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EX LIBRIS
JOËL ELIAS SPINGARIir.
rt-wT, Sa.Y^L.
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HISTOIRE
DV CONCILE
DE TRENTE,
ÉCRITE EN ITALIEN 1
PAR FRA PAOLO SARPr,
DE l'Ordre des ServitË?7
ET T RJDUITZ DE SOUVZAU EN FRANÇOIS,
AVEC DES NOTES
CRITIQUES, HISTORIQUES ET THEOLOGIQUES,
Par pierre - FRANÇOIS °LE COURAYER,
Dodcu en Tli^ologie de l'UnÎTCtCt^ i'Orhii , 8c Chanoine Régulier & anclea
Bi^Uoui^caiic de l'Abbaye de Ste Geneviève de Pariï.
TOME PREMIER.
A AMSTERDAM,
Chex J. WETSTEIN et G.. SMITH.
M. DCC tl.
Kl^
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E P IT R E
. 4^ pouyoit réunir , je ne dis pas , ceux<jui lavoient
tf^iverfëe , mais même ceux <^ui en avoienc écé les Mi-
iiiftres '& les Prote^urs. .
. : . Ct fut pour myailler. à procurer cette réunion de
.rEglifè.', <lue fut aflfeihblé le Concile dont Fra-Paoio
. tiovia donne ici i'kiftoire. Mais comme on y choiflt
.miUe^flaoyiens^ue l'on dévoit prendre pour y parve-
it{\t\\t fuccès'jl'ejt a ^s été heureux. Lesdivifions
n'ont fait que fe fortifier. 1& s'accroître; & fi fés Dé-
crets ont remédié à.quelquesi-uns àci abus les plus gfof^
iiers , ils ont eh même céms rendu les autres plus in-
çui^ables \ en les mettant à couvert à l'abri des Loix
- q!ui (èàibloient lie devpir être deftinées qu'à les refor-
liner. On découvrira dans cet Ouvrage , à qui on
.4oi^ en imputer la faute. La politique & l'intérêt d'un
4^é , la ctiakmr & 4a prévention de l'autre , firent
.^hoéer lés meilleures intentions des gens del>iens \ ôc
i*on verra que tandis qu'on ne padoit de part Se d'au-
..«re que de défendre la Vérité; & ide corriger les Abus ,
yba né combattoic rédldnienc que pour l' Autorité & les
<Avantages^tempoiels v & qift'tinTéuiïit bien moins à re-
-dreifer ce qu'il pouvoir, y avoir de défeâwcux , -quà
ifbrtifiàr les préjugés , & qa'i élargir les brèches qu a-
-Ydicnt faitesî'ies premièrtâs .^ifputes , & q^e les nou-
irsaar Décpsts tUi Condlc dm ifendues prévue irrépa*
sables. ."■..■ ' 'i .' ■•■'■ •= • -■
EX LIBRI3
JOËL ELIAS SPINGAW,
TreiyT. SavuL,
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E P IT R E
Majesté connoît mieux que perfonne les pernî-
cieufes conféquences du;! tel principe. Loin de croire
qu'il eft de l'intérêt de la Religion de captiver les ef-
pritj fous le joug d'une Autorité arbitraire , & de pu-
nir lés hommes pour des penfées qu'il n eft en leur
pouvoir ni de prévenir ni de rejetter , Elle fait que les
PuifTances ne doivent faire ufage de leur autorité en
matière de Foi , que pour infpirer aux autres les fenti-
mens qu Elles croyent les plus raifonnables , & pour
les porter au bien par leurs exemples & par leurs rai-
fons. Le zèle qui fe borne à faire triompher le Parti où
l'on eft né , eft la vertu des Princes foibles , qui me-
furant leurs lumières à leur puilfance , ne connoiffent
d'autre mérite en fait de Religion , que celui d'alfer-
vir les autres à leurs préjugés. Mais Votre Ma-
j £ s T £ a des idées plus juftes de la Pieté. Bien dif-
férente de ces Princes , qui fe livrant à la conduite de
ces Guides aveugles à qui ils ont abandonné leur con-
fiance , croyent expier leurs defordres à la faveur d'un
zèle perfécuteur pour le maintien de quelques opi-
nions y dont ils font d'autant plus jaloux d'appuyer la
créance qu'elles les laiffent en pleine liberté de fatisfaire
leurs pallions j Votre Majesté eft perfuadée
que c*eft par convifkion qu'il faut faire triompher la
Vérité i que l'efprit de Religion ne confifte pas à dilfi-
muler bu à défendre les défauts ou les erreurs de fon
D E*D 1 C AT O I R E.
Parti , mais à les avouer & à y chercher des remèdes |
que fî l'on n eft pas aflez heureux pour être à l'abri de
toute erreur , la fîncérité avec laquelle on cherche à
s'en détromper eft la difpofition la plus vertueufè
qu'exigent la Raifon & la Religion j qu'il eft des vé-
rités obfcures fur lefquelles on fe partage fans crime ,
quand on le fait fans partialité & fans intérêt ; & qu'en-
fin l'objet principal de l'Evangile a été de nous rendre
gens de bien , & de réformer encore plus nos cœurs
que nos efprits.
Il eft fâcheux , Madame, pour l'honneur de la
Religion & de l'humanité , qu'on ait ofé attaquer de
fî juftes maximes ; & ce n'eft que parce qu'on a tenté
de le fkire , que l'on a donné tant de prife aux Efprits-
forts , dont la plume libertine a fu prendre avantage
pour attaquer les fondemens mêmes de la Foi. Mais
ils fe trompent , s'ils croient les renverfer en combat-
tant à^ Doctrines que la Religion defavoue , & qu'on
ne met fur fon compte quefaute de diftinguer ce qu elle
enfeigne , d'avec les principes particuliers de ceux qui
favent fî mal la défendre.
La pénétration de Votre Majesté afu lui
faire faire depuis longtems ce difcernement. Auflî en-
nemie de la licence que de la fervitude , Elle fait que
la Religion feule eft capable de foutenir la Majeftédu
Trône , & d'alTurer le bonheur des Princes & des Peu-
EPÏtRE DE'DICATOIRE.
pies y & (ju Qn ne peut compEer fur la fidélité de ceux
qui bornent leurs craintes &c leurs efpérances à cette
vie , & qui n ont pour principes de leurs avions que
leurs palfions & leurs intérêts. PuifTe l'exemple de Vo-
TRE Majesté infpirer à tout le monde plus de
refpeâ pour les vérités & les devoirs de la Religion i
& puiiTe la pratique de ces mêmes devoirs attirer fur
Elle &c fur fon Augulle Famille lés profpérités , qui
fans être la véritable récompenfe de la Vertu , fervenc
fouvent à la rendre plus éclatante par le bon ufage
qu'elle fait en faire ! Ce font , M a D a m s , les vœux
les plus ardens & les plus (incères que je ne celfe de
former pour Votre Majesté, & que je la fup-
plie de recevoir comme le témoignage de i'eftime la.
plus fincère , de la plus vive reconnoilfance , te du plus
profond refpeâ avec lequel j'ai riionneur d'être.
MADAME,
De Votre Majesté,
Le très humble & ttcs obéifTanc Serviteur l
Pii&kb-FramçoisLbCovilayeju'
PREFACE
PREFACE-
I E N n'tft fi ordinaire aux Traduiieurs , pour in(pîrcr au Pa-*
blic quelque eftime de leur travail , que de commencer par
l'éloge de l'Ouvrage qu'ils ont a traduire , & par celui de l'Au-
teur qui l'a compofS. Heureufement , la réputation de Frar
Paolo & de fon Hiftoire me di(penfcnt de cet ufage. Si tôt
qu'elle parut dans le Public , elle fut lue avec avidité -, & plus
d'un fiéclc écoulé depuis (a première publication , n'a fait qu'augmenter
l'eftime qu'en firent d'abord les Savans & Içs gens éclairés & impartiaux^
Rome cependant en fut fcandalifée ,& n'oublia rien pour en diminuer le
mérite 8c en décréditer l'Auteur. Mais un Ouvrage eÔènticUcment bon (c
fontient par foi-même contre des attaques intérelfées & mendiées ; & les
méprifes légères , que rinfpeétion des AGtts Se la découverte de plufieurs
nouveaux Mémoires ont fait remarquer dans cette Hiftoire, n'ont fervi
tja'â donner au refte plus de crédit & d'autorité.
L'iNGfiNuiTâ avec laquelle cette Hiftoire étoît éaite , fit bien juger d
Frd'Paolo , qu'il ne pouvoit s'en avouer l'Auteur fans danger , ôc fans réveil-
ler les ennemis que la querelle de Vlmerdit de Venife lui avoir fufcités. Il prit
xlonc le parti de tenir la chofe fecrette , & l'on ignora pendant quelque tems
i qui l'on étoit redevable de cette production. Le P. Fnlgence^ dans la Vie
C[u'il nous a donnée de ce grand homme , trop fcrupuleux à ne pas divul-
guer le (ècret de fon Ami, nous laiflà fur cela dans la même ignorance ', &
ce ne fut d'abord qu'à la faveur de quelques conjeftures qu'on découvrit ce
que Frd Paolo avoir mieux aimé laificr deviner, que déclarer lui-même , foit
de peur de s'attirer de nouveaux ennemis par une telle déclaration ^ foit
pour ne pas décréditer fon propre Ouvrage parmi les Dévots , à qui fon
nom devenu odieux ne pouvoit manquer (finfpirer un préjugé contre cette
Hiftoire , nonobftant la fincérité & le défintérellcment qui s'y font remar-
quer de tous côtés.
C £ s T ce qui fit que dans les commencemcns , on héfita pendant quel-
que tems fur le nom de fon véritable Auteur. Quelques-uns, idon Pierre
Vitpny dans une lettre à Camden du i^ d'Avril mdcxix, attribuoient cet
Ouvrage à l'Archevêque de Sfalâtro. D'autres , fclon Camden dans fa réponfc
à Pierre Dapfty du 1 1 de Mai , le donnoient au P. Fntgence ou à quelque au-
tre Italien. On foupçonnoit pourtant dès-lors , fclon le même Camden , Fror
Paolo d'en être le véritable père ; & lorfque le Prince de Conde lui rendit vi-
fite a Venife en m ncx x ii , il ne manqua pas de le mettre fur ce point pour
s'en aflîircr. Mais le Pcrc , qui avoic fcs raitoos pour ne pas découvrir fon fc-
11 PREFACE.
crée » & qm écoic d'autant plus fur fes gardes avec le Prince ^ qu'il Cûvoit qiie
c^étoit lui qui aroit répandu ce brute en France , & lavoir même débité à
rAmbafTadeur de Venile, fe contenta de lui répondre , qu^on en connoii^
foit TAuteur a Rome. En efFet, (oit que Ton y fut inftruic du foin que Fré^
pAolo avoit pris depuis plulîeurs ann^^cs de recueillir tout ce qui pouvoir
avoir rapport â cette maticre » ou que Ton nom ne fût pas allez déguifé fous
celui donc on sVtoit fervi » fbit que l'on n^ connût perfbnne plus capable que
lui en Italie d^écrire un tel Ouvrage» foit enfin que Ton y rccrouvat quanci«*
té de maximes ôc de principes répandus dans îcs autres Ecrits > Tonne s'y
trompa point comme ailleurs , de les doutes s'éclaircirent bientôt partouc».
Car comme après la mort de notre Hiftorien on n'eut plus le mcmc intérêc.
de dcguifèr la chofe , ou que ceux qui étoient les dépofitaires du fecret uc
jugèrent pas qu'il convînt de fu^endre plus long^tems la curiofité du Public
£ir ce point > tout le monde fut bientôt que c'étoit i lui que le Public ca
étoit redevable.
E N effet 9 (ans (è déceler lui même ^ il y avoit long-rems qu'il avoit laifK:
connoicre à fes amis, {iir-cout en France, qiu'il recherchoit avec foin tout
ce qui avoit rapport à cette affaire , afin qu'ils l'aidaflcnt de leurs confcils Se
des Mémoires particuliers qu'ils pouvoient avoir ^& dès l'an mdcviii on
voir que non-leulement il avoit déjà ramaflë pluûeucs chofes, mais mêmc^
u'il avoit commencé à écrire cette Hiftoire. r^ vu , dic-il dans une lettre
u 21 de Juillet m o c v 1 1 1 à Mr. Grojlot , U Révijion dn Concile de Trente ,
le BuredH , & les jiUes. S'il y a quetcfue antre Owvragefwr U menu méuiere , je
ferois bien aife de C avoir , parce que fat écrit moi-même quelcfue chofe de fins iten^
diii,qiufaitirtdeiAfonHmens que f ai f h trouver en ce pdis-ci. On voit auffî.
par une antre lettre du 17 de Mai , qu'il remercie Mr. Gtllot- des* Colle(5Uons
^u'il lui avoit envoyées fur ce fiijet^ & où il avoue qu'il avoit trouvé des
chofes rrès remarquables» On fut d'ailleurs que c'étoit de lui c^l Antoine de
Dominis y, Aïchcyè<\uc de Spalatroy avoit eu le Manufcric qu'il avoit fait inv*
primer à Londres en mocxix. CePrélat,.auiIi connu par fon inconftancc
& (àfinnulhcureufè que par (baérudition> avoit eu des liaifons avec Fra^
Faolo y & lui avoit Êiit part appacemmenc du deflcin qu'il avoit de paflfêr en.
Angleterre.. Ce fut zvanr d'exécuter (a réfolution , qu'il avoit tiré de notre
Uiftorien la copie de (bn Hiftoire, qu^il (è propofa de faire imprimer auûî*
fi&t qu'il (èroit dans un pais où il le pût faire en liberté. De (avoir fi l'Auteur
lui avoit permis de tirer cette copie, ou. sal le fit fans fon aveu^ c'eft fur quoi
je n'ofe rien afiurer.. Je fèrois cependant afiez porté i croire, que la chofe-
ae s'étoir pas faite fans fa participation ; puifque, fi nous en crayons l'An-
leur de la Vie du Chevalier Waiton qui avoir été Ambadàdeur d'Angleterre à
Ycnik y^FraPaclù en avoit tranfmis lui-même les feuilles au Roi Jacques />.
par le canal de ce Miniftre*, non peur* erre dans ledeflcin de faire imprimer
cer Ouvrage de fon vivanr ,. mais du moins pour en prévenir la fbppreflion
après ùk mort , & le facrifice qu'en eût pu faire le Sénar pour ne point don--
aci decumvcaiaiiijftt de plainte i la. Cwc dc&ome^
3
P 1R. E F A C E. Ml
M A I s 9 (bit qae Fré^Péolo aie communiqué lui-même (on ManuTcrir i
rArcbevêque de Sfdatro , ou non , il paroit bien certain au moins par !'£-
pitre dédicatoire de ce Prélat au Roi Jacques /> que la publication de l'HiC-
toire du Concile (è fit à Tinfu de fon Auteur \ pui(que de Dominis y dit à ce
Prince , yn*// nejait commem Py^uteur interprétera Jk réfilmion , 6c qu^U remet
cet Owurage entre les mains de S. M. comme an antre May/ejanvé du mUien dei
eaux , OH Çek peut-être fait périr celui qui lui avoit donné la vie. Cela femble in-
iiiquer aiïez clairement, ({ucFra-Paolo n'eut aucune part â cette publication;
âc même, qu'elle (è^aifbit en quelque forte contre Ces inclinations. Quoi
ou il en (bit, de Dominis ne fe crut pas obligé d'y déférer; ou du moins il
iuppofà que c'étoit fuffifamment y fatisfaire , que de ne pas divuleuer le nom
de l'Auteur. A peine donc étoit-il arrivé en Angleterre , qu'il ht imprimer
cette Hiftoire , mais avec un Titre Se une Epitre dédicatoire au Roi J acquêt ^
qui déplurent à F^a-Paolo aufli-bien qu'à la plupart des gens (ènfés, qui pré-
virent aifémcnt Tufage qu'on feroit de ces deux chofes pour prévenir les Ca-
tholiques contre un Ouvrage qui avoit été écrit principalement pour eux»
Se pour empêcher par-lâ tout le fruit qu'il eut pu faire s'il eut été publié
fans ces additions , qui le leur rendoient en même tems & foCpcék Se odieux.
Ceft ce que marquèrent â Cambden le célèbre Pierre DupHjf Se Nicolas do
Teirefcy qu'on n'a jamais foupçonnés d'être fuperlUticux dans leur Orthodo-
xie. Plut à Dieu 9 dit le premier dans une lettre du 13 de Juillet mdcxix»
qu'on en eut retranché la Préface & la dernière partie du Titre. Les préju-'
Î;és ont un grand empire Se un pouvoir abfolu (ùr nous. La Préface rendra
'Ouvrage inutile, & lui fera perdre toute fon autorité. Vtinam , utinam ahef
fet prafatio & etiam pars ultima tituli ! Prajudicia apudnos multum valent , ont^
nia pojfunt. — Préfatio*^- inutilem & nuliiusferi momemi librum apud nos red^
det. Ceft une très-belle Pièce, dit l'autre dans une lettre du i 5 de Juillet, &
laquelle étoit capable Jt un grand effet , & d avoir un grand cours ,fi celui qui Fa
fait imprimer eut pu fi contenir dans la même modération de F Auteur , & s^abfte^
nir non^eulement de tarraifonnemem qu^il a ajouté au Titre & des mots piquons
& partiaux qu^it a entrelaces en F Indice des matières^ putis auffi de fin Epitre li*
minairey & de fin nom tout à-fait , puifqi/il efl déjà fi décrie parmi ceux qui ne
font pas de fin avis , quil décréditera ce^and Ouvrage ici , ^ t empêchera JtOi»
"Voir cours , comme il eutpojfible eu entre les mains des Catholiques mêmes, voire
jufque dans F/talie.
On fent bicti les raifons , qui avoîcnt porté l'Archevêque de Spalatro i
cnagiraînfi. Il crut, qu'en qualité de Profcly te, il ne pouvoit mieux faire
fa cour aux Protcftaris qu'en déclamant avec violence contre le Pape; Se il
le fit fans ménagement dans fon Epirre dédicatoire. Se dans l'addition qu'il
fit au Titre de Fra-Paoh, Mais on lut fut fi peu de gré de ce qu'il avoit hiit,
que dans faTraduâion Latine qui fe fit auffi- tôt de cette Hiftoire en An-
gleterre, on en retrancha & TEpitre & le Titre, auffi-bicn que danslesnou-
Tclles Editions qui fe firent du Texte original à Genève enMDCXXix, Se
Cft Mpchvi & if»c£x;£: il cft a^natorcl de ccoirct qu'on ne le fie'
aij
lY PREFACE.
que pour fc coefonner aux dcfirs de l'Auteur, qui étant toujours dcmcnré
dans la Communion Romaine» fentit toute l'incongruité qu il y avoit à flat-
ter les Proteftans aux dépens de fon propre Parti, après avoir affcâé dans
tout le cours de fon Ouvrage une impartialité que Ton rencontre à peit^
dans aucun autre Ecrivain.
Une Hiftoirc écrite avec autant de fincérité & de jugement , fut reçue
comme ont accoutumé de rêrrc de tels Ouvrages. Les jperfonnes d^fintcrclr-
fées Tadmirerent. Les autres réglèrent leur jugement (ur leurs préventions,
& en parlèrent bien ou mal, félon les intérêts & les préjugés du Parti ou
ils fe trouvoient engagés. Les Proteftans la comblèrent d'éloges. La plupart
des Catholiques la décrièrent fans ménagement, & il n'y eut guercs qu'en
France où ils ofâlTcnt en parler avec modération & montrer l'eftime qu'on
en dévoie faire. Audi le Catholicifme des François eft un peu différent de
celui des Ultramontains '> &tel padèpour très-orthodoxe tn-deçà des Alpes
& des Py renées , qui auroit peine à (c défendre des pourfuites de l'Inquifitioa
au-delà» Les Romains (ùr- tout en furent plus indignes que perfbnne^ & il
cft vrai auifî que leur politique & leurs abus y avoient été expofés avec plus^
de liberté. Bien en prit â Fra-Paolo lor(qu'ils l'en reconnurent pour l'Au-
teur , de n'être pas dans un lieu qui le mît à leur difcretion. Un prétexte de
Religion les eut venges des coups qu'il leur avoit portés; & ils eudènt eu
une occafion d'autant plus favorable de (àtisfaire leur reflfèntiment , qu'en
le faifant ils euflènt paru ne rien faire que pour le maintien de l'Orthodoxie..
. Mais l'indignation qu'en conçurent quelques Dévots auili-bien que les
Romains , n'a pas empêché le Public de regarder fon Ouvrage comme un
chef-d'œuvre en fait d'Hiftoire. Quoique TexprcfCon fe fente un peu de
ridiome Vénitien qui n'eft pas des meilleurs d'Italie, la narration eft n ai((fe ,
6c les faits (i heureufement liés les uns avec les autres, que les plus judicieux
Critiques n'ont pas fait difficulté de donner cette Hlftoire comme le meil-
leur modèle que puiflent fe propofer les Hiftoriens. C'eft ce qui fit dire â
«Jonr.dt» Mr. «Wa dans l'Extrait qu'il donna de l'Hiftoire du Cardinal Pallavicin, ^
Sâ¥. Mars que Fon ru peiU rien voir de plus achevé éfue celle de Fra-Paolg i & à Mr. j5w-
'^^î* net,^ que c'eft un modèle que doivent (liivre tous ceux qui veuleut rcuffir à
ii& ^p^i?^ ^^^*^^ l'Hiftoire. Pierre DupHy de Mr. de Peirejc en avoient jugé de même
' ' dès le commencement , & ce jugement n'a fait que fe confirmer dans la fui*
te; Tans que la critique que quelques Ecrivains ont pris à tâche d'en faire j.
Se les mépriiês Légères qui s'y trouvent , en ay ent diminué le mérite aux yeux
du Public.
En effet, fôit que Ton confîdere cet Ouvrage par rapport à la vérité des
faits» foit que l'on y envifage la forme & rarrangpment que TAuteur a don-
nés à fa matière,, (bit enfin que l'on examine les réflexions dont il a coutume:
d'accompagner les événemens, tout contribue également à en relever le prix.
êc le mérite.
A l'égard de la vérité des faits, on ne peut prendre de plus juftes me«
6res fout &'cn aHiirer^, qae celles fjpt prit fréhPâ49* Hh qu'il fe fut pro^
i;
P R. E F A C E. V
pofé d'dcrire i*Hiftoire du Concile , il n'épargna ni peines ni recherches
pour conlîilccr tous les Monumcns qui y avoicnc quelque rapport-, & fa fi-
nianon lui procuia fur cela bien des facilirés. Il vivoic près du lieu ou les
dioies s'étoient pailces. La mémoire de cette affaire étoit encore toute ré-
cente, & ii eut occalion de connoitre plulieurs de ceux qui y avoicnt allîftc.
Il fut lie même d'une étroite amitié avec Camille Oliva, :)écrétaire du Car-
dinal de MantoHc l'un des Préfidens du Concile fous Pie If^. Il avoir eu en-
tre les mains le Journal de Chéregat Nonce à' Adrien FI^ les A£tes de la Lé-
gation de Conturini à Ratisbonne, une partie des Lettres du Cardinal del
Monte premier Préûdent du Concile fous Paul 1/2 ^ celles de nfeonti Agent
de Pie /^ à Trente , les Mémoires du Cardinal da Mnla^ les Dépêches des.
Ambaflàdeurs de Vcnife au Concile , la plupart de celles des Ambaffadeurs.
de France , qui lui avoienc été communiquées par Mr. Gillat ou par quel-
ques autres de ks Amis-, fans compter beaucoup d'autres Mémoires particu-
fiers, dont il avoit tiré les Vores des Prélats & des Théologiens fut la p!u-
art des queftions qui furent agitées dans le Concile. Il confulta d'ailleurs
es Hiftoriens les plus (ars & les plus accrédités , fur l'Hidoirc de ce rems^
dans les chofes qui n avoient point un rapport dired au Concile \ Sleidan^
fiir les affaires d'Allemagne -, GHicciardin^ Adriani , Paul Jove, & quelques
autres» fur les affaires dltalie-, Beancaire, La Popeltmere , De Thon , & d'au-
tres pareils, fur celles de France. En un mot > il ne marcha jamais qu'après les
guides les plus (Tirs \ & s'il s'écarta quelquefois de la vérité > ce ne fut que
par un accident commun à tous ceux qui font obligés d'écrire fur des rap-
ports étrangers , & fans aucun delFein ni d'altérer le vrai, ni de colorer le
faux aux yeux de perfonne. Uefl: vrai que tous ces fecours ne fufEfoienr pas
encore pour donner à fon Ouvrage la dernière petfeétion, putfqu'ilne put
avoir communication ni des Adtes mêmes , ni des Lettres fecrettes ou écrites
par les Légats ou qui leur étoient adreflees , & qui pouvoient nrieux fervir
qu'aucune autre chofc à découvrir cous les myfteres & les intrigues qui
avoient donné le mouvement au Concile. C'eft à ceci fans doute que font
dues quelques fautes qui (è trouvent dans notre Hiftorien^ mais dont on
doit lui faire d'autant moins de crime „ qu'on fait bien qu'il nétoit pas enr
fon pouvoir de confuker ces Monumens \ 6c que fa pénétration d'ailleurs ^
fuppléé fouvent aux Ades par des conjedtures fi heureufes, que la décou-
verte de ces Pièces n'a fervi qu'à les vérifier. Mais malgré ce peu de mé*
piles , que la prévention de Traducteur n'a pu m'empêcher de reconnoi^
trc , 8c de reétifier autant qu'il a éré en mon pouvoir, on ne voir pas que ce*
la doive diminuer beaucoup du prix de l'Ouvrage. Eneffer, ce font desi
fautes de nature à ne rien altérer dans rcflcntiel de la narration , & alai(ïcr
â l'Auteur le caraékere de véracité , qui malgré ces méprifes fe fait remarquer
dans cette Hiftoire. Qa'importe efïcdîvement au Lefteur , qu'une Congre-
«non le foit tenue un jour plutôt qu'un autre , que ce Ibit un td Théo-
logien ou un autre qui ait parlé fur une telle matière, que le nom dW
Evcqpc ou d'ua £vêché foit mal marqué y qu'il y aie qi^elquc circooftaocc:
VI PREFACE
<emi(ê ou changée dans la relation d'un fait étranger au Concile } Ce font
réellement des fautes contre i'exaétitude de FHiltoire. Mais s'il convient
éc les remarquet pour l'utilité des Leéleurs » elles ne (àuroient diminuer le
crédit d un Ouvrage dont le fond eft efTentiellement vrai , Se dans lequel
fi l'Auteur Te méprend quelquefois » c'eft toujours (ans conséquence pour
les chofes edcntielles , Se (ans préjudice pour Ion propre caraâere.
Mais s'il s'eft glidè des fautes légères par rapport â l'exadlitude dans
ouelques chofes peu edcntielles, on ne peut rien defirer par rapport i la
totme de l'Ouvrage 8c à l'arrangement des matières. La narration feloa
Mr. Dup'iy en eft nette, élégante, & agréable. Uhrum étvidè legijiimma
€Hm volHptate. Narréuio dducida , elegans^ nec minus jHcimia. On ti'y voie
{>oint de digreifions étrangetes Se ennuyeufès. L'Hiftoire du tems y eft me-
ée , mais avec un choix & une préci(ion qui ne laide rien ignorer de nécef-
faire , & qui ne détourne point l'attention par un ramas de circonftances
inutiles. Tout concourt au but général de l'Auteur. Les événemens poli-
tiques n'y font touchés qu'autant qu'il a été nécedàire de le faite pour
montrer la part qu'ils ont eu (bit â la convocation , foit au progrès ou
à la concludon du Concile. Tout y (èmble lié (\ naturellement , que la nar«
ration eût paru imparfaite (ans ce mélange , 6c furchargée fans cette préci-
fion. L'érudition y eft ménagée avec tant d'art , qu'on voit un homme par-
faitement maitre de toutes les matières qu'il traite , fans afFeâcr de faire
parade de iz% connoidànces. Toujours exaâement renfermé dans les bornes
d'Hiftorien , il en dit adèz pour mettre fon Leâeur au fait des difputes *, &
laide plutôt pre(rentir ce qu'il en pen(ê, qu'il ne le déclare. Chaque matière
eft traitée dans la forme qui lui convient , l'Antiquité Ecclédaftique avec
érudition Se avec critique , le Dogme avec fobriété , la Scolaftique avec
fubtilité , la Morale avec pureté , la Difcipline avec difcernement & avec
(bumiflîon pour les Loix. ^ans prendre parti parmi une grande variété de
(cntimens , l'Auteur les expofe tous avec netteté & impat tialité ; & s'il fait
fentir la vanité de plu(ieurs di(putes qui s'agitèrent dans le Concile, c'eft
plutôt aux rai(bns foibles qu'apportoient leurs défen(èurs que fe découvre
ce qu'on en doit penfer, qu'au jugement qu'il en porte. Par un mélange
jadicieax de Doftrine & d'Hiftoire, il a trouvé moyen de faire lire les
cho(ês les plus férieufes Se les plus graves avec plaidr , & les moins iinpor-
cantes avec utilité. En croyant ne lire qu'une Hiftoire , on entre infen(ible-
ment dans les difcudions les plus profondes de la Théologie \ Se fans fon-
ger qu'à s'éclaircir des fentimens des Théologiens, on fe trouve penfer Se
opiner pour foi-mcme , lorfqu'on Ce figuroit ne s'inftruire que des opi-
nions des autres. L'art de l'Hiftorien paroit (ur-tout dans (es Abrégés. Peu
de pages & quelquefois peu de lignes mettent un Lcftcur au fait des ma-
tières qui fcmbleroient demander une explication fort étendue i Se foit qu'il
expofe la DoArinc ou la Difcipline ancienne , foit qu'il donne un précis
des fuffirages des Pères, tout eft énoncé dans une préci(ion qui épargne
toutes les inutilités > & i qui rien n'échape de ce qui eft eflèntiel. £u ua
PREFACE, ru
mot» (î la Jidlion droit toujours auifi puce que les idées de T Auteur font
sectes & aifccs > rien ne manqueroic à ccr Ouvrage du côté de la narration,
& on pourroit dire (ans aucune reftriâion, avec l'Auteur du Journal des-
Savans, an on ne fem rien voir de plus achevé»
La foiidié des reflexions qui lont ièmées par-tout dans cette Hiftoirc».
cft un dernier arricie qui ne contribue pas» moins que le refte à en faire ua
Ouvrage excellent. Cène fourni de cespenfées forcées, pour la produc-
tion defqueUes un Ecrivain met fon génie à la rorture afin de fe donner la^
réputation d'homme d'elprit \ ni de ces moralités ennuyeufes ,.oû (è perd
un Auteur , pour iè donner la réputation équivoque d'homme vertueux 8c
ic réformateur. S'il ceuiure le vice , c'eft fans cet efpiit de malignité qur
le fait on mérite de rechercher & de publier les fcandales , fans autre fruic
^ue de ruiner la réputation des^mtres, fouvencau préjudice de la fienne:
propre. Ses remarques fur les points de Doârrine Ce fement par-tout de Tim-
partialité avec laquelle , (ans égard aux préjugés ou favorables ou contrai*-
res , il approuve ou déiâpprouve ce qu'il croit ou conforme ou contraire
â la vérité , dans fon Parti comme dans les autres. Comme il ne Ce déclare
BÎ l'Apologifte ni l'Adverfaire du Concile ,^ il en parle roujours en Hifto-
sien 9 dont le caraâere eflentiel eft d'expofer les faits avec fîncérité > fans
déterminer autrement le'^jugemetu de ion Leâcur qu'en le mettant au fait
des raifons ou des ob|eâions , qu'il expolè avec la même fidélité que les
faits. Si quelquefois fa Critique eft ou moins exadle ou moins meiurée »,
c'eft qu'il n'y a point d'homme infailHble dans fes jugemens » ou qui ne fe
kvre quelquefois trop iCcs idées. Mais cela même eft rare^ dans notre Hif-
torien v & toujours maitre de lui-même > fes écarts font légers Se raremenr
capables de féduire un Leâeur attentif. S'il ne donne pas toujours aux cho^
ùs le tour le plus favorable , c'eft que Tenchainement des faits ne lui per^
met pas d'interpréter en bien » des chofès qui prifes fi^parément feroienr
d'elles-mêmes indifférentes. Il fait diftinguer par-tout la Religion d'avec li'
Superftition, & ne rend point à des Fantômes un refpeâ qui n'cft dû qu'â^
k Vérité» Il diftingue dans les Supérieurs l'autorité légitime dont ils (ont
sevêtus , d'avec l'abus que plu(ieurs en ont pu faire; & quoiqu'il n'eût que
trop fujet de fe plaiiulre des injuftices & des violences qu'il avoit fouâfene»*
de la. part de la Cour de Rome , ihen parle avec le même dérintéredemenr
qu'eût fait toute perfonnc indifférente v& s'il en cenfure quelquefois la con-
duite Se les abus > c'eft plutôt avec la ùncénté d'un Hiftorien , qu'avec la.
malignité d'un Critique. L'idée quil donne des délibérations du Concile,,
cft ordinairement fondée fur les faits qu'il rapporte ) & s^l n'en a pas tou-
jours une opinion auflî avanragj?u(e que Rome Tcât (ouhairé, c'eft* qu'il s'y.
cft décidé bien des cho(ês difficiles a admetrrei& l'oppofition qui s'cft trou-
vée à fa réceprion , ne juftifie que trop fon jtigement. On voit régner par-
tout une liberté fans licenee, uae religion fans hypocri(îe, une franchifc
&ns impudence, une modeftie fans afteâbation, une févériré fans rudefTe ,.
«ne exaâitttde ians fii£erititiof|r> uoe étcndM de connoiflwccs iâns oftenu»-
vm PREFACE.
tion. En un mot, toutes les redexions de TAureur ne (èmblent tendre qu^atf
vrai ôc au bien j Se n^.- dans un fiécle où les conceftacions de Religion avoienc
coiiimencc à difliper les préjugés d'une (bumiflîon aveugle , & d'une con--
fiance fuperftirieule tn des pratiques fouvenc plus propres à infpirer la pré-
fomption que la religion» il (èmble ne Te propoier dans Ton Hiftoire que
d'éclairer la foumiflion, que de fubftiruer la piété réelle â un extérieur de
dévotion» & que de détruire la folle fccurité de ceux qui â l'abri de DiC-
penfes , d'Indulgences , d'hxemrions , ou d'autres chofès de même nature , (e
croyent quittes des devoirs les plus edèntiels de la Morale Ôc de la Difci-
pline , ôc ne relèvent la puifTance du Pape que pour s'en faire un rempart
contre les remords d'une confcience féduite par les charmes des paflions Se
de la cupidité. Ses réflexions ne font point d'ailleurs d'une prolixité qui lesi
rende faftidieufes , ni de ces lieux communs plus convenables à un Sermon
qu'à une Hiftoire. Tout eft (ènfé , concis , & propre au fujet , dont rarement
l'Auteur s'écarte. Le âl de la narration n'en eft jamais rompu ; elle n'en pa-
roit au contraire que plus animée Se plus intérelTante : tant l'Auteur a fti
donner à fon Ouvrage le tour néccflàire pour plaire, & pour faire les im-
preflîons que les faits autrement expofés n'eudènt pu produire, quoiqu'elles
en naidènt naturellement.
Mais, quelque attention qu'ait eue l'Auteur 1 ne rien avancer que de
vrai & que de conforme aux Mémoires qu'il avoir recueillis , & à ne com-
battre directement aucune des déciHons du Concile, fon Hiftoire n'a pas
laiflë de trouver des Cenfeurs ; & plufieurs Ecrivains fe fonr fait un devoir
Se un mérite de travailler â décréditer un Ouvrage qui leur étoit d'au-
tant plus odieux , que les ennemi» de l'Eglife Romaine fembloient en faire
plus acftime. Les attaques cependant furent d'abord alFez légères , &n'ef-
fleurèrent qu'à peine la réputation de l'Auteur.
U N des premiers Cenfeurs qui parut fur les rangs fut un nommé Philippe
Quorliy qui après avoir publié lui-même les deux premiers Livres de fa Cri-
tique à Venife en mdclv , en lai(Ià deux autres qui furent imprimés avec les
deux premiers à Palerme en MbCLxi , fous ce titre , Hifloria Concilii Tridcn^
uni Peu Suavis Polani ex AtiSlorifinet affertionibm confutma. Dans cet Ou-
vrage, l'Auteur exadlcment renfermé dans fon Titre ne va chercher ni dans
les Ades du Concile, ni dans les Hiftoriens du tems, de quoi oppofer aux
récits de Fra-Paolo •> mais fe bornant à découvrir dans fon Hiftoire de pré-
tendues contradidtions pour l'oppofer à lui-même , il y a réuflî avec fi pea
de fuccès , que le Livre eft à peine connu, & que la réputation même de
l'Ouvrage qu'il attaque n a pu lui procurer la gloire que les Auteurs mé-
diocres tirent ordinairement du nom des Adverfaires qu'ils combattent.
Vers le même tems parut un autre Ouvrage d'un Théologien de Met
iîne nommé Scipio Henrici , fous le titre de CenfwA Theologica & Hifionca »
dont la première Partie eft dcftinée à donner un Extrait de tout ce qu'il y a
de bon , de vrai & de probable dans l'Hiftoire de Fra^Paolo; Se la féconde y
à cenfiirer ce qu'il y a de mauvais » de faux 8c de condamnable. Mais il y a
Uea
PREFACE. IX
ïcu de croire , que cette féconde Partie n'a été ajoutée que pour dormct
le change au monde , s'il eft vrai , comme l'ont marqué pluficurs Critiques,
que l'Auteur mafqué (bus le nom (ïj4(jmlinHS foit Scipio Henrici lui-même.
Car dans le jugement que cet Auteur pfcudonyme porte (ur les trois His-
toires du Concile, c*eft- à-dire, fur celles à^ Fra-Vnolo y 8c de Pallaviciftj
8c fur celle qu'il avoît donnée lui-même dans (à Cenfurc Théologique &
Hiftorique , il donne par-tout la préférence à la première , 6c la juftifie
même en plusieurs endroits > & contre fa propre Critique , 6c contre celle
an Cardinal.
Ces attaques étoient trop légères, pour avoir quelque (uccès; & l'on
vit bien à Rome qu'il falloir quelque cnofe de plus important pour ruiner
le crédit de l'Hiftoire de FréhP4ola. Le P. ^hiéU Jéfuite de réputation fut
donc chargé de 4a commiffion , & on lui offrit tous les (ècours néceffaires
pour s'en acquitter mieux que n'avoicnt fait les autres. Toutes les Archi-
ves lui furent ouvertes, ôc rien ne fut omis pour le mettre en état de con-
vaincre de faux notre Hiftorien 6c de rétablir la réputation du Concile»
à laquelle l'Hiftoire de Fra-Paolp avoit donné quelque atteinte. Plu/îeurs
années fe padcrent à raffèmbler les matériaux nécedàires. Mais tanc de
tems employé à ces recherches ne (èrvit qu a lui faire mieux (èntir la dif-
ficulté de rentreprifè, 6c il en laiflà l'nécution à une main plus hardie on
plus préfomprueufè. Pallavicirij aufli Jéfuite 6c depuis Cardinal, fiit It
Héros deftiné à la défaite d*un Ennemi que (a mort n'empêchoit pas d'être
redoutable, & à détruire un Ouvrage qui s'étoit fbutenu jufqu'alors 6c
contre les cendires Romaines , 6c contre les coups que différens parricu-
liers avoient voulu lui porter. Chargé & par Con choix 6c par l'ordre de
fcs Supérieurs d*une entreprife fi importante, il eut pour Texécutcr tout
les avantages que peut avoir un Ecrivain. Outre les Mémoires qu'avoir raf-
fèmblés y^lcidi, chacun s'empreflà de lui fournir tout ce qui pouvoit lui
être de quelque u6ge. Jamais perfonne n'entreprit la compohtion d'une
Hiftoire avec plus de fecours. Cependant, quel en fut le fuccès > Il fit re-
marquer dans l'Ouvrage de Fra-Paoh des fautes légères , des inexaftitudes ,
quelques méprifès dans les noms ou les dates, quelques altérarions dans des
circonftances peu eflènrielles , quelques conjedîurcs bazardées fans fonde-
ment*, mais du refte, une conformité fi entière dans la fubftance des faits,
ue l'Auteur mafqué fous le nom à*Ai]HilinHs , dans le jugement qu'il porte
es difFérens Hiftoriens du Concile , ne fait point difficulté de traiter le
Cardinal Pallavicin d'Interprète & d^Amplificateur de fon Adverfaire , Am-
plificéUor& Intcrpreu
' C'a donc été une oftentation ridicule, & une malignité condamnable
dans ce Cardinal, pour prévenir fcs Lcéteurs contre Fra-Paoloy d'avoir
produit un Catalogue enflé de méprifes qui n'ont rien de réel ou d'efïcn-
ticl. En effet, outre qu'une partie de ces fautes prétendues ne font point
réellement des fautes, comme on s'en convaincra par mes Notes, & que
^e(k le Cardinal lui-même qui s'cft mépris , on verra qu'il y en a peu paiN
TqwI. b
i
X PREFACE.
mi le refte ^i mérkaflcnc d'ctre relevées avec Taîgreur 6c ramemuneavec
laquelle le tak le Cardinal Pédlmncin. Il y a des féUêJfetis, die judicteufemenc
Mr. jimelaty^ui ne ruinem point U réputation im Hiftorien\ & quand il n$
parle point contre fa confiience , U mérite JCetre excufi y humanum cnim eft es^
rare. VHiflorien n'eft pas refponfMe des chojes dm il lui a fallu Je rapporter
à autrui , et autant efiiil ftefi pas requis que celui qui compofi une Hjfloire ait
vu ce qtéM écrit. Tel a été le cas de notre Hiftoricn > qui obligé d'écrire Cixr
des Mémoires parcicaliers faute d'avoir eu la liberté de consulter les Aâes
originaux» n'a pu toujours raconter les faits avec la même exaéHtude que
ion Advecfaire. Mais quel préjudice ea (buffire Ton Hiftoire pour le fond l
Tous les faits eflcntiels font les mêmes yôc ih fidélité que l'on remarque
dans ce qu'il x copié des Mémoires du rems y on jam que s'iLs*eft trompé fur
quelques détails indifférens^ ùt véracité- n*en sefoit point d'atteinte , & foa
Hiftoire n'en mérite pas moins notre créance Se n'en eft pas eflèntiellemenc
plus défèâucii(è.
Ce n'eft pas que, pont relever Fru-P^Wt* tox dépens Je ion Cen(ênr> je
veuille décrédicer l'Ouvrage du Cardind y am certainement a fon ntiérite p.
quoiqu'en qualité d'Hiftonen il ibit bien iaKtîeiir iMuteur qn'iL cenfiire».
Mais il a du moins, cet avantage au-deflîis de Fra^Paolo y que comme il e^
travaillé £br les^ Aâes de Cat k$ Lettres orkinales». il peut fervir à fuppléec
des faits & cedreficr des méprifès, contre k(quelles il n étoit pas poliible i
notre Hiftorien de fe précautionner.. Ceft par cet endroit leul qu'il mérite
quelque préfihrence, & i tout autre égard il ne lui eft nullement compa*
cable. Sa diâdon à la vérité eft' plus pure r mais il écrit moin$ en Hiftoriei^
În'en. Rhéteur ,.& Ton ne reconnoit aucunement dans fon Ouvrage le ftylc
e l'Hifloire*. Ses détails (bot plutôt des digreffions étrangères , que des ré-
cits eâèntiels à (à narration» Adulateur déclaré des Papes». il canonife ju(^
qu*â leurs excès ^& il juftifie les maximes les plus fcandaleu(êsa.vec autant
d'aflurance , qqe fi elles faiibîent partit de la Religion. Toujours partial
Îour ce qu'il appelle TEglife» il donne tout aux préjugés de Parti »,& jufti*^
e ou condamne (èlon les différens intérêts qui Fagitent , (ans croire que
ks Catholiques raiflènc (ê tromper « ni tes Protefbms avoir raifon (ur au<^
cun point. Exceflîvement prévenu pour les maximes préiêntes , ou il f tx-^
mené les anciennes quoiqu'eflèntiellemenr oppo(ëes^ ou il condamne cel-^
lkh<i comme moins (âges , par la (eule rai(bn qu'elles ont cefTé d'être ûii^
on
hors qui n'en (ont que ,
Êlufieurs devoirs, qu*il ne donne que pour desLoix d'une Di(<wline ar^^
traire ^ dont la pratique cefte d'obliger â la £ivenr des Di(pen(es.. ïkié^
de tour par les maximes dW Politique toute mondaine» & il fâtt àt
PRErACE. rf
tt^B& âc Jefiis-Chrijft une Société toute humaine 9 qui doit Ce gourerner
par le même efprit que (e gouvetnenc les Principtutcs Temporelles. Enfin
FrM'Péid9 eft THiftorien du Concile > & PédUmcm en eft le Panégyrifte *, Se
À, Tavancage près qu a celni-d d'être plus eiaâ dans certains détails moins
cilendels » & de nous avoir communiqué les Extraits de phifieurs Pièces
4iriginales que Ton ne connoifloit point auparavant, on peut dire que le
Public n*eft gueres plus inftruit qu'il Tétoit de l'Hiftoire du Concile , A:
qu*on pouvoir ignorer ce qu'il nous en a appris , (ans être moins au fait de
cette affaire. Encore» comme l'a fort bien ooftrvé Mr. Sdê le premier Ao-
ceur du Journal des Savans »< fmqH^an m veuiUe pds s^infcrire enf/mx €mt*
Ère la Latres& les AÛmmres wumi^us ùris prmapdlemem de U Bibliatheme
VéùkmÊ^ eemfimepikfkwres frivees, & k Ufei defymelUs onffeflfosMi^'
£é de dtfbrer pififu^k ce epien les mt rendnes fnUi^s^ éfn epien fmffe les
êsséomner & en recemtekre U véritt; & Jtéiméfm fùss dms cette cecifan , ek
€m fen vemfervir comre mt Hifierien ^m a M prefine cememperém^ & fm
iefi âcepm heêxMsf de crismce dmu les écrits deU^^nfan dtê mettde.
Voila pourtant proprement le feak HMorien que Rome ait pu oppo*
(èr à FréhPJole, 6c pour le triomplie duquel cUe ait épuifô toutes (es ArduTes»
Mds la précaution qu'a eue Fdùvkm de ne publier de toutes les Piéœa
qui lui ont été cotmnuniquées oue ce qoi convenoit à fês vues, (ans nous
lien découvrir des Inftruâions (ecrettes envoyées ou de Rome ou de Trente»
nous laiâe toi^ours ibupçonnec bien des intrigues ftir le(quelles ce Cardi*
aal n'a pas jugé à propos de s'expliquer , ic que Frs-PâûU n'a avancées que
(nr des Mémoires a(G» (un pour mériter notre créance. An moins il 7 t
lieu de croire que tout ce que fi>n Cen(èur n'a pas jugé i propos de rele-
ver > pem paflèr pour certain^ & lors même que PédUetnein , fans en ap«
porter d'antres preuves que (on autorité , s*in(crit en faux contre certains
ntts uniquement parce qu'ils ne font honneur ni à la Cour de Rome ni au
Concile » le préjugé eft en faveur de notre Hiftorien» qu'il n'eût pas man*
que de travailler a convaincre de faux, s'il eût eu en main de quoi le faire.
. Cbttb attaque portée â notre Hiftorien, eft proprement la dernière
^'il ait ene â eflùyer- Car je compte pour rien une Crit'upte moderne de
tmfloire dn Concie de Tretste de Frét-Pétôh , qui parut in 4<<» à, Paris en^
MBocxiXy & où rAutenr anonyme de cet Ouvrage déclare ^ <pcfitt dt0m
eiefi pas d'examiner fi les faits del'Hkftoire qu'il attaqney^ tr^r/ m noni
mais qu'il & propo(e uniquement de montrer , que Fra-Paelo n'a eu aucune
des qualités néceflàires à un Hiftorien 9 c'eft-à-dire , nifagejfe^m mediratiott^
miJMgamettty nihâbiUti. Un Ecrivain qui choque aîn(i de front le jugement
qu'a porté depuis plus dfun (iéde le Public de cette Hiftoit e , 8c les aveux
mêmes des ennemis de Fré^Paelo , qui dans le tems qu'ils l'ont ceniuré avec
phis de rigueur , comme le P. Rapin Jé(ùîte , n'ont pu difconvenir de la beau-
se de l'Ouvrage & de l'habileté de f Hiftorien ; un tel Ecrivain , dis- je , ne
mérite pas d'autre (brt ^ celui qu'il a cflùjré > je veux dire » celui d'être mé'
priîë & oubliée
xu préface;
Il femble au contraire que les Critiques que Ton a faites cte PHîftoîre dSr
Fra-Paoloy n'ayenc fervi qu'a en relever le crédit &c la réputation. Mais^
avant cela même elle avoic été û agréablement re^ue du Public, que pour &
tisfaire ceux qui ne pouvoient la lire dans TOriginal , on la traduiiit en difféi-
rentes forces de Langues. Dans le tems que TArchevêque de SpaUtro la pa-
blioic en Italien à Londres, le Roi J^i^rj/ chargea Michel Newton Pré*
cepteur du Prince Henri Ton fils , de la traduire en Latin. Il commença en
eftct cetce Tradu(f^ion dès Tan mocxix. Mais comme ^ ou faute d'êrre aflèx
au fait des raacieres, ou parce qu'il n'entendoit pas affez bien l'Italien , fz
Traduction parut en bien des endroits défeârueule > Bedell depuis Evêque de
Kilmore en Irlande fc chargea du refte de l'Ouvrage , dont la publication
fuivic de près l'Edition Italienne, &. en rendit la leéhire plus commune Se
par conféquent plus utile»
C£TT£ Traduâion cependant ne fiifEt pas pour (àtisfaire Tavidité da
Public. Différentes Nations voulurent avoir l'Ouvrage en leur propre Lan-p
gue > & en peu d'années on le vu paroitre en Eraoçois , en Allemand , & en
Apglois. Diêdm fe chargea de la Traduétion Françoifè à Genève. Etant Ita-
lien lui-même , il fêmble i^u'ondevoit attendre de lui quelque chofe d^exaét*
Mois^ foit que le François ne lui fut pas. toutà-fait aufli familier que Tlta*
lien 9 foit <|ue le changement aaivé dans notre Langue nous fa(Ic paroicre
défeéhieux ce qui ne le paroidbit pas alors , cette Traduâion , quoique réim*
priniée depuis à Paris même, ell devenue tellement hors, d'ufagc, qu'elle
nous eft prefque aujourd'hui plus étrangère que l'Original même. C'eft ce
qui engagea il y a environ cinquante ans Mr. j4melot de la Houjfaye à nous
en donner une nouvelle. Elle n'étoit pas uns défauts > mais incomparable*
ment préférable à celle de Diodati à cous égards , eUe eût dû ce femble me
détourni^r d'en entreprendre une autre , il je n'euffc jugé que Taviditc avec
laquelle elle a été reçue du Public , que différentes Editions ont pu i peiné
fatisfairc , montre mieux Tcftime qu'il confcrve pour L'Ouvrage de Fra Poù*
lo , que le mérite même de la Tradu6kion..Ea effet, outre que Mr. jImeloP
femble fouvent dans les endroits dithciles avoir plutôt fait la fienne fiir le
Lacin même que fur l'Original , le fiyle d'ailleurs^ en femble aujourd'hui un
peupoiïéî & il s'y trouve différentes fautes qui mérîtoient ou qu'on ré-«
lormat. cette Traduétion, ou qu'on ea fît une toute nouvelle , pour en ren-»
dre la Icâure plus agréable & plus utile..
C E s T à, cç dernier parti que je me fuis détermine >.fbit pour m'épargner
le défagrément qu'il y a de retoucher l'Ouvrage d'un autre, foit pour pré-
venir l'inégalité de flyle qu'on ne peut jamais éviter dans un Ouvrage ré-^
formé. Nos vues^ d'ailleurs font afl'ez différentes dans cette entreprife^
Mr. jlmelof femble s'être borné dans la fienne à une fimple Traduâion y.
6ç le peu de Not^s qui l'accompagnent fcmblcnt plutôt faites pour fcrvir.
d'ornement à l'Hiftoire qu il publie, que. pour Téclaircir ou la juftifier«.
Mes vues ont été. toutes différentes dans leâ miennes.. Toutes ont qiielquei
ufage , ôc je n'en ai i^ aucune pour la £aradc:»<
P R É 1^ A C B. xin
*r iCôlFIrv MOta^élËihè ^ut Prs-Péiolènctvi^a point avrogrtf fur (cthmts,.
*ûe panîe eft deftinèe i reâifier («s m^ptifls*,^ je Tai fait ordinairemenc Cut
Tàucoritii des Aâes rapportées par Pstlm^idn, par RayfiéddtiSyOwi^^x quel*^
-que autre Aufeiir ^ ou lui^ Içs- témoignages de quelques Hiftoriens contem«
£ crains qu il a méconnufr^ ou qu'il a^ lus avec rrop de précipitation.£n ce-
• f*ài rlKhd(i jufticb à (bn^Ceoieuc k Cardinal FaUavicir^i 8c |e n*ai jamais
lléotéâ'k fiiivfe quand (âcvicique mVpàru fondée fur des Aâei> & non
ittr fes'préjugé$.. Une Miccc partie idts Noces eft employée d- juftifier Frd*
FéiùU \ii-haik!^€ contve fon-Adver^iire, lorfqu'iH'a critiqué fans fonde-
ments & j*-ai tâché <te le faire > ou en prouvant la vérité des faits avancés*
pftr nocce Hiftorien 5 on en le déchargeant par des témoignages parallèles
«Autetlinr qui'ks*:tv<n6tit xapportés-'ovanrluivde la faHiTe imputation de les
fmùr itilvtntés; Le^ qMftioûs doâ7in«lle^ <ltt Concile ont fourni moticre à
vnautcé^ncedc^oces^^ je n'ai eu'pouf objet que de donner tmeidée
claire ^ abrégée iitê-^'qtfD:rok>ddk<pen&r des- dift^r entes dédiions dif
Cbncife jT & crà faifi^tiierdiot nii Us d^endre ni '^ le$ combattre r je mb
£iÎ5 botné i^doÀncr quelques notioné'juftes- des chofes > Se à niarquer Té^
poqoe d« quel^^ties^ ^ouveanoc. APtictos de' Foi; tJne plus- longue contro^
verfe toe convènolit point a de ûm{4es« Notes >d6 c'eût été embarraiTcr ÏHiC"
soiié au-lieiide r^ciaîrdrjiqtte^i'enire» dan^^ diiputes Théologiqtièa
qu'on '{|etitcr<kiVél:^aitiplemenr(lifi:utées! ailleurs- pas les Ecrivains dts l'ar-»
tisopdô^,'qui''ont examiné -plus à^fend^ceàmaderes» Enfin il y- a x^ntl^
Îuepdi d'amies^ Notes, foie pqur fixer les date» de quelques événemens ,.
Dût notre Auceur n'avoir pas.marquéaflèz. préciiëmenr le rems $ loir pour,
relbver. quelques fautes principales dt^ bi dernière Traduâion Fcançoi(è>.
ou (de quelques- autres- Autcursr^de. réputation , dont il (èmbie^' phis efifèn—
âcl^de remarquer lesvméprîièsi proportion de Teftime qu'on en fait «afin;
d'empechct qu'on nes'i^gare à la luice de leur autorité. Mais, Toit que je;
juftifie notre Auteur-, ou que je le rcdrefle ^ foie que pour éclaircic Ton Hi(^.;
roirc j'aye fiiivi4''aotoricé d'aiures Ecrivains, oii que je m'en (bis écarté^;
f'ai taché dfe.ne contrer en. tout que la vérité, uns m'abandohner ni L
k partialité qu'ont ordinairement les Traduâeurs ou les Editeurs pour les:
Ouvrages qu^'ils pnblien&,.nià la vanité de critiquer des Auteurs demé»;
rite uoiquemeArpour avoir le plaiiîc de me faire, un, nom aux. dépens desi-
autres. ,» - » .
En matière de faits princtpatemenr ,' jV tâché tantxju'il a été pofiible:
Jk ne rkn avancer £ins gacaht; & pour.me mettre entièrement au fait dei
k vérité détour cc.que rapparoe notre Hiftorien,. j'ai confulté le plus de:
Mémoires paniculiers donc j ai .pu avoir communication. Outre ceux qui:
ont été imprimés^ & qui om uorvapport plus on moins direâ: aux.afiàiresk
40 Concile , tels que Ic'Reaieiiride Pièces publié par Mr. Dufmy y les Mé-^
moîceS' 6c l^argat ^ les Lettcesxle fTi/cQmiiy^ celles desCacdioaux. de ParrMre.
Jfe de SântA-Croce y les Aâes: dé MfiffareUi 6c ceux de Tarelli publiés afTesD
q^Pcguneniripagic.E; ^Àrr(Qn(>!.ie. Journal é^Nicolai, Pfilme Evêque .de.
xïy PREFACE.
Vccdan publia pir le P. Hiêgê^ic coiit ce qui a écë «âlii(cd ibic dins kf Aif3
. nalcs de Rénndèu » foie dans l'Hiftoire de PédUcmhi & ailleurs jj^ai
î
JPiÇfMMtfi » toit dans 1 Hiftoire de ?4/!(4fi^^ & ailleurs j/ai eu c^
iX)urs aux MSS. mêmes donc je pouvois cirer queloue lumière , dç qui m'onc
ix& communiqués par quelques peribmies qui iê tbnc on plaifir de comr^
btier à roue ce qui peut ccre de quelque utilité au Public
Entre autres Pièces qui m'ont paru, les plus curieoiês » j'ai fait ufâgp
d*uo Recueil d'Aâes qui commencent à rouverciire du Conule .â>u$ tM
III i & qui finiflèot à Ùl tranflatipn i Bologne > ramaflés par un oomni^
£. PréUéums Nervms. Ces Aébs qui m'ont été communiqués par le Or. Fer^
rari , & qui me paroiflènt uès-exaéb & très-fidéles » Ibnt précédés d'un
Sommaire abrégé écrit avec beaucoup de liberté > où TAutcur nous donne
une idée aflcz peu avantageuiê Coit des vues de ia Cour de Rome» Cok
de la liberté du Concile »& où iljqftifie bien des.cho(cs avancées. par Fm-
Paoloôc niées confidemment par le Cardinal PglUuksff. Çcft amfi qu'il jus-
tifie ce que notre Hiftorien avoîc dit de la icience du Cardinal de Ste. Croix
dans rAftronomie : Poatificem i^ûfpf Rmiumum ipÈffmfmmnm fi Pmdo lit
difiinSû jiftranomicis rémomtas jéon pridem efl vémcinmm. C'eft ainfi encore
u il confirme ce qu'avoir dit Vétrf/u , que dans la Googr^ation du i f
e Janvier mdxlvu quelques Italiens traitèrent les Espagnols de Renards »
Vdffcdéu » parce qu'ils cherchoient à étendre leur autorité au préjudice do
celle du Pape. U nous apprend de même, que les L^ats rendoient le Pape
mairre de toutes les dénbérations du Condle : Onmo tmm m Pomificisjiath
m ùotifiéiii liberrmù pofium fiwiper VêbêerÊ , cmmnAm tétm erebris Decretm
éidmis^Hi fHùd éigertm^ slhsnalli Miékrm^U^^Tfm primm Prsfidins ûof*
fi fi inqmt ix fammi Pmtificis Mtmo fH€ mUaftéXHire & concladire : Qui'ils(ê
donnoient une autorité entière dans cette Aflemblée : Rtpupim apenè prim
mm Prtfidens amma cûUocms mpottfiâte Ligmwrxm —— Ex io wumififlum effi
pour M Legatos PrdJuUmesmhilreipfa Uiersim Synodo ptrmttfre : Qu'ils chan^
geoient l'ordre des fiiffragcs, lorsqu'ils voy oient que les dio(ès n'alloient
pas à leur eré : ht téon PutUtontm mâguan purum iiwrmm éotimétdvtrtens pri^
mus Prâfidens non oft pajfns ordim fiUto fiiafitffiragia pr^hpù : Qu'ils fe laiA
foient quelquefois aller â des emportemens indécens : Promu Pn^fiJens nom
finifionuieho eonami^ atfne éi/porM tmis contorfit. Ejmt tmnen âarbamem nom
péUêci râiionibm filidis & modefiioribm reuuUre ^ inter qnas Epifiopm Afiori^
cenfis pTécipui gravibus mrgwnentis bilem ejus confregit — - Commneliosi Legéttà
m bœ Epi/copo ob/liten. Promu Prsfidcns ^min bilm eréUprocUvior ^jniet Ejpif
copum/ua Epifiopédi dipUau conuntnm ejfi. Ce Manufcrir eft plein de km*
blabies traits » dont je n'euflè pas manqué de £ûre ufâge , s'il fiit tombé â
tems entre mes mams pour pouvoir en enrichir mes Notes , 6c juftifier bien
des cho(ès que Fréê-Paolo avance » & qui l'ont fait traiter par Pédlaviçin d'en-
nemi du Concile , quoiqu'il ait parié avec beaucoup plus de réferve que ne
le Élit l'Auteur de ce Manufcrit, qui n'a fait que copier les. Aâes du Con*
die où (e trouvent beaucoup de particularités trèscurieufês*
J I ne puis pas dire la même choie xl'un Abrégé MS d!un Journal da Gott^
P R E F A C É. %r
file> «ttri&iié m Secrétaire d'un Ambafladeor de Venî^è i Trente. Car en
le comparant avec FHiftoâre de Fra P40I0 , il eft viable que ce n'en eft qu'on
fimple Extraie > auquel il a pin a T Auteur de donner le nom de Journal y
quoiqu'il n'en ait ni la forme ni les détails»
1 1 y a plus i profiter dans la leâure d'un Recueil de Lettres ècs Légats
jn Concile fomPaHUlI^éctitcs noor la plupart au Caid^F^nf^y 6c ait
Gard* Céamirl'mgue ^^^ tsiiL fourni auffi le Dt.Ferréiri^ Elles commencent
WOL premier de Février iinxvi >& finirent au demies de Décembre de la me-»
me année » & compreiment ainfi preique tout le tems de la première Con«
irocatioB» Ce Recueil» anffi-bien que celui de Philifpe Mkfêtti Secrétaire du
Card. Séripémdx qae Mylord Lavel a eu b bonté denM faire communiquer y
te qm ibos le dtre de Jmrtidt dtl Cptt€ili^ Ji Trente comprend un fort grand
nombre de Lettces originales à commencer depuis k 1 8 d'Avril mvlxi jut
qu'an 1 S de Décembre de la m&me année » c'eft-à-dire , tout ce qui s'eft fait
EUT préparer U tenue de la dernière convocation du Concile v ces Recueils r
kje>. contiennent quantité d'Anecdotes» dont plufienrsmérîtoiem d'avoic
place dans l*Hifloire. Le Car4inal PdUnricin » qui en avoir en communica*
non > en a dré bien des cho(ès ;. mais toujours avec la précaution de n^en ex*
traire qne ce qui étok fiivocabk â (es vues*. Il eût été pl«s avantageux air
Public de publier les Recueils memcr^^ & je Teoilê fiût avecplaifir »,(i k Ùl^
vanr Dt; Ferréri^cfk me les a communiqués ic qui a^ ramaue beaucoup de
ces fortes de Pièces, ne m^eût fait entendre qu'il fê propofe de ks puolkt
fiii-même 6c de donnes cette CoUeâaon an Public , lor(qn'il aura mis en or^*
dre tour ce qu'il» déjà recueilli >& tout te qui fe trouve dilperfé ailleurs
parmi ce qu'on a.d^a publié de ce Concile..
C B fera l*occafion naturelle d'y joindre ce qin manque aux Lettres de
fnfiêffti ^ dont on n'a pubUé que la moindre partie , pniique les Manu(crit&
commencent dès-k mois de Juin* MOLXii>^au-Iicu que les Imprimés ne com*
mencenr qu'en Févrkr MOLxiik Ce Recueil emkr , dont Mylord Ltfvcl a eu
la bonté cle me communiquer une copie , & quelques Amis de Paris uneau*-
tre>e(bceqiie nous avons de plus- détaillé fiir k dernière convocation do^
Concik > & il feroit à foubaiter qu'on eût fiitk refte un détail auflS parti-
cularifë^ooe celui que fournirent ces Eettresv Quoiqu'elle» manquent qqcK
quefoiscTexaétitude en quelqjies drconftances > elks nous fbumifTent d'ail*
kurs tant de paniculatités curieuks » qpe k publication n'en peut être qa'u*
tile 8c agréaâe. Il.eft vifibk par k kéture de Fn^Péiolo , qu'il a eu ces Let-
tres entre les mains ^ & q^'il en a tiré k plupart des détails qiie l'on trouve
dans fon Hiftoire. L'on voit de même par une Relation MS^ des Congré*-
gâtions du mois d'Août au fujet de la Communion du Calice , qui fe trouve
eufli dans k Bibliothèque de Mylôrd Lovd , que notre Uiâotien l'a conful*
tée & prcfqoe copiée nK>r pour mot r preuve évidente qq'il a eu unfbin-
extrême de ne rien avancer £uisgarancs9.& que s'il s'eft quelquefois mé*
pris» c'eft:à iês Mémoires mornes qu^il<feut s*en prendre» 6c non à aucun
ééBat de fidéfité#.JKhis j^ai egifccafiog dfcxonfiikcr de cesibnes dePiéccs^.
XVI PRETA C E.
6c plus je me fuis convaincu de la fcrupuleufe exaâicude de notre Auteur l
& pour le juftificr contre la mahgnité de ceux qui Taccufent , le moyeti le
plus court & le plus fimplc (èroit de raflembler le plus qu'il Ce peut de ces for-
tes de Mémoires , pour (è convaincre par leur leâure de la fidélité avec la-
quelle il les a fuivis. Une telle CoUeâion ne peut être que très-curieulè Se
très- utile ; & dans le dellèin où eft le Dr. Ferrari de la publier aufli ampkA
aufli complette quil eft pollible, il fera très-obligé â ceux qui auroient iîir
cela quelques Mémoires, de vouloir les lui communiquer, afin d-en poa«
voir cnricnir le Public
A la leâure de ces difFérens Mémoires j'ai joint celle des Auteurs contenir
porains , qui pouvoient (êrvir ou à éclaircir ou â redreflèr les récits de notre
Hiftorien à l'égard des faits hiftoriques qu'il en a ou empruntés ou abrégés.
Cette comparaifon, quoique pénible, Àoitnécedàire pour tavoirquel fonds
on doit faire fur ce qu'il rapporte. Il eût pu nous épargner cette peine , s'il
eut cité lui-même fes garants. Mais à fon défaut , j'ai taché d'7 (bppléer par
les citations exaâes des anciens Auteurs que vraifèmblablement il n'a taie
que fuivre, ou par celles des Auteurs modernes qui ont puifè apparemment
dans les mêmes fources , de qui (ont une forte de Notes abrégées pour les
endroits qui ne fbufFrent pas de difficulté , 8c au moyeo defqQclles on peut
vérifier les faits , dont fans cela on n'eût eu auame aflfùrance.
P o u R ce qui eft de la Traduâion , je l'ai faite ftir l'Edition originale de
Londres de mdcxix , comme celle qui eft communément la plus efbmée. Mais
j'ai eu foin de la comparer exadement avec, & de la réformer même quel-
quefois fur celle de Genève de mdcxxdc , qui fans être exemte de fautes ,
m'a paru généralement plus exaâe & moins Héfe&ueufè que celle de Loti-
dres, quoique le préjueé public donne ordinairement à celle-ci la préfé-
rence, peut-être faute d'en avoir fait comme moi 4a comparaifbn. Dans
cette Traduûion , ma méthode a été de ne point m'écarter trop librement
du tour de l'Original, ni de le fuivrc trop fervilement. Outre qu'une imi-
tation trop fervile rend fbuvent une Veruon barbare & prefque inintelli-
gible , il arrive même quelquefois qu'un attachement trop fcnipuleux â la
lettre fait perdre plus aifcment le tens , lorfque les idiomes des deux Lan-
gues ne fe rapportent pas exaftement l'un à l'autre. J'ai tâché de plus d'évi-
ter également dans le ftyle, l'enflure & la baflfcflc. L'Hiftoire demande de
la fîmplicité & de la netteté, 8c c'eft uniquement à quoi je me fuis étudié,
■fans donncf dans TafFedlation fi commune aujourd'hui parmi nos Ecrivains
modernes, qui fous prétexte d'enrichir la Langue par de nouvelles cxprcf^
■fions ou de nouveaux tours , la défigurent 8c la rendent fouvcnt inintelli-
gible. Mon attention a été de conftrver autant qu'il a été pofiîble le fcns
de l'Auteur dans une Langue étrangère ; & quoique la néccfiitc de ne pas
s'écarter de fon Original ne laiflc pas toujours à un Traduékcur la liberté
oc donner à fa narration un tour auflî aifé qu'il pourroit fans cette gêne ,
je n'ai rien négligé pour donner â mon travail un tour auffi naturel que ce-
jjui de rOrigiaal même. Enfin pour ce qui regarde les noms-propres , fans j
obferver
PREFACE. xvn
obfe'rver d'unirormicé , je me fui!; conformé à Pufage le phis commun de
nos Ecrivains > comme la régie la plus convenable qu'on puidè feproporec
dans ces (brres de cho(ès; ou s'ils iè trouvent partagés, je me fuis cru en li-
berté de fiiivrc ce qui m'a paru de mieux» Ainfi j'ai mis Pdllavicin pour Pal--
léeuidm, Gmcciardin pour GMCciardimy Raj/nalJus ^omï Raynaldi > parce que
tel eft l'ufage de U plupart de nos Auteurs. Au contraite j'ai confervé le nom
de Pool que quelques-uns nomment PoIhs , de del Morne que quelques-uns
nomment Monu ou de Morne ^ de ddi^Mula que quelques-uns nomment
jimidio , &c. parce que comme nos Ecrivains font partagés fur cela , j'ai pen-
(é qu'il étoit plus naturel de fuivre ceux qui ^z\\ tiennent aux noms ori-
ginaux.
C o M M E on s'intéredè naturellement â connoitre les Auteurs dont on
lit les Ouvrages^ )'ai cru faire plaillr au Publicxie publier à la tête de cette
Hiftoire un Abrégé de la Vie de Fra-Paolo.y^i délibéré même fi je ne tra-
diiirois point en entier celle qu'a compofée le P. Pdgence Di(ciple & Ami
infëparable de l'Auteur , comme a fait le Traduâeur Anglois deTHiftoire
^du Concile» Mais cette Vie eft écrite d'un ftyle fi ditfus> Se eft remplie de
- tant de chofes inutiles » que j'ai cru qu'il convenoit mieux de n'en extraire
que ce qui pouvoir fèrvir à faire connoitre notre Hiftorien » afin d'épar<»
gner au Public tout ce qu'il pouvoit y avoir d'ennuyant & de fiiperfla.
Par-lâ on faura tout ce qui intérefiè dans la vie de ce grand homme ; ic
ce (^e Ton fupprime fera fiippléé plus agréablement par quelques circons-
tances tirées de (t% Lettres ou de les Ouvrages » fur leiquelles le P. Fidgencc
a gardé un afièz grand filence.
A la fuite de THiftoire du Concile , j'ai donné une Relation hiftorique de
iâ réception principalement en France , où fon acceptation a tr'ouvé plus
d'obftacles ic de difficultés qu'ailleurs. Les Auteurs des Notes fur le Con-
cile en avoient déjà publié unes & Mr. Dapin dans fon Hiftoire da xvi
Siècle y avoir ajoute quelques autres chofes > tirées pour la plupart des
Aâes des Afièmblées du Clergé de France. En réunifiant ce qu'ils en ont
écrit avec ce que j'ai recueilli de quelques autres Auteurs > & principale-
ment de l'Hiftoire de Mr. de Thon , qui nous apprend fur cela plus de par^
dcularités qu'aucun autre de nosHiftoricns, je crois avoir omis fort peu
de chofes fiir l'article \ Se chacun pourra juger par ce qui s'eft pafië fur ce fa-
jet, du jugement que l'on a porté de ce Concile en France, & de l'autorité
qu^il y a acquis par rapport foie aux matières de Doârine, foit à celles de
Difcipline.
E N F I N j'ai mis au commencement de chaque Livre , des Sommaires abré-
es de ce qu'ils contiennent. Ils ne font ni tout- â- fait les mêmes , ni tout-à-
ait différens de ceux qui fe trouvenr dans les Editions Italiennes de Ge-*
neve. Car pour dans celle de Londres^, il n'y en a point, non plus que dans
la Traduâion de Mr. Ameldt. Je crois. n'y avoir rien omis d'efiintiel, 6c
ces Sommaires peuvent être r^ardés coaune une forte d'Abrégé qui rapr
TVmA c
xvîii PREFACE.
pelle tout ce qui eft contenu dans le Uvre même» 8c où Ton pent te re»
trouver avec plus de facilité que dans l'Hiftoire.
Il ne me convient point de prévenir le jugement du Public fur ce qu'iË
iloit penfer de mon travail. Te Tattendrai avec refpeâ: , & je me (èns ailez
de docilité pour réformer les fautes réelles qui me feront écbapées , (bit
dans les expreiSons, foit dans les chofcs , lorfque je me ferai convaincu que
ce font réellement des fautes. Dans un Ouvrage auffi long & qui demande
autant d'application que celui-ci , il eft difficile qu'il n'en échappe > & je:
ferai le premier a les reconnoitre > duflènt-elles m'étre reprochées par dés
plumes ennemies > moins attentives à découvrir la. vérité , qu'au plaifir de
trouver que je m'en ferois écarté. Avec de telles difpofitions , on peut fc
tromper iàns honte ; & il y a fouvent plus de gloire à (avoir reconnoitre
&s fautes , qu'à n'en point faire. Mais on ne doit pas s'attendre qae j'avoue
pour fautes une (impie oppo(ition de (cntimens aux opinions reçues , ou au
jugemcnr de gens qui pour être plus habiles , ne s'en livrent fonvent pas.
moins aux prqugé&deleur Parti. Cefi le fin ordinaire des Auteurs ^dit Mr. Si*
â Lett. mon > ^ ut avoir à Je défendre contre une foule de demi-favans frivenus en favtwr
choiC T. ^^ certaines opinions communes, principalement quand il sofitdk fms qm rt^
4* f ' 4'< gardent quêiqu^indireSemcnt la Théologie. Mais il vient un tems où ce que Ton;
a condamné d'abord comme une erreur , eft reçu enfùite comme une vérité».
Les JhfSeurs de Paris, ajoute le même Auteur y ont condamné au commence*
mem du dernier fiécle pltefiewrs femimens dans les Ecrits de Jacques le fevre-
d*Eflaples9 & d*Êrafine , comme des nouveautés dimgereufis. Ces (entimens y^m-
par oij] oient dors dangereux à nosfiiges Maitres^fim aujourd'hui refus do tom^
ce efu^il y a d^hahiles gens»
Comme je n'ai eu en vue dans mes Notes de flatter ni les Catholiques»
ni les Ptoteftans > nuis uniquemenc de chercher la vérité , je prévois qu'aa
lieu déplaire aux Partis oppo(&^je ferai peut-être expofé à la cenfure des^
uns Se des autres. C'efl le iort ordinaire de ceux qui cherchent ai conci-
lier les (èntimens dif&rens » ou qui les trouvent <^^emenr improbables».
Les homtnes (buflrent in^aticmment qu'on les foupçonoe de (e tromper».
C'eft m&me a(Ièz pour être cenfé n'avoir point de Reli^n , que d'éviter de
fe déclarer pour les (èntimens favoris de chaque Seâe ; & tel eft jugé Pro^
tsftant par des Catholiques > parce qu'il ne donne pas dans toutes les (u*
perftitionsou la foumiflion aveugle qu'on exige dans la Communion Ro-^
maine, qui eft décrié comme Papifte par lesProteftans» parce qu'il hait:
le Schifme , qu'il n'eft pas ennemi de toute cérémonie > qu'il ne condamne,
pas toute pratique qui n'eft pas explicitement prefcrite par l'Ecricure^ qu'iË:
ne croit pas toutes fortes d'erreurs également criminelles > Se qa'H ne traite,
^s l'Antiquité avec mépris.
Pour moi , à Tèxempie de Fra-Paolo y (ans condamner qui que ce (bir^.
fc me fuis contenté fur les articles de Doârine de Bàk remarquer ce qiiii
m*a paru de bien on mal fondée d*aiidea oa 4e x&Qovem , de certain m^
PREFACE. xrt
4*iiicertAin , de vraifêmblable on d'improbable. Si (Quelquefois je me fuis
écarté de quelques opinions de nos Théologiens fur des Articles mêmes
qu'on a ériges en Dogmes ou dans le Concile > ou auparavant , je n'ai
befbin d'employer fur cela d'autre Apologie que cette maxime de Vincent
de Lérins: Qu'on ne dort regarder comme appartenant à.la Foi, que ce
qui a ézé cru univerfellement , perpccuellement » & conftamment ^ quod
M oTnmBus , Mftte , & Jhnper creditttm ejl. Tout ce qu'on propofe à croire
comrre ierre régie ne petit jamais céder d'être opinion , Se toute opinion
ne peut avoir aautorité que celle qu'elle emprunte de la probabilité des
raiions dont on fe fert pour l'appuyer. C'eft â difcuter la judefTe de ces
tatfons , que s'exerce la Théologie ; mais une telle di(cu(Iîon ne peut faire
partie dcr la Foi , parce que la Foi n'a pour objet que des Doârines claire-
ment révélées & crues dès le commencement. Et puifqu'on n'eft oblige de
croire que ce qui a toujours été cru , c eft ne pas (ortir des bornes de
la CathoHciré que de combattre des opinions , qui quoique reçues gé-
néralement aujourd'hui par quelque Egli(è, n'ont été proposes comme
des Dogmes que dans des (lécles reculds , 8c fur lefquelles il nous eft
auffi permis d'opiner librement > qu'il rétoit à nos Pères ayant ces dé-
cifion^.
Je (ai bien que cette liberté, quelque reftreinte qu'elle puîflê être, ne
manquera pas de trouver parmi nos Théologiens des Cehlures» & qu'il faut
n'attendre de leur part aux reproches d'HéréHe, de précomptions Se de
témérité. Ce (ont les qualifications ordinaires dont ils ont coutume d'ho-
norer ceux qui ne re^eâent pas adèz les préjugés établis , parce que c'eft
un crime impardonnable chez eux que de pas acquie(cer fans réferve i
toutes leurs décifions. j4 peine ont-ils prononcé ^ écrivoit autrefois S. Bafile « ^ S. BaC
i Ettfibe de Samofite en parlant des Romains , qu il font lès écorner d^s U Jh^^* ^^^*
lence. Les repréfenttttïons les plus juAes font à leurs yetix des crimes, pu df* moins
les preuves de (jnelque Mdchenteni a Terreur ; &Jipowr les dijpofir à Us écèi^,çr
4evec douceur on leur parle Ofvecfiumijfion , elle ne jfert qu^à les rendre plus fiers
&plus intraitables. Si Fra-Paoto, malgré la modération qui régné dans fon
Hiftoire, n'a pu empêcher le Cardinal Fallavicin dé le, traiter de Protefr
tant , d'impie , de kélérat *, dois-je attendre plus de jûftice de. ceii^ qui!
comme ce Cardinal , ne font confifler la BLeligion que dans uoe appro-
bation fervile^ de tout ce qui (ê trouve établi biep ôu. rhal , uniquement
Îiarce qu'il eft établi? Telle eft la régie à laquelle (e mefure I^ Cathp-
îcité ou rHétérodoxie des Ecrivains dans la plupart dds Pafris \Sc j'au^
jrois tort de prétendre fur cela â la moindre diûinébibn. .^inH f ai pris
étvec eux mon paru , pour me (crvir encore des termes de iS. Baplfi Ib iront
leur chemin , /ir4/ le mien. Je tacherai de me prifcurer la peux Ç^[(a tismierç,
qtiils me refufent^ & nous verrons qui de nous fi U^cra plutôt de'£Cftc.€on^
duite. .^ ' " . ' ;v .' ..^ ,j*" . ^^
3t ne pen(è donc poiht 1 me défendre contre j^^ljtijùftt^^^^
Aes, quchr qu'fl^ puîflSht îtké. Les perfonnw" fcnfécs h'cxîgcrit''^ofe^^ 'dc^
cij
i
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XX PREFACE.
moi une telle Apologie, & elle (croir inutile pour les autres. A Végttè*
des faits hiftoriques > c*e(l un devoir pour moi de les juftifier ù on les
attaque fans rai(on, ou de les rctr^iâcr (î je me fuis mépris. L*un ne me.
coûtera pas plus que l'autre > & auflidifporé àdcfavouer ce qui eft faux,
u*â détendre ce qui eft vrai , je ne me ferai jamais un mérite de jufti*
er par obftination ce qui me (croit échappé par (ùrprife. J'aurai la mê-
me déférence à l'égard de la Traduétion « & je confentirai aifémenc à
réformer ce qui pourroic s'y trouver de défeâucux , fans m'amufec^ con-
tefter pour des expreflions , lorfque je jugerai que j'en eu(Tè pu employer
de meilleures. Mais il ne fuflSra pas pour m'obliger à les cbatiger > que
quelqu'un les défàpprouve par mauvaife humeur. Il eft de la (ageflè d'é-
couter les avis & critiques , mais il faut du di(cernemcnt pour en faire
ufage , puifque (buvent tel condamne un tour ou une ezpreflion qui fe
trouve du goût de bien d'autres *i & tout homme qui ne s'aveugle point fur
fon Ouvrage > eft fou vent plus propre qu'un autre a juger Ci c'eft à tort ou
avec raifon qu'on le critique.
Pour ce qui regarde les matières de Doétrine, comme on ne peut
m'objeâer que des difficultés cent fois propofées & autant de fois réfblues >
ou qu'il eft impoffible d'éclaircir au-delà d'un certain degré , on ne doit
pas s'attendre que je m'embarque dans une conuoverfè (ans fin. Il y a peu
a ajouter aux recherches de tant d'habiles gens fur ces diffcrens points > 8c
mon autorité de plus ou de moins dans des matières (I fouvent agitées» n'eft
pas d'un adcz grand poids pour engager qui que ce foit à fe déterminer
par mon fuffrage. Le Concile d'ailleurs a embradë un (î grand nombre de
matières dans (es décidons , que ce feroit l'ouvrage de plus d'une vie que
de vouloir s'engager à les défendre ou â les combattre » dans la jufte éten-
due qu'exieeroit une telle difcuftion. Mon deftèin dans mes Notes , com-
me je l'ai déjà dit , a moins été de m'ériger en Controverfifte , que de
donner fur chaque matière des idées qui puidènt fervir ou à faire céder
toutes les difputes de mots , ou à abandonner â la liberté des Ecoles ce qiû
n'appartient point réellement à la Foi , ou enfin i réconcilier des fenti-
mens , qui fouvent ne font oppofës que parce qu'on envifage les objets par
des faces toutes di(rérente$ 3 & qui ibnt également vrais aans le point de
vue où chacun les conddere. C'eft ce qui a déjà été tenté par d'habiles
Théologiens Catholiques Se Proteftans, avant moi*, & quoique ces efforts
n'aient pas; produit tout l'effet qu'ils euflfènt pu s'en promettre , on peut dire
qu'ils ù ont pas été toût-â-fait fans fuccès ; pui(qu'on fe trouve prefque
eaccord' aujourd'hui (ùr la plupart des difputes qui ont occadonné le
Schifme > 8c fur lefquelles on conteftoit alors avec le plus de chaleur ^
comme fur la juftification > le Libre-arbitre , les bonnes (Suvres , le Mé-
rite,'& quelques autres. Pourquoi feroit-il plus difficile de (è concilier
fur le refte ? Avec moins de hauteur d'une part , 8c moins de roideur de
l'autre, Uchofene (èroit peut- être pasimpoffible. Mais d les préventions
tclèk ^dpDàs 4^. hommes forment des opftadcs iadirmoAtabks aux vues
r v
PREFACE. xxï
Aacifiqnes des gens défincéreflès » c'eft toujours un bien d'ouvrir les voies à
la paix ; 8c au dcfauc du fuccès j Ton a toujours â fe (avoir bon gré de la pu«
xçté de (es intentions.
En cela j'ai tâché d'entrer dans l'efprit de rHiftorien^ueje publie. Fixé
dans la Communion Romaine par profeflion > il y conlerva toujours cec
c(pric de liberté , fans laquelle la Religion n eft qu'un effet de l'éducation Se
de l'habicude. Se non de la lumière 8c de la piété. Ce qu'il y connue
d'abus» ne lui fit point condamner ce qu'il y trouva de conforme aux
r^les & à re(prit primitif du Chriftianifme > & il crut que pour s'y fanc-
tiber il lui fuffafoit de ne prendre point de part aux défordrcs qui
$'y étoient glillës> fans s'élever contre l'Autorité qui les toléroit, ou con-
tre la Société , qu'il étoit dangereux d'ébranler par une Réforme ou pré-
maturée , ou trop févére. Ennemi des partis extrêmes où s'étoient jettes les
premiers Réformateurs , il approuva la cen(ùre qu'ils faifoient de nos
obus , & ne regarda pas comme autant d'erreurs la manière différente
dont ils s'expliquoient (lit différens points de Doâirine. La facilité même
avec laquelle il voyoit les Romains propofèr de nouveaux Dogmes , lui
infpira quelque inclination pour les Reformés > mais non pas jufqu'au
point de s'engager lui-même à la défenfe de toutes leurs opinions , 6c
encore moins de s'élever contre tous les ufages que plufieurs de ceux-ci
ne condamnoient que pour donner plus de couleur à leur (<f paration , ou
faute de favoir qu'ils venoient (inon de l'Evangile , du moins des (iécles
aflèz proches des ipremiers tems du Chriftianifme. Le Pape ne fut point
pour lui l'Antechrift y la Meffe une Idolâtrie , les Cérémonies un Judaï(^
me , le Culte extérieur une Superftition y la Difcipllne Eccléfîaftiqne une
Tyrannie , 8c la Hiérarchie Eccléfiaftique une Police mondaine. Il ne crue
pas que la Religion l'obligeât â adopter tout dans un Pani , & â con-
damner tout dans l'autre *> & fe renfermant dans cette fage médiocrité
qu'avoient choifie Erajme , Cdjfander > & tant d'autres à leur exemple , il
ne prit ni du commun des Catholiques, cette foumiflion aveugle & (ans
examen â tout ce qui leur étoit propofé , ni des Réformateurs l'efpric
d'oppo(ition â tout ce qui fe trouvoit établi y faifant ufage de fa Rai(bn
pour éclairer (à Foi , & diipofé d'ailleurs a fe foumettre a l'autorité lé-
gitime en tout ce qui ne portoit aucun caraâere d'erreur ou de fuperf-
tidon , quand même il ne l'eût pas jugé néceflàire ou eflèntiel â la
Religion.
C'est dans ce même efprit que font compo(ëes \ts Notes doéfcrinales qui
accompagnent l'Hiftoire que je publie. On y verra la même impartialité >
le même défintéreflcment , & le même élpignement de tout efprit de dif-
cprde 8c de divifion y que l'on a goûtés dans mes autres Ouvrages *, &
j'e(bere que les personnes raifbnnables dans les Communions oppofées ne
dé (approuveront pas en moi la liberté que j'ai prife de m'écarter quel-
quefois de leurs (entimens, puifqu'ils font pour eux-mêmes ufage de cette
MbcrcétCciix mêmes qu'un zélé plus.rigide empêche de goûter aucun tem*
xxrt PREFACE.
péramcne en mâttere de Rel^on , ne peuvent gueres condamner dans met \
Noces cequils n*onr jamais condamné dans le Livre même; & l'Ouvrage •
en paroitra plus uniforme que s'il eût été publié par des perfbnne^ cng»- -
gées par préjugé a tout juftifier » ou à tout cenfurer dans le fyftème
qu ils Ce, fecoicnt propofc de fuivre y ou de combattre. Je fai qu'en ma-
tière de Doârine le moyen le plus (ur de (e donner des Panégyriftes» *
eft de fe déclarer pour un Parti, fans lequel il eft rare qu'un Oavrage-
puiHe fe foutenir contre les attaques oppo(ees auxquelles une voie mi-
toyenne ne manque gueres de rexpofer. Maison doit confidérer que l'Ou-
vrage que je publie eft moins le mien > que celui de Fr^Péiol^s <}ue mon -
principal objet a moins été d'établir ou de corabatre aucune Doârinc»*
que d'expofer celle de mon Auteur , & de propofèr quelques idées qui
puifTent fervir à Tintelligence des matières; que fans partialité ni fani*
haine à l'égard des Catholiques Se des Proteftans t rien ne m'intéreflè â
favorifer les uns au préjudice des autres , & que mon feul intérêt eft de
parvenir à connoitre la vérité ; que lors même que je m*écarte des opi-
nions des autres , c'cft fans condamner perfbnne , & fans me rendre Tar-»
bitre de leur (àlut ou de leur damnation , perAïadé que toute erreur de
bonne foi eft toujours in volontaire » ic par conféquent moins criminelle
que les fautes qui font l'effet de la corruption du cœur ; qu'enfin la vé-
ritable Catholicité ne confîfte pas tant dans une uniformité entière de •
fentimens , que dans un amour ardent de la vérité , une difbofition (incére à
fuivre toutes celles qui font connues , 6c une attenrion (éiïc\xk à ne fufciter
ni révolte contre l'Autorité , ni Schi(me contre la Charité , par un atta/-
chement opiniâtre i fès idées , ou une oppo/îtion trop violente i celtes
des autres.
CfiST à ce feul caraâere que peut (è reconnoîrre Teffirit du Chriftia^-
niCne» efprit de paix^ de tolérance 8c de charité. Il feroît à fouhaiter,'
comme le dit S. Paul > que nous n'euflions tous qu'un même (entimenr. *
Mais fi nous ne pouvons toujours nous réunir dans les mêmes idées , notrle-
devoir au moins eft de nous fupporter les uns les autres , jusqu'à ce que Diea
/Philip, nous éclaire ou par lui-même , ou par le miniftere de gens plus inftruits.^
in« I $* QmcunufM ergo perfeBiJumas hâcftmiamms & fi qmd Miter fiijntis , & hâc vâ»
bisDeHsrevelahit.P^erttnttommÂdfHodpirvenimHSMidemfimi^ & in M*
dtm permaneamus regida. Rien n'eft plus contraire à ce précepte , que la
démangeaifon de multiplier (ans cefle de nouveaux Dogmes , & d*y voa«-
loir foumetcre avec empire, tous les autres, en taxant trop aifément d'Hé-
réfie quiconque paroit le moins du monde s'en écarter» Le mal eft d'une
origine ancienne, mais ce n'eft que depuis la naifl&nce de la Scolaftique 6s,
l'établiftèment tranquille des énormes prétentions de la CourdeRome^
qu'il eft parvenu à un fi haut degré. Ce n'eft plus i l'attaque de quelques*
points eflentiels & fondamentaux qu'eft attachée la notion d'Héréfie , mais
à. tout ce qui s'éloigne des opinions ou des préjugés un peu répandus. '
Tour ce qui s*écarte^, dit le ^lébre Vrim^ des opinions de TEcole, paflc^
P R E F A C E. iJonîT
jpMt aûfc lUtéGcy Se Toppodrion dans les choCes les plus légères eft flé-
trie du nom k plus atroce. i^MdCitm^He âb SchêUùUchis diffident , Scholaftico
TieUogo fimt hésrtticas fHod crimen ita vdgautm efi , ttt rebits quo^ Uviffimis
impingémtr , qukm fit ip/nm perfe éurocijfmmm.
Il (èroîc à ibuhairer que le Concile de Trente , qnr ayoit été demandé
& ToUicité par tous les gens de bien pour rétablir TUnité rompue par Top-
pofidon de fencimens que pcoduiHt la nouvelle Réforme , n*eût pas aug-
menté le mal par la multiplication exceffive de Dogmes inconnus auparar
irant, & d'Anathême& Il y auroitune prévention trop marquée à ne pas
leconnoitre qu'il s'eft fait dans cette Aflembléeun nombrr de Règlement
scès-fâges & de décidons (blides, qui font conformes à la Doârine an-
cienne , & aux Loix les plus pures de la Morale. Mais comment juftifier
d*indifcrétioa cette facilité à ériger en Article de Foi tant de chofes in*
certaines »^ fuperflaes» & peu fondées, pour ne rien dire de pis 3 Com-
ment approuver cette multitude d'Anathâmes prodigués pour de (impies
diiputes de mots , telles que la plupart des controverfes fiir la Juftification >.
le Mérite des ceuvrei, & tant d'antres de même nature 3 Comment rece-
voir» |e ne dis pas comme des Dogmes néceilàires, mais même comme
ides vérités >. tant d'imaginations de r£cole qui n'avoient )amais excédé
juiques-U les bornes d une (impie probabilité , tels que plufieurs Canons
&r les Sacremens en général éc en particulier,, dont il avoit été permis-
jliiqu'à lors de difi>uter librement (ans s'expofer à aucune Cen(ttreB Com-
menc excufer de acfaut de charité cette intolérance qui a fait exclure de
de l'Unité Cbrérienne tant de Peuples y pour les vouloir aiTu jettir trop
impérieusement à des pratiques ou peu raifi)cinablcs , comme les prières
«n langue étrangère > ou contraires a l'infticucion primitive > comme la-
Communion (bus une (êuk £(péces ou nullement nécedàkes , comme
fufage des Imagçs , l'invocation des Saints , &c ? Comment er^n ne pas*
taxer de dureté cette obftination. à vouloir retenir tant d'ob(crvances
|»eut*être bonnes , mais non néceflàtres , & i forcer tour le monde 4
«'y afTujettir »^ au riique de révolter une partie des peuples, fans vouloir
& relâcher (ùr ks chofes les plus indifférentes & les moins eflèntieJies à
Jâ vertu, comme la difttndtion des Viandes, le Célibat du Clergé^ Se
le maintien de certaines cérémonies & de phifieurs u(kges , qui (ans être des
abus, enavoientoccadonné ungrandnofnbre?.Iln'yaqu'unzéIe fans cou*
Aoiflànce & une pure prévenrion de Parti, qui puiÛènr excufer toutes ces
cbo(ès i &c pour peu qu'on juge (ans intérêt &c (ans paflîon , on ne peut
gueres difconvenir de ce qiie )'ai dit ailleurs , t que le (èul moyen de juftifier gKtMU
en quelque manière le Concile , eft de regarder une partie de /es Canons moins ^^^' *
^amme dés dtcifims kjidvrt , que comme une expofiûon desjèntmtens qm koient ' ^ ^^
4às»s ptns fmvis. ^^
Il eft bien cercain^u^mofos , que plufieurs dies opinions érigées en Dog-
mes dams le Coocile ^ avoient été jii(ques- la libremem agitées dans les Eco*
ics^&qnccd cm alors ggflc poqr f oaOxtfaodoxc ^ <|ai dqpois cette KSkïOe^
xxir PREFACE.
blec a été traité d'Hérctique , fans avoir ci*autrcs fentîmens que ceux quiak'f
paravant éroient jugés fore innoccns. Cependant , comme le remarque (en*
JbFlcury , fcmcnt TAbbé FUnry , *> Ufiffi^ ijffon Jkche le commencement ctune Qpimim^
Difc. ç. fur powr Ajfurer cfifelle ne fera jamais déclarée être de foi , (jmi qifen pmjfent dire
l'Hift. Ec- c^^ix cjiù iéchai^frnt le pliu à la fetitenir , pmfin'il eft de foi que l'Eglife ne crri-
^ * * va jamais tjne ce (fuselle a toujours cm , tjmi^H^elle pmjfe s^explitfHer clairement ;
entand e'ie leJMenéceJféùre. Ainfî , quelque nouvelle décifionquonprop<>*
le, on eft aum Chrétien & auifi Catholique qu'on doit letre dès qu'on
croit ce que Jcfus-Chrifta enfcigné, &: ce que les Apôtres ont prêché. La
Foi ne reçoit point d'augmentations ; elle a eu toute fa perfèélion dès le
commencement > 8c , comme le dit Tertullien , // ne nous ejfpas permis de rien
inventer y ni même de-rien chercher après P Evangile, On a beau rai(bnner pour
montrer qu on doit croire telle ou telle choie. H faut prouver cjue DietêCd
voulu & cju'il nous Fa révélé. Il faut prouver non pas e^ue l'Eglife a du le croire,
mais quelle Ta cruen ejfet. Tout ce que rC ont point fa les premiers Fidèles ^
n eft point néceflàire , puifqu'ils ont été Fidèles fans le croire. Il (uflitpour
montrer Tinutilité de cesdoârines, qu*il ait été un tems où elles étoient igno-
rées fans crime. On laille à ceux qui les trouvent probables ou vraies » la
liberté de les croire , mais (ans le droit d'en impofcr la créance aux autres
qui n'ont pas fur cela les mêmes lumières. C'eft ainfî , comme le dit l'Abbé
là, Dif. 7. Fleury , » que dans lespremeirs tems les Pafieurs avoient fiin de bien inflruire les
Chrétiens , feins prétendre les gouverner par lafiumijfion aveugle qui efl F effet
& la caufe de Fignerance. Leur force étoit dans la perfîiafîon > &ilsn'exi-
geoient de créance qu'autant qu'ils avoient produit de conviction. Perfua-
dés que la Foi s'infpire ic ne fe commande point > ils réfêrvoient toute leur
autorité pour le maintien de l'Ordre & de la Difcipline, & n'employoienc
que l'inftrudtion pour attirer les peuples à la prorcflion delà vérité, (ans
étonner lesefprits pardes Anathêmes qui ne peuvent nuire qu'à ceux qui (è
éId.Dif. t. refufent volontairement à la lumière. Mais on ne (c contint pas longtems
dans une fi fage mefùre^ ^ & comme (î les Evêques euffent été forcés par une
nécejfué fatale a prononcer les peines canoniques contre tous ceux qui ne pou-.
voient fe foumettre qu'à une autorité accompagnée de lumière, lesExcomr
munications prirent la place de l'inftruâion , 6c les Prélits firent plus d'u(à*-
fe de leur pouvoir , à me(ùre que leur ignorance les rendit moins capables
e faire ufage de la fcience. Au lieu d'éviter ce dcfordre , le Concile de
Trente n'a fait que le fortifier par de nouveaux Anathêmes ; & ce n*eft pas
le moindre mal qu'il ait produit, puifque c'eft à cette indifcrétion qu'eft
due la perpétuité du Schifme , & l'impoUibilité morale d'y remédier. Il eft
vrai que s'il étoit aufii-bien au pouvoir de l'homme de croire que d'agir ,
il n'y auroit en matière de doârine , comme en fait de pratique , d'autre
parti pour les Supérieurs à prendre , que celui de (è faire obéir par l'aut^
rite des Loix. Mais l'Efprit ne cède qu'à la lumière *, & tout autre moyen 9
au lieu de l'éclairer ^ ne fert qu'à produire l'ignorance & Thypocrifiç;
Toute EgUfc donc qui prononce Anachême contre une autre fur des poina
9»
P H EF ACE. »v
honteux oa non néccffaircs, fe ftparc clic même de l'Unité (ans en retrancher
les autres; parce que, comme elle n*a pas le droit d*en commander la créance,'
il n'y a pour les autres aucune néceffité d'obéir,&qu'ufurDant un pouvoir qui
fie lui a psint été donné , on peur par confëquent lui derobéir â cet égard
fans injimice ôc fans crime.
Mais ce n'eft pas à oe(èul égard , qu'il eft difficile de juAifier ie Concile;
SU a excédé (on pouvoir en ordonnant la créance de nouveaux Dogmes^
il en a auffi mal réglé Tufàgeen infiftant avec trop de roideur fur Tobrer-*
vation de plufieurs pratiques non néceflàires » 8c en. ne voulant (c relâcher
fur rien dans les cho(ès même les plus indifférentes , & qui avoient donné
occafion i bien des abus. Jifus-Cnrift était venu au monde , twn pour ttahlir
mg Culte extérieur & wfiititer de nouvelles cérémonies , méiis pour faire Mdoret
fin F ère en ejprit & en^ériti. Mais on ne tarda pas long-tems â s'écarter de
cette vue. Tout le tourna bientôt en formes , & on mie tout (on zélé i fai-
re valoir ce qu'il y a voit de moins eflèn tiel. ^ A mefure que U charitije refroi" l Fleury ;
du y Us titres & les cérémonies Mg/nenterent^ Le Chrijiiani/me ne fut ùlus par- *^,*"" ^
mi les peuples ^"une punie des mœurs de chaque nution , & ne conj^^ qiien ^^ •
formdités extérieures , comme les fuuffes Religions. Les Chrétiens sh différèrent ^* ^
^Xmguéres des Juifs & des Jnfideles quuntuux vices & aux vertus , mais quant
aux cérémonies qtti ne rendent ùoim les hommes meilleurs. Ceft cependanr a ces*
«érémonies extérieures que le Concile s'eft attaché , avec autant de roideur-
3[ue fi elles étoient ab(blument eflèntielles. Au lieu de lai^r i la dirpofitiont
e chaque Egli(è le jugement de ce qui convenoit au caraâere de chaque
nation & aux différentes drcooftances des tems & des lieux, oniinn&€.
itir des pratiques purement humaines , avec autant de rieueur que (î c'euf-
(ènt été <ies Loix de Dieu même. On a accablé une Religion , dont toute
l'excellence confifte dans la (pirituaitté du Culte fous une infinité d'obfer-
vances (èrviles , en (brte que , comme s'en plaignoir déjà «S*. Augifiin de fon '..'**
cems» on a rendu la condition des Chrétiens moins tolérableque celle des . *
|iu& , par le joug qu*on a impo(ë fur leur confcience » en leur faifant des
devoirs de-ce qu'on devoit laiuer à leur liberré&à leur dévotion. ™ ReU^ mkng.tf.
ponem , quam paucifpmis & manifefliffimis celebrationum Sacramemis mifèricor'^ ^ J**^
dia Ddeffeliheram voluit , fervitihus operitus premmu ; ut tolerahilior fît condi*
fio Judaorum^ qui etiamfî tempus tihrtatis non cognoverim , legalitus tamen Jar^
cinis non humanis prafimptionitusfid^Jiciuntur.
-' G fi (croit mal prendre ma penfée , que de croire que j'en veux aux
Cérémonies mêmes. Quoique je fâche que ce n'eft point en cela que con^
iîfte l'eflènce de la Religion, je fuis perfuadé que leCulte extérieur eft né-
ceflàire pour entretenir l'efprit de piété dans les peuples , ôc qu'aucune (b-
ciéçé. humaine ne peut le con(erver fans ces liens. Si nous n'étions qu'eC
prit , d}C S. Chryfofiome , nons n'aurions d'autre Culte i rendre qu'un pure»
vient (pirituel -, mais étant compo(ës de corps , nous avons befbin de (&-
-cours. extérieurs pour nourrir en nous la religion & la piété *, & le peuple
l^c diflicxlemcQC ik coofèrvcr religieux (ans ce fecours. Mais om ne doit
Tomo I. d
E
/
xjm PR.EFACE.
t^ çQ^fy^dn ks moyras: vf^c U fin , & prcucke cts ^{travmftfNwl'
kveroi méiM» Amr^QMiir (quc dégéecrç cQfup^rflinoa, fie Poi^na <)M
l'QXfiEf icm dq kipié.t4 9 an Ueud'cn avoir la réaUr^. )e «c di$ pas q«c le Cea-^
cik ^$ donocdaKUoe ^Ik ^fuiidtjc^. Mais ce doocoa ne ocm gaéccs le
JQftifier » c cft cTavoit donné occaûon à la fBpcrftiticKi en tnâftant irofi IbiK
tco^eoc Âk U pjcaôquc de ce« iàccj^ d'Qb(ibr\iai|CQ9^ » en donciafti Uen d'yi qmc-
ti(Q tro|p^ de coofiaoce , â^. eo: merf aoc rvo» peu (k dèfttnftiofkciirf e les LoU <i&
Dictt & celle des bomiws» qui ceflevic 4'én:e dr$ dévoues lor(!q^'ettea ne 6c-»
^^rcf» pius aux fias pour lefqueUe^ cUes. onc i^é établies t & qti'U fc UQUve.
pliK d'iiKonvéoieQt 4 les cooTervei: <|jLi'à li» changée
• i'A^ust de la PuiiTance SpickucUe eft encore un ann» début qui fit
MMC^œ dans ce Concile ^ & qiii a a pas p^u conccihué à en dionauer taoroi*'
rifié. tt t& corcain que Jefiis-ChrUib} en^ ^caistliâàm des MiniAres dam Cont
Egfifir > le& a sevécus de couc le pouvoir qui écoîc oéceflTaire pour la fanâtr
iÎQaiion de ceux qu'il a coounis^ a lieurs (bin^ Mais ce pouvoir eft iimmé au»
&uks ah^fes. ^rituelles , & tout ce qui va au-delà nie peut êcre regar<U:
que cofiH^e tme coQceiSofi des Princes^ ou une ufi^rpadoin fi»r eux. Qs^
l^fldattc k Concile >. (ans aucuaégajrd a ççx%t diftin<%on >. s'eft accâbuc OA
HOttvoir itiitpîcé fin: leschofes pucem^ac cenipocelles , âc aiCoumis ei^beaiir^
^ouc^ dloccafions L'autoricé des Princes Se des, Magiftca^aà c^Ie du Ckrgé».
daai LQ&choics n»emes. qi|i ds kur aacure fincu ufÛKyjemeajt: dtr re&flc de b
Boiii^ce Êculiece. Ek-là ce$ plaintes & ces. proce(£arîoaA , £iice& dans If»
Co^icik Blême coacce de pareilles^ atceinrtes. De-U ces reftriiâ&oQS. ds cc%
Kmicacions qiae chaque païs a éoé obligé: de n^crre àUpli^arc de (es. Dén
crées ; poitc empêcher le pr^judicei qui en pouvok téw/^ct ^Sc ht confiirt
fion qôi en fcroic infiûUibkoiêmL nie daas l^e^écucioa. Qe-lÀ ces c^pofirioii»
fi (buvenc vék6rées en France i lAréçefcioftdeceCpTOfe, dopeitc>.coni«*
^Ikch. L. me k die le célébra Enenne P^qmr x dans Cçs recherches , ^ <pi'eni édmm
J^c. 54« tant idits /es. Dtcrtts > éUk Uti^. de WMyi^ner um (ffdr^.% m yt apportai $uf dtf
firJre & une ABtfnmrchic non jamais vue oh milim dit U notr^ G*ci|^
pourquoi > VL]Oiitt-t'T\.yfagmem^ nnus. ne, Fav(m$ voidu éubnfittre en France^ tm^
emre ipékchâque occurrence iaffaires Us Çourùpms de U Cour d^ Mon» nouf
sôuehem tû^oûn dcUpublicsiion da Cfi ConciU. > pMir Uijudenun trm dt pluma-
is fape actjuimUt plutdoMUrué % qu^il n^aurohpH faire die é^ depuis U fondât
tion de notre Chrijfîamfine.
: Enxin un dermer- défiim , qui Te mooire dit: nmo^ anâi fenfibkment
Iue les aucres/Sans ce Cbncik > eft raâedbtioo: qui s'y remarque pac^tour
e concentrer toute k Puifl&nce ^clcfiafttqpe dans k Pape , au préfudice ^,
£>it des Conciles X ^ des£vcques> qui n'y font regardai que cooimeks;
Vicaires du Pape dont ilsxtrent toute kuÊ juctTcÙâaon at. Se des ordces dn^
3uel ils ne font que ks fimpks exécuteurs.. Ceft à quoi l'on voir que cen^
oient les Légats dans toute kuc conduite ySc il ne tint pas à& eux q|ie ùu
AxA ne fiic déclacée en> tenoes pofitifk Mais fiiKoppofitioirqu'ik tronvep^
l
PREFACE Ktnt
ccot taosne occafiôn de i'mtmiiec par-toot > Se totttt k téSAtà^ des Fran-
çois & des E^agoois n'abôuric qu a donner aux L^acs lien de «lontrer
.tOBce kur adrefie à établir d'une manière oblî<}ue 6c indireâe > des pré-
ceAcions qu*ils ne pèuvoienr faire paAbr iJos ouvertemeiit fins cfaoqaec
cous les Evéques if craagers , & mêmes pluiiewrs kaiîef». &ttn "Cependaoc
de pkis contraire aux maximes de TAntiquité » qui a*a jafenais mis de dif-
fiircBce tntre les Evéqucis de Rome ôc les antres > de qui n'a diftingoé les
Papes des Eveques ordinairesque comme les Métropolitains k font de leim
SiSragans , -c eft-^dice , par me érendue plus ou moins grande de firifdîe-
cion , acqaiiè ou par la prééminence de kur Ville, ouparks Canons. Si
^ Pifcs s'écoicat contentés de cet awnmjge & de certe fiipériorité « il n'y
4M*oit aucun lieu de s*en plaindre j^^ h tebordination des antres Erêques,
loin d erre préjudiciable â PEgliTe « loi antoit été utile pour nûeux «nrte-
tctfir l'ordre Se l'union. Mais il eft rare que ceux qui ibnt revêtus d'un gtraitd
fOttVioir n'en abufènt &: ne portent leurs prétentions au-deU des bornes lé-
^timel. Ceft ainii que les Evêques de Rome , au lieu de ù contenter de
^cecccibpérioricé de Jun(Htâàon que la prééminence de leur Siège leur avoir
«cqui^è » -Se oue les Loix Eccléfialtiques leur avoient afiurée , ont prétendu
4cre noo-(eukment les premiers' Evêques» mais les (buis-, dont les autres
me (ont que de amples Vicaires ; qn'tls ont ^tk&é de paficr pour infailH-
Ues: qu'ils feibnt attribués une (ùpérioriré itir les Princes mêmes » Se une
fuifliuite dans le Temporel auffi-bien que dans le Spirimel^ en on mot»
•oue k regardant comme fiipérieurs â toutes (brtes de Loix , ils Te font
taie un droit de di(pen(èr non*(èukment des Loik purement hnmaines»
mais encore Quelquefois des divines » au pféjudice de la Rtfigion tSc au
icandale de l'Eglife.
Sams approuver de tels excès, il eft certain du moins que le Concik a
Icfflbk y conniver , en étendant k pouvoir du Pape au-delà de (es fnftes bor-
■fcs ', en favorifiint toutes (es prétmtiom de fupétiorité non-feulement fût
lès Eveques particuliers « mais fur ks Conctks mêmes 8c fur les Princes \ en
l«i laiffiuit une liberté entière de dî^enlèr des Loix les plus juftes ft: les plus
Jiécefiàir^; & en fécondant toutes fes vues foit pour reftreindre la Ubené
êk Concile dans les cfaofès oui toncboîent ks intérêts ou ceux de fa Cour ,
-Ait pour fôomettre â (k di^ofirion I>rsécacion des Lx>ix faites contre les
•bus • Loix dont on k rend abfblument le maitre.
MA t G Ré tous ces défauts qoi (è remarquent G. fenfiblemelit dans fes
Décrets de ce Concile , & qu'on nfe pcUt ft tiiffimultr fans partialité > on ne
ijpetit dé(avoaer qn*il n'y ait beismcoup de éhofcs & looer dans ces mêmes
Oécrets, 8c qu^ n'ayent fervi à remettre quelque ordre dam TEglifo »
«Quoique beaucoup moins qu'on ne s'en ^étoit Hatté.
P A E MiB«Eif EMT âl'égard de laDifcipiine, il «ft rertain qu'on y a fait
tm nombre >d'eKcelltns Rt^lemens ronformts à Taocien efprit de l'Eglife ,
^ qa'on y a remédié à quantité d^abus penrideux qui régnoient inmuiié-
d9
xxvHi PREFACE.
dr^s qui faifoient fouhaitcr £ ardcmmenc ôc fi uoivcrfellement la Referma
tion. Défordrcs dans lé Clergé , qui Ce livroit fans réferve à rincontinence,»
ôc Ce faifoit un jeu de la Simonie la plus déclarée. Défordres dans les Mo-
fiafteres, où fous le voile de la Religion régnoit une licence effrénée , une*
avarice (brdide, &une fiiperfticion des plus outrées. Défordres dans les
Peuples , donc la vertu ne confiftoit que dans la pratique de vaines obfêr^
vances & dans une confiance préfomptueufe en l'extérieur de la Religion»
dont le Culte ctoit dégénéré en un (peétaclc plus propre à, tromper la'
piété q)u'à la nourrir. Défordres dans tes Pafteurs,: plus attentifs à s'etîgraif^
fer delà dépouille de leurs Troupeaux, qu*â lesinftruire & â les édifier V
^ qui n'eftimoient leur vocation que par l'autorité & le profit qu'ils en
retiroient, ôc non par l'avantage qu'elle leur proeuroit de fe rendre utiW
à la (anâification des autres. Défordres dans les Princes , qui ae fe fi^rvoienc
de la Religion que comme d'un inftrument propre â tenir les peupks danB^
la fiijcttion v qui faifoient un trafic mercenaire des Dignités Eccléiiaftiques
i leur difpofition ; donc le zclc pour la Di(cipline ne tcndoit qu'à corri-
ger les. abus qui s'oppofoieac i leurs intérêts v qui ne veuloient deRégl^-
mens que pour réformer les défordres des autres ôc non les leurs propres^
& qui ne paroiflbicnc fouhairer la réforme des abus que pour recouvrée
ce qu^ils croyoienc avoir perdu par Tufiarpation du Clergé , & non par utt
zélé fincerc pour le jrécabliâTèment de la piété y. dont les paflions des Prin^
ces oar plus â (bufifdr que celles des autres.. Tous ces défordres n'ont pas
écétedrefi^ par le Concile. Mais fi. l'on en juge fans prévention , on peur
dire avec vérité qu'ils (bnc infiniment moindres qu'ils n'étoienc aupanvani;.
que les Ecclcfiaftiques ont vécu depuis avec plus de régularité , ou du moins,
avec plus de décence & moins de fcandale *> que la Difcipline s'eft mûnct-
Biie avec plus de foin & d'édificarion dans les Monafteres *, que l'inftitutiotu
des Sén&inaires a contribué à former une infinité d-'excclkns Paftenrs ôc de
Minifires édifians ; que le retranchement des Regrès, des Expe6batives> des:
Réiêrvacions mentales^ des Unions à vie , a prévenu en grande partie Its.
défordres ôc la fimonie qui inondoient l'ËglKè •, que la défenfe de pofl2-
der en même tems plufieurs Bénéfices à charge d'ames , a rétabli aflfez efS«-
cacement le devoir de la Réfidence *, que Tordre & la décence (e (ont faît^
plus remarquer dans l'exercice du Culte public; que lacafiàcion' des Ma-
riages clandcftins a prévenu la ruine & la confiinon qu'ils introduifeieac
dans la plupart des familles ; que l'abolition des Quêteurs a prévenu etiî.
grande partie le trafic infâme ÔC fcandaleux des Indulgences; que la fup-
prefiion de beaucoup d'Exemtions a rétabli la (Iibordination naturelle ôc
primitive. dans rEalifc, en rendant auxEvcques une partie de la jurifdic-
tion dont s'étoîc loufitait le Clergé inférieur ,.& dont les avoientdépouil-
ïès les Papes pouraccroicre leur pr-opre pouvoir aux dépens de celui desr.
autres ; qu'enfin il s'y eft fait quanrité de Réglemens particuliers , qui >>
riqu'infuffifans pour remédier à tous les maux, n'ont paslaifië de rca-
à .lïgUiÎLuiic. gacâcdc. fi £i)xccé,,&.J^.ti£éc.dc cet abimc^ ^ cocsf
PREFACE. XXIX
ffOptioir 8c de èèCotdres qai Pavoient enriérement défigurée» 9c faifoicno
^nir cous les gens de bien depuis un certain nombre de fiécles.
P G u R ce qui concerne les Décrets de Doârine , iï n'eft pas tout- à- fait
ttfé d>h porter un jugement fi favorable. Car quoîqu il j en ait un grand
Bombre de parfaitement conformes 4 la doârine de TAntiquité y on ne
peut guéres déiàvouer qu'on a excédé en plu/ieurs rencontres la iage me-
iùre' prefcvite par nos Peres« Je ne voudroîs pas dire i la^ vérité , comme la
plupart des Ptoteftans , qu'on n'a pas laiffèaux Evèques la liberté néceflàirt
four juger des cboTes (ans partialité. Si l'on^a gêné la liberté dujConcile à
égard de celles qai concemoient les intérêts perfbnels de k Cour de Ro*
me, on peut dire généralement parlant ^ qu'en matière de Doâfrine, les ''
Légats fe montrèrent communément aflèz indifFérens fiir ce qu'on vouloit
cti décider \ 8c Fra-Paolo lui-même remarque plus d'une fois, que quelque
divifés que fuiTènc entre eux les Prélats & les Théologie^is (iir certains point»
particuliers y ils s'accordoient prefque tous- dans la condamnation des opi-
nions Luthériennes. Si donc l'on a excédé dans la multiplication des Dog-
mes , c'eft moins i la Cour de Rome qu'il' faut s'en pf endre , qu'au zélé
mal entendu de la plupart des Théologiens du Concile, & à celui des E&
pagnob & des Italiens , qui plus Catholiques que ne l'exigeoient la Rai*-
ion & la Religion, ne voulurent rien relâcher de leurs opinions & des pré-
jugés établis, & qui (ans (ê contenter d'être (âges fufqu'à Is^fobriétd, comi-
me Tor donne S. Pauf , excédèrent la:mefure de fageflè Convenable i dos
Chrétiens, & tombèrent par-là dans des ab&cdité^ Se de faudès connoi^
fances , qui loin d'éclairer ne condui(ênt qu'à Filltrfien;. Ce n'eft pas potus
fant qu'ils ayent propofé de nouvelles opinions , ou qu'ils ayent inventé des.
doârines inconnues avant te Coacilc : la judice ne nous permet pas de 1«
charger d'una telle imputation r& c'eft k coct que quelques Proteftans les
en ont accu(ës* Mais ce dont iteft diâicile de les juftifier,^ c'efk d'avoir fait
de plufieurs de ces opinions autant d'Articles^ de Foi,, malgré leur inceni--
tilde; d'en avoir impo(ë là créance , n^algrc la liberté avec laquelle on en
avoir di(puté jufqu'alors v 8c d'avoir retranché de la Communion Rechargé
d'Anathémes des Peuples entiers, pour des fentimensH peu néce({àires»
^ue ju(qu'au Concile de Florence aa moins chacun avoir eu la liberté de lot-
croire ou de les rejetrer,.
Il eft vrai que ,.(èlonuneL maxime commtmément' reçue aujourd'hui par-
mi nos Théologiens , ce qu'il étoit libre de croire ou de ne pas croire avant:
la détermination d'an ConcHe ,. devient néceilàire après^ cette déci(ioo,>
contre laquelle il n'eft plus permis de s'élever fans (è cendre coupable d&
Schifme, doRévoke, 8c d'Héréfie. Mais cette maxime ne peut erre vraie:
dans (à généralité , & elle doit êtif iPeftreiate par quelque modification »>
* pour être ramenée à un (èns raifonnablc Car il eft certain* que toutes Ics^
vérités néceftàires à croire nous ont été propoi^es par Jé(us-Chrift & (ès^
i^ôtres, & qu'ain(i n'y ayant aucune: nouvelle lévélation à attendre »>
y^rcfautorigl d!floXk)KiisL jaccoiifiâie'qj^a décJareiL ces^vâcicés» jtàûs^qiic.
nx PREF A et"
cecce détltttci^li k$ rende fim ôv tnoîdsttétieaakec* iM'MàSMkÀ'MCoB^
cile n'ajoure doM riea i ieiir oécdlités & s'il eft tt^ ^e «qu'il n'écok^
tféceflàice <k crdire âiram Me relie décifion le puiiïc devclHc a^ès, ce n6
peut être qu'en ce &ns » que cette néceflicé fe fait plus ihridetiiiiieoc cos-
noicre par le confetitemeRC unanime d'une celle AlfemUée qu'ai^aravanc^
8c que ce ctMsfenceroeiK forme m préfugé contve lequel il s'y a qu'une ibo*
verâîoe évidence qui pmtk tenir. Mais en cas de partage d'opinion «ntce Jet
Egli(ès Chrétiennes ^ ioit unies entre elles » feit réparées (ts uses des autres
par le Sc]|i£kie » l'uniformicé de témoignage venait â ce^ » il n'f a plui
d'autî« motif pour nous porter a croire^ que lesraifens de ptobabilicé &iÊ
iefquelles (ont appuyés ks Dogmes qil'on propose f ou l'éTidefice dont cft
accompagnée la Révélation.
C'est fauce d'avoir agi fur ces principes » qu'on a G fort cbar^ noi
Confeffions de Foi ^ d'attides nouveaux Oc inconnus dans l' Antiquité. Si
BOUS nous croyons jplus édaites â ca ^and , il faut que nous logions quo
l'on a en des idées fort imparfaites de h Foi dans \ts premiers rems > fit
que ces fiéclesqoe l'on a regarda comme les plus ptïts du Chriftianirmc#
«ient été réellement ks plus ignorans Oc les plus imparfkidk Cependant »
comment concevoir tjue la vérité étoît moàis connue foUs Ibs Apôtres Se
jeurspremteisâicceâfèuds» qu'à la diftance de plofîeurs &éd^% & que de-
vient le ^t6ék de cette Tradidon dont on u ^Ruir refevé l'aotortté } U faiic
que l'on (c trompe i l'un ou i f autre éeard. Si la Fcfi a été parfaite àès Coâ
origine > c^eft fans néceffité, comme Sanî autorité , qu'on veut nous faite
^Hte loi de toutes ces nouvelles dédfions. Si ou contraire elle n'a pas eu toui«
fà perfeébion dès le commencement, de queUe ref&nstçc ta la Tradition de
ces tems où Ton ignoroit tant de vérités néceflaires l
L E plus Ar eft donc de s'en tenir À la Auplicité anrientie , >& de ne point
cmbarrallèr la Foi par des diiêuflions qui ne fervent qu'à aipoier notre eu-
riofité, fans nous rendre pfais éclairés ou plus religieux. L'expérience coaC*
rame que l'on a d'ailleurs que ces (brrei de dilates 9c de recherches ne
fevent communément qu*à remplir l'Eglilê de divîfions ic de fdbifmes »
.eut dti porter le Concile à raftreindte le nAmbre de iès décidons, plutôt
•qu'à les augmenter. Mais i'efprit qui y régnuit^t prendre Vautres melures.
Faute de bien connoirre les hommes, on crut que ptiur les ibuiliettre& ks
réunir, H n'y avoir qu'Ailier b créance par des Décrets & étonner les cA
prits par des Anathêmes. Cette mériiode eût pu avoir ion utilité dans des
rems de reipeâ Se de foumSflion , oà l'autorité des Pirfteurs étoit la feule
niefure qui régloit la créance des Fidèles. Mais «ts rems n'étoient plus , Se
chacun vofuloit juger par iôi-m$me de hibtidité des railôns qui poitoienc
tes uns à décider 8c k$ autres A troiit^ Se l'on romifiença à regarder phi-
t&t comme nne crédulité btfirhable qoe comme une Foi raifennable >, l' ac-
auiefcemcnt des doiSfcrines dont 4»i ne toimoitfbtt point les preuves. E}ans
e pareilles «irconftances^ tiù la téfyf9c 8c la differécion ièmbloient êere
te iatk«Ofciis f copctt Atéttbl|t4à>ooiic<iMfe)^Mi«udt^liaicl^onpté<^
F9. 1^ F A € E. tnk
^fkn, qàkpùhk ksjçcifonfc Les Tlnéologiens» acçomnmés i regarder
1^19 foécuiuâons commç aïKa^ devécicésoéceÛaices>p]:éYalucaiK dajo&lq
CoDotc m poii¥ 4*ca faire cngcc uft g^raod nw)bre CQ Ai^dcle& de Foi>â^
i^*€Ûc été r^ppo^tiod qui tégpoit tmx^ ks diSèrtmfi^ Eçaks çu ils avoîenc
é$i îaftwcs ]t il eft a0cz jworçl de croire ^i^'co eâc cncpr^ gfQ^ nos Con«
ffiiÏQfi^ <k F^ don geand iiombce de Dç^poes ^ae leur diviCoa nous a.
;«i45« Mais quelle a écé la cooié^eme; dQ eacc ç^oivluice > (boa de
ib(9f k&P(0(eftaas d^ns liçi\r (épai^^non, ft de cendre f lus difficile aux.
Oiholiq^es la iitfa^ de k^ propre OckS^ioc r doox la Qouveamé eu plu*»
fifocs fim^ a donné pciiè 4 ceux qui ^e checcboicnc qnq ïoçcàûon de U
cQoibaiCF^ av«ïc avantage ) Maia bem^eu/bnenc , la Foi eft indépendanie d«
tQi}WiCc$ii9l>uUcéii ; â( bn 4ire moins Oifcliadme on pç^i ne prendre au-*
OP fom (iff: bea»cQi9|i de ca qu^flio^c;» fiu: leftyiellcsi noç Pg:es plus /a*
f^ 4^f^ non» aviiy;ilt cwjpiui^ bM^e kt^b^né dç; ic pai;;açex {blon (ôs lu»
%ie9Qnr pa« U voî« de rm»ori^é. Cela petit (À^Q pour 1q peuple^ n:vat3
Ûn gcm î»Ainirs veulent; dç& laiibna ^Sf^Q dans des: nMjrtcgres Qbicurc& il«
%'cxigfpi; pasi CQUfQur^ i|nc p^faice évidence , ît$ veulent du moins avqie
nae piobabilké atfb graMt; pour foti^n in^aiçq^idCbQB^m^i^aiibnnabk^
«^'m k^r p^op€i6^ £c dftiv^ ce ^a^uKone. on) i^ p^uçpa5. ejpgpr qu o^
igeçqivc coaiçpc df Aii »d«$ 0«£UHIQf ^ W T^At ibipdiie&^cfiif une pliif
fmdr piobabiMa^par^ciqpe la iiM(¥re;de VaffqfMcTcenïenr dfyaipt çtre îotr
inâe fur la mefyf^ dk k c<»iiMk$tiai,» we c^oayiâîgn 4ui> n'a. pQi» foxukr
iMW qu'une plus gra^d? piobaJ^lufé t w p<uc;j^un4i&^Qqnei;unP ccrckwdr
qui (sut propir<i»c»f k cm(^^ de k ¥^
T 9>u T ce q^ n'c^ àm^ ni éyide;imieni répété: » ni évidemment cerub ^
«rpern «ne pçopo^ qomne w ^b^ec de créance. U^ dé/çiiWs d'unCgn*
^ e» macierr de D^dk^miu <yM n'o^ff m^c ^pfus aucune; d; cc^ deux évi^
dtnees» fom aM^MK dSnipQ^iriQns inJM^ iuc t^Eoi dé&bQrnme&i âc toute
Anachène qpi p^rre inr un aïKrrfgndeneius, cft nul de & nature 9c vickuJi;
dAns fon principe. Vancocité d'une celk AdènjtEdée ^(k ce qu'il ^ a dei plua
nfyc&Mfi daBS VE^life , ta#jc q^'eik (% QQonenc dans, ks liâmes qpi Ini
ipoii pneicxices ^ parce q^e en Tribunal çfen^ ceconnaîc poinc de {ùpérie^r.,
Maîft pour s'aJSiireff k fic^peéb qvi lui eijk du, il doit fiijLvre fiis^ scgles» â:;
6ppofè ^'il ^en écafiCf t lok ep dpfln.ai^ pooircccuia ce qui cft doucegj^ ^
•u pour néce (Taire ce qui cflF indifférent , (on aucaricé ceilè *». parce qu'il n'a
Vautre pouvoir qne celui/ de d^dajces; ccque J^iûs^Cbriftncuis aenicigpé>:
4 q«r'il eft fenionenc riniierpréjQe de & Pp^îne >. uns qull hU (Joui; Kxmi|
d'w publier d*aaccf xnît d'àjoiKM;!: à la. nécel0^ de Isi fiennc» Toac Cfonçile
qni mir d*au(rf rég^x^'ôce k pQUvoir do* iiei;vir de régk lui-même \ parc^
rfoQ amoritc eft toui:i9 bcKii^e à f^r^ r^ce\^£: U ElO|£b:ine Se ks.Lqiiu
jjcfins-GbriA > ^ qA& H)iH Qi;! qu'il y àjfiU^ on en. rocranjche eft d'utrç
i$UQmé pnveinent bumainr» ât e$ i^p^mh^v^ çïfrgàam q;^ ^wf^
a0rrcQgMQa.i9Q9ifikf«diilM^^ ^ .'_
;u
.<*
txxit ? k É t^À CE.
O N (ênt bien (ans que je m'explique , aue ces maximes nt s^éténdene ^a'|*
ce qui regarde les vérités de Doârine & les Loix de Morale , qui font d'une
certitude immuable, & qui ne font fufcepribles d'aucune altération* Car en
matière de Rirs & de Diîcipline, on ne peut rcfufer à un Concile le droic
naturel i toute Société de faire tontes les Loix qui paroiilènt néceflfàiret
pour le maintien de l'Ordre & du Culte public. En effet , comme l'Evangite -
n'eft point defcendu dans ces fortes de détails, & que Je(ùs-Chnft a com? '
muniqué à fes Apôtres & i leurs lùccêllèurs tout le pouvoir qui étoit né-
ceflàire pour le TOuvernement de fon Eglise , qui ne peut fubhfter (ans uii
certain ordre , il faut reconnoitre néceiiai rement qu'il y a un tel pouvoir
dans ceux qui la gouvernent , ou fe réfoudre â voir régner par-tout la coa-
fu(ion 8c l'indépendance , qui font la ruine 6c la deftruéUon de toute Sodé^-
té. Il eft vrai, que s'il n'e(t pas permis aux particuliers de (e (bu(fa:aire i-
ces Loix; comme néanmoins elles (ont variables, 8c qu'elles doivent s'ac-
commoder aux tems & aux lieux , chaque Egli(c particulière a toujours ea
le pouvoir de les modifier ou de les changer , félon qu'il convenoit au bieii
de fes peuples. C'qft-Ià ce qui a produit cette variété de Cérémonies 8&
d'Obfervances dans les différentes Eglifes, qui ne fai(ànt point partie des
Loix fondamentales du ChrifUanifme , (ont cellement abandonnées au pou^
voir de l'Eglife en général , qtie n'ayant rien d'immuable par leur nature»
elles puiflènt être variées ou altérées félon les conjonâures des perfonnes ,
des lieux , 8c des tems , 8c (èlon que chaque Eglife Nationale juge qu'elles^
conviennent au génie & au caraâiere des peuples qu'elle a a gouverner.
C E s T de quoi l'on peut (ê convaincre *par l'Hiftoire , qui 'nous montre
le pouvoir que s'eft attribué chaque Egli(è en matière de Rits 8c d'Obfèr-
vances , fans (ê croire liée par d'autres Loix que par les (iennes propres.
Car pour peu que l'on parcoure les pratiques des différentes Egliiès , l'on
verra une infinité de dimrences entre celles d'Orient & d'Occident ; Se-
fon trouvera la même diver(ké entre leS'EgUfès particulières de ces di^Féren-»
fes Parties du Monde , quoique les Egli(ès Patriarchales ay ent eu aflfez d'in-
fluence fur celles qui leur étoient (tibordonnées , pour leur faire adopter à la
fuite des tems pluueurs des Loix qu'elles avoienc faites pour elles-mêmes. Il
ny a , ce me femble , fur cet article aucune di/Eculté-, 8c la (èule qu'il puifTe
y avoir , eft de (kvoh: jufqu'â quel point peuvent obliger celles d'un Con-
cile Général en matière de Difcipline. C'eft ce qu'il hie refte à examiner , Sc^
pat où je terminerai cette Préface.
CoMMfi c'efl proprement par l'acceptation qni en eft faite , qu'un Con«
cile eft regardt^ comme Général , puifque la repréfèntation n'eft jamais (i
univerfcUe , qu'une telle Aflemblcc puific être compo(ëe de toute l'Eglife 5
31 s'enfuit par une conféqnence nécefîaire , que les Loix & les.Réglemens
qui y font faits , ne peuvent avoir de force qu'autant qu'ils (ont acceptée
par les Eglifes particulières qui n'y ont point eu de repréfcntatifs, ou con-»
Brniés par celles qui ont eu leurs Députés. Car les Décrets d'une Eglifè ne
peuveat |piat lier les autres » 8c dcs^ Députés ne peuvent point obliger les
Corps
PREFACE. xxxirt
Cof ps qu'ik repréfcntcnt , qu'autant qu'ils agiflcnt conformément aux
kitenrions de ceux qui (ont repréfêncés ^ ce qui ne peut Ce vérifier aue par
l'acceptation. C'eft donc cette acceptation feule qui peut donner de la force
aux Décrets d'un Concile Général 5 Se l'on fcnt par la force de la chofe
même , que fans cette acceptation ces Décrets ne peuvent lier les EgHfe
particulière^, flir Icfquelles les Evéques affèmblés n'ont aucune autorité.
S'il s'agidbit de vérités évidentes ou de Loix de Morale , qui ont leur certi-
tude indépendante de l'autorité des hommes , il ne (croit pas libre aux Egli-
fès particulières de les rejetter j parce que ce font de ces chofes à l'égard
de(quelles l'homme n'a nulle liberté. Mais en matière de Loix podtives d'une
autorité humaine , toute leur force dépend de l'acceptation , fans laquelle
une ou plu(îeurs Eglifes enfemble ne peuvent en forcer d'autres à s'y (bumet*
ne; parce que le pouvoir de chaque Eglife étant égal à cet égard > elles ne
deviennent Loix que pour celles qui les acceptent. & qui joignent leur con-
(èntementâ celui des Egli(cs ou des Evcques qui y ont donné le leur dans
l'Aflèmblée où elles ont été établies.
' C'fiST par cela feul qu'on peut expliquer pourquoi certaines Loix des
Conciles Généraux ont été fuivies , fans que le;» autres l'ayent été. Si
leur exécution étoit une fuite néceflfàire de l'autorité qui les a portées , elles^
auroient dû erre toutes également obfervées , pui(qu'elles émanent tontes'
du même pouvoir. Mais dès-là que la force de ces Loix vient de l'accepta-
tion que chaque Egli(è en a pu faire , l'on voit évidemment pourquoi el«
les fe trouvent pratiquées en certains endroits ,& non en d*autres. Telle'
eftla(burce delà différence deDifcipline qui (ùbfifta (î long-tems entre
diâférentes Eglifes (ùr la Pâque , fur la réitération du Baptême & del'Ordi- *
lUtion , fur l'articledes Images& fur d'autres points. Malgré la décifionda
fécond G>ncile de Nicée, on fe contenta en Occident de recevoit les Ima-,
gcs (ans leur rendre aucun culte-, jufqu'âce qu'enfin nos Eglilès ayant jngé à
propos de fe conformer à fes Décrets, s'en firent des Loix pour elles-mêmes, '.
Si (e (bumirent â la Di(cipline dé/a reçue chez les Orientaux. De-là viennent
pareiUeraent les différences qui (c trouvent entre les Eglifes Grecque Se La-
tine dans l'adminiftration desSacremens , dans le Célibat , dans le nombre
dfis Ordres, & dans beaucoup d'autres Obfervances, que les Décrets de dif-
férens G>ncilcs n'ont pu ramener à t^uniformité » faute d acceptation dans
quelques-unes de ces Eglifes , qui n'ont regardé ces Loix que comme
des pratiques particulières ^ dont chacun devoit être Juge dans fon propre
diftriâ:.
C'est donc alors (èulement, & non auparavant , que peuvent obli-
^r les Loix d'nn Concile Général. Mais comme cçs Loix font (buvent
d'une nature très-différente , il s'enfuit aufliconfSquemment, que l'obliga»-
tion de les pratiquer n'efl pas la même à tous égards. Pour décider donc
de la nature de l'obligation qu'il y a d'obferver ces Loix 9 il- en faut juger
Tome /. c
axw P R E P A C R
par Vitopottancc ic Icar objet. Quclq tes-unes ne Cmt AittS «e pOOC
préferver Tordre dADskSociécé^ ôc ladcccace dans Le Culte pubuc. D'au*
rrcs (ont rdUtivcs à des devoirs moraux >& fembUiK navojr été prefirrttcS^
que pour ea cnicux procurer roblcrvorioA. Plufieurs oncété faites unique^
ment pour (êrvir d*alinient i la pieté » & ont été propofées comme dflt
moyens iînoanéceilàkes, utiles du moins de propres ou i Tiniptrer ou ik
rcntretenir.D*autics enfin femblent n'avoir été imaginées qu'en fàvetsrdcfr
Clergé» à l'avantage duquel on a coniacré quantké de Décrets » dans fidér
apparemment que la Religion trouvoit (es avamagjcs dans çtu% de (es Mintr-
àresLDela di£[^re&cede cesEkécrets naît ane di^renced'obbgations» te^
htives i tinuKMtance de leucs. objets ^ou à celle des c6n(éqpciice8 qat peup
Ycnt naître de la ptatiq^ ou de rioob(€rvatîoo de cci Loix.
A L'égard de celles qui (ont faites pour préfèrvec Tordre dans la Société*
Ac la décence dans le Culte public , elles (ont d'ime obligation aflèz étroite »
parce que tout ce qui tend â renver(êr l'ordre établi ,. pèche contre les fbo*
démens m&mes de la Société, qufne peut fiibûfter que par cet ordre. Aiûe^
£.« tous ceux q^i refu(ênt d'obéir à TAutorité légidme tandis c^'cUe nCL
commande rien de contraire à la vérité ouâ. la veau t pèchent griévemesC
jur cela mâme , que refuianr de fe (bomettre i une Pni(Emce établie dcL
Bieu Se aux Loîx <¥^*clfe eft en droit de fàice ^ ils déibbéiflènr i celutHnâme:
qui rétabli cette Puiuànce,,&(ê rendent par con^uenc criminels iCnyeaiu,
l! ne faut pas croire cependant, que ces fautes KMcnt toujours ég^lemcot.
confidérafaks» La nature des Loix doir en*âxerl\înormicé. Si ces Loîx font:
I
1
peur imporcances , les fauces ne peuvent irre qjtxe légeresL Msiisdaos ce go»--
tc^toac ce qui peut^donner une atteinte eflentielle â TOrdre Se choqucir
avec (candale la décence da Culte, efl: auficriflnnel qtrune immoramé ^
SuKque fi Tîmmocilicé a'cft pas dans la choTe même ,ella fe trouve du moinr
ans ks cofttcqpenœs ,,& piu: le (candale qpc cutTe cetoe défbbéîflknce^^de:
jMtr le renversement qu'elle produit dans la Société.
O» doit dire la même cnoiê par rapport aux Lois qoi (ont reladves- i^
des devoirs moraux. Quoique ot nefoient que desmoy^ns prefcrics poor eft;
mieux procurer TobSèrvation >& qui par coB(2qucnt ne font pasauffi^eflèi»*
ôels qjie les dévoies mêmes >. il fiiffir pour entendre la pratique néce^aire >.
qu'ils aient une (inutile y,8c qu'ils (bienr ceeommandéa par une Autorité fnf^
mÀtu^ En- matière df Loix ,^1 vlcvkfàat pas davantage pour ks tendre oUi«^
gfuoires. Autrement aucune Loi humaise oepourrok /amas obliger , pui^
que toute Loi n^ft' autre cfao(êqq'un^pcé(èrvatircoBtre le vice , oa qu'uni
moyen, pour pratiquer k verni. I^ Loix ncRivelks ou divines nous prdfcri*»
vmr les devoirs mêmes.. Les-Loix tuimaims (ont fiaàtcs^ pour en fi^riliter bk
prartqne , par le choix des mojcas ks plus propres Se ks plus coitvenabks Ai
wa»coadirfon&.in0sciroooftances...£rqueUc autre Société eftplua w^
q«i(ëci<^fair&diK.tdUyitIoift>.<^xolk dpac :totttk.ltttf c&dc travaîU(cr> Oopf^
I
P R. E F A C E. xwr
4I procactr anx hommes des avantages temporels » maïs à lear afTurer des
biens éternels par robfèrvadon des devoirs qui CenU les lear peuvent faire
«obtenir^ On ne peat donc exemter de péché ceux qui violent ces fortes de
Loix y pui(qa*ils ne fauroient s'en écarter ùins manquer i l'obéi (lance due
it 1* Autorité l(%itime qui les z. faites , Ôc fans s'expoier au danger de tranA
greilèr les devoirs mêmes pour la patique defquels on a pre(cric ces forces
de moyens.
* A r^ard des Loix qui oc concetnent que des nratiques arbitraires de
fiécé f l'obligatioB par ia nature même de la cho(e n*en peur pas être auffi
Croire. Car comme en matière de Loix Tobligation qu'on a de s'y fou-
saerrre Ce tire non-feulemem de rAucorité qui les pre(crit y mais de la
nature des devoirs qui (ont commandés ; il s^enfiôr par une confôquence
nécedàire , que des pratiques arbitraires de piéré ne peuvent pas être d'une
néceffité aum rigoureu(è que celle de choies plus eflèmieiles, ôc que la dif-
ftrence des drconftances peut en reflerrer ou en dimimier robligation.
Si les raifons de s'en di(penter font plus importantes qne celles qui en* ordon-
fient la pratique ; ^il y a une concurrence de devoirs incompatibles dont
celai de la Loi eft le moindre \ û le mépris ou le fcandale n'entrent pour
tien dans llnobfêrvation de la Loi , mais que des raifons ou équivalentes ou
prépondérantes en prévieimcnt l'exécution y il paroit certain qu'en tous ces
-Ms Tomiffion ne peut erre regardée comme criminelle , parce que le Legifla*
ceur n*eft pas cenfë vouloir prefcrire aucune Loi au préjudice des devoirs
•plus importans, ou lier l'homme (ans égard â la néceffité contraire où il peut
le trouver réduit par les circonftances. Comme il eft (iippofé parla nature
4c ces Loix que les cho(es qu'elles commandenr font indifférentes d'elles-
mêmes j 8c n'obligent qu'en verni de l'autorité qui lesprefcrit , le feul égard
S*on doit i cette autorité lorfqu'elle fe trouve en concurrence avec des ra»-
is qui diminuent l'obligation de s*y (bumettre , eft de ne point Ce révol-
ter contre , d'éviter le fcandale dans l'inobfervation , & de ne manquer i
pratiquer ce qui eft prefcrit , que par des motifs plus confid^rables que
ceux qui ont tait faire la Loi même. Ce9 ainfi que , quoique l'Evangile eût
abrogé les Loix Judaïques , l'on vit S. Paul s'y foumettre ou les négli«r
ielon que la prudence ou la charité le lui didoienr , fans aucun ^rd â
l'abrogation , parce que ces cérémonies de leur nature indifférentes pou-
voient ou fe pratiquer ou s'omettre par des moctB également bons. Il ya
un nombre de Loix de même narare dfam l'Eglifè. Si l'ufage des Images , U
diftinAion des Viandes, la pratique de certaines Cérémonies prefcrites par
des Conciles , ne peuvent s'obfêrver fans altérer la charité , fans fcandalifêr
nos frères, fans occafionner des fchifmes on des abus, la Lot doit céder
en ces cas â la néceflîré; parce que la Religion Se la venu ne dépendent m
de l'obfervance ni de l'omiflion de ces chofes. La Charité eft Tame de la
piété , 8c c'eft elle qui dans les con jonâures équivoques en dote régler la
pratique. Ccft Ur<^UdeS. Paul Ces fortes de Loix ne font faites ni pour
XXXVI PREFACE.
tous , ni pour tous les tems \ ni pour toutes les circonftancès. Elles fox
cffcnticllcs , lor(qu on ne peut y défobéir fans fcandalc. Elles font fans force»
lor(qu on ne peut y ob;iir qu'en blcflànt la Charité , ou qu'en jettant du
fcrupulc dans les âmes. Chaque Société Eccléfiaftique peut faire des Loix
en ce genre. Mais comme ces Loix doivent tendre au fâlut de ceux pour qui
elles (ont faites , Tobfervation doit s'en régler par ce motif > qui eft Tclprk
de la Loi , & qui doit en fixer lapratique.
E N F I N , à l'égard des Loix qui ne concernent que l'honneur & les avan-
tages du Clergé , tl ne fauroit y avoir beaucoup clc difEculté. Comme au-
cune Société ne peut s'attribuer de privilèges au préjudice des autres r on
fcnt bien que ces Loix ne peuvent avoir de lieu que du confentement des
PuiflTances qui peuvent y ctre intéreflScs , & que pour le tems qui convient
aux Etats qui les admettent. Ces fortes de Loix intéreflcnt moins la Coa-
fciencc que la Police % & ne peuvent ctre regardées fur un autre pied. Il
convient d'honorer les Miniftres de la Religion v & Ç a été la pratique de
tous les tems , Se l'ufage de toutes les nations. Mais il ne faut pas con-
fondre un devoir de Police & de bienféance , avec un aâe de Reli-
gion. Si le refoed que l'on doit aux Miniftres Eccléfiaftiques conrrir
bue à faire relpeder la Religion même > c'cft aux Princes & aux M^
. giftrats i féconder la vénération qu'on leur porte. Si au contraire ce rcf*
pe<â ne fcrt qu'à couvrir des abus , qu'à rendre impuni le crime , qu'à pror
duire des di vidons ôc des brouilleries dans un Etat, & qu'à afifoiblir dan5 les
peuples les fcniimens de foumiflion Se d'obéiffànce pour leurs Souverains >.
:cn ne doit pas héfiter à abroger des Loix qui ne peuvent tourner qu'au dcfa-
vantage de ceux qui ks pratiquent, & à la corruption de ceux en faveur
de qui elles font faites. Ce n'cft pas pouftanr > que je croye qu'il foit per-
mis à chaque paniculier de déroger de fon autorité privée à ces fortes dc
Loix. Tout ce que je prétens ici eft feulement > que ce ne font que des Régie-
mens de Police & temporaires , qui ne font point d'une autre nature que
les Loix civiles ordinaires , qui peuvent être altérées au gré. des diffé-
lens Etats > & qui ne lient la conicience que par le fcandale ou le déforr
dre que pourroit faire naitre la cranfgremoo volontaire & déraifonnable
de ces Loix..
TfUEeft ndéc que je croîs que Ton peut Ce former des Dccrets^dc^
Conciles , & de l'obligation où l'on eft de s'y foumettre. Si je ne la porte-
pas aaffi loin que beaucoup de Théologiens, c'eft qjae je crois qu'il peut y"
avoiv de Texcès dans une foumiffion fans bornes pour une Auxorité qui a Ics^
iennes, & qu'il eft âuffi dangereux de trop l'étendre que de trop la reC-
ferrer. Ce quc/r'àiidit ici fur les Décrets du Concile de Trente» eft fondé
ht la pratique ancienne des Eglifes à l'égard des autres Conciles Généraux^^.
dont eUcs ont reçu ou rejette les Décrets en matière de Rjts& dcOifclr
pliae » fcloo qur'il convei\oit au génie de leurs peuples & à leurs circonftanr-
ces» Qu'inogorte ca effet cette divci;ûté à la Eoi & aux Meeurs l IL n'y a: ndoi
PRE F A. CE. xxxYjr
' plus si ccnfiiPér dam cecce diifércDce , que dans celle des Loix civiles qui
iubiiftcnt dans chaque nation. £n matière de.chofes indifTt^rences de leur
nature , on doit laillër à chaque EgUfe le choix de ce que la prudence lui
fait trouver de plus convenable. Retrancher des nations entières de Ùl
communion fur de pareils, prétextes » ou s'en féparer foi- même, (ont des
choies qu'il eft impollible de juftifier. Les (culs exemples qu'on en trouve
dans les premiers rems y font ceux de la conceftation lur la Paque & de la
•râcéracion du Baptême*! & ksplus fages Ecrivains de TAnciquité n*ont pu
9-empêcher de cenfurer la conduite des Papes Viiior ôc Etienne y pour s'être
conduits avec trop de chaleur & d'empire dans ces difputes. Si Ton ne peut
être toujours uni de fentimens, on devroit Têtre au moins par la Charité.
Le refte eft moins eflcncicl , puifqu'il eft moins en notre pouvoir de croire
que d'agir , & que la Charité, félon S. Paul , eft au-dcffus de la Foi. C'cft à
quoi l'on auroit dû faire un peu plus d'attention dans le Concile, donc
Fra-Paolo nous a donné l'Hiftoire. Si Ton n'y trouvoit d'autres défauts que
celui de n'avoir pas rétabli la Difcipline dans toute fa pureté , la corruption
des tems pourroit peut-être fournir une excufe légitime , dans l'impollibi-
lité où étoit le Concile de remédier à tous les maux. Mais comment jufti-
fier tant d'Anathcmes au moins inutiles , lorfqu'on fcnt qu'ils n'ont fcrvi
qu'à élatgir les brèches faites à l'Unité, au lieu de les réparer l II n'y a
qu'un amour déclaré de Parti , qui puiflc excufer une telle conduite aux
yeux dcshorrvmçsi flçp9i}j:pcjp^^4'e;i,4<^pj;^j;e{k^^^^^ il fuffic de
penfer avec impai-jcUBcé &.;avec,iftod6:tfûoix^ ..:.viv\i:V ,
C'est ce que fa] tâché, jlcfaîrç 'dàn5 jetpiîyn^e,.t>à je n'ai eu en vue
que la vérité & la paix. S'il m'y eft échajpé. quelques favcs , je ne me ferai
point un mérite de lés ^é^ndje \ *& j'.efpçrjc récjprgquement qu'on me fe-
ra la grâce de les exct|fer'> en fafyeur de j^ {^Q^eté xig mes intentions. Ma
principale attention a été de^nyc.tppijcn^gai^e contre les préjugés. Je n'ofe
pas me flatter de \cs avQii^.tDds.évi^é;, {^â.Qaîflàncç , l'éducation > un amour
trop déclaré pour la paixj «ne préyçnpiqti quelquefois trop favorable pour
nos propres idées, nous Ciànnent (ans ^ne nous nous en appercevions»
Tout ce qu'un homme fage peut f^îre^, çft. de ne pobt s'y livrer volon-
tairement, ni par aucun motif Je crainte; oy d'intérêt^ & c'eft de quoi je
puis me rendre un témoignage peij J^u^^oque. Si j'cuffe été fufceptible de:
quelqu'une de ces vues> ou j'auroif ^tf^Ius de complaifance dans ma Pa^
trie > ou je me fudè mis dans une fitàà^ion plus favorable â la fortune dans;
mon exil. Des motifs plus purs m'ont dirigé dans mon entreprife s & s'il?
m'arrîve quelquefois cie me tromper, on ne doit l'imputer qua la foi-
blcde de mes lumières, & non au défaut de droiture dans mes intentions^
Jai pris pour mes guides dans les faits, les Hiftoriens les plus inftruits.En
matière de Théologie, j'ai moins confulté les dédfions des Théologiens
que leurs raifons , parce que j'ai cru qu'il n*y avoit qu'un Oracle inûilli-
ble q^i dût nous, déterminer par le poids de fou autocité ^ & que tout au-*^
miacm !^ R E î A C L
xtc Auteur ne âevok exiger notre ÉMvicfectnmt que (ur t* fotoe <le ftt
preuves. Si c'eft de ma part ttae raéprite , on dof r me la pardonaer cf aocattc
plus atlëmentj jqu'il y a du moins autapt de danger à pouflèr trop loin la
crédulité , qu'à y donner des bornes trop étroites. Il n'y a qtie Dieu qui
mérite fans réièrve le faccifioe do tios kimierei. Toute autre Autoché étant
faillible en matière de raifomiemcnt , chacun eft en droit de hitt ùù^ de
•ià raifon pour juger de la folidité des opiniotis qu'on kA propoâr. S fù
fait ufage de ût droit dans cet Ouvrage » les gens Ciges n'auronr garde
•de le dciàpprouver i 6c foppotë que d'autres le coindâmtieni > leur cenfute
<eft fi injufte » que je me crois même dliccdpé àê faire fiir ceto fapologte
jàc U liberté que ;'ai prife.
VIE ABRÉGÉE
D E
FRA-PAOLO.
jpe tOrdre des Servîtes y, Théologien de la République de
V^enife^ & Auteur detHiJioire du Concile de Trente-
Y7^ ^--f^ ® J^ O i nommé dans le monde flore S^ , * naquît à Vc- * tît;dcfl»i,
F* îAk k 1.4 d'Août M.D L 1 1. Son pcre Fruftfôis S/tt0 , originaire de San- ^*^® >*• ^•'
Vido dans le FriouU exerça le Commerce avec peu de fîiccès. D'un.
Mnpéramefit ftatufeMemem violent 8c pitls porté aux armes qu'à fa prôfei-
£ofi , il ruina (es af&ires , 8c hiffz en montant fà Emilie avec peu de ref^
fiMirces du côté de tft fortune » mais dédomfrtiagéé d*ailleurs par des biens. - .
ptos précieux que l'Opulence 8c Mévation.Sa mb:e Jfitelle Marelli y d'unt
MMile Gkadine de Vénifé ,. d'un caràâerê doux 8c naturclktnent porté ai
fil pHété*, d'êine conduite régpliere 8c édifiante > fuppléa i ce qui manquoir
i (es enfans du côté àt$ rieheflès,.|nir les {èmences de religion & de vertU'
^ifcMe Icuf îofpèra*, & pac ^éducation qu'elle )cur procura par le thoyen^
dé (bn frerc -/f *r*rw/? Mwelli Reâeur des Religieufcs de S'« Erroâgore , &
Maître d'une Ecote à Venilè ^ d'oà forrirent plufieucs Elevés , qui ont fait
fièfmeur k & mémoire & i Tes foins».
Ce fot fous brecfikiuité de cet oncle que ftit élevé le jeune 54rp/. ^ Ilétoît Hb*.-p4i.
Éé avec de grands takias & d*heurcu(ês difpofitions ». & fon application (èr-
vit temôt â les perfeâionner. Sous les veux d'un oncle & d'un Maître na«
tttrelhment févére» 8c qui Pétoif peut-être encore plus pour fon neveu que
I^Mir une perfonne qui lui eût été indiffif rente > il ne perdit poiât des mo^
mens dont les ^unes gens eonnoiflènt peu lepriX)& que l'on ripare tou-
jÉMrs' difficilement», quand une fois on \ts a perdus. Son tempérament vé-
sFt^ement (êmbloit formé pour ràpplicatiom. Né avec un eiprit naturel-
fement pênfif^ « & un cahnîkere un peu mélancolique , rien ne fcmblort ca» €l^^H.
i/fAAcàt k diffraire. Tacitutyié, entiemi àvi jeu 8c du plaitir, d'urne fàbrié-
té <^ ne.làiflbit aucune p«(èà la iènfûallté » îté toit par tempérament ce.
^ lès autres ne deviennent que par vertu ,.& fon adofefcence (t pajlà fans
^*il parût rien en lui* dé jeune mie l'âge. On raconte des prodiges de (à mé-
^<^Tre; &^eqtffe pOur endimmuer ndéeif'avouoir par modcftîe>^<^ qu'il Aib^{^*f|.
tf avôit jftfhai^pu repérer que lavaleurdé treince vers^après les avoir emeodm
^i&eLmiMkk^\ TMÊteûtiàtità i)h&aircl2râïunf.c^i!Siôîû.
fct V I E D E L' A U T E U R.
• : Avec de telles difpofirions , on peut juger que Ces progrès furent ripViég!
Les premiers éicmens des Sciences neracrêcerent pas longtemS) 6c après avoir
acquis une adèz gr&nde connoiflànce des Belles-l.crcres , il s'arracha dèsTàge
eVic. delP. de creize ans « à Técude de la Philofopjbie & des Mathématiques, ôc à ccUc
Paolo, p.8. des Langues Grecque & Hébraïque , fans quie ce partage affaiblît (on appfi-
cation ou retardât fcs progrès. Jean Marie Capella de Crémone, de TOrdrc
flh, p. 7. des Servi tes, ^dont la demeure voi/ineiui a voit procuré la connoiflànce , fuc
celui qui fc chargea de lui donner des Leçons de Logique \ & quelque répu-
tation qu'il eût acquife dans ccgence de Sciencf , il avoua l^ientôt qu'il ne
pouvoir plus rien apprendre à (onDifciple , & réforma même fouvent Ces
opinions fur fcs railops , Auxquelles il faifoit gloire de fe rendre ,. faps croire
qu'il y eût aucun deshonneur pour lui â cédei: a la vérité , quoiqu'éUe ne Ivà'
vînt que par le canal de fon Elevé.
L* HABITUDE que le jeune Sar^i avoit contradde avec Capella fon Maî-
f Ib. p. 8. tre , 6 le détermina bientôt à choilu: le même genre de profeiTion. Son carac-
tère leportoit naturellement à la retraite*, (es inclinations le dégoûtoieiK
des plaifirs & des occupations du fiécle ; & les femences de vertu Ôc de piét^
que lui a voient infpirées les exemples de fa mère , 6c les indrudtions de foQ:
oncle, lui avoicnt donné un penchant pour la vie, Régulière, que la çon-
noiflTance & apparemment les infînuations de Capella dirigèrent vers l'Ordre
h Ib.p. f. des Scrvites. En-vain ** fon oncle & fa mcre, qui avpient fur lui d'êtres-
vues, s'oppoferent-ils â fa réfolution , & tachèrent même de l'en détouract-
par des mortifications & des duretés, auxquelles peut-être il n'eût pas cru
devoir s'attendre i il demeura ferme dans fon deflcin , & prit l'habit de l'Or-
dre le 14 de Novembre m d lx v i « n'étant encore âgé que de quatorze ans :
âge bien tendre pour un tel engagement , mais qui dans le jeune Sam croie
accompagné de tant de maturité, & fécondé de di(pofitions fi conformes à
une telle profeflion , que ni les affaires dont il fiit chargé, ni les occafîons
quil eut de s'en prévaloir pour changer de condition ou fe fouflraire à la
pratique des Obfervances , ne le dégoûtèrent jamais de fon état loin de l'en
faire repentir , & ne fervirent même qu'à lui infpirer plus d'inclination pour
» Ib. p. 10. le repos & la retraite* En mdlxviii ^ il fit profefuon tacite dans l'Ordre , qu*il>
rênouvella enfuite folcmnellement le 10 de Mai mjlxxii_, entre les mains
d* Etienne Bonucci alors Général des Servîtes , & depuis Cardinal.
A l'occafion du Chapitre GénéraWe l'Ordre qui fe tint vers ce même tems
à Mantoue > le jeune Sarpi ( que nous nommerons dorénavant le P. Paul ou
Fra-Paoloy du nom quil prit en entrant dans l'Ordre) âgé. feulement de
4^ Ib.p. zi. vingt ans, s'y fit diftinguer par fpn efprit & fon érudition. ^ Il y foutint des
Thefes fur la Philofophie Naturelle & la Théologie avec tant d'éclat , qu'il
flirprit toute l'Aflcmblée, & s'en attira une infinité d'applaudiflèmens. Guil-
laume Duc de Mantoue, Prince d'efprit & de capacité, & qui par l'efHmc .
dont il honoroit les Sciences & les Savans fe faifoit un mérite de les attacher
à fa Cour , n'eut garde de laiflèr échaper le jeune Paul. L'ayant obtenu de,
Tes Supérieurs 9 il le déclara foo Théologien > 6c Boldrino Evêqae de Man-
toue,
V I E D E L' A UT E D R. xli
touc,^ qui fccondoit les inclinations du Prince dans fon affcdion pour les ^ Vit. dcl P.
Savans , le nomma Leéècur de fa Cathédrale pour la Théologie Pomive , les Paolo,p.ii.
Câs de confcience, & les fàints Canons. Mais Fra-Paolo ^ fnpérieur ^ fes em-
plois, ne borna pas.fès études a cette Science. Il profita du (ëjour de Man«
touc pour fc perfectionner dans l'étude de Ja Langue Hébraïque , & perfua-
dé que (on attachement à la Cour d'un Prince lui rendoit la connoidance
Àc rriiftoire abfolument nécefïaire , " il s'y livra avec un goût qu'en n'eût mlb.p.i j2
peut-être pas attendu d'un génie naturellement porté à des Sciences plusab-
ftraites , & avec un fiiccès qui répondit à fon application , & qui lui tut d'un
ufàge infini dans les poftes qu'il eut à remplir dans la fuite de fa vie.
CiPENi^ANT il ne put le réfbudre â refier long-*tems à Mantoue*, " (bit «Ib.p,i«i,
'que dégoûté par les caprices du Duc GnUlaHme , qui joignoit beaucoup de
bizarrerie à beaucoup d'efprir, il ne pût aifémcnt (bufFrir fcs inégalités-, (bit
que fatigué du tumulte des Cours & des fbllicitations impottunes de ceux
qui l'obfcdoient pour en obtenir des recommandations , ^ il regrettât la ^ ^^^ ^^ ^ ^
tranquillité d'une vie privée, dont les charmes avoient encorepour lui plus
d'attrait , depuis qu'il avoit éprouvé les incommodités d'une utuation où il
vivoit moins pour lui que pour les autres.
Il n'avoir que vingt-deux ans , lorsqu'il quitta cette Cour. Dans un âge fi
peu avancé , on ne peut qu'être furpris de l'étendue de Ces connoiflànces. P f Ib. p. 13,
Car outre celle des Belles-Lettres & des Langues Latine, Grecque, Hé-
braïque & Caldéennc , il étoit très-habile dans la Philofbphie, la Théolo-
gie^ & le Droit Canon, & déjà très-inflruit du Droit Civil, des Mathéma-
tiques , de toutes les parties de la Phyfique > de la Chymie même, & de plu-
ficurs autres chofes, qui fembleroient avoir demandé l'émde d'une grande
partie de la vie,& qui exigeoicnt au moins un efprit vif, une mémoire heu-
reufè, une conception ^Cée, & une tête parfaitement claire & capable de
réunir tant de différens objers fans la moindre confufion. Aufli Ton appli-
cation étoit-elle fans relâche, & tout le tems qu*il n'étoit point occupé des
affaires publiques , n il ne pafibit point de jour qu'il n'étucfiât au moins huit j Ib. p. } ù
heures-, parce que ne donnant rien au plaiiir. Se partageant uniquement
{on tems entre la prière & l'étude , peu de chofes étoient capables de le
diflraire , Se tout étoit mis à profit pour fon inflruâiou, ou celle des autres.
Ce qu'il y a de fiirprenant en ceci efl, que d'une conftitution auffi foi-
ble qu'il étoit, il pût loutenir un tel régime. D'une (ànté naturellement dé-
licate» fon application l'avoit encore altérée; Se il contrafta dès ce tems-là
des infirmités habituelles, qu'il conferva jufqu'à la vieillefTe. Ce fut ce qui
l'obligea enfin de boire quelque peu de vin , ' dont il s'étoit abftenu juf^ ''Ib«p. t^i
qu'à l'âge de trente ans : encore difbit-il éjfue c^itoit la chofi qui lui avoit le
fins coiité y & une de celles dont il setoit toujours repemi. Il ne fe nourrifibit
prefque que de pain & de fruits , & ufà très-peu cle viandes jufqu'à l'âge de
cinquante- cinq ans, & ce fut même toujours avec beaucoup dcrélcrve,
parce que cela le rendoit fiijet à de grands maux de tête. En un mot il
Icmbloit ne vivre que par régime, tant la Nature t'avoit formé d*unc corn-
Tome/. f
xLfi VIE DE L' AUTEUR.
plexion délicace*, & quoique ùl fobriéré ôc un efpric nacurellement^me 8c
iTit. dcl P. tranquille le con(crva(Tènc jufqu'â un âge aficz avancé , ' le peu de foncU
raoio^p.jc. q^^»jj ^^oic fait fur la vie nous a fait perdre le fruit de beaucoup de con-
noiflfances , qu'il ne tenta jamais de mettre en œuvre , par la répugnance
qu'il eut de commencer des Ouvrages, auxquels il ne compta jamais d'a^
voir le tems de mettre la dernière main.
t Ib. p. ij: Ayant été fait Prêtre à l'âge de vingt-deux ans>* malgré les KégLcmens>
^ *^« du Concile de Trente , qui exigeoient que cet Ordre ne fût reçu qui vingt-
quatre y il étoit en Ci grande réputation de capacité & de vertu > que le
Gard. Borromie Arcbeypque de Milan, connu depuis, fous le nom de S. Char*
les , qui cherchoit de tous cotés àzs Miniikes capables de féconder les vues,
qu'il avoir pour la réforme de (on Eglifè, l'employa avec diftinâîon >& le
confultoit avec foin dans tous les cas où les diflicultés l'obligeoient de re-
courir aux lumières des autres. C'étoit une grande preuve de l'cftime qu'em
faifoit le faint Prélat , & de la réputation que lui avoient acqui(è (es lu*
miercs Se ks vertus. Mais cette réputation ne pur le fouftraire à la mali-^
vrb.p. iS. gnitc de quelques envieux,. & (èrvit même peut-être â la faite naitre. ^
On la déféra k l'Inquifition comme fufpeâ en matière de Foi, & cela (bus.
prétexte qu'il ne croyoit pas qu'on pût ttouver le myftcre de la Trinité
par le premier Chapitre de la Gene(e. L'accu(àtion étoit ridicule. Au(E
TrorfaoU s'en moqua-r-il, & fans vouloir répondre à rinquî(îteur , il ap-
pella à Rome de toute la ptocédure. L'Appel y fût reçu & la Caufe évo-
quée; & lorfqu'on y eut examiné le procès > on fe contenta de ccnlurer
Pignorance de rinqui(îtcur ,, fans (c donner même la peine d'écouter les jut
tincatlons de raccu(e.
Uni tentative auffî peu (cn(<fc ne (crvic qu*a faire éclater davantage fe
mérita de Fra-Paolo. Après avoir pa(ÏS fucceflîvement par tous les grades des;
X Ib..p. 1% Univcr(îtés jufqu à celui de Doâreur en Théologie , * & avoir été aggrégé
*-i^- au célèbre Collège de Padoue , il fïit nommé Provincial de (on Ordre pour
la Province de Vcnife^à l'âge de vingt-(îx ans.*, cho(è, dit l'Auteur de (i
Vie , )ufques-lâ fans exemple dans rHi(loire de cet Ordre r & comme (i
cela n'eût pas (îiflS pour un génie fi a6tif, il (c chargea- encore en même
tems d'enfeigner la Théologie à (es Confrères. Ils'acquirta de ces emplois^
d'une manière qui ne contribua pas peu à augmenter (a réputation , par le
bon ordre qu il mit dans (is Monafteres , par les (âges Réglcmens qfi*!! y fit ,.
>ar la douceur & l'égalité de (on gouvernemenr , par les exemples de vertus
Se de régularité qu'il donna à tout le monde , par le redre(remcnt des abus ,.
par le dé(intére(îement de fa conduite > en^unmot, partout ce qui peut
rendre ua Supérieur égaletnent aimable & refpedlable à ceux qu'il gou*^
j^Il>.p. 47W vetne. Ce fut fans doute à cette eftime / qu'il dut la charge de Procureur-
Général de fon Ordre , où il fut élevé quelques années après , & où il fou-
tint exaâxment le caradtere qu'il avoir déjà acquis , & augmenta rcftimc
de tous ceux qui le connurent à Rome > où fon pofte l'bbligeoit de réfider;,
i/Lh IX daos lies îocervalks. de negos: que lui laiUbietir. ccs.dij£^reos txs^
t
..''■*
VIE DE L' A U T E U R: xtlii
plois» n Ce dédommageoic avec Coin du tcms qu'ils cnlevoienc à Tes études »
en s^y livrant a vec'un nouveau plailîr 8c une plus grande application. Et com«
me, malgré la connoidànce qu'il avoir acqui(ê de la Théologie & du Droit
Ononique , études plus conformes Se de plus d'ufâge dans ùl profeflion, Cou
inclination le portoit davantage du côté des matières philofophiques , il s'y
attacha auifi avec plus d'eraprelTement. Les Mathématiques fur-tout, TAna-
comie , & la Chymie eurent pour lui infiniment d'attrait ^ & il y fit des dé-
couvertes , dont fa modeftie lui eût fouvent dérobé l'honneur de l'invention ,
fi d'autres n'euflènt pris autant de foin à lui rendre juftice , qu'il en prenoit
à empêcher que Ces talensne fuilent connus. ' L^yic^uapendeme zsiwoué dans >. VîcdelP.
(on "Traité De f^i/k, que c'étoic du P. Paul qu'il avoit appris la manière dont ^aolo,p.4j
(è fait la Vi/ion. Ce fut encore de lui qu'il tira la connoiflance des Valvules ^^'
qui fervent à la circulation du fâng; & l'Auteur de fâ Vie en cite pour té-
moins Santoriusy & Pierre jlJfelitiiAU Médecin François. Aucune partie des
connoiflfànces naturelles ne lui étoit étrangère, & fur quelque article decec«
te Science qu'on le mît, il en parloir comme un homme qui ne (ê fut occu-
pé que de la feule matière dont on l'entretenoit. Il difcouroit de Mathéma-
tique avec les Mathématiciens , d'Aftronomie avec les Aftronomes , de Mé-
ilecine avec les Médecins , d'Anatomie avec les Chirurgiens , de la connoif^
(ance des Simples & de l'analyfe des Métaux avec les Chymiftes *, & tou«
fours non en homme fuperficiel, qui eût pris une fimple teinture de chaque'
chofè pour fe donner la réputation d'en étreinftruit, mais en Savant qui
avoit pénétré le fond & l'ufage de toutes ces Sciences , & qui par la faci-
lité qu'il avoit de communiquer Ces lumières, & le peu de foin qu'il prenoic
de fe faire honneur de Ces découvertes, faifoit bien voir que c'étoit non
par la vanité de paroitre favant qu'il avoit acquis ces connoiiïances , mais
pour le plaifir de s'inftruire, & plus encore pour celui de Ce rendre utile
au Public & à ceux qui s'occupoient en particulier aux différens genres
de Science , que ce favant homme avoit embrafles tous enfêmble.
Cet état de tranquillité c^eFra-PaoU fut fi bien mettre â profit pour
augmenter Ces connoi (lances, & perfeâionner celles qu'il avoit déjà ac-
quifès , fut un peu dérangé par plulieurs tracaflèries domcftiques > qui s'éle-
vèrent dans l'Ordre des Servites , & auxquelles la confidération où il étoic
ic les poftcs qu'il y avoit occupés ne lui permirent pas d'être indifférent «
quelque éloignement que lui donnât fon caractère pour des cabales caufëcs
par l'ambition & fomentées par l'inquiétude de quelques particuliers , fbu-
renus du crédit du Cardinal Protcfteur de l'Ordre. * Le détail de ces intrigues a Ib. p. j %
monaftiques , dont on peut s'inftruire afTez amplement dans la Vie de notre & fcqq.
Auteur écrite par le P. Fnlgence fon ami , intéreflfe trop peu le Public pour
en faire ici le récit -, & il fiâît de faire remarquer que Fra-Paolo , après avoir
fait paroitre dans toutes ces divifions une grande droirure & un grand dé-
fintércflèment , confèrva toujours parmi ceux mêmes auxquels il avoir été le
plus contraire , tme réputation de probité â laquelle fes ennemis ne purent
jamais donner d'atteinte , & ac laiHà aacvne pr^ à la calomnie , quelque ia-
XLiv VIE DE U A U T E U R.
térêc & quelque envie qu'on eût de décrier fa conduite, fi la régularité éc
de ks mœurs & la pureté de fe$ fcndmens n'euflcnt prévenu toutes les at-
taques, que le caraÂere de ceux auxquels il s'étoit oppoCé lui eût donné Iku
de craindre de leur part.
èVit.dclP. On peut juger cffeélivement de leurs dcflcins , par la nouvelle tentative
Paolo,p. 84. qu'ils firent de le défiîrer à Tlnquifition de Rome ôc de Venife > ^ i Rome,
* ^h par le P. Gabriel Coliffbm auparavant fon ami , mais depuis fon plus grand ad-
. verfairc à caufc de Toppoûiion qu'il trouva de fa part à fon élévation aux
Dignités de TOrdrcv â Venife, par le neveu de CoUJfoniy qui obligé d'épou-
fer les intérêts de fon oncle , le lècondoit pat les mêmes mefiires» & parta-
geoit fon injuftice pour pouvoir enfiiite en partager le fruit. Mais les acca-
lations étoient fi ridicules, qu'on ne le mit pas même à la peine de s'en jufti-
fier , & que dans ces deux dernières attaques > comme dans la première, il
. fut déchargé fans même avoir été examiné» Il falloir pour cela que la mali-
fnité des accu/âteurs fut biea fenfible, ou que la conduite de Fra-Paolo fût
ien irréprochable. Car d'ailleurs, il y avoit dans l'accuiàtion qui (m portée
à Rome quelque chofe d'afièz délicat, & qui ne laiflàpas d'y donner contre
hii des impreflîons facheufes,. quoiqu'on n'ofar pas procéder fiir un tel pré-
texte, de peur de donner trop de prit aux dilcours publics.. Il s y agiflbit
f Ib. f . f 4. d'une Lettre écrite en chifl&e à Coliffoni lui-même , « qui pour gagticr la con-
fiance de FrorPaolo lui ayant propofiî quelques moyens de s'avancer à Ro-
.me, ce Père en montra beaucoup d'éloigncment & de mépris >& répondit >
^Hon ne s^énvançoh anx Dignités de cette Cour ^ par de mauvais moyens , & ^uc
loin d! en faire aucun cas ^il en avoit horreur^ On peut juger quelles impreflîons
put faire à Rome une telle Lettre , & quoiqu'on n'y trouvât pas de quoi pror
céder criminclkmenr contre foa Auteur , oa fent allez qu'il ctoit impoflible
au'elle ne laiflSt des préventions contre lui , qui (è réveillèrent dès que ladé-
Êcnfe de fa Patrie l'eut obligé de fe déclarer contre les prétentions déraifoik*
m\Àts.àzPaulf^^
L'autre accufation, quoique phis frivoTe encore Jut fir également tort
à Rome j c'cft qu'il entrctenoit commerce avec des Juife & avec des Héré-
riques. Dans d'autres conjonétures, un tel crime eût peut-être paru ridicules
mais l'idée que l'on a à Rome , qu'on ne fauroit mal penfer de cette Cour
lanspenfer mal en même tems de la Religion, y fit juger que celui qui avoir
écrit la Lettre déférée , pourroit bien aulfi n'être pas trop zélé pour l'Or-
thodoxie Romaine. Rien néanmoins n'étoit fi innocent de la part de Fra^
Paolo y dont tout le commerce jufques-là avec des Hérétiques réels ou pré-
tendus , confiftoit à recevoir & entretenir civilement les Etrangers , qui in(^
truits de (a réputation venoicnt pour l'eiuretenir & le confijlter ,, fans avoir
d'ailleurs aiKune cc^rrefpondance par rapport à la Religion ^ qui éioit le (cul
article qiii eût pu & dû Le rendre fu(peét. Cela ne laifla pascependant d'emr-
pêcher ibn avancement aux Dignités Eccléfiaftiques. Car lorfque du tems^.
dUk juS7. de Clément yjjf <> on le propola pour l'Evcché de Milifotama Se cnfiiitcr
pour celui dfi.iVa;y^3kl'accuiàaQa avoit tellement frappé ce Pape >. que quoi»^
fe
»^- *
V I E D E L' A U T E U R. xLT
^a^il avouât que ce Pcre ctoic un homme de Lettres & de capacité , il ajouta
que le commerce qu'il avoit enttetcnu avec les Hérétiques, le rendoic indi-
gne de TEpifcopat. Cétoit outrer le (crupule , que de juger du mérite d'un
homme fur une chofe fî équivoque •, mais cela entroit fans doute dans Tor-
dre de la Providence > qui avoit fuicité notre Savant pour des vues que fon
élévation eût pu faire avorter en rempêchant de fervir fa Patrie , & en le
détournant d'occupations qui furent plus utiles au monde que ne Teût été
fbn Epifcopat.
Mais ce tems n'étoit pas encore venu , & FraPaolo > que fa réconcilia-
tion avec le Cardinal Protefteur de l'Ordre des Servîtes & avec CoUJfoniy « * Vit.dclftj
aui en devint depuis le Général , avoit rendu à fa première tranquillité & à ^^^\o • p^
us Livres, fut mettre à profit pour fa fan6tification les momens de repos ^^^*
que la Providence lui avoit ménagés, & que lui procura la trêve de quel-
ques infirmités qui diminuoient avec 1 âge. Il s'occupa alors d'études toutes
différentes de celles dont il s'étoit occupé autrefois. Car , comme s'il eût
prévu l'ufige que fa Patrie devoir faire de fcs talens , ^ il fe livra entière- /"Ib.p.xo^
ment à l'étude de l'Hiftoire tant Eccléfiaftique que Profane > aulli-bicn qu'à
celle des Ecritures & de la Théologie Morale 3 & l'on verra par la fuite , de
quelle utilité lui fut une telle application. Il ne fongeoit pourtant alors qu'à
i^ propre inftruâion , & qu'à (e préparer par des études de cette nature à
Téternité dont il s'étoit toujours cru proche, & à laquelle ilcomptoit tou-
cher d'aflcz près. C'cft à ce tems du moins que l'Auteur de fa Vie croit que
l'on peut rapporter quelques Ecrits trouvés parmi fes papiers, comme entre
autres , s Vn Examen de fes propres défauts , dont il Je fropofoit de Je corriger i i Ib. p. p >»
Vne Médecine de f^r/^V ^ auquel il appliquoit les aphoriimes prelcrits pour
la guérifon des infirmités du corps j Un Ecrit contre [Athiijmey où il prou-
voit qu'il répugne à la nature humaine^ qu'il n'y a point de véritables
Athées , & que ceux qui ne reconnoidènt point le vrai Dieu s'en forment
néceflairement de faux s Un OpufcuIeyAtr lanaijfance & la décadence de nos
êpinions > & quelques autres Ecrits, de même nature » qui marquent un liom-
me bien moins occupé à fe faire un nom par des Ouvrages d'érudition , qu'ai
k rendre meilleur par l'étude de fcs devoirs , & qu'à rapporter à la pra-
tique tout ce que fes leébures & ks méditations Lui avoient fourni de lu?»
mieres pour (à propre fanâification»
C É T o I T dans cette même vue qu'il s*appfiqua tellement à la lecture des
Ecritures & fur-tout du Nouveau Teftament , qu'il le favoit pre(quc entiè-
rement par cœur ^ ^ & que s'étant habitué a foûligner les endroits qu'il vou- h IB. 2^^i^
loit éclaircir , il le relut fi fouvent, qu'à la fin il n'y avoit pas un feul mat
dans fon Exemplaire qui ne fut amCi foûligné- C'eft ce que l'on remarqua
aufli dans un Exemplaire de l'Ancien JTeftamenty auili-bien que dans ion
propre Bréviaire & fur-tout dans le Pfeautier : ce qur montra l'application,
avec laquelle il avoit médité les Livres faiats , & taché d'en pénétrer le Icns y,
comme la feule fource dans laquelle on pût s'inftruire fiirement de la puretd
de U Kpli^ton y ôc qu'on ne pouvoir négliger (ans courir le rif^ue de donnes:
* •• •
xLVi VIE DE U AUTEUR.
dans Terreur ou de tomber dans la fuperftinon. Telles furent les principales
occupations- de FrA-Paolo dans fa retraite , & dans le repos dont il jouit par
la (îilpenfion des divifions de Ton Ordre & la fubftitution d'autres per(onnes
à (es emplois , ju(qu i la grande querelle de Pattl /^ avec la Répuolique àt
Vcnife , (ans laquelle fon mérite tout éclatant qu'il fût eût été beaucoup
moins connu , faute d'avoir trouvé une occa/ion aÛêz propre i déployer (âl
lumières , (es talens > (on intrépidité & (à religion.
Ce fut vers le commencement du xvii (Jécle que s'éleva ce différend, au-
lïb. p.114. quel quelques Décrets du Sénat de Venilc donnèrent occa(]on. * Par lepre-
.Oaer. Ai mier de ces Décrets, la République avoit défendu (bus différentes peines de
Paolo V. jjA^j^ j^j^ (^5 £jjt5 (j^js la pcrnîiflîon du Sénat de nouveaux Hôpitaux oa
^* *^' Monafteres, ou d'y éublir aucun nouvel Ordre ou Société. Par l'autre on
renouvelloit un Décret fait en mdxxxvi , qui défendoit à tous les Sujets de
l'Etat de vendre, aliéner , ou di(po(èr d'aucuns biens immeubles en faveur dti
* Ib p. 1 j Clergé , fans permiflîon. ^ Vers le même tems le Sénat avoit fait cmpri(bn-
A »4* ner quelques Eccléfîaftiques coupables ou accules de crimes énormes , & pré-
tcndoit s*en attribuer la connoiilance. Pad V venoit d'être élu Pape en mdcv.
/ Ib. p. x5* A peine fiit-il (îir le Saint Siège , ' qu'il crut ne pouvoir (buffrir fans fe desho-
norer , que la République fit de telles entrcprifes fur les prétendues Immu-
nités Eccléfîaftiques , & qu'il réfolut de faire révoquer Icfdits Décrets , & de
fe faire remettre les prifonniers. C'cft ce qu'il fit demander par fon Nonce
m Ib. p. 30. au Sénat , qui refufa l'un & l'autre. « Sur ce refus , le Pape fît expédier deux
Brefs datés du 10 de Décembre , l'un au Doge 9 & l'autre à la République,
en forme de Monitoire pour les obliger à (e foumcrtre. Les Brefs ayant été
nlb. p. 54. *rcmis par le Nonce au Sénat , ^ la mort du Doge qui arriva alors en fit ren-
voyer l'ouverture jufqu'aprcs l'élcAion du nouveau , qui fut Léonardo Do^
nato , deftiné auparavant Ambadadeur à Rome pour accommoder ce diffé-
rend. Ce fut une des premières chofes fur laquelle on délibéra , après le choix
du nouveau Doge. Les Brefs ayant été ouverts alors , le Sénat , après avoir
pris l'avis de pluficurs Jurifconfultes & Théologiens, fit déclarer au Pape :
• Ib p. 4 j. ° Qu'il n'avoit point pafle fon pouvoir dans les Loix qu'il avoit faites ', qu'en
les publiant, il n'avoit rien entrepris fur les Immunités Eccléfiaftiques ; qu'il
ne croyoit avoir rien fait qui méritât les Cenfures ; & qu'il efpéroit que Sa
Sainteté , pleine de piété & de religion comme elle étoit, (c défifteroit de
(es demandes , ic ceueroit d'inquiéter la République par l'Interdit dont elle
la menaçoit.
C fe T T E répon(e , loin d'adoucir le Pape , ne fervit qu'à l'irriter \ Se Tin-
flexible opiniâtreté de ce Pontife rompit bientôt toutes les mefures qu'atH
roit pu prendre le Sénat pour accommoder cette affaire à la fatisfaâîon
commune. Ce fut même en vain qu'on envoya i Rome Pierre Dnodo pour
Ambadàdeur à la place du Doge Donato. Ni les prières ni (es rai(bns ne pu*
rent rien gagner fur l'elprit de Paul y qui s'aigritibit par la réfiflance , &qui
ne pouvoir (ouffrir qu'on donnât la moindre atteinte a fes prétentions. Ainfi
t Ib p. 714 chacun ne pçnfa bientôt qu'àfou(cnir t^ droits à toute rigueur. P4#^Pnayafic
VIE D E U A U T E U R; xivn
po amener les Vénitiens à Ton point , publia le 17 d'Avril mbcvx tm Moni-
cpire violent , par lequel il ordonnoic au Doge & à la République de lui re-
mettre les deux Eccléiîaftiques prifonniers > & de révoquer les Loix dont il
fçplaignoit> à faute de quoi il les déclaroit excommuniés > fi dans vingt-
Znatre jours , à compter de celui de la publication du Monitoire > ils n'obéit^
lient à Ces ordres ; & il foumectoit tout l'Etat à l'Interdit , iî trois jours après
les vingt-quatre ils perfiftoient dans kur défobéiflànce.
L E Sénat, (îirpris & indigne d'une telle conduite > crut ne pouvoir pren-
dre de meilleures mefures pour ramener le Pape, qu'en montrant autant- de
fermeté que ce Pontife montroit d'opiniâtreté & de hauteur. *i L'Ambaflà- ^ Gacr. <S
deur Extraordinaire de la République fut rappelle immédiatement , & TOr- ?^?J1* .
dinaire licencié peu après. On fit défenfe à tous les Prélats de recevoir ou de P* ^ 7"
publiet la Bulle du Pape , & on ordonna à tous ceux qui en avoient des co-
pies, de les porter aux Magiftrats. Le Confeil des Dix ' ayant fait aflcmblcr ^ ^' P- ^^•^
çn même tems les Reâeurs des Egliiès Se les Supérieurs des Monafteres ,
kor ordonna de cominuer à célébrer à l'ordinaire k Service divin nonob-
ftant rinterclit , & leur fit défenfe de fertir de l'Etat (ans permifiion. On dé-
libéra enfuite fur k panî qu'il y avoit à prendre par rapport au Monitoire y
»& le Doge par un Placard du 6 de Mai ayant déclaré le Bref du 1 7 d'Avril. * ^^ P->**
99U yinjufle y & contr élire i tomes tes règles de Vicfmi & de la raifiny, dit qu'il
étoit réfblu de k fèrvir de tons les remèdes dont avoient uie ùs prédéce£>
&urs contre les Papes qui avoient abufè de leur autorité , Se qu'il efpéroit
3ue les Prélats & Eccléuaftiques continueroknt à faire célébrer k Service
ivin à f ordinaire > la République ayant réfolu de perfifter conftammcnt^ 4
dans la Foi ^ 8c dans le re(peâ; dû à l'Eglife Ro(naine.
JLa [Jupart des Ecdéfiaftiques & des Religieux fe rendirent aux ordres
du Sénat. Mais les Jéfuites ' ayant été obliges de déclarer s'ils vouloient y /Ifi-p^^^*-
obéir ,^ répondircnr qu'ils nepouvoient confèntir à dire la Meflè pendant "^
f Interdit > Se qu'as aimoient mieux fbrtir des Etats de k République. Suc
cette réponfê le Sénat n'béfita pas à les congédier, & ceux de Venife fu«
xent bientôt (ùrvis de tous ceux de kursConfreres qui- demeuroient dans
les Etats de la République Les Capucins r^ à, l'exception de ceux de BreiTè o/Hii g^ioo^
k de Bcrgame» ks Théatins>& ks Réformés de S. François, qm d'abord
«voient paru àifpo&s â ne point obéir à l'Interdit >. ayant changé de réfo-
ktion à Finftigation des Jéfuites , lurent également bannis^ Se le dernier joue
dv terme fixé par le Bref, k Sénat donna un ordre général à tour ceux
qui voudroient obfêrver l'Interdit , de k retirer. Cet ordre ^exécuta d'a-
motd allez tranquilkment. Mais quelques tumultes arrivés en divers endreitf^
|ar Its intrigues & les déclamations des Jéfuites , donnèrent occafion à un
nouveau Décret du 14 de Juin , par lequel il flit ordonné 'que ces Pères ^I&s>ih5)».
fcroknt exclus à perpétuité des Etats de la République , Se que ledit Décret
ae pourroit jamais être révoqué», à moins que fa chok ayant été délibérée:
en pkin Sénat ccmipofé de clxxx perfonnes , ces Pères n'euffent pour ks rag^
lelkc cixiq^paus des. voix en. £x ^ c'e&ràrdire oudi^ aombre. desi.cixxx. ^ '
XLriii V I E D E L* A U T E ir R'.
L £ Pape , qui avoir cru étonner la République par Ces menaces, ÔC y jet-
ter la confuûon par Tes Cenfures, fur i'urpris de la fermeré du Sénar & de
la rranquilliré des Peuples. Plus il fentoir Timprudence de (a première dé-
marche, & moins il voyoir comment il pourroit s'en tirer avec honneur»
/Guer. dt D'abord pour intimider les Veniiiens x il fit montre de vouloir armer, 8c
Paolo V. folliçita quelques Princes de joindre Ces forces aux fienncs , afin de tirer rai-
p. i4>t 311 fQjj jg la République, qui s effraya encore moins de fes préparatifs que de
^^^* fcsCenfures, Se qui fe mit en état de (c défendre fî elle droit attaquée.
Mais CCS apparences de guerre n'allèrent pas plus loin que les menaces *, 8c
tout fe termina à des Ecrits qui fe multiplièrent bientôt de part ôc d'autre »
& dans lefquels chacun travaîUoit â juftifier Ces démarches aux yeux du Pu-
blic , 3c à faire condamner celles du Parti oppofé.
A peine l'Interdit contre la République avoit été publié , que chacun
prit parti pour ou contre , (clon qu'il étoit affcété. Tout ce qu'il y avoit de
*It.p.i03. Savans en Droit & en Théologie s'intérefla dans cette querelle -, * & , com-
me Fra-Paolo le rapporte dans THiftoire qu'il a écrite de ce démêlé, «» vit
avant le moisi Aom une Armie Jt Ecrivains en campagne.
L £ Noble Antonio Qjtirini Sénateur parut des premiers , en publiant une
favante Diflcrtation en faveur des droits de la Séréniffimc République. Deux
Jurifconfiiltes anonymes publièrent auffi vers le même rems une Lettre
adreffée au Pape , dans laquelle parlant à lui-même , ils démontrèrent la nul*
lité de fon Bref & l'injuftice de fa conduite. Enfin , fans parler de plufieuts
autres Ecrivains qui s'engagèrent dans la défenfe de la même Cau(e , Jean
Marfilli Prêtre Napolitain & Dodeur en Théologie Ce mit auflS fur les rangs
par la publication d'tme Lettre anonyme, fous le titre de Réponfi etun Doc^
tew a la Lettre irni Amifwr les Cenfwres , &c. Le célèbre Cardinal Bellarmin^
qui trouva ce dernier Adver(àire digne de lui, lui répondit avec toute U
chaleur dont il étoit capable. Mais fa réponfe ne refta pas long-tems fans
téplique de la part du Dodteur , qui repoufla Ces fophifines non par des in-
veétives femblables à celles du Cardinal , mais par de (blides argument >
dans une nouvelle réponfc qu'il y fit fous le titre de Defenfi de ^an Métr^
Jilli en faveur de la Réponfe aux huit Propofitions , &c.
On juge bien que Fra-Paolo , que la République avoit choifi pour fbn
Théologien & l'un de Ces Confulteurs , ne demeura pas (pecîbateur oifif de
cette dîfpute. S'écant apperçu de la confternation où l'Interdit avoit jette les
efprits non- feulement des peuples , mais encore de beaucoup de Sénateurs ,
il fe perfuada qu'il étoit de fon devoir & comme Citoyen , ôc comme Théo^
logien de la République, dediffiper certe terreur mal fondée, en failant
un jufte parallèle de l'Autorité Pontificale avec les droits des Souverains
« dans leurs Etats. Ce fut dans cette vue qu'il compofa l'Ecrir publié depuis
peu d'années en Hollande fous le titre de Droits des Souverains défendus con*
ire les Excommunications , &c. mais qui dans llt^lien eft intitulé, Conjolation
de rejprit pour tran<jmlHfer les confciences de ceux cjui vivent bien , contre les
frayeurs de interdit publié par Paul V. Ce Traité, dont l'Auteur de la Vie
de
V lE I> E L' A U T E U R. XLrt
9e FraPdoto ne parle point, apparemment parce qae n'ayant été écrit que
?(Hir ru(àge du Souverain , il n*a pas jugé â propos de le faire connoitre ) ce
'raicé, (fis-je, (èlon TEditeur, précéda tous les autres» & ce qui me fait
croire qu'il conjednre jafte , tr'cftque l'Auteur après y avoir dit qu'il auroit
im vrai défit de confbler les Grands & les Petits, ajoute : Qsfil m crépit féu
^ifilfk à propos de rendre pMic tom ce tp^d étvoit à dire fier cène matière y pîr-
rr ijiu le Prince & le Sêt/et dévoient penjer différemment fir cesfirtes eté^Mtres i
& tiH^il Jèiêhéiitek yne ^epeu de conjitls fik r^ervé cemme le trifir péirtiadier dm
Prince , peur 9eux4à Jeds ^ui étaient k la tête des paires , & fHifiutroiem s'em
firvir en tems & lien. Il patoit donc qu'il n'avoit encore tien publié fur cette
conteftation. Car fî les autres Ecrits eullcnt déjà paru , quelle néceflîté de
faire un myftere de celui-ci» qui ne conctnoit que les nuuunies répandues
dans les autres ?
Mais après avoir travaillé pour le Sénat » Fra-Paolo jugea qu'il n'éroit
pas moins néceflàsre de radarer le peuple » & de pourvoir par ion inftruc-
rion à la tranquillité publique. Ceft à quoi il s'occupa d'abord * pat la tra- a Vie del
duâion d'un petit Traité de l'Excommunication» compofif autrefois par Ger- ^' P*olo,
finj qu'il publia en Latin Se en Italien avec une Lettre anonyme i la tctc , P* '^^'
où il exhortoit les Prêtres k faire leurs fon6Hons fans craindre de rien faire
contre leur devoir. Cet Ecrit fut au(fi-t6t condamné par l'Inquifition » 6t -
BeBarmin voulut appuyer la Cenfure par des raUôns qui ne firent qu'en dé*
couvrir la feiblefi » avant même qu'on fe fut mis en état d'en découvrir
l'abus. De peur cependant que ces railbns ne fiflènt quelque imprefllon fuc
'quelques eiprits trop prévenus en faveur de l'autorité des Papes» Fra-Paotë
né carda pas â y oppo(èr une réponfe fous le titre d'ulpologie pour Gerfin^
où (uivant pied i pied le Catdinal » il juftifia (ans réplique & la conduite
des Vénitiens & la dodbine de Gerjm.
L B s e(prits étoient trop animés poiu: (è rendre â Tévidence » & l'on vie
bientôt plufieurs Théologiens venir au (êcours de BMamun 8c du Pape ,
quoiqu'ils enflent défapprouvé l'imprudence de (a démarche. Mais la Ré-
publique nereftapas (ans défenfeurs» & FraPaole ^ oppo(â bientôt auxtlb.p.i|^«
nouveaux Ecrits de Barenius » de Bovie » & des antres » un Ouvraee intitulé ,
Cenfidérohûns fur Us Cenfitres de Pad V , où il ne laillè rien à déurcr fiir cet-
te matière. Car après avoir prouvé par l'Hiftoire & par l'exemple des Royau- . *
mes étrangers » que la République n'avoit rien fait dans (es nouvelles Loix
que ce -quelle avoit toujours été en poflc(fîon de faire» & Que ce qui (è
jpradquoit dans tous les autres Etats » il montra la nullité du Décret de
Pmd V ^ premièrement par le défaut de citation » & fecondement par le
défaut de pouvoir dans le Pape » dont l'autorité s'étend aux feules cho(ès
(pirimeHes. Il jnftifie enfiiite la conduite de la République dans la juri(clic«
non qu'elle prétendoit fur les Clercs. U attaque enfin la prétendue infailli-
bilité du Pape » & prouve que loin d'appréhender une Sentence ou une Ex-
communication injufte > le Prince & l'Etat doivent s'y oppofer de toutes
feors forces.
Tme I. g
L VIEDEU AUTEUR,
C€T Ecrit y aufli rccommandable par (à niod(frarion que par la force dm
raiibos ^ Tcruciicion donr il cft rempli » ^colc fcul capable de cerminer la
iii(puce , â les prcvcoôoDS écoiem fulcepcibles de conviâion. On y répon-
dit çcpcodaïKt maU oo ne le réfuta pas'i & le P. Fidgtnce compagnon de
Fr4^Pêd$ acheva de confondre les défen^urs de rimcrdit par un Ecrit bi-
tkulé , Difi^[i di$s C^nfiSrjuiomJiêr Us Ccnptres de Pétsd ^, dont tout le fond
^pojàxùcBt à notre Hiftorien» ielon l'Auteur de fa Vie. Il eut aufli la prind^
pale pa^ix aa Traué de l'Interdit publié au nom des fept Théologiens de It
{ÇépubU^ue » & dms lequel oo prouve en xjz Proposions , que ca Interdit
4to^ canne toutes les Loix; que les £cclé£aftiques , loin d'être obligés d'y
déférer» «e le pou voient faire fans péché i 6c que la République en dévoie
libfolttiiiCTtt empêcher l'exécution.
CEPENDANT , comme on vit bien à Rome que l'on perdoît pins qu*on ne
g^W par la multiplication de tant d'Ecrits > on y crut que le moyen le
plus câic«cc pour en arrêter les imprefliens étoit d'en rendre fuipeâs le^
Auteurs 4 £c de les faire cenfurer comme Hérétiques. Ainfi , après avoir fair
GondfinQer par le Saint Office l'Applogie jpour Gerfin^ ks Confidérarion^
fur \t% Ceninres de ?éudV ,6c le Traité de rinterdit » comme cootenans d»
PAop^Eîoos téméraires I calomnicuTcs » fcandalcalès 9 fëdkieu(ès, fchifinar
dqiies » erronées » ic hérétiques , FréhPaolç fut cité par un autre Décret dg
% o d*Oâobre une vi » fous peine d'£xcomnuinicarion> i comparoitre per-
(oMM^lkmcfit pour fe juitifier des excès 6c des hécéfies dont il étoit accufé».
On loge bien que les Rondins eux-m&mes ne comptoient pas qu'il dut (e
i Op. dî P. ^^^^ ^ i^ citation. Il en rapporu ios raifons ^ dans un Manifefte daté d<r
Pac^o^T.f . 2f de Novembre qu'il adreua au;c Inquifitenrs »2c malgré lequel on ne laiflà
pas de prononcer la Senteaœ dont on l'avoit menacé. Mais il n'en tint non-
plus de compte qu'on enavoit tenu de (es raifbnss^ â Fréh Pdolê an fû^
phu bsï à Rome » cela ne contribua qu'à le faire plus rc^âer Se plus
çfttmer à Venifè Se dans les paù étrangers , où l'on approuva autant 1^
conduite Se les nuoimes des Théologiens Vénitiens » qu'on-y coodaoma celle
desRomaifiSL
RiiN en effet n'étoit pins faux & plus nréjudtctabk à l'Autotité Civile».
que les pnnt;ipcs fur ieiquels leurs ThéoTociens avoknt taché de juftifier
d Guer. di Tlntepclit de Péd V. Les Chefs â quoi iê céduifoit leur doârinc écoient : ^
YisAo V. I . Qpe la PuiflTance Temporelle des Princes eft (bumife & fubordonnée i
f> ^^^* la Puil&uce Ecçléilîaitique. x* Qge le Pape a lie pouvoir de priver les Prin^
ces de lepoi Etats pour fautes commises dans te Gouvernement ^ Se même
fans qu'ils ayeat commis aucune faute > ii cek eft utile au bien de l'Eglifè*.
5 «Qu'il peut décharger leurs Sujets du ferment de fidélité» Se memelef.
obliger ï prendre les armes contre leur Souverain. 4. Q^'il a toute autori«
té dans le Ciel Se fur la Terre ^ qne toufi les Princes font fcs Su/ers & fê$.
Vaf&ux ». qu'iteft le Monarque temporel de tout le Monde» que tons les.
Princes peuvent appeller 4 lui > & qu'il peut leur donner des Xsîvi Se abro«
g|cr ks leurs» y^ Que les Immunités £cc£éiiaftique$. ne viconcnc ppioc dc: 1%
VIEDEL* AUTEUR. 1.1
ccmceffion des Pdoces » maifrqa'eUesibnr de Dioic Divin, ou du moins de
Proie JBccldiaftique. ^ Que les Clercs ne Tonc point fujets aux Princes > me»
«le en cas de crime de Léfe-Majefté , 8c qu'ils ne fbnc fournis aux Lohc que
d*ttne manière direâîve. 7. Qji'fis font Juges de la ^uftice des Loix , & qu'ils
lie doivent aux Princes ni taxes ni impôts. &. Qge le Pape ne pent (è troixH
per » qu*il a laffiftance du Siinc-Eferît > ôc qu on eft obligé crob(erver (es
Seaceaces juftes ou infuftes; jk Que dans les doutes on doit s'en tenir â la dé-
^lararion du Pape \ 8b que quand tout le monde jugeroit que Cou avis eft faux,
cm doit le iuivre ^ 8c qu*oa pccheroit en ne le fiiivanc pas. i o. Que le Pape
eft on Dieu en Terre » que la Senctaee 8c celle de Dieu font la même choie,
ope c'eft'le m&me Tribunal , 8c que douter die fit puidànce eft autant que
douter de celle de Dieu» ii. Qjicxieftreindre aux dio^èS' (pirituelles l'obéif-
iânce due au Pape, c*eft^la réduire 4 rien. ii. Qg'ilétoit nécc&itc .de n-*é«
ttbtir Tautoricd du Plape que pen à peu-, pour ne point effittouchec les Prin*
cesconvertis » & pour tei attirer peui pen par cette' tolérance, C^^ Maximes
6a(Iè», inCcnCécs , raonftrueu(ès , itibyerlîves de tout Gouvernement , de donc
pluiieurs font autant de blafphâmes , dont les anciens-Papes eullènt eu autant
4'harreur , que les modernes en ont paru jaloux.
Lts Ecrivains Vénitiens en(êigtioient au contraires: x. Que Dieu a établi
deux Gouvernemens dans le Monde , l'un Spirituel 8c l'autre Temporel , tous
deux indépendans l'un de l'autre *»& que Dieu a remis le Spirirael aux Apo*
cies 8c le Temporel aux Princes , fans qu'ils doivent s'immi(cer dans les af^
fiîres les uns des autres, x. Que le Pape n'a aucun pouvoir d'annuller les
Loix des Princes (ur le Temporel , ni de les dépoter 8c décharger leurs Sa»
ÎPtS;dtt ferment de fidélité-, 8c que cela eft contraire aux Ec^imres* 8c aux
exemples de JefiiSoCbrift 8c des Saints. ).. Q^ cf eft une doârine f^dirieufè
Se facrilége^ d'enfêigner qu'en cas de difpute entre les Princes 8c le Pape ,
celui-ci peut les attaquer entrahifbn ou â force ouv^ecte , 8c abfoudre ceux
€ui fe révoltent contre enx. 4. Que les Immunités Eccléfia^aes viennent
4c la libéralité des Princes & non de la Loi divine » que nonobflant toute
œmdoo, le Ptinee a tout pouvoir (br lesperfonnes^ & (iu: les biens Ec-*
défiaftiques^tlans une néceâité^ publique; 8c qu'en cas d'abos, il peut rcvo«
qner ces Immunités. $. Quele Pape n'cfti point infaillible. ^*Q^ quand il
prononce qoelque Cen(kre contre- les Prinœi^, fi- cette CcnTure paroit in*»
)«fte» ils peuvent & doivent en empichec Vesécuticm. 7^ Que l'Excommu^
ucacton contre desSouverains,. ou coonae la multitude ,,cft pernicieufè 8c
(âcrilége. t. Que lenomd'obéiflaBce aveugle inventé par JgHéici di Lcj^aU
a, été; inconnu â l'ancienne Eglife , esspofe: a»: danger d'offenurr Dieu, n'ex-
cufe point de oéché ceux qui font fiikl vies, 8c n'eift propre qu^ exciter des
i2ditions« Ceft an makmen de ees maximes que fe bornèrent Fr4-PW9 8c
lis antres Ecrivams de la République ; 8c Iota de les accufer d'avoir pa(^
les bornes d*une juftir défèide ,t il^me fêmUe qm les Kcmiainsaur oient dû.
Içnr avoir quelque ob%srio& de laiflcr encore beaucoup phis d*aotorité
aux Papes qu'ib. n*cB.8voienr ea damvlespccmiefs'tems^^ SàabtQt indtftinc-
irt VIE DE L' A tJ TEU It.
' temcnr toute autorité aux Princes dans 1-adminiftration de» afTaifes^ÈMM^
fiafliques , quofqu a la réfèrvç du droit de juger en matière de Doârine> 00^
de la di(penfàtion du Miniftere de la Parole & des Sacremem> on fâche qu'ils^
ont toujours été en poflfcffion de faire des Loix fur dififeretKes n»atieresde.
Police EcdéHaftique , & que k pouvoir de rEglifè en ce genre a preiquo
toujours été fubordonné â celui des Princes%
Autant qu*étoient oppofëes les maximes des* Romains 8c de» Vénitiens y
autant y euc-r( de diffirence dans [es mantercSé Car tandis que les premiers r
dont les Ecrits etoient remplis de Propoiicions infènfées te de Principesperr'
nicieux & fubver(ifs de toute Autorité légtrime,.accal>loiens leurs adverfai-!
"^ res d'injures groffieres , & ne les traitoient que d'Hérétiques » da Schifmaf^
tiques > 8c d'Excommuniés ; les Vénitiens renfermés dans les bornes d'uno
légitime défl;n(è ne ikent fentir deforce que dans le poids de leuts rai/bns-»
8c con(crverent d^aiUeurs toat le refpeâ poâîble pour le Saint Siège & mè^
me pour la perfonne du Pape , fims jamais s'écarter des régies les plus étroi*-
tes de la blenfôance. Cette difSirence dans les manières auili-bien que dan»
les principes K>urna tout-à-fait i l'avantage de la République, dont la con-
duite fut approuvée dans la- plupart des Cours etvangeres^ aulieuqu-on y»
condamna nautcment tes prétentions exorbitantes & les mauvais artifices,
des Romains, qui ne r<fpondoieot au3& raifbns que par des calonmies ou de»
Çenfures.
Le Pap&, qui (ènroft tout le préjudice que lui hiCàit une telle conduite r
vit bien que n'y ayant rien â gagner par ce qui Ce publioit en faveur de fap
Caufè , Se qu'au contraire le Public fc dcclaroit de plus en plus contre lui y
il falloit chercher à terminer ta contefbtion d'une autre manière. Il prit
donc le parti d'obtenir s'il- pou voit pnr négociarion*, ce qu'il n'avoir pu»
obccnit ni par menaces ni par perfîianon. Mais la difficulté écoit qu'il no
rouloit pas fair« les premières avances^ de peur de paroitre- condamner fàp
propre conduite , & défavouetles prétentions, abufives qui avoient fomenté
le Schifme de pluficuts Royaumes >& qui pou voient le faire naitre dans touo.
# YihdelP. le refte de TEurope, comme l'avoit infmué un jour i Fra-Paoto^* le Cardi-
S. p^ 52. nal £^//4rjR;i;i lui-mcme. te Sénat de (on coté, qui connoifTbit toute la juf^
rice de fa caufè & la régularité de (c& démarches, ne vouloir pas fè faire*
donner te tort par une fàuflè politefle ;,& quoiqu'il: fouhaitât- la paix- aufli;
pafHonnément peut-être que le Pape, il ne vouloit pas fàcrificr fbn honneur:
ec encore moins fcs droits â ce defir. Ce fut une àss principales difficulté»
qui retardèrent la réconciUadon ^ âc ks-Princes qui fe rendirent les Médian
teurs furent obligés pour rapprocher les Parties de prendre fur eux le$:;
avances, 8c d'ouvrir ainH U voie à un accommodement.
Cb fut Henri W qui en eut tout l'honneur , & à qui le Pape en eut la prin<^
rîpale obligation, quoique la plupart des Princes de l'Europe euflent cher-»^
ché à s'en Faire un mérita fbit. auprès de tady£<m auprès de la République..
£]|^,^^^.^^ L'affaire cependant ne fe termina: qu'après une afiez longue négociation ^
mais beaucoup plus i la gloire de8;Ycmtieos.qu'à celle du Pdge> qui ne.ra%-
fOÊU^it toptefoettcdirpure que la r^puparion d'homme haut ^.entreprenanr ^ ' .
^ s^i^. ipcapabl^ de tcun^ieclu^norablemenr imc ÊiuIIè ' *
^coit propre a la. faiise*^
; Sans encser dans le dScail de coures lés dilEculcds qui Ce renconcrercnc
dans le cours de çè^ce oégoçiaiiqaa parce quelles (on ten quelque force écran:
gères à la- viç dc^Fr^r f 4«/<?,. je me concernerai de marquer ici les conciiciOns
ai^xquelles fi^c. conclu racçommodemenr. On coavinr donc :. 8 i. QuelQ j; Guer. H
Cardinal ile/f^^ij/;^ employé par Hen^ifi^ pour rcrminei; cette atfaire, ^^^^ V*
4éc4areroir à^fon -encrée dans. le$énar , que les Cenfiires. écoient levées ^ on P* 44^*-
qu il les levoit; & qu'en.m&me cems le Doge lui remecrroit en main la. ré»
vocation de la Proteftation. .2» On régla la manière dont les. prilonniers (è>-
s^ienc rem^ rentre les mains de 1* Ambaflàdeur de Franç6<.j. On accorda
qU*à L'esfception des Jéfuites & de'quatarze.aucrespecrdnnesqut^epcnom-i
inéès ^ lef ï^igîe^x qui/avoien& été- bannis. de 1^ République fetoient réca-^
blis. 4.:Û/ut convenu ; qp'pnine feroic aucune mebtioq de la teçtre^éciîte
aux ReÂcurs , & qu'on révoqueroit fimplemeht la Proteftationpar un Écrit
qui (êroic imprimé après que les Cenûices fèroienc levées. 5 • Les VenitienS'
promirent ,.qu'auffi-tot après ils envoyeroienc iin Ambailadetir àRome, qui
régleroit amiablen^ent avec le Pape to^s les^au très Articles. On convint en* *
çorç, qu'il nç feroic poinr dréflé d'Ecric d^ r^çcotninodement ,.mais que dç 7 ' '
part & d'autre on ù contei^teroitj:éciproqueinent 4cs paroles qui aurôierfç .T'.v
^té données^ On.dretfà en i^eme^tsmsi'A^ 4e «Toc^ de la Pix»r^fta4 .
fion, fur laquelle il n'y eue d'autre diÈcultéquc fur cas paroles ,, ^^y^^ ^Vf-i-^^^
fMf Us Cenfitres éioiem livées^en reûurm laJPr^teflation > à la place deiquelles . . '
k Cardinal de /«yrij/r infifta qu'on mit félon la voloncé du Pape , ^qtton révû-
quoit la Proteflation ; ce qui fut accordé , comnie de nulle confcqucncc.
. Q<9Fi<^£ peu content* q0c fût.le Pape decetaccommodcment qiii. étoii Mb^pH53^
tout à rhonneur de la République 9 jl fallut bien y confentir.^dans TimpuiA.
lânçe où il Çt si% d*obteni( des. cpndkîons plus avantageiifès,.^& dans la^ .
crainte d être abandonné des Médiateurs», (ans lefquels il ne pouvoit pas te-
nir contre les forces- des Vénitiens. Il (bufcrivit donc à. tout » & non con^
tent de recevoir gracicufement l!Ambairadeur.Cof;/iir/«i, à q^ ilne parla
que do l'oubli du paflS, ^ îLeçyoya un Nonce à Venifcpour marquer. fafîn- *Tb.p\^ji^,
cérité à la République. Ainii finie cette défagréable afEairc^ q^i fans lesibins
qu'on prit pour la rermit^erar.eût pu avoir: des fuites. facheufes pour Rome >.
& après qu'on eut licencié de part. Se d'-autrelcs. Troupes qui avoicm cté h^
vées , tout parut Kétabli fur le premien pied \ & 1 .on ne pcn(a plus de la parc
du Sénat q(i^ calmer les agitations paUees ,. en rappellant ceux qui avoient
iié bannis^ & en dédommageant le Wpe des mortifications que lui av oie
caufee cette affaire,, par, des. marques de. compbifance & de.tcfpeâ: donc
}L avoir toujours été jalouxi
; MAisRome n^oublïa;pas.fiaifiiment;iceuf que.le^Sénat avotc emplovéa*
||€ur la défend de fon ancoTÎté & de iês^roits *, & la réconciliation ne izi^ ■ ^
W^ qi^U cpyvxic.tta cc^ènKimjenc qui éclata xkguia dans pkis d'uno occallôm^r \. -.
ix^ VI E Dg t'-A tJT UXSK.
IFra-Paol. i Trentâ-&r£cclK(îâ(fiques f6ù9 divetfr pvétexvâr Aitem rab^ri^jM^An eli Aft
Dec. il^o^^ ^tns tcnis,,<Faucrc9 bannis, quelques-uns mémé'envoyéstfirt'Gîlbres » Ac'la
& dû fo ' nioindrc punition fut l'exclufion des Dignités auxquelles euflènr pu préteB*
Mars 140 p* dre ceux qui n'avoicnt d'autre raifbnjyour les empêcber d'y parvenir, que
le pani qu'ils avoientpris pour leur Patrie centre le Pape. PvwPmU^fCOiatf'
me le plus habile de. tous ceux qui aroient écrit en* faveur d^Wniriens^,
fut aum celui qui fut leptus-en burrc i la'fatine'& â ia^ jahulie'dfcs^RoniaîoRi.
Choifi par la République pour (on* "lliéofogiefr , Bs, l^amc de nmi» les con^
(cils qui s'étoient pris contre Rorae^ ii avoii^ ttm bie<i (ÔBeemi angoûr du
Pape la Cau(è dont on lui avoir coniSé^ta défm(e,poiir qu'on-lui^pardon-
nat aifèment ce qu'on regardoir comme- une (brte de rébellion contre l'E-
glife. Auffi ne ftir-il pas- long-tems ùxA éprouver les tfkt% dû reflèntiment
que l'on avoit conlèrvé comre lur ; 6c la paix ne (ervi t qu'^ l'expofer plus
infailliblement aux jpiéges qi^rni lui tendotr, par la' (ëcurité ou il ccojpair
être, 6c le peu de défiance que-fr droitofe^lui'kîflbit prendre des tmen«
rions de (es ennemis.
Mais quoiqu'il eût été compris nonmiément dans l'accommcKilement de
la.Riépublique , on ne pouvoir lui pardonner les coups- qu*il avoir portés â
fyiVicdelP.rautoritéduPape^, & des Fanatiques s'étoientperTnaiés, » qu'il n> avoir
Paolo , f. que du mérite à fê défaire d'un homme accu(<i 8c condamné d'Héréue 6c de
i€o ^ i6u révolte contre fEglKè. La choie eff d*âutanttnotns (ûrprenanre , que vers ce
n Lete. de même tems un Jéfnire à Rome-avoir publié un Ecrit " pour prouver , mn^il
Fra-paoto eft permis & memi mkrnohre- de fi dtfmn-^ de énultpee mmiere ejm ce fmjfteire ,
au II Dec. imeperjonne excommuméf par le Pkp^i 6c il étoit a(fts probable que cet
'^^^* Auteur n'eut pas avancé une pareille doârine , s'il eût crainr d'en erre dé-
favoué.
Une maxime auffi meurtrière ne ponvoit qu'armer le Fanâtifme desfinix*
zélés, 6c l'on trouve d'ailleurs aflez d'indices pour fe periùader que le Fa*
nitifme n'eut pas (èul part aux attentats qu'-on fit fur là vie de Frd-Péiêle.
n fut averti de différens endroits de (e tenir fur (es jardes ; 6C Seieppins dans
• Vit.delP. "** entretien qu'il eut avecbi â Venifc *» , ne lui dimmula pa» qu'on en von-
Paolo, p. * loit ou à (à liberté , ou i fa vie. L'événement montra mez qu'il ne parloir
t 4* pis (ans connoidànce. Cependant FrÂpadff^ qtti>(e repofirit avec confiance
nir l'accommodement auui-bien que (br la droiture dt fesdémarches, vi-
voit dans une fcfcuiiié qui donnoit â (es ennemis la fiieilité d'entreprendre
contre lui ce qu'ils vouloienr; & ils ne manquèrent pas d'en profiter. Reve-
• Ib.p.i?» ^^°^ ^ ^^^ Monaflerc T le(bîr dti 5 rfOétobre Mocvn , (ix- mois après l'ac*
êL 17Ù commodément , il (ut attaqué par cinq a(ra(Ens armés de ftMets^ dont il re-
çut jufqu'â quinze coups, fl n'y en eut que trois qui* le bleflèrent, mais
d'une manière fi dangereufè qu'il (ùt laifië pour morr (îir la place. Cepen-
dant par un coup de la Providence aucune des plaies ne (è trouva mortelle,
6c il échappa comme par miracle i: un tel danger. L'on n'a^amats fu bien
f lb.p. 171 certainement qui avoit procuré l*a(}affinat. Mais % la retraite des aflàifins
êL i'j€. thez le Nonce , Iqir réception à Ferraix 6t dàns-d'âorres endroics de
VIE PE VAUTEUR. îv
nut Ecctéfiafiiquc , l'argeiic couché par eux en différais tems i Ancone &
ailkurS) formccenr de fi vîolens (bupçoos contre la Conr ck Rome, qoe
Fré^PéiUê lui-m$me m:, pQC ,s'empêctier ca mUlMr de dire » que cela iènroic
bien lêfi^€ gamMB*
Cl ne fîic pas même la iêale fois ^ u'oo atrenu à & sic. On dccoarrit ' ^ Vit Jet
fvelque tems après u» autre îoc:rigi»e encore, plus ccisisneUc, cn^ ce qu'elle ^* ^^^^^ »
4coic conàiùuwLt des Coninsnas mêmes de dç Pore» qu^on avo« corromms ^'e^^*^ jj, ^|,
•po«r le faire aflaifincr la nuic daosÀchambct >doQc oo avoir entrepris d'à- mov. Uos^
voir de faiUles clés. La cbofi: découverte |M(r «ccsdcnr^ fut coofiarée par & du 30
ks lettres que Ton CùBt. Mm 00 kwftsL Taffake > de peur de donner du ^^^^^ ^^^•^
icandale ) âc tout Teffirtqne cela prpdnifit > iîit dVngager le Sénarà prendre
de plus grandes préçaatioos pour la cooicrvation d'un homme qni n'étoit
devenq odiemc que pat (on ^sék fiom: le fervioe de ià Patrie » 4îc d'd^Uger
Fréhi^^Uo kiKmeiW ^ a'iotevdke doiéMvwi tmc conraerce avec ceux qnî
lui étoient jncomms s moins copendant^arorattlîDé, que de peur jde donner t
de nouvelles occsânis iueùz qui Je imfibioDt d attenter iur«Be vie» à la*
quelle la Kép^Uique pKooit £eaoconp phis d^iiKérêt , qu'il ne (êmbloit tn
prendre lui-même, lùk cela nVmpecba f9$ qu*on ne ât encosc de nou-
velles tentatives» (oit pour i*fenlever > fok pourie taer v' & ie Cardioà}:^^^ ^ y ^^ j^|.p^
J4rmm bû-meme k At avérer 4e^£è ceoir.âir ibgasdes^ fins qne les difirarès paolô
qu'ils avoieot leucs enlêmhk au Àjet dcfl'Uxiesdst enflent sien dinûmié de *» n i
Peftiffle ^'ilâifpk dei=k4riUi/!ps& tm^âoK^ÛKr dcsanojirens ad&cri- ^^^ ^^ «
mipels que ceux que l'on prenoît pouiib ^fime d'un £ grand hoimne. ^^^ ^^^ ^
OTCMnAHT> quelques indioss que l'on eue que tesKomatas avoient beal^ '
coup de part â cous ces complots^ ils cacbetcut d'écarter ces ibupçons en fe
vengeant Tur Ica auifiucs mêmes de l'a&iZiQat • du mauvais fiiocès de kurs
enveptifts. Us firent donc anieeer < Psmm Chef dies affiiffins de Venife dans » Vit. del F,
k Palais C^Umm, oà ion fikfut bkfle moitellemenr.eo k dé£endmt^6c P^olo, p»
où il fur pris. ftiKPWféprHbaniet â CivitarVecchiav nàil monmt.^ ^ '^Le A
bannit k P^A£dffif^J$iy(fn fur enfiute ealèrmé dans la Xour de Nona. Pa- ^^ n^V.%
ré^^ un autre desmeutinerss fiitanffi emptifianné» Sitamê fiit tué patries an u Dec*,
cnnemia» Se un cbquiemcfîit décapitéi PéKxik. Ainfi périrent prefque tous i*^oS,.& dm
•ceux qui avoicntcu parrirooe fi diàeâabkancreprik *» A: quoique ceiutrotts '^ ^^'^
d'antres prétextes^ lWfie|NS^t a'empèdicr dr recoonoitre la main de la ]uf^ ^^^^
tice divine (ur des malheureux qui fiirent punis par cemd-mêmes dont ils
.avoienr éfiéle&inArmncnsvâ^quinep^tMroienr fiautenir-les reproche» qtie:
:kttr fuioieotcQS ftékcars de m'cvoirpasiéoé pajrés auffi Hhérolementqp'on le:
:kur avoir fait efyéxer. Mats quelque ioio que l'on prir â Rome pour détour-^
ner lcsfi>ttpçDOs.qtte cesicomphôs avoient fait naître» k Public eut peine k
k déaomper; ^ c3onunc>.klDn la maxime du Dust , oekuk-Iâ eft cen& an-
Kurdnonmeqniai recirc Eavanoy ^ oc ne put fe pcrfiiadcr quequicë Atr
i^ut.vouhiattemer diâ mcd^ad homme qd fl*af«ir dîaticre» ennemis -^^^
:ttttx de kRémbtiqne^^ccn'é^OMnt çcuv^mâmsa^ s»^ei|: é^Ofentûit'Vai
4SQDina«firQb%»ntdepccndû;^Q^ /»
* • I '
Il tû i croire cepeQidati(,-:qaô'^^ue ces tcrcneats fe ISlIeDr prâlTfii
Caufc du Pape, on ne riftfttuHeicfas;de!î mefurâ^énminellcs 8c desnioyétts
3» Vit. del bas qiie l'on eraployoit i ce deflèin. Il eft certain; an moins , « -qae Péutlf^
P. Paola, étoic fort adouci â l'égard de Fra-Paohy 6c que revenu de (es anciennes pré-
^ **7" ventionsy iltie pouvoir loi refufer le témoignage <i'homme jqfte, prudent,
& fincere^ comme de Ton c6r<i ce Peie' reconnoiflcnt y ^e lé Pape avoir d^
E>{c lamauvaife volooréqu'H avoir eue contre liii-, 6c îMui ^haitoit ntie
ngue, vie , de peur de trouver d^aût«es *dii(pofitions dans fen- Succefleur';
.comme il arriva en e&r, pui(âue pb&urs années après , Grégoire XV di-
foir » qu'il ne pouvoir y avoir de patx<entre le S^nt Siège & la République t
tant qu'elle (ê iêrviroit du nnniftece de Ftâ-PooIo. Mais s'il avoir des enne-
mis à Rome^ il j avoît auffi àt% tléfen(êurs. Des Savans 8c plufieon Cardi-
naux même ne nouvoieRe-s'emp2chertfe faire parokre pourki <le Teftimc,
& BelUrmm malnré its dictes avtc notre Auteur (èpkdgtlôir ouvertement
jfib.p.ftis; t qu'on eâat fÎMt upeudecas^un fi gtandlidknttie, & 4]fi'on ne l*bût pas re-
tenu à Rome, où n eût pu être très-utile en Km procoraRt quelque avance-
ment ou cpidque dignité qui l'eut attaché aux intérêts 4e cette Cour , 6c qui
l'eût engagé par ce motif a eo maintenir les prérc^rives 6c lesfrétentiom.
Mais quoiqu'il foit aflèz douteux fi ion amour pour* la retraite & pour
Tiitude lui eût pcnnis Jacoepicr des poftes y «où il eut eu tanr de peine a fi^
. .dsfiùre fur cela fis inclinations; iltft bim-certain du moins 4^e ^ialhr^Fti-
' ; denceièmbia' ménager l'indifFérence ^'bn lui nioBera à RoilMi ;pôur le
rendre plus utile au PnbKc par les fervkes <fat'û œndit i fa Patrie » 6c par les
<xcellens Ouvrages auxquels (k fi>litudc lui donna dccafion de s'appliquer ;
fiir-tout depuis que confiné » pout ainfi dire, au dedans de fon Montiftere
pour éviter des arreotats pareils i ceux que l'on avoir faits fiir fa vie » fit pru-
dence 6c les confiSlfl de tes amis l'obligtoîent de vivre avec plus de réierve»
& xlc ne pas Vexpofer témérairement an Fanatifme ou a la trahifon de ceux
4{ui fc^rdcmnenr toutes fortes de crimes fous prérexre de Relieiôn.
&Ib.f.i33« Gb rut dans cette (brte de ptifi>n volontaire qu'il compofa d'abord * fit
Relation du Diffiitend de PaidF avec la République de Venife , qui fur acfae-
vée dès la fin de wocvii, comme il paroirpar une de (es Lettres à Mr. GroJUt
<dii onxe de Décembre de la même années mais qui ne fut publiée que quel-
' ' ' qnes années apnès , pour ne pas rouvrir une plaie qui étoit encore rrop ré-
nento 9 âc pour latèèr aux è(prirs le cems de te calmer. Le détail que l'on y
arpuve de cetceiqnerclle» monrre bien que cette Relation* n'a pu être écrite
:^ue par ime perfi)nne âqni n'avoir échappé aucune des circonftances ;
.x]Uoique la modération qui y paroit nous laifiètoit à peine croire qu'elle
. ait été dreflSe par nn de ceux qui y avoienr éré engagés , fi le même efprit
. dr'icnpartiaUré qu'on xemarque dians tous les autres Ouvrages de Fré^Paoh
:0e (èrvoit de pi^euve que celui-ci ne peut venir d'aucune autre main que de
Ja,fkfnne. En.etfèt ».qttotq«'tl fut l'ame de la République en cette affaire, 6c
x^ùc jciefi ne Ce publiât .fans kiotu que pâc hii\ à peine eûr-on fil qu'il y a eu
u moindre pm « fi rtiittoricn tic (a Vie n'c9(k eu foin de nous apprendre oe
qu'il
î
VIE DE L" A U T E U R. ira
u^il a afFeâé de taire» & ne nous eue doimc par-là une preuve auffî force
e fa mo Jeftie que de Ton habileté.
La an de cette conteftation ne fut pas pour lui la fin de (es travaux , & il
ne Te fervit de Ton repos que pour s'appliquer à quelque chofe de plus gé-
néralement utile pour le Public. Il y a voit long-tcms * qu'il avoit commcn- * Vit.dcl P,
ce à recueillir tout ce qu'il avoit pu apprendre de l'Hiftoire du Concile de ^*^^® »P'
Trente. Dès le tems qu'il avoit étc à Mantoue, la connoi({ànce qu'il avoir ^^^*
liée avec Oliva Secrétaire du Cardinal de il/^^ir^i^ premier Préfident du Con^
cile fous Pie IV ^ lui avoit procuré la facilité de s inftruire de beaucoup de
Sarticularités de cette AfTemblée. Mais loriqu'il eut tourné fon application
u coté des matières Ecdéfiaftiques , la libre entrée q^u'il eut dans les Archi^
ves de la République, ^ Se les Mémoires que fès liailons avec les Errangcrs hLetAn i%
lui procurèrent, le mirent bientôt en état de nous donner une Hiftoire fid-» J«ill«i^o*<
vie de ce Concile , que l'on ne connoidbit prefque encore que par les Dé-;
crets qui en avoient été publiés > & qui n étoient que la partie la moins
curieme ôc la moins intéreflànte de cette grande affaire , qui avoit occupé
toutes les Cours de l'Europe pendant une longue fuite d'années , parce que
l'on avoit eu grand foin de tenir (ècrettes toutes les intrigues & les reflbrts
qui avoient donné le mouvement aux délibérations. Que c'ait été unique-
ment par le défir de s'en inftruire, ou d'en informer le Public, que FrdPaû-'
h fe (bit appliqué i rechercher tout ce qui concernoit l'Hiftoire de cette Af^
(emblée ^ on que , comme plufieurs Ten ont (bupçonné , il ait formé ce dcf*
ièin dans la vue de mortifier la Cour de Rome, ôc de l'obliger par cette di-
verfion à (è mettre fur la défenfive au lieu d attaquer les autres Puifiances \
d'eft fur quoi je n*ai garde de prononcer : quoiqu'il me paroifiè plus naturel
de croire, que comme (es recherches étoient antérieures à la querelle de.
Paul V avec les Vénitiens, il ne s'y eft propo(ë autre cho(ê que de mettre
le Public au fait de tour ce qui pouvoit intérefier (à curiofité fur ce point.
Ce qu'il me fuffit d'ob(èrver ici , c'eft que les Romains lui (ùrent encore
plus mauvais gré de cette Hiftoire , que de la Défen(e des Droits de la Ré«
publique de Veni(e, & que cet Ouvrage ne (êrvit qu'à fortifier les foup*
çons que l'on avoit déjà pris de fon penchant pour la Réformation, & ae
les préventions contre TOrthodoxie Romaine.
Le Traité des Matières Béncficiales « fut encore un des fruits de la retraite t Ojp. Je!
de ProrPû^U , & dut apparemment fon origine aux recherches que lui don- P-P* T. j.
na occafion de faire la conteftation de la République avec PaiiL V. U eft
VtM que WuSimm <* prétend que ce Traité e(t du P. Pdgemt & non point i^Lctt.Cric.
du P. Péud^ ôc il fe fonde fur ce que le Manufcrit que Mr. Thivenoî avoit N. E.^. )^
apporté d'Italie portoit le nom du premier. Mak deux raifons m'empcdient ?' ''^^
de foufcrire à fon opinion. La première, que l'Editeur de ce Traité l'attri-
bue po(itivement à Fra-P^io. La fccondc, que dans (on Hiftoire du Con- . .
cile de Trente notre Auteur y a in(eré divers morceaux , qui fe trouvent . . «
inoi pour mot dans le Traire des Bénéfices. Il faut donc <|u'au moins le
ibnd de ce Traité (bit de FraP^iolê i & £ le P. Fulgcnçt y a eu quelque parc,'
Lvm VIEDE L'AUTEUR.
ce ne peut ccpe que celle d'avoir danné quelque ordfe aux mar^naïuc €ps$,
avoienr été recueillis fur ce point par (on Maure»
Le deileio de ce Traité eft de fair^: voir pau queb moyens TEglitè eft de«
vcf^ue aiainrefie de il grands revenus > & les abus qui le font introduits dans
la dirpodrion qu'on en faix. On y voit par quels degrés & quels moyens U
corruption s.*cft glillce Se augmentée dans l'EglIiiè y Se comment ces biens>
qui ne kûavoient été donnes que pour la (ubiiftaace du Clergé & leibo-
lagement des Pauvres , occailonnerent le d<«cégieffient des EccléiiaftiqueSi
ôc no fèrvirenc onfiiite que d'aliment à leur cupidité. On y trouve un détail
des excès quife commettent dans la Collation des Bcnéâces, & de la Simo*
nia icandaleuib dont les Collareurs Se les. ^néficiers fe rendent coupables.
On y remarque fiiv^tout l'adrellè avec laquelle la Coxk de Rome seitatti-^
fée la Collation do tant de BcoéBceS) & les proiks immenfes qu'elle retira
db cette ufurpaicîoa. En un mot l'Auteur y a ttaité fa matière avec tant d*or^
dtte, d'éruditioQ, & de zélé, que ce ieul Ouvrage donneroit une haute
id0e de b capacitd & de laprobiré à^Era-Paot^^. quand, il nauroît pa^>
lai^ d'aMjtres monumens de la religion Se de Tes lumières.
L'kXAiMs de- tout ce qui concerne k nutier^ de la Juri^îdkion Ecclé Ga&
tiqiie fur difTcreos points», conduiiir encore ccPece à une autre recherche»,
c*o(t-^diro, 3k Taucorité de rinq^ailinoit > Se ayant eu ordre du Sénat de
di(curec i fond cet article > il compofale Traité ctmeux qui s'en trouve par<-»
evit. dclp. ™^ fes.Oeu¥rcs. « Aprè& y avoir rapparcé d'abord les LqIx ditfcrenres quo
P.p. 139* k- République avoit fuites. de tems à autre, pour régler les procédures da
Op. del P. QQ Tribunal , il donne une Hiftoire abrégée de fon inftitut ion > & de la ma-
■ ^' niere donc il avoir éré introduit à Vcnile aux inûances de Nicolas JP^'ctu
MccLxxxix« Comparant enfuite la manière dont il avoiic été reçu par laRé>
publique avec celle dont il avoir été ad'.nis dans diautces Etats » il en coo-
oliid que rinquifition de Venife cft indépendante de celle de Rome> &;
dépend uniquement du Prince, l. Parce: q^ les Rjéglcmens fàjts pau Innç^
cent IV & les- (ucceffeurs n'onr jamais euheu. à. Vcnifc. t. Parce que ceLTxir»
bunal n*y a point éoé intcoduir en vertu des Balles des Papes,. mais en verri^
d*iin- Décret du Sénat. 3. Parce que Nicolas If^ n'a fait que donner foo^
confêntement à ce qui avoit été réglé par la République. 4. En6n , parca
que c'efb elle Se non le Clergé: qui fournit à Tentretieo & reçoit k s profits
qui en reviennent. Telle eft* la condufion de. ce Traité , donc l'on voit bteoi
par confëquent que le but eflrde faire voir > quel'autotrité de rinquiHcion àr
Tenifc eft entièrement ibbor donnée à. celle du Prince, & que leslîpix dj&lar
République a cet égardjie (ont rien moins qu'une encceprife itir l' Autoriia
BccléHadtque.
CfST à-pett-prè^ dans la.même vtut, quefutencorccompoiEë fon Traité..
/Ib'p*i3Sir df^Drûivdfs Afyley, ^ lirécrivitauxIoUicitarion^dun Prékc,. donc il ne
Op. lû nous dit point le nom , poirr fixer lamaniece done-on dftyoi« procéder dansi
ces fortes d'aSbtres^, & pour remédiei: aux abus, que le zi^le:fuperJftitîeuxrpouet
!»• défont^' do Im»i4PMésiAad(^affi<gtt&,awiifJnirw
/n
VIE D E L* A U TB UR. ut
faciles les crimes les plus énormes dameitroiwt impunis. L'Aoteut y rap-
porte d'abord les Loix des PritKrcs Se les Canotis Eccléfiâftiqucs qui con*-
cerneoc les droits des ^Jyles , & montre enfuite quelles régies on doit faiv^e
dans cette matière pour contilier ce qae Ton doit à k Judice 8c au Bieh
public 9 auflî-bicn qu'à la Reli^on. Ceft dans cette vue qtfil examine ^
•I. qacls font lei lieux quidmvent fervir ni^jfjyksi i. quelles font les pcr-
ibnnes & les crimes qui doivent jouir ou h9h de la proleftion des j^fykst
j. de quelle manière on doit retirer des jljyles ceux dont les crimes ne kiir
donnent aucun droit d'en mériter la proteébion. Ceft dans Pexamen de et
dernier point fur- tout ^ qu'il remet tout au jugement du Magiftrat Laïc,
auquel il donne le pouvoir fiôn-ftulement de juger des cas qui méritent on
non la protedHon des Afylts^ mais auffi d'en recirer les criminels pat A
ptoprc autorité, fans avoir befoin pour cela de celle des Evêques.
C& (ont-là les fculs Traités de Fra-Paolo fut les matières Eccléfiaftiqûes >
ât on y difcerne pab-tout beaucoup de fens, d'érudition ic de fegeflè. QueK
ques mauvais hioyens qu'euflcnt pris fcs ennemis pour le calomnier ou \t
pcttlre, une fagc modération s'y découvre pâp-tout, & on y voit toujours
tm homme parfaitement maitre de lui-même , & qui fans rîeh donner ati
reflènrimenc (ait facrificr fcs paffions aux vues du Bien public, & ne cher»
cht à (ë venger de$ injures qu'en travaillant à rétablir tes cho(ès dans l'or*
drc naturel , dont l'abus de laurotité les avoit rirées. Supérieur â (es ad-
ver(àires par la juftice de la Caufc qu'il avoit à défendre , auflî-bien que
par its taiens , à peine faurions-nous l'acharnement ic la violence avec la*
quelle on Ta atta(fié , (\ les Ecrits de ks ennemis ne nous inftruifoient et
leuts excès & de fa patience» L'injuftice avec laquelle il avoit été traité nt
k fit jamais foulever contre la Puiflance légfrime , 8^ fans s'attaquer a Tau--
roriré Acs Supérieurs , il fe contenta d'en remarquer les abus , & dlndiquet
ks moyens de rétablir l'ordre primirif , cohimc le plus naturel it le pltl*
parfait. Ce fut k (es avis que fut dû le re(peét avec lequel le Sénat fe défeti^
dit contre les entreprifes de PmU F^i & toujours renfermé dans les bornes
d'une défenfe légitime , il trouva moyen de maintenir les droirs de fa Patrie ,
uns entreprendre (ur ceux de l'Eglife. Ceft pat ce fagc tempérament qtfîl
prévint IcSchifme que les Romains étoient prêts d'exciter -, & fi Ffa^-Pnàh
n'eût eu plus de modérarion qu'ils n'^voicnt montré de prudence, Paul K
"eut bientôt fait nàkrc en Italie une révolution aufti funefte à fes intérêts,
4jue celle qu'avoit produite en Allemagne la diftribution fcandaleufe des In-
dulgences (bus LéM X»
OoTRR les Ecrits préèédens , qui ne concernent que les marier es Ecclé-
/iaftiques , on a encore publié deux autres petits Traités de Fra^P4âlo Ctx
d'autres points, tous deux poftétieuts â la querelle de Paulf^tvtt les Vis-
fiitiens -, l'un fur la manière de gouverner la République pour afTurer la dit-
*ée de (on Gouvernement •> l'autre, qui eft une conritïuatiôn de l'Hiftoitfc
des VJcoijHes commencée par Miftnci9 Afimtci A rchcvêque de Zéira j & pour-
fitivicpat a0tre Am«ur depuis l'an m a cm i ju(qu*câ iioc^vi. Gc dermer
hi;
• tx V I E D E L* A U T E U R.
^Op. ^d Ecrit $ n'cft proprcmcnc qu'une Relation des difFérends de la Mai(biT d*'Aa*-
P.P. T. j- friche avec les Vénitiens > qui vexés par les incucfions des VfiocfHes foutenus:
des Officiers Iniperiaux, ufcrcm de r-rpréfailles fur les Siijets de l'Empereuc
iitués Le long de la Mer Adriatique >& vengèrent les maui de leurs peuples^
par ceux qu'ils firent fouSrir aux Autrichiens.
Pour ce qui regarde le Traiié fur la manière de gouverner b Républi<-
t Ib. T. 4. q^ie , il conilile propremenr en deux parties. ^ La première contient les Loix
que doit fuivre le Scnat pour le gouvernement de ùs Sujets. La (éconde
concerne la minière de traiter avec les autres Princes , & indique quels font
les intérêts rcfpedlifs de U République par rapport à: chacun d'eux. Quel-
que court que Ibif ce Traité» on y découvre un génie né pour le Gouver*
nsmcnr, & une grande profondeur de Politiques non de cette Politique cri»
minclle & artihciv-ufe qui tend ou à adervir les Sujets > ou à s'aggrandir par
ropprclîîon de fcs voilins, mais de cette Policique fage qui tend irendrCL
les peuples heureux par de (âges Loix>, &âs'ai]urer contre les troubles da
dehors par de judicieufcs Alliances ménagées à propos pour prévenir Itk
trop grande pwdance de certains Prmces, dont la (upcriorité & le pou-
voir (oar toujours pernicieux, ou du moins crès. capabUs de troubler le re-
pos des autres^
C'est là tout ce que nous avons d'Ecrits de Fra PéMlè qui ayent été pu-
bliés. Mais comme il fut employé depuis le tcms de l'Interdit jusqu'à la fia
de fa v-e,. c'eft^d.-dire , pendant ûize ans entiers , à L^pondrc à toutes fortes
de confultations publiques d$f particulières ,.& à donner 'on avis fur toutes
les afFaites d'Ecar que le Scnat eut à décider de foti teilks^il n'y apasliea
de douter qu'il n'ait lailfc beaucoup d.autres chofes ou manufcrites ou im-
iarfaites> qui. faute d'avoir été achevées par l'interruption que kvi cauloient
;s aiFaires publiques» n'ont pu être recueillies ou communiquées au Pu-*
blic,qui par-là s'en eft trouvé privé.. L'Auteur de fa Vie nous parle entre
i Vi^iclP. au^'^^s * d'un Ouvrage yîrr lapHijfwe ik s Princes , donr le plan qui étoit cn-
B^p. i42it fre les mains da Noble George Contarini^iiott tn ccvi Chapitres ,, dont it
n'y a» eu que les trois premiers d'achevés. On a publié aiifli quelques Re-
marques de notre Auteur fur la Relation de l'exat de. la Religion.du C heva*
lier Sandys >. mais qui ne s'x!tendcnt qu'à, quelques-uns des premiers Chapi-
tres^ & il y a apparence qu'il a laifié beaucoup d'autres^ cnofcs de même
nature , qui faute d'avoir été finies, ont ttt négligées ou font reAécs encre
lesm.iins de fes amis.: En effet ^ conftammem appliqué à la mcdirarion ou
à la lecture dans la retraite où il étoit coi:ifiné depuis /onaiTàHinat , il eft im->
l^ofliblç qu'il n'ait laille une infinité d'ob&rvatiôns par écrit. Mais diArait
ar les affaires publiques fur leiquelles il ne fe prenoit aucune réfokition
s fonavis,. auifi-bien. que par 1^ commerce de lettres qu'il, entrctenoic
avec lesErrangçrs & fur- tout avec les François > dont ibavoit adopte les
principes for l'autorité des Papes Se fur 1 indépendance des Princes de toute
Suillànce Eccléfiaitique » il eft allez, naturel de croire qu'iK ne finit aucua
40liX^ Quviagp coaudérablc j que cciu qjie UoéceiCrd l^avok obligé ^
t
■y •
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VIE D E L' A TT T E U K. tXF
compo(èr pendant ou dcpais les di(putes *, & nous ne voyons point en effet
par les lettres ni par l'Hiftoire de fa vie , qu a L'exception de Ton Hiftoire du
Concile de Trente, que DeDominh (èmble même faire entendre qu'il avoit
rcloiu de fbpprimer > il (ê foit propofë de publier autre chofe que ce que ia
conteftation de la: République de Venife avec Rome y&c les ordres de les Su-
périeurs, Tavoiest forcé de laiilèr ibrtir de (es mains»
Ce s t sL cette conteftation que futent dues les liaifbos qu'il prit avec les-
Trançois y. Se c'eft le commerce de lettres qu'il entretint avec eux ^ & fur-
tout avec ceux^ d'encre eux qui étoient Proteflans, qui a donné occafjon L
Ces ennemis de le foupçonner d'avoir été lui-même tout-à^fait Proteflanc
dans le cœur. Pdlarjtcin > fur quelques extraits de ces lettres , l'en accufe ou-
vercemems &c Mr. Amelattichzdz l'en juftifier enprétendant , qn'iLy a liea>
de croire que ces lettres ont été interpolées > & que l'on y a inféré diverfcs
chofes étrangères, que Fra-Paolo n'a> jamais écrites.>Mais ceci efl une pure
conjeâure, qui neft appuyée d'aucune preuve, & qui lai/Iè à Taccufation;
coûte fa force. Auffi je ne crois pas qu^on puiHè douter que ce &vant homme
n'approuvât réellement plnfieurs des opinions- Proteflantes , & qu'il ne fou-
kaitat quelque fuccès & quelque avantage aux Reformés. Mais c'efl en ce
iens (èul qu'on peut dire qu'il étoit Proteflant dans le cGeur,.& il ne le fut
jamais en tout au»re». U avoit > dit l'Archevêque dcSpaléUre dans fon Epitre
dédicatoire à Jaccfius /, un z^letrès^lincere pour fake ce^r toutes les di-
vifjons qui éroicnt dans l'Eglifê. Dans la (êrvirude où il voyoit leGhriflia-
.Bifme réduit ^ il ieconduifoit f^us par les lumières d'une confcience.droite:»
que par les opinions régnantes, bt cfuo'ujiiU fou^u auec feine cjiêon Jéprimât:
'iropiE^ltfi Romaim /iVtic pou voit iupporter ceux qui défèndoicnt fês abu^.
comme autant de ptaciques louablts.âc faintes. Mais ami fînoére de là vérir
té- — ilfaiioit proftllion de la recevoir & de l'embraflcr quelque part
^qu'elle fc tcouvât. Dkmofirava infe zxUJïncerijfimo che le dhfiordie Eccleji^
fiche fi componeJfero^Jn ^nelU CMtJviuêJertuva in mode , che pero. pik con U rep-
U cottfiienzjty che col cofifhfwe conjuetofi regolaffe^ Et Je bene non uMva volon*-
tieri lefovtrchie deprejfioni dellx thie/À Romana^ nondimenoathorrivaatfca
fiulli che gC éénfi-dejfa.y corne fort e in{titMiti9ii,defendiJjfero. Et nekrimanente-
ttéi délia verftà amico fingHlare^-JCT £ejfa tenaciffimo sonde frofffétva fenzji rifi
petia alcHno tjnelld , d^^un^iue. etlAfoffe , dovtrfi rictvire & attréicciare, llfou*
naitoitdonc la réfoiniatioB des PapeSr & non leiur dcftruâion. Il en vou-^
loir à KuFS abus 3c à leurs prétentions, & non à. leur place II étoit .ennemi:,
de la Supeiflicsony^mab il toléroit fans peine les Cérémonies. U condamnoit.
hi démangeaifûn de. faire de nouveaux Dogmes, & ne (e fai(bit pas toujour»:.
an devoir de fe foumettre a des decifions faites trop légèrement \ mais il
ne fe croyait pas oblige de rompre. de. communion pour4e nouvelles opi-
nions, qu^n érigeok trop indilcrettemcnt en Articles de Foi II s'aflcrviC-
fci< fins répugnance a l'jautoriié dcl'EgWe dans taures Icschofcsde Rie
&de Difcipline', mais ileut fouhakc que les Supérieurs EccléiiafHques.fuilent
Qta$> £uâks 1 relâcher quelque, choie, dda rigueur dcs.Loix.£<DiItnreji tt.
.rxn V I E D E L* A TJ T E 13 K.
hziSïmz la Pcrfifctrrion ; mtb il iiaï(2bic aujfii le SchifiiR. U étcît PpcnoftiSR;»
6 c'eft l'être que de ne pas dcmner aveuglémeoc dans coures les opinions
régnantes > & de condamner librement les abus invoités 6c Toutenus par
intérêt. Mais il étoit Catholique , fi c eft l'être que d'aimer fincéremeiK h
•pureté de r£gli&« que de haïr les divisons , que de maintenir Tordre Oc la
fubordination » & que d'être animé de zélé pour réformer la Religion Qc
non pour la déohizcr. Cétoit dans cette vue qu'il £>tthaicoit l'avantage des
Proceftans , parce qu'il croyoit que c'étoît le iêol moyen de parvenir à une
RéfbnDacioQ , qui en détrtntâni la &perflition tSc cette domination abtt«
;five £ir la Foi des autres , pourroit rétablir la implicite Oc la paix dMS
TËgliTe Chrétienne t & ramener la concorde que la mnlriplicaripn desnour
velles déciiîons n'avoir fait qu'altérer de plus en plus. En un mot , â Timi*
station d'Er^/hu , de Caffmder , de Mr. Je Thon ^ & de pluiieurs autres grands
jiomines » il étoit Catholique en gros , & quelquefois Proteftant en détail.
U obièrvoic de la Religion Romaine , tout ce qu'il en pouvoit pratiquer (ans
ibperftition ^ & dans les choies dont il croyoit devoir s'abftenir par ictia*
f»ole,il avoir un grand foin de ne point (candalifer les foibles. Enfin ^^îga-
emenr éloigné de tout extrême, s'il déiàpprouvoit les abus des Catholiques»
il condamnoit aoifi la trop grande chaleur des Réformés \ êc difbit natn-
ABed«lI*$ Tellement à ceux qui le prem>ient de ie déclarer pour les derniers, ^ qtu
I-ifc > p. 1 7- Dieu ne Im étvoû pas drnni Pefpr'a de Lmher.
Ma 15 à cela près , on ne peur dé(àvouer que fur plufieurs points Fra^PaeU
iie fût fort favorable aux Proteflans, & qu'il n'eût adopté plufieurs de leuts
^Ib. p. X5« opinions. ^ Bedell depuis Evêque de Kilmore en Irlande, & auparavant Cha-
pelain du Chevalier Woum Ambafiàdenr d'Angleterre â Venilê , & confi-
dent des dtfpofidons de notre Auteur , nous apprend qu'il avoir un grand
penchant pour la Réformation, &c qu'il fiit très mauvais gré à l'Ambailàr
deur d'avoir différé de préfenter au Sénat ÏAdmmiùôn du Roi lacmes 1 ^
après la réconciliation de la République avec Rome ; qu'il agréoit fort le
Livre des Commutics Prières d'Angleterre, & qu'il (è propofoit de le pren-
dre pour modèle en cas de rupture encre le Pape 8c les Vénitiens s qu'il s*ab^
mlb. p.ii« ftenoit °> en difiuit la Me({e , de la récitation. des prières qui s'adrefiènt aot
Saints ; que dans les Confirffions, il tàchoit de rerirer les peupfes des abus Oc
des fiiperftitions qui avoient cours dans l'Eglife , & de leur in(pirer de juftes
idées de la pureté du Chriftianifine ; en un mot, qu'il eût fort louhaité avoir
n n>. p. t;« Quitté VeniÎTe pour pafièr en Angleterre , ^ mais que fa fituacion ne lui lai(^
(oit pas efpérer d'obrenir jamais cette liberté du Sénat. Voilà ce que nous ap-
prend Bedell^ Se qui eft a/Ièz conforme â ce que nous favons d'ailleurs des
difpofitions de Fra-Paolo.
En effet on voit par plufieurs de fes lenres , qu'il (buhaitoit extrêmement
le progrès de ia Rétbrmatîon , mais d'une nuniere nn peu différente de celle
ê Lett. an dont on s'y étoit pris pour la procurer. * Tapie beaucoup , dit-il dans une de
1 o J uUl. fc$ lettres , U deffe'm épia Mr. CiUu de met$re oh jour Us Libertés de tEflifi , mm
'^^ pas tam GéUksne > qtêVmverfiUi. ^lehitrt Dim vemil dms çefiicle énindrê
r
V I E D- E; L* A U T E U K. rxim
\é' Tyéumii ^pétr dis moyens fftits dmtx ^ ceux tpimta tfntés par Uptfé. Ce*
lui (jni M commencé dejetter les fondement , na f as fini îomfragt, Qgt fait fi em
çmnmenfatttpay le mit ^ comme on fait k pyéfinty tefftf nenfira pas mediiur}
On pem l* obérer yfi^DieHbmirHenerepr^. Jefirai ravi , dit-U ckms uorc autre ,.
'^dapfrindre qua les patres des Jt^onnest fi raccommodent , parce qm cefi ce t Lett.du £
^il y a de boff dans k monde. JSfom avom ne» jinéaffadiur à Paris , écnc*k en- ^^^ i ^ t' *.
core , ^ f iM cherche a donner lét pli» manfisaifi idée ^d pem^ des affairer des Ré- q Lett. Jii
formti , & cela afin Jlcmpkher scilngens di^ien de prendre Qomragti& il re- 3o Août
Ufut les affaires des Papifirs , ce (fuifait use très-manvais effet ^mau m fijpnu re- ' ' ^'
midiar. Dans plu/teurs autres lecxres qd voie qu'il (c ré)Oiii(lbtt excrémearcnr
de COBS les fiicGè^desRcfbcmés de France, & qujl kur fôuhaicoît de nou^
iMaua a.vaacages > comme atEes au pcagrès de là vérkd La emfervaUm dk
SMly 900 plaît , dk-il', ^ 4> catê/r diifieppart (pi en pewaem recevoir les Mif^rmiu r Lett. àa^
llfatêt ^ les Hê^ncnaos frfaffent refpeSer , & ils feront bien de nejipointlafi *^ I^cc.
Jir de demander y^amant pbts epu tonr a qi^iU ohiesedrom feréo pour Ufirvict ^ '^>
dà Dien^& Fntilitâdn Roi.. Jrfirois tien' aifi de Jkvnir y^^joate^t-il y^ fi /^î/Lctt. duï
Mmic faoforifi Condé, & s*it j^afneéftte e/p^anea ^ InM^ormés obtiennent '♦ A^'^'
ffiâlqms meiHenres c/mdiùans pour les affaires dà Roligian y parce ^ défi ctép»
jfjçedsaiu d!n;antageyperfitadé(fMCGeiafirviroitafaire entrer VEvangUiem
l^b. Caft<V/i( j» aagmrrcemhaiir^ tçm ira bien- poser la: ReUgiott. y, & défi ^^L'ett Jv*
^ Samecrmm ^.MJttijuifitian ceffira, & fEvangiie auraconrr^ Crc^z>nm 5*1^^"^
OAdQÎ&iCdlic aufiacaïvant, ^ iljpa.mfff^andnombrerdhyfocritefreM JktÙo,& nif^^l^^^^ ^^^
foyez, pas fkrpris cfu^ils ferment les yeux a la lumière , pmfqiiils les ont toujours 16 Août,
ftrmèo à\[d>vmié& anvenr MRmAfot.Eam%mQnyil vegacdctc la&éfbnna-^ i^a».
ciâfi- acimme la (tvà moyen diabatâèr Roroe, & Ëafa^iiltmeot de Honw
comme l'unique voie de &ire rcfkurir la: poceté de la. Religionu IL tiyér^
rien de plus effcntiely, dîr-il y^fte dr ruiner k cridk des Jéfmtts. EnUrrui^ xVctt cfà
nant onruine Rome^i & fi Rome eft perdue ,. la* RHiffûn fi reformera, d^- 5]ùiL i^u.
Tous^ces traits macquent nst aflèr gr^md prarbant paur len RéfofmdSr.
S& on obfêrve h n»me ehofe dons ce qu'il dit des prédicatîons dirV^^FuU
ffncOy^doQi il rapporte,. qu'il avoÎD prêché la vérité avec coniiance^ r &j^L'ett;diiT77
qtr'il avoit condamtsé rignorance. de ceux qui fe œpofoicnc dé la- Foi fiir ^^ ^^f**
bspaaoles des autoes y malgré la connoiffiiice: qne chacun-devok avoiir dt ^^^J.
&m propre dévoie. Ceci revienc Lïsw noir ramorté dafns la Vâe.de Bedlrll ,
>*^îrdif que le I?. F/i/j^/»:^ s^énanr demandé dans unSesmon^r^^^ dôêoif- zBeieJfÊ^
jpw lac vérité 9. répoiodk y, ijmd Caooit enfin traufsépy 9i cfiœ vetatix^^m un'Life»p*i^««^
liLT. il' dit , iped loitenoit dwnfiimaim^ >iite/,afbucarC- il rea remet tant rOiH-
uroge dans fa poche, c» Livre^efi^difindu.XLo fnrentxes fortesideppedioatioiis^
qiii tirentque la Nonce n-bmit rir»^ pourf^it^ mcerdire.lrPtédkatcniii^com'^
me Uccéciqnc » parce que» fclcm. la. pkance dt» P^ipr-y c'étotc une cbo(ê iiifV
Biâblqwe db prêcher 1 Eccititce, âs^ qBc^i^étoir vcMoir rainer Ik Foi^Caftbo^
IqiK ,jqtte;dr s-'jjtaccadicrccop can3hemmt..Mai«^ecttropp<»(kiotpdH-N<ikira»:
<gietvifcqBajaekKcc:dawngag».l^
ixiv V I E D E U A U T E U R.
ailuce dans une de Ces lettres, qu'il Ce crouvoic quelquefois à C^s Sermons
fufqu a fix cens perfonnes de la Nobleflè.
C o M M £ ces (êntÛDens du P. Fidgence peuvent (êrvir à nous faire mieux
connoicre ceux du P. Paul dont il les avoir emprunrés,fajoucerai un autre
trait , qui nous inftruira encore mieux des difpofiûons de lun 6c de laucrc
#|Kelat, à regard des Réformés. * Un Docteur fiuncomt^ qui chargé de la conduite
de quelques Seigneurs Anglois fe crouvoit â Venife après la mort du P. Paul ^
y étant tombé malade & paroiflànt tout-à*fait abbactu» ie F^Fulgence lui
demanda la cau(ê de fon accablement & lui offrit tous (es fervîces. Le Doc*
teur avoua ingénument au Père » qu il avoir toujours demandé à Dieu la
grâce de mourir dans un endroit où il pût recevoir le Sacrement (èlon Tu-
lage de TEglife Anglicane, c*eft-à-dire fous les deux Efpeces, & que m^lheu*'
xeufement il fe trouvoit fans cette eipérance dans le pays ou il îè trouvoit.
Ce qui eût été une difficulté pour un autre , ne le fut pas pour le. P. Fêdgence.
Il eut bientôt confolé le Docteur , en lui difànt qu'il avoit les f^çteces Com-
munes en Italien , & que s'il le (buhaitoit , il viendroit lui*mêmé'49€C quel-
ques-uns de Tes Confrères lui adminiftrer la Communion fous les deux EA
peces; d'autant plus qu'il y avoit encore dans /on Monaftere (cpt ou huit des
Difdples du P. Pad , qui s'adèmbloient de tems en tems pour recevoir ainfi
le Sacrement. C'eft ce que le Dr. Duncomh rapporta â Mylord HéUton à (on
iretour en Angleterre, & ce que l'Evêque Anerhitry attefte avoir appris de
la bouche du Capitaine Hmon , qui l'avoir entendu dire plu(ieurs fois à (on
perc.
Mais ces traits & pla(]eurs autres, qui nous montrent les di(po£tions fa-
vorables de Fra^Paolo k l'égard des Proteftans Se (on penchant pour plu-
(leurs de leurs (èntimens , ne prouvent pas qu'il fût Catholique par hypocri-
(le ', mais Gmplement^ qu'il approuvoit ce qu'il croyoit bon & véritable
dans les autres Communions \ Se qu'il n'étoit ni de ces Théologiens rigides ,
<jui faifant confifter TOrthodoxie dans une (bumiflion aveugle à toutes les
opinions de leur Parti , damnent impitoyablement tous ceux qui s'en écar-
tent dans les moindres points ou dans les moindres pratiques ; ni de ces Pro-
teftans zélés , qui croyent que la tolérance d'un abus ou d'une erreur eft un
péché irrémifliole , 8c qu'on doit fe féparer de toute Communion dès qu'on
Y connoit quelque chofe de répréhendble. Ces deux extrémités lui paroil^
loient <igalement vicicufes , Se il crut que le pani le plus (âge étoit de les
éviter Tune & l'autre. D'un côté^ il condamnoic une multiplication indif*
crerte de nouvelles décidons *, & de l'autre , le zélé outré qui préfcroit un
Schidne i la tolérance de c^elques abus Se de quelques erreurs. MMflier
h Lett. du les jHrticles de Foi , dit-il dans une de (es lettres^ ^ &Jpecifier ce ejui ne Vejl
1 1 Fcvr. ^oint dans P Ecriture , ceft donner dans les ohm faffes , en ne laijfant pas dans le
*^^* doHte ce qui y a toujours été. T/ù entendu dire, que les yirticles de Foi font réglés,
& que qui ne les croit point eft un Infidèle ; mais que qui les multiplie & fi fepare
des autres, eft un Seflaire. Mais s'il condamnoit cette extrémité, on voit qu'il
ne défapprouvoit guéres moins l'autre. V édifice de PEglife de Dieu, dit- il
ailleutS|
VI E DE L» AUTEU R. wr
ailleurs, 5 éfuoîtft$e titi par mfig^dnd Architefle , 4 toujowrs cfuel^uis imperfèc- ^ ^^^' <•« 4
nons par le défaut des matériaux. PofirvH ^ne le fondement Joit bon , nous devons ^^"* ^•o^*
tolérer les autres fmaes , & les regarder comme desfoihleffes hiemaines. Dans le
firviee de Bien y diz'il encore,^ je fais ce cpte je fiù^nuùstoitjomrs plein de crainte dljtttÀ^
de faire qiêelfiie chofi hors de/aifàn y & d'empêcher par-làifuel^Hechofe de mienx^ »^ Mai
Le P. fidgcnce fait de même. Noos ne devons pas nous tromper , mais attendre *^^^'
êom etenham.
Ce fut dans des difponcbns fi modérées qu'il paflà le refte de (à vie > &
^u'îl (t prépara infènfiblemenc à la mort. Une (ànté naturellement délicate »
de longues infirmités , une application conftante à l'étude y 6c la fatigue d'un
Caraâere public qu'il eut a fontenir depub l'affaire de l'Interdit > ôc qui
rexpofoit aux entrcpri(cs & aux violences de Tes ennemis > l'y di(po(bienc de»
puis long-tems^ & H envifagea (à fin avec une fermeté & une tranquillité,
qui découvroient l'innocence de fa vie & la pureté de fes intentions. S'il eût
été coupable d'hypocrifie, comme l'en acculent fes ennemis > les approches
de U mort euflfènt fait tomber le mafque, 8c on eut vu un homme inquiet,-
agité, ôc noyé dans les frayeurs Se le c^fefpoir. Si fa Religion n'eut été
qu'un déguifement criminel , & que Proteftant de cœur il n'eût paru Ca«
cnolique que par politique , la mort eût décelé (es véritables (èntimens , 8c
iès regrets nous euilènt inftruits de (ts diflimulations précédentes. Mais rien
de tel ne pàroit dans (a conduite , 8c l'Auteur de ù Vie , confident de (es
plus fecrettes di(pofitions , 8c témoin des moindres drconftaiices de fa morr»
nous fait connoitre par la fimplicité de Ces dernières démarches , que la te*
âeur de fa conduite précédente avoit été l'effet de fa modération en ma-
tière de créance, &non d'un déguifemenc hypocrite qui lui eût fait difE-
muler Ces véritables fèntimens.
Ce fut dans le courant de Tannée mdcxxii , qu'il commença à fèntir lei .
premières atteintes du mal qui le conduifit au tombeau. « Surpris d'une flu* «^it. ici?.
jdon accompagnée de fièvre, qu*il négligea d'abord faute d en prévoir les ^' f* *^'^
confëquences , il connut bientôt à la diminution de fès forces , qu'il appro-
àiok infènfîblement de fa fin. Cette vue , au lieu de le remplir d'allarmes ,
ne fît qu'augmenter fà tranquillité*, 8c tout le changement qu'on remar-
<}ua dans fa conduite , ^fut qu'il s'occupa moins de les études 8c des afFai* /'Ib-P*^^^
les, pour fe livrer prefque entièrement i la méditation des chofes faintcs
& au paflàge de l'éternité. A la rcfèrve dès momens qu'il ne pouvoir refu-
fo aai affaires publiques fur lefquelles il étoit régulièrement confulté , tout . .
le relie étoit confàcré i la méditation & à la prière. Il avoit perdu le goût
pour toute autre chofe s & fl quelquefois , t par un refte d'inclination pour g ib. p«z^f •
les Mathémariques 8c l'Aftronomie, fbn efpnt rrouvoit encore quelque fa-
risfaâion à sV>CGuper de ces connoidànces , ce n'étoit que par une forte
dediftraéHon, qui cédoit bientôt à des réflexions plus fericu(es 8c plus
importantes.
: DetachI aiafi de la vie par Qp long atfbiblif&ment qui le menaçoic;
Tmn L i
le
Lxvi VIE DE U A U T E U R.
d'une prochaine diflblucion , il en prévenoic les momens pat de fréqocti^
liVit-delP^ défirs, ** & on lui encendoic fou vent répéter ces paroles du faint Patriarche
Paolo , Simcon : Seigneur , lajjfvz. aller voire fcrvitewr en peux. Cette paix effcéiivc*
^ * ment Tacconipagna jufqu'aux derniers momens de fa vie >& Ton n'envi(à-*
zea jamais la mort avec phis Je réfolution & de férénité. Mes amis , di-
loit'il fou vent â ceux qui Tapprochoient ^ me voici bientôt à Ujin de mom
voyage \ Se un jour qu'on lui pailoit de quelque affaire du Monaftere: Cejt
à vous y répondit-il ^ ày pen/èr , car pour moi Je n'y ferai plus..
I L alla ainfl toujours en affbibliflanc jusqu'au commencement dt Tam
Xb.p. 300.^ MDCXxiu ) qu'ayant reçu les comphmens de la nouvelle année , ^ il dit
nettement que ce feroit pour lui ia dernière. Il touchoit en effet à (es.
derniers momens. Le ûxde Jmvier jour de L'Epiphanie» malgré l'augmetH-
tation de (on mal y ayant poudé la complat(âncc jufqu'à (è rendre au Sénat».
où il étoic appelle > il en revint routepuifé; & (entant Ton accablements.
â l^ p )ox» Tai tach* de vous confoler , dit-il â (es amis , ^ aHj[i longtems ^tiilm'a hé p^Jfi^
ble i à prifint ^ne je nen fuis plus capable ^(^ejt à: vous à me rendre He-mwe offcf..
Le Dimanche 8 de Janvier il ne làifla pas, tout accable qu'il étoit^
de (è lever pour cdcbrerla Mené; endiite de laquelle il s'en alla > com?*
me à Ton ordinaire , prendre (on repas avec les autres. Mais c'étoiem Ics>
derniers effons d'une nature prefque éteinte , &: qui (c roidi(Tbit contre:
la force du mal. Après avoir étc (urpris ' le Lundi d une foibleflè qui (it craioh
Ib,p 301.. jj.ç pour (a vie ,11 fe prépara le Jeudi à ("on dernier moment parkdemaii^
. de du Saint Viatique , ^ qu'il reçut avec des ftntimcns de foi ^ de picié 6c
^ ^^^^' de rédgnation y qui firent admirer la religion » Se tirèrent des larmes de toua.
les fpeâbaceurs.
PLNi.AKT toute cette (èmaioe y qui ne fvLt^ pour ainfi dire , qnlme Îdat
01e défaillance ,. il ne l'aiflà pas de recevoir (ds amis â fon ordinaire ^
^ les entretenir » de. les con(oler ,. & dcles pr<îparer à une (cparation, qu'ils
&voit leur devoir être très-(ên(ible.. Il répondit même aux con(iilrationa
du Sénat ju(qu'au dernier jour de (à vie , avec une prclcnce d!e(prit q^i noar-.
2uoit la tranqnillité. de fon ame. Le Samedi» qui fut le jour de (â mort^îli
: (Tt celire comme les jours ptécédens Ta Oaûion de Jefus-ChriH (elon S».
'Aïky parla de fcs mi(eres & de la confiance qu'il av^c dans le (àng de:
:li]s-Chiifl: ) donc il releva les mifedcordcs. Se nr croître tant d'hnmi^tér
de confiance > que chacun en fur également édifié & atcendrL
tilbip»|i3«. Lorsqu'il eut appris du Médeçia qu'il ne paflcrott pas la nuit: ^Diem
fiit /#M^, dit-il. f agrée tota.cofêiil Im plàit. Puis,. après avoir pria. quelque:
partie de ce qui luiavoit été ordonné , ^llezrvous en , dic-il<iu P^ Futgencet»
tk g ^ff^ rejk^plns à me voir en cet état.. AtUz^ vom^repojer^ tandis tftà^jie ni en retoetr^
'''^ ^ nerai a Dten ek qtû ttons fommes tous ventés, Au lieude lui obéir » IcP. J^nlget^^
«If fit avertir la Communauté» quife rendit auprès du monraoc pour faire,
ks prières ordinaires, qu'il ne put accompagner qu'en^ e(prit > a-àjFaot plus;
jptiâ que i^ut dite ces j^aialcs^.fj^ ^$Méî^$^cz:éu»itlk.x ce qi^ Vçtit
VIE DE L* A UT EUH.. Ltvti
mtctftéti d'une prière qu'il faifoit poift la con(èryation de la République.
Alors les bras en croix, p & les yeux accachés (ur fon Crucifix, il rendit pyi^ j^p
fime à fon Créateur, Se termina (àinrement une vie confommée dans Tin* P. p. 31^. *
fiocence , employée au bien public , expotbe â Tenvie & à la violence , Se
fidie dans la paix& la li iiplicicé J'une ame jufte, qui fe repofe (ur ia bonté de
Dieu Se rob(êrvation de fcs Loix.
A iNsi mourut le P. Paul le r 4 de Janvier mdcxxiit, dans la (bixante & on->>
sieme année de fon âge , épuiCé de travaux , & comblé de mérites aux yeux
lie ceux qui ne (çaventeftimer dans les hoiiunes que ce qui eft véritablement
cftimable , ;e veux dire , la fcience , la fageflè » 8c la vertu* Ennemi dr tout
ce qui flatte l'ambition , il ne fit ofàge de Ces grands calens que pour Tuti^
licé des autres, & non pour fa propre élévation. Chargé d'in/ures A: de ca-
lomnies par ceux qui défendoient les prétentions de Rome contre les droits
de la République, loin de rendre perfbnali tés pour perfbnalités dans une
itfl&ire où il n'étoit queftion q^de l'intérêt public, & non du fien propre »
il ne fongea pas même à, vcnfk (a propre réputation , déchirée contre
Mutes les loix de la juflice Se de la bienféance. Accufè d'Héréfîe parce
qu'il s'étoit élevé contre des prétentions abuflves, il fut juftifier (a foi non par
varaflervifFemefit flatteur aux vues ambitieufès d'une Cour entreprenante »
m par une fbnmiffion crédule Se aveugle â toutes les opinions que le pré-
jogé aroit érigées en Dogmes , mais par une conduite également éloignée
de /uperftition Se de révolte. Sans iê prévaloir delà proceétion de (es Soa«
teraifis , il ne chercha point à venger les attentats faits fur (à vie ^ & il eut
alitant d'attention â couvrir ces (candales & â (buftraireles Auteutsâlapu-
lotion qa'ils méritoient , que d'autres en auroient eu a la leur faire fuoir.
Relirieux (ans fuperftition , il Ce foumit avec la fidélité la plus fcrupuleu(è
tcoL loiic Se aux pratiques les plus aufteres de la Difcipline , (ans y mettre
me confiance pré(bmptueu(ê ^ Se quelque prétexte plaufible que lui of^
6iScnt (es infirmités Se (es occupations pour s'en di(pen(er , il (e m toujours
Qoe loi inviolable de sy (bumettre , aatant peut-être par la crainte de
£»idalifer les fbibles , que par l'idée qu'il eut de leur nécef&té ou de lettr
perieéfcibn. Auflî dur pour (oi que charitable pour les autres , il ne s'accor-
da jamais d'autre plaint jque celui qu'il recevoir de la fociété de Ces Amis ^
te (es mœurs furent fi pures , qu'il ne donna pas même la moindre pri-
tt aux (bupçons , quelque attentive que fut la malignité pour en former
à fi>û préjudice. Sopérkur par fon mérite aux Dignités , il pafia par celles
de (on Ordre (ans les avoir ambitionnées % Se dédaigna de s'élever à d'au-
tres par des complaifancc^ (erviles, ou par de^ moyens encore moins hono-
rables que h complaifiince. D'un défintérefiement à toute épreuve, on n'o(a
pas même tenter u fidélité pour fa Patrie -, ^ & dans le tems que par des f Lett. iu 6
ptomcfic^ Se des efpérances on travailloit efficacement à cof rompre ceux I**^^* *^^^«
que laRérablique a^^it chargés de la défenfe de (es Droits , l'opinion tf op
contme de (a vemi àca même jufqu'à l'cavie d'y porter des attaques , loin
iij
xxvm V 1 E D E L' A U T E U R.
de laiCTer la moindre efpérance de la vaincre. Modefte juiqu'au (crupiilc>
loin de drer avanc^gede Ces calens pour s'en élever aux yeux des autres > ce
n'eft qu'à la grackude de (es Amis qu'on doit la connoiflànce de les progrès
dans différences forces de Sciences > & des décou ver es qu'il y avoir faices^
toujours auffi facile à communiquer ce qu'il avoit appris y qu'indifférenc i la
Sloire qu'il eût eu pour lui d'en êcre reconnu pour l'invenceur. £n(êveli
ans une letfaice à laquelle Ton incUnatioiv l'accacboic aucanc que fa profe(^
£on, U fur également ea forcir locfque fe& fervices furent nécedàires à à
Patrie, &sy renfermer avec pUiûr lorfqu'il n'eut d'aucres mocifs pouren
iorcir que de vivre plus, au large, ou de s'émanciper de fon écat. STil parut
quelquefois dans (es écries un peu trop de malignité ou de fatire , c'eft
moins une faute en lui^ qu'en ceux qui Ty provoquèrent par leur malice >
j& lui en fourairenc tant de fujets par leurs.maximes & leur conduire. En ua
moc y s'il oe fut pas (ans quelques dcfaucs ,, ils furent légers, & efiàccs par de
grandes vercusv& puifque Rome dans le fore de (à colère n'eue à lui objeâer
d'aucre crime que celui de (a réû(lance à fcil|précen rions abuiives , l'accnfa*
l»on de vienc fon éloge y Se pour canoniser ù, conduite il ne faut d'autre jufti«<
ficacion que celle qu'il reçoit de (es ennemis^ >
, Qu A N o on ne le connoitroic que par ks Ecrits , on ne pourroir (e for-*
mer de lui qu'une grande idée. On n'y rrouve poinc , â la vérité , cette
pureté d'élocutioa ou cette élégance de flyle , qui fait rechercher un Livre
par le (èul pUifir qu'ily a de le lire Mais en< récompenfè on;y voit utLacr^ uw
erdre^un choix, une précHion , & une érudition pUcée &à.propos,.qu'on. ne
peut prefque fe déftndre de pcnfer comme l'Auteur. Jamais homme ne fut
mieux digérer une matière, &la repréfènter dans fon vrai jour. Ceft um
Auteur qui plait fans afTcâer de chercher à pkirc ,.q]ai raille fans groffiere*
té , oui triomphe, fans infulter,. qui fans (è parer d'une 6u(Iè drudicion , en^
iâir placer par-tout une. véritable v qui eft libre fans libertinage >.& circoni^
fcSt fans KypocriCe *, q^i attaqpe fans colère y. Se Ce défend fans anKrtume su
trop éclairé pour Cs (bumettreà de fimples prjéjugés ,.& trop retenu pour
s'^ilever contre les régies ; qpi n'écrit poinr par la vanité d'étoe Auteur om
de fe faire un nom , mais pour le plaifir de fervir le Public ou* de lai erre;
i|tile 'y également verfé dans THiftoire (âcrée & prophane ; afl^z jnAruit de»
la Théologie pouren-cennoitre le véritable ufagc^ât; enméprifer.les (vbti^*
lires vfi au fait des Loix & 4c U Pifcipline ancienne , q^e Iqs abus pcéfcnsne^
ppuvoien& liû en impofer ; également éloigné de méprifct les Ëeres* Se dei
Wregarder comme des Ora^cles infaillibles y& contenant dans ccttcmefure^
de (àgede qui (ait ignorer fans honte tout ce quILae. nous appartient, m ne*,
nousinupojte de connoitre,.& quincdonnt point fés i^agit^rions pour:
autant de vérités qui fadènt pairie de la R^ligiotv; aïïèzimpartialpour laccî-^
fier les préjugés.dp Parri à la vérité , Se a(Ièz na^ddré ppur Qcpàs épou(êr uw. ;
9ar(i contraire , parce. qu!it ae pouvoit approuver tout ce qui Te faifpk dans;.»
lE;iieJDk;.caunjD[ipt)^uii hQnHxie:qaiiàictcmf ui»)}|fitmilicu.^^
VIE DE L* auteur: ix»
.«fil Mpofifes ^ Catholique 9 fans ruperftkion Se fans fervinide;^ Réformé,
.£uis ichifme Se fans excès s ne rcjcrcant pas le bien , à caufe de quelque mé-
lange ic mal î con<lamnanr les abus > fans condamner les pratiques ou loua»-
;t>les, ou indifférences 'y ennemi de tout e(prir de domination, fur la foi des
•jaucres > fans être ennemi de la.fnbordination *^ oppofé à la perfëcution , par-
,çc qu elle eft oppofîî elle-même à Tefptit deFEvangile -, ne montrant de zélé
«que pour la vérité, & d'attacbemenr que pour la vertu v 8c donnantà tous
les Auteurs un modèle parfait de lamaniere dont ils doivent écrire , & de
l'atrention qu'ils doivent avoir de ne point affoiblir leur caufe 6c leurs rai<^
fons par utt mélange de perfonalités > qui ne montrent que* la colère
4'un Écrivain , 6c non la jufticc ou la folidité des opinions dont îLa pris ja
,défenfe.
;.T£L fut Pr4*P4o/tf dans iès Ecrits ):&Fèftime qu'en ont toujours fait les
Savans, montre bien qu'il, n'y a riend'exagéK dans le jugement. qu'on ctt
vient déporter., Cen'cfl pas à dire pourtant , qu*il n'y ait rien abfolumcnt i
cenfîirer dans fès Ouvrages. Mais les ^utes en fbnt légères , en comparai-
(bn des perfeâiens ; & s'il lui arrive quelquefois ou de s'écarter de la vérité
en quelque point , ou de juger trop peu favorablement des aélions ou des
mtendons des autres , ttTônt de' ces impèffeâ^diâ Won ne fauroit attri-
buer qu'à la foiblefTe tnctif relie dp-l'homme*>*&'quvne diminuent que peu
b prix des Ouvrages , iorf^ue* tesxlléfaats fom cx^oyerts par des beautés auflî
«fIciKiclles que ccUcs qui^tégncnt (lansles fjtn^. : ' -
L E P. Panl ctoit dîuiîe tiillà mfidiocrc.^' Il ixvoirla tête ronde 6c bien fi- rVît. délit,
gurce , mais groflè par rapport aw rcflc du corps v un fircmt large , 6c cou- I^«E-^^î»
pé dans le milieu par une veine. grade d*ùn dôigc ; de beaux fburcils ; les yeux
grands, noirs & vifs; le nez piu$tgro}que'lc^g^9 & marqué proche la jou&
droite d'une cicatrice qui lui refta du cbùpdeftilet qu'ilavoit reçu en mocvii^s
la barbe peu épai(Tè ; une couleik M^nçhe/m'èréc de rouge 9 &le corps mai-
gré > maisdurefte capable d'une^huîdlt'tf^ûgue^ malgré lesinfirmités aux-
quelles il fut fujet toute fa vie> & ^ né lê' quittèrent que peu d'années avant '
qu'il mourût. L'Aurcur de fà vie nou&dir , • qu'il parut après fk mort avec *^* H*tt-
«n vifage coloré 6c riant , 6c que {oji^cercueil ayant été ouvert neuf mob
après >on le retrou va encore entier & plein de couleur. .C'eut été chez les
Romains un préjugé de fainreté.. Mais ils n'en eurent pas une opinion plus
£ivorable de celle de Fra*faolo i^ 6c comme s'ily eût eu un grand miracle ^Ib»f^5X|M
à voir mourir un homme dcfoixante & onze ans ,.,& qu'on voyoit dépérir
£ar degrés depuis plus d'une année, ils parlèrent de fa mort comme d'un
coup vifîble delà jnflice de Dieu fur lut. Ce n'^ftpas peut-être qu'ils en ju-
^a(Iènt amfi v mais ils fktisfaifbient par cette bafle vengeance leur malignité
& leur reficntimem , & ne pouvant plus attenter iiavie> ils s'en vengçoienc.
ibr fa réputation;
Mais fi les uns ne pouvoicnt s'cmpccher dé découvtir leur haine ».
<Càutres l'en dédommagèrent abondamment £ar les marques d'eftime &de^
rtinc r I je:: D B X* iA B OT E XJ K.
confidération dont ils continuerem i Thonorer. On lui fi r des fîfn(fl*StilIiâ îi^
vTit. delP. tingaiîes ^ autant parla magnificence publique, que par le concours dès
P. p« }tu Grands & de toutes fortes de perfbnnes ^ & les regrets univerjfcls qui l'ac-
compagnèrent au tombeau firent mieux Ton éloee» que les Panégyriques
flatteurs ôc mercenaires dont on pare la mémoire des Grands» fiins la rendre
plus chère Se plus précieulc aux yeux des peuples. Le Sénat , plein de recon-
noilTance pour les (èrvices que Fra^PdoU avoir rendus à (à Pacifie » ne votf-
lut pas cédera d'autres Thonnenr de lui élever un Moaumenr pour perp^
mer fit mémoire à la poftérité ; Se le Monaftere des Services fut obligé de
faire céder fa gratitude à celle du Souverain. Ce fut donc aux dépens da
Public que fut dreflS ce Monument , Se Jean- Antoine Venerio. 9 uxïct Véni«-
tien compofâ TEpitaphe , que nous ne pouvons nous défendre de joindre ici^
comme la récapitulation Se l'Abrégé de fa vie » Se l'éloge le plus fiacére de
les vertus» *
^Mfl^ft ^^t^Ê ^^t^Ê ^tffl^ft ^^^^Ê ^^9^B ^^S^k
>■«• ••^» •«• •%• •«• ^^« *«•
••*♦• ••*•• ••*•• ••*•• •**•• ••*♦•
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V^ •-v»^ ••••• ••••• ••>
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^^ Mf ^^
*^^4 l
E P I TA P H I U M*
F PAULl VENETI-
4 AU L u s Venetus Scrvîtarum
Ordînîs Theologas ,
Ita prudens , înteger , lapkn^ ^
Ut majorem nec humanorum
Nec divinorum rdennam ^
Nec integribrem nec faDâiorenv
Vîtam de/îderares :
Intellîgentiâ.per cunûa permeânce y
Sapîenciâ aSè(^u$ doœioaiEiite
Nullâ uhquàm cupîdicaté commotus ,
Nullâ aoimi a^grîcudihe turbfttot ,
Semper con^ns , modçracus ^perfedus >,
Verum innocentiaE: exempUr^
, Deo mîrâ Pkcate^Relîgîottc.v '1
Conrinentiâ addiâus ^
Tantis virtutibus
Reipublicas în fui deilderium^
Cbncîtata: juflam , fîdelem operam.
Navans ^
mioem^dum patrîas fervit^haud à D&o (èpararireafiîmans)
Summâ confilîî, rarionîs vî lîberâ ,,
iDcegrâ mente pubUcam €au(ami
Defendensw.
tf
Ogi deLP.P.Xî
• -
tjam EPITAPHIUM,
Magnas d Ilbertate Venetâ
Infidias fuâ fapientiâ '
^ Repellens,
Majus libercans prasfîdium in Ce
Quam tn Ârcîbus , Exerdcibus
Pofîtunvi-,
Veneds oftendens}
Mortales
An magîs amandus , mirandus ;
Venerandus ,
^ Dubios facîensj
De nominis apud probos
JEtcrnitSLte ,
De anîmî apud Deum
bnmortalicace
Securus >
Morbum negligens^
Morcem contemnens^
Loquens , docens 3 crans ^
Contemplans ,
Vivorum adiones exercens^
Lxxi. i£tatîs anno
Magno bônornm ploracu
Non obiit , abiic è vîca, ad vitan
Evolavît
Jo. AHTt yzvixiOyPéttr.Feth
• \
HIST01R.B
5 O M M A I R E
Du I. Livre de THiftoire du Concile de Trente,
T^ E S SEIK de [Auteur. IL Vufage ancien de CEglife itoit d*affembter
X-/ des Conciles pour terminer les controverfes de Religion , & régler la DiJ^
cipline. III. Etat de CEglife dans le XVI* Siècle. IV. CaraSère de Léon X.
Y. Origine des Indulgences. VL Léon X. en publie de nouvelles 9 & ahufe du
revenu quU en tire. VIL Martin Luther s'élève contre ceux qui les préchoient ^
& contre Us Quêteurs , & enfiàte contre Us Indulgences mêmes. VIII. Plu^
Jieurs Théologiens écrivent contre Luther^ qui attaque la Puijfance du Pape.
IX. Il efi cité à Rome y & comparoit devant le Card. Cajétan à Aufbourg.
X. Bulle de Lion X. en faveur des Indulgences , 6* Appel de Luther.
XL TroubUs en Suijfe à roccajion des mêmes Indulgences. XII. Doctrine
de Luther condamnée par les Univerjités de Louvain & de Cologne. XIII. SuUe
de Léon X. contre Luther j qui en appelle au Concile. XIV. Jugement que^
ton porte de cette BulU. XV. Livres de Luther brûlés à Louvain & à Co-
logne. Il fait brûlera Wlttembcrg la BuUe de Léon X^ & les Décrétâtes^
XVI. Luther comparoît à la Diète de Wormes. XVIL II y eûmis au ban de
(Empire. XYlll. Sa do3rine ejl condamnée par tUniverjiti de Paris. XIX.
Henri VIÏI. Roi i AngUterre , écrit conue iâiiXX.. Continuation des trou-
bles en Suijfe , & Conférence de Zurich 6u' çàmmence la Réformation. XXL
Tout U monde dejîre un Concile. XXit. Mort de Léon X. & EUSion i Adrien
yi. XXIIL Cajétan s'oppofe au deffein quavoit ce Pape défaire une nou-
velle BuUe fur la matière des Indulgences. XXIV. Le Cardinal PucciU dijfuade
de rétablir [uf âge des ancienrus Pénitences Canoniques \ & Sodérini U détourne
de travailUr à la réfofrfie des abus , & le porte àfefèrvir de la force pour rame-
ner les Luthériens. XXV. Adrien envoyé Chérégat en qualité de Nonce à les
DU te de Nuremberg, ^fopofitions du Nonce & réponfe de la Diite. XXVL
Cent Griefs de la Diète de Nuremberg envoyés à Rorru. XXVII. Différent
ju^emensfur ta conduite (f Adrien VI ^ & fa mort. XXVII L Eleaion de
Clément Vil. XXIX. Envoi du Card. Campege en qualité de Légat à la Diète
de Nuremberg , 6* fa conduite dans cette Diète. XXX. De concert avec
quelques-uns des Princes & des Evêques ^ il propofe des articles de réforma-
tion y dont les autres fe plaignent ^ & auxquels ils ne veulent pas fefou-
mettre. XXXL L Empereur defaprouve le Décret de la Diète. y.Xyi\l. Nou-
velle Diète à Spire , oit ton conclud à ne rien changera tétat de ta Retigiàri
jufquà ta tenue d*un Concile. XXXII'L Clément VII. jaloux de CEm-'
pereur , fe ligue avec ta France . & addreffe deux différens Brefs a Charles V.
XXXIV. Réponfe de P Empereur à ces Brefs. XXXV. Les Cotomnes entrent
armés dans Rome & faccagent le Vatican. XXX VL Le Viceroi de Naples
retourne à Rome , qui ejl pillée par € Armée du Connétable de Bourbon y 5»
U Pape ejl fait prifonnier. XXXVIL Changement de Religion en différens
endroits de la Suiffe. XXXVIIL Le Pape fe raccommode avect Empereur ,
€f fait une Ligue avec lui pour fe rendre maître de Florence. XXXIX. Di}te
à Spire j & protejiation de quelques Princes contre le Décret qui y fut fait fur
Tjq m £ L A
Z son M AIRS.
la Xelîgion , iToà leur fut donné U nom de Proteftans. XL. Confiront à
Marpàurgpou r riconcilitr Its Zuiriglicns avec Us Luthirltns . XLI . Entrevue du
Pjope & dâ r Empereur à Bologne , & couronnement de ce Prince. XLII. Diit€
à Ausbourg où affifie le Card. Campige en qualité de Légat y & où les PrO'*
tefians prifentent leur Confejfion de Foi* XLIIL Edit de l'Empereur & mécon^
teruement du Pape. XLI V. Lettres de Climeru aux Princes , & répùnfe des
Proteflans. XLV. Nouveaux troubles en Suijfe. Zuingle eji tué dans un combat.
XLVL Infiances de t Empereur pour la convocation a un Concile. LtPapt
les élude » & Charles accorde la liberté de Religion aux Protejlans. XL VIL
Nouvelle entrevue du Pape & de C Empereur à Bologne aufujetdu ConcUe , &
envoi d^un Nonce en Allemagne. Les Protejlans aÏÏemblés à Smalcalde rejeta
tent fes proportions. XL VIII. Entrevue du Pape & du Roi de France à Mar^
feiUe. XLIX. Henri f^III. Roi d^ Angleterre y répudie Catherine d*Arragon%
&fefépare de tEglife Romaine. L. Mort de Clément VU. & eleBion de Paul
111. LI. Lt nouveau Pape faitparoUre quelques déjirs de ré formation , & en»
voie des Nonces aux Princes pour leur propofer le Concile. LU. Promotion de
Cardinaux. LUI. Verger Nortu en Allemagne traite avec Luther. LVf.LEm^
pereur vient à Rome & traite du Concile avec le Pape. LV. Paul convoque U
Concile à Mantoue , & les Protejlans refufent d^y venir. LVI. Le Duc de
Mantoue ne veut admettre le Concile k Mantoue quà des conditione que le Pape
rejetu , 6* le Roi ^Angleurre publie un Manifejle contre cette convocation.
LVIL Projet de réformation drejfépar quelques Cardinaux , mais qui demeure
fans exécution. L VIII. Autre convocation du Concile à Nicen:^e » & fécond Ma*
nifejle de Henri FUI. contre le ConcUe. LIX. Entrevue du Pape avec VEm^
pereur & le Roi de France à Nice. LX. Henri VIII. efi excommunié par U
Pape. LXI. Diite à Francfort , oà Conpropofe de tenir à Nuremberg un CoU
loque que le P ape tache d! empêcher. LXII. Henri VUI. maintient la doSrine
de TEglife Romaine dansfon Royaume. LXlll. Le Pape fufpehd la tenue
du Concile^ fon bon-plai/ir 9 & le Card. Farnife invite f Empereur à une
Ligue contre les Protejlans. LXIV. Diète a Hagtunau où Ton ordonne un
Colloqiu à Wormes , qui fe fépare fans fruit. LXV. Autre Dïkte à Ratif^
bonne y ou le Pape envoyé le Card. Contarini pour Légat, Succis de cette Diite^
& plaintes faites contre le Légat. LXVL Entrevue du Pape & de T Empereur
a Lucques. LXVII. Dihe à Spire , où le Pape fait offrir d^aJfembUr le Con--
cile À Trente ; & quoique les Protejlans refufent de V accepter , Paul III. ne
laijfe pas que de le convoquer. LXVIII. Plaintes réciproques de T Empereur
& du Roi de France. LXIX. Le pape envoyé fes Légats à Trente y & TEm»
pereur fes Ambajfadeurs ; & après unféjour de plufieurs mois ilsfe retirent ,
& le Concile ejl encore renvoyé à un autre tems. LXX Entrevue de T Empereur
& du Pape au Château de Buffet pwir des intérêts particuliers. LXXI. VEm^
pereur fe ligue avec T Angleterre y& le Pape avec la France. LXXII. On reparle
du Concile à la Diite de Spire y & on donne ordre de travailler à quelque for^^
mule de conciliation* LXXIIL Le Pape y choqué dcTentreprife de T Empereur ^
lui écrit une lettre tris-ylvepour s* en plaindre.
HISTOIRE
D U
CONCILE DE TRENTE.
LIVRE PREMIER.
|j^§^^§^ UOIQUE plufiean Hiftoriens célèbres de notre Gicle Deffim'ii
•S6 ^^ ^ aient touché quelques particularités du Concile de Trente ^Auumr.
iL \^' Mi. *^"* '*'^'^ Eaits , & que Jtaa SUidan ■ Auteur fort exaft
fe\V~V^ ea ait décrit avec foin les caules & les motifs i comme
!w^^5£. cependant tout ce qu'ils en ont dit joint enfemble ne fuffit
pas pour en faire une narration luivie & entière , je me ptupofe d'ea
^rire ici l'Hiftoire.
A peine avois - je commence à prendre quelque connoiflance dei
I Jtan SUidan Âuiiur fort txaS, Stc. ] on j reconnoît beaucoup ie fidélité. Plo-
Cet Hiflonen , qni prie le nom du lira de fïeuTS de nos fciiviins ont tâchi d'en d^
fk naiSance , nâc]uit a Stcide village proche cifJicei l'autonif : mais comme , poor ce
it Cologne , au coiTimencement de i f ^^ , <]ui legarde let alfaiies d'Allemagne , oa
&mDDTutde la pelle à Srrasbouig au moi) voit «que loui c(l appuya Cm des mono-
d'Oflobte Jjjt, Peu conGJérablc par fa mens originaux, on ne peut douter qu'à
naiHânce , il fe didingoa par Ion mfriic 3c cet ^aid du moins on ne doive compter
fes talens. €levé parmi les Cacholiquei , it fur fa v^ité, quoii^ue peut ■ 6tre il puïflë
le fit rocceflivemeni Zuingiien & Luihé- y avoir quelqtws fautes. S ItiJan, dit il'A.a-
tienavec b ville de StTasbnmg, qui l'em- bignJ,L. i.c. i. tjiun Âuttur qui n'ait^
ploya en diDérentes occafions , ii dont il ni afft^ là ni ajft^ tjlimé ta ce ^t'cle ; dur
iîil d^tf au Concile de Trente- Son Hif- ^el Ut Lbeurt fenttnt un tfprit général i
(oire, dans k compofiiian de laquelle il du^utiles pajponi nt s'emphytnt qut eoutn
Ini aid£ ^tx Stunniuf , e(l bien Petite i & Itviee, duquel U diligtnct ne s'attachi i
^ù^ue partiale pour le Parti Pioieftant , siuune ehofi indigne , & dt qui la grandeur
A i)
4 HISTOIRE pu CONCILE
ai&ires dvt monde , que je me fentis une extrême curioficé d'apprendsr
tout le détail de ce qui s'étoic pafTé dans ce Concile. Ainfi , ^ après avoir
lu avec foin tout ce que je pus rencontrer de monumens publies imAri«
mes oa manufcrits , qui ont rapport à cette AlTemblée , je me mis i recner-
«Pallav. cher ^ tout ce que les Prélats & les autres qui y avoient aififté nous en
lûtrod. c 4.-Qj^ j laiflTé, & je n'épargnai ni foins ni peines pour recueillir les Mémoires,
les Votes 5 & les Suffrages publics ^ ou qu'ils nous ont confervés eux-m2«
mes , ou que d'autres nous ont trànfmis^, & jufqu'aux Lettres d avis > qui
fe font écrites de Trente pendant la tenue de cette Allèmblée. J'ai même
été afïêz heureux pour voir des reoueils entiers de Lettres & de Noces de
ceux qui ont eu une grande part dans toutes ces intrieues. Et c eft à l'aide
de tous ces monumens , qui peuvent fournir une matière aflfez ample y. qua
je me propofe d'écrire cette Hiftoire.
J E raconterai donc les caufes &c les intrigues d'une Aflemblée Ecclé-
(laftique , qui durant le cours de vingt- deux ans a éoé pour diverfes fins & ps
diffcrens moyens recherchée & fbllicitée par les uns, & arrêtée ou retar-
dée par les autres ; & qui pendant dix-huit ans , tantôt aflfemblée & tantôt
interrompue, mais toujours tenue dans dts vues toutes différentes >. a eu
enfin un fuccès tout contraire à l'attente de ceux qui l'avoient procurée »
& à la crainte de ceux qui l'avoient traverfée. Belle leçon , qui nous
apprend à remettre tout entre les mains de Dieu» & à ne point nous re--
pofer fur la prudence humaine.
* Pallav.
^ ftqq.^ ' ^ ^^*" établi' le bchume par i oDitination des rartis oppolès , qu'
n€ méprlfe rien de convenable à rffifioire ; moires Aa Cardinal da Mula^ & quantité
hix qui ni ont donné goût de lui , & m'ont d'antres 5 on peut fe convaincre & par les
dégoûté de plufieurs autres. Il e(t vxai que Lettres de Vargas qui ont été publiées ^e-
ce jugement peut paroître panial , comme puis cette Hiftoire, & par les Mémoires de
venant d*ttn Pxotefbnt : mais pour peu l/i.Dupuy , & par d'autres Aâes, que la
quon life Sleidan fans préjugé , on trou- plupan des faits qu'il rappone font très-
Tqp dans Ton Hiftoire un air de véracité , yériubles > & que jG. Ton ne doit pas tou«
(]ui dément un peu l'opinion dèfavanta- jours fe repofer avec cenitude fur Tes lapr
geufe que s'en font formé bien des Catko- pons» c'eft à l'inexaftitude de fes Mémoii-
Iiques. res qu'il fitut s'en prendre, (ans qu'on
1 Aprls avoir lu avec foin tout et que je pui(fe Taccufer de les avoit inventés.
fus rencontrer, &c. ) Po/Ztfvian , auffi-bien j. Il a fi bien établi le Schifine^ &c. )
que 5c//>/a/i/rtf/2ri, reprochent fouvent à no- L'Auteur de la Critique de THiftoire de
tre Auteur d'avoir avancé plufienn faits fur Fra-Paoh ^^. 148. chicane fur cette ez-
fâ propre autorité & fans aucuns garants, pr efCon ^ comme (i notre Auteur eôt voti-
Mais l'accufation parott a({% mal fondée, la dire, quec'étoit le Concile qui eût fiiit
Car , outre qu'en difSrens endroits de (bn naître le Schifme s au lieu qu'il eft vifible
Hiftoire Fra-Paolo cite les Mémoires d'ôil qu'il n'a prétendu faire entendre autre
n a tiré les faits qu'il avance^ tels que le- chofe ,. finon qu'il avoit fervi à le fortifiez*
loumal 6e Chérégat , les Lettres du Cardi- Or c'eft ce qu'on ne peut raifonnablement
%àX del-Montc ^ celles de Vifconti^lesMi* contefter, pour peu que l'on fafe actea-
DE:'TRENTE, LiVïtB I. y
k ^Âvlfion irréconciliable*. Les Princes lavoienc demandé comme né-
ceilaire pour la réforme de l'Ordre Eccléiîaftique \ & 4 U a caufé dans l'£-
gjUfe plus de dérangemenr , qu'il ne s'y en écoic vu depuis la naiflànce
du ChriftiaBifme. Les Evèques avoient efpèré ^ d*y recouvrer Tautoricé e Thw
Epifcopale, paiTée prefque coure entière encre les mains des Papes-, &L*^35*
f il la leur a faic perdre couc à faic ^ en les réduifanc à une plus grande ^ ^^*
fevicude. Au concrake la Cour de Rome ^ qui appréhendoic Se eludoit
la tenue de ce Concile» comme l'inftrumenc .le plus efficace pour modérer
parcie qui lui relie fujecce, que jamais fon aucoricé na écé fi grande.
Je n'a jeccé de (i profondes racines.
On peuc donc sitCcz proprement appeller ce Concile ^ ÏIliad de no-*
• . - - •
ricm qoe c*eft i la moltiplieicé des ooaTel^ :toate efpârance cTe lecDavrer ce pouvoir
ies décifions faites à Trente > & far lelqojBlr par les cpoceffibns faites aaz Papes , & qui
les on opinoic librement auparavant , qa'eft font devenues une fone de droit , au lieu
4&e la principale oppofîcion quont âiite qu'auparavant on pouvoit les regarder
les Protedans depuis le Concile de (è râ- comme autant d'ufurparions. Ceft ce qu'a
fiir, & la plus fone accufation qu*ih ont obfervé très-judicieulement Mr. de Thau ,
ftite contre l*EgHfe Romaine , en lut Im- qui après avoir rapporté le delTein qu*a-
imtant d'avoir &it de nouveaux dogmes 8e voit Philippe Roi d'fifpagne de reflerrer
4t nouveaux articles de foi. l*autorité des Papes le celle des Chapitres
4. // a cauji plus de dérangement^ Sec, ) pour augmenter celle des Evoques , ajois-
Pallavicin a rai(bn de reprocher ici kpru- te : Hac invidiofa interpretatione Philippi
Paolo d'avoir excédé dans (à cenfure. Car eBufifium criminati illi id effeceiunt^ ut non
pour peu qu'on juge fans partialité > on doit fohim poteftas Epifcoporum non audayfed
conTeniide bonne foi, que , quelques abus mukum ex ea delibatumfit « cum ea pa^
qui redent à redrefler, ic quelques dèfor- teftas quee ipforum propria efl , ex Deiinfii--
dres qui régnent encore dans l'Eglife Ro- tuto lu auributa ; nfdetn tan^am à Sedt
maine , ils font incomparablement moins Apoftolica deUgatis concedatur , & Epifcor-
grands qu'ils n'étoient avant le Concile: fi pipaffim non fua ftd Pontificis auQoritate
ce n'eft peut-être qu'on veuille dire , qu'à ac vice in munerefuo obeundofiinp dicaxt-
b faveur de fes réglemens on peut )u(bfier tur. Ceft en ce fens que Pra-Paolo a die
flufieuis pratiques que Ton regardoit au- que le Concile avoit fait perdre aux Evè^
Î ara van t comme autant d'abus , comme ques toute leur autorité > & Pallavicin ne
n Commandes à vie , les réfignations in l'eût pu contefter , s'il n'eût penfé , comme
fayorem > la pluralité des bénéfices , les la plupart des Ultramontains , qu'ils n'ont
penfions y £*c. Et ce que je viens de dire réellement d^autorité en matière de juxiC-
da dérangement, doit auffi s'appliquer à ce dié^ion , que celle que leur accordent les
que dit Pra- Paolo de Tautorité des Evèques Papes.
.& de celle du Pape. 6. On peut donc ajfei prêprement appel-
ât Et il la leur a fait perdre tout à fait» ) ter ce Concile /'Illiade de notre fiécle, ) Sci-^
)^lon en reifenant davantage l'exercice de pion Henri critique fortement Fra^Paola,
itui autorité, mais en ne leur accordant pour avoir don n^ ce nom au Concile. Mais
qu'à titre de délégation l'exercice d'un on ne voit pas à quel titre , puifqae tant
pouvoir qui leur ap^nenoit effentielle- de raifons montrent la )ufte(re de cette op-
inent comme Evèques > & en leur âcant plication» Peut-être que la^ longueur die
I
*
s HISTOIRE pu CONCILE
tre (îède. Ec comme > dans i'Hiftoire que je me propofe cl*cn écrirey te
ne me trouve préoccupé d'aucune paifion , qui puiilè me dégiifer U
vérité , je la fuivrai par-couc avec droiture , fans m'en écarter avec coa-
noiflance. Au refte , h l'on me trouve plus abondant & plus étendu dans
3uelques endroits de cet Ouvrage , Se plus rellerré dans d'autres y on
oit confidérer que toutes les terres ne font pas paiement fertiles , 8t
que cous les grains ne méritent pas d être confervê égateilnent ; 6c que
quelque foin d'ailleurs qu'apporte le moilTonneur pour recueillir tous
ceux qui foiic bons, il lui échappe toujours quelque ébi» né ie faifant
jamais de moiflbn fi entière , qu'il ne refte quelque choie à glaner après.
L'ufigf MH* !!• Ma s avant que d'entrer en màrière, je dois avertir , que dans TE*
den dt CE^ elife Chrétienne l'ancien ufage ctoit d'aflfèmbler des Synodes pour terminer
giife it9it les controverlcs en matière de Religion , & 7 pour réformer les abus qui
da^emblef s'^jqjçj^j introduits dans la Difciplinc. C'eft ainfi que, ^ du vivant même
pûHv ttrmi^ ^^ '* plupart des Apôtres , hir terminée à Jérufafem par une Adèmblée oà
nw Us C0»' fc trouvèrent tous les Fidèles de cette ville À quatre Apôtres , la première
troverfis éit difpute qui s'étoit élevée dans l'Eglife au lujet de l'obiervarion des Céré-
Reli£t0H cJi monies Mofaiqiics, auxquelles quelques-uns vouloient aTuicttir lesGen-
Jd1/W V»f ^^'^* ^^^^ exemple» pendant deux cens ans& plus, & da >s le feu mèmedei
^ * perfécutions , les Eveques 6c les principaux des Eglifes s'aflèmblètenc pour
^PaJIav.In- fçf juipçj. \^^ conteftations qui s'élevoienc tous les jrurs dans chaque i-^ro^
^ '*• vince , n*y ayant que ce remède pour ôrer les divifions, 6c pour accorder
les opinions contraires.
Mais après qu'il eut plu à Dieu de donner la paix à fon Eglife , 8C
de fufciter Con9anein pour la protéger ; ' i niefur^ qu'il fut plus facile aux
Eglifes de traiter &de communiquer enfcmble > les di vidons de/inreac
cette * flemblée n*a été que le moindre da^^ear en parlant des Conciles en géii6>
mocifde cecte dénomination. rai fait dire a notre Hiftorîen , ju'il n*y
7. Pour réformer Us abus qui s'ùount avoit alors ^ c'efta-dire, dans ces premîeit
introduits dans la Difeiplint, ) le ne pais tems, que ce remède pour ôterUsdiviâonsi
m'empécher d'obrerrer ici , après TAu- au-lieu que notre Hiftorien , (ans ie fer-
ceor de la Critique de l'Hiftoire de Fra- vir du terme alors ^ dit généralementi 9l
Paolo y pzf^. )otf. que Mr. AmeUt n'a pas fans déterminer aucun tems , qu'il n'y a
tepréfencé iA fon Auteur avec toute la que ce remède pour 6ter les dirifions. Ce^
fidélité qu'il devoir. Car au lieu que no- altérations , 00 plutôt ces négligences, foitt
cie Hiflorien parle en général des abus alTez communes dans Mr. Amelot ; mate
introduits ^(f /Il la Difcipline , (on Tra- nous ne ferons renurqaer que les plas cooh
du^enr lui fait dire les abus introduits dans iidèrables. -
t Ordre Ecclefiafli^ue. Au -lien de ce que %. A nufure qu'il fiât plus faciU aux Eefl*
dit FraPaolo, que tous les Fidèles de lé- fis de traiter & de communiquer enfimkk^
xnfalem fe trouvèrent au Concile de cène &c. ) FraPaolo me (emble ici s'exprimer
ville, Mr. Amelot dit tous Us Fidèles en peu exadement. Ce n'eft point à la paix
général. Fra Paolo dit, que quatre Apôrres de TEglife que doit contribuer le plus ou le
y affiftèrenti & Mr. Amelot lui fait dire, moins de communication qu'avoient en-
fu*ils y préfidèrent. Enfin ce même Tra- femble les diffîrentes Provinces de rfim«
DE TKENTE, Livre l 7
aoffi pluS générales. Car zn^i^^ qa elles fe renfermoienc auparavant dans
ane ville ^ oa tout aurplu^ dans une Province, elles commencèrent
i, 9*écéndre par tout rEmpiré , dont routes les parties communiquoient
plus librement enfemble \ ôc ce fut ce qui obligea d aflèmbler d'un
plus grand nombre de lieux le Concile , qui étoit le remède ordinaire
aux:, maux de l'Eglifç» C!eft ce qui fit donner au Synode^ que. C^/i-*
fianfin convoqua en ce tems-U de tout rEnopire, le nom de Grand
8l de Saine *, éf, quelque teins après celui de Général ou Oecuménique ^
quoiqu'il ne comprit . pas toute TEglife , qui s*écendoit bien plu$ loin
que tout TEmpiré Romain , parce que c'écoit alors la coutume d'ap-
peUer TEmpereur le Maître & le Seigneur univerfel de toute la Terre
nabitée , bien que l'Empire n'en fit pas feulement la dixième partie.
A l'exemple de Conjlannn ». £es iucceUèurs convoquèrent de femblables
Conciles pour let différends de Religion, qui arrivèrent fous leur Rè-
gpe. Et comme » nonobftanc ^ la diviiion de l'Empire faite plufieurs fois
loas le titre d'Empire êi Orient 8c ^Occident y '^ l'on conanoa toujours
d*en adminiftrer les affaires fous un feul nom commun , la convoca*
tion des Synodes continua aufli à fe faire de toutes les parties de l'Em-
pioe* Mais cette union ayant ceffé par la féparation réelle du Gou-^
!!•& 13.
pSie , mais à l'unité de Gouverneoient. miimes « c'eft-à-dire , qoe les Préfeânres
Et comme l'Empire Romain étoit r^uni & les Diocèfes^ en qooi chaque Empire
foQS on (êol Chef avant la naillànice do fut fubdivifé , eurent a peu près les m6-
Ghiîftianifme ^ cette commiiaicatiop eut, mes . bornes. Car les Préfeâures d'Italie
étéanfli £ici)e auparavant qo'aprèsr Conf^i Se d^s Gaules avec ku^ Diocèfes confti^
UBtin , fi elle n'eut été interceptée par. tuoient proprement j'Empire d'Occident 1
lei perlécotions, qui obligeaient les lidè- & celles d'Orient & d'Illyiie formoieot
les de fe. cacher , & les empêchoieçt de l'Empire d'Orient $ & ces. divifions (iibfif-
communîqoer enrfeaible. Ceci eft d'au- tèrent même lorfqoe l'Empire k xéunif^
ont plus certain ^ que depuis la divifion foit fous un feul Chef ^ jufqufà ce que pas
de l'Empire , malgré la ceffarion des per- Téreâion de différentes Monarchies panr-
CcocîonSj on faiCvfombieA (coffre^ de- dif- cnli^res l'Empire eût commeocéà fe dé^
ficoltés ia convocation de^ Conciles. Qéné- m^q^brer.
aux. ..-vfo* L'çn continua ttcn admîniftrtr Us
, 9» La divifion de ^Empin faite pbifiturs affaires fous un feul nom commun, ) Fra*
fois fous le titre d^ Empire . dOrient & Paolo s'exprime ici fon jufte* Mais Mr^t
if Occident. ) Cette divifion faite d'abord Amelot l'a fait parler peu exaâement, ea
avant le tems de Conftantin , quoique d'une traduifam les affaires EccUfiaftiques'. Cax
manière difiGb:ente , fe renouvella plufieais notre Hiftorien ne parle point des affai^
ibis depuis,, mais toujours avec quelque res Ecclefiaftiques enpmïaûïeiywsàsde^
variété, par le plus ou le nioii^s de Pro- affiiires commune^ de l'Empire : Manège
▼inces qui éçoieut foumifes aox Empe)reufs giandofi gCi- affari in commune*
d'Orient & d'Occident. Mais les fubdivi* 11. Su trouva envahi en grande partie
fions xeftèzexit toujours à peu pxèf «Jes par les Sarrafins. ) L'Auifeux de la Critiqoe
« HISTOIREDU CONCILE
de Concile Univerfel & Oecuménique ne fe tira plus de l*Unité di
pire Romain ^^ , mais de TAfTemblée des cinq Patriarches chez les G
chez nous de Tunité & de ia Communion des Royaumes & des
2ui bbéiflênt au Pape dans les chofes Eccléliafti ques. C*efl: de c
roits qu'on a continué de convoquer des Synodes , non pas prin
mène , comme auparavant , pour aflbupir les dirputes de Religion
ou pour faire la guerre pour le recouvrement des Lieux faints , o
écemdre les divisons & tes fchifmes de l*Eglife Romaine , ou bia
core pour concilier les ditferends furvenus entre les Papes & les I
Chrétiens.
Etat de tE- I H- Au commencement du XVI. Siècle depuis la venue de J. C
gfifi dans U paroiflbit aucun prefTant befoin de convoquer un Concile » & il n'
^^^'Sihle, aucune apparence d'en voir naître la néceflité de longtems » parce qi
ces les plaintes de pludeurs Egliiès contre la grandeur de U Cour de
étoient aJdbupies, & que tous les païs Chrétiens d'Occident vivoi
communion ic fous robéiflTance de TEglife Romaine. Il n'y avoir qu'u
de terre dans l'endroit où fe joignent les Alpes avec les Pyrénées » '
tcouvoic un refte d'anciens Faudois ou jllbigeois. Encore étoienc
Amples & (i ignorans , qu'ils n étoienc guères propres à communiqué
dodrine â leurs voifins , auprès defquêls d'ailleurs '4 ils pallbienc ]
impies & fi diflblus , qu'il n'y avoic point à craindre que la con
pût en infe£ker d'autres.
^e Fra-Paclo , p. 510. dit que THifloire
ne nous apprend point que Tinvaiion des
Sarrafins ait donné lieu à la divifîon des
deux Empires. Cela eft très-certain. Auflî
Fra-Paolo ne dit rien de femblable \ mais
Cmplemenc , que Tunion de TEmpire , qui
avoit ceflë auptxavanc^ fe trouva irrépara-
blement rompue depuis Tinvafion des Sar-
rafins Se le panage de l*Empire d'Occident
entre phiCeufs Princes.
ix. Le nçm de Concile UnivtM & Oe-
cumirù^ tu fe ika plus de tl/nité de
l'Empire Romain, Sec. ) Ceft très-IMal à
[propos que le Cardinal Pallavicin repro-
che ici a Fra - Paolo d'ayoir parlé fiiuiTe-
ment & impropremenr , en difant que
depuis la divifion de l'Empire le nom de
Concile Oecuménique ft tira de l'AlTemblée
des cinq Patriarches chee les Grecs, Se
chez nous de la convocation des Etats
qui obéiflènc aux Papes. Car quoique fé-
lon ce Cardinal le nom de Concile Oecu-
minique dénote à la rigueur un Concile
alTeinblé de tous les pais Cfaxéciens , il eft
cependant certain par l*Hi(loire q
les Grecs la convocation àt% cinq
ches , $L chez les Occidentaux Vki
des Evéques fournis au Pape, m i
uns Se aux antres pour £iire donne
Concile le nom d'Oecuménique. (
quoi Ton voit la preuve dans ta
des Cbnciles d'Occident, Se nomt
dans celui de Trente, o& lesGcec
rent point invités, comme il fiic
en if^).
I ) . Où fe trottvoit un refle d*andt
dois ou Albigeois , &c. ) Ceft le noi
leur donna, de celui d'un certain
Valdo Lyonnois, qui s'éleva contre [
dodrines de TEglifè Romaine , & <
difciples ajoutèrent encore depuis |
erreurs à celles qu'il avoit enfeign
s'élevant contre différens abus d
Eglife y qu'il n'avoit que trop de n
condamner. Pour le nom d'Albise
le prirent de la ville d'Albi , o& co
principale retraite.
' \^Alspëffoi$mpourfiinÊpus^
DE TRENTE, Livre I. 9,
Il Y dvoic auflî dans quelques Cantons de la Bohème quelque refte
de ces mêmes Vaudois « appelles par les gens du pais du nom de Pi^
cards 'S qui écoienc dans les mêmes opinions > mais donc pour les mè*
mes raifons on n avoic pas lieu de craindre de voir beaucoup augmenter le
nombre.
I L fe confervoit aufli dans ce même Royaume quelques difciples de Jean
Hufs ^^ 9 connus fous le nom de Calixtins ou Subutraquijics\ & qui » à Tex-
ception de la Communion qu'ils adminiftroient au peuple fous les deux
efpèces > n'a voient pas une doârine fort différente de celle de TEglife Ro-
maine. Mais leur petit nombre & leur ignorance leur attiroient peu de
coniidération ^ & 1 on ne voit pas d'ailleurs ou qu'ils fudènc fort curieux
de répandre leur doâirine, ou que d'autres fiflènc paroître quelque dclir de
s*en inftruire.
I L y eut bien du tems dQ fuies IL quelque danger de voir naître ua
Scfaifme. '7 Car ce Pape, ^ qui fe livroit plus à l'exercice des armes qtt*à /Pallm
celui de fon Miniftère , & qui dans l'adminift ration du Pontificat crai- L. i. c i«
Oaaph. ta
16. Connus fous le nom de Calixtins ou ^^^ ^^
Subiaraquiftes. ) Parce qu'ils fe décUrè- <5aicciar<L
rent pour la nécefficé des deux Efpèces 1 & ^^ ''
tus, 8cc. ) Ceft ainfl qu*eut dâ tra-laire
M* Amelot pour exprimer le (ens de Fra-
Paolo , qui dit bien ^ que les Vaudois paf*
ibient pour tels , erano pofti in cofifiniflro
€onc€tto d'impieiA & ofccnità ; mais non
qu'ils étoienc véritablement coupables de ces
vices, comme femble les en accufer notre
Tradttâeur, en tradui(ânt, que leurs voi-
fins les avoient en averfion , fait pour leurs
impiétés, ou pour leurs faletés , Sec.
x/. Quelque refte de ces mêmes Vau^
dois, appelles par les gens dupais du nom de
Picards. ) Ceft le nom d'une Sede qu'on
accafe d'avoir outré les erreurs des Ada-
mites fin U nudité 6c la communauté des
femmes. Les Auteurs font très - panagés
fur les erreurs de cette Sede, dont on toit
Aoteai an François venu de Picardie en
Bohème* On ne peut gpèret difconvenir
qu'il n'7 ait eu quelques Fanatiques qui
aient poufl! la corruption êc l'extravagan-
ce jufqu'à ce point. Mais M. de Beau-
fahre , dans une Diflertation imprimée à la
fin de l'Hiftoire du Concile de Baie , écrite
par M. Lenfant , prétend qu'il n'y a ja-
la réception du Calice.
Fléury > L
17. Car ce Pape,qui fe livroit plus à
l* exercice des armes qu'à celui de fon Mi--
niftère , Sec. ] Pallavicin , qui en même
tems qu'il reproche à Fra - Paolo d'exercer
(on efprit fatyrique contre les Papes , s'en .
rend lui-même le plus vil adulateur , après
avoir fait tout (on poflible pour couvrir les
fureurs de Jules II. efl pounant obligé
d'avouer, que ce Pontife étoit d'un ca-
radère colère & féroce , & qu'il avoit une
padion pour la guerre fort indécente pour
fon caraélcre. Era Giulio di cuor firoce
ed iracundo — Trafcorfe ben egli in quai''
che ecceffomilitare — non decevole alla fan-
titâ del grado. Ceft beaucoup plus en di"
re que n'en a dit Fra-Paolo , dont on doit
p}ut6t eftimei la modération fur ce point,
& qui (e contente d'aflurer qu'il k livroit
plus qu'il ne devoit à l'exercice des armes «
chofe dont tous les Hiftorîens du tems
fdumiflent alfez de preuves. Bellicagloria ,
'x^«
mais eu de Seâe en forme , qui fit pro- plu/quam deceret Pontificem , clarus , dit
fd&OTk 4e ces erreurs \ que ce que l'on en Onuphre. Il n'avoir d'un Pontife que l'ha-
a dit (ont autant de calomnies s & que
ceux qui ont poné ce nom n'étoient qu'un
refte de Vaudois , qu'on a noircis par de
fiuifes imputations*
T o M s L
bit & le nom , non riuneva di Pontificeal^
tro ehè Vhabito O il nom^ * dit Guiccist'
din , qui le dépeint en même tems com-
me coupable de Simonie i invettrati^ ntlls
B
10 HISTOIR^E DU CONCILE
toit les Princes 6c les Cardinaux avec une bauteuf excedive , en avoit forcé
2uelques-uns d fe féparer de lui & i afTenibter un Concile. Outre que
ouis XII Roi de France s'étanc retiré de l'obéilTance de ce l^npe qui ravoir
excommunié » & s étant joint avec les Cardinaux qui s'en étoient féparés >
il fcmbloit que ces commencemcns dévoient fc terminer à quelque cvè-^
nement important. Mais Jules étant mort fort à propos dans ces cir*
/IdL. i).|. confiances, Léon X fon fuccedeur 8 éteignit promtement & facilement
^"^ ^7« par fa prudence ce feu qui paroiflbit devoit embrafer toute TEglifc , en ré-
conciliant au Saint Siège le Roi de France & les Cardinaux qui lui étoient
attachés *•. ^
CéirMâhe IV. Léon apporta au Pontificat de grandes qualités , qui étoient le fruit
de Léom X. de la naifTance illuftre & de l'excellente éducation qu'il avoit reçue. Il
avoir entre autres une grande connoifTance des Belles-Lettres » une incli-
nation particulière à favorifer les gens favans & vertueux , de Thumanité »
, de la bonté, une extrême libéralité, & une C\ grande affabilité à traiter-
* avec tout le monde , qu on trouvoit quelque choie de plus qu'humain dant
toutes fes manières , & que depuis très longtems on n avoir point vu fur le
Skint Siège, de Pape qui eût eu de ù grandes qualités, ou même d'appro-
h Pallav. k chantes. Et il eût été un Pontife parfait , ^ fi a tant de perfedions il eût
i. c/ X. ■ joint quelque connoifTànce des chofes de la Religion , ' ' & un peu plus
d'inclination à la piété , chofes dont il ne parut jamais fe mettre beaucoup
en peine.
(JoMME il étoit très libéral , & entendoit aufli parfaitement l'art de don-
f Flcary , ner , qu'il fa voit peu celui ' d'amafler , il fe fervoit du miniflère de Laurent
L. 115. N® Pucci Cardinal de Santi-quatro y qui avoit pour cela un talent tout parti-
^9' culier. Léon doue dans cet état paiûble » voyant tous les Schifmes etouf-
Simonia & ne eojbiml infand , L. £. Sem*
bo dans fon Hiftoire de Venife confinne U
même chofe; & il 11*7 a for cela au*iine,
(êole voii de tous les Hiftoriens. Il rat élu
Pape en x f 05 , & moamt en i f 1 5 , après
«voir £ût des gnerres continoelles , & en
méditant encore de nouvelles , fi nous en
cioyons Guicciardin Se Paul Jo^t.
\%.EtUs Cardmanx qui lui étoient utta'
chés. ) Savoir Bemjtrd Carusjal, Guillau"
me Bnçonet , François Borgim , René de
Brie , Se Frédéric SanSeverino.
19. i/ eût joint quelque eomnoiffanee des
ehojès de la Religion, & un peu plus d'in-
eBnatian à U piété, ) PaUavicin n'ofe pas
contredire IciFro'FaoloiNelche ionongH
contradico — Non ^oglia già io afrmare ,
cke/bffe in lui tsnta cura deUapietâ , quan-
utfirUkieieys êtMQftetto^usfi divino^ Uc
Et c*eft une preare bien fenfible , que c'eft
moins par efprit de ùxjit qoe par atta^
cfaement poor la vérité , que notre Âoteor
n'a po diffimuler le peu de rel^ion de ce
Pape, atteilé d^ailleors par les Hifbmens.
Egli per natura , dit Gaicdardin , dedito
air ocio & apiaceri , & hora perla trepp0
licen^a egrande^^a oËettofapra modo aelte
facende, imtner/b ad udire tutto'l gjiêmo
mufiche, facétie , e hufini, inclinato ancora
troppopiu che fbonejh apiaceri , L. 1 4. Sa
jeunedè fiu aflez édifiante , mais cette ré*
potation ne fe footint pas pendant fon Pon-
tificat; êc Paul Jove, qai le looe aflèz
d'ailleurs, convient qu'il fut foupçonné de
dAauches , & même des plus criminelles.
Il fut élu Pape en ifi) , & mourut en
If 21, auffi déaié, qu'il avoit été eftimé
à Ibn avènement au Pontificat : Ingannm
DE TRENTE, Livre I. ii
fési 8c n*ayant point, pour ainfi dire, d'adverfaires i craindre, puifque
le peu de f^audois & de Calixtins qui reftoienc n ecoienc d'aucune confidé-
ration ; ^^ après avoir épuiic par les libéralités exceffives faites à fes Parent ^
à fes Courtifans , ou aux Profefleurs & aux gens de lettres , toutes les
refiburces dont la Cour de Rome a coutume de fe fervir pour attirer â elle
les richedes de tous les autres pais, penfa â mettre en œuvre celle des In*
dulgences.
V. Ce moyen de tirer de l'argent^ commença i être mis en ufage vers Or^hitàn
Tan MC par le Pape Urbain II. *« qui accorda une Indulgence plénière çt^xindulgeneêu
la rémiliion de tous les péchés à tous ceux qui iroient à la Guerre de la *"''*'^^
Terre Sainte pour retirer le Saint Sépulcre des mains des Mahométans. Cet ' ^*
exemple fut fuivi dans les fîècles fuivans par fes fucceflèurs , dont quelques-
uns pour renchérir , comme on fait d ordinaire fur les nouvelles inventions^
accordèrent la même indulgence i tous ceux qui ne pouvant ou ne voulant
pas aller eux-mêmes à cette guerre, y fourniroient un homme. D'au*
très dans la fuite offrirent les mêmes Indulgences à ceux qui contri-
bueroient pour faire la guerre aux Chrétiens mêmes , qui refuioient d'o*
béir à l'Eglife Romaine. Tels furent les prétextes dont on fe fervit fouvenc
pour faire des levées exceflives de deniers , dont on ne fit point de fcrupule
d'employer fouvent le tout ou la plus grande partie a des ufages tout
différens.
VL Ce fut i cet exemple ^^ que Lion , par le confeil du Cardinal mdzvi«
Lion X«
sflai Vtfpttttttiont , tht qucndofu mffonto éd vcntbic au tems préfcnt : Ne convtnire tan- — ■^-■— •
Pontificato s*hmveva dilui, coneiofia ck\i U pompa, m Poniifici , ni tjftre feeondo la
fiufe'ijfe di maggior pruden^a , ma dimolto conditione dt tempi prtfenti il dijjipare inu'
minore botuÀ di qiutl^ ch'tra gméicsioda tUmerm i danari accunUdati dall* Anttetf"
tutti. Guic. L. 14. • fore. Ceft allez dequoi }\i(ki6eT Fra-Paoh.
zo. Après avoir épuifipar les liUraUtés xt.Ce moyen de tirer de l'argent comment
tsttêffhes , &c« ) Que Lion aini&t le £ifte ça à être mis en tifage vers l'an i loo , par
St fit piotAc prodigue que libéral, c*efl ^P^ UrkainIL) Ceft eflfèétivement la
in cfloi Guiccardin , Onnpkre p ic Panl Jo* première Epoqoe des Indulgences pécu-
ve conviennent de bonne foi. 14algré ce* niaiies. Le Gard* PaUaviein, pour léfii-
la PaUavi€in<t L« i.c. ». prétend que l'A- ter norre Hiftorien , nous parle d'Indu!-
puifement des finances vcnoit moins de la gences plus anciennes, 9c des Stations que
prodigalité 6e Léon, que des dépenfes ex- S. Grégoire & d'autres Papes après lui
cefiTes qu'aroic faites Juteo pour les guer- établirent dans certaines Egli(ès de Rome
ses comtnuelles qu'il avoît eues à foutcnir. êc ailleun. Mais quel rapport ont ces Sta«
Mais en cela il eft démenti par Gnioiia^ tions ou ces Indulgences avec celles qu'il
i/iii, qui L. II. & 14. parla des xjéConqat £illoit acheter k prix d'aivent, et dont on
/nks avoit amaiffs St que Uon difCpa en a f^t on commerce fi icafidalenx ^puxs
peu de tems : Haweva in krifwt tempo dijjj^ l/riain II. en lo^f r Ceft de cesdernières
patQcon inefiimakUe prodigalitÀ Utefonf ae^ que parle Frs^Pnolo, âtilttt certain qu'on
mimnUto da Giuli^ ; ft qui rappone qu'il n'en peut £iif e letnonier plus haut l'orî-
iKpenia 100 , 000 ducats i foo Couronne* gîne.
mem, pn>fu&}n qui (bt condainn<« oom- a a. Cefitt à net exemple pte Lém^parh
Mt pc» (bnti i m Positif, H m cou- •mpitàt Cttré.SÊm'fmntr$, tÊçmdapeir
B 1
il HISTOIRE DU CONCILE
MDXTi. SamUquatro » ^ accorda par coure la Chrécienté une Indulgence à tous
Léon X. ceux qui voudroienc donner quelque argent \ Indulgence , qu'il étendit
"— ^— même jufqu'aux morts , en voulant que les âmes de ceux à rincencion
^llr ^j ^ dcfquels on auroic donne de l'argent , fuflent délivrées des peines du Pur-
^luvilUs g^^^^^ • ^ ^^^ ^^ ajouta encore une pcrmiffion de manger des œufs & da
c^ éibufedu^^^ les jours de jeûne > de choi(tr un Confeflèur à fon gré , & d'autres fà-«
rr-j#«M ^m'i7 cultes pareilles. S'il y eut quelque chofe dans l'exécution -de cette
4n tire. Bulle de peu conforme à la piété & aux régies , & fi » cqmme on le
'L^L^' dira, elle produifit tant de fcandales, 8c excita tant de noiîveautéss ce
Slcid! L i. ^*^^ P^ 9^^ '^^ Prédéceflcurs de ce Pape n'euflent accordé avant lut
p. I. des chofes pareilles par des motifs qui n'étoient pas plus honnêtes , Se
Thuan. qu'ils n'euflent fait paroître autant ou plus d'avarice dans leurs extorfions :
L 1. N** 8. mj^jg ç*^(^ q^ç fouvent , faute de perfonnes qui fâchent profiter des occa-
fions y on voit échapper celles qui fe préfentent de produire de grands
érènemens *, & qu'il faut d'ailleurs , que pour efièâuer ces choj^ , le
cems qu'il a plu a Dieu de redreflèr les égaremens des hommes toit ar-
rivé. Ceft juftement ce qui fe rencontra dans le tems de Léon, donc
nous parlons.
Ce Pontife ^^ ayant publié fon Indulgence plénière en l'an mdxvii,
en diftribua une partie du produit avant que de l'avoir reçu » & même
avant qu'il fût bien aflkré, ayant afligné à différentes perfonnes le revenu
de diverfes Provinces, & réfervant celui de quelques autres pour la
mPallav. Chambre Apoftolique. Dans ce partage °> il fit don *4 de tout ce qui de-
Guicc^arA ^°^^ revenir de la Saxe , & de cette partie de l'Allemagne qui va de là
L. 15. jufqu'à la mer, à Madeleine (a focur, femme de France] chette Cibo fils-
toute U Chrétienté une Indulgence, &c.)
Ceft fax Tautoricé de Guicciardin , de Slei-
dan 4 & de M. i£f Thou , que Fra^Paolo a
avancé ce £aiit. Cependant Pallavicin^ L.
1. c. 3. prétend qoe ces Indulgences ne
furent envoyées qu'à cenains païs particu-
liers. L'un & Taotre peut être vrai. L'en-
voi s*en étoit déjà h\t en dificrens païs
particuliers > mais il n'y a nul lieu de dou-
ter que le deflein du Gard. Pucci , qui
ivoit fuggèié ce moyen à Léon , ne fuc de
les envoyer (ucceflîvement par- tout , Se
qu'il n'en fut empêché que par les rxoubles
qu'elles excitèrent en Allemagne. Septi^
tmndo nellt gratic , cht fopra U cofe Jpiri-
tuali & ben^ciali concède la Corte , U con^
fitio di Loren^o Pucci Cardinale di Santi-
quatro , dit Guicciardin , L. x ) / haveva
fparfo fer tuto il mondo , fen^a diftintione
ili tempi & di luoghi , initlgentie amplijji'
wu^ ttonfoloper poter giovare con ejifuel-
li che aneora fbno nella vira prefintc , ma
confacoltâ dipotem oltra quefto liberare Vof
nime de defonti dalle pcne de Purgatorio : ce
qui eft aufC confirmé par Sieidan au con»-
mencement de Con HiÂoire : Miffispcrom^
nia régna literis atque diplomatis, &c. Of
cela montre , que fi l'envoi n'étoit pas en-
core £iic, on avoit du moins l'intention de
le £aiire ^ Se que Fra-Paolo en ce point ne
s'eft nullement écarté de la vérité»
2, ) . Cr Pontée aiant publié fon Jndulgen^
ce en mdx viu ) Elle le fut dès l'an i f z ^»
& les BreÊs en avoient été expédiés félon
Pallavicin dcsïzn ifi4 Se ifif.
14. Il fit don de tout ce qui devoit revenir
de la Saxe ^^ à Madeleine fa faur , &c. )
Pallaviciny L. i. c. )• joge que, fuppofS
que ce don fut véritable > on pooiroit lé
juftifier. Mais il prétend qu'on n'en trou*
ve aucune preuve dans les Archives & dans
les Regifires de la Cbambre Apoflbliqiie»
DE T R E N T E , L 1 V R E L î 5
hacurel à*Innociiu yJII , qui en faveur de ce mariage Ta voit faic Cardi- m d x ▼ t.
nal à râgc de quatorze ans , & avoir donné entrée par-là aux grandeurs L i o n X.
£cclé(iaftiques dans la Maifon^dc Médicis. Ceite libéralité de Léon n ecoic — — —
pas tant un effet de fon zSéSdon fraternelle , qu'une récompenfe des dé-
penfes qu'avoir faites pour lui la Maifon Ciio durant fa recraire à Gènes»
où il fe réfugia lorfque fa famille fut chaffée de Florence y n'ayant pas pa
demeurer à Rome fous AUxandrc VI , ni avec les Florentins ennemis de
la Maifon de Médicis. ^5 MadcUine^pout tirer le plus qu'elle pouvoir du don
de fon frère , chargea du foin de faire prêcher les indulgences 8c d'en re-
cevoir le produit TEvêque Arcmbaud^ qui en pafTant à la dignité Epif-
copale n'avoit rien perdu des qualités d'un parrair Marchand Génois. Et
celui-ci , fans aucun égard i la qualité des perfonnes , céda i qui lui en
offirit davantage le droit de publier l'Indulgence \ & il le fît d'une manière
fi fordide > que fans aurre vue que de tirer davantage d'argenr » il ne fongea
qu'à trouver des Miniftres qui lui futlènr femblables » fans concraâer avec
les perfonnes médiocres , qui puflènt parrager avec lui le profit.
C i T o 1 T la coutume en Saxe > que quand les Papes accordoient
3
Cela peut être, mais ce font des libérali-
tés donc on n'aime pas à charger des comp-
tes. Le filence eft ici la plas feible de
toutes les preuves ^ far tout lorfque le fait
eft attefté par les Hiftoriens , comme ce-
lai ci Teft par Gmcciardin. Et accnbbt ,
dit cet Hiftorien, L. i\. cht il Pontefict ,
il fuaU per facUiià dcUa naturafua cferci-
tava in moite cofe conyoca maeftâ luffieio
Ponteficale, donb à Maddalenafuaforella lo
emolumento & lUfauione dclU indiUgen^e
di moite parti di Germania, 9cc. Le té-
moignage dun Hiftorien qui vivoic dans
ce tems même, & qui étoit attache à
Léon par Tes emplois , peut bien fuppléer
ma filence des Regiftres , ou du moins on
ne peut pas accoler FrorPaolo d'avoir in-
venté le fait.
X s • Madeleine — chargea du foin défaire
prêcher Us Indulgences & d*en recevoir le
prodÊtit VEvêque Arembaud , qui enpaffant
à la dignité EpifcopaU m'avoii rien perdu
des qualités d'un parfait marchand Génois,)
PaÙavicin , L. i. c. )• a laifende relever
Fra-Paolo pea ezaâ for 1 anide à* Arem-
baud , qui n étoit ni Marchand ni Génois ,
mais Gentilhomme Milanois, & qui n'é-
toit point non plus encore alors Evèqoe,
ni n'avoit la Saxe pour fon dépanement
dans k Ferme des Indulgences; Ce (bnc
des inexadlitodes , qae cet Hiflorien a eà
doit de relever, qnoiqn'ao fond elles à'al-
tcrent point TefTence du fait principal.
Car , félon PaUavicin même y il «ft cer-
tain qxx Arembaud fut chargé de la publi-
cation des Indulgences , êc du recouvre-
ment des deniers fur le Rhin y aufli • bien
que dans la Bafle Allemagne & le Comté
de Bourgogne. Le même Hiftorien con-
vient auflî qu'il devint depuis Evéque ,
quoiqu il ne le fût pas alors. En effet » fé-
lon i/ghelli , il ne devint Evèque qu'en
ifif , qu'il obtint l'Evêché de Novare»
d'od il padk enfuite à l'Archevêché de
Milan. ( It. Sac. T. 4. ) Mais ce qo'il 7 a
à remarquer , c'eft que Gucciardin attef-
té que ce fut Madeleine qui lei fit dépa-*
ter pour cet ofiBce, &quec'éioitan hom*
me fon avare : ce qui eil précifëmeot tout
ce qu'il 7 a d'eflèntiel dans le &it rappor-
té ^ Fra-Paolo. La quale^ dit Goic-
ciardin, L. 1.3. havendo fatta deputato
Commejffario il Fefcovo Armboldo minijlro
degno di que fia commeffione, chtl'efercitava
con grande avaritia & eftorfioru. Si Fra-
Paolo n'eft point coupable de plos grandes
inexaétitudes qae cdles qui fe trouvent
dans le récit de ce £iit , on ne doit pas
craindre que la réputation de fon Hiftoire
en diminue*
14 HISTOIRE DU CONCILE
M D X V I. cies Indulgences , " la publicacion en écoic abandonnée aux Ermita de S«
Léon ^ jfugufiin *^. Les Quêteurs commis par Arcmbaud ne voulurent point
.. fc fervir* d'eux , de peur quêtant accoutumés de longue main a ce
L I. c. ?! commerce > ils n'euflènt radreflc de tirer fecretemcnt à eux une partie
du profit ; ou qu'étant leur office ordinaire de publier ces Indulgences »
0 Bzov. ad elles n'en valuûent moins entre leurs mains. Les Quêteurs ^ en charge*
an. 15 17. rent donc les Dominicains^ qui, par les nouveautés qu'ils débitèrent
^r'^' . pour faire mieux valoir les Indulgences qu'ils publioient » donnèrent
/in L^f'' oeaucoup de fcandale : comme en excitèrent de leur côté P la vie dé*
Thaan. L ^'^ ^ ^^ ^^^ débauches de Quêteurs mêmes , qui dans les tavernes fie
x.N^S. aillears dépenfoienc en jeux & en autres chofes qu'il eft plus à propos
de taire , tout ce que le peuple prenoit fur fon néceflaire pour gagner
les Indulgences.
Méirtb^ VIL Cbxtb conduite des Quêteurs % engagea Martin Luther , de
Luther i*c- l'Ordre des Ennius de S. Auguftin , à s élever contre eux. ^^ Il fe contenta
lève tùntre d*abord de parler contre l'excès des nouveaux abus » donf ils fo* reii*
ceux qui les
frèchoient
* 160 C'éeoit la coutume en Saxe, que quand
comte Us y^ p ^conbieat des Indulgmces , ta
Quêteurs » , •. ^ \ 1, • * . y * r- •
^ ... /:. -«^ ptsbhcatian em mou sùémdonaée aux Ermites
O» enjuste j ^ ^ ^- » r. » # r
contre Us ^* Auguftin. ) Fra-Paolo le trompe
Indtdtences ^^^^^ <^ic qoe c*écoit la codnune en
fnimes, ^xede leur abandonner la publication des
a Pallav. L Indulgences. Car il paroip par les preoves
I. c. 4. & y. qu'en appone PaUavicin , L. 1. c. ). que
SIcid. L. I. c^ emploi n'étoic af&âé à aocun Oidre par*
p. 6. cicnlier, de qae b commiflion en étoit don-
rleurv , L. née tanrAc aux Franctfcains , & tantôt aux
1 1; . N^4o. Dominicains , qui en dernier lieo en avoient
été chargés par les Chevaliers Teotoniques.
Aoffi ni Omicciardin , ni Sleidsm , ni Mt
de- Tkou , ne font nulle ntenc ion de cette
coutume » ft je ne (ai comment a prévalu
Ibr ce poinc Ifopsnion populaire , qu'a (iii«
vie FrO'PaêU &ns tiop Texamin^ % quol-
qut PaUavicin , L. i. c. 4. avoue que Hi
)aloufie des Auguftins contre les Dominé^
cains lut une des premières caufcs de tous
tes troubles.
ST. €S déèauckcs des Quêteurs mimas ,
qui dans ks êovtnuê & ailleurs difénfriem
en jeux ^ en aafiw chafts qu'il cftplus à
fmpos de $um > &e« ) Ce iont les ^prei
termes de Guicdsrdinôc de M. de Thau ,
que Fra-P4Qi9 n a dit que copier { & la
roppreflîoQ que fit la Concile de Trente de
ces (bnes de Qaâse«9s , ne ^ftiSt que trop
les plaintes qu*en fait ici notit Htfltiioii*
Perche era notorïo , dit Guicciardin , cke
{ indulgenae ) fi concederana filoMteute fer
eftorquere danari da ffi hucmimi , & effenda
efercitate imprudentemente da Commeffmni
dcputati u quefta efattione , la pim parte de
quoH comperava délia Carie la facoltà di
cfircitare, kavcva concitato in tûolti luatU
indignatione &fcandalo affui , &eJpeciaL
mente ncHa Germania ^ dave a aiôki de'
AHaiftri era i^eduta'Penderepcrpoco ptcm^
à giacarfi fa ic taverne lafacoliâ di Iwe^
rare l'anime de* morti dal Purgataria. M.
de Tbou s'ezprinned une manière a&i fem»
blable : âr ce qui rend la cbofe plus cei*
taine , c*eft que Pallavicm n*ofe la 4è&*
vouer.
it. Ilfc contenta Sabord de parta^ eature
l* excès des nouveaux akus. ) Palla^ictm^
qui n omet rien pour multiplier autant
qu'il peut les fautes de notre Hiftorien «
croit te conmincte de hmt en foutenanc
que luiker dans fet pcemièies Frapofr-
tsonf Mcaqua égalemem les Indulgeacas
conmie tes Abus. Ci hk eft véri^te ,
mais ne montie pas b (aulleti de ce tfon
ék FrO'Paoh \ piiirqu>'a«ant la p«Wicatio«
de fes Pfopefcioaft , Itsthee avoit âc pulé
ft px4ch£ contre les abus qisi Te comme^-
rolent dans la publicarion des Indulgen*
ce9 , comme le rapporte SUidan : Is corn-
cknièus itHs & ^^uafiemn^ lèàeKs exc99a>^
DE TRENTE, Livre I. ly
doient coupables. Mais , irrité de fon procédé à Ici^r égard , il fc mit i m » x vi i.
étudier l*origiiic & les fondcmcns des Indulgences ; Bc paflant des nou- ^^^^ ^»
teaux abus aux anciens , & de Tédifice aux fondemens mânes , *^ il publia """"""""^
xcv Propofitions fur cette matière, qu'il offrit de détendre à Wittcm-
berg. Mais , quoiqu'elles eulTent été & vues Se lues , perfonne ne fë pré*
fcnta pour les attaquer de vive voix. Seulement ^ F. Jean Tu[cl Domi- rFIcury ,L
nicaîn en propofa d autres toutes contraires , dans la ville de Francfort en nf . N''4o.
Brandebourg. Pallav.L.i.
VII L l)ettb oppofition de conclufions fut comme une déclara- ^' p , ^
tion de guerre. Car Luther aiant écrit pour la défenfe Ses iiennes y Théologiens
* Jean Echius les attaqua \ & tous ces écrits aiant paffé |ufqu*à écrivent
Rome, Sylveflre PnVno J>)mînicain prit auffi la ^\\xmtcotïtizlMther\ contre Lu-
it ce )® conflit mutuel fit paflTër les uns&: les autres de la matière con* ^^c7'*j t
teftée â quelques autres points d'une plus grande importance. * ^^
£ N effet , comme Ton n'a voit pas encore bien examiné auparavant la Pallav.L.i.
3ueftion des Indulgences , & qu'on avoit également ignoré la manière c 6.
le les bien défendre , ou de les bien attaquer , Ton n'en oonnoifibit ^^^^^J^
pas trop bien ni la nature ni les caufes ^ Quelques-uns crôjoient > que les !^^' ^ 7'*
t Pallav.
ius , quum vîderet vulgo credi quoi Uli ja- ques points d'une plus grande importance, ) L» 2- c. 5.
Bahant , cœpit monere homines , agerent C*eft Vefftt ordinaire de toutes les difpo-
prudenter ^ neque merces illas tanti corn" tes, par rencfaainement naturel qo ont dif^
pararcm ; qued enim his rébus impende^ férentes matières les ones avec les ancres.
nm ^ muUo pogc coUocaii nuliiu. £c ce C/eft aaffi ce qui fit pa&r Luther de la
ne fiic qaaflei de tems après ces prcdica- queftion des Indulgences à celles de la Pé-
oons, qœ Zi/xA«r écrivit à rArchev^oe de nitence & du Purgatoire , & à plufieurs
Mayence » & loi envoya (es Propofitions . Il autres. Et quoique dans Tes prémices Pro-
eft en effet naturel de croire que Luther , portions cet Auteur touchât tous ces difS*
|aî ne fongeoic nullement alors à fe fqiarer rens articles , ce n'efl nollenient une preuve
eTEglife Romaine , ne commença i parler comme le prétend PaUavicin , que ce Ré-
contre la doébine qu'on y prêchoit , que formateur eût eu deflèin d'attaques tous ces
brlqueladifpuceentcomnieiicéàs'échaaécr points , avant que les comefiicions qu'il
par les efiôrts que fûToient les Prédicateurs eut avec (es advexTaires dans les pédicacions
des Indulgences pour juftifier les abus con- & les entretiens euflènt commencé à élargir
tre le(quels Luther déclamoit i & c*eft ce la difpute. Ce progrès eft exaâement mar-
ue déclare nettement l'Auteur de la Vie que par Gulcciardin^ L. 13. où il dit^ que
le Luther, Luther ayant pris occaûon des abfus des C^uè*
29. N puàlis xcv Propofitions, ) Pallof ceun,€ommeni(aparœépniieriesIndu]gen-
vicm ^ L« I. c. 4* en nomme zcvii. Mais ces, de âcome(ler enlnite aux Papes Tauto-
SUidan , aufi-bien que h plupart des au- rite de les accorder : osais que , (butem par
«es , n'en comptent que zcr i 6c on n'en les applandiflèmens popalaires & la pro-
tranve pas davantage dans les premières ceétion du Doc de Saxe, (ans (è contenir plus
Thèfes de Luther publiées en i ; 17. & qu'il long-temt dans ces bornes , nonfèulement
défendit enfuite dans (à lettre à Léon X. il excéda dans l'anaque qu'il fit de l'auto-
écriteen if 18. Luth, T. i. p. fi. & loi. rite du Pape, mais qu'il vint avec le tems
)0. Ce conflit mutuel fit pajfer les uns à défendre bien d'autres erreurs : Nonfolo
& les autres de la matière eorusftée à quel- fu troppç immqdarato contra Upotefià de*
i
i
I
16 HISTOIRE DU CONCILE
M D X V X I. Indulgences 3 1 n'écoienc pas tant une difpenfe de payer ce qui eft d\i à
Léon X. 1^ Juftice divine , qu'une abfolucion ou une reraife que faifoient les Pré-
"■■"■■■■" lats des peines que dans les anciens tcms l'Eglife impoloic aux Pénicensr
rur maintenir la Difcipline » & donc les Eveques s etoienc attribué pea
peu rimpofition , qu'ils communiquèrent enfuice au Prêtre Pcniten*
cier ) & enfin à tous les Confeficurs. D'autres , trouvant que cela tour-»
noit plus au dèfavantage qu'au bien des Chrétiens , qui étant délivrés
des peines Canoniques négligeoient de fatisfaire â la Juftice de Dieu par
des peines volontaires , concluoicnt qu'il falloit que les Indulgences dé-
livraient des unes & des autres. Mais ceux-ci étoient encore partagés
entre eux. Car les uns vouloient que ce fut une abfolution entière > fans
qu'il fut befoin de rien donner en équivalent. ^Les autres au contraire,
ton oppofés à ce fentiment > foutenoient qu'à la faveur de la charité qui
unit tous les membres de l'Eglife » les pénitences des uns fe pouvoicnc
communiquer à d'autres » 6c les acquitter par une telle compenfation»
Mais parce que cette forte de remife paroidbit plutôt être le fruit des mé-
rites des perfonnes ûintes &ç vertueufes » que de l'autorité des Prélats >
de-U vint une troidéme opinion » qui fit les Indul^nces partie abfolution ,
i quoi l'autorité eft requife , & partie compenfation. Et comme les Eve-
ques ne vivoient pas de manière d pouvou^ donner beaucoup de leurs
mérites à d'autres , on fuppofa dans l'Eglife un Tréfor rempli des mé-
rites de tous ceux qui en ont pltis qu'il ne leur eft néceflaire ; ic donc
la difpenfation eft conunife au Pape y qui en accordant les Indulgences
donne au pécheur dequoi payer fa dette par l'aflignation équivalente qu'il
Îrend fur ce Tréfor. Mais la difficulté ne fè trou voit pas par U toat«
-fait terminée. Car fur ce que Ton objedoit » que les mérites des Saints
étant d'une valeur finie & limitée , ce Tréfor pouvoit s'épuifer -, l'on y ajouta
les mérites de J. C. qui étant infinis le rendent inépuifable. Cependant, cela
même faifbit peine a d'autres y qui demandoient à quoi bon avoir recours i
quelques petites gouttes des mérites des hommes , pendant que ceux de J.
C. en forment une mer immenfe } C'eft ce qui donna lieu aufli à quelques*
uns de faire confifter ce Tréfor dans les feuls mérites du Sauveur.
Comme toutes ces chofes étoient jufqu'alors fort incertaines » & qu'el-
les
Pontefici & duthorltà dclU Chiefa Roma-
na , ma trafcorrtndo ancora ne gli errori
de Boemi comincio in progreffo di ttmpo a
Uvare le imagini délie Chiefe , &c. C*eft
préci((aient ce que marque Fra-Paolo^ Se
quoiqu*en dife Pallavicin^ on voit bien que
la chofe n*a pu fe £aire autrement , & il eft
obligé d*en convenir lui-même , L. i. c. £0.
% I • Quelques-uns croyaient que les In^
dulgences , Bec. ) Fra-Paolo fait ici une
énmnéiacion ibrteza^ des principales opi-
nions qu'on a débitées au fujet is^ Indol*
gences. Il eft certain « que dans leur origine
on ne les a données & reçues que comme
une relaxation des peines Canoniques. Ce
Tréfor des mérites de J. C. & des Saints»
dont la difpenfation eft commifè au Pape ^
eft une imagination de TEcole qui n*a au*
cun fondement dans Tantiquité, & qui n'eft
devenue à Rome un article de Foi que de-
puis la Bulle de Clément VI ^ dont les Papes
ont Eût depuis fi utilement ufage.
5**
DE TRENTE, Livre î. tj
les n'avoîent d autre fondement 5* que la Bulle de CUmtm VI , publiée .*'^*^'^
pour le Jubilé de Tan mcccl s aufli ne paroHIbient-elles pas fumfantes
pour attaquer & détruire la doctrine de Luther , & pour répondre à fes "— """"^
raifons. C'eft pourquoi Tu^cl, Êchius & Priirio^ qui ne trouvoient pas
dans la matière même dequoi réfuter Luther , eurent recours aux lieux-
communs , & s'appuyèrent fur lautorité du Pape & le confentement des
Doâeurs Scolaftiques , concluant qu'il falloit tenir les Indulgences pour
un Article de Foi > puifqu'elles venoient du Pape » qui étoit infaillible
dans les chofcs de Foi , & qui avoit approuvé fur cepoint la doArine des
Scolaftiques. Cela donna occaHon à Luther de pa(Ier des Indulgences i Luther m-
l'Autorité du Pape , qu'il fbumettoit à celle du Concile Général légitime- ^^îf ^* .
ment aiTemblé, ^dont il difoit qu'il y avoit alors un prelTant befoin \ candis p^fj[^^
que fes adverfaires foutenoient au contraire , que la puiflance du Pape
etoic fupérieure à toute autre. Mais plus ils Vattachoient i relever l'auto-
rité des Papes » plus il prenoit plaiiir à la rabaiÏÏer -, parlant néanmoins
modeftement de la perfonne de Léon , malgré la chaleur de la difpute , 8c
s'^n rapportant toujours à (on jugement. 3) Ce fut par le même motif,
2u'il vint à difpurer aufli de la Rémidion des péchés , de la Pénitence , Ce
u Purgatoire , parce que les Romains tiroient de toutes ces chofbs des pccu-
ves pour la défenfe des Indulgences.
Mais de tous ceux qui' écrivirent contre Luther ^ ^ autan ne s'y prit «Lodu
mieux que F. Jaques Hochfirat Inquifitear Dominicain , ^4 qui, fans s'amu-cont.
fer aux laifons , exhorxa Léon à le convaincre par le fer & par le feu. o^-^' 7* '*
D S
êuJIi à difputtr de U Rimiffion des péchés ^[^ ' i^
— parée que les Ronuûns tiroient de tou» i^ii^-j^^
tes ces chofes des preuves , ôcc* ) Lêr con->
nezion nararelte de toutes ces matièies , 9c
non les «ttaqpes dits ^.ooiains^ fiit Jjl v£.
) u Elles n^avoient d'autre fondement que
la Bulle de Clément VL ) Pallavicin , L. t.
c f. &it on crime à FraPaolo de ces pa-
t!oles , (oQS prétexte qae S. Thomas & S.
Bonavemure. avoient enfeigné la même
doârine un fiède avant Clément FI, Fra*
Paolo ne rignoroît pas fans doace , lai qui
avoit une û grande connoiilâncedesdoâri-
nés de TEcole , comme on le voit par bn
Davrage. Ainfi , quand, il dit que toa^s ces
chofes n'avoienc d'aao» fondement que la
Balle de Clément VI , ce n*eft pas qa'il
^HQl^t qise S. Thomas ^ S. Bonaventure «
Atéxarfdre .de ffalès èc d*aatT.es avoient
lai&nné fur les mêmes fondçmens. Mais
c*étoic oniquemenc pour marquer qoe c'était
la feulç décidon quil j eût dans l'Edife Cm
fe point i paifque rautoiicé de 5. Tlfomas
& de S. Bonavefnure pouvoit bien faire re-
garder Içur opinion comme probable , mais
non pas rériger en Dogme & en Ajçcicle de
loi.
l^* Ce fut par le même motif qu'il vint
Tome L
ritible caufe qui porta Luther à en di^pu-
ter I pai(qa*avant les séponTes qu'il s'attira »
on voit qull j avoit déjà touché dans Tes
Pxopofirions. Mais il eft certûo en même-
tecns , que les attaques de Tes adverfairesélar-
giient beaucoup ladifpute, &.lui firent com-
battre phifieuxis points , auxquels de Ton pro-
pre aveu il n*avoit nullement pen(é d'a-
bord.
)4. Mais '-^ aucun ne s*y prit mieux
que F. Jaques Hochftrat^ &c. ) Ceft ce mê-
me Inquiticeur qui fufcita tantd'a{{àires.a«
célèbre Reuchlin , & dont Erafme nous a
donné un caiaâère4pfficnx dans Tes lettres»
Ainfi Ion ne doit point être furpris apfêy
cela , s 11 croyoit que les (iipplices étoient la
meilleure raifbn .dont Léon put fe (èrvix
to(vr nunener Luther , comme le dit Slà^,
C
iS HISTOIREDU CONCILE
fnTrm. IX. Cependant la difpace s'échauffoic de plus en plus •, & Luther
Léon X. avançoit toujours quelque nouvelle Propofition , à mefure qu'on lui en
• . - . , fournidbir Toccafion. J ? C'cft ce qui obligea Léon * de le faire citer à Rome
Romf*'' ^ au mois d'Août mdxviii , par ** Jérôme Evêque d'Afcoli Auditeur
*Id. N°77. de la Chambre ; & d'écriçe en même tcms un Bref à Frédéric Duc de
Sleîd. L. I. Saie , pour l'exhorter à lui reftifer fa proteAion. Il ccryit t auffi au
F- ^' Cardinal Cajétan fon Légat à la Diète d'Ausbourg , de foire de fon mieux
V*^ pour le prendre prifonnier & le faire conduire à Rome. Mais on fittrou-
y Pallav. ^^^ '^^ ^ ^^^^ > ^^ ^^^^^ Caufe fut examinée en Allemagne ; & il en
L. I. c. 5^. commit le foin & le jugement à Ion Légat > avec ordre de recevoir Luther
Luth.Tom. en grâce , s'il voyoit en lui quelque cfpcrance de retour , comme auflî de
i.p. 104. |yj promettre non-feulement le pardon pour le paffé , )7inais encore des
honneurs & des récompenfes , félon que fa prudence le lui feroit juger
à propos. Mais s'il le trouvoit incorrigible , il avoir ordre de s'employer
auprès de l'Empereur Maximilien & des autres Princes d'Allemagne » pour
le faire punir.
é* campa- 3» Luther j muni d'un Sauf- conduit de l'Empereur» » alla trouver le
rost devant
le Cardinal j^n > Pontificem ad vim atque flanuaottL Maître da lacté Falaîs qui avoit écrit oon«
Cojttan à exhortatus.
Ansbourg.
. . , )/• C*eft ce qui obligea Lion de le faire
K Slcid. L. ^;^^^ ^ Rome au mou d'Août m d x y 1 z i. )
L & ^t'°'^^ "® ^"^ qu'après en avoir été follicité
iii * * ^*' ^^* lettres de TEmpercar Maximilien ,
Pallav* Li '"^P^'^ées parmi les Oeuvres de Luther y
^ o^ ' * T. I. p. 10 j. Ceft ce qui nous doit faire
Ffciry , L regarder comme riês-fufpeft ce que ra-
iif.N^So. porte Pujfindorf ^ns (on Introduction à
l'Hiftoire , o& il nous dit , que Maximilien
navoit aucune averpon pour la domine de
Luther , Se qu'il difoit , quil vouloit gar^
der ce Moine pour lui , & avoit dejfein de
s*en fervir avantageufement: H paroic au
contraire par fa lettre â Lion , qu*il accu-
foit Luther d*avoir avancé plufieurs Héié-
fies , & qtfil priott ce Pape A*y apporter
promtement remède : Audhefefe quemad-
modum Lutherus muîta difputdrit & pro
concione dixerit, in quitus pleraquc videan-
tur e£e haretica — Magnitudinem reîfane
pofiulare ut nafcenti malo medicinamfaciat
prîufquam hngîus evagetur atque ferpat.
Aeid. L. X. p. 8,
çre Luther , & que par cette raifon on
n'auroit pas du loi donner en quelque for-
te pour luge. Mais ce ne fut pas la feule
fadlë démarche que fit Lion dans toute la
fuite de cette affaire , comme Pallavicin
Tavoue en parlant de la part qu'eut Eekius
à la Bulle de if xo. L. i. c. lo.
'57. Mais encore des honneurs & des ré-
compenfes , félon que fa prudence te lui fe-
roit juger à propos ) Ceft de quoi il n*eft
&it mention ni dans la CommifGon en<*
voyée à Cajétan , ni dans Sleidan , ni dans
la relation de Luther même s & il 7 a ap-
parence que /nt-Piio/b n*a ajouté ceci que
par conjeéhire , ou par une fimple pré-
somption tirée de la conduite que tinrent
depuis avec Luther , Miltit^ & Verger. Peut-
dtre audi que notre Hiftorien par méprife
a appliqué à Luther les promefllès fiuef à
ceux qui obéiroient fidèlement à la Bulle
& renonceroient a leurs erreurs s piomefiè
dont £iit mention Pallavicin , & avant loi
Sleidan, Qui vero fidelem eperam in eo
prctftiterint ^ Us vet communem illam &
3^. ParJirSme Evêque ff Afcolî , Audi- plenam deliflonim remijjîonem concedi , vet
teurde la Chambre, ) C'ctoit Jérôme Ghi- etiammunusaliquodlargiripracipit.Sl. L»i.
nucci. Tait depuis Cardinal par Paul III , ^8. Luther , muni d'un Sauf conduit de
auquel Léon donna pour Con(êiI dans cette V Empereur, alla trouver le Légat à Aus-
affaire Sylvtftre PrOrio , Dominicaiii 5c hourg, ) Selon Sleidan , L. i. il vint à Ame^
DE TRENTE,LiVRfi h 19
Légat i, Âusbourg, qui après une Conférence qu'ils eurent (îir la matidre mdxvw..
des Indulgences y voyant Uen que la Thécdogie Scolaftique » dans laquelle Lkqh X
il excelloic , ne ferviroic jamais à convaincre Luther qui n'employoir que "
l'Ecriture , dont les Scolaftiques ne fe fervent guères , lui déclara qu'il ne
vouloir point difputer avec lui. Mais il fè contenta de l'exhorter â fe
retraiter » ou du moins à foumettre fès livres & fa doârine au jugement
du Pape y en lui remontrant le danger où il s'expofbit en perCftanc dans
£z$ ièntimens , 6c lui promettant des grâces & la faveur du Pape » s'il
vouloir fe foumettre. Luther ne répliqua rien i ces exhortations *, & le
L^at » qui jugea à propos de tempoduer un peu , afin que les menaces
Se les promefles euflent le tems de £ûre lur lui quelque impreflîon > le
renvoya fans le preiler davantage » de peur de s'en attirer une négative fur
le champ. Cependant «' il lui fit parler audi en conforoiité par F* Jean
Siaupit[ y 3 f Vicaire-Général de ion Ordre.
40 Luther érant retourné ^ une autre fois chez le Légat » il eut avec lui ^ Fleory >
un entretien fort long fur tous les chefs de fa doârine. Mais le Cardinal , [^o'»^^'
qui ) pour le rendre plus difpofé à racconmiodemenc qu'il lui vouloir pro Paiiav.L.i.
pofer , l'écouta pluiot qu'il ne di^iuta « l'ayant exhorté en le quittant à c ^.
SecKcnd.
L. I. SedL
iourg fans ce Sauf-conJut , mais il ne pa^ Icibrieslndolgences 5cfiir les^Ijasile VE- ^g^ *^« ..
rat devant le I^t qu'après Tavoir obtenu, glilè Jlomaine « k ^paici qi*îl prie de de-
Quo cum veniffet iniûo menfis OBobris , meorei dans cette £gli(è (ans acquiefcer au
iriduum ibi fu'u antêquam Cofctanê loqu^ Schifine^ la précaution au*ii eut d^lpudre
rctur : nam ii^uibus eum Fridericus corn- £#/A^r de fiui voeu d*ob£iuance avant la Coa«
mtndârat^^vttabant ne friàsiUum acce- firence d*Ausbourg» dont peut-être il prë*
dera, quam ipji fublica fide çautiun tjfetà voyoit les triftesconflSquenceSy &.la mode-
Maximdiano Ca/arx. £m d^mum impetrata jration même des offres que fit Luther à Ca-
venu 4 &c. Je ne (ai fur quoi fondé Mr. jitéity apparemment par défSrence pour les
Dupia dit ^ que Luther ne demanda ce Sauf- (bUicitacions de Staitplt[ , (ont ce me (èm«
condoit quaprès les menaces de Cajétan s ble des preuves af&z fortes qu*il s*empIofa
car le contraire psunott par la Lettre de Lu- eflkacemenc pour terminer cette .a&ire 2
iher^ T. i. p. m. ramial>Ie,=&Iêconderles vuesdu Lé^tdans
59.// lui fit psrUr aujf en conformité par la (ôumifllon qu'il ex igeoit de Luther» Seç*
F, Jean Staupit^^ Fie aire- Général de fin kend. L. i. Seà. iS. N^ 37.
Ordre. ) Caoit « ftlon Pallaricin L. i. c. 40* Luther étant retourne une autre fils
xo. un homme d'une grande naiilânce , Se che^ Je Léfot , <lcc. ] Fra-Paolo , aprc^
qui avoir un grand cr6dit fur re(pfit de l'E- Sleidan^ ne &it mention que de depx cntre-
ledeor. S'il eft vrai , comme Yçiii rapporté tiens de Luther avec le liga.t. Mais il parent
Quelques Auteurs ^ que c*etoit lui qui avoit & par la lettre de Cajétan , & par la relation
caargé Luther de prêcher d abord contre les de 'Luther ^ qu il y en eut trois s 6c ce ne fqt
Indulgences , & quaprès les Conférences il auapiès le croifième que le Lég^c lui défen-
fe retira feçretement d'Ausbourg même dit de fe pr^fenter devant lui , à moins que
avant Luther , comme le dit Cajétan ( Luth, ce ne ^t pout lui apponer (à rétraâacion »
T. i. p. tao. ) on feroit aifez porté a croire comme le dit Slèidan: Sîmulahire mfi rer
qu*il s'acquita n^al de la commidion du Lé- fyifcat , & inpoftèrum âftto coUoquio juha
gat. Cependant, quoique peut-être il ne fôr abfiinere. Voyez au(G Luth. T. x« p^
pas 4*abord fait éloigné des idées de Luther 1 ii«
C a
lo HISTOIRE pu CONCILE
mrmu profiter d une occafion fi fiire & fi utile de terminer cette affaire , Luther Iiii
Léon X. j-^p^j^jj^ ^^ç^ (^ véhémence ordinaire , que Ton ne ponvoit faire aucun
10
accord au préjudice de la vérité \ qu'il n'avoir ofïcnfé perfonnc, & n'avoir
jbefoin de la faveur de qui que ce foit ; qu'il ne craignoit poiint les me»
naces , & que fi Ton entreprenoit quelque chofe d'injufte contre lui , il
en apjpetleroit au Concile. Le Cardinal , aux oreilles de qui H étoit venu
lue Luther étoit foutenu de quelques Grands pour tenir le Pape en bride »
(oupçonnant que c'étoit ce qui le faifoit parler avec tant de confiance »
s'emporta ^^ jufqu'à lui faire de fortes réprimandes , & lui dire des injures \
& le fit fortir de chez lui , en lui difant que les Princes ont les mains
h là, Ibid» bien longues. Luther ^ fonit de chez le Légat y & fe rappellant le traite-
^- *^' ment qu'on avoit fait à Jean Hufs^ fe retira d'Ausbourg fans rien dire.
41 Mais après s'en erre éloigné , & avoir réfléchi plus mûrement fur ce qui
s'étoit paflé , il avoua dans une lettre qu'il écrivit au Cardinal , qu'il s'étott
trop emporté , mais il en rejetta la faute fur les procédés des Quêteurs Se
de fes autres Adverfaires , & promit d'en ufer plus modeftement à Favcnir>
de fiitisfaire le Pape » de ne plus parler des Indulgences , à condition cepeir-
datit que fes ennemis en ufallent de même. Mais ni eux , ni lui » ne purent
garder le filence. Au contraire , ils fe provoquèrent tellement de part &
d'autre » que la conteftation ne fit que s'en échauffer davantage.
BuUe de X. 4T L A conduite du Cardinal ne plue pas à la Cour de Rome, où on
Lhn X>efk
^f^f^l '^ 41» Jufqui lui faire de fortes r^rlman- & par Ta relation de Luther m£ine, & pat
ti Atb l ^" * ^ ^'^^ ^^ injures , &c. ) Luther le témoignage de Sleidan , L. i . Lutherus ,
deLuthé^ & 5W</a« parient des menaces qpe fit le àït celuï-cï y tertio pofl hanc comminationem
C2idïm\ Cajétan y mais non d*aacanes in- iSe — datlitteras adillum offlcii plenas ^
|ares i St leur filence à cet égard eft une benevolentia^' Cum ad eas litteras Cajc-
preuve ptus qae' fuffifante qa*bn ne lui en taniu nihilrefponderet^bidubpofiamicorum
dit aucunes. Vàldt tnfiahat ut revoearet ^ fecutus eonJiUa — difctdit > nli&a quadam
dit Sleidan , nîfifaciat , panas à Pontifice aDptUatione qua pofi àffigeretur paiam , &
jam confiitutds minatnr. Luther même jub tempus abitionis denuo fcribit Caje^
avoue dans (a relation , que le L^t le tanum. Comme cette dernière lettre ne fut
traita très- humainement >& dans la lenre rendue , & que fa proteftation ne fut aflS-
3|U*il écrivit à Cajétan avant fon départ chée qu'après fon départ, c'eft peut-être
'Ausbourg, il fe loue beaucoup de (à bon- ce qui a donné liea à la méprifè de JFnr-
té , St Ten remercie d*une manière qui Paoto.
parott tfès-finccie. PaUàvicïn ^voue ce- j^^. La conduite du Cardinal'ne plut pas
pendant, L. x. c. 9. qu*aux manières cî- âla Cour de Rome, 8cc.)Vévèï\em^mrMS
▼lies le Légat joignit des menaces piquan- doute a '6it cotidamner à Rome dans là
tes : Mefcolando il Legato col dolce délie fuite la conduite de Cajétan , & il y a
amorevolene il piccante di qualche mi- quelque lieu de croire qu'il: yen ayoît mè-
naccîa. me de fbn tems qui lebtlmoient de trop
41. Mais.àprls s'en être éloigne — // a- de roideur. Ce qu^i^y a de certain , c'eft
roua dans une lettre q[U*it écrivit au Cardî- que Luther dans fon fécond Appel fe phu«
nal ^ &c. ) La lettre aufli bien que lapro- gnit, non de rinci'vilné, mais de la dure,
ireftàtion de' Luther , ftirent écrites avant té de Cajétan ; & que Charles Mibit[ , en.
fôn départ d*Ausbonrg, comme il paxt>îc voyé à l'EleAeur de 5axe pour tâcher d'ao^
DE TRENTE, Livre I. zi
en parla avec beaucoup de mépris , le blâmant ^ d'avoir traité Luther avec MDxrxxt^
trop de févérité &c d une manière trop injurieufe , 44 au lieu de Tavoir '^*^ ^
ramené par les promeflcs de grandes richeflcs , ou de quelque Evcché , ou ^*, ^
même d*un Chapeau de Cardinal. Cependant le pape apprénendant ^ quel- Hift. Flor.
que nouveauté en Allemagne , non pas tant contre les Indulgences que I. é.
contre fon autorité , donna une Bulle datée du 9 de Novembre mdxviii î ^Sldd. L.
où il déclara la validité des Indulgences , qu'en qualité de fucceÛeur de S* ^ P.* '^
Hcrre & de Vicaire de Jefus-Chrift , il avoir droit d'accorder aux vivans^^ ^^^' ''
& pour les noorts » & où il aflfura que telle étoit la dodrine de l'Eglife Lucher , T
Romaine la Mère & la Maîtreflè de tous les Chrétiens» que dévoient rece- i. p. xi9. '
voir tous ceux qui voudroient vivre dans fà communion. Cette bulle ^ fut e Id. p.nt»
envoyée au Cardinal Cajetan » qui étoit alors à Lintz ville de la Haute
Autriche , où il la publia , & en fit tirer plufieurs copies authentiques »
qu'il adredà â tous les Evèques d'Allemagne , avec ordre de la publier auffi »
te de défendre à tout le monde fous de rigoureufes peines d avoir aucune
autre foi fur cette matière.
Luther vit bien par cette Bulle 4f qu'il n'avoir plus rien à attendre de
Rome & du Pape , que fa condamnation. Et au-lieu qu'auparavant il avoir
épargné la perionne du Pape , & jie refiifoit pas de fe fbumettre i fon ju-
commoder cette affaire , ne fie pas diffi- un Apptl, &c. ) Ce fécond Appel de Lu^
culte d*en convenir, [Pallav. L. i.c. k 3.) ther ne fac point occafîonné par la Balle ,
le de vouloir traiter avec Luther fur un dont il ne pouvoit encore avoir aucune >
pied tout diâihrenti preuve évidente qua connoiflànce. Car cette Bulle, qui n*avoit
Rome on eut fouhaité que Cajétan fe fût été (ignée que le 9 de Novembre , Se non de
prêté davantage. Cependant on ne voit pas Décembre, comme ledit le Continuateur de
que ni le Pape,. ni la plus grande paniede Mr. Fltury^ L. xif. N^. t^. n arriva à
la Cour Romaine , cenTurairent d*abord fon Lintz en Autriche que le i ^ de Décembre >
procédé^ puîtquon fuivit à Rome fes vues, & TAppel de Luther avoit été interjette dès
comme on le voit par la Bulle qui fut le 18 de Novembre, (ans qu il y faOe aucune
publiée crois femaines après contre Lw- mention de ce nouveau Décret. Paliav. L»
ther» I • c. X a. Il eft do^ bien plus naturel de s*en
^^ At^eu de r avoir ramené par Us pro- lapponer à ce que dit 5/r/Vtf/z , L. j.qull
maffes de grandes ruhejffes, ^c. ) Ici Fra- fit cet Appel pour prévenir le jugement qu'il
Paolû kaJbîk contredire ce qu'il avoit die avoit appris par les lettres du Curd. Càjitan
auparavant , que Cajétan avoit eu ordre devoir être rendu à Rome contré lui. Lu*
£aSt'a à, Luther de grandes réçompenfes , therus^ quoniam i Cajetsnî litterïs àccepe^
s'il vot^ott fe reconmxtre > &. o^me qu'il rat fore ut cpntra fe Romajudicaretur, no»
Kavoit £auit. Car fi cela étoit ainfi , conunent vam interjicit é^ellationem NovemBrîs dîr
la Cour de Rome pouvoit -elle cenTurer v/;e/£ioo o^^dvo. Bt c*e(l ce qui paroît par la
Cajétan, ôc l'accnfer de trop de (cvérité ? teneur de l'Appel même > oïl Luiher dît^
Dans l'un ou dans l'autre notre Hifio- quajrant connu par les lettres du Légat qu'il
rien fe trompe , & peut-être dana tous les n'avoit rien de bon à attendre de Rome, il
deux. . s'étoit cru obligé d'appeller du Pape au Coh-
4 r • Ltttket vil bien par eetu Bulle qu'il cilc futur; Jam vero poffquam hac apnelta^
n* avoit plus rien à attendre de Rome j qi^e tione conte^fa^ rejeâis etiam eondltioni^
fa condamnation — Pour cet effet il publia bus , nihil opis aut fabms à Pontifice^*-
t^ HISTOIRE DU CONCILE
utrmu gement, ilréfolac alors de Tarcaquer Im-m&me. Pour cet cficc ^ il pabtia
LâOw X. on Appel, où, après avoir déclaré 4^ qu'il ne précend<Mr {XMnc s'oppofix à
fLutkar ^'^^^^^^^ ^ ^^ > quatid il cnfeigneroit la vériié , il aîouioit : Qu'il n'écoit
"Ti. p.iis! pas plus infailliole & plus impeccable que le refte des hommes , témom S*
Slêik L i! l^rre qui avoir été fevèretnenr repris par S. P4uU : Qu'il éoiic bten tiCt
P* 14* âu Pape » qui avoir tant de richeflès 6c de parrifàns > d'opprimer fàus
luch. T. I. crainre de perfonne quiconque n'adhéroit pas a fes ibnttiiiens -> de qu'il ny
^' ^^ '' avoir à cela d'autre remède que d'avoir recours au Concile , qui par coûtes
fortes de raifons devoit être préféré au Pape. Cette proteftation courue
route l'Allemagne , & plufieurs la trouvèrent fort raifonnable : ce qui fie
que la Bulle de Léon ne put éteindre le feu qui y étoit allumé.
Troubles en X L M A I S la Cour de Rome , % qui le regardoit d^ conune éteint •
^*^^^*^* envoya en Suiflè F, Samfan Milanois , de l'Orie de S. François , pour j
n^s /». P^'^chcr les mêmes Indulgences ; ce qu'il fir en divers lieux , Se lamaflà juf-
dulgenees. 9^*^ ^ ^^ > ^^>^ ^^s* ^^ Mzi^ il trouva à Zurich de l'oppofition de la pare
g Sleid L. d Ulrich Zuinfjt Chanoine de cette Egiife , avec qui il eut de ^andes
I. p. 15. difpu tes , en pafTant d'une matière à une autre , ainu qu'il étoit arrivé au-
Pallav. L. paravant en Allemagne. Cela acquit beaucoup de crédit à Ztdngle , qui
Fleury^, L. ^'^^^"^ ^^i^ écouter it mit à parler non pas tant contre les abus des indul*
ii;.N^P4gences9 que contre les Indulgences mêmes» & l'aurorité du Pape qui les
& L. xi^. accordoit.
^^ 47- XII. Luther , qui fc vit écouté , 6c <|ui trouroit des Seâatenrs jufquet
an^^iAs ^^^ I^ ^u^i^^s païs , en devint aufli plus hardi. Il paflà donc i rexameu
Isjô ly. ' d'autres articles ; & ayant abandonné la do£brine des Scolaftiques & de
DeOrme de l'Eglifè Romaine fur la Confeûîon & la Communion , il approuva la Com-
Luther eon- munion dtt Calice pratiquée en Bohème *, il fit confifter le capiral^ie la Pê-
damnée pMf '
les Univei''*
filés de LeU' ^^^^^^ ^ viieat ex Cajetani Uttris ad ^7» Akùs it trotn^si Zwiek 4e Fappofi"
vMÎn (^ de Friderùum Principem datis , adduêtum ex- f ion de lapsnd'Ukich Zuitigie, &c.) Ceft
Celûine, tremâ necejjitau provocare fe à Ponnfice ad à cortqoe FaiLnncin relève ickFra-Paob^
ùuurum Cçacilium, quod wifit Toodis amni^ comme ajant dit qae la pablicacion des kw
%us prafirendum. dulgences £iîie à Zurich avoir doané naif-
4^. Qu'il neprêtendok point s'^ofpoftr â ûnce à l*Héréfie de ZmingUm Cftr notre HiT»
Tautorui du Pé^e , quand U enfeiguerob la torien ne die rien de pareil. Mais il fe coiv-
viriti » &c..) Ce n*eft pas tout à &it le fens tente de manquer l'oppcficion qae Samfom
de Luther, dont 1* Appel porte fimplement , croura à la publicarioiMie ces ladalgeuoes âm
4 Vautorid du Tape mieux ififormi, melitu ia part de Èmngle , qoi dès^aopanvanr avoir
informandum. Ce qui a ttosi^ Pra-Paolo , montté fon ttkt en prèdianc oontxe lesabos
c*eft qu*aa lien de confulter hi Balle mèmey qui fègnoiem dans la Cour Bc l'EgLfe Roi-
il sVftarrèté à Textiait qu'endonne SUidan^ maine. Skidan é'étoic ex|imiié de la -même
& oà H s'exmîme â peu près comme nom manière : Non multè pojt vêuit iMac mifit
HiQorien . initioprofitetur, noUefe Rotna- Pomificis IndulgennanÊm , m amat , praco
ni Pontijlcit rekh fentientîs authoritatem SamjonMediolanenfisFrancifcanus,uipe^
convâière, &c. aa-Kea que Luther dit fim- timiam emungeree. Ei fife famter opponit
plement , i — Leone non reâi confubo. ZwngVtus , ac impofiorem effe docet. Vun
Lttcb«Tom.x.p.'i)2« NBcTaotieficommeroAiroit, farleBt4MeDdf
DE T R E N T E , L I V R E I. x j
nicence > non dans la confeflîoD exaâe de fks péchés aux Piècres» mais plu- u^xwnu
t&t dans une ferme réiblucion de fe réformer à lavenir. De Ai il vint en- ^ > ^ n X»
core i parler des Vœux , & des Ans de la Vie Monaftique. Et quoique fes """^"~— *
Ecries, ^ qui avoienr pénétré jufqu à Louvain Se i Cologne , eufTent été exa- h Fleiir^, L.
ixttnés 6c cenfurés par les Théologiens de ces deux Univerfités > il ne s'en x^f. N^^r*
ébranla pas davantage ; Se allant toujours en avant y il s'appliqua à expofer ^ ^
& à (brcifier d'autant plus fa doârine , qu'il vojoit plus d'adfcrfatres s'éle- ^' ^^*
ver pour la combattre.
Lan mdxix fe palïà atinfi , plutôt i contefter cpi'à décider. Cependant
il venolt à Rome de continuels avis des troubles d'Allemagne & de Snifle ^
que la renommée groflklbit encore , comme il arrive ordinairement » fur-
tout lorfque les nouvelles viennent de paï's éloignés. Léon étoit taxé de né-
gligence y pour n'avoir pas apporté de promts remèdes à de fi srands périls.
^ Les Moines fur-tout ' l'accufoient de ne s'occuper que de ipeftades , de f Onoph.
chadè , de plaifirs > & de muiique , au lieu de prendre foin des a&ices ^^^^'^ ^
importantes qui (é préfcntoient. Ils difoient > qu en matière de Foi il ne ^^'
faut pas négliger la moindre chofe , ni differer an moment ie remède y qui
étant applique d'abord y peut étouffer le mal dans fa naiiTance , & qui vient
trop tard quand le mal s'eft fortifié : Que l'Héréfie à*Arius n'étoit qu'iuie
peute étincelle , qu'on auroit pu d'abord facilement éteindre > & qui pour-
tant embrafa enfuite tout le monde : Que Jean Hufs & Jtfomt de Prague
euflent fait autant de mal , fi le Concile de Conftance ne les eut accablés
dès le commencement. <^ Mais au contraire , Lion fe repentoit de tout ce
Coppofitioadé ZMÎngksiSamfcn^txak ils ne tcii de tout ce qu'il avais déjà fait , S(c. )
nient pas , qii*auptrtvant il ne (ê fut déjà Ceft ce qae dit Fra-Paolo > mais )e ne (àt
déclaré contre les abus & contre diffirentes fur quelle autorité , paKqu'au lieu d.*adoucir
opinions de 1 Egli^ Romaine y comme il ce qu'il avott déjà fait par des démarches
avoir £itt en effet dès fan x y i ^* Hift. de la plus mefurées , ce Pape alla toujours en
Réf. de laSuiflè, T. i.p. 41. ayante it aigrk le mal encore davantage 9c
49. Les Moines Y acariens fuf-nmi ie par la nouvelle Bultt qu'il publia peu après,
nt s'oeeuptr fue de/peUacUs, de ckaffe,de âc par d'autres aûiotts aufS tn^sudentes. U
pUifirs , ftc. ) Ce n'étoieat pas fenlement eft rrai, que il nous en cxo|ooa Bdndeîli^
les Moines I car c*eft le caraâ^eqn'endoiv Lion n'avoit pas intérieurement fi mau-
nent généralement les Hiûoriens. Folupta- vaiTe opinion de Luther y pui(q^ , félon cet
tîèus, dit Onuphre» venationij auaqnis Auteur , au )ugement de ce I^ntife , ce
efitfi dedittis , luxui & fptendîffims con- Réformateur étoit un hett^mo ingignê y €
viviis y muficaque magis quam tantum Pan- che contefie erano invidie fratefche » )• p*
tificem deceret ytotusimpendebat. Gnicciar^ Nov. 15. Mais, fiippofé qu'en paniculier
dht en donne le même caraéV^re : Immerfa il en ait jng^ akiâ, et qiè s'eft pas hors
sd udirt tmtto'l giorno mufiche , ficetie , e de vrti(eMblancc en ^ni m cazaAife 4k
hêfflmi, ineitnuto 4uicora troffp^ fiù che Léon^ jk,A cciiayi qae itaos fa. coadtaÎM
Fhomefto àpiétcêri; & Paml Jave , fbn ^^ pubMque il paoMi peditx iODtdiffi^iemment ,
■égytifte d'ailleurs, n'en porce {»as un auue fans rien faire pour réparer le malqa'avoit
jugement : ce qui montre bien que cet caufé fa première pfécipkatieo^ A» reAe ,
plaintes n'croient que trop bien ibndées» )e ne &i poMqooi Ma. AmeàÊip, att-iieu dt
4fn Mme éoê contraèHy Léomfe npeM^ txêdmxty Am eotursiet LéoM fs w/feutoîM^
14 HISTOIRE pu CONCILE
iioxxx. qu'il avoir déjà faic dans cette affaire , Se fur-cout du Bref qu il avoit Ctt^
L£ON X. YQy^ gn Allemagne au fujet des Indulgences*, & il croyoic qu'il eût biea
" mieux fait de laiflcr difputer les moines entre eux > &: en le confervanc
neutre de £e faire refpeâer des deux Partis , que d'en aliéner un en fe dé-
clarant pour l'autre : Que cette difpute ne valoit pas la peine de faire cane
d'éclar : Que Ci l'on en eût fait peu de cas , peu de gens y penferMenc : Ec
qu'enfin (i le nom du Pape n'y eut point été engagé » elle cireroit à ia fin, &
ièroit aflbupie.
CiPEKDANT» aux iuftances des Prélats d'Allemagne Se des Uni*
verfités , qui vouloienc fortifier de l'autorité du Pape la condamnation
que leurs Théoloeiens avoient faite des Ecrits de Luther , Se plus encore
pour fe délivrer de l'importunité des Moines de Rome , il fe dcgermina
i^Flcury, L. ^ fuivre le fentimentdes autres, ^ & établit une Congrégation de Car-
11^. N^6c. dinaux , de Prélats » de Théologiens , Se de Canoniftes , à laquelle 11 re«
mit entièrement le foin de cette af&ire. On y décida très aifément , qu'il
falloit foudroyer une telle impiété. ^° Mais les Théologiens Se les Canonif-
tes ne s'accordèrent pas fur. la manière. Les premiers vouloient qu'on en
vînt tout d'abord à la fulmination. Mais les féconds prétendoient qu'on
devoit nécedàirement faire précéder la Citation. Les Théologiens ioute-
noient que l'impiété de la doârine de Luther étoit manifefte , que fes.
livres étoient publics, & que fes prédications étoient notoires. Mais les
autres répondoient que la notoriété ne dépouilloit perfonne du privilège
de fe défendre , qui eft de Droit divin & naturel } & alleguoient pour
/ Gcn. III. s'autorifer , ces pafïagcs connus de l'Ecriture , * jidam 9 ou êtes-vous \
f. & iv. 9. Caîn y oà eji votre fren ? Et dans le cas des cinq villes criminelles , "* Jt
m Gea. defcenirai 6* je verrai. A quoi ils ajoutoient que la Citation , quoique
xviiL II. fj^ns effet, faite Tannée précédente par l'Auditeur de la Chambre, en
vertu de laquelle le Jugement de la Caufe avoit été commis au Cardi*
nal CtfyV/i2/i a Ausbourg > en montroît-affèz la néceffité, quand il n'y ea
auroit pas d'autre preuve. Après un long débat entre les Théologiens »
qui s'attribuoient a eux feuls la décifîon de ce point , parce que c*étoic
un point de Foi , & les Canoniftes qui vouloient auffi fe l'approprier quant
à la forme du jugement , on propoia pour les concilier un expédient ,
Îui fut de diftineuer la Caufe en trois parties , fçavoir la doâxine , les
ivres ^ & la petfonne* l-ç$ Citnoniftes jponvcnoiçnt que la domine pou-
voir
comme le porte rOrigintl , In corurâno
Leone era pentUo di tutu le attionifatte
da lui, a tnuiuic, D*aiUeurs Lion fe rt-
pentoii : ce qai frit on conooe fens a0ez
ien(îble.
j o. Mms lu Théologiens & les Canoniftes
ne s'accordèrent pas fur la manière. ) Palla*
«jo/s OC nous du xien dexe àtwL Mais,
ootie qu*il ne le contredit pas , ^e q«'îl
n'eût pas manqué de &iixe s'il eue ht Sm» »
il rinfinoe tflez lui-mècne en di&nt, J^ i«
c. 10. qae quoiqu'on s'accordât roi la dAC»
tance de la Balle , il y eue beaocoop de
diQnxes for la forme , e bcnche non fi difcor^
dajfe nellafoftan{a,aicuni Cardinaliaccem^
narono varie obje[ioni intomo aile parole i
D E TRENTE, Li VUE I. if
voit être condamnée fans Citation ; mais ils perfiftoicnt à foutenir qu'il m o x x.
falloK citer la perfonne avant que de la condamner. Mais comme ils ne ^^^^ ^'
purent vaincre la réfiftance des Théologiens , qui infiftoient ooiniarrément
& fe couvroient du bouclier de la Religion , Ton prit ennn ce tempé-
rament > que Ton afligneroit à Luther un terme convenable pour paroître :
ce-qui tiendroit lieu de Citation. Il y eut plus de difficulté pour lés livres.
Car tes Théologiens vouloient qu'ils fullent condamnés abfolument avec
la doârine ; ôc les Canoniftes au contraire » qu'ils fuflent compris avec la
perfonne dans le terme prefcrit. Ne pouvant donc s'accorder iur ce point
on fit l'un ôc l'autre , c'eft à dire , qu'ils furent condamnés d'abord , & ci • j t
Îu'enfuitc on marqua un terme pour les brûler. En conféquence de cette ^ p •q, '
élibération , " fut drelfée une Bulle î» datée du 1 5 de Jain mdxx •, qui Paliav. * L.
étant comme l'origine & le fondement du Concile de Trente , dont nous z. c. 10.
avons à écrire l'Hiftoire , il eft nécelTairc d'en donner ici le précis. Spond. ad
w XIII. D'abord le ® Pape y adrcflc le commencement de Ion difcours ?Ji '^*°*
w à Jefus-Chrift , qui a lailTé S. Pierre & fes fucceffeurs pour Vicaires p^/^ ^^
» de fon Hglife , & le prie de la fecourir dans les befoins préfens. l\ Léon Xeon*
«porte enfuite la parole à S. Pierre, qu'il conjure par le miniftère qn* il tre Luther i
w a reçu du Sauveur , de vouloir pourvoir aux befoins de l'Eglife Ro- • ^^^^' ^'
» maine , confacrée par le Sang de Jefus-Chrift. Il demande auffi la même ^^^ ^^^
» afliftance à S. Paul , ajoutant, que quoiqu'il ait jugé p les Hiréjits ni- y^^ Fieary .
M cejfaircs pour éprouver Us bons , il eft raifonnable néanmoins de les étouffer L. x %6.
»» dans leur naiflance. Il s'adreflè enfin à tous les Saints du Ciel , & à l'Eglife N° ^ï-
w aniverfelle , & les prie d'intercéder auprès de Dieu pour délivrer fon Eglife ®*^^* *^
M d'une fi grande contagion. De là il pafie àraconter,qu'ileft venuàfaconnoif- ^o .^
»fance& qu'il a vu même de fes propres yeux, que plufieurs erreurs déjà con* f i. Cor.
M damnées des Grecs & des Bohémiens , & pluueurs autres opinions faudes , xx. x^.
*> fcandaleufes , propres à offenfer les oreilles pieufes & à féduire les fimples »
M fe femoient par toute l'Allemagne , qui lui a toujours été fort chère
M ainfi qu'à fes prédecefleurs , qui depuis la tranflation de l'Empire Grec
n ont toujours pris leurs défirnfeurs dans cette Nation , & confirmé , plu-
U que Lion tint beaucoup de Congréga-* toccodiparîarealCard, Loren^o Pueci aU
tîons anc de Théologiens que de Canonif- lora Datario , e il quale perd ftimando chc
tes , pour mettre cette Bulle dans la forme cib apparteneffe alfuo carico ne havea dtvi^
oSl elle devoit être , & où 1 on fit à pin- fata un altra idea , e fintiva con ramanco
fieun fois difTéiences réformes. di vidcrla pofpofta : Si che noto affai cofe in
fi. En con/equence de cette délibération , quella del Card. d'AnconapiU con acerbuà
fut drejfie une Bulle datée du if de Juin di emulo , che con {eh di configliere , dit
If 10, &c. ] Ce fut Pierre Accolti Cardi- Pallavicin^ L. i. c. 10. Il ne fiaillutrien
nal d'Ancone^ qui en fut le principal Au- moins que l'autorité du Pape pour appai(èr
tear : ce qui occalionna une vive contefta- cette querelle , qui fut décidée en éiveur
tion entre lui & Pucci Cardinal Dataire , du Card. d'Ancone^dom on accepta le pro-
qui prccendoit que c*étoic à lui à la drelfer , jet , mais après y avoir fait diffèrens chan^
éc que TaQtre étoit pleine de &ute$ : Finche gemçns*
ToM£ I. D
9J
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16 HISTOIRE DU CONCILE
H9SIV. M /leurs dccrecs que ces Princes religieux ont faits contre les Hérétiques»
UOM X „ Qqç n^ç voulant plus tolérer de pareilles Erreurs , mais y remédier , il
"■"■■■■■^ w va en expofer quelques-unes. Là il rapporte xlii Articles ^^ fur le péché
m originel > la pénitence , la rémiflion des péchés , la Communion , les
M Indulgences, l'Excommunication, la Puiflancedu Pape , l'Autorité des
jj Conciles , les bonnes-œuvres , le Libre-arbitre , le Purgatoire , & la
>j Mendicité Monaftique ; lefquels Articles il déclare être reineâivement
»> contagieux , pernicieux , fcandaleux , oflènians les oreilles pieufes y coa«
traires à la charité , au refpeâ: du a TEelife Romaine , & à l'obéidance
qui eft le nerf de la difcipline Ecclédaftique. Que pour ce fujet, vou*
iant procéder â la condamnation de ces Articles , il les a examinés di-
M ligemment avec les Cardinaux , les Généraux d'ordres r^uliers y plu-
M iieurs Théologiens & Jurifconfultes , & en conféquence îes condamne
M refpeâivement ^ comme hérétiques , fcandaleux , faux , ofienfans les
9ê oreilles pieufes , féduifans les efprits religieux : & contraires à la vé-
M rite Catholique : Que pour cela il défend fous peine d'excommunicarion
M & autres peines à qui que ce foit de les foutenir , de les défendre , de
u les prêcher > ou de les favorifer : Et d'autant que ces proportions fe
»9 trouvent dans les livres de Luther^ il condamne pareillement ces livres»
94 défendant fous les mêmes peines de les lire ni de les garder y & ordon-
9# nant de brûler non feulement ceux qui contiennent ces propofitions, mais
jd aufli tous ks autres ouvrages. Pour ce qui concerne Luther lui-même»
•j il dit qu'il Ta averti plufîeurs fois , & l'a cité & appelle avec promeflc
M d'un Sauf-conduit, & oftre de le défrayer de fon voyage : Que s'il fut
»» venu à Rome , il n'y eût pas trouvé tous les dérèglemens qu'il difoit >
M mais que lui-même lui eût appris que les Papes i^ prédécefleurs n'a-
>9 voient jamais erré dans leurs Conftitutions : Qu'ayant ofé , au mépris
>i des Cenfures portées contre lui depuis un an , n en appeller au futur
^Spond.ad " Concile , contre les défenfes ^i de Pu IL Se dt Jules II , fous les peines
an. i^6a » portées contre les Hérétiques , il eût été en droit de procéder i ia con-
^^ ^' » damnation fans aucune autre raifon : Que néanmoins , fans fe (buvenir
99 des injures qu'il lui avoit faites,il vouloit bien encore avertir ledit Ijuker,
99 & tous fes adhérans ^4 de fe défifter de leurs Erreurs & de ceffer de les
9« prêcher « leur ordonnant fous les mêmes peines de rétraâer lefdites Er-
M reurs 6c de brûler lefdits livres *, i faute de quoi il les déclaroit Héréti*
9» ques notoires & obftinés. Il défend aufll à qui que ce (bit fous les mêmes
fi.Ldii rapporte xiii Artidisfur le Pé- ciie contre tes difenfes de Pie IL & de Jules
ehi Originel^ Sec. ) CeA une méprife de //. &c. ] Cette dmnfe avoir été £iite dans
J^d'Psûlôî il ny en avoit que 41* Mais le Concile de Mantoue par Pk IL le i S de
cette mépiife vient de ce qu'il a fait deux Janvier 14^0 , & fut renoaveliée enfaice
Anicles é*on feol, comme a ùlk auffî B^o^ par Jules IL dans fon Concile de Rome
vius ad an. ifio. N^ )• qui du huitième en lyii,
Anicle en a fait deux. s^^I^^fi défifter de leurs erreurs &d<
S y Qu* ayant ofi — en appeller au Con» ceffer de les prêcher* ) Lear donnant pout
ftDx i.
Léon X.
DE TRIeN TE, Livre I. 17
M peines de garder aucun livre de Luther , quand même les Erreurs con-
M damnées n'y feroienc pas contenues , & d'avoir aucun commerce avec lui
» ou avec fes fauceurs *> ordonnant au contraire de les prendre ÔC de les
M lui envoyer , ou du moins de les bannir de toutes fortes d'endroits. Il
» interdit tous les lieux où ils fe retireront. Il ordonne qu'ils foient déoon-
t* ces par tout pour Hérétiques , 8c que fa Bnlle foit lue par-tout , ex*
w ccmnmniant ceux qui en empêcheront la publication. Enfin il veut que
M fa Bulle foit publiée en particulier à Rome , en Brandebourg » en Mit*
*t nie & à Man/perg < ^ , & qv'on ajoute foi aux Copies conune à l'Original.
Xitf/Mr ayant I
publia un Ecrit
les mêmes raifons
plaigûant de plus , que le Pape avoit proèdé contre lui fans rappielîêr ^7 & r Luth. T.
lans le convamcre , comme auffi fans avoir écouté les raifons de Ùl doârine; ^: ^\ y*
8c qu'il préféroit fes opinions particulières à l'Ecriture Sainte , fans vouloir p/^. ,* *'
s'en rapporter à un Concile. Ce qu^il offiroit de prouver , en priant l'Empe- Flcury , L.
reur 8c tous les Magiftrats de recevoir fon Appel pour la défenfe de l'au- 1^6. N'^So.
torité du Concile , ne croyant pas que le Décret du Pape put obliger per-
ibmie , que la Caufe n'y eût été préalablement difcutée.
XIV. Cependant * la Bulle de iL^o/2 étonnoit ^^ les gens fenfés, pour jugif^iKt
bien des raifons. Premièrement > quant à la forme , f ' on étoit furpri$ que que tan par-
le Pape y traitât en îlyle de Palais une matière , où il ne falloir employer ^' ^* ^'«^«
2ue des termes de l'Ecriture Sainte : outre qu'onjr avoit inféré des claufes p^; ^
longues & fi confufcs ^° , qu'à peine étoit-il poflible d'en pénétrer le fciis , j. c, 2,1!
cela an terme de (bixante jours.
S s* Et à Manjberg, ] L'Edition de Ge-
nève pone Mansfeld, & non Manfptrg»
f 6. Par lequel il appelUit de nouveau
au Concile , &c. ] Cet Appel , félon Sleidan,
eftdtt :j de Novembre if lo.
f 7. Se plaignant que le Pape avoit procédé
contre lui [ansV appeUer ù fans le convain-
cre ^ &c. } Il (e plaignoit piincipalemenc
de quatre chofes, (avoir , x. D'avoir été
condamné Gtns être entendu & oonvaincu :
z. De ce qu*on Tobligeoit de nier la né-
ceffité de la Foi pour la réception des Sa^
cremens ; ) • De ce que le Pape préféroit
fes opinions à l^criture Sainte. 4. Enfin
de ce qu'il ne laiflbit aucun lieu au Con-
cile. Sle'id^ L. z-p. )i.
f S . Cependant la Bulle de Léon éto/moit
les gens fenfés , pour hien des raifons, ) Fra-
Paolo ne nous dit point ici quels* écoienr
ces gens (ènfes ; mais ce qu'il rapporte de
leurs mifons neft pas toujours également
(blide i ai le Cardinal PalUvicin (èmble en
avoir réfute pluileurs aflez jodicieuièment,
L» t. c. XX.
f 9. 0/1 étoit furpris que le Pape y trait Je
enfyle de Palais une matière > où Une faU
loit employer que les termes de V Ecriture
Sainte, ) La uurprife eft ici un peu dé^
placée ; puilque , comme Ta- fore bien re-
marqué Pallavicin , on a employé le &jie
de Palais non par rappon aux matières db
dodbine, mais fimplement par rapport voit
prohibitions & aux peines, fur leibuelle*
il a fallu néce(Iàirement fuivre les tonnef
du For Ecdéfiafttque.
60. Outre qu 'on y avok infire des ciaufis
(ilongutsO ficatipifiSt^*)Q^^ e&tttt-
vxai; mais Gomme ce (dut de ces che(èf
de ffyle, dont on- ne peut gucres s'âbî^-
gner (ans abanibnf^er le» fonnalic^ dxdc-
naires des pcocédurocr, ce- n'éioit pas une
chotk à obj^er contre cette Bulle \ 9tPM^
lavicin eut pu fe difpenfer d'avoir recours
D i
JiC DXit.
LeOnX.
zt HISTOIRE DU CONCILE
comme fi on eût eu à prononcer fur quelque Caufe féodale. On remarquok
entre autres une de ces claufes , laquelle ctoit fi longue & fi embaraflce de
parenthèfcs & de reftriékions, qu'entre ces paroles, inhibcnus omnibus ^ &
celles-ci , ajjtrtrt prœfumant , il y avoir plus de quarre-cens mots.
D'autres partant plus avant remarquoient , que condamner xlii. Pro-
pofitions comme hérétiques , fcandaleufes , faurtes , & qui offenfoient les
oreilles pieufes , & féduifoient les fimples , fans expliquer lefquelles de
ces Propofitions étoient hérétiques, fcandaleufes, ^' ou faurtes , mais en
lairtant la liberté d'appliquer à chacune d'ell«$ une qualification incertaine
comprife fous le mot de rcsptSivtmcnt , c'étoit augmenter la confufion , &
fortifier la difpute plutôt que la décider f & montrer qu'il falloir plusd'aa-
torité & de prudence pour la terminer.
^^ Quelques-uns croient encore plus furpris , qu'on y dit qu'entre les
XLii Propofitions il y en avoir qui contenoient des Erreurs des Grecs déjà
condamnées. ^) D'autres rrouvoient afièz étrange , que tant de Propofitions
en matière de Foi eufiènt été décidées à Rome par le feul avis des courtifans »
fans en avoir pris confeil auparavant des autres Evêques, des Univerfités9
& des Savans de l'Europe.
Ihres di ^^' CEPENDANT ^ les Univcrfités de Louvain Se de Cologne , ^4 ravies
Luther brû-
lés À LûU'ài ramoTÎté de Cîcéron dans (on Oraifbn
vain é^ ^ pro Murctna ^ pour juftifier la Bulle de Z^'oa
Cologne. fur ce point.
y^^^^vr ^ ' • ^'^'^^ ^xp^q^^r ItfquelUs de ces Pro-
u l^' V^fi^i^^^ étoient hérétiques , fcandaleufes ^
^B^T^de^ &c. ) Ce que dit ici Fra-Paolo eft très-ju-
LéonX f^ <l>cieax , au-lieu que ce que répond Pallavi-
les Décréta- ^'^ "* ^'^^ guères. Ceft jetter delà confufion
mi ces Propofitions il y en avoit qui con-
tenoient des Erreurs des Grecs déjà con-
damnées» puifque la doébrine de Luther
au fujet de la Primauté du Pape , & du
Purgatoire, ne paroilToit pas bien éloignée
de celle des Grecs.
6 } • D'autres trouvaient ajfe[ étrange, que
tant de Propofitions en matière de Foi euf-
dans Tefprit des Fidèles , plutôt que les inf- fent été décidées à Rome par le feul avis
les, . 1 /r/ -
t Pallav. L. oruire , que de condamner diftcrentes Pro-
I. c 11. pofitions par un tas de qualifications con-
Luth. T. 1. fefes , uns déterminer à quoi doivent s*ap-
p. 119. pliquer ces qualifications refpeétives , dont
Sleid. L 1. chacun peut juger différemment. L*ezem-
p. 3 4. pie du Concile de Conftance , rapporté par
Spond. ad Pmllavicin , montre bien que ce n'eft pas
an. 1510. Uqji qui ^ donné ce mauvais exemple,
N 1. & }» „j^ ne prouve pas qu'il ait eu rai(bn de
' ^ ' * 61. Quelques-uns étoient encore plus fur-
pris , qu'on y dit qu'entre les xlii. Propofi-
tions il y en avoit qui contenoient des Er-
reurs des Grecs déjà condamnées. ) C'efl
ici la nième méprife* qu'on a déjà vue, od
'Fra-Paolo nomme xlii. Propofitions au-
lieu de X L I. Mais de plus on ne devoir
pif' être fon fiupiis qu'on 7 dit que par?
des Courtifans , &c. ] Il y a trop de mali-
gnité dans ce reproche , (x par Cooni(âns
Fra-Paolo n'a entendu que les Politiques »
puifque , de fon propre aveu on tint beau-
coup de Congrégations , où l'on écouta
fur cette afiàire les Théologiens & les Ca-
noniftes de Rome les plus éclairés. Peut-
être eût -il voulu qu'on eut pris aupara-
vant l'avis des principaux Prélats & des
Univerfités. Mais Rome nVvoit garde de
le (aire, pour ne laifièr pas lieu de croire
qu'elle doutât elle-même de Ton infailli-
bilité j & d'ailleurs les principales Univer-
fités de l'Europe s'étoient déjà déclarées au-
paravant contre Luther»
4 ^.Cependant les Univerfités de Louvaïn
& de Cologne brûlèrent publiquement les
livres de ùuhtr, ) Ce fiu en coafcquence
DE TRENTE, Liv^B I.
2^9
M D X X.
Léon X.
de voir leur jugement autorifé par la Bulle du Pape , brûlèrent publique-
xnenc les livres ae Luther. Cela 1 engagea ^^ de fon côté à faire brûler publi-
quement à Vittemberg non feulement la Bulle de £/o/z, mais aufli les Dé*
crétales , par le jugement de rUniverfîté qu'il avoit aflèmblée. Ââion qu'il
juftifia eniuite par un long Manifèfte , où il rendoit compte des motifs qui
l'y avoient porté ^ & où il taxoit le Pape de tyrannifer TEelife , de cor-
rompre la Doâxine Chrétienne y & d'ufurper la puiilànce des Magiftrats
l^itimes»
Toutes ces conddérations , jointes à l'Appel de Luther , fitent juger i
tout le monde , qu'il falloit nécefTairement un Concile légitime , non feu-
lement pour terminer ces conteftations , mais encore pour remédier aux a-
bus qui s'étoient gliffés depuis longtemps dans TEglife. Et cette néceflité
paroiSbit augmenter tous les jours > a proportion que croifibient les contef-
tations par les Ecrits , qui fepublioient perpétuellement de part Se d'autre.
En effet » Luther ne cellbit de fortifier fa doârine par de nouveaux Ou«-
vra^es ; & plus il étudioit , plus il acquéroit de lumières , ^^ â la faveur
dçlquelles il alloit toujours en avant , & découvroit des choies auxquelles
il n'avoit pas penfé auparavant. Ce qu'il faifoit, difoit-il , par zèle pour
la Maifon de Dieu ; outre qu'il y étoit auflS forcé par la nécedité de fa dé-
fenfe. Car Rome ^ ayant fait folliciter puiflamment à Cologne par Jérôme v SIcid. L,
AUandre *7 TEledeur de Saxe de remettre Luther prifonnier entre les mains ^' P- 3 3-
du Pape , ou de le faire périr de quelque manière que ce fut j il fe voyoit
obligé de montrer à ce Prince , aux peuples de Saxe , & à tour le monde ,
qu'il avoic la raifon de fon côté ; de peur que fon Prince , ou quelque au-
tre Puiflance , ne fe laiilat aller aux inftances du Pape contre fa vie.
des ordres de TEmperear Charles à fon
retour d'Angleterre , ou il étoit allé vifî-
ter (à Tante ,* comme le marquent Palla-
vicin L. i.c. ii. Sl Sponde ad an. lyio.
^f . Cela V engagea de fon coté à faire bru-
li'T publiquement à ff^ntemberg non feule-
ment la Bulle de Léon , mais aujjî les Dé-
crétales, ) Cette exécution fe fit félon Slei-
dan le lo. de Décembre i f lo > à Wittem-
berg, & fut imitée enfuite en quelques
autres villes d*Allemagne, & même àLip-
fich ville du domaine du Duc George trcs-
zèlé Catholique. Avec ces Ecrits Luther
fit aufC brûler ceux ^Eckius & è^Emfer
compofis contre lui.
^^. Plus il étudioit , plus il acquéroit de
lumières , &c. ) Ce devoit être le fruit na-
turel de fes études. Mais l'on peut dire
au(n , que Ci à force d'étudier il acquit plus
de connoiflânces , il s'égara auffi davantar
ge en plufieurs matières » Se montra beau-
coup plus d entêtement, de violence, &
d*emportenient.
éj. Car Rome ayant fait folliciter puif
famment à Cologne par Jérôme AUandre ,
&c. ] Il étoit Nonce vers l'Empereur,
conjointement avec Marin Caraccioli, Il
dut le commencement de (on élévation à
Alexandre VI y qui eut dcffein de le faire
Secrétaire du Duc de Valentinois fon fils ,
ce qui ne fe fit pas cependant. Comme
il étoit très-habile dans les Langues , Louis
XIL le fit venir à Paris pour y enfèigner
les Belles - Lettres. Venu enfiiite à Rome
j>our y folliciter la promotion ^Everard
de la Marck Evêque de Liège au Cardina-
lat , il y fut anètc par Léon X. qui l'em-
ploya en plufieurs Nonciatures. Il fut en-
fuite fait Archevêque de Brindes , & Paul
III le fit Cardinal. Il fut nommé pour un
des Préfidens do Concile de Trente , mais
30 HISTOIRE DUCONCILE
MD?cxi. XVL AiKSi fioic Tan mdxx ; & une Dièce s'écanc tenue à Vormes en
Léon X. mi>xxi , * Luibtr y fut appelle avec un Sanf-conduic de Charles élu Eni-
Wormes. il ne pouvoît s aitendre qu'à y voir oonârmer fa condamnation , (i même
X SieicL L il ne 11» arrivoit rien de pis. Mais d'un avis contraire i celui de fes amis »
J-P* îf: il leur dit que quand il fcroit ajfuré £ avoir autanf de Diables à emn^
p^i 6±. ^ ^^^^' > qu'il y avoii de adks fur ks maifons de cesu rille , il vouUùt toute-
VzWzy.Ui.fois y aller', comme il le fit.
c. 16. Il y comparut en effet ^^ le 17 d'Avril en préfence de l'Empereur f
^Icury ^ ^ & de cous les Princes \ &c fur la demande qu'on lui fit > s'il étoit r Auteur
'^5: jL-j* dies livres publiés ibus fen nomi Se dont on lui montra des exemplair
slcid. Ibid! ^^ ^ ^^^ ''^^ ^^^^^ ' ^ '*^^ vouloiv maintenir tout ce qui y étoit contenu ,
BzoY. ad ott en retraâer quelque cfaofe , il répondit qu'il recoonoiflbit ces livres
an. ijii. pour les fiens , mais qu'il lui falloitdu tems pour délibérer s'il défen*
^"^ ^ droit ou non tout ce qu'ils contenoient , parce que c'étoio une affaire
Anel ^ep ^^ grande importance. On lui donna terme juqu'au lendemain pour fe
y2.t. déterminer \ 8c ayant été admis i l'Audience* il y fit un long dtfcours , s'ex-
xPalIav.L cufant premièrement fur fa fimplicité ôc fur la vie privée dans laquelle
X. c 17. il avoir été élevé , de ce qu'il n'avoit pas parlé avec la dignité qui conve-
noit à cette augufte Afièmblée , ni donné à chacun les titres d'honneur qui
lui convenoient. Il confirma enfuite l'aveu qu'il avoit fait de fes livres»
ôc dit que fes Ecrits n'étoient pas tous d'un même genre : Que les pré«
miers contenoient la doârine de la Foi & de la Piété : Que les féconds cen«
furoient la Dodrine Romaine : Et que les derniers ctoient des répliques
faites à ceux qui avoient foutenu une doctrine contraire d la fienne. Quant
aux premiers , il dit , qu'il n'agiroit ni en Chrétien ni en hom^ne de bien»
s'il les rétradoit » puifque le Pape même , qui les avoit tous condamnés >
ne les avoit pas cependant jugés tous mauvais : Qu'à l'égard des féconds»
il étoit trop évident , que toutes les Provinces Chrétiennes & particulie-
sl moanit avant Ton oaverture en :f4t. thcr à Vormes,dit, L. i.c. 16. que no-*
Il eac de grandes conceftacions avec Eraf' tre Hiftorien ,. fans dire que peu de cho-
mc^ donc il avoit été ami, Se aoi nous en fesfauiTes, a voulu £iire honneur de cette,
donne un caraâère allez dèuvantageux. adion à la Sede Luthérienne , par la fup-
Cétoit un homme qui avoit beaucoup de predîon de plufieurs chofes véritables : CJke
connoiflânces , mais qui paroïc avoir eu fifi{a moUo di falfo ^ ma col fdtm(io dl
beaucoup moins de. jugement que d'éra* moko vero , il rsfprtftnta ptr onorevoU â
dition, quclla Sctta, Mais fi l'on compare ce
6%, Il y comparut en effet U 17 d* Avril qu'en dit Fra-Paolo avec ce qu'en ont
enprifenct de V Empereur ^ &c* ] PaUavi" écrit les Hidoriens du rems , & ce qu'en
cin , qui ne trouve rien ou très -peu de dit jP^tZ/^vici;? lui même, on verra que s'il
chofe à reprendre dans le récit abrégé que a fupprimc nombre de particularités , c'eft
£ût ici Fra-Paofo de la comparution de Lu" qu'elles ctoient de trop peu d'importance ï
MDXXÎi
DE TRENTE, LivRB I. $%
cernent rAllemagne étoient pillées » ôc géniiflbienc fous la fcrvicuile s Se
qu'ainfi ce ne fcroit que fortifier davantage la tyraimie » que de les récrao ^^^^ ^*
ter : Que pour ceux du dernier genre , il avouoit qu'il les avoir écrits — — ""
avec trop de paflion 6c de chaleur , &c qu'il en demandoit excufe : qu'il
pomtdobitination, ccortrant de jetter
fi on pou voit le convaincre de quelque erreur par l'Ecriture. Enfin adref*
fant la parole à l'Empereur & aux Princes > il dit que c'étoit an grand
don de Dieu , quand il lui plaifoit de nous découvrir la Vérité ; mais
Sn'auffi c'écoit s'expofer aux plus grands malheurs , que de la cejetter oa
e la déguifer.
C E difcours * fini , TEmpeteur ^^ lui ordonna de répondre nettement s Sldd. L.
Se fimplement » s'il vouloir ou non défendre fes Ecrits. A quoi il répondit , |i. p. 57.
qu'il ne pouvoit rien rétracter de ce qu'il avoit écrit ou enleigné » fi on ne ^w*- T. a.
leconvainquoit auparavant de quelque Erreur^ ou par l'Ecriture Sainte » ou P* ^^^*
par des raifons évidentes. Sur cela l'Empereur refolut > à l'exemple de
lès Ancêtres» 7o<]e défendre TEelife Romaine , 6c d'employer toute forte
de remèdes pour éteindre cet embrafement ^ fans violer néanmoins la foi
qu'il avoit donnée à Luther , qu'il ne voulut orofcrire qu'après qu'il firroit
retourné chez lui. Il fe trouva ^ quelques perlonnes dans l'Aflètnblée , 7« h Pallav. U
I. c iS*
cl * À Y
& qne ce ne peut être que par ce féal mo- flîanam Relîgionem tffeprofsffbs , & Ecete-' p^ , g^
û( qu'il les « omifes , puifqu'il pouvoir Jia Romarutftmper ohumper^t ; tpmmfiu sêcKend. L*
frire honneur à Luthù de plofleors cii- Ltuhcrusnunc eam opjmgmt, atftnuntm i. Sedl. 44.
confbnces quMl a fopphmées, & que PaI- fua pirtinaciur infiflat , ojficium fuum p^f^ & ^8«
lav'uin a rapportées lai-mênie. tulan , ut antcceffonun vcfligiîj inftjhu «
6^. Ce difcours fini , l* Empereur lui or- &c. ,.
donna de rendre, &c. ) Non pas l'Em- 71. Ilfe trouva quelques perfonnes dans
pereur lui-même » mais Jean Eckius par VAffemhlée , qui approuvant ce qui sUtoU
fon ordre , comme le dit Sleidan : FaSo fait à Confiance , difiiient , qu'on ne devoit
dicendifine,Eccius ajperiori vultu,Non ref- point lui garder la foi. Mars Louis EteC'
pondes , inquit , ad rem, — flanum & fim- teur Palatin s'y cppofa , &c. ) Patlavicîn' g
plex rejponjum ahs te petitur , an tua fcri- qui n ofe pas rcjener ce fait comme abfo-
pta veUs effe rata ? Ce Jean Eckius n*eftpas hxment feux , prétend du moins qu'il eft
celui qui avoit écrie contre Luther, mais totit à fait improbable > 6: cela uniquemenr
rofficial de rArchevèquc de Trêves, grand ibndé fut le filence SAUandre^ qui n'en
ConiAtnt^Aléandre, dit pas tm mot dans fes lettres. C^pen-
70 Sur cela l'Empereur refolut, à l'exem* dant Sleidan , qui parofc avoir été tiès-lnf-
pie de fes Ancêtres , de défendre l'EgUfe truit de tout ce qui fe paffa dans cette
Romaine j tic. ) Ceft ce qu*il fit connohre AfTen^lée, 5c Amngius cité par Secken^
par une lettre qu*il adreSa le lendemain à dorf, le rapportent comme un bruit tClez
PAilêmblée, à oui il fie pan de la réfoln- commun : Nefue deerant, uti fertur, qui
tion oàil étoit de ne plus écouter Luther, Confiantiet^ Conciti decretum &ve/Hgia
& de le pourfuivre comme un Hérétique fecuti , ftdem ei minime fervandam dicerent,
déclaré. Pofiridie Cafar epiflolam mittit in Sed huicfententia tum alios tum Ludovi-
ConçiliumPrincipum:MajoresfuQs&Chrir^ Cum_ PaUiiaum EleSorcm refiirijfi vticz
51 HISTOIRE DU CONCILE
MDxxi. qui approuvant ce qui s'écoitfait à Conftance, difoienc qu'on ne devoir
LiOM X. point lui garder la foi. Mslxs Louis Elcéteur Palatin s'y oppofa , comme i
■ une chofe qui flctrriroit éternellement la Nation Germanique , & dit
avec indignation , que Ton ne devoit pas fbufFrir que pour rendre fervicc
aux Prêtres , toute TAilemagne fe notât d'infamie en manquant à la foi
publique. D'autres difoient d'un autre coté, que l'on nedevoit pas aller
fi vice dans une condamnation qui étoit une choie de fi grande importance ,
& dont les fuites pourraient être très-dangèreufes.
r Pallav. L. Les jours fuivans ^ on traita encore de cette affaire en préfence de
I. c. 17. quelques-uns des Princes , & en particulier de l'Archevêque de Trêves ,
^^^«^fr" '* ^ ^^ Joachim Electeur de Brandebourg. Luther parla beaucoup pour la dc-
P-3 • 19' fçnfç jç ç^ dodrine, & d'autres pour la combattre , & le faire confentic
à s'en rapporter au jugement de l'Empereur & de la Diète , fans aucune
1/ PC condition. Mais il répondit que le Prophète-Roi <^défendoit de fe confiée
CXLV. X. aux hommes ni aux Princes , à qui rien n appartenoit moins que de juger
de la Parole de Dieu. Sur quoi lui ayant été enfin propofé de s'en remet*
cre au jugement du futur Concile > il y confentit à condition que l'on
extrairoit auparavant de fes livres les articles qu'il vouloit bien foumettre
au jugement , Se que la fentence ne s'en formeroit que fur les témoignages
de l'Ecriture. Et fur la demande qu'on lui fit > de quels remèdes â loa
avis il feroir plus à propos de fe fervir dans cette affaire : De uux - là JtuU
€ Ad. y, dit-il , * que Gamalielpropofa aux Juifs *, c'eft-à-dire , que fi Ctntreprife
5^1 }9* étoit humaine , elle échoueroit : au lieu que fi elle venoitde Dieu , ilferoit im^
pojfihle £en empêcher lefucch : Qu'ainfi le Pape devoit être fatisfait , étant
indubitable que fi fon defiein ne venoic pas de Dieu , il feroit bien-tôt
anéanti. Comme Luther fe tenoit fermement â ces réponfes , & qu'on ne
put lui faire changer la réfolution où il étoit de ne fe foumettre i aucun
/ P. Mart. jugement , qu'on ne procédât contre lui par l'Ecriture ; ^ on lui donna
Ang. ep. fon
711.
Luth. T. 1. mentir aiunt , quod ad Germanici nomînls croyable, maïs à Slcidan , que Taotren'a
p. 1^8. labem atquc dcdecus fempiternum ea res &ic que copier, & dont raatorité écoit a(^
^^^^^^'^^' peninerct, Quapropur non modo firvan- fez grande pour lui en impofei dans des
^' ^^* dam ei fidem , fed neque ttmerl damnandum choies de cette nature > d'autant plus que
<r^ ^ /^/ffriftte cenfibant , &c. Il eft vrai , dans la relation même de Luther , T. 1. p.
«^0^0 ' qu*en donnant ce fait comme un fimple it6, on voit quelque fondement à ce foup-
Sleid L. ^^^^> Slcidan n*en certifie pas la vérité, fon dans les Placards qui furent affichés
' ^' Mais autre chofe eft de dire qu'un fait pour ou contre lui, ce qu'il jugea n'avoir
n eft pas certain , & de dire qu'il n*eft pas été fait que pour donner lieu a violer le
probable. Ce n'eft pas le filence SAlian- Sauf conduit : Tametfi à multis adeoque
dre qui fufEc pour le faire juger tel , puif- inulligcntibus dolo/l ah inimicis putatur
qu'on fent bien qu il auroic eu bien des fuElum idipfum , ut occajio effet refciu^
raifbns de cacher la chofe ^ quand il Tau- dendi falvi condu6his , quod non impi»
roit fuc. Mais quoi quil en ioit^ ce n'c- grè quarehant Romani Legati. Le même
toit psisi Fra-Paolo que devoit s'en pren- fait eft rapporté encore par d'autres Au-
dre Pallavicin ^ s'il jugeoic le fait peu ceurs»
7»
•
DE TRENTE, Livre I. 3}
ibncoDgc 71 avec le terme ile xi jours pour s'en recourner diez lui, i M^ïmi
condition qu'il ne feroit aucune prédication , & ne publier oit aucun ^^^^ ^
Ecrit en chemin. Après quoi ayant remercié TAiflèmblée , il repartie le 17 -
d'Avril 75.
XVIL L E 8. de Maifuivanç , s TEmpereur publia un Edit 74. dans la llyeflmis
Diète de Vormes , où , après avoir expofc qu'il eft du devoir d'^in Ena- Vt^^ ^
pereur détendre la Religion ,& d'éteindre les Héréfies dans leur naiflancc^^jj*^'* ^
il raconte comment Lii//t^ tachoit d'infeâer i'Allemaene de cette OM-%^{Jf\i^^\
ragion ^ & le danger oùétoit cette Nation de périr raifërablement > fi on c 18.
vkj apporroit le renaède : Que le Pape Léon , après des avertiflemens pa- Flcurv ,^ L.
ternels , avoît de l'avis des Cardinaux & d^autres gens diftingués condamné '^7? N^i?-
fes Ecrirs , & l'avoit déclaré Hérétique , il dans un <:ertain rems il ne ré«
tradoit fes Erreurs \ & que Jcrenu AUandrc Nonce Apoftolique lui avait
donné une Copie de cette Btille, le priant comcne Pcoteâeur de l'EgliCç
de la faire exécuter par tout l'Empire s & dans tous fes Etats : Que oe-»
pendant JLi^ibr , au lieu de fe corriger) écrwoit de jour en jour des livres
en Latin & en Allemand j remplis non feuleinent de nouvelles Hétéfîeis %
mais encore d'Erreurs déjà condamnées par les (aints Conciles. Puis «après eu
avoir fpecifié quelques-unes » il conclud qu'il n'y avoir aucun de fes
livres où il n'y eut quelque chofe de oontagieux & quelque aiguillod RK>r«
fC\%6c qu'il n'y avok prelque pas de mot qu'on ne put dire être un poiibo ;
7 1. On lui donna fan cvngé^âvtc U terme l*£mpixe auquel il avoir été mis feroit on-
de xt jours , pour s'en retourner che^ lui, ] vert, eut foin qu'il fiit caché dans un de
Pallavicin dit lo joun, & P. Martyr dans lès Châteaux , fans qu'il voulut lavoir pi6-
&s Lettres marque la même cbo(e. Mais ciSment lui-même le lieu particulier ou il
c*eft une méprife ^ & Sleidan marque po- étoir* Sleïd.L. 3*p. 4i« B{pv»9À an. x f ii.
fitrrement qu'on hii en donna ii i Et N^ xj. Seckend, Ù i. Seél. 44. N^^^S.
aune quidem tihi mandat , dit Eckius à Lu- Ceft une conje^re tout à fait Ctivole que
ther au, nom de TEmpeyeur , ut hinc è celle de Seckendorf^ qvLi prétend que cet
veJHgio difiedas , &in reditum diesviginti enlèvement de Luther ne fe fit pas (ans la
unum tihi largitur; quam etiamfidem tihi participation de l'Empereur.
dédit, eam fervahit inviolatam. Et c'eft j^. Le % de Mai fmvant,l* Empereur fti'
ce qui eft auîfC marqué dans la relation de blia un Edit dans la Diète de Wormes^icc.)
Luther, Qu'il (igna dans l*Eglife en préfence des
75.7/ repartit le zy d* Avril , &c. ) Avec Cardinaux de Mayence & de Sion, Ce fut
une Sauvegarde de l'Empereur, qu'il ren- le Nonce Aleandre qui le lui préfenta , &
vojra trois )«urs aprè$ arec des lettres à ce qui y avoit eu la principale part , (bit par
Prince & aux autres Princes de l'Empire, les fones foUicitations qu'il fit pour l'obte-
Il fut enfuite accompagné jufqu'en Thu- nir , (bit parce qu'il avoit été chargé de le
ringe pat quelques-uns de fè amis, qu'il dredfèr , & dont, à la réferve de quelques
congédia à Eyfenach, Puis ayant £ût mine changemens qui s'y firent , on doit le r&«
de prendre le chemin de Vittembeig , & -gaidex comme le principal Auteur* Ceft
f'étant (iparc du refte de fâ troupe, 11 fut ce que nous apprend Pallavicin. Mais Sleh'
enlevé par les foins de l'Eledeur de Saxe % dan fe contente de dire que l*Edit fut
qui , pour le mettre à couven des dangers dreflS par peu de perlbnnes , it que plu*
^a'iljMioitt courir anili-tât que leBaa de fieurs des Eleâetus déclarèrent qu'on nf
T 0 M E I. E
34 HISTOIREDU CONCILE
MDtxi. Que pour ces caufes , voulant fuivre les traces des Empereurs Romains fes
Liow X. pr^deceflèurs , après en avoir conféré dans cette Diète avec les Eleâeurs
■ & tous les Ordres de TEmpirc , & avoir pris confeil des perfonnes choifîes
déroutes les Nations foumifesâfa domination ') de leur avis & confente-
ment,& pour ôter tout fujet de reproche à ceux qui difoient qu'il falloit écou-
ter Luther avant que de procéder à l'exécution de la Bulle du Pape » quoi-
3ae peut-être il ne fut pas convenable d'entendre un homme déjà con-
amné par le Souverain - Pontife , obftiné dans fes Erreurs , & notoire-
ment Hérétique , il Tavoit fait citer par un de fes Hérauts , non pas pour
connoitre ni pour )uger des chofes de la Foi , ce qui appartenoit ieule-*
ment au Pape , mais pour le rafhener par perfuafion dans le bon chemin.
Il rapporte enfuite comment Luther fut introduit dans la Diète , les deman*
des qui lui avoient été faites & fes réponfes , telles qu'elles ont été déjà
rapportées , & la manière dont il avoit été congédié & renvoyé. Il conclud
enfin que pour fatisfaire à ce qu'il doit â l'honneur de Dieu, au refpeâ
qu'il porte au Pape , & au reeard qui eft dûi la Dignité Impériale dont il
eft revètu,du confeil & du conlentement des Eleâeurs » Princes & Etats de
l'Empire , & en exécution de la fentence du Pape , il déclare qu'il tient
Martin Luther pour notoirement Hérétique , & ordonne qu'il foit tenu de
tout le monde pour tel y défendant à tous de le recevoir ou de le protéger
de quelque manière que ce foit s commandant à tous les Princes & Etats
de l'Empire fous les peines portées , de le prendre & emprifonner après le
terme de ii. jours expirés, & de pourfuivre tous fes complices, adhérans
& fauteurs , & les dépouiller de tous leurs biens meubles & immeubles.
11 défend de plus de lire & de garder aucun de fes livres , quand même il s y
trouveroit de bonnes chofbs , & ordonne aux Princes & aux Maeiftrats dé
les brûler & les détruire. Et comme il s'étoit fait & imprimé en divers en-
droits des Abrégés ou des Extraits de plusieurs de fes Ouvraees , il défend
abfolument de les imprimer de nouveau \ comme aufli de tirer , de pein-
dre, ou de garder aucune de cesEftampesou Peintures, où le Pape&
d'autres perfbnnes font repréfentés d'une manière propre à les rendre ridicu-*
les , & ordonne aux Magiftratsde s'en faifir^c de les brûler , &de punir
ceux qui les impriment , les achètent ou les vendent. A quoi il ajoute une
défenfe générale de rien imprimer fur les matières de Foi , fans l'autorité de
l'Ordinaire.
SMDoBrim XVIIL 75 Vers le même tems ^ llJniverfité de Paris condamna diver-
ift eondMm- {èg Propofitions extraites des livres de Luther , les unes comme renouvel-
ai/* ^4r/'[7- ^
p ^*y •'^ leur en avoit rien commaniqtté. Aiunt js.Versle mêmetemsVUnherfitide Pm-
h <kl 'A T ^^^^^ hoc à paucîs aUquotjuiJfe confia- ris condamna dîverfes Propofitions extraites
' /K«r:/rtfwi ex EleHorihus nonnulU fatentur des livres de Luther, ) Cette Cenfure eft
LuUi. T 1 f^^^fi fi^JF^ confcios , ut fuo loco de Colo- du i s ^*Avril i j 1 1 , & condamne plus dé
p. i8c. ' ' f^i^flfi dicemr, Pallavicin dit que cet Edit cent Propofitions extraites de difRrensOa-
Bzov. ad f°^ %"^ ^^ ^ ^^ ^^^ « ^^^ ^^'^ ^^ f*''^ vrages de Luther , comprifes fous difTé-
^.i$xi. public q\ie le 2 é» T. I. Enat. lens titres. Melanàon & Luther loi-mtnno
DE TRENTE, Livre I. 3S
lanc la doârine de Wlclcf & de Jean Hufs , & les autres comme autant de
nouvelles erreurs qu'il avoir avancées contre la doârine Catholique. Mais
toutes ces oppodtions ne firent qu'aigrir la députe » par les Ecrits qui fe
multiplièrent de part & d'autre à loccafion des réponfes de Luther > & ne
fervirent , en excitant la curiofité de plufieurs qui voulurent fe mettre
au fait de la conteftation > qii a leur découvrir les abus que reprenoit
Luther \ & i les aliéner par ce moyen de la foumiflion qu'ils avoient pour
le Pape.
XlXt 7<^ L E plus illuftre des ad verfàires de Luther (vu Henri VIII. Roi
d'Angleterre > 77 qui étant le cadet de i^ Maifon 7S avoir été deftiné par
fon père à TÂrchevèché de Cantorbéry , & dans cette vue avoit em-
ployé fa jeune(re à l'étude. Mais ayant fuccedé à la Couronne par la mort de
fon frère ^ celle de fon perç 7^ qui ayoit fuivi » & fe ftifânt un honneur
MDXXU
L£ON X;
Spond* ad
aa. ijii.
FleuryHift.
Ecclef. L
ii7.N^i8.
f Spond. ad
an. 15 II.
N^j.Slcid.
L. ). p. 41.
Pallav. L.1.
c I. Bumct,
T. I. L. I.
y firent des réponfes fen emponées. Pla-
fieiin des Propofitions condamnées con-
ciennencdes Erreurs alTez groffièies^ Mais
il £iat avouer qa*il y en a quelqaes-anes
dont la Cenfure eft plus condamna})le que
les Propciicions m&mes. La defcriptîon que
dit à cette occafion Sleidan de la Faculté
de Théologie de Paris , mérite d'être lue ,
& nous ne l'omettons que parce qu elle n'a
aucunxappoRi notre fujet,
•j6m Le plus illuftre des adverfaires de Lu-
ther fut Henri VIII, Roi d* Angleterre. )Q^ï
farviat à la Courpnne an mois d'Avril de
an If 09 : Prince qui par un mélange bi-
tarre de bonnes & de manvaifès qualités ,
donna fncceffivement de grandes efpéran-
ces , & les fit perdre* Il balança pendant
loote Gk vie la fortane de l'Europe , (ans
en tirer aucun avantage pour lui - même.
Pour vouloir être l'arbitre de Tes Alliés , il
en fut toujours la dupe. Né naturellement
libéral , il fe ruina lut & Tes Sujets par des
pto&fions criminelles & extravagantes.
Mauvais Maître , il fâcrifioic (es Miniflres
avec la même facilité qu'H les élevoit.
Mauvais mari, il regardoit (es femmes
plueât comme fes e(claves que comme Tes
époufes y & les immoloit à & jaloufie après
évoôx (àtis&it à Tes paillons. Superftitieux
dans (on irreligion, il ne fut ni Catholi^
que ni Protedant , tandis qu'il afTeâoit de
montrer fon zèle par les fupplices qu'il fiii-
(bic fooffirir à fes Sujets. En un noot , ca-
pable par {fi% talens naturels domez le Trô-
ne qu'il occupoit , il le (bailla par (es cri- P« ^^'
mes , & n^ourut détefté de prefque tous FleuryHift.
l^s partis, auxquels il s'étoit rendu pre(que \jo
également redoutable & par Tes caprices & '^^1^
par fes cruautés. i^ k T '
77. Qui étant le cadet de fa Maifon f ., ..^
. ) Arthur Prince de Galles , qui étoit ^' '
aine
mourut le fécond d'Avril
fon
IfOl.
7*. Avoit été deftinépar fon père à VAr^»
chevêche de Cantorberi , &c. ) c'a été l'o-
pinion pre(que générale. Cependant M*
Burnety L. i. de fon Hi(h>ire, ne laiflè
pas de la conteder fur ce fondement , que
Henri VILCon père avoit fait donner la mê-
me éducation à Arthur (on fils aine , U
ne les avoit appliqués fi fon a l'étude l'uii
& l'autre , que pour leur ôter la connoi(?-
fance des aSaires. Cela me paroît d'au-
tant plus vraifemblable , qu'il y a peu lien
de croire que ce Prince n'ayant que deux
fils , eut voulu coaiir le ri(que , en enga-
geant le (êcond dans l'état Ëccléfia(tique ,
de voir terminer fa poAérité, fi par ha-
zard ^'ainé venoit ou à moorir jeune, oa
à n'avoir point d'enfans* Mais de plus,
comme rd>ferve encore Bumet , Henri
n'avoit que onze ans lor(que (on frère mou-
rut, & par con(équent n'étoit pas d'âge à
étudier alors pour 6tre Archev^uede Oui-
torbery.
79* Mais ayant fuccïdé à la Couronne
par la mort de fon frère & celle de fon père ,
&c» ) Qeloi'Ci mourut le a a d'Avril 1509 ,
ContlnuM"
tien des
troublis
Suifi , ci-
36 HISTOIRE ptJ CONCILE
iiBZXir d'intervenir dans une difputc ù célèbre, il écrivit un Traité des fept Sacre-
LbomX. ^^^^ go^ ^^ jj défendit Tautoritc du Pape &c combattit la doûrinc de
Luiher. Ceci fut fi agréable à Léon , qu'après avoir reçu fon livre it
^S^^J* l'honora du titre de Défenfcur de la Foi *'. Mais Luther fans fe laiflcr
glitene " épouvanter par l'éclat de la Majcfté Royale , répondit à ce prince avec
écrit têntti autant de vi^ence & de mépris , qu'il avoit fait auparavant aux moindres
^'* Dodeurs.
U N fi grand nom mêlé dans la difpute ne fervit qu'à exciter davanta(Te
lacuriofité; & à l'exemple d^s combats où les fpeâatenrs penchent tou*
jours en faveur du plus foible , ic prennent plaifir d relever fes moin-*
dres aâions , l'inclination univerfelle parut fe déclarer pour Liuher.
XX. L E même mois ^ ^ que fut publié l'Edit de l'Empereur , ^ Htiguei
Evêque de Conlbnce , dans le Diocèfe duquel étoit la ville de Zurich ^
écrivit une lettre au Chapitre de cette ville dont Zuïngle étoit alors Cha-
Cû f enct "^^"^> ^ ^"^ autre au Sénar. Dans rtttie& dans l'autre il répréfentoir
de Zurich , ^^ ^ ort quc les nouveautés en niatière de doârine faifoient â TEglife par
ek cemmen- la mine fpirituelle des âmes , & aux Etats par la confufion qu'elles y intro-
ce U Réfer- duifoient , Sc qui en ruinoient la tranquillité. Il les exhortoit it fe garder
r*^l^\î - de CCS nouveaux Dofteurs , qui n'étoient animés que par leur propre
ambition & par l'inft^ation du Diable. Ces lettres étoient accompagnées
Flcury , L dc la Bulle de Léon & de l'Edit de l'Empereur , qu'il les exhortoit de rccc*
I }8. N%^. voir & d'exécuter. Comme dans fes lettres le Prélat avoit défigné particu*
Rudiat lièrement la perfonne & la doârrine de Zuingle & dc fes adhérans ^ celui-
Ré£ a ^^ ^^ ^^^^ obligé de rendre compte à fon Chapitre & au Sénat dc tout ce
Suiilc , T. ^"'il enfeignoit. U écrivit auflî à l'Evcque, infiftant principalement à ce que
i.p. 114. Ion ne fouffrît pas plus long-tems les Prèrres concubinaires , dont la vie
couvroit d'in&mie tout l'Ordre Eccléfiaftique , & qui par le mauvais
exemple qu'ils donnoient » introduifoient la corruption parmi tous les peu-
ples , & difant qu'il n'y avoit d'autre remède d cela que de leur permet-
tre le mariaee , félon la Doârine des Apôtres. Il écrivit encore pour fa
propre défende à tous les Cantons Suifies » & leur rappelloit un ancien
fepc ans après Arthur Ton fils aine » mon
le (ècond d'Avril r 5 oi.
Bo. Il écrivit UM Traité des Sept Sétcrt'
mens. ) Beaucoup Tont attribué à Fifier ^
Evèque de Rôchefter , depuis Cardinal , &
décrite par Tordre de Henri. Mais Bur--
iMT , T. i« L» 3. p. ) ) ^ , (bacient que cela
eft bxix.
St. Ill'àonmv du titre de D^nfeUr de
In Foi. ) Par une Balle du mois d'Oâobre
fyii , (ignée de 17 Cardinaux, après de
kxigaes & de Térieufes confulcacions fiir le
tioeqabn Revoit donner à ce Prince , ft
donc le Cardinal PaUavicin nous rend
compte dans Ton Hiftoire , L. a. c. i»
pour nous faire voir avec combien de ma-
turité on pèfe à Rome les moindres cIk>-
(t%. Et il eft vrai en eflèt qu'il ny a pas
de pais au monde , où les minuties fe trai-
tent avec plus de gravité.
Si. Le mime mois que fut publié l*E dit de
V Empereur y Hugues Evêque de Confiance >
&c, ) Notre Hiftorien fe trompe pour Je
tems ) car fEvéque de Confiance n'écrivit
ces lettres qu'en iriz , un an apsès la
publication de l'Edit de l'fimpexew*
DE TRENTE, Livre I. 37
£clitd(xiné parleurs prédeccfleurs , «3 pour obliger tous les Prêtres d avoir JJ*"^
leur propre concubine» &c les empêcher par- U d'attenter à la pudeur * **
des hcmnètes femmes ; ajoutant , que quoique le Décret parût ridicule ,
il s'ctoit Eût néanmoins par néccfiîté , & que tout ce qu"il y avoir à ré-
Léon X.
er contre la
Zuingle , &lui à fe défendre.' Ce fat ^ dans cette vue qu'il / sidA
publia Lxyju Propofitions, qui contenoient fa doiSbrinc > & où il taxoit Ibid. p. 48.
tes abus des Prélats-du Clergé. De - li naquirent tant de diflèn fions & de J^éfonn. de
défordces , que pour en arrêter le cours le Sénat fe réfolut de convoquer ^^ ' ^'
tous les Prédicateurs & lesDoftcurs de fa jurifdiâiion. ^4 H invita en même \'^l[ ^^^'
tcma TEvêque de Confiance d'envoyer de fa part quelque perfonne de
fcience ôc de probité pour affifter à ce Colloque » & travailler de concert
â appaifer ces tumultes y & à ordonner ce qui feroit de mieux pour la gloire
de Dieu. Ce Prélat y envoya donc Jacques /Vr^^rfon grand- Vicaire, qui
fat depuis Evêque de Vienne 5 & le jour de la Conférence arrivé , & l'Af-
iëmblee étant fort nombreufe , Zuingle reproduifit (es PropoHtions, & s'of-
frit de répondre à quiconque voudroit les attaquer. Fabcr y après plufieors
difcours des Dominicains & d'autres Dodeurs contre Zuingle & fes ré-
pliques , dit que ce n'étoit ni le tems ni le lieu d'agiter ces matières > donc
la connoiflknce appartenoir an Concile , qui devoir fe célébrer bientôt ,
comme le Papeen étoit convenu avec les Princes, les principaux M^iftrats>
& lesEvêques de la Chrétienté. Mais Zuingle ayant répondu que ce
n'étoient que des prômeflès pour nourrir le peuple des vaines efpérances »
& cependant l'entretenir toujours dans l'ignorance, ajouta que l'on pouvoir
4)ien toujours, en attendant que le Concile eût décidé fur les points {dou--
teux , traiter de ceux qui étoient certains &c manifeftes par le témoignage
de TEcrirure Sainte & l'ufage de l'ancienne Eglife. Et comme il preflbic
Faber de déclarer s'il avoir quelque chofe à oppofer à fes Propofirions j
celui-ci lui répondit qu'il ne vouloit pas traiter avec lui de vive voix 9
mais qu'il lui répondroit par écrit. EnSn TAilèmblée fe fépara , & ce-
pendant le Sénat ordonna ^ que l'on prccheroir l'Evangile félon la doârine m Réf. i&
de l'Ancien & du Nouveau Teftament , & non félon les Décrets & les ^^^^ » ^"
Conftitutions humaines. ^' J?* *^^*
%%*Et Uurrappelloit un ancien Edit don* pîunt , utjuheant eum hahtre conàtbmam ^
t^ par leurs prédéctffittrs , &c.] Zuingle ne pudicitiam alienam tentet, Eam confite^
ne parle point d'aocan Edit , mais feule- tudinem rideri quîdem à multis , verim
ment d'une ancienne coutume introduite prudemereffe reeeptam^ ut fuidemeo tenf
dans quelques-ans des Cantons ; & cela efl pore O in illis domina tenebris atque de*
infiniment plus probable, damant plus pravatione, Quod autem iUi de concuèinif
Îi on ne trouve parmi eux aucun velliga iunc feccrint , idem nunc effe de legitimis
un pareil Edit, NonnuUis in ip/orumpa- uxcnbus inftitutndum uhique*
gis , dît Sleidan , hune ejfe morem , quum 84. // iuvita en mime tems rEvique da
nûvum quempiam Ecclejim Minifirum reci- Confiance d'envoyer de fa part quelque pa^^
3» HISTOIRE DU CONCILE
uDxxi. XXI. CoMMfi donc ni les pleines quavoicnt prifes les Doâeurs ficles
Lbom X. pr^ijjjj Je TEglife Romaine , ni la Bulle ôc la condamnation qu avoic pu-
Tçttf U ^^^^^ '^ Pape, ni le Décret de TEmpereur tout rigoureux qu'il étoit ,
monde defire ^*^^^^'^^^ pu arrêter le mal^ Se que loin d étouffer la nouvelle doârine
tm Concile, ils n'avoient fervi jufqu'alors qu a lui faire de nouveaux progrès ; chacun
vit bien que les moyens qu'on avoir employés jufques-U etoient peu oro-
près â remédier aux maux préfens , & qu'il faudroit en venir ennn à
celui qu'on avoir eniployé par le pafTé en de femblables occafions » &qat
fembloit avoir appaiie les troubles ; c'eft-à-dire à la tenue d'un Concile /.
que tour le monde commença férieufement à défirer , comme la feule reC*
fource qui pût être falu taire.
£ N effet Ion confidéroit que les nouveautés préfentes n'avoient d'aa«
cre principe que les abus inrroduits par le rems ôc par la négligence dc$
Pafteurs » & qu'ainfi il étoit impofuble d'apporter quelque remède à U
confufîon , fi Ton n'en ôtoit auparavant la caufe ; ce que l'on ne pouvait
faire unanimement & uniformément que par un Concile Général. C'étoic
du moins ce que difoient les gens pieux & bien intenrionnés. Divecfes
autres perfonnes fouhaitoienr audi le Concile pour leurs fins particulières :
mais elles ne le vouloient qu'à certaines conditions , qui dévoient le leot
rendre favoriablie , & où l'on n'en pût rien faire de conrraire à leur inrérèc*
Premièrement , ceux qui avoient embrafie les opinions de Luther demau-
doienc le Concile , à condition que tout y fût décidé par la Sainte Ecri-
ture , i l'exclu fion de toutes les Conftirurions des Papes 8^ df^h Théo-
logie Scolaftique ; étant bien affurés , que c etoit le moyen non-feule«
ment de défendre leur doctrine , mais encore de la faire Approuver pré-
férablement à toute autre. C'eft pour cela qu'ils ne vouloient point d'un
Concile , qui procédât comme Ion avoit fait depuis huit cens ans y don-»
naat i entendre qu'ils ne fe foumettroient jamais à,fon jugement : Et
Luther difoit ordinairement , Qu'il avoit eu trop peu de courage à Wormes »
& quil itoitji certain de la divinité de fa do3nne , qui/ ne voudroit pas même
lafoumettre au jugement des Anges ^ mais que c' étoit par elle qu il devoit juger Us
hommes & les Anges même. LesPrinces& les Magiftratç^fans fe mettre fort ea
peine de ce quç le Concile pourroit décider fnr lado&rine , défiroient feu*
lement» que les Prêtres & les Moines y fuflcnt rappelles à leur première
difcipline» efpérant de rentrer par-là dans leurs droits , c'eft-à-dire, de
recouvrer la Jurifiiiaion temporelle , qui étoit paflTce à l'Ordre Eccléfiaf-
tiquç 1 &c y avoit porté tant de grandeur & de richefles. C'eft pour
cela qu'ils difoient , que le Concile feroit inutile , fi les Evêques feuls Se
les Prélats y avoient voix délibérative , puifqu'ils dévoient être réformés
fonne de fcience & de probité pouraffîfler à la part de l^T&qne : mais od il refii(a de
ce Colloque , &c. ) Ce foc au mois de Jan- difpacer , déclarant néanmoins qu'il réfo-
vier I f 1 ) , que fe tint ce Colloque » où Fa- teroit les Propofîcions dje Zui/igle par écrit*
ter efii^diyemenc f^t envoyé Ôc ailifta de Réf. de SuiJ[fif1. t. p« 171.
LionX'
DE TRENTE, Livre I. 3^
eax-m&mes ; & qu'il étoit néceflaire par conféquent d*en donner le foin i
des gens qui ne fuffcnt point féduits par leur propre intérêt & engagés par-
là i faire quelque chofe contre le bien commun de la Chrétienté. Ceux
d^entre le peuple qui avoient quelque connoilTance des affaires du monde ,
déûroient pareillement qu'on modérât l'Autorité EccléHaftique ; qu'on
n'accablât point le peuple de tant d'exaftiops fous le prétexte de Décimes»
^Aumônes & d'Indulgences *, & que l'oii arrêtât tes vexations que les
Officiaux des Evèques faifoient fous le prétexte de correction 8c de juge-
lîient. La Cour de Rome , qui étoic la partie la plus intéreffée , ne
fouhaitoit le Concile qu'autant qu'il pouvoit fervir à faire rendre au
Pape l'autorité qu'il avoit perdue , Se elle entendoit qu'on y procédât
iêlon les formes des derniers (lècles. Car elle ne vouloir point de Concile
2ui pût réformer le Pontificat , ni abolir les ufages dont elle recevoir tant
t profit , & qui attiroient à Rome une grande partie de lor de la Chré-
tienté. Le Pape leo/i^également embarrafle des deux côtés,ne fçavoit que dé-
firer. Voyant d'une part, que fon autorité diminuoit de jour en jour par la fé-
paration de diverfes Provinces qui lui refufoient l'obéifTance , il fouhai-
toit le Concile comme un remède à cette révolte. Mais confidérant de l'au-
tre s que le remède feroit pire que le mal , s'il falloir réformer la Cour de
Rome y cela lui en donnoit un grand éloignement. Il fongeoit donc aux
moyens de tenir un Concile à Rome , ou dans quelque autre lieu de l'Etat
Eccléfîaftique , ainfi que fon prédcceflcur & lui avoient fait quelques
années auparavant avec un bon fuccès. • ^ Car ° le Concile de Latran éteî- » Flcury ;
griir le Scnifme par la réunion de la France , & , ce qui n'étoit pas moins ^ '*4- N
important , fit abolir la Pragmatique Sanâion , qui étoit doublement ^^*
contraire aux intérêts de la Cour de Rome *, tant parce que c'étoit un
exemple qui pou voit apprendre à lui ôter la collation de tous les Bénéfices »
qui eft le ronaement de la grandeur des Papes » que parce que c'étoit un
s f • Cork Concile de Latran — fit abolir
la Pragmatique Sandion , qui étoit double^
ment contraire aux intérêts de la Cour de
Rome , Sec» ) La Pragmatique Sanfiion
étoit an Recueil de Décrets faits par le
Concile de Baie pour la réformation de
la Difcipline Eccléfiaftique , dopt quelques-
uns furent modifiés par les Prélats de
France dans TAfTemblée de Bourges en
J4)S. Charles VIL la fit ezaâement ob-
ferver pendant (à vie. Mais comme elle
obvioit à quantité d*abus de la Cour de
Rome , par le retranchement des Annates ,
des Réfignations, des Accès, des Regrès,
& de quantité d'autres dèfordres fembla-
Mes , & qu^elle étoic le plus ferme main-
tien des Libertés de TEglife Gallicane, les
Papes ne fe donnèrent aucun repos qu'ils
ne fuilent venus k bout de la &ire abo-
lir i ce qui ne pat fe faire cependant qu'a-
près bien des oppoficions que les Papes &
les Rois eurent à footenir^ rant de la parc
des Parlemens que àts Univerfités & da
Clergé. La Bulle s'en publia en i^z^ »
dans la onzième Sefiîon du cinquième
Concile de Latran , où la Pragmatique eft
traitée comme la dépravation du Royaume
de France, Mzis Léon eût parlé plus vrai,
s'il l'eut appellée le frein de l'ambition &
de la cupidité Romaine , qui ne pouvoir
fouArir de trouver (ans celle une telle bar-
rière aux prétentions des Papes , & au»
ezaâions qu'ils faifoient fui le ^oyaur
me.
40 HISTOIRE DU CONCILE
MMirit. monument qui confervoic la mémoire du Concile de fiâle « & par
IjotiX. q^ent de la fujecion du Pape au Concile Général. Mais Lion ne YWMfe
^ pas comment un Concile de cette forte pourroit guérir un mal qui vCèfoid
point dans lesperfonnes des Princes & des Prélats que l'on auroit pu g^Mt
Far des intrigues & par leurs propres intérêts , mais dans les peuples ^ dpie
on ne pouvoit appaifcr que par un vrai & réel changement. Cetoic l'éttlt
où étoient les chofes lorique ° ce Pape mourut à la fin de Ttt
0 Slcid. L. MDXXI *<^.
M'- 45- XXII. ^7 D'e s le 9 de Janvier mdxxii » p AdrUn fut créé pour loifiir^
LéonX / ^^^^' Cette éleâion d'un homme qui étoit aâuellement en Efpagne > Se
Eleiisûn V^^ n'étoit counu ni des Cardinaux ni de la Cour de Rome » où il n'écMC
étAdrienVL jamais venu , & que Ion croyoit d'ailleurs n'approuver ni les maximes Ro«
/Guicciard. maines ni la vie libre des Cardinaux » occupa tellement les eipr irs » qaVa
\' ^^À A "^ pc^^o^^ prefque plus à Taftaire de Luther. Les uns craignoienc ^ qn^
an^^ifii^ n'eut trop de pencnant pour la réformation ; & d'autres > qu'il nap^
N^ I. pellât à (oi les Cardinaux , & ne transférât le Saint Siège hors de lltalie»
Ileuiy , L comme il étoit arrivé autrefois. Mais on fut bientôt guéri de cette craima
117. N°8y. Car Adrien ayant appris le iide Janvier à Vitcoria enlUfcaye la nouvelle dà:
^Palla^L. £^^ éleûion , y donna fon confentement , &c fans attendre les Légats que
^' lui avoient envoyé les Cardinaux pour la lui notifier & avoir fon confeiito*
ment , il prit l'habit & les marques du Pontificat en préfence de quel»
ques
8^. Lorfque ce Pape mourut à la fin de pofk on n*avoit mil deflfein de Télire : A»
MDXXU ) Le (êcond de Décembre , ^é de propofio fen\a che alcuno hétvejfe mcUaano*
4^ ans, Acla neuvième année de (bn Pon- ne di eleggerlo , maper confumare in vamo^
cificac. Guiceiardin marque cette mon au quelle matina. Quoi qu'il en foir , (bn
premier de Décembre , mais il eft contre- éléâion fut fort mal ref ue du peuple &a-'
dit par Onuphre Se par plufieun autres main , félon Paul Jove 3 & foit par le ié^
Ecrivains. eoât qu'on eut de fa fimplicicé & de &
87* Dès le 9 de Janvier MDXXti , Adrien nrugalité , foit par les oppcÂGrions cpe TuC-
fat créé pour lui fuecèder, ) Né i, Utreckt citèrent (es Mèniflres à tous (es ixins àeC*
en 1^49» d'une famille pauvre, il s'éleva feins, fon Pontificat fut peu beoitoz , 4e
par fon application ic ûl probité aux plus il n'en rempona que des naverfes, ft la
gmnd^ honneurs. Après s'fetre fait une ré- réputation d'homme de bien, le ne fait
ptttarion dans ilTniverfité de Louvain, où M.PrévSt, dans fes Notes fur M. ifr
choifi pour être Précepteur de Charles 7^oii,T. i.p.46. a pris que GuiccMn&i
d'Autriche depuis Empereur , il devint attribue l'éleâion d'Adrien aux anifices de
fiicceffivement Evèque de Tertofe , Ré- Afj/tiM/ Amba(&deur d'Bfpagne s car je na
gent d'Efpagne , Cardinal , & enfin Pape tixnive rien de femblable dans cet (fifio*
par la jonâion de la faéBen du Cardinal rien i 8c Ton voit au conmipe par lespaio*
de Médicis , qui voyant qu'il ne pouvoit les que j'en cite , qu'il l'attribue parement
être élu lui-même , propofa Adrien a la au hazard : mais en cela 't\ efl contredit ptt
£i6Hon des vieux O&rdinaul , qui y con- les autres Hiftoriens. CeA P. Martyr An»
fentirent. Cependant , ^ nous en croyons glerius qui dans fa 7 f 5 • Lettre femble infi*
Guiceiardin , cette éleAion <ut pkKÀt l'ef- nuer quelque chofe de femblable à ce qut
fet du hazard , puifque lorfqu on le pio» M. ^ttrèt ââtdixe t Guitciardin.
DE T RENT E , Livre I. 41
qites Prélats qu'il avoic adèmblés , & partie auifi-tôt pour Barcelone » kdxzii.'
d'où il écrivit aux Cardinaux les raifons qui l'avoient obligé de fe AdxiewVL
mectro en podèffion du nom & de la Dignité Pontificale , & de commen- — — — "^
cet fon voyage avant l'arrivée des Légats , Se leur ordonna de le faire
fçavoir par toute l'Italie. Cependant ' il fut contraint d'attendre à Bar- ,
celone le tems propre pour pa(Icr le Golfe de Lyon, qui eft très dan- j^^ ^
gereux. '* Mais il ne différa » qu'autant qu'il étoit néceflàire , de s'em- Guicciâtd.
barquer pour pafler en Italie , où il arriva fur la fin du mois d'Août L. 15.
MOXXIX. ^PJ^
Tout y étoit en mouvement» àcaufede la guerre entre l'Empereur & **
le Roi de France *, Se il trouva le Saint Siège embarafTé dans une guerre par-
ticulière avec les Ducs de hcrrarc Se dUrbin^^^ Rimini nouvellement
occupé par les Malatcfits , '<> les Cardinaux divifés & en défiance les uns
des autres , ^' l'Ile de Rodes afliégée par les Turcs, & tout l'Etat de TE-
^ife épuifé & en défordre par une Anarchie de huit mois. Cependant il ap-
pliqua principalement tous fes foins à pacifier les différends de Religion en
Allemagne , & comme dès fa plus tendre jeunefle il avoit été nourri Se
élevé dans l'étude de la Théologie Scolaflique , il en trouvoit les opi-
nions (1 claires & fi évidentes , qu'il ne croyoit pas qu'aucun homme rai-
ibnnable en pût avoir de contraires. C'eft pourquoi il ne traitoit les fenti-
mens de Luther que de doârine infipide , extravagante , & fans raifon ; Se
ne croyoit pas qu'il y eût d'autres que des ignorans , qui puflfènt les fuivre.
Mais il difoit que ceux qui les avoientembraffés favoientenleurconfcience
que ceux des Romains étoientinconteftables, & qu'ils ne le contredifoient
que par reflfentiment des vexations qui leur avoient été fs^ites : Qu'ainfi il
était aifé d'étouffer cette nouvelle doârine qui n'étoit fondée que fur l'in-
térêt > & de guérir par quelque fatisfaâiion convenable un corps, quifai-
foit plutôt femblant d'être malade , qu'il ne l'étoiteii effet. D'ailleurs étant
né à Ucrecht dans la baffe Allemagne , il fe flatcoit que toute la Nation
sa» Mais H ni diffita — de s'embarquer
fourfaJUercn lialie où il arriva fur la fin
du mois d* Août en moxxxz. ] Selon Guie-
ciardln « il arriva à Rome le 29 , & félon
Onuphre ^ il fit (bn entrée publique le )o ,
& y fat couronné le .) i àa aifenne mois,
le ne ûti pourquoi' M. Dupin retarde ceue
entrée au )o de Septembre.
^9, Et il trouva U Saint Siège tmbaraf
fi dans une pierre particulière avec les
Ducs de ferrare & d'C/rbin , Sec. ] Dont le
dernier ayoit (té dépouillé de fon Etat par
Léon X , qui vouloit aulfi enlever Ferrare
su premier pour le réunir au Saint Siège.
Mais Adtien termina cette g^erre en ren-
dant le Duché à'I/rbin à Franfois - Marie
T o M s L
délia Rovere qui en svoit été dépouillé, 9c
en laidànt le Duc de Ferrare paifible poC*
feflêur de cette ville, & de quelques autres
lieux, ainfi que le rapporte Guicciardin ,
L. If.
^'b. Rimini nouvellement occupé par hf
Malateftes, ] Qui faute de pouvoir pour
maintenir leur ufurpation, forent obligés
de rendre cette Place au Saint Siège, $c
s'acconunodèrent avec Adrien par la mé-
diation du Duc àiUrhin. Guic. Lift
91. VIU de Rhodes ajjiègée par Us
Turcs."] Et prife à la la fin de ifai p«»
Soliman , qui y fit (on entrée {olemnelle
fe jour de Noël» ^pond. ad an^ If J^a. N^
ai* Guic» L* ij«
F
4t HISTOIRE DU CONCILE
Mpxxii. . prèreroit volontiers roreilled fes proporuions & sincéreileroïc à maintetitr
AprienVL î 'autorité d'un Pape, qui en qualité d'Allemand avoic toute lafincéritédc
la Nation , & n'étoit pas capable d'u fer d'artifices pour parvenir i fes fins
particulières. Perfuade que i'elfentiel étoit de ne point perdre de tems , il
le réfolut d en faire la première ouverture dans la Diète , qui s'alloic tenir
a Nuremberg. Mais afin que les propofitions qu'il avoir â faire fiidëac
agréablement reçues , & qu'on put faire quelque fond fur fes promellès ,
il crut qu'avant que de rien entreprendre » il étoit nécefiaire de commencée
par réformer les abus , qui étoieht les- caufes de toutes les diflemions»
Dans cecre vue ^^ il appella * à Rome Jean - PUrrc Carafe Archevêque de
/Pallav. L. Chiéti , & 9 5 Marcel GdTel de Gacte , eftimésgens de vie exemplaire 6c
i\^ ^ -très inftruits dans la Dilcipline Eccléliaftiquc ; pour trouver par leur
ix87n'^'4. i^^yci^ > & ^^^ ^vis ^cs (Cardinaux qui étoient le plus dans la confi-
dence quelque remède aux abus les plus confidérables , ^^ entre lefquels
celui de la prodigalité des Indulgences paroiflbit le plus important , comme
étant celui qui avoir donné du crédit aux nouveaux Prédicateurs d'Alle-
magne.
L £ Pape y qui comme Théologien avoir écrit fur cette matière ^
/ Pallav, L t avant que Ltaherciit excité fur cela aucune difpute , étoit d'avis d'établir.
^' c 4- par une Bulle & comme Pape , la do6krine qu'il avoir enfeignée & pu-
bliée lorfqu'il étoit homme privé , favoir : Que l* Indulgence 9^ étant accor-»
dit à quiconque fait une certaine auvre de piiû y il peut arriver que quelqu* un
fajje cette œuvre £une manière fi parfaite quil obtienne l* Indulgence \ mais
que s*il manque à C œuvre quelque chofe de la perfeSion requife , t homme ne
gagne pas r Indulgence entière y mais feulement une partie proportionnée à la
9 t. IlappiUa à Rome Jean-Pierre Ca^
raffe Archevêque de Chiét'u ] Et depuis
Pape , connu fous le nom de Paul^ IV. U
avoit été Nonce en F.fpagne & en Angle-
terre, & fut un des Inllicuceurs de l'Or-
dre des Thiatins, Il étoit dans une gran-
de réputation de piété , & fes moeurs
étoient extrêmement févères. Mais il foii-
tinc mal ce caraé^re dans le Pontificats
& toute cette (évérité de moeurs n'aboutit
quà en faire un Pontife fier, impérieux,
foupçonneux ^ intraitable , & cependant la
dupe d'une famille intérdTée & ambi-
tieufe.
9 ) . Marcel Gafel de Gaëte. ) Que Spon»
de & M. Dupin ont confondu mal à pro-
pos avec Jean Gaétan Tautre Inftituteur
des Théatins, Je ne (ais où a piis M. Ame*
lot y que Pallavicin l'appelle Toma^oGa-
{dla de Gaëta : car dans i'endzoic où il
parle de ce &ît , H le nomme Marceth
Gaëtano ^ & le diftingue de Gaètano TU'*
neo Inftituteur des Thiatins, PaUav» L. a»
c. 4.
94. Entre lefquels celui de la prodigalité
des Indulgences paroijfou le plus important J^
Ceft ainfi que s'exprime Fra-Paolo : Tra
quali prima fi rapprefentava la prodigalitâ
délie Indidgen^t : & je ne vois point pour-
quoi M. Amelot a miecnt aimé traduire
la vente mercenaire , pœfque l'Hiftorien
ne parle que de leur profofion , & non
de leur vénalité.
9^. Que l'indulgence étant accordée à
quiconque fait une certaine œuvre de piété ,
il peut arriver ^ &c. ] Ce n'eft pas la tout
a Clic exaâement le Cyttème d'Adrien,
qui enfeigne bien , félon la remarque de
Pallavicin L. z. c. 4. que l'Indulgence a
plus ou oioias d'e&c félon la dilpofuioa
DE TRENTE, Livre I. 45
vftUuT it t œuvrt. Par-là le Pape croyoït non-fëulcment prévenir le fca:i- npxwr».
dale pour l'avenir , mais remédier encore au fcandale pallc ; parce que ^p^^^V^
d'un côté la moindre aftion pouvant erre lî parfaire , qu'elle mérite uae
grande récompenfe , on réfolvoic aind la di«ficulcé de Luther , qui de-
xnandoir comment on pouvoit acqaérir un (i grand tréfor par lofFrande
d'une petite pièce d argent , & que de l'autre on n'cloignoit pas les Fidèles
de la recherche des Indulgences, puifque ceux qui a caufcderimperfec-
don de l'œuvre ne l'obtenoient pas toute enrière , ne laifFoient pas d en ob-
tenir une partie équivalente à la perfedkion de cette œuvre.
X X 1 1 1. Mais Thomas Cafetan Cardinal de S. Sixte , Théologien C^*^
oonfommé » pour le diffliader de fon dcflèin lui repréfenta : Que ce feroit pu ^*^^ ' *^
blier une vérité , qu'il valoit mieux pv>ur le (alutdes âmes tenir fccrete^^,,^^p^^
entre les Savans; & que c'é:oir une opinion problématique , plutôt qu'une aeféûvi un*
cbjfe décidée : Que, quoique lui Cardinal en fut trèi pcrfuadé Ààm (z MmvelU
confcience, f^ il l'avoit pourtant enfeignée dans fes Ecrits d'une manière ^"^^fi^J^
fi obfcure , qu'il n'y avoir que les plus proFonds dans la Théologie , qui ^^^'^'^^ ^
puflênt la tirer de fes p.iroles: Que fi cecte d^^rine venoit à être auto- ^^,^
rifée & à fe divulguer , ^^ il y av oit à craindre que les Savans n'en concluf-
fent , que la concellîon du Pape ne fcrvoit à rien , & que rout dcpen-
doit de la qualité de l'avion ; ce qui diminueroit l'emprcflement qu'on a
pour les indulgences , & l'idée qur Ton a de l'autorité du Pape. Il ajouta »
qu'après avoir bien étudié cette matière par l'ordre de Léon Tannée même
3ue naquirent les conteftations en Allemagne , & en avoir fait un Traité,
avoiteu lieu l'année d'après érant Légat à Ausbourgd'cn difpurer 6c de
afen entretenir avec pluficurs , & parriculièrcment en deux Conférences
qu'il avoir eues avec Luther en cette ville s & qu'après avoir bien examiné
plus ou moins par&ite de celai qai la re- qa'on tire la notion des Tn.-ltilgences de
foît i maïs non pas que cette difpofition tcote autre chofe que de la rélazarion des
phis ou moins parfaite lui puifle faire ob- peines Canoniques,
tenir (ans l'Indulgence la même grâce 96. Que, fuoi^ue lui Cardmai en fui
qu'il recevroit par la même difpi.firion , irès ptrfuadédans fa confeienee ,9iC.]Ct1k
lor(qu*eHe eft jointe à Tlndulgence. Car ainfi qu ont entendu cet endroit de Fra*
ce Pape raifbnne ici de Tlnduîgence , Paolo le Tradudeur Latin & le Cardinal
comme le commum des Théologiens fsic Pallavicin» Cependant M. Ameloi rap-
des Sacremens « à qui ils attribtient plus porte tout ceci au Pape en traduifant ainfi:
de grâces à proponion des difpofirions de Q^ue le Pape , qui en était fi convaineUp
ceux qui les reçoivent « fans pourtant que l' avait néanmoins enfeignée , dcccequifilic
ces mêmes difpofitions puidènt procurer un fens tout op^H>'é, & ne peut s*accor-
les mêmes grâces , fi elles ne font join- der arec l'Original, qui porte: P^ri/ che
tes à la réception des Sacremens. le ne anea effa , quai vivamenté in confcien^a Im
fiiis ici qu'expofer le fentiment à* Adrien, fèntiva , 9lcb ces termes anca effa dciîgnaUit
Il eft aufli raifonnable du moins que ce- une peribnne différente du Pape, ^
lui des autres Scolaftiques ^ & cependant ^f. Il y avait à craindre ^qne les Savant
ne Teft gu^res, parce qu'il eft diffi:ile de n'en conelufTent , que la eoneeffiondu Pape
xicn dire de fenft (îtr cet article, dès-lors nefervoit à rien, & que tout dépendait de
F X
44. HISTOIRE DU CONCILE
a!!^** VT ^ig^*^^ cette matière , & difcuté les difficultés ôc les motifs qui croà^
^^" bloient ces Provinces » il ofoit afliirer fans crainte de fe tromper , qu'il n*y
*""*"""""" avoir d autre moyen de remédier aux fcandales paffés , préfens , & à venir ^
t;Pallav.L qii*cn remettant ies chofes dans leur premier étac : Que quoique ^ le Pape
1. c. 6, pmfTe délivrer par le moyen des Indulgences les Fidèles de coures forces
AdriemVI peines, il paroît clairement néanmoins par la leéhire des Décrétales »
' '^ que rindulgence efl: feulement une abfolution & une remife des peines
impofées dans la Confeffion > (i bien ^^ qa'en remettant en ufage les Canons
Pénitentiaux qui étoient abolis , & fe conduifant par eux dans Timpodcion
de la Pénitence » chacun verroit clairement la néceflité & Turilité des In-
dulgences , & les rechercheroit avec ardeur pour fe délivrer du grand poids
des fatisfaâions publiques : Que cela nous rameneroit le fiécle d'or de la
{primitive Eglife , pendant lequel les Prélats avoient un empire abfolu ftic
es Fidèles , parce que par ces Pénitences ils les cenoienc dans un exercice
continuel ; au lieu cp étant devenus oidfs à préfent « ils veulent fecouer
1 obéifTance : Et que n les peuples d'Allemagne avoient été cetenus par le frein
de la pénitence , au lieu de prêter l'oreille comme ils onc faic aux difcours
de Luther qui leur prêchoit la liberré Chrétienne lorfqu'ils étoient enfé^
velis dans ioidveté » ils n'eudènt jamais penfé à toutes ces nouveautés ; 8c
le Siège Apoftolique pourroic faire grâce de ces peines , à qui voudroic re*-
connoître renir cette libéralité de lui.
LtCardinal XXIV. L £ Pape goûta ce fentiment , qui s'accordoic avec £bn aocoritér
Tueciledif- & auquel il ne voyoit pas qu'on put former d'oppofition. Il le fie donc pro-
fit^df dî ri^ pofer à la Pénitencerie , pour trouver le moyen & la forme dont il feUoit fc
#^/rr i^ufa^ fervir pour le mettre d'abord en ufage i Rome , Se enfuite dans toute la;
^ciinnis îv- Chrétienté. Les Députés de la Réformation tinrent plufieurs Conférences
nitincesCét- avecles Pénitenciers fur ce fujet. Mais on y trouva tant de difficultés » '
X anav. L /^ ^aUU de Va&lon. ] On pouToit le con- mé de cette manière , d'autant pins qi»
* dure en effet de la manière dont Fra- dans fes OpoTcoles il femble étendre ds»
Paolo expo(ë le fentiment è^Adr'un , mais vancage Tefièt des Indulgences y quoiqu'af-
non de celle dont nous Tavons expliqué , vec cette limitation , que pour être utile»
Se qui eft yérkablement la penfêe de ce elles doivent ttre accordées pour* des cau->
Pape. Tes raiibnnables , & n être pas prodiguée»
9 S. Que quoique le Papepuiffe délivrer (ans prudence & fans juftice.
pûT le moyen des Indulgences les Fidèles de 9 9. £a remettant en ufage les Canons pé*
toutes fortes de peines , il paroU néanmoins nitentiaux fui étoient abolis '-^^ ehacw^
par la leSure des Décrétales, que l'Indul- verrou clairement la néceffité 6» l'utilité
gence tft feulement une abfolution & une des Indulgences^ &c ] Cécoit fims doute
remife des peines impofies dans la Confef le feul uu^e qu'on devok £uredà Indul-
fion, ] Cela parott un peu connradiébire. gences ^ U ceft la (èule manière d*en don-
Car fi l'Indulgence n'eft qu'une remife des ner une véritable idée. Mais depuis qne
fatis&âions Canoniques , comment le- Pa- les fatisfadions Canoniques font abolies^
pe pourroiC'il par elle délivrer les Fidèles on ne peut plus regarder les Indulgences
de toutes fortes de peines ? l'ai beaucoup ou que comme un nom vuide de fens ,
Ueo de douter que Cajétan k foie exprir ou que comme on moyen axtificieox de
DE TRENTE,LiVRB I. 4f
que le Cardinal ' °^ Pucci , auparavant Dataire de Léon , & du miniftère du* mdxxii.
3ucl il fc fcrvoit pour faire venir de l'argent» comme on l'a dit , Se qui ctoit AdrienVL
lors Grand- Pénitencier , rapporta au Pape , Que l'avis général de toute
FAflèmblée étoit , que l'exécution de la cnofè paroidbit impoffible *, & que
li on la tentoit » au lieu de remédier aux maux préiens » on alloit en faire
naîcredeplus grandsiQue les peines canoniques avoientcefTé d'être en ufage»
parœque l'ancienne ferveur étant éteinte , on ne pouvoit plus les fuppor*
ter \ & que pour les rétablir il faudroic auparavant renouveller le zele &
la charité dans l'Eglife : Que le fiéclepréfent ne reflTembloit pas aux pré^
cedens, où tous les Décrets de TEglife etoient reçus fans contradiâion , aa«-
lieu qu'à préfent chacun vouloit en être juge & en examiner les raifons ;
& que fi on le &ifoit dans les chofes de peu d'importance , à combien plus
forte raifon le feroit-on dans celles qui feroient de grande conféquence T
Qu'il étoit vrai que le remède <]ue l'on propofoit étoit fort convenable au
mal ; mais aufli , qu'il paflbit les forces d'un corps malade 5 & que bien
loin de le guérir, il lui cauferoit la mort: Qu*en penfant regagner l'AU
kmagne » on l'aliéneroit davantage , & qu*on perdroit toute l'Italie. Il
me lemble , ajoutoit le Cardinal , entendre quelqu'un qui dira » comme
S. Pierre » y Pourquoi unur Dieu , en mutant fur Us épauks des difciples un y ^^ ^•
fsrdeau que nous ni nos pères n^ avons pu porter ? Qu'ainfi Sa Sainteté feroic '^'
bien de fe fouvenirdece célèbre endroit de la Glofè , qu'elle avoir cité
dans ion quatrième Livre fur les Sentences , que pour ce qui concerne la
valeur des Indulgences^ laquefiion efl ancienne mais encore indécije : Que fi elle
confidéroit les quatre opinions que cette Glofe rapporte , toutes Catho*
tirer de l'argent de la crédulité des peu-
ples 8c de leur fuperftition. Le confeil
de Cajùan paroit donc aflez (âge $ mais
PaUavicin prétend qu'il neft pas vraifêm*
blable , parce que die - il , ou ce Cardinal
prétendoit que les Indulgences ferroient
a remettre la peine du Purgatoire, au-
quel cas fubfiftoit la difficulté qu il avoir
propoflEe auparavant ^n il crojoit qu'el-
les ne remetcoient ^p la peine impo(!e
parles ConfeffeuR, & dans cette fuppo-
firion Liuhir auroit eu raifon de dire
qu'elles étoient plus pemicieufes qu'uci-
ks. Mais ce raisonnement eft un piur fo-
phiCne. Car dans cette dernière hypo-
thèfe on ne pouvoit pas dire que les In-
dulgences fioflènt pemicieufes, pui(qu el-
les n euflènt été accordées comme autre-
fois que dans des cas extraordinaires &
dans la vue d'exciter davantage la ferveur
4cla vertu des Fidèles /& de fuppléer par-
là aux làtis£iâions Canoniques* £t dans
le premier cas la difficulté fubfiftoit en«
core moins , pui(que fi ce Cardinal crojoit
que les Indulgences fervoient à remettre
la peine du Pu^atoire , en laiflànt au Pa-
pe la acuité de les accorder utilement»
il en confervoit toujoun le crédit dans
l'eiprit des Fidèles, & la valeur par lap-
pon à la produdion de l'effet qu'il lenxat-
tribuoit.
100. Que U Cardinal Pucci j auparavant
Dataire de] Léon , & du miniflhr< duquel
il fc fervoit pour faire venir de l'argent ^
comme on l'a dit ^ & qui étoit alors Grand'
Pénitencier , &c. ] C'eft le caraâère que
nous donnent de ce Prélat Guicciardin dans
l'endroit du treizième livre que nous
avons déjà cité auparavant, & M. de Thou
dans le premier livre de (on Hiftoire, od
il nous dépeint ce Cardinal comme l'inP
trument dont fe fervoit Léon pour four-
nir à fes prodigalités. Peccatum , dit - il ,
tune infacris muneribus difpenfanàu admif*
4« HISTOIRE DU CONCILE
MDxxxf. liques , 8c néanmoins crès-difTérentes , elle verroic bien qu'en ces te!n$«ci
AoaienVI. il vâloic mieux garder le ûleace fur cecce matière, que de la mettre en dif^
—■—■■" pute.
C E $ raifons firent tcnt d impreffion fur refprit iijldrien , qu'il ne
favoit à quoi fc réfoudre ; &c fou irréfolucion écoit d'autant plus grande ,
qu'il ne crouvoic pas moins de difficultés dans les autres chofes qu il $*écoit
«Pallav. L. pi^^^pofé de réformer <• On blâmoit , comme une encreprile qui devoit afibs-
X. c. 6, Dîir la Difcipline EccléHaftique^ la réfolucion où il étoit à 1 égard des dif-
penfes de mariage , de lever pour foulager le peuple pluûeurs défenfès
qu'il y avoit de le conrraâer entre certaines gens , comme étant fuperflues
& d'une obfervation difficile ; quoique fi on les continuoit , c'étoit donner
lieu aux Luthériens à^^\ït(\\it ce n'étoit que pour tirer de l'argent: Que
de reftreindre les difpenfes à des personnes d'une certaine qualité , c'étoit
donner un nouveau lujecdç plaintf à ceux qui prétendoient que dans les cho-
fes fpirituelles, & qui concernent le miniftère de Jefus-Chrift» il ne doit poine
y avoir de diftinâion de perfonncs \ 8c que d'abolir les taxes qui fe payoienc
pour les difpenfes , cela ne fe pouvoir faire, fans rembourfer le prix des
Offices que Léon avoit vendus , & dont les acheteurs tiroient des émo^
/ lumens. La même raifon empèchoit encore de fupprimer les Regrès « les
Accès, lesCoadjuroreries, &pluneurs autres chofes qui fe pratiquoiene
dans la collation des Bénéfices 9 qui avoient l'apparence deSimonic, ou^
pour mieux dire , qui en étpient une réelle. Car de racheter ces Offices
cela paroidbit impomble à caufe des grandes dépenfes qu'il avoit fallu taite»
& que Ton étoit obligé de continuer. Er ce qui chagrinoit davantage ce
SodMfii U Pontife , c'eft que quand il s'ctoit déterminé a ôtcr quelque abus , * il ne
détoHtnt de manquoit point de fe trouver des gens quis'opiniatroient à foutenir par
^ift;4i//fr ii quelques raitons apparentes, que les chofes que l'on vouloit fupprimer
U réforme étoicnt bonnes ou même nécelTaircs. Tout cela retint Admn dans la pcr^
^'^*'^»^ plexité jufqu'au mois de Novembre , que perfiftant toujours dans le défir
fJruir dtm ^^ ^^^"^^ quclque réformation confidérable pour donner au public une preuve
foret four <^ fon zéle, il vouloit apporter quelque remède aux abus , avant que de
rmmener Us commencer â négocier en Allemagne.
Lmhériens. » M A i s il fqt tout-à-fait déterminé au contraire flùjile Cardinal Fran^
fum Léo Pontîftx mox longé gNTvlore cumu' que let chof^r que Fom veuhit fupprimef
Uvh. Nam ciim alioqui ad omnem licen- étoient bonnes , on mène nicejfaires. ] M«
tiam fponte fua ferretur , Laurentii Puccî Amelot a enduit ici Fra^Paolô root à eon«*
CardinaliSfhoministurbidi^cuinimiumtri' trefens. Car au -lien que cet iHliftoriett
huebat , impulfu , ut peeuniam ad immen" dit , que \or((\vk Adrkn Toaloic réformet
fis fumptus undique eorrot^aret , mîjfis per quelque chofe , il fe nrouvott toujours des
cmnia Ckrifliani orbis diphmatis, omnium gens qui câchoient de juftifier les abus qu'il
deUêiorum expiationem ac vitam ttternam vouloit réformer, il lui fait dire, qu'il y
pollicitus efl conjlituto precio , ficc. Thuan. avoit des gens qui prenoient à tâche dt
L. i.N** 8. foutenir f que toutes ces reformations étoiem
I. // ne manquoit point de fe trouver bonnes & même néceffaires.
des gens qui s'opiniJeroient â foutenir ^-^ i. Mais il fut tout À fait déterminé att
DE TRENTE, LivrbI. 47
çcis Soiirini ^ Evêque de Prénefte , ' furnommé de FoUcrre , alors fon mdxxii.
grand Confident , mais qui depuis tomba dans fa difgrace , & fut emprifonné AdrienVI.
Sar fon ordre. Comme ce Cardinal étoit très-expénmentc dans les affaires
'Etat , où il avoit eu beaucoup de part fous les Pontificats à' Alexandre \ ^ ^^'
VI ^ de Jules IL & de Léon X , remplis devénemens fort différents
4c fort coniîdérables » toutes les fois qu'il entrecenoit le Pape , il laif*
(bit couler quelques paroles qui pouvoient fervir à Tinftruire. Après
avoir loué fa bonté , fa candeur , & fon zélé pour la ré formation de l'E-
gliA: & l'extirpation des Héréfies > il ajoutoir , que quelque louables que
niflent fes intentions ,ce n étoit pas aflèz pour faire le bien , s il ne choifif-
foit avec foin les moyens propres pour les faire réufiir , & s'il n'apponoic
dans l'exécution beaucoup de circonfpedion & de prudence. Puis quand il
vit que le tems pelloit de prendre une réfolution, il lui dit nettement :
Qu'il n'y avoit nulle efpérance de confondre ni de difliper les Luthériens
par la réformation de la Cour de Rome : Que c'étoit au contraire le vrai
moyen de leur donner plus de crédit ; parce que fi le peuple , qui juge tou-
jours par les événemens > v^feit travailler à une réformation 5 il s'imagi-
neroit que puifqu'on avoit eu raifon de s'élever contre quelques abus » il
y avoit lieu de croire que les autres nouveautés propofées par Z.///Arr étoienc
bien fondées ; & que les Héréfiarques » après avoir eu cet avantage fur une
partie , ne cefleroient de s'élever concie lautrc : Que c'cft le train ordi-
naire des chofes humaines » que lorfqu'on accorde aux hommes quelques-
unes de leurs demandes, ils fe font un droit d'en foUiciter d'autres , comme fi
elles leur épient dues : Qu'en lifant l'hiftoire des fiècles pafies , l'on voyorc
eontrairepar le Cardinal François Sodcrlni ma non forme propor^îonate aile condiiioni
Evique de Prénefte, ] Quoique le Cardinal délia materia. Ce qui revient aiTez à Téloge
PaUavicin tâche de rendre fufped Tencre- qu'il fait de ce Pape, c. 9. ou il dit que c*é-
tien A' Adrien avec le Cardinal Cajétan , il toit un très bon Ecclcfiaflique , mais on Pape
convient néanmoins de la .réfolution que fon médiocre îfù Ecclejîaftico vttimo, Pon^
prit ce Pape ( en confSquence.» ce (èmble » tefice in verità médiocre. Mais par un pareil
de cet entretien ) de réformer la Pénitence- jugement ce Cardinal £ait mc^ns de ton à
lie & la Oaterie , & des oppofitions qu'il y la mémoire ^ Adrien^ dont un tel fiècle n'é-
trouva de la pan de^ Cardinaux Pucci & toit pas digne , qu'à la flenne propre \ & nous
Sodérini , qui lui en repréfentèrent Xim^oC- donn^ feulement a entendre, que les abus
fibilicé. Cet aveu e({ une preuve de la vérité (ont incorrigibles , & que le Pape le mieux
de ce que rapporte ici notre Hiftorien, & de intentionné trouvera toujours des obftades
la juftelTe d'une réflexion qu'il &it aflêz (ba- infurmontables à fes dellèins & à fes meil-
Tent , du peu d'efpérance que Ton a du avoir leures réfolurions.
de voir remédier efficacement aux abus de la 3 . Par le Cardinal François Sodérini E'
Cour de Rome. Mais ce qui me paroit de vêque de Prénefte ^ &c.] Ce Cardinal » célè*
p^a*> remarquable, c'edque PaUavicin y ^xt- bre par les emplois qu'il avoit exercés (bus
lieu d'applaudir à ces tentatives à' Adrien , les trois Pontificats précédens, étoit alors un
le<; traite d'idées chimériques qui n'étoient des plus grands confidens du Pape. Mais les
belles qu'en fpéculacion , mais impratiqua- lettres qu'il écrivoit al'E vêque de Saintes (on
blés en elles mêmes. / jfMi {elanti difegni neveu, par lefquelles il confeilloit au Roi de
erano idce afratte belliffime à conten^larfi , Prance d'attaquer la Sicile , ayant été intex^
48 HISTOIRE DU CONCILE
MDxxii. que les Hérétiques qui s ecoienc élevés contre l'autorité de l'Eglife Romai-
AdrienVI. i^Q ^ avoicnt toujours pris leur prétexte des mœurs corrompues de ccttç
■■■— — ^ Cour : Que cependant les Papes n'avoient jamais jugé qu'il leur fut utile
de les réformer 4 , mais qu'ils s'étoient contentés , après avoir employé les
exhonationsfic les remontrances» d'engager les Princes i protéger i'EgUfc:
Qu'il falloit toujours garder une conduite , dont on s'étoit bien trouvé par
le pafle : Qu'il n'y a rien de plus capable de renverser un Etat , que d'al-
térer la forme de fon Gouvernement : Que de prendre de nouvelles routes »
c'étoit s'expo&r i de grands dangers , & que le plus fur étoit de fuivre celles
qu'avoient tracées tant de faints Pontifes , qui avoient toujours réufli dans
ce qu'ils avoient entrepris : Que les Hérénes ne s'étoient jamais diflipées
par les réformations , mais par les Croifades , & en excitant les Princes
Se les peuples à les détruire : Que c'étoit par ce moyen çxl Innocent III
avoir neureufement étoufle celle des jilbigeois en Languedoc \ 6c que fês
fucceiïèurs n'en avoienr point employé d'autres.'contre les fraudais y les Pi^
cards 9 les Pauvrts dt Lyon , les Arnaldxfits , les Spcronifics , & les Ptf-
douans , ^ dont il ne reftoit que le nom : Qplil'on ne manqueroit pas de
Princes
ceptées , il fiit arrêté , tous Ces biens confif-
qoés, & lai enfermé <knx le Château .^. An-
ge, (l*oà il fonit cependant après la mon da
Fape , Se affilia aa Conclave oA (et éla Clé-
ment VIL II devint depuis Evêqoe d'Oftie &
Doyen du Sacré Collège ^ & monrat en gran-
de réputation de prudence & de capacité.
5/K?#i^. ad am I f i 5 . N* 4*
4. Que cependant les Papes n'avoient ja-
mais jugé qu'il leur fût utile de Us réformer ,
Sec] Ces rai(bnnemens , aflèz dignes d*an
Folitique,neconvenoientgaèresdans la bou-
che d*un Evèqne & d'un Cardinal , dont tou-
tes les vues ne dévoient tendre qu'à con(èr-
ver ou à rétablir la pureté de l'EglÛè, & à pro-
curer la (ànétification des Fidèles. P^Uavi-
cin n'en juge pas ainfi j Ac fort content des
maximes de Sodérini , il foutient , qu'à la
naiflànce des SchiCnes & des Héréfles la ré-
fermacion n'eft pas un moyen propre de ra-
mener les gens féduits, & qu'on ne peut le
faire efficacement que par la terreur & par
les peines: Ilfiioco délie rehellioni non fi
fmor^afe non h col gieh del terrore , h con la
pioggia delfangue. C'eft fur de pareils fonde-
mens qu'on a élevé rinquifîcion , & l'on peut
Juger de la jufteflè de la maxime par l'appli-
cation que Ton en a^te. Elle peut être vraie
à l'égard des révoltes volontaires contre une
autorité légitime & des devoirs connns. Mais
comme on ne refufe de fe foumettre à une
décifion , ou de croire une chofè, que parce
qu'on lajngefBiuflè, & que la terreur êclt%
fupplices ne (èrvent de rien à convaincre les
efprits i un moyen propre à être appliqué dans
les afiàires temporelles , eft abfolument mau-
vais & pernicieux dans les aflàires de Rell*
gion.
f . Et que fes fucceffeurs n*en avaient
point en^lôyé d* autres cintre lesVaudoisJUs
Picards , les Pauvres de Lyon , les Amsl*
di/èes, les Spéronifies, & les Padouans^ doni
il ne reftoit que le nom,] Nous avons déjà par-
lé des Faudois & des Picards, Les Pauvres
de Lyon écoient les mêmes que les Vaudois^
& ne prirent ce nom qu'à caufe de l'opinion
oà ils étoient , que félon les loix de l'Evan*
gile les Miniftres de l'Eglife ne doivent
pofléder aucuns biens temporels > & qu'eux-
mêmes hïhïtïii profeffion de vivre dans
cette pauvreté. Les Amaldiftes êc les Spéro*
niftes étoient d'autres branches de la même
Sede , mais aux Erreun comniunes de la-
quelle ils en ajoutoient de paniculières. Les
Amaldiftes s'appelloient ainfi du nom d'i^^r-
naud de Brejffe. , leur Chef. Il y a apparence
que les Spéroniftes Ct (ont ainfi nommés do
nom de quelqu'un de leun Cheft » comme
It
D E T R E N T E , L I V R E I. 49
PjQÎnccs en Allemagne , qui , pourvu que le Pape leur ofFrît les Erars des mdxxii.
&uceurs du Luchéranifme , fe chargeroient de protéger le Saint Siège à AdrienVI.
CîCttc condition , Se qu'ils icroient fécondes des peuples à, qui on projnec- — — """^
troic des Indulgences & la rémidîon de leurs pèches » s'ils fervoient dans
cette entreprife. Il remontra encore , qu'on ne devoir pas donner toutes
iks penfées aux affaires d'Allemagne ) comme s'il n'y avoir point d'autre
péril qui menaçât TEglife Romaine > puifque 1 on étoit à la veille d'avoir
ta guerre en Italie , chofe bien plus dangèreufe ,& à laquelle il falloir pen-
ièr avanr toutes chofes, parce que (I dans une telle conjondure l'on fe trou-
voit fans argent, qui e Iç nerf de la guerre , on pourroit en recevoir un
grand préjudice : Qu'on ne pouvoir faire aucune réforme fans diminuer
confiderablemenc les revenus Eccléfiaftiques , Ijefquels provenoienc de qua-
tre fources , l'une temporelle , c'eft à dire, le produir des Domaines de l'Etat»
& les rrois autres fpirituelles ^ qui font les Indulgences , les Difpenfes, &
la Collation des bénéfices^ defquelles on nepouvoit tarir aucune , fans faire
perdre au Saint Siège le quarr de fes revenus.
Le Pape rapportant .cet entretien à Guillaume Enckenwort qu'il fit depsis
Cardinal^ ^ a Théodoric Hc[c , fes plus intimes confidens , fè plaignoit à
^UX , Que la condition des Papes étoit bien malheureufe , ^ puifqu'il vo-
yoir clairement qu'ils ne pouvoicnt faire le bien , quoiqu'ils en euflènt la
volonté & en cberchaflènr les moyens ; d'où il concluoit qu'il n'étoit pas pof-
fible de mettre en exécution aucun des chefs de la réformation qu'il s'etoit
propofé de faire , avant le voyage qu'il méditoit de faire en Allemagne ; 6c
^u'il falloir qu'on Xe contentât de les prome(îès , qu'il étoit bien refolu de
tenir , auand même il devroit (è paUer d'aucun domaine temporel ^ & fe
]:éduire a la vie Apoftolique. Cependant , comme l'un étoit Dataire » Se
l'autcc Sécreraire , il leur donna des ordres rrès - précis ^ d'appprrer beau- y Pallav. L.
coup de précaution dans la conceflion des Indulgences^ des Difpenies , des i. c 6.
Regrès , & des Coadjuroreries » jufqu'à ce que l'on eût trouve moyen de Onuph. îo
Adr.
k Ait M. de Thou , L. 6. N* 1 6. Mats ce celle qtiî a été toujours U plas déreftée à Ro-
qae l'on fait , c'eAque R<ynerus dans TO- me, a été d'avoir maintenu lautorité des
pnfcale qu il nous a laiffi De Hareticis , & Princes dans les matières temporelles , &
2 ut roole presque tout entier fur les Vaadois, d'avoir (ôacenu qu'à cet égard ils étoient in-
lit mention de ceux-ci , &: de quelques au- dépendans des Papes , qui n avoient nulle aa<^
très Que Fra-Paolo ne nomme point, com- torité fur tout ce qui concernoit les matières
me d'autant de Seâies de Vaudois \ & qu'ils civiles, non pas même for les intérêts tem-
fbnt ain(! nommés dans une ConfUtntion de porels des Eglifes qui iV éicoieot point de leur
Crégoire IX en i z 3 y , & dans une ature Domaine.
A'innoeem IV tn 11 f j , feites l'une & l'au- 6. Le Pape ""^ fe pUignou à eux que I4
trc contre les Vaudois , & où la {^upart des eoncHtion des Papes étoit tien malheureufe^
branches de cette Seéle font nominces. A &c.] Cétoit un aveu très-fincère dans ce Pa-
régard des Padouans , c'étoient les difciples pc, & qui montre bien la pureté de fes in-
.dc MarfiU àt Padoue , connu par le parti tentions. C'eft auflS ce qu'exprima trcs-natu-
qu'il prit en faveur des Empereurs contre les rellement le Cardinal Enckenwort fon con-
Papes , 8c dont la plus griindc Héréûe , & fident , qui dai)s TEpitaphe <ju'il lui fit , qwx-
TOME I. G
jo HISTOIRE pu CONCILE
MDxxiix. régler tout cela 7 par une Loi pcrpccucUe. Comme tout ceci peut beaa--
AdrienVI. coup fervir à l'intelligence des chofes que nous avons à dire dans la fuite »
■— ■"—" j'ai voulu rapporter en peu de mots ce que j'en ai appris par la ledfcure da
Journal de TEvèque de Fabriano » ^ où il raconte avec étendue toutes les
chofes confidérables qu'il avoir vues ôc entendues de fon tems.
j4drs€n en- XXV. Dans le premier Confiftoire que le Pape tint au mois de No-
t/oie Chéri' vembre , il nomma de l'avis des Cardinaux ^ cet Evcque, qu'il avoit connu
f •* Vfî/*^ en Efpagne , pour fon Nonce à la Diète , qui fe tenoit à Nuremberg en Tab-
s U Dihe ^^^ce de l'Empereur , qui depuis quelques mois avoit été obligé de paflèr
éU Nnrem- cn Efpagne pour appaifer quelques tumultes Se quelques féditions , qui
*«y. s'y étoient élevées. Ce Nonce ^ arriva à Nuremberg fur la fin de l'année »
PfopofatoHs ^ y pr^enta des lettres du Pape du 1 5 de Novembre aux Eleâeurs , aux
r Palhnr^^L P^i'^^^ ^ ^^^ Députés des Villes de l'Empire ; dans Icfquelles il fe plai-
1. c 6. & 7. gnoit premièrement, que quoique Luther eut été condamné par Léon^
Onuph. in & que cette fentence eut été foutenue par un Edit de l'Empereur donné
^^'- , , à w ormes & publié par toute l'Allemagne , il pcrfévéroit néanmoins dans
P'*^ les" mêmes Erreurs, & continuoit de mettre au jour de nouveaux livres
N^ 13.& remplis d'Héréfies, & qu'il étoit foutenu non feulement de la populace»
ad an. mais même de la Nobleflè. Il ajoutoit enfuite , que (î l' Apôtre avoit die
15x5. N® que • Us Hircjus itoUnt nictffaircs pour maniftficrles bons, il ne convenoic
Ti/^ '* . de les tolérer que dans certains tems favorables , mais non pas dans les
iis!^®! 9 conjondkures préfentes , où la Chrétienté fe trouvant accablée par les Turcs 9
Sleid. L 3.01^ devoir employer tous fes foins à purger un mal domeftique, qui, ourre
p. 46. le danger qu'il portoit avec foi , empêchoit encore qu'on ne put s'oppofer
Pafcic fcr. à de fi puifians ennemis. Enfuite il exhortoit les Princes & les peuples
cipct.T. I. ^ j^ç pomt cjnniver à une fi grande impiété en la tolérant plus longtems »
Ti Cor.XI. ^^^^ repréfentant combien il étoit honteux pour eux de fè laiflcr conduire
1^, * * pat un fimple Moine hors du chemin de leurs Ancêtres , comme s'il n'y
avoit que Luther qui eut des lumières & du bon-fens. Il les avertifibit , que
fi les Sénateurs de Luther avoient bien ofé refufer d'obéir aux Loix Ecclé*
fiaftiques, ils mépriferoienc encore plus aifément l'Autorité Séculière : &;
qtia qn^il n*avoic point trouvé de plos grand heur des tems ne le permettoit pas ^ il ajoa«
ttialheur dans fa vie que celai de comman- te , qu'il ne laiflà pas que de réarmer bien
der : Hic fitus eft Adrlanus VI ^ qui nihil des chofes, & qu il avoit delTein d*en léfbr-
fibi infilicius in vita duxit , quant quod im^ mer encore davantage , mais qu'il en fut pré-
peraret. Onaph. in Adr. venu par la mon. Animum ad Ecclcfiam
7. // leur donna des ordres très-précis Chrifii fadis ahufibus corruptam refiituen*
d* apporter beaucoup de précaution dans la dam adjecerat — fed morte occupatus propo^
xoncejfion des Indulgences — j^fqu *â ce que fito lufus eft.
Von eût trouvé moyen de relier tout cela , %. J*ai voulu rapporter en peu de mots ce
&€.] C eft ce que rapporte Onuphre Panvini que) en ai appris par la le&ure du Journal de
dans un plus grand détail s & après avoir VEvéque de Fabriano , &c.] C eft à dire , de
marqué o^ Adrien ne put faire toutes les ré- François Ckérégat Evêque non de Fabriano^
fermes quil fe propoCbit > parce que le mal- qui n'eft point an Evtchc , mais de Teramo
DE TRENTE, Livre I. fr
qu*aprè5 avoir ufurpé les biens de TEglife » ils «'abftiendroient encore moins mdxxih.
de ceux des Laïques *» où qu'après avoir ofc mettrai la main fur les Prccres ^^ïEwVf.
6c les Miniftres de Dieu , ns n cpargneroient pas les maifons , les femmes, — — — ^
& les enfans des autres. Enfin il leur confeillpic , s'ils ne pouvoienc ra-
i^iener Luther & fes adhérans dans le bon chen^in par la douceur , de (e
fcrvir de remèdes plus violens , > & d'employer le feu pour retrancher db
leur Corps des membres morts » aind qu'on avoit fait autrefois â Tégard de
Oatkun. 8c àLAbiron , à!Anamc &c de Sapphlrc , de Jovinicn & de Vigi--
lance , ÔC comme avoient fait à l'égard de fcan Hufs 8c de Jcrâmc dt
Prague dans le Concile de Confiance \tMi% Ancêtres ^ dont ils dévoient fui^
vie l'exemple , s'il n'y avoit pas d'autre moyen de pourvoir au mal. Du
refte il £: repofoit fur ion Nonce de ce qu'il y avoir à faire tant dans cette
a&ire 1 que dans les autres. Il écrivit encore prefque à tous les Princes fê-
parémeac *' des lettres à peu près de même teneur. Mais il prioit en par-
ticulier l'Eleâeur de Saxe ^ de bien confîdérer ^ quelle tacne ce feroit d / Onuph.
coûte {à poftérité d'avoir favorifé un frénétique» qui mettoit par- tout la ^^vlt. Adxi
confufion par fes nouveaurés folles & impies, & £e révoltoit contre une
doârrine fcellée du fang des Martyrs,, défendue par les Ecrits des SS. Doc-
teurs , & maintenue par les armes de tant de vaillans Princes. Il' le con«-
jurpic de marcher fur les traces de fes Ancêtres, fans fe laiflêr perfuader
a l'afveugle , par la fureur d'un homme de néant , de fuivre des Erreurs
condamnées par cane de Conciles.
Le Nonce s préfenta non feulement à la Diète le Bref du Pape, mais ir ^icid. L
encore fes propres Inftruâions ^ par lefquelles ce Pontife le chargeoic d'éx- 4* p- 49-
Jborter les Princes à s'oppofer à la contagion de Luther^ pour fept raifons. ^*^*^v.L.t.
1. Parce qu'ils y dévoient être excités par l'amour qu'ils dévoient à Dieu y]£çxc rcr
& la charité qu'ils dévoient au prochain, i. Pour ne pas laiiler couvrir leur expec. T. i.
P- HJ.
dans V Abrutie s & que Fra-Paoh ne fait ne doit pas en împofer à notre rai(bn; &il ^^ov. ad
Evoque de Fabrîano que furun endroit êi^O- nous fuflSt de connoitie que la perfccntion ^ i f î-*-
nupkre Panvuû qui Ta trompé. Hue Fran- eft contraire aufll-bien à la raifon qu.'à Tef '4*
elfcum Cheregatum mlttit fibi antea in Hif- prit de TEvangiie , pour condamner la ma-
paniA coffiitum — tum rtcens à fepropter xime éi Adrien , en juftifiant même la pure-
cpimonem virtutis Prafulem Fabrianenfem té de Tes intentions.
declaratum, i o. // écrivit encore à prefque tous tes
9. Enfin il leur confeilloit , s'ils ne pou- Princes fipariment , fifc] C'eft ce qui ett
voient ramener Luther — par la douceur, de attelle par Sleidan , auffi-bien que par Oiz«^
feferv'u de remldesplus violens , &c.] Certe phre, qui nous rapporte la fubftance de ce$
panie de la lettre ^ Adrien , qui d'ailleurs lettres. Ded\t adhac litteras^ ditOnuphre^
étoit adroite & CtnŒt , montre combien les ferè adfingulos quofque Principes & Eccte*
plus gens de bien ont de peine à s élever au- fiafticos & Laïcos ejufdem exempli yfedpret-
dediis des préjugés où ils ont été élevés, puif- fenim ad Ducem Saxonia Fridericum , in
que tnaigté toute fa piété & fa modération , cujus dominatu totius incendiifax Lutherus
ce Pape ne lailfoit pas d*autorifer la plus per- agebat , monens eum , 8cc, Sleidan ne bit
nicieufe & la plus antichrétienne de toutes point de mention de la lettre à l'Ëleéleur ,
ies aiasiaie$. Nbis la probité des pexibones apparemment parce qu!elle contenoit peu de
G z
yi HISTOIRE DU CONCILE
MDXTin. Nation de cette infamie. 3. Pour leur honneur propre » &poaT montrer
AprienVI. qu'ils ^ç dcgcncroient point du zèle de leurs Ancêtres, qui étoienc inr-
"""""""""^ tervenus dans la condamnation de Jtan Hufs au Concile de Confiance ,
& d'autres Hérétiques, dont quelques-uns même '^ avoient été menés
par ces Princes au fupplice ; outre qu*il y alloit de leur réputation de te^
nirleur parole, la plupart d'eux ayant approuvé TEdit deTEmpereur con--
tre Luther. 4. Parce qu'ils dévoient fe refTentir de l'injure que cet hom-
me fai(bit a leurs Ancêtres en publiant une autre Foi que celle qu'ils avoient
f>rofe(rée, & par conféquent les faifant croire tous damnés. 5. Parce que
a fin que ces Sedaires (e propofoient étoit d'affoiblir la PuiflTànce Séculière
après avoir renverfé l'EccIéfiaftique , fous le faux prétexte qu'elle avoir été
ufurpée contre l'efprit de l'Evangile ; ic que s'ils paroiÛbient vouloîr^ka-
ver l'autorité des Priiices , c'étoit un artifice qu'ils employoient pour les fur-
prendre. 6. Parce que c'étoitde-là qu'étoient venus tous les trouble» & ron-
ces les didènfions d'Allemagne. 7. Enfin parce que Luther preaoiy k même
route qu'iavoit prife Mahomet^ en permettant de fatisfaire toutes les in^-
clinations de la chair , & qu'il ne montroit plus de modeftie que poàf ctûfifT-
per plus efficacement. Que fi quelqu'un difoit que Luther avoit été con-
damné fans être entendu Se fans avoir eu la liberté de fe défendre,, & qu'il
étoit jufte d'écouter fes raifons, le Nonce devoir répondre. Qu'il croit fufte
de l'entendre pour ce qui concerne le fait , avoir s'il étoît vrai qu'il eût
enfeigné ou écrit ces chofes ou non *, mais non pas d'écouter'ce qu'il avok
à dire pour Ja défenfe de ce qu'il avott enfeigné fur la matière de la Foi &
des Sacremens, parce qu'on ne de voit jamais mettre en doute ce qui avoir
été approuvé par les Conciles Généraux & par toute l'Eglife. Le Pape en-
fuite chargeoit fon Nonce de conféflfer ingenumenr , Que toute '* cette
confufion étoit née des péchés àcs hommes, & particulièrement de ceux
chofes difflhrentes de ce qai étoit contenci cîn , qui connoîflbit mieux les maximes d'à-
dans les autres. Mais on la peut voir dans ne politique mondaine que celles de FETan*-
jB[ovius ad an. i;ii. N^ y 4» Sc dans les gile, trouve qoL Adrien le conduifit en cela
Oeuvres de Luther > T. II. p. j ;• avec beaucoup plus de zèle que de prudence.
II. Dont quelques-uns même avoient ùé Una taie Jftru{ioney dit-il L. 2. c. j, ha
menés par ces Princes au fupplice J] L*Elec- fatto defiierare in Uù maggior pruden^a &
teui Palatin avoit été chargé a Confiance de circonfpet^ione'^-^ Il governo - meglio fi
Texécution de Jean Hufs , & il fut préfênt amminiftra da una hontâ médiocre accompa^
à fon fupplice. gnata dafenno grande, che da nnafàntità
1 1. (^ue toute cette confufion étoit née des fomita di picciolfenno. Cèft pour cela qu'il
péchés des hommes , & particulièrement de condamne prefque toutes les panies de cette
ceux des Eccléfiaftiques.'] Rien de plus in- InftruéHon , fi édifiante d'ailleurs & (i Epif-
génu & en même tems de plus digne de copale. Mais ceux qui connoiffentnnieux les
louange que cet aveu à* Adrien , & la xék}lu- devoirs d'un Evéque que les artifices d'une
tion qu'il montroit de vouloir remédier aux politique nnrondame , ne faotoient qu'admi-
défordres , & d'employer les moyens qu'on ler la droiture à* Adrien , dont la Cour de
lui indiqueioit comme les plus propres à en Rome n*étoit pas digne. Auffî Onuphre , qui
anttei le cours. Mais le Canlinal Pallavf jugeoit plus ftinemem des chofes ^ue nom
DE TRENTE, Livre I. yj
des Ecdéfiaftiques & des Prélacs , &c d'avouer que depuis quelques années mdxxxxt.
ils s'écoic commis plufieurs abominations fur le Saint Siège*, qu'il y avoir AdrienVL
beaucoup d*abus dans l'adminittrarion des chofes fpirituelles , & d'excès — ■-■^—
dans les préceptes y qu'enfin tout s ecoit perverti de manière que la corrup*
cion avoir palTe du chef aux Membres > Se des Souverains-Pontifes aux Pré^
lacs inférieurs « & qu'à peine y en avoîr-il un feul qui fît le bien : Que
pour facisfaire aucanc à (on inclinacion qu'aux devoirs de fa charge , il étoit
réfolu de mettre couc fon efpric , & d'employer coûtes forces de moyens
pour réformer avant coures chofes la Couc de Rome , d'où peuc-ècre
provenoic couc le mal j 6c qu'il s'y porceroic d 'aucanc plus volonciers qu'il
voyoic que couc le monde le défiroic ardemmenc : Que l'on ne devok
pas s'éconner » fi l'on ne voyoic pas touc d'un coup tous les abus
corrigés > parce que le mal ay^nc vieilli & s'étant multiplié , il falloic
aller pas à pas dans la guérifon , & commencer par les chofes plus im^
portantes » pour ne pas touc jeccer dans la confufion , en voulant couc
faire a la fois. Il lui ordonnoit de plus de promettre en fon nom lobfer* ^
vacioii de tous les Concordats , &c qu'il s'informeroit des procès que la
Rou avoic évoqués > pour les renvoyer fur les lieux félon la ^uftice. Enfin
îl le cbargeoic de foUicicer les Princes & les Etats de répondre à fes lettres,
& de lui indiquer les moyens les plus propres d'obvier aifémenc aux pro-
grès des Luthériens. Après avoir préfenté le Bref du Pape & fes inftruc-
hons, le Nonce ajouta de plus, que par toute l'Allemagne on voyoit des
Religieux foriir de leurs Monaftères pour retourner] au fiécle, & des Prêtres
fe marier , à la honte & au mépris de la Religion \ & la plupart d'entr'eux
commettre encore beaucoup d'autres excès & d'impiétés ) & qu'il étoit abfo-
liunent néceflàire d'y pourvoir en caflfant ces mariages facrilèges , en en
panidànt févèremenc les Auteurs , & en remettant les Moines Apoftat9
entre les mains de leurs Supérieurs.
La Diète ^ répondit au Nonce par écrit , Que l'on avoit lu avec refped
le Bref du Pape & fes inftruâions au fujet deTaffaire de Luther 'y que Réfonfidâ
l'on rendoit grâces à Dieu de fon exaltation au Pontificat , & que l'on lui ^^ Di^e.
ibuhaitoit toute forte de félicité. Et après avoir dit ce qui convenoit ^ ^^^*°' ^
au fujet de la concorde entre les Princes Chrétiens , & de la guerre conr- spond^ad
ue les Turcs , en venant d la demande qtù écoic faicc aux ordres de lEm- ar. 1513.
pire de faire exécuter la fentence publiée concre Luther & l'Edic de Vor- N° 7.
mes , l'on marquoit , que l'on étoit prêt d'employer tomes les forces né- ^^H^v. L
ceûTaires pour l'extirpation des Erreurs , & que fi l'on avoit manqué d'é- p^f^|** ^^^
Cardinal, Bc cpA les voyoit de plus près , ne fan&itas vitœ praftantîaque dofirina pepere- ^^^\ ' **
£itt-il point difficulté de dire y que par (à rant^tum grand, qudmaximdapud Germa- P* '^ *
k>nc6 ôL (a (àinteté AdrUn s*étoic rendu fi nos Pontijex Germanus vaUbat, utmalum
ifjréable aux Allemands» que s*il n*eûc été iUud jam tum uteunque miufccnt^ & fpes
Inrpris de la mon, il y a^lieu de croire qu'il magfia ejfet^ nifimors ejus imped'iffèt ,forraf-
cik remédié aux maux de rEglife* Jnfitmmd fis brevi aut in totum y aut ex maximâ c^rci
tantumegecufeduUtauauthor'uMeque^quam parte explodendunu
S4 HISTOIRE pu CONCILE
itOTxm. xécuterla fentencc & TEdit, ç'avoicétc pour des eau fcs rrès- importance?:
AxxRxEwrl. Q^ç comme les livres de Luther avoienc perfuadc i la plupart du peuple ,
"" mie la Cour de Rome avoir fait beaucoup de mal à i Allemagne ; (i l'on
etft tenté Texécnrion de ta fentence^ la niulri'ude fe fut imaginée ^*oa
l'auroit fait pour maintenir les abus & l'impiété dont on ie plaignoir ; d oè
il feroit né quelque tumulte , & peut-être quelque guerre civile : Qa'il
falloit donc dans de pareilles conjonâures des remèdes plus convenables»
le Nonce confefTant lui-même au nom du ■ s Pape , que ces maux vG-
noienc des péchés des hommes y & promettant de réformer la Cour de Ro-
me : que fi on n'ôcoit pas les abus > qu*on ne remédiât pas aux vexations i
Se qu'on ne fatisfît pas les Princes fur quelques articles qu'ils donneroienc
par écrie, il n'étoit pas pofltble de rétablir la paix encre les Eccléfiaftiques
Bc les Séculiers , ni cTappaifer les troubles : Que puifque l'Allemagne n a«
voit confenti i payer les Annates qu'à condition qu'on les eroployeroic i la
guerre contre les Turcs » 8c qu'elles n'avoient point ièrvi à cet ufage depuis
Slufienrs années qu'on les payoit > Ton prioit le Pape qu'à l'avenir la Cou:
e Rome ceflat de les exiger , *4 Et que cet argent allât au Fifc de TEmpire
pbur les dépenfes de la guerre : Que puifque lePape leur demandoi t leur avis
lut les moyens les plus propres de remédier à tant de maux , ils aoyoienr»
que nes'agiffànt pas feulement deJ'afFaire de Luther^ mais auffi d'extirper
beaucoup d'erreurs & de vices enracinés par une ancienne habitude, & qui
ie répandoient ou par la malice des uns ou à la faveur de l'ignorance des
autres , il n'y avoir point de remède plus propre , plus efficace & plus con»
venablej que celui de convoquer au- plutôt du conlèntemenc de l'Empereur
un Concile pieux , libre & Chrétien , en un lieu commode d'Allemagne ^
comme Strasoourg, Mayence, Cologne , ou Metz, fans différer cette cohh
vocation de plus d'un an ; 6c que dans ce Concile les Laïques comme les
Ecclcfiaftiques euflcnt la liberté , nonobftant tout ferment & toute obliga^
tion contraire , de parler & de propofer ce qu'ils jugeroient de mieux pour
la gloire de Dieu & le falut des âmes : Que perfuadés que fa Sainteté feroic
X). Ztf Nonce confiffant lui-même au prafuntEcclefis, comme ^^nerindm&on»
nom du pape , que ces maux venoient des 1 4. Et que cet argent allât au Fifc ie
péchés, des hommes , &c.] Ced litteialemenc f Empire pour les dépenfes de la guerre.]!^
le fens de Fra-Paolo , qui dit , Confejfando ruppreflion des Annates qae demandoient
ejfo Nonciopernome dcl Pontefice, che quefti les Allemands étoit aflez raifonnable \ mais
maU venivano per li peccati dcgli huomini : l'application qu'ils fouhaicoient qu'on en f k
& je ne (ai pourquoi M. Amelot Im a prêté au Fifc de l'Empire pour les dépenfes de la
un autre fens , en traduifanr. Le Nonce con- guerre ne Tétoic guères , 6c cette deftination
feffant lui-même que la Cour de Rome étoit la- n'àvoit jamais eu lieu auparairanr. Il eft joAê
caufe de tous ces maux ; \m(c\VL Adrien ne que dans les néceffités publiques les Ecclé*
^rejettoitpas les mauxdel*EglifefurlaCâur nadiques comme les Laïques contribuent
de Rome feule, mais fur les péchés de tout le aux dépenfes de l'Etat , puifqa'ils jouidènt
monde,& principalement des Ecclé^aftiques des mêmes aranrages que les autres , ft-qu'ils,
dont la Cour de Rome ne fai(bit qu'une par* ont le même intérêt à fa confervation. Mail
ùcimaximivcràpropterpeccatacorumqui rétabliflbmenc d%ne Amiate perpétueUè
DE TRENTE, Livre I. yj
poac cela toute la diligence poifible ^ & pour pourvoir autant qu'il étoit en MDxxm^
eux |)endanc cet intervalle aux maux préfens , ils avoient réfolu de s'em- AdrixnVI.
ployer auprès de TEleâeur de Saxe , pour le prier d*empêcher que les Lu^ •■■'"■■■■^
tkéhens n'écrividènt & n'imprimaflènc de nouveaux livres*, Se d'ordonner
en même tems que par toute TAllemagne les Prédicateurs fe contentaflènt
de pécher parement & amplement TEvangile félon la doârine approuvée
de rEglife, fans toucher aux chofesqui poarroient exciter quelque fédition
populaire , & fans remuer aucune difpute , afin de renvoyer au Concile la
décifion de toutes les conteftations : Que Ion chargeroit les Evèques de dé-
puter des hommes vertueux & favans pour veiller fur les Prédicateurs y 6c \
les corriger dans le befoin , mais de manière cependant que Ton né put foup-
çonner que ce fut pour arrêter le cours de la vérité Evangélique : Que l'on
aoroit foin qu'il ne s'imprimât rien de nouveau , qui n'eût été revu par des
gens de probité & de doârine *, & que (i fa Sainteté de fon côté vouloit re*
dreflèr les Griefs dont ils fe plaignoient , Se convoouer un Concile libre Se
Chrétien , ils efpèroient de remédier aux troubles &%e rétablir prefque par*
tout la tranquillité > parce que les gens de bien attendroient fplontiers la
détermination du Concile > quand ils en verroient la célébration prochaine :
Qu'à l'égard des Prêtres qui s etoient mariés , Se des Religieux qui étoient re-
tournés dans le (iècle , ils croyoient qu'il fuffifoit que les Ordinaires emplo-
yaient contre eux les peines Canoniques , puifque les Loix civiles n'avoienc
point encore ftatué fur ce point y mais que s'ils commettoient quelque crime »
le Prince ou le Ma^ifttat fous la jurifdiâion duquel Us fe trouveroient > les
cbatieroit félon qu'ils l'auroient mérité.
' f Le Nonce, > peu fatisfait de cette réponfe , prit lé parti de répliquer ,
A ce que l'on avoir dit, que c'étoit pur éviter le fcandale que l'on n'avoit 'Pallay. L
pas exécuté la fentencedu Pape & l'Edit de TEmpereur contre Luther^ il ré- p ^}'
pondit que cette raifon néroit pas valable , parce qu'il ne convient pas de cxpS\"T,
tolérer ic mal pour en tirer du bien , & que le falut des âmes doit l'emporter p. 34^. '
fur la tranquillité publique. Il ajoutoit que les Sedateurs de Luther ne de«
voient point s excufer fur les vexations & les fcandales de la Cour de Rome , ' ^
parce que, quand ils feroient réels 3 on ne devoit pas fe féparer de l'Unité
poor tme guerre accidentelle de extraordi-
naire ne paroiflbic ni fondé en juftice , ni
conforme aux intentions de ceux qai avoient
doté ces Eglifes , & étoit par conféqaent con-
traire à toute fone de droit, puifqu'on ne
poovoit exiger d**eax avec équité ce qa on
n'exigeoit pas des Laïques loHqu'on leur con •
iéroic quelque revenu temporel.
1/. Lt Nonce , peu fatisfait de cette ri-
ponfe^prit le parti de répliquer,^ Pallavicin,
L. 1. c. 8. ne paroit pas plus content des ré-
ponfes du Nonce > que de i*In(bué^ion à'A^
driejty & cela par les mêmes principes i c'eft
adiré, parce qu'il juge que ce Minifee ne
couvroitpas aflez bien rbonneur& les inté-
rêts de la Coui de Rome. Il dit même ici ce
quil a fbuvent condamné dans /ra-Piijib,
qui eft de prêter aux Romains de ce tems-U
fes propres réflexions fur les réponfes du
Nonce , qu'il cherche cependant a excufer
à la fin par cette raifon, que peut-être les
circonftances où il fe trouvoit alors ne per«
mettoient pas qu'il parlât autrement.
id. Parce que, quand ils feroient rétls
î^ HISTOIREDU CONCILE
^iiDxxm. Catholique , mais fiipporcer paciemmenc toutes fortes de maux plutôt que
AdxxenVI. de la quitter : '7 Qu*il prioit donc la Diète qu'avant quedefe icparer clic
ordonnât l'exécution de la fentei^ice & de TEdit. Que (i l'Allemagne étoic
lèfée en quelque chofe par la Cour de Rome » le Saine Siège auroit foin dV
remédier promptement ; & que s'il y avoit de la divi(ion entre les £cclé(îa£-
tiques & les Princes Séculiers \ le Pape accomoderoic tous leurs difTérends,
Pour les Annates il dit , qu'il n'avoit rien à dire pour le préfent ; mais que
Sa Sainteté répondroit fur ce point dans un tems convenable. A l'égard de
la demande du Concile, il répondit qu'il croyoit qu'elle ne déplairoïc point
au Pape quand ils la feroient en des termes plus mefurés ; mais qu'il fouhai-
roit qu'on en retranchât tous ceux qui pourroient donner quelque ombrage
à Sa Sainteté, comme ceux-ci > que le Concile fûe convoque du confemtmem
dp Sa Majeflc ImpinaU , ou ces autres , que le Concile fut convoqué plutôt
dans une ville que dans une autre ; parce qu'en ne les otanc pas, on fembioic
vouloir lier les mains au Pape , ce qui n'auroit pas un bon effet. Pour ce qui
concernoit les Prédicateurs, il demanda que l'on obfervât le Décret du Pape,
qu'à l'avenii^x^eribnne ne pût prêcher que fa doârine n'eût été auparavant
examinée par l'Evèque. Quant aux Imprimeurs & aux Libraires, il témoigna
que la réponfe ne le fatisfaifoit aucunement ; qu'il falloit &ire exécuter fur
ce point la fentence du Pape & l'Edit de l'Empereur , qui ordonnoient que
les livres feroient brûlés & les Imprimeurs punis, & que c'étoit-li le point
eilèntiel dont dépendoit tout le refte s Que pour les livres â imprimer, il
n'y avoit qu'à obferver le Règlement du dernier Concile de Latran. A l'é*»
gard enfin des Prêtres mariés , il dit que la réponfe ne lui eût pas déplu , fi
elle n'avoit pa$ cette reftriftion , qu ils feroient punis de leurs crimes par U
Prince ou le Magifirat i parce que ce feroit entreprendre fur la libené Ec^
cléfiaftique, porter U ^< dans une moidbn étrangère, & toucher à ceux
qu; font réfervés d Jefus-Cbrift : '^ de (brte que les Princes ne ponvoient
nullement prétendre que l' ApoftaHe de ces gens4â les foumit à leur jurifdic*
tion , ou qu'ils çuflèat droit de les punir pour Quelque crime que ce £ftt ,
puifquc
êcc] Ceft ainfi qu'il fiiQt'tradaîre, & non
pas comme Ta&it M. Amtlot, encore que
aUfât vrai , ce qui feroit un aveu des (can-
<)ales > eu-lieu que le Nonce, bien éloigné de
les avoaer,n'en parle ici que par (bppofîtion :
Perche , fe benfoffcro vert , dit Fra-Paolo ;
exprefllon qui ruppofebien la poffibilité de
c^ fcandales , mais qui n*en eft pat un
ayeo.
17. Qu'il prioit donc la Diète, qu avant
que defe/eparer elle ordonnât fexécution de
la fentence & de fEdit. ] Ceft ce que dit
Fra-Paolo : Onde li pregavaper VeJJeeutio'
ne dellajenun^a fyîcU Edittp, inan^i cke
la Dieta fi finifce : & je ne fai poar«
quoi M. Amelot a omis cette phra(è.
it. De forte que Us Princes nepouvoiene
nullement prétendre — qu'ils eujfent droit
de les punir pour quelque crime fue ce fut,^
Si le Nonce n'eAt prétendu autre chofe . fi**
non que le fagement des Ecdéfiaftiqoes de-
▼oit être xéfervé aux Evèques à Tégard des
tranfgreflions contre les loix ]nirement Ec-
cléfiaftiqaes , la demande eut été jufte 8c raî-
(bnnable , êcW femble que les Princes n*a-
voient pas deifein de s'y oppofêr. Mais que,
(bus prétexte de leur caraâère , le Magiftiae
Civil ne pût Les punir poQi quelque crime
DE TRENTE, L IVRE I. J7
pnîfque ces Apoftacs en confervanc leur caraâèré & leurs Ordres, reftoienc moxzxxx;
toujours fous lajurifdiââon de TEglife, & que les Princes n'avoieitt autre Ap^"><V^»
chofe à faire à leur égard , qu'à les dénoncer à leurs Evêques 8c à leurs Su- """""""^
périeurs , qui écoient charges de les punir. Enfin il concluoit en les priant
de délibérer plus mûrement fur toutes ces chofes , & de lui donner une ré-
poftfe plus favorable, plus claire, plus orthodoxe, & mieux délibérée.
Cette réplique fut mal reçue delà Diète, où l'on difoit communément
entre les Prmces , que le Nonce mefuroit le bien & le mal félon les inté*
rets de la Comt de Rome , & non félon les beibins de l'Allemagne : Que pour
la oonfervation de l'Unité Catholique , il valoit mieux faire un bien nu:ile
à exécuter , que de tolérer un mal difficile à fupporter : Que néanmoins le
Nonce vouloit que l'Allemagne portât patiemment les oppreflionsde la Cour
de Rome , fans que cette Cour voulût fe plier un peu J^ur le bien , & fzns
vouloir fe défifter du mal autrement que par des promeues : Que c'étoit mon-
tiet trop de délicatefle , que de paroître oflènfé de la demande d'un Concile»
Soiqu elle fut Ci nécelfaire & qu'on l'eût faite d'une manière fi modefle.
ipendant après une longue délibération ilfutréfolu unanimement de ne
pomr faire d'autre réponie , mais d'attendre celle du Pape à. celle que l'oa
avoir donnée à fon Nonce.
j XXVI. ^9 Les Princes Laïques ^ dreflèrent*enfuite un long Mémoire de c#jm Grhfs
leurs plaintes & de leurs prétentions contre la Cour de Rome & les Ecclé- ^ U DUtt
fiaftiques , qu'ils réduifirent i cent chefs , auxquels ils donnèrent pour cela ^ ^«•'««^
le titre de Ctntum Gravamina. Et comme le Nonce , avec lequel ils en ^fT^
avoient conféré , fut parti avant que cet Ecrit fût dreflé , ils l'envoyèrent j^ Spond. ad
au Pape, avec une proteftation , qu'ils ne vouloientni ne pouvoient plus an. ij&i.
tolérer fes griefs , & que la néceflicé de leurs affaires aufli bien que l'énor- N^ 9-
ini:é de ces excès les forçoient d employer tous leurs foins , & de chercher
ks moyens les plus propres à s'eji délivrer*
o«e ce i&c , c*eft ce qui étoit contre tout cni (ë (opprimer , (èlon qu'on le trouve
droit &rai(bn, paifque tout Sujet Ecclé/îaf- plus oa moins avantageux pour le bien de
tique ou Laïque eft refpon&ble au Prince de la Société , qui doit être la régie immuable
tout ce qui peut tendre à troubler Tordre de par laquelle on doit difpofer de ces (bnes de
la Société. Si , par refped pour le Clergé , cho(ès.
les Empereurs ou les Rois lui ont accordé 19 • Les Princes Laïques drejferent en*
des Immunités qui le mettent à cooven de fuUe un long Mémoire de leurs plaintes — ■
k pourfuite du Magiftrat , elles ont pu être qu'ils réduifirent à cent chefs ^ auxquels ils
révoquées par la même pniflànce qui les lut donnèrent pour cela le titre de Cbntum Gra-
a accordées , loifqu on s'eft convaincu par vamina] Ils ont été imprimés en dififérens
eipérienceque ces privilèges pouvoient être , endroits , & on peut les voir dans le Fafii"
préjudiciables à la Société, èc ne farvoient culus rerum expttendarum , Bc dans G(?/«
Ï*i rendre le crime impuni. Le caraâére dafte^ Environ xo ans auparavant » Maxi^
rOrdination n*a aucune connexion né- nulien avoit &it drelTer dix Grie6 contre
ceflàire avec les Immunités Civiles. Tout le b Cour de Rome , dont il demandoit le
privilège de cette profeffion (è borne a^x redreflèihent. Mais ces diffirentes deman-
choCes fpiritiielles- Le rtfie peut s'accorder des furent également inutiles. Ct a'eft pas
Tome I, H
5» HISTOIRE DU CONCILE
MDzzxix. Il feroLc trop long de marquer ici en détail }e contenu de ce Mémoire §
^DRXENyi. jjj^^ jg jjj.^ ç^ général , * que les Princes s'y plaignoient des Taxes qui fc
. ç, payoienc pour les difpenfes & les Abfolutions, de largenc qui fc ciroit des
rer ezi^ Indulgences > de révocation des Procès à Rome > des refervations des Bé-
T.i.p. 5;i. néfices > de l'abus des Commendes & des Annates ^ de lexemption des Ec-
défiaftiques dans les Caufes criminelles , des Excommunications & des In-
terdits injuftes , des Caufes civiles tirées fous divers prétextes dans le For
Eccléliaftique, des dépenfes exce(fives qu'il falloit faire pour la confécra-
tion des Eglifes & des Cimetières, des Pénitences pécuniaires > & des fraix
Gu'il falloit faire pour avoir les Sacremens & la Sépulture. Ce qu'ils rédui*
toient à trois chen prùicipauif ^ favoir , que les Ecclédaftiques réduifoient
les peuples en fervitude , qu'ils les dépouilloient de leurs biens > & qu'ils
s'approprioient la jurifdiâion des Magiftrats Laïques»
inPaIIay.L ^^ Le 6 de Mars ^ la Diète publia ion Recès; avec tous les chefs con*
^'Jr}' tenus dans la réponfe faite au Nonce ; & peu de tems après , le tout Ait
^ imprimé avec le Bref du Pape , l'Inftrudion du Nonce , & les réplique»
Luth. T. 1. ^iccs de part & d'autre , comme auffi les Cent Griefs » oui furent debU
p. 317. tés dans toute 1* Allemagne > &delà fe répandirent en d'autres lieux &
»SIeid.L même à Rome, ^* où l'aveu ingénu que faifoit le Pape 9 ° que la Cour
p Fr ^\ ^ Rome Se tout l'Ordre Eccléuaftique étoient la première fource du mal,
^ ç^ ' ' déplut beaucoup aux Prélats » qui jugeoient que cela les couvroit de honte
pjeuryi L. & les rendroit plus odieux dans le monde » comme aufli qu'ils en feroienc
nS.N^ 3f. plus méprifés par les peuples > &c que les Luthériens en deviendroient plus.
pourtant que cette Cour ignore 00 approuve au Nonce. Seulement iî auroit pu ajouter ,.
les abus ; mais c*eft qu'elle (trouve qu'il j a qu'on n'y infifta pas fur quelques • uns des^
de la dureté à vouloir l'obliger de les réibr- points qui avoient déplu à ce Miniftre»
mer, lorfqu'eile ne le peut £iife fans facri- Mais il y ar apparence que le filence de
fier quelque chofe de Tes prétentions & de SUidan fur cela a produit celui de Fra»
fes intérêts. Paolo , qui n'a tiré pre/que que de lui feul
10. Le 6 de Mars la Diète publia fort Rt» tout ce qu'il dit des affaires d'Allemagne»
ch , avec tous les chefs contenus dans la ir. OhVaveuingénuquefaïfoitlerape^
réponfe faite au Nonce, &c.] C'eft donc à que la Cour de Rome & tout l* Ordre Eccli^
ton que le Cardinal PaUavicin reproche à fîaftiqtu étoient la première fource du mal,.
Fra-Paolo de n'avoir point rapporté ce Dé- déplut beaucoup aux Prélats ,. icc» ) C'eft
cret. Ma cib , che il Soave non riferifce , apparemment cet aveu ingénu qui a faici
VEdittopubUcatofifecondoTuft) al nome di dire à PaUavicin^ L. i. c. 7. cfs^Adrienr
Crfare benche ajferue nelReceffo délia Dieta écoit d'un caraâère uop ouvert , aufll biei^
fotto il di fefio di Mar^o > conunnefcnne , que Chérégai^ à quefia f facejffi per ordinc
le qualifen^a rivocar alcuno de punti ejprejl d'Adriano troppo aperto , à perche^ il Chere^
Mellari/pojladichiararona âfavore del Papa gatofojfe di natura apertijfima l pero gratis
alcuni di quegli articoli , che corne ambigui al Pontée ,. &c. Et c'eft en conféquencc"
turbavano ilCAeregato* U eft vrai que no- de ce yigemtnty qu)à l'exemple des Prê-
tre Hiftnnen n'ezpoOe pas tout le détail de lats Couni&ns dû tems d^Adrien^^ il cziti-
ce.'Recès> mais il en dit tout ce qui eu. né- que prelque tous tes peints éÈe etne- Fnf-
ceflàire , en marquant qu'il comprenoit truâion , & avoue que fuppofé même I»
tous Us chefs CQiUcms dans la réponftfùu venté d^ cbofes ^ ce Poniife n'en eue pa»*
DE TRENTE, Livre L p
•hardis & plus ciirbulens Et ce qui leur déplaifoic davan rage, c*cft qu'ils mdwi^.
voyoicnc ouvrir une porte à Tintroduftion d une Réformation qu'ils avoient^'^^"'*^'
en horreur, & qu'ils ne pouvoicnt éviter fans laiflcr voir qu'ils étoient
incorrigibles. Mais ceux qui étoient portés à excufer Adrien , actribuoient
ce qu'il avoir fait au peu de connoidance qu'il avoir des artifices qui fer-
venc à Htaintenir l'autorité Pontificale , & la puifTance d'une Cour qui ne
(t ibutienr que par fa réputation. C'eft pourquoi ils louoient la prudence
de Lion , qui avoit fu attribuer la mauvaife opinion qu'avoient les Alle-
mands des mosiiTs de la Cour de Rome au peu de connoiflfànce qu'ils en
«voient , & qui dans fa Bulle contre Luther avoit dit , que s'il fut venu
i, Rome lorlqu'il y avoit été cité , il n'y auroit pas trouvé les abus qu'il
Véroit figurés.
XXVII. D'un autre côté , les ennemis de cette Cour en Allemagne in- Diffinm
terprétoient en mauvaife part cette candeur d'Adrien \ Se difoient que c'é- fjfi^'»'
toit l'artifice ordinaire des Papes de confefler le mal & d'en promettre le ^. J^'
lemede , fans aucun deflèin de rien effèâuer \ afin d'en4ormir les fîmples, ^^^^^ yj 1,
de gagner du tems, & cependant par les intrigues qu'ils employoienc auprès y^uy^rf.
des Princes , fe juftifier de manière qu'ils pudent mieux adervir les peu-
ples , & les empêcher de s'oppofer à leurs volonrés & de parler de leurs
défauts. Ils railloient même de ce que le Pape difoit , ^ qu'il ne falloit pas ^ sidd. L
icncer de remédier à routa la fois de peur d'empirer le mal , mais aller 4.^.^0.
jnu à pas \^^ &c difoient qu'en eflèt on iroic (i bien pas à pas y qu'entre un
pas & l'autre on mettroit bien l'efpace d'un fiècle. Mais les gens de bien p . P P!^^^^'
îi^ oient plus favorablement des bonnes intentions d'^^r/e/2 , qui avoic ^
toujours mené une vie exemplaire , tant avant fon élévation aux Digni-
tés Eccléfiaftiques , que depuis qu'il avoit été fait Evêque & Cardinal \
& les bonnes vues qu'il paroiflbic avoir dans routes fes aâions leur faifoietil|t
croire vérirablement , que c'étoit très-fincerement qu'il faifoit l'aveu des dé-
sordres de Rome , & qu'il étoit difpofé à y remédier encore plutôt qu'il n V
voit promis. L'événement n'a pas donné lieu de juger le contraire. Car la
Cour de Rome n'étant pas digne d'un tel Pontife , Dieu le retira du mon-
de prefquc aufli-tôt qu'il eut reçu de fon Nonce la relation de ce qui s'étolc
d& &îrefi librement Yzyevt: Se pure il Pon- prendre. Se qa*il étoit fi inutile de cacher ^
tefice kaveva quefii concetti 3 parue ch'egli étant auffî connus qa*ils Tétoient.
cperajffi trappo liberamente inpublicarli ml- zi. Et difoient qu'en effet on iroitfibien
ia Dkta , ed 6 egli à il Nun^io in dame pas à pas , qu'entre un pas O l'autre on
fcrittura. Mais ce que cet Ecrivain con- mettroit bien Tenace d'un fiècle.) Cefk zinG.
damne y fie approuvé alors par tous les qu'en parloit Luther, qui cherchant à dé-
gens de bien i & Ton a vu qu*au jugement créditer les promelfes du Pape , quoique
aOniqfhre , il / a grand lieu de croire que très - fincères , fit des Noces fur les diffi-
fi Adrien eut vécu, od*eût travaillé plus rentes panies de Tlnftrudion qu'il avoit
utilement pour la réconciliation de l'Aile- donnée a fon Nonce, 6c les publia pour
magne, que ne le firent fes fuccefleurs, en empêcher l'effet, comme nous l'am-
en voulant ou difliaïuler ou juflifier les ]^enà Sle^an, Hoc fcfiptum , dît cet Au-
abus que l'on avoit tant de raifondere- ceur, Lutherus poftfa fermone popnlari coU"
H z
tfo HISTOIRE DU CONCILE
iKDxxtii. fait à Nuremberg ^S étant mort ^ le i j de Septembre de l'année mdxxtii.
ApjmwVI, Cependant, qaand on eut publié le Décret de la Diète de Nurem-
berg avec les Réglemens touchant les Prédications & rimpreûion des livres,
1^ ^ ^' la plupart n'en tmrent aucun compte y mais ' ceux qui y croient intéreflés ,
rSkicL L. ^^^ ^tholiaues que Luthériens, ^4 Tinterprétèrent en leur faveur. Car
4. p.53.6cee Décret ordonnant le filencefur tout ce qui pouvoit exciter des tumul-
54* tes populaires , les Catholiques Tinterprétoient comme (i Ton de voit s'abf-
Pallay.L.i. ^^^ j^ prêcher les nouveautés que Luther avoit introduites dans la doébi-
Fleûry , L ne , & de repretidre les abus de TOrdre Ecdéfiaftique ; & les Luthériens
ai9.N^5tf. au contraire difoient , que l'efprit de la Diète étoit d'empêcher qu'on ne
foutînt ces abus , dont la défènfe faifbit foulever le peuple contre les Pré-
dicateurs 9 qui repréfentoient comme bonnes des cnofes tout i fait mau-
vaifès. Et à l'égard de cette partie du Décret qui ordonnoit de prêcher
l'Evangile félon la doârine des Ecrivains approuvés de l'Eglife , les Catho-
liques entendoient par - là la doârine des Scolaftiques 6c , des Com«
mentatCHrs modqcnes de l'Ecriture Sainte : mais les Luthériens diibient
qu'il falloir entendre les SS. Pères , tels que S. Hilaire , S. Ambroift , S.
Augustin , S. Jiromt , & d'atures femblables ; ajoutant , qu'il leur étoit
même permis par le Décret de continuer d'enfeigner leurs opmions jufqu'à
la tenue du (Zoncile ; au-lieu que les Catholiques (butenoient que , (èloo
l'efprit de la Diète, il falloit continuer de prêcner la doâxine de l'Egliiê
Romaine. Ce Décret donc , loin d'éteindre le feu ne fer van t qu'à l'allumer
davantage , augmeiitoit dans les perfonnes de piété le defir d'un Concile
libre , par l'efpérance d'être délivré de tant de maux , fi les deux partis vott«
loient bien ^y foumettre.
vtrûty & additis in marginem annotatîun' dans lefqaelles il tiroir ce Décret en (â fa*
culis , Ulud, quod Pontifex au pedetentim vear. Quum dccrttum illud Impem Nori^
çportere procedi,Jtc accipiendum effe dicii, ,bergéfa6ium alii accipereai , pUriqui enam
ut finguU pedcs atque paffus intcrvallum contemnerentyLuthems dat'u l'ueris ad Prin*
habeant aliquot facuîorum^ &c. cipes rcveremer & magna cum voluptate ft
15, Etant mort U i^. de Septembre de Ugiffe illud ,& Ecclefia quoque If^ittember^
Vannii mdxxiii.) Fra-Paolo s*eft trompé gtnji propofuïjfe dicit Hoc itaquefcriptû
en iTurquant le 1 5 • poar le 1 4 , qui fut le fi voluijfe declarare , quomodo iliud acei^
véritable jour de (à mort, comme le mar- piat, &:c. Ced donc injadement , que le
Cfl^OnuphrctxyuuKalendasOâobris^qui Gard. Pallavicin prétend que /r^i • /^tftf/0
dies ExaltatétCrucitumfifluserat Ro- fe trompe fui ce point ,& que les Luthé-
ma, in Vaticano naturct concejfit. Guscàar- riens ne pouvoient pas tirer à eux ce Re-
din marque auffî cette mort au 14. La ces. Ceft difputer contre un hk certain,
méprife de Fra-Paolo vient apparemment dont il eft obligé d*avouer lui-même la vé-
de ce qu'il a fuivi Paul love & Sleidan , rilé, L. 2. c. S. Et d*ailleun, quoique le
(ans autre examen. Décret ne favoriflk pas clairement lesLo-
•14. Mais ceux qui y étoient intérejfîs^ tbériens, il (uffifoit pour Tufâge quils en
tant Catholiques que Luthériens , Vinterpré- faifbient, que les tennes en fo/Tent aflei
tirent en leur faveur, ) Sleidan le dit claire- équivoques pour qu*on pût les tirer bien
mentj & rappone les lettres de Luther , ou mal en divers fèns.
DE TRENTE, Livre L 6i
XXVIII. Adrien ^^ eue pour fucceiTeuc * Jules de Médicis^ coufln de mdxxiix.
Lion X , qui prit le nom de Clément y IL Ce Pape donna tout d'un coup ^^^^^VL
tous its foins aux troubles d'Allemagne. Et comme il croit fort verfé dans
les affaires, il vit clairement <\}x'Adrtcn , contre la conduite ordinaire des c/^J^T
Papes les plus prudens » avoir été trop facile à confellèr les défauts de la viL
Cour de Rome > & à promectre la réformation des abus » & qu'il s'étoit trop # Onupluv
rabaifle en demandant confeil aux Allemands fur les meilleurs moyens de ^^^^
cerminer les difputes qui s'étoienc élevées chez eux:Que par-là il s'écoit atti- ^^^ ^
fié la demande d'un Concile , chofe d'une confequence dangereufe > fur-tout spond^ad
fi c'étoit à condition qu'on le tînt en Allemagne:Qu'enân il avoit tellement an. 15 15.
selevé le courage de ces Princes, qu'ils avoient ofé non-feulement lui en- N^ 15.
.VQ/cr, mais encore faire imprimer leurs C(S/i/ Griefs , Ecrit injurieux au Guicciari
Clergé d'Allemagne , mais beaucoup plus encore à la Cour de Rome. Après ^ j '^* «
avoir bien réfléchi fur tout cela, il vit bien qu'il étoit néceilaire de don- usTn^
ner quelque fatisfaâion à l'Allemagne^ mais il fe réfolut de le taire de 105.
jnanière que fon autorité n'en reçût aucune atteinte , & que la Cour de
Rome ne perdît rien de fes profits. Voyant donc qu'il y avoit bien pluiieurs
<le ces Griefs qui regardoient Rome , mais que la plus grande partie con-
cernoit les Evèques , les Officiaux, les Curés , & les autres Prèrres d'Alle-
magne \ il fe perfuada , que (i ces derniers abus étoient réformés , les Alle-
mands confentiroient aifénvent à garder le filence & à ne pas infifter fur ce
qui regardoit la Cour de Rome , &c que par-U il feroit aiver/ion à la de*
mande d'un Concile. Il réfolut donc d'envoyer fans retardement un Légac
^^ de tète & d'autorité à la Diète , qui devoit fe tenir dans trois mois à
Nuremberg , avec ordre de fuivre exadcment ces vues ; & fur- tour, de
feindre d'ignorer entièrement les propoficions faites par Adrien , & les ré*
if. Adrien eut pour fuccejfcur JuUs de
Médias , coufin de LéonX « qui prit le nom
de Clément VIL ) Il écoic fils de Julien de
Médicis nié par les Pa^^^i en 1 47 S , 6c d*a-
ne femme qu'il tenoic alors, les uns difent
comme concubine , & les autres comme
ton époafe. Ce qu*il y a de cenain y c'eft
qa*on Ta regardé plus communémenc com-
me bâtard , ( FUury^L, ii8.N°iof.) quoi-
que fous Léon X, il fiic déclaré légitime
par une fentence rendue à Rome. Il fuc-
oèda à Adrien le 1 9. de Novembre x f 1 5 ,
après un Conclave de près de deux mois ,
où. les fadions furent extrêmement op^x>-
fies , & qui ne finirent , félon Mcndo^e
Let, du 10. d'Oâobre 1^48, Se Guicciar»
din^L, If. que par une convention fimo«
niaque entre lui 8c le Cardinal Colomnt ,
ou par 4a crainte que ce dernier eut , félon
Onufrt , que Médicis ne fit élire le Car-
dinal Orfini ennemi capital des Colcmnes,
Pallavicin nous dit au contraire fui des
Mémoires anonymes, dont il ne nous
marque ni le mérite ni l'Auteur , que 1 c-
xaltation de Clément fut le fruit de (à mo-
dédie. La charité peur nous porter à le
croire : c*e(l dommage qu'on n*en ait point
d autres preuves.
i6. Il réfolut donc d'envoyer fans retard
dément un Légat de tête & d* autorité À la
Diète , qui devoit fe tenir dans trois mois à
Nuremberg. ) Il avoit d abord réfblu de vif
envoyer qu'un Nonce, & ce fut Jérôme
Rorario l'un de fes Camériers , qu'il avoit
choifi pour cette fondion , & qu'il fit par-^
tir d'avance charge d*un Bref particulier
pour l'Eledeur de Saxe. Sleidan Su M.
Dupin font envoyer ce Rorario par Adrien
fV» Tannée d'auparavant. Mais Pallavi^îj^
prouve que c'efî une erreur, & que ïet*^
6t HISTOIRE DU CONCILE
Moxxiii. ponfes qu'il avoir reçues , pour ne point trouver de traverfc à fa négocit*
Clem. vu. jjqj^ ^ ^ A^^^ ^^ ^^^^ jg rraiter «/ in rc inugra.
XXIX. Laurtnt Campegc *7 Cardinal de S" Anafia/ic , fut celui ' que
C.mrd.Cmvà' Clément choifit pour cette Légation. Etant arrivé à la Diète , il traita d'abood
j>}gecnqua- de différentes cnofes avec quelques Particuliers , pour faciliter le fuccès de
isûdeUg4t{z négociation. Puis s'étant préfenté dans rAffemblée publique , il die »
À U Dthê Qu'il s etonnoit extrêmement , que tant de fages & habiles Pnnces puflènt
b ATr ^^^^^^ ^^ ^^^ abolît des rits & des cérémonies dans lefquelles ils étoient
çênduiu ^^s & avoient été élevés , & une Religion dans laquelle leurs pères âc
dtmi c$tu leurs ancêtres étoient morts > & fans confîdérer que toutes ces nouveautés
D/V/e. tendoient à faire foulever le peuple contre les Magiftrats : Que le Pape.»
t SlciA L. f^fjg confulter fon propre intérêt , ** mais plein a une compaffion pareil
^^' ^^' nelle pour les maux tant (pirituels que temporels de l'Allemagne » & les
Pailâv. L périls encore plus grands dont elle étoit menacée > l'avoit envoyé vers eut
1. c. lo, pour tenter dV trouver quelque remède : Que ce n'étoit point Tintentimi
Spond. âd jç 5a Sainteté de leur rien prefcrire , & moins encore qu'on lui prefcrivîc
1514.
an.
Fleiuy ,
▼oi s*en fit par Clément^ pai(qae le Bref mîqae » que celle du Gard. P^ifvicMr ji qiy
t'^*"^ *o dont il étoit chargé pour l'Eleâeiir de Saxe taxe fane efpèce de Simonie le deilèia
I ' & ^' eft du mois de Décembre 1 f 1 5 • Climem
jugeant enfuiie qa*il avoit befbin pour cette
Légation d'une perfonne plus ca^le , rap-
pella Rorario , 9c envoya le Cardinal Cam-
pegc à la Diète de Nuremberg.
1 7 • Laurent Campège Card, de S te Ana'
qu'avoient les Allemands de fe rédimer des
vexations de la Cour de Rome , par la
crainte qu'ils lui infpireroient de ne point
retourner fous fon obéiflànce , ob de loi
&ire acheter ce retour par le redreflêmenc
de leurs Griefe : /Vr lopiù erano rivolùà
flafie fut celui que Clément choifit pour cette far unafpecie di Simonia^vendendo al P api
Légation, ) Ce Cardinal > Bolonois d'origi-
ne, avoit été d abord Auditeur de Roce»
puis Nonce en Allemagne vers TEmpereor
MaximiUen, Il fut &it Cardinal par Lion
X , puis Archevêque de Bologne & Légat
en Angleterre , od il retourna depuis en la
même qualité pour juger de la validité du
mariage de Henri VIIL avec la Reine Ca»
therine d'Arragon. Dans ces diâérentes
fbnébons il fit paroitre beaucoup d'habile-
té & de manège , (ans cependant avoir eu
beaucoup de (uccès dans la plupart des né-
gociations dont il fut chargé. St% mœurs
même ne furent pas à l'épreuve des mauvais
rapports, â( Ton mit fur fon compte en An-
gleterre différentes chofes , qui ne font hon-
neur ni à fon caraôère ni à & profelEon»
18. (^ue U Pape 9 fans confulter fon pro-
pre intérêt , mais plein d'une compaffion pa-
ternelle pour Us maux tant fpiritueU que
temporels de l'Allemagne - l'avoit envoyé
\-£rs eux , &c. ] C*eft une penfêe aflez co-
la ricupera^ione délie anime âpre[[o d'en^
trate e di giurifdi^ioni ritolte alla Chiefàm
A tout prendre cependant , rechange étoic
à peu prés de même efpèce. Us redeman-
doienc autorité pour autorité , & loin de
fe croire coupables de Simonie dans cette
compenfàtion , ils fe plaignoient au con-
traire dans leurs Grieé de celle de Rome ^
qui vendoit hautement pour de l'argent fës
Bulles, fes Ab(blutions, Ces Indulgences
& fes Difpenfes } Se qui ne fe foucioit du
retour de ces peuples , qu'autant qu'on ne
toucheroit point a ce trafic ipirituel. Il
n'étoit donc pas trop vériuble , comoie le
di(bit Campège , que le Pape en l'envoyant
n'avoit point confulté fon propre intérêt*
S'il n y avoic eu ni Annates ni autres pro^
fits fpiriruels & temporels à recouvrer par
le retour de TAlIemagne , il eft aflez don-^
teux fi les Papes euffent &it autant de dé-
marches qu'ils en firent pour fe réconcilier
ces peuples.
DE TRENTE, Litre L 6)
k lai-fBeme quelque chofc ; mois bien de concerter avec eux les moyens les mdxxiv.
plus propres pour remédier aux maux -, concluanr , que s'ils ne répondoienc C^^"- VJ^-
pa^au zèle de Sa Sainteté , il ne feroit pas raifonnable d'en rejetter la faute
wx ce Pontife.
» L'Empbrsur étant encore en Efpagne > comme on Ta dit , les Prin-
ces ^ après avoir remercié le Pape de fa bienveillance , répondirent au Lé-
gat 9 qu'ils étoient parfaitement inftruits du danger dont les menaçoit le
changement de doârine, qui étoit arrivé dans les matières de Religion :
Que pour cela , dans la Diète précédente ils avoienc indiqué au Nonce
èLAdmn les moyens de terminer ces différends , & lui avoienc donné par
écrit un Mémoire , qui contenoit toutes leurs demandes : Qu'ils croyoient
que ce Pape avoir reçu ce Mémoire , parce que fon Nonce leur avoir
promis de le lui remettre : Que comme tout le monde étoit inftruit des
Griefs que l'Allemagne avoit foufiferts des Eccléfiaftiques » puifqu'ils les
avoient fait imprimer y ils avoient attendu pfqu'à préient qu'on leur
donnât une jufte fatisfaâion , & qu'ils concinuoient de l'attendre : Qu'ainH ,
$*il avoit quelques ordres ou quelque Inftruéfcion du Pape , ils le prioienc
de vouloir les leur communiquer , afin qu'ils poflènt en délibérer en-
(èmble.
- A CELA le Légat répondit ^ félon llnflrudion qu'il avoit reçue : Qu'il vsicîi t.
ne ikvoit point ^9 qu'on eût envoyé au Pape ou aux Cardinaux aucun 4. p. 58.
Mémoire touchant les moyens d'appaifer les troubles de la Religion ; mais
qu'il les afTuroit de la bonne volonté de Climtnt , qui lui avoit donné un
plein pouvoir de faire tour ce qui conduiroit à cette fin : Que c'étoit â
eux de montrer le chemin y parce qu'ils connoifibient mieux les difpofitions
des hommes & les maximes de leur propre païs : Qu'il fa voir très-bien , que
dans la Aiète de formes l'Empereur de leur confentement avoit pulnié
contre les Luthériens un Edit , obfervé par les uns & violé par les autres :
Qu'il ne favoit point la raifoa de cette diverfité de conduite , mais qu'il
lui paroifibir qu'avant toutes chofes on devoit délibérer fur les moyens de
£iire exécuter cet Edit : Que quoiqu'il ne fut pas ' que les Cent Griefs x Pallav. L.
cuflent été publiés dans le deflèin de les préfenter au Pape , il favoit qu'il ^- c* ^<^*
en étoit paiie trois exemplaires à Rome adrefles à quelques Particuliers »
dont il avoit vu un : Que le Pape & les Cardinaux , qui avoient vu aufii
19. ji Cita le Lêgai npondU'^-^ Qu'il tîon » pour traiter plas &vorabIement avec
'mfitpoit point qu'on tût envêyé au Pape ou les Princes. Ma perche l'ejfer queftafcrit-^
aux Cardinaux aucun Mémoirt , &c. J Ap- tara ufc'ua aUeftanme nmn permetteva tal^
piiemmenc que le Pape & (on ligac jn- Ugame imorania^fuimpofio alLegato che
feoienr, qae le menfbnge étoit pennis ne parL^e corne di eofa nota al Pontefice
poQT une bonne caafè. Car il n*eft pas per conu^^a priitata , Blc^ L&s mzxivnts àts
dometix que les Cent Griefs n'enflent été Politiques ne s*accordent pas toujours avec
Mifiés i cette Cour > & le Oiidinal Palla- celles de la droite Morale y mais c*eft fur les
vicin ne nous laide pas ignoref que Cam- premières que PaUavicînz cru qu'on excu-
fège eut osdre 4e diflimiilex cette lecep- fexoit la conduite de CUnunt ôc de Campège^
«4 HISTOIRE DU CONCILE
MDxxiY c^^ £^"^ » n'a voient pu fe perfuader qu'il eût été drefTé par Tordre des
CLtM. VII. Princes \ mais qu'ils a voient cru que c ecoit la produâion de quelque mal-
' intenrionné pour la Cour de Rome : Que quoiqu'il n'eut aucun ordre ou
aucune Inftruâion fur ce point^> il ne laillbit pas d'avoir l'autorité d'ea
traiter félon qu'il conviendroit : Que comme ^° parmi ces demandes il y
en avoit plu(ieurs qui dérogeoient à l'autorité du Pape , & qui fentoienc
l'Héréfie y il ne tx>uvoit pas traiter de celles-là ; mais qu'il s'onroit de con-
noitre & de conrérer de celles qui n'étoient point contre le Pape , & qui
paroiflbient équitables : Que s'il reftoit enfuite quelque chofe X traiter avec
ce Pontife > on le pourroit propofèr , pourvu que ce fut d'une manière
plus modérée : Que cependant il ne pouvoir s'empêcher de blâmer qu'on
* eût imprimé & publié ces Griefs , ce qui lui paroiflbit pouflèr les choies
trop lom : Qu'il étoit certain que Clément^ qui étoir le Pafteur univerfel »
feroit tout pour l'amour de l'Allemagne ; mais que fi on n'écoutoit point
la voix du Pafteur , il ne reftoit autre chofe à faire au Pape & à lui > qu'i
prendre patience , & à remettre tout entre les mains de Dieu.
Q u o I Q u' I L ne parût pas yraifemblable à la Diète , que le Pape & le
Légat ignoraflènt ce qui s'étoit traité avec Adrien , & qu'on jugeât bien
qu'il y avoit de l'artifice dans les répoufes du Cardinal \ cependant, comme
on defiroit de trouver quelques expédiens heureux pour pacifier les trou-*
blés d'Allemagne , on députa quelques Princes pour négocier avec lui. Mais
on ne put en obtenir qu'une promefle de faire une bonne réforme dans le
Clergé d'Allemagne^ Car pour ce oui regardoit les abus de la Cour de
Rome 9 on ne put le faire condefcendre à rien ; parce que quand on le met-
toit fur ce chapitre , ou il difoit que c'étoit une Héréfie que de reprendre^
ces abus , ou il renvoyoit au Pape pour en traiter avec lui.
br eoncirt ^^^* ^ ^ Légat dreflà donc une forte de Réformation pour l'Allemagne*
Mvcc qtêel- ^^\s comme elle ne regardoit que le bas Clergé , on jugea que non feule-
qnes - uns ment elle fomenteroit le mal , comme font toujours les remèdes rrop doux,
d(^ Princes mais qu'elle fcrviroit encore â accroître davanrage l'autorité de la Ôour de
& desEye^ Rome & celle des grands Prélats au préjudice des Puiflànces temporelles •
pofi éUssr ^ quelle ouvriroit la porte a de plus grandes
ticUs tU ré-'
formmion*
5 e. Que comme parmi ces demandes il y
en avoit plujieurs qui dérogeoient à tautO'
rite du Pape , 6» qui fentoient VHérifie , il
ne poHvoii traiter de celles -la , &c. ] Il eft
vrai que parmi les Ceru Griefs il y en avoit
plaCeurs qai tendoient à reirerrer Tautorité
da Pape dans Ces jades bornes , & à fap-
primer beawcoap de charges onéreofes à
la Nation , par Talent qu'en tiroit la Cour
de Rome. Ce font- la tes demandes qui,
au jugement du Ltgit , fintoient VHérifie.
exaâions. On regardoit
d'ailleurs
Mais ces demandes n^ fentoient VHérifie
qu*à Rome \ & par^toot ailleor^ ôo les a
jugées fort Catholiques , & uniquement
propofces pourjreirancher des abus utiles à.
cette Cour , qui eut pu aidment ramener*
les peuples, fi elle eût eu plus à cœurlea*
intér^s de la Religion que les fiens pio*'
près, puiiquonne sjfbulevoit point con*.
tre Tamonté du I^tpe, mais fimfiieraenc.
qu'on ne vouloit pas en fttxt opprimé.
ji. Le *
DE TRENTE, L I VRE I. 6^
fl'knieurs cette Réformation comme un jeu de la Cour de Rome , pour J*^^'^^^:
éluder raircnce de l'Allemagne , & la réduire fous une plus grande fervi- ^^^"- ^^^
Çttde. De forte que quelque preflantcs & quelque fortes que fuffènt les
inftances que fit le Légat pour la faire accepter , elle fut rejettée ; comme
îjetta de fon côté toutes les propofitions qui lui furent faites par les
il rejetta
Péputés de la Diète. Voyant donc y 'qu'il étoit impoilible de rien conclure j' Pallav. L.
avec lui , la Diète fit publier fon Rccès le 1 8 d'Avril , avec un Décret qui ^ *r^^
portoit : Que le Pape , du confentemcnt de TEmpercur , intimeroir au- " ^'^ ^
Îlutôt un Concile liorc en Allemagne en quelque heu convenable , &c que
ts Etats de TEmpire s'a(tèmbleroient à Spire le 1 1 de Novembre fuivanr >
pour y déterminer ce que Ion auroit à faire en attendant l'ouverture du
(Concile : Que cependant chaque Prince dans fes Etats feroit recueillir p^
{cns pieux & favans,.lc$ matières que Ton y devoir examiner : Qu'enfin
es Maglftrats prendroient foin que TEvangile fût prêché felon la dodrinc
des Ecrivains, approuves par lEglife i & de faire fupprimer toutes les pein-
tures & libelles aiffamatoires faits' contre la Cour de Rome.
L B Légat ayant ïépondu à tous les chefs du Décret , & montré que ce
p'étoit pas aux Laïques à rien ordonner fur U Foi » la Do(%rine ^ & la Pré-
dicarioi» , fe chargea à l'égard feulement de la demande du Concile y d'en
£ûre fon rapport au Pape.
. A u départ des Princes après la conclufion de la Dicte , le Légat fit înftan-
çe auprès de ceux qui croient les plus attachés à Rome , de s'aflembler entre
eux pour faire publier la Réfôrmatiôn que la Diète avoit rejectée. En con-
icQuence, * Ferdinand frèvt de l'Empereur, le Cardinal Archevêque de xSlcîd.L
Safczbourg 3 « , deux des Ducs de Bavière , les Evêques de Trente & de Ra- 4- P- ^2-
tîsbonne , 51 & les Agens de neuf autres EvêquQs aflcmblcs avec le Légat à^â"*^'L««-
Ritisbonne , y firent un Décret le^de Juillet, qui portoit : Que l'Aucm-^ "'^ ^
hléc de Nuremberg ayant ordonné que le Décret de Worms contre Luther ^^ 15^^*
f&t exécuté autant qu'il fe pourroit , ils vouloient , à l'inftance du Cardinal N'' 6.
Campigc Légat du Saint Siège , que ce Décret fut obfervé dans tous leurs Flcury , L.
Etats & Domaines : Que les Novateurs fuflcnt punis félon la forme du '^^'^ '5*
Décret : Que l'on ne changeât aucune chofe dans la célébration de la MeiTè ni
dans l'adminiftration des Sacremens : Qu'on punit les Moines & les Religieu-
fcs qui apoftafioient , les Prêtres qui fe marioient , & ceux qui recevoient
TEnchariftie fans fe confellèr» ou qui mangeoienr des viandes défendues :
Enfin que ceux de leurs Sujets , qui étoient alors dans l'Univerfité de ^it-
temberg, eudènt à en fortir dans trois mois pour revenir chez eux y ou aller
étudier ailleurs.
L E lendemain 7 Juiller , le Cardinal publia les Règlemens de Réforma-
lion qu'il avoir dreflTés , * & qui , après avoir été approuvés de tous les Prin- ^ Pallav. L.
ces de cette Affemblée , furent accompagnés d'un ordre de les faire publier , 1. c 11.
Slcid. L. 4«
)!• Le Cardinal Archevêque de Sab^' Savoir de Bamberg, de Spire, de Seras- p^ ^^^
iourg. ] Cétoit le frère du Duc de Bavière, bourg , d'Ausbourg , de Confiance , de Ba-
^t. Elles Agens de 9. autres Evêques. ] le^ de fii£ngcie, de Brixen , & de Paflàv* /
T o M £ L I
fa
éé HISTOIRE DU CONCILE
^^t^-xxrr, recevoir ,. & obfervcr dans tous leurs Etats. Dans le préambule cle ces Règle*^
Clim. Vil. njçns le Légat y difbit : Que comnne il importoit extrêmement pour excir-
>er lHércnc de Luther , de réformer la vie & les mœurs du Clergé , il avoir
fait des Décrets , de l'avis des Princes Se des Prélats aflemblés avec lui ; Se
qu'il ordonnoit à tous les Archevêques , Evêques , & autres Prélats > Prêtres
& Réguliers > de les recevoir & publier dans toutes les Villes & les Eglifès.
n Ces Règlemens contenoient xxxvii Oiapitres ^ fur le vêtement Se la
manière de vivre des Clercs , Tadminidration gratuite des Sacremehs & des
atttfes fpndtions Eccléfiaftiques , les Feftins , la Fabrique ^es Eglifes y la
collation des Ordres , la célébration des Fêtes , & les Jeûnes. Il y en avoit
aufli quelques-uns contre les Prêtres qui fe mar ioient , )4 contre les perfon*
ncs qui communioient fans fe confeufer ^ contre les Blafphéroateurs , les
Sorciers , les Devins » & autres de cette nature. A la fin on commandoit aux
Evêques de tenir tous les ans leurs Synodes pour faire obferver ces StatutSj
avec pouvoir de s'adreflèr au bras féculier pour faire punir ceux qui les tran&
grefferoient*
D^t lis ^^ publication ^ de ces Règlemens oiFenfa tous les Princes & les Evêques
Mutres fe qui n'y avoient pas voulu confentir dans la Diète ; Se ils en furent maoyaif
fUignent , gré non feulement au Légat , mais auflî à tous ceux qui s'étoient aflèmbiéf
érMtxquils j^yg^ jyj ^ Ratisbonne , regardant comme une injure, qu'il eût voulu avee
)entpss%' P^^ ^^ perfonnes faire un Règlement général pour toute l'Allemagne , fur-
fititMttrê. tout après qu'on lui avoir repréfenté qu'il n'en pouvoit arriver aucun bien*
b Flcury, L. ' f Ils trouvèrent auffi très-mauvais , qu'un petit nombre de Princes & d*£ vê^»
it^.N*^#. ques fe fut attribué l'autorité d'obliger toute la Nation contre l'avis des au-
tres. ^^ Ils fe plaignoient encore, que dans cette Réformation le Légat avoir
) )• Ces Règlemens contenoient xxxtit. magînoit pouvoir £ûre des Règlemens qui
Ckapitres, &c. J Notre Aateur Ct trompe fur obligeaflênc toute la Nation.
le nombre , car il n'y en avoir que xxxv. ^6, Ils fe plaignoient encore , que — h
^^. Contre les perfonnes qui communioient Légat avoit négligé les chofes importantes
fans fe confejfer. ] Ily avoit aoflî un arti- - pour ne pourvoir qu'à de ligers aSus. J
cle contre ceux qui ne (è confeflbient & ne Pallavicin « adêz convaincu de la juftice
communioient point à Pâques. de cette plainte , demande poux Téloder ,
)f. Ils trouvèrent auffi très.-^ mauvais ^ s'il n'eft pas d'un habile Médecin, pour
qu'un petit nombre de Princes & d' Evêques guérir les mîiladies ^de. commencer par les
fe fut attribué tautorité d'obliger toute la lemçdes les moins forts. Cçft avouer la
Nation contre F avis des autres, ] Pallavi- juftice du reproche , . que de n'y oppofef
cin , qui cherche moins à faire lUiftoire qu une telle répopfc 5 fie juïlifîer Fra - P^ra-
du Concile de Trente , qu'à trouver de- lo , plutôt que de le réfuter. On ire dif-
quoi cenfurer dans celle de /><x-Ptf 0/0, dit, convient pas au rcfte, que ces Réformes
L. t. c. II. que le nombre de ces Princes ne fuflent néceliâires. la queftion eft, fi
n'étoit pas petit en comparaifon du tout, elles éooient importantes , U û cellqs que.
Xlais une AfTemblée où Ton ne voit au- l'on avoit demandées^ êi aqxquelles le I^*^
cun des Eleéleurs , ni beaucoup d'autres gat ne touchoit point dans ces articles , ne
Princes & Evêques de l'Empire, pouvoit l'éçoient pas bien davanta^. Ceftfbrqôoi
(tfe regardée comme peu confidérable , & il fialloit répondre > fie Pallavicin ne le ftir
«tine voit pas pat qttetttâutitfiié aile s V pas. • -
DE T RE NTE, Livre L éy
a^igé ks choies importantes > cx)mme s*ii n y avoir Ca tien ï y réformer ,
pour né pourvoir <ju a de légers abus : »7 Que ce n'éroienc pas ceux du bas Cl-«*«, Vit
Clergé V quifaifoicnt foufl&ir l'Allemagne, mais les £YêqiÛQ3.& les Pxélats """■'■■■"^
par teursè usurpations » èc plus encore la Cour de Riome par/es vexations ei«-
odffives : Que néanmoins le Légat avoir gardé fuci tielÂ;le filence^ comme
ficoitt, éroit mieux réglé que dons la prtmi^ve.Eg^iië : Et qu'à l'égard mîœe
dû bat Qei^ , on n'y touchoît .pas. aux principaux afcus^ iliais aux moil^
dicf » ce qui étoit en quelque ibrte approuver les autres s & tjue cciix
■tèinft» qa'oa reprenoit etoient jderaeorés fans remède y parce qukm fe ûoù^
tentoic de les indiquer , fans y appliquer les moyetis néctiflaires pour les
g^iif • . ' .
Jf M A is It Légat .& \c% Princes afiemblés avec lui fe mtttoieût peu en
pttne de.ce qpél*on djifoitien AUemagœ^.ik moins encore des fuites delà
M^pltcatiott dei»! Règlemens; paiDœ qu'ils-jneiè «ptopoibiestt 'en .cela t^uedê
2bnn6r auelque fattsfaâbn au Pape i, . Se îque le Pape navoit d'antre vue *
<|ae de nire croire t]a'tl avoir tellement pourvu aux abus.» çu'il n'^toit plus
«ttbÎQ de Concilie, i*^ Car Clhmnt^ quî^it tràs-ton(bmmé dansJes '^ '
. 1 ^ •
Clii^ jfiùfififouat.fouj^^ t Allemagne , .,^i.Jllms.Ic L^at& Us Princes — fi
mus Tes Evequis & tçs Prélats par leurs mettoientpeu enfeùie de ce gue Ton dijfoie
É/lupàïions, & plus ehcore là Cour de in ASiMpit', &' SHOinS encore des faiUs
KOmà ; Sec. ] Les grands abus venaient faits de ta ipMtcntiok de tes Réfjkmens , &c.']
Mfee Jes Prélats Bt de la Cour de Kome , ^Pall^icùî tnice ^ela de calôomie ; mais les
de . Aoa du tias Gergé , qui n'écoit ni aflèe e&cs jjuftifient wSèi ; Fra -tPaolà^ pusfijae
lidke ni aflèt poi&nt pour aflervir. ltq$ }*on.ne.v6it pas. qu*ond«t aucun compc^
peuples ^ Bç dont les Princes pa; 'conflf- ds ces Réglemens en aucun endroit,. &
^œnt n'avtfient rienâ craindre poar4ear. aue n'étant poii^t confirmés par l-auroiicé
pmflance. Quoique ces derniers aSus fiT* des Etats dé VEnipirey ils ne pouvoîent
lèht psmie dé ceux dont les Allemands avoir d*aUtoriiè , quatitant que chacun Voa-
ilttnénc demandé le redreflen^ent , ee n'é- loit teur'iéndonher. D*aiiIeois« conrméon
létëticpas ceux dont 4a réformatibn lent oohriniiai'jfeplaikidre desr^mèfiMîs aVus^^jH
wnDÎt ;fi fiirt à conm Ce qui les» dagri^. eft vifibiis C]ue ler:&égleiniens de Cawpèije
n'Mt» (coic de voit lesexadHon^ ônéreufès afoientpeu fervi à ie^ réformer.
4a Ja ^Côur de Hotnei» la ténalicé de t6u<- . 39. Car ÇUment ^ avoit toujours foi^
tas i«s cfaôfes fpixitaelles ^.Ilauroiité que le tcuu du vivant même d'Adrien , que dofts
Pape & les Ëviques prenoient dans les af- les conjonthires préfentésTc ConcSc étoit une
fitifët temporelles s ces domaines immen- c^ofe perniciéi/fe yScc] Ce fut téujotufs À
_ lès qu'ils avoient acquis , & qui en &i- penfïe de Clénûm > jcrfqu'à la fin de â
ftietat bien moins des Evtques que des viei&c'eft ce^o*il marqua einertûÀent
Princes s cette lurifdiétion temporelle dont à l'Empereur C harles- Quint , lor(que pref*
id laïques avbient écé dépouillés ipout eh ft^r œ^ince^liilèmUèr le'<}Diicile,.ît
revêtir le Clergé; cei Immunités ^ceffi^ lui répondit «n Xrf$^« que dans les con-
iftg \qm fnfoient des EccléfiaftiquiâB autant joaâxaés ôulron \fe trouvoit,t la.choT^ iid
4e Sujets tndépendans , Se con^me une So" paroiiE)it tris -Tdângeoeufé :^x0nkper Je
ciété tout à frit diiUnguée dé l^ti«. Voilà nmlame délia CÂi^ non vkà' pèùfakAife
te grands abus & la t3!rrannie dont'fe fû'- -medieamehtù d'unCoucdia^ortunûmente
fgnoienrJes Allemands , iSt iqooi Icsl^le- -eoHgnféttOi ^ c^aon v'^^firvêhnocpiMp^
I 2
6Î HIS^TOLRE DU CONCILE
wxxv. res d'Etat , ^ avoit toujours fourenu du vivant même à' Adrien y que daiir
Clêm. vil Jç5 conjonûurcs préfentes le Concite étoit une chofe pernicieufe ; & il avoit
^ --..-. .... ttaiteroit
^ lus perni'
autrefois la
ïleury y L. 'leflonrce des Papes étoit de recourir aux Côndles , â préfènc la fureté d»
xi5.N®3i^Pontificat confiftoit i les éviter : d'autant plus que Lion ayant déjà con-
.'damné la doâxine de Luther y on ne pou voit retoucher cette matière dans
onConcile» ni ly ibumettre à un nouvel examen > fans mettre encore ei»
doute l'autorité du Si^ Apoflolique»
I/Empermr XXXI. L' Empereur ^ ayant reçu le Décret de Nuremberg , en rf-
étéfsfrûm/êytRoiffïti d\i reSzm'utxtnt y croyant. que c'étoit montrer peu d'égard pour fx
ie Décret de Diffiité y que de rendre fans (a participation une réponfe fi poficive i iav
^j^i^'A T ^"^^ étranger fur une affaire cle fi erande importance. Il n'agréoic pas;
^ d'ailleurs qu'on eût rendu un Déaet n ferme , prévoyant bien qu'il dépfai-
Fleury /l. ^^^^ ^^ ^^P^ > ^^'il vouloit tenir attaché à fes intérêts y i caufe de la euerre
119. N^ij. qu'il avoit alors avec ta France* Il en écrivit donc * aux Princes > & fe plai-<
#Pallav. L>gnit, qu'ayant condamné tous les livres de Luther y la Diète fe fût reflrainte
X. c 10. >[|^ condamnation des feiils tibeltes diffamatoires. Mais il trouva bien plus
mauvais encore , qu*ils euflènt fait un Décret pour la tenue d'un Concile
en Allemagne y & e^0eht chargé le Légat d'en traiter avec le Pape , comme
fi cela n'appartenoït pas au Pape & à lui- mtme , plutôt qu a eux i Que
s'ils aoyoïent qu'un Concile dut êtte fi utile à l'Allemagne , ils devoicnc
bien s'adredèr à lui pour en faire la demande au Pape : Qu'en recosnoiflànc
lui-même l'utilité , c'étoit bien|fon defiein d'en faire tenir un *, pourvu que
ce fut dans un tems ou dans un lieu , où il pût fe trouver en peribnne :
Qu'à l'égard de la nouvelle Afiemblée qu'ils, avoient indiquée a Spire pour
y régler les affaires de Religion jufqu'au Conciîe , il ne pouvoir y confen-
tir y mais qu'il falloit obéir au Décret de Vormes ; 6c qu'il ne vouloît point
qa*on traitât d'aucune affaite de Religion > jufqu'au Concile qui £eroit smcm-
" V blé par l'ordre du Pape & le fien. Ces lettres de l'Empereur ,. plus impériea-
{es que celles qu'avoit coutume de recevoir l'Allemagne de fes prédécef-
feurs y excitèrent des mouvemens afièz dangereux dans l'efprit de pliifieurs
Princes» dont Tagitarion ièmbloit devoir & terminer à quelque chofe de
fâcheux. Mais cène agitation fè diffipa , Se l'année mdxx y fe pafla fans aUf^^
cune nouvelle négociation fiir cette afEiire.
fSlcii. L. 40 Car en Allemagne ^ la révolte dc&Paîfans contre les Princes & les Ma-
4. p. 6^46» j r
PalIav.L.i. 1^^^ ^^mi CcnciUo eeUirato întemffieitn 61 (on (îicceflêar, uni étoit fiur ce* pbîot
^ ^ cîftêfian^i^ fer cui ella venga difirdinaea. ^lans des idéei afTez (emblabies.
PftllaT. L. fr c. f, AvdTi malgré toutes ^o. Car en AtUmagnc la révolte des'Paï^
les inilances qni Loi forent faites pont af- /anr contre les Princes &les Magifirats ^ &
Icmbler le Concile , ce Pontife fit fi bien la guerre des Anabaptifies , y occupèrent tout
qu'il réluda jofiju'à (a mon i & il fallut en- k monde, ] Elle cooimença en Souabe aa
coxe bien des annies poory &iie coofenr mois de Novembre x{L4> par la. létaltr
DE TRENTE, Livre I. 69-
rtrats, & la guerre àzs Anabaptifics ^ y occupèrent tout le monde; 4» & mdxxvi/'
fuccès 8 de la bataille de Pavie en Italie & la prife de François L Roi de ^^^**- ^*'-
France , augmentèrent tellement laucorité de TEmpereur , qu'il fe crut en .
état de donner la loi à tous les Princes, Mais il eut aflcz à faire i fe pré-^ '
cautionner contre les Ligues que firent plufieurs Puiflances contre lui > & Belcar. L.
â terminer les négociations qui fe firent pour la délivrance du Roi de 1 8.
France. Le Pape ^ d'ailleurs voyant l'Italie fans dcfenfe à la difcrétion h Pallav.
des Miniftres Impériaux, penfbit à lui-même, & à s'allier avec d'autres Ibid. c 13.
Princes qui pulTent le protéger contre TEmpereur , dont il avoit pris om-
brée par la crainte de fa puiHknce , qui mettoit le Pontificat même â fa
difcrétion.
XXXIL L'an mdxxvi, on reprit les mêmes négociations en Allé- VieuveUi
magne & en Italie. En Allemagne , 4^ les Etats de l'Empire ^ s'étant a(Tèm- DiéteàSpi^
blés k Spire fur la fin du mois de Juin , on délibéra par ordre exprès de ''' * ^^ ^^
l'Empereur , fur les moyens de conferver la Religion Chrétienne, & ^^ ^i^êndf^ "^
anciennes pratiques de l'Eglife, & de punir les tranfgreflcurs. Mais comme ^7^^^^
les avis étoient li difFérens qu'on ne pouvoir rien conclure , 4} les Miniftres U Keligim
de l'Empereur firent lire fes lettres , où il di(bit qu'il avoit réfolu de pa(îèr/>/9«'^ l^
en Italie , & d'aller à Rome , tant pour y recevoir la Couronne Impériale , Jî**"..'**
que pour y traiter avec le Pape de la convocation du Concile ; Que pour /s^y r
cecie raifon il défendoit qu'on ftatuât aucune chofe contre les Loix , les Ce- y. p. g^^
remontes, & les anciens Ufages de l'Eglife , & qu'il vouloir qu'on obfervât
la formule de l'Edit de NTormes , & qu'on prît un peu de patience jufqu'à
ce qu'il eût traité avec le Pape pour la tenue d'un Concile , ce qu'il feroic
bien-rot ; parce que , traiter des affaires de Religion dans une Diète, faifoic
plus de mal que de bien.
44 L A plupart des Villes répondirent : ^ Qu'elles avoient un extrême dcfîr k sUli. t,
^. p. 8^.
lies Païfans contre le Comte de loupfiew: C'eft-à-dîre le if , félon SieiJan. i^^o 'Jdi ^
Seigneur, Se produifo une infinité de gucr- 45. Les M'miftres de l* Empereur firent ^^' ^**
ses le de meonres en Allemagne. lire fes lettres. ] Ecrites de Sé?ille le x 5 • dei
41. Lé fuccès delà bataille de Pavie e/t Mars ifi6»
Italie. ] Où François /• fut fait prifbnnier 44. La plupart des Filles ripondirenti
Je %y de Février de I an i ; i f , félon Guic- &c. ] Outre la léponfe que rappone ici
tiardin. Mais Du Bellai Se Beaucaire di- Fra-Paolo , les mêmes Villes préfentèrenc
(txii le 14 , & leur témoignage eft préféra^ le 4 d'Août un autre Ecrit aux Princes ,
ble à celui de Guicciardin. M.deTAou, dont notre Auteur ne ^t point de men-
L* I. N^ II. s*eft groHièrement trompé tion, oïl elles demandoient Tabrogatio»
en marquant cet éTènenient au 1 ^, de Jan- des Fêtes & de la diOinélion des riandes ,
YÎei , mais il j a apparence que c*eA moins la réduâion des Moines & de leurs im"
une faute de l'Auteur que du Copiftc y munités , 6c une défenfe à eux de recevoir
paifqo'il ajoute que c ctoic le mênie jour des fucce(Eons & des Legs , la permidlon
auquel tonaboit la naifEince de Charles , qui à chacun de fuîvre fes propres cérémo*
étott Yérirablement le 14. de Février. nies julqu^à la tenue du Concile , flc la li-
4a. Les Etats de r Empire sUtant affem- berté de la prédication de TEvangilef Steid^
Uis â Spire fur la fin du mois de Juin, } L» $r
70 HISTOIRE DU CONCILE
uBSxn. de complaire & d*obéir à TEmpereur ; mais qu'elles ne voyoienc pas le mioTeii
CtiML VH. ^g £j^^g çg qjj»j| jç^P denaandoic par fes lettres , parce que les controverfes
""""""""""^ i aaementoienc de jour en jour , particulièrement au fujct des Rits Se éo$
Cérémonies : Que u par le paffë on n'avoir pu obfenrer le Déaec de Vormcs
pat la crainte de quelque fédicion , elle étoic encore plus â appréhen-
der maintenant ^ conuneon Tavoit montré au Légat : Que fi l'Empcrear
étoic préiènt lui-même » ou mieux informé des chofes , il n'en jogeroic pas
hacrement qu'eux. Quant à la promeflle que Sa Majefté leur faifbit de pro-
curer U tenue d'un Concile , cnacun difoit^ que rfimptreuc eut pu l'e&c*-
taer dans le tems qu'il avoit écrit fes lettres » parce qu'alors il:écoit en •bonne
intelligence avec le Pape *, mais que depuis s'étanc brouillés l'un l'autre » A:*
le Pape ajrant armé contre lui > on ne vojoic pas comment daiis dbtte cQn«
)0nâuce on potirroic en afTcmbler un. C'cft pourquoi quelques>-uns propo^r
' ibieac qne pour remédier aux périls ^oi les menaçoient , TEmpereuc fur
Tupplié de convoquer on Concile National en Allemagne ; & s'il ne goû-
roic pas cet expédient , de trouver bon an moins que , pour prévenir les
créditions dangèreufes qui pourroient arriver., on diifèrât 1 exétution de l'Edic
de Vormes , jufqu'à la tenue d'un Concile Général. Mais les Ev^ues , qu»
h*avDient pas d'autre vue que de conibrver leur autorité » difûîent qu'en mâ«-
tîèrede Religion on devoir s'abftenic de rien régler pendant que l'Empereuc
&le Pape feroient en difcordo , ôc qa'il falloir renvoyer tout à un tems plus
&vorabie.
Cette diverfké d'opinions fit naStre une fi grande diflènfion entre lei
Eccléfiaftiqu^ 8c ceux qui penchoient pour la doâxine de Luther y qu'on
fiit fur le point de voir naître une guette civile ^ & plufieurs des Princes te
l Sleid. L. difpofoient déjà à partir. Mais Ferdinand ^ Se les autres Miniftres de l'EnH
<;p; %6. péteur » qui prévoyoient les niaux qui atrrveroient a la Diète fe foin^ic
Spood, «d dans cette animofité , & fi les Princes fc féparoicnt fans qu'on eût fait aucun
aflu 1 5 ft^ Décret , parce qu'alors chacun eût agi félon les di£férens intérêts qui le pouf*.
^' feient» au péril de divifer ir-réconciliablement l'Allemagne , s'appliquèrent
jfivec tant de iuccès à ramener les e^its des Chefs de chaque Parti , qu^ k
fin on convint de faire un Déârfcc ^ x^ui ; <}aoiqu'tl ne fôt pas conforme -aux
intentions de l'Empereur, taifibrc Voir cependiant nne' appartoce d'obéiflancè
1 fes ordres , & de concorde entc^ les Etats. U pûttbit en fubftan<:e : Que
comme il écoit nécenfaire pour remettre Tordre dans les affaires de Rel^ioh %
6c maintenir la Liberté » de tenir un Concile légitime en Allemagne , ou*
dr'en procurer un Univerfel avant le terme d'une année , on envoieroit des
Amoaffadeurs à l'Empereur , pour le prier de regarder avec compaffion l'état
mifcrable & tumultacux dt 1 Empire , & de retourner au-plûtèt e*i Alte-^
lïiagne pour le faire tenir : Et qu'en attendant l'un où l'autre de^ Cohcitc^
nécedaires , les Princes & lés Etats dans leurs Provinces & leurs Gouvôrrfe-
mens eu(!ènt à fe conduire fur le fait de la Religion & de TEdit de^oriKLès.»
de manière qu'ils pudcnt rendre compte de Uorsaâions d Diea'& à TËm-
pereur.
DE TRENTE, Livre I. 71
XXXIII. Cependant Clément , qui avoir paflTc toute Tannée précé- mdxxvx.
dente dans de continuelles frayeurs , s'imaginant tantôt voir Charles i Rome ^^' ^^^
les armes à la main s'emparec de TEtat Ëccléfiaftique > & rentrer en pofleffion •"■■■^—
de certe partie de l'Empire que les Papes fcs prcdccefleurs avoient acquife ^^/nenê
par leurs artifices » tantôt le voir dans un Concile mettre des bornes à 1 au- ^ /£ f *
tocité des Papes fur TEglife , fans quoi il n'eut pas cté poûible de diminuer retirfeUzue
leur autorité temporelle ; plein de foupçons d'ailleurs de ce que tous les avec U
Miniftres qu'il avoit envoyés en France pour traiter avec la Reine-Mere & France , eJ»
le Gouvernement écôient péris en chemin , commença enfin à refpirer fur ^f^-^^^«*
la fin du mois de Mars ^^ lorfqu'il eut appris le retour de François L en ^refs^
fbn Royaume. Il dépêcha en diligence une perfonne pour le féliciter de fa QharUs T.
délivrance , & conclure en même tems une Ligue avec lui contre l'Em-
pereur. 4« Elle fut fîgnée à Coignac le 12 de Mai, entre lui , le Roi, & les
Princes Italiens , &c fut appellée la Sainte Ligue \ Se le Pape 47 délivra le
Roi du ferment qu'il avoir prêté en Efpagne pour la fureté des conditions
dont il y étoit convenu avec l'Empereur. Le Pape alors délivré de la crain-
te , qui étoit fa difpofition dominante , fe crur en pleine liberté. Et comme
il étoic fort irrité de quelques Réglemens faits en Efpagne & dans le Royau-
me de Naples au préjudice de la Cour de Rome , & plus encore "^ de ce que ^ ^ •
dans le même tems un Notaire Efpagnol avoit eu la hardiedè de fe trouver datd.!. 17,
3 la Rote , & de défendre publiquement au nom de l'Empereur d deux Néa- n PalUv.
politains de plaider davantage devant ce Tribunal , il fe réfolut de montrer ^- ^- ^* ^ ^
du reflentiment pour animer fes Confédérés. Il écrivit donc ^ à l'Empereur ^P^°**- ^^
le 1; de Juin un Bref fort lonp en forme d'invedkive, où après avoir rap- N%.Guic*
pelle toutes les grâces qu'il avoir faites à ce Prince , tant lorfqu'il n'écoitciard. L17.
^e Cardinal , que depuis fon Pontificat , 6c les grands avantages qu'il avoit f ieurv , L,
4^ » Lorfqu'il eut appris U retour de Fran-' du 12, & c'eft par conféquent la vérita-
fùis L en France, ] Sa délivrance avoir été ble.
(Bpalée par fe Traité de Madrid conclu le 47. Le Pape délivra le Roi du ferment
14. de Janvier lyiés&le 18. de Mars fui- q^^il avoit prêté en Efpagne , Sec. ] C*eft
vant il fit échange avec Tes deux enfans} une étrange prétention dans les Papes j de
<]ai iîirent donnes en otage pour la fureté un aveuglement incroyable dans les Prin-
de l'exécution du Traité. Guiçciaidin , ces, de croire c]ue l'autorité d*un Pape efl
l^.j6. marque mal a propos ce Traire au allez grande pour délivrer quelqu'un de
14. de Février, en quoi fl a été fuivi par Tôbligation de garder un ferment jufte S^
Biducaire L. 18. de fes Mémoires, & par fait félon les règles. Rien neft plus con-
le Oontinoaceur de M. Fleury. Mais il efl traire aux loix de la Morale & au maintien
vtfible par le &ecueil< Diplomatique, que de la Société. Si le ferment eft injufte ,
le Traité avoit été dgné le 14. de Janvier, il eft nul de fa nature > mais s'il eft jufte »
4^. EUt fut /ignée à Coignac le la. de par quel droit le Pape en peut-il difpen-
Mai , entre lui ^ le Roi y & les Prirtccs lia- kr ? Les Princes n ont (ans doute &it fem-
liens. ] Quelques-uns de nos Kiftoricns blanc de le croire, que lorfquil^ ont jugé
mtttent la '•fignaiore de ce Traité au 17, qu'il y avoit pour eux de l'avantage à
U Bèaucairg au X3, fixto Idus Maias. rompre leurs engagemens > 9l ce fon^ de
Mftis dans.k Recueil des Traités de Paix ces opinions fondées fur rimérât, ft non
il poTM Goiqroe dans Fra^PaolQ la date for Ja nicitié.
71 HISTOIRE DU CONCILE
MoxxTi. refufés des autres Princes pour entretenir fon amitié » il £e plaignolc cTen
Clim.' vil avoir été fort mal récompenfe , puifque TEmpcreur n avoit ni répondu i-toa
" ' ' affeâion , ni tenu les promeffcs qu'il lui avoir faites j mais au contraire*
qu'il lui avoit infpiré beaucoup de foiipçons , fait beaucoup d'injures , Se
excité des guerres en Italie & ailleurs. Après un détail de tous ces griefs ,
6c des maux dont il rejettoit toute la caufe fur l'Empereur , 6c après boau-^
coup de plamtes des injures faites a la dignité du Saint Siège par les Loix
faites en Efpagne , & la Pragmatique publiée i Naples contre la liberté
Eccléiiaftique & Thonneur du Saint Siège» il conduoit enfin y non par des
menaces d'excommunication félon la coutume des Papes , mais par une pro-
jufti
Saint Siège , de prendre des armes juftes & fàintes contre lui , non dans le
deflèin de l'ofTenfer , mais pour pourvoir au falut conunnn & à fa propre
dignité.
#slcid L.6. ^^ lendemain ^* de ^expédition de ce Bref, ^ le Pape en écrivit un au-
p. 88. ^ce fans faire mention du premier > où il difoit en fubllance : Que pour
PaUav.Li. maintenir la liberté de l'Italie , & détourner les maux dont le Saint oiège
^; <5* écoit menacé , il avoit été contraint de prendre des réfolutions qu'il n'eue
pu n^liger fans manquer au devoir d'un bon Pape & d'un Prince équitable :
Oue u l'Empereur vouloit ap[>orter aux maux préfens le remède convenable»
comme il lui étoit facile , utile > & glorieux , la Chrétienté feroit délivrée
d'un grand danger , comme fon Nonce , qui réfidoit auprès de lui » le lui
expoieroit plus amplement : Qu'il le prioit donc au nom de Dieu de l'écou-
ter & de pourvoir au falut public , 6c de contenir dans les bornes de la jus-
tice les paflîons effrénées des Hens , afin que les autres puflent être en fureté
de leurs vies & de leurs biens. Par ces dernières paroles le Pape taxoit prin-
cipalement le Cardinal Pompée Colomne , Vefpajîtn , Jfcagne^ 6c quelques,
autres de la même famille qui tenoient le parti de l'Empereur , & qui fe fen-
tant appuyés parle Viceroi de Naples, s'oppofoient perpétuellement à tour-
tes {ts vues. Et ce qui l'intriguoit davantage, ceft qu'il appréhendoit encore
qu'ils ne lui fufcitaflent de l'embaras au fujet du Pontificat. Car le Cardinal
Cohmne ^ ^> homme hardi 6c faftueux , ne pouvoir s'empccher de dire tout
publique-
48. Le lendemain de V expédition de ce che fiijfe troppo acerho , ne feriffe fuhiiomn
Bref, te Pape en écrivit un autre , &c. ] ahropiù manfueto,
PéUlavicin pr^end » fur les recherches de 49. Car le Cardinal Colomne — — • mt
Contelori y qa*il ne fut (igné que deux pouvoii s'empécker de dire tout publique^
jours après, c'eft-à-dire > le if • Guicciar- ment , que Clément étoit parvenu au Por^
din , fans marquer le jour du fécond Bref, tificatpar des voies illégitimes , &c. ] Guù^
dit iknplement qu'il fut expédié aufH-tôt ciardin , L. if. dit quil avoit promis à
«prêt rtunre t Ma parendogUpoi che rheb* Colomne par un billet (igné de (a main de
terojpedito , ( c*efl-à-diie , le preoiieiBref ) le faire Yicechancelier de TEglife Romfi*.
ne.
DE TRENTE,L i vre L 7?
publîqatniCDC , que Clément étoir parvenu au Pontîftcat par des voies illé- mdx
gkiinef , & relevoic avec fafle tout ce que k Maifon Colomnc avoit fait ^'*^ VM
contre les autres Papes intrus & illégitimes , comme il les hommoit. Ilajoa^ ,
toit, que c'^oit une fatalité attachée à (a Maifon , cl*èrre haïe par les Papes
tyranniques, comme à eux d'être reprimés par les Celomms \ & menaçant
Climtnt dun Concile , il folUcitoic les Miniftres de l'Empereur de le ré-
ibudre à ie convoquer. Le Pape P non feulement irrité de fes difcours ^ tnais* f Gale*
afaffi pottF prévenir fes menaces , pubKa un rigoureux Monitoire contre lui , ciard.L i;^ .
où il raxoir ouvertement le Viceroi de Naples, & obliquement TEmpe- P****^'^-*'*
tfeur ; & il cita le Cardinal à Rome fous des peines & des cenfures très griè-^ ^^
ves*^ Mais comme le fuccès des armes îi'étoit pas heureux en Lombardie »
que les troupes de France tardoient trop à venir ; que TArmée Chrétienne
avoit été défaite en Hongrie , & le Roi Louis tué ; que le nombre des Sec-
tateurs de Luther fe Aiultiplioit de jour en jour en Allemagne , & que tout
le monde fouhaitoit un Concile pour rétablir 1 union entre tous les Chré-
* cions^ mettre fin à tant dedèferdres) il crut, pour s'accommoder au tem^
devoir changer de mefures.
S' B r A N T doBC d*abord réconcilié avec les Colorants , 5c ayant révoqué
le Monitoire publié contre le Cardinal , 4 il rint un Confiftoire le t j de q Gole^
Septembre , où daAs un lonç difcours il déplora les mifères de la Chrétienté «ard.L.17.
& la mort du Roi de Hongrie , attïibuanc tous ces malheurs à la colère de ^«"T»^"
Dieu , provoquée par les péchés des hommes. Puis avouant que les dérègle- '^
mens de l'Ordre Eccléfiamque étoient ta fource de tous ces maux , il mon-
tra la néceflité qu'il y avoir d'applaifer la colère divine , en commençant »
comme il dit , par la maifon de Dieu i & ajouta , qu'il vouloir en donner
kii-mème l'exemple en fa propre perfonne. Il excufa enfuité fon armemenr>
& fa conduite contre les Colomncs , & exhorta les Cardinaux à la réforme
de leurs mœurs , jdifant qu'il vouloit aller lui-mèmetrouver tous les Prin-
ces, pour ménager 'une paix univerfelle , &c qu^il pcrdroit plutôt la vie,
que de fe -défifter de -cette entreprife , jufiju à ce qu'il l'eût conduite â un
heureux fuccès. Que moyennant la grâce de Di^ > il efpéroit fermement
voir fes defirs heureufement accomplis : Et que sV pouvoiten venir â bout,
il étoit réfolu de convoquer un Concile Général, pour éteindre les divifions
de TEglife , & étouffer les Héréfîes. L'on publia ce difcours à Rome & par
Ae , & de lui donner le Pïlais qui lui ap-
partenoit à Rome : // quale per una cedo-
la di mano propria fegretiffimamcnte glipro-
mcffe rC/fficio dtUa Viciscanccllana che ri-
fùdeva inperfona fua, col Pala[7^o fontuo-
Pffit^ , il quale edifieato giâ dal Car^
Hinale di San Giorgio era ftato conceduto
À lui dal Pomtfice Leone. On ne voit
point cependant, qae dans les Manifeftes
que les Colonines pablièienc contre Clé-
TOM£ I«
ment , on fît mention de cette promeflè
Simoniaqtie , comme Ta obfervé PaUavi^
cin^ L. 1. c. 10. Mais c'étoic peut-être
parce que Pompée Colomne ne vouloit pas
paroitre coupable lui - même d'une con-
vention (t criminelle^ Car Mendoie yJ^m^
baflàdeur à R^ome fous Paul III y donqe
la chofe comme publique, dans fa lettre
du lo d*p«aobre 154^, & Onuphre lie
le diâîmale pas dans la Vie de Climeat,
K
74 HISTOIREDUCONCILE
vnxxvi* coûte l'Italie , ôc Ton en fit courir beaucoup de copies y mais quelque foin
Clem. vil quç priflent fes partilans de le louer , J<» il y eue peu de perfonnes qui rc*
—"■""" gardaflcnt fes paroles comme fincères.
r Pallav. L. Son Nonce ' en Efpagne ayant préfenté fes deux Brefs à PEmpereur i
1. c 1 3. un jour l'un de l'autre , excita différentes penfces dans le Çonfcil de ce Prin-
ce. Quelques-uns penfoient que Clcmtnt avoir écrit le fécond pour adoucir
l*aigreur du premier , donc il fe repentoic s ce qui leur faifoic croire qu'il
ne ralloic pomr en moncrer de redencimenc. Ec ce qui fonifioic cec avis> c'eft
que le Nonce avoic répandu un bruic , qu'avec le fécond bref il lui écoir veno
un ordre de renvoyer le premier , s'il n'avoir pas encore été préfenté. Mais
les plus fenfés iugeoient , que n'y ayant qu'un jour d'incervalle enrre txok
ic 1 aurre , il eue été facile au Pape , s'il fe fut repenti > de faire prévenir le
premier Courier par le fécond : Que d'ailleurs il n'y avoic point d^appacen-
ce > qu'un Prince aufli prudent que lui fe fût déterminé à raîre d'une mif
nière aufli aigre , fans y avoir bien réfléchi auparavant v ce qui donnoicliea
de croire que ce n'étoic qu'un artifice de Clément » oui vouloit faire une '
forte de proteftation , qui demeurât fans réponfe. U rot donc réfblu que
pour lui rendre le change , l'Empereur â fon imitation répondroit au pre-
mier Bref en des termes plus durs » & au fécond on jour apr& en un ftyle pin»
cbux , & femblable à celui du fécond Bref : ce qui fut exécuté.
Hifùàfiéè XXXIV. Le 17 de Septembre * l'Empereur écrivit donc une lettrç apo-
TEmfirek^ logécique de vingt-deux feuilles en papier Impérial , «que Mercure Gaeti--
^ ^^'.f^*^'' ^^^^ préfenca coûte ouverte au Nonce > & donc il lui fît ta leâure »• après
* H*L * ^ûoi iï J* cacheta en fa préfence , & la lui remit pour la faire cenir au Pape.
Pallav. Li. ^*^'^ s'y plaienoic d'abord : Que le procédé du Pape à fon égard ne con-
CI). venoic pas a celui d*un véritable Palpeur, & ne répondoit pas au refpeA
Fleury > L. Ûial qu'il avoir toujours eu pour le Saint Siège & la perfonne du Pape i Se
'3^* ^^'^^ que les louanges qu'il fe donnoit à lui-même» le forçoient lui Empereur ».
qu'il taxoit d ambition & d'avarice > de faire voir fon innocence. Puis re-
prenant lliiftoire de tout ce qui s'étoit pa(Ie du cems de Lion Se à* Adrien »
& fous le Pontificat mêtne de Clemcm , il montroit qull n'avoit eu que de
bonnes intentions dans toor ce qull avoit fait , qu'il n'avoit fait que ce qu'il
avoic été contraint de faire , & que le Pape étoic la caufe du mal qui ecoir
arrivée U rappellpit enfuite les fervices qu'il avoit rendus , pour leK[uels il
n'aVoit reçu de Clément que de mauvais traitemens en diveries occamms. Es
il conduoit enfin en difanc qu'il ne défiroir rien davancage que la tranquil-
lité publique > une paix générale » & la jufte liberté de l'Italie : Que fi le
f o. Ity eut peu de perfonnes qui regar- Fît udïta eon grande attentîene & etiandlà
dafintfis paroles comme fincires. ] C'eft ce con non minore compajjiùne lapropofiadet
cpLt tVinoigne Guicciardîn^ en noasdifiint Pontefice & commendata moho ; ma fa^
atie les GÎrdinauz ibrenc fore toacbés de rehhe fiata anche commendata moka pià »
(on difcoars « mais qn*îls renflent été da- fe le parole fue haveffero havuta tanta fir^
vantage , slls euflènt pu 7 ajouter foi : de, fuanta in fe kavevano dignità.
DE TR EN T E, Livre- I. • 7;^
Pape la (buliaitoic autant q^c lui » il 4e voit mettre bas les armes > î< & re- jiiu>^:pc;nfi-
. mettre l epce de S. Pierre d^ns le fourreau ; après quoi il feroit aifc de tra- ^^^**' ^•
vailler à la paix , & de s*a{>pliquer à éteindre les erreurs de Luther Se des ■
autres Hérétiques j en quoi iji le tcouyeroit toujours un fils très-obéi0ant.
Mais que fi Sa Sain{;etc en agidbit.auQcement » ilproteftoit devant Dieu Se
devant les hommes > ^ue 1 on ne pourroit lui attribuer les malheurs qui en
Dourroient arriver à U Chi;étienté : Que s'il plaifoit à Sa Sainteté d'écouter
nvorablement fes bonnes & juftes raifons, il oublieroit entièren^ent les in-
jures qu il en avoit reçues : Mais que fi Elle continuoit d'armer contre lui ,
ce qui nétoit pas faite l'office d'un Père &.d'un Pafteur , mais d'un Aggref-
uftificat
unique
iburce à laquelle il pût avoir recours : Que cependant il l'exhortoit au nom
de Dieu d'afligner un lieu fur & propre pour cette Adèmblée ^ & de la te*
nir dans un tems convenable ; parce que , vu la confuHon où fe trouvoiept
i*Eglife & la Religion t pour pourvoir i fa propre fureté & au falut du pu-
blic >.il avoit recours au Concile Uniyerfel , auquel il appelloit de toutes
(es joienaces & des injures qu'il pourroit Jui faire.
Dans la réponfe au fécond Bref qu'il fit le lendemain 18 , il y difbit :
Que les fécondes lettres du Pape lui avoient donné beaucoup de fatisfaAion»
voyant que Sa Sainteté lui témoignoit plus de bienveillance , & marquoit
plus d'inclination à la paix : Que s'il étoit aufC bien en fon pouvoir de la
procurer , comme aux autres de faire la guerre , le Pape ceconnoîtroit aifé-
ment la fincérité de fes intentions : Que perfuadé que Sa Sainteté lui avoit
parlé coniime elle avoit fait , plutôt à l'inftigation des autres , que de fon pro-
Î^te mouvement , il efpèroit en Dieu qu'EUe aimeroit mieux travailler pour
e bien public , que de féconder les intentions particulières de quelques
perfonnes : Qu'il la prioit donc de regarder avec compaffion les maux de
la Chrétienté , & de croire , comme il en prenoit Dieu a témoin , qu'il étoit
prftt de montrer â tout le monde qu'il ne fe propofoit en tout que la gloire
oe Dieu & le falut de fon Peuple , comme il s en étoit expliqué plus au
loQg dans fes lettres précédentes.
Le 6 d'Oûobre l'Empereur écrivit encore ^ au Sacré Collège : Qu'il ref- ^ fIcutt *
jcntoit une extrême douleurde ce que le* Pape , oubliant fa dignité , chcr-L.iji.N6i*
choit â troubler la tranquillité publique *, Se que dans le tèms qu'il croyoit sieid. L 6.
avoir mis tout le monde en paix par l'accord qu il avoit fait avec le Roi de P- ^^•
f 1. £/ rtmtttre Vipic de S. Pierre dans avec l'épée, ctxidi pas à cette repré(èntâ»
tefiwrreau,] NT. Amelœ , en fobftitaanc le cion que notre Hiftorien fiit allafion i mais
nom de 5. Paul â celai de5. Pierre dans (â i Tendioit dé l'Evaiigile oà yéros-Chrift or-
traduAion , n*eft pas entré dans la pehfïe de doiine 'i l^îéne di reitiéttre fon épée dans
Frd-Paofo. Car qaoiqu'ordinairement on le fototreaa. Il Cdloit donc laiflèr a 5. P/Vrre
^pri&nte 5. Pierre avec les clés, & 5. Paul Fépée qae Fra-Paolo lui donne.
i6 HISTOÏRE Dû CONCILE
ïiDXXTi. France , il avoir reçtt des lettres de Sa Sainteté qu'il n'eut jamais cru devoir
Ci,EM. VIL attendre d'un Père commun & d'un Vicaire en Jéfus-Chrift : Que comme
■■"■■■■■"■ il croyoit que ces lettres n'avoient pas été écrites fans leur participation , &
que le Pape ne prenoit pas fans eux des réfolutions de cette importance , il
ne pouvoit voir fans furprife qu'un Pape & des Pères fi religieux fc fullènt
laiué aller i des menaces de guerre & à des confeiiis pernicieux contre un
Empereur , proteâeur del'Eglife qui en avoit fi bien mérité , & qui pour
leur complaire avoit fermé tes oreilles dans la Diète de ^Tormes à toutes les
prières de l'Allemagne contre les oppreflions qu'elle fouffroit de la Cour de
Rome , ^^ & avoit négligé les juftes demandes qu'on lui avoit faites d'un
Concile , pour remédier aux dites vexations , ce qui auroit fervi en mcme
tems à arrêter iHéréfie AtLutherxQxat pour te fervice de TEglife Romaine
il avoit défendu TAfiemblée que les Allemands avoient indiquée i Spire ,
prévoyant que de-tà il naîtroit un Schifine , qui fépareroit rAllemagne du
Saint Siège , & qu'il en avoit fait perdre la penlée par la promené d'un
Concile : Qu'en ayant écrit au Pape , Sa Sainteté l'avoit remercié d'avoir
empêché l'Adèmblée de Spire , & l'avoir prié de remettre â un tems plus
favorable à parler d'un Concile : ' ' Que quoique , pour lui complaire , il
eût eu plus de (bin de lui procurer cette fatisfaâion , que d'égara pour les
|uftes prières & les befoins de l'Allemagne , cela n'avoit pas empêché CU'
ment de lui écrire des lettres remplies de plaintes & de faufles imputations ,
& de lui faire des demandes que la juftice & fa propre fureté ne lui per-
mettoient pas de lui accorder : Qu'il leur envoyoït une copie de ces lettres ,
afin qu'mftruits de tout , ils fubvinfTent aux befoins de la Chrétienté qui
comboit en ruine , & qu'ils travaillaflènt â faire revenir te Pape de defleins
fi pernicieux : Que fi Sa Sainteté y perfiftoit , ils eudènt â l'exiiorter à con-
f 1. Et avait néglige les jupes demandes mais dont Viwportuniti n*einpèchoit pas la
fu'on lui avoit faUes d*un Concile» ] Pour juftice.
rendre exactement le fcns de rBmpereur , / j . Que quoique , pour lui complaire , il
ïk auroic 6llu que Fra-Paàlo eût dit, que eût en plus de foin de lui procurer cette fi"
Charles avoit fermé les oreilles aux deman- tisfa&ion , &c. } Le Cardinal PaUavicin ,
des importunes de F Allemagne. Mais Palla- qui ne cherche qn a chicaner Fra-Patilù (or
/vicin a tort de dire qœ ce tetme a un fens les' moindres expre({ipns , deoiande en quel
tout oppofé à celui de jufiies demandes. On endroit de la lettre TEmpereor dit qa*îî a
peut le rendre importun dans la demande travaillé pour complaire au Pape. Mais il
d'une ch9k jujie, comme d*une chofe iVi- n^avoit qnà relire ce quil en rapporte luî-
jufte ; & il paroh bien par toute la conduite même dans la page précédente , od il (ait
de Charles Quint , & par la lettre même écrire ces paroles par l'Empereur : Ha*
fp*il écrivit aux Princes plein de méconten- veva elet^o più tçfio di conformarfi com
temenr contre le Rëcét 4e la Ûiecé de Nu- gU affetti del Papa , che eon teptegjkitf
xemberg, qu'il apprqnyoit lui-mêsi^la de> deW yjàUemagaa. N'eft -ce pas lâexaâe-
. mnde d'un Conpiie y quoiqu'il ci&t que ce men^ç l'expidiion de Fra-Paolo « &. PaS^
ïïftR étoit pas le tems y & oue c'écoit. à lui^ l^vicinne le juAific^'-il pas lui-même dans
non a ces Princes de la iaire. Cefi à quoi le rtems qu'il prétend le convaincze de
filit allufiôn le mot de prières in^ortunes^ bxxx, ?
'DE TRENTE, LïVKB L jy
ifoqMr le Concile *, & en cas qu'il le re&ilàc ou qu'il le différât » qu'il prioic mdxxvx.
leurs Révérences & le S^cré Collège , félon la Loi , de le convoquer eux- Clim* Vll^
mêmes dans les formes ordinaires : Et qu'en cas qu'ils refufaflcnt d acquief- -■■-"-■-•
cer à une il jufte demande , ou qu'ils dinérallènt plus qu'il ne convenoic »
il y pourvoiroit lui-même par l'Autorité Impériale, & uferoit de tous les
remèdes qu'il croiroit juftes & raifonnables. Cette lettre fut préfentée le
12 de Décembre dans le Confiftoire, & on rendit au Pape dans le mê-
me lieu un double de celle qui avoic été remife encre les mains du Nonce
à Grenade.
Toutes ces lettres furent aofli-tât imprimées en divers endroits d'AU
lemagne, d'Efpagne & d'Italie^ &ilen courut quantité d'exemplaires,
f ^ Ceux qui , quoique fpeâateurs des évènemens humains » n'ont pas
beaucoup d'intelligence , & «qui font accoutumés à régler leur vie & leur
conduite fur l'exemple des autres , & particulièrement des Grands , avoienc
cm jufqu'alors , que c'étoit par un pur motif de Religion & de con^Tcience
que Charles avoit pris le parti do Pape » de montré beaucoup de zèle con-
tre les Luthériens à formes & en d'autres occaiions. Mais ils furent extrê-
mement fcandalifés de fon changement , & f»r- tout de l'aveu qu'il ^ faifoi t ^ Pallav. lé
d'avoir fermé les oreilles aux juftes prières de TAllem^ne , pour complaire i. c i^
m Pape. ^ ^ Pour les gens fenfés , ils jugèrent que l'Empereur avoic fuivi
f4. Ctux qui ^ quoique fptAatturs des
Mnemens humains , nont vas beaucoup
d'intelligence — avoient cru jufqu alors que
ettoit par un pur motif de Religion & de
tonfcience que Charles avoit pris le parti du
Pape,. &C.J Lorfque Charles fe déclara d'a-
bord contre Luther dans la première Diète
i&WoxmeSy il y a toute apparence qa'ille fit
& par zèle de par attachement pour la Reli-
gion Catholique & pour le Pape } d'autant
plus quil ne pouvoit prévoix encore les fui-
tes qu'auroit cette afiàire par rapport à (es
intérêts temporels. Mais on ne peut guères
douter j que quand la diviGon fut toute for-
mée, & lur-tout depuis le (bccès de la ba-
taille de Malberg) ce Prince ne regardât le
Xothéranifme comme une occafion propre
peur fe rendre maître ab(bltt de TAÎlema-
goe, &pour alTujettir enfuite l'Italie, s'il
ae portoit pas même plus loin fes vues. C'eft
ce <fBn ferma toutes ks Ligues contre lui y
par la crainte que les Allemands & les Ita-
liens earem de (è voir aflèrvis. Se les auaes
Princes de l'Europe tout à fait dépendans.
Cette politique , 6c la )aloufie que l'Europe
en conçut, ^ent la fource de toutes les
guerres. On auroit ton de juger par-là , que
Charles n avoit point de Religion s mais il
el\ vrai auflî qu'il fit trop fervir la Religion
à fes intérêts y & qu'il eût travaillé plus uti-
lement pour rétablir l'unité 8t la concorde ,
sll n'édt entretenu un peu- la divifion lui-
même pour aflfujettir les uns par les autres ,•
& fe rendre le maître abfolu de tous.
f ;. Pour les gensfenjes, ils jugèrent que
l* Empereur avoit fuivi un tris mauvais con'^
feil en divulguant un telfecret^ &c.j Palla-'
vicin demande od l'Empereur avoit révélé
ce fecret. Mais Fra-Paolo eât pu facilement
lui répondre, que c'étoit en découvrant trop
ouvertement que fon union avec lie Pape
avoir eu un autrebut que celui d'appaifèx les
difiérends de Religion , & que les intérêts
temporels avoient du moins autant de pan
à leur alliance & à leur querelle , que le dé-
fît de s-'oppofer aux nouveautés de Luther,
^ooxtf, comme £iit Pallavicin , que Char-
Us oe doutoic point de rinfàilli! ilîté da
Pape dans lea controverfes de Religioa>
c'efl dire une choie dont il n'a nulle preuve^
& qui ef^ clairement scfutée par toute la
conduite de ce Prince.
^-^
y% HISTOIRE DU CONCILE
^Dxxvi. un très mauvais confeil en divulguant un tel (ecret > & en donnant
CLttt. VII. monde de croire , que le refped qu'on faifbit paroître pour le Pape n'écoic
- qu'un arcifice du Gouvernement , couvert du manteau de la Religion.
L'on s'atcendoit que ces lettres exciteroient un grand redenument daoi
le Pape , d'autant que l'Empereur y avoir touché deux chofes très délicaces
pour la Papauté ; Tune , en appellant du Pape au Concile futur contre les
O>nftitutions de Pie IL Se de Jules II 'y & l'autre , en invitant les Car-
dinaux à convoquer le Concile , û le Pape refufoit on différoit de le faire :
ce qui pouvoir avoir de grandes fuites. Mais comme les femences , quelque
bonnes qu'elles foient, demeurent ftériles lorfqu'elles ont été jettées en terre
hors de laifon -, de même les grandes entreprifes aboutidènt ordinairement i
rien , lorfqu'elles fe font à contre-tems ,comme il arriva en cette rencontre.
Car pendant que le Pape méditoit de montrer fon reflèntiment par fes armes
& celles des Princes fes Alliés , Se de fe faire quelque appui temporel avant
X Giiic- que de fe fervir des armes fpiri ruelles ; ^ les Colomnes y ou par défiance de
ciard.L.iy. jfes promeflès , ou pour quelque autre caufe , après avoir armé les fujets de
Spond. ad jç^-g Xfef ^gs , & tous leurs adnérans , s'approchèrent de Rome par le Bourg
^ô ^^ g le lo de Septembre. Cette furprife mit l'épouvante dans la famille du Pape^
Paîlar. L.i. qui fe trouvant au dépourvu , & ne fçachant â quoi fe réfoudre dans le trou-
c. 14. ble où ilétoit , <lemanda Ces habits Pontificaux à l'imitation de Bonifact
^^^"^y j ^ ^///, difant qu'il vouloit attendre dans le Siège Pontifical , & voir fi l'on
'^ '* ^'* auroit bien la hardieflè de violer encore une fois en la perfonne du Pontife
la Dignité Apoftolique. Mais il fe rendit aifément à l'avis des fiens, qui
lui confeillerent de fe fauver par le Corridor dans le Château S. Ange> pour
ne point fe faire taxer d'imprudence mal à propos.
Les Cohm- XXXV. Les Colomnes eturèrent dans Rome , où ils pillèrent rEglifê
nés entrent de S.Pierre, & tous les meubles du Palais Pontifical. Ils commençoient
Mjnés éimns auffi à faccager les premières maifons du Bourg. Mais la réfiftance des habi*
Rome , eJ» tans , & l'arrivée des l/r/ins qui étoient de la Faâion contraire , les forcé-
vJtîcéml ^^^^ ^^ ^^ retirer dans un lieu fur , qu'ils avoient pris dans le voifinage , 7
r^ emportant avec eux , au grand déplaifir du Pape , la proie du Vatican.
Et comme leur troupe fe groffifibit de jour en jour par les fecours qui leur
yQ\xlcz\zxi0 yenoient de Naples , y Clément y craignant qaelque chofe de pis , 6c cédant
1^17* â la nécefllité > fit appeller au Château Hugues de Moncade Miniftre del*Em-
"Dereur , & conclut avec lui une trêve de quatre mois , d condition que les
f ^. Emportant avec eux, au grand dé- mettre à coaven leur batin , une place oA
plaifir du Pape , la proie du Vatican], Je ils ne pouvoienc demearer que quelques
fuis furpris que M. Amelot ait pu traduire » heures par la réfiftance qu'ils trouirarent , &
emportant néanmoins leur proie au Vatican ; qui les empêcha de fe rendre maicres de
ce qui eft non feulement coût â (ait connaîre Rome ? La chofe eft fans vraifemblance, êe
au texte deFra-Paolo^ cà on lit, portando prouve que la traduôion de M. Amtht eft
nondimeno lapreda del Vaticano , mais aufli défeâueufe ; ou , ce que je croirois plus
à la nature dé la chofe. Car pedc-on s*imagi- lontiers , que ce n*eft qu'une fimple &iice
ner que les Colomnes euUènt choiii pour d'imprefliom
m
DE TRENTE, Livre L 79
Colomms & les Néapolicains forciroient de Rome, & que le Pape retireroic mbxxti.
Its troapes de Lombardie : ce qui fuc exécuté de part & d'autre. Cependant ^l^^* VII«
ÇUnunt , rafluré par la péfence de fes troupes , que fous prétexte d'obfer- •"— —
ver les conventions de la trêve il avoir fait revenir à Rome , * fulmina x. SponcL
les ^7 Cenfures contre tous les Colomnts , les déclarant Hérétiques & Schif- N^'t. & 8.
matiques , & excommuniant tous ceux qui leur donneroient du fecours ou ^^^v. L.i.
du confeil, & qui les favoriferoient , ou leur donneroient quelque ^c-q'^*. .
Oraitc. Il dégrada de plus de fa Dignité le Cardinal Colomnt , qui étoit q\J^
alors i Naples s qui fe moquant des Cenfures en interietta appel au Con-
cile , expofant non feulement l'injuftice & la nullité des Cenfures , des
Monitoires , & des Sentences portées contre lui » mais encore les befoins
de TEglife , donc Tétat déplorable ne pouvoir trouver de reflburce que dans
la convocation d'un Concile légitime , qui la réformât dans le Cher & dans
les Membres, f ^ flc citant le Pape lui-mcme A celui que rEmpereur devoir
dflèmbler à Spire.
Les partilans des Colomnts firent afficher de nuit aux portes des prin-
cipales Eglifes de Rome & en divers autres lieux cet Appel » ou plutôt ce
Manifefte , ic en répandirent des copies par toute lltalie : ce qui jetta dans
on grand trouble le Pape , qui avoir en norreur le nom de Concile , non
pas tant par lappréhenuon qu'il avoir de voir modérer l'Autoriré Pontificale»
<m diminuer les profits de fa Cour y que parce qu'il craignoit pour fa pro-
pre perfbnne. Car * quoique Lion fon coufin , en le créanr Cardinal , eûr m Guîc-
taic prouver qu'il 7 avoir eu une promellè de mariage entre fa mère & Ju- ciard.L. 10.
Ikn tU Mcdicis fon père > ^^ néanmoins la fauflèté des preuves étoit mani- ^* Martyr
* * Angl. ep.
f7. Cependant Clément — fulmina les ce Prince avoît deflêin 'd^ convoquer Im- 74^»
Cenfitres contre tous Us Colomnes , les dé- m6me. Car THiftoire ne fait nulle mention
iUrant Mérétifues & Schifmatiqucs , &c.] d*aucon Concile indiqué en cette ville , U
On ne Toît pis U'aotre lailon dans Clément Fra-Paolo a raifon de dire qu'il n'en eft
poof traiter les Colomnes d'Hérétiques y fi- parlé que dans le Manifefte da Cardinal Co-
non parce qa'ih a voient pris le parti de l'EDI- lomne , & dans Ùl vie écrite par Paul Jove*
pereor contre lui. Tout eft Héréfie à Rome». U fe peut bien faire cependant, que l'Em-
qoand on s'oppoft à (es intérêts temporels, perenr eàt fiiit entendre aux Colomnes, poux
Les Colomnes furent pai&itement Catho- les maintenir dans (on pani , qu'en cas que
lîqnes , dès qu'ils fe forent réconciliés avec le Pape peififtât dans la Ligue faite contre
Clément, & qu'il eut &it (â paix avec l'Em- loi , il anfembleroit un Concile 5 conune oi|
pereor. Apparemment qu'à Rome il 7 a de voit qu'il l'en avoit menacé dans (â lettre aci
difTéientes efpéces dliéréfie ^ & que celles Sacré Collège. Mais tout cela n'étoit qu'une
^ (bnt en matière de dodrine ne (bnt pas menace , & n'alla jamais au-delà,
celles qo'on j détefte le plus. f 9. Néanmoins la fauffeté des preuves
$%• Et citant le Pape lui-même à celui étoit manifefte,] Fra-Paolo, qoi dans ce
fie r Empereur devoit affembler à Spire.] qo'il dit ici des craintes qne Clément avoir
jl 7 a apparence que Colomne prend ici pour do Concile , ne fait qoe copier Guicciardin^
on Concile^ ou la Dete qoe l'AfTemblée de ne noos marque point les raifons qo'il avoir
Noremberg avoit indiquée à Spire « & qoi de croire qne les preuves do mariage de Ju»
n'eot point de lieo par le lefos qoe fit VEtn' lien de Médias étoient faulTes ; & nous ne
pexeor d'y confèntir} ou qoelqoe antxe qoe trouvons pas plos d'éclairciffcment for cela
to HISTOIRE DU C O M C I L E
Hî>xxn. feftc. Et comme , *** quoiqu'il n'y ait point de Loi ^ qui exclue les bâtards
Clem. vil du Pontificat , c'eft cependiant l'opinion commune que cette Dignité eft in-
—■"■"" compatible avec une telle naidance) Clément apprchendoit que les ennemis'
Pailay. L ^ppuy^j Jç l'Empereur ne filTcnt valoir ce prétexte tout frivole qu'il fur.
Mais ce qui l'intimidoit davantage, c'eft que fâchant par quelles ^' intri-
gues il étoit parvenu au Pontificat > & la facilité qu*avoit de le prouver le
Cardinal Colorant y il craignoit qu'il ne lui arrivât ce qui étoit arrivé à BaU
thazar Coffa connu fous le nom 4c Jean XXlll 9 attendu la févérité de la
■ Bulle
h
1. C 10^
dans lesHiftoriens. Nardi nous dit bien dans
£)n HiAoire de Florence , L. 4. qae (km les
prières de Lucrèce Tomabuoni mire de /#-
Utn^ il n eue jamais été reçu dans la £uxiille»
5c que Lion le faifant Archevêque de Flo-
rence le déclara légitime fu^ le rappon de
qoelqaes Religieux , & do frère de (à mère.
Mais cela ne prouve évidemment , ni qu'il
fit légitime , ni qu'il f&t amplement fils-na^
Corel. Ce qoe l'on peot dire, c'eft qoe le
bruit commun n'étoit pas £ivorable a Clé'
ment, comme on le voit par Onuphre. Mais
on ne peot regarder cette jopinion comme
une conviûion manifefte de la faufleté des
preuves , & Fra Paoîo eût ce (èmble parlé
phis ezadement , s'il eut dit qoe ces preuves
éfoient toojoors demeorées nrès-folpeâes.
éo. Quoiqu'il n'y ait point de Loi qui
exclue les bâtards du Pontificat , ^efi c«-
pendant l'opinion commune , que cette Di-
gnité eft incompatible avec une telle naijjhn-
ce , &.C.] Fra-Paolo a raifon de traiter ce
prétexte de frivole. Car qooiqoe par plo-
iieors Canons la bâurdife foit on empêche-
ment canonique à la réception des Ordres »
comme cet empêchement fe lève par les
difpenfes , on ne pouvoir s'en fervir contre
Clément , fuppoft même que fa bitardife
êàt été con(bnte : ce qui n'étoit pas, puif^
qu'il avoit été déclaré légitime par une
Sentence publique. Lç Pontificat d'ailleun
n'eft pas plus incompatible avec la qualité
de fils-naturel , que rSpifcopat \ & l'on a
TU quantité de bâtards devenir £vêques,
6c avoir pan à tootes les Dignités Eedé-
fiaftiqoes.
éi. Sachant par quelles intrigues il étoit
parvenu au Pontificat , &la facilité qu'a-
voit de le prouver le Cardinal Colomne, il
craignoit, etc.] Le Cardinal Pallsvicim s
qoelqoe raifon d'être furpris, pourquoi, fi
la chofe étoit fi &cile« le Cardinal Colomne
ne l'a pas £iit dans le fini de leurs querelles.
Mais comme il ne pouvoit accu(êr Clément
de Simonie, (ans s*en convaincre lui-mê-
me , cela a pu lui fournir un motif aflTea
puif&nc pour fupprimer les preuves qui en
pouvoient être entre fes mains. Ainfi ce
filence n'eft pas une preuve bien évidente
de l'innocence de Clémtni , fur-tout coatit
la dépofition des Hiftoriens » dont [es acco-
(àtions ne font pas (ans de fiortes ntéfivnp-
tions^ quoique les preuves n'en loîencpaf
fouvent fiiçiles. La conduite de Ctémemt en*
vers Colomne aufii-tAt après fon éleâion ,
noos donne lieo de croire qoe la Simonie
étoit aflèz véritable. Cependant je doute
qu*il j ait eu de promefle par écrit, com-
me le rapportent Guieeiardin 8c Metuhft ;
6c ces Ordinaux étoient trop habiles pour
s'czpofer aux confSquences qui en pou-
voient arriver , fi la chofe çât pu fe prou-
ver d'une manière auffi pofitive. Au£S On»'
phre , fans parler d'aucune promeflè par
écrit , dit fimplement que Colomne , pouc
prix du fervice rendu à Clément , reçut de
lui un magnifique Palais , & la Dignité de
Chancelier : Cujus navatœ opérée Pompeius
prtcmium tulit magnificentijpmas eedes à
Raphaële Riario exftruélasy quas JuBus
paulo ante Riario mortuo à Leone obtb*
nuerat , item Caneellariatûs officium^ Il y
a bien de l'apparence que cela avoit étk
promis: mais cet Hiftorien^ comme foa
voit, ne (ait mention d'aocon Ecrit s & en
bonne pditiqoe, il étoit trop dang^euz
d'en faire , pour fuppofer qu'ils en aient
voulu courir le liiquc.
0t. E$
DE TRENTE, Livre I. 8i
Bulle de Jules IL qui annulie route Election Simoniaque , fans permettre mdxxtx;
qu'elle puiflfe être validée par un confentemcnt fubfcquenr. Ci.bm. VIL.
Quant i la négociation prétendue pour tenir un Concile â Spire , |e "■■■'■■■■■■■
ne trouve point qu'il en foit fait mention ailleurs que dans le Manife)(îe
du Cardinal Colomnc y & dans la Vie de ce même Cardinal y écrite par.
Paul Jove.
Ce fut au plus fort de tous ces embarras que finit Tan mdxxvi, laiflànc
tout le monde dans l'attente & dans la crainte où tômberoit une fi grande . -
tempête. C'eft ce qui fit que Tannée mdxxvii on ne parla en aucune façon
des négociations du Concile ; parce qu'il arrive d'ordinaire qu'on ne fbnge
guères à faire des Loix , lorfqu'on eft occupé de la guerre. Il ne laifia pas
cependant d'y avoir des évènemens confidérables , qu'il eft befoin de racon-
ter ici y pour l'intelligence des chofes qui arrivèrent dans la fuite , & qui
ont rapport à mon Hiftoire.
XXXVI. Le Viceroi de Naples , ^ prétendant que le Pape avoit violé la leVicerâssU
trêve par fes procédures contre les Colomnts , & pouffé par le Cardinal & ^^plesre^
les autres de cette famille , fit reprendre à fes foloats le chemin de Rome. ^'^'^ ^ .
D'uir autre côté Charles de Bourboriy Général de l'Armée Impériale en Lom- efipiiUeTj^
bardie , n'ayant pas de quoi, payer fes troupes» & craignant qu'elles ne kr Armée dn
mutinailènt ou qu'elles ne défertaffènt , les ht tnutL dans l'Etat Eccléfiafti- CûnnhéMe
que , pour fc les confcryer à quelque prix que ce fut. Il y étoit fortement i^^î^^*^
pouflï d'ailleurs par George Franfperg Officier Allemand, qui avoir conduit ^ ^/£L
en Italie i) ou 14000 hommes prclque tous Luthériens > fans autre l^^y^fimUir.
20e d'un écu par tête , qu'il avoit donné defon argent , m^is avec promeffe «OnupI^ .
e les conduire à Rome y où ils aurotent occafion de s'enrichir par le pillage 1° Clem^
d une Ville où fe portoit tout l'or de l'Europe. ^^^^
Sua la fin de Janvier *^ Bourbon ayant paué le Po avec toute fon Armée , p^Uav.!.!,'
sVurança vers la Romagne. Cette marche troubla extrêmement le Pape y qui c 14. '
connoiffbit le caraâère de$ Allemands , & étoit informé des menaces con- 4/Spoiui.ad
dnuelles de Fronfpergy qui pour tenir fes fbldats unis , & les animer à fup- ^^^ '5*7*
porter les fatigues du voyage , quoiqu'ils ne fuflcnt pas payes , faifpit porter '* ^ ^
auprès de l'EnCbi^e une corde « dont il difoit qu'il vouloit étrangler le Pa-
pe. Cela porta Clément à prêter les oreilles à Céfar Fièramofca Néapolitain ^
qui nouvellement revenu d'Efpagne en avoit rapporté une longue lettre cle
l'Empereur coûte pleine d'offres » & qui l'affuiant que ce Prince avoit ioit
défaprouvé l'entrée des Cohmrus dans Rome > & qu'il ne défiroitque la
paix 9 lui perfuada de traiter d'une trêve avec le Viceroi de Naples. Et quoi*
qu'au mois de Mars George Fronfptrg eût eu une attaque d^apoplexie qui
le mît prefque au tombeau ; cependant , comme l'Armée étoit déjà entrée
dans rÈtar Ecclcfiaftique , & s'avançoit toujours , le Pape fc réfolut à la
fin de ce mois d'-en venir à quelque accord > Quoiqu*ij[ vit bien que ce ne
fêroit pas fans deshonneur pour fui , & fans donner de l'ombrage à fes Al-
liés , qui peut-être abandonneroient fa défisnfe. L'on convint donc d'uniç
/ufpenfion d'armes pour huit moisjif ondition que le Pape p^yeroit foixwcç
T x> M E L I0
9z HISTOIRE DU CONCILE
mille ccus , qu'il donncroit aux Colomncs rabfolucion de leurs Ccnfures ^
Olèm. tîï. ^ qQ»ii rétabliroit le Cardinal dans fa Dignité , à quoi il ne confencic qu'a-
■■■*■"■" vcc une extrême répugnance»
Mais quoique la trêve eût été conclue avec le Viceroi » & que le Pape
eut payé la fbmnne convenue , & rétabli les Colomms , le Duc de Bourbon
ne voulue point accepter la rufpennon , & continua fon chemin vers Ro-
me , aux environs de laquelle ayant pris les poftes le 5 de Mai , il y donna
#Plcury L. l'aflaut le jour fui vant du côté du Vatican. D'abord « les foldats du Pape »
1 } I. N**i }. 5jr la Jcuneflc Romaine , & particulièrement ceux de la Faftion Guelfe , fc
défendirenr avec allez de courage y & Bourbon y fut rué d'une moufque-
tade. Mais les afliègés s'écanc mis â fuir dans le Dourg, l'Armée entra viâo-
rieufe dans h Ville. Le Pape effrayé , comme il arrive dans les accident
imprévus , fe fauva dans le Château S. Ange avec quelques Cardinaux ; 8c
quoiqu'on lui confeillât de ne s'y point arrêter, mais de paflèr dans la Ville
& àt gagner de U quelque retraite fure , il rejetta un confeil û faluraire 9
& par la difpolition peur-ctre d une caufe fupérieure , il k réfolur d y reT*
ter. Cependanr, faute de Chef, une telle confufion fe mir dans Rome »
Îue perfbnne ne s'avifa d'un expédient qui eût été rrès - urile , 6c qui
toit de rompre les ponts par où l'on paffe du Bourg d la Ville, & de fe
inertre en defenfe : ce qui eût donné aux Romains le tems^de mettre leurs
efiets à couvert , Se de faire évader les perfonnes de con(idération. Mait
f Oiwt* ^^^^ ^^ ^^^ expédient les foldars^ étant entrés dans la Ville , pillèrent noa
in cîfcS"* feulement les maifons , mais dépouillèrent encore les Eglifes de leurs or-
Gffiocîàtà. nemens , foulèrenr aux pieds les Reliques , & les chofes facrées qui n'é-
L..ît; toienr point de prix, ** & firent prifonniers les Cardinaux & les aurre^
Steid: L 1^. Prélats , qu'ils menoienr par dérifion fur des ânes , revêtus de leurs habitr
^•- V' Pontificaux. Il eft certain au moins que les Cardinaux de Sienne , de la -Mï-
nerte , & Poni^etta furent chargés de coups , & menés honteufement en
procdflîon ; Se que les Cardinaux Allemands & Efpagnols ne fîirenr pas
moins maltraités que les autres , quoiqu'ils s'attendiflënt à un meilleur
traitement , d'une Armée compofce de troupes de leur propre Nation,
i^^rf *^ ^^ ^^P^ ^ ' ^^^ P^^ *^ Impériaux dans le Château de S. Ange , fut
N*>j:,
6%. Et firent pnfonmèrs les Cardinaux & de Jules IIl ^ Sartholini Archevêqtie de
les autres Prélats , qu'ils menaient par </if- Pife , Pucd Evôcjae de Piftoye , Gihenl
rifion fur des ânes , revêtus de leurs habits Evèqoe de Vérone, & plufieon autres, qui
Pontificaux , &c.] Toac ce détail eft tiré étoienc les cautions du Pape pour l'argent
mot pour mot de THiftoire de Guicciar- promis aux (bldacs , furent menés trois
din , à Timitarion duquel notre Auteur die fois dans le Champ de Florence comme
que ces Prélats furent menés fopra le beftie des criminels , & que peu s'en fallut qu'ils
vt/i. Outre les trois Cardinaux que nomme ne foiTent pendus. Rien ne fut épargné
ici notre Auteur après Guicciardin ,qui dans ce (âccagement, & Rome (ut plus
furent (I maltraités, Mardi au livre t. de maltraitée fous on Empereur Catholique ^
fon Hiftoire de Florence dit , que Jean^ quelle ne l'avoic été fous les Barbares de
Marie del Monte ^ depuis Pdpe (bus le nona fous les Pajens.
DE TRENTE, Livre L Çj
abligé de le leur rcmetue, & de fe rendre prifonnierentrc leurs mains, mdxxtik
où ilfur tenu forr rellcrré. A toutes ces aflfliftions il en furvint une nou- P*-**»» Wf.
vellc , encore plus triftepour lui que toutes les autres. C'eft que le Cardi-
ayant ,
vemement; & la plupart des Florentins montrèrent tant danimofitc con- ***
tre le Pape & fa Maifon , qu'ils biffèrent toutes leurs armes jufques dans
les lieux particuliers , ^ défigurèrent par plufieurs coups les portraits de
Hon 8c de Clément^ qui éroicnr dans 1 Eglife neuve de TAnnonciade.
L'Empereur ^^ ayant'reçu avis du fac de Rome & de la prifon du Pape ,
en témoigna beaucoup de douleur * , & fit céder aufii-tôt toutes les fctes ,• ^ponj.
publiques qui fe faifoient à Valladolid pour la naiflance de fon fils , né le ibid N^ 8.
21 de ce même mois. Avec de telles apparences il eût donné au public une P^Uav '
idée avantageufe de fa piété & de fa religion , s'il eût ordonné en même ^ ^^
tems de remettre le Pape en liberté. ^4 Mais en le voyant retenir encore fix
mois prifonnier , l'on reconnue aifément la différence qu'il y a des apparea-
ces à ta vérité.
On commença aufld-tôt à traiter d'accommodement , 3c de la délivrance
KTaicciaijtf.
E(pagne deux aufii illuftres pri-
ibniïiers , qu'un Roi de France & un Pape. Mais fâchant que tous les peu^
^) . V Empereur ayant reçu avis du fac 6^. Mais en le voyant retenir encore fix
di Rome & de la prifon du Pape, en témoi- mois prifonnier , Von reconnut mfement la
gna beaucoup de douleur ^ & fit cejfer aufii- dijfference quil y a des apparences â la v/-
Ut toutes les fêtes publiques , &c] Il eft rite.] Le Cardinal Pallavicin^ L. i.c. 14.
certain qui l'extérieur ce Prince parut af- rejette la &ute de ce longemprifonnement ,
fligé de cet cvènement» mais Guicciardin non fur TEmpereur , mais fur fesOfl^cierSj
ne convient pas qu il ait (ait céder toutes qui prirent prétexte de Tambiguité de Tes
les fttes publiques. Intefa la cattura del ordres , pour retenir fi long-tems le Pape
Pontefice , dit-il , benche con le parole di- prifonnier , afin d*cn tirer plus d*argenr.
mofirafie effergU moleflijjîma , nondimeno fi Cependant il eft difficile de croire que
raccoglieva che in fecreto gli era ftata gra- l'Empereur voulut bien fincèrement fa dé-
tîjfima ; an^i non fi afienendo totabnente livrance, puifque s*il eût donné des ordres
dalle dimoftrationi eftrinfeche , non haveva bien pofitiÊ, kl Généraux ne pouvoient
per quefto iruermejfo le fefte comminciate pri' gucres fe difpenfer d'y obéir. L'on voit
màper la natiyità del figlivolo. D'autres d'ailleurs par les Places au'on demanda i
Hiftoriens cependant rapponent le fait com- Clément ^ux caution delà fidélité future.
me Fra-Paolo, Mail quoi qu il en foit de par les orages qu'on en exigea , & par les
ces démonftrations extérieures , tout le fommes immenfes qu'on tira de lui pouf
monde convient affez au moins « qu'inté- les dépenfes de la guerre êc le payement
xieurement Charles n'étoic pas trop âché des Armées , que tout cela ne le pouvoit
de cet accident , quoiqu'il le (3c fans doute (aire qu'au fu de l'Empereur, & qu'il Ëilloic
qu'on eut porté la violence jufqu'à l'excès bien que Charles eût quelque part à cette
qu'on avoit va dans le fâccagement deRoaie. longue captivité.
L i
«4 HISTOIRE DU CONCILE
■ inxTTn. pics d'Efpagnc avoicnt horreur de voir de leurs yeux celui qui repréfcntoît
CtEM. vil. JcfuS'Chrift, prifonnier, chofe qu'ils tegardoient comme rignominic <fc
la Chrétienté , il changea de de(tein *, d'autant plus qu'il craignoit d ail-
leurs d*exciter trop d'envie , 6c d'irriter le Roi d'Angleterre, qu'il a voit
^rcé par la paix publiée au mois d'Août précédent de fe lier plus-étroitement
avec le Roi de France , qui avoir déjà envoyé une puiflante Armée en
/I<L Ibi<L Italie, & gagné divetfes vidhûres en Lombardie. L'Empereur ^ confèntic
Spond. ad Jonc à la nn de l'année à la délivrance da Pape , ^î à condition qu'il ne
??; '^*'^' le traverferoit point dans les affaires de Milan Se de Naples , & que pour
Bclcard L ^^^^^^ ^^ ^^ remettroit Oftie , Civita-Vecchia , Civita^Caftellana , avec
1^. N° 44. laFortcrelTc de Forli > qu'il lui donnecoit pour otages ffypoliu & Alexan*
drc fes neveux , & qu'il lui accorderoit la Croifade en Efpaene , & la
Décime des biens EccléGaftiques dans tous fes Royaumes. Apres que tout
• ^Jrr"*^' ^"^ conclu "* > le Pape , qui avoit reçu la pcrmiflîon de fortir du Châtcaa
Onuph. in ^* ^"g^ '^ 9 ^^ Décembre > & oui étoit toujours en défiance , en fortit la
Clcni. ^^^^ du 8 , & fc retira en habit de Marchand. & avec peu d'efcorte à Monte-
Fiafcone , & après s'y être peu arrêté il palTa de là à Orviète.
Chémge" XXX VIL Pendakt que tous les Princes étoient occupés d la g^uerre , la
me9udê-R£- Religion ^ s'altéroit toujours de nouveau en divers endroits ; en quelques-
^tùnendif- ^^^ ^^^ l'ordre des Magiftrats , & en d'autres par des féditions populaires.
"2vi/j diU ^ ^^'^ ^ ^ Berne ^^ ayant fait faire une Aflemblée folemnellc de fts
Smjfe. Dodeurs & de Savans étrangers > après une difpute de plufieurs jours fe
«Spond. ad déclara pour la dodtrine de ZuingU. A Baie il y eut une émeute populaire ,
juL iyi8. p q(^^ toutes les Images furenr renverfées , les Magiftrats dépofés , d'autres
Sldi U ™^ ^" ^"^ P^^^^ , fie la nouvelle Religion introduite. ^7 D'un autre côréil
6,0,9%. y^uc huit Cantons qui dans leur Aflemblée affermirent pour leur diftriA
pld, L. tf. la dcwlrinc de l'Eglne Romaine, ôc écrivirent une longue lettre à celai
p« 97* de Berne pour l'cxliorter à ne rien changer dans la Religion > cela n'appar-
S ^^"t menant pas à un Peuple ni à un Paîs particulier , mais au feul Concile Gé-
Spond ad "^^^* Néanmoins ^ l'exemple de Berne fïit fuivi à Genève , i Confiance ,
an. 151^. fi^ en d'autres lieux voifins. A Strasbourg , après une difpute publique , la
N^ 8. Meflè fut défendue par un Décret , jufqu a ce que ceux qui la mainte-
Steid. L. ^
p. 5^, ^ . . ^
6f. j4 condition fu'il ne le traverferoit
point dans les affaires de Milan, &c.] Oa-
tre les conditions dont parle ici Fra-Paoto ,
& qu*il a copiées de Guicciardin, il y en
avoic une autre marquée par PaUavici'n,
L. 1. c. 14. par faquelle le Pape s*enga<
geoic de convoquer aiiplûtôt un Concile
Général dans un lieu convenable , &en oh-
fervant toutes les chofu que requièrent les
Loîx. FraPaolo n'en fa>t point de men-
tion y parce que s*étant borné aux recher-
ches de Guicciardin, qui garde for cela le
fflence , il y a apparence qu'il n'en a eu tti-
cune connoidànce.
6 6. LavHU de Berne ayant fait faire une
Affemblée de fes Doreurs , &c.] La difpute,.
félon Steidan^ commença le 7 de Janyier ,
& iïnit le 2^. On en peut voir le dérail dans
rniftbire de la RTéformation de \z. Suiflê ,
T»< 1. pp. 24 . ». 102.
^7. D*un autre cStê il y eut huit C art-
tons ^ &c.] Céroient ceux de LucemCy Uri^
Schwit^ y Underwald , Zoug , Glaris^
Fribourg , & Soleurre.
DE TR EN T E, Livre I. 8y
noient cuflcnt prouve que c ccoit un culte agréable à Dieu ', & le Décret ^mdxxvw.
fiibfiftanonobftant une longue & forte remontrance de la Chambre de Spire, ^'■^^ V^^>
pour prouver qu'il n'croit pas permis à une Ville particulière , & non pas ■"— ^"^
même à tous les Etats de l'Empire , de rien innover dans la Doctrine & les
Rits de l'Eglife , fans l'ordre d'un Concile Général ou National.
Dans l'Italie ^ même , plufieurs perfonnes goûtèrent la nouvelle Réfor- ^Spond. ad
me. Car ayant été deux ans fans Pape & fans Cour Romaine , on rcgardoit ^ôj'^l^
les malheurs qu'elle avoir efliiyés comme l'exécution d'une fentence de la i^^^ t;\ ^^
Juftice Divine contre ce Gouvernement *, & Ton prèchoit contre l'Eglife
Romaine dans lesmaifons particulières de plufieurs Villes, & fur- tout à
Facnza Ville du Domaine du Pape •, en lorte que l'on voyoit augmen-
ter tous les jours le nombre des Luthériens , qui avoient pris le nom d'£'
vangèliques.
XXXVIII. L'an mdxxviii , • TArmée de France fit de grands progrès LeVapifi
Àams le Royaume de Naplcs , qu'elle occupa prcfqiie entier. Cela, obligea raccommode
les Impériaux de faire forrir de Rome la leur , dont la pefte avoit confumé ^'^'^ ^^^1.
une partie , & qui d'ailleurs étoit aftbibliepar la retraite de ceux qui avoient /^^^ iji
voulu mettre en fureté leur butin. Cependant les^ Alliés faifoient de gran- gue avec
des inftances au Pape de fe déclarer ouvertement pour eux > de procéder /«< pour fi
contre l'Empereur par les armes fpirituelles , & de le priver du Royaume •'^«^^ ^'-
de Naples & de l'Empire, puifque Rome érant délivrée non par la bonne ^* '
volonté de Charles , mais par la néceflîté qui Ty avoit forcé , rien ne l'obli- , sponck ad
geoit plus de temporifer avec lui. Mais le Pape , que les traverfes avoient an. 15x8.
abbattu ,& qui prévoyoit que fi les Alliés reftoient les plus forts, iUmain- N° 3.
tiendroicnt la liberté de Florence , dont il defiroit davantage de recouvrer ?"^g"^
la poîèrtîon , que de fe venger des aflfronts que lui avoit faits l'Empereur -, ^ * '^^
loin de lui être contraire , réfolut de s'unir à lui à la première occafion »
^' pour fe rétablir dans Florence , dont il étoit (Tir que le Rot de France Se
^S. Maïs le Pape — loin de lui Are pe n*iavoit rien pîos à cœur que de voir 16^
€wuraire^ réfolut de s'unir à lui à la pre- tablir fa famille dans cette ville avec toute
occafion , pour fi rétablir dans Flo- l'autorité qu'elle y avoir eue , & que c'écoic
rence, 8ccJ] C'écoit une des principales vues à quoi tendoient toutes (es démarclies. Ma
de Clément en fe réconciliant avec TEnripe- giâ comminciavano à non fi potert più difi
fèor s & rien n eft plus frivole que ce que fimulare i fiioi più profindi & piu occulti
dit le Cardinal Paltavicin , L. i. c. i^. penfitri ^ dïjfimulati prima eon mohe artiy
pour réfuter fur cela Fra-Paolo ^ favoir, perche ejfendogli infijfa neW anima la eu-
qœ ce Pape ne fie aucune mention de ce pidità di refiituire alla fiimiglia fiia la
dedèin à Longueval , lorfqu il lui propof» de grande^j^a di Firen^e , s'era sfir^ato publi-
s'ciriir avec la France & TAngleterre contre cando ^cacijftmamente il contrario perfita^
J'^pereur. Car Clément étoic trop habile dere à Fiorentini niano penfiero- ejfir più
pour s'ouvrir fur ce point à des Princes qu il alieno da lui, ne dtfiderare fi non ehe
-Ikvoit bien être dans Tintenrion de mainte- ipieUa Republica lo^ riconofitjfi filaments
nir la tibené de Florence. Auffi Guicciardin — come Pontcfice ^ & che nelle cofi priva-'
qro notre Hiftorien n a fait ici que copier, te non pcrfigu'itajfero i fiioi , ne lovajfero^
nom Qoarque-c-il poCciveaient, que lePa- U infigne & gli omamenti proprii doll^
t6 HISTOIRE DU CONCILE
Mtf^xviii. les Vénitiens vouloicnt maintenir la liberté , s'ils rcftoicnt fupérieufs en
Clem. VII. Italie. Cependant ^ fans fe découvrir alors il s'excufa envers les Alliés ,
" fous prétexte que dans Tétat de pauvreté & de foibleflc où il étoit réduit , il
f j/V^g nepouvoit que leur erre à charge , fans leur êtrcdaucune utilité •, ôc que
* la dépofition de Charles feroit loulever l'Allemagne par la jaloufie qu'elle
en prcndroit , & la crainte quelle auroit que Rome ne s'arrogeât Tautorîté
de créer l'Empereur, Et comme il s'appcrçut que fes Confédérés pénétroient
fes vues , & qu'il étoit parfaitement habile à didimuler , il fit iemblanc de
n'avoir plus de penfée pour les affaires temporelles 'i & pour en mieux per-
fuader le public , il ht entendre aux Florentins pendant plufieurs mois ,
qu'il avoit tout â fait perdu le deflcin de fe mêler de leur Gouvernement \
V Id. L i9> ^"*^^ ^^ fouhaitoit autre chofe que d'être reconnu d'eux pour Ponrife com-
me du refte des Princes Chrétiens , les priant ^ de ne point maltraiter fa
famille dans fes affaires particulières , &c de fouârir que ks Armes reftaf-
fent aux édifices qui avoient été conftruits par fes ancêtres. En même tems
il ne parloir plus que de réformer l'Eglife , de ramener les Luthériens , &
de la réfolution où il étoit d'aller lui-même en Allemagne pour les convertir
par fes bons exemples. Tels étoient les difcours qu'il tint toute l'année, &
qui firent croire à la plupart que fon changement étoit le fruit des affligions
que Dieu lui avoit envoyées. Mais ce qui arriva les années fuivantes fie
X Luc VIII. juger aux perfonnes de piété , que c'a voit été une femence ^ jettée fur la pierre
}. ou le long des grands chemins ; & aux gens éclairés » qu'il ne s'étoit conduit
ainfi que pour endormir les Florentins.
L'an mdxxix , l'ardeur de la guerre s'étant ralientie par une négociation
de paix entre l'Empereur & la France » l'on traita de nouveau de la convo-
cation d'un Concile. François Quignonès Cardinal de Sainte Croix ayant
apporté d'Efpagne l'ordre de remettre au Pape Oftie , Civita-Vecchia , Se
les autres Places qu'il avoit confignéesaux Impériaux pour fureté de fes pso-
y Guic- mcdcs y , & lui ayant fait des offires confidérables de la part de l'Empereur ;
ciarcl.Li9. Clément , qui , vu la paix qui fe traitoit avec la France , confidéroit' oom*
Spond. ad bien il lui importoit de fe lier étroitement avec l'Empereur , lui envoya i
N** I ^&^* Barcelone TEvêque de Vaifon fon Ma/ordômc ^9 pour traiter avec lui ', & ils
Pallav. L. *
x.c. i6. jig^ famigUs , &c. Ce neft donc pas paT dans le Traité que fit Clément avec Chades
malignité , comme le reproche Pallavicin l'année fuivante, le fécond article fut pour
à Fra-Paolo , mais far lautorité d'Ecri- alTajettir les Florentins aaz Médicis ^ ce
vains inftruits & impartiaux , que notre qui avoit toujours été le grand objet du
Hiftorien attribue un tel deflèin à Clément ; Pape.
êc la conduite fuivante de ce Pontife ne juf- ^9. Clément — envoya à Barulone l*E*
tifie que trop ce récit, confirme par Nar^ vcqut de Vaifon fon Majordome pour trai"
di, qui dit que tous ces propos de Clé- ter ,8cc.]Céto\t François Seledo, qoicon-
ment n*étoient que pour endormir les Flo- dut un Traité avec TEmpereur le a 9 de
rentins: Addormentare la Citta , & farla Juin ifi94 comme on le voit dans le
pigra neir amarfi & fortificarjî , corne fi Recueil des Traités de Paix , & non le
êonveniva , perdifendere lafua libertà. Auffi 10 , comme le dit Pallavicin , ou le ii^ j
DE TRENTE, Liv!iE I. 87
convinrent facilement des articles. D une part le Pape proraectoit à TEm- mdxxtx.-
Screur linveftiture du Royaume de Naples , fans autre redevance que celle ^^^*** ^^^'
*un cheval blanc tous les ans. Il lui accordoïc le Patronage de vingt-qiutre "
Eglifesde ce Royaume , & s'en^geoit à lui donner la Couronne Impériale ,
8ciCt$ troupes la liberté du pafUge par TËcat Ecclcfiaftique. Charles de fon
côté * promettoit 7® de rétablir à Florence le fils de Laurent de Medicis ne- ^ j^ jj^j j
vcu du Pape , de lui donner en mariage Marguerite fa fille naturelle , & Guicciard.
7* d'aider Clément i recouvrer les Villes de Cervia , Ra venue , Modene, &: L. i^.
Reggio , occupées par les Vénitiens & le Duc de Ferrare. Ils convinrent en-
core de fe recevoir a la folemnité du Couronnement avec toutes les cérémo-
nies ordinaires. Il n'y eut qu'un article qui fut lor.g-tems contefté. C'eft que
le Pape voulant que Charles Se Ferdinand s'engageaient à contraindre les
Luthériens par la voie des armes à rentrer dans fobéiflànce du Saint Siège ,
l'Empereur demandoit au contraire la convocation d'un Concile Général
pour les réduire. Mais après de longues conteftations , pour ne point faire
manquer. tant d'autres articles importans fur lefquels ils étoient d'accord >
ib convinrent de s'en tenir à des termes généraux , & conclurent , que R,
les Luthériens perltftoient dans leur opiniâtreté , le Pape employeroit pour
les réduire les moyens fpirituels , & Charles & Ferdinand les temporels , tels
que la prife des armes ; en quel cas le Pape feroit obligé d'engager les autres
Ihînces Chrétiens à fe joindre à eux pour les foumettre.
Ainsi fut terminé ce Traité dont la coudufion donna beaucoup de joie i
Clément y & de furprife à tout le monde , qui admiroit comment le Pape ^
qui avoit perdu tout fon Etat & fa réputation > a voit pu recouvrer fà pvc^
roière grandeur en fi peu de tems : ce que les Italiens , qui avoient va
des évenémens fi differens & fi contraires , regardoient comme un miracle »
& les partifaas de la Cour de Rome comme un figne éclatant de la pro*
tedfcion de Dieu fur fon Eglife.
XXXIX. En Allemagne , l'Empereur ^ ayant convoqué les Etats à Spire Dihe à
pour le 15 de Mars, le Pape y envoya Jean Thomas Comte de la Mirandole^p'^^*
pour les exhorter à la guerre contre le Turc , promettant d'y contribuer ^ ^^^*^* ^
de fa part autant que les forces épuifécs par calamités pafTées le lui per- pâ^'av^Li.
znett^oient , ic de mettre tous fcs foins à pacifier les difrérends qui étoient c 18.
Spond. ad
2Q I C XQ
comme le marque le Continuateur de M. Laurent Je Medicis neveu du Pape.] Sa^ N.'io.
FUury.M, de Thon ^L. i. N** 1 1. ditqae voir Alexandre^ fils-naturel de Laurent
le Pape lai- même fut à Barcelone s nnais Duc d*i/rhin , qui époufà Marguerite, 8c
t*eft une méprife, 5c il el\ le feul qui le fut proclamé Doc de Florence le 6 de
&£e. Il 7 à beaucoup d apparence y comme Juillet i f ^ i •
le conjeéhire M. Dupuy , quau-lieu de 71. D'aider Clément à recouvrer les vil^
Sarcinonem il faut lire Bononiam prafeBus^ Us de Cervia , Ravenne , Afodène, & Reg^
puifque ce (lit a Bologne que Ce m l'entre- gio, occupées par les Vénitiens & le Duc de
vue , iTiais plufieurs mois après la fignature F^rr^rr. JCervia & Ravenne furent effjélive-
du Traire. ment rendues , mais non Modcne & Reggio>
jo. De rétablir i Florence le fils de qui reûettnt too|oan à la Maiibn d'i?/?e.
S8 HISTOIRE DU CONCILE
ifoxxix. entre TEnipcreur & le Roi de France , afin que touc étant tranquille ', ic
Clem. VII. jQus les empcchemens levés , il pic convoquer un Concile pour le réca-
■"■"■■" bliflement de la Religion eh Allemagre.
Les affaires de Religion furent les premières qui occupèrent la Diète»
^Pallav L ^^ ^^^ Catholiques rentcrent de faire naître ^ de ladivifion entre leurs ad-
L. i. c i8. verfaires, qu'ils voyoient partagés en deux Partis , dont Tun fuivoic la
Fleur)r , L. dodbcine de Luther & l'autre celle de Zuinglc ; & ils y euflènt réufli ^ fi
x5i.N^6z. le Landgrave de Hefic Prince fage & prévoyant n'eût prévenu le péril»
7 3 en remontrant que la différence n'étoic pas importante » & en leur
faifant efpérer qu'ils s'accorderoient facilement enfemble \ au -lieu que
s'ils fe parcageoient , leur divifion les expoferoit â un grand danger par
l'avantage qu'en tireroient les Catholiques. Après une longue difpuce qu'il
y eut dans la Diète pour trouver quelque forme d'accommodement » M
c Slcid. L. enfin on convint d'un Décret , qui portoit : « Que celui de la précédente
^. p.98. Diète de Spire , par les fauflès interprétations qu'on lui avoit données»
Fleury , L ayant fervi à maintenir toutes fortes d'opinions abfurdes , il étoit nécef*
*^**^°^4- faire de l'expliquer : 7t Qu'ils ordonnoient donc que ceux qui avoienc
jufqu'alors oofervé l'Edit de Wormes euflènt à continuer de le faire , te
euflent le pou voir d'y contraindre leur peuple , jufqu'à la tenue du Coa-
cile que l'Empereur faifoit efpérer bientôt : Qui l'égard de ceux qui avoienc
changé de Doâirine , & qui ne pouvoient l'abandonner fans crainte de
quelque fédition , ils s'en tiendroient à ce qui étoit fait , £ins rien inno-
ver davantage jufqu'à ce même tems : Que la Meflc ne fût point abolie »
& que dans les lieux même où la nouvelle doftrine avoit été reçue ,
n'^Aipèchat poiqit de l'y célébrer : Que ï /Inabapnfmc fut interdit fous pei
71. Les Catholiques tentèrent de faire
naître de la divifion entre leurs adverfaires ,
3cc.] Ceft ce oue Pallavicin reconnoît lui-
tnème , en crîciquant cependant Fra-Paolo
pour avoir traité cela d'artifice. 11 eut eu
ton en effet, fi par le mot êi artifice il eût
entendu quelque chofe criminelle. Mais
fi y comme il eft vraifemblable , il n'a pris
ce mot dans aucun autre fens que celui
d'adreflc & d'habileté , je ne vois pas quelle
cenfure il mérite pour cela \ & le Cardinal
Séripand dzns une de Tes lettres Ce fert de la
Blême expreiïlon dans une occafion à peu
près pareille.
• jy En remontrant que la différence ni-
toit pas importante, &c.] Le Landgrave
e&t bien voulu le leur foire croire. Mais tant
de réunions tentées inutilement entre les
^uingliens & les Luthériens ont toujours
montré ^ qu'au jnoins ils éjtoient bien perf^a*
on
peine
de
dés du contraire. En ceci chacun (botenoir
(on caraétère: le Landgraveparloit 6c agiflbîc
en Politique , & les autres en Théologiens.
74* Enfin on convint d^un Décret , &&]
Qui fiit foit (èlon Pallavicin le 1 5 d'Avnl
I f 29. Mais comme félon Sleidan la pfo-
teftation des Princes oppofkns (e fit le 19 ^
il fout que le Décret ait été foit plntÂtp
quoique peut-être il n*ait été publié que
le 1). Le Continuateur de M* Fleury met
ce Décret an 1 ) , & cette date paroir plqs
vraifemblable.
7f. Qu'ils ordonnoient done^9cc.'\ 0«*
tre les diflérens articles du Recès rapponéf
ici ^tFra-Paolo^ il y en avoit encore aa
autse par lequel il étoit ordonné que la Seât
des Sacramentaires fôt bannie de toutes lef
terres de l*Empire, & qui défendoit deie*
cevoir en aucun lieu leur doélrine fiiî I9
Cène du Seigneur.
7^. VE^
DE T R EN T E, Livre I. %$
AU vie» fuivanc TEdit de l'Empereur qu'ils avoient ratifié : Qu'à l'cgard MDXxTiir.
des Prédicateurs & des Impreflions l'on obfervâc les Décrets des deux derniè- ^^^ ^^
ses Dièaes de Nuremberg , c*e(b-à-dire » que les Prédicateurs fuÛeotcir- ■"— •■■^
a>nfpecb » & fe gatdallent d'ofFenfer peribnne par leurs paroles , & de
donner lieu au peuple de fe foulever contre leurs Ma^iftrats : Qu'ils s abf-
dnflènt de |)ropofer de nouveaux dogmes , ou qui mOfèut peu fondés fur
rEcriture \ mais qu'ils prèchadènt l'Evangile félon l'interprétation approu-
vée par l'Ëgliie , fans toucher aux chofes qui étoient en difpute , jufqu'â
la détermination du Concile > où tout feroit légitimement décidé.
7^ L'Electeur ^ de Saxe &cinq autres Princes s oppofèrent à ce DéaeC) Frûtefistim
di(ant , Qu'il ne convenoir pas de déroger à celui de la Diète précédente » ^ ^utlquês
^ui avoit accordé â chacun la liberté de Religbn jufqu'au Concile -, & Prstues^*
que ce Décret ayant été £ait du confentement de tous, il ne pouvoit auffi^^^^ • *
èoe alteii que d'un conientement général : Que dans la Diète de Nurem-yL^ jmtjw
bergron avoic vu clairement l'ori^me & la caufe de toutes les diilenûons ^ U ReUgfo»^
te que le Pape lui - même en avoit fait l'aveu ; mais eue nonobftanx les de- ^^JVT^
jnandes qui lui avoient été faites , il n'aveic apporte aucun remède aux ^ p^^?!^
(knt Gritfs dont on s'étoit plaint : Que dans toutes les délibérations précé- 1^,.
dences on étoit convenu , qu'il n'y avoit point de moyen plus propre que i/Spoad.ad
le Concile pour terminer toutes les difputes : Qu'en attendant, recevoir an. i j ty.
le nouveau Décret, c'étoit rejetter la Parole ck Dieu pure & fimple ; ^pV^V
que permettre la Mefle, ^'étoit renouveller les défordrcs : Qu'ils approu- ^ f^\%^
voient la clauie de pr^dier l'Evangile ielon l'interprétation approuvée par sieid. L €^
i'Eglife , mais qu'il reftoit à (çavoir quelle étoit la véritable Eglifè : Que p^^t. de ffs
d'admettre un Décret (i obfcur , c'étoit ouvrir la porte à beaucoup de trou<-
Vits te de conteftations : Qu'ils n'y pouvoient donner leur confentement ,
& qu'ils rendroient compte à tout le monde & i l'Empereur même, de
leur refus *. Et qu'enfin ils ne feroient rien jufqu'au Concile Général ou i
!un Concile National d'Allemagne , qui ne riit conforme à la raifen.
77 Quatorze des principales Villes d'Allemagne ^ fe joignirent à cette op- g id. f, f^
pofition. Et parceque les Princes & les Villes rendirent publique leur Pro-
teftatjon & l'Appel qu*ils firent de ce Décret à l'Emperçur & au Concile
Général futur ou à un Concilp National d'Allemagne p &c Jl tontes fortes
de Juges non fufpe£fcs , le nom de Prçuftanscn oemeura â tous ceux qui
Êdfoient profeflion de la nouvelle Relieion de Luther.
' XL. Comme nous avons fait ici mention de la différence d*opinîoii quHl Cênflntuê
y avoit entre Luther 8c ZtùnsUivii l'article de l'Euchariftie , il eft bon d'en ^ ^^^^
' ^ fottr nçQWz
76. L'EUHtur de Saxe & cinq autres lemagne fi joîgnirem à cette oppofition ^
f rinces s'opposèrent à ce Décret ^ Sec»] Sa- &c.] Cétoienc celles de Strasbourg ^ Nu*
Yoir^ l*Eledear àt Brandebourg ^ Emefl & remherg. Confiance j Ulme , ReutUnghen ^
François Dacs de Lunekourg , Philippe fPînd^heim,Meminghen,Lindaw,Kemp^
Landgrave de Meffe , 8c Voijgang Prince ten^ HaiBron, Ifny ^Weijfembçurg^ tf^nt,
^Anhalt. knghen , 9c f. GaL
77. Q^atorzi dfis prineipêUs Villes f^k
90 HISTOIRE DU CONCILE
uvtMx. parler un peu plusdiftinâemenc. 78 Lutherie Zuinglcy fans aucun concert
CiMi. Vil. çntrc l'un & l autre , ^ ayant commencé le premier en Saxe Se l'autre 2
' ' Zurich à faire des cha^gemens dans la Religion , s'accordèrent fur tous les
^uLàli' s ^^^^ ^^ doârine jufqu en mdxxv. Mais quoique dans l'explication du mjù
^^f^^Xiy. èiedu Sacrement de TEuchariftie ils convinrent l'un & l'autre» que le
tkéri ns. corps & le fang de Jefus Chrift ne font que dans l'ufage , & y font reçus
/Flcury, L de cœur & par la foi ; néanmoins Luther enfcignoit que ces paroles de Notre
I }!• N^'Si. Seigneur , Ceci efi mon corps , doivent s'entendre a la lettre , & dans leur
fens naturel \ & Zi^'/7^/e au contraire > qu'il les faut prendre dans un ient
figuré , fpirituel & facramentel , & non pas charnellement. Et comme la
difpute s'échauffoit & s'aigriflbit toujours de plus en plus , fur- tout du côté
de Luther y qui traitoit fes ad verfaires d'une manière fort dure , cela fournit
occafion aux Catholiques de travailler dans la Diète de Spire tenue cette
annéo , à infpirer , comme on l'a dit » de la défiance & du dégoût à l'un des
Partis contre l'autre. Mais le Landgrave de Hefle , % qui découvrit l'arti-
., , . fice , & qui avoit tenu iufque-là ces deux Partis unis dans l'efpérance de
pw lox. concilier leurs opmions , les ht conlentir , tant pour maintenir les pto»
meflès que pour prévenir le danger de cette divifion , à tenir un Colloque »
où les Suiues dévoient envoyer quelques-uns de leurs Théologiens. 7$ Mar«
h Spond. ad pourg fut le lieu qu'il affigna pour cette Conférence , ** & elle fe tint pen-
adaiLi;i^. Janttout le mois d'Oftobre de Van mdxxix. *® Luther y vint de Saxe avec
Pallav.L). deux de fes difciples 9 & Zuingle & (Rcolampadc s'y trouvèrent de la part
c K ' des Sui(Tès. Luther & Zuingle y difputèrent feuls. La difpute dura plusieurs
Kéfbmi. de jours , fans qu'ils puflent convenir de rien \ foit que la conteftation ayant
Suiffc, T.x.
^' ^' 78. Luther & Zuingle -^s'accordèrent tivementqne dans rarricTe de ITncbariftiew
Jur tous Us chefs de do&rine jufqu en 79. Marpourg fut le lieu qu'il ^gfUÊ
UDXXY.] Cela n'eft pas exaâemenc vrai , pour cette Conférence y & elle fe tint /ma*
& ne doit pas fe prendre à la rîgaeurs dant tout le mois d^Oéhère de Tan UDXXixJi
êc on ne doit entendre cet accoiS qae Selon Sleidan , on fe fépaia dès le conn-
par rappon aax conceftatîons principales mencement d*Oâobre : Et its fuidem
qui x^noient alors, c*efl à dire » par rap- amicl difcejjfutn fuit initia Offohris. En ef*
poR aux Indulgences , aa culte des Ima- fet cette Conférence , qui ne dora que
ges , à Tinvocation des Saints , à la dif- deox joan y finit dès le troifièmc d*Oâo*
tin^on des Viandes , aa Célibat » & à bre, ce qni montre que FrârPaolo nesVft
quelques autres anicles de cette nature, pas exprimé exaâement.
Car d'ailleurs il y avoit plufieuis autres to. Luther y vint de Saxe avec deux dt
points (îir leiquels ils ne s'accordoient pas j fes difcipUs , &c. ] Luther y étoit accom»
comme fur le Péché originel , l'eflScace pagné de Mélanfion , dt Jonas , SOfian^
des Saciemens, & quelques autres quef* der^ deBrentius, 8l d'Agricolai Se Zuin*
tioDS fur lesquelles ces deux Seélcs ont gle y vint avec Oecolampade , Bueer^ ft
toujours été partagées. Le Continuateur de Nédion^ febn le rz^fon de Spondt. S là-
IL Fkury s'exprime pounant comme/Wi- dsu ne parle ni de Brentius ni d^^gncola:
Piitf&^&ron voit que les Confeffionsdefbi mais on voit par la ^nature de Taccord
des Zaingliensêc des Luthériens préTentées dit le tioifiême d'Oâobre , qu'ils 7 écoiciir
danaUDimd'AnfboiirgnedifiSroientefièG- cemme les awes.
DE TRENTE, L i vue I. 91
été pottflee trop loin, les Auteurs y tcouvadënc leur honneur engagé ; ^'
foit que , comme il arrive d'ordinaire dans les queftions de mors > la peti
cedcmème de la différence fervîr i fomenter looftinacion ; ^^ foir qu'enfin
Luther, comme il 1 écrivit peu après à un de fes amis » voyant déjà de fi
grands rroubles , ^ ne voulût pas rendre fes Princes plus odieux , ni les ex-
pofer à de plus grands dangers en recevant l'interprétation des Zuingliens >
dont les Romains avoient tant d'horreur. Mais quelle que ce foir de ces
caufbs i laquelle on veuille rapporter cet événement > il y en a une qui
eft plus générale & plus vraie , &quieft, que Dieu vouloic fe fervir de
çecte divifion de fentimens pour divers effers , qui arrivèrent dans la fuite.
Cependanr il fallut finir la Conférence fans rien conclure, finon que le Land-
grave obrinr d'eux , ^ qu'éranr d accord fur cous les autres chefs , ^) ils
s'abftiendroientd l'avenir de trairer cette matière parâculière avec aigreur &
avec emportement , & qu'ils prieroient Dieu de leur découvrir quelque
Sie de concorde. ^^ Mais comme leurs fuccefleurs fuivirent mal un accord
c avec taiit de prudence > ^ ou , comme ils difoient , avec tanr de charité ,
cela rerarda beaucoup le pro«:ès de la nouvelle doârine. Car en marière
de Religion , coure divifion oans un Parri fournir au Pani contraire dequoi
Tactaquer avec fuccès.
!?pi^
k Sleid. L.
^. p. loi.
/ Spond. ûi
an. 1519.
N« II.
' Si. SoU que , comme il srrive d'oniinai'-
n dans les queftions de mou , la peùtejfe
mime de la diffirenee fervît â fomenter Vob-'
fittduion.] Fra-Paolo juge ici de cette dif-
firence aotrement c^ n'en jageoient ]es
Lodiériens eax-mimeSt qai lont toajonrs
regardée comme fi eHèntielle, qu'ils nont
pQ troarer moyen ni de la concilier , ni
de fe réunir « tant qu'ils ne s'accordent
pas fur ce point. Lors même qu'a la pnère
do Landgrave l'on convint malgré cette
oppofition de fé (bpponer avec charité ,
Luther répondit que c*étoit avec cette cha-
rité qu'on doit aux ennemis, & non celle
qui unit les Chrétiens en une feule Sbcié-
^. (Rif. de Suiffe» T. t. p. 490.) U eft
yrai aum , que fans décider de quelle im*
portance eft cette queftion , on ne peut pas
dire du moins que ce ne (bit qu'une cptC-
cion de mots. Si par rappon aux effets la
diffibence eft peu eflentielle, elle ne laiffe
pas d'être confidèrable , tant par rapport à
la nature de la chofe , que par rappon i la
diverficé du culte , qui (uit de la diverfité
d'opinion (ur ce point.
tz. Soit qiC enfin ^ il ne voulût pas
rendre fis Princes plus odieux , &c.] Ce
pouvoir êore an de fes motifs , mais ce
n'étoit pas &ns doute le plus puiflànt,
puifque d'ailleurs Luther a toujours £iit
profeffion jufqu'à la fin de re^rder le fen-
timent des Zuingliens comme contraire à
l'Ecriture Sainte, à la tradition de l'Eglife,
& à la vérité.
%\.Ils s'ahfiiendroient à lavenir de traî*
ter cette matière particulière avec aigreur
(f avec emportement y &c.] Doveffero per
Vauvenire aftenerfi dalle acerbità in fuefto
paniculare^ pregando DiOy che mcfiraje
qualche lume di concordia. Ce font les ter*
mes de Fra - Paolo , que M. Amelot a
mal rendus en traduifant , quils s'éUftien"
droient à l'avenir de conttfier davantage
fiir ce point. Car le Landgrave les fie
convenir, non de ne point contefter,
mais de le £iire (ans aigreur, aftenerfi dalle
acerbità.
S 4. Mms comme leurs fucceffeurs fuivi-
rent mal un accord fait - avec tdtnt de
charité, êcc] Ceft à dire, comme l'^Ji-
pUquoit Luther, avec la charité qu'on doit
aux ennemis , Bc non celle qui fait regar-
der les Chrétiens comme autant dt ui«.
res.
M a
9t HISTOIRE DU CONCILE
i^xTiT. XLI. ^ï Le Pape ™ & l'Empereur ayant conclu leur Ligue enfeinbtey
CtEu. VU comme nous l'avons dit , & tout étant prêt pour le Couronnement de ce
« Prince , la Ville de Bologne fut choifie pour cette cérémonie , le Pape ne
^u plp!^ trouvant pas à propos de la faire à Rome en préfence de ceux qui
de tEmff' favoient laccagée deux ans aupstravant. L'Empereur de fon c6té y crouvoie
ffsa^ k Btf- fa facisfaârion ; parceque la cérémonie en dévoie être plus courte, & que
ic^ne ^ (^ par- là il pourroit pafTer plutôt en Allemagne, comme il le fouhai toit. Le
Cûuronnt' ^^^^ n comme Ic plus grand vint donc le premier k Bofogne , puis l'Erope*
Trince, teur , qui y arriva le j Novembrclc s'y arrêta quatre mois, demeurant
iff Pailav. dans le même Palais avecle Pape. Il %*y traita de oeaucoup de ebofès encre
L 3. c. X. ces deux Princes , les unes pour le repos univerfel de la Chrétienté » les
Sponcf. ad autres pour leurs intérêts particuliers. Les principales furent la paix gén^
>rY&'x. ^^'^ d'Italie, & la ruine des Proteftans d Allemagne. La première n'ap-
n sldd. L. patient point à notre fujet. Mats pour ce qui concerne les Proteftans , il
7. p. 104. y avoit des perfonnesqui confeilloient i l'Empereur de diffimulep béas»
Guk. L. &a coup de chofes , attendu le caraâère des Allemands fort paflionnés pour
leur liberté , & qui croyoient qu'il feroit beaucoup mieux de ramener les
Princes à l'obéifiànce du Pape par des moyens doux & cfes remontrances en*
{gageantes ; d'autant que ii une fois ils retiroient aux nouveaux Doâeurs
eur proteâion , il feroit aifé de remédier au refte : Que pour cela le Con-
cile étoit le rtméde te plus propre & le plus certain , tant parce qu'ils^ le
IblliciToient , que parce que totK le monde £t ibnmettrote à un nom &
Ugufte & n vénérable.
V Mais le Pape , qui ne craignoît rien tant qu'un Concile , fur-cour
8%» Le Pape nr trouvant pas a propos meffo îTpenJîero tanâare hutanp j pnfi im
'de la faire à Rome en préftnce de ceux qui Bologna con eonforfo grande ma conpiccoléS
Pavoîent faceagée deux ans auparavant. ] pompa & fpefa la Corona Impériale j Sec.
£a nifon qa*en donne ici Fra-Faolo ne Ceft ce ce que Pii/Afvicin prouve tnffi par
ficmUe pas la véritable , paifqne le Pape & une lettre du Pape mtme à l*Ev£que de Vai*
FEmpereur étoient convenus auparavant de fon ^ Se ce qui eft attefté par d'aatres Hîf»
fetranfponer à Rome pour cette cérémo- torrens. Peut-être même que j. comme Tin-^
nie , comme le dit Guicciardin. Statut- ûnxxt dans Sltidan^ L. 7. p. loj.ledilcoort
roRO poi' il Ponttfice & Ctfare étandare à de l*Empereur à la Diète d'Ausbourg « cr
Swnaper dare pïh (Tapprejo favore alla Prince pnt ce parti pour diminatrb dé^n*^
imprefa , & poi trasferirfi à Romaper la fe. His rébus cvgniti^ valde fejuije eom-^
Corona. Ce qu'ajoute ce même Auteur a motum, ^ idcirco ut celeriter auxUia mitte^
Jlbsdevnrifemblance. CeflqueTEmpereur rentur ^ eam pecuniam quam fibi Romam
tant preffé de paflêr en AHemagne , il étoic inaugurationu eaufa proficifcerui erant f»»
plus commode pour ce Prince d'être cou- penfuri , juffijfe omnem eè converti. Cda-
lonnéà Bologne , d'oiil poiivoît plus promp- n'cft pas abfolument hors dfe vraifemblance r
lemenc fe rendre à Ausbourg pour 7 tenir la mats la raifbn de Guicciardin paroit de too*-
Dière qut devoit s'y aflfembler : JHa ejfendo tes la micui fondée , it Fra-Paolo femUe
già in proeinto di partir fi, d vera h fimu- en convenir à lia fin.
Èéta chefujje ta dtliherûtione , fopravennero %6. Mais le Pape , qui ne craignoit rieit
ktterê di Germania , cke lo folUcitavano à tant quun Concile , &c. ] C'eft Guieciatdm
srasfirirji in quella Provinda-m^Pero om* <pk nous le dit ^ & qui a'eft pas contredit tft
comme fage & pieux. Riferuo qmfto dif- ^^^' ^
ccrfo^ ilquaUfefoffipato Morfaua ve- ^ôl^^^'
DE TRENTE, Livre I. ^j
t^l & tenoit delà les monts , librement , & avec Tintervention de ceux qui kdxxxx.
avoient déjà fecoué le )ougde robéiffance , voyoit clairement combien il le- ^**** ^^^
loit facile â ces gens-là de gagner les autres. Ouae cela il confidéroit , que '■■■■■■■■^
bien qu'il eut un intérêt commun avec tous les Evèques , que les Au-
teurs des nouvelles doârines vouloient dépouiller de leurs richeflès , ils
aroient néanmoins eux * mêmes quelque lujet d'être mécontens de la Couc
de Rome , qu'ils prétendoient avoir ulurpé fur eux la collation des Béné-
fices par les Réfervations & les Préventions > & leur avoir enlevé une
grande partie de leur jurifdiâion par les Evocations , les Difpenfes , les
Abfblutions & autres droits pareils , que les Papes s'étoient appropriés ,
èt^ communs qu'ils étoient auparavant à tous les Evêques : ce qui lui fai-
foie juger que la tenue du Concile ne ferviroit qu'à diminuer con(tderable«
ment 1 autorité du Pontificat. ^7 II s'applioua doncentiérement à perfuader
à l'Empereur , ^ que le Concile > loin d'être utile à pacifier les trouble ^ ^j^ij- r
7«P. lotf.
cda par les aanres Hiftoriens. Neffuna cofa. Mais il eft cenain ao moins que s'ils ne (ont ^allav. L
ik cet Hifèoîien L. lo. di/piaceva jnù si pas vrais, THiflorieny a mis coatela vrai- 3* <^ ^* N^
Pép^ di quefta ; ma per confervart Ufli^ Ambiance > poifqae PaUavieim avoue qoe^* 5* & 5*
msiione deÛa huona menu fua , dij/imu^ fi ce difcoors écoit vrai i. on devroir le louer ^^^J'
iâVéi quefta inclinatione à caufa di timoré :
ms temcndo in effetto che il Concilioper mo-
derare Pabufioni délia Cotte e le îndifcrete ramente dal Papa , dovreih bdarji corne -^{^^ r
tmueffioni di moki Pontefici non diminitiffi figgio , pio , e eonfermato daW e^ento. C'eft j j ij$^ •<-
tr^fpo Ufacokà Pontificale Sec. PaUavicin tout ce qaon peat exiger en pareil cas^ ^
Ini-inême n ofe pas le nier. E ben verità , quand on ne fzïi pajier les hommes que fe^
dit ce Cardinal L. j c. lo che Clémente Ion les loiz de la prudence humaine Se de
mefiràin variitempi qualche dttàita{ione g la vraifemblance , il eft cenain que s'ils
cke apenofiuna volta , benche ad altrofine y n'ont pas dit précifement ce qu'on leur fini
U Concilia alcuni cervelli inquieti rifufcitaf' diie , on doit convenir du moins qu'ils ont
firo timportuna fuejhone délia mamoran^a dit quelaae cfaofe d'^^aivalent. Aufli le mè'
fra effo e*l Papa con rïfchio dijar nttovo nie PaUavicin nedèlàvotte-t-îl pas, que le
fcifma in cambio di torre il già fatto* Mais Pape montra peut-être quelque éloigne-
il ne dit ici qu'une paitie des raifons qui ment do Concile. Certo è che'l Pomefice
fidlbtent craindre le Concile à Clément Ù à p^tè iviperauventura mofirar opinione cAe'i
lèf (bcceflèurs. Car quoiqu'ils paioflènt ac- Concilié non fojffi per giovare al Ben pv*
quiefcet à la réforme des abus , ce n'éroit blieo , &c. Ainii toute la queftion (t réduit
que malgré eux qu'ils confèntoientà la fup- à favoir s'il employa les raiTonnemens que
pieffion de ceux dont ils tiroient avantage s Fra^Paolo lui prête. Sur cela on ne peut
%L ils craîgnolent poux le moins antanrqu on avoir que de la vntifembJance \ mtis ii fem*
j. touchât 9 qu'a leur autorité. Ue qu'elle fuffit en pareil cas. Au refle ^ je
S7. n s^àpptiqua donc entièrement i per- nv dois pas difllimuler que- félon Guicciar^
fkader à V Empereur , q;aek Concile > &c. ] din L. 10. le Pape convint à la fin d'adèm-
U eft aflèz difficile de fàvoir d'oil Fra-Paolo bler le Concile , fi on le jugeoit nécelTaire
a tiré les difcoiirs qu'il fiiit tenir ici par le pour ramener les Luthériens : Havuta in^
Hpe à l'Encreur. Ces fônes d'entretiens tentione dàl Pontefice di confintire al Con^
nt peuvent guères être connus ^ Ar on a tosc ciHo 9 fe fi conofcejfe effer utiU per efirparm
Seit de croire qu'ils ont été formés aprér la herefia da Luterani».
coog 6ax ht conduite qp!a tenue ce Papev
\
/
94 HISTpIRE DU CONCILE
.KDxxtx. d'Allem^^e , ne ferviroic qu'à y ruiner fon autorité. Il lui fit lemarqocr i
Xx£M. VIL q^g l'Héréfic avoir infedé deux ferres de perfonnes , favoir ic Peuple ,. te
" les Princes ou les Grands : Qu'il croit vrailemblahle que la muUiruoe a¥oic
^ré féduite ; mais que le Concile n'ctoit pas le moyen propre de !'<
£c qull ne ferviroir qu'à inrroduire la licence populaire : Qu'après lui
avoir lai0e révoquer la Religion en doute , ou rechercher fur cela plus de
lumières , ce feroit un prétexte pour elle de vouloir donner des loix aa
Gouvernement *, & qu'après s'être mife en poflèHion d'examiner & de con«
trôler la puiiTance Eccléuaftique , elle vouaroit aufli réeler la Temporelle :
Qu'il éroit plus facile de s oppofer aux premières demandes de la malcitude »
Sue de la contenir dans cerraines bornes » quand on a eu la complaifancc
c lui en accorder une partie : Qu'à l'égard des Princes 6c des Grands » il
devoir s'affurer que ce n'éroient poinr des vues de piété qui les Êûfbieoc
agir » mais qu'ils n'avoient pour but que de s'emparer des biens Eccléfiafttp-
ques, & de devenir abfolus » fans reconnoîrre que point ou rrès-peu Tao*
torité de l'Empereur : Que s'il y en avoir encore quelques uns exemts de
eerte contagion faute d'avoir pénétré ce fecret» ils tendroient toasai
même but , aufll tôt qu'ils l'auroient découvert : Que fans doute le Pape
perdroit beaucoup en perdant l'Allemagne , mais que l'Empire & la Maitoa
d'Autriche y perdroient encore davantage : ^' Que le meilleur moyen de
parer à ce mal , étoit d'employer l'autorité & la force pendant que la plus
/ FkiuT, L grande partie obéïdbit encore ; mais qu'il falloir fe prefller avant que la ré-
141.N ^4. y^ijç s'acaût , & que la généralité eût découvert les avanrag^ qu'elle
trouveroit à fuivre ces nouvelles opinions : Que rien n'éroit plus concraiie
à la célériré qui éroit fi nécelTaire » que de parier d'un Conale ; puiique t
quelque défir que chacun en eût , quand même on n'y mettroit aucun €h£*
tacle , il falloit des années pour l'aflèmbler > 9c que les chofes ne s'y poa»
voienr rraiter qu'avec beaucoup de longueurs: Qu'il ne vouloir faire men-
tion que
iter qu avec oeaucoup ae longueurs : v^u une voujoir raire men-
de cela , puifque ce feroit une chofe infinie que de ^vouloir parler
S s. Que le meilUur moyen de parer à réfiitent aiTez d'elies-mémes s & fi Too com^
ce mal étoii d'employer l' autorité & la for- pare les deux HiAoires , on n*aoia pas de
€€9 Bec* ] Ce difconn ^ que Fra^Paolo peine à décider dans laquelle des deux la
traite avec laifon de malfiant dans la boa- politique de Machiavel éclata daTaniage i
che d*an Pape , n'a pas paru tel à Palla^ 00 dans celle de Pallavicin » qui fâcnfie
viein , qui , tout in&tué des maximes de tout aux intérêts & à rambitîon de la Cour
la Cour Romaine , trouve qu'il y a de la de Rome , jufqa'à en joflifier ies abus les
vertu Se de la religion à employer le fer & plus criminels s ou dans celle de FrorPmah^
le (en poar convertir les hommes , Se leur qui dans le tems qu'il détefte.la violence ft
embrafTer des opinions , de la £ia(Iëté refclavage en matière de Religion , ne pré»
4e(qoelles ils fecroyent convaincus. Et parce che que la vertu » ne condamne que la
que notre Hiilorien penfe différemment , fuperltition y êc ne cenfure que les abus
ce Cardinal ofe bien raccafer d'avoir rem- Se les défordres , Se loue dans les Papes
flï (on Hiùoixe de femences éCAthafme,& mêmes qu'il condamne, leun vercot ft
de maximes plus impies que celles de Ma- tout ce qu'il trouve de louable dans leu^
chiavel. Des accu(ations de cette nanire (è conduite. ,
DE TRENTE,LivKE I. JT
^ tous les empèchcmens qa*y feroienc naître pour leurs intérêts particuliers mdxxx<
bien de perfonnes , qui ious différens prétextes en empecheroient ou au ^^^^ VU;
moins en retarderoienc la tenue » pour le faire tout-à-fait échouer enfuite : "■— ^"^
Que c'étoit le bruit commun , que les Papes ne vouloient point de Concile :
dejpcur qu'on n* y mît des bornes à leur puiflfance i mais qu'il n'étoit poino
ioueptible de cette crainte » puifque Jefus-Chrift , de qui il tenoit imrné*
lUatement fon autorité » avoit promis ^ que les porus de VEnfe
promis 4 que les portes de l r»njer neprevau^ q Matt.
Jnùefujamais contre tEglife : Que l'expérience du paffè montroit aflez , que ^vi. 1 8.
Tautorité des Papes n'avoic jamais été diminuée par aucun Concile ^ qu'au
contraire » félon les paroles du Seigneur , les ô>nciles l'avoient toujours
teconnue pour abfolue & (ans bornes , comme elle l'eft véritablement \ &
que quand les Papes par humilité ou par quelque autre motif s'étoient abf*
tenus de l'exercer toute entière , les Pères les avoient toujours portés à s'en
fervir dans toute fon étendue : Que quiconque avoic lu THiftoire voyoit clai-
rement , que lorfque les Papes avoient employé les Conciles contre les Hé-
léfies ou pour quelque autre befoin > ils y avoient toujours trouvé Taug^*
nentation de leur pouvoir : Qu'en mettant â part la promefle de Jefus*
Chrift 9 qui eft le véritable & l'unique fondement de l'Autorité des Papes »
te qu'^ ne confidérer les chofes qu'humainement ^ le Concile ne pouvoir
fttre contraire aux Papes » étant compofé d'Evèques y à qui la grandeur
des Papes eft utile , parce qu'elle fert a les protéger contre les Princes & les
Peuples : Que les Rois & les autres Souverains qui entendoient bien leurs
avantages , & les maximes du Gouvernement » étoient eux-mêmes inté-
cefles a favorifer l'Autorité Papale » n'avant pas d'autre moyen de réprimer
lenrs Evèques , (|uand ils oibient étendre trop leur pouvoir. Enfin le Pape
conclut , qu'il étoit fi certain de l'événement, qu'il pouvoit en quelque fone
prophérifer que le Gondle produiroit encore de plus grands défordres en
Allenu^e : parce que ceux qui le demandoient » s'en fàiibient un pré-*
texte pour perfifter dans leurs opinions jufqu*à ce qu'il fut tenu ; mais qu'auC-
fi-tdc qu'elles feroient condamnées » comme il arâveroit infailliblement ^
ils prétexteroient quelaue autre chofe pour décrier le Concile » Se qu'alors
TAutorité Impériale aemeurerott anéantie en Allemagne & fort ébranlée
ailleurs, au lieii que celle du Pape diminueroit à la vérité en Allemagne,
.mais en augmenteroit d'autant plus dans tout le refte du Monde : Que
l'Empereur devoit d'autant plus l'en croire , qu'il n'avoir en cela d'autre
intérêt, que de voir l'Allemagne réunie àrEgliib & à l'Empereur obéi :
Que cela ne réuffiroit pas , s'il ne rerournoit au plmât en ce païs , 8c n'em-
ployoit fon autorité poury ordonner que (ans aucune réplique on eut àmet-^
tre à exécution la fentence de Lion y 8c l'Edit de formes « fans rien écou-
ter de ce que les Proteftans pourroient dire , fbit en demandant un Con-
.cile ou de plus grandes inftruâîons , foit en alléguant leur ProteftatioU
8c leur appel , ou toute autre excufe , qui ne pouvoient être que des pr^
textes pour couvrir leur impiété : Qu'au premier refiis d\>béir , il falloir
d'abord employer la £arce : Qjoe la chofe loi (broie £uâlc » ayant pour lui
96 HISTOIRE DU CONCILE
Moxxx. tous les Princes Ecclétlaftiques , & la plus grande partie des Princes Laïqudf f
Clem. vil Q^^ fç joindroicnt à lui contre le petit nombre des oppofans : Que cela
■ ccoit du devoir d'un Empereur , qui croit Avocat de TEglifè Romaine \ ic
2u'il devoir cela au iènnenc qu'il avoir fait à fbn Couronnement à Aix-U*
Ihapelle, & qu'il alloit faire de nouveau en recevant la Couronne impériale
de fes mains : Qu'enfin il étoit évident que la tenue d'un Concile , & toutes
les négociations ou les tranfaâions qui fe feroienc en cette occafion » iè ter*
mineroient à une guerre ; & qu'ainfi il valoir mieux tenter d'étouffi!^ ces dé«
iordres par un coup d autorité & un commandement abfolu j donc il y a voie
lieu de croire que le fuccès feroit heureux » & en venir plutôt à la rorce ic
aux armes » en cas que Tautoricé feule ne fufFît pas » que de lâcher la bride k
k licence populaire, i l'ambitioo des Grands » & à la méchanceté des Héré-
fiarqûes.
'^ Ces raiiôns , qui euflênt été peu convenables dans la bouche de Fr.
Jules Je MLUcis Chevalier de Malte , ( car c'eft ainfi que s'appelloic le Paoe
avant que d'avoir été créé Cardinal ) & qui l'étoient encore moins en celle
de Clément VII ^ ne laiflèrenc pas que de taire impreflion fur Charks » étant
iecondées d'ailleurs & par les perluaûons de Mercure Gaetinare ion Chan«
# celier & Cardinal , i qui le Pape entre autres promedes avoir fait efpèrer eh
particulier d'avoir égard i fes parens & à fes créatiures dans la première pro-
motion de Cardinaux qu'il fe préparoit de faire , & par la propre inclinarkm
de l'Empereur , qui fouhidtoit de fe rendre plus abtolu en Allemagne i que
répond, ad ne Tavoienc été Ion Ayeul & fon Bifayeul.
Mj in^* Son Couronnemenr '^ fe fit i Bologne le 14 de Février avec les cérémo-
Id.'M^i!^ nû:s ordinaires i ôc Charles ^ réfolu de fe rendre en Allemagne pour mettre
fleorv» L.
19. Ces raîjbns'^^' ne lai/sirentpas qtu
de faire imprej/ion fur Charles , étant fteon-
dits d^ ailleurs & par les perfuafions de Mer-*
fiure Gattinare fon Chancelier « Bec. ] Sans
4oCet déterminer , comme on Ta déjà ob-
fer?é » quels forent en détail les entretiens
de Clément 8c de Charles , du moins Slei-
dan ne nous \z\Se p$s lieu de douter qoe
€*en lut à peu pris la (bbftarice. Cnfar,
dit -il ^ qui totam hyemem inde â Novemhri
afyue in Martium menfem Bononiet fiterat
$am Poruifiu in eodem paUtio , totus eà
/peSahat, quemadmodum reUgionis dij/î"
dinm ahfque Concilia pacarttm Nam hoç
qffi Ckmenti longé gratijpmum fciebat « cic-
jus hic eratfcopus , utfileniter fopiri caufa
9on poffet « omrimeretur armis. Ceft-U ,
•onçune on voit ^ a quoi fe rédoir tout le'
difisoors que Fra-Paolo met dans la bouche
i^ CiSâpr/u ; 4c il /eft éyidem de m£ioe , que
fin
l*Empereur s^la for cela & conduite. On
ne peut goiies mime douter , qoe Oat»
tinare n'apporât ces projets , êc qa*U nt
fécondât les vAes do Pape , dont ilavoit ob*
teno le chapeau de Cardinal. De dire apiif
cela,commefiût Pallavicin^ qoe CUtnene
n'avoir point d'éloignemenr m GmciJe ,
c*eft démentir toot les H^lorîens*, ft too*
loii être cm par la feole raifon qo'il ne (è«
Toit pas honorable poor te Pape .qu'on cfAc
le contraire. Il eft mtme confiant par la
lettre qu*écrivirent au mois de Février foi-
vant aoz Rois de France 8l d'Angleterre les
Protefbns , qoe Charles fit ce qu'il put dans
la Di^e 4'Aosboorg pour éviter le Çénôl^
Ç^uufu auum^Cafar — vfnijjet in Ger*
maniam ad Auguftét Comitia , totum m
hoe/kiffi/s ut fine ConeUio res componere^
turi Bc s'il Ta fiût« ce n'a été &ns dooit
que ppr défibcace pour le Pape.
90. Mais.
7.
8C
t
DE TRENTE, Livre I. 97
fin aux défordres , intima une Diète à Aufbourg pour le 8 d'Avril , & fe Mirtcxx.
siit en chemin le mois de xMars pour s'y rendre , avec une ferme réfohuion ^^^^' VU
d'agir dansla Diète avec empire , d'obliger les Princes par force de rentrer ■"— ^~"
daas l'obéillance de TEglife Romaine, &c de défendre qu'on prêchât, &
3[u on publiât des livres en faveur de la nouvelle do6krine. Le Pape lui
oana * le Cardinal Campcgz pour l'accompagner , & pour affilier à la Diète ' ^^^^^^^ ^
<n qualité de Légat. Il envoya en même tems PUrrc-Paul Ferger pour fon |j ^'a'\
Nonce auprès du Roi Ferdinand y &c le chargea par ks inftrudions d'obre- p. 104,
nir de lui qu'on ne dilputât ni ne délibérât d'aucun point de Religion dans 10^.
la Diète , 6c que l'on ne tînt point de Concile en Allemagne. Et pour fc
rendre favorable ce Prince , qu'il croyoit avoir beaucoup de crédit en Alle-
magne , tant parce qu'il étoit frère de l'Empereur , que pour avoir paffe
tant d'années dans le païs , il lui accorda la faculté de tirer une contribu-
rion du Clergé d'Allemagne, & même de fc fervir de toute l'argenterie des
Sgliiès pour la guerre contre les Turcs.
XLII. Presque tous les ïîjrinces arrivèrent à la Diète avant l'Empereur, ^ Dihe
qui s'y rendit le 1 3 de Juin veille de la Fête du Saint Sacrement ; &c qui ^^^^^^ourg^
aflifta le lendemain à la proceffion , fans avoir pu obtenir que les Princes ^ ^'^ '*
l*rotcftans s'y trouvaffènt. Le Légat en parut extrêmement mortifié , par i^Campèreen
préjudice , difoit-il , que cet entêtement caufoit au Pape. Mais pour pren- ^ualiié de
jours après a 1 ouverture ae la uiete. l électeur trou- Confcjfion
voit que c'étoit contrevenir à la dodrine dont il faifoit profeffion , s'il obéif- de Toi, '
£>ic:& craignoitde perdre fa Dignité , s'il réfiftoit, ayant preiïcnti que ' ^'^^^•^* 7-
l'Empereur à foi7 refus étoit déterminé de transférer cet honneur à un autre. ^' n^^'r
Mais k% Théologiens difciples de Luther lui firent entendre , que fans bief- c. 3.
fer fa confcience il pouvoir affifter à la Melfe comme à une cérémonie ci- Fleury , L.
vile & non religieufe ; & que ce confeil étoit femblable à celui du Pro- ^^h^'^. i'.
phère EUfée , ^ qui ne défapprouva point que le Général de la Milice de v 4 Recr.
Syrie s'inclinât dansinn temple d'Idoles, lorfque fon Roi appuyé fur fon V. i^.
bras s'inclinoit devant elles. Quelques uns n*approuvoicnt pas cette décifion,
parce qu'on en pouvoit conclure qu'il feroit permis à un chacun d'affiftcr
a toutes les cérémonies d'une autre Religion , comme à des cérémonies ci-
viles •, les prétextes de néceflîté ou d'utilité ne manquant jamais à quicon-
que en veut trouver. ^^ Mais d'autres juftifioient le confeil & la réfolution
90. Mais d* autres ju fit fiaient U confeil
& la réfolution de VEUàeur , &c. ] Il y a
ce femble une injuftice criante dans le Car-
dinal Pallavicin , de rendre Fra - Paolo
rcrpqn(àblc d'une dodlrine qu'il ne fait cju'ex-
j!>o(er comme Hiftorien. Car il eu certain ,
que ce fiit fur les raifons qu'il allùgue > que
Tome I.
les Théologiens du Duc de Saxe lui perfua-
dihrent de fe trouver à la MelFe. Le Cardi-
nal lui-même juge que cette Dcdrine eft
recevable dans un fens , & avec certaines
limitations. Quejîa dottrina , benche in
qualche fenfo è con alcune Umita^ioni fa
yera ed infecnata da Theologi , &c. C'eft
N
5>8 HISTOIRE DU CONCILE
MDxJnt. de TElcdeur , foucenant , qu'à cet exemple il dévoie être permis à un chz^
Clem. vil çhh , pour conferver fa Dignité , ou fon Etat , ou les bonnes grâces de Ton
« Seigneur , ou de quelque perfonne cminente , de ne pas refufer d'aflifter
i quelque aâion comme à une cérémonie civile » quoique les autres qui y
affiftoienc la regardaflenc comme une action de Religion \ 6c que fi les nou-
veaux Doâeurs en avoienr ufé ainfi par le pafTc , ou en ufoienc ainfi à l'ave*
nir , la porte ne feroic pas ouverte en bien des occafions à mille inconvéniens.
;tPaUav. Dans cette Meflè , avant TOficrtoire ^' , Vincent Pinpintllo Archevè-
L- 3* ^ 5* que de RofTane Nonce Apoftolique fit un difcours Latin > < dans lequel il
ne parla aucunement de chofes édifiantes ou de Religion. Il reprocha feu-
lement aux Allemands d'avoir fouâfert tant de maux de la part des Turcs»
fans fonger à en tirer vengeance*, & il les exhorta par l'exemple de plu-
fieurs anciens Capitaines de la République Romaine , â leur déclarer la
guerre. 11 remontra que le malheur de l'Allemagne venoit de ce que plu-
lieurs ne vouloient obéir à perfonne , au-lieu que -les Turcs obéillbienc z
un feul Prince *, & qu'ils n'avoient qu'une feule Rehgion , au-lieu que les
Allemands en inventoient tous les jours de nouvelles , & fe moquoient de
l'ancienne comme d une Religion furannée. Il leur dit que s'ils vouloienc
changer de Foi , ils dévoient bien au moins en choiûr une plus fainre fie
plus prudente : Que s'ils fe fuflènt propofé pour exemples ceux de Scipion
Najica , de Caion , du Peuple Romain , & de leurs ancêtres , ils fudènt de-
meurés fermement attachés à la Religion Catholique. Enfin il les exhorta
à renoncer à toutes ces nouveautés » & à fe préparer férieufement à U
guerre.
y là. IbU. Dans la première féance de la Diète , y le Cardinal Camptge présenta
Skid. L. 7. les Bulles de la Légation , & y fit un difcours Latin en préfence de l'Em*
\\ '^^ T P^^^^*^ > ^"^ portoit en fubftance : Que Pextinâion de la charité & de la
lu N^^i4. ^^^^veillance mutuelle étoit la caufe de toutes les ScQits qui regnoienc
alors : Que le changement de la doârine & des cérémonies avoir non-fi:u-
lement déchiré l'Eglife , mais encore mis une confufion horrible dans la
plus faire que n'a &ic Fra-Paolo y qui s*eft a cm les plas relifîfox , il efl vifible que ce
contenté de la rapponer'bns rien dire dod neflqu une violente dcclâmation,oii{>arune
Ion paiflè jager s*il l'approuve ou la con- oppofîtion bizarre entre la conduite préfente
^amne. Ainfî lacenfure de PaUavicin re- des Allemands & celle des anciens Romains^
Mmbe plucât fur lui-mfme , qoe for fon ad- par rapport à leur zèle poor le culte de leurs
verfaire. faox Dieux , il exhorte puifTamment \ft
9 1 . Vincent PimpineOo Archevêque de Princes à la guerre contre les Turcs « & în«
Rojfano^fit un difcours Latin, dans lequel vedive fonemenc conne la nouvelle Ré-
U ne parla aucunement de chofes édifiantes formation, qu il les invite de détruire à feif
0u dt Religion , &c. ] Le Cardinal traite & à fang. Si c'eft là ce que le Cardinal ap»
cette accufation de calomnie. Mais ceqa*il pelle un Sermon édifiant, il ne faut pas
xappone lai-même du difcours de Pimpi- dtfputer de termes i mais on ne dois pas
nelio eft bien plus propre a jaftifîer Fra^ être furpris en mènr>e tems , que Fra-Faoh
Paolo , que le Sermon de TArchevèque. en ait jugé autrement , & que d*aatxes
Car quoiqu'il en ait choi£ les endroits qu'il crojent qu'il en à bien jugé*
DE TRENTE, LivrbI. 99
police des Etats : Que les Papes ayant envoyé fans aucun fruit des Légats **^^3f3f-
dans les Diètes précédentes , Clément Tavoit député vers eux pour les exhor- ^'*** *
ter , leur donner confeil , & concourir avec eux dans tout ce qui fe pourroic
faire pour le rétabliflèment de la Religion. Puis , après avoir loué TEmpe-
reur, il exhorta tout le monde à lui obéir en tout ce qu'il ordonneroit 6c
régleroit fur les matières de Religion & fur les articles de Foi. Il les anima
aum à la guerre contre les Turcs , avec promeflè que le Pape n'épargneroic
rien pour les fecourir. Il les pria pour l'amour de Jefus-Cnrift , & pour le
falut de leur Patrie & le leur propre , de fe défaire de leurs Erreurs , afin de
s'appliquer à délivrer l'Allemagne & toute la Chrétienté ; & finit en difanc
que s'ils vouloient faire ce qu'il leur demandoit > le Pape leur donnoit fa bé«
nédiâiion.
L'Archevesque de Mayence , par ordre^ de l'Empereur & de la
Diète , répondit au Légat : Que l'Empereur , pour remplir les devoirs d'A«
Tocac fuprême de l'Eglife , tenteroit toutes fortes de moyens pour concilier
les différends , Se employeroit toutes fes forces contre les Turcs \ Se que
cous les Princes concourroient avec lui , & tâcheroient ^^ de faire enforte
que leur conduite fut agréable à Dieu & au Pape. Les autres Ambaffadeurs
ayant été ouïs enfuite ', l'Eledteur de Saxe ^J conjointement avec les au- j^ sicîd
très Princes & les Villes Proteftantes préfenta a l'Empereur leur Confeffion L. y.p.io^
de Foi écrite en Latin & en Allemand , le fuppliant de la faire lire. Mais
l'Empereur ne voulant pas qu elle fut lue en pleine Diète , remit la chofe
au lendemain , que la ledture s'en fit à haute voix devant l'Empereur Se les
Princes dans une Salle capable de contenir deux cens perfonnes , mais en
i'abfence du Légat qui refufa d'y adlfter , de peur qu'en femblant l'autori-
fer par fa préfence , cela ne lui portât quelque préjudice. '4 Les Villes du iii<I.p.io7.
parti de Zuinglc * préfentércnt auflî féparément leur Confeflion , qui ne
diiféroit de l'autre que dans l'article de l'Euchariftie.
L A première , qui » depuis cette AflTcmblée où elle fut lue , s*appella la
Confcffion d' Ausbourg y contenoit deux parties. La première étoit une ex-
pofition des Articles de la doârine Luthérienne au nombre de ;cxi ; & l'on
y craitoit de l'Unité de Dieu > du Péché originel , de l'Incarnation , de la
j2.Dc faire enforte que leur conduite fut ^ j . Z *Eleffeur de Saxe , conjointement
'agréable à Dieu 6» au Pape, ] Ceft ce que avec les autres Princes & les Pilles Pro^
dit Fra-Paolo : Operando fi fattamente , tejîintes , préfenta à V Empereur leur Con*
ehe le loro attionifaranno approvate da Dio fejfion de Foi écrite en Latin & en Aile-
^ daV Papa ; & je ne fai pourquoi M. mand , &c. ] Et fîgnée par les Princes
Amelot ne parle que de Tapprobacion du qui l'avoient enibraflcc. Pallavicin L. j.
Pape , & qu il traduit » en forte que U Pape c. j .
en feroit content. Ceft Caire parler TArche- p4. Les Filles du parti de Zningîe pré-
vèque de Mayence dune manière qui ne fenterent féparément leur ConfeJJion, ] C*é-
convenoit pas aflez à fon caradlcre, ni à toicnt, félon 5/f/Wj/x, celles de Strasbourg,
celui de fa Nation , que de ne lui faire avoir de Conftance , de Mcmminghen , & de
d'égard que pour la feftion du Pape. Lindav.
N t
82442Î)
îoo HISTOIRE DU CONCILE
MDxxx. Juftificarion , du Miniftére Evangélique , de TEglife , de radminiftration
Clkm. Vil. Jeg Sacremens , du Baptcme , de l'Euchariftie , de la Confeffion , de la Pé-
■■■■■■■"■■" nicence , de Tufage des Sacremens , de TOrdre Eccléfiaftique , des Cciémo-
nies de l'Eglife , de la Police Civile , du Jugement dernier , du Libre- Ar-
bitre , de la Caufe du Péché , de la Foi , des bonnes Œuvres , & du Culte
des Saints. On expofoit dans la feccnde les dogmes oppofcs à ceux de l'Egli-
fe Romaine , & les Abus que les Auteurs de la Confeflion trouvoient à re-
prendre -, le tout en fept Articles fort étendus , où Ion traitoit de la Com-
munion fous les deux efpéces, du Mariage des Prêtres, de la Meffe , de la
Confeffion , de la diftindbion des Viandes , des Vœux Monaftiques , & de
la Jurisdidtion Eccléfiaftique. A la fin les Auteurs oflfroient de donner, s'il
en ctoit befoin , une expofition plus ample de leurs fentimens» Ils mar-
quoient dans la Préface , qu ils avoient mis leur Confeffion de Foi par
écrit pour obéir à l'Empereur , qui avoit fouhairé qu'ils propofaflcnt leurs
opinions -, & que fi les autres Princes vouloient donner aullî leurs fentimcns
par écrit, ils etoient prêts d'en conférer à lamiable, pour en venir à quel-
3ue accord : Que fi on ne pouvoir y parvenir, l'Empereur ayant fait enten-
te dans les Diètes précédentes , que pour diverfes raifons qu'il avoit allé-
guées il ne pouvoir rien déterminer en matière dt Religion , mais qu'il
agiroit auprès du Pape pour la convocation d'un Concile Général ; & ayanc
fait dire dans la Diète de Spire , que les différends entre Clcnunt ôc lui étant
prêts d'être terminés , on ne pouvoir plus douter que ce Pontife ne con-
fentît au Concile ; ils s'offroient d'y comparoître , d'y rendre compte de leurs
fentimens , & de défendre leur caufe dans un tel Concile Général , libre &
Chrétien , dont on avoit toujours traité dans toutes les Diètes tenues depuis
fon éle(5tion : Qu'ayant déjà appelle auparavant au Concile & à Sa Majefté
Impériale félon les formes légitimes , ils adhéroient de nouveau à leur Ap-
pel , fans intention de s'en defifter , quelque Traire qu'on propofac , qu'au-
paravant la charité n'eût fait terminer les différends par une concorde Chré-
tienne.
On ne fit rien davantage ce jour-là. Car l'Empereur , avant que de
prendre aucune réfolution fur cette affaire , voulut avoir l'avis du Légat.
Les Théologiens que Campège avoit amenés d'Italie , ayant lu ôc examine
cette Confeffion , étoient d'avis de la réfuter , & d'en publier une Cenfurc
fous fon nom. Mais il n'y voulut point confentir , de peur de donner occa-
fion à de plus grands troubles. Il dit donc nettement , que comme il ne
trouvoit prefque qu'ure différence de termes dans l'explicarion de la doâri-
ne, & qu'il importoit afièz peu de parler d'une façon ou d'une autre, il
fcrupuleux de la dodrine , mais qi
l'exemple qu'on donneroit par- la à tous les efprits inquiets & pointilleux,
qui auroient toujours quelques nouveautés à propofer , qu'on ne laifieroic
pas d'écouter avec plaifir quelque peu probables qu'elles fulfenc , pai Ta
DE TRENTE, Livre I. loi
dcmangeaîfon que le monde a pour les chofes nouvelles : Qu a l'égard des mdxxj^.
abu2» dont ou fe plaignoit, il y auroit plus d'inconvéniens à les corriger, que Clem. VÏL
ceux aufquels on vouloir remédier : Que fon fcntiment étoic ^ , que pour — — ■
cnipC^clier les Luthériens de tirer avantage de la ledure de leur dodrine , ^ Pallav. L.
il falloir aullî en faire lire la réturation , mais fans en donner de copies , ^' ^' ^'
pour ne point ouvrir la porte aux difputes , & s appliquer uniquement au
moyen d'em^^^ècher que les Proteftans ne pairaffent plus avant , en les ga-
gnant par des promelfes , ou en les intimidant par des menaces. Cependant
la Icdure de leur Confeflîon produifit fur Tefprit des Catholiques des effets
fort différens. Quelques-uns crurent les Luthériens , encore plus impies
qu'ils ne fe 1 croient figuré , avanr que d'être inftruits du détail de leur^
opinions. D'aurres au contraire diminuèrent beaucoup de la mauvaifc opi-
nion qu'ils en avoient ; ne trouvant pas leur dodine fi abfurdc qu'ils l'avoient
pcnfé , ni qu'ils eu(Icnt fi grand tort de. reprendre les abus contre lefqueU
ils s'étoient élevés. ^^ Je ne dois pas omettre entr'autres ce que difoir fur ce
fujct à rout le monde le Cardinal Matthieu Lang , Archevêque de Salcz-
bourg : Que la réformation de la Meflèlui paroifloir raifonnable, la liberté
de manger indifféremment de toutes fortes de viandes jufte , & la demande
(de l'abolition de tant de préceptes humains fort convenable ; mais qu'il
n etoir pas fupportable qu'ils fuflent tous réformés par un miférable Moine,
Et Corneille Scoper Secrétaire de l'Empereur difoir : Que fi les Prédicateur^
Proteftans euiTent eu de l'argent , ils enflent pu aifément acheter des Italiens
telle Religion qu'ils enflent voulu \ mais que fans or , ils ne pouvoient ja-
mais efpérer que la leur brillât dans le monde.
L' Empereur, fuivant l'avis du Légat approuvé par fon propre Con-
fcil , voulant tout accornmoder par la négociation , tâche d'abord de divifer
les Ambafladeurs des Villes d'avec les Princes. Mais n'y ayant pu réullîr , il
fitdreflèr une Réfutation de l'Ecrit des Proteftans, avec uns Réplique à
part à celui des Villes. Puis ayant aflemblé toute la Diète , & ayant dit aux
Proteftans qu'il avoir fait examiner leur Confeflîon par des gens pieux &
^$* Je ne dois pas omettre entre autres mutta fuîjfe In tadtm Synodo coram tepro^
ce que difoit fur ce Jujet à tout U monde le pofita àfide erronea , 6* à generalibus Con-
Cardinal Matthieu Lang , Archevêque de ciliis antea reprobata , admijfafque etïam
Sali^bourg, ] Fra-Paolo ne nous dit point perfonas qua nec jure née tonfuetudine ad'
d'où il a tiré ce fait , qui n'eft rapporté ni mitti debeant , &c. Je ne faurois dire quels
par Sleidan ni par M. de Thou, Mais outre font les points que Paul III trouvoit repré-
3ue Pallavicin ne le contredit pas , il y a henfibles dans ce Synode , qui a été enticre-
autantplus de raifon de le croire véritable, ment omis dans les CoUedions des Conciles,
que nous trouvons dans Raynaldus ad an. Mais il eft alTez probable par-là , que ce Prc-
i^-jy.No. 3j.un Bref de Paul III . a cet lat étoit fort capable d'avoir dit ce que lui
Archevêque , ou il le reprend d avoir dans feit dire ici Fra-Paolo \ & Ton voie d'ail-
fon Synode fait plufîeurs Rcglemens très leurs dans l'Hiftoire du Concile , que le
préjudiciables à la foi Catholique : Rela- Cardinal Aftf^ri/cr dit un jour quelque chofe
tum eft aobis [quod vix credere potuimus] d'affeifemblabie.
\
auf(
lur
T02. HISTOIRE DU CONCILE
M©xxx. éclaires , pour en avoir leur jugemem , «^ il en fie lire la Réfacarion >^, dani
Cx.EM. VIL laquelle , après avoir condamne plufieurs de kurs opinions , on y convenoic
à la fin , qu*ilj y avpit diffcrenres chofes â réformer dans TEglife Romaine,
. bid. — /q^ç^es TEmpereur promettoit de pourvoir : Qu'ils dévoient s'en repofer
fui » & fe reunir aux Catholiques ; qu'il les afTuroic qu'en le fàifant » ils
bbciendroient tout ce qu'ils demandoienc de jufte , mais que s'ils le re£u*
foienc , il ne manqueroic pas de faire ce qu'exigeoicde lui la qualité de Pro-
teneur & de Défenfeur de l'Eglife.
Les Princes Proteftans déclarèrent qu'ils étoient pnèrs de faire tout ce
que leur confcience leur permettoit de raire , & de reformer leur doétrine »
fi on pouvoir leur montrer par l'Ecrinfre Sainte qu'il y avoit quelque Erreur ;
ou de l'expliquer plus amplement , fi on jugeoit que cela fut néce(faire. Et
^ comme dans la rémtation des différens chefs de leur Confedion on en ad«
mettoit quelques-uns , & on en rejettoit d'autres *, ils s'ofiroient , fi l'on
vouloitleurdonner copie de cet Ecrit, de s'expliquer d'une manière plus
claire qu'ils n'avoient encore fait.
d Pallav. L '^ A p R i s plufieurs pourparlers ^ l'on élut enfin fept Catholiques 8c fept
5. c. 4. Proteftans pour conférer enfemble , & trouver quelque voie d*accommode-
Slcid. L. 7. j^çj^f ^ 58 Ne pouvant s'accorder , le nombre en fut réduit à trois de part &
d'autre, ^^ Mais , quoique d'accord fur quelques points de doârine moins
0é. Dans laquelle , après avoir coniam- de Bade , Turirconrulces s & Jean EcKÎusl
ni plufieurs de leurs opinions , &c. ] Je ne Conrad Vlmpina , & Jean CochUe , Théo-
Tois point pourquoi M. Amelot a omis ces logiens.Les Proteftans forent Jean-Frediric
proies , qui ne laifTent pas d'avoir leur con- fils de TEleéleur de Saxe , George Marquis
féquence , puifqu on peut juger par-là qu'on de Brandebourg fils de TEledteur , Grégoire
ne défapprouvoit pas également , je ne dis Bruch & D. Heller^ Jurifconfultes ; & Afê-
pas tous les anicles de la Confeffion lanâon ^ Brentius & Schnepfius ,Tkto\0'
d*AusbouTg , y en ayant plufieurs conformes giens«
à la doArine Catholique , mais même tou- ^%. Ne pouvant s'accorder , le nomhn
tes les opinions Luthériennes, dont plufieurs en fut réduit à trois départ & d* autre. 'l
apparemment ne paroiflbient pas trop con- Savoir Eckîus & deux lurifconfiilres Ca-
damnables. Car c'eft de leurs opinions & tholiques d'une part , avec Mélanélon &
non de leurs articles que parle Fra-Paolo , deux Jurifconfultes Proteftans de l'autre*
néÛa quate taffate moite délie opinioni loro* 9 9 . Mais , quoique d* accord fur quelquii
Et c'éft ce qui paroit auflî clairement par la points de doélrine moins import ans — coM'
léponfe des Proteftans, où ils déclarent qu'on me aucun des partis ne voulait rien céder à
àvoit admis quelques chefs de leur doctrine : Vautre fur les articlei principaux ^ &c. J
Quia ejus doârinctauain obtulerint capità Le Cardinal Pallavicin prétend an contfai^
qiieedamfint admijja ^ quœdam repudiatà^ ré, que l'accord étoic (ut les articles les
&c» plus importans ^ & il en produit pour prea-
97» Après plufieurs pourparlers ^ Von ve une lettre de 3f^7â/z^on au Cardinal
ihu enfin fept Catholiques & fept Protef pège pleine de grands complimens pour le
tans, J Les Catholiques furent l'Evèque Légat , & qui pounant ne décide de lien s
à'Ausbourg^ le Duc de Brunswick^ & à ion & eft même convaincu de faux dans rartî-
départ George Duc de Saxe » les Chancel- cle le plus efTentiel , où il dit que foh Pirtî
liers de r£le£teur de Cologne & du Marquis n\nfeighe aucun dogme contraire à ctux tè
DE TRENTE, Livre I. loj
imporcans » & fur quelques cérémonies peu efTencielles , comme aucun des mdxxx.
Partis ne vouloir rien céder à l'autre fur les articles principaux , on vit ^^***' ^^^*
bien qu'il ne falloit rien attendre de cette Conférence pour la paix. Après
plu^eurs jours employés dans cette affaire » on fit lire la Réfutation de la
Confeflion préfentée par les Villes j Se leurs Ambaffadeurs > après lavoir
entendue , répondirent : ^ Que 1 on a voie rapporte plufieurs articles de leur ^ Sleld.L,7.
Confeflion autrement qu'ils n'étoient » & qu'on avoit donné à plufieurs P* '^^
autres un mauvais fens pour les rendre plus odieux : Qu'ils répondroient à
tout » (i on vouloit leur donner une copie de la Réfutation : Et qu'ils prioienc
qu'on voulut attendre leur Défenfe , & qu'on n'ajoutât aucune foi aux ca-
lomnies dç leurs ennemis. Mais on refufa de leur donner la copie qu'ils de-
mandoient , en difant , que l'Empereur ne vouloit pas que l'on mît en dif-
puce les chofes de Religion.
Cependant Charles eflaya par perfuafion de ramener les Princes , en
leur difant entre autres chofes : ^ Qu'ils étoient en petit nombre : Que leur/SIcIdX/r
doctrine étoit nouvelle , & qu'ayant été fuffifamment réfutée dans la Diète , P« ^ ïo*
c'étoit une extrême hardieflc à eux de vouloir condamner d'Erreur , d'Hé-
rcfîe , & de fauflTe Religion , l'Empereur & tant de Princes & Etats d'Alle-
magne , en comparaifon defquels on pouvoir les compter pour rien ; Se ce
qui étoit de pis encore,de traiter d'Hérétiques leurs Pères & leurs Ancêtres ;
Se pendant qu'ils demandoient un Concile , de chercher à répandre de plus
en plus leurs Erreurs. Mais comme ces raifons étoient de peu de poids au«
près d'eux » parce qu'ils nioient que leur doârine fut nouvelle ^ 6c que les
FEglifc Romaine, Mais comme Milanc^ ntque Luneturgicl , neque Norihergcnfcs
ton écoic na^uiellemenc porté à la tolérance, probabant, Fra-Paolo a donc pa dire fan»
& beaucoup plas modéré que la plupart des en impofer , quon n étoit convenu que fur
tatres Luthériens , on ne peut pas £iire quelques points moins imponans. Car à Té^
grand fonds fur les conceiTions de cet Au- gard àt^ controverfès de la Juflification , do
ceur s & nous voyons par SUidan qu*il fut mérite des bonnes œuvres , quand on en
iléfavouc par fes propres aflbciés , & qu après auroit été d'accord , comme elles ne confif^
la rédudion du nombre des Interlocuteurs , toienc la plupart que dans des difputes de
il fut chargé de ne faire aucune concedîon mots , & quon pouvoit fe réunir fanscban*
davantage : Sed Philippo fuit injunSum , ger de fentiment , il n*en étoit pas moins
ne quid amplius conccderet. Ce qu'il y a de vrai qu'aucun des deux Panis ne vouloir
certain, c'eft quon ne convint point fur rien ccder à l'autre fur les articles princi-
quantité de points importans. Intcr hoc de paux , comme le déclare l'Empereur dans
mofuiullis convenit ; feddc Mijfa , de con- le difcours qu'il fit après la rupture des Con*
fupo facerdotum , de cetaa Domini tota , férences : Nunc autem non fine gravi molef-
de votis monafticis , de jurifdidione Epif- tia cognofccrt ipfos à reliqnis diffcntire in
€Çporum,prctcipua erat controverfia , maxi- pracipais dogmatls , quod fibi plané prêter
mi verà de Mijfa dcque votis. Mélaniton fe expeffationtm acciderit ; & l'on voit la vnt»
relâcha un peu davantage fur le pouvoir des me chofe dans la Dicte de Ratisbonne qui
Evjk]ues , mais il en fut dè(âvoué. Quan- fe tint onze ans après , & où Ton ne pue
tum ad iltud pertinet de poteftate & jurls' jamais convenir que des anicles moins ef-
diHionc Epifcopomm ^ Saxonu aUquantà fentiels , comme nous le verrons bientôt , tSt
pUis erant largiti , fid neqau Lantgraviani^ conune le marque ezpredéoaent Beaucwe^
104 HISTOIRE DU CONCILE
MDxxx. ccrcmonies de l'Eglifc Romaine fufTent anciennes -, '°° TEmpereur , 6 pour
Clem. vil tenter les autres moyens que lui avoit propolcs le Légat , ht traiter avec
chacnn des Princes en parriculier , leur promettant quelque fatisfadion
g . ibid. j^j^^ ^^ qu ils paroiflbient fouhaiter davantage pour leur rropre intérêt, 8c
* leur reprclentant au contraire les oppolinons & les traverfes qu ils trouve-
roient d leurs avantages , s'ils perfifloient opiniâtrement dans la réfolution
de ne fe point réunir â TEglife. Mais , foit que ces Princes cruflcnt qu*ea
tenant bon ils y trouveroient plus d'avantages , ou qu'ils préféraflènt la con*
fervation de leur Religion a tout autre intérêt , toutes les tentatives de
TEmpcreur furent fans effet ; & il ne put pas même obtenir d'eux de fouf-
r Tj Ti.« j frir dans leurs Etats l'exercice de la Relieion Romaine , iufqu'au Concile ^
qu il promettoit de convoquer dans Iix mois ; parce qu ils s appcrçurcnt
que c'étoit un artifice du Légat , qui ne pouvant alors venir à bout de ce
qu'il prétendoit , jugeoit que ce feroit gagner beaucoup , fi en rétabliffant
par- tout les ufages de l'Eglife Romaine , il pou voit mettre la confufioa
parmi les peuples qui en croient déjà féparés , ce qui pourroit ouvrir la
porte à certains incidens, qui fourniroienc peut-être Toccafion de détruire
la nouvelle Religion. Car a l'égard de la convocation d'un Concile dans
fix mois , ils prévoyoient bien qu il furviendroit de jour en jour des obftaclcs
qui obligeroient de le diftcirer , &en cmpêchéroient peut-être tout à fait la
tenue.
XLIII. La Diète s'ctant alnfi terminée fans qu'on pût rien conclure,
les Princes partirent fur la fin d'Odobre •, ' & l'Empereur fit un Edit pour
^'' * le maintien des anciens Ufages de l'Eglife Romaine , » par lequel il défen-
^'^f^' doit de changer aucune chofe dans la Meîfe, & dans Tadminidration des
internent Sacremcns de Confirmation &: d'Extrcme-onftion , &c de détruire les Ima-
dn Pape, gcs , & ordonnoit que les anciennes feroient rétablies. Il déclaroit , qu'il
i Slcid. I, n'étoit pas permis de nier le Libre-arbitre, ni d'cnfeigner qu'on pût être
7. p. 114. j.jdifié par la feule Foi. Il vouloir qu'on confcrvât les Sacremens , les Cé-
/!^ô ' rémonies , les Rits ordinaires , 8c qu'on cardât les formes accoutumées
dans les Obféques ', qu'on donnât les Bénénces à des perfonnes qui en fuf-
fent capables * Se que les Prêtres mariés abandonnaflent leurs femmes , ou
qu'ils fuflènt bannis 5 que toutes les ventes des biens Eccléfiaftiques fuflcnt
annuUées ,
100. L* Empereur ''^fit traiter avec cha^ ab aliîs dîvellere — — &petenti fuee ditio'
Clin des Princes en particulier , leur pro- nis inaupirationem pro more Jmperii dtnf
mettant quelque fatis fa Siion dans ce qu'ils gabat ^ nifi priiis cum Ecclejîa Romana in
paroi ffoient fouhaiter davantage , &c. ] A gratiam rediret, Alteri vero denuntia"
TEledeur de Saxe, Tinverticure de fes bat ^ nifî vareret , fore ut Alberti fui nC"
Etats 3 à celui de Brandebourg, la confer- potis ex jratre Cafimiro tutela ipfi adîma*
vation de la tutèle de Ton neveu Albert ; tur^ Sec,
au Landgrve de Heife, le rétabli (Terne nt i. Et l'Empereur fit un Edit pour le
à' Ulrich Duc deWirtemberg, & d'autres maintien des anciens Ufages de V Eglife Ro'
cliofes à d'autres , comme le rapporte maine. ) Et félon Sleidan , le fit publier
Sleidan. Saxonem quidem conatus ejl etiam daiis la Diète le r 9 de Novembre mdxxx»
1* Li
Edit
DE TRENTE, Livre L loy
tnnullées , & coures les ufurpations reftituées ; qu on prêchât ôc qu'on en- mdxxx.
feignâc conformément à cet Edit ; & qu'on exhortât le peuple à entendre C^***- VU.
U Melïc , à invoquer la Saince Vierge Ôc les autres Saints , à obfcrver les — "■■■■■^
Fèces ôc les Jeûnes , & d rétablir les Monaftères & les Lieux faints qui
aVoient écé détruits. Il annonçoit que le Pape feroit prié de faire avant
fix mois la convocation d'un Concile , pour en faire louverture en un an
au plus tard. Enfin , pour que TEdit fut obfervé dans toute Ton étendue »
il annuUoit toutes les Appellations ôc Exceptions contraires ; il enjoignoic
à un chacun d'employer (es forces , fes biens , fon fang , ôc fa vie pour le
Étire exécuter y ôc il ordonnait à la Chambre de procéder contre ceux qui
y contreviendroient.
^ L E Pape , qui avoir appris par le Légat ce qui s'écoic pa(Ië dans la
Diècc, ^ en fuc excrêmement mortifié; voyant que quoique l'Empereur, ^PallaT.L
félon fon confeil , eût employé l'autorité ôc les menaces , il n'en avoit pas '* ^ ^*
agi cependant comme (impie Défenfeur ou Avocat de i'Egiife Romaine, au-
Ïuel il n'appartient pas ae prendre connoifTance des chofes , mais d être
mple Exécuteur des Décrets du Pape : Que fans fe contenir dans ces bor-
nes , l'Empereur au contraire avoit reçu & fait lire les Confeflions de Foi
des Proteftans , & avoit fait tenir des Conférences pour accorder les diffé-
rends de Religion. Il étoit encore plus mortifié de ce que l'on avoit accordé
certains points , & qu'on eût confenti i l'abolition de quelques Rits ;
parce qu'il croyoit que c'étoit ufurper fon autorité > que de traiter des cho-
ies de cette importance fans fa participation , quoique ce que l'on eût fait
eut pu fe tolérer , fi cela fe fût fait par Taucorité du Légat. U trouvoic
d'ailleurs , que le confentement qu'avoient donné les Prélats à ce qui s'étoic
fait , lui portoût un grand préjudice. Enfin , ce qui le fâchoit plus que tout
le cefte^ étoit la promefiê d'un Concile , donc il avoit une extrême averi-
t. Le Pape , qui avoit appris par U fat anfll favorable aax Catholiqaes , qa'il
Légat et -qui s'étoit paffe dans la Diète , Ce pouvoir fouhaicer dans les conjoi\ébi-
en fut extrcmement mortifié , Sec. ] lÀ res où Ton (è trouvoit. Il y avoit à U
Pape (ans douce n écoic point trop conre^c vérité div.er(ès chofès y que fon caradère
de ia demande inflexible qa*on lui faifoit ne lai permettoit pas d'approuver en pu-
d'an Concile s & il eft aiTé de voir par ]a blic s mais il e(i difiîcile de croire qu jl
r6pon(è qu'il fit à TEmpereur après en en fut fâché intérieurement , puifqu elles
avoir délibéré avec les Cardinaux , que tendoient infenGblement ou à regagner les
cet expédient ne l'accomnoodoit aucune- Luthériens, ou à engager tellement TEm-
ment : ffaver egîi riçhiefto foprà çib il pa- pereur contre eux , qu'il ne pût s'enipô-
rered'una fpecial Congregaiione diCardir cher de leur f^irp la guerre , ce qui étoit
nali ; e molti h^vtr giudïcato che nonfojfe l'objet principal de Clément^ qui avoit tou-
j^i(«/i/:ri/i^oj?ci/i0> comme nous l'apprend jours cra que la voie des armes étoit plus
Pallavicuiy L. }. p. y. Mais il neft pas propre que celle d'un Concile pour rédui-
Également certain qu'il fut fi fiché de re l'Allemagne. Nom hoc ejfe CUmenti
ce qui s'étoit paffi dans la Diète , puif- longé gratijpmumfciebat , eujus hic eratfco»
que l'Empereur y avoit toujours agi de pus, utfilenitercaufafopirinon poJfct,op^
concert avec le Légat . & que le Recès primeretur armis^coaime le iii SIeidiVttUj*
Tome 1. ' ^ p
10* HISTOIREDU CONCILE
«Ditxx« (ion ; & quoique Ton auroritë parue aflez ménagée dans la demande qifctk
CuM. VIL çjj devoir faire , il lui fembloic cependant , que de lui pccfcrire le terme
■■*■■■—" de fix mois pour le convoquer , Se celui d*un an pour le commencer »
c*étoit entreprendre fur fès droits , & faire l'Empereur le Principal , & la
Pape le Miniftre. Par ces commencemens il jugeoit qu'il y avoir doré*-
navant fort peu à efperer du côté de l'Allemaene , & qu'ainii il falloir
penfer à fe mettre fur la défenfive , afin d'empêcher , s'il étoit poffible ,
que le mal ne gagn&t les autres parties du corps de TEglife. Mais comme
/Pall^. L. 1^ P^f^^ ^t^oit fans remède , ^ il crut qu'il étoit de fa prudence de ne pat
). c. j. laiitèr voir que ce qui s'étoit fait fur contre ion eré , mais au contraire de
s'en faire lui-même l'auteur » afin que fa réputation en pût recevoir moin$
«l'atteinte.
Lettres d0 XLI V. I L écrivit donc ^ le premier de Décembre à tons les Rois 8c les
dimfnt Princes des lettres de même teneur , où rendant compte de ce qui s'étoit
^** i"*' P^^^ > *' ^*^ • Q^*^' avoit efperé que la préfence de l'Empereur pourroic
^tênÇtàir "^i"^"^^ l'Héréfie de Luthtr \ & que c'étoit pour cela qu'il s'étoit rendu
Froteftmu ^ Boulogne pour Ten prefler , quoique Charles y fut aflèz porté de loi*-
iwSlcid. L même r ' ' n-:--^ o ^ — /^. i-„ r
7. p. 11^. que les
après en avoir délibéré avec les Cardinaux , qu'il n'y avoit plus d'autre re-
mède à employer que celui dont s'étoient fervîs nos Ancêtres » c*eft-à-dire%
le Concile Général , il les exhonoit à favorifer une fi fainte caufè , ou en
honorant de leur préfence , ou du moins en envoyant leurs Amballàdeurs
au Concile libre &c général qu'il étoit réfolu de convoquer le plutôt qu'il
pourroit dans quelque lieu commode d'Italie. ' Ces lettres furent bienc&t
connues de tout le monde, par le foin que prirent par- rout les Mini(hes
du Pape de les répandre •, 4 non que le Pape ou la Cour de Rome defiraf-
fent ou eudent delfein de procurer un Concile , pour lequel ils avoient
: mais qu'ayant appris par ce Prince , 6c par Campige fon Legar»
I Proteftans n'en étoient que plus obftinés , & connoitlant clairement
5» Ces lettres furent Bientôt evnntus de
tout le monde , par le foin que prirent pat"
tout les Miniftres du Pape de les répandre ,
&c. ) Il n'étoic pas befoin d'un grand foin
pour cela> paifqoe ces lettres ayant été
envoyées à tous les I^inces , fe rép^ndi-
lent a(rez d'elles-mêmes; & s'il y eut de
Taf&âation de la pan de la Cour de Ro-
me, ce fut en faifant paroltre un grand
defir du Concile, dans le tems que réelle-
spentelle le craignoit beaucoup plus qu'elle
ne le defîroit , & qu'elle ne te vouloit te-
nir qu'à 4es conditions qu'on favoijt bien
que les Prpteflans n's^ccepteioienr jamais*
^. Non que le Pape ou la Cour de
Rome defiraffent ou eurent defftin deprocw-
rer un Concile > fOur lequel Us ayoiejH
Beaucoup de répugnance , Sec] C'eft ce qui
Ce voit 6c par les diâRcultés que le Pape
fit repréfenter à l'Empereur & pr le Lé^
gat & par l'Evêque de Tonone fon Non-
ce , & encore mieux par les conditions
qu'il exigeoit , 3c dont plufieurs étoient înv
pratiquables. Il edvrai que furies inftan»
ces réitérées de TEmpereur, Clément paxm
y confemii à la fini mais d'une manière fi
vague, qu'on voit bien que c'étoit contre
fon inclination qu'il agiuoit en le pTome^-
tant. Anffi ces promeHes n'eurent elles au-
cune fuite, U if» ans s'écoulèrent encore
avant que fon fuccelfeur, qui appréhen-
doit autant le Concile que lui, enficToa-
verture, z^rh qu'il y fut forcé par fEmr
pereur & les autres Princes»
1
DE T R E N T E , L < V A Ë I. ro?
beaucoup de répugnance , ""mais pour amufer les hommes par l'efpérancc **'^*^*
«l'une promtc réfbrmation des abus ou des défordrés , 8c les retenir par-là "'^ '
dans lobciflance. Mais peu de gens y furent trompés , étant facile de dé- '
couvrir qu'il n y avoit qu'une pure am&ation dans les inftances que le Pape
Êiifoit aux Princes d'envoyer leurs AmbafTadeurs â un Concile > dont il ne
dé^erminoit ni le tems , ni le lieu , ni la forme.
f Les Proteftans prirent occafion de ces lettres d'écrire au(E au mois de
Février fuivant aux mêmes Rois & aux mêmes Princes une lettre commune
au nom d'eux tous , où ils difoient : ^ Que leurs Majeftés étoient afièz in- '^ ^1^^^* ^
formées des vieilles plaintes que des gens pieux , & entre autres Jean Ger^ p f; ^ Y'
fon f Nicolas de CUmanps & d autres en France » Jian Collet en Angle- ^ ^;
terre , & d'autres en cFautres lieux > avoient faites il y a longtems contre Spond. zi
les vices EccléHaftiques : Que la même chofe étoit encore arrivée depuis an. 153 r.
auelques années en Allemagne , à l'occa/ion du déteftable gain que fai- ^^ ^*
loient quelques Moines en publiant les Indulgences. Et de-U prenant 00
cafion de raconter tout ce qui s'étoit pafle depuis ce rems-là jufqu a la der-
nière Diète i ils difoient que leurs Adrerfaires chercboient â aierir l'Em-
pereuT & les autres Rois contre eux par diverfes calomnies » qu'ils avoient
déjà réfutées , & donc il leur feroit encore plus aifé de fe juflifier dans uû
Concile Général , i la décifion duquel ils ecoient prêts de s*en rapporter »
pourvu qu'on n'y écoutât ni les partis ni les préjuges : ^ Que de toutes les
calomnies dont on les charéeoit , la principale etoit qu'ils condamnoient
les Magiftrats > & diminuoient la dignité des Loix : Que cela non-(èuler
ment n'étoit pas véritable ; mais que , comme ils l'avoient montré dans la
Diète d'Ausbourg , ils enfeignoient à honorer les uns , & défendoient
l'autorité des autres , plus qu'on ne l'avoir jamais fait avant eux ; faifanc
entendre aux Magiftrats , que leur état & leur genre de vie eft très-agréa-
ble à Dieu ; & prêchant aux peuples > qu'ils font obligés de les honorer
/. Les Proteflans prirent occafian de cette Seéte. Fleury , L, ijr. N° 87. Car
ces lettres d'écrire aujjl au mois de Févr'ur d'ailleurs il eft cenain , que Luther écri-
fuivant aux mêmes Rois , &c* ) Leur let- vit contre la révolte des Païfans de Soua*
tre rapportée par Sleïdan L. 8. eft datée be & contre les Anabaptiftes , & que les
du 16. de Février, & écrite au nom des Princes Luthériens soppoferent à eux auffi
Eleâeurs de Szut & de Brandebourg , du fortement que les Catholiques. Mais com-
Duc de Lunebourg , du Landgrave de me ils ne voulurent ni obéir aux Décrets
Hefle , & des Villes de Strasbourg , Nu- de TEmpereur , ni fe foumettre aux Re-
remberg, Magdebourg, & Ulmé. Elle fut ces des Diètes qui letit étoient contiaires»
adreifée principalement aux Rois de France on en prit prétexte des les accufer de ré^
& d'Angleterre. volte contre les Magiftrats & contre les
6, Que- de toutes les calomnies dont on Loix $ & ce fut ce qui engagea plufieurs
les chargeait , la principale étoit qu'ils con' àts Proteftans à s'unir à l'Empereur con-
damnoient les Magiftrats, 8cc.) Parce (fx'on tre la Ligue de Smalcalde , qui n'avoir
les confondoit avec les Anabaptiftes , ou été £iite que pour la défenfe de la nouvelle
plutôt qu'on prétendoit que c'étoic fui les Religion contre les attaques qu'on (c pcir
principes de Luther , que s'étoit fbnnée paroit à lui porter*
O X
log HISTOIRE DU CONCILE
"HDxxx. Se de leur obéir par l'ordre de Diea , qui ne4ai(Ièra pas leur défobéi£&iioe
Clsai^ VII. impunie , parce qu'ils font établis par fon ordre : Qu'ils avoient été bieo
"""■"■■"■*■ aifcs de les informer de ces chofes , pour fe difculpcr auprès d eux de ce
qu'on leur imputoit ; & qu'ils les prioient de ne point ajouter foi aux
calomnies dont on les chargeoit, & de s'abftenirde les juger, jufqu'i ce
3[u'ils euffent lieu de fe juftifier publiquement : Qu'enfin ils les prioient
'engager l'Empereur i faire adembler au plutôt pour le bien de toute
l'Eglife un Concile libre & pieux en Allemagne , & de ne point employer
la force , que les difputes n'eudènt été auparavant examinées ôc définies lé-
gitimement.
# Spond. td 7 L E Roi de France les remercia très-ôblîgeammenc ^ par une lettre de la
?^ < n !• part qu'ils lui avoient donnée d'une affaire (i importante , leur témoignant
Slcïd L. 8 ^^'^' ^^^^^ ^^^^ fatisfair de leur juftification , qu'il approuvoit leurs inftan-
f. XIX. ' ces pour la réformation des abus, & qu'il avoit fur cela les mêmes defirs
qu'eux 'y que la demande d'un Concile étoit jufte , fainte , & néceflaire
non- feulement pour les befoins de l'Allemagne , mais aufii pour ceux de
toute l'Eglife ; & qu'il n'étoit pas honnête d'en venir aux armes » pendant
Sue l'on pouvoit terminer les conrroverfes par des voies pacifiques. Le Roi
'Angleterre p écrivit aufli dans le même fens , ajoutant en particulier, qu'il
P* '^^* deiiroit lui-même le Concile , & qu'il vouloir s'entremettre auprès de Char^
les pour trouver les moyens de tour pacifier.
L E Décret de l'Empereur ayant été notifié dans toute l'Allemagne , Too
commença auffi-tôt à accufer à la Chambre de Spire ceux qui fmvoienc la
nouvelle Religion ; accufation que les uns faifoient par zèle , d'autres
pour venger leurs inimitiés particulières , & quelques-uns pour s'emparer
des biens de leurs ennemis. Mais de toutes les fentences , déclarations »
ou confifcâtions qui forent décrétées contre les Princes , les Villes , ou les
Particuliers , pas une n'eut fon effet qu'a l'égard de quelques personnes
dont les biensétoientfitués dans les Etats des Catholiques. Les autres mé«
priférent toutes ces fentences , au préjudice non- feulement de la réputation
de la Chambre» mais aufli de celle de l'Empereui;, qui s'apperçut bientôt que
le remède n'étoit pas convenable au mal , qui croifTbit de jour en jour»
Car > outre que les Princes & les Villes Protedantcs faifoient peu de cas
des Jugemens de la Chambre , ils s'étoient liés plus étroitement entre eux
& s'étoient fortifiés par des Alliances étrangères pour fe préparer à la dé«
fenfè; & tout s'animancde plus en plus, on fe voyoit à la veille d'une
guerre également dangereufe pour les deux Partis, & dont l'événement >
quel qu'il pût être , ne pouvoit manquer d'être pernicieux à l'Allemagne,
• C'eft ce qui engagea l'Empereur i confentir » que quelques Princes s'en-
r. Le Roi de France Us remercia très» t. C*</? ce ^i engagea tEmperemt' à
êèUgeammeni par une lettre, &c. ) Salet- eon/ènth que quelques Princes s'entremiffimf-
tie eft du II d*Avril, & celle du Roi potp" trouver une voie de conciliation.) Ces
^•«ngletenre du 5. de MaÎMDXXxi , & on Princes étotent l'Eleé^ur de Mayence, ft
en trouve le pxécis dans 5i!rid^/r , L. %• le Comte Palatin i êc les Proteflaas yo»-
DE T R EN T E , L I V R E I. 109
tftmîflênt pour trouver une voie de conciliation ; & toute i ann^ mdxxxi mdxsxz«
ayant été employée à négocier fur les différens chefs>^ & à concerter quelques ^^**** VII.
conditions au moyen defquelles on pût saccordcr , l'on intima pour Tannée "TJTT""
fui vante une Diète à Raiisbonne , où Ton put en venir a quelque concluHon. î "^^'
XL V. Cependant tout étoit plein de foupçons , &c les défiances Id. p. Ar.
augmentoient de plus en plus entre les deux Partis. Mais il arriva parmi ^ouvemux
les Suides un événement confidérable , qui les engagea enfin d s'accorder '''^^^^ ^
entre eux. Quoique les dxfputes ' pour caufe de Religion , qui étoicnt 5^^'/.
entre les Cantons de Zurich , de Berne , & de Baie d une part , & les Can- /J'^ ^
tons Catholiques de l'autre > euflènt été plufieurs fois adoupies par l'en- cênAmt.
tremife de diverfes perfonnes , il reftoit toujours de l'aigreur & de l'ani- ^^à, ibid.
mofité dans les efprits \ Se les querelles fe renouvelaient fouvent , par mille ^*^'*v-^3*
accidens qui arrivoient de jour en jour* Elles s'échauffèrent plus que jamais spoli<L d
cette année , par la défenfe que firent ceux de Zurich 8c de Berne , de laiflcr an. r ; 3V
tranfporter des vivres dans les cinq Cantons Catholiques. L'on arma donc N"" 6.
de part & d'autre. ^ Zuinglc , inflexible aux prières de [^ amis qui lexhor- ^^f- ^^
coient à refter chez lui > & à laiflèr ce foin d un autre , voulut accompagner ^ ^ * ^'
les trotipes de Zurichdans cette expédition, pour ne pas paroitre abandonner jj 487^^'
les fiens dans le danger, &lai(Ièr croire qu'il netoit propre à les encourager
que dans la Chaire. L'on en vint aux mains le onze d'Oâobre. Les trou-
pes de Zurich furent défaites , » & Zuinglc tué , ce qui fit plus de plaifir ^ puir.
aux Catholiques que la victoire même. Ils infultérent fon corps. Se luij^i^^^
firent plufieurs outrages; Se cette mort fut une des principales caufes deN"*!!;.
l'accommodement que quelques perfonnes procurèrent entre les deux Par-
Inrent bien qaon s'aflèmblât , mais a teur, poarne pas paroîcre abandonner dans
oonditîonqae l'on fie ceflèi les pcarfuices le danger ceux qu'il y avoir en qaelqaéfbrte
de la Chambre Impériale contre les Lu- piécipicés : Qui/m ficum reputaret , quod
thériens poor caufe de Religion. fi domi refidtret , ac praiium forte fient
9. Zuingle , infiexihU aux prières de pu adverfiim « fore ut mapiam ipfofobiret i n-
mmis , — voulut accompagrur les troupes vidiam , quafi conciombus quidcm accen*
it Zurich dans cette expédition , &c. ] il ne deree âominum animos ^ in ipfo autem difi
pouvoir gttJres s'en difpenfer, s*il e(î vrai crinùneremoUcfoeret^^voluitomninbcommU"
ce qu'ajoute Sleidan^ que la coutume de nemfiihiremartyrem.VkyMtMTàeVH\i\om
Zurich eft y que lorfque Ton envoie une de la Reformation de la Suillè convient
Armée contre l'ennemi , le premier Minif- avec Sleidan , que c'étoit alors la coutume
tie du païs doit l'accompagner. Nam Tigu- que le premier Pafleur de l'Eglifè de Zurich
rinorumitafirt confoetudo , quum in ko fi- accompagnât l'Armée ,& ajoute d'ailleurs ^
tem exitur, ut Ecclefict Minifter prima- que Zuinglc eut un ordre particuliei; du
rius unà prodeat. Il &lloit pourtanr que Magidrar de le faire. Si cela eft, il n'eft
cette coutume ne fât pas bien abiblument pas difficile de voir pourquoi \\ ne déféra
établie « puirqu'autremcnt les amis de Zuin- pas aux prières de (es amis , ni à (à pro-
^ n'eollènt pas eu lieu de l'exhorter à ne [>re répugnance. Ceût été en quelque (bne
point accompagner les troupes. Ainfî il fem- déiëner ceux à qui il avoit mis les armes
ble que c'ait été plutôt par zèle que par né- à la main s & il aimoit mieux courir le mê-»
ceflîcc qu'il fe Toit rendu à l'Armée , & appa- me ri(que qu'eux , que de (urvi vre à leur dé-
zeiiunenr , comme l'ajoute le même Au- faite i ou a'aToii pas de paie à leur visite*
1X0 HISTOIRE DU CONCILE
wûMÊitTL. tis , à condition que chacun reciendroic fa propre Religion. Les cinq Cân«^
toM. VIL j^^j Catholiques fc flattoicnt que les autres reviendroienc bientôt i Taiw
***'''*'^ cieniie , après avoir perdu celui qui par fcs prédications avoir ctc rauteor
du changement qui étoic arrivé ; & ils fe rorrifiérenc d'autant plus dang
cette efpérance , c^'Oecolampadc Miniftre de fiâle , & dont les lentimens
étoient conformes à ceux de Zuinglc , étant mort peu de jours après de de-«
Slaidr d'avoir perdu fon ami , ils regardoient ces deux morts comme un efièc
t la Providence , qui par compaflion pour les maux de la Suillè avoir enfin
puni & enlevé les auteurs de la difcorde. Mais fi c*eft piété & Religion qoe
d'attribuer à la Psovidence la difpoiition de tous les événemens » c'eft pré«
fomption que de vouloir déterminer la fin que Dieu fe propofe en les per-^
mettant. Les hommes fe font un point de Religion de s'attacher à leurt
opinions , comme fi Dieu en étoit aufii jaloux , qu'ils le font eux-mêmes.
Mais comme , par ce qui arriva dans la luire , on voit que depuis la mort
de ces deux hommes la do£b:ine des Cantons appelles Evangéliqucs fir en-*
core plus de progrès qu'auparavant , c'efl une preuve évidente qu'il faut
rapporter cet effet â une caufe plus élevée que les efforts de Zuinglc.
ImfiéKÊfêi^dê XLVL E N Allemagne ' l'Archevêque de Mayence & l'Eleârur Palatin.
tEmfn9wr s'entremirent de l'accord des Proteftans avec les Catholiques *, & l'on &t
fêurUeên- ^ovLt cela plufieurs Ecrits , qu'il fallut fouvent changer , parce qu'ils ne fk-»
2J^2L. risfaifoient entièrement ni l'un ni l'autre Parti. L'Empereur jugea de-là ,
àU. ^^ 1^ Concile étoit abfolument néceflaire *, & après en avoir délibéré avec
t Sltt<L L. te-Roi de France , il envoya en pofte à Rome pour en traiter avec le Pape
s, p. 114. ^ les Cardinaux. Ce Prince ^ ne fe mettoit pas beaucoup en peine ni wt
*fÎ*^ - lieu ni des autres conditions , pourvu que l'Allemagne fût latisfaite , bc que
M^N^7*. ^^ Protcflans y intervbflènt & promiCTent de s'y foumettre 5 & le Roi ,
' qui trouvoit que cette fatisfaâion étoit jufte > promit d'y contribuer de fa
part. L'Ambaffadeur repréfenta donc au Pape : Que l'Empereur ayant
eflayé toutes fortes de moyens pour ramener les Proteflans , & ayant
employé l'autorité , les remonrrances , les menaces > & la jufHce même 9
fans fuccès , il ne reftoit plus que la guerre ou le Concile : Que ne pouvant
en venir aux armes à caufe des préparatifs que faifoit le Turc contre lui ,
il étoit forcé d'avoir recours sL l'autre parti : Qu'il prioit donc le Pape y quÛ
l'imiution de fes prédéceflèurs il voulut bien accorder un Concile , âucuel
les Proteflans ne nffent nulle diflBculté de fe foumettre , puifqu'ils avoienc
plufieurs fois offert de s'en tenir à la décifion d'un Concile libre , où Ton
I# P^^/f eût pour Juges des perfbnnes défintéreflées. '^ Le Pape, qui ne vouloir
10» Le Pape g qui ne voulait point du
totu du Concile , mais qui ne pouvoit pas
ouvertement rejetter cette demande , y eon^
fentit. Bec, ] Quelques effotts qne faSe
Pallaviein pour prouver que Clément con-
(êntoit de bonne foi à la tenue du Concile ,
on voit cependant 5e par toutes fes démar-
ches, & par l'ambiguïté de (es léponiès^
qu'il ne cherchoic qu*à Téluder i & le Car-
dinal lui-mémie ne (auroit dèfa vouer qo't^
y étoit tout à fait contraire d'inclination. //
Papa difuo giudicio non vinelinava , die*
il L. 5 • c. 7. riputandolo poc' opportuno allé^
quaktà dclpsAlica mék , e déUl' akrs pano
DE TRENTE, Litre L ji«
p(Mn€<dti tout du Concile , mais qui ne pouvoir pas ouvertement rejetcer . ^^
cette demande » y con&ntit , mais d'une manière dont il favoit bien qu on ^^^ac VB.
«e fc contentcroir pas. ' * Il propofa pour cette Aflcmblce » une des Villes ■
de l'Etat Eccléfiaftique , celles que Bologne , Parme , ou Plai&nce , touiqs * ^*^'^^* ^
capables de contenir Se de nourrir beaucoup de monde , d'un air fort fain , y'ptllâv, L,
&d'tta territoire fort étendu 5 & dit que les Proteftans ne dévoient faite 3. c, ix.'
«ocune difficulté d'y venir pour y être écoutés , parce qu'on leur donneroic
tm plein & ample Sauf- conduit» & qu'il s'y trouveroit lui-même afià
2a on n*y fit tore à perfbnne , & que tout s y traitât avec une concorde
Chrétienne : »* Qu'il ne pouroit confentir 4 tenir le Concile en Allemagne,
parce que l'Italie ne pourroit foufirir cette préférence : Que la France 6c
rEfpagne , qui pour les affaires de l'Eglife oédoient volontiers a l'Italie par
-cefpeâ pour le Pontificat dont elle eft k Siège, ne voudroient jamais céder
à l'Allemagne ; ôc que l'on feroit peu de cas de l'autorité d'un Concile où
il n*y auroit que des Allemands , & fort peu de perfonnes d'autres Nations >
parce qu'indubitablement les Italiens , les François , & les Efpagnols ne
pounoient fe laiiler perfuader de s'y rendre : Que ce n'étoit pas au malade >
mais au Médecin , à choifir le remède : Que l'Allemagne étant infeâéc
d'tme multitude & d'une grande variété d'opinions nouvelles , ne pourroit
f»as porter un jugement fi Tain fur ces matières , que pourroient faire l'Ita-
ie , la France 6c l'Efpaene > qui étoient encore exemtes de corruption , 8c
perfévéroient tout entières dans l'obéiflance de l'Eglife Romaine k Mère
'SBCQmmodo à se in ^uel tempo — Nondimc- le dit Fm-Pdolo ^ que le Pape proposa qaet-
ma veggenÂQ , ehi il ricufdrlo gli concite* Ques Villes de TEcac Eccléfiaftiqae , mais
nkhcgratuT odiotd infamia , eUggea piu uns s y borner néanmoins, pourvu (|u'on
10^ di Ci^nfeatire ad un danno vcro , che di ne tint point le Concile hors d'Italie > corn-
fipugnare ad un benc falfamcnte fpcrato , me notre Auteur femblè le fairtf encendlè
6cc, Ce n'étoit donc , félon Pallavicin mô- lui même par la fuite.
me , que malgré lui que Clément avoit cette i x. Qu'il ne pouvait confentir à tenir U
complai(ànce pour l'Empereur s & perfuadé CoacUe gn Allemagne , parce que l'Italie
qu'il 7a5K>it peu à efpérer d'un Concile pour nepgmrrQitfouffrir cette préférenc^. ] Ces râi-
le retoor des Proteftans f & beaucoup à crain- (bns éroîent bien frivoles, auffî nétoiene*
«Ire peur (on autorité , il n*eft pas étonnant elles pas les véritables j & fi le Pape refWiôic
Qu*ilen écootit peu voloniien la propofi- détenir le Concile hors d'halte , cVftpAroe
tion. qu'il apprébendoic d'y être moins le maître ^
1 1 M propofa pour cet» affenélie mu des &: de ne pouvoir empêcher qu'on n'y traii(t
VUlesdelEtatEccîéfiafiique,^c,'^t(\vud- de mattèies contraires à (es intérêts , le
ques autres, à condition néanmoins qu'elles qu'on n'y travaillât à la réferme de fâ Cour
ne fiiflent point hors d'Italie, comme Mibn à (bn piéjudice. Depuis l'exemple des Con*
QQ.Mantooe i bien réfolu-de ne point tenir ciles de Conftance & de Baie , les Papes
de Concile au-delà des monts, foit parce craignent des*expoferauz dangers de leurs
•que cela augmenteroit (à dépenfe 9c fes em- prédccedèufs. Ils courent moins de rifques
■bâfras , foit parce que hors d'Italie il appré- dans les endroits Oil ils font les makies , le
hendoit plus pour (on autorité. Ilter^ofu , il £iudra qu'ils y fôient forcés pour con(ei>-
càe il Conciliofi ceUhraJfe in It^ia , dit tir jamais qu'on tienne de celles AilèaibUfS
Pallavicin. Il eft donc bien vrai , aouuae fldilsoelefoAtpas*
m ^HISTOIRE DU CONCILE
MDxxxn. Se la Maîtreflê de tous les Chrétiens : Que (|uanc à la manière de définir
Clem, VII. |ç5 chofes dans le Concile , i\ n ce jit pas néceflaire d'en traiter , puifqu*il ne
•^■•""^ pouvoir y avoir fur cela aucune difficulté , à moins qu on ne voulut introduis
re une nouvelle forme de Concile inufîtéejufqu alors dans l'Eglife : Qu'il
étoit clair , que félon les Canons il n'y avoir que les Evèques qui euflènc
droit d'y opiner : Que la coutume avoit fait étendre ce droit jufqu'aiu
Abbés , & la concedion du Pape à quelques autres perfonnes : Que tous
les autres qui vouloient être ouïs dévoient fe fou mettre i la dérermination
de ceux-ci , ' ' au nom defquels fe font les Décrets des Synodes fi le Pape
en eft abfent , au lieu que s'il y affide , tout fe fait en fon nom avec la
feule approbation des Pères. Les Cardinaux parlèrent aufli dans le même
fens que le Pape » ajoutant feulement quelques raifons > pour montrer que
le Concile n'etoit point nécefiàire après la Sentence de Ùon , qu'il faffi-
foit d'exécuter pour remédier à tout -, & que ceux qui refufoicnt de fe fou-
mettre i la déafion d'un Pape faite de l'avis des Cardinaux , mépriferoient
encore davantage les Décrets d'un Concile : Qu'il étoit bien clair , que les
Proteftans n'en demandoient la convocation que pour éluder l'exécution de
l*£dit^de Wormes , parce qu'ils favoient bien que le Concile ne pourroit pas
manquer d'approuver ce que Léon avoit défini , à moins que de vouloir être
xegardé comme un Conciliabule > ainfi que tous ceux qui s'étoientéloigpés
de la doftrine & de Tobéiltance des Papes.
Pour trouver quelque tempérament à tout cela l'Ambadàdeur de PEm*
pereur eut plufieurs Conférences avec le Pape & avec deux Cardinaux
qu'il avoit nommés, pour cet efiet. Il leur remontra : Que l'Italie , 1
France & l'Efpagne , n'avoient point befoin de Concile & n'en demandoieoc
point , &qu ainfi il ne falloit point les confidérer dans cette affaire : Que
comme c'étoit pour remédier aux maux de l'Allemagne qu'on lefolliditoir»
U
9
la
I ) . Au nom defiuels fe font les Décrets
des Synodes J! le Pape en eft aèfom « mu lieu
fue s'il y affifte , tout fe fait en fon nom
avec la feule approbation des Pères. ] C'eft
une des maximes modernes de la Cour de
Rome y fondée fur la fituife opinion de là
(àpériorité des Papes fur les Conciles. Mais ,
outre qa'elle eft combatnie par toute la doc-
trine de TAntiquité & la conduite Àe tous
les anciens Conciles > qui n*ont jamais fup-
po(é une telle fupériorité , & que cette fa-
périorité a même été de(à vouée par les Pi-
pes, qui fe font reconnus fournis eux-mê-
mes aux Décrets de ces Aflèmblées ; il fuffit
de confidérer quelle e(l la nature des Con-
ciles , pour juger que leurs décidons doivent
être Eûtes au nom de tous les Pères, 6: non
do Pape fenl. Car fi , comme Ta tm bien
prouvé Holden^ AnaL fid. L. r. c. ^. le jii«
gement des Conciles n'eft autre chofe que le
témoignage que les Evtqœs de tontes lit
Nations Chrétiennes rendent de la Foi de
leurs Eglifès , il s'enfuit que ce témoigna*
ge doit être rendu en leur commun nom ,
& non en celui du Pape feuL Ceft anffi
pour cela que chaque Evâqqe figne comme
jugeant en fon propre & privé nom^jmdi»
cans fcripfii ce qui nanrpit pA fè &ire fi
tous les Décrets le publioient au nom dn
Pape. Comme le premier Evéque, il j tient
le premier rang i mais c*eft toute fa préro*
gative , & les définitions ne tirent pas plot
de force dt fon m^tpriié (|ue de celle des
autres.
«4- Q«
DE TRENTE, Livre I. 115
il étoît i propos , afin que le remède convînt au mal , de choifir un lieu mdxxxi.
où cette Nation piu s aflèmbler : Qu à l'égard des autres , dont il ne s'agif- ^^^* ^^^*
foit pas, il fuâîioitqu*il y vînt quelques-uns des Principaux Prélats : Que
les Villes propofées avoient bien des avantages , mais qu'elles écoient trop
éloignées de TAllemagne : Que quoique la parole de Sa Sainteté Tufifit pour
Giâurer chacun > on ne guériroit jamais les Proteftans , de leurs défiances
pour des raifons anciennes Se nouvelles, dont la moindre étoit, qntLéon
X* Ton couiin les avoit déjà condamnés & déclarés Hérétiques : Que quoi-
que la perfuanon de la bonne foi du Pape dut les tranquilUfer & Tempor*
xtx. fur toutes leurs raifons , Sa Sainteté fa voit auiE , par l'expérience qu'elle
avoit des afEiires & par fa propre pénétration , qu'il falloit condefcendre à
la fbiblede des hommes , & leur accorder par compadion ce que l'équité
jttgeoit convenable, quoiqu'il ne fut pas dû en rigueur : '4 Quepuifque le
droit de fufFrage avoit été introduit partie par coutume & partie par privi-
lège , le y Pape avoit un grand champ ou vert à l'exercice de fa bonté, en/ Pallav.L
'* introduifant une coutume propre au temspréfent : Que fi les Abbés avoienc^ ^' ^*'
été admis autrefois à donner leur fuffrage par la coutume, & parce qu'ils
mdbient pour odieux instruits de la Religion , la raifon vouloir que
Von en u$at de même avec des gens d'une capacité égale ou plus jgrande, quoi*
qu'ils n'eudènt point le titre d* Abbcs : Qu'enfin le privilèee tournifibit un
moyen aifé de contenter tout le monde ; ic qu'en l'accordant à ceux qui
pourroient procurer la gloire de Dieu dans cette Afiemblée , ce feroit le
moyen d'avoir un Concile pieux & Chrétien i comme tout le monde le dé^
Ûroic. ^^^^^^
L E Pape ayantoppofé à ces remontrances les mêmes raifons qu'il avoit ^^^^^ ^ ^^'
déjà alléguées , l'affaire n'alla pas alors plus loin -, & l'Empereur , ' à la hmidt R#«
Ugion 4UK
14* Quepuîffue le droit defuffrage avoit to Cefare e*l Papa dîfconvenivano ; cioè , ^^/J ^^i
iU introduit partie par coutume & partie che Vuno conofceva la ra^onevolei(^^a dcUe «
parpriviUge, le Pape avoit un grand champ condi^ioni ; ma come bramofo difodufar i p^llav L '
ouvert à V exercice de fa bonté , &c. ] Le Tedefchi in qualunque modoperhaver quie- • ^^ J
Card. Pallavicin , L. ). c. y. après avoir teneW Imperio , dejiderava dal Papaei^n- Spond. ad
taxé de fauifeté la demande que Fra-Paolo do VecceJJivo , quando gli altri non fi con- an. 15 5^.
dirquerAmbalfadeur deTEmperearfic que tentaffero del ragionevole. Per contrario il N° i.
les Proteftans eulTent voix dans le Concile , Papa — non voleva dare alV appetito in- Fleury , L.
avoue néanmoins, c. ii. que qaoiqae ce fano djuia parte rejffir regola al govemo del 154. N^j;*'
Prince fût convainca de Téq^icé des condi- ri^r/aJfete» adunare il ConciUo in maniera
rions qa*ezigeoic le P^pe, c'eft-à-dire, infiJÊKmtdetita pregiudicare al Primato
qu'on laivic les lx>iz ordinaires fur ce point, Ap^lfH^ ^ ècc. far cet aveu , qui ne peut
&qa'il n'y eût qaeceaz qqi avoient voix legarderqueledroitde fiifFrage, /'«//^vici/j^
dans les Conciles félon les règles ordinaires jultifie Ton adver(kire , & fe condamne Iqj-
qai pufTent y ppiner > cependant pour con- même. Mais ce neft pas le feul endroit oà
tenter les Luchériens il defîroit que le Pape il l'a âdt, & où il donne malgré lui des preu-
ne fe tint pas fi ion attaché aux règles , puif- ves de la finccritc & de la pénétration dç
que les autres ne fe contentoienc pas de ce FrA'Paolç*
qai'ccoit raifonnable* Vcdevafi ^ che inpun-
Tome I. ^ P
ri4 HISTOIRE DU CONCILE
MDxxxi. veille d'avoir la guerre avec les Turcs , fe mit à foUicicer la conclufîon da
Cleia. vil Traité qu'il avoir commence de n^ocier avec les Proteftaus. ' î Tout étant
**■■■■■■■" convenu , on publia enfin le 23. de Juillet , l'accord , qui portoit : Qu*il
y auroit entre l'Empereur & tous les Etats de l'Empire , tant Eccléfîafti«
ques que Laïques une paix générale jufqu'à la convocation d'un Concile
Général » libre & Chrétien : Que perlonne pour caufe de Religion ne
poorroit faire la guerre à quelque autre , ni le prendre , le dépouiller » oa
i'aûiéger : Qu'il y auroit entre tous une amitié fincère , ic une concorde
Chrétienne : Que l'Empereiu: tâcheroit de faire indiquer le Concile dans
ûx, mois , 6c d'en procurer la tenue en un an : Que fi cela ne pouvoir fe
£ûre y tous les Etats de l'Empire feroient ailemblés , pour délibérer de ce
que Ton auroit à faire , tant par rapport au Concile , qu'à l'égard des au-
tres chofes nécelTaires : Que l'Empereur fufpendroit tous les procès
inrentés pour fait de Religion par fon Fifcal ou par d'autres contre l'E-
- leâcur de Saxe Se Tes Alliés , jufqu'au Concile futur , ou à ladite Adeni-
blée des Etats.
L'Electbur de Saxe & les autres Princes Se Villes' Proteftantes pro*
menoient de leur côté d'obferver de bonne- foi cette Paix , de rendre i l'Em-
pereur l'obéiâance qui lui étoit due , 6c de lui fournir des fecours convé-
M SIcid. L. nables contre le Turc. Charles ^ ratifia 6c confirma cette Paix par fes let-
t. p. 1 1^. très du 1 d'Août , fufpendit tous les procès , & promit de faire convoquer
un Concile dans fix mois , & d'en procurer l'ouverrure dans un an. Il rendit
auffi compte aux Princes Catholiques de TAmbaflfade qu'il avoit envoyée
à Rome pour folliciter le Concile , ajoutant , que quoiqu'il n'eût pu en-
core régler les grandes difficultés qu'il y avoit lur la forme 6c le lien , il
h Id. IbU. continueroit ^ cependant d'employer fes foins auprès du Pape pour l'enga-
ger à le convoquer , dans l'efpérance que ce Pontife ne voudroit pas man-
quer aux befoins de la Chrétienté ni à fon devoir ; & que s'il n'y réuflif-
K)it pas , il ne manqueroit pas d'intimer une Diète pour trouver aux maux
préfens quelque remède.
C E fut là la première liberté de Religion • que ceux de la Confcflîon
d'Ausbourg obtinrent par un Décret public. On en parla diverfement dans le
# Pallav. L. monde. ^ ^ A Rome on blâmoit fort l'Empereur ^ d'avoir porté la faux dans
ft^Pite
T f . Tout étant convenu l on pi
U 1^ de Juillet l'Accord , qui pt
Pallavicin dit le i j , mais c'eft
une fente dlmprefllon , où I on a mis x )
pour 1 5 . Cet Accord , que Ton appelle com-
munément la Tranjaàion de Nuremberg ,
fut ratifié pir rEmpercnr le fécond d'Août.
Hanc pacis formulant ^ dit Sleidan , In*
terctffores decreverunt Julii die vigefima
tertia. Cafàr autem — Aupi^Vfnenfis die
ficundo ratam habuit^ & Edi6lo publico
deinde fanxît. Dans cet accord ctoîent com-
pris les Eledears de Saxe & de Brandeboar^
les Ducs de BninfwicK , le Prince d'Anhalt ,
les Comtes de Mansfeld , 5c 14 Villes Impé-
riales. Mais les AnibafTkdeurs du Landgrare
de Hçffe refusèrent de fîgner cet AAe , i,
caufe de quelques Griefs qu'ils donncrcnt
par écrit aux Eledeursde Mayence & Pala-
tin. Gold. Confl. Imp. p. £•
16. A Rome on hlamoit fort fEmp n -ur
d^avoir porté ta faux dans la moijfon d*éu^
DE TRENTE, Livre L iiy
la moîfibn d'aucrui : les Princes , & encore plus les Empereurs qui en font mdxxxxz.
4es (ermens fi foiemncis , étant étroitement obligés fous peine des Cenfures ^^s**^ VIL
d'extirper ceux que les Papes ont condamnés, 8c dy employer jufquà
leurs Etats ôc même leur vie ; & Ton diibit que Charles ayant contrevenu
1 ce ferment par un procédé fans exemple , devoir appréhender de re(Ien-
tir bientôt quelque effet de la vengeanœ. divine. Mais d'autres louoient ùl
piété & fa prudence , d'avoir prévenu par-là le danger preOTant dont étoic
menacé le nom Chrétien par les armes des Turcs , qui attaquent dire£i;c«
ment la Religion *, & aufquels il u auroit pu réfifter , '7 s'il ne fe fut aifuré
toujours ^nretiens. '^ lis diioient de plus que la maxime fi fa- i/Thuan.
vorite de Rome , Qu'il vaut mieux petfécurer les Hérétiques que les L. i. N° 4*
Infidèles , ^ s'accommodoit bien avec les intérêts des Papes , mais
irui , &c ] En tolérant des gens qui avoient
été condamnés à Rome comme Héréciqaes«
&qae le Pape eue voulu quon forçât par
les aimes à rentrer dans Tobéiflance de l'E-
glife. Auffi voyons - nous <ra*Aléandre fit
tout ce qu il put pour empêcher TEmpereur
cTâCCorder la paix aux Luthériens s & peut-
être en (ut- il venu à bout, fans la crainte
que l'on eut de 5o/i/7tif/x , crainte qui obligea
ks deux Partis de fe réunir pour s'oppoTer
de concen à Tentreprife qu'il méditoit con-
tre l'Allemagne. Il eft donc indubitable «
?ie cette paix fut extrêmement défaprouvée
Rome i & quoique PalUvicin remarque
^fki (ênfîment , que Fra^Paolo s'eft mal
exprimé en appellant cela , pomr la faux
dans la moiffon (T autrui , la chofe n'étoit
pas de nature à mériter d'être relevée com-
me une faute.
xy. S'il nefcfât affuri des Proteftans ,
îftfif quoiqu'ils diffirent d<s autres dans
fuelques Rits particuliers — ne laiffentpas
^ue d*ctre toujours Chrétiens, ] Il y avoit
ikns doute quelque chofe de plus qu'une (im-
pie différence en quelques Rits j & les Lu-
thériens eux-mêmes euflènt été bien âchés
que Ion crût qu il n'y en avoit point d'autre,
puisque c'eut été un grand crime de rompre
l'unité Se la charité pour de (impies Rits* Il
efk vrai cependant, que beaucoup des prin-
cipaux articles , qui excitoienc alors le plus
de contefbtion , n'ont paru depuis que de
impies difputes de mots. Mais aoffi » il relie
encore quelque chofe de plus que des Ries ;
& l'on eu toujours divilë (ùr plu&urs opi-
nions , qui font peut - être moins eifen-
tielles qu'on ne dierche à le faire croire ,
mais aufn auxquelles on ne peut ni (è
(bumettre , ni renoncer au/Iî facilement
qu'à des Rits , qui de leur nature (ont ailez
indifSrens.
I %m Ils difoient de plus , que la maxi-9
me fi favorite de Rome, Qu'U vaut mieux
perficuter les Hérétiques qiu Us Infidèles ^^
s'accommodoit bien avec les intérêts des
Papes y &c. ] PaUavicin demande , qui en-
feigne à Rome cette maxime ? Perfonne
peut-être , mais on ly pratique a(fez vo-
lontiers \ & pour peu qu'on life l'Hifloire ,
on verra peut-être plus de guerres enrrepri-
(ès pour l'extirpation des Hérétiques que
pour celle des Infidèles , contre lesquels on
n'a armé que par crainte de leur pui(}ànce,
& beaucoup moins par zèle de Religion ,
que pour prévenir leurs invafions. A quelle
autre maxime en effet peut-on attribuer les
guerres de Languedoc , de Bohème , d'AHOi»
m^ne , de Flandres & de France , dep«is
(Ix fiècles , (ans compter celles qui ayoienc
précédé ? Ne difpotons point At% termes : fi
l'on n'enfeigne point cette maxime à Ro-
me « on (ait bien du moins en faire u(àge
dans rocca(ion s & ce n*eft pas Fra-Paolo
feul qui l'a remarqué , puifque M. de Thou
nous apprend que c'étoit le reproche que
&î(bient les Pxotcfians aux Papes : Onétt»
P 1
ïï6 HISTOIRE DU CONCILE
MDxxvii. nullement avec ceux de la Chrétienté. Quelques-uns même , fans COO'-
Clem. vil (îdérer les Turcs , difoienc : Que les Royaumes & les Etats ne dévoient
(' )as fe gouverner par les maximes & les intérêts des Prêtres qui (ont
es gens du monde les plus attachés à leur grandeur & à leurs commodités^;
mais par l'amour du bien public , qui exige quelquefois qu'on tolère cenains
défauts : Que c'eft à la vérité le devoir de tout Prince Chrétien , de faire
en forte que fes Sujets s'attachent également â la véritable Foi 5 & à l'obia>
yation de tous les Connnandemens de Dieu » fans faire différence entre l'un
& 1 autre > mais cependant , que quand un vice ne peut s'abolir fans la ruine
de l'Etat , Dieu fans douce ne défapprouve point qu'on le tolère : '^ Qu'il
n'y a pas plus d'obligation de punir les Hérétiques que les Fornicateurs;
& que fi ceux-ci fe louffirent pour ne point troubler ta tranquillité publicpic^
il n'y a pas plus d'inconvénient à tolérer ceux qui ne tiennent pas toutes nof
opinions : Que quoiqu'il ne foit pas aifé de trouver des Princes qui Payent
fait depuis huit cens ans , l'on verroit en remontant plus haut , qti*ils s'étoient
tous conduits de cette manière ; & qu'ils étoienc louables d'en aeir ainfi,
lorfqu'ils y étoient forcés par la néccflîté : Que Charles ayant tente pendant
onze ans toutes fortes de moyens pour terminer les différends de Religion
fans pouvoir y réuffir , on ne pouvoir le blâmer qu'en attendant le remède
qu'on efpéroit du Concile > il eut établi la paix en Allemagne , pour
ne pas la voir tomber en ruine : Qu'il n'y a que le prince feul qui
fâche gouverner fon Etat , parceque lui feul en connoit les befoins r
& que celui-là le ruinera toujours » qui le gouvernera fdon l'înrérêr
d'autrui : Et qu'il y auroit autant d'inconvénient à gouverner l'At-
lemaene au goût des Romains , qu a gouverner Rome au goût des Alle«
xnanas.
fiM/R multis perfuafum fitU Cafdrem at* d'ane &ate fe doit me(ur6r {^ la liberté Jiî
ma contra Turcam parafa ïn Germanos choix y il £iut convenir qae de toutes le^
vertijffi peffima fed folcmni & ufitato Poti^ fautes THéréfie eft la moindre. Mais fi Ttf-
tificibus Romanis , ftcuti Proteftantis jac- bligation doit fe meforer aux inconvénient
tabant, confiRo , qui eos inter Chriftianos ^ cjui en reviennent à la Société, pour loisr
qui ip forum nimiam potcntiam in dubium on peut doatef, peut-être, lequel eft le'
vocant y capitaliori odio quam ipfos Chri- plus tolérable , de THéréfie ou de la Fornî-
fiiani nominis hoftes ha&cnus femper profit cation. Ceft à ce feul égard que Pallavicin
cuti funt. eut pu raifennablement attaquer cette ma-
19. Qu* il ny a pas plus d* obligation de zime : car dire, comme il fait, que c'efb
punir Us Hérétiques que Us Fomicateurs , donner dans Terreur des Stoïciens , qui égt-
&c. ] Si cette obligation fe tire de Ténor- loient tous les péchés, c*ef^ avancer lachofe
mité du crime , il femble qu'il y a moins du monde la plus abfurde ; puifque ceux qui:
de nécefficé de punir les Hérétiques que débitoientcettedoâ!rine,nectDyoient THé-
toute autre Cône de pécheurs , puisque l^Hé- léfîe moins punifTable , que parce qu'ils pen-
xéfie eft une faute toujours involontaire , foient qu'il y avoit moins d.e mal à fuiwer
& par conféquent plus digne d'indulgence des opinions particulières ^qu à s'écarter desr
que toute autre. Car perfonne ne fe livre loix de la Morale for l'article de la chafteté»
foîontairement à Teneur ^ & fi la grandearoa fu r qoelqu'autre de même nature*
DE TRENTE, Livre I. ity
Au re(Ve pcrfonne en lifantces cvcnemcns ne doit s'ctonncr de tout ce mdxxxix.
que difoient fur cela les hommes , & d une infinité d'autres difcours qui Clem, VIL
\t tenoient alors , parce que ce font de ces chofes qui intcreffenc tout le —■■■-■"'•
inonde. ^^ En eâtt s'il s*agi(Ibit de favoir fi chaque Païs Chrétien doit
être gouverné félon fes beloins & fon avantage *, ou fi toutes les Nations
font tellement efclaves d une feule Ville , que pour lui pfocurer toutes fes
ailes elles doivent s'épuifer elles-mêmes , & refter dans la défolation ; on
a vu par la fuite , & on le verra éternellement , que le parti que prit l'Em-
pereur étoit conforme à toutes les Loix divines & humâmes. Quelque mor-
«fié qu'en fut le Pape , la grande expérience qu'il avoit des affaires d'Etat
loi fît bien juger qu'il n'avoit pas fujet de s'en plaindre. Mais réâéchiflant
en même tems que fes propres intérêts ne s'accommodoient point avec ceux
de ce Prince , il s'aliéna de lui entièrement.
XLVII. Charles , après avoir chaflc le Turc de l'Autriche , * rcpaflTa en f^^g^^h^
Italie, & vint â Bologne s'aboucher avec le Pape, pour y traiter de leurs ^^^^^^^
intérêts communs. Us renou vellèrent leur confédération \ ^^ mais le Pape ne Pape <^ de
tEmferettr
^ À BoUgne g
>o. En tffet » il i*ag!ffblt it favoir fi parence de Religion, que la dlviaon le mit ^ ^^^^i
éhtquc Païs Chrétien doit être gouverné fe- dans tome TEorope , & qae fè maintient le d^un Ncnc€
lonfis hefoins & fon avantage , ëcc. ) C'é- Schifme que les abas des Indulgences firent en AUems"
toit ta fond le véritable point de la difpute > naître , & qae les nouvelles décidons dtgne,
& les opinions paniculicres de Luther ou Trente n'ont 6it que fortifier. • Spond. ad
des Doâedrs qui lont fuivi, nom été que ai. Mais le Pofenefutpas entièrement an. 1531.
le préteite des divifions. L*abtts que les Pa- fatisfait , tant à caufe de la liberté de Re* N 7-
pcs Êufoient de leur pouvoir > les profits Si- ligion que l'Empereur avoit accordée en Al* *^^'*'^' ^ J*
moniaques qu ils tiroient du trafic des cho- lemagne , &c. ) Ce n*étoit pas le feul fujet c ' i* * '*•
fês (pirituelles » lufurpation qu ils avoient du mécontemenc du Pape , & il 7 avoir plth
£ûte en matière temporelle fur l'autorité fietns autres intérhs perfonels qui avoient
des Princes i les richefies immenfes qu'eux recommencé à brouiller ces deux Princes*
& le refte do Clergé avoient accumulées , U Car Charles ayant été choifi pour arbitre par
dont ils Ëii(bient un ofage tout contraire à Clément & le Duc de Ferrare , qui fe con-
l'intention de ceux qui les leur avoient cé« teftoient la pofièffion de Modéne êc de Re^
dées t & le foin qu'ils prenoient d'entretenir gio , il avoit décidé en faveur du Duc , cou-
les peuples dans des fuperûitions inCenCées tre la promefie faite au Pape de ne point
poorlesretenir dans l'a veuglemcnt,furent les prononcer en cas qu'il ne trouvât pas la
caufes qui foulevcrent d'abord les Princes juftice de fon c6té. Le Pape ne fut pas
d'Allemagne , & plufieurs autres peuples a moins mécontent de la décifîon de l'Empe-
lenr exemple -, parce que l'on vit que c*é- reur au fujet de Ferrare « qu'il adjugea au
toit moins par zàle de Religion que par ef- Duc, quoique les JurifconfultesieconnuiTent
prit d'ambition & d'avarice, qu'on perfiftoit le droit du Pape. ( Onuph. in Clem, ) A cela
a maintenir des maximes évidemment fauf- fe joignirent d'autres mécontentemens par-
fes & criminelles. De part & d'autre , on fe ticnlier^, comme l'affront fait au Cardinal
teprochoit des Erreurs. Le prétexte étoit de Médicis , que l'Empereur fit arrêter pour
honnête. Mais au fond , c'efl parce que n'avoir pas voulu fe conformer à l'ordre
Rome voiiloit commander comme aupa> donné pour la marche des troupes en Italie^
lavant , & que les autres ne vouloient plus Ces motifs & d'autres joints enfemble reiroi-
obéir fervilement ni j^re la dupe d'une ap- dirent infiniment ces Princes , & la uoor
ii8 HISTOIRE DU CONCILE
icDzxzxxi. fut pas encièremenc facisfaic , tant à caufe de la liberté de Religion que l'Em«
Clbm. VII. pereur avoit accordée en Allemagne , comme on Ta dit , que parce qu'ils ne
•■■'■''■■■" purent convenir fur l'article du Concile. Ce Prince , conformément aux
inftances qu'il avoit fait faire l'aimée précédente nar fon Ambalfadeur,
inflftoir à en avoir un qui pût remédier aux maux de l'Allemagne ; ce qui
ne fe pouvoir faire , fi les Proreftans n'y étoient pas admis. Le Pape au
contraire 5 ou n'en vouloir aucun ; ou s'il écoit abfolumentnéceflàired'cQ
ailèmbler , il vouloir que ce fut en Italie , & que perfonne n'y eue
droit de fuffrage que ceux à qui ce privilège eft acquis par le Droit Canon»
L'Empereur étoit adêz difpolé d'en pafler fur cela par la volonté du Pape f
fi l'on pouvoit trouver quelque moyen de faire goûter cette proportion aux
Proteftans iSc pour en convaincre CUmcrUyiX lui propofa d'envoyer un Nonce
f Pallav ^^ Allemagne , ^ qu'il feroit accompagner par un Ambafladeur , pouf
L.V ç. lu ^^^ 'î o" pouvoit trouver moyen de lever cette difficulté ; avec promeflfe
que fon Ambaffadeur fe régleroit fur les volontés du Nonce. Le Pape ac»
ceptace parti, mais fans être tout-à-fait content de l'Empereur \ perfuadé
qu'il étoit que (i la négociation des deux Miniftres échouoit , Charles préfé-
reroit toujours la fatisfadtion de l'Allemagne à la (îenne. Il fe réfolutdonc
dès ce moment de fe lier plus étroitement avec le Roi de France , pour
fe metrre en état par - U de traverfer tout ce que Charles pourroir pro«
pofer.
sieîd. L. ^ ^ exécution de ce que Ton étoit convenu à Bologne , 8 le * ^ Pape en*
t. pi I jô. voya après Pâques de l'an moxxxiii , Hugues Rangoni Evêque de Reggio ^
Pallav. L. conjointement avec l'Ambaffadeur de l'Empereur , à Jean-Frederic Elec-
î- c- M- teur de Saxe , qui quelques mois auparavant avoit fuccedé à fon pcre, &
Spond, ad ^^j ^^^-^ comme le Chef des Proteftans. Le Nonce pour exécuter fa com«
N^ II. miffion lui expofa : Que Climtnt dès le commencement de fon Pontificat
Fleury , L avoir dcfiré par deffus toutes chofes de voir terminer les différends de
i34.N**7o. Religion qui s'étoient élevés en Allemagne , & qu'il y avoit envoyé pour
cela plufieurs [)erfonnes très-habiles : Que cela n'ayant pas réuflî > il avoit
cfpére que l'arrivée de l'Empereur en Allemagne après fon couronnement
metrroit entièrement fin aux divifions : Que le luccès n'en ayanr pas été
plus heureux» ce Prince à fon retour en Italie lui avoit répréfenré , qu'il n'y
avoit point de remède plus propre qu'un Concile Général , que les Princes
d'Allemagne défiroient ardemment : Qu'ayant agréé ce moyen , tant pour
h Spond.ad complaire à l'Empereur , que pour conrribuer au bien public, ^ le Pape
an. 1555. lavoir envoyé pour concerter avec lui la forme , le tems , & le lieu du
N** II. futur Concile : Qu'à l'égard de Tordre & de la forme, le Pape Tavott
Pallav.L3.
c. 1 5. velle alliance qoc fit Clément avec François Reggio « conjointement avec l* Ambaffadeitr
/. acheva de rompre le concert qui avoit été de l'Empereur « &c. ] Cétoit Lambert de
entr*eux, & fie bientôt qa'on ne pen(àplus Briard ^ikÇÀ'^nx du Confeil de Flandres ,
du rout au Concile. qui fe rendit avec le Nonce le i. loin
tt^ Le Pape envoya après Pâques de l* an mdxxxiii auprès de TEleâcui de Saxe à
MDxzxiii ^ Hugues Rangoni Evique de Nf^eymai en Tburinge»
DE TRENTE, Livre L 119
charge de lui propofer ces conditions comme néccfTaires : La première, que le mdxxxitt.
Concile fut libre ôc général , & tel que par le pafle les Pères avoient cou- ^'^' ^^^'
tiune de le tenir : La féconde , que ceux qui le demandoient promiflent • -'
8c alTuraflènt d'en recevoir les Décrets , fans quoi il feroit inutile de Tadèm-i
blet , puifque c'eft envain qu'on fait des Loix ^ fi on ne veut les obferver x
La troifiéme , que ceux qui n'y pourroient aflifter , y envoyaient des Am-
balTadeurs , pour faire cette promede > & en donner caution : Qu'en atten-
dant il étoit nécelTaire que tout reftat dans l'état où il fe trouvoit , &
qu'où ne fit plus aucune innovation jufqu'au Concile : Qu'à l'égard du lieu ,
le Pape , après y avoir fouvent Se mûrement penfé » & avoir confidére qu'il
falloir choiHr un endroit fertile qui pût fournir abondamment des vivres
pour une Aflemblée fi nombreufe , èc un lieu fain pour que les délibé-
rations ne fuflent point fufpendues par les fréquentes infirmités de ceux
qui y afiifteroient , il ne trouvoit point de place plus convenable que les
Villes de Piaifance , Bologne ou Mancoue , de l'une defquelles il laiUbit le
choix aux Allemands. Le Nonce ajouta que fi après cela quelque Prince né-
gligeoit de venir au Concile ou d'y envoyer fes Ambafiadeurs, & refufoic
d'obéir à fes Décrets , il écoit jude que tous les autres prifiènt la défenfe de
TEglife. Puis il conclut que fi l'Allemagne étoit contente de ces propofi-
ûons , le Pape traiceroit aufii-tôt avec les antres Rois 3 Se convoqueroit dans
fix mois un Concile , dont l'ouverture fe feroit un an après , afin qu'on eût
le rems de préparer des vivres , Se que ceux quiétoient éloignés eullênt le
BCms de fe difpofer pour le voyage.
L E Nonce * donna fefc propotitions par écrit, & l'Ambafladeur de TEm- ' Pallav. L.
Mreur les appuya auprès de lEledeur, qui demanda quelque rems pour 5;^- H*
y repondre. Ce Miniltre 5 qui ne deliroit que de gagner du rems , agréa p m
oe délai , & en augura un heureux fuccès pour fa négociation. Il ne put Fleury'» L.
même s'empêcher de louer ce Prince, de ce quil vouloir délibérer â loifir i34.N°7i.
fiit une affaire qui le méritoit fi bien. Cependant peu de Jours après , TE-
ledteur répondit : Qu'il apprenoit avec un extrême plainr , que l'Empe-
reur & le Pape fè fuflcnt déterminés à tenir un Concile pour décider les
conrroverfes félon les régies de la Parole de Dieu , comme on l'avoir
qui fuivoient comme lui la Confefiion d'Ausbourg
noit pas qu'il fît cette réponfe fimsen délibérer avec eux» Se que cela même
étoit utile pour le bien de lacaufc : Qu'y ayanr une afiemblée indiquée pour
le 14. Juin , il lui demandoir ce petit délai , pour lui communiquer la
dernière réfolution qu'ils prendroient en commun fur cette afl&ire. * 3 Le
1 3 . Z^ Nonce , qui eût fouhaîté que le l'Hiftoire. Car , quelque proteftation que
délai fût plutôt de plujîeurs années que de fît le Pape de vouloir bien concourir à la
phifieurs mois , fut fort content de cette re* tenue du Concile , comme il ne loffroit
mife , &c. ) Cette réflexion que Pallavicin qu'à des conditions qu*on étoit fur que les
laze de malignité , fe vérifie aiTez par Piotcftans b acceptexoienc pas , on ne peoc
110 HISTOIRE DU CONCILE
WDxxxiii. Nonce qui eût fouhaité que le délai fùc plurôc de pluficurs anucçs que dé
^^*^ * piufieurs mois, fut fort content de cette remife , & en conçut encore de
k Id ibid. "^^^'^^""^^^ cfpérances. *4 Mais les Proteftans s'ccant affcmblés à Sni^lcalde
PalIav.Li. ^" ^^^^ çrefcrit , répondirent: ^ Qu'ils remercioient i*Empereur de lapeinç
c 1 3. qu'il avoir prife de foUicirer \p Concile dans la vue de procurer la gloire do
Dieu , & de rétablir la tranquillité public^ue *, mais que cette peine feroic
inutile , (1 ce Concile manquoit des conditions néceiFaires pour remédier
$iux maux de TAUemagne : Qu'ils défiroient que les chofes s'y décidallènc
dans Tordre convenable : Que l'Empereur leur ayant promis dans plusieurs
Dictes , après en avoir délibéré avec les Princes Si les Etats , qu'on le tien«-
droit en Allemagne , ils efpéroienc qu'il leur tiendroit ce qu'il leur avoi(
promis : Que s étant découvert beaucoup d'Erreurs à l'occaûon de la prédi*
cation des Indulgences , le Pape JUon avoit condamné les Doûeurs qui ea
damni
très
que^
île puflènt former aucun préjugé ,
teftation non par les Décrétales ni par l'autorité des Scbolaftiques , mais par
l'Ecriture Sainte ; Que Ci l'on fuivoit une autre voie > c'étoiç inutilement
Gu'on fe donneroit tant de peine » comme on le pouvoir voir par l'exemple
de quelques Conciles précédens : Qu'à l'égard df s proportions du Pape »
elles étoient contraires aux fins qu'on fe propofoi|: , aux demandes des Diètes
& aux promelles de l'Empereur : Que ce Pontife propofoic un Concile qui
n'étoit libre que de nom , mais qui réellement feroit captif , fi on ne
f)QUvoit y reprendre les abus>& réformer la doâ:rine>& qui ne feryiroit qu'à
e mettre mieux en état de maintenir fon autorité : Que ce n'é^oit pas une
demande raifonnable , que d'exiger d'eux qu'ils s'obligeafiçntà obferver les
Décrets du Cgncile , avant que de favoir quel ordre & quelle forme on
garderoit en les faifant , & fi le Pape & les uens voudroient y être les feuls
Juges fouverains , & y faire décider les concroverfès ou par l'Ecriture , ou
par les Loix de ks Tradiûon; humaines ; Qu'il paroiUbit quelque cbofe de
captieux
pas donter que toute remife ne lui fut agréa- paearet. Nam hoc tjfc Clemcnti longé gra^^
ble , parce que fans fe commettre il fe ùjfimum fciehat ; au lieu que par un refus
trouvoit ciré d*embarras. Il n*ell pas vrai toute négociation étoit rompue : ce qui eat
pounant , qu a ce compte il eût dû être plus peut-être été auffi défagréable au Pape qu'un
content d*an refus , comme le dit Le Car- Concile.
4inal i parce qu'au moyen d'une fîmplc 14. Mai4 Us PrHeflans sUtant affemhUs
remife , il ponvoit négocier utilement fans à Smalcalde au tems préfcrit, répondirent ^
aucun Concile , comme ç avoit toujours été &c. ] Cette réponfe efl non du dernier de
fon objet, ainfS que nous l'apprend SUidan Juillet , comme le dit Pallavicin , mais da
en parlant de la première entrevue de.Bo- dernier de Juin , comme le dit SUidan, JJc
logne : Cafar — totus eb/peéiahat quemad- delibcrata communi nomine per liuras rif'
^odum Rdiçionis dijjidium abf^uc Co/^çilio ponfum fiiif uUima dU Junii.
1/. CVjï
DE T RE NT E, Livre L m
captieux dans la demande que le Concile fut tenu félon l'ancien ufage ; mdxxxzu«
parce que (i par cela on entendoic que tout s'y dût décider parTEcriture , C^**** ^^^*
comme dans les premiers Conciles , ils ne le refiiferoient pas ; mais que les ;
Conciles des (iécles fui vans avoient été fort diffërens des premiers > & qu'on
y avoir trop déféré aux Décrets humains 8c aux Loix des Papes : Qu'ainfi
cetiû demande étoit fpécieufe , mais qu'elle détruifoit en effet la liberté
qu'on demandait ôc qui étoit tout-à-fait néceiïàire dans l'affaire préfente :
Qu'ils prioient l'Empereur , que tour fe pafsât d'une manière légitime : Que
îDUS les peuples étoient dans l'attente ôc l'efpérance du Concile , & qu'ils
le ibllicitoient ardemment par leurs vœux 8c leurs prières ; mais que ce feroic
pour eux un grand fujet d affliâion & de peines , (1 on éludoit leur attente
par la tenue d'un Concile tout différent de celui qui étoit demandé & pro-
nus : Qu'il ne falloir point douter que tous les ordres de l'Empire » ôc tous
les autres Rois ôc Princes > ne fuffent réfolus comme eux de ne point fe laif*
ta captiver par les liens dont on vouloit les retlèrrer davantage dans un tel
Concile ^auquel fi on abandonnoit entièrement le ménagement de tout , ils
wmettroient à Dieu le foin de leurs intérêts , & penleroient a ce qu'ils
-aoroient à faire : Que néanmoins (i on les y citoit en leur donnant des furetés
légitimes , ôc qu'ils viflcnt qu'ils puflènt y faire quelque chofe d'utile pour
leièrvice de Dieu , ils ne laidèroient pas d'y comparoître, mais àcondi-
non de ne point confentir aux demandes du Pape, ni aux décidons d'un
Concile qui ne feroit pas conforme aux Décrets des Diètes de l'Empire.
Enfin ils prioient l'Empereur de ne point prendre en mauvaife part leur ré«
Iblmion , & de ne pas travailler à fortifier la puifTance de ceux qui depuis
plufieurs années perlécutoient cruellement des innocens.
Les Proteftans ^ fe réfolurent non-feulement d'envoyer leur Rcponfe / sicid. L.
au Pape & i l'Empereur, mais encore de la faire imprimer avec la Pro- 8. p. I^^.
^j^tion du Nonce , <jue le Pape même jugea imprudente ôc trop peu cou- ^^^^î^o'^^
verte. C'eft pourquoi il le rappclla fous prétexte de fa vieilleffe , & de ^^'^•' '^'
t'impuiffance oui! etoit de foutenir la fatigue de cet emploi % ôc lui fubflitua
Verger Nonce auprès du Roi Ferdinand , avec ordre de fuivre les mêmes Inf-
truàions , d'être extrêmement attentif à ne point s'écarter fous quelque pré-
texte que ce fut de fes intentions , & de n'écouter aucun tempérament ,
quand même Ferdinand Vtn foUiciteroit 5 de peur qu^ cela ne le jettât im-
prudemment dans quelque embarras ÔC dans la nécefllcc d'afTembler un Con-
cile : ce qui ne convenoit ni aux befoins de l'Eglife , ni aux intérêts du
Siège Apoflolique.
XLVIII. Cependant le Pape qui avoit prévu la rcponfe qui devoit 'Entrevue
^enir d'Allemagne, & qili dès l'entrevue de Boloene avoit pris des dé- *('' ^^^^^
C j 1 K» ^ * \ r ' \ r ' ' * ^ n - du Rot de
iiances de l^mpcreur , renonça tout-à-fait a Ion amitie ; parce que ce Prmce, Yrance à
" à qui avoit été remis l'arbitrage d'un différend qui étoit entre le Saint Siège MarfeUe.
£c le Duc de Ferrare au fujet de la Principauté de Modène & de Reggio > m Guîc-
a voit jugé en faveur du Duc de Ferrare. *^ C'eft ce qui engagea le Pape ciard.Lxi?.
^j. C'eft ce qui engagea le Pape a s'allier avee Ja France , ôcc. ) Ce mariage avoit été
X O M E L Q
MDXXX1II.
Cl£m. vil
n Sleld. L.
5. p. 154.
Pallav.L.}.
c. 14.
0 Paul. Jov.
Hift.L5i.
111 HISTOIRE DU CONCISE
i s'allier avec le Roi de France -, & pour fortifier davantage leur Alliance ^
^^ ils concluccntle mariage de -Wf/jri fécond fils de France , zwcc .Catherine
de Midicis petite-nièce de Sa Sainteté ; & le Pape " vint à Marfeille s'abou.»
cher avec le Roi potir mettre la dernière main à leur négociation. Ce
Pontifi: voyant quetoutle monde délkproavoit ce voyage, comme entrepris
uniquement dans la vue d*aggrandir la Maifon , fans aucune vue du.bictt
public, *7 tâcha defe juftificr en publiant ® qu'il ne sy était ergagé.quç
dans :1c deflfein de porter le Roi a favori fer le Concile pour rextinûion
de THéréfie de Luther, Mais ilcft vrai. pourtant , qu*entr'autres chofesdonc
ils traitèrent, «-^ il foUicita le Roi de faire enforte que les Protcft ans &
propof6 il y avoir déjà quelques années ,
comme Ta obfervé Pallavic'm s mais il y a
bien de l'apparence que les mécontentemens
qui augmentoienc entre le Pape.& l'Empe-
xeur , donnèrent lieu de l'accélérer & de le
con(bmmer.
i6. Ils conclurent le mariage de Henri
fécond fils de France , avec Catherine de
Midicis petite nièct de Sa Sainteté. ) Cette
Piince0e fi célèbre dans THiftoire de France ,
encore plus par fon ambition que par Ùl
beauté & (on efprit , écoîc fille de Laurent
de Médicis Duc d'Urbin , & arrière-petite-
&le du célèbre Laurent de Médicis le redau-
laceur des Belles-Lettres & des beaux-Arts
en Italie. Il n y eut que la paflîon qu'eut
François L de mettre le Pape dans (es incé-
lêts , pour être en état de recouvrer plus
aifémenc & plus furement le Duché de Mi-
lan , qui lui fit choifir pour fon fils une al-
liance ù disproportionnée à fon rang , &
dont les fuites fe trouvèrent par 1 événement
fi défavantageufes à la France.
17. Tâcha de fe juflifier en publiant qu'il
ne s* y étoit engagé que dans le deffein de
porter le Roi à favorjfer le Concile , &c. )
Guicciardin ne parle nullement du Con-
cile, mais il dit feulement que Clcment pour
juftifier ce voyage difoit , qu'il ne l'avoir en-
trepris que par la vue du bien public. Sfor-
ij^avafi il Ponteficc di perfuadere à c'iafcuno
d*andare â qiiello ahboccamento principal"
mente ptr praticare la pace , trattare la
imprefa contra gV Infidcli , ridurre à buo-
na via il Re d* Inghiiterra , 6* finalmente
' folo per gV intercfjî communi. Ma non po-
tendo diffîmulare la vera Ctigione , &c. Mais
ce Pontife eut beau difiimuler y perfônne n'y
fiit trompé ; 8c on vit bienr6t que le mariage
de {à nièce étoit le principal bue de ce voya-
ge, & que le Pape avoic du moins autant
en vue les avantages de (a famille , que le
bien public.
iS. Il foUicita le Roide faire enforte que
les Proteflans , & principaletnetu U Laad»
grave de Heffi y qui devoit aller en Frati^.
ce y fe défifUtffent de la demande d'un Conr*
eiû , &c. ) Sleidan , qui !• 9. nous parle
êc de l'entrevue de Clément avec François /•
& du voyage du Landgrave en France , ne
nous apprend rien à ce fujet , 6c le fait me
paroît aflez douteux. Car quoique le Pape
eût réellement de Téloignement pour le Con-
cile , il n'eft pas naturel de croire qu'il eâc
voulu que les Proteflans l'en fbup^onnaflenty
comme ils n'eufient pas manqué de le faire »
û François eût follicité fur cela le Landgra-
ve , qui auroit bien jugé qu'il ne le ùdGAt
quepour faire plaifir au Pape. Auffi 'en too-
tes occafions Clément fit toujours entendre
aux Proteflans, qu'il étoit prêt de convo-
quer le Concile : mais comme c'étoit à des
conditions qu'ils n'^éoienc pas , il trouva
toujours moyen de l'éluder, (ans leur mon-
trer qu il le defirat. Au contraire nous voyons
par nos Hifloriens , comme le remarque le
Continuateur de *M. Fleury , L. x 5 4, N*
1 3 1. que François I, propofa au Landgrave
de faire agréer aux Protefhns la tenue du
Concile aux conditions marquées par le
Nonce ; & il efl bien plus naturel de croire
que ce fut à la follicitation du Pape , pour
qui le Concile n avoir plus rien de dange-
reux , fi les Proteflans cuflènt accepté ces
conditions.
DE TRENTE, Livre L 113
principalement le Landgrave de Heffè , qui devoir aller en France, fedé- mdxxxiix..
aftallcnt de la demande d'un Concile , & chcrchaflent quclqu autre voye ^^®*** ^^^
pour accommoder les différends , leur promettant de les féconder de bonne — — ""-^
toi & de tout fon pouvoir 5 quand il en feroit tems^
Lb Roi en parla donc au Landgrave -, mais il ne put rien obtenir de ce
Peiace , qui lui die qu'il n')r avoit nul autre moyen de prévenir ladéfo-
lacion de l'Allemagne que la tenue d'un Concile , & qu'on ne pouvoic y-
renoncer fans fe jeccer volontairement dans une guerre civile. Sur quoi le
Roi infifta pour qu'on fe contentât au moins que le Concile fe tînt ea
Italie. Mais cecte demande fut également cejetcee -, \cs Allemands trou-
vant que ce parti étoit pire que le premier , qui leur attireroit feulement
lagùer/e*, au^lieu que celui-ci les réduiroit à une manifefte fervitude cor-
poielte & fpirituelle , à quoi l'on ne pouvoir remédier que par un Concile
tCQU dans un lieu libre; Que cependant par condefcendance pour Sa Ma^
fdké ils ceilèroient d'inHlter à ce qu'il fe tînt en Allemagne , pourvu que l'on
conièntît à le tenir dans un lieu libre hors de l'Italie , quelque voikn qu'il
en put être.
Au commencement de Tan mdxxxi v , le Roi rendit compte au Pape de
ce qu'il avoit fait , & s'of&it de faire agréer Genève aux Proj^ftans. Le Pape
à cette nouvelle , incertain (i en cette occaHon le Roi quoique ion Allié &c
&n parent s'étoit peu foucié de le voir dans l'embarras , ou fî fa prudence
oirdinaire l'avoir abandonné > Jpgea qu'il ne devoir pas fe fervir ciavantlage.
de ion entremife dans cette a&ire ; êc ib contentant de le remercier de la
peine qu^'il avoit prifb , fans> dite un mot de Genève, il rafliiiraceux de
là Cour que cette propo(ition avoit allarmés, en leur promettant que rien^
au monde ne fèroit capable de le faire confentir , comme il s'exprimoit ^ 2^
cette folie.
Cbpenikant, au-lieu de regagner rAllemagne , le* Pape perdit encore
cette année l'obéifTance de l'Angleterre, ^^ pour s'être conduit dans une
a&ire pl&tôt par reilentiment & par paflîon » ^pie iclon les* régies de ù
pnidenoe (inéceflàire dans les- choies» importantes. Comme cet événement
ar été cbniidérable Se par lui- même & encore plus- par (es fuites , il
eft nécelTaire , pour le bien faire connoître , de remonter jufqu'â fbn ori«
gihc.
' ar9. Pouw 3* krc conduit dsns ww^airt coii.tre le mariage XAnru 4e Boûn , qne.
jhi&ffar reffentiment & parpaffion',. que^ beaucoup de Catholiques & la plupart des
fiUm Ut règles de- la prudence , &c« ] La^ Pitoteflans jugeoîent criminel. Loiamème
cendjaecflèfzizioiFra^Paolo de la con«^ de croire que Clément aie montré de la
diitce de Clément • ne paroic pas toat-à-^it partialité contre Henri en faveur de Charles^
équitable. Car fi on ne peut pas dire qae- îonpeatdire qu'iiétoit natoreilement plus
ce Pape ait foivi exaâ:ement tontes les Idx. porté poorle Roi d'Angletene quepour TEm*
de la prndence- dans TafËûre da divorce de peieor avec qui il étoit alois aiTez brouillé^-
Henri VIII , on doit encore moins affiner 8l qu'il n a condamné le premier , que
qae ce foit pnr paffion d» par rtfflaitvmnt patce que raiIbnnabJement il a,e pouvoir pas
qu il l'air condamné , & qu'il air pionoiicé\ l4bfib]dre;<
Q *
114 HISTOIRE DU CONCILE
idDxxxiY. XLIX. î<> Henri FUI. Roi d'Angleterre, P avoir époufé avec une di^
CiEM. VIL pçnfe jç /^/^^ // ^ Catherine Infante d'EKpgne , veuve à* Arthur Prince de
jj .T^,jw Galles fon frère aîné, & fœur de la mère de Charles- Quint. Cette Princefle
JR« iTilji- ^voit été grofle plufîcurs fois •, mais ou elle avoit eu de fauflfcs couches , on
gUterreyrt- les enfans avoient peu vécu , & il ne reftoic de fon mariage avec Henri
fudie C4- qu*une feule fille. î* Ce Prince, ou par haine contre l'empereur , ou par
r^mVf# iç j^(jj d*avoir des enfans mâles , ou par quelque autre raifon que ce puiflè
&fi^^!ire ^^^^ * ^^^^^ P^^^ quelques fcrupules delà validité de fon mariage , & aprè»
élê CEgtife ^^ avoir conféré avec fes Evèques , iifefépara de lui-même de fa femme.
Romsune. Les Evêques follicitèrent la Reine de conlentir au divorce , difant que !»
/ Slcid. L. difpcnfe de /tf/w //. n'étoit ni valide ni véritable. î* Mais cette Princeffè
P fl ' ^L. ^^^^^^ ^^ ^^ rendre à leurs fenrimens eut recours au Pape , à qui le Roi
c I f . & 17! s^^ddreda de fon côté pour demander la cafTation de fbn mariage. CUmcru ,
Burnec <iui étoit alors à Orviète , fe flattant de mieux réuflir dans fes deflèins ^ &
Hift. Ré- les Rois de France & d'Angleterre continuoient â le fevorifer en inquiétaac
form. Part. ITEmpereur dans la poflèllion du Royaume de Naples , envoya en Angle-
^ rerre le Cardinal Campige , auquel conjointemenr avec le Cardinal d*I&rck
il remir le Jugement de cette anaire. 3 3 Henri reçut de Romc& de ces Car--
dinaux des efpérances que le Jugement luiferoit favorable. )4 Etpoar fâci*
) G. Henri VI H , Roi S Angleterre j avoit
ipoufe avec une difpenfe de Jules II , Ca-
therine Infante d'Éjfpagne , &c. ] Elle étoic
fille de Ferdinand Roi d'Arragon » Se d'/-
fabelle Reine de Caftille , Se foeur cadette
de Jeanne meie de CharUs-Quint. Cette
PrincelTe » auflî diftingoée par Ùl venu que
par fes malheurs, & par les révolutions aux-
quelles ce mariage donna lieu dans la faite ,
avoit époufiE en première^ nocesArthur
Prince de Galles , frère aine de Henri ; &
ce fut ce qui fît douter enfoice de la validité
du fécond mariage.
)i. Ou par quelque autre raifon que ce feroit favorable. ] Ceft (ans doute for ces-
fe (ut tout d*an coup adreOS à Tes Evèquet ^
& qu'ils eulfent déclaré fon mariage mw*^
llde, il eût eu plus de moyens de juftifier
(à conduite. Mais qu'après avoir reconnu. •
Clémentpoax fon Jii^e, il ait paflé outre (kn^
attendre la fentence, &ait décliné ce Tti*
bunal pour en dioifir un autre , c^eft ce qui
eft contraire à toutes les loix , & qui moor
tre que ce Prince fe conduifoit bien moinr
dans cette aâire par fcrupolè, que fat'
paflion.
35* Henri reçut de Rome & de ces Car^^
dinaux des efpérances que le Jugement
puijfe être ^ Bec. ] La paiCon de Henri pour
Anne de Bolen eut fans doute autant de
pan à cet événement y qu'aucun des autres
iiioti($ qu'allègue ici notre Hiftorien. Ja-
mais Prince depuis cet engagement ne fie
paroitre plus d'intempérance & de cruauté 1
& ceux mêmes qui étoient les plus portés à
condamner fon premier mariage , n'ont pu
juftifier la mémoire d'un Prince , qui fur la
fin de (à vie viola toutes les loix de la ver-
tu, de l'humanité ^ & de la bienféance.
3 1. Ztfi Reine — -. eut recours au Pape, à
firi le Roi s'adrejfa de fon côté , Sec* ] Si
Henri (ans recoanoitze le Tribunal du Pape
efpérances y que ce Prince preflbit fi fisnle
Jugement dénnitif , qu'il eût (bllicité plus
froidement , s'il n'eut eu quelque lieu de'
croire qu'il lui feibit avantageux. Il avoir
encore plus de rai(bn de fe le per(iiader ,.
s'il eft vrai ce que rapporte Bumet, que
Clément encore prifonnier à Rome avoic:
promis au Secrétaire Knight qu'au(fi-tdc qu'il
feroit en liberté , il donneroit au Roi la &^
tisfadion qu'il feuhaitoit » & que Cangfége:
le fiata de la même efpérance. Bumet , P. ?•.
L. 2»p« 47.
34* Et pour faciliter la chofe & acMtrtr
U Juge§tent , U Pape fit drefferuaBref--^
DE T R E N T E , L I V R E L iif
litcr la chofc & accélérer le Jugement , le Pape fit drefler un Bref <l avec les mdxxxxv.
clauiès les plus amples qu'on eut jamais employées dans aucune Bulle , ^^**** ^^
lequel il dégageoit le Roi de fon mariage , & le déclaroit ^libre *, & le
Gulc-
firef fuc envoyé en Angleterre avec ordre à Campegc de le préfenter au cîard.L.i^.
Roi 9 auflîtôt que Ion auroit fait quelques preuves , qu'il étoit très-aifé de Pallav.Li.
£ùre. Tout cela fe paiTa en mdxxviii. Mais enluite Clément , pour c i;.
'Angleterre , 3î il envoya en mdxxix. rBiini.P.r«
François Campana en Angleterre , ' avec ordre à Campigc de brûler le ^ *• P* ^^
Bref, & de procéder lentement dans cette affaire. Le Cardinal commença
donc i tirer les chofes en longueur , & à faire naître des difficultés à Texécu-
rion des promeflès faites au Roi. Henri perfuadé par-là , qu'il y avoit de la
œlluiion entre fon Juge & fes ennemis , fit confulterle cas dans lesUniver-
fitcs d'Italie, d'Allemagne, & de France, où il trouva des Théologiens»
qui opinèrent les uns pour la validité , & les autres pour la nulaté da
mariage. 3^ La plupart des Théologiens de Paris prononcèrent conformé-
jnent aux inclinarions de Henri : mais plufieurs crurent que les préfens de ce
Prince avoient plus influé fur leur décifion , que fes raifons.
par kfud il dégageait le Roi de fon mariagt , cagioni pure auencnti à qutlla caufa , ma
ftc ) Cécoit le fentiment général de ce con commeffione al Campeggio che abbm^
temf-U y & Guicciardin l'acre en termes ciajfe la BoUa ; il che bencke différée
pofitifi. Fece fecretijpmamente una Solla d'effequireper ejfere fopravcnuu Uinfernd*
decretale declaratoria che il matrimoniofojfe ta del Pomefice , guarendo poi mife ad ef-
invalida , laquale dette al Cardinal Cam» fetto il comandamento fuo. Mais qaoi qu'il
peggio , &gli commife che moflratale al Re en foit de la vérité de ce Bref^l'ordre aa moin»
& al Card. Eboraccnfe dicejfe havere com,' de tirer cette affiiire en longaear eft certain ^
wùffione di publicarla , fe nel giudicio la Se Pallavicin en convient. En cela CUmenè
€ogni{ione délia caufa non fucccdejfe prof agilToit ave<^ beaucoup de prudence, parce
/icnfm^Ar^.Cependant le Cardinal Pallavicin qu'en diflèrant le Jugement, la mon de Hen^
niele £ut y mais for des xaifons qui me ri on de Catherine^ qui pouvoit arriver ,
paroiflènt trop foibles pour nous convain- eut terminé le dif!îrend (ans aucun rifqne..
cre de fa faaUetc , quoiqu'elles foient aflêz 3 6* La plupart des Théologiens de Paris
ipécieufes pour le rendre doutenz. Je ne (ai prononcèrent conformément aux inclinations
néanmoins fi 1 on peut demeurer dans le de Henri , 5cc. ] Mais non fans foupçon
doote après la leâure des lettres de Henri d'avoir été gagnés par argent. Et Pari--
'VUI , . de Wolfey » & de Cajfati y rappor- fienfes quidem , dit Sleidan L. 9. videbantur
tées par Burnet , & qui toutes fuppofent approbare , non fine largitionis fufpicione ,
clairement la réalité de ce Bref. Bum. P. !• ficut alii plerique. La plupart des Univers
Coll. of Records, L. i. N^ i^.& 17. fités dltalie & de France, foit perfuadées^
^$•11 envoya en uDxxix François Cam- parles raifons de ce Prince, (bit gagnée»
pana en Angleterre avec ordre à Campége par fes libéralités, opinèrent pour le mime
de brûler le Bref ^ £• • de procéder lentement parti. Mais en Espagne, en Flandres, & dans
dans cette affaire. ] C^ ce que continue les Païs-Bas on décida pour la validité ; &en
d'afliirer Guicciardin, Manda, dii-Uy Fran- comparant les rai(bns , il femble que c'é-
cefco Campana injnghilterra alCardXam- toit le pani le plus jofte & le plus honnête.
peggio dmofkando al Re mandarlo per altre Bum.V. Xt C9llio£Keco2[dS| t. a, M^ ^^
j
ii<f- HIS'TOrRÉ DV CONCILE
Mblrtf^iV; Cependant le Pape , oti pour obliger TEmpcreur , « ou par crainte que
CleAi. Vir. jç Cardinal d^Yorck ne fît pàflcr quelque A<Ste contraire à ks^ intentions , ÔC
j I pour tirer Camphgc d'A'ngleterrc , évoqua à lui-même la connoiflTance de cette
iV^N^A^i Caufe, Le Roi impatienté par ces longueurs , foit pour avoir pénétré les
rânâv*. L * aftifiees du Pape', fbit pour quelqu'autre rai(bn , publia fon divorce avec
X.C 17. VdMrine , )7ge: épouùijinne de BoUn en mMxxiii : la Caufe demeucanr
I<L L. j. totijburs entre lés- mains du< Pape , qui, pour contttnter TEmperear , &ne
^' '^ point oïFehfer le* Roi, s'étoit réfola de procéder lentement. C*eft pourquoi
l'on traita plûcèc de quelques incidens que du fond d&rafiàice ; 3« ⣠U dis-
pute s'étant bornée d'abord' à l'Article des Attentats , le Pape prononça fim«
plemeht cotitre le Roi , qu'il ne lui avoir point été permis de fe fejpacer de
la femme, de fa propre autorité fans Pintervention du Jugpr Eccléuaftiquc,
y^ Henri informée cette Sentence fecoualobéifTance du Pape au commsn-^
t Pallav. L. cernent de l'an Mbixxi v , & défendit à tous fes Sujets de porter doréna« '
D ^ M^ vant de l'argent à Rortic , Se de payer le Denier de S. Kerre. Cette nou>
up. cm. ^jj^ confterna lirGour de Rome , \&c on penfa immédiatement à y remédier.
Qtitlqnelç-unsétoientd'avistfe fulminer des Cenfures contre le Roi, ^ 6c
d'interdire à toutes^ les Nations Chrétiennes le commerce fd^'Angleterre»
Mais d'autres jngelbient plus k propos de teraporifer , ôc de ménager quel-
que accommôdenhént par l'entremife du Roi Très-Chrétien , & cet avis
pfh^\}»V €e Prince y confeAtJt 8c envoya ^ Romei'Evèque de Pasis poue
tcf^ttët d€ l'âcdommôdên^t' at^ec' lè Pape. Cependant oa pn>céd6il^ toujoucs
â Rome â l'exametï de k Caufe -, mais lentement , 8c dans la oéibltition det
n'en point venir aux Cenfures , que TEmpereuï n'eut pris les armes pour
^7. Xe Roi — époufa Anne de Bolen en nonce fur la validité da preoiîer mariage^
MDxxxiii. ] Ce lïiariage fe fie fecretepienc II n'étoic nullement qtieftion dans cette
éh le mois de Novembre 1/3 &• Mais il ne premiàre Sentence , de favoir fi ce premier
£it publié qu au mois de &lai x n 5 > ^P^^ mariage avoit été valide ou non. Mais on
la Sentence de divorce que prononça Cra/t' y condamnoit /implcmenr Henri, pour ttk
mer Archevêque de Cantorbery » qui aux avoir contraflé un fécond de (on amorîtf ,
inftances du Roi prit fur lui le jugement avant que le premier efit été jugé invalide,
de cette affaire , quoiqu'elle fît toujours ou que ce Jugement eut été poné par un
pendante à Rome , dont le Roi &Ia Reine Tribunal compétent,
avoient reconnu le Tribuital. Burnet^ F« i* 3.9. Itcnri informé de cène Sentence^
L. 1* p. 1)1. Une relation citée par M, Le défendit à tous fes Sujets de porter darin^^
Grand f nous apprend que Aouland Lee vant de l'argent â Rome ^ & de payértk
qui fit ce mariage « ne le fit que fur Taf- Denier de S. Pierre,] Lés Hifterient ntf
uiranceque lui donna Henri ^ quelel'ape déterminent pas bien préclfément qoellè
avoit caflé par fi Sentence celui qu'il avoit efl la valeur que Ton doit entendre par
conttafté avec Catherine tArragon. ce Denier , Se l'on ne fait pas même bien
%%.Et la dijpute s étant bornée Sabord quelle eft la première origine de cette. Ifr^
à V-articU des Attenats , &c.] Ceft à dire, devance. Polydort Virgile ^Sîeidan aplif
à favoir fi la Cauft demeurant toujours lui l'attribuent au Roi //i4i en DCCXL',Ârlt
entre les mains du Jhipe , Henri avoit pu fixent à un écu d'argent. Mais il y^a' (ufceaf
légiomemenc fe féparei de fâ femme & en deux points tant d'incenitude, que leplo^^
époofer une autre, avant quon eut pro- eft d'attendre fur cela plus d*éc]a§rdliefnta&
DiE ÎTREN T E , LivxE I. 117
les foacçnlr. La Caufe.écoic pacci^ée en xxiii Accicics \ 6c onexamiQqic.^Iors, Hî>X3Ksnr^
fi le Prince Arthur avoir eu commerce avec la Reii^e Catherine. Çeçtc <Uf-^^^w..YII.
cuffion dura ^ jufqu*après la moirié du Carême^ quon reçut nouvelle â '
Komele 19 de Mafs que Ton avoir publié ço Angler^c un Libelle violent Hift^^
çQWiP le Papc.A: coure V.Çour de ftqme , .4^ quenr^préfence ^>Roi &c de Réf. l. x.
ix)u|C la. Cour on î^vçir.r^préfenié une,Com64iepù:ion cpurnqir le Pape ^ p. 13^,
jRHEis IfisCacd^inauK pi •ciqiçiile. 40 .Ççla les ^ni(n^ rejlemqnr tp^s > ;quon P^ll^^-I^-j*
pç^jpiuU^Sçutçpce, jpfutpïibUécleAii. du.raç^ mpis dapsje Con- ^ '^
iiftoke > :& qi^ .déclarait ^v^li^ ic .n^^^age de If^à 8c ^^Cathcrinc , or- ^^^'Jf
^ODQoit a,a Roi 4c, U .rjBpcçûdic,, & le.dçnogsqic çjxçpminuwc , sïl oc N^ j. &
Je faiibit pas. (êq^.
if Pape 41 lac tarda piajsifcçépenîir 4c ceucw?^ Ç^rjiy.joui»
nprès iLreçut dos lcççfçs4a'ÇU>i Jc;Çrai|cç>'quifuiit^ four
«lettQit/à la>Sonrfinee-prQnoocéc fur j'ATticlcfi;? ArKçnft«rj9cqtt!U4toitptcc
Je i^entrcr d^ns l'pbéiilançfi du S. Siège , ppiurvu que Içs Ç^ainïUix qui lui
-^coicnt fufpei^s ne ftiflcftr point Juges dans cette affaire,, 8c ^u.Qnenvoyâc
Â.Ombrai des perfonnes ^fCi non fufpeâes pour piendre les informations.
Jùnri même avoitdéja envoyé fes Procureurs à Rome pour agir en fon nom
.dans fa Caufe ; ôc CUmP^ cherchoit quelque pcétej^ic pour fufpendre la
.SçQcence que L'on avpit précipî^içe » & reprendre la .Caiiiè en fon enrier%
Mais Henri ayant va Ja^cqtcoce 1 dit : Que U choie lulimportoit peu :
jQâe le Pape feroit Evèque de Rome > ^ lui ifçul Maître de fon JRoyaume :
Qu'en cela il fuivroit l'ulage ancien de l'Eelife Orientale : Qu'il ne cef-
JfeîQit pas dette bon Chrétien, &. qu'il ne JaiHèroit point entrer dans fon
;Royaume ni l'Héréfiede Lfithcr^ ni aucune autre 5 ce qu'il exécuta effec-
tlivement. Il publia. donc un* Edit , ^ où il fe déclara Chef de l'Eglife Angli- ^ Spon(I.a<!
•cane il menaça de mort . quiconque diroit que le Pape a quelque au- î^o*"*'^^^
:tQrité en Angleterre ; il chafTa les Collecteurs du Deoicr de Saint Pierre ; ^'
f& il fit approuver tour cela par le Parlement , oii Ton ordonna encore , que
tous les Evèchés d'Angleterre reccvroient leur Confirmation de l'Arche vê-
40. Cela Us anima tellement. tous , quon û court > 8c les fuices fi importantes , qa on
-précipita la fentence » qui fiu.publide le 24 :ne peut (ans la <ienii(^re partialité pour Ko-
hU Mars,] Ou plutôt le x^ , comme le nie ezcuf^r Clément d'imprudence & de
ipfouve le Cardinal P.2//tfvicia par les Aâes .précipitation, quand .même on convien-
:Coi3iî()x>xiaax 9 & comme k marquent droit qii*iln a rien donné au xeiTentimentl^
Sliidan, L. 9» & Bumet ^. x. L. r..p. à la vengeance.
1 J ^» 4*' Car fix jours offres il reçut des lettres
^u Xi 'Pape ne^tarda pas à fe repentir de du Roi de France , &c.] Ceft ce que die
€eue précipitation,] Quoi qu'en dife Palla- l'Auteur Anglois de la Vie de lienri VI IL
-vicin, on ue peut juftiiier Cinntf/i/ d'un lAzxs Guillaume du Bellai àziiiksiAcmoï'
excès d'imprudence en cette eocafîbn. Car resdicqoe le Courier arriva feulement deux
'pQifqu'on attendoit inceflamment le retour jours après , & Bumet le marque de même.
•du Courier dépêché en Angleterre , on ne Peut-être que />tf-P<joib marque (»x jours ^
^pouvoit fe difpenfer d attendre la rcponfe , parce que du Sellai avoit eÉfe^vcmenc
quelle qu'elle put être. Le délai devoir être demandé lix jours de délai.
xi8 HISTOIRE DU CONCILE
Msxzxnr. que de Cantorbcry , Se que le Clergé payeroit au Roi tous les ans la iommé
Clem. vil de I jo , ooo livres ftcrUng pour la dcfenfe de TEtat contre qui que ce pue
être.
^) Cette aftion du Roi fut interprétée fort diverfement. Les uns ju<-
geoienc qu'il avoir agi très-prudemment de s être tiré de la fujettion de
Rome j ians faire aucun changement dans la Religion , fans courir le rif-
que de faire ibulever fes peuples , & fans fe remettre au jugement d'an
Concile. Car outre la dimculté qu'il y avoit dans un tel jugement 9 il y
avoit tout d craindre pour lui » puifqu'on ne voyoit pas comment un Con-
cile compofé d'Eccléfiaftiques ne feroit pas toujours favorable à la puiflànce
du Pape , qui eft le foutien de leur Ordre , & par le moyen duquel ilsfe
trouvent fupérieurs aux Empereurs & aux Rois , auxquels ils feroient alTu-
jetcis fans lui, qui eft leleul qui ait cette fupériorité fur les Princes. La
Cour de Rome foutenoit au contraire , qu'on ne pouvoir pas dire qu'on n'eut
rien altéré dans là Religion , puifqué Ton avoir changé le premier & le prin-
cipal article , qui eft Ta Supériorité du Pape , & que ce ièul changement
ièroit naître autant de féditions , que tous les autres points enfemble. L'é'
vénement confirma cette conjeâure. Car ffenrî pour le maintien de fon
Edit fut forcé de procéder rigoureufement contre pluHeurs de fes Sujets »
qu'il honoroit auparavant de fon amitié & de fon eftime. L'on ne peut ex-
primer le déplainr que fenrirent Rome Se tour l'Ordre Eccléfiaftique , de
voir un fi grand Royaume fouftraie à l'obéiflànce du S. Siège \ ic ce fiit
un exemple bien éclatant de l'inconftance des chofes humaines , dont (bu-
vent celles mêmes qui ont produit de plus grands avantages , portent auffi
dans la fuite de plus grands préjudices. Car les Difpenfes de mariage & les
Senrences de divorce accordées ou refufées avoient beaucoup fervi par le
pafTé à enrichir le Pontificat, lorfque les Papes à l'ombre du nom de Vi-
caire de Jefus-Chrift , ayant ou aucorifé un mariage inceftueux , ou difibos
on
43. Cette aHion du Roi fut interprétée mêmes qui écoîenc les plus portés à l'exco^
fort diverfement.] Il eft alTez naturel de le fer , comme les François , Se ceux qai
croire, fui-toat dans la difpoficionodétoient avoient décidé contre la validité du pre«
alors les efprits en Europe. Les Proceftans la mier mariage , ne voyoient cependant qu'a-
louèrent , comme propre à introduire la vec peine que Henri eue poné les choies à
Réfbrmation dans un Royaume où die cette extrémité < & quoique peat-trre ils ne
n*avoit point encore pénétré > 6c quoiqu'ils fulTent pas bien convaincus de cette Pri*
n^approuvalTent pas le motif qui avoit porté mauté de Droit divin que s attribooient les
Henn à cette démarche, ils n'en étoient Papes, du moins eaffent-ils été bien aifes
pas n^oins portés à la louer à cauTe des que pour conferver la paix Se Tanité^ on ne
îuites qu'elle pouvoit avoir , Se de 1 atteinte touchât pas à cette fubordination , qui (bb-
qu'elle portoit à l'autorité du Pape. Les Ca- £ftoit depuis tant de fiècles , & que le Prince
fholiques généralement la condamnoient , ne s'attribuât pas an titre & une autorité
comme une déclaration ouverte de Schif- jufque-lâ inconnue dans l'EgliCe , Se donc
ine, & d'un Schifme qui ne dévoie fa Henri fit dans la faite on aflèz uiawais
naiflànce qu a une pailion cxioûnelle. Ceox ulage.
4+. Lorfyuc
DE TRENTE, LiYKfiL ri^
un mariage légicime pour donner lieu à un autre » avoienc fourni anrPrin- mdxxxiv.
CCS des prcrcxtes de s'emparer de quelque Principauté , ou de firuftrcr les C^^**- VII.
droits des autres Prétendans , & les avoientinterefles par-id tant eux que ■"■■■■™"
leur poftérité à défendre leur propre autorité , fans laquelle ce que ces Prin-
ces avoient fait eut été condamné , & leur poftérité regardée comme illé-
gitime. Quoi qu'il en foit , on ne peut difcon venir que le malheur qui arriva
cette fois ne fut un efïèt de la précipitation de Clément , qui ne fçut pas en
cette occaHon ménager fon autorité ; & qui> s'il eut plu à Dieu lin iailfec
£iire ufage de fa prudence ordinaire , eût pu tirer un grand avantage de la
même chofe qui lui caufa une (î grande perte.
44 Lorsque TEmpereur de retour en Allemagne eut appris de que' le manière
le Nonce Rangonizvoit négocié l'affaire du Concile, 4^ ii écâvic a Rome pour
le plaindre y de ce qu'ayant promis aux Allemands de le faire aifcmbler » .
te étant convenu avec le Pape de la manière dont il falloir s'y pendre j^ ^^^
pour traiter avec les Princes , les Nonces s*y étoient pris d une manière toute
différente , 4« de forte que les Protcftans croyoient qu'on avoit voulu les
tromper ; Se il orioit i la an Sa Saintetéde vouloir trouver quelque expé«
dientpour fatisraire l'Allemagne. 47 Ces lettres furent lues dans le ConfiC-
44. Lorfque l'Empereur de retour en Al-
lemagne^ écc] L'Empereur ne tevinc en Al-
lemagne qu après la mon de Clément Vll^
& même après Texpédition d'Afrique qui ne
it fit que Tannée fuivante,
^%* Il écrivit à Rome pour fe plaindre ,
&c*] Je ne fai fur quels Mémoires nocre
Hiftorien avance ce fait. Car ^ comme
robferve fçrt bien Pallavicin , il eft alFez
difficile de comprendre de quoi l'Empe-
reur Ce (èroit plaine, puifque le Nonce
n*avoit négocié que de concert avec l'Am-
baflàdeor de ce Prince, qui avoir appuyé
Rangoni dans toutes Tes proportions , &
qui même, félon Sleidan L. 8. avoit prié
l'Eleveur de Saxe d^ajouter foi à tout ce
que l'autre lui avoit propofé. Et quoniam
ÙU de re tota fit abundè locutus , non ej/e
quod ipfe pluribus agat : Pctere autem ut
narrationi fidem habeat , 6' henevoU ref-
pondeat. Il y a donc peu lieu de croire que
l'Empereur fe foie plaint de la ncgocia:ion
de Rangoni , fi ce n'eft peut-être qu'on
veuille penfer que l'Empereur n'ctoit pas
content des Inftruiflions qui avoient été
données à ce Nonce , & qui ne lailïbienc
pas efpcrer que jamais les Proteftans con-
ïentilTent à aucun Concile (bus les condi-
tions que propofoic la Cour de Rome* ta
1 O M £ L
chofè poftirroit bien être vraie en ce (ens »
& l'Empereur n'auroic fait femblanc d'être
mécontent du Nonce, que pour n'en pas
rejetter la &ute fur le Pape même. Mais
quoi qu'il en foie, il &ut que la négocia-
tion de Rangoni ait déplu au Pape ou 2
l'Empereur , puifque peu après il fut rap<-
pelle, U que Verger lui fut fubftitaé dans
le même emploi.
4^. De foru que les Proteflans cnoyoîenl
qu'on avoit voulu les tromper, to.J C'eft
eSèdivement la plainte qu'ils faifoienc
dans leur réponfe: Et laqueum illum atque
vincula , qua Pontifex ipfis induere cogi*
tat , longijffimè répudient — Quam enim
ille molitur obligationem , ejfeplenam cap--
tionis & injîdiarum. Fra-Paolo ne dit pas
que cette plainte fur jufte , & il ne le £iicpas
dire à l'Empereur. Il rapporte fimplement
la chofe , & l'on voit par $leidan qu'elle eil
affez certaines.
47. Ces lettres furent lues dans le Con--
Jiftoire du 8 de Juin.] Selon Pallavicin , ce
furent les lettres non Je l'Empereur , mais
de Ferdinand y qui furent lues dans le Con-
fidone , non du 8 mais du 10 de Juin s Se
il n'eft fait mention dans les Ades Confîfto-
riaux d'aucunes lettres de Charles^ ni dans le
Confilloire du 8,ni dans celui du 10 de JuiJi»
R
130 HISTOIRE DU CONCILE
MDzzxzT. toire du 8 de Juin. 4» Et comirc quelques jours auparavant * l'on avoîi
Clem. vil reçu nouvelles, que le Landgrave de Hefle avoir enlevé le Duché de Vir-
■■"""^ tembeig au Roi Ferdinand pouv le rendre au Duc l///ic fon légitime Maîrr^
*o ^N°'' ^' ^ ^^°*^ ^^^^^ '^ ^^^ ^ ^^^^^ ^^ P^^^ ^^^^ '^^ Protcftans , plufieifrs Car-
Slcjd. L^^! dinaux furent d'avis , qu'après un tel avantage remporté par les Luthériens,
' il étoit nécelFaire de leur donner quelque fatisfadion cfFedive , fans les
amufer davantage par des paroles artificieufcs : d'autant plus qu'il étoit à
craindre , que a le Pape ne trouvoit quelque expédient pour dégager la pro-
mciïè de l'Empereur , ce Prince qui avoir promis le Concile ne le trouvât
obligé d'avoir quelque condefcendance , qui fcroit encore plus préjudicia-
ble d l'Eglife. Mais le Pape ôc la plus grande partie des Cardinaux , qui
voyoicnt qu'il feroit impoflible de faire accepter aux Luthériens un Concile •
p. 137.
tel
qui convint aux mtcrcts ^^
s de la Cour de Rome , & qui étoient déterminés
M Pallav. a n'en point agréer d'autre , fe réfolurent de répondre à l'Empereur : » Qu'on
L }.c.i6. fcntoit bien Timportance dafTembler préfentement un Concile Général ,
6c qu'on étoit prêt de le convoquer , pourvu qu'on pût le célébrer de ma-
nière qu'il pût produire les bons effets que le befoin requéroit : mais que
voyant naître de jour en jour de nouvelles brou illeries entre lui & le Roi de
France , & des diflenfions ouvertes entre les autres Princes , 4^ il étoit né-
ceffaire de tout concilier avant que d'aflemblcr le Concile , qui fans cela
ne produiroit aucun bon effet , dans un tems fur - tout où les Luthériens
tout fiers de la viûoire de Wirtemberg avoicnt toujours les armes à la main»
4%, Et comme quelques jours auparavant
ton avoit reçu nouvelle , que le Landgrave
de Hejje avoit enlevé le Duché de JFirtem-
terg au Roi Ferdinand , &c.] A en croire
Pallavicin , notre Hiftorien fe trompe en
dîfant qu'avant le Confîdoirc du S de Juin
on avoît eu nouvelle que le Landgrave avoit
enlevé leDuchéde\5^irtemberg iFerdinand^
puilqne la paix entre ces Princes ne fut
faite que le 29 de Juin > félon Sleidan.
Mais je ne vois aucune con{?quence de
l'un à l'autre , ni aucune contradiction à
dire qu'on avoit eu nouvelle à Rome que
le Duché de Wirtemberg avoit été enlevé
iès le commencement de Juin , quoique
la paix ne fe fit qu'à la fin du même mois.
Ce qu'il y a de vrai , c'eft que cette guerre
ajant commencé dans le mois de Mai , 5c
l'Armée de Ferdinand ayant été mife en
déroute des le 1 5, la guerre finit prefque
auiïi-tôt qu'elle avoit commencé , par la
reddition volontaire de toutes les Places à
leur ancien Seigneur. Ainfi ceft à tort
que le Cardinal cenfuie ici Fra-Paolo ,
qui ne s'eft écarté for ce point ni de la vé-
rité ni de la vraifemblance. Il eft vrai que
dans le Confîftoire du 10 de Juin on ne
pouvoit pas avoir nouvelle de la paix , qui
ne (ut faite que le 19. Mais il femble que
notre Hiftorien parle plutôt de la nécef-
fîté où Ferdinand fe trouvoit de (aire la
paix , que de la conclufîon mhne de cette
paix : ou fi c'eft de cette conclufion qu'il
parle, il faut avouer que Pallavicin a eu
rai fon de relever fa méprife en cette cir-
conftance.
^^.11 étoit nécejfaire de tout concilier
avant que d'aJlembler le Concile.] Ceft ce
que reconnoît Pallavicin lui-même , Forf-
qu'en parlant des délibérations du ConfiC"
toire tenu le 10 de Juin , il dit que tous
les Cardinaux convinrent unanimement de
la néceflîté du Concile , mais qu'on ne pou-
voit le tenir que préalablement la paix ne
(3t établie entre les Princes Chrétiens. E
perche le ueilità fperabili dal Concilio dovt^
vano havera per fondamento lapact i quefis
nel primo luogo fi procurajjk.
DE TRENTE, Livre L 131
L. Mais toutes ces négociations au fuiec du Concile furent toat d'un mdxxzit.
coup interrompues par la raorc ^ de CUmcnt , qui î® après une longue ma- ^^"' ^^^*
ladie termina fcs jours dans le mois de Septembre , n à la grande fa- ^ ,
tifïaâion de fa Cour. Car quoiqu'on admirât en lui une gravité na- clément
curelle, une économie admirable , &c une grande habileté dans rartdedif- vil , é"
(Imuler *, on le baiïlbit cependant à caufe de fon avarice , de fa dureté > éUHion dt
& de fa cruauté , qui s croient encore plus fait remarquer depuis fa ma- ^V^\ ^//v
ladie, 9. p. n8.
Durant la vacance du Siège , c'eft la coutume des Cardinaux de dredèr spond. ad
certains Articles de reformation » qu'ils jurent tous d'obferver , s'ils devien- an. 1554.
ncnt Papes*, mais que l'expérience montre qu'ils jurent fans aucune inten- N"* 17.
cion de les obfcrver , ne manquant pas de dire après leur exaltation , ou P^"*^-L«J-
qu'ils n'ont pu s obliger, ou que le Pontificat les dégage de leurs proïncf- q^j^^^^j^
ies. L'un des Articles donc , qui fut propofé dans le Conclave après la l. lo.
mort de Clément , fut : Que le Pape futur feroit obligé de convoquer le
Concile dans le terme d'une année. Mais ces Articles ne fiirent ni confir-
més ni jurés. Car le jour même ^ que le Conclave fut fermé , qui étoit le 1 1 e Rayn.
d'O&obre î* , on élut Pape à Timprovifte le Cardinal Farnéft^ tJ quiadaiLi5 54.
pris à fa création le nom èi Honoré K. qu'il changea dans fon couronne ^ *•
ment pour celui de Paul III. Pontife qui avoitde bonnes qualités , ^4 mais ^"'xjSi^
3 ui n'en eftimoit aucune à l'égal de fa diflimulatioru II etoit alors Doyen jj^J^o^ L.
u Sacré Collège, ^ & l'expérience qu'il avoir acquifedans les affaires , i.N^ ii«
Spond. ad
Mais il pâTwt Bc par les A^es Confîftoriaax , *"^ ' ^ ^ ^
& par les Relations de ce Conclave écrites ^ ^^
par àts perfonnes qui y écoient préfentes.
f 0. Qui après uru lonpu maladU ter-
mina fes jours dans le mois de Septembre.^
Ceft à dire, fel©n Onuphre , le if de ce
mois.
^i.A la grande fatisfaêlion de fa Cour,]
Ceft ce ou allire Guicciardin. More odio-
fo alla Coru , fofpetto à Principi , 6» con
fama piu prejlo grave & odiofa che piace-
vole , ejjendo riputato avaro^ dipocafade^
& alieno di natura da beneficare gli huo-
mini. Et PalLzvicin confirme ce jugement
en di(ànr que fa mort (ixt reçue avec au-
tant de joie que fon éledion. Fu fentita
con altretanta allègre [{a, con quanta già
Ufua ele{iione.
^imLe 12 £OElobre on élut Pape â Vun-
provifte U. Card, Farnèfe] Il fut clu le i j :
mais la méprife de Fra-Paolo eft affez légè-
re , parce que Icleâion fe fit la nuit du ix
au I ) , & pour cette raifon pludeurs la mar-
quent au II.
f 3 . Qui prit à fa création le nom d^ Ho-
nore VJ\ Ceft ce que dit Fra-Paolo , fur
l'aucoiité de quelques Auteurs mal inftruits*
qu il prit 'le nom de Paul dès le moment
de fon éledion. Ceft donc avec aufll peu
de fondement que M. de Thou L. i. die
quil prit d*abord le nom 6! Onuphre.' Le%
mêmes autorités fervent à réfuter Tune &
Tautre méprife.
f4. Mais qui n'en ejlimoit aucune J
régal de fa dijimulation,] Au moins Ptf/-
lavicin convient que c'étoit lopinion
qu'on avoir de ce Pontife : Cojî la fama
che Paolo havea di prudente , fe dapprima
riputar à i Politici ch'egU finge(fe ; mais
il foutient en même tems , qu on n en
jugeoit ainfi que parce que rarement le
monde (ait distinguer la difUmuIation de
la prudence.
f $, L'expérience qu'il avoit acquife dans
les affaires fous les fix Pontificats précé-
dens7] C eft à dire , (bus ceux ^Alexandre
VI, Pie III y JuUs II, Léon X, Adrietf
VI, & CUment VIL
iji HISTOIRE DU CONCILE
mxTcxiv. où il avoît eu beaucoup de part fous les fix Pontificats précédens , lui
Clïîm. VII. gj juger qu'il ne devoit pas faire paroîtrc , comme fon prédeceflcur ,'
,p .. qu'il craignît le Concile, Au contraire il croyoit ** qu'ilf étoit utile pour
1^ , ç j^' (es intérêts de montrer qu'il le défiroit & le vouloir abfolument : étant
bien certain d ailleurs qu'on ne pouvoir le forcer de le tenir dans un
lieu ou d une manière qui lui fut défavantageufe , Se que quand il feroit
nécelfaire de l'empccher , loppofition de la Cour de Rome & de tout l'Or-
dre Eccléfiaftiquc lui en fourniroit afTez de moyens. Il jugeoit même , que
cela lui ferviroit encore à conferver la paix en Iralie , qui lui paroilloit
néceflaire pour gouverner avec tranquillité •, & que le prétexte du Concilô
t'aideroit à couvrir beaucoup de chofes , & à s'excuferde faire celles qui
ne feroient pas de fon goût. C'cft pourquoi au(Titôt après fon éleâion if
donna à entendre, que quoiqu'il n'eut point juré les Articles qui avoient été
dreffes, il étoit néanmoins réfolu d'obferver celui de la convocation du Con-
# Rayn. ad cile , fâchant de quelle néceflîté étoit uoc telle AlTemblce pour la gloire de
an. I j 34. Dieu & l'avantage de l'Eglife.^ Le 1 6 d'Oftobre t^ ayant donc convoqué une
^ *' Congrégation générale de Cardinaux , 'qui ne s'appelle Confiftoire que
guand le Pape eft couronné , il leur en fit la propofition. Il leur repréfentar
fortement , qu'on ne pouvoir différer de convoquer le Concile , pnifqu'on
ne'pouvoit fans cela rérablir la bonne intelligence entre les Princes Chrétiens,
fld Ibtî ^^ détruire les Héréfies r &: qu'ils dévoient tous examiner avec attention ,
]sîo / ' comment il feroit à propos de le célébrer. Il députa même ^ trois Cardt-
naux en parriculier pour délibérer du tems , du lieu , & des autres chofes
qui regardoient cette affaire , avec ordre de lui en rapporter leiu^s avis dans
le premier Confiftoire qui fe tiendroit après ion couronnemenr. Et pour
commencer a faire naître des con traditions dont il pût fe prévaloir au
befbin , il ajouta que comme l'Ordre Eccléfiaftique devoir être réforme
par le Concile » & qu'il n'étoit pas convenable que l'on y réformat les
Cardinaux , il falloir qu'ils commençaflent à fe réformer d'eux-mêmes ;
étant déterminé à tirer tout le fruit qu'il pourtoit d'une Affemblée, dont les
Décrets auroientpcu de vigueur , s'ils ne donnoient les premiers l'exemple.
CoMWE c'cft la coutume des nouveaux Papes a accorder aifément
les premiers jours de leur exaltation quelques grâces aux Cardinaux , &
principalement à ceux d'une grande naiflance , ^7 le Cardinal de Lorraine
fé.Le î 6 d*0(iobre ayant donc convoque de France, que le Pape lai refiifa honnê-»-
une Congrégation générait de Cardinaux , tement. Lotharingus Cardinalis GaUicam
&c.] Se fon /?ijy;i<2/</Mj , cette Congrégation Legationem ad fe transferri rogavit^fièî
ne fe tintqne le 17. certo pollicitus illum in tanta animi alie^
S7* Lt Card, de Lorraine 6* les autres nationt eam rem non fibi negaturum. At
François le prièrent au nom de leur Roi Farnefius nondum plané Pontifex , id de*
d* accorder au Duc de Lorraine la nomic corifuo convenire negans ^ preces ejus non
nation des Evichés , &c.] Onuphre ne dit audivit. Ce Cardinal de Lorraine étoit
rien de pareil, mais il nous apprend que oncle du célèbre Charles Câïd, de Lorraine ^
ce Cardinal demanda pour lui la Légation qui fie tant de biuit fous les règnes fuivans»
D E T RENITE, L I VR E I. , i^f
te les autres François le prièrent au nom de leur Roi d'accorder au Duc «oxxxit;
de Lorraine la nomination des Evêchés & des Abbayes de fes Etats ; Se la ^^^ '
République de Venife avoir envie de faire la même demande. Mais le
Paperépondir : Qu'il écoit néceflaire dans le Concile quon devoir célé-
brer , d oter aux Princes une nomination , que fes prédécefleurs avoient
accordée avec rrop de facilité *, & qu'il ne falloit pas multiplier les abus , ôc
accorder à préfent une chofe , qu'il étoit fur qu on révoqueroit en peu de
cems dèshonorablement pour lui.
LI. î^ Dans le premier Confîftoîrc qu'il tint le 1 1 de Novembre , s Le noU'*^
il remit fur le tapis l'affaire du Concile , & dit : Qu'avant toutes chofes y^'*P^f^
il falloit procurer l'union des Princes Chrétiens , ou du moins qu'ils ^^^'^^f^'*^^^
naflent quelque afliirance que pendant le rems de fa tenue ils ne 1^^^^^- defiA tUrt*
droient point les armes : Que pour cet effet il leur vouloir envoyer à ions formation ^
des Nonces, pour traiter avec eux de cet article, & de tous les autres é» *«vm>
dont les Cardinaux avoient fait mention. Il rappcUa auffî d'Allemagne ^' ^^^"
Vtrgtr ^ pour être informé de l'état des chofes en ce païs , ^^ & députa ^^ jJJ^**
les Cardinaux de Sienne , de S. Séverin , & Ce^/is^ cires des trois Oxàx^ propcfir u
du Sacré Collège, pour délibérer fur l'affaire de la réformarion. Il ne te- Concile,
noie même auam Confiftoire, où il ne parlât long-tems fur ce fujet, & iPallar.
où il ne répétât fouvent qu'il étoir néceflaire de commencer la réforme par ^ 3* c» 17*
fa Cour & principalement par les Cardinaux ; difcours que les uns attri*
buoient â un bon zèle & au defir (incère d'en voir quelques effets , & que
d'autres prenoient pour un artifice , croyant qu'il n'en ufoit ainfi que
pour engager fa Cour Se les Cardinaux à faire naître des obflacles au
Concile , afin d'éloigner par- là la réformation. Et ce qui le faifoit croire
davantage , c'eft que dans le choix des trois Cardinaux qu'il avoir char-
gés de délibérer fur ce point , il n'avoit pris ni les plus zélés ni les plus
expéditifs , mais au contraire les plus lents Se les plus tranquilles du Sacré
Collège.
LU. ^^ M A I s il donna bien plus a parler , ^ lorfqu'au mois de Dé- Tromottnt
de Cardi-
f S, Dans U premier Confiftoire qu'il tint ans , & Gnî-Afcapie Sforce , dgé de 16 y »^^*'.
U %2 de Novembre fuivant , &c.] Selon les &c.] Ce fut le 1 » de Décembre i f 5 4 , ^ ^^- ^hidr
A^te Confiftoriaux cités par Pallavicin , deux mois après fon éledion , qu'il fît l^J^'
Il ne le tint que le 1 5. cette promotion, que le Cardinal PaOavi- \L '^. .
^^1 Et députa les Cardinaux de Sienne y cin tâche d'excufer cdmme il peut, c eft p ""F**- *^
'de S. Séverin , 6» Céfis , &c. ] Auxquels à dire aflez mal , en difant qu'un tel ex- p. ' •
Fra-Paolo eut du ajouter les Cardinaux ces de tendreffe ne feroic pas on défaut j,* m»
Ghinucci ScSimonète^ aufli-bien que Ja- dans d*autîes que dans un Pape. Mais en ^ '
eobacci alors Evêque de Caffano & depuis qui ne condamneroit-on point le choix de
Cardinal , & les Archevêques de Nicofie deux enfans pour occuper une dignité ,
& d*Aix y conmne on le voit par un Bref dont la fonélion ne confiée à rien moins
de Paul II J cité par Pallavicin. qu'à partager avec le Pcipe le Gouverne-
<^0. Mais il donna bien plus à parler , ment de rÈglife UniverfeÛe , & à lui don-
iorpptau mais de Décembre fuivant il créa ner des confeils dans les affaires du monde
Cardinaux Akxandre Farnèfe âgé de 14 les plus importantes ? Ne feroitcc poiuc
134 HISTOIRE DU CONCILE
iCDxxxty. cembre fuivant il créa Cardinaux AUxandn Furnkft âge de quatorze ans »
PAPtllL ^ Gui-AJ'cagru Sforcc âge de feizc , ks pecirs-tils -, le premier , fils de
*"■■—"■ Louis Farnhjc fon fils-naturel \ Se Tautre , de Confiance fa fille- naturelle :
difant à quiconque parloir de leur jcunelTe , qu'il y fuppléoit par fon âge
décrépit. Dès-lors s'évanouirent l'attente que Ton avoit de voir réforaicr
les Cardinaux , & la crainte qu'en avoient quelques uns , puifque c'euc
été par l'âge &c la naitfance de ceux qu'on de voit ciécr , qu'il auroit fallt^
commencer. Le Pape lui-même cclFa depuis de parler comme auparavant
de réforme , ne pouvant plus fe mafquer apte; une a^ion de cette nature.
Cependant la propoficion du Concile rcftoit toujours fur le même
pied*, & dans le Confilloire du i(S de Janvier mdxxxv, Paul ùtixn long
& fort difcours pour exciter les Cardiîiaux à prendie quelque réfolution
fur ce point , difant qu'en procédant h lentement c'éroit donner à enten-
dre au monde , que tout ce que l'on en avoit dit n'étoit que des paroles
Se un appât , mais que réellement on ne vouloit point de Concile. U
f Id.L 15^. parla * fur cela d'une manière lî pa:hé:ique>que tout le monde en fut ému.
N** I. Il fut donc réfolu dans ce Confiftoire d'envoyer des Nonces à l'Empe-
reur , au Roi de France , & aux autres Princes Chiétiens , avec ordre de
leur expufer que le Pape & le vSacré Collège étoicnt absolument déter-
minés pour le bien de la Chrétienté de tenir le Concile , Se les exbor-
coientàle favorifer, & à afTurer la paix Se la tranquillité publique pen-
dant qu'il feroit aflfemblé ; mais de dire qu'à l'égard du tems & du heu ,
Sa Sainteté n'avoir encore pris aucune réfolution fixe. Ces Nonces avoienc
outre cela une Inftrudtion fecrette de fonder adroitement la pcnfée des
Princes pour le lieu *) afin que lorfqu'on connoitroit leurs intérêts Se leurs
vues, on put les oppofer les uns aux autres , ^* & que le Pape tût plus
en état de faire préférer celui qu'il vouloir cboifir. Enfin ils avoient ordre
de fe plaindre de ia conduire du Roi d'Angleterre , & s'ils y voyoient
quelque ouverture , d'animer les Puiflances conrre lui , & de leur offrir
ton Royaume.
Vergiff Lni^ berger ^ entre autres fut renvoyé en Allemagne avec une com«
AlU^^ «tf °^^''^®" P^^5 particulière de fonder les vues des Proteftans fur la manière
trMte Mvèe ^^ flairer dans le Concile , & de faire fur cela ce qu'il jugeroit néceflàire.
Luther. ^^ U fut chargé même de traiter avec Luther y Se les autres principaux
k RayiLad ,
l^\i U" dé&at dans d'autres que dans on Pape, ne (ai pourqaoî M. Amelot a omis cet
Spood. ad ^^ ^^^^ ^^ ^^^ choix 5 & quelle eft la nv>- endroit , qui ne paroît point du tom in»-
an. I c 3 r . ^^^^ ^^ Cardinal , s'il la cru ? Il £iut avouer tile.
N° 10. 9^'i^ * ^^ Evangile tout particulier pour 6i. Il fut chargé même de traiter avec
Pallav. L. les Papes, & qu'il eft auflî diflScile de Luther, Sec] Il y a lieu de douter de la
}. c. x8. Texcufer dun excès de flaterie, que Fra- vérité de cette ciiconftance. Car il paroic
Paolo quelquefois d'un peu tiop de aia- & par une lettre de Verger , & par le lap-
lignité, port de Seckendorf, que cette rencontre
^i. Et que U Pape fût plus en état de fut purement accidentelle. Cependant Slei^
faire préférer celui qu'il vouloit choijir.] Je dMi (èmble infinuer, que la vifite de Lit*
DE TRENTE,LxyRE I. ijy
Prédicateurs de la nouvelle dcn^rine , & de travailler à les amener â quel- uûxitTT»
^ue accommodement par toutes fortes de promeflTes , & en leur oftirant ^^^^ ^^
toutes fortes de partis. Le Pape blâmoit en route occadon le Cardinal CVi- ■■^■■■«*
Jéian d avoir rejette à Ausbourg en mdxviii Tofïre que lui faifoit Luther
et ^ar<ler le (ilence , pourvu qu on Timpofat en même tcms à fbs adverfai*
res ; & il condamnoit la dureté de ce Cardinal , qui en exigeant opiniâtre*
ment une retraâation de cet Auteur , Tàvoit rédoit à un défefpoir qui
ftvoit déjà tant çoutfé à TËglife Romaine , & qui lui couteroit encore la
moitié de fon Autorité. Il difoit qu'il ne vouloir pas imiter Lion , qui s'é^
toit figuré que les Moiiies étoient des inftrumens propres pour accabler les
nouveaux Dofteurs en Allemagne : Que Texpériertce & la raifon avoienc
Élit voir combien il s etoit trompé : Qu'il n'y avoit que deux moyens pro-
pres à rcrminer cette affeire , qui étoient la force & la négociation j &
qu'il les employeroit , voulant un accord à quelque prix que ce fût , pourvu
qu'on mît à couvert l'Autorité Pontificale. Et comme il difoit qu'il avoir
be(bin pour cela de gens de mérite & d'expérience , ^J il créa le n de
Mai fix Cardinaux , & peu de jours après un feptiéme , tous gens fort
eftimés à Rome. * De ce nombre fut Jean Fisher Evcque de Rochcfter , / Rayn.
alors prifonnier en Angleterre pour avoir refufé de renoncer à l'obéiflfànce N° 7.
du Pape. Dans le choix que Paul fit de lui , il confidéra que c'étoit faire Spond.
honneur à fa promotion , que d'y joindre un homme favanr , & qui avoit ^^^ ^^
fi bien mérité du Saint Siège par la perfécution qu'il foutenoit pour fa dé*
fcnfc ; & il fe figuroit d ailleurs que cette nouvelle dignité le rendroic
plus refpcdtable au Roi , en même tems qu'elle augmenteroit (on crédit
parmi le peuple. Mais elle ne fer vit ™ au contraire qu'à avancer fap ^'^^^^
mort , ^4 ayant eu la tète coupée publiquement quarante - trois jours p* ^e^J'
après.
iher fe fît de propos délibéré : Quum in
ea Legaùone Lutherum quoque witumbir-
pt convenijfet ; expreflîon qui ne paroïc
pas défîgner une rencontre fortuite , mais
qui en même tems n'eft pas exade , puif-
jjoe ce ne fut ^s' Verger qui alla trouver
Luther y mais Luther qui vit Verger dans
le Château , & à qui il fîit pré(èntc par le
Gouverneur.
6 } . // créa le 21 de Mai fix Cardinaux ,
&c.] Savoir Nicolas Schombergh Archevè-
^edeCapoue, Simonète Auditetrr de Ro-
te, Ghinueci Auditeur de la Chambre Apo(^
tolfqne , Jean du Bellai Evêque de Paris ,
Jean Fifher Evêque de Rochefter, Gafpar
Contarini , Se Marin Caraccioli Protono-
taire Apoftolique. Fipier fat crée le même
)dui que les (u autres.
64, Ayant eu la tête coupée publique*
ment 43 jours après,] Il y a ici une mé-
prife. Car Fifher fut exécuté le 12 de Juin
fîiivant , & par confïquent le 3 5 jour après
fa promotion. Je ne fai pourquoi M. Ame-
lot traduit -40 jours après : car cela n*e(l
conforme ni à Ff^-Paolo , ni à 1« vérité.
Au reAe ce Prélat , recommandabie par &:
capacité , fa venu » fon • defintéreffementv
de (à fermeté à s*oppofef aux caprices dé-
raifonnablesdVin Prince violent & empor^,
mourut d'une manière qtli répondit à fâ
vie î c*eft 4 dire , avec an courage & une •
religion qui feront toujours honneur à fâ
mémoire , & dêskonoreront toujours fon
perfécuteur. Il mourut à r4ge de ^ «ns ,
après une prifon des>plusdan!6 te desptds
criantes.
MDXXXY.
tié HISTOIRE DU CONCILE
Qu£LQ.UE démon ftracion que fît le Pape de vouloir un Concile t tel
Vaul III. QUI p{;^ contenter l'Allemagne &c fervir à la ramener j cependant toute la
^ CoMT de Rome , & ceux même avec qui ce Pontife en traitoit plus confia*
demmcnt, difoient qu'on ne pouvoit le tenir ailleurs qu'en Italie; que par*-
tout ailleurs il ne feroit pas libre , & qu'en Italie on ne pouvoit choifir
d'autre Ville que Mantoue.
f^crger étant de retour en Allemagne , commença par traiter avec Fer^
dinand , puis avec ceux des Proteftans qui vinrent alors trouver ce Roi
1)our leurs affaires : après quoi il fit un voyage exprès pour négocier avec
es autres. Mais il ne tira d'aucun d'eux d'autre reponfe » finon qu'ils en
confulteroient enfemble dans TAfTemblée qu'ils dévoient tenir à la fin de
l'année , & lui rendroient en commun leur réponfe.
n Slcid. L La propofition du Nonce étoit : ^ Que le tems du Concile tant dé(tr£
g. p. 143. ^i2LVii venu , ^ï le Pape vouloit traiter avec l'Empereur & les Rois férieu-
i\6AV^ ' fement & non en apparence , comme on avoir fait auparavant , pour le
' tenir : Que pour ne pas différer davantage , il avoit jette les yeux fur Man-
toue , comme on en étoit convenu deux ans auparavant avec l'Empereur :
Que cette Ville appartenant à un Feudataire de l'Empire > & confinant
avec les Terres de l'Empereur & des Vénitiens, ils dévoient fc regarder
en parfaite fureté dans cette Place , outre que le Pape & l'Empereur leur
donneroient toute forte de caution : Qu'il n*étoit point befoin de parler de
la forme & de la manière de traiter dans le Concile , parce que cela ie
règleroit mieux lorfqu'il feroit aflfèmblé : Qu'il ne pouvoit nullement k
tenir en Allemagne , où il y avoit tant d'Anabaptiftes » de Sacramentai-»
res , & d'autres Sedtaires pour la plupart fous & hirieux : Qu'il n'y auroit
pas de (ïïrecé pour les autres Nations d'aller au milieu d'une multitudç fi
puifTante , & d'y condamner leur doârine : Qu'il étoit indifférent au Pape
dans quel lieu il fe tînt \ mais qu'il ne vouloit pas paroître forcé , ni qu'on
le dépouillât de l'autorité de prelcrire le lieu du Concile Général , dont il
étoit en poflèiïion depuis tant de (iécles.
^^ Dans ce voyage f^crger fut trouver Luther à Wirtemberg , le traita
très-
éf.Le ape Pvoutut iraittr avec VEmpe*
nur £• Us Rois fcrieufement & non en ap*
psrence , comme on avoit fait auparavant ,
Sec.] Non quidem ad fpeciem , fed ferio &
rêvera , comme le ^it SUidan L. 9 s preuve
que y quoi qu en dife Pallavicin « le Pape
ctoit ailèz perfuadé que ju(que-li les pro-
çneflès du Concile n ayoient pas été fort fin-
cères.
66* Dans ce voyage ^ Verger fut trouver
Luther à Wittemberg , le traita très-humai'
nament , & eut avec lui de longs entre^
^ns^ &C.J Ç'eft ceijue dit aufli Sponde,
maïs peut-étte uniquement (br Ti
de Fra-Paolo. Ad Lutherum quoque wii*
tenbergam divertens cum eo eopiofl atque.
humaniter egit. Cependant Pallavicin tiaî*
ce èi le diicoun du Nonce & la xépon(e
de Luther d'un pur Roman » & il parafe
en effet par une lettre de Verger écrite le
rz de Novembre au Secrétaire de Paul^
Se dont le Cardinal nous donne quelques
fragmens , que ce Nonce ne vit Lttther
qu'une fois , & que l'entretien fut a(tè«
léger. Il dit même qu'il l'écouta avec
beaucoup de peine ^ Çc qu'il nç voulut ja«
mail
^ DE TRENTE, Litre L 137
très-humainement » ® & eue avec lui de longs entretiens , dans lefquels udxxxt.
il l'aiTura d'abord : Que le Pape Se le Sacré Collège faifoienc beaucoup ^^"*" ^^*
^'eftime de lui , Se qu'ils avoienc un déplaifir extrême de la perte d'un ""rTTTT"
Sujet qui auroit pu faire un bien infini , s'il eût employé fes taiens au ^ ^^
ifervice de Dieu 6c du Saint Siège » dont les intérêts font inféparables ; & p^av. L. t.
qu'ils feroient toutes chofes au monde pour le regagner : Qu'il pouvoit c i8.
l'alfurer que le Pape & tous les Cardinaux blâmoient extrêmement la du- Spond.
Rayi
ifpofition f qu'à l'inftigation des autres : Qu'il pouvoit fe promettre tou- Secxcnd.
tes fortes de ntveurs du Saint Siège. Il ajouta : Qu'il n'étoit point venu L. 5. Scâ^
pour difpuier avec lui fur les points conteftés, ne faifant point profeffion >'' $• 54*
tle Théologie ; mais feulement pour lui montrer par des rations fenfibles»
combien il lui feroit avantageux de fe réunir au Chef de l'Eglifè: Qu'en
réâéchiflant , que depuis dix huit ans feulement que fa doârine paroif-
Ibit au jour , elle avoit produit une infinité de Sedtes , qui fe déteftoicnt
les unes les autres, & mille féditions, qui avoient entraîné la perte Se la
ruine d'une infinité de perfonnes : on en* devoir conclure quelle ne ve-
noît pas de Dieu, mais au contraire qu'il paroidbit certain qu'elle avoit
mais loi répondre que' deux mots, pour dum eoUoquium fiiiffc , fed meditatum &
ne pas paroicre une b6te. ïo udiva con fccretum , certè mafculum animoque Lutht" "
'gran tormento ; non voUi mai rijpondtre fi ri dignum. Il fe peut donc bien faire ^
non due paroUtte^ p€r non parer unironco, comme le foupçonne encore Seckcndorf
Ce témoignage eft précis, fi Ton pouvoit après Maimbourg , que fi Verger ne s*é-
compter bien furement fur la fincéricé de tend pas davantage dans fà lettre fur fon
cet homme. Mais je ne (âurois me per- entretien avec Luther , c'eft qu'il aura
(bader que Fra-Paolo ait imaginé tout voulu acconr^moder fon récit au goût des
cet entretien de lui-même > & il y a tou- oreilles Romaines , & ne pas fe rendre
te apparence , ou que Ferger ne rappone lui-même fufpeâ. Credibilius efi & ab ip^
pas tout ce qui fe paflà entre eux , ou fi> Maimburgio olfaHum , quod ad auhe
que PaUavicin ne nous en donne pas un Romana genium relationtm fuam accom*
extrait fidèle. Car il paroit par une rela- modaverit , &c. Car d'ailleurs il eft vifi-
tien dont Seckendorf nous donne un ex- ble par la relation de 5<cA:r/7</oj/j qui, com-
erait , qu'il s'y dit bien d'autres thofes me il le marque , s'accorde aifez pour le
3|ue celles dont il eft parlé dans la lettre fond avec le récit de notre Hiftorien ,
e Verger. Et quoiqu'elles ne (e rapponent qua Venenis tant acuratè notavit , & quct
pas exaébment à ce qu'en dit Fra-Paolo , in fiimma non difirepant à narratiotu Wit-
on voit du moins que l'entretien en quet tenbergenfi; il eft vifible, dis-je, que Ver-
don xx'eft pas au(fi chimérique que fon ger diffimule roue ce qu'il y a de plus ef-
adverûiire voudroit le faire croire , com- fentiel dans cette entrevue , & que fa let-
me le remarque Seckendorf» Jam ex col- tre eft une pièce bien infuiffifante pour
latione , dit-il, wittenbergenfis reiaiionis, convaincre de &ux la narration de Fra^
imperfeéia Ucet â" rudis , & ejus quam Paolo , qui ne fiait dire à Luther que ce
€X Veneto attuU , plura apparet locutum qu'il avoit dit & écrit plufieurs fois : Et
effe Vergerium cum Luthero , quàm ex lit- fuccum quemdam ac nervum eontm con'
teris illius à Pallavicino ad<ûiâis percipi- tinent, quœ Luthcrus aliâs locutus eft &
iur, nequt tantùm fortuitum inter cœnan* fcripfiu
T o M E L S
138
HISTOIRE DU CONCILE
MDzxxY. ^cc crès-pcrnicicufe , puifqu il en étoic né <ie (i grands maux. Qu'il falloit
Paul. 111. -•^-^'^-^ ...P..
bien s*aimer foi- même , & avoir une grande eftime de Tes opinions , quand
pour les répandre on vouloir rroubler couc le monde. Si c ell par conlcien-
ce, & pour votre falut , difoic Ferger i Luther^ que vous avez innové
dans la Foi dans laquelle vous êtes né , & vous avez été élevé pendant
trente-cinq ans , il vous fufiifoit de garder vos connoifTances pour vous-
même. Si c'eft la charité du prochain qui vous y poufloit , pourquoi trou-
bler tout rUnivers pour une chofe qui n etoit point nécefTaire , & fans la-
tppliquer en convoquant
Mantoue , où fe trouveront tous les Savans de TEurope pour faire paroitr^
la vérité dans tout fon jour , à la confufîon des efprits inquiets. Et bien
qu'il faille mettre fa principale efpérance en la bonté divine , cependant en
y ajoutant les moyens humains , il dit à Luther , qu*ii étoit en fon pouvoir
de faciliter le fuccès du remède, s'il vouloir fe trouver au Concile, 8c y
traiter avec charité *, & que par- là il obligeroit le Pape , qui étoit un Prince
très-généreux & favoit reconnoitre les perfonnes de mérite. Là-deiTus il
lui rapporta l'exemple à'Enéc Sylvius , qui avec toute fa peine & fk fervi-
tude ne put jamais parvenir qu'à un Canonicat de Trente , tant qu'il fuivit
fes propres opinions s au- lieu qu'en y ayant renoncé il devint Evêque ,
Cardinal , & Pape ifous le nom de Pie IL II lui rappella auili l'exemple <le
Btffarion de Nicée , qui d'un raiférable Caloier de Trcbifonde devint on
célèbre Cardinal , & acquit tant de réputation , que peu s'en fallut qn'il
ne devînt Pape.
^7 La réponfe de Luther fut violente & emportée , félon fon caraâère.
/Flcury,L.Il dit au Nonce : P Qu'il ne fe mettoit nullement en peine de ce qu'on
1 3^. N° 4. penfoit de lui à la Cour de Rome s qu'il ne craignoit point fa haine , & ne
Verger , f^ foucioit point de fa bienveillance : Qu'il s employoit autant qu'il pou«
Ep. II. II. j^ ^^ fcrvice de Dieu, fans que fon fuccès l'empêchât de fc regarder
€omme un lerviteur inutile : Qu il ne voyoït pas comment le lervice de
Dieu pouvoit être joint à celui du Pape , (inon comme les ténèbres le font
à la lumière : Que rien ne lui avoir été plus utile dans fa vie que la rigueur
de Léon ôc la dureté de Cajétan , ou'if ne falloir pas tant leur attribuer
qu'à la Providence divine : Que n'etanr pas encore bien inftruir dans ces
tems-14 de toutes les Vérités de la Foi Chrétienne, &que n'ayant encore
découvert que les abus des Indulgences , il avoir été difpofé à refter dans le
67, La réponfe de Lmher fut violente &
emportée , félon fon caraSèreJ] On le voit
par le peu qai s'en trouve dans les lettres
de Verger & la relation de Wlttemherg^ Se
qui fe rapporte en partie à ce qu*en dit
Fra-Paolo , & eft d'ailleurs entièrement
du caïaâère de Luther. On voit au lefte
par le peu qui fê lit dans cette ierare^
que Tentretien du Nonce n*eft p«s aoli
ronnanefque que le vondroit faire crom
Pallaviciny puifoue par les réponfes ie
Luther il eft aifé de juger que les dif-
com^ de Verger n'ont pu être fort difiï-
zens de ccez que M prête n«txe«iftori«i»
DE TRENTE, LiYRE I. ij^
filcnce , fi fcs Advcrfaires euireiu voulu taire de mcmc ; mais que les Ecrits ¥i>w«v.
du Maicre du Sacré i^alais , la fuperchene de Cajétan , & la rigueur de ^^^^' ^^'*
Uon , en le concraignaac d ecudicr , lui avoienc fait découvrir divers au- ^^■""-
très abus & eneuis Uu i^oaaiicac encore moins tolérahles , qu'il ne pouvoir
en confcience m diiliaiulec , nisempccher de d couvrir : Que laveu iu-
g^nu que lui a voit fait le iM jnce de ne poinc entendre la Théologie , fe vé«
rifioic aiTc^ par les raifons qu il lui avoïc propofées \ puifqje fa doârine ne
(e pouvoir appeller nouvelle que par ceux qui croyoient que Jefus-Cbrift ,
les Apôtres , & les Saints Pcics avoicnt vécu comme ViVoient à préf^nc le
Pape » les Cardinaux , & les Ëvèques : Qu on ne pouvoir tirer contre (à
domine aucune conféquence de toutes les féditions arrivées en Allemagne»
fi ce n éroient ceux qui faute davoir lu TEcriture Sainte , ne favoicnc pat
Gue l'effet ordinaire de la Parole de Dieu & de l'Evangile étoit d exciter
oes troubles & des divifions par-tout où elle étoit prcchée , jufqu a féparcr
les enfans de leurs pères : Que fa vercu étoit de donner la vie à qui Tecou*
coic» & de procurer une plus grande condamnation à qui la rejettoit. Lu--
ihcr ajouta : Que c'étoit là le défaut le plus général des Romains , de vou-
loir gouverner 1 Eglife par des vues de politique , comme fi c etoic un
Eue temporel : Que cctoit- là cette forte Aq fagcffc que S. Paul dit 4 qui j^ j..
paflc pour folie devant Dieu ; comme au contraire méprifer toutes ces \^\ '*
maximes politiques félon lefquelles Rome gouvernoit , & fe confier aux
promedès de Dieu , & lui remettre la conduite des affaires de PEglife , paf-
ibit pour folie aux yeux des hommes y mais étoit une vémakle fagejfe aux
âge (
agir ^ , ^ ^ ^
sic , & qu on n'y prit pour règle des délibérarions que rEericure Sainte >
ùm mélange d'intérêts & d'artifices , & fans entreprendre rien fur la li-
berté des autres : Que fi on en agiffoit ainfi > il apporteroit de fon côté
toute la fiacécité & la charité Chrétienne , non pour obliger le Pape ni
aucun autre > mais pour le fervice de Jefus-Chrift , & pour procurer la
- -.- ; Q^•on ne pouvoit efpérer d<
!bic pas que la colère de Dieu
'hypocriue : Qu oti ne pouvoit
£ur rAffemblée de tant de Savans , parce que Dieu étant irrité > il n y avoir
point d'Erreur fi abfurde &: fi déraifonnable , que Satan ne pût faire rece-
voir , fur*tout à ces Savans qui fe croyoient/z^^ , ' & dont Dieu vouloir r Cor. L
confondre la fageffe : Qu'on ne pouvoit rien recevoir de Rome > qui fïic 17-
compatible avec le miniflère de l'Evangile : Que lei exemples à'Enée Syl^
vius 8c de Bejfarion ne faiibient nulle impreflion fur lui » parce qu'il ne
faifoit aucun cas de ces grandeurs ténébreufes v .& que Vii vouloir fe glo^
rifier lui-même, il le pouvoit en difant férieufemenr & avec vérité, ce
q\xErdfme avoit dit de lui en railUnt ^ ^ue Luibtr » tout pauvre & cour
pbfcur qu'il fut ^ ^sw (Uvichi â; «levé biiea des pei:^uiAei : Que.ûns ailes
S a
140 HISTOIRE DU CONCILE
MDxxxT. plus loin , le Nonce favoic bien qu'au mois de Mai dernier il avoic beaa«
Paul 111. ^^p contribué à faire élever l'Evêque de Rochefter au Cardinalat ; que
*■"— ^ Schombcrg lui devoir à lui feul fa nomination î & que fi le premier avoic
perdu la vie auffi-iôt , c'étoit un effet de la providence de Dieu, f^crger
ne put jamais engager Luther à rien relâcher de fa fermeté ; & celui-ci di-
foii au contraire , qu'il étoit auffi cerrain de fa dodrine que s'il rcût vue
de fes yeux s & que le Nonce & le Pape même embrafleroient plutôt ùl
Foi , qu'il ne l'abandonneroit.'
Le Nonce , félon la commiflion que le Pape lui en avoir donnée , fonda
auflî les autres Miniftres de Virtemberg & ceux des autres lieux où il paflà)
mais par-tout il ne trouva que de l'opiniâtreré dans ceux qui étoient de
3uelque confidération : & ceux qui vouloient bien fe rendre avoient fi pea
e mérite , & portoient fi haut leurs prétentions , qu'il ne crut pas devoir
les acheter fi chèrement*
^^ Cependant les Proteftans aflfèmblés à Smalcalde au nombre de
quinze Princes avec les Députés de trente Villes , répondirent aux propo-
I Sleid.L5^. étions du Nonce : » Qu'ils avoient marqué dans plufieurs Dières leurs
p* 144- intentions au fujetdu Concile: Qu'en dernier lieu ils avoient déclaré il
N^ «4. yavoit deux ans au Nonce de Clément y &à l'Ambailadeur de l'Empe-
Pallav.L.5.reur , qu^ils défiroient toujours un Concile légitime ^ ainfi que faifoienc
que le Pape faifeit de le tenir à Mantoue , ils ne pouvoient l'agréer
qu'ils efpéroieift que l'Empereur , conformément aux Décrets de ces Diè -
tes j leur tiendroit les promefies qu'il leur avoir fi fouvent &ites de le faire
tenir en Allemagne , ou ils ne voyoient pas quel danger il pouvoir 7 avoir»
puifque tous les Princes & les Villes obéifioient à l'Empereur , & que
tout y étoit fi bien réglé , que les Etrangers y étoient reçus & traités avec
route forte d'humanité : Que pour la fureté que le Pape promettoit à ceux
qui iroient au Concile , ils ne (avoient quelle confiance y prendre après
ce qui étoit arrivé par le patTé : Que la République Chrétienne avoir beloin
d'un Concile libre & pieux , & qu'ils en avoient appelle à un qui fut tel :
Que de dire qu'il n'étoit point nécefiaire avant toutes chofes de trairer de
la manière & de la forme dont on y procéderoit , c'étoit faire entendre
qu'il n'y auroit point de liberté , & que tout s'y pafièroit à la difcrétîon du
Pape, qui ayant déjà condamné pliweurs fois leur doftrine, préjudiciel
roir à la liberté du Concile , s'il y étoit une fois le Juge : Que le Concile
n'étoit pas le Tribunal du Pape feul , ou des feuls Prêtres , mais de tous
les Ordres de l'Eglife , fans en exclure même les Laïques t Que c'eft tme
opinion injufte & tyrannique , que de vouloir mettre la puifiance du Pape
au-delTus de l'aurorité de toute l'Eglife : Qu'enfin le Pape étant Patrie , &
^S. Cependant tes Protefians affemhUs tîons du Nonce, &c.] Cette réponfè foc
i Smalcalde •'^^répandireni aux pr^ofi^ donnée le fti 4e Décembre x/5f«
DE TRENTE, Livre I. 141
défendant même l'opinion des Gens par des Edics cruels 9 la Juftice vou- mdxxxvx*
knc que ce fut aux Princes i déterminer la manière & la forme donc on ^^^^' ^^•
devoir procéder dans cette Aflèmblée. -
Lbs Rois de France ^ & d'Angleterre avoient envoyé au(G leurs Am- t Pallav.
baflàdeurs à l'Adèmblée de Smalcalde. Celui de France , qui après la mort ^j'\^-
<k François S farce Duc de Milan fongeoit à porter la guerre en Italie , fit ^ J ^^*
prier l'Aflemblée de ne point accepter le lieu du Concile que de concert i^^/*
avec lui -, & le Roi d'Angleterre promit de fa parc qu'il n'en accepteroic
point fans leur participation. Il les avertit en même- tems de bien prendre
Sarde que l'on ne tînt un Concile , où au-lieu de réformer les abus on éta-
lic de plus en plus l'autorité du Pape > & il les pria en mème-tems d'ap-
pcouver fon divorce. De leur côté ils lui propoférenc de recevoir la Con«
feffion d'Ausbourg. Mais ils ne purent convenir de ces chofes , quoiqu'on
eut tenu fur cela pluûeurs Conférences.
Au commencement de Tan mdxxxvi > Vtrgtr retourna à Rome pour y
fiûre rapport au Pape du fuccès de fa Légation s & il lui déclara en fub-
ftance : ▼ Que les Proteftans ne recevroient jamais le Concile , s'il n'étoit ^ ji^jj^ ^
libre > & fi on ne le cenoit dans un lieu convenable de l'Empire , comme 10. p. léz.
l'Empereur le leur avoic promis : & qu'à l'égard de Liuhtr & de fes com- Pallay.L.5.
pUces , il n'v avoir rien à efpérer de leur retour , & qu'il n'y avoir d'au- ^ *^*
la vidoire qu'il avoir remportée en Afrique , éroir pade dans ce Royaume ^^ ^•
poar en régler les aSàires. Sur le rapporr de Ftrgtr > ce Prince vinr à Ro-
me > r où il ear des entreriens tres-fecrets avec le Pape fur les affaires^ ^^Y**- *<*
d'Italie , & fur les moyens de pacifier l'Allemagne ; ce qui , félon le Pape î?ô ^^^^'
anpuyé par le Nonce , ne pouvoir plus fe faire que par la voie des armes, spond. N^
L Empereur , ^ qui ne voyoit pas que le tems fût fort propre à en rirer 5.
aucun avantage j & qui trouvoit dans les affaires d'Italie un embarras , donc ^ Flcury ,
il ne pouvoir fe démêler qu'en cédant le Duché de Milan , dont il avoit ^" ^37- N"*
céfolu de s'emparer &qui faifoit le principal objer de toutes fes démar- ^^'\ -
ches , dit pour éloigner la prife d'armes contre les Proteftans , qu'il éroit
bien plus nécefTaire alors d'empêcher que Milan ne tombât entre les mains
des François. Mais le Pape > dont tout le but étoit de faire céder cet Etat
i un Italien » & qui propofoit la euerre d'Allemagne non pas rant pour
opprinver les Luthériens , comme il Te difoic , que pour empêcher TEmpe-
6^* Le P^ , pour récompenfer U Noacc c. 19. & qu'il fiic envoyé à Naples dès le
ii fis peines ^ lui donna L'Evêchéde Capo- mois de Mais. Mais il fe peut Étire quil
£Ifiria fa patrie ^ & V envoya à Naples , étoit déjà deftiné pour cetEvèché avant fon
&c.] Cet Evêché ne lui fut donné que plus envoi à Naples , & ce (eroit alTez pour
d'un mois après le voyage de Naples, puif- juftifier notre Hiftorien. Le Continuateur
qu'il ne fut préconiffi dans le Confiftoire de M. Fleury a fuivi la méprife de Fra-
que le / de Mai , félon Pallavicin L. }» Paolo.
J41 HISTOIREDU CONCILE
MDxzxvx. reur de s'emparer de Milan , ce qui écoic Ton bue principal quoique fecret %
Paul m. repliquoic, qu'en fe joignant avec les Vénitiens il pourroit , Ibit par les
armes ou la négociation , faire défifter la France de les entrcpci£e&^ quaad.
bien même Charles ne s'en mêleroit point.
Ce Prince , qui pénétroit les fecrètes intentions du Pape , feignit par iioo'
didîmularion réciproque d être perfuadé de (es raifons , ôc d'êtie porté i U
«Raya, guerre d'Allemagne*) mais il die ' que pour n avoir pas tout le monde
^"^ ^- lur les bras , il italloir pour juftiâer fes démarches commencer pac convo-
quer le Concile , afin de faire voir qu'on n'avoir pris les acmes , qu'après
avoir tenté tous les autres moyens. Le Pape n'étoit pas fâché qu'ayant
^ Flcury^, en feu , 7© il auroit un prétexte
j j ^ 37- N ^^ç £^^^ ombre de le protéger & de le défendre. Ainfi il parut confentir i>
cette convocation , pourvu que ce fur à des conditions qui ne dérogeaflènc
ni à Tautorité ni i la réputation du Saint Siège. L'Empereur £er de iâ
viéloire d'Afrique , & plein de vaftes dedeins , cbmptoit de terminer ea
deux ans au plus la guerre de Lombardie , & qu'après avoir chaflë les
François de-deçà les monts , rien ne l'empêcherait plus de pourvoir aux
af&ires d'Allemagne. Il prétendoit auffi fe fervir du Concile à deux fins.
Premièrement, i tenir Paul en bride pendant la guerre d'Italie, s'il lut
prenoit envie félon la coutume des Papes de fe joindre avec la France » en
cas qu'elle eut du dedbus , pour contrebalancer la puiffance du vainqueur.
Secondement , à réduire l'Allemagne à fon obéiflànce 9 qui eft ce à quoi
il tendoit principalement ; car il ne comptoit que pour une chofe accioen**
telle d'y maintenir l'autorité du Pape. Il agréoit (on la ville de Mantoue s
& à l'égard des autres conditions il s'en mettoit peu en peine , parce qu'il
favoit bien que quand le Concile feroit afTemblé , il feroit maître d'jr
changer ce qui ne lui plairoit pas. Ainfi , pourvu que l'on ademblât le
Concile , il parut , qu'à quelque condition que ce fut > il en étoit content ^
& il fit efpérer de le faire agréer lînon à, toute l'Allemagne , du moins à U
plus grande partie : & la refolution en fur prife par le Pape , du confente-
ment de tous les Cardinaux.
70. // aiiroit un prétexte honnête d'envi' fte plus politique a Paul III dans cette
ronner d* armes le Concile^ &c.] Pallaviciny convocation , ce feroit de croire qu'il n'ao-
!• 5. c. 19. a raifon de relever cette ré- roit paru fi promt à convoquer le Concile
flexion, comme peu folide & trop ma- pour plaire à i'Eftipereur, que parce que
ligne, puifque les Armées qui fe trouve- le voyant embarqué dans une nouvelle guer-
roient en Italie ne pouvoient être à la dif- re avec la France , il ptévofoir bien qu'il
pofition du Pape , & qu'il avoit moins à feroit impofiîble de tenir cette Aflèmbtée »
efpérer de s'en fervir poor fe rendre mai- Se qu'on ne pourroit loi en imputer la £iote«
tre du Concile, qua craindre que l'Empc- Cette penfée a quelque chofe de plus n**
reur ou le Roi de France n'en fiffent ufà- turel que celle de Fra-Paolo ; qui a pour-
ge pour rendre le Concile dépendant d'eux- tant été adoptée par le Continoaseor da
mêmes. Si l'on pouvoit prccer une pcn- M. Fleury»
DE T R E N T E , L I V R E I. 143
7> En conféquence Charles « parut dans le Confiftoire du iS d'Arudo
mur y remercier le Pape & le Sacré Collège de la promce réfolucion qu ils
«voient prife de convoquer le Concile Général , & les pria en même cems
id'en faire expédier la Bulle avant fon départ , aân qu'il pût après cela
prendre fes mefures pour le refte. La chofe pourtant ne fe put faire & prom-
isement , parce qu'il étoit néceffaire de melurer avec foin les paroles qull
fâlioit employer , pour faire efpérer toute la libené qu'on pourroit lou-
liaiter, fans préjuaicier cependant â l'autorité du Pape. 7^ Lacommiflion
«i fut donnée ^ i &l Cardinaux & i trois Evcques ; ^3 de la Bulle enfin
en (ai expédiée le 1 1 de Juin , publiée dans le Con(iftotre , 74 & foufcrite
par tous les Cardinaux.
LV. Elle portoit en fubftance : ^ Que le Pape dès le commencement
de fon Pontificat n'avoit rien eu plus â cœur que de purger l'Eglifb que
Dieu avoir comroife à fes foins , des Erreurs % des Héréfies , & d'y reta-
Uir 1 ancienne Difcipltne : Que n'ayant point trouvé pour cela de meilletir
aoyen que celui dont on s'étoit toujours (èrvi en pareilles occafiotis , c'eft-
«Â-dire le Concile Général , il en avoir écrit plufieurs fois â l'Empereur Se
aux autres Rois , dans l'efpérance non-feulement de parvenir â ces fins ,
«nais encore de rétablir la paix entre les Princes Chrétiens , poirr les mettre
'en état en faifant la guerre aux Infidèles , de délivrer les Chrétiens de h
ifervitude cruelle où ils étoient réduits , & d'amener les Infidèles eux-mê-
mes à la Foi : Qu'à cet effet , en vertu de la plénitude de puilfance que
Dku lâi avoit donnée , du confentement de fes frères les Cardinaux, "75 il
MDXXXVI,
Paul III.
c Slcid. L.
10. p. i^i.
Pallav.L.5.
c. 19,
Rayn.N°;.
Spond. N°
5-
Flcury, L.
Âf Rayn.
4.
F nul eott'
voqucê U
Céneilè À
Spond, N^
Sleld. L.
10. p. 16%.
N°
71. En conféquence Charles parut dans
U Confifioire du 28 d'Avril,] Notre Auteur
4e -tiompe dans ta daie. Car idès le i S d'A-
•fpl ce Prince écoic pani de Rome. Ce &t
-J^ns le CoaÛloire du 1 7 , où TEmperear
.afilfau, ^ail tnve^iva fi fonement contre
Jrwnç(HS /. comme le marqnear bu bien
itsynaldus 8c Pallavicin. •
7t* La cammiffhn en fat donnée â fix
Cardinaux & à trois Evêques. ] C eft en-
■C<Mre ici tine inéprife de notre Hiftorien ,
Se qui a été copiée par Raynaldu4 & M.
JDiupin, Car il y avoit 7 Cardinaux , favoir
Pieohmini , Campège , Ghinucci , Simo-
éièfe, Cùntarini, Céfis^ & Céfarini, aux-
Soels furent joints Aléandre Archevè>]ue
e Blindes, & Verger ,i\\ii n*étoic pas en-
core Evèque. Pallav. L. %,c,%<)*
7^. Et la Bulle enfin en fat expédiée U
12 de Juin. ] Non le 1 1 ^ mais le i , com-
me on le voit par le témoignage des Au-
teurs du tems , & par les AdesConfîftoriaax
cités par Raynaldus y qoi dit qoe le Pape
déclara Tindiélion du Concile dans le Con*
fldoire du fécond de Juin , & que la Bulle
en fiit publiée dans celui du 4 , dont elle
.porte la date. Roma foria 6 z ^ Jmùi SS»
D. N. — indixu Oecumcmcum fut Uni-
verfalc & Générale Concilitim m ciVitatc
Mantua mehoandum die Z3 nunfis Mail
unxxxvzz. Decrttum in fenaiu editum hi-
duà poft inter facra fûUmrù pompa promuU
gatum eft. Je ne (ai pourquoi Pallavicm die
que riadiâion s*en fit dans le Contiiloiie du
19 de Mai, & que la Bulle en fîit publiée
le fécond de Juin.
7 4* Et foufcrite par 4ous Us Cardinaux^
&c. ] Non par tons , mars feulement par
2, f , dont on voit ia i^acure dans Ray^
naldusm
^^» Il convôquoit pour le zy de Mai de
Vannée fu'tvante mdxxxvii.] C*eft encore
ici une négligence , qui a été copiée par M*
Dupin. L*indiclion s*en fit non pooi le
17 de Mai , mais pour le 2 3 .
144 HISTOIRE DU CONCILE
MDzxxTi. oonv3quoic pour le 17 de Mai de l'année faivante mdxxxvii , an Concile
Paul lli. Général de toute la Chrétienté à Mantoue, lieu abondant & commode
pour la célébration d'un Concile , & conunandoic fous les peines portéei
par les SS. Canons , â tous les Evêques & Prélats de quelque lieu que ce
rue , de s'y trouver au jour marqué , comme ils y étoient obligés en verra
du ferment qu'ils lui avoient prêté : Qu'il prioit l'Empereur , le Roi de
France > & tous les autres Rois & Princes , pour l'amour de Jefus-Chrift ,
8c pour le falut de la Chrétienté , de s'y trouver en peribnne , ou , s'ils ne
le pouvoient pas,d'y envoyer leurs Amba({adeurs » comme ils l'avoient (bu-'
vent promis à Cicnene Se à lui-même ; & d'oblieer audi les Prélats de leurf
Royaumes d'y venir & d'y demeurer jufqu'à la nn , pour déterminer ce qui
feroit nécedaire & convenable pour la réformation de" l'Eglifè , l'extirpa*
tion des Héréties , & l'entreprile de la guerre contre les Infidèles.
7^ Le Pape publia en même-tems une autre Btdie ^ pour purger j di«
(bit-il , de toutes fortes de vices & d'abus la ville de Rome , Capitale de
toute la Chrétienté , 77 & la Maître({e de la Dodrine , des Mœurs & de
Slei(i.L.io. la Difcipline ; afin qu'ayant purifié fa propre maifon, il pût enfuite ploi
^am ad facilement purifier toutes les autres. A quoi ne pouvant vaquer entière-
an 1540. nient Inifèul, il nommoit pour cela les Cardinaux d*Ofiie^ de S. Severin^
N^ ^y. Gkinucci; & Simoniu , ordonnant i tout le monde fous de grièves peinci
Pallav. L. de leur obéir abfolument. Ces Cardinaux , conjointement avec quelques
^ ^ J* Prélats députés par le Pape , fe mirent aufll-tôt à travailler à la réforma-
non de la Pèniunceric , de la Dateric , & des mœurs de la Cour , mail
fans que rien fut mis â exécution. 78 Chacun même jugea qu'à l'égard
de
/Flcury ,
L. 157.
j6* Le Pape publia en mime tems une
autre Bulle, pour purger, difoÎMl, de iou-
tes fortes de vices & d'abus la ville de Rome,
&c] Ceft fur l'aacorité de Sleidan , que no-
tre HiAnrien avance ce &it. Mais je ne vois
point que ni Onuphre ni les autres Hiflo-
riens en fedènt mention fur cette année :
& Raynaldus , aufli-bien qne Pallavicin
1. 4* c. f • ne marquent cette réfomnation
que fur Tan i f 40 ^ & en diftribuent Tezé-
cution à plnfieurs autres Cardinaux. Ray-
naldus marque pourtant dès Tan 1/34 les
Cardinaux d 0/?/> , de S. Séverin , & Ghi-
nucci, comme défignés f>ar Paul III pour
la réforme de la Difcipline Ecdéfiaftique.
Le Continuateur de M. Fleury rappone le
fait comme Fra-Paolo , mais c'eft peut-être
fur fa feule autorité.
77. Et la Maitrejffe de la DoShine , des
Mœurs 6» de la Difcipline.] C*eft ainfi que
sexjîrime Fra-Pa^lo, Maejlra délia dot-
trina, di cofluml, & délia difciptma; 9c
je ne fai pourquoi M. jim$lot traduit ici
la fource de la do&nne , &c. ce au*' ne
fait en cet endroit aucun fens raiu>i.na-
ble , au-lieu que Texprefllon de Fra^Pao^
h eft fon jofte. Le Continuateur de M.
Fleury a copié ici mal à propos M. jimelotm
78. Chacun même jugea qu'à l'égard de
la convocation du Concile on ne pou^oh
la faire en un tems moins propre , &c.] C*eft
allez vainement que Pallavicin s'arrête k
prouver que tout le monde étoit fbn con-
tent de la convocation du Concile , & le
fouhaitoit. Car c'étoit juftement parce qu'qa
le fouhaitoit , quon trouvoit que le tems
n*croit guères propre pour le tenir , puisque
la guerre prête à éclater en Italie ne permet-
toit pas d'efpérer que cette convocation p&t
avoir lieu , comme le fie entendre François
L à TEvêque de Faê'nza Nonce en Franct.
/'tf/Ztfv. L.4.C.4.
DE TRENTE, LiynE I. i4y
delà conrocation du Concile on ne pouvoir la faire en un rems moins pro- mdxxxtic
{nre que celui > où TEmpereur & le Roi de France écoienc en guerre ouverte Pavl lii.*
en Picardie , en Provence , & en Piémont. ■
Les Proteftans § ayant vu la Bulle , écrivirent à TEmpcrcur : Qu'ils ne Let Vrouf-
lâvoient pas quelle étoit la forme de procéder que Ton devoir garder dans tum refu-
le Concile -, 6c que comme ils en a voient toujours demandé un qui fùtfi^^^J '^'-
pieux , libre , & aflcmblé en Allemagne > & qu on le leur avoir promis, ils "''^'j . , -
efpéroient qu'on leur tiendroit la parole qu on leur avoit donnée, Ôc qu on iq, p^ î^^^
iàcisferoit à leurs demandes.
Mais au commencement de Tan mdicxxvii , l'Empereur leur envoya
Matthias Hdt fon Vice-Chancelier , ^ pour les exhorter à accepter le Con- h Flcury U
appelle au Concile , il ne convenoitpas que par un changement fubit ils n.p. U7.
zerbfaflènt de s'y trouver avec toutes les autres Nations , qui fondoient fur Rayn. a4
cette Aflcmbléc toute l'efpérance de la réformation de TEglife : Que TEm- ??• '^ ^7-
pereur ne doutoit point que le Pape ne fe conduisît d'une manière digne spond. N*.
dn Chef de tout l'ordre Eccléfiaftique , & que s'ils avoient quelques plain- J^ i^
ces â faire contre lui , ils pourroient les propofer modeftement dans le
Concile : Que quant à la manière & à la forme de procéder , il n'étoit pas
ratibnnable qu'ils donnalTent la loi i toutes les Nations : Que leurs 'Hiéo-
logiens n'étoient pas les feuls infpirés de Dieu , ni les feuls qui fuflènc
inftruits des chofes facrées , & qu'il y en avoit ailleurs qui ne manquoient
ni de doârine ni de fainteté : Que pour le lieu, quoiqu'ils eudènt demandé
^a'on le choisît en Allemagne , ils dévoient bien avoir quelque égard à la
commodité des autres Nations : Que Mantoue étant proche de l'Allemagne»
fertile, faine, &fu)ette à un Feudataire de l'Empire, le Pape n'y avoir
aucun pouvoir ; & que s'ils fouhaitoient de plus grandes aflTirances , l'Em*
pereur étoit prêt de les leur donner. Hdt s'entretmt auffi féparément avec
rÈleâeur de Saxe , l'exhortant d'envoyer fes Ambaffadeurs au Concile »
fans apporter de prétextes ni d'excofes > qui ne pourroient produire que des -
inconveniens.
Les Proteftans firent réponfe à l'article qui regardoit le Concile : ^ * ^'cU. U
Qu'ayant lu les lettres du Pape , ils voyoient que fes vues étoient fort dif- "' P* i5/*
férentes de celles de l'Empereur. Puis ayant rappelle routes les négocia- xc^^
tions qui s'éroienr faites avec Adrien ^ Clément , & Paul y ils conclurent Flcury , L'
qu'il eroit vifible que tous ces Papes avoient eu un même but. Ils vinrent ij 8. N^ ^
cnfuitc aux raifons pour lefqudles il ne convenoit pas que ni le Pape , ni
ceux qui lui étoient attachés par fcrmenr , fuflcnt Juges dans le Concile.
A l'égard du lieu ils dirent : Qu'outre que celui qu'on indiquoit étoit con-
craire à ce qui avoit été arrêté dans les Diètes de TEmpire , ils ne pourroient
d'ailleurs y aller fans danger , quelque (Tirçré qu'on leur donnât; parce que
le Pape ayant des adhérans par. cmce Tlcalie > qui étoient ennemis jurés
ToM£ L T
14^ HISTOIRE DU CONCILE
MDxxxvii. de la dodrine des Proteftans , ils auroient toujours à craindre quelques
Paul III. embûches , 6c quelques pratiques fecretes \ outre que plufieurs de leurs
'^"— ~" Doûeurs Se de leurs Miniftrcs devant y aller en perfonne , parce que les
chofes de cette importance ne pouvoient fe traiter par Procureurs , leurs
Eglifes refteroient abandonnées. Comment d'ailleurs > difoienc-ils , pour-
roient-ils s'en rapporter au Jugement du Pape , qui n'avoit d*autre vue que
de profcrire leur doûrine , qu'il traitoit d'Héréue,& qu'il ne pouvoir s'em-
pêcher de qualifier ainfi dans toutes Tes Bulles , & tout nouvellement en-
core dans celle de l'indiâion du Concile , & dans l'autre où il avoir feint
de vouloir travailler à réformer la Cour de Rome , & où il avoir die en
propres termes , qu'il convoquoit le Concile pour extirper l'Héréfie Luthé-
rienne *> & qui joignant Teftet aux paroles , dccernoic de cruels fupplices
contre de malheureux innocens , dont tout le crime étoic de fuivre cette
Religion par un motif de confcience } Et comment pourroient-ils l'accufer
lui &c Tes adhérans , s'il prétendoic être leur Juge } Que cependant rece-
voir Ton Bref , ce feroit fe foumettre à fon Jugement : Qu'ils avoienc tou-
jours demandé un Concile libre & Chrétien , non pas tant pour que chacuq
y put parler librement , & qu'on n'en exclue que les Turcs & les Infidèles p
qu'afin que ceux qui étoient liés par ferment au Pape , ou par quelque aflb-
ciation particulière, n'y fulfent pas les Juges, & que les controverfcs n'y
fuflent décidées que par la Parole de Dieu , qui devoir préfider aux Juge-
Uiens qui s'y rendroient : Qu'ils favoient fort bien qu'il y avoit des gens
pieux & favansdans les autres Nations > mais qu'ils n'étoient pas moins
certains , que (i la puilfance démefurée du Pape étoit réprimée , non-feule-
tenoient cachés
réforme de
'Eglife : Qu'ils n'avoienr rien à dire contre la fituation & la commodité de
Ta ville de Mantoue ; mais que la guerre étant en Italie , ils ne pouvoient
y vivre fans défiance *, ourre que le frère du Duc étoit Cardinal , & un des
principaux de la Cour de Rome : Qu'il y avoit plufieurs villes en Alle-
magne auHi commodes que Mantoue, & où régnoic l'équité & la juftice, 8c
où d'ailleurs on ne connoiffoit point ces moyens fecrets & ces complots
clandeftins pour fe défaire des gens , qui étoient fi fort en ufage en d'autres
lieux : Que dans les anciens Conciles on avoit toujours recherché princi-
palement la fiireté du lieu ; & que quand bien même l'Empereur feroit OQ
I)erfonne au Concile , ils n'en feroient pas plus en affûrance , fâchant que
e Pane vouloit bien lui laifier prendre part aux délibérations, mais qu'il
fe réiervoir à lui feu! le pouvoir de déterminer : Qu'on favoit ce qui étoit
arrive à l'Empereur Sigl mond dans le Concile de Confiance , où l'on avoit,
viole fon Sauf- con'iuit, &: où il avoit été forcé de foufftir cet affront :
Qu'ils fupplioien; donc l'Empereur de vouloir bien avoir quelque égard
pour des raifons d un fi grand poids , & d'y faire les réflexions qu'elles
/Pallav. méritoient.
L4.C1. L'Ëv£s<iUS d'Aqui > envoyé pai le Pape vers les Proteftans ^ pour les
DE T R E N T E , L I V R E L 147
inviter au Concile, parut aulîî dans la même Dièrc , mais fans pouvou «oR'Trrrt.
rien obtenir ; 79 & quelques-uns même des Princes refuferent de lui don- ^^^^ ^^^'
ner audience. Et pour notifier à tout le monde les raifons de leur conduite , ..
ils publièrent un Ecrit imprimé , *" dans lequel ils s'attachoient principa- ^o^'
lement â repondre à lobjedtion qu'on leur raifoir , qu'ils ne vouloii^nt fe Fleury , L.
Ibumettrc à aucun Juge , qu'ils méprifoient les autres Nations , qu*ils re- i58.N° 15.
jcttoicnt le fuprcme Tribunal de TEelife , qu'ils renouvelloicnt des Hcré- ''- ^^^'^^•
^cs autrefois condamnées , qu'ils tomentoient les difcordes civiles, & '|^j^'
qu'ils ne reprenoient dans les mœurs de la Cour de Rome que des chofes
légères & tolcrables. Ils alléguoient les raifons , pour lefquelies il ne con-
Vcnoit pas que le Pape feul ou avec les fiens fiit Juge daris le Concile. Ils
irapportoient les exemples de plufîeurs Conciles récufés par plufîeurs dés
Saints Pères. Enfin ils appcUoient tous les Princes à leur defcnfe , s of-
frant en quelque tems qu'on voulût aflcmbler un Concile légitime , d y
défendre leur caufe , & d'y rendre compte de leurs adtions. Ils envoyèrent
^ auflî un Ambafladeur en France pour informer des mêmes chofes le » là. Ibî<L
Roi , qui répondit : Qu'à Téi^ard du Concile , il étoic d'avis comme cax P* *^^
de n'en point approuver que de légitime , Se qui fe tînt dans un lieu fur ;
^^ Se que le Roi d'Ecofle fon gendre croit fur ce point dans les mêhies
ibntimens.
LVI. Cependant le Duc de Mantoue , * pour obliger le Pape , & J^« I>«^ de
(ans réfléchir fur les fuites , avoir accordé fa ville pour y tenir le Concile , ^^^^yf^
jugeant d'ailleurs félon l'opinion commune , qu'attendu la guerre de l'Em- ^g^f^^ *^
pereur avec la France , & l'oppofition de l'Allemagne , ce Concile n'auroit ConàU À
point dz lieu. Mais lorfqu'il vit le Concile indiqué , fongcant aux moyens Msntouây
d'aflurer fa ville , ** il fit repréfenter au Pape : Qu'un fi grand nombre de ^^'^ des
contliiieni
j^. Et quelques-uns mêmes des Princes iii(bn ^ 1^ payât. L'autre, que la Jufli- qne le Pafg
rifiuèrent de lui donner audience.] Sleidau' ce &t rendue dans Mancoue par Ces pro- rejette,
.nomme en rparciculier le Landgrave de près Officiers , & non par ceux du Con- o Slzïâ, L.
.Heflê, à qui le Nonce ayante fait un jour cile. PalUvicin prétend au contraire, n. p. i8o.
demander audience , il lui fie dire qu'il n'eiï qu'il rie fut queftion que de la garnifoiî j Rayn.
avoir pas le temsî & fortit prefque dans & ce qui me poneroic alTez à le croire, ^^ ^^'
le même monient pour aller rendre vi/îte c'eft qu'il neft fait mention que de" ce ^^^^^^•^.4.
â Luther y qui logeoic dans un endroit que feul point, non feulement dans la Bulle de î.^
lé Nonce pouvoir voir de fon logis 5 ce la prorogation du Concile , mais encore ^«J^ÎJo'o *
qui étoit ajouter, pour ainfi dite : Tinfulte dans les Brefs de Paul III kVEm^^rem & ' ^ ' ^'
au mépris. à Ferdinand , Se dans les lettres du Car-
S o. Et que le Roi d*EcoJfefon gendre^&c] dinal Sadolet rapportées par Raynaldus far
Cétoit /tfc^£/« f^, qui avoit époufé AfWtf- Tan :f37. Si nous en croyons même
Uine de France SlX^àt François L Onuphre ^ c'étoit bien moins Tautorité
t .,11 fit repréfenter au Pape , quun fi du Pape quapfprchendoit le Duc de Man-
grand nombre de perfonnes ayant à venir toue', que celle de rEniperôur. Sed mox
dans Mantoue ^ il y falloit une grojfe^arni- DUcis ^ qui Imperatorh vires timebat, r'o-
fon , &c.] Notre Hiftbrien rapporte ici ' gatu locum mutavit, Ainfî il y a peu d'ap-
deùx demandes du Duc de MàritoUe. parence , que la jaloufie de Jurifdidlion
L'une, que le Pape loi fournît une gar- entrC le Duc & le^Pape ait- eu aucune pÉrt
T i
14» HISTOIRE DU CONCILE
MDzxzTTi. perfonnes ayant à venir dans Mancoiie , il y falloit une grofle garnîlon i
Paul 111. q^»j| ^^ {ouffiriroit pas dépendre d'autre perfonne que de loi , &c qu'il ner
^ pouvoit cependant entretenir à fes dépens ; & que puifque le Pape vouloic
qu on y aiiemblât le Concile > il falloir qu'il lui fournit dequoi payer les
troupes qui feroient jugées néceflaires. Mais le Pape répondit : Que le Con-
cile n'étant pas une AÎlemblée de eens de guerre ni de perfonnes armées,
mais d'Eccléfiaftiqucs & de gens de Lettres , il fuffiroit , pour contenir
chacun dans le devoir , d'un Magiftrat qu'il nommcroit pour rendre la Jus-
tice , & d'une petite Garde : Qu'une garnifbn de Soldats feroit fufpedte
à tous ceux du Concile , & malféante dans un lieu où il ne devoit y avoir
que des apparences de paix , & où tout devoit réellement fé paUër en paix r
Et que quand même il faudroit quelque milice pour la Garde , il ne feroit
pas raifonnable qu elle dépendît d'autre que du Concile même , c'eft-â-dire
du Pape , qui en étoit le Chef. Le Duc » qui conddéroit que la Juri»»
diâion entraîne toujours avec foi la Souveraineté , répliqua qu'il ne vou*
loit en aucune manière que la Juftice fût rendue dans Mantoue par d*aa.-
tres que par fes Officiers. Le Pape , homme très-éclairé » & à qui it arri-
voit rarement de recevoir une réponfe qu'il n'eût prévue , demeura fort
furpris , & repartit à l'Envoyé du Duc : Qu'il n'eût jamais cru qu'un Pria-
ce Italien , comme fon Maître , dont la Maifon avoit reçu tant de bien-^
faits du Saint Siège , & qui avoit un frère Cardinal , dût lui refu&r une*
chofe telle que le jugement fuprème des Eccléûaftiques , que jamais perfôor-
ne ne lui avoit contefté, qui lui appartenoit par les Loix divines & Humai-
nes» que les Luthériens ne lui difputoient pas, & que le Duc lui-mêm^
ne conteftoit pas à fon Evêque, qui iugeoit à Mantoue les Caufes de fes
Prêtres : Que dans le Concile il ne devoit intervenir que des perfonnes^
£cclé(iaftiques , qui , comme aufC leurs familles , font exemres dé la Ju-
rifdidlion Séculière : ^^ Que la chofe étoit û cbire , qu'au fentiment àt
tous les Dodeurs , les Concubines mêmes dts Prêtres reflbrtiflbicnt au jir-
gement du For EccléHaftique ; & comment après cela fon Maître pouvoir-
il lui refufèr d^avoir dans Mantoue utx Magiftrat qui rendît la Juftice aux
cEiangement de IFea pour la renne Ja plos de rapport a qacîqae Tdrirdîdion qne-
Concile. Cependant dans la Bulle d'indic- le Duc vooloit exercer fur les membres âm
tîon du Concile de Trente publiée en i j 42* , Concile , & qae le Pape tntice de contraixe
il 7 a un endroit qui (èmble infinuer quel- à la liberté Eccléfîaftique. Le Continuateur dr
que chofe de pareil àcequarance ici Fra- M. Fltury s'eft exprimé fur ce fait comme
Paolû. Dtntgata fuit nohis y dit Paul III , notre Uiftorien.
Mantuana civitas , nifi aViquas condl' 8i. Que la chofe étoît fî daire^ qu'où
tiones fuhïremus ab inftitutis Majorum fentiment de tous les DoSteurs , lis Concu"
nofhorum & conditione temporum, nofba- bines même des Prêtres reffortijfoient aujw^
fue ac hujus 5. Sedis ac nominis EccU- gement du For Eccléfiajiique.] Ceft appa-
fiaflici dignitate Hbertateque prorfus oGe- remment une raillerie de Fra-Paolà. Cac
nos y quas in aliis nofiris litteris expreffimus» félon Pallavicin^ ce n*efl ni la pratique
n eft difficile d'expliquer cela de la de- de Rome >. ni U maxime des Canomftes^.
■aande d'une g^ifon ^& cela a infiniment
cettt
eonvoca^
DE T R E N T E , L I V R E I. 149
Eccléfiaftiqaes pendant la durce du Concile? Nonobftant ces raifons^, le MDxxrvm
Duc pcrlKta , tant à rcfufer au Pape aucune jurifdidtion dans Mantoue , ^^^^ ^^^•'
qu a demander qu'il payât la earnifon. Mais Paul^ qui trouva ces conditions •—■■■—•
trop dures, &, comme il difoit , contraires à l'ancien ufagc, à la dignité
du Saint Siège, & à la libet té Eccléfiaftique , refufady acquiefcer , & quitta
le de(ïèin de tenir le Concile a Mantoue , fe fouvenant de ce qui étoit arri-
vé* à Jean XXIII pour en avoir tenu un dans un endroit où il n'étoit pas
le plus forf. 83 II fe réfolut donc de fufpcndre le Concile , & fit publier une
Bulle P où pour s'cxcufer il difoit en fubftance : Que quoiqu'il eût une ex- . ^
trème douleur d*êtte forcé de changer le lieu du Concile •, ce qui le confo- n© j,/^
loit , c'eft qu'on en devoit imputer la faute à d'autres , & non pas à lui :
Et que comme il ne pouvoir pas trouver tout d'un coup un lieu commode
pour cette Aflemblée , il fufpendoic la célébration du Concile jufqu au pre-
mier de Novembre de la même année.
D A N s ce même tems le Roi d'Angleterre ^ publia un Manifefte en fbn te K^r
nom & en celui de fa Nobleffe , contre la convocation du Concile faite par d^ Angleterre
le Pape, où il difoit : Qu'elle étoit faite par une perfonnequi n'en avoir /'^^^'f *»
pas le pouvoir, dans un tems que la guerre étoit allumée en Italie, & ^i^nifeftê
clans cm lieu mal afluré : Que quoiqu'il délirât un Concile Chrétien , il ^^^,
ne vouloit ni aller ni envoyer ks Ambaffàdeurs à un qui feroic convoqué tion
par le Pape r Qu'il n'avoir rien à faire avec l'Evêque de Rome y ni avec q Slcid. I^
KS Bulles , plus qu'avec aucun autre Evêque : Qu'autrefois les Conciles "• P* ^8®"
8*a(IèmbIoienr par l'autorité des Rois, & que cet ufage devoit fe renou- W*^
veller avec d'autant plus de raifon , qu'il étoit queftion de s'y plaindre Spondl
des abus de la Cour Romaine : Que ce n*étoit pas une chofe rare de voir N** ij.
les Papes manquer à leur parole : Qu'il avoir a'autant plus d'intérêt d'y ^^^* P- ^*^
faire attention , qu'ils le haiflbient mortellement pour avoir aboli leur au- pj^* P* ^^S*"
torité en Aneleterre , & refufé de leur faire payer le Denier de S. Pierre : j ?%^^
Que c'étoit fe moquer du public ,^ que de rcjetter la faute de la fufpenfion
fiir le Duc de Mantoue , parce qu'il ne vouloit pas recevoir tant de monde
dans fa ville &ns garnifon , ic que de proroger le Concile jufqii'au mois
die Novembre , fans dire où on Taflembleroit ; puifque fans doute le Paper
Toodroit choifir l'endroit oadàns fes propres Etats , ou* dans ceux de quel-
que Prince de fa dépendance : Qu'ainfi aucuTie perfonne de bon fens ne*
pouvant efpércr d'avoir un vrai Concile ^ il valoir mieux que chaque Prin^^
ce réformât la Religion chez foi : Que cependant y fi quelqu'un trouvoic
quelque meilleur expédienr , il ne le rejetteroit pasr
En Italie même on n'étoit pas moins difpofé à interpréter en niauvaifcr
part les a&ions dtt Pape > & on y difbit librement > que c'étois à. lui qu'ils
f j. Il fi réfilut donc de fufpendre le mais le lo' d'Avril, dont elle porte ladatéf
Concile , & fit publier une Bulle , &c.] dans Raynaldus , oà elle fe croave. Lat
Non le lo de Mai , comme le dit Pallo' méprife de Pallavicin a été copiée plu: 1^
L» x^ Ct 4» & M* Dvgin afcès Ivii^ Continimeui de^ là^Flmry^ ^
lyo HISTOIRE DU CONCILE
MDxxxYn. falloîc fe prendre de la fufpenfion du Concile , donc il rcjcttoic la faute fur
J?AUL III. Iq J)^^ jç Mancoue ; &c que cela paroiflbic alTcz clairement , parce qu aprèr
"""■—"—■" avoir publié une DuUe pour la réformacion de fa Cour , & avoir charge
quatre Cardinaux de cette affaire qui ne dépendoit que de lui , & à Texé-
c^î:ion de laquelle ni le Duc ni qui que ce foit n'eut pu soppofcr , il n'ca
écoit plus queftion , & que depuis trois ans qu il en avoit fait la propofî-
cion audi-tot après fon exaltation au Pontihcat > laffaire étoit demeurée
dans loubli & le (ilcnce. Pour arrêter tous ces mauvais difcours , & faire
tomber ces reproches & le mauvais tour qu'on donnoit à toutes fcs aâions»
le Pape réfolut de reprendre de nouveau l'affaire de la réformation > & de
fe réformer lui , les Cardinaux , & toute fa Cour. *4 Pour cet cflfct il
r Sleid. L. choilit quatre Cardinaux , ^ &c cinq autres Prélats , qu'il eftimoic tant ,
II. p. i8i. qu'il y en eut quatre qu'il fit Cardinaux dans la fuite ; & il les chargea tous
^^ les neuf de recueillir les abus qui méritoicnt d'être réformés , &c de lui
Paliav. L4« "^^^q^er les remèdes les plus propres à ôter aifément ôc promptcmcnt le
c. j-. mal y tout dans le bon ordre. Ces Prélats exécutèrent donc les ordres du
Flcury , L. Pape , &c lui remirent leur avis par écrit.
i38.N°ir. LVII. Ils marquoient d'abord, « que lafource & l'origine de tous lesabus
'f*\' venoit de ce que les Papes prctoicnt trop aifément l'oreille aux flatteurs,
dfeffepmr ^^ '^ur facilité à déroger aux Loix , & de l'inobfervation du commandement
tjHtl^ues qu avoit fait Jefus-Chrifl de ne tirer aucun profit des fondions fpirituelles.
CsrdinMix, Après quoi venant au détail , ils notoient xxiv abus dans l'adminiftration
mAtsqtUde- j^^ chofes Eccléfiaftiques , & quatre dans le Gouvernement particulier de
gxicmtion ^^^^' ^^^ Y traitoicnt de l'Ordination des Clercs , de la collation des Bé-
s Faîcîc néfîces » des Pcnfîons , des Permutations , des Regrès , des Réfcrvations ,
rer. ezpet. de la pluralité des Bénéfices , des Commandes , de la Réfidence , des £xem«
T.i.p. 150. tions , de la dépravation des Ordres Réguliers , de l'ignorance des Prédica-
teurs & des Confefleurs, de la liberté d'imprimer des Livres pernicieux,
des Ledures , & de la tolérance des Apoftars & des Ufuriers. De- là venant
aux Difpenfes , ils parloient de celles de marier des gens dans les Ordres,
de la facilité de difpenfer dans le dégrés défendus , des Difpenfes données
aux Simonianues > de la facilité d'accorder des Indulgences & des Permi£-
fions de confefler , des difpenfes des Vœux , de la licence de léguer des
biens aux Eglifes , de la commutation des Teftamens , de la tolérance des
Courtifanes , de la négligence dans l'adminiflration des Hôpitaux , & d'au*
très chofes de ce genre y dont ils faifoient un détail en expofant la nature
des ces abus , leur origine , les mauvaifes conféquences , & les moyens d*y
remédier , & de porter la Cour de Rome à mener une vie Chrétienne : Ou-
vrage tout-à-fair digne d'être lu, & qui eut mérité d'être inféré ici tout
entier , s'il eût été moins étendu.
84. Pour cet effet il chotjit 4 Cardinaux Salerne, AUandre Archetèqnc de Erin-
S> ;*. autres Prélats, 1^^^% Cariinanx furent des, Giberti Evèqae de Vérone, GrégoiPi
• Contarini^ Carafe, SadoUt^ 8c Pool; & Corte^ Abbé de S. George de Vertife, 9
les Prélats furent Frégofe Archevêque de Badia Maître du Sacre Palais.
DE TRENTE, Livre h lyi
L E Pape ayant reçu des Prélacs cet écrit , le fit examiner par plufieurs mdxxxvh.
Cardinaux , & le propofa enfuite en plein Confiftoire pour en délibérer. ^^"^ ^^^•
Nicolas SckomhergCzvdinal de S. Sixte , ^ qu'on appelloit auflî le Cardinal „ ,,
de Capout y ne un long dilcours pour montrer que le cems prefent netou ^.^ c
pas propre pour faire une telle réforme. Il remarqua d abord , que la cor- sicid.L. ii.
ruption des hommes écoit telle , que fi on vouloit arrêter le cours d'un mal , p. 1 8 j.
on en feroit naître un plus grand ; & qu'il y avoit moins d mconvénient à ^^^ury^, L.
tolérer un défordre connu, & que la coutume rend moins remarquable ,^38*^ 3^'
aue d'en introduire, en le réformant , un autre» qui par fa nouveauté même
leroit plus fenfible & par conféquent plus expofé à la cenfure. Il ajouta
que par-U l'on donneroit lieu aux Luthériens ae fe vanter d'avoir forcé le
Pape à cette réforme ; il infifta beaucoup à faire voir que ce feroit un
pas non-feulement pour retrancher les abus , mais aufli pour abolir les bons
ufages , & pour expofer â un plus grand danger toutes les chofes de la Re-
ligion } parce que la réformation que l'on feroit , étant une efpéce d'aveu
Gue les Luthériens avoient eu raifon de reprendre les abus aufquels il avoit
fullu remédier , ferviroit à fomenter tout le refte de leur dodtrine. Jean^
Pierre Carabe Cardinal Théatin remontra au contraire , que la réforme
ctoic néceftaire , &: qu'on ne pouvoit l'omettre fans oflfenfer Dieu : Et que
c'étoit une régie générale de la Morale Chrétienne , que comme il ne faut
point faire un mal pour procurer un bien , on ne devoir pas non plus omet-
tre un bien d'obligation , dans la crainte qu'il n'en arrivât un mal. Les avis
far cela furent partagés , & après difiérentes chofes dites de part & d'autre
il fut conclu de remettre à un autre tems à parler de cette affaire -, & le
Pape ordonna de tenir fecrettes les remontrances des Prélats. ^^ Mais
Sckomberg en envoya une copie en Allemagne , Se quelques-uns crurent
Sf . Maïs Schomberg en envoya une co-
pie en Allemagne , & quelques-uns crurent
que ce néto'u pas à Vinfu du Pape.] Ceft
ce que dit Sleidan , qui pouvoir bien être
inftruic de ces bruits. Alii putant non
nefcio Pontifice exiiffe libellum , ut fie ipfius
aiiquod ftudium appareret emenJationis ,
& ut homines inteUigerent aliunde tanquam
îpfe fuerit daturus graviora , fiquidem ali-
quid ejufmodi putajfet evulgandum» Palla-
vicin dit qu'un tel foupçon n eft digne que de
raillerie & de mépris. Mais au moins cette
raillerie ne devroit regarder que ceux qui
formoient un tel (bupçon , & non l'Hif-
torien qui le rappone, quand bien même
la chofe feroit tout à faic improbable. Mais
au fond , je ne vois pas qv elle foie fî fort
contraire à la vraifemblance. Car quoiqu'il
<bk Yiai que Paul dans tootes les Inltruc*
tions données aux Nonces eut ordonne de
tenir fecret cet Ecrit , comme Fra-Paolo
le reconnoît ; eft-il impoiïible que Schom"
bergh l'eut envoyé fecrettement, en croyant
en faire honneur à ce Pontife , fans que
celui-ci lui en ait fu mauvais gré , parce
que n'étant point publié avec autorité on
écoit toujours en état de le défavouer ? Le
Cardinal juge plus probable, que Schom*
bergh l'envoya à un Catholique. Cela efl
poflîble y mais ce n'eft qu'une (impie pro-
babilité : & d'ailleurs Fra-Paolo ne dit pas
le contraire , puifque lorfqu il marque qu'il
fut envoyé en Allemagne , il ne détermine
pas fi ce fut à un Catholique , ou à un
Proteflant j & il refte bien certain , que
malgré le fecret recommandé ^ l'Ecrit fut
communiqué.
lyi HISTOIRE DU CONCILE
uDxxTwji. que ce n'écoit pas à Tinfu du Pape , afin que I on vît qu a Rome on avoît
Paul III. quelque vue de reforme, Ôc qu'on penfoir à y travailler, Cerrc copie fut
'^"— —^ aufli-toc imprimée 6c publiée par toute l'Allemagne , & on y publia aufli
en Latin &c en Allemand quelques Ecrits qu'on y oppofa. Cependant
le nombre des Proteftans augraentoit tous les jours , 6c le Roi de Dannc-
marc Se quelques Princes de la Maifon de Brandebourg entrèrent dans la
même Ligue.
LVIII. ^^ A l'approche du mois de Novembre , ▼ le Pape publia nnè
Joc7n7nJu nouvelle Bulle pour convoquer le Concile à Vicenzc s 6c voyant que l'hiver
ConciU À approchant il étoit néceflaire de donner un plus long terme , il l'intima
Vicensie^ & pour le premier de Mai de Tannée fuivante mdxxxiiii , & y deftina pour
fécond Ma- Légats trois Cardinaux , fa voir Laurent Campègc auparavant Légat de Clé*
H VIU ^^^^ ^^^ ^^ Allemagne , Jaques Simonèu, 6c Jérôme AUandre , qu'il avoît
jcontTt U ' c^^és Cardinaux.
Concile. L A nouvelle Bulle ayant été publiée , * le Roi d'Angleterre *7 fit paroi-
V Slcid. L. tre contre cette nouvelle convocation un fécond Manifefte daté du 8 d'Avril
V-f' '^^ MDxxx vxii , qu'il adrefla à l'Empereur , & à tous les Rois & Peuples Chré-
c.V*& ^.^ tiens , dans lequel il difoit : Qu'ayant déjà informé le monde ces raifons
Rayn. qu'il avoit eues de recufer le Concile que Paul avoir feint de vouloir célé-
N° j4. brer à Mantoue , 6c qu'enfuite il avoit prorogé fans aflîgner aucun lieu ^
Spoiîd. ij ne lui paroiflToit pas néceflaire de faire de nouvelles proteftationsou rc-
^ ^^' , cufations, toutes les fois qu'il prendroit envie au Pape de faire quelque
an. 1538. nouvelle feinte de le vouloir célébrer : Que comme fon premier Ecrit dé-
, par cette Lettre , qui
Z'^^^^' cufe de ce quil n etoit pas plus difpofé à aller à Vicenze qu'à Mantoue »
Rayn. ad quoiqu'il n y eCit perfonne qui denrât plus que lui un Concile Général ^
2r\, 1 j 3^. pourvu qu'il fût liore & pieux , comme il l'avoir marqué dans la protefta^
^'^ >5« tion qu'il avoit faite contre la tenue du Concile a Mantoue : Que comme
rien n'ctoitplus faint qu'une A(Icmblée gcnéialcde Chrétiens , rien aufli ne
pouvoit ctre plus préjudiciable 6c plus pernicieux à la Religion qu'un Con-
cile corrompupar l'intérêt, & alTemblépour confirmer des Erreurs ; Qu'un
Concile s'appelle Général , parce que^tous les Chrétiens y peuvent dite
leurs fcnrimcns, 6c qu'on ne de voit pas donner ce nom à une Affëmbléc,
où l'on ne devoir écouter que ceux qui fe trouvoient obligés à çenir en tout
le parti du Tape , 6c où les mcmes pcrfonnes étoient accufateurs & cou-
pables , Parties 6c Juges : Qu'on pouvoit objeder contre Vicenzc les mêmes
chofes 9
66. AT approche du mo'is de Novembre y tre cette nouvelle convocation un fecQfld
U PiJpe publit: une nouvelle Bulle pour con- AfanifeJIe daté du 8 d^ Avril mdxxxviii.J
roquer le Concile à Vicenze,'] Cette Bulle C'eft donc une faute à Raynaldus d*avoi^
cft du 8 d'Oddbre 1^37. rapporte ce Maiiifefte à l'an i/}5,i
$j. Le Roi d* Angleterre fit parçifre CQtiz
4t. Li
DE TRENTE, Livre I. in
cbofes que dans fon premier Ecrie il avoir objedces concre Mantoue. Puis , MDrxxvm. -
après avoir rappelle en peu de mots ce qu il avoir dir fur ce point dans fon ^^"^- ^^^•
premier Ecrie : ii Frédéric Duc de Manroue , ajoutoit-il , n*a pas eu la com- — — "■•—^
plaifance pour le Pape de lui accorder fa ville aux conditions qu*il le fou-
nairoir , quelle raifon aurions^-nous d'avoir celle d'aller où il lui plaîr ? Si le
Bape a de Dieu le pouvoir d'appeller les Princes où il veur , pourquoi n a*
c*il pas celui de choidr le lieu qui lui plaît , & de fe faire obéir } Si le Duc
de Mantoue peut refufer avec raifon Tendroit que le Pape a choid , pour-*
Soi les Rois & les autres Princes n'auroient-ils pas la liberté de n'y pas
er ? Et fi tous les Princes lui refufoient leur ville , où feroit fa puifTance ?
Que feroit'il arrivé , s'ils fe fudènt mis en chemin » & qu arrivés à Man-
toue , le Duc leur en eut refufé l'entrée ? Ce qui eft arrivé de Mantoue ,
peut également arriver â Vicenze.
LIX. Les Légats s'y rendirent y au tems marqué , & le Pape en même Entrevue
tems fe rendir à Nice en Provence » pour ctrc à l'entrevue de l'Empereur ^« P^f^
Se du Roi de France qu'il avoir moyennée ^. Le prétexte public étoit ^^*^ ^^^
de ** rétablir la paix entre ces deux Princes , mais (a fin principale étoit yj^^^ ^
de faire tomber le Duché de Milan dans fa Maifon. Entre ancres chofes France k
qui fe négocièrent dans cette entrevue , le Pape tâcha d'engager l'un & ^ice.
l'autre d'envoyer au Concile leurs Arabafladeurs & les Prélats qui étoient >'Slcid, L.
I2(. p. l%6.
iPallav.L,
■ 18. Le prétexte public était de rétablir nons a.Ture bien pofitivement & du dehr ^^ ^.^ ^^
la paix entre ces deux Princes ; mais fa que le Pape avoit de feire paflèr ce Duché Rayn. ad
fin principale étoit de faire tomber le Du- dans fa famille, & des propolîcions qu'il an. if j8.
ché de Milan dans fa Maifon.] Pallavi- en fit faire à l'Empereur. Cafarem^ dit-il, N° lo, fc
cïn dit, qu'il ne voudroit pas nier que le à bello avcrtere cupiebat ; fed arcani ca«-fcqq.
Pape n'en eftt eu quelque de(iein, mais filii alias grav ivres fubejffi caufas h omines Svond.
qail ne paroîc pas pat les Mémoires du putahant , qui eum Mediolanenfis Imperii ^^ f-
ttmt qu'il en ait fait aucune piopofition. dominatum affeitare dicebant , quùtn r^on Adnan. u
Je ne (kis pas ce qu'entend ce Cardinal obfcuri nepotum fuorum alterum infinuansy ^' F* '^'
par \e% Mémoires du tems > mais ce qu'il id prafenti pecunia comparare poffe fibï i^Tri '
y a de vrai, c'eft qu'^^Jritf /si, Auteur con- perfuadebat ab egente Cafare, Ce qu'il ré- ^^ ^'*
^einporain le marque bien pofitivement. pète encore en un autre endroit ^ où il dit;
Kon fitrovando modo di convenir di pace^ Cœfari autemfîbi arma in' Germanîampa*
4ii*il, voUndo il Re che gUfoJfe reftituito ranti quUm pecunia deejfet, Pontifici Âfe-
in qualche modo il Ducato di Milano^ il diolanenfem Principatum cupienti per am-
^uale diceva appartenerfeli di ragione , 6* bages obtulit , ut grandi pecunia perfoluta
V Imperadore non volendo ufcire di cofe ricco O&avius nepos Jnfubrum Augufta auélo-
6r opportuno ftato aile cofe dltalia , ne con- ritate Dux conftitueretur. Sur de pareils
tentandofi di darlo à un S ignore lialiana, garants eft ce un fi grand crime à Fra-
che à ciafcuno di loro pagajji omaggio^ il Paolo d'avoir avancé un tel faiti & croit-
quai modo era trovato dal Papa propûmn- on qu'un argument négatif^ tel que celai
do unfuo Nipote per farlo Duca di Mila- que lui oppofe Pallavicin , & qui aihne
no,fifiabUi una triegua per diecd anni. cft convaincu de faux par la dépoficion
Onuphre , qui ne doit pas être fufped , des Hifloriens , futKfe poux anéantir 1q
nous apprend la même chofe , de quoiqu'il poids de ces témoignages?
iic parle pas de llencrevae de Nice j il
Tome I. V
iy4 HISTOIRE DU CONCILE
tfDRzyiii. à leur fuite , & de donner ordre à ceux qui étoient dans leurs Ecars de fe
Paul III. mectre en chemin pour s'y rendre. Mais ils s cxcufercnt tous deux , difanc
'^"— —^ qu'il falloir auparavant favoir de ces Prélats les befoins de leurs EgUfes i
éc qu a regard de ceux qui étoient avec eux , il feroit difficile de leur per«
fuader d y aller feuls , fans en avoir auparavant conféré avec leurs confrè-
res. ^ 9 Le Pape fe contenta fi ailément de cette raifon , qu'il laiflà lieu
de douter lequel des deux il aimoit le mieux, ou d'unconfentement, ou
d'un refus. Mais voyant qu'il n y avoit rien à efpérer , ni fur ce point, ni
fur les autres, qu'il avoit négociés dans cette entrevue, il partie; & de-
retour à Gènes ayant reçu des lettres de Vicenze , par lefquelles fes Légats
lui mandoient qu'ils y étoient encore feuls , & qu'il n'y avoit pas un icui
Prélat ; cela l'obligea '^ de les rappeller , & de proroger par une Bulle du 18
«Rayn-N^ de Juillet ^ le terme de l'ouverture du Concile juiqu'a Pâques de l'année
34.^35. fuivame.
^PJ""*- >» C E Pontife , qui depuis quane ans ufoit prudemment de patience &
^' de diflimulation avec le Roi d'Angleterre , fulmina contre lui cette même
h Barnct , année ^ une Bulle te rible , & dans une forme inufitée par fes prédéceflèurs.
Pan. I. L ^ q^j j^»^ jamais été imitée depuis par fe» fucceflcurs. Et comme cette
Pafîav.^ll fiiln^ii^ation fut l'effet des Manifeftes que Henry avoit publiés contre le
4* C.7. Concile convoqué à Mantoue & à Vicenze, il convient à THiftoire que
Rayn, N® j'écris d'en faire mention , d'autant plus que ceci fervira à l'intelligence de
4^* plufieurs chofes qui doivent fuivre. Se qui m'obligent de rapporter ici le
^^^g"^J^- dérail de cet événement.
HetniVlU. ^^' ^ ^ Prince s'étant fouftrait à l'obéifTance de l'Eglife Romaine , &
tfi excom- s'étant fait déclarer en mdxxxiv Chef de l'Eglife Anglicane , comme on
mimiéfêr
le Pdfe. *?• -t« ^^ fi contenta fi aïfiment de de Juin , & avoit été précédée <i*une autre
cette raifon , quil latffa lieu de douter /e- da if . d'Avril , oà le Pape remettoit TcHi-
quel des deux il aimoit le mieux , ou dun verture do Concile , (âus en déterminer le
confintemtnt , ou d'un refus» ] Ceci edane jour. Rayn, N^ 34.
calomnie , à entendre Pallavicin, Cepen- $1. Ce Pontée , qui depuis quatre ans
dant il convient que le Pape ne rétifta nul- ufoit prudemment de patience & de dij^mu"
lement i la demande de la prorogation. E tation avec le Roi d'Angleterre , fiilminéL
je il Pontefice 'non fù duro alla concorde contre lui cette mime année une Bulle ter*
lor peti[ionefopra l'indugio del convocarlo y rible , &c. ] Je ne fais à qui en veut le Car-
non fapeva il Soave , &c. Ceft-à-dire , dinal, d*accufer ici Fra-Paolo d*approavcf
qu au fond il convient do fait , mais qu'il tous les excès de Henri VIIL II n-y a pas
croit qu'il y a trop de malignité dans la an mot dans tout le récit de notre Hifto-
léflexion de Fra - Paolo & dans la conff- rien qui puiflè Éstire foupçonner qu'il ap-
quence qu'il en tire , poifqoe fi le Pape prouvât les fureurs de ce Prince. Il raconte
céda fi aifcment , c'eft parce qu'il étoit amplement le &it ; & les réflexions qo'il
împofnble de ne le pas ÉÎire. ajoute font plus propres à faire honneoi à
90. Ce qui l'obligea — de proroger par la prudence de Paul , qui le fît difRrer fi
une Bulle du 28* de Juillet le terme de l'ou- longtems à fulminer cette Bulle y dont il
verture du Concile ^ Sec, ] Fra-Paolo fe prévoyoit bien qu'il ne devoit attendre zxp-
trompe. La Bulle n'efl point do iS. de cun fuccès , qu'à juftifier le Prince contre
luillet, mais elle eft datée de Gènes du iS» qui la Cenfoif étoit portée*
D E T R E N T E, Li VRE L lyy
Ta rapporté auparavant., Paul aulfî-côc après fon exalracion fut fortement 6c mdzxxtiiu
continucllcmeiit follicitc par l'Empereur , qui ne confultoit en cela que fes ^^"^ ^^•
propres intérêts , de fulmmer les Cenfures contre H^nri -, & il y étoir d'ail- -^■— *
leurs encore excité par fa Cour » qui croyoit par ce moyen ou regagner
l'Anglererre , ou du moins la mettre toute en feu. Mais le Pape, qui etoic
très-expérimenté d^ns les affaires , jugeoit cette démarche peu convenable»
condderant que (ï les foudres de its prédeceflèurs n avoienr produit aucua
bon tfict dans le cems quon les craignoit & qu'on les refpeâoit , on de*
voit encore moins efpcrer de réullir i préfenc que tant de gens avoient pu-
blié & reçu une doélrine qui apprenoit à les méprifer \ 6c il croyoit qu'il
^toit plus prudent de tenir dans le fourreau une épée , qui n'a point d'au-
tre tranchant que l'opinion de ceux contre qui on la tire. Cependant le
Cardinal de Kocâefter ayant été décapité en moxxx v , les autres Cardinaux
ie mirent à lui remontrer l'affront qui en retomboic fur leur dignité , Se
le danger extrême où feroit expofé un Ordre qui pallbit pour faint & pour
inviolable , (i on laiffoit prendre pied à cet exemple : que d'ailleurs, comme
les Cardinaux défendent le Pontificat contre les entreprifes des Princes avec
d'autant plus de hardiede , qu'ils fe regardent comme en lureté de leur vie »
ils feroient dorénavant obligés de fe ménager par crainte , s'ils perdoienc
cette affurance > & fi les Laïques venoient à connoitre que les Cardinaux
peuvent être condamnés & exécutés i mort comme les autres. Le Pape
néanmoins ne changea pas de réfolution. Mais pour employer un tempérar
ment dont aucun autre de fes prédéceflfeurs ne s'etoit encore fervi , qui étoit
de lever la main & de menacer de la foudre , mais fans la lancer , & (atts-*
faire ainfi les Cardinaux & fa Cour fans commettre l'Autorité Pontificale»
^* il fit drefler un Procès & une Sentence très-rigoureûfc contre Hcnriydzxéc
du 50 d'Août MDXxxv , ^ ^} dont il fufpendit la publication à fa volonté » t Rayo. ad
an. iyj4.
N® 18.
91. Il fil dreffcrun Procès fi» une Sen* fa volonté. ] Cefiit , félon Sanderus , tant Spood.
U7U€ irès-rigoureufe contre Henri , datée du à la foUicitation de plufîetirs Princes , que N® 15.
)o. d'Août MOXXX V, &c. ) Ceft la date de (on propre moavement , comme il eft
qu'elle pone dans le BuUaire & dans la ponéparlaBulledu 17.de Décembre if)S.
Colleâion de Bumet^ L. j. p. 17^. quoi-- Fadum eft y ( dit-il, L. 1.) ut Pontifix,
que Raynaldus la date du jo. d*Oélobre, partimfua Jponte , partim multorum Prin»
ce qat (ans doute eft an faute. Au refte , ce cipum rogatu , ab exequenda hac fua fen^
même Auteur nous apprend que cette Sen- tentia adnonruiUos annos fe cohibuerit ; &
tence ne paflâ pas fans de grandes oppofi- peut-être ne le fit-il , aue parce qu'il ne
tions : Maximis autem difficultatibus hanc trouva aucun Prince difpof! à le foutenir ,
rem impUcitam fuiffe docent ASta Confifto^ quoique félon Raynaldus il en eut folli-
rialia. Et il ne feut pas s'en étonner. Car cité l'Empereur , & les Rois de France &
quoique peut-être tous convinflent que d'Ecoffe , mais en-vain. Ce qui me porte
Henri fe (ut juftement attiré les Cenfures, encore plus à le croire, c'en que , félon
il pouvoit y aToir bien des raifons pour PaUavicin lui-même L. 4. c. 7- il n'en
croire qu'il n'étoit pas de la prudence de vint enfin à la publication delà Sentence,
les employer. que fur une efpérance qu'il croyoit bien
9). Dont il fufpendit la publication à fondée , q[ue l'Empereur , la France, 9c
V a
i$6 HISTOIRE DU CONCILE
•iDxxxix. mais dont il laifFa aller fecretrcmenc quelques copies encre les mains de
Paul III. g^j^^ ^^'^j fa voit bien les devoir faire courir ; répandant en même tcms le
bruic que la Bulle avoir été drelféc & fufpenduc, & qu'il la publieroic
bientôt , quoiqu'il n'eut aucun dellèin de le faire. Car il ne défelpéroic pas
que ce Prince ne cédât à la fin > ou par la crainte de cette foudre , ou pour
latisfaire aux dedrs de fon peuple , ou las des fupplices qu il avoir cm-*
5»loyés pour faire reconnoître fa Suprémacie , ou enfin par 1 entremife de
'Empereur ou du Roi de France , en cas que la néce/Sté de fes afikires
l'obligeât de fe joindre à l'un ou à l'autre. Et ce qui Tengageoit encore
plus a garder cette conduite , c'eft qu'il ne vouloit pas montrer la foibleflè
de fes armes > de peur d'affermir encore plus par-là Hinri dans fa fèpa*
ration.
M A I s enfin au bout de trois ans , irrité par les mauvais traitemens dont
il croyoit que ce Prince avoir ufé envers lui fans lui en avoir donné de
fujet > comme auffî par les Manifeflcs qu'il avoir publiés contre fes Convo-
cations du Concile , par la cenfure qu'il faifoit de fes avions quoiqu'il n'eue
jamais eu en vue de l'offènfer , 8c nouvellement enfin par les procédures
contre S. Thomas de Cantorbéry canonifé par Alexandre IIL â caufe de la
morr qu'il avoir fouffèrt en mclxxi pour la défenfe des Libertés & de la
Puidance Ecdéfiaftique , & honoré dans l'Eglife Romaine par une Fêre an-
nuelle qu'on y célèbre ; mais que Henry avoir fait citer & condamner com-
me un rebelle, dont il avoit fait brûler les os publiquement: par la main da
boureau , 8c jetter les cendres dans la rivière , & de TEglife duquel il avoir
confifqué les biens > & fait faifir les tréfors , lesornemens, & les revenus^
ce qui étoit toucher a un des myflères du Pontificar bien plus imporranr
3ue le Concile même : irrité, disje, de toutes ces chofes, il crur enfin
.• w^.*. evoir changer de conduite. Il lança donc ^ le 17 de Décembre la foudre
Hid. of. qu'il tenoir fufpendue depuis rrois ans , & cela dans l'efpérance qu'il avoir
Rcf. P. i.L conçue dans fon entrevue avec le Roi de France , que ce Prince avant feit
ion
Saint
Spond. Siège , le meurtre du Cardinal de Rochcjlcr , & fes procédures conrrc S.
p V^ T Tf^'^^^^^ E" conféquence de quoi il le privoit de fon Royaume , & tous fes
2^1" adhérens de tous leurs biens ; il ordonnoit a fes Sujets de lui refufer l'obéif-
ûnce , & aux Etrangers de n^avoir aucun commerce avec fon Royaume ;&
donnoi. à ceux qui prendroienr les armes contre lui & les (îens, leurs
Etats & leurs biens , & même leurs perfonnes. Mais les Ligues ,. tes Con«
rEcoflê (è décîareroient en mime - tems II ftir pourtant trompé dans ion attente s dt
contre Henri i & même , ajoute-t'il , je Charles auffi bien que François ne s'ena-
crois qae (ân<; cette affiirance il ne fe feroic prellérenc pas moins depois à xecbexcfact
pab dc:larc. j4n^'io trovo chefen^a un tal îaUlancc de Henri*
foadamentQ il Pontefice non yoUe proccdere*
D E TR EN TE Livre I. 157
fédérations , &c les Traités que firent depuis avec ce Prince l'Empereur , mdxxxxx.
le Roi de France , & les autres Souverains Catholiques , montrent aflez ^^"^ ^^^'
quel cas Ton fit de fon Bref, &c avec quelle fidélité l'on obéit à fcs
ordres.
• LXI. Au commencement de l'an MDxxxiX, s'étant élevé de nouveaux Dihê tU
troubles en Allemagne fur les affaires de Religion , qui fervoient de pré- ^runcfort ,
texte aux perfonnes mal-intentionnées pour augmenter les défordres , on ^'^ ^^^ t^^'
tint « à Francfort une Aflèmblée , ^4 où l'Empereur envoya un Commiflai- tv^^^temt
rc , & où après une longue difpute on convint le 19 d'Avril , du confcntc- hniunQoU
ment de ce Miniftre , de tenir une Conférence le premier d'Août à Nurem- Uqnt ^ quê
bcrg , pour y traiter amiablement 6c tranquillement de la Religion. Là , ^^ P^f^ ta-
outre les Doàeur^ , l'Empereur , le Roi Ferdinand ^ & les Princes dévoient ^J' ^«»/«-
envoyer de part & d'autre des perfonnes prudentes pour tâcher de concilier ^ ^' ^^ .
les deux Partis , &c préfider à un Colloque dont le réfultat feroit notifié à an. 1539,
tous les Ordres de l'Empire , & confirmé par l'Empereur dans la première N® j. &
Diète fuivanie. Les Catholiques vouloient que l'on priât auffi le Pape d y ^^4^-
envoyer quelqu'un de fa part -, mais cela n'eut point de lieu , parce que les ^P^^- ^ -
Proteftans remontrèrent que c'étoit une chofe contraire à leur Proteftation. Pallav.L4,
Le Pape , ^ informé de cette convention , s'en tint fort oflfenfé 5 tant à caufe c. 8. iL9. '
de la liberté qu'on prenoit de vouloir traiter des affaires de Religion en Slci<l.L.ii.
Allemagne , que par le préjudice que cela portoit à la réputation du Con- P- ^^°' ^
cilc qu'il avoit convoqué , quelque peu qu'il fe fouciât de le faire tenir \ p f^ ' j
& plus encore parce qu'après avoir propofé de faire afliiler quelqu'un de i j^. \^o ^^
fa part au Colloque, on avoit confenti à l'en exclure, ^y C'efl pourquoi /Id. N®4,
il dépêcha fur le champ en Efpagne l'Evèque de Montépulciano , pour fol*
liciter l'Empereur de ne point confirmer , ou même d'annuller les Décrets
de cette Auemblée.
'Empereur , qui fans aucun égard au ferment qu'il avoit Rayn.
prêté au Saine Siège , aux bienfaits qu'il avoit reçus du Pape , & aux Inf- ^^ ^
94. Oh V Empereur envoya un Commlf- Chrîftieme II , qae fes craautés beaucoap
faire , &c. ] C étoit Jean Véfal Archevêque plus que fa Religion avoienc rendu odieux
de Lunden , de la conduite duquel Aléan-^ & exécrable à tous fes Sujets j ce Prélat ,
ère alors L^t en Allemagne fit de grandes dis-je , s'étant mis au fenrice de l'Empe-
plaintes au Pape , comme s'il eut trahi les leur devint dans la fuite & mourut Evêque
intérêts du parti Catholique. Mais les let- de Condance.
ties du Cardinal Contarini le juftifient aa $s*C*eftpourquoiildip€chafur le champ
jugement même de Pallavicin ; & l'on en Efpagne C Evêque de Montépulciano. J
doit croire , que s'il ne tira pas des con- Jean Ricci ^ depuis Cardinal & Evêque de
ditions plus avantageufes , c'efl qu'il ne lui Montépulciano. Car il ne l'étoit pas encore
fiit pas pcfTible de le £iire. Ce Prélat qui lorfqu il fut envoyé en Efpagne , Montée
avoit étéchalfé de fon Archevêché de Lun- pulciano n'ayant été érigé en Evêché que
den , lorfqu on bannit la Religion Catholi- plufîeun années après , fous le Pontificat de
que de Dannemazc , & qa'c» deftitoa le Koi Pie IV* Pallav» L. 4- c. 9.
ij8 HISTOIRE DU CONCILE
MDxxxix. truétions de l'Empereur , avoic confenci aux demandes des Luthériens » au
' ^^^^ ^^^' préjudice du Saint Siège fie au deshonneur de fa Majefté Impériale , s etaoc
"— ""— "^ iaillc corrompre par les promefles ôc les préfens de la Ville d'Ausbourg **
f T. qui lui avoient donné ^^ 150 ^ 000 florins dor , fie par le Roi de Danoe-
N^ 10. ' marc , qui lui avoir promis 4000 florins par an à prendre fur les revenus de
i'Ârchevcché de Lunden donc il Ta voie dépouillé j outre qu il penfoit à £è
marier fie à quitter l'érat Eccléiîaftique , n'ayant jamais voulu recevoir les
Ordres facrés. i. De remontrer à l'Empereur , que s'il confirmoit les chofes
accordées par cet Archevêque , il ne fe montreroit pas véritable flls du
Saint Siège ; fie que tous les Princes Catholiques d'Allemagne fe plaignoienc
de cette convention , fie fe flattoient qu'il ne la conflrmeroit jamais. 3. De
lui propofer pour fe le rendre plus favorable , d'appuyer fes intérêts touchant
le Ducné de Gueldre fie l'éleâion du Roi des Romains. 4. De lui repréfen-
ter y Qu'en tolérant les Erreurs des Luthériens il n'efi feroit pas plus maître
en Allemagne , quelque chofe au contraire que puHènt lui dire l'Archevê-
que de Lunden & quelques autres ; l'expérience montrant , qu'il ne fauc
point efpérer de conferver les Etats où la Religion fe perd , ni où Ton ea
ibuflre deux : Que Ton en voyoit l'exemple dans les Empereurs d'Orient >
qui ayant renoncé à l'obéiflance du Pape , avoient perdu leurs forces fie leur
Empire : Que l'on connoiflbit préfentement allez les fourbes des Luthériens »
qui en avoient toujours agi frauduleufement avec l'Empereur , fie qui , (bus
Î rétexte de calmer les brouilleries de Religion,avoient toute autre chofe que
i Religion en vue : Que l'on avoit l'exemple de la Diète de Spire de i'aa
MDxxvi, fie de celles de Nuremberg en mdxxxii, fiedeCalan en mdxxxiy,
quand le Duc de Virtemberg reprit fon Duché ; chofe qui montroit que le
Landgrave fie les Luthériens avoient moins eu la Religion en vue, que d'en*
lever cet Etat au Roi des Romains : Qu'il devoit faire attention , que s'il
s'accordoit avec les Luthériens , les Princes Catholiques ne pourroient fouf-
frir qu'il eut plus de pouvoir fur eux que fur les Proteftans » fie qu'ils pen-*
feroient à de nouveaux remèdes : Qu'il y avoit d'autres voies légitimes 8c
honnêtes de redrefler les affaires de l'Allemagne , fie que le Pape leroit cou«
jours prêt de l'aider félon (es forces : Que Sa Majeftc devoit penfer qu'elle
ne pouvoir approuver ces articles , fans rifquer de voir toute l'Allemagne
devenir Luthérienne , ce qui lui feroit perdre toute fon autorité , cette
Se<5te étant ennemie de toute Souveraineté, fie ne prêchant que la liberté
Se la licence. Outre cela , le Nonce avoit ordre de porter l'Empereur à fori'
tifier la Ligue Catholique , fie à détacher des Luthériens cous ceux que l'on
pourroit , en envoyant le plus d'argent qu'il feroit poflible en Allemagne ,
pour en promettre fie en aiftribuer à ceux qui fuivroicnt le parti Catnoli-
- $6, Qui lui avoit donné 1 fo ,000 florins blable de toaces, û Véfal & le Landgrave
iTor, ] C efè ainfi que porte TEdition de de Heftè après loi n avoient traité toute
Londres. Mais celle de Genève marque feu- cette accufation de pure calomnie. Ste^
lement i s ^000 i 8c RaynéUdus 1 s 00. Cette kend, L. j.Seâ. it« $. 70. & Seâ. il*
dernière fomme paioicroit la plus viaifem- $. Se.
;
D E T R E N T E , L I V RE I. ly^
que : De lui pcrfuader d'envoyer , fobs prétexte de la crainte des Turcs , mdxxiix»
quelques croupes Italiennes & Ëfpagnoles dans les terres du Roi des Ro- Paol III/
mains : De lalTurer que le Pape etoit dans la réfolution d'envoyer vers les «— — —
Princes Catholiques quelque perfonne avec de l'argent y pour en promettre
& en donner à ceux qu'il croiroic utiles à fes intérêts : De l'engager à faire
un Edit femblable à ceux qu'avoic publié dans fes Etats le Roi d'Angle*
terre , & de faire répandre adroitement le bruit qu'il étoic en négociatioa
avec ce Prince pour le ramener à l'obéillànce du Pape. Enfin le Nonce ,• ^tj^^^
avoir ordre encore de fe plaindre : ^ Que la Reine Mane fa fœur » Gou- N® Z4«
vernante des Païs-Bas » favorifoit fecrettement les Luthériens » qui entre*
tenoient des intelligences auprès d'elle : Que fur le point de conclurre la
Ligue Catholique , elle avoir détourné l'Eledleur de Trêves d'y entrer ,
& avoir fait manquer par- là une (1 bonne œuvre : Qu'elle avoir empêché
TEvèque de Lavaur ÂmbalTadeur de France , de paflèr en Allemagne pour
délibérer avec le Roi des Romains & le Légat de Sa Sainteté fur les atti-
res de la Religion : Qu'à la vérité , le Pape croyoit bien que cela ne venoic
pas d'aucune mauvaife volonté de fa part , mais des mauvais conièils de
{es Miniftres.
LXII. Comme je viens de faire mention d'un Edit du Roi d'Angle-
terre fur les matières de Religion , il n'eft pas hors de propos de raconter ^^^J^^^
ici ^ comment Henri F7II , ou parce qu'il croyoit qu'il étoit du fervice do^InT'éU
de Dieu de ne pas permettre qu'il fc fît aucun changement de Reliçon dans rEgUfe Ko^
fon Royaume , ou pour montrer fon ferme attachement à la dodrme qu'il maéne dans *
avoir défendue dans fon livre contre Luther , ou enfin pour donner le de- ^'^ ^oy^-
menti au Pape , qui dans fa Bulle l'accufoit d'avoir publié une doârine ^!^^
hérétique dans fon Royaume *, '7 comment , dis-je , ce Prince donna un Hift.of.Rc-
Edit pendant la Diète de Francfort, par lequel ilcommandoit à tous fes form. P. i.
Sujets de croire la Préfencc réelle du Corps véritable & naturel & du Sang L»3- P- ^58»
de Jefus-Chrift fous les efpéces & apparences du pain & du vin , fans que ]^o^^*
la fubftance de ces deux élemens demeurât ; comme auflî que Jefus-Chrift ^\^2^' ^
étoit contenu tout entier fous l'une ou l'autre efpéce -, que la communion i3^.N^*i/.
du Calice n'étoit point néceffaire -, qu'il n'étoit pas permis aux Prêtres de
fc marier ; que les Religieux après leur profeflSon étoient pcrpétucUemenr
ohligés à garder leur vœu de chaftété , & à vivre dans leurs Monaftéres \
que la Confeflion fecrctte & auriculaire étoit non- feulement utile, mais
encore néceflfâire *, que la célébration des Medes privées étoit une chofe
fàinte > voulant que la pratique s'en continuât dans fon Royaume \ & dé-
97. Comment, dis-'je , ce Prince donns écrire , ou prêcher contre le premier Ar»
MU Edit pendant la Diète de Francfort , ticle, c*eft-à-dire, contre la Préfence réelle,
&c. ) Cequenonre Hiftorien appelle ici on à peine d'eue brolé, fans être reçu à faire
Edit , eft un Ade du Parlement palTé le aucune abjuration s & d'écrire ou de prêcher
x8. de Juin if 39 , par lequel on ordon- contre les cinq autres, fous peine d'être puni
noit la créance de ces ûx Anicles , & il étoit comme pour crime de Félonie , c*eft-à-dire,
défendu apri» le ix» de loillet de parler > d*êtxe pendu & d avoir fes biejos confisqués»
i6o HISTOIRE DU CONCILE
UDXxxix. fendant à tout le monde de rien faire ou cnfeigner contre chacun de ces
Paul III. articles, fous toutes les peines ordonnées par les Loix contre les Hérétiques.
"'""■"■^" Ce qui pourra furprendre ici , c'eft de voir comment le Pape , qui peu de
jours auparavant avoir lancé de (i rerribles foudres contre ce Prince , avoic
pu fe refoudre à le louer , & à, propofer à Tempereur fon exemple à fuivre ;
^' tant il eft vrai que c'eft Tintérêc qui nous fait tantôt louer , & tantôt bla •
mer la même j^erfonne.
I# PMpg LXIII. 9' Paul y après le départ de Montépulciano y voyant que d'amu-
fufitjtd U fer iç monde en convoquant le Concile , & en le fufoendant après jufqu'à
C^iiiÀ ^^ <^crtain tems limité, comme il avoit déjà fait pluueurs fois, cctoit trop
fin hên cxpofer fa réputation , jugea néceffaire de quitter une conduire fi équivo-
fUifirm que , qui aores avoir laiïé le monde pourroit avoir quelques mauvaifes fui-
tes -, & il (e réfolut d agir plus ouvertement & de quitter routes ambiguï-
tés. Après avoir donc expofc tout ce qui s etoit pafTé jufqu'alors , & montré
la néceflité de prendre une réfolution décifive de manière ou d'autre , il
pria le Confiftoire d'en délibérer. Quelques - uns des Cardinaux , pour fè
délivrer tout-à-fait de la crainte qui les tenoit tous les jours en fufpens »
n'approuvoient pas le terme de fufpenfion ; & ne voyant pas comment fur-
monter les obftacles qui fe rencontroient , ils euflent voulu qu on déclarât
cxpreflément , que le Concile ne fe tiendroit point jufqu a ce que les Prin-
ces fuffent en paix , fans laquelle il n'y avoit nul lieu d'efpérer qu'on pûc
le célébrer. Mais les plus prudens , qui craignoient encore plus que fi 1 on
faifoit une telle déclaration , on ne revint a parler de Conciles Nationaux
ou de quelques autres remèdes encore plus dangereux , étoient d'un autre
avis. C'eft pourquoi la plupart fe rangèrent à leur fentiment , Se opinè-
rent d fufpendre le Concile autant qu'il plairoit au Pape , eftimant que la
dilcorde
98. Tant ilejl vrai que c'eft l* intérêt qui
nous fait tantôt louer & tantôt bUmer la
même perfonne. ] La maxime eft aflcz vraie
en général , mais je ne (ai fi Tapplicacion
ici en eft bien jude, pai(qu'on ne voit pas
qael intérêt panicalier avoic le Pape de
louer le Roi d'Angleterre. Ceft ce qif ob-
ferve Pall^vicin^ L. 4. c. 8. qui remarque
d'ailleurs qu'un méchant homme peut faire
des allions louables , & qu'on peut par
con(cquent eftimer. Mais ce que l'on pour-
rait dire à la juftifîcation de Fra-Paolo ,
c'eft que Rome ayant toujours défapprouvé
que les {Princes ftatuafTent rien en ma*
tière de Religion de leur propre autorité ,
cétoit un affez mauvais exemple a alléguer
que celui de Henri VIIL Car quoique Ion
Edit ou l'Aél*- du Parlement fut en faveur
(les articles de l'ancienne Religion , con)-
me c'ctoit de (on autorité prppre qu'il or«
donnoit de les croire , il étoit dangereux
de propofer un tel exemple aux Princes i
& je ne fai comment la Cour de Rome ,
qui condamnoir fi fert le principe fur le-
quel Henri agidbit , pouvoic louer ainfi un
A^e émané de ce principe.
99. Paul i après le départ de Montépul-
ciflno « voyant que d*amufer U monde en con^
voquant le Concile & en Ufufptndant , 8cc. ]
Il y a ici une mépri(è de Frd'Paoio. La
Bulle de prorogation du Concile fut pu-
bliée avant & non après le départ de Mon-
tépulciano. Car cette Bulle qui fut arrttëe
dans le Confiftoire du 30. de Mai , fut
publiée le I3.de Juin , & Montépulcîane
lie partit pour l'Efpagne que le xo. d'Août
fuiyant. Pallt^y. L. 4. c. 9.
190. VEm^
DE TR ENTE,L I V RE L r^r
difcordc<lcs Princes ou quclqu autre motif fer viroit d'un prétexte raifonna- mdxxxix.
ble de continuer la fufpenfion , tant qu'on jugeroit qu'il ne feroit pas utile P^^'- ^^^'
de tenir le Concile 5 & qu'au contraire, fi l'on avoit à craindre quelque
Concile National , ou quelque Colloque ou autre chofe , on fe délivreroic
de ce danger en levant la fufpenfion , Se en aflignant le tems & le lieu du
Concile , que l'on tiendroit ou ne tiendroic pas , félon l'exigence des con-
jonctures. Ori s'en tint donc à ce parti, ^ & le i j de Juin le Pape expédia /PalUv.L.
une Bulle qui fufpendoit à fon bon plaifir , & à celui du Saint Siège , le 4. c 9.
Concile qu'il avoir convoqué. Rayn.
Cependant Montépulciano ^ avoit exécuté en Efpagne fa commiflîon î*'** ^^*
auprès de l'Empereur , ' 0° qui , foit pour les raifons alléguées par le Nonce , ^^
foit par d'autres vues , ne jugea pas a propos de déclarer s'il approuvoit ou m Rayn.
défkpprouvoit le Colloque qui fe devoit tenir au mois d'Août à Nurem- N"* 15.
berg. Et comme la mort de l'Impératrice , & le foulévement de Gand &c
<l'une partie des Païs-Bas, fuivirent peu après, ce Prince prit prétexte de tant
d'afËiires plus imponantes , pour iaiflfèr la chofe en fufpens. Ainfi fe pafla
toute Tannée mdxxxix.
Quand j'ai commencé à écrire cette Hiftoire , voyant combien on avoir
ou convoqué ou tenu de Colloques pour terminer les différends de Religion,
j'ai douté fi je devois parler de tous , trouvant des raifons pour & contre.
Mais enfin ayant réfléchi que je m'étois propofé de raconter jtou tes les caufes
de la tenue du Concile de Trente , & voyant qu'on n'avoit ou convoqué
ou tenu aucun de ces Colloques , que dans la vue d'empêcher ou de pro-
curer , de retarder ou d'avancer ce Concile , je me fuis déterminé à n'en
omettre aucun , fur-tout à caufe de l'utilité qu'on peut tirer de la connoif-
xo«. L'Empereur qui — /i^ J^S^^ P^^ tlone. Il (emble donc qa*il ne voulût pas
à propos de déclarer s'il approuvait ou dé- s'expliquer trop clairement fur le Colloque ;
/approuvoit le Colloque qui Je devoit tenir au d'autant plus qu'il ajoute par la fuite , qu'il
mois d*Aout à Nuremberg. ] Il paroît an croyoit qu'il étoit à propos qu*il en con-
contraire par la réponfe de l'Empereur aux voquat un lui-même. Rayn. N° 17. Inte"
proportions du Nonce, & par une lettre rim vifum eft Cafarea Majeftati jfi Ponti-
de ce Prince au Pape citée pat Pallavicin, ficia Sanflitas rem approbaret , indicere
L. 4* c. 9. que quoiqu'il approuvât la con- alium Conventumin Germania, reformandi
duite de l'Archevêque de Lunden , il déclara Decreti Francofordienfis gratia , eaque oC"
néanmoins qu'il ne ratifîeroit point cette cajîone eoque tempore viros fapientes ac
Concorde , & ne lailferoit point tenir ce pacis cupidos pro Religionis dijjidiis com-^
Colloque. Mais quoique l'Empereur dans ponendis in Colloquium vocare , &c. Ce-
la réponfe déclarât, qu'il ne ratifieroit point toit donc en quelque forte approuver la voie
l'accord de Francfort , il lefeifoit cependant du Colloque , dans le même tems qu'il re-
d'une manière affez ambiguë pour laiffer jcttoit celui de Nuremberg i & cela juftifîe
douter s'il laifTeroit tenir un Colloque ou adèz ce que dit Fra-Paolo , qu'il ne jugea
non. Car après avoir die qu'il ne ratmeroit pas à propos de déclarer s'il approuvoit ou
point cette Concorde , il ajoute, Porro défàpprouvoitleColloque, quoiqu'il fetrom-
animadvertendum ne aberrantes à fide Ca- pe en parlant de celui qui fe devoit tenir
thoUca effèrantur in extremam defperatio^ a Nuremberg,
fionem ex denegata illius faderls confirma"
T O M E L X
U% HISTOIRE DU CONCILE
MBvmx. fan ce de ce qui s'y eft paifé. Voici donc 1 origine de celui qui fe tint en
Paul IU. mdxl.
"■■^— — " » L'Empereur s'étanc rendu par la France aux Pais- Bas ** pour appaifer la
» Rayn. f^^jjon qui s y ctoit élevée , Ferdinand vint l'y trouver pour s'aooucher
Sleid.^L ^^^^ ^^^ > ^ ^'^^^ ^^^ principaux obiers de l'entrevue fut de chercher quel*
13. p. zpj.que moyen pour accommoder les cufTérends de Religion en Allem^ne.
La cbofe miie en délibération dans le Confeil de l'Empereur , tous après
un examen férieux penchèrent pour la tenue d'un Colloque.
X# C4r- Farnifty qui avoir accompagné l'Empereur en qualité de Légat %^ 6c
SmI ¥ar^ qui n'ayant pas encore vingt ans avoit auprès de lui plufieurs perionnes de
M^fi invhê capacité & d'expérience > & entr'autres Maral Cervin Evèque de Nicaftro»
ïEmtnMur depuis Pape fous le nom de Marctl IL ayant eu avis de ce qui fe paflbit ,
Centre 'fes' ^ oppofa à cettc réfolution , & remontra à Charles » à Ferdinand , & â
Trêtefians. tous ceux du Confeil avec qui il eut à traiter : Que depuis le premier ac-
0 Sleid. L cord , qu'on avoit commencé dix ans auparavant de négocier à Ausbourg
1 3. p. 10}. avec les Proteftans , on avoit fouvent tente d'y réuffir fans pouvoir parvenir
Rayn. ad ^ ^^^^ conclure : Que quand bien même on n'eût pu trouver & convenir
N^ 14. ^ quelque voie d'accommodement , cela deviendroit inutile , parce qu'ils
Spoud. changeoient tous les jours d'opinion fans fe fixer i aucune doârine» ju(que-là
N^^4. ^ qa'ilscontrevenoientmême a la Confeflion qu'ils avoient préfentée â Auf^
bourg: Qu'ils étoient auffî gli(Iàns que des anguilles : Que d'abord ils ne
demandoient que la réforme des défordres & des abus ^ mais qu'à préfenc
x79*N^'44.cc n'étoit plus la réformation du Pontificat qu'ils fouhaitoient » maisfon
Belcar. L. extindion & la deftrudion du Saint Siège & de toute la Jutifdiâion Ecclé-
ai.N° 41. flaftique : Que fi jamais ils a voient été infolens , ce feroit encore pis à pré-
fent que la paix ctoit mal afTurée avec la France , & la Hongrie menacée
par le Turc : Que les controverfes s'étendant à une infinité de dogmes » il
ne falloir pas efpérer de leur faire abandonner leurs fentimens 'y qu'étant par-
tagés en cuBférentes Seâes , il étoit impofliblede s'accorder avec tous ; outre
3ue la plupart d'entre eux n'avoient a'autre vue que de s'emparer du bien
'aurrui , & de dépouiller l'Empereur de fon autorité : Qu'il etoit vrai que
la guerre qu'on étoit à la veille d'avoir avec les Turcs devoir porter â s'ac-
corder fur la Religion , mais eue cela ne fe pouvoir faire ni dans des Diètes
particulières ni dans des Conciles Nationaux , mais feulement dans un Con-
cile Général qu'on pourroit aflembler fans délai \ parce que dans les matières
de Religion on ne devoit faire aucun changement que d'un confentemenc
\*VEmf€Hur iksm rendu par UFnmee contre Charks. Maïs par on excès de gc»
mêx Pais-Bas peur y maifer lafidiiion ncxofité François refQfa leorofit, dans Vef^
^i s'y étoii iUvée , êcc. J Les Gantois , fa- pérance (ans doute , que l'Empereur loi
tigoés ptf les impÂes ezceflîft que les gaer- feroit enfin raifon fur fes prétentions ao
Tcs continuelles de TEmperear Tobligeoie^t Dnchi de Milan. Mais il fer la dape de
à mettre for fes Sujets , s'étoient révoltes ChmrUt en cette occafion , comme il Ta-
contre lui , & avoient oSen de fe fomnet- voit été en une infinité d*aetifc.
tre à la France , fi elle yoaloit les foittenii
Pallav. L
c. 10.
Fleury , L.
DE TRENTE, Livre I. 1^5
commun : Qu on ne dévoie pas avoir feulement égard à TAllemagne , mais ^^tu
auflii A la France , â TEfpagne , à l'Italie , & aux autres Nations , dont il ^^^^ ^
Y auroic du danger pour l'Allemagne à fe divifer , fi elle Faifoit quelque ■■'■"'■■■•
changement fans la participation des autres : Que cetoit une coutume établie
depuis le tems des Apôtres , de terminer les difputes de Religion par la
fcuït voie du Concile '^ ôc que tous les Rois , les Princes & les gens de bien
le défiroient : Que l'on pouvoit aifément conclure la paix entre l'Empereur
& le Roi de France , & tenir le G>ncile auflltôt après > & pendant ce tems-lâ
s'appliquer i augmenter & i fortifier la Ligue Catholique d'Allemagne , ce
quimtimideroit les Proteftans , & les obligeroit de fe foumettre au Concile»
oumettroit les Catholiques en état de les y fixcer : Que la Ligue Catholi-
aue étant puiflante > Ton pourroic obliger les Proteftans de contribuer aux
nraix de la guerre contre le Turc » lorfqu'on feroit dans la néceflité de la
faire : Qu'en cas même qu'ils ne le fifient point » il valoit toujours mieux de
deux maux choifir le moindre ; Se qu'il y avoit plus de mal à offenfer Dieu »
& à abandonner la caufe de la Religion , qu'à fe pafier des fecours d'une par-i*
lie d'une Province *, étant difficile fur* tout de déterminer qui des Protef-
cans ou des Turcs étoient plus contraires â Jefus-Chrift » puifqueceux- ci ne
fnettoient que les corps en fervitude , au- lieu que les premiers y vouloient
mettre les corps & les âmes. De tous ces diicours & ces raifonnemens le
Cardinal en conclut qu'il ne falloit point traiter les afEtires de Religion
dans ces Diètes d'AUemame > mais convoquer & commencer le Concile
cette même année , s'appliquer â augmenter la Ligue Catholique > & faire
la paix avec la France.
Malgré ces remontrances, l'Empereur après de grandes délibérations
réfolut de tenter la voie de la concorde , & conclut à tenir une Diète en AU
leraagne dans l'endroit que /Vr^'/Zii/z^jugeroit le plus convenable; Se à invî«
ler les Princes Proteftans à s'y trouver en perfonne > avec promefiè de toute
faxtii*^ Farnifty averti de cette réfolution prife à fon infçu, p partit aufli-tôt, p Bclcar. L.
& obtint du Roi en paflant par Paris un Edit très-rigoureux contre les Hé- ^^* ^"^ 4i-
c. 10.
s. Famlfe , averti de cette réfolution cîn . qu'avant le départ de Farnlfe , ce Lé Id. L. 4«
fr^e à fort ïnfu , partit auJUi-tèt y &c. ] gatfuc averti de la réfolution prife de tenir c. ii.
Le Cardinal PalUvlcin prétend que ce la Diète & le Colloque, au*il en (ut fort Hcury , L-
ne (uc pas la nouvelle de la Diète & du mécontent , qu'il j oppofa de £au(Ies re- i}9*^ 45*
Colloque , qui détermina Famhfe i partir $ montrances ; & on ne peut douter que n'y
& que dès auparavant il avoit demandé (on voyant point de remède ^ cela n'ait con-
rappel , chagrin de ne voir aucun jour à ré- tribué à hâter fon dépan , comme le mar-
tablir la paix entre l'Empereur & le Roi de que Beaucaire. Non mult'u poft dUbùs ^
France ; 5e appréhendant que François loti^ dit-il , conventu jam Haganoam indiSlo ,
2i*il fe verroit trompé , ne s'imaginât qu'il de ^mo fi â Cafare Granvellanoque ceU^
oit refté pour l'amufer de concen avec tum indignabatur , Camefius Cardinalis
Charles par. des apparences d'accommo- ex aula Cafariana di/cej/ît. Ce qui
dément qu'il favoit bien être ÊiuiTes. Il jaftifie tout à £iit le récit de notre Hifto^
rft certain néanmoins,de l'aveu de PaUavi- rien»
X 1
if4 HISTOIRE DU CONCILE
M D X I. réciques & les Luthériens , que l'on exécuta fort févéremenc par toute la
Paul UL pr^ncc , auflî-tôt qu il eut été publié.
^ LXIV. 5 Cependant la Diète fut convoquée ^ par Ferdinand i HaguenaUf
Bthê À çy^ fg rendirent avec les Doâeurs Catholiques pluueurs Minières Lutnériens»
ûh^têH^or- ^^^ Eleûeurs de Trêves & Palatin , le Duc Louis de Bavière , & Guil-'
donné 9m Idumt Evèque de Strasbourg , furent nommés pour Médiateurs entre les
Cêlloqne À Parties. Les Proteftans requis de déclarer les Chefs de Ipûr doârine » répon-
^VT^i^ dirent : Que dix ans auparavant ils avoicnt préfcnté^ dans la Diète d Auf-
f^'jfj^f^' bourg leur Confeflion & fon Apologie : Qu'ils perfiftoicnt dans la même
fiMit. doârine > &c étoient prêts d'en rendre compte d tout le monde : Que ne fa-
9l(i.N^4^. chant ce que leurs adverfaires avoient i y reprendre > ils n'auroient rien de
SleicLL 15. nouveau à dire » mais qu'ils attendoient quon leur marquât ce qu'on y
p. 10^. trouvoit de contraire ^ à la vérité i que c'etoit pour cela qu'ils s'étoient
N^^4.o tendus au Colloque *, & qu'ils ne manqueroient pas d'avoir toujours devant
Spond.' l^s yeux l'amour de la concorde. Les Catholiques aufli-^tot prirent la pa-
N° j. rôle , & confcntant à ce que les autres propofoient, ils dirent : Qu'il conve-
noit qu'ils approuvadènt ce quis'étoit fait dans cette Dicte -, qu'ils en dé-
voient recevoir le Décret , & fui vie la forme de réconciliation que l'on y
avoit ébauchée. Les Proteftans > qui connoifibient le défavantage qu'il y
auroit pour eux à fuivre cette forme , & le préjudice qu'ils recevroient de
ce Décret > ^ infîftoient qu'en laiffant à part tous les torts , on drefsât une
nouvelle Formule. Mais les Catholiques de leur côté demandoient , que
puifqu'il falloit redreflfèr tous les griefs , les Proteftans réparaftent tous les
torts & reftituaflènt tous les biens de l'E^life. Ceux-ci répliquèrent : Que
ces biens n'avoient point été ufurpés, mais appliqués par le rétabliflèmenc
de la bonne doârine aux ufages légitimes & hotmêtes , aufquels quoique
deftinés dans leur première inftitution , les Eccléûaftiques avoient ctffi
de les appliquer ; & qu'ainfi il étott nécefTaire de décider des points de
doârine, avant que de parler de la reftitution des biens. Les conteftations
rRayn. «'échauffant , Ferdinand otdonnz : ' Que Ton dreftcroit une nouvelle For-
N<' y 8. mule, qui ne put préjudicier à aucune des Parties *, que le nombre des
Spoxid. Doâeurs feroit égal de part & d'autre -, que le Colloque s'ouvriroit dans
^^* S' une nouvelle Aflèmblée qui fous le bon plaifîr de l'Empereur fe tiendroit sL
Wormesle 28. d'Oûobre fuivant 5 & qu'il feroit libre au Pape d y envoyer
fes Nonces. Les Proteftans acceptèrent le Décret, & déclarèrent qu'ils ne
s'oppofoient point à l'intervention des Nonces y mais qu'ils ne prétendoient
3* La Diète fut convoquée par Ferdinand M. Ameîot a traduit ,. tous Us préjugés mis
â Fagutnau, ] L ouverture s*en fie le tf. à part. Mais cela ne hit aucun fens. Cas
de Juin, & elle finit le i8.de Juillet i;40. il ne s agit pas ici de préjugés , mais de
Sleid. L. 1 5 . p. 10^. réparer les tons que les Catholiques fe plai-^
4. Injifioient quen laijfant â part tous gnoient quon leur avoic âdts pax TuTuipa.*
les torts , &c. ] Ce qu'exprime ainfi Fra- tion des biens Eccléfiaftiques*
Paole , rimojp tutti i pregiudicii , que
DE T R E N T E , L I V R E I. itfy
Doint par-U attribuer ni aucune primauté au Pape , ni aucune autoriré i m d x u
>•! • PaUi ÏÎI
ceux qu il pourroit envoyer. '^^^^ "*•
ï L'Empereur en confirmation de ce Décret ordonna TAflemblce , » & y
envoya pour fon Commiflaire Granvellcy qui y alla avecl'Evequed'Arrasfon / p^^oS
ils depuis Cardinal , & trois Théologiens Efpagnols » & qui en fit l'ou* Pailav. L.'
vercure par un difcours fore pieux , fort propre à infpirer la concorde & d 4. c. ix.
terminer les différends. Peu cie jours après arriva Thomas Campege , Evèque ^ ^cury i L.
de Felcri & Nonce Apoftolique. Car , quoique le Pape vîr bien qu'il étoit nlf'^^'f '*
couc-à- fait contraire àfes intérêts de laifler traiter des matières de Religibn ^^^ ^'o g^
en Allemagne , & qu'il eût fait tout fon poflîble pour empêcher ce Col- Rayn.
loque 9 il jugeoit pourtant quec ctoit encore un moindre mal d'y confentir , N° 5^.
que de le laifler tenir malgré lui. ^ Le Nonce , conformément aux In£-
miâions du Pape , ^ fit un difcours à fon entrée , oii il dit : Que les Papes t SleiJ. L.
que quoiqu'il eût été oblig(
pendre , parce que perfonne ne s'y étoit rendu , il étoit de nouveau réfolu
de le convoquer dans un lieu plus commode : Qu'afin qu'on y rraitât avec
iiiccès les matières de Religion , ^ il avoir permis à l'Empereur de tenir un
$. V Empereur en confirmation de ce Dé' Campège , & tapponées par Raynaldus , &
ertt ordonna VAjfembUe ,&y envoya pour il n y a aucune apparence que ce Nonce eût
fon Commijfaîre GranveÛe -■ qui en fit Pou- fàic une pareille avance fans des ordres pré-
verture. Sec] Non le 18. d'Oâobie , auquel cis de fon Maître.
le Colloque étoit intimé, mais le i; de 8. // avoit permis à V Empereur de te*
Novembre fuivant, (tXon S leutan^L. 13. nir un Colloque en Allemagne , quifervît
p. 108. comme de prélude au Concile^ &c. ] //vs-
ê. Le Nonce t conformément aux inftruc' Paolo prête ici beaucoup au Nonce, qui
tions du Pûpe , fit un difcours a fon entrée , fans parler du Pape dit amplement , que
&c. ] Ce fur , félon Sleidan , le 8. de l'Empereur avoic ordonné ce Colloque pour
Décembre fuivant. fervir comme de prélude à ce qui dévoie (e
7. Que Paul III — étoit de nouveau ri'- traiter a Racisbonne : Ccefarem quoque Wor»
fobi de le convoquer dans un lieu plus corn* matianum hoc CoUoquium inftituijfe , Ra^
mode, &c. ] 11 ne parok point par Textrait tisbonenfis Conventûs , ubi Cafar aderit^
qjoe donne Sleidan de ce difcours, que le velutiquoddampraludium.{Rayn*'N^ jf^*)
Nonce ait oHén de la part du Pape de trans- Il n'eA effeéUvement nullement vrai^m-
férer le Concile dans un lieu plus commo- blable , que le Nonce eut ofé dire que le
de i mais il dit fîmplement que ce Pontife Pape avoit permis ce Colloque , tandis que
voyant que perfonne ne s*étoit rendu à Vi- dans fes inftruâions il étoit marqué que le
cenze , av.iit remis la tenue du Synode à un fàint Siège les avoit toujours condamnés,
autre tems , in aliud tempus neceffarid re- Nos licet ex eo quod iftos fuper Religiont
jeciffi ; Se qu'il TaiTembleroit lor(qu*il plai- Trafiatus — nonfolum nonprobare , verum
loit à rEinpereur & à l'Allemagne , qualora etiam damnare , & quoad fieri poffet, pro-
foffe gradito aW Imperadore ed alla Ger^ hibere deberemus ^ tamen « Sec, L'on a vu
mania , comme s'exprime PuUavicin, Il même que les Cardinaux Farnèfe Se Cervin
n e(l eliedlivement rien dit de l'otfre d'une avoient îzÀi tout leur podible pour détour-
autre Ville dans les Inflruâions données à ner TEmpereui d'en permettre aucun s & il
166 HISTOIREDU CONCILE
U9XU Colloque en Allemagne » qui fervît comme de prélude au Concile » & qu'il
PAut m. l'avoic envoyé pour y ailifter de fa part , Se les aider autant qu'il pourroit :
' Qu'il les prioit donc tous de faire leur poflible pour parvenir â la concorde t
ôc qu'il leur promettoit de faire de fon côté tout ce que la Religi<Hi pourrok
lui permettre de faire. ' f^erger Evèque de Capo d*lftria , donc on a déjà
V Pallav.L P^^^^ plufieurs fois , vint aufli au Colloque , ^ non comme Miniftre du Pape t
5. c. 1 1. quoiqu en eâèt envoyé par lui , comme fort au fait du génie des Allemands »
Steid. L mais avec le caraâère d'Envoyé de France , pour fervir plus utilement le
15- P ^^9* Pape fous un nom étranger. Ayant fait imprimer un Difcours fur l'unité SC
^o ' 1^ P^ix de TEglife , où il avoir pour but de montrer que le Concile Na«
Fleury L. t^onnal n'étoit pas un moyen propre pour parvenir â cette fin , il en fit difl
i3^.N^;3. tribuer le plus qu'il put de copies , à deifein d'interrompre ce Colloque qui
reflembloit en quelque forte a un Concile de cette namre. On fut long*
cems à ajufter la forme de la Conférence , tant par rapp:>rt au (ècrec qui
s'y devoir garder , que pour régler le nombre des Doâears qui parleroienr»
■<» Car il y avoir des grns , qui> tant à l'inftigation du Nonce Campige^
eft (arprenant qae Fra-Paolo » qai Tenoit pour empêcher de remployer avec on ca-
de le raconter, air fait parler le Nonce d*a- raâ:re public , pouvoir cependant ne Vtxst
ne nnanière fi peu conforme a ce qui s*é(oit pas alTez pour empêcher de (ê (êrvir de loi
palis auparavant. Car quand bien même fecrerrement , non comme d*un homme é^
Paul l'eÂt permis « il n'eue januis fouifèrt confiance , mais comme d*an infljument
qu'on le iaillàc connoirre au Public. Au(H ne fecret , propre à être défàvoué en cas qu'il
voit-on rien de pareil ni dans les Inftrudions n'agît pas comme on le defiroit. Du nxiins
de Campége , ni dans l'extrait que donne il me paroit tout à fiiit hors de vraifem-
SUidan de fon dHcours. blance , que l'a France fe toi (èrvie fans
9* Verger Evêque de Capo-d^Iftrla - la participation du Pape , d'un Evêqoa
vint auffiau Colloque , non comme Mini^ Italien qui avoit exercé plufieurs Nonr
tre du Pape , quoiqu en ejfet envoyé par ciatures^ & en qui les Papes ic Paul Im^
ht — mais avec le caraélère d'Envoyé de même aveient montré beaucoup de con*
/r^s/zce. ]Ceftcequedit poficivement5/ri- fiance. Ainfi , fi ce que difem 5/(fiikii ft
dan , fur rautorité duquel Fra-Paolo l'a Fra-Paolo n'eft pas tout à dit certain , ii
(ans doute avancé. Erat etiam in hoc Con^ me femble au moins qu'il eft extrêmement
venm Petrus Paulus Vergerius Epifcopns probable.
JufiinopoUianus , verbo quidem tanquam 1 a. Car H y avoîi des gens qui , tant
Oailia Régis caufa , fed rêvera miffus â à Finftigation du Nonce Campège « que par
Ponùfice , qui fuis rébus Ulum infervire ks intrigues fecrettes de Vetpr , s*appli*
magis putabat , fiquidem alieno nomme ibi quoient â tirer les chofes en lofègueur ] No-
verfaretur. Il faut avouer d'ailleurs , que la tre Auteur après Sleidan rejette ces tenta*
conduite que tint cet homme dans le Col- tives fur les Catholiques \ de Paltaviein for
loque juftifie afiez le peHbnnage que ces les Proteftans ^ que le Nbnce Moron es
deux Hiftoriens lui font &ire. Cependant accufe di?^s fes lettres. L'autorité de chaque
PalUvicin prérend que la chofe eft abfola- cAté eft fafpede , 9c peut être chaque Parti
mear &ulle , & même impoffible , parce avoir-il fes raifons pour temporifirr ; les Ca«
que dès-lors ce Prélat avoit éré rendu CuC- tholiques, parce que félon Shidan les Pré-
peél: a Rome par les rapports défavantageur fidens leur étoient fufpeéh > ft les ProteT-
qq avoit Eût de lui le Légat Aléandre au tans , parce qti'ils étoient bien aifes à la fil*
Pape. Cette raifon , toute fone qu elle fflt reur dn cems de pouâèi^or aranti^ « 9t.
DE T R E N T E , L I V R E I. Uy
que pftr tes intrigues fecrectes de f^trgcry sappliquoienc à tirer les chofes m irxi. il
en longueur. Mais il fut arrêté enfin , que Tcan Eckius parleroit pour les ^^^^ ^^
Catbobques , & Philippe MelanSon pour les Proceftans > & qu'on coin- *""— "^
IDenceroit par la matière du Péché originel.
PENDANT que cela fe paiToit à formes » le Nonce qui rcitdoir auprès de
FEmpereur ne ce({bit de lui repréiènter ' que ce Colloque prodoiroit on |.
moà Schifme » & rendroit toute l'Allemagne Luthérieime ; âr que non- ^Jo ^J^
feulement il détruiroit entièrement l'autorité du Pape > mais auffî qu'il Spond.*
efibibliroit extrêmement la fienne. Il lui répéta toutes les mêmes raifons y^"" $>
que lui avoir alléguées Montcpulciano pour empêcher le Colloque ordonné ^^^*"Jj ^
dans la Diète de Francfort , & celles dont s'étoic fcrvi le Cardinal Farnifc ' ^^"^ ^^
pour arrêter celui de Haeuenau. Enfin l'Empereur perfuadé par fcs raifons »
- ic inftruit par GranvdU açz difficultés qu'il rencontroit > ne voulut pas que
l'on pafsât plus avant. ' ' C'eft pourquoi , après trois jours de conférence
entre Eckius & Milancion , le Colloque fut rompu par des lettres de l'Em*
pereur > qui rappelloit GranvclU > & qui remettoit tout à la Diète de Ra-
cisbonne, où il avoitdellèin de fe trouver» croyant que fa préfcnce facili-
cetoit les chofes.
LXV. L'EMPEREUR y s'y rendit en effet avec de grandes efpérances de -^^ ^>*^
H^rminer tous les di£fêrends , & d'unir rAllemagne en une feule Religion , ^' ^ ^^ïf/u
»> & l'ouverture s'en fit au mois de Mars mdxli. Charles zyon invité le p^^^'^J^^
Pape d'y envoyer un L^at habile & difcret » avec des plein- pouvoirs très-/^ CardiiuU
ainples > pour cire en état de terminer fur le champ ce que la Diète & le Contarini
Légat jugeroient convenable , fans qu'on fut obligé d'envoyer à Rome pour f^'^ I^Js^^
chaque cnofe -, & il lui marqua que c etoit dans cette vue qu'il avoit cédé ^^ IVo ^
aux inltances faites par fon Nonce pour la rupture du Colloque de VTor- Flcury , lT
mes. i59.N**^7.
Paul envoya donc * le Cardinal Gafpar Contarini , eftimé très-habile & * FlcunfjL,
très-homme de bien, &c il le fit accompagner par des perfonnesbieninf- ^^^*^ ^
de tendre leur Seâe plus nombieofe. A )a- tx. L'ouverture s* en fit au mois de Mars ^ô , ^
&poimanc des chofes far la fimple vrai- mdxlt. ] Sleidan marque au contraire , feqq.
blance , il femble que Sleidan eft mieux qu'elle ne fe fît qu'au f d'Avril. Qukmjam Spond. N^
ftndédans fes conjonâures que le Cardi- plerique convenijfentomnes ^ inchoatur adio i. i. & 5.
nel Pallavicin» parce que les Catholiques di^ quinta menfis ^/xri/ix. Cependant j?jy* Pallav.L4.
lyint intérêt de £aire avorter ce Colloque naldus la marque au premier : Cofti funt c. 1 5. & 14.
comme les précédens^ ne pouvoienc mieux prima AprHis die Ratishonenfts Convenu-
Îf réttffii qu'en &iûinc traîner les chofes en tus. Peut-être que la cérémonie de l'oo-
ongueur. venure de la Diète fe fit le premier , &
I r. C*efi pourquoi , après trois jours de qu'on ne commença à parler d'af&ires que
conférence entre Eckius & Mélanéhn , le le f. Cela reviendroit ailez a ce que dit
Coiioque fat rompu , &c. ] Le 1 8 de Jan- Fra-Paolo , qui après avoir mis l'ouver-
vier 1 f 4f , après la leéhire dts lettres de ture de la Diète au mois de Mars , mar*
fEmpereur , qui rappelloit Granvelîe , & que la première finance au f d'Avril. Mais
Tcmenoit tout à la Diète de Ratisbonne, o& en ce cas , Sleidan ou Raynaldus fe fou»
si ayoît dcflêin de fe trouver loi-même» mal exprimés.
V
X
Il D X L I.
Paul III.
i6i HISTOIRE DU CONCILE
truites de tous les intérêts de la Cour de Rome , & par des Notaires char-
gcs de drefler des Aftes de tout ce qui fe diroit & fe feroit. Le Légat avoit
*""■■■■" ordre , en cas qu'il preflentît qu'il le dût faire quelque chofe au préjudice de
l'autorité du Saint Siège , d'interrompre le Colloque , & de propofer un
Concile Général comme l'unique & le véritable remède aux maux : ou
s'il arrivoit que l'Empereur fut forcé d'accorder aux Proteftans quelque
chofe de défavantageux , il étoit chargé de s'y oppofer par l'Autorité Apof*
tolique *, ou fi la chofe étoit déjà faite , de la condamner & la dédaccr
nulle , Se enfuite de fe retirer ae la Diète » mais non pas d'auprès l'Em-
pereur.
La première chofe que fit le Légat à fon arrivée à Ratisbonne , futd*ez-
cufer le Pape de ce qu'ilne lui avoit pas donné des plein-pouvoirs auifi amples
& une autorité aufli abfolue que l'Empereur le défiroit y premièrement »
parce que cette puifiance abfolue eft tellement attachée au Pontificat , qu'elle
eft incommunicable à tout autre s '3 & fecondement, parce qu'il n'y avoit
ni termes ni claufes propres d exprimer la communication que feroit le Pape
à d'autres pour déciaer des controverfes de la Foi ; le privilège de l'Infàilti-
bilité n'ayant été donné qu'à la perfonne du Pape dans ces paroles de Jefus-»
M Luc. Chrift à S. Pierre : * Pierre y /ai prié pour vous. Il ajouta: Que cependant
XXII. $1. Paul lui avoit donné tout pouvoir de faire un accord avec les Proteftans »
pourvu qu'ils admifiènt d'abord , que la primauté du Saint Siège a été ins-
tituée par Jefus-Chrift , qu'ils reconnufiènt les Sacremens tels qu'ils fbnc
enfeignés dans TEglife Romaine , 6c qu'ils reçudènt tout-ce qui avoit été
décidé par la Bulle de Lion : '^ Qu a ces conditions , il ofiroit de donner aux
Allemands
X 5 . Secondement , parce qu'il n'y avoit
ni termes ni claufes propres à exprimer la
communication que feroit le Pape , &c. ]
Tout cec endroic a été omis par M. Ameloty
(ans nous dire pourquoi.
1 4. Qu'à ces conditions il offroit de don-
ner aux Allemands une pleine fatisfaBion
fur toutes les autres chofes. ] Par les Inf-
crudions données à Contarini , il ne pa-
Toit pas que Tes pouvoirs fuflenc fi amples.
Car il lui étoit défendu de rien innover, &
de donner aucune difpenfe des Loiz & des
Cérémonies qui étoient en ufage dans route
TEglife. Amplijfima poteftate à Pontifice
inftruHus eft , dit Reynaldus , ut hœreticos
ad fidem CathoUcam pelliceret : verum cir-
ca Ritus Ecclefict aliaque traditione Apof-
tolica ad nos tranfmiffa quidquam novari
ah eodem Pontifice vetitus eft, C'eft ce que
portoit le premier chef des InQruâions ,
(eloa Pallavicin , où il étoit marqué , Che
nella di/penfa^ione dette leggi e de' riti délia
Chiefa introdotti non gli dava il Pontefict
veruna giurifdi^ione : 3c tous les autres
points étoient conformes à ce premier,
comme on le voit dans ces Auteurs* Si
urgentur ad permittenda Lutheranis fidû
dignitatique Pontificia, contraria , interritai
animo profiteatur nunquam iis affenfurum ^
imb nomine Pontificio illa prohiheat ac rtf-^
cindat — Si quid etiam iniqui ad tempus
aliquod Lutheranis in Conventu permittatur
donec celebretur Concilium ^ id omninb pro*
hibeat , &c. Il n'eft donc pas étonnant apréf
cela, que l'Empereur fe foit plaine qaon
eût envoyé le Légat avec des &cultés fi li-
mitées , ni que celui-ci en ait fait des ex-*
cufes. Mais il feroit un peu extraordinaire ,
que ce Miniftre connoiflant ces limitations,
eût offèn aux Allemands de leur donner uns
fi ample (àtisfadUon fur tout ce qui ne legar»
doit poiot les dogmes » & Fra-Paola
fembl^
DE TRENTE, Livre I. 169
Allemands une pleine fatisfadtion fur toutes les autres chofes. Enfin il m d jc 1 1;
fjria l'Empereur de n'cœuter aucune propofition des Proreftans & de ne leur ^^^^ ^^'
rien accorder à Tinfu des autres Nations > de peur qu'il n'en arrivât quelque •"■"■■"
diviàon dangéreufè.
' f Comme cette Diète fut la caufe principale qui porta le Pape , non-
ièalement i confentir comme auparavant à la célébration du Concile , mais
encore à en preflèr davantage la célébration ; ^ & qu'au contraire * ^ les Pro- b Pallav. U
teftans s'y convainquirent plus <fue jamais , qu'il n'y avoit rien â efpérer 4* c. 13.
pcmr eux ni dans le Concile , ni par-tout où il y auroit un Miniftre du
Pape ; il efl: néceflàire d'expofer ici dans un plus grand détail toutes les chofes
qai sYpafsèrent.
^7 Dans la première Séance, qui fe tint le 5 d'Avril, on y dit au nom Suechdt
i l'Empereur: ^ Que Sa Majefte Impériale voyant que les divifions des ceae Diéie ^
Etats de l'Empire fur les matières de Religion avoient donné occafion aux &pUintês
Turcs de pénétrer jufque dans le fein de l'Allemagne , ce Prince avoit cher- /«'^J ^^»^'
die tous les moyens poflSbles de les terminer : Que n'en trouvant point de ^^^^ j
— :ii^.._ q^ç jç ^^^ j^ Concile Général, il s'étoit rendu en Italie pour ij.p. xîi.
RaynuN?i,
auparavant , par les tentatives qae les Non-
femble avoir ignoré en le hifknt parler ain-
fi , combien (es pouvoirs étoienc bomés.
Cependant avec de celles limitations, com«
ment éroic-il pofEble de tenter jamais aa-
cane union ? Si le Légat ne pouvoit pas fe
f elicher même fur des Rits , à quoi pou-
voit fervir (à préfence ? rien qu'à rompre le
Colloque s & c*étoit apparemment le but
in Pape , dans le tems qu*il fembloît vouloir
contenter l'Empereur par Tenvoi d un Lé-
I f • Comme cette Diète fut la caufeprin-
tipak fui porta le Pape , non-feuUment à
confentir comme auparavant à la célébra^
tîon du Concile , mais encore à en preffer
dévantage la célébration , &c. Ce que dit
ici Fra-Paolo eft très-certain i Se c'eft en-
vain que le Cardinal Pallavicin prétend le
convaincre de &ux , en ditant que dès au-
paravant Paul IIL avort fon infifté pour
»ire tenir le Concile. Notre Hiftorien ne
le nie pas ^ mais il dit que cette Diète le
porta à en prelTer davantage la célébra-
tion , & (on Adverfaire ne prouve pas le
contraire.
■ 1^. Les Protefians s'y convainquirent
plus que jamais , qu'il n'y avoit rien à ef"
peur pour eux ni dans le Concile , ni par-
tout où il y auroit un Miniftre du Pape. ]
Ils avoient dû s'en convaincre dès longtems
TOM£ L
ces & les Légats avoient toujours £iites, &
les ordres qu'ils avoient d'empêcher tout ac-
cord , qui ne fe pourroit faire qu'en relâ-
chant quelque chofe ou des prétentions oa
des opinions delà Cour de Rome. Et quoi*-
que Pallavicin femble le nier » en difanc
que plufîeurs blâmèrent Contarin pour s'être
trop prêté à cet accord , cela fert plutôt à
jïdiiéei Fra-Paolo qu'à le réfuter s puifque
le peu d'avances que fit ce Légat contre (es
Inftiuélions , ne laiflà pas de £iire blâmer
(k conduite à Rome , oà l'on parloit bien
d'avoir de l'indulgence pour les Hérétiques y
mais oà l'on ne voiHoit rien relâcher « pas
même dans les chofes les plus indifférentes,
&même les plus néceffaires, comme les
prières en Langue vulgaire , le retranche*
ment du culte des Images , la Communion
fous les deux efpèces , &c»
17. Dans la première Séance , qui fe
tint le s d'Avril , &c. ] Apparemment que
notre Auteur diftingue l'Ouverture « de la
première Séance , puifqu'il a dit un peu
plus haut , que l'ouverture de cette Diète
fe fit au mois de Mars. Autrement , il (è
contrediroit d'une manière a(fez fen(!ble»
Je ne (ai fur quelle autorité il a placé l'ouver-
ture an mois de Mars. Mais ici il fuit le té*
moignage de Sleidan»
Y
170 HISTOIRE DU CONCILE
u D X L I. en traiter avec le Pape Clément \ mais que la chofe n'ayant pu s'exécuter » il
Paul IIL ^^^Jj ^\\^ ^ Rome pour en conférer avec Paul , qu'il y avoit trouvé très-
difpofé : Que la guerre ayant toujours empêché l'exécution de ce deflcin»
il avoit enfin convoqué cette Diète , & prié le Pape d'y envoyer an Légat ^
Qu'enfin il n'avoit rien de plus à cœur que de pouvoir procurer quelque ac-
commodement , & que pour y parvenir il étoit à propos de choifir de part &c
d'autre un petit nombre de gens pieux & favans , qui fans préjudice d'aucune
des Parties conféradent à l'amiable fur les points controverfés , & propo-
fàiTent à la Dièce quelque voie de conciliation , afin qu'après en avoir dé*
libéré avec le Légat, on pût parvenir à la fin qu'il défiroit. Il y eut d'abord
une contedation entre les Catholiques & les Proteftans > fur la manière
d'élire ceux qui dévoient conférer. C'eft pourquoi l'Empereur» qui fouhaitoic
que cette Conférence eût quelque fuccès , fe fit déférer cette nomination
par les deux Partis , les amirant qu'il ne feroit rien que pour le bien & l'a-
vantage commun. Il élut donc pour les Catholiques » Jean Eck^tus , JuUs
Pflug , & George Groppe ; & pour les Proteftants , Philippe MelanSon ,
Martin Bucer & Jean Pifiorius , qu'il exhorta par un difcours très-grave i
fe dépouiller de leurs padions &c de leurs préjugés , & a n'avoir en vue que
iSleiJ. L. la gloire de Dieu. Il nomma ^ pour préfider d ce Colloque , Frédéric Prince
1 j. p. xij. Palatin , & Granvelle ; «^ & il cnargea quelques autres dy aflifter, afin que
Rayn.N 7. ^^^^ (g pafsât avec plus de dignité. Le Colloque étant affcmblé , Granvelle
j}9^^99. y préfenta un Livre qu'il dit avoir été donné â l'Empereur par quelques per-
lonnes pieufes & favantes > comme propre à rétablir la concorde ; Se die
que ce Prince fouhaitoit qu'on le lût & l'examinât, comme devant fervir
le guide fur les matières fur lefquelles on devoir conférer ; 6c qu'il prioic
3u'on y confirmât ce qui plairoit à tout le monde , qu'on y reformât ce qui
éplairoità tous,£c qu'on vit comment on p arroit s'accorder fur les chofcs
•lAN^'ioo. fur lefquelles on ne conviendroit pas de fentimçns. Ce Livre « contenoit
Skid.L. 14. XXII Articles , & l'on y traitoitdc la création de l'Homme & de l'intégrité
l"^-"^' de la Nature, du Libre- Arbitre , de la caufe du Péché originel, delajufti-
N° IX. fication , de TEglife & de fes marques^ des fignes de la Parole de Dieu»
de la Pénitence après le Péché , de l'Autorité de l'Eglife , de llnterpréta^
tion de l'Ecriture , des Sacremens , de l'Ordre , du Baptême , de la Con-
firmation , de l'Euchariftie, delà Pénitence , du Mariage, de l'Extrême-
Ondion , de la Charité , de la Hiérarchie Eccléfiaftiquc , des Articles dé-
terminés par l'Eglife , de l'ufage , de l'adminiftration & des cérémoaies
des Sacremens, de la Difcipline Eccléfiaftique , ôc de la Difcipline da
1%. Et il chargea quelques autres d*y af- naldus , c'étoîent Eherard de FoleJvBerg ^
fifter ^ afin que tout je paffdt avec plus de le Comte de Manderpett, Henri Najs ,
dignité.] Ceux qui étoicnt chargés de cette François Rivard , Jean Jai , àc Jaques
commiÂon écoient , félon Sleidan , le Com- Sturm ; qui font apparemment les mêmes
te de Manderfcheid , Eherard Rudens , perfonnes , mais dont les noms ont txiàkr
Henri Hafs , François Burchard ^ Jean figurés par ce dernier Auteur»-
Figgg & Jaques Sturm. Mais félon Ra^r.
*
DE TRENTE, Livre L 171
Peuple. Ce Livre ayant été luô^examiné, on en approuva quelques Ar- MDrt't.
ciclcs, on CT réforma quelques autres d'un confentemcnt général, & '5. il Paul.III.
r en eut quelques-uns fur lefqueis on ne put convenir, ^ comme far le ix de "TT"
a Puiflance de TEglife , fur le xi v. du Sacrement de Pénitente , fur le x viii. : xîl
i
/Bclcar. L-
de la Hiérarchie, fur le xix. des Articles déterminés par TEglife , & fur le
XXI. du Célibat, fur lefqueis on relia oppofé j & chaque Parti écrivit fon
avis.
Ceci étant terminé dans l'Aflemblée des Princes , K rEmpercur pré-^FIcury, L.
icntaà toute la Diète les articles accordés, & les fcntirtiens difFércns desi59.N®io}.
Interlocuteurs du Colloque, & en demanda les Avis, propofant en même- Pallav. L.
rems de faire une réformation tant dans TEtat que dans l'Eglife. Les Eve- ^: ?•. ' J*
ques rejettérent entièrement le Livre de la Concorde & tous les AAes du j ' ^^
Colloque. Mais les Eleâeurs & les autres Princes Catholiques , qui déH-
roient la paix , n'entrant pas dans les mêmes fentimens, il fut conclu que
l'Empereur , comme Avocat de TEglife , examineroit avec le Légat les Ar-
ticles accordés , & feroit expliquer ceux où il pouvoir refter quelque obfcu-
rité 5 après quoi il traiteroit avec les Proteftans , pour tâcher de convenir
de quelque Formule de concorde fur les points conteftés. L'Empereur
communiqua le tout au Légat , & lui fit des inftances pour la réformation
de l'Etat Eccléfiaflique. ^® Après de férieufes réflexions , le Légat ^ donna ^FIcury,L.
par écrit une réponfe conçue d la manière des anciens Oracles , où il di- i39*N°io;.
foit : Qu'iayant vu le Livre préfenté à Jtmperêur , Se tous les Ecrits des ^^^^^* ^
Députés du Colloque, auffi-bien que les Apoftilles faites de part & d'au- ^^' ^V*
trc, & les objedions des Proteftans, *' il étoit d avis , que comme ils an. 15 41.
19. Il y en eut quelques-uns fur le/quels
en ne put convenir , comme fur le neuviè"
me , &c. ] Fra-Paolo en a omis ici quel-
ques autres , comme les articles de TEucha-
riftie , de Tinvocation des Saints , de la
Meffe , de lufage du Colice , & de quel-
ques autres. De quibufdam non ita magni
momenti capitibus, dit Beaucaire^L» ti. N^.
/o« înter Colloquutores convenu ; de prct"
cipuis non convenu , nempe de Ecclefia
€jufque poteflate , de corporis &fanguinis
Chrifti facramento , quam Euchariftiam vo-
camus, de SatisfaSlioru , de Unitate & Or^
dine facrorum Miniftrorum , de SanElis ,
de facra Liturgia quam Miffam vocant ^ de
ufu integro Sacramenti , id efl , quod fit
unus integerfub una fpecie ; de Calibatu.
Ceft auflî ce que marque SUidan , & je
m*étonne que notre Auteur , qui le copie fi
ibuvent , ne Taie pas fait ici. Ce qu il y a de
vrai , c'eft qu'il en fut de ce Colloque com-
me de celui d'Ausbooig onze ans aupara-
vant, otl Ton convint des queftions les
moins importantes , & où les autres leftè-
rent toujours auflî conteftces.
20. Après deferieufes réflexions ^ le Lé*
gat donrta par écrit une réponfe conçue à Ia
manière des anciens Oracles , &c. ] Palla"
vicin dit au contraire , L. 4. c. i f . qu'elle
étoit fon claire > & cependant il avoue dans
le même endroit , que TEmpereur la prit
dans un fens tout oppo(£. Eft-ce une preuve
de fa clarté , ou de fon ambiguïté ?
11.// étoit d*avis , que comme Us diffi-
roient en certains points de la créance corn»
mune de rEglifc"^ on ne devoit rien flatuer
fur cela , &c. ] C'eft cette réponfe , que
Fra-Paolo a traitée de femblable aux an-
ciens Oracles , & il femble qu il n'ait pas
eu tout à &it tort. Car l'Empereur en con-
clut que le Légat n'ayant parlé de ren-
voyer au Pape que les articles controverlés ,'
il écoic d'avis qu'on reçut les autres jufqu'aa
Concile Général 00 a la Diète prochaine. L*
Y 2
N*> 14.
17^ HISTOIRE DU CONCILE
M o z L X. dififéroienc en certains points de la créance commune de TEglife, fur le£^
Paul. IIL qQ^j néanmoins il efperoit avec laide de Dieu de les voir oientôt d'ac-
"^■■■■^ cord , on ne devoir rien ftatuer fur cela, mais renvoyer le tout au Pape Se
au Saint Siège y qui décideroient ces points conformément à la vérité Ca«
cbolique , ou dans le Concile Général qui fe devoir bientôt tenir > ou de
quelque autre manière s*il en étoit befoin , & qui auroient égard au tems
& aux conjonâures pour déterminer tout ce qui feroit de plus avantageux
au bien de toute la (Chrétienté & de l'Allemagne. Quant à la réformation
de l'Ordre Eccléfiaftique > il s'y montra très-porté » 6c affembla pour cela
chez lui tous les Evèques , à qui il fît un très>long difcours > les exhortant
f»ar rapport à leurs perfonnes à éviter tout fcandale &c toute apparence de
uxe j aavarice , ou d'ambition ; & par rapport à leur famille > à la tenir
dans la régie 9 parce qu'ils favoient bien que le peuple juge des mœiurs Se
de la concmite de fon Evèque par celles de fa maifon. Il les exhorta encore
 demeurer dans les lieux les plus habités de leur Diocèfe » pour veiller
5 lus commodément fur leur Troupeau , & a tenir dans les autres lieux
es Surveillans fidèles *, à vifiter leurs Diocèfes ; à conférer les Bénéfices à
des gens de bien & de capacité ; à employer leurs revenus au foulag^ment
des pauvres s à choifir des Prédicateurs pieux , favans , difcrets , 6c pacifi-
ques ) & à pourvoir à l'inftruâion & à, l'éducation de la Jeuneflè , qui étoit
le moyen dont fe fervoient les Proteftans pour attirer à eux toute la No-
bleflê. Il donna des copies de ion Difcours à l'Empereur , aux Evèques , Se
aux Princes ) ce qui donna occafion aux Proteftans de cenfurer ce Difcours
aufli bien que la réponfe donnée a l'Empereur , en difant pour raifon , que
cet Ecrit ayant été publié , on pourroit prendre leur filence pour une ap-
probation. Les Catholiques de leur côté n'approuvèrent pas davantage la
réponfe qu'il avoit faite à l'Empereur , parce qu'il leur fembloit y approu-
ver les Articles accordés dans te Colloque,
f Fleury, L L'Empereur * fit part à la Diète de tout ce qui s etoit pafTé jufqu'alors »
xj^.N^xe^. & leur communiqua tes JBcrits mêmes du Légat -, concluant qu'après avoit
fait tout ce qui étoit en lui , il ne reftoit qu'a délibérer, fi fauf le Recès de
la Diète d'Ausbourg on devoit recevoir les Articles accordés dans cette
Conférence comme une doârine Chrétienne, fans les mettre davantage
en difpute jufqu'au Concile Général qui devoit bientôt fe tenir , comme
le Légat fembloit en être d'avis ; ou bien , en cas que le Concile ne fe tînt
pas , jufqu'à une nouvelle Diète , où l'on examineroit a fond toutes les
controvcrfes de Religion.
J^ Pallav. La réponfe des Elefteurs Catholiques fiit : ^ Quils approuvoient fans
L. 4. c. 15. héfiter , comme quelque chofe de très-bon & de très-utile , que les Arti-
$leld. L
1 4* p. X I ^. plupart des Catholiques l'entendirent de mfr- mais j*av(nie que fi le Légat n*eâc expliqué (k
me. Cependanc le Légat nia que ce (ut le penfée depuis y j*aurois jugé de la réponfe
fensde^ réponfe. Croira-t-on après cela comme en jugèrent alors & rEoipereox &^
qu clleétoic audi claire que le dit Pallavicin} la plupart des Cacholiques.
Je n'oIê rien aiTurex do jugement des amies;
DE TRENTE, Livre I. 173
des accordés dans le Colloque fuflenc reçus unanimement jufqu'au tems m d x l 1;
du Concile Général où Ton pourroic les examiner de nouveau , ou du moins ^^^^ ^^*
|afqu'à la renue d un Synode National , ou d'une Diète ; & que ce feroic -
un acheminement à une conciliation entière fur les articles fur lefquels on
ii'étoit pas encore d'accord : Que de plus ils prioient Sa Majefté de paflèr
encore plus avant , s'il y avoit quelque efperance d'avancer davantage la
concorde dans cette Diète *, mais que (1 les conjondures ne le permettoienc
p0s, ils approuvoient fort qu'il traitât avec le Pape, pour tâcher de l'en-
gager â aUèmbler au plutôt en Allemagne , de l'agrément de Sa Majefté ,
on Concile Général ou National pour y rétablir entièrement l'union. Les
Proteftans firent la même réponfe , déclarant feulement , que comme ils
defiroient un Concile libre & Chrétien en Allemagne , ils ne pouvoient
en accepter un oi\ le Pape Se les tiens euflènt le pouvoir de connoitre Se de
juger les points de Religion. Mais les Evêques ^ Se quelque peu des Prin- ^ld> Ibld
CCS Catholiques répondirent différemment. Ils avouèrent d'aoord , qu'il y ^J^
avoit en Allemagne , auffi bien que dans d'autres Nations, des Abus , des Paiiav L^
ScùtSf ôcdesHéréfies, qu'on ne pouvoir détruire fans un Concile Gêné- c. ij.
raL Mais ils ajoutèrent : Qu ils ne pouvoient confentir à aucun change*
ment de Religion , de Cérémonies , Se de Rits , puifque le Légat ofïroit un
Concile dans peu de tems , & que l'Empereur en devoir traiter avec le Pape:
Que fi le Concile Général ne pouvoir s'adembler , ils fupplioient Sa Majefté
& le Pape d'en faire aflembler un National en Allemagne , ou du moins
que
des Diètes Impériales , & fur - tout dans celui de la Diète d'Ausbourg :
Qu'ils ne confenciroient jamais â recevoir les Articles accordés dans le Col*
loque , rant parce qu'il y en avoit quelques-uns qui étoient fuperflus , corn*
me les quatre premiers , que parce qu'on y avoit employé des manières de
parler qui n'étoient nullement conformes à l'ufage de TÈglife ; qu'il y avoit
atielques-uns de ces Articles qui étoient condamnables , Se d'autres à ré-
rormer ; qu'on ne s'étoit accordé que fur les points les moins importans ,
candis qu'on reftoit divifé fur ceux d'une plus grande conféquence ; & en-
fin que les Catholiques avoient trop accordé aux Proteftans , ce qui blef-
fbit la réputation du Pape & des Etats Catholiques. De tout cela ils con-
duoient qu'il ne falloit faire aucun ufage des Aâres du Colloque > Se
qu'on devoit renvoyer à régler tout ce qui concemoit la Religion au Con-
cile ou Général ou National , ou à. la Diète. Ce qui donna lieu à cette ré-
ponfe des Catholiques , fut que non-feulemenr ils croyoient que la propo-
iltion de l'Empereur étoit trop avantageufe aux Proteftans ; ^^ mais en-
11. Mais encore, que Us Do fleurs C a- en détail par Sleidan, qui dit, L. 14.
tholîques du Colloque ne s'accordoient pas €pLEckius , qui mcprifoit fon & le Livre
tnfemble.] Ce que Fra-Paob ne fck préfenté par rEmpereur, & les Théologiens
qa'expofei ici en général , cft lapportfplus qu'on lui avoit aflbciés dans le Colloque ,
Rayn.
N° i;
T74 HISTOIRE DU CONCILE
MD X L I. cjce , que les Doâ;eurs Catholiques du Colloque "^ ne s'accordoient pas
Paul. III. cnfemble.
Le Légat apprenant '^ que l'Empereur faifbit entendre que ce qui avotc
^ " ' ■ étc accorde Tavoit été de ion confcntement •, & pouflc autant par la propre
Pallav. L.4! *^rainte que par les inftances des Eccléfiaftiques de la Diète , il fe plaignit i
c. 15. ce Prince de ce qu'on avoir mal interprété fa réponfe , en l'accufant d'avoir
»Slcid.L. confenti qu'on tolérât jufqu'au Concile ce dont on éroit convenu dans le
P^.jP* *i^* Colloque. Il dit : Que fa pcnfée avoit été que tout reftât indécis , ôc qn'ùù
4. c ic. renvoyât le tout au Pape , qui promettoit , foi de bon Pafteur & de Chef
univerfel de l'Eglife > de faire déterminer tout par un Concile Général ,
ou par quelque autre voie équivalente , avec toute la maturité & la fincé-
rite poflible , fans précipitation , fans partialité, Se fans avoir rien autre
chofc en vue que le fervice de Dieu : Que fi Sa Sainteté avoit envoyé dans
cette vue dès le commencement de fon Pontificat des lettres & des Non-
ces à tous les Princes pour les inviter au Concile , & après l'avoir convo-
qué y avoit envoyé (es Légats , & fi Elle avoit foufFert qu'on eût traité
plufieurs fois des matières de Religion dans les Diètes d'Allemagne , au
préjudice de fon autorité , quoiqu'il appartînt à Elle feule d'en juger , ç'a-
voit été furies promedèsque Sa Majefté lui avoit faites que tout fè tai-
foit pour le bien : Qu'il étoit contre toute raifon , que l'Allemagne au
préjudice du Saint Siège voulut s'attribuer ce qui appartenoit à toutes les
Nations Chrétiennes : Qu'enfin il ne falloit plus abufer de la bonté du
Pape , en voulant déterminer dans une Diète ce qui ne devoir être décidé
que par le Pape ôc par TEglife Univerfelle •, mais envoyer à Rome le Livre
& tous les Aâes du Colloque avec les Avis des deux Partis, 6c attendre fur
cela la détermination de ce Pontife.
0 Slcîd. L. Non- CONTENT de cela, le Légat publia un troifiéme Ecrit > ® où il dî-
14. p. Il 6. foit : Que la réponfe qu'il avoit faite à l'Empereur fur ce qui s'étoit pafR
Pallav. L. j^^g jç Colloque ayant été inteprétée diverfement , les uns jueeant qu'il
Flcùry ,*L. ^voit confenti à ce qu'on obfervât jufqu'au Concile Général les Articles
x}5-N°xo8. convenus. Se les autres qu'il avoir tout renvoyé au jugement du Pape ; il
déclaroit , pour ne laidèr aucun doute for fa réponfe , que ce n'avoir point
été, &: que ce n'étoit point encore fon intention de rien déterminer foc
étant arrêté par une fièvre , éaivit une let-
tre aux Piinces , oi il difoit : Que ce Livre
lui avoit toujours beaucoup déplu , qu il y
avoit trouvé quantité d'erreurs , qu*il y re-
connoiflfoic tout le flyle & le génie de Mé"
lanSion » & qu'il y avoit apperçu plufieurs
des dogmes Luthériens. Gropper & Pflug >
qui fe crurent attaqués par cette lettre, s*en
plaignirent aux Préudens , qui en firent leur
rappon à l'Empereur. Ce Prince , qui appa-
remment n avoit rien £ût que de concen
avec ces Théologiens , qui ▼railêmblable''
ment avoient eu part ou à la compofition oa
à la revifion de ce Livre, fut (ènfible à leoit
plaintes , Se leur rendit témoignage par un
Ecrit public , qu'ils n'avoient rien fait dans
cette affaire , que ce qui convenoit a des
gens de bien. Voilà apparemment la
mèfintelltgence à laquelle notre Hifto-
rien fait allufion , & qui fut peut - être
une des caofes du peu de fuccès du Co11q«
que.
DE TRENTE, Livre I. 17^
cette afiaice , ni de décider qu'on dût recevoir & tolérer jufqu'au futur m d x l v» *
Concile les Articles fur lefqucls on avoir été d accord dans le Colloque 5 ^^^^^ ^^^
inais de renvoyer le tout au Pape , comme il le renvoyoit de nouveau : & — ■■■■■^
qu'après 1 avoir déclaré de vive voix à l'Empereur , il jugeoit à propos de
le déclarer par écrit à tout le monde. Il n'en refta pas même encore là y
nais voyant que tous les Princes Catholiques & même les Ecqiéfiaftiques
s'accordoient a demander un Concile National » & le Pape l'ayant chargé
pot fes Inllruâions de s'y oppofer , quand même on le voudroit tenir par
ion autorité 6c en la préfence de fes Légats > & de repréfenter quel danger
il y auroit pour les âmes , & quel affront ce feroit pour le Saint Siège ^
que ce feroit dépouiller d'une autorité que Dieu lui avoit donnée , pour
l'attribuer à une Nation particulière : il remontra : Que l'Empereur dévoie ^
ic fouvenir qu'étant à Bologne il avoit détefté lui-même le Concile Natio-
nal , comme préjudiciable à l'Autorité Impériale ^ parce qu'il avoit fujec
de craindre que les Sujets , après avoir ofé une fois innover dans la Reli^
gioi\ , ne s'enhardidènc enfuite à faire aufC des changemens dans l'Etat y
& que pour éviter la demande qu'on lui en pourroit faire, il s'étoit abfenté
de toutes les Diètes depuis l'an mdxxxii. Le Cardinal fit donc tout ce qu'il
put auprès de l'Empereur & des Princes pour détourner ce deflein , & il
adrella dans cette même vue un autre Ecrit aux Catholiques , où il difoit : P p sIcM^L
Qu'après avoir confîderé mûrement de quel préjudice il feroit pour la Re- 14. p. 117.
lieion > que les controverfes de la Foi fe remifïcnt à la décifîon d'un Concile Rayn.
National , il croyoit qu'il étoit de fbn devoir de les avertir , qu'ils de- ^** *^'
voient fupprimer entièrement cette claufe , étant manifefte qu'un Concile
National n'a point le pouvoir de décider des controverfes de la Foi , dont
la détermination appartient à toute TEglife : Que les déciiions qui s'y fe«
roient 9 feroient nulles & invalides : Que s'ils vouloient fupprimer cette
demande , comme il s'en flattoit , ils feroient une chofe très-agréable aa
Pape , qui efl le Chef de l'Eglife ôc de tous les Conciles ; comme au con-
traire ce feroit un grand déploifir pour lui » s'ils ne le faifotent pas» puifque
cela ne manqueroit pas d'exciter de plus grands troubles dans les matières
de Religion , aufli-bien parmi les autres Nations , que dans l'Allemagne :
Qu'enfin il s'étoit crû ooligé de leur repréfenter toutes ces chofes , tant
pour obéir aux ordres de Sa Sainteté » que pour remplir les devoirs de Gl
Légation.
Lis Princes répondirent à cet Ecrit du Légat : ^ Qu'il étoît en fbn pou- ^ Rayn^
voir de prévenir & de remédier à tous les inconvéniens dont il parloir , en Ibid,
engageant le Pape à convoquer & à tenir le Concile Général fans différer ^^^^^* ^
davantage :. Que par-là il fatiçferoit aux défîrs de tous les Etats de l'Em- ^^ ^* '
pire , ôc feroit cefler la demande d'un Concile National : mais que (î le
Concile Général fî fouvent proniis , & encore nouvellement par lui-même »
ne fe tenoit pas efïeftivemenr , les befoins preflans del' Allemagne exigeoient
que les controverfes tudent terminées dans un Concile National > ou dan$
une Diète en pcéfencç 4'ua Légat ài Saint Siège;
176 HISTOIRE pu CONCILE
MD XIX. Les Théologiens Proceftans ^ répondirent de leur côté par an long
Paul 111. £çj.jf ^ q^ ils dirent : Qu'il ne pouvoir naître ni grandes ni petites féditions
■~rrj"" en décidant les controverfes de Religion conformément a la Parole de
Ibii" ^^^" » ^ ^^ réformant les abus par la doârine de TEericure & les Canons
Pallav. L. authentiques de TEglife : Que dans les (îécles précédens on n'avoit jamais
4. c ly. refufé aux Conciles Nationaux de prononcer fur la Foi : Jefus- Chrift ayanc
s Matt. pi^omis fon afliftance * à ceux qui s'aJfcmbUroicnt au nombre de deux ou irois
XYUL xo, en fon nom. Qu'il y avoir eu plufieurs Conciles non-feulement Nationaux^*
mais même d'un très-petit nombre d'Evêques ^ dans la Sjrrie , la Grèce ^
l'Afrique , l'Italie , la France , & l'Efpagne , qui avoient tait des dédfionf
de Foi contre les Erreurs de Paul de Samofau , è^Arius , des Donatifles »
I des Pela^ns , Se d'autres Hérétiaues > & fait des Réglemens pour les
mœurs -, Se qu'il y auroit de l'impiété à traiter de nulles 1 d'invalides, ÔC
de vaines ces décifions : Qu'on avoir bien accordé la Primauté â l'Eglife
de Rome, & la prérogative d'autorité i fon Evêque au-deflus des autres
Patriarches ; mais qu'on ne rrouvoit dans aucun Père , qu'il eût été appelle
le Chef de l'Eglife Se des Conciles : Que Jefus-Chrift étoit le feul Chef de
TEglife , Se que Paul, Jpollo , Se Céphas n'en étoient que les Miniftres i
Qu'enfin la difcipline qui s'obfervoit à Rome depuis tant de fiècles , & les
délais affeâés qu'on apportoit à la célébration d'un Concile légitime » nooiw
troient afièz ce qu'on devoit attendre de fa part.
t rleary , Enfin après de longues difcuflions , l'Empereur ^ congédia la Diète le
X» X )f . 18 de Juillet , en renvoyant au Concile Général , ou â un Synode National
N® 117. d'Allemagne , ou à une Diète de TEmpirc, toute la procédure du Collo*
V Id. IbU. que. Il promit ^ d'aller en Italie pour traiter du Concile avec le Pape , &
Rayn. il aflTira que s'il ne pouvoir en obtenir un Général ou tm National ^ il
^^ H* convocjueroit dans dix-huit mois une Diète de l'Empire , â laquelle il in-
, " XI 7. viteroit le Pape d'envoyer im Légat , pour'y fixer les matières de Religion^
' Il défendit aux Proteftans de recevoir d'autres dogmes , que ceux fur le£-
aiiels on s'étoit accordé -, Se ordonna aux Evèques de réformer leurs Eelifês.
défendit aufli d'abattre les Mouaftères , d'ufurper les biens d'Eglile , 8c
de foUiciter perfonne à changer de Religion. Et pour fatisfaire davantage
«p Id. Ibid. jg5 Proteftans , * il ajouta : Qu'il ne leur prefcrivoir rien par rapport aux
Articles dont on n'étoit pas d'accord ; qu'à l'égard des Monaftères , oh ne
devoit pas les détruire , mais les réformer , & les ramener 4 une vie plus
Chrétienne ; qu'on ne devoit pas non plus s'emparer des biçns Eccléfîafti-*
ques , mais les laider aux Miniftres , lans égard à la diverfité de Religion 1
Se qu'enfin on ne devoit foUiciter perfonne â changer de Religion , mais
qu'on pourroit recevoir ceux qui fe préfenteroient volontairement. Il fu{^
pendit aufli le Décret d'Ausbourg par rapport aux af&ires de Religion & àt
ce qui y avoir rapport , jufqu'à ce qu'on eût décidé les controverfes ou dans
Entrevue ^^ Concile , ou aans une Diète.
dn Pétpe (^ LXVI. Tout étant ainfi terminé , y l'Empereur pafla en Iratie, 8c con-
de tEmfe- fera 4 Lucques avec le Pape fur le Concile Se fur la guerre des Turcs. Ils y
convinrent
DE T RÈNT E, L I T R E I. 177
convinrent enfcmble , que Paul envoyeroir un Nonce en Allemagne pour ki> rts:
délibérer fur lune & l'autre de ces affaires dans la Diète quidcvoit fe tenir ^^^^ ^»
i Spire au commencement de Tannée fui vante , & que le Concile fe tien-
droit à Vicenze , comme on en étoit convenu auparavant. Le Pape fit part ^^1^1 ***
de cette réfolution au Sénat de Vénife ; qui pour différentes raifons ne ju- y sltïL t»
gçant pas à propos de recevoir une (i grande Affemblée dans Vicenze » ni 14. p. ixf»
2u*on y traitât de la guerre contre les Turcs » foit que réellement on en eût ^^*Uav. k
eflèin^ ou qu'on n'en fît que la feinte , répondit : Que les affaires ayant t, ^ '^*
changé de face par laccord que la République venoit de faire avec le Turc, i^^a^^
elle ne pouvoit plus conièntir à prêter cette Ville , de peur que SoUman ne Spood.* Wi
la ibupçonnât de vouloir y former une Ligue de tous les Princes Chrétiens 7*
contre lui. Il fallut donc que le Pape prît d'autres mefures. ^'^*"Ito'*
Cependant * on répandit à la Cour de Rome. beaucoup de calomnies '^ô--!,''
îDontre le Cardinal Contarini , ^) qu'on y foupçonnoit d'avoir du penchant m» ^%^
pour la domine Luthérienne ; & ceux qui parloient plus favorablement Spond»
de lui 9 ^ difoient qu'il ne s'y étoit pas oppolé autant qu'il convenoit ^ & ^^ ^\
qu*il avoit mis en danger l'autorité du Pape. »4 Paul même n'étoit pas * ^'^*^ ^
cout-â-fait content de lui , quoique le Cardinal Frégofc n'oubliât rien pour Pai^Vxx*
le défendre. Mais Contarini étant venu à Lucqnes trouver le Pape, qui y c. ly. '
actendoit r£mpereur , il lui rendit fi bon compte de fa Légation ^ que ce I>i^t9 À
Pontife en rcfta pleinement fatisfair. ^^* «jf* ^
LXVIL Ainsi finit l'an mdxli , & dès le Commencement ^ de Tannée ^^^ £sl^
fuivante , *î Paul envoya â la Diète de Spire , où étoit le Roi FerJinanJ, ji^igr u
*^ Jean Moron Evêque de Modène ; qui , félon l'Inftruâion qu'il avoit Qàncil$ i
reçue , dit : Que la difpofition du Pape â l'égard du Concile étoit la même Tr/»/* \ cf*
que par le paffê , & qu'il fouhaitoit qu'on le tînt : Qu"il l'avoit fufpendu du ^*^f *' ^^
Qu'il ne pouvoit fe réfoudre de le tenir en Allemagne , parce qu'ayant ^^^* f^u
% % • Qu*on yfittpçonnoît iT avoir du peH' para porté pour quelques-unes de ieow Er- ^? çf ^- j^'tj
*£haiup0urU dodrine LuthérUnne. ] Appa- reurs. Mais s*il eue des ennemis, il eut auflt '^
remment , parce qae fur les macièies de la des défenfeurs , comme les Cardinaux Pool p^juv L iL
Viiftification il avoir cru que les Luthériens & Frégofcy ce qui fit qu'il fiic mieux re^u c 17 *
a'étoientdiyifésd'aveclesCatholiquesqu'en du Pape qu'il ne Tavoic e/pèré. Cet accueil j^^yQ. ^i
paroles. Qui familiariter illum noverant , néanmoins ne prouve pas que Paul n'eâc^n. î<au
4itSlcidan, de juftificaiione hominisrt&è point pris de (oupfons contre lui ^ mais^o i. ^
ftnfiffc dicunt, amplement quil n*y ajouta pas entière- (eqq.
14- Paul même n'éioit pas tout â fait ment foi , & qu'il foc fa^en àife quil fe fui Spond.
aonunt de lui , &c. ] Non bonam gratiam juftifié. N^ i.
inik apud Poniifieem atque Collegiumy dit 1 f • Paul envoya â la Diète de Spire. ] Fleury , Ï4
6leidan , L. 14. Il cft certain du moins , Qui commen^ le 9 de Février i f 41. '40» N 1^
JeraveujnnèmedePiri!^viciii,qaeplu/ieurs 16. Jean Moron Evêque de Modène,^ l^s
faccufoienc ou d'avoir agi trop mollement &c. ] Cefiitle 1^ deMars qu'il àtfoadif»
contre les Luthériens , ai ikm^ d'avoir- waa^
/
X78 HISTOIRE DU CONCILE
Il D X 1 1 1« defTein de s y trouver en perfonne , fon âge , la longueur du chemin , &
pAui IlL im changement d'air fi différent , ne lui permettroit pas de s'y tranfporter ^
J & que cela feroit également incommode aux autres Nations : Que d'ail«
leurs , comme il étoit à aaindre que vraifemblablement on ne pût pas y
naiter les chofes (ans troubles & fans violence , il lui paroiflbit plus à pro-
pos de choilu: Ferrare , Bologne, ou Plaifance , villes très-grandes & très*
Qu 11 auroit ete Dien-aiie a ouvrir le L^onciie a la i^entecote -, mais que
terme étant trop court > il le prolongeoit jufqu'au i ) Août -, & qu'il les
prioit tous d'y aflifter , & de fe défaire de leurs averfions réciproques , pour
traiter la caufe de Dieu avec droiture & avec fincérité. Ferdinand & les
«ftayiLN^ Princes Catholiques remercièrent le Pape, ^ en difant que puifqu'ils ne
luktii* pouvoient obtenir un lieu propre en Allemagne , comme eut été Ratisbonno
ou Cologne , ils fe contentoient de Trente. ^7 Mais les Proteftans n'a-
gréèrent ni Trente pour le lieu du Concile , ni qu'il fût convoqué par lo
Pape ; ce qui fut caufe qu'on ne prit aucune autre réfolution dans la Diète
au fujet du Concile.
iT Sleid. L. ^' Cela n'empêcha pas le Pape de publier le 22 de Mai de cette année ^
14. p. i&s. la Bulle dlndidiou du Concile *, dans laquelle , après avoir témoigné le
^^^"^ défit qu'il avoir coujours eu de pourvoir aux maux de la Chrétienté , il di-
foit : Qu'il avoit coujours penfé â y chercher les remèdes ; & que n'en
ayant point trouvé de plus propre que d'affembler un Concile , il étoir dans
une ferme réfolution de le faire. Puis après avoir parlé de la convocation
qu'il en avoit faite i Mantoue & enfuite à Vicenze , & des fufpenfions i
terme qu'il avoir été forcé de faire de l'une & de Taurre , & notamment
d'ime dernière qu'il avoit faite fans prefcrire de tems , il déduifoit les eau*
{^ qui avoient fait prolonger jufqu alors cette fufpenfion , & qui étoienf
la guerre de Ferdinand en Hongrie , la révolte de Flandre contre l'Empe*
reur , & ce qui s'étoit pafie à la Diète de Ratisbonne. Il marquoit enfuite :
Que trouvant tant d bbftacles , il avoit attendu que le tems deftiné de Dieu
pour cette enivre fut arrivé ; mais que confiderant enfin que tout tems lui
eft agréable quand il s'agit de traiter des chofes faintes, il étoit réfoin àt
ne plus attendre davantage le confentement des Princes : Que n'ayant pa
Eayn.
N« 1}.
Spond.
N'^io-
Pallav. L.
4.C 17.
Pleuxy, L.
17. Maïs Us Prottjlans n'ap'ttnnt ni
Trente pour le lieu du Concile , ni ^u* il fui
convoqué par le Pape , &c. ] C'eft ce que
dit Fra Paolo : Ma Proteftanti negarono di
confentire ne chc il ConcUiofoJfe intimato
dai Pontefice > ne che il luogofojfe Trente ;
& je ne fçii pourquoi M. Amelot traduit :
Mais les Proie ftans ne votdurent accepter ni
le lieu ^ ni le Conc'ite. Car ce n eft pas couc
Concile qu'ils zefoToient, mais on qui £k
aflfemblé par le Pape*
2.S Cela nempechapas le Pape Je puhlîew
le 22 de Mai la Bulle d^IndiBion y &c. ]
Cette Bulle fut bien fignée le ix de Mai,
mais elle ne fut publiée que le 29 de Juin.
Je m'étonne que Sleidan L. f 4. ait placé
cette Indiâion au premier de Juin. Interem
Pontifex Kalendis Junii Concilium indicii»
Car ce n'eft ni le jour de iafignatore | ni c^
lui de la paUicauon»
DE TRENTE, Litre I. 17^
obtenir la ville de Vicenze , Se défiranc donner à TAllemagne la fatif- m d x 1 1 x.
fadtion qu'elle défiroicà 1 égard du lieu, il avoitparune charité paternelle P^uï'^M-
pour les Allemands qu'il favoit dcfirer Trente , quoiqu'une ville d'Italie ""■"■■^
lui eût paru plus commode ; il avoit , dis-je , â leur demande choifi cette
ville pour y célébrer le Concile Général le premier de Novembre fuivant,
donnant un (i long terme, afin que fa Bulle pût être publiée par-tout, Ôc que
les Prélats enflent le tems de s'y rendre : Qu'en conféquence de l'autonté
du Père , du Fils , ôc du Saint-Efprit , Se des Apôtres S. Pierre Se S. Paul »
qu'il ezerçoit en Terre , & de l'avis & du confentement des Cardinaux , il
levoit toute fufpenfion du Concile , & l'intimoit à Trente , ville libre &
commode i toutes les Nations , pour y être commencé le premier de No*
yembre , & y être enfuite continué Se achevé : Qu'il y appelloic tous les
Patriarches , Archevêques , Evcques , Abbés , & tous ceux qui par droit
ou par privilège avoient voix dans les Conciles Généraux , Se leur comman*
doit de s*y trouver en vertu de l'obéidance & du ferment qu'ils lui avoient
prêté Se au Saint Siège , fous les peines portées par les Loix Se la Coutume
contre les défobéiflans ; ou s'ils en étoient empêchés, de certifier leur em-
Ecchement, & d'y envoyer leurs Procureurs : Qu'il prioit l'Empereur , le
oi Très - Chrétien , Se tous les autres Rois , Ducs , & Princes , de s'y
trouver ; ou s'ils en étoient empêchés , d'y envoyer des Ambaflàdeurs pleins
de fagedè & d'autorité ' & les Evêques & autres Prélats de leurs Etacs :
Qu'il y invitoit plus particulièrement que les autres , les Prélats Se les
Princes d'Allemagne , puifque c'étoit principalement pour eux qu'on avoit
choifî pour le lieu du Concile cette ville qu'ils avoient défirée ^ & où l'on
s'allèmbleroit pour y traiter de tout ce qui regardoit les Vérités de la Reli-
f'ion Chrétienne , la réformation des mœurs , l'union & la concorde des
rinces & des Peuples Chrétiens > & les moyens de fe délivrer de l'oppref^
fion des Barbares Se des Infidèles.
Cette Bulle fut envoyée au(S-tôt à tous les Princes Chrétiens , mais «Raya,
dans une conjondlure peu favorable. Car « dès le mois de Juillet , le Roi ^°. î^
de France déclara la guerre à l'Empereur par un Manifefte public rempli "^g^^*
de paroles outrageantes, & qui fut fuivi d'une irruption faite en même-
tems dans le Brabant , le Luxembourg , le Rouflillon , le Piémont , 8c
i'Anois.
LXVIII. L'Empereur parut mal fatîsfait de la Bulle du Concile , & il TLuntts
nurqua au Pape : ^ Qu'il trouvoit étrange que n'ayant épargné ni peines ni »'^«/j[«3'««
dangers pour procurer le Concile , on lui comparât & égalât dans cette *^'^^-
Bulle le Roi de France , qui avoit tout tair pour 1 empêcher. Puis après un s^; ^
détail de toutes les injures qu'il croyoit en avoir reçues , il ajoutoit : Qa*en- VrMnce.
core dans la dernière Diète de Spire , ce Prince avoit travaillé par fcs Am- / Pallav.
balladeursâ fomenter les différends de Religion, en promettant à l'un & ^ ^' ^ '•
l'autre Parti féparément fon aflîftance Se fa proteftion. Efinn il prioit Sa j^jo^"'
Sainteté de confidérer fi la conduite de ce Monarque étoit propre a remé- Spon<L
dier aux maux de la Chrétienté ^ & â permettre iouverture du Concile , N"* xi.
tîà HISTOIRE DU CONCILE
«i>z L 1 1. qu il avoic toujours cfaverfé pour fon utilité privée i ce qui l'avoir (brcl
Paul 111 lui.tnème , après s'en être auperçu , de prendre d'autres moyens pour tâ-
*~""^ cher de paciner les difputes de Religion : Que Sa Sainteté donc devoit s'en
Bdcar. L pendre au Roi & non à lui , fi le Concile ne fe tenoit pas , & que fi' Elle
fleury , L. vouloit contribuer au bien pubhc , Elle devoit fi: déclarer fi^n ennemi »
i4o.N^ 57. pnifque c'étoit le feul moyen de £aire aflembler le Concile , de rétablit' Içf
affaires de Religion , Se de procurer la paix.
^Id-N** )S. ^^ ^oi de France , s pour prévenir les imputations d'avoir fait la gtiefrc
Sleid L au préjudice de la foi , & d'avoir empêché par-U le fruit qu'on attendoit
14. p. iis. du Concile, dont il avoit bien préva qu'on te chargeroit , avoit fait publiet
Spojid» N** yjj £jjj contre les Luthériens, avec ordre à fes Parlemens de l'exécuter in»
^* violablement > & de procéder rigoureufement contre ceux qu'on dénonce^
toit comme ayant des livres contraires à la dodtrine de* l'EgQfe Romaine »
Se qui ou tiendroient des Allèmblées fecrettes , ou violeroient les Com-»
mandemens de l'Eglife, de fur-tout contre ceux ou qui n'obferveroient par
la défenfb des viandes , ou feroient leurs prières en une autre Langue que
la Latine ', & il en joignoit en même-tems* à la Sorbonne d'en faire une
exaéte perquiHtion. Puis inftruit des artifices dont fe fi:rvoit FEmpereuc
pour animer le Pape contre lui , il donna* ordre pour lès^ âuder qu'on rolc
en exécution l'Edit publié contre \t& Luriiériens , de fit drefier à Paris une
Formule pour les découvrir Se les accufer , promettanr des récompenfès 2
ceux qui les dénonceroient > & menaçant de punir ceux qui ne le rëroienc
pas. Ayant appris enfuite ce que Charles avoit écrit au Pape contre lui , û
f Iljqdj, adrefla à ce Pontife ^ une lettre apologétique pour hii-même, St pleine
li'inveâives contre l'Empereur , à qui il reprochoit premièrement le fac de
Rome , Se h détention ae Clément , pendant qu'il faifoit faire des Procef^
fions en Efpagne pour ia* délivrance , ajoutant ainfi la dérifion à l'injuftice;
Il racontoit enfuice la caufe de toutes leurs querelles , dont il rejettoit là
faute fur l'Empereur. Ilfinifibit enfin en montrant que ce* n'étûit point
à lui qu'on devoit imputer les empechemeirs ou les^ retardemens du
Concile de Trente , puifqu'il ne lui en revenoit aucune utilité ; & qu'l
l'exemple de fes Ancêtres , il mettoit toute fon application i conferver là
Religion, témoin le^ Edits qu'il avoit publiés & les exécutions qu'il avoit
£dt taire tout nouvellement en France. 11 prioit donc le Pape de ce point
ajouter foi aux calomnies de l'Empereur, & de s'afiurer qu'il feroit tou«»
fours prêt à prendre la défenfe de fes intérêt? , &^de ceux oc l'Eglife Ro^
maine.
le Tétfé LXIX. Le Pape pour ne point manquer à Toffice de Père commun 9
envoie fis ^Jo^t fes prédéceflèurs avoient toujours affefté de paroître jaloux , deflini
^ml é» ^^ ^ Légats à ces deux Princes , favoir Contarini i l'Empereur , Se Sadoht
tEmpeiem ^ ^^^ > P^"^ ^^^ pottor a Ta paix , Se i facrifier leurs injures particulières:
fis Àmbafi au bien public , de peur que leur difcorde ne fut un obftacle à la pacification
/^««''JcJ* de Religion. Mais Cc?/2/tfri/2i étant mort peu après, Paul lui fubftitua le
*'^*^^. Cardinal à^Fiftu^ ^ augtaod ctoancment de fa Gour, <iui favoit qa'3
DE TRENTE, Livre !♦ fîi
A'étoît pas aîmè de rEmpcreur ^^ vers lequel on Tenvoycir. Quoique la**^3CLH.
guerre Kit allumée en tant d'endroits , J® le Pape cependant, qui croyoit ^^^^ï"*
^uil étoit de IW réputation d« pourfuivre l'affaire du Concile y fit partir •
Itour Trente le 16 d'Août mdxlii , les Cardinaux PUm-Paul Parifiy Jcan^n^. LUZ
Moron , & Ktgnaud FooL , qu 11 avoit nommes pour les Légats -, le pre- ils fe ren-^
Mkict , comme très-habile Canonifte -, le fécond, comme bon Politique & nnt^fjf» U
^Jbrc au fait des affaires ; 6c le dernier afin de montrer , que quoique le Roi ^^^^^ '/^
d'Angleterre fût féparé de TEgliic Romaine , ca Royaume ne laiffoit pas '^^^l ^"^
d'avoir grande part au Concile. Il leur fit expédier le Bref de leur Légation, ]^^y^ ^^^
êc leur ordonna, s'ils trouvoient à Trente des Prélats & des AmbaflTadeurs , i Flcory, L*
de chercher le moyen de les y amufer fans faire pourtant une aftion publi- i4o-N^4i.'
que , ^ jufqir'à ce qu'ils enflent reçu les Inftruâions qu'il leur envoycroit ^^J^'
Jorfqu'il en feroit tems. ^ j^^^^o ..
L'Empereur ayant appris l'envoi des Légats au Concile, y envoya de fa Adrian, L.
fztz " D. Diego de Mendo^t fon Réfîdent à Venife , & Nicolas Granvelle , j. p. 17^,
avec TEvêque d'Arras foti fils, & quelque peu d'Evêques du Royaume de ^^7^.
Naples -, non qu'il efpcrât que dans les conjonûures préfentes o» pût en ^p jf^*'
attendre quelque bien , mais pour empêcher le Pape d'entreprendre quelque ^ ,^^' '
^fc à fon préjudice. 3 < Outre les Légats , le Pape donna ordre â quelques m Mém. do
Varg. p. 7.
Concile que le i f d'Ôftobre fumrit feloh ^^7"' ^^
Raynaldus , ou le U félon PallaviciriySc ^ j^"^*
qu'ils n arrivèrent à Trente que le ii de ç
Novembre félon ce dernier , ou le 1 1 félon p^lfâv. L.
Taucre. L'erreur de notre Hiftorien vient r. c. 4,
ùihs douce de ce qù*il a niafpris le fens de Adrian. L*'
SUidan » qui , après avoir mis au 1 8* d'Août 5. p. 1 84.
renvoi des Cardinaux de Vifeu Se Sadelet\ Fleury , L. •
raconte tout de fuite l'envoi des Légats an i40.N^ ^9^
Concile fans marquer la diate de leur mif^
fion. Pontifex jfupi0 o6(6decirhà Legatôs
MÙttït Cardinales pacificatores Micha'éUift
Vifenfem Lufitanum ad Cctfarem , Jacobum.
Sadoletum ad Gallia Regem — Legatos
quoque Tridentum mîttit in Synodknt Car"
dinales Parijium , Polum, Moronum. Sleid.
L. I f p* 131. Voilà fans doute la fource de
la méprife , & il en arrivé tcfùà les jours de'
pareilles à d'autres Auteurs.
3 1 •' Outre Us Légats', le Pape donna or* '
dre â quelques Eveques defesplus confidcTÙs
deferendreaujpà Trente, Sic.^ Le Gard.
Pallavicin y L. ;. c. 4. dit quéc'eftunô
grande feufleté , fl Pra-Paolo entend qd*3
preffa plus ceux-ci que ceux de tous les au-
tres païs , auprès defquels il fit de très-fones
ifl^di 4ç k xeadic ftu Co/icilc: Si intem'
't
19 . Paul lui fuhflituale Cardinal de J^i"
fnC, au grand étonnement de fa Cour, qui
favoit quil n étoit pas aimé de [Empereur^
etc. ] Pallavicin die , que TEmpereur n'a-
mc rien de perfonnel contre lui. Mdt\s que
cela £ût>il à la ckofe , puifqu il eft certain
que la perfonne lui étoit délagréable par d'an-
ges raifons l Ce qu'il y a de vrai y c eft que
ee Cardinal fut tort mal reçu de Charles ,
qui à peine voulut le voir ^ & le reçut d'un
TOÎige très-froid & très-dèfagréable. Trifii
mique afpero "vultu illum mox â fe dimifit ,
difficillimumque aditufeprahuit , dit Ray*
naldus. C'efl ce qui eft confirmé ^ Adria-
mi» Vifeo y dit-il, dallo Imperadore nonfu
Molto ben ricevuto — fu in queUa Corte
mal veduto > 6* tenutone lontano. Ce mé-
contentement de l'Empereur fut fi fenfi-
ble , que le Pape fut obligé de rappeller ce
Cardinal dès îe fécond de Novembre. Cela
ne juflifîe-t-il pas alTez Pra-Paelo contré
fon Adverfaire ?
50. Le Pape fit partir pour Trente le 16
d^Août MDXLii. les Cardinaux Pierre-
Paul Parifi, &c.] La méprife de Pra-Paolo
eft ici un peu groffière , puifque ces Cardi-
WMK nefyjçAdiçguncs {»our ^léfider a»
M D
Pau
i8i/ HISTOIRE DU CONCILE
X L 1 1. Evcqaes de fes plus confidens de fe rendre aufli à Trente > ^^ mais le plus
JL III. lentement qu'ils pourroient. î3 Les Impériaux , comme ceux qui venoienc
""de la parc du Pape, arrivèrent au tems prefcrit; & î4 les premiers après
avoir préfenté aux Léeats les lettres de TEmpereur , demandèrent qu on fît
l'ouverture du Concile & qu'on commençât à agir. Mais les Légats s'ea
excuférent , fur ce qu'il n'étoit pas de la dignité ou Concile de le conunen-
cer avec fi peu de perfonnes , fur- tout ayant à traiter de matières aufli im«
portantes que celles qui étoient en difpute avec les Luthériens. Les Impé-
riaux repliquoient qu'en attendant on pouvoit bien traiter la matière de la
réformation , qui écoit Se plus nécefTaire & fu jette à moins de difficultés :
a quoi les Légats répondirent , que comme la réforme devoir être com-
mune à différentes Nations, on ne pouvoit la faire fans quelles y con»
courudent. Sur cela les Impériaux procédèrent ; mais les Légats au-lieu de
leur répondre , renvoyèrent la chofe au Pape , & il n'y eut rien de terminé.
«ricury, L, îî SuR la fin de l'année , l'Empereur ordonna à GranvtlU ^ d'aller à la
i4o.N*'48. Diète , qui fe devoit tenir au commencement de Tannée fuivance à Nurem*
berg -, & a Diego de Mcndo^c de refier à Trente , pour continuer d'y foili-
de y che à beUoftudio fcegHeffi fol quefli ,
proferifci unasfacciata hugia. Mais ce qu*il
appelle un menfonge ef&oncé , efl poortanc
an fait actcflé par le témoignage d*iin Au-
teur eflinié tiés - fidèle. // Pontefict , dit
^jidriani , vi haveva anco invitato al"
cuni defuoi Vefcovî più fedcli y comandan-
do àgli altri pur Untamente che vifi do-
vcjfero prefcntart* Noos verrons d'ailleurs
dans la fuite de cette Hifloire , que les Pa-
pes avoient à leurs gages un certain nombre
d'Evêques afiîd£s« qu'ils envoyoient à Trente
toutes les fois ou qu'il y avoit à décider quel-
que point à quoi s'intéreSbit la Cour de
Rome, ou que le nombre des Evèques
Nationaux leur faifoit craindre qu'il ne
fe paflac quelque chofe au défâvantage du
Pontificat ; afin d'avoir toujours on con-
trepoids à oppofer aux tentatives que l'on
voudroit faire pour lefierrer la puifiànce
Pontificale.
3 !• Mais le plus lentement quils pour*
roient. ] Il me femble que Fra-Paolo fe
trompe ici pour avoir mal entendu le fens
iLAdrianîy que vraifemblablement il n'a
fait que copier. Car ce n'eil pas aux confi-
dens que ce dernier Hiftorien dit que le Pa-
pe avoit ordonné d'aller plus lentement,
mais aux autres qui n'étoient pas fi confidensi
eomandando à gli altri pur lentamtntc che
fidoveffero prefentare. Cela eft infinxmenc
plus viaifemblable, & il femble qu'on devroic
réformer le texte de notre Hiflorien par ce-
lui ^Adriani»
5 5 . Les Impériaux — .- arrivèrent au tems
prefcrit, &c. J Non pas exadement, pniC-
qu'ils n'arrivèrent à Trente que le 8 de
Janvier iy4) , au lien que rouvertore
du Concile étoit indiquée pour le premier
de Novembre iy4i, & que les L^ats
étoient arrivés le 1 1 ou le ii du mhne
mois.
3 4* Les premiers , apris avoir préfenti
aux Légats les lettres de V Empereur. ] C'eft
ce qu'ils firent le 9 de Janvier, & Gran-
velle Evèque d'Arras fut celui qui prononçs
le difcours.
3 f • Sur la fin de P année , t Empereur
ordonna à Granvelle daller â la Diète i
&c.] Ce n'a pu être fiir lafin de l'année i s^z^
puifque Granvelle n'étoit arrivé à Trente
qu'au commencement de i f 4 3 • Il &ut donc
que l'ordre qu'il reçut de fe rendre à Norem*
perg fut poflérieur ; & il ne s'y rendit en
effet , félon Sleidan , que le i f de Janvier ,
huit jours après l'ouvenure de la Diète , qui
fe fépara fans prendre aucune rcfolution ,
quoique Ferdinand ne laiflat pas d'y faire
faire un Décret , mais qui n'eut aucune exé-
cution.
DE TRENTE, Livre L 183
citer Touvercure au Concile , ou du moins pour empêcher que ceux qui s*y m d x l i x.
trou voient ne s'en retiraflènr , afin qu'il pue faire ufage dans la Diète de ^^"^ ^*^*
l'ombre de cette AfTembléc. GranvclU ^ propofa à la Diète de faire la guerre — ^— -
au Turc, &c d'affifter TEmpereur contre le Roi de France. Les Proteîlans de- , si j t
mandoient au contraire , qu'avant toutes chofes on terminai les différends de i. p. ^', .
Religion , & que Ton fit cefler les oppreflions que les Juges de la Chambre Flcury , L.
Impériale leur faifoient fouffi:ir fous divers prétextes, quoique la Religion i40'N^75-
en fût la caufe réelle. GranvclU lepliqua que l'on ne pou voit ni ne dévoie
leur accorder ce qu'ils fouhaitoient , dans le tems que le Concile étoit a(Ièm-
blé i Trente pour délibérer fur cette affaire. Mais ils rejettèrent cette ex«
cufe , fous prétexte qu'ils n'approuvoient point ce Concile , auquel ils dé-
clarèrent nettement qu'ils ne vouloient point aflfUler. Ainfi la Diète s'étanc
lëparée fans rien faire , D. Diego s'en retourna à fon Ambaflade de Venife ;
quelque inftance que lui fiiFenc les Légats , pour donner de la réputation
au Concile , de refter à Trente jufqu'à ce que le Pape eût fait réponfe'à fa
proteftation.
LXX. L'Ambassadeur de l'Empereur étant parti , les Eyèques Impé*
tlaux le fuivirent : &c les autres s'étant retirés fous divers prétextes, ^^ le Entrevue
Pape rappella fcs Légats , p après fept mois entiers de féjour â Trente fans ^^ ^^t' ^
rien faire ; & telle fut Tiflucde cette Aflfemblée. Cependant, comme TEm- /^ '^*"
pereur à fon retour d'Efpagne devctit dans peu palier en Italie pour fe ren- châtemu éh
arc en Allemagne , le Pape qui défiroit s'aboucher avec lui , 4 envoya Pierre- Buffet^ pour
Louis i^on filsàGencs pour l'iLviter à fe rendre à Bologne. Mais l'Empereur ^^^ '.»^^*^'
ne voulant pas fe détourner ' ' ..-_.. *- —
dépêcha le Cardinal Farnife
où il l'itoit attendre. Cepenuaiu , cummc n cul uuciljuc uiiumnc lui i<i ^
fiianière dont ce Prince y enrrcroit , ils fe trouvèrent l'un & l'autre ' le Adr. L, 3.
21 de Juin mdxliii au Château de Buffet, fitué fur les bords du Tar entre P- ]^\'
Parme "^ Plaifance, qui appartenoit aux P^^v/ci/u. Les intérêts particu- J'^ 1^1^^
licrs dont ils avoient a traiter enlemble , ^7 i,e leur permirent pas de taire Rayn. N®
des affaires de la K^eligion &c du Concile le fujet de leur principal entretien. 1 3. & 14 .
L'Empereur qui ne fongeoit qu'à fe fortifier contre le Roi de France , prefTbit Pallav. L.
le Pape de fe déclarer contre lui , & de fournir aux fraix de la guerre. J^ Le j/f '.*' ^rj*
^6, Le Pape rapfelU fes Légats après 7
mois entiers de féjour à Trente. ] Il femble-
xoit par le récit de Fra^Paolo , que les Lé-
gacs furent rappelles avant rentrevuc de
l'Empereur ao Château de Buflec. Mais la
chofe n*.l\ pas aind: car l'entrevue fe fie
avant la fin de )uin « & les Légats ne furent
lao lellés c|'i*a'.ncs la Bulle de fufpenfion du
Concile 4 qui ne fut donnée que le fiz de
3ui let IJ4;.
^7. Ne leur permirent pas de faire des
affaires de la Religion & du Concile lefu^
jet de leur principal entretien. ] Ceft ce que ^ P* J^ V
dit Adriani en ternies bien pofitifs ; La r^°"P"* *^
cofa era tutta riftrettafopra lo ftato di Mi- g^t ' r
lano, non contcndendo il Papa tanto d'al- N^; x.
eun' altra cofa.
3S. Z/ Pape au contraire vouloit pro*
fixer de Voccafion pour faire tomber â fes
petits-fils le Duché de Milam ] Le Cardi-
nal Pallavicin , L. f . c. 5. après avoir avoué
que ce récit n*eft pas fans vraifemblance,
s'étend beaucoup pour prouverqu!il eft faux,
foit en déczéditant les Aoteois qui cm lap*
i«4 HISTOIRE pu CONCILE
tf 9 X L t X. Pape au contraire vouloir proficcr de loccafion pour faire tomber à fc$ petits*^
PAut IIL £jj |ç Duché de Milan , & il fc trouvoic féconde en cela par Marguerite fiUc-
' naturelle de TEmpcceur , mzxiiti Octave Farnije petic-fils du Pape, 8ç
qui avoir été faite Duchede de Camérino. )' Pour obtenir ce qu'il ioabai«
toit , le Pape offroijc i TEmpereur de fe ligupr avec lui contre la France »
de faire pluueurs Cardinaux à fa nomination , de lui payer pendant quelques
années i^o , ooo écus , de lui laifler entre les mains lés Cnaceauic de Milaa
& de Crémone. Mais les Impériaux demandant un Million de ducats argent
comptant, & un autre million à payer en quelques termes aflèz proches ^
l'affaire ne put fe conclure , & on en remit la négociation entre les mains det
Minières du Pape , qui dçyoient fuivre l'Empereur. Ce Prince qui crut
avoir fait afTez connoitre aux Catholiques d'Allemagne fa -bonne volonté
Ç)ur le Concile par l'envoi des Légats & de quelques autres Evèques k
rente , & pouyoit faire tomber fur la France les reproches d'en avoir em»
péché la tenue , n'indfta plus fur ^'article , & dit au contraire qu'il falloic
voir auparavant quel feroit l'événement de la euerre , pour fa voir de quel
remède on pourroit fe fervir. Ils fe féparerent m>nc avec de grandes demonf-
crations d'amitié réciproque. Mais le Pape, qui foupçonnoit un peu (1 l'Em-
pereur voudroit lui donner une fatistadion qu'il déllroit p coimnença i
tourner fes penfées du cote de la France.
LXXI. Il étoitdans cette incertitude , < lorfquon publia la Ligue faim
entre l'Empereur & le Rpi d'Angleterre contre la Fi;ance. ^^^ Cette oemarche
dt
p. 101.
Selcâr. L
fiUguê
Im Ftsnee, P®*^^ ^^ f^*' * fbît en donnant qaelqttcs raî-
s Slcid. L ^o"5 ^^* femblent le détmire. Mais ces
ly.p. 1}^, raifons font foibles > & les Hiftoriens du
Ait. L 4. tems , qaî n*ont eu aucun intérêt de le fup-
pofer ^ le confirment prefqne tous « ôc en-
tre auttes Onuphre , /ijriarii , Paul Jove ,
Sandoval ^ Beaucaire , Sleidan , & plu-
fieun autres. Rejetrer le fufTrage de ces Au-
teurs ^ parce qu ils fe font trompés fur
quelques autres £iits « oA qu ils ne s'accor-
dent pas entièrement fur les circonftances
de celui - ci , c*eft érablir un Pyrrhonifme
Îénéral dans l'Hiftoire , puifqu'il n y a point
'Auteur fî abfolument exadl , qui ne Se
trouve quelquefois en faute s & que quand
tous conviennent fur la fubftance d un fait,
che méprife (ùr quelques légères circonf-
tances n*en altère jamais la certitude. Ce
font là les règles générales de Critique en
matière d'Hiftoire, & il fuflfît ici pour la
judification de Fra-Pooio^ qu il n*a avancé
ce quMl dit du deffein du Pape pour faire
fcunl^er le Ducké de Milan à fes petits-fils ,
que fur des témoignages tr^ - éîepe% iê
créance j & que Pallavicin le nie uns acu
,cune autorité, & vraisemblablement parctt
qu'il lie îHi pas d*honneur à la mémoôe 4c
Paul JIL On fait cependant auffi , qoll
s'agit dans cette entrevue de la paix entre
l'Empereur & la France , que le Pape tâcha
de moyenner , mais que CharUs itjecta
opiniâtrement.
39. Pour obtenir et quil fouhaitoiê^ (g
Pape ojffroit à V Empereur , &c. ] Le détail
de ces conditions ell expreflément marqué
par Adriani , L. ) . p. 19 f • d'od vrailèmbla'^
blement Ta tiré notre Auteur.
40. Cette iimarthe de CharUs aUéna de
lui tout à fait le Pape. ] C'eft ce que mar«
que le m^me Hiftorien : Sapevafi in oUrt
moite tene , che egli s*era fdegnato con C#-*
fare , poiche il Re d' Jnghilterra nimico em^
pital fuo & deUa Chitfa Catholica £trm
con ejfo collegato. Ce qui eft auffi confirmé
par Sleidan « qui dit que le Pape porufort
jiflnpatkœmeiu cem alliance. Hane ven
fici€tê$em
DE TRENTE, Livre I. i8y
de Charles aliéna de lui tout-à-fait le Pape , qui fentoit combien croit prcju- MDTtxii.
diciable à fon autorité une Lieue conclue avec un Prince qu'il avoit excom- ^^"^ *^^'
manié, anathématifc, maudit, condamné à la damnation éternelle & dé-
daré rchifmàtique , privé de fon Royaume & de tous fes Etats , incapable de
contradter aucune Alliance , & contre lequel tous les Princes Clirétiens
étoienc obligés par fes ordres de prendre les armes. Il voyoit avec chagrin
que l'Empereur en s'alliant avec ce Prince contumace , & qui méprifoit plus
Ouvertement que jamais fon autorité , ne rooatroit pour lui iucun égard ni
ibirituel ni temporel,& donnoit aux autres l'exemple dene tenir aucun compte
de (es ordres ^ & Taffront lui paroilToit d'autant plus grand , que c'étoit aux
fbllicitations de l'Empereur , & pour favorifer fes intérêts , que le Pape Cli^
mtm , qui auroit pu facilement accommoder cette affaire en temporifanr»
avoir procédé contre Henri , Prince d'ailleurs affeâionné au Saint Siège , 6c
qoi en avoit bien mérité. De l'autre côté de la balance le Pape mettoit les
Lois & les Edits que le Roi de France avoit faits pour maintenir la Religion
ic l'autorité du Saint Siège , ^ au(E-bien que les Lettres-Patentes pat lef- ^ ^^cW. L.
quelles il confirmoit xx v Articles de la doftrine Chrétienne , que les Théo- '^' Pj ^^'
log^ens de Paris avoient fait imprimer & publier a fon de trompe , & dont ^ ^.' ^
Us propofoient par toute la France la créance avec empire , fans y joindre les n^ ;.
caiions ou les fondemens fur lefquels cette créance étoit appuyée , défendant
finis de grandes peines de rien dire ou enfeigner de contraire -, & un nouvel
Edir ^ qu'il venoit de faire pour ordonner la recherche des Luthériens. Tout v Id. ad a«.
cela failoit d'autant plus de plaifir au Pape, qu'il favoit que ce qu'en avoit i54î« N*^.
fait le Roi étoit autant pour lui complaire & marquer (on refpeâ au Saint
Sî^e» que pour faire connoître que ce n'étoitpas pour favorifer la dodbrine
Lauiérienjie , ni pour empêcher de la détruire qu'il avoit entrepris la guerre
contre l'Empereur.
-Chmrlesy inftruit àts plaintes du Pape, répondit: ^ Qu'il lui étoit bien xPallav.L.
aiiffi permis de s'allier avec le Roi d'Andeterre, qui ne laidbit pas d'être 5. c. 4.
Chrétien , quoiqu'il ne reconnût pas) l'autorité dû Pape , qu'il l'avoir
été au Roi de France de fe liguer avec les Turcs pour faire la guerre aux
Chrétiens , comme cela étoit arrivé au Siège de Nice en Provence fait par
la Flotte Ottomanne conduite pzv Paulin Ambaflfàdeur du Roi, &dans les
defcentes faites au Royaume de Naples : Que le Pape avoit bien approuvé
quclui Se Ferdinand (c ferviflent du fecours des Proteftans , quoique plus
ennemis du Saint Siège que le Roi d'Angleterre : Qu'il auroit du procéder
contre le Roi de France lorfqu'il avoit fu qu'il s'étoit ligué avec les Turcs.
Mais que l'on voyoicbien d où venoit la différence de fa conduite , puifque les
Turcs qui avoient fait tant de dégât par-tout où ils avoient paffé , n'avoicnt
JocUtatem graviter tulit Pontîfex , îdeoqne ohlhus^ GaU'que Régis odtopercitus , An-
Gallicam amicitiamfibi ducebat ejfe necef- gloque reconcûia'us , a/m illo Gallia rcg^
firïam. Ec U même chofe eft atteftce par num parti tus erat ^ multum indignante Pau^
Beaucaire , I. 19. N°. f9. Cafar nihil- lo Pontifice , ùdc Cafare graviter conque"
omlnks ^ die - il 4 6* religionis & promijjî rpr^e.
T p M £ L h^
1Î6 HISTOIRE DU CONCILE
MDxtiii. exercé aucunes hoftilités dans les terres du Pape -, & que tout étant en côa^.
Paul. 111. fufion à Rome fur la nouvelle , y que la nuit de Saint Pierre ils étoient.
venu faire eau à Oftie , le Cardinal Carpi , qui y commandoit en
p. 10?. '^'l'abfence du Pape, raffiira le peuple par les intelligences qu'il avoit avec
les Turcs.
OnupsfU LXXIL 4i L'an mdxliv, laf&ire du Concile , que la guerre & contes.
dri de /r«- de Ratisbonne pour remédier à tous les différends de Religion, dit :Que
voilier À n'y ayant pu reuilir alors , on avoir tout rerais à un Concile Général oa
^^ji^f^fi^ Nationnal , ou à une Diète : Que depuis , le Pape avoit à fà prière convo*
^UMihn^' que le Concile , auquel il avoit eu deffein de le trouver en perfonne , œ,
z Slcii L ^"'^^ auroit fait , s'il n'en eût été empêché par la guerre de France : Que
15. p. 143. la continuation des mêmes différends de Religion Se des mcmes maur
Pallav.L.5. nejpermettoit plus de différer le remède j & qu'il prioit la Diète d*y
R ^' ^ réfléchir , & de lui propofer tous ceux qu'elle jugeroit les plus pro-
an^°r44. P^^^* ^^ délibéra donc plufîeurs fois fur les afikires de Religion. Mais
N^ 1. & 4. dans la néceflité où l'on etoit de penfer à la guerre qui preflbit bien dsi-
Spond. N® - . - -
Tliutn. L. fi^^^JJ Décret , de remettre i, l'Empereur le foin de nommer quelques gens
Bckar.L. P^^^^ & favans , pour dreffer un Formulaire de Kéfbrination , avec ordre
15. N^ 51. a tous les Princes c'en faire autant chez eux , afin qu'après avoir tout con<*
s Flcury , féré dans la Diète prochaine, l'on pût convenir unanimement de ce qu'il
Ibo'^'* y auroit à obferver jufqu'au futur Concile Général oa National, qui de*
Slcid^Li ^^^^ ^^ célébrer en Allemagne, On y enjoignoit cependant à tous de vivre en
p. 149. p^îx ^^ns exciter aucun trouble fur le fait de la Religion , & l'on permet-
Rayn. toit aux EgUfes de Tun & l'autre parti de jouïr tranquillement de leurs biens»
^^ S* Ce Décret ne plut pas généralement à tous les Catholiques. Mais comme
quelques-uns d'entr'eux s'étoient alliés avec les Proteftans, une partie ap-
prouva ce tempérament ; & ceux qui ne l'approu voient pas fe trouvant en
petit nombre, fe réiblurent de le tolérer.
L A guêtre cependant fe continuoit toujours , Se le Pape devint plus
irrité que jamais contre l'Empereur. Car outre le chagrin que lui avoir caufé
h Flcnry, la Ligue d'Angleterre , *> il étoit très choqué de ce que ce Prince n'avoir
!• 141. N^ voulu accepter aucun des partis avantageux qu'il lui avoit fait offrir par le
5 '• Cardinal Farnefc fbn Légat , pour obtenir le Duché de Milan pour fa famille ;
p .. - comme auflî de ce que, pour ne point oflfènfer les Proteftans , ^ il n'avoir
5. c f . P^ voulu permettre à fon Légat d'aflîfter à la Diète de Spire , & de ce que
Hayn.
'* 41, L'an 9^44, l'affaire du Concile — 8c fut terminée If xo de Juin (iiÎTanc, ft-
fut remifefur le tapis dans la Diète de Spi' Ion Sleidan»
re. ] Qpi s'ouviit le 20 de Jcvxier x J44 >
DE TRENTE, Livre L 187
le Décret qu on y avoic fait écoic fi préjudiciable à fa dignité & à fon Siège, mdxlxt.
Voyant donc toutes fes efpérances évanouies , & l atteinte qu en recevoit fa ^^"^ ^^'•
réputation , il réfolut de faire éclater fon reflfentiment. Et quoique quel- ——■■■"
ques-uns de (es plus conâdens , qui voyoient combien étoit afFoiblie fou
autorité en Allemagne, lui confeillallent de didimuler > alTuré cependant
que pat une déclaration ouverte contre TEmpereur il engageroit encore
ÎAus fortement le Roi de France â foutenir fes intérêts & fa réputation » il
c réfolut de commencer par les paroles pour en venir enfuîte aux tScts >
lorfque les conion£lures lui en fourniroient loccadon.
LXXIIL 41 II écrivit donc le 1 5 d'Août une longue lettre à l'Empereur , J'^Ji^j[ *
^ où il lui difoit en fubftance : Qu ayant avis des Décrets faits à Spire , f ^X#^7»
il fe croyoit obligé par le devoir de la charité paternelle de lui en dire fon de tEmfe^
ibntiment , de peur de s'expofer au châtiment dont Dieu avoir puni l'indul- reitr , liU
gence dont le Grand-Prêtre -Hi?/i avoitufé envers fes enfans: Que ces Décrets *^'^ ^'^^
expofant fon ame à un grand danger & TEglife à un grand trouble,il n auroit . *
pas dû s'écarter des régies Chrétiennes , qui iorfqu'il s'agit de la Religion ,»^;, pimn-
obligent d'en renvoyer la connoilTance àl'Eglife Romaine: Que cependant» dre.
fans tenir aucun compte du Pape , à qui feul appartient par les Loix divi- ^ là. N^Jy.
ncs & humaines l'autorité d'aUembler des Conciles & d'ordonner des chofes ^^^
faintes > il avoit voulu de lui-même faire aflembler un Concile Général ou^i^^J^^ 14
National : ^J Que d'ailleurs il avoit permis à des Ignorans & des Héréti- p. ly i. '
ques de juger de la Religion : Qu'il avoit fait des Décrets fur les biens Pallav. L.
Eccléfiaftiques > & rétabli dans leurs dignités des gens rebelles à l'Eglife, S- c« ^•
& condamnés par fes propres Edits : Qu'il vouloit croire , que tout cela iie ™Lî '
venoit point de fon propre mouvement , mais des pernicieux confeils de
quelques perfonnes malintentionnées contre l'Eglife Romaine,pour lefqueU
fesilleplaignoit qu'il eût eu tant de déférence : Que l'Ecriture étoit pleine
d'exemples de la colère de Dieu contre les ufurpateurs des fondions du
Grand-Prêtre, & que * les pimitions d'Oia y de Dathan , à'jitiron , de Coré, ^ ^ ^
du Roi 0{îas , & de quelques autres , en étoient autant de preuyes : Que iv.
c ctoit une excufe frivole que de dire que ces Décrets n'étoient que pro- 4. Rcg.
vifionels , & feulement pour jufqu'au rems du Concile ; parce que , XVII.
quand une chofe feroit pieufè en elle-même , elle devient mauvaife fi elle y^'
cft faite par une perfonne qui n'a pas droit de la faire : Que Dieu avoit tou- ^^ pàralîp.
jours élevé les Princes aflfedionncs à l'Eglife Romaine , qui eft le Chef de XXYI.
4.1, Il écrivît donc le 2 s dAoût une lort"
gue lettre â l'Empereur, ] Pallavicin & Ray-
naldus la datent du 24. Mais Sleidan la met
au if , comme notre Auteur.
45.Q//f d'ailleurs il avoit permis à des
I^noraiis 6* des Hérétiques de juger de la
Religion. ] Le texte porte , non des Igno-
rans ^ mais des Lûïques, Qiiod Laïcos de
rchuj fpiritualibus judicarc vispojje , nequç
LaïCQ.s modo , fed nullo difcrîmine Laîcos
& damnatarum harefum affertores. Mais
Fra-Paolo a moins fuivi le texte que Tex-
trait de Sleidan , qui porte : Sed illud etiam
quod non idiotis modo , fed & damnatarum
hxrefum ajfertoribus permittat de Religione
judicare. Ceft une véritable négligence , de
fc contenter d'un Extrait , quand on peut
avoir recours à l'Original.
Âa 1
MDXLXV.
Paul 111.
188 HISTOIRE DU CONCILE
toutes les Eglilès , comme Conjlantin , les Thiodofcs , & CharUmagne ;
& qu'au concraire il avoic puni tous ceux qui ne l'avoient pas refpeâée »
' comme Anafiafcy Maurice , Confiance IL Philippe , Léon & plufîeurs auccesi
& que Henri IV. 6c Frédéric IL en avoient été punis tous deux par leurs
propres fils : Que non- feulement les Princes , mais des Nations entières
avoient été châtiées de ces fautes , les Juifs pour avoir crucifié Jefus-Chrifl:
Fils de Dieu , & les Grecs pour avoir méprifé de diverfes manières fon
Vicaire : Qu'il devoir appréhender d'autant plus la même punition > qu*il
tiroit fon origine d Empereurs qui avoient plus reçu d'honneurs de l'Eelife
Romaine , qu'ils ne lui en avoient procure : Qu'il louoit en lui le aéfic
qu'il avoit de réformer l'Eelife , mais qu'il en devoit laiflèr le foin à ceux
que Dieu en avoit charges , l'Empereur n'étant que le Miniftre , & non
le Pafteur ni le Chef. Il ajoutoit : Qu'il défiroit lui-même la réforma-
tion , & qu'il l'avoit aflèz montré , en convoquant plufieurs fois le Con-
cile , & aufli fouvent qu'il y avoit eu quelque lueur a'efpérance de le pou-
voir aflèmbler : Que fi c'a voit été jufqu'alors fans effet , ce n'avoit pas été
faute d'avoir fait ce qu'il devoit , ayant toujours défiré le Concile comme
l'unique moyen de remédier aux maux *, non-feulement de toute la Chré-
tienté , mais plus particulièrement à ceux de l'Allemagne > qui en avoit un
plus grand befoin que tout autte : Que fi les troubles de la guerre avoienc
obligé de remettre a un tems plus commode le Concile qu'il avoit convoqué
il y avoit déjà long-tems , c'étoit à l'Empereur à ouvrir les voyes à fa tenue»
foit en faifànt la paix » foit en fufpendant la guerre pendant qu*on traitetoic
des affaires de Religion dans le Concile : Qu'il devoit donc obéir à fes
commandemens paternels , empêcher tome difpute de Religion dans les
Diètes Impériales , & en renvoyer la connoiflfance ic le Jugement au Pape>
ne rien ordonner fur la difpofition des biens Ecdéfiaftiques , & révoquer
tout ce qu'il avoit accorde à ceux qui s'étoient révoltés contre le Saint
Siège ; ou qu'autrement il feroit forcé » pour remplir fon devoir ^ d'en ufer
avec lui plus rigoureufement qu'il ne voudroit.
^mmmm
S O M M A I R E
Du IL Livre de FHiftoire du Concile de Trente*
L^ paix faite tntrt P Empereur & le Roi de, France donne occajion de
remettre fur le tapis ï* affaire du Concile. W. Le Pape l'intime ^fapricipitO'
tion déplaît à t Empereur qui fait ce qu il peut pour fe faire regarder comme U
principal Auteur de cette convocation. III. // donne ordre àfes Théologiens de
fe unir prêts à s y rendre ^ '& le Roi de France enfuit autant. IV. Le Pape
nomme trois Légats pour le Concile , & envoyé le Cardinal Famïfe à CEmpe^
reur. V. Il fait expédier deux Bulles \ l'une oh font énoncés tes pouvoirs des
Légats , & uru autre plus fecrette , pour leur donner le pouvoir de fufpendre ^
de transférer , ou de diffoudre le Concile. VI. Arrivée des deux premiers Li^
gats à Trente. Ils demandent qu'on réforme la Bulle de leurs facultés. VIL
Mendo^e Amhaffadeur de L'Empereur arrive au Concile 9 & y expofefes de^
' mandes. VIII. Les Légats ontjoin de pourvoir à conferv^lefecret de leurs dé-
pêches , enfefaifant envoyer de doubles lettres. IX. Arrivée des Ambaffadeurs
du Roi des Romains au Concile. X. Ferdinand notifie à la Dihe la tenue du
Concile. Les Protejlans en prennent ombrage & refufent de s*y foumettre.
XI. Le Pape efl mécontent delà Dihe& prend deffein de fufciter une guerre
de Religion. XIL Les Légats confultent le Pape fur Vouverture du Concile ,
6* u Pontife donne ordre de la faire , 6* refufe d entretenir uru gamifon ,
que le Cardinal de Trente lui avoit demandée pour fa ville. XIII. L'Ambaffu"
deur de C Empereur préund la préfféance avant tout le monde , excepté Us Lé-
gats. XIV. Le Viceroi de Naples ne veut envoyer au Concile que quatre Evf-
ques de ce Royaume , quifoient chargés des procurations de tous Us autres. Ces
Evêquess'y oppofent y & le Pape fait ujie Bulle pour défendre aux Prélats
de càmparoîire par Procureurs ; mais les Légats lafuppriment comme tropfe-
vire > & demandent à Rome de C argent pour la fubfifiance des Evêques pauvres
au Concile. XV. Congrégation où l'on traite des préliminaires du Concile , &
arrivée du Cardinal Pool troifiéme Légat. XVI. Perfécution des Vaudois en
Provence^ & maffacre de Cabriires & de MerindoL XVII. L'Empereur fe
rend à la Diète de Wormes. Le Cardinal Famefe demande qu'on n'ait aiuun
égard aux oppofitions des Protefians ^ & il fe plaint du Ficeroi de Naples ^ &
de la promejfe faite d'affembler une nouvelle Diète. Réponfe ambiguë deTEm*
pereur , qui confent à la guerre contre les Protejlans. Le Légat luipropofe U
deffein qu'a le Pape de donner Parme & Plaifance à fa famille , & [Empereur
promet de ne s'y point oppofer. XVIII. Les Protefians preffentent le deffein
qu'on a de leur faire la guerre. XIX. Les Procureurs de l'Electeur de Mayence
arrivent à Trente. On fait difficulté de les recevoir , à caufe de la BulU du
Pape contre les procurations. Lts Légats demandent qii on la modère^ à quoi
le Pape ru conferu qu' avec peine. XX. Les Evêques sUnnuyeru à Treme &
murmurent , mais Us Légats les appaifent. XXI. L'Empereur fait citer l'EUc^
teur de Cologne. On blâme cette entreprife à Trente & à Rome. Le Pape fait
citer en même tems U même Prélat devant lui. XXII. L'Empereur tâche ^
mais inutilement , de faire confentir les Protefians au Concile 5 6* ils pu^
blient un Manif e fie pour juJlifierUur refus. XXIIL On condamne à Rome &^
15)0 SOMMAIRE
à Trente la conduite de H Empereur , & plujieurs Prélats en prennent occajion
de quitter Trente , ce qui infpire au Pape le dejfein de transférer ailleurs le
Concile. XXIV. Paul donne VlnveAiture de Parme 6* de Plaijance àfonfils^
naturel , & envoyé un Nonu à l'Empereur par rapport à r affaire du Concile.
Ce Prince y confent à des conditions qui déplaifent au Pape , qui en prend occa*
fion dordonner â fes Légats d*en faire l'ouverture, XXV. Les Prélats de
France ont ordre de s'en retourner , mais Us Légats Us arrétem. XXVI. BulU
pour V ouverture du Concile* UEvéque d'^florga demande qti on fafft la lu--
(ure de la BulU des facultés des Légats , qui éludent cettejetition. XXVII. On
ouvre le ConciU. Cérémonies faites à cette ouverture^ Exhortation des Légats »
& USure des BulUs du Pape & du Décret de la Sejpon. XXVIII. Sermon de
VEvéquede Bitonte comparé avec r exhortation des Légats s & jugement que
Von porte de l'un & de t autre. XXIX. Les Légats confultent le P ope f ter plu^
fieurs chofes ; & en attendant fa réponfe , amufent les Prélats à des chofes peu
importantes. XXX. Réflexions de Fra-Paolofur Us différentes ejpeces de Con*
ciles 9 &fur la différence de procéder dans Us anciens & les nouveaux.XXXl.
Le Pape fait publier une BulU pour exemter du payement des Décimes Us Prl^
lots préfens au Concile. LesEfpagnols s'en plaignent , auffi-bien que quelqius
4Utres.XXXlLLe Cardinal del Monte propofe le dernier Concile de Latran pour
modiU de la forme avee laquelle on doit procéder dans celui de Trente. XXXIIL
Conujlationfur U titre que ton doit donner au Concile XXXIV. Seconde Sef-^
fion , & Décret qui y efl publié. XXXV. On contefle de nouveau fur U titre
du Conclu. XXXVL On délitirefur les matières dont on doit traiter d abord •
Partage d'avis fur utte matière. Les Légats écrivent à Romepoiir avoir Tavis
du Pape ) quidijffire de leur répondre. XXXVll. Quelques-uns font infiance ,
qu'on commence par la Réformation. Les Légats éludent leurs demandes^ & onfc
détermine â traiter de la doSrine & de la Réformation tout enfemtU.XXXVllL
On propofe décrire au Pape & aux Princes^ & on délibère fur U Sceau dontfe
doitfervirle CenciU. XXXIX. Ia Cardinal Pool propofe défaire lire U SymboU
dans la prochainefefpon^&l'Evtque de Bitonte s'y oppofe.XhJTroifiémtfeJfion^
où l'onfe borne à^ récitation du Symbole de Nicée. XLI. Nouveaux progris du
Luthéranifme en AlUmagne , 6* mort de Luther. XLII. Diffîmulation de
t Empereur à la Diète de Ratisbonne. XLIII. Le Pape confent qu'on entre en
mature y & on propofe de traiter de T Écriture Sainte. Articles extraits des Li^
vresde Luther. XLIV. Tous s accordent à reconnoitre t autorité des Traditions.
XLV. Vincent Luntl demande qùon traite de V autorité de l'églife^ mais f on
avis n'eflpasfuivi. XLVI. Marinier ri efl pas d'avis qu'on parle des Traditions^
mais fonfcntiment ejl cenfuré. XL VII. Diverfité d'opinions fur le Canon dès
Livres fûcrés. XLVIII. Plaintes excitées dans U Concile au fujet des Pen/ions.
XLIX. Congrégation ou l'on égale T autorité des Traditions â celU de CEcri"
ture. Arrivée de François de Tolède fécond Ambaffadeur de l'Empereur y à
Trente. L. Verger vient au Concile pour s'y difculper des foupçons d'Héréfie
dont il efl chargé , mais on ne veut pas Vy admettre. LI . On arrête le Canon des
Livres facrés ^ & on traite de l'autorité de la Vulgate Latine. LU. Difpute
fur Us nouveaux fens que Us Interprètes modernes peuvent donner â rÉcn»
DU LIVRE IL .. '9^
turc. LIIL On approuve la Vulgatt en propofant den donner une Edition plus
correclci & on défend de donner à F Ecriture aucun fens contraire à la doc-^-
triru commuru de tEglife & des Pères. Difficultés fur la formation du Décret.
LIV. On parle de réformer les abus qui fe font gHjfés dans Pufage que F on fait
de r Ecriture. LV. Conuflations entre les Evêques & les Réguliers fur le droit
de prêcher & défaire des leçons publiques. LVI. Quatrième Seffion , & Décret
fur F Ecriture & fur les Traditions. Jugement du Public fur ce Décret. LVII.
UAmbaffadeur de F Empereur préfente fes Lettres de créance. Réponfe du Con-
cile. LVIII. Le Pape prend à cœur les affaires du Concile 9 & donru plU"
Jieurs avis aux Légats y qui lui promettent defuivrefes ordres. LIX. Le Pape
inviu les Suiffes au Concile. Il excommunie FEleUeur de Cologne & le dépofe.
Les Protefians s^en irritent davantage , & F Empereur lui-même a peu d* égard
à ceue Sentence. LX. On difpofe les matières de la Seffionfuivante ^ & le
Pape ordonne qiiony traite du Péché originel. LXI. On remet fur le tapis
t affaire des Leçons & des Prédications. LEvêque de Fiéfoli parle avec beau-
coup de liberté y & les Légats , après en avoir repris rudement ce Prélat , en
écrivent au Pape. LXII. On foutient à Rome Viruirêt des Réguliers , & les
Légats trouvent un tempérament pour les accorder avec les Evêques. LXIII. Les
Impériaux s^oppofent , mais envain , au deffein de traiter du Péché origiruL
Articles extraits des Livres des Luthériens. LXIV. Sentimens des Théola^
giensfur ces différens Articles. LXV. Conuflation de Catharin & de Sotofur
la nature du Péché originel y & de Marinier jur la Concupifcence. LXVL Em-
harras des Pères fur ^formation du Décret. LXVII. Difputes des Dominicains
& des Francifcains fur la Conception immaculée de la Vierge. Réflexions de
Fra-Paolofur Forigine & le progrès de cette opinion. LXVIII. Ordre du Pape
aux Légats de coruilier , 5*// étoit pofjîble , les différends des Théologiens fur
ce point. LXIX. L Empereur travaille inutilement dans la Diète a terminer Us
querelles de Religion , & commence à laiffer connoitre le deffein quil avoit de
faire la guerre aux Protefians. LXX. Cinquième Sefjîon. Décret fur le Péché
Originel y & fur les Leçons & les Prédications des Réguliers. Jugement du
Public fur ces Décrets. LXXI. Lettre du Roi de France au Concile , & dif-
cours de fes Ambaffadeurs. LXXIL Conclufîon de la Ligue entre le Pape &
F Empereur contre les Protefians. Le Pape en donne avis aux Suiffes y & les in^
vite au Concile. L Empereur tâche de diffimulerles motifs de cette guerre , mais
les Protefians Us découvrent. LXXIII. Congrégation où Fonpropofe de traiter
des matières de la Grâce & de lajuffificationy malgré F oppofition des Impé-
riaux. LXXIV. Autre Congrégation où Fonpropofe de parler en mêmetems de
la Réfîdence. Avis deFEvêquede Vaifonfurcefujet. LXXV. Articles fur la
Juflification extraits des Livres des Protefians. LXX VI. Sentimens & di/putes
des Théologiens fur les articles de la Juflification & de la Grace.lXXNW* Jubilé
publié à RomeàFoccafion de la guerre contre les Protefians. V empereur met
F Electeur de Saxe & de Landgrave de Heffe au Ban de F Empire. Les vues du
Pape & de F Empereur dans cette guerre font tris-différentes. LXX VIII. Char-'
les- Qiiini soppofe à la ^diffolution du Concile , & le Pape enfufpend les opé-^
rations. LXXIX. Manifefie des Protefians contre le Pape > doru les troupes
191 SOMMAIRE DU LIVRE IL
ft joignent à celles de V Empereur. LXXX. Nouvelles dif putes dans le Con*
ciUfurles madères de la Jujlificationy ioùVonpaffe à ullts du Libre Arbl-
ire , & enfuite à celles de la Prédejlination & delà Réprobation. Grandes con»
iejlations fur cette matière , fur laquelle on forme enfin les Canons. LXXXL Au^
ères dif putes fur C article de la Rifidence , pourfavoirfi elle eft de Droit divin ou
humain. Les difpenfes du Pape fur ut article en font négliger entièrement Cob-^
fervaiion. LXXXII. Le Pape mécontent de VEmpereur rappelle le Cardinal
Farnife. Avantages remportés par ce Prince fur les Proteflans. Le Paperap-*
pelle fes troupes. VEmpereur s en plaint. Paul fe jufiîfie ^ & ordonne â fes
Légats de tenir la S effion. LXXXIII. Sixième Seffion, Décrets fur la Jufiifi^
cation , la Liberté , la Grâce , & la Prédejlination. Jugement du Public far
ces Décrets , fur lefquels les Tliéologiens ne saccordoient que dans les termes.
Catharin & Soto , quoique defemimens oppofes , prétendent chacun que le Con^
cile a décidé en faveur defon opinion. Autre Décret fur la Réjidence. LXXXIV.
Congrégation où tonpropofe de traiter des Sacremens en général ^& des abus
qui Je font introduits dans leur adminiflration. Les Efpagnols ont envie de re--
nouvdler la que/lion du Droit divin de la Réjidence , mais Del Monte ittuU
leur dejfein. LXXXV. Articles extraits des Livres Protejlans fur les Sacre*
mens en général , & fur le Baptême & la Confirmation. Sentimensdes Théo*
logiens fur tous ces différens articles. LXXXVI. Différend entre Us Dondni*
coins & les Francifcains fur la manière dont les Sacremens opèrent ^ ^ fi^
d autres articles. Grandis difputes fur le genre iinteruion qui efl néceffairt^
LXXX VII. Décrets formés fur la réforme des Abus , & arande contçjlasion
fur la gratuité de Cadminifiration des Sacremens. Autres Décrets formes fur la
DoSrine. LXXXVIII. Difputes fur la pluralité des Bénéfices 9 & remïdes
propofés contre cette affaire au Pape. Ce Pontife veut révoquer à foi par uru'
Bulle y mais le Concile s y oppofe. LXXXIX. On^ Articles de Réformation
propofés parles Efpagnols ^ & inquiétude qii en prennent les Légats* Le Pape
fait délibérer fur cela Çf envoyé fa réponfe. XC. Paul II L commence à crains*
dre le Concile & furtaùt les Efpagnols , & il fortifie fon parti par tenvêi de
nouveaux Evéques Italiens. Il forme le deffeiu de transférer le Concile â
Bologne & mandefon projet au\ Légats, XCI. L Empereur dépouille t Ar^
chevêque de Cologne defon EleHorat. XCII. Mort de Henri VIII. RoidTAn*
gleterre. XCIII. Différence tfavis entre les Légats fur les demandes des Efpa»
gnols. XCI V. Les fentimens font partagés fur les Difpenfes ^ fur la Réjidence ,
fur les qualités des Evéques & des Curés , fur la réforme des Cardinaux ; mais
le parti des Romain^ prévaut fur celui des autres. XCV. Septième Seffion»
Canons fur les Sacremens en général y & fur le Baptême & la Confirmation ,
& Décret fur la réforme des Abus. XCVL Ordre de transférer le Concile ,
fignifiéaux Légats. XCVII. Pour y obéir ils prennent prétexte iTun bruit de
contagion qui sétoit répandu. XCVII I. Les Efpagnols s^oppofen/^^ la propo»
fitiony mais la majorité Cemporte. XCIX. La tranjlationejl conclue & exécu^
tée fur le champ. Huitième Seffion » oit on licentie le Concile. Les Légats
quittent Trente , &fontfuivis des Evéques de leur parti. Les EJpagnols refu*
Jfent defuiyre Us autres^ & refiènt à Trente. CMort de François L HIS«
^®. ^^ ^w >SiïSiïïis,ïHKM»TO»!T JK'ît ^'^ i*'"
HISTOIRE
DU
CONCILE DE TRENTE.
LIVRE SECOND.
j A guerre entre l'Empeieat 8c le Rcn <le FEincê ne dura pas
t loog-ienu. Cai Chartes vît clairement > qne pendant qu'il
itoit occupé contre les François , & fbn ficte contre les
t Turcs, l'AUetn^oe marchoit agrandi pas à la liberté j &
• que bientât elle ne vôudroÏE'plus reconn<^tre l'autorité Im-
Pcriale. Aînlî , pour ne pas imiter It cbieti ne la f^bte , qui conrant apt^
ombre perdit réellement Ùl proie , il & détermina i prêter l'oreille aux
propcfitions de paix faites par les François , afin que délivré de cet embar-
ras il pût faire ùm accommodement avec les Turcs par l'entremife de la
France t Se donner enfuite toute ibn application aux sHàires d'Allemagne.
* La paix fut donc conclue entre ces deux Princes à ' Ctépy en Valois le
14 de Septembre -, ^ Se ils convinrent encre autres chofes , de défnidie
t. La paix fat dont eonelue mtrt ea
dtux Pr'mets A Cr^ m faioU It 24 de
Sepitmirt.] Ctd ce qoe dît M. dt Tkou
a^èt Sleidan , qa'a fuivi noue Hilloiien.
PalUvit'm an cantnire marque ceicc piii
W 17. Mtii Stsucairt, Spondt, It Rai-
natdiu b mettent an iS , qù eft 1ï va-
lable iue, comme on le voit pu le Re-
coetl des Tnitjs de piiz.
X, lit eonvmrtiît tmre aturts çhofet ^^
et travsiiter dt eo/utn i la ràtman Jt l'E'
Tout I.
^e , Cf à U r^iitaàon de U Cour dt
Rome. ] Çavoit toujoon été l'intention
de ces Princes j qui convaincus qne les dî-
vilïons en midoe de Relieion renoient
originaiiement-iles ■bus qoi i^noient dans
l'Eglife, & foi-toui à la Cou de Rome , Te
proposèrent de commencei pu ié£bnnei
ces abus. C'ell donc aSêz mal à propoc
que PaiUviein dit , qu'il n'eft point parl^
de cela dans les Capitulations. Ce font de
ce* chofèt qui avoient d'autu» moins be-
Bb
La f*ùt
fmit tntrt-
lEn^tnmr
éUKtidt
trmiet,
dtmutet»-
fitmde n-
VMttre fir
ftw A»
<iSIcii.L.
ij.p.iji.
Bclcar. L
Thuan. L.
i.N» ij.
Kayn. ad
N
Spond. N»
Pallav.I,;.
SpODil.
194 HISTOIRE DU CONCILE
uDXLiT. l'ancienae Religion ; de navaillet de concetc i ta céunion de rEjdilc , Se
Paul III. ^ j^ réfpctnadan de la Cour de Rone , d'où venoient tomes les di|Ieniions ;
, . Ôe de s'unir pour demander au Pape la convocation du Goncilc , quole
PaoJ m.'" ^^ icavaillcroit à faire accepter aux Proteftaas , en envoyant un Atiibaflk-
dçw-^-1^; Diète. lie l'^P^'s ràï cjuc l'opporuion d'intérêts de. ces Princes ne
leur pcrmectroit pas d agir longiems de concert , ne s'effiaya point de la cé-
folutM)9-qu'ils avoient ptik au.iiuçt du.Cooqle 6;^ dç la B4ibrnuâoa4. Se
il ne douta point que cettqR.craiination devant s'esécutst par le inoyea
du ConcilCi il ne nt tournai ce projet tn^me auprgfit de Ibn autoàté.
Mais craignant que s'il convoquoit le Concile à l'înffance de ces Princes ,
on ne crût qu'il y avoir été forcé , ce qui ne te pouvoit faire fans affbiblir
fa réputation > & relever le cour;^ deiccux qui tendoient à diminuer Ton
autoriré, il ne voulut yns fe laiuer prévenir. Sans attendre donc qu'il en
(Tu iblliciié , & djfllmulznt tous les-feupçons qu'il avoitrconçus contre
l'Empereur, & fiir-tout le chagrin qu'il avoir de voir la paix faite Tant
fa participation , & m&me avec des articles préjudiciables à fôn autorité *
' il publia une Bulle, dans laquelle.'' invitant toute l'Eglife à fe réjouir
fiRayn. d'une paix qui Icvoit l'unique obftaclrqu'il yavotti Ix rcrrae dn Con-
'*^'" cite , il l'intimoit de nouveau i Trente pour le i j du mois de Mars
fuivant.
~. . . II. L E Pape voyoit bien que le terme étoit trop coun pour notifier la
,^_[^o'^p'cIiofe à tout le inonde, & donner aux Prélats le tcms de s'y djfpofcr & de
Lt Taft faire le voyage. * Mais il croyoir > que puifqu'ïl faltoit tenir le Gèftcilo'^ it
tiniime , é-
yâ;m;^i(«-fdn d'être fpceifiéci.qne cesl'rincei (tant 4, Mais it eroyoit ^ qu'il Jii^ iuft
tien Jiff^ii convenut d'agir de concerr poar.la lénnion ^vantagtux dt. U totattUcer avteptu,^
À TEmpc- d«;l'EgJife & la tenue Aa Concile, ramre Préiau » & mhu ^i.jkfftU Ï(mS*v mi
rrur, qui anicle ctok une fuite nécclFaiie.^ ceiu-cî. gfnt di fa Cour & dt fa ^éf^damtt^ 11
fatt ce qu il (^^11 ce qa'i fort bien marqué Onaphrt , iioii fans douce fort îiDponant sa Pape ,
/rw f u«r/« njji jjf^ jjyg Paul III -iy^m fu ce que qu'on dLteimînît à là faiisliâion Ik-mani^-
fAtrt f'S'^- CkiirUiai.Fntnçols»yoi&ni^m]etttà.Crépy re de procédai dans le Concile; Kc'eft'
."^ - *' .contre la Cour de Rome, indiqua aufli- ce qui a fait croin iFra-Paola, que çV
AHicuT d *^^ ^^ nonve»u le Concile. Cogngfcent vf voit été la tm qm loi aTCit frit- preridiv
«/««(WM-'^" y* '"/"'" Crepinii comt*» Rtmanam- un terme /îcoan'pour.'&MOiifnnmOft'
t»:if»H ^'Orùn Regti agitaverant ., Cmiçilam^ nw peittfeqpi ji>h «flpiin^iiTcliitrmii 4»
- bello huBeniit imptdimnt denu& convoea- ce qu'^ifn^ avoit dit, que léPapetVaiE
vit infefueMtis anni mtafem MankimL Cil.^ prellè fa plv confiAni^dvin nBdn ai
n'ell donc pas une vaine iinaf;inatian dé' Tte»Ec, avec ctitfwex-taatitéa'tt'^im-
' noaa Hiftorien , comme l'appelle Piji/a~ qne plut lentemenT. // PoHuficc vi '
vitin, mais un 6it bien attcOf pat un m^co invitaia aicnai de fuiù Ktfc
Asteur qui n'Jtoit certainement ennemi fidiU, ecmsitdando j gli aliri pt
m de Paatn\At\a. Coui de Roma , non rntnit chc vi fi dovtfftro pn/Husa. Crpi
plat que f^Mi/f, qui noofaâine de- li mf' dam il TamMe qu'ii ^ait un peu trop:
meçhofê. Difinemcmidanscetteixtlin^m ft'^i
\, Il'pnklis- knt SuUidëiulaqueUi^ roii plus voloniierr,
&-C.J elle cil <iatte-dft'i9'A-Nc»vembn qa'eut Aii/il«a ~
1S44. wÂ&n ' '
r!i
iui étoit avantageux .deile commencer: <ifvec peu de Prelars^^ & ,même <}ui ^plt;i{7«
rfbdenc Italiens ou gens de. fa Cour & de fa dépendance , qail fpUiciceroïc ^f^i^P^*
ok 5-y rendre les premiers» catitparcqque Ton y Revoie traixer de.U'mamère • '
lie pooeéder /dansL leConcilç, dKHejcrès^iapo^wtejpour lui^, &'d*9Ùdépen- ^
41dic. 'entièrement larcoriferVation>dp^(pni aiK^Q(ii^:; fque rparce^uecou^içeqx
mtiarriveroisntiaprès » feroient obitgés^C)fe'ib|Ame£cre à co qui aucoxt été ^
Ctt»lé« ^c de peuirqu'oa ne.fïlciorpfîs de 1soii:^j>mii^cer un Concik (fjéné- . v .
rai avec fî peu de monde , il difbit qti'on en avoit ain(i ufc 4a&s IpiÇÔacile t
olePiiè & de Coriftande s^qui h-avôientpiitt laitlerp^urcda d avQir un <|ieu*- . . ,
mox'fucoès. .Cdmme il aVoit pénétré d* ailleurs la* véritable caf^ de la.paiz , .
di écrivît à TEimpereur , qu il s^étoit Jiâtéifpour l|ii rendse iervic^ de coavp^
'^tidir Jo: Concile ; a£n de luictioEOner ^tsiCyenUp^-Urdc^s'cxc^fçx' auprès dps '
iMOieftans'dans laDièœ>qui le deviriceenii^^ S^ptepi^boç^» i^e ,f e^. l ,'-'
zmé £aqrcé do leor promettre., à ^taufe de 1a guerre «^'il avoii; alprs ^y^/ia . : ' . 2
frAnuiœ. • • 'V'
' MILMai s FEmperenr -nàfttt'conttat'iu 4e-la précipitation du Pape » ' _ •;
***^i-dêsirailbnsqbHl apportoirpoor la^ftiâer ,f parce roue^pour ^^'P^9P^^^^i^%f^
•0é(Hiiacian » & pour fkire^usepter pks auetnent Iç Concile ^xiAllcxqands y.tkéihJSs
6c pour d'autres raifons encore > il eût fbiibaité qu W. i'^p eiu i^a]4é^oixi*%^'jft^<«#à'
imc^ fe principal! amène; iMais neipouTant tlé&itf!^ ce qui^érpit fait- ,. il (c pn- pf"^^* ^ '>
Hbifit de celle manière , qu'il^arucricsi le! ¥éffitab{^.)>Fomoreurdu Cécile, ^^'^^
^(Cpte le Pape n'étoit qàe^fbn fécond. Il -envoya donc des Anât^ailàcleurs^à N'^^.sf^.
' icnules Princes pour leufnoti&r'la eonvocatiCMv du -Concile , & les prier Pallay.L.5i
^'f emvoyer leurs AmbaÛàdeursf pour honorer -eeece A^Ièmblée de leur pré-c 7.
"'laioe y ' ic ^(ifimier ks Décrets qlii a'y feroiejit. 'Eiifûite r^ ;^>ppliqua aux
^Mépacatifs , comme s*il eutséoèrauteurideVtintKdpffiiiè. {Idojinâ divers or-
jims M» Prélacs >d^pagne •&• de$ Daïs^^fiaSfi&^ocdodna^enrre^tres ^ aux dRayn:
''Ilitetogîeiiside Ix^uvaioiiiefs^reteUàrcpoa^^ qui d^-N^* 55.
iraient fe propofet M Concile, f Ces Doâeurs 6>rméreat donc xxxii Ar-
•
»flWMi4aC(>nQile,&,qallfnétoic le principal fuffi o deiemmaJIe , 'cûnqfçctido la cofa
proniotear. Il avoit en effèt toujours afiedé' poter ijje'di molto pregîûdicîo alla Corte
de le faire croire, depuis le commence- Romana. C'ed ce qu*a obfervé aufi'i^r-
'téknt'àe Con Poètî&at. 'Irlus; ^çomme il rgas dans (è& mémoires. ,\ p. «^.i j8(./i. &
nHaàgnoityefi -Àième: t«ns,- qii'.il ne' s'/?/ît ce dont la fuite du Concile mondera âiifèz
qudque chofe contre- Tes* îfmtrics, il :étoit ^Ja véi^té.: "
^bien* tife dy évoir . «a' commencement un ,.$, Ces ^boj^joirsfo^rtnt danc j 2 Arti*
cerMin . nombre >d*Ë^o^ entièrement à ^ctc^, Asç»] JL'E^ion de LpivJr^ porté xi »
-doi^Jpanre «)Q*îl.-tûi étoit^flibnûe^qa'onne . 'mais f ë(liaiis'doate «n'e-'&ike'de Cppîfte ,
>4étennifutineni far-U.maiiiière d^ procé- ii£fahi^dans4^s'^dûions de.Cenèye. Car
néer, âui pût rempCdber 'd'èare-maUre \àt yû\j .esfi,.^voic;j.'rfellèaaient/^» , foinme, le
'pnpoter te qd'on;/ devQii;d^UbNKr)'a3m-' ^^ii^pqueaf J^;^^^ ^^ ^^'
vimW.ik'Adnmi<^.hi s», p* ^O4é'^^iy0'. w^-firéff-Paôlq copie ordiQaix^Qni,en( ce'det-
Uva chiîLegatifiwiitgnieàitfMpytuiffiro^ .t^HJler'Hi(^enf:furx;çs^^
e cki fcnia lor conftnfo nuUa vi^fi prop<^ .gurs , îi çj);.^^ viuble'|]a*on àe peut
Bbif
196 Histoire du concile
'ttDXLiT. ricles 9 ^ aulls propoferent magiftraleiDcnc à croire , fans les appuyer par
Vavl IIL aucun pailàge die TLcricure *, & l'Empereur les confirma par un Edic , avec
*~TrT ordre à tout le monde de les fuivre. Il s'expliqua enfuice au Nonce ranr en
itf Ik^xc^ ^^^^ occafion 'qu'en plufieurs autres audiences » en termes qui marquoienr
f kii!^ , il ïc mécontentement qu'il avoir du Pape s ^ & il défendit même i trois Ef-
i4i.N®4i; pamols que Paul ^yoit créés Cardinaux ^ dans une promotion de treize
/Pallav. qu^ii fit au mois de Décembre ^ d'en prendre les marques » & d'en porter le
^ycj. nom 8c l'habit.
L# Wdi 7 Lb Roi de France de fon c6té r fît auflîaflèmbler les Théologiens àc
37
Dap. Mein. rétabliflement de la Pragmatique Sanâion. Les autres , craignant d'o&nfcr
P* !f • le Roi par une demancfe qui alloiri détruire le Concordat qu'il avoit £ûr
ë^ ^ é ^^^^ ^ ' ^^ Youloifnt point au'on touchât à ce point. De plus comme ils
Spônd. ad * étoient aufli partage fur l'article des Sacremens » aufquels quelques-uns
r 4c . attiribuoient une emcace miniftérielle » que d*autres rejettoient > 6c que cha»
an. I
M^* I. at A. cun vouloit faire paflèr fon opinion pour un dogme de Foi > ils ne' purent
^'^^o ^ convenir d'anrre chofe » fînon que 1 on s'en tiradroit aux zzv Acticfes pa-*
141 J^ 4». yj^ jçjy^ j^ auparavant.
L B Pape cependant ayant (ait part au Roi de la mauvaife difpofition eik
paroiflbit l'Empereur à ton égard , le nria d'envoyer au- plutôt fes Ambaflk*
oeurs au Conale » pour y défendre les intérêts du Sièêe Apoftolique \ de
ordonna en m^e rems à (on Nonce auprès de Charles ce profiter de toutes
les occafions , où les Proteftans pourroient donner quelaue chagrin â oe
Prince » pour lui oflfrir de fa part toute Taffiftance fpirituelle & temporelle
dont il anroit befoin pour recouvrer fon autorité. Le Nonce n'ayant eu que
trop d'occafions de le faire » l'Empereur , qui comprit qu'il pourroit avoir
î^foin du Pape » relâcha de fa dureté ) & pour en donner une preuve > il
permit aux nouveaux Cardinaux de prendre le nom & les marques de lew
dignité » donna au Nonce des audiences nlus favorables » & conféra avec
lui fur les affaires de l'Allemagne plus fouvent qu'il ne faifoir aupara«
vaut.
sejetter cette &iite que (nr le Confie ea
l*;bnprimear.
tf • // défendu mime à trois EJpapÈoU que
Péoti svoit criis Cardinaux — ^en prcn-
ire Us marques j &c. ] Ces Caidînaoz é-
toient Gajpard ^Avalos ArcfacTÊque de
CompoRelle , François BoèadiBa Brèque
deCoxiâ , & Barthéknd de la Cueva. Pal"
taviein dît qœ la raifon de cette défenfis
vint du m^ncenrement qo'tyoit l*Empe-
Veor , de ce que Pitrré PicheeoEfèqptét
Jtien n*aToit pas été oompt» dans cette
pRNnot!oii«Céla pentèore Tfài : mmtFra^
Paolo ne dir pas le comnîare^ comme fe»
accufe (on adTerfaixe*
7. Le Roi de France de fon tUéfta^
JemhUrles Théologiens de Paris â Meium^
&c. ] Non pas toate la Faculté de Jhéolo-
g'e , mak amplement douze Doâeofs qui
rendirent à Melon far la fin de Kovcm-
brei âc nous avons dans les Mémoires de
M. Di^uy \t letcrd da Roi à Claude d'£f
pence pour $'7 troevcr..
DE TRENTE, Livre IL 197
IV. L' Empressement du Pape ne fe montra pas feulement dans la unxzir.
convocation du Concile, mais encore dans Tenvoi de fes Légats , ^ qu'il ^^"^ ^^^'
obligea de partir avant le tems , & de fe rendre à Trente les premiers , quoi-
que quelques-uns lui fiflcnt entendre qu'il étoit de (a dignité d'envoyer au- „^^^ JJ^
poravant quelqu'un pour recevoir les premiers Prélats, afin ope fes Légats i^^j^^i^ p^^
pudênt faire enfuite leur entrée avec plus de cérémonies & oéclat. Jean- le Concile.
Marie dtl Monte Cardinal Evèque de Paleftrine , Marcel Ctrvin Cardinal ^ ^^y»- ^d
Prêtre de Su Croix , & RéginaU Pool Cardinal Diacre de Su Marie in ^"ô |^^^
Cejmedin , furent ceux qu'il choifit \ le premier , à caufe de fa candeur & Spon'a. ^*
de fa franchife , ' & d'un attachement ii fort pout fes Maîtres , qu'il ne N"" 14!
quêtant Anglois , toute 1 Angleterre netoit pas
fi^lfe. Le Pape ne leur donna ni Bulle contenant leturs fruités , ni Inftruc-
fions par écrit félon la coutume *, parce qu'encore incertain de ce dont il de-
voir les charger , il voulut attendre à fe gouverner félon l'événement & les
démarches de l'Empereur : & il les fit partir avecc le feul Bref de leur Lé-
gation , qu'il leur avoir fait expédier.
Mais, outre l'affaire du Concile dont le Pape étoit occupé , celle de ^l inwU
la Diète qui devoit fe tenir i Wornies en l'abfence de l'Em^reur , 8c qui ^ ^^«^
ne lui paroiflbit guéres moins importante , n'attiroit pas moins fon atten- ^£^1^^^
non. Comme il apprehendoit que ce Prince irrité de fa lettre n'y fît ^ire
ibus main , ou du moins ne permît qu'on y fît quelque Décret encore plus
préjudiciable à fes intérêts que ceux que l'on avoit déjà faits \ ^ il jugea né-
S. Et iun attachement fi fort pour fts
'Maîtres j <iu*il ne' pouvait facri fier leurs in*
iéréts â fa propre confciencei ] L'Edition de
Londres y qai porte , ehe non poteva pre»
porre gli intere^ di quelii alla propria cof-
eien^a , eft vifiblemenc défedueufe , & c'eft
ce qui m*a obligé de fuivre U leçon des
Editions de Genève, otl l'on lit pojporre au
lieu de preporre. En effet , qu'y auroit>il
i blâmer dans rattachement de ce L^gaK
pour fes Maîtres , s'il eAc toajbois préfixé
& confcience à lears intérêts? Au refte^
par les éloges qoe Fra - Paolo donne aux
autres Lég^s ^idel Monté loi-même > on
ne oeut pas croire que c'ait été par malignité
plutôt que par fincérité-^ qo'il en aie donné
ce caraà^re. Car ^ (ans vouloir s'en rappor-
ter trop aveuglément ni à l'autorité de notre
Hiftorien qui le critique ^ ni à celle de
Pallavicin qui le loue i à en juger Am-
plement pax l'idée que nous en donne ià,
conduite dans le Concile , on fencaflfèz que
le jugement de notre Auteur n'eft pas extrê-
mement exagéré.
9. Il jugea nécefiaire d'y avoir un Mi--
nifire d* autorité d» de réputation , en qualité
de Légat, ] Pour avoir occafion de décrier
le témoignage de Fra- Paolo , le Cardiijal
PaUaviein lui prête fouvent des imagina-
tions auxquelles l'autre n'a jamais pen(£.
Ainfi pour le contredire ici , il foocient que
le Pape n'avoit jamais eu deflèin au com-
mencement d'envoyer Famkfe pour L^ae«
MaiSj Q^ Fra- Paolo a-t-il dit le contraire,
& même ne l'infinue-t-il pas aflez par la
fuite? Parce qoe cetHiftohen ne rapporte
ordinairement que ce qui a été fait , le Car-
dinal en prend prétexte de l'accufer ou d*o-
miflion ou d'ignorance. Mais il Ct trompe.
Ce n'eff pas une faute d'omettre ce qui n'eft
nullement ellèntiel au fujet > c'eft difcerne-
jnent dans un Hiftorien > & fi Pallavicin
Y>« H rs Tom£ iDV con cil e
*UTixtT7. cefTaire â'y avoir un Miniftre d'autorité & àc réputation » en qualité
•Paul III. ,jç -Légat. Mais -dans -la eraintc où il étoit de recevoir un 'affront fi «
"— ~~" Légat rfétoir pas reçu dans la Diète avec tes^honneurs requis, il treaya'im
f Pâllàv L. ^crop^ïûetït , * qâi'fîit ,-en isnvôyftiit4e Cardinal Fâméfcfon iievea:ir£in-
j. c. 8. ' pereur , de le fuite p^r^^'Vâ^ttifcs^potir y dotitierfes'Oïdtes auac Gâàia^
sieidL. i^. tiques , d'où > aptes avoir feglé et qui cenviendiroit , ilfe vendcuiràcipsètHle
p. 1^0. ce Prince ; & de dépêcher en même tems '» Fàbio^Mignantlio de Steitfke
Evèque de Groflleto > en qualité de Nonce auprès du Roi Bifdmaml^^sûc
ordre de le fuivre à la-Diàte.
1/ fiUtex' V. T o V'K V A'K T ' ettfiiite toute fbn' attention aux-tfdiMs^ Trente , îil
2LWA/ "P^csà fuivre; Gât au dernier Gôncile de featran le ftipe y-ttvcitipiîéfidé
/«^Mv^ff/ i^/pcrfodiie , cotnmeauffi atiparavam Eugène iri celui ^Flotence, fûPi
Ugats ; xXIir- te Màrnn V ^ celni de Gotilbmee » où l-on ^it fin iiu> Schifitie^por
ia déposition de trots Papes , & AlMàndré V\ la fin de celui^de Pife, ^i
avoir été aflèttiblé ^r les Gudinaux. DAns'testeins'eticole'plas' scions»
' CUnttnt V aVôit été préfenr au Gbncile tte Vienne > fffnoitnp IK^ ^Gfstmire
X aux deux Conciles de Lyon » & InHotent III-^ ^ui deXaitrM. ixC^at^-»
cilede Bitei, dans le' rems qu'il teconnoifloit !£«^^^ ÎVy étoit le^feûl où
^h)n eût envoya' des Légats \ i8c il eùr été d'un trop mauvais ptéi^e d'imiitr
te Concile en quoi que ce pur être. '' Il fut donc réfolu de fonrtier la-Botte
ide lamanière fuivante ^JPaul y difbit : qu'il envoyoit fes Légats au Gon-
* Raya, cile qu'il avoit convoqué à Trente ,- comme des 'Anges de paix ; & que de
^"^ 5^* ctaititeque faute d'autorité ia célébration oU la continuation du Concile^e
^fùt letardée.^ il leardonnoit un pouvoir .plein 2^ entier d y préfider., &
djy faire cous les Décrets -& Statuts convenables , i8c de les. publier dans< les
Seffions felon la coutume ;>de propofer , conclure > &'^aiter tonr ce qui
feroiti)éee(Gdrepc)ar-€x>ndamiler & extirper les Erreurs 'de tous- les Royau*
nies & de ' totlKies les Provinees > de connoitre» entendre, *'& décider ^ de
toutes les caufes dliéréfie , & de tout ce qui appar tenoità la Foi Catholique ;
de réformer l'état de rEglîfe dàxis tods les ^membres ,. tant ' Eçdéfiaftiqâes
^que Laïques-, de:procUrer la paix entré les Prihc^' Chrétiens '^ de détentimer
lout ce qu'ils rageroienr être de tvhonneur de^l>ieu^ & fervir à l^ugniep*
•cation delà Foi Chrétienne / de repriaser:ipiarixrfirurcs & peines £ccTéiiajr-
'^ues' tous les dpporans&les^pebetles,ide*4^uelqele dignité & condition
gu'ils fuffent, quand'bîen mèitieils feraient rerèttts^deUa 'Dignité Ponci^
cale ou Royale -, '& de' faite tolkte'Àutte'chbfe'nécéiratte î6f eonyenable po«r
en e&t'fiiît paxoînre autant '(}ûe''rdrï'iildvér- •'^''i^\s^'éc^\\îtkc^ti^
faire , illé ffit (bavent épàr^é éé$-^rfeè:kér- '>t\. ll'fhrdone fifiAu drfomtrla^FnUt
ches , qm montrent plus (à leSOte qtfe fbn WU ^anïhc fuivante. ] ' fitle éft '<k^e ^éu
jugenlenc. ■ % l'dëïéVrifer i f 4 f ; aofli bi^en^qUeceHequi
lo. Fahio Mignariillo de' Sienne Evcjue Uôhnoit âoïLé^trie pouvoir 4e*transfEfex
/«Gre//^/oJil ne futEyê^âeaeGïôtéto 'le'tbttdle.
D^E TRENTE, Livre II
^exûcpatioû des^Héréûes &c. des Erceucs , pouc le recour des Peuples féduics ^^xinr.
4 robctiraDccdu Siègp Apcftolique , 6c pour la conJfcfvaciQQ & le rétablif- ^'^"^^^^
femenc de la Liberté Ecclcfiaftiquc : à ccsodiâon cepc^ajoc >,qH'en<coui;cela, --
ib-he ptocéderoient qu'avec le confenrerocnct dui Cbocile*
A.PR.£'s avoir pris ces mefures pour avancer l'afTaicedaCopcile, lePape,^ ^^^ ^^
^«ne. penfoic pas moins aux. moy ens^ de Je di0Qudre: apsè^ qu!il fc^ic> ir^ phs fi^.
cônmencé r (i fes intérêts le cequéroicot ^ cmt.dfvoir> dooMC à/t^. LqgaA» ^^f^yf^ar^
pttun Bref parricuiierJ!amadtc de le proi»açr » diffwdf^'i.Q» tuiwftw.W ^*^ *w^
lUcor plaitaittCommè^vDitÊdr avanfluiinmy^/^f.qiii criiii^^ Jk^^hh^
Bctnele malheur arrivé i Jean^XXUl à Ctoftbnce > donM k^ mème^poiir dr^^ y JSt
^Ecnn aux Nonces qttil.eEiyoyoit:à.Pavie : heut^ux fecretpoor traveifcar^par tramfkw »
Mtles déiibécacÎQas^ jqui pourroient être contraires au» vueadit R0<»|&« *^ Il ^^^^àigéM^.
Àinnadonc que^uerjouts- après ifesI^ata^pafiUoeaiiitveBuUi^^Ma^ ^rO»*
ai; de Fé varier de la même année » la faioulté die cnuMfécQr le Conçîleu . Mak / ^ariu.
cûmme nou&enjdèvoos parier aiUeursài'occafionrdii^aifraii^iltfl^U Synoi-^N'^ i«.
dà à Bologne > nous remettons à. ce toms à. lapponef cC''.qpfli nousjavonii.sk
to dite.
Vi. Le. 1} de Macs^œxLv, °^les Cardinaux dc^Afo/ii^ &! de iSr^.Crc?^. Anlvi%^
aonverent â Trente , où ils furent reçus par le Cardinal Madm€c% ficfirent^^^ '^f'^*
tesr entrée publique le même jour , accocdanctrois ans £c autant de quarati* Rentiers
fliiiies^'Indulgences à tous ceux qui- y étaient pré&os^ dansl'eipécaticequc^Trf^^
W- Pape, qui>nis:leoc avoit point doniié ce pou voie,, ne laii&roit pas qoe de m sieid.
mtifier cette oonceifion; '3 Us n'y trouvèrent aucun Prélat, quoique le Pape L. i6, p.
itn.euc fait partir quelques-uns de Rome» afin qu'ils s'y trouvadencaatems^^o.
prefcrit. VlnL^^
La première chofe que firent les: Légats, fur. d'examiner la: tennur desi>^ i^
£tcultés'que leur donnoic la Bulle« Ils^ convinrent de la tenir fecrécre >. &.de Pallav. Ly;
flipréfenter au Pape : " Que la claufe de procéder avec le confentement du 5* ^•
GoBcile reftraignoittrDp leur pouvoir, & leurégaloît le moindre Préiatj;: que V^ ^^^f^
^ifafMt donner ttopdelibertéL&mcmedclicenceà la multirudejâ: qu'il fcroit^^^
très-difficile de la gouverner, s'il falloit tout communiquera tous. '^ Ces BulU de
nûibns furent approuvées à Rome , où l'on corrigea: la BuUe fur lettrs:aYis , /r«r/ /«•
€uhh.
■ XI. IL donaa donc^ quelques jours après,^ . me^^j^HtV ou corrigea la.SulkfuxUufs- avisai ' n Pallav.
fis Légau par une autre BulU — Ufaçubé Onlelçur.a^itpromiseneffçct, & l'on en L. j.c. pi -
de (rànsfirer le Concile, 8cc. ] Ce ne fut pas délibéra. Mais fur les réflexions que 1 on.fic ,
Ofielaues jours après , car les deux Balles que le poaroir q^'on leur donnôit de ne
nmt datées do même jour , ceft-à-dîre , du lien faire que du confentement du Concile
t des Calendes de Mars , ou du 1 1 de ne regardoir pas la Eeiculté de propofer ,
Février^, comme on le peut voir dans Ray- mais celle de (lacuer & de décider , ce qui
kalàus , & comme en convient lui-même ne poovoit fe &ire efieôivement fans' ce
Fra^Paolo. conlentemenr ^ ^n ne jugea pas à propos: de
I ^ , //r ny irottvhint aucun Prélat , &c. ] rienchvnger dans la Balle , comme on le
Selon Pallavicin il j en aroic un , Se cVtôlt vott-parune lettre du Ca^udÀFamèfic\i6ê
sekn de Cava. par PaUavicm^
i^» Ces raîfons furent approuvées 'iRo'^
loo HISTOIRE DU CONCILE
MDxtiv. Se on leur y donna une autorité abfolue. En attendant cette réponfè > les
Paul IIL Légats firent préparer dans TEglife Cathédrale un endroit pour les SeflionSi
— — — ~" capable de contenir quatre cens perfonnes*
j^^j VII. Dix jours après les Légats , arriva à Trente ® D. Diego de Mcn-^
AnAsffs- ^i^ AmbafTadeur de l'Empereur à Venife > muni d*un très-ample Mande-
éhmr df ment daté de Bruxelles du lo de Février. Il fut reçu par les Légats accom-
tEmfiTêftr' planés du Cardinal Madrucc & de trois Evêques , les leuls qui aoient arri-
c^^'i ^'tv ^^ ^'^^^ ' ^ ^^'^^ ^^ ^^ ^° ^^ marquer. ici les noms » parce que ce furent
Téxpûfefis ^^ premiers qui fe rendirent au Concile. C'étoienc Thomas Campimt Eve-
demémd€s. que|de Feltri , neveu du Cardinal de ce nom \ Thomas de S. Félix Eveque de
^ Rayn. Cava ; & Comelio Mujjo Francifcain Eveque de Bitonte , le plus éloquent
^^ 4- Prédicateur de fon tems. Quatre joiurs après , Mendo^e p donna fes propofî-
h!^?c ' ^^^^ P^ ^^^* ^^ y ^^P^^^ ^^ bonnes intentions de l'Empereur pour le Con-^
Pallav. L ^6 9 & Tordre qu'il avoir donné de s'y rendre aux Evêques d'Efpagne »
5. c. 8. qu'il croyoit déjà en chemin. Il s'excmafur fes indiibofitions » de n'être
Flcury^,L. pas venu plutôt > & demanda qu'on commençât au plutôt le Concile» 8c
X41.N 8^. q^ç ^>Qjj y travaillât à la Réformation des mœurs» comme GranveUc ÔC
N^4. tc^. ^^ lavoient demandé deux ans auparavant dans ce même lieu. Les Légats
donnèrent auffi leur réponfe par écrit. Ils y louèrent l'Empereur de foit
zélé > reçurent les excufes de fon AmbaHadeur » & marquèrent le defir
qu'ils avoient de voir arriver les Prélats. La proportion & la réponfe furent
reçues de part 6c d'autre fans préjudice aux intérêts refpeélifs de leurs Maî-
tres : ■ f précaution , qui montre clairement avec quelle charité Se quelle
confiance on traitoit des deux côtés , puifqu'au mot de Réformation près »
la demande Se la réponfe n'étoient que de purs complimens.
Les LigMU VIII. Les Légats , incertains encore de quelle manière ils dévoient pro-
> faifoient mine de vouloir aeir de concert avec l'Ambaflàdeur & les
^tfi'm de céder > faifoient mine de vouloir agir
fourvotr À £v^aes , Sc de leur communiquer toutes leurs vues ; Se dès qu'il arrivoit
ficra^ê * ^ lettres de Rome ou d'Allemagne , ils les aflembloient pour leur en faire
hurs défi' ?^^^* lA^ s'appercevant que mendo^e s'égaloit â eux ^ & que les Evêques
ehes y mfiit faifoient plus valoir qu'ils n'avoienr coutume de faire à Rome , & crai-
fmfvtt in- gnant que quand ils feroient en plus grand nombre il n'en arrivât quelque
Hui^le Ut' i^^^^^nic'*^ > ^ ^^ confeillerent au Pape que lorfqu'on auroit à leur écrire
f^ç^^ ' on leur mandât les chofes fecrettes â part , 8c qu'on leur envoyât en même
tçms une lettre qu'ils pudent montrer » d'autant plus qu*â l'égard de celles
qu'ils avoient déjà reçues 9 il leur avoir fallu ufer aadrefle. Us demandèrent
auili un Chiffre pour les a&ires de plus grande importance. Particularités
que
Zf« Précaution qui montre clairement roic Ce (errîr à leur ptéjadice : & ceft
avec quelle confiance & quelle charité on poudèr trop loin la critique que d*en con«
traitoit des deux côtés , &c. ] Ce fi>nt de dure» comme £iit Fra - Paolo y que ces
«ei £>rmalités , que les Miniftres em- per&nnes agiflbient fans charité & (ânt
ployent pour prévenir des confiqoences confiance « comme Ta fort bien obfervi
qu'ils ne piévojent pas > & dont on pour- PaUavicin.
U. Les
DE TRENTE, Livre IL lor
3ae j'ai tirées , ainfi que plufieurs autres dont je ferai mention dans la fuite , moxlt: '
u Recueil des lettres du Cardinal dcl Monte , & que je n'ai pas voulu taire , ^^^^ ^^^y
parce qu'elles fervent beaucoup à pénétrer jufque dans 1 intérieur des intri- '
gués qui Vemployoient.
IX. L £ mois de Mars étant déjà paflé » & le terme de Touverture du Coti' Arrivée
cile fixé par la Bulle du Pape expiré depuis plufieurs jours , les Légats réfo- des Ambaf-
lurent entre eux d'attendre à l'ouvrir , qu'ils euflcnt des nouvelles de Fabiof^àe^* dtê
Migmamllo Nonce auprès de Ferdinand , de ce qui fe traitoit à Wormes , &c '**'/'* ^*
un ordre du Pape t i qui ils avoient rendu compte de la venue & de la P^o-'^^l^^^
poficion de Mendo^e ; d'autant plus qu'ils avoient quelque honte de corn-*
menoer une affaire fi importante avec trois Evcqnes feulement. ' Les Am- ^ Heury^t.
bafladeurs ''^ du Roi des Romains arrivèrent le 8 d'Avril > &: on tint une i4i.N^V''
Congrégation folemnelle pour les recevoir. Mendo^e y vouloir avoir féance^^ayn-N** ^.
inimédiatemeiit après les Légats & au-deflfus du Cardinal Madruce , fous ?P°"^"
prétexte que répréfentant l'Empereur , il devoir avoir la place que fon p^j^y' j^^ '
Maître auroit occupée. Mais pour ne point arrêter cette Aébion , on trouva j. c. s.
moyen de les placer de manière , qu'on ne pouvoir difcerner qui avoir la
preifèance. Les Ambafiadeurs de Ferdinand ne préfenterent qu'une lettre
de leur Maître , dent ils exooferent de vive voix le refpeft envers le.
Saint Siège & le Pape > & fa difpofition à favorifer le Concile ; & après de
grandes ofires qu iU firent de fa part » ils ajoutèrent qu'il envoyeroit bien«
tôt des Ifidruftions en forme » & des perfonnes plus inftruites de fes ia-
tentions.
X. O N reçut enfuîte à Trente & i Rome l'avis que Ton attendoit de la ^^f^fff
prôpofition faite à la Diète le 14 de Mars par le Roi Ferdinand y « c^ui y jj^jj/ i^
prélidoit au nom de l'Empereur , & des négociations qui Tavoient fuivie. tênuê dm
La propofition de ce Prince fut : Que pour s'appliquer à pacifier les difiî- Concile.
rends de Religion , & fe mertre* en érat de faire la guerre aux Turcs , r>Em- ' Bolcat i;
pereur avoir mt la paix avecla France, dont le Roi avoir promis de lui four- çfc^if'r.^
nir desfecours & d'approuver le Concile de Trente , & même de s'y trouver p ^ ^^
ou en perfonne ou par fes Ambafiadeurs : Que dans cerre même vue Giar^ Thuao. L.*
Us - - --
OUI
des fecours contre les Turcs : Qu it arv/^i. vi^twi» «aw ^^ c»aiiiivi.w t« wwâtTv/w«- ^ ,
tion du Concile , & que les Amba(radeurs de l'Empereur & les fiens ctoitnt ^o ^ *
déjà à Trente : Que perfonne n'ignoroit les peines que l'Empereur s'étoit Flcury , L.
données pour procurer certe Aflèmblée, & les inftances réitérées qu'ri'en i4ï«N''7^-»
avoir faites au Pape Climent à Bologne , & à Paul à Rome , à Gènes , â
Nice, à Luques , & à Buflfèt : Qu'en exécution du Décrer de Spire , ce Prince
16. Les Anéajfadeurs du Rot des Ro- félon Sponde , étoîent fFblfffangEyèque iè
mains arrivèrent le 8 {tAyriL^ Il Mloit Paflkv, le Comit à^ C afldalto ^ JeanCo-
qaHlsfaflfent arrivés auparavant, car ils pré* chlée , ^Antoine Quêta ou Gineta, Ce
(entèrent le $ d'Avril leurs lettres datées de fut le Comte qui préfenia les lettres & fit If
formes da 14 de Mars. Ces Ambai&dean, diTcoors. '
T o M E L Ce
Zm tp§*
xox HISTOIRE DU CONCILE
iisxiir* avoir ordonné à des gens pieux & favans de drelfer un plan de Réforma*
?AUL IlL (^on 9 ce qui avoir été exécuté *> mais que la cbofc demandanr beaucoup do
délibérarion » & que la gr-crre des Turcs donr on éroic menacé inceflammenc
n'en donnanr pas le rems » TËiTipereur vouloir différer d'en trairer , jufqu^
ce qu'on eue vu quel feroii le fruir du Concile qui alloit commencer > & ce
qu'on en pouvoir efpérer : Qu'enfin fi l'on voyoir qu'il n'y eûr aucun bien X
en arrendre, on pourroir avanr la fin de certe Dière en inrimer une autre 9
où l'on régleroit route l'afTaire de la Religion \ & qu'en atrendanr il falloic
fe précautionner conrre la guerre des Turcs > qui éroic la cbofe qui impoc^
cgic davanrage.
Les Proceftans prirent beaucoup d^ombrage de cette propofition , ' parco
^^ '^^ que la paix de Religion devant durer jufqu'au Concile » ils appréhendoienc
^'ummi ^^'^^^^^ épuifés d'argent par les contriburions qu'ils fourniroienr contre les
mrAréHTf , Turcs , on ne les arraquâc enfuire , foos précexre que le rerme de la paia
&fififim, étott expiré par Touverrure du Concile a Trenre. *7 Us demandèrent donc»
de s'y y#ir- Q^ qu'on conrinuat à traiter des ai&ires de Religion , difanr qu'il y avoic
'"'r^âvii. ^^ ^ ^^^^ P^^ ^^^^ ^^ avoient la crainte de Dieu \ ou au moins qu'ott
N® 10. ^^"^^ aflfurat de nouveau la paix jufquà la tenue d'un Concile légitime qu'ott
Slei(l.JLi^. leur avoir tant de fois promis, ne pouvant reconnoîcre pour tel celui de
P* ^57* Trente » pour les raiibns qu'ils avoient fi fouvene alléguées. Its déclarèrent
^^'* en mîme rems > qu'ils ne pouvoient contribuer en rien pour la guerre des
Turcs » fi on ne leur donnoitdes furetés d'une paix indépendante d'aucun
if U. Ibîd. Concile du Pape , ^ qu'ils avoient toujours rejetré » auranr de fois qu^oo
en avoir parlé. Ainfi , quoique les Eccléfiaftiques fuflènt tous d'avis de
renvoyer entièrement au Concile toutes les afiàires de Religion , il fut
néanmoins réfolu d'attendre la réponfe de l'Empereur » avant que de pceti^
die aucune réfolution. .
Xt P4^ 4^ XI* Dans toute cette conduite il y eut trois ehofes qui déplurent bea»«^
îmkmt9n$ coup au Pape » & aux Légats qui étoient à Trente. La première > qu^l'Em*
*^^J^> pereur publiât qu'il avoir pouÛS le Pape à faire afièmbler le Concile j ce
jLmrjM ^uî iembloit inunuer que ce Pontife ne fe mettoit pas beaucoup en peine
fufùtif ttm ^^ affaires de Religion. La féconde » que ce Prince fe fît honneur d'avoit
puffê^éê engagé le Roi de France à donner fon confentement au Concile ; ce qui fiû:-
Ihtifjmu foit af&ont au Pape , que ce foin regardoit. La troifième » qii'il vouloir too*
jours le tenir en bride par le moyen d'une Diète » afin que h le Concile n'a»*
17. Ils denuindbrent tUnc y &ۥ ] Cette
«Jemande fe fit félon Skidam le i) d*Avril,
It felon Raynaldus'ct ne fiic que le xS«
Mais cela fe peut concilier aifémenc , parce
^ot RmyMéUas npponeà on feollt ra^mt
jour» ce qui fe fit en dilRrens temt felen
Skidsiu Ainfi on peut concevoir ai{ëmenr,
ipe 1% première oppofition des Protefians à
b propofidon de ferdifumi fe & la %y^
ft qa'Us préfentèrent enfoite leun <Ie«
mandes le 18 s d'autant plus que, félon
Beaucsue^ qui met la première oppoS*
tion des Princes Proteftans dès le 5 d'A-
vril y tt/iia n^MorAfrlUs rt/pondàRt Pro^
Hfismtt , le refte du même mois fe paffii
en oomeAations & en difpntes : In his
éÊbtrcêÊiiomkui fmitm tmuim ApriUm im^
ffmdifuu ^ ùLCé
DE TRENTE, Livre II. 105
Ytnçoîc DâS , il eue toujours à craindre que la Diète ne voulut régler les umnw»
affaires de Religion. Ainlî Paul vivoit dans une inquiétude continuelle « ^^^^ ^
tant â caufe des outrages que lui faifoient tous les Proteftans , que par rap«
port à la conduite de l'Empereur » qui » comme il diibit » plus elle avoit dea
apparences favorables , plus elle étoit préjudiciable à, la Religion & â {bq
autorité , Tune étant infcparable de Tautre. Il craignoit toujours d'ailleurs ^
' que ce Prince ne s'accordât avec les Proteftans à fon préjudice; '^ & il jrBeIcir.L»
n'y Yoyoit point d'autre remède , que de fufciter une guerre de Religion , ^4* f^ ^f#
qui en fervant d'un c6té i, réprimer les Proteftans , & de l'autre i embar*
rafler l'Empereur » empècheroit qu'on ne parlât davantage ni de Concile ni
<)e Réforme. Ce qui lui faifoit elpérer d'jr réaflir , c'eft que fon Nonce lui
mandoit , que Charles s'irritoic de plus en plus contre les Ftoteftans , & qu'il
^coucoit vobntiers les propodtions qu'on lui faiCbic de les réduire par U
fbrœ. '^ Il prit donc la réfolution d'envoyer le Cardinal Famè/l Légat
pour relever le courage de ceux qui lui
étoient attachés » ^^ mais encore pour une autre qui lui étoit plus impor«
%%• Et II n'y voyait point tûutn remkde
qiu dt fufciter une guerre de Religion, &c.]
Ce n*étoit pas , comme le dit notre Aotenr,
afin qa'on ne parlât ni de Concile , ni de
Réferme , piii(qQ*il j a apparence que Péoil
m (êncoit bien que le G>ncile étoit né-
cefiàire , & que comme il laudroit Taflèm-
hier tôt ou tard , il étoit plus à propos de
le tenir (ans de plus grands délais. Mais
jugeant bien par tout ce qui s*étoit paffi^^
que les Proteftans ne fe foumettroient ja-
mais aux décifions qui s*y feroienc , il crut
qv^il n'y avoit d*a«re moyen de les réduire
que par une guerre } & ce fut ce qui l'enga-
gea plus d'une feka en faire )a propoficion à
Iwnpecear , & à lui fournir des (ècours »
amant pour l'aider dans cette entreprit ,
que pour rendre ce Prince favorable aux
vues particulières qu'il avoit pour rarance-
jnent de Tes neveux.
19. Il prit dont Ut réfiimtwn d*tmroytr
ie Cardin^ Fsrnifi , etc. ] Quoique les
Inftrudtoiic de ce Cardinal ne porrallenc
rien par nppcMrt i, la guerre ^ on ne douta
|ioint néanoioins que ce ne fit un des mo-
ttfs de fit LôptioR. Die étbtro , dit Beau-
Caire » Fmrmfims Cmrdinddis p ftti pëueoâ
i^ éiêâ €Êmmorûtmt Romsm tuiilm V9I4U*
cejfus vel reditus ptï caufa dtçlarmét pfh
diit , helli adverfus Lntheranos eomcitandl
caufa acceffijfe fsrébamr ; ftd nondmm Cm^
fttr fûtis paratus erat» Ceflaafli ce que mar*
que SUidan L. i é. de rércnemenc juiHfia
afiêt le bruit public , & le (bupçon de ces
HiAoriens.
xo. Mais encore pour uttt attire pti lai
étoit plus importante , parce quelle toucAoii
À fis propres intérêts»} On ne voit pas par
les InftruéUons du Cardinal Fsmèfi , qu'U
fBt chargé de ^pte aiBire en particulier»
qui efieâivemeat ne fut réglée que quel-
Ïies mois après. Mais je ne ûti fi l'on peofii
ire un grand fonds fur ces Indruâions »
puisque quoiqu'il n'y (oit point parlé de la
guerre contre les Proteftans » il eft certain
néanmoins que le Légat en traita : ce qui
prouve qu'il j avoit (ans doute quelque Inf-
trudion plus (ecrette que celle dont parle
Pallavicin. De ea Legatiame , dit Rayn^U
dus , varii varia opinati funt. Belêaritu
verà femju , fiûjfi mijfittn mt Cmfarem ad
fociak iellum m Protefiantes sdeos in ofi^
dam redigendos uuitaret , cogeretque de»*
crtta Confiiu atnpleâi. Ce que confirma
auffi SUidan : Hmjus qua fuerit adventûs
caufa , dit-il , non quidem afirmart pof'^
fum , ftd excitandi hclU caufa in Luthara^
tmvm^gcmèfatatitr.l.i6.QAikagaim
Ce i
104 H IST OI RE DU C ONCIL E
uDrxtY. tante, parce qu'elle toiichoit à fcs propres iticcrêts. * Cctoir qu'ayant def-
PAut III. fçj(^ jç donner Parme 6c Plaifancc a ton fils , il ne croyoii pas le pouvoir
' faire fans fc mettre en grand danger , s'il n'avoir le confentemcnt de l'Em-
f p îoT P^^^^^ > ^^^ auroit pu travcrfer fon de(Ièin« ou fous prétexte que ces ville»
PaUav.L.5. ^'voi^'^^ ^f^ autrefois des dépendances du Duché de Milan , ou parce que
c. 13. comme Avocat de TEglife il pouvoir citipccher qu'on n'en fit aucun dé-
• " raembrement.
*tes Légats XII. CEPENDANT Ics Lcgats , quî avoient ordre en cas que l'on voulût
€onft4Uenth traiter de Religion-dans la Dicte , de commencer le Concile fans attendre
Tape fur qq plus grand nombre de Prélats , ou de & conduire félon que l'cxigeroient
Totiverture fcs conjonftures , en cas que l'on n'y en traitât pas, jugèrent bien par le*
é* ce Von- propofi rions de la Dicre , que rien ne les obUgeoit de le prefler ; & au con-
tife donne tîaire le nombre des Evêques , qui n'étoient encore que quatre , les enga«
ifrdre de U geoit plutôt à diffèrer qudque tems à l'ouvrir. Mais ils ne laiflbient pas de*
//ittB^ré*''^ craindre que la guerre des- Turcs ne contraignît Ferdinand ik faire le Recès^
tretèr^r^' de la Diète , & à en intimer une autre felon^ fa promefle , où l'on traitâr
Gamifon ^^^ affaires de Religion •, & q»c ce Prince n'en rejettât touro la faute fur
^ue U C/rr- eux , en difant qu'il les avoit informés de fes propofitrons , afin qu'inftruits^
dinal de de ce qu'il avoit promis à bonne intention , ils ouvriflcnt le Concile , 6c
Trente lui |yj fourniflcnt par-U le prétexte de ne point tenir fa promeffè. Dans cette
irréfolution où les jet^oit d un c&té la nécefldcé d'accélérer l'oaverture dis
Concile , de de l'autre la raifon qu'il y avoit de la différer comme étanc
avoit de^
mandée
four fa
wlle
ïlie. prefquefculs à^ Trente , * ils envoyèrent en diligence au Pape pour recc-
Pallav.L voir fes ordres , & favoir ce qu'ils avoient à faire dans une telle perplcxitér^
Ra^ K^ ''^ ^^^ repréfenterent donc : Qu'ils avoient toutes fortes de railons de
^ ^' foupçonner que l'Empereur ne fe foucioit pas beaucoup de la célébration
du Concile : Que fon Ambaffadeur denuis fa première audience n*én avoit
pas dit tui mot, &qMl'on jugeoitàlon maintien qu'il les voyoit avec
plaifir perdre le rems ane rien taire; parce que fa préfence fufmbit pour,
difculper fon Maître, 6c l'autorifer à convoquer une Diète afin d'y termi-^
âonc pas s^aflurer forces Inibodions , que
Famè/è ne traita point de 1 al&ire de Par-
me 8c de PlaifaïKC y ni faire un crime à
Fra-Paolo daroir avancé que ce Légat
avoit commiflion dVn parler. Il eft même
d'autant plus* ridicule à Paliavicin de trai-
ter ceci de menfbnge énorme , énorme bu-
gra , que Fra-^Paolo ne IV rapponé que for
Pautoricé d*un Ecrivain très>accrédité , je
▼eux diie ^'Adrianiy qoiie dit pofitive-
ment. Et pero che Papa Paolo Terip coh
fpvetno dtlle cofepuhlïche con'giugneva fem-^
pre ilhene e Vhonor di cafafua , diede anco
id €ard, commeffione ai proporrt , chc con
htçna gracia di quella Maefià haiifya in
snimo d'invefiire Picr-Lulgi fuo figUvolo*
dello flato di Piacen^a e di Parma — iL
quale ( Legato) là giunto e fcufate le coft
paffate fi. ben feppe adoperare , che la mala^
eimtentei^a deW Imp. con le moite promefft
de danari & de gli ajuti quando ne fufftk
bifogno \ ' fi muto in miglior difpofiiJLone.
Qa'on joge par-li ^ fi PaUavicin efl de
bonne fin en accuûtnc notre Hiftorien de
ne pas racencer , mais d'inventer , nom
racconta , ma inventa. Quand un Ecri^
vain ne parle qu'après les Hiftoriens » iL
peut fe tromper; mais c'eft one calom-*-
nie > de l'accoièr d'inventer les £ûts qi^
DE TRENTE Livre IL rof
lier les affaires de Religion comme dévolues à fa JurilUiftion par fon zèle m.dxlv.
& ia négligence du Pape , puifque le Concile qu'il avoir follicité & obrenu ^^^^ ^^^'
par fes inftances & celles de fes Ambafladeurs , ne fe mercoir en devoir de '
lien faire. En conféquence ils lui propofércnt de prçndre un milieu , ^ qui ^Flcury , L.
écoirde faire chanter la Meflc du Sainr-Efprir , avant que l'Empereur arri- i4ï«N®88,
vâc â la Diète : Que par-U on pourroit dure qu'on avoic ouvert le Con-
cile y & prévenir ain(i tout ce que ce Prince pourroit ordonner dans le Re^
ces ', & que de l'autre côté on oteroit le prétexte de dire qu'on avoir com*
snencé à traiter les affaires du Concile feulement avec. quatre perfonnes :
Que fî l'on attendoit à ouvrir le Conciles que le Cardinal Farnife eue
pourroit s'imaginer qu'on lauroit ouvert dans un temsoù l'on iàvoic bien
qu'on ne pourroit le tenir > & qu'il falloit penfer à toute autre chofe. Le
Cardinal de Sainte Croix , qui avoir un grand de(îr qu'on donnât en cette
rencontre des marques de dévotion ^ & qu'on attirât un grand concours de
peuple par les cérémonies ordinaires de l'Eglife , perfuada â fes Collègues
de demander au Pape un Bref, qui leur donnât pouvoir d'accorder des In-
dulgences, ^ 6c qui fur daté du tems de leur départ , pour valider celles i/u c^^c
qu'ils avoient données le jour de leur entrée. ^' Car il avoir quelque {cru-*
pule fur celles qu'ils avoienr accordées ; & pour ne point priver le peuple
de ces trois années & d'aurant de quaranraines d'Indulgences , il vouloir y
famléer par ce Bref 9 fans confiderer qu'il y avoit quelque difficulté à fa-
voir fi celui qui a le pouvoir d'accorder des Indulgences , a celai de valides
celles que les autres ont accordées fans autorité.
Lb Cardinal Madruce Evèque & Seigneur de Trente, confîderant que fa
ville étant petite & mal peuplée, refleroic à la difcrétion des Etrangers fl
le Concile s'augmenroit , & qu'il y avoit du danger d'y voir naître des fé-
dittons , remontra au Pape qu'il y falloit une garnifon d'au moins cent
cinquante hommes , fur-rout fl les Luthériens fe rendoient au Concile ; &
qu'étant épuifé par les dertes que lui avoir laifTées fon prédéceflèur , il ne
ournir a certe dépenfe. *^ Mais le Pape répondit : Que fî l'on met-
pouvoit fourni
1 1 . Car il avoit quelque fcrupulejhr cel-
tes qu'Us avoient accordées , &c. J Notre
Ktftorien fe moque ici aflèz agréablement
6e la implicite da Cardinal de S te Croix ^
qai pal uii Bref antidaté vouloir faire re-
vivre des Indulgences que les Légats avoient
données à leur entrée , (ans que le Pape les-
câc aatoriSs potir cda. Pallavicln^ qui
d'abord uze notre Auteur d'être fon igno-
lanc dans la Théologie Morale , eft pour-
tant obligé à ta. fin de recourir à une /impie
f robabilité pour jofUfier la valeoi de ces
Indulgences par une approbation fiibfi-
qaente. Mais j'appréhende que d*autres ne
trouvent très-improbable ce qu'il juge, pro-
bable y & qa'au lieu de trouver de la charité
dans les Légats , oa ne les accufe d'avoir
trempé les peuples , en les flattant d'une ré-
miflion de péchés , qu'il» n'a voient pas le
pouvoir de leur accorder.-
. a 2^ fii^is h Pape répondit y que fi Von^
mtùoit une garnifon à Trente , dcc. J La.
raifbn que donne ici le Pape pour ne point
vouloir mettre de garni(bn à Trente ^ écoiK
lo^ HISTOIRE DU CONCILE
M î> K t V. roic une garnifon à Trente , les Luthériens en prcndroicnt prétexte de pa-
Paul III. yj^,. q^ç jç Concile ne feroit pas libre -, que pendant qu'il n'y avoir que
"^■~~" des Italiens au Concile , fa crainte étoit fans fondement ; qu'il ne s'intcnef*
ibic pas moins que lui-même à la tranquillité de (a ville ; que la (ureté da
Concile importoit plus au Pape qu'à TÊvèquc ; que par oonféquent il n'a«
voit qu*4 fe repofèr fur lui de tout foin , & s'aflurer qa'il pocuroiroic teU
iement i <out > qu'il ne feroit chargé d'aucune dépenfc » & iie icroit expofé
â auctm dommage.
Apre*s que le Pape eut bien pefé toutes les rai(bns pour 8c contre Von*
▼ertute du Concile , il ne trouva rien qui pût le difluader de l'ouvrir , (inon
0ue quand il iêroit commencé » il y avoit a craindre qu on ne le follicitât
de le fufpendre jufqu'i ce qu'on fut délivré de la guerre des Turcs ou d'aa«
très pareils empèchemens 9 ce qui feroit une efpéce de frein dont fe (ervi^
foit celui qui fe riendroit , pour le conduire ou l'on voudroit , chofe très^
4angereufe pour fes intérêts. C'eft ce qui le fit léibudre i ne point laiflèr
le Concile oifif quand une fois il feroit ouvert , mais» ou de le faire agit
autant qu'on le pourroit ; ou (î on ne le pouvoir pas , de le finir ou le fuf«
pendre jufqu'au jour qu*on fixeroit pour le teprendre« En conicquence de
-^ cette réfolution , « il ccrivir à fes Légats de l'ouvrir le jour de Sainte Croix ,
^o\{^ & ils firent favoir cette réfolution 11 TAmbadadeur de l'Empereur & aux
Pailay.L 5. autres , mais fans marquer précifément le jour. Peu de jours après le Car«
c 10.& XI. dinal Farnife allant à IP^rmes pafla par Treme » où après avoir confifré
avec les Légats » ils convinrent qu'il falloir continuer de notifier à tout le
/PallâT. L mondre Tordre qu'ils avoicnt de faire l'ouverture du Concile , ^ mais (ans
§.€. II. marquer le jour, jufqu'à oe que Famè/i eût entretenu l'Empereur. Car
ayant appris que ce Prince paroififoit très-fatisfait de la Légation qui lui
étoit envoyée » Se laiflbit à, entendre qu'il vouloit agir de concert avec le
Pape , ils en connurent de très-bonnes efpérances ; & pour ne point rompre
cette bonne intelligence , les Légats , de l'avis de Mtndo^t & du Cardinal
et Trente , réfcJurent de ne commencer aucune Aââon ùnt la pacticipatioa
de l*Empcreur.
'VMmbMÏÏéir XIH. Mendoje reneuvelk alors fa prétention c de précéder tout autre
êUar de que les Légats , (bus prétexte que perf<mne ne pouvant prendre iéance en-
tEmperittr q^ k Pape & TEmpereuT lorfqu'ils fe trouvent enièmble , la même chofe
fritind U jçy^^ s obferver eatre ceux qui les repréfentoient ; & il dit qu'il avoit pris
d^lfn^Mf ^^^^^ ^'^▼is & lecûnièil de geos habiles eu ces ic^tes de choies. Les Lo-
ir monde ,
gxceptéles fert fenfh', rtnîs il j en aroic encore «ne mêmes f aifims avoiem fint re(ûfer au Pape
Légats, autre , fans éoote , qm !e poitoît à ce sefos* la Vtlfe<le Mantooe ; Se il rùitoit pas nanfr»
X Spond. C'eft qoe comme ii e&t été obligé de l'en- rclqa*il accordSt a« Caidinat Msdma c»
N^ If. tretenir , cela l'eut brchaigé d'tme dCpenfe qiTil avoit re(ii(S à «n Prince Italien, for^-
qui n*<étok trallement nécctiàîre, 0cqmn*é» tout dans one Tille qoi ^coit dn domaino
toit d'iractinetmlii^. Oorre que , peut-être, de Ferdinand , Se où malgré (à gaimlba le
2 7 eût p& avoir quelque contefbftion poor Piape n'eût es aeaue autos ité«
fctoix â qui devuh dbék cette garmfcn» Ces
DE TRENTE, Livre IL 407
pLts répondirent en termes généraux : Qu'ils écoient prêts de donner i cha- m » z &%
con la place qui lui éioit diie , & qu'ils attendoient fur cela des ordres de ^^^^ ^^^
ILoioe. Cette réponfe plut à Mcndo^ê , qui croc que Ton irouveroit dans ^
ka Arcbives pi^liques quelques décidons ou quelques exemples favorables
k fea prétentions s & qui pour éloigner toute idée de fafte diibit y que hors
dtt Concile , il céderoit volontiers aii moindre Prêtre ; mait que dans le
Concile , perfonne après le Pape n'y avoir plus d'autorité que ton Maître.
Ce détail de cbofes légères ic preu importantes j>aroîtra pettt-fttre fuperflu
i quelques Leâeurs : mais j'ai jugé au contraire qu'il etoît nécelfaire de
ikire bien connoitre de combien de petits rutflèaux ^ s'eft formé ce erand i^^PalfavrEr
lac , qui a couvert toute l'Europe % ic ù l'on voyoit dans les Archives 5*^9*
quelle quantité de lettres furent écrites de différentes parts , avantxjued'en
Tenir à l'ouverture du Concile, on feroit étoriné & du jugement que l'on
en £ii(bit , & des ombrages que plufieurs en prenoient*^
XIV. Quand on vit en Italie » que le train que prenoietit tes affaires Xt Vimri
dtt Concile donnoit lieu d'efpérer qu'on le célébrerok enfin, les Evcques de NsfUi
penferent férieufement au voyage* Le Viccroi de Naples^ * qui ne trou- »*'«'«•» «»^
Toît pas i propos que tous les E venues du Royaume fe rendiflcnt à Trente, ^ZJ^
Youlut y en envoyée feulement quatre àfon choix , avec procurarioe de quMtM^^
iQtts les autres , qui font au nombre de plus de cent. Le Grand-Cbapelain aues de er
du Royaume convoqua donc chez lui une A({èmblée dé Prélats d cet e&t , kayMMme ^
9c leur propofà de donner la procuration qu'on leur demandoit. Mais la ^ J^^
plupart b rcfuferent , difant qu'ils voaloient affifter au Concile en per- procu^MtiJ!»
. kinne , comme ils l'avoient ^uré & y étoienr obligés ; Se que »ils- ne pou^ jes munes^
Toient y aflifter , il étoit raifonnable cpe chacun conftituat un Procureur ^Paltâv. U
pour foi ielon les lumières de fa confcience, & non pas qu'on en établît 5- ^ ^^^
ua pour tous. Le Viceroi s'irrita > fie ordonna au Grand-Chapelain de con- ^' ^^^
Toquer les Evèques de nouveau, &^leur commander de donner leur ^itury , U
procuration , & il envoya les mêmes ordres i tous les Gouverneurs des x4i.N° s^.
difiéren tes parties du Royaume. Cate conduite inquiéta fort le Pape & Ces Ex t^
les Léears , qui ne jQivoient (x cela venoit du propre caprice du Viceroi qui V*" *y ^f;
vouloir montrer fon autorité, ou s'il Tavoit fait' par iênorance , ou enBn ^pjp^r^
s'il en avoir agi ainG par des ordres fupérieurs. Pdtu: découvrir s'il fe pou- mi# Bfdif
Yoit la caufe fecrette de cette aftàire ». >) Paul fit une Bulle par laquelle fêur dé/en-
il défendoit très«févèrement ^ de compardirre par Procureur au Concile, dre aux
^ ^^ Frtiéiis d9
ccmparoitrr
%2* Paul fit une Btdu par taqitelU u <m par leurs ^ocafean>eiiiienrea une telle ^^^P^^^i,^
'i^ttdoii très'fMrement de comparaître par fapénorité de voix , que le giand nombre re$trs ; wMti
Procureur au CotuiU, &c. ] Il étoit «fone d'Evfeques Italiens flr abToknneiu àtytnn Us Légat flm
omCqoence infinie poar le Pape de ne inutile au Ps^e. Ceft ce q^i le fie tç3Xt')o\usfuffrimenfp.
point admecnre les Procoreurs des Ev^œs à ^oppofer à les admettre , & Ton révoqua comme trop
voter an Concile , poor deux raifons f la même dans la dernière tenue du Concile fivïre,
première , (arce que la pki|;»art (ê feririent le privilige qu'on «avoit accordé fur cela ^ Rayn.-
iàfytnSii Sy afiifter i la féconde, paiceqqe dans la première aux Prélats d'Allemagne ^^ ^ 9^ t%
)Kfiv^ucséaangess>oiapac fWHiiAaicSji pas diâi&âioiu PaUanciMplè» i%^ fm
io8 HISTOIRE pu CONCILE
KDXLT. Mais le$ Légats la trou vanc impraticable» parce qu'elle s etendoic à cous
Paul. HI. les Prélats de là Chrétienté , fans en excepter ceux qui étoient fort éloignés
" ôc qui avoient des empechemens légitimes , & la jugeant trop rigide , parce
qu'elle menaçoit les contrevenaos a une fuô>ennon ipfo facto à divinisy Ôc de
radminiftration de leurs Eglifes » ce qui pouvoir caufer quantité d'irré*
gukrités , de nullités d'Ââes , Se de perceptions de fruits lU^times , 6c
exciter quelque Nation malcontente â en appeller , & à contefter la Jurif-
diâion du Pape ^ ^^ ils jugèrent à propos de la tenir fecrette fans la pu*
blier. C'eft pourquoi ils repréfenterent au Pape» qu'ils ne croyoient pas la
devoir rendre publique uns de nouveaux ordres » & qu'il fufiîfoit que le
bruit courûr qu'elle étoit expédiée , fans la montrer. Je dirai ailleurs le
fuccès qu'elle eut d la fin. '
, Il reftoit alors une autre diffiailté » qui quoique moins importante ne
demanden! ^^^^^it pas que d'avoir fon embarras* Les L^ats , * qui jufqu'alors n'avoienc-
à R0m9'êU^^<i^ que des remifes légères pour les dépentes courantes , 6c qui d'ailleurs
targent ' étoient trop pauvres pour y fuppléer du leur , 6c n'auroienc pu avoir de
p^ftrUfub^ quoi fe maintenir , s'ils avoient continué â faire la dépenfe qu il leur avoic
J^Mtce dis ^jj^ £^^^ ^j^ quelques occafipns particulières , écrivirent au Pape après en
pMMwnsém ^^^^^ conféré avec le Cardinal Farniji^ qu'il n'étoit pas de fa réputation
<:o$mU. de tettir le Concile fans les préparatifs &: la fplendeur que demandoit U
/ Fleuf |r> L. dignité d'une telle Aflèmblée , & qu'il étoit néceflaire par conféquenc d'é^
141.N 90, (^5iîr une perfonne avec un fonds capable de fournir aux dépenles couran^»
tes » de (ubvenir aux befoins des Prélats pauvres , & de gratifier quelques
perfonnesde mérite Se en état de rendre fervice : chofe tout-à-fait impor-
tante pour le bon fuccès du Concile.
Cangrigf^- XV. Le ) de Mai , y ayant déjà dix Evêques à Trente ^^ il fe tint une
thn 4k Fo» Congrégation pour r^ler les préUminaîres du Concile. Les Légats y expo«
trMhi des férent la eommiilion qu'ils avoient de l'ouvrir, & dirent qu'ils attendoienc
friUms^t" 4 çn fixer le jour , jufqu';î ce qu'ils en enflent donné avis a l'Empereur. La
^elîê é^' Congrégation fe pafià prefque toute à régler le Cérémonial. On y arrêta »
nvU du que les Légats » quoique d'Ordres différens ^ Tun étant Evèque » l'autre
Cétrdisiêl Prêtre » & le troiiiéme Diacre » porteroient tous les mènaes ornemens , 6c
V90I tfoifii' feroient également revêtus d'une Chappe » étant tous égaux en autoricé 6c
^^^^'^\ en pouvoir , & exerçanr la Légation & la Préfidence par indivis •, 6c que le
x4i.^N^i9. ^^^" ^ '^ Seflion feroit tendu de tapiitèries , de peur qu'on ne les prît pbue
Pallav.Lj. une AfTemblée d'Artifans. On propofa enfuite fi l'on placeroit des (vb^
c 13. pour le Pape & TEmpereur, qui demeureroient ornés & vuides; fi iiff/z-
doz*t devoir avoir une place plus honorable que les autres Ambafiàdeurs \
fi les Evèques d'Allemagne , qui étoient Princes de l'Empire , aoroienr la
prefT^ance fur les autres Prâats & même fiir les Archevêques > çomipe il ie
pratiquoic
SL4n Ils jugheru â frop9s de la tenir fe- de Naples & tous les Métropolitains & â
xreue fans la puhlUr. ] Mais le Pape la fit tous les Evêques , & l^mperear ordonna
diftôbaerpar Ton Nonce dans le Royaume enfuite ao Viceioi de xéypqoer lès ordreSé
DE TRENTE, Livre II.
109
pratîqaoît dans les Diètes , ou les Evcgucs non Princes fe tiennent même m o x l v.
découverts devant eux. Sur quoi Ton nt remarquer , que l'année daupa- ^^^^ ^^^'
«vant dans cette même ville TEvèque d'Aichftat & les Archevêques de — ■"—
Corfou^ d'Otrance fe trouvant à la même Meflè, on'avoit eu fur cela une
conreflation , & l'on s'étoit trouvé partagé de fentimens ; comme auflî que
dans la Chapelle du Pape , les Eveques qui font AmbafTadeurs de Ducs
ou d'autres Princes, précèdent les Arcnevêques » qui dévoient donc par con-
fiquent céder la prelléance aux Princes mêmes. Mais il fut réfolu de ne
rien décider fur cela jufqu'à ce que le Concile fut plus nombreux , 8c qu'on
eut pris l'avis des Eveques de France & d'Efpagne. L'on convint auiC de
renouveller le Décret du Concile de Baie & celui de Jules II. dans le Con-
cile de Latran , qui ordonnoient que la féance que pourroit prendre quel«-
qu'un hors de fa place , ne pourroit préjudicier a fes prétentions. L'on ap-
prouva au grand contentement àtMendo^t , la réfolution de ne point fixer
le jour de l'ouverture du Concile , jufqu'â ce qu'on eut eu des lettres du
Cardinal Farnèfe. Enfin ce petit nombre d'Evcques fit paroître beaucoup
de dévouement & de foumimon pour le Pape, comme fit aufiî depuis TE-
vêque de Verceil , qui arriva le même jour avec le Cardinal Pool troifiéme
Légat, après la fin de la Congrégation.
XVL Pendant que Ton saUcmbloit à Trente pour extirper l'Héréfie Perfîleution
par la voie du Concile , * ^ l'on travailloit en France à faire la même chofe ^*' Vm§dois
par les armes qu'on employoit contre un rcfte de Vaudois retirés dans les ^^ Jl^^^\
montagnes de Provence , ^ qui , comme on Ta dit plus haut , demeuroient^^'^^^^P^^
féparés de l'Eglife Romaine , & dont la Dodlrine & les Rits avoient été briêres &
très-imparfaits & très-groflîers. Mais après la Réformation de Zuingle , de Merin-
ils s'approprièrent une partie de fa Doûrine , & ils avoient donné quelque ^^^'
forme a leurs Rits, lorfque Genève embrafla la Réforme, Il y avoir quel- ^ ^^^* ^
qocs années que le Parlement d'Aix avoit prononcé un Arrêt contre eux : xhuan. L.
mais comme il n'avoit point eu jufqu'alors d'exécution , le Roi ordonna 6, N^ i6,
en ce tems- là de l'y mettre. Le Préfident dOpphdc ayant donc ramaflTé tout î>pond.
ce qu'il put de foldats des lieux circonvoifins & de l'Etat d'Avignon, mar- ^^ ^* -;
châles armes à la main contre ces miférables , qui n'en ayant point ne pen- j A"^^^i.
foient qu'à fe défendre par la fuite , s'ils le pouvoient. On ne parla ni de
les inftruire , ni de les engager par menaces à quitter leurs opinions & leurs
cérémonies : mais les troupes , après avoir rempli tout le païs de crimes ic
de débauches , pafferent au fil de l epée tous ceux qui n'avoient pu s'en-
2 S' Von travailloit en France à faire la
même chofe par les armes quon employoit
contre un refle de Vaudois , &c, ] On peut
voir le décail de cette af&ire dans le Livre
lizième de THiftoire de M. de Thou. Ce fut
tin évciîement, où la barbarie & la cniantc
forent ponées à Texcès. Aufîî François ï.
plein de remords des ordres qu'on lui avoir
Tome L
forpris, commanda avant que de mourir
de Élire des recherches contre les auteurs
de ce maflàcre. En conséquence , TAvocat
Général du Parlement de Provence fut con-
damné & exécuté à mort; & le Premier
Préfident néchîippa au fupplice que par
la proteftion déclarée du Duc de Guife.
Dd
1^
110 HISTOIRE DU CONCILE
M D z I y. fuir ^ 5^ étoicnt reftés expofés à la merci du foldat , fans diftinékion d âge ,
Paul 111. j^ qualité , ni de fexe. *^ On rafa les villes de Cabrièrcs en Provence , &
, de Mcrindol dans le Comtai de Venaillîn appartenant au Pape » avec tous
les lieux d'alentour ^ & il eft certain qu'on y raafTacra plus de 4000 pcr-
fonnes , fans autre défenfe que celle de la compaflion qu'ils excitoient.
XVII. Le 16 dt Mai l'Empereur arrivai Wormes , ° & fut fuivi le Icn-
VEmpirntr demain du Cardinal Farnijc , qui y traita avec ce Prince & le Roi des
ferendk U Romains à part. Il leur expofa félon fa commiffion , qui regardoit priiici-
£î. r paiement le Concile : Que le Pape avoir donné ordre à fes Légats de rou-
Cardirtéd ^^^^ > ^^^^ qu'ils différoient de le faire jufqu a ce qu'ils eudent appris de
Tam}fi de- lui It'état des affaires de la Diète. Il remontra à l'Empereur : Qu'il ne de-
mmidi ^ voit avoir aucun égard aux oopofitions des Proteftans , puifque l'empcchc-
quon nsis ^jç^t qu'ils y apportoient n'etoit ni nouveau ni imprévu , depuis le tems
t[4nd MMx m^*^^ avoir commencé à parler du Concile : Que l'on devoir tenir pour
êffo&iam certain , qu'après avoir fecoué le joug de l'obéiflance qui eft le fondemenc
dis Prûsef' principal de la Religion Chrétienne , & avoir introduit tant de nouveautés
tsns. impies & criminelles contre les pratiques obfervées depuis tant de (lècies
* ™5"' & approuvées par tant de fameux Conciles , ils s'éléveroient avec la même
sîcid. L fiireur contre celui qui commençoit , quelque légitime , général > &c Chré-
16. f.xéo. tien qu'il fût > étant bien afTurés d'y être condamnés : Que Sa Majefté
Thuan L Impériale n'avoir donc point d'autre parti à prendre , que de les obliger
p iV* 't ^" P^ l'autorité ou par la force 2 Que fi elle fe conduiioit autrement , fie
c 11^ ^ ^^^ P^ égard pour eux elle empêchât qu'on ne procédât à leur condamna-
Flcury , L. ^^^^ > ^^ qu'après qu'ils auroient été condamnés elle ne les forçât pas à
i4i.N^ 91. renoncer à leurs Erreurs > elle laidèroit voir à tout le monde que c'étoienc
Rayn. N* eux qui commandoient , ôc qu'elle & le Pape ne faifoient qu'obéir : Que
^^' comme Sa Sainteté avoir approuvé qu'on eut employé d'abord les voies de
la douceur , elle jugeoit néce(Taire audi qu'on leur fit fentir que Ion en
p Pallav. viendroit cnfuite à la force. ^7 H lui offrit pour cet effet p de lui accorder
L. 5. c. 15.
' '* 26' On rafa les Villes de Cabrièrcs en mifliond^en faire la propoficion, oa non.'
* * ^ ^' Provence y &c.] C'eft Mérindol , qui eft Laplapaitdes Hiftoriens le difent comme
en Provence y 6c Cabrièies eft dans le Fra-Paolo , Se encre autres Adriani , Slel'
Comtar. dan ^ Beaucaire y & d'autres. Pallavictn
27. Il lui offrit pour cet effet de lui ac^ aa contraire traite ce rapport de fauiïeté,
corder tufage d'une partie des revenus Ec- (îir ce qu'il n'en eft rien dit dans les Inftruc-
cUfiaftiques d*EJpagne , &c. C'eft ce qu'af- tions de Famèfe. Mais qui ne fait , que fbcH
fuie pofîtivement Adriani ; & Pallaviciny vent les Miniftres ont des Inftrudions fe-
tprès avoir nié que Famèfe e&c eu aucune cretces, qui neparoilTent point dans les Aâes
commiffion de traiter de la guerre contre ordinaires? Quoi qu'il en foit^ on doitie-
les Proteftans, L. $. c. 11. convient pour- connoître du moins , que Ton ne devoitpas
tant dans le chapitre fuivant , des offres mettre fur le compte de notre Hiftorien un
qu'il fît lorfqae TEmpereur fe fut ouvert à fait appuyé fur tant de garants j fans comp-
lu! de fon deifein. 11 eft donc avéré , qu'il ter qu'il me paroît aflez difficile de croire
fut traité de la guerre avec le Légat i èc la que le Légat fe fut avance de faire des of-
feule queftion eft de fiiToir s'il avoit com- &es à l'Empereur fur la guerre qu'il pro-
DE TRENTE, Livre IL m
f ufage d*une partie des revenus Ecclcfiaftiques d'Efpagne , & de vendre m d x l ¥•
ks Vaflèlages de ces Eglifes , comme auffi de lui fournir de l'argent & de ^^"^ ^^^'
lui entretenir liooo nommes dlnfanterie & 500 de Cavalerie qu'il lui
cnvoyeroit d'Italie; de faire cnforte que les autres Princes d'Italie lui four-
niflènc aulH des fecours ; & de procéder par les armes fpirituelles ôc tem*
porelles contre tous ceux qui attaquerçient Tes Etats pendant cette guerre.
Farnèji remontra encore a l'Empereur : Que la réfolution qu'avoit prife IlfefUîm
le Viceroi de Naples de n'envoyer à Trente que quatre Evcqucs chargés '^^ Viceroi
d'une procuration au nom de tous les autres , n'étoit ni raifonnable ni lé- ^' N«pw ;
^rime , & ne convenoit pas à la réputation du Concile ; & que (1 des
Evèques fi voifins & en fi grand nombre pouvoient s'excufcr en députant
feulement quatre de leurs Confrères , ceux de France & d'Efpagnc feroient
bien plus autorifés à le faire , & que Ton verroit un Concile Général corn-
pofé d'une vingtaine de Prélats : Qu'il prioit donc Sa Majefté de ne pas
ibuffirir une chofe fi contraire à l'autorité du Pape & à la dignité du Con«
cilc 5 dont il étoit le Protefteur , & d'y apporter quelque remède. Le & de U
Cardinal parla auffi à l'Empereur de la promeuc que Ferdinand avoir faite f!!^!''^Jf^
en fbn nom i la Diète , qu'en cas que le Concile ne fit rien pour terminer v*^^^^^ ^
les différends de Religion , il intimeroit une autre Dic:e pour le faire •, & nouvelU
lui rcpréfenta que comme il ne tenoit ni au Pape , ni à fes Légats & fcs Dihc.
Miniftres , ni à la Cour de Rome , que le Concile ne fe tînt , & ne tra-
Taillât d cette affaire , Sa Majefté ne devoir en aucune manière convoquer
ilne autre Diète fous ce prétexte. Il infifta extrêmement fur ce point , parce
que non-feulement il en avoit un ordre très-exprès , mais encore parce que
fe Cardinal ^^/Afo/zr^ homme très- libre l'en avoit preffé de vive voix, &
depuis fon départ de Trente lui en avoit écrit tant en fon nom qu'en celui
de fes Collègues, lui déclarant ouvertement que c'étoit un article très im-
portant , qu'il ne dévoie point perdre de vue , & dont il ne devoit point
s'écarter dans toute fa négociation , & l'avertiffant bien de n'admettre au-
cun palliatif, parce que ce feul point obtenu produiroit un bon accord fur
tout le refte. A quoi Monte ajoutoit : *l Que quant à lui y il confei Icroit ^Pallav.L
pliftét au Pape de quitter fon. Siège y & de rendre les clefs à S. Pierre , que 5.C. n-
defouffrir que la Puiffance Séculière s attribuât C autorité de juger Us caufes
de Religion , fous prétexte qtu la Puiffance Eccléfiaflique fût manqué à fon
devoir ou par rapport au Concile y ou autrement.
pofoit , s*il n'avoit eo far cela des ordres
particuliers , quoiqu'ils ne paroidènt pas
dans les Infhuâions publiques. Et perhfi
Ttfolve , dit Adrianî , di wiandarli il Catd.
Famefe fuo nipote , oferendoli ajuto contro
al Turco & contro à Lutherani , & depoji"
tare gran fomma di denari per ifpendcrfi
nella guerra ; 6» corne havevano domandato
prima i Miniftri di qucUa Maeftà concederli
la meta de fiuttî dette Chiefe di Spagna , la
vendita de vaJfaUaggi de Monafteri , & ia
oltre rompendofi guerra contro à difuhbe^
dienti & contumaci delV Imperio per conta
di Religione , ajutarlo con Varmi d'Jtalia
franeamen e. Croie qui le pourra , après
ceci , que Famhfe navoit point d'ordre de
traiter de la guerre.
Dd 1
zit HISTOIRE DU CONCILE
MDxt V. L'Empereur répondit fur l'article du Viceroi de Naples : Que ce que
Paul 111. ^ç Seigneur avoit fait , il 1 avoit fait de fon propre mouvement •, & que
s'il n'avoit de puiflantes raifons pour en agir ainfi , la chofe n auroit point
J^fu ile ^^ ^^^^* ^ 1 égard de l'ouverture du Concile , il ne donna point de réponfe
CEmpereur > pofitive > mais variant dans fes fentimens » tantôt il difoit qu'il eût été
^$ii confent bon de le tenir dans un lieu plus commode , & tantôt , qu'il étoit nécef-
M U guerre faire de pourvoir à bien des cnofes avant que de l'ouvrir *, par où le Cardi-
contre les ^^ yoyoit clairement » ^ que ce Prince avoit en vue de tenir les cbofes ca
f 'id. îbid. '^Q^Cïis , & de faire ouvrir le Concile ou le dillbudre , félon que l'exigc-
Rayn. N^ roient les événemens. Quant à la demande qubn lui faifoit de ne point in?»
II. timer d'autre Diète pour y traiter de Religion , il répondit en termes géné^
raux & ambigus > qu'il auroit tous les égards qui lui feroient poûibles pour
l'autorité du Pape. Enfin à la propofition qui lui avoit été faite de faire t&
guerre aux Luthériens , il dit : Que le confeil du Pape étoit fort bon , 6c
quele parti qu'il lui propofoit étoit le feul qu'il y eût à prendre, & qu'il
étoit refolu de le fuivre ; mais qu'il falloir fe conduire en cela avec beai»*
coup de précaution , & conclurre auparavant avec le Turc la Trêve qu'il
traitoit fecrettement par Tentremife du Roi de France ; parce que , comme
le nombre des Proteftans éroit très^grand , & leur puidance très- redoutable»
le fuccès de la guerre feroit très-equivoque & très-dangereux j (î on ne
rravailloit auparavant à les defunir ou à les furprendre : Qu'ainfi ce deflèin
devoir fe tenir très-fecret » jufqu'à ce qu'il fe préfentât quelque occauon
favorable ; & qu'aufli- tôt qu'elle s'oflriroit^ il en envoyeroit traiter avec
le Pape » dont en attendant il acceptoit les offires.
leLegst ^^ OuTRjE les affaires publiques, le Cardinal Farnè/c traita d'une autre
propofe le parriculiere > qui re^rdoit les intérêts de fa Maifon. Le Pape * croyant
iiepin qua avoir peu fait pour ton fils de lui avoir donné le Duché de Camérino & de
le Pape de jsj^pj ^ pcnfoit à lui donner en échange les Villes de Parme & de Plaifan-
'^"^D/^" ce ; dont pour mieux affermir la donation , il fouhaitoit que l'Empereur 1»
me Q» riat- • r a ' ¥m • / / /r*/ i / i
fance à fa >^^^i"^c > parce que ces Places avoient ete poflédees auparavant par les.
famille. Ducs de Milan. Le Cardinal en traita donc avec ce Prince , à qui il repré*
s Adr. L. ^.
p* ^03. 28. Outre les affaires publiquis 9 le Car- Pape , étoit nne occafion trop ftyorable
PaUa v^ L y . dinal Farnefe traita d'une autre particulier pour que le Légat n'en profitât pas. Du moins
*• ^4* re,qai regardai fies intérêts de fa Maifon. ] Ja chofe fuivit de û près , qu il n* y a aucun"
Nous avons déjà remarqué, que les Tn£- deuce que tout n'eue été concené auparavant
tniéUons publiques de ce Cardinal ne por- entre le Légat Se l'Empereur. Mais il n'eflr
toient lien qui regardât cette af&iie, 6c guèrespre^ble^queparmilesiaifonsquap-
que ce ne fut que quelque tems après (6a pona Famifo pour engager Charles à y
retour que la chofe fut conibmnoée. Peut- confentir» il ak fiùt valoir Imtérèt qu'il 7^1
être mime qu il n^ofa pas d*abord en faire avoit à caufe de la pcoximité du Duché de
d ouvetture à ce Prince , dans un tems aà Milan ; pililque ce Duché ayant été cédé
la froideur qu il y avoit entre eux ne laiilbic alors au fécond Fils de France y cet inté-
pas lieu defpérer qu'il y donnât aifémenr lêtfembloitneplusfubfifter» ou du moins,,
ion confentement. Mais Tamitié lécablie rEmpeieux devok Être bien zilk qu oa le
par la Ligue & par les fecours of&ns par le çsùu
DE T R ENI TE, L I V R E IL 2.13
{enta : Qu'il écoitde fon incérêc que ces Villes qui écoienc fî proches du mdxlt.
Duché de Milan fuilènc plutôt encre les mains d'une Maifon qui lui fùc ^^^^ ^^^^
coûte dévouée & honorée de fop alliance j qu'entre celles de l'Eglifc » ■■■■■'"■■—
parce que le Saint Siège venant à ctre rempli par un Pape qui lui fut peu
gfièâionné ,' il en pourroic naître beaucoup d'inconvéniens : Que cette do-
fiacion ne feroit point une aliénation du patrimoine de TEglife , parce que
ces Places n\ivoient été réunies que du temsde JetU^ II , &c quon n'eu
croit entré en podèflion que fous LéonX: Qu'au contraire » ce feroit l'in-
térêt de TEglife Romaine \ parce que n'étant données qu'en échange du
Duché de Camérino s en déduifant les dépenfes qu*il falloit faire pour 1«
garde de ces deux Villes » *> & 8qoo écus que le nouveau Duc devoir payer ,
elle tireroit plus de revenu du Duché de Camérino 3 que de Parme & de
Plaifance. A ces raifons le Cardinal joignit des lettres à l'Empereur de fa
fille p qui le prioit inftamment de donner fon confentement à cet échange.
Mais quoiqu'il ne defapprouvât pas la chofe, tant par rafFeéfcion qu'il avoir L'Emfenttp
pour (a fille &c fes petits-fils , que parce qu'il lui feroit plus facile de retirer f^^^^ ^
ces Villes des mains d'un Duc que de TEglife •, cependant il ne donna ni de ^/Jj^rf '^
confentement ni de refus , & il fe contenta de promettre qu'il ne mettroit
à cela aucune oppofition.
XVIIL Le Légat traita aufS avec les Catholiques & particulièrement avec l^s Puuf--
les EccléfiafliqueS) les animant à la défenfe de la véritable Religion , & leur f^^P^^P»-;
promettant de la part du Pape toutes forces de grâces. Cependant , quelque r^?J u*onM
iecrctte que fut la négociation de la guerre , les Proteftans en prirent quel- ^^ letir fm-
qaes foupçons fur ce qu'un certain Francifcain < prêchant devant l'Empe- telapum.
leur ^ le Roi Firiinand , & le Légat ^ après une grande inveâive contre ^ ^^^^^^ L.
les Luthériens , addrelïà la parole à l'Empereur en lui difant : Qu'il étoit ^^«P» *^ï'
de fon devoir de défendre l'Eglife par les armes > & qu'il lui refloit encore
à faire ce qu'il auroit déjà dû avoir fait : Que toutes les grâces que Dieu lui
avoir faites méritoient bien qu'il lui en marquât fa reconnoiflance 9 en pre«
nant la défenfe de fa Caufe contre cette pefle d'hommes qui ne méritoienc
pa^ de vivre : Qu'il ne devoir donc pas différer davantage » pendant que
cous les jours il fe perdoit rant d'ames > dont Dieu lui demanderoit compte »
s'il n'y apportoit un prompt remède. Cette Prédication non-feulement inf-
pira des foupçons aux Proteftans , mais leur fit dire encore que le Prédica-*
leur avoir ainfi parlé par ordre du Légat •, & ils jugeoient par des difcours
aufC publics > quels devoienr ctre les particuliers. ^^ Ces bruits firent réfou-
'29. Et 8000 écus ^u U noveau Duc
êUvou pAytr. } PéUlavicin JL f . c. ij. die
que c'écoic 90G0 ducats de la Chambre^ &
qa'il ny a point de Coonifan à Rome qui ne
le (àche : Benche non v'hà Conegiano in
Roma ^ il quaU non fappia , ch'egli è di
Movemila ducati di C dînera. Apparemment
que ce qui a trompé fra-Paolo , c'eft qu*>#-
driani marque que cette redevance ne de-
voit êae que de ^000 ducats, L. y. p. 5 x x*
£i corn ccnfo di ottomila ducati di Caméra
ciafcunanno.
5 o. Ces bruits firent réfoudre le Cardinal
À parùr fecretument de nuit , & À retourner
en diligence en Italie. ] Cefl de Sleidan que
notre Hifbtien a pris ce £ùt# Car cet Âx^
114 HIStpiREDUCONClLE
M D X L T. drc le Cardinal à partir fccrctcmcnt de nuit , & à retourner en diligence
Paul m. ^^^ Italie. Mais la défiance des Proteftans augmenta fur les avis qu'ils re«
curent de Rome. , que le Pape en licentianc quelques Capitaines leur
avoit fait efpérer de les employer l'année d'après.
LesProcii- XIX. 3« Lb i8 dc Mai l'Evêque de Sidon arriva à Trente avec deux
reurs de Théologiens , l'un Séculier & l'autre Régulier , ^ chargés de la procuratioa
tArchevè- dc rElcdteur Cardinal Archevêque de Mayence. L'Evêque fit un petit dif-
^^* ^^ cours à la louange du Concile , qu'il dit être Tunique remède aux agitations
Mrn%ent i & ^^x troubles de la Foi & de la Religion Catholique, & il donna des
Trente. alTurances du refpeâ de l'Eleâeur pour le Pape & le Saint Siège. Les Légats
ij Rayn. dans leur rcponfe louèrent la piété & la Religion de ce Prince. Mais
^V^T ^ Tégard de la procuration ils dirent qu'avant que de la recevoir ,
a^av.L.j. £1 j^ falloir voir , à caufe de la nouvelle défenfe qu'avoir faite le
Onfm '^^P^ ^ perfonne de donner fon fuffrage par Procureur ; qu'ils ignorcienc
'diffictUti de fi cette défenfe s'étendoit à un Cardinal & un Prince , & qu'ils favoient
les recevoir ^}jxn la diftindion que meriroit TEleifleur , à qui ils étoient prêts de
u b'^u ^ inarquer toutes fortes de refpeûs & de rendre toutes fortes d'honneurs»
p^fc*'^^ Cette réponfe furprit exticmement les Députés , qui choqués de ladi&
J ope contre ^ , , * , , ^ r r - / • j» • j » xi - t w t
les frocHTét- nculte qu on leur tailoit » ecoient d avis de s en retourner. Mais les Le«
tions, gats fentant de quelle confcquence il feroit , Ci le premier Prince Se Prèlac
d'Allemagne en dignité & en richellcs étoit mécontent du Concile , fe re-
pentirent de la réponfe qu'ils avoient donnée à fes Procureurs , & les
firent foUiciter de refter par le Cardinal de Trente , les Ambaflkdeuis
6c d'autres perfonnes , qui leur dirent , que la Bulle ne parloir que des
Evêques Italiens , & que les Légats s'étoient trompés : ce qu'ils voulurent
bien prendre fur leur compte , pour prévenir les inconvéniens qui en povL^
voient naître.
Les Légats rendirent compte à Rome de ce qui s'étoit pafle ^ & déniant
dèrent au Pape fi malgré fa Bulle ils dévoient recevoir ces Députés ; lui
remontrant en même tems , qu'il leur paroifToit de la dureté à renvoyer les
Procureurs d'un Prince Ci didingué , qui s'étoit montré fi zélé & fi fiivorable
aux Catholiques , 8c qui pourroit fe refroidir fi on manquoit d'égards pour
teor , après avoir parlé du difcoars da Fran-
ci(cain , ajoace : Non multis ab ea concione
diebus Farnefius de noEte clanculiim difce"
dit, 6» Romam magna celeritate revotât* Ce-
pendant , quoique la crainte de Farnèfe ait
pu avoir quelque part à lui faire hâter fon
retour, je croirois aflTez volontiers avec Pal-
lavicin , qu*ayant confommé ce qu il avoit
a traiter avec TFmpereur , il s'étoit prellë
ie retourner à Rome pour rendre lui-mê-
me compte au Pape de tout ce qui regardoit
fà négociation , dont une partie roulant fur
les intérêts particuliers de (à £umlle ^ ne
pouvoit bien Ct finir que par des entretient
de vive voix ; d'autant plus que les cbofo
demandant une prompte expédition , il étoit
difficile au Légat de refter plus loug tems ea
Allemagne.
y t. Le 1 8 de Mal FEvêque de Sidon ar*
riva à Trente , &c. ] M. Amelot prétend
qu'il faut metcpe 4'Evêquede Segns^ parce
qu'il n'y a point d'Evêché de Sidon. Mais
il ne prend pas garde que c'étoit un Evèqae
in partibus , qui fervoit de SufTragant à
l'Archevêque de Mayence, Alb§n dc Btû^,
dtbourg^
DE T REN T E, Li VUE IL zij
lai. Ils fouhaicoienc fur cela une réponfe qui pût leur fervir de régie , m d z l t.
fuppofé que les autres Evcqucs-Princes d'Allemagne envoyaflcnt des Procu- I'-^^ 11^-
cçars,ce qui feroit plus commode poiu le Concile^parce que ces Princes ayant — —
coutume de mener une grande fuite , s'ils y venoient tous en perfonne , la
vHle ne feroit pas a(Ièz grande pour les contenir tous. Ils ajoutèrent qu'il
ne falloit pas choquer les Allemands , naturellement foupçonneu^ç 8c
pcomts à fe rebuter ; d'autant plus qu'on avoit à traiter avec des gens affec-
tionnés &c qui avoient rendu de bons fervices, comme Cochlée qui étoit en
toute au nom de l'Evèque d'Aichftat » & à qui ils auroient honte de dire^
qu'il ne pouvoir donner fbn fu£&age contre les Hérétiques » lui qui avoit
tant écrit contr'eux. Le Pape ne jugea pas à propos de donner fur cela une
réponfe poHtive , à caufe du Viceroi de Naples , qui perfiftant dans fa ré-
iblution avoit fait donner une procuration de tous les Evêques du Royau-
me aux quatre qu'il avoit deftinés au Concile , & qui paflant par Rome
ians parler de cette procuration , dirent qu'ils alloient à Trente en leur pro*
pie nom , & qu'ils feroient bientôt fuivis des autres : ce qu'ils confir-
inèrent encore a leur arrivée à Trente. Mais il manda aux Légats de don^
neraux Procureurs de l'Eledbeur de bonnes paroles jufqu'à nouvel ordre >
ic d'ufèr comme lui de diflimularion , en attendant à s'expliquer , que
le tems d'ouvrir le Concile fût tout à fait déterminé.
XX. A la fin de Mai il y avoit à Trente vingt Evèques > cinq Gêné- j ^ ,
raux d'Ordres , & un Auditeur de Rote , qui étoient fort las d'attendre, & s*ennu!etuÀ
âui louoient fort les Prélats qui moins empretfés qu'eux ne fe predbient pas Trfnte , é*
i venir jufqu'à ce qu'ils enflent raifon de croire que le Concile alloit s'ou- fnurmu-
Tiir , & qui fe moquoient des autres en les appellant par dérifion les Dupes, ^^^^j /^^''
Pour fe défennuyer du féjour incommode de Trente, ils demandèrent aux "^ âpui-
Légats la per<miflion , les uns fous prétexte d'indifpodtion , les autres pour kfent.
£ure habiller , & d'autres fous d'aucres prétextes , d'aller pour 1 5 ou zo
jours ou à Venife , ou à Milan , ou ailleurs. Mais les Légats , qui favoient
de quelle importance il étoit pour la réputation, du Concile de les retenir ,
les amufoient en difant y tantôt qu'ils n'avoient pas le pouvoir de leur
donner congé , & tantôt en leur faifant efpérer que le Concile s'ouvri-
coit en peu de jours. L'Ambafladeur de l'Empereur , fous prétexte d'in*
diipoHtion , retourna i fon Ambaflade de Venife , laiflant aux Légats à
douter H c'étoit par ennui , par indifpofition , ou par ordre de l'Empereur
& pour couvrir quelque intrieue , qu'il faifoit cette démarche. Il promit
cependant que fon retour feroit fort promt , demanda qu'on ne fïr point
l'ouverture du Concile auparavant ; & aflura que pendant fon abfence les
Ambafladeurs du Roi des Romains feroient tout ce qui feroit jugé conve-
nable pour le fervice de Dieu.
Sur la fin du mois de Juin , la plupart des Evêques , les uns prefles par
h pauvreté , les autres par les incommodités du féjour , firent de grandes
plaintes -, & excitant entr'eux comme une efpèce de fédition , ils menacè-
rent de s'en aller, & s'addfefl^rent à François Cafld-alto Gouverneur de
±16 HISTOIRE DU CONCILE
M D X L T. Trente f ^ ^ qui avec Antoint Quêta éroic AmbafTadeur de Ferdinand auprès
PaulIIL J^ Concile. Ce Seigneur vint trouver les Légats, *& les pria au nom de
"~^"^ fon Maître de vouloir ouvrir le Coiicile en leur repréfentanc le bien qui
* *^* en arriveroit , & les inconvéniens qu'il y avoit à tenu)orifer davantage»
Les Légats s'ofïènsèrent d'une renK)ntrànce , qui leur (eimbloit faite pour
faire croire au monde coût le contraire de la vérité ^ ic faire retomber (tit
eux un retardement qui ne venoit que de l'Empereur. Et quoiqu'ils euflënc
réfolu de dillimuler Se de ne répondre qu'en termes généraux , le Cardinal
dd Monte avec fa liberté naturelle ne put s'empêcher à la fih de fa réponfe»
de dire à Cafiel-^to d'attendre Mendo^e » qui avoit des Inftruâions plus
particulières que lui. C'étoit pour les Légats unechofe pénible, que d'amufer
& de confoler les Prélats qui iupportoient fort impatiemment ce féjour oifif,
& fur-tout les pauvres Evêques , à qui il falloir plutôt de l'argent que de
paroles. ) ' C'eft pourquoi ils réfolurent entr*eux de donner fur le compte du
Pape 40 ducats par tète aux Evcques &Atcïa , de Bertinore , & de Chiov^ ,
qui fe plaignoient plus que les auttes.Mais pour empêcher qu*on ne prît droit
pour l'avenir fur cette gratification d'en prétendre d'autres , ils déclarèrent
que c'étoit feulement par forme de préfent , & non de penfion. Ils rendi-
rent compte enfuite au Pape de ce qu'ils avoient fait , & lui repréfentè*-
rent qu'ils avoient befoin d'un plus grand fonds ; mais qu'il ne falloit
abfolument rien accorder à titre de penlion , de peur que les Pères ne pa-
ruflent aux gages du Pape, & que les Proteftans n'en prifTent occafîonde
plus en plus de refufer de fe (bumettreà un Concile compofé de gens qui
étoient fes penfionnaires , & tout-à-fait dans fa dépendance.
Vtmpeftuf XXI. 54 Ce fut dans ce même tems que l'Empereur , qui étoit à Wor-
fMt citer mes , cita y l'Archevêque de Cologne à comparoître devant lui dans le terme;
CEleâettr de
de Cologne.
y Spond. j2. Et qui avec Antoine Quiéta étoit vcque de Cologne, Sec, jCctoit Hermaade
N° 7. Ambajfadeur de Ferdinand au Concile, > Afeurs ^ de la Maifon des Comtes de Jf^iei-
Flcury , L. L'Edition de Londres l'appelle Ginéta. Mais: Cétoit un homme de bien , & qui , plus
141. N°8o. c'eft une faute deCopifte , comme il parofc appliaué au foin de fon Diocèfe que ne le
Sleid.L. i^. paj les Hiftoriens , ( Rayn. N°. 19. Spond. font d'ordinaire les Evêques d'Allemagne ,
p.x^j. ^6^. |sjo, ly. & Lahbe Conc. Trid. p. i). ) & avoit tenté d'y rétablir la difcipline & le
cette Êiute fe troate conigéé daas les Edi- bon ordre. Mais comme il fe lervit poux
tions de Genève. cet effet de quelques-uns des nouveaux Ré-
33'C'efi pourquoi ils réfolurent entre eux formateurs , cela le rendit fufpcdl lui-même
de donner fur le compte du Pape 40 ducats d avoir embraflë leur dodrine , quoiqu'il
par tête aux Evéques d'Accîa , &c. ] Fra- proteftat de n'être ni Luthérien ni Sedaire*
Paolo àxxde' NohiUMz\% c'eft une méprife; Il fut la viôîme de (on zèle : car abandonné
& il a pris le nom de TEvèquc qui s'appelloit par ceux mêmes de fon Clergé qui Tavoient
de Nobili , pour celui de l'Evêché qui étoit fécondé , il fut obligé de fe foumettie à la
Accia y petite Ville dans Tlfle de Corfe. Sentence du Pape & de l'Empereur , qui le
Auin a-t-on corrige cette méptife dans les privèrent de fon Eledorat , & lui fubftituè^
Editions de Genève. rent Adolphe de Schvvart^emkourg fon Co-
34' Ce fut dans ce même tems que VEm- adjuteur , & qui avoit été fon ami.
vereur ^ qui étoit à Wormes , cita F Arche-
u-/^
DE TRENTE, Litre I.
117
zlà.L.
de }0 jours , ou à envoyer un Procureur pour répondre aux accufacions for- unxzr.
mées contre lui , avec défenfes à lui de rien innover fur le fait de la Rcli- ^^^^ ™'
ë'on & des ufages de TEglife , & ordre de rétablir ce qui avoit été changé,
es l'an MDXxxvi. ' ce Prélat voulant réformer fon Eglife avoit tenu un
Concile des Evêgues de ùl Province 8c y avoit fait faire plufieurs Décrets ^ *p ^'^t'g^
recueillis & imprimés depuis par Jean Groper Canonifte , que Paul IF créa
depuis Cardinal pour les fervices qu'il avoit rendus à l'Eglife Romaine. Mais
ibit que l'Archevêque ni Groper ne fuflènt pas encore contens de cette Ré-<
forme » ibit qix'Herman eut changé de fentimens , h il afièmbla en mdxliii
faa Clergé , ù, Noblefle > & les Principaux de fon Etat > & fit une Ré-
formation plus étendue , qui 9 quoiqu'approuvée par pluûeurs perfonnes ,
ne plut pas à tout le Cierge. Au contraire il y eut une oppofition de la
plus grande partie , à la tcte de laquelle fe mit Groper , qui d'abord avoit
confeiUé cette Réfbrmc & l'avoit favorifée. Les oppoiàns • tachèrent d'en- ^ ^^5^*^
gager l'Archevêque à fe défifter de fon entreprife, & à attendre le Concile
Général , ou au moins une Diète de l'Empire. Mais n'ayant pu y réaflir,
ils en appellèrent en hdxliv au Pape & i l'Empereur , comme au fupréme
Avocat & Proteâeur de l'Eelife. D^ns un Manifeftc que publia l'Archevè-
3ue y il traita cet appel de rrivole > ôc fbutint qu'il ne pouvoit fe défifter
e ce qui regardoit la gloire de Dieu & la Réformarion de l'Eglifê : qu'il
n*avoit rien de commun ni avec les Luthériens ni avec d'autres ; & qu'il
fuivoit une doârine conforme à l'Ecriture Sainte. U pourfuivit donc toa^
jours l'ouvrage de fa Réforme : mais le Clergé de Cologne continuant fon
oppofition » l'Empereur prit ce Clergé fous fa protedion , & cita l'Archevê-
que à cpmparoître devant lui > comme on Ta dit.
Cette nouvelle fervit d'entretien à Trente , où l'on étoit fort oifif. Les ^ ^^me
Légats s'échauffèrent beaucoup, î^&ceux d'entre les Prélats qui avoient^*'^ ^^^^^'
€|uelque fcns , blâmoient fort l'Empereur de fe rendre Juge dans une affaire jlf„fg^ ^
« Foi & de Réformarion; & ce qu'ils difoient de moms fort étoit ,que Rame.
le procédé de ce Prince écoît crès-fcanoaleux. Ils commencèrent à voir qu'on
ne tenoit aucun compte d'eux , & que leur oifîveté les rendoit mépri£i-
y ç. liaffimbla en tS43 fin Clergé y &c.]
Il y a dans le Texte de TEdition de Lon-
mf, Xf4f. Mais c'eft vifîblemenc une
date de Cbpifte , pusCque FraPaolo piT]e
^euz lignes après de TAppel interjette en
s f 44 contre la Referme précédente de l'Ar-
chevêque. Auffi les Editions de Genève por*
tenr if4).
36. Et ceux d'entre Us Prélats qui s-
if^nt quelque fins , blâmoient forttEmpe"
reur de fi rendre Juge dans une affaire de
fei & de réfirmation, ] Ce n*étoit pas couc
à &ic le cas : car l'Appel interjette à l*£m-
pertur par les peuples de l'Eleâorat de Co-
TOME I.
logne ne s^adretToit pas à lui comme Juge
de la dodrine , mais comme Chef du Corps
Germanique , i qui il appanenoitde main-
tenir chacun dans Tes droits , & d'empê^
cher que TArchevèque , fous prétexte de
Réfermation , ne troublât la paix & la tran-
quillité de fes fujers. Il eft vrai , que les
innovations en matière de Religion écoien't
ce qui avoit occafîonné cet Appel* Mais
FAppel à TEmpereur n'étoit pas fur le fait
de la doârine , mais fur le trouble que les
peuples de Cologne prétendoient leur être
fait dans leun droits 5c leurs privilèges par
les nouvelles Loix de TArchevêque»
Ee
ir8 HISTOIRE DU CONCILE
UDXtv. blcs: & îlsdifoient qu'il étoit ncccflTaire de déclarer que le Concilie étcrfir
Paul III. ^ . -i . ^ .
légicimément afiemblé , de raercre la main à l'œuvre de Dieu , & de corn-
^mencer les premières Actions du Concile par procéder contre rArchevcqiic
deColoene, TEledtçur de Saxe , le Landgrave de Heflè , & même con*
cre le Roi d'Angleterre. Us avoient tellement relevé leur courage , qu'ils ne
paroifToient plus être ces mêmes Pr^ats , qui peu de jours auparavant &
regardoient comme prifonniers* A la vérité , les Députés de TEleéteur de
Mayence auflirbien que le Cardinal de Trente réprimoient un peu cette
ardeur , en les faifant refléchir fur la grandeur de ces Princes , & le nombre
de leurs adhérans , & fur le danger qu'il y avoir de les lier plus étroitenoenc
{»ar4â avec le Roi d'Angleterre , Se d'allumer an plus grand feu dans l'AU
emagne. Mais les Evèqiies Italiens , qui croyoient fe faire valoir en procé^
dant contre desperibnnes (î diftinguées , difoient qu'il étoit vrai que tout
h Pallav. L. le monde feroir étonné d un procédé fi vigoureux 'y ^ mais que tout confiftoit
;-. c. z j; à bien commencer & i prenore de bonnes mefures. Ils s'excîtoient l'un Tat»-
tre à réparer en partie l'oifiveté paffée par leur diligence ^ & difoient qu'il
falloit demander au Pape quelque homme habile & intrépide , qui portât lu
parole contre les coupables y comme avoir fak Mtlchior Baldajjini dans le
Concile de Latran contre la Pragmatique ; slmaginant qu'il n'y avoit d'au-
tre difficulté: pour priver les Princes de leurs^ Etats y qu'à bien fuivre les
formalités des procédures. Les Légats en effet connurent qu^un tel homme
kur étoit néceflàire , & écrivirent à Rome pour en' avoir un , dont ik
puffent fefervir foit dans cette occafîon , foit dans d'autres.
î7 Le Pape, averti de ce qu'avoit fait l'Empereur contre l'Archevêque,
en fut extrêmement furpris, bc ne favoit s'il de voit fe taire ou s'en plaitv-
dre. D'un côté, s'en plaindre en- vain , c'étoit montrer fbn peu de pour-
voir,, ce qui l'inquiétoit étrangement. Mais de l'autre, confidérant comn
bienilécoitimportantpour luiœ nepasdiffimuler une telle enrreprife, H
réfolut de ne pas s'en tenir aux paroles , comme on faifoit à Trente, mais
d'en venir aux effets , pour répondre cnfuite i l'Empereur , s'il lui en par-
r Spond. loi t. 5* Le 1 8 dc Juillet il fit donc citet le même Archevêque , ^ le Doyeî
N^ 7.
Slcid. L. I ^r
p. 1^5. 37 ^^ P^P^ » averti de ce qu avoit fait aife que ce Prince n'eût agi que comme
îlcury , l^l'Enwereur , en fut extrêmement furpris, ezécuceor de la Sentence qu'il fe préparoic
l4i.N°8ov^c* J Le Cardinal Pallaviciny L. 7. ci. de rendre. Mais c croit vraifemblablemenc
n'a pas , ce me femble > tout à fait tort de un motif tout oppofc, qui avoit fait kâter
croire que Ci le Pape parut furpris , cette l'Empereur , à qui en qualité de Chef de
furprife ctoit un peu de commmande ^ poif- l'Empire il appartenoit de connoitre de
que , comme on le voit par les Articles ar- tout ce qui étoit porté par appeLà fon Tii-
rètés avec êiAndelot , ce Pontife & l'Em- bunal.
pereur étoient convenus de procéder de con- . ^8. Le iS de Juillet il fit citer le mime
cert contre TEIefteur de Cologne. Peut- Archtveqtu , le Doyen y/& cin^des pritL-
être feulement fut-il fiché que l'Empereur cipaux Chanoines de Cologne , &c. ] Le
l'eût prévenu , parce que , comme il s'agif- Doyen étoit Henri de Stolbtrg , & les Cha-
foit d'une caufe de Religion , il eût été bien noines étoient Frédéric ficre de l'Archet
l^L.
DE TRENTE, Litre IL 119
& cinq principaux Chanoines de Cologne, i comparoître en perfonne uDXtt^
devant lui dans le terme de foixame jours ; lallFantà penferau monde , Pa^'- ^^^*
5 ' comment l'Archevêque pourroit comparoître en même teras devant deux ■——■■"
Juges qui le citoient en divers lieux pour la même caufe , Se de quoi pou-
vait fervir i la gloire de Dieu un tel conâiâ de Jucifdidion* Nous verrons
en fon lieu, comment fe termina ce!tte a&irc • , .
XXII. Pour revenir préièntement à ce qui regarde de plus près le Coq- rEmpirêur
cUe, TEmpeteur , fans parler des affaires de Religion , tenta divers moyens t^l»f»mMit
dans la Diète pour tâcner d'engager les Proteftans à lui fournir desfecours*?*?^**^^*
contre les Turcs. Mais ils rcponaircnt toujours , ^ qu'ils ne pouvoient y /^ji^*^/^,
conientir , qu on ne leur donnât des alTurances de continuer la paix de Re- Protefttms
ligion » & quon ne reconnût que par la convocation de TAflcmbiée de étu ConeiU.
Trente fous le nom de Concile , le Décret fait dans la Diète précédente ^Slci4.^L.
d*entretenir la paix jafqu au Concile n'étoit point diflbus; que cette paix ^^*P* '
n*étoît point compue ', & qu'ils ne feroient point forcés d'obéir aux Décreu
qu'on feroit à Trente : parce qu'ils ne pouvoient fe foumettre à un Concile»
ou le Pape qui les aroit déjà condamnes étoit entièrement le maître. L'Em-
pereur leur répliqua : Qu'il ne pouvoir leur accorder de paix qui les exemcsU
d'obéir aune Ailèmblée, â l'autorité de laquelle toas les Chrétiens étoienc
foumis ; & qu'il ne pourroit s'excufer auprès des Rois Se des Princes /s'il
accordoit aux Allemands la liberté de rejetter un Concile qui étoit aflemblé
principalement pour eax : Que (1 , comme ils difoient , ils croyoient avoir
des raifons de ne ^y point foumettre, ils dévoient aller au Concile pouc
y expofer celles pour lefquelles il leur étoit fufpeâ 4 Qu'ils y feroient écou-
tés ; & qu'ils pourroient le récufer en cas qu'il parût qu'on leur y fie
quelque tort ; mais qu'il ne convenoit pas de £è laidèr prévenir & de fe
livrer aux foupçons , ni de chercher dans lavenir des griefs dont ils n'avoienc
{»as encore à fe plaindre. Les Proteftans difoient : Que ce n'étoit point de
'avenir dont ils tiroient leurs griefs , mais du paffé *, puifqu'on avoic
déjà condan^né leur doârine , & que le Pape Se tous fesadhérans l'avoienC
pxofcrice : Qu'ils n'avoient plu3 de jugement à attendes , puifqu'il étoit déjà
rendu : Qu'il étoit jude par conféquent que le Pape , Se tous ceux qui lai
que , Jaques Rhîngrave, Chrîflophîe lOU
icmhourg y Richard de Bavière , Se Phi^
lippe d'Oherfleln* Sleid L. i-^. p. i.^)«
59. Laijfant à penfer au monde , com'
ment r Archevêque pourroit comparoître en
même tems devant deux Juges qui le fiitoient
en divers lieux , &c. Notre Hiftorien a
quelque raifon de faire remarquer Hncon-
iiftance de cette procédure , félon laquelle
on ci toit en même rems la même perfonne à
deux Tribunaux diffërens. L'impoflTibiîité d*y
comparoître devoir néceflairement le -faire
4^1arer çpat\inuce dans Tun d^ deux , &
ainfi le rendre criminel » quand il eât été
înnocenr. Mais ce n'étoit pas la feule nul-
lité qui (è troQvoit dans cette af&iiv •« & it
y en a'voit une bien plus eflêmielle à toq-
loir condamner un homme pour une doc-
trine 4 qui ne devoit être cenCée décidée
qu'après que le Concile aijoit prononcé*
Cela fêmble împlic|uer contradidlion. Mais
à Rome on agiilbit fur d*aurres principes*
Le Concile n'étoit que pour la forme , & on
étoit bien réfolu qu'il ne s'y dccideroit rien
que de conforme à la 5enen:ede lAoa^
qui ferroitdeprcjugé dans toute cette aSaire;
Ec a
110 HISTOIRE pu CONCILE
X D z L V. écoienr attachés foit en Allemagne foit ailleurs » fifTeut une partie du Con-
PavlIII. cile, & eux lautre \ Se que pour la manière de procéder , rEmpereor ,
' les Rois 9 & les Princes en fuflcnt Juges ; mais que pour le fond de la caufe >
il la falloit décider par la feule Parole de Dieu.
Quoi que pût leur dire rAmbafladeur de France pour les porter i recon-
fSlcâ. L ^^^^^^ ^^ Concile , ^ il ne put jamais les faire changer de rélolution , bien
x^. p. 1^1. qu'il employât des efpèces de menaces, qui i fbn départ de France lui avoicùt
Thoan. L été fuggérées par ceux des Miniftres du Roi qui étoient attachés au Pape.
^ N^ |. Les Impériaux proposèrent de transférer le Concile en Allemagne, avec
^^îîo ^ promefle que l'Empereur agiroit efficacement pour y faire confcntir le Pape;
'41* 79» g^ i^ Proteftans acceptèrent ce parti, â condition que la paixdureroit joT-
qu'â ce qu'il y fut aflemblé. Mais Charles , a^uré que le pape n'y conten-
tiroir jamais , & voyant que c'étoit leur accorder une paix perpétuelle ,
jugea plus à propos de laiuèr les chofes en fufpens , étendant feulement le
terme de la paix jufqa*à une autre Diète ; parceque n'ayant pas encore concla '
de trêve avec les Turcs , de la part de qui il appréhendoit plus la guerre ,
il efpéroit à la faveur de quelque Colloque trouver des moyens raiibn*
nabtes de forcer les Proteftans à le foumettre au Concile de Trente , ou s'ib
le refufbient , de leur faire la guerre comme à des contumaces. Il finie
fSltii. L. donc ^ la Diète le 4. d'Août , & en intima une autre pour le mois de Jan- *
i^. p. x^5. vier fuivant a Ratisbonne , où les Princes dévoient fe trouver en perfbnnc*
l^ayn. Il ordonna en mèmc tems , qu'il fe tiendroit un Colloque fur les matières
^ V* de Religion , où il fe trouveroit quatre Doâeurs & deux Juges de chaque
l^ * parti , & qu'il commencèroit au mois de Décembre , afin que toutes les m^i-
Pallav. L. tières fuflènt digérées avant la Diète. Du furplus , il confirma &c renoa«
5. c. I j. vella les précédens Edits de paix , 6c régla là manière de pay^r les conrri«
butions pour la guerre. Nous verrons dans la fuite ce qui fe paifa dans le
Colloque.
Ils publient Au retour de Vbrmes , les Proreftans publièrent un Ecrit , où ils dé-
tendre fatisfaire à cette promede par le choix de la ville de Trente , puifqu'on
ne pou voit pas dire que Trente fut en Allemagne, finon parce quefon Eveque
éroit Prince de l'Empire : Que par rapport! la sûreté, cette ville n'étoit ni
moins en Italie, ni moins au pouvoir du Pape, que Rome même : Que ce qui
les empèchbit davantage de tenir ce Concile pour légitime, c'cft que le Pape y
vouloit préfidcr & propofer tout par fes Légats ; que tous les Juges lui étoient
attachés par ferment , & que le procès étant contre le Pape lui-même , il ne
devoir pas en être le Juge : Qu'enfin , 40 avant toutes chofes, il falloit traiter
de la forme du Concile , 6c des aurorités fur kfquelles on devoir s'appuyer.
. 40. Qu'enfin , avant toutes chofes îi autorités , &c. ] Le texte de l'Edition ée
falloit traiter de la firme Ju Concile &dts Londres pone, qu'il £alloit traiter de la
DE TRENTE, Litre IL zii
XXIII. ^« L A rcfolution de l'Empereur déplut B cxceffivcment à Trente m d x t v.
ic à Rome , où Ton ne pouvoit digérer qu'un Prince Séculier fe mêlât ^^^^ ^^^*
ainfi des a&ires de Religion , & où Ton trouvoit qu il décréditoit entié- "TT"
CCH'
fement raucorité du Concile \ puifque , quoiqu'on tût à la veille de l'ou- 4^^,^^ ^
Ttir» il vouloir qu'on traitât ailleurs des matières de Religion. Les Eve- Rome é* à
ques qui étoient à Trente blâmoient prefque dune commune voix ïtTrentt u
Dccrei , difant qu'il étoit encore pire que celui de Spire , ôc qu'ils s'éton- ^*^'^*'*^ ^'
noient comment le Pape , qui avoit montré tant de vigueur contre le pre- ^*^'*^
mier , avoit toléré Se toléroit encore ce dernier , tandis que le Concile étoit 1^0 ^J *
déjà aflèmblé. Ils conduoient que cette conduite mont toit clairement , Spond.
qu'il étoit inutile & même déshonorable poureuxderefter pluslongtemsà^^ 4*
Trente -, ôc lorfque les Légats faifoient tout ce qu'ils pouvoient pour les ^*^^*^* L»
Gonfoler ôc leur perfuader que le Pape avoit permis tout celaà bonne inten- ^' ^ ^^*
(ion , ils répondoient qu'a quelque fin que le Pape l'eiit permis , & quel-
chofe qui en pût arriver , l'afiont fait au Pape » au Saint Siège , au
fiue
Concile & à toute l'Eglife , ne pourroit jamais fe réparer. Les Légats ne '^Utfnwt
ÊLvoient comment appaifer leurs plaintes , qui toutes aboutirent enfin à leur ^^^^^^ ^
faire demander leur congé, les uns fous prétexte de lanéceffité ^^ leurs ^^?^^^^^'"
affaires, les autres â titre de maladie ou d'indifpofition. Et quoique les^«i>/^
Légats ne le donnaficnt à perfbnne , plufieurs le prenoient chaque jour , en Trm/r.
force qu'avant la fin de Septembre il ne reftoit que fort peu de Prélats i
Trente. Mais quoiqu*d Rome on eut prévu par la négociation du Cardinal
Farnife , que les chofes dévoient aller ainfi \ lors néanmoins que cela fuc
irrivé » l'on commença i réfléchir plus férieufement fur les fuites. L'oa
confidéra que les vues de l'Empereur étoient fort ditférentes de celles da
Pape. CharUs trouvoit fon intérêt \ tenir les choies en fufpens , faifanc
éfpérer aux Proteftans de ne point laifTer ouvrir le Concile , s'ils le conten->
toient ; & leur faifant craindre au contraire de le laifTer ouvrir & de pro*
céder contr'eux , s'ils te défobligeoient. C'eft pourquoi il faifoit naître tous
ferme éa Concile avftnt qve A^ miter des
âatorités , trattan prima deUa forma del
Conàlio cbe dclU autoruây &c. Mais la
leçon des Editions de Génère y que nous
avons faivie > & où on lit £» Jella autorità
au lieu de che , femble plus raifbnnable ^
parce que la difficulté des Proteftans regar-
doit non-feulement la ferme du Concile ,
mais aullî les autorités fur le/quelles on de-
Joie appuyer les décifions y c'eft-a-^lire , fî
Ecriture dévoie être regardée comme le
ièul Juge que 1 on dût Cuivre , ou fi les Dé-
crets des Papes ou d'autres autorités humai-
nes dévoient faire règle dans le Concile.
Ceft-là ce que les Prdreftans vouTdient qui
fut réglé d'avance , mais ce qu on n avoit
garde de leur accorder.
4%, La réfiduùon de tEmperatr dipbu
txcejpvimeru à Trtnu & à Rome , &c. ][
C*eft-à-dire , à ceux qui dans l'un ou Tau-
tre endroit n'étoient point dans le (ecret
des affaires , 8c ne fâvoiem rien du delièin
pris de faite la- guerre aux Frotéftans. Oui
fEmperectr ne voulant pas (e déclarer^ qu*tl
ne fût fîjr de Ja paix avec les Tujrcs , avoir
cm devoTT indiquer une autre CHète Si an
autre Colloque y afin qu'à la faveur 4e <ê
délai il eût le tems de fe préparer à oppri*
mer les Proreftam y s'ils refufoient de fe
foumettre aux propofttîohs qu'il leur feroit
dans^ prtKhaînc Oiètc,
111 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLv. les jours de nouveaux incidens, &lai(Tbic couler doucement le cèmsfbus
Paul III. divers prétextes , tantôt en faifant entendre au'il feroic plus à, propos de
"■'■'—■'■" transférer le Concile ailleurs , tantôt laiflknt cipérer qu'il confentiroit vo-
lontiers qu'on le transférât en Italie & à Rome même, afin que le Pape ÔC
les Evèques d'Italie écoutaflènc plus favorablement fes proportions » & ti-*
raflent en longueur la célébration du Concile. 4^ Le Pape de fon coté
ftPallav-I-^^i^ fort embarraflfé. ** Quelquefois il fentoit réveiller en lui l'ancien défie
f.ç. i^ qu avoient eu tts prédecefleurs de ne point tenir de Concile ; & il ferepen-
toit lui-même d'avoir été fi avant , parcequ'il voyoic qu'il ne pouvoit fans
un grand fcandale ÔC fans danger montrer ouvertement qu'il n'en vouloic
point , & difibudre cette petite Afièmblée qui étoit à Trente. Il con«
noiflbit clairement d'ailleurs, qu'à l'égard de l'Italie , le Concile n'étoit pas
un remède propre pour éteindre rHéréfic, contre laquelle il valoit bien
mieux procéder par les rigueurs de Tlnquifition , qui étoit l'unique remède
i ce mal » & qui feroit fufpendue par l'attente de fa tenue. Quant i
l'Allemagne il paroifibit aufll évidemment , que le Concile , loin de faci-
liter les chofes , les rendroit encore plus difficiles. Outre cela il héfitoit en
tenant cette Aflèmblée, s'il devoir accorder à l'Empereur la moitié des
fruits & les Vafièllages des Monailères d'Eipagne , parce qu'en ne le faifanc
pas , il choqueroit ce Prince , & qu'en le faifant > il craignoit que les
Prélats Efpagnols nefe plaignifiènt qu'il dotmoit aux autres ce qui leur ap-
Eartenoit) Se qu'ils ne fiflènt fentu: contre lui &le Saint Siège leur ref-
mtiment dans le Concile. Il voyoit enfin le mécontentement qu'auroient
les Prélats Néapolitains » qui ne pourroient fuppotter de payer les décimes
Se faire encore des dépenfes dans le Concile , & il appréhendoit que les
François ne les appuyaflènt , non par charité » mais pour embarraflèr l'Em*
rendre le deflèin ■ de transférer le
comme on avoir fait à Vor«
^ à quoi, difoit-il» il ne
rer miuirs confentiroit jamais y quand on lui donneiroit cent otages & cent gages ;
le Concile, au lieu qu*en le transférant en Italie dans un lieufi;rrile, commode» & sûr ^
« 14. Ibid. jj s'épargneroit le défagrément d'être toujours dans l'incertitude , & de tenir
pour ainfi dire Iç Cpncilç à Tsmcre > au rifque d'être obligé de le tranfportes
41. Le Pape de fon eôié itêîifirt embat'
rajje « &c ] PalUvîein , L. f . c. ly. pré-
tend que les railônnemens qoe £ût £iire ici
Fra-Paclç an Pape ^ font au^nt de fiâions
lie ton invention i & il eft vrai que le tour
eft effedivement dejnotxe Hiftorien. Mais
comn^e Ton juge des penffes d'un homme
parla conduite qu'il tient, & que rarement
i*on fe troçipe dans ces (brtes de jugemensi
fi l'on veut lire ce que PalUvicin lpi-m6«
m$ nousrapponc dans lecliap. 14 dfss vues
(ècret^ in Pjape pour la tranflttion da
Concile « & de rembarras où le jettoit la
conduite de TEmpereur . (bit à T^ard de
l'ouverture , (bit à l'yard de la fufpenfion
4e cette A(kmb\ép , on (r convaincra ai(2«
Qient , que notrç Hiftorien ne lui a rien
pr^té de fbn éloigné de fes vâes , & que les
raifonnemens qu'il lui fait hite (bnt fondés
en &its y & s'accordent affez ezaâemeni
avec & çonduiot & (b de£rSf
DE TRENTE,LivRE IL i%$
tantôt d*un côté 6c tantôt d*un autre , qui écoit la (ituation du nK)nde la a o x l r.
plus facheufe » par les inconvéniens perpétuels & infinis qui en pourroient ^^^^.^U.
naître. Ce qui le déterminoit encore à ce parti , c'eft qu a la faveur du — — —
tems que demanderoit la tranflation du Concile , il détourneroit une chofe
dangëreufe , déshonorable , &c de mauvais exemple > qui étoit d avoir un
Concile en concurrence avec un Colloque ou une Diète où Ton traiteroic
des affaires de Religion > fans favoir quelle ilTue auroient l'un ôc l'autre»
Se qu'il contenteroit les Evcques en les laiflant ibrtir de Trente. 45 Pour
mettre les Légats en état d exécuter cette délibération lorfqu'ils jugeroient
que loccafion en feroit favorable , il leur envoya par une Bulle dattée du
.12 de Février» &dont nous avons parlé plus baut> le pouvoir de trans-
férer le Concile.
XXIV. CfiTTE affaire n'étoit pas la feule, ni même la principale , qui Témldânm
occupât le Pape. Il penfoit plus efficacement que jamais à aonner àfon fils ^^f^^fiiturg
rinveftiture de Parme & de Plaifapce , pour laquelle il avoir demandé le ^L^^l .
confentemcnt de TEmpereur. ^ C'efl ce qu il fit à la fin du mois d'Août , %„fg ^ ^
fans aucun égard au murmure eénéral du Public , qui trouvoit fort étrange fils natttreL
que pendant qu'on parloit de reformer le Clergé , le Chef de l'Eglife don- * Pallav.Lr
Jean Véga Ambaffadeur de l'Empereur refufa néanmoins d'aflîfler d cette In- Rayn.
vcftiture 2 & Marguerite d! Autriche femme du petit fils du Pape en fut aufli N® ^5*
mécontente , parcequ'elle auroit voulu que cette Inveftiture fut donnée â
ion mari plutôt qu'a fon beau-pére , à caufe qu'elle perdoit par-là le titre
de Ducheuè de Camérino > fans en acquérir un autre. Cette affaire ter-
jninée > le Pape mit toute fon application à fe tirer des difficultés & des
périls où.rexpofoit le Concile , qui n'étoit ouvert ni fermé & qui dans
cet état ne pouvoir fervirqu'à TEmpereui: contre lui. Il fe détermina donc llê»véiê
i envoyer ™ l'Evêque de Caferte à ce Prince , pour négocier avec lui ou «» t^onee i
Touverture ou la fufpenfîon du Concile pour quelque tems ; ou, (r cela '^'"^'''•^
ne lui plaifbit pas > pour lui propofer la tranflation du Concile en Italie , ^^J»!^^'
afin de donner nonnêtement le tems de tenir le Colloque & la Diète -, ou <^ ConciU,
pour lui offrir quelqu 'autre parti que ce pût être , pourvu qu'il ne fut ni mPaÛav.
déshonorable pourj l'Eglife , ni aufli dangereux que 1 etoit celui de tenir ^* 5* c- ^%^
un Concile afièmblé & oifif.
Cette négociation rencontra bien des- difficultés , parce que l'Emperetu: Ce Vflwc^
ne voulant confentir ni à la fufpenfion ni à la tranflation du Concile , ccnfent k
des eçndi^
4y. Pour mettre Us Légats en état (fé^* tems-cî. Elle avoir fté expédiée en même tiens qui dé*
xicuter cette délibération — // leur envoya tems que la Bulle de Légation , & il y a pl^fi^t ste
.par une BuUe datée du 22 de Février^-^' toute apparence qu'elle fut envoyée en m^- ^^' > ^^
U pouvoir di transférer le Concile. ] Je ne me tems que l'autre. Du moins je ne vois '*'* f^^d
/ai fur quoi fondé Fra-Paolo prétend que rien daïit l'Hiftoiie , qui me fitflè croire te ^^^^'^^
cette Bulle ne for envoyée que dans ce contxaiie»
114 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLv. & ne trouvant pas qu'il lui fut utile de le laillèr ouvrir, il ne rejettoic
Paul m. abfolument aucune de ces propontionS) mais comme il ne favoit encore
— ■"■^—^ que faire , il faifoit des dimcul ces contre toutes. Enfin vers le milieu d'Oc-
^ordonner ^q}^^^ n [\ propofa un tempérament, quiétoit d ouvrir le Concile, &dy
iCen f^rt traiter de la Retormation , mais lans toucher encore aux Hereiies oc aux
tonvetiurt. Dogmes, de peur d'irriter les Proceftans. Le Pape inftruit de cette propofi-
»PalIav.L tion par fon Nonce, en fut piqué jufqu'au vif. Il voyoit clairement que
5.C.15. cetoit donner la victoire aux Luthériens, & le dépouiller de toute ion
autorité pour l'alFujettir aux Colloques & aux Diètes de l'Empire ; & que
d'ordonner qu'on y rraitat de la Religion , tandis qu'on vouloit empêcher
le Concile de le faire , & qu'on le bornoit à traiter de la Réformation »
c'écoit l'atfoiblir en aliénant de lui ceux qui lui etoient attachés , & fortifier
les Lurhériens en foutenant ou du moins en tolérant leurs Héréfies. Etant
donc convaincu que fes intérêts éroient incompatibles avec ceux de l'Empe^
reur , il réfolur de difltmuler avec lui , & cependant d'agir félon qu'il
jugeroit plus avantageux pour fes affaires. C'efl pourquoi (ans montrer
aucun mécontentement de fa réponfe il écrivit à (on Nonce , que pour
complaire à ce Prince , il vouloit ouvrir le Concile fans différer davan^-
rage , & qu'il a voit envoyé ordre de le commencer , & d'y procéder avec
pleine liberté ic félon l'ordre & la forme légitime. Il sVxprimaainfi en ter-
mes généraux , pour ne point expliquer plus diftinâement par où l'on devoir
commencer , ni ce qu'on de voit propoier enfuite ou omettre. Mais c'étoir
• Id. Ibid* bien fa réfolurion , ^ que l'on traitât des matières de doftrine &de dogme
c u. préférablement à toute autre chofe , fans en apporter d'autre raifon , lors-
qu'il feroit obligé d'en donner quelqu'uiK , finon que c'étoit une chofe fans
exemple & contraire à fa réputation & i celle du Concile , que de traiter
de la Réf jrmation toute feule. 44 C'eft pourquoi le dernier d'0<5tobre »
'^Rayiu après en avoir conféré avec les Cardinaux il envoya ordre F à Trente, de
N^ iS. leur avis & confentement, d'ouvrir le Concile le troifiéme Dimanche de
Pallav. L. TA vent , dit Gaudtu^ qui tomboit au ij.de Décembre.
^•^p7; XXV. Cette nouvelle réjouit extrêmement les Prélats , & les délivra
diFfénLe ' ^^ ^* crainte où ils étoient de rcfter longtems à Trente fans rien fiiire. Mais
cnt ordre de Ics ordres ^ qu'en voya le Roi de France à fes Evèques de revenir , rejette-
s*ên retour- rent le Concile dans de nouvelles inquiétudes. Les Légats qui regardoient
ner \mMs ce rappel comme une déclaration que la France & fon Roi n'approu voient
les Légats pQ^^t le Concile , crurent qu'il étoit très-important d'en arrêter l'exécd-
a Rayn. ^*^"* ^'^ tentèrent donc toute forte de moyens pour retenir les trois Prélats
N*' 1 3. François , en leur remontrant que les affaires étoienr dans une autre (itoa-
Pallav. L.5. tion lorfque le Roi leur avoir en voyp ces ordres ^ qu'ils dévoient en atten-
dre
c. I^.
Spond.
^4, Cefl pourquoi le dernier ^Ofhbrei cités par Raynaldus Se Pailavicin , ne (ê
après en avoir conféré avec les Cardinaux^ fit qoe le 6 de Novembre , & Tordie filC
il envoya ordre à Trente , &c. ] Cette dé- envoyé le 7.
libération, félon les Aâes ConfiAoxiauz
4S- E^
DE TRENTE, LiTRi II iiy
-^de nouveaux y après qu'il feroic infornoé de Técat préiènt des chofes; MDziy;
& que ce feroic un grand Icandale pour les autres Nations > s'ils en adflbient ^^^^ ^''*
.autrement. Le Cardinal de Trente & les E vêtues Efpagnols & Italiens di- ^
ibient de leur coté ^
gats ' écrivirent à Rome le dernier de Novembre > pour avoir une
qui leur commandât de l'ouvrir , afin de conferver par-U Tautorii
lamenc qu on trouva
pour l'informer
parti qui. fut fort approuve par ce Prince
XXVI. G^MME le tems de l'ouverture du Concile approchoit , les Lé- BuHefçap
' • • ^ -^ r une BuUe^^'^'^^'
, - . par-là 1 autorité du jliL,^^
Saint Siège; 6c pour qu'elle pût arriver â tous» ils envoyèrent un Exprès N® i.
CD diligence; La Bulle arriva le onzième de Décembre-, 4f & les LégatsRayn. N*
ordonnèrent pour le lendemain un jeune & une proceffion. On tint aufiî'^^^ï*
«ne Congrégation générale , où après la leâure de cette Bulle » on traita
de tout ce qu'il y avoit à faire le jour fuivant dans la Seffion. ^^ L'Evèque
iHAJlorga demanda poliment , ' qu'on fît la leâ:ure du Bref de la Légation & ^ Pallav. ti
de la Préfidence » ann que chacun eue occafion par-là de montrer fon refpeâ ^ v!^^ J*
& fa foumiffion au Saint Si^e. Prefque toute la Congrégation approuva ^j^fi^^ .
cet avis> & chacun même y jo^it iès inftances. Mais le Légat Cardinal demsindt
de S^^ Crdx confîdéranc où pouvoir tendre certe demande , & que fi l'on qu'on fifâ
poblioit l'autorité de la Légation , il y avoit quelque rifquc qu'on ne ^* ^^^^^^ ^«
▼oulût la limiter» trouva plus à propos de la tenir fecrettc , pour pouvoir ^^^'i?^ ^^
«'en fervir félonies événemens. Il répondit donc fur le champ 9 que tous "^^//^^ ^^
ae f^oienc au'un feul corps dans le Concile , Se qu'il feroit également éludentçttu
lire de lire les Bulles de chaque Evèque pour faire preuve qu'il avoit fiMim^
ton Inftitution du Saint Siège , ce qui tireroit après foi de grandes longueurs»
9c qui occuperoit toutes les Congrégations , à mefure qu'il viendroit de nou-
veaux Evêques. Par - là il arrêta toutes les inftances » & conferva la di-;
gnité de la Légation » qui confiftoit à être fans bornes.
SÂJlorga ; mais Pachico Eyèqae de Jaèn ;
nommé Cardinal peu de tems après, qui
avant demandé que le jour de la Scflîon on
nt la leéhire da Bref de la Légation » le
Cardinal de Su Croix l'an des Légats , re-
montra , que là Bulle d*Indiétion & le Bref
des facultés étant trop longs ,- il (ûffiroit
de lire la Bulle qui levoit la fufpenfios , &
le Bref qui ordonnoit aux Légats de faire
l'ouverture 5 à quoi confentirent la plupaxt
des Prélats. Ce fut une adrelfe du Légat,
J|ui pour ne point laiiTer pénétrer quelles
toient les (acukéc des Préfidens, trouva
moyen d'éluder la demande de TEv^ue de
Jaïn , toute jufte & toute raifonnable qu ella
fit. .
Ff
'4\n Et les Légats orionnhtnt pour le
Undemain un jeûne & une procejjion* ]
^onr traduire littéralement Fra-Paolo , il
fiuidioit dire : ÎU ordonnèrent le lende-
main un jeûne & une proce£ion : perîlche
u giorno feguente i Legiti commandarono
un digiuno &proeeffione , &c. Mais cela ne
fexoit pas exaâ : car la Bulle étant arrivée
le onze , ils ordonnèrent dés le même
jour le jeune pour le lendemain, afin de Ce
préparer à l'ouverture qui devoit fe &ire le
1-5 i & il eût été trop tard à attendre le 11
à l'ordonner*
46. L*Evêqu£ d^Aflorga demandapoU'
ment qu'on fit la UBure du Brefdi la Le-
gation , &c. ] Ce ne fat point l^Bvèque
T o M fi L
iitf HISTOIRE DU CONCILE
u p X 1 T. XXVII. Le 1 3 de Décembre étant enfin arrivé , ^ le Pape fit publier i,
Paul. IlL Rq^^ç y^ç BqUc ^^ fi^rme de Jubilé , où après avoir marqué qu'il avoit a£-
• fcmblé le Concile pour remédier aux plaies que l'impiété des Hérétiques
U CmmI! ^^^^^ fî&ites à TEelife > il exhortoic tout le monde à aider de fes prières les
Cbimonïts Pcres alTemblés a Trente ; & pour les rendre plus efficaces , il accordoic une
fmttskum Indulgence plénière de tous leurs péchés à tous ceux qui jeûneroienc crois
^^*^^J^ jours , & aflifteroient pendant ce même tems aux procemons qui dévoient le
^JfQod. £j^j^^ ^ & qui fe confelTeroient & communieioienc dans cette intention. Le
ec VfAjh. Rième jour ' les Légats & les Evcques qui étoienc à Trente au nombre de
K^ 56. vin^tcina » revêtus de leurs habits Pontificaux , & accompagnés des Théo-
Pallav. I* logiens > du Clergé , & de tout le peuple de la ville & du ddiors , allèrent
5* <• >7« en proceffion de l'Eglife de la Trimté a la Cathédrale > où le Cardinal iUl
Monte premier Légat chanta la Meflè du Saint Efprit , & TEvêque de BUonu
fit un long diicours fort fleuri. 47 La Meflè étant finie > les Légats fireae
ExhmMtiaê lice r une longue exhortation par éait, qui portoit en fubftance : Que leur
ÀesUgms. charge durant le cours du Concile étant d'avertir les Prélats de leur devoir
^ ^^1^6 ^" ^^"^^ rencontre > il étoit jufte de commencer par-là cette première SeC-
U^ /. * fion > Se qu'ils prendroient par eux-mêmes les avertiflèmens qu'ils donnoient
Labbc ColL aux autres , n'étant pas d'une autre condition qu'eux : Que le Concile étant
p* ^^4« aflèmblé pour trois caufes principales , favoir l'extirpation des Héréfies > le
létabliflèment de la Difcipline Eccléfiaftique» & le recouvrement de la Paix»
il falloit pour réuflir dans cette enueprife avoir d'abord un vif fentiment de
s'être attiré par fes fautes les trois maux , aufquels on avoit à remédier :
Qu'ils dévoient fe regarder conune la caufe des Héréfies , non pour les avoir
fémées , mais pour n'avoir pas fait ce qu'ils dévoient pour répandre la
bonne doârine , 6c déraciner la zizanie : Qu'à l'égard de la corruption des
moeurs , il n'étoit pas befoin d'en parler , perfonne n'ignorant que le Clergé
& les Pafteurs feuls étoient les corrupteurs & les corrompus s & que c'étoit
en punition de cette faute > que Dieu leur avoir envoyé le troifieme fleaa»
qui étoit tant la guerre étrangère avec les Turcs , que la guerre civile entre
les Chrétiens : Que fans ce fentiment vif & intérieur de leurs fautes » c'étoiç
en vain qu'ils entroient au Concile , & qu'ils avoient invoqué le Saint
Efprit : Que c'étoit par un jufte jugement de Dieu qu'il les puniflfbit ainfi »
mais cependant beaucoup moins qu'ils ne le méritoient : Qu'ils les exhor*
toient c^nc à reconnoître leurs fautes, & à appaifer la colère de Dieu \ parce
que s'ils refufoitnt de le faire & de confeder leurs péchés, i l'exemple d'Ef»
dras , de Nihcmie , & de Daniel ^Ws ne pourroient recevoir le Saint Efprit
qu'ils avoient invoqué : Que c'étoit une grande miféricorde de Dieu , que '
47. La Meffi étant finie , Us Légats fi^ Mante en fit dans celle-ci une fort courte»'
rent lire une longue exhortation , A:c. ] Cette qo on peut voir dans Raynaldus N^ ai ièt,
longue exhortation , dont /Vd-Pii^/o donne elle fe fie (elon le même Auteur à la fin de
ici rextrait , ne ftit point lue dans cette la cérémonie & non au commencement ^
Sefllon , mais dans la fui vante , 'qui (à tint comme le dit Palla^iein , L. j. c^ »7«
k 7. de lanvier x ;4^« Mais le Cardinal M
M D X t V.
DE TRIENT E, Livre 11/ xvj
FodcaCon qu il leur fôurnifibic de commencer le Concile pour c&cher de :é-
v&Xix, toutes chofes : Que comme ils dévoient s'attendre a ne pas manquer ^aitl.III.
de contradifteurs s ils étoient obligés de s'armer de conftance» & comme '
Juges fe garder de routes fortes de partialités &: d'intérêts , pour n'avoir
en vue que la feule gloire de Dieu , & s'acquitter de leur devoir comme
.à la vue de Dieu > de fes Anges , & de toute i Eglife. Enfin ils averriflbtenc
4ionnée en mdxlii ' pour la convocation du Concile } de celle qui avoitB«//^ du
'été donnée pour l'ouverture , & qu'on avoir lue la veille dans la Congréga- ^^' & ^^
-tion , & du Bref de la fimple dépuration des Légats. Alfonft ZonUa Se- JJ^'^' '^^
crétaire de Mtndo^t * préfenta enfuire le Mandement de l'Empereur , que x Rayn. ad
Mcnio:^€ lui-même avoir déjà préfenré aux Légats longtems auparavant , an. 1545.
& il y joignit une lettre de cet Amba(fadeur , qui s'excufoit de fon abfence N** 59.
fur fon indifpofition. Les Légats reçurent l'excufe. 4^ Et i l'égard du Man- * W.N**4o;,
dément ils répondirenr » que quoiqu'ils puflèntfe difpenfer d'y faire une ré-
ponfe après celle qu'ils y avoient donnée dans le tems» ils vouloient bien
cependant pour montrer davantage leur re(peâ â l'Empereur le recevoir de
nouveau , & y donner une nouvelle réponfe , après l'avoir examiné.
Tout ayanr été ainfi exécuté , chacun fe mit à genoux conformément
àtt Cérémonial Romain , pour faire d abord , comme il efl: ordonné dans
chaque SefHon » une prière à ba(Iè voix ; après quoi le PréHdent récita à
haute voix au nom de tous la Colleâp , AdJurriUs Domine SanSe Spiriius »
&c. On chanta enfuite les Litanies > & '^ & le Diacre ^^ lut l'Evangile » «^i iRavn. âd
ficcavtrit in tt fraur tuus j &c. Enfin > après que l'on eut chanté l'Hymne , an. 15 45^
'49* Ctnt USurt fia fmvie de celle de mus Prefidens refpoHdit ^împedîmeMuM Me-
ta Bulle donnée en mdxlii. ] Ce ne fat verfievidetudinisIlLD.DidacVàMendo^u
point cette Balle qoi lut loe » mais celle da effe notorium, &propterea excufationem ejus
X 9. de Novembre i ) 44. qoi levoit la fiif- eJJeadmiuendam:Mandatum vero Cetfareum
penfion da Concile , & celle da ta. de Fé- recipiendum effe & examinandum , prout in
Trier i;4f« qai contenoit la nomination litteris D. Didacipetitur ;perJiftendo etiaut
des Légats. quantum ad îpfus Prapdentes & Legatos
4$» Et à V égard du Mandement ils ri" pertinet in refponfionthus jam fa&is^ cùik
pondirent, que quoiqu'ils pujfentfe difpen- allas privatini coram eis Mandatum ipfum
fer, &C.1 Ce n'eftpas là toot-à^fiiit la teneur efi exhWuum, Cependant lelon Pallavicin »
et la réponfe s mais Del Monte dit : Que ce qoe dit Fra-Paolo e(l allez cûnfenne à ce
les Légats perûftoient dans celle qu*ils qa*en mandèrent les Légats à Rome: ce qui
avoient déjà faite à Mendo\e : Que pour ce prouve qu*il ne s*eft pas beaucoup écarté dii
qui étoit du Concile , il admetcoit Texcufe fens.
de rAmbafladeur , paifoue & maladie écoie s o* Et le Diacre lut V Evangile , Si peo*
ilotoire > & qu'à Fég^rd de fon Mandement , caverit in te firater tuus, &c. ] Matt. XVIII.
il le feroit examiner. Ceft ainfi du moin^ i f . Ce ne fiit pas cet Evangile qui fut lu ^
qae cette réponfe eft conçue dans les Aétes mais celui de la milfion des txxii.Dirciple^i
Ôcés par RaynMu N"* 40. IUu(t.D.prir tiré da Chap. X. de S. Luc. Rayn N*' } |« ,
Ff 1
ii« HISTOIRE DUCONCILE
M l> X L ▼. ye/ii Cnator Spiritus , &c. cous ayant repris leurs places y le Cardinal ikf
^^^^ ^^^' Monte « lut lui-même le Décret en demandant aux Pères , S *U leur plûifoU
}i^
Peti^
pie , & CabaiJJement des ennemis du nom Chritien. A quoi ils répondirenc
tous f Placti 9 les Léeats les premiers , puis les Ev^ues » & cous les autres.
Le même Légat leur demanda enfuite y Si à cûufe des empêchemens des Fêtes
de la fin de Vannée & du commencement de lafuivante , ils vouloient que la
Sejjion prochaine je tînt U-j de Janvier : A quoi ib répondirent encore par
un P lacet. Ceci nni , Hercule Sévirole Promoteur éoL Concile requît les No**
taires d'en pafler un Aâe public ; après quoi l'on chaota l'Hymne Te DeMtm
laudamus 9 &c. Se les Pères ayant quitté leurs habits pontificaux , acconw
pagnerent chez eux les Légats précédés de leur Cron. Comme on obfervs
dans les Seflions fui vantes les mêmes cérémonies > je me difpenferai de lem
rapporter davantage*
iermm de . XXVIIL L'Allemagne & l'Italie attendoient avec impatience des nouvel-'
^vêque de jç^ j^^ ptemieres démarches de cette Ademblée , qu'on avoit eu tant de dit
eompmt ^^^^^ ^ commencer ; 8c les Prélats & leurs domeftiques qui étoienc i
énjec r£x- Trente avoient été dmgés par leurs amis de leur en rendre compte. Il ooo-
horti
des
\t dois rapporter ici ce qu
i^Labbe p^^p^^ d'expofer d'abord le contenu de ce Sermon. L^Auteur ^ le com«
Collcdb. mençoit par montrer ta nécedicé du Concile > parce qu'il n'y en avoit point
p. X70. eu depuis le Concile de Florence » qui s'étoit tenu il y avoit plu$ de cent
FallayX;. ^^^3 ^ ^ cpt les affaires difficiles & épineufes de l'i^life ne le pouvoieoc
** *** bien traiter que dans une telle Aflcmbîée. Après quoi il difoit : Que c etoic
dans les Conciles qu'avoient été faits les Symooles > & qu'on avoit condam-
né les Héréfies , réformé les mœurs, réuni les Nations Chrétiennes», ordonné
les Croifades , dépofé les Rois & les Empereurs, & éteint les Schifmes :
Que c'éroit pour cela que les Poëtei avoient feint des Conciles de Dieux t
Que le décret de créer l'Homme , &c de confondre les Langues des Géans»
étoit une efpéce de délibération Conciliaire : Que ta Religion avoit trois
chefs , fa voir la Doârine» les Sacremens , & ta Charité > & que tous troi^
Que c'écoit pour y remédier que le Pape , féconde par
l'Empereur , du Roi de France , du Roi des Romains , de cefui de Portu-
gal , & des autres Princes Chrétiens , avoit aflcmbléle Synode , & y avoit
envoyé des Légats. Il faifoit enfuire une loneue digreflîon i la louange da
Pape , & une autre pFus courte en ITionneur de l'Empereur. Il venoît après
aux Légats , trouvant dans leur nom & leur furnom matière à leurs élevés*
Il exhorcoit tout le monde , d préfenc que le Concile étoit aflemblé , à s^
xéuoir comme dans le Ch^al de Troie* H spoftrpphoic coaccs les fi^êu d^
/
DE T REN TE,Liviii II. ii^
environs de Trente , & les invitoic i faire entendre à tout le monde qu'on m D x l r;
dévoie fe foumertre au Concile > à faute de quoi on pourroic dire avec rai- Paul III.
fon , que la lumière du Pape étoit venue dans le monde , & que le monde •-
mvoie préféré fes ténèbres à la lumiire. Il gemitibic de ce que l'Empereur , ou
au moins Mendo^e fon Âmbalfadeur » n'étoic pas préfenc au Concile. Il
féliciroic le Cardinal Madruce , de ce que le Pape avoir choifi fa ville pour
y adcmblec les Pères difperfés & errans. Puis s'adreflTanc aux Prélacs , il leur
die : Qu'ouvrir les portes du Concile , c'écoic ouvrir les portes du Ciel »
d'où dévoie defcendre l'Eau vive pour remplir la Terre de la fcience du Set-
Jrneur. Il exhorta les Pères k ouvrir leurs cœurs comme une terre aride pour
a recevoir > & à s'amender \ Se il ajouta : Que s'ils ne le faifoient pas »
quoique leurs cœurs demeuradènt toujours vicieux &c corrompus , le Saine
Êfprie ne laifleroir pas d'ouvrir leurs bouches, comme celles de Caîphc & de
Balaam \ de peur que fi le Concile erroit , l'Eglife ne tombât avec lui dans
l'erreur. Il les conjura de fe dépouiller de toutes fortes de pallions > pour
pouvoir dire à jufte titre ^ ^ lia fembli bon au Saint Efprit & à nous. Il §
invita la Grèce , la France , l'Efpagne , l'Italie , & toutes les Nations ^S*
Chrétiennes à cette efpéce de Noces. Enfin s'adretlant à Jefus-Cbrift , il le
pria par l'intercefiion de S. Figilè Patron du païs de Trente > d'afiifter i ce
Conale.
Aâ.3cv;
très chofes. A ce qu'avoient dit les Légats , que fans une reconnoiflànce fin«
cére & intérieure de fes fautes y c'étoit en vain qu'on invoqueroit le Saine
Efprit , on oppofbit comme une impiété à une maxime pleine de vérité &
de piété ce quavolt dit rEvèque, que fans cette repentance, quoique l6'
cœur des Pères reftât plein du mauvais Efprit , l'Efprit Saint ne laifleroir
pas de leur ouvrir la bouche & de parler par leur voix. On trouvoit de ror-
eueil à avancer , comme avoit fait l'Evoque , que fi ce peu de Prélats tom«
TOit dans l'erreur y toute l'Eglife erreroit avec eux \ comme s'il n'y avoic pas
p. Maïs on jugea fin dljfiremment du
Htfcours de l*Evique , que tout le monde taxa
de vanité d* d'une fou ffi parade détoquence» ]
Le Cardinal PaUavicin s'ttenà fon au long
pour joftifier ledifcoors de cel^lar. Mais
Ton peur dire 9 qaesM y aqaelqœchofede
tolérable , on ne faaroir défavoaer do moins^
qu'il ne fok plein de ces Concetti Italiens ,
audi éloignés de la jufteflè qoede la véritable
éloquence \ & que la plupart des pen(éef n*en .
ibient Rafles , les louanges ootiées ^ les aU
lofions pxo&nes^ & les
cuîfs. Ainfi la cenfure que &it iciPaUavîeut
du jugement de Fra-Paolo » ne fait nul hon*
neur au (ien , & nrrontre qull n 7 a que le
defîr de contredire ce célèbre Hiftorien ^
qui kii fa^Iè juflifier on difcours que tous?
les gens fenfe condamnent , & que lui-'
même n'ofeToîc tout à-fait approuver. C'eAr.
ce qui a fait dire au Continuateur de M^
FUury ^qarptefqiie tous les AJJiftansbUme^
rent ce difcours ^ 6^ que- tous ceux qaf
Orient du bon fens en furent indipiés.
zio HISTOIRE DU CONCILE
M o 3C L V. ea de G>nciles de fept cens Evêques qui avoienc erré » fans que l'Eglifi:
Paul IIL fççûj [^^^ doctrine. D'autres ajoucoienc : ^ Que ce fencimenc même ne
y ' s accordoic pas avec la doûrinedela G>urde RomCf qui n'attribue l'In-
i4t^x faillibilitc qu'au Pape , & ne la donne au Concile qu'en vertu de la con-
firmation du Pape. On irairoit d'imprudence & de peu refpedkueufè la com-
phème lapplicacion que TEvêque avoir faîteau Pape de ces parolei
cure , que Jefus-Chrift , ou (a doârine qui cjl la lumière du Père > ayane
foru dans U monde , les hommes avoicnt prifiri leurs ténèbres à ceue lumière \
(Se l'on eût défilé au moins , qu'il ne fe fut pas fervi des propres expreflionft
ide l'Ecriture , pour ne pas paroître ouvertement la traiter avec tant d'irré^
vérence*
lis ligMtt' XXIX. Q U O I d u' O N eut fait l'ouvcituce du Concile ^ les Evcques qui
tânjultent le itoxztii i Trente, ni les Légats eux-mêmes ne fai^oienc encore ni de quoi »
P«^y«r ^^ jg quelle manière on devoir traiter. Ceux-ci joignirent donc au compte
thojh!' qu'ils rendirent au Pape de ce qui s'étoit paflc auparavant , une lettre donc
g Palûv. L. toutes les parties méritent d'être rapportées. 6 Ils y difi^ient premièrement :
6. Cl. Qu'ils a voient remis la féconde Seifion au lendemain des Rois , comme
^^^"iZo ^ ^ Wï* terme qu'on ne pouvoir taxer ni de trop court ni de trop éloigné , afîa
i4*.N 8. ^^»îl5 cuflènt le tems d'être avertis comment ils dévoient fe gouverner
dans les autres Seflions s Se qu'ils demandoient fur cela des lumières dont
ils avoient befoin : Que comme ils auroient à écouter à toute heure diver*
fes propofitions , dont ils n'auroient pas le tems de donner avis ou d'atten-
dre la réponfe , ils fuppUoient le Pape de leur envoyer l'Inflruâion la plus
détaillée qu'il feroit imjpoûible : Qu'ils defiroient fur-tout d'être inftruirs
de la manière dont ils dévoient fe conduire dans la forme de procéder , de
propofer, & de réfoudre , & des matières dont ils dévoient traiter. Ils de-
mandoienr fpécialement : Sx l'on commenceroit par traiter des HéréHes , Se
s'il falloir le faire en général , ou en parriculier : Si l'on devoir condamner
les erreurs > ou les perfonnes des principaux Hérétiques \ ou s'il falloir faire
l'un & l'autre enfemble : Si les Prélats propofant quelque point de Réfor-
mation > a quoi il fembloit que chacun étoit porré , on devoir en rraiter con-
f 1. Enfin l'on regardait comme un blaf*
phème V^qflication que FEvcque avait faite
au Pape de ces paroles de l* Ecriture , &c ]
Rien n écoiteSedivemenc plus profane qa*a-
ne telle application. Pallavicin pour Tezcu*
fer prétend , que l'Evique de Bitonte n*a
point ici nommé le Pape > & que le moe
Papa en cet endroit n*eft qu une particule
d'admiration , & non un nom paniculier*
Mais comme il prévoit bien que cette ez-*
cufe n*eft pat d*une évidence à (âtisfiûre
tout le monde , il convient à la fin qu'il eft
aflêz viaifèmblahle , que (bus cette équîvo*
que le Prélat a voulu nire allufion an Pape »
6c il juftifieainfi Fra»Paolo^ apris avoir £uc
(es efforts pour le convaincre ou d'ignorance
ou de malice. Car en accordant même qu'il
ny a ici qu'une (impie allufion > ce qui me
paroit peu conforme à la conftruûion » on
conviendra du moins que l'allufion eft tont-
9Mx profiine , & que c'eft « comme nous
l'avons dit , une de ces pointes Italiennei :
toat-à-£ût oppofifes à Ja jufteffe & an boq
fens.
D^E TRENTE, Livre II. zyi-
joîntement avec les Dogmes ; ou s'il falloit le faire devant ou après : Si le md xx va'
Concile devoir donner avis de fon ouverture aux Princes & aux Peuples » Se .^^*^^^
inviter les Prélats & les Princes i prier Dieu pour fon heureux fuccès ; ou ■•■■■"■■■•
£ le Pape le feroit lui-même : En quelle forme on écriroic , ou Ton feroit
céponfe ; & de quel cachet l'on fe ibrviroit , fi Ton avoir à écrire : De
quelle manière feroient conçus les Déaets : Si les Pères dévoient paroîtte . '
prendre. connoifTance du Colloque & de la Diète qui dévoient fe tenir ea
Allemagne » ou s'ils difllimuleroient : Enfin s'ils dévoient procéder vite ».
ou lentement » tant à déterminer les Sefiions » qu'à propofer les matières*
Ils avertiflbient en même tems le Pape du defièin de quelques Prélats > ^ qui If Pallar. L
vouloient qu'on opinât par Nations *, prétention qulls r^rdoient conune ^« ^ 4«
féditieufe , & propre à foulever chaque Nation l'une contre l'autre > 6c qui '
rendroit inutile le grand nombre a Italiens > qui étoient plus attachés au
Saint Siège , puifque qu'^n quelque nombre qu'ils fiifiènt > toutes leurs',
voixenfemble ne feroient pas comptées poturplus que celles des François»
des Efpagnols > des Allemands » qui étoient u peu en comparaUbn des au-
tres. Ils difoient encore 3 qu'ils avoient entrevu que quàques perfonnes
avoient envie de difputer Tautorité du Concile Se du Pape , chofe dange«
reufe > qui pouvoit faire naître un Schifme entre les Catholiques mêmes y
& que dans la Congrégation du 1 1 > tous les Prélats avoient infifté nnani<*
mement à voir la Bulle de leurs pouvoirs , ce qu'ils n'avoient pu éludée
3u'avec beaucoup d'adrefle, ne facnant pas encore comment on devoit prend-
re leur Préfidence , 8c jufqu'â quel point Sa Sainteté vouloit l'étendre.
Ils demandoient aufli , qu'on établît des poftes de Trente i Rome , afin que
tous les jours & â toute neure ils puflènt donner & recevoir les avis 9 que
les conjonâures rendroient nécellaires. Ils prioienf qu'on leur envoyât
quelque ordre fur la prefféance des Ambafladeurs. Enfin ils demandoient de
œ l'argent, les 1000 écus qu'on leur avoir envoyés quelques jours aupara-
vant ayant été dift'ribués à de pauvres Evèques*
vie & leur conduite > & de celui qu'ils dévoient faire obferyer dans leurs des chofit
familles. On dit beaucoup de chofes contre l'abus introduit principalement^^^ iniptr*
â; Rome » où les Prélats ne portoient leur habit propre que dans les cérémo- ^f^^t!* r .
monies. » Se étoient revêtus par-tout ailleurs comme les Séculiers. On cen- ^. c. 4.
fura également le luxe & la mal-propreté dans les habillemens. On y parla Rayn.
auffi beaucoup de l'âge des domeftiqucs \ mais on ne régla rien , & on rcn- N® 41.
voya le tout à une Congrégation qu'on indiqua pour Iç 11 , & qui fe pafla ^'^'"7» ^.
auffi toute entière i dilojurir fur de pareilles cérémonies , fans conclurre*^** ^'
autre chofe , finon qu'il falloit principalement réformer Tefprit 5 parce que '
û chacun fe propofbit de vivre d'une manière convenable à fa profeffion 8c
de travailler à édifier les peuples > il verroit bientôt ce qu'il y avoic à réfoc-:'
joer en lui & en ia famille.
iji HISTOIRE DU CONCILE
Paul, III.
U0 z 1 V. Le Pape ayant reçu avis de l'ouverture du Concile , établit une Congré-
gation de Cardinaux 6c d*Officiers de fa Cour , pour veiller fur ce qui fè
pafToit dans cette AfTemblée & en diriger les démarches. Puis ayant délibéré
k Pallar. ^^^^ ^^^ ^^^ ^^ lettre des Légats » ^ & voyant que les affaires n'étoient pas en<-
L. 5. c. i^. core dans un état où Ton pût difcerner clairement de quelle matière on de-
/ Rayn. voit traiter,& quel ordre on devoir fuivre,il leur fit répondre : ^ Que le Syno-
^^ 47« de n'avoir pas befoin d'inviter les Princes & les Prélats au Concile > ni de
^^^o ft recommander aux prières des peuples , puifqu'il avoir fait fuffifamment
^' Tan ôc l'autre lui-même par fes lettres de convocation & la Bulle du Jubilé
qu'il avoit publiée : ^ ^ Qu'il n'étoit pas néceflaire non plus ^ que le Concile
écrivît à perfonne , les Légats le pouvant faire au nom ce tous : Qu'à l'égard
de la manière de dreflèr ks Décrets , on devoir commencer par cette For<«
mule , Le Saint Concile Oecuménique & Générai de Trente y Us Légats du
Siège Apojlolique y préfidam : ^^ Quepour la forme de voter , ils avoient
d'autant plus de raifon de ne point foufirir qu'on le fît par Nations » que cet
ufàge n*avoit aucun exemple dans l'Antiquité ; qu'on ne l'avoir introduit
<^ue dans le Concile de Conftance , & qu'il n'avoir été fuivi que par le Con«
cile de Baie , qu*on ne devoir pas imiter ; mais qu'il falloit fuivre l'ordre
du dernier Concile de Latran , comme le plus propre & le plus convenable »
ic qu'on pouvoir par cer exemple fermer la bouche à quiconque en propo-
ièroit un autre ; Qu'à l'égard de la condamnation des Hérétiques , des ma-*
rières dont on devoir rraiter , & de routes les autres chofes fur lefquelles
ils demandoient des Inftruâions , on les leur envoyeroir lorfqu'il en feroic
tems; & que cependanr, à l'exemple des aurres Conciles , ils pouvoienc
s'arrêter pendant quelque tems à régler les préliminaires : Qu'ils devoienc
foutenir l'honneur de la Préfidence avec route la dignité qui convenoir à des
légats du Saint Siège , ic tâcher en même tems de fatisfaire autant (ju'ils
pourroient tout le monde t fans rien omettre cependant de ce qui feroit né-
cefTaire pour empêcher que qui que ce fût ne fortît des bornes d'une hon«
nêté liberté , & du refpeâ qu'on devoir au Saint Siège. Et comme ce qui
pre0bit davantage étoit de ioulager les Prélats pauvres pour les mettre en
— étac
f ) . Qu*il nétoitpas niceffaîre non plus , etiam fummam in to perducendo auâorltM^
jpii le Concile écrivit à perfonne, ] Ce n'eft tem prœferre appareat ; & tribus Legatorum
pas là le véritable fens de la rcponfe , & le Jigiliis , velfaltem primi , muniantur.
Pape marqaoic amplement , que les lettres 5-4. Que pour la forme de voter , ils
qai feroient écrites par le Concile dévoient avoient d* autant plus de raifon de ne point
être lignées au nom feul des Légats & du fouffrir qu'on le fît par Nations , que cet
Pape , & fcellées des cachets ou des trois ufage , Sec. ] Cétoit bien la réfolarion de
Légats , ou du premier d*entr*eur. Litera Rome ; mais ce ne fut pas alors qu*on la
& fcriptura , (çua nomine Concilii expi- fit favoir aux Légats , qui s'étoient con-
diendcc erunt , etiam nomine Legatorum uti tentés d'indiquer le foupçon qu'ils avoient
Prœfidcntîum , 6» Pontifias uti ab illis re- que quelques Evêques le demanderoienc*
prœfentatiy confignentur ;ita ut non folhm Cette réponfc ne filt envoyée que longr
Pantifex Concilii convocandi au&or , fed tems après»
DE T R E N T E , L I y n B IL 133
état de foutcnir les dépenfes jiéccflaircs , le Pape ^ donna un Bref par le- m © x t r*
quel il excmtoic tous ceux qui viendraient au Concile de payer les décimes ^^"^ ^^
E;ndant qu ils y aflifteroient , Se leur accordoit pendant leur abfence de
urs Egliles tous les fruits & les émolumens qu'ils enflent perçus s'ils euf- j^ * ^'
fent été préfens. Il envoya outre cela zooo ecus aux Légats pour diftri* Rayn. ad
buer aux Prélats pauvres, avec ordre de ne s'en point cacher-, puirqueafi..z54^.
quand on le fauroit , on ne pouvoit regarder cette générofité que comme ^^ 3*
un devoir de charité ôc de bienveillance » qui convenoit bien â un Chef da
Concile.
XXX. Pour éclaircir pluCeurs chofes que nous avons déjà dites » & ^ifi^xf^ns
beaucoup d'autres que nous aurons encore occafion de dire fur la manière if ^JV ,
trouve
Bornât
c hdi. XV.
'ufage qu'on fuit aujourd'
gue de raflèmbler toute TEglife pour traiter au nom de Dieu des affaires A**^*^'/*^^
toit de doÂrine i foit de diicipline. Les Apôtres en donnèrent l'exemple , ,^ I^^^Jj^
foit dans l'éledfcion de Matthias , foit dans celle des fept Diacres s & les j^, igg ^.
Conciles Diocéfains ont aflèz de rapport à ces premières Aflèmblées. L'on dens é* /«'
de même dans l'endroit des A£tes où il eft rapporté ^ que Paul & nouvemux.
c avec d'autres Fidèles vinrent de Syrie à Jéru{alem confulter les " ^^" î;i*
Apôtres & les Difciples qui s'y rencçntroient 3 fur la queftion des Obfet*
yances de la Loi : l'on v trouve » dis-Je » un exemple célèbre des Conciles »
ui s'aflembloient de différens lieux tort éloignés > pour conférer en/emble
es matières de Religion. Car quoique l'on puifle dire que ce fut un re-
cours des Eglifes nouvelles des Gentils à l'ancienne Eglife Matrice , d'où
la Foi leur avoir été apportée , .( ufage qui dura longtems dans ces premiers
fiècles , & qui eft fouvenr attefté par S. Irénéc & Ttrtullicn , ) & que la
lettre qui leur fut écrite ne l'ait été que par les Apôtrts^ les Anciens ^ le^
Frires de TérufaUm ; néanmoins comme ils ne parlèrent pas feuls , & que
Paul & Barnabe y parlèrent comme les autres , on peut avçc raifon don-
ner â cette Aflemblée le nom de Concile, f ^ C'eft a cet exemple que les
t
s s» Ctft à cet exemple , que les Evcques
quîfuccéderent aux Apôtres , regardant tour-
tes Us Egiifes Chrétiennes comme unefeuU
Eglife , & tous les Evêchés comme unfeul ,
&c. ] Rien n*e(l fi jafte, que ce qu'avance
ici Fra-Paolo. Mais comme la politique
Italienne ne s*accnmmode pas de cette Théo-
logie j PalLavicin L. 6,c. 5. a recours aux
fubtiliccs or.linairesdes UUramontains pour
i:luder la confcquence que tire ici fon ad-
verfaire de Tautoricé de 5. Cyprien , & dit
que ce Père dans Tcgalité de puiiîànce qu il
reçonnoîtdans les Apôtres Wenfeigne autre
çbpCc, iînoi> qije cette puiflàncc ctoit ordi-
Tpme U
naire dans S* Pierre , 8c devoît paflèr à Ces
fuccedêun s au lieu que dans les autres elle
étoic extraordinaire, & nctoit que pour eux
feuls : & que d'ailleurs cette igalité de poif^
fànce n'empichoit pas que tous les Apôtres,
ne fufTent fournis à 5. Pierre. Mais la (èole
leâure du texte de S. Cyprien démontre évir
demment , que cette interprétation efl con-
traire aux paroles de ce Père , qui fuppofë
clairement que les Evèques font les fuccef-
feurs des Apôtres , de la même manière
que les Papes le font de S. Pierre ; 8ç que
les uns & les autres hcrirent du mèipe pou«
voir qui étoit dans ceux auxqqets ils focç^
Gg"
1J4 HISTOIRE DU CONCILE
iiDZLT. Evëqucs qui fuccéderenc aux Apôtres, regardant toutes les Egli(es Chré-
Paul IIL (ienncs comme une feule Eglile , & tous les Evèchés comme un fcul ,
■ dont chaque Evèque tient une portion , non comme quelque chofe qui lui
appartienne en propre, quoique l'infocâion en foit fpécialemenc recom^
mandée à fes foins , mais que tous doivent gouverner folidairement en
^Pallav.L commun, comme ledit (î bien S. Cyprien P dans fon excellent OuvraK
é. c 3. deCUnitidc rEglifc; c*eft à cet exemple, dis-je, que les Evcques s's3l
ièmbloient comme ils pouvoient , même dans le rort clés perfécutions , pour
g)urvoir en commun aux befoins particuliers des ^lifes, C'étoient Jefos-
hrift & le Saint Efprit qui préiidoient i ces Aflemblées \ & comme les
C (lions humaines n'7 avoient aucune part , mais la charité feule, on déli-
roit & on rég.loit ce qui convenoit félon les occurrences , fans cérémonicf
& fans aucunes formules fixes & déterminées. Mais la charité fe trouvant
altérée dans la fuite des tems par le mélange de$ vues humaines , commt
il étoit néceffaire de mettre quelque ordre ^ns ces AflèmMéçs , ccloi qui
paroiflbit le plus diftingué par fa doâtine ou par la grandeur dç fa ville »
ou la dignité de fbn EgTife , ou par quelque autre forte de confidération 9
fe charg^it d'en diriger la forme , de propofer les matières, & de recueil-
lir les avis. Ainfi fe conduifîrent les cbofes jufqu*à ce qu'il plût â Dieu it
donner la paix aux Fidèles , & d'attirer si la Foi les Empereurs Romaim.
Alors , comme il s'éleva plus fbuvent des difficultés par rapport tant i la
DoArine qu'à la Difciphne , & que ces difficultés , rottientées par Tambi-
tion & les paffions criminelles de ceux qui les avoient ou excitées ou en-
tretenues, troubloient le repos public ; '^ on vit naître une autre font
d' Aflemblées Epifcopales convoquées par les Princes ou leurs Officiers »
pour apporter quelque remède aux troubles. ^7 Ces fortes d'Aflèmblées
dent dans radminiftncion des Eglifes. Ce
n'eft.pas au xefte , que pour conlerver l'a-
nicé & le bon ordre , l*Eglife n*aic jugé à
propos d'établir une certaine fobordination
entre les Evtques. mêmes , & que cette fu-
bordination ne (bit établie (br de légitimes
fendemens. Mais elle n'a jainais empêcha
que dans toos les befbins communs les Eve-
ques ne (è foient cru en droit de pouttoiren
comman aux néceffités de la Religion s &le
Pape n*a en cela aucun antre privilège que
celui que donne le crédit & Tantorité d'on
grand Siège à tous ceux qui ont eu rhonneur
07 fttre placés.
S 6, On vit naître une dutre forte éTA/-
fembUes Epifcopales convoquées par les Prin-
ces ou leurs Officiers , pour apporter quel-
que remède aux troubles. ] Ce n'étoient pas
les Aflemblées d'une feule Pxorince , puifque
depuis qu'on eut formé un corps réglé de
Dircipline , elles s'aflèmbloient régulière-
ment (ans le concours des Princes. Mais
l'Auteur parle ici d'autres AfTemblées extiti-
ordinaires , qui convoquées de difSrentes
Provinces ne pouvoient être ordonnées par
des Evêques , qui n'avoient nulle jurifiliâiott
les uns fur les autres , & ne pouvoient par
conféquent s'aflèmbler que par l'autorité des
Princes ou des Magifhats y (bus la jurif^
didion defquels ils vivoient.
;7. Ces fortes d'jijfemhlées fitrent dirî^
gies par les Princes ou les Magiftrau qui
les avoient convoquées , & qui y ajffîftoient
eux-mêmes propofoient les madères, &c. ]
Cela paroît fenfîblement par les Aéles des
Conciles d'Ephcfe ^de Chalcédoine , où tour
ce qui regardoit la police extérieure de ces
Conciles ttoit réglé par les Miniftres des
DE TRENT E, Livre II. ijjr
ftu€nc dirigées par les Princes ou lès Màgiftracs qui les avoîent convo- m d se l ▼.
quées » Se qui y a(£ftoienc eux-mêmes ^ propofoient les matières , en diri- ^^^"^ ^^f*
geoienc h forme , ôc jugeoienr interlocucoiremenc les différends qui naif-.. . ..
foienc ^ xn^s en abandonn^m à l'avis généra deTAlIèmblée la décinondu
point. pripàpal qui faifoic le fi^jpc de fa Convocation. Telle eft la forniè
.qui fe voie pratiquée dans les Aûfcs des Cpnciles q^i qpus relient de cts
4çms» On pçut en doqnçr pour exemple la Çopférei^c^ des Catholiques éc
4ks Votmmts en préience de MarulUn^ &c plufieurs gune^. Mais pour ne
parjier que 4^s Concile^ Cénéraux % 9 on peut voir cecte même forme ob-
'Empecei
4aQS le Concile de Conftantinople in TruUç deyanjt Conft^ntin Pogonat ,
i^ ouïe Ptince ou te Magiftrat qui y préfidoient, pcefcri voient, ce donc U
^dloic traiter » & l'ordre qu'on devoir Cuivre , maïquoicnt ceu^ qui der-
jroieor parler ou & c^ire 9 & décidoienr JLes diffécends qui ^rrivpient en ces
ibrtes de cjbpfes. C^nfUmin & Thi^ojfi en u^é;:ent de mêcpj: dans lê pre«
mier Concile de Nicée.dc le (bcond de. C^jDltantinppjc > CQmme rattdtêpt
les Hiftpcicns de;çes tems au défaujt de$ A^es ^ qui ne nous en reftenr p|u5«
Mais loriquçdaos ces n^mes cen^ lés Evcques s'ailèmblpient d'eux- me-
nées , ces peribnnes ne s'y meloient pas ^ u>ais l'un des Evêques dirigeoit
rAflemblee » & la dédfion fe formoit iiir l'avis commun de tous. Quel-
ouefois ces Synodes ne cenoienr qu'une Séance » parce que la matière ne
oemandoic pas beaucoup de difcufSon ; & d'auqres fois la multiplicité ou la
difficulté des chofes dont on avoit à traiter prolongeoit les délibérations ,
jfc obiigeoic d*eu conférer pluCenr^ fois avant que de fe féparer , & ces dif-
Emperean , ou par les Emperecurs eax-mè- comme le dit Fra - Paolo auparavant , Us
ines, qui alnndpnnpient pounant aux Eve- abandonnaient à l'avis général de l'Affem-
qaes fieuls la déciSonJes poincs^de doârine blée la décifion du point principal , qui fat"
. poqr lesquels ils Soient aflèmblés. Ce n*eft fait le fujet de fa convocation. C'eft donc
gaètes que dans les Conciles d'Occidé];it , une fupercherie ao Cardinal Pallavicin de
tgoe les Papes (è (ont attribnétoate raùcbrîté rîier du fetis équivoque du mot préfider^nn^
qu'ils exercent aujourd'hui dans ces Atfèm- confêanénce contre l'onhodoxie de notre
1)14^ g^érales , &qàç.ia divifion de l*Em- Auteur , qui ne dit ici que ce qui (ê con-
piie en plulteun Principautés indépendantes firme évidemment par la leéhire des Aâes
Ûnr a donné occafion de s'approprier à Tex- de ces Conciles ^ & qui ne parle ni de pré-
dufion des Princes, cm jaloux les uns des (ider aux décifions, ni même d'7 donner
autres ont mieux aimé laiflèr ce pouvoir aux leun fuffirages , mais de propofer ce dont il
Papes que .de le laiflèr exercer par un d'eux , fiUloit traiter , deprefcrire Tordre que l'on
dont ils ne voaloiem point rieçpnnoic^ la 4€voit f^ûvre , &.de décider les conteftacions
(bpériorité* qui regardoient ces fones d'affaires , toutes
$%* Qu le Prince pu le ^/fagifirat qui y chofes appartenantes purement à la police
firéfidoient , prefcrtpoieru ce dont ilfaflpit du Concile , dont le foin étoit commis au
traiter , Sec. ] Ils préCdoient à la police Avi Pïince ou à fes Officien.
Concile 1 & non a fes décifiof^ , puKque ,
Ggi
lié HISTOIRE DU CONCILE
M D X L Y. fërentes conférences produifoient les différentes Seffîons d'un même Con«
Paul m. ^jj^^ On n'en confumoit aucune en finiples cérémonies, ni à publier des
"' chofes déjà arrêtées auparavant •, mais on prenoit d'abord les avis fur les
matières en conteftation \ & l'on appelloic Aclcs du Concile les conféren-
ces , Jes difcuflîons , les difputçs , & tout ce qui s'y difoir ou s'y faifoic
t9 C'eft un ufage toùfc nouveau & rarement pratiqué ^auparavant» que
celui qu on a fuivi à Trente» de ne publier que les Décrets du Concile* d:
de ne donner qu'à eux fêuls le nom aASes » qui autrefois fe donnoir 7 totit
ce qui s'y paubit. Il y avoir des**Notaires pour recueillir les ftifïn^esL
Quand un Evcque opinoit fans être contredit de perfonne » on ne marquoit
point fbn nom en particulier » mais on fe fervoit de cette formulé , Le S mit
Synode a jugé; & quand la pluralité fimplemient étoit de même avis , i9p
éhonçoit ainfi ta chofe , Les Eviqacs ont diclarl & affirmé , fie cela paflbic
pour une décifion. Mais s'ils ne s'accordoient pas , Ton marquoit lés avis
contraires avec les noms de leurs Auteurs ; & les ' Juees ou les Préfidens
décidoient. ^^ S'il arrivoit quelquefois '^ne par inhatÊileté quelqu'un dé^
bitat quelque chofe de peu raiibnnable 5 la charité » qui eft portée à exçiN
fef ïcfs fautes» chetchoit à les couvrir. Les Evdquesde' la Provjlnce 6è'£b
ténoit le Concile 3 & ceux des Provinces voifines » étoienr d'ordinaire' en
plus grand nombre que ceux des Provinces éloignées-; mais tout fe faifok
fans jaloùde , parde que chacun aimoit mieux obéir que donner là .loix aux
autres. Après ta divinon de l'Empire d'Occident d'avec celui d'Orient ,-on
conferva encore en Occident quelques veftiges de l'ancienne ferme des
Conciles.» & l'on en voit beaucoup d'exemples en France & en Allemagne
fous la poftérité de CharUmagne , & en Eipagne fous les Rois Gorhs. Mzh
à, la fin les Princes s'étant laiué exclure de la connoiflfancedes affaires Ecclé'-
iîaftiques, Tufagc de cette forte de Conciles s'abolit » ^' & les Eccléfiafti-
•
59. C'eftun ufage tout nouveau & rare" qaes. Ceft (ans doate cette mime raifon
ment pratiqué auparavant , que celui quon qui , jointe à la prolixité des Ade$ , a fiiic
a fuivi à Trente , de ne publier que Us Dé- prendre le parti de né laiflèr publier que les
crets du Concile , &c. J Cet a&ge n'étoit Décrets.
ni ancien ^ ni auili toat-à-&it noavean dans éo. S'il arrivoit quelquefois que par m»
le tems du G>ncile de Trente» Çc 01) en voit hahiUté quelqu'un débitât quelque choft ie
aiTez d'exemples auparavant > furtout dans peu ralfonnable , ècc. ] Ceû le fens de Fra-
ies Conciles d*Occident. Il ne paroit pas Paolo y qui s'exprime ainfi : Auveniya fenr
même qu'il fut fort utile de publier toutes [a dubio qualche impertinenj^a aile voUeptr
les difputes qui s agitoient entre les Théo- l'imperfettione d'alcuno , ma la caritâj Sic,
logiens > quoîqu* elles fidènt panie des Aâes MaisM.^mr/a/a alteréce fensen traduifànt,
du Concile. Il eût été aflêz convenable , à . qu'il arrivoit quelquefois que là décifianfe
la vérité , quon eût publié les Votes des rejjentoit ou de lafoibleffe ou de V ignorance
Prélats. Mais on ne vouloit pas laiflTer con- du Juge. Car.il feit tomber fur la décijîon
noîtrele manège des Légats , & tontes les la (bible^Te ou Tignorance, que THiftorien
divisons des Evèques s & c eft pour cela que ne met que fur le compte de quelques-uns
les Légats foufTroient G impatiemment la de ceux qui opinoient.
moincLre oppoCtion dans les Sefllons publi- 61. Et les Eccléfiàftiqucs tirèrent â eux
2 nos tirèrent iàix la cortVocarion dés Synodes que le Pipe' s'attribua en- m û x t v,
lîtc à Jai fciil , en envoyant fes Lé^ts préfider par^tout faù ils fe terioicnt. ^^"^ ^^^'
^* Il tira même à lui fcul le pouvoir qu'avoient exercé jufqùe-lâ les Em- -^
«pereurs Romains, dé convoquer dei Conciles de tout l*Empir6, * J & d*y pré-
ficfcr ou par liii-mètnê bli çH foh isrbfente par fes Eégatis •; qui en dirîgebicnt
toutes lès démarches. - Alors les EVîfques le trouvant délivrés de la crainte
= des -Séculiers qui les contfertdicnt tn régie .; &* les vlics mohAainés , qui oflt
catffô tarit dfedëfoitir«'i'*çrôi(rarit-i Kj^roduifent inillc indécentej's
*4 rôn commença à chàngéi* de'fcwmè & à digérer ké ixiatières en fccret ,
jfowl pouvoir çônferver plus d*Ofdre & de décence dans les 'iéànces pnbli-
Œies'/Cetre forme -fktlTa'airifi en ufàge ordinaire', &de-là vint dans le^
'Côhciles la prati^ d^étktlir dutrfc fes SttSotisi détf Coii^égàtiohs dartî-
cnUeres de quelques Députés , charges d^ di«rër l'es matières avant qu^ob
•tes proposât à' toute rAflahbMé'iW'quand les n^ières étoîént en hop
grahd nombre <wî de difiîkent^^efpèafisî, bh aflSgtioît poUr ce^^diâférihtes
matières autant de ditfjfrènres Cksingrégati'onii^- Mais comme cela ne fuffifbxt
pas encore pour prévenir toutes fortds dinconvéniens , parce qtie fcéux qui
n'avoient point afllîfté i ces Ohi^réeation^ particulières ayant ibuvent des
•yues-ôppofées, fdrmoicrifén'jmbBé l^^^ difficultés s ^' ckitrc ces àiffé- '
1
ci convocation ^ dès Synodes ^ &ç.. ]Lep;4-» - ^î'-^f d'y prî/^der ou par tui-mcm^^oa ^
texte en fut > (Jne la conhôiflahce dès afiàîrë^ énfon ahfénce par fes Légats, ] ; Avant la
«fe Religion n*appartenoitpibprement qu'au éîvifîon même de TEmpixe » lapiéfidence
Clergé. Mais la n^ifbu réelle écoit^qoe.l'Em- des Conciles na jamais été concédée ^uz'
'prelecrouYant pfigtagéenplufieuTsRJoyâ^ Papes, lorfqu*ils s'y font trouvés en per-
mes, il n 7 avoir plus aucun Prince,^ qui fonne. La chofe neft pas fi évidente a Té-
eât Irpouvoir de convoquer les Eyêqùésqili ' gard de leurs Légats. Mais on ne peut pas
'étaient (ujets à un autre ; de fotte que les ' cbntèfter au moins, ou qu'ils n^ayent préfidé •
Piiiites Séculiers fe trouvant dépoîftdçs de diâns plufieun', ou qu'ils n^ayénc partagé la
ce pouVoit par les chan'geiniins'affivé^ daris préfidence avec les Patriarches qui étoîenc
le Gouvernement Civil ,* il paflEi comme a la- tète de ces Concildf
•naturellement entre les mains diès Ecclé- ' 'é^.Uon commença à changer de firme' i
£afliques , qui y prétendoient' d'ailleurs à '& à digérer les matières enfecret. ] Ceft-à-
• hiiibff' des matiîreiï qui s'y tfaitoiént , & dire, <btis des Congrégations particulières, .
qfrfregardoièniproprerrientlèurprofeflioh. duîéfultat defquelle*? fe feifok le rapport .
éi.n tira méée à lui* fehî -lé pouvoir -aujt Pères. Mais il (emble que cette mé-
^u*avoient exercé jufyue^ là les 'Empehurs tirode ait été inventée plutfic pour l'expédi-
Romains , de convoquer des ConctUs dttàut i\on des matières, que pour la décence'}
l'Empire , &c. ] C'étoit une con(équence ptiifque le réfultat de ces Congrégations fe
néceflaire de la première altération. Car la confervoit dans les AAes auffi-bien que les
convocation des Conciles étant dévolue au Décrets.
Clergé par le changement imervena dans * 6f. Outre ceé différentes Congrégations
le Gouvernement Civil , îl étoîi nattwel que on en établit avant là Sejfion une générale
cet aéte d'autorité fiitf attribué au Pape , — & qui eft proprement l'Aflion du Con-
qu on a toujours regardé comme le premier cile , Sec» ] Celaeft très- certain , puifque h
desEvèques , & dont la jurifdi^ion étoit la Selïîon n'eft pfos qu'une fîmple cérémonie,
plus étendue. C'eft ce qui (aifbit que les Légats trou-
438 HIÇTQ^RE DU <: O N € l L E
iCBZtT% rentes Çongréga^iqns onjCA érablitavgnc U SelSon une générale , où coos
Paul UL les membres du Çoncité 'de?oienc être préfens , & .qui à bien coniidérer
I l'ancien uÎTage eft propremenc ÇAUion du Concile 9 parce que la Seflion n*eft
plus qu'une (impie cérémonie^ pourjpublier ce qui aéré arrêté* ^^.llny
4 guères plus 4*up (îécle<» que, la différence d'incérecs' m.;nairre une cer-
taine émularion entre le^ ^vèques de Nations diflfércnres » £ur ce que ceux
^qui vepoienr des Provinces éloignées, & quiéroienren periç nombyçe ^ ne
lmi4ajupaft(elaiflaC:domincr par ceux des Provincc&ivaiûnes.qui^uucnc
bien plus noimbrep^:^ u ^ur pour mecrre une lo^te d œaUré^que^h^que
"TNlaciouVaiTembl&t ^P^^y &fprit fkdéiibéracioa à k c^raliré dçs yois^,
pc qu'enfuife ladéunicion gé»4>^f^:4^:'^îc i la fijlaraurc jdef Nario^.,
^ nou à ce^le dc$ pcrf^pqes^-Çfeil ce q^vf^^:pb|^ji'dj^ lef Conciles cle
Confiance &dç Bale^i^^^. .Maôf ç^i pi^<; qi^.çoavÇf|D^'i^ un nu9B (àc
Ubfccé, tel qu'étoit )çetui'l^ pà.;ii.>ny^voi^ poû^ Pape , o^^oiç ^ai^c
d!crre fuivi-i T^ï^xp^-K^on^^Q^îç^ 4^pcQ<ëc eijitiènçffïcoc
dej^ome. C!ç(î aufllja.véïjicAblç raifon pourquoi k Cocu cïc Rome de les
Légats f ^ard^n^ çomm<: unechofe (i edèncielle s & écoienr fi jaloux de
la.formqde pitocéd^rr, i&dc lauforicé ou 4^ facultés;. dp la Pcéfidetiçe*
U ?Mfê X>^XI.: ^* IfEs Lf^aijs ayàrtt reç^ la^r^pqnjCs qu'ils atceadoieacde Rome»
fMtf$^Utr convoquèrent ^ la Coneréearion le j de Janvier mdxlvi. Mônec après
une Bmlê . •_ /i .1 i^ m o.i^..- .^" j _i 1^ li zj!a: i ri*
tour êxem^ avoir (alué 1er Pères , & leur avoir donné la bénédiélion au nom du Pape»
pter du y^dîi^dc Bref de l'exeration des péçirpes: àprj^ quoi clu^:^n j|*uh après
payement Tâutre fit Télogedu Pape» & releva beaucbujp ùk bonne volonté \à l'égard
des Dittmês
les PréiMts yoîent fi maQvais qii*on (ic aacone oppofi- fiùviATrofU^ &c.]llécQictCG)pxontiiise
préfens mu tion dans les Seflîons , ^e peai qu'il ne pa- anz ipréxèis 4ela G)QÇ Je "^Aoienqpii vojfoit
Concile. Les j(^c quelque divifipn daos le Concile > an qu*oa ne p«n(oit à x^imener tes Lutliériei|s
£fi^^^ls liea que dans la Congrégation g6n6:ale qa*en informant les ^us qui xjgnçîenc €|i
s*en P^*'' chacun avoit une oercaioe tibeic£ de propo- cette .Cour, ^.qu^en reflèxxanc' ks lifnitfs
^'*'» ^"-^^ 1er Ton avis. . . , deifoi aoioriïé. Ain/i airus£e\qut fi Ikm
/.^^^ ^6. Un y a glàns plus d^unfikch^ fjùe opinok par Nations, on (àctifiesoît & Cts
^ ^'*' ^ la différence d'intcnêufit naitrt un» certaine profirs U une 4M>nne panie de fbn poavoîj; ,
^ ' « émulation entre Us Eveques de Nations dif- poiiqne ies^saafois , ies£(pagnoli(» fi IfS
an. ika6 fr^^^^ » ^ ) ^ ^ ^^^ ^^ Concile de Allegîaxuiaconooamemtotts^ani^ilie bar,
N^ x! & t. Ccnftance , que l'on commença à opioçr elieprit 4ia^ ferme séTolucion de t^ofp^
Spond. * P^^ Nations » & outre l'émulation qui étoit confiamment à ce deflêin : & kprétexte en
N» I. . entx'elles , il y avoit une autre raifon q^i étoit d^autapt plus .f^aufibl^ ^ qu'elle ^^ vqjt
Pallay.L.^. eng^geoic à prendre cette voie , & qui pour elle l'ancien uîàge ,^ la pratique 4e
c. 1. écoit , que comme ils'agiduit déterminer tousles anciens Conciles, ou l'ojfi avoit tmi-
Fleur/ y L. le Schifine par la ceffion des trois Papesqu'oh jours. fuivi un uCige contraire.
i4i.N^i7. força à renoncer au Pontificat , on en fBt ^8. Les Légats ayant reçu Ja r^poafi
jamais venu à bout , fi l'on eût opiné par qu'ils attendaient de Rome , conyaquhrat
voix particulière^ i le nombre des créatures la Congrégation le s» de Janvier mdxlvi ]
àeJean XXIIL étant beaucoup plus grand Raynaldu^ m^fr cette Congrégation au 4»
que celui des deux autres. ■& fi elle (e tint le Lundi , comme il eft
6y. Mais cet ufagê qui convenait fort à marqué dans les Aétes , il eft certain que
un tems deUherté ^-^m'soois garda d'être cefiitte 6 , quien xf 4^,toaibatt]« Lundi.
DE TRENTE, LiYÂEr ïtfî 135
des Pères. Mais quelques Efpagnols dirent que te que Paulieat âccotdoic mdzlt!.
BDurnoic moins à leur avantage qu'à leur jnc^udice 5 DuifquC' (î on Taccep- ^^"^ ^^^' .
toit, c'étoit avouer que le Pape avoit droit d*impo(er des charges fur les
autres Eglifes , &c que le Concile n'avoir ni l'autorité de l'erapecner , ni le
pouvoir d'exemter ceux qui dévoient être avec juftice décharges de cette
uhpofition. Les Légats furent mortifiés de cette liberté , & ils ne purent
même s'empccher d'en marquer leur mécontentement d'tme manière aflez
piquante. Quelques autres Prélats demandèrent qu'on étendît la même
g'ace d tous leurs Domeftiques » & à tous ceux qui ecoient au Concile. Les
énéraux d'Ordres demandoient auffi la même ezemtion , eti confidération
des dépenfes que leurs Monaftères étoien t. obligés de faire pour l'entretien
de ceux de * leurs Religieux qu'ils avoient amenés i Trente. Catalan Tri-
m/^ arrivé deux jours auparavanr fe plaignit pùbliqttement , qu'il avoit
été dévalifé en pauant auprès de la Mirandole , 8c demanda que le Concile
fît une Ordonnance contre ceux qui apporteroient quelque empêchement»
ou feroient quelque ton aux Prélats ou aux autres qui viendroient au Con-
cile. Les Légats joignirent cette requêre à celle de ceux qui demandoient
des exemtions. Mais confidérant en mêmetems quelles pourroient être
les conféouences , û le Concile mettoit la main a toutes ces chofes ; 6c
qu'en fàifant des Ordonnances pour fa propre utilité & pour marquer fa
puidance , ce feroit donner atteinte aux myftères de U Hiérarchie Ecclé*
naftique \ ils détournèrent toutes ces propofitions avec adreflè > en difant
(pc le monde legarderoit cela comme une nouveauté Se un aâe de re(Iên*
nment ; Se ils s^of&irent plutôt de s'employer auprès du Pape pour l'en^-
ger à pourvoir â la fureté de tout le monde , & à donner quelque fatis-
?a£fcion aux Ordres Religieux & aux Prélats par rapport à leurs Domefti-
ques : ce qui appaifa roue le monde.
XXXII. ^^ âpre's que ceci Ait fini > le Cardinal Jel Morne expofk l'or- LeCétrJméU
del Monté
^9. Apris çttè ceci fit fini y le Cardinal rAflèmbléc à qudqiie ptrtî dingéitor. CePj^P^fiJf
del Monte erpo/a l'ordre qu'on avoit tenu ftnrent-là leurs véritables vues dans cet anan- dermerCon-
dans le dernier Concile de Latran , &c. ] gemenc. Mais les prétextes qu'ils propofl^ *' ^*
Cette propofition , que Fra-Paolo met dans rent furent <f expédier plus promptement les ^^j^l'^j^r.
h Cèngrégation du 5. de Janvier , ne (è fit matières , & de prévenir la confiiHon. C*eft r>
félon Raynaldus que dans celle du 24 , ou ainfi (ôaTentqtte fous des dehors fpécieox & /_|y^/^ ^^^
ftlon Pallavicin dans celle du 12. A cette popalaires on cache des vues plus profondes ^J^ tr§cé'
occafion ce Cardinal remarque , que ce fot & plus politiques s & cela nous apprend âne ^^ ^^i^^ ^,.
tnt grande adreflè dans les Légats de par- pas noosrepofer avec affiirance for ce qui fe i^i^ Tren*
iager ainfi les Prélats en trois daflfes diflé- dit dans les Aâes publics , parce que fi on te.
tentes , & qae Ton fe propo& par-là d'en ti- y expofe avec foin les vues populaires qui
fer trois grands avantages. Le premier de font agir, on a grand foin (buventde tenir
gouverner plus aisément cette multitude^ Le trés-cachés les motifs fecrets qui donnent
ftcond , de rompre par cette diftribution le véritable branle aux événémens publics,
les brigues & les cabales. Le troifiéme y d*em- Ceft ce que nous donne lieu de remarquer
pécher qu'un Prélat hardi & entreprenant ne KtrgaSy qui dans Tes Mémoires nous donne
portât par fon crédit & (on éloquence toute ce partage des Prélats comme nue gjrande
140 HlSTOLR|& PI? GOrNCILE
uBxtn. dte qu'on avoic tenu dans le dernier Concile de Lacran^ ou il avoit afllfté
en qualité d- Archevêque de Siponte ^ Il dit : 'Que ç/t Concile ayant eu i;
Paui UL
traiter de la Pragmatique Sanâion , duSchilme formé contre JuUsIIy &
s Spond. jjj rétabliflèment de la paix entre les PrincesCbrétiens , on avoit diftribué
N*^ I.
Pallav. L. l'examen de ces différentes matières à diffcrens Prélats , quon avoit partar*
6. c 8. gés en trois,cla(Iès3 afin que chacune n'étant occupée que d*une feule ma-
Rayn. ciète.> fût plus ei»état de la bien digérer : Qu'après que les Décrets étoient;
N* I ik fprit)és > l'on tenoit uncCongrégation générale où chacun en difoit fon avis,.
M^ p f 1 ^ ^^ ^'^^ réfbrjEnoit ce qui paroifToit xiécefTaire , de manière que dans les
Fleury , L. Sefllons tout fe paflbft avec beaucoup d'union Se de décence : Que comme
141. N^5 4. ils avoient beaucoup plus de chofes à examiner , parce que les Luthériens.
^ 44* n'avoient rien omis pour rcfnverfer l'édifice de la Foi » il étoit néceilaire de
fiar^ger les ;natières > d''établir pour chacune une Congrégation partico-
ière» & de nommer des peribnnes pour former les Décrets qui dévoient;
ccre proposés dans une Çqngr^ation générale > où chacun pourroit dire foi^
avis avec une entière' liberté > ici hcgzts ayant pris réfolution de ne faire;
que l'office de propofans , & de ne donner leurs fuffrages que dans les Sef-*.
lions : Qu'il prioit donc chacun de penfer aux matières qu'il faudroic
traiter » pour en commencer . Texamen auill-tot après la Sefiion fuivante.
Cantifia- XXXIII*. U demanda enfuite , fi l'on vouloit qu'on proposât de publier
tion fw le j^j la.Seffion préfente un Décret concernant la manière de vivre chrérien-
j*^' ?** nement à Trente durant le Concile. On en fit la le£kure , & comme il ne
^nmr su portoit d'autre titre , que la Formule envoyée de Rome , Saçrofancla Sy^-
ConeiU. nodus , ^ç. 7P lc$ François demandèrent fortement ^ qu'on y joignît ces
4 Pallav. L mots »
Rayn. poltciqae des Légats , & dont les confèquen^ rien ajoute anfll-tèc après , qqe la plus gran^
^"^ !• ces furent ithS'pemicieufes à la liberté du de partie des Evêques applaudît à cet avis ^
Spond. Concile, Mem. p. fi.Car, dic-il -^ après & enfuite , que les intrigues des Légats
?J ^' que ces Allèmblées étoient finies , les Le- n empêchèrent pas les François & quelques
MO* 8*^ s'aflèniblôient y;ottr conférer enfemble autres de perfifler dans leurs demandes, Fra"
141. W }0,y^j, ce qu'ils avaient remarqué» Lâ-deJ/us ils Paolo reconnoic donc quil y eut d*autres
prenaient leurs mefiires pour avancer , pour Prélacs que les François qui firent cette de^
écrire à Rome , pour négocier , ppur engager mande. Et en effet il j en eut plufiears tanc
par leurs artifices ordinaires quelques-uns Iraltensqu*Efpagnols qui requirent la même
des Prélats â changer de fentiment. Ils firenti^choCef comme parmi ceux-ci les Eviques
celaji long-tems , quon s'apperçut à la fin de Badajo^^de LancianOyàt CaltelV à mare
de leur manauvH. Cette conduite étoit d'aU" 6cd*/4ftçrga ; & pamii les premiers TAr-
tant plus pemicieufe 6» d'autant plus capa- chevêque de Palerme , & lès Evèqnes de Fié»
ble (Tèter la liberté^ qu'on fe fervoit toujours foU , de Capaccio , de Belcaflro , & de Mot'i
du prétexte de la Religion , &c. tola» Pallav. L. ^. c. 5 . Je ne fai (î c*eft dans
70. Les François demandèrent fortement cette Congrégation qu on traita de Renards ,
quon y joignît ces mots , Ecclellam Uni- Vulpeculas , ceux qui demandoient Taddi*
verfalem rejnrxfentans , &c. ] Le Cardinal tion de ces mocs\ Univerfalem Eccl^am
Pall^yicin accufe Fra-Paolo d*avoir attri- reprétfentans, C*e{l Vargas qui nous en afi
bue cette demande feulement aux Francis» fure , p. ; f • de fes Méitioires. Dans une
Mai$ il lui ^n ^mpofe , puilqud nociç Hidp- Congrégation générale > di(-il ^ il y eut un
ftommt
DE TREN;T E, LïnrkÉ II. ï *4i
laots > Èccltjiam Ur^ivtrfaUm rcprœjentans ; fie la plus grande partie ^ uvrtvu '
Evêques applaudie à cet avis. Mais les Légats fc fouvenant que cette For- ^^^^ ^^^'
fnuie n'a voit été employée que par les Conciles de Conftance & de Bâlc y Se —"■■■■*
3ue de fuivre cet çxemple teroit en renouveller. la mémoire » leur donner
e l'autorité , ouvrir la porte aux difficultés qu'eut à, furmonter l'Eglife
Romaine en ces tems-lâ , & ce qu'ils appréhendoient lé plus > fi l'on fe fer«
yoit de ces paroles y repréfintam l^Egufi UmvtrfelU^ donner, occafion â'
quelqu'un de vouloir encore y faire . joindre celle-ci, ^ qui lient fa puif- vPaUar.
Janu immidiaitmtnt de Jcfus^Chrifl y & à qui chacun de quelque dignité qu'il^ ^' ^ ^*
fiit y même U Pape y tfi obligé a obéir \ ils s'y oppoferent ouvertement ic
en termes formels , comme as le mandèrent i Rome. Mais » fans en expli-
quer la véritable caufe , ils fe contentèrent dédire y ' que ces paroles étoient x Rayn»
ixop faftueufes & propres i exciter l'envie , & que les Hérétiques pour- ^^ ^*
soient les interpréter en mauvaife part. Us employèrent enfuite toute leur
àdredè , fans découvrir leur iècret , pour faire changer d'avis aux Pères y
6c déclarèrent à la fin libremenr , qu'ils ne permettroient point qu'on fe
ifervît de cette formule. Cela n'empêcha pas les François & quelques au^
très de perfifter dans leurs demandes : mais la multitude s'appaifa & fe
ibumit.
7» Jean de Sala^ar Evèquede Lancianoy Efpagnol T, fervit utilement j^^^^^ j^.
les Légats en cette occafion y en relevant beaucoup les anciens Conciles de i^x.i^o ^i,'
i*Edite fi vénérables par leur antiquité » 6ç la fainicté de ceux qui les corn-
poloîent y 8c qui étoient fi dignes dette imités dans la fimplicité qu'ils
avoient aflfeâée dans leurs titres , où il n'étoit parlé ni dé repréfentation y
ni de l'étendue de leur autorité. 7^ Mais ils n'î^réerent pas de même ce
qix'il ajouta : * Qu'il ne falloit pas nommer les Préfidens 5 que cet ufagc * ^ ^^
homme afft[ hardi pour traiter (Tennemîs en cette occafion , &c. ] Il y a apparence que,
fierets £• de Renards , Valpecnlas , ceux notre Auteur fe trompe , Se qu*il a pris TEvâ»
quifouteno'unt qu'il falloit mettre à la tête que de Lanciano pour quelque autre ,puif>
du Décrets , que le Concile repréfente touu que nous voyons le nom de ce Prélat parmi
l'EgU/e. La ckofe ne déplut point. On la ceux qui s'oppofiftent à Tomiffion de la clau-
laijfa pajjer , au grand fcandaU du Con^ fe , Ècclefiam Univerfalem rtprtefentans.
cile & desperfonnes de mérite ainfi maltrai" 71. Mais ils n* agréèrent pas de même ce
tées. Avec cela les Légats ne parloient que qu'il ajouta : Qu'il ne falloit pas nommer
de laiffer une entière liberté. Vàrgas ne dé- les Préfidens , &c. ) Selon le Gard. Palla-'
termine point en quelle Congrégation cela vicin , ce fut MartcUi Ev^ue de FiéfoU^vl
fe fit. Mais il eft alTez probable que ce fut fit cette difficulté, mais non pas en cette oc*
dans celle-ci , ou s*agita pour la première cafions & ce ne fut que quelque tems aprèf
feis cette difficulté. U impone peu cepen- la féconde Seffion. Il e(t aifez vraifembla*
dant en qcielle Congrégation fe dit la chofe % ble néanmoins , que l'Evêque de Lanciano y
mais il eft étonnant qu'on tolérât impnné- qui avoit été joint à l'autre dans la demande
ment une telle licence y & qu'on femblât de la claufé, Ecclefiam Univerfalem repra-
même Taurorifer en laiflant entrevoir qu'elle fentans , s'y joignit encore pour demander
ne déplaifoit pas. qu'on ne fit aucune mention des Préfidens
7 1 . Jean de Sala^ar Evique de Lancia' dans le titre qu'on mettoit à la tttt des
no , EJpagnol , Jerv'u utilement Us Légats Décrets.
T o M fi 1. H h
Z4Z HISTOIRE DU CÔNCllE
scDUTi. ne fe tronroic dans aucun ancien Concile » 6c du'il n'aTôic été introAift
Pa«l IIL qa^ j^ms celui de Confiance > où à cailfe du ScmfrM U àvoic fallu chan-<
' ger plufieurs fois de Préfidens : Que fi on Toulôit llmitôÉ en cela » il fàh'
Uni donc auffi nommer l'Ambafiadeuc de TEAiMttîur f puiiqu'on aVoif
nommé alors le Roi des Romaini 6c leb aactes Vttntts mi étoithi à Cbn«
ftance a^ec lui ; maii que ce fafte étoit ttop éfDcffJt a l'hunnlieé Chiè-
tienne. Puis ayant rapporté le difcours fait te li de DécMiibrb par lé Cati
£nal de Sainte Cràix , il conclut à oe qu'il lie fut fi^iç inscttn'e kâéhftioti éétt
iPréfidens. Cet avis inquiéta encore plus les Légats qîie te j&rtcédfefi't. Maif
le Cardinal dd Monu rémndic fiir le champ : Que le^ Concitâ ié^oiéfit
farlé diverfement , félon les tem&ft les conjôtiâiltt^ t QMf pifr lé pàSk \ff
ape avoir toujours été regardé comiM te Chef tjè t'ËgUft » 6t c[tië ftt^
fonne n'avoir jamais demandé jufqoe-lâ UH Corïcite ^ mit côîM^Btiâtt t^
fur indépendant du Pape ^ oommé a^ieht c^é fititè lé» Ânéi^ftd» : QÂ?
pour s'oppofer i cène témérité béttétique , il jyiôk Môtittéf tn ÏMte ôteà-
fion que les Pères étoienc tous unis avec l6ut Ch<^^ ^ùi Àdic te Pipe > en;
nommant fes Légats. Il parla fort longteins fifir cette fnàtîélit \ tftiisMigeàtit
3u'il réuffiroit mieux pat la divef fion que psir là ^fuâficfn j il 6t cfbtnger
_^^ efujet. Le contenu au Décret fut approuvé de rout le monde, *'i céïa
K"" I. fèul pr%s > que 73 lés Francis înfimrènt à ce qu'oYi ilôtomat dtltinâe-
PalIaTJ.^. ment leur Roi dana l'endroit où on exhortoit tout te itto^é i hûSi E^èi»
Flciî L. ^^^ ^^ ^^^ ' I?™' TEmperèot , & pouî tes Ross. Le t^at £nàl de ^tdott
x4i.N^'3i. ^'^^^ approuvoit aOex la chofe ; mais il difoit quil aufoit donc faite nUfr-
' mer auiii les autres Rois félon leur ranr , chofe t¥o^ lohgué 6c trop dân-^
gereufe à caafe des prétentions de préftëance^. Les Prfn{€fis ré[>lî(]ûerêhr >'
que comme dans la BuUè de convocarion te JPape n'àVôic fait ménttbfi que
de l'Empereur & du Roi de France , il falloir, â cet exempte ou les nom-«
inet , oxi lès ôfnettre tôù$ deux. Sut cela lès Légats dirédt qu'ihy.pênitt-i
roieht , tk donnèrent à entendre que tout le monde feroit contait.
Seepntlê XXXI V. Ls 7 dc Janvier ^ tous les Prélats en habits ordinaires s'aflfKm^
Sejfton , é» blerent dans la maifon du ^emier Légat , d'où ils alterent à l'EgKfe C^
^(t^'luf^ thédrale précédés dc là Croix , & pafTant an milfeu dé joiô Fantïflîftfs. fa-
fpaîlav u ^^^ ^^ Cèmtéde Trente, & armes partie de pîquei & partie dytc^ué-
^. c. 5. bufes. Ils étoienr rangés en hâte des deux c6tés Ht ta rue jiuqù'â TEgjlifc,
llayn,N*»4. ^ quelques Cavaliers avec eux ; & lorfque les Légat* ic les Prélats y fei-
Spond. reht arrivés » tous ces ibldats firent une décharge dans, la Place 9 6c f
^° *• demeurèrent pour faire la garde durant le rems de la StfCiôn. Outre les
lAuN"^ l'r Légats 6c le Cardinal de Trente, il s'y trouva quatre Archev^ùes , ^ngt-
huitEvÊqucs, trois Abbés de la Côngrégatîort du Mont- Caffirt , fir^tiâtttf
. 7 V Les François înfiflèrem à ce (fuon l*fivècft!e de CUiikom infift» dé t/à&HH^fkk
nvntmât dijtindement leur Roi , &:c. j Ce la mÎYne cfaofe, mais fkni être fecohdt dés
far dans la Congrégation qu'ils firent cette autres , qui fe contentèrent ai(^mélitdcs fâ^
demande. Fra-Paoio a oublié de dire , qae fons'qde Irâr aVoîent af^portéles Léffmfdàt
dans la Sefiion qui fe fit deux joun aprts , l6c fiinre défiftet de ce ^'ik dettiAdbiâMk
DE TRENTI, L* Vjl» :II.IT h^
Généraux d'Oidces , ce qui faifbic en cour qaarantp-ccoil perfohncfi > qui
xtmpoùûcat le Concile. Qéoéral. Encore du nombce des Aicheir&qaes^ f en ^^^ ^"^
ay«u-il deuK , qui q Woieac jamais été vus de leurs Egliiès t 6c qpi n'en '
icnt que lé citre dont le Pape les avoir honorés , 74 favoir Olaiis
Btff Archevêque ^Upfal en Suéde > & 7i Ricinrt Vtaaut Ecofibis »
icvique d*Acmagh en Irlande » ^ qui malgré^ ^ue coocie paflbit pour c Sleid. L.'
Jft.jnetllcùr hon^me de poftp de ion rems. Tous deux écoient enrrerenus i 17- p* ^9^
Rjpme depuis quelcpiesanniéçs par le Pape » & on les envoya i Trente pour ^^°^
fiice nombre , & jr vivre dans la dépendance des Légats, i^ Il y avoir en^- ^*
viron vingt Théologiens qui iè teijoient debout. L'Ambadadeur du Rqi
ides ELomains & le Procuceur du Cardinal d'Auibourg y aflifterenr aflis fu,r
Itjbaacxles An^fladeurs , 77 & ^upcàs d'eux fur le à&mt banc 4ix Gen^
âilsbommes du voifinage choiHs par le Cardii^ de- Trente. J^ân Fm/ica
-Evèquc de Caftell'â Mare chanea la lAcSCf àc Çmélan AtafiintM Evèque
«de S. Marc piècha le Sermon.
' ^pii£'s la Meâe les Pciélacs bécane xevttus de lepcs iiabics Pontificaux,
iOn chanta les Litanies» Se qn dit les mêmes oraîfens qi^e dani la première
^Seffion. ^ Quand 79 tout le monde fut afis » l'fiv&que célébrant étatir monté ^ ^^ftu
Irère de /m» Magfms,'<\\ii ëtok Archevé- qù*il a cirée aè Surdon , yiepc apparent
qae d'Upfal Iqrlqae la RéJEprmatign % in- meru du noahtf^ de voyages qu'il fi: ep AI-
4nxiaice en Saède. Ce ^nri^er ayant été lenugne, en France & aillenn, poorexé-
sbaiTé de (on Siège , (e recira à Ronie , <A coter diffîrentes coiiuniffioqs , dont il f^
^^Mxçpoix, le ï^pe donna le m^ne citre fà chargé par lef Papts.
J9/lfW.^4g|^«fon^ère, qttil>|i9Jica^^ 7f . // y «t^ /s^'iRiyi »9'WU9hgi€n^
jfffit dans £1 fuice. Ainfi frf'/>aola ^ ^i' »i fi m^^ Mm- i §^ ^45*vi«^ {1
fcn-de dire , qoil ne vit îênç^isipn Eglife^ j m ^Ypir }.s i a 4caf dk^qels , 'yi^fcuf
te. <fï\\ n'eue' d'Archev^fie ilTpfal que le OUafler Si i|n' autf e , onperm je par l^o^eor
titre, donc le Pape Tfaonora dans Tefpé- des*a(feoir. , . ..^ ..
rance peut-être de quelque retour de ce J7. Et auprès J'tux fur le même hanç dix
^Içyaonie à l'obéilEuice du iTainc Siège* Mais Gentilshommes du voijînage choifis par le
A &c trompé dans Ton attente > 9c OUus Cardinal de T^nfè. ^ Le Çasdind PaHavi^
Magnus mouruc dans (on exil . -avec la ci/i en marque xf.
UBORÎfic^cîon de voîr que le lurnérankme ' 7S. Quand tout le monde fiit aflis , l'E^
' "" ' ** . - vê^e célébrant • étant' monté en chaire lut
4a Butté — *« qui 'défendait d'admettre Us
«eiai&iitattcuçe ed^ahce au Papeni.de
^ jBétabUr , ni de'&umettre jamais ce
-j^auoie. ProQurettrs des^ ahfehs à donner leur fuf-
7f. Ri^tn Venant Ecojfois , Archevê- frage , &c. ] Fta-Paolo oublie de dire ,
^fud'Armaffken Irlande, ] Son nom étoic qu avant cela Ange Maffarelli choifî par
VaucQf. Quoique prefque aveugle.dès Ken- intérim poùrlaire' \k fonéUon de Secrétaire
félon quelques Auteurs, il s'appliqua fi dû Concile , lut alors la longue Exhortation
A>nài*étude<{U4ldévincDoâeurenTkéolo- dcsLéga^, que ttotte Hmorien a placée
gie de la Faculté deParis. Il ftit Légat à latere mil à propos dans la première SelEori. Ce
^Allemagne v& mourut à Pans cliez les lé- fat après çéU-ode REvéqué célébrant lot la
fttixes en x/f i.Ce (iic lui, Telon waraus^ qui Bulle du 1 €i l'Avrif x r 4; » qui ezdoost
Hk X
X44 H.rSTOIRE,DU CONCILE
jfDxirx. en chaire lut la Bulle ; donc on aparté plus haut ^ qui défehdoit d'admettre
Paul UL j^^ Procureurs des abfcns à donner leur fufiragc, fans faire mention d'une
" autre qui exemtbit de cette Loi Us Prélacs d'Allemagne. Enfuite il lut le
ê I<L N® 6, ^^^^^^ > ^ P^ lequel le Synode exhortoit tous les Fidèles aÛeniblés i Trente
* à vivre dans la crainrede Dieu , Se à prier tous les jours pour la paix des
Pcinces & l'unité de TEglife ; toutes les perfonnes du Concile a dire la
Meflè au moins tous les Dimanches » à prier pour le Pape, TEmpereur»
les Rois & les Princes -, & tout le monde à jeûner , i faite Taumone , i
être fobres , & à inftruire leurs domeftiques. On y invicoit auffi toutes les
perfonnes , & iur-tout les Savans » à penfer férieufement aux moyens les
plus propres à éteindre les Héréfies » & à parler avec modeftie dans lea
Congrégations. Enfin on y déclaroit > que n quelqu'un donnait fon fuf-
frage , ou afiifloit aux Congrégations hors de ton rsmg » cela ne devoir
porter aucun préjudice i perfonne » ni (ervir à qui que ce fut pour pr^
tendre un nouveau droit. Le Décret étant lu » les Pères après s'être interco-
gés fi le Décret leur plaHbit > répondirent : Placet. 7^ Mais les François:
/Fallav. L. dirent ^ qu'ils n'approuvoient point le titre imparfait , comme il étoit » de
^•-c. 5» infîflerent comme auparavant qu'on y ajoutât ces mots : C/nivirfalem E'ccli-
Jiam reprafcntans. ^^ On afligna enfuite au 4 de Février la Seffion fuivan-
te » & on congédia les Pères ^ <jui après avoir quitté leurs habits Pontificaux
accompagnerenr en habits ordinaires les Légats jufqu'à leur maifon , dans le
même ordre dans leauel ils étoient venus i TEglife : ce qui s'obferva dans
toutes tes Seffions fuivantes«
Apre's laSeflion, '^ on ne tint point de Congrégation jufqu'au ij de
glàX.6. Janvier, s. parce que PUm P^Aeco Evèque de Jaën, qui avoir été créé
^ ^' Cardinal % défiroit de %*y trouver : ce qu'il ne pouvoir faire fans avoir reçu,
la Barette qu'il attendoit de Rome , & fans laquelle le Cérémonial ne per-
met pas aux Cardinaux nommés de fe trouver dans des Afièmblées puoli-
ques. On devoir mettre ordte dans cette Congr^arion i ce qu'il n'arrivât
. . ... plus d'inconvéniens dans les SefEons. Lors donc qu'elle fut aflemblée , ^ les^
flcurv La
2 4i.N^ ; 7. ^" ^^^^ ^^ (uf&age les Procureurs dés Eve- Mais la pluralité fat d*an avis conoaire , ft
' ques abfèns» pois le Bref du 4. de Décem- le Décret padà toat d'une voix dans la.
bre I f 4 f , qui fixoit roavenure da Concile 5efl!on.
au I ) , & le Décret poux le règlement de ti. On ne tim point de Conp^amm
vie qui devoit s'obferver dans le Concile* jufqu'au i^. de Janvier : parce que Pierre
79» Mais Us François dirent qu'ils Pachéay — qui avait été créé Cardinal^
n'approuvoient point le titre impaifait , défiroit de s'y trouver , ce qu'il tu pow
comme U étoit. ] Noos avons déjà vu que ce voit faire fans, avoir reçu la Barette , &c. ]
ne furenr pas feolemenc les François , mais Ce n'écoic^tas £aute d'avoir reçu la Barette^
aoffi pluiicurs Italiens & Efpagnols. comme le dit fra^Paelo » puifijo'elle étoir
80. On affifna enfuiu au ^.ie Février déjà arrivée } mais parce que félon le Cai»
la Seffion fuivante^ ] Dans la Congrégation dinal Pallavicin^ L. ^* c. 6% â n'dbit liik
du 4. les François , félon Raynddus N^ psendre (ans avoir auparavant le confente-
5 . avoient demandé que le terme de la Sef- ment de l'Empereur , qu'il attendoit \
fion prochaine fit xenYojé à deux mois» FUwy , L* \\\% N^ ^7..
DE TRENTE, Livre II. 14^
tigSLts ** s'y plaignirent de ceux qui avoienc fait oppofition au titre du ^^^^^I:
Dtoet dans la Seilion j>récédente. lis remontrèrent : Qu'il étoit malféam ^^^^^^*
de faire paroître unedivet/ité d'c^inions dans les Séances publiques : Qu'on "'
terioit les Congrégations en particulier où chacun peuvent dire ton avis en
libené , afin qu'après ils puDcnt paroître unis de fentimens dans ce qui fe
Eblioit : Que rien ne pouvoir plus mortifier les Hérétiques , 6c fortifier
Catholiques , que 1 opinion qu'on auroic de leur unammité. Ils vinrent
cnfuire au titre même en qoeftion , * & dirent : Qu'il n'y en avoit point de ^^^T^
f>lu6 convenable au Concile, (ficcclvLià'Occumémqttcécd'CTniverJely que ^*
ni donfeioit le Pape tant dans la Bulle de Convocation que dans plufieurs
tutres, où il l'appelloir ainfi : Que ce feroit en vain qu'on y ajouteroit le
terme de npréftntant , puifque rous les livres étoient pleins de ce que c*eft
& de ce que repréfente un tel Concile légitimement indiqué & commencé :
Qu'en faifant autrement on femUeroit cfouter de fon autorité , & le conw
parer d quelques autres Conciles» qui avoient pris ce titre parce que fâ-
chant qu'ils manquoient d'une autorité légitime , ils y vouloient fuppléer
Ear des paroles » ( en quoi ils défignoient les Conciles de Confiance Se de
aie : ) Qu'enfin pour favoir à quoi s'en tenir fur ce point y chacun dévoie
en dire librement fon avis.
XXXV. Le Cardinal Pachico commença par dire : ^ Que le Concile On c»mefé
avoit tant de titres à prendre % que fi on les nommoit tous en toute occa- de nûttvêa»
fion , l'énumération en feroit plus longue que le corps du Décret : Que-^^*^'^7
comme un Empereur, qui poflede un grand nombre d Etats Se de ^^Y^^ jf fi^!^ £
mes , ne prend ordinairement à la tète de fes Edits que le titre qui leur u^^^^^^
donne plus de force , 8c que fbuvent il viy met que tba nom propre ; le Raya.
Concile de même pour fiiire connoître fon autorité devoir fe fervir de di- ^^^ 9-
vers titres, fekm les différences matières dont il auroir à traiter : Et qu'à
préfênt qu'il ne s'asiflbit encore que des matières préparatoires ,.. il n'étoic
pas nécei&ire que Te Concile en prît aucun.
L'EvESQUi de Feliri dit r Que fi le Concile prenoit le titre de Rtpriftn^
Èoiu tEglifc UnivtrftlU , les Proteftans qui avoient demandé un Concile »
où ils enflent droit de fuffrage , en prendroient occafion de dire , oue puif>
que l'Eglife éroît compofée de deux Ordres r l'Ecdéfiaftique fie le Laïc >.
elle ne feroit pas repréfentée toute entière fi les Laïcs en étoient exclus*^
Cependant ceux qui dans la Sefllc^ avoient opiné pour le titre fimple »
fiirent d'avis qu'on y fît l'addition en queftion»
Sx. Les Lt^au s'y plaignirent de ceux ne (cancklifStîes CatBoIiqaes, & nefiornft
fvi avoient fait oppofition au titre du Dé- matière aax railleries des Proteftans. Mais
€r€t dans la S effion précédente. ) Parce qoe oaoi qu'ils pnflènt &ire y il y eattoDJoar*
jaloax de la lépatacion du Concile ils euilent at% Evtqnes qui ne cnirenrpas devoir avoir
fbahaité qall ne parut rien au dehors de cette complaîunce pour eux ; & il y eue peut
rbppofition de fenrimens , & qu'ils appré- de Seffions , oïl il ne (ê tronvit quelque o^
kendôienr que hirfqu'il s'agiroitde:nntièses poficion de la mtmff (bxte**
fins im£Qrtântescette appuence de divifioA
i4« HISTOIRE DU CONCILE
wjctn. L'EvESQui de S. Marc dit ; Que les Laïcs ne pou voient s'appellor
Paul IIL Eglife que crès-impropremenc 9 puifqae ibkm les Canons ils p'^vaiçat iMlr
" cune autoricé de commander » mais qu ils étoient çbligps d'ohék \ 8c quf
c'écoic une des chofes que le Concile avoic à déânir > que les Laïcs dcvxMK
recevoir bun)bleniencu Doârine de la Foi» quer£gli(r kur propofiik»
fans difputcr ni paiibnner : Que par conféquent il étoit i pEQpos qM Jfap
Concile prît le cinre de âUpr^e/tùtni f£gti/€ UmvtrfidU % afio de Àirc esr
tendre aux Laïcs qu'ils o'ctoieot pas l'Ëdife » mais qu^ils dévoient Técott**
ter & lui obéir. Aptes pluiieurs chofes dices de part & d autre 9 '* 00 pa£Qt.
/Pallar L^^^^^ ^^ '^^^^ condure autre choie» ^ finon que dans la Seflionfiiir
^. ^ ^^ ' vante on fe ferviroit encore du titre iimple > comme <qo avoit £ût dans k
précédente.
On dûitiff ' XXXVL Cet article étant fini • comme qiiclques PréliLts avoicnc -^Bt-
fitr Us #M- mandé quon en vînt enfin à reflèntiei » les Légats » pour les fatiafaice di«-
iihes dent rent » que comme il y avoir tcois choies qui dévoient £ùce Tobjet des délir
Tt^dlàî^L ^^^^^^ ^ ^ 9f^ ^^ ^^P^ indiouoit dans Ùl fioUe , favoir , Tcxtirpatian
^wtM ^^ Héréfies 9 la Réfiarnkatioo de la DifcipUne , & TérahliiTeoif nt de U
/«vi/ /vr Paix , ils les exhortoient â demander i Dieu qu'il les édaicar , Sg, leur àtr
uttt ivM* couvrît par où ils dévoient commencer ; quelle voie ils dévoient lenir » 6c
^^* ce qu'ils avotent d faire ; j& ils i;emirent à la prochaîne Congcégacifiin à
écouter fur cela leurs avis. A la hn ou chargea f Archevêque ^Aix , iSc Ici
Ev&qoes de Fdtri & ^Aflorga , d'examiner les procurations & ies exonicf
envc^^ par quelques £v^ues abièns » 6c d'^ca &ire leur rapport à la
Congrégation.
LesUgift9 Lb jour fuivant les Légats. écrivirent i Rome: Que l'Addition de Hifwi^
écrivêni À fintam lEgUJi UnivtrytUt , jétoit une sk^sAt £ jpopulaiioe 8c qui plaiioic
^êmefonr tellement â tous , <}u'ils prévoyoient eue l'on pouccoit jbiea ia redemander
^p^P^^' encett : Qu'ainfi ils founaitoient de lavpir fur^cekt Iç^ imentiops de Sft
^m dijftre Sainteté , & s'ils dévoient ou perCfter d la cefu&r » ou jr coadêntir , foc-
de leur ri* tout en cas que l'on eût à faise quelque Décret important fi>it ^our con-*
fondre. damner les HéréHes , foit pour quelque autre chofe de iemblable. Ils man^
dotent enoote » outils n'avoient propofé que d'une Aanièce génénde \fCÈ
chefs ^e délibération pour la Congr^ation fuivaote» pour avoir le tcms
< '•l. 0/z pt^T^ vutre fitm ri^n ^êm^hfm giroît ^t «Matières pkis Smponancts. Mak
autre chofe , finon que dans la S^fiêa fat* JiaijfJuLbiSf N^ $. (eroble attribqf tcexQffh'
vante on fi firvirou encore du titre fimple ^ péiamenc au Cardiral Pach^co, Tum fubjt*
4cc:} Cfi fuc , (elon PaiUvicin , /grànu S^ ùt, dic-il , CardinaUf GUnnvifif ^fihii^uU
fifmid alors ^Gén£sal des Auguâins 4c die- (n«p ÀMbium accurrjire ^ juiti Triflmims
jMii* Cardinal , qui cpn^ibna Je plus à,î^ JCfinfiJfus licet e^ip^uj ÛnivtrfaUm BçfUf
trce JiifixeQd > en prppo&uc 4^ x^ pi^ fumJrt^afifUf^t - catcrujn inprmfinti ç^f^
fe>e(tar^eûcrepour toujours, mais fimpte- ahUa P^tr^ itrpri nsçeEiate ut çum ti*
jneat de ii^meuxe ^poor cette fois , te de xi- ttijjm ^^dinrif^nt , &c. Pei^ - j^tre l'pn 4^
QvftT cette difcoffion pour le tjtn^s gjî 1^ iantr/e jwttànuu iis ^n fytv^m i» Mmf
Concile feioit plus nombreux , Se où il s'a- ^prîs*
DE T R E N T E , L I V R B I T. 147
JliÉttencIre far cela les Inftruâions de Sa Sainteté , & cependant contenter ' uDtvth
ceux des Prélats qui demandoient qa'cm en vint enfin aaz cbofes eflèntieU ^^^^ ^Ù.
ptu commune , de le rendre au Concile s 8c qu amii ils |ageoient qi
iiécsflàire que le Pape envoyât dit ou douane Prélats ^n$ de confiance, de Att
te de capacité, afin que le nombre des Uhramontams , la plupart perfonnea
kabiles & exemplaires venant à croître ^ ils trouvafTent gens en état de ku^
lépondre ; la plupart àt^ Prélats qui à Trente étoient bien ineentbnnéi
âjont peu de lavoir , ic êncord moins de prudence , 6c ceux qui avoienc
quelque fcience étant gens d'intrigue & difficiles à.gouverner.
XXXVII. Dans la Congrégation du 1 8 , il y eut quatre avis ditfetens Qj^^h^/^
^m ratticle des matières par oè Ton devoir commencer â traiter. «4 Les ^^^^"^ *!^'^
bipériaux dirent qù'oâ Ht poavôit todtbér utilement aux Dogmes, <fxt*^^^^^
l'on n'eût réformé les abus aoù étoient nées les Héréfies *, & après s'être far U Ré^
£ott étendus ils conclurent que tant que durefoit le fcandale que produi- ffrmMùon.
fcit dans le monde la fcorfuption de l'Etat Êtcléfiaftique , on ne eroiroit j^^*y?*
rien de tout ce qu'ei^feignetoit le Cletgé y tout le monde tenant pour pai^y Ltf
ifiaxime de &ire plus d'attention aul aâiôns qu'aux paroles : Qu^on ne c. %
devoir pas prendre en cela les anciens CohcjlH poui: modèles , parce qu*a- Fleurf > L»
Itnrs, ouilnyavoitpoint la même corruptim dans les mœurs. Ou THéré- '4*'N^3lt
£e ne venoit pas de ce principe : Qu'enfin ce fètôit vouloir pa(!èr pour in-
corrigible , que de diflferet i rrairer de la Réformé.
^J D'authés j rt«is en périt Nombre , vouloienr commencer par tes
Dogmes & venir ènfuite à la Réfôtmation ', & pour appuyer leur avis ils
difoient : Que la Foi cft le fondement & la bafe de la vie Chrétienne :
C'en ne doit pas commencer un édifice pur le toit , mais par les fondemens :
Qh'îI y a plus de péché à errer dans la Foi ,- que dans toute autre aâion
Itamaine : Qu'enfin l'esltirpàHion dés Héréfiet ^ftott le premier chef in&qué
dans la Bulle du Pape»
' 94. Ltê Impériaux dirent , ^'éln ÀépàU' fual cûfà i lègàii vWàmtrtttfi wpdfnt^atiQ,
«f»tt toUchir utUemtnt dust dogmes , ^ue Voh Ce fut pour feCôndet les vuè6 dé llEmpér^y,
wteâi réformé les abus , écc» ) Ce fut le Car- cfiQ Madruct parla fi ferrement pour cet
4ÎQal Madruce qai oovric cet avi^ , qai hoït avis. Mais félon Pallavicin , il n*eft pas
cnrèrement contraire aux intentions de la vrai que les Impériaux indiflindement 1 ao*
C6ur de Rome , & auquel le Pape avoir or- puyafTenr , puifque le Cardinal Pschéco vax
donné atu Légats de s*oppofer de tout leur dun avis tout différent*
pnàtoir. L*Eihipëteur ato cofirtare Vouloir i^. D* autres^ mais en petit tttfnâre y ou^
^olument qti'on cottmènçat par là Ré- tdient tcMmneer par tifs dogmes. ) PaHa-
fiirmatfoh. VbBH^à m oitre rimpef-adore , vicôinoftnme entrauties -Pitc^^^ , Fitfn>tl
ikAdriani L. /. p. !çii. ehe ùi Coneilio Aîrlkevêque d'Aii , Si Muffo Èvêqné de
fUiwCàfi f^âtinffeto j^i abafi detta CorU di Bitonte. Appatemment même que tou^
Roma & la vita de Cherici ^firhàndofi al ceux qui pn^hoiént leurs ttf dits dei Lépt^ ,
dâfe^^ dopo la Dieta di Ratishona à trot- appuyèrent Ife même avis.
tare de gli articoli délia Rtligiom ; aUa
*48 HISTOIRE Dtr CONCILE
1IIMH.VI. 8tf Ls croifîéme avis fut : Qu'il écoic difficile de féparer la Foi de la RjS^
tAOL UL formation , n'y ayant point de Dc^me où il ne fc trouvât quelque abus ,
- ni d'abus qui ne tirât après foi quelque mauvaife interprétation , ou ne fît
prendre un Dogme en quelque mauvais &ns » que par confcquent il falloic
traiter de l'un Ôc de l'autre en même tems : Que tout le monde ayant les
yeux fur le Concile , dans i'efpérance qu'il apporteroit quelque remède
rant aux chofes de la Foi qu'à celles des Mœurs, on le fatisferoit davantage
en traitant de l'un & de l'autre en mème-tems » qu'en renvoyant lun après
l'autre -, & que la chofe pouvoit fe faire aifément en fuivant le plan dtt
Cardinal 4Ùl Monte » qui ézoit de partager les matières en difierens Bu--
leaux , qui examineroient chacun â part les points dont ils feroienc char-
gés : Qu'on devoir fe hâter de le faire pendant que la Chrétienté étoic en
paix , Se qu'il ne falloît pas perdre un tems fi précieux » puifqu'on ne £h
voit pas quels empêchemens le tems pourroic apporter : Qu'enfin il falloic
s'étudier à expédier le Concile le plus promtemenc qu'il feroit poiCble»
pour ne pas laidèr trop long-tems les Eglifes fans Pafteurs , & pour pla«
fieurs autres raifons ; par ou l'on donnoit à entendre qu'en le prolongeant
on ne feroit plaifir ni au Pape , ni à la Cour de Rome.
nHâya. D'autres enfin, du nombre defquels écoient les François, vouloient *
N^ lo. que l'on travaillât principaleoiMt à la paix , Se que pour cet effet l'on écrivît
PsUav. L.^. à l'Empereur , au Roi Très-ttrétien , Se aux autres Princes , pour les
^ ^* remercier de la convocation <lu Concile , Se les prier d'affermir la paix »
Se d'envoyer leurs Amballàdeurs Scieurs Evèques pour féconder l'A fleni«
blée Se en alfurer la continuation. '7 Us fouhaitoient auffi , qu'on y invitâc
amiablement les Luthériens , Se qu'on les prefsât avec charité de le joindre
au refte de' la Chrétienté.
Les LtgMts ^£< Légats après avoir ouï ces diâerens avis > Se loué la prudence des
éludent littr Pères , dirent ^ que comme il étoit déjà tard , que les fentimens étoient
àemtmde^é^ fi partagés , & que la matière étoit importante , ils penferoient à loifir \
en fi déter^ j^^. ^^ q^^ g^^^jj ^^^ jj^. ^ qu'ils propoferoient dans la première Con«
ttr de U gi^égation les points en queftion pour en décider.
Dûârine é* I ^ ^ut réglé enfuite que l'on tiendroit deux Congrégations par femaine »
if ^i Rej^r- favoir le Lundi Se le Vendredi , (ans avoir befoin de les intimer. P Eti
^f^^foHt la fia de la féance l'Archevêque d'Aix , qui avoir reçu des lettres du Roi
êld c'j ^ l^^^^^c y ^lua le Concile au nom de ce Prince > Se dit qu'il envoyé*
P Rayn.' roit
N«io.
S 6» Le troifiéme avu fui , ^îl étoit dif-
ficile de flparcr la Foi de la Réformation. ]
Ce fut cet avis qni prévalue, & Raynaldus
audi- bien que Pallavicin en font honneur
à Thomas Campége Evéque de Feltrî.
$7. Ils fouhaitoient auffi quon y invitât
amiabitment les Luthériens. ) Quelques-uns
Bémt , (èlon Pallavicin , propofbient qu*on
7 invitât aaflSIe Frite- Jean Empereordï-'
chiopie , auflî bien que les Arméniens & les
Arabes : ce qui apprêta à rireà plu£eors. Non
manco cki diede occafione al n/ç d'aleutd .
in proporre , che s'invitafiiro ancora U
Signore dcll' Etiopia , detto volgarmenie
il Frète- Janni , gli Arabi e gli jirmemi»
$8. Afaii
i3( E TRENTE, Livre II. i4J
coït bientôt un Ambaflàdear & pluûeurs Evêques. AinG finit cette Con- HBxirt;
gtégation. . ' ^
Les Lézats donnèrent avis du tout à Rome , ^ & mandèrent : Que les „ „ .
prétextes qu ils avoient apportes pour remettre a une autre Congrégation ^ ^ ^
la décidon de ce qui avoit été propofé , n croient que pour avoir le tems de rieurv , L.
recevoir les ordres du Pape, & favoir comment ils dévoient fe conduire : i4t.N°58.
Qu'ils prioient de nouveau Sa Sainteté de leur faire favoir fa volonté , &c de
coniîdérer fur-tout qu'il n'étoit pas de l'avantage du S. Siège, de tenir le Con<-
cile fans rien faire & de le prolonger, lorfqu'on pouvoir l'expédier adbz prom-
cement : Qu'ils avoient été obliges d'établir deux Congrégations par femaine»
pour tenir les Prélats en haleine, & leur ôrer l'occadon de s'aflèmbler de leur
chef : Que comme cela ne manqueront pas de preller l'expédition des chofes ,
il falloit qu'on prît le parti i Rome de ne point les faire attendre pour les ré-^
ponfes , comme on avoit fait jufque-là , mais de réfbudre promtement leurs
difficultés, ôc de les inftruire comme de la main à la main en prévoyant même
autant qu'il feroit poffible les cas qui pourroient arriver : Qu'y ayant
beaucoup de pauvres Evèques , qui étoient venus au Concile fur l'efpérance
qu'on leur avoit donnée , & fur les promedès de Sa Sainteté & du Cardi-
nal Farnhfc , ils réitéroient les prières qu'ils avoient déjà faites en leur fa-
veur : Qu'il ne falloit pas prétendre les traiter à Trente avec la même hau-
teur que l'on faifoit à Rome où n'ayant nulle autorité ils étoient hum*
blés & fouples , au- lieu qu'à Trente ils croyoient qu'on de voit avoir des
égards pour eux & pourvoir à leur fubdftance : Que fi on ne le faifoit pas >
ilauroit mieux valu ne les point envoyer au Concile, que de les y tenir
mécontens & mal Satisfaits : Qu'en un mot on ne pouvoit efpérer aucune
bonne i(Iue du Concile , fans dilieence & fans dépenfe.
Chacun pourra s étonner que le Pape, qui éroir une peribnne fi pru* rPallav*
dente 4 Se qui avoit une fi grande expérience dans les affaires, n'eût pas^^*^ 7-
fait àc réponfe fur deux points fi importans & fi néccflaircs , après tant d'inf- ^^o TJ^
tances de fes Légats. ** Mais ^ c'dOt que ce Pontife eoroptoit peu fur le ^ *
le
8 s. Maïs c*cftqu€ u Poatifi cômptou preflknre de (ê hSter de rendre réponfe fur
peu fur le Concile , & qu'il nétoit occupé des chofes fur lefquelles il étoit bien aife
ue de la guerre , &c* ] Il y avpic des rai- de confolcer , pour ne rien lailfer pafTet
bns plus naturelles à apporter de ce délai, qui put ou préjudicier à fes intérêts , ou le
que celle que produit ici Fr^Paolo» Car jetter dans un embarras qu il vouloit éviter,
quoique le P^pe après les engagemcns pris 11 pouvoit croire d'ailleurs qu'après les or-
avec TEmpereur pût compter alFez certai- dres précis qu'il avoit donnés à fes Légats
ncment fur la guerre , on ne voit pas ce- de faire traiter des Dogmes avant que de
pendant qu'il en fut moins attentif à routes toucher à la JKéforipation , rien ne le pref*
les démarches du Concile , & qu'il négligeât foit dci répondre fur les autres anicles , U
les moindres chofes de ce qui y avoit rap- qu'il feroit aflêz à rems de faire favoir fes
pônrt. Il eft donc plus natprel de croire que intentions avant le tems de la Seflîon. En-
comptant fur les ordres donnas aux Légats fin , fans faire mention de mille incidens
de ne rien laiflêr déterminer qu'après l'en qui arrêtent fouvent la prompte expédition
avoir aveni , il ne voyoit pas de néceffitc des affaires , peut-être q[ue le Pape étoic
Tome I. Il
ayo HISTOIRE DU CONCILE
xDxiTt. Concile y & quil n'écoïc occupe que de la guerre, dooc k Cardinal Far^
Pavl. HL j^iji avoit traité l'année précédente avec l'Empereur. Il ne pouvoir même
fi bien fe contenir , qu'il n'enlaifsat entrevoir quelque chofc ; 6c l'Empe-
reur de Ton coté fe foucioic peu du progrès du Concile, parce qu'il lui fuffi-»
foie qu'il fut ouvert.
Les Prélats , qui fouliaitoient qu'on commentât par traiter de la Réfor-
fnation, & qu'on remît à un autre cems l'examen des Dogmes, Secondés par
les Minifttes de l'Empereur , travailloient à attirer les autres â leur avis i
chofe d'autant plus sûfée , que la.£léfbrme étoLt généralement defirée , mais^
peu efperée ', & ils- augmentèrent tellement leur parti , que les Légats ea
j Kcury Pf^rç^^ ^"^ extrême inquiétude. Pour s'en délivrer ils employèrent eux « ôc
L. 141. N^ leurs adhérans toute forte d 'intrigues \ & enfin dans la Congrégation du 11 ».
1^. ils fe mirent i combattre tous les trois l'un après l'autre les raifons furlef*
quelles on s'appuyoît pour faire commencer par le fedreflement des abus»
t Pallar. ' Une de celles qu'ils employèrent contre les partifans de la Réformation ^
Lr ^. c 7. & qui fît auffi le plus d'impreflion , fut que l'Empereur ayant dit dans U
Diète de Vormes aumois de Mai pade , qu'il falloir voir quel progrès feroir
le Concile dans la difcuffion des Dogmes & la Réformation , àc qu'en
cas qu'on n^'y en fît aucsn il intimeroit une autre Diète pour concilier les*
différends de Religion & réformer les abus , ils oonduoient de U , que
fi on différoit l'examen des Dogmes , on jufHfieroit par-là le Colloque Se
la Diète future, & l'on nepourroit empêcher qu'on ne traitât des affaires-
de Religion en Allemagne , puifqu'on refuibic d'ett traiter dans le Con«»
cile.
^^ I L y eut dans la Cbn^égation un grand & riche Prélat qui après*
avoir fort exagéré la corruption générale de tous les Ordres du Clergé r
s'appliqua i montrer par un difcours étudié, qu'on ne devoit avoir prin-^
cipalement en vue que la correâion des abus -, que le Saint-Efprit ne pou->
^t habiter en nos vafes s'ils n'étoient purifiés , & que par eonfêquent on
ne pouvoir porter un jugement droit fur les choies delà Foi qu'après la Ré«
formation.
« 14 Ibîi ^ Mais le Cardinal de S^^. Croix ayant pris la parole dit ^ qu'il étoit
Itayn.
N^ 10^ ^ic" ^f^ <^"^ ^^ commencemens de ne Tiroft avec beaucoup de £ifte & de magni?
Ilemy , L P^ trop preffer les chofes, afin de fe régler ficence.
i4a,N^ j^. lor les événemens qai pouToient arrÎTei , ft 90% Maïs U Cariinat it S». Croim
de profiter des conjondcues pont fe déter- ^ant pris la parole , &c. ] Ce ne fbt point
miner de la manière qui conriendioic k ce Cardinal qui fit cette réponfe y comme
mieux à fes intérêts. on le voit par les Aéles citéis par Raynaldus
9^, Il y eut dans la Cêngr^aihn un & par PaUavicîn s mais le Cardinal dd'
framd & riche Prélat y qui après avoir fort Monte j^cpi fut appuyé enruice par les au--
exagéré la corruption générale , &c. } Ot très Légats & par le Cardinal PackécOy^
Prélat, que Fra-Paolo ne nomme point, fime que tout le monde revint enfin k
tpparemment &ure de Tayoïr connu , étoit Tavis de FEtique de Feltri » qui étoit de
^ te Cardinal Madiruce , qui podîdoit plu- naiter tout enfemble des Dogmes & de la^
feors fivèchés £t autres w^^fi^^ ^ Sl imi Riffiixniidoii*
DE TRENTE^LivRE IL lyi
bien ral(bnnable qot les Meidbfcs du Conale ne diffëcallent pi&d'on mo- KB^nw*
mène à fc céforiacf eu»- mcmes •, mais, que cela écoic facile , & fe pou voit ^^^^ ^*^*
mettre promtemenc en e:(éaKioa fans rocardev l'examen des Dognies , qui ""■■■■■^
icoic une choTe plus embarcaiFce &c d'unie longue difcuifion. Il loua fore
le Prélat qui avoicpafléava,nc lui,, d avoir fait une û faincecenioacrance,
te qui pouvoir produire de fi bons exemples > puifquen commençant par
«ux- menées il leur fèroic aifé dé réformer cour le monde *, & il exhorta route
l'Ailèmblée i joindre la pratique aux paroles. Cet avis fut loué de tout le
monde , mais ne fut pas fuivi » pludeurs difant que la Réforme devoir être
univerfeUe , 6c qu'on ne devoir pas perdre le tems à en faire une parti-
dculiere^ C*eft pourquoi, i la réferve de deux feuls, rous conclurent à
ce qu'on traitât en même tems des Dogmes & de la Réformation ,
comme tour le monde le defiroir & le jugeoit néceflàire , & comme le
parti que Ton avoit pris; * parce gu*i!s*P*Il*^*K
craignoienr tant d'être forcés de traiter Seulement de la Réforme , qu'ils re- ^* ^ ^*
garooient comme une viâoire d'avoir à trairer des deux matières enfemble-
Us conlîderoient d'ailleurs» qu'ils nepouvoient fansfcandale & fans in-
jàmie réfifter â cous les Prélacs & à cous les Etats de la Chrétienté , qui de«
mandoient la correftion des abus , &c qu'il y eûr eu du danger à l'omettre.
£c 9^ enfin fi le parti , que la néceffité les avoit forcés de prendre , ne plai-
^j. Ils furent affi^ fatisfaïts du parti fort en colîiede ce que fes Légats aroienc
que Von avoit pris — *- quils regardoient confenti contre fes ordres quon traitât
comme une viÀfire > &c. ] C eft ce qu ils en même tems de la Réformation 6c det
mandèrent, au Cardinal Famèfe , au rapport Dogmes , leur marqua Ton mécontente-
de PaUavicin. I. Trefidenti , dit-il , neldar ment , & leur ordonna d*aboid de faire ré-
noveila al Card. Parnkfe d*un tal fuccejfo traâer ce Décret. Mais mieux coiifeillé
chiamarono quefla or la giomata del con- en fui ce il confentit à le laillêr fobfifler , à
fiitto , orâ ildi gloriofiffimo ver la Sede A^ condition néanmoins qu'on ne touchât poinc
pofloUca — M'a tolh non fu minor il tra^ à cette partie de la Rcfomiation qui regar-
vaglio de' vincitori che de vinti , mentre doit la Cour de Rome, & qu'on ne publiât
fuelli riportarono dal Pontefice riprenfioni le Décret qu'après qu il en auroit approuvé
per lodi. On peut juger par cet aveu forcé la forme. Cela paiTa enfin a la pluralité : ce
du Cardinal, û ce qu'il dit foavent dudefir qui n'empêcha pas les Evèques àîAftoYga 5c
du Pape 5e des Légats pour la réforme des de Badajo^ de dire publiquement que les
abus étoic bien fincère > & fi PmU^ fuppofé Légats trompoient les Pères. Pallav. L. 6.
qu*il eût fouhaité férieufement qu'on eàc c. 7. Traifei contradittori i piu caldifu*
remédié aux défordres & aux excès qui rono il Vejcovo d'Aftorga e quello di Ba*
régnoienc dans TEglife^ e&t été fi mortifié dajo^ , il quale proruppe a dirche i Legati
de voir joindre enfemble la matière des* ingannavano i Padri. Les Légats effu)rèrenc
Dogmes & celle de la Réformation. ce reproche fans s'en montrer trop ofTenfés i
9 t. Enfin fi le parti , que la néceffité les mais ils perfiftèrent dans leur fféfolution ,
^voit forcés de prendre , ru flaifoit pas à la & le Décret ne parut ni dans cette SeiEoa
Cour de Rome , ce nétoit pas leur faute, ni dans aucune autre.
<cc« ] Il ne plue pas en effet , 5c le Pape
liij
M* HISTOIRE Dtr CONCILE
iiiKriTi. foie pas à la Cour de Rome , ce n'écoit pas par leur faute » & elle n*avoit
Paul m. - f r.-i-: -J j.^ii- -^ _„!V-.,*înl _^ i : 1 ^: .i.
yU.L,6. Il fut délibéré enfuite d'écrire au Pape y pour
c- 8. cation & de Touverture du Concile , & le fupplier de le maintenir 6c le fa-
^o^°* vorifer y Se d'enoployer fes bons offices auprès des Princes Chrétiens pour les
inviter à vivre en paix , & à envoyer leurs Ambafladeurs à Trente. Ils con-
vinrent aufli d'écrire à l'Empereur , au Roi de France , à celui des Romains
& de Portugal , & aux autres Rois Catholiques , pour les exhorter à main^
tenir la paix > a envoyer leurs AmbalTadeurs au Concile , à aflurer les che*-
mins , & à exciter leurs Evèques i fe rendre peribnnellement au Synode ; ÔC
l'Evcque de S. Marc fut chargé de dreflèr ces lettres, pour être hies & ob-
chetées dans la Congrégation prochaine.
Om ffêffi Les Légats propofèrent enfin deux points fur lefquels on auroit ï déti-
déerire mh berer & à Opiner dans cette même Congrégation. Le premier fi dans la
^^p^^& Sellion fuivatite l'on pubiieroit un Déaet qui ordonnât de traiter toujours
& on dili- cniSnble d'une matière de Foi & d'une Rétormation, qui euflent quelque
bire fur U rapport l'une à l'autre. Le fécond de quelle manière on s'y prendroit pour
fci^u dmt .choifir ces deux matières > & enfuite pour les examiner & en délibérer»
f^, ^J!^' Par ces propofitious les Légats crurent s'être délivrés de Timportunité de
«;Ar welques Prélats y qui deroandoient que dans chaque Congrégation on iraîu
« RayiL ^^ de quelque choie d'edèntid , & montrer par- U qu'ils avoient égatd à
N*^ II. leurs inftances.
Flcury^, L. XXXVIII. ^î L A Congrégation fuivante fc paflTa i lire les lettres * qu^on
ï4*«N^ 4»» avoir drcffccs , & à difpoter de quel fceau on devoir fc fcrvir pour les c*»
-cheter. Quelques-um propofoient de les fcdler en plomb avec le propre
fceau du Concile , d'un côté duquel feroit empreinte l'image du Saint ££>
prit en forme de colombe, avec le nom du Concile de l'autre. D autres
propofoient d'autres formes, qui toutes tenoient du noble & du grand«
Mais les Légats, qui avoient d'autres ordres de Rome» après avoir laifTé
.difpurer les Pères fur cela, dctouroèrent la proportion en difant que ce
que l'on avoir propofé avoir quelque chofe de trop faftueux , &que d'ail*
leurs n'y ayant point à Trente d'Ouvrier capable de faire ce cachet » on
yy Ld CongrigAtton fuivénui fepaffaà pliu quelUon de ces lerane? qui ne forent
Urt Us lettres quon avoît dreffees , &c. ) point envoyées. Au refte, quoique le Car*
Cette ledvire tyant donné lieu à une con- dinal PaUavic'm donne â entendre que
teftation, pour fa voir laquelle on dévoie lire la conteftation far la piéfTéance entre le
Ja première^ oi>de celle qui étoit pour le Roi de France & celui des Romains refla
Roi des Romains, ott de celle qui écoit pour indéci(ê , il paroit cependant p«r le té*
le Roi de France , fit quon ne (latua rien *moignage de Camphge Evêque de Feltrî ,
ibr la leduie de ces lettres dans la Se/Iîon i qui étoit aloTS au Concile , que la difficulté
& les Lépts ayant appris que le Pape nap^ fut décidée en faveur de la France, &qu'xi
prouvoic pas que le Concile les écrivit , & n*y eut que Tordre du Pape qui empêcha
q\i*il croyoit qu on deyoit lui laiflèr ce foin , lenvoi des IcKics»
•A laiffa toniber cette affaire , & il ne fiir
Paul m.
DE TR E N T E, Liy n E II. ijrj
perdroir trop de tems d'envoyer à Venife pour en faire un : Que cepen-
'danc ils y penferoienc plus mûrement ; mais comme il ctoit nécetTaire a*ex-
pédier pour le préfent les lettres qu'on venoit de lire , ils croyoient qu'on '■■■■■■^^
le pouvoit faire fous le nom & le cachet du premier Légat. Le refte fut
lemis à la Congrégation fuivante. •
L'on y parla fur les deux points propofés par les Légats , & il y eut
deux opinions fur le premier. L'une étoit pour que l'on publiât un Décret*
L'autre qu'il ne falloit point fe lier par un Décret, maisfe conferver la
liberté cie délibérer félon les événemens. Dans ce partage ^ on prit un ^ Pallar.
milieu , qui fut de dire fimplemenc > que le Concile étoit adèmblé prin- L 6x. s. *
cipalemenc pour ces deux caules, fans s'expliquer davantage. A l'égard du
iecond point la plupart étoient d'avis, qu'étant aflèmblés pour condamner
l'Héréde des Luthériens, on devoit fuivre l'ordre de leur Confedion. Mais
-d'autres furent d'un fentiment contraire, fous prétexte que ce feroit rabaif-
fer la dignité du Concile , que de fe régler fur les Colloques tenus en
Allemagne. Ils craignoient d'ailleurs que (i l'on appiouvoit les deux pre*
miers Chapitres de la Confeflion d' Ausc>ourç , où u e(l traité de la Trinité
& de l'Incarnation, & fur lefquels on étoïc d'accord en fubftance, quoi-
-<]u'ils fuffent exprimés d'une manière nouvelle & inuCtée dans les Eco-
les , cela ne donnât de la réputation aux autres , & n'en rendît la con»
idamnation plus dangéreufe -, Se Ci fans les approuver ou les condamner ,
on vouloir en traiter non dans les termes de la Confeflion , mais dans ceux
des Scolaftiques ou d'autres pareils , on courroit rifque d'introduire de
nouvelles diiputes & de nouveaux fchifmes. Les Légats , qui ne cherchoient
•qu'à gagner du tems, voyoient avec plaidr ces conteftations ^ & les fo-
inentoient avec foin , en paroiflant adroitement pencher tantôt pour un
ièntiment & tantôt pour un autre.
XXXIX. Le tems de la Selfion approchant » les Légats fc trouvèrent bien ^' C^iï-»
cmbaraffcs de ne recevoir aucune inftruâion de Rome. Pliflcr cette Seflion ?T ïj
en cérémonies comme la précédente, c'éroità leur avis perdre le Concile ^,>/^y//^
de réputation. Entamer quelque matière, fans favoir encore à quoi i's de- Symbole
voient fc fixer , ils y trouvoicnt du danger. Il y avoir moins de rifque àî for- ^^"^ ^^ P^^
mer un Décret fur la réfolution prife dans la Congrégation , de traiter en- ^'^^'»' ^^J^
icmble des matières de Foi & de celles de la Reformation ; mais ce qui Ics''^^^
«rrètoit , c'eft que c'étoit fe lier , & d^'ailleurs déterminer une chofe que le
Pape avoir laiffée indécife dans la Bulle de convocation. Dans cette incer-
titude il fe parla de publier une prorogation, ^ fous prétexte qu'il y avoit h Id. lbl().
en chemin pludeurs Prélats , qui dévoient arriver dans peu de jours. ^4 Le ^^^^^ > L.
94* Le Cardinal Pool fit olferver ^ que firion, laquelle fut faifie atec aTidiré par
tous Us anciens Conciles ayant publié un ceux qui étanc honteux de tenir une Selfion
Symbole de leur Foi y on devoit à leur exem- fans rien faire , furent bien aifes d^avoir ce
fie publier celui de l'Eglife Romaine , prétexte pour amufer le public , dont ce*
Sec,} Selon le Cardinal PaÛaviciny ce fut pendant ils ne parent éviter la raillerie de
JBertani Evoque de Fanoqoi en fie la propo- les bons mots.
0
2f4 H rSTOIREDU CONCILE
tiBxrfc. Cardinal Pool âc obferver , que cous les anciens Conciles ayant publié Wfk
Pau4 iU. Symbole de leur Foi , on devoir à leur exemple publiée celui de i'Ëglijfe
■■■■^—■^ Romaine dans cette Seffion. Enfin il fut réfolu de former un Décret avçc
€ IL Ibid. le. titte (impie comme auparavant » ^ & d y marquer » mais jfeulemeac en
général , ^^ que Ton traiteroisde la Doârine & de la Réfbrmation, afin
que Ton put expliquer cela ièlon le befoin. On convint au(E de réciter le
Symbole , & de fane enfuite un Décret pour remettre les aucres matières
à la bellion fui vante, fous prétexte qu'il y avoit plufieurs Evêquesen route,
& d'autres prêts à s^'y mettre. Puis pour ne plus retomber en pareil embar-
ras , les Légats fb réfolurent de reculer le plus loin qu*ils pourroienc le cems
de la Seflion fuivante , fans cependant la difierer au-delà de Pâques.
VEvtquâ ^^ projet ayant été communiqué aux Evêques qui écoicnt le plus dani
éU B ionie 1^ conndence » celui de B'uonu remontra : ^ Que ce feroit s'expofer i la
<r oppofe, raillerie des uns & aux cenfures malignes des autres , que de tenir une Se£-
^^^^o' ^ ^^'^ P°^*^ réciter un Symbole comjpolé depuis douze cens ans , toujours cm
'4 -W 4^. ^ jamais contredit depuis tant de uécles : Qu'on ne pouvoit fe juftifier en
cela par l'exemple des anciens Conciles » parce qu'où ils avoient compofë
ces Symboles contre les Héréfies qu'ils condamnoient , ou qu'en renouvel*
lanc les précédens contre des Héréuesdéja condamnées^ ils y ajoutoienc quel-
que nouvelle explication pour leur donner plus d'autorité» ou pour en tairai
cnirla mémoire &en prévenir l'oubli; au-lieu qu'ici il n'étoit queftion ni
de compofer un nouveau Symbole , ni d ajouter quelque déclaration aux ao-
ciens : Qu'il n'étoit ni en leur pouvoir ni en celui du fiécle ptéfènt de don»
fier plus d'autorité au Symbole Apoftolique , qu'il y auroit de rafTeâation
&c de l'inutilité à le réciter pour en rappeller le fouvenir , puisqu'il (è récL*
toit au moins une fois par fèmaine dans toutes les Eelifes , & que chacun le
favoit par cœur : Que fi le Symbole étoit propre a convaincre les Héréti-
ques , qui crroient contre quelqu'un de fes articles > cela ne pourroit être
d'aucun ufage cûntie les Luthériens, qui faifoient profcfiion de le croire
comme les Catholiques : Que fi après tant d'appareil on ne ie fervoit point
du Symbole dans la vue de combattre quelque Hérefie , on interpréteroit la
conduite des Pètes comme ne tendant a autre chofe qu'a paficr le tems & i
amufer le public y fans qu'ih ofafTènt toucher aux Dogmes , ou qu'ils voui-
ludènt mettre la main à la Réforme : Qu'il croyoir donc qu'il valoir mieux
proroger la Seffion fous prétexce de l'attente des Prélats , & ne la point te*
nir au tems pour lequel elle avoit été fixée.
L'EvESQUEde Chio^^a ajouta que les Hérétiques pourroient prendre
avantage des raifons alléguées dans le Décret , en difant que fi le Symbole
peut fervir à convertir les Infidèles , confondre les Hérétiques, & confirmer
les Fidèles, on ne devoir pomt les contraindre à crcire autre chofe que ce
9 î . Que Von traiterott de ta Dofirine & que pnr la Religon il cnretid ici la DcârinoV
de la Réformation. ) Fra-Paolo dit de ^à puifm'il la diilingue de la Rcforuiarion ^
Religion & de la Réformation ; delta Reli» qui apf'arr.ienr néanmoins a la Relig^)nâttS
fiQne& délia Riforma, Mais il ed vi£ble bien que laLoâiine*
DE TRENTE Livre IL mT
qull contient. Mais les Légats , moins frappés de ces raifons que ccl!c qii on mï«it i.
«voit allégiicc , que ce (croit fe perdre de réputation , que de ne point fai- ^^^^ ^^-
le de Décret , fe déterminèrent a ce dernier parti. Ils en drelfcrcnt donc un, •
qu'ils propofèrent dans la Congrégation du premier de Février, & qui après
^voir été retouché fur les avis des Prélats, qui dirent fur cela différentes
àkofcs , pada à la pluralité des voix. Cela n'etppècba pas cependant que quel-
ques prélats s'entretenant l'un l'autre au fortir de la Congrégation ne dillenc
avec une forte de mécontentement , qu'une négociation de vingt années s'é^
toit terminée d venir entendre réciter le Credo.
XL. Le 4de Février jour de laSeifion étant vena, ^ on alla i l'Eglife nj.Selfion
avec les mêmes cérémonies qu'auparavant» La Mede y fut chantée par 0h Con fi
Fient Tagliavia Archevêque de Palerme : jimbroifc Catharin Dominicain ^^^^ ^ l^
Siennois fit le Sermon , & ^ Salvator Altpo Archevêque de Saflari lut le ^j'"f'^
Déaet , qui portoit en fiibftance : Que le Concile confidérant l'importance J^ ^j^ * *
des deux points dont il avoità traiter, fa voir de l'extirpation des Héréiîes «Raya;
Ce de la réformation des mœurs, ^ les exliortoit tous à mettre leur confiance N^ if .
en Dieu , & à fe revêtir des armes fpirituel les : Qu'afin que fes foins ôc fa ^[Hmd.
diligeiKe fulïcnt fécondés par la Grâce dans fon commencement Se dans fon ^ J' -
progrès , il avoir réfolu à l'exemple des Pères , ( qui dans les principaux Con- ^, ^ ^
ciles avoient coutume au conunencement de leurs AÏÏèmblées d'oppofèr ce Fkury , L,
bouclier aux Héréfies , & avoient quelquefois par cela feul converti les i3<"N^47.
Infidèles & défarmé les Hérétiques , ) de commencer par la confeifion de fa J^^^' ^
Foi , en laquelle tous ceux qui font profcffion du nom Chrétien fe font una- " *
aimement une loi de croire. Le Symbole enfuite fut lu mot pour mot , fans
y rien ajouter; & l'Archevêque ayant demandé aux Pères s'ils agréoient le Dé-
cret,'7 ils répondirent tous, qu'ils l'approu voient , J mais quelques-uns avec paHav.-!.^
it::^ claufes & des additions de peu de conféquence*,chofe qui déplut au Cardi- ^. & ^^ '^
aal dd MonUy qui ne pouvoir goûter que dans les SefEons on proposât rien de
particulier , de peur que quand on auroit à traiter de quelque chofe d'im-
Ertance , il n'en arrivât quelque inconvénient. Enfin on intima la Sefiion
ivante au S d'Avril ; & l'on dit pooc raiibnd'un ^ long délai, que plufieurs
Prélats étant fur le point de partir pour fe rendre au Concile , & d'autres
9^. Salvator AUpo AreKeveque dt Saf" plus en dérail en nous di(ânt que les Eve'
pai lutU Décret. ] Fra-Paolo (ans nommer ques de Fiéfoli , de Capaccio , & de Sador'
perfonne dic{împleinenc,.querArchevèqae joi^ demandèrent par écrit ^ que dans le
de Torre lac le Décret , & l' Arcivefcovo di titre du Décret on ajoutât la claufe, C^ni-
Torrt leffc il Décréta, Ceft une ÊMte. Car verJaUm EccUfiam reprafentanr : & qu'à'
il f avoit long-tems que la ville de ce nom Tégard du fécond Décret , les mêmes Erè^
tfoit été démiite , &que rArchevêché avoit ques de Capaccio 8c de Sadajoi déclaiè-
été transféré à Saflàri nlle de Sârdaigne. lent aufli par écrit , qulls n'approuvoienc'
97» Ils répondirent tous qu'ils lapprou" pas qu'on n'eut point fait mention de Ijp
woUnt , mais quelques-uns avec des claufes léfolucion prife de joindre coujoun cn(èn>
4» des additions de peu de confequence , ble les matières de Dodrine 5& df ^jsb»',
iBc* ) Ceft ce que mas apprend FaUavicin matton»*
lytf HISTOIRE DU CONCILE
MosXTi. déjà en route , les délibérations du Synode feroient plus refpeâées & d*im
Favl IIL p|Q5 grand poids » quand elles feroient autorifées par un plus grand non»-
' * brc œ Pères : Que cependant on ne laiflcroit pas de travailler i la di&>
Cttflion des chofes que le Synode jugeroit à propos de faire examiner.
^^ L A Cour de Rome » qui trembloit au feul nom de Réformation ;
Toyoitavec plaidr le Concile ^^amufet à ces préliminaires, & efpéroitque
le cems apporteroit quelque changement favorable. Cependant les Cour-
•tifàns qui ne fauroient retenir leur langue , railloient avec malignité les
Pères \ Se l'on faifoit courir , félon la coutume de Rome, diverfes pafqui*^
nades très*piquantes, tantôt en louant les Prélats du Concile d avoir £ûc un
Décret C\ aigne d*un Concile Général , tantôt en les encourageant i bien
oonnoitre leur fcience & leur mérite.
Les Légats en rendant compte de cette Seflîon au Pape lui mandèrent :
Qu'à Tavenir il feroit très dimcile de l'emporter fur ceux qui vouloient
qu'au titre du Concile on ajoutât ces mots , Rtprcftntant VEgUfc UiàW'»
ftlU \ mais que néanmoins ils s'efTorceroient de furmonter cette difficulté :
Qu'il ne leur étoit pas poffible d'amufer plus longtems les Prélats, fans ver-
nir à l'effentiel , & fans travailler à quelque chofe d'important , & qu'ils
attendoient fur cela les ordres Se les inftruâions qu'ils avoient (i fouvenc
demandées : Qu'à leur avis il feroit bon de traiter de l'Ecriture Sainte , au
fujet de laquelle il y avoir pluGeurs conrroverfes avec les Luthériens ^ Se
de réformer les abus qui s'étoient glides dans l'Eelife fur cette matière :
Qu'on pouvoit par-là contenter tout le monde, fans offènfer perfbnne :
Qu'ils attendroient fur cela la réponfe de Rome , y ayant afTez de tems
pour examiner ces controverfes , & même afièz de prétextes pour diffêrer
cet examen jufqu'au commencement du Carême.
VûHviMêtx XLI. Cependant , quoique le Concile fut ouvert & en train d*agir ^
f^^^f ^ les affaires n'en alloient pas mieux en Allemagne. Au commencement de
me nT^Ai' ^'^"^^ » ^ l'Elefteur Palatin introduifit chez lui la Communion du Calice »
lemagne. Ics prières publiques en Langue vulgaire , le mariage des Prêtres , & le$
h Sicid. L autres Réformations faites en divers lieux. ^' Le Colloque intimé par
16. p. 166. l'Empereur à Ratisbonnf * pour concilier les diflférends de Religion , au*
X No''*^ quel préfidercnt l'Evêque dj4ich/lat & le Comte de Furjjlcmbcrg , fe tint
PalUv^L^. ^^^ ^"^ ^^^^^ » ^ caufe des défiances que chaque parti conçut l'un de
c. 9, l'autre 5 & *°o l'on fm obligé de le rcn:pre, parce que les Catholi^ef
i sicid. L. profiro^ent
i^. p. 169,
^ô ' 9S. Zif Cour de Rome^ ^uî trcmbloh à Ratîshonnt pour concilier Us dijflrends
-/ ' ^ au feul nom de Réformation, ] On le voit de Religion — fe tint auffi fans fruit. ] Il
^ ' par la colère où entra le Pape , qaand il avoir été convoqué pour le 4. de Décem*
fut qu'on écoic convenu de traiter de la xr4f » mais il fut dificré enfiiite» & nt
Réformation conjointement avec les Dog- s ouvrit que le X7. de Janvier i %\6.
mes* Pallav. L. 6, c* 7. & Fleury , L. 100, L'on fut obligé de le rompre ^ para
Z41. N^ 40. que les Catholiques profitaient de touus U$
$9» Le Colloque intimé par l'Empereur occafions pour infpirer aux autres desiom"
hrages
DE TRENTE, Livre II. iy7
Sofitoienc de coures les occa(îons pour infpircr aux autres des ombrages Se
s foupçons, en feignant d'en concevoir eux-mêmes.
' Le I S de Février mouruc Martin Luther , ^ & le Concile aufli-bien
3tte la Cour de Rome conçurent moins de peine du changement de Religion
ans le Palacinat , que de plaifir de cette mort , & de ce que le Colloque
l'étoit tenu fans f uccès & tendoic à fa didblution. Ce Colloque paroi(ioic
en effet un autre Concile , ôc donnoit une grande )alou(îe à Rome ; parce
que s'il accordoic quelque chofè , on ne voyoit pas comment le Concile
Emrroit te refufer ; ou H le Concile 1 admettoit , il paroîtroit recevoir la
i du Colloque : outre que la réputation du Concile Se du Pape fouf&oit
l^aucoup de voir continuer un Colloque en la préfence des Miniftres de
FEmpereur, pendant le Concile. Les Pères de Trente & la Cour de Rome
Mnçurent cependant de grandes efpérances de la mort d'un homme, qui
fiBXLVf.
Paul HI.
Mort de
Luther,
k Fleorv, L
Slei4.L.x^
t *'^*'
Tiiiuui. L.
1. N° 6.
Pallav. Lit
c la
Rayn.
Spond.
N«xi4
prciaçc û autant
plus heureux pour le bon fuccès du Concile , qu'on la difoit en Italie
accompagnée de circonftances merveilleufes mais tabuleufes , qu'on regar-
doit comme un miracle & un ctkt de la vengeance divine, quoiqu'il n'y
tragis & des foupçans , Sec. ] Notre Aateor
xejecce la rupraie de ce Colloque fur les
Catholiques , & Pallavicin fur les Pro-
teftans. Il y a cependant bien de Tappa-
xence que chacun y contribua pour (a pan i
les Pioceftans , parce qu'ils fe voyoient gè^
fiés par les conditions que . TËmpereur tou-
' Àt mettre au 'Colloque , & par le choit des
^rifidens qui leur étoieac fufpedls > les Ca«
taoliques , parce qu'ils avoient naturelle-
ment de réloignement pour ces fortes de
Conférences , qui ne pouvoient avoir aucun
fbccès par le refus inflexible qu'ils Ëiifoient
le fe relâcher fur quoi que ce foit, même
iuis les chb&s les plus indifRrentes* Il
£uit avouer cependant , que les Proteftans
£irent les premiers quixompjrent les Con-
férences en fe retirant fecrettement pour
fui vre les ordres de l'Eledeûr de S^xe , qui
mal fatisfait des conditions auxquelles l'Em-
pereur vouloir que Ce tînt le Colloque , en
rappella fes Théologiens, qui ftdrent bien-
tôt fuivis des antres. A cet égard il êft cer-
Uin que ce furent ceux qui rompirent le
Colloque. Mais on ne peut gucres défà-
vouer que les Catholiques n'y eoilènt donné
lieu par les diflérêrfs avanbgês qu'ils vou-
lurent prendre, foit de ce que l'Empereur
& les Préfidens leur éroient £ivorables , fok
en re(u(ànt aux Protcdans quelques con«
dirions alfez équitables que ceux ci deman^
doient.
I* Le i8. de Février mourut Martim
Luther. ] C eft ain/î que le marquent Slei"
dan , Pallavicin , Sponde » Ôc presque tous
les Auteurs i & je ne puis dire fur quelle
autorité M. Prévôt dans (à Traduâion de
M. de Thou place cette mon au i). de
Février. Ce n'eft peuc-èrre qu'une fimple
Êtute d'impreflion, ou l'on aura mis un 5*
pour un f. Les Proteftans ont tiché de
Élire paroître cette mort la plus édiiSante
qu'il leur a été polTible. Plusieurs Catholi*
3ues au contraire l'ont &it accompagner
es circonflances du monde les plut
odieufès. Ils n'ont eu égard , dit Bajie «
ni au vraifemhlable , ni aux règles de l'art
de médire , & ils fi font donné toute Is
hardieffi de ceux qui font trh-perfoadés
que le public adoptera aveuglément tout ce
qu'ils débiteront y quelque ahfurde quilpuijfe
être. Mais ce qu'ils en difenr la plupart eft
fi labuleux , que l'on volt bien fans réfuta^
tion , que la pafHoh feule a eu parc à tous ces
récits,& qu'il n'v a que la plus outrée préveni«
cion qui pui0è poner quelqu'un à tes cxoil^
ij8 HISTOIRE DU CONCILE
ICDXI.TI. eâc rien eu que d'ordinaire » & que ce qui arrive communément i la mort
Faul III. ^^ perfonnes de foixance-crois ans > qui écoic lage de Martin Luther. Mais
. ce quieft arrivé depuis ce cems*U }u(qtt'aa nôcre , a bien montré <mc Lu^
thtr n'écoit que rinftrument des moovemens d'Allemagne > & que les caO'-^
its en étoient plus cachées & plus ouilTantes»
'iTijIhMiri XLII* L'Empsreuh étant arrive à Ratisbonne » ie pta^nit amèrement
Uê» dâ de la di£&lution du Cofloque » ^ & il en écrivit des lettres par toute TAlle^
tEmf§r99» m^ne > dont on ne fit que rire » tout le monde ne fâchant que trop que
^J^^ les Efp^nols , les Moines » & TEvèque ^Jichftat » qp'il avoii envoyé Itii-
yj^^^ même au Colloque , étoient auteurs de cette féparatwB. Il n'eft pas diffi^
l SleI<L L. ^^ ^^ ^^ ^ connoitre le principe du mouvement > ^oand on fait qui eit
17* p. &8a ibnt les auteurs. Mais ce politique Empereuf vouloir faire nùg^ de là
Palkv. L, mlème chofe pour Iatis£ûre le Pape 6c le Qmcile» A: avoir en mème-tems
^ 9* un prétexte delêdéclarec contre les Proteftans^ comme it y panx par Ut
l^^ £iice. Car ayant réitéré les mêmes plaintes dans la Diète» & loahaitè qoi»
SpoocL VAflemblée lui fuggerât quelques nouveaux movens de procurer la coa*
N^ia corde» "^ les Minift^ de Mayence & de Trève& ie féparant des Miniftreft
Tbu^ I« Jes antres Eleâeurs pour fc joindre aux Evêques » approuvèrent le Cou*
^ Sk*i L * ^ fupplierent l'Empereur de le protéger » & de fiiire en (ont qofr
i7.p.i8i. ^^ Ptoteftans y afliftaflènt & s*y foumiflènt. Ceux-ci s'y oppo(ant d»
' nouveau remontrèrent <yie ce Concile n*avott point les conditions qu*bit
{eur avoic promifès tant de fois » & perfifterent â demander que la paix
continuât , & qu'on réglât les £fôrends de Religion ou dans un Concile
légitime tenu en Allemagne» ou dans une Dièie de l'Empire. Maislocfqoie
l*Emperettr ne pot plus tenir fecrets fes préparatifs de guerre » il leva en&a
k mafimie > comme nous le rapporterons en fen lieu.
£# fjÊpê XUlL L E Pape délibéra beaucoup Ibr la lettre des Légats, partagé tanif
— ^^. , ^ par le raque qu'on couroit en coaunençant
^^^^â la RéformatioB. Enfin voyant qu'il &llok donner quelque ehofè a» ha*
ur éU /£- 2^^ » ^ 9^ 1^ prudence ne eonfeilloic que d'éviter le plus mnd mal » il
mttgre tt réfelitt d'écrire â fts Légats , qu'ils n'avoient quU mettre le Concile ea
^4MM«. train » comme ils le lui a^voient propofé ; les avernfl&m feulement ècpretÈ^
are garde qu on ne fît naître aucune nouvelle difliculté fur tes roarières ât
Foi ; ^*on ne décidât rien de ce qui étoit contefté entre les Catholiques ^
ti qu'on n'allât trop vite dans Tartide de ta Réfermation. ^ Les Légats ^
«Raya. ' V^ foicpi^alors n'avoîent propose <^ue des chofes* fort générales cbns les
N® i^. Congrégations» ayant la liborte d'agir » proposèrent dans la Congrégation
PalIav.L.^
HcurT L. ^* ^'^ LitsÈi '^-^ fKQpofhtru dknt tk RâynaUks , (kSiiàxA la Congr^^on ch»
s 4&J^^' cS. Ç^^iPif^^*^ ^^ ^^ ^ FéifrUr , fu'é^rls. z i , Se probiblemcnt h le^-^n dt Ré^rPàoA
^ ' ôwnriaèRlkprtmUrfindemêntdeUFoi, n*eft^annefiuKedeCo|ttfi^
4fe.. Otta iPPt^fiMau > ft^
DE TRENTE,LiyiiB IL lyj
4a 11 de Février : Qu'après avoir établi le premier fondement de la Foi 5 ^^'^'^Vi
l'ordre demandoit qu'on en vînt à un autre plus ample , oui eft l'Ecriture '
Sainte : Qu'il y avoir fur cette matière pluiîeurs points dans lefquels on '
n'étoit pas d'accord avec les Proreftans \ Se qu'il s'y rencontroit auffi à ré-
former des abus fi e(G;nriels & en fi grand nombre » qu'il n'y auroit peut-être
Ms aflèz de tems jufqu'à la Seffion pour remédier à tous. Divers Prélats par«
lerent amplement , tant fur les abus qu'il y avoit à réformer » que fur les
controverfes oue l'on avoit avec les Luthériens fur ce point.
Jus<xuB-LA les Théologiens > qui étoient au nombre de trente & la plu-
part Réguliers» n'avoient encore ieryi qu'à faire quelques prédications le»
lours de ftte à la louange du Concile ou du Pa^ » & à combattre contre
l'ombre des Lurhériens. Mais comme il s's^iflbit si préfent de décider des
dogmes conteftés, & de réformer les abus » qui étoient plus communs parmi
les Savans que parmi les autres , ils commencèrent à trouver par où fe faire
▼aloir. L'ordre que l'on réfolut de fuivte fut , que dans les matières de doc«
trine Ton tireroit des Livres des Luthériens les Arricles contraires à la Foi
Orthodoxe , pour les donner â examiner & à cenfurer aux Théologiens , fut
les avis defquels on prépareroit ia matière des Décrets : Que ces Décrets en-
fuite feroienr propoies a ia Congrégation » où ils feroienr examinés par les
Prélats , donc on prendioic tous les futfrages : Que ce qui auroit été ainfi
on : Enfin qu à l'égard des abus
déterminé feroit enfuite rablié dans la
chacun propoferoit ce qiril croiroit i réformer » Hcici remèdes les plus pro-
pres pour arrêter le mal.
Les Articles doébrinauz tirés des Livres de Iici^ fur la matière de l'Ecd-'
tue Sainte , furent :
I . Q u E les Articles de la Doârine Chrétienne nécefiâire à croire étoient .
cous compris dans l'Ecritnce Sainte ; que c*étoit une fiâion humaine d'y ^l^^^Jj^
joindre des Traditions non écrites comnie lailRes i lIBjgliiê par Jefus-Cbrift
Bc fes Ap6tres , & dérivées jufau*i nous par une fucceflSon d'Evèques non in-
terrompue *, 8c que c'éroit un uailége aégaler leur autorité à cdle de TAu*
cien & du Nouveau Teftament.
1. Q u B l'on ne devoit admettre dans le Canon des Livres de l'Ancien
Teftament que ceux qui avoient été reçus par les Jnifis t ôc que Ton devoir
exdure du Nouveau l Epître aux Mtbrcux qui porte le nom de S. Paul^ l'E*
phre de S. faqms , la féconde de Saint Pitrrt ^ la féconde 6c la rroifième de
S. Jtan 9 celle de S. Jude , te VApocalypfc.
}. Que pour avoir la vérirable intelligence de l*Ecriture Sainte» & en
citer les propres paroles , il falloir avoir recours an Texre original dan$
lequel eue efk éaite» & rejetter laTraduâion Larine oonune ^eine d'err
feurs*
4* Q o x l'Ecriture Satnce étoir très-facile & très^daire > ti que {>our Ten-
tendte il ne falloir ni Glofe ni Commentaire » mais fimplement avoir l'iefprît
d'ouaille de Jefus-Chrift.
O N propofoir enfuite » fi Ton devoir joindre des Anatbémes aux Canons
que l'on avoit i £ûre iiir tous ces Articles. Kk x
i^o HISTOIRE Î)V CONCILE
iinxLVi. XLIV. Les Théologiens parlèrent pendant quatre Congrégations fut leï
Paul HL j^^^ premiers Articles. Ils convinrent tous fur le premier , que la doâriné
^T"T"" Chrétienne écoit partie dans TEcriture Sainte ôc partie dans les Traditions v '
cordent' M ' ^ ^'^^ P*^^ beaucoup de tcms à citer des paflages de Tertull'un , qui parle
ticonnoitu ibuvent de cette matière» comme aufli plu(icurs autres de S. Innée , S. Qr«
tsmmié pricn , S. BaJîU , S. Auguftin , & d'autres Pères. Il y eut même des Thco-
dts Tradi' I^^îens qui ofercnt bien dire > que toute la dodrine Catholique n'étoit fo»-'
^'*'^* dee que fur la Tradition , puilqu'on ne croit à TEcriturc que parce qu'on
Ta par Tradition. Mais on ne s'accordoit pas tout-à-fait fur la manière donc
il falloit traiter cette matière*
Vincent XLV, Fr. Finccnt Luntl Francifcain J fut d'avis ° qu'avant que d'éta-
Lnnel di- blir pouT fondemens de la Foi l'Ecriture & la Tradition , il falloir traiter do
ntMidi TEglifc, qui cft le fondement principal de tout , puifquc c'cft d'elle ^uc^
jm'm tfMtte^ l'Ecriture reçoit fon autorité , félon cette parole fi célèbre de S. Augafiin-i
i c M ^^^ ^^ P*' ^^ témoignage ou par la détermination de TEdife : Qu'ayant éta-
>ieury , L ^^î ^n^ ^^^ P^^ fondement ^ que tout Chrétien eft obUgé de croire à TE*
i4ijvj° ^5. glifc) o<i pouvoir élever furement là-detfus l'édifice de la Foi.- It ajoutoict
Qu'il falloir fuiyre l'exemple de tous ceux qui jufque-là aveient écrit folf*
dément contre les Luthériens , comme Sylveflrc Primas 6c Eckius , qui
s'éçoient plus fecvis de l'autorité de l'Eglife que de tout autre argtime&t ;
& qu'il n'y en avoit aucun autre ^ qui pût fervir â copvainae ces Hécéci^
) .iFr. yineent LuntTFrancifeainfitt ia-
vis r'&f*[ l'C Cardinal Pallaviein , L. ^«c
' X X • N • 1 4. dit qu'il n'a rien troavé ni dans
les Aâes du Concile ^ ni dans les lettres des
Légats , de ce que rappone Fra-Paolo dés
avis de Vincent Lund & à' Antoine Mari"
tuer. Niais le filence dés Légatsreft une prei»*
▼ebieninfnfEfànce pont convaincse de £mix
ce qae rappone notie Hifiorien , pnirqu'on
ne voit pas quiils rendent compte dans lews
lettres de tous les avis particuliers des Théo-
logiens. Et à regard des A^s , il pazok
par les réfulcats que Pallaviein & Raynal-
dus nous donnent des difputes , qu'on ny
• pas toujours: marqué exaâemènc tout le
détail des opinions. Enfin ce Cardinal nous
9ifptuà lui-même , qu'il y eut des peilbn-^
nés qui vouloient qu*oa parlât de Tautorité
de l'Eglife : fce qui revient parfaitement à
Tavis de Lunel^ U, vérifie pat oonTéqoeoc
ce qu'en a tapporté Fra-Paolo. Vhehhe^
dit Pallaviein , ehi defiderb di eongiugner^
vi gl'ifiituti délia Chiefa. Et nouspouvont
conduire la mèoie cbofe du fufirage du Ca£«
dinal de Ste Croix rapporté par Raynaldus
N^ XI , qui endifant qu'il &lloit renvoyer
Tezamen de l'autorité de TEglife àon autre
rems , nous infinue chirement ^ qu'il 7 avoîc
des Théologiens qui avoient diemandé (ju'on
examinât ce point*Q«(H/tftt/^ffi adauHoriia^
tem Eeclêfia^uoniam antefiifceptionem fa*
crarumfcrîpturarum de ea troBari non pote*
rat , fuecejfivï ad iHam maturijiio loco de^
venietur. Il eft vrai qu'il n'eft point parlé
ki de Zifj^i; mais comme ^^ eft vifiblequ'on
fait ici allufion a (on avis , il eft naturel d'ea
concTuné que'nbne Hiflorien a appris par
des Mémoires paxtkaljexs I qo*il en éoMi
FAuteux.
ypH TRENTE, Livre IL x6i
ou^s : Que c'écoic une chofe fore, peu convenable à la fin qu'on fc propo- mdxiti.
toit, qiien prétendant pofcr tous les fondcmcns de la doûrine Cluctien- ^^^^ 1^^*
jpe > on abandonnât le principal & peut- ctre l'unique , mais certainement •—— — -
celui fans lequel les autres ne jpouvoicnt fubûder. Cet avisne fut apppyc
de perfonne. Quelques-uns diioient qu'il étoic fujtt auic fncmes dimaul-
tés que les autres ^ parcp que les Hérétiques précendcoienc être cette véri*
table Eglife» âqui on doniK)ic tant d'autorité. D'autres tçnant pour cer^
tain & pour inconteftable , que par TEglife il falloit entendre l'Ordre Ec-
çléûaftique , & fur-tout le Concile & le Pape , qui en ell le Chef, difoieot
que l'autorité de l'Eglifefe devoir tenir pour décidée, fi^ que d'en traiter à.
préfeat , ce ferpit donner lieu de croire , ou qu'il y avoir (ux cela desrxliffi*'
cultes , ou au moins que c'étoit une vérité nouvellement éclairde, & q^4
jp'avoit pas toujours été crue dans TEglife Chrédepne..' i
! XL VI. ^ Antoine Marinier^ Carme , dit qu'il n'étoic [KÛnt dl^vis P qu'ofir Marintif
parlât des Traditions \ ôc que pour bien décider le premier article il falloit. »'efi féu
déterminer d'abord , fi la queftion écoit de fait ou de droit 5 c'€ft.-i-dire , ^*w ^*'
fi la doSttint Chrétienne avoit deux, parties , l'une que Dieu eut voulu- q^i ^
fut écrite , l'autre qu'il cire dépendu d'écrire pour n'être enfeignée que de- p
vive voix ; ou fi ^'avoic été par bazard , qu'il n'y avoit ea qu'une papiede> 141^^» ^4^
cette dodrine qui eut été écrite , fans que^ Taurre le fof. Il ajouta :• Qu'U^
écoic certain que Dieu r en donnant l'Ancienne Loi , av4>it cru ttécedàire,
de la laidêr par écrit , ôc c^ue pour cet effet il avoit tracé ^ de fon propre ^ ^^^^
doigt le Décalogue fur la pierre , ic commandé qu'on le gardât dans l'Ar- XXXl. î t.
che d'alliance : Qu'il avoit ordonné fouvent à Moyfe ^ d'écrire tous les pré- r Dcut.X.i.
ceptes qu'il lui dônnoit , dans un. Livre dont il deVoit remettre' un txem- j ^^ot.
plaire • à côré de l'Arche , & dont le Roi dévoie avoir un autre * pour le XXXI. p.
lire tous les jours : Qu*il n'dn étoit pas atnfidela LoiEvangeliqûe , que le ^ I^«t.
Ris de Dieu avoit écrite dans les cœurs , & oui n*avQÎt belbiil rii de cot ^^^^ *^
jfres , ni de tables, ni de livres : Qu^ain{îr.Églile avoit été très-parfaite avant
.même qu'aucun des Apôtres écrivît, & que quand on.n'auroit rien écrite
m
trjûti des
TrMditiûns*
Flcury, L
4. Antoine Marinier , Cafnte^ dit ^M
ftitoit point d'évis qU'çn pfarlatduTradi»
iions , ] On nt troiiye rien nî dans Ruyr
jitri^.nïdgns Pdlldyicih^cetttisèc Mér
finier , non ,pliis qiK 4e la xé|K>fi(«ida Cte-
di'nal PooL Je nefaurois {pourtant nie pïeifba-
der qa'il y ait fien ici de invention de
jiotTe Auteur ^ & cela d'aount moins , qae
Von ne peotîmaeînei à quelle fio Ueât ioe
.vencé de pareils nits. Il e(t certain de plut
3^'il y eot un grand pw^ge d*opinioni fiir
article des Traditions tant parmi les Théor
•logiens que parmi \ei Evèqnes, comn>e en
convient Pallavicin. On verra. d'aiUeiuQs
dans la fuite, que Ainri/ucr devint Ibitfiif*
.i'
peâiaoïle Goocife de pehdier vers les âd^
^ea«cii LùcbérÎMines 1 & il eft aOk ptôba^
Ue*qiie-iceqft*it idic ici des Traditions pon»
voie 7 avoir, donné Ueo, aufli4>ien.que ce
^'ildébiraidapois rur\le8 matières de Mvt'
tificacion. C'a écénne âmte à Fra^Pa9loét
4i^yoit|)^alafqué fur chaque &ifi lies'Mé-
'moîrcç dopt il Ta tbc.- Mais par ceux qui
.oUa pM» d^^ (bq Hiflbite^.oA a vérifié
.-tani^Sditf'fiEka dofit on .p^avoit Tacéofer an-
4Nimavjt^^ètrel'iaventettff f qu'il 7 a lien de
.cfoiif jqoft a'il^ivrefte que nous^ne pouvons
•vérifier; c*^ qu'il nous manque enoMe
bien des pi^ees particnliires qu'il a eues
^teajnaiaf»... »
x<i HISTOIRE DU CONCILE
ic»n9i; elle n*tiiroit manqué cl*aucane perfeâion : Que néanmoins » quoique Jetait
Paul UL Cfarift ait gravé dans les cgduis la doâxine du Nouveau Teftamenc , il n*a«
' voit pas défendu de l'écrire , comme il fc pratique dans quelques faufles
Reliions , qui tiennent leurs myftères caches > & ne les enfeignent jamait
que de boocne » ians permettre qu'on les mette par écrit : Qu'il étoit donc
indubitable , que ce Que les Ap6tres avoient écrit , & ce qu'ils avoientefr*
feigne de vive voix , m>it de aAtat autorité > puifqu*ils avoient parlé com-«
me écrie par l'infpiration du Saine Efprit : Que puilqoe ce Divin Efprit les
âvoic dir^és par ton affîftance pour prêcher ôc écrire la vérité » on ne pouvoir
pas dire qu'il eue défendu d'écrire fa dodrine pour en faire un myftère
^ Que Ton ne pouvoir donc pas diftinguer de deux forces d*areicies de Foi ^
ki uns pd>U^ par écxit » & les autres qu'il étoit défendu d'enfeigner auc»'
ment que de bouche. Il ajoutoit : Que fi quelqu'un fintcenoit te coneraiiei
â anroit deux grandes difficultés i réfimdte \ Tune » de dire en quoi ooa-
fifte la diffirence de ces deux fortes <f articles \ l'autre » comment les fiie^
ceflèurs des Ap&tres ont ofé écrire ce aue Dieu avoit défendu de mettre par
icàt 1 ^ Qu'il n'étoit pas moins hardi 6c moins difficile de fôntentr que
c*étoir par hasard au'une partie de la doâxine Qirétienne n*avoir point été
écrite > puifque cek feroit très- injurieux à la Providence » qui a dirigé les
Ap&cres dans la compofîtion du Nouveau Teftamenr : Qu'ainu» entrer dsam
eecte difcuffion ce raroit pafler entre Charibde & Scjrlla ; y & qu'il valoîc
mieux imiter les Pères , qui s'étoient tonknirs fèrvis de l'Ecriture feule an
befbin > fans jamais ofer mettre la Tramtion en compétence avec elle ;
f* Qmt tan n pêm^oii doMgpss élfiim^ s*ils omjrent qnetoisleB siddes nfosftiiw
pur de dtÊUt firus éTsmcl^ d€ Foi, lu nefimtpts compris dans i*Ecritare>&qaeIt
MMifÊihlUspsricru , &ks autns fu^UéaU Txididen eft ane r^lcdt Foi de même su*
dtfaidm d'euftigner éuuremint pu dt hou* torité doc les Lines uins. Cur s*il n'yapss
db. ] Si MdrinUr a faifonné ainfi» jt at taàt dé&nfê d'&iiie tout ce qui étoit nfr
m*én>nne pts qa'il n'ait contenté perfonne , ceflaîre i croise , à qoeDe soore csofe qoTaa
piidujae (on isiionneinent étoit dnpojt ibr asxsia peut^on suilbiier(]ue de certains $t*
one fiippofition entièrement hmt ,êcqai tides ajent été écrits » Se qoe les antses at
énitqaelesaftidesfiMiibtelaTndtâdQ raftmpaséiér
lioieiit des sitides qae lefiit-Clitift avok y. Qu'it ifshU wAux mbiriisPtrÊé^
défimdo dféeriR. Car iai Qnkittqiiis »*ont fdyàrimutwjaunfirvisde FStnturtfiiÊ-
}tntaiséiablî laTiidiiîeiiliirctccefiinede hsuhfom^fimsJMmsù^firmtiinlsThh'
détBnft, 9l fêt eonfiquent cet «gonnni dstiûM ém€9iffkineesv9Cê0i.]Vum qniji
poRanéct&irementàfiMix. JMsrmîir donne id , étoit très • 6ge : À
4. Qu'il m^àm pas $fêaMàéfdi&mùbu qooiqo'ilnefiiitpasezaAementvraiqiielBS
4Ftp€iU de fimuùr fiu c^éêêii fm kmf4Êfd 9ireB(tfmHït§mJ0mnfif¥is ArEcAmif
fSruMiféniêdeJu dÊétriut CMiéuiH aV^* fiuk mm êtfiin , comme on le tok par kk
vplifoim ùiiMtii\nc.] Le^OitlMliqass dî^pmes & les Ecrits des Fèiet.lbr-tDar dm
«Broient plus iaptine i wfiiftifiêrdoci va-» pnl It dnqmémefiédesil eftconftanimili
proche* Gsrqac^'ils nedifimtpasftiiaF certain qdîk nVmt jamais égalé la Tsad^
aies ibnneli, ^oe c*eft par lunard qn^tei^ tion k nScritsre » ft qu'ils ont too}eiiR aais
partiedebdoftrineCbrétiennen'apoînféié beaacoop de diffirenee cnott fiiaioriiê ds
écrite, il&ot pourtant qu'ils le Afpdbtf^ AmeAddltait»
DE TRENTE,Liv»B IL tgj
Qu'enfin il ne croyoic pobt qu'il fût néceflaite de|faire fur cela une nouvelle ubzlt^
étciùon y puifque quoique les Luthériens euflènc die qu'ils ne vouloienc ^^^^ ^^
d'autre Juge que TEcriture » ib n'a voient point encore norme de contefta- — — "•
àon fur cet article ; & qu'il fu£Efoit qu'on s'attachât aux controverfës qu'ils
âvoienc fait naître » (ans en fufciter de nouvelles » au rifque d'augmenter
encore davantage les divifions de la Chrétienté»
.Cet avis fut peu goûté » & le Cardinal Pool ▼ s'éleva contre » en difant i Mmsfit^
Qu'il étoit plus d^e d'un Colloque d'Allemame , que d'un Concile Gêné- femimtnt
cal 9 où l'on ne devoit avoir en vue que la vérité toute pure ; au lieu que *fi ^^Mi.
dans les Colloques on ne cherchoit qu'à faire un accord au prâudke même ^ ^ ^?2f '^
de la vérité : * Que pour conferver l'Eglife > il étoit néceiiâire que les ^^^ ^*
Luthériens reçuflènt toute la doârine de Rome > ou que l'on découvrit le
plus de leurs erreurs qu'il iêroit poffible » pour convaincre le monde de plus
en plus» ^u'on ne pouvoît faire aucun accord avec eux ; > Que slls n'^
iroient point forme de controverfè fur les Traditions » il falloir en Îùïù
naine tme» condamner leurs opinions » ic monrrer que leur doâxine étoi^
difi&rente de la véritaMe,non-feulcnacnt dans les points qu'elle contredifoi^
ouvertement » mais aoffi dans tous les autres : Qu'on devoit s'attacher i
condamner tout le plus d'abfordités qu'on pounroit tirer de^ leurs Ecrits ^
Qu'enfin les raifbns qu'on avoir apportées pour infpirer une vaine crainte
de fe brifer contre Charibde ou Scylla , étoîent purement captieufes , \U
feroient conclure â quiconque les approfondiroit ^ qu'il riy avoit aucune
Tradition.
XLVIL A l'é^d du Iccond article ». ^ tous s'accordèrent à l'exemple mvtffil
des Anciens i Cure im Catalogue des Livres Canoniques > dans lequel ^ofimcns
furent compris tous ceux qui fe lifoient dans l'Eelife Romaine > & mraie-^ ^ ^^"
* * ^ nmdfs Li^
vrts fmcrés^
■ t. Qse pmtr tmjirvtr FE^fifê m étoh plts expieSont que Tott poiiix»it changer x Kzjsu
Mietffairt ou fue ks LuMnâm nçmfim fans pié^ice de la Térité ^ Se dont le &- N^ xu
êomt U doBfine dâ Rome » ftc J Si le Cax^ cfifice fesoit infiniment unie i maintenit
tàaàX Pool a dit ici ce que F^éf^Pétoh loi Tiiniié.
Ut dire y je ne &i Gomment on Ta jamais ^ Qut s'ils n'avaUntpohtt firme Je con^
pft(bapçonnef d*amr do pendbant pour les tnivtrfi fur Us Tradinoms , 'û faUoit en
epinions Luthéfiennes , paifqn'on ne peut fwe naitrt une^l Cécoitid an zdle d'âne
avancer de maxime plosinécondliaUea<vee étrange efpèce onecekii da Cardinal Pool^
lem principes. M«s aiiffic'eft à cette maU qui an lien de cfaerdier ik appaMèr les con-
lleoreofe poÀitiqae qa*eft dS le maintien de teftations qar s'étoient âevées , necsa^noit
la divifibn qui eft entre les dîflibem Ptf-^ pas d'en dise naitse de noaveDet pour ren-
ris. Car fi on eût voelo (âcrifiier qoelqnes dreladiTifion^«inéoondiiable»C'eftpoQS
opinions & quelques intérêts» il eft indo^ avoiragi dans ce même e(prit,qae le Goa-
linbfeqoeleserpritsrereioientnippiiocbés; die, qui dans les vAes des Princes avoit été
B eft vraiqoTen matièie de Religion , on aftmblé pour mettre fin am divifions de
nedoitptslacriierla véritêàla pair. Mais l'Eglife» n'afervi qn'àlesionifier par une
Sjabiendela ffiSrenceentxelavftitéSe mokipUdié dedêemoBsaciinoestainei^oo
defimplesopimons^qnî (ont foavtnr vraies fiyeffiaca^
aSBMHcS'loqs difltentscgpads^ovdaflBl^
iéf4 HISTOIRE DU CONCILE
MDxtTx. xtvm de l'Ancien Tcftamcnt qui n*ctoicnc pas re^usdes Juifs ; «^ & on alle-
pAUL. III. giia fur cela les Catalogues drcflTés par les Conciles de Laodicée & le rroî-
•■"— "^ fieme de Carthage , & par les Papes Innocent L & Gélafe /. Mais il y eut
quatre opinions différentes fur la manière de dreflcr ce Catalogue. ' * Qud-
y Pallav. L ques-uns vouloient que Ton partageât les Livres en deux claflcs , y dans
6. cil. Tune defquellcs on mît les leuls Livres qui avoient toujours été reçus fans
contradiction , & dans l'autre ceux que l'on avoit quelquefois rejettes , oi|
fur lefquels du moins on avoit eu des doutes ; & ils difoient que quoique
cela n'eut été fait auparavant ni par aucun Concile ni par aucun Pape , il
paroiflbit cependant que ç'avoit été leur penfée , puifque S. AuguJUn
ayant fait cette diftinflbion , fon autorité avoit été adoptée dans le DécreCf
cap. In Canonicis ; & que S. Grégoire le Grand poftérieur à Gilafe , dans
■fes Expofitions fur le Livre de /oi, avoit dit en parlant des Livres de»
-^Machabtes , qu'ils avoiênt été écrits pour l'édification , mais qu'ils n'étokne
pas pour cela Canoniques; Louis Ht Catane , Dominicain , dit que cette
îliftinAion avoit été Élite par S. Jérôme , & q^c TEglife l'avoit reçue com-
me une réglé donc elle s'étoit fervie pour dreflcr le Canon des Ecritures ■;
& il cita le Cardinal Cajitan , qui à l'exemple de 5. Jérôme avoit fait la
même diftindion , & Tavoit donnée pour une régie infaillible de TEglife ^
dans l'Epîtrc qu'il adreflc au Pape Clément VII ^ à la tête de fon CorpiQCQ*
taire fur les Livres hiftoriques de l'Ancien Teftament.
Les Auteurs du fécond avis vouloient qu'on diftinguâr trois fortes de
Livres. Les premiers , qui avoient toujours été reconnus pour divins. Les
féconds , dont on avoit douté autrefois , mais qui enfin avoient été recon-
nus pour Canoniques j tels c^ue font parmi le$ Livres du Nouveau Tefta-
ment
10» Et an allégua fur cela Us Catalo"
pits drejfés piar Us ÇonciUs de Laodicée &
le troîficmc de Carthage, &c. ] M. Amelot
a tout à fait ici altéré le Cens de (on Ajitear
en tiaduifant , U Cpaci(e de Laodicée fous
Innocent L & de Carthage fous Gélafe 1 1
ci qui ne fait que deux Catalogues , au lieu
de quatre indiqués par Fra-Paolo. Fu da
tutu alleg4to j dit-jl, Concilio LçLodiceno^
Innocentio L Pontefice , il ^ . Concilio Car*
taginenfe , & Gelafio Papa, La mcpri(ê eft
d'autant plusfingulièie, que ces Concile ne
fe font point tenus fous ces deux Papes.» &
il eft étrange que M. Dupin ait donné dans,
la même méprife , après que M. Amelot
avoit été relevé Air jce pojnt,
X I • X^uelqueS'Uns voulaient que Von par*
tageât les Livres en deux claffts , Çùc,. ]
C'écoit ce femble le parti le plus fage , puîf-
£p^ ç'td celai qui fe trouve le plus autoiifS
dans l'Antiquité , oà la plupart des Vktg
diftinguent les Ltvxes dont on peut Ce fer*
vir pour autohfçr les dogmes , d'avec cens
qui n ont été écries que pour l'édification ;
éc puilque l'Eglife ne peut pas donner plus
d'autorité à an Livre , que celle qu'il peoc
tirer ou de celai qui Ta écrit , ou de la
Tradition qui nous l'a tranfmis* Orpaif>.
que cette Tradition eft incertaine à l'égard
de plufieurs Livres » & que l'Eglife ne jii«f
ge pas de leur canonicité par in(piration p-
mais par l'autorité de cette Tradition . il
fcmblê que le (èul parti qu il y eût à pren*
dreétoit de ne leur donner que le degri^
d'a,utqrité que TAnciquicé leur avoit accop-'
dé« Ce parti pourtant ne prévalut pas , Ac
l'on prie l'autre , non pas peut-être commff
le oieillenr^ mais con;ime exigeant moins
df,4iCço(£f>n y & f9x Gooiiqiiem cpqun^ pltf
commodeé
tu D* mitres
DE TRENTE, Livre IL i6s
ment , les fix Epîtres dont on a parlé plus haut , rApocalypfe , &C quelques mdxlvi,
endroits des Evangéliftes. Enfin quelques-uns qui n avoient jamais été ^^^^ ^^^'
reconnus , comme Tept Livres de l'Ancien Teftament & quelques chapitres '
de Daniel 6c d'E/Iker.
^^ D'autres difoient qua l'exemple du Concile de Carthaee ôc de
quelques autres , il valoir mieux ne faire aucune diftinâion , & drefTer le
Catalogue, fans rien ajouter davantage.
Enfin le dernier fentiment étoit de déclarer tous les Livres qui fe troU'
Voient dans la Vulgate Latine , 6c toutes leurs parties > également Cano-
niques y 6c d'une autorité divine* i 3 La plus grande difficulté ^ regardoit ;t Pallar. U
le Livre de Baruck, qui ne fe trouve point dans le Canon des Ecritures ^é c ii.
dre(ré par les Conciles de Laodicée & de Carchage , ou par les Papes j^^6c
on l'eût omis tant pour cette raifon , que parce qu'on n'en a point le com-
mencement, fi l'on n'eût fait remarquer que.l'Eglife s'en fert quelquefois
II. D* autres difoient qu*à V exemple du
Concile de Carthage & de quelques au^
ires , il valoie mieux ne faire aucune dif-
tinâlion, &c« Cela eût pu fe juftifier, pour-
vu qa*en mime tems on n'eût point dé-
claré de même autorité tous ces Livres. En
^fièt le Concile de Canhage s*étoit bien
gardé de le faire , poifque Ton voit que 5.
Auguftin mime depuis ce Concile , n*a pas
laifie de mettre toujours de. la diftindion en«
cre l'auroiité 4^ ces différëns Livres ^comme
on le peut voir par une inanité de paflàges de
ce Père.
i^. La plus grande difficulté regardoit le
Livre de Baruch , qui ne fe trouve point
dans le Canon des Ecritures dreffi par Us
Conciles de Laodicée & de Carthage , ou
par les Papes. ] Pallavicin , pour convain-
cre Fra-Paolo de faaflèté , nomme quel-
ques Papes qui ont cite ce Livre de Baruch
comme canonique. Mais il 7 a beaucoup de
mauvaife foi dans ce Cardinal , pui(que Fra-
Paolo ne nie pas que quelques Papes n ayent
cité ce Livre y mais qu'il ië trouve dans les
Catalogues dreflîs par les Papes , ce qui eft
inconteftable , comme le reconnoit Bel-
larmin* De libro Baruch controverfia fuit
& efl ^ tum quia non invenitur in He-
hrais codicibus , tum etiam quia nec Con-
cilia antiqua , neque Pontifices y neque
Patres — qui Catalogum Uhrorum facro^
rum texunt , hujus Prophetœ difertis verbis
meminerunt. De verb. Dei L* x* c. S, Et
Tome I.
à l'égard des citations des Pères , riea
n'eft plus équivoque pour décider de la
canonicité d'un Livre, puifque^l'on voit
Couvent qu'ils citent ceux qu'ils ont re-
connu eux-mêmes n'être pas proprement
canoniques.
14. On Veut omis -^ fi Von n eût fait
remarquer que l'Eglife s'en fert quelquefois
dans fes offices» Cette raifon parut fi forte ,
&c. ] Il y a ici encore une autre chicane
de Pallavicin y qui pour trouver à cenfuret
fon Adverfaire lui fait dire que la récita-
tion du Livre de Baruch dans l'Office pu-
blic fut la feule raifon pour l'admettre com*
me Canonique. Non adunque , dit ce Car-
dinal L. ^. c. IX , lajola autorità che ri-*
fulta à quel libro daW ufarfi nelle le^ioni
délia Meffa di Penticofle moffe que' fapien*
tijjîmi huomini a riconnofcerlo per Cano'
nico con dogma di fede , &c. Cependant
Fra-Paolo dit bien que cette laifon leur
parut adez forte , mais non pas que ce fut
la feule , puifqu il en ajoute lui-même une
autre. Ma oftava , che nella Chiefa fe nt
legge lettione , raggioneftimata cofipotente ,
che fece rifolvere la Congregatione con dire ,
che da gli antichi fu fiimato parte di Jere^
mia , & comprefo con lui : raifon qu'effec-
tivement , félon Pallavicin , les Pères ap-
portèrent pour mettre Baruch dans le Ca-
non , ce qui n'avoit jamais été fait avant le
Concile d^ Florence»
Ll
%66 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvi. dans fes Offices, Cette raifon parut fi forte , qu'elle détermina la Congré-
Paul III. gation à le recevoir , endifantque fi les anciens Catalogues n'en avoienc
""""——" point fait mention , c'eft qu'on l'avoit regardé comme une partie de Jiri^
mie , & qu'on l'avoir compris fous le nom de ce Prophète.
flaintts XL VIII. M Dans la Congrégation du Vendredi 5 de Mars, l'Evêque
excitées de Bitontt , qui avoir eu avis que les perfonnes * qui avoient des pcnfionfs
i^«»W*Cp»- fur fonEvcché l'a voient fait citer à Rome devant l'Auditeur, & deman-
ciieaufujtt doicnt qu'on le contraignît à les payer par la voie de l'Excommunication
/paUav 'l. ^ ^^^ Cenfures félon le ftyle de cette Cour , fe plaignit de cette procé-
^. c. 15. dure, & dit: Que ces perfonnes avoient raifon , mais qu'il n'avoit pa^
tort -, puifqu'étant au Concile il ne pouvoit pas dépenfer moins de 600
écus par an *, & qu'en prélevant les penfions , qui ctoient de 100 , il ne
lui en reftoit que 400 pour vivre : Qu'il falloit donc , ou qu'on le déchar-
geât , ou qu'on y fuppléât d'ailleurs. Les Prélats pauvres s'intéreflcrenc
pour lui , comme ayant une caufe commune ; & quelques-uns vinrent
fufqu'à dire que ce feroit une infamie pour le Concile , qu'un Officier de
la Cour de Rome procédât par Cenfures contre un Evèque qui affiftoic
actuellement au Concile : Que c'étoit une chofe monftrueufe , &: quiferoic
dire à tout le monde que le Concile n'étoit pas libre : Que Thonneur de
l'Aflèmblée demandoit qu'on citât l'Auditeur â Trente , & que pour met-
tre â couvert la dignité du Synode , on u(at envers lui de quelque févérité^r
D'autres s'avancèrent jufqu'à condamner les penfions , dilant : Qu'il étoit
bien jufte que les Eglilcs riches foulageaflent celles qui étoient pauvres ,.
par charité , & non en fe dépouillant du nécefTaire, ni par contrainte >
comme l'enfeignoit faint Paul ; mais que c'étoit un abus intolérable que
les pauvres Prélats ftiflènt forcés par Cenfures a fe déiK)uilIer de ce qui
étoit néceflaire à leur fubfiftance , pour en engraiffer les riches j & <jue
c'étoit unechofè à faire réformer par le Concile, en rétabliffant l'ancietr
ufage véritablement Chrétien. Les Légats confidérant où pouvoient aboutir
ces plaintes , dont ils fentoient toute la juftice, tâchèrent de les appaifer en
promettant d'écrire à Rome pour faire cefler les procédures , & pour ob-
tenir qu'on pourvût de telle manière à la fubfiftance de l'Evêque» qu'il pût
demeurer au Concile.
ComytgA- XLIX, Le 8 de Mars tous les Théologiens ayant fini de parler > on in-
<^^;^ j If. Dans la Congrégation du Vendredi dorent pour loi , & qne le Pape fan«
^T^^Ai '^^ f' de Mars l'Evêque de Bitonfe, qui avoù lexemter de ces penfions lui fie donner
lie d ^*^ ^^'"^ ^^^ ^^^ perfonnes qui avoient dâs un fabfide de 1 00 ccus d or. N'cft-ce pas
ÏLcriture V^^fi^^f^^ fi^ Eveché l* avoient fait citer , la aa fond la même chofe que raconte Fra^
ôcc] Le Cardinal Pallaviciny après avoir dit Paolo ? qui n'y ajouta que les plaintes qne
qu'il n'y a rien de tout ce bruit ni dans les firent les pauvres Evèques qui s'intéreilc-
AAes du Concile ni dans les lettres des rent pour loi ; chofe plus que vraifèmbla-
Légats , avoue cependant , que ce Prélat ble , quoiqu'il n'en foit rien dit dans les
avoit été cité à Rome , qu'il s'en étoit Aftes , parce que cette affaire n'avoit ancin
plaint aux Légats , que les Légats ^iteicé-; rappon aux maticres du Concile»
DE T R EN T E , Livre IL i(?7
diqua pour le jour fuivant une Congrégation extraordinaire , non pas tant ^^oxlvt.
pour dreflcr le Décret furies articles en difpute, que pour l'honneur du ^^''^ ^^^'
Concile , en occupant les Pères au travail dans un jour employé par le — — — ^
peuple aux divertiflèniens profanes du Carnaval. On y convint unanime-
ment de déclarer les Traditions d'une autorité égale à celle de l'Ecriture ;
mais on ne fut pas d'accord fur la forme de dreder le Catalogue des Livres
facrés , &: il y eut fur cela trois opinions, La première , de ne point fpé.
cifier les Livres particuliers. La féconde , de diftinguer le Catalogue en
trois parties. La troifieme , de n'en faire qu'une feule clalfe , Se de les
déclarer tous d'une égale autorité. Etant encore indéterminés fur le parti
qu'il y avoir à prendre , on dreffa trois minutes , avec ordre i chacun de
les examiner avec foin , pour en dire leur fentiment dans la Congrégation
fuivante du 1 1 de Mars. *^ Mais elle ne put fe tenir à caufe de l'arrivée de Arrivée de
D. François de Tolède , ^ que l'Empereur donna à Mcndo:^c pour Collègue françois de
d'Ambaflade au Concile , &: au - devant duquel allèrent la plupart des T<'/^*^' » f^'
Evèques & des domeftiques des Cardinaux. cond Amb.
arriv
fouftraire à la fureur de fon peuple foulevé contre lui par l'Inq
Annibal Grifon , comme étant la caufe de la ftérilité qu'ils fouffroient. Flcury , L.
Comme ce Moine le faifoit paflcr pour Luthérien non-feulement en Iftrie, f;^^- ^' '^^•
mais encore auprès du Nonce à Venife , & â Rome auprès du Pape , il ne ^^|f ^'^'^^
lavoit OU S arrêter avec dignité , ni ou trouver plus de commodité pour fe four /v dif-
juftifier que dans le Concile. Mais les Légats avertis des bruits répandus culfer dtt
contre lui ne voulurent point l'y admettre comme Evcque , qu'auparavant T^/'/f^»^
il ne fc fut juftifié devant le Pape, auprès duquel ils l'cxhortcrent forte- ^J^^^^f[^ ft
chargé \
16 Mais elle ne put fe tenir â caufe de Grifon, Verger fut ciréi Rome, oà crai- mmis on ne
r arrivée de D.François de Tolède^ Sec] gnant que fes Panies ne faSent txop fuiC- vêtit pas Cy
Ce Miniftre n'arriva qae le i y , félon fances il ne voulut pas Ce rendre , croyant admettre.
Pallaviclni mais faute <f avoir vu les Ades , trouver mieux fon compte en venant à ^Slcid. L.
Fra-Paolo s'eft affez fouvent trompé fur le Trente. Mais les Légats qui n'agilToient ^ï- P* 3^^-
vcritable jour des Congrégations. que par les nnouvemens de cette Cour , ^'^"•^^•^^'
17. Dans le même teitis Verger arriva à éc qui ne croyoient pas pouvoir admettre à ^. ' ^*
Trçjite , nondansledefjeind'ajfifier auCon- fe juftifier un homme qui écoic cité pour 14^^' ^"
die , &c. ] Dès quelques années auparavant caufe d'Hcréfie , firent renvoyer fon affaire L' ^ IJi
le Czrdïniil Aléandre y Prélat ardent & ou- au Nonce de Venife 5 qui déjà prévenu *^"*
tré , l avoit accuK à Rome de penchant contre lui , lui laiffa lieu de craindre au p fj^^v L.
de Luthéranifme. Pallav. L. 44. c. 11. moins pour fa liberté, & peut-ôcre même , ,, f^- »--.]
Mais comme il n avoit pas laifl? d*étre em- pour fa vie. C eft ce qui lui fit prendre le
ployé depuis , il femble que ces foupçons pani de paflçr chez les Grifbns , oii il fe
n'euffent fait que peu d'impreflîon. Il nj rendit quelque tems après pour y faire
a pas d'apparence néanmoins , qu'on eut profeffion de la nouvelle Religion , & y
penie à le faire Cardinal , comme le dit exercer la fbnélion de Miniftre du nouvel
Sleldan. Les foupçons s*ctant fonifits dans Evangile.
Ja fiiite par les accu(àtions de rinquificcur
LI *
i6î HISTOIRE DU CONCILE
MDXLYi. ment de fe rendre -, & s'ils n euflènt craint de faire dire qu'il n'y avoît
Paul IlL point de liberté dans le Concile , ils ne s'en fuffent pas tenus aux exhorta-
"■■"■■"'"" rions. Fcrgcr voyant donc qu'il ne pou voit refter a Trente fans deshon*
neur , en partit peu après pour retourner dans fon Diocèfe > dans l'efpé-
rance où il étoit d'y trouver la fcdition appaifée. Mais étant arrivé à Ve-
nife , le Nonce, qui avoir reçu ordre de Rome de procéder contre lui ,
lui défendit d'y aller ; ce qui le détermina ou par reficntiment , ou par
crainte > ou par quelque autre raifon » de fortir d'Italie peu de moi(
après.
OnMniteU LI. Lb 15 du mob les trois Minutes du Décret fur l'Ecriture Sainte
Csnon des ayant été propofécs , la troifiéme l'emporta à la pluralité des voix. Dans les
€fés'^ti%n Congrégations fuivantes les Théologiens parlèrent fur les autres articles ,
tTMitê de & il y eut fur le troifiéme , qui regardoit la Tradudtion Latine de l'Ecri-
rmutoritéde ture , une vive conteftation entre les Dodeurs parfaitement verfés dans lor
U VulgMê connoiflTance du Latin & du Grec , & ceux qui n'avoient aucune connoif-
w f'i"'* l ^^^^^ ^^^ Langues. Louis de Catant dit ^ que pour décider cet arricle 00
141.1^69. ^^ pouvoir rien propofer de meilleur, ni de plus propre au tems préfenc»
Pallav.L^. que le jugement du Cardinal Cajctariy qui élevé dans l'érude depuis
c 17. ion enfance , étoit devenu par l'affiduiré de fon travail & la beauté de fon
cfprit le plus grand Théologien qu'il y eûteu'depuis plufieurs (iècles , & au-»
quel il n y avoir perfonne dans le Concile qui nit comparable en fcience »
& qui ne rrouvâr â s'inftruire dans fes Ecrits. Ce Cardinal dans fa Léga«>
tion d'Allemagne en mdxxiii , cherchanr avec foin les moyens de ramener
à TEglife ceux qui s'en étoient féparés , & de convaincre les Héréfiarques»
n'en trouva point de meilleur que l'intelligence littérale du Texte original
de l'Ecriture Sainte ; & comme il n'avoit aucune connoiflance des Langues
Grecque & Hébraïque, il fe fervit de gens habiles dans ces Langues pour
lui traduire mot i mot les Textes de l'Ancien &c du Nouveau Teftament ^
dont il fit fon étude les onze dernières années de fa vie > pendant lefquelles.
il compofa (zs Commentaires non fur la Veriion Latine , mais uir les
Textes originaux de l'Ancien & du Nouveau Teftamenr , comme on peut
s'en convaincre en les lifant. '^ Ce favant homme avoir coutume de dire %
Qu'entendre le Texte Latin ^ ce n'étoit pas entendre la Parole de Dieu qui
I s. Ce favant homme avoit coutume de
'd'ire , quentendre le Texte Latin , ce né-
toit pas entendre la Parole de Dieu , &c. ]
Cajétan pailoit en homme fenff , lorCjo'il
difoit qu'entendre le Texte Latin ce n'é-
toit entendre que la parole du Tradudeor,
qui avoit pu fe tromper 5 & Pallavicin ne^
Tefl guères en voulant afToiblir une niaxi-
me fi fagie. Car avoir recours , comme il
fait, à des infpiralions ou à une provi-
dence particulière poux donner à une fiixk-
pie Verffon autantd'auoritc qu'en a le Texte
original , c eft avoir recours à un fyftème
de fstntaifie & de convenance pour dé-
truire une vérité de fait , qui eft qn aucune
Verfion n'a été faite par infpiration , &.
Jue par confêquent toute fon autorité n'eil
)ndée que fur la fidélité avec laquelle elle
lepréfênte le Texte, fidélité qui ne demande:
que de l'habileté , & qui eâpar conféquenfi;
toute humaine*.
DE T R EN f E, Livre II. 169
eft infaillible , mais celle da Tradufteur qui poavoic fe tromper ; Se que mdxltt.
: !_: -r.^ j. j._. i^i^-r... , • , . .^ Paul III.
Langue , il ne falloir qu'une habileté toute humaine. C'eft ce qui &ifoit
que Càjctan s'écrioit en gémiflànt , Plut à Dieu que Us DoScurs desJihcUs
faffis en cujfcntjugi de mime! les Herijies de Luihtr n'euffent pas trouvé
iont de facilité à fe fiùre recevoir. C^^i;?^ ajoutoit : Que Ion ne pouvoit
approuver aucune Verfion , fans rejetter le Canon Ut Veterum , Dift, ix,
qui ordonne d'examiner les Livres de l'Ancien Tcftament fur le Texte
Hébreu , & ceux du Nouveau fur le Grec : Que ce feroit condamner faine
Jérôme & tous les autres Traducteurs t que de donner pour authentique
une Tradudion particulière \ & que s'il y en avoit une authentique , à quoi
{èrviroient les autres qui ne le feroient pas ? Qu'il n'y auroit pas de raifbn
i produire des Copies incertaines > fuppofé que l'on en eût d'autres en
bonne forme : Que l'on devoit croire avec S. Jérôme & Cajétan , que
chaque Interprète peut fe méprendre , quelque foin qu'il ait pris de ne
point s écarter de fon Original : *> Qu'il étoit vrai , que fi le Concile exa-
minoit & corrigeoit une Verfion fur le Texte original , TEfprit Saint, qui
dirige les Synodes dans les chofes de Foi , empècheroit qu'il ne tombât dans
l'erreur , en forte qu'une Traduûion ainfi examinée & approuvée pourroit
être regardée comme authentique ; mais que fans un tel examen il n'ofoic
dire fi Ton en pouvoit approuver une , & s'affurcr de l'aflîftance du Saint-
Efprit , à moins qu'un Concile ne l'eût ainfi déterminé : Que dans celui qui
avoit été tenu par les Apôtres , la décifion avoit été précédée d'un grand
examen : mais que comme la révifion des Verfions Latines fur les Textes
originaux écoit un ouvrage de dix années , & ne fe pouvoit entreprendre
alors > il croyoit qu'il valoit mieux lailler les chofes fur le pied où elles
étoient depuis 1 500 ans, que de vouloir faire faire cette révifion.
La plupart des Théologiens difoient au contraire : Qu'il falloit tenir
pour divine & authentique en toutes it% parties cette Traduction , qui par
le pafic avoit été lue dans les Eglifes & employée dans les Ecoles'; & qu'au-
trement ce feroit donner gain de caufe aux Luthériens , & entrée à mille
Héréfies , qui troubleroient éternellement le repos de la Chrétienté : ***Quc
1 9. Qjiil étoit vrai que fi le Concile exa»
minoit & corrigeoit une Verfion fiir U Texte
eriginal , l'Efprît-Saînt, qui dirige les Syno-
des dans Us chofes de Foi empècheroit qu'il
ne tombât dans terreur , &c. ] Qaoiqa*i[
fbit vrai que Tautoiicé d'un Concile foit la
plus grande qui foie dans TEglife, comme la
fidélité d'une Tradudion efl une cbofèqoi
dépend dune induftrie toute humaine, on
ne peut guères s alFurer qu'une Verfion ou
f»ice ou approuvée par un Concile foie (ans
ciienr , quoiqu'on puKIè préfumei plus favo-
rablement en fa faveur qu'en faveur d al^-
cune autre. Mais on ne doit pas confondre
avec l'infpiration ou avec l'in&illibilité une
fknple prélbmption. L'autorité d'un Ori*
ginal (èia toujoun préférable à une Tra-
duétion, quelque authentique qu'elle puide
être $ & il n'y a point d'autorité fur la
terre , qm puifTe) égaler une Verfion au
Texte.
10. Que les Papes & les Théologiens
Scholaftiques avoient fondé en grande partie
lado&rine deVEgUfe Romaine — fur quel'
170 HISTOIR E DU CONCILE
MDXLVi. les Papes & les Théologiens Scolaftiques avoicnt fondé en grande partie la.
Paul III. dodtrine de TEglife Romaine , Mère &c Maîcrefle de toutes les autres , fut
"———"" quelque paflàge de l'Ecriture ; & que fi chacun avoit la liberté d'examiner
fi la Veruon en étoit bonne , foit en la comparant avec d'autres Verfions ,
foit en recourant au Texte Grec ou Hébreu, ^' ces nouveaux Grammai-
riens jetteroient de la confufion par-tout, 6c fe rendroient les Arbitres 8è
les Juges de la Foi , & qu'il faudroit donner TEpifcopat & le Cardinalat
à ces Pédans , à Texclunon des Théologiens Se des Canoniftes ; Que les
Inquilîteurs à moins que de {avoir le Grec & l'Hébreu ne pourroient plus
procéder contre les Luthériens , que les coupables ne répondiilent aufli*
tôt , que le Texte ne parloir pas ainfi , & que la Traduâion n'étoit pas
fidèle : Que ce feroit autorifi^r tous les caprices & les nouveautés que cha-
que Grammairien prendroit fantaifie de fi^utenir par malice, ou par igno-
rance de la Théologie , & qu'il trouveroit moyen de défisndre à la faveur
de quelque minutie de Grammaire , fans qu on vît jamais la fin de ces
conteftations : Que la Traduûion de l'Ecriture faixe par Luther en avoic
fait naître beaucoup d'autres toutes contraires , qui méritoient d'ctre en-
févclies pour toujours dans les ténèbres : Que Luther lui-même avoir re-
touché plufîeursfois lafienne, & qu'on n'en avoit point fait de nouvelle
Edition qu'on n'y eiir corrieé non pas un ou deux paflages , mais des cen-
taines a la fois : Qu'enfin fi l'on donnoit à chacun cette liberté , on rédui-
roit bientôt la Chrétienté à ne favoir plus que croire.
Acesraifons, que la plupart reçurent avec applaudiflement , d'autres
ajoutoient encore : Que u la divine Providence avoit donné une Ecriture
authentique à la Synagogue , &c un nouveau Teftament authentique aux
Grecs, ^^ l'on ne pouvoit dire, fans lui faire injure , que i'Eglife Romaine
que paffage de l' Ecriture,] Ceft aînfîqu*il n'ont aucune (blîditc, font pourtant ordî-
îauc traduire , & non pas , comme a feit nairement celles qui ont le plus d*influenc:é
M, Amelot , & après lui M. Dupin Se dans les décidons. La crainte de .voir des
le Continuateur de M. FUuri , que la Grammairiens s'ériger en Juges des vérités
dodrine de l* Eglife Romaine étoit fondée pref- de la Religion n*empêche pas qu'un Ohgî-
que toute fur des paffages de l'Ecriture. Car nal ne foit préférable à des Tradudions i
il y a bien de la différence entre dire , que mais c* eft pourtant ce quia principalement
cette doélrine eft réellement fondée fur déterminé les Pères du Concile à juger en
l'Ecrlcure , ou dire, comme feit Fra-Paolo , faveur d'une Traduâion , de peur de lax€êr
que les Papes & les Théologiens la fendent prendre aux Grammairiens une autorite
ordinairement fur quelque paflâge de TEcri- que les Evêques , qui ne font pas toujours
ture. La dottrina délia fanta Madré Chiefa les plus habiles , craignoîenc de trouvez
Romana , Madré 6» Mae/ha di tutte U altre , très-préj udiciable à la leur •
ejferefondata in gran parte da ' Pontefici Ro^ 2i. L'on ne pouvoit pas dire^fans lui faire
mani & da* Theologi Scolajlici , fopra injure , que l Eglife Romaine fa bien-aimee
qualche paffo délia fcrittura. eût étéfruftrée d'un fi grand bienfait. ] Ceft
II. Ce/ nouveaux Grammairiens jette- ain/i que les fyflémes s'établiflent , non fur
roient de la confufion par-tout , &c. ] Ces des preuves & des faits , mais fur des con-
&ncsde raifons populaires, qui réellement venances. Il eft évident par laveamime
DE T R E N T E , L I V R Ê I. 171
fa bien-aimce eut été fruftréc d'un fi grand bienfait : Que par conféquent mdxlvi.
il étoit fort probable que le même Efprit £aint c[ui avoir didé les Livres fa- ^^"^ ^^^'
crés, avoit auflS diûc laTradudion que l'Eglife Romaine avoir adoptée, "— ~— ~
Mais d'autres ayant de la difficulté à taire un homme Prophète ou Apôtre
uniquement pour lui faire traduire un Livre, adouciflbient cet avis en difant:
Que le Tradufteur n avoir pas eu Tefprit des Prophètes & des Apôtres ,
mais un qui en approchoit fort : * ' Que fi quelqu'un trouvoît de la difficulté
à accorder TafTiftance de TEfpric de Dieu à l'Interprète , il ne pouvoir la
refufer au G)ncile : Et que comme le Synode aprouvoit la Verfion Vulgatc i
& prononçoit anathème contre ceux qui ne la recevroient pas , elle cfcvoir
être jugée fans erreur*, non pas parce que -celui qui l'avoir écrite avoir été
infpiré de l'Efprir de Dieu > mais à caufe de l'autorité du Synode qui l'àu^
roit reçue pour divine,
D. IJiJore Clarius de Brejfe^ Abbé Bénédiétin» fort habile en cette matiè-
re, ^ attaqua ce fentimenr par un détail hiflorique, dont la fubflance fé elleury, I,
réduifit à faire voir , qu'il y avoir eu dans la primitive Eglife plufieurs Ver- '4i« ^^lU
fions Grecques de l'Ancien Teflament , qvCOrigènc avoir ramaffees en un
feul volume & rangées en fix colomnes : Que la principale étoir celle des
LXX , donr on avoir fait diverfes Traduâions Latines , auffi-bien que de
f Original Grec du Nouveau Tcftamcnr^ *4 Que la plus fuivie de ces Ver-
3e 5. /rro/ne le principal Aotear âe la Val- pa$ qu'on Concile puilTe juger antrement
^te y qu'il n'a été rien moins qa intpiré. de ces faits que ne feroic un particulier.
Cependant comme il écoit plus commode D'ailleurs il eft atifez difficile de concevoir
pour établir l'authenticité de cette Traduc^ comment le Concile de Trente , quelque
tion de croire que le 5aint-E(prit en avoit afHftance de Dieu qu'on lui accorde , a
au moins dirigé l'Auteur , ces Théologiens ' pu fans aucun examen préalable prononcer
pour couper court à toutes les difficultés fur l'authenticité de la Vulgate , a l'exdu-
n'héfitoient pas à aflurer que Dieu l'avoic iion mime des Textes Originaux , dont il
£ùt , parce qu'ils jugeoient qu'il l'a voit du n*a pas ain£ reconnu l'authenticité. Ce
£ure. C'ed à de pareilles convenances qu'eft laifbnnement n'eft donc qu'un fophifme»
Aà le fyftèine de l'in&illibilité des Papes Se puifque cette force d'afmlance générale
beaucoup d'autres , dont en - vain on re- ne peut fervir que dépendamment des
chercheroit d'autres preuves que l'intérêt moyens naturels » qui frute d'avoir été em-
que l'on trouve à les établir poo^ trancher ployés avant qu'on déclarât cette authenti-
cout d'un coup toutes les difficultés. cité^ ne donne pas plus d'autorité à la Vul-
X i Que fi quelqu'un trouvait de la dîffi^ gâte qu'elle en avoit auparavant ^ & la lailTe
eulté à accorder l'affiftan ce de Dieu à Vin- toujours inférieure aux Originaux.
terprête , il ne pouvait le refufer au Con- 14. Que la plus Juivie de ces Verfions
cile, ] Mais en fuppofanr même cette affif- Latines de l'un & l'autre Teflament , &c. ]
Cance accordée au Concile , tout ce qu'il M. Amelot , que M. Dupin & le Conti-
côt pu feire étoit de juger {\ la Traduftion nuateur de M. Fleury n'ont fait que co-
étoît conforme à l'original , & exaâe* pier , a fort brouillé cet endroit , qui eft*
ment fidèle. Et comme cela ne fe peut efïèébvement un peu embarraflfé dans l'O-
faire que par les régies ordinaires de la Cri- liginal même, auffi bien que dans la Ver-
tique ^ & par une comparaUbn eiade de iion latine. Cai le Tradu^eur dit , quiî
]a TraduâioD ayec rOiiginal , on ne voit s' efl fait plufieurs TnàviQÀOïtà du Nouveau
X7X HISTOIRE DU CONCILE
MDXLYx. (ions Latines de Tun 6c l*aucre Teftamenc » Se celle qui avoic été lue dinf
Paul III. |^ Eglifes Se qui s'appe^loic Italique , avoic été ju^ée la meilleure par $« jiu^
■- jfZj/Zif^i 9 qui croyoic cependant qu'on dévoie lui préférer fans néiîter les
Textes Grecs : Que S. Jérôme , qui » comme tout le monde favoit ^ était û.
verfé dans la connoiflance des Langues , voyant que cette Traduction de
l'Ancien Teftament s'écartoit quelquefois du fens cle TOriginal Hébreu pac
la £iute de llnterpréte Grec ou Latin » avoit fait une autre Traduction La«
tine de l'Ancien Teftament fur l'Hébreu » & avoit corrigé celle du Nou-
veau fur le Grec : Que la réputation de ce Père avoit fait recevoir â plu--
£eurs fa Vcriîon » tandis que d'autres plus attachés aux erreurs de i'Anti-
auité l'avoient rejettée, foit par éloignement pour tout ce qui eft nouveau»
toit > comme il s'en plaignoit , par une efpièce de jaloufie : Que le tems
ayant diflipé l'envie que fon entreprife lui avoit attirée, fa Verfion avoit été
Cûfin reçue de tous les Latins , Se qu'on s'étoic fervi indifféreaunent des
deux Yerfions Latines en les diftinguant par le nom d'ancienne & de nou-
velle : Que S, Grégoire dans fon Expoiltion fur Job > difoit à Léandre de
Séville , que le S. Siège fe fervoit également de ces deux Verfions ; mais
que pour lui il avoit préféré la nouvelle comme plus conforme à l'Hébreu »
quoique (buvent il citai ç^tôt l'une Se tantôt l'autre, félon quei'une ou
l'autre convenoient mieux, à ion d^^cin: Que dans les tems fui vans, en
prenant quelque cho(e de l'ancienne & de la nouvelle, félon que les con^
jonâures l'avoient exigé , Ton en avoit fait une des deux , à qui on avoit
donné le nom de Vulgate ; Que les Pfeaumes étoient tous de l'ancienne
Verfîon, parce que l'ufàge où l'on étoit de les chanter tous les jours dans
l'Eglife n'avoir pas permis d'y rien changer : Que les petits Prophètes étoienc
tous de la Traduâion nouvelle , Se ks grands mêlés de l'une Se de l'autre :
Qu'il étoit bien cenain que tout celas'étoir fait par la difpofition de la
Providence , fans laquelle rien n'arrive \ mais qu'on ne pouvoir pas dire
?u'il fallût pour cela autre chofe qu'une habileté purement humaine : Que
. Jérôme enfeignoit ouvertement , qu'aucun Interprète n'avoit eu d'inA>i<«
ration pour traduire : Que la Tradu&ion dont on fe fervoit aujourd'hui
étant
Teftament Grec l l'une de/quelles appellée Latino » fi corne varie anco nefiirono €m^
V Italique eft U\meitUure de toutes : ce vau del Novo Teftamento Greco , unA
qui fembleroic faire entendre , que TAu- de quali lapiù fepi'ua & letta nelUCàiefd
tear ne parle ici que d'une des Verfions du fi ehiama Itala , &c. Ce qui a cauS la
Nouveau Teftament , au - lieu qu'il s'agit méprife du Traduéleur , c'eft qu'il a lap-
de la Verfion de l'Ancien comme du Nou* poné ces paroles una de quali fimplemenc
Teau , ainfi que Ta fort bien remarqué M. à une Verfion Latine du Nouveau Tefta-
Simon % Se (ans doute que fra^Paolo a ment , au * lieu que dans Fra-Paolo eUts fe
parlé de la Verfion de l'un & de l'autre, rapponent à cette même Verfion unt de
IM quefle^ dit -il en parlant des difii^re a tes l'Ancien que du Nouveau « qui eSeétive«(
Traduâions Grecques de l'Ancien Tefta- vement portoit dans l'Eglife le nom Slta*
ment , la principale fi ehiama de lxx ^ lique^
délia quale ne furono anco trotte diverfe in
a;.Qi
^Pjtn nu
DX T)R)E N T E, L I y^r^e IL 175
-4kanc âe'Juipour la plas^cancie parue, il ^y auroit de la témérité à donner
idc l'infpiration à uaEciivaia , qui afluroit lai^çme n'en avoic eu aucune :
Que par coofèquent on ne pouvoit jamais égaler aucune TraduAion au "'"*"""'"^^
Texte original : Qu'il cooit donc d'avis qu'on préférât la Traduction Val-
•^te à toutes les autres , & qu'on l'approuvât après l'avoir corrigée fur* le
Texte or jginal : Que cependant il falloarfaice détenfe d'en faire aucune au-
tce» 6c qu'en réfisrmant celle- iâ, toutes les autres s'écêindroîent peu à peu :
Que par-là on préviendroit cous les inconveniens qu'il y avoit à craindre des
nonveUes Traoudtioas , &queles Théologiens avoient marqués & cenfurés
£ judicieufen^nt dans les Conerégatioas précédentes.
jindré def^égattzncifcsdnf^ mfant l'office de médiateur entre les Au-/F!eiiry, U
.ftaxs de ces deux opinions , approuva c& que dit S. 7#i^«zey que l'Interprète i4i.N''7z^
n'a rien de l'Efprit prophétique » ni aucun don d'infaillibilité^ comme auffi
le fentiment de ce Père Se de Saint Auguftin » qu'on doit corriger les Tra-
.duâions fur les Textes originauxt^Maisil ajouta en même tems : ^f Que
-cela n'empechoit pas de dire que l'Eglife Latine tenoit l'Edition Vulgate
pour authentique, parce qu'on devoir entendre, feulement par-là, que
cette Verfion ne contient rien de contraire à la Foi'& aux bonnes mœurs ,
quoiqu'elle ne rende pas toujours exaélement la force des expreffions^ le
: iens des paroles , étant impoifiUe de traduire d'une Laneue dans une autre ,
.ians reftreindre od fans étendre le (êns du Texte , & lans employer qucU
«que métaphore ou quelque autre - figure ; Que la Vulgate avoir été fuivie
pendant plus de mille ans dans TE^life, & qu'on favoit qu'-elté étoit
-cxemte d erreur ic dans k' Foi & dans les mœurs : Que les anciens Conci-
les l'avoient jugée telle & s'enétoient fervis fur ce pied , & qu'ainfî on de«
. voit la retenir , l'approuver , & la déclarer authentique en ce fens > c'eft-à-
dire , qu'on pouvoir la lire fans danger de ton^ber dans l'erreur ; ce qu'on ne
-fèroit pas pour empêcher les Savans de recourir aux Textes originaux Grecs
& Hébseux , mais pour arrêter ce grand nombre de Traduâ:ions nouvelles,
' qui ne fervoicnt qu'à caofer de la confusion.
LIT. A l*égard du quatrième article, qui regatdoit la clarté du (êns de Diffutêfi^
VEcriture , les avis furent partagés , & ce qui donna lieu à ce partage fut ce ''^ *^**
qu'avoir enfeigné Se pratiqué le Cardinal Cajitdn , % c'eft-a-dire, de ne ^l^^^s iH^
point rejetter les fens nouveaux , quand ils convenoient. au Texte , & qu'ils terprét
fi'étoient point contraires à d'autres palTages de l'Ecriture , ni à la doârine mûden
fenvent
if. Que etU n'emp/ckoh pas 'de dire ; deqaoi la plàpan des Savans » .6c quelques- p écriture»
. ifue l^EgUfe Lmine tenoit la Verfion Vulgate ans mime da nombre des Proteftans , con- ,^ p^iii^y, \^
yfOUT authentique , te. ] Si par cela, coch- viennent aajoordliai , & ce que Fega a ^^ q^ ^g/
me femble le &ire entendre Féga , le Con* pu foutenir fans préjugé. Mais qu'elle foit fleurv y L*
tQÎlâ a*a rien piétenda autre cnofe y6»oti 'de mAflité autorké que les Originaux, & i4i,N^7 5^
>4ae cette V^on eft moins fufpede que ioac-à-&it parfaite , c*eft ce qui eft enriéte-
^foucesAes autres, comme étant antérieure à ihentinCyotenable, & ce qu'on peut raifon-
{Qutes . les conccftations , & tout confidéîé . nablamenc penferque. le Concile n'a pas eu
. mpiiis ^iéfeâueafe quaucme' autre s c'eft en?îe de fixitenir*
ToMs I. Mm
Uis
mùdeme»
174 HISTOIRE DU CONCILE
lâmcLYx. cle la Foi » quand bien même le torrent des Doreurs donneroic dans un an*
Paul III. ^^g fçj^j. q^^^ n'ayant pas attaché Te fens des Ecritures au jugement des
■ ' Anciens: Qu'autrement les Savans d'aujourd'hui & ceux qui viendroiene»
n'auroient plus rien à faire qu'à tranfcrire les autres \ fentiment , qui parmi
les Pères & les Théologiens eut des partifans & des adverfaires.
Les premiers trouvoient que c'étoit une efpèce de tyrannie fpirituelle»
d'empêcher que lesl^idèles n'exerçaflènt leur efprit félon les grâces que Dieu
leur avoir données , & que c'étoit leur ôter la liberté de mettre â ufure des
calens qu'ils avoient reçus : Qu'il falloir attirer les hommes â la leâuredes
Livres (acres , par les charmes même de trouver quelque chofe de nouveaa ;
» Se que (i on les privoit de ce plaifir , ils n'auroient que de 1 eloignemenc
pour cette étude f Se k livreroient à celle des Sciences profanes : Qu'ea
abandonnant la leâure des Livres faints » ils perdroient aufli tout le fenti-
ment Se tout le foin de la pièce : Que cette variété des dons fpirituels faifbîc
la perfeâion de l'Eglife , rémoin les Ecrits des anciens Pères , dans lefquols
on trouvoit une grande dtverfité de fentimens , & fouvent même de la con-
trariété , mais toujours jointe à une extrême chatité. Et pourquoi , difoienc-
ils , ôter à notre (iécle une liberté dont avoient joui tous les ancres , & qui
avoir produit tant de fruits fpirituels } Que quoique les Scolaftiques n'euf*
fent entre eux aucune difbute fur l'intelligence de l'Ecriture , ils ne laiflbieat
pas d'avoir de grands difiérends & fouvent auili dangereux fur les points de
Reli^pn : Qu'enfin il valoit mieux , i l'exemple de l'Antiquité > laiflèr la
liberté d'interprérer diverfement l'Ecriture » que de la'reftreindre.
Les autres difoient au contraire : Que la licence populaire caufant en-
core plus de defordre que la Tyrannie, il falloir en ce tems tenir en bride les
efprits qui étoient fans frein, & qu'autrement on ne verroit aucune fia
aux conteftations : Que l'on avoit permis autrefois d'écrire fur les Livres
faints, parce qu'y ayant alors peu de Commentaires on avoit beibin d'en pu-
blier , & que les hommes étant d'une vie fainte & d'un efprit plein de mo-
dération , on n'avoit point à craindre de confuHon comme dans le tenus
préfent : Que les Scolaftiques voyant que l'Eglife n'avoit plus befoin d'au-
tres Commentaires , & que l'Ecriture étoit non-feulement fuf&fammeat
mais même abondamment éclaircie , ils avoient pris une autre méthode de
traiter des chofes (àintes : Que s'appercevant que les hommes avoient da
r^nchant pour la difpure , ils avoient ju^é qu'il valoit mieux les occuper
l'examen des raifonnemens & des opinions à* j4riftoec^ pour les entretenir
dans le refpeâ de l'Eaiture , qui s'a£R>iblit par les difputes & par la manière
trop familière avec laquelle on en traite. L'on pouffa même ces maximes ii
^ ^^^^* ^* ^^^^ > ** ^"^ Richard du Mans > Francifcain > dit ** que les Scolaftiques.
lé* Richard du Mans, Ffaneifcain, dît traire que cdie-cîà tout ce qae nom
fut Us Scolaftiques avoient fi bien éclairci apprend l'Antiquité for la leâurc de l'Ecris
alors les dogmes de la Foi , quil n'étoii plus ture Sainte. Nous aurions peine àen crotte
néeejfaire de les apprendre de F Ecriture.] ici Fra-Paola^ fi nous n'avions vu de nos
II n'y a point de maxime au monde fi cou- jouxi (e seytiÛa ont pareille diffiuc ^ 4^
DE TRENTE, Livre II. ly^
«iroîent fî bien éclairci alors les dogmes de la Foi , qu'il n*étoic plus nécef- md^ivu
fiûre de les apprendre de TEcrirure : Qu'il écoic vrai qu'autrefois on la lifoic ^^^^ ^^^
dans TEglife pour Tinftruâiion des peuples , &c qu'on l'étudioit dans cette ■
snême vue \ mais qu'à préfent on ne la lifoit que par forme de prière > Se
au'on ne devoir plus s'en fèrvir que pour cela , & non pour en faire un
t>jet d'étude : Que c'écoit-U en quoi confiftoit le refpeâ: ic la vénération'
que chacun devoit à la Parole de Dieu : Mais qu'au moins on devoir en in«
cerdire l'étude à quiconque n'étoit pas rompu dans la Théologie Scolaftique ;
& que les Luthériens n'avoient fait de progrès qu'auprès de ceux qui n'étu-
dioient que l'Eaiture* Un tel avis ne laiflapas que d'avoir des partifans.
. Entre ces différentes opinions » il 7 en avoit deux qui tonoient com-
me le milieu. L'une; : Que l'intelligence de l'Ecrimre n'étoit point réfervée
s^ix feuls Pères , d'autant plus que leurs fens font fouvent allégoriques Se
xareoient lictéraux , & que ceux qui fe font attachés à la lettre » l'ont fouvenc
accommodée aux a&ires de leur tems , en forte que leur expofition ne con-
vient pas à ce qui fe pafle dans le nôtre : ^7 Que le pieux Se doâe Cardinal
de Cufa avoit lavamment remarqué » que l'intelligence de l'Ecriture de-
un Corps de Théologiens qoi fembloient au ums > &c. ] Il eft bien certain que
iroir confpiré à 6ter aaz Fidèles la connoïf- Tintelligence de i'Ecritare n*a poiac été
itnce êc la leéhire des Echtores. Vouloir tellement léfërrée aaz Pères , que les In-
nous Tenyojer aux Scolaftîqoes plutôt qu'à terprétes modemes ne puiflènt (ans témé*
rficricure pour nous inftmiie de la Religion rite ajouter de nouvelles lumières a Tin-
9c des dogmes , c'eft vouloir nous £iire ac- teiligtnce de l'Ecriture. L'on peut même
croire que la connpiflânce de la Religion dire qu a la léCeive de trois ou quatre Pe-
confiAe dans des fpéculations & des fubti- jts, les travaux des autres for l*Eciicure(bnc
lit6s philo(bphiques , Se quon ne fauroit bien éloignés de la perfedion où des per-
•ttie Chrétien Gins être au fait d'une infi- Tonnes médiocres pourroient atteindre de-
nité de précisons métaphjfiques , & fans puis Térade des Langues & de la Critique*
adopter les fanuifies du monde les moins Mais je ne (ai, û 'pour cela Ion peut trai-
fondées & les moins raitônnables. Ce qu*a- ter de favante la remarque do Cardinal de
joute le même Théologien, que l'Ecriture Cufa, que l'intelligence de l'Ecriture doit
ne doit plus faire â préfent l'objet de notre s'accommoder au tems» Ao moins je ne
dtude , & que c^eftlâ en quoi confifie le refpe6i puis pas dire , qu'elle Toit ion judicieufê.'
qtie nous devons avoir pour eUe ^ eft d'une Carfilefens de l'Ecriture eft tellement ar-
a&furdité (i exceffive > qu'on a peine i con- bitraire , qu'on doive ou qu'on puifle l'ac-'
c^voir qu'on ait pu poneî jufques-là la fo- commoder au tems» il nj a plus de fens
lie. Car s'il eft vrai que les Çexitures ayent fixe auquel on pui(& s'attacher , & chacun
été données pour nous inftroire , quel autre 7 trouvera tout ce qu'il lui plaira d'y décou-
refpeâ peut-on leur montrer qu'en les étu- vxir. Il eft vrai , que s'il ne s'agit que d'ap-
diant s & quelle étrange forte de vénéra- plication de l'Ecriture, cela fe peut faire à
tion feroit-ce , que celle de fe £iire un devoir des événemens tous difièrens. Mais il y a
dlignorer un Livre qui n'a été écrit que une extrême difiërtoce entre l'intelligence
pour nous éclairer & nous dire connoitre de l'écriture, & l'a^^icarion qu'on en peur
1$ vérité & nos devoirs ? &ire » & ce n'eft nijar leièns qu'y donne
x-Jm Que le pieux £• do3e Cardinal if l'vi&ge préfenjt, mais par les régies ordinal-
Cufa avoit favamment remarqué , que Vin* res de la Critique , qu'op doit juger du fens
uUigencedi récriture devoif s' gccom/poder de l'Ecriture , comme de tout autre ',Livré«.
Mm % • •*
vjé HISTOIRE DU CONCILE
uMCLvi^ voit s'accomtncxler au tems^ & qu'on devoir l'expliquer félon la pratique
Pavi UL régnante -, & que par conféquent on ne devoir point ôttc furpris^ lî rEgiife-
' rinrerprétoit d'ùtlo nianièteen un tems'& d-unc-aurre manière après : Que
tel avoir été 1- eferir du Gon<âlo de Latrân » eh ordomnant que récrirure fût^
expliquée felôln les Dbâeufê dt TËglife', ou felotl rufage appromvé depuis'
long-cems» D^'ôà* r<Hï conoluoît ^ qu'on ne devôit- dérendre les iiouvdle^
interprétations de TEbriture , que^lor£:]U'*cUe&' ne^s'accoïkk^ieûtpas avec Id
fens qui étoit reçu- disons Tufagie ^ïéfentv
• ^'^7 ^ ^'^'^ Dùmimqut Soio y Domitiioaiii^ , * fît mie diftin Aion cnire les iMaiii^
I4J..N 74- tîères de Foi Se dt^rttœuiesr, ftles-autres, & dit: *• Que dtns ce qui re-
garde la' Foi' & les nrâtfuR, it éfoir jufte de contenir lescfprits dans lesbér-
nes que l'on av'okr n^arcpiées^ mais- que peur le refte ^ il s'f avoir niit itt^
convénient i iTÀtBèt ^Ihotïâtt chatenri en fon propre fetos > fkuf la piéré & 1»
charité : Que lésfVért^ n^'avoierit point prétendu ittlpefer aux autres là nè^
ceffité de les fuivr«F, esMWé^diHis' lès cnofes qu'il elt néicéflaire dd dseiire
A de faire: Que quand les-Pape^ dans leurs Décrétale^avoient intctprété
quelque pa^àg^ dé l'Ecriture eu tm fmsyils n'avoient pas préteïïda^ âret lar
liberté d y donner un autre fens raifonnable : Que telle étoit la penfée de S.
I Rom. ^^^^ 9 lorfquli difôit , ^ que celui qui avait U don deprophitk >c'eft' Ji-dire ».
XIL ^ d^interpréter les Ecritures , devoir le faire fcten C analogie de ta Foi y c'eft- i«
dire» d'une manière oontorme aux-arrides de la Foi: Qu'en£n & l'on ne:
faifoit cette diftin&ion , oin tomberotc dans des inconvéniefl» confidés able^».
^caufe de l'oppofirion qui ifè nonvedans le^dîffiirentes explicatieirs des aa*'
ciens Pères , qui font fou vent contraires les unes z\xx autres^
On MpfroM" ^'^^* T ô û T S s ces difficultés ne furent pas affès' fbrres pour etùpiébet
vê u Vul" qûè ta Congrégation , les Pères Se Tes Pi'élats frappés fortement de ce que-
X»ti^ pTû' 1 on avoit dix» que de (impies Granunairiens voudroiene donner la loi aux
fûfétnt itn Évèques & aux Théologiens y ne convinflênt prefq^ onanimemenc dap*
^.^^ T^ prouver l'Edition Vulgate. Etqaoione qnel<pie»-nn»» frappés des rai£>ns-
mrt&ij qu'avoient apportées quelques Théologiefts , raient d'avis qu'il étoit i pro^
pos de rémettre ptfui'leirs cet article ^ comme l'opinion An traire préiralar »
tt. Qti idhi et ^l rèfâfieté Fâi 6^ nient pt6pr« i en défttbmrer la tarifé ;
ier meurs , iféôit jtfii de cùnUrtirUief' cbnlnne <m peut t*eA corivamcre par pla^^
frits ààiu Us h&fhts fie Fait avait mat- fiétirs paf&iges allégués iivhne dans \H Ofr
pdis y sec^Ql^iqne 5m f^51< donmtf cms doftfinsiiï èsx Concile, tbat cete
^ et liberté tM iHcerprérei y cflt n'é- dépend d*un fàptt^nt de Critique , pour
i^ênt 6ic ptùfieùts autres Théofogietai dtf lequel l*Ëglî(e n'a famjris piÀéndu-à Tin»'
iSbncilë , le^ IJôtneS cjtl'il marque id ne &fllibiHté. lEfien àt% dogmes ('^▼^"^ ^^
fliiflènt pas <jae d^é eik:ore béideoii}» Vrais quoiqo'appuyés for de feible^ preQ«>
plni érrmret qUé là ftàSbti M lléxigé. Càf y(ft $ S^ otené veît ptfs qu- ft fdit contrane
qtioiquè l'Ej^iTe hérj^Mnettl^ pas qu'en $'é- ifi i lâ foi di aut bbfîhes moeurs » de n#
nrrte de (es déci£>h^ dans tè qui- côrt- pas admettre pour Ai, preuve' d*iin doglnê"
cèmè la toi El lès ifiâédfs s H /e peut âirë uH ptffftge de TÉicrituté etnplajré pfir uit
que les ps^ftgès de llScfituré fur lëfqueft Concile ^qôàild fêlôiiles régler d^ane iuAtf
éttes'ap^e âe iSliât {«i teè)i)tiss éj^. ÛStlqtie il «ft tfifibll ^iTll « Où aocse £Mr
D E T RÈ N T E, Li VUE IL 177
^ on ptopofa' que puifqa'onr approuvoic la Vulgatc » il convenoic de la. faire Moancy^
corriger, & de fornier l*Exemplairc fur lequel on dévoie rimpriuier. On ^^^^^^'*
OKivinr donc d'une voi» unaniine dé choiiïv iîxr perfonnes. pour rra^vaillec:
avec foin d cette conreâion , afin quelle pût pacoicreavanc la fin d» Con«
cfie; & on fe réferva la* libérée d'en augmencev le nombre, (i pacmi ceuat
^ viendtoient ai«areo»eif crouvoir quoajugcâc couc à fait propres à ce
travail.
L o R 9 Q u'o N fut à opiner fiar le quatrième artidr 9 preiqae tous & ren« O» défend
dirent à Tavif du Cardinal Pàchécoy qui repré&nto.: Que '^^rEcntucc: ayant ^^J^^?^^ ^
été expliquée par tsmcde gens éminens )?n pié(é &? cndciArine, ^'^^^^ MtKun^hnf
pouvoit pas efperer de rien ajouter de meilleur : Que les nouvelles Héréiies contraire i
étant routes neesrdes nouveaux fèns qu^'on avoit donnés 4 TEcriturc, ilétoit Udodrmm
iiéceflaire d'arrêter la licence des éfprits modernes , & de t'es obliger de fe comtmmt d$.
laiflèr gouverner par le» Anciens & par TEglife : Et que fi quelqu'un natflbit ^^"^
avec un efprir (ingulier, on devok le forcer 4 le renfermer au dedians de
lui-même , &à ne pasr troubler le monde en pabtianr toaterqu'it penfoit.
3 ^ La Congregarion du 29 fc paflà toute H'examen dw cinquième arri* DiffiêmM»
de •, ^ & les ThéoTogiciTS ayant parlé d^one manière indécife , & renvoya tout ^'' /* ^
à la volonté dur Corrcile , à ^ui il appartenoit de faire des Statuts , les Pères ^Jl^
ne favoient à quoi fe déterminer. Omettre entièrement T Anathème , c étoit / PaHav.
ne point finre de Décret de Foi , 8c renverfer dès le commencement Tordre L 6. c. 14.
éraoli de traiter en même tems d'une matière de Foi & de Réformarion:
Zfi On frûpofa^ que pmfqa'oft appraU" tant de gens imînenf ett jriM &' en doc^
VOU la Fidgase , il eomvenoit de la faire cor^ trine , l'on ne pouvoit pas efpinr dtsien ajow
ripr , 8cc. }.C*écoit ce femUe renverfer ter de meilleur, ) Ceut été bien dommag^^
' Tordre des choTes } & il eut été j^os nato- qoe cet avis eut abiblomenc prévalu , oa
yei que la révifion & U corredion de la do moins qu'il n'eut pas été lufceptible de
Volgtte précédalTent ^approbation. Rayn, quelque flYoïable interprétation. Car on
N^ 40. Car comment approuver tmechofe peut dire, que c*eft depuis le Concile de
one l'on reconitoit avoir befoin de xé- Trente qu'ont paru les meilleurs Commen»
rarme , fans (avoir fi la réforme (éra telle taiies du l'Ecritme ^mte que nous ayonsr^
qu'elle mérite Tappiobocion ? C'étoit ap- En effirt , comme cetto (orce d.'onvrage«k
pxaarûx une TraduâioR foi la fiippo£tion dépend infininnent de la comiotiitnce deo
incenaine qae la coneâion feroit bonne » Langues & de la Critiqire y 6c que cette
Se telle que chacun dût s'f (bamettre , fcience a été beaucoup plus cultivée depuit
quoique les Correâean n'euflent ni in(pi* ce tems qu'elle ne l'avoit été auparavant ,
xation ni in&illibilité. Mais comme on il eft aflez atiS d'en conclure contre le
▼ouloit prononcer fur le choix de tant de Cardinal Pacheco , qu'on pouvoit efpérer
f laduâions , & qu^il pouvoit arriver , d ajouter quelque cko(è de meilleur à ce
comme U aniva en efi*et , que le Concile qur avoit été bxt en ce gjmre auparavant.-
tinit avant que la lévifion (3t faite , on \\. La Conffigaûort du x9fepa f atouts-
fe hâta de déclarer la Vulgate anthenti- à t examen du cin^iime article. ] Paûa^^
que , Giuf à voir a{Mrès comment on s'j vicin met cette Congrégation au a 5 d&
prendroit pour la mettre en état de paroitre Mars. Mais il y a bien de l'apparence qu'île
telle. s'eft tenu plus d'une Congrépcion ûtf Uf
|0. VEçritttn syUHt àé îxpUfUepar jâ&Bie fuj/êu.
MDXLVI.
Paul III.
m
76.
O» fmrh
X7% HISTOIRE pu CONCILE
Condamner cl*Héré(ie quiconque n accejpreroic pas l'Edition Vulgate en
quelque endroit particulier & peut-être de nulle importance , ou qui par
— ^^ légèreté publieroïc quelque nouvelle explication fur l'Ecriture , paroifloic
une choie bien dure. Le tempérament donc que Ton prit après une Ion--
„, Ficury 8*^^ délibération , ™ fut de former un premier Décret , qui comprît feule-*
il' 141. N'' nient ce qui regarde le Catalogue des Livres faints & les Traditions » & de
le terminer par un Anathème ; de comprendre enfuite dans un fécond Dé«
cret où Ion devoir traiter de la Réformation > & où TAnathème n a point
de lieu , tout ce qui regardoit les Traductions & les fens de l'Ecriture ,
comme un remède qu'on oppofoit aux abus de tant de Traduâions & d'In*
terprétations impertinentes.
LIV. }^ Il reftoit encore à parler des autres abus , ^ dont chacun avoic
dt refermer recueilli un grand nombre > & entre autres de mille manières qu'emplôyent
Us mhms qui la foibleSè & la fuperflition des hommes pour faire fervir les diofes facrées
fifiy l^f' non-feulement à d'autres chofes qu'à celles auxquelles elles font deftinées ,
Cuhu* H9 ^^^ encore à des fins toutes contraires à leur inftitution. Il fe parla beau-
Vm fédtdê ^^^P ^^ enchantemens qui fe faifoient pour trouver des tréfors , ou exé-
tEeriture. cuter des deflèins lafcifs> ou obtenir des chofes illicites; comme aufli des
n M.N® 80. moyens d*y remédier. Au nombre des enchantemens ou des fortilèees , queU
Pallar, U4. qucs-uns mirent la pratique de porter fur foi l'Evangile , ou fc nom de
^* Dieu , pour prévenir les maladies ou s'en guérir, pour être préfervé des
accidens & des malheurs , ou pour avoir une bonne fortune -, comme aufli
celle de lire l'Evaneile dans la même vue » ou de l'écrire en obfervant le
tems. On mit aufli de ce nombre la pratique ufitée en certains Pais de dire
des Meflès fur du fer brûlant , ou fur des eaux froides ou bouillantes % ou
fur quelque autre matière deftinée pour fe purger de quelque crime ; celles
de réciter l'Evangile fur des armes» afin Qu'elles aient plus de force contre
les ennemis ; de conjurer les chiens » les ferpens , & les autres bètes nuifî-
btes , afin qu'on n'en foit ni mordu ni offenfé ; celle auflii de conjurer les
tempêtes & les autres caufes de la ftérilité de la terre : 8c l'on demanda que
toutes ces fuperftitions fuflènt condamnées , défendues ^ Se punies. Mais it
y eut de la difpute & de la conteftation fur différentes de ces pratiques ,
que quelques-uns défendoient comme des aftions de piété & de Religion,
51.// reftoit encore i parler da autres
dbus y &c. ] Pallavîcîn ni Raynaldus n'en-
trent dans aucan détail de ces abos : mais
le premier conyient qifon en avoit re-
cueilli on très -grand nombre , & qa on
fbt obligé de renvoyer la matière à la Sef-
fion foivante. Il paroit cependant par on
3|ae "
éCorcures on
fit mention en gros , & qu'on ^ condatnna
lous les o(ages (ùperfticieux , pro&nes ,
Ëtécret de la IV. Seflion , qoe fans entrer
dans le deuil de toos ces défordies on y
& indécens qo*on poovolt £iire de l'Bcri-*
tore y en abandonnant aox Evftcjoes le
choix des peines dont on po^yoit ponir
ces diffcrens abos. Ainfi ce ne font pas .
de ces abos qoe parle Pallavicin , lor(^o*il
die qoe l'examen en fbt renvoyé à la Seffion
foivante, mais de qoelqoes antres qoire-
gardoient les Leçons Bc les Pr édicacions ,
dont on ne traita en ef&t qoe dans la Sef>
(ion cinqoiéme i 8c c'eft aoffi ce que myi*
^oe Frm • Paoh peuapiès.
DE TRENTE,LiVRE IL 179
du tout au moins comme des chofes permifes & tolèrables > tandis que d'au- mdziti.
très iescondamnoi^nc comme pleines d'impiété & de fuperftition* Pareille ^^^^ ^^
difpute arriva , quand on parla de i'ufage qu'on fait des paroles de TEcri- "
cure pour des fortilèges ou des divinations,& des prognoftics que l'on forme
de ièntences écrites fur des billets que l'on tire au fort , ou de pafl^es
qu'on trouve à l'ouverture des Livres facrés. L'uiàge des paroles faintes dans
les libelles dif&matoires & autres railleries piquantes fut généralement
condamné \ & comme on parla beaucoup des moyens qu'on pourroit em-
ployer pour abolir les pafquinades de Rome , le Cardinal del Monte en té-
moigna un extrême defir> parce que la liberté & la gaieté de fon naturel
avoient fouvent fourni aux Courtifans matière à leurs bons mots. Tous
convenoient que la Parole de Dieu ne peut jamais être traitée avec trop
.ic refpcâ: \ qu'il eft contre la décence de s'en fervir pour louer les hom-
mes y ôc même les Princes & les Prélats ; & que généralement parlant >
c'eft un péché d'en faire ufage en toute chofe vaine. Mais cependant on di-
foit : Que le Concile ne devoit pas s'arrêter à tout cela » n'étant pas a(Iem-
blé pour remédier à toutes fortes d'abus : Que d'ailleurs on ne devoir pas
défendre univerfeliement d'appliquer quelquefois les paroles de l'Ecriture
à des affaires toutes humaines > & que & Antonin dans fon Hiftoire ne con«
damne pas les Ambaffadeurs de Sicile , qui demandant pardon à Martin IV
dans un ConCftoire public , n'employèrent pour expofer le fujet de leur An>
baffade d'autre^ paroles que celles-ci qu'ils répétèrent trois fois » ^ Agnus ^ 1o\l
Dti 9 qui tollis peccaia munS^ miftrcre nobis; a quoi le Pape ne dt d'autre XIX. 5.
réponfe que par ces autres paroles de l'Ecriture , qu'il répéta audi trois fois >
Av€ Rcx Judaomm » & dabant illi alapas : Que c'étoit donc aux Luthé-
riens une pure malignité de criiquer > comme ils faifoient, ce qu'avoit
dit TËvèque de Bitonu dans le Sermon fait à Touverture du Synode > qu'on
pourroit dire de ceux qui n'accepteroienr pas le Concile 9 Papœ lux venu in
mundum > P 6* diUxerunt homines magis untbras ^uam lucem. On employa p joh. IlL
beaucoup de Congrégations à la recherche des abus ', & la foiblefle desre- 19.
mèdes fe faifant mieux fentir à proportion que l'on découvroit un plus
grand nombre de trhofes à réformer 3 le parti le plus nombreux opina a ne
faire aucune mention détaillée ni des abus ni des remèdes , ou acs peines
particulières » mais de renfermer tout fous des chefs généraux , & de re-
mettre les peines â la difcrétion des Evêques. On parla audi des abus qui
fe commettoient dans les Impreflions ; mais on s'y arrêta peu , tous conve-
nant unanimement qu'il falloit mettre un frein à la licence des Imprimeurs »
& leur défendre de rien publier fur la Religion , qui n'eut été approuvé y
& qu'il ne falloit pour cela que renouveller le Décret du dernier Concile
•de Latran.
LV. M A I s il y eut un grand débat fur le fait des Leçons & des Prédi* . ^^*fi^^
cations. Car les Réguliers , oui depuis trois cens ans étoient en po(Teffion y^^ ^Y.vèau9$
de ces fonctions par les privilèges que leur en avoient accordé les Papes , ^ la Y^êgu^
faifoient tous leurs e&rrs pour les conferver \ & les Evêques en deroan^ Um » /«r U
HISTOIRE DU CONC3XE
umv^i. doienr ia xefticurion , comme d'une choie qui avoic'été'Ufucpfe fuctaxff
•lUui^IlL jqui hruraroortenoic en propre. Et commeilne $*agiiS)icpasUd'opintois
, , mais^d'incerccs, & que l'un ic l'autre parti prétendoient ^foutentr leurs
ehn \^j^'^^'^^^ par les etfècs » les Légats , qui ctaignoienr que ces ditfevends n'em-
faire des /#- ^pêcha({ènt qu*on déterminât rien avant le tems de la Seflion » séTolurcnc de
fons fubU^xtmçxxxc l'exataen de ces deux points à la Sellion ^fuivante.
^u€s. On forma donc deux Décrets, conformément à kréfolurion qui avoir
été prife *, & la leâure en ayant été Êiite dans la dernière Congrégation , ils
furent approuvés , i quelques changemens près qu'on fit fur Harticle de
l'Edition Vulgate. LtÇMàiusX dcl Monte termina la Congrégation par oOm
difcours , où après avoir loué la fcience & la prudence de tous les Pères»
il les avertiten même tems , que la Uenféance cxieeoit d'eux , a pré&ntqoe
les matières avoîent été fuffilamment- examinées dans la Congrégation , de
ae montrer dans la Seffion publique qu'un cœur & qu'une aœe. Le Cardi*
nal de S te Croix zptès là fin de la Congrégation raflèmbla ceux qui s'étoienc
opfK>fés i l'Edition Vulgate , 6c leur remontra , qu'ils n'avoient point à, iè
plaindre , puifqu'on avoir laide la liberté de la corriger & d'avoir recours
aux Textes originaux , & qu'on n'avoir défendu que de dire qu'il y avoir
des erreurs fur la Foi qui pbligeotent de la rejetter.
QuMtrUmê L VL L E 8 d'Avril jour de la Seffion 9 étant arrivé , la 'Mefle du Saiat
Seffiùn , & Efprit fut chantée par Salvator AUpo^ Archevêque de Saffkrvtn Sardaigne^
I^*# fur g^^ç Sermon prêché par Aumflin Arétin^ Général des Servîtes ; après lequel
^fwr^Us les Pères s'érant revêtus de leurs ornemens Pçnrificaux , on récita les Lita-
TraMtions. nies & les prières ordinaires. Elles furent fuivies delà leânre que fit l'Ai«
f Pallav. L. chevèque célébrant des Décrets, dont le premier ponoit en fubftancQLc
n ^ ' MO ' Q"^ ^^ Concile ayant pour objet de cooferver la pureté de l'Evangile pro-
Rayn. N ^^^ p^^. |g^ Prophètes , publié par Jefus-Chrift & prêché par fes Apôtres t
SpôncL comme la fburce ' ' de route vérité & la règle des mcrurs y 6c connoiflànc
N^y. que la vériré & les règles de Morale font contenues dans les Livres écritf
Flcury , L & les Tradirions non écrires , que les Apôtres avoient reçues de la propre
& du Nouveau Teftament , 6c les Traditions qui regardent la- Foi 6c k$
mcnurs»
5 $ . Comme la fouree de toute viriti (f
Ia régie des mœurs, ] Cefl ainfi qae s'ex-
prime hbcre Htftorien \ come' fonte £ognî
verità & dijciplina dfi coftumi , &c« ce
Sue M. Ameiot a mal lenda en tradui-
me, comme l^ fourudela vérité & de la
difciplifu , puifquil ne s'agit pas ici de di(^
cipline , mais de morale fdîfciplinade cpf
tnmi.
f 4* Que le Concile *— recevait ^ret
le même rejjfeél tous les Livres de l* Ancien
^ du tfouveau Teftament , J^ les Tradi^
tions qui regardent la Foi & Usm^urs,i
&c. ] Les ËvèqueS' de Fano Se ^e ÇlApggis
s'écoieot forcement oppoCfs. à ce Décrètes
& ce dernier avoic traité oaTenemenc
cette égalité à'impie. Il y aoroit de Tim-
piété en dSst à ^alej: la parole des hcmfr
mesi
MDZLTr.
D E T RENTE, Litre II. »8i
inœorâ > comme venues de la bouche de Jefus-Chrift , ou comme diâées
par le Saine Efpric , & confcrvées dans TEglife Carholique. Puis, après le Paul III.
dénombrement des Livres facrés , le Décret ajoutoit : Qu afin que chacun ■ ^
iut fur quel fondement le Concile vouloit s'appuyer pour confirmer les dog-
mes & réformer les moturs , h il prononçoit Anathème contre quiconque
ne recevoir pas pour facrcs & canoniques tous ces Livres entiers avec tou*
ce$ leurs parties , tels qu'ils font lus dans TEglife Catholique , & tels qu'ils
£c trouvent dans l'Edition Vulgate \ ^^ ou contre ceux qui de propos déli*
béré Se avec connoiflance méprifoient les Traditions.
Par le fécond Décret il étoit ordonné en fubftance, de tenir l'Edition
"Vulgate pour authentique dans les leçons publiques, les difputes, lespré^r
^cations, & les explications^ & défendu à qui que ce fut de la rejeccer^
^^7 On y défendoit aufii d'expliquer la Sainte Ecriture dans un fens con^
mes à celle de Dica , comme TEvèque
de CAioggia difbic que îa^iz le Concile
en égalant les Tiadicions à lEciicure. Mais
les Péies répondoient , que ne s'agidant
Ici que des Traditions divines , c*étoit
égcler la Parole de Dieu à elle-même ,
puifque d*ètre écrite ou non écrite, cela
ne change rien à (à nature. Le principe eft
très - vrai ^ mais la différence e(l infinie
ims Tapplication. Car on fait où eft con-
'tenue la Parole de Dieu écrite > au-lieu
que rien n'eft G, incertain que les Tradi-
tions non écrites , faute de pouvoir re-
monter avec cenitude jufqu'à leur origine.
C*écoic fans doute ce quentendoit Na-
chianti f Evèque de Chioggia , & il fem-
1>le qn*à cet égard il navoit pas trop de
fort de traiter d*impie Tégalité que l'on
mettoic entre TEcritare & les Tradi-^
lions.
5f. // prononçoit anathème contre qui^
^nque ne recevoit pas pour facrés 6» ca-
noniques tous ces Livres entiers avec tou*
tes leurs parties , tels qu'ils font lus dans
VEglife Catholique. ] En recevantcesdiffé-
rens Livres dans fon Canon , le Concile ne
failoit rien en quoi il ne f&t autorifé ou
par quelques Conciles piécédens , ou par
piufîeurs Ecrivains de l'Antiquité. Mais
C*éroit aller plus loin qu'on n'avoir été
jufqu'alors , que dy joindre TAnathême ,
& d'obliger de recevoir avec le même ref-
peA des Livres , à qui ceux même qui
oous les avoienc tianfoiis navoient pas
T O M s I. -
donné le même rang ni la même autorité*
Car on ne voie pas comment le Concile,
fans nou¥elle inspiration , pouvoit ordon-
ner fous peine d'Anathême de regarder
comme également facrcs des Livres que les
Juifs ou les premiers Chrétiens ne ret
peéloient pas comme tels, quoique pour
les recevoir nous n'ayons d'autre autorité
que celle des Eglifes dont nous les avons
reçus.
5 6. Ou contre ceux qui de propos délî-»
heré & avec connoiffance méprifoient Ufdi"
tes Traditions, ] Il e(l certain que la Parole
de Dieu mérite le même refpeft , foit qu'el-
le foit écrite , foit qu'elle ne le foit pas.
Mais ceux qui rejçttenj les Traditions , ne
le font que parce qu'ils doutent qu'elles vien-
nent de Dieu. Il n'y a donc perfonne qcA
de propos délibéré & avec connoiifance , les
méprife \ Ôc cet Anathème paroit lancé à
pure penp , puifque ceux contre qui il eft
poné ne les rejettent que parce qu'ils les
regardent comme des dodrines huitaines ,
qu'on n'a pas prétendu égaler à la Parole de
Dieu par ce Décret.
57. On défendoit aujji d'expliquer la
Sainte Ecriture dans un fens contraire à
celui que lui donne la Sainte EgUfe , 8cc. ]
Cette défenfe , quelque fpécieulè qu elle pa-
roifle , n'eft pas d'un grand u^age , puifqu'il
y a peu d'endroits de l'Ecriture fur l'expo-
ficion defquels le confenrement des Peref
foit unanime , & du fens defquels TEglife
W &ic une loi» 0 ailleurs ordonner ^09
Nn
JUPXLVI.
Paul. III.
lîi HISTOIRE DU CONCILE
traire a celui que lui donne la Sainte Eglife notre Mère, & au con(ente<-
ment unanime des Pères , quand bien même on auroit intention de tenir
ces explications fecrettes *, & on ordonnoit que ceux qui contreviendroienc
à cette dcfenfe fuflent punis parles Ordinaires. On y ftatuoit qu'il feroic
fait de la Vulgate une Edition très exadc. 3» On défendoit d'imprimer ,
vendre » ou retenir des Livres anonymes qui traitoient des chofes facrées ,
s'ils n'étoient approuvés , & (i l'approbation ne paroifToit à la tète du Li-
vre > )^ & cela fous peine d'excommunication & de l'amende pécuniaire
ordonnée par le Concile de Latran. Il y étoic fait pareillement défenfe i
tout le monde , fous peine de punition remife à la difcrétion des Evcques »
d'employer les paroles de l'Ecriture Sainte à des boufonneries , des fa*
blés , des chofes vaines , des flatteries , des médifances , des fuperftitions »
des ench'antemens , des divinations , des fortiléges, & des libelles diffama-
coires. Enfin le Décret fe terminoit par l'indiâion de la Sedion fuivante au
1 7 de Juin.
LVIL A p R e's la leâure de ces Décrets ^ le S^Btetaire du Concile > lut
iRayn.
NO 51.
sieur de
VEmfeteuf cent qui donneront de pareilles explica-
f réfente fes tions , & les tiendront fecrenes, feront pu-
Lettres de nis par les Ordinaires , c'eft avancer une
créance. efpéce de contiadidion ; puifque fi c eft une
chofe fecretre , les Ordinaires ne peuvent
jpas la punir. Mais fuppofê même quils la
connurient » de quel droit punir une chofë
qui n*efl pas une Ëiute , fi la nouvelle ex-
plication ne s'éloigne pas de refprit du Tex-
te ? La nouveauté par elle-même n eft pas
un ciime , & par conféquent ne mérite au-
cun châtiment.
) S. On défendoit dt imprimer , ^vendre ,
ou retenir des Livres anonymes , qui trai-
toient des chofes facrées^ &c. ] Les Loix
trop rigoureufes ne peuvent jamais fiibfif-
ter. C'eft ce qui a fait reftieindre celle-ci
même par la Congrégation de ï Index ; Se
toute refbeinte quelle eft , elle n*a jamais
^u d'exécution , du moins hors des païs d*In-
quifition. En France , perfonne ne fe &it un
fcrupule de retenir un Livre anonyme non
approuvé ; & il n*y a qui que ce foit ailleurs
même qui croye avoir pour cela encouru
l'excommunication ponée dans le Concile
de Latran de Tan If if , & renouvellée
dans celui de Trente. Cela n'a jamais été
regardé que comme un Règlement de po-
lice i & quoique le contenu en ait été con-
firmé par plufieurs Edits de nos Rois , ce
n'a jamais été avec la claufe d'excommuni-
cation, don( l'excès même prouve rinjufti-
ce. Voyez TOuvrage intitulé , Notes fur k
Conc. de Trente , p. z. & fiiiv.
l$* Et cela fous peine d'excommunîca^
tion & de l'amende pécuniaire ordonnée par
le dernier Concile de Latran. ] Quelques
Prélats dans le Concile, & entre autres l'Ar-
chevêque de Palerme & VEst<\\xtà' Aftorga;
s'étoient oppofés à l'amende pécuniaire infli-
gée ici par le Décret , comme à une ufiir-
pation fiir la PuiiTance Laïque. Mais la plu*
ralité l'emporta contre leur avis , quoique
le plus fage, fur cette vaine raifon de l'Eve»
2ue de Èitonte , que l'on doit reconnoitxi
ans l'Eglife tout le pouvoir qui eft néceflàî-
re pour le bon Gouvernement s raifon qui*
fi elle étoit admife , prouveroit que l'Eglite
a droit d'infliger non-feulement ^^ peinef
pécuniaires , mais même toute autre (brte
de peines temporelles , à quoi cependant
elle ne prétend pas. Auflî cette Loi n'a ja-
mais été reçue en France , comme étant
contraire à lanicle XXXVII de nos Liber-
rés , qui ne permet pas aux Juges Eccléfiaf-
tiques d'infliger aucune peine de cette efpé-
ce } & le Concile de Latran , dont celui de
Trente a emprunté ce Décret, n'a jamais
été reconnu comme (ai&nt loi dans le Ro-
yaume. C'eft ce que l'on peut voir plus aq
long dans l'Ouvrage cité dans la Note pxé^
cedente , pag. ;• & fui?*
DE TRENTE, LiTHE II. z«j
le Mandement dont ctoient charges les Ambafladeurs de TEmpereur , D. wortvi.
Diego dcMendo{c alors abfcnt , & François de Tolède. Celui-ci , après avoir ^^^ ^^^'
falué les Pères au nom de fon Maître en peu de paroles , fît un difcours ,
où il dit en fubftance : ^ Que tout le monde connoiffbit allez , que ce Prince ^ Labbc.
n'ayant jamais rien jujgé de plus digne de lui 9 que de défendre non-feu- ConcTrid.
lement le Troupeau oe Jefus-Chrilt contre fes ennemis, mais encore depag. x^j.
le mettre à couvert de toutes fortes de féditions ôc de tumultes, avoit vu ^^^^
avec une extrême joye ouvrir le Concile , que le Pape avoit convoqué : ^^
Que voulant en cette occafîon fe fervir de fon autorité & de fa puidance
pour le protéger , il leur avoit envoyé Mendo^e pour le repréfènter \ mais
3ue ce Seigneur étant arrêté par fes indiipofitions , il lui avoit été afTocié
ans la même qualité : Qu'il nereftoit plus qu'à unir enfemble leurs prières»
pour demander à Dieu qu'il bénît l'entreprife du Concile , & ^ ce qui en
étoit l'objet principal , qu'il confervât l'union entre le Pape & l'Empereur »
afin qu'ils puflènt travailler à affermir la vérité Evangélique, rétablir l'Eglife
dans fa pureté , & arracher l'yvraye du champ du Seigneur. On répondit j^^ /• ^^
À Tolède au nom du Concile : Que ion arrivée étoit très-agtéable au Sy- ç^f^jg^
node , tant par le refpeâ qu'on y avoit pour fon Prince > que par la pro-
teâion qu'on s'en promettoit : Qu'on attendoit aufli beaucoup de la fmcé-
rité Se de la religion de fon Ambalfadeur : Que le Concile l'embraifoic
unanimement > &: admettoit autant qu'il étoit de raifon le Mandement
dont il étoit chargé : Que les Pères étoient très mortifiés de Tindifpofition
de Mendo^e : Qu'ils rendoient grâces à Dieu de la bonne intelligence qui
étoit entre le Pape & l'Empereur , & qu'ils le prieroient de favorifer les
■defirsde ces deux -Princes, pour l'accroiflement de la Religion Chrétienne
& la paix de TEglifc. Tout ceci étant fait , la Seflîon finit par les cérémo-
nies ordinaires*, & les Légats ayant envoyé les Décrets à Rome j ils furent
publiés peu de tems après.
Cette publication fournit matière à bien des difcours , fur-tout en Ji^s^fnent
Allemagne. Quelques-uns trouvoient extrêmement étrange, que cinq ^'^ ^^^ /_
Cardinaux & quarante- huit Evêques euHènt défini fi aifément les princi "^^^^^
{>aux &c les plus importahs chefs de la Religion qu'on avoit laides )ufqu'a-
ors indécis , ^^ en donnant pour Canoniques des Livres jufques-là regar-
40. En donnant pour Canoniques des où il n*y avoit prefque que des Prélats Ita-
L'ivres qu'on avoii regardés jufque-là eom^ liens , & encore en petit nombre. Ce n'étoic
me incertains & apocryphes , &c« ] La fur- pas-la le moyen de ramener les ProteAanSk
prife naoit pas trop déraiibnnable , & on Auffî n*étoit-ce pas le but des Pères , qui
dévoie trouver un peu étrange , que ians de fongeoic bien plus à les condamner qu*à les
noatelies lumières on nrrft dans le même convertir , à moins que ce ne fut aux con»
^ang des Livres dont on avoit toujours dif- ditions de renoncer, je ne dis pas à leurs
tinguc l'autorité ; que &ns examen & fans erreurs , la chofe eut été jufte , mais de
■la comparer avec l'Original, on déclarât une Te foumettre non-(èulement à une infinité
Traduâion authentique > & que fans nécef- de chofes indifférentes, mais même d'abus
iîté on reftreignît la liberté d'interpréter la condamnables, qu'on ne juflifioit autreaienc
Parole de Dieu s & cela dans une Aifeoiblée que parce qu'iU^écoient intxo{lQitai / •
Nn X
i84 HISTOIRE DU CONCILE
HDxiTi. dés comme incertains Se comme apocryphes » en déclarant authentique anif
Paul III. Traduftion quelquefois différente du Texte original , & en reftreignant
*■——■"" la manière d'entendre la Parole de Dieu. 4» On difoit d'aillairs : Qu'entre
tous ces Prélats il n'y en avoît aucun de confidcrable par fa fcience ; qu'il
y avoit^quclqucs Canoniftcs qui pouvoient être habiles dans leur profef-
lion , mais qui n'avoicnt nulle connoiflance de la Religion ; 4* nue les
Théologiens qui fe trouvoient au Concile étoient d'une capacité au-de(Iou9
de la médiocre; que le plus grand nombre étoit de Gentilshommes ou
de Courtifans; &c qu'a l'égard de la dignité des perfonnes , quelques- uni
des Evèques n'étoient que de (impies Titulaires , & que la plus grande
partie des autres Prélats étoienc Evèques de villes (i peu confîdérables >
qu'on pouvoir dire que tout leur peuple réuni cnfemble ne faifoir pas la
millième partie de la Chrétienté. On aioutoit , qu'il n'y a voit pas en pacw
liculier un feul Evcque ni un feu! Théologien cf Allemagne. On deman*
doit commenr il étoir podible que parmi un (i grand nombre on n'en
eût pas pu envoyer un fail > & pourquoi l'Empereur n'avoir pas fair venit
quelqu'un de ceux qui avoienr affifté au Colloque, & étoienc inftruitt
des différends. Enfin on remarquoit , que de tous les Prélats d'Aile^
magne le Cardinal ^Ausbourg ctoir le feul qui eût un Procureur , en*
core étoir- ce un Savoyard. Car pour les Procureurs de l'Eledteur de Maytn*'^
ce y ils étoient partis deux mois auparavant , à caufe de la iiK)rt de leur
Maître.
D AUTRES difbienr: Que les points décidés n'étoient pas d'une au(S
41. On difoit d*aîl!curs , qu^ntrê tous te dans le genre de fcience qui eût été néi^
us Prclau il n'y en avait aucun de confi- cellâire poor décider de matières aufli abCr
dirahle par fa fcience. ] Quoique le Cardi- traites & audî profondes que celles dont oa
nal Pallavicin , L. é. c. 17. nous les donne traita dans ce Concile,
pour rélite des Ev^ues de la Chrétienté» 41. Que les Théologiens qui s*y trow^
on n*en voit pas cependant aucun d*un votent étoient dune capacité au-deffotu de
grand nom parmi les Savans. Fargas dans la médiocre. ] Notre Hifèorien ne rend pas
fon Mémoire fur le Concile « p. si* ^^^ i^^ toat-à-fait juftice à ces Théologiens. VL
avoue lui-même que dans la première con- y en avoit plufieurs fort capables èc même
vocation qui fe tint fous Paul III y à peine d*un grand nom , comme Clarius , Vega,
y avoit- il vingt perfonnes de ceux qui Soto , Catharin , & plufîeurs autres. Mais
avaient voix décifive dans cette Aflèmblée, leur capacité pour la plupart fe bornok à Is
quifufent capables du travail & de Tappli- connoillànce de la Scolaftique, qui n'étoîç
cation néceflâire pour examiner & décider pas celle qui étoic la plus néceffiûre alon. U
les matières qui s*y traicoient. Et Ton voie y en avoir quelque peu à la vérité » comint
cfieâivement par la leâore des fufirages , Ifidore Clarius , Marinier , & quelque» ai]k
que dans les matières de fpécnlation & de très , qui fembloient plus inftruits dans Is
^ogme tout fe regloit pbtât par les lumières Théologie pofoive s mais ils étoient en petit
its Théologiens que par celles des Prélats, nombre , & c*eft apparemment ce qui *
On ne die pas pour cela qu'ils fuflent tout- fiait dire à Fra-Paolo « que les Théologiens
à-&ic îgnorans. Mais l'éloge que £iit le qui fe trouvoient au Concile ^A7i</t/^'i^«rtf^
Cardinal de la littérature de quelques-uns pacité au-deffbus delà médioefe;c^Yzwdef .
A*eil pas ne ficove qu'ils fii(ftn( feu btbjf: âoaei f séyaliK zacemeAt dans^les décifeo^
DE TRENTE, Livre IL tts
grande importance qu'ils paroifloient : 4î Que rarcicle des Traditions , mdxlvï.
qui fcmbloit le plus important , étoit d'aflèz peu de confcquencc , puif- P^^^ HL
au'il ne fcrvoit à rien d'ordonner qii'on reçût les Traditions , ^ u l'on ne p .,
ifoit quelles étoient les Traditions , & qu'on ne donnât quelque moyen £ ^ ^^ ^gj
pour les connoîcrc : Que d'ailleurs on ne commandoic point de les recevoir ,
mais qu on défendoit feulement de les méprifer avec connoidance & de
propos délibéré ; de forte que ce ne feroit point contrevenir au Décret »
que de les re/ecter toutes aune manière refpedtueufe , à l'exemple des;
partifans de la Cour de Rome , qui ne rccevoient point l'Ordination des
DiaconefTes *, 44 qui ne donnoient aucune part au peuple dans l'éleâion de
fcs Fadeurs , quoiqu'il fiit certain que cet ufage étoit d'une inftitution
Apoftolique qui avoit duré plus de huit cens ans > & ce qui eft bien plus
important , qui avoient retranché aux Laïques 4f la communion du Calice
înftiiuée par Jefus-Chrift , prêchée par les Apôtres , Se obfcrvée par toute
l'Eglife il n'y avoit pas encore deux cens ans y & même retenue aâuelle-
ment dans toutes les Eglifes Chrérieiines excepté la Latine : Que il ce n'é^
toit pas là une Tradition > on ne iàvoit pas comment on pourroit s'y pren-
dre pour prouver qu'il y en a quelque autre : Qu'à l'égard de l'Eclitioft
Vulgate , c'étoit ne rien faire de- la déclarer authentique y (i parmi tant
d'Exemplaires diifêrens on ne pouvoir difcerner auquel il falloir s'en tenir.
Mais cette dernière réflexion ne venoit que de ce qu on ne favoit pas , que
le Concile eut député quelques perfonnes pour travailler à en donner une
Edition corredfce *, ce qui pourtant ne fe âc pas , pour des raifons que nous
rapporterons en fon lieu*.
4). Que r article de^ Traditions , qui au peuple dans réleôion Je fe$ PaffeoiS'J
fimblûU le plus important , étoit d'ajje^ ou la lui abandonner couce entière , fans enf
feu de confiquence , &c, ] Parce <pe le excepter TOVdination. Pallavicîn pour ré^
^tncipe décidé, HCvoir , que la Parole dé foter Fra-Paolo ^toûve la faulTeté de cette
Dieu écrire ou non écrite étoit de mênrM doniière propefition ^ que notre Hiftorien
•atoriré i que ce principe ,. dis-je , n'écoit n'a point avancée > & ne touche point à la
concefté de perfonne» & que le Concile ne première, qui eft certaine, & qui eft la feult
donnoit point de règles pour en faire Tappli- dont il eft ici queftion : Non concedono
cation. On ne domoit point qae les Traili^ lelettione de' Miniftri al popolo y che certor
fions qui renoienc de Jefus Chrift ne mé- ^ ejfer l'inftitutione Apoftolica , continuata
tkaifene le xt^mt refpeâqoe la Parole écri- per pià di $ fcoli > comme s'exprinle fra*
te ; mais on ne difoit point quelles étoient Paolo.
ces Traditions , & on ne donnoit aucuns ^s. La communion du Calice '^^ohfer*
mojens pour le connokrer Ceft ce qui a vie par toute VEglife p il n'y avoit pas en^
£iit dire à Fra-Paoio , que cet anicle étoit core deux cens ans. ] Avec la même bonne*
'^affe^ peu de confiqnence ; puiCque tant foi , Pallavicin , pour trouver matière k
qti'on demeure intertain quelles font ce$ critiquer /7'if-/'^oi(7^ remarque qu'il /avoir
Tndîttons , il n'eft pas polSble d*^n égaler bien plus die deux cens ans quon trouvoit
J'aotorité à celle de la Parole de Dieu. des exceptions à l'ufagp de recevoir le Ca^
44* Qui ne donnoient aucune part au lice. Mais ce n*eft nullmient de quoi il
petsple dans ViUSion de fes- Payeurs. ] 11 s*agit \ Se il n eft point queftibn de favoir &
jt bien de la diffibence entre donner pair ayant deux cens ans on ne di(j>eafbit gat^
i8(f HISTOIRE DU CONCILE
itDXLvi. LVIIL 4^ L E Pape ayant vu les Décrets de la Scflîon , Se Tcfléchiffant
Paul. IIL f^J. l'iajportance des matières quon y avoit traitées , crut que les af&ircs
. - du Concile demandaient qu'on y donnât plus d'attention qu'on n'avoit
prevd k ^^^^ P^*" ^^ pafle. Il augmenta donc le nombre des Cardinaux & des Pré-
cœur Us mf- lats » à qui il avoit donné la direétion des affaires qui fe pafToient au Con-
faires du cilc , & lordrc de lui en faire leur rapport ; &c par le confeil qu'ils lui
Concile y é* donnèrent aptès S 'êtrc aflèmblés pour la première fois, il chargea fes Lé-
donne p u- j^ ^^^^^ chofes. * La première , de ne publier dorénavant aucun Dé-
aux Légats^ ^^^^ dans la beliion , fans le lui avoir communique auparavant ; & d éviter
qui lut fro' aver foin la lenteur & plus encore la précipitation , qui pourroit leur faire
mettent de paflèr des Décrets mal digérés , &: ne pas leur laifler le tems de recevoir
>/ vrr fes jç Rome les ordres fur ce qu'il y avoit à propofer , à délibérer , & i con-
^jc Rayn. ^lure. La féconde, de ne point employer le tems à des matières qui n'étoienc
N®58. point en controverfe , comme on paroiflbit avoir fait dans la dernière
Pallav.L/. Seffion, où Ton avoit traité de chofes qui étoient inconteftables , & fur
^' ^« lefquelles tout le monde étoit d'accord. La troinèmé , de ne fouffirir jamais
fous quelque prétexte que ce fût qu'on vînt à difputer de l'autorité da
Pape.
Les Légats répondirent au Pape , qu'ils ob^roient à tout ce que Sa Sain-
teté leur ordonnoit. Mais à l'égard de ce qui avoit été décidé , ils dirent
qu'il s'en falloir bien que les Catholiques & les Hérétiques fuflfent d'ac-
cord fur ces points : Que non- feulement les Hérétiques , mais des Catho-
liques , & des Cardinaux même qui pis eft , révoquoient en doute la Ca-
nonicité de quelques Livres de l'Ancien & du nouveau Teftament , reçus
ar le Concile de Carthage , par les Papes Innocent L & Gclaft L par le
Concile in Trullo , & par celui de Florence : Que les Lurhériens atta-
quoient non-feulementles Traditions non écrites, mais qu'ils ne tendoient
même à rien moins qu'à les anéantir , en donnant à entendre que tout ce
qui étoit nécefTaire à falut étoit renfermé dans les Ecritures : Que quoique
ces deux articles duflent être régardés comme autant de. principes , ils ne
laiflbient pourtant pas d'être deux des points les plus conteftés & les plus
quelquefois & en quelques endroits de cet de ne point lailTer mettre en difpate l'aato-
ùfage, ou s'il étoit jugé âbrolument nécef- licé du Pape, étoit antérieur à la tenue de
cetuirc ; mais fi avant ce tems-là, la pia* cette Seffion, & que par conféquent ce ne
tique commune & ordinaire n ctoit pais de peut être la vue de$ Décrets qui le lui fie
recevoir le Calice. C*e(l ce dernier point donner. La chofe au fond eft peu eflentielle,
que foutient Fra-Paolo , & qui eftincon- & ne pèche que contre rexaàitade , &noii
teftable par le témoignage même àts Au- contre la fidélité de THiftoire. Mais il n'eft
teurs cités par Ton Adversaire , Lir. i6 , pas étonnant, que FrorPaolo fe foicqaei*
ç. i8. qui n*a nullement aSbibli cette pro- quefois trompé (ur les' dates ^ & que n 'ayant
pofition. vo ni les Aâ«s*ni uhe gfaiidc partie dti
"45. Lt Pape^yant vu les Décrets de ta Lettres originales des L^ats , il ait joirit
Sejfion — chargea fes Légats de trois cho- enfénnble plufieurs chofes , quoiqu'arrivées
fes, &c. ] Le Cardinal Pallavicin , L. i^. en divers tems.
c. 17. prétend que Tordre donné aux Légats ' • ',
ë
DE TRENTE, Livre IL ^8/
împortans qu'eue i décider le Concile : Que jufau alors il n y avoit point MDxi»vr.
eu d occafion de parler de l'autorité du Pape ou du Concile , finon au fu- ^^"^ ^^^•
jet de la claufe hepriftntant rEglifc UnivtrftlU , qu'on avoit voulu faire ■"— — '
ajouter au titre des Décrets : Que plufieurs défiroient encore cette addi-
tion> mais qu'ils l'éluderoient autant qu'il éroit poflible *i & que s'ils ctoient
contraints de l'admettre , ils feroient enforte que ce ne fiit qu en marquant
la manière de cette repréfentation , c'eft- à-dire > par le moyen du Cnef >
medianu fummo Ponnfict^ ce qu'ils ne croyoient pas qu'on pût leur te-
£ufcr : Qu'avec cette condition, Rome y gagncroit plus qu'elle n'y pcr-
droit : Qu'au refte ils voyoient la plupart des Pères tout-à-faic difpoies à
marquer au Pape toute forte de refpeâ > & que tant qu'il refteroit uni
comme Chef avec le Corps du Concile , ce qui feroit toujours tant qu'il
s'accorderoit avec eux fur l'article de la Réformation , il pouvoir demeu--
rer tranquille , & s'alfurer que fon autorité ne foroit point mife en con-
teftation.
-♦7 LIX. Ce fut après cette Seffion , que le Pape envoya y Jérôme Franco f * ^^fi
Nonce en Suiflè, avec des lettres pour les Evêques AtSion & de Coire y^^'^*^^*
& pour l'Abbé de S. Gai Scies autres Abbés de cette Nation, aufquels ^^/^ ^'^
il mandoit : Qu'ayant invité au Concile Général de Trente tous les Prélats ySkid. L.
de la Chrétienté , il étoit a propos qu'eux, qui repréfentoient l'Eglife 17. p. lyob
Helvérique, Se qui étoient d'une Nation qui lui étoit fort chère, & qu'il ^^7"-
regardoit comme les enfans particuliers du Saint Siège & les défenfeursp! ^^' r
de la Liberté Eccléûaftique , ne manquaient pas de s'y rendre. Qu'il y 141, ^ôo^'.
avoit déjà à. Trente des Prélats d'Italie , de France , & d'Efpagne , & que
le nombre s'en augmentant tous les jours, il ne convenoit pas qu'eux
qui en étoient plus voifins que les autres , fe laiflaflent prévenir par ceux
qui étoient plus éloignés : Qu'une grande partie de leur païs étant in-
fectée d'Hérefie, avoit encore plus beioin du toncîle que d'autres : Qu'en-
fin , en vertu de l'obéïfTance qu'ils lui dévoient Se du ferment qu'ils lui
avoient prêté , il leur commandoit ibus les peines portées par les Loix
de sy rendre au-plutôt, fe remettant pour le furplus à ce que fon Nonce
leur diroit fur cela de fa part.
Jusqu'alors l'affaire de l'Eleûeur de Cologne étoit demeurée en ^^ •xcom-
fufpens- » 48 Mais le Pape cédant enfin aux inftanccs du Clergé & de l'U. ^^"^^^ J^^-
47. Ce fut après cette Seffion , que le Evêques de Sion & de Coire, dont SUidan ^o^ogne , ($.
Pape envoya Jerôtne Franco Nonce en Suif- £iic mention. ^^ tj mo*
/J,&c.] Ce Nonce y étoit déjà depuis quel- 48. Mais le Pape — prononça contre^ r. ^^'
que tems , puifque par le Bref de Paul III l* Archevêque Eleêleur une Sentence défini- ^ ^^*
aux Cantons , il paroît qu'il leur avoit déjà tive, &c ] La date en eft du 16 d'Avril » Jj .'i £
écrit plufieurs fois par le même Nonce :A^0A nnais félon SUidan elle ne fut publiée que ^g^*
deflitimus crebris literis & mandatis perdi" le mois d*Aout fuivant. M. de Thou mar- Lig « \o%.
teBumfiUum Hieron. Franeumvos kortari, que cette Sentence au if , auffi-bien que xhuan. L,
&c. Ceft ce qui eft marqué dans le Bref du Raynaldus , quoique les Aétes Conûfto- x. N** j. &
X I d*Avril rapporté par Raynaldus , qui ne riaux qu'il rapporte la mètrent au i ^ , aufli* L. 4. N° 6.
parle point de ceux qui étoient adieflés aux bien que Pallavicin & Sleidan.»
z88 HISTOIRE DU CONCILE
upxf.vx. nivcrfité de cette Ville , foutenucs d'ailleurs par celles des Evcques de
Paul III. Lug^^ èiUtrtclu^^ de l'Uni verfitc de Louvaitiy prononça contie TAr-
chevêque Eieâciir une Sentence définitive, par laquelle il le déclaroif
N*^ioî excommunié, & comme tel le privoit 3e fon Archevêché & de tous fci
Sponi ' autres Bénéfices & Privilèges Eccléfiaftiques , & déclaroit fe$ peuples
N* x/. abfoas du ferment de fidélité, avec défenfes de lui obéir, comme ayant
encouru les Cenfures portées par la Bulle de Lcon X. contre Lutherie
fes adhérans , dont il avoir reçu, foucenu , & publié la dodrine con-
traire aux Régies Eccléfiaftiques , & aux Traditions des Apôtres , &auz
Obfervahces ordiiiaires de la Religion Chrétienne.
tes Tr^ L A Sentence fut iippriméc à Home i &c le Pape par une autre Bulle
ieftans s* en ordonna qu on obéît à Adolphe Comte de SchaJTcmiourg^ que TAr-
jMriteni ds- chevcque avoir pris auparavant pour fon Coadjuteur. Mais quelque inftan*
t;«»M^^, 6» ce qu'il fit auprès Je l'Empereur pour que Ql Sentence fut exécutée , ce
lu^tumêk P'^i^ce ne jugea pas à propos pour Tintérêt de fes affaires d approuver
feu it^Mrd ctizc nouveauté , dans la crainte .que l' Archevêque, qui jufqu alors lui
iè ^f//f ^«9- étoir demeuré entièrement fournis , ne s'unît avec les autres Proteftans
'*^*^f- Confédér,és. Il continua donc , ^ nonobftant la Sentence du Pape, de le rc-
«Pallar. L. ^onnoître pour Archevcauc , de traiter avec lui comme tel, & de lui adreflct
sicid. L ^^5 lettres çn cettç qualité. ^* Le Pape en fot piqué au vif, mais n'y
17. p. 188. voyant point de remède, & jugeant qu'il y auroit de l'imprudence i
Bclcar. L fe plaindre inutilement , il ajouta cet z&qnt aux autres qu'il croyoil
^••N Ao- avoir reçus de l'Empereur. ^^ Cette Sentence fit encore un autre mau-
vais effet, qui fut de confirmer les Proteftans dans l'idée où ils étoienr^
que le Concile n'avoit été convoqué que pour les furprendre. Car s'il
étoit
49. Le Pape en fut piqué au v//, &c. ] mauvais effet, ^c. ] Cette réflexion de noirf
Le Cardinal PaUavUin die qa*il ne croit pas Hiftorien eft extrêmement jufte , & rien
que le Pape en fut û fâché. Mais comme n*eft plus ridicule que le raifonnement de
il ayoae en mème-tems , que ce Pontife Pallavicin , qui demande oil Ton a va , que
fut obligé par bienféance de paroîcre defap- pendant qu un Concile fubtifle , le Pape oa
prouver beaucoup la conduite de TEmpereurs aucun aBure luge ait les mains liées Se ne
An^î io per me eredo al contrario del Soa- puiife exercer (a Jurifdidion. Car ce n'eft
Vf , che unn taie a^ione di Carlo poeo fpia- pas par défaut de Jurifdidion , qu on cou»
ceffe nell* interno al Pontefice ; ancorche teftoit au Pape le droit de pouvoir juger TAr-
per decoro dalla proferîta fenten^a moftrajfe cûevèque î mais par la nature mïme du
neir eftcrno di riprovarla i c eft juftifier Fra- délit , qui ne pouvant Acre regardé comme.
Paolo en môme tems qu*il feinble le con- un crime , tandis que le Concile n*avoi(
damner. Ce qu'il y a de certain , c'eft que point encoce prononcé fur la Doôrine ^
nonobftant cette Sentence Charles écrivit c étoit ou le condamner fans juftice , ou
à Hcrman comme Arcbevôque , & que ce faire voir que le Concile, comme s'en plai-
Prélat en conf'équencèdes lettres de ce Piin- gnoient les Luthériens , étoit alfemblé noa
ce ordonna des prières pour le fuccès de fes pour examiner leurs fentimens , comnna
armes , & n ofa fe joindre aux PriiKes ligués on le leur avoir promis , mais pour les con-
centre lui. damner : ce qui éroit un jugement préma«
/9. Cette Semence fit encore un autre Jgfé^ & par conféquenc in;ufte.
SuJH
DE TRENTE, Livre II. 189
étoît âflemblc pour examiner les difputes qui s'étoicnt élevées fur la M^xtTi.
Doârinc delà Foi, comment le Pape pouvoit-il condamner rArchcvc- ^^^^ ^^^*
que d'Héréde » & rendre contre lui une Sentence » avant que ces con-
ceftations fudènt décidées ? C etoit donc vainement > à ce qu'il leur pa-
roiflbit > qu'ils Ce feroient rendus â un Concile où dominoit le Pape ,
qui , quelque deHr qu'il eut de diflSmuler , ne pouvoir s'empêcher de
les regarder déjà comme condamnées. Ils ajoutoient, qu'il étoit même
vifîble que le Pape lui-même ne tenoit aucun compte du Concile , puif-
que , quoiqu'il fut ouvert , ce Pontife fans en faire aucune part au Sy-
node décidoit de chofes qui lui appartenoient. C'eft ce que le Duc de
Saxe fit repréfenter à l'Empereur par fes Ambafladeurs ; ^ qui lui re- , j.
montrèrent, que le Pape découvrant (i viHblement fes vues, il écoit^o^/
tems de pourvoir aux befoins de 1* Allemagne , par un Concile Natio-
nal ou par une Diète, où l'on traitât férieufement des intérêts de la
Religion.
LX. Pour revenir maintenant aux affaires du Concile, il étoit refté, Onitfpofe
comme on la dit > deux chofes de la dernière Seflîon à traiter, ^ ^^^^j^TV'P^
la manière de pourvoir aux Leçons de l'Ecriture , & aux Pré- Cu-Z^^f!',
croient y
ton
ché originel. ^^ Les Prélats Efpagnols *^ s'y oppofcrent en difant , que . / ^'^''
les abus qu'il y avoit à réformer par rapporr aux Leçons & aux Prédi-f^ij^^^r.
cations, fuffiroient pour occuper une Selîion", & les Prélacs Italiens Su- iRayn.
jets de l'Empereur furent de même avis. Les Légats croyant entrevoir N° 70.
3ue les Miniftres de l'Empereur avoient ménagé cette oppofition dans
es entretiens fecrets qu'ils avoient eus avec ces Prélats , en donnèrent
y il Et pour entrer en même tems dans les
matières de Foi , on propofa encore de trai-
ter tout enfcmble du Péché originel, ] Le
Card. PdUavicin &it ici une grande â)rtie
contre Fra-Paolo , pour avoir dit que les
Elpagnols & les Prélats Impériaux s*étoient
oppofés à ce quon traitât des Dognaes ,
& que les Légats en avoient donné avis
à Rome. Ce n'eft pas pourtant que la
chofc ne foie vraie , puisqu'il la reconnoît
lui-même , L. 7. c. 5 : mais c'cft que ce
ne fut pas dans cette première lettre qu ils
en informèrent le Pape. Ainfi toute la mé-
prife confifte dans un changement de date,
qui donne occadon à ce Cardinal de traiter
notre Hiftorien comme TEcrivain du monde
4e plus infidèle ou le plus mal inftruit. Mais
à des déclamations fi tragiques fur des 1116-
T O M £ L
prifes aufl! légères , il eft ai(2 de juger qu'il
&utque Fra- Paolo fur le fond ait été bien
fidèle , pui{que fans cela (on Adverfaire ne
fe fut pas arrêté à relever de pareilles mi*
nuties.
f 1. Les Prélats EJpagnols s'y oppoferent
en difant , qu'il y avoit ajfi^ dequoi occu^
per une SeJJîon , &c. ] C*eft ce qui eft attefté
par Rayrialdus N*' ^9. qui die que les Lé-
gats ayant propoff de traiter du Péché ori-
ginel , plufieurs s'y oppoffrent , & fur tout
les Efpagnols , qui , à Texception cependant
du Cardinal Pachéco , infiftérent à ce qu'on
traitât de la Réfbrmation ; licet nonnulli ,
ac potijjîmum Hifpani , excepto tamen Car-
dinali Giennenfi , de reformatione ante
omnia pertraBandum ejfe à Synodo infifie-
rent*
Go
190 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLVx. avis à Rome , ci où ils reçurent ordre ^ de gagner du rems jufqu*! ce
Paul III. qu'on leur envoyât une refolucion plus précife. lU le firent en effet ,
' n & pr une diligence pleine d*artince ils occupèrent les Congr^ations
ê Pallav, jufqu'a Pâques à Tcxamen des abus , fans rien déterminer fur ce point ,
& lans laiiler connoîcre s'ils vouioienc oa non qu'on^ entamât la ma-
tière du péché originel.
Peu de tems après Pâques y ils recurent ordre du Pape de la pro-
/Flcury, L. pofer. ^ ToUdt , averti de la lettre arrivée le i de Mai , le rendit chez
141. N^ les Légats j & dans le deflcin de pénétrer leurs vues , il feignit avec
p^.^*^ î^.°.*adrefle tantôt de leur donner confcil , rantôt de leur dire fimplementfa
Rayn/ penféefur le fait de la Reformations afin de les engager indireâemenc
N® 69, a féconder fes intentions. Mais voyant tous fes artifices inutiles , il dé-
clara enfin auifî ouvertement qu'il convenoit , qu'il avoit des ordres de
l'Empereur de faire inftance qu'on n'entrât point alors dans l'examen des
Dogmes > & qu on s'attachât uniquement à la Réformation. Les Légats
s'en défendirent par beaucoup de raifons» & dirent entre autres, que
ce qu'il dcmandoic ne fe pouvoir faire fans contrevenir aux Bulles da
Pape , & à la réfolution prife dans le Concile de ne point féparer ces
deux matières \ outre qu'ils avoient écrit à Sa^ Sainteté , que huit jouts
après Pâques ils commenceroient à faire examiner les matières de Doâxi-
ne. Il y eut plufieurs répliques de part & d'autre *, & fur ce que les
Légats direnr enfin qu'ils avoienr fur cela des ordres du Pape , &c qu'ils
ne pouvoient fe difpenfer d'y obéir , ToUde répondit , que le devoir des
hons Miniftres étoit de maintenir la bonne intelligence entre les Prin-
ces, & qu'ils dévoient quelquefois attendre de féconds ordres. Les J.é-
gats en convinrent \ mais ils dirent en même tems , qu'on ne devoit
pas exiger d*eux plus qu'ils ne pouvoient faire honnêtement. Ils info^-
nierenr enfuite le Pape de cet entretien , comme audi de ce que leur
avoit dit le Cardinal de Trente , que l'Empereur feroit très-mécontent ,
fi l'on propofoit l'article du péché originel. Ils ajoutèrent en même tems.:
Que comme d'une part ils- ibuhaitoient d'être des Miniftres* de paix &
de concorde , ic marquer de l'autre leur obéiilànce ï fes ordres , ils avoient
cru devoir lui donner cet avis en diligence , &c qu'ils le fupplioient de
ne point les laifièr faire de faafiè démarche : Que s'ils ne recevoient
poinr de (os nouvelles, ils fuivroient fes derniers ordres, & tâcheroienc
de perfuader à ToUde Se au Cardinal de Trente , que l'article du pé.-
ché originel n'étoit plus cçntefté en Allemagne , & qu'on convenoit fur
ce point , comme il paroi(Ibit par le dernier Colloque de Ratisbonne ,
où l'Empereur fans parler du péché originel avoit fait mettre l'article de
fj. Et par une diligence pleine d'artl- gati ftirarono aâ arte per qualche giomê
fice ils occupèrent, les Congrégations jufqu *à Vefame de due abufi propofti j finche tomaffi
Pâques. ] Ce neft point une imagination laftafetta di Roma con certificargli fopra la
maligne de Fra-Paolo , pnifque Pallavi- mente del Papafatto confapevoU délia nuoh
cin eit obligé d'en cenvenix loi-mime. / Le- yj mojfa de ' Cefariani.
DE T R E N T E , L I V K E IL 1J9
k Tuftification à la cèce de ceux fur iefquels il falloic chercher a fe coh- ui>xtvu
cilier : Et que pour lui donner le plus de tems qu'il fcrpic podible pour P-^ul. Ilf.
fc déterminer , ils s arrêtcroicnt le plus longtems qu'ils pourroienc honnc- -
cernent i expédier ce qui reftoit-de la dernière SelHon.
Il fè tint cependant une Congrégation pour délibérer uniquement, com«
ment on s'y pourroit prendre pour procéder plus régulièrement que par
le pa(ré , tant de lexamen des matières de Foi , que de celles de la Ré*
formation. Pour y parvenir, ^^ l'ondiftingua deux fortes deCongréga^
rions. L'une de Théologiens , qui examineroient les matières de Foi pro-
pofées , & -donc les opinions feroient écrites par un des Notaires du Con-
cile. L'on devoir auifi y admettre les Canoniftes , lorfqu'on y traiteroic
des matières de Réformation ; êc elle devoir fe tenir en préfence des
Légars , avec liberté aux Pères qui le voudroient , de s'y trouver. L'au-
Cf e forte de Congrégation devoir être compofée de Prélats , qui feroienc
chargés de dreffer les Décrets de Doârine ou de Réformacioa au juge-
ment du plus grand nombre , pour être pottés enfuite à la Congréga-
tion générale, où, après avoir été confirmés à la pluralité des fumages,
ils feroient pubUés dans la Seffion.
LXL L'on fuivit donc cet arrangement en traitant des Leçons 6c des Onremit
Pxédications. 8 L'on forma & rebrma difïci entés Minutes de Décrets , -/f'r.^ *«?''
uns pouvoir jamais couAirenir d'aucune donr rout le monde fût content; y'-^'^*!^
parce que d'un côté les Evcques ne vouloient aucunes exemtions , &c pré- ^^f Prédi-
rendoient tout foumettre à l'autorité Epifcopale > & que de l'autre les Lé cMioM.
gats vouloient maintenir les privilèges que les Papes avoienr accordés, ^Rayiu
aux Moines Mendians & aux Univerfités. n Après plufieurs difputcs la^^ ^^•
matière ayant été extrêmement débattue. Ton crut que l'on pourroit tout
accommoder dans la Congrégation du lo Mai. Mais tout le contraire
arriva, &c quoiqu'elle eût duré jufqu'à la nuir, on ne put convenir en
quelques points , à caufe de la diverfité des avis entre les Prélats mêmes ,
ni en pluueurs autres , parce que les Légats ne vouloient confentir ni à
la fuppreflion , ni au moins à la modération des privilèges. Ils repro-
choient aux Evêques , qu'ils agiflbient plus par intérêt que par raifon ;
qu'ils ne renoienr aucun compte du préjudice qu'ils faifoienr aux Régu-
liers -, & qu'ils entreprenoient trop hardiment de réformer les Conciles
précédens , & de toucher anx privilèges accordés par les Papes. Mais ce
n'étoit pas feulement la diverfité d'avis & l'intérêt des Evêques , qui les
çmpêchoient de x:onvenir de rien. Ce qui y contribuoit encore , c'eft que
S 4. L'on diftînpia deux fortes de Con-
grégations^ &c. ] Ces Congrégations avoient
déjà été établies aapararanc , comme on l'a
dit ci-deffus i & peut-être que Fra-Paolo
n'a voula dire ici autre chofe , (î-non que
l'on^exécuta alors le projet pris d'établir deux
ioTt^$ de Congrégations.
f f . Après plufifurs difputes , &c. ] Oa
en peut voir quelque deuil dans Paîlavicin^
L. 7. c. 4. où il rapporte les contellations
qu'il y eut entre le Cardinal del Monu 8c
les Cardinaux Madruce Se Pachéco , auili*
bien qu'entre les Evêques de fiéfoli Se de
Bcrtinore , & quelques autres.
Ooi
i9t HISTOIRE DU CONCILE
icBxivz. les Impériaux câchoient de profiter de ces difpuces pour empêchef qu'oa
Paul IIL ^^ ^\^ f^f \^ j^p^j j^^ matière des Dogmes. Les Légats eux-mêmes n'é-
toient pas fâchés de temporifer» jufqua rarrivcc delà rcponfc qu'ils ac*
tendoient de Rome , pour paflèr eniuite à la propofirion des Dogmes »
s*il ne leur étoit défenau de le faire ; & avoir moyen de fe juftifier , com«
me le difoienc leurs confidens > fi les choies ne réuûifibient pas comme ils
le fouhairoient.
VEvique Cependant» pour prendre quelque réfolucion fiir les matières qui
Je Fiéfili avoient été ^tées> ils firent lire un Sommaire des opinions desThéolo»
tfLêCMT^lie S^^"^ ^ ^^ Canoniftes qui aroîent parlé dans les Congrégations précéden-
liberté ; (^^^9 & dirent y que comme ces avis écoient rrop longs » ils s'étoient con-
hs Légjits^ tentés d*en choifir lafobftance , pour avoir fiir cela lavis du Concile, t^
Mprh 9n Mais ^ Bract MaruUo Evèque de Fiifoli ayant entendu lire ces Extraits»
*w"^ ^^^* s oppofa toujours à cette leâure en difant , qu'il falloit entendre tout au
VréUt en ^^"g ^^ raifons & les fiiffrages de tout le monde , & non de fimples Ex*
écrivent mu traits OU Sommaires » parce qu'il étoit néceflaire que le Concile , dont it
^af . releva beaucoup l'autorité , tut parfaitement inftruit de tout ce qui avoir
APalIav. L, ^x,è allégué -, & qu'il convcnoit mal que quelques pcrfonncs feules fc ren-
^' ^ "^ didènt nuîtres des délibérations, ou que les réfolutions vin(Tènt d'ailleurs
$ Ravn. q*ic du Synode. ^7 LesTégats, ^ très oflènfés de ce difcoars> répriman*
N^ ^4. derent l'Evèque d'une manière très-piquante , quoiqu'avec une modéra*
tioQ affeâée , &c coi^cdierent la Congrégation.
f^. Mais Braee Martello Evêque de primande. Fra-Paolo dit qne ce fut aree
Ftéfali ayant enundu lire ces Extraits , une modération afTeâée , & il efl allez vifi**
s'oppofa toujours à cette le&ure, ] Selon ble quil die vrai , puifque s*ils n alierenc pas
Pailavicin, ce fiic le Cardinal Pachico qui plus loin , c efl qu'ils ne roCerent , de peur
forma cecce oppoficion , & TEvêque de Fii' de paroître violer la liberté du Concile. Cax
foli s'étendit beaucoup plus à parler contre d'ailleurs ils ne manquèrent pas d'écrire à
les privilèges des Réguliers. Mais Pallavi- Rome , pour perfuader au Pape de le faire
ein a tort de foire dire à Fra-Paolo , que fonirde Trente , auflî-bien que l'Evêque de
" l'Ev^ue de Fiéfoli fe borna purement à Chio^^a , fous quelque prétexte fpécieux.
prouver qu*il £illoic lire les fufTrages tout Fefulanum & Clodienfem Epifcopos ^ quo*
au long. Il n'y a pas on mot dans notre rum diSia ad feditionem quodammodo fpec"
Hiftorien qui l'inûnue. A la vérité -, il ne tare viderentur , ex Concilio revocandos
fait mention que de cette panie de Ton fuf- videri , mandoient les Légats au Cardinal
frage ; mais s'il ne parle point de l'autre , Farnèfe , félon le rapport de Raynaldus
c'eft qu'elle revenoit à ce qu'il venoitdedire N° ^f ; & ils taxèrent le difcours du pre-
auparavant de l'oppofition de plufieurs Pré- mier de calomnieux , d'injurieux , de fé-
lats aux prétentions des Réguliers. ditieux & de fchifmatic|ue , de l'aveu même
J'y. Les Légats très-offenfés de ce dif- de Pallavicin, Lorifprefe come-pieno di ca*
cours rqfrimandèrent V Evêque d'une manié- lunnie , di contumelie , di fedi;^ioni , e di
re très piquante , quoiqu'avec une modéra- fcifmi ; 8c cela uniquement parce qu'il avoif
tion ajfeàée , &c, ] Le Cardinal del Monte, parlé en faveur des droits des Evêques con-
felon PaUavicin , avoit écouté très-impa- tre les privilèges & les concédions abufives
tiemment le difcoun de l'Evèque de Fiéfoliy de Rome en faveur des Régulien. Grande
& ne manqua pas conjointement avec le preuve de la liberré du Concile > & de la
Cardinal Pool de lui en fiaire une vive ré* modération des Légats.
DE TRENTE, Livre IL 1555
- Le lendemain ^ ils lui firent demander une copie de fon difcours , qu*xb mdxlt?.
envoyèrent à Rome , 8c qu'ils taxèrent de féditieux & de contraire au ^^^^ ^^^
iàCpték j aioutant qu'ils lui en avoient fait une réprimande modcftc & fc- , ^ ,.
vère» & quits auroient été même plus arant, comme il le meritoit, ^ ^ ^ ' *
n'eutTent craint de faire naître quelque difpute violente ^qui auroit
fa dégénérer en divifion *, mais qu'il ne falloit pas le laiflèr impuni , de
peur que dans chaque Congrégation il ne devint a(Iêz hardi pour faire la
mîme chofe, peut-être encore pis. ^ Ils confeilloient enmcme tems au^I^leury,!.
Pape de le faire fortir de Trente fous quelque prétexte que ce pût être , '4^- N*.
'6c d'empêcher auflG d'v revenir TEvêque de Cniouay d'un caraûère aflca '°4& no.
fcmblabie, quoiqu'il tint une autre route. « f* Ce dernier Prélat auflfi- '^Rayn.
tôt après la Seflion étoit parti de Trente fous prétexte d'indifpofirion, p ..^^*
i> mais réellement i caufe d'une prife qu'il avoir eue avec le Cardinal ^^ ^' *^'
Pool dans une Congrégation , où il avoir pris la défenfe d! Antoine Ma- lâ. l. 6.
nnier au fu jet des Traditions. Car dans la chaleur de la conteftation quic. 14.
s'étoit élevée entre lui & le Cardinal » s'étant échapé à dire qu'il n'y avoir
point de liberté dans le Concile , les Légats lui en furent fort mauvais
gré , & la crainte du péril lui fit prendre le parti de fe retirer. Non con»
cens de ce qu'ils avoient fait pour mortifier î' Evêque de FUfoli y afin de
laifler jufqu'â la réponfe de Rome cette affaire dans un état qu'on pût ou
la diflimuler ou la poutfuivre félon les ordres qu'ils en auroient , ° le Car- n Rayn.
dinal dtl Manu dans la Congrégation fuivante fit une nouvelle répriman- ^° ^^*
de à ce Prélat , qu'il termina par dire qu'on n*avoit pas préfentement
le tems de s'arrêter à ce qu'il avoir dit , & qu'on avoit i s'occuper de
chofes plus importances.
La réponfc de Rome ^ par rapport à ces deux Evêqucs fut, qu'on y^PalIav.JL
pourvoiroit en tems & lieu. Mais à l'égard des matières qu'il y avoit â 7. c. 4.
traiter , on marqua aux Légats : Que fi l'on vouloit fe conduire félon le
defir des Princes , le Concile feroit plein de tumultes , & que les réfolu-
tions deviendroient de jour en jour plus longues Se plus diflBciles , attendu
que chaque Prince voudroit traverfer tout ce qui ne lui plairoirpas, on faire
naîcre des difficultés fur une matière pour être maître d'en faire agiter une
f s. Ce Prélat auffî tôt après la SeJJion
itoit parti de Trente fous prétexte d'indif-
pofition. ] Selon le Cardinal Pallavicîn ,
ce ne fut pas (bus prétexte d'indirpofîtion ,
mais fous celui d aller pafTer les fêtes de Pâ-
ques dans fon Eglife. Peut-être prit-il le
prétexte de fon indifpofîtion , pour ne pas
Tevenir. Quoiqu'il en foit, le fait du départ
eft certain ; & il y a bien de l'apparence
qu'étant averti du deflein qu'avoient les Lé-
gats de le faire rappeller, il Youlut prévenir
cet affront par un prétexte coloré , foit de
maladie , foie des fêtes , mais xéellemenc
par la crainte de quelque mauvais traite-
ment, pour s'être oppoK fortement aux
vues politiques des Légats*
J9. Ataîs réellement à caufe d'une prïfe
qu'il avoit eue avec le Cardinal Pool, ]
C'éioît plotAt avec le Cardinal del Monte,
qui choqué de ce qu'il avDÎt traité d'impie
l'endrpit du Décret , où l'on difoit quil faU
luit recevoir avec le même refpefl V Ecriture
Sainte 6» les Traditions , & qui profitant
de l'indignation que cela avoit excitée dans
la plupart des Pères , lui en fit une forte
de réprimande , & l'obligea de fe létxaâeib
III.
ij^.
rRayn.
N^ 71.
194 HISTOIRE DU CONCILE
siDXLvi. autre : P Que fans avoir donc aucun égard à ce qu'on leur pourrait dire» ik
Paul III. n'a voient qu'à propoicr la matière dtt Péché originel î mais ikns fe fcrvir dtt
*— — — ^ prétexte dont ils avoienc eu deflein de s'excufer auprès de ToUde^ fàvoir »
flL L. 7. q^ç Tarticlc du Péché originel n'étoit plus i:n difpute en Allemagne c
Fieury » L. Qu'ils n'avoient (implement qu'à s'expliquer en termes généraux j & d'une
141. N'' manière fort refpeéfcueufe à l'égard de l'Empereur. ^* On leur ordonna ^ djd
Elus très-po(îtivement d'empêcher qu'on ne paflatoucreà la correâion de
i Vulgate , jufqu'd ce que la Congrégation des Députés qu'on avoit établie
i Rome pour les affaires du Concilp , eût délibéré de la manière dont on
devoir s'y prendce.
Em exécution de ces ordres > ' les Légats ré£>lus de pcopolêr la matme
du Péché originel , tinrent deux jours de fuite des Congrégations pour ré*
foudre ce qui regardoit les articles des Leçons 6c des Prédications > avanc
que de traiter de la matière de Foi , de peur que ces deux articles teftanc
indécis > les Impériaux n'en priHent prétexte d'empêcher qu'on ne pa(fâc
à aucun autre. Ils fe firent remettre en mème-tems tout ce qu'avoient faic
les Députés établis pour la Réformation de l'Edition Vuleate , avec d^
fenfes de paflèr outre jufqu'à nouvel ordre. Telle étoir la lioené du Con-
cile y qui déjpendoit entièrement du Pape 9 foit pour abandonner les chofès
que l'on avoit commencées » foit pour padèr à l'examen d'autres matière^.
Quant à ce qui regarde celle des Leçons & des Prédications» les Evê^
ques & principalement ceux d'Efpagne fe plaignoient : Que Jefus-Chrift
ayant ordonne de prêcher fà doârine , ce qui s'exécutpit par le miniftèrc
de la Prédication aans l'Eglife , & par celui d'enfeigner la Théologie dans
les Ecoles > il appartenoit aux Evêques de prépofer à ces fon&ions ceux
qu'ils croyoient les plus propres à inftruire les peuples : Que c'étoit l'or-
dre des Apôtres & la pratique des SS. Pères : Que par les privilèges on
jstvoit tellement dépouillé les Evèques de cette autorité > qu'ils n'en con^
fervoieuc aucuns reftes : Que le cnangement de l'ordre établi par Jefuc-
Chrift étoit la caufe de tout le defordre : Que par les exemtions les Unl-
yerAtés s'étoient tellement fouftraites aux Eveques , qu'ils ne pouvoienc
plus favoir ce qu'on y enfeignoit : Que par les privilèges de prêcher don**
nés aux Mendians ils s'étoient rendus indépendans des Evèques , & leur
j^o. On Uur oriorwA dt plus trh-pojiti'
vement d' empêcher qu'on ne pajfât çutrc à
* la çorreéiion de la Vulgate, j ]A Cardinal
Pallaviein , L. 7. c. it. pr^eodqail ny
eut point d ordre pareil, Cs qu il 7 a de cei*
.tain nàmmoins ^ c*eft quon ne poarfuivit
point cette affaire aa Concise , qu*à Rome
on def^pprovva plofiears çhores dans )e Dé-
cret , & qaon y prit fur foi le fpin d'exé-
cuter le projet de publier une Edition ré-
JEbrmée de la Volgate , ce qui ne fe fit ce-
pervifnt.q^et>ienaes^nnées ^f ris, ly^ lel^ç^
il parojt par Qne lettre da Cardinal F^méfc
aux Légats , citjte par le Cardinal Pall^viçin.
que s*il n'y eut point d'ordre pofitif ao Con*
cile de ne point paflèr outre à la correc-
tion de la Vulgate , il y eue quelque cliofè
d'aifez équivalent h puifque Farnèfe %juït
fait pntendre aux L^ats » que Ije Pape avoir
deifein de £iire publier une Edition plus coi-
re^e de la Vulgate, c'étoit aflèz leur fat>^
comprendre que le Concile devoit s'épargnier
ce foin » & qvi'on de voit fe jepofei fui lui df
cf tte .affiufe^
DE TRENTE, Livre IL 19S
laîflbienc fi peu la liberté de s'en mêler , que ceux-ci ne confervoient plus mdxlti.
que le nom de Pafteurs , fans pouvoir en exercer les fondions : Qu'au ^^^^ ^^^
contraire ceux qui dans l'Antiquité n'étoienc deftinés qu'à pleurer leurs ■■^^— ^
péchés , & à qui il éroit expreuément & févèremenc détendu d'enfeigner
ëc de prêcher , s'étoicnc approprié ce Miniftère 9 & l'avoient ufurpé fur
eux : Qu'ainG le Troupeau demeuroic fans Pafteurs & étoic abandonné i
des mercenaires , qui demeurant aukmrd hui dans uiie ville Se demain
dans une autre , ne connoiflbient ni les befoins ni la portée des peuples 9
& ne pouvoient profiter des occaûons de les inftrutre Se de les édifier 9-
comme le propre Pafteor , qui demeurant toujours avec fon Troupeau , en
connoifibit les befoins 8c les infirmités : Qu'outre cela le but de ces Prédi^^
cateurs n'étoit pas d'édifier , mais de tirer des aumônes ou pour eux ou
pour leurs Couvens \ Se que pour y mieux réuffir , & en rirer plus d'à van-*
cages pour eux-mêmes , ils fongeoient bien moins a l'utilité des âmes , qu'à
divertir les hommes, à les flatter, & à féconder coupleurs defirs : Que le
peuple , au lieu de s'inftruire de la doârine de Jefus-Chrift , n'apprenoit
que des nouveautés» ou au moins des chofes tout- à-fait fuperflues: Que
tel avoir été Luther y qui s'il fut demeuré à pleurer dans fa cellule, l'E-
glife de Jefus-Chrift ne feroit pas dans ia coniufion où elle étoit : Que plus
intolérables encore étoient les abus de ces Quêteurs qui alloient prêcher
des Indulgences , dont on ne pouvoit rapporter fans larmes les fcandales
arrivés les années précédemes , & qui viublement ne tendoient à autre
chofe dans leurs Prédications qu'à tirer le plus d'argent qu'ils pouvoient ^
Qu'enfin le feul remède à ces defordres , éroit d'abolir tous les privilèges ,
de rendre aux Evêques le foin d'enfeigner 8c de prêcher , & de leur laifïcr
h liberté d'affocier à leur Miniftère ceux qu'ils en jugeroient dignes. Se
qu'ils trouveroient difpofés à l'exercer par charité.
Lfis Généraux des Réguliers & les autres répliquoîent zvt contraire : Que
les Evoques Se les Curés ayant abandonné tellement l'office de Pafteurs »
que pendant plufieurs Cèdes le peuple avoît été fans Prédicateurs , & les
Ecoles fans Maîtres , Dieu avoir fufcité des Ordres Mendians pour fuppléec
i des Miniftères fi nécelTaîtes r Qu'ils ne s'y étoient point intrus d'éux-mê-^
mes , mais y avoient été appelles par la conceftion du fouverain Pafteur , à
qui il appanient principalement de paître tout le Ti:ou|)eau de Jefus-
Chrift : Qu'aihfi on ne pouvoit pas dire que ceux qu'il avoir députés^ pouc
fuppléer au défaut des perfonnes qui étant chargées de ce foin , l'avoient
abandonné , enflent ulurpé l'office des autres : Qu'on pouroir bien affurei^ ,
que s'ils n'avoient pas eu cette charité , irl n'y auroit plu9 à préfent aucun
▼eftige de Chriftianifme : Qu'ayant vaqué à cette œuvre avec fruir pen-
dant plus de trois cens ans. Se y étant aurorifés d'ailleurs par le titre légi-
time qu'ils tenoient du Souverain-Pontife , la prefcription leur avou appro*
Îriéce Miniftère ; & que les Evêques n avoient nulle raifon légirime de
is en dépouiller ^ & ne pouvoient le leur redemander à ritre d'antiquité ,
après s'en erre défiftés pendant tant de fiécles : Que c'étoit une pure osLn
tj^ HISTOIRE pu CONCILE
UDXLTi. lomnie que de dire > qu'ils n'exerçoienc ce Miniftère que pour s'enrichit
Paol III. eux ou leurs Monaftères , puifqu'ils ne ciroienc de ces aumônes que le
■ Il I vivre & le vêtir » & que le refte étoit employé au culte de Dieu , & fc
coofumoit en Meflès , en édifices 9 & en ornemens d'Eglifes > & fervoit
non i leur propre utilité , mais à celle de l'Eglife & à l'édilication du peu*
pie : Qu'enfin les fervices qu'ils avoient rendus à rEgliiè , ôc que la fcience
de la Théologie , qui n etoic cultivée que dans leurs Cloîtres , mériroienc
bien qu'on les maintînt dans l'exercice de ce Miniftère , que les autres
n'étoient pas fort capables d'exercer.
r^ r ' . LXII. ^* Les Légacs également prefTés par les deux partis , * réfolurent
M Rome Tin- ^^ l ^^^^ ^^ Icwïs Conhdens de rendre compte de tout a Rome , & d en ac*
térêi des Ré- tendre la réponfc. Le Pape renvop l'affaire à la Congrégation , qui vit
guliers^ 6» d'abord où tendoit la prétention des Evcqucs , c'eft- à-dire, à fe faire tous
les Légats p^p^s daos leufs Diocèfes , parce qu'en fupprimant les privilèges 8c les
^^^^^ *'* exemtions des Moines, ceux-ci ne dépeodroient plus que des Evèques &
mens four non du Pape, & par conféquent n'auroient plus befoin d'aller à Rome*
lis accorder ^^ L'on y confidera que depuis un tems très- ancien, le grand fecret des
Papes
dîgnitau excrefceret , Sec, ] Il n 7 a doitc
rien ici de Tinvention de Fra-Paolo, com-
me on le lai reproche ; & il eft vraifembla-
blequefi fon Ad ?er faire n'en a rien vu dans
Tes propres Mémoires , c*eft qu'il n*a pas en
tous ceux que notre Hiftorien a eus encre
les mains , comme réciproquement celui-ci
n a pas confulié tous ceux qu a vus le Cardi-
nal. Mais de plus Pallavicin lui-même, L*
y.c. II. die poficivemenc , que les L^ars
ayant communiqué au Pape ce qui fe délibc-
roic fur les Leçons & les Prédications , il en
donna part à la Congrégation , qui y fit (ci
obfervations , lefquelles furent enfuite en-
voyées au Concile. Havtvano tjp commu^
nicato al Pontefice ciochc fi difegnava di
avec les
Evéques.
^Rayn. ^i, £^/ Légats — réfi>lurent de Pavls
11^^* rftf leurs Confidens de rendre compte de tout
Pallav.Ly. ^ ^^^^^ ] Lç Cardinal Pallavicin , L 7.
^ ^' p. 3. prétend qu'il n*y a rien ni dans les
Aâes ni dans aucuns autres Mémoires (è-
crets , de tout ce que Fra-Paolo raconte de
ce qui fe paflà alors entre les Légats & le
Pape. Mais s'il n'en eft pas parlé dans les
Aâes, la chofe n'eft pas furprenante , puif-
qu'il n'y eft fait mention que de ce qui fe
padôit dans les Adlions du Concile , & non
de qui fe ncgocioic (ecrettement entie les
Légats & le Pape. Mais qu'il n'en foit rien
pour cela de réel > c'eft ce que perfonne ne
croira jamais , après tant de preuves que
l'on a qu'il ne fe faifoit rien dans le Condle,
dont on ne rendit compte à Rome , & fur ftatuire interno aile le^ioni ed alU predica^
quoi on n'attendit les ordres du Pape & ceux
de la Congrégation. L'on (ait d'ailleurs, que
les Légats avoient donné avis à Paul du dif-
férend qui fe trouvoit entre les Evèques &
les Réguliers y comme on le voit par une
lettre dont Raynaldus nous donne l'extrait
N® é f . Signîficarunt Legaù Cardinali Far-
nèfio gefia iftius Convenais — cum plures
Epifcopi propriïs commodïs magis quàm
etquïtati confulerent , ac Regularium Pa^
rochortimque privilégia refcindi cuvèrent ;
quafi ipforum auBoritas ex deprejfa eorum
T^ioni, Ed ejfendofi cib efaminato nelU | Con»
grega di Roma , e fattevi fopra , corne aw
viene , da molti varie confidera{ioni , //
Papa le fi participare a' Legati, Peot-on
juuifier plus clairement le récit de Fra-Pao^'
lo , que le fait ici fon Adverfaire ? & n'eft-il
ps vidble que (i le récit de notre Hiftorien
eft plus circonftancié , c'eft qu'il a expofé eo
détail ce dont Pallavicin ne rapporte que la
fubftance ?
6z, Von y confidera que depuis ttn
tems très-ancien le grand fitcrct des Papes -~
éVQÎt
DE TRENTE, Livre II. %9f
l'apes pour fè conferver la primauté que Jefus-Chrift leur avoir donnée , udxltt*
jivoic ccé de fbuftraire les Ëvèques aux Archevêques , & les Abbés aux ^^^^ ^^^*
£vèques » afin d'avoir par- là des perfbnnes toujours intéreflees à défendre
4eur autorité : Que c'étoit une chofe certaine , que depuis Tan oc la Pri-
mauté du Saint Siège avoir été maintenue par les Moines Bénédiélins
xxemts y de enfuite par les Congrégations de Clugny , de Cîteaux > & plu-
4ieurs autres , jufqu a la naidànce des Ordres Mendians » qui i leur tour
i'avoient défendue jufqu alors : Qu'abolir leurs privilèges, ce toit attaquer
.diredtement le Pontificat , & non ces Ordres ; & que la fuppreflîon de ces
«xemrions alloir manifeftemenr au rabaifïèmenr de la Cour de Rome , qui
n'auroir plus de moyens de conrenir un Evêque qui voudroir prendre rrop
•d autorite : Que par conféquent c'étoit une néceflité pour le Pape & pour
la Cour Romaine > de favorifer les prétentions des Mendians. Mais pour
£iire paiïèr les chofes avec douceur , on jugea qu'il étoir nécedàire de renir
cette raifon fecrette ; & on prit le parti de repondre aux Légats : Qu'ils
cudenr à conferver entièrement l'indépendance des Réguliers , & qu'en
cepréfentanr aux Evèques le nombre exceflif des Mendians ôc le crédir
qu'ils avoienr auprès des peuples , ils râchaflenr de les engager â prendre
quelque rempéramenr pour prévenir un Schifme qui pourroir arriver en
|>orranr rrop loin leurs prétentions : Qu'il étoir jufte que les Evèques re-
çuflenr quelque fatis&âion ; mais qu'ils dévoient fe contenter de celle
qu'on pourroit leur donner : Que s'ils £e voyoient preffés , ils pouvoienc
tout accorder par rapport aux Quêteurs, mais qu'ils ne fidènr rien à le-
gard des Ordres fans ta parricijpation des Généraux î & que la fatisfaâion
3a*on donneroir aux Evèques fe fîr fans .toucher aux privilèges : Qu'enfin
s fiflenr la même chofe a l'égard des Univerfités , parce qu'il étoit néccf-»
/aire que les uns & les autres dépendifiènr enrièrement du Pape Se nonxles
£vêques.
Ces lertres étant arrivées à Trente , on procéda à cette affaire dans le
Concile avec trois vues très-différentes , fans tenir beaucoup de compre
de ce qui fe difoir fur ces points par ceux qui n'étoient ni favorables ni
contraires aux Exemtions. Quelques-uns propoièrent à l'égard des Leçons
de rétablir l'ufage qui fubfiftoit anciennement , lorfque les Monaftères Se
les Chapitres n'éroienr que des Ecoles ; ufâge dont il refte encore des
Sivo/f éié de fouJiraîreUs Evèques aux Ar»
'^evèques , & Us Abbés aux Evèques ,
&c. ] Ce ne fut pas cout-à-fait là le pre-
>nier motif des Exemtions , oui eurent
d*abord quelques prétextes plus Ipécieux 8c
plus honnêtes. Mais on ne peut guères
âouter que ce ne fut dans la fuite la raifon
(ècrette qui engagea les Papes à les étendre
AQ^n loin qu'ils firent, & à les maintenir
coniie l'oppofition 6ts Ev^ues* On n a
T O M I I.
qu'à lire fur cela ce qu'en marque Saine
Bernard dans (es livres de la Confidiratiom
au Pape Eugèm^ & l'on verra que Fra*
Paolo n'a rien exagéré dans la cenfure de
cet abus , & que ce n'eft point par mali-
gnité mais par zélé qu'il a repréfenté ici
u naïvement les vues politiques des Ro-*
mains dans le maintien des privilèges des
Régulien.
19» H I S T O l'R E t) U C O N C IL E
MDxtvi. veftiges dans pluficurs Cathédrales , où les dignités d*Ecolâtrc ou de Théo-
Paul m. iQgai j auxquelles font annexées des Prébendes , font demeurées fans exer-
' cice , faute d'être conférées à des perfonnes qui en fuient capables. Tout le
monde jugea donc , que c etoit une chofe avantageufe & utile de rétablir
les Leçons de Théologie dans les Cathédrales & les Monaftères. L'exécu-
tion en paroifToit facile dans les'Cathédrales , en en remettant le foin aux
Evêques. Mais il y avoir de la difficulté par rapport aux Monaftères. Car
quoiqu'il ne s'agit que des Moines Se non des Mendians, les Légats pour
empêcher qu'on ne touchât aux privilèges accordes par les Papes , s oppo-
foientà ce qu'on donnât aux Evèques la fiurintendance & Tinfpedion de ces
/ Pallav. L. fortes de Leçons. Mais Sibaftien Pigkino Auditeur de Rote * trouva a cela
7.C. XI. un tempérament , qui étoit de donner cette furintcndance aux Evèques
^^^'"L'o ^ comme délégués du Saint Siège. L'expédient fut du goût de tout le mon-
J^^* de , parce qu'il faifoit le mcme efïct à l'égard des Evèques, ôc qu'on ne
dérogeoit point par-là aux privilèges , les Evèques devant agir en cela non
comme Evêques > mais comme Députés du Pape. Ce même expédient
fervit encore à rerminer d'autres difficultés qu'il y avoit ; l'une , de donner
aux Métropolitains autorité fur les Paroides unies à des Monaftères qui n'é-
toient d'aucun Diocèfc ; 6c l'autre , de foumettre aux Evèques les Prédi-
cateurs exemts qui feroienc des fautes : & dans les Décrets des Seffions
fui van tes on eut fouvent occafion de fe fervir de la même invention,
v Pallav. L. Les Canoniftes repréfenterent enfuite : ▼ Que les fubtilités des Scolafti-
7»c.5. qucs qui n'apprenoient qu'à difputerde tout, & s'attachoient moins à la
connoidance de la Religion qu'aH^^hofes naturelles & philofophiques , n'é-
tant guères de faifon dans le teôi^ préfent , on ne devoir traiter dans les
nouvelles Leçons qu'on vouloit introduire » que des Sacremens & de l'auto-
rité ou de la puiflance Eccléfîaftique , comme avoient fait très-utilement
Turrecrcmata , Augujlin Triomphe , & après eux S. j4ntomn & quelques
autres. Mais l'oppolition des Mendians, qui,foutenoienr que l'une de ces
Sciences étoit auflî nécefTaire que l'autre > fit prendre un tempérament y
qui fiit d'ordonner que les Leçons feroient deftinées à l'explication de l'E-
crirure Sainte , & qu'on en feroit l'application félon l'exigence du Texte
& la capacité des Auditeurs.
X Flcury,L. ApRÉs bien des difcours fairs dans plufîeurs Congrégations , * l'on vint
i4i.N^iii. enfinà former le Décret fur l'article à^z Prédications. ^^ Les Légats pour
6^. Les Légats pour furmonter les diffi-
cultés tâchèrent par leurs Confidens de ga-
gner les Evêques Italiens , &c. ] Ceux-ci
nctoient pâs tons également oppoics aux
Régulier*; , qui avoient des adveifaircs &
des défendeurs dans chaque Nation. Le
feul embarras des Légats étoit uc peifua-
der aux Evèques, que Ton faiioit beau-
coup poux eox en leur zendanc une par*
rie de rautoritc , dont ils avoient été dé-
pouillés par des privilèges qui étoicnt
paflès en droit ordinaire. Ils furent heoren-
fcment fécondés en cela par le Caïd*
Pachéco ^ qui étoit damant moins fbfpcd,
qu'il n'étoit pas toujours d'accord avec
eux. Enfin les uns de peur de tout perdre ,
& les autres de crainte de ne rien lecon-
vier , confentiieni réciproquement ao Dfi
DE TRENTE, Livj^« II. 199,
furmonter les difficultés tâchèrent par leurs Confidens de gagner lés Eve- mdxivi.
gués Italiens, en leur repréfentant : Que pour l'honneur de la Nation ils PA^i-m*
ctoient obligés de défendre la dignité du Pontificat, dont l'on diminuoit
l'autorité en toucliant aux privilèges accordés par les Souverains-Pontifes :
Qu'ils avoient beaucoup d efpérer du Pape & des Légats , en accord&nt ce
qui étoit jufte , & en laillànt les Réguliers jouir d'un Droit dont ils étoient
en podèflion depuis (i long-tems : Qu'il y avoir du danger i mépriièr tant
de gens de lettres , dans un.tems où THéréfie ravageoit l'Eglife : Qu'on
alloit augmenter l'autorité des Evèques en leur accordant le pouvoir d'ap-
prouver ou d'exclure les Prédicateurs qui ^uroient à prêcher hors des
Eglifesde leur Ordre, & en obligeant ces Prédicateurs à leur demander la
benédidion , avant même que de prêcher dans leurs propres. Eglifes : Que
les Evêques pourroient punir les Prédicateurs pour caufe d'Héréfie , ou
kur interdire la Prédication pour caufe de fcandale : Qu'en fe contentant
de cela , on pourroit de jour en jour leur accorder encore davantage. Par
ces intrigues les Légats gagnèrent tant de monde , qu'ils s'affurerenc de
faire palier le Décret à ces conditions. Mais il refloit une autre difficulté
â furmonter. T C'eft que les Généraux & leurs Religieux n'en étoient P.as/^^^?î^> ^•
contens ; qu'il y avoit quelque danger à les mécontenter. Se que le Pape l'a- ^^*'^ "^'
Yoit expreffëment défendu. On leur remontra donc que ce qu'on accordoic
aux Eveques étoit jufte & néceflaire , & qu'ils y avoient donné occafion en
^tendant trop loin leurs privilèges , & en paflant les bornes delabienféance.
Il fallut en pa(Ier par-là , & ils fe rendirent enfin fur la promeflè qu'on
leur fit de recommander aux Eveques d'en agir avec eux de manière qu'ils
a'euffent aucun fujet de reeretter ce qu'ils perdoient«
LXIIL Lorsque les Légats découvrirent la réfolution 011 Us étoient de Les Impé-
condamner dans la même Seflion les opinons Luthériennes fur l'article du ^'^f*x sop-
Péché originel , ils repréfenterent : Qu'étant ncceffaire de traiter d'une -?^^''^?'"^'
matière de Foi , pour iuivre l'ordre établi de joindre toujours enfembïe'^^^f^"^^'*
quelque article de Doârrine & de Réformation , ils ne pou voient commen- traiter du
cer par un poinr plus convenable que celui du Péché originel. Sur quoi ils Péché origi-
propoferent pluneurs Arricles extraits de la Dodtrine des Proteflans fur »*^-
cette matière , afin que les Théologiens examinaficnt dans les Congréga-
tions , fi on devoir les condamner comme Hérétiques. * Le Cardinal Pa- p ,. •
chico remontra : ^4 Que le Concile n'ayant à traiter de la Foi que pouç ^ c. 3.
Rayn.
cret , tel qu'il avoit été réformé par les d'une manière fi dire^e , & il fc contenta N** 72-
Légacs, mais qui fiit altéré depuis fous P/V de piopofer , qu ayant que 4e traiter du
IV. à Tavantage des Evoques. Péché originel , on décidât l'article de
^4. Le Cardinal Pachèco remontra que la Conception immaculée de la Vierge.
li Concile n'ayant à traiter que de la Fot\ Au fond , la ditT^rence entre ces Hifuhr.
&c. ] Ce fut pour retarder l'examen des riens eft pei) confidér^^le » & ne confifte^
macicres de Dogme , conformément aux qa en ce que félon Frà-Paolo il s oppoui
intentions de TEmpereur. Mais félon plus diredement , & félon Pallavïcin &
PallayiciniL Raynaldus y il ne s y prit pas Raynaldus plus obliquement à rejcamefi
Pp z
joo HISTOIRE DU CONCILE
iiBxtYx. ramener rAllemagne , loin de parvenir à cette fin > on augmenreroit le mal ^
Paul III. {j ['q^ vouloir le Faire hors de laifon : Qu'on ne pouvoit favoir à, Trente »
' quand il feroit tems d'entrer en matière , que par le canal de ceux qui
eioient à la tête des afifaires en Allemagne y &c qui étant inftruits de tout le
détail de ce qui s'y padbit , ^uroienc exadement quand il feroit à propos
de fe fervir de ce remède : Qu'ainfl il étoir d'avis qu'avant de pa(Ier outre
on en écrivît aux principaux Prélats de cette Nation , on qu'au moins le*
Nonce en parlât i l'Empereur. Cet avis fut fuivi de tous les Prélats Impé-
riaux qjic Tolède avoit gagnés. Mais les Légats après avoir loué ce confeil »
«Tleory L.^ promis d'en écrire au Nonce , ^ dirent que pour ne point perdre de
141. N^ tems , on pouvoit toujours faire exaisiner par les Théologiens les Propofi*
fitu tions qu'ils avoient fait extraire. Pachéco Se les autres y confentirent dans
l'efpérance qu'il pourroit furvenir à la traverjfè bien des difficultés , qui fe^
roient traîner les chofes en longueur ; & To/iJe qui ne demandoit que de
voir pafler l'Eté fans rien définir , parut lui-même s'en contenter»
h RayiL Voici les Proportions ^ que f on donna â examiner-
K* 74. !• Qu'Adam» par la ttanfgreflion du commandement qn*iT avoit reçor
JMcUs «ar- avoit perdu la Juftice» & encouru la colère de Dieu & la niorralité ; mais
^siis dêj q^ç quoiqull fût devenu pire & pour l'ame & pour le corps , il »*avoir
ij^rfrlr P^^^^ tranfmis de péché i fa poftérité j mais feulement les peines corpo«
* relies.
1. Que le Péché d'Adiam s'iappelfe origineF, parce qu*il a paiTé de lui à*
fa poftérité , non par tranfmidion , mais par imitatiom
} . Que te Péché originel eft une ignorance ou un mépris de Diea » quf
£iit que l'honune eft lans crainte» tans confiance , & fans amour pour
Dieu » & fujet i la concupifcence 6c i des defirs déréglés -, & que c'eft une
corruprion générale de tout l'homme dans la volonté » dans l'ame , & dant
le corps»
4. Que dans les enfans il y a une inclination de la nature corrompue
au mal , qui tcrfqu'ifs viennent à Tufage de raifon produit en eux une avets*
£on des cnofes divines y 6c une forte inclination pour les chofes du monde;
ic que c'eft-là le Péché originel.
5» Que les enfans, du moins ceux qui nai&nt de parens fidèles, quoi*
que baptifés pour la rémiflion des péchés , n'apportent au monde aucua
péché par leur defcente d'Adam.
6. Que le Baptême n'ef&ce point le Péché originel , mais fait qu'il ne
4és matières de Foi. Mais tous convîen* ^êa; ttt dum in ed qumJHoni unntMf
sent également , que Tintention fècreue tempus , Lutherantt impiitatir dogmaig,
it Packico éroit de fàyorirer les vues de JUcntio invohenntur , comme parle Rdy*
fEmpereur, qai (buhaicoit qoe l'on s^att»- naldia , qui jaftifie par-là le lécît de notro
c&âr d*abord plAtAc à la Réfbrmation qu'aux Hiftbrien , qooiqae Pailavîcin le cenfme
Dogmes. V<rum Giennenfem Cardînalem aigrement , parce qail n'a pas fait mentioit
wtsgis duâum ahblandiendi Cafàreis vo* datoar oblique qoe pris PtfcAcVa pOUpas^
tMoiibus luam fittmf JhuHo refcrum tenir à Ics-Bnsi
DE TRENTE LivRi H. 301
&ons e(t point imputé , ou qu'il eft, pour ainfi dire , rafé ; de manière MoxLTif
qu'il commence à diminuer en cette vie, Ôc qu'il eft entièrement déraciné ^^^^ ^^*
aaûs l'autre. '
7. Qu£ ce péché reftant dans les baptifés» retarde leur entrée dans le
Ciel.
8. Que la Concupi(cence y qu'on appelle auflS l'aliment du péché > qui
refte après le Baptême > eft véritablement un péché.
9. Qu'outre la mort corporelle & les autres imperfeâtons auxquelles
l'homme eft fujec en cette vie> le feu de l'Enfer eft la peine principale due
au Péché originel.
Dans la Congrégation ^ tous les Théologiens s'accordèrent unanime* p .. ^ ,
ment à dire , que pour bien difcnter tous ces Articles il n'étoic pas nécef- ^^ ^ ^'
faire de fuivre Tordre dans lequel ils éroient propofés , mais qu'il falloir
examiner méthodiquement cette matière , & voir quel étoit le Péché d'A-
dam y ce que c'eft qu'il tranfmet à fa poftérité » & qui conftitue le Péché
qui s'appelle originel *i la manière dont il eft tranfmis ;. & comment il eflr
remis.
LXI V. S u R le premier Article fous convinrent : Qu'Adam ayant été Senthmê
F rivé de la Juftice > les paflions fe révoltèrent contre la raifon , ce que dis ThuU^
Ecriture appelle /ii wt^/rc de la chair contre Ceffrr'u , défaut qui eft expri- gifnsfttrcêf
mé par le (cul mot de concupifcence : Que par- la il avoit encouru la colère ^^tf'
de Dieu , Se la mort corporelle , dont il avoit été menacé conjointement '*' ^'^
avec la mort fpirituelle de l'ame : Que néanmoins ce n'étoit aucun de
ces dé&uts qu'on pouvoit appeller péché , fie qu'ils en étoient plutôt des
fuites ; la tranfgreffion du commandement de Dieu étant proprement ce
qui forme l'idée du péché. Ce fur-là aue pludeurs s'étendirent à recher-
cher quelle étoit proprement la nature du péché d'Adam. Les uns difoienc
3ue c'étoit un péché d orgueil > d'autres de gourmandife , quelques-uns
'infidélité , & plufieurs enfin paroidbient mieux fondés i dire , que certe
£!iute tenoit quelque chofede tous ces péchés & de plufieurs autres encore %
mais que fi Ion s en rapponoit à la parole de S. Paul i on ne pouvoit regar«
der ce péché que comme une pure aéfobéiiTance*
Mais les fentimens furent bien plus panagés , quand il fallut expli**
quer quelle chofe tranfmife d'Adam en nous eft péché. Car S. Augujtin ^
qui le premier de tous s*eft mis à rechercher quelle en eft l'eflènce, dit
i^rès S. Paul^ que c'eft la concupifcence. S. Anfelme atr contraire » qui eft:
Tenu beaucoup de fiécles après ce Père , remarquant quela concupifcence
demeure dans les baptifés , quoique le péché foir effacé, (butin t que ce
péché n'eft autre chofe qne la privation de la Juftice originelle , dont ï€^
quivalent > qui eft la Grâce , nous eft rendu par le^baptème. Mais S. Tho-^
mas 8c S. Bonavemure pour concilier ces deux opinions ont remarqué
* que dans notre nattire corrompue il y a deux fortes de révoltes , Pune dé ^^p^n^y^ l
rcfprit contre Dieu , Pautre des fcns contre l'efprir ; que celle-ci eft là con^ 7, c «• ' ^
302. HISTOIRE DU CONCILE
MDXLVx. font proprement le péché. Mais ils diffèrent en ceci , que S, Bonaventurt
Paul III. ^^^ \^ principale partie du péché dans la concupijccnu , qu'il dit être quel-
""— ■■■" que chofe de pofitif , au lieu que la privation de la Juftice n*eft qu'une
hmple négation *, & que S. Thomas au contraire met le matériel du péché
dans la concupijcencc , & le formel dans la privation de la Juftice ; ci où il
conclud que le Péché originel en nous.eft la concupijccnce deftituée de la
Juftice originelle. Lt Maure des Sentences y & les anciens Scolaftiques après
lui , ont fuivi l'opinion de S. Augujlin , & deux Ermites de S. Augujlin
défendirent le même fentimenc dans le Concile. Mais les Francifcains fe
déclarèrent pour celui de Scot , qui avoir défendu l'opinion de S. Anfelmt
Ton compatriote, & la plupart des Dominicains pour celui de S. Thomas.
C'eft ainii qu'on expliqua la nature du Péché d'Adam , & celle du Péché
originel dans les autres hommes.
Mais il y eut bien plus de peine â faire comprendre comment ce péché
avoir été tranfmis par Adam i fa poftériié , & le communiquoit des pères
aux enfans. S. Augufiiny qui fur ce point a fravé le chemin aux autres»
e Rom. V. gc J r Apotrc difant , * que U péché efl entré dans le monde par Adam. Et
ii« dans tous les endroits où ce Père a eu occadon de parler fur cette matière »
on le voit toujours dans le doute ^ jufqu'â n'ofer même décider fi l'ame du
fils ne vient pas de l'ame du père > comme le corps vient de fon corps» en
forte que la fource étant infeâée , le ruiHèau qm en découle le foit aufli,
La réferve & la modeftie de ce Père n'ont pas été imitées par les Scolafti*^
ques , qui renant pour indubitable <^ue chaque ame eft créée immédiate*
ment de Dieu ont enfeigné , que Tinfeâion eft principalement dans la
chair ; que nos premiers pères l'ont contradtée dans le Paradis terreftre , ou
par la qualité venimeufe du fruit, ou par le foufile empoifonné du Ser«
peut; que cette infeâion paCTée dans la chair des enfans , qui fait partie
de celle des parens , fe communique à l'ame lorfqu'elle eft unie au corps ^
de la même manière qu'une liqueur contraâe la mauvaife .qualité d'un ira&
infeété ; &c que cette corruption eft produite dans la chair par le plaifir fen*
fuel que prennent les parens dans la conjonârion charnelle. Cependant
cette diverfité d'opinions n'empêcha pas que tous ne s'acçordafient dans U
cenfure des Articles , parceque chacun inféroit de fa propre opinion , que
le premier étoit Hérétique , comme en effet il avoit été déclaré tel pat le
Concile de Paleftine & par plufieurs Conciles d'Afrique contre Pelage.
Au refte , ce qui obligea de le recondamner à Trente n'eft pas qu'on l'eue
trouvé dans les Ecrits de Luther ou de fes adhcrans : mais plutôt dans
ceux de ZuingU > qui cependant au jugement de quelques Tnéologiens ^
DE TRENTE, Livre II. 305
qui avoicnt examiné plus attentivement fes paroles/ ^ fembloit plutôt avoir mdxlvi.
cru fimplement, que le péché de la poftériic d'Adam n'eft pas tant un pé- ^^"^- ^^^•
chc d adion , qu'une certaine corruption ou déformation de nature , qu'il •
<lifoic être la fubftance du péché.
Le fécond Article fut unanimement jugé Hérétique. ^^ Pelage en zvoit
été le premier Auteur. Mais pour éviter d'être condamné dans le Concile
de Paleftine , comme s'il eut enfeigné qu'Adam n'avoit point nui à fa pofté-
ricé j il confeda publiquement le contraire , & s'expliqua enfuite à fes dif-
ciples en difant qu'Adam avoit véritablement attiré la condamnation fur
fa race , non en lui tranfmettant fbn péché , mais en lui donnant un mau-
vais exemple , qui nuifoit a ceux qui l'imitoient. ^"^ L'on taxa en même
rems Erajme d'avoir renouvelle cette erreur , lorfqu'interprétant cet en-
droit où S. Paul dit , ^ que le péché ejl entré dans le monde par Adam , & /Rom. V*
tftpaje dans tous Us hommes , il l'explique de tous les hommes qui ont imité 1 1.
Adam & fa defobéiflance.
La première partie du troidème Article fut cenfurée à Trente > comme
elle l'avoit été en plufîeurs Colloques d'Allem^ne , par la raifoA que le
mépris de Dieu ou d'autres défauts de cette nature ne peuvent pas être le
Péché originel , ces défauts n'étant pas dans les enfans > ni même toujours
dans les adultes ; de forte que de dire qu'il n'y a point d'autre Péché origi-
nel que celui-là , c'étoit le nier tout à fait : Que fi pour s'cxcufer les Aile*
mands difoient que par le nom d! actions ils entendoient l'inclination de
la nature au mal , & Ion impuiflànce pour le bien , leur excufe n'étoit pas
6$, Mais plutôt dans ceux de ZuîngUy M. Amtlot , qui ne parle dans Ùl traduc^
qui cependant au jugement de quelques Théo- tion ni da Concile de Paleftine , ni delà
logiens fembloit plutôt avoir cru , diflimulation de Pelage ^ & ne fait mention
&€• ] C*eft ainfî que lont expliqué pla* ^e de fon erreur,
iîeors perfonnes , qui ont prouvé par dif- ^7. L'on taxa en même tems Erafme
féiens endroits de fes Ecrits , qu il avoit d* avoir renouvelle cette erreur , &c. ] Ccft
reconnu le Péché originel , quoiqu'il en dans fa Paraphrafe fur le cinquième chap*
e&t expliqué la nature autrement que ne de rspitre aux Romains , ou expliquant
le font communément nos Théologiens ^ comment le péché eft entré dans le monde
& quil n avoit exclus que la notion dun par Adam , il dit, Ita faâbimejl, ut ma*
péché d adion. Ceft en ce Cens du moins lum à Principe humani generis ortum in
que Tont entendu Heidegger & plufîeurs univerfam pofleritatem dimanaret, dum nc'
de fes difciples ; & même lëlon Fra-Paolo mo non imitatur primi parentis exemplum*
plufieurs Théologiens Catholiques. Mais Mais tout ce que 1 on peut conclurre zai-
il ne parle point des Théologiens de Trente fonnablement de ces paroles , n*eft pas
en particulier , comme le lui impute Pal- qa'Erafme n*ait point cru le Péché origi-
lavlcln , I. 7. c. 8. afin d'en prendre nel, mais fimplement quil necrojoitpas
occafion de Taccufei fur cela d'infidélité. qu'on put le prouver par ce pa(fage > en
€6. Pelage en avoit été le premier Au- qMÎ il a été fuivi par plufieurs Inter-
teur. Mais pour éviter dêtre condamné prêtes , 5( n'a feit que fuivre lui-même
dans le Concile de Paleftine, Sec. ] C'eft l'interprétation de S. Chrlfoftome 9c de
ainfi que s'exprime Fra - Paolo , qui a été Théodorct^,
ezaimeoieac «9nqu6 en cet endroit par .
304 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvi. recevabic; puifquc fi c*ctoit-là leurfens, ils dévoient mieux s'exprimer,'
Paul III. ç^^^ vouloir que lorfqu'ils s'expliquoient mal , les autres donnaflcnt à leurs
"■"■"""^ paroles un bon fens : Que véritablement S. j4ugujiin s etoit exprime à peu
près de la même manière , en di(ant que la Juftice originelle confiftoit i
obéir à Dieu > & à être fans concupifcence ; mais que s 'ii eût vécu dans ces
tems-ci , il ne (e fut pas exprime de cette manière > parceque s'il efl: per-
mis de nommer la cauie pour l'effet » & leffèt pour la caofe > quand ils (è
répondent exaélement l'un à l'autre & qu'ils ont une connexion néceflàire ,
il n'en étoit pas ainfi dans ce cas > puifque le Péché originel n'eft pas la caufe
des aâions mauvaifes > finon en fuppofant la mauvaife volonté comme
finftrunient principal.
A l'égard de la féconde partie du même Article , on dit que fi les Prote£»
rans » en enfeignant que l'homme étoit univerfellement corrompu , n'enten»
doient parler que d'une corruption privatiw , on auroit pu tolérer leur
opinion; ^' mais qu'ils en tendoient que la fubftance même étoit corrom*
pue > & que la nature humaine étoit changée en une autre forme que celle
dans laquelle elle avoir été créée. C'eft ce qui faifoit qu'ils reprenoient les
Catholiques, lorfqu'ils appelloient le péché une privation de la Juftice,
comme une fontaine fans eau ; au lieu que pour eux ils difoient , que
c'étoit une fource d'où fortoient des eaux corrompues » c'eft-â-div , d(es
a£tions d'incrédulité » de défiance > de haine, de contumace , ^'amour dé-»
réglé de ibi-mème &c des jcho&s du monde. On convint donc dp condii^ii-
ner abfolument cet Article , aufii-bien que le quatrième , où l'on diibit
que cette inclination étoit la peine du péché, & non point formellement
un péché ; de forte que faire confifter le péché dans ce penchant , c'étoit ab«
folument le nier.
j£ ne dois pas oublier de m^quM: id, qu'à propos de cette matière les
Francifcains ne purent s'empêcher ocxemter la Vierge Mère de Dieu de la
loi commune , par un privilège fpécial \ ce qu'ils tentèrent de prouver fbrc
au long contre les Dominicains qui foutenoient le contraire , quoi que pût
faire en toute occafion le Cardinal dd Monte pour arrêter cette contefta*
tion , en difant qu'ils étoient allèmblés pour condamner les Héréfits , &
IX>n les opinions Catholiques.»
LXV. It
€%• Mais qu Us enundoîent que ta fubf'
tance même étoit corrompue , &c. ] Ce
il*écoit pas là le fentiment général des fec-
tacears de la Confefllon d*Ausbourg , mais
celui feulement de quelques particHlicrs ,
qui s'expliquoient de manière à faire croire,
Îue Taltérarion produire par le péché étoit
ans la fubftance même de Thomme. Mais
cette opinion tout érrange qu'elle paroiiTe
ne fembloit dans Texplication différer des
^ttcj;es ^ue dans les aiots, & en lifimta?ec
application les Théologiens de ce pani , il
7 a quelque lieu de croire , que qaelqœ
dures que (oient leurs expreffions , ils n'ont
voulu dire autre chofe , finon que le Péché
originel ne confifte pas dans un fimple dé*
pouillement de la Juftice , mais dans tut
principe de corruption & de péché^ qui n'eft
proprement autre cbofe que cette concik-
pifcence y que tout le monde reconncÀ
dans les hommes depuis la piéTaxicauoii
DE TRENTE, Livre IL 505
LXV. I L n'y eut pcrfonne qui s'oppofât à la condamnation de ces Arri- mdxlvi.
clcs, c^'Ambroifc Caikarin^ 8 oui traita d'infuffifan tes toutes les raifons que ^^^^ ^^^'
Ton avoit apportées , & qui dit qu'elles n'expliquoient point la véritable .
nature du Péché originel. Pour le prouver il ht un long difcours , où il dit 4^0^^^^
en fubftance : Qulf falloit diftinguer le péché d'avec fa peine : Que la ^ jg Sêîê
Concupifcence & la privation de la Juftice étoient la peine du péché : Qu'il fur U nsm*
falloit donc néceflàirement que le péché fut autre chofe : Qu'il eft iropof- ^^f^ ^^W
fible , que ce qui n'a point été pèche en Adam le foit en nous : Que la Con- ^^*i*^^^'
cupifcence & la privation de la Juftice n'avoient point été péché en Adam , l. i^^, n***
puifqu'elles necoient point les adtions d'Adam , Se qu'à plus forte raifonzx^^
elles ne pouvoient être péché en nous; &que comme elles n'avoient été
en lui que l'effet du péché , elles ne dévoient être en nous que la même
chofe : Que par la même raifonon ne pouvoir pas dire que le péché ibic
une inimitié de Dieu contre le pécheur , ni du pécheur contre Dieu , parce
que toutes ces chofes ne font que des fuites du péché , & qu'elles font ve«
nues après lui. Il attaqua de même cette rranfmiflion du pécne par le moyen
de la lemence & de la génération » en difant, que comme fi Adam n'eût -
point péché , la Juftice ne feroit pas tranfmife à fa poftérité par la généra-
tion > mais par la volonté de Dieu > ^' il falloit chercher un autre moyen
id'expliquer la transfufion du péché : ce qu'il fit de cette manière. Il dit ,
que comme Dieu , quand il établit ^ Abraham le Pire des Croyans^ avoit j^ ^^^ y^
fait un pade avec lui & fa poftérité \ de même quand il donna la Juftice n.
originelle a Adam & au genre humain , notre premier Père s'engagea en
fon nom & en celui de fes defcendans de la conferver pour lui & pour eux^en
obfervant le précepte qu'il avoit reçu ; au lieu que faute de l'obferver il la
perdroit autant pour eux que pour lui-même» & les rendroit fujets aux
mêmes peines, fa tranfgrefuon étant devenue celle de chacun , en lui com-
me caufe, & dans les autres comme la fuite du paâe contracté pour eux :
Qu'ainfi la même tranfgreffion qui étoit en lui un péché aâ:uel , fait dans
les autres le péché originel par l'imputation qui leur en eft faite, & que
c'eft ainfi que tout le monde a péché en lui lorfqu'il a péché. Catharin
fondoit principalement fon opinion fur ce qu'il ne peut y avoir propre-
ment de véritable péché s'il n'y a poinr d adte de la volonté, & qu'il ne peut
é?9. Il falloit chercher un autre moyen
^expliquer la transfufion du fiché , ce
qu^il fit de cette matière,] Catharin paroît
ici réfuter folidement les autres opinions ,
far la nature du Péché originel 3 & celle
qa*il établit eft infiniment plus intelligible
que celles quil attaque. Mais c*efl dom-
mage que la fîenne ne (bit fondée que fur
la luppofîtion chimérique d*an pade , donc
îl n'y a d'autre preuve que la fanraifie de
TAuteur qui Ta imaginé : k qui d'ailleurs
T o M fi L
eftaulC peu propre que tout autre Syftème
à mettre à couvert la juftice de Dieu fur ce
point. Le feul avantage donc que ce Sjft^me
a fur les autres , eft qu'il eft moins abftraic
&plus ÊLcile à entendre .* mais après tour,
ce n'eft qu*ane. imagination deftitoée de
preuves; & dans tin Dogme auflî contraire
en apparence aux idées de la droite raifon,
il femble qu'on ne devroic rien avancer
que fur des démonftrations ^ ou des liuc^f
ricés qui y fuflèm équivalentes.
îcyS HISTOIRE DU CONCILE
AiAzLVi. y avoir rien de volontaire dans le Péché originel , que rimputation de la
Paul IIL tranfgreflSon d'Adam à tous -, puifque quand S. Paul dit que tous ont péché
■■■"■■""" en Adam , on ne peut entendre autre chofe , finon qu'ils ont commis le
même péché avec lui. Il rapporta pour exemple ce qu'écrit S. Paul aux
i Hâ>r. VH. Hébreux , ^ que Lévi avoir -payé la dixme à Meichifédech , quand Abraham
9* fon bifàyeul la lui paya ; 8c que par la même raifon on peut dire que la
poftérité d'Adam a violé l'ordre de Dieu , quand Adam la viola lui-même ,
& qu'elle a péché en lui , comme elle àuroit reçu la Juftice en lui : Qu'ainfi
il n'étoit pas néceflaite de recourir au plaifir fenfuel qui infeéte la chair ,
& dont rinfedfcion fe communique à Tame ; étant impofliible de concevoir
qu'un Efprit puifle recevoir une aifeâiion corporelle : Que fi le péché eft
tttie tache (pii'ituelle dans lame , elle ne peut pas erre auparavant dans U
chair ; & n c'eft une tache corporelle dans la chair, elle ne peut rien-opéret
fur Teiprit : Qu'enfin il étoit impoflîble de concevoir qu'une amc pour
fe joindre à un corps corrompu concra(%ât elle-même l'inFeâiion du corps.
Pour prouver enfiute le paâe de Dieu avec Adam , ilfe fervitd'unpaflàge
du Prophète OJée , d'un autre de VEccUJiaJliquc y & de plufieurs endroits de
S. AugaAin. Il montra aufli , que le Péché originel de chacun eft l'aâe
feul delà tranfgteflion d'Adam : il le montra , dis-je , par un endroit où
h Rom. V ^* ^^^^ 'di^ <^t'^ plujîmrs ont été faits pécheurs par la defobéïjfance d*un
ï9. ' ftul\ & parce qu'on n'a jamais cru dans TEglife, que le péché foit autre
chofi; qu'une aâiion volontaire contre la Loi ; & qu'il n'y a eu d'autre
aftion volontaire que celle d'Adam. Il fe fervit encore pour prouver la
•même chofe d*un autre endroit , où S. Paul dit que ct^par le péché ori-
^jjjIj^ j^ ginel * que la mort efi entrée dans le monde y quoiqu'elle ny foit entrée
que par la tranfeteffion aâruelle d'Adam. Enfin il tira une de fes princi-
pales preuves , de ce que quoiqu'Eve eût mangé avant Adam du fruit
défendu, elle ne reconnut point fa nudité, & ne foufifrit aucune peine »
avant qu'Adam eût péché lui-même. D'où il conclut que le péché a Adam
'flitnon-^ feulement fon péché propre, mais encore celui d^ve & de toute
fa poftérité.
70 Dominique Soto , pour défendre l'opinion de S. Thomas Se des autres
70. Dominique Soto^pour défendre Vopi' Hans Ta poftérité, la chofê na rien de
nion de 5. Thomas & des autres Théolo^ concradidoire. Mais qae ce penchant &
giens y répondit , i&c. ] Le Syftcme que pro- cette habitude foienc un péché dans (fL
pofe ici Soto a fa vraifemblance & fes dif- poftérité conrane dans lui-même , c*eft ce
ficalcés, comme les autres. Que le péché que les raifons de Soto ne prouvent point»
d*Âdam confifte dans fa défobéiiTance & & cependant ce qu'il s*écoit propofé de
fk cranfgrefljon aduelle , . c*éft ce femble montrer. * Car la comparaifon de la cour-
ce qui ne peut être contefté. Qu'en . pé- baie par laquelle ce Théologien prétend
chant il ait perdu la Juftice & la Grâce , éclaircir fon explication, niontie bien qui!
c'eft ce qui n'eft pas douteux. Que de rcfnlte de ce péché un défaut ou un défor-
cettc tranCgreffion il Toit né une habitude dre qui a paflc dans fa poftérité , mais
& un penchant, poiir le -mal dans hû de non pas que ce J飻ttc ou ce défoxdie fok
DE T R E N T E , L I T R B I ï. J07
Tliéotogicns contre les objeââons de Catharin , répondit : Qu*Adaîti pécha
'* " ' '' " ""^ idur; mois qu'il demeura pécheur
par t*aâ:k>n : Que tel e(b d ordi-
produiibnt dans Tame de ceux qui
les commettent une dîfpofition, qui fait qu'après l'aâe ils demeurent pé-
cheurs & en confervent le nom : Que l'aâion d'Adam fut une aâion
paAagère , qui n'eut d'être <|u'au moment qu'elle fut produite ; mais que la
Sualité habituelle qui lui en refta pafla à fapoltérité- > & eft devenue propre
chacun à qui elle a été tranfinife : Que cette aâion d'Adam n'eft pomt
ie Péché originel , & qu'il n'eft autre chofe que cette habitude qui a fuivi
de l'aâiion, & que les Théologiens appellent la privation de la Juftice : Que
l'on peut expliquer cela en confiderant que l'homme eflr appelle pécheur
non-feulement dans le tems qu'il pèche aâuellen^nt , mais encore après»
tant que le péché n'eft point efface s Se cela non point à caufe des peines
ou des autres fuites du péché, mais uniquement par rapporta la tranferef-
fion précédente ^ de même que l'homme qui devient courbé eft appelle tel
tant qu'il ne fe redredè point , non à caufe de l'aârion aâuelle , mais i
caufe de l'effet qui en refte après que l'action eft paflee. Puis comparant
le Péché originel à cette courbure , conutic véritablement c'en eft une fpi-
rituelle , Soeo dit , que comme toute la nature humaine étoir en Adam »
quand il fe courba en violant le commandement de Dieu, tout le gcnre-
kumain 8c par conféquent chaque individu particulier eft demeuré courbé »
non point de la courbure d'Adam , mais de la courbure qui lui eft propre »
êc qui le fait refter courbé Se pécheur, tant qu'il n'eft point redrerfc par la
Grâce. Ces deux opinions furent Contenues avec une chaleur éeale de part
& d'autre , chacun voulant faire adopter la Tienne par le Synode,
: Mais quant à la manière dont le Péché originel eft remis , chacun
s'accorda à clire qu'il eft effacé par le baptême , qui rend Pâme auffi pure
qu'elle Ictoic dans l'état d'innocence , quoique les peines dont a été fuivi
ce péché , reftent pour fervir d'exercice aux Juftes. Us convinrent encore :
Que la perfedion d'Adam confiftoit dans une qualité infufe , qui ornoit
l'ame & la rendoit parfaite Se agréable à Dieu , & exemtoit fon corps de
la mortalité : Que Dieu par les mérites de Jefus-Chrift donne à ceux qui
renaiiïent par le baptême une autre qualité, qu'on appelle la Grâce jufti^
fiante , qui en purifiant l'ame de toutes fes taches la rend auili pure que
celle d'Adam , Se produit même en quelques-uns de plus grands effets que
la Juftice originelle ; à la réferve qu'elle ne fe répand point fur le corps»
qui refte toujours fujjet àla mortalité Se aux autres défauts naturels. On
alléguafur cela plufreurs endroits de S. Paul Se des autres Apôtres , qui en*
feignent, que le baptême lave l'ame, qu'il la nettoyé , la purifie, & l'é- .
tin péché dans ceaz en qui il refte. Ceft rafTer de prouver la chofe fe font bornés 2
pourtant là dequoi il eft queftion. Mais vouloir rëclaircir : en quoi je ne vols pai
les Théologiens du Concile (tas s'embax- qu'ils ajent bien xéuffi.
Qq*
Udxlti.
Paul III.
3o8 HISTOIRE DU CONCILE
MDZLYi. claire, en forte qu'il n y reftc ni condamnation, ni tache, ni ride. 7» Oa
Paul III. difcuta avec beaucoup de foin , comment il fe peut faire que ceux qui font
' ' baptifés tranfmetteijtàleurs enfans un péché, dont ils ont été purifiés.
C'eft à quoi S. jéuguflinna répondu que par des exemples , comme par ce«
lui d un fils qui naît incirconcis d*un père circoncis , d un enfant qui voie
clairement quoique né d'un père aveugle , & d'un grain de bled qui vient
revêtu de paille quoique produit par un autre grain pur. Mais Catharin en
fuivant toujours fon Syfteme difoit que comme le paéle n'a voit ctc fait
qu'avec Adam , & que chaque homme n eft pécheur que par l'imputation
de la tranfgreflion de ce premier homme , les parens intermédiaires ne font
rien à la tranfmiffioii ; de telle forte que fi le Fruit défendu n'eût été maneé
que par un des enfans d'Adam , & non par lui même, fa poftérité n'eut
point contrainte de péché \ & qu'au conrraire quand Adam n'eût péché qu'a-
près la naidànce de fes enfans , ce péché n'eût pas lailfé de leur être imputé»
quoique nés auparavant. Mais Soto foutenoit au contraire , que fi Adam
n'avoir péché qu'après que ks enfans étoient nés , ils euHent été exemts de
ce pèche , qui n'auroit paflé qu'à leurs defcendans.
1 L E fixième article , où l'on fupp
Conteflation ^ ^ fixième article , où l'on fuppofe qu'il refte dans les baptifés des
i^Af^n'mVr chofes dignes de damnation ^ & le leptième où l'on dit qu'ils ont encore
fur Jm Con- Jes reftes de péché, furent déclarés hérétiques d'une voix unanime. 7* On
€Hfije0nce. condamna encore plus clairement le huitième,, qui fait de la Concupifcence
inTleury^un péché dans ceux qui font baptifés. Le km Antoine Marinier ™ Car-
L. 141. N** jng^ convenant avec les autres que le péché eft effacé par le baptême ^
'^^' & que la Concupifcence eft un péc5ié auparavant > ne laifla pas de remon-
trer qu'il troavoit de la difficulté à taxer cette propofition d nérétique, par«
ce que S.Auguftin déjà vieux, après avoir écrit à Boniface , que la Concit-
pifcence n'étoit point un péché , mais la caufe & l'eif&t du péché, avoit dit
enfuite en termes au0i clairs dans fes Ecrits contre Julten , que la Conçu-
71. On dîfcuta avec beaucoup de foin on article condamnable en effet , 8c qui
comment il fe peut faire que ceux qui font n'avoir pour appui que quelques expref*
êaptifis tranfmettent â leurs enfans unpé- ûons de S. Auguftin y qui dans ces maciè-»
ché dont ils ont été purifiés. ] Les Théolo- Tes ne paroic pas toujours ou s'exprimer
eiens , à les en croire , n'ont aucune peine avec une par&ice exaôinide , ou avoir éc£
a comprendre comment les enfans d'Adam entendu dans un fens auffi étendu Se adlT
pécheur naiflènc pécheurs ; Scne (àuroient vague que fes expreflîons le comportent*
expliquer comment ceux d'un père jufti- Le Concile a parlé trcs-jufte en diîantque
fié nailFent fans être juftifiés. Le Syftème la Concupifcence eft quelquefois appeUée
de Catharin l'explique plus naturellement péché , entant qu'elle vient du péché , êc
que les autres , mais toujours fur la fup- qu'elle y porte. Mais Marinier fembloic
pofition du même paéle , dont il n'a ja- un peu trop donner dans les idées de ceux
• mats prouvé l'exiftence, & dont la réalité des Réformateurs, qui regardoient toutes
eft très-douceufe. les œuvres des hommes comme autant de
71. On condamna encore plus clairement péchés , & qui à force de trop relever r#
U huitième , qui fait delà Concupifcence un juftice de Jefus-Chrift , anéantiifoient tout
péché dans ceux qui font haptifis. ^C'étoit le méxice des hommes.
DE T R EN TE, L I vu E IL 309
plfcence éroir non-feulemenc la caufe &refFec du péché , mais auflî un péché mdxlti.
elle-même •, & qu'il n'avoit rien dit dans fes Retradlations de ces propoutions ^^^^^ ^^^*
contraires *, preuve qu'il ne croyoit pas que cela appartînt à la Foi , & qu'il •
fugeoit qu'on pou voit dire l'un ou l'autre , la difrérence étant plutôt dans
les mots que dans la chofe même : Que véritablement autre choie eft de re-
chercher n une chofe eft péché en foi , ou H elle l'eft dans une perfonne
qui a une jufte excufe : comme par exemple , H quelqu'un allant à la chafTe
pour chercher de quoi vivre , tue un homme par ignorance invincible ,
en croyant tuer une bête , les Jurifconfultes conviennent que cette action
en foi eft un homicide & une faute , mais que ce n'eft pas un péché dans
le Chaflcur , ôc que fon ignorance doit Texcufer : Que de même la Con-
cupifcence , foit devant foit après le baptême , eft un péché en elle-même »
parce que tout ce qui eft oppofé à la Loi de Dieu eft un péché > & que S.
Paul nous apprend que dans les baptifés mêmes la Concupifcence répugne
i cette Loi -, mais que le baptifé eft excufé parce qu'il eft revêtu de Jelus-
Chrift : Qu aind cette Doârine étant vraie dans un fens , & fauflfè dans
un autre , il n'étoit pas jufte de condamner une proposition qui avoit un
bon fens , fans la diftinguer auparavant. Mais cet avis fut untverfelle-
ment rejette ; & Ton foutint que S. Augujlin diftingue deux fortes de Con-
cupifcences ; l'une avant le baptême , qui eft une oppoHtion de la volonté
â la Loi de Dieu » qu'il foutenoitêtre un péché qui s'efface par le baptême ;
l'autre qui eft une révolte des fens contre la raifon , qui refte après le batê-
me , & qui félon ce faint Doâeur eft bien la cauie & l'effet du péché j
mais n'eft point un péché elle-même : Que quand ce Père paroît dire le
contraire , il faut tenir pour affuré que fa penfée eft , que quoique la Con-
cupifcence foit un péché , elle ceflc d'être telle par le batême , & qu'elle
ne fert plus qu'à l'exercice des vertus & des bonnes œuvres. Quelques-uns
faifant attention aux chofes que Marinier avoit dites en opinant , & rap-
pcllant ce qu'il avoit avancé lians les Sermons ** qu'il avoit prêches le qua- » Lab. Col-
Crième Dimanche de l'A vent précédent & un Dimanche de Carême, où ^^^^P-^/y-
il avoit exhorté l'Auditoire à mettre toute fa confiance en Dieu 8c condamné ^ ^^^'
toute celle qu'on met dans les œuvres ; où il avoit fbutenu que tous ces
aftes héroïques des anciens Payens , fi fort loués par les hommes , étoient
de véritables péchés; où il avoit parlé de la différence de la Loi 6c de
rEvangile , non comme de deux tems difïcrens , mais comme fi l'Evan-
gile eut toujours fubfifté , ôc que la Loi ne dût point finir*, & où enfin il
s'étoic expliqué fur la certitude de la Grâce en termes ambigus & artificieux,
pour avoir-toujours de quoi fe défendre en cas qu'on voulut l'attaquer ; en
faifant, dis- je, attention à toutes ces chofes , quelques-uns foupçonne-
rent que ce Théologien n'étoit pas fort éloigné de la doctrine des Pro-
teftans.
Quant â l'article qui regardoit la peine due au péché originel , quoi-
que 5. Augufiin , qui fe fonde fur S. Paul , fc déclare ouvertement pour
la peine du feu > même à l'égard des enfans , & qu'aucun des SS. Pères n'aie
MOXLVI.
Paul III.
FIcury
>io HISTOIRE Dr U CONCILE
avancé le contraire , cependant le Makre des Sentences fuivi des Scola(lI«>
ques j qui confulcenc davantage les rairons philofophiques » ayant diftin«
gué deux fortes de peines éternelles , Fune qui eft ta privation de la béa*
titude célefte y & Faucrequi eft la douleur, n'ont deftiné que la première
à la punition du péché originel. Le feul Grégoire de Rimini ^ s'écarranc fur
cela de 1 opinion univerfelle des Scholaftiques a été de l'autre avis» qut
118.
L 141. N^ lui a fait donner dans les Ecoles le furnom de Bourreau des enfans. 7 s
Mais ni lui , ni S. Auguftin , ne trouvèrent dans les Congrégations au-
cuns défcnfeurs parmi les Théologiens.
74 II y eut aufli un autre débat entr'enx fur le même fujet. Les Domi-
nicains foutenoient que les enfansmons fans batcme avant l'ufage de rai-
fon y refterôient après la réfurreéfcion dans les Limbes » c'eft-à-dire , dans des:
lieux Souterrains & ténébreux , mais fans feu. Les Francifcains au con-
traire prétendoienc qu'ils feroient fur la terre & jouiroienr de la lumière.
D'autres^difbient qu'ilis y philofbpheroient & s'occuperoient de la connoif-
fance des chofes naturelles , & joaîroient même du plaifir que trouve la qm^
rioHté à faire des découvertes : Et Co/A^i/t ajoutoit encore, qu'ils fèroienr
vifités & confolés par les Anges & les Bienheureux. Enfin on débita fur ce
fujet tant de fantaifies & de chofes frivoles , qu'elles pourraient fournir
beaucoup de matière à égayer une converfation. Cependant par refpeft
pour S, Auguftin , & afin de ne pas voir OHidamnet Grégoire de Rimini ,
les Auguftins ment beaucoup dmftancepoor qu'on ne cenfurâr point com-
me hérétique ^article neuvième , quoiqu'ils le cniflent faux. Mais Catha^
rin n'omit rien au contraire pour obtenir cette cenftnrey afin, difoit-il^
de réprimer Taudace & l'ignocsuice de ces Prédicateurs, qui au grand fcan»
dal^ du peuple enfetgnoient cette doârine. Puis fbutenant que S. Au-
f^uftin avoit parlé ainfi , plutôt emporté par k chaleur de la di^ute contre
es Pélagiens, que perfuadé que cette opinion fut certaine, il ajoutoit
que puifque les Ecoles s'étoient toutes accordées à reconnoître la vérité
contraire , Se que les Luthériens avoiem renouvelle l'erreur de Grég<^$
7). Mais ni lui ni S. Augufiin netrou^
virent dans Us Congrégations aucuns défcn^
fiurs parmi les Théologiens. ] Apparem-
ment que ce fentiment parut fi baxbare ,
qoeperibnne n'oCi en prendre la défenfe.
Il s*eft trouvé depuis beaucoup de Théo-
logiens , qui ont été moins fenfibles à la
compagnon. Et il faut avouer qu'ils ont
pour eux le filence de TEcriture , qui ne
marque point de diftinâion du lieu pour
les damnés , & qui ne diftingue que les
difTérens degrés de dairination. Mais fiir
un pareil fflence il faut être bien hardi
pour décider du fort éternel de ceux fur la
Qene delquels rEaituie n'a point claire-
ment prononcé, & en faTeur de qui la ni:-
tuie & la raifon fe déclarent.
74. Il y eut aujp. un autre débat entrt
eux fur te même fujet, ] Ceft quelque cho(ê
d*aflez plaifanc, de voir la facilité avec la-
quelle ces Théologiens décidoient de tout
ce qui fe doit paflèr en Tautre monde ,-
comme s'ils y avoient été eux-mêmes ,
& qu'ils en furent porâiitement infbuitf.
Cependant , à la feule connoidânce piiès
que nous avons , que les bons feront lé-
compenfés & les mcchans punis , je crois
que fur ce point les plus favans n'en br»
vent pas plus que les plus ignorans.
D E TREN T E, Li VRX m ijii
dt Rimîni , de que quelques Catholiques s y laiUbienc aller , il écoic né- mdxlvi.
:ce(Iàire que le Synode s'expUquâc fur ce .point. Paul lll.
LXVI. Apjeubs avoir écouté les avis des Théologiens , ^'agiflknt entre ^ ,
les Pères de drefler une formule de Décret > les.Evèques> dont fort peu de^Vh^T
:étoicnt verfcs dans la Théologie > mais qui écoient ou Jurifconfulies , fur U for-
-ovL ne fkvoient que la fdence de la Cour , embarrafles par une (i grande mmtion di$
variété d opinions & par la manière obfcure & épineufe dont les Scholafti- ^^^^^^
ques avoienc traité cette matière > ne favoient quel jugement porter de
l'eflènce du péché originel. Ils avoient plus de penchant pour l'opinion
•de Catharin^ qu'ils entendoient mieux , parce qu'elle étoit exprimée en
termes de Politique: fous l'idée d'un paâe>kiit.par un feul homme au nom
de fa poftéricé > & de la tranfgreflion duquel elle fe trouve coupable *, &c
{>lufieurs des Pères la.Eivorifoient : mais voyant 'la con tradition de tous
es Théologiens , ils n'oferentpas la recevoir. Et àl l'égard. de laremiffion
.du Péché originel , toutxequ'ilstrouvoient de clair, c'eft qu'avant le ba«
tème tous étoientinfeâésde c&péché , & en étoient parfaitement purifiés
par ce Sacrement. D'où ils concluoient qu'il n'y avoit que cela qu'on
dût établir comme . de Foi , en condamnant d'Héréfie le contraire , auffi^
bien que toutes les opinions qui alloient à nier de quelque manière que
ce fût le Péché originel. A l'égard de fon eflPence, comme il y avoit une
C\ grande variété de fentiniens entre les Théologiens , ils ne croyoicnt pas
qu'il fût poilible ni de définir la chofe avec tant de circonfpeâion qu'on
pût cgalementifatisÊiiretout le monde, ni condamner quelqu'une de oes
opinions , ians courir le rifque de caufer quelque Schifme.
Mais p Marc liguer Evêque de Sinigaglia , Jérôme Séripand , Général t Fîcury ,
des Auguftins, & jir^é i^iguy Théologien de l'Ordre de S. François , ^' ^^^' ^'°
.parurent contraires à cette inclination générale. Ce dernier principale- '
ment remontra. Qu'il ne convenoit pas, & que c'étoit une chofe fans
exemple dans un .Concile, de taxer une opinion d'hérétique, fans éta-
blir auparavant quelle étoit la vérité Catholique : Qu'aucune propofition
négative^ qui-cft véritable n'a en foi la caufe de fa vérité, mais qu'elle ^ P^^l^^- 1-.
n'eft vraie q^'cn conféquence d'une vérité affirmative s Se qu'aucune affèr- 7' ^* ^^*
tion n'eft faaiïe que parce que la contraire eft véritable , enfbrte que l'on
ne fauroit connoître la faufîeté de l'une , qu'on ne facfie auparavant la vé-
rité de l'autre : Que par conféquent on ne pouvoit condamner d'Héf^e
l'opinion des Luthériens fans établir auparavant la doârine de l'Eglife ;
Que n l'on vouloir examiner la manière dont on avoit procédé dans tous
les Conciles qui ont traité des matières de Foi , on vcrroit qu'ils avoient
toujours d'abotd jette : les fondemens orthodoxes pour les faire fervir à la
condananarion des Héréfics , & qu'il falloir fuivre Je même ordre : Car
quand on lira, difoit-il, que le Concile ^de-Trente a condamné cette Pro-
pofition Luthérienne, Que le péché originel e/i une ignorance y un mépris y
une défiance y & une haine des chofes divines, y & wu^ corruption de tout
r homme dans la volonté y rame y&le corps y qui ne.dcmai^dera paç auflî- tôt :
311 HISTOIRE DU CONCILE
Mi^xLvi. Qu'eft-cc donc que ce péché î &qui ne difc en lui-même , Quel eft donc
Paul III. [c fcntiment Catnolique , fi celui-là eft hérétique î De même en voyant
— ~— — condanmec ZuingUj qui avoit dit que Us tnfans des Fidèles font baptifis
en la nmiffion dtspccnis , mais quAdam ne leur a tranfmis que les peines & '
la corruption de la nature , qui ne demandera auflî-tot , Que leur a-c-il donc
tranfmis autre chofe t II conclut en finifTant , que le Concile étoit princi-
palement aflèmblé pour enfeigner la vérité Catholique , & non pas feu-
lement pour condamner les Héréfîes.
L*Ev£SQUE de Sinigaglia remarqua à fon tour : Quaprès tant de
diiputes aeitées fur ce point dans les Diètes d'Allemagne » chacun atten-
doit du doncile une doârine claire» nette» cxemte de toutes diffip-
cultes.
Enfin Séripandy que Ton foupçonna un peu de parler à Tinftigation
de rAmbaffadeur de l'Empereur , ajouta : Que la doârine Catholique du
péché originel fe trouvoit dans les Ecrits de S. Augujlin : Que Gilles
de Rome avoit écrit fur cela un Livre exprès ; & que fi les Pères vou-
loient fe donner quelque peine de le parcourir » ils comprendroient faci-
lement la vérité & feroient aifément en état de porter leur jugement :
Qu'enfin on ne devoit pas donner occafion de dire , qu'en quatre jours
on avoit décidé a Trente , ce qu'on n'avoit pu réfoudre en tant de Con-
férences tenues en Allemagne.
Mais ces avis ne furent pas écoutés. Car ces Prélats défefpérant de pou-
yoir jamais fe mettre allez au fait de ces queftions épineufes de l'Ecole ,
n'avoient nulle envie d'en faire l'épreuve. Les Légats de leur côté , qui
avoient reçu de Rome des ordres abfolus de terminer cette matière dans la
Sefiîon prochaine , étoient forcés d'éviter les difficultés. Le Cardinal del
Monte lur-tout > réfoiu entièrement de franchir le pas , ayant afièmblé chez
lui les Généraux d'Ordre , avec Catharin & Véga , qui avoient plus parlé
que les autres » leur ordonna d'écarter les difficultés > & de faciliter le plat
qu'ils pourroient l'expédition de cette matière.
DiffHtisdes Les Prélats députés pour former le Décret conjointement avec quel-
Dêtmm- ques Théologiens , partagèrent donc toute la matière en cinq Canons.
ca$ns é^des ^^jj^ |g prc^içr ^ w s agifl&it du Péché çerfonnel d'Adam •, dans le fécond»
eainsfûr U ^^ ^* transfufion 3c ce Péché à fa poftérité; dans le troifième, du remède
Conctftion <iui fcf t à l'efTacer , c'eft-à-dire » du baptême -, dans le quatrième , du bap«
mnuuuUt terne des enfans *> &c dans le cinquième > de la Concupifcence qui refte dans
df UVierie, [es baptifés. On condamnoit enfuite les opinions des Zuingliens fur les
quatre premiers articles , &c celle de Luther fur le cinquième. On parla
fur tous ces points , & on fit des additions & des retranchemens félon les
avis que l'on donna , & fur lefquels tous firent paroître une grande una-
nimité y7s i\2i réfervc de quelques Evêques fc des Francifcains , qui n'ap-
prouvoient
7f. AUréfirife de quelques Evêques & qu*on dit fi généralement , que h Péché
des Francifcains , qui riapprouvoicnt pas d'Adam éteit pajji dans tout le genre-ku*
main^
DE TR ENTE, t I y JLK IL 315
pronvoienc pas qu'on dît fi généralement que le Péché d'Adam étoît paffc Moxtvn
dans tout le genre - humain , parce qu'on paroiflbit comprendre la Sainte ^^^^ HL
Vierge , fi elle n'étoit exceptée diftindement ; ce qui leur faifoit deman- -
dcr qu'on fit cette exception* ' Les Dominicains au contraire , difoicnt que rPailav. U
S. Paul & tous les SS. Pères avoient parlé d une manière auflî générale , 7. c 7, '
& fans faire aucune exception , &c que par conféquent il n*en falloir faire
aucune. Cela ralluma la difpute , & on retomba dans une queftion que
les L^ats avoient taché plufieurs fois dccarter. Les Dominicains direnc
que quoique TEgli'"' "'' — '^" 1»-^:^:^^ j^ 1- ^ -•— • »/
pendant fi Ton vo
Vierge n'avoit pas
xcpliquoient au contraire , aue de ne pas en exemtcr la Vierge , ce feroit
condamner TEelife , qui céleoroit fa Conception comme immaculée \ Se fe
rendre coupable d'ingratitude à fbn égard , que de priver d'un honneur
qui lui étoit du » celle par le canal de laquelle nous venoient toutes les
Î;races de Jefus-Chri(L La conteftation alla fi loin , que l'Ambafiadeur de
Empereur conçut quelque efpératKe d'obtenir , comme il le fouhaitoit »
que la matière ne put pas être en état d'être propofée dans la Seffion fui*
vante.
LXVIL Mais comme on dit plufieurs chofes en cette rencontre , qui HijUxiêni
©ccafionnerent le Décret qui fui vit, & qui donna beaucoup occafion de deffM-Foê-^
parler , 7<f il cft à propos pour l'intelligence de toute cette affaire de re- ^^ fi*^ ^•"*'
monter jufqu'à l'origine de la conteftation, ^^^J ^ ^
nuin , Bic» ] Selon le Cardinal Pallavïcin^ contentlo & difputAtîo inter Patres » num niotu
la conteftation entre les Francifcains & les in hoc Décréta de peccato originaU ejfet
Dominicains nétoit pas proprement de decidenda quafiio de Concept'ione B. Mariœ
£ivoir, fi l'on devoit comprendre on ezcep- Virpnis. Et major i parti vifumfuit relm"
ter la Vierge da Décret , oa non 4 mais quendum ejfe hune articulum* Notre Hi(^
feulement u Ion deroit louer , oa non , torien n*a donc rien dit ici que de con«
l'opinion des Francifcains comme meilleure ferme aux Âôes du Concile. Il eft vrai ^
•& comme plus pieufe. Si c*eAt été là réelle- que lorfque le Décret fut arrêté , les Do^
ment la qneftion , la ckofe ne lailTeroit minicains formèrent: leur oppoficion à U
pas que de revenir à peu près au même, claufe oïl il étoit dit que l'opinion de U
Mais il patoît par la nature des raifons Conception immaculée étoit pieufe i mais
que ch^n appona , & dont on trouve un la première difficulté étoit de favoir fi
Extrait dans Fra^Paolo , qu'il s'agifibit l'exception feroit comprife ou non dans le
réellement de comprendre ou d'excepter Décret ; quoi que diïe au contraire Pif/«
la Vierge du Décret général. Cela le con- lavicin,
£rme aufll par un Extrait des Âé^es de 76. Il efi â propes pour t intelligence de
Majfarelli rapporté par Raynaldus N** toute cette affaire y de remonter jufqu à Ve-'
7f . od l'on voit qu'il s'agiflbit d'abord de rigine de la conteftation. ] Tout ce difcoun
(avoir , fi l'on devoir décider b queftion y de Fra «• Paolo fur la Conception immaculée
ou non, comme l'avoit propofé le Cardi- a étrangement fcandali(é le Cardinal /'^f/Zk*
nal Pachéco^iLir.JunUdifcuffiim eftacerhç ricin , qui ne le traite pas moins que 4#
ixamine Decretum depeecato originaU. In mcnlbnge & d'impiété. 11 7 a poortanc
cujus Decred ezanùnatipne çn(^ ta^igns peu d'endroits | oà notre Hiftoxien f'ex»
ToMi I. Rr
IfPXLVI
314 HISTOIRE DU CONCILE
77 Après que • Nejiorius eut eu Timpiécé de divifer Jefus-Chrift 8c d'en
par ces paroles Latines , Maria Mater Dei ; 1^ ce qui ayant d'abord été
inventé feulement à l'honneur de Jefus-Chrift , fervit bientôt à celui de fa
Mère , Ëc enfin ne fervit plus qu'à elle. Ceci arriva encore dans les Ima-
rs, où pour fe reffouvenir de l'honneur qui étoit du à Jefus-Chrift en-
mt , on le dépeignoit entre les bras de fa Mère. Car ce qui avoir été fait
pour honorer Jefus-Chrift , ne fervit plus qu'a faire honorer la Mère fans
leFiU, qui ne fervoit plus que d'une efpèce d'ornement à limage. Le^
Prédicateurs & les Ecrivains» & fur-tout les Myftiques entraînés par le
peuple, qui peut beaucoup en matière de Religion, ceflerenc de parler de
Jefus-Chrift , & inventèrent au contraire de nouvelles louanges > de wont^
Telles épithètes , & de nouvelles dévotions pour honorer fa Mère \ jufque*
U que vers Tan ml on drefla en l'honneur de la Vierge un OflSce diftingué
en iept Heures Canoniales > de la même forme que celui qu'on récitoit en
prime avec plus de lumière & d'ezadicade.
Mais fi Ton ne donne dans la (bperfti-
tion la plas outrée , on court grand rifque
Jepa0èr pour impie auprès de ce Cardinal.
7 7 . Aprls qut Nejiorius eut eu V impiété
de divifer Jefus - Chrift & d*en faire deux
Fils s &c. ] On ne peut ceicainement ezca-
fer Nejiorius d*knprudence & de témérité
4ans Tinnovation qu'il voulut introduire
dans le langage de TEglife. Mais des Sa*
▼ans Vont juftifié de Timpicté donc Fra»
Paolo l'accufe ici , & ont juge alTez pro-
^able que toute cette grande concroverfe
n étoit proprement qu une conteftation de
mots.
78. L'EgUft^^întroduifit — Vufagt fré-
quent de faf^elUr — hi*^U 61079»^ ,&c. ]
Fra-Paolo ne die pas qu*elle en introduifit
Tufage , comme le lui fait dire M. w^/wr-
lot^ CQ. qui eue été faux 5 mais feulement
Tufage fréquent , ce qui eft inconteftable,
pui(que ce terme ne fe trouve que rare-
ment dans les Ecrits antérieurs au Concile
d'Ephèfe , & PalUvicin eft forcé de la-
vouer. La Chu fa , dit notre Hiftorien ,
irarodûffe di repli caria frequentijfimamente
79» Ceépii ayant tC abord été énventéfeu^
Umtnt ^ l'honneur de Jefut - Chrijl j fervh
bient&t à celui de fa Mère; ] ' -il n'cft pas
bien exactement vrai , comme le dit ici
Fra-Paolo , que le titie de Mère de Dieu ,
ou les Images dont parle notre Hiftorien ,
ayent été imaginées d'abord pour faire hon-
neur à Jefus - Chrift , il n*eft que trop
certain du moins qu a la fin cela ne (èrvit
prelque plus qu'à Thonneur de (â Mère i
que la figure de Jefus-Chrift ne tint plus lieu
que d'ornement à celle de Marie , & que
le culte de la Vierge devint prefquc une
efpèce d'idolâtrie , ^nt à peine pourrions*
nous juftifier le Cardinal lui - même , fi
nous ne prenions dans un fèns moins ri-
goureux ce qu*il nous dit, L. 7, c. 7. de l'a-
doration de la Mère de Dieu. Fii egli con*
danatOy dit PaUavicin en parlant de Nejlo'
rius , nel Concilio Efêfino , e s'introdujje il
cojlume di fipirar le adorate immagini di
Maria con Crijio fanciullo in braccio , per
/tgnificare chc fi adorava Maria corne Ma--
dre di quel fanciullo ; eper tanto ch'ella era
Madré di Dio; auvenga che Veffer Madré di
qualunque altro figlivolo non varrebbe per
titolo d*adorj{ione. Ces expreffions ne font
rien moins qu'exa^es , & je ne fai fi on
ne pourroit pas les taxer d'impiété avec
plus de raifon , que PaUavicin n'en a taxé
k difcosrs de fon adveriàiie.
DE TRENTE, Livre IL 31^
llionneuc de Dieu depuis un tems très-ancien •, 8c cette vénération augmenta *inxLti.
encore tellement les cent années fuivantes, qu'on vint jufqu a cet excès que ^^^^ ^^^'
d'attribuer à Marie ce que l'Ecriture dit de la Sagefle divine. L'exemtion ■■■——■
du Péché originel fiit une des nouveautés qu'on inventa alors ; mais cette
opinion ne rut adoptée que par quelques particuliers , Se ne trouva ni
créance parmi les Savans > ni place dans les cérémonies Eccléfiaftiques.
*® Vers Tan mcxxxvi , les Chanoines de Lyon ayant ofé en introduire la
Fête dans les Offices Eccléfiaftiques , S. Bernard qui pallbit pour le Théo-
logien le plus habile &c le plus pieux de fon fiècle > &c qui d'ailleurs dans
les louanges qu'il donnoit à la Vierge avec profufion alloit jufqu'à l'appellcc
le cou de l'Eglife > par le canal duquel paflènt du chef aux membres toutes
les influences & les grâces, écrivit fortement à ces Chanoines pour les re-
prendre d'avoir introduit une nouveauté dangereufe , fans raifbn & fans
exemple dans l'Antiquité, Se pour leur dire qu'il 7 avoir aflèz de verttts
réelles à louer dans la Vierge , à qui ne pouvoir olaire une nouveauté pré-
fomptueufe , mère de la témérité , fœur de la fuperftirion , & fille de la
légèreté. Dans le (îècle fuivant , il y eut des Dodeurs Scolaftiques de l'Or-
dre de S. François Se de S. Dominique , qui réfutèrent cette opinion dans
leurs Ecrits ; jufqu'à ce que vers Tan mccc Jean Scot Francifcain ayant mis
cette matière en difpute , & examiné les raifons pour & contre » s'aviiâ
pour appuyer l'opinion de la Conception immaculée , d avoir recours i la
puiflànce de Dieu , en difant : Que Dieu a voit pu exemter la Vierge
au Péché originel , ou ne Ty laifïcr fujette que pour un moment , ou
pour quelque tems : Que Dieu feul favoit lequel des trois étoit véritable ;
80. Vers Van xi^é, les Chanoines de nîers Ecrits ne parle de cette exemtian
'Lyon ayant ofé en introduire la Fête dans Us dn péché pour la Vierge , que connnne
Offices EccUfiaftiques , &c. ] Dans tout ce d'une chofe pofCble. Non vogUo diffimu^
long difcours le Card. PaUavicin , qui taxe lar tuttavia cht '— divenuto allora più
notre Hiftoriend*impiété, n'y relevé d'au- cauto in fidarfi délie congruen^e fopra cio
très faits que ce qu'il y dit de St Bernard ch'erapoflonelmero arbitrio di Dio , nèda
& de Scot. Mais fur l'un & TautTe anicle lui revelatoci apartamente , aggiunfe lapar-
la juflificacion de Fra-Paoh eft aifée. S. tîcella dubitativa forfe , àquello cht intor*
Bernard en condamnant la Fèce nous a no alla perpétua innocenta di Maria Ver^
donné alTez clairement à entendre qu elle gine ajjolutamente haveva infegnato —^
étoic établie fur un £iuz fondement, puif^ nelU It's^oni Qxfordieft, C'eftainH que de
qu'il na rien dit pour juflifier la chofe 3 & Jcfuite y après routes fcs déclamations, Ç^
^u*au contraire toutes fes rai(bns tendent trouve obligé de convenir de la vérité de
à infinuer que cette Conception de la ce qu'avolc dit fon adveifaire. Qr de dire
Vierge fans péché étoit la chofe du monde d'ailleurs , que Scot en répondant aux
la plus douteufe , & (a moins fondée , objeâions qu'il fe fait,remble établir non-
pour ne pas dire abfolumenc âiafiè. Et à feulement la poffibilité , mais la réalité de
l'égard de Scot , (ans entrer ici daiis un la Conception immaculée , c'eft une éva-
plus grand détail , il eft fi évident qi/il fion & un fubterfuge ridicule , puifqu'il
n'a donné fon fentiment que comme pro- ne réfout ces objedlions , que pour prou-
bable , que PaUavicin lui-même efl oblige ver fa proportion , qui étoit , que cette
d'avouer que ce Théologien dans '(es der- exemtion du péché n'étoit pas irtpoflîbft.
Rr 1
3T« HISTOIRE DU CONCILE
«ivicLTi. mais que néanmoins il y avoit beaucoup de probabilité au premier ^
Paul III. ^ ïxioins qu'il ne fut contraire à l'autorité de l'Ecriture & de TEglife..
^ L'Ordre de faint François fuivit pour la plupart la dodrinc de ce 1 héo-
k)gien , qui avoit été K)rt célèbre en fon tems. Et à Tégard du point parti**
culier de la Conception ^ les Francifcains voyant la porte une fois ouverte >
foutinrent comme abfolument vrai , ce qu'il n'avoir avancé que comme
poHible & probable > mais toujours pourtant avec cette reftriâiion y Ji ctlé^
ne répugne point à la Foi Orthodoxe. Les Dominicains au contraire com-
battirent toujours cette opinion fur Tautorîté de S. Thomas Doâeur de leur
Ordre , célèbre par fa capacité & par l'approbation de Jean XXII y qui
pour rabaidcr les Francifcains , lefquels pour la plupart fuivoienc le parti
de l'Empereur Louis de Bavière , qu'il avoit excommunié > avoit relevé ce-
grande répui
fe déclara ouvertement & fortement pour elle. Le Concile de Baie même
après de longues difcuffions & de grandes difputes l'approuva , & détendic
de prêcher Se d'enfeignec le contraire : ce qpi s'obferva dans les lieux oili^
fon autorité fut reconnue. Enfin le Pape Sixte IV y de l'Ordre de S. Fran-
çois y publia deux Ikilles fur ce point ; l'une en mcccclxx vi y pour ap-
prouver un nouvel Office que Léonard de NogaroUe y Protonotaire dit.
daint Siège > avoit compofè en l'honneur de cette Fcte , & pour accorder
des Indulgences à cous ceux qui le réciteroienc ou y aflifteroietK ; l'autre
en MCCCCLXX XIII , pour condamner ceux qui difoient que c'étoir une Hé<*
réfie de croire la Conception immaculée > ou un péché d'en célébrer lat
Fête , & pour excommunier les Prédicateurs , ou tout autre qui taxeroic
d'Héréfie cette opinion y fur laquelle TEglifè Romaine & le Saint Siège
n'avoient point encore prononcé. Cts Bulles ne terminèrent pas les con-
teftations cnrre les deux Ordres. Elles fe renouvelloient au contraire i
chaque Fête de la Conception , &c elles s echaufToient d un tel point » que
Léon X pour les faire ceflèr fit écrire à différentes perfbnnes » afin de fè
mettre en état de terminer par une décifion cette controverfe. Mais le<>
nouveautés qui arrivèrent en Allemagne le firent penfer à des chofes plus
importantes , & il en fut de ce différend comme de ceux qui arrivent dans
les Etats troublés par des fa&ions, qui Ibrfqiie la ville eft afliegée fe réu-
nifient toutes contre l'ennemi commun. Les Dominicains fe fbndbienr
pour la défenfe de leur opinion fur l*Ecriture , les Pères & les anciens
Scotaftiques ; dans les Ecrits defquels les autres ne trouvoient pas un feul
mot en leur faveur , & étoienc obligés de recourir aux miracles & au coa*
lentement des peuples. Cefl{ce qui faifoit que Jean d^Udine Dominicaiit
difoit aux Francifcains : Ou S. Paul & les Pères ont cru comme vous que
la Vierge étoit exemte du Péché originel , ou ils ne l'ont pas cru. S'ib Tout
cru , & cependant n'ont jamais fait mention de cette exception , que ne les:
îmicez-vous ) Et c'iU pnt au le concraiie > votre fencimeot eft dooc ooc
DE TREN T E, Livre IL 317
sooveauté* }Azis à cela Jérôme Lombardtl Francifcain répliquoît : Que mbxltt.
raacoricé de TEglife préfente n'étoit pas moindre que celle de l'Eglifc an- ^^^^* Ml.
ciennc -, & que (i le confenteraent de l'Eglife primitive avoir fait parler ——■■—•
fans exception , celui de TEglife préfente , qui fe voie par la célébration
générale de la Fête de la Conception > dévoie nous porter à ne pas difconti*
nuer cette Fête.
LXVIII. Cependant les Légats mandèrent i Rome l'union admirable Ordrtdm
des Pares contre la dofbrine des Luthériens , SE la délibération prife de la ^^p^ Mtx
condamner. Ils envoyèrent en mêrae-tcms copie des Anathématifmes qui "^^^f Jf ^
avoienr été drcflfés , & donnèrent auflî avis de la conteftation qui s'étoit ^^/A^Ti^A
élevée au fujet de la Conception. La réponfe qu ils reçurent de Rome fur fi^e^s dif"
ce dernier article fut un ordre de ne point toucher à cette matière , c^mférends tUg
pouvoir caufer un Schifme entre les Catholiques , de tacher de maintenir ThéohgUnt
la paix entre les deux Partis, de chercher moyen de les fatisfaire égale- •^^'^^'*^*
ment, & fur-tout de conferverle Bref de Sixte /^dans toute fa vigueur.
En conféquence de cette réponfe les Légats , fbit par eux-mêmes foit par
Tentremife des Evêques les plus prudens y exhortèrent les Parties i fziïc
ce (1er leurs difputes , pour pouvoir agir de concert contre les Luthériens.
Chacun confentit donc, a garder le (ilence , pourvu qu'on ne mît rien qui
5)ût préjudicier à fbn opinion. ' Mais comme les Francifcains difoient que ^ Rarit»
c Canon feroit contre eux , (î Ton n'y mettoit point d'exception en faveur N® 77.
de la Vierge i &c que les Dominicains rcmontroieiit au contraire , que ce flcury , U
feroit les condamner , fi Ton faifbit une telle exception; il fallut chercher H«"N**i^34r
on tempérament, qui fut de ne la comprendre ni de l'excepter d'une manière
pofitive -, ce que 1 ojî crut pouvoir faire , en difant qu'on n'avoit eu inten-
tion ni de la comprendre ni de l'excepter. Cependant les Francifcains , qui
n'étoient pas encore tout-a-fait fatisraits , firent tant d'inftances pour qu'oiy
dît feulement qu'on n avoit pas eu intention de la comprendre dans le Ca-
non , qu'à la fin les autres y confentirent. Mais pour obéir au Pape > on
ajouta qu'on obferveroit fur cela les Conftitutions de Sixte IV.
LXIX. Pendant que tout ceci fe traitoit à Trente, ^ TEmpercur dans Vtmfinwr
la Diète qui fe tenoit i Ratisbonne témoigna an grand déplaifir de ce que trsvMiiie
le Colloque s'étoit rompu fans fruit , & demanda que chacun voulût pro- '««'^'^«"«rt^
pofer ce qu'il croyoît ae plus propre à pacifier l'Allemagne. Les Proteftans j^J^^^
demandèrent que conformément au Recès de Spire on travaillât i appaifer j^,/^^ /^^
les différends oe Religion dans un Concile National ,. qui y réuflîroir plus qmerelles de
aifément qu'un Concile Général -, parce que , vu la grande différence d'opi- ^'//>/>».
nions qui & trouvoit entre l'Allemagne & tes autres Nations , il étoit im- '^ ^^^^^ ^
pofiible que les conteflarions ne devinflcnt encore plus grandes dans un -lî^^^^i^
Concile Général •, & que fi Ion vouloir employer la force pour obliger Tes u N° 7^
Allemands à changer de fêntimens , cela ne poarroit arriver fans maffacrer Flcury , IL.
des milliers d'hommes , au grand defavant^e de l'Empereur & à là fàtif- r4?..N*^<ïr
£iâion des Turcs. A cefa les Miniftres de l'Empereur répondirent : Qu'il
a'avoit pas tenu à r£mpci:ear> quon n'ex^atac le Déaecde Spire ; Qiie
3ï8. HISTOIRE DU CON CIL E
MPXLTi. tout le monde favoit , que pour avoir avec le Roi de France la paix qui
Paul III. ctoic H nécelTaire , il avoir été forcé de condefcendre aux volonrés du Pape
' fur le fait des affaires de Religion : Que le Décret de Spire avoir été fait
par rapport aux befoins qui étoient alors *, mais que le changement arrivé
dans lès affaires obligeoit auflî de changer de mefures : Que dans les Con*
ciles Nationaux on avoir quelquefois travaillé à réformer les mœurs» mais
qu'on n'y avoir jamais traiié oc la Foi & de la Religion : Que dans les Col-
loques où tout fe palToit entre des Théologiens la plupart difficiles de en-
têtés , on n'en viendroit jamais à aucune réfolurion modérée , comme il
feroit nécedaire -, Que perfonne n'étoit plus zélé pour la Religion que l'Em-
pereur 5 qui n'étoit pas un Prince à s'écarter un pas de la juftice Se de h
vertu i pour complaire au Pape ; mais qu'il favoit aufli que dans un Con-
cile National on n'auroit jamais pu ni concilier les Parties , ni conveoit
X Flcury , d'un Juge. Les Ambafladeurs * cle Mayence ôc de Trêves s'étant féparés
L. 141. N° jçs autres Eledeurs , de concert avec tous les Catholiques , approuvèrent le
sicid L Concile de Trente , Se fupplierent l'Empereur de le protéger , & d'exhor-
p. 18 r. f^r les Proteftans à s'y rendre Se à s'y foumettre. Mais ceux-ci difanc que
ce Concile n'étoit ni libre , ni tel qu'ils i'avoient demandé > Se qu'on le
leur avoit promis dans les Dictes de l'Empire , firent de nouvelles inftances
à l'Empereur pour obtenir qu'il voulût maintenir la paix , Se ordonner
qu'on réglât les différends de Religion ou dans un Concile légitime qui &
tmt en Allemagne ^ oii dans une Diêce de l'Empire > ou dans un Colloque
de perfonnes favantes de l'un Se l'autre parti.
Ileommenee Cependant y les préparatifs fecrets que l'Empereur avoit faits pour la
ÀUijfercûn' guerre ne pouvant plus demeurer cachés > vinrent a la connoiffance des Pro-
noitre U def" tcftans , qui virent alors quels motife avoient engagé ce Prince â faire là
AVâlt^Je E^^^ ^^^^ ^^ France , & uiie trêve pour cette année avec le Turc. Le bruit
fsire U ç ailleurs s'étant répandu que le Pape Se Ferdinand ^moicnt de leur côté,
guerre aux ioxxi tomba en confufion. L'Empereur * voyant fes deffeins découverts »
FrotefiMns, dépêcha le 9 de Juin en pofte le Cardinal Madruce à Rome pour demander
y là. Ibid. ^^ p^p^ j^^ fecours qu'il lui avoir promis. Il fit faire en même-rems des
N** 94!^ levées en Italie Se en Flandre , Se fit folliciter les Princes & les Officiers
Ileury , L. Allemands Proteftans , qui n'étoient point de la Ligue de Smalcalde > de
i4i.N°i48. fervir dans fes Troupes , les aflurant que ce n'étoit point pour caufe de
Religion qu'il vouloir faire U guerre , mais pour réprimer la révolte de
ceux qui fous ce prétexte ne vouloient ni obéir aux Loix, ni refpeâer la
Majefté du Prince. Par cette promeflè , Se les affurances qu'il donna de fa
procedion & de la liberté de confcience à ceux qui refteroient fidèles , il
contint dans la tranquillité plufieurs des villes qui avoient déjà reçu la Ré«
formation , & fait du changement dans les cérémonies de l'Egliiè.
F. Se//!on. LXX. Dans le Concile, après avoir terminé routes les difputes furies
Y^pf^t/'*^ matières propofées, &: avoir formé les Décrets de la Foi Se de la Réforma^
^wS^r"^"» les Légats, à la réfolution defqueU l'Ambafladeur de rEro'^rcar '
les iefons né "put pIus rcfiftcr, fe déterriiinêrent a faire tenir la Seflîon 1<! 17 de Jui^i
ce
& les Pré-
Mtiens
DE TREN TE,^i VRE IL ^i^
^ui étoit le jour fixe pour cette cérémonie. * La Mcfle y fut chantée par mdxlvi»
Alexandre Piccolomini * * Evêque de Pienza , & le Sermon prêché par Marc ^^^^ ^^
Laurto Dominicain. Après les cérémonies ordinaires on y lut le Décret de '
Foi contenant cinq Anathèmes. ^ Le premier , contre ceux qui ne con- ^
'^ Ibient pas qu'Adam par fa tranfgreflSon avoir perdu la faintcté & la jufti- dnlRJgH-
5 avoit encouru la colère de Dieu & la mort , étoit devenu l'efclave du //m.
Diable , & de pire condition pour le corps & pour l'ame qu'il n'avoir été, «PaUav. L.
Lcfecond, contre ceux qui difoient quAdam n'avoir nui qu'à lui feuliZ' ^' '^'
ou n'avoir rranfmis à fa poftériré que la morr du corps , & non le péché qui n^^to.
cft la. mort de l'ame. Le troifième , contre ceux qui enfeignoient que le Spond!
péché y qui quoiqu unique dans fon origine eft devenu propre à chacun j N'' 6.
iC'Cft rranfmis par génération & non par imitation , pouvoir être effacé pac ^^"n^^> L;
Bn autre remède que par lemçritc de Jefus-Chrift ', ou qui nioient que Je ^J^p '^^*
mérire de Jcfus-Chrift fur appliqué tant aux enfans qu'aux adultes par le Trid.Scff.f .
Sacremenr de baptême , adminiftré félon la forme & les cérémonies de l'E^
glife. Le quatrième , contre ceux qui nioient que les enfans dont les pères
lonr Chrériens » eulTenr befbin d'être baptifés ; ou qui difoient qu'ils étoienc
baptifés à la vérité pour la remiflion des péchés , mais cependant fans avoir
conrraâé d'Adam aucun péché originel. Le cinquième enfin , contre ceux
qui nioienr que la coulpe du Péché originel fur remife par la grâce tlu bap«
terne ; ou qui difoient que par elle tout ce qui e{l proprement péché n'étoii
pi^ ôté , mais Amplement rayé &c non impure. Après quoi le Concile en-
feignoit , que la Concupifcence refte dans les baptifés , mais feulement
pour leur fervir d'exercice , & qu'elle ne peut nuire à quiconque n'y con-
fenr pas : & il déclaroir , que quoique l'Apôtre lui donne le nom de péché ,
elle n'eft poinr pourtanr un véritable & propre péché , mais qu'elle n'eft
ippcllée ainfi , que parce qu'elle eft née du péché , & qu*elle porte au
jpéché. Après quoi le Concile ajoutoit , qu'il n'avoit point intention de
comprendre la Sainte Vierge dans ce Décret , mais qu*on devoit s'en tenir
iur cela aux Conftitutions de Sixte IV y qu'il renouvelloit entant que
de befoin.
L E Décret de Réformation contenoit deux parties , dont l'une regardoic
les Leçons , & l'autre les Prédications*
' A l'égard des Leçons , il éroir ordonné : ^* Que dans les Eglifes où il y
avoit un fonds deftiné pour enfeigner la Théologie , l'Evcquc devoit avoir
8i. Alexandre Pîcolomïnî Evique de
Pienza, ] L'Edition de Londres marque Evê-
que de Plaifance i mais c e(l une méprife ,
éc qui vraifemblablement vient du Co-
fiifle, paifque dans rBdicion de Genève on
lie Pienza , Se qu'il y avoit alors un autre
£vcque de Plai(àuce.
81. Que dans Us Eglifes où il y avoit un
fonds defiiné pour enjeigner la Théologie ,
&c. ] Comme cette fonélion apparcenoîc
proprement aux Evêques , c'eft auffi à eux
qu on laifToit la nomination de celui qu'ils
dévoient fubfticuer , lorfqu'ils ne pou-
voient exercer cette fondion par eux-mê-
mes. En quoi le Concile de Trente a fuivi
exa<^ment la dirpofuion des anciennes
Régies EcclcfiaAiques.
510 HISTOIRE DU CONCILE
KoxLVt. foin que ceux qui pofTedoient ce revenu âflent des Leçons par eux-mêmes fng
Paui III. l'Ecriture Sainte , s'ils en ctoient capables 5 ou s'ils ne Tétoicnt pas, qu^ellet
'— ■— "^ fuflent faites par quelqu'un que TEvêque même nommeroic pour cet cfet 9
& qu'il prenclroit garde i la venir que cet emploi ne fut donné qu'à gens
qui pufTent l'exercer par eux-mêmes : ^ ) Que dans les Cathédrales des graii«
des villes » & même dans les Collégiales qui étoient dans quelque eiuicoic
conlidérable où il n'y avoir point de revenu affeâé pour cette fondion y on
prendroit la première Prébende vacante ou quelque Bénéfice fimple , oa
que l'on feroit contribuer tous les Bénéficiers pour fair^ cet établiflement t
^4 Que dans les Eglifes paunes il y auroit au moins un Maître pour eniêù-
ener la Grammaire » auquel on afligneroit le revenu de quelque Bénéfice
umple , ou quelques appointemens fur le revenu de la Menfe Capiculaût
ou Epifcopale , ou que l'Evèque trouveroit quelque autre moyen d'y pour-
voir : 'T Que dans les Monaftêres de Moines, ou on lepourroitj on lèroit
des Leçons fur l'Ecrimre Sainte *, Se que fi les Abbés manquoienc à ce de«
voir par négligence , l'Evêque comme délégué du Saint Siège les y oblige
roit : Que dans les Couvens des autres Réguliers on nommeroit des Maîtres
pour le même effet : Que dans les Acaoemies publiques où il n y avait
point de pareilles Leçons fur l'Ecriture Sainte , on attendoit de la piété
êc de la charité des Princes & des Républiques qu'ils en établiroient î tc
que par toi^t où il y en avoit ei^ de négligées » ils kferoient rétablir : Qo^â
Texceptioa
t). Que dans Us Cathédrales des part'*
des villes , &c. ] Ceft une extenfîon du
Règlement du Concile de Larxan fous In^
nocent 111 y qui navoic établi les Prébendes
Théologales que dans les Eglifes Méciopo-
licaines. Le Concile de Bâle avoit enfuite
ordonné le même érabliflfement dans les
Eglifes Cathédrales , & celui de Trente
retendit mftme aux grandes Collégiales \
ce qui n*a popxcant pas eu de lieu en France «
od 1 on n a établi de Théologaux , dont la
nomination appartient à TOrdinaire , que
dans les Eglifes Métropolitaines & Cathé-
drales. Le Card. Pachéco demanda , que
dans l'endroit où il étoit dit qu on afTîgne-
loit pour cez établiflement la première Pré-
bende vacante autrement que par rcfigna-
tion on ajoutât , 6» par Regrhs. Mais le
Card. de Ste Croix sy oppo'a en difânt,
que les Lc^ts avoient affedé de ne point
parler de Regrès , parce que lé Concile
lie les approuvoit pas & quon pourroit
bien les fupprimer tout-à-faiti ce qui arriva
cfTçâivemeut dans la fuite.
94. Que dans les Eglifes pauvres il y
auroit au moins un Maure pour enfeigaerld
Gtammaire , &c. ] L'origine de cette fenc*
tion eft ancienne dans nos Loix , 9c Vçm
en voit des refte^ dans les Dignités d'EcxH-
lâtre ou de Scholaflique , qui (obfiftent ei^
core dans plufienn Eglifes. Mais comint
par rétabliffement à^% Univeifités & des
Ecoles on a pourvu preique par -root à
rinftru^ion de la Jeuneflê , on n'a pas et
befbin en beaucoup d'endroits de aiettrt
en exécution ce Décret du Concile , qoî
d'ailleurs étoit fort fage.
S f . Que dans les Monaftêres de Moines 2
. ok on ne pourroit , on feroit des Leçorufur
l'Ecriture Sainte, &c. ] Cela n'a pu s'exé-
cuter univerfellement , mais pour j fûp«»
pléer , tous les grands Monadères ont établi
chez eux des Leçons de Théologie. Et à
l'égard des moindres ^ on a pourra à ce que
les jeunes Religieux fe fiffent inftroire ctf
dans les grands Monaflères , on dans les
Uiûveriin^.
t^ Qiff
DE TRENTE, Livre II. ^tj
rexccption de ceux ^ui faifoienc des Leçons dans les Cloicres de Moines ^ mdxl.-vi.
-îcrfonnc ne pourroïc en faire foit en public foit en particulier , qui n'eiu ^^^^ ^^*
;tc approuve de l'Evcque pour fes bonnes mœurs Se fa fcience: ^^ Que -
l'oti confer vérole à ceux qui feroienc ces Leçons publiques de TEcriture
Se aux écoliers qui les recevroienc , les privilèges qui leur écoient accordés
far les Loix ; & que quoiqu abfens , ils pourroienc jouir des fruirs de leurs
énéfices.
Quant aux Prédications , le Décret ordonnoit : Que les Evèques 5c
ics Prélats qui n'avoient point d empèchemens feroient obligés de prêcher
eux-mêmes TEvangile^ & qu'en cas ,d*empcchement ils fubftitueroient des
perfonnes qui en fuflènt capables : Que les Curés , au moins tous les Di^
manches Se les Fcces folemnelles > feroient obligés d'enfeigner les chofes
ziécedàires au falut ou par eux-mêmes ou par d'autres , Se que uonçbftanc
toute exemtion ils y feroient contraints par TEvcqvie : '^ Que les Curés des
Paroiflès fi\jettes à des Monaftcres , qui ne font d'aucun Dipccfc , ; y fe-
roient contraints par les Métropolitains comme délégués du Pape , H le
Prélat Régulier negligeoit de les y contraindre : *^ Que les Réguliers ne
{>rêcheroient point , même dans les Eglifes de leur Ordre » jfans avoir de
eurs Supérieurs une . atteftation de vie , de mœurs Se de capacité , Se
fans avoir auparavant demandé en pecfonne la bénédidtion de TEvêque ;
£e que dans les autres Ëglifes ils ne prêcheroient point fans la licence de
TEveque , qui leur feroit donnée gratuitement : Qu'en cas que quelque
Prédicateur femât des erreurs ou donnât du fcandale , l'Evcque lui inter-
4iroit la prédication ; fie que s'il prêchoit des Héréfies , TEvèque procc-
deroit contre lui félon la difoofition des Loix ou la coutume des lieux ; ou*
en cas qu'il fut exemt , l'Evcque ne laifferoit pas de procéder comme dé-
légué du S. Siège *, mais qu'il devoir prendre garde qu'on ne moleftât point
Sé. Que Von conftrvtroït i ceux qui point de lieu en France oà ces Curés Ton'
feroUnt ces Leçons publiques de r Ecriture & ûijecs comme les autres i la Jarisdidion
aux Ecolier f qui les recevroient , lesprivl- de leur Evèqae , & non du Mécropo-
lèges , &c. ] Ce Règlement n a lieu en France litai n.
qu'à regard de la perception du gros des %%. Que les /Réguliers ne pr4cheroient
Bénéfices , & non <ies diftribucions quoti- point , mime dans Us Eglifes de leur Ordre ,
diennes , excepté dans les endroits où la &c. ] Dans le châp. 7. de la Seflion 14.
Prébende ne confifte quen ces (brtes de on ordonna de plus qu ils ne pourroienc
diftribucions. Car alon les Chanoines ont le prtcher même dans les Eglifes de leur Ordre,
droit d'en percevoir les deux tiers , félon contre la volonté de TEvêque. Mais on a
le Règlement de la Congrégation des Car- été encore plus loin en France , où les
dinaux Iriccr prêtes du Concile. Ce Régie- Réguliers ne peuvent prêcher dans leurs
ment d'ailleurs na de force à Tégard àts propres Eglifes , ûins avoir été préalable-
Ecoliers , c]ue pour ceux qui étudient dans ment approuvés par les Evèques des lieux ,
les Univeriîtcs , & pour un certain nombre comme Tavoient demandé beaucoup de
d'années. Prélats dans la Sçlllon. Voy. les Notes fur
87. Que les Curés des Paroijfesfujettes à le Concile de Trente , p« 16
'àfs Monaflères , &c. Ce Règlement n'a
T o M E I. se
31Ï. HISTOIRE DU CONCILE
u^xvti, les Prédicateurs par de fauflês imputations & des calomnies , afin qu'ils
Paul III. n'cuflcnt point occafion de fe plaindre de lui : *^ Qu'il ne ieroit permis ni
' aux Réguliers qui vivoient hors de leurs Cloîtres, ni aux Prêtres Séculiers
inconnus, de prêcher fous prétexte de privilèges , qu'on n'en eûtanpara*
vant rendu compte au Pape : Que les Quêteurs ne pourroient ni prêcher
« eux-mêmes ni faire prêcher , nonobftant quelque privilège que ce put être;
& que s'ils contrevenoient à cette défenfe , ils feroient contraints par TE-*
vêque à y obéir. On termina ce Décret par Tafllignation de la Semon foi-
vante au 19 de Juillet.
LXXI . ^«> A p R e's la leâiure de ces Décrets faite par l'Evêque célébrant ,'
^f^^''**>« le Secrétaire du Concile lut les Lettres du Roi de France. « ^* Pierre
ce* MU Cofp-^^^^ ^^ ^^^ Ambafladeurs au Concile fit enfiiite un long & éloquent dif-
dit é" ^h ^urs , où il dit en fubftance : Que depuis Clovis premier Roi Très-Chré«
€owrs dt fes tien , la France avoir toujours conferve la Religion Chrétienne dans fapu«
AmhMjfM- reté : Que le Pape S. Grégoire le Grand , en témoignage de l'intégrité de ù,
Sl^'d. L ^^ligio^ > ^^^^ donné à Childebert le titre de Catholique : Que les Rois
17. p. i8i. ^^ France n'avoient jamais permis dans aucun endroit de leur Royaume >
Rayn. N^ d'autre Seâe & d'autre Religion que la Catholique ; & qu'ils avoient pro«
1 10. u curé la converfion des Idolâtres & des Hérétiques , & les avoient obligés
^^SS- par leurs armes à faire profefiion de la véritable Religion : Que Clùldebert
^o^ avoir forcé les Vifigoths , qui étoient Ariens , à fe réunir à l'Eglife Catho-
Fallav.LS. Hque ; & que Charlemagne par une guerre de trente ans avoit contraint les
c. 3. Saxons à embrader la Religion Chrétienne. Danisçsiffs, enfuite aux bien-
Labbe CôI- fai^j que l'Eglife Romaine avoit reçus des François. Il raconta ce que
99. Qu'il ne feroît permis ni aux Ré^ SleUan^ fuÎTi aoffi par M. Dupin i pnU^
piliers qui vivent hors de leur Cloître , que les Ambaflâdeuis narrivcrent que le
&c.] Cette reddition de compte au Pape lé. de Juin, 9 jours après la SefTion; èc
n'a aucun lieu dans les endroits ou les qu'ils ne furent reçus que dans la Congre*
Réguliers ne peuvent prêcher fans laper- gation du S. de Juillet fuivant , comme Le
miftîon derOrdinaire, comme en France, marque Pallavicin L. 7. c. 15. & L. fr
' 90. j4près la leBure de ces Décrets , &c. ] c. 3 • Raynaldus marque cette réception au
Celui de la Réformatîon ne palTa pas fans 3 . de Juillet , mais c'eft fans doute une m6-.
différentes modifications quy voulurent pri(è.
mettre quelques Evtques, mais qui faute ^x. Pierre D ânes un de fes Amhajfadeurii
d'hre foutenues par un aflez grand nombre , &c. ] Nous avons traduit ainfi, parce que
furent rejettées , ou plutôt à peine écou- réellement^ quoique /r^-Z^ifo^ ne nomme
tées. Les Prélats qui proposèrent ces (brtes que Danls , il y avoit deux atitres Ambaf^
de modifications furent principalement fadeurs, favoir Claude d*l/rfe Goviverneux
TArchevêque de Sajfariy &les Evèquesde de Forez, & Jaques de Ligneris Viifident
Fiéfoli , de Belluno , 6,'Aquino , de Ca-- au Parlement de Paris. Pierre Danès de-
lahorra, 8C quelques autres , comme on le puis Ev^ue de Lavaur , n'étoit même que
peut voir dans Pallavicin y L. 7. c. i). le troifîéme , comme on le voit par leoc
$j. Le Secrétaire du Concile lut leslet* Mandement rapporté par les Mémoires de
très du Roi de France , &c ] Ce ne fut Dupuy , p. 10. Apparemment que /T^r-
pointdans cette SefEon que furent lues ces Paolo ne parle que de Danès ^ parce i^ue
lettres , comme le dit ici Fra-Paolo après ce fut loi qui porta la parole.
DE TRENTE,LivRE IL J15
iPtpîn 8c CharUmagnc avoienc fait contre les Lombards , ^J & comment MoxtTi*
jidrUnly dans un Synode d*Evêqucs a voit donné à ce dernier Prince le ^^"^^^
«koit de créer le Pape, de confirmer les Evèques dans fes Etats , & de leur -•■■■■■"
ilonner TinveAiture après en avoir reçu le ferment de fidélité. Il dit enfuite :
Que quoique Louis le Débonnaire fon fils eût renoncé au droit de créer le
Pape , il avoir ftipulé que les Papes lui en voyeroient des Légats pour entre-
tenir Tamitié , qui s ecoit toujours cultivée par de bons offices réciproques :
Que c'étoit par un effet de cette confiance , que les Papes ou chaifés de leurs
Sièges , ou dans la crainte de quelque fédition , s etoienc toujours retirés
en France , comme dans un afyle où ils pouvoient être en fureté dans les
tems orageux: Qu'on ne pouvoir compter combien les François avoienc
couru de danger > & combien de richefles & de fang ils avoient prodigué
{>our étendre les limites de TEmpire Chrétien , ou pour recouvrer ce que
es Barbares avoient occupé , ou pour rétablir les Papes ôc les délivrer des
périls où ils étoient expofés. Il ajouta que François , héritier de la piété de
les ancêtres , dès le commencement de fbn règne s etoit rendu à Bologne
Ê,\iDtcs de Léon JtT après la viâoire de Marignan , pour former avec lui une
Alliance , & qu'il avoit confervé la même bonne intelligence ayec Adrien^
Clément , & Paul lui-même : Que dans la confufion où fe trouvoit la Re-
ligion en différens pais depuis vingt-fix ans « il avoit pris beaucoup de foiit
pour empêcher qu'on ne fit aucune innovation dans les chofes de Religion»
ôc avoir tout rélervé au jugement public de l'Eglife : ^-^ Que quoique d'un
naturel clément , paifible , & éloigné de verfer le fang , il avoit ufé de fé-
vérité & publié des Edits très-rigoureux contre les Novateurs : Que par
iès foins & la vigilance de fes Magiftrats , au milieu des tempêtes qui
avoient fubverti plufieurs Villes & des Nations entières , il avoit confervé
& fournis à l'Eglife un fi floriffant Royaume, où fe trouvoient encore la
doârine , les ufage$ , les cérémonies 5c les obfervances anciennes , & où
le Concile pouvoir ordonner ce qu'il jugeroit de vrai Se d'utile à la Répu-
blique Chrétienne : Que le Roi connoifibit fi bien combien il étoir utile
à la Chrétienté d'avoir pour Chef l'Evêque de Rome , que ^^ quoique rente
$1» Et comment Adrien dans un Sy-
node d'Evêques avoit donné à ce dernier
Prince le droit de crier le Pape , de con-
firmer Us Evêques de fes Etats , &c. ) Ni
l'un ni l'autre n*eft vrai. Il transféra (eule-
ment aux Rois de France le droit de confir-
mer Teledion des Papes , qu avoient au-
paravant les Empereurs Grecs , dont Tlralie
ne reconnoilToit plus 1 autorité. EtàTégard
des Evèques du Royaume , les Rois de
France avoient toujours été en polTeflion de
confirmer leurs élcdions , comme on le
voit par les Formules de Marculfe anté-
lieures à Adrien /• & par les preuves qui
s'en trouvent dans les libenés de TEglifê
Gallicane.
94. Que quoique d'un naturel clément
•— il avoit uje de févérité , & puhlU
des Edits très-rigoureux contre les Nova"
teurs j &c. ) Plus par politique que par au*
cun motif de Religion , puifque dans le
tems même qu'il perfécutoit les Protefbmt
en France , il les foutenoit en Allemagne »
Se fe liguoit avec eux contre l'Empereur*
91*. Quoique tenté £• invité a des con^
ditions très-avantageufes de fuivreT exemple
dun autre Prince^ il n avoit pas voulu
changer de fentimens ^ ^c.) C'étokl'ezem*
Sf X
314 HISTOIRE- DU CONCILE
tiDXLvi. ic invité à des conditions très-avantageafes de fuivrelexemple d*un antre
PaulIXL Prince, il n*avoit pas voulu changer de fentimens» & avoir mieux aimé
- perdre Tamitié de fcs voitins & facrîfier fcs^ intérêts : Qa auflî-tor aprè»
avoir appris la convocation du Concile , il y avoir envoyé quelques-un»
de Tes Evêques *, & que voyanr qu'on avoir commencé rour de bon à aeir ,
& que ^ar les différentes Seffions qu'on avoir renues , le Concile s'eroit
acquis plus d'autorité , il avoir voulu y envoyer fcs Amballadeurs pour
aflifter les Pères , &c les ibllicirer d'érablir une bonne fois & de propofec
la dodbrine que rous les Chrétiens doivenr profefler par^rouc , Se de réra«
blir la Difcipline conformément aux SS. Canons : Qu'il promettoir de faire
obferver le Concile dans rous fes Erars , de de prendre la défenie de f»
Décrets. Danis finit en ajoutanr que les Rois de France ayant fi bien
mériré de TEglife , il demandoir que fon Maîrre fur mainrenu dans tous
les privilèges qui avoienr éré accordés* à fés prédéceflfèurs par les anciens
Pères & les Papes , & donr Louis le Débonnaire & fes fuccefleurs avoienc
joui \ &c que routes les Eglifes de France donr il éroir le Tureur fuilènt con«
firmées dans la poflèflion de leurs droirs , privilèges & immunités r Que 6
le Concile en agilfoit ainfî, rous les François lui en fèroienr obligés , 6c
qu'il ne fe repentiroir poinr de leur avoir fait ce plaiftr.
>^ Hercule ScvéroU Promoteur du Concile répondit en peu de paroles aiff
Qom du Synode , qu'il remercioit le Roi *, que la préfence de fes Ambaflâ^
deurs lui étoit très- agréable ; qu'il prometroit de donner rous fes foins à éra^
blir la Foi Se d réformer les monirs \ & qu'il éroir difpofé à favorifer en rout
ce qu'il poiirroit le Royaume Se l'Eglife de France.
Jugement LORSQUE les Décrers de la dernière SefHon eurent été imprimés &
du Public furenr parvenus en Allemagne , ils y foumirenr matière à bien des dif-
fur ^^ij^i' cours. On y dir : Que c'étoir bien envain que le Concile s'éroit amufé
^anciU ^ traiter de l'impiété Pclagienne , condamnée depuis plus de mille ans
par tant de Conciles , Se par le confentemenr univerfel de l'Eglife : Qu'en*
corc il n'y auroit rien à redire , fi en confirmanr l'ancienne doârme, les Pères
du Concile n'avoient fait qu'en propofcr une qui y fût conforme, telle que
cette propofition univerfelle & vérirable, que le péché d* Adam étoit paffc
dans toute fa poJUrité ; >7 mais qu'ils avoient rcnvcrfc cette vérité par
tée, ) Slls ne Ta voient p« renverfife , on
peut dire tfu moins qu'ils lavoient rendu
douteu(e. Car ^ fans la garantie de TEcri-
nire ou de la Tradition ils croyoient pou*
voir mettre ane exception à la régie géné-
rale en faveuf de La Vierge j qui poir-
voit empêcher quon n'y en mît encore
d'autres, lori(qu*ii prendroit envie à quel-
qu'un d'imaginer des raifons de convenan-
ce pour accorder à d'autres ce privilège ,
que l'Ecriture n'avoit attribué qu'à Jefus-
Cîulft? Cefice que reinsrq«e cxès-jadir
fie de Henri VIII. Roi d'Angleterre, dont
il avoit peu après négligé l'alliance , parce
qu'il croyoit tirer plus de profit de celle de
r&npereur.
96, Hercule S évérole Promoteur du Con*
aie répondit , &c. ) Ce ne fut point lai qui
fit cette réponfe , comme le difent Fra-
Paolo Se M. Dupin ;'maîs le Cardinal del
Monte lui-même, comme le marquent les
Ades cités par Pallavicin & Raynaldus»
97. Mais qu'ils avoient renverfî cette vé-
rité par l'^exception qu'ils y avoient ajow
DE TRENTE, Livre II. jzy
^exception qu'ils /avoienc ajoutée : Qu'en vain ils diroicntque rexception mdxlti.
ii'écoic oas affirmative ^ mais douteufe 5 parce que comme une exception ^^^^ ^^^"
particulière rend fauflè la proportion contradiftoire univerfcUe, aum une
exception particulière douteufe y rend la propofitionr tmiverfeUe incertaine :
Que tout le monde voyoic que fi on admettoir cette exception » même
comme douteufe , chacun pourrok conchire 3 Donc il n^eft pas certain qtte
te péché d'Adam ibit raQé dan^ toute fa poftérité , puilqu'H n'eft pas
certain qu'il foit pafle dan9 la Vierges d'autant] plus que la raiforr fur lai-
quelle on fondoit cette exception , pourroit faire croire qu'on en devoit
admettre plusieurs autres : Que c'étoit ainfi qu'avoit raifonné S. Bernard y
en difant que la même raifon qui portoit les Chanoines de Lyon à éta-
blir une Fcte en l'honneur de la Conception de la Vierge , devoit auffi les
engager à inftitucr autant de Fètcs pour honorer la Conception de fbn pè-
re & de fa mère , de fes ayeux , de fes bifayeux & de tons fes afncêtres juf*
3u'à l'infini ; comme dit ce Père r Que cependant on n'auroît pas beloin
'aller ainfi à l'infini -, parce que fi on remontoit jufqu'à Abraham > on
trouveroit qu'il y aur<Mt beaucoup de raifon à rcxemter feul du péché ori-
ginel : Que c'étoit à lui en effet qu'avoit été promis le Rédempteur •, c'é-
toit de lui que Jefus-Chrift étoit appelle la Stmtnct \ c'étoit lui qui étoir
nommé le|Pir« dt Jefus-Chrifiic de tous Us Croyans , *^ & qui étoit l'cxem- i/Rom^
plaire des Fidèles ; toutes dignités bien plus grandes que celle d'avoir por- IV. 1 1.
té Jefus-Chrift dans fon fein , félon cette réponfc de Jefus-Chrift même ,
que la Vierge ^ avoir été bien jHus heureufe d avoir Jcouté la parole dé '^"^^-^^
Dieu j que de l'avoir enfanté & alaité : Qu'enfin quiconque malgré ces
prérogatives n'exemteroit pas Abraham de la condition commune , 6c s'en
tiendroit à cette raifon des Anciens, que Jefus-Chrift eft fans péché par-
ce qu'il èft ne du Saint Efprk & non de la fcmence à\\n homme , con-
viendroit qu'il eût été bicn'mcilleur, faivant le confeil du Sage, de fe con-
tenir dans les bornes prcfcrites par les Pères. On ajoucoit aulfi , que l'on
avoir une grande obligation au Concile de ce qu'il s'éroit contenté de dire
qu'il confeffoit & qu'il fcntoitquela Concupifcence refte dans les bap-
tifés , parce que peut-être autrement les hommes fcroient obligés de nier
qu'ils (entent ce que véritablement ils fentent*
>^ Dans le Décret de Réformation on trouvoit à redire qu'on n'eue
cîewfcment Fra-'Paolo , Jonc la réflexion
cft d'autant plus jufte , quelle eft fondée
fur les principes de la plos pure Théo-
logie.
98. Dans le Décret dt Reformât ion an
trouvoit à redire quon ncût touché ni aux
Sèolap'tques ni aux Canontjles y &c. 1 Ces
réflexions que Fra-Paolo met ici fur le
compte des Allemands , pourroient bien
venir de ivÂ-iuinie. Mais de quelque paie
qu'elles vtennenr, elles ne fbnc que trop
véritables , & les reproches que fait ici cec
Aateirr aux Canoniftes & aux Scholaftiques
ne font que trop bien fondés. Mais ce
<\à\\ y a de fcandaleux , ce font les efforts
que foit ici PallJvicin L. 7 c. 14. pour,
juftifter les baffes flatteries des uns, qui
tiennent du blaffphôme , & la méthode des
autres , qui ont fait du Chriftianifmeune
pure Sq£U de Philofopbie, où Ton apprend
3i^ HISTOIRE DU CONCILE
MDXLVi. touché ni aux Scolaftiquesj ni aux Canoniftes, ^ quoique ceux-ci accoN
Paul III. Jç^c au Pape les propriécés divines, jufqua même lui donner le nom de
Dieu , & rinfaillibilitc , & jufqu'à lui donner le mctne Tribunal , & le
/Pallav. L £^|^ç même plus mifcripordipux que Jefus-Chrift -, & quoique les Scolafti*
1
ment pour & contre. On trouvoit auflî étrange, qu'on çûc érç ji^fqu alors
à {avoir que Toffice d un Evèque eft de prêcher , & que Ion n'eut iii pour^
vu à Tabus qui fe comme ttoit de débiter des chofes vaines dans la Chai«
re » & de prêcher toute autre çhofe que Jefus - Chrift , ni rien fait pour
arrêter le commerce fordide que les Prédicateurs faifoient fous le ticro
d'aumônes.
S u a la connoifHince quç l'pn eut 4 la Cour de l'Empereur des Décreti
faits au Concilç , on 7 trouva très-mauvais qii'en matière de Réforma-*
lion on y eût traité des chofes (1 légères & non demandées par les A11&*
nunds \ &c qu'en matière de Foi on eût fait un Décret , qui n'étoit pro*
pre qu'à reveiller les difputes. En çflèt la controverfe du péché originel
ayant écç déjà prefque accommodée dans les Colloques d'Allemagne, le
Concile , de qui Ton ;ittendoit une conciliation entièrç , avoir faic
un Décret tout contraire a cç que l'on avoir accordé. ^^ Cependant l'Enn
pereur fit écrire i Trente i fes Miniftres de faire tout leur poflible pour
Iu'on s'attachât à la Réformation , & qu'on différât l'examen des choies
e Foi jufqu'à l'arrivée des Proteftans , qu'il s'affuroit d'y pouvoir faire
^ller ; ou au moins jufqu'à ce que pudènt s y rendre les Prélats d'Aile*
maene , qpi fe mectroient en chemin aufli-tot que la Diète feroit finie.
Mais on ne parla plus guères des affaires du Concile ; 8c les événement
qui arrivèrent peu après , attirèrent bien- tôt les yeux & l'atter^tipn dc
iput le monde.
Ccnelufion LXXII. '^o. En efïèt^ le Cardinal de Trente conclut à Rome lo
dets Ligue
§nne le Ps- beaucoup moins à s'inftraire qu*à difputer. tîon , &c. ] De la manière dont M- Ame^
fe é" i^Em^w femblc , que ce Cardinal ne s'eft pro- lot a traduit cet endroit , il femble qu'il
fereur con^ pog j^^is fon Ouftage que de contredire veuille faire entendre cela des lettres qot
tre us Pro- £^^ adverfaire , fans égard ni à la rai(bn ni TEmpereur avoit fait écrire avant la StCr
tffiMns. ^ j^ vérité , & que de couvrir les excès fion , aurlieu que Fra-Paolo parle de noi*'
1^ plus grofliers des adulateun des Papes, veaux ordres envoyés à loccafion de cet
C'eA du moins ce qui fe découvre pçut- Décrets.
è(re même malgré lui dans toute la con- 1 00 • En çffitU Cardinal de Trtnteconchti
doite de fon Hiftoire , qu on n'a pas trop à Rome U 26 • de Juin — — la Ligue con^
mal nommée un nouvel Evangile ^ puif- tre les Proteftans d'Allemagne y Sec] Ainfi
qui peine y i^connoît-on celui de Jefus- le dit Fra-Paolo y z^ïcs Sleidan : Illoigitur
C)>rift. falliçitante , fcedus , quodjam antea con*
99. Cependant l* Empereur fit écrire 4 ceptum erat & informatum , Junii die 26 •
Trente à fes Miniftres de faire tout leur pof- decernitur. Cependant, félon Raynaldut
ftUfçtw (ju^on, s'atttachât à U Réformez ^ PaUayiçin^ le Traité avoit été axztii
DE TRENTE, Livre IL 317
x6 Juin entre le Pape Se TEmpereur 5 la Ligue contre les Proteftans MDxtn.
d*AUemagne , que le Cardinal Farncfc avoir propofée Tannée prccé- ^*^^^ ^^^*
dente à Wormes , & dont depuis on avoir continué de trairer pluficurs
fins parle canal de quelques autres Miniftres. Les motifs qu'on allégua^ ^j^'*
furent : que comme TAllemagne perféveroit depuis longtems dans THé- 51^ j, l. 1 7.
réfie , & que les Proteftans refufoienr de fe foumettre au Concile qu'on p. 18^.
avoir aflcmblé & qui fe tenoit à Trcnre pour remédier aux erreurs 5 le ^*l"^- ^•
Pape &c l'Empereur , pour la gloire de Dieu & le falut de l'Allemagne , *• ^° 7. &
étoient convenus d'unir leurs armes contre ceux qui refuferoient de re- ^^y^ ^«
tourner à robé'iïfance du Saint Sïége. Les conditions du Traité fîurent : ^4.
I
i
cette guerre : Qu'outre cela il fourniroit à fcs dépens pour ..-. .«v/** . -www j>o
hommes d'Infanterie Italienne, & 500 Chevaux-légers: Qu'il accordoit
à l'Empereur pourTannée préfente la moitié des revenus des Eglifes d'Ef-
pagne • ^ & le pouvoir d'aliéner des biens des Monaftères de ce Royau*^
me jufqu'à la fomme de 500,000 écus: Que durant ces fîx mois l'Em*
pereur ne pourroit faire aucun accord avec les Proteftans ^ que conjoin-
tement avec le Pape » qui auroit une certaine portion de tout ce qui fe
prendroit fur eux : Que (î après ce terme expiré la guerre devoir con**
tinuer , ces deux Puiflanccs feroienr de nouvelles conventions , comme
elles jugeroient convenables à leurs intérêts : Qu'enfin fi quelque autre
Prince vouloir entrer dans cette Ligue , il y feroit admis & auroit part aux
Jans le ConCftoire da ix , maïs ne fut le (îiivre Ta abandonné ici, comme a fait
figné que le lé. félon Raynaldus\ ce qui audî Beaucaîre , qui eft tombé dans la
apparemment a engagé ^^iZ//(;iZ/>tf,5/tf/Vtf/t, même méprife que notre Hiftorien. Pon^
êc Fra-Paolo après lui , à dater la conclu- tifex dit-il , vic[fflm praicr eentum num*
(ion du Traité du jour de rafignature^ que mûm aurcorutn millia yjam Venetiis depê*
PaUavicin cependant mec au i y . Mais dans fuit eentum altéra ibidem deponat , &c»
)e Recueil des Traités de paix la fignacure i» Et le pouvoir d* aliéner dei biens dtt
eft du 1^. Monafthes de ce Royaume jufqu'à la fomme
1 • Q^ue le Pape , outre lestoo^ ooo écus de foo ,000 écuf , &c. ] Cet article , feloa
quilavoit déjà mis en dépôt à Venife ^ yen Raynaldus de PaUavicin, ne fut pas ap-
ajouteroit 200 , 000 autres, Sec.) ^^112.1^" prouvé par les Cardinaux, dont on avoir
neor du Traité il paroit que les premiers; requis le confentement pour la validité dé
100 y 000 écus avoient été mis en dépôt à ce Traité, & il fut réfolu qu'on cherche-
'Ausboarg , 6c que le refte devoit être en- roit quelque autre équivalent pour fournir
voyé à Venife. Teneatur Pontificia San&i^ la même fomme à l'Empereur, Fuernnt
tas unius menfisfluxu ab hoc fcedere pado approbata fupradiBa capitula ~~ excepta
deponere apud Trapei^itas Venetos eentum capitula continente vendhionem vajfalagio^
millia aureorum , qua unà cum aliis cen- rum Monafteriorum Hifpania , quod non
sum millibus Augufta, Vindelicorum depofitis fuit approbatum ; fed fuit di&um ut provi^
éib Adminiftris Pontifiais convertantur in deretur Majeftatifua de aquivaUnti recom*
àujus expeditionis fumptus* C'eft ce qui eft penfa m Hifpania , &c. C/eft Wt que por-
audî attefté par Sleidam & jenefaicom- tent les A6bes ConiSftoiiaux cites par /{^.
aient notre Hiftorien > qui a coutume de naldus N^. 94.
3^8 HISTOIRE DU CONCILE
MDXivi. fraix &c aux acquiiicons. > Il y avoic encore un autre arriclc iccrct , qui
Tavl m. regardoit le Roi de France, par lequel il étoit ftipulc que fi pendant
■—■"■—■" cette guerre quelque Prince Chrétien vcnoit à prendre les armes contre
l'Empereur , le Pape s obligeoit à le pourfuivre par les armes fpirituel-
les & temporelles.
Le Tape ^ ^^^ "^ P^^^ après ce Traite , le Pape '^ écrivit aux Suides pour leur
gn donne demander du fecours. Après avoir exagère dans fa lettre la bienveillance
Mvîs sHx qu'il avoit pour eux» Se la douleur qu'il refTcntcit de ce que quelques-»
Suijfes^ d» uns sctoient retirés de fon obéiffancc; & après avoir remercié Dieu de la
les '^fte pç^ç^^é^^Yïç^ ^ Je ceux qui lui reftoient fournis , il les louoic tous de ce
i^Hcury,L. qu "S nc laifloient pas de vivre en paix parmi cette diverlitc de Religion»
X43.N'^4. quimcttoit la difcordepar touc ailleurs^ & il ajoutoit : Que c'éroic pour
Sleid. L. 1 7. remédier à tous ces troubles qu'il avoit aflemblé le Concile de Trente,
^.148. it^. jj^j^g Tefpérance que perfonne ne refufcroit de s'y foumettre : Qu'il s'afTu-
1 N*^io ^^^^ ^"^ ^^^ d'cntr eux qui perféyéroient dans l'obéïflance du Saint Sié-
Rayn. gc obéiroient au Concile , & qu'il fe Hattoic que les autres ne le niépri*
N^jS. feroient pas : Qu'il les invitoit donc à s'y rendre. Ilfe plaignoit enfuite
de ce qu'en Allemagne , plufieurs de ceux qui s'appelloienr Princes s elé-
voient avec orgueil contre le Concile, Se blamoient une Aflèmblée dont
l'autorité étoit plus divine qu'humaine \ Se il difoit : Que c'étoit ce qui
l'avoit mis dans la ncceflité de recourir i la force & aux armes : Que
l'Empereur ayant pris la même réfblution, il avoit cru devoir s'unir à loi
& l'allifter de tout fon pouvoir & de celui de l'Eglife Romaine , pour lai*
der i rétablir la Religion : Qu'il avoit ctu devoir leur faire parc de fei
intentions Se de fes deffeinsA aân qu'ils joigniflènt leurs vœux auxfiensi
Qu'ils rendifTent à l'Eglife Romaine l'honneur ancien , & la fecouruflent
ans une caufe fi pieufe.
L'Empereur Mais l'Empereur ' de fon côté faifbit entendre : Que ce netoit point
tache de dif pQ^j j^ Religion qu'il prenoit les armes, mais pour des raifons d'Etat,
^'"Î'a j Se parce qu'il y avoit des Princes qui lui refufbient l'obéiflàncc ; qui fc
cetteguerre, "guoicnt contre lui avcc les étrangers ; qui refufoient de fe foumetttc
mMts les aux Loix ; qui ufurpoient les biens d'autrui , & fur-tout ceux de l'Eglife -,
Vroteftmts & qui tâchoient de rendre héréditaires dans leurs maifbns les Evcchés &
les décoH' jgj Abbayes; & parce qu'ayant mis en ufage pour les ramener , toutes les
*I Hift. de ^^^^^ ^^ douceur , cela n'avpit fcrvi qu'à les rendre plus infolens.
Charles V. I-E5
par Lcttî ,
F. x.L, 2,. ^* Uy ^voîi encore un éutre anlclefi^ it regarder cet article comme fecret, k
FJcjry , L. ^^^^ ^ ^g^i regardo'ule Roi de France, &c^) c'eft une mcpffifç à Fra - Paolo de lavoir
Ï43* ^^ '• Comme cet article fe trouve compris avec tjaité de tel.
toas les autres /Se non fifparémenc, & que 4. Peu de jours apris ce Traité ^ U PafC
d'ailleurs il &t ki en plein Confiftoire écrivit aux 5k/^^ « &c. ] Ce Bref eft rap-
&enregi{Hé avec les autres dans les Ades poné par Raynaldus ; êc Sleidan & M. /r
Confîftoriauz , comme on le voit ^jRay Thou difeac qu'il fut envoyé le $ de ]ail-
naldus & Palldvicin ï il n 7 a nulle rai&a kt.
DE TRENTE, Litre IL $19
Les Proteftans à leur tour publioicnt , que tout le mal vcnoit des foUi- mdxlvi.
citations du Pape & du Concile. Us rappclloient à l'Empereur la Capitula- ^^^^ ^^^\
tien qu'il avoit jurée à Francfort au temsde fon Election, ôc proteftoient
de rinjure qu'il leur faifoic. Mais plufieurs d'entr'eux , ne pouvant s*ima*
gincr que ce Prince agit par d'autres vues que par celles d'Etat » ne laidbienc
pas de lui demeurer attachés > &c l'Eledleur de Cologne , dont on a parlé
plus haut , & qui quoiqu'excommunié & dépofé par le Pape fe maintcnoic
toujours dans le gouvernement & étoit obéï par fes peuples > fuivit conftam*
tnent le parti de l'Empereur, qui le reconnoiflbit encore pour Ele(Sbeur& kSïcid. L.
pour Arcnevcque , ^ & qui lui écrivit pour l'engager d'cmpcchcr que fes Su- '7- P- «-^S.
|Cts ne pridènt parti contre lui , ce que ce Prélat ht avec beaucoup de fince-
ricé. Cependant * l'Eledeur de Saxe & le Landgrave de Heflè firent publier./ Id. p. 189.
an Manifclle daté du 1 5 de Juillet , pour montrer que cette guerre étoit une ^^îjjo^ ^'
guerre de Religion , & que ce que di foi t l'Empereur , qu'il ne prenoit les ar- ^'
mes que pour punir la reoellion de quelques perfonnes, n'étoit qu'un prétexte
dont il le ièrvoit pour defunir les Confédérés^ & les opprimer l'un aprèsi
l'autre. Us rapportoientque Ferdinand j 6^r^z/ivr//f ,& les autres Miniftre»
de l'Empereur avoient avoué que cette guerre étoit pour venger le mépris
qu'ils faifoient du Concile. Ils rappelloient la Sentence du Pape contre l'E-
leâeur de Cologne. Us difoient que les Prélats d'Efpagne ne fe dépouille-
roient pas d'une fi groilè partie de leurs revenus pour tout autre fujet. En«
fin ils loutenoient que l'Empereur n'avoir ni à fe plaindre d'eux , ni au-
cune jufte prétention contr'eux.
LXXIIL " "
aux Luthériens que des Anathèmes, il fe tint le 1 8 Juin une ^ Congréga- tion ou'Kn
âon, "* où après les prières ordinaires & l'invocation du Saint Efprit, Icfropofe de
Secrétaire ^ lut un Ecrit drcfle au nom des Légats de l'avis des principaux'^*''^ ^'
Théologiens , où l'on difoit; Que le Concile ayant condamné par infpira- f'*^^*' ^
tion divine les Héréfies qui regardoient le péché originel , Tordre des ma- ^^ ujloii
cières demandoit qu'on examinât la doctrine des nouveaux Doâeurs fur^^f^/i^,
la Grâce , qui eft le remède du péché ; & que cet ordre étoit d'autant plus malgré tcp-
convenable , que c étoit celui qu'avoit fuivi la Confeflîon d'Ausbourg , tofition des
que le Concile fe propofoit de condamner toute entière : Qu'à cet effet ics W^^*"*
Pères ôc les Théologiens dévoient avoir recours à Dieu par leurs prières , l^j ^ ^^'
Se étudier avec foin 6c application cette matière , fur laquelle étoient fon- Rayn.
N°ii8.
/. Il fi tînt letS de Juin une Congréga- Congrégation de ce jour. f[io
iion , Sec. ] La première Congrégation après 6, Le Secrétaire lut un Ecrit drejjé au ^^^'^ ^^
la Seflîondu 17 , ne fe tint (ëlon les Adtes nom des Légats, &c.] P allavicin piétenà.
cités par Pallavicin^ que le ti. Il femble quil ixy eue point d'Ecrit lu> mais qu'en
cependant par le récit de Raynaldus qu il Tabfence du Cardinal dcl Monte , qui étoic
y eut une Aifemblée tenue avant le 1 1 , indifpolé , le Cardinal de Ste, Croix pro*
puifque le difcours où le Cardinal de Sainte po(à dans un di(couis de traiter de la ma*
Croix propofa de traiter de la Juièifica- tièredela Judiâcation : cequieft aufCcon*
tion eft raporté par cet Annalifte avant la firme par Raynaldus, N^ ii^«
T o M Ji L Te
L Pendant que le Pape & l'Empereur préparoient autre chofe Ccntrliê^
friens que des Anathèmes , il fe tint le 18 Jum une ^ Congréga- //<
55© HISTOIRE DU CONCILE
MimKV^ àécs toutes les £rrem^ de Luther : Que cet Auteur ayant commencé par
Pmji. I11« attaquer les Indulgences , 8c voyant <5[u'il ne viendroit jamais à boot de
"■"■■■■^ fon deâèin fans détruire les oeuvres de pénitence , dotit les Indulgences
fiippléent le défaut , il n'avoic point trouvé de meilleur moyen que la
domine îoouie de la Juftificarion par la Foi feule : Que de* là il avoir cor»
du que non - ieulement les bonnes oeuvres ne font point néceffaires -, mais
ip'il avoit encore introduit une licence effrénée de s*eicemter de robfer-
vation des Loix de Dieu Se de l*£glife : Qu'en confeqtrence il âvoit nié
Tefficace des Sacremens, & l'autorité des Prêtres , le Purgatoire» le Sacri-
fice de la Meflè , Se tous tes autres remèdes inftitués pour la remiflhm
des péchés : Que par une raifon toute contraire , il falloit pour établir le
cxffps de la dodrime Catholique , détruire cette Héréfie de k Jufti^tion .
par la feule Foi , Se condamner les blafpbèmes de cet ennemi des bonnes
cDUvres.
^ Apki'b la le€bire de cet Ecrit les Prélats Impériaux dirent : Que plus
h matière qu'on venoit de propofer étoit imporrante , plus il faBoit ^ppor*
fcr de maturité i, la traiter : Que l^nvoi du Cardinal Madruct à Rome
KiontFoit qu'U y avoit quelque négociation confidérable fur pied : Que
pour n'en point -ampècher le fuccès > il étoit plus à propos pendmt cela
de traiter de quelque motiètse de Réformation. Mais les partiians du Pape
répondît^Qt , qu'il n'étoit pAs de la dignité du Ct>ncîle de changer i'ororcf
7. jtprh la heure de cet écrit ^ Us Pri- les Congrégations \ 8c c'cft pBUt-êtie la raî-
Utn ingfériénx Eurent ^ ftc« ] Il ne patotc fon pour laquelle il n'en eft point fait
point par lés hôx% , qiie les impétiaak mention dans les Aâes. Ctr d'alllems on
s*oppo(à(2èilt 4a moins dice^ement , à ce Toit par les plaintes des Légats dans la
quon continuât de traiter des dogmes, fuite , que les Imperiaax fifent ce qu'ils
Au contraire le Cardinal Pachéco fembla purent pour retarder autant qu'il étoit pof^
appuyter cet avis , (Kayn. N^ ixy.&Pal- îible la déciiîon de ce point » ( Paliav. L.
lav. L. 3 c. 1. ) êc s'ilcheicha à Téluder , ce 8. c. 1 1. ) /Se Vargas nous afliire pofitive-
ne ¥iit qn'indireâement , ft en difant que ment ^ Mém. p. f 7. mu Us Légaufe précis
cet article n'ayant été ni défini par les Con* pitant dtpuhlier Us Décrets fur la matière
cilei, ni exa^mentdifcaté par lesThéo^ deU Juftificati&n, D^ Diego de Mendia
logiens , il fstlloit en examiner diftinâe- envoya un Prélat pour leur repréfemer*^^
ment toutes les panies , 6c y procéder qu avant que de prononcer fur une contre
avec plus de maturité qu'on n'avoit en- verfe fi importante , on eut à confuhet Us
core fait. Ce(l-là le feul fens auquel on Univerfités de Paru 6* de Louvain : ce
peut dire que les Prélats Imoériaux fe qui étoit fans doute une adre0e pour re-
foient oppofes à ce qu'on traitât de ce tarder les décidons s mais que Us Légats
dc^me. Il eft cependant rffez naturel de répondirent qu'ils maurroient plutôt que de
atoftt , qa 'aptes les ordres réitérés qu'a^ confentirà une ekofef contraire àVhonneur
ivient re^ les Miniftres de TEmpereur de du ConciU, Cela revient alTez , comme
fimretom leur poflîble pour qu'on ne traitât Ton voit , â la narration de notre flifto-
que de la Kéfo)rmation , ils firent quelque rien ; & fi aut 'Préhfts Impériaux on fobf-
déffunthe pour arrêter l^examen de l'arti- tîtuc les Ambaffadeurs , on fe convaincra
ete de la Ti;^ificatidn. Mais cerre oppofirion qu'il n'a ricti dit que de trts-véïinibk.
ne fut point iûte par 4ci ftéhts , m diui
DE T RENT E, Li VK 1 IL 331
établi de traiter rott|ûurs conjoincetnent d'iuic matière dft Doârine Se de m^h^^i.
Rcformation v & (jn'après Tarticlcda Péché ofîgîne) , il n'y en avoît point ^^^^ ^^
qu'il convînt mieux d'examiner que ceku qu'on avoir prc^fé. Les Légats ""■■"— ^
aptes avoir recueilli les. dîâerens avis remontrèrent que de diâruter les
matièces & les prépares , ccnécoît pas les d^ênif ^ de que comme l'on ne
pouvoit Bien décider, que préatabiemenc on n^euft tout examiné, il faltoit
iOttjoucs proâoer dutems, pouic & même enfin te en état d^exécuter ce que
W Ps^ de le Cardinal Madtua a» nom de fEmporeur auKnent réfolu en-
tre eux: Que k préparation de ces matières ^Vmpècheroit pa& qu'on ne
travaillât ea même tems à la correâion des aho»; puifque pendiant que 1^
XhéologieiDS icroîcnt occupés ^ la Doânme', les fères de tes CanoniAes
naTailleroient i la Réformacîon^ Ainfi il fit? conc!» qu« Ton titeteit ées
Ii>R»s de Luckâtf, des CoUoqucs , des Apolbçtes, 9c des aufves Ecrits des
Luthériens. ds des autres Héréci<)oes , tes ApticTes w'il y auroit â diicuter
& à cenfisrer ; & l^oi» députa trois Pdres 9i aoi% Théologiens pour recueillir
& mettre ea oodre ces- Actickts.
LXXVf'. ^ La Congrégation fWivante £r tint pour pr^rer les «latiàres Autre
de RéfiarmatioR que l'oA OTVott pFG{)ofer. te Cardinal dbt Monte ^ 7 dit : Conir^m-
Que. tout le monde & plaîgfiok depuis longtems de l^abfence des Pbélats 8c ^'^^ » ^^
des Pafteurs , & drmandbît tous les jours qit'ils réfidaflfent : Que cette 2"*^2!/^
^fènce des Evèques ft des Payeurs étoir la caufe de tous ks maux de TE- J^^ ,^^
gliic, que fon pouvoir comparer a un Vaiflfeau, dont Ka perte devoir ctr^ de U Réfi-
attribuée à ïdhwnco du Pilote , ô^ qui eue été Âiuvé par n présence : Que Jence,
les Héréfies , lignorance, ta corruption des peuples , les matnrai&s mœurs ^ ^^^^'^'
& les defordres du Chsrgé ne regnoient , que parce que les Pafteurs étant *^^ ^^*
éloignés de leur Troupeau , perfbnne n'avoit fom d'inftraire les premiers 8c
de réformer les Ecclénaftiques : Que c'étoit Tabibnce dés Prélats qui écoit
cauife qu'on avoit admis au Miniftère des Sujets ignorans 8c indignes , 8c
qui avoit donné lieu^ d'élever i TEpifcopat même d^ perfbnne^ plus propres
à toute autre chofe 5 parce que , comme on n'exigcott point qu'ife gouver-
aa(Iènt par eux-mêmes , c'étoit allez inutilement qu'on eut recherché qu'ils
en Êiflent capables : Que la RéHdence étoit donc un remède edenriel pour
tous les maux de l'Eglife , 8c que c*écoit pour cela que les Concilies de les
Papes l'avoient toujours recommandée : mais que comme , foie qu'alors
oa violât moinâ fréquemment la loi de la Réfidence , ou poi» quelque autre
laifbn» on n'àvoitpas ferré auffi éîcroircmcnt Tobligation d'y être fidèle,
il étoit néceflatre de le faire à préfent qiie^ le maLéroit à fon comble : le
bien de l'Eglife exigeoit qu'on prît des moyens plus eJOKcacca de faire ob-
fcrver cette obligation^ Sr qjti'on punît plus icvér^meni ceux qui s'en dif--
penferoient.
t. La CQnpcgiM>nfui%aatcfctinLg(mr Ton p2ppo& de p^irlex daToblig^tion de U
préparer Uf matières de la. R^matian^ BLéAdenc^» & de levée les ob(hcles qais|
^c. ] Ce fat , félon Pallavicih Ôc Raynal- écoiemi lanffliKlcs ju(qa*alozs.
dus I dans la première Congrégation que
Tt a
Pallav.L.8
351 HISTOIRE DUCONCILE
iioxLTx. Ceux des Prélats qui opinèrent les premiers , approuvcrcnr ce difcoarft;
Paul III. ^ i^^^ ° quand ce fut à Jaques Cortifi Florentin Evcqae de Vaifon à par-
. 1er , après avoir loué ce que les autres avoient dit , il ajouta : Que comine
tV.viqui ^9^ croyoit que la préfence des Prélats & des Curés avoir fervi autrefois i
V^fon fw maintenir la pureté de la Foi parmi tes peuples , & la Difcipline parmi le
ttfujeu Clergé, il pouvoir montrer clairement que dans les derniers tems leuE ab-
ê Flcury, L. fence n ctoit point la caufe du renverfement qui étoic arrivé » & qu'ils a'a-
i^iV.^^T^i'voient ceflcderéfider que parce que leur préfence étoit devenue entière*
* ment inutile : Que les Evêques ne pouvoient rien faire pour conferver U
faine dodrine parmi le peuple , tandis que les Mendians & les Quêteurs
avoient le pouvoir de prêcner malgré eux : Que Ton favoit que les noa*
veautés d'Allemagne venoient des Prédications de Jtan Tctielôc de Liakcr,
Se que les innovations faites en Suillè avoient été produites par celles de
Sam/on de Milan : Qu'un Evèque réfident n'auroit pu faire autre chofè
contre une armée de Privilégiés , que d'être fans cefle aux prifes avec eux &
fe perdre : Qu'il étoit impolCble aux Evcques de tenir leur Clergé dans li
règle j puifqu'outre l'exemtion générale de tous les Réguliers , chaque Cha-
pitre avoit les (lennes , 6c qu'il y avoir peu de Prêtres particuliers qui n'euf-
fent une telle proteâion : Qu'il ne leur étoit guère plus poflible de choiCr
des gens capables pour le Miniftère , à caufe des Licences de promovendo »
& des Facultés accordées aux Evêques Titulaires > qui ne leur laillbient pas
même l'exercice du Miniftère Pontifical : Qu'en un mot on pouvoir dire
que les Evêques ne réfidoient pas, tant parce qu'ils n'avoient rien à faire »
que pour éviter de plus grands inconvéniens qui feroient nés des contefta-
nons & de la concurrence où ils fe trouveroient fans celle avec les Privi-
légiés. D'où il conclut , que H on jugeoit néceffaire de rérablir l'obligatioa
de la Réfidence , il falloit donc aufli rendre aux Evêques & aux Pafteurs
toute leur autorité. Les Evêques qui fuivirent ce Prélat ayant appuyé la
même opinion , en difant qu'il falloit en même-tems ordonner la RéHden-
ce , & fupprimer les exemtions qui la rendoienr inutile ; les Légats furent
obligés de confentir qu'on délibérât en même-tems fur ces deux poinrs , &
que chacun en dit fon avis ; & quelques Pères furent chargés de former le
Décret qu'on devoit examiner.
9. Mais quMnd cefiit à Jaques Cortifi
Florentin Evêque de Vaifon â parler il
ajouta y &c. ] Je croirois alTez volontiers
que Fra - Paolo a pris ici l'Erêque de Vaifon
ou pour celui de Fiéfoli , on pour quelque
autre. Car lorfquavant ta Seflion précé-
dente dans la Congrégation du t x de Mai
Ton traita pour la preonière fois de la Ré-
fîdence, ce Prélat venant à parler deso5f-
racles qui s y rencontrorent ( Pallav. L. 7.
e. 6. ] prétendit qu'ils venoient de la PoU^
(ânce Sécuficre « & ne fit aucune mentlpit
des exemtions des Privilégiés. L'on ne
manqua pas dans la fuite de marquer ces
exemtions parmi les obdacles de la Réfi-
dence > mais on ne voit pas par les Aéles
que ce ffit l'Evèque de Vaifon qui en fit
mention , ni en cette occalson. C'eft
par méprife , que le Continuateur de M..
Fleury appelle Cortéfi Evêque de Vérone ^ &
non de Vaifon^
DE T R E N T E , L I V R E I. 335
Cbux qui avoienc été députés pour recueillir les Articles de la Tuftifi- mdxltl
c&tign , ayant reçu les extraits des Proportions que chacun trouvoit à, cen- Paul IU.
furer , ne fe trouvoient pas tous de même avis. Quelques - uns vouloient •■—■ ^—
qu'on choisît cinq ou fix des Articles fondamentaux de la nouvelle doâri*
ne , ic qu'on les condamnât comme on avoit fait à l'égard du Péché oriei*
nel s & ils difoient qu'il falloit fuivre la même méthode , à l'exemple oe$
anciens Conciles , qui s'attachoient à l'Article principal & condanmoienc
l'HéréHe , fans entrer dans le détail des Proportions particulières , contens
de condamner en général les Livres des Hérétiques & par-U toute la doc-
trine pernicieufe qu'ils contenoient. Ils croyoient même , que la dignité
du Concile le demandoit ainfi. Mais les autres vouloienc qu'on examinât
toutes les Proportions qui pouvoient avoir un mauvais fens » afin de con-
damner celles qui le mériteroient. Pour appuyer leur fentiment ils difoient :
Que c'étoit le devoir d'un Pafteur de difcerner . entièrement les bonnes
herbes d'avec les mauvaifes , & d'ôter toutes celles-ci à fon Troupeau ;
parce que la moindre qu'on néglige , & qu'on reçoit pour bonne quoique
contagicufe , eft capable d'infeâer tout le Troupeau : Que fi on vouloit
fuivre l'exemple des anciens Conciles , on avoit celui du Concile d'Ephèfe »
€|ui fit contre la dodrine de Nefiorius ce grand nombre d'Anathématifmes
Il célèbres , qui comprenoient tout ce que cet Hérétique avoit enfeigné \
& ceux des Conciles d'Afrique contre les Pélagiens , dont ils avoient con-
damné toutes les Erreurs en détail.
La première opinion propofoit fans doute un moyen plus facile 9 & qui
plaifoit à ceux qui defiroient de voir le plutôt qu'il fe pourront la fin du
Concile *, outre qu'elle laiiïbit toujours quelque ouverture à un accommo-
dement que le tems pourroit amener. *° Mais cependant la féconde fut
5 référée > par la raifon qu'il étoit bon d'examiner toutes les Propofitions
es Luthériens » pour condamner enfuite celles qu'après un mûr examen on
trouveroit nécedaire & convenable de cenfurer. '' L'on donna donc ces
XXV Propofitions P à examiner. / PaMav. L
LXXV. 1 . La Foi feule , à l'exclufion de toutes les autres œuvres, fuffit ^- ^ 4.
au falut , & juftifie toute f^ule, ^^^"•
2. La Foi qui juftifie, eft la confiance par laquelle on croit que les pé- pjcu" ' l.
ches font remis par Jefus-Chrift , & ceux qui font juftifiés , font obligés 143. N%j.
de croire que leurs péchés leur font remis.
3. Avec la feule Foi nous pouvons comparoître devant Dieu, qui ne fe Articles fur
l^ Jttftific -
10. Maïs cependant La féconde fut préfi' â examiner.^ Le Csud» Pallavicin & Ray- ^^^gj ^^^
ne, par la raifon qu'il étoit bon d'exami- naldus n*en marquent que 15 3 & ^^ Livres des
ner toutes les Propofitions des Luthériens y fieurs font exprimées aflez diffcremment P/^^/wf^j,/.
&c.) Toutes ces Propofitions nccoienc pas de ce que marque ici Fra-Paolo ^ quoi-
des Luthériens feuls , mais encore des Zuin- qu au fond elles reviennent à \te.\x près au
gliens , aufO bien que de plufieun autres même fens. Ce fut dans la Congrégation
Auteurs, ^ du 30 de Juin, que l'examen cnfutpr^
II* L'on donna donc ces z$ Propofitions poff aux Pèies.
334 HISTOIRE DIT CONCILE
MDXLTi. loucîe ]ioiac & a a potat b^foûi de mot cBuvces. La Foi feutc pttrifie les
Paul 111. hommes , Oc lcs.'reoiixlig06& de rcœvKnn FEuchaciftie > s'ils crojrenc qiiLiU j
recevf ont la Grâce»
4« Ciux qaî fbnt le hîeft fSuifi le Sakic-»EQïric , pèchent > parce qu'ils jt
fooc avec un cœur ijEDpia > & c'eft. lun péché d'ohfinnrer les coaunaadefocDt
de Ddw £uis k FoL
5 . La bonne pénioeace cft la nouivellB tîo» La pénitence de la vie pail^
n'oft point nécemire ^ & la pcnitence dos péchés adhiels ne dlipoTe point à
recevoir ht Girace.
6. AucONB di^pofition n*eft néceflfaire i b Juftification *, de la Foi juftî-
fie» non pavos: qa elfo difpofe rhonnaCt mais parce qu'elle eft le mojtenft
linftrumens [¥tf lequel oa iàific 5c on reçoit la proaieiie & k grâce de Dieu.
7. La eraînte de fEnfbr no (en; point à acquévir k Joftice ; au coatraire
ttte iMiit ôidàvm péché > ic rend les pécheurs pises qu^ib n'éioienr.
t. La contrition qiû naît de teiamen , du fbuvenis , de la déteftatiou
des péchés. As quiconfitteitenKier la gravité» h muhitude » & l^énor^
mite , aufi bien que k peroe de la béatitude éternelle » & le malheur de k
damnation , rend l'homme hypocrite 8c plus grand pécheur.
9* Les terveurs intérieures dont Dieu épouvante les hommes » d^ les
extérieures donc on, eft frappé par Ips Ptédicaseurs , ibnt autant de péchés ,
jufqu'd ce quo la Foi les furmonte^
lo. La doârine des difpodtions détndc celle de la Foi > Ôc fait perdre iM
coniblation des confciences.
1 1 • La Foi feule eft nécei&irei *, les autres chofes ne font ni commandées
ni défendues , & il n'y a d'autre péché que l'incrédulité.
I a. Qui a la Foi , eft libre des préceptes de k Loi , & il n'a nul beibîfl
d'œuvres pour &tre ûuvé *, parce que k Foi donne tout abondamment » dc
qu'elk feule remplit cous ies préceptes. Nulle oeuvre du Fidck n'eft & mé«
chante , qu'elle le puiflè accufer oucondaouier.
I ^. Aucun baptifé ne peut perdre fon iâlut par aucun antre péché que
pat t'Inctiédulité , & aucun pécné ne fépare de k Grâce de Dieu que l'Infi*
délité.
14. La Foi Se les ouvres ibnt contraires entre elles > & on ne peut en«
ibignec les œuvres iàns détruiiie k Foi.
1 5. Les oeuvres extérieures de k fecondie Table font une pure hypocrifîei
16. Les hommes juftifiés font exemts de toute faute Se de toute peine f
& n'ont point befoin de farisfadtion ni en cette vie ni après la mort. C'eft
poucquot il n*y a ni Purgatoire» ai iàtisfaâion , qui Ëiile partie de k péni-
tence.
17. Les juftifiés même avec la Grâce' de Dieu ne fàuroient accomplir k
Loi > ni éviter les péchés , non pas mcme ceux qui font mortels.
18. L'oBçissANCE à k Loi dans ceuK mêmes qui font juftifiés eft foiblç
^ impure par foi- mcme, de eUe n'eft aeréable à Dieu que par la foi qu'iU
ont que les reftes de leurs. pécjié$ kur iQuc remis.
BE TRENTE, Livre IL 53^
19. Le Jafte pèche même dans toutes fes bonnes œuvres , & il n'en fàk n^^^Jïl
aucune qui ne loïc un pèche véniel.
10. Toutes les œuvres des hommes ^ même les plus faims , font des pi-
ehés. Les bonnes œuvres des Juftes pr la miférkorde de Dieu ne font que
des péchés véniels > quoiqu'ils foient mortels félon la rigueur des jugemens
àt Dieu.
ai. QboiQUE le Jufte doive craindre que fes œuvres ne ibient des pé«
chés , il doit être certain cependant qu'ils ne lui font point imputés.
11. La Grâce & la Jufticene font amre chofe que la volonté de Dieu.
Les Juftes n*onc aucune Juftice inhérente en eux , & leurs pédiés ne font
point effacés , mais feulement remis ic non imputés.
13. Notre Juftice n'eft autre chofe que l'imputation de la Juftice de
Jefus-Chrift , Se les Juftes ont befoin d'une Juftificarimi & d'une imputa-
liôn continuelle de la Juftice ^e Jefiis^Chrift.
24. Tous les Juftes font Admis au même degré de grâce 8c de gloire , 8c
tous les Chrétiens font auffi grands en Juftice que la Mère de Dieu ^ 8c
auflîfaints qu'elle.
1 5 . Les œuvres des Juftes ne méritent point la béatitude , 8c ils ne doi-^
vent mettre aucune confiance en leurs mérites , mais feulement en la mifé-
ricorde de Dieu.
Il ne fut pas fi aifé ^ de reeler la manière dont on traiteroit <Ians les ^Rayn.
Congrégations des Articles qui avoient été proproïes , qu'il l'avoir été i l'c- N° 116. se
gafd du Péché originel *i parce que cette dernière matière avoir déjà été 11 7-
wahée par les Scolaftiqnes > au lieu qu'aucun d'eux n'avoir ni imaginé ni ^^^^^' L
ônœre moins réfuté l'opinion de Luther fur la Foi juftifiante ♦ qu'il faifoit '*' ^* *'
confifter dans une certaine confiance & une ferme perfuafion des promefles
divines ; non plus que les conféquences de cette opinion , 8c ce qu'il en*
ibîgnoit fur la diftinâion de la Loi 8c de l'Evangile , & for la qualité des
oeuvres qui dépendoient de l'une 8c de l'autre. Il y avoit donc beaucoup i
travailler pour eux , pcemieremenr pottr entendre le (ens des Propofirions
de Luther 8c leur dimrence d'avec celles qui éroient enfcignées dans les
Ecoles , & enfuite pour entendre les rsifons de cette diférence. Il eft cer-
tain que d'abord quelques-uns des Théologiens du Concile & la plus
grande partie des Pères croyoient que les Proteftans en niant le Litsire-
arbitre , tenoient que l'homme dans fes aAions extérieures étoit comme
irae t>ierre *, 8c que lorfqu'ils arrribuoient la Juftificarion à la Foi feule â
i-exclufion des œuvres , ils tenoient pour jufte celui c[ui , pourvu qu'il crut
feulement la vériré de l'Hiftoire de l'Evangile, vivroit d'ailleurs auffi mal
qu'il voudroit : abfurdités comme plufieurs autres, qui plus elles éroienr
OMUcaires au fens commun , plus anfli éroient-eUes difficiles i réfuter ;
comme il arrive i contes les opinions qui font contraires à une apparence
évidente, 8c aux perfuafions nniverfellement reçues.
Entre les Théologiens , qui fe trou voient alors au nombre de qua-
rante-cinq , la plupart éroienx fonement attachés aux opinions générale-
}3<f HISTOIRE DU CONCILE
MDXLTi. ment reçues dans les Ecoles , & ne pouvoienc fouf&ir qu'on avançât rîcn
Paul IIL j^ contraire aux fcntimens fur lefqucls les Scolaftiqucs ccoienc d'accord.
*■"—■■'"" Et à regard des points fur lefquels ils nes'accordoient pas , chacun étoit fore
jaloux de fa propre opinion , & fur-tout les Dominicains , qui fe vancoient
d'avoir été depuis trois cens ans ceux dont TEglife fe fervoit pour confondre
lesHéréGes. Il ne laiffoit pas cependant dy en avoir quelques- uns parmi
eux , qui plus pénétrans que les autres vouloient qu'on fufpcndit fon juge-
ment , julqu'à ce qu on eut pefé les raifons de chacun. Tels écoient Am^,
broift Catharin de Sienne Dominicain , depuis Evèque de Minori , André
di f^cga Francifcain Efpagnol , ic Antoine MarinUr Carme. Pour ce qui eft
des Auguftins, comme ils éroient du même Ordre que Luther j ils affec«
toient , 8c Jérôme Siripand leur Général plus que les autres , de montrer
plus d'oppoHtion que qui que ce fut à toutes fes opinions.
Sentiment LXXVI. PouR l'intelligence des trois premiers Articles que l'on avoit i
é* dil^ntes examiner » >^ les premier^ Théologiens qui parlèrent , crurent qu'il falloit
des Theolo- rechercher d'abord quelle eft cette Foi qui juftifie , & quelles fortes d'œu-
^^Icles de ^^^' elleexclud. Ils diftinguèrent pour cela trois fortes d œuvres ; celles qui
U jMfiifcM" précédent la'Grace , dont il étoit parlé dans les fept Articles fuivans jufqu aa
tien é" de dixième ; celles qui concourent au moment même de l'infuCon de la Grâce;
U Grâce, g^ enfin celles qui font poftétieures à la réception de la Grâce , &c dont il
étoit patlé dans les onze Proportions fuivati tes.
Que la Foi juftifie , c'eft ce qui fut fûppofé comme indubitable , S. Paul
l'ayant dit 8c répété plufieurs fois. Mais pour décider quelle étoit cette Foi ,
& de quelle manière elle juftifie l'homme , c'eft fur quoi on ne convint pas»
& les opinions fe trouvèrent d'abord partagées fur ce point. Car l'Ecriture
attribuant à la Foi plufieurs propriétés 8c plusieurs vertus » que quelques^
uns ne pouvoient appliquera une feule forte de Foi, on regarda ce terme
comme équivoque ôc comme fufceptible de plufieurs fens. On remarqua
donc , que tantôt elle fe prenoit pour une obligation de tenir fa promefle >
r Rom. IIL comme quand S. Paul dit » ' que l* incrédulité des Juifs n avoit point anéanti
3- la foi de Dieu : tantôt pour la vertu de faire des Miracles , comme quand le
s I. Cor. même Apôtre dit , s que quand il auroit affei de foi pour tranfporter les mon-»
XIII. 1. tagnes , en quel fens S. Paul dit , que ^ que ce qui nefi pas félon la foi eft
t Rom. péché : d'autres fois pour la confiance en Dieu , & une ferme perfualion
XIV. 1 j. qu il tiendra fes promeflTes , comme quand S. Jacques exhorte ^ a demander
^u^u v-i' ^^^^ foi fans héfiter : enfin * pour une ferme pcrfuafion & une créance cer-
taine des chofcs que Dieu a révélées » quoiqu'elles ne foient point vifibles.
D'autres
IX. Les premiers Théologiens quiparlè^ me ils ne le font qae par extrait, iInVft
rené, crurentqu il falhit rechercher d'abord pas étonnant que chacan d*eaz ait fait ces
quelle e/l cottte Foi qui juftifie , &c. ] Nos fones d'Extraits conformément à fes idées
deux Hiftoriens rapportent aûTez diverfe- ce qui produit toujours une affiez grande
ment les avis des Théologiens. Mais com- difiîrence*
X Hebr.XI.
X
DE TRENTE, Livre IL 337
D'autres donnoicnt encore d'autres fens au mot de Foi , les uns jufqu'à neuf udxlti.
Se d'autres jufqu à quinze. ^^"'' ^"•
proprement que deux lignincations : ijnc par
voit entendre la véracité & Taflurance de celui qui difoit ou qui promet-
toit une chofe , & par l'autre le confentement de celui qui écoutoit : Que
la première forte de Foi étoit celle de Dieu , & que la féconde étoit la nôtre :
Que c ctoit de cette féconde efpèce de Foi que dévoient s'entendre tous les
endroits de l'Ecriture où il étoit parlé de notre Foi i «-* ôc que d'entendre
par ce mot une afllirance ou une confiance , c'étoit une interprétation non-
feulement impropre, mais encore abufive & rejettée par S. Paul : »î Que
la confiance ne diffëiroit point ou fort peu de Tefpérance; & que par confé-
quent on devoit tenir pour une erreur & même pour une héréfie cette
Propofition de Luther , que la Foi /unifiante eft une confiance & une cer^
eitude qua le Chrétien^ que fes péchés lui font remis par Jefus-Chrifi. Il
ajoutoit , & la plupart convenoient avec lui > qu'une telle confiance ne
pouvoit juftifier , parce que c'eft une témérité & un péché » l'homme ne
pouvant uns préfomption être certain d'être en grâce , mais en devant tou*
jours douter.
Catharin difoît au contraire: < Que quoique la Juftification ne foit k Fleiuy;
point l'effet de cette confiance , ' * cependant le Jufte pouvoic &c même de- L. 143- ^'^-
47.
X). Mais Dominique Soto s'oppofa à qae \zFoi ne confifle pas dans cette con»
eux tous en difant , que c'étoit-là déchirer fiance feule. Mais c écoit une témérité dé-
la Foi , &c. ] Je ne vois pas en quel fens raifonnable en Soto de traiter d*incerpréta-
Soto À p'd dire que c ccoic déchirer la Foi tion abudve le fens de confiance , que Ton
& donner gain de caufe aux Luthériens , donne quelquefois au mot de Foi , puifqu il
que de marquer les diil&rens fens auxquels eft clair qu en certains endroits deTEcricure»
le mot de Foi fe prend dans TEcriture. C'é- il ne peut avoir d*aucre fens,
toit bien plutôt leur donner gain de caufe, jf. Que la confiance ne différoit point
que de nier un feit aufC cenain que left ou fort peu de Vefpérance, &c. ] Autre illu-
celui que le mot de Foi ne peut pas s*en- £on de Soto qui confond ici deux choies
tendre toujours dans le même fens. Rien très-différentes , puifque Tefpérance ne re-
n*efl plus capable de confirmer un Adver- garde que des biens à venir j au lieu que la
(aire dans fon oppofition » que de lui con- confiance eft une ferme afturance & une
cefter des chofes évidentes. Car c'eft lui forte perfua/îon tant de la vérité èa^ promet
donner lieu de croire par-là qu'on ne fat- fes, que de la puiffancede celui en qui nous
taque que par e(prit de parti & par opinia- avons cette confiance,
tretc. 16. Cependant U Jujle pouvoit & même
14. Et que d* entendre par ce mot une devoit croire par la Foi qu'il étoit en gra^
affurance ou une confiance , c'étoit une in- ce* ] Cette opinion de Catharin , quoique
terprétation non feulement impropre , &c ] non cenfurée par le Concile , paroît allez
Reftreindre le mot de Foi à cette ferme mal fondée , puifque la Foi n'a pour objet
confiance , ce feroic fans doute une inter-- que des choies révélées & furnaturelles , &
prétation non-feulement impropre , mais en- qu'au contraire Taifurance que lliomme peut
cpre ahufive 6* rejettée par S. Paul , puif- avoir de (à Juftification ne peut être qu un
To ME I. Vu
3}8 HISTOIRE DU CONCILE
MDZLTi. voie croire par la Foi qu'il écoic en grâce *, & il eut bien des personnes dt
Paul. UL fon avis.
' »7 jindrc Je Fcga ouvrit une croifième opinion en difanc : Qu on pou-
voir fans rémérité croire erre fans péché -, mais ohh on n'en avoir aucune pcr*
fuafion certaine , & qu'on n'en avoir qu'une aUurance conjeâurale.
On ne peut pas négliger certe controverfe , parce que c'éroir de la déci^
fion de ce poinr que dépendoit la cenfure de l'Arricle fécond. C'cft pouE«
quoi après l'avoir difcuré d'abord aiTez légèrement, lespanis s'édiâu£Fè*
rent , & produi(irent dans le Concile de longues difputes & des divifîoas t
pour des caufes & des raifons que nous rapporrerons dans la fuite Mai»
tous convenanr unanimement » que la Foi juftifiante eft un confentemenc
donné à toutes les chofes que Dieu a révélées , ou que l'Eglife ordonne de
croire, Se qui rantôr eft joinre à la charité & tantôt fë trouve fans elle»
on la diftingua en deux efpéces : l'une qui fe trouve dans les Pécheurs , &
qu'on appelle dans les Ecoles Foi informe ^ foluain ^ flériU , ou moru:
l'autre qui n'eft que dans les Juftes , & qui opère par la charité , & qu'on
nomme pour cela Foi formée ^ efficace & vivante. Sur quoi ilyeurime au*
rre difpuce. Car les uns vouloient que la Foi , a laquelle l'Ecriture attri*
bue le (alur , la juftice , & la fanâificarion , fût la feule Foi vivanrc, com-
me l'avoienr foutenu les Catholiques d'Âllemaene dans les Colloques , 6c
qu'elle renfermât en foi la créance des chofes révélées , les préjpararions de
la volonté , & la chariré, en quoi confifte tout l'accompliflemenr de la
Loi s & qu'en ce fens on ne pouvoit pas dire que la Foi feule juftiâe , puif-
3 n'étant animée par la charité elle n'étoit pas feule. Mais Marinier , quoique
e cet avis , n'approuvoir pas qu'on dît que la Foi eft animée par la cna*
rite, parce que S. Paul ne s'eft jamais fervi de certe manière de parler, 8c
jGal. V. ^- qu'il s'eft conrenté de dire , * que la foi opïrepar la chariti. D'aurres au
conrraire par la Foi juftifiante vouloienr qu'on enrendît la Foi en général »
fans fpéciner fi elle étoir vive ou morte , parce que l'une & Taurre jufti-
fient en différentes manières \ la Foi vive dune manière complette > & ht
Foi morte & hiftorique uniquement comme principe de la juftification.
'^ Ils difoienr, quecetoitde celle-ci dont parle toujours S. Paul, quand
il ne lui attribue la juftice que delà même manière que toute la Philofo-
fencimenc intérieur naturel , coot-à-£ik chofes Je (entîment , comme cclle-ci , cleft
diftingné de la Foi. Oonre qae d*aiileQrs il moins par Taurorité & le raifbnnemenr
eft impoflTible qae l'homme pwfTe parvenir ao'on en doit décider , que parce que le
à une celle cercicude, à caufe des &mes per- ienriment général de tous les hommes leur
pénielles , qui rendent toujours (bn tàlut in- apprend fur ce qui fe padè au-dedans dVax-
certain ja(qu'à ce que la mon aie fixé pour mêmes , relie qu'eft la connoîflance intime
jamais fon fort éternel. que chacun a de fon propre étar.
17* André dt Véga ouvrit une troifième 1 1. Ils difoient y que détarttûitjûurs de
opinion y drc. ] Celle-ci eft fans doute infi- celU^ei dont parle S* Paul, 8cc. ] Au con*
niment plus raifbnnable , & plus conforme traire y quand cet ApAtre parle de la Foi qui
an fentiment intérieur de chacun , & a d& juftifie, c'eft toujours d'une Foi aéHve qui
par confcquent prévaloir 5 puslque dans les fe montre par les oeuvres , & non de celle
DE TRENTE, L I VRE IL 359
phic cft comprifc dans les lettres de l'Alphabet -, c'eft-à-dirc , que cette Foi Mûxtrr-
n'cft proptetnent que comme la bafe de la juftice , ce qui n'eft prefque rien ^^^^ ^^
en comparai£bci de ce qui refte à faire , comme une bafe de ftatue n*eft — ■— ■
ptefque rien en comparaifon de la ftatue même. Les Dominicains & les
Francifcains ctoient pour cette féconde opinion , & Marinier A^rtc les autres
pour la première. '^ Mais on ne toucha pas au point de la difficulté , qui
etoit de favoir , fi l'homme premièrement eft jufte avant que d'opérer la
juftice, ou s'il devient jufte par les œuvres de juftice qu'il opère. Ils con«
venoient tous en une feule chofc , qui eft , que cette Propontion , La Foi
ftuUjufiifu , avoit plufieurs fens , mais tous abfurdes \ parce que Dieu juf*
cifie , & les Sacremens aufli , chacun en leur manière : de forte jque cette
Propofition fouffroit différenres exceptions. Car la préparation de l'ame ï
recevoir la Grâce juftifieauili en fa manière ^ & la Foi par conféquent ne
pouvoir pas exclure cette forte d'œuvres.
Pour ce qui regardoit les Articles où Luther traire de péchés toutes les
œuvres qui précédent la Grâce , les Théologiens , plutôt en déclamant qu'en
les réfutant , les taxèrent tous d'hérétiques , comme ils firent auflfi cetre
Propofition générale , que toutes les œuvres humaines fans ta Foi font despé*
chis. ^o Car ils (butenoient comme une chofe évidenre : Qu'il y a beaucoup
d'aétions humaines indifférentes , qui ne font ni bonnes ni mauvaiies ; &:
qu'il y en a d'autres , qui (ans être agréables à Dieu , font néanmoins mo«
qui (è termine i une créance Tpécolative des
tkofes révélées, & deftitoée d'obéiflànce aax
comaumdemens de Oiea.
19. Maïs 9n ne toucha pas au point de
la difficulté , &:c. ] Cette difficulté eiTedi-
yement nétoic pas aiSe à réfoudre , & poux
le faire d*une manière fatisfaifante , il £aat
envifager la Propofition (ov& des rappons
très-difflfrens. Car ou il s'agit d*an Infidèle,
ou d*un Fidèle enfanr oa adulte. Llnfidéle
fans doute efl jufiifié avant que d'opérer la
juftice , puifqu il eft juftifié par la Foi , avant
laquelle fes œuvres ne peuvent ni lui niéri-
cer ni lui conSrer la juftice. L'en&nt Fidèle
eft jufte auffî avant que d'opérer la juftice,
puisqu'il n'eft jufte que par l'imputation qui
lui eft Êiice de la Grâce dans an &ge od il
eft encore incapable d'aucune juftice inlîifê
ou inhérente. A l'égard du Fidèle adulte , il
ne peut certainement être jufte que par les
oeuvres opérées par la Foi , puifque la jufti-
ce de la Foi n'étant réelle en lui qu'autant
qu elle opère , s'il n'a point d'œuvres il n'a
point de juftice h Se fa Foi , comme dit S.
lacques , eft feoiblable à celle des Démons
qui croyent 6» qui tremblent. IstCm IL x^*
to. Car ils Jbntenoient comme une chofi
évidente , qu'il y a beaucoup d*a3ions hu*
maines indifférentes » &c« ] 11 j en a cex-
uinement beaucoup , qui font telles par leur
nature. Mais bien des Théologiens préten-
dent avec raifon , qu'il n'y en a aucune qui
le (bit dans l'individu , c'eft-à-dire , dans
l'intention de celui qui agit ; parce que toute
fin étant bonne ou mauvaiiè , Se toute
adion étant faite potur une fin , il s'enfait
qu'il ne peut j en avoir aucune indiSerentr*
La queftion donc fe réduit à favoir s'il
peut Y avoir des fins indifférentes. La chofè
ne feroit pas difficile à décider , û le terme
d'indifférentes fe prenoit dans un fens vague.
Se qui fignifie , que l'homme ne (e propofe
dans une aèlion particulière de rien faire qui
foit proprement ou vice ou vertu. Mais à
prendre ce mot dans un fens plus ftrîèl ,
Se en parlatn plutât d'une intention habi-
tuelle que d'une aéVuelle , il eft difficile de
croire qu'il y ait i proprement parler au-
cune aèiion autrement indifférente que dans
(a nature.
Vu 1
340 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLYx. ralemem bonnes : Que de ce nombre font les aâions vertueufes des Infîdè*
Paul III. {^^ ^ g^ celles des Chrétiens qui font en péché , qu'il cft contradiûoire , ce
' femble , de traiter en même tems d'aftions honnêtes &c de péchés -, fur-tout
étant obligé de mettre en ce rang les œuvres héroïques des anciens Payens 3
fi fort louées dans l'Antiquité.
(F]eary>L. ^' Mais Catharin foutint : ^ Que fans le fecours particulier de Dieu ,
X43.N^5 5. l'homme ne pouvoit faire aucune aâion véritablement bonne , & qui
ne fût un péché : Que toutes les œuvres des Infidèles que Dieu n'appelle
point à la Foi , & celles des Fidèles qui font en péché , & que Dieu n'ex-
cite point à la converfion , quoique bonnes & honnêtes , & même héroïques
en apparence , font de véritables péchés : Que qui les loue , ne les con-
fidére qu'en général & félon les apparences extérieures ; mais que qui-
conque en voudroit examiner les circonftances , en découvriroit Tini*
quiré : Que par conféquent ce n'étoir point en cela qu'on devoir con-
damner Luther 9 mais par rapport aux Articles où il étoit parlé des
œuvres qui fuivent la Grâce prévenante , & qui font des préparations
à la JulUtication , telles que font la déieftation du péché » la crainte de
l'Enfer , & les autres terreurs de la confcience. Pour appuyer fon fentiment
il allcguoic S. Thomas , qui enfeigne , que pour faire une bonne œuvre il
faut que toutes les parties en foient bonnes , au lieu que pour la rendre
mauvaife il ne faut que le défaut d'une feule circonftance : Que bien qu'à
confidécer les œuvres en général , quelques-unes foient indifférentes >
cependant dans celui qui les fait il n'y avoit point de milieu entre les faire
fans défaut , ou avec quelque défaut : Que par conféquent chaque ac-
tion particulière étoit ou bonne ou mauvaife , & qu'il n'y en avoir point
d'indifférente : Que comme la fin efl une des circonflances qui fert à qua-
lifier l'adion , toutes les œuvres qui ont une mauvaife fin fonr gâtées &
corrompues : ^^ Que les Infidèles rapportant tout ce qu'ils font à la fin
II* Mais Catharin foutint , que fans le
fecours particulier de Dieu , l'homme ne
pouvoit faire aucune aSion véritablement
bonne , &c. ] Cette opinion de Catharin ,
qui efl celle de cous les Thoniiiles & de
tous les Janicnides , fuppofé la vérité da
principe , e(l conflammenc la plus philofo-
phique & la mieux foutenue dans Tes con-
(équences. La feule difficulté efl de fa voir
ce que cet Auteur entend par un fecours
paniculier de Dieu. Car fi ce n'ed que cette
lumière natureUe & ce: amour inné daUien,
ue Dieu donne à cous les hommes , per-
oniie ne conteflera le principe. Mais que ,
fans ce que les Théologiens appellent la Foi ,
& fans une grâce fpéciale qui applique in-
^illiblement au bien >, cous les Infidèles ^
t
c*efl-à-dîre , non-feolement les Idolâtres ,
mais cous ceux qui ne croyenc poinc en
Jefus-Chhft , quoiqu'ils aienc d'ailleurs It
connoiflance de Dieu & agiflenc conformé*
ment à cette connoiilànce » que tous ces
gens-là, dis je y pcchenc, & que routes leurs
avions foient autant de véritables péchés ,
c'eft ce quil efl difficile de croire & de pei^
fuader à ceux qui ont quelque idée de la
juftice de Dieu & de ce qaon appelle Vertu ^
qui n eft autre chofè qu'une exaéle confos-
mité de nos aâions à la rai(bn & aux de-
voirs qui nous font prefcrits , avec une in-
tention droite de faire ces actions précilé-
menc pour une bonne fin.
11. Que ks Infidèles rapportant tout ce
qu'ils font a la fin de leur Se fie qui efi mau*
DE TRENTE, Livre IL J41
de leur Seâe qui eft mauvaife , leurs oeuvres , quoiqu'elles paroiÔènt udxvtk
héroïques à ceux qui ne voyent point l'intention , font néanmoins autant ^^^^ ^^^*
ck péchés : Qu'il eft indifférent que le rapport d'une a£tion à une fin mau- "
vaiife foit un rapport adtuel , ou habituel , puifqu'il n'eft pas nécelTaire
Bmr que le Jufte mérite , qu'il rapporte aéluellement fon aâiôn i
ieu , & qu'il fuffit qu'il le fa(Iè habituellement. Il ajoutoit même »
que félon S. AugufHn , pour faire un péché il n'étoit pas nécefTaire d'agir
pour une mauvaife fin , mais qu'il fuffifoit qu'on n'agit pas pour une bonne
& pour celle qu'on devoir. Et comme il foutenoit que fans la Grâce pré-
venante l'homme ne pouvoir rien rapporter à Dieu , il concluoit qu'avant
de l'avoir reçue il ne pouvoir y avoir aucune œuvre moralement bonne.
Il rapporta beaucoup d'endroits de S. Auguflin pour montrer qu'il avoir
été de ce fentiment *, & y en joignit beaucoup d'autres de S. Ambroift , de
S. Profpcr , de S. Anfdmt , & des aurres Pères. Il cita auffi Grégoire de Ri^
mini & le Cardinal de Rochcfier^ qui dans fbn Livre contre Luther défend
ouvertement la même opinion. Il foutenoit enfuite , qu'il valoit mieux
fuivre les Pères que les Théolc^iens Scolaftiques , qui fe contredifoient
l'un l'autre ; & qu'il éroit plus fur de s'appuyer fur l'Ecriture , qui eft le
fondement de la véritable Théologie , que fur les fubtilités philofo-
phiques ^ qu'on avoir fuivies trop facilemenr dans les Ecoles. Il difoit
qu'il avoit été lui-même autrefois du fentiment contraire , mais qu'après
avoir étudié l'Ecriture &c les Pères , il avoit découverr la vérité. Il infif-
^oit beaucoup fur l'endroit de l'Evangile où il eft dit , ^ quUin mauvais e Matt.
arbre ne peut perter de bon fruit ; & fur ce que Jéfus-Chrift y ajoute en VU. i8.
difant , ^ Plante? un bon arbre , & le fruit enjera bon ; ouplante^ un mau^ d Matt.
vais arbre , & U fruit en fera mauvais. Enfin il appuya plus fortement que ^^^* 3 3-
fïir toute autre chofe fur cet endroit où S. Paul dir , ^ que rien nefipureVii. L15.
pour Us Infidiles y parce que leur ef prit & leur confcience font fouillés,
Soto s'éleva avec beaucoup d'aigreur contre cette opinion , jufqq'à mê-
me la traiter d'hérétique , parce qu'on en pouvoir inférer que l'homme
n'a pas la libcrré de faire le bien , & n'étoit pas capable d oDtcnir fa fin
raaturelle , ce qui étoit nier avec les Luthériens le Libre-arbitre. ^^ Il
vaife , leurs auvres — fifnt néanmoins au-
tant dépêchés, ] Il eft certain qu'âne adion
quoique bonne , fi elle eft lapporcée à une
mauvaife fin , ne peut être que mauvaife.
Mais eft-il toujours vrai , que ces Infidèles
rapponent tout ce qu'ils font à la fin de leur
Seâe ? Catharin le TuppoTe, mais ne le
prouve pas, & le contraire fembleplus rai-
îbnnable.
1 ) . // foutenoit , que l'homme avec les
feules forces de la Nature peut obferver tous
Us préceptes de la Loi quant à la fubftance
d: fauvre» 6cc ] le ne fki comment Soto
pouvoir traiter d'hérétique lopinion de Ca^
tharin , puifque la fienne propre , quoique
moins dure en apparence , revient pourtant
dans le fond an même. Car f\ c'eft une Hé<
réfie de dire , que fans U fecours particu-
lier de Dieu , l'homme ne peut faire aucune
a&ion véritablement bonne > ce n'en doit pas
être une moindre, que de (butenir comme
Soto , (\M^ V homme ne peut pas obftrver
tous les préceptes de la Loi t^uant à la fin ;
puifque i\ on ne peut pas obferver ces pré-
ceptes quant à la fin, on ne peut pas dire que
ces avions foient véritablement bonnes , &:
Ht HISTOIRE DU CONCILE
JC9XLTI. foacenoic, que rhorome avec les feules forces de la Natuie peut obferver
Paui m. JQU5 [ç5 préceptes de la Loi quant à la fubftance de l'œuvre , quoique non
'■■■■"■■■^* quant à la fin ', & que cela fuffifoit pour éviter le péché. Il diftinguoit trois
tortes d'<ruvres dans les honunes , iavoir la tranferedion de la Loi , qui
fait ie péché i Tobfervation de la Loi par la chanté , qui eft une œuvre
méritoire 6c agréable àDieuv^^>-*& une aâiion mitoyenne, qui eft i'ob-
fervation de la Loi quant à la fubftance du précepte , Ôc qui eft une œuvre
moralement bonne dfc parfaite en fon genre , eniorte que celui qui la fait
accomplit la Loi, ^^ fait une œuvre moralement bonne, & par-là évite
ainfi tout péché. Pour modérer cependant cette «rande perfeâion , que
Soto attribuoit à notre Nature , il ajoutoit : Qu autre ctiofe étoit de fe
garder de quelque péché en particulier , Se autre chofe de les éviter tous
enfemble : Que Thomme pouvoit fe garantir de chacun en paniculier^
inais non pas de tous î ^^ & il apportoit pour exemple celui d'un homme
qui ayant un vaifleau percé en trois endroits , ne pouvoit pas les
boucher tous avec deux mains , mais feulement choitir les deux qu*il vou-
droit boucher , en forte cependant qu'il en refteroit toujours un troifieme
ouvert. Cette doârine ne contentoit pas tous les Pères , parce que , quoi-
qu'elle montrât clairement que toutes les œuvres ne font pas des péchés,
elle ne fauvoit pas entiètement le Libre-arbitre , en ce qu'il s'enfuivoit tou-
jours néceftairement , qu'il ne feroit pas libre à l'homme d'éviter tous le9
péchés. D'ailleurs ce Théologien , après avoir donné pour bonnes les œuvres
nonnètes des Infidèles ou des pécheurs , fe trouvoit embarraifé à détermi-
qu'ainfi c'eft rainer également la Liberté.
Catharin d'ailleors ne nioxt pas plus que
Soto , qae fans ce fecours particulier de
Diea un Infidèle ne pût faire des aétions
bonnes quant à la fubftance > & ainfi ces
deux fyftémes , quoique dificrens en appa-
rence , revenoient pourtant réellement au
même.
14. Et une aBioti mitoyenne , qui efl
tobfervation de la Loi quant à la fuh fian-
te du précepte , & qui eft une auvre mora*
lement bonne , Scc, ] Qu une adion qui eft
défedhieufe quant à la fin , (bit une aâion
moralement bonne & par&ite en (on genre,
c*eft ce qui femble ouvertement impliquer
contradiàion. Car pui(qne c'eft la fin qui
caxa^rife & qui fpécifie proprement Tac-
tii>n, comment eft-ii podible , qu'une aâion
dont la fin eft défedneufe foit cependant
moralement bonne 8c parfaite en (on gen-
re ? Ce (ont de ces aveux incompatibles ,
qui montrent la foibleflè & rincon(îftence
d'un f/ftème.
if. Fait une ctuvre moralement honm ^
& par4à évite ainfi tout péché. ] Si c'eft I«
fin qui donne proprement le niérite on le
démérite à une a^on , comment une œuvre
moralement bonne feulement quant à la
fubfbnce peut-elle être exemte de péché j
fi la fin n'eft pas également bonne ? Et corn*
ment peut-il fuffire pour éviter le péché de
dire une adion bonne quant à la fubftanf
ce , fi la fubftance même ne fait que partie
de l'aâion ? Ce ibnt de ces chofes qui ne
s'accordent ni avec la Théologie ni avec la
Philo(bphie , & je doute que Soto s'entendit
bien lui-même , lor(qu*il parloit ainfi.
i6. Et il apportoit pour exemple celui
d'un hommt , qui ayant un vaiffeau percé
tn trois endroits , &c. ] Cet exemple rend
encore plus fenfible , combien ce Cjilhne
étoit contraire à la Libené , puifqu'il laiflbit
toujours l'homme dans l'impoiflance de fe
défendre du péché -, Se c'eft ce qui fait ajou-
ter à Fra-Paolo , que cette doébine ne con*
tentoit pas tous les PereSt
'^1
D E T R E N T E , L I V X 1 IL 34)
net (i elles préparoienc à la JoftiScation, ou non. En ne regardant que la ui^xitr.
bonté de ces onivres » elles lui fembloient y préparer-, mais en con(idéranr ^^^^^'
que , félon la doûrine de S. Augujlin ûiivic par S. Thomas & par de bons "
Théologiens > U principe du falut vient de la vocation de Dieu , il femblcnr
devoir croire le contraire. ^7 H lui fallut donc éluder la difficulté par cette
difbn&ton > que ces ceavres étoient des préparations éloignées & pro«
chaînes \ comme (l en donnant aux forces de la Nature le pouvoir aap-
porter des préparations même éloignées , ce n'étoir pas oter à la Grâce de
Dieu le commencement da falut.
^^ Les Francifcains allant plus loin foutenoient , que non feulement ces
enivres étoient bonnes & préparoient à la Juftâficarion véritablement , mais
encore qu'elles étoient proprement méritoires auprès de Dieu ; parce que
Scot y donc ils fuivoient la cloârine > avoir inventé une forte de mérite , qu'il
attribuoit aux œuvres faites par les feules forces de ta Nature. En e&t ce
Thcoloeien enfcignoit que ces oeuvres méritoienr la Grâce de congruo ^
c'eft-à'dire , comme quelque chofe de raifonnable , Se qne cela arrivoit in«
failliblement & en conféquence d'une certaine Loi \ & qu'ainfi l'homme par
izs feules forces naturelles pouvoir avoir une douleur defon péché, qui fut
une difpofîtion à les lui faire ren^ttre, &qui méritât cène rémiffion de con-^
gnso : ce qui étoic fondé fur une nwudme reçue de fon rems , ëc qu'il ap*
prouvoit , Que Dieu ne manque jamais à quiconque fait tout ce qu^il peut Je^^^
ion fes forces. Mais quelques Ecrivains du même Ordre alloient encore plus
avant,& difoient que (i Dieu ne donnoit pas fa Grâce à quiconque agit félon
{es forces , il feroïc injufte & partial , & feroit acception de perfonnes. Ils
difoient même avec beaucoup de chaleur & de pamon, que ce feroit une
grande abfurdité , (i Dieu ne faifoit pas de différence d'un homme qui vie
naturellement bien , d'avec un autre qui eft plongé dans toutes fortes de
vices ; & qu'il n'y avoit pas de raifon pour donner la Grâce à l'un plutôt qu'i
Fautre. Us ajoutoient que S. Thomas avoit été de leur opinion \ ôc qu'en-
ijM lui fallut donc éluder la difficulté, que celai de Soto , mais aufli plus appro-
&c, ] Cécoit bien l'éluder en effet y que de chant du Pélagianifme , Se tout-à-Êiic con-
traiter ces œuvres de préparations éloignées traire à l'expérience, qui nous apprend que
à la luflification ; puifque (i elles y difpo- Dieu appelle fouvent ceux quife font rendus
fent dune manière même éloignée , elles les plus indignes de fa vocation par une con-.
doivent être regardées comme le principe duite criminelle , 6c abandonne ceux qui
de la Juftification : à moins qu'on ne difè par une conduite moralement bonne en pa*
qu elles y difpofent non par voie de mérite, roiilènt les plus dignes. Rien d'ailleurs n'efl
mais parce quelles laiflent moins d*ob(la- fi clairement marqué dans l'Ëcriture que 1^
clés à la vocation de Dieu : ce qui au fond gratuité de la vocation de Dieu , qui ne noua
ne donne aucun avantage au fyftême de Soto appelle point en vue de nos mérites i Ôc tour
fur celui de Catharin. ce que Ton peut dire pour {âuvex fa juftice
2. S, Les Francifcains allant plus loin eft, que (î les œuvres de llomme ne méri*
foutenoient , que non-feulement ces oeuvres tent point la Grâce , Dieu du moins ne punit
étoient bonnes , &c. ] Leur fyftème comme pas en lui le défaut d'une Grâce qui ne lui a^
celui de Catharin étoit mieux fuivi & plus lié point été donnée.
J44 HISTOIRE DU CONCILE
UDXLTi. feigner autrement , ce feroit jetrcr les hommes dans le défefpoir , les ren-*^
Paul III. j^g négligens à faire le bien , & fournir aux mcchans un prétexte pour cx-
~ cufer leurs mauvaifes aâions , en en rejettant lacaufefurle tnanquemenG
de la Grâce.
Les Dominicains avouoient bien , que S. Thomas avoir été de ce fen«
timenc étant jeune , mais ils difoient qu'il l'avoir retraité dans fa vieille/le.
Ils le combattoient enfuite par lautorité du Concile d'Orange , qui avoic
déclaré que la Grâce n eft précédée d'aucun mérite y Se que c'eft à Dieu qa'oa
doit attribuer le commencement du bien. Ils ajoutoient ^^ qu'après Téclac
que les Luthériens avoient fait contre l'Eglife pour ce mérite de congrue > il
etoit néceffaire de l'abolir entièremenr , d'autant plus qu'on n'en avoir ja-
mais entendu parler dans les anciens rems de l'Eglife , ni dans les grandes
difputes qu'on avoit eues avec les Pélagiens \ qu'enfin l'Ecriture attribue
toujours notre cooverfion à Pieu , & qu'il ne convenoir pas de s'écarter de
fon langage.
Sur l'article des préparations à la Juftifîcation , il n'y eut aucune difpute
pour le fond de la dfoârine. Tous convenoient : Qu'après le mouvement de
Dieu 9 il naît en nous une crainte & diverfes confidérations fur la malice du
péché -, 3^ & on s'accordoit à cenfurer comme hérétique l'opinion de Luther^
qui çnfeignoit que cette crainte eft mauvaife , puifque c'eft Dieu qui ez«
^orte & qui excite le pécheur à cette crainte & à ces confidérations , &
qu'on ne peut pas dire qu'il nous excite au péché : Que d'ailleurs l'office du
Prédicateur étoit de fe fervir de ces confidérations pour effrayer le pécheur \
ic comme c'étoit la voie par où tous paient de l'état du péché à celui de la
grâce , il eut été bien étrange qu'on n'eut pu pafier du péché à la juftice que
par un autre péché. Il y avoir pourtant une difGcalté à laquelle ils ne pour-
voient
19. Qu'après l*icUt que les Luthériens
évoient fait contre l'Eglife pour ce mérite
de congrup , // étoit néceffaire de V abolir
entièrement, ] Cette diftinâion de mérite de
çongruo qui eft fondée fur une cenaine équi-
té naturelle , 9c en mérite de cçndieno qui
a Con fondement dans les promefles de Dieu»
cette diftind^ion, dis-je, quoique fondée en
laifbn, a été tout'à-£iit ignorée dans les
grandes controverfes du Pélagianifme , oi
fon n'a accordé de mérite qu'à la Foi , ou aux
ceuvres faites par la Foi. Ceft ce qui a tou-
jours fait traiter de doébine Pélagienne par
Luther & Calvin ce mérite de congruo. Mais
Quoique ce terme (bit une invention mo-
emc de l'Ecole, il femble cependant, que
la plupart des Pères Grecs en ayent fourni
l'idée , lorfqu'ils ont attribué le commence-
ment du (klut à rhomme s & que c'eft à (es
forces feules qu'ils on rapponé la premièrt
volonté de fe fauver , comme le font en bien
des endroits S. Chryfçftome , 5. Cyrille da
lerufalem , & plufieurs autres.
3 o. On s'accordoit à cenfurer comme hl'
rétique l'opinion de Luther , qui enfeignoii
que cette crainte eft mauvaife , &c, ] 11 n'eft
pas étonnant qu'on s'accordât à condamner
une opinion qui n'eft fondée ni en raifon, ni
en autorité. Car quoique la crainte (bit in*
fgffifantè au falut fans la charité y on ne peut
pas dire cependant qu'une telle crainte (bit
mauvaife , puifqu*il ne peut y avoir de p6?
ché à craindre un mal réel , & que cette
crainte ne peut naître que de la créanct
d'une autre ^ie , qui fait partie de ('objet da
la Foi,
DE TRENTE, Livre IL J4f
voient répondre , & qui croit que toutes les bonnes œuvres peuvent s ac- Mûi^tvi.
corder avec la grâce 5 3 « au lieu que la crainte & ces autres préparations ^^^ ^"*
ne peuvent ' fubfifter avec elle, & quainfi il falloit en conclure qu'elles
étoient mauvaifes. Antoine Marinier foutenoit que toute certe difpute
n'étoit qu'une difpute de mots ; Se il difoir que comme «n pafTantdun
grand froid au irhaud , on paflè par un moindre froid , qui n eft ni un chaud
ai un froid nouveau , mais un froid diminué ; ainfi en paflant du péché i
la juftice , on pafle par des terreurs & par des attritions , qui ne font ni de
jbonnes œuvres ni de nouveaux péchés , mais d'anciens péchés cxrénués èc
aifoiblis. ^3 Mais cette opinion ayant foulevé tous les Théologiens » Mari^
nier fut obligé defe rétraâer.
A l'égard des œuvres faites en grâce il n'jr eut nulle difficulté , ic tout
convinrent qu'elles font parfaites & méritent la vie éternelle *, h & que
t*opinion de Luther ^ qui en fait autant de péchés , étoit impie & facrilege.
Car , difbit-on , (i c eft un blafphème que d'attribuer le moindre péché vé-
niel i la Vierge , comment pourroit-on entendre dire que toutes les aâions
ont été des péchés ? La Terre ic l'Enfer devroient s'ouvrir à de fi grands
b]afphèmes.
Quant i TeHênce de la Grâce divine , les Tiiéologiens pour la cenfure
4es PxopqfiUons ;cxii & xxiii s'accordèrent unanin\qment à reconnoître que
le mot de Grâce dans fit première fignification marque une bienveillance
ou une bonne volonté > qui quand elle fe rencontre dans une perfonne qui a
le pouvoir , produit un bon effet , c'eft-à-dire , un don ou un bienfait 9 qui
s'appelle aum Grau. '4 On débita que les Proteftans croyoient que Dieu
) I • Au lieu que la crainte & ces autres étonnant que dans le OoncHe il tk été an peu
fréparatïons ne peuvtnt fithjifter avec elle , fuCpeA de donner dans (es idées.
& quainfi il falloit en conclurre quelles )). Que l'opinion 4e Lutiurqui enfuie
jkoient mauvaifes» ] Il eft vrai qae la crainte autant de péchés eft impie. ] Sans doute que
des peines & les autres piéparations dont Luther n*a pas pouflè l'extravagance fi loin ,
il eft ici qaeftion , peuvent être fans la Gra- & fes difciples tâchent de l'en difcnlper en
çt % mais je ne vois pas comment on peut diËint qu'il n*a pfécendu autre chofe , finon
^ire qu'elles ne peuvent fubfifter avec elle ; que les oeuvres des Juftes ne (ont jamais fi
Bc je fais encore moins en quel fens Fra- par<es , qu'elles n'enferment toujours
Paolo a pu dire , qu'on ne pouvoit répondre quelque imperfection. Mais il £iHt avouer
à cette difficulté. Car en foutenant, comme quefesexprefCons danslefens même le plus ,
Te (ai(bient beaucoup de Théologiens , qu'il radouci font outrées i & que cet homme ,
At £inzqtte cette crainte ne pouvoit pas fub- pour vouloir donner -tout a la Foi , a ruiné
fifter avec la Grâce , étoit-i! bien difficile de par les confîquences de fa doélfine toute la
répondre à ceux qui (butenoient que cette néceflicé & le mérite des bonnes oeuvres.
crainte Se d'autres pareilles difpofitions 34. On débita , que les Proteftans cro^
étoient mauvai(es ? yoient que Dieu ne nous faifoit part que de
51. Mais cette opinion ayant foulevé fa bonne volonté , &c. ] Ceft une étrange
tous les Théologiens , &c. ] C'étoiten effet dodrine que celle qu'on attribue ici aux
une opinion aflèz étrange , que celle que Proteftans , puifqu'une bonne volonté de
propofe ici Marinier) & elle avoit tant de Dieu , qui ne feroit fuivie d'aucun effet, eft
jMipport à celle de Luther , qu'il n'çft pas une pure chimère. AofE ce n'a jamais été
T o M E L X X
j4tf HISTOIRE DU CONCILE
MAxiTi. Q^ nous faifoic parc que de fa bonne volonté , comme s'il ne pouvoic rieiv
Paul III; faire davantage ', & on dit que (a Touce-puitTance demandoit (]ue fa y(y,
loncé fut fui vie du bienfait. Et comme quelqu'un auroit pu dire que U
feule volonté de Dieu , qui eft Dieu même , ne peut avoir de plus grande,
chofe à donner *, & que le don de fon propre Fils eft un bienfait fi gjcand i
que S. Jean ^ pour prouver le grand amour de Dieu envers Icshommes > n'eà
allègue point d'autre preuve que ce don ; n on ajoutoic : Que ces bienfaits
étant communs i tous , il étoit convenable qu'il fît à clucun quelque doa
qui lui for propre: )^ Quec'étoit pour cela que les Théologiens avoienc
joint une Grâce habituelle donnée à chaque Jufte » qui eft une qualité fpî^
rituelle créée de Dieu & infufe dans i'ame , par laquelle elle devient agrea^
ble à Dieu : Que quoique le nom n'en fut point dans les Pères , & encore
moins dans l'Ecriture , cependant on l'inféroit évidenunenc du moi jujlifitr^
qui étant effèâif , fignifie néceflàirenaent rendre jufte par Timpredion d'une
juftice réelle , qui ne pouvant ctre une fubftance , ne peut être qu^unc qua-
lité & une habitude.
'7 A cette occafion on difcourut &rt iong-tems contre les Luthériens »
leur penSé , & il 7 en a peu mime qui s'ex-
priment de cette manière. Si la plupart
parient an pea difflhremment des Thomiftes
& des lanfibiftes , ils penfènt à peu prèsde
m&me.
3f. On djoutoit , qnt ces biens étant
communs À tous , il étoit convenable ^*il
fît à chacun quelque don qui lui fût propre* ]
Le don que Dieu a £ût de fon Fils aav
hommes , eft commun à tons ceux à qui
Isconnoiflàncede TEvaiigilea été comma-
niquée. Ceft en eux le principe dt toaces.
les autres grâces » mais non pas la feule % àL
d!ailleais ce n'eft qu'un bien£ut extérieur ,
£' ne peut joftifiec l'homme que par une
pie impQtacion. Mais comme cette im*
patarion ne peoc avoir lieu qua l'égard des
péchés i remettre , on doit bien, (uppo&r
la nécef&té de quelque autre (êcours , à la
faveur duquel l'homme poiflè acquérir une
Joftice inhérence , & par-là obtenir le (àluc
) ^. Que c'étoitpour cela que les Théoh
logiens avoient joins uns Grâce habi^
tuelU — qui eft une qualité fiinsusile créée
de Dieu £• iufitfi dans l'âme » <8c. ] La dé-
finition que donnent ici les Théologiens de
la Grâce habituelle a quelque abofe d*adèa
bizarre. Une qualité fpiricuelle créée de
Dieu , & infufè dans l'âme » quel jargon I
Dieu (ans doute eftaoteu» de mit la bien-
léel qui eft dans le monde » & par conflE-
quent de la Grâce , c'eft-à-dire de la conr
noiflânce du bien , & dé l'amour qu'il noot
infpire pour lui. Mais qu'il crée cette quali»
eé & la lépande dans Tame , comme on tt^
soie une liqueur dans on Terre ^ c'eft une
idée abfurde , prife des idées du Péripetétifi»
me , où l'on explique tout par des idées ma-
térielles ic (ènfibles* Cette infiifion d'ailleurs
eft eoQt-à-£iit £iaflè. Dieu nous fournit 1»
coonoiUânce dn bien par différentes fertea
de mojrens axcéxieurs» & cette comioiflânce.
nous conduit naturellement à l'aimer ^ A
nos paiEons n'en anècent point Timpredion.
Telle eft la voie ordinaire dont Dieo noua»
communique la Grâce s & fttfi^K>reT que lei
chofê fe fait autrement , c'eft dire ce que l'oa.
ne conçoit pas, & oe qui eft entièiemett in*
intelligible*
^7* A cette oaca/ion on dîftoumt fonn
long^têms contre les Luskérittu » f ni eei
vouloisMspas fua U mot îvûi&afét ^tB^f. ]
Toute cette conrrowerfe n'eft fondée que (bî:
ce que Ton ne diftingue pas ezaâeinanc let^
di£Rfrentes parties de la juftice Chsétienne.,
Gomme eecte juftice confifte ^ dans la re*
miffiondu péché , & dans ratiachemeAt an
bien , on doit dire que Le mot jttftifier doit
s'entendre auffi difiéremmenc felea qtt*iL
s'applique à l'une de ces deua yaxtiea de lei
DE TRENTE, Livre II. 547
^qai ne vouloient pas que le mot jupificr fût eficâif , mais judiciel & déclara- n^TVft.
tif , fc fondant lut le mot Hébreu pivn T^adak , & fur le mot Grec ^^^^ *^^
Jini«i«vv , qui fignificnt dUlanr juflt ; comme auflî fur plusieurs endroits de ~
jtKncwa 8c du Nouveau Teftament, jufqu'au nombre de quinze , où même
lâVuigace Latine lui donne une telle fî^nification. Mais «fo/o en excluoit
tous les endroits de S. Paul , où il eft parle de notre Juftification , & qui i ce
qu'il prétendoit ne pouvoient s'entendre que dans une (ignification eflFëc-
"tîvc. De-là fc forma une grande difpute entre lui Se Marinier , qui n'ap-
prouvoit point qae l'autre fe fondât fur une chofe auflfi légère , & qui difoit:
Qu'on ne pou voit révoquer en doute rartîcle de la Grâce habituelle , après
la décidon du Concile de Vienne foutenue du confentement général de
tous les Théologiens : Que ce fondement étoit bien plus folide 8c moins tn(è
à détruire ; au-lieu qu'en niant que iorfque S. Paul difoit dans fon Epitrc
«ax Romains que Dicujufiifie , ce terme d&tître pris en un fenf déclaratif,
certe interprétation étoit contraire au texte exprès & manifefte de cet Apôtre,
qui employant ici lestetmes judiciaires dit, <\fXt^fiDieujufiifie fes Elus , f Rom.
ptrfonntnt pourra nilts accufcr ni Us condamner; par où il paroi(foit que les ^^^^ J ^*
tctmcsd* accu fer &c de condamner étant dc$ termes judiciaires , celui de Juf"
tijier le devoir erre àufli , & ne pouvoit pat conféquent ttre pris là qu'en un
iens déclaratif.
PoDR les Frâncifcatns ils prourtnent la Grâce habituelle , parce que la
îré elle-même eft une habitude. ** Sur cela il y eut entre eux & les Do-
minicains une grande difpute pour favoir (t l'habitude de la Grâce eft la même
que celle de la Charité , comme le foutenoit i'cw -, on fi elle en eft diftin-
guée , comme le prétendoit S.Thomas. Et comme ni les uns ni. les autres
se vouloient céder , ^9 on vint à rechercher fi outre cette Grâce ou.juftice
jfiftice. Sll'S*agit de la tSrace par kqfidle dtns'Ies Ecûifesfcm donfend (ôavem h Gfa-
''l>iM nous (ait «ioiet )e bitn , il eft ce^ain ef atec b Charité. Mais H n^eft pas* moins
i|tie le mcfc yif^^r eft ^efleéHf , en- ce 6f)s ceream , iqu^à parler dans Textfâe propriété
Me Dieu n«>ui foaniit tes ' fecotin qui prb- des termes , ce font deux chofts tontes dff-
«nfent «n novis cefamoar. S'il s'agit encore tîngiiêes , contme la câufe Feft de Teflèt :
et H remiflîoit de nos "péchés , il eft efièéHf pomjtie la Graœ -eft proprement le ftcoon
•et même , pnHqtae c*éft Dîen qui nous les ' que Dieiraccordeà l'homme , & que la Chà-
"Vemet. Mais auîSi il ti'eft que déclaratif , ntéeft la dîfpofinon qm a été pitxhiire par
lOTfqoe ftippofé la nemMion de nos péèhés la grâce. Ce n'éftque £iute d'expKqaer ce
dé}afaite, il^dirqoe DiarnousyffjV^e; i|aechacim entend par les termes qall em-
■poiftjtr'aloTs cela ne fignifie'aàtte tiic/fe, finon ploie « qùon voit naître tanrdedifpates ik. de
t|ue Dîeti dc^late qae nous (ômmes )tkftifiés. dvvifions.
CTeft de quoi il y a prcare dans fEcrlrote , 59. Onvhn -i nehercher fi êutrt cette
tri ce mot eft pris dans toBS ces dîffibeils Grâce &u cette jt^e inhérente , tajufiice
(ena. ' de Dieu eft encore imputée au fufle , comme
f9. Sur cela II y eut nne partie iîjpute fi c'était la fienne propre, ] 11 ne femWe pas
tnire eu^ &*les Dominicains , 8cc, ] C'eft qàVm dfit 'femietaacane qacftion fur une
«ne cho(e déplorable , quecfinfiftet fur de dbofeqox fi?mMe auflî cenainej paifque fi
fimples définitions athitraîTcf xlrmots pour tf un côté xm ite peut reconnoître de vcrita-
établir des articles de Foi. Il eft certain » que bleTofticé (ans on amour prédominant da
Xx 1
34» HISTOIREDU CONCILE
UT^xvfi. inhérente , ia juftice de Jcfus-Chrift cft encore imputée au Juftc , comme
Paul lU. g c croit la fienne propre. Ce qui occafionna cette difpute fut l'opinion d'Al*
-' btn Pighius , qui confcflant la juftice inhérente ajoutoit , qu'on ne dévoie
pas s'y ronfler , mais feulement dans celle de Jefus-Chrift , qui nous eft iro«
putée comme fi c'étoit la nôtre. Perfonne ne conteftoit que Jefus-Chrift eût
mérité pour nous : mais plufieurs blâmoient le mot ^'impuur , & vouloienc
qu'on l'abolît, parce qu'il n'avoir point été employé par les Pères , qui ne
s'étoient fervis que des mots de communication ^ participation jdiffujion y di^
rivation , application ^computation y & conjon&ion. D'autres diioient: Que
puifque la chofe étoit certaine , il ne falloit pas difputer fur un mot qui (ig-
nifioit précifément la mcme chofe que les autres , & qui quoique moins en
ufage n'avoir paslaifTé d'être employé quelquefois, témoin TEpirre cix de
S. Éernard. Fega ajoutoit même, que quoique véritablement ce terme ne fe
trouvât point dans l'Ecriture , il étoit cependant très- propre & très-Latin de
dire , que la juftice de Jefus>Chrift étoit imputée au genre-humain pour lai
tenir lieu de fatisfadion & de mérite , & qu'elle continuoit d être imputée
à tous ceux qui font juftifîés , & qui fatisfont pour leurs propres péchés : mais
il 40 ne voufoit pas qu'on dît , qu'elle nous étoit imputée comme fi c'eût été
la nôtre propre. A quoi quelques-uns ayant objeâé , que S. TAo/rrizj avoir
dit fou vent , que la padion de Jefus-Chrift étoit communiquée aux baptifés
pour la témiuion de leurs péchés , comme s'ils avoient fouilèrt & étoient
morts eux-mêmes s il y eut une grande difpute fur les paroles de ce faint
DoâeuF.
4> Seripand Général des Âuguftins tenant le milieu entre ces opinions
bien y qur (aie proprement la jaftice inbé- ne (8e que l'ef&t de U Grâce. En cela il (t
rente i on ne peac nier aufli que pour parve- trompoit , & c'eft cette crainte mal fondée
nir à la juftice par la remiflion de nos pé- qui loi faifoit rejetcer cette impreflion*
chcs r nous n ayons befoin que Dieu nous 41. Seripand Général des Auguftijuti'
impute la Juftice de lefus-Chrift, fans la- nant U milieu entre ces opinions fouttnoit ,
quelle, pécheurs comme nous fommes, nous que dans U baptême , &c. ] Les opinions
ne pourrions mériter par nous-mêmes que mitoyennes pour être les plus plaufibles ne
nos péchés nous fuflènt remis. Cette impa- (ont pas toajoun les plus juftes , & on ne
. ration fait donc partie de notre juftice , voit pas pourquoi la juftice de Diea nous
puisque de pécheurs nous ne pourrions de- feioic moins imputée dans la pénitence que
▼enir ^uft^s fans cette imputation. dans le baptême , pnifqoe dans Tune comme
40. Véga — ^ M voulait pas qu^on dit dans Taotre nos péchés ne nous peuvent être
. quelle nous fût imputée comme fi ceût été remis que par cette imputation. Toot le
la nôtre propre. ] Ce fcrupale étoit allez fin- fyftème de ce Théologien ne peut être fende
gulier , puifque la juftice de Dieu ne peut que fur la différente difcipline , que l'Eglife
. nous être imputée , qu elle ne devienne en obfenroit à l'égard des Caihécufhènes & àts
. quelque forte la nôtre. Mais apparemment Pénirens. Mais cette diffirence étoit fondée
. que Véga appréhendoit qu'en difanc , que (ùr tant d'autres motifs , quon ne peut pas
cette juftice nous étoit impurée comme fi en conduire , que l'imputation des mérites
c'eût été la nôtre, on ne voulut eiclurrela de Jefus-Chrift fe filfe difSremment à
nécedlté d'une juftice inhérente , & qui en l'égard devons & des autreit
. quelque (ont nous (ût propre , quoiqu'elle .
DE TRENTE, LivrbII. $49
ibucenoit , que dans le bapcême la juftice de Jefus-Chrift écoic imputée , aidxlvi;
. parce quelle nous y ccoit communiquée en touc & par^cout; mais qu'il P^vuIIt
n'en écoic pas de même dans la pénitence , où il falloit auflî que nous fatis- — — -^
fiflions nous-mêmes* Mais Soto dit : Que le mot à' imputation étoic très-*
populaire &c très-plaufible , parce qu'à la première vue il ne (îgnifioit autre
chofe, tinon que l'on doit reconnoitre qu'on tient tout de Jefus-Chrift :
Que cependant ce mot lui étoic toujours iufpeft , à caufe des mauvaifes
conféquences qu'en ciroient les Luthériens *, comme par exemple , que la
fuftice imputée de JefusChiift eft fuffifante, fans qu il foie befoin d'en
avoir une inhérente -, que les Sacremens ne donnent point la grâce ; que
les peines fè remeccenc avec la coulpe du péché; que la fatisfaâion na
point de lieu -, & que cous fonc égaux en grâce, en Juftice & en gloire;
d'où s'enfui voie aufti cet horrible blafphême , que roue Jufte eft égal i la
Vierge. Cecte confidéracionfic tanc-d imprëfllion fur les efprics , qu*il parue
.un grand penchant à condamner cecce expreflîon comme hérétique , quel-
que forces raifons qu'on oppofâc au concraire.
I L eft certain que les grandes conteftacions des Théologiens venoienc de
l'actaçhemenc immodéré que chacun d'eux avoir pour les lencimens de fon
parti \ 4& mais il fauc avouer aullî qu'elles écoienc fomentées par différences
.personnes pour leurs vues particulières; par les Impériaux , pour obliger le
Concile à laiilèr la la matière de la Juftiâcation; par les Romains,, pour .
avoir un prétexte de diilbudre le Concile, & d'éviter la Réformacion donc
ils écoienc menacés ; par les autres enfin , pour erre délivrés des incommo*
dicés qu'ils fouftroienc» & de plus grandes encore qu'ils appréhendoient»
foie par la chercé foie par la guerre qui écoic prèce declacer , oucre le peu
d'efpérance qu'ils avoienc de cirer auam fruic du Concile.
LXX VIL Pendant que couces ces difpuces fe paflbienc à Trenre , ^ le I^UpU"
Pape i Rome publia le 1 5 de Juillet une Bulle de Jubilé , par laquelle il ^''' ^ *^
magne la ^ine de deviner » ou de faire connoî- ^^ J^
épargna aux Princes d'ÂÛemagi
; ptim cm*
41. Mais il faut auffi avouer qi^tlks d'expédier plus promptement ces matières ir# Us Tro»
étaient fomentées par difftnnus perfoiuus afin d'avancer toujours le G>nci]e de plus tejléms,
pour leurs vues particulières, ^lljz bitn en plus , & qa en cas qa*on f&t obligé de le h Sleld L
de Ijapparence que les Impériaux , qui ne fufpendre ou de le dlifoudre , en ne fut plus '7* P* ^^t,
chercboient qo*à accrocher Texamen des obligé de revenir far ces pointr. Ce qpil j Thuan. L.
dogmes , comme le remarque PaUavtdM a de certain , c*eft que d«is couces leurs dé- ^* ^'^ < ^
(L. 8* c. II. ) n*étotenc pas fikbéf de cet piclies ilsfe'^aignoientdeceslong>]eur^5& PleUrv , I^
dirputes^ft peut-être mèine les frvorifoient» qnoiquf dans ce même rems ilspieflàllèhr le '4?* N^ 7^
Mais à regard des Romaini , je doute qu'ils Pape de transfihrer le Concile en Italie { Pall. ^ ^^*
Jes fomenudènt, comme le dît Fra-Paolo^ L. S. c. ^. ) touc le prétexte en fut pris du
pour avoir un piétexce de diffixidre la Con* "voifinag^ de la guerre > fans quSl^t jjtinais
cile. Ce n'écotenc pas ces dîTpoiaf qui po«« qoeftiendè la longueur des difpuces fur une
voient le leur (burnir , j8t ilsavoient des matière qui n'ûnôefloit nullement la Cour
flio^ns plus plaufibles de le fitire, s'ils s'y de Rome , U o& on laiilôic volontiers aux
fiilTent décerminés. le crois au contraire, Théologiens la liberté de parler àufli long*
qu'ils n'endèm pas mieux démandé qua ccnsxju'ils Tooloient*
jp HISTOIRE DU CONCISE
maxLvu cre aux aucres la véritable caufe de la guerre. Car après y avoir expofê fan
JPaujlUI. au long (à tendrelTe & fa (bllicicude paftorale pour le uiut des noiAmei »
I &C déptoi
pourText
amèremencde ropiniâcrecé des Hérétiques > qui le méprifoient,^ qui
foient d'obéir & de fe ibomectre â (es décidons. Après quoi il difoic» qœ
pour remédier à ces tnaux il avoir conclu une Ligue avec rEcnpereur» pour
réduire par la force des armes les Hérétiques i revenir 1 TobéÛIanœ dcTE-
glife ; Et que pour cela chacun devoir recourir 1 Dieu par £zs prières , (u
jeunes » Ces Confeilions » & (es Communions ; afin qu'il ini pl&t de donner
une heureufe iiïue à une guerre entreprife pour (a gloire, pour l'exalrarion
de l'Eglife » & pour l'exurpation des Héréues.
VEmpt^ewr L EupiREun» confurmemenc à la réfolution qu'il avoir pri(ê de liiflS-
mettEUc" tnulcr que la Religion fur k véritable cau&dela guerre , ■ publia le 20 du
S^i ^ U ^^^^ "^^^ ^^ ^^° contre TËlcâour de Saxe & le Landgrave de Heflè , les
LMmdrravê ^ccufant de s'être toujours oppofés à (es dedans , d avoir refufé de lui obéir»
êU Hejfi MM d'avoir conjuré contre lui ; d'avoir fait la guerre à d-aurres Princes de t'Em-
Bsn de pire , de s'être emparé des Evèchés & depinHeurs autres Dignités Bo-
^^r^^^^' T clé(iaftiques , d'avoir dépouillé pldieurs per(onnes de cous leurs biens ; Hp
1 4 x^^' 7. ^^"^ ^^ ^^^^ '^ ^'^ ^ (pédeax nom de Rdigion, de paix , & de libercé^
Belcar. L. quoiqu'ils eudènr des vues couoes cootraires^: Que pour ces caufes il iêi
14. N® 10. pro(crivoit comme perfides., rebelles, fédicieux, coupables de Lèfe-Ma^
SleidX. 17. jeîté , & perturbateurs de la tcanquilhté poblique % qu'il défendoir i qui
^^^^' ^ quecefutdefiMoindreâecix, ou.ckktirdjnnerdttfi:a>urs ; qu'il dif^^
1. N^^ I c . ^^^ ^^^ Nobleâe & leurs peuples du firrment de fidélité qa 'ils leur a voient
Rayn. prêté *, & qu'il comprenoit dans le ncnoe fiaa tuas ceux qui concinueroiefic
N*" ïof. de leur obéir.
p^' ^ff ^ Le Pape & L'Empereur ^ fioeat mécomens récrpr^oemcm dt%caQtes
Kmpmm ^^ cb&<=un d'tauxavoit 0lIéguées.de'lagQeqie^:parroe ^ae tes vues <ie l'uH
dsfu 40tM aécruifoienr celles de l'autre. Et quoique le Pape prétendît avoir fait la
lumê TM^BiillepiMu: engager kpeupke i implorer la pcoioâbion de Dieu^fur le5>ar'
j7-> ^9t* ^W-Û I^lC.4\u>^T4^WQll:^?!Sui0cs• e^rJ^uK fnvgyam iCMiie do Tfattéqu'H
i ^ Ibid. avait faii iSHrvecr.EmfmeiiffSiaci'^ntieni&fe dttCâBtéktuAèimiùmt. Lebutda
fiape^) ^eiren niant atnfteimv deienir l>ét^lîbre' en«e PEmpereurd: ixk
caufam , dit cet Hilbnua «.ÀvisgfiifjaaMH aamateoccf de bamtm lMqr»«'afi»iUîr àqi
DE TREN.T E, Livre II. jy?
Pcoceftans , dont il fouhaicoichioi l'ahaitfemenc *, mais fans voulok Tagran* m0xitu
«liflèment de ce Prince, contre lequel il avoir bien prévu que tous ceux ^^^^* ^^*^
^faifoienc profelfion de la nouvelle Religion feroienc forces de fe réu- • "
nir. 44 Ce qci'il Y ^ de certain , c*eft que Taâion du Pape mie un grand
abftade aux deileins 4^ r£mpereur. Car ayant fait foUiciter les Suiflest
^ de.eontinuer la Lieue qu'ib avoient avec la Mai(bn d'AucricIie; SeÂc ^sldcLL,
BcNirgc^ne > & de ne dônnerranam fecours aux révolté^ ', les Cantons £vaiv- i.^* P* ^^^*
g^ques répondirent > qu'ils vouloient être afTurés auparavant-, & oe:n'écoit;^ N^4.
point une guerre de ELeligion. Ce qui fit qu'avant que la guerre fût oom^
mencée , on vit naître des fenicnces de difcocde entre ces Princes nouvel-
lement alliés.
La nouvelle Ligue furprit. toutes les Poidànces d'Italie, qui s'étonne- Cksrtn^
lent de ce que le Pape s'écartant de £i politique ordinaire > (pûétoit: de j^<»>'^'*#^^
tenir la guerre* éloignés d'Italie » & de confervet l'équilibre entre les.fbr-i^^-^^.^
oes des Princes Ultramontains» avoir agi dam cette occafilond'utKrmamere^^l^^
tDut^à-fait contraire i ces deux vues. Car. H l'Empereur venoic à fubfUT^
guet l'Allem^^e , Tltalie reftoit à fa discrétion , làns» que la France pût
téfifter à une h grande puiflance ; Se & l'Empereur fliccomboir ,. il y avoic
tout à craindre des Allemands? > qui ne rc&icoictic que d'entrer en Italie.
Cirfurentrpeut-^reoeslréâëxioss^ qui obh^Qcnt' le Pape apcèsfon Traité
avec l'Empereur de^s'affiiccr cancre fa pilidànoe , en hii ^:q9olanc uacontie-
poid^dans l'AUemagne^
LXXVHL Cr Prince de ion coté » outre le mâcontentenusic que lui
avoir donné la publication du Jubilé , commença à foupçonner que le Pape»
après en être venu à fon bur , qtû étoit de l'engager dans une guerre avttc
lis Proteftans, pouccott bien travailler i diâbuidre le Concile, finir) pré*
texte de le fufpendce à caufede \m guerce^ âcde iSb précastiouoer ountiie
tes dangers-<.donc on éiok menacé pur. les préparatiâ que fadfoîerit les Pxx^ . ^
leftans. en Suabe^ E^epuis plus de yîngc-cinq* ans qu'il nég^ocioit avec cette
Cour, il connoiflbir quelles éroient toutes les vjuss. U iavott '^ qi«o les Evè-^ n Pi|)ml^
ques qui étoient i Trenœ, & même fes propres Sujets , defiroîenc la« fépa- 8. ç. j^o..
xitÎQn.da Concile à caqfe des iacommodioés qu'ils je ibuffioiencl ilceas^. .^ .\ .
gnoir que s'il venoit à fe rompre, les Luthériens n'en priflent occafion ;i.v-
de dire qu'on ne l'avoir afiemblé qu^. pour trouver un, préte^tq de leuc faire
h g^uerre } 8c que les Catholiques (f AUn^magne.ne croflënt qu,'i! abai^doôr
AUnnee 6 néoe&tre pour sMiastnâr* racH ik nettement M. de thm., ^ infffXkm*
WDxJk de ccs^^ees Pniffitocee » ateif le Pipe , dee lettres do Pape ai» Saîtf^s^b, qo^Nea •
qattappeéhendekeiwtot le irap gtf ii^ pou- rendirent inoiiliM' Ift foUîlBkatioiiaxle'CAlifw
Taùrde FEtnpcreerqoe fa nriftie , ne-yootok UÊ^Quw$i ^umi^^nMa fitdkutmmciib
tnUm qo^àccNndNÎofiquaoé'Psiiioe'eûitoii- tmiffÊverit, ê^>oonftà^^tà§ky€ro fii fiiiii^
jeafs^berom <ie ftii, U^^^ii^fartm^^utm^mêèêfiifirêist^spu^
4'4. C# qB'U^yséeierMm't 4f^,fjft^ éJMé-ff& ïmptm majefluta, éKfué^i^f^
tkëhu-dttKp^ mié^nagrsmt'êêjjUùk^ém^ Rêitgiohit Mlum fiifctpHfm éMfiart^^fimh
defeiM dé l'Emptriur^ «ce. ] C'eft o««ae mk'diffè9katil^aUi0em^,9i$.
iS2. HISTOIRE DU CONCILE
MDXLTx« noit les intérêts de la Religion ou de la Réformarion , 6c qu'il ne vifbic
Pau I. III. qu*^ fubjuguer l'AUetnagne. D*un autre côté il appréhendoit » que fi Ton
' continuoit à décider les controverfes , comnae on avoir déjà fait à Tégard
du Péché originel , & comme on fe préparoic à l'égard de la Juftificarion »
cela n'empèchat l'accord qu'il fe flattoit de prociurer , en faifant efpérer aux
• Villes pour les féparer des Princes de la Ligne , qu'on écouteroit leurs rai*
fons. Il voyoit donc s qu'il étoir nectaire que le Concile demeurât ou-
vert > & qu'on n'y traitât que de la Réformation. Mais comme il étoir diffi-
cile d'obtenir cela {ans être uni au Pape , il dépêcha en diligence à Rome
ê Adr L. ^. ^ P^^^ afTurer ce Pontife , qu'il n'épargneroit ni application ni forces pour
p. 580. * q«e Trente fût en fureté , & pour le prier de ne point s'effrayer des bruits
PAUav.JLS. cfe l'armement des Protefbns en Scube* Il lui nt repréfenter qu*il éroit
^ ^4« néceflaire» pour prévenir les calonmies & les mauvais bruits que l'onré*
pandroit contre eux fi le Concile venoit 1 fè diflbudre , de le renir ouvert*
Mais il demanda qu'on n'y traitât point des conrroverfes , étant ferme-
y^ ment réfolu d'obligq: les Proteftans de fon parti par fon crédit , & les autret'
par la force , à y affifter Se s'y foumettre. ^11 lupplia le Pape de ne poine
mettre obftacle â un fi bon defièin » en lui difanr , que ce feroir fermer la
{)orte du Concile aux Proteftans » que de faire des Décrets contre eux ea
eur abfcnce : Que cela ne pouvait p^ ^Iter bien loin , & qu'il efpéroic
voir la fin de cette guerre cçt Eté : Que l'on fk contentât pendant ce tenuK
là de traiter de la Réformarion , ou que fi Ton vouloit traitec^e la Doâri-*
ne » on ne parlât que des chofes qui feroient moins importantes , Se donc
la décifion ne pût point ofiènfer tes Ptoteftans. Il ordonna aufii k fon Anw
bafladeur â Trente de faire les mêmes repréfentations aux Légars. Et com*
p Adr. L c. "^^ ^^ étoit informé , P que le Cardinal de Sainu Croix inclinoit pour la diiV
P* M 7- * folation du Concile de quelque uianière que ce pût être , il xjiar^ fon Am-
PalUv. L,8. badadear de lui faire dire « Que s^Ufaifou quelque chpfi comte fis intemàons^
n '^l ^^ ^ firoitjuur dans CAdigt. C'eft 9?x moins un fait qui fut tout publie
^^j^J^ alors , Se qui a éré rapporté par les Hiftoriens de ce rems.
* ii^tàhé ^^ Quoique le Pape Se la Cour de Rome eudrpt fouhaité de fe voir dé-
^ ySir/|>^ Ura^ du Concile 9 ib jagèrçnt néccfiàire pour coniplaire à rEmpeceor » de
Us êfêrm- te..
4f. Quolpu (eP^c&la ÇmrJe Rof^e (9.ayn, N^ it? , 4^ P^T* L. t. c. 10. )
eùffcnt bien fouhMii de fc voir détlvrù du Mais comme il avdit plus^àé ménagement
CênciUy 3cc. ] Cétoic certaioement le defir à garder arec l*Emperear à caalè de leur
des U|ats , comme on k foie par les înf* nouvelle aUuncc « H ne Toaloit pts irrite]^,
cances fortes éc réitérées qa'ils en firent au . ce -Prince , ic l'oUiger par une démarche
Pape «;4( qae Paiiavicin lui-même n'a pu auffi prépiptcée à&ire avec les Luthériens un >
dîflimoler.» !«•:$« c. j^St ïq» A Tégtrd du . accord, dont «tout le blâme feroit retombé.*
Pape> on nepiéoc guè^et dootçr qu'il ne , foi l«î-mime. Ainfi il , ordonna aoiLégâctt
leibubaitatauûLntqfie (es Légats, pttiiqp'jl . de conc;inuer le Concile , 5t de voir quel;
leur envoya- le pottToir de dé(;lîu;er la traci£--, ;oiii^.pltt|dxQien€ les W{Ures\ avant, que de
lation t s'ils poiivoient le &ire d\i cçnTeni^''' iè-^enniiicr Cax le parti qu'it.j auroit 2^
ment d^ la plus grande pani^ dus P^^ . cimîfii. j , . .* *
1 4^^Mélk
DE TRENTE, Litre II. 5^
le tenir ouvert, & de ne point laidèr traiter de la Doctrine y 4^ niais ils ne mdxitt.
purent eoiiter la propolition de ne travailler qu'à la Réformatiou. Le Pape ^aulIU.
écrivit donc aux Légats de ne point laider difloudre le Concile , mais de ne — — — •
Ï>int tenir de Seflion jufqu a nouvel ordre , & d'occuper les Prélats & les
héologiens à tenir des Congrégations, &c à traiter de tout ce qu'ils juge-
roient le plus à propos. *i 47 Le Jubilé fut publié à Trente le 15 a Août , en
préfènce des Légats Se de toi^t le Concile.Et afin que chacun put vaquer aux 1^0 ^J^
jeûnes 6c aux autres œuvres de pénitence prefcrites par la Bulle , les Con- Thuan.'L.
grégations furent fufpendues pour 15 jours, 6c la Seflion remife au tems ^- N^ 15.
qu'on l'indiqueroit de nouveau* Pallav,L.S.
Cependant ' l'Armée des Proteftans s*approchoit du Tirol pour^* j'i'-'t j
couper le paffage aux troupes qui venoient d'Italie au fecours de TEmpe- 17. «. îoi.
reur , 6c Sébajlun SchtruLl s'empara de la Chiuza. Tout le Comté fc mit Thuan , L.
alors en armes pour empêcher les Proteftans de faire aucun progrès 5 & 1. N° 1 7,
François Caficllalto commis à la garde du Concile alla à Infpruck , 6c après ^7*^ ^^
avoir muni la ville , fc campa avec fa Milice à fept milles au-deflus , pour p^'^y i^
empêcher qu'ils n'occupaflent les paflàges : ce qui fit craindre que ce païs %, c y.
ne devînt le fiège de la guerre, & ne troublât entièrement la tranquillité Adrian Li
du Concile. Les Prélats , qui ne cherchoient qu'un prétexte pour fc retirer , f • P- J J^» -
exagéroient le péril & les incommodités s & les Légats ne répondant rien
au commencement , donnèrent quelque lieu de croire que le Pape n'avoic
Îas trop d'envie de continuer le Concile. Il partit donc de Trente quelques
^oélats des plus timides , ou qui demeuroient malgré eux au Concile -, 6c
il en feroit parti un bien plus grand nombre, fi le Cardinal de TrenUy quire-
venoit tout nouvellement de Rome , ne leur eût déclaré que le Pape le trou-
veroit très-mauvais ; fi lui & TA mbaflfadeur de l'Empereur n'euflcnt rafluré
les plus timides , en leur faifant entendre que le grand nombre de troupes
qui venoient dltalie oblieeroit bien-tôt les Proteftans de fe retirer ; & fi
enfin les Légats , après avoir reçu la lettre que le Pape leur avoir écrite dans
4^. Mais ils nt purent goûter la pro- pigltavano di levarfi quinJi , dolendofi ora
pofition de ne travailler quâ la Réforma- délia poten^a del Card, di Trento , &c*
ùottu ] Le prétexte en écoit fpécieux , puif- C*eft pourquoi quelque fortes infUnces que
qu'il avoit été ordonné qu'on ne fépare- fiflent l'Empereur & Tes Min iftres dans tout
Toit point les matières de Dogme d'avec le cours du Concile , pour qu'on travaillic
celies de la Reformation. Rome d'ailleurs à la Réformation dans le tems qu'il ne con*
ciaignolt trop pour (es intérêts & fbn au- venoit pas d'avancer l'examen de la Dodrî-
foTÎté , pour céder à la demande de ne tra- ne , il fiit toujours împoflible de l'obtenir
Tailler qu'à la Réforme , qn elle favoit bien du Pape ou des Légats,
deroir l'intérelfer plus qu'aucun autre. Le 47. Le Jubilé fut publié à Trente U
^ali cofe ( dit Adriani L. y. p. 537.) fa- if d'Août — & Us Congrégations fu^
cevano che'l Papa & i Legati molto più rent fit/pendues pour tj jours,] Ce fut le 19
ne fofpettavano , sfuggendo che U cofe loro , d'Août félon Palla^icin 8c Raynaldus , que
oride fono grandi , & délie quali fono in fe publia cette Bulle à Trente , & on ne
pofejjione , fî metteffero in compromefb. Et laifla pas pendant cet intervalle de tenii
ptrb ognî via cereavano & ogni occafiom quelques Congiégations.
Tome L • Y y
. 3y+' HI 5 TOI RE PU CONCILE
unjxvi. tous ces mouvemens» n ealTenc pas jainc leur autorité & celle du Pape aux
Paih. liu follicitations des autres.
• Mais quoique les Protcftafis coflènc dlayc fans fruit de couper le paflà-
ge aux troupes Italiennes , & que par leur re traire le Tirol fut a couvert , la
conf udon ne laifToit pas de régner à Trente à caufe du grand nombre de trou-
pes qui paflbient continuellement d'Italie en Allemagne,& qui félon la con-
vention étoient au nombre de i looo Fantadîns & de 500 Cavaliers , outre
2.00 hommes du Duc de To£:ane i & 1 00 du Duc de Ferrare. Ces troupes
étoient conduites par les meilleurs Officiers d'Italie , fous le commande-
ment d'03avc Farnifc Capitaine-Général , & èiAUxandrt Farnhfe Cardi-
nal-Légat fon frère , tous deux petits-fils du Pape. Il y avoir outre cela
^000 Efpagnols des propres troupes de l'Empereur , tirés de Naples & de
Lombardie. Pendant tout le tems que continua ce pafHtge , qui dura juf-
ijjfik la moitié du mois d'Août, quoiqu'on n'omît pas touc-à^fait les exerci-
ces du Concile , ils furent bien moins nombreux Se moins fréquens. Mais
afin que les Evêques & les Théologiens ne fiidènt pas fans occupaxions»
Iç Cardinal de Sidnu Croix tenoit chez lui des Conférences de gens fa-
ixans» où l'on parloir des mêmes chofes , mais d'une manière familière te
igns cérémonie.
Mémifeât ^ ^^ ^ '^^ ^^ ^^^ ^*^^ ^ tems-li que les Protcftans ligués contre
des Frotef' TEnapereur ' adreflèrent un Maiûfe&e à^ leurs peuples , rempli de venia
tétns contre contrc le Pape , qu'ils traitoient d'Amecbrift & d'inftrument de Satan ,
le ?afey 4a. & qu'ils accufotenc d'avoir envoyé par le, paffc des Incendiaires pour
dont Us n^ettre le feu en différens endroits de k Saxe , d'être l'auteur & l'inftiga-
io^£nmt À ^^^^ ^^ ^^ guerre, d'avoir envoyé des peribnnes en Allemagne pour em-
€illes de poifonner les puits & les étangs ; donnant ordre i tout le monde de faire
VEmfereur. toutes leurs diligences pour prendre & punir ces Empoifonneurs. Mais
iThuan. L.on regarda cette accufation comme une calomnie, & il y eut très-pco
si 1 ^L. ^^ S^"^ ^"* y trouvaflTent de la vraifemblancc.
18. p. if9. ^^^ troupes du Pape étant arrivées au Camp de Landshut>< l'Empereur
/ThuaiLlI donna, le 15 d'Août 1q Collier de la Toifon d'or 4 OHavt fon gendre »
1. N* i^. qu'il avoir aflbcié à cer Ordre dans le Chapitre tenu le jour de S. André
Adr. L. y. précédenr; & il fit enfuite la revue de fes troupes , dont il parue très-
«Psdiav L. ^^^'^"^> ^ ^"^ étoient en effet l'élite de la Milice Italienne. Mais com-
s. c i^. mêles vues du Pape & de i*Empereur étoient toutes contraires, il fur-
Adrian. L vint bientôt des occafions de mécontentement. 49 Le Cardinal , confbrmé-
p. 5^5. mencT aux ordres du Pape» vouloir faire porter la Croix devant lui ea
4^. Et qu'ils accufoient d'avoir envoyé
par le paffé des Incendiaires pour mettre le
feu endifférens endroits de la Sqxe< ] Je ne
fâi pourquoi M. Amelot qui fait ailleurs
mention de cette circonflance^la oubliée en
cei endroit. Elle eft rapportée par Sleidan»
Mais quoique les Proteftaps daDs^ leuxK.
M«nifeftes accuGiflênt le Pape d*an crima
ù acToce-, la .cho(è eft fi pea vraifembjable.
& fi mal atteAée , qu'il eftafièz vifible qo»
ce n'étoit qu*ane calomnie inventée pQKir le
Tendre odieuy.
4^« Z^ Cardinal , cùhformment aaxr,
ordres Au. Papu vo^l4HsJkwfi9nfif,UiCrpis
DE T R E N T E , L I T u E 1 1. 3^5-5
quâUcé de Légat de T Armée, & ^publier des Indulgences, comme on *«dxlvi.
avoic coutume de faire autrefois oans le tems des Croifades , pour mon- ^^^''^^'
trer que c*étoit une guerre de TEglife Catholique. Mais il ne put obte-
«nir ni Tun ni l'autre de l'Empereur , qui vooloit faire croire tout le coa-
•tmire , pour arrcfer dans 4bn'p*rti les PrîncçsLtrtliériens^qui éroicrtt avec
4cii , & né pas 'révolter contre lui les ViH^i qui en euflènt été choquées.
'-*• Ainfi le Cardinal , voyant qu'il 11c pouvoit refter au Camp en une
«atrc qualité fans bleflêr k dignité du Pape & la tienne, s'arrêta à Ratis-
1)onne fous prétexte de maladie^ pour y attendre les ordres du Pape foa
^and-père , auquel il avoir donné avis du tout.
Les deux Armées étoienc en préfcnce. * Mais quoiqu'elles fiilïcnt nom- 3^ xh an
■fereufes & s*obfervaflcnt l'une TauTre , Ôc que tnacun des Chefs préfen- l. x.N°ii*
ikt la bataille iorfqu'il y trouvoit foq avant^^e , on laiflà perdre né^n-
•moins de part & d'autre de bonnes occafions deremporrcr quelque vic-
toire cohudérable ; du côté des Proteftans ; parce que t'Eleâeùr de Saxe
'& le Landgrave avoient une autorité égale , choie toujours fatale dans
les Armées ; & du côté de l'Empereur , parce que ce Prince , qui le fàvoit,
Youloit vaincre fans répandre de fkng , & que pour ne point donner aux
ennemis le tems de prendre de meilleures mefures , il âttendoit que Toc-
cafion lui mît entre les maii^s une yiéàoire certaine.^ aujieu d'une douceu*
fe , s'il s'expofoit au hazard d'une journée. C'eft ce qui fut caufe qu'il ne
fe fit rien alors de conddér^le.
Les Légats , délivrés du bruit & du pa(Iàge des gens de guerre ^ re-
commencèrent à tenir les Con^égations les Lundis & les Vendredis com-
me auparavant. ^^ Mais penfant à la manière doilt ils pourroient traî-
^Jevant lui en qualité de Légat, ] Le Card. de la rigueur de VHyVer qp^il follicicafon
-Pallavicin pour rendre ce £àit doateux « retoar , & dans rappréfaenfion qu'ayant ccé
dit qu'il ne l'a trouvé que dans la feule Hif- (bnvent indirpofë pendant la (kiion de l'an-
toire d*Adrian'i, Mais comme c'ctoit un née la plus éivorable , il ne pât foucenir
£crivtin contentporain , Fra-Paolo a cru l'âpreté du firoid dans un climat fi diffê*
que Ton autorité étoit fuffi(ânte pour appuyer rent de celui d'Italie. Dire d'ailleurs , com-
tin fait de cette nature. Et combien de &its me &it ce Cardinal ,qûe le mécontente-
dVilleurs dans rHiftotre ^ qui ne font fon- ment de Famèfe ne fut pas un des motifi
rdes que fur le témoignage d'un feul Au- qui lui fit demander fon rappel , c'eft dire
teur? Ceft aflez qu'il n'ait point étécon- une chofe qui n'a aucun rapport au £iit en
tredit, pour rendre ce feit du moins fon qaeftionjpuifque félon Fra-Pàolo ce Lé-
probable , d'autant plus que l'on fait bien gat s'arrêta bien à Ratisbonne par mécon-
que TuGige des Légats du Saint Siège eft de lentement de ce qu'on lui refufà de &iie
faire toujours porter la Ctoiz devant eux ' poner la Croix devant lui , mais il n*y
par-tout oi ils font. a rien dans cet Hiftprien qui indique que
So. Ainfi le Cardinal'-'^^s^arrêta â Ra- ce fôt lia railbn qui lui fit demander ioa
iïsbonne fous prétexte de maladie.] \\ pa- rappel.
roît bien que ce n'étoit qu'un prétexte . , f i. 'Maispenfant à la mahilre dont ils
puifque Pàllavicin convient lui-même , L. pourroient traîner les cbofes en longueur fc*
S. c. x^t que ce ne fut que pat la crainte hn les intentions du Pape , ils ne trouvé'
Yyi
\
Paul IU.
UêmftUit
diffutês
démsUCon-
tilê firr Us
WMnhês de
U JuftificM'
Mon.
3î^ HISTOIRE DU CONCILE
ner les chofes en longueur félon les intentions du Pape , ils he trouve^
rent point de meilleur moyen que de repréfenter que l'importance de It
matière demandoit une difcu mon plus exaâe, & de prolonger les dis-
putes des Théologiens en leur fourniffant de nouvelles difficultés ; ce qu'il»
avoient fouvenc occafion de faire , foit par la connexion des matières ^ ibic
par la démangeaifon qu'avoient les Dodeurs de patler continuellemenc
d'un fujetà un autre. ^^ Ils prirent au(fi le parti de fomenter la diverfité
d'opinions -> chofe afTez facile , tant par le penchant naturel qu'ont les
hommes à vouloir l'emporter dans les difputes , que par l'attachement
opiniâtre que les Théologiens & furtout les Moines ont pour les opinionf
de leur Seébe. La chofe paroidbit difficile au Cardinal dcl Morne , qui
étant d'un caraâère plus ouvert , ne fe croyoit pas en état de difllimuler
plus longrems qu'il etoit néceflaire. î ' Mais Sainte Croix , d'un natti-
rel plus mélancolique & plus caché > voidut bien fe charger de ce foin»
LXXX. On propofa oans la Congrégation du lo Août, de nonmier
des Pères pour former les Anathématifmes fur les 15 Articles dont on a
parlé , & qu'on croyoit avoir fuffifamment éclaircis ; & l'on nomma pour
cet effet trois Evèques & trois Généraux d'Ordres» avec le Cardinal de Sainu
Croix i leur tète. Mais lorfque la Minute qui avoir été drefTée des Canon»
rent point de meilleur moyen , &c. ] Avant
toutes ces agitations il eft cenain qoe le
Pape eut fort fouhaicé qa'on eut expédié
promtement la matière de la Juflification.
PalUv, L. 8.C. f. Mais le défir qa avoient
ce Pontife & fes Légats de transférer le
Concile , leur fit changer de réfolution s
& quelque envie qu*ait Pallavicin de con-
tredire Fra-Paolo , il eft pourtant obligé
d'avouer Y L. 8. c. 10. qu'il envoya ordre à
fes Léeats, aux infiances de l'Empereur,
de furfeoir pendant deux mois la décifion
des Dogmes.
$1. Ils prirent auffi le parti de fomen-
ter la dïverfitè des opinions* ] Il y a bien
quelque apparence que les Légats , qui
avoient ordre de furfeoir la dccifîon des
Dogmes , nétoient pas fâchés de laiifer dif-
pucer les Théologiens autant qu'ils lé
fouhaitoîent pour la défenfe de leurs opi-
nions y fans relTerrer les avis & abréger les
difcours , comme ils firent fouvent depuis.
Mais il n'étoit pas néceflàirc qu'ils fomen-
taffent par politique la diverfité d opinions.
11 lear fuffîfbit de ne point gêner les Théo-
logiens. L'efprit de difpuce , qui eft ordi-
nairement celui des Ecoles , étoit fuffifant
poux entretenir les conteftations. Peut-
être même, que les Légats n'étant pas tous
de même avis fur les matières conteftées ,
cela donnoit encore occafion de crotfe
qu'ils fbmentoient les difputes par poli-
tique , quoique réellement ils n'eufleic
d'autre vue que de former les Décrets de
manière qu'ils pufient agréer à tout le
monde.
S^.Mais S te Croix ^ d* un naturel pUt^
mélancolique & plus cachée voulut bien fi
charger de ce foin , &c. ] C'eft donner aux
chofes plus de malignité qu'elles n^enont^
que de prétendre , comme fait ici PaUa-^
vicin, L. 8. c. 10. que Fra-Paolo avoola
taxer ici le Gard. ^ de Ste Croix de duplicité
& de fourberie. Ce n'a point été du tout
fa penfée s & il n'a voulu dire autre chofe »
comme on le voit par l'éloge qu'il (ait ail-
leurs de la patience & de l'application qu'eut
ce Cardinal pour faire former le Décret
fur ces matières , finon que fon caradère
plus froid & plus maître de lui-même , le
lendoit auffi plus capable de ménager tout
les efprits avec plus d'an & de patience »
outre que cl'ailleun il fembloit plus inftruit
de ces matières que le premier Légat. Ainfi
le caradère que lui donne ici notre Hifto«%,
lien , eft plutôt or éloge qu'une cenfuxe*
DE TRENTE, Livre IL 5^7
flic propofée dans les Congrégations fuivanres. Ton rentra dans les ujyxtru
mêmes difputcs fur la certitude de la Grâce , fur les œuvres morales des ^^^^ ^^'•
Infidèles Se des Pécheurs , fur le mérite de congruo , fur Timputation de la -
Juftice , & fur la diftinâ:ion de la Grâce & de la Charité -, &c les parti-
fans des opinions contraires montrèrent encore plus de chaleur qu'aupara-
vant, d*autant plus que le Cardinal fembloit lui-même animer ladifpute,
en remontrant que la matière étoit importante , qu'il étoit nécefTaire . de la
bien difcuter, & qu'il étoit impoflible de prendre un bon parti, fi ces
controverfes n'étoient bien éclaircies auparavant. La feule queftion de la
certitude de la Grâce occupa plufieurs Congrégations, & partagea non-feu-
lement les Théologiens > mais auffi les Prélats *, & les difputes , auliea
d'éclaircir la matière , ne fervirent qu'à l'embrouiller davantage.
De' s lewcommencement , comme on l'a déjà rapporté , t4 les ims di-
foient y qu'il y avoit de la préfomption dans la certitude qu'on difoit „ Palitv L;
avoir de la Grâce -, & les autres prétehdoient qu'il y avoit du mérire dans s. c xx.
cette afTurance. Les premiers fe fondoient fur l'autorité de S Thomas »
4e S. Bonavcnturc^ & de beaucoup de Scolaftiques, qui avoient été de ce
fentiment : ce qui faifoit auflî que la plupart à^ Dominicains s'en rendi-
rent les défenfeurs. Mais à cette autorite ils ajoutoient encore quelques
raifons , comme par exemple, que Dieu n'ayoit pas voulu que l'homme eue
cette certitude , non - feulement de peur qu'il ne s'enflât d'orgueil & ne
conçut de lui-même une eftime qui le portât à fe préférer aux autres, ce
qu'il ne manqueroit pas de faire a l'égard des pécheurs manifeftes , s'il fe
connoidbit pour jufte ; mais aufli de crainte qu'il ne s'endormît & ne négli-
geât de faire le bien. C'eft par ces raifons qu'ils difoient que l'incertitude
étoit utile & méritoire , parce que c'étoit une peine d'efpnt , qui devenoic
un mérite quand on la iouffroit comnie il faut. Ils fe fondoient encore
pour prouver cette incertitude, fur difFérens endroits de l'Ecriture, & en-
tre autres fur un où Salomon dit, * que r homme méfait sileji digne d^a* » Ec Icf
mour ou de haine \ fur une parole du Sage , qui recommande de n^étre point ix, i.
^fans crainte à regard d*un piché pardonné ; fur un partage de S. Paul, qui m Eccli.
nous ordonne ^ de travailler à notre Jalut avec crainte & tremblement; & V* 5•
fur un autre du même Apôtre, qui difoit que *^ quoique fa confcience ne ^^^^^^L
lui reprochât rien , il nefe tenoitpas pour jujiifii. Séripandj Vega^ Se Soto /i q^
furent de tous les partifans de cette opiiiion ceux qui firent valoir davan- IV. 4.
tagé ces raifons 'Se ces témoignages , qu'ils appuyèrent de l'autorité dts Pè-
res , dont ils produifirent un grand nombre de partages.
5-4. Les uns difoient y qu'il y avoit de ait afTe^ de Ce fervir de termes qui cho-^
la préfomption dans la certitude qu'on di- qoaflent le moins qu*il écoic poflîble les
/bit avoir de la Grâce , &c. ] Ce fit le panifans de l'opinion contraire « ileftalTez
(èntiment qui prévalut à la fin dans le vifîble que celui de Catharin ny eftguères
Concile, & qui a mon fens eftaud! le plus diftingué de celui quon y condamne corn-
laifonnable, & quoique dans le Décret on me une HéséCe.
MDXtrt.
.Faux III.
£
^Mact.
IX. 1.
îy8 HISTOIRE DU CONCILE
^ Mais Catharïn & Marinier tn citèrent de tout contraires : ce qni
montre que ces Pères avoient parlé félon qu'ils s'y étoient trouvés forcés
>ar les occaiions , tantôt pour -animer les foibles , & rancôt pour humilier
es préfomptueax. C'eft pourquoi fe renfermant dans les paflages de rEcri*
cure , ils difoient que Jefus-Chrift avoit dit â cous ceux à qui il aroic
jemis leurs péchés , de s'alTurer ^ que leurs pèches leur éteiene pardonnes »
& qu'il y auroit de Tabfurdité à croire qu'il eût voulu les expofer à la té-
inéritc &« Torgueil ^ eu les priver des avantages ou du mérite qu'il y auroit
€u pour eux k demeurer dans l'incertitude. Ils ajoutoient :Que Dieu nous
oblige à lui rendce grâces de notre Juftification : ce que nous ne pourrions
£ftice , fi nous ignoHons que nous l'euffions obtenue ; puifqu'il feroit ridi-
cule & ftbfurde de rerancrcier Dieu d'un bienfait , que nous ferions incer-
tains d'avoir reçu : Que S. Paul enfeigne ouvertement la certitvde du falut »
» II. Cor. quand il demandoit ^ux Corinthiens. , ^ n à moins que d'être réprouvés y ils
XIU. s» ne fentoiene pas que Jefus^Chrifi fût en eux ; où quand il dit, ^ c^tnous
f l'^^f- ayons reçu de Dieu rÈJprii pour /avoir ce que nous avons reçu de lui; 8c
plus clairement encore lorfqu'il enseigne , 8 que fE/prie rend témoigna^
ge à notre efprit , que nous fommes enfans de Dieu : Que ce feroit une grande
hardieffe d'accufer de témérité ceux qui croyent au Saint Efprit qui parle
en eux ) après que S. ^/77^rc?(/dnousauurequele Saint-Efprit ne nous parle
jamais > qu'il ne nous fa(Tè favoir en même tems que c'eft lui qui nous pat*
le. Ils citoient encore ce que dit Jefus-Chrift à S. Jean, ^ que le monde
ne peut recevoir le Saint Ejprity parce quil ne le voit point & ne le connoît
point ; mais que fesdifciples le connaîtront parce qu*il habitera & qu* il fera en
eux. D'où Catharin concluoit fort librement , que c'étoit une rêverie de dire
qu'on reçoit la Grâce volontairement, fans pourtant favoir fi on l'a -, comme
u pour recevoir une chofe volontairement, il n'éroit pas néceflaire que celui
qui la reçoit fâche qu'elle lui eft donnée , qu'il la reçoit réellement , &
qu'il la poflcde après l'avoir reçue.
L A force de ces raifons fit un peu rabattre de leur prévention ceux qui
taxoient ce fentiment de téméraire , & leur fit avouer que les perfonnès
ordinaires pouvoient bien avoir quelque conjedure , mais non aucune cer«
tirude de la Grâce , qu'on ne pouvoit accorder tout au plus quVux Martyrs,
aux nouveaux baptilés, & â ceux qui en auroient eu une révélation fpccia-
le. Ils vinrent mcme jufqu'd accorder qu'on pouvoit donner le nom de
II. II.
g Rom.
VIII. 16.
h Joh.
XIY. 17.
f f. Mais Catharïn & Marinier en ci-
tèrent de tout contraires , &c, ] Le Cardi-
nal Pallavicin , qui prend ici la défenfe
du premier fentiment contre celui de Ca^
tharin L. 8. c. 11. taxe Fra-Paolo d'avoir
appuyé ce dernier par Ton penchant pour
les opinions Luthériennes. Mais pour peu
qiion le life fans préjuge , Ton voit alTez
que notre Auteur n a fait ici que l'ofEce
d*Hiftorien , fans fe déclarer pour aucune
des deux opinions contraires. Ceft une
in>partialité quon trouve rarement dans
fon Adverfaire y qui pour faire parade de
fon érudition Théologique, a prefque tou-
jours oublié que ce n eft pas à un Hifto-
rien à prendre parti , & qu on n*attendde
lui autre chofe que le récit & non le choix
des fentimens dont il rend compte.
DE TR ENTE, LrvicF IL 355
foi morale à ce qu'ils n'avoicnt voulu traiter que de conjefturc : & yiga^ Mi>xLvi-
qui au commencement n'admettoit que la (impie probabilité > cédant à la ^^"^ ^^
rorce des raifons contraires , devint lui-même un des fauteurs de la certîtu- — •-^^
de, Cependant pour ne pas paroître donner dans lesfencimens de Liaher^
il difoit qu'il y avoit une certitude qui excluoit tout doute & toute erreur»
qui cependant n'étoit pas une foi Chrétienne , mais une foi humaine &:
expérimentale : & comme celui qui a chaud en efl: certain , & feroit fans
fentimens s'il en doutoic ; de même celui qui a la Grâce en foi la fent, &
n'en peut douter > non par la révélation divine , mais par le fentimenr
de fon ame.
Mais les autres défènfeursde la certitude » forcés* par leurs adverfaires-
â déclarer clairement s'ils croyoient que Thomme la pue avoir , &c mémo
s'il y étoit obligé, & fi c'écoic^une foi divine ou humame \ ils feréduifirenc
à dire que puifque c'étoit une foi que l'on a au témoignage du Saint-
Efprit , l'on ne pou voit pas dire qu'elle fût libre \ & que chacun étant
obligé de croire aux révélations divines ,. on ne pouvoir rappeller qu'une
foi divine. Preffé enfuite par cette objeâipn , que fi cette certitude n'éroic
pas égale à la foi Catholique, elle n'excluoit pas tout doute, ou» que fi
elle y étoit égale , le Jufte devoit croire auflî fcrmemait qu'il eft Juftifié ,
qu'il croit les articles de Foi; î^ Ck/Ww répondit , que cetto foi étoit
une foi divine , aufii certaine que la fbi Catholique , &» qui comme^ elle
excluoit tout doute *, mais que cependant ce n'étoit pas la tov Catholique.
Car comme la fbi que chacun a aux révélations particulières qui lui font
faites eft une foi divinoqui exclud tour doute , mais qui ne devient uni-
verfelle & Catholique que quand ces révélations font reçues de toute VE^
glifè ', cette dernière foi , qui eft celle qui convient aux articles de Foi ,
n'eft pas cependant fupérieure à l'autre en certitude , & n'exclud pas da-
y^mtage le doute , mais elle n'a d'avantage fur la première que parce qu'elle
eft plus univerfelle. C'était ainfi félon Catharin que tous les Prophètes
ayoïent d'abord une foi particulière des révélations que Dieu leur avoit
faites , & qui était enfiiite devenue une fbi Catholique , après que l'Ëglife
avoit reçu ces révélations. Cette opinion parut d'abord fort étrange aux.
p^rtifàns même de Catharin , c'eft-à-dire à- tous les Carmes , quoique
$6. Catharin répondît, que cette fol étoit
une foi divine aujji certaine que la Catholi-
qiie 4 &c. ] Il Cstlloic bien qu il le (bucînt
ainfî^ paifqa'il appuyoic cetre cenitude fur
le témoignage intérieur & in&illible du
Saint- Efpric , & qa*il ne diftinguoic cette
certitude de la Catholique , que par rap-
port à la notoriété , & non par rapport à
la vérité des chofes-, qui étpient toutes fon-
dées fur la même autorité. Ceft au(£ ce
qu'a fort bien remarqué Fra - Paolo , dans*
rexpoficion quil fait du fentimenc de Ca^
tharin , incompaiablement plu^ concife Se
plus claire que celle quen donne Paltavi^
cia y quoique celui-ci n'ait point de honte
de reprocher à notre Hiftorien^ L. 8, c i x
qail a mal repréfencé le fens de cet Auteur*
Mais pour pjeu quon ait lu les Ecrits de
Catharin avec un peu de foin, l'on verra,
ou que rexpo&ion de PaUavicin revient à
celle de Fra-Paolo , ou qu elle n'a aucua
fens.
/
î6b HISTOIRE pu CONCILE
«Dxtvi. Bacon ^ donc ils fuivoient le fencimenc , eût été de cette opinion ; & les
^/^^^ ^^^' Evêqucs de SinigagUa , de Worceftcr , & de Salpi avoient peine d*abord à
la digérer. Cependiant après avoir pefc les raifons dont Catharin rappuyoit»
î7 il cft étonnant combien de Prélats y parurent favorables , quoi que put
dire Soto » qui en faifoit beaucoup de bruit , fous prétexte qu'elle favori*
foit trop les fentimens des Lurhériens. Mais on lui répondit qu'il n'y aa-
roit rien à cenûircr en Luther fur ce point , s'il avoit dit que cette foi fuit
la Juftification » & qu'il n'écoïc condamnable que pour avoir enfeigné que
c'ctoit cette foi qui juftifie.
On repliquoic de même aux raifons donc Soto avolt appuyé fôn fênti«-
ment : ^' Qu'il ne falloit pas faire grand fonds fur l'autorité des Scolafti-
ques , qui pour rejetter l'opinion de la certitude de la Grâce ne s'étoienc
fondés que fur de (impies raifons philofophiques , qui font peu propres à
nous faire ju^er des mouvemens divins : Que l'autorité de Salomon n'étoic
point alléguée à propos , parce qu'en preffant trop ce qu'il dit , que rhom*
me ne peut f avoir s'il cft digne d* amour ou de haine , on en pourroit con-
clure que le plus grand pécheur & le plus endurci ne fait pas s'il eft haï de
Dieu : Qu'on pouvoit encore faire moins d'ufage du paflage de la Sagede »
où il eft dit quV/2 doit toujours craindre pour les péchés pardonnes ; parce
Sue le motGrec U^cf^.t ne fignifiè point péché pardonné , comme le Tra-
uâeur Latin l'a inal rendu , mais feulement expiation ou pardon ; Se que
le fens du Ssge n cft que d'avertir les pécheurs de ne point ajouter péché fut
g'ché par une vaine efpérance du pardon futur , & non du pa(Te : Qu'il ne
lloit pas fonder un article de Foi fur une faute du Traduâeur , ( £r c*eft
ain(i que parloient même alors de la VerHon Vulgate ceux qui l'avoienc
déclarée authentique , & l'on peut obferver la mcme chofe dans les Livres
imprimés de ceux qui éoient intervenus au Décret d approbation : ) Que
quand S. Paul nous ordonne de travaillera notre falut avec crainte &trtm*
blementy ce n etoit pas pour marquer notre incertitude > mais que c'étoit
une phrafe Hébraïque qui ne défignoit que le refpcft ; & que c'eft de cette
manière que les fcrviteurs font remplis de crainte & de tremblement de-
vanr leurs Maîtres, lors même qu'ils favent qu'ils en font aimés & qu'ils
ont leur approbation : Qu'enfin fi S. Paul parloit de la Juftification , lorf-
qu'il
f 7. // efl étonnant combien de Prélats véritable contradiéUon entre ce qac ih îcî
y parurent favorables, ] Il eft certain que Fra-Paolo , 8c et qu'il avoit dit quelques
les raifons de Catharin entraînèrent plu-, lignes auparavant, que les Carmes fur l*ao-
fieurs Evoques dans Ton fencimenc ; mais torité de Bacon fuivoient Topinion de Ca*
leur nombre fuc toujours fort infériçur à tharin. Mais ceci n eft une contradiôion
celui des autres» 5: le Canon fut fait vifî- quaux yeux du Cardinal > puifque Caths-
blement pour appuyer le fentiment con- rîn pouvoit fort bien mépriferrautorité des
traîre. Scholaftiques , quoique quelques-uns de fou
fS. Qu il ne falloit pas faire grand fonds parri ne laiiraflenc pns de s*autorifei de ceux
fur l* autorité des Scholaftiques, Sec, ) A en quils croyoient leur être Civorables.
croire le Cardinal PaUavicin > il y a une
: DE TRENTE, Livre IL j^r
Oall dît que quoique fa confcicncc ne lui reprochât rien » Uh*étoupas cepen-- ubxvwi,
darujuJliJiéyCt partage favorifcroit plutôt la certitude du falut qu'il ne lui ^^^^ H^-
ièroit contraire -, parce qu on en pourroit inférer que s*il n croit pas juftific -'
parce qu*il ne fentoic point de reproches de fa confcience » il Tëtoit par
autre chofe; mais que le vrai fens de T Apôtre en cet endroit ne regardoic
point la Juftification , niais le miniftère de la prédication » & que c etoic
comme s'il eut dit que fa confcience ne lui reprochoit point de s'être mai
acquitté de ce miniltère» mais qu'il nofoit pas dire pour cela qu'il en eut
rempli parfaitement cous les devoirs » & qu'il remettoit tout au jugement
4le Dieu.
A moins que d'avoir vu les Mémoires manufcrits & les Ecrits imprimés
de ceux qui eurent part à ces difputes » il eft importible d'imaeiner tout ce
Îtti fut dit fur ce fujec» & la chaleur avec laquelle non-leulemcnc les
héologiens , mais encore les Evèques contefterent , chacun prétendant
avoir pour foi la vérité. C'eft ce qui fie que Sainte Croix » qui vie qu'ils
avoient plus befoin de frein que d'éperon , tâcha fouvent de mettre fia
aux conteftations en propofant d autres matières pour faire diverfion aux
^putes. Il propofa deux fois dans les Congrégations des Prélats de laidèc
U cette queftion , comme douteufe » longue , & embarraflànte -, mais la
chaleur étoit (î grande » quon y revenoic toujours. A la fin le Cardinal, à
force de remontrer qu'on avoir artèz parlé fur ce fujet , & qu'il falloir k
donner le tems de réfléchir fur ce qui avoir été dit pour en décider plus
mcuement , fit trouver bon qu'on parla r des œuvres préparatoires , &c de
l'obfervation de la Loi. Plufieurs prirent occadon de certe nouvelle ma- st^h tm
lière pour parler du Libre-arbitre > & le Cardinal loin de l'empêcher pro- t^^k eêlk
pofa d'examiner cette queftion , qui fembloit avoir tant de connexion avec ^ Uhi-
les deux autres, qu'il ne paroiflbit pas qu'on pût la traiter féparément. On ^^'^^*
nomma donc des Prélats & des Tnéologiens pour extraire des Livres des
dultèrede David ^ la cruauté de Manlius y & la trahifon de Judas y font
aufii proprement l'œuvre de Dieu , que la vocation de S. Paul.
1. Personne n'a la liberté de jpenler bien ou mal » mais rout fe fait par
une nécefiité abfolue. Il n'y a pomt de Liberté en nous , & c*eft une cni-
snere que d'en reconnoirre.
). La Liberté eft perdue depuis le péché d'Adam. Ce n*eft plus qu'un
nom fans réalité , & un titre fans chofe ; & quand l'homme tait ce qu'il
peut , il ne laide pas que de pécher mortellement.
4. Nous n'avons de Liberté que pour faire le mal , 6c nous ne ibmmes
point libres de faire le bien.
5. Le Libre-arbitre mû de Dieu ne coopère en rien à Taâion > & il
n*eft que comme un inftrument inanimé y ou que comme un animal fans
jraifon.
Toici L Zz
^6t HISTOIRE DU CONCILE
MDxiTx. 6. Dieu ne convertie que ceux qu'il lui plaît, & il le fait faas qu'ils le
Paul III. veuillent, ou même contre leur volonté.
■■"— ""^ t^. On déclama tragiquement, plutôt qu'on ne raifoqna, furies deux
premiers Articles \ & Ion dit : Que la dodbrine de Luther étoit une doârine
de frénétique : Que la volonté humaine , telle que les Luthériens la repré-
ientoient , feroit un monftre : Que ces paroles ou ils qualifioient la Liberté
d'un fimple nom ou d'un titre fans réalité , 'étoit quelque chofe de mon-
ftrueux : Que cette opinion étoit impie &c un véritable blafpbème : Que
TEglife l'avoit déjà condamnée autrefois dans les Manichéens & les PrifciU
lianijles , & depuis encore dans Abailard & dans Wideffx Que c'étoic une
extravagance contraire au fens commun , puifque chacun fentoit par expé-
rience ia propre Liberté : Qu'une telle erreur ne devoir fe réftiter , comme
parle Anfioie , que par le châtiment ou par une preuve expérimentale r
Qu'enfin les difciples même de Luther s'étant apperçus de l'extravagance de
cette doârine , avoient voulu tâcher d'en adoucir l'abfurdité , en difanc
que l'homme eft libre dans les aâions extérieures , politiques & œconomi-
ques , & dans tout ce qui concerne la Juftice civile , & qu'il falloic être
itupide pour nier que ces adtions viennent d'un choix libre *, & qu'ils le
bornoienc a nier la Liberté par rapport aux a£tions qui regardent la Juftice
divine.
Marinier dit : Que comme il y avoic de la folie â prétendre qu'aucune
aâion humaine ne fut en notre pouvoir , il n'y avoir guères moins d'abfur-
dite à croire que nous fuflions libres dans toutes nos aâions , chacun expé-
rimentant enibi-mème qu'il n'eft pas maître de tous fes mouvemens : Que
c'étoit en ce fens que l'Ecole enfeignoit , que les premiers mouvemens ne
font point libres -, & que c'eft en cela que nous différons des Bienheureux t^
3ui lont maîtres de leurs premiers mouvemens , & qui par-lâ ont une forte
e Liberté qu n'eft point en nous. Catharin toujours conformément à fon
propre principe, que fans une Grâce fpéciale de Dieu l'homme ne peut faire
aucune bonne aâion morale , foutenoit , qu'en ce fens on pouvoit dire
qu'il n'y avoir point de Liberté , & que pour cette raifon on ne devoir pas
condamner fî facilement le quatrième Article. ^^ Vigc- » après avoir parlé*
S^.On déclama tragiquement , plutôt
fu*on ne raijbnna fur les deux premiers
Articles. ] Ils étoient en effet très-condam-
jaables. Car iaiie Dieu aaceor du péché , &
yhomme purement paflîf foit pour le bien
foit pour le mal , c'eft une dedrine per-
xiicieufe , qui ne tient à rien moins qu*à
dérruire toute la moralité des adions , qu*à
anéantir la vertu & le vice } la raifon &
la Religion , & qa*à Êiire des hommes au^
tant de machines qui n agiffent que par im-
pulfion , comme autant d'inftxumens îna-
^o, Vega'^' conclut qu'il n'y avoit an^^
cune différence entre le fentiment de ces Théo*
logiens & celui des Protejians ^ &c. ] £»
eâ^t , à la différence près des ezpreflîons ,
qui font beaucoup plus dures dans les
Ecrits de Luther & de Calvin que dans la
plupan des ouvrages des Thomiftes êc de»
fanféniftes , le fond du fjftème revient »
peu pr^i au même. Car fi l'on ne peut
£ûre de bien fans la Grâce, &fi cttte Grâce
n'eft pas donnée à tous s ceux donc à qui
elle eft refufée , nont de liberté que
{0U fiûze le mal s puifque le iècouir
DE TRENTE, Livre IL 3^5
d'une manière fi ambiguë qu'il ne s'encendoit pas lui-même , conclut qu'il mdxltt.
n'y avoit aucune diftcrencc entre le fentiment de ces Théologiens & celui ^^^^ ^"•
des Protcftans , puifqu'en admettant , conune ceux-ci faifoient à prcfcnt , -
une Liberté pour les aâions civiles & non pour les furnacurelles , ôc pour
les œuvres extérieures de la Loi & non pour les intérieures & fpiricuelles ,
c'étoit précifément dire comme l'Eglife , qu'on ne fauroit faire les œuvres
fpirituelles qui ont rapport à la Religion > fans le fecours de la Grâce. Mais
on n'écouta pas favorablement ce qu'il dit > qu'il falloir ne rien épargner
|)our tâcher de fe concilier fur cela ; ^ ' parce qu'on rcgardoit comme quel-
que chofe d'odieux pour le Concile d'avancer qu'on pût s'accorder fur quel-
Îrues points avec les Proteftans , &c qu'on avoit coutume de dire que ces
ortcs de conciliations ne convenoient qu'à des Colloques , nom qui étoit
en horreur , à caufe qu'on regardoit ces Aflemblées comme des moyens
par où les Laïques avoient ulurpé une autorité qui n'appartient qu'aux
Conciles.
Au fujet de la queftion , Si C homme a la liberté de croire ou de ne pas
troire , il s'éleva une grande difpute parmi les Théologiens. ^^ Les Fran-
cifcains le nioient avec Scot , qui foutienr que conune l'évidence naît né-
cedairement des démonftrations , les perfuauons produifent néceflairement
la Foi dans l'entendement , qui eft un Agent naturel , & qui eft mû nécef-
fairement par l'objet. Ce qu'ils confirmoient par l'expérience , qui montre
que perfonne ne peut croire ce qu'il veut » mais feulement ce qui lui pa-
foît vrai -, & par cette raifon , que perfonne ne fentiroit jamais de dépfai-
fir , s'il pouvoir croire qu'il n'en a point. Les Dominicains difoient au con-
traire $ que rien n'eft plus au pouvoir de la volonté que de croire *> & que
(ans lequel ils ne peuvent faire le bien fions qa*on poavoit ramener à on fens to-
fie dépend point d'eux , & qu'il leur eft re- lérable.
fiiTé. 6 1 . Les Francifcains le nioîent avec Scot,
61, Parce qu'on regardoit comme quelque êcc. ) Il eft certain que Tefprit fe rend né-
€kofe d'odieux pour le Concile , d'avancer ceflairemenc à révidence , & qu il ne peut
éiu * on pût s' accorder fur quelques points avec y refufer fon confentement. Perfonne n*eft
les Protejlans. ) Cétoic donc bien mal à libre de croire que deux & deux ne font
propos, que Ci6<2r/^j-Qi^i/2/s*ccoic flatté que pas quatre. Mais dans les chofes où Tévi-
le Concile étoit un moyen propre à lame- dence neft pas alTez grande pour détermi-
ner les Proteftans. Car fi on avoit tant ner invinciblement Tefprit , on peut dire
d*averfion pour les vojes de conciliation , que rien n eft plus au pouvoir de la volonté
Zc qu'on fe proposât uniquement de con- que de croire ou ne cKiire pas » non que
damner toutes leurs doéhines , c'étoit la créance foit proprement l'objet de la vo-
bien en-vain qu'on efpéroit la paix. Le lonté , mais parce que l'eCprit étant indé-
malheur eft, qu'en cherchant moins à con- terminé par le poids des raifons oppofées ,
cilier qu'à cenfurer , on a multiplié les con- il ne peut fe déterminer que par. des pré*
teftations au - lieu de les diminuer , & jugés , ou le coeur a toujours beaucoup
que par les décifions non néoedàires on plus de pan que l'efprit , lors fur • tout
a prétendu faire des erreurs réelles de qu'il s'agit de chofes qui iméreilènt fes
£mples qucftioas de nom , ou d'expref- penchans.
Zz t
3^4 HISTOIRE DU CONCILE
M]>xLTf. ^} parla feule décerminacion de fa volonté rhomme peut croire , s*il le
Paul IIL yeut , que le nombre des Etoiles eft pair.
— "— ■* Sur le troificme Article , où il étoit dit que le Libre- arbitre a été perda
par le péché , on allégua quantité de paflàges de S. Augufiin , qui enleigne
la même chofe en propres termes -, fie Soto ne put s en débarraflèr qu'en
jdifant : Que le mot de Liberté eft équivoque , comme pouvant venir da
mot Hier y ou du verbe libcrarc : Que dans le premier fens il étoit oppofé
i la néctffité , &c dans le fécond à la fervitude : Qu'ainfi quand S. Augufiin
voulu dire autre chofe»
able. *4 Mais on ne corn*
prit pas trop bien cette différence , parce que TEfclave ne ceflè d'être libre »
ouc parce qu il ne peut pas faire la propre volonté , & qu'il eft forcé de
hdre celle de fon Maître *, & que félon cet avis , on n'aurott pu bKunet
Luther d'avoir intitulé un de fcs Lines , Defcrvo arbitrio.
Plusieurs trouvèrent un défaut de jugement dans le quatrième Arti-
cle , où il étoit dit , que l'homme n'étoit liore que pour le mal ; puifque la
Liberté renferme le pouvoir de faire les deux chofes contraires , & qu'ainfi
<T on ne pouvoit dire qu'on fut libre pour le mal , (i on ne Tétoit en même-
tems pour le bien. Mais on les fit cnanger de penfée en leur remontrant
que les Saints & les Anges ne font libres que pour le bien , & que par
la même raifon on pouvoit dire que d'autres n etoient libres que pour le
mal.
Les fentimens furent auIH partagés fur le cinquième ic le fixîeme Arti-
cles , où il s'agiffoit du confentement que donne la Libené à l'infpiration
ou à la Grâce prévenante. Les Francifcains foutenoirat que comme il eft
au pouvoir de la volonté de fe préparer d'elle-même , elle en étoit d'autant
plus libre d'accepter ou de rejetter la Grâce 3 lorfque Dieu la lui préfente >
avant qu'elle fade ufage des forces de la Nature. Les Dominicains au cou-
^). Par la feuk détermination de fa 44. Mais on ne comprit peu trop Bien
volonté l'homme peut croire, s'il le veut, que cette diffUrence, &c. ) Comment emAÎTe-
le nombre des Etoiles eft pair. ] Si tespréju- ment la compiembe? Car fi Tliomme eft
g6s delà volonté nous déterminent ordinai- devenu Tefclave da péché , & n*a de liberté
Tement dans le concours des raifbns oppo- qae poar faire du mal s ne doit-on pas àiif
fées , du moins eft- il faux que par la feule qn'il eft auffi aflèrvi à la néceffité qa*â Tef-
détennination de la volonté on puiffe croire ciavage ?
fins aucunes laifons. Il n*eft non plnspof- 6f» On ne pottvoit dire qu'on fut libre
fible de croire fans quelque raifon , que pour le mal y fi on ne l'étoit en mime
d*aimer fans quelque nwtif. II eft donc tems pour U bien* ) On pourroit avoir
abfurde de dire , que Ton peut croire fans une forte de Liberté , qui ne (èroit que
aucune raifon que le nombre des Etoiles eft dans le choix d'un mal piucAt que Taotre*
pair. On peut le dire , mais cenainement Mais fi l'on n'étoit pas libre pour Je bien
on ne le croit pas. La volon ré donne quel- en même tems qu'on Teft pour le mal^
qioefois du poids aux raifons > mais elle ne on ne voit pas comment il poturoit j
nous dàexmine point à croire ûnsaocone atoix Uea ao mérite Qc au itsatnxt»
laiTon.
DE TRENTE, Livre IL ^6$
traire nioient que les œuvres qui précédent la vocarion foient véritable' mdxltx.
ment préparatoires , & foutenoicnt qu'il falloit toujours donner le premier ^^^^ ^^^
rang à Dieu. ......„.^
Mais la difpute ne fe borna pas entre les Francifcains 6c les Domini-
cains feuls , ôc ^^ ceux-ci fe trouvèrent divifés entre eux-mêmes. So£o fou«
cenoit : Que quoique Thomme ne pui({è acquérir la Grâce fans le fecours.
prévenant de Dieu , néanmoins la volonté peut toujours en quelque ma-
nière réfifter &c refufer ce fecours , Se que lorfqu'elle le reçoit , c'eft qu'elle
le veut , Se qu'elle y donne fon confentement : Que (i notre confente-
inent n etoit point requis , il n'y auroit pas de raifon pourquoi tous les
hommes ne font pas convertis; puifque félon l'Apocalypfe^ -^^^^fi^PP f k Apoc UL
toujours â la porte ; que c'eft la maxime commune des Pères , que Dieu xob
donne fa Grâce â quiconque la veut -, Se que l'Ecriture demande toujours
de nous ce confentement : Que parler autrement , c'étoit détruire la liberté
de la volonté > Se dire que Dieu ufe avec nous de violence. Lotus de Catane
difoit au contraire, que félon la doârine de S. Thomas y Dieu meut l'ame
par deux fortes de Grâces prévenantes , Tune fuffifante & l'autre efficace :
Que la volonté peut donner ou refufer fon confentement à la première »
mais non pas i la féconde , parce qu'il y auroit de la contradiâion qu'on
lui réfiflat, fi elle étoit efficace. Il alléguoit pour le prouver quelques paf-
fages de S. Paul Se de S. Jean , Se des explications très- claires de S. jiu^
gufiin. Il foutenoit : Que fi tous n'étoient 'pas convertis , c'eft qu'ils n'é-
toient pas tous prévenus de cette Grâce efficace : Que S. Thomas avoir ôté
la crainte de bleHer le Libre-arbitre y en difant que les cliofes font violen-
tées quand elles font mues par une caufe contraire , mais que tout ce qui
eft mu par fa propre caufe ne fouffre point de violence : Que Dieu étant la
caufe ce la volonté , c'étoit pour elle la même chofe ou d'être mue par Dieu»
ou d'être mue par elle-même. Il condamnoit Se railloit même la manière
dont s'exprimoient les Luthériens , en difant que la volonté fuit l'imprefiion
qu'elle reçoit , comme une chofe inanimée ou fans raifon ; parce qu'étai;hc
raifonnable de fa nature , & mue par fa propre caufe qui eft Dieu , elle étoic
mue comme ratfonnable , Se fuivoit le mouvement comme raifonnable..
57 II fe moquoit également de ce qu'ils difoient , que Dieu convertir ceux
é6. CeuX'ci fi trouvèrent* divifis entre
eux-mêmes» ] Soto appuyoit l'opinion des
Moliniftes , & Louis de Catane celle des
Thomiftes , à cette différence près , qa on
ne peut pas bien jagerpar ce que rapporte
ici Fra-Paolo , fi ce dernier Théologien
croyoît que les Grâces faffifances étoient
toa)ours rejettées , à moins qu'elles ne
(uilènc fécondées par une Grâce efficace y
ce qai eft le fencimenc commun des
Thoaùftes modernes , dont Mt Pafcal
s*eft raillé fi délicatement dans (es Provin-
ciales.
^7» Il fi moquoit également de ce qu'ils
difiientj que Dieu convertit^ Ôcc. ] C'eft
ainfi qu'il faut traduire cet endroit de Fra*
Paolo y dont M» Amelot a toat-à-&it al-
téré le (èns , en faifanc dire à Catane ce
que Fra-Paolo £aiic dire aux Luthériens à
qui ce Théologien ieprocboi( de fe
<Uret
5f<î HISTOIRE DU CONCILE
MDZLTi. mêmes qui ne le veulent pas & qui réfiftenc, puifqu'il y a de la contradifbion
Paul III. qu'y^ effet réfîfte à fa caufe. Il avouoit qu'il pouvoit arriver que Dieu
^■'"^" convertît efficacement une perfbnne qui auroit réfiftc d autres fois â de
Amples grâces fuffifantes, mais nonjpas lorfqu'il la meut efficacement , la
foumiffion de la volonté étant un effet infaillible de l'efficace de la motion
prévenante de Dieu.
A cela Soto repliquoît : Que toutes les motions de Dieu ne pouvoienc
être que fuffifàntes par elles-mêmes, & que celle à laquelle Thomme donii(s
fon confentement > tire fon efficace de ce confentement , faute duquel elle
refte inefficace y aon par fon défaut , mais par celui de l'homme. Mais il
fbutint fon opinion avec beaucoup de timidité , ^^ parce que Loids de
Catant lui objeâoit qu'en ce cas la diftinâion des Elus d'avec les Réprou*
vés viendroit du côté de l'homme > & que le choix des Elus viendroit de
la prévidon des œuvres & non du bon plaifir de Dieu \ ce qui étoit con-
traire à la créance générale des Catholiques > qui tiennent que c'eft par la
Grâce que les vaies de miféricorde font diftingués des vafes de colère :
*^ Que les Pères & les Conciles d'Afrique & de France contre les Pélagiens
avoicnt toujours enfeiené que c'eft Dieu qui nous fait vouloir > ce qui eft
la mcme chofe que de dire , que c'eft lui qui nous fait coniêntir : Qu'ainfi»
s^il mectoit en nous le confentement, il falloit l'attribuer à l'efficace de la
Grâce *, parce qu'autrement y fî tous étoienc également traités, celui quife
fauve Re feroit pas plus obligé à Dieu que celui qui fe damne. Mais non-
obftant ces raifons , l'opinion contraire ne laiffa pas que d'avoir l'appro-
bation générale , quoique plufîeurs avouadent qu'on n'avoit |^s fuffiiam-
ment repondu aux raifons de Catant ; & qu'on rrouvât mauvais que Soto
n'eut pas parlé a(Ièz librement , & fe fut contenté de dire que la volonté
confent d'une certaine manière , ou qu'elle peut réflfter d'une certaine
manière ; comme fi entre l'affirmation & la négation il y avoir une cerraine
manière qui fût mitoyenne. Ce qui faifoit encore pencher pour Soto y
éî. Parce que Louis de Catane lui oljeC' fait vouloir y &c* ] Il nous fait vonloir^^
toit y qu'en ce cas la difiinSion des Elus d'à- entant que par fa Grâce il influe fur la dé*
vec Us Réprouvés viendroit du côté de Vhom- termination de la volonté , mais non pas
me ] Ceft-là en effet le grand reproche en déterminant cette volonté par une im-
des Calviniftes , auffi-bien que des Thomif- preffion irréfîftible : ce qui feioit détruire
tes & des Jan(éniftes , à leurs Adverfki- lia Liberté pour établir la Grâce. Il 7 a quel-
les. Mais il n y a rien de plus mal fondé , ques Conciles à la vérité , & quelques Pè-
puifque d'une pan la diftinéUon vient au- tes qui après 5. Auguftin ont femblé aller
tant de Dieu que de Tbomme, quon fuppofe plus loin. Mais outre que leur autorité eft
ne pouvoir rien &ire de bien fans la Grâce > balancée par des autorités contraires de
l^quedeTaotreon ne peut fuppofer aucun même poids & pat de meilleures raifbns s
mérite dans la volonté, fi quelque partie de on fait affez que le défir de contrecarrer
cette diftinâion ne vient ds fon choix & de les Pélagiens leur a fait oublier la matière ,
(a part. finon dans les points en conteftation y du
69. Que les Pères 6» les Conciles — moins dans les preuves & les principes qu'ils
ont toujours enfeigné que c'eft Dieu qui nous ont établis pour s en fkxiïx contre enz.
DE TRENTE, Livre IL J67
70 c eft qu'on étoit choqué de la liberté avec laquelle Catanc & les autres MMctrir
Dominicains foutcnoient qu on ne pouvoit diftingucr la différence du ^^^^ ^*
fentiment qui attribue la Juilification au confcntement , d'avec lopinion '
des Pélagiens -, & on difoic que par trop d'envie de condamner Luther y on
devoir prendre garde de ne pas donner dans une extrémité ordinaire.
7» Mais comme largument fur lequel les Dominicains infiftoient da- ci» *w/«^^* *
vantage , ^ c eft que rEleftion ou la Prédeftination fe fcroic en vue des ^^ 'f ^
mérites , ce qu'aucun Théologien n'admettoit , cela engagea auffi , à caufe J^ ^£!deïm
de la connexion des matières » de traiter de la Prédeftination. On réfolut RifrohM-
donc d'extraire des Livres des Proteftans les Propofitions qui regardoient thn.
ce fujet. On ne trouva rien à cenfurer fur cela dans les Ecrits de Luther , ^ ^^^JY^^ ^
ni dans la Confeflion d'Ausbourg , ni dans les Apologies & les Colloques. '^*' ^^
Mais il fe trouva bien des chofes dans les Ouvrages des Zoingliens > dont
on tira les Articles fuivans.
I . La caufe de la Prédeftination ôc de la Réprobation ne fe tire point
du côté de l'homme , mais de la volonté de Dieu.
1. Les Prédeftinés ne peuvent jamais fe damner > ni les Réprouvés fe
fauver.
j . Il n'y a que les Elus & les Prédeftinés qui foienc véritablement
îuftifiés.
4. L£s Juftifiés font obligés par la Foi de croire qu'ils font du nombre
des Prédeftinés. <
5. Les Juftifiés ne peuvent perdre la Grâce,
6. Ceux qui font appelles » &c ne font pas du nombre des Prédeftinés 9
ne reçoivent jamais la Grâce.
7. L'homme juftifié doit croire par la Fch , qu'il perfeverera jufqu'à la
fin dans la Juftice.
8. L'homme juftifié doit croire fermement 9 que s'il perd la Grâce > il la
recevra de nouveau.
Les opinions furent d'abord partagées fur le premier Article. Les plus
70. C€ quîfaifoît incore pencher pour So- Novateurs déjà condamnés avant la tenue d»
to , c'eft quon étoit choqué de la liberté avec Concile.
laquelle Catane , &c.) Ça toajoois été la 71. Mais comme l'arpiment fur lequel
manière des partis oppo(c$^ de confondre les Dominicains injîfloient davantage , écc.'\
les fencimens de leurs adverfiiires avec Cet endroit eft on peu embarratK dans
ceux d'autres Ecrivains , que leur condam- Fra-Paolo & M. Amelot : mais je ne croîs
nation ayoit déjà rendu odieox^nr les ren- pas quon pailTe donner aucun autre fens
dre odieux eux-mêmes par une pareille raitonnablie que celui que j'ai exprimé ici
aiTociation. Mais fi les Pères condanonoient à ces paroles de notre Auteur : Sopra tuttor
Catane pour ce fujet , il eût pu à fon tour effendo ftimato queW argomento , che la di-
cenfurer avec autant de raifon fes adverfai- vina ekttione à predeftinatione farehhe per
tes , puifqu'ils lui faifoient la même injuf- opère prevedute , che nijjam Theologo admet»
tice , & que dans leurs avis & leurs fufTra- ttva j la quai anco tiro âparlar» délia fr^
ges ils le traitoient de la même manière « dejlinaùoncw
^confondant (on opinion avec celle àe$^
î«8 HISTOIRE DU CONCILE
«ftxtvt. cftimés parmi les Théologiens 7^ foutenoient : Que la Propofition ctoît Ca-^
Paoi lil. tholiquc , & que la dodlrinc contraire ctoit Hérétique •, parce que , félon
" les meilleurs Scolaftiques > comme S. Thomas ôc Scoe , & félon le plus grand
nombre des Théologiens , Dieu avant la création du Monde avoir choifî de
toute la madè du genre- humain , par fa feule miféricorde , quelques per«
fonnes qu'il avoir prédeftinées à la gloire, & auxquelles il avoir préparé des
moyens efficaces pour les y faire arriver ; ce qui s'appelle Prédeftinarion :
Que le nombre de ces perfonnes étoic certain & déterminé » & qu on ne
pouvoir y en ajouter aucune : Que ceux que Dieu navoit pas ainfi prédef-
tinés ne pouvoient fe plaindre de lui , parce qull leur avoir préparé des (e«
cours fumfans pour arriver au falut , quoiqu'en effet il n'y eut que les Elut
qui varrivaflènt efibâivement. Ils fe tondoienc principalement pour la dé«
renie de leur fentiment fur l'autorité de S* Paul , qui dans fon Epître aux Ro-
mains ayant propofé Jacai pour le modèle des Prédeftinés & E/aii pour celui
des Réprouvés , dit que Dieu , avant qu^ilsfuffcnt nés l'un & l'autre , Tavoic
m Rom. i^cfolu ainfl , ^ non dans la vue de Uurs auvrcs » mais par un effet de fon bom
IX. II. plaijîr. Ils ajoutoient enfuite la comparaifon dont fe fert le même Apôtre ^
i»Ib. II. c'efl-à'dire, celle d'un Porier , qui , comme il fait ° d'une même maffe de
terre deux vafcs , dont il dejline l'un à des ufagcs honorables & Vautre à quelque
ufagt vil ; Dieu choifît ainfî de la maflèdes hommes ceux qu'il lui plaît » SC
abandonne les autres. Ils rapportoienc encore après S. Paud ce que Dieu diç
f Ib. X j. à Moyfe > ^ qu il fait miféricorde à ceux à qui il veut » ÔQ qu'il a compafjion de
ceux quil lui plaît de choijir ; d'où ils concluoienc avec cet Aporre , que le
(alut ne vient ni de celui qui veut , ni de celui qui courte mais de Dieu qui faut
> Ib. 1 1. ^ifiricorde , & que Dieu P a compajpon de celui quil veut , & endurcit qui il
veut. Ils diibient que c'étoit pour cela que l'Apôrre appelle le myftère de la
f Rom. Prédeftination & de la Réprobation ^ la humeur 6c la profondeur impini^
3u. jj. trahie & incomprihenfihU de lafageffe de Dieu. Ils produifoient encore dif»
r I, G>r, férens endroits des autres Epîtrcs de S. Paul , comme ceux où il dit » ^ que
t i^Cbr. ^^'^^ n'avons rien que nous n'ayons reçu de Dieu , • que nous ru fommes pas
111^ ^ capables de nous-^memes de penfer quelque chofe comme de nous-mêmes ; & celui
où rendant raifon pourquoi les uns fe révolrent contre la Foi & les autres de«
Y' mcurenr fermes , il n'en afliene point d'autre , finon que c'cfl parce que « U
1% fondement de Dieu demeure fiable , ayant pour fceau ces paroles , Le Seigruur
connaît ceux qui lui appartiennent. Enfin ils jojgnoienr à tout cela difîerens
endroits de l'Evangile de S. Jean , & une infinité de pafïàges de S. Augufiin »
qui dans fa vieilleUe n'avoir çcrit (ju'en faveur dç cet^e Doârine.
7 s Mais
71* Les plus efiîmis parmi les ThcoUh» paSrqne c^eft la doârine commane desTho*
giens foutenoient que ceue Propofition étoit miftcs & des Jan(2niftes , dont on ne leof
Catholique &c. ) Ceftà-dire, non oppo- a jamais fait un crime , quoique le fenti-
iée k aucune vérité décidée &foutenue libre- ment oppofé ait toujours eu oneiand nom*
ment dans TEglife > & ils difoient vrai 9 bre de défenfeurs»
fl.Atalê
D E T R EN T E, L I y RE IL ^69
7) Mais d'autres Théologiens d'une moindre répuracion s'oppofbienc d mdxlti.
cette Dodrinc , 74 la taxant de dure , de cruelle , d'inhumaine , d'horrible , ^-^"^ ^^^'
& d'impie , comme faifant Dieu partial > fi fans aucune caufe il choifillbit "■■■■""
Ton ôc rejettoit l'autre ; & injufte , s'il deftinoit des hommes à la damna*
tlon de fon propre mouvement & non point pour leurs fautes , & s'il avoic
créé tant de millions d'ames pour les damner. Ils difoient : Que cette doc-
trine détruifoit le Libre -arbitre , puifque les Elus ne pourroient jamais
finalement faire le mal, ni les Réprouvés faire le bien : Qu'elle jettoit les
hommes dans le défefpoir , en leur faifant craindre d'être réprouvés : Qu'elle
encourageoit les méchans d perféverer dans le mal fans fe foncier de péni-
tence > en leur faifant penfer que s'ils étoient élus ils ne périroient jamais > 8c
que s'ils étoient réprouvés ce feroit en vain qu'ils feroient un bien qui ne
leur ferviroit d rien. Ils avouoient à la vérité > que les œuvres ne font pas la
caufe de l'Ële&ion de Dieu , puifqu étant éternelle elle eft antérieure d ces
œuvres y 7f Sc que ce n'écoit point non plus la prévidon des avions des
hommes qui portoit Dieud les prédeftiner *, mais ils difoient que c'étoit par
fa miféricorde infinie que Dieu vouloir que tous les hommes fuHènt fauves»
& qu'il leur préparoit d tous pour cette fin des moyens fuffifans , que cha-
cun avoit la liberté de rejetter ou de recevoir > coaime il lui plaifoit ; &
qu'ayant prévu de toute éternité l'ufage que les hommes feroient de ces
moyensyil avoit deftinéd la réprobation ceux qui les rejetceroient>& préJef*
tiné au bonheur ceux qui s'en ferviroient pour faire le bien. Us ajoucoient
qui
*
7). Mais (fautres Théologîtns étunt
moindre réputation s'oppofoient â cette doc*
sriae , &c.J II ned pas nop cenain , que ces
Théologiens fuifenr d'une moindre réputa-
tion que ceux du parti contraire. Car Fiéga Se
Catharin , qu'on doit regarder proprement
comme partifans de lopinion contraire a
Aile de Catane , avoienc bien autant de ré<
^tation de capacité Se de dodrine que
ceux du parti contraire.
74» La taxant de dure , d'inhumaine ^
etàorribU , & d'impie. ] Elle l eft cffedi-
Tement aux yeux de la raifon » 3c Ton ne
conçoit pas comment peut fe concilier la
jcftice de Dieu avec la fuppofîtion d'une
£leâion faite avant la création , d une petite
ponion du genre->humain que Dieu achoifie
pour la defliner à la gloire , candis qu il
laiffe les autres dans un état nécelfaire de
perdition , puifqu il leur refufe les fecoars ,
fims le(quels ils ne peuvent parvenir à cette
fin. Si c*eftà la défenfe d^ pareils paradoxes
qu on attache la réputation de dodjrine , il
nj aoroh pas d perdre en préficiant celle
Tome L
d*ignoTance.
7 j. Que ce nétoit point non plus la pré-
vifion des aâions des hommes , qui portoit
Dieu à Us prédeftiner. ) Dire , coiiime le
Êiifoient ces Théologiens , que ce n*cft
point la prévifîon des aérions des hommes
qui pone Dieu a les prédediner , & ajouter
cependant ^ que Dieu ayant prévu de toute
éternité Tulàge que les hoipmes feront des
moyens qu*il leur accorde , prédeftine les
Uiis au falut & les autres à la réprobation ,
c*e(l dire ^ ce femble , quelque chofe ou
d équivoque ou de contradidoire. Si Dieu
ne pr6de(line les hommes, que fur la pré-
vifîon de Tufage des moyens qu'il leur ac-
corde, c'efl donc la prévifîon de leurs a<f^ions
qui le porte aies prédeftiner. Il n'y a point
ici de milieu ; & d les défenfeurs de cette
opinion n'ofbient pas fe déclarer en termes
fi précis , ce n'efî pas qu'ils ne vilfent
bien U jufleffe de cette conféquence, mais
c'eflque la crainte de pafTer pour Péiagirnt
les portoit à s'expliquer d*une manicre plus
cgttYerte & plus oblique»
Âaa
J70 HISTOIRE pu CONCILE
uMTtvt. qu'autrement on ne verroic pas la raifon pour laquelle Dieu dans l'Ecriture
Pavl îlh {^ plaindroic des pécheurs , ni pourquoi il les exhoriieroic rous à la pénitence
' fica laconverflon, s'il ne leur donnoit pas des moyens efficaces pour y pac^
venir*, 7^ Se quelefecours fuffifadt inventé par quelques Théologiens du
fentiment contraire étoit réellement înfQffifant, puiique félon eux il a'avoic
jamais eu ^ & ne devoit jamais avoir d*cfïèt.
La première opinion , comme plus myftérienfe Se plus incomprébenfîble»
étoic plus propre à humilier Thomme > à lui faire mettre toute fa confiance
en Dieu fans fe repofer fur lui-même , & i lui faire mieux connoicre la dif-
formité du Péché , & Texcellence de la Grâce. Mais l'autre étoit plus plaa«
fible , plus populaire > & plus compatible avec la préfomption numaine ^
77 Se comme elle étoit plus propre à fatisfaire aux apparences , elleagréoic
aaffi davantage aux Moines bien plus habiles dans l'art de la Prédication aue
dans celui de la Théologie , & aux Courtifans , parce qu'elle favoriioie
' dàvanrage le Gouvernement politique. L'Ev^ue de Bieonu , & celui de
Saif^icncott dàvanrage , fe déclarèrent hautement pour elle ; & véritable-^
ment , à ne confulter que les raifons humaines , elle fembloit prévaloir
fur l'autre *> mais celle-ci trouvoit plus d'appui dans les témoignages de
TEcfiture.
vPallav. L. 78 Catharin , qui étoit de ta féconde opinion , ▼ pour tâcher de réfoudft
«. c. 1 3. les paffages de l'Ecriture que les premiers avoient allégués , Se dont les aunt^
^So' * avaient peine à fe débarrafler, inventa une opinion mitoyenne , qu'il emc
' propre à réunir tout le monde. Il dit : Que de tous les hommes Dieu par fa
t>onté en avoit choiû un petit nombte > qu'il voulôit abfolument failvcr iSc
f6. Que U ftcvttrs fuffifant inventé par dent ne regardent rîen moins que la Px6*
^eifius Théologiens — étoit réellement in* deftination , donr il s*agit,
fitfffunt. J Un (êcoors qui n'a & n'aura 78. Caiiharin - inventa une 9pinwm
jamaisd'efFec , ne peut erre ruffifant qae dans mitoyenne , ace. ) Ce n* étoic pas CaehoM
un fens tout-à-fiiit impropre. Les Jéfuites qui^ravoic inventée, poifqo'à quelque 1^
en réduifànt leurs adverfaires à uneabfur- gère différence près ^ elle avoit été (bstend^
dite fi fenfible , ont mis le langage public depuis long-tems par plufteurs Scobftiqoas»
ct>ntre les Thomiftes, & par-là ont plus dé- Il l'avoic Amplement adoptée Se accommo*
crédité le fTftème de cette Ecole , qu'ils dée à fon fyftème , qui s'écane ici étran-
n'euflènt pa feixe par des argumens plus gementde celui des Tiiomides,. tant fur 1*
ffrieux iSc plus pref!àns. nature de la Grâce roffifante, que far le
77. Comme elle étoit plus propre àfatif- nonabre fixe des Prédeftinés. Mais ce qu'il'
fidre aux apparences, &c. ) Ce n 'étoit pas y a de paniculier dans ce fyftème , & ce
amplement aux apparences^ mais aufÔ à qui arrive ordinairement aux opinions mî«
la réalité , puifque (elon Ffa-Pado , à ne toyennes, c'èftqu'an-lieude réfoudre mieux
ctmfulter que les raifons humaines , elle les difficultés , il eft expoff à celles A^% deux
fembloit prévaloir fur l'autre^ à laquelle il partis. Car la prentière partie de fon (yt
ne donne d'avantage que du côté de l'au- tème eft fujette aux mêmes objedHonsqoe
torité. Mais de ce côté-là même l'opinion celui des Thomiftes ; & la dernière a lea
des Thomiftes n'a pas tout l'avantage que mêmes inconvéniensque l'opinion des Mo*
notre auteur femble lui attribuer , puifque liniftes.
la plûpan des paflàge» fur le(quels>ils fe lovt»
DE TRENTE, Livre IL
371
quepouc cet effet il lui avoit préparé des moyens très puiflfants , très-effi-
caces , & infaillibles ; Qu'à Tegard des autres , il auroit voulu que tous mdxlvx.
fuflènt fauves , & qu'il leur avoit préparé pour cela des moyens (uffifans , ^^^^ ^^^
qu'il avoit laifTé à leur liberté d accepter & ae fç fauver , ou de rejetter & de
je perdre : Que de ceux-ci il y en avoit un aflez grand nombre qui en ac-
ceptant ce fecours fe fa^voient , quoiqu'ils ne fuuent pas du nonibre des
Elus ; & que d'autres qui rejettpient ce fecours fe damnoient, faute de co-
opérer à la Grâce que Dieu leur donnoit pour les fauver : Que la feule vo-
lonté de Dieu étoit la çaufe de la Prédeftination des premiers \ que le falut
des féconds étoit l'effet de l'acceptation > de la coopération , & du bon ufage
qu'ils avoient fait de la Grâce , & que Dieu avoit prévu 5 & que la réprr
bation des derniers venoit de la prévifîon que Dieu avoit faite du refus c
:o-
oa
de l'abus volontaire qu'ils avoient fait de fon fecours : Que tous les paflàgCs
de S. Jean Se de S. Paul, &tous les autres endroits delïcriture qu'on avpjt
allégués pour la défcnfe de la première opinion , & où tout eft attribué à
Dieu & marque une infaillibilité dans l'Eleâion > ne dévoient s'entendre
que des premiers , qui étoient diftingués d'une manière privilégiée ; mais
que les exhortations , les avertiflèmens , & les fecours généraux fe rappor-
coient à tous les autres qui ne fortent point de la voye commune , & qui je
lâuvent s'ils veulent écouter ces avertiflèmens & profiter de ces fecours , ou
fe damnent par leur propre faute , s'ils les rejettent : Que le nombre de ce
peu d'Elus privilégiés étoit fixe & déterminé devant Dieu > mais que celui
des autres qui fe lauvçht par la voye commune & le bon ufage que fait leur
Liberté de cts fecours , ne l'étoit que fur la prévifion des œuvres de cha-
cun. Catharin ajoutoit : Qu'il s'étonnoit de la ftupidicé de ceux qui difoient
que le nombre ces Elus étoit certain & détermine , & que cependant d'au-
tres pouvoient encore fe ûuver, ce qui étoit .dij;c qu'un nombre pQuvoit
£cce déterminé & en mhxy^ tems s'augmenter ; aui£-bien que de celle des
Théologiens , qui (butenant que les Réprouvés ont un fecours fuffifant pour
.' fe fauver , en dcmandoient pourtant un autre plus grand , ce qui étoit dire
qu'un fecours fuffifant ne fuffifoit pas. 79 H dit enluite : Que l'opinion de
S. Auguflin avoit été înouie avant ce Père : Qu'il avouoit lui-même qu'on
ne la trouveroit point dans ceux qui avoient écrit avant lui , & qu'il ne
l'avoit pas toujours cri^ véritable lui-même *, mais qu'il avoit rap-
porté aux mérites les décrets de la volonté divine , lotfqu'expliquani: ces
paroles» Dieu fait fmfiricorde à qui il lui plaît ^ & endurcit qui il veut ^W
avoit dit que la volonté de Dieu ne peut pas être injufle , parce qu'elle eli;
j^. Il dit enfuîu , que F opinion de $•
'Auguftin avoit été inouïe avant ce Père ,
&c. ) Du moins elle avoit été peu fuiTÎe
lians TEglife > Se (bit qa*pn neût pas eu
occafion d'y traiter cette matière à fond ,
ou qu on fe Sk prévenu contre une opi-
nion quon confendoit prefque avec la Fa-
talité Sto'iqpe Teâra(ci(ée par les Manichéens»
il eft certain qu avant S. Àugufiia {on fyÇ"
tètxxe ^voit eu peu de patrons , & qi|e la pii«
blication qu'il ren fit excita bien des troubles
ôc Aes difputes > qui appaxeoimeot ne £ni*!
xomqu'avec le monde.
Aaa L
'371 HISTOIRE DU CONCILE
iiBxiTi. fondée fur des mérites très cachés *, qu'il y a une grande diverdté dans les
Paul III. pécheurs > & qu'il y en a quelques-uns qui quoiqu'ils ne foienc point Juftî-
■ hés font cependant dignes de 1 ctre : Qu'il ctoit vrai que dans la fuite »
emporté par la chaleur de la difpute contre les Pélagiens> il avoir penfé Sc
parlé d'une manière conrraire *, mais que dans ces tems mêmes , lotfqu*on
fut inftruitde fes nouveaux fentimens, tous les Catholiques en furent fcan-
dalifés , comme S. Profpcr le lui manda : Que Gcnnadc de Marfeille , dans
le Catalogue des Ecrivains Eccléfîaftiques qu'il compofà cinquante ans
après , diloit » que ce Père avoic vérifié par fon exemple la maxime de Sa-
p » lomon , quon * ncfaurou éviter Us fautes en parlant beaucoup \ mais que ce«
^9' ' pendant fa faute 3 quoiqu'exagerée par (es ennemis , n'avoir point encore
taie naître d'Héréfies : comme (i ce judicieux Auteur eût prévu que cette
opinion , comme on le voyoic au jourd'hui , produiroic un jour quelque Sedte
& quelque dividon.
^^ La cenfure du fécond Article varia félon les trois opinions que nour
venons de rapporter. Catharin » conféquemment à lefficace qull attribuoit
à la volonté de Dieu à l'égard de certains Elus privilégiés , en jugeoit la pre-
mière partie véritable ; mais il condamnoit la féconde comme fauflè , vu ta
fufEfance des fecours que Dieu accordoit à tous , & la liberté qu'ils avoieat
d'y coopérer. Ceux qui rapportoient au confentement de l'homme toute tu
caufe de la Prédeftination » condamnoient toutes les deux parties de la Pro-
podtion. Mais ceux au contraire qui fuivoient le fentiment de S. Augtifiin^
6c l'opinion commune des Théologiens > fe fer voient d'une diftinâion »
'' & difoientque la Proportion étoit vraie dans Ufens çompofiy mais con-
80. La cenfure du fécond Article varia
félon les trois opinions que Von vient de rap-
porter* ) Il feinbloit pourtant , au'aacune
Ecole ne dât le condamner , put(qae , foit
que l'on fuppofe la Prédeftination avant
ou après la prévifion des mérites , il eft
certain qu'elle ne peut changer après cette
prérifion. Il eft donc également vrai dans
cous ces (Vftêmes ^ que les prédeftinés ne
peuvent périr , ni les réprouvés fe fauver.
Car quoique félon les Moliniftes la caufe
de la Prédeftination fe rappone au confen-
tement de l'homme qui peut changer •
& que par la nature de la chofe même
elle foit variable} elle ne i'eft plus, pré-
fuppofé la préfcience infaillible de Dieu,
qui feroît trompée , fi ce nombre ve-
noit à changer. Ainfi ^ foit que l'on fup-
pofe la Prédeftination gratuite , ou non , il
fufHt pour juftifier la vérité du fécond
Article , que l'on admette en Dieu la pré-
fcience in£ûlUble des contingens , qui eft
la doArine générale des Ecoles , & qui
n'eft contredite bon de l*Eglire Romaine
que par un trés-petic nombre de Théob«
giens.
Sx. //r difoient que la Propofition étoit
vraie dans le fens propoft* ) La doéhine do
fens compofé & du fens diviS , eft une
chofe très- claire fous des termes ailèz ob^
cun. Tout le monde conçoit clairement i
qn^un homme aflîs a toujours la liberté de fe
lever après , mais qu'il ne peut être a(Es
& debout en même tems. L'obfcorité des
termes eft tout ce qui &it le myftère de
cette diftinélion. Mais le malheur eft que
ces fortes 4e folutions ne font illufion qu'aux
fimples , & ne refolvent aucune difficulté»
PalUviciny L. 8. c. 14. taxe d'ignorance
Fra-Paolo , comme s'il avoir fiit dire aux
Scolaftiques , que l'homme a la Liberté ,
parce qu'il peut faire en un autre tems ce
u'il ne peut pas faire dans le tems pré-
tm. Mais ce n'a jamais été la penfée de
?.
DE T RE N T E, Li VUE IL 37}
tdamnable dans U fins divijî : fubcilité qui ne faifoic qu'embrouiller les mdxltx.
Pères auflî-bicn que ceux qui la propofbienc , quoiqu'ils râchaflcnt de Te- ^^"^ ^^^- '
claircir par cet exemple ; qui cft , que lorfqu on dit qu'un homme qui fe — — — ■
xcmue ne peut pas être en repos » cette Propontion eft vraye dans Uftns
compofiy^zxcz qu'on entend qu'il ne peut pas être en repos dans le tems
même qu'il fe remue \ mais qu'elle eft fauHè dans U fcns divift , parce
ipplication,on ne pouvoir pas dire qu'un prédeftine pur
ner en un tems où il n'avoit point éce prédeftine » ayant toujours été tel ;
& que d ailleurs le fensdivife ne pouvoir jamais avoir lieu dans le cas ou
Eaccidenr eft inféparable du fujet. Qulelques autres croyoient fe mieux ex*
pliquer en difant que Dieu régit & meut chaque chofe félon fa propre na«
ture , qui dans les chofcs contingentes eft libre , & telle qu'avec Tafte même
il refte toujours le pouvoir de faire le contraire : d'où venoit que pofé l'aâe
de la Prédeftination , on confervoit toujours le pouvoir d'être réprcmvé
& de fe damner. Mais on entendoit encore moins cette folution , que
l'autre.
** On s'accorda parfaitement fur la cenfure des autres Articles, y Sur le^ Flcury, L.
troinème & le (ixième on dit, que ç'avoir toujours été le fentiment de l'E- H}- N'^yj.
glife , que plu(ieurs reçoivent ôc confèrvent pour quelque tems la Grâce ,
qui la perdent enfuite éc fe damnent 9 témoins les exemples de Saiil , de Sa^
lomon y ôc de Judas l'un des douze Apôtres , mais principalement de ce
dernier , dont la perre eft moins conteftable , à caufe de ces paroles que
Jefus-Chrift adreflè à fbn Père: * foi gardé tn votre nom ceux qui vous m ^avit[ x. Joh.
donnés^ & aucun deux rieji piriy que U Fils déperdition. On joignit à ces XVII. ii.
exemples ceux de Nicolas l'un des fept Diacres , & de quelques autres que
t'Eaiture condamne après les avoir loués ; & on y joignir celui àt Luther
même , comme au-deUus de toute exception & le plus convaincant de tous.
i^tre Hîftorîen, qoife (trt feulement ibrt
«propos de lacomparaifon qaapponent les
Scolaîliqoes ^ pour montrer comment un
homme dans Taûion conferve la liberté de
fiûre l'adion contraire. Il foatient qaecet
exemple n'a nul rappoR à ranicle de la
Prédeftination ) & ne pent fervirâ l'expli-
quer. Cétoit far cela qu'il falloir l'attaquer,
s*il avoit tort , & non . pas chicaner un
Auteur (ur de faux fens qu'on lui prête ,
comme fait ici le Cardinal.
81. On s^ accorda parfaitement fur la
cenfure des autres Articles , &c. ] Il n'y a
xien d'étonnant dans cet accord. Car la
plupart de ces Anicles étoient G. évidem-
ment &ox dans leur fex» nacuxel , qu'on ne
fauroit jnftifer ceux qui les avoient en(èi-
gnés qu'en TuppoGint qu'ils les entendoient
dans un Cens plus mitigé. Comme par exem-
ple, loriqu'ils difoient que les Elus nepou^
voient perdre la Grâce ^ ils ne vculoient
dire autre chofe finon qu'ils ne lapouvoient
perdre finalement , ce qui revient au fyf-
téme commun des Thomiftes.' Il en écoic
ainfi de la plapart des autres Articles. Mais
comme ces fens mitigés n'écoient pas le
(ens le plus dired de ces Propofitions , on
s'accorda d'autant plus ai(ément à les con-
damner , ' qu'en n'en nommant point les
Auteurs on leur lailkit la liberté de %*tn
juftifier en défayouant les fens condam-
nés.
374 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvi. On ajoutoit en parricalier fur le fixième Article , qoe la vocation en queT-
Paul. ni. lîon ne feroit qu'une dérifion impie , fi les hommes étant appelles , & fai-
"~""""" fant tout ce qu'il falloit de leur part , ils n'écoient pas admis 5 & que d'ail-
leurs les Sacremens ne feroiene d'aucune efficace pour eux > choie que l'on
r^ardoit comme pleine d'abfurdité.
A la Propofition cinquième on oppofoit le témoignage direâement con-
4Ezc:h. traire du Prophète Ezéchiel où il eft dit, * qnc^lt Juftcfc détourne de la
III. 10.* ^jujluc & commet Viniquité , Dieu nefefouviendraplus du bien quil avoit fait
XVIII. 14. auparavant. On ajoutoit l'exemple de David ^ qui avoit commis un homi-
cide & un adultère ; & ceux de Madeleine , & de S. Pierre cpi avoit renoncé
a Jefus-Chrift ; & on fe moqua beaucoup de l'extravagance des Zuingliens »
qui foutenoient en même tems que l'homme juftifié ne pouvoit perdre ia
érace > & que cependant il péchoit dans toutes îcs œuvres : Propofitions
évidemment contradi<%oires.
^NFiN les deux derniers Articles furent unanimement condamnés de
témérité , & l'on conclut que perfonne ne pouvoit croire fa prédeftinarion
certaine , que ceux d qui Dieu l'avoit révélée fpécialemenr,comme à Moyfè
& aux Difciples > auxquels il avoit été révèle qu'ils étoient écrits dans le
Livre de Vie.
Les Théologiens ayant achevé l'examen des Propofitions qui r^rdoient
le Libre-arbitre & la Prédcftination , on forma les Canons fur cette matière
f)our les inférer parmi ceux de la Juftificarion , de la manière qui paroîtroic
a plus convenable. Il y eut encore fur cela bien des oppofitions, l'un re-
prenant un endroit & laurre un autre , à mefure qu'ils trouvoient quelque
parole qu'ils croyoient pouvoir ponêr quelque préjudice à leur opinion par-
ciculière.
Jacques Cocco Archevêque de Corfbu fit remarquer : Que comine les
propontions avoient été ccnfurées avec différenres reftriâions ou explica^
tions , il falloit ajouter ces reftriâions aux Ana thèmes, pour ne pas con^
damner abfolumcnt des propofitions qui pouvoient avoir un bon fens > par«
ce qu'il étoit de Ihumilité de recevoir toujours l'interprérarion la plus favo-
rable, & que c'étoic un dévoir de charité de ne point penfer le mal. Mais
|)lufieurs s'y oppoferent > tant parce que les anciens Conciles avoient con-
damné purement & fimplement les propofitions hérétiques fans aucune li-
mitation , & telles qu'elles avoient été avancées par leurs auteurs ; que
garce qi^e pour condamner un Anicle en matière de Foi , il fuffifoit qu'il
\i un fens faux , qui put induire les fimples dans l'erreur. Les deux opi-
nions paroifloicnt fondées en raifon.* La première , parce qu'il étoit juftc
de (avoir quel fens écoit condamné. La féconde , parce qu'il n'étoit pas de
la dignité du Concile de limiter les propofitions des Hérétiques. On ajou-
toit a cela: Que tous les Canons étoient compofés de manière, qu'on y
marquoit Terreur condamnable , puis les motifs fur lefquels on fondoit la
condamnation , en rapportant les endroits de l'Ecriture & la doûrine de
TEglife , à quoi l'erreur étoit oppofée : Que c'étoitla méthode qu'avoir pra^
DE T R E NT E , L i t r e II. jyy
liquée le Concile d'Orange ,& celle qu'on avoic fuivie tout DQjHvellcment mdxlvj.
dans la dernière Seffîon fur rarcicledjiP^cbé originel. Mais comme la nlu- ^^"^ ^^^'
paEC crouvoienc qu'ea fuivanc cette méthode la Teûure des Canons de vicn- — "~~"^
droit longue & ennuyeufe, & que Icraèlan^e de la vérité avec Ja faufTe-
te i Se des cbofes condamnées avec celles qui étoient ajpprouvées , les rea-
doit moins inteUigibles ; TEvèque de i^zWjTii^/ia proposa un expédient plus
commode 9 ^ qui remédioit aux deux inconvéniens , & qui étoit de faite ^Hcury,!^
deux Décrets, pour féparer la doârine Catholique de celle qui lui étoit i43*N^75.
fuite la dodrine Catho-
& on condamneroit &
qui y étoient contraires. L'expé-
dient fur approuvé de tout le monde ', 6c en conféquence de la délibéra-
tion on forma d'abord féparément les Ânatbèmes > & on travailla enfuite
i former l'autre Décret. Ce dernier fut appelle le Décret de Doârine ^
& on donna à l'autre le nom de Canons. L'ordre que l'onintroduiiît aloi:s>
fut encore fuivi dans la féconde &c la troifième reprife du Concile.
Le Cardinal dt Sainte Croix prit des peines incroyables dans la compofi-
cion de ces Décrets , évitant autant qu'il lui étoit podible d'y rien infé-
rer de ce qui étoit contefté encre les Scolaftiques , 6c exprimant Ibs choies
qu'il ne pouvoit omettre » avec tant de prudence ^ que chacun en redatik'- ^
tisfair. Il faifoit attention dans toutes les Congrégations à ce que chacun
pouvoit defapprouver ; & le fupprimoit, ou le corrigeoit, fur les avis qu'il
avoir reçus. Dans les entretiens mcmes particuliers il écoutoit les doutes
de tout le monde , 6c den>andoit l'avis de chacun. Il changea diveribs fois
Tordre des matières ; & réformant tantôt un endroit 6c tantôt un autre »
il mit enfin les Décrets dans la forme où ils font aujourd'hui , 6c qui eut
alors l'approbation générale de tout le Concile. Il eft certain que l'on tint
fur ces matières cent Congrégations , tant des Prélats que des Théologiens ;
que depuis le commencement de Septembre jufqu'à la fin de Novembre il
ne fe pa(Ià pas un feul jour, que ce Cardinal ne mît la main à ce qui avoir
été écrit, ècyùt quelque changement , faifant attention jofqu aux moin-
dres chofes. On conferve encore des Minutes de ces ckangemens,*dont je
ne rapporterai que deux comme un échantillon de plufieurs autres , dont
il feroit ennuyeux de 'ftdrc mention. ^ ^^ Dans le premier Chapitre du c Flcury ,L.
Décret de DoArine on avoir d'abord mis d'un confentement générai , qQei4?N''.87.
Pallav.L.8.
c IX
. -.83. Dans, le premier Chapitre Je Décret Hiftoricn , on verra qa*il n'y eft pas dit *
de DoBrint on avait d* abord mis , Sic. '\0n un mot des Francifcains , & qa*au-Ileu
doit être , ce me femble , fore furpris du te- de (ê moquer de cette corredion , il fait
proche que fait ici Paâavicin à Fra-Paolo remarquer combien elle étoit )ufte. En lî-
d'ayoir avancé que cette correAioa od Ton fànt quelquefois la cenfiire que le Cardinal
avoir mis la lettre de la Lpi pour la Loi ^ £ûc de ion adver&ire , on feroit tenté
atott été faite *à rinûance des Fiancifcains , de croire ou qa il ne Ta point lu , ou Qii*il
& de s'en être moqué conmne de quelque n*en a vu que des Extraies ion infidè-
cKofe foit impropre. Car fi on lit notre les.
37tf HISTOIREDU CONCILE
MoxLvi. Us Gentils ne pouvoum pas fc dnrdc fefclavage du péché par Us forets dg
Paul IIL ^ J^ature , ni Us Juifs par la Loi de Moyfc. Mais parce que plafieuts fou-
^ cenoienc que la Circoncifion reraettoit les péchés, & qu ils appréhendoienc
Sue ces paroles ne préjudiciafTenc à leur opinion » quoiqu'en plus d*un en-
roic S. Paul eue die la même chofe en termes formels *, le Cardinal pour les
{acisfaire, aulieu de ces paroles : Per ipfam Ltgem Moyfis^ mit celles-ci,
Per ipfam ctiam Uncram Lcgis Moyjîs : & les moins verfés dans la Théolo«
gie peuvent voir aifémenc , combien cette parole littcram convient parfai-*
cément en cet endroit* Au commencement de même du Chapitre neu«
vièrae, lespartifans de la certitude de la Grâce n étant pas contens de ce
qu onavoit dit , que les péchés ne font point remis à Thomme par la certi-
tude qu il a de leur remillion , & par la confiance qu'il y a *, le Cardinal
pour les fatisfaire ora le mot de certitude^ &cy fubftitua celui de préfom-
ption ou dc/aSance ou de confiance en elle. ^^ Ainfî encore à la fin du me-
me Chapitre , où Ton voit que la raifon qu'on donne de ce que chacuQ
doit toujours vivre dans la crainte , c'eft que perfonne ne peut f avoir c«r-
tainement 5*il a reçu la Grâce de Dieu ; Sainte Croix pour contenter une
des parties fit ajouter , de certitude de foi. Et comme les Dominicains in«
fiftoient qu'on ajoutât encore le mot de foi Catholique , & que les parti*
- fans de Catharin vouloienr qu aulieu de foi Catholique on mit d'une foi
qui ne foit fujette à aucune erreur ; le Cardinal crut devoir choifir cette
dernière expreflfion comme plus propre à fatisfaire les uns & les autres ,
i/Pallav. L ^ parce que les uns en inféroienc que la certitude de foi qu'on a fur cet
8.C. II. article peut devenir faulTê & par conféquent incertaine, & que les autres
au contraire en concluoient ,que cette certitude ne pouvoit être fufceptible
d'aucun doute & d'aucune faufleté pendant que Ion étoit dans cet état de
Grâce » mais que par le changement qui pouvoir arriver en paflant de l'é*
tat de Grâce â celui du péché elle pouvoit devenir fau(Iè, comme toutes
les vérités du préfent contingent , qui quoique certaines & indubitables
en elles-mêmes, deviennent faufTès par le changement des chofes; aulieu
que la foi Catholique eft non-feulement certaine mais encore immuable,
• parce
S4. Aif^ encore à la fin du mime Cha*
pitrty où l'onyoii quila raifon qu on donne^
&c. ] La raifon que rend ici Fra - Paolo
At rincenicode de cette foi eft, qu'elle
peut devenir faulTe lorfque le Jufte paflè
de l'état de grâce à celui de péché. Pal-
lavicin prétend au contraire, que cette in-
ccnitude vient ou de celte qui accompagne
«ne révélation particulière , ou l'ignorance
d'un fait qui n*a pas la même certitude
que la Proportion générale à laquelle elle
eft jointe. Mais il eft vidble , que ce ne
peut point avoir été la la penlœ de Ca-
tharîn » ptûiqoe s'agiflânt de la cenitode
que rbom.T>e a de fa prope Juftificacion , il
ne peut avoir de doute ni flir fk propre
révélation particulière , qui eft Tappolée
venir de Dieu même, ni fur aucune cir-
conftance qu'il ignore, paifqu'il connoîr
par fentiment ce qui regarde Tes difpofi-
tions intérieures. L'incertitude de cette foi
ne peut donc venir que de la mutabilité
de l'état du Jnfte : & quoi qu'en dife Pal-*
lavicin , c'a cerrainement été le véritable
fentiment de Catharin.
ts.Je
?
le
DE TRENTE, Livre II. J77
parce qu'elle a pour objet des dbofes néceilàires ou palTées » qui ne peu- u^xvrù
^cnt pas être fulceptibles de changement. ^^^^ ^^'
Au fond y fi l*on veut bien refléchir fur tous ces faits particuliers » on
iie peut refufer au Cardinal de Sainu Croix toutes les louanges qu il mérite
pour avoir fu contenter des perfonnes fi attachées à des opinions toutes con-
paires ; Se fi Ion veut s'en ailurer davantage , il n y a qu à fe fouvenir
qu'aufii-tôt après la Seffion où l'on traita de cette matière , Dominique Soto %
lii tenoit le principal rang parmi les Dominicains , écrivit trois Livres
bus le titre Dt ia Nature & de la Grâce , pour fervir de Commentaire à la
doâxine du Concile > oii il prétendit qu étoient établies toutes fes idées \ Se
qu'en même tems Andri Vïga > qui étoit le plus accrédité des Francifcains »
publia quinze grands Livres de Commentaires fur les feize Chapitres de ce
Décret , & les interpréta tous en faveur de fon opinion : quoique ces deux
Théologiens non-feulement différadènt de fentiment dans prefque tous les
Articles , mais que dans plufieurs même ils enfeignaflènc une doârine évi-
demment contraire. Ces deux Quvrages parurent en mdxlviii \ & quicon^
que en les lifanc vçrra que ces deux hommes > qui étoienc les plus efliimés
& les plus fa vans du Concile , donnent fouvent aux paroles du Décret , au-
quel ils avoient eu plus de part que perfonne , des fens contraires & douteux»
il s'étonnera qu'ils n'ayent pas connu le véritable iens ou le vrai but du Con-
cile. D'ailleurs puifque les autres, qui ont encore écrit depuis^ & qui étoienc
intérefTés aux déciuons du Synode , eo ont parlé avec la même diverfité »
* f je n'ai pu pénétrer fi cette Adèmblée a jamais été d'accord dans le (cns
des décifionsyou s'il n'y a eu entre eux qu'une fimple union dans les paroles.
Mais pour revenir au Cardinal , aufii-cot que le Décret eut été approuvé i
Trente , il l'envoya au Pape, qui le fit examiner par des Moines & d'autres
gens de Lettres, qui Tapprouverenc au(fi tous> parce que chacun pouyoic
finterpréter félon fon propre fentiment.
J'ai raconté tout de fuite ce qui s'étoit traité en matière de Foi , pour ne
point féparer des matières qui avoient une liaifbn naturelle entre elles.
Sf. Je n ai pu pénétrer fi cette Affem-
hlée M jamais été d^ accord dans U fens des
décifions , &c. ) Ce que dit ici Fra-Paolo en
général de cous les Décrets qui regardent
la matière de la Juftification , Pallavicin ,
L. 8. c« i I. le veut faire entendre du feul
anicle qui regarde la cenitude de la
Grâce > ce qui eft d*une mauvaife foi d'autant
plus fenfible , que notre Hiftorien parlant
ici de la difpute qui s*cleva entre Soto 8c
f^éga , il eft vifîble qu'il s'agiflbic dç toute
la matière de la Juftification. On ne doit
pas s'étonner au rede , que Fra-Paolo
ignorât quel étoit le véritable (èns du Con-
cile aufujet Aes controveifes qui étoient en*:
Tome I.
trè les Ecoles « puiCqae les Pères s*étoienc
fait un devoir de ne les point définir. Il
fttffifbit pour l'objet du Concile qu'il con-
damnât les erreurs , fans entrer dans àts
précifîons fuperflues. En cela (à prudence
étoit extrtme : Ik fi on a quelque reproche
à &ire aux Pères , c'eft de n'avoir pas roa-
joun exa^ment fqivi la mènie régie.
Cependant à travers de tout le ménagemene
que le Synode a obfervé , on découvre ce
nae femble affez fenfiblement , que le Con*
cile penchoit beaucoup plus pour le fentî-'
ment des Francifcains que pour celui des
TbomifieSf
Bbb
iy$ HISTOIRE DU CONCILE
mxLTt. Maison n'avoic paslaifTé encre-cen» detraicer auffi de iaRéforinations& l'oil
VMVi III. pfopofa dans quelaues Congrégaâons de régler les qualités requifcs pout
**"^"" être promu aux Prelaturcs , & aux autres Mintftètes inférieurs de TEglife»
On dit fur cela des chofes crès-édifiantes , que Ton propofa avec beaucoup
d ap|mreil , mais fans pouvoir trouver moyen de les faire obferver. Car on
ne voyoit pas comment aifujetcir aux Loix qu'on pourroit faire > ni les Rois
qui a voient la préfentation aux Bénéfices , ni les Chapitres ôii TEleâion
avoir lieu » & qui étoienc compofés de perfonnes nobles Se poidanres ^ & on
ne trouvoit pas non plus convenable de donner la loi aux Papes qui ont la
collation de toutes les Prélatures » & de plus des deux tiers de tous tes antres
Bénéfices. Ainfi après beaucoup de longs difcours on conclut qu'il valoir
mieux ne point toucher à cette matière.
L'on ne difcourûtpas moins amplement fur laRéfidence. Mais quoiqu^on
ne prit pas alors la refolution qui étoit néceffkire » & que beaucoup de per-
fonnes defiroient , on ne laifTa pas de propofer confufémcni bien des choies»
qui fervirent à. préparer les matières pour un autre tems. Cependant , pour
bien entendre ce que l'on a à dire fur ce fujet , il faut reprendre cette matière
dès fon origine.
Attira Mf' LXXXI. Les Grades Eccléfiaftiques ^ ne furent pas établis dans leur
f util fur commencement > fur le pied des dignités» de prééminences > de récom^
^i^RéTd ' P^'^^ ^^ d'honneurs , oomme ils font aujourd'nui & depuis plufieurs fiè«
cêtp^urfit' ^^^^ "^**^ ^"^ ^^^"^ ^^ Miniftères Se d'Offices, auxquels S. Paul ^ donne
vJir fi ilU le nom àiOtuvrts y dans le même fens que Jefus-Chrift a appelle ceux qui
efi di Droit en étoient revêtus > i des Ouvriers. Selon cette idée , ceux qui étoient
divinonhu" chargés de ces Offices étant obligés de les remplir par eux-mêmes , ne poc^
Tvsilhy L vo*^*^^ P^^ avoir la penféede s'anfenter ; ou s'ils le faifoient , ce qui arri-
s. c. 17. voit rarement, ils ne pou voient avec raifon retenir ni le ritre ni les fruits
/i. Tim. de leurs charges. Quoique même il y eût deux fortes de Miniftères» Tun
appelle anciennement le Miniftère de la parole, & aujourd'hui le foin des
Ames, & l'autre qui regardoit le foin du temporel , c*eft-à-dire» le fer-
vice des pauvres 8c des malades , exercé par les Diacres & les autres Mi-
niftres inférieurs ; ces différentes fortes de Miniftres fe croyoient également
obligés d'exercer leur Office en perfonne , Se ne s'avifbient point d'y pour-
voir par des Subftituts , fi ce n*ecoit pour un tems très court & pour des
caufes très-preflanres, ùaxs jamais prendre d ailleurs aucun Emploi» qui
III. I.
;Matt.
IX. 38.
pour
Eccléfiaftiques , foit â lire l'Ecriture Sainte , oui d'autres fonéhons dédi-
te. Bt les Fidèles s^étant itmhipiléipër tems trant hi fm dfs pefflkmions , côm-
bt pndesperflattions ^ r<m injîitua uréjU" me on le vofc par les Epicres it S. Cy*
tnfifrte de Mmifires y Sic* ] Cela n'eft pas pHen , de par plufietirs adtres Monmnens
toat-à-fàic ex^^ puîfque la plâptR éé ces Eccléfîafliijaes anténeun au tems dt Cim^
Miniftres inféiieors lorenc établis long- AMût.
D E TRENT E, LrrjLB U. 17^
nées à exciter la dévotion- On établie auili des Collèges de Miniftres qui UDttfù
travailloient en commun , 6c d'autres qui fu0ènc comme autant de Sémi- ^^^^ ^^
saires , d'où Ton tirât des Pafteurs déjà tout ioilruits. Ceux de ces Collé- *
ges qui n'écoient point chargés perfonoellemeat de l'exercice du Miniftère»
s*abfencoient quelquefois de l'Eglife » foit pour s'appliquer à Tétude , foie
pour s 'inftruire , ou pour quelque autre caufe également jufte» les uns pour
plus , les autres pour moins de tems , parce que l'abience d une peribn-
ne de plus ou de moins n'empichoit pas que le Miniftère ne fur rempli par
le Collège i mais ceux qui ècoient abfens » n*avoient alors ni le titre , ni
la charge» ni les émolumens de l'Office. AinfiS. Jcr4mc Prêtre d'Antio-
die » Rufin d'Aquilée , & S. PauUa Prêtre de Bareelone » réfidèrent peu >
parce qu'ils n'avoient point de titre particulier. Mais le nombre de ces
Portes de Non- titulaires s'étant auginenté 9 l'abus s'y glifla ; & étant deve-
nus odieux par le genre de vie qu'ils menoient i on leur donna le nom de
CUrcS'Vagabonds , & il en eft fouvent parlé dans les Loix& les Novelles
de JufiinUn. On ne penfoit point cependant encore alors à prendre le
iicre d'un Office, & â en tirer les fruits ^ fans fervir. Ce ne fut que depuis
l'an pcc i que dans l'EgUiê Occidentale les Miniftàres Eccléfiaftiques chaa^
gètent de nature, & qu'ils devinrent des. Grades de dignité & d'bonneur»
& qu'on les donna même i titre de réeompenfe pour les (ervices rendof.
De-là
motions
oiftère aue des perfonnes qui y fuffcnt propres
ces Grades » ces Oimités 1 & ces revenus conlbtmément à la qualité dei
perfonnes -, ce qui fit naître Tulage de faire exercer les Miniftères par ua
dubftitut , (pli le chargeât du travail. Cet abus en attsta bienc6r un aa«
fre> qui étoit non- feulement de fe croire déchargé du travail , mais de (b
difpenfer même d'être préfent & de veiller fur celui qu'on en avoir chareéii
Et vériublement , puifque dans les EteAions on n'avoir plus d*ég;ard i U
capacité de la perfonne pour le Miniftère , mais que le Grade n &oit pluf
coniidéré que pour honorer la peribnne , il n'y avoir plus de raifon m de
l'obliger i travailler par elle-même » ni de veiller fur celle «ju'on lui avoit
fubftituée. Le defordce alla fi loin , qu'il auroit détruit entièrement TOr*
dre Eccléfiaftique , fi les Papes n'y avotent remédié en partie , en com-
mandant aux Prélats & aux autres Curés de demeurer dani le lieu de leurs
Bénéfices , ce qui s'appelle rijîdcr , quoiqu'ils fillent exçrcçr leur Miniftère
par des Subftitucs. On étendit auffi la même obligation aux Chanoines^
Mais comme on ne parla point des autres Bénéficiers, dç qu'^ leur égard
on ne toucha point a la coutume ou plutôt à l'abus iRtrodoit, ils fe crurent
par ce filence difpenfés du même devoir *, & les Papes , qui voyoient que
cela pourroit tourner à l'agrandiflcment temporel de leur Cour , tolérèrent
fans peine cet abus volontaire. '^ C'eft dc-li qu'eft venue la diftinâion
s 7. C^efl delà^ueflvenu<Udifiin6Uon fid<ncc & de Non^rtfidtnce , &c ] Il eft
pcrnicUufc & dctefiablcdc Bc/iificcs de Ré- certain , que lien n*eft plus çentram-i
Bbbx
38ô HISTOIRE DU CONCILE
ii0XLVt. pcrnicicufc & dcccftable de Bénéfices de Réfidencc& de Non-réfîdenccr
Paul IlL diftinékion autoriféc en fpécalation aufli-bicn qu'en pratique > fans qu'on
■ rougifle de l\abfurdicé évidence qu'il y a à recevoir un rirre ôc un (àiairc
fans obligation. Mais pour ajouter le comble à cette abfurdité, les Cano*
niftesy qui dans le deifein de la pallier l'ont rendue plus nionftrueufe ,
ont interprété cette maxime du Droit , que le Bénéfice fc donne pour VOf*
fice , ce qui veut dire .. pour la charge , en ce fens , que le Bénéfice fe don-
ne pour réciter le Bréviaire qu'on appelle l'Office; ^* comme fi l'Eglifc
donnoit un revenu de mille ou dix mille écus & davantage , feulement
pour prendre en main un Bréviaire & le lire aufiî rapidement qu'on peut
abadevoix, faas même penfer à autre chofe qu'à en réciter les paroles.
LesDirpen- ^^ Maisladiftindion des Ganoniftes & les Provifions des Papes augmen-
fes dm Pétpe tètent bien-tôt l'abus » en aurorifant les Bénéficiers à regarder comme une
fur cet éirti' chofe permife > ce que fans cela quelques-uns du moins des Bénéficiers fim->
iU en fmt
fièrement l'inftitation primitive des Bénéfices > qae
cette diftinâion s puisqu'il e(l inouï dans
TAntiquicé > quon ait établi aucune Cône
de Bénéfices fans leur afCgner quelques
foni^ions s & qu'on eût regardé comme
quelque cbofe de monftiueux , qu un Bé-
néficier ffit encrecenu aux dépens de TEglife
\(àns ttre obligé de la fervir , & qu'il ne
xeçuc cette Coize d'aumône que pour vivre
plus commodément dans l'indolence, le
b&e , ou le plaifir. C'eft cependant ce qui
eft arrivé de cène diftinétion, que notre
Hiftorien appelle fi judicieufemenc une dif-
fobfervé^
de ta feïvir , ont cru remplir toutes leûri
obligations en récitant fouvent (ans atten-
tion roffice divin , qui nétoit originaire-
ment qu'une prière qui: fe faifoit en cod>
mun par tous les Fidèles à certains tems
de la journée. Kritn cependant n'eft plus
contraire à l'efprit primitif de TinAttution
des Bénéfices. Mais l'abus eft devenu fi
général & le fcandale fi grand , que le
ieul remède peut-être feroit de rappeller les
chofes à leur première origine , ou de fi]p*>
primer toat-à'£itt ces fortes de Bénffices
de Non-réfidence , pour les appliquera
tinâion fi pernicieufe & déteftable , & quelque chofe de plus utile à l'Eglife » ^
dont il montre fi bien l'abus dans fon de plus édifiant pour les Hdèles.
Traité des Bénéfices Eccléfiaftiques N°. } } •
Mais ce dont on ne fauroit trop s'étonner,
c*eft que le Card« Pallavicin loin d'en
&ire un abus , cherche à juftifier cette pra-
tique , parce qu'elle contribue , dit-il , L.
t. c» 17. à la fplendeurde TEglife. Com-
me fi la fplendeur de l'Eglife confiftoità
entretenir une troupe de Miniftres dont
tout le fervice & le mérite confiftent dans
le fafte , le luxe Se la bonne chère.
S 8. Comme ^l'Eglife donnoit un revenu
de xooo ou loooo écus 6* davantage,
feulement pour prendre en main un BréviaijCy
&c. ] Tel a été le fruit de la pernicieufe fub-
tilitc de quelques Ganoniftes , qui pour
tranquillifer la confcience de ceux des Ec-
cléfiaftiques , qui vouloient profiter des
cevenus de l'Eglife , fani être à la ptme
89. Mais la diftinSion des Canonises
& les Provifions des Papes augmentèrent
bientôt l'abus en autorifant les Bénéficiers
À regarder comme une chofe permife , &c. ]
Cefc une méprifè bien dangéreufe que
celle de croire , qu'une chofe illicite par
elle-même peut devenir licite par la conni-
vence ou la difpenfe des Supérieurs. Leur
autorité ne (!hange rien à la nature des cho-
fes > & fi un Bénéficier ne peut en confcience
recevoir un revenu Eccléfiaftique , fans en
faire l'ufage auquel ileftdefèiné par fon inf-
tttution, ri n'y a ni Bulles, ni Provifions,
ni Difpenfes,. ni coutume , qui poifiènc
rafiurer ceux qui font d'une deftination au(H
fàinte l'aliment de leur ambition ou de
leox avarice»
DE TRENTE, Livre II. 381
pies euffent jugé criminel , & donc ils fe foient faic une confcience. Quant
aux Curés , ils trouvèrent également moyen de fe difpenfer de la Réfidencc
 la faveur des Difpenfes des Papes , qui ne fe refufent jamais à quicon-
que les recherche d'une certaine manière , qui fait tout obtenir à Rome t
cnforte qu'il n'y eut plus que les pauvres qui réfidaflcnt , & ceux qui y
trouvoient quelques avantages > & l'abus, qui avoit d'abord été réprimé â
quelque peu d'égards par les Loix des Papes 3 monta bien-tôt à fon comble
i, la faveur de leurs Difpenfes , & fe répandit comme une contagion qui
infefta en peu de tems toute la Terre. Cependant les troubles de Religion
arrivés en Allemagne ayant donné occafîon de defirer & de demander une
Réforme , chacun ne manqua pas d attribuer les maux de l'Eglife à la né-
gligence & au peu de foin des Pafteurs j & le deHr que l'on eut de les
voir attachés au gouvernement de leurs Eglifes fit détefter les Difpenfes >
3u'on regardoit comme les véritables caufes de leur abfence. On commença
onc à parler fortement de l'obligation de la Réfidence ; & plufieurs per-
fonnes de piété, comme entre autres le Cardinal Thomas Cajetariy foutin-
rent qu'elle étoit de Droit divin. Et cela , comme en toute autre chofe ,
il arriva que le defordre précédent fit embralTer l'opinion la plus rigou-
reufe , & reflferrer plus étroitement l'obligation du devoir ; & l'on crut que
pour rendre moins facile la tranfgreifion du précepte, on ne pouvoit mieux
y réuffir qu'en le faifant regarder comme une Loi de Droit divin. >^ Ceux
au contraire des Prélats qui voyoient le mal , mais qui vouloient y cher-
cher une excufe en faifant paroître la faute plus légère , pour pouvoir fe
tirer d'embarras à la faveur de la Difpenfe ou au filence du Pape , appuyoienc
l'opinion , que l'obligation de la Réfidence venoit du Pape & non de Dieu.
Telles étoient les di(pofitions des Pères fur cette matière , lorfque comme
on l'a dit , elle fut propofée dans le Concile. D'abord les conteftations fur
ce point furent allez modérées ; mais elles augmentèrent dans la fuite , Se
devinrent très- violentes à la fin du Concile , c'eft-à-dire , en mdlxii Se
MDLxiii. Il étoit à propos pour bien entendre ce que nous avons à dire 5
de reprendre ainfi cette matière dès fon origine; & il ne le fera pas moins
de rendre compte ici de quelques particularités qui accompagnèrent cette
difpute.
Paul IIL
90. Ceux au contraire des Prélats qui
voyoient le mal, mais qui vouloient y cher-
cher une excufe , appuyoient l'opinion ,
que l'obligation de la Réfidence venoit du
Pape 6» non de Dieu.] Opinion monfliueufe
& dans fon principe & dans Ces conféquen-
ces. Dans (on principe : paifqae dans toutes
les obligations de Droit naturel , telle qu'eft
celle qui oblige un Padeur à prendre lui-
même le foin du Troupeau dont il eft
chargé par fa vocation , toute Tobligation
ne peut venir que de rAutear de cette
Loi qui eft Dieu-même. Dans (es confë-
quences : puifque £1 cette obligation vient
du Pape, il s'enfuit quun Pa(teurà l'om-
bre d'une Difpenfe peut abardonner légi-
timement le devoir elTentiel de fon Minif>
tère , 6c qu'il n'eft nullement refpon fable
du foin des âmes qui lui (ont confiées:
con(!k]uence qui ne va i rien moins qu'i
expofer le Pafteur & le Troupeau à la perte
réciproque de leurs âmes par la négli-
gence oà vivent les uns , & Tabandonoà
demeuienc les autres.
iU HISTOIRE DU CONCILE
joziLf I. QuQiQUB les Articles qu'on jpropofa d abord n'eudcnc pour objet que db
l'oblk
que
def CanQo$ & des Conciles f Se des témoignages des Pères , s'accordaflènc
fut ^c point , & reconnu0ènt les inconveniensdont la Non-réGdence éroic
çaufe ; néanmoins la plus grande partie des Théolojgiens > âc fur-tout des
Ponûnicains « pafla jufqu'a foutenir que l'obligation de réfider étoit éU
Droit divin. BanlUUmi Caran^a & Domimquê Soio parurent les plus té«
lés pour cette opinion ^ fondés principalement fur ces raifons : Que l'Em-
pire opat a été inftitué p^ Jefus-Chrift comme un Miniftère & un travail \
& qu'il exigeoit par qpnféquent une aâion perfonnelle, dont les abfens
pe iont pas capables : Que JefusChrid , dans la defcription qu'il donne
h Toh. X. des qualités du bon Pafteut , dit ^ qu'i/ txpoft /m vie pour fon Troupeau %
IX. 5. 4. qa*it connoit toukts fts brthis par Uur nom , & qu'// marché devant dits.
Mais les Canoniftes âc les Prélats Italiens difoient an contraire : Que U
Réfidence ii'écoit que d'obligation Ecdéliaftique : Que l'on ne trouveroit
point que les Anciens eullènt tepris ceux qui ne réfidoient pas , comm^
défobéidans à la Loi de Dieu» maisi (ùnplement tomme ttanlgrefleurs dei
Canons ; '' Que Timothie j quoiqu'Eveque d'Ephèfe > avoir pafle la plû«
part du rems en voyage pat l'ordre de S, Paul : Qu'il avoir été dit à S. Pierrt
f Joh. ' de paitrc Us brebis % ce qui s'étoit dit de toutes fans exception 5 quoiqu'il
XXL 17. 0e pût pas être préfent par-tout : Que pat conféquent 1 Evèque pouv<»t
accomplir le précepte de paître fon Troupeau > fanstcfider. Ils répondoienc
au(n aux autres, que Udefctiption que Jefus-Chrift avoit donnée d'un bon
Pafteut ne convenoit qu à lui feul*
>^ Catharm aufli > d'un avis contcaite i celui det DQmUicaini fes CoOf^
.91. Que TmotKcc^ quoi^Evtque iEphlfty entre cet denûttt A Ifs avtaes l
^voitpaffi la plupart du Hms en voyage par 9 t. Catharin aujf^ d'un 4vis eoMUrahe
Vûrdrede S. Paul. ] Cet exemple étoit al- A celui des Domnkamfi^ ^oafiiresydi'
i^ébien mal à propos contre robli^tton Jm : (^u^VEp^copat nitçitdermfiitutiatt
de la Réfidence, puilque , comme l'on (ait, da JefusChrefi que dans k Papefeuly &c, ]
les premien Evtques îtoienc réellement an- Ce qae Fra-Paolo rappone ki de Catka»
cmt 4'Ap$n:^ « dontleminiftirtn'étoit pas rin paroUroit tin paradoxe pea croyable ,
Uc a^ fçin d'une Egli(ê paniculiéte. C'étoient fi Ton ne (avoit que c*eft-là W chimère (can-
propremçnt aut^t de Miffionnaires » dpnt daleufe d'une grande partie des Italiens ,
la mnAÎQn confîftoit à répaodre TEvan* qui font du Pape non le premier ài^% Evt-
gile df to«$ c6ré$ : Se fl par leur Ordination ques , mais propreiuenc U feul , ^ qui fe
Us étoient attacher a. qiKelque EgUfe pani- rendent tellement le maître de l'Eglife,
colite t ce o'étQit pour ainfi. dire que pour qu'il n y a d'obligation que celle qu'il im«
en (aire le centre de. leur Mi^Hon , d*od ib poTe , & que par fes Diipenfès il peut reii«
pouvoient. (b rendre plus comoiodément dre licites toutes les tiah^effions des
en d'autres endroits* En pajeil cas ^ nos Xon Eccléfiaftiques. Morale aboniinable ,
Evêques ne feroient pas plus, obliges à la plus dangéreufe que toutes les Uéréfiés
îéfidence. Mais quelle coippanuibn àfai^ ({féculatives des derniers fiécles , ^ qui e^
DE TRENTE,L I VRE IL jfj
frères , difoit : ^ Que l'Epifcopac n'étoit de rinftitution de Ïcfus-Chrift MDXtttp
que dans le Pape feul , & qu'il n'écoir que d'inftitution Papale dans tous ^^^' ^h
les autres Evêques : Que comme c'étoit au Pape de leur alfîgner le nombre *"T~""*
de brebis qu'ils ont à paître, c'étoit à lui de même i leur en prefctire la * "^' ^
forme & la manière : Que par confcquent, comme il pouvoir leur affignet
nn Troupeau plus ou moins nombreux , ôc même àter à qui il vouloir la
puiÛance de paître » il pouvoir auffi leur ordonner d^exercer leur Office ou
par eux-mêmes , ou par autrui.
^ J Thomas Cttmpège Evêque de Feltri prit un autre tour , & dîr : * Que / M. ibid.
félon S. Jérôme » rEpifcopat étoit de rinftitution de Jefus-Chrift ; mais
que la divifîon des Evêchés étoir d'inftitution Eccléfiaftique : Que Jcfus*
Cbrift avoir donné le foin de paître à rous les Apôrres , mais fans les lier i
aucun lieu , comme on le voyoirpar la conduire des Ap&rres & celle dd
leurs Difciples s & que Taffignation d'une parrie du Troupeau i un Evêque,
& d une autre partie à un aurre , n*étoir que d^inftiturion Eccléfiaftique ,
afin que le rroupeau fiit mieux gouverné. ♦■
Tout cela fut traité avec auez de chaleur par les Evêques. Ceux d'Eil
pagne , qui étoient convenus fecrerremenr entre eux d'agrandir , s'ils pûu-
Voienr , l'autorité Epifcopale , non-feulement àdhéroient aux Théologien^
qui étoient pour le Droit divin ^ mais ils les foutenoient & les animoient
encore à la aéfeniè de leur fentimenr ; parce que fî l'on eût une fois décidé
que c'étoit de Jefus-Chrift qu'ils renoient la commiffion de gouverner
leurs Eglifes , c^:ût été décider en même rems qu'il leur avoir donné l'au^
torité néceflàire pour cela > 6c que le Pape ne pouvoit la reftreindre. Com-
me les partifans de la Cour de Rome preffentoienr ce deflein , & en con*
noiflbienr les conféquences , ils encourageoient autant qu'ils pouvoient le^
Théologiens contraires au Droit divin. Mais les Légats crurent mieux évitef
le péril en ^ignaur de ne s*en pas appercevoir *, & dans certe vue ils dirent :
Que la matière étoit difficile , Se avoit befoin d'un plus long examen : Que
d'ailleurs , dans les chofes conreftées entre les Catholiques , il ne conrenoit
pas de décider au pr^udice de l'une des Parties , de peur de faire naître
an Schifme,oud^exciter desdtfpiites qui les empêchalfènt d*agîr de con-
cert contre les Luthériens: Que ^ par conféquenr, il valoir mieux re- «PalfajJL
mettre i une aurrc Scffion à examiner de quel Droit étoit la Réfidencc. •• c. •,
EîiQ mieux mérité toute rattenrion & la
cenTure du Condte , que lâ (yf&part des
opinions qui y (brenc condamnées.
93. TàontéU Campigi S^êfte de Feteri y
jritun autre ttmr^ & dit i Qœ fiUn S*
Juvme pStCm] Ce que dit ici l'EyèqiH d«
Feltri , que Ja divifion du Evichés eft din^
fituMn ÊccUfiafliaae , eft tiis- vraie» mais
il en tire une ciès-ua(& confcqnence. Car
quoique l'ai^nation d'un tel Bvêqae i Qnif
teIR Pgfife ne foit que dlnlBtacion Ëcdé-
fi.iftique } cependant , comnie le (oin ea
général qa'tm Pafbat doit i Ton Y roapeâtt
efl de Droit divin Se nttttfel , FâpplicatiDh
e|ae &it l'Eglife d*an tel Evèque à an tel
Troapeaa faicqi/il devient redevable à caxnt
panie du Troupeau de fes foins < en OHiré*»
qner.ce du devoir général qui oblige tout
les Pafteors de veilki par eûx*ïptmits Oaa,
ièWbfeb^.
.3«4 HISTOIRE DU CONCILE
upxvfh D'autres écoicnc d avis qu il fufliroit de renouveller fur ce point les Ca-^
PaOi IIL nous & les anciennes Decrécales , qui croient aflez fcvères puifqu elles
■■"■■■■■■^ portoienc la peine de dcpofîtion , 6c aflez raifonnables puifqu'elles admet-
toienc des excufes légitimes-, qu'il ne reftoit qu'à trouver un moyen d'em--
pêcher lesDifpenfes>& que cela feroit fuffifant. Quelques-uns croyoient
qu'il étoit néceifairé d'ordonner de nouvelles peines , & de travailler à le-
ver les empl'chemens de la Réfidence *> que c etoit-là le point le plus impor^
tant , puiique les empèchemens étant levés » on réCcleroit enfuite > qu'il
impbrtoit peu d'où vînt l'obligation i pourvu qu'elle fût pratiquée > 6c
que quand cela feroit fait , on pourroit mieux difcuter cette matière. La
plupart des Pères furent d'avis qu'on fît l'un & l'autre > & les Légats y
confentirent , à condition qu'on ne parlât point des Difpenfes > mais que
pour faire qu'on n'en demandât pomt» il falloit prévenir les empècne*
mens qui naiflbient des Exemtions. Sur cela il s'éleva une autre grande
conteftation entre ceux qui regardoient comme autant d'abus toutes
les Exemtions , & ceux qui kfs croyoient néceflaires ôc n'en condamnoie ne
que l'excès.
S. Jirômt enfeigne que dans les premiers tems du Chriftianifme le^
Eglifes , comme dans un Gouvernement Âriftocratique , étoient gouver-
nées par le commun Confeil du Presbytère ; mais que pour obvier aux di*«
vifionsqui s'y formoient, onintroduifit le Gouvernement Monarchique «
en donnant toute la Surintendance à l'Evèque > à qui tous les Ordres de TEi*
glife obéiflbient , fans qu'il vînt en penfée a perfonne de fe fouftraire de fôn
autorité. Les Evèques voidns , dont les Egliies étoient plus liées enfembtc
parce qu'elles étoient dans la même Province » fe gouvernoient aufli ea
commun par des Synodes , dont on coniideroit l'Evèque de la Ville capitale
comme Chef , pour lequel , afin de rendre lé Gouvernement plus facile f
on avoit beaucoup de déférence. Puis pour étendre davantage la commu-^
nion que routes les Provinces d'une même Préfcârujre avoient enfemble»
l'Evèque dç la Ville où réfidoit le Préfçt , acquit pat coutume une certaine
fupériorité fur les autres. Ces Préfectures étoient Rome avec les Villes
fuburbUaircs ; Alexandrie , qui comprenoit V Egypte > la lÀbyc , & la Pea^
. .. tapole ; ôc Antiocht^ fous laquelle étoient la Syrie û les autres Provinces
^ de VOrieru. On garda le même ordre dans les petites Préfeâures , qui s'ap-«
pçUoîent en Grec Eparchies. Le premier Concile de Nicée tenu fous Coi^
ftimtifi confirma par un Canon cctjc formç de Gouvernement , que Tqfag^
âyoît introduite, Se qu'on trouvoît utilç ; Çz chacun étoit alors fi éloigné,
jtm ^^À.^^À.^ -,'-.«- — -.- j^ ^^^ ^^j^^ i^-z 1^- -prééminences d'hoo^
c que c'étoit le. lieu
paflé (a vie » & où le Chriftianifme avoit pris naif«
iknce» le Concile de Nicée ordonna que ces prérogatives d'honneur IxÀ fe«»
roienc confervées , mais fans que l'Evèque de Céfaréé perdît tien de la
fiipérîorité qu'il avoit comme Métropolitain. La fondation & l'établiAç-»
itiçnt de plufieurs Monaftérçs c^çtjr^ Se ppmbrçux fit ^Itérer iians ITslift*
tatino
DE TRENTE, Livre II. j8y
Latine cette forme de Gouvernement , quia toujours fubfifté dans TEglife wDXLvt.
Orientale. Il s éleva des conteftations entre les Eveques&cles Abbés, gens P^^lIII.
accrédités & puiilans , dont les vertus éclatantes iaifoient ombrage aux
Evêques -, ^+ Se ces Abbés, foit pour fe délivrer des incommodités teintes
ou réelles que leur caufoient les Evêques , foit pour couvrir Tambition qui
leur faifoit fouhaiter de fe fouft r aire d une foumifliion légitime, obrinrenc
des Papes d'être reçus fous la proteâion de faint Pierre , ôc de ne dé^-endre
immédiatement que du Saint Siège. Cela tournant au profit de la Cour
de Rome , puifque celui qui obtient des privilèges eft obligé de foutenir
rautorité de celui qui les accorde, tous les Monaltères fe trouvèrent bieniôc
exemts. Les Chapitres des Eglifes Cathédrales, qui pour la plupart étoienc
alors Réguliers , obtinrent de pareilles Exemtions fous les mêmes prétextes.
Enfin les Congiégations de Clugny & de Cîteaux fe rendirent entièrement
exemtes , ce qui îervit beaucoup a agrandir l'autorité des Papes , qui par-
la fe faifoient par-tout des Sujets intérelTés à devenir leurs défenfeurs, i _
caufe de la proteâlon qu'ils recevoient eux mêmes du Saint Siège. S. Ber-*
nard y qui vivoit de ces tems-là dans la Congrégation de Citeaux , ne
goû'a pas cette innovation. Il remontra au contraire au Pape Eugène Illi
Que ces Exemtions étoient autant d'abus , & qu'on ne devoit pas approu«
ver qu'un Abbé refufôt d'obéir à fon Evêque , ni un Evêque à fon Métro-
politain > Que 1 Eglife Militante devoit prendre pour modèle la Triom-
phante , ou jamais un Ange n'a dit qu'il ne vouloit point être fournis à un
Archange. Mais que n'eût il point pu ajouter d ces plaintes, s'il eût vécu
dans les fiècles fuivans ? En effet , les Ordres Mendians ne fe renfermèrent
pas encore dans ces bornes \ &c non contens d'obtenir une Exemtion totale
94. Et cts Abhés , foît pour fe délivrer tenir la Difcipline, fervit bientôt à la ruiner,
des incommodités feintes ou réélus que leur Les Monaflères exemts de rinfpe^ion des
caufoient les Evêques , foit pour couvrir Evêques profitèrent de cette liberté pour
l'ambition , &c. ] Ils eurent d'abord des s'abandonner à la licence , 6c ce qui avoic
motifs plus juftes, ou du moins plus fi^écieux. été introduit pour favorifer la piété , ne fer-
Car ils ne (ollicicoient ces Exemtions , ou vie plus qu'à fortifier l'ambition & Tindé-
que pour rendre plus tranquilles leurs re- pendance. C'eft de quoi fe plaignirent fou-
traites qu'ils préiendoient être troublées par vent les Evêques. Mais la Cour de Rome ,
les fréquentes vifices des Evêques , qui à qui ces Monaflcres par leur fbudraélion
étoient fouvenc accompagnés d'un grand de l'autorité Epifcopale étoient devenus im«
concours , ou que pour mieux maintenir médiatement fujets , étoit bien aife de fe
au- dedans la Difcipline clauflrale dont les conferver l'autorité immédiate que ces
Evoques étoient peu inftruîts. Cette Exem- Exemtions lui avoienr acquife. Plusieurs Pré-
tion dans les premiers tems étoit d'autant lats firent dans le Concile de grands efforts
' moins abufive , que comme les Moines dans pour rétablir les chofes dans leur premier
leur origine n'étoient pour la plupart que état ( mais ils trouvèrent tant d'oppofition
des Laïques , il y avoit peu d'inconvénitrnt de la pan de Rome & de fes partifans , qu'ils
à les fouftraire à l'autorité des Evêques. Mais forent obligés de fe contenter du peu qu'on
il y a peu d'inftiturion fi léj^irime y qui voulut leur rendre , & qui étoit infiniment
ne dégénère bientôt en abus. Ce qui n'avoie au-de(ïbus de ce qu'ils prétendoient , & de
J'abord été accordé que pour mieux main- ce qui leur étoit dû.
ToMtl. Ccc
586 HISTOIRE DU CONCILE
vDTtvi. de la JurifdidHon des Evêques par- tout généralement où ils (croient , ils fe
l'AUL. III. hrcnt donner auflî le pouvoir de bâtir des Eglifes par- tout , & même d'y
adminiftrer les Sacremens. En un mot , labus étoit monté à un (f grand
excès dans ces derniers tems, que chaque Prctre particulier obtenoit à peu
de fraix , non-feulement d être exenit de la foumiflion qu'il devoit à fon
Evêque fur le fait de la correâion , mais aufli d'avoir la liberté de fe faire
ordonner par qui il lui plaifoit , & de ne tenir aucun compte de fon propre
Evêque.
Tel étoit l'état des chofes » & les Evcques demandoîfent qu'on y remé-
diât. Quelques-uns des plus animés répétèrent tout ce que Ton avoit dit
dans les Congrégations de la Seflion précédente , contre les Exemtions des
Réguliers. Mais les plus prudens jugeant que c'étoit tenter rimpoflîble >
que de vouloir faire révoquer ces Exemtions , vu la grandeur & la puif-
iance de ces Ordres , & le crédit qu'ils a voient à la Cour de Rome , fe
«PalIav.Li^^dui^^cnt à demander qu'on révoquât au moins toutes celles des Chapitres
s. c i8. & des perfonnes particulières. Les Légats '^ néanmoins leur ayant reprefenté
d'une manière particulière qu'il n'étoit pas poffible de régler tout ce qu'il y
avoit à réformer fur ce point pour la Seflîon prochaine , & qu'en commen-
çant dans celle-ci il feroit à propos de remettre le refte à quelqu'une des^
Se/Iions fuivantes, ils firent conlentir les Evèques à fe contenter pour
cette fois d'ôtcr aux Prêtres particuliers , aux Religieux vivans hors de
leurs Cloîtres > & aux Chapitres , leurs Exemtions en matières criminelles >
comme celles d'où naiflbient les plus grands défordres ; de de révoquer le
pouvoir de donner les Ordres a ceux qui ne réfideroient pas dans leurs
propres Diocèfes •, avec promeffe, que dans la Seflîon fuivante on pourvoi-
roit aux autres abus.
Le Pâte LXXXn. Pendant que cela fe paffbit à Trente, le Pape « ayant été
mécontent averti par le Cardinal Farnifc de la fituation des chofes en Allemagne ,
de rEmte^ ^^ & jugeant qu'il n'étoit pas de fa réputation qu'un Légat du Saint Siège
teur ^ TMf- reftât à Ratisbonne , pendant que fon Armée tenoit la campagne , le rap-
V^^^j^ , pcUa. Il revint donc , fuivi d'un bon nombre de Gentilshommes Italiens
TAdr\ ^^' ^^ jugeant qu'il nétott pas de fa troupes étant prêt d*expirer , Farnèfe ^ qui
« 6c ' réputation qu'un Légat du Saint Siège refiât favoit les intentions du Pape , ne voulut pas
^ * *^ " à Ratisbonne y pendant que fon Armée te- demeurer , pour prévenir les inflances que
Thuan. L. ^^^^ ^^ campagne , le rappella. ] C'avoit été lui pourroit faire TEnripereur de lui lainèr
a. N*^ 17. ^^^ ^^^ inftanccs même du Légat, qui avoit avoir encore les mêmes troupes pour le fer-
Slcid.L. 1 8. «lemandc Ton rappel î foir que réellement , vice de la Campagne prochaine. Quel que
p. 505. comme le dit Adriani , il ne fut pas content ce fût de ces différens motifs , il eft certain
Ficury , L qu on lui eut refufé de paroître comme Lé- toujours que le Pape permit au Légat de re-
i4i.N°io. gat dans l'Armée , de peur qu'on ne prît venir, & que fon retour fut bientôt fuivi
cette guerre pour une guerre de Religion 5 de celui des troupes Italiennes, dont Je rap-
foit que les approches de l'Hiver lui fiifcnt pcl choqua l'Empereur , qui s'en vojoit aban-
craindxe poux fa fanté, faute d'être accou- donné dans le tems qu'elles lui étoient le
tumé au climat d'Allemagne 3 foit enfin que plus néceilaixes..
le terme poux lequel le Papeayoit prêté fes
DE TRENTE, Livre IL 387
de rArméc du Pape. A la mi-Odobre les deux Armées fc rencontrèrent à mdxlvi.
Santhen , n étant féparces que par une petite rivière. Oclavc Farnift avec ^^^^ "*•
les troupes Italiennes & un détachement d'Allemands prit Donawert à la .
vue de TArmée ennemie, qui n'ayant rien fait en Suabe que de ^^^^^ remporta
l'Empereur en haleine, fut forcée d'abandonner ce pais au mois de l^-purcePrm-
vembre par la diverdon que firent les Bohémiens & quelques autres troupes ce Jur les
Impériales contre la Saxe Se la Heflc , domaines des deux Chefs Proteftans , P^ouftMns.
qui obligés de pourvoir à la défenfe de leurs propres Etats , laifTerent la
Hauce- Allemagne à la difcrétion de l'Empereur. Ce fuccès engagea bientôt
quelques Princes & plufieurs des Villes liguées à fe foumettre à Char/es , à
condition qu'on leur donnât une jufte fureté de pouvoir retenir leur Reli-
gion. Mais P ce Prince ne voulut jamais fouffiir qu'on en fit mention par
écrit , de peur de paroître avoir entrepris la guerre pour caufe de Religion , f Slcld. L.
ce qui eût oflfenfc ceux des Proteftans qui tenoient fon parti, rendu les ^^-P* 3**-
autres plus difficiles à fe foumettre , & donné de l'ombrage aux Eccléfiaf-
tiques d'Allemagne , qui efperoient voir rétablir partoutla Religion Ro-
maine. Cependant les Miniftres de l'Empereur , après avoir excufé leur
Maître de ce qu'il ne pouvoir pas pour bien àcs raifons leur accorder cette
fïromcflc par ecrir , donnèrent parole à tous qu'ils ne feroient point mo-
eftés dans l'exercice de leur Religion-, en effet il fe gouvernoit de manière ,
^u'on vit clairement que fon derfcm étoic d'ufer de connivence. Au moyen
e ces conquêtes , l'Empereur fc rendit maître d'une nombreufe artillerie ,
& tira pluneurs millions à titre d'amendes *, & , ce qui étoit encore bien
plus important , il refta maître abfolu de toute la Haute- Allemagne.
^^ Le Pape témoin de ces fuccès en conçut beaucoup de jaloufies ^ 8c
rappelle fis
^€. Le Pape témoin de ces fucch en con' Cornes ne feit pas difficulté d'afTurer , que *^^^P^^*
çut beaucoup de jaloujîe , &c. ] Nos deux la Conjuration de Gènes & les troubles de ^ ^
Hiftoriens (ont allez d*accord fur ces faits , Naples furent un effet des pratiques fecret- ^^^' ' î'
cVft-à-dire , fur le rappel des troupes Ita- tes du Pape & du Roi de France , qui étoient Ç j i
liennes, fur le refus de l'aliénation des Vaf- jaloux des fuccès de TEmpereur en Aile- \'
felages des Eglifes d'Efpagne , fur les plain- magne , & vouloient lui caufer de Tembar- j^ujin^ L.
tes de l'Empereur, & fur les julHfîcanons ras. La même chofe eft confirmée par Af^/ ^^ j^o j-
du Pape i mais ils ne conviennent pas fur les cardi i & il e(l évident par-là , que la jaloufie
motifs. Fra-Paolo prétend , qu*il y eut de la dont Fra-Paolo accufe le Pape n'eft pas de
jaloude du côté du Pape. Pallavicin le nie , fon invention. Cornes ajoute même que ce
& ne lailfe pas de convenir de fes mécon • fut la véritable raifon de la trandation du
centemens & de la nouvelle Alliance quil Concile à Boulogne. Nam felices , diz-W ^
projettoit avec la France. Pallav. L. 9. c. 5. rerum Cafarianarumeventus in Gcrmania
C'eft beaucoup avouer , & du mécontente- non mediocriter animum utriufque Princi^
ment à la jaloufîe il n y a pas beaucoup de pis torquebant — Retrahendum igitur a tam
diftance. Ce que Ton peut dire de plus jufte , fdicibus fuccejjibus exijiimabant per teruot
ceft que Fra-Paolo a jugé en Politique , & Italicamm motus. Si variis in locis uno
que Pallavicin a parlé en Panégyrifte. Il eft tcmpore res fluduarent , id facile fe confe*
certain au moins , que plufieurs Hiftoriens cuturos fperabant, Namcum Cafar fummo
ont penfé comme Fra-Paolo ; & Natalis Jludlo curaffet ut Synodus Antijlitum Tri--
CCC 2,
l
388 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLTi. crut
Paul III. ^^^^^
qu'il devoir penfcr d fes propres intércrs , avant que l'Allemagne fut
a fait fubjuguée. Les troupes que commandoit ion petit-fils Octave
-,p écoient beaucoup diminuées , tant par le départ de ceux qui avoient fuivi
s*inpl^nu ^ Rome le Cardinal Farnift , que par la défercion qu'avoir produite lafa-
P^tlfijêtf-^ig^^ de la Campagne. Au n>ois de Décembre , lorfque l'Armée Impériale
tfiê. fe fut raflcmblécà Santhen , 03ave eut ordre du Pape derama^.erlc reftc
en Italie > & de dire à TEmpereur, que le terme des fix mois étant expiré >
& qu'étant quitte de fes engagemens par la foumiflion de l'Allemagne qui
avoir été l'objet de la Ligue , il ne pouvoit plus foutenir une fi grande dé-
r Pallav. L pcnfc. L'empereur ' ne manqua pas de fe plaindre fortement , que le Pape'
9' c 3. rabandonnoit au plus grand befom , & à la veille d'un bon fuccès ; que rien
n'étoit encore fait , puifqu'on n'avoit pas opprimé les Chefs : qu'on ne
fouvoit pas dire qu'ils fuflent vaincus , pour s'être retirés afin de pourvoir
la défenfe de leurs Etats > & qu'après qu'ils y auroienr pourvu , il étoit i
craindre qu'ils ne revinfient avec de plus grandes forces Se plus d'ordre
qu'auparavant. Le Pape , pour juftifier le rappel de ks troupes Se le refus
qu'il taîfoit de continuer la Ligue , répondit : Qu'on ne lui avoit rien com-
muniqué des Traités faits avec les Villes ôc les Princes , quoiqu'on ne dût
pas traiter fans lui ; que l'Empereur avoit accordé fur-tout bien des chofes
au préjudice de la Foi Catholique , & toléré l'Hércfie qu'on pouvoir exter-
miner 'y que , contre un article des Conventions , il n'avoit partagé avec lui
ni les avantages de la guerre , ni l'argent qu'il avoit tiré des Villes ; Se que
l'Empereur Ê plaignoit de lui > quoique ce fut ce Prince qui l'eût offenfc
Se méprifé, au préjudice même delà Religion. Non content de ces re-
proches , Paul refufa de continuer à l'Empereur le pouvoir de faire payer
aux Eglifes d'Efpagne au-delà des fix mois les fommes qu'il lui avoit permis
de lever. Et quelques inftances que lui fiflent les Miniftres de l'Empereur ,
Four lui repréfenter que la conceflion devoir durer autant que lacaufe qui
avoit fait accorder , & que tout ce qu'on avoit fai: deviendroit inutile fi
l'on ne continuoit la guerre jufqu'à la réduction des Proteftans > on ne pue
jamais le faire changer dercfolurion.
Aux plaintes que l'Empereur fit du Pa: e en cette rencontre , il s'enjoi-
gnit bientôt d'autres à l'occafion de la Conjuration dangereufe arrivée i,
Gènes vers ce tems-là , & qui penfa réuflir. 97 Ce fut celle des Fiefqucs
demi hahcretur , fofieà Pontifex cognov'n de terre fur une galère tomba dans la mcT;
fiiturum nihil ut commodi ex eo Concilio & périt ainfi, dans le tems qu il penfoit fiiire
reportaret , fid potius fua authoritas in périr fon ennemi. Les Famèfes eitrent fe-
magno difcrimine verfaretur. Idcircè Pa- crettement parc à Tentreprife , & plufiears
trcs Antiftites ac purpuratos Tridento Bo- Hiftoriens nous affûtent , quon nedouroic
noniam acciri jubet , quod Cafarem gravi- point alors en Italie, que Rome ne leôc
ter laturum fciebat , eu jus inftin&u & fuafu appuyée. Hujus tumultus authores Fame^
illud fuerat induêîum. fios - Cafar fufpicatus eft , dit Beaucaire ;
^^-j. Ce fut celle des Fiefques contre Us Se Ton voit le môme foupçon dans Natalu
Doria , &c. ] Elle ne réuflît point , par la Cornes , & dans M. de Thou & SUidan.
mon de Jcan^Louis de Fiefque , qui pailànt
DE T R EINÏ T E, Livre II. 3Î9
contre les /Joritf , qui tcnoient le parti de l'Empereur. » Ce Prince, qui
regarda comme certain que le Duc de Plaifance fils du Pape en étoit l au-
teur , ne put s'empêcher de croire que cela venoit du Pape lui- même , &
ajoura ce mécontenremcnt aux autres. De fon côte le Pape étoit pcrfuadc
3ue TEmpercur feroit longtems occupé en Allemagne , & dans rihipuiflTance
e tourner contre lui fes forces temporelles •> ^^ mais il craignoit qu'il ne
lui fufcitât de l'embarras en envoyant les Proteftans au Concile. Cependant
rompre cette Aflcmblée , fur-tout après avoir employé fept mois a traiter
d une matière fur laquelle on n'avoir encore rien publié , la chofe lui pa-
roiflbit trop violente & trop fcandaleufe.'^Ilfe réfolut donc de faire publier
ce qui avoir déjà été arrête , dans la penfée , ou qu'après cela les Proteftans
refuferoient de venir au Concile -, ou que s'ils y venoient , ils feroient con-
traints de fe foumettre à ce qui avoir été décidé ; & que comme le point de
la Judification étoit le fondement de toutes les controverfes , il s'affureroit
par- là de la vidboire : ^ Que d'ailleurs , quand il n auroit d'autre raifon pour
prefTcr la publication de ces Décrets , que de favoir que l'Empereur deuroit
qu'on s'en abftint , c'étoit alfez pour l'engager à les publier , puifque la
différence de leurs vues demandoit qu'ils priflentauffi des voyes différentes.
Il fentoit bien à ta vérité y que l'Empereur s'offenferoit extrêmement de
cette réfolution ; mais il ne croyoit pas que ce fut im grand furcroit à fes
MDXLVL
Paul III.
m.
iBelcar. L.
Slci<LL.il.
P- 315-
Thuan. L.
Adr, L. 8.
P-374-
Nat. Co».
ï- Î'P- 47-
Flcury, L.
t Pallav. L
7. c 16.
98. Mais il cr aï gnou qu'il ne lui fufci"
iât de rembarras en envoyant les Proteftans
au Concile. ] Le Cardinal Pallavicin croie
avoir bien réfuté ce foap^on , en difànt que
le Pape & fes Légats avoient (bavent invité
les Proteflans de fe rendre à Trente. Mais
Varias nous a fuâfîfàmment inflruits de la
crainte oïl l'on étoit qu'ils hy vinlfent 5 &
la conduite que tinrent les Légats, lor{qu*il
Êillut accorder un Sauf-condoit pour les y
feire venir , ou pour les admettre lorsqu'ils
arrivèrent , montre bien quils ne fouhai-
toient rien moins que de les y voir , & qu il
y avoit plus de politique que de fîncérité
dans leurs invitations. Je vois maintenant ,
dit Vargas Letr. du 7. Décembre i ; n > où
tout ceci tend , 6» je connoijfois depuis long-
tems , combien les Miniftres du Pape ont
déloignement pour la venue des Proteftans,
•"— Je fuis le plus trompé du monde , fi le
Légat ne cherche pas tous les prétextes ima-
ginables pour empêcher que cela ne ft)it.
99. llfe réfolut donc de faire publier ce
qui avoit déjà été arrêté , &c, ] Cette ré-
(blution ne fe prit pas d'abord. Le Pape ,
fur l'avis des Légats & par complaifance pour
TEmpereur ^ qui s oppofojc toujouK à la pu-
blication du Décret (ur la Juftification, avoic
confenti à fufpendre le Concile pour /bc
mois , & avoit promis d'en publier la Bulle ,
fuppofé que Charles agréât ce parti. Mais
ce Prince ayant defappronvé la voie de la'
fufpenHon , , le Pape & Tes Légats jugèrent
que , quelque mécontentement qu*en mon-
trât l'Empereur , ils dévoient pafTer outre
à la publication du Décret , fans s'embar-
xaSer des oppoiîtions des Impériaux s &
cette réfolution fut approuvée par la plus
grande partie du Concile » & fur-tout par
les François. Il n'eft donc pas vrai , comme
le dit Fra-Paolo , que ce fut pour contre-
carrer les vues de l'Empereur , que le Pape
voulut qu on publiât le Décret de la JulU-
fication , puifqu'il lui fît offrir de fufpendre
le Concile fans le fiiire publier. Mais n'ajranc
pu faire entrer ce Prince dans fes vues , &
croyant qu'on ne pouvoit pas amu&r plus
longtems les Pères fans tenir la Sefliori qu on
avoit déjà prorogée , il fe détermina à l'inf- '
tanee des Légats à ne plus dxffirer, croyant
avoir alfez fait pour TEmpereur, de lui of&ir
le parti de la fufpendon , & fe jugeant par-là
quitte de toute autre compUiiànce. Pallav.
L. 8. c. x(#
390 HISTOIRE DU CONCILE
p^'^^^m "^^contentemens : & c croit aflèz l*uiâgc de ce Pontife lorfqu'il fc crouvoic
^"'" en fufpens entre les raifons qui le portoicnt à faire une chofe , ou celles
qui l'en difluadoient , de fc déterminer à ce qui lui paroillbit le plus né-
cellaire , en difant le proverbe Florentin , Cofa fatta capo ha.
lloriônntk 11 écrivit donc les Fctes de Noël aux Légats , de faire tenir la Scffion
fes Légats pour y publier les Décrets qui avoient déjà éré arrêtés. En conféquence de
^ Jf^ ^ cet ordre ^ ils tinrent »°® une Congrégation le j de Janvier , dans laquelle »
Tvf de l'avis unanime de tous les Pères, qui s'ennuyoienc d'avoir été fi long-
tems fans rien déterminer, on affigna la Sellion au ij de ce mois. A la
V Id. L 8. ptopofition que firent les Légats d'y publier les Décrets qui avoient été
c. i^.& 17. formés, les Prélats Impériaux formèrent une opjpofition en difant,' qu'il
X Pallav. fufKfoit de publier ceux qui regardoient la Reformation , & que le tems
L.8. c. i^'netoit pas encore propre pour publier ceux qui appartenoient à la Foi.
^^' Mais ceux qui étoient attachés a Rome dirent au contraire , que tout le
monde fâchant qu'on avoit agité pendant fept mois la matière de la Grâce
& de la Juftification , & que le Decrer en avoir été arrêté , la Foi recevroic
quelque préjudice , (i l'on voyoit que le Concile appréhendoit de publier
les vérités qui avoient été décidées \ & cet avis appuyé de lautorité des Lé-
gats palfa à la pluralité des voix. On employa cnfuitc les deux Congre*
gâtions fuivantes à relire les Décrets tant oe la Foi que de la Reformations
qui après quelques légères correâions , faites fur les avis de ceux qui
n'avaient point affifté aux auues Congrégations , furent approuvés de roue
le monde.
VI. Sêffim. LXXXIIL Le Jeudi y i j de Janvier , les Léeats accompagnés des Prélats
Décrets fur s'étant rendus à l'Eglife avec les cérémonies ordinaires , on tinr la Seflion»
la 'Jttftificoh où la Meflè fut célébrée par André Cornaro Archevêque de Spalatro , & le
/jtf», UU' Sermon prêché par Thomas StcllaE\i:c^t de Salpi 5 après quoi on lut les
Grâce é' U ^^^^rets de la Foi & de la Réformation.
Trédeftina- Celui de la Foi , outre le préambule dans lequel il étoit défendu de
tion. croire , de prêcher , ou d'enfeigner autrement qu'il n'étoit ordonné par Ip
jflà.L.9. Décret, contenoit xvi Chapitres & xxxiii Canons.
?• '^' . Dans les Chapitres on enfeienoit en fubftance : ' i. Que ni les Gentils
an7iî47. P^*" les forces de la Nature , ni les Juifs par la lettre de la Loi de Moyfe.,
N*' 6, n'avoicnt pu fe délivrer de l'éfclavagc du péché. 1. Que pour cela Dieu
Spond. avoir envoyé fon Fils pour racheter les uns& les autres. 3. Que quoique
^** '• Jeftts-Chrift fut mort pour rous , il n'y avoit néanmoins que ceux à qui étoît
I iÎ^'ts' communiqué le mérite de fa mort , qui jouiffcnt du bienfait qui en revient.
* Conc. 4- Q"^ la Juftification de l'impie n'eft autre chofe que la tranflation de Ic-
Trid. Scif.
é. • ' ' '. ■
:• . loo. Ils tinrent une Congrégation le $ de N** 13 f. & Pallavicîn L. 8. c. 17. Mais
• Janvier , dans laquelle — on ajjigna la Sef- . cela ne ibt pas rcfolu d*un confentemenc tina-
:Jion au 1% de ce mois, ] Ce fut dans celle du nime , comme le dit Fra-Paolo , poirqull
♦ 2.9 de Décembre que fe prie cette réfblu- y eut environ 16 oppolâns.
tion , félon les Ades ciics par Rainaldus
E T REN T E, Lt VR E IL . 551
tat de fils d'Adam à celui du fib adoptif de Dieu par Jefus-Chrift ; * & que ^^^l'^u
depuis la publication de l'Evangile , cette Juftification ne fc faifoit point ^^"^ ^^^
fans le baptême ou fans le defir de le recevoir. 5 .Que le commencement de la '
Juftification dans les adultes vient de la Grâce prévenante , qui les invite à
s'y préparer , en confentanc librement ou en coopérant au mouvement qu elle
excite ; & que le confencement qu'ils y donnent eft volontaire , & qu'ils
ont le pouvoir dy réfifter. 6. Que le moyen * de fc préparer à la Juftifica-
tion eft de croire d abord volontairement les révélations & les promedes de
Dieu ; puis en fe reconnoiftant pécheurs , de palier de la crainte de la juftice
divine a Tefperance de fa mifericorde & du pardon de Dieu , qu on com-
mence à aimer en déteftant le péché ; & enfin de fe propofer de recevoir le
baptême , de commencer une vie nouvelle , & d'obferver les commandement
de Dieu. 7. Que cette préparation eft fuiviede la Juftification , qui confifte
non-feulement dans la rémiflion dés péchés , mais encore dans la fanâifica-
tions ) & que cette Juftification a cinq caufes ; la finale > qui eft la gloire de
Dieu & la vie éternelle ; ref&ciente, qui eft Dieu \ la méritoire , qui eft
Jefus-Chrift *, i'inftrumentelle ^ qui eft le Sacrement \ & la formelle , qui
eft la juftice donnée de Dieu , & que chacun reçoit ielon la diftribution qu'il
plaît au Saint Efprit d'en faire ôc félon fa propre difpofition , recevant
avec la rémiflion des péchés , la Foi> ITfpérance, & la Charité. 8. Que
quand S. Paul dit que l'homme eft juftifié par la Foi 6c gratuitement, on
doit l'entendre en ce fens , que la Foi eft le principe de la Juftification , 8c
que les œuvres qui précédent la Juftification ne font point méritoires de la
j* Et fue depuis la puhUcatiûn de l'E- blement les progrès de toQs ces difSrens fen-
vangile , €9tte Juftification ne fe fait point timens dans Tame.
fans le baptême, &c. ] Par rappon (ans ). Que cette Juftification a cinq caufes ,
doute à ceux à qui TEvangile a été annoncé. &c. ] Cette diftinâion de caufes , quelque
Car les autres doivent ècre cenfés dans le fondée qu'elle puifle être d'ailleurs , a peut-
même cas où étoient les hommes avant la être quelque cho(ê de trop fcolaftique pour
propagation de l*£vangile, & qui fe fauvoient entrer dans la définition d*un Concile. C*eft
ou par la pratique de la Loi naturelle , ou un de ces Décrets , que Fra-Paolo a eu rai-
par celle de la Loi de Moyfe. En matière de fbn de dire que nous n'aurions point fans la
Loi pofitive , comme elle peut être ignorée Philofophie à'Ariftote, Ces fortes d'arrange-
invinciblement , elle ne peut obliger qu'au- mens pUilofophiques devroient être renfier-
tant qu elle eft promulguée , puifque l'ufage mes dans les Ecoles , & ne pas être propo^
de la raifon ne peut point nous faire parve- fês aux Fidèles comme des objets de leur
nir à cette fene de connoidànce. Foi. Faut- il pour être Catholique favoir que
1. Que le moyen de fe préparer à la la Juftification a cinq caufes , & favoir ce
jiiftification eft de croire d* abord volontai- que c'eft qu'une caufe efficiente , formelle ,
rement les révélations , &c. ] C'eft-à-dire , inftrumentelle , & quelle eft leur différen-
que tel eft le coun ordinaire des chofes. ce ? Ces fones de précifions font fi arbitrai-
Mais ces fortes de difpofitions n'arrivent pas res , qu'il n'y a que peu ou point d'utilité
toujours fucceflivement dans le même ordres à en faire ufage. Avant la naifiànce de la
& l'on voit fouvent un pécheur rempli en Théologie Scolaftique, on ignoroit ces dif-
même tems de crainte , d'efpérance , & tintions , & on n'en éroit ni moins Chié*
d'amour y fans qu'on puiflè diftinguer (en&- tieo ^ ni moins Catbdiquer
591 HISTOIRE DU CONCILE
MOiciTiT. Grâce. 9. Que les péchés ne font pas pardonnes à ceux qui s'en glorifient t
Paul III. ^ q^i fe repofent dans la feule confiance & la cercitude de cette rémiffion :
■■"■"■■■" Qu on ne doit pas dire que cette feule Foi juftifie \ mais que comme d'un
coté perfonne ne doit douter de la miféricorde de Dieu > des mérites de
Jefus-Chrift>& de 1 efficace des Sacremens ; de Tautre chacun à la vue de fa
propre indignité peut demeurer dans le doute , patce qu'il n a pas une cet-
citudedeFoi infaillible d'avoir obtenu la Grâce. 10. Que les Juftes 4 font
jttftifiés de plus en plus par l'obfervation des commandemens de Dieu & de
l'Ëglife. 1 1. Qu'on ne peut pas dire que les préceptes de Dieu foient im-
Îioflibles aux Juftes , qui, quoiqu'ils tombent dans des fautes vénielles , ne
aident pas pour cela d'être juftes : ^ Que perfonne ne doit s'appuyer fur
la feule Foi » ni dire que le juftc pèche dans toutes fes bonnes œuvres , ou
lorfqu'il agit dans la vue de la recompenfe. ^ iz. Que perfonne ne doit
préfumec
4. Que les Jujlesfont jufiîfis de plus en
plus par roèfervation des Commandemens
de Di%u & de l'Eglife. ] La Juftification par
la feule Foi (ans les oeuvres eft un dogme y
qui ne tend à rien moins qu'à renverfer
toute la Morale Chrétienne. Auffî , ceux qui
parmi les Proteftans s*en font rendus les dé-
tenfeuTS , ont tâché d*cluder ce qu il avoit
d*odieux par différentes explications plus ou
moins adoucies. En déclarant , comme plu-
fieurs ont fait , que ce n*étoit point pour
nier la néceflité des bonnes œuvres , mais
pour marquer fîmplement que toute notre
juftice vient proprement de Dieu , c*eft divi-
fer la Religion Chrétienne pour des difputes
âe nom > ce que Ion ne peut guères excu-
fer dans ceux qui ont occafionné ces divi-
sons , quoique leur doébrine ne foit pas au/H
erronée qu on a voulu le faire croire*
f • Que perfonne ne doit dire , fue le
Jufte péché dans toutes fes bonnes œuvres j
ou lorfqu'il agit dans la vue de fa récom-
penfe, J Si en difant que le Jufte pèche dans
toutes {^ bonnes ceuvres , on a voulu dire
que fes bonnes œuvres font autant de pé-
chés , comme nos Théologiens en ont ac-
cufé Luther , c*eft une domine fiiuflfe &
. contiadiâoire , & par conféquent condani-
née avec juftice par le Concile. Mais fi Ton
a entendu amplement , comme il eft affez
vraifemblable , & comme les Apologiftes
f)e ce Réformateur le foutiennent , que nos
bonnes enivres font toujours accompagnées
de quelques imperfeâlons &<le quelques d£«
fauts , la chofe n'eft que trop vraie , &: ne
paroit pas du moins fort condamnable , eu
égard à la feibleife & à Fimpeifedion de
l'homme le plus jufte. Pour ce qui eft de
croire que Thomme pèche , lorjquil agit
dans la vue de la recompenfe , c'eft un par
Quiétifme , qui n*eft fondé ni fur rEcrituie
ni fur la raifon ; & le Concile a eu d'autant
plus de fujet de le condamner , que Diea
nous propofanc lui - même la xécompenfe
comme un motif propre à i\9|y animez i
la vertu , il femblexoit nous avoir tendu on
piège , fi Ton ne pouvoit fans péché fe pro-
polér pour un des motifs de fes aélions , la
recompenfe quil nous propofe lui-même
pour nous porter à les faire.
6* Que perfonne ne doit prifumer quil
foit prédeftiné , & croire qu'étant joftifié il
ne peut plus pécher , Sic. ] Quelque oppo-
fition qu'il paroiiTe y avoir fur cela entre les
Catholiques & les Réformés , je me perfua-
de au fond que tous penfent à peu prcs de
même. Les premiers ne rejettent pas une
confiance raifonnable -, 5c les derniers ref-
treignent cette certitude par tant de limita-
tions, que Ton voit afiez que tonte cette
oppofition ne confifte que dans une manière
différente de sexprimer. Lon même que
ceux-ci difent qu*un homme juftifie ne peut
plus pécher , ce n*eft pas qu'ils prétendent
qu*il ne peut plus s'écarter de la juftice i
mais que s'il eft vciitablemept prédeftinç,
U
DE TRENTE, Livre II. 593
prcfumer qu'il foit prédeftiné , & croire qu éranr juftifié il ne peut plus MDxtvii.
f)écher , qu qu'après avoir péché il cft fur de fc relever, i j. Que 7 pareil- ^^"^ ^^.
emenc perfonne ne peut fe promettre une certitude abfolue de perlévcrer '——■■"
jufqu a la fin , mais qu'on doit mettre fon çfpérance dans le lecours de
Dieu » qui ne manque point à l'homme s'il ne lui manque le premier.
14. Que ceux qui font tombés dans le péché peuvent recouvrer la Grâce »
étant excités par le mouvement de Dieu à la recouvrer par la pénitence :
Que cette pénitence eft différente de celle qui précède le baptême , parce
qu'elle exige non-feulement la contrition , mais encore la confeffion facra-
mentale Ôc l'abfolution facerdotale > du moins dans le defir , ^ & de plus
il ne s'en écartera jamais tellement , qu'il
perde totalement la Foi , & qu'il (bit privé
pour toujours de la JuAice. Cela eu, fort
vrai ; mais c*eA s'exprimer d'une ntanière û
contraire aux régies ordinaires du langage ,
qu'il n'efl pas étonnant que le Concile ait
condamné toutes ces expreflions comme au-
tant d'erreurs , puifque c'en feroient en effet,
s'il falloit les prendre à la rigueur , fans les
ramener aux explications qu'on a apponées
pour les amollir,
7. Que pareillement perfonne ne peut fi
promettre une certitude abfilue de perfivèrer
jufqu à la fin, J Sur ce point ^ comme fur
les précédens ^ les Catholiques & les Réfor-
més s'exprihient d'une manière tout oppoféci
mais je doute qu'il y ait réellement aucun
homme au monde , qui puifle dire qu'il eft
iur de perfévérer jufqu *à la fin. Ces fortes de
Propo/icions peuvent fe maintenir fpéculati-
vement, à la faveur de quelque diftinâion
ou de quelque équivoque \ mais le fentiment
intérieur dément toutes ces fpéculations ,
qui ne font fondées que fur des principes
d'une application extrêmement incertaine*
Dire , comme fait Heidegger, que les Pères
du Concile n'ont eu d'autre vue dans ces
Décrets que leur propre avantage & leur in-
térêt , c'eft calomnier les gens par un atta-
chement opiniâtre à fes propres opinions j
& il auroit dû d'autant plus s'en défier , que
la plupart des Réformés ont été obligés eux-
mêmes ou de s'écarter des expreffions de
leurs propres Chefs , ou de les interpréter
d'une manière très- forcée pour les juftifier.
8. Et de plus une fatisfaSlion pour la
peine temporelle , qui ne fi remet pas toU"
jours entièrement dans la Pénitence comme
Tome I.
dans le Baptême, ] L'Eglifè a toujours ob*
.fervé une Difcipline fort différente à l'égard
des Catéchumènes , & des Pénitens. Ce n'eft
pas qu'on ne di(pofat aufli les premiers à\i
baptême par des aâes de pénitence à pea
près femblables , comme on le voit par Ter-
tullien. Mais on regardoit ces aéles plutôt
comme des préparations au Sacrement, que
comme des fatisfadions pour les péchés pré-
cédens. Il n'en étoit pas de même à l'égard
des Pénitens, dont on punilfoit les crimes
par des fatisfaélions temporelles , qu'on re-
gardoit non* feulement comme des difpcfi-
tions néce(faires à l'abfolution , mais en
même tems comme une forte de compen-
fation requife pour réparer le fcandaîe à
l'égard des hommes , & appaifer la juftice de
Dieu. Ce langage a choqué les Réformateurs,
comme fi en parlant d'appaifer la julHce de
Dieu , on vouloit (outenir que ces facisfac-
tions font équivalentes aux fautes , & que
ces fautes font exaftement compenfées par
autre chv feque parle mérite de lefus-Chrift*
Ainfi l'oppofition ne confifte pas ici a ad-
mettre ou a rejetter l'ob'ervation de Tim-
pofition des peines a l'égard des Pénitens ,
mais dans la notion qu'on fe forme de ces
peines» ce qui eft faire confiQerun dogme
dans une précifion bien métaphyfiqoe, Cai
qu'importe à l'EglKe de Dieu, quelle idée
l'on fe forme de ces œuvres , pourvu que
l'on s'en ferve & pour retenir les pécheurs,
& pour réparer les fcandales , & pour répri-
mer la chair defobéidànte à la Loi ? Avouer,
comme font quelques Proteftans, que l'oa
doit regarder ces fàtisFaélions comme des
peines matériellement Se non formellement y
c'eft embaxialTex la Foi par des diftinâions
Ddd
l
j>4 HISTOIRE DU CÇNCILE
MDXLvn. une fatisfa&ion pour la peine temporelle , qui ne fe remet pas toujours
?AUL III. entièrement dans la pénitence comme dans le baptême. 1 5 • Que la Grâce
■•■■■■""" de Dieu fe perd non-fculcment par Tinfidélîté , mais par tout autre pcché
mortel , quoique pour cela on ne perde pas la Foi. Enfin on exhorte dans,
le dernier Chapitre les Juftifiçs à la pratique des bonnes œuvres , par où
s'acquiert la vie éternelle comme une Grâce promife par la miféricorde de
Dieu , Se comme une récompenfe diie à ces bonnes œuvres en conféquence
de la promedè. Puis on conclud que le Concile ne cherche point par cette
doârine i établir notre propre ^uftice à l'exclufion de celle de Dieu ; mais
Iue la même jufticeeft notre jufticey parce qu*elle eft en nous. Se celle
e Dieu , parce qu elle nous vient de lui par Its mérites de Jefus-»
Chrift.
Telle eft la dcâorine du Concile fur cette matière. Mais afin que cha-
cun fâche non- feulement celle qu'il doit fuivre» mais celle qu'il doit re->
jetter , ces Chapitres font fuivis de xxxui Canons où Ton anarhémarifè
ceux qui difent > 1 . Que Thomme ^ peut être juftifié fans la Grâce , par les
forces de la Nature ou par la doârine de la Loi. 2. Que la Grâce eft accordée
pour donner plus de facilité â bien vivre & à mériter la vie éternelle » com-
me fi on le pouvoir faire fans Grâce par les feules forces du Libre- arbitre »
qgpiqu'avec plu$ de difficulté, j. Que Thomme peut croire , aimer , efpérer>
Se fe repentir comme il faut , fans TinfpiFation prévenance Se le fecours du
Saiçf-Efprit. 4. Que le Libre-arbitre ^^ excité de Dieu ne coopère point
pour fe di{po^ i la Grâce > & ne fauroic y réfiiter quand il le voudroir»
5. Que depuis le péché d'Adam , le Libre-arbitre eft perdu. ($. Qu'il n'eft
point au pouvoir de l'homme de faire le mal ; & que Dieu non-ieulement
pei;p}et, ipais opère proprement auffi-bien les mauvaifcs œuvres que les
poériles , rendre 1» Religion ridicule par de
pareilles conteflations , & tomber dans le
môme défluir qu on a fi Ior reproché aux
Scolaftiqoes. Ce qa'il y a de vrai , ceCk que
le Concile ne s*eft exprimé ici que comme
a fait TAntiquicé , & les Proceftans euflënt
fiiit plus (âgemen^ de ne poinr attaquer un
langai^ confâcré dans TEglife , & de fe con-
tenter d'en écanerles notions qui pou?oîent
leur paroitre porter à Terreur»
f. Qu€ l'homme peut- être jufiifié fans
la Grâce par les forces de la Nature , &c. ]
Ce Canon & les deux fui vans avoient déjà
été faits auparavant contre les Pélagiens , &
le Concile ne fait ici autre cho(ê que de les
renouveller. La (êule chofe que des efprits
trop critiques pourroient 7 trouvera redire,
c'eft que cooime on ny définit point ce
qu on doit entendre par cette Grâce $ on
laide un vafle champ à ceux qui donnent
dans le Péiagianirme pour les éluder.
10. Qiit le Lière arbitre excité de Dieu
ne coopère point pour fe difpofer à la Grâce ,
&c. ] Ce Canon & les deux (uivans , qui ne
femblene faits que contre les Réformés , &
les Luthériens, frappent d un même coup les
Janfénides & les Thsmifles , quoique ce
n ait pas été tout-à-fait le delTein du Concile i
puisque dans le fyflème des uns & des au-
tres le Libre - arbitre étant mu irréfiflible^
ment par la Grâce efficace, & n ayant nulle
force pour le bien que- par fbn impreflion
▼id^orieufe, il s'enfuit par une conféquence
nécefTaire de tous cesfyftèmes, quel'horn-
me ne coopère point pour fe difpofer a la
Grâce , & qu'il ne fauroit 7 réfî/ler quand
il levoudfoit, &c
DE TRENTE, Livre IL 397
bonnes. 7. Que toutes les œuvres faites avant la juftification font des péchés \ mdxlyii.
& * ' que plus rhomme fait d'efforts pour fc difpofer â la Grâce , & plus ^^"^ ^^^'
il pèche. ' ^ Que c'eft un péché de s'abftenir du mal ou de recourir à la mi-»
féncorde de Dieu , par la crainte de l'Enfer. 9. Que l'impie ' 3 eft juftifié par
la Foi feule , fans qu'il foit néce(faire qu'il fe prépare a la Juftification par le
mouvement de fa volonté. 10. Que 1 homme '^ eft juftifié fans la juftice
1 1 . Que plus l'homme fait d'efforts pour
fe difpofer i, la Grâce , 6* plus il pèche» ]
C eft un paradoxe dans la Morale qu une telle
Propoiîcion , & qui ne tend à rien moins
qu a arrêter tous les efforts qu un pécheur
pourroit faire pour Ce rapprocher de la jufti-
ce. AufH a-t on cherché à adoucir ces ez-
predîons, par des explications qui diminuaf-
fent ce qu*enes avoient d*odieax. Mais com-
me ce font des confôquences néceffkires des
principes que quelques Réformés avoient
établis , on a eu raifon de les condamner ,
quoique ces Théologiens defavouaflènt ces
€on(i^quenc6S.
li. Que cefl un péché que des*ahjlenîr
du mal — par la crainte de l'Enfer, ] Autre
paradoxe , auHfi erroné que le précèdent i
puifque s*il eft vrai que la crainte ne fuffit
pas pour la Juftification fans la charité , &:
que le plus bas degré de perfedion eft d'a-
gir par ce motif, il neft pas moins certain
qu*il n*y a point de péché à agir par cette
vue , &: que c*eft au contraire un commen-
cement de difpofition pour parvenir à la juf-
tice.
1 5 . Que l'impie eft juftifié par la Foi
feule , fans qu'il foit née ejf aire qu'il fe pré ^
pare à la Juftification par le mouvement de
fa volonté. ] Toute cette matière eft pleine
d'équivoques , & chaque Parti s'impute des
erreurs , que réciproquement il defa-
voue. Les Luthériens fe plaignent, que par
le tour que Ton a donné à ce Canon & aux
fuivans, le Concile a femblé vouloir faire
entendre qu'ils détrui(bient le Libre-arbi-
tre & faifoient de l'homme une machine.
Les Catholiques fe plaignent de leur côté ,
que fous prétexte de la néceffité des œuvres
qu'ils établirent , on leur impute d^attribuer
leur falut à leurs propres rnérites , & aux
préparations naturelles qu'ils apportent à
la Foi. De pan & d'autre ces confSquences
font défavouées , 3c fi Ton examine impar-
tialement le fond de la conteftation , oA
verra que tout roule fur des précifiùns meta-
phyfiques ou des difputes de mots , & qu'an
tond 1 on convient des mêmes vérités. Car
d'une pan les Luthériens déclarent ^ qu'ils
n'ont jamais prétendu exclurre pour la Jufi
tificacion la néceflité des œuvres > 3c de
l'autre le Concile n'a rien attribué aux œu-
vres , qu'autant qu'elles font £aiites par le
mouvement de la Grâce , 3t par confé-
quent par un commencement de Foi. Ceft
ce qui paroit évidemment par le cinquième
Chapitre de Doébine , ou il eft dit , que
le commencement de la Juftification dans les
adultes vient de la Grâce prévenante qui
les invite à s'y préparer y &c. Tous convien-
nent donc de la nécefHté de la Foi & des
œuvres , & toute la difpute ne confifte
qu'a (avoir quelle eft la caufe formelle de
la Juftification i difpute purement nomina-
le , qui ne change rien à l'edence des chofês»
puifque l'on convient unanimement 3c
que le mérite des œuvres vient de la Foi ,
éc que la Foi fans les bonnes œuvres eft inu-
tile pour le falut.
14. Que l'homme eft juftifié fans ta jufti^
ce que Jefus - Chrifl nous a méritée , ou
que c'eff par cette juftice , qu'il eft formel^
lementjufte, ] Ce Canon eft formé en même
tems contre deux erreurs dircé^ementcon-
traires. L'une, que l'homme eft juftifié par
fes propres mérites , indépendamment de^
ceux de Jefus-Chrift : l'autre , qu'il eft
juftifié par la feule imputation des mérites
de Jefus-Chrift > fans aucune juftice ou
fainteté inhérence en lui-même. La pre*
micre , comme en vient de le dire, eft
celle dont les Luthériens accnfent les Ca-
tholiques; 3c l'autre eft celle que les Ca-
tholiques attribuent aux Luthériens. Mais
comme chaque Parti s'en juftifié , on doit
Dddz
i96 HISTOIRE DU CONCILE
ilDXLViL que Jcfus-Chrift nous a méritée , ou que c'eft par cette juftice qu'il eft for-
Paul IIL mellement jufte. 1 1. Que 4*honime eft juftifié par la feule imputation de la
* juftice de Jefus-Cht ift,ou par la feule rémidion des péchés fans la Grâce & la
Charité inhérente , ou que la Grâce de la Juftification n'cft autre chofe que
la faveur de Dieu. 1 2. Que la Foi ' î qui juftifié n'eft autre chofe que la con-
fiance en la miféricorde de Dieu , & que c*eft par cette confiance que les
péchés nous font remisparJefus-Chrift. 1 j. Que pour obtenir la rémimon «^
des péchés , il eft nécedaire de croire qu'ils nous font remis , fans que notre
propre indignité nous doive infpirer aucun doute. 1 4. Que Thomme eft ab-
fous & juftifié parce qu'il le croit fermement. 1 5 . Qu'il eft obligé par la Foi >
de croire qu'il eft certainement du nombre des prédeftinés. 1 6. Qu'il eft cer-
tain d'avoir le don de la perfévérance , fans en avoir aucune révélation par-
en conclure que la doétritie qae le Con-
cile établie ici eft la Tcricable , mais que
les erreurs qu'il condamne n'ont peut-être
réellement aucuns dcfenfeurs.
If. Que la Fol qui juftifié nejl autre
chofe que la confiance en la miféricorde de
Dieu , & que c*eft par cette confiance que
les péchés nous font remis, ] La véritable
Foi eft toujours certainement accompa-
gnée de confiance. Mais croire quelle ne
confifte que dans cette confiance , c*eft
nourrir la préfomption , plutôt qu opérer (a
Juftification. D'ailleurs le pécheur doit être
à la vérité pleinement perfuadé que Dieu
eft tout puillànt pour lui pardonner & le
juftifier , & qu'il eft aflez miféricordieux
pour le vouloir : mais cette certitude
n*ezclud jamais la jufte crainte qui nous
eftinfpirée par les tentations de cette vie,
& par les £autes auxquelles nous fuccom-
bons perpétuellement % & qui fans nous
£dre perdre la confiance que nous avons
en la miféricorde de Dieu , nous Ôte cette
fécurité qui accompagna la certitude. De la
part de Dieu , la caufe de la remiffion de
nos péchés eft donc (à miféricorde gratuite 5
& de notre part , c*eft la Foi accompagnée
de Charité , & non la fimple confiance ,
qui , (\ elle étoit deftituée de Charité , ne fe-
roit qu'une fauffe préfomption , plus pro-
pre à nous rendre criminels qu'à nous ren-
dre juftes.
I ^ • Que pour obtenir la rémijjîon de nos
péchés il ejl néceffaire de croire qu'ils nous
font remis , fans que notre propre indignité
doive nous infpirer aucun doute* ] Ce Ca-
non comme le précédent & les trois [fui-
vans, roulent tous fur le même anicle^
& tendent à condamner cette pleine
confiance & cette certitude du falut plutôt
comme une erreur que comme une di(^
pofition néceflaire pour la remi/fion des
péchez. Cependant , comme les Théologiens
du Concile étoient eux-mêmes partagés
fur ce point , les Pères , qui vouloienc
épargner les opinions des Ecoles ne voulu*
rent pas condamner toute forte de cenî-
tude , mais feulement une certitude de Foi ,
qui n'eft pas fufceptible de faufl*eté. De
cette manière on ne rifqiwit point de
trouver de contradiction parmi les Partis op-
pofés , puisqu'il n'y a voit perfonne qui crue
de certitude de Foi devoir être fauve ^ la
certitude de Foi n'étant appuyée que fur
la révélation , & aucun particulier n'ayant
de révélation de fon falut. Cette certitude
réduite ainfi à ces juftes bornes n'eft donc
qu'une efpérance folide fondée fur la mi(2«
ricorde de Dieu , & fur le fentiment inté-
rieur de ces propres difpoCtions. Mais com-
me ces difpofitions font variables, & qu'un
homme paffe fouvent de la venu au vice,
comme du vice à la vertu , nous (entons
aifcment par notre propre expérience , que
cette prétendue certitude ne fubfifle qu'en
Spéculation , & que réellement nous avons
toujours fujet de craindre que le falut ne
nous échape , foit par notre propre foiblefle,
foit par les tentations, auxquelles la con-
dition hum^ne eft fans cefle expofée.
D E T R EN T E , L I V R E L 397
ticulièrc. 17. Que les feuls prédeftinés '^obtieonent la Grâce. 18. Que *^ mdxlvu.
les commandemens de Dieu font impoflîbles aux juftes. 19. Qu'il *^ n'y a P^ul 111.
rien d'ordonné dans l'Evangile que la Foi. 10. Que les juftes & les parfaits — —
ne font pas obligés d'obferver les commandemens de Dieu & de l'Eglifc ,
mais feulement de croire -, & que l'Evangile n'eft qu'une promeffè de la
vie éternelle , fans la condition d'obferver les commandemens. 2 1 . Que
Jcfus-Chrift nous eft donné pour Rédempteur, & non pour Légiflateur.
21. Que l'homme *° juftifié peut perfévérer dans la juftice fans un fecours
17. Que les feuls prédefiinis obtiennent
la Grâce, ] Ceft avec bien de la raifon , que
le Concile a condamné une erreur fi per-
nicieufe , & qui ne va à rien moins qu*à
nous faire regarder Dieu comme un monf-
tre de cruauté , qui damne les gens après
les avoir mis dans rimpofTibilité de (ê
làuTer î puifqu'ils ne le peuvent être que
par la Grâce , & quil la refufeà cour autre
qu*auz prédeftinés. La feule manière d a-
doucir cette Propofition eft de dire , com-
me ont fait depuis plufieurs Réformés ,
qu'il ne s agit que de la Grâce finale de
perféverance qu'il n y a que les prédeftinés
qui l'obtiennent , ce qui eft l'opinion des
Thomiftes & des Janléniftes. Bn ce cas la
Propofition eft moins dure. Mais pour la
rendre touc-à-fait Orthodoxe > il £audroic
ajouter encore , que Dieu ne refiife cette
dernière Grâce qu'en conféquence du démé-
rite des hommes, & non d'une volonté an-
técédente en Dieu de fauver ou de damner
qui il lui plaît. Car (\ Dieu peut fauver par
miféricorde ceux mêmes qui ne le méri-
Texcellence de la Foi , Z^M^radonnéliea
de croire, qu'il détruifoit tout-à-faitla né-
cefficé des œuvres. Ctiï dequoi les Catho-
liques l'ont accufé lui & fes fedateurs > &
ils s'en juftifient afiez mal^ lor(quen dé-
clarant qu'ils ne prétendent pas exclcure
la néceffité des bonnes œuvres , ils en par-
lent néanmoins comme des chofes qui
n'influent point dans la caufe de la Juf^
tification , qu'ils font entièrement dépen-
dre de la miféricorde gratuite de Dieu, en
forte qu'ils regardent les bonnes œuvres
plutôt comme l'effet que comme la caufe
de la Juftification. Je ne trouve pas cette
manière de philofopher bien exaâe 3 mais
fuppofé même qu'elle le fut , l'on ne peut
pas douter au moins , que l'Anicle tel
qu'il eft propofc dans ce Canon ne méri-
tât extrêmement d'être condamné , aufil-
bien que les Articles 10. 11 , 14 & z6^
qui tendent tons au même but.
lo. Que V homme juftifié peut perfévérer
dans la juftice fans un fecours fpécial de
Dieu , ou quavec ce fecours il ne le peut
tent pas , il ne peut fans injuftice dam- pas, ] Par ce Canon le Concile condamne
ner ou refufer les fecours nécefiaires pour
être fauves à ceux qui ne l'ont point mé-
rité.
1 8. Que les commandemens de Dieu font
împojffibles aux Juftes. ] Autre paradoxe
également oppofé à la Juftice de Dieu ,
qu'on ne doit pas fuppofer faire aucuns
commandemens qu'il foit impoflîblc d'ob-
ferver > puifque s'il le faifoit, ce nepour-
loit erre que pour rendre les hommes
plus coupables & par conféquent plus
deux erreurs direâement contraires , &
toutes deux également éloignées de la vé-
rité & de la raifon. Car d'une part , ie
fentiment que chacun a de fa foiblelle le
convainc aifez qu'il ne peut rien fans le
fecours de Dieu i & de l'aurre , l'expérience
de fa Liberté Se l'idée de la ;uftice de Dieu
prouvent afl'ez , qu'avec la Grâce il peut
remplir fes devoirs , fans quoi cette Grâce
ne ferviroit qu'à le rendre plus criminel.
Ceft à quoi fèmble tendre le fyftême de
malheureuY , ce qui feroit indigne d'un *ceux qui croyent, ou que ceux q«» ne
Etre plein de bonté & de miféricorde. font point prédeftinés ne reçoivent point
19. Qu'il n'y a rien d'ordonné dans de Grâce, ou qu'elle eft toujours inefficace
V Evangile que la Foi» ] A force de xelevei en eux.
\
Î98 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. fpécial de Dieu , ou qu'avec ce fecours même il ne le peut pas. 13. Que ^<
Paul III. [^ Jufte ne peut plus pécher , ou qu'il peut éviter tous les péchés même vé-
*— ^"""^ nicls fans un privilège fpécial , comme l'Eglift le croit de la Vierge. 24. Que
la juftice ne le confcrve ôc ne s'accroît point par les bonnes œuvres , mais
qu'elles ne font que des fruits & des ngnes de la juftice. 1 5 . Que le Jufte
pèche mortellement > ou au moins véniellement , dans toutes fes aâions.
16. Que le Jufte ne doit point efpèrer de récompenfe pour fes bonnes
œuvres. 17. Qu'il n'y a point d'autre péché mortel que l'Infidélité.
i8. Qu'en perdant la Grâce ^^ on perd la Foi , ou que la Foi qui demeure
n'eft pas une véritable Foi , & que celui qui n'a qu'une telle Foi n'eft pas
Chrétien. 19. Que Thomme ^3 qui pèche après le bapième ne peut fe relever
z I. Que le Jufte ne peut plus pécher ^-^
Que le jufte pèche mortellement , ou au
moins véniellement j dans toutes fes ac-
tions, ] Dans la cenfure de ces Piopoiîcions y
comme de. la plupart des autres de cetce Sef-
(îon , ce qui étonne le plus n*eft pasqu on les
air jugées mauvaifes , mais de ce qu on ait
trouvé quelqu un qui les eût enfeignées , tant
elles font contraires au fentiment intérieur &
à la raifon. AufO ont-elles été défavouées par
ceux à qui on les ïmputoit & qui prétendent
n'avoir enfeigné autre chofe finon , ou qu'on
n'accomplit jamais (î parfaitement la Loi ,
qu'il n'y ait toujours quelque imperfec-
tion mêlée dans les aélions des plus ]uftes s
ou que les prédeftinés ne perdent jamais
totalement ou plutôt finalement la Grâce ,
& qu'ils demeurent toujours radicalement
juftes. Ces Proportions ainfi modifiées dif-
férent beaucoup de celles qui ont été con-
damnées. Mais comme les expreflîons de
pluûeurs Théologiens Luthériens ou Calvi-
niftes (èmbloient peu fufceptibles de ces mo-
difications ^ ou qu'on croyoitque ces Pro-
pofitions étoient des confequences néceflài-
res'de leurs principes, le Concile n'a pas cm
pouvoir fe difpenfer de les condamner ,
& cette condamnation femble d'autant
moins repxéhen{îble , que comme il n'y a
point d'imputation faite à perfonne , on
ne peut fe plaindre que le Concile ait
&it injuftice à qui que ce foit en con-
damnant ces erreurs.
xXm Qtten perdant la Grâce on perd la
Fol, ou que la Foi qui demeure rieft pas
une véritable Foi , &c. ] Si ^véritable Foi
en entend une Foi aâive & opérante^ il eft
bien certain que celui qui perd la Grâce
perd la Foi , puifque la Foi deftituée de
Charité eft une Foi morte & infuffifknie
pour la Joftification , & n'eft point félon
les défenfeurs de ces Proportions une vé-
ritable Foi. Mais s'il n'eft queftion que d'une
Foi fpéculative y il n'y a nulle conféqoence
de la perte de la Grâce à celle de cette
Foi , puifque l'on voit tous les jours les
plus grands pécheurs très attachés aux vérités
fpéculatives de la Religion. Ceft fans doute
dans ce dernier fens que le Concile a
condamné cet Article $ mais il eft aflès
naturel de croire que ceux qui le défen-
doient ne le £iifoient que dans le premier
fens> qui n'a point été condamné.
z 3 . Que r homme qui pèche après le bap*
terne ne peut fe relever avec la Grâce de
Dieu , ou qu'il peut recouvrer la Grâce par
la Foi feule fans le Sacrement de Pénitence. \
La première partie de cette Propofitioii
eft une fuite de l'erreur déjà condamnée »
que le lufte ne peut pécher , & que les .
prédeftinés ne perdent jamais la Grâce »
d'où il s'enfuit par une confïqnence nécefr
faire y que ceux qui ne le font pas , font
toujours réellement dans le péché, & ne
peuvent fe relever avec la Grâce \ Propofi*
tion erronée , dont la cenfure étoit déjà corn*
prife dans celle des Propofitions précédentes*
Dans la féconde partie du même Canon , le
Concile condamne en même tems ceux qui
difent , quon peut recouvrer la Grâce par
la Foi feule fans le Sacrement de Pénitenctm
Il eft bien certain en efïèt , que fi la Foi
fe prend ici exclufivement à toute autre
difpofition oa à toute antre obligation , on
DE TRENTE, Livre IL j^c)
Avec la Grâce de Dieu » ou qu'il peut recouvrer la Grâce par la Foi feule mdxlvu.
fans le Sacrcmcni de Pcnicencc, jo. Qpc ta peine *^ eft entièrement rcmife ^^"^ ^^^•
arec la coulpe à tout Pénitent , & qu'il ne lui refte aucune peine temporelle — — —■
à fouflfrir ni dans cette vie ni dans le Purgatoire, j i. Que le Jufte *î pcchc
•'il fait le bien dans la vue de la récompenfe éternelle. 3 1. Que les bonnes ^^
ne peat (ans enenr (batenir qoe Thomme
puifle recouvrer la Grâce par la Foi feule.
Le repentir , le changement de coeur , &
la converfîon (ont abfblament aufll nécef-
bÎKs que la Foi , & on ne peut (ans elles
xecoavrer la Grâce. La feule difficulté re^
garde le Sacrement de Pénitence s & il
n'eft pas moins certain que félon le cours
ordinaire de la Difcipline extérieure, un
pécheur neft point cen(é rétabli dans l'état
ie Grâce qu'en recevant rab(blution, dont
le miniftère e(l confié aux Pafteurs. De
(avoir (i réellement il ne recouvre pas la
Grâce fans ce moyen , c'eft ce qu'on ne
peut mieux décider que par la comparai-
ion entre la Pénitence & le Baptême ,
pui(que dans TEglife Chrétienne TAUblu-
don a toujours été pour les Pénitens , ce
que le Baptême a été pour les Catéchumè-
nes.
24. Qx^^ la pane eft entièrement remife
Mveela coulpe à tout Pénitent y &c.] Les
Catholiques conviennent de la remife de la
peine étemelle. Les Proteftans ne nient
pas que le pécheur , pour eftâcer fes fcan-
dalés, n'ait à expier les peines que les Loix
êM TEglife ont prefcrites pour l'édification
4b9 Fidèles, & celles aufldque Dieu envoyé
oocant pour l'épreuve que poiur nourrir le
iêntiment & l'averfion du péché. Ce qu'ils
nient eft , que ces fones de peines pnif-
ktii être regardées comme une exade
CDmpenfation du péché & une fatisfiiâion
€ute à la juftîce de Dieu , comme ^ la
}u(Hce de Dieu ne pouvoit être (àtis&ite
fans cette (brte de compen(àtion. C'eft
donc encore ici une de ces di(putes qui
ne roulent que fur les différentes idées
qu'on fe forme des chofes , mais qui ne
diangent rien réellement â leur nature ;
poifque , quelque notion qu'on fe forme
de ces peines , pourvu qu'on en main-
tienne robfervation & la nécefïîté , on rem-
plit toutes les vues dé l*Egli(ky a:on(âtisfiaiit
aux oblig^îons que la Loi de Dieu impo(ê.
a f . Que le jufte pêche , s *il fait le ht en
dans la vue de la récompenfe éternelle. ] Ce
que le Concile condamne ici (î juftement ,
ne peut être regardé que comme un para-
doxe infoutenable. Car puisque , comme
on l'a dic^ c'eft Dieu lui-même qui nous
propofie ceae récompenfe comme un objet
propre à nous porter à agir > dire que le
Jufte pèche en ag^dànt dans cette vue , c'eft
fuppofer que Dieu lui-même nous induit
au péché. D'ailleurs , comme Dieu lui-
même £iit panie de cette récompen(è , le
moyen de croire qu'on pèche en agi (lin t
pour elle s il eft vrai qu'il fembe qn'enagiflânt
ainfi dans la vue de la lécompenfe, on rap-
porte tout à fon propre bonheur comme à
à fin. Mais comme cette ^w elle-même fe
rapporte à Dieu qui a imprimé dans le fond
du coeur de l'homme ce penchant général
pour (à félicité \ loin de regarder cela
comme un défaut , on ne peur l'envKà-
ger que comme une fuite naturelle de la
création , qui eft de rendre heureux ceux
ui s'acquittent de leur devoir , & qui ne
ont ufagc de leur liberté que pour prati-
quer la vertu.
1^. Que les bonnes oeuvres du Jufte font
uniquement des dons de Dieu , & non point
les Tntrites de l'homme juftifié. ] Ici , plus
que fur aucune autre matière , les Catholi-*
ques& les Proteftans fe (ont imputés les er-
reurs les plus grofficres, (ans qu'il y ait pour-
tant de conteftarion bien réelle entre eux *,
pui(que lë mérite que les uns excluent n'eft
point celui que les autres établidènt , &
qu'ils fe forment les uns & les autres des
notions fbn diffihrentes de ce qu'on appelle
mérite. Par ce terme les Prote(bns enten-
dent une proportion exade de juftîce équi-
valente entre l'œuvre & la récompenfe. Les
Catholiques au contraire n'exigent qu'une
certaine proportion de" convenance , qui
defbne une récompenfe à chaque bonne
2
400 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. œuvres du Juttc font uniquement des dons de Dicu,& non point les mérites
Paul III. de l'homme juftifié. 3j. Enfin que par la dodrine que le Concile vient d'cn-
"— ~"~ feigner , loin de contribuer à la gloire de Dieu & aux mérites de Jefus-
Chrift , on déroge à Tune & aux autres.
A p R E*s avoir préparé TExtrait de ce Décret , j*eus quelque envie de
le fupprimer comme luperflu , puifque tous les Décrets de ce Concile étant
imprimés en un feul volume , qui eft entre les mains de tout le monde »
je croyois que je ferois mieux d'y renvoyer pour le récit des Décrets des
Seflîons fuivantes. Mais ayant fait attention , que plufieurs trouveroienc
plus de fatisfaûiou à trouver tout raflcmblé dans un feul Livre, Se que
ceux qui aimeroient mieux confulter TOriginal pourroient pafler ces Ex-
traits, je me déterminai à ne rien changer & à luivre le même ordre dans
les Seffions fuivantes. Et ce qui m'afFermit davantage dans cette réfolution,
c eft le chagrin que j ai fouvent eu en lifant Xénophon ou Tacite , de trouver
omifcs certaines chofes qu'il eft préfentement impolTîble de favoir , quoi-
qu'elles fullent très connues de leur tems -, d'où j'ai pris pour maxime, qu'un
Livre ne doit jamais renvoyer à un autre.
Pour venir préfentement au Décret de la Réformation, voici ce qu*il
contcnoit en (ubftance.
Autre Dé" 1 . On y dit premièrement : Que le Concile voulant corriger les mœurs
cret fur /il dépravées du Clergé & du peuple, ilajtigé à propos de commencer par
Réfidince, ^çy^^ q^j gouvernent les grandes Egliles : Qu elpérant de la mifcricorde de
Dieu
œuvre , quoique cette œuvre foit infini-
ment aU'deflbus de la récompenfe. D'ail-
leurs, par œuvres les Proteftans entendent
celles qui fe font par les feules forces natu-
Telles , & qui fembleroient par confcquent
exclurre la ncceffité de la Grâce ; les Catho-
liques au contraire n'attribuent de mérite
qu'aux œuvres qui fe font par un mouve-
ment de Foi ou de Grâce, & rapportent
par confîquentà Dieu comme à fon Auteur
tour le bien qu'il peut y avoir dans les allions
des hommes. De ces différentes notions
doivent fuivre des confcquences fort oppo-
fées , & c'eft au/H pourquoi les uns ont (i
fort condamné le mérice des œuvres , tan-
dis que les autres l'ont tant recommandé.
Mais , comme l'a très -bien remarqué le
judicieux Auteur des Thcfes de 5tf^tf«, quoi-
que Proteftant , roppofition eft bien moin-
dre qu'on ne fe l'imagine , & les deux panis
conviennent au fond à-peu-près des mimes
chofes. Car tous reconnoident que les œu-
vres des Fidèles faites par le mouvement de
la Grâce plaifent à Dieu , & qa*il leur a pro-
mis la vie éternelle j que ces œuvres ont
une certaine convenance avec iarécompen*
fe , & qu'elles (ont faites pour cette fin }
qu'on peut dire qu'elles font dignes de la
vie éternelle , non dans une proponion
exade de juftice , mais dans une cenaine
convenance naturelle > que cette récom-
penle leur eft due non-feulement parmifS-
ricorde , mais par une forte de juftice s que
les bonnes œuvres ont le même rapport a la
récompenfe , que le chemin a au terme,
les moyens à la fin , le combat à la vidloire ;
que les œuvres des Fidèles ne font acceptées
que par le mérite de Jefus Chrift > que la
juftice de la récompenfe n*exclud pas la mi-
féricorde , &c. Ces points accordés de parc
& d'autre , on fent bien que tout le refte de
la difpute ne roule plus que fur des mots ou
des définitions arbitraires, 5: que la cenfore
du Concile eft jufte , mais ne tombe que fur
des exprefOons , parce que Terreur icelle
n'eft foutenue de peifbnne*
X7. //
î
DE TRENTE, Livre IL 401
Dîca & de la vigilance de fon Vicaire en terre , que ce Gouvernement MDxirw;
ne fera plus donné qu'à des gens qui en feront dignes, & exercés dès leur ^^^^ ^^^^
enfance dans les obfervances de la Difcipline Eccléfîaftique , il exhorte '
cous ceux qui feront prépofés à cet OfEce , de s'acquitter de leur devoir »
<t qu'ils ne fauroient faire fans veiller fur la conduite de leur Troupeau :
Que cependant , comme il y en a plufîeurs qui abandonnent leur Bergerie
Se le foin de leur Troupeau , pour paiïèr leur vie dans les Cours & dans les
embarras des affaires féculières , il renouvelle ^7 contre ceux qui ne réfidenc
as tous les anciens Canons ; & ordonne outre cela , que (i quelque Prélat
bus quelque titre que ce pui(Iè être , & de quelque dignité qu'il foit re«
v&tu , s'abiente de fon Diocèie pendant fix mois confécutifs fans une caufe
jufte & raifonnable , il perdra la quatrième partie de fon revenu \ Ôc que s'il
continue d'être abfent pendant (ix autres mois, il en perdra un autre
quart : Que s'il perdfte encore plus long-temsd ans fa contumace , le Mé-
tropolitain , fous peine d'être interdit de l'entrée de l'Eglife , fera obligé
dans l'efpace de trois mois de le dénoncer au Pape , qui de fon autorité
fuprcme pourra employer un plus grand châtiment , ou pourvoir fon Eeliiè
d'un Pafteur plus utile : Ou que fi le Métropolitain tombe dans la même
faute , le plus ancien des SufFragans fera tenu de le dénoncer.
l. Qu'a l'égard des autres Eccléfîaftiques inférieurs aux Evèques, qui
tiennent des Bénéfices qui obligent à la Réfidençe par droit ou par la cou* *
.tume , ils y feront contraints par les Evèques, 8c que tous les privilèges
qui en exemtent pour toujours demeureront annuUés. Que les Difpenfbs
accordées feulement pour un tems & pour des caufes vraies Se raiionna-
i>les, qui auront été prouvées devant l'Ordinaire , refteront en vigueur ;
17. // renouvelle contre ceux qui n£ refi- ni ceax de la xxiii. aient rendu la Rcfidence
Jent pas tous les anciens Canons , &c. J beaucoup plus exacte, & que qui que ce foie
Cette matière , qui n'avoic d*abord été pro- (è mette en devoir de les Ëdre exécuter à
.foCte que comme un règlement de Difci- leur ^rd ^ fi ce n'eft que le (candale Coit fi
{iline néceflkire pour remettre Tordre dans excefuif , qu'il n'y ait moyen ni de le cou>»
le Clergé ^ devint enfoite le fujet d'une vrir, ni de le diffimuler. Cependant il n'y a
grande conteÛation , qui ne (ut terminée aucune obligation plus contbrme à la rai**
que dans la Seifion xxiii. &qui intrigua fon, ni plus recommandée dans les Canons,
irivement la Cour de R.ome > les Légats , ôc ^ue celle de la Réfidençe s 9c il n'y en a peut-
les Evèques , qui réciproquement regarde- être aucune , qui mériftt mieux d'être qua-
irent cette difpute comme décifive pour la lïSée de Droit divia.Mzis comme enlàqaatii ^
^fenfe de leurs droits ou de leurs précen- lifiant ainfi on fembloit trop reflerer l'au-
tions. Ici , fans parler de la nature de l'o- torité des Di(pen(ès , & que cela préjudi*
bligation de la Réfidençe > & fi elle eiï de doit à la puiflance du Pape » aufil-bien qu'à
Droit divin .ou fimpl^ment EccUfiaftique , l'ambition de cedx des Prélats qui vouloiene
on fe contente pour la £siire obferver de s'avancer par leurs intrigues dans les Cours
porter quelques Loix pénales contre ceux des Princes i la partie la plus fàge& la mieux
qui y manquent , & ces Loix même n'ont intentionnée fqt obligée de céder à la plus
guères de lieu, que contre les Miniftres in- nombreufe « & il £ei11uc fc contenter de ce
férieurs. Car à l'égard des Bvêques, on ne que l'on pouvoit obtenir, dans l'impoffibiUU
iroit pas que ni les Décrets de cette Seflion , oi Ton étoic d!ob;enix ce qu'on vouloir*
T o M £ I. Ë e e
4ot HISTOIRE pu CONCILE
BDZLTix. mais que r£vèque comme délégué du Saine Siège , nonobftant toute
J^^aulIII. exemcion ou privilège contraire, pourvoira au foin des amcs par Icrablif-
"■■'■■■■■'" fcment des bons Vicaires , à qui il aflîgnera une portion convenable fur le
revenu des Bénéfices.
3 . ^' Que nul Eccléfîaftique Séculier fous prétexte d'un privilège per«
ibnnel , ni aucun Régulier demeurant hors de (on Monaftère , ne pourra ,
s'il tombe en faute , s'exemter » en vertu du privilège de ion Ordre ^ de la
vidte, de la correâion , & de la punition de l'OrdinairCr
4* ^^ Que les Chapitres des Cathédrales & des Collégiales ne poorronc
1 s . Que nul EccUfiaftîque Séculier fous
friuxtt d*un Privilège perfonnel , ni aucun
Régulier demeurant hors defon Monaftère ,
ne pourrais' il tombe en faute ^'exemterJUc,}
Les premières Exemcions des Monaftères ,
comme on Ta déjà obfervé , avoient été ac-
cordées par des motiâ fon rai(bnnables.
Mais cela dégénéra bientôt en abus , & les
Supérieurs de ces Monafièies (è firent un
titre de Jurifdiétion , de Texemcion qu'on
leur avoit procurée de celle des Evtqnes,
Ceux-ci s'en plaignirent de bonne heure ,
mais l'abus loin de diminuer augmenta à
l'excès par la naiflance des Ordres Men-
dians, qu'on accabla de privilèges. La Dif-
cipline en fut tellement renverfée , que la
Jurifdiâion des Evèques fe trouva réduite à
rien. On prèchoit & on adminiftroit les
Sacremens (ans leur licence > ils n'avoient
droit ni de vifice ni de correétion s chacun
avoit Tes Tribunaux propres , qui rendoient
celui de l'Evèque inutile : en un mot j à la
ré(èrve des pouvoirs qui dépendent du ca-
Taâère, & de leurs revenus temporels , les
Evèques ne l'étoient plus que de nom. On
avoit même donné atteinte à leur droit d'Or*
dination , (bit en laillànt aux Moines Is
libené de fe faire ordonner par qui ils vou-
droientyfoiten accordant à plufievrs Abbés le
droit de conférer les Ordres Mineius , de à
quelques-uns même celui de donner le
Soufdiaconat & le Diaconat. De tels abus
excitèrent les Evoques à s'en plaindre forte-
ment dans le Concile , & Ion y pourvut par
difTérensxéglemens, mais toujours en favo-
Yi(ânt beaucoup les Moines , & en ne ren-
dant aux Evéques que le moins qu'il étoit
podîble. Dans ce Chapitre od le Concile
foumet à U jurifdiétioii de TEvéque ou les
Séculien qui auroient des privilèges per(bn«
nels , ou les Règulien qui commettenc
Quelque fcandale hors du Monaftère , il ne
fait que renouveller une Loi autorisée dans
le Droit Canon > mais il le fait même au
préjudice des Evèques , à qui il ne permer
d'agir en ces occasions que comme Délégués
du Saint Siège.
a^. Que les Chapitres des Cathédrales
& des Collégiales ne pourront fous prétexte
d'Exemtions , de coutumes^ defermens , om
de Concordats , sexemter de la vifitede leurs
Evéques , &c. ] Les Auteurs des Notes fur
le Concile de Trente remarquent , qu'on ne
voit point d'Exemtions données aux Ch^i-
tres avant le xii. ou le xiii. fiècle 5 que
l'autorité de ces Corps s'eft établie en partie
par la jurifdiélion qu'ils ont exercée , Seds
vacanUy qui ne commença que quand les
Vifiteurs que le Métropolitain envojoit ont
celTé , ce qui arriva vers le x. fiècle i que
du tems à*Innocent III , les Chapitres feai
prétexte de partitions Se de l'exemtion poof
leur temporel , commencèrent de s'attri-
buer quelque efpéce de juh(cliâion dans Is
correÂion des moeurs des Chanoines ^
quoique ce (ut tvec fubordination a l'Evè-
que ) mais que les privilèges ou la pcflèdion
qui exemtent ces Corps de la jnrifdiflioii
totale font abufifs ; que la panition du tefl»*
porel qui a été ùÂte entre les Evèques & les
Chapitres , ne peut pas être étendue à la jv*
rifdiéHon fpirituelle > que les Evèques , en
communiquant une portion de cette jurif-
dièlionpar des Concordats particuliers, (è
(ont toujours retenu le droit de rupériorité &
de reflbrt ; que les privilèges plus étendus
ont été forpris & extorqués , & (ont des
eâèts de la foibledê ou de la prévaiicatioo
DE TRENTE, Litre II. 40 j
Cous prérexce d'exemcions , de coutumes , de fermens , ou de Concordats , MûxLtif^
«'cxcmtcr de la vifite de leurs Evêques ou d autres Prélats fupérieurs , lou- ^^^^ ^^^
ces les fois qu'il en fera befoin. '
5. 50 Qu'aucun Evêquc, en vertu de quelque privilège que ce puifle
£tre , ne pourra exercer aucune fon£tion Epifcopale dans le Diocèfe d*au-
crui , (inon avec la permiflîon de TEvêque du lieu > ôc feulement les Sujets
^e ce même Evèque.
Enfin , l'on afligna la Seflion fuivante au troifième jour du mois de
Mars prochain.
^es EY^ues , qai (bavent pour augmenter
leur rerena temporel ont abandonné par des
paôions illicites & (îmoniaques les droits
de l'Epifcopat -, que la poflèdion immémo-
riale eft inluffilante pour maintenir de telles
prétentions , puifqu'ane coutume abufîve
ne peut préjudicier à un droit imprefcripti-
ble i que les Rois ont quelquefois £ivori(ë
des Eglifes de leur procedion fpéciale, en
les ezemcant de la jurifdiôion ordinaire ,
mais qu'en ce qui eft purement fpiriruel ils
n'ont pu les fouftraire à leur Supérieur na-
turel s qu enfin a l'égard des Bulles qui au-
torifent ces fones d'Ezemtions , on re-
marque dans la plupart, des abus & des nul-
lités qui en rendent l'effet inutile. Ce fut
fur une partie de ces raifbns , que les Evê-
ques infiderent à rappeller tout au Droit
commun , & c'eft à quoi le Concile a pourvu
jen partie , tant par ce Décret que par le
fixièmeChapitredelaSelTion xxv. Mais il
t*en faut bien , que les Evéques aient été
rétablis par-là dans tous leurs droits. Les Lé-
gats & la Cour de Rome qui s oppofoient
&crettement à tout ce qui favoriCbitlagran-
diflement des Evêques , footenoient fecret-
cement les Chapitres , & auroient voulu
maintenir des Exemtions , qui en les fou-
mettant immédiatement au Pape, rendoient
(bn autorité plus étendue, en même-tems
qu elles afToiMiflôient celle des Evêques. Mais
on avoit trop befoin d'eux , pour tout leur
refufer 5 Se c'eft à cette néceffité , plutôt
qu'au defir de réformer les abus , que font
dus ce Décret , Se celui de de Sedîon xxv.
)o. Qu'aucun Evêque , en vertu de
quelque privilège que cepuiffe être , nepour»
ra exercer aucune fonBion Epifcopale dans
le Diocèfe d' autrui , finon , &c ] Ce que le
Concile ordonne ici eft conforme à l'an-
cienne Difcipline , & il n'a fait que renou*
veller ce qui avoit déjà été établi auparavant
par le xxxvi. Canon des Apôtres , auffi-
bien que par le Concile d'Antioche fous
Jules /, par le Concile de Sardique, parle
troifième Concile de Carchage , par le troi-
fième d'Orléans, par le Synode in TruUo,
Se par plufieun autres, qui ont tous défendu
aux Evêques de £iire aucunes fondions dans
des Diocêfès étrangers (ans la permiffîon
du propre Evêque , auffi-bien que d'ordon*
ner des Clercs de la jurifdidion d'un autre.
Sur ce fécond point cependant il y a beau-
coup plus de variété , parce qu'on ne deve-
noit pas fujet d'un Evêque d'une manière
uniforme par- tout. Cette fujettion fe tiroît
quelquefois de la naidànce , ou plutôt du
lieu du baptême , quelquefois du domicile ,
Se plus ordinairement autrefois du titre de
la première Ordination. Mais enfin la pra-
tique la plus commune aujourd'hui , du
moins en France, pour l'Ordination, eft
de l'attribuer à l'Evêque du lieu de la haif-
(knce y quoique les Evêques puilfent , s'ils le
veulent , exercer cette jurifdiélion à l'égard
de ceux qui ont un titre bénéficiai dans leurs
Diocêfès , Se que le Concile leur permette
auflî d'ordonner quelqu'un né hors de leur
Diocèfe , pourvu qu'il ait demeuré trois ans
avec celui qui l'ordonne. C'eft ce qui fut
réglé dans les SeiHons xiv. 5ç xxiii. Mais
pour ce qui regarde le Déàret de cette
SefCon , il n'y a fur cela aucune difficulté ,
Se l'on n'a &it que confirmer l'ancienne
Police , à laquelle quelques Evêques , qui
par privilège, ou par leur droit de fupério-
rité fur d'autres Eglifes , prétendoient fans
raifbn avoir droit d'exercer par- tout leur
jurifdiâion , avoient quelquefois donné at«
teinte.
Eee X
Paul III.
lugimtnt
dtê Publie
fieras Dé-
nets , fisr
lêfquels les
Théologiens
ne succw^
dotent que
dmns Us tmt'
mes.
404 HISTOIRE DU CONCILE
3 X Le Décret de Foi ne donna pas beaucoup matière de parler à Rome l
parce qu y ayant été vu & examiné publiquement » comme on l*a dit > il
n'y étoit point nouveau 5 & que d'ailleurs tout le monde favoit qu'on y
devoit condamner toutes les opinions Luthériennes , & qu'on 7 avoir vu
& approuvé ce Décret. ^ ^ Mais les Evèques de cette Cour , qui avoiene
été long-tems inquiets fur l'Article de la Réfîdence qu'ils fa voient qu'on y
traitoit , furent bien contens lotfqu'ils eurent vu le Décret , perfuadés qu'il
n'auroit pas plus d'effet que n'en avoient eu auparavant les Décretales des
Papes fur la même matière. Quant aux Courtifans d'un rang inférieur ,
ils furent extrêmement mal fatisfaits de voir qu'on donnoit aux Evêques le
pouvoir de les contraindre à la Réddence ; & ils fe trouvoient fort malheu*
reux de ce aue pour pouvoir gagner dequpi vivre ; ils étoient obligés de
fervir toute leur vie , & pour toute récompenfe de leurs peines de fe voir
pour toujours confinés dans un village -, ou s'ils rcccvoicnt quelque pauvre
Canonicat, d'avoir à fupporter une fetvitude plus vile & plus pénible de
la part des Evêques , qui non-feulement les tiendroient comme liés d ua
poteau > mais qui d titre de vifites & de corredions les con tiendroient dans
3 1 . £e Décret de Foi ne donna pas heau'
coup matière de parler à Rome , &c. ] Le
Cardinal Pallavicin , L. 8. c. 18. remar-
que , qu'il palTa dans la SelHon avec une
entière unanimité, & qu'il n'y eut d'oppo-
ficion que de la part de l'Ev^ue de SenÎM-
glia , qui protefb qull lui paroifToit défec-
tueux en ce qui y étoit dit de la Foi & de la
miféricorde de Dieu ; & de la pan de l'Eve-
que de Bojfa , qui vouloit qu'on anathéma-
u(àt l'opinion de la certitude de la Judifica-
tion. Il ne lai(Ta pas néanmoins , félon le
même Cardinal L. 9. c. i. de fe trouver des
gens à Rome qui le blâmèrent, non tant à
caufe de ce qu'on y avoit défini , que parce
que beaucoup de gens eudènt (buhaité qu'on
X>e fe fut pas tant précipité de le publier. Ce
n'efl pas pounant qu'on n'eût pris a(Ièz de
tems pour examiner les matières, puifqu'il
s'étoit pa(K près de fept mois depuis la der-
nière Sedion , & qu'il n'y eut aucun point
fur lequel il fe tînt tant de Congrégations.
Mais comme cette publication s'ctoit faire
contre la volonté de FEmpereur , on appré-
bendoit que cela n'indifpofat l'efprit de ce
Prince , & que les fuites n'en fuflent fôcheu-
fes Se pour le Concile & pour Rome , comme
Maffei Secrétaire du Pape s'en étoit expli-
qué au Cardinal de Ste Croix.
5 1. Mais les Evêques de cette Cour^ qui
avoient été longtems inquiets fur P article de
la Réjîdence , — fiirentbien contens , &c. J
Le Décret fur la Réfîdence & les autres
points de la Réformation , ne pafla pas avec
la même unanimité dans la Sedîon. Au con-
traire il s'y fit tant d'oppofitions & tant
d'exceptions , qu'on fut obligé de renvojer
à la première Congrégation générale a délî-
berer de nouveau lur ce point, & à rajufler
le Décret au gré des Pères , ce qui fe fit
effedivement dans la Congrégation du 2 f
de Février fuivant , félon Pallavicin L. 8.
c. 1 8 , & Raynaldus N° 5 j. A l'égard do
point particulier de la Réfidence , les uns
fouhaitoient le Décret plus refferré , & les
autres moins. Les Counifàns éroient fort
contens, qu'on n-'eut point déclaré l'obliga-
tion deréfider de Droit divin^ & prévoyoienc
bien qu'au moyen des Difpenfes on éluderoit
aifément les peines fous le(quelles la Réfi-
dence étoit ordonnée* Mais tel qu'étoit ce
Décret , il ne laiffa pas de fervir a remenre
quelque ordre dans l'Eglife. Cependant y
comme on s'apperçiit bien qu'il étoit infiiffi.
(ant , on fut oWigé d'y revenir dans la fuite ,
& de reiferrer par de nouvelles Loix une
obligation , dont on fentoit t?.nc d'iucUn»»
tien à fe décharger.
DE TRENTE, LiVRB IL 405
une fiijcccion pénible , ou les courmenteroienc par des vexations Se des dé- mdxlyii»
penfes continuelles. Paul. III.
Mais lorfque les Décrets * eurent été répandus hors de l'Italie , celui • ..
de la Foi donna bien matière à difcouric , fur-tout en Allemagne , où Ton g *^'
trouvoit qu il falloit le lire ôc rélire très-attentivement & beaucoup mé-
diter delTuspour y comprendre quelque chofe, & même qu'on nepouvoic
l'entendre fans une parfaite connoiiTance des moavemens intérieurs de
l'ame , & fans favoir en quoi elle eft aâire & paflive , parce que toute la
doâ:rine du Concile rouloit fur ce point , favoir fi le premier objet de la
volonté opère en elle ou elle en lui , ou bien s'ils font tous deux aâifs &c
paflifs :chofes très-fubtiles , &qui, félonie différent côté dont on les
cnvifage, ont toujours été regardées comme problématiques. Quelques
plaifkns dirent qu*il n'étoit pas étonnant qu'à l'exemple des Aftrolo-
gués , qui pour cacher l'ignorance où ils écoient des véritables caufes des
mouvemens céleftes , avoient inventé les Epicycles & les Excentriques >
le Concile eut donné dans l'Excentricité des opinions pour fauver les ap-
parences des mouvemens furnaturels. ^ ^ Les Grammairiens ne fe ladbienc
point de faire admirer par raillerie l'artifice de cette expreflion du cinquiè-
me Chapitre de la Do£trine , Ncquc homo ipfc nihil omnino agat , qu'ils
difoient être inintelligible & fans exemple. Us remarquoient que fi le Sy<-
liode avoir voulu faire entendre que l'homme fait quelque cnofè, ils le
pouvoient dire plus clairement en ces termes , Etîam homo ipfc aliquid
agat y ce qui convenoit mieux en matière de Foi , où l'expreilion la plus
fimple eft toujours la meilleure \ ou que s'ils avoient voulu employer une
élégance , ils auroient mieux fait de dire, Etiam homo ipfc nonnihil agat :
Mais qu'en inférant le mot omnino y la phrafe étoit impropre & fans fens ^
comme font toutes les Propofitions où fe trouvent deux négations , qui
ne peuvent pas fe réfoudre en une affirmation : Qu'en effet , fi l'on vou-
loit convertir cette Propofition en une affirmative, il faudroit dire, Etiam
homo ipfc aliquid omnino agat , ce qui feroit tout-à-fait impropre , étant
impoflible d'entendre ce que veut dire dans cette Propofition , Aliquid om^
nino , qui fignifieroient que l'homme a une aâion d'une certaine manière >
qui d'une autre manière ne feroit pas une aftîon.
Quelques-uns défendoient les Pères en difant , qu'il ne failoît pas exa-
miner leurs expreflîons à la rigueur , ce qui ne fcncoit que la chicane. A
quoi on repliquoit , qu'il croir vrai qu'on devoir toujours interpréter fa-
vorablement les façons de parler ordinaires \ mais que l'utilité publique
demandoit qu'on découvric l'artifice de ceux qui en s écartant des expref-
3). Les Grammairiens ne fe laffoient qu'ils ne fervent qa*à mieux faire voir que
ppint défaire admirer par ra'dlerie l* artifice l'on pouvoir s'exprimer & plus ezademenc
de cette exprejjion , Sec, ] Il faut avouer ^ &plus intelligiblement. €c neft pas qu'on
que leur cenfure n'étoic pas tout-à fait mal n'entrevoye bien le fens du CotKÏle ; mais
fondée > & les exemples que rapporte Pal- ce quon en critiquoit, c'cd que rexpieûTioQ
lavicin L. 8. c. i<?. font fi diileuiblables ^ n'ccoit ni propre ni claire.
40(; HISTOIRE pUCONCILE
soxLYii. fio^ claires & d'ufage , en inventoienc d'impropres & d ambiguës , & qui
Paul IIL couvroienc quelque concradidion , pour avoir une reflburce contre les
^ deux partis.
te nojlras ctiam rebelles compclU propititis voluntates; Se qu'il ne convenoic
(lac L ^. P^s QC faire paflcr cette prière gour un defîr vain de illufoire , puifqu étanc
tus
IX. 2.1 11 une «IV^l. %Jm & aUl } \jU^ W Al Vril. LAJIIII. UW A AIWPItJAllW * ^UW VJ«,*1II. S^M UUl A^patC
' les vafcs de colère de ceux de miféricorde , puifque ce qui fait cette dii^
rinâion , c'eft ce Aonnihil omninà ourcmcnt humain du Concile. '^ D'au-
tres critiquoicnt cet endroit du leptième Chapitre , où il eft dit y que
chacun reçoit la jujlice jclon la mejure qu'il plaît à Dieu d*en départir y &
félon fa propre difpofition y & ils trouvoient que ces deux chofes ne pou*-
voient s'allier enfemble \ parce que (I Dieu vouloir donner une plus gran-
3 4. Ceux qui étaient au fait de la Tkéo^
logie difoient qu'enfeigner , comme faifoit
le Concile^ &c ] Cétoit poodèr, ce fem-
ble , la ciîcique trop loin , qae de précendre
trouver de la contradiâion entre ce qu en-
feigne le Concile , que l'homme peut tou-
jours rejetier les injpirations divines , &
Tancienne prière où l'Eglifè demande à Dieu
dejbumettre à lui nos volontés rebelles. En
efjfec, ce terme compelle ne doit s'entendre
3ue d'une motion proponionnée à la nature
e notre volonté , qui ne pouvant être pri-
vée de (à libené, n*eft forcée de fe foumet-
tre , que de la même manière que les con-
viés de TEvangile étoient forcés aux Noces
de celui qui les invitoit, c'eft-à-dire, par
attrait ou par perfuafion , comme l'a fon
bien remarqué le Cardinal Pallavicin L. 8.
c. T9. pui(que la Grâce quelque forte qu'elle
fbit n'emporte leconfentement de la volon-
té, & n'agit que de la même manière que le
font tous les autres moti& qui nous déter-
minent à Tadion.
^f* Ils objeéioient auji , qu'on ne pour-
toit plus dire avec S. Paul , que ce nefl
point de V homme , &c. ] Cette critique n'eft
pas plus jufle que l'autre. Car en fuppo&nt
la néceflité de la Grâce, comme &it le Con-
cile , on a toujours très-grande rai(bn de
dire , que ce n'eft point de l'homme que
vient ce qui (épare les vafes de colère d'avec
lesvafesde miféricorde. Carde croire qu'il
£iut que l'homme ne hSt rien , pour avoir
droit de dire que ce n'eft point de lui que
vient cette diftinâion , c'eft ce qui n*eft
jamais venu dans l'efprit de S. Paul , qui
dans cet endroit de l'Epître aux Romains ne
nous en(èigne autre chofe , fi non que ce
n'eft point en vue de leun mérites que les
Juifs 8c les Gentils ont été appelles à la con-
noiilànce de l'Evangile , ce qui n'eft aucune-
ment oppofé à ce qu'enfeigne le Concile de
la coopération néceflàire du Libre - arbitre
avec la Grâce.
3 6, D'autres critiquoient cet endroit du
feptième Chapitre , où il eft dit que chacun
reçoit la juftice , &c. ] Il femble véritable*
ment , que le Concile n'ait pas parlé ici
avec la m^me exaé^itude que dans les en**
droits précédens , puifque fouvent la Grâce
a été départie avec plus d'abondance a ceux
qui paroiiTent y avoir apporté moins de pré-
paration. Ce que difent ici les Pères ne
peut donc être vrai qu'en ce fens , que ceux
3ui font mieux difpofés mettent moins
*obftacles à la Grâce que les autres , quoi-
qu'ils la reçoivent (bu vent avec moins d'a-
bondance. Mais ce fens n'eft pas celui qui
fe préfente le plus narorellement»
DE TRENTE, LivKE 11. 407
de mefure de juftice à celui qui feroit moins difpofé , ce ne feroir pas fe- uuxLViu
Ion la mefure de la difpolition j au lieu que fi Dieu la donne félon la dif- Paul III.
pofition du fujec, il y a donc un autre motif qui porte Dieu à agir que
celui de fon bon plaifir. 37 Plufieurs s*étonnoient aum, que le Concile eue
condamné ceux qui diroienc qu*il ncfi pas pcffibU dobftrycr Us comman^
dcmtns de Dieu , après avoir dans le Décret de la féconde Seffîon exhorté
tous les Fidèles auemblés à Trente à avoir de la douleur le leurs péchés ,
•à, fe confefler & communier , & d obferver les commandemens de Dieu »
autant qu'il feroic poflible à chacun , quantum qtdfqiu pourit : modification
^ui fèroit impie , li l'homme juftifié pouvoir les obferver abfolumenc. Ec
pour prévenir toutes les chicanes qu'on auroit pu oppofer , ils obfèr-
voient que dans l'un & l'autre endroit le Concile s*étoit fervi du même
mot, Pmcepta.
Les gens verfés dans l'Hiftoire Eccléfiaftique remarquoient de leur
côté, 3^ que dans tous les Conciles tenus dans TEglife depuis le tems
des Apocres jufqu'alors , joints enfemble , on n'avoit pas déciaé tant d'Ar-
ticles de Foi y qu'on avoir fait dans cette feule Sefiion ; & o^Arifiott y avoir
eu une très-grande parr , puifque s'il n'avoit pas diftingué aufii exaâement
qu'il avoir fait tous les différens genres de Caufes , nous manquerions de
beaucoup d'Articles de Foi.
Les Politiques enfin , quoiqu'il ne leur convienne pas d'examiner les
cbofes de Religion y mais de s'y foumetrre avec fimplicité, fe mêlèrent néan-
moins de critiqtfer auffi ce Décret. Car ils étoient fcandalifés de ce que
)7. Plufieurs s*itonnoient auj/i , que le 3 S. Que dans tous les Conciles tenus
Concile eût condamné ceux qui diraient dans VEglife depuis le tems des Apôtres juj^
qu'il n'ejl pas pojphle d* obferver les comman- qu'alors — on n'avoit pas décidé tant
démens de Dieu , &c. ] De qai que ce (bit d'Articles de Foi , &c. ] En effet , je crois
que vienne cette remarque , il eft difficile de que de tous les G>nciles teiios dans l'Eglifè ,
ne la pas regarder comme une chicane. Car celui de Trente eft le Concile de tous , ou
loin qu'il y ait de la contradidion entre Ton a moins épargne les Anathêmes i paif>
exhoner les Fidèles à obferrer les corn* qaon en compte au moins 1 5 j dans les
mandemens de Dieu autant qu'ils le pour- différentes Seffions de cette Adèo^ée. Cette
Tont > & déclarer qu ils font poflibles , Tez* méthode tA certainement la plus propre
honation au contraire en fuppofe la poflibi- pour foumettre les dmples , qui ne diftln-
lité ; pui(qu'il feroit ridicule d'exhorter à guent point TAnathème de la damnation,
obferver ce qui feroit impodlble» D ailleurs , Mais comme ces Anathêmes n'ont de poids
comme le remarque fon bien Pallavicin , que fuppofé la véricé ou l'importance des
il 7 a bien de la différence entre obferver décidons , il n'eft pas toujours aifc de jufti*
fimplement , & obferver parfaitement les fier une pareiUe conduite , quand on fait, oa
commandemens de Dieu. La poffîbilité re* qu'il ne s'eft agi (buvent que de dictes de
sarde le premier point, & l'exhonation le mots , ou que les cbofes n'étoicnt pas d'une
dernier : ce qui feroit difparoître toute con- importance à faire excluire de l'Eglife ceux
tradition, quand bien même on en fuppo- qui penfbient différemment. Dans de tels
feroit quelqu'une apparente dans les ter- cas, la multiplicité des Anathêmes efl plus
mes , qui cependant fe concilient aifément propre à former des Schifmes , qu'à remé-
fans cette diftinâioa* dier aux divifions de l'Eglife*
4o8 HISTOIRE DU CONCILE
MDZLTii. le Concile avant recommandé dans le Chapitre x. Se le Canon xz. roblî-
PAut IIL gation d obéir aux commandemens de Dieu & de TEglife , *^ il n*y éroit riea
dit de lobéiflance due à ceux des Princes 6c des Magiftrats. Ilsdifoiencx
Que TEcrimre Sainte s'explique plus clairement fur cette obéiflance que
fur celle de TEelife y que l'Ancien Teftament eft plein de préceptes qui mar-
quent cette obligation i Se que dans le Nouveau , S. Pierre , S. Paul y Se
Jefus-Chrift lui-même 1 etaDlidènt d'une manière très-claire & très-éten«
due : Que pour l'Eglife il y a bien im commandement exprès de l'écouter :
mais qu'il n'eft pas marqué aufli clairement de lui obéir ; parce qu'on obéit
bien à celui qui a l'autorité propre de commander , mais qu'on ne fait
qu'écouter celui qui publie le commandement d'autrui. En vain leur répon*
doit - on que le précepte d'obéir aux Princes étoit renfermé dans celui
d'obéir à Dieu , l'obligation de leur obéir étant fondée fur ce que Dieu a
commandé cette obéiflance. Ils ne fe payoient point de cette excufe , Se
'Eglife , Se paffé i autre lous nience y aans la vue qu
eue depuis long-tems les Eccléfîaftiques d'entretenir le peuple dans cette
pernicieufe opinion , qu'on leur doit obéir par confcience » mais qu'on
n'obéit aux Princes & aux Magiftrats que par la crainte des peines tem^
{)orelles , & qu'il n'y a que cette vue qui doive empêcher qu'on ne viole
eurs Loix : Que c'eft par ce moyen qu'on repréfente leur Gouvernement
comme tyrannique , & qu'en le rendant odieux on s'expofe a le détruire ;
tandis qu'en faifant regarder la foumiflion aux Prêtres comme la princi-
pale & même l'unique voie d'acquérir le Ciel , les Ecclé/iaftiques n'ont
en vue que d'attirer a eux toute la jurifdiâion , fie à la fin conféquçmmen(
tout le pouvoir Se tout l'empire.
40 Pour ce qui regarde le Décret de Réformation , on le traita nettes
ment
%^n Ils étoieru fcandalifîs de ce que le
Concile ayant marqué l'obligation d'obéir
aux commandemens de Dieu & de l'Eglife^
il ny étoit rien dit de l'obéiffance due d
ceux des Princes , &c. ] C'a été un trait
judicieux en Fra - Paolo d avoir mis cette
remarque fur le compte des Politiques, qui
n*ont pas manqué fouvent de la Êiire. Mais
comme il ne Ta point £&ire en fon nom , il
n*y a pas tout-à-Ëiit de juftice à Pallavicin
de vouloir l'en rendre refponfàble. Au refte,
de quelque pan que vienne la réflexion ,
elle me paroit tout-à'&itinjufte. Car il n*eft
nullement vraifemblable que le Concile ait
voulu faire regarder comme indiffib-ente
Tioblig^tion d'obéir aux Puiilânces Séculières.
Conune ce point n'avoit pas été rondié ,'
& qu'il ne faifoit point l'objet des délibéra^
dons du Concile , il n'y avoit nulle rai(bn
d'en parler, ni nulle politique à Texclurre,
d'autant plus que prefque tous les Théolo*
gîens ont déclaré cette obéiflàace aux Prin->
ces comme une obligation de confcience*
De favoir ^u refte jufqu*o&- s'étend cetc^
obligation d'obéir aux Loix humaines tant
Eccléfîaftiques que Civiles , & de quelle
nature en eft la tran(gre(Con , c'eft ce que
le Concile n*a point déterminé > parce qu'il
n'étoit point qneftion de cette auticres^c
Fra-Paolo a eu la même ré(eirve*
40. Pour ce qui regarde le Décret de I4
Réfçrmatiêtt^ on le traita tuitcmint d'unt
DE T R E N T E , L I V R E 1 1. 409
xncnt d'une illufion toute pure. Car dire, comme on faifoit, quon fe mdxlvii.
confioit en Dieu & au Pape , que les Eglifes feroienc pourvues de pcr- ^^"^ ^^^•
fonnes dignes , cela fencoir plus la prière que la Réformation. Renouveller — ■— ■
les anciens Canons en un fcul mot Se d'une manière auflî vague , c'ctoit
en autorifer davantage rinobfervation ; au lieu que fi l'on eût voulu les
rétablir , il falloir ôter les caufes qui les avoienr fait mettre en oubli , re-
mettre en vigueur les peines décernées contre les tranfgreflcurs , établir
des perfonnes pour les faire exécuter, & employer tous les autres moyens
dont on a coutume de fe fervir pour l etablififement & la confervarion des
Loix. Enfin on difoit : Que par les Réglemens que Ton avoir faits , Ton
n'avoir fait autre chofe qu'autorifer les Bénéficiers à être abfens toute Tan-
née en facrifiant une moitié de leurs revenus , & qu on leur avoir même
appris à s'abfenter onze mois & plus fans rien perdre de leurs revenus ,
en paroiflant trente jours ou même moins avant Vexpiration des fix mois :
Que d ailleurs quand le Décret feroit plus ferieux , on Tavoit rendu inutile
par
puil
îur-tout ayant pour juges acs gens qui icmoicnt s mtcreucr a ce qu
jétablifle point la Réhuence.
Avant que de quitter ce qui regarde cette Seîfion , 41 il eft à propos (^jith '
& Soto ,
en combat la confcquence en diftinguant ce V*^'^'*^ «^
qu il y a de clair , d'avec ce qu'il y a d'ambigu J'^^^^^^^ ^
dans la décifîcn. Cependant cette diftindion, ^^^^/"» 'T^T
--'---- : tendent ch/i"
Ulufion toute pure y Sec] Cétoit aflTurément
trop dire. Mais il efl vrai pourtant que l'Em-
pereur enfutalfez mccontenc, comme n'y
trouvant rien de fort imponant i & le Con-
cile en jugea aflez de la môme manière
dans la fuite , puifqu il fallut retoucher tou-
tes ces matières , & relferrer beaucoup plus une certitude de foi de fa Juftification , fi zxxfuycur de
qu'on n'a voit fait l'obligation de la Rcfi- vu & au fu du Concile chacun des Théolc-/^;» cPinio».
qui peut avoir fon ufage ailleurs , n'a pas ici »
la moindre application. Car puifqu'il s'agif- Connle »
foitaufond de favoir, fi l'homme peut avoir décidé
dence & les Exemtions des Privilégiés , que
la Cour de Rome avoit grande envie de
maintenir pour le foutien de (à propre
autorité.
41. Ile fi à propos de faire mention d*un
événement, qui y quoiqu'il ne foît arrivé que
quatre mois après , &c. ] Cet événement
efl que, quelques mois après le Concile,
Soto & Catharin publièrent l'un & l'autre un
Ouvrage , où fur l'article de la certitude de
la Grâce , quoique d'un fentiment oppofé ,
chacun d'eux ^^rccendit que le Concile avoit
décidé en fa faveur. Ils eurent l'un & l'autre
Ifurs partifans } d'oJ notre Hiftorien con-
clud que fi dans le tems môme du Concile
l'on a Ç\ peu connu le fens de fes décifions ,
il eft encore plus ditSwile de le favoir à pré-
&nr. PaUavicin ne nie pas le (ait , mais il
TOM£ I.
giens oppolcs a pu foutenirque cette Afl'em-
blée avoit ou n'avoit point défini la chofe,
fans que les Pcres aient voulu s'expliquer de»
puis fur cette conteftation , ne doit-on pas en
conclure que le fens de la définition étoit
trcs-ambigu , & que par le principe du Car-
dinal cette décifion n'appartient point à la
Foi , puifqu'aucune des parties oppofées ne
convenoit du lens de la définition ? C'eft la
conféquence qui réfulte de cette contefta-
tion , & qui prouve invinciblement ce qu'a
avancé Fra-Paolo , que le Concile s'eft fou-
vent expliqué d'une manière Ci ambiguë,
qu'il eft impo/fible d'en pénétrer véritable-
ment le fens. C'cftauili ce qui fit dire dans
la fjite à Piùrac ydsins une lettre au Chan-
celier de r Hôpital , qu'il fembloit qu'aie
lieu que les autres hommes s'expliquuieoc
Fff
le
410 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. de faire mention d'un événement qui , quoiqu'il ne foie arrivé que quatre
Paul III. ^^^jg après , appartient pourtant à la Seflîon préfente , & peut fervir à
nous faite connoître ce que cetoit que le Concile de Trente, ôc quelle
opinion en avoient ceux mêmes qui y aflîftoient. Pour bien entendre
e Pallav L ^^^^ > ^ ^^ ^^^^^ ^^ fouvenir que Dominique Soto , dont on a déjà parlé
». c. 19. fi fouvent, &c qui eut tant de part à la compofition des Décrets fur le
>éché originel Se la Juftification , après avoir recueilli tous les avis &c
[es raifons que Ion allégua dans ces difputes > & avoir pris le deffcin d'en
faire part au public , & d'interpréter les paroles du Décret d'une manière
fevorable à fes opinions*, que Soto ^ dis-je, fit imprimer un Livre inti-
tulé , De la Nature & de la Grâce , avec une Epître dédicatoirc au Con-
cile, où il difoit que fon Ouvrage n'étoit qu'un Commentaire des deux
Décrets précédens. Dans ce Traité , lorfqu'il vient à l'article de la cer-
titude de la Grâce , il prouve fort au long, que le Synode avoit déclaré
que l'homme ne peut favoir avec une certitude pareille à celle de la Foi ,
c'eft-à-dire, qui exclue tout doute, s'il a la Grâce. Catharin qui venoic
d'être fait Evêque de Minori , & qui perfiftoit toujours dans l'opinion con-
traire qu'il avoit défendue dans le Concile , fit imprimer de (on côté un
petit Livre dédié pareillcmenr à cette A(Temblée , dont l'objet étoit de
prouver que le Concile n'avoir point prétendu condamner l'opinion de
ceux qui afliirent que le Jufte peut croire avoir la Grâce avec la même
certitude qu'il croit les Articles de Foi ; qu*au contraire il avoit décidé qu'il
eft obligé de le croire, puifque dans le Canon xxvi. il avoit condamné
ceux quidifent, queleJufie ne doit pas efpérer & attendre la récompenfe ;
& qu'il eft néceflaire que qui doit efperer comme Jufte , fâche certainement
qu'il eft rel. Dans cette oppofition de fentimens , non-feulement l'un &
l'autre écrivant au Concile aiFuroient que leur opinion étoit celle de l'Af-
femblce ; mais dans les Apologies & Contrapolocies qu'ils publièrent de-
puis, ils fe plaignoienr réciproquement au Synode, qu'on lui impofoit en
lui faifant dire ce qu'il n'avoir point dit, & ils prenoient chacun diver»
Pères à témoin de ce qu'ils avançoient. En effet , a la réferve de quelques.
^ bons Prélats , qui fe tenant neutres difoient n'avoir pas bien compris la dif-
férence qui étoit entre eux , mais avoir donné leur confentement au Décret
parce qu'ils voyoient les deux partis accordés à le recevoir , les Evêques
croient parragés & rendoient témoignage les uns â Soto & les autres à Cï-
tharin. S te. Croix étoit pour ce dernier ; & Monte difoit que pour lui il
croit demeuré neutre. Par-là on peur juger combien peu l'on peut efpérer
de favoir à préfenr la pcnfée du Concile, puifqu 'alors même ceux qui en
croient les Chefs, & ceux qui y avoient a(Iîfté,ne saccordoient paseux-
pour être entendus, ceux-ci pailoient pour nihil maps volunt quam ne inteUigantur2
ne point rêtre. Nofti artificia horum homi- Dup. Mem.p. z/t. Ce jugement eft peot-
num ; vix unquam aliquid apertè dicent, être un peu exagéré , mais il eft viai pour-
ri* unquam Jimplicitcr ; & cum cateri tant qu'on en peut trouver difiîrentes preik*
hûmints loquantur ut inuUîp po£int , ifii y^ dans le Concile^
DE TRENTE, Livre IL 411
mcmes. D'ailleurs ce qui fait une autre difficulté elt de favoir quel ctoit ce mdxl vu-
Concile qui avoit décide l'Article , & auquel appelloient Soto & Catharin , "'^ ^^^'
chacun deux croyant qu il lavoit de fon côté. Car il falloir que Tun des ■■*■"■■"
deux, ou que cous les deux enfemble, fe trompaflent dans le jugement
qu'ils en portoient \ Se que peut-on juger des autres y fi ceux-là même fe
trompoient? A cela Ton dira peut-être, que c ctoit à tousenfemblc que le
Saint Efprit fit déterminer la vérité , que chacun des particuliers n'entendoit
pas-, ainfi que Caïplu commç^ Souverain- Pontife prophétifa , fans entendre
ce qu'il prophétifoit , félon la comparaifon que fit TEvêque de Bitonu dans
fon Sermon. Mais il y a deux difficultés à cette réponfe, L une , que Dieu
fait prophétifer les Réprouvez & les Infidèles , lans leur donner Tintelli-
gence de ce qu'ils prophétifent; au lieu que dans les Fidèles qui prophé-
tifent , leur entendement eft éclairé pour entendre ce qui leur cft infpiré.
L'autre que les Théologiens conviennent unanimement, que les Conciles
ne décident point de la Foi par une infpiration divine , mais qu'ils n'em-
{)loyent pour le faire qu'une diligence & une recherche toute humaine , que
e Saint Efprit dirige pour les préferver de l'erreur, en forte qu'ils ne
peuvent rien déterminer fans bien entendre la matière fur laquelle ils ont à
décider. Peut-être approcheroit-on plus de la vérité en difant , que lorfquc
{)our former le Décret on difcutoit les opinions contraires, chacun rejettoic
es paroles qui avoient un fens contraire à fon opinion , pour s'arrêter à
celles qui la favorifoient -, ce qui rendoit les exprellîons fulccptibles d'in-
terprétations oppofées. Mais cela même ne fullîroit pas pour réfoudre le
doute propofé , & pour faire trouver quel étoit ce Concile-, puifque ce
feroit avouer qu'il n'y avoit d'accord que dans les paroles , & que réel-
lement on étoit divifédans les fentimens. 4^ Mais ce qui arriva dans le cas
dont l'on vient de parler , & peut-être encore dans plulieurs autres , ne re-
garde pas la condamnation des Erreurs Luthériennes , fur laquelle tous
croient d'accord avec une unanimité fingulicre.
41. Mais et qui arriva dans U cas dont
Von vient de parler ^ & peut-être encore dans
flufieurs autres , ne regarde pas la condam-
nation des Erreurs Luthériennes , &c. ] Il
fauc avouer que pour la plupart du tems
les Théologiens du Concile saccordoient
fort fur la condamnation des opinions Lu-
thériennes , & qu'il Y eut beaucoup d'adreflTe
dans la manière avec laquelle le Concile
ménage tellement Tes expreflions , que les
Ecoles Catholiques ne fe trouvèrent point
comprifes dans cette condamnation. Mais
quelque art que l'on ait employé dans la
comDofîcîon cîes Décrets & des Canons , on
doit ctrealfcz embarrafic à ju<îcr, comment
on a pu condamner les Pxotedans fans tou-
cher aux opinions des Catholiques , dans les
articles ou 1 on voit que les principes font
abfolument les mêmes. Car en ce cas il faut
conclurre , ou que les Proteftans n ctoient
pas plus condamnables que quelques Ecoles
Catholiques , ou que ces Ecoles ont étc en-
veloppées dans la m6me condamnation ; ce
qui rend la plupart des Anathcmes fur la
Juftification & la Grâce , ou outrés , ou illu-
foires -, outrés , (1 Ton a condamné dans les
Proteftans ce qui n'eft pas condamnable dans
les Catholiques 5 illufoires , s'il eft permis
aux Catholiques de foutenir fous d'autres
termes , ce que Ton a trouvé dans les Pro-
teftans digne d'une jufte condamnation,
Fff i
BTDXtVIÏ.
Paul III.
411 HISTOIRE DU CONCILE
Puisque je fuis fur ce fujet, je ne dois pas omettre uue réflexion que
Catharin adreflc au Concile dans le Livre qu'il lui prcfenta,& on ne doit pas
""*■——" priver cet Auteur de l'honneur que mérite fon obfervation^ C eft que , ciic-
il , il y a de la contradiction à dire que l'homme reçoit volontairement la
Grâce , & qu'il n eft pas certain de l'avoir ; parce que perfonne ne peut re-
cevoir volontairement unechofe, fans favoir fi elle lui ett donnée, &fan$
ctre certain qu'il la reçue.
Conffrlga^ LXXXIV. Mais pour revenir préfentement aux affaires du Concile,
tion oh Con £ 45 j^ lendemain de la Seflîon il le tint une Congrégation générale pour
^naiter des ^cliberer de la matière à traiter dans la Seflîon prochaine. Et comme on
Sacremens étoit déjà convenu , que par rapport aux matières de Foi Ion fuivroit Tordre
en général , de la Confeflîon d'Ausbourg , il s'agiflbit de traiter du MiniflèreEccléfîaf-
^ i/« abus tique , que les Luthériens faifoient confifter dans l'autorité d'annoncer
^'"'^ l'Evangile & d'adminiflrer les Sacremens. 44 Sur cela quelques-uns étoient
dans leur d*^vis , qu'en s'attachant d'abord à la première partie on traitât de la Pui£.
adminifira- fance Eccléfîaflique, & qu'on s'expliquât fur toutes les fondions fpirituellcs
tion. Se temporelles dont Dieu a chargé TEglife à l'égard des Fidèles, ôc qui
/Rayn, ad étoient conteftées par les Luthériens. Cet avis étoit du goût de tous les
an. 1547- Prélats, parce que c'étoit une matière facile à entendre , & dégagée de
Pallav. L.^ ^^ ^ ^^ lendemain de la Sejfion il ft tint
une Congrégation générale , &c. ] Elle ne
fe tint cjue deux jours après , c'eft- à-dire, le
ly de Janvier 1 547 , félon Raynaldus N^
13. & Pallavicin L. 9. c. i. & félon les
Ades écrits par Pratano.
44. Sur cela quelques-uns étoient d*avis,
quen s* attachant d'abord à la première
partie , on traitât de la Puijfance Ecclé-
Jiaflique , Scc, ] Le Cardinal Pallavicin
prétend au contraire , qu'il ny eut aucune
difpute fur ce qui devoit faire le fujet de la
prochaine Seflîon , quon en croit déjà con-
venu auparavant , & que le Card. del Monu
fe contenta dans cette Congrégation de fe
plaindre de l'attachement exceffif que cha-
cun faifoit paroître pour fes fenrimens , &
de la variété d'avis qu'il y avoit eu dans la
dernière Seflîon au fujet du Décret de la
Réfidence & de la matière de la Réforma-
tion 5 après quoi il propo(a de traiter des
Sacremens. Ce que dit ici Pallavicin eft
txadement conforme à ce que rapporte
Raynaldus du diicours de ce Légat tiré des
Ades du Concile. Raynald» N°. ij. Je ne
(àurois me perfuader cependant , que notre
Hiftorien ait avancé un tel fait de fon chef,
âc il eft certain ao moins , qu'on ne convint
pas fi unanimement de traiter des Sacre-
mens , qu'il n'y eût quelques Prélats qui
propoGdfeni de traiter auparavant de Tinm-
tution des Evêques 5 ce qui revient affez i
ce que dit Fra-Paolo , que quelques-uns
étoient d'avis qu'on traitât d'abord de la
Puiflànce Eccléfîaftique. Car au rappon de
Raynaldus , N° 30. dans une des Congre^
gâtions qui fe tint avant qu'on préfentat
les Articles à difcuter lur les Sacremens ,
Antoine de la Croix Evèque des Carraries
s'étendit beaucoup pour montrer qu'avant
toutes chofes on devoit établir , que l'Epif-
copat & la Riéfidence étoient de Droit divin«
Canarienjis multa deduxit , ut perfuadertt
ante omnia (latuendum ejfe , Epifcoporum
refidentiam de jute divino ejje ; Epijcopa-»
tum 6» Epifcopale ojfficium à jure divino ejffe
contendit. Cui Alifanus & Minoritenfis
refponderunt. Cet avis ne fut pas écouté ,
mais il a pu donner occafion à Fra-Paol»
de croire qu'il y eut quelque diverfité d'avis
fur la proportion du Légat , quoique Palla'
vicin dife qu'il n'en a rien vu dans les A6ies
du Concile. C'eft pourtant de quelques-uns
de ces Aéles , que Raynaldus nous rapporte.
le mime fait-
DE T REN TE, L I VR E IL 415
toutes les fubtilicés Scolaftiques , & où ils pouvoient avoir leur part comme mdxlvii.
les autres. Mais comme cette matière n'avoit point cté traitée par lesSco- ^^"^ ^^'
laftiques , elle n'agréoit point aux Théologiens , qui n'auroienc rien eu à
dire lur ce fujet , fur lequel il eût fallu qu'ils s*en rapportalTent entiè-
rement aux Canoniftes. Ils remontrèrent donc , que la Confeflîon d'Auf-
bourg ne traitoit pas de toute Tautorité Eccléiiaftique , mais feulement du
pouvoir de prêcher y fur lequel on avoir réglé dans la Seflîon précédenie
tout ce qu'il falloit s Se que comme rien n'avoir plus de liaifon & ne fuivoic
plus naturellement la matière de la Juftification que celle des Sacremens
qui font les moyens pour l'acquérir , il étoit bien plus à propos d'en faire le
iujet de la Seffion fuivante.Cet avis fut appuyé par les Léeats & leurs adhé-
Conciles & du Pape > & qu'on n'eût pas manqué de toucher à différentes ^^^' ^*^
queftions délicates , qu'ils jugeoient plus à propos de ne point laiflèr remuer. ^^^*
^î Après la réfolution priîe de traiter des Sacremens > on fit réflexion,
que cetre matière écoit fi ample & fi abondante , qu'on ne pouvoir pas
l'examiner toute entière en une feule Sefiion ; mais on ne pouvoir pas ré-
foudre aifément en combien de parties on la partageroit. La Confeflîon
d'Ausbourg , en ôtant quatre Sacremens , l'avoir bien abrégée ; mais on
difoit que c'étoit pour cela même qu'il falloit en traiter plus exadtement ,
afin de les rétablir : Qu'ainfi il feroit bon de commencer par traiter des Sa-
cremens en général , après quoi on pourroit venir à chaque Sacrement en
particulier-, & l'on donna commiflîon d'extraire de la doctrine des Luthé-
riens les Articles qui regardoient cette matière. Et pour joindre la Réfor-
mation à la Doctrine & a l'examen des E>ogmes , on réfolut d'examiner les
abus qui fe commettoient dans l'adminifliration des Sacremens *, & on éta-
blit une Congrégation de Prélats & de Canoniftes pour délibérer fur les re-
mèdes qu'il y faudroit apporter , & pour former les Décrets qui feroienc
néceffaires. Mais comme il pouvoir arriver que les deux Congrégations
grégations générales. On convint outre cela , qu'attendu la promeflè qu'on Ficury £^
avoir faite de continuer de traiter de la Réfidcnce , on en examineroit 143. N*î
lOI,
4^. j4près la réfolution prîfe de traiter Croix à celles où l'on traiteroit des matières
des Sacremens , on fit réflexion , &c. ] Ce de Dodrine. Car il n'y avoit plus alors que
ne fut pas dans cette première Congrégation ces deux Légats au Concile , & le Card.
du I f de Janvier que la chofe fut arrêtée , Pool obVigé de quitter Trente pour Tes in-
mais dans celle du 17 > oj il fu: T>g!cauffi firmités avoit obtenu permiffion de retour-
que le Cardinal del Monte préfideroit aux ncr à Rome des la fin de IJ4^. Rayndir
Congrégations qui fe tiendroient furies ina- N^ i ^4,
tièies çle Kiforaution , & le Caxd. de Stt
4Ï4 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. quelqu'un des principaux Articles. ^^ Mais comme les Légats avoicnt fur ce
Paul III. point des vues fort contraires à celles des autres ,il ne fut pas aifé de s'ac-
""■"■—"" corder fur le parti qu*il y avoit à prendre.
LesE/pa- Les Evèques , & iur-tout ceux d'Efpagnc , ayant conçu Tefpérancc & le
^ncls ont en- dcÇCcin dt recouvrer lautoritc Epifcopale , que chacun cxerçoit autrefois
^'' ^/ ^T ^^"^ ^°" Diocèfe , lorfqu'on ne favoit encore ce que c'étoit que Réfervations
laut^ion du ^^ ^^"cfices , que Cas réfervcs , qu*Abfolutions , que Diîpenfes & autres
lùroit divin chofcs de cette nature , difoient lorfqu*ils étoient feuls entre eux : Que la
i€ U Réfi' Cour de Rome par avarice & par lamour de dominer s'étoit approprie tous
^fw^tf, milices droits, fous le faux prétexte de mieux régler les chofes, &de rendre
^dê^U^^ plus defervice>i Dieu & à TEglife dans leurs Diocèfes particuliers , à caufc
deffhin» "^ l^nts imperfedions & de leur ignorance : Que cependant cela n'étoitpas
vrai , puifque la diflblution & l'ignorance n'étoient entrées dans l'Ordre
Epifcopal , que depuis que les Evêques avoient été obligés d'aller faire les
efclâves à Rome : Mais que d'ailleurs , quand bien même la mauvaife con-
duite des Evcques eîit été caufe qu'on les eût dépouillés de leur autorité ,
aujourd'hui que la conduite de la Cour de Rome étoit infiniment plus mau-
vaife , il falloit àplus jufte raifon lui ôter un pouvoir qui ne lui appartenoic
pas, & dont elle avoit extrêmement abufé.
Ces Prélats jugeoient donc , que le meilleur remède qu on pût apporter
aux maux paflcs , & le meilleur préfervatif pour l'avenir , étoit de déclarer
la Réfidence de Droit divin ; parce que (i Dieu avoit ordonné aux Evêques
de veiller inceflPamment au bien de leur troupeau , il étoit conféquemmenc
néccflaire qu'étant chargés de ce foin , il leur eût donné tout le pouvoir né-
ceflairepour s'en bien acquitter ; & que par conféquent le Pape ne pouvoir
ni les tirer de leurs fondions , ni les occuper à autre chofe , ni leur donner
de Difpenfes , ni enfin reftreindre Tautorité que Dieu leur avoit donnée.
C'eft pourquoi ils infiftoicnt qu'on eût à décider cet article , difant, qu'ayant
été fuflifamment difcuté , il étoit ncceflaire d'en venir à une réfolution. Le
Cardinal dd Monte , qui avoit prévu ce mouvement , après avoir laiflc par-
ier les plus zélés afin de leur lailTer exhaler une partie de leur chaleur , leur
f Rayn. remontra d'une manière adroite :' Que véritablemcnr,ce qu'ils dcmandoient
N^ 30. étoit néccflaire, & que tout le monde le dcfiroit •, mais qu'il le falloit faiic
dans un tems plus propre : Que la chofe avoit été traitée avec trop de cha-
leur , ôc que plufîeurs ayant plutôt fuivi les impreffions de leur zèle que
4^. Mais comme les Lce;ats avoient fur tion primitive dan?; le Clergé, que lesLé-
ee point des vues fort contraires à celles gats tâchoient de l'empêcher dans tout ce
des autres y il ne fut pas aifé de s'accorder qui pouvoir préjudiciel aux intérêts de la
fur U parti qu'il y avoit à prendre. ] Il Gourde Rome. Ceft ce qui eft attefté non-
eft certain du moins , comme toute la fuite feulement par Fargas & parles Mémoires
le prouvera , que les vues dos Lcgits étoient des Ambaffadeurs de France au Concile ,
fort contraires à celles des Efpagnols, qui mais aufïî par les Ecrivains Italiens mêmes,
a'piroienr amant à rétablir les Evcques dans qui n'ont pu dcguifer un feit fi public»
leur autorité , & à remettre la fuborilina-
DE TRENTE, Livre IL 41 y
ceux de la raifon , il étoit plus à propos de laiffer refroidir cette première MDXLvir.
ardeur, afin que le tems ayant fait oublier les difputes pour donner place ^^^ ^^^'
à la charité , on pût écouter le Saint Efprit , fans lequel on ne peut connoître — — —
la vérité : Que le Pape y qui avoit î^pris avec beaucoup de peine les
contcftations palfées, louhaitoit auflî qu on différât de décider cette ma-
tière , pour pouvoir la faire examiner à Rome , afin d'aider le Concile de
fes confeils. -♦^ Après quoi il conclut d'un air plus impérieux que ne fembloic
le faire attendre le commencement fi modefte de fon difcours , qu'on eût à
ne plus parler de la Réfidence avant la Seffion , ^ 4» que telle ctoit la vo- ^^^^
Ion té du Pape » & qu'on devoit fe contenter de remédier aux caufes qui ^^
avoient introduit l'abus de la Non-réfidence. Ce mélange de remontrances
& d'autorité fit que quelques Pères qui écrivirent depuis fur ce fujet , pu-
blièrent que les Légats avoient défendu de parler de cette queftion ; & que
d'autres le nièrent , reprochant aux premiers que ce qu'ils difoient dé-
rogeoitàla liberté du Concile. La conclufion de la Congrégation ^ fut , de ^^^' ^•
reprendre les chofes qu'on avoit laiflees à faire dans la Seffion précédente , ^'
& de travailler à lever les empèchemens de la Réfidence. Et comme un des
principaux venoic de la pluralité des Bénéfices , puifqu'il eft impoffible de
réfider en plufieurs lieux , on convint de traiter de cet Article.
47* Après quoi il conclut d'un air plus
impérieux que ne fembloit le faire attendre
le commencement fi modefte defi>n difcours ,
&c.] Le Cardinal Pallavicin , qui taxepref-
que par-tout Fra-Paolo d'alicrer la vérité ,
& qui s'accorde pourtant prefque toujours
avec lui fur le fond des chofes , convient en
effet L. 8. c. i8. de la dcfenfe que le Pape
avoit envoyée aux Légats de laiffer agiter
\z queftion du Droit divin de la Réfidence ,
& ne peut didîmuler non plus > L. 9. c. i •
que la fin du difcours du Cardinal del Monte
ne fut affez impérieufe. On la peut voir
dans Raynaldus N^ ^o. & je n'en rap-
porterai que ce quil faut pour juflifier le
jugement de />tf-/'tfo/o. HaSlenus fortajfîs ,
dit ce Légat , plus quam oportebat patientes
fiiimus. Si poft h<zc aliquis adverfus nos
talia dixerit , fciat nos muneri noftro non
defuturos. Et hctc familiarité^ 6» cum omni
charitate diâla funt. Patres omnia boni
confulant, Patrum fententia proponantur ,
& ex eorum voto Canones aptabuntur, Fra^
Paolo a-t*il exagéré en traitant cette con-
clufion d'impérieufe ? Je ne (ai li on trouve-
roit an autre exemple d'un tel difcours d'un
Légat dans aucun ancien Concile.
48. QutulU étoit U volonté du Papt^
&c. ] Quoique Pallavicin ne dife rien en
cet endroit de cet ordre du Pape , il eft bien
cenain néanmoins qa*il y en avoit eu un ,
& Raynaldus lavoue fans aucun détour. Et
infuper jujfit , dit- il , ne in difputationem
adduci paterentur an Refidentia effet de jure
divino necne , quia ubi de pctnis agendum'
erat y non debebat difcuti an Refidentia ejfct
de jure divino , cum effet res dificultatibus
plena & longum tempus ad difccpta/idum-
exigeret. Auflî le Cardinal Pallavicin L. 8.
c. 1 8. efl-il obligé de reconnoître cet ordre
qui avoit été intimé aux Légats longtems au-
paravant par le Cardinal Farnéfe dans une
lettre du 50 de Juin if4^ i & il n'efl pas
étonnant qu on publiât fur cela , que les Lé-
gats avoient défendu de parler de cette
queflion. Je doute cependant qu'ils euflènc
fait fur cela aucune défenfe pofitive. Mais
l'intimation quMs avoient &ite à leurs par-
tifàns des intentions du Pape , équivaloit à
la défenfe i ôc ils s'en prévalurent tellement ,
qu'ils empêchèrent toujours que les Efpa-
gnols ne reuffiffent dans leurs vues -y & ce
ne fut que bien des années après , que ceux»
ci trouvèrent moyen fous Pic IV de faire
délibérer fur ce point,.
>.
4i(f HISTOIRE DU CONCILE
MDXtvii. Mais pour ne poinc confondre les matières , & ne point rompre le fil da
Paul III. récit que je me propofe de faire de ce qui arriva dans Tafiâire des matières
■ Béné&ciales » où il fe pafla des chofes qui donnèrent lieu à quelques évé-
nemens dangereux & importans , je raconterai ici tout de fuite ce qui re-
garde les Sacremens , fur lefquels on ne propofa guères que des réflexions
Ipcculatives & doctrinales. A près que lesArticles fur cette matière eurent été
préfentés par les Députés , ils furent remis à tous les Théologiens avec une
Inftrudlion par écrit , où on leur prefcrivoit la manière dont ils dévoient
parler fur ce fujet , avec ordre de dire fi tous ces Articles étoient hérétiques
ou fimplement erronés , & fi le Concile devoir les condamner ; & en cas
qu'ils en trouvaflent quelques-uns qui ne méritaflTent pas de 1 être, de mar-
quer les raifons èc les autorités fur lefquelles ils fe tondoient. Ils avoienr
ordre d'expliquer auflî quel avoir été le fentiment des Conciles & des Pères
fur tous ces Articles , de marquer ceux qui avoient été déjà condamnés , &
ceux qui reftoient à cenfurer , d'indiquer s'il fe rencontroit fur la même
matière quelque autre Article digne de condamnation ; enfin d'éviter les
difcours trop longs , Se de fuir les queftions fuperflues , & qui n'appar-
tenoient point au fujet, auffi-bien que toutes celles qui étoient problé-
matiques , &: fur lefquelles on pouvoir difputer pour & contre fans pré-
judice de la Foi.
Articles ex- LXXX V. Su a les Sacremens en général " on propofa ces xi v Article^,
traits des I* Qu'iL n'y a pas VII Sacremens dans TEglife , & que ceux qu'on doit
Livres Fro- appeller véritablement Sacremens font en moindre nombre.
^^^ /«r ^^ Qyg jçj Sacremens ne font point néceflaires , & que l'homme peut
mens en Obtenir fans eux la Grâce parle moyen de la Foi route feule.
général. 3- Qu'aucun Sacrement n'eftplus digne que Tautrc.
m Rayn. 4. Que les Sacremens de la Loi nouvelle ne donnent point la Grâce à ceux
N*^ 15. & qui n'y mettent point d'empêchement.
F^curv L ^' Que les Sacremens n'ont jamais donné la Grâce ni la réraiflîon des pé-
143. N** ' chés, mais quec'eft la feule Foidu Sacrement qui le fait,
xoi. 6. Qu'immédiatement après le péché d'Adam, Dieu a inftituéles Sa*
cremens , par le moyen defquels la Grâce a été donnée.
7. Que la Grâce n'eft donnée par les Sacremens , qu'à ceux qui croycnt
que leurs péchés leur font remis.
8. Que la Grâce n'eft pas toujours donnée dans les Sacremens ) ni à tous ^
en vertu du Sacrement , mais quand & où il plaît à Dieu*
9. Qu'aucun Sacrement n'imprime Caraékère.
10. Qu'un mauvais Miniftre ne confère point de Sacrements
1 1 . Que tous les Chrétiens , de quelque fexe qu'ils foient y ont un
pouvoir égal d'adminiftrer la Parole de Dieu & les Sacremens.
1 1. Que tout Pafteur a l'autorité d'allonger , de racourcir , & de changer
a fon gré les formes des Sacremens.
1 3. Que l'inrentjon des Miniftres n'eft point ncceflaire , & n'opère rien
dans les Sacremens.
14, Que
DE TRENTE, Livre II. 417
1 4. Que les Sacremens n ont été inftitués que pour nourrir la Foi. mdxlvh.
A CES Propofitions fur les Sacremens en général on joignit ^^ ces xvn ^^"^ ^^^'
autres fur le Baptême. « ,
I . Qu'il n'y a point de véritable Baptême dans TEglife Catholiquc-Ro- ^J^ **"
maine, n Rayib
z. Que le Baptême eft libre & non néceflàire au falut. N° i;. i6.
3 . Que le Baptême des Hérétiques n'eft point un véritable Baptême. ^ *7-
4. Que le Baptême eft la Pénitence.
5. Que le Baptême n'eft qu'un figne extérieur , comme la marque
rouge qu'on met fur les moutons 5 & qu'il ne fert de rien pour la Jufti-
•fication.
6. Que le Baptême fe doit renouvcller.
7. Que le véritable Baptême eft la Foi, par où Ion croit que les péchés
font remis auxpénitens.
8. Que dans le Baptême le péché n'eft point détruit , mais qu'il fait feu-
lement qu'il n eft point impute.
9. Que le Baptême de S.Jean avoit la même vertu que celui de Jefus-
Chrift.
10. Que le Baptême de Jefus-Chrift n'a point anéanti celui de S. Jean ,
mais qu'il y a feulement joint la promefle.
I I . Que dans le Baptême la feule immerfion eft néceflaire , & qu'on peut
omettre toutes les autres cérémonies fans péché.
1 1. Qu'il vaut mieux ne point baptifer les Hnfans , que de !e faire lorf-
qu ils ne croyent point.
13. Qu'on ne doit point baptifer les Enfans , parce qu'ils n ont point de
Foi propre.
14 Que ceux qui ont été baptifés dans leur enfance, doivent être re-
baptifés quand ils font parvenus à 1 âge de difcrétion , parce 'qu'ils n'ont
pas cru.
15. Que quand ceux qui ont été baptifés dans leur enfance font venus a
rage de raifon , on doit leur demander s'ils veulent ratifier leur Baptême ;
& s'ils le rcfufcnt , qu'on doit les laiffer en liberté.
1 5. Que les péchés commis après le Baptême font remis par lefeul fou-
venir &c la Foi du Baptême.
1 7. Que le Vau du Baptême n'a point d'autre condition que celle de la
Foi , &c qu'il annulle tous les autres Vœux.
On propofa auflî ces quatre autres Articles à examiner fur la Confir- ^^ /^ ^^^
mation. firm^thn.
I. Que la Confirmation n'eft point un Sacrement.
1. Qu'elle a été inftituée par les Pères, & que Dieu n'y a point arraché
la promefle de la Grâce.
3. Que maintenant c'eft une cérémonie inutile, & qu'autrefois ce n'é-
toit qu'un compte que les Enfans rendoienc de leur foi en préfence de
i'Eglifc.
TomeI. ^gg
siclis,
L.
418 HISTOIRE DU CONCILE
MDZLvn. 4* Que l'Evêque n'en eft pas le (eul Miniftre > & que chaque Prêtre peat
PaulIIL Tadminittrer.
^ 49 Dans les Congrégations ® tous les Théologiens convinrent du nombre
^#j«w»^ des V 1 1 Sacremens , & condamnèrent d'Hcréfic l'opinion contraire -| vu le
tiens fur confentemcnt univerfcl de l'Ecole depuis le Maître des Semences , qui dk
tous as tUf- le premier qui en ait déterminé le nombre , & le Décret du Concile de Flo-
firens Ar- rence pour les Arméniens *, à quoi on ajoutoit , comme une preuve encore
"'ri P^^^ decifive , l'ufage de l'Eglife Romaine , qui dcvoit taire regarder ce
^"^ * nombre comme une Tradition Âpoftolique » & comme un Article de Foi.
N^ xo(. ^^is on ne s'accordoit pas fi unanimement fur la féconde partie de la Pro-
portion , & pluHeurs étoient d'avis de s'en tenir aux termes du Concile de
Florence, fans paflcr outre; î^ parce que pour décider qu'il n'y avoir ni
plttsni moins de vu Sacremens proprement dits , il eût rallu décider au-
paravant quelle eft l'edence propre & la véritable notion de Sacrement;
chofe pleine de difficultés , à caufe des définitions différentes qu'en don«
noient non-feulement les Scolaftiques , mais aufii les Pères , & qui étoient
fi contraires , que félon les unes il faudroit mettre au nombre des Sacre-
mens , des choies qu'il en faudroit exclure félon les autres. On repréfentoic
d'ailleurs : Qu'on difputoit entre les Scolaftiques mêmes , fi on pouvoir dé-
finir ce que c'eft qu'un Sacrement , s'il a une unité , & s'il a quelque chofit
de réel ou feulement d'intentionnel : Que par conféquent il n'étoit pas
raifonnable de décider d'une manière fi pofitive fur des principes fi ambigus*
4^. Dans Us Congrégations tous Us Mats comme ils Tont donné en même temf
Théologiens convinrent du nombre des fept à plofieurs autres , on doit regarder ce fiède
Sacremens , 6» condamnèrent d'HéréJïe comme la première Epoque oïl ce nombre
V opinion contraire. ] La matière des Sa- ait été fixé- De (avoir comment ce qui n'étoit
cremens eft celle fur laquelle le Concile a qu opinion alors peut être devenu article de
le plus multiplié le nombre des Articles de Foi dans la fuite (ans aucunes nouvelles la-
Foi. Avant le fiècle du Maître des Senten- micres , c'eft ce que je lailTe à de plus habiles
tences , on avoit ou étendu ou relferré ce à déterminer.
nombre, félon la notion plus ou moins vague yo. Parce que pour décider quil n*y
que Ion avoit donnée au nom de Sacreoïent. avoit ni plus ni moins de Jept Sacremens
L'autorisé de ce Théologien & de quelques proprement dits , il eût fallu décider au-
autres fit enfuite adopter fon opinion dans par avant, &c. ] Que l'Eglife ait pu donner
l'Ecole , & le Pape Eugène dans fon Inftruc- le nom de Sacremens à ces Rites exclufive*
tion aux Arméniens la donna pour une doc- ment à d'autres , c'eft ce que pe7(bnne ne
trine Catholique. Ce fut l'auiorité la plus peut contefter , puifqu'elle eft maîtreflè de
décifîve , qui détermina le Concile de Trente fon langage. Mais pour décider qu'il n'7 en
à en faire un Anicle de Foi. Mais il feut a ni plus ni moins de proprement dits , c'eft
avouer -que c'eft dater d'un peu tard une ce qui dépend d'une notion antérieure , que
Tradition Apoftolique , que de n'en trouver le Concile n'a pas fixée , & qu'il a dû fuppo-
1 origine que dans le commencement du fer. Mais comme cette notion a varié félon
XII. ficelé. Avant ce tems-là, il eft vrai, le plus ou le moins d'étendue qu'on lui a
on voit bien que difiérens Auteurs avoienr donné , on doit la mettre au nombre de cet
donné le nom de Sacrement aux Rites définitions de nom , qui ne peuvent jamais
que l'Eglife Romaine a honorés de ce nom* faire l'objet d*an Article de Foi.
DE TRENTE, Livre IL 419
f < On remarqua : Que S. Çyprien ôc S. Bernard avoient traité de Sacrement uùxtru.
ic Lavement des pieds , & que S. Augujlin donnoit le nom de Sacrement P^^^- m*
â tous les Rites établis pour honorer Dieu ; & qu'en d'autres endroits rcf- -■■^■■■'^
creignant le même nom plus que la propriété du mot paroît ne le comporter»
il n'appelloit Sacremens que ceux dont il eft ezpreflement parlé dans le Nou-
veau Teftament ; en quel fens ce nom tie convient proprement qu'au Bap-
tême & à TEuchariftie > quoiqu'en un endroit il femble douter s'il n'y en a
point quelque autre.
D'autres difoient au contraire : Que pour réprimer la témérité des
Luthériens , qui comptent tantôt deux , tantôt trois , & tantôt quatre Sa-
cremens , comme auui celle de ceux qui en admettent plus de vu , il falloic
établir pour Article de Foi qu'il n y a ni plus ni moins de Sacremens pro-
premens dits ; ^ ^ & que fi les Pères en avoient admis tantôt plus & tantôt
moins , cela venoit de ce qu'avant la détermination de TEglife il étoit per-
mis de donner au mot de Sacrement une fignification tantôt plus & tantôt
moins étendue. ^ 3 Puis pour établir la propriété , ou, comme s'expriment les
Scolaftiquesjla fuffifance de ce nombre de vu , P ils firent un détail ennuyeux t Pallar. L
des convenances de ce nombre , tirées des vu chofes namrelles par où la vie ^' ^ ^
s'acquiert & fe conferve , des vu Vertus , des vu Crimes capitaux , des vu
Défauts venus du péché originel , des vi Jours de la Création du Monde qui
avec celui du Sabbath en font vii,des viiPlayes de l'Egypte, des vu Planètes,
de la dignité du Nombre de vu , & de plusieurs autres pareilles convenances
employées par les principaux Scolaftiques pour autorifer le nombre des vu >
Sacremens. Ils apportèrent en même tems plufieurs raifons pour montrer
pourquoi l'on ne devoir pas regarder comme des Sacremens les Confécra*
$1, On remarque que S. Cyprîen, Sec] commencement. Le langage peut s'altérer ,'
C*eft-à-dire , TAuteur d'un Ouvrage attriboé le raifonnement peut fe perfeÀionner. Mais
i ce Père , & qui neft que du xii. fiècle, les vérités néceflaires à croire ont été con-
comme S. Bernard. nues dès le commencement i >& quelques
fi. Et que Ji les Pères en avoient admis nouvelles définitions qu'on faflè y ce qu'il
tantôt plus & tantôt moins , cela venoit de n'étoit pas nécedàire de croire aufll-tât après
ee qu'avant la détermination de VEglife il la publication de l'Evangile , ne le fera ja-
étoit permis de donner au mot de Sacrement mais.
unefignification tantôt plus & tantôt moins f 3. Puis pour établir la propriété ''^•^ de
étendue. ] Ce raifonnement feroit Ion jufte , ce nombre de 7 , ils firent un détail ennuyeux
s'il ne s'agiflbit que de fixer la propriété du des convenances de ce nombre , &c. ] On
langage , pui(qu'on ne peut contefter ce auroic peine à croire ce que dit ici Fra^
droit à aucune Société. Mais on ne conçoit Paolo , de toutes les puérilités qui fe débi-
pas aifément comment (ans une nouvelle tèrent pour établir le nombre des Sacre*
révélation il peut être criminel de penfer mens. Mais pourpeu qu'on ait jette les yeur
après une définition Eccléfiaftique ce qui ne fitr an certain nombre de Scholaftiques , on
l'étoit pas auparavant , puilque l'autorité de verra qu'il n*a rien exagéré , 8c Pallavicin
l'Eglife ne confifte pas à nous enfeigner de doit avoir été de fbn mauvaife humeur pour
nouvelles vérités , mais à nous inftruire de £iire un crime à notre Hiflorîen du peu de
celles qu elle a toujours crues , Se qu'on n'eft railleries qu'il en &it«
obligé de croire que ce qu'on a cra d^ le
Gggx
410 HIST OIRE DU C ONC IL E
jiDxtvii. rions des Eglilcs , des Vafcs facrcs , des Evcques , des Abbés , des Abbede? ,
Paul. III. gcdcs Rcligieufes, non plus que rEau-bcnite , la cérémonie du Lavement
des pieds, donc parle S. Bernard y le Martyre.» la Création des Cardinaux ^
Se le Couronnement des Papes.
On remarqua enfuite , que pour réprimer les Hérétiques il ne fuffifbic
pas de condamner TArticle , 6c de décider qu'il y avoit vu Sacremens , i,
moins qu'on ne les nommât en particulier *, de peur que quelque perfonne
mal-intentionnée n'en fubftituâc de faux à la place des véritables. ^4 On
rcpréfenta encore qu il étoit elFentiel en même tems de marquer que Jefus-
Chrift écoit Tlnftituteur de tous les Sacremens , pour cenfurer THéréde des
Luthériens qui n'attribuoienti Jefus-Chrift que l'inlHtutiondu Baptême 8c
TEuchariftie. Et pour prouver qu'il cft de Foi qu'il eft TAuteur de tous , on
allégua l'autorité de S. Ambroifc & de S. j4uguftin^ h & on tndila prin-
cipalement fur la Tradition Apoftolique , à quoi perfonne ne contredit.
Mais d'autres ne vouloient pas quon allât H avant , & fouhaitoienc
qu'on s'en tînt dans les termes du Concile de Florence •, attendu fur-tout
que le Maître des Sentences avoit enfeigné que rExtrême-Ondion avoit ctç
inftituée par S. Jacques , que S. Bonavcnture après Alexandre de Halis
avoit cru que la Confirmation n'a voit été en ufage que depuis les Apôtres ,
& que le même S. Bonaventure & d'autres Théologiens faifoient auili les
Apôtres Auteurs du Sacrement de Pénitence : Que de même à l'égard da
Mariage plufieurs avoienr enfeigné que Dieu l'avoit infticué dans le
Paradis terreftre; & que Jcfus-Chrift lui-même dans l'endroit où il en
avoir parlé , & qui étoit le lieu d'en nommer l'Auteur , en avoit rapporté
l'inftitution non à lui-même , mais à fon Père au commencement du monde.
Pour ces raifons ils étoient d'avis qu'on ne touchât pas à ce point , pour ne
pas condamner les Catholiques qui tenoient cette opinion. Mais les Do«
f4. On reprefenta encore , qu'il étoit prennent ici feuls fous le nom de Sacremens.
iffentiel en même tems de marquer que yf. Et on infifla principalement fur la
JefuS'Chrift étoit VInftituteur de tous les Tradition Apojlolique y ôcc,] Il faut que les
Sacremens , &c. ] C'ell encore un de ces traces de cette Tradition fuflent bien ca-
Articles de Foi , dont la date Ce peut raj>- chées , puifqu'avant le Concile plufieurs
porter au tems du Concile. Ce neîï pas que Théologiens avoient enfeigné que quelques-
différens Auteurs n euffent enfeigné la même uns des Sacremens avoient été inftirués par
chofe auparavant. Mais comme g 'étoit une les Apôtres i & que depuis même , pour
de ces opinions fur lefquelles on s*expliquoit tâcher de ramener ladccifion à un fens plus
librement dans les Ecoles avant le Concile , fupportable , il a fallu recourir à la didinc-
on peut dire qu'elle ne faifoit pas encore tion d'Autour médiat ou immédiat des Sa-
tlors partie de la Catholicité. L'autorité de cremens , c'efl-à-dire , nier réellement &
S. AnJfToife , ou plutôt de T Auteur du Traité de fait ce qu'on paroilfoit avouer de parole*
des Sacremens attribué à ce Père , & celle Prodiguer le nom d'ApofloIiques à de telles
de S. Auguftin , qu'on allégua pour établir Traditions , c'eft rendre (ufpedes les autres
ce nouveau Dogme, furent citées aflèz mal a qu'on honore de ce nom ; 61. au-Iieu de ren«
propos,puirque ce; deuxEcrivains n'ont parlé dre celle-ci plus refpedable, on s'expofe à
f^ue duBapcème & de TËuchaiiAie^qu'ils com* déciédicex U plupart des auues*.
D E T R E N T E, Livre II. 411
itîlnicains répliquoicnc aigrement : Qu a la faveur de quelques diftinftions MDXLvir.
on pouvoir fauver ces Dodteurs, qui avoienc toujours fournis leur fentiment ^^^^ ^^ï*
au jugement de TEglife \ mais qu'on ne devoit pas laiflcr pafler fans ccnfure "" — ■"-
la témérité des Luthériens , qui au mépris delEglife avoient introduit ces
faufTetés^ Se qu on pouvoit excufer dans les Pères ^ ce quon ne devoit pas
tolérer dans ces Hérétiques.
^^ Sur l'article de la néceflité des Sacremens , quelques-uns vouloient q FIcury,
^ qu'on ne condamnât pas abfolument ce qui y eft dit, qu'ils ne font pointa- ï4}» N**
nécelfaires , & qu'il falloir faire une diftincâion , parce qu'il eft certain que '^^'
tous ne font pas abfolument nécelfaires. D'autres foutenoient qu'il failoic
condamner hmplcment ceux qui difoient que les Sacremens ne font point
néceflaires dans l'Eglife ; parce que , quoiqu'il fbit certain que tous ne
font pas néceffaires à chacun , & qu'il yen ait même quelques-uns d'incom-
patibles enfemble, comme l'Ordre & le Mariage , ils n'en font pas moins né-
ceflaires â l'Eglife en général. Mais l'avis le plus nombreux fut de condam-
ner l'Article abfolument & fans itftridion , pour deux raifons. La première»
farce qu'il fuffifoit qu'il y eut un feul Sacrement néceflaire, pour rendre
Article > tel qu'il étoit exprimé , faux. La féconde , parce que tous les Sa-
cremens font en quelque façon néceifaires , les uns abfolument , & les
autres conditionnellement ; les uns par convenance , & les autres pour une
plus grande utilité. Mais comme quelques-uns trou voient fort eirange ,
qu'on fie des Articles de Foi de chofes qui étoient fufceptibles de féns fî
équivoques -, pour lesfatisfaire on prit le parti, quand on drefla les Canons,
de condamner ceux qui difoient que les Sacremens n'étoient pas néceflaires ,
mais fuperâus , étendant ainli par ce dernier terme la figniHcation du
premier.
Plusieurs étoient d'avis qu'on ne touchât point à la féconde partie du
même Article , qui regarde la fuftifanccdela Foi , parce que dans la Seflion
précédente on avoit déjà décidé que la Foi feule ne fuffit points & Marinier
iquite , «X que ci ailleurs elle louttroit de grandes
difficultés : Que dans les Actes Von voyoit ^ que l'Ange avoit dit au Cen- , /^/v y
turion Corneille , que fes prières croient agréables à Dieu , avant qu*il eût 4. 5 1.
^6. Sur V Article de la nécejpté des Sa-
cremens y quelquis-uns vouloient qu'on ne
condamnai pas abfolument ce qui y eft: dit ,
eu ils ne font point nec^Jfaires , &c. ] Il a
fallu prendre le terme de nccelFuc d.ins un
fensfort vague, pour décider que les Sacre-
mens étoient néceiraires } & c'eft ce qui a
obligé à la fin du Canon d'en reflerrer le fens,
en difant que tous ne font pas nccelîàires à
chacun» Par -là ce Canon deyenoit alTez
inutile. Car d'un c^tc les Proteftans ne
nioient pas la nccefl[îtc de quelques-uns des
Sacremens j & de l'autre le Concile décla-
rant que tous ne font pas néceflaires à cha-
cun , c*ctoir condamner une erreur chimé-
rique, que de décider que les Sacremer»
font nécellaires , lorfqne perfonne ne nioit
que quelques-uns ne le fulFent , 8c quoD
n'àdhlilToit pas la nécef&tc de tous»
411 HISTOIRE p.U CONCILE
MDXLviï. entendu rien dire ni du Baptême ni de l'Evangile ; que toute fa famille
Paul III. après avoir entendu la Prédication de S. Pierre avoir reçu le Saint Efprit ,
avant que d'avoir été inftruite de ladoétrinedesSacremens'i & que n'ayanc
rien appris du Baprèmc qu'après avoir reçu le Saint Efprit , clic ne pouvoic
pas avoir le vœu d'un Sacrement qu'elle ne connoiiloit pas : Que le bon
Larron n'ayant rien connu de la puifTance de Jcfus-Chrift qu'au moment
3[u'il expiroit fur la Croix , il ne pouvoir pas avoir le defir d'un Sacrement ,
ont il n'avoit aucune connoiflancc : Qu'enfin plufieurs Martyrs, qui ayant
^ été convertis à la vue de la confiance des autres , avoient été enlevés aufli-
tot & mis à mort y n'avoient pas pu defirer des Sacremens » dont ils ne
pouvoient avoir de connoidance que par divination : Qu'ainfi il valoir
mieux abandonner cette diftinétion aux Ecoles , fans la faire entrer dans
les Articles de Foi. Mais cet avis fe trouva contredit par le plus grand
nombre , qui foutenoit : Que quoique le5 termes de la diftinûion fuflTènt
nouveaux & de l'invention des Ecoles , on devoir croire que Jefus-Chrift
en avoir enfcigné le fens , & qu'on devoitle tenir pour une Tradition Apos-
tolique : Qu'à l'égard des exemples du Centurion , du bon Larron , & des
Martyrs , on devoir fa voir qu'il y avoir deux forres de vœux du Sacrement»
l'un explicite & l'autre implicite , & qu'au moins ce fécond étoit nécef*
faire -, c'eft-à-dire , que toutes ces perfonnes n'avoienr pas le vœu aéhiel da
Sacremenr , mais qu'ils l'euflènt eu , s'ils l'eufTent connu : ce que les autres
avouoient ctre vrai , mais fans convenir qu'on dur le regarder comme un
Arricle de Foi. Cependant comme on ne put pas entièrement s'accorder fur
ces difficultés , on en renvoya la décifion au Synode > c'eft-à-dire » à la
Congrégation générale.
On ht la même chofe à l'égard du troifième Arricle. Car quoique cha-
cun le crût faux , parce que tous convenoient que fi l'on regarde la nécef-
fité & l'utilité , le Baptême devoit avoir la préférence, mais qu'on dévoie
la donner au Mariage fi Ton regardoir ce qu'il fignifie , à la Confirmation
û on avoit égard à la digniré du Miniftre, 6c à TEuchariftie fi l'on confia
déroit la vénerarion qui lui étoit due ; cependant , comme on ne pouvoir
E^as dire quel étoit le plus digne fans ufer de diftindbion , on crut qu'il va*
oit mieux laifièr tour à fait cet Article , qu'on ne pouvoit entendre fans
I Flcury , enrrer dans des fubtilités. Quelques-uns cependant ^ étoient d'avis qu'on
L. 14}. N® expliquât à quels différens égards certains Sacremens étoient plus dignes
*®7« que d'aurres. Quelques Théologiens propoferenr un milieu , qui étoit de
marquer fimplement que certains Sacremens étoient plus dignes que les
autres félon différens rapports ; & ce fentiment eut l'approbation du plus
grand nombre ; î7 quoique plufieurs ne puffcnr voir fans peine que le Con-
cile s'abaifTât à ce qu'ils appelloient vétilles d'Ecole , & voulût faire croire
S7» Quoique plufieurs ne puffent voir ge démangeai&n de (aire des Dogmes , pour
fans peine que le Concile s'abhaijfde â ce en faire un da plus ou du moins de dignité
quils appelloient vétilles d'Ecole, &c. ] Il qu'il y avottdans les Sacremens. Cétoitone
falloir qu*il y e&t dans le Concile une étran- invention due aoz fiibtilités de l'Ecole > ft
le
DE TRENTE, Livre II.
4^3
que Tcfus-Chrift avoit introduit cette minutie d'opinions dans la Foi. mdxlvii*
î* Tout le monde s'accorda à condamner le quatrième Article, oii^^"^^^^
Ton cnfeigne que les Sacremens. ne donnent point la Grâce *, ^ mais on -
ajouta quil falloit l'amplifier en condamnant en termes formels la doc- ^^^ ^**^o
trine de Zuinglc , qui enfeignoit que les Sacremens ne font que des fignes , lôs.
par où les Fidèles font diftingués des Infidèles , ou des aâes & des exerci-
ces d'une podeflîon extérieure de la Foi Chrétienne , mais qui n ont d'autre
rapport à la Grâce , que de montrer qu'on Ta reçue. ^9 On opina aufli à con-
damner ceux qui nioient que les Sacremens conféraflent la Grâce à ceux qui
n'y apportent point d'empêchemens , comme aufli ceux qui nioient que
la Grâce fût contenue dans les Sacremens , & qu'ils la confëraflènt non en
vertu de la Foi , mais ex opère eperato. Quand ce fut à expliquer la manière
dont ils contiennent la Grâce & la produifent , chacun convint que la
Grâce s'obtenoit par toutes les aâions qui animent la piété, & que cela
ne vient point de la vertu de l'œuvre même , mais de la difpofition dc
celui qui agit s &c c'eft ce que l'on appelle dans les Ecoles produire la Grâce
€x opère operantis. ^^ Mais on diftinguoit un autre genre d'adtions , qui
on ne s'en étoit point avifS auparavant. Si
les Proteftans ne s*éroient point propofS de
concéder avec les Scolaftiqaes , noas man-
querions de bien des Articles de loi s mais
la Religion foufEriioit peu de ce manque-
ment.
f 8. Tout le monde s* accorda à condam*
der le quatrième Article , oh Von enfeigne
que les Sacremens ne donnent point la Grâ-
ce , &c. ] Ça été certainement la doéhine
confiance de TAntiquicé , qu*il j a une Grâ-
ce actachée à la réception des Sacremens s
mais qu*ils fuppofenc certaines difpoficions
néceflàires pour la recevoir. Çtl donc écé
une erreur dans les Zuingliens , de ne re-
garder les Sacremens que comme de {im-
pies fignes de la Grâce reçue , & non comme
des moyens de la recevoir. En ce (èns les
Scolafliques ont pu dire , que les Sacremens
agi({ènc ex opère operato , c'eft-à-dire, qu'en
vercu de leur infticucion ces fignes , qui fiins
«ecre inflicucion ne feroîent d'aucun ufage
pour le faluc , doivent être regardés comme
des inflrumens propres à nous communi-
quer la Grâce.
f 9 . On opina aujp, â condamner — ceux
qui ne confejfoient pas que la Grâce fût
contenue dans les Sacremens , & qu'ils la
conférajfent non en vertu de la Foi , mais
tx opexe operatQ. ] Si par Vopus tpenuum
des Sacremens les Théologiens n'entendent
aucre chofe , finon , que ces fignes ont en
conféquence de Tindicucion une vertu qu ils
n'auroient pas fans cela , la penffe eft rai<-
(bnnable , & ça toujours écé la doârine de
TEglife, quoique fous d'autres termes. Mais
fi l'on oppo(e Vopus operatum des Sacre*
mens à la nécefficé des difpofitions , c'eft
une erreur encore plus condamnable , que
celle des Zuingliens;puifque celle-là ne tend
à rien moinsquainfpirerune fauflè confian-
ce dans les Sacremens & peu de zèle pour
nous ydifpoferjau lieuque l'opinion des Zuin-
gliens ne peut fervir qu'à ranimrer nocre fer*
veur 9 & qu'à nous faire redoubler nos foins,
comme fi coût dépendoic de nous.
6o, Mais on diftinguoit un autre genre
d'a&ions qui produifent la Grâce non par
la difpofition de celui qui fait la chofe , &c. ]
Autre chofe efl de dire , quilles Sacremens
produifent la Grâce en venu de cercaines
difpofitions ; & autre chofe d'enfeignei
qu'ils ne la produifent point (ans cenaines
difpofitions. Le premier déroge à la pro-
meflfe de l'inditution , mais non le fécond.
Le Concile en coniamnant le premier
fencimenc ne s'eft nullemenc écané de l'an-
cienne dodrine de l'Eglife , qui a coujours
accaché une certaine efficace aux Sacremens
en conféquence de leur inftitucion. Mais
414 HISTOIRE DU CONCILE
MoxLvxi. produifenc la Grâce non par la difpofinontie celui qui fait lachofe ou qui
Paul III. J^ reçoit , mais par la vertu de l'œuvre nicme j & Ion difoit : Que les
""""■■" Sacremens ctoient de cette efpcce : Que pourvu que celui qui les recevoic
ne fut point en péché mortel qui put exclure la Grâce > il ne laiflbit pas
que de la recevoir , quoiqu'il n y apportât aucune dévotion : Que c'étoic
ainfi que le Baptême conréroit la Grâce à un Enfant ou à un Fou , qui n'y
apportoient aucune difpofition , parce qu'en eux il n'y avoir nul empê-
chement du péché : Que le Sacrement du Chrême & celui de l'Extrcme-
Onâion produifoienc le même effet fur un malade qui auroit perdu toute
connoiffance : Que Ci quelqu'un perliftoit adtuellement ou habituellemenc
dans un péché mortel , il ne pourroit point à la vérité recevoir la Grâce , à
caufe de l'oppofition qu'elle rencontreroit , non pas cependant que le Sa-
crement n'ait la vertu de la produire ex opère operato , mais parce que l'hom-
me feroit hors détat de la recevoir, par les difpofitions contraires qu'elle
trouveroit en lui.
Différend LXXXVI. CEPENDANT , quoiquc d accord en cela , ils ne laiflèrent pas
entre Us Do- jç fç ttouvcr fort opDofés quand on vint à s'expliquer. ^* Car les Domini-
&iesFrM^^*^^^^ loutenoient que quoique la Grâce tut une qualité Ipintuellc créée
cifcains fur immédiatement de Dieu , il y avoir cependant dans les Sacremens une verra
lamanihre inftrumentelle & eftë«5tive, qui produit dans l'ame une difpoHcion pour la
'dont les S^' recevoir; &: que c'eft en ce lens qu'on difoit qu'ils contiennent la Grâce,
eremens ^^^ qu'elle foit en eux comme dans un vafc , mais comme l'effet cft dans
fur iCuHtres ^^ caufe ; ce qu'ils expliquoient d'une manière aflèzfingulicreparrcxein-
mriicles. plc d'un cifeau , qui non- feulement a la propriété de tailler la pierre,
mais encore la vertu de former une flatue. Les Francifcains difoienc au
contraire, qu'on ne pouvoir concevoir comment Dieu, qui efl une caufe
fpirituelle, fe fert d'un inftrument matériel p<^ur produire la Grâce, qui
cfl un effet fpirituel ; & ils nioicnt abfolument qu'il y eut dans les Sacre-
mens aucune vertu effedtive ou difpofitive, ^* Mais ils difoient que toute
leur
s*il eût condamné le fécond , il nous eut Grâce ell contenue dans les Sacremens
donné une erreur pour un Article de Foi , comme dans une câufe phyfique , & les re-
pnifque fî nos difpofirions ne font pas la garder autrement que comme une occafîon
caufe de la Grâce, elles en font au moins & un moyen que Dieu nous offre pour
des conditionf néceflàires. nous la communiquer , c'eft débiter une
^i. Car Us Dominicains foutenoient que chimère qui n'eft appuyée ni fiir raatorité
quoique la Grâce fut une qualité fpirituelle ni fur la rai(bn ; & s'il Éailloic pour être
créée immédiatement de Dieu , ii y avoit Catholique fbufcrire à de pareilles imagî«
cependant dans Us Sacremens une vertu nations , le premier (acrifice qu'il y auroit
inftrumcntelle & effective , Sec, ] C'eft un à faire pour avoir de la Religion , feroic
bonheur que les Francifcains ne fe foient celui du bon fens.
pas trouves d'accord fur ce point avec les 6i. Mais ils difoient que toute leur effi-
Dominicains. Cela nous a épargné un cace ne venoit d'autre chofe , que de ce que
novivel Article de Foi , & un fyftêmealTez Dieu avoit promis , &c. ) C'eft la feule
ridicule à défendre. Car Ibutenir que la manière |[iaifonnable d'expliquer la yeita
des
i^
DETRENTE, Livre II. 4iy
kur efficace ne venoic d autre chofe que de ce que Dieu avoir promis que mdxitiï4
toutes fois & quances que le Sacrement feroit conféré, il accorderoic la ^-^ulIII.
Grâce ; & que <:'étoit en ce fens qu'on devoit dire qu'ils la contenoient , . '
non par aucune vertu qui fut en eux , mais parce qu'ils en étoient un figne
efficace » &c que Dieu avoit promis de joindre infailliblement fon affîftance
a ce miniftère , qui par-là devenoit la caufe de la Grâce ^ parce que l'effet
en fuivoit infailliblement , non par une vertu qui fut en lui , mais par la
promellè qui y étoit annexée ; de la même manière qu'on dit que le mérite
eft la caufe de la récompenfe , quoiqu'il n'y ait en lui aucune activité. Ces
Théologiens prouvoienr leur fentiment non-feulement par l'autorité de
Scot &c de S. Bonavcnturc qui étoient de leur Ordre , mais auffi par celle
de S. Bernard y qui dit que l'on reçoit la Grâce par les Sacremens, comme
un Chanoine reçoit Ixnveftiture defa dignité par un Livre > & l'Evêque pac
un Anneau. De part & d'autre chacun expofà fes raifons fort au long &
dune manière encore plus aigre qu'étendue, ôc on fe cenfuroit récipro-
quement. Les Dominicains difoient que le fentiment des Francifcains
approchoit du Luthéranifme \ & les autres leur reprochoient à leur tour
qu'ils donnoient lieu aux Hérétiques de calomnier l'Ejglife , en foutenant
une opinion impoffible. Ce fut en vain que quelques bons Prélats voulu-
rent les concilier , en difant qu'étant d'accord de la concluflon , qui eft que
les Sacremens contiennent la Grâce & la produifent , il importoit peu de
favoir de quelle manière cela fe faifoit , & qu'il eut mieux valu s'en tenir
à la proportion générale , fans defcendre à la manière particulière. Car
ils répondoient , qu'il ne s'agidbit pas de mots , mais d'établir ou d'anéantir
les Sacremens ; &c on n'eût jamais uni de contefter , fî le Cardinal de Sainte
Croix n'eût ordonné qu'on padat aux autres Articles , en difant qu'à lafiti
on reviendroit à ce point > & qu'on examineroit s'il étoit à propos de le
décider ou de lomcttre.
Les Légats enfuite ayant fait appeller chez eux les Généraux de ces Or-
dres , les prièrent d'engager leurs Religieux à paçler avec plus de modeftic
& de chance» & à ne point fe pafConner fi fort pour les (entimens de Leur
Ecole -, & de leur remontrer qu'on ne les avoit fait venir que pour combat-
tre les Héréfies , & que rien n'étoit plus contraire à ces vues que de s'ex-
pofer à en fufciter de nouvelles par leurs difputes. ^^ Ils écrivirent en mc-
des Sacremens , puUqae n'y ayant aucan pour remontrer combien étoit dangéreufe la
rapport naturel entre une caufe matérielle
^ un effet fpirituel , la vertu du Sacremeni
ne peut venir que de la promefle , & le
figne ne peur être regardé que comme Tinf-
crument & la caufe occafionnelle de la ré-
ception de la Grâce. Croire que cette Grâce
A dans le Sacrement d'une manière inhé-
rente , c'eft un fyftême abfurde , & qui ne
piérice pas d'être refuté.
6^* Ils écrivirent en mime tems à Rome ,
T O M £ L
liberté que prenoient les Moines , &c.) Ce
ne (ut pas en cette feule occaflon , que les
Moines prirent tant de libené ^ & on en
verra encore d'autres exemples dans la fuite»
Comme la plûpan & les plus diftingués
Théologiens du Concile étoient Réguliers ^
ils s'y donnoient beaucoup d'autorité» &
parce que la plupart des Prélacs n 'étoient
guères au fait de leurs difputes Scolafti^
ques , il fialloit néce0àirement s'en xap-
Hhb
xo^
4%6 HISTOIRE DU CONCILE
'hpxltii* me cems a Rome , pour remontrer combien écoic dangereufe la liberté que
Paul IIL prenoicnt les Moines , & quelles en pouvoient être les fuites •, & ils mar-
quèrent au Pape la néceflîté qu'il y avoit d y apporter quelque modération ,
parce que fi une fois le bruit fe répandoit dîe ces dtvifions , Se des cehfures
qu'ils raifoient les uns des autres , il ne pouvoit en naître que du fcandale ^
éc un grand tort à la réputation du Concile.
On vouloit laidèr le cinquième Article , comme déjà décidé dans I2
X Fleory , Sedion précédente* ' Mais Barth/Umi Miranda remontra : Que de ce pa«
L. 143. N^fadoxe, que les Sacremens ne donnent point la Grâce finon par la Foi
qu'ils excitent , ^^ Luther avoit inféré que Us Sacremens de l* Ancienne
Loi avaient la même vertu que ceux de la Loi Nouvelle & Evangélique ; ^
qu'on devoit condamner cette opinion comme contraire â la dodtrine de
l'Eglife & des Pères , qui enfeignent tous , que les anciens Sacremens
étoient feulement des fi^nes de la Grâce , au lieu que les nouveaux I3
contiennent & la produifent. Perfonne ne s'oppofa à la conclufion. Mais
les Francifcains foutenoient : Qu'on ne devoit pas dire les Sacremens de
t Ancienne Loi , mais de la Loi Mofaïque , vu que la Circoncifion produi-*
foit aufli la Grâce » mais n'étoit pas un Sacrement de la Loi de Moyfe >
& que Jefus - Chrift même avoit dit y qu'elle ne venait pas de Moyje ,
mtds des Pires ; 8c ils ajoutoient que les autres Sacremens qui étoienc
avant Abraham , produifoient & conféroient aufli la Grâce. ^5 Les Domini^
/ Joan.
VIL 11.
porter à ces Théologiens pour la difcuffion
des matières. Ce qoi embarralToit le pitis
les Légats , c*eft qae comme ces Religieux
itoient d'Ecoles oppofiées, & que chacun étoit
également ardent poor la défenfe de U iîen-
ne , il falloit beaucoup plus de tems pour
concilier les fencimens des uns & des au-
tres ) que pour convenir de ce qu'il falloit
oppofer aux Proteftans. Ceft de quoi fe
plaignoient les Légats. Mais cette oppofi-
tion entre eux, & cet attachement mo-
cnel à leurs Ecoles ne laifsèrent pas que
ie produire un bien , qui eft , qu on en
multiplia nn peu moins les Anatbêmes,
parce qu on ne vouloit mécontenter aucun
ëe ces Ordres.
^4. Luther avoit inféré que les Sacre-
fnens de l'Ancienne Loi avoient la même
yfertu que ceux de la Loi Nouvelle & Evan^
"gelique ; & qu'on devoit condamner cette
opinion , &c. ) II efl certain du moins ,
que S. Paul a regardé toutes les obfervan-
ces de lancienne Loi , comme des élé-
mens infirmes , qui ne pouvoient con-
duire pei(bnne â ht peifeâion } de c'en
étoit aflcz pour faire donner la préférence
aux Sacremens de la nouvelle. Mais de dc^
terminer en quoi condfle préafement cette
difiérence , c'eft ce que le Concile fagement
n a point fait. Au défaut du Concile » des
Théologiens plus hardis ont imaginé di-
verfes différences dont Tune entre autres
eft , que les Sacremens de l'ancienne Lot
opèrent , comme ils parlent , ex opère ope-
rantis , au-lieu que ceux de la nouvelle
opèrent ex opère opersto. Mais je né (â>
fiir quoi eft fondée une pareille différence.
Car fi on accorde une venu aux anciens
Sacremens, il faut qu'elle vienne comme
aux nouveaux de leur inftitution , qui eft
proprement le fens de Vopus operatum y
fi réellement il en a auccm. Le Concile
avoit d'abord omis cet Article , & peut-
être eât-on fait aofli fagement de le iaif-
fer tout à-fait.
tf f . Les Dominicains répondoient an con^
traire que 5. Paul avoit dit clairement ,
qu'Ahraham avoit reçu la Circoncifion feu-
lement comme un fiffie, &c. ) (JTa été le
ièntiment de tous les Pères Grecs » & de
DE TRENTE, Livre II. 417
cains répondoient au contraire : Que S. Paul avoir dit clairement» ^ qu'A- Mi>xtviw
braham avoir reçu la Circoncifion feulement comme un fîgne ; & qu'étant ^^^^ ^*
le premier qui l'avoir reçue > c etoirune preuve qu'elle n'avoir été iaftiruée
feulemenr que pour fervir de figne. A l'yard de la manière dont ces diâfé- iJ^n^
rens Sacremens contenoient & produifoient la Grâce , on revint aux më^
mes difputes. Grégoire de Padouc dit à cefujet: Que félon les Logiciens^
c'éroit une chofe certaine > que les chofes d'un même genre ont enrre elles
une forte d identité Se une différence : Que ù entre les Sacremens anciens
& les nôtres il n'y avoir que de la différence , ils ne feroienr pas rous des
Sacremens , (înon d'une manière équivoque i & que s'il n'y avoir que de
l'identité » ils feroienr tous la même chofe : Qu'il falloit donc prendre
garde de ne point faire naître de difficulrés fur des chofes claires , pour
quelque différence de mots ; & que S. Augujlin avoit dit que les uns 6c
les autres étoient différens dans le figne » mais pareils dans la chofe figni«
fiée ; & dans un aurre endroit , qu'ils étoient dinerens quant à l'appaience
vifible , mais les mêmes dans la (ignification intelligible : Que c etoit ce
qui lui avoit fait dire dans un autre endroit, que leur différence con(lf-r
toit en ce que les premiers étoient promijjîfs ^ & les autres indicatifs , ce
qu'un autre avoit exprimé par les rermes A^ prinonciatifs & de conufiaùfs :
Que par-là ilparoifloir clairement , qu'entre ces différens Sacremens il y
avoit des différences & des conformités , ce qu'aucun homme fenfé ne
pou voit nier; & que ç'avoir été avec beaucoup de prudence qu'on avoit
d'abord omis cet Article , & qu'il n'étoit pas plus à propos d'y toucher dans
le Décret préfent. Il y eut encore un autre avis , qui rut » que fans entrer
dans le détail de ces différences , il tiilloit Amplement condamner l'opinion
des Luthériens & des Zuingliens, qui difoienr que les Sacremens anciens
& nouveaux ne différoient que dans les fignes exrérieurs *, & que comme
on avoit montré qu'ils différoient en plufleurs aurres chofes , on pouvoir
condamner pour cela feul la doârine contraire , fans être obligé de dé-
tailler quelles étoient ces différences*
Les Dominicains * cenfuroient le fixième Article, difantavec S. Tha^ *^'^^i
masj que le propre des Sacremens Evangéliques eflde donner la Grâce, ^43« ^ -
au lieu que les anciens ne la conféroient que fuivant la difpofition du fujet.
Pour appuyer cette doftrine ils fe fbndoient principalement fur l'autorité
du Concile de Florence , qui enfeigne que les Sacremens de l'Ancienne
Loi ne donnoient pas la Grâce , mais figuroient celle qui devoit être don-
la plupart des Latins avant S. Augufiin , qui que Ton s*en tienne au Jugement qu'en
cherchant par - tout des argumens pour porte S. Paul » on verra que rétablidèment
prouver le Péché originel contre les Pela- de cette cérémonie pour Tabolition du Pé-
giens^ prétendit que la Circoncifion avoit ché originel efl une imagination fans fb-
écé infUtuée pour effacer ce péché. Mais lidité, uniquement inventée pour Tappai
cA de quoi on ne voit pas la naoindre d'un fydème que les Pélagiens rejettoienc
trace dans TEcriture > & foie que Ton exa- comme contraire à la raifon , & deftitu6
mine loccafîon de fou inftitution , foit d autorité*
Hhh 1
4i8 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. née par la paffion de Jefus-Chrift. Mais comme S. Bonaventurt 8c Scoi
Paul III. foutcnoicnt, que la Circoncifion conféroit la Grâce ex optrc optrato ^ 6c
■■■■'■■■^■"" que Scoc même ajoucoic qu'immédiacemenc après le péché d'Adam , Diea
avoir infticué un Sacremenr , qui par fa propre vertu conféroit aux enfant
la Grâce ex opère operato ; les Francifcains prctcndoient que la Propofition
étoit véritable , & qu'on ne devoir |>as la cenfurer. Pour fortifier leur opi-
nion , ils inûftoient beaucoup principalement fur ce que , s'il étoit vrai ce
que difoit S. Thomas , qu'avant Jelus-Chrift les enf ans étoient fauves par
la Foi de leurs parens Se non par la vertu des Sacremens, & ce que dir
S. jiugujiin de la damnation d un enfant qui mourut pendant que fon père
le portoit au Baptême , la condition des enfans Chrétiens étoit infiniment
{)ire qu'elle tt'étoit fous l'Ancienne Loi» où la Foi des parens fuffifok pour
es fauver. Ces diflScultés firent propofer à plusieurs qu'on ne touchât point
à cette propofition , comme étant probable. On convint auflS d'omettre le
feptième & le huitième Articles.
^^ Mais à l'égard du neuvième, où il cft parlé du Cara«Slèrc » Domini^
que Soto propofa de déclarer qu'il étoit fondé fur l'Ecriture Sainte , &
qu'on l'a voit toujours regardé dans l'Eglife comme une Tradirion Apofto-
lique , parce que , quoique les Pères ne fe fuilent pas fervis de ce nom ,
néanmoins la chofe fignifiée étoit très-ancienne. Les autres cependant ne
lui donnoient pas une fi grande antiquité, parce qu'on ne voyoitpasque
ni Gratien ni le Maure des Sentences en eudent fait mention.- Au contraire
Scot dit que les paroles de l'Ecriture ou des Pères n'obligeoient point de
l'admettre , mais qu'il n'y avoir que l'autorité de l'Eglife qui nous y obli*
geât : rour ordinaire que prend ce Doâeur » quand il veut nier les chofè?
d'une manière honnêter
^7 C E feroit une chofe très-curieufe de favoir ce qu'ils entcndoicnt par
46. Mais à regard du neuvième ^ oîtit 6j. Ce feroit une chofe très'Curieufi de
eft parlé du Caraéière , Dominique Soto /avoir ce qu'ils entendaient par le CaraBere ;
propofa de déclarer qu'il étoit fondé fur &c. ) S'il eft rrai qu'ik s'entendoient eux-
i Ecriture Sainte , &c.) Il ^ut plus que de même^. Mais comme toat ce qu'ils di*
la pénérration , pour trouver le Caractère (oient fur ce point éroir fbn inintelligible ,
des Sacremens dans l'Ecricure Sainre. A la feule curiodté (eroitde (avoir comment
regard de la Tradition ^ il n'en eft pas tout' ils pouvoient difpucer dune chofe qu*ik
à-fait de mêmes & cependant il faut avouer avoient rendue incompréhenfible. LeCar"
quelle a a(ïez varié fur ce point. Mais dinal Pallavicin ^ qui fe met (î fort en co-
dans une matière d obfervance & de difci- 1ère contre Fra - Paolo à caufe de lair
pline, il n'eft nullement étonnant que badin donc il raille ici les Scolaftiques ,
l'Eglife ait quelquefois changé de pratique, compare aflèz à propos ce qu'ils diloient
Elle Ta fait placeurs fois en d'aurres points au Syftème de Ptolomét fur le mouvement
non moins importans. En ces fortes de des Cieuz. Chimère pour chimère, je n'y
matières la feule régie eft de fnivre la pra- vois d'autre différence , (rnon que celle de
tique établie par Tufage, pui(que, quelle Ptolomée eft plus intelligible que l'autre,
qu'elle foie , la Foi ni les Mœurs n'y font Pour la podîbilité , les deux Syftèmes fon^
point intéreifés» a peu pxès de niveau.
-V
DE TRENTE, Livre IL 419
le Camâèce , & où ils le plaçoienc , eu égard au nombre & à la variété des mdxltii.
opinions des Scolaftiques, dont quelques-uns en faifoienc une qualité: ^^"^^^I*.
ce qui produifit quatre opinions différentes , félon les quatre efpèces de ^
qualités. Les uns difoienc que c'étoic une puiffance fpirituelle *, les au-
tres , une habitude ou une difpoHtion j quelques-uns , une figure fpiri*
tuelle y Se d ancres , une qualité fenfible métaphorique , opinion qui avoic
comme les autres fes approbateurs. Il y en avoir qui en raifoient une re-
lation réelle , & d'autres une fiâion de Tefpcit , fauf à eux à déclarer com-
bien elle étoit éloignée du néant. Il n'y avoit pas moins de variété d opi«
fiions à regard du fujet où réfide le Caraâère, les uns le plaçant dans l'effen-
ce de Tame , les autres dans Tefprit , quelques-uns dans la volonté , & il
s'en trou voit même qui le plaçoientdans les mains & fur la langue.
Jérôme Olcajier j Dominicain Portugais, étoit d'avis ^ qu'on décidât : ^Flcury;
Qu'avant que la Grâce foit infufe, tous les Sacremens impriment uneL, i4j.N^
qualité fpirituelle, qui efl de deux genres-, l'une ineffaçable, l'autre qui *"•
Kut fe perdre 6c fe recouvrer 5 que la première s'appelle Caradère , & que
utre eft un certain ornement: Que les Sacremens qui donnent la pre-
mière ne fe réitèrent point , parce que leur effet dure toujours ; mais que
les autres fe réitèrent , quand l'ornement qui eft leur effet eft perdu : ima-
gination fort belle en apparence , mais qui eut fort peu d'approbateurs 9
parce qu'il n'y avoit d'autre Auteur de cet ornement que Saint Thamas^
qui même après lui avoir donné la naiffance , ne le jugea pas digne de fes
K)ins.
Cependant , quoique tous convinflènt dans cette Propofition générale ,
Qu'il y a trois Sacremens qui impriment Caraâère, quelques-uns plus mo-
deftes difoient qu'on pouvoit admettre ce fentimenc comme plus probable ,
& non pas comme néceflaire. ^^ Mais d'autres au contraire foutenoicnt que
c'étoit un Article de Foi , parce c\vl Innocent III en avoit fait mention , &
que le Concile de Florence l'avoir ainfî défini depuis.
L'article ^ qui regardait la néceflîté de la probité du Mîniftre avoit ^W-N®
tellement été examiné par S. Auguflin dans fes Livres contre les Donatiflcs, ' '*'
que les Théologiens n'eurent pas de peine à s'accorder •, & l'on apporta
^8. Mais d* autres au contraire foute-
noient que c étoit un Article de Foi > &c. )
Ce n'étoit pas une chofe aifée à compren-
dre , comment une obfervance fur laquelle
TEglife avoit ^ (on varié , comme Tinité-
Tabilicé de certains Sacremens , pouvoit de-
Tenir un Article de Foi, ni comment une
chofe dont on n'a pas la moindre notion ,
telle quune qualité imprimée dans Tame ,
pouvoit être un objet de croyance. Mais
l'accord des Théologiens fur un nom ,
dont chacun (è formoit des idées particu-
lières , & la décifion d* Eugène IV , paru-
rent fufïifans pour faire non-feulement une
Loi d'une pratique fondée fur une Tradi-
tion auffi refpedable que celle de la pîus
confidérable partie de TEglife > ce qui eut
été trés-fage, mais aofE un Dogme dune
idée auiïi obfcure que celle d'une qualité
imprimée dans l'ame > idée qui n a pas le
moindre fondement ni dans TAntiquité ni
dans la raifon. Cefl ce qui a été fait par le
Canon neuvième, que l'on peut regarder
fous ce dernier rapport comme un nouvel
Article de Foi de la £içoa des Scolaftiques
& du Concile.
Paih. 111.
dlElcury t
#Id.L 143.
N<>ii4.
GrMttdtt
tUffutes fitr
U genre
dintention
qui êfi né'
eêffkire,
fld. N°
115,
4jd HISTOIRE DU CONCILE
d ailleurs pour une preuve décifive , que cette dodtrine avoic déjà été C(m^
damnée par le Concile de Conftance parmi les Erreurs de Jriclcff.
L'oKziEME Article ^ fut auifi condamné à toutes voix , comme contraire
â l'Ecriture Sainte , à la Tradition , & à lufage de TEglife Univerfelle.
On diftingua ^ le douzième ^ qui regardoit les formes des Sacremens»
comme pouvant recevoir deux fecs. Car , ou par la forme on entend les
paroles elTentielles 9 en quel fens on dit que chaque Sacrement a fa matière
qui eft le figne fenlible , ic fa forme qui conlifte dans les paroles qui Tac*
compagnent ; ou Ion entend toute la cérémonie avec laquelle le Sacre*
ment s*adminiftre , & qui renferme plusieurs chofes non néceffaires &
qui ne font que de bienléance. ^^ Selon cette diftinâion y on propofa de
faire deux Canons*, lun qui condamnât d'Héréfie ceux quidifent que les
formes peuvent être changées, ce qui ne peut être, puifqu 'elles onr été
inftituées par Jefus-Chrift -, l'autre pour déclarer que quoique les Rits acci^J
dentels puillent être changés ^ il n'eft pas libre a chaque particulier de le
faire , quand c*eft un Rit introduit par lautoricé publique , & reçu &
confirme par un ufage uniforme , ic que cela n'appartient qu'au Pape»
comme Chef de l'Eglife Univerfelle , lorfqu'il y a de jufles raifons de le
faire.
Sua TArticlc xiii, où Ion rejette la nécefEté de l'intention du MiniC-
tre , ^ on convint au on ne devoit pas s'écarter de la décifion du Concile
de Florence qui Ta déclarée nécefTaire. 70 lAzàs on fe trouva affez embar*^
€ 9 • Stton cette difiîn^hn , on propofa de
défaire deux Canons ; l'un qui condamnât
d'Héréfie ceux qui difent que les formes
peuvent être changées , ce qui ne peut être ,
puifqu elles ont été injlituées par Jefus- Chrijl,
Sec. ) Nous ne voyons pas cependant, que
ce premier Canon aie été fait > foie qu'il
eût été difficile de prouver que toutes les
fermes des Sacxemens ayent été inftituées
par Jefus-Chtift , attenài la diveiAcé qui
s'7 trouve dans différentes Eglifes > foitque
dans ceux mtmes où cène forme ptrote
indiquée dans l'Ecriture , comme ceUe dm
Baptême, ce n'eft que par Tu&ge deTE-
Slife que nous favons que Ton doit regar-
er rinvocacion qui s'y fait de la Sainte
Trinité plûtèt comme la forme du Sacre-
ment, que comme une fone de profe(Eon
de la doélrine dans laquelle nous devons
être baptifés.
70. Mais on fe trouva ajfe^ embarraffé
à expliquer quelle forte d* intention étoii né"
cejjaire, ) Les Théologiens étoient alors
dans des fencimens ailez di^ens. Mais
quoiqu'ils ne foient pas encore tons d'ac*
cord , il feaible cependant tpie preiqut
tour le monde eft levena au fentiment df
Catharin , qu'on paroiflbit affez difpoft à
condamner alors , parce qu'on le croyoit
trop approcher de celui de Luther. La
différence pourtant eft affez con£dérable»
puifque l'on &it dire â Luthtf^ qu'un Sa*
crement conféré même par )eu étoit va*
lide > au-Heu que Catharin n'a regarda
comme tel , que celai qui eft adminifbé
ftrieufemeni & félon Us r^es de l'Eglife»
quelque intention in téheere qu'ait d'ailleuia
le Miniftre» Pallavicin convient, L. 5^*
c. 6. que ce dernier fentiment ne fut pas
l'objet de la Cenfnre du Concile , & que
Catharin le (butine ouvertement , mmm
depuis la décifion. Il nous apprend mêmt
que ce Prélat ayant eu fur cela quelqaç
conteftation avec le Makre du SÀciè Pa«
lais , les Légats prièrent le Pape de dé*
fesdie à ce dernier d'attaquer l'autre fur
cet article. On peut donc regarder cetta
intention cosnaa» la fyaim nlce0àirei 9?
k
/
DE TRENTE, Litre 1 1. 431
rfiiflK 1 expUaucc quelle force d'intention étoit nécelTaire , à càufe de la usxivii»
diver(ité des lentimens fur la valeur & l'efficace des Sacremens » puifque Paul IIÎ.
la même intention ne peut pas fe trouver dans deux perfonncs qui ont — — —
des opinions différentes. L'avis commun fut > qu'il fuffifoit d'avoir l'in-
tention de faire ce que fait l'Eglife. Mais cela ne levoit point la difficulté »
parce que , félon la différente opinion qu'auroient les hommes de l'Eglife^
ils dévoient avoir auffi une intention différente dans l'adminiftation des Sa-
eremens. Cependant on crut qu'on pouvoit dire que qu^nd bien même
on prendroit une faudè Eglife pour la véritable , pourvu que le Rit foie
le même dans l'une SC l'autre Eglife , l'intention n'étoit pas différente »
parce que tous avoient pour but de faire ce que Jefus-Chrift avoir inftitué »
& ce qui étoit obfervé par TEglife.
Catharin Evêque de Mitiori S propofa fur ce point une chofe que cha- g Ficury ,
cun jugea très-digne d'attention , & qui mérite bien d'être ici rapportée. L- i4}*N*»^
Il dit donc : Que les Luthériens ne donnant point aux Sacremens d'autre '^^*
vertu que celle d'exciter la Foi , qui cependant peut être réveillée d'une
autre manière ^ il leur imporroit peu de recevoir un vrai Sacrement ; ic
que c'étoit pour cela qu'ils difoient qu'il n'étoit point néceffaire , & qu'ils
ne convenoient pas que pût nuire aux Fidèles la méchanceté d'un Miniilre»
qui n'auroit pas intention de conférer un véritable Sacrement , puifqu'on
lie doit regarder qu'à ce que le Fidèle reçoit > & non à ce qui lui eft don-
né 2 Qu'au contraire il imporroit beaucoup aux Catholiques de s'aflîirer
s'ils reçoivent un Sacrement véritable & efficace , parce que félon la vé-
rité ils donnoient aux Sacremens la vertu de produire la Grâce en ceux
qui n'y mettoient point d'empêchement •, & qu il arrivoit rarement qu'ils
l'obtinfïcnt par un autre moyen : Qu'en effer il étoit certain que les En-
fans & les Simples n'ont que cette voie pour arriver au faluf, que les
Chrétiens ordinaires onr de fi foibles difpolîtions , que fans les Sacremens
elles feroient infuffifantes ; & que ce peu de pcrfonnes , qui prefqae auffi
rares que le Phénix ont des difpofîtions parfaites , ne laiubient pas que de
recevoir par les Sacremens une plus grande abondance de grâces ; &c qu'ils
dévoient par conféquent être tous bien certains , fi les Sacremens qu'ils
recevoient écoient véritables : Que cependant , en fuppofant la néceffité
d'une intention intérieure , fî un Prêtre chargé du foin de quarte ou cinq
itiille âmes éroit un incrédule mais grand hypocrite , qui foit dans, le Bap-
tême des enfans , foit dans l'Abfolution des pénitens , foit dans la Conlé-
cration de l'Euchariflie , eût intention de ne point faire ce que fait l'E-
glife, il faudroit dire que tous les enfans font damnés, \t$ pénitens non
abfous , & que tous ceux qui ont communié n'en ont retiré aucun fruit :
Qu'en vain l'on objC(fteroit , que la Foi fupplée 1 ce défaut , parce qu'il eft
comme la plupart des Proteflans convien*- Paaio , pôar avoir fait valoir 1er rai/bns éé
Aent auiourd'hni far ce point avec les Ca- Catharin le plus forremenc qu'il a pu ,
tholiques , je ne vois pas pourquoi PaUa- quoiqu'elles foienc quelquefois un peu Lxdr
vicin s'élève fi fortement contre Fra- gérées.
4J2. HISTOIRE DU CONCILE
uDXLyix. certain qu'elle ne le peut faire à l'égard des enfans , & qu'à l'égard des aa-*
Paul III. ^^^^ j^ p^j ^g pç^ point produire l'effet du Sacrement » félon la doârinc
- Catholique ; parce que fi elle le pouvoit faire dans le cas de la méchanceté
d'un Miniftre , qui peut être un cas fort ordinaire y pourquoi ne le feroic*-
elle pas toujours } Que cependant , donner unt de vertu à la Foi , ce fcroit
anéantir celle des Sacremens , & donner dans l'erreur de Luther. Il appuya
beaucoup fur l'aflliâion que fentiroit un père plein de tendreffe > fi voyant
fon fils moribond il venoit â douter de l'intention du Prêtre qui l'auroic
baptifc s fur l'inquiétude qu'auroit un homme qui n'ayant qu'une difpofî-
baptifer
il n'auroit pas eu celle de le laver par raillerie & de faire un jeu de tout le
refte*) & k quelqu'un difoit que ces cas font rares , Plut à Dieu5 ajou-
coit-il , que dans ce fiécle corrompu il n'y eût pas lieu de croire qu'ils
font adez firéquens ! Mais même en admettant qu'ils font fort rares » 6c
même uniques , qu'on fuppofe par exemple un mauvais Prêtre hypocritQ
& qui n'ait point l'intention d'adminiftrer le véritable Baptême à un en*
fant , 6c qu'enfuite cet enfant devienne Evêque d'une granae ville , & quç
pendant une longue fuite d'années il ait ordonné un grand nombre de Prê-r
cresî il faudra dire que cet enfant n'étant point baptifé n'aura point reçi|
d'Ordination , & que par conféquent tous ceux qu'il aura ordonnés lui-
même n'auront rien reçu , Se qu'ainfi il n'y aura dans cette grande ville ni
Çacrçment de Pénitence ni Eucharidie , puifqu'il n'y en peut avoir (ans
Ordination , ni Ordination fans un véritable Evêque, ni aucun Evêque
s'il n'a auparavant été baptifé *, & qu'ainfi par la malice d'un feul Miniftre
pn rendra nuls un million de Sacremens : Que dç dire que Dieu fupplée
par fa toute - puifiance aux befoins des peuples , & qu'il pourvoit à des
accidens quotidiens par des remèdes extraordinaires, n'eft pas une chofe
facile à perfuader \ & qu'on fera croire bien plus aifément , que la Provi-
dence a pourvu à ce que de pareils accidens ne pufient point arriver *, 8c
que la manière dopt elle y a pourvu eft en ordonnant qu'on regarde com-.
me un véritable Sacrement celui qui eft adminiftré félon la forme infti-^
tuée y quelque intention contraire qu'ait intérieurement le Miniftre : Que
cela n'étoit contraire ni i la doârine commune des Théologiens » ni a la
décifion du Concile de Florence , lorfqu'il exige l'intention comme nécef-^
faire , parce que ce Concile ne parle pas de l'intention intérieure , mais
de celle qui fe manifefte par l'aftion extérieure , quoiqu'intérieurement le
Miniftre en ait une toute contraire : Qu'il n'y avoir que ce fentimenc
qui pût obvier aux inconvéniens infinis qui fe trouvoient daqs tous les au-
tres. Catharin appuya fon fefltiment par beaucoup d'autres preuves y qu'il
conclut par ce fait tiré de Soiominc. 7» Cet Hiftorien rapporte, qu'on
jour
71. Cet ffiJforUn rapporte qu*un jour quelques enfans l* AUxandrle jouant enfem*
DE TRENTE, Livre IL 435
|our quelques cnfans d'Alexandrie jouant enfemble fur le bord de la mci , mdxlvii.
fe mirent à imiter en badinant quelques cérémonies de TEdife ; & qu'-^- ^^^^ ^^^'
ihandfc, qu'ils avoicnt créé leur Evèque» en baptifa quelques-uns d'en-
tre eux qui n'avoient point encore été baptifés. Alexandre Evêque d'A-
lexandrie , averti de ce qui s'étoit paûfé Se en étant embarrafle , fit venir
ces enfàns pour favoir d'eux ce qu'avoir fait Se dit l'Evèque de leur fa-
^on ; & connoitfant par leurs reponfes (yi il avoir obfervé exaâement
coures les cérémonies de l'Eglife , de l'avis de fcs Prêtres il approuva ces
Baptêmes : approbation qu'on ne pourroit Juftifier , Ci l'intention qu'exi-
geoient les autres Théologiens étoic néceflaire y & qui ne pouvoir avoir
Ueu qu'en fuppofant la vérité de fon opinion.
Cette doctrine ne fe trouva pas du goût des autres Théologiens, Se
quoique les raifons de Catharin fuflenr fi fortes qu'ils ne fudènt qu'y ré-
pondre > 71 ils perfiflèrent cependant à fbutenir , comme on le leur avoir
appris , que la verirable intention aâuelle ou virtuelle du Miniftre eft né-
ceflfàire ; & que s'il a une inrention intérieure conrraire , le Sacrement n'eft
point valide , quoiqu'extérieurement il obferve tout ce qui eft prefcrit
pour l'adminiftration du Sacremenr. Mais je ne puis m'empêcher de dire
ici 9 quoique par anticipation , que lorfque le Concile eut déterminé ab«
folumeqr que l'intention du Miniftre éroit nécelTaire , comme on le voie
par le Décret , Catharin ne lailTa pas de perfifter dans fon fentiment ; Se
qu'il publia même une année après un Ecrir pour prouver que le Concile
avoir été de fon avis , & qu'on devoit interpréter ce qu'il en avoir décidé
dans le fens qu'il lui donnoir.
Il n'y eut nulle difficulté pour la condamnation du dernier Article , où
il eft dit que les Sacremens n'onr été inftitués que pour nourrir la Foi ;
parce que c'éroit une fuite de ce qui avoit été dit pour la condamnation de
pluHeurs autres^
La matière du Baptême n'arrêra pas fi long-rems que l'autre. Sur le
troifième Arricle , ** qui regardoir la validité de ce Sacrement adminiftré h Flcury
par les Hérétiques , après avoir remarqué , conformémenr à la doâ:rine de ^ *45- ^^
bU^ &.C.) Cette Hifloire , fi elle étoic vé- venoit inatile à fa caufe.
ritable prooveioit non-(eulemenc que Tin- yi» Ils perfiflcrent cependant à fotuenir
tencion intérieare ne feroit pas néceflàire que — > s'il a une intention intérieure con-
pour la validité d'un Sacremenr , mais traire , le Sacrement n'eft point Valide, )
même quun Sacrement adminiftré par IJexprefTion du Concile fêmble anffi aflez
jeu n'en feroit pas moins valide. Mais £avorifer ce fentiment. Mais comme le con*
les Critiques ont démontré que ce fait eft traire n avoit point été expreiiément con*
faux & impodible, & quil ne peutfecon- damné , & que lopinion oppo(ée à celle
cilicr avec lage de S» Athanafe , ni avec de Catharin femble fujette à trop d'incon*
rhiftoire de fa vie. Ce fait eft donc allé- véniens , on en eft revenu infenfiblement
ac mal à propos ; & fuppofc même qu il à (on fyftème , & c'eft celui qui eft fou-
ut véritable, Catharin avoit ton de sen tenu conimuncmenc aujourd'hui dans nos
fervir , puifqu il eût prouvé betucuop plus Ecoles»
quil ne prctendoit , & que pai-là il de-
T o M E L I i i
tu
434 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. TEcole reçue par le Concile deFloience, que le Baptême demande rrofs
^Aui m. chofes , la ma:icre, la forme, & rintention , & que l'eau tft la matière
"—■■"■* de ce Sacrement y que rcxprclîîon de l'Atte au nom du Pcn , & du fils ,
& du Saint Efprit en eft la forme , & que l'intention eft de faire ce que
TEglife fait \ on établit pour une vérité incontcftable : Que tous les Héré*
tiques qui convenoient avec nous en ces trois chofes , avoient un vérita-
ble Baptême : Que cette Doârine devoir être regatdée comme une Tra-
dition Apoftolique, & quelle avoit déjà été établie dès le Pontificat
d'Etienne I. au commencement du troifième (iccle > & approuvée depuis
par toute TEglife. 7 3 Mais ceux qui ont quelque connoiilance de l'Anti-
?|uité, favent bien qu on ignoroit encore alors ce que c ctoit que matière >
orme , & intention , 74 & que le fcntiment à' Etienne u etoit pas propre-
ment celui qu on lui attribue ici > mais qu'il penfoit qu'on ne devoit pas
baptifer ceux qui revenoient à l'Eglife > de quelque Seâe qu'ils vin(Iènr>
fans exception ; & qu'à la réferve de quelque peu de Montanijlcs , pref-
Iue tous les Hérétiques de ce tems-là étoient des Gnofliques , qui ufoient
e Baptêmