adreflfée  à  lui  &  aux  Cardinaux  de  Sainte  Croix  &  Pool^  où  le  Pape , 
après  avoir  dit  qu'il  avoit  convoqué  le  Concile  à  Trente  où  il  lesenvoyoic 

Concile,  &  Balduino  Balduîni  Médecin  drcffir Uprocès-verial d'enquête yêcc,]Ct{t 

du  premier  Légat.  Car  pour  ceux  de  la  ville  le  fens  de  Fra-Paolo  \  que  M.  Amelotz, 

de  Trente  ,  ils  ne  voulurent  jamais  fouf-  mal  entendu  en  traduifant,   ^\x  H  y  avoit 

crire  au  proccs-verbal  ,  quelques  înftances  8  jours  que  duroit  le  procès ,   &c.   ce  qui 

quon  leur  «i  fît.  Rayn.K^  4f.  ne  peut  être  vrai.  Car  Tenquète  n ayant 

6 1.  Monte  la  donna  à  quelques-uns  y  dans  commencé  que  depuis  le  4  où  l'on  avoit 

It  deffèin  de  fe  fervir  de  leur  départ  pour  en  propofé  les   matières  pour  la  Seflîon  fui- 

faire  iin  des  motifs  de  la  tranflation  du  Con-  vante  ,  il  ne  pouvoir  pas  y  avoir  8  jours 

cile^X^e  Cardinal  le  nia  cependant  dans  que  duroit  ce  procès,  lor(que  Ton  propofa 

la  Congrégation  du   9  Mars  ,  où  ayant  dit  la  tranflation  dans  la  Congrégation  du  9. 

qu'il  y  avoit  déjà  douze  Prélats  de  panis ,  il  Auffi  Fra-Paolo  dit  amplement,  Sifegui  il 

ajopta  que  quelques-uns  Tavoientfait  fans  proceffofino  al  di  8  y  ce  qui  fait  un   fens 

demander  de  permiffion ,  &  d  autres  mal-  tout  différent  de  celui  de  M.  Amelot, 

gré  le  refus  qu'il  avoit  fait  de  la  leur  ac-  6^.  Là-deffus  il  fit  lire  la  Bulle  adrefflc 

cx)rder.  Difceffiffe  Tridento  12  Pralatos par-  à  lut ,  8fc.  Cette  Bulle  ne  fat  lue  que  clans 

timfe  infalutato  ,  partim  petit  a  a  fe  at  non  la  Seflion  du  1 1 ,  où  fut  ordonnée  la  tranl- 

abtenta  abeundi  facultate.  Rayn.  N**  41.  lation* 
61,  On  continua  jufqu'au  8  de  Mars  d 


4«^       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXtviï,  comme  des  Ambafladeurs  &  des  Anses  de  paix ,  il  ajouroit  :  Qu'afin  qu'une 
Paul. III.  ^  fainte  œuvre  ne  fôc  point  arrctcc  par  Tincommodité  du  lieu,  il  leur 
■— "■"— ^ donndit  le  pouvoir  ,  ou  à  deux  d'entre  eux  en  labfence  de  l'autre  ,  de 
transférer  le  Concile  dans  un  lieu  plus  commode  &  plus  fur ,  de  défendre 
fous  les  peines  &  les  cenfurcs  Ecclcfiaftiques  aux  Prélats  de  paflcr  plus  ou- 
tre dans  la  ville  de  Trente.,  &  de  leur  commander  fous  peine  de  parjure  & 
des  autres  Cenfures  contenues  dans  les  Lettres  de  Convocation ,  de  fe 
rendre  dans  la  ville  qu*ils  auroient  choifie  pour  y  continuer  le  Concile 
corhmencé  à  Trente  ;  leur  promettant  au  furplus  ac  ratifier  tout  ce  qu'ils 
auroient  fait ,  nonobftant  toute  opposition  contraire.  Cette  leâure  finie  , 
les  Prélats  Impériaux  remontrèrent  fur  le  champ  :  Que  le  mal  &  le  danger 
n*ctoientpas  h  grands  qu'on  le  faifoit  :  Qu'on  pouvoit  permettre  aux  plus 
timides  de  fc  retirer  iufqu'a  ce  que  le  bruit  de  contagion  fe  diflîpât  ,  ce 
qu'ils  efpéroient  de  la  grâce  de  Dieu  qui  arriveroit  bien- tôt;  &  que  s'il 
écoit  befoin  on  n'avoit  qu'à  différer  la  Seffion  ,  comme  on  avoir  fait  Tan- 
née d'auparavant  durant  plus  de  fix  mois  fur  les  bruits  de  guerre,  qui 
avoient  engagé  comme  à  préfent  plufieurs  Prélats  de  fe  retirer ,  ce  que 
Ton  pouvoir  faire  fans  grande  conféquence.  Les  mêmes  Prélats  apportè- 
rent encore  plufieurs  autres  raifons ,  lut  Icfquelles  il  fut  long-tems  con- 
teftc.  Puis  s'étant  aflemblés  entre  eux  au  fortir  de  la  Congrégation  pour 
approfondir  une  chofc ,  dont  ils  avoient  auparavant  trop  négligé  de 
s'inftruire ,  ^4  ils  fcnrirent  bien  que  ces  bruits  de  Perte  étoicnt  non  la 
véritable  caufe,  mais  feulement  un  prétexte  qu'on  prenoit  pour  latranfla* 
tion  du  Concile. 

^f  Le  lendemain  on  tint  une  nouvelle  Congrégation  fur  la  même  ma- 
^Pallav.L.  ^i^r^>  ^  oiiic  trouvèrent  de  moins  onze  Prélats  qui  étoient  déjà  partis,  l! 
9.  c  14. 

^4.  Ils  fentîrent  bien  que  ces  bruits  de  tor  &  de  Balduinî,   (  Pallav.  L.  ^.  c.  14.' 

Pefte  étoient  non  la  véritable  caufe,  mais  Rayn.N^  44.)  L'cYeneinenc  ne  jurtifiaque 

fcuUment  un  prétexte  qu'on  prenoit  pour  la  trop  en  effet  le  rapport  de  Pachéco  »  puif- 

tranflation  du  Concile.  ]  Ce  qui  lervit  le  qtia  peine  le  Concile  fut*  il  hors  de  Tien  te, 

plus  à  les  en  perfuader ,  c*eft  que   le  Catd.  quon  n>ntendit  plus  parler  ni  de  Perte  , 

Pachéco  ayant  fait  fsiire   des  informations  ni  d'interruption  de  coir<me];|e  >  &  que 

particulières  (lu  ce  point  ,   les  Médecins  la  maladie  ceflà  avec  la  caufe  ,  c*ert-àdire 

de  la  ville  ne  voulurent  pas  fîgner  le  pio-  la  Perte  aprcs  la  tranllation  du  Concile , 

cès' verbal  des  Médecins  étrangers  >  que  les  que  Natalis  Cornss  attribue  pofîtiveaient  i 

Curés  témoignèrent  que  dans  leurs  Paroidès  la  jaloude  du  Pape  contre  l'Empereur ,  com- 

ils  avolcnc ton  peu  de  per{bnnes  attaquée^  nie  on  la  vu  plus  haut, 
de  ce  maU  que  dans  toute  la  ville  il  n  y  6^,  Le  lendemain  on  tint   une  nouvelle 

a  voit  pas  plus  de  40  malades,  dont  il  ny  Congrégation  ,   où  fe  trouvèrent  de  moins 

avoit  que  s  de  plus  attaques  de  quelques  on^e  Prélats ,  &c.  ]  Notre  Hiftorien  veut 

fièvres  malignes  i  que  dans  une  des  prin-  apparemment  parler  des  Prélats,  dont  a  voie 

cipales  Paroilfes  de  la  ville  il  n'étoit  mort  fait  mention  le  Card.  del  Monte  ,  &  qui 

que  deux  per(bnnes  depuis  un  mois ,  un  étoient  partis  non  depuis  la  Congrégation 

enfant  &  un  hydropique;  &  pludeurs  au-  du  jour  précédent  ,  mais  depuis  la  SeiCoa 

très  chofes  de  cette  nature  ^  fort  capables  ten^e  liait  jours  aupaxaviuyç* 
de  contrebalancer  le  témoignage  de  fracaf 


s 


D  E    T  RE  N  T  E,  Li  VRE    IL  487 

y  fut  queftion  de  choifir  le  lieu  où  le  Concile  devoir  être  transféré.  Tous  MDxirir. 
avoient  de  la  répugnance  à  le  choifir  en  Allemagne  •,  &  d'ailleurs  on  ne    ^^^  ^^" 
pouvoir  non  plus  le  transférer  dans  TEtat  d'aucun  Prince ,  fans  en  avoir  au-  """"""""""^ 
paravant  traité  avec  lui.  Il  ne  reftoif  par  conféquent  que  l!Etat  Ecdéfiadi- 
que  ;  &  les  Légats  ayant  propofé  Bologne,  tous  ceux  qui  étoient  pour  la 
xranilation  y  conféntirent.  Les  Impériaux  s  y  oppoferent  encore ,  &  quel* 
ques-uns  même  palferent  jufqu'à  faire  une  efpece  de  proteftation.  Mais  la 
pluralité  des  voix  fut  pour  le  fentiment  des  Léeats«  Le  feul  fcrupule  qu'a- 
voient  quelques  Pères ,  étoit ,  que  le  Pape  ne  defapprouvât  une  tranflation 
faite  fans  fa  participation.  Mais  Monte  leur  dit  :  Que  dans  les  cas  impré- 
vus ,  &c  où  l'on  couroit  rifque  de  la  vie ,  on  n'exigeoit  pas  ces  fortes  d'é- 
gards ,  &  qu'il  prenoit  fur  lui  de  faire  agréer  cette  réfolution  au  Pape.  On 
conclut  auAi  »  que  pour  fatisfaire  à  la  confidération  qui  étoit  due  a  TEm- 
jpereur  &  aux  autres  Princes  9  il  feroit  fait  mention  d'eux  dans  le  Décret  y 
&  qu'on  y  parleroit  encore  de  retourner  à  Trente ,  pour  tacher  d'appaifer 
ceux  qui  étoient  d'un  fentiment  contraire  à  la  tranflation.  Le  Décret  fut 
donc  h>rmé  ainfi  ,  en  manière  de  délibération  :  Vous  plaît-il  ,dc  déclarer  ^ 
pour  Us  raifons  alUguécs  & plujîcurs  autres  ,  qiCil  confit  de  la  contagion  qui 
ejl  en  u  lieu  dune  manière  fi  notoire  y  que  les  Prélats  ny  peuvent  refier  fans 
danger  de  leur  vie  ,  &  quon  nt  petit  Us  y  retenir  contre  leur  volonté  ?  Vous 
plaît-'il  de  déclarer  aujfi  ,  que  vu  le  départ  de  plufieuts  Prélats  &  les  protefia" 
fions  de  plufieurs  autres  y  dontU  départ  produiroit  la  dijfolution  du  ConciU  , 
&  pour  plufieuts  autres  raifons  légitimes  6*  notoirement  vraies  ^  il  efi  nécef-  . 
faire  pour  la  fureté  de  la  vie  des  Prélats ,  &  pour  continuer  U  Concile  ^  deU 
transférer  à  Bologne  ,  &  quily  efi  transféré  par  le  préfent  Décru  ,  pour 
la  Seffion  intimée  au  ^\  d^  Avril  y  être  célébrée  ,  &y  continuer  U  Concile, 
fufquà  ce  qu*il  plaife  au  Pape  &  au  ConciU  lui-même  y  de  ravis  de  VEm^ 
pereur ,  du  Roi  Très-Chrétien ,  &  des  autres  Rois  &  Princes  Chrétiens  y  de  U 
rétablir  en  ce  lieu- ci  y  ou  de  le  transférer  en  un  autre  ? 

XCIX.  Le  jour  fuivant ,  i  c'eft-à  dire,  le  ii  de  Mars,  fe  tint  la  Scf- ^^^^ ^f^/^' 
iîon ,  ^^  où  le  Décret  fut  approuvé  par  trente-cinq  Evèques  &  trois  Gêné-  Jj^"  i  ^f'^^^ 
raux  d'Ordres,  &  rejette  par  le  Cardinal  Packéco  Se  dix-fept  autres  Eve-  cutée  furU 
ques.  ^7  Du  nombre  de  ceux  qui  furent  pour  la  tranflation  ,  il  n'y  eut  ckamf, 

.  VîïLSef 

66,  Où  U  Décret  fut  approuvé  par  3 s  CaftelT^  Mare  ,  de  Lanciano  y  At  Syra^  fion  y  ok  ort. 

'Eviques  &  3    Généraux  d* Ordres  ,  &  re-  çufe ,  de  Badajo^ ,  d'AJlorga  ,  de  Cala^  Ucentie  U 

jeué  par  U  Cardinal  Packéco  &  17  autres  àorra^  de  Huefca^  de  Fiéfoli ,  des  Cana-  Concile,  Les 

Mviques.  ]   Raynaldus  en  marque  x  ^  ou  ries ,  &  èiAquino,  Les  Evèques  de  Porto  &  Légats  quit- 

j/.  M.  Dupin  dit  if  ,  &  cependant  nen  d^Agde  s'exprimèrent  d^une  manière anibi>  fent  Trente, 

^mme  que  i^.PaUavicin  L.  9.  c.  i  f .die  gue.  L'Archevêque  de  Rojfano  &  celui  de  &font  fm--- 

qu'il  ny  en  eut  que  14.  qui  le  rejetèrent  P^/^rme rejettcrent  auffi le  Décret ,  soffir«^nt  '^isdesEve- 

tbfolument  ,  deux  conditionellenient  ,  &  pourtant  de  l'accepter  fi  c'étoit  la  volonté  q^^^  de  leur 

deux  qui  le  firent  d  une  manière  douteufe.  du  Pape.  ^rr^'    / 

Ceux  qui  le  rejettèrent  abfolumenc,  furent         67.  Du  nombre  de  ceux  qui  furent  pour  ^t^f^^'j. 

le  Gard.  Pachéco ,Vhxc\iQykx\M^At  S ajfari^  la  tranflation  ,  U  ny  eut  aucun  des  Sujets  yy^".   ^ 

&  )es  Evéqueyde  Guadix'ydtS.MarCydi  de  l'Empereur,  que  Michel  Sarraceno  Ar^-'^"^^'  ^ 


Paul  III. 

autres  y  é^ 
reftent  à 
Trente, 
$  Rayn. 


488  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXtvii.  aucun  des  Sujets  de  TEmpereur ,  que  Michel  Saracéno  Napolitain ,  Arche- 
^*"'  HT  vcquc  de  Jtftf//rtf .  ^^  Mais  parmi  les  dix- huit  oppofans,  on  nomme  CViiiy^ 
de  la  Guiche  Evcquc  de  Mirepoix ,  Martello  Evcquc  de  Fiifoli ,  ^»  &  Marc 
Vigiier  Evcquc  de  Sénigaglia  ,  dont  on  rapporte  que  le  Cardinal  del 
Monte  lui  ayant  reproché  fon  ingratitude  envers  le  Saint  Siège,  qui  ayant 
tiré  fon  oncle  du  néant  pour  l'élever  au  Cardinalat  ,  d  ou  ctoit  venue 

lui-mc- 
parolcs 
luite  la 

x44.N°x8.  Croix  levée ,  accompagnés  des  Evèques  de  leur  Parti,  avec  les  cérémonies 
Mart.  Coll.  &  les  prières  marquées  pour  cette  occafion.  Mais  les  Impériaux  eurent 
Ampl.T.s.Qfjfç  jç  TAmbafladeur  de  l'Empereur  de  reftcr  à  Trente,  jufquà  ce  que 
Ad  ofnc  ^^  Majefté  leur  eût  fait  connoître  fa  volonté. 

pcr  L.  Pra-     '^  A  Romc,  ccttc  Cour  fut  ravie  "^  de  fe  voir  délivrée  de  fcs  craintes  » 

parce 


tan. 

k  Gai.  VI.7. 

L  lAA.  ILochevêque  de  Matera  ]  Fra-Paolo  manque 

*  ici  il  exaditude  ,  paifqa  on  trouve  de   ce 

\n  Nat.    "^^^^^6  ^65  Evêq\ies  de  Milet ,  à'Ifernis , 

Com.  L.   x.^^  Minori ,  A*Alif^ ,  &  de  Balcaflro ,  dont 

p^  .  y^  les  Evêckcs  fe  trouvoicnt  dans  les  Fcacs  de 

Pallav.L^.  l'Empereur,  &  plufieurs  autres  nés  fes  Su- 

c.  1 6.  jets ,  quoiqu*Evcques  dans  les  païs  qui  n  c- 

Fleury ,  L  toient  pas  de  (â  dépendance  ,  comme  les 

Z44.N**3j.  Evèques  de  P/tfi/jnc^^  à'Albe,  dePefaro^ 

de  Saluées,  &c.  Pallav.  L.  9.C.  i^. 

6  S  •  Mais  parmi  Us  tS  oppofans  on  nom- 
me Claude  de  la  Guiche  Evêque  de  Mire- 
poix  ,  &c.  ]  Il  étoic  alors  Evêque  d'Agdey 
&  ne  le  fut  de  Mirepoix  que  quelques  mois 
après.  Il  ne  fut  pas  même  proprement  un 
des  oppolkns  :  mais  il  ne  voulut  fe  déclarer 
pour  aucun  des  partis,  &  dit  Amplement 
qu'il  n*approuyoit  ni  ne  défaprouvoit  la 
chofe,  mais  qu*il  s*en  rapportoit  au  Con« 
ciîe.  Epifcopus  Agathenjls  non  probat  neque 
reprobat  ;  hoc  tantiim  ut  Synodus  faciat 
quod  Ecclefia  6*  Reipublica  Chriftianœ  eft 
expediens.  Rayn.  N®.   y  t. 

€$,  Et  Marc  Viguer  Evêque  de  Séni- 
gaglia ,  dont  on  rapporte  ,  &c.  ]  Notre  Hif- 
torien  ne  paroit  pas  non  plus  avoir  été  bien 
informe  fur  le  £iit  de  cet  Evèque.  Car  il 
vota  pour  la  translation ,  &  ajouta  (impie- 
ment ,  que  s*il  y  avoit  quelque  péril  de 
Scliilhie ,  il  valoit  mieux  mourir  à  Trente , 
que  de  s*expofer  à  rompre  Tunité.   Probo 


—  ex  hoc  timendum  fit  de  aliquo  /chif- 
mate ,  cenferem  quod  potiàs  hic  moreremur 
omnes  quam  quod  hodie  occafionim fchif' 
matis  praheremus  in  Ecclefia  Dei.  Rajn* 
N^  f  i.Si  donc  ce  Prélat  a  &it  au  Légat 
la  réponfe  que  lui  attribue  ici  Fra-Paolo , 
il  faut  que  ^*ait  été  dans  quelque  autre  oc- 
cafion y  puifque  par  le  fuf&ageque  les  Aétes 
rapportent,  il  ne  paroit  pas  que  le  Légat 
ait  eu  lieu  de  lui  reprocher  (bn  ingncir 
tude. 

70.  Les  Légats  partirent  enfiiite  la  Croix 
levée  y  &c.  ]  Ils  ne  panirent  que  le  lende- 
main Il  de  Mars  félon  Pallavicin  L.  9.  c« 
1 7.  &  Raynaldus  N''  f } ,  &  fôîon  le  Jour- 
nal MS.  de  Z.  Pratano, 

71.^  Rome  y  cette  Cour  fut  ravie  defe 
voir  délivrée ,  &c.  ]  Il  eft  cenain  ,  que  le 
Concile  intriguoit  fort  les  Romains,  parla 
crainte  qu'ils  avoient  d'une  Réformation 
peu  conforme  à  leurs  inclinations.  Cepen- 
dant à  en  croire  Pallavicin  ,  le  Pape  ne 
fut  pas  trop  content  de  la  précipitation 
avec  laquelle  la  tranflatipn  s'étoit  faites 
peut- être  parce  qu  il  prévoyoit  que  celaTal- 
loit  brouiller  davantage  avec  TEmperear , 
&  que  ce  changement  ne  remédioit  point 
au  mal  ,  puifqu'il  faudroit  ncceflkirement 
reprendre  le  Concile.  Ces  réflexions  étoient 
vraies  >  mais  maigre  cela  ,  la  plupart  def 
Hiftetiens  fe  font  per(uadésque  Paul  Z7o\t 


dacretum    6*    tranflationem    -*-*    quod  fi    ctc  tiès-content  de  cette  tzanflation ,  comme 

le 


DE    T  R  E  N  T  E  ,  L  I  V  R  E   1 1.  489 

parce  que  tout  y  croit  dans  1  agitation  que  caufoit  le  Décret  qui  ordonnoit  wDXLVit. 
de  fc  défaire  de  la  pluralité  des  Bénéfices  ,  &  -qu'on  cherchoit  à  trafiquer , .  P^^^  m> 
pour  trouver  moyen  de  les  quitter  fans  perdre  que  le  moins  qu'on  pourroit  •^— — — ~ 
des  profits  que  chacun  en  retiroit. 

Pour  le  Pape ,  °  il  difoit  :  Qu'ayant  donné  à  fcs  Légats  le  pouvoir  de  »  Adr.  L.  ^ 
transférer  le  Concile  ,  ôc  promis  de  ratifier  ce  qu'ils  feroient,  &  de  le  faire  P*  lî^^V 
exécuter  ,  il  ne  pouvoir  fe  difpenfer  d'approuver  ce  qu'ils  avoient  fait  >  c.  i  ;.  * 
iur-tout  après  que  ce  qu'ils  avoient  ordonné  avoir  été  approuvé  par  le  plus 
grand  nombre ,  ôc  pour  une  raifon  auffi  légitime  que  l'étoit  l'infeâiion  de 
rair.  '^^  Cependant  il  n'y  avoir  perfonne  aflez  fimple  pour  ne  pas  croire 
que  tout  ne  ic  fût  fait  par  fes  ordres ,  tout  le  monde  lâchant  qu'il  ne  fe 
traitoit  pas  la  moindre  chofe  dans  le  Concile ,  fans  en  avoir  auparavant  un 
ordre  de  Rome  :  Que  pour  cet  eflèt  il  n'y  avoit  pas  de  femaine  qu'on  n'y 
envoyât  6c  qu'on  n'en  reçût  des  lettres ,  ôc  que  fouvcnt  on  y  expédioit  des 
Couriers  jufqu'à  deux  fois  la  femaine  :  Qu'il  étoit  par  conséquent  impof- 
fible  que  les  Léeats  euflènt  fait  de  leur  chef  une  chofe  de  cette  importan- 
ce ;  ôc  que  d'ailleurs  ils  n  eudent  jamais  ofé  tenter  d'introduire  un  n  grand 
nombre  de  perfonnes  dans  une  ville  aufli  jaloufe  que  Bologne ,  à  Tinlu  du 
Prince  qui  en  étoit  le  maître.  73  Quelques-uns  croyoient  même  que  la 
Bulle  étoit  nouvelle ,  mais  qu'on  lavoit  antidatée ,  &  qu'on  n  y  avoir 
inféré  le  nom  du  Cardinal  Pool  que  pour  lui  donner  plus  de  crédit ,  ôc 


k  6ït  pofïcivement  Natalîs  Cornes  5  &  il 
efl  cenainau  moins  que  fa  conduite  publi- 
que donna  lieu  de  le  croire,  quoiqu'incé- 
rieurement  il  fut  agite  de  mouvemens  aflèz 
difKrens ,  comme  l'obferve  le  Continua- 
teur de  M.  Fltury. 

71.  Ctpendant  il  n'y  avoit  perfonne  ajje^ 
fimple  pour  ne  pas  croire  que  tout  ne  fe  fût 
fait  par  fes  ordres  ,  &c.  ]  Cécoic  certaine- 
ment la  créance  générale,  comme  on  le 
Toic  par  les  Mémoires  de  Du  Sellai ,  par 
les  Lettres  de  Mendo^e ,  par  THiftoire  d'y#- 
drianiSc  de  M.  de  Thow,  8c  ces  foupçons 
étoient  une  fuite  générale  de  l'opinion  où 
ton  étoit ,  que  rien  ne  fe  faifbit  au  Con- 
cile qui  n'eue  été  délibéré  à  Rome.  Je 
jie  vois  point  bien  clairement  cependant , 
quil  y  ait  eu  des  ordres  particuliers  du 
Pape  à  Tocca/îon  de  cette  maladie.  La 
chofe  même  fe  fît  avec  tant  de  précipi- 
tation ,  qu  il  e(l  affez  difficile  de  croire 
qu'on  en  ait  pu  recevoir  à  tems  i  &  (î  ce 
que  dit  le  Cardinal  Pallavicin  ,  que  dans 
une  Congrégation  tenue  à  Rome  on  fe  dé- 

T  O  M  E      I. 


termina  de  (bivre  laTis  des  Légats  »  mais 
que  la  nouvelle  de  la  tranflation  étant  venue 
avant  qu'on  pût  leur  faire  (avoir  cette  ré- 
folution  ,  Paul  fit  fupprimer  cette  délibé- 
ration i  fi,  di$-je ,  cela  eft  vrai,  il eft évi- 
dent que  l'on  prévint  les  ordres.  Tout  ce. 
que  Ton  peut  dire  pour  appuyer  Ibpi/iion 
commune ,  c'eft  que  les  Légats  ayant  des 
ordres  généraux  de  transférer  le  Concile  fi 
l'occafîon  s'en  préfentoit ,  tout  ce  qui  fe  fit 
en  conféquence  fut  cenfé  fait  par  les  ordres 
&  là  volonté  du  Pape. 

75.  Quelques-uns  croyoient  même  que 
cette  Bulle  étoit  nouvelle  ,  &c.  ]  Fra-Paolo 
ajoute  avec  raifon ,  qu'il  croit  ce  foupçoa 
fans  fondement.  Car  outre  la  certitude  de 
la  date  ,  il  afièz  naturel  de  croire  ,  que 
dans  l'incertitude  oïl  on  écoit  à  Rome 
des  évenemens  du  Concile  futur,  on  fut 
bien  aife  que  dès  le  commencement  les 
Légats  eufienc  en  main  dequoi  prévenir 
tous  les  inconvéniens  qu'on  en  pouvoir 
craindre. 

Qqq 


490         HISTOIRE    DU    CONCILE 

umivnjé  74  qu'ancretnenc  la  clauie  qui  dcmnoû  le  pouvoii  à  deux  d*cntre  eax  en 
Paul  IIL  l'ablence  da  croifiéme  de  cransférer  le  Concile  y  eût  été  uae  efpéce  de  pro- 
•■■™'— ""^  phétic  du  dépan  du  Cardinal  Pool ,  qui  n'itoit  arrivé  qo'an  an  après*  Enfin 
ce  qui  rendoic  encore  fufpede  cette  Bulle,  c'eâ;  qu'on  crouvoic  trop  anrple 
6c  peu  vraisemblable  la  lioercé  qui  y  étoic  donnée  aux  Légats  de  transfeter 
le  Concile  oà  il  leur  plairoit  *>  d  autant  plus  qu'on  favoit  adèz  la  aainte 
qp  avok  le  Pape  qu'il  ne  fe  tînt  dans  une  ville  qui  lui  fut  fufpeâe ,  comme 
il  ne  l'avoit  que  trop  fait  voir  en  le  convoquant  :  deibrce  que  perfbnne  ne 
pou  voit  fe  pecfuader  »  que  dans  une  chofe  de  Ci  grande  importance  il  fe  fut, 
mis  à  la  dilcrction  d'autmî  fans  néceffité.  Cependant ,  fuivant  les  Mémoi- 
res que  j'ai  vus ,  &  d<mt  j'ai  parlé  dans  letems  $  ^^^  |e  regarde  comme  cer- 
tain que  cette  Bulle  avoic  été  dreiTée  deux  ans  auparavant ,  &  envojrée  à 
Trente  dix-huit  mois  avant  cette  tranflation. 

Mais  ce  qui  ne  pouvoit  aucunement  fe  cacher ^  &ce  qui  fcandalifoit 
tout  le nK>nde $  c'eft  que  7^  Ion  voyoit  clairement  par  cette  Bulle  quelle 
étoit  la fervitude du  Concile.  Car  enfin,  A  deux  Légats  pouvoienc  ordon- 
ner à  tous  les  Prélats  enfemblede  quitter  Trente  ^  &  les  y  contraindre  par 
les  peines  &  les  Cenfures  Ecclédaftiques ,  qu'on  ài(k  fi  on  le  fait ,  ou  fi  on 
le  peut ,  quelle  poavoit  ctre  la  liberté  de  ces  Prélacs. 


74.  Qu'autremtftt  la  clauff^eût  été 
une  efpéce  de  prophétie  ,  &c.]  Ce  (bapçon 
écoit  bien  imaeinaire  ^  puifque  dans  les 
CommifEons  ou  (ont  jointes  plufieuis  per- 
(bnnes ,  on  a  courame  d'y  ajouter  ces  for- 
tes de  daufes ,  &  qae  de  même  il  y  en  avoir 
une  pareille  dans  la  Bulle  de  Légation.  Pat- 
lavicin  même  nous  apprend  L.  v*  c.  x6. 
que  peu  de  jours  après ,  c*eft-à-dire  ,  le  ^. 
de  Mars  x  ;4f  ,  le  Pape  fît  expédier  un  au- 
tre Bref  «  par  lequel  il  communiquoit  à 
un  fenl  des  Légats  toutes  les  mêmes  fa- 
cultés ,  en  cas  que  les  deux  autres  fudènc 
empêchés.  Mais  on  n'en  fit  aucun  ufâge , 
&  même  cet  Hiflorien  foupçonne  que  le 
premier  Légat  n'en  eut  aucune  connoif- 
fance. 

7^.  Je  regarde  comme  certain  ^  que  cette 
JBuUe  avoit  été  drtffée  deux  ans  aupara- 
vant ,  &  envoyée  à  Trente  tS  mois  avant 
cette  tranflation,  ]  Le  premier  peut  être 
effedivement  regardé  comme  certain  j  mais 
pour  l'envoi  ,  il  ne  Teft  pas  de  même  , 
&  il  7  a  toute  apparence  qu'elle  fut  en- 
voyée en  même  tems  que  la  Bulle  de  Lé- 
gation ,  c  eft  -  à  -  dire ,  plus  de  deux  ans  au* 
paravant. 


j 6.  L'on  voit  ctairemtnt  par  cette  BuUé 
quelle  étoit  la  liberté  du  Concile  ^  &c.  ] 
Il  devoit  paioîtie  en  eSec  alTez  étrange , 
que  le  Pape  donnât  par  cette  Bulle  une 
pleine  autorité  à  fes  Légats  feols  de  transfères 
ou  fufpendre  le  Concile ,  fans  faire  aucune 
mention  du  confentement  préalable  des  Pè«. 
res.  Mais  c'étoit  une  fuite  des  prétentions  des 
Romains ,  qui  affujettilTent  le  Concileau Pa- 
pe, &  lui  attribuent  à  lui  feul  le  pouvoir  d'a^ 
fembler  ,  de  fufpendie  ,  de  transférer ,  ou' 
de  didbudre  un  Concile,  fans  le  concours' 
d'aucune  autre  Puiflànce.  Eft-il  étonnant 
que  Fra-PaoU  ait  jugé  que  de  telles  pré- 
tentions bleiToient  la  liberté  dn  Concile  ?  Les 
Pape  même  croyoit  fi  bien  qu  on  l'en  pou-, 
voit  foupfonner  y  qu^il  avoit  donné  des 
ordres  fecrets  à  fes  Légats  de  ne  rien  faire, 
en  ce  point  ^  que  de  Tavis  du  plus  grand 
nombre.  Mais  comme  ces  ordres  fecret». 
étoient  inconnus,  &  que  les  Légats  ne  pro* 
duifùrent  que  la  première  Bulle;  n'étoit-il  pat 
naturel  de  penfer  que  par-là  la  liberté  d»^ 
Concile  écoit  violée  ^  pui(quon  n'y  lai(Ibi«, 
rien  à  £aire  aux  Pères  y  &  que  tousétok  Sd-  . 
mis  à  la  dilcrécion  des  Légats  ? 


DE    T  R  £  N  T  E,    L  I  V  R  E  II.  491 

C.  L*Empereur  apprit  avec  une.  extrême  peine  ^  la  nouvelle  de  cette  mdxivii. 
traniiatiofl ,  foie  parce  «Qu'il  Je  crut  mcprift  >  ioit  parce  qu'il  fc  voyoît  en-  ^^^^  ^* 
lever  un  moyen  ,  qui  ménagé  à  propos  poinpit  lui  lervir  à  pacifier  la  Reli- 
gionen  Allemagne,  fcis'y  rcnure  maitre^bfelu.  77  Mais  pour  le  Roi  de  François l 
France  ,  il  n*en  put  rien  faroir  avant  fa  mort ,  P  qui  arrira  le  1 1  du  même  0  Pallav.  £» 
mois.  9.  CI  8. 

Rayn.  N*" 

77.  Mais  pour  te  Roi  de  France  ,  il  mais  (or  laqueHe  il  ne  put  prendre  avcones    V^iJrry 

n'en  put  rien  faroir  avant  fa  mort ,   fui  mefores.     €*eft    tppafeninent    par   '"^ej^j  .Tj^q 

arriva  le  sti  iu  même  mois*]  Cent  mon  ÊMce  d'impxeflîon  »    qoe  ceue    moct   fe  «q, 

n'aniva  ptsie  II  «  oiais  le  ^sdeMan,  tioure  maïqué^ daû  lii /^(fws  M  f }  de 

c*eft-â-4ire ,  %o  jours  «près  la  a:anflacioa  du  Atos. 
Concile  9  qu'il  jpiit  Curwx  avanc  ik  moft^ 


Qsi»' 


L 


5    O    M  M   A   I  R   E 

Du  III.  Livre  de  THiftoire  du  Concile  de  Trente. 

^EMPEREUR  approuve  ft  conduite  des  Prélats  rejlis  à  Trente^  qui 
conviennent  de  ne  rien  faire  ,  de  peur  de  donner  lieu  à  un  Sckijfme^   II. 
Première  Seffion  tenue  à  Bologne  ,  ou  la  neuvième  du  Concile.  Lon  ypro^ 
roge  ladecijion  des  matières.  III.  Défaite  des  Protejlans  par  l'Empereur  y  qui 
fait  prifonniers  l'EleSeur  de  Saxe  &  le  Landgrave  de  ffejfe.  IV.  Le  Pape^ 
;  jaloux  decefuccèsyfe  lie  avec  le  Roi  de  France.  V.  Sédition  à  Naples  par 

la  crainte  de  V Inquijition.  VI.  Dixième  Seffion ,  où  Von  proroge  de  nowveane 
Us , matières.  VII.  Traité  tT Allianu  entre  le  Pape  &  le  Roi  de  France.  VIII. 
V Empereur  difpofe  V Allemagne  àfefoumettre  au  Concile.  IX.  Affaffinat  de 
Pierre-Louis  Duc  de  Parme ,  &  interruption  des  opérations  du  ConiiU  à  Ba^ 
logne.  X.  Les  Prélats  d! Allemagne  écrivent  au  Pajke  pour  Iz  prier  de  rétablir 
le  Concile  à  Trente.  XI.  Le  Pape  prejfe  V Empereur  d* approuver  la  tranjla^ 
tion.  XII.  Inflances  de  C Empereur  pour  le  retour  du  Concile  à  Trente.  En* 
voi  du  Cardinal  Madruce  à  Rome  pour  ce  fujet.  Le  Pape  ne  lui  donne  que 
des  paroles  générales ,  non  plus  quà  D.  Diego  de  Mendo^e  ,  qui  étoit  charge 
de  redoubler  les  mêmes  follicitations  de  la  part  de  t Empereur.  XIIL  Difcours 
du  Cardinal  de  Guife  dans  le  Confîfloire.  XIV.  Le  Pape  écrit  aux  Prélats  de 
Bologne ,  qui  défendent  la  canonicité  de  leur  tranjlation.  Mcndo^e  veut  pro- 
téger contre  leur  Ecrit ,  mais  il  en  efl  empêché  par  quelques  Cardinaux.  XV. 
Réponfe  artificieufe  du  Pape  aux  Prélats  d^ Allemagne.  XVI.  VEmpereur 
fait  protefler  premièrement  à  Bologne  ,  &  enfuite  à  Rome  contre  la  tranjla- 
tion du  Concile.  XVII.  Paul  III.  tache  i éluder  la  p'otejlation  ,  &  les  Im^ 
périaux  fe  raillent  de  fa  réponfe.  XVIII.  Le  Pape  fait  part  de  fa  réponfe  aux 
Prélats  de  Trente ,  qui  ne  veulent  pas  fefoumettre  àfon  arbitrage.  XIX.  Re- 
marques des  Procureurs  du  Concile  de  Bologne  fur  la  réponfe  des  Efpagnols. 
L*affdire  de  la  tranflation  rejle  indécife.  XX.  Le  Pape  infiflefur  la  reflitution 
de  Plaifance^  mais  CEmpireur  fe  mocque  de  fes  follicitations  auffi-bien  que  de 
fes  menaces.  La  France  &  les  Vénitiens  refufent  de  s  engager  dans  une  Ligue 
avec  le  Pape  y  à  caufedefa  vieilleffe.  XXI.  VEmpereur  fait  publier  /'Inté- 
rim ,  également  odieux  aux  Catholiques  6*  aux  Luthériens.  Il  ordonne  en 
même  tems  une  Réformation  qui  déplaît  à  Rome ,  à  caufe  que  ce  Prince fem- 
ble  y  ufurper  une  autorité  qui  napparticrit  quau  Clergé.  XXII.  Les  Prélats 
d*  Allemagne  prient  F  Empereur  d^  obtenir  du  Pape  un  Légat  pour  faciliter  /  V- 
xécutioH  de  cette  Réformation  j  &  ce  Prince  y  confent.  XXI II.  Nonces  en- 
voyés en  Allemagne  j  &  inutilité  de  cet  envoi.  XXIV.  Efforts  de  r  Empereur 
pour  faire  recevoir  Clntcnm  ,  &  oppojition  quil  y  trouve  ^  principalement  à 
Magdebourg  quil  met  au  Ban  de  [Empire.  Les  Catholiques  &  les  Pro- 
teflans  écrivent  contre  cet  Ouvrage.  XXV.  Changement  de  Religion  en  An- 
gleterre. XXVI.  Réforme  de  VEmpereur  reçue  différemment  en  Allemagne* 
Conciles  Diocèfains  &  Provinciaux  tenus  à  Cologne  ,  à  Mayence  &  ailleurs 


SOMMAIRE.  493 

pour  ccfujct.  Ltr Nonces  du  Pape  communiquent  leurs  Pouvoirs  à  quelques 
Evêques ,  mais  on  en  fait  tris-peu  d'ufage.  XXVII.  Henri  IL  Roi  de  France 
perficute  les  Réformés.  XXVIII.  Mort  de  Paul  III y  &  EleBon  de  Jules  III. 
CaraSire  de  ce  Pape.  Il  fait  efperer  à  l* Empereur  de  rétablir  le  Concile  â 
Trente.  XXIX.  L Empereur  veut  établir  VInquifuion  dans  Us  Pais  -  Bas , 
mais  ilefl  obligé  S  abandonner  ce  deffein.  XXX.  Le  Pape  délibère  fur  le  r/- 
tablijfement  du  Concile  à  Trente.  XXXI.  Il  fût  part  de  fon  deffein  à  lEm^ 
pereur  &  au  Roi  de  Frarue ,  &  laiffe  communiquer  Us  InfiruSions  données 
àfes  Nonces.  XXXII.  //  exige  certaines  conditions  préliminaires  de  VEmpe^ 
reur  qui  les  accepte.  XXXIII.  Ce  Prince  tâche  d'engaeerla  Diète  d*Ausbourg 
àfe  foumettre  au  Concile  y  mais  les  Protejlans  ru  le  font  qu* à  certaines  condi- 
tions. XXXIV.  Le  Pape  envoie  à  f Empereur  la  Bulle  du  Concile  \  &  u 
Prince  qui  ne  la  trouve  pas  à  fon  gré  y  tâche  en-vain  de  la  faire  réformer. 
XXXV.  Le  Pape  effeHivement  refufe  d'y  rien  changer  ;  mais  V Empereur pro^ 
met  aux  Protejlans  de  Usfatisfaire  lui-même  y  fans  qu*ils  dûffentfe  mettre  en 
peine  de  la  Bulle.  XXX  VI.  Le  Pape  nomme  Us  Préjîdens  du  ConciU.  XXXVII. 
Semences  de  troubles  entre  le  Pape  ,  r Empereur ,  &  le  Roi  de  France  ,  aufu^ 
jet  du  Duché  de  Parme.  Projet  d'une  nouyelU  Ligue  en  Allemagru  contre 
l'Empereur. 


v&/ 


494 


HISTOIRE 

D  U 

CONCILE  DE  TRENTE. 


LIVRE     TROISIEME. 

iS>  E  n'igaorc  pas  quelles  font  les  Loix  de  lliilloice ,  ni  en 
''—  quoi  elle  difôre  des  Annales  &  des  Journaux.  Je  fai  aulfi 
que  le  récit  d'evcnemens  trop  uniformes  dégoûte  l'Hiftorien 
yx  éc  ennuyé  le  Leâeur  ,  Se  qu'un  détail  trop  circonftancié  de 
ifj;  chofes  peu  importantes  fait  donner  i  celui  qui  les  rapporte 
le  nom  d'Ecrivain  peu  judicieux.  Cependant ,  quand  j'ob- 
ferve  dans  ffomire  de  pareils  détails  &  des  redites  fréquentes ,  &  que  Xé- 
nopkon  dans  fa  Cyroptdu  attache  &  inftruit  davantage  en  racontant  les  en- 
tretiens féiieux  ou  plaifans  des  Soldats,  que  par  le  récit  des  aâioos  ou 
des  dépeins  des  Princes  s  je  me  pa:fuade  que  chaque  matière  a  une  forme 
qui  lui  eft  propre ,  &  que  l'HiEtoire  que  j'écris  ne  peut  pas  s'afluieiiir  aux 
règles  ordinaires.  ■  Audi  je  compte  bien  que  mon  Ouvrage  n'aura  pas  un 
grand  nombre  de  Lcâcurs ,  &  fera  bientôt  oublié  -,  non  pas  tant  cependant 
par  rapport  aux  défauts  qui  s'y  trouvent ,  que  par  la  nature  de  la  matière  ; 
&  j'en  juge  ainfî  par  ce  qui  eft  arrivé  \  plufîeucs  autres  fembUbles  Ou- 
vrées. Mais  fans  m'erabarralTèr  (i  cette  Htftotie  fubfîftera  toujours  ou 
loDg-tems,  il  me  fu£c  qu'elle  puidè  pour  le  ptéfent  Être  utile  d  ceux  i 

I.  Ai^je  compte  tien  qut  mon  Ouvrage  &  malgré  tes  diHcrentes  ermn  de  hit,oli  le 
■iimura  pat  un  grand  nomirc  dt  LeHeun ,  dé&ui  d'inibiinations  nfceflaires  l'a  bit 
&c.  ]  Fra-Paoio  ï'eft  enrËmeoient  crom-  tombei ,  on  peut  dire  qu'il  j  a.  pea  dllif- 
pé,  puiTqu'il  j  a  peu  d'Hifloiies  qui  ayent  loites  plus  judicienfemenT  tente*  ,  tc<pc 
"   i  life  avec  plus  d'agiéoieDi. 


été  plus  lues  &  plus  eflimfes  qge  la  lïenne  > 


DE    T  RENT  E,  Li  VK  E   III.  4^y 

qui  )c  la  C(»nrminiquerai  »  ic  que  je  faarai  en  pouvoir  faire  leur  profic ,  MDxivir. 
éranc  bien  alTorè  que  pour  Tayeiiir  chacun  en  jugera  félon  les  circonftances  ^^^^  '1^* 
où  il  fe  trouvera*  . 

I.  Les  Prélat*  reftés  è  Trente  •  étoicm  fort  inquiets  ,  jufqu'à  ce  ^^'il»^*!^/^ 
reçuffent  des  letnes  àt  TEmpereor  ,  qui  lonoit  leur  conduite ,  &  qui  con-  €ùnduit§des 
damnoit  la  tranftation  du  Concile  3  &  l^ur  ordonnolr  de  demeurer  à  Trente.  TriUts  r$f 
Ils  délibérèrent  encre  eux ,  s'ils  dévoient  y  faire  quelque  aâion  Synodale  :  '^^  ^  Jren^ 
mais  ils  convinrent  tous  de  ne  rien  faire ,  de  peur  de  donner  lieu  à  quelque  ^*»  ^'^  ^^' 
Schifme  -,  &  de  fe  contenter  d'étudier  les  matières  dont  on  devoir  traiter  ^  ^n^^f\ 
attendant  à  agir  félon  que  l'exigeFoient  les  conjonâures.  ^  Il  y  eut  quelques  te  ^  d^iet^ 
Ecrits  entre  les  Théologiens  de  Trente  &  ceux  de  Bologne.  Ceux-ci  afec-  de  donner 
roicnt  d'appellcr  leur  Alfembléc  le  Synode  de  Bologne  \  mais  les  autres  di-  ^'*.  ^  «» 
{oitni  y  U  f aine  Synode  en  quelque  lieu  quHfi>it\  Se  on  voit  encore  quel-   ^cf^^'  |. 
ques-uns  de  ces  Ecrits  imprimé»  à  Bologne.  Les  Légat»  &  quelques  autres  ,,^  p/i'is. 
Cardinaux  de  Rome  agirerK  anprèsde  quelques-uns  des  Prélat»  demenrés  â  Sfond. 
Trente ,  pour  les  engager  à  venir  à  Bologne  s  ou  au  moins  i  quitter  Trente  ;  N®  4. 
*  mais  ils  ne  purent  gagner  que  GaUas  FlorimoneeEytqtxtàijéqiiinoMs  firent    ^  ^^^^o' 
aurtî  leur  poflîble  pour  faire  venir  à  la  Se(Bontous  ceux  qui  étoienf  fortis  ,«*^^ 
de  Trente ,  &  plufieurs  autres  encore  ^  ce  qui  étoit  facile  »  à  caufe  de  la 
commodité  qu'il  y  avoit  de  venir  de  Rome  à  Bologrie.  Enfin  on  tint  diverfes 
Congrégations  ,  où  Ion  ne  parla  qae  des  moyens  de  maintenir  la  validité  de 
la  tranflacion,  &  de  montrer  que  les  Prélats  qui  étoient  reftés  à  Trente 
dévoient  s'unir  avec  eux. 

5  IL  Le  i  i  d'Avril  jour  deftiné  pour  la  Seffion ,  étant  arrivé,  ^  les  Légats  J^Sêffion  /#- 
accompagnés  de  trente-quatre  Evcques  &  fuivis  de  tout  le  peuple  de  Bo-  '^*'  ^  ^^^* 
logne  fe  rendirent  en  grande  cérémonie  au  lieu  de  la  Seflîon,où  l'on  ne  ^^ix.*duCon^ 
autre  chofc  que  lire  un  Décret  qui  portoit  :  Que  les  Pères  avoient  jugé  i  pro-  àù, 
pos  de  transférer  le  Concile  de  Trente  à  Bologne ,  &  d'y  célébrer  la  Seflîon  c  Pallav.  U 
eu  ce  jour ,  pour  y  publier  les  Décrets  qui  feroient  faits  fur  la  matière  des  9-  c.  10. 
Sacremens  &  de  la  Réformarion  :  mais  que  confidérant  que  plufieurs  des  ^J^l 
Prélats ,  qui  avoient  accoutumé  de  s'y  trouver ,  étoient  occupés  dans  leurs  ^ndN**c. 
Eglifcsà  caufe  des  Fêtes  de  Pâque,  &  efperant  qu'ils  ne  tardcroient  pas  i  Man.T.  8. 
venir  fe  joindre  aux  autres ,  afin  de  faire  les  chofes  avec  plus  de  dignité  &  de  p-  1 145* 

gravité,  ils  prorogcoient  la  Seflîon  iufqu'au  1  de  Juin ,  fe  réfervaat  néan-  ^^^*^^^^* 

144*^  ^^* 


1.  Mais  ils  ne  purent  gagner  que  Gatèas 
Ftorrmonre  Evique  d*Àquinô.)  Nôtre  Hif- 
torien  dit  fivfcqae  à'Aquila  ,  rrïaiS  c*eff 
une  faute.  Patlavicîn  ne  dit  rien  de  la  ve- 
nue de  l'Evèii^ae  à'Aquînô  i  Bologne  :  mais 
il  noos  marque  que  l'Bvêque  de  Fiéfoli  s'y 
rendit  dé  Trente ,  après  y  avoir  été  invité 
par  les  lettres  du  Card.  farnèfe.  Les  Evê- 
C]VLes  d'Aide  8c  de  Porto  s'y  fendirent  âuftî 
dans  la  mite  .  fc  ce  furent  les  feuls  de 


tons  cétîx  cfcà  n'avoieitt  point  d'abord  fuivî 
les  autres ,  qui  fe  joignirent  depais  à  TAC- 
femblée  de  Bologne. 

^.  Le  21  d'Avril  —  les  Légats  — fi 
rendirent  en  grande  cérémonie  au  lieu  de  la 
Sejfion  ,  Sec.  ]  Oà  Sebaftien  Leceavela  Ar- 
chevêque de  Nax'ia  célébra  la  MefTe  j  &  le 
Sermon  fut  prêché  par  Ambroije  Catharin 
Evtqae  de  Minori» 


MDXLVII. 

Paul.  III. 

d  Rayn. 
N°  €1. 


Dêfmtf  dês 
Troteftms 
fxt  l*Emfe- 
rtur  ^  qui 
fait  prifiit- 
niers  tElee- 
tfurdeSaxê 
^  U  Land' 
grave  de 
Hefâ, 
e  Adr.  L. 
6,  p.  587. 
Thuan.  L. 
4.N^  II. 
&  13. 
Sleid.L.  1$, 

p.  31^-  & 

ll.ayn. 

N**  100. 
Spond. 

ricury  ,  L. 
X44.N^4. 


49^        HISTOIRE    DU    CONCILE 

moins  la  liberté  d'abrcgcr  ce  terme  ,  s'il  convcnoïc  de  le  faire.  <  On  or- 
donna aulfî  en  même  rems  ^  d  écrire  au  nom  du  Concile  des  lettres  aux  Pères 
qui  écoient  reftés  à  Trente ,  pour  les  exhorter  à  fe  rendre  à.  Bologne  &  â  /e 
réunir  avec  leur  Corps,  dont  étant  féparés  ils  ne  pouvoient  pas  prendre  le 
nom  d'AlTemblée  £cclé(iaftique ,  ^  &  ne  faifoient  au  contraire  que  fcan- 
daliferlc  Monde  Chrétien.  ^  On  trouva  à  Trente  ces  lettres  fort  impru- 
dentes >  comme  n'étant  propres  qu  a  aigrir  les  efprits  au-  lieu  de  les  adoucir; 
Se  Ion  réfolut  de  n  y  faire  aucune  réponfe  ,  pour  ne  point  faire  naître  de 
nouvelles  conteftations  ,&  laider  tomber  une  attaque  qu'on  attribuoit  au 
caraâère  trop  libre  du  Cardinal  Jel  Monte  ,  plutôt  qu  au  refte  de  l'A(Ièm« 
blée  qu  on  jugeoit  plus  modéré. 

III.  L'Empereur  ,  qui  à  la  tête  d'une  puiflante  Armée  fe  trouvoit  en 
Saxe  à  la  vue  de  TEleâeur  ,  &  qui  étoit  tout  occupé  de  la  guerre,  ne  fon^ 
geoitguères  aux  affaires  du  Concile.  Le  24  du  même  mois,  ^  ayant  rangé 
Ion  Armée  le  long  de  l'Elbe  ,  il  donna  bataille ,  où  TEleâreut  fut  blcfle  & 
pris ,  &  fon  Armée  taillée  en  pièces.  Les  Proteftans  étant  afïbiblis  par  cette 
défaite ,  le  Landgrave  fut  obligé  d'en  venir  à  un  accommodement  ;  &  peu 
de  jours  après,  Maurice  fon  gendre  &  l'Eledteur  de  Brandebourg  obtinrent 
de  l'Empereur  qu'il  fepréfentât  devant  lui.  L'Eledleur  de  Saxe  fut  d'abord 
condamné  â  mort  comme  rebelle  par  l'Empereur  >  qui  enfuite  lui  accorda  la 
vie  à  des  conditions  très  dures ,  auxquelles  il  fe  fournit ,  à  la  réferve  feule 
d'obéir  au  Concile  en  matière  de  Religion.  L'on  propofa  auQi  pluGeurs 
conditions  au  Landgrave  ,  dont  l'une  étoit  de  fe  foumettre  aux  Décrets  du 
Concile  de  Trente  j  mais  il  refufa  d'y  confentir  ,  promettant  d'ailleurs, 
aufli-bien  que  le  Duc  Maurice  &  l'ElcÂeur  de  Brandebourg ,  de  fe  foumettre 
à  un  Concile  pieux  &  libre  ,  où  l'on  réformât  le  Chef  &  les  membres.  L'E- 
leâeur  de  Saxe  demeura  prifonnier  pour  toujours,  &  le  Landgrave  au  bon 

plaifir 


4.  On  ordonna  auffi  en  même  tems  d'écrire 
au  nom  du  Concile  des  lettres  aux  Pères 
qui  étoient  reftés  à  Trente  ,  &c.  ]  Ce  ne  fut 
point  dans  cette  Sedion  ,  comme  le  dit 
Fra-Paolo  ,  que  ces  lettres  furent  ordon- 
nées, puifqu'elle  ne  fe  tint  que  le  1 1  j  au- 
lieu  que  les  lettres  qui  furent  datées  du  i  r 
avoient  été  lues  dans  la  Congrégation  du 
Il  &  expédiées  auflî-tôt  ,  pour  y  inviter 
les  Evêques  à  la  SefHon  qui  fe  devoit  tenir 
le  II. 

j.  Et  ne  faifoient  au  contraire  que  fcan- 
daliferle  Monde  Chrétien,  )  Il  faut  que  Fra- 
Paolo  n*ait  par  lu  ces  lettres,  où  il  ny  a 
lien  de  pareil.  C  ctoic  une  invitation  hon*- 
nête  à  ces  Prélats  de  fe  rendre  à  Bologne , 
fans  qu*on  y  eût  rien  inféré  qui  pût  fen- 


tir  la  cenfure  ou  le  mécontentement.  On 
peut  les  voir  dans  Raynaldus  N**  61. 

6,  On  trouva  à  Trente  ces  lettres  fort 
imprudentes  ,  comme  n  étant  propres  qu'à, 
aigrir  Us  efprits,  &c,)  Il  n*y  avoir  certai- 
nement ni  dans  la  lettre  auCard.  Pachéco^ 
ni  dans  celle  aux  autres  Evêques ,  rien  de 
propre  à  aigrir  les  efprits ,  ni  qui  fentit  le.ca- 
raélère  trop  libre  du  Cardinal  del  Monte* 
C'écoic  un  fimple  compliment  d'honnêteté  j 
&  fi  les  Pères  de  Trente  n'y  voulurent  pas 
faire  de  réponfe,  ce  n'eftpas  quilsyrrou- 
vafïènt  rien  de  choquant  ,  mais  apparem- 
ment pour  ne  faire  aucune  démarche  d  où 
Ion  pût  conclure  qu'ils  regardaflent  la  trant 
lation  comme  légitime* 

f .  Et 


DE    TRENTE, Livre    IÏL 


4*7 


flziCiT  de  rEmpcrcur  7.  Ce  Pânce ,  devenu  par  cette  viâoire  le  maître  de  moxevyi. 
Allemagne,  s'empara  de  quantité  d'artillerie  ,  &  tira  des  Villes  Ôc  des  ^^"^  '^'• 
Princes  (KgrofIès(onicnes  d'argent  \  puis  ,  pour  donner  i  fcs  conquêtes  une  •^— — 
forme  pacihque ,  il  convoqua  une  Diète  à  Ausbourg. 

IV.  Ces  luccès  affligèrent  extrêmement  le  Pape ,  qui  voyoit  l'Italie  fans    £«  PÀpg . 
fecours  &  demeurée  â  la  discrétion  de  l'Empereur.  Mais  ce  qui  leraflurott/^^wppirfr^ 
un  peu  ,  ceft  qu'il  fentoit  que  ce  Prince  leroit  obligé  de  maintenir  par  la  {'^^^^^  '  ^. 
rorce  les  conquêtes  qu  u  avoit  rai  tes  par  les  armes  *,  &  que  ne  pouvant  retirer  ^^  ^ 
fitoc  fes  troupes  de4a  »  il  lui  laidèroit  k  temsdc  traiter  avec  le  nouveau  Roi  Fr40«r. 
de  France  ic  les  Princes  Italiens ,  pour  k  mettre  en  fureté.  Au  milieu  de 
ces  inquiétudes  ,  c  étoit  pour  lui  un  grand  plaiiir  de  fe  fentir  délivré  des 
craintes  du  Concile  \  Se  illouoit  fans  réserve  la  résolution  du  Cardinal  J€l 
Monte  y  à  qui  il  fe  reconnoi(Ibit  redevable  de  cet  avantage.  ^  U  ^  réfolut    /Fleury  » 
en  même  tems  d'envoyer  en  France  Jtréme  Capo^i-firro  ,  Romain ,  Car-  ^'  ^44»  N* 
dinal  de  S.  George ,  fous  le  prétexte  apparent  de  faire  au  jeune  Roi  des  com-  U^       ^ 
plimensde  condoléance  fur  la  mort  de  fon  père  ,  &  le  féliciter  lui-même  fur  x.  t^  îo. 
fon  avènement  à  la  Couronne  ;  mais  réellemenr  pour  traiter  avec  lui  d'une  Pailav.Li^ 
Ligue.  Il  donna  pour  cela  à  fon  Légat  un  pouvoir  très-ample  d'accorder  au  c.  i9.  6c  C 
Roi  tout  ce  qu'il  lui  dcmanderoit  au  fujet  des  matières  Béncficialcs ,  fans  au-  ^^'  ^  '• 
cun  égard  à  tout  ce  qui  avoit  été  réglé  dans  le  Concile  de  Trente.  £t  pour 
être  en  état  de  profiter  de  toutes  lesoccafions  qui  fe  préfenteroient  d'em* 
barraflcr  l'Empereur  en  Allemagne ,  &  cmpêcncr  qu'on  ne  prît  dans  la 
Diète  aucune  rélblution  contraire  d  fes  intérêts  »  >  il  y  envoya  pour  Légat  le  g  Flenry  «' 
Cardinal  Sfondrétte  ,  avec  ordre  de  traiter  avec  les  Éccléfiaftiques  pour  les  I-  i44-NT 
tenir  attachés  à  lui>&  de  ptopofer  i  l'Empereur  difFérens  partis  pour  lui  faite  ^^* 
agréer  que  le  Concile  fe  continuât  à  Bologne  \  ayant  plus  de  crainte  d'une 
Ademblée  qui  fe  tiendroit  dans  un  lieu  où  il  ne  feroit  pas  le  maître  >  que 
des  Armées  que  ce  Prince  poturroit  faire  marcher  en  Italie* 


7*  Et  U  Landgravn  en  hon-plaifir  de 
V Empereur.  )  Tout  le  monde  fait  (Juc  cette 
prifon  du  Landgrave  fut  la  fuite  d'une  équi- 
voque qu  on  avoit  fait  glilTer  dans  les  Arti- 
cles de  la  Capitulation  ,  où  profitant  de  la 
xeâêniblance  de  deux  mocs  Allemands ,  qui 
avoient  un  (êns  tout  oppofé ,  on  prétendit 
que  TEmpereur  adroit  accordé  amplement , 
que  la  décemion  de  ce  Prince  ne  feroit  point 
perpétuelle  ;  aulieu  que  te  Landgrave  pré- 
Dendoit  qu'on  lui  avoit  don  né  parole  qu*il  ne 
feroit  point  détenu  prifonnier.  I>b  quelque 
part  que  vint  réquivoqoe,  tout  le  blime  en 
retomba  («r  rEmpereor  ;  ft  peut- erre  Tin- 
fidéliré  dont  on  TaccuGi  ateis  fat  en  partie 
caufe  du  changement  de  fortune ,  q^i  ku 
arriva  quelque  tems  après. 
Tome  L 


s.  //  réfolut  en  tittme  tems  t^envoytr  en 
France  Jérôme  Capo-A-ferro  >  Romain  ^ 
Cardinal  de  5.  George  ,  &c.  )  Ce  ne  fut 
pas  le  fuccès  de  la  bataille  de  Mulberg ,  qui 
fit  prendre  cette  rcfolution  au  Pape,  puifque 
cet  envoi  avoit  été  réfolu  dans  le  Confifloire 
du  1  f  de  Février ,  ât  q«e  ce  Cardinal  étoic 

Srti  dès  le  \6  d'Avril ,  i  %  jours  avant  la 
faite  de  l*Ele<^eur  de  Saxe.  Cette  Légation 
avoit  efu  d'autres  motifs  \  mais  après  la  vic^ 
toire  de  TEmpereur ,  il  eft  aifêz  naturel  de 
croire  que  le  Légat  ftit  chargé  de  traiter 
d'une  Alliance  avec  le  nouveau  Roi  de  Fran- 
ce ,  comme  il  le  fit  en  effet.  Au  refte  je 
dois  remarquer ,  que  Fra-Paolo  s'eft  mcprif 
dans  le  nom  de  ce  Cardinal  ,  qui  appelle 
Boceaferro  ,  aa4iea  de  Capo^i-ferro* 

Rrr 


498        HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.       V.  Il  arriva  pendant  ces  entrefaites  une  grande  fédirion  à  Naples ,  **  au 
Paul  III.  {-yj^j  jç  rinquilition  ,  que  le  Viceroi  D,  Pierre  de  Tolide  y  voulut  intro- 

SéMticff 

la  ersinie  COUS  S  a(Ieml>ierent  pour  élire  un  Magiftrat  qui  les  derendit  y  diiant  qu 
detln^tiifi'  ne  s'ctoient  fournis  au  Roi  Catholique  qu'à  cette  condition  cxprefTe  ,  qu'on 
tio».  n'introduiroit  point  chez  eux  d'Inquifition  ,&  que  les  Caufesd'Hcrcne  fc- 

^  roient  jugées  par  les  Juges  Eccléfiaftiques  ordinaires.  Cependant  les  Ef- 

Adi,lJ  6,  psignols  &  les  Napolitains  en  étant  venus  aux  mains  ,  il  y  eut  beaucoup  de 
p.  401.  gens  tués  de  part  6c  d'autre ,  &  Ion  courut  rifque  d'une  révolte  générale. 
Thuan.  L  La  fédition  prit  enfuite  une  forme,  &  50,  000  hommes  qui  fcrafïem- 
3.  N®  4.  bloient  au  fon  des  cloches  ayant  pris  les  armes ,  il  fe  fit  une  guerre  en  forme 
entre  les  Espagnols  qui  s'étoient  rétirés  dans  les  Châteaux ,  ôc  le  peuple  qui 
s'étoit  fortinédans  tous  les  lieux  avantageux,  qu'on  avoit  munis  d'artillerie. 
Pendant  ce  tumulte ,  qui  dura  depuis  le  mois  de  Mai  jufqu'à  la  mi-Juillet  > 
il  y  eut  plus  de  trois  cens  perfonnes  de  tués  de  part  Se  d'autre  •,  8c  dans  cet 


Pallav.  L. 
20.  c.  X. 
Rayn.  N* 
iji. 
Spond.  N*» 


^/'         .  intervalle  les  Napolitains  envoyèrent  des  Députés  à  l'Empereur  &  au  Pape  , 

j^A^o     '  à  qui  ils  offrirent  de  fe  rendre  s'il  vouloit  les  recevoir.  Mais  Paul  ne  fc 

croyant  pas  a(Ièz  fort  pour  foutenir  une  telle  entreprife ,  il  lui  fuffifoit  do 

$  Nat.Com.  fomenter  la  fédition  ,  '  comme  il  fit  avec  beaucoup  d'adreflfe  ;  '  quoique  le 

I"  3*  ?•  47*  Cardinal  Thcatin  Archevêque  de  Naples  Texhortât  fortement  à  ne  pas  laif- 

^.  p.  jCçj.  échaper  une  occafion  fi  favorable  d'acquérir  un  fi  beau  Royaume  à  l'E- 

glife  >  &  lui  promît ,  s'il  le  vouloit ,  de  l'aider  de  tout  fon  crédit  &  du  fe« 

cours  de  tousfes parens,  qui  étoient  nombreux  &  puillans  ,  &de  l'afliftec 

lui-même  en  perfonne.  Cependant  les  Efpagnols  ayant  tiré  du  fecours  de 

divers  endroits  ,  fe  rendirent  à  la  fin  les  plus  forts  ,  &  le  tumulte  s'appaifa 

par  les  lettres  de  l'Empereur  qui  déclara  :  Qu'on  n'établiroit  point  d'In- 

quifition ,  &  qu'il  pardonnoit  à  la  Ville  à  l'exception  de  dix-neuf  perfonnes 

qu'il  nomma ,  &  d'une  autre  qu'il  nommeroit  en  fon  tems ,  &  à  condition 

qu'elle  feroit condamnée  à  payer  100  ,  000  écus  d'amende;  condition  qu'il 

falJut  accepter  par  néceffite,  &  dont  fureat  la  victime  ceux  des  dix-neuf 

qu'on  put  attraper. 


9  •  //  lui  fuffifoit  de  fomenter  la  fédition , 
comme  il  fit  avec  beaucoup  d*adreffe,  )  C'eft 
^'Adriani  que  Fra-Paalo  a  emprunté  ce 
Êit ,  &  pour  ainfi  dire  Texpreffion  ;  &  il 
Papa  fpe^ialmente  ,  dit  cet  Hiftorien  ,  ha- 
verebbe  havuto  caro  ,  che  vi  havejfe  havuto 
cht  fare  ,  &  s'ingegnava  con  ogni  arte  di 
fomantarvi  il  tumulto.  Je  ne  vois  pas  ce- 
pendant ,  que  la  chofe  foie  bien  atreflée  >  & 
il  efl  certain  au  moins ,  que  Paul  ne  fît  rien 
publiquement  qui  pût  donner  fujet  à  l'Em- 
pereur de  Taccufei  d  avoir  fomenté  la  fédi-. 


tion.  Mais  comme  ces  deux  Princes  corn* 
mençoient  a  être  aflèz  mal  enfemble ,  il  n'y 
a  pas ,  ce  femble  ,  beaucoup  de  témérité  à 
croire  que  du  moins  Paul  n'étoit  pas  trop 
fâché  de  cette  brouiUerie  ;  &  Natalis  Cornes 
le  dit  aifèz  ouvertement,  au  L.  3.  de  fon 
Hiftoire.  Sic  igitur  ,  écrit-il ,  confopiti funî 
tumultus  ,  qui  ,  Pontifice  ajfentiente ,  cum 
magna  utilitate  Régis  Gallorum  videbantnr 
excitati»  Ainfi  Ion  voit  bien  que  ce  foup^on 
n'eft  pas  de  ImTention  de  Fra^Paoto. 


DE     TRENTE,  Livre     II  L  499 

A  Bologne ,  les  Légats  ne  favoient  encore  que  faire.  ^  Le  Pape  leur  avoïc  mdxlvii. 
donné  ordre  d'éviter  tout  ce  qui  pourroit  être  critiqué  6c  faire  naître  quel-  ^^"^  ^^^' 
que  divifîon ,  de  différer  autant  qu'ils  pourroient  les  Seflîons,  &  cependant ,  ^  „ 
de  tenir  quelques  Congrégations  pour  ne  paroitre  pas  demeurer  dans  1  01-  ^  ^^  ^^^  ^ 
fiveté»    "0  Mais  il  n  croit  pas  aifé  de  trouver  un  bon  moyen  de  difcuter  les  l!  10.  ci. 
matières  de  l^uchariftie  ,  à  caufe  de  labfence  des  Principaux  Théologiens  Rayn. 
qui  avoient  coutume  de  digérer  les  matières  de  Foi  à  Trente.  On  tint  néan-  N**  ^^• 
moins  quelques  Congrégations  où  parlèrent  divers  Théologiens  ;  mais  on 
n'y  forma  aucun  Décret.  '  '  Pour  la  Réformation  ,  on  n  a  ici  autre  chofe  â 
en  dire  ,  ^  (inon  que  Ton  garda  fur  cela  un  profond  filence.  /Paliav ,  L. 

'^  VL  Le  1  de  Juin  venu  ,  on  célébra  la  Seflion  "^  avec  les  cérémonies  or-  ^^  ^  *• 
dinaires  ,  mais  fans  y  faire  autre  chofe  que  de  la  proroger  encore  par  un  De-  ^^^  i^ntro- 
cret  femblable  au  précédent ,  qui  portoit  :  Que  le  Concile  avoit  différé  la  roge  dénota 
Seflion  jufqua  cetems  >  d  caufe  delabfence des  Pères  qu'on  attendoit  ;  &  veau  Us 
que  pour  les  traiter  encore  avec  bonté  ,  on  la  prorogeoit  de  nouveau  juf-  ntaùhes. 
qu'au  15  de  Septembre ,  pendant  lequel  tems  on  ne  laiffèroit  pas  de  conti-  ^  ff^^' 
nucr  l'examen  des  Dogmes  &  de  la  Réformation,  en  feréfervant  le  pouvoir  picu^y    l. 
d'abréger  ou  d'allonger  ce  terme  ,  même  dans   une  Congrégation  parti- 144.  N^ji. 
culière. 

VIL  En  France,  il  ne  fut  pas  difficile  au  Légat  d'obtenir  du  Roi  tout      Trahi 
ce  que  le  Pape  deiiroit  ;  &  ce  prince  étant  aufli  jaloux  que  le  Pontife  de  la  tCAllitvice 

entre  le  PM" 
te  f^  le  Râi 

10.  Mais  il  nàoit  pas  aifi  de  trouver  à  craindre ,  que  fi  ceux  des  Pères  qai  écoient  \  ^rancê^ 

un  bon  moyen  de  difcuter  les  matières  de  reftés  à  Trente  refufoienc  d'y  foulcriie,  cela 

VEuchariJlie  ,  à  caufe  de  Vabfence  des prin-  n* excicâr  un  nouveau  Schidne. 

cipaux  Théologiens  qui  avoient  coutume  de  ii.  Pour  la  Réformation,  on  na  ici 

digérer  les  matières  de  Foi  à  Trente,  )   Ce  autre  chofe  à  en  dire  ,  fenon  que  Von  garda 

n'étoic  pas  le  nombre  des  Théologiens  qui  fur  cela  un  profond  filence,  )    C  e(è  faute 

manquoit.   Car  Pallavicin  ,  L.  lo.  c.  z.  d*avoir  vu  les  Aéles  de  ce  qui  s'écoit  fiéiit  à 

nous   marque  que  félon  les  Ades  il  en  a  Bologne ,  que  Fra-Paolo  parle  ai>nfi.   Car 

obfervc  jufquà  60  ou  70   dans  quelques  quoique  dans  le  commencement  on  ne  s*oc- 

Congrégations.  Mais  il  ne  faut  pas  douter  cupât  prelque  que  des  Dogmes ,  on  y  traita 

que  quelques-uns  des  plus  confidérables  ne  cependant  auflI  dans  la  fuite  de  tout  ce  qui 

fuflent  reftés  à  Trente  avec  les  Efpagnols ,  regardoit  les  abus  des  Sacremens ,  (  Rayn. 

parce  qu'ils  étoient  de  la  môme  Nation  &  N**  71.  &  feqq.  )  &  même  de  la  Rcddence 

fijjets  aux  mêmes  ordres  >   &  c*e(l  ce  qui  &  de  la  pluralité  des  Bénéfices  -  Cures ,  félon 

£iit  aufiî ,  que  Fra  Paolo  ne  parle  que  des  Pallavicin  L.  10.  c.  i.    Q^ielques  Prélats 

principaux  r^^o/o^ir/rj. Cependant  cela  n  ar-  même  s'y  occupèrent  à  la  traduéîion  de  plu- 

xêtoit  pas  beaucoup  les  autres  ,  pui(que  Ton  fieurs  Sermons  des  Pères  en  langue  vulgai* 

Yoit  par  les  Aéles  rapportés  par  Raynaldus  «  re ,  comme  nous  l'apprend  le  Continuateur 

qu'ils  expédièrent  prefque  toutes  les  matiè-  de  M.  FUury  ,  L.  144.  N**  ^  5.  &  tâcheient 

res  qui  furent  depuis  décidées  dans  le  Con-  ainfi  de  remplir  utilement  un  tems  que  leur 

cile  'i  &  que  ce  ne  fut  pas  tant  le  défaut  de  laifibit  l'inaâion  du  Concile. 

Théologiens,  que  les  follicitations  de  l'Bm-  n.  Le  t  de  Juin  venu,  on  célébra  la 

pereur  &  les  ordres  du  Pape ,  qui  empêche-  SeJJion  avec  les  cérémonies  ordinaires ,  &c.  ) 

rent  qu'on  ne  publiât   rien    de   ce  qu'ils  Et  ce  fiit  Ola'ûs  Magnus  Archevêque  Titu- 

avoienc  déterminé  3  d'autant  plus  qu'il  y  avoit  laire  d'I/pfal  qui  y  cilebra  la  Mefiè. 

Rrr  1 


jo^       HISTOIRE    DU    CONCILE 

ii9xivik  profpérké  de  l*Emperear  y  ils  firent  enfemblo  un  Traité ,  '  dom  on  rinr  (rès« 
Pavl  IIL  {(xrecces  pLuâeurs  des  conditions.  Mais  encte  celles  qui  furent  publiques  » 
""— ~''— ~"  Tuoe  ctoit  que  le  Roi  envayeroit  au  plutôt  au  Concile  de  Bologne  te  plu» 
•fJ^IJP'*  grand  Bwmbrc  <te  fes  Evèqu^  qu'il  pourroit  ;  ôc  lautre  ,  qu*il  donneroir 
l^^t]^^  Z>ia;^  fa  fille  ikaraceUe,agée  feuienoenc  de  neuf  ans,en  nn.ariagei  Horace  Far'" 
109.  nkfn  pectt-fils  de  Sa  Sainteté.  En  mènae  tems  le  Roi  envo^ra  fept  Cardinaux 

Slei(LLi>  François  réfiderâ  Rome ,  pour  donner  plus  de  crédit  au  Pape  ,  &  entretenir 
P-  5 if-  la  bonne  imelligcnce  entre  cui  v  m  &  Faid  de  fon  côté  le  iG  Juilkc  fir Car- 
p  400  &  dinaux  i  la  pcicie  du  Roi ,  ®  Ckarlis  d$  Vindonu  Prince  du  Sang ,  &  CharU$ 
41a.    '       ^  Guift  Archevêque  de  Reims. 

#Flottrr>^      ^^  V^^'*  ^^^  la  fin  du  mois  d'Août,  l'Empereur  avec  une  Arm^d'EC- 

i^44.N^  5^.  pagnols  &  d'Italiens  auprès  d'Ausbourg ,  6c  quelques  Compagnies  d'Ir^fen* 

Rayn.  N^  ^^^\^  q^'^^  £j  entrer  dans  la  Ville ,  s'y  rendit  pour  y  tenir  la  Diète.  Elle  com- 

VEmperntr  n^^nça  f  le  I .  de  Septembre ,  &  ce  l^inœ  qui  n'écoir  occupé  que  de  la  pa- 

M/pcfi  PAl'  cification  de T Allemagne,  y  expofa  tout  ce  qu'il  avoit  fait  auparavant  dany 

Uméignt  i  diverfes  Diètes  pour  y  réu(Iir.  il  dit  :  Que  c'étott  dans  cette  vue  qu'il  avoir 

fefoumettrt  procuré  la  convocation  &  louvcrturc  du  Concile  de  Trente  :  Que  tout  cela: 

mê^naU.  ^'^y^^^  f^j-yj  de  rien,  il  avoir  été  obligé  d'avoir  recours  à  d'autres  remèdes  r 

4.N**  17.  '  Q^^  Ditxx  ayant  fait  réuflîr  fes  projets  en  réduifant  l'Allemagne  au  point  de 

siei<L  L15.  pouvoir  s'auurer  de  la  réformer  ,  il  avoit  convoqué  les  Princes  pour  concer- 

p*  317-        ter  avec  eux  les  moyens  de  le  faite  ;  mais  que  les  différends  de  Religionr 

Adr.  L.  <.  étant  la  caufc  des  troubles  ,  c'étoit  par-là  qu'il  falloir  commencer.   Les 

SpooIn®  P^'^'^^^s  ne  fe  trouvèrent  pas  d'accord  fur  ce  point,  a  Car  ks  Eleâeurs  Ec- 

^^oao.        cléâaâiques  defiroient  &  demandoient  qu'on  tint  le  Concile  à  Trente ,  ëd 

f  leury ,  L.  qu'on  s'y  fournît  fans  aucune  condition  \  au-lieu  que  les  Eleéteurs  Laïques 

i44.N**7i.  qui  adhéroient  aux  Luthériens  ne  vouloicnt  du  Concile  ,  qu'à  conditioa 

?i^*?*j^TL? j'  <iu'il  fut  pieux  &  libre  ;  que  le  Pape  n'y  préfidât  ni  p*ir  lui-mcroe  ni  par  fes 

Légats  *,  c]u  il  remit  aux  Evoques  le  ferment  qu  ils  liu  a^votem  tav  \  que  iea 

Théologiens  Proteftans  y  euUent  voix  délibéracive  \  Se  que  les  Detrcf^  qut 

avoient  été  déjà  faits  fuHent  examinés  de  nouveau.  Les  autres  Catholique» 

demandoient  que  le  Concile  fc  continuât  ;  qu'on  donnât  aux  Proteftans  un 

Sauf-conduit  pour  y  aller,  &  qu'ils  euflent  la  liberté  d'y  parler  ;  mais  qu'en- 

fuite  ils  fuflènt  obligés  d*obéir  à  fqs  Décrets. 

A/fsfftnat     IX.  Les  nouvelles  du  fuccès  de  la  Diète  en  Allemagne  avolcnt  un  pea 

Jf  Pierre-  tranquillifé  l'efprit  du  Pape  9  lorfqu'il  apprit  '  que  le  iode  ScptmsJxe 

Lpuis  Duc   i  î  pi:iri'l/>ms  Duc  de  Plaifance ,  ion  fil^naturel ,  avoit  été  tué  dans  ion 

de  Fétrme, 

r  Sleid.  Ib. 
p.  5x8.  > )•  Ft  Pduide  fim  eètéte  16  dé  JuiUti    f9iKt  qtie  neos  voyons  difterens  Ordrts  dé 

Adr.  L.  6.   fif  Cardinatâx  ,  &c.  )  Raynaldus  N*  x  34.  l^mpcreor  fîgnés  d'Aushourg  dans  Ip  cou- 

p.  41^.       ditq«e  cefe  le  17.  rant  da  nnois  d'AoAt ,  ce  qui  ne  poorroîr 

Thuaa.  L.       14.  Sur  la  fin  du  mois  d'Août ,  /'£m-  être  vrai ,  s'il  n  7  étoit  venu  que  fur  Ja  fin  dfe 

4.  N**  10.    fereur.  Sec,  )  Sleidan  dit  aa  contraire ,  que  ce  mois. 

Pallav.  L.    ce  fut  fur  la  fin  de  Juillet  ;  Suh  finem  Julù         i  f .  Pierre-Louis  Duc  de  Plaifance  y  fur» 

I  o  c.  4.        menfis  Auguftum  Cetfar  venit  cum  Saxone  fils-naturel  ,  avoit  été  tué  dans  fin  propre 

ctf/riva;&celainepft!X)itplQivraifemblabIey  Palais  ,  &c. }  LesCfaefi  de  la  conjuration 


DE    T  REN  T  E,  L  I  V  RE   IIL  yot 

propre  Paltis ,  &  fon  corps  jette  dans  la  Place  publique  ,  Se  ignominieu-  wdxlvu. 
fcment  expofé  à  tous  les  outrages  du  peuple  -,  Se  que  quelques  heures  après  ^^^^  '^^• 


front  qui  en  retomboit  fur  lui,  que  pour  la  perte  de  cette  ville ,  Se  parce  i44.N**8i. 
qu'il  vojroit  clairement  que  tien  ne  s  étoit  fait  qu'avec  la  participation  de 
TEmpereur. 

'*  Pendant  que  lePapectoît  dans  cette  afBiâion ,  les  Légats  jugèrent 
qu'il  ne  convenott  pas  de  le  fatiguer  de  deux  dépèches  par  ièmaine ,  comme     Intenup- 
ils  avoient  coutume  de  faire  ,  pour  Tinformer  de  tout  ce  qui  fepaflbit  au  ^'^»^'<»;^ 
Conale  -,  &  que  par  conféquent  il  fiUoit  proroger  pour  un  long  terme  le  q^^^"/^  ^* 
tems  de  la  Sellîon ,  Se  interrompre  toutes  les  fondions  Synodales.  *  Gar  bien  Bchgne. 
que  Ton  eut  pu  pour  la  dignité  du  Concile  célébrer  la  Seffion  indiquée  pour  s  Fleurv,  L. 
le  15  de  Septembre,  &  prendre  un  long  terme  pour  la  fuivante  ;  néan-  x44N'^8i. 
moins  la  douleur  que  l'on  devoir  montrer  pour  la  mort  du  Duc  ne  permet- 
tant pas  que  l'on  fit  aucune  térémonie  folemnelle^on  crut  qu'il  valoit  mieux 
anticiper  le  tems  de  la  Seffion ,  &  la  proroger  dans  une  fimple  Congré- 
gation. C'eft  pourquoi  le  Cardinal  del  Monu  ayant  convoqué  chez  lui  tous 
les  Prélats  le  14,  il  leur  dit  en  fubftance  :  Que  le  lendemain  avoit  été  fixé 
pour  la  Seffion  ,  mais  que  chacun  voyoit  l'embarras  où  éroit  le  Concile  : 
Qu'il  y  avoit  *  encore  peu  de  Prélats  arrivés  de  ceux  qui  étoient  en  voyage ,  ^  j.        ^o 
Se  futcout  des  François ,  &  que  ceux  qui  étoient  arrivés  n  avoient  pas  eu  71,      *    ,. 

^ient ,  (êfon  Adriani  ,  Auptft.  LanJi ,  1  aflâlSnat  <hi  Duc  de  Plaifance ,  comme  on 

Jean^  Frêder.    Ango/choU  ,   Jian- Louis  le  voit  par  les  lettres  de  Maffti  9c  du  Carch 

CanfalûnUre ,  êc  Jerâmt  PaUAvicinL  Les  Famlfê  citées  par  le  Cardinal  PaUég^icin  I. 

Hidoriens  ne  s'accordent  pas  tous  evaâe-  x».  c.  4.  qai  nous  affiure  en  même  tem», 

ount  fur  quelûoes  légères  circooilances  da  que  les  Légats  ne  difcontinuerent  pas  pen- 

fait ,  mais  ils  (ont  tous  d|accofd  for  la  fubf-  daot  tout  ce  tems-là  d'informer  le  Pape  de 

tance  :  ce  qui  fuflît  pour  reflènce  de  THif^  tout  ce  qui  fe  pafToit  au  Concile ,  &  de  con- 

toire.  Il  n'y  a  guèrès  non  plus  de  différend  tinuer  l'examen  des  matières  qui  dévoient 

entre  eux  furlecaraélèrede  ce  Prince,  qu'ils  7  être  décidées.  C'eft  ce  qui  eft  auill  confir- 

Tepréfcntent  prefque  tous  avec  les  plus  noires  mé  par  Raynaldus  ^  qui  nous  apprend  que 

ccHileurs  »  de  comme  on  monftre  de  libeni-  ce  Âk  principalement  en  Septembre  9c  en 

3fia^e%  de  débauche ,  9/l  de  cruauté.  La  haine  Octobre  qu'on  travailla  à  la  ré&fmadon  des 

Se  l'on  avoir  conçue  contre  lui  t  peot-fttie  abus  fur  les  Sacienaenfi.  Au  refte  ce  qui  peqt 

t  ezaj^èrer  fes  crimes  >  mais  on  ne  peut  avoir  donné  liea  à  Fra^Paolù  de  cxoixe  que 

douter  au  moins  »  qu'il  ne  fe  foit  abandonné  la*  léiblution  de  différer  la  Seffion  fe  prit  en 

à  de  grands  excès  ,  &  qu'il  n'ait  que  trop  confSkjuence  de  la  nouvelle  de  la  mort  du 

mérité  la  fin  tsagique  qui  termina  fon  règne  Duc  de  Parme ,  c*eft  que  cela  ne  fiit  déter- 

ic  fes  jours.  miné  publiquement  que  dans  la  Congréga- 

i^.  Pendant  que  U  Pape  était  dans  cette  tion  du  14  de  Septembre.  Mais  les  ordres 

affliéfion  ,  les  Légats  jugèrent  qu'il  ne  con-  fecrets  en  avoient  été  envoyés  dès  avant  l'afi- 

venait  pas  de  Le  fatiguer  de  deux  dépêches  fàffinat  de  Pierre-Louis  ,  9l  c'eft  feute  de  les 

par  femaine ,  &c.  )  La  réfolution  de  différer  avoir  connus  que  notre  Hlftorien  a  tait  cette 

le  tems  de  la  Seffion  avoit  été  prife  avant  méprifè. 


SOI       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  encore  le  te/ns  de  s'inftruice  des  matières  :  Que  ceux  mêmes  qui  avoienc 
Paul  III.  aflîfté  tout  TEcé  aux  difputes  épineufes  des  Théologiens ,  n'étoient  pas  ea- 
"——"""  core  préparés  :  Que  d ailleurs laflaffinat horrible  du  DucdePlaifance  tenoic 
tout  le  monde  en  fufpens ,  &  les  obligeoit  même  de  pourvoir  à  la  fureté  des 
villes  de  TEtat  Eccléfiadique  y  Qu'ils  étoient  bien  aifes  de  s  être  réfervés  le 
pouvoir  de  proroger  la  SelIion,pour  s'exemter  de  la  peine  de  la  tenir  folem- 
nellcment:  Qu'il  éroit  d  avis>  &  même  qu'il  jugeoii  nécellaire  de  faire  ufage 
de  ce  pouvoir  pour  la  proroger  dcs-â>préfent  >  fans  attendre  â  le  faire  le  len- 
demam  dans  une  Sellion  folemnelle.  Tous  les  Pères  acquiefcerent  à  lavis  du 
Cardinal ,  qui  ajouta  :  Qu'après  y  avoir  bien  penfé  ,  il  ne  crouvoic  poinc 

3u  on  pût  fixer  aucun  jour  poHtif  pour  la  tenir  :  Que  lorfqu  étant  à  Trente 
s  avoient  cru  pouvoir  expédier  en  quinze  jours  le  Décret  de  la  Juftification» 
il  avoient  été  obligés  d'y  employer  fept  mois  ,  quoique  fouvcnt  ils  eudenc 
tenu  deux  Congrégations  par  jour  :  Que  lorfqu 'on  traite  de  la  Foi ,  &  qu'il 
s'agit  de  confondre  les  Hérétiques  ,  il  faut  aller  i  pas  comptés  ,  &  fouvenc 
employer  beaucoup  de  tems  à  la  difcuflion  d'une  feule  parole  :  Qu'il  ne  pou-* 
voit  favoir  certainement  s'il  faudroit  tenir  la  Ssflion  dans  peu  de  jours ,  ou 
s'il  ne  faudroit  pas  la  différer  encore  de  pluHeurs  mois  :  Qu'ainfi  il  croyoic 
qu'on  feroit  mieux  de  la  proroger  pour  le  tems  qu'il  plairoit  au  Concile  >  ôc 
que  c'étoit  fans  doute  le  meilleur  parti  :  Que  fi  quelqu'un  difoit  qu'en  en 
fâchant  le  tems  précis  on  pourroit  prendre  des  meiures  plus  propres,  il 
pouvoir  être  afluré  qu'en  fort  peu  de  tems  on  vcrroit  quel  cours  pourroit 
avoir  le  Concile.  Cet  avis  fut  approuvé  de  tous  les  Pères ,  &  le  Légat  les 
congédia. 
Les  Prélats      '7  X.  Le  même  jour ,  ^  les  Prélats  de  la  Diète  d'Allemagne  écrivirent  par 
êTAIlema'     l'ordre  de  l'Empereur  au  Pape,  pour  lui  demander  le  retour  du  Concile  à 
gne  écrivent  Trente.  La  lettre  étoit  mêlée  de  prières  &  de  menaces.  Ils  y  rcpréfentoienc 
^r    U  prier  ^^  '"^"vais  état  &  le  danger  de  l'Allemagne  ,  &  difoient  :  Que  l'on  eût  pu 
de  réssbiir   prévenir  le  mal ,  fi  le  remède  du  Concile  eût  été  apporté  à  tems ,  Se  qu'il  fc 
le  Cencile  À  fut  tenu  en  Allemagne ,  comme  on  l'avoir  demandé  :  Que  comme  ils  avoient 
Trente.        de  grands  Etats ,  ils  ne  pouvoient  s'en  abfenter  pour  un  long-tems  y  &  que 
^  T^"*8^^  c'étoit  pour  cette  raifon  qu'aucun  d'eux  n'avoit  été  ni  à  Mantoue  ,  ni  i 
sicid.L.iV  V^^^"^^>  &  que  fort  peu  même  avoient  été  â  Trente,  qui  eft  une  Ville 
p.  319.       d'Italie  plutôt  que  d'Allemagne,  principalement  en  tems  de  guerre  :  Qu^ 
Rayn.  N**    préfent  que  tout  étoit  calme  ,  &  qu'ils  efpcroient  voir  le  vaifleau  arriver 
*4-  neureufement  au  port ,  ils  avoient  appris  avec  beaucoup  de  furprife  ,  que 

Pallav^  .  jç  Concile  dans  lequel  ils  avoient  mis  toutes  leurs  efpérances  avoir  été  trans- 
Spônd.  N^  ^^^^  ailleurs ,  ou  plutôt  divifé  en  deux  :  Qu'étant  privés  de  ce  remède  ,  il  ne 
X5.  leur  reftoit  plus  d'autre  reflburce  que  de  s'adreflcr  au  Siège  Apoftolique  » 

îlcury  ,  L.  pour  prier  Sa  Sainteté  de  vouloir  pour  le  falut  de  l'Allemagne  rétablir  le 

17.    Le  même  jour  ,  les  Prélats  de  la  mépr!fe,&  Ton  voit  par  la  date  de  la  lettre 

Diète  d'Allemagne  écrivirent  ,  &c.  )  Le  rapportée  par  Raynaldus ,  qu  elle  fat  réelle^ 

même  jour,  c'eft-à-dire  le  14.  M.  ^  Thou ,  ment  écrite  le  14. 
I..  4.  N^  1 8.  marque  le  i } ,  mais  c*eft  une 


DE    TRENTE,  Livre     III.  yoj 

Concile  à  Trente:  Qu'en  le  faifanc,  il  n'y  avoir  point  deferviccs  qu'il  ne  mdxlvii. 
dût  attendre  d  eux  :  Qu'autrement ,  comme  ils  ne  favoient  à  qui  avoir  re-  ^^"^  ^^^' 
'  cours  contre  Icsmaux  &  les  dangers  qui  les  menaçoient,  s'il  n'avoit  pas 
d'égard  à  leurs  demandes  *,  &  s'il  ne  remédioit  pas  à  leurs  malheurs ,  il 
pourroit  arriver  qu'ils  prendroient  d'autres  confeils  &  d  autres  mefures  pour 
mettre  fin  à  leurs  peines.  Enfin  ils  prioient  Sa  Sainteté  de  prendre  en  bonne 
part  une  lettre  y  que  leur  devoir  &  laconjondfcure  des  tems  les  avoient  forcés 
de  lui  écrire. 

L'Empereur  de  fon  côté  n'omit  rien  pour  porter  tout  le  monde  à  fe  fou- 
mettre  au  Concile  ,  priant  &  prefTant  chacun  de  s'en  repofer  fur  fa  bonne- 
foi.  *  Les  prières  qu'il  employa  envers  l'Eledeur  Palatin  avoient  un  air  de  x  Bcicar.  L. 
i»enaces  ,  a  caufe  des  fautes  qu'il  lui  avoit  pardonnées  tout  nouvellement.  ^4-  N°  47. 
Les  bienfaits  que  Maurice  Duc  de  Saxe  avoit  reçus  tout  récemment,  &  le  ^^^'^'^^P- 
defir  qu'il  avoit  de  voir  délivrer  le  Landgrave  fon  beau-père,  lui  iropo-ThJjj^  L, 
foienc  une  forte  de  néccflîté  de  complaire  à  l'Empereur.  C'eft  pourquoi ,  4.  N°  17. 
fur  la  proxneflc  que  Charles  leur  fit  de  faire  en  forte  que  le  Concile  leur  Fleury ,  L. 
donnât  la  fatisfaétion  qu'ils  demandoient,  &  fur  fes  inftanccs  réitérées  de  M4«N°75- 
fe  repofer  fur  lui ,  ils  donnèrent  enfin  leur  confcntement ,  qui  fut  fuivi  de 
celui  des  Ambaffadeurs  de  l'Eledeur  de  Brandebourg  &  de  tous  les  Princes. 
Mais  les  Villes  refufèrent  le  leur ,  comme  y  ayant  trop  de  danger  à  fe  fou- 
tnettre  indifféremment  à  tous  les  Décrets  du  Concile.  Granvelle  négocia 
long-tems  avec  leurs  Ambaffadeurs ,  qu'il  traita  d'obftinés  fur  ce  qu'ils 
refufoient  de  confcntir  à  ce  que  les  Princes  avoient  approuvé  ;  &  fur  les 
menaces  qu'il  leur  fit  de  faire  payer  à  leurs  Villes  de  plus  grofles  fommes 
^ue  celles  qu'on  avoit  déjà  tirées  d'elles ,  ils  furent  tous  contraints  à  la  fin 
e  condefcendre  à  la  volonté  de  l'Empereur,  mais  à  condition   qu'on 
leur  donneroit  une  caution  des  promedes  qui  leur  étoient  faites.  Les  Am- 
baffàdeurs  furent  donc  appelles  devant  l'Empereur  ;  &  interrogés  s'ils  fe 
conformoient  a  la  délibération  des  Princes,  ils  dirent  que  ce  feroitune 
trop  grande  témérité  à  eux ,  de  vouloir  corriger  la  réponfe  des  Princes  5 
&  ils  donnèrent  tous  enfemble  un  Ecrit ,  qui  contenoit  les  conditions  aux- 
quelles ils  vouloient  bien  recevoir  le  Concile.  L'Ecrit  fut  reçu ,  mais  non 
pas  lu  ;  &  le  Chancelier  au  nom  de  l'Empereur  les  loua  de  ce  qu'à  l'exem- 

fie  des  autres  ils  avoient  tout  remis  a  ce  Prince ,  &  s'étoient  repofés  fur  la 
onne>foi  de  Sa  Majefté ,  qui  de  fon  coté  leur  témoigna  fa  fatisfaâion  de 
leur  conduite.  '^  C'eft  ainii  que  chacun  des  deux  partis  vouloir  bien  être 
trompé. 


3, 


18.  C*eft  aïnfi  que  chacun  des  deux  par^ 
lis  voulait  bien  être  trompé,  ]  L'Empereur 
en  leur  faifancdiie  plus  quils  ne  Touloient, 
&  les  AmbafTadeurs  des  Villes  en  ne  s  opofant 
pas  ouvertement  à  la  déclaration  des  Prin- 
ces ,  à  laquelle  cependant  ils  ne  fe  confor- 
moient qu  a  certaines  conditions ,  dont  ils 


confentirent  qu'il  ne  fut  point  parlé.  Mais 
cet  accord  ,  comme  tous  ceux  qui  fe  font 
d  une  manière  équivoque  &  ambiguë,  n'eue 
aucune  fuite  j  &  quoique  les  Princes  Pro- 
tefbins  &  quelques  Villes  envoyaflènt  des 
Ambadàdeurs  au  Concile  pour  complaire  à 
l'Empereur  ,  ils  ne  voulurent  jamais  pro- 


J04       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MoxLvu.       XI.  Le  Cardinal  Sfondrau  ne  manqua  pas  de  (on  côcc  de  propofer  i 

Paul  111.  l'£nu>ereur  toutes  fartes  d'avantages  »  poar  le  faire  confentir  à  la  tranlla* 

-"■"■"— ^  tion  du  Concile  à  Bologne.   ^  11  lui  repréfenta  la  confufion  <jui  croit  en 

V  \^v'  Angleterre  fous  un  Roi  mineur  gouverne  par  des  perfonnes  qui  ne  s  ac-r 

Klreur  d'Z-  cordoient  pas  entre  elles ,  ôc  parmi  des  peuples  que  la  différence  de  Reli- 

prouver  U  gton  tenoit  dans  une  défiance  réciproque  les  uns  des  autres.  Il  luidéooa* 

tranfîxtton.  yrit  ies  intelligences  que  ie  Pape  avoit  dans  ce  Royaume  »  6c  qu'il  feroic 

y  ^'^"^i  toutes  agir  en  ia  faveur.  Il  lui  offrit ,  s'il  vouloit  s'en  rendre  maître  ,  que 

6  ^tc  7o    ^^  Pape  lui  fourniroit  des  troupes  &  des  vaidèauic,  &  lui  accordcroic  la  le^ 

Adr.  L.  6.    vée  des  revenus  Ecdéfiaftiques  de  cous  fes  Etats.  '^  Mais  l'Empereur,  qui 

p.  4x  i.        voyoit  que  le  but  du  Pape  étoit  de  l'embarquer  dans  de  nouvelles  entrepris 

PalliT,  L.  Pj5^  pour  déranger  celle  qu'il  avoir  heureufemenc  terminée»  répondit: 

lo.c.  j.      Qy^w  vouloit  agir  de  concert  avec  le  Pape  dans  les  choies  de  Religion; 

mais  que  pour  les  affaires  de  la  guerre  il  étoit  réfolu  de  ne  s'en  repofer 

3ue  fur  lui  n^me ,  pour  ne  pas  fe  trouver  à  la  tète  d'une  Armée  qui  l'abaii- 
onnât  aitbefoin  ,  cotnme  il  étoit  arrivé  dans  la  guerre  d'Alleinagne«  De 
fon  côté  il jpropofa  aulli  divers  avantages  au  Pape ,  s'il  vouloir  confentir  aa 
Infisncês  retour  du  Concile  i  Trente,  Mais  le  Légat  ayant  dit  qu'il  n'avoit  aucune 
de  rEmf€'  commiffion  de  traiter  fur  ce  point ,  '  l'Empereur  dépêcha  en  diligence  le 
teurpour  U  Cardinal  Madruct  au  Pape  pour  n^ocier  avec  lui  le  retour  du  Concile ,  8c 
retour  du  traiter  de  quelques  autres  chofes ,  dont  je  tendrai  compte.  Le  Pape  l'ayant 
TrTntê  entretenu  plufieurs  fois  fans  lui  découvrir  (a  penfée,  lui  dit  enfin,  qu'il 
Envoidu  croyoit  qu  il  dévoie  en  faire  la  propodtion  dans  le  Conûftoire. 
Card.  M«-      XII.  ^°  Lfi  9  de  Décembre  le  Cardinal  s'y  préfenta ,  ^  &  y  ayant  expofé 

druce  À  Rc^  J^ 

m •  ,  pour 

^  p  /r'    T  "^^"'^  ^^  ^®  (bumettre  à  fes  Décrets  »  qu*à  Hiftorien ,  &  la  proruei^a  de  papoli  &  d% 

xi  al  av.  L.  jgj  conditions  qui  firent  quon  ne  put  tirer  Signori  a  fart  quanto  à  Cefare  piaceva  , 

rj.1*    *     '«    aucun  avantage  de  leur  compIai(ânce.  creava  maggior  temen^a  ncl  Pontefice  &  ne 

vjo  j  o  '        19-  Mais  l'Empereur ,  qui  voyoit  que  le  gli  altri  Potentati  minori.  Etpercib  il  Papa 

w^^  'Y^hut  du  Pape  étoit  de  V embarquer  dans  de  harebbe  voluto  implicatt  rimperadore  in 

P  ii^x/      nouvelles  enereprifis      répondit ,  &c.  ]  Le  guerra  comro  ad  Inghilterra  —  &  ciô  JS 

Adr.  L.6.   Ciidïnai  Pallavicin',  L.  lo  c.  ).  voadroic  sfor^ava  di  perfuaden  il  Legato  Cardinale^ 

e.  414.        bien  nous  faire  accroire  que  le  Pape  n*avoic  j4lle  quali  demande  piacevolmente  rijpofi 

Spond.        en  cela  que  des  vues  de  Religion.  Mais  TEm-  rimperadore ,  clu  da  quinci  innanii  voUva 

N**  51.        pereur  n'en  jugea  pas  ainfi  de  lui-môme,  fare  i  fatti  fuei  da  fe ftejfo  ,  ne pik  ejjcr 

Rayn.          comme  on  peut  voir  par  la  réponfe  qu'il  fît  Capitano  di  Signore  —  &  pur  tornava  à 

N®  87.         au  Légat  ,    &  que  ce  Cardinal  rapporte,  ricordare  al  Ltgato  ,  che^l  Concilo  fi  de^ 

a  Sleid.  L.  Charles  en  effet  étoit  trop  éclairé  pour  être  voffe  richiamare  a  Trcnto  ,  la  quai  cofa  il 

1 9-  P-  5  3^«  la  dupe  d  une  telle  propoficion  ;  &  il  ne  faut  Papa  non  voleva  ,  &c.  Ce  n*eft  donc  pas 

ralla? .L.9.  pasbeaucoop  de  lumière  pour  voir  que  Paul  une  invention  de  Fra-Pmolo  y  que  ce  dedêin 

^'     *            fongeoit  moins  en  cela  au  fervice  de  Dieu  ,  d  embarraniêr  TEmperear  dans  une  noutellè 

^o^r*          90*  ^^'  propres  intérêts ,  &  afin  d*empècher  guerre  j  &  la  piété  de  Paul  lll  n'eft  pat 

PI     ^*    T   rEniperenr  de  preifer  le  retour  do  Concile  afiet  bien  établie ,  pour  (aire  croire  que  la 

j      j^o_  'àTrente,  comme  nous  lapprend  .^^/nVfAi,  Religion  eut  plus  de  part  à  (es  dématchtl 

Thuan.  L.  *  ^°"'  ^^^  '  ^^^  *  '"é  ce  qu'il  rapporte,  que  la  Politique. 

4.  N^  11.     Quefto  fi  gran  fgvore  di  Gtrmsnia,  dit  cet  xo.  Le  $  de  Décembre  h  Carditial  A^ 

préfenta  ^ 


DE    TRENTE,  LivreII.  yoy 

ks  peines  &  les  dangers  que  TEmpereur  avoit  efluyés  pour  foutenir  la  di-  mdxlvu. 
gnitc  du  Concile ,  &  comment  enfin  par  fes  foins  &  fon  aucoritc  il  ve-  ^^^^  ^^'• 
noie  d  engager  tous  les  Princes  &  les  Etats  d'Allemagne  à  le  recçnnoîrre  &  — — 
à.  s  Y  foumettre ,  il  pria  Sa  Sainteté  au  nom  de  l'Empereur ,  du  Roi  FcrJi* 
nandy  8c  de  tout  TEmpire ,  de  vouloir  pour  Tamour  de  Dieu  faire  retour- 
ner à  Trente  les  Evcques  qui  croient  à  Bologne ,  pour  y  terminer  l'œuvre 
finéceflfaire  qu'on  y  avoit  commencée,  &  d'envoyer  un  ou  deux  Légats 
en  Allemagne  avec  des  pouvoirs  très-amples  &  fans  reftridtion  ,  afin  que 
de  concert  avec  eux  on  piii;  établir  une  manière  de  vivre  jufqu  a  la  fin  du 
Concile,  &  réformer  l'Ordre Eccléfiaftique.  *'  Il  prioit  en  mcme  tems , 
qu'on  délibérât ,  Se  qu'on  décidât ,  â  qui ,  le  Saint  Siège  venant  à  vaquer , 
appartiendroit  l'Eleâion ,  aux  Cardinaux  ou  au  Concile  -,  de  peur  que  fi  le 
cas  arrivoit ,  cela  ne  vînt  à  exciter  quelques  nouveaux  troubles.  Ce  dernier 
point  fut  ajouté  pour  avertir  le  Pape  de  fa  vieillefle  ôc  de  fa  mort  pro- 
chaine, &  le  porter  par- là  â  avoir  plus  de  complaifànce  pour  l'Empereur , 
par  la  crainte  de  laiHer  fa  poftérité  héritière  du  reflèntiment  qu'auroit  ce 
Prince  de  fa  réfiftance.  Le  Pape  pour  toute  réponfe  au  Cardinal ,  après  ^f  P^p^  w 
avoir  loué  la  bonne  volonté  de  l'Empereur ,  &  tout  ce  qu'il  avoit  fait  pour  ^^  ^fî* 

*         •  ^  ^        quê  d$s  fa- 

préfenta  ,  5cc.  ]   Le  Cardinal  PaUavicin ,     rogavît  ut  —  Patres  r-  Tridtntum  redire  ^^^^    ^^'*'" 

L.  I  )  •  c.  8 .  dh  que  Madruce  longtems  avant  juberet ,  &c.  Peot-on  doater  après  cela  qui  ^^.^'  *    f '^ 
le  9  de  Décembre  avoit  expo(c  fes  Inftruc-     fe  trompe ,  de  Fra-Paolo  ou  de  fon  Cen-^*^  y^* 
dons  au  Pape  en  particulier ,  ce  qui  eft  vrai,     feur  ?  -j'  J?^^^ 

Mais  Fra-Paolo ,  loin  de  le  nier,  dit  deux         î  i.   //  prîoit  en  même  tems  qu'on  déli-   '       f^ 
lignes  auparavant,  que  le  Pape  Tavoit  en-    bérdt  &  qu'on  décidât  ,   â  qui  ,  le  Saint ^f^^*  j^' 
f retenu  plufîeurs  fois  fans  lui  découvrir  (a     Siège  venant  â  vaquer  ,  ^Pf^f^i^f^droit  l'E-  ^^^^^^i^i 
penfée.  Quant  à  ce  que  PaUavicin  ajoute,     leélion,  &c.  ]  Notre  Hidofien  s'eft  ici  trom-  f^êmes  foUi- 
quedansleConfiftoiredu  ^ilnefutqueftion    pé  groflièremenr  ,  (î  Ton  s*en  rapporte  i  citations  de 
que  de  lire  les  avis  des  Députés,  c*elt  ce  qui    PaUavicin  ,  qui  alTure,  L.  lo  c.  6.  que  la  la  part  de 
e(l  abfolument  convaincu  de  &az  par  le  té-    chofè  avoit  été  proposée  auparavant  par  les  t Empereur, 
Aïoignage  des  Hidoriens ,  qui  tous  atteftent    Romains  mêmes  &  réglée.  Que  la  cbofe 
que  le  Cardinal  Madruce  y  fit  unlongdif-    eftt  étépropofSe  auparavant  à  Rome,  c'eft 

cours  pour  perfuader  le  Pape  de  rétablir  le  ce  que  Fra-Paolo  ne  nie  point.  Mais  il  n'en 
Concile  à  Trente.  Cardinalis  Tridentinus  ,    eft  pas  moins  vrai  >  que  le  Cardinal  Ma-' 

dit  Sleidan ,  nona  die  Decemhris  infrequen^  druce  la  propolà  derechef  dans  le  Confifloire 

tijfimo  Senatu  Cardinalium  prafente  Pan'-  comme  un  cMf  de  délibération  î  &  c'efl  ce 

tifice  rem  proponit  ut  erat  jujfus,  Adriani  qui  efl  attefté  par  Raynaldus ,  qui  ajoute 

rapporte  la  même  cho(e.  //  Card.  Madruc-  que  le  Pape  en  fut  fort  choqué.  Demùm 

ci  y  dit-il ,  con  longo  6»  bel  fermone  féconda  jnjfus  addidit  non  fine  Pontificis  offenfione  , 

rtnjiruiiione   s*ingegno  di   perfuadere    al  perpendiret  ac  ftatueret  ^  fi  Conciliitempore 

Papa  &  a  Cardinali  ,  —  chcH  Papa  fojfe  contingeret  ipfiim  h  vivis  eripi  ,  utrum  eli* 

contenta  per  falute  délia  Chriflianita     •  di  gtndi  potefias  ad  Patres  in  Synodo  congre^ 

ritarnarla  là  dcv*egli   era  Jlata  intimato  ,  gâtas ,  an  ad  Cardinales  qui  Ramée  degant , 

&c.  Et  c*ell  cz  qui  e(l  auffi  attedc  par  Ray-  pertineat,  Sleidan  dit  poficivenient  la  môme 

jialdus  même  en  ces  termes  :  Nona  die  chofe,  L.  I9.  p.  551.au/fi-bicn  que  M.  de 

Decembris  Chrïflapharus  Madrutius  Cardi-  Thou  ,  L.  4.  N°  zi.  &ces  autoiiccs  jufti- 

jialis  Rama  in  frequentiffimo  Cardinalium  fient  aflez  le  récit  de  Fra-Paolo* 
:Senatu  coram  Pontifice  habita  oratione^  — 

T  O  M  £    I.  S  f  f 


h  Adr.  L 
6,  p.  41^. 
Thuan. 


J06  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  le  fervice public  de  lEglifc,  dit  :  Qu'il  feroit  route  raticntion  que  itiéri- 
PaulIII.  toientles  propofirions  qu'on  venoit  de  faire,  ôc  prcndtoit  le  parti  qu'il 
plairoit  à  Dieu  de  luiinfpirer.  **  Le  Cardinal  voyant  qu'après  avoir  tenté 
inutilement  dans  plufieurs  audiences  fecrettes  d'avoir  quelque  téponfc  fa- 
vorable du  Pape  ,  il  n'en  pouvoir  rien  tirer ,  ^  s'en  retourna  à  Ausbourg  , 
&c  lailTa  fes  Inftruftions  i  Mendo:^e  ,  que  rEnipereur  avoir  envoyé  à  Rome 
îuan.  L.  jç  Sienne ,  où  il  ctoit  pour  accommoder  les  différends  de  cette  République. 
t  rL^^  ^^  Dans  le  Confiftoirc  public  que  tint  le  Pape  pour  donner  le  Chapeau 
j|o  "  1.  au  Cardinal  de  Guifc  ,  ^  &  où  peuvent  aflîfter  toutes  fortes  de  perfonnes  ^ 
cVslWzw.L.  Mendozz  redit  au  Pape  les  mêmes  chofes  que  lui  avoit  reprefcntées  le 
9,  c.  s.  Cardinal  Madnicc  ,  &  ajouta  :  Que  (1  Sa  Sainteté  différoit  ou  refufoit  de 
^^^Ti'o  ^*  donner  fatisfaélion  à  fon  Maître ,  il  avoit  ordre  de  protefter  que  le  Concile 
!/slci<l  L^  ^^  Bologne  n'étoit  pas  légitime.  ^^  Le  Pape  répondit  :  Qu'il  vouloir  aupa- 
^9'  P-  5  îî.  ^^^^^^  entendre  les  raifons  du  Concile  ,  &  en  communiquer  avec  les  Rois 
Thuan.  L  &  Ics  Princes  Chrétiens ,  pour  prendre  enfuite  la  réfolurion  la  plus  avan- 
4.  N**  11.    tageufe  au  fervice  de  Dieu ,  &  la  plus  propre  à  fatisfaire  tout  k  monde. 

XIII.  Dans  le  même  Condftoire  le  Cardinal  de  Guiji  fit  un  difcours 
public  au  nom  du  Roi  de  France  »  où  il  dit  en  fubftance  :  ^  Que  le  Rot 


11. 

Spond. 

Kayn. 

Bcicar.  L 
M.N°49, 


21.  Le  Caniinal'^''^s'en  rttùuma  à 
Ausbourg,  & laijjafts  Inanitions  à  Men- 
do^e  ,  &c.  ]  Par  ce  récit  de  Fra-Paolo ,  il 
femble  que  le  Cardinal  Madruce  (bit  pani 
imnicdiatemenc  après  le  Confiftoire  du  $. 
Mais  cela  n  eft  pas  exad.  Car  Madruce  refta 
encore  quelques  jours  à  Rome ,  d'où  il  ne 
partit  qu'après  la  prote(lation  que  fit  Men- 
do^e  dans  le  Çon£iloire  Tecret  du  14  de 
Décembre ,  ainfi  que  le  dit  Pallavicin ,  L. 
9.  c.  8.  &  que  l'infinue  aflèz  le  r6cit  de 


donné  occafion  à  cette  £iare  ,  eft  ce  qua 
difent  Slcidan  L«  19.  &  M.  ie  Thou  L.  4. 
N^  11.  que- dans  le  Confi(loire  du  14.  de 
Décembre  le  Cardinal  de  Guift,  qoi  étoît 
chargé  de  TAmbaflàde  d'Obédience  de  la. 
pan  du  nouveau  Roi  Henri ,  fie  un  difconiSL 
où  il  releva  beaucoup  le  mérite  des  Rois  de 
France  envers  le  Saint  Siège ,  &  aflîira  Paul 
de  toute  l'afllftance  &  la  proteâion  qu'il  pou- 
Toit  attendre  de  fon  Maître. 

14.  Le  Pape  répondit  fu'U  vouUit  au-^. 
Sleidan  ,  qui  ne  met  le  dépan  de  Madruce  paravant  entendre  les  raifons  du  Concile  ,^ 
qu'après  la  demznàe de Mendo{e»  Pontifex  8cc,  ]  C'eft  ce  que  d^t  Sleidan,  L.  X9*  p« 
uhi  poftulata  Tridentini  &  Mendo^ee  cog-  i^\*VellefedicitcumPatrihusquiSononim 
npvit ,  velU  fe  dicit  cum  Patrihus  qui  Bo^  jini  delièerare»  Mais  Pallavicin  aufli-biea 
npnûe  fine  deliherare  ,  &  ad-^fUteros  etiam    Qfi'Adriam  &  M.  de  Thou  marquent  qu'il 


Orbis  Chriftiani  Principes  rem  déferre.  Tri- 
dentinus  et  go  cum  aliud  refponfum  impetrari 
non  poffet ,  domum  revertit  reliâo  ibi  Men^ 
dô^a ,  &c.  SIeid.  L.  19.  p.  3)5* 

1 3 .  Dans  le  Confiftoïre  public  que  tint  le 
Pape  pour  donner  le  Chapeau  au  Cardinal 
de  Guife  ^  &c  ]  Le  Cardinal  de  Guife  avoit 
reçu  le  Chageau  dans  le  ConfiHoire  du  14 
d*Oélobre,  Pallav.  L.  io.  c.  8.  ainfi  c*e 
une  méprife  vîfible  dans  Fra^Paolo  d'avoir 
marqué  cette  cérémonie  au  14  de  Décem- 
bre ,  comme  a  fait  audi  le  Continuateur  de 
M.  Fleuri*  Il  7  a  apparence  que  ce  qui  a 


le  contenta  de  répondre  d'abord ,  qull  en 
Youloit  délibérer.  Ainfi  ,  après  la  (ortie  de 
l'Ambaflàdeur ,  ayant  pris  la  Toix  des  Car- 
dinauz  »  &  la  pluralité  étant  pour  entendre 
les  raifons  des  Pères  de  Bologne  >  il  fit  fa  voir 
cette  rétblution  à  Madruce  8c  à  Aiendo^e» 
Au  fond  cette  différence  eft  légère ,  &  ces 
Hiftoriens  ne  varient  qu'en  ce  que  Fra^ 
Paolo  rapporte  d'abord  le  réfiilut  de  la  dé- 
libération du  Confiftoire  ,  au  lieu  que  les 
autres  diftinguent  la  première  réponfè  da 
Pape  d'avec  la  féconde  :  ce  qui  ne  change 
lien  à  la  fubftance  du  fait. 


DE     TRENTE,  Livre    II  L  T07 

François  1.  n'avoit  épargné  ni  peines  ni  dépenfes  pour  maintenir  la  liberté  mdjclvu. 
de  tous  les  autres  Princes  :  Qu'à  fon  exemple ,  Henri  fon  fils ,  héritier  de  Paul  WI- 
Ja  bonté  de  fon  père ,  ayant  à  peine  calmé  la  douleur ,  avoit  voulu  donner  * 

des  marques  de  fon  refpeét  pour  le  Saint  Siège  :  Que  les  Rois  de  France     Difiours 
^voient  plus  fait  pour  les  Papes  qu  aucun  autre  Prince  •,  mais  que  rien  de  ^  ^^j^ns 
tout  cela  n'égaloit  lof&e  que  raifoit  Henri  de  routes  fes  forces  pour  mainte  i/con^oi- 
nir  Tautorité  du  Pape^  dans  un  temsoù  elle  étoic  auffi  méprifée  :  Qu'il  re. 
pioit  Sa  Sainteté  de  recevoir  le  Roi  pour  fon  fils ,  &  de  fe  promettre  de 
lui  toute  forte  de  fccours  :  Qu'au  reftc ,  il  l'cxhortoit  i  faire  en  forte  que 
TEglifc  ne  reçût  ni  af&ont  ni  donimage ,  puifqu'on  nefavoit  que  trop  qu'il 
s'étoit  fouvent  formé  de  grandes  Faâions  de  petits  commcncemens ,  qui 
avoient  expofé  les  Papes  à  de  grandes  extrémités.  Puis  3  après  avoir  rap- 
porté l'exemple  de  plufieurs  Papes  que  les  Rois  de  France  avoient  mainte- 
nus &  défendus  dans  leurs  malheurs  ,  il  dit  que  le  Roi  préfènt  ne  feroit 
inférieur  à  aucun  de  fes  prédécellèurs  dans  le  zèle  qu'il  marqueroit  peur  le 
maintien  de  la  dignité  du  Saint  Siège. 

XIV.  Bien  des  gens  crurent   que  c'écoit  le  Pape  qui  avoit  fait  ainfi  .  f  ^  ^^f^ 
parler  le  Cardinal  de  Guife ,  pour  relever  le  courage  des  Cardinaux  de  fa  ^^^^iJ^^ ^^ 
dépendance  ,  &  mortifier  les  Impériaux ,  en  leur  faifant  voir  qu'ils  ne  de-  Bologne^qui 
voient  pas  penfer  à  le  forcer.  Et  pour  exécuter  ce  qu'il  avoit  dit  iMendo[e ,  déftndcnt  la 
il  écrivit  au  Cardinal  dd  Monte  la  propofition  de  ce  Miniftre  &  fe  réjponfe  •,  cMoniciti 
&  lui  ordonna  qu'aptes  avoir  invoque  le  Saint  Efprit,  il  expo(at  le  tout  **''^'' . 
au  Concile ,  &  lui  mandât  cnfuite  quel  étoii  l'avis  des  Pères  &  leur  ré-  '^Rayn-^l 
folution.  ^  Morue  après  les  avoir  a(lemblés  leur  expofafa  commiflion  ,  &  &n.  1547. 
dit  le  premier  fon  avis ,  qui  fut  fiiivi  de  tous  les  autres ,  *^  paire  que  l'Efprit  N^  51*  ^ 
qui  avôit  coutume  d'infpirer  les  Légats  <:oRforméfnent  aux  intentions  du  ^^V^ 
Pape,  &  les  Evèques  conformément  à  celles  des  Légats ^  opéra  en  cette  p^J,',  '  '^' 
occafion ,  comme  il  avoit  fait  dans  les  autres.  Le  Légat  ayant  donc  re-  Mait.T.  8. 
cueilli  les  voix,  répondit  de  l'avis  de  TAdèmUée,  &  en  fon  nom  :  Que  p.  11^7. 
les  Pères  ,  après  avoit  fait  un  Décret  légitime  de  fc  transférer  de  Trente  Pallav.  L. 
•i  Bologne ,  avoient  averti  tout  le  monde  de  s'y  rendre  ;  &  qu'ayant  appris  1^'  ^  ^'  t 
depuis  qu'ils  étoicnt  à  Bologne  ,  que  quelques-uns  des  Prélats  étoient  rcf-  j/^^^ôg^. 
tés  à  Trente,  ils  les  avoient  exhortés  d'une  manière  pleine  d'amitié  ave- 
nir fe  rejoindre  au  Corps  du  Concile  \  mais  qu'au  mépris  du  Synode  Se  au 
icandale  de  tout  le  nxmde ,  ceux-ci  n'en  avoient  tenu  aucun  compte  & 


1  f .  Parce  que  VEfprît  qui  avoit  coutume 
d*infpïrer  les  Légats  conformément  aux  in- 
tentions du  Pape  ,  &  les  Evêques  conformé- 
inem  à  celles  des  Légats  ,  opéra  en  cette  oc- 
xafion  ,  comme  il  avoit  fait  dans  les  autres.^ 
It  m*étonne  que  Pallavicin  ,  qui  eft  G.  fort 
'cn  garde  contre  toutes  les  exprefKons  de 
Twtre  HiftoTÎen ,  n'ait  trouvé  ici  quelque 
"ipcétcndue  impiété  dans  ces  paroles  de  Fra^ 


Paolo  j  qtri  fè  moque  fi  finement  de  la  fer- 
vitudedes  Pères ,  qui  fuivoient  aveuglément 
toutes  les  impreflions  que  Home  infpiroit 
aux  Légats.  Il  faut  avouer  cependant ,  que 
tous  les  Prélats  ne  fiirent  pas  toujours  égale- 
ment docites  à  CCS  infpirations  ;  &  Ton  verra 
dans  la  fuite ,  que  les  Hfpagnols  furent  quel- 
quefois terriblement  rebelles  à  r£rprir  qu*on 
^nvoYOxtde  Rome. 

Sff  » 


yo8         HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  écoient  demeurés  à  Trente,  comme  s'ils  éroient  le  Concile  légitime,  oa 
Paul  III.  qu  ils  ne  fulTent  pas  obligés  d'obéir  à  celui  de  Bologne  :  Qu  ils  ne  voyoicnt 
— —  pas  comment ,  fans  blefler  la  dignité  &  la  réputation  du  Concile ,  ils  pou- 
voient  retourner  à  Trente ,  à  moins  que  ceux  qui  j  éroient  encore  ne 
vinflent  d'abord  à  Bologne  fe  rejoindte  aux  autres ,  &  reconnoître  l'auto- 
rité du  Concile  :  Que  quand  ils  auroient  fait  cette  démarche ,  on  pourroit 
en  confidération  de  l'Allemagne  parler  de  retourner  à  Trente ,  pourvu  que 
cette  Nation  donnât  une  fureté  fufiifante  de  fe  foumettre  tant  aux  Décrets 
qui  éroient  déjà  faits ,  qu'à  ceux  qui  étoient  à  faire  :  Que  comme-  il  s*étoic 
répanda  un  bruit ,  que  quand  le  Concile  feroic  retourné  à  Trente  on  peu- 
foit  d  y  introduire  une  manière  de  procéder  populaire  &  licentieufe ,  les 
Pères  jugeoient  néceffaire  qu'on  donnât  aufli  une  bonne  fureté ,  qu'on  j 
obferveroit  l'ordre  qu'on  avoir  tenu  dans  la  célébration  des  Conciles  de- 
puis le  tems  des  Apôtres  jufqu  a  ce  fiècle  :  Qu'outre  cela  >  ils  vouloient 
encore  une  affurance  ,  qu'outre  la  fureté  de  leurs  perfonnes  ils  auroient 
la  liberté  de  fe  retirer  &  de  transférer  le  Concile  quand  on  le  jugeroit  n&« 
cefTaire  à  la  pluralité  des  voix ,  '&c  de  le  pouvoir  nnir  quand  on  auroir  far 
tisfait  au  fujec  pour  lequel  il  avoir  été  convoqué  :  Qu'enfin  ils  prioient  Sa 
Sainteté  de  ne  les  point  forcer  a  rien  faire  qui  fût  contraire  à  l'honneur  de 
Dieu ,  &  âla  liberté  de  l'Eglife. 

^^  Apre's  avoir  reçu  ces  lettres,  le  Pape  ,  le  jour  de  S.  Jean  TEvangé- 
/Mart.  T.  lifte  ^  après  la  Mefle ,  retourna  dans  la  chambre  des  Paremens ,  &  commu- 
ai P*^'7i-  niqua  aux  Cardinaux  la  réponie  du  Concile ,  qui  fut  approuvée  de  la  plus 
^^^^' grande  partie.  Ilfir  enfuite  appeller  itfe/z^o:[e ,  à  qui,  après  avoir  fait  part 
Belcar.  L.   ^^  ^^^  lettres  &  de  Tapprobarion  des  Cardinaux ,  il  dit  :  Qu*il  n'y  avoir 
14.  N^  50.  rien  qu'il  n'eut  voulu  faire  pour  l'Allemagne,  &  que  l'Empereur  pouvoir 
Pallav.  L.   en  rendre  lui-même  un  bon  témoignage  :  Qu'il  etoit  affuré  que  la  de- 
mande que  Mtndoiç  avoir  faite  au  nom  de  l'Empereur ,  du  Roi  Ferdinand 
Se  de  TEmpire  ,  fuppofoir  que  c'étoit  à  condition  qu'elle  ne  fiir  pas  con- 
fleury  I  L.  traire  â  la  paix  &  â  l'avantage  des  autres  Nations  ,  non  plus  qu'à  la  liberté 
244.  N*^^o.  de  l'Eglifè  :  Que  le  Concile  Général  en  ayant  jugé  autremenr  ,  aufli-bieir 
que  le  Sacré  Collège ,  il  n'avoir  ni  pu  n'y  dû  s'empêcher  d^approuver  la.' 
tranflation  comme  légitime  &  raifonnable,  comme  il  l'approuvoit  encare: 
Que  pour  l'amour  qu'il  portoit  à  l'Empereur  &  au  Roi  Ferdinand ,  il  eût 
deiîré  lui  rendre  une  réponfe  plus  agréable  v  mais  que  l'on  ne  devoit  atten^ 
dre  d'un  Pape  Se  d'un  Chef  de  l'Eglife  que  ce  que  le  bien  public  l'obli- 
geoit  de  déterminer  :  Que  connomant  la  prudence  de  l'Empereur  Se  fon 


10.  c.  10. 
Rayn. 
N^  96. 


z€.  Après  avoir  reçu  ces  lettres  ,  le  Pape^ 
le  jour  de  S.  Jean  l'EvangeUJU  après  la 
Meffe  s  retourna  ,  &c.  J  Ceft  ainfi  qu'il  £iut 
traduire  Fra-Paolo  ,  &  non  comme  a  £ût 
M.  Amelot,  qui  £ûc  dire  ÊtuITement  à  notre 
Auteur,  que  le  Pape  avait  reçu  ces  lettres 
le  jour  de  S.  Jean  l  Evangelifie^  c'efl*à-dixe 


le  17.  Car  elles  étoient  arrivées  à  Rome  dès 
le  14,  mais  elles  ne  furent  communiquée» 
à  Mendo^e  que  le  zj.Sc  Fra^Paolo  ne  dit 
rien  autre  chofe.  //  Pontifice  ,  ricevute 
quefte  lettre  ,  finita  la  Meffè  del  giorno  dl 
5.  Giovanni  Evangelifia  ritomato  alla. 
Caméra  '^fatochiamarilAfendoi{a  ,  &ç» 


DE     TRENTE,  Livre     III.  J09 

amour  filial ,  il  cfpéroit  que  ce  Princcprcndroit  en  bonne  part  une réfo-  mdxlvh; 
lution  que  les  Pères  avoicnt  jugée  néceflaire  ;  qu'il  ordonneroit  aux  Pré-  ^^"^  ^^^ 
lats  Efpagnols  qui  étoienr  encore  à  Trente  de  fe  rendre  à  Bologne ,  &  — • 
feroit  tout  fon  poffible  pour  faire  accepter  à  rAllemaene  les  conditions 
propofées  par  le  Concile  j  qu'il  y  envoyeroit  au  plutôt  les  Prélats  Alle- 
mands ;  &  donncroit  des  furetés  pour  lobfervation  des  conditions  propo* 
{éts.  Mcndo^e  connoifTant  par  cette  réponfe  la  réfolution  du  Pape,  vou-  Mendoze 
loit  protefter  fur  le  champ  :  Que  rAflcmblée  de  Bologne  n'éroit  pas  un  "^^«^  fraej^ 
Concile  légitime,  &  que  fi  Sa  Sainteté  ne  la  renvoyoit  pas  à  Trente ,  elle  *f^  ^'*^' 
feroit  la  caufc  de  tous  les  maux  qui  en  arriveroient,&  qu  a  fon  défaut  l'Em-  ^^  ^^^^ 
pereur  comme  Proteâeur  de  TÊglife  y  pourvoiroit..  Mais  à  la  prière  d\Xeftemfé:hé 
Cardinal  de  Trani  Doyen  du  Sacre  Collège ,  &  de  quelques  autres  Cardi-/«r  quel- 
naux  ,  il  confentit  à  mander  cette  réponlc  â  fon  Maître  &  à  en  attendre  de  ^f'^  ^^^ 
nouveaux  ordres.  dtnmuc. 

XV,  Le  Pape  jugeant  aux  démarches  de  Mendoie ,  que  cette  affaire     ^ponfe 

S)ourroic  produire  quelque  nouvelle  brouillerie  entre  lui  &  l'Empereur ,  ^^(/^^«A 
entit  qu'en  ce  cas  il  lui  feroit  defavantageux  d'avoir  les  Prélats  d'Allema-  ^^^  p^'/_ 
gne  à  dos.  S  ^7  Ayant  été  d'abord  extrêmement  ofFenfé  du  dernier  article  Uts  tCAUe- 
de  leur  lettre ,  dont  j'ai  parlé»  &  où  ils  marquoient  qu'ils  feroient  ohXi- mmine, 
gés  de  prendre  d'autres mefures  &  d'employer  d'autres  remèdes,  il  avoir X ^^^"H^^- 
réfolu  de  ne  leur  faire  aucune  réponfe  ;  &  trois  mois  fe  paflcrcnt  fans  qu'il  '^^'       ^•' 
changeât  d'avis.  Mais  mieux  confeillé  enfuite ,  &  craignant  que  ces  Pré-* 


jetter  dans  de  plus  grands  embarras  -,  ^^  il  réfolu t  pour 

les  honorer  d'une  réponfe  tout  enfemble  modefte  &  arriîîcieufe ,  &  mêlée 

d'un  peu  de  refienriment ,  comme  il  convenoit  a  fa  dignité.   Après  avoir 

donc  conunencé  ^  par  louer  la  piété  qu'ils  faifoient  paroître  dans  le  zèle^  Slzïà.  £, 

qu'ils  avoient  pour  remédier  aux  Héréfies  &  aux  Séditions,  il  les  afluroit  :  '^'  P-  55  5'- 

Que  de  fa  part  il  n'avoit  rien  omis  de  ce  qui  étoit  du  devoir  paftoral ,  Se  ^*"*^-  ^ 

que  quoiqu'aflèz  occupé  d'ailleurs ,  il  n'avoit  paffé  &  ne  palibit  encore  Rayn.  ad 

an.  i$^9^ 
17.  Ayant  été  d* abord cxtrémenunt  offtn-    Mais  eft-il  naturel  de  croire  que  c'en  fSt-là  N®  4. 

y?  du  dernier  article  de  leur  lettre  —  il  la  véritable  caafe  ,   puifcju  il  fe  paflà  deux  Thuan.  L. 

avoit  réfolu  de  ne  leur  faire  aucune  répon-  mois  entiers  entre  la  réception  de  la  lettre  5.  N®  i. 

fe  ,  &c.  ]  A  en  croire  la  Cardinal  Palla-  &  l'envoi  du  Cardinal  Madruce ,  qu'il  ne  Spond. 

vicin  ,  L,  i  o.  c  1  o.  la  feule  raifon  qui  avoit  pouvoir  prévoir  ?  11  y  eut  donc  de  la  politi«  N**.  i. 

fait  différer  au  Pape  (à  réponfe  aux  Prélacs  que  dans  ce  retardement ,  &quoiquendife^lcar.  L^ 

Allenwnds  eft ,  qu'il  vouloit  attendre  le  fuc-  PaUavicin  ,  il  femble  que  Fra-Paolo  eo  ait  ^$  •  N**  7- 

.ces  de  la  négociation  du  Cardinal  Madruce  aflèz  bien  imaginé  la  caufe. 

fcde  Mendo^e  9*  &  la  preuve  qu'il  en  ap-         1%.  Il  réfolut  pour  prévenir  le  mal ,  de 

porte  eft ,  qu'il  leur  avoir  fait  faire  des  ex*  les  honorer  d*une  réponfe ,  &c.  ]  On  la  peut 

cttfes  de  ce  retardement  par  le  Cardinal  voir  dans /^/x^A^uj  N^  4.  datée  du  i.  de 

Sfondrate  (on  Légat,  qu'ils  avoient  reçies  Janvier  rf48  ,  c'eft-à-dire  ,  écrite  trois 

Êivorablemenr.  Il  eft  vrai  que  c*eft-là  le  mois  &  demi  après  celle  des  Prélats  d'Aile* 

prétexte  qu'il  en  apporte  dans  fâ  réponfe.  magne» 


yio  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvir.  aucun  jour  fans  penfer  au  remède  qu'on  pourroit  apporter  a  ces  maux  : 
Paul  III.  Quec'écoic  pour  cela  que  dès  le  commencement  de  fon  Pontificat  il  avoit 
eu  recours  a  celui  dont  ils  lui  parloienc ,  c*cft-à  dire,  au  Concile.  Puis  , 
après  avoir  rappelle  tout  ce  qui  étoic  arrivé  dans  la  convocation  de  ce 
Concile  ,  &  les  empêchemens  qui  en  avoient  retardé  l'ouverture ,  il  ajou- 
toit:  Que  depuis  la  tenue  du  Concile,  il  s'y  étoit  fait  plufieurs  Décrets, 
tant  pour  la  condamnation  d'une  grande  partie  des  Héréfies  ,  que  pour  la 
Reformation  de  l'Eglife  :  Que  la  tranflation  du  Concile  à  Bologne  s'étoic 
faite  à  fon  infu  -,  mais  que  le  Synode  ayant  eu  le  pouvoir  de  la  faire ,  il 
préfuppofoit  qu'il  avoit  eu  des  raifons  légitimes ,  jufqu'à  ce  qu'on  lui  fît 
connoître  le  contraire  :  Que  quoique  quelques-uns  des  membres  n'y  euf- 
fentpas  confenti ,  on  ne  pouvoit  pas  dire  pour  cela  que  le  Concile  fut 
divifc  :  Qu'on  ne  l'avoir  pas  transféré  dans  une  ville  qui  fut  fort  éloignée, 
ni  mal  affurée  *,  &  qu'étant  fujette  à  l'Eglife ,  elle  en  étoit  au  contraire 
plus  fure  pour  l'Allemagne ,  qui  avoit  reçu  de  l'Eglife  Romaine  la  Reli- 
gion Chrétienne  Se  pluueurs  autres  bienfaits  :  Qu'il  lui  importoit  peu  que 
le  Concile  fût  célébré  là  ou  ailleurs ,  ôc  qu'il  n'empechoit  point  que  les 
Pères  ne  pufTent  choifir  une  autre  ville ,  pourvu  qu'ils  n'y  fuflênt  point 
forcés  -,  mais  qu'ils  verroient  par  une  copie  des  lettres  des  Pères  de  Bo- 
logne ,  les  railons  qui  les  empêchoient  de  retourner  à  Trente  :  Qu'il 
avoit  diftéré  de  répondre  à  leur  lettre ,  parce  que  le  Cardinal  Madmct 
6c  cnfuite  D.  Di^o  de  Mendoie  étant  venus  le  trouver  de  la  part  de  l'Em- 
pereur ,  il  avoit  voulu  d'abord  répondre  à  ce  Prince  :  Que  par  la  leâur e 
des  lettres  des  Pères  de  Bologne  qu'il  leur  envoyoit ,  ils  verroient  ce  qu'il 
y  avoit  à  faire  avant  que  de  parler  de  retourner  d  Trente  :  Qu'il  les  piioit 
donc  de  venir  eux-mêmes ,  ou  d'envovet  des  Procureurs  à  Bologne  pour  y 
pourfuivre  le  Concile.  Il  ajoutoit  en  nniffant  :  Qu'il  n'étoit  point  embar- 
raffé  de  l'endroit  de  leur  lettre  où  ils  difoient  qu'ils  prendroient  d'autres 
mefures  Se  d'autres  voies ,  puifqu'il  pouvoit  fe  rendre  ce  témoignage  i 
lui-même  de  n'avoir  rien  omis  de  fon. devoir,  &  d'avoir  ufé  de  toute  la 
charité  poffible  envers  l'Allemagne  :  Qu'il  fe  promettoit  d'eux  &  de  l'Em- 
pereur ,  qu'ils  ne  feroient  rien  fans  l'avoir  bien  pefé  auparavant  :  Que 
s'ils  tentoient  quelque  chofe  contre  l'autorité  du  Saint  Siège ,  il  ne  pour- 
roit pas  lempecher ,  puifque  Jefus-Chrift  lavoir  prédit  quand  il  l'avoir 
établi  5  mais  qu'il  ne  craignoit  point  que  les  efforts  qu'on  feroit  contre  ce 
Siège  pufTent  réuffir  ,  parce  qu'il  étoit  fondé  fur  un  roc  très-ferme  : 
Qu  on  avoit  effayé  plufieurs  fois  la  même  chofè  ,  mais  que  routes  les  ten- 
tatives avoient  échoué  *,  &  que  Dieu  avoit  donné  dans  les  premiers  qui 
l'avoient  tenté ,  des  exemples  de  ce  que  dévoient  attendre  ceux  qui  les 
imiteroiem  :  Qu'enfin  s'il  y  en  avoir  à  préfent  que  les  miféres  palTées  n'cuf- 
ient  pas  la  force  d'arrêter,  il  fe  promettoit  néanmoins  d'eux  qu'ils  perfé- 
véreroient  conftamment  dans  la  piété  Se  dans  la  fidélité  qu'ils  avoient  pro- 
.'mife,  &  que  dans  tomes  leurs  Alfemblées  ils  ne  prendroient  aucuBS  con- 
feils  contraires  à  la  dignirc  de  l'Eglife. 


DE    TRENTE,  Livre     IIL  yii 

XVI.  Mcndo[c  ayant  donné  avis  à  TEmpcrcur  des  conditions  que  propo-  mdxlvii. 
foietit  les  Prélats  de  Bologne  &  de  la  fernaetc  de  la  réponfe  du  Pape ,  quoi-  ^^"^  ^^^• 
que  ce  Prince  vît  clairement  que  Sa  Sainteté  fc  couvroit  du  nom  du  Con- 
cile ,  qui  étoit  abfolumcnt  dans  fa  dépendance ,  &  à  qui  il  donnoit  entiè-  ^^^^  ^^^ 
rement  le  mouvement  ;  ^^  cependant ,  pour  montrer  au  monde  qu'il  n'avoit^^/^j?^ 
rien  omis  pour  procurer  le  retour  du  Concile  à  Trente  ,  *  il  envoya  à  ^o-fremi^re- 
lognc  François  f^argas  8c  Martin  Vclafco  ,  qui  ayant  obtenu  audience  le  1 6  ^^^  ^  ^^* 
de  Janvier ,  5°  préfcnterent  aux  deux  Légats  &  aux  Pères ,  qui  ne  fe  trou-   •^'.»  x 
verent  pas  en  plus  grand  nombre  que  dans  la  dernière  Seffion ,  les  lettres  de  ^l^^   ^^^ 
l'Empereur  adrcilces  à  rÀflcmbléc  fous  ce  titre ,  Conventui  Patrum  Bononia.  tre  U  trans* 
5'  Après  qu'on  en  eut  fait  la  lefture,  Fargas  ayant  commencé  à  parler ,  ^'«^/<'»  du 
fut  irtterronipu  par  le  Cardinal  dcl  Monte ,  qui  lui  dit  :  Que  quoique  le  ^f ^f'^^' 
Concile  ne  fut  pas  obligé  de  l'écouter ,  parce  que  les  lettres  de  l'Empereur  ^   ^^  ' 
n  croient  pas  adreflces  au  Synode ,  qui  n'étoit  pas  une  fimple  Aflemblée  Adr.  L.  6.  * 
mais  un  véricable  Concile  ,  néanmoins  ils  vouloient  bien  Tentendre ,  en  p.  430. 
pioteftant  cependant  que  c'étoit  fans  préjudice  â  leurs  droits,  &  fans  qu'on  Bclcar.  L. 
pût  en  tirer  avantage  contre  eux  ;  &  qu  il  leur  feroit  toujours  libre  de  con-  l^'     '  ^' 
tinuer  le  Concile ,  &  de  paflcr  outre ,  &  même  de  procéder  contre  les  con-  an/i^c/g. 
tumaces  &  les  rebelles  félon  la  rigueur  des  Loix.  Fargas  demanda  qu'avant  N''  6.  & 
que  d'expofer  la  proportion  qu'il  avoit  à  faire ,  il  fut  fait  un  Inflrument  fcqq. 
public  de  la  Protcftation  qu'ils  apportoient  ;  après  quoi  il  pria  les  Pères  au  ^^  °^' 
nom  de  toute  la  République  Chrétienne ,  de  procéder  avec  équité  dans  j^  *'  j 
cette  affaire;  parce  que  s'ils  perfiftoient  dans  une  réfolution  qu'ils  avoient  r.  n°  î. 
prife  peu  prudemment  &  fans  y  avoir  fait  alTez  d'attention  >  il  ne  pouvoit  Pallav.  L. 
qu'en  arriver  de  grands  maux  -,  au  lieu  que  s'ils  vouloient  fe  rendre  aux  'o-  c-  ir« 
juftes  defirs  de  l'Empereur ,  tout  viendroit  à  une  heureuiè  fin.  Puis ,  com-'  ***^*  ^*  ^" 
me  il  dit  qu'il  fe  propofoit  de  leur  montrer  combien  ils  fc  tromperoient  piç^^^*  j^ 

29.  Cependant ,  pour  montrer  au  monde  terrompu  ,  icc,  ]  Toute  cette  narration  ^ '^^'        ^' 

^*  il  navoit  rien  omis  pour  procurer  le  retour  quanti  la  fabflance,  eft  entièrement  con- 

du  Concile  à  Trente  ,  il  envoya  à  Bologne  forme  anx  Ades  rapportés  par  Raynaîdus  * 

François  Fargas  ,  &c.  ]  Cétoit  bien  la  vue  mais  il  y  manque  qaelques  ctrconfbnces  „ 

de  Charles  dans  cet  envoi ,  mais  il  n*avoit  qae  les  formes  des  procédures  exigeoient, 

pas  attendu  a  le  &ire ,  qn  il  eût  reçu  la  ré-  &  qui  n'intéreffcnt  nullement  le  iand  de 

pon(e  de  Mendo^e  ,  comme  le  dit  Fra^  THiftoire  s  comme  par  exemple,  la  demaa* 

Paolo  y  puifque  Vargas  &  Velafco  étoient  de  que  firent  les  Envoyés  de  fskire  drdlèr 

à  Bologne  dès  le  commencement  de  No-  TAéte  de  leur  Protefbtion  par  leun  propres 

vembre  1^47.  Rayn*  N*  87,  Pallav,  L,  Notaires ,  ce  qui  ne  leur  fut  accordé  qu'à 

10. c.  II.  condition  qu'ils  le dreflercient  en  commun 

3  o.  Préfentlrent  aux  deux  Légau  &  aux  avec  ceux  du  Concile  i  la  demande  auflî  d*in- 

P,eres  ,  &c.  ]  Il  n'y  avoit  alors  à  Bologne  de  troduire  leurs  propres  Témoins  ;  TAÔe  de 

Légat  que  le  Cardinal  del  Monte  ,  car  S  te  refus  qui  leur  fut  fait  de  parler  avant  que  le 

Croix  étoic  retourné  à  Rome  dès  le  9  de  Concile  eût  fait  lire  fa  propre  Protefbtion  , 

Novembre  i  ^ ^1  •  Raynaîdus  ^^  %j ,  Pal-'  &c.    toutes    circonftances    qui  ne  regar- 

lavicin  L.  lo»  c.  6.  dent  que  les  formalités  delà  procédure,  ^ 

31.  Après  quon  en  eut  fait  la  leBure  ,  nullement  le  fait  principal. 
Vargas  ayant  commencé  â  parler  ,  fut  in^ 


yji         HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  dangercufcment  en  voulant  pcrfifter  dans  leur  rcfolution,  &  combien  ctoienr 
Paul  III.  bonnes  les  intentions  de  TEmpercur  pour  le  fervice  de  Dieu  &  celui  de 
— ■""— "  TEglife  ,  Monte  l'interrompit  de  nouveau  en  lui  difanc  :  Je  fuis  Ui  Préji" 
dent  du  Saint  Concile  ,  &  Légat  de  Paul  lll ,  Succejfeur  de  faint  Pierre  6» 
Vicaire  de  Jefus^Chriji  en  Terre ,  pour  continuer  à  la  gloire  de  Dieu  conjoin^ 
tement  avec  ces  SS.  Pères  le  Concile  trans/ér/ légitimement  de  Trente  en  cette 
ville  ;  &  nous  prions  V  Empereur  de  changer  lui-même  d*avis  ,  d'accorder  fa 
protection  au  Concile  ^   &  de  réprimer  ceux  qui  le  troublent  ,    Sa  Majeflê 
Jachant  bien  que  ceux  qui  mettent  quelque  empêchement  aux  Conciles  ,   de 
quelque  rang  qu'ils  foicnt  ,  encourent  les  peirus  rigoureufes  qui  foru  portées 
par  les  Loix.  Et  notre  difpofition  ejl ,  quelque  chofe  qui  arrive  ,  de  n'avoir 
aucun  égard  aux  menaces  qu'on  pourroit  nous  faire  j  &  de  ne  jamais  rrmnqtur 
à  ce  que  nous  devons  à  la  liberté  &  à  l'honneur  de  l'Eglife  &  du  Concile  ^  & 
au  nôtre. 

Aussi-tôt  Velafco ,  qui  tenoit  en  main  fa  Proteftation  par  écrit  »  en  fit 
la  leâure.  Elle  portoit  en  fubftance  :  Que  la  Religion  étant  ébranlée  y  les 
mœurs  fort  corrompues ,  &  TAUemagne  féparée  de  TEglife  >  l'Empereur 
avoir  demandé  le  Concile  à  Léon  ,  Adrien  y  Clément^  &  Paul! IL  Puis  » 
après  un  détail  des  difficultés  qu'il  y  avoit  eues  à  radèmbler  3  &  avoir 
touché  quelque  chofe  des  matières  qui  avoient  été  traitées  dans  le  Concile^ 
il  ajouta  :  Que  pendant  que  TEmpereur  faifoit  la  guerre  en  Allemagne 
principalement  pour  caufe  de  Religion ,  &  que  par  fon  courage  il  avoit 
donné  la  paix  à  ce  païs  ,  &  conçu  de  grandes  efperances  de  faire  aller  au 
Concile  ceux  qui  jufque-lâ  lavoient  refufé  ,  les  Légats  à  l'infu  du  Pape  & 
contre  Tattente  de  tour  le  monde  avoient ,  fur  un  prétexte  léger  &  con- 
trouvé  ,  propofé  aux  Pères  la  tranflation  du  Concile  fans  donner  le  tems 
d'y  penfer:  Que  quelques-uns  des  Evêques  s  y  étant  oppofés,  &  proteftanc 
u 'ils  vouloient  refterà  Trente,  les  Légats,  du  contentement  leulemenc 
e  quelque  peu  d'Italiens  ,  avoient  ordonné  la  tranflation  ,    &  étoient 
partis  le  jour  fuivant  pour  aller  à  Bologne  :  Que  l'Empereur  après  la  vic- 
toire qu'il  avoit  obtenue ,  avoit  foliicite  le  Pape  de'plufieurs  manières  pour 
le  déterminer  â  faire  retourner  les  Pères  i  Trente ,  &  lui  avoit  remontré 
le  fcandale  &  le  danger  qu'il  y  auroit  à  craindre ,  (i  le  Concile  ne  fe  conti- 
nuoit  pas  en  cette  Villes  &  qu'en  même- tems  il  avoit  engagé  tous  \cs  Al^ 
lemands  dans  la  Diète  d'Ausbourg  à  fe  foumettre  au  Concile  :  Que  ce 
Prince  avoit  envoyé  le  Cardinal  Madruce  à  Rome  pour  notifier  cela  au 
Pape ,  &  le  prier  de  renvoyer  les  Pères  à  Trente  :  Que  Mendo^e  y  avoit  été 
enluite  pour  le  même  fujet  :  Que  le  Pape  ayant  demandé  du  tems  pour 
confulter  les  Prélats  de  Bologne ,  ils  avoient  fait  une  réponfê  vaine ,  cap- 
tieufe  ,  pleine  de  tromperie ,  &  digne  d'être  condamnée  par  le  Pape  >  qui 
pourtant  l'avoir  approuvée  ,  appcUanr  TAflcmblée  de  Bologne ,  tput  illégi- 
time qu'elle  ctoit ,  du  nom  de  Concile  Général ,  &  lui  donnant  plus  d'au- 
torité qu'elle-même  n'avoit  ofé  s'en  arroger  :  Que  quoiqu'il  fut  certain  que 
le  Concile  âlfemblé  à  Trente  ne  p^t  fe  transférer  que  pour  un  befoin  prêt 

fanf 


i 


DE    TRENTE,  Livre    III.  yi5 

ianc  9  après  une  difcuflSon  èxaâe ,  &  dû  confentcmenc  de  coas  les  Pères  ;  md^ltut. 
cependant  les  Légats  &  quelques  autres  avec  eux  ctoient  fortis  prccipitam-  ^^"^  ^^^' 
ment  de  Trente,  fous  le  feint  prétexte  de  quelques  fièvres  malignes,  d  un  — — — • 
air  inkSté ,  &c  fur  le  témoignage  mendié  de  quelques  Médecins  :  Que 
quoiqu'il  eût  paru  par  l'événement ,  qu'il  n'y  avoit  pas  même  matière  à  une 
^u(fe  crainte ,  la  frayeur  ztkStét  avoit  été  fi  grande ,  qu'ils  n'avoient  pas 
même  pris  le  tems  de  délibérer  entre  eux  :  Qu'il  eût  été  de  leur  devoir 
d'écouter  ôc  d'examiner  les  oppodrions  &  les  avis  des  Evêques  qui  parloienc 
felon  leur  confcience ,  ôc  qui  quoiqu'en  plus  petit  nombre  auroient  dû  être 

S  référés ,  comme  les  plus  fages  :  Que  quand  ils  auroient  été  obligés  de  fortir 
e  Trente,  ils  euflènt  dû  ne  pas  changer  de  Province,  mais,  conformé- 
ment aux  Décrets  des  SS.  Conciles  ,  choidr  un  autre  lieu  en  Allemagne  : 
Qu'ils  ne  pouvoient  juftifier  le  choix  qu'ils  avoient  fait  de  Bologne ,  Ville 
fujette  de  i'Eglife ,  étant  bien  aflfurés  que  jamais  les  Allemands  ne  s'y  ren- 
droient ,  &  que  tous  les  autres  pouvoient  la  recufer  pour  pludeurs  caufcs  : 
Qu'en  agir  ainfi ,  n'étoit  autre  chofe  que  vouloir  dilïbuare  le  Concile  i 
l'improvifte  :  Que  pour  toutes  ces  caufes ,  l'Empereur  ,  à  qui  il  apparte- 
fioit  de  défendre  I'Eglife  &  de  protéger  les  Conciles  Généraux ,  voulant 
éteindre  les  différends  de  Religion  en  Allemagne ,  comme  aufli  rétablir 
une  vie  véritablement  Chrétienne  dans  l'Efpagne  &  tous  ks  autres  Etats  9 
&  voyant  que  le  départ  de  Trente  fans  raifon  mcttoit  obftaclc  d  de  fi  bons 
defTeins ,  requéroit  que  lefdits  Légats  &  les  Evêques  qui  éroient  partis  de 
Trente  y  retournaflent  :  Qu'ils  ne  pouvoient  le  refufcr,  ayant  pron  is  de 
retourner  aufli-tôt  que  feroient  cefles  les  foupçons  que  Ton  avoit  eus  de  la 
Pefte;  &  qu'en  le  faifant,  ils  feroient  une  chofe  très  agréable  à  la  Chré- 
tienté :  Qu  a  leur  refus,  ils  étoient  chargés  d'un  ordre  Ipécial  de  TEmpe- 
reur  de  protefter  contre  leur  retraite  &  la  tranflarion ,  comme  nulle  &  illé- 
gitime ;  comme  auflî  contre  tout  ce  qui  en  étoit  fuivi  &  en  itiivroit  et>fui- 
te  ;  l'autorité  des  Légats  foi-difans  &  des  Evêques  qui  étoienr  la  préfens  t 
comme  dépendans  entièrement  du  Pape ,  n'étant  ras  affèz  grande  pour 
donner  la  loi  à  tout  le  Monde  Chrétien  en  matière  de  Religion  &  de  ré- 
formation des  mœurs ,  fur-tout  à  des  Provinces  dont  ils  ne  connoiflbient 
ni  les  mœurs  ni  les  u(ages  :  Qu'ils  proteftoient  de  même  ,  que  la  réponfc 
de  Sa  Sainteté  &  la  leur  n'étoient  point  fatisfaifanres,  mais  illégitimes  » 
frauduleufes  &  illu(bires  ;  &  que  tous  les  maux ,  les  troubles ,  les  calamités 
&  les  ruines  des  peuples  qui  en  étoient  nés  ,  ou  qui  en  pourroient  naître  » 
ne  dévoient  point  s'imputer  à  l'Empereur ,  mais  à  cette  A(Tèmblée  qui  pre- 
noitle  nom  de  Concile,  attendu  qu'elle  y  pouvoit  facilement  &  canoni- 
quement  remédier  :  Qu'ils  proteftoient  en  outre  qu'à  leur  défaut,  &  par  la 
négligence  du  Pape  &  la  leur  propre  ,  l'Empereur  y  pourvoiroit  de  tout 
fon  pouvoir  ,  &  qu'il  n'abandonneroit  point  la  défenfe  &  la  proteârion  de 
TEglife ,  à  laquelle  comme  Empereur  &  comme  Roi  il  étoit  obligé ,  con- 
formément aux  Loix  &  au  confentement  dts  SS.  Pères  &  de  tout  le  mon- 
de. Enfin  ils  demandèrent  Â6te  de  ce  qu'ils  venoient  de  dire ,  &  que  l'ordre 
TombL  Ttt 


JI4       HISTOIRE    DU    CONCILE 

"UDxtriij.  de  l'Empereur  &  leur  Proceftaûon  fuflènc  inférés  dans  les  Âûes  de  cette 
Paul  m.  prétendue  Congrégation. 

Après  la  leâturc  de  cet  Ecrit»  Ftlafco  le  ptéfenta,  ^  &  demanda  de 


Séculière  affcmbldt  U  Concile  :  Que  l'Empereur  itoii  le  Fils  de  VEglijé  ,  & 
n'en  étoit  pm  U  Seigneur -&  U  Maure  :  Que  lui  &  fon  Collègue  itoient  LU 
gats  du  Saint  Siège ,  &  quils  ru  refufoient  pas  de  rendre  compte  k  Dieu  & 
au  Pape  de  leur  Légation  ;  ^^  &  que  dans  peu  de  jours  ils  donneroient  leur 
réponfe  à  la  Proufiation  qu'on  venoit  de  lire. 
/M      T       ^^  Mendo^e  ^  ayant  reçu  la  réponfe  de  l'Empereur ,  fie  ordre  de  faire  fa 
s.  p.  II 80'  I^^oteftation  au  Pape  en  préfence  des  Cardinaux  &  des  AmbaflTadears  des 
Rayn.  ad    Ptinces ,  &  ayant  eu  avis  de  ce  que  Fargas  &  Felafco  avoient  fait  i  Bo* 
an.  1548.    logne ,  fe  préfenta  dans  le  Confiftoire  ;  &  s'étant  mis  à  genoux  devant  le 
N°  18.  &  Pape,  il  lut  la  Proteftation qu'il  tenoit  écrite  entre  les  mains.  Elle  corn* 
S^oïià        ïncnçoit  par  l'éloge  du  zélé  &  des  foins  qu'avoir  pris  l'Empereur  pour 
Isfo  ^  '        réunir  le  Monde  Chrétien  5  diviié  par  différentes  opinions  en  matière  de 
Pallav.  L.    Religion.  Puis,  après  avoir  expofé  tout  ce  que  ce  Prince  avoir  fait  fuccef- 
10.  c  II.    Hvement  auprès  à  Adrien^  Clément  &  Paul  tui-mèn^  pour  les  engager  à 
Tkuan.  L.   convoquer  le  Concile  ,  il  ajouta  :  Que  les  rebelles  d'Allemagne  ayant  re- 
Adrian  L.  ^^^^  ^^  ^V  foumettre,  Charles  pouffé  par  fa  piété  les  y  avoir  forcés  par  fes 
6,  p.  419.   armes  :  Que  quoique,  le  Pape ,  pour  ne  pas  paroître  manquer  à  la  Caufe 
Fleury ,  L.  publique ,  y  eût  contribué  de  quelque  léger  lecours ,  on  pouvoir  dire  ce- 
14;.  N*>  ^.  pendanr  que  l'Empereur  avoir  nni  heareufement  cette  guerre  par  fcs  feules 
forces  :  Que  pendant  qu'il  y  étoit  occupé ,  on  avoit  interrompu  tout-d'un- 
coup  la  bonne  œuvre  qu'on  avoit  commencée  i  Trente ,  par  la  pernicieufe 
réfolution  qu'on  avoit  prife  de  transférer  le  Concile  fous  des  prétextes  qui 
n'étoient  ni  vrais  ni  vraifemblables ,  &  réellement  pour  empêcher  TEm* 
pereur  de  pouvoir  parvenir  à  établir  une  paix  générale  :  Que  cela  s'éroit 
fait  contre  l'avis  de  la  plus  pieufe  &  de  la  plus  faine  prtie  des  Pères ,  qui 
étoient  toujours  demeurés  a  Trente  :  Que  c'éroienr  ceux-ci  qui  croient  vé- 
ritablement le  Concile  ,  ic  non  ceux  de  Bologne  9  que  le  Pape  honoroic 


5 1.  Et  que  dans  peu  de  jours  ils  donne' 
rûîent  leur  réponfe  a  la  Proteftation  qu'on 
venoit  de  lire.  ]  Cette  réponfe  foc  rencioe 
quatre  joars  après,  c'eft-à-dire  le  Vendredi 
%o  de  Janvier.  Rayn.  N^  x8.  Pailay.  L. 


lO.  c.  II. 


5  5 .  Mendo^e  ayant  reçu  la  réponfe  de 
V Empereur ,  6»  ordre  de  faire  fa  Protefta- 
tion —  fe  préfenta  dans  le  Confiftoire  ,  &c.  ] 
Cette  Protcrtation  de  Mendo^e  fe  fit  hait 
jours  af^ès  celle  de  Vargas,  c*eft-à-diie,  le 


13,  de  Janvier  i  f  48.  Rayn.  N**  i  f  Pallav, 
L.  10.  c.  II.  Ceft  donc  une  méprife  à  M, 
de  Tkou  L.  f.  N°  1,  d  avoir  mis  ces  deux 
Proceftations  au  m^me  joiir  &  au  1 8  de  Jan- 
vier; &  M.  Prévôt  s'eft  également  nwmpé 
dans  (es  Notes  fur  cette  HiQoire,  en  disant 
que  celle  de  Mendo^e  s*écoit  faite  deax  jours 
après  celle  de  rargas,  puii'qii'il  eft  confbnc 
par  les  Actes ,  que  cette  dernière  fe  &  le  i  ^ 
de  Janvier ,  5c  que  celle  de  Mendg^e  ne  (e 
fit  que  le  13.  ' 


s 


D  E    TRENTE,  LitreIII  nr 

^  ce  tiom  parce  qu'ils  lui  écoienc  attachés  :  Que  Sa  Sainteté  préféroit  leur  uDxtrm. 
fàcisfaétion  aux  prières  de  TEmpereur ,  de  Ferdinand ,  ôc  des  Princes  de  Taul  IIL 
l*£mpire  ,  fens  (e  foucier  du  falut  de  l'AUctnagne  ni  de  la  converfion  de  — — 
ceux  qui  étoient  égarés ,  &  pour  le  retour  defquels  il  ne  s'agiïlbit  que  de 
rétablir  le  Concile  à  Trente,  puifqu'iis  écoienc  convenus  de  s'y  foumetcre  : 
Que  lui  AmbaiTadeur  en  ayant  fupplié  le  Pape  d^  nom  de  tous  ces  Princes  » 
il  lui  avoit  fait  une  réponle  pleine  d'artifices  &:  dtftituée  de  toute  raifbn  : 
Que  voyant  donc  qu  il  n'avoit  tenu  aucun  compte  dts  requifitions  Evangé* 
liques  qu'il  lui  avoit  faites  à  lui-même  te  1 4  &  le  17  de  Décembre  au  nom 
de  Sa  Majefté  Impériale ,  non  plus  que  de  celles  qa'avoient  faites  à  Bo- 
logne le  1  d  de  Janvier  au  nom  du  même  Prince  deux  autres  de  fes  Miniftre^y 
il  proteft^c  qUe  la  tranflation  du  Concile  de  Trente  Â  Bologne  étoit  nulle 
&  illégitime  ;  qu'elle  ne  pouvoic  fervir  qu'à  incroduire  la  divi(ion  dans 
l'Egliie ,  &  qu'à  mettre  la  Foi  Catholique  &  la  Religion  en  danger ,  fans 
parler  du  fcandale  Se  du  defordre  qu'elle  caufbit  dès-apréfenc  :  Que  c^koic 
au  Pape  qu'on  devoit  imputer  tous  les  malheurs ,  les  divi(!ons  ,  &  les  (can- 
daies  qui  en  naîcroient ,  puifqu'étant  obligé  de  procurer  le  bien  de  l'Eglife 
aux  dépens  de  (on  fang,  il  favorifbit  &  foutenoic  les  auteurs  du  mal  :  Que 
l'Empereur  au  défaut  du  Pape  y  pourvoifoit  de  coures  fes  forces  ,  y  étant 
obligé  comme  Empereur  &  comme  Roi ,  de  la  manière  que  l'avoient  mar- 
qué les  SS.  Pcrts ,  Se  qu'on  l'avoir  toujours  obfervé  du  confentement  dfe 
tout  le  monde.  L'Ambadàdeur  fe  tournant  enfuite  vers  les  Cardinaux  9 
leur  dit  :  Que  puifque  le  Pape  refufoic  de  travailler  à  la  paix  de  Religion  » 
à  l'union  de  l'Allemagne ,  &  à  la  réformàti'on  desjmœurs ,  s'ils  négligeoienc 
comme  lui  le  même  devoir  ,  il  faifoic  les  mêmes  proteftations  par  rapport 
à  eux  ,  qu'il  vehoit  de  faire  au  Pape,  Puis  ayant  laiflc  l'Ecrit  qu'il  \enoit 
^  lire,  il  fe  retira  »  fans  que  perfonne  lui  eut  fait  aucune  réponfe. 

XVII.  54  Le  Pape  ayant  réfléchi  fur  la  Proceftation  de  Mendo^e  ,  «  &    Psalllt 
pefé  l'affaire  avec  les  Cardinaux ,  fe  trouva  embarqué  dans  un  pas  délicac  •,  *^^^  '^^^ 
Se  juceanc  qu'il  écoic  contre  ia  dignité  de  fe  laiflèr  prendre  à  partie ,  &  de  '*!  ^  ^^^ 

voir  attaque  diredcemenc ,  il  crut  qu  il  n  y  avoit  pour  lui  d  autre  parti  à  /;^  impe- 
prendre  que  celui  de  paroître  neutre ,  &  de  fe  faire  Juge  entre  ceux  qui  ristix  f§ 
approu voient  Se  ceux  qui  condamnoient  la  tranflation.  Pour  y  réuflir  il  fal-  fMllent  de 
loit  décliner  la  Proteftation ,  Se  faire  enforte  qu'elle  parut  faite  non  contre-^*  réponfe. 
lui ,  mais  devanc  lui  contre  les  Prélacs  de  Bologne.  Mais  comme  elle  étoit  ^  ^  J* 
faite  de  manière  à  n'être  pas  fufceptible  d'équivoque ,  il  réfolut  de  charger  xinlan.  Û 
l'AmbafTadcur  d'avoir  palfé  les  ordres  de  l'Empereur;  afin  que  ce  Prince  5.N®4. 
voyant  le  tour  qu'on  avoit  pris  pour  éviter  de  rompre  avec  lui ,  fût  obligé  Flcury ,  L. 

5  4»  Le  Pape  ayant  réfléchi  fur  la  Pro-  &  tous  lui  confeillerent  de  fufpendre  toutes 

teflatiàn  de  Mendoxe  ,  6»  pefi  l*afkire  avec  les  opérations  du  Concile ,  &  de  répondre  de 

les  Cardinaux  ,  etc.  ]  Il  en  délibéra  non*-  manière  qu'il  (è  rendit  Juge  &  non  Partie 

feulement  avec  les  Cardinaux ,   mais  anffi  dans  cette  affiiire.  Rayn.  N^  i8,  Pallav» 

avec  les  Légats  de  Bologne,  a  qui  il  avoic  L.  lo.  c*  x)*  Adr.  L.  ^.p.  45i. 
communiqué  la  Piotefiation  de  Mendop  ; 

Ttt  JL 


^lé       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDxtvixi.  de  limiter  6c  de  le  reconnoître  pour  Juge  ,  comme  fi  réellement  fa  Pri> 
Paul  III.  ceftation  navoicctéque  concrc  TAdèmblée  de  Bologne,  h  C'eft  pourquoi 
le  Mercredi  i  de  Février  ayant  fait  appeller  Mtndo^c  au  Confilloire ,  il 
^   '     lui  fit  une  longue  réponfe ,  où  il  dit  en  fubftancc  :  "  Que  protefter ,  comme 
Slcid.L.  10.  ^^  a  voit  fait  >  étoit  une  chofede  mauvais  exemple ,  &  qui  n  etoit  pratiquée 
p.  340.        que  par  ceux  qui  avoienc  fecoué  lobéifiance,  ou  qui  chanceloient  dans 
Rayn.  ad    celle  qu'ils  lui  dévoient  :  Que  lui  &  le  Sacré  Collège  ne  pouvoicnt  voir 
N°  '  8^&   4"'^^^^  ^^^  extrême  peine  une  aâion  qu'ils  a  voient  K  peu  lujet  d'attendre 
2^^  de  l'Empereur ,  pour  lequel  ils  avoient  un  amour  paternel  >  dans  un  tems 

Pallav.  L   fur-tout  où  ce  Prince  avoir  obtenu  la  vidoire  contre  fes  ennemis  &  ceux 
10.  c.  1 5.    de  l'Eglife  par  le  moyen  des  puifTans  fecours  qu'il  lui  avoir  fournis ,  &  des 
]^^'  ^    troupes  qu'il  avoit  maintenues  avec  tant  de  fraix  &  de  dépcnfes  :  Qu'il  n'a- 
Sqond^      voit  pas  dû  efpérer  que  tel  dût  être  le  fruit  de  la  vidoire  qu'il  avoit  obte-« 
MO  ^  *       nue  i  &  que  la  fin  de  la  guerre  feroit  de  commencer  à  protefter  contre  lui  : 
Que  ce  qui  adoucilToit  la  douleur  ,  c'eft  qu'il  favoit  que  l'ÂmbalIadeuc 
avoit  pafle  les  ordres  de  fon  Maître ,  qui  avoit  bien  ordonné  à  fes  Miniftces 
à  Bologne  de  protefter  devant  fes  Légats ,  &  à  lui  Âmbaftadeur  de  faire  U 
même  chofe  devant  le  Pape  &  les  Cardinaux  contre  le  Concile  de  Bologne;, 
mais  non  pas  contre  le  Pape  même  :  Que  l'Empereur  en  avoir  ufé  en  Prince 
modefie,  qui  connoifibit  que  le  Pape  étoit  Tunique  Juge  légitime  de  la 
eaufe  de  la  tranflation  ,  &c  qu'il  n'y  auroit  lieu  de  protefter  contre  lui  qu'ea 
cas  qu'il  refiifât  d'en  connoîcre  :  Qu'ainfi,  fi  les  Pères  de  Trente  avoienc  à 
iè  plaindre  de  ceux  de  Bologne ,  ils  n'avoient  qu'à  porter  leur  accufation 
devant  lui  :  Que  lui  Ambafiadeur  avoit  renverfé  tout  cet  ordre,  en  omet- 
tant la  demande  qu'il  devoit  faire  »  &  en  demandant  une  chofe  injufte 
contre  le  Concile  :  Que  l'Âéte  de  la^roteftation  tombant  ainfi  de  lui-mê- 
me ,  il  n'eût  pas  été  befoin  qu'il  y  fît  d'autre  réponfe  y  mais  que  néanmoins 
il  vouloir  bien  en  faire  une  pour  defabufer  tout  le  monde  :  Que  premiè- 
rement y  à  l'égard  de  la  négligence  dont  on  le  taxoit  pour  relever  davantage 
le  zélé  de  l'Empereur  ;  fans  vouloir  exténuer  les  bonnes  intentions  &  les 
aâions  de  ce  Prince ,  il  pouvoir  bien  dire  qu'il  le  devançoit  autant  eadili- 

fence  qu'en  âge  :  Qu'il  avoit  toujours  defiré  le  Concile ,  &  jprouvé  fes  de- 
rs  par  les  effets.  Là ,  après  avoir  raconté  tout  ce  qu'il  avoit  rait  pour  cette 
fin ,  &  les  obftacles  qui  y  avoient  été  mis  de  la  part  des  autres  ^  &  quelque- 
fois de  l'Empereur  même  à  caufe  de  fes  guerres ,  il  ajouta  :  Que  par  rapport 
à  la  tranflation  du  Concile ,  il  fe  réfervoit  de  juger  n  les  caufes  en  avoienc 
été  légitimes  ou  non  *,  mais  que  louer  les  Prélats  qui  étoient  demeurés  i 
Trente  »  c'étoit  louer  des  gens  qui  s'étoient  féparés  du  Corps  de  l'Eglife  : 
Qu'il  ne  refufoit  pas ,  &  n'a  voit  jamais  refufé  que  les  autres  retournaUènc 

)  f  •  C'tft  pourquoi  U  Mercredi  i.de  Fé-  dreflà  :  ce  qai  eft  anfli  attefté  parle  Cardinal 

vrîer  ayant  fait  appeller  Mendo^e  au  Con-  Pallayicin  L.  10  c.  1 5.  &  par  M.  de  Thou 

fifioïre  ^  il  ùii  fit  une  longue  réponfe ,  &c.  ]  L.  f .  N^  4.  Elle  fut  lae  par  Palladio  Séeré- 

L'Aateur  de  la  Vie  do  Cardinal  Pool  noos  taire  du  Pape ,   nommé  Evèque  de  Fo/*- 

apprend  que  ce  fiit  ce  Cardinal  qui  la  gnQ^^ 


DE    TRENTE,L  I  V  KE    IIL  yij 

à  Trente,  pourvu  que  cela  fe  fie  légidmemenc  &  fans  ofFcnferles  autres  mdxlviu. 
Nations  :  Que  regarder  Trente  comme  la  feule  ville  propre  à  y  célébrer  un  ^^^"^  ^^^• 
Concile ,  c'écoit  taire  injure  au  Saint-Efprit  >  qui  ell  adoré  &  préfent  en  — — — "■ 
tous  lieux  :  Que  les  befoins  de  l'Allemagne  n*étoient  pas  une  raifon  bien 
folide  d'y  renir  le  Concile ,  puifque  par  la  même  raifon  il  faudroit  le  tenir 
en  Angleterre  &c  ailleurs  :  Que  Ion  ne  prend  pas  la  commodité  de  ceux  pour 
qui  fe  font  les  Loix ,  mais  de  ceux  qui  les  doivent  faire  ,  qui  font  les  Eve* 
ques  :  Que  fouvent  on  avoit  tenu  des  Conciles  hors  des  Provinces  où  étoient 
.nées  les  Hérélles  :  Qu'il  fentoit  bien  que  ce  qui  déplaifoit  dans  la  réponfe 
qu'il  avoit  donnée  ,  étoit  qu'on  devoit  recevoir  les  Décrets  faits  &  â  taire  » 
&  obferver  la  forme  gardée  depuis  le  tems  des  Apôtres  :  Qu'il  auroit  foin 
xl'éviter  toute  néglieence  dans  le  Gouvernement  die  TEgliie  *,  6c  que  (î  l'Em- 
.|)ereur  vouloir  joindre  fes  foins  aux  (iens ,  pourvu  qu'il  fe  contînt  dans  les 
Dornes  qui  lui  convenoient ,  &  qui  éioient  marquées  par  les  Loix  &par 
les  Pères  y  les  fondions  de  l'un  &  de  l'autre  ainh  diftinguées  feroient  tore 
falutaires  à  l'Eglife  :  Que  pour  ce  qui  regardoit  la  caufe  de  la  tranflation 
.  du  Concile  ,  il  en  avoit  évoqué  à  lui  la  connoiflance  >  &  avoit  député  les 
Cardinaux  P^r^j  de  Burgos  ^  Pool  ^  &  Crefcemia  pour  l'examiner  ,  dé- 
fendant à  chacun  de  rien  faire  de  nouveau  pendant  l'inftruâion  du  pro- 
cès >  &  donnant  un  mois  de  terme  aux  Pères  de  Bologne  comme  à  ceux  de 
Trente  pour  produire  leurs  raifons.  Ce  Décret  fut  dre(I2  par  le  Secré- 
taire ConHftorial  dans  le  llyle  judiciaire  de  la  Cour  Romaine  ,  &  HgniSé 
aux  deux  Parties  ,  avec  défenfe  de  rien  innover  pendant  l'inftruâion  de 
l'affaire. 

Les  Impériaux  ne  fè  contentèrent  pas  de  fe  railler  de  la  diftinâion  que 
le  Pape  faifoit  de  protefter  non  contre  lui ,  mais  devant  lui  ;  ^  Mtndo^e  fit  ^  Pal'av.  L 
encore  une' nouvelle  Proteftation ,  où  il  dit  :  Qu'il  avoit  eu  un  ordre  exprès  »°'  ^'  '  ^' 
de  l'Empereur  de  protefter  de  la  manière  dont  il  avoit  fait.  ^o^ 

Lorsqu'on  eut  reçu  à  Bologne  les  défenfes  du  Pape ,  comme  il  ne  s'y  Flemy ,  L 
tint  plus  des  Congrégations  d'Evêques  ni  de  Théologiens,  tous  fe  retirèrent  i45*N^  i  x- 
les  uns  après  les  autres ,  â  la  réferve  des  Penfionnaires  de  Rome ,  qui  nc^  Adr.  L.  7. 
pouvoient  pas  le  faire  avec  honneur.  Mais  à  Trente  perfonne  ne  quitta  ^^'  ^^  ' 
l'Empereur  le  voulant  ainfî ,  tant  pour  confbrver  l'apparence  de  Concile  > 
&  tenir  les  Catholiques  d'Allemagne  en  efpérance ,  &  les  Proteftans  dans 
le  devoir  ,  que  de  peur  que  ceux-ci  ne  fe  cruflent  quittes  de  la  promeffe  de 
fe  foumettre  au  Concile ,  fous  prétexte  qu'il  n'exiftoit  point. 
.    XVIII.  J^  Le  Pape  ayant  fait  notifier  aux  Prélats  qui  étoient  à  Trente  ^  -  .^'  ^^' 

*       '  ^  JMttfmt  de 

5^.   Lt  Papt  ayant  fait  notifier  aux  de  cette  affiiite.  Mais  Pallavîcin  L.  lo.c.^^j^p,,//^, 

.  ^prélats  qui  étoient  à  Trente  la  reponfe  qu'il  14.  prétend  que  ce  ne  {ut  que  parce  qu'on  ^/^  Trem'e 

avoit  faite  a  Mendo[e  ,  attendit  x  f  jours,  négocioit  pendant  ce  tems-làavec  Mendo^e,  qui  ne  veu-' 

.  &c.  )  FraPaolo  dit  ici ,  que  le  Pape  n*  at-  pour  voir  fl  on  pourroit  en  venir  à  quelque  Unt  pas  fê 

,  Cendit  fî  longtems  à  écrire  à  Trente ,  que  accommodement  5  &  que  c*efl  pour  cela  ^foumettre  à 

pour  voir  û  les  Prélats  qui  y  étoient  feroient  que  dès  qu'il  iiit  parti  on  fit  citer  les  ^eresfin  arkitra- 

quelque  dcaïaiche  poux  le  rendre  le  Toge  de  Trente  &  de  Bologne  pour  produire  leiin/^* 


^lé       HISTOIRE    DU    CONCILE 

^DXLvui.  de  limiter  Se  de  le  rcconnoîcrc  pour  Juge  ,  comme  fi  réellement  fa  Prb- 
Paul  111.  jeftacion  n  avoir  été  que  contre  rAflcmblce  de  Bologne.  3  s  C*eft  pourquoi 
le  Mercredi  i  de  Février  ayant  fait  appeller  Mcndo^c  au  Confiftoire ,  il 
if .  c  9  '"*  ^^  ^"^  longue  réponfe ,  où  il  dit  en  iubftance  :  ^  Que  protefter ,  comme 
Sleid.L  xo.  ^'  ^voit  fait  >  étoit  une  chofe  de  mauvais  exemple ,  &  qui  n  etoit  pratiquée 
p.  5 40.  que  par  ceux  qui  avoienc  fecoué  lobéilTance ,  ou  qui  chanceloient  dans 
Rayn.  ad  celle  qu'ils  lui  dévoient  :  Que  lui  &  le  Sacré  Collège  ne  pouvoient  voir 
1^  '  8^&  qu'avec  une  extrême  peine  une  aâion  qu'ils  avoient  u  peu  lujet  d'attendre 
^^^  de  l'Empereur ,  pour  lequel  ils  avoient  un  amour  paternel  >  dans  un  cems 

Pallav.  L.   fur-tout  où  ce  Prince  avoir  obtenu  la  vidoire  contre  fes  ennemis  &  ceux 
10.  c.  j  5.    de  l'Eglife  par  le  moyen  des  puitTans  fecours  qu'il  lui  avoir  fournis ,  &  des 
*^^^*  ^   troupes  qu'il  avoit  maintenues  avec  tant  de  fraix  &  de  dépcnfes  :  Qu'il  n'a- 
Sqond^      voit  pas  dû  efpérer  que  tel  dût  être  le  fruit  de  la  viéloire  qu'il  avoit  obtc- 
>^o  ^^  '       jiue ,  &  que  la  fin  de  la  guerre  feroit  de  commencer  à  protefter  contre  lui  : 
Que  ce  qui  adoucilTbit  fa  douleur  ,  c'eft  qu'il  favoit  que  l'Ambadadeuc 
avoit  pafle  les  ordres  de  fon  Maître ,  qui  avoit  bien  ordonné  à  fes  Miniftces 
d  Bologne  de  protefter  devant  fes  Légats ,  &  à  lui  Ambaftadeur  de  faire  la 
même  chofe  devant  le  Pape  &  les  Cardinaux  contre  le  Concile  de  fiolognef 
mais  non  pas  contre  le  Pape  même  :  Que  l'Empereur  en  avoit  uféen  Prince 
roodefie,  qui  connoifibit  que  le  Pape  étoit  Tunique  Juge  légitime  de.  la 
eaufe  de  la  tranflation  ,  &  qu'il  n'y  auroit  lieu  de  protefter  contre  lui  qu'ea 
cas  qu'il  refîifât  d'en  connoitre  :  Qu'ainfi,  fi  les  Pères  de  Trente  avoient  à 
le  plaindre  de  ceux  de  Bologne  »  ils  n'avoient  qu'à  porter  leur  accufation 
devant  lui  :  Que  lui  Ambafiadeur  avoit  renverfé  tout  cet  ordre  >  en  omet- 
tant la  demande  qu'il  devoit  faire  »  &  en  demandant  une  chofe  injufte 
contre  le  Concile  :  Que  ïkQx,  de  laJ?roteftation  tombant  ainfi  de  lui-mê- 
me, il  n'eût  pas  été  befoin  qu'il  y  fît  d'autre  réponfe  *,  mais  que  néanmoins 
il  youloit  bien  en  faire  une  pour  defabufer  tout  le  monde  :  Que  premiè- 
rement ,  à  l'égard  de  la  négligence  dont  on  le  taxoit  pour  relever  davantage 
le  zélé  de  l'Empereur  *,  fans  vouloir  exténuer  les  bonnes  intentions  &  les 
avions  de  ce  Prince ,  il  pouvoir  bien  dire  qu'il  le  devançoit  autant  eadili- 
gence  qu'en  âge  :  Qu'il  avoit  toujours  defiré  le  Concile ,  &  prouvé  fês  de- 
Irs  par  les  effets.  Là  »  après  avoir  raconté  tout  ce  qu'il  avoit  rait  pour  cette 
fin ,  &  les  obftacles  oui  y  avoient  été  mis  de  la  part  des  autres  ^  &  quelque- 
fois de  l'Empereur  même  à  caufe  de  fes  guerres ,  il  aionta  :  Que  par  rapport 
à  la  tranftation  du  Concile ,  il  fe  réfervoit  de  juger  u  les  caufes  en  avoient 
été  légicinfies  ou  non  -,  mais  que  louer  les  Prélats  qui  étoient  demeurés  à 
Trente ,  c'étoit  louer  des  gens  qui  s'éroient  féparés  du  Corps  de  l'Eglife  : 

Qu'il  ne  refufoit  pas,  &  n'avoit  jamais  refufé  que  les  autres  retournaflènt 

« 

)  f  •  C'tft pourquoi  U  Mercredi  i.de  Fi-  drefTa  :  ce  qni  eft  and!  attefté  parleCardlnal 

vrîer  ayant  fait  appeller  Mendo^e  au  Con-  Pallavicin  L*  xo  c.  i  ;•  &  par  M.  de  Thou 

J{[loire  i  il  lui  fit  une  longue  réponfe ,  &c.  ]  L.  f .  N^  4.  Elle  fut  lue  par  PoUadio  Sécré:- 

L'Âuteur  de  la  Vie  do  Cardinal  Pool  nous  taire  du  Pape ,  nommé  £vique  de  Fait- 

apprend  que  ce  fiit  ce  Cardinal  qui  la  gnç^^ 


DE    TRENTE,L  I  V  HE    IIL  517 

à  Trente  »  pourvu  que  cela  fc  fie  légitimement  &  fans  ofFenfer  les  autres  mdxlvui. 
Nations  :  Que  regarder  Trente  comme  la  feule  ville  propre  à  y  célébrer  un  ^^"^  ^^^ 
Concile ,  c  ccoit  taire  injure  au  Saint-Efprit ,  qui  ell  adoré  &  préfent  en  — — """ 
tous  lieux  :  Que  les  befoins  de  l'Allemagne  n'étoient  pas  une  raifon  bien 
folide  d'y  tenir  le  Concile ,  puifque  par  la  même  raifon  il  faudroit  le  tenir 
en  Angleterre  Se  ailleurs  :  Que  Ton  ne  prend  pas  la  commodité  de  ceux  pour 
qui  fe  font  les  Loix ,  mais  de  ceux  qui  les  doivent  faire ,  qui  font  les  Eve- 
ques  :  Que  fouvent  on  avx>it  tenu  des  Conciles  hors  des  Provinces  où  étoient 
.nées  les  Hérélies  :  Qu'il  fentoit  bien  que  ce  qui  déplaifoit  dans  la  réponfè 
qu'il  avoir  donnée  ,  étoit  qu'on  devoit  recevoir  les  Décrets  faits  &  à  taire , 
ëc  obferver  la  forme  gardée  depuis  le  tems  des  Apôtres  :  Qu'il  auroit  foin 
<i'éviter  toute  négligence  dans  le  Gouvernement  die  TEeliie  -,  &  que  (1  l'Em- 
pereur vouloir  joindre  fes  foins  aux  Cicns ,  pourvu  qu'il  fe  contînt  dans  les 
bornes  qui  lui  convenoient ,  &  qui  étoient  marquées  par  les  Loix  &  par 
les  Pères  y  les  fondions  de  l'un  &  de  l'autre  ainli  diftinguées  feroient  ton 
falutaires  à  l'Eglife  :  Que  pour  ce  qui  regardoit  la  caufe  de  la  tranflation 
.du  Concile  ,  il  en  avoir  évoqué  à  lui  la  connoiHance ,  &  avoit  député  les 
Cardinaux  Pari/?!  de  Burgos  ,  Pool ,  &  Crefccntia  pour  l'examiner  ,  dé- 
fendant à  chacun  de  rien  faire  de  nouveau  pendant  l'inftruéfcion  du  pro- 
cès >  &  donnant  un  mois  de  terme  aux  Pères  de  Bologne  comme  à  ceux  de 
Trente  pour  produire  leurs  raifons.  Ce  Décret  fut  dreflf^  par  le  Secré- 
taire Confiftorial  dans  le  llyle  judiciaire  de  la  Cour  Romaine  ,  &  (IgniSé 
aux  deux  Parties ,  avec  défenfe  de  rien  innover  pendant  l'inftruéfcion  de 
l'affaire. 

Les  Impériaux  ne  fe  contentèrent  pas  de  fe  railler  de  la  difUnâlon  que 
le  Pape  faifoit  de  protefter  non  contre  lui  »  mais  devant  lui  •>  ^  Mendo^e  fît  ^  ^^H^v-  L 
encore  une' nouvelle  Proteftation  >  où  il  dit  :  Qu'il  avoit  eu  un  ordre  exprès  »^'  ^'  '  '* 
de  l'Empereur  de  protefter  de  la  manière  donc  il  avoit  fait.  i^^  _ 

Lorsqu'on  eut  reçu  à  Bologne  les  défenfes  du  Pape»  comme  il  ne  syFlcury,  L, 
tint  plus  des  Congrégations  d'Evcques  ni  de  Théologiens,  tous  fc  retirèrent  i45-N**  n. 
les  uns  après  les  autres ,  â  la  réferve  des  Penfionnaires  de  Rome,  qui  ne'  ^^*  ^*  7- 
pouvoient  pas  le  faire  avec  honneur.  Mais  a  Trente  pcrfonne  ne  quitta  ^^'  ^^  * 
l'Empereur  le  voulant  ainfi ,  tant  pour  conferver  l'apparence  de  Concile  , 
&  tenir  les  Catholiques  d'Allemagne  en  efpérance ,  &  les  Proteftans  dans 
le  devoir  ,  que  de  peur  que  ceux-ci  ne  fe  cruflent  quittes  de  la  promeffe  de 
fe  foumettre  au  Concile ,  fous  prétexte  qu'il  n'exiftoit  point. 

XVIII.  î*  L£  Pape  ayant  fait  notifier  aux  Prélats  qui  étoient  à  Trente  ^  -  ^^^^^ 

*       '  ^  féMpéÊTt  de 

5^.   Lt  Papt  ayant  fait  notifier  aux  de  cette  afiàire.  Mais  Pallavicin  L.  ^<^»^'  aux  Prélats 

.  ^prélats  qui  étoient  à  Trente  la  rèpenfe  qu'il  14.  prétend  que  ce  ne  fut  que  parce  qu'on  jg  Trente 

avoit  faite  à  Mendo^e ,  attendit  i  f  jours,  négocioit  pendant  ce  tems-Iâavec  Mendo^e,  qui  ne  veu- 

.  &c.  )  Fra-Paolo  dit  ici ,  que  le  Pape  n  at-  pour  voir  fi  on  pourroit  en  venir  à  quelque  Unt  pas  fe 

.  tendit  Ç\  longrems  à  écrire  à  Trente  ,  que  accommodement  5  &  que  c*eft  pour  cela  ^foumettre  à 

pour  voir  G  les  Prélats  qui  y  étoient  feroient  que  dès  qu*il  fut  parti  on  fit  citer  les  Veresfin  arbitra' 

quelque  dcaiaxcfae  poux  le  rendre  le  Jogç  de  Trente  &  de  Bologne  pour  prodoixeleon^^- 


yiS        HISTOIRE    DU    CONCILE 

icozLvm.  '*  féponfe  au'il  avoir  faite  à  Mendoie ,  attendit  quinze  jours ,  pour  voir  fi 
Pau;.  III.  lui  ou  eux  rcroient  quelque  démarche  pour  le  rendre  Juge  de  cette  a&ire  , 
-^-— *  comme  cavoit  été  fon  dedein.  Mais  trouvant  que  cela  n'avoit  autun  fuc- 
jPallav.  Lcès,  il  écrivit  un  Bref  en  forme  de  Citation  au  Cardinal  Packéco^  Se  aut 
10.  c  14.    Archevêques  &  Evèques  rtftcs  à  Trente ,  '  dans  lequel ,  après  avoir  expofé 
an^**f  48     Icscàufes  qui  Tavoient  porté  à  convoquer  le  Concile  ,  les  obftacles  &  les 
J4Ô  j  i,  '   tetardemens  qui  en  avoient  empt'ché  l'ouverrure ,  la  fati^faébion  qu'il  avoit 
r  U.N®  34-  eue  de  le  voir  commencer ,  Se  refpérancc  que  fes  heureux  progrès  lui  don- 
noient  de  voir  bientôt  remédier  d  tous  les  maux  de  rEgliië ,  il  ajoutoic  : 
Qu'il  recevoir  à  préfent  autant  de  déplailir  des  événemens  qui  étoienc 
venu  fruftrer  fes  cfpérances  :  Que  lorfqu*il  avoit  appris  que  les  Légats  &  la 
plus  grande  partie  des  Evèques  étoicnt  partis  ue  Trente  ,  &  queux  y 
ctoient  reftés ,  il  en  avoit  fenti  beaucoup  de  peine,  comme  d'une  chofb 
qui  pouvoit  arrêter  le  progrès  du  Concile ,  &  fcandalifer  TEglifc  :  Que 
confioiflànt  cela  auffi-bien  que  lui»  il  s'étonnoit  pourquoi  ils  n avoient  pas 
fuivi  les  autres ,  (i  la  tranflarion  étoit  jufte  ;  &  h  elle  ne  l'étoit  pas ,  pour- 
quoi ils  ne  lui  en  avoient  pas  porté  leurs  plainres  :  Qu'il  étoit  clair  qu'ils 
ùt  pouvoient  ignorer  l'obligation  où  ils  étoienc  de  faire  l'une  ôu  l'autre  de 
ces  deux  chôfes  ;  &  qu'à  quelqu'un  de  ces  deux  partis  qu'ils  fe  fudenc  dé- 
terminés, ilseudènt  prévenu  le  fcandale  :  Qu'il  ne  pouvoir  iê  difpenfer 
de  leur  écrire  avec  douleur ,  (pi'ils  avoient  manqué  dans  l'uh  ou  dans  l'au- 
tre ,  Se  qu'il  étoit  étrange  qu'il  eât  appris  leurs  plaintes  par  l'Empereur  , 
avant  que  de  les  avoir  apprifes  par  leurs  lettres  ou  par  leurs  Députés  :  Qu'il 
>  avoit  encore  plus  à  fe  plaindre  de  la  négligence  du  Cardinal  Pachtco  que 

de  tout  autre ,  parce  que  Ai  dignité  l'obligeoit  plus  étroitement  qu'aucun 
d  s'acquitter  de  ce  devoir  :  Que  néanmoins  ,  puifque  ce  qu'ils  auroient  dû 
faire  par  eux-mêmes  avoit  été  déjà  fait  par  l'Empereur  ,  qui  s'étoir  plaint 
par  fon  Ambaffadeur  que  la  tranflarion  du  Concile  étoit  nulle  &  illégitf- 
tne  ,  il  leur  ofFroit  de  lui-mèttie  ce  ou'il  ne  leur  auroit  pas  re&ië  s'ils  lui 
enflent  adreÛfé  leurs  plaintes ,  c'eft-a-dire ,  d'écouter  leurs  raifons  &  de 
juger  de  ce  différend  :  Que  quoiqu'il  dût  préfuppofèr  que  la  trandation 
étdit  légitime ,  cependant ,  pour  faire  l'office  d'un  jufte  Juge  ,  il  étoit 
|>rèt  d'écouter  les  raifons  eontrâites  Qu'ils  pourroieht  avoir  i  produire: 
Qu'en  cette  occafion  il  vouloit  aufli  marèuer  le  cas -qu'il  fkifoit  de  la  Na- 
tion Efpagnole  &  de  leurs  perfonnes ,  lans  vouloir  aVoir  -égard  aux  pré- 

raifons  devant  les  Cardinaux  dfpatês  par  le  très ,  c*eft  biie  preuve  àtfèz  coVi^âific^nte , 

Pape  pour  connoicie  de  cette  a&ire.  Cette  que  Tinaâion  de  ces  deux  Aflfemblées  &  le 

îàifbn  ^arott  effedivement  d'autahc  plus  na-  retardement  de  la  citatioh  furent  lefief  des 

torelle ,  qa^il  ne  fembte  pas  que  le  Pape  d&t  négociations  qae  Ton  eAheHnt  avec  Mtk" 

rien  attendre  des  Prélats  de  Trente ,  |u(qu^  ^K!^$  po^r  tâcher  de  terminer  ce  diffétendà 
cequ'oh  leur  eût  fait  ane  citation  jarldidtia.  /  Tamiàble  fans  en  tenir  a  One  Sénttence  jn- 

Et  comme  ceux  de  Bologne ,  quoique  fort  ridique,  qui  n*auroit  pu  q\]*ajgrîr  les  chofe^, 

aifes  de  voir  le  Pape  Juge  de  cette  affaire  ,  puifque  Paul  ne  pouvoir  guères  jâger  qu'en 

ne  ârêht  pas  plus  de  démarches  que  les  aa->-  fiiteur  de  la  ttanilation* 


à  Trente 


L. 


DE    TRENTE,  Livre    III.  J19 

ibmpcions  que  Ton  pouvoir  avoir  contre  eux  :  Que  pour  ce  fujet ,  ayant  UDXLntu 
évoqué  à  lui  la  Caufe  de  la  tranflation  du  Concile ,  qu'il  avoir  commiie  à  ^^^^  ^^* 
quelques  Cardinaux  pour  en  faire  leur  rapport  dans  le  Confiftoire ,  &  a)^ant  ^ 

appelle  les  Parties ,  6c  défendu  tant  à  Bologne  qu  a  Trente  que  tandis  que  / 

le  procès  étoit  pendant  on  fit  quelque  chofe  de  nouveau ,  comme  ils  ver- 
doient par  l'Ecrit  dont  il  leur  envoyoït  copie  *,  il  leur  commandoit ,  dans  le 
dcllein  qu'il  avoir  de  terminer  au  plutôt  cette  affaire ,  d'envoyer  à  Rome 
tu  plutôt  au  moins  trois  d'entre  eux  ,  bien  informés  des  raifons  qu'ils 
tvoient  de  traiter  la  cranflation  d'illégitime  >  pour  y  alléguer  leurs  préten* 
tions  &  aflîfter  au  Jugement  ;  voulant  que  fon  Bref  figniâé  au  Cardinal  Se 
à  deux  ou  trois  d'entre  eux,  &c  affiché  aux  portes  de  rbglife  de  Trente ,  les 
obligeât  tous,  comme  s'ils  étoient  pcrfonncllement  intimés.  *  Le  57  Pape  ,  ^^  ^^  ^^ 
ûi  figniâer  le  même  Décret  aux  Pères  de  Bologne,  qui  envoyèrent  aufli-tôt  an.  1548. 
à  Rome  leurs  Députés.  N°  j^.  Se 

Mais  le  Cardinal  Pachéco  Se  les  autres  Efpagnols,  qui  fc  trouvèrent  ^^S|î- 
Trente  au  nombre  de  treize  ,  ayant  d'abord  envoyé  à  l'Empaeur  pour  ^^  ^^' 
fçavoir  fes  intentions  ,  firent  une  réponfe  au  Pape  le    13.   de  Mars  9Flciiry,L. 
où  ils  lui  difoient  en  fubftance  :  ^  Qu'ils  fe  promettoient  de  fa  bonté  &  de  i45.N°  15. 
fa  prudence ,  qu'il  reconnoîtroit  aifément  au'ils  n'avoient  rien  moins     ^  l^ayn. 
penfé  qu'à  oâenler  fa  Sainteté ,  foit  en  s'oppotant  à  la  tranflation  du  Con-  ^   '^* 
aie ,  foit  en  demeurant  à  Trente ,  foit  en-  gardant  le  filence  :  Qu'au  con« 
traire ,  une  des  principales  raifons  de  leur  oppofition  avoir  été ,  qu'on 
ce  devoir  pas  traiter  d'une  chofe  fi  importante  fans  la  participation  de 
Sa  Sainteté ,  &  qu'on  devoit  auili  tenir  un  peu  plus  de  compte  de  l'Empe- 
reur :  Qu'il  leur  avoir  paru  afTuré  que  Sa  Sainteté  n'auroit  pas  agréé  fi 
aifément  ni  interprété  fi  favorablement  la  tranflation  :  Qu'ils  la  prioient 
de  croire   que  fi  l'Empereur  avoir  prévenu  les  plaintes  qu'elle  attendoic 
d'eux  fiu:  la  tranflation  illégitime  au  Concile ,  ce  n'étoit  point  qu'ils  en 
enflent  prié  ce  Prince  ;  mais  parce  qu'il  avoit  cru  que  cela  le  regardoic 
comme  Protedeur  de  TEglife  :  Qu'ils  n  euffenr  jamais  penfé  que  Sa  Sain^ 
teté  attendit  d'eux  qu'ils  lui  en  rendiflenr  compte  j  puifqu'ils  avoient  eu 
fujet  de  croire  que  fes  Légats  l'avoient  fait  ;   &  que  le  fuffirage  qu'ils 
avoienr  donné  en  public  ayant  été  écrit  par  les  Notaires ,  il  leur  fem<- 
bloit  qu'il  leur  fumfoit  de  l'avoir  propofé ,  &  qu'il  ne  leur  refloit  plus 
qu'à  fe  taire  :  Que  par  cette  même  raifbn ,  ils  croyoient  que  leur  pré^ 
ience  n'éroir  i^uUement  néceflaire  â  Rome  :  Que  s'ils  avoient  manqué  en 
quelque  chofe ,  on  ne  pouvoit  du  moins  douter  de  la  droiture  de  leurs 
intentions  :  Qu'ils   croyoient  qu'il  leur  fuffifoit  de  s'être  oppofés  à  la 
tranflation  en  queftion ,  &  qu'ils  dévoient  par  modeftie  &  par  humilité 
s'abflenir  d'importuner  Sa  Sainteté,  qu'ils  efperoienr  ne   uevoir  man- 

57.  Le  Pape  fit  fignifier  U  même  Décret  de  Saluffes  ,  d'Alheoga  &  d'Aliffi  ,  ^  le 

mux  Pères  de  Bologne,  qui  envoyèrent  aujp-  Coadjateur  de  Vérone ,  avec  rAbbréviawuf 

tût  à  Rome  leurs  Députés.  )  Ce  furent  TAr-  Se  le  Promoteur  du  Concile, 
cbe  vtqoe  de  Mater  m ,  les  Eyêques  de  Feltri  ^ 


yii         HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDXLvii.  dangercufemcnc  en  voulant  pcrfiftcr  dans  leur  réfolucion,  &  combien  ccoient 

Paul  III.  bonnes  les  intentions  de  TEmpereur  pour  le  fervice  de  Dieu  &  celui  de 

"—""■"  TEglife  ,  Monte  Tinterrompit  de  nouveau  en  lui  âifant  :  Je  fuis  ici  Priji^ 

dent  du  Saint  Concile  ,  &  Légat  de  Paul  III ,  Succejfeur  de  faim  Pierre  6* 

Vicaire  de  Jefus^ChriJl  en  Terre ,  pour  continuer  à  la  gloire  de  Dieu  conjoin- 

temcnt  avec  ces  SS.  Pères  le  Concile  transféré  legitimemeru  de  Trente  en  cette 

ville  ;  &  nous  prions  V  Empereur  de  changer  lui-même  d*avis  ,  d'accorder  fa 

proteclion  au  Concile  ,   &  de  réprimer  ceux  qui  le  troublent  ,    Sa  Majeflé 

Jachant  bien  que  ceux  qui  mettent  quelque  empêchement  aux  Conciles  ,  de 

quelque  rang  qu*ils  foient  ,  encourent  les  peines  rigoureufes  qui  font  portées 

par  les  Loix.  Et  notre  difpofition  ejl ,  quelque  chofe  qui  arrive  ,  de  n'avoir 

aucun  égard  aux  menaces  qu'on  pourroit  nous  faire  y  &  de  ne  jamais  manquer 

à  ce  que  nous  devons  à  la  liberté  &  à  l'honneur  de  l'EgUfe  &  du  Concile  y  & 

au  nôtre. 

Aussi-tôt  Velafco ,  qui  tenoit  en  main  fa  Proteftation  par  ccric  »  en  fit 
la  leâure.  Elle  portoit  en  fubftance  :  Que  la  Religion  étant  ébranlée  >  les 
mœurs  fort  corrompues ,  &  l'Allemagne  féparée  de  TEglife ,  l'Empereur 
avoir  demandé  le  Concile  à  Léon  y  Adrien ,  Clément ,  &  Paid  IIL  Puis  , 
après  un  détail  6i^s  difficultés  qu'il  y  avoit  eues  à  Taflèmbler  y  Se  avoir 
couché  quelque  chofe  des  matières  qui  avoient  été  traitées  dans  le  Concile» 
il  ajouta  :  Que  pendant  que  l'Empereur  faifoit  la  guerre  en  Allemagne 
principalement  pour  caufe  de  Religion ,  &  que  par  fon  courage  il  avoir 
donné  la  paix  à  ce  païs  y  &  conçu  de  grandes  efperances  de  faire  aller  au 
Concile  ceux  qui  jufque-là  l'avoient  refufé  ,  les  Légats  à  Tinfu  du  Pape  ôc 
contre  l'attente  de  tour  le  monde  avoient  »  fur  un  ,prétexte  léger  &c  con- 
trouvé  ,  propofé  aux  Pères  la  tranflation  du  Concile  fans  donner  le  tems 
d'y  penfer:  Que  quelques-uns  des  Evêques  s'y  étant  oppofés,  &  proteftant 
u'ils  vouloient  rcfteri  Trente,  les  Légats,  du  contentement  leulemenc 
quelque  peu  d'Italiens  ,  avoient  ordonné  la  tranflation  ,    &  étoient 
partis  le  jour  fuivant  pour  aller  à  Boloene  :  Que  l'Empereur  après  la  vic- 
toire qu'il  avoit  obtenue ,  avoit  follicite  le  Pape  de'plufieurs  manières  pour 
le  déterminer  i  faire  retourner  les  Pères  à  Trente ,  &  lui  avoit  remontré 
le  fcandale  &  le  danger  qu'il  y  auroir  à  craindre ,  fi  le  Concile  ne  fe  conri- 
nooit  pas  en  cette  Ville;  &  qu'en  même- tems  il  avoit  engagé  tous  les  Al- 
lemands dans  la  Diète  d'Ausbourg  à  fe  foumettre  au  Concile  :  Que  ce 
Prince  avoit  envoyé  le  Cardinal  Madruce  à  Rome  pour  notifier  cela  au 
Pape ,  &  le  prier  de  renvoyer  les  Pères  à  Trente  :  Que  Mendo^e  y  avoit  été 
cniuite  pour  le  même  fujet  :  Que  le  Pape  ayant  demandé  du  rems  pour 
confulter  les  Prélats  de  Bologne ,  ils  avoient  fait  une  réponfe  vaine  >  cap- 
tieufe  ,  pleine  de  tromperie ,  Se  digne  d'être  condamnée  par  le  Pape ,  qui 
pourtant  l'avoit  approuvée  ,  appellanr  rAflcmblée  de  Bologne ,  tout  illégi- 
time qu'elle  étoit ,  du  nom  de  Concile  Général ,  &  lui  donnant  plus  d'au- 
torité qu'elle-même  n'avoit  ofé  s'en  arroger  :  Que  quoiqu'il  fût  certain  que 
le  Concile  alTemblé  à  Trente  ne  pût  fe  transférer  que  pour  un  bcfoin  prêt 

fanf 


3." 


DE    TRENTE,  Livre    III.  yij 

lant ,  après  une  difcufBon  exaâe,  &  dû  confencemenc  de  tous  les  Pères  ;  mdxlvixi. 
cependant  les  Légats  &  quelques  autres  avec  eux  croient  fortis  précipitam-  ^^"^  ^^• 
ment  de  Trente ,  fous  le  feint  prétexte  de  quelques  fièvres  malignes ,  d  un  — — ■ 
air  infedbé ,  &  fur  le  témoignage  mendié  de  quelques  Médecins  :  Que 
quoiqu'il  eût  paru  oar  l'événement  ^  qu'il  n'y  avoit  pas  même  matière  aune 
iauffe  crainte ,  la  frayeur  afifèârée  avoit  été  (i  grande ,  qu'ils  n'avoient  pas 
même  pris  le  tems  de  délibérer  entre  eux  :  Qu'il  eût  été  de  leur  devoir 
d'écouter  &  d'examiner  les  oppofitions  &  les  avis  des  Evêques  qui  parloienc 
felon  leur  confcience ,  &  qui  quoiqu'en  plus  petit  nombre  auroient  dû  être 

S  référés  >  comme  les  plus  fages  :  Que  quand  ils  auroient  été  obligés  de  fortir 
e  Trente,  ils  eudènt  dû  ne  pas  changer  de  Province,  mais,  conformé- 
ment aux  Décrets  des  SS.  Conciles  ,  choifir  un  autre  lieu  en  Allemagne  : 
Qu'ils  ne  pouvoient  juftifier  le  choix  qu'ils  avoient  fait  de  Bologne ,  Ville 
fujette  de  PEglife ,  étant  bien  aflfurés  que  jamais  les  Allemands  ne  s'y  ren- 
droient ,  &  que  tous  les  autres  pouvoient  la  recufer  pour  plufieurs  caufes  : 
Qu'en  agir  ainH  ,  n'étoit  autre  chofe  que  vouloir  didbudre  le  Concile  à 
l'improviile  :  Que  pour  toutes  ces  caufes ,  l'Empereur  ,  à  qui  il  apparte- 
aoit  de  défendre  l'Eelife  &  de  protéger  les  Conciles  Généraux ,  voulanc 
éteindre  les  différends  de  Religion  en  Allemagne ,  comme  aufli  rétablir 
une  vie  véritablement  Chrétienne  dans  l'Efpagne  &  tous  Tes  autres  Etats  9 
&  voyant  que  le  départ  de  Trente  fans  raifon  metroit  obftacle  â  de  fi  bons 
defTeins,  requéroirque  lefdits  Légats  &  les  Evêques  qui  éroient  partis  de 
Trente  y  rctournalfent  :  Qu'ils  ne  pouvoient  le  rcfufer,  ayant  pron  i$  de 
retourner  audi-tôt  que  feroient  cèdes  les  foupçons  que  Ion  avoit  eus  de  la 
Pefte  ;  &  qu'en  le  faifant,  ils  feroient  une  chofe  très  agréable  à  la  Chré- 
tienté :  Qu'à  leur  refus ,  ils  éroient  chargés  d'un  ordre  fpécial  de  TEmpe- 
reur  de  protefter  contre  leur  retraite  &  la  tranflation,  comme  nulle  &  illé- 
gitime ;  comme  audi  contre  tout  ce  qui  en  étoit  fuivi  &  en  fliivroit  et^fui- 
ce;  l'autorité  des  Légats  foi-difans  &  des  Evêques  qui  étoient  là  préfens» 
comme  dépendans  entièrement  du  Pape ,  n'étant  r^s  adez  grande  pour 
donner  la  loi  à  tout  le  Monde  Chrétien  en  matière  de  Religion  &  de  ré- 
formation des  mœurs,  fur-tout  à  des  Provinces  dont  ils  ne  connoidbienc 
ni  les  mœurs  ni  les  ufages  :  Qu'ils  proteftoient  de  même  ,  que  la  réponfe 
de  Sa  Sainteté  &  la  leur  n'étoient  point  fatisfaifantes,  mais  illégitimes» 
firauduleufes  &  illulbires  ;  &  que  tous  les  maux ,  les  troubles  ,  les  calamités 
&  les  ruines  des  peuples  qui  en  étoient  nés  ,  ou  qui  en  pourroient  naître» 
ne  dévoient  point  s'imputer  à  l'Empereur ,  mais  à  cette  Ademblée  qui  pre- 
noit  le  nom  de  Concile,  attendu  qu'elle  y  pouvoir  facilement  &  canoni- 
quement  remédier  :  Qu'ils  proteftoient  en  outre  qu'à  leur  défaut,  &  par  la 
négligence  du  Pape  &  la  leur  propre  ,  l'Empereur  y  pourvoiroit  de  tout 
fon  pouvoir  ,  &  qu'il  n'abandonneroit  point  la  défenfe  &  la  protedion  de 
l'Eglife ,  à  laquelle  comme  Empereur  &  comme  Roi  il  éroir  obligé ,  con- 
formément aux  Loix  &  au  confentement  des  SS.  Pères  &  de  tour  le  mon- 
de. Enfin  ils  demandèrent  Ade  de  ce  qu'ils  venoient  de  dire  »  &  que  l'ordre 
To  M  B  L  Tct 


"x 


JI4       HISTOIRE    DU    CONCILE 

^CDXLTxii.  de  l'Empereur  &  leur  Proteftatiotn  fulTenr  inférés  dans  les  Ââes  de  certe 
Paul  m.  ptctendue  Congrégation. 
^  Ai>R£s  la  leâure  de  cet  Ecrir  >  Ftlafco  le  préfenta,  ^  &  demanda  de 


SecuHire  affcmbldt  U  Concile  :  Que  l'Empereur  étoii  le  Fils  de  VEg/ijè  ,  & 
n\n  itoit  pas  le  Seigneur  "&  U  Maure  :  Que  lui  &  fon  Collègue  itoient  LU 
gats  du  Saint  Siège ,  &  quils  nt  refufoknt  pas  de  rendre  compte  à  Dieu  & 
au  Pape  de  leur  Légation  ;  ^^  &  que  dans  peu  de  jours  ils  domuroient  leur 
riponfe  à  la  Proufiation  qu^on  venait  de  lire, 
/M      T       ^^  Mendo^e  ^  ayant  reçu  la  réponfe  de  l'Empereur  ,  &  ordre  de  faire  fa 

5.  p.  ji8o*  Pi^oteftation  au  Pape  en  préfence  des  Cardinaux  &  des  Ambaifadeurs  des 
Rayn.  ad  Ptinces ,  &  ayant  eu  avis  de  ce  que  Fargas  &  Velafco  avoient  fait  à  Bo- 
aa.  I J48.  logne ,  fe  présenta  dans  le  Condftoire  ;  &  s'étant  mis  à  genoux  devanr  le 
N**  i8.  &  Pape,  il  lut  la  Proteftation qu'il  tenoit  écrite  entre  les  mains.  Elle  cora- 
5^^^\  mençoit  par  l'éloge  du  zélé  &  des  foins  qu'avoir  pris  l'Empereur  pour 
2^0  '  réunir  le  Monde  Chrétien  ,  diviié  par  diflférentcs  opinions  en  matière  de 
Pallav.  L.  Religion.  Puis,  après  avoir  expofé  tour  ce  que  ce  Prince  avoir  fait  fuccef- 
10.  c  II.    fivement  auprès  &  Adrien^  Clément  &  Paul  lui-même  pour  les  engager  i^ 

T^o'**  ^   convoquer  le  Concile ,  il  ajouta  :  Que  les  rebelles  d'Allemagne  ayanr  rc- 
Adrian  L,  ^^^^  ^^  ^V  foumettre,  Charles  pouffe  par  fa  piété  les  y  a  voit  forcés  par  fes 

6,  p.  419.  armes  :  Que  quoique  le  Pape ,  pour  ne  pas  paroicre  manquer  à  la  Caufe 
Fleury ,  L.  publique ,  y  eût  contribué  de  quelque  léger  fecours ,  on  pouvoir  dire  ce- 
14J.  N**  ^,  pendant  que  l'Empereur  avoir  nni  heureufemenr  certe  guerre  par  fcs  feules 

forces  :  Que  pendant  qu'il  y  étoit  occupé,  on  avoit  interrompu  tour-d'un- 
coup  la  bonne  œuvre  qu'on  avoir  commencée  i  Trenre,  par  la  pernicieufe 
réfolution  qu'on  avoit  prife  de  transférer  le  Concile  fous  des  préiexccs  qui 
n'étoient  ni  vrais  ni  vraifemblables ,  &  réellement  pour  empêcher  TEm* 

Eireur  de  pouvoir  parvenir  à  établir  une  paix  générale  :  Que  cela  s'éroir 
it  contre  l'avis  de  la  plus  pieufe  &  de  la  plus  faine  partie  des  Pères ,  qui 
étoienc  toujours  demeurés  a  Trente  :  Que  c'étoient  ceux-ci  qui  étoient  vé- 
ritablement le  Concile  ,  &  non  ceux  de  Bologne  ,  que  le  Pape  honoroic 


3 1.  Et  que  dans  peu  de  jours  ils  donne" 
rotent  leur  réponfe  à  la  Proteftation  qu'an 
venoit  de  lire,  ]  Certe  réponfe  fot  renciiK 
quatre  jours  après ,  c'eft-à-Jire  le  Vendredi 
10  de  Janvier.  Rayn,  N^  l%.  Pallav.  L. 


10.  eu. 


î  5 .  Mendo[e  ayant  reçu  la  réponfe  de 
V Empereur  ,  &  ordre  de  faire  fa  Proteft^- 
tion  —  fe  préfenta  dans  le  Confiftoire  ,  &c.  J 
Cette  Protcrtarion  de  Mendo^e  fè  fît  hait 
jours  après  celle  de  Fargas,  c*cfl-ft-diie,  le 


13.  de  Janvier  î  f  48.  Rayn.  N**  i  f  Pallav, 
L.  ro.  c.  II.  Ceft  donc  une  méprifeà  M, 
de  Tkou  L.  f .  N**  1.  d'avoir  mis  ces  deux 
PtoteAations  au  même  jovir  &  au  1 8  de  Jan- 
vier; &M,  Prévôt  s'eft  également  trompé 
dans  Tes  Notes  fur  cette  HiQotre ,  en  difani 
que  celle  de  Mendo^e  s'écoit  faite  deox  jourt 
après  celle  de  Fargas ,  puiîquileft  confiant 
par  les  Ades ,  que  cette  dernière  fe  &  le  i  ^ 
de  Janvier ,  Se  que  celle  de  Mendo^e  ne  £è 
fie  que  le  ij.  ' 


DET  RENTE,  Litre   ÎÎÎ.  yiy 

<)e  ce  nom  parce  qu'ils  lui  écoienc  attachés  :  Que  Sa  Sainteté  préféroic  leur  RDXLvm. 
iâtisfadion  aux  prières  de  TEmpereur ,  de  Ftniinand ,  &  des  Princes  de  f  Aut  111. 
l'Empire  ,  ù^s  fe  foucier  du  falut  de  1  Allemagne  ni  de  la  converfion  de  — — 
ceux  qui  étoient  égarés  >  &  pour  le  retour  defquels  il  ne  s'agidbit  que  de 
rétablir  le  Concile  à  Trente  >  puifqu'ils  étoient  convenus  de  s'y  fbumettre  : 
Que  lui  Ambadadeur  en  ayant  fupplié  le  Pape  M  nom  de  tous  ces  Princes, 
il  lui  avoir  fait  une  réponie  pleine  d  artifices  &  dëftituée  de  toute  railbn  : 
Que  voyant  donc  qu  il  n  avoit  tenu  aucun  compte  des  requifitions  Evangé« 
liques  qu'il  lui  avoit  faites  d  lui-même  le  14  &  le  zy  de  Décembre  au  nom 
de  Sa  Majefté  Impériale  ,  non  plus  que  de  celles  qu  avoient  faites  d  Bo- 
logne le  1  (>  de  Janvier  au  nom  du  même  Prince  deux  autres  de  fes  Miniftres, 
il  proteftoit  que  la  tranflation  du  Concile  de  Trente  â  Bologne  éroit  nulle 
&  illéjgitime  \  qu'elle  ne  poavoit  fervir  qu'à  introduire  la  diri(ion  dans 
TEgliie ,  &  qu'à  mettre  k  Foi  Catholique  &  la  Religion  en  danger ,  fans 
parler  du  fcandale  &  du  defordre  qu'elle  caufoit  dès-a-préfenc  :  Que  cNkoic 
au  Pape  qu'on  devoit  imputer  tous  les  malheurs ,  les  divi(!ons  ,  &  lés  fcan« 
dales  qui  en  naîtroient ,  puifqu'écant  obligé  de  procurer  le  bien  de  l'Eglifc 
aux  dépens  dé  (on  fang,  il  favori(bit  &  foutenoit  les  auteurs  du  mal  :  Que 
l'Empereur  au  défaut  du  Pape  y  pourvôitoit  de  routes  fes  forces  ^  7  étant 
obligé  comme  Empereur  &  comme  Roi  5  de  la  manière  que  l'avoient  mar- 
qué les  SS.  Pèrts ,  Se  qu'on  l'avoir  toujours  obfervé  du  confentement  dt 
tout  le  monde.  L'Ambadadeur  fe  rournant  enfuite  vers  les  Cardinaux  » 
leur  dir  :  Que  puifque  le  Pape  refiifoit  de  travailler  à  la  paix  de  Religion  , 
^  l'union  de  l'Allemagne ,  &  à  la  réformatibn  desjmœurs ,  s'ils  négligeoienc 
comme  lui  le  mènfie  devoir  ,  il  fkifoit  les  mêmes  proteftations  par  rapport 
•à  eux ,  qu'il  vchoit  de  faire  au  Pape.  Puis  ayant  kiflfé  l'Ecrit  qu'il  *venoit 
<le  lire,  il  fe  retira  ,  fans  que  perfonne  lui  eut  fait  aucune  réponfe. 

XVII.  î4  Le  Pape  ayant  réfléchi  fur  la  Protèftation  de  Mtndo[€  ,  «  &    Paul  Ut 
jpefé  l'afi^ire  avec  les  Cardinaux ,  fc  trouva  embarqué  dans  un  pas  délicar  -,  *^^'  ^^^^ 
&  fueeanr  qu'il  éroit  contre  fa  dignité  de  fe  laiflfèr  prendre  à  partie,  &  de  ^   .    ^^ 
le  voir  attaque  direacmenr ,  il  crut  qu  il  n  y  avoit  pour  lui  d  aurre  parti  a  //,  Jmpé^ 
-prendre  que  celui  de  paroître  neutre ,  &  de  fe  faire  Juge  entre  ceux  qui  risux  fe 
approuvoienr  Se  ceux  qui  oondamnoient  la  tranflarion.  Pour  y  réuflîr  il  fal-  rsillent  de 
loit  décliner  la  Protèftation ,  &  faire enforte qu'elle  parût  feite  non  contre-^  ''^^^"^* 
lui ,  mais  devant  lui  contre  les  Prélars  de  Bologne.  Mais  comme  elle  étoit  ^     ^* 
faite  de  manière  à  n'être  pas  fufceptible  d'équivoque ,  il  réfblut  de  charger  xhuan.  Û 
l'Ambalfadeur  d'avoir  palfé  les  ordres  de  l'Empereur;  afin  que  ce  Prince  5.N**4. 
voyant  le  tour  qu'on  avoit  pris  pour  éviter  de  rompre  avec  lui ,  fût  obligé  FIcury ,  L. 

5  4»  Le  Pape  ayant  réfléchi  fur  la  Pro^  &  tous  lui  confeillerent  de  fufpendre  toutes 

teftatiàn  de  Mendo^e  ,  &  pefi  Vafkire  avec  les  opérations  du  Concile ,  &  de  répondre  de 

les  Cardinaux  ,  etc.  ]  Il  en  délibéra  non-  manière  qu'il  fe  rendît  Juge  &  non  Pârrîe 

feulement  avec  les  Cardinaux  ,   mais  auffi  dans  cette  affaire.  Rayn,  N^  i8.  PaUay» 

avec  les  Légats  de  Bologne,  à  qui  il  avoit  L.  lo.  c.  x)»  j4dr.  L.  6.  p.  431. 
communiqué  la  Protèftation  de  Mcndop  > 

Ttt  1 


^lé       HISTOIRE    DU    CONCILE 

liiDXLvm.  de  l'imiter  Se  de  le  reconnoîcrc  pour  Juge  ,  comme  fi  réellement  fa  Pro- 
Paul  111.  fçftation  n'avoit  été  que  contre  TAdèmblée  de  Bologne,  n  Ccft  pourquoi 
le  Mercredi  i  de  Février  ayant  fait  appelier  Mcndx)[c  au  Confiftoire ,  il 
if  c^  ^"^  ^^  ^"^  longue  réponfe ,  où  il  dit  en  fubftance  :  ^  Que  protefter ,  comme 
Sleid.L  xo.  ^^  ^voit  fait  >  étoit  une  chofede  mauvais  exemple ,  &  qui  n  etoit  pratiquée 

g.  340.  que  par  ceux  qui  avoienc  fecoué  lobéidance,  ou  qui  chanceloient  dans 
.ayiL  ad  celle  qu'ils  lui  dévoient  :  Que  lui  &  le  Sacré  Collège  ne  pouvoient  voir 
N^  '  8^L  4^^^^^  ^^^  extrême  peine  une  aâion  qu  ils  avoient  u  peu  lujet  d'attendre 
^^^  de  l'Empereur ,  pour  lequel  ils  avoient  un  amour  paternel ,  dans  un  tems 

Pallav.  L.  fur-tout  où  ce  Prince  avoir  obtenu  la  vidboire  contre  fes  ennemis  &  ceux 
10.  c  1 5.  de  l'Eglife  par  le  moyen  des  puitfans  fecours  qu'il  lui  avoir  fournis ,  &  des 
*^^^-  ^  troupes  qu'il  avoit  maintenues  avec  tant  de  fraix  &  de  dépenfes  :  Qu'il  n  a- 
Sqond^  voit  pas  dû  efpérer  que  tel  dût  être  le  fruit  de  la  viûoire  qu'il  avoit  obtc- 
>^o  ^^  '  nue  i  &  que  la  fin  de  la  guerre  feroit  de  commencer  à  protefter  contre  lui  : 
Que  ce  qui  adoucilfoit  fa  douleur  y  c'eft  qu'il  favoit  que  l'Ambadadeuc 
avoit  pafle  les  ordres  de  fon  Maître ,  qui  avoit  bien  ordonné  à  fes  Miniftres 
â  Bologne  de  protefter  devant  fes  Légats ,  &  à  lui  Ambaftadeur  de  faire  la 
même  chofe  devant  le  Pape  &c  les  Cardinaux  contre  le  Concile  de  Boloene^ 
mais  non  pas  contre  le  Pape  même  :  Que  l'Empereur  en  avoit  ufé  en  Prince 
iDodefie ,  qui  connoifibit  que  le  Pape  étoit  Tunique  Juge  légitime  de.  la 
eaufe  de  la  tranflation  ,  &  qu'il  n'y  auroit  lieu  de  protefter  contre  lui  qaen 
cas  qu'il  refufât  d'en  connoîire  :  Qu'ainfi,  fi  les  Pères  de  Trente  avoient  i 
le  plaindre  de  ceux  de  Bologne ,  ils  n'avoient  qu'à  porter  leur  accufàtion 
devant  lui  :  Que  lui  Ambafiadeur  avoit  renverfé  tout  cet  ordre  >  en  omet- 
tant la  demande  qu'il  devoit  faire  »  &  en  demandant  une  chofe  injufte 
contre  le  Concile  :  Que  l'Aélede  laJ?roteftation  tombant  ainfi  de  lui-mê- 
me, il  n'eût  pas  été  befoin  qu'il  y  fît  d'autre  réponfe  ;  mais  que  néanmoins 
il  vouloir  bien  en  faire  une  pour  defabufer  tout  le  monde  :  Que  premiè- 
rement ,  à  l'égard  de  la  négligence  dont  on  le  taxoit  pour  relever  davantage 
le  zélé  de  l'Empereur  ;  fans  vouloir  exténuer  les  bonnes  intentions  &  les 
avions  de  ce  Prince ,  il  pouvoir  bien  dire  qu'il  le  devançoit  autant  eadili- 

fence  qu'en  âge  :  Qu'il  avoit  toujours  defiré  le  Concile ,  &  prouvé  fes  do- 
rs par  les  effets.  Là ,  après  avoir  raconté  tout  ce  qu'il  avoit  rait  pour  cette 
fin ,  &  les  obftacles  oui  y  avoient  été  mis  de  la  part  des  autres  ^  &  quelque- 
fois de  l'Empereur  même  à  caufe  de  fes  guerres ,  il  ajouta  :  Que  par  rapport 
à  la  tranftation  du  Concile ,  il  fe  réfervoit  de  juger  n  les  caufes  en  avoient 
été  légicinfics  ou  non  s  mais  que  louer  les  Prélats  qui  étoient  demeurés  à 
Trente ,  c'étoit  louer  des  gens  qui  s'étoient  féparés  du  Corps  de  l'Eglife  : 
Qu'il  ne  refiifoit  pas ,  &  n'a  voit  jamais  refufé  que  les  autres  retournafiènt 

)  f  •  C'ift  pourquoi  U  Mercredi  i.deFè-  drefTa  :  ce  qui  eft  and!  attefté  par  le  Cardinal 

vrïer  ayant  fait  appelUr  Mendo^e  au  Con-  Pallayicin  L.  xo  c.  i  ;.  &  par  M.  de  Thou 

fijioire ,  il  lui  fit  une  longue  réponfe ,  Sec.  ]  L.  f .  N  ^  4.  Elle  fut  lue  par  Palladio  Sécré>- 

L'Âuteur  de  la  Vie  do  Cardinal  Pool  nous  taire  du  Pape ,  nommé  £vfque  de  Fotir 

apprend   que  ce  fiit  ce  Cardinal  qui  la  gnç^^ 


DE    TRENTE,  L  I  V  HE    III.  517 

à  Trente  »  pourvu  que  cela  fc  fie  légitimement  &  fans  ofFenfet  les  autres  MDxivin. 
Nations  :  Que  regarder  Trente  comme  la  feule  ville  propre  à  y  célébrer  un  ^^^"^  ^^^ 
Concile ,  c'ccoit  taire  injure  au  Saint-Efprit ,  qui  ell  adore  &  préfent  en  — — """ 
tous  lieux  :  Que  les  befoins  de  l'Allemagne  n*étoient  pas  une  raifon  bien 
folide  d'y  tenir  le  Concile ,  puifque  par  la  même  raifon  il  faudroit  le  tenir 
en  Angleterre  Se  ailleurs  :  Que  Ion  ne  prend  pas  la  commodité  de  ceux  pour 
qui  fe  font  les  Loix ,  mais  de  ceux  qui  les  doivent  faire ,  qui  font  les  Eve- 
ques  :  Que  fouvent  on  avx>it  tenu  des  Conciles  hors  des  Provinces  où  étoient 
nées  les  Hérélies  :  Qu'il  fencoit  bien  que  ce  qui  déplaifoit  dans  la  réponfe 
qu'il  avoit  donnée  ,  écoit  qu'on  devoit  recevoir  les  Décrets  faits  &  à  taire  » 
ëc  obferver  la  forme  gardée  depuis  le  tems  des  Apôtres  :  Qu'il  auroit  foin 
d'éviter  touce  négligence  dans  le  Gouvernement  de  TEelife  *,  &  que  fî  l'Em- 
pereur vouloir  joindre  fes  foins  aux  liens  »  pourvu  qu'il  fe  contînt  dans  les 
bornes  qui  lui  convenoient ,  &  qui  étoient  marquées  par  les  Loix  &  par 
les  Pères  j  les  fondions  de  l'un  &  de  l'autre  ainii  diftinguées  feroient  n>rc 
falutaires  à  l'Eglife  :  Que  pour  ce  qui  regardoit  la  caufe  de  la  tranflation 
.  du  Concile  ,  il  en  avoit  évoqué  à  lui  la  connoiHance ,  &  avoit  député  les 
Cardinaux  Pari/?  >  de  Burgos  ,  Pool ,  &  Crefccntia  pour  l'examiner  ,  dé- 
fendant à  chacun  de  rien  faire  de  nouveau  pendant  l'inftruéfcion  du  pro- 
cès 9  &  donnant  un  mois  de  terme  aux  Pères  de  Bologne  comme  à  ceux  de 
Trente  pour  produire  leurs  raifons.  Ce  Décret  fut  dreflf^  par  le  Secré- 
taire Confiftorial  dans  le  ily le  judiciaire  de  la  Cour  Romaine  ,  &  figniSé 
aux  deux  Parties  »  avec  défenfe  de  rien  innover  pendant  rinftru6fcion  de 
l'afFaire. 

Les  Impériaux  ne  fe  contentèrent  pas  de  fê  railler  de  la  diftinâion  que 
le  Pape  faifoit  de  protefter  non  contre  lui ,  mais  devant  lui  ;  ^  Mcndo^e  fit  ^  ^^H^v-  L. 
encore  une' nouvelle  Proteftation ,  où  il  dit  :  Qu'il  avoir  eu  un  ordre  exprès  »^'  ^*  '  '* 
de  l'Empereur  de  protefter  de  la  manière  dont  il  avoit  fait.  ^jo^ 

Lorsqu'on  eut  reçu  à  Bologne  les  défenfes  du  Pape,  comme  il  ne  s'yFlcury,  L. 
tint  plus  des  Congrégations  d'Evêques  ni  de  Théologiens,  tous  fe  retirèrent  i45-N**  1 1- 
les  uns  après  les  autres ,  â  la  réferve  des  Penfionnaires  de  Rome ,  qui  ne'  Adr.  L  7. 
pouvoient  pas  le  faire  avec  honneur.  Mais  â  Trente  perfonne  ne  quitta  ^^'  ^^  ' 
l'Empereur  le  voulant  ainfi ,  tant  pour  conferver  l'apparence  de  Concile , 
&  tenir  les  Catholiques  d'Allemagne  en  efpérance  ,  &  les  Proteftans  dans 
le  devoir  ,  que  de  peur  que  ceux-ci  ne  fe  cruflent  quittes  de  la  promeffe  de 
fe  foumettre  au  Concile ,  fous  prétexte  qu'il  n'exiftoit  point. 

XVIII.  î*  L£  Pape  ayant  fait  notifier  aux  Prélats  qui  étoient  à  Trente  ^  ^  .^'  ^^'. 

*       '  ^  fmtfégrt  de 

5^.   Lt  Papt  ayant  fait  notifier  aux  de  cette  afiàire.  Mais  Pallavicin  L.  ^o»c,  ^^^^  p^^i^^ 

'prélats  qui  étoUnt  â  Trente  la  réponfe  qu'il  14.  prétend  que  ce  ne  fut  que  parce  qu'on  ^  Trente 

avoit  faite  à  Mendo^e ,  attendit  i  f  jours,  négocioit  pendant  ce  tems-lâavec  Mendo^e,  qui  ne  veu- 

&c.  )  fraPaolo  dit  ici ,  que  le  Pape  n  at-  pour  voir  fi  on  pourroit  en  venir  à  quelque  Unt  pMs  fi 

tendit  (i  longrems  à  écrire  à  Trente ,  que  accommodement  5  8c  que  c'eft  pour  cela  ^fiumettre  à 

pour  voir  (i  ^es  Piélacs  qui  y  étoient  feroient  que  dès  qu*il  fut  parti  on  fit  citer  les  Peresy^»  arbitra' 

quelque  dcaiaxcfae  foui  le  rendre  le  Jogç  de  Trente  &  de  Bologne  pour  prodoixeleon^^. 


5i8 


HISTOIRE    DU    CONCILE 


MDXiviu.  croire  qu'une  viâoire  fuffîc  pour  le  rendre  l'Arbitre  du  Genre-huinain ,  8c 
Paul  IU  q^'H  pue  s*imaçiner  être  en  crat  de  pouvoir  tenir  tète  aux  deux  Partis  i 
parce  qu*il  eft  bien  vrai  qu'un  Prince  en  s'attachant  à  un  Parti  peut  oppri- 
mer l'autre»  mais  que  c'eft  une  entreprit  difficile  &  vaine  de  vouloir 
combattre  tous  les  deux  en  même  tems.  Il  prévit  que  cette  doârine  déplai- 
roit  encore  plus  à  tous  les  Catholiques  qu*à  fa  Cour ,  &  aux  Proteftans 
plus  qu'à  tous  les  autres  ;  &  qu'elle  feroit  combattue  de  tous ,  fans  que 
perfonne  en  prît  la  défenfe  ;  Que  par  conféquent ,  il  n'étoit  point  befoin 
qu'il  s'en  mît  en  peine ,  &  que  Tes  ennemis  leroient  plus  pour  lui  que  lui- 
même  :  Qu'il  feroit  mieux  de  laiffer  publier  cet  Ouvrage  ,  que  derempe* 
cher  -,  8c  qu'aHn  qu'il  tombât  plus  promptement,  il  valoit  mieux  Je  laiuèc 
paroître  dans  l'état  où  il  étoit ,  qu'après  l'avoir  mis  en  meilleur  état.  Il 
jugea  feulement ,  qu'il  n'y  avoit  pour  lui  que  trois  chofes  à  faire.  Pré«> 
mièrement  »  de  faire  enforce  que  l'Empereur  ne  connut  rien  de  fon  dedèin  ; 
fecondement  >  de  tacher  qu'il  le  mît  au  plutôt  en  exécution  ;  &  enfin  »  de 
faire  que  le  premier  coup  portât  contre  les  Proteftans.  Pour  l'exécution  du 
premier  point ,  il  ne  s'agiflbit  que  de  s'oppofer  légèrement ,  &  fans  trop 
infifter ,  à  de  certains  points.  Pour  le  fécond ,  il  ne  falloit  qu'exciter  les 
Prélats  Allemands  par  les  motifs  de  leur  propre  intérêt.  Et  pour  venir  i 
bout  du  troi(icme  >  la  queftion  n'étoit  que  de  faire  croire  adroitement  que 
cet  Ouvrage  n'avoir  pas  ccé  fair  pour  réunir  les  deux  partis,  mais  feulement 
pour  donner  un  frein  aux  Proteftans  î  car  c'étoit  gagner  un  grand  point , 
que  de  perfuader  que  le  Prince  faifoir  des  Statuts  de  Foi  non  pour  les  Fidè* 
les ,  mais  pour  les  Hérétiques* 
ifïtm ,  L  '  '  Lb  Pape  '  envoya  donc  ordre  au  Cardinal  S  fondrait  de  faire  quelques 
X4/.  N^4».  oppofitions ,  puis  de  prendre  congé  de  l'Empereur  &  de  partir  »  pour  ne 
point  fe  trouver  préfcnt  lorfqu'on  publieroit  ce  Formulaire  de  Doârine. 
Le  Cardinal,  en  exécution  de  fa  comniiilion ,  expofa  au  nom  du  Pape  : 
i^S!ei<LL  ^  Que  la  permiftion  de  continuer  de  communier  fous  les  deux  efpéces, 
^o*  p-  547*  même  fans  condamner  ceux  qui  ne  recevoient  pas  le  Calice ,  étoit  un  droit 
réfervé  au  Pape  ,  cette  coutume  ayant  été  abolie  depuis  long  tems  :  Que 
jc'étoit  auifi  à  lui  à  permettre  le  mariage  de$  Prêtres ,  d'autant  plus  que  cela 

n'avoit 


f  !•  Lt  Pape  envoya  donc  ardre  au  Car- 
d'nal  Sfondrate  de  faire  quelques  oppofi- 
fions  j  puis  de  prendre  congé  de  P  Empereur 
£•  de  partir  ^  &c.  ]  Il  ne  paroit  pas  qoe  cet 
ordre  ait  écé  tel ,  puirqoe  ce  Légat  ne  panir 
que  deux  mois  après  la  pièiication  de  Via- 
terîm ,  com9ie  on  le  voit  par  plafieors  de 
fes  lettres  datées  d*Atisboaig  longtems  après 
ceccc  publication.  Mais  pour  ce  qai  regarde 
les  oppofitions ,  il  eft  vsai  qoe  Sfondrate  Me 
ordre  deu  faire  ,  dt  il  eft  également  vrai 
qu  elles  furent  allez  légères  i  (bit  qoe  réel- 


lement le  Pape  ne  (&t  pas  trop  fiché  de  Toif 
l'Empereur  embarqué  dans  cette  affitire.  Coït 

3u*il  ne  vottl&t  pas  achever  d'aliéner  YeCprît 
e  ce  Prince  »  en  s'oppo(ànt  trop  fortement 
it  Ces  deflèins.  11  étoit  de  la  dignité  du  Pon- 
tife de  Élire  quelque  réfiftance ,  8c  il  était 
de  (bn  intérêt  de  ne  la  &ire  que  légère.  Par* 
là  tout  fe  concilie ,  &  Toppofition  fur  laquelle 
iniifte  PaUavicin  pour  convaincre  de  &ux 
la  narration  de  Fra-Paoh  j  eft  préciSmenc 
ce  qui  la  juAifie. 


\ 


DE    TRENTE,  Livre    III.  yi9 

iR^avolc  jamais  écé  en  ufage  dans  TEglife,  Se  que  les  Qrecs  &  les  autres  iiDxtyiix^ 
Peuples  Orientaux ,  qui  n  obligent  point  au  Célibat ,  permettent  bien  à  P^^^  ^^ 
ceux  qui  font  manés  de  recevoir  TOrdination  &  de  retenir  leurs  femmes         -    - 
dans  Texercice  de  ce  Miniftère ,  mais  qu'ils  ne  permettent  point  &  n  ont 
jamais  permis  qu  on  fe  mariât  après  avoir  reçu  les  Ordres.  ^  ^  Il  ajouta  : 
Qu'il  ne  doutoit  aucunement ,  que  (ï  Sa  Majefté  accordoit  ces  chofes  com- 
me licites  >  Elle  n  ofTenfat  grièvement  Dieu  \  mais  qu'il  croyoit  que  quoi- 
qu'Elle  les  regardât  comme  illicites  &  illégitimes ,  Elle  pouvoit  néanmoins 
les  permettre  à  ceux  qui  étoienc  égarés  >  comme  un  moindre  mal  :  Qu'il 
cft  tolérable  &  même  prudent  à  un  Prince ,  lorfqu'il  ne  peut  empêcher 
tous  les  maux ,  de  permettre  les  moindres  pour  éviter  les  plus  grands  : 
Que  Sa  Sainteté  ayant  vu  le  Livre ,  avoir  conçu  qu'il  n  avoit  été  rait  que 
pour  les  Luthériens,  afin  qu'ils  ne  palfaflent  pas  d'erreurs  en  erreurs  à  l'in* 
fini  ;  mais  qu'à  l'égard  des  Catholiques ,  il  ne  leur  étoit  permis  ni  de  croire 
pi  d'agir  ,  que  félon  les  ordres  du  Siège  Apoftolique ,  qui  étant  le  feul 
inaître  des  Fidèles  >  a  aufli  feul  le  pouvoir  de  Faire  des  Décrets  fur  le&ma- 
tières  de  Religion:  Que  comme  il  ne  doutoit  point  que  ce  ne  fût-U  l'in^ 
(ention  de  Sa  Majefté ,  il  feroit  bon  qu'EUe  en  tît  une  déclaration  expreÛe  » 
&  qu'Elle  ferrât  encore  un  peu  plus  la  bride  aux  Luthériens  ,  fur- tout  â 
l'égard  du  pouvoir  de  changer  les  Cérémonies  >  puifqu'il  fembloit  que 
ç'étoit  leur  laifler  trop  de  liberté ,  que  de  leur  permettre,  comme  on  tai- 
foit  dans  le  dernier  Chapitre ,  d'abroger  celles  qui  pouvoient  donner  lieu  z 
U  .fuperftition.  Enfin  le  Légat  ajouta:  Que  les  Luthériens  fe  pourrcdent 
regarder  comme  en  droit  de  retenir  les  biens  Ecclédaftiques  &  la  jurifdiâioa 
qu'ils  avoienc  ufurpée ,  (i  on  ne  les  obligeoit  l  les  reftituer  >  qu'il  n'étoitpas 
nécedaire  d'attendre  pour  cela  le  Concile ,  mais  qu'il  en  falloir  venir  inceC- 
famment  a  l'exécution ,  &  que  puifque  Tufurpation  étoit  certaine ,  il  n'&- 
toit  pas  nécedaire  d'obferver  les  formalités  de  Juftice ,  mais  qu'il  falloir 
procéder  d'autorité  ,  &  comme  Ion  dit >  Manu  Regia. 

L'Empereur  ^  communiqua  cette  cenfure  aux  EleâeursEccléfiaftiques,  LSlçiJLU 
qui  l'approuvèrent ,  particulièrenient  à  legard  de  la  reftitucion  des  biens  10.^,347  . 
Ecclénaftiques  >  qu'ils  dirent  tout  à-fait  nécefTaire ,  &  fans  laquelle  il  étoic 

ji.  //  ajouta ,  quîl  ne  doutoit  aucune-  bien  des  Cafaiftes  de  ce  fentiment.  Car  qooî- 

pient ,  que  fi  Sa  Majefté  accordoit  ce4  cho"  (]ae  toas  conviennent  que  la  confcience 

fes  comme  licites  ,  elle  n'ojfenfdt  grièvement  n'eft  pas  la  (eule  règle  de  nos  a^ion$  ,  Se 

Dieu  ;  mais  ,  &c.  ]  Si  le  Légac  débita  cette  '  qu'il  ne  fuffit  pas  pour  qu'elles  (oient  bçn- 

maxime ,  Ta  Morale  me  paroic  un  peu  fin-  nés  d'icre  conformes  à  cette  règle  »  fi  en 

galière.    Charles  -  Quint  ,  à  Ten  croire  ,  même  tems  elles  ne  font  conformes  a  Ja 

pfFenfoit  grièvement  Dieu  en  accordant  ces  Loi  >  tout  le  monde  convient  du  moins 

chofes  s'il  les  croyoit  licites ,  mais  ne  blCoit  qu'elles  font  criminelles ,  lorfqu'elles  font 

rien  que  d'innocent  en  permettant  ce  qu'il  contre  la  confcience.  Ainfi  la  Morale  du 

f  royoit  illicite  >  c'eft-à-dire  ,  qu'il  péchoit  ligat  étoit  également  défeâiieufe  des  deux 

gricyement  en  agidàot  félon  les  lumières  de  côtés ,  &  je  ne  (ai  même  fi  dans  le  confeil 

fà  confcience ,  &/qu'il  étoit  fort  innocent  eh  qu'il  donnoit  il  étoit  meiUeoi  Politique  quQ 

iigiflànt  contre.  Je  ne  (ai  fi  l'on  tiouYeroit  Cafuifte. 

TomeI.  Xxx 


J50         HISTOIRE   DU  CONCILE 

irtHrtlrttt.  irtpoflîSIe  de  rétablit  le  Culte  divin ,  de  confervcr  la  Religion ,  8c  d'at 
Pâtt^lIL  furer  |a  paix.  Et  comme  rufurpation  étoit  certaine^  la  juftice  vouloit 

*^  ()a*on  expédi&t  en  bref  cette  affaire.  Tous  les  Evcques  fe  déclarèrent  auffl 

pour  cet  avis.  Les  Princes  Séculiers,  pour  ne  point  offenfer  l'Empereur; 
gardèrent  le  filence  •,  &  les  Ambaffadeurs  des  Villes  parlèrent  très-peu  > 
&  de  ce  peu  m&mc  on  n'en  tint  pas  grand  compte. 

n  Ek  conféquence  de  la  remontrance  du  Légat,  l'Empereur  fit  ajouter 
i  l'Ecrit  une  Préface  où  il  difoit  en  fubftance  :  Que  s'étânt  propofé  de  ré- 
tablir  la  tranquillité  en  Allemagne,  il  avoit  reconnu  qu'il  n  étoit  pas  pof- 
fible  d'y  réumr ,  fi  l'on  n'accordoit  auparavant  les  différends  de  Religion  > 
d'où  éroient  nées  les  guerres  &  les  divifions  :  Que  n'y  voyant  point  d  autre 
remède  qu'un  Concile  Générai  en  ce  païs-lâ,  il  en  avoit  procuré  un  a 
Trente ,  &  engagé  tous  les  Etats  de  l*Empire  à  y  adhérer  &  à  s  y  foumcttre  : 
Que  pour  r\e  pomt  laider  les  chofes  dans  le  defordre  6c  la  confufion  juf- 
du'â  la  célébration  du  Concile,  quelques  gens  fort  atélés  lui  avoienrpré-^ 
fente  un  Formulaire  de  Dod^ine,  qu'il  avoit  fait  examiner  par  des  Ca^ 
tholiques  habiles  :  Qu'en  le  prenant  dans  un  bon  fens  »  ils  n'y  avoiené 
rien  trouvé  d'incompatible  avec  la  Religion  Catholique ,  excepté  fut  Far-î 
dcle  de  la  Communion  du  Calice  &  £l  Mariage  des  Prêtres  :  Qu'il  p^ioit 
donc  tous  les  Etats  ,  qui  jufque-là  avoient  obier vé  les  Statuts  dt  i'Egli/è 
UnivcrfcUe ,  de  continuer  à  les  garder  fans  y  rien  changer,  comme  ik  l'a- 
Voient  promis  ^  ic  ceux  qui  avoient  changé  l'ancienne  obfervafice ,  ou 
de  la  reprendre ,  ou  en  attendant  la  déclaration  du  Concile ,  de  fe  côtr^ 
,  fermer  à  cette  Confeffion  dans  les  articles  où  on  s'en  feroît  ttap  écarté  i 
^5  permerrre  qu'on  l'attaquât  ou  qu'on  enfeignât ,  qu'on  écrivit ,  Oc  qu'on 
prêchâr  au  contraire.  Et  comme  dans  le  dernier  Chapitre  on  leur  accordoit 
la  libené  d'abroger  les  Cérémonies  funerftitîcufes ,  il  fe  réfcrvoir  la  li- 
berté de  s'expliquer  fur  cet  article ,  Se  lut  toutes  les  autres  difficulté  qui 
naîtroient. 

iH  Slèî^  L     Le  1 5  de  Mai  on  lut  l'Ouvrage  en  pleine  Diète.  *■  On  tt*y  prit  pay  les 

ao.  p.  )4l  voix  de  tout  le  mondé ,  félon  la  coutume  \  mais  le  feul  Eieâeut  de  Màyencei 

^  l.  En  confi^tnct  dt  la  remontrance  du  que  le  Di(coaîs  que  fit  l^Empereor  à  la 

'Ugat,  t Empereur  fit  ajouter  â  t Ecrit  uni  Diétê.  Là  (^ale  difficulté  qu'il  peut  y  aToii 

Pyéface,  &c.  ]  SkÙan ,  L.  io.  p.  347.  né  êft ,  qut  dans  le  Di(cotirs  l'Ëmpeteut  s'ex- 

Àmble  parler  de  cette  Préface  qbe  comme'  ptime  en  tierce  peffôrtrie  :  ce  qai  ne  pot»-* 

d*an  Ditcours  ,  que  l*Empeteai  fit  dans  la  toit  être ,  s'il  Tavoit  prônonte  lui-  même. 

I^iète.  Cafar  Idîhus  Mail  convocat  omnes  Mais  cette  difficulté  fe  réfbuc  aiflhhent  pat 

Ôrdines  ,  &  de  fua  in  Germaniam  Chari'  Steidan ,  qui  dit  que  le  Difcours  fut  lu  par 

$ate  prafiitus  ,  Perfpicuis  ,  inquit ,  argu-  lè  Secrétaire ,  félon  la  coutume  :  Quù^  fit 

ttlehtis  y  Stc,  Ce  Difcouis ,  que  Ton  peut  voir  pèr  Scfibam  effet  tocktiis  ,  uit  feû  fûht , 

Ibût  entier  dans  GoldaÛe^  &  doiit  Steidan  &c.  AihC  il  â  dû  être  en  éietce  beffbnne  , 

HÇ  nous  donné  que  la  (obfunce ,  fe  lappotté  tt  c*eft  aù(ti  eri  cette  (orme  qu'eft  doH<^  !i 

entièrement  à  Textràit  que  nous  donné  /Va-  iMhzt  (]iii  èft  dans  Gotdape  :  pfetM  eCf- 

Paoià  dé  là  t^ré&ce  >  doi  il  eft  naturel  de  taine  que  la  Préface  &  le  DifcoutI  ilé  Ibot 

condorre  que  cette  Bié£u:e  n'eft  autfe  c&ofè  ^â*lâié  ÊtHè  &  mfoxè  cbofe. 


DE    THENTE,  LivuE   UL  Jjï 

ft  leva  ,  &  rçipcr(;i4  ft^i  nom  4c  ipus  l'Çmpcrçi^r ,  qui  prit  ce  rçnjçrcîniçiit  yBXlTHV 
jiour  une  îipprobacipn  Çç  un  confentçmçnt  de  coûte  rAflfcrpbléç.  Pctfonnc  ^^^^  ^P* 
ne  s bppofa  -,  mais  pluCçuri  des  Princes  qui  ftiivoient  la  Confcffion  d*Auj-      - 
bourg  s'étant  retirés  i  pi^rc  ^  dirent,  qu'ils  ne  pouvoienc  accepter  cet  Ecrit  ^ 
&  pliiHçurs  des  Péputés  des  Villes  dirent  quelques  paroles  qui  fignifipicnt 
la  mcme  chofe  >  quoique  par  la  crainte  de  1  hmpereur  ils  n  ofalTenç  pas  parler 
ouvertement.  L'Ouvrage  fut  d'abord  imprimé  en  Laûa  ^  en  Allemi^nd»  6c 
enfuite  traduit  de  imprimé  en  Italien  &  en  François. 

Outre  cet  Ecrit  °  l'Empereur  fit  publier  le  1 4  de  Juin  une  Ordonnant  fl  wt40mé 
ce  pour  la  Réformation  de  l'Ordre  Ecclcfiaftique ,  qui  avojt  été  drçflce  &  «»  »^ 
digérée  avec  beaucoup  de  foin  par  quelques  préUcs  &  d'autres  personnes  ^fjf  '^ 

Êieufes    &  iàyantes.  Elle  cQntenou  xxii  Chapitres  ,   où  |  on  traitoit  ,  ^^  ^ 
^e  l'Ordination  &  de  l'Eleâ^ion  dçs  Miniftres  >  Du  devoir  des  ditFérenç  tUff^^  k 
Ordres  Eccledaftiques  »   De  celui  des  Doypns  Se  des  Chanoines  t  Des  i^«  %  k 
Heures  Canoniales..,    Des  Monaftères ,  Des  Ecotes  &  des  Univerficé^ ,  ^r^i^^ 
^Des  Hôpitaux  ^  Du  devoir  des  Prédicateurs  ,    De  l'adminiftration  ^^^xtJ^tmf 
Sacremens  »  D<^  celle  du  Baptême  &  de  la  Confirmation  >  Des  Céi:émpnie$  (mtrrfté  ^r^ 
de  la  MefTe ,  De  Tadminidration  de  Ut  Pénitence  •  De  celle  dç  TExtrème-  n*0ppjmi^ 
Ondlion  &  du  Mariage  ,  Des  Cérémonies  Eecléuaftique? ,  De  la  Difci-  f*>^  Clf^ 
pline  du  Clergé  (&  du  Peuple  ,  De  la  pluralité  des  Bénfôcçs  3  Pe  ^^^'  ct^Ar 
Vifite  ,   Des  Conciles  ,    &  De  l'Excommunication.  Il  y^voit  fur  ?*5   *  •  ^-^ 
différens  fujets  cxxx  Réglemens  »  H  juftes  &  fi  pleins  d'équité  »  quç  Iph  p^lar- V 
pourroit  dire  fans  crainte  d'pcre  contredit 9  que  jamais  avant  ce  tefnsU  ^i'9*h 
n'a  voit  paru  de  Formulaire  de  Réformation  mus  exaé^ ,  moins  inréreflf ,  MJf^ 
6c  plus  exemt  de  ces  ambiguïtés  &  de  ces  équivoques  qui  ne  font  ew-  ^L^^ 
ployées  que  pour  furprcudre  les  fimples  :  Se  que  $'il  eût  été  dreffé  par  4^s  k^^ 
Eccléfiaftiques  feuls ,  il  n'eut  pas  déplu  i  Rçn^e  pi^me ,  excepté  en  dp|)x  Th^^n,  U 
endroits  ou  on  y  autorifele  Concile  de  Bile,  Se  dans  quelques  ^ut|:ç$  pvfr^f» 
l'on  touche  aux  Difpenfes ,  aux  Exemçlons ,  &  aux  autres  droits  réferyé$  4a 
Pape.  Mais  parce  qu'il  avoip  été  établi  par  TautQrité  de  TEmpeceUf  t  A 
parut  encore  plus  infuppor table  que  Vlnicrim  ;  la  Cour  de  Rome  ayaPC 
pour  maxime  fondamentale ,  que  les  Laïques ,  de  quelque  rang  PU  dç 
,  quelque  piété  qu'ils  foient ,  ne  peuvent  donner  aucunes  Loix  aux  ^cclé- 
uaftiques  ,  même  pour  quelque  bonne  fin  que  ce  foit.  Cependant ,  ne  ppvt^  . 
vant  faire  autrement  >  il  fallut  fppporter  cette  tyrannie ,  comme  ils  l'appeU 
loient,  parce  qu'ils  ne  pouvoient  pas  s'y  oppofer  alors.  Cette  Réfotmarion 
fut  imprimée  dans  pluueurs  Villes  Catholiques  d*Allemagne  >  &  mcmç  i 
Milan  cette  même  année  par  Innocent  Ciconiaire. 

Peu  de  jpurs  après  l^  publication  de  cette  Ordonnance ,  ®  l'Empereui  0  Spondi 
enjoignit  encore  «  que  les  Synodes  Diocéfains  fudènt  tenus  â  U  S.  Martin ,  M*  ><« 
&ies  Provinciaux  avant  le  Carême.  Et  parce  que  les  Prélats  defiroient  que 
lePape  voulut  confentir  du  moins  aux  Chapitres  où  il  n'y  avoir  rien  de 
contraire  à  fon  autorité,  l'Empereur  leur  offrit  par  une  lettre  en  date  du  1 8 
Juillet ,  d'employer  tous  fes  bons  offices  auprès  de  Sa  Sainteté  »  afin  d^  U 

X  XX  1 


\ 


î^i       HISTOIRE    DU    CONCILE 

^îttTnL  réfoudre  à,  ne  rien  omettre  en  cette  occafion  de  ce  qui  écoic  de  fon  devoir^ 

Paul  m.      l^  dernier  de  Juin ,  P  le  Recès  de  la  Diète  fut  publié ,  &  TEmpcrcur  y 

^--  promit  de  faire  enferre  que  le  Concile  fe  rétablît  i  Trente ,  Se  fe  reprît  bien- 

i4f!  N^'t  I.  ^^^  '  ^  ordonna  que  lorfque  cela  feroit  fait ,  tous  les  Eccléfiafttques  eudènc 

Sleid.  LxiA  ^'x  rendre»  Sc  que  ceux  de  la  Confeffion  d*Ausbourg  y  alladent  avec  uii 

p.  5J5.       fauf-conduit  &  promedè  qu'ils  y  feroient  écoutés ,  &  que  tout  s'y  décide- 

rpit  par  l'Ecriture  Sainte  &  la  doârine  des  Pères. 

LisPri-      XXII.  Le  Cardinal  à^Ausbourg  *\  &  les  autres  Prélats ,  appréhendant  que 

^^ffjj^*  l'autorité  du  Pape  ne  fût  bannie  de  l'Allemagne  pat  ces  commencemens  de 


P  ^  Mr«f  auprès  de  ceux  qui  conférvant  encoi'e  beaucoup  de  refpeâ:  pour  le  Pape  , 
f^'^f*^  s'y  pôrteroient  plus  volontiers ,  quand  ils  verroicnt  intervenir  fon  autorité. 
tint  détins  L'Empereur ,  qui  s  croit  perfuadé  que  la  fin  des  troubles  de  Religion  le 
HéformM"  rendroit  maître  abfolu  de  l'Allemagne ,  embraflbit  tous  les  moyens  qu'oii 
Hon^  <^ r# lui  propofoit  comme  plus  faciles»  s'a(!urant  qu'enfuite  il  régleroit  tour 
Prinn  y  comme  il  lui  plairoit.  î4  11  fit  donc  rendre  compte  au  Pape  dt  tout  ce  qu'il 
^^IM*  L  ^^^^^  fait  pour  la  Reformation  de  l'Allemagne,  &  l'invita  à  y  envoyer 
ao-'p.  î  f  I.  *^^  ^'^  pluhcurs  Légats.  Sur  cela  le  Pape  lui  envoya  '  en  qualité  de  Nonce 
r  PalîaY.  l!  l'Evoque  de  Vano  ^u'il  favôit  lui  être  ^réable  ;  fous  prétexte  de  mieux 
Ti.  c  r.  connoitre  fês  intentions  dans  la  demande  qu'il  lui  faifoit  de  Légats  ;  '  mais 
f  Adr.  L;  en  effet  pour  foUiciter  la  reftitution  de  Plaifance,&  l'envoi  des  Prélats 
7.  p.  44S;  Efpagnois  à  Bologne.  Ayant  enfuite  délibéré  avec  les  Cardinaux  '  fur  la 
N^rj .  première  dépêche  de  fon  Nonce ,  il  jugea  bien  qu'il  n'étoit  pas  de  fa  dignité 
%ton'L  d'envoyer  des  Légats  pour  fimples  Exécuteurs  des  Décrets  Impériaux.  Mais 
*N*  II.  *    ébranlé  par  les  raifbns  du  Cardinal  d'^£^5^oi/r^,  il  prit  un  milieu»  qui  fur 

I  Mart.T.  d'envoyer  des  Nonces ,  non  pour  la  fin  que  lïmpercur  fe  propofbir ,  ^  mais 
*•  ^  aV*  L  P^^^  accorder  des  grâces  &  des  abfolutions ,  s'imaginant  que  cela  produi- 
^       '  ^    roit  de  bons  effets  pour  le  maintien  de  fon  autorité ,  (ans  courir  le  rifquc 

jrMart/T.deconfentir  que  d'autres  s'attribuaflènr  un  pouvoir  qu'il  prétendôit  n'ap- 

%.  p.  iio5.pattenir  qu'à  lui  feul. 

Skid.  L        XXnL  II  deftina  donc  »  pur  fes  Nonces  en  Allemagne  avec  l'Evcque 

"•  ?•  ^^'^^  ^tFaiio^  ceux  de  Véront  &  de  Ftrtntlno  ,  auxquels  de  la  participarion 

Pallav.L.    des  Cardinaux  il  fit  expédier  une  Bulle  datée  du  dernier  fOur  d'Aoûr>  par 

II.  c.  X.      laquelle  il  les  autotifbit  à  déclarer  ï  tous  ceux  qui  voudroient  retourner 

Rayn  ad     i  ITEglife  Catholique ,  qu'il  étoit  prêt  de  les  recevoir  ,  &  de  leur  accorder 
au.  1549. 

^    J*    j  f  4.  //  //  donc  mirt  commît  au  Pape  au  Heu  qac  le  Nonce  étoît  parti  cfe  Rome 

vto  A     *     de  tout  ce  qu'il  avoit  fait  pour  ta  Réfor^  dès  le  9.  (  Pallav.  L.  u.c.  i.  )  Mais  il  e(t 

Thuan.  L    ^^'^^^  ^  t  Allemagne  y  &  f  invira  ^  Sec.  ]  afez  vraifemblaWe ,  qoc  rEmpcrear  avoir 

^^  jsjo  ^^    '  Cttte  invitation ,  Bc  mime  l'envoi  dn  Non-  (blliché  (à  venue  poor  faire  dâge  de  fon 

Spond.  ad   ce,  avoient  précédé  la  publication  de  ces  Dé-  autorité  auprès  des  Eccléfiaftiqoes  ,   quai 

an  IJ48.    crets  de  Réfoimarion ,  qui  ne  furent  pro-  youloit  obliger  de  &  ibcnnettre  à  cette  Ri^ 

pods  aux  Eccléfiaftiques  que  le  1 4  de  Juin ,  formation. 


.* 


DE    TRENTE, LirkB    III.  fjj 

itil^ment  le  pardon  »  podrvu^qu'ils  ne  voaludenr  pas  lui  donner  des  Loix  »  Mi^xirm.% 
mais  les  recevoir  ;  reraeccanc  du  furplus  à  leur  confcience  de  relâcher  quel-  ^^^^  ^'^* 
eue  chofe  dé  l'ancienne  Difcipline ,  s'ils  jugcoient  le  pouvoir  faire  fans  - 

Scandale.  Pour  cet  e&c  il  leurdonnoic  la  faculté  d'abibudre pleinement  |^  j^nAtu 
'in utraque forçât  toutes efpccesd'Exconununications  &  de Cenfures  ^  6c  de Fieiîry  /l. 
toutes  les  peines  même  temporelles  encourues  pour  caufe  d'Héréûe ,  toutesT4|.  N^44. 
fortes xle  perfonnes  Séculières,  Eccléfiaftiques  &  Régulières,  même  les^^^^'  '^ 
Rois  &  les  Princes ,  comme  auffi  les  Collèges  &  Communautés ,  &  même  !^^  ^  -^ 
les  relaps  ;  de  les  difpenfer  de  toutes  fortes  d'irrégularités ,  fans  même  en  i^^ll  ^ 
excepter  la  Bigamie;  de  les  rétablir  dans  leur  réputation,  honneurs,  &M#mM» 
dignités*)  de  modérer  &  même  de  remettre  entièrement  toutes  fortes  d'ab- 

f'urations  &  de  pénitences  ;  de  déclarer  toutes  les  Communautés  comme 
es  Particuliers ,  quittes  de  tous  paâes  &  conventions  illicites  faites  avec* 
les  Hérétiques  î  de  les  abfoudre  des  fermens  &  hommages  prêtés ,  ôc  même' 
des  parjures  dont  ils  fe  feroient  rendus  coupables  par  l'inexécution  de  leurs 
engagemens  ;  d'abfoudre  de  même  les  Réguliers  de  leur  Apoftade ,  &  de 
leur  permettre  de  porter  l'habit  Régulier  fous  celui  de  Prêtre  Séculier  -,  de 
donner  auffi  permiffion  à  toute  perfonne  même  EccléHaftiqae  de  pouvoir 
manger  des  viandes  défendues  en  Carême  &  les  jours  dé  jeime,  de  l'avis 
de  leur  Médecin  corporel  ou  fpirituèl ,  ou  feulement  du  fecond ,  &  même- 
fans  lui ,  s'ils  le  jugeoient  a  propos  *>  de  modérer  le  nombre  des  Fêtes  *,  Se 
d'accorder  à  vie  ou  pour  un  ten^ ,  fplon  qu'ils  le  trouveroient  convenable , 
la  Communion  du  Calice  à  ceux  qui  l'ayant  déjà  reçu  en  demanderoienc' 
humblement  la  continuation.  Se  confeflèroient  que  l'Eglife  le  refufe  iufte-» 
ment  aux  Laïques ,  à  cette  condition  néanmoins ,  qu'ils  le  reçuHent  dans 
un  autre  lieu  &  dans  un  autre  rems  que  celui  où  l'on  communie^par  le  Dé- 
cret de  l'Eglifè..  Enfin  il  leur  açcordoit  la  faculté  d'unir  des  Bénéfices  Ecclé- 
fiaftiques aux  Ùniverfités  ,  aux  Ecoles  &  aux  Hôpitaux ,  &  d'abfoudre  ceux 
qui  avoient  ufurpé  les  biens  d'Eglife  après  qu'ils  auroient  reftirué  les  fonds, 
&  qu'ils  auroient  compofè  pour  les  fruits  perçus  &  les  biens  meubles  qui 
auroient  été  confumés;  &  la  Bulle  donnoit  aux  Nonces  le  pouvoir  de 
communiquer  toutes  ces  mêmes  facultés  à  des  perfonnes  de  rang  &  de  con- 
fidération. 

Cette  Bulle  y  ayant  été  répandue  par-tout  par  l'impreflîon  qui  s'en  fir  â  y  Pallav. 
l'occafion  que  je  dirai,  donna  beaucoup  matière  i  parler.  On  y  cririquoit^^  "'C-  *• 
d'abord  ce  que  le  Pape  difoitdans  le  préambule,  que  parmi  les  troubles  **^J  ^ 
qui  aflfligeoient  l'Eglife ,  il  s'étoit  coiifolé  fur  la'promeflc  que  Jefus-Chrift  ^^'  ^^* 
avoir  faite  de  conferver  par  la  Foi  de  Pierre  le  grain  de  l'Eglife,  *  que  Satan  ^  Luc 
avoU  demandé  à  cribler  ^  fur-tout  depuis  qu'on  avoit  appliqué  au  mal  le  XXII.  31. 
remède  d»  Concile  Général  :  n  comme  fi  l'Eglife  n'a  voit  eu  d'autre  appui 

■  •        '  •  •  • 

s  f  •  Comme  fi  VEfUfe  n' avoit  eu  d'au-  qae  le  Pape  ne  poavoitguères  s'expliquer  au- 

tre  appui  que  le  Pape  &  jo perfonnes  affem*  trement ,  prévenu  de  Tidée  de  (on  in&ilibilv* 

hlées  â  Trente,  ]  -  Cétoir  pouiter  la  critique  té ,  for-toat  à  la  tête  d  un'  Concile.  Pour  les 

un  peu  loin.  Car  on  doit  bien  concevoir  Proiefians,  qui  étoientdaosd'avitxesidfety 


f54        HISTOIRE    DU    CONCILE 

aiMLTin.  que  le  Pape,  &fuixance  &  dix  perfonoes  aiTembléos  il  Trenfc/'^^  Eafiiîip 
J?AVL  III.  i  on  traicoic  de  grande  préfompcion  le  pouvoir  qu'il  9  tccribaQK  de  r^uibUr 
"  ■  '  '  dans  leurs lépurarions»  honneMrs  ic  dignités.  Us  Rois  Se  Iqs  Princes» 
f  7  L  on  crouvoic  au(fi  une  forte  de  conrradiâion  dtns  le  pouvoir  qu'il  ao« 
cordoic  d'abfoudre  des  {ermens  même  illicites  s  puifque  s'ils  écoient  illicii- 
Ms  »  on  n*avoic  pas  be(bin  d'en  être  abfoiis  >  &  que  s'ils  étPiMt  juftes  »  peff- 
fonne  n'avoir  le  pouvoir  d'en  abfoudre^  f  ^  On  trouvait  de  m^me  une  autre 
concradiAion  à  accorder  le  Calice  feulement  à  eeux  qui  CF&jfgient  que  l'&- 

Î^life  n*erroit  point  en  le  refufaBt  aux  Laïques.  Car  comwcnt  fcroit-il  pof- 
ible  de  le  croire  >  fans  vouloir  être  compris  daiu  cette  interdiâion  }  De 
plus ,  Y  9  on  ne  pouvoir  s'empêcher  de  rire  de  la  condition  finis  laquelle 


ils  svoient  bien  qaekjae  fu}erdç  croire  fiue 
Qpr  appui  écoiç  un  pçu  fQÎble.  Mais  ils  eullent 
dû  confidérer  que  ce  n'étoit  pas  d'eux  que 
Paul  devoir  empninter  Tes  expreffions  >  & 
la  moindre  gracQ  quiis  padënt'iui  frire, 
icoir  de  ne  pas  trouver  mauvais  qu*il  parUt 
en  Pape ,  &  non  en  Procédant. 

f  ^.  Snfuiu  Von  traitou  de  grande  pr^ 
fomntion  fe  pçuyoir  qu'il  s'atp-ihupk  df  ri- 
iabîir  dans  leur  réputation  ^  6cç,  ]  On  n*^- 
voit  pas  tout  à  (ait  tort  i  8c  qupique  pour 
jttftifier  cette  conduite  PaUavicin  nous  ren- 
yojt  k  i*Hiftoire  ficdéfiaftique ,  qui  afltiré- 
.aienc  fie  nous  fournit  rien  de  pareil  que 
dans  les  fiècles  modernes ,  ^  aux  Théolo- 
giens &  Canonid^ ,  qui  font  Juges  fore  in- 
çompétans  dans  cettfr  matière  %  il  aura  peine 
à  nous  £iire  croire  que  la  répnution  des 
Rois  &  des  Princes  dépende  du  Pape ,  & 
qu'il  foit  en  fon  pouvoir  de  les  priver  de 
leurs  d^ités  Se  de  les  rétablir ,  finon  par 
ttae  ufttrpation  contre  laquelle  on  a  toujouR 
stdamé ,  comme  contre  un  reaverfement 
cotai  de  Tordre  ,  &  un  &fte  condamné  par 
rjSvângile  a|i0i-bîen  que  pa^  ia  zaifon« 

^7.  L'on  (rouyoit  auffi  unf  forte  de  çon^ 
tradiêiorii  dans  le  pouvoir  qu'il  ^ecordoit 
d'ahfqudre  des  fermens  illicites,  Scc  ]  Ct 
n'écoit  pas  tant  une  contradiâipn ,  qu'une 
fierté  de  fuperftition.Car  les  feroiens  illicites 
étant  nuls  par  eux-mêmes  ,  rabfolntion 
quoR  en  demande  09  qnîçn  e«  denna  p'eft 
proprement  qu'une  cérémonie  inventée 
four  la  monm ,  Se  qui  séelleoiefir  n'opère 
YÎen. 

f  8.  0/1  trouvait  de  même  une  autre  CQé? 
trûdiSwn  4  accorder  U  CalUç  fiukmem  À 


ceu^  qui  eroy oient  que  VEf^life-  n'errok 
point  en  le  refufant  aux  Laïques ,  Sec,  ]  Ce 
n'étoit  pas  non  plus  «  à  proprement  parier, 
une  contradiébon ,  mais  une  conceflîon  de 
peu  d*ufage ,  puifijue  la  plupart  des  peuples 
nedemandeiientfiindamment  la  reaicution 
dfi  Calice ,  que  parce  qu'ils  le  croyoient  nç- 
ceQàif  e.  Car  a  T^an)  dq  plus  ou  dp  inoins 
de  ^r^ces  atuchéçs  i  la  réception  de  {'une 
ou  des  deux  Efpices ,  c'étoit  une  opinion  (t 
incertaine  Se  fi  peu  fondée  en  raiCon ,  qu*on 
devoir  bien  juger  que  ce  n^oit  pas  ce  qui 
fendoit  le  peuple  fi  ardent  à  foUiciter  la 
xeftitutiQn  du  CiUcet  Anfli  pe  pguroit-il  pas 
que  rpn  £|c  gr^nd  H^âge  4e  cette  conceiCon  » 
Ac  (elon  Ptf//«^f/r«p  m^me  •  Im  u.c.  i»les 
Npnces  en  paient  f  0  Allemagne  s'apperçu* 
rent  bientôt  ^  qu'on  les  avoir  honorés  d^ 
pouvoirs  afTez  inutiles. 

f  9.  On  nt  pouvoit  s'empêoktr  tPmlkttrr 
de  rire  de  la  condiiian  fous  laquelle  en  ai' 
cardoit  l'Abfolutian  oMt  Mwvs  ApefiêU  » 
Itf •  )  \f^  mPTen  lie  $*en  empikber  w  ei&t  « 
en  voyant  faire  dépendre  l'abroloppo  d'une 
xonditipn  aufll  vainf  q«9e  celle  de  poner 
l'habit  de  l'Ordre  fous  un  autre  »  comme  s'il 
y  avoit  quelque  vertu  attachée  à  cf  t  h^it  i 
Car  autrement  9  quelle  obligation  de  poner 
un  habit  invifiÛe  ?  puifque  fiippeff  qu'il  j 
eût  quelque  fcandale  à  ne  poiiir  porter  ce^ 
habir ,  f  n  le  pprtant  ain(i  fous  un  autre ,  )p 
fcafidple  étoit  toujours  le  même  pour  ceux 
qui  ne  le  voyoient  point.  On  a  toujours  été 
t|))s  -  formaUfte  à  Home  :  mais  fiins  cette 
OMulitipa  preforite  sux  J^^ïi^rs ,  on  93^ 
twt  peine  à  cjaise  qa'of)  Veut  é;é  jofqnà  Çje 
Miitf# 


/ 


DE    TRENTE, tivAE    III.         nf 

6n  ft(^rôrdoic  l'abfolution  aut  Moines  Apoftats  ,  qui  ctoit  de  porter  l'habit  Mi>nTîil 
de  leur  Ordre  fous  un  autf«  j  ëemftic  fi  le  Royaume  de  Dido  eue  été  attache  P^^*  ^^ 
i  quelque  couleur  eu  à  quelque  fèrrftê  d'habit,  &  qae  fans  le  porter  cxtc- 
ricurement  il  fût  au  fnoins  néceflTairè  de  le  portftr  en  fecrôt-  ^°  Cependant  i 
quoique  la  nomination  des  Nonces  chargés  de  etite  Bulle  fe  fut  faite  d*a-^ 
Wrd,  leur  voyage  fut  néanmoins  ffcrardé  ju(qu'à  l'âttflée  prochaine,  parce 
^ue  rEmpdreur  n*étôit  pa^  c6nt6iit  quori  Ae  fkâtLtfâns  tfientionr  dans  la 
Bulle  d'àutorifer  les  Ré^tMhs  qu'il  avoir  faiti^  di  qu'cm  ne  fat  jamais 
engager  le  Papdà  éonfentir  q»  aucurt  à&  ki  Mmifkti  ifitenrînten  £Emnom 
â  en  procurer  Teitécuriofi. 

XXIV.  L'EMpÉRÉ»ii  étafte  parti  d'AùAâîttrg,  •  employa  tods  fe's  foins     Efforts  éê 
pour  faire  recevoir  fon  Intérim  par  lés  Villes  Prôteftantes.  Mais  il  trouva  rBmp^rHtr' 
par-tout  dé  la  réfiftance  \  it  A  ri  y  eut  aucun  liUu  6Ù  il  ne  rencontrât  beau-  poitr  faire 
coup  de  difficultés ,  parte  que  les  Proieftitehaïflbient  encore  plus  V Intérim  ^^civoir 
que  les  Catholiques.  Ilsdifcient  que  c'était  réeahliflfement  total  duPa-^JfJ^»* 
pifme.  Ils  blimoient  fiit-tout  la  dôtftrine  de  là  Jùftiflcatioft ,  fit  trouvoient  qu^/lT^rou^ 
fnauvâis  qu'on  révoquât  en  doute  la  néd^flité'dé  là  Côfktnmmon  du  Calice  >  vêy  prmci- 
6c  la  légitimité  du  Mariage  des  Ptêtrei.  ^  Jeân-Fridific  Duc  de  Saie ,  poliment  i 
quoique  toujouri  prifohnier ,  dit  libremefit,  QutÙ'aii  &  fa  confcience  ^  ^^i^^^ 
auxqtieb  il  i taie  plus  oblige  éPabéir  mi" à  ttmi  autfé^  fie  M  permiuaitni  P^^  ^êtéM^Jn 
de  U  recevoir*  Par  -  tout   «  où  il  fut  reçu,  ce  fut  avec   tant  de  variété  ,  ietEfkpiti^ 
de  confusion,  &d'accidons5   &  cm  le  fie   avec  tant  de  redriâion    &ii'Aif.L^. 
de   diverftté ,  qu'on    peut  bieù  plutôt  dire   qu'il   fut  rejette  de  tous ,  6*  41  ^<  « 

Su'acceptéde  quelqu'un.  Les  Catholiques  de  leur  C3até  ne  fe  (bucioient  pas  ^j^ft  ^    ■ 
*en  procutejf  Tinrroduftion ,  parce  cpi'eut-fnéiues  ne  l'approuvaient  pas»  ^  ^^^   * 
*'  Ce  qui  arrêta  davantage  rèftiptfreur ,  fut  U  liberté  môdôfté  d'utie  petite  j;^ 


que  Sa  Majefté  voulut  les  forcer  à  accepter  &  à  croire  une  chofé ,  qu'Elle^ 
m&me  ne  fuivôit  pas,  &  Ac  droyoit  pai  véri!!^te. 

Ce  Priticé  rencontra  encore  plus  de  difficdlé^  dims  Ta' Bà^llSs Alléiliagtie» 

€o.  CtpehêaM  ^  âuâiijué  hà  /féfrtinàitàn    on  te  vofc  pftr  une  de  fes  letties  au  CtrdîM 
des  Nonces         -    ^-    -  -       —     -     •  '  -         ..    .    ^,^     . 

roydgefiit 

nie  prochaihi   ,  ^ , .^ 

memént  mal  informé.  Car  ces  Nonces  par-  Fra-Pàotà  ftfe  noas  ipprend  pôlnr  qaellb 

tirent  aanH-cèt  après  leur  dépuration.  En  éroitcetré  Ville,  êc  je  n'en* tfoore  rien  non 

effet,  Ton  rdît  Tun  d'eux  pa&r  à  Bbîbgnfe  plus  lii  dans  Sieida/fi  ni  da^s  M.  di  Tkoà. 

ëès  la  mi -Septembre ,  comme  le  n^arqii^  On  conjéAûré  flmplertient ,  qne  cette  Villfe 

Pallavicin ,  L.  1 1.  c.  t.  &  Pigliîftû  Evéque  étoit  dans  ia  Hadte  Alleinagne ,  &  M;  Ba^ 

dé  Firentino  tioxi  à  Mayehce  Ah  \^  cbm-  ntt  ^  T.  z.  L.  i.p.  t7.  dit  que  c'énsit  iii»» 

Mencemenr  de  Navétnbre  i  f  4^ ,  coiàaie  date  ,■  pètSH*  Vifcr]»tod»e€BiiftB«M» 


Spon<L 


j)tf        HISTOIRE    DU    CONCILE 

KDxtviix.  QÙ  il  vint  au  mois  de  Septembre.  La  plupart  des  ViUcis  de  Sa^ç  fc  fervirenc 

PaplIIL  Jç  diverfes  excufes  pour  avoir  lieu  de  le  refufer  •,  &  la  Ville  de  Magde«- 
.  j  ..  -  bourg  ^  le  rcjctta  d'une  manière  fi  méprifante ,  qu'elle  fut  mife  pour  ce 

iLD^t^i*  fujetau  Ban  de  l'Empire  »  &foutint  une  très- longue  guerre,  qui  entre- 
tint dans  l'Allemagne  un  feu  ,  qui  trois  ans  après  fervit  à  confumer  le^ 
Trophées  de  TEmpereur ,  comme  nous  le  verrons  en  fon  lieu.  Au  milieu 
de  cette  confufion  il  Quitta  l'Allemagne  pour  paflèr  en  Flandres ,  &  y  fakc 
prêter  Le  ferment  de  ndélité  à  fon  fils.  Mais  quoiqu'il  eût  défendu  rigou- 
reufisment  d'attaquer  la  dodrine  de  VInurim ,  &  d'écrire ,  d'enfeigner , 

^^afono.   ^^  j^  prêcher  contre ,  il  fut  néanmoins  combattu  par  plufieurs  Protefians. 

^leory,L  *  Le  Pape  lui-mème ,  qui  jugçoit  propre  âfes  intérêts  de  ruiner  cette  en- 

^4j,N^x;,rreprife,  ordonna  à  François  Romu  Général  des  Dominicains  d'employer 
les  plus  habiles  de  fon  Ordre  pour  y  faire  une  vive  &  folide  réponfe.  Plu-' 
fieurs  l'attaquètent  auffi  en  France,  ^^  en  forte  qu'en  peu  de  rems  il  y  eue 
une  foule  d'Ecrits  de  Catholiques  .&  de  Proteftans,  &  fur-tout  des  Villes 
Hanféatiques ,  contre  cet  Ouvrée  *,  auquel  il  arriva  ce  qui  arrive  ordinai- 
rement à  ceux  qui  veulent  concilier  deux  Partis  contraires  ,  qui  eft  de  les 

.  unir  pour  combattre  l'opinion  mitoyenne,  &  de  les  attacher  plus  opinisU 

crémentâla  leur.  ^^  Mais  il  produifit  encore  un  autre  efièt,  qui  hit  de 

/SléU.  L*  femer  de  la  divifion  parnû  les  Proteftans  mêmes.  ^  Car  ceux  que  l'Empe- 

*i-  P-  M3-  rcuç 

Thuan*  L. 
•  N^  c.  ^^*  Enfant  qu'en  peu  de  tems  il  y  eut    lor(qa*on  les  T»2aidoit  comme  néceflaires , 

pon<L  N^  une  foule  d'Ecrits  de  Catholiques  &  de  Pro*  &  qu'on  en  £ailoit  une  Loi ,  parce  qo  alors 

$.,&  9,       teflans  -^contre  cet  Ouvrage ,  &c.]    On  elles devenoient  ane occafion d'impiété.  Ce 

Rayn.  N^    peut  roir  les  principaux  mentionnés  par  Schifme  a  fubfifté  depuis  parmi  les  Lathé- 

^\*              Çponde  fur  Tan  ^4!.  N^  7.  qni  nomme  riens,  ftlçs  deux  partis  ont  tionvé  des5ec- 

Fleniv  L.     parmi  les  Catholiques  Auteurs  de  ces  Ecrits,  tateun  ,  parce  que  chaque  opinion  fe  peut 

145.  N®}^,  /{a^^rr  Cf/M/i/Evtqoed'ATrancheS)  Fran^  défendre  par  des  raifons  également  proba- 

4P  rxif        çqI^  Romée  Général  des  Dominicains  «  i^o-  bies,  &  qu'il  femble  que  ce  Toit  une  aflEii- 

^tf^i//tfje(nite$  de  parmi  les  Proteftans,  Aff-  re  de  prudence  plutôt  que  de  Religion.  Il 

lan6hn  ,  Calvin  ,  Aqulla  ,  qui  furent  les  femble  cependant  que  le  parti  qae  prit  Me^ 

principaux  Asteurs  de  ces  Réponfes.  hnSon  étoit  plus  conforme  aux  intentions 

^3»  Mais  il  produifit  encore  un  autre  de  L^ther.  C^r  ce  Réfonn^teur ,  dans  une 

i^et ,  qui  fut  de  femer  de  la  d'tvifipn  parmi  lettre  écrite  en  i  f  1 1.  à  Guillatttne  Prawef 

les  Proteftans  mêmes.  )  En  effet  quelques-  Pafteur  Luthérien  du  Holftein ,  citée  par  le 

uns  ,  do  nombre  defquels  étoit  le  célèbre  nouvel  Auteur  d*ttne  Hiftoire  des  Papes , 

MelanBon  ,  ayant  cru  que  I'ob  pouvoit  to-  Tom.  4.  p.  4^7  ,  (e  déclare  hautement  poux 

.lerer  plufieurs  des  cérémonies  9l  des  prati-  la  tolérance  de  toutes  les  cérémonies  qui 

ques  recommandées  par  V Intérim  ,  comme  n'ont  rien  de  criminel.    Je  hais  fouverai" 

cnores  indifférentes  »  ce  qui  leur  &  donner  nement ,  dit-il  ^  ceux  qui  condamnent  des 

ie  nom  à*  Adiaphoripes  ,  un  ^nd  Parti  cérémonies  indifirentes ,  &  qui  changent  la 

s'éleva  contre  eux ,  $c  les  Minières  de  Mag-  lilferté  en  néceffité^  Si  vous  lifet^  mes  lÀyres^ 

debourg ,  de  Hambqurg  ,   dç  Lubec  >  ot  vous  verre^  que  je  n'approuve  pas  ces  per- 

Xunebourg ,  ,&  pluGeurs  autres  condamne-  turbateurs  de  la  p4^ix  qui  détruifent  des  cho^ 

rent  ces  mêmes  pratiques  «   &  foutinrent  fes  qu'on  peut  laijjir  fans  crime*  ^  Je  ne 

que  quoique  ces  chofes  (uflfent  jndiffêren-  condamne  que  les  cérémonies  qui  font  oppo^ 

pes  en  elto-m2oi0s  ^  ell^  cçflôien;  d^  l'^ci^  fies  4  PEyanfUe  ^  je  garde  touu^  les  aur 

m 


i 


D  E    T  R  EN  T  E,  Liyr..»   IIL  oT 

«Uf  avoit  for<!és  de  céder  crt  partie ,  &  de  rétablir  les  «nciennes  Cérémo-  ^^xurn 
fvfôs  y  s*cxcttfoicnc  ciï  dtfant  qiills  E^a^oiem  cédé  qu'en  des  chofcs  iodiffifr-  P^^»-^*^ 
rentes  5  qa'il  r^'impotrodc  pas  ^us  aru  faUw  de  les  rêjettcr ,.  quedelcssece- 
voir  V  qu'il  étok  permis^&  mâsm  néceiTaire  Jbtoléver  quelq^iefbis  (petqiie' 
fervitude ,  lorfqu'ei'le  n'eft  pas  mêlée  d  impiété;^  &  que  par  conféqucDC  ilft 
avoienc  dû  obéir  à  l'Empereur  en  ces-  chofes.  Maïs  ccu%  que  la  nécetScén-'a*' 
voit  point  forcés  à  cette condefcemtance  y  répondoienc  qu'il  étoir  TTai  que 
les  cnofes  indifférentes  n'imére(Ibiem  point  le  faluc  ^  imi»  que  par  le  mojrdRi 
des  indifférentes  il  s'en  introduifoit  de  pernicieofes  y  d^où  ils  tkoient  cecte- 
conclufion  générale ,  que  toutes  les  Cérémonies  6c  les  Rits^,  quoiqu'indiffê* 
rens  de  leur  nature .  deviennent  mauvais ,  auffi-câc  que  cemt  qui  les  Tui^vent' 
viennent  à  croire  qu'ils  font  bons^ oc(  néceflàires.  De-li  vinrent  d^a%  nois^  • 
velles  SedeS)  qui  eurenft  enfaite d'auaes-  difpuitts  enfemble,  &  nom  ja^* 
mais  bien  pu  fe  réconcilier. 

XXV.  Les  divisions  de  Religkm  n^excitèrent  pas  moins  de  tumulte  ca*ChMnge^ 
Angleterre.  »»  Car  EJ&aarJ  Comte  de  Hanfort ,  oncle  maternel  du  jeune  ^^^^  ^^  *^ 
Kôi  Edouard  y  qui  avoir  acquis  un  grand  crédit  for  fon  neveu  &  beaucoup  ^«^'^^  ^ 
d*a\Koriré  fur  les  Grands  da  Royaume,  &  qui  favorifoic  le^  P^oteftans  de   g^^ç^  y. 
concert  a^eo  Cramfltcr  A<rchev<êquc  de  Camoricri ,  ayant  jGtxé les^  fondemcns i.Li.p.  41. 
ât  la  nouvelle  Doârinepaf  lenAoyen^  de  quelques-uns  de  leurs  Doâreor&Siei(LL.xo. 
qa'il  avoit  appelles  cnccRoyàurtic^,  ôi  qui  troi^ivèrent  créance  principale-t  H o« 
ilaent  parmi- la  Noblefle ,  fir  afïèn^bler  le  Parlement ,  mri  par  un  Décret  pa-  ,  n^"  *^ 
blic  autorifé dd  Roi  abolit  la  MefTe.  Maiss'érant  éie^  enfuite  une  fiSdirion  f  ieury ,  L. 
parmi  le  peuple,  qui  demandoit  le  rétablifTememr  des  Edits  de  IRnri^  FIII*!^^.  N''54. 
en  faveur  de  l'ancienne Rcligidnr  tout  le  Royaame f«  trouva  remplè  decon* 

fiifîon  &  de  difoorde. 

XX VI.  La  S-Mafânvenùe,  (^fqae' grand <|ae  fût  te  (rouble en  A4te-  "^fmmM^ 
itoâgne,  0n  tintenplttficurSf  VillcS' les  Conciles Diocéfains-,  8»  Ton f reçut'^'^^fl,: 
là  noitvcJHe  Réfbrmation  dor  TEmperetu:  y  à  la  feule  fbrme  ftï%y  que  lV>n  ac-  ^rlmmenttn 
ck>mmoda  â  Vnfage  de  etiâqne  Diocèfe.  Mais  comme  on  ne  ponrvcrt  aticu-  AlUmMgne. 
liemênr  irexécuriorr^  il  parut  qiie  tous  ces  Déct^ets  n'écoient  fair^  qfaê  pour  CcndUs 
fatisfaire  aii«  appatencesr  Pbur  les  Conciles  Pfôvincîacix ,  il  ne  %'itti  tint  ^^^(P*''^ 
point  avant  le  CJaren» ,  firfon  l'evdf  e  de  TEmperear.  ^MuxTemît 

Mais  dès  le  commencement  du  Carême  ,  ^  l'Eledeur  de  Colc^ne  ^i^Colopuyk 
l'ouverture  du  fien.    Après  y  avoir  expofé  d'abord  lo  belbin  qu  avoir  le  Mayenct  c^ 

mUeurs  » 

ttts  dans  inmi  Eglifê  ,  jf^cmfetot  &*' Fânté*  n*êfi  qUtj'y  ntiU ^IfUH'CantiqUis  m  l^f^V^^ 

BafiïfinàUm  ^  &  on  y  admMflfe  k  Bàpêi*^  gu&  vulgaire  ^  &  qiw  jéftM&néê  tfp  Ath'  hs\t\L  L. 

tke  à  iMi^éfhé' m  langue  fulgaire  ^    muw  manàlè^ffapoUt  delà  ûôtUièréAôn.   Je  n^n.p.  }6o. 

àvéi  (éutis  Iti  eérémeniet  tfki  éteiirtt  itiê^  prtMU  péiftê  déttiili^U^mèffh  tétine  j  ^y^Fleuiy ,  L. 

fiige  aUpàfH-varU.  Je  /hiifié  fi' il  y  ait  dei  été  rié  m'eût  féh  i4okttâr,  je  n*dufols  ja^  145.N®  Sl. 

Images  défis  lé  tèitipli,  qiiùique  des  furieux  mais  permis  quein  là  eèUbtêi-  ePt'  langage 

m  ayent  brifi  qUèUpies*  unet  d^am  mtrh'  commurt^  81c.  CtP  fentimcM»  (ôflt  in&i^*- 

retour.   Je  céUhreU  Mtffe  opec  les  orne-  menroKxiérés^:  o'eft  ai»^  public  à  jdgerfilâ 

mens  &  les  cérémonies  accoutumées  ,  fi  Ct  eoadaka  de  Lttâket'  f%  coajcKaii  ré^iiAi/ 

TgmeI.  Yyy 


n8       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MozLix.  Clergé  de  Réforme,  il  dit  :  Qu'il  avoit  mis  toute  fon  efpéf ancc  dans  le 
Paul  III.  Concile  de  Trente ,  qui  avoit  commencé  fi  heureufcment  •,  mais  que  cette 
efpétance  fe  trouvant  trompée  parle  retardement  inattendu  qu  avoit  faic 
naître  la  divifion  des  Pères  au  fujet  de  la  tranflation  du  Concile ,  TEmpe* 
leur  )  pour  ne  pas  manquer  à  fon  devoir ,  après  avoir  fournis  les  rebelles  6c 
rétabli  la  Doffcrine  &  les  Cérémonies  Catholiques,  avoit  remis  feulement 
au  Concile  la  détermination  de  deux  Articles  ,  &  ordonné  la  Réformation 
du  Clergé  :  Qu'en  exécution  de  cela ,  le  Synode  après  en  avoir  délibéré 
plufieurs  fois  avoit  établi  une  Forme  convenable  pour  être  obfervée  dans  fa 
Métropole ,  à  commencer  le  Dimanche  de  la  Paillon.  On  voit  enfuite  les 
fujets  des  Décrets  au  nombre  de  fix ,  où  il  n'eft  parlé  aucunement  des  ma- 
tières de  Foi,  mais  uniquement  des  moyens  de  reformer  la  Difcipline  ,  8c 
où  Ton  traite  du  rétabliflement  des  Etudes  ,  de  l'Examen  des  Ordinans  ,  des 
Devoirs  de  chaque  Ordre ,  de  la  Vifite ,  des  Synodes ,  &  du  rétabliflement 
de  la  Jurifdiâion  Eccléfiaftique  ;  avec  plufieurs  Décrets  fur  chaque  Chapi- 
tre.  Il  y  a  fur  chacun  d'eux  un  long  difcours ,  &  plufieurs  préceptes  qui 
fourniflent  un  beau  champ  à  des  difcours  de  fpéculation  y  ôc  tout  cela  efl: 
fuivide  xxxviii  Articles  pour  le  rétabliflement  des  anciennes  Cérémonies 
&  des  Ufages  Eccléfiaftiques.  Comme  les  Païs-Bas  héréditaires  de  l'Em- 
pereur étoient  foumis  à  la  Métropole  de  Cologne  ,  l'Empereur ,  après  avoir 
fait  examiner  ce  Concile  par  fes  Confeillers  &  fes  Théologiens ,  l'approuva 
par  fes  Lettres-Patentes  du  4  de  Juillet ,  ordonna  qu'il  fut  obfervé  par 
toutes  les  Terres  de  fon  obéiflance  »  &  chargea  fes  Magiftrats  de  prêter  la 
main  à  l'exécution  de  fes  Décrets ,  lorfqu'ils  en  feroient  requis. 
•  là  IbM  ScbaflUn  Elefteur  de  Mayence  *  ne  fuivit  pas  tout-a-fait  la  même  mé- 
N^  85.  '  cbode.  Car  dans  le  Concile  de  la  Province  qu'il  aflembla  la  troifième  fe- 
sidd.L.xz.  maine d'après  Pâques,  il  fit  xLviii  Décrets  en  matière  de  Dodrine,  & 
p.  j^j.  Lvi  fur  l'article. de  la  Réformation.  Sur  la  Do£b:ine ,  il  fuivit  le  Concile 
de  Trente  dans  les  chofes  qu'il  avoit  déjà  décidées  ;  &  fur  celles  qu'on  ny 
avoit  point  encore  décidées ,  il  fuivit  les  opinions  les  plus  communes  des 
Scolaftiques ,  en  s'abftenant  de  toucher  aux  points  qui  étoient  controverfés 
entre  eux.  ^4  Entre  ces  Chapitres  ,  les  xjli  &  xlii  font  fur-tout  remarqua- 
blés  ,  en  ce  qu'on  y  enfeigne  &  qu'on  y  répète,  que  Us  Images  nor^t point 


6\,  Entre  ces  Chapitres ,  les  41  &  42 
font  fur 'tout  remarquables  ,  en  ce  quon  y 
tnfeigne  que  les  Images  n'ont  point  été pro- 
pofées  pour  être  adorées  ,  &c.  ]  C'étoit  conf- 
ummenc  la  doârine  de  TEglife  Catholiaue 
aprèsTintroduétion des  Images,  &  celle lur- 
toac  des  Egltfes  de  France  ,  d'Allemagne  & 
d'Angleterre  jufqa'au  dixième  Hécle)  oïl 
Tufage  des  Images ,  qui  n'a  rien  de  mau- 
vais en  lui-même,  &  qui  peut  avoir  d'ail- 
leurs fon  utilité,  dégénei;a  en  fuperflition 
k.  donna  lieu  à  une  infinité  d'abus.  Ce 


que  j'en  dis  n'eft  pas  pour  Tou  tenir  que  le 
culte  des  Images  foit  criminel ,  Ci  par  culte 
on  n'entend  autre  chofe  qu'un  cenain  ref- 
ped  extérieur  qu'on  marque  pour  tout  ce 
qui  apparrient  à  la  Religion.  Mais  (i  par 
culte  on  entend  une  forte  de  fervice  qui  fe 
rapporte  à  l'Image  comme  ayant  quelque 
vertu  ,  c'eft  conl&mment  une  forte  d'Ido- 
lâtrie ,  condamnée  par  le  Concile  de  Franc- 
fort &  par  tous  les  Ecrivains  Eccléfîadiques , 
&  qui  n'^ft  fondée  ni  fur  l'autorité  ni  fux 
la  iai£bn. 


DE    T  RENT  E,  Li  V  RE   III.  539 

été propofcts  pour  cm  oAorcts  o}^ pour  rcctvoir  aucun  culte  ^  mais  feulement  mdxliy. 
pour  rappcller  lefouvenlr  de  ce  que  Con  doit  adorer.  L'on  y  ordonne  même,  ^^^^  ^.^* 
qu'en  cas  qu'il  fe  faflfe  en  aucun  lieu  quelque  concours  vers  une  Image  ,  &  — *— 
qu'on  s'apperçoive  que  les  peuples  y  attribuent  quelque  forte  de  Divinité, 
l'on  doit  loter,  &  en  mettre  quelque  autre  en  fa  place  ,  de  peur  que  les 
peuples  ne  fe  portent  à  croire  que  Dieu  ou  les  Saints  n'accordent  ce  qu'on 
leur  demande  que  par  le  moyen  de  cette  Image ,  &  non  autrement,  ^s  Le 
XLv  Chapitre  n'eftpas  moins  digne  de  remarque  que  les  précédens.  L'on  y 
dit  ;  que  Us  Saints  doivent  être  honoris  d^un  culte  de  Jociété  &  de  dileSion  , 
comme  on  pourroit  honorer  les  perfonnes  qui  vivent  fatntemeru  en  ce  monde  ; 
avec  cette  feule  différence^  quon  doit  honorer  plus  dévotement  les  Saints  bien^ 
heureux  ,  comme  étant  dans  un  état  plus  affuré.  ^^  Ces  explications  bien 
examinées  montrent  combien  alors  les  fenrimens  des  Prélacs  Catholiques  .     . 

d'Allemagne  étoient  différens  de  ceux  de  la  Cour  de  Rome ,  ou  de  la  pra- 
tique qui  s'eft  introduite  depuis  le  Concile  de  Trente.  ^7  L'on  peut  voir  î 


Cf*    Le  4^   neft  pas  moins  remarqua" 

Île,  L'on  y  dit  que  les  Saints  doivent  être 
onerês  d*un  culte  de  focieti  &  de  dileSHon  , 
&c.  ]  Ce  font  les  propres  termes  de  S.  Au- 
guftin,  (  L.  de  ver,  Relig.  c.  f  y.)  &  fi  le 
culte  des  Saints  étoit  réduit  à  ces  termes, 
je  ne  vois  pas  pourquoi  s'en  ofFenferoient 
les  Proteftans.  Mais  il  eft  vrai  auflî ,  que 
ion  a  poudë  la chofe  beaucoup  plus  loin 
^ans  rÊglife  Romaine  ,  &  c*e(l  ce  qui  fait 
que  quelque  orthodoxe  que  (bit  TexpreC- 
£on  du  Concile  de  Mayence ,  le  Card.  Pal- 
lavicin  L.  1 1  •  c.  4.  ne  la  trouve  pas  exa^e^ 
le  quali  parole  benche  nonfieno  gaftigatijjime. 
Il  eft  bien  plus  naturel  à  quiconque  eft 
un  peu  inftruic  de  la  véritable  Jo<flrine  de 
TEglife ,  de  penfer  que  c*eft  la  cenfure  de 
ce  Cardinal  qui  eft  très-peu  exade.  Mais 
comme  elle  eft  plus  dans  le  goût  de  TOr- 
thodoxie  moderne ,  je  ne  ferai  point  fur- 
pris  que  beaucoup  de  Théologiens  trai- 
tent en  lui  de  dévotion  ,  ce  que  dans 
des  tems  plus  puis  on  eût  traité  de  fupexf- 
tition. 

66.  Ces  explications  bien  examinées  mon* 
trent  combien  alors  les  fentimens  des  Pré- 
lats Catholiques  d'Allemagne  étoient  diffé" 
rens  de  ceux  de  la  Cour  de  Rome  ou  de 
la  pratique  ,  &c.  ]  Pour  la  pratique ,  on  ne 
•peut guèxes en  douter,  en  voyant  rattache- 
ment fuperftitieux  que  les  peuples  ont  pour 
certaines  Images ,  attachement  qui  ne  peut 


être  fondé  que  fur  tme  idée  de  vertu  qui 
y  eft  jointe.  Mais  je  ne  crois  pas  quon 
puilTe  dire  la  même  chofe  à  Tégard  deUi 
dodrine  ,  puifque  le  Concile^de  Trente  dé- 
clare pofitivenient  dans  la  Scflîon  xxv.  qu'on 
ne  doit  reconnoître  aucune  vertu  dans  les 
Images  j  qu'on  n'y  doit  mettre  aucune  con- 
fiance, &  qu'on  ne  doit  rien  leur  deman- 
der ;  Non  quod  credatur  inejfe  aliqua  in  0$ 
divinitas  ,  vel  virtus ,  propter  quamfint  CO" 
lendûe  ,  vel  quod  ab  eis  aliquid  fit  peten^ 
dum  j  vel  quod  fiducia  in  imaginibus  fit 
figenda,  C*eft-là  ,  comme  on  voit,  la  même 
dodrineque  celle  du  Concile  de  Mayence, 
c'eft  encore  aujourd'hui  celle  des  Théolo- 
giens les  plus  éclairés.  Je  ne  nie  pas ,  qu'il 
n'y  en  ait  d'autres  qui  ne  fe  contiennent 
pas  dans  de  fi  juftes  bornes  ;  mais  on  ne 
doit  pas  £&ire  un  crime  à  une  Eglife,  des 
erreurs  ou  des  extravagances  de  quelques- 
uns  de  fes  Théologiens ,  &  elle  n'eft  ref- 
ponfable  que  de  la  doébine  qu'elle  propofe 
elle-même  dans  les  Régies  de  Foi  qu'elle 
prefcrit,  3c  non  des  fauues  interprétations 
que  quelques-uns  peuvent  y  donner  (ans 
fon  aveu ,  &  (buvent  même  fans  fà  con- 
noiflànce. 

^7.  Von  peut  voir  de  même  par  tant 

d'Articles  de  Do£irine  déterminés  dans  ce 

Concile  ,  avec  quelle  vérité  Us  Papes  ont 

fi  fi>uveru  fait  dire  en  Allemagne  ,  quon 

ne  pouvoit  pas  traiter  des  affaires  de  Re-- 

Yyj  i 


J40  HISTOIRE    DU    CONCILE 

MtDxttx.  de  même  par  iianc  d*Acckle&tde  Doâicine  jdétermiDfés  dans  ce  Concile  ,  trev 
PiuL  m.  quelle  yénré  tesi^ipes  o»nc£drouvenc  Étîc  dire  en  AUecnagne ,  qu'on  ne  pou« 
"■'■"—"•  Toiç  pas  Bcaitcr  Aas  ^afifaires  de  Religion  dans  wn  -CiWBctle  Matipnal.    Car 
quoique  cela  &  fuiSé  céf uror  fUxs  iolidement  :par  leiefnp^  des  Concile» 
NatâoAiaiKx  >ceiiiis  eoA&ique>  ou  Egypte  »  en  iyxicy  6c  dans  d!aucFes  en- 
droits de  rOntenc»  le  Leâeur  pourra  peuc-êtceièjtre  jphis  frappé'de  l'exenH 
pie  de  ccdoinoi»  quoique  joioios  illnftie  »  parce  qu'il  eu  «npder ne.  A  i'exem- 
plede  ces  deux  Ëleétenrs ,  .celui  de  Trêves  célébra  auffi  -Ton  Synode ,  auffi^ 
Dienqueles.aotces  Métropolitains  Catholiques  qui  oe  sîétoifiot  point  répa*- 
réfiduPapeK,  &vqtti  .tous  publièrent  ks  £dits  Impériaux  d'Ausboiicg»  tant 
pour  VInUfim  ^que  pourJa  ftéfornoacion  du  Clei^é. 
Lêf'HmMi     ^^  ^^  Noncies  qm  avaient  rétc  -nomniés  Tannée  précédente, pour  venir 
ém  Vâf4     ^^  Allemagne*  flDaisdoot le  voyage  avoit  été  différé  pour  les  iraifi^ns  que 
ROTiMM-   ^'ai  rapportées  ,>  ^  6  y  rendirent  cnnn.  Mais  ils  fiifeat  méprii&  par  les  Ca- 


wm  Umrs  choliqucs  oieœes ,  f»i  tous  des  iieux  où  îk  pail^reor  s  taot  le  nom  du  Pape , 
Um'  ^  ^^"^  ^^  3^^  vcnoit  de  fa  part  comme  fes  Miniftres ,  étoient  devenus  odieux 
^l^Jsy   fpi^ies'différen(kavecl!£mpereur:&  ra.€ondiûte:en^  Sur  la 

msisamen  wk  de 'Mai  ils  TaUerent  trouver  aux  Païs-£as,'^  où  après  avoir  traité  long- 
fmt  trh'femtcms  des  moyens  d'exécuter  les  conuniflions  du  Pape ,  comme  l'en  trouvoir 
^I^As^'      des  difficultés  À  tout  ce  que  Ion  propofoit  de  part  ou  d'autre ,  l'Empereur 

*  j  y*^  réfolut  enfin ,  quepuifqtte  Sa  Sainteté  leur  avoit  donné  le  pouvoir  dp  fub- 
'N®  i;  *  ftiuier  quelqu'un  à  leur  place  &. de  lui  communiquer  leurs  Facultés  >  ils 
Flcurv ,  L  iubftituecoient  les  Eveques  chacun  dans  leur  Diocèfe  >  &  les  autres  prin- 
i45.N%j.xipaux  Prélats  xlaos- le  lieu  de  leur  jurifdidlion  ^  s!eo  remettant  entière- 
Adr.  L  7.  fDQi^f  4  ]^uf  conicience.  Ce  parti  n'agréa  pas  facilement  aux  Minières  du 
fallav.  L  ^^^  >  ^"^^  ^V  lendantà  la  fin  ,  ils  firent  imprimer  fous  le  nom  des  trois 
II.  c.  1.      Nonces  un  Induit,  où  étoit  inférée  la  Bulle  du  Pape  ;  &  cet  Induit  fut 

/Sleicl.  Ladrelleà  chaque  4^rélat  ^  dont  on  avoit  laifTé  le  nom  en  blanc.  Usydon* 

±ï.  p.  1^;-  noient  pour  caufe  de  la  fubftitution  qu'ils  faifoienr  s  l'impoflibilité  où  ils 

étaient  de  fe  trouver  par-tout  *,  &  ils  communiquoient  roiute  leur  autorité  à 

m  Rayn  ad^^^^  '^^^  *  °^  '^  avertiflànt  feulement  de  ne  permettre  qu'avec  beaucoup 

an.  IC45, 

N'  1.         ii§ian  dans  wkConeiU  National,  ]  L'aveî-    portit  ces  Conciles  à  ruiie  .ODndefctndance 


•fion ,  jqoe  lesPiapes  des  derniers  fièdesont  pvéjodicîableala  pureté  de  UFot ,  quoiqu'ils 

'£ùc  paroicie  pour  la  tenoe  ides  Conciles  ne  puâèm  ignorer  d  aiilems  ,  t]ae  TEglilè 

tvlationaux  ,  nt'eft  pas  venue  pxccirénsent  «wic  Souvent  anèté/le  progrès  des:  Enenxs 

deœ  qu'ils  xroyoient  qu'on  n'y  pouvoir  pas  par  ces  .fortes  ;de  Conciics. 
traiter  les  aËiires^de  iteligton.i  mais  oo         6%,  Les  Nonces  qui  avolent  iti  nûmméf 

du. préjudice  qu'ils .en-af^téhendoiem  pour  J'sMoée  fréoédânte 'pour  vtnir  tn  jUUsus^ 

\eaic  aocoricé ,  ou  de  ce  que  dans  la  confufion  pit  — s'y  jmuHreai  mfin  ,  &c«  ]  ^  Cdk  , 

que  les  divisons  avoienc  répandue  fur  les  ma-  «oauneon  Ta  déjà  remarqué ,  une.méprifr 

tièresde  Doârine»  ils  ne  cro)roient  pasque  de  notre  ^Hiftorien  ,  poiique  ces  'Nonces 

rancoricé  (i'un   Concile  National  fât  (M-  s'écoîent  rendus  'en  Atleroagnepeudeteqas 

iânre  pour  y   apporter  tiu  Teméde.  Peut-  après  leur  deftination  ,6c  qu'ils  y  rétoieac 

txTt  mtme  qu'ils  craignoient  auffi  qiic  le  anivés^dès  l'an  r^4<. 

trop  vgraxxdidtéib  de  concilier  les  el^ritsna  '  . 


Dp    TRENTE,  Livre    III.  541 

de  précaution  &  une  ucilité  évidente  h  Communion  du  Calice  &  Tufage  mdxlix. 
de  la  viande  les  joues  de  jeune ,  &  leur  défendant  de  fc  rien  faire  payer  pour  ^^^^  ^^^ 
ces  fortes  de  grâces.  L'Empereur  fe  chargea  d  envoyer  cet  Aûe  à  qui  &  ou 
il  convenoit  \  &  patntout  où  il  Teavoya ,  il  ât  entendre  qu  on  devoit  s'en 
fervir  avec  douceur  &  dextérité.  Mais  ;l  ufage  n!en  fut  pas  grand.  Car  ceux 
.^ui  étoient  demeurés  dans  robéiflfance  du  Pape  n!en ^voient  pasbefoin  -,  ^ 
,ceux  qui  s'en  étoient  Réparés  ^  non-£eulemen,t  ne  s'en  foucioient  pas  »  cnais  nid.  N^  i. 
ils  rejettoient  même  la  permiffion  qui  leur  étoit  offerte.  ^'  Peu  de  jours 
après,  r£vêquede  Férçaii/io  9p2Lttiz \  m^s çciix  de  yerone&c  de  /4/ro de- 
meurèrent auprès  de  l'Empereur ,  jufqu'à  l'cavod  de  l' Archevêque  de  Si^ 
jfonu  par  Jules  III ,  .conune  je  le  ^ai  en  fyn  lieu. 

XXVII.  y  SAS  çc  meaftc-tçpas ,  ^  le  Roi  de  Fiance  ayant  f«c  fa  prçnMère    Hmn  IL 
entrée  dans  Paris  le  4  dç  JaiUet,  fit  faire  une  Proceflion  iblemnelle ,  dont  ^i^^rm- 
le  motif  j  comme  i^  ledit  dans  un  Edit  qu'il  publia  alors  ,  itoit  de  mon-  f*  ^;^^' 
irer  â  tout  k  moi^de  :  Qu'il  voulait  .prendre  la  proteftion  de  la  iReligion  ^^ 
Catholique  &  du  Saint  Siège ,  (&:  la  déheniè  de  l'Ordre  Eccléfi^ique  :  Qu'il  4  Thoan.  L. 
avoir  en  horreur  toutes  les  nou^eaiués  de  Relieion  :  Qu'il  vouloit  perfé-  ^  N'^  4. 
vérer  conftamment  dans  -la  Doârine  de  rEglile  Romaine ,  &  exten;mner  ^^^^  ^ 
de  tout  fon  Royaumeles  nouveaux 'Héréitiques.  11  fit  imprimer  cet  Edit  en  i^  P*  ^f^' 
:  François  ,  &  l'envoya  par  toute  la.  France.  Il  permit  auffi  à  fcs  P-rélats  de  an.^w  f^^ 
,  tenir  une  AÛè^iblée  Provinciale  pour  réformer  leurs  EgJifes  \  ce  qu^qn  re-  M®  5  3. 
garda  cependant  à  Rome  comme  une  chofe  de  mauvais  exemple,  à  cauib  que  Spond. 
c'étoit  un.commencement ,  qui  pou^roit  aboutir  1  ^tendre  l'Eglife  Gallicane '^^  ^* 
indépeqdajKC  de  Rome.  Enfin  ce  Prince  fit  exécuter  phifieurs  Luthériens  â  ,  ^'"^'o^ 
Paris,  P  aux  fupplices  defquels  il  voulutafiifter  lui-çième ;  &  il  cenou-  xtr! 
vella  au  commencement  de  l'année  fuivante  l'Edit  pviblié  contre  eux  parf  Thoan.!. 
fon  père»  ordonnant  de  rigoureufes  peines  cpntre  les  juges  qui  fëroient ^* ^^  4* 
négligens  à  les  découvrir  &  à  les  punir. 

XX  VIII.  70  x^fi  Concile  dormoit  depuis  deux  ans  â  Bologne ,  ^  lorfque 

,^9.  Ptfi  dt  jours  aprh  ,  VEvêque  4e  qu'il/ok  vrai  qo'il  Tavoît  licentxé  pxèsde 

Férentino  partit ,  &c,J  Non  pas  pour  re-  deux  mois  avant  (à  mort.  [Rayn.  N*^ii. 

.  couiner  a  Rome ,  mais  pour  paÔer  en  Boliè^  falUv.-  X.  ii  •  c.  74*  ) .  Car  Ou  des  .ordres 

me  auprès  du^i  F&rdïnasid^  Se  y  ménager  xejiis .  d^  .Çatd.  Famèfi^  le  Çard.  del Mante 

h  réunion  des  Hnflites  conjoinâementiivec  .congédia  les  Père&ki  ,1.7 •  .de  Septembre ,  en 

le  Nonce  SanAt -.Croce.  Ils  y  travaillèrent  deux  di(ànt  fjue  le  Pape  nét^ir  point -dans 

en  çffet  avec  tant  de  (accès,  que  partie  p^r  rintention  ^le  pouxruivxe  le  Concile  à  Qp- 

toléiance,  panie  par  autorité,  ils  en  xa-  logne,  jnaisde&ire  travailler  à  Rome  i 

menèrent  un  ad^z  grand  pomlne  a  robéif-  la  R^oxmation,  pour  laquelle  il  avoit  in« 

iàoce  de  FEglife  JUimaine.  fi^yn.^^  if .  vite  dès  le  mois  de  luillet  quatre  des  Pères 

^  ti.  de  ^Bologne  v&  aotantde  Trente.  (  Rayn, 

70.  Le  Concile  dt^rmou  dq>uis  deux  4ns  N^  ^  ; .  )  Ceue  invitation  cependant  de- 

a  Bologne,  iorfpu  k  7  Novembre,  &c.  ]  vint  im^cile  ,  far  le  refus  que  firent  de 

Fra-Paolo  fappolè  ici  unechofe  fàudè  ,  fë  tendre  i  Rome  les  quatre  Prélats  de 

.qui  «ft  que  le  Concile  AibfiOoit  encore  i  Trente^  quoique  ceux  de  Bologne  n'eoflênc 

.^Sologne  lors  de  la  mon  du  Pape  ,  ^uoi-  B^.fnai^oéd'y  Tenir.^^^ii,  N^  x^.&  iS» 


HZ'       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MDL.  le  7  de  Novembre  le  Pape  ayant  vu  une  lettre  d*03avc  fon  petit-fils ,  qui 
Jules  111.  youioit  faire  fon  accord  avec  Ftrrand  dt  Gon^agut  pour  entrer  dans  Parme  , 
—"■——"  que  Paul  faifoit  tenir  au  nom  du  Saint  Siège ,  fut  fi  faifi  de  chagrin  &  de 
P  inie^  colère  ,  qu'il  fut  tenu  pour  mort ,  &  qu'ayant  été  furpris  de  la  fièvre  après 
éleéiion  de  ^tre  revenu  à  lui  ,  il  mourut  eflfeékivcment  trois  jours  après.  7»  Monte  pzz^ 
j/iles  IIL  tit  auflî-tôt  de  Bologne  pour  fe  trouver  à  TEleétion  du  nouveau  Pape  ,  de 
Caraaetedi  fon  départ  fut  fuivx  de  celui  de  tous  les  autres  Prélats  ,  qui  fe  retirèrent 

Ài^Empe-       C'est  la  coutume  ordinaire,  '  que  les  obféquesdu  Pape  défunt  durent 

reur  t 
tablir 

Concile  »    mois.  Le  i^ardinal  taciitcoy  qui  n  a  voit  point  voulu  partir  de  1  rente  qu 
^^^%\         P^^*  4^^  TEmpereur ,  fur  l'avis  de  la  mort  du  Pape  ,  lui  eut  envoyé  ordre 
L?  J4<.  N°  ^^  ^^  rendre  au  Conclave ,  n'y  arriva  que  plufieurs  jours  après  qu'il  eut  été 
141.  fermé.  L'ufage  des  Cardinaux  quand  ils  font  adèmblés  eft  de  drefler  quel- 


pour 

14°  II.  MDL  ,  ce  qui  ne  fe  peut  faire  que  par  le  Pape  ;  &  comme  cette  année  le 
Thuan.  L.  concours  jdu  peuple  étoit  extraordinaire  ,  tout  le  monde  fe  flattoit  que  cela 
é.  N^  *  ^'  cngageroit  les  Cardinaux  à  preflcr  TElcdHon.  Il  y  avoir  ^  alors  trois  Fa£^ions 
1^0  g^^"*  dans  le  Conclave,  VImpériaUy  la  Françoifcy  Se  celle  des  Cardinaux  qui 
Thuaji.  L.  dépendoicnt  des  Famifes  neveux  du  dernier  Pape.  Les  Impériaux  portoient 
6,  N°  10.  le  Cardinal  Pool^  &  les  François  SalviatL  Mais  ni  l'une  ni  l'autre  n'étoit 
SkicLLii.  afie^j  forfc  pour  faire  le  Pape  •,  &  elles  ne  pouvoient  s'accorder  entre  elles  » 
p.  J^^-î^o- j[  ^J^^fç  jçj  intérêts  différens  de  leurs  Princes,  Celle  des  Farnifes ,  qui  pou- 
an.  1550.  voit  déterminer  l'Elcdion  en  fe  joignant  à  celle  des  deux  autres  Factions 
N°  3.  •  qu'elle  choifiroit,  avoir  aflcz  d'inclination  pour  Pool^  tant  à  caufe  de  fa 
Mart.  T.  8.  bonté  naturelle ,  que  par  rapport  à  l'attachement  conftant  qu'il  avoit  eu 
P-  '^!f\/  pour  le  Pape  &  pour  le  Cardinal  Farnife.  7î  Mais  le  Cardinal  Tkcaiin 

^AdrL.  7       7 1 'Monte  partit  aujp'tôt  de  Bologne  pour  riennes  ,    détacha  plujieurs  Cardinaux  de 

0    484.  &V^  trouver  à  VEUBion  du  nouveau  Pape  y  fon  parti.  ]  Quelques  Relations  Italiennes 

icqq.    *        &fQndépaTtfutfuivideceluidetous  les  au-  chargent  de  cette  albcafation  le  Card-  de 

Sicid.  L.ii."'"*  *c.  ]  Cette  méprife  eft  une  fuite  de  Toumon  &  les  François.  Il  eft  certain  ce- 

p.  571.       Id  précédente,  puifqu*il  ny  avoit  plus  de  pendant  que  dans  le  Conclave  de  P^u/ /^ 

Spond.  N°  Prélats  à  Bologne  que  le  Card.  del  Monte,  les  François  s'intéreflèrent  pour  faire  élire 

13.              qui  étant  Légat  y  étoit  refté  ,  quoique  le  PooL  (  Pallav,  L.  1 5.  c.  11.  )  Ainfî  il  eft 

Flcury  ,  L.  Concile  eut  été  licentié.  bien  plus  naturel  de  croire  avec  Fra-Paolo , 

145.  N®   •       y  1.  Mais  V  abjence  de  plufieurs  en  fit  dif-  que  ce  fut  le  Card,  Théatinc^mizxz  Pool 

X4^»           flrer  Fentrée  jufqu'au  28  du  même  mois,  ]  d'Héréfîe  ,  comme  le  marquent  Sleidan  , 

Sleidan  dit  le  19.  ce  qui  eft  conforme  aux  Beaucaire,  M.  de  Thou  ,  S  ponde ,  Bur-» 

Ades  rappohés  par  Raynaldus  N°  48.  net  y  &  quelques  Italiens  même.  L'on  fait 

7  5 .  Mais  le  Cardinal  Théatin  l'ayant  ac-  d  ailleurs  que  le  Card.  Théatin  ne  laimoit 

eufè  de  penchant  pour  l(f  opinions  '  Luthé^  pas,  le  qu'étant  Pape  il  roolot  Taïuqner 


DE    T  RENTE,  Livre    III.  hj 

Tayanc  accufé  de  penchant  ^  pour  les  opinions  Luthériennes ,  détacha  plu-      mdl. 
fieurs  Cardinaux  de  fon  parti.  Farnïft  n'agréoit  point  Salviati ,  &  il  ctoit  ^ui*"  11^ 
réfolu  de  ne  concourir  qu'au  choix  d'une  des  créatures  de  fon  oncle.  Les 
Fadions  avoient  des  intérêts  fi  oppofés ,  que  ni  la  confidération  de  l'Année  ^  Tf^"^^ 
Sainte  ,  ni  le  concours  du  peuple  qui  fc  tint  aflemblé  ce  jour-là  jufque  bien  spond.  N"* 
avant  dans  la  nuit,  ne  purent  faire  avancer  TEledion.  Enfin  les  Farnijcs  13. 
remportèrent  par  le  concours  des  François  ,  &c  Ton  élut  Jean-Marie  del 
Monte  y  qui  a  voit  fait  la  fondion  de  Légat  au  Concile  de  Trente  &  de 
Bologne  ,  &  qui  prit  le  nom  de  Jules  III.  Farnefe  l'agréa  comme  un  fidèle 
ferviteur  de  fon  ayeul  &  de  fa  Maifon  ,  &  les  François  comme  un  Sujet 
affedkionné  à  leur  Roi ,  &  peu  porté  pour  l'Empereur  à  caufe  du  différend 
furvenu  fur  le  fait  de  la  tranflation  du  Concile.  Les  Impériaux  même  ne  lui 
furent  pas  contraires  •,  74  Cofme  Duc  de  Florence  les  ayant  afliirés  *  qu'il  x  Adr.  L.  7, 
n'avoir  pas  l'ame  Françoife,  &  qu'il  n'avoit  paru  porté  pour  cette  Cou-  P-  495. 
ronne  que  par  la  reconnoiflânce  qu'il  devoir  avoir  pont  Paul  y  aux  intérêts  J""q"- ^• 
duquel  il  avoir  dû  paroître  attaché  ,  &  dont  la  morr  de  ce  Pape  l'ayant 
dégagé ,  il  ne  feroit  plus  que  pour  la  juftice.  Plufieurs  aimoient  aufii  en 
lui  ce  caradère  libre  ,  éloigné  de  Thypocrifie  &  de  la  diflîmulation  ,  & 
ouverr  à  rout  le  monde.  Auflî-tôt  après  fon  Eleâion  ,  il  jura  de  continuer 
le  Concile  ,  conformément  à  ce  que  l'on  en  étoit  convenu,  y  II  7 y  fut  élu  j'Rayn.  ad 
le  8  de  Février  ,  couronné  le  ij  ,  &  ouvrit  la  Porte-Sainte  le  15.  tîo  '^^^* 

7^  L'Empereur  voyant  que  les  affaires  de  Religion  en  Allemagne  n'ai-  pi    ^*   t 
lôient  pas  à  fon  gré,  &  fe  flattant  de  furmonrer  les  difficultés  par  fa  pré   i^.   1^0  * 
fence,  *  intima  une  nouvelle  Diète  à  Ausbourg  pour  cette  année,   &1J4. 

z  SJcid.  L 
comme    fufpeél    d'Héréfie.    Si   nous  en         7^.  Il  fut  élu  U  8  de  Février  ,   roM-n.p.  375. 

croyons  Heidegger  dans  fon  Hiftoire  de  la  ronné  le  23  ,  &  ouvrit  la  Pont  Sainte  le  Thuan.  L. 

Papauté  ,  ce  fut  le  Gard,  del  Monte  qui  2/.  ]  Sleidan  L.  11.  p.  571.  metfonelec-  ^*  N°  ^7- 

par  argent  empêcha  réleé^ion  de /'oo/.  Mais  tion  au  7.  fon  couronnement  au    ii,  &  Adr.  L.  8, 

cet  Auteur   n'apporte  aucune  preuve    de  louverture   de   la  Porte    Sainte  au    14.  P-  ^j^S. 

ce  fait  5  &  les  Hiftoiiens  y  font  tous  con-  Pallavicin  L.  u.c.  6,  met  auffi  fon  élec-  *^^"^^'  ^• 

traires.  tion  au  7.  aufïi-bien  que  les  Ades  cités  par  ^}'  c.  &. 

74.  Cofme  Duc  de  Florence  les  ayant  Raynaldus  N°.  i.  Mais  par  le  Bref  de /m-  ^^'^vii  ' 
affurés  qu'il  navoit  pas  l'ame  Françoife ,  les  lai-même  au  Duc  de  Ferrare  ,  daté  du 
&c.  ]  Selon  Adriani  L.  7.  p.  49  ) .  &  M.  jour  de  fon  éleAion,  il  paroît  que  ce  fut  le  8. 
de  Thou  {..  6.  No  1  o.  ce  ^z del  Monte  lut-  La  rai(bn  apparemment  de  cette  différence 
même ,  qui  fe  fervit  du  Duc  (ècrettement  vient  de  ce  qu  ayant  été  élu  au  commen- 
pour  donner  cette  alfurance  à  TEmpereur ,  cément  de  la  nuit  du  7.  Téleé^ion  ne  fut 
&  qui  avoit  eu  raddreffe  de  faire  tomber  annoncée  que  le  8.  au  matin.  Pour  le 
fur  le  Gard,  de  Ste.  Croix  toutes  les  dé-  couronnement,  tous  s*accordent  à  le  met- 
marches  du  Goncile  qui  avoient  déplu  à  CA^r-  tre  au  ii ,  &  non  au  25  €omme  Fra- 
ies. C'eft  ce  qui  fit  aurtî ,  que  ce  Prince  mar-  Paolo. 

qua  toujours  plus  ouvenement   fon  indi-         76.  L'Empereur  —  intima   une    nou- 

gnation  contre  S  te  Croix ,  &  que  de  peur  de  veUe  Diète  â  Ausbourg  pour  cette  année.  ] 

trouver  quelque  Pape  dune  inclination  plus  C'eft-à-dire,  félon  Sleidan  y  pour  le  if.  de 

Françoife  ,   il  confentit  enfin  à  Téledion  Juin  iy;o, 
du  Caïd,  del  Monte. 


UDJttrm. 
JifLES  ni. 

M  RanL 

^Pallav.L 
II.  c  8. 


c  Pallav.  L 
II.  c  7. 
Onuph.  in 
vica  Jul. 
Adr.  L  8. 

P-Jo/-. 


144        HISTOIRE   D  Uf  C  O  N  C  ï  L  E 

envoya  Loids  d^jévila  au  nouveaa  Pape  pour  le  fclicicer  fur  fon  exatratibn» 
&  !e  preflcr  de*  rétabFir  le  Concile  77.  A/«  répondit  i  ces  avances  avec  la 
même  polîtcflfe,  *  &  fit  è  rEtn^crcur  dé  grandes  offres  de  fon  amirié.  Mais 
il  ne  donna  qtredes  paroles  génétàles  fur  le  fait  da*  Corïciie»  n^étant  pas 
bien  encord  réfolu  Im-même-rarceqa'il  a  voit  st' faire.  It  tù  pârta  avec  ki 
mime  irréfolucion  aa  Cardinal  de  ôuifc ,  qui  (t  difpofoic-  i  recod^ner  en 
France  »  raffurant  featement  qu'il  né  fetoie  rien  i  fani^én  avMr  communiqué 
auparavant  avec  le  Roi  Trè^-Chrétien.  Toutes  les  fois  de  même  que  le 
Cardinal  PachécaSc  les  autres  Impériaux  lui  en  parloient ,  il  leur  dit  :  Qu'il 
s'accorderoit  aifément  avec  TEmpereur  fur  ce  point ,  auffi-tôt  que  ce  Prince 
en  aeiroTt  fîncèrement  avec  lui  \  ^  mais  que  le  Concile  devoir  (t  tenir  pour 
confondre  les  Hérétiques ,  &  favorifer  les  intérêts  de  rEttipéreur  >  &  non 
pour  préjudicier  ï  ceux  du  Saint  Siège  ;  &  qu'il  y  avoit  fur  cela  bien  ios' 
chofbs  i  cotrCdcirer  ,  qu'il  fèrbit  fàvoir  j  Sa  Majefté  dafnfs  fon  tems. 

JuUs  ne  demeura  pas  long- tems  fans  faire  connoîtré  ce  que  l'on  devoir 
attendre  de  fon  Gouvernement.  78  i\  patlbitTes  joc^rs  entiers  dans  fes  jar-* 
dins>  ^  faifoit  élever  des  maifons  de  plaifance»  &  montroit  beaucoup  de* 

penchant  ' 


Tf*  Et  envoya,  LouU  tTAviU  au  nou" 
veau  Pape  pour  Ufiliciter  fur  fan  exaka» 
non ,  &  U  preffer  de  rêtahUr  U  CoàcUt»  ] 
PaUaviein  L.  xi.  c.  8.  prétend  que  les  In^ 
tru^ions  à*Avila  neponoientrienfurrar- 
tîcle  du  Concile  ,  &  qa  avant  fon  arrivée 
le  Pape  avoic  envoyé  Pierre  dû  Tolède  à 
rËm'pereaf  pour  lui  porter  des  efpérânces 
génôales  de  rétablir  cette  Aflèfnblée  à  cer- 
taines conditions.  Ce  fécond  point  éft 
confirmé  par  Adfîani  L.  8.  p.  496.  Mais 
a  regard  du  premier ,  quoiqu'il  .foie  certain 
que  le  principal  motif  extérieur  de  FAm- 
baflàde  de  à*Avîla  (ut  de  féliciter  Jules 
fur  (on  exaltation  ,.  il  n*y  a  aucune  appa- 
rence quil  ne  fut  pas  chargé  en  même 
tèms  de  porter  quelques  paroles  au  Pape 
fur  là  tenue  du  Concile  ,  que  TEmpereur 
avoit  n  fort  à  cqèur  ,  &  pour  laquelle  il 
n  avoit  jamais  ce(I2  de  £àire  de  fortes  inf- 
tances  par  tous  fes  Minières.  La  chofe 
môme  feroit  abfolument  hors  dé  doute ,  fî 
ce  que  dit  Adrîani  L.  8.  p.  4981.  étoithien 
cenain  ,  favoir  »  que  c*écoit  fur  les  oflfres 
que  Jules  avoit  &it  £aire  par  Tolède  à  TEm- 
pereur,  que  ce  Prince. avoit  dépêché  à'A- 
vila  à  Rome.-  Mais  indépendamment  det 
la  vérité  de  cette  circonftance ,  il  eft  plus 
que  probable  ,  que  à'Avila  n'alla  pas  à 


Rome  &m  être  chargé  de  quelques  cotn^ 
miilloTtf  phis-  importâmes  que  celle  de  fiS-, 
Ikiter  amplement  le  Pape  fur  fon  éleûion. 
78.  Il  paffoit  les  jours  entiers  dans  fis 
jardins,  &c.]  C*e(l  le  caradère  que  don«- 
nent  tc^  leS  Hifterfens  de  ce  Pa^ ,  9à 
dont  PaUaviein  lui-même  a  été  obligé  de 
convenir  L.  it.  c.  7.  La  maggiorpane' 
dèltènipo,  dît  Adfiatâ  L.  8.  p.  f  Of . dïmo^ 
ràva  o^fè  à  Uri  fuo  gatdino  dovt  faeeva 
fahricare  pala^jj,  £•  lôggie  ,  adomandole 
di  fiatue  antiehe  S  rharmi  pelUgrihi  ,  & 
di  opti  àltro  raro  &  rîeco  tavoro  eon  if- 
pefa  grandiffima.  Onde  i  Cortipani  &  al^ 
tri  a  cui  là  Cofit  importava  fi  ne  dijpera' 
i^an^.  OnUpHté  nVri  parle  pas  aufréifienr' 
dans   la  Vie.  dé  Jitlèi  •  qtf il  Tepïéfchte 
comme  cfiïiqliéifieht  Xittl  i-l'oi/rveté*  Et  aux 
plaifirs .  Pfuéndo  pdtîùs  ,  dit  cet  HIftotien , 
çuatâregendà  Pontificatui  ihtuiHb'ehàt ,  to- 
tié/que  erat  in  extruenda  eiegà/ifij^nia  ad 
volupiarîosficeffus  Villa  Jjilîa  ,  in  quapef 
toium  Pontificatum  canviviis  potius  quam 
pûhlîcé  procufatiorà  vacaBat  — ^  abMcâtd 
rerum  cura  hilarîtati  &  pnio  fiio  nimiàm 
indulfit»   les  autres  Hiftoriens  n'en  par** 
lent  pas  diffi^remment  ^  &  s'accordent  en- 
tièrement zwec  Frd'Paàlo  dans  Tidéé  qu'il 
nous  donne  de  ce  Pape* 

79.  AuJJI* 


DE    T  RENTE,  LivR  E   III.  54^ 

penchant  pour  les  plaifirs ,  &  peu  d'inclination  pour  les  affaires  ,  &  prin-     u  d  l. 
cipalcmcnc  pour  celles  qu'il  trouvoit  diflSciles  à  manier.  L'AmbaflTadeur  '^^^^  ^^' 
McnJoie  qui  s'en  apperçut  bientôt ,  le  manda  à  fon  Maître ,  &  lui  mar-  -— — "" 


quon  vouaroit  lui  taire  taire  ,  en  1  intimidant.  1.  opinion 
que  Ton  avoit ,  qu'il  s'occuperoit  moins  du  bien  public  que  de  fatistaire  à 
ics  inclinations ,  fe  confirma  bientôt  par  la  promotion  qu'il  fit  le  31  de 
Mai  d'un  Cardinal ,  i  qui  il  donna  fon  propre  Chapeau ,  félon  l'ufàge  des 
Papes. 

Lorsque  Juies  n'étoit  encore  qu'Archevêque  de  Siponte  &  Gouverneur  ^^^''  ^  '• 
de  Bologne  ,  ^  il  reçut  dans  fa  maifon  un  jeune  enfant  natif  de  Plaifance ,  s\J^i^  ^i, 
dont  on  n'a  jamais  bien  fu  la  naiflance.  Il  prit  pour  lui  autant  de  tendreflè  p.  373. 
que  fi  c'eût  été  fon  propre  fils.  On  dit  que  ce  jeune  homme  étant  tombé  Thnan.  L 
malade  à  Trente  d'une  maladie  que  les 
l'envoya  par  leur  avis  à  f^érone  pour  chanj 
&  le  jour  même  qu'il  revenoit  à  Trente ,  _ 

nombre  de  Prélats  étant  forti  de  la  ville  pour  fe  promener  &  l'ayant  ren- 
contré ,  le  reçut  avec  des  témoignages  extraordinaires  de  joie.  Soit  que  cette 
rencontre  fût  arrivée  par  hazard  ,  ou  que  le  Cardinal  ne  fut  forti  fous  un 
autre  prétexte  que  pour  aller  à  fa  rencontre  9  cela  fournit  matière  i  bien 
des  diicours.  Il  avoit  coutume  de  dire  qu'il  aimoit  ce  jeune  homme  »  &  le 
regardoit  comme  l'ouvrier  de  fa  fortune  ;  vu  que  les  Aflrolc^ues  lui  avoient 
prédit  de  grandes  richefles  &  de  grandes  dignités ,  auxquelles  il  n'eût  pu 
parvenir ,  fi  lui-même  n'eût  été  élevé  au  Poruificat.  ^  Auffi-tot  79  qu'il  tut  «  Pallav.  L. 
Pape ,  il  ibuhaita  que  Baudouin  del  Monte  fon  frère  adoptât  pour  fon  fils  ''-  ^*  7* 
Innocent  y  qui  étoit  le  nom  de  ce  jeune  homme ,  &  qui  après  cette  adoption 
prit  le  nom  d'Innocent  del  Monte.  Après  l'avoir  chargé  de  plufieurs  Béné* 
nces^rî!  le  créa  Cardinal ,  comme  nous  l'avons  dit ,  ce  qui  donna  occafion  L'Empertur 
i  quantité  de  difcoùts  &  aux  pafquinadcs  des  Courtifans ,  qui  cherchoient  ^'«^  éiMbiér 
dans  quelques  événemens  pafles  le  véritable  motif  d'une  aâion  fi  extraor-  ^/"f ^î/^''^"» 

dinaire.  Pmïs-Bms 

XXIX.  L'Empereur  Char/es  y  ^  avant  que  de  partir  des  Païs-Bas,  yfuméUsU  eft 
publier  un  Edit  pour  y  établir  l'Inquifition.  Les  Marchands  kWtm^nàs&c  chUgé  déi- 
Anglois ,  qui  fe  trouvoient  en  grand  nombre  dans  ces  Provinces,  en  ayant  ^^^»»^ 
pris  l'allarme ,  s'adrcfFerent  i  la  Reine  Marie  &  aux  Magiflrats  pour  faire  ^  r^i^'j  L 

11.  p.  378. 

79.  Attffi-tét  qu'dfut  Pape  ,il fouhalta  ce  jeane  homme  fiit  fait  Cardinal  le  30  Thuan.  L. 

fue  Baudouin  dtl  Monte  fon  firhre  adoptât  de  Mai  de  non  le    31.  Mais  le  Pape  eut  €.  N^  17* 

pour  fii^  fils  Innocent  y  qui  étoit  le  nom  de  fajec  de  fe  repentir  d'pne  amitié  fi  mal  Spond.  N^ 

ee  jeune  hçmme  »  &c.  ]  Ce  récit  n'eft  pas  placée ,  &  que  bien  du  monde  ne  jugea  pas  4«  ^ 

tpuc-à-fait  exaâ.  Car  cette  adoption  s*étoic  innocente.  Car  Innocent  fe  conduifît  avec  ^^y"*  *^ 

&ite  dès  que  Jules  étoit  Légat  à  Bologne ,  tant  de  ^ndale  &  de  dérèglement ,  que  \^' 

comme  on  le  voit  par  les  Adbs  de  Maf-  Pie  IF.  fot  obligé  de  le  dégrader  de  fes  di-  '^^^'^Jo 

,  farelh  cités  par  PaUaviein  L.  11*  c.  7.  &  gnités.  i4«.  ^    3 • 

T  OMB  I.  Zz  z 


Î4tf         HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  D  L.    modérer  l'Edic ,  à  faute  de  quoi  ils  procefterenc  qu'ils  fe  retireioicat.  La 

TuLts  IIL  réfiftance  que  trouvèrent  par-tout  ceux  qui  étoient  chargés  de  l'ezécotioi^ 

'  de  TEdit  &  de  réubliflcment  de  Tlnquilhion ,  força  la  Reine  Mark  t 

aller  elle-même  à  Ausboure  trouver  TEropereur  qui  s'y  étoit  rendu  pour  \t 

Diète ,  pour  tacher  de  le  détourner  de  fbn  dedein  >  de  peur  de  Êiire  un  Dé-t 

fert  d-un  paï»  fi  peuplé ,  &  de  faire  naître  quelque  lédition  dangereufè. 

Ce  ne  (ut  qu'avec  beaucoup  de  peine  cme  ce  Prince  fe  lai(&  perfvad^  ; 

mais  il  confentit  enfin  de  fupprimer  (e  nom  d'Inquifition  qui  éîoic  fi* 

odieux  y  &  de  révoquer  tout  ce  qui  regardoit  les  Etrangers  dans  iba  Edit  r 

perfiftant  toujours  néanmoins  à  y  foumettre  les  Naturels  du  païs. 

I#  IV'  ^     XXX.  It  ne  ceiTbit  en  memê-tehas  de  foUtctter  le  Pape  s  par  fes  ievires 

Uhere  fmkicfts  Ambaflâdeufs  de  rétablir  le  Concile  à  Trente ,  œmaitdanr  fur  eeta^ 

fttMbUffi-    une  réponfe  précife ,  &  qui  ne  fût  ni  fi  générale  que  celle  qu'il  avoir  dkM- 

^'^^^.M    T^étkaAvila^  m  auffi  ambiguë  que  celles  qu'il  donnoîc  tous  Im  jours  è 

Tfmê       P^chicà.  Il  lui  fie  demander  auffi ,  ^  qu'il  sfexpliqiiât  fi»  les  conditions  qu'il 

X  tkaxj  y  fouhaitoit  »  afin  qu'il  Ût  nettement  ou  fl'ù  devoir  compter  fur  ce  remédei 

L.  14^.  N^pour  pourvoir  aux  maux  de  l'Allemagne ,  on  s'il  falloir  avoir  recours  i 

>•  qqelques  autres  y  étant  impofiible  de  refter  plus  long-tems  dans  cet  bM 

^  ^^^*  ^  a'irrémmion.  Le  Pape  jurant  que  cette  amire  étoir  la  plus  impotrant^ 

'  ^*  ^'  '      qui  pouvoir  arriver  pendant  fon  Pontifieat  »  balança  avec  fi»  plus  coniàim 

les  raifixis  qui  pouvoient  lui  perfuader  our  le  (Muader  d'e&trer  dans  les  vue§ 

de  l'Empereur.  D'un  côté  il  confideroit  :  Que  remettre  le  Concile  à  Trente  y 

c*étoit  condamner  b  tranflatiôn  qui  en  avoir  été  fiiite  à  Bologne ,  &  dofii 

il  avoit  été  le  principal  inftrument  ;  Se  que  c'étoit  avouer  ouvertemanf 

qu'il  avoit  mal  »ie,  ou  par  fa  propre  volonré  »  ou  par  le  mouvement  ^atm 

tmi  :  Qu'encore  s*il  n'y  avoit  que  la  tranflatiôn ,  ce  n'éroit  pas  une  fi  grandb 

af&ire  s  mais  qu'après  s'être  déclaré  partie  pour  la  défendre  Se  l'avoir  fiiit 

avec  chaleur ,  il  ne  pouvoir  fi:  retraéfcer  h  aifément  fiins  fis  faire  rater  de 

malice  :  Que  ce  qu'il  y  avoit  en  cela  de  plus  efientiel ,  c'eft  qu'il  allcÂtiS'eis- 

pofer  de  nouveau  >  lui  &  le  Saint  Siège  y  à  tous  les  dangers  contre  lefquels 

Paul  y  Pape  très-prudent  >  n'avoit  pas  cru  pouvoir  St  précautionner  qu'en 

s'alTurant  du  Concile  :  Que  jufqu'à  la  mort  il  avoit  perfifté  dans  l'idée  que 

c'étoit  évidemment  une  fituflè  démarche ,  que  de  s'expofèr  de  nouveau  aux 

mêmes  rifisues  :  Que  quoique  peut-être  il  n'y  eût  pas  encore  beaiscoop  de 

perfbnnes  mdifpofèes  conrre  lui ,  qui  ne  fiaifoir  que  d'entrer  dans  le  Got^ 

vemement  ;  comme  néanmoins  ce  n'étoit  pas  tant  du  Pape  que  du  Podci^ 

ficat  que  la  plupart  faifoient  des  plaintes ,  il  n'y  avoit  point  de  Pape  en 

particulier  qui  put  s'affiirer  que  dans  la  fuite  du  tems  il  lï'arrivît  quelque 

chofe  qui  le  rMdtt  plus  odieux  >  fans  iiiême  qu'il  y  eut  dfe  £î  fiîute  :  Qtt<» 

d'ailleurs  »  comme  tous  les  hommes  n'agiflbnt  pas  ftt  haine  >  mai$  Mie  tet 

^lùs  itiéchàAs  n<i  font  fou  vent  lé  mal  que  pcMif  Véfevér  fur  la  ruine  cK^  Ai*-' 

très  ;  if  s'enfoivôit  que  les  mêmes  râiiôhs  qui  avoitùt  obligé  PatU  4  faire 

tt  qii'it  avoir  fait  >  deyoiênt  lé  déterminer  i  fui vre  la  même  conduite. 

D'un  autrfc  côté ,  Àifant  réflexion  fur  toutes  les  peines  qpo  PmI  avoii 


Jules  HT. 


DE    TRENTE,  Livre    III.  '       547 

eues  i  foulfrir  pendant  vingt- fix  mois  poar  cette  aflfaîre  »  &  les  itulignicés  ^  o  Z" 
qa*il  aroit  eues  â  eélmer ,  fans  pouvok  empècber  la  dimiQUcion  4e  Tauto* 
rite  Pontificale  non-feulement  en  Allemagne ,  mais  même  en  Italie  »  il 
fàâ&it.attention  :  Que  fi  ce  Pape ,  affermi  dans  le  Pontificat  depuis  piuffieurs 
années.  Se  malgré  l'eftime  qu'il  f'étc^t  acquife ,  n'avoit  pu  empêcher  dd 
voir  fon  amorité  s'afIbibUr  'y  ix>nvbien  lui ,  qui  écoit  tout  nouveau  »  3c  -qui 


méprifé  de  tout  le  monde ,  s'il  prenoit  envie  à  l'Empei 

fier  quelque  nouvelle  Proteftation  ,  ou  de  faire  quelque  autre  Déctet  icm-^ 

Uable  i  Vlmerim  ^  -Qu^il  devoit  peu  s'embarrafler  de  ce  qu'il  avoir  é|£ 

rinftpoment  de  la  tranflation  du  Concile  ,  ou  de  la  fermeté  avec  laquelle 

il  l'avoic  défisndue ,  puifqu'en  changeant  de  ibrmne  il  avoit  dianj^  d'iacé* 

rets  :  Que  ks  aéHons  du  Cardinal 

Jiiie$  in  ^  Se  que  ce  qui  avoir 

pas  dohner  &  Tautre  :  Que  dans  l'état  où  il  étôir  alors ,  il  avoic  dû  agir 

Don  (êrvîteur  de  fon  Maître ,  Se  le  fervir  felon  les  intentions  ;  mais  qii-1 

ptéfent  n'ayant  plus  de  Maître ,  il  ne  s'agtdbit  plus  de  bien  fervir  »  Se  que 

dansle  notrveau  pofte  où  il  fe  trouvoit ,  il  étoit  queftion  de  s'accommoder 

prudenmient  au^foin  des  affaires.  ^  Il  voyoit  d'ailleurs  ,  quel  fcandale  ce  iPallav,  L: 

{tv6k  de  ne  montrer  aucun  égard  pour  les  demandes  de  l^mpereur ,  qui  x  i.  c.  8. 

swoient  un  motif  au  (fi  fpécieuxque  celui  de  réduire  T  Allemagne:  Que  les 

caufès  qui  faifoient  founairer  le  Concile  étoient  publiques  Se  connues  de 

tbut  le  monde,  au  Keu  que  celles  qui  en  détoumoient  étoient  fecrettes  8c 

connues  de  fon  peu  de  pefonnes  :  Qu'enfin  il  devoit  avoir  quelque  égard 

pour  fc  ferment  ^u'il  avoit  fait  Se  réitéré  ;  Se  que  quoiqifen  promettant  de 

continuer  le  Concile  on  n'en  eût  point  déterminé  le  lieu  ,  d'étoit  refufer 

de  lexontinuer  que  de  ne  le  point Tétablir  à  Trente,  n'étant  pas  poffible 

de  le  tenir  ailleurs  contre  la  volonté  de  Charhs ,  Empereur ,  Roi  dWpagne 

&  de  Naples ,  Prince  des  Païs-Bas ,  &  qui  avoit  beaucoup  de  parti&ns  en 

Italie. 

Ces  ràifotts  le  Fatfbient  peneher  pour  ce  parti ,  connne  plus  eonfûtmt  i 
fen  raraftère ,  qui  étoit  de  penfer  plutôt  i  fe  libérer  des  enibarras  préfens '^ 
qu^'à  fe  précantionner  tx>ntn:  les  dangers  â  venir  ;  &  il  y  étoit  d'autant  plus 
porté ,  que  par-là  il  éviteroit  toutes  Tes  mortifications  que  poturoit  lui  don- 
ner l^Empereur.  Car  à  l'égard  des  dangers  qu'il  y  avoit  à  appréhender  du 
Concile^  il conmiençoit  i  les  croire  moins  grands ,  i  caufe  dachaqgemenc 
arrivé  ila  fortune  de  ce  Prince ,  craint  avant  fa  viâoive.,  maistqui-en  étoic 
emborafïé  depuis  qu'il  l'avoit  obtenue.  Il  voyoit  «n  câèt^queTetenircoiiMM 
fetfoit  î?W-&5deux  Princes  prifonnicrs ,  c'étçfit ,  pour  ainfi'dife  ,  tehir  le. 
Loup  parles  oreilles  :  Que  les  Villes  d'Allemagne  rtifpirôienr ^vertement 
la  révolte  :  Que  les  Eccléfiaftiques  étoient  las.de  fa  domination  :  Qu'iT 
avoit  des  embarras  doineftiques  *,  &que  fi3n fils,  fon  frère.  Se. {on  neveu 
qui  afpiroient  à  l'Empire,  lui  donneraient  plus.dAi^^  qu'iîL n'c;a ppUH 

Zzz  1 


54»       HISTOIRE    DU    CONCILE 

roic  faire.  Enfin ,  concluant  tout  ceci  félon  fon  naturel ,  Sortons ,  dit-il  » 
Jules  IIL.  j^  difficultés  prifcntes^  &  cfptrons  que  notre  bonne  forturu  ne  nous  abandon^ 


M  D  L. 


nerapas. 

80 


Cependant»  fans  découvrir  fa  réfolution ,  il  nomma  uneCongréga* 
k  Pallay.  L.  ^^^^  ^c  Cardinaux  &  d'autres  Prélats,  la  plupart  Impériaux ,  ^  afin  qu'ils  ne 
1 1.  c.  8.  s'écartaflent  pas  de  fes  vues  •,  &  il  y  joignit  quelques-uns  de  fes  Confidcns , 
Rayn.  pour  mieux  diriger  lafïàirc  conformément  à  fes  intentions.  Il  leur  propofa 
^" ^"  la  demande  de  lEmpereur ,  &  leur  ordonna  que  fans  aucun  égard  pour 
iléUv"  o.  pcrfonne ,  ils  diflcnt  librement  ce  qu'ils  croiroient  être  davantage  du  fcrvicc 
de  Dieu  &  de  l'honneur  du  faint  Siège  *,  &  qu'en  cas  qu'on  jugeât  à  propos 
d'y  condefcendre,  ils  propofaflent  les  moyens  de  le  faire  avec  honneur,  fu- 
reté ,  &  avantage.  Après  plufieurs  délibérations ,  l'avis  de  la  Congrégation 
fut ,  qu'on  devoit  continuer  le  Concile ,  tant  â  caufe  du  ferment  que  le 
Pape  en  avoit  fait  dans  le  Conclave ,  &  depuis  fon  exaltation  «  que  pour  em- 
pêcher le  fcandale  qui  en  arriveroit  fi  on  ne  le  faifoit  pas.  A  l'égard  de  Iz 
manière  de  le  tenir ,  on  trouvoit  qu'il  y  en  avoit  deux ,  l'une  de  le  conti- 
nuer à  Bologne ,  &  l'autre  de  le  rétablir  à  Trente  :  Qu'à  l'égard  de  Bolo- 
gne, le  Pape  Paulzyzni  évoqué  à  lui  la  connoiflance  de  la  validité  de  la 
franflation  &  défendu  de  pafTer  outre,  il  étoit  impoffible  de  l'y  continuer  » 
à  moins  que  Jules  ne  déclarât  auparavant  qu'elle  étoit  valide  ;  &  que  s'il  le 
failbit,  il  donneroit  un  prétexte  légitime  de  regarder  fon  jugement  comme 
fufpecb ,  tout  le  monde  fâchant  que  cette  tranflation  étoit  fon  ouvrage , 
comme  Légat  &  comme  Préfident  du  Concile  :  Que  par  conféquent  il  ne  ref- 
toit  (1  autre  voie  que  celle  de  le  rétablir  â  Trente  :  Que  par-là  on  ôteroit  à 
l'Allemagne  le  prétexte  de  ne  point  s'y  foumettre ,  &  qu'on  fatisferoit  l'Em- 
pereur, qui  étoit  un  autre  point  très  eflenriel.  Cet  avis  fut  approuvé  du 
Pape,  après  quoi  on  paffa  à  délibérer  fur  le  refte. 

L'on  convint  d'abord,  qu'il  falloit  avoir  le  confentement  &  l'affiftance 
du  Roi  de  France  ^  &  l'intervention  des  Prélats  de  ce  Royaume ,  ^  fans  quoi 
la  réputation  du  Concile  feroit  bien  foible ,  &  l'on  courroit  rifque  de  per- 
dre la  France  pour  regagner  T  Allemagne  :  ce  qui ,  félon  la  fable ,  feroit  quit- 
;r  le  corps  pour  courir  après  l'ombre.  La  diniculté  pour  engager  ce  Prince 


/  Rayn. 
"7- 


N° 


ter 


étoit  de  le  guérir  des  foupçons  qu'il  pourroit  prendre ,  en  voyant  tenir  le 

Concile  dans  un  lieu  foumis  à  l'Empereur  &  voifin  de  fes  Armées.  Mais  en 

mVzWzy.  confidérant  qu'il  ne  pouvoit  avoir  d'autres  craintes  ,  ">  finon  qu'on  ne  fit 

L.1X.C5.  ^^"^  1^  Concile  quelques  Réglemens  préjudiciables  aux  Droits  de  (bn 


80.  Ceptndéint  fans  découvrir  fa  r</blu' 
tion  ,  i/  nomma  une  Congrégation  de  Car- 
dinaux &  d^ autres  Prélats ,  la  plupart  Im- 
périaux ,  afin  au  ils  ne  s'écartaffentpas  de 
fes  vues  ,  &c.  J  Ces  Cardinaux  ,  àlexcep* 
tion  de  Cervin^  écoienc  les  mêmes  qae 
ceux  qui  du  tems  de  Paul  IIL  avoient 
été  chargés  de  la  çonnoiflknce  de  cette  affaire. 
Mais  comme  ils  n'avoiemplos  les  miines 


rai(bns  de  vouloir  que  le  Concile  (e  tint  â 
Bologne  ,  ils  fe  trouvèrent  difpofts  à  le 
remettre  à  Trente  félon  les  intentions  de 
Jules  ,  qui  ne  voyoit  pas  d'autre  moyen 
de  contenter  l'Empereur  >  avec  qui  il 
avoit  intérêt  de  s*accommoder ,  &  à  qui  il  en 
avoit  donné  refpérance  par  la  médiation  du 
Duc  de  Florence. 


DE    TRENTE,  Livre    IIL  549 

Royaume ,  aux  Privilèges  de  fa  Couronne ,  ou  aux  Libertés  de  TEglifc  Gai-     m  d  t. 
licanci  on  ciut  qu'en  lui  donnant  des  aflurances  quon  n'y  toucneroit  en  ^^^^  ^^^' 
rien  ,  on  ne  pouvoir  douter  que  la  poffcflîon  héréditaire  où  il  étoit  de  pro-  •— "— " 
teger  &  de  favorifer  le  faint  Siège ,  ne  luifit  prendre  la  proteftion  du  Con- 
cile ,  &  ne  rengageât  à  y  envoyer  fcs  Prélats. 

Une  autre  difficulté  étoit ,  ^  que  les  Prélats  Italiens ,  qui  la  plupart  font  ^  Rayn.  N** 
pauvres ,  avoient  un  grand  éloignennent  pour  ce  lieu ,  à  caufe  qu'ils  ne  9, 
pou  voient  foutenir  la  dépenfe  *,  &  que  la  Chambre  Apoftolique  qui  étoit 
cpuifée,  &  qui  fuffifoit  à  peine  pour  foutenir  les  Légats  &  lesOmciers  du 
Concile  ,  &  les  dépenfes  extraordinaires ,  n'étoit  guères  en  état  de  les  fou- 
lagcr.  Mais  après  y  avoir  bien  penfé  °  &  repenfé ,  Ton  ne  put  trouver    «  Paliav* 
moyen  de  tenir  le  Concile  fans  dépenfe ,  &  Ton  jugea  bien  qu'il  falloir  ava-  ^^^^ 
1er  le  Calice  *,  &  que  tout  ce  que  Ton  pouvoir  faire  étoit  de  retrancher  les 
dépenfes  inutiles ,  d'expédier  le  Concile  le  plus  promtement  qu'il  fe  pour- 
roit ,  &  de  ne  demeurer-là  qu'autant  qu'il  leroit  abfolument  néceffaire. 

La  troifième  difficulté  étoit ,  que  l'on  craienoit  que  les  Proteftans  ne 
voulurent  faire  examiner  de  nouveau  les  choies  qui  avoient  été  déjà  dé- 
terminées. Mais  toute  la  Congrégation  conclut  fans  héHter ,  qu'il  falloir 
faire  entendre  clairement ,  qu'on  devoit  tenir  pour  certain  ce  qui  avoit  été 
décidé ,  &  qu'on  ne  permettroit  point  qu'on  le  remît  en  queftion  \  &  qu'il 
falloir  fe  déclarer  fur  cela  avant  le  Concile ,  &  ne  pas  attendre  a  le  faire 
qu'il  fût  aflcmblé. 

Mais  la  dernière  difficulté  fc  la  plus  importante  de  toutes,  regardoic 
l'autorité  du  faint  Siège»  tant  dedans  que  hors  &  fur  le  Concile  \  autorité 
non- feulement  attaquée  par  les  Proteftans  qui  cherchoient  à  la  détruire  » 
mais  auflli  par  plufieurs  Princes  qui  vouloient  la  reftraindre»  &  par  quan- 
tité d'Evcqucs  qui  fongeoient  à  la  modérer.  P  C'éroit-là  la  caufe  qui  avoit  Z^*^^*^-  L. 
porté  plufieurs  des  derniers  Papes  à  ne  point  confentir  au  Concile ,  &  pour  ' ''  ^'  ^^' 
laquelle  Paul  lui-même,  qui  s'en  étoit  apperçu  après  sy  être  laifTé enga- 
ger ,  avoit  cherché  à  y  remédier  en  le  transtérant  ailleurs.  ^'  Tout  le  monde 
voyoit  bien  ce  danger  ;  mais  le  feul  remède  qu'on  y  trou  voit  étoitjComnie  le 
difoient  quelques-uns,  que  Dieu  qui  avoit  fondé  l'Eglife  Romaine,  Se  l'a- 
voit  élevée  au  defTus  de  toutes  les  autres ,  fauroir  bien  difUper  tout  ce  qu'on 

s  I .  Tout  le  monde  voyoii  bien  et  dan- .  Pighlno  aa  nom  dé  ce  Prince.  PalUv.  L% 

ger,  &c.  ]  Cécoit  jafteitienc  celui  qai avoit  ii.  c.  lo.  Finalmente  in  quello  ehe  appar' 

toujours  infpiré  aux  Papes  tant  de  repu-  teneva  aW  autorità  Pontificia  diffe  il  Gran» 

gnance  à  tenir  le  Concile  hors  de  Tltalie.  villa  ehe  oltre  al  [elo  délia  Religione  non 

Mais  refpérance  dont  ils  fe  flatcoient  y  que  folamente  fua  Maeftâ  la  defenderebbe  per  • 

Dieu  nal>andonneroic  pas   la  défenfe  de  la  corriJppndin[a  ch'egli  doyevaalprefeme 

l'Eglife  Romaine,  n*étoit  pas  la  feule  ref-  Pontefice  ,  ma  perche  l'obbaiterla  farebbe 

fource  qu'ils  avoient  dans  leur  crainte  $  &  Jiato  un  dehilitar  la  propria.    Ce  isx  cette 

ils  earenc  foin  que  rEmpeieur  leur  don-  aflurance  >  autant  que  la  confiance  en  la    * 

nât  de  bonnes  aflurances  qu'il  ne  laifleroic  Providence  ,   qui  (ervit  un  peu  i  calmer 

donner  aucune  atteinte  a  leur  autorité  ,  les  frayeurs  de  la  Cour  de  Rome, 
omme    GranveUe  en   aflura  le  Nonce 


yyo        HISTOIRE    DU    CONCILE 

uDu    entceptendroit  <:ontce'«Ue  ;  ce  4^ue  les  uns  croyoient  pac  fimplicicé ,  8c  d'aa« 
Jules  11*L  ^^^  ^^  întérèc ,  &  ce  que  <|iielqucs-4ins  ne  dUbient  que  parce  qu*ib  ne  ùl^ 
*'""*'"""*  went  que  due  aucce  chofë.  Cela  cependant  ne  fuffiloic  pas  pont  calmer 
HUKes  ies  fcayeurs. 

Mais  le  Cardinal  Crcfcenu  ,  après  avoir  fait  beaucoup  valoir  cette  on- 
iidération  »  ajoiua  :  Qu'il  «l'y  avoir  point  ^'affaires  dans  le  inonde ,  où  il  n'y 
eût  des  rif^ues  àx:o»cir  :  Qu'on  .en  voyoit  un  exemple  dans  la€«erre ,  qui 


— —  __ —  —  —  —  —  —  . ^  ~. — -  _  —  —  —  —  — ^_  —  —  — ^_ — 

perdre  :  Que  l'on  ne  fauroit  jamais  entreprendre  une  afiàire  >  quelqi 
aflttcance  que  l'on  ait  du  fuccès  »  qu'elle  ne  puiflè  échouer  par  des  accîdens 
imprévus ,  ic  que  les  chofes  ies  moins  importances  ne  puiflènt  attirer  leg 
plus  gr^inds  inconvéniens  :  Que  ceux  qui ,  pour  éviter  d'autres  maux ,  font 
tosoés  de  prendre  un  parti ,  ne  doivent  point  être  arrêtés  par  les  ril^es  : 
Que  les  cnofes  étoient  dans  une  Atuation  >  que  il  le  Concile  ne  le  tenoit 
pas  5  il  ^  avoit  tout  fujet  de  craindre  que  le  monde  &  les  Princes  ^en  étant 
Icandalifés  ne  s'aliénaltent  tout-à-fait  du  Pape ,  8c  qu'ils  ^le  lui  naSIiflènt 
plus  par  voie  de  fait ,  qu'on  ne  pourroit  jamais  faine  dans  le  Concile  par-ies 
diipuces  8c  les  Décrets  :  Qu'y  ayant  du  péril  de  toutes  parts  »  il  valoir  mieux 

S  rendre  le  parti  le  plus  honorable  8c  le  moins  dangereux  :  C^'il  j  avoir 
'ailleurs  bien  des  moyens  de  détourner  le  danger  »  comme^coit  de  tenir  les 
Pères  du  Concile  occupés  le  plus  qu'il  feroit  pofliible  en  d'autres  matières , 
de  man^é  qu'ils  n'euflènt  pas  letems  de  foiiger  &  celle-là  *,  de  s'attacher 
beaucoup  <te  Prélats  »  8c  fur- tout  les  Italiens ,  par  des  fèrvices  >  des  e(péran- 
ces ,  6c  d'autres  moyens  ordinaires  de  cette  natuK  *,  de  tenir  la  balance  en* 
tre  les  Princes  en  nourriflfànc  entre  eux  quelquejaloufied'intérèr»  afin  qu'ils 
ne  £t  réuniâènt  point  pour  faire  quelque 'Oncreprife  de  concert  »  &:  que  l'un 
propofanc  une  cnofe,  1  autre  eut  intérêt  de  s'y  oppofer  ;  8c  que  d'atHeurs  un 
nomme  prudenr  trouvoit  fut  le  champ  des  expediens  pour  prolonger»  8c 
enfuite  pour  faire  manquer  une  aftàire.  Cet  avis  fut  approuva  de  tout  le 
monde  »  8c  l'on  convint  qu'il  ne  falloic  montrer  aucune  crainte  :  8c  qu'on 
pouivoic  bien  lai(!êr  entrevoir  à  l'Empereur  qu'on  avoir  prévu  le  mal ,  mais 
qpCon  ne  le  craignoit  pas,  &  qu'on  avott  le  f  envède  tout  prêt. 
IlfMÎt  part  JCXXL  Cette  délibération  étant  finie,  &  le  parti  pris  de  remettre  Je 
r'  "^w»f'^  Concile  à  Trente ,  le  Pape  en  donna  avis  au  Cardinal  de  Ftrrarc  '8c  à  l'Am- 
t€r€ur  é^'  baffadwrde  France.,  &  dépêcha  un  Coucier  exprès^u  Roi  Stmi ,  pour  lut 


^  _  fpècha 

L.  II.  c  9.  Nonces ,  l'un  vers  PEmpcrcur ,  qui  étoit  SébaJHen  PIghino  Archevêque  de 
i4<.N*' 10.  ^VOfTWi  ,'^  Antoine  Trivulcc  Eveque  de  Toutou  y  ers  le  Roi  de  France.  Il 
chargp  lé^premier  de  parler  conformément  aux  ^libérations  prifès  dans  la 
Congrégation  ;  8c  il£t  pactir  le  fécond  enppfte,  afin  qu'il  put  lui  rendre 
inceiumment  compte  dtes  intentions  de  ia  France  >.ilont  il  vouhm^tre  iof- 


Il  II. 


DE    TRENTE,  LivUE    III.  yjt 

truie  avamt  qucdepafler  oucce.  '  il  le  chargea  par  fes  Inftruâîons  de  rebdre  n  d  z. 
iHi  comptepiinkQner  au  Red  àe$  t2À(oM€fdV ravoient  décermitié à  réraUh  te  ^"'■^  ^^* 
Concile  à  Trente  >  f^avcir  qac  f  l'Allemagne  »voit  promis  de  s'y  feumertie^. 
qac  TEmpereat  r«vott  denàaifdé  ârrec  de  vive6  inftances  ;  &  qo^on  ne  peu^  ii.^ac^u. 
voit  le  contiiHyer  â  Bologne  poM  ces  raiibas  >  &  de  pecnr  qi^on^  ne  fît  mw 
les  ProtdHa^^  qoetqae  acodrd  pté)adkiable  »  &  qu'on  n'en  rejetcâr  for  hfi 
toute  la  faute.  Le  Non<:e  devoir  ajouter  ^  Que  le  Pâfe  fatfoit  prîndpiilemetfk 
fond  far  Taffiftance  de  Sâ(  Ma|efté  Très-Chrétienne ,  8c  l'intervention  des 
fivèques  de  fon  Royaume  3  &  qu'il  efperoît  cela  du  Roi  comme  Procefteot 
de  ta  Foi ,  &  digne  imitateur  de  fes  Amarres  ,  qui  t»  ^étoiânt  fâmiis  éc*^ 
tés  des  ientimens  d(W  Papes  :  Qu'on  ne  s'attacncroic  dans  le  Concile  qut 
la  déclaration  &  à  la  réformîation  des  Dogmes  &  des  Mcturs ,  fai$s  toucW 
à  rien  de  ce  qui  i^Koreflbk  tels*  Etats  de  Sa  Majcfté ,  ni  les  Privilèges  para-» 
culi»s  de  la  Couronne  de  FtatiCë  i  Que  fur  la  demande  que  l'E^npe^eM 
avoit  hïtt  d»  cétablk  le  Côndile  â  Trente ,  le  Pape  avoit  répondu  qi/il  t 
confentoit  aux  condh ieffis  marquéds  dansf  \é  Congrégation ,  ic  que  M 
Nonce  avoit  ordre  de  Im  Gommoniquer  :  QUe  Sa  Sainte  <{e(iroît  de  iatoi< 
am-plntoc  fur  oeta  k»  intentions  de  Sa  Majefté»  &  qu'fiUe  efjpérôit  qù'elléé 
feroieni  confemie^^  la-  piété  de  ée  Prtnce  yêôit  Tamouf  qu'Etto  favoil  q^'fl 
avoir  pour  te  Pape  &  ^  laf  confiafice  ou- il  avoit  en  \\èlU  Le  Nonce  atoit  êr^ 
dreen  mèrtae  temo  de  édmmtmiquer  ies  InftruâiénfS  au  Cardinal  à^Ùiùfii 
Se  d'en  fake  pmt  m  Roi  &  i  qiH  il  (erc^t  aécéflfaiit  conjoineeiiient  aveo  et 
Prélat ,  oiâr  (te  k>  msMière  qu'ir  jug^tbit  l6fitài  à  propos. 

XXXIL  JaUs  donné  de  pareilles  Indruftions  au  Nonce  qu'il  énwydit    j/  ^^f^^ 
à  l'Empereur^  avec  ordre  de  luî  éâtt  outre  cela  :  Qu'il  vouloir  nionMl:  ^  emmines 
des  emts  la  (incérité  des  prbmefllés  qu'il'  avoit  fakes  â  D.  PUrrê  dû  TôOde  \  conditions 
c'cft^à  dire ,  en  agir  avec  Sa  Majefté  é'ûne  nuinière  fimple ,  ouverte  6ù  fans  ^j'^jf^* 
artifice,  &  lui  fàirt  connefrre  l'inclination  (incère  qu'il  avoir  de  continuer  *^^^      '• 
le  Concile  pour  là  gloire  de  Dieu ,  l'imérèc  de  fa  confcience ,  &  l'utilité  qui  Us  Mcc§ft9. 
en  pouvoir  revenir  à  Sa  Majefté  &  i  l'Empiré  :  Qu'à  l'égard  de  ta  demandé 
qu»  lui  avok  fiiit  faire  ce  Prince  de  déclarer  è  quelles  cohdkion^  il  fouhai<<- 
toit  de  rétablir  le  Concile,  il  pouvoir  lui  répondre  que  Sa  Sainteté  n'aVok 
famis  pénfé  4  capituler  ni  i  faire  aucun  paAe  fur  ce  point  ;  mais  qu'ÉUe 
avoir  chargé  fon  Nonce  de  lui  expofer  de  fa  part  quatre  confidérations  9 .  .   .    . 
auxquelles  l'Empereur  devoir  avoir  ^ard.  La  première  :  »  Qu'il  étoit  né-     *  Pallav. 
ceflàire  d'avoir  le  concours  du  Roi  xk  France ,  &  rincer venrion  des  Evèques  ^'  '' 
François  ,  fans  quoi  le  Concile  n'aurok  que  très^peu  de  répiltarioh ,  &  on  ^^^ 
conrroit  rifque  de  voir  convoquer  un  Concile  Nationai  &  de  perdre  la  Fran- 
ce :  Qu'il  ne  s'açidbit:  pas  de  fef  rrômpér  foi-mèitie,  &:  que  comniê'  la  Ville 
de  Trente  cdnvenok  fort  à  l'Empércfu    cll&pburrok  èttc'fufpJ^iae  à  laFran* 
ce ,  &  qu'il  iS({l0i.t  trouver  moyen  dé  levéi:  tes  foupçbns ,  Qu'il  falloir  com- 
muniquer â  l'Empereur  rexpédienr  qu'il  prqpofoit  \  mais  que  fi  Sa  Majefté 
ne  fagtéott  pas ,  il  tallôit  qu'ËUe  en  fournît  un  aocre^  La .  fcoHide  regar-» 
doklesdépcn&s^»  quebGhathkrApoAolique'déjaépiàfée  &  cfalu^éedt 


6.10* 


îjt       HISTOIRE    DU    CONCILE 

MOL.     dettes  feroit  obligée  de  faire  pour  l'entretien  des  Légats  &  les  autres  fraiz 
Jules  III.  extraordinaires  que  le  Concile  entraînoit  après  foi ,  comme  auffi  pour  main- 
■  tenir  les  pauvres  Evêques  Italiens ,  dont  le  revenu  ne  luffifoit  pas  pour  les 

faire  fubfiller  à  Trente  :  Que  par  conféquent  il  £illoit  fi  bien  calculer  le 
cems ,  foit  pour  commencer  le  Concile ,  foit  pour  y  expédier  les  affaires  « 
qu  on  ne  perdît  pas  inutilement  une  feule  heure  \  qu'autrement  le  Saine 
Siège  ne  pourroit  pas  fournir  à  la  dépenfe  »  ni  empêcher  que  les  Prélats  Ita- 
liens ne  perdidènt  patience ,  comme  on  Tavoit  vu  par  l'expérience  du  paf« 
fé  :  Que  d'ailleurs ,  il  n  etoit  pas  de  la  dignité  du  Saint  Siège  »  de  tenir  Ces 
Légats  oififs ,  &  pour  ainfi  dire  à  Tanchre ,  fans  rien  faire  :  Que  par  confé- 
quent >  avant  que  Ion  s'aHemblât  pour  agir ,  il  étoit  nécellaire  que  l'Em- 
pereur s'affurât  bien  des  intentions  &  de  l'obéiflance  des  Catholiques  ôc 
des  Protedans  d'Allemagne  »  en  établiffant  de  nouveau  les  chofes  dans  la 
Diète  >  en  faiiânt  expédier  des  Mandcmens  authentiques  par  les  Villes  Se 
par  les  Princes ,  Se  fur- tout  en  s'obligeant  lui  &  la  Diète  a  l'exécution  des 
Décrets  du  Concile  ;  de  peur  que  tant  de  peines  &  de  dépenfes  ne  devinf- 
fent  inutiles ,  Se  ne  fervilfent  qu'à  les  expofer  à  la  dérifion.  Se  qu'on  ne 
laifsât  lieu  d'efperer  â  quelqu'un  d'exciter  quelque  nouveau  trouble.  La 
troifième  chofe  à  repréfenter  à  Sa  Majefté  étoit ,  qu'il  falloit  déclarer  jnette- 
menr  »  qu'on  devoir  ne  plus  remettre  en  queftion  les  Décrets  qui  avoienc 
été  déjà  faits  i  Trente  en  matière  de  Foi ,  non  plus  que  ceux  des  autres  Con- 
ciles précédons ,  &  ne  point  confentir  aux  demandes  que  pourroient  faire 
les  Proteftans  d'être  ouïs  fur  ces  points.  Enfin  l'on  devoir  faire  entendre  à 
l'Empereur ,  que  le  Pape  comptoir  fur  fa  bonne  volonté  réciproque ,  &  que 
comme  il  s'étoit  porté  promtement  à  procurer  fes  intérêts  »  Se  ceux  de  l'Em- 

S>ire  en  rétablifiant  le  Concile  d^ns  un  lieaauffi  favorable  à  fes  vues»  il  de- 
iroit  aufii  qu'on  ne  fe  fervît  pas  contre  fes  propres  intérêts  de  fa  fincérité 
&  de  fa  complaifance  :  Que  fi  quelqu'un  par  artifices  ou  par  calomnies  vou- 
loir abufèr  dfe  fa  complaifance ,  Sa  Majeftç  ne  devoir  pas  être  furpriie  s'il  fe 
fervoit ,  tant  dans  le  Concile  que  dehors ,  des  moyens  qu'il  auroic  pour  la 
défenfe  de  l'autorité  que  Dieu  lui  avoir  donnée  &  cle  celle  du  Saint 
Siège. 
Il  Ulfe       8 1  Le  Pjipc  jugeant  qu'il  étoit  de  fon  intérêt  de  laiflèt;  cOnnoî^re  fa  ré£>lu- 

quêfUsln-  "^*00 

ftfMChâfU 

#piiffm  s        Zt.Le  Pape  — fit entendt^ à  JuUs  Ca»    en  eût  ^  connoiflànce  »  l'Empereur  ne 
'*  '  non  fin  Secrétaire  f  ^u  il  pouvait  comme  en    pouvoir  pas  enclcremenc  goûter  celles  qui 

confidence  &  en  recommendant  le  fecret  étoient  données  aa  Konce  de  France.  Ce- 
montrer  ces  InftruSions  à  quelques  Courti-  pendant  il  fe  peut  fon  l^ien  faire  »  oucjae 
fans ,  &c.]  Le  Csifd.  PaUavicin  a  quelque  .  le  Secrétaire  eût  ordre  de.  ne  laiflèr  voir 
rai(bn  de  regarder  comme  fufpedl  iWdre  qae  leslnflîrudionsenvo^^esà  TEmpereor, 
CfàtFra-Paolo  'die  que  Jules  laifïàà  fon  Sé<r  ou  de  ne  communiquer  les  ânes  ou  les  au* 
créraire,  de  latflêr  voir  confidemment  k  très  qu'à  ceux  qui  étoient  déclarés  pour  l'un 
quelques  Counifans  les  Infbuâions  don-  de  ces  Princes  $  ce  qui  ferviioit  à  concilier 
nées  a  (es  Nonces  »  puUqne,  pour  peu  qa'on   les  Hiftoriens.  Mais  dans  un  Ùxi  ii  fecret 

il 


DE    TRENTE, Livre     IIL  çyj 

won  tant  en  Italie  qu'en  Allemagne ,  ^  fit  entendre  à  JuUs  Canon  fon  Se-     m  n  t. 
ijrétaire  ,  qu'il  npuvoit  comme  en  confidence ,  &  en  recommandant  lefecret  ^u^-^s  ilf. 
montrer  ces  inftruâions  à  quelques  Courtifans ,  dont  par  ce  moyen  la  con-  ' 

noiflance  fe  répandit  promtement  par-tout.  Ce  Pontife  reçut  auffi  bientôt  '  ^^^^*^*  ^ 
4e  fon  Nonce  en  France  les  nouvelles  qu'il  attendoit.  Car  le  Roi  fâchant 
les  raifons  que  le  Pape  avoir  de  ne  fè  pas  fier  à  l'Empereur  à  caufe  du  palfê  » 
&c  lui  croyant  beaucoup  d'inclination  pour  la  France  »  fit  beaucoup  de  ca- 
rcflcs  &  de  civilités  au  Nonce ,  promit  de  protéger  le  Concile  &  d'y  en- 
voyer les  Prélats  de  fon  Royaume  »  &  fit  omre  au  Pape  de  fon  amitié  &  de 
toute  fa  puiÛance  pour  le  maintien  de  fon  autorité  &  de  celle  du  Saine 
Siège. 

*  L*Emp£reur  ,  ^  après  avoir  délibéré  mûrement  fur  les  prc^fitions  devFteury,!. 
l'Archevêque  de  .9^0/z^r ,  loua  beaucoup  la  candeur  &  la  prudence  du  Pape,  i4^*N^  i^* 
qui  connoifTant  la  néceflité  qu'il  y  avoit  de  rétablir  le  Concile  à  Trente, 
avoir  trouvé  moyen  de  le  faire  fans  s'amufer  à  juger  la  Caufe  de  la  tranfla- 
lion ,  qui  étoit  une  affaire  délicate ,  difficile ,  ic  de  nulle  utilité.  Il  dit  au 
Nonce  ^  que  les  quatre  confidérations  qu  il  lui  avoit  propofées  étoient  tou- 
tes importantes  &  raisonnables  :  Que  pour  ce  qui  concernoit  la  France  , 
non>feulement  il  louoit  ce  que  Sa  Sainteté  avoit  déterminé ,  mais  qu'ils'of- 
firoit  de  la  fbcondec ,  &  de  donner  au  Roi  toutes  les  furetés  Qu'il  pou  voie 
defirer  :  Qu'à  l'égard  des  dépenfes,  il  étoit  très-raifonnable  d'éviter  toutes 
celles  qui  étoient  fuperfiues ,  &  de  ne  pas  laiiler  le  Concile  ouvert  fans  rien 
faire  :  Que  dans  la  Diète  d'Ausbourg  de  l'année  précédente  il  s'étoit  fait  ua 
Décret ,  que  toute  l'Allemagne  &  les  Proteftans  mêmes  fe  foumettroiehc 
au  Concile  ;  qu'il  lui  en  donneroit  une  copie ,  &  qu'il  le  fèroit  confirmer 
de  nouveau  dans  la  Diète  préfente  :  Que  le  tems  ne  lui  paroifloit  pas  propre 
à  préfent  pour  déclarer  que  ce  qui  avoit  été  déjà  décidé  à  Trente  ne  dévoie 
poinr  être  remis  de  nouveau  en  queftion ,  &  que  cela  fe  feroit  plus  à  pro- 

wii       *„  _    i_r  _.i_-r-       -'-'''     "^Mé: Que pouc 

vouloir  con- 

— *.^.  ^  w.  — ,  ^^ ,w.-  —  par  le  paflc, 

ic  qu'il  étoit  réfolu  de  la  maintenir  de  toutes  fes  forces ,  &  aux  dépens 
même  de  fon  propre  fang ,  s'il  en  étoit  befbin  :  Qu'enfin  il  ne  pouvoir  pas 
alTurer  le  Pape ,  que  dans  le  Concile  il  n  y  eût  quelque  efprit  inquiet  qui  ne 
fit  ou  ne  dît  quelque  choie  mal  à  propos  ;  mais  qu*il  lui  donnoit  parole  fi 
cela  arrivoit  de  s'y  oppofèr  de  telle  forre ,  que  Sa  Sainteté  fe  loueroit  de 
fa  conduite. 

XXXIII.  L'Empereur  ,  comme  on  Ta  dit,  étoit  à  Ausbourg  pour  y  te-  CrPrÂir» 
nir  la  Diète  ;  '  &  quoioue  cette  Ville  ne  fût  pas  environnée  de  tant  de  tâche  itn- 
troupes  qu'elle  l'avoit  été  dans  la  Diète  précédente  ,  elle  n'étoit  pas  entiè-  gMgêr  u 
rement  dcfarmée.  Charles  y  propofa  y  la  continuation  du  Concile  de  Trente,  -^'^'^ 
robfervation  de  Ylnurim  accepté  par  la  dernière  Diète ,  Se  la  recherche  de  f ^*i***^ 

*       *•  '  àjefitimet^ 

il  eft  difficile  de  rien  déterminer ,  &  ce  que    préjugé  eft  cenaio  pour  Pallavicîn.  ^*  ^^  Cùn^ 

Ton  peut  dire  de  plus  pofitif  eft ,  quç  k  .  >'  êlU^mms 

ToMcL  Aaaa 


un  L. 


5^4        HISTOIRE    DU    CONCILE 

quelques  moyens  pour  la  rcfticucion  des  biens  Ecciéfiaftiques  &  le  recou-- 

Ju LES  111.  vremcnc  delà  Jurifdiâion,  Les  Princes  Catholiques  agréqienc  fort  la  con- 

tinuacion  du  Concile;  mais  les  AmbalTadcurs  de  quelques  Princes  Protef- 

'^'•^  tans  n*y  confentirent  qu'aux  conditions  fuivantes  :  i.  Que  ce  qui  avoir  été 

font  mik    décidé  à  Trenrc  feroit  examiné  de  nouveau  :  i.  Que  les  ThéoU^iens  de  la 

(iriMims      Confellîon  d'Ausbour?  y  fuflfent  non-feulement  entendus,  mais  qu'ils  y  euf- 

conditions,  fent  aufli  droit  de  funrage  :  j.  Que  le  Pape  n'y  préHdâr  point ,  mais  qu'il 

:ur  1er- 
;nit  des 
loliques 
II.  c.  II.    de  ce  qu'ils  ne  metroient  point  en  exécution  fes  Régleniensde  Réformation 
Skid.Lix.  pour  l'Ordre  Eccléfiaftique.  Mais  quelques-uns  de  ceux-ci  s'cxcuferent  fur 
£• '^^"  •    ce  qu'il  falloit  aller  lentement  pour  prévenir  les  diflTenfions  •,  &  les  autres  , 
an.  1550.    ^^^  ^^  9^^  1^^  Exemts  fous  prétexte  de  leurs  privilèges  ne  vouloient  pas 
N^  18.      obéir.  Pour  les  Proteftans ,  ils  rejettoient  la  caule  de  l'inobfervation  del7/i- 
Spond.       lerim  fur  le  peuple  qui  fe  mutinoit ,  &  qu'on  ne  pouvoir  pas  forcer  en  ma- 
^u^iK'j    tièrc de conlcicncc.  L'Empereur rendir  compte  au  Nonce  de  tout  ceci,  & 
lui  donna  avis  non-feidemenc  du  confentcment  que  les  Catholiques  6c  la 
plupart  des  Proteftans  donnoient  au  Concile ,  mais  aaffi  des  limitations 
fous  la  condition defquelles  ceux-ci  promettoient  de  s*y  rendre,  de  peur 
que  (i  ce  Miniftre  l'apprenoit  par  une  autre  voie  >  cela  ne  fît  un  mauvais  ef- 
fet. Il  ajouta  néanmoins  »  qu'il  n'avoit  pas  voulu  qu'on  inférât  ces  condi- 
tions dans  les  Aâes  ,  parce  qu'il  avoir  eu  parole  de  ces  Princes  ,  qu'ils  ne 
s'écarteroient  point  de  fa  volonté  ;  &  qu'aind  il  pouvoit  adurer  le  Pape  > 
que  toute  TAlIemagne  étoit  fatisfaite  du  Concile.  Enfuite  il  traita  plus  par- 
ticulièremenr  avec  les  principaux  Prélats  pour  les  engager  i  y  aller  en  per- 
fonne ,  &  propofa  qu'on  le  commençât  avanr  Pâques  :  &  ayant  rirépromefle 
des  Eledbeurs  de  s'y  rendre,  il  fit  folliciter  le  Pape  de  le  convoquer  pour 
cette  Fetc  ou  immédiatement  après ,  puifqu'il  étoit  fur  du  confentcment  de 
M  Rayn.    l'Allemagne.  Pour  s'en  aflîirer  mcme  davantage  *  il  pria  Sa  Sainteté  qu'après 
^^^9-       avoir  dreffé  fa  Bulle,  Elle  lui  en  envoyât  la  Minute  avant  que  de  la  pu- 
blier ,  afin  que  l'ayant  fait  voir  à  tout  le  Monde ,  il  put  en  dreflèr  un  Déaet 
dans  le  Recès  de  la  Dière ,  &c  engager  chacun  â  le  recevoir. 
h  Flcurv       ^^  ^^P^  comptoit  ^  qu'il  n'y  avoit  rien  de  fair  de  tout  ce  qu'il  avoit  pro^ 
L*i4^.  N**  *  p^fé ,  tant  qu'on  ne  feroit  pas  convenu  que  les  Décrets  qui  avoient  été  déjà 
^4*  faits  à  Trente  fuflenr  reçus.  Il  ne  vouloir  pas  que  dès  le  commencement  du 

Concile  ce  point  fût  mis  en  difpute ,  prévoyant  alTez  que  fi  cela  arrivoir , 
on  perdroit  oeaucoup  de  tems  fars  rien  faire ,  &  que  le  Concile  fe  romproit 
fans  rien  terminer.  Il  éroit  évident  d'ailleurs ,  que  de  la  difpute  générale  fi 
on  devoir  recevoir  ces  Décrets  ,  il  en  naîtroit  une  particulière  fur  chacun  ; 
Se  que  s'il  vouloir  inrerpofer  fon  Jugement ,  il  feroit  regardé  comme  fuf- 
peâ,  àcaufequ'il  en  avoit  été  leprmcipal  Aureur  en  qualité  de  Préfidenr. 
D'un  rurre  côté ,  prefler  davantage  l'Empereur  pour  faire  décider  ce  poinr» 
c'étoit  lui  domier  un  grand  chagrin  >  &  le  jettcr  dans  des  difficultés  infoc^ 


DE     TRENTE, Livre     IIL  yyy 

montabics.  On  lui  confcilla  donc,  comme  le  meilleur  parti,  que  fans  en     md  l. 
parler  il  fuppofît  dans  fa  Bulle  comme  une  choie  non  concédée  ,  que  les_"^__ 
Décrets  déjà  faits  étoienc  acceptés  de  tout  le  monde  ;  parce  que  fa  Bulle  ainû 
tournée  étant  portée  à  la  Dicte ,  ou  les  Allemands  s'en  contenteroient ,  par  ^  Palby.  L. 
où  il  en  viendroit  à  fon  but  ;  ou  s'ils  n*en  étoient  pas  contens  ,  la  difputc  1 1.  c.  x  r. 
commenccroit  dans  la  Dicte  ,  &  on  feroit  hors  d'inquiétude.  Le  Pape  ^ agréa  Thuan.  L. 
le  confeil ,  &  après  avoir  drefle  fa  Bulle  fur  ce  plan  ,  pour  complaire  en  par-  ^'  ^^"^   '^' 
tie  à  TErapcreur  il  la  lui  envoya  non  en  Minute ,  comme  ce.  Prince  lavoic 
fouhaité,  parce  que  Jules  jugeoic  cela  contraire  à  fa  digni>té  ,  mais  toute 
dreflfée ,  datée  &  fcellée ,  quoique  non  encore  publiée.  ^'  Sa  date  étoit  du     i/Rayn. 
15  de  Novembre.  *  N**.  xi. 

Il  y  difoit  :  ^  Que  pour  faire  cefler  les  différends  de  Religion  en  Allema-  ^^^^^'^^i  ^ 
gne,  il  avoir  trouvé  à  propos  ,  comme  l'Empereur  l'avoir  ïbuhaité ,  de  rc-  ^^  '  ^^' 
tablir  à  Trente  le  Concile  Général ,  que  Paul  IIL  y  avoir  convoqué  ,  qui 
avoit  été  ouvert  &  continué  par  lui  alors  Cardinal  Se  Préfident  dudit  Con- 
cile au  nom  de  ce  Pape ,  &  dans  lequel  il  s  etoit  fait  plusieurs  Décrets  tou- 
chant la  Foi  &  les  Mœurs  :  Que  pour  ces  caufes  lui  à  qui  il  appartenoit  de 
convoquer  &  de  diriger  les  Conciles  Généraux  ,  dans  la  vue  de  travailler  à 
étendre  la  Religion  Orthodoxe ,  &  de  rendre  la  paix  à  rAllemagne ,  qui  par 
le.pade  n*avoit  cédé  à  aucune  autre  Province  en  refpeâ  &  en  foumiflion  pour  . 

les  Papes  qui  fonr  les  Vicaires  de  Jefus-Chrift  ,  comme  aufli  dans  Tefpé- 
rance  que  les  Rois  Se  les  Princes  le  feconderoient ,  exhortoit  &  conjuroir  les 
Patriarches ,  Archevêques ,  Evêques ,  Abbés ,  &  tous  ceux  qui  par  droit  » 
pat  Privilège ,  ou  par  courume  dévoient  avoir  féance  au  Concile ,  de  fe  trou- 
ver à  Trenre  le  premier  de  Mai ,  jour  que  de  fon  autorité  Apoftolique  8c  du 
confenrement  des  Cardinaux  il  avoit  choifi  pour  reprendre  le  Concile  tel 
qu'il  étoit  alors ,  Se  le  pourfuivre  :  Que  s'il  ne  pouvoir  s'y  trouver  en  per- 
K)nne ,  il  y  préfideroit  par  fcs  Légats ,  &  le  celebreroit  nonobftant  toute 
cranHation  ,  fufpendon ,  ou  autre  chofe  contraire ,  &  fpccialemenc  nonobf- 
tant toutes  les  caufes  que  Paul  III.  avoit  fpécifiées  danç  fa  Bulle  de  convo- 
cation &  dans  toutes  celles  qui  concernoient  le  Concile  ,  lefquelles  Bulles 
il  vouloir  maintenir  en  vigueur  avec  toutes  leurs  claufes  &  leurs  Décrets» 
les  confirmant  même  &  les  renouvellant  autant  qu'il  en  feroit  befoin.  ^'  ^^t* 

XXXIV.  Les  Miniftres  de  l'Empereur  &  les  autres  Catholiques  zèles ,  i  î.r!!2!Lf^ 
qui  ce  Prince  communiqua  cette  Bulle,  jugèrent  quelle  ne  lerviroit  qviiuBulU  du 
-aigrir  les  Proceftans  ,  &  a  leur  donner  occafion  de  ne  pas  accepter  le  Concile,  QomiU  \  é* 
tant  à  caufe  que  le  Pape  y  déclaroit  qu'il  vouloit  non-feulement  y  préjidtry  ce  Prinu^ 
mais  le  diriger  \  que  parce  que  les  mots  de  reprendre  Se  de  pourfuivre  le  Con-  ^'''  "' 
cile  les  rcmpliroienr  de  foupçons  ;  Se  que  d'ailleurs  en  relevant  fon  autoriré  ^^^f^l^^ 
comme  il  faifoit,  cela  ne  ferviroit  qu'à  les  irriter.  *^  Ils  lui  confeillèrerit  ^^rAf  en- 

Vélin  de  Im 

8i.  Stf  date  étoit  du  i^  de  Novembre']    Bulle  <îu   11  Novembre  :  ce  qui  eft  nt\ep'iri  réfir- 

Ceft  ane  faute.  Elle  étoit  du  1 4  ,  puiliju*eJle     mcprife  encore  plus  grande  que  celle  it^^^* 

porte  pour  date  le  18  des  Calendesdep^-    .Fra-^aolo^  ,  *  #Slcid.  L. 

ccmbre.   M.  de  Thou  date   cette  même  ii.  p.  381. 

A  aaa  1 


/ 


yjé  HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  D  L.  donc  de  tâcher  d'engager  Jules  i  modérer  fà  Bulle ,  &  de  la  drcflcr  d'une 
Imlils  III.  manière  qui  ne  donnât  pas  lieu  aux  Protcftans  de  s'aliéner  davantage.  *4 
^  ,  L'Empereur  en  traita  donc  avec  le  Nonce,  &  chargea  fon  Anibafladeur  de 

6.  N^  19     P^*^^  ^  ^^  prefTer  le  Pape  tendrement  &  fortement  ^  de  vouloir  par  charité 
adoucir  c&s  paroles ,  qui  pouvoient  empêcher  l'Allemagne  d'accepter  le 
/  Rayn.ad  Concile.  L'Ambailadeur,  avec  toute  la  dextérité  Efpagnole  ,  repréfentaau 
*^  M5<>-    pape  :  8  Que  comme  ,'pour  prendre  les  bctcs  fauvages  dans  les  filets  ,  il  fai- 
v'   '^'       îoit  les  attirer  doucement  au  lieu  où  ils  étoient  tendus  »  en  faifant  femblanr 
]^j!f    '       de  fuir,  &  leur  cacher  le  feu  &  les  armes  de  peur  de  les  irriter  &  les  jetter 
Pallav.  L.  àzns  le  defefpoir ,  ce  qui  ne  fert  qu'à  redoubler  leurs  forces  ;  il  convenoic 
ii.Qii,   |i'en  agir  ainn  avec  les  Proteftans ,  c'ell-â-dire  ,  de  les  engager  par  douceur 
avec  promede  de  les  écouter  &  de  les  inftruire ,  &  de  les  attirer  au  Concile» 
où  il  fercMt  tems  de  leur  montrer  la  vérité ,  lorfqu'ils  y  feroient  adèmblés  r 
Que  de  les  condamner  avant  que  de  les  entendre ,  c'étoit  les  irriter  &  les 
animer  davantage.  Le  Pape ,  avec  fa  liberté  ordinaire ,  répondit  :  Qu'il  ne 
vouloit  point  qu'on  lui  apprît  â  fe  battre  avec  un  chat  enfernaé  ,  mais  qu'il 
vouloir  lui  laifler  la  liberté  de  s'enfuir  :  Que  d'attirer  par  de  belles  paroles 
les  Proteftans  au  Concile ,  &  ne  point  foutenir  cela  par  des  effets  ,  c'étoit 
les  mettre  au  defefpoir  &  les  forcer  à  prendre  quelque  réfolution  violente  > 
&  qu'il  falloit  s'expliquer  plus  clairement  fur  ce  qu'on  fouhaitoit  qu'il  fît. 
L'Amba(fadeur  répliqua  :  Qu'il  approuvoit  ^  qu'on  dît  ce  qu'il  étoit  nécef- 
faire  de  dire ,  mais  qu'il  ne  voyoit  pas  le  befoin  qu'avoir  le  Pape  de  dire  que 
c'étoit  â  lui  à  diriger  les  Conciles  :  Que  ces  choies  écoient  véritables  \  mais 
'  qu'il  ne  convenoit  pas  de  dire  la  vérité  en  tout  tems  &  en  toys  lieux  i  Qu'il 
étoit  quelquefois  à  propos  de  la  taire ,  lorfqu'elle  pouvoir  faire  un  mauvais 
efict  :  Qu'il  devoit  fe  fbuvenir  que  c  etoit  la  dureté  de  Léon  X.  &  du  Car- 
dinal Cajétan  fon  Léeat ,  qui  avoit  allumé  le  feu  qu'il  voyoit  brûler  >  & 
qu'on  auroit  pu  éteindre  par  de  bonnes  paroles  :  Que  les  Papes  fuivans ,  & 


^Raya. 


S  4.  V Empereur  tn  traita  avec  le  Nonce  ^ 
&  chargea  fort  Ambajfadeur  de  prier  &  de 
prejfer  le  Pape ,  &c.  )  Pallavicin  L.  u.c. 
II.  dit  qa*il  n*a  TÎeo  fu  de  toat  cela ,  & 
qa*aa  contraire  il  fait  qu'une  de  ces  chofes 
cft  faufTe  ,  &  Tautre  pea  vraifemblable. 
Mais  fi  ce  Cardinal  n'a  point  va  ce  que  rap- 
porte  ici  Fra-Paolo ,  c'efl  qu'il  n'a  pas 
tout  vu.  Car  Raynaldus  ,  for  l'aatorité 
d'an  Manufcrit  du  Cardinal  Pio ,  rapporte 
précifemenc  la  même  chofe  ,  N**  19.  Vi^ 
fumqut  eft  illud  Cafaris  Senatorihus  ajpe- 
rius  in  ajferendo  Jure  PontificiOy  fenjere^ 
que  exacerhatum  iri  Lutheranos  ,  fi  in  ipfo 
diplomate  de  inftaurando  Concilio,  deere- 
toria  in  ipfos  fintentia  promulgetur  ,  molU- 
ter  potiits pelliciendos  ad  ConeiUum.  *"*  Jlt 
Pontifex  confiantijfime  re/pondit  ^  omnia^ 


Proteftantihus  libère  exponenda  ,  &c.  Cefk^ 
comme  l'on  voit,  à  quoi  revient  en  rubf- 
tance  la  narration  de  Fra^Paolo^  dont  la 
fidélité  efl  entièrement  jaftifiée  parce  Ma- 
nufcrit. C'eft  donc  affez  téméndremenr, 
qae  le  Cardinal  adîire  qu'il  n'y  a  rien  dans 
la  Bulle  de  Jules  qui  infinue  la  conti- 
nuation ,  puifque  le  mot  de  pourfui» 
vre  ,  dont  on  s'y  fetvoit ,  eft  aufll  ugnifio^ 
ttf  que  celui  de  continuer.  Et  à  Té^id  da 
pende  vraifemblance  qu'il  dit  y  avoir,  que 
les  Catholiques  défàprouvaflent  que  le  Pape 
s'expliquât  h  clairement,  &  fur  l'autorité 
qu'il  fe  donnoit  fur  les  Conciles ,  &  fur  le 
refus  d'exatniner  de  nouyea,u  les  points 
déjà  décidés  s  c'eft  en  quoi  on  le  verra 
foffifamment  démenti  par  toute  la  fiûte  de 

cmcHifloize* 


» 


DE    TR  E  NT  E,  L  I  V  RE    III.  5^7 

fur-tout  Clément  FIL  &  Paul  111.  Princes  fages ,  s'en  ccoicnt  plaints  plu-     m  d  i. 
Heurs  fois  :  Et  que  s'il  pouvoit  regagner  l'Allemagne  par  la  douceur ,  pour-  Jules  lit 
quoi  s'entêter  à  l'aliéner  davantage  par  la  hauteur  &  l'amertume  ?  p 

XXXV.  Le  Pape  prefque  en  colère  dit  :  Qu'il  falloir  toujours  prêcher  ou-     ^e?Mfê 
vertement ,  &  inculquer  ce  que  Jefus-Chrift  avoir  enfeigné  :  Qu'il  l'avoit  ^fi^''^*- 
fait  fon  Vicaire ,  Chef  de  fon  Eglife,  &  la  Lumière  du  Monde  :  Que  cette ^'J^^  IJ^' 
vérité  étoit  de  celles  qu'il  falloit  jpublier  Se  avoir  toujours  en  bouche ,  &  fe-  chsn^gr. 
Ion  l'expreflfion  de  Saint  Paul  »  ^  â  tems  &  à  corare-tems  :  Que  faire  autre-  *  ^-  Tim. 
ment ,  ce  feroit  agir  contre  le  précepte  de  Jefus-Chrift ,  &  tenir  fous  le  ^^'  *• 
boidèau  la  lumière ,  qui  devoir  être  lur  le  chandelier  :  Qu'il  n'étoit  pas  de 
la  dignité  du  Siège  Apoftolique  de  s'exprimer  avec  artifice  &  diflimulation, 
mais  qu'il  fiiUoit  parler  ouvertement.  L'Ambalfadeur  avec  fa  même  fouplefle 
lui  dit  :  Qu'il  croyoit  au  contraire  >  que  le  véritable  efprir  Apoftolique  étoic 
de  cacher  les  verges ,  &  de  montrer  de  la  douceur  &  de  la  condefcendance 
avec  tout  le  monde  :  Qu'il  fe  fouvenoit  d  avoir  lu  dans  Saint  Paul ,  ^  y«  V-  '  *  i.  Cor. 
tant  libre  il  s*  étoit  fait  Itferviteur  de  tous  y  pour  gagner  tout  le  monde  à  Jefus-  ^*  ^^' 
Ckriji  ;  qu  il  ^  itoit  fait  Juif  avec  les  Juifs ,  Gentil  avec  les  Gentils  ,  6*  foibU 
avec  lesfoibles  :  Que  c'étoit-là  le  vrai  moyen  de  planter  l'Evangile.  Enfin 
le  Pape ,  pour  couper  court  a  la  difpate,  dit  ;  Que  la  Bulle  avoir  été  formée 
félon  le  ftyle  de  la  Chancellerie,  &  qu'il  ne  pouvoit  pas  Talterer  :  Qu'il  avoir 
de  l'averiion  pour  les  nouveautés  »  &  au  il  de  voit  fuivre  les  traces  de  fes 
prédécefteurs  :  Qu'enfin»  en  fui  van  t  la  forme  ordinaire,  perfonne  ne  pou- 
voir le  charger  de  ce  qui  pouvoit  en  arriver  de  mal  >  au-lieu  que  s'il  fuivoic 
une  nouvelle  route,  il  feroit  refponfable  de  tout  le  mal  qui  en  arriveroir. 
L'Ambafladeur  ,  pour  lui  donner  le  tems  d'y  mieux  penfer,  lui  dit  :  Qu'il 


le  de({ein  de  lui  donner  un  autre  afiaut  après  les  Fêtes  de  Noël.   ^  Mais  le  /Spond. 
Pape,  qui  étoit  réfolu  de  ne  pas  changer  un  ïora,  &  qui  difoit  fou  vent  N^  ). 
qu'il  vouloit  prévenir  &  n'être  pas  prévenu  5  pour  fe  délivrer  du  defagré- 
ment  d*avoir  a  fbutenir  de  nouvelles  inftances ,  fie  expédier  le  jour  de  Saine 
Jean  un  Bref,  où  rapportant  la  fubftance  de  fa  Bulle ,  &  difanr  qu'il  crai- 
gnoit  que  n'ayant  point  été  publiée,  quelqu'un  ne  pût  en  prétendre  caufe 
d'ignorance,  il  ordonnoit  de  lire  ,  puolier,  &  afficher  ce  Bref  &  la  Bulle 
aux  portes  de  S.  Pierre  &  de  S.  Jean  de  Latran ,  &  d'en  envoyer  des  copies 
imprimées  aux  Archevêques ,  pour  en  intimer  la  connoiffance  aux  Evcques 
&  aux  autres  Prélats»  L'Ambaflfadeur  fe  voyant  par-là  hors  d'état  de  prdièr 
dav^tnM|e  le  Pape  fur  ce  point ,  dépêcha  un  Exprès  à  l'Empereur ,  pour  lui 
donnloMms  de  tout  ce  qui  fe  paflfoit.  Ce  Prince  inftruitde  la  réfolution  du 
Pape ,  &  après  avoir  penfé  au  remède  qu'il  y  pourroit  apporter ,  °»  fit  lire     -•  ». 
la  Bulle  dans  la  Diète,  où  elfe  produifit  l'effet  qu'il  avoit  prévu  ,  c'eft4-  ^"^  p    'gj] 
dire ,  de  faire  retraâer  aux  Proteftans  la  promefle  de  fe  foumettre  au  Con-  Fletvy ,  L.' 
qIcj  &  aux  Catholiques  celle  d'y  affifter.  Ceux-ci  ne  pou  voient  goùtcc  la  X4drN^ft^» 


yy»  HISTOIRE     DU     CONCILE 

M  D  L  I.   manière  dure  &  intraitable  avec  laquelle  le  Pape  en  agidbit  ;  Se  les  Proref- 

JuLEs  111.  tans  y  defapprou voient  hautement  ce  que  le  Pape  y  difoit ,  Que  c'ctoit  à 

■— ■"■■■^  lui  non-fculcmcnt  de  convoquer  Us  Conciles  ,  mais  encore  de  les  diriger  6*  de 

les  gouverner  :  Quil  avoit  rifolu  de  continuer  &  de  pourfuivre  les   chofes 

commencées^  ce  qui  leur  ôtoit  Icfpcrance  d'examiner  les  Décrets  qui  avoient 

déjà  été  faits.  Ils  fe  plaignoienc  auffi  :  Que  fans  occaflons  Se  fans  ncceflité 

il  difoit,  que  l'Allemagne  avoit  reconnu  Us  Papes  pour  Us  f^icaires  de 

JefuS'ChnJ! :  QvL il  s'y  déchïoit  Préfident  du  Concile,  &  n y  appelloit  que 

les  Eccléfiaftiqucs  qui  lui  obéiflbient  :  Qu'il  confirmoit  avec  oeaucoup  de 

paroles  &  d'affc£kation  la  Bulle  de  convocation  de  Paul  III.  Ils  ajoutoient  : 

Que  c  ctoit  inutilement  qu'on  tiendroit  un  Concile  fur  ces  fondeniens  ,  & 

qu'ils   ne  pouvoicnt  s'y  ioiimettre  fans  ofFenfer  Dieu ,    &    bleflcr   leur 

confcience.  Les  Catholiques  de  leur  côté  difoient  :  Que  puifqu'on  pcrdoic 

Pefpcrance  de  réduire  les  Proteftans ,  ce  feroit  eu  vain  qu'on  prendroit  tant 

de  peine  &  qu'on  feroit  la  dcpenfc  de  s'y  rendre. 

w  .  «P  ^      L'Empereur,  pour  tâcher  d'appaifer  les  uns  &  les  autres,  leur  repréfenta  : 

percnr  pro^  Q^c  comme  il  s'agifloit  d'un  Cdncilc  Général  de  toutes  les  Nations  Chrc- 

f»et  aux     tiennes,  &  que  toutes  les  autres  obéiflbient  au  Pape,  Jules  avoit  dreflc 

Vrotefidns    \^  Bulle  dc  convocation  dans  la  forme  qui  leur  convenoit  :    Que    pour  ce 

fUUs  Af"-qQÎ  concernoit l'Allemagne  ,  fi  elle  vouloit  s'en  rcpofer  fur  lui,  il  fauroit 

même  '/iw^^^^  comment  on  devoit  traiter  :  Qu'on  laiflat  affembler  les  autres  Nations, 

qu'ils  \uf-  &  qu'alors  il  iroit en  perfonneau  Concile  ,  ou  au  moinsdans  un  lieu  très- 

ftntfe  met'  prochc ,  Sc  que  de  là  il  prendroit  foin  ,  non  pas  par  des  paroles  mais  par 

tre  en  peine  jçg  cfFcts ,  que  tout  fe  paflat  comme  il  devoit  :  Qu'on  ne  fit  aucune  atten- 

àeU  Bulle.  ^-^^^  ^  ^^  ^^^  difoit  le  Pape ,  ;nais  à  ce  qu'il  leur  promettoit  lui-même  foi 

d'Empereur  &  de  Roi.  ^  . 

»S!cid.  L.  Cette  remontrance  calma  les  efprlts,  "  *î  &  le  13  de  Février  Ton  pu- 
II.  p.  587.  i^ji^  |ç  Reccs  delà  Diète  ,  Se  le  Décret ,  qui  portoit  en  fubftance:  Que 
anTç  ci'  ^"^  ^^  ^"^  ^*^^  avoit  propofé  dans  la  Diète  précédente  qu'il  n'y  avoit  aucun 
N**  I.  '  autre  moyen  dv^tminer  les  différends  de  Religion  en  Allemagne  que  par 
Thuan.  L.  un  Concile  Général  pieux  &  libre ,  tous  les  Ordres  de  l'Empire  ,  après 
8.  N°  I.  avoir  approuvé  la  propofition  ,  avoient  confenti  d'accepter  le  Concile  & 
X^o  de  s'y  foumctrre  :  Que  la  chofc  n'ayant  pu  être  mife  encore  en  exécution*, 

Ficury    L.  on  avoit  renouvelle  dans  la  préfente  Dicte  la  même  propofition  ,  &  pris  la 
146»  N°7^.  même  réfolution  :  Que  pour  ce  fujet  l'Empereur  par  fes  inftances  avoit  ob- 
"    .      tenu  du  Pape  que  le  Concile  fut  rétabli  à  Trente  pour  le  premier  Mai 
fuivant  :  Que  le  Pape  l'ayant  fait.  Se  la  Bulle  de  convocation  ayant  été 
lue  &  propofce  dans  ta  Diète,  il  étoit  juile  de  perfifter  dans  la  agnie  ré- 
folution d'attendre  le  Concile   avec  le  refped  qui  lui  étoic  dâ^^^  d'y 

%$.  Et  le  i^  de  Février  on  publia  le  Re-  aux  Ides  de  Février,  qui  font  le  15.  Idibus 

ces   de  la  Diète  ,   &c.  )   Raynaldus  met  Fetruarii    ditnittitur    Imperii    Conventus. 

cette  publication  au  14  j  mais  ceft  une  Sleid  L.  11.  p.  587.  ce  qui  eft  aufH  con- 

mcpiife,  puillpe  félon  SUidan  cela  fe  fit  firme  parM.Î?  Thou  L.  8,  N^  i. 


MD  t  I. 


DE    TRENTE,    Livre  III.  559 

intervenir ,  comme  feroient  tous  les  Princes  Chrétiens ,  &  comme  il  fcroic 
lui-même ,  où  en  qualité  d'Avocat  de  TEglifc  ôc  de  Défenfeur  des  Conciles  Jules  IlL 
il  feroit  tout  ce  qui  étoitdu  devoir  d'un  Empereur,  comme  il  Tavoii  pro-  —"■■■■■" 
mis  :  Qu'en  conicquencc  de  cette  réfolution  ,  il  notifioit  à  tout  le  monde 
que  fon  intention  étoit ,  que  tous  ceux  qui  iroient  au  Concile  y  p  uflcniallc 
librement,  &  y  demeurer,  en  revenir,  &  y  propofer  tout  ce  qu'en  conf- 
cience  ils  jugeroient  nécelTaire,  &  que  chacun  le  put  faire  en  fureté  &  fe  re- 
pofer  fur  fon  autorité  ôc  fa  proteâion  Impériale  :  Que  pour  être  mieux  en 
état  de  ralfurer  tout  le  monde  ,  il  fe  tranfporteroit  fur  les  frontières  de  l'Em- 
pire ,  &  dans  le  lieu  le  plus  proche  du  Concile  qu'il  pourroit  :  Qu'il  exhor- 
toit  les  Electeurs ,  les  Princes ,  &  les  Etats  de  l'Empire ,  &  fur- tout  les  Ec- 
cléfiaftiques ,  &c  ceux  qui  avoient  innové  dans  la  Religion  ,  à  fe  préparer 
pour  fe  trouver  U  bien  inftruits  ^  afin  de  n'avoir  aucune  excufe  :  Qu'il  ati- 
roit  foin  que  tout  fe  paffât  légitiniement  &  dans  l'ordre,  &  que  les  queftions 
fe  craitalTent  &  fe  décidaflcnt  chrétiennement  &  conformément  àladoûri- 
ne  de  l'Ecriture  &  des  Pères  :  Qu'à  l'égard  de  l'inobfervation  de  V Intérim , 
ôc  du  Décret  de  Réformation ,  s'étant  convaincu  qu'il  étoit  impoffible  de 
furmonter  les  difficultés ,  ôc  que  plus  il  prenoit  de  peine  pour  les  faire  exé- 
cuter ,  plus  le  trouble  augmenroit  >  il  evoquoic  à  lui  pour  éviter  une  plus 
grande  confuCon  la  connoiflance  des  contraventions  palTces-,  &  que  cepen- 
dant il  chargeoic  les  Princes  &  les  Ordres  de  l'Empire  de  faire  obferver  ces 
Décrets  à  l'avenir. 

^^  La  publication  de  ceRecès  le  fit  regarder  comme  un  contrepoids  à 
la  Bulle  du  Pape,  °  ôc  il  l'étoit  en  effet  à  tous  égards.  L^  Pape  vouloir  «Pallav.L. 
diriger  le  Concile*,  ôc  l'Empereur  fe  chargeoit  du  loin  quef  tout  sy  paflat  "'^^  ^^* 
dans  l'ordre,  &  s'y  fit  juridiquement.  Le  premier  vouloir  y  préjîder;  ôc 
le  fécond  vouloit  que  tout  s'y  décidât  félon  l'Ecrirure  &  les  Pères.  Le  Pape 
prétcndoit  continuer  le  Concile  *,  &  l'Empereur ,  que  chacun  pur  y  propofer 


f  6»  La  publication  de  ce  Recès  le  fit  re- 
garder comme  un^ontrepoids  à  la  Bulle  du 
Pape ,  &c.  )  Comme  il  eft  die  auparavant , 
que  tous  les  Ordres  de  l'Empire  avoient 
confenti  à  accepter  le  Gjncile  ,  &  à  s*y 
foumecrre  ,  le  Card.  Pallavicin  feit  fem- 
blant  d'ignorer  en  quoi  pouvoir  confîfler 
le  contrepoids  du  Recès  de  la  Diète  avec 
la'  Bulle.  La  chofe  pourtant  n  étoit  pas  dif- 
ficile à  connoitre  ,  en  fâchant  à  quelles 
conditions  les  Allemands  avoient  confenti 
d'accepter  le  Concile.  D'ailleurs  ,  on  voit 
bien  en  quoi  Fra^Paolo  met  ici  Toppoû- 
tion.  Le  Pape  vouloit  reprendre  le  Concile 
&  le  pourfuivre'y  &  l'Empereur  vouloit 
bien  qu'on  parlât  de  le  raifembler  à  Tren- 
te }  mais  non  qu'on  donnât  le  moindre  lieu 


de  croire  qu'il  ne  feroit  pas  libre  aux Pro- 
teftans  de  revenir  fur  ce  qui  avoit  été  déjà 
décidé.  Le  Pape  ne  vouloit  pas  qu'on  tou- 
chât a  (on  autorité  }  &  l'Empereur  n'eue 
pas  été  fôcKé  qu'on  lui  eût  donné  des  bor- 
nes. Le  Pape  vouloit  qu  on  crût  que  c'étoic 
lui  qui  procuroit  le  Concile  3  ic  l'Empe- 
reur ,  que  c'étoit  à  fa  foUicitation.  En 
un  mot ,  le  Pape  vouloit  y  être  le  maître  i 
&  l'Empereur  étoit  bien  aife  que  les  Pro* 
teftans  cruflent  que  c'étoit  lui  qui  y  avoit 
tout  pouvoir.  Voila  où  étoit  le  contrepoids , 
&  n  le  Cardinal  ne  Ta  pas  fenti ,  c'ed  qu'il 
ne  fent  que  ce  qu'il  croit  favorable  à  (ts 
idées ,  ic  qu'il  ne  trouve  de  raifbn  que  dans 
ce  qui  peut  fervii  à  appuyer  fes  préjugés. 


^60        HISTOIRE    DU    CONCILE 

M  DLL     ce  qu'il  jugeroic  ncccllaire  félon  fa  confcicncc.    Bn  un  mot,  la  Cour  de 

Jules,  m.  Rome  ne  pouvoir  digérer  cet  affront,  &  regardoit  le  Décret  de  cette  Diète 

"—"■"■■"  comme  une  autre  Convocation  du  Concile  ;  mais  le  Pape  en  plaifantant  i 

fon  ordinaire  difoit,  que  V  Empereur  lui  avoit  rendu  U  change  de  la  publia 

cation  de  la  Bulle  qu'il  avoit  faite  fans  lui. 

j^^  p  XXXVI.  L'année  mdli  arrivée,  le  Pape  occupé  du  Concile  qu'il  avoit 

nommi  Us  %  ^^^^^^  y  fe  propofa  principalement  deux  chofes.   P  La  première  d'yen<- 

FréfidensdH  voyer  pour  Préhdens  des  perfonnes  en  qui  il  eût  une  entière  confiance.  La 

Concile^       fecondc  ,  d épargner  la  dépcnfe  autant  qu'il  fcroit  poffible.  Pour  éviter  U 

^Hciiry,  dépenfe,  on  lui  confeilloit  de  n  envoyer  qu'un  Légat.  Mais  comme  il  ju- 

10^7  S^^^^  ^^^  ^  ^^^^^  ^'^^P  ^^  crn^i'gc  pour  un  feul  homme  ,  premièrement  de  n  a-* 

voir  perfbnne  auprès  de  lui  en  qui  il  pût  prendre  entièrement  confiance 

faute  d  avoir  les  mêmes  intérêts ,  &  enfuite  de  pader  pour  l'unique  Au* 

teur  de  tout  ce  qui  fe  faifoit  ,  il  crut  qu'il  valoit  mieux  partager  l'emploi 

entre  plufieurs  perfonnes.    Mais  il  prit  un  milieu»  qui  fut  de  n'a(Tbciec 

au  Légat  que  de  (impies  Nonces,  qui  feroiçnt  pourtant  revêtus  de  la  même 

autorité;  Se  ce  parti  lui  parut  d'autant  meilleur  >  que  comme  Tefpérance 

fait  agir  avec  plus  de  zèle  &  de  foin  »  il  comptoit  encore  d'en  être  mieux 

f  Pallav. L.  ^'^^^^  ^  ^^  '^"^  '^^  Cardinaux  fur  lefquels  il  jecta  les  yeux,   il  n'en 

XI.  c  13.     trouva  point  de  plus  propre ,  ni  en  qui  il  pût  prendre  plus  de  confiance  » 

Raya.         que  Marcel  Crefcence  Cardinal  de  S*  Marcel ,  auquel  il  joignit   Sibaflien 

^    ^         Pigfùno  Archevêque  de  Siponte  ,  &  Louis  Lipoman  Evêque  de  Vérone  ;  le 

^o^^  '        premier,  comme  étroitement  attaché  à  lui  dès  avant  fon  Pontificat  ;  Se  le 

fécond ,  comme  un  homme  qui  avoit  une  grande  réputation  de  piété ,  de 

bonté,  &  de  fidélité. 

Jules  eut  avec  eux  plufieurs  entretiens  fecrets  9  où  il  leur  ouvrit  entiè- 
rement fon  cœur ,  &  les  inftruifit  pleinement  de  fes  intentions  ;  après  quoi 
rFlcury,  il  leur  fit  expédier  ^  une  Commiflion  très-ample  pour  préfider  au  Concile 
10/^^  P'  en  fon  nom.  Elle  portoit  en  fubftance:  Qu'un  père  de  famille  doit  fubfti- 
tuer  des  perfonnes  qui  puidenc  faire  en  fon  nom  ce  qu'il  ne  peut  pas  faire 
par  lui-même  :  Qu'ainfi  ayant  rétabli  à  Trente  le  Concile  Général  que  le 
Pape  Paul  y  avoit  aflemblé  ,  &  efpérant  que  les  Rois  &  les  Princes  le  fa» 
voriferoicnt  Se  le  protegeroient ,  il  y  avoit  cité  tous  les  Prélats  qui  avoienr 
droit  de  s'y  trouver ,  6c  les  avoit  avertis  de  fç  rendre  à  Trente  au  premier 
de  Mai ,  afin  d'y  reprendre  le  Concile  dans  l'état  où  on  l'avoit  laide  : 
Que  fon  âge  avancé  &  quelques  autres  raifons  l'empêchant  de  s'y  trouver 
s  Paliav.  L.  ^^  perfonne,  ainfi  qu'il  l'eût  defiré  ;  »  de  peur  que  fon  abfence  n'en  arrêtât 
RAyn.  ad    1*  ^wue ,  '^  il  conftituoit  Marcel  9  Cardinal  Jtèlé,  prudpnc,  fie  habile, 
an.  ijji.  pour 


N 


ty.  Il  conflîtuoït  Marcel  y  Cardinal  lé! é ,  iffi,  oft  il  le  peint  comme  un  homme 
prudent  &  habile ,  pour  fon  Légat  ^  &c.  )  ^ui  a  perdu  toute  honte ^  plein  d'orgueil  6» 
Ce  caradcre  eft  fort  noble,  mais  il  eft  d* effronterie ,  parlant  avec  hauteur  &  avec 
bien  diffcrenc  de  celui  que  lui  donne  Var-  fierté  ,  traitant  les  Evêques  comme  des  ef* 
ga/  dans  Ot  lettre  da  ;.é.  de  Novembre    cUves ,  devenant  intraitable  par  fes  fuccès  ^ 

menaçant 


DE    TRENTE, Livre    III.  jtfi 

|K>ur  fon  Légat ,  avec  l'Arche vcquc  de  Siponu  &  TEvèquc  de  Feront ,  cous    M  »  1 1.  ' 
deux  recommandablcs  par  leur  Icience  ic  leur  expérience ,  pour  fes  Nonces9  '^^^^  ^^ 
par  un  Mandement  fpécial  muni  de  toutes  les  claufes  néceffaires  :  Qu'il  les  •"■■■'■• 
eavoyoit  en  ce  lieu  comme  des  Anges  de  paix ,  leur  donnant  l'autorité  de 
reprrâdre ,  diriger ,  &  pourfuivre  le  Concile ,  &  de  faire  toutes  les  autres 
chofes  nécelTaires  &  convenables ,  félon  la  teneur  des  Lettres  de  convoca- 
tion tant  de  lui  que  de  fon  prédécellcur. 

L'Empereur.  »  qui  slntereflbit  plus  que  perfonne  au  Concile,  &  qui 
le  regardoit  comme  le  ièul  moyen  de  fe  rendre  maître  abfolu  en  Allema- 
gne, fit  expédier  à  tous  les  Ordres  Proteflans  de  l'Empire  un  Sauf.conduic 
très  ample  pour  eux-mêmes ,  ou  pour  leurs  An^adàdeurs  &  pour  les  Théo* 
logiens  qu'ils  y  en voyeroieitt. 

XXX VII.  Mais  pendant  qu'à  Rome&  à  Ausbourg  on  jettolt  les  fon- 5^^^^,,^ 
démens  fur  lefquels  devoir  s'édifier  le  Concile  de  Trente ,  ^  on  traraoit  ail-  troubUs  #»- 
leurs  divers  projets ,  qui  venant  à  éclore  firent  grand  ombrage  â  la  dignité  tteU  ?Mfê^ 


OSave  Famife  la  ville  de  Parme  >  dont  Paul  s'étoit  faifi  au  nom  de  l'Edife  ,  ché  de  P^v» 
*  &  lui  alligna  outre  cela  2000  écus  par  mois  pour  la  défendre.   Oaavc  ,  w-  Pr^fn 
que  Ftrrand  de  Goniague  Gouverneur  de  Milan  haïïToit,  &  qui  foupçon-  '**»*  »^«^ 
nant  à  beaucoup  d'indices  que  l'Empereur  avoit  deffcin  de  (e  rendre  maître  ^  AlUmm^ 
de  Parme ,  ne  croyoit  pas  erre  en  état  de  la  défendre  par  fes  propres  forces,  gne  contre 
fur-roue  n  étant  point  payé  de  la  penfion  de  1000  ecus  qui  lui  avoit  été  PEmperêttr, 
ttflîgnée ,  s'adrefla  au  Pape  y  par  le  moyen  du  Cardinal  fbn  frère ,  pour  '  Fkurv,  L. 
le  prier  de  le  fccourir,  ou  de  liii  permettre  de  rechercher  la  prore6tion  de  '^^*       \î 
quelque  autre  Prince  qui  fût  en  état  de  le  défendre  contre  l'Empereur.  ^^  f  J?â* 
•^  Le  Pape  fans  beaucoup  de  réflexion  lui  ayant  répondu  qu  il  pouvait  faire  N**  j. 

X  Pallav.  L 

menaçant  &  jurant ,  &c.  Ce  ponraît  eft  nerepojfe —  Pontîficem  per  fratrtm  Cardi"  ''-^  7«  * 

peut-ètie  outré,  mais  on  verra  par  la  con-  naUm  Famcfium  inttrptîlavït  ^  utvtl  ma-^  ^^t         • 

iluite  de  ce  Cardinal  dans  le  Concile ,  qu'il  jore  (  ptcuniarum  fumma  )  ft  fuhltvartt ,  -^  mo^^ 

étoit  au  moins  fon  haut ,  fon  opiniâtre  ,  vtl  rébus  fibifuis  confulere  ,  atquc  allcujus  Dlirar   L- 

&  fon  entier.  fi  Principis  fidei  credere permittcret,     Fon-  ^  # ,  N^  «  1. 

S  8.  Zr  Pape  fans  beaucoup  de  réflexion  tîfex  derepentèy  re  non  cognita  ,  &  pariim  ,  y^^r,  L  8,  ' 

iuî  ayant  répondu  qu  il pouvoit  faire  ce  qu'il  uti  eventus  docuit  ,  prudenter  ,    Cardinali  p,  y  14. 

jugerait  de  mieux  pour  fes  intérêts ,  ta.  )  Le  fratris  nomine  roganti  refpondit  ,  ut  qua  Onuph.  in 

Card.  Pallavicin  L.   ii.    c.    11.  femble  eommodiks  videretur  ratione fuis  Dux  dif  yïxz  IvX^ 

vouloir  hixt  douter  de  ce  fait.  Mais  comme  ficuUatibus  confuUret,  Le  même  fait  eft  at- 

il  eft  attefté  par  les  Hiftoriens  du  tems ,  tefté  par  Adriani ,  à  cette  feule  différence 

qu'on   ne  peut  foup^onner  de  l'avoir  in-  près  ,  qu'au  lieu  que  félon  Onuphre  cette 

▼enté ,  c'eft  une  foible  raifon  pour  le  con-  repréfen ration  fut  faite  par  le  Cardinal  Far^ 

tefter,  que  de  dire,   comme  fait  ce  Car-  nife ,  OHave  félon  Adriani  la  fît  faire  par 

dinal ,  qu'il  ne  le  trouve  point  dans  les  Mé-  un  Gentilhomme  nomme  Marc  -  Antoine 

moires  qu'il  a  vus.  Ofiavius  ,  dit  Onuphre,  Venturi.   Le  mêine  fait  eft  auflî  confirmé 

diffidens  fe  invito  Cœfare  diutiàs  illam  te-  par  M.  de  Thou  >  qui  apparemment  Ta 

ToMiL  Bbbb 


ytf*    HIST.  DU  CONCILE  DE  TRENTE,  Liy.  III. 

M  »  t  z.    et  quU  jugeroit  de  mieux  pour  Jcs  intérêts  ,  03ave  par  le  moyen  (ÏIforac€ 


perfuada  au  Pape  que  c'ëcoic  un  accencac  contre  fa  dignicé 

lui  qui  écoit  le  Seigneur  Souverain  tant  de  cette  ville  que  du  Duc  lui-mè- 

g,  Ail.  L.  S.  me.  '  Le  Pape  cita  donc  le  Duc  à  Rome  ,  &  lé  déclara  rebelle  s'il  man« 

Pj  5 M*       quoit  à  comparoître.  L'Empereur  ,  dont  ce  Pontife  avoir  en  même  tems 

88       *  demandé  la  proreâion  ,  fe  déclara  auiH-tor pour  Sa  Sainreté,  &  lui  promit 

FaUaT!  L.  d'employer  fes  armes  pour  la  défenfe  de  ics  droits.    Ce  fut- là  la  fourcc 

1 1.  c.  z }.    d'une  guerre  ouverte  qui  éclata  depuis  entre  l'Empereur  Se  le  Roi  de  France, 

Rayn.        &  de  la  brouillerie  qui  furvint  entre  le  Pape  &  le  même  Roi.  Ce  fut  à  peu 

ji'r  '  '  '      P^^^  ^^"^  ^^  même  tems ,  que  les  Eleébeurs  de  Saxe  &  de  Brandebourg  s'étanc 

^^'      abouchés  dans  la  Saxe  fur  TElbe ,  commencèrent  à  traiter  entre  eux  d'une 

Ligue  pour  empêcher  l'Empereur  de  fubjuguer  entièrement  l'Allemagne  9 

comme  je  le  dirai  dans  fon  lieu. 

«Pallar.L,      Mais  nonobftant  ces  femences  de  guerre,  &  quelques  autres  encore 

I  z.  c  Z4.    que  l'on  voyoit  dès  le  commencement  d'Avril  germer  en  Italie,  Jules  ordon* 

Flcory ,  L.  na  i  fon  Légat  &  â  fes  Nonces  de  fe  rendre  a  Trente  >  ^  &  les  chargea  d'y 

Itt'  ^"^     ouvrir  le  Concile  le  premier  de  Mai ,  qui  étoit  le  jour  préfix ,  avec  les 

Prélars  qui  s'y  trouveroicnt  ;  &  même  s'il  ne  s\  en  trouvoit  point ,  d'en 

faire  toujours  l'ouverture  fans  aucun  Prélat ,  a  l'exemple  des  Nonces  de 

Martin  V^  qui  ouvrirent  feuls  le  Concile  de  Pavie  >  fans  qu'il  y  eût  au* 

cun  Prélat. 

tiré  de  cet  Hifbrien,  fvt Bioueaire Bcpir  dire  notre  Auteur,  qoe  Pattavîcin  a  pré- 

Spondt^  aafll-bienque  par  placeurs  aacres  tendu  rendre  ce  bk  domeuz,  en  difant 

Ecrivains  ;  enfozce  qae  ce  ne  peat  être  qa*il  ne  l'a  point  tJOOTé  dams  fes  Màno> 

que  par  une  inclination  affeâée  de  contre-  res» 


104. 


fif^  dtà  Tûme  7. 


3-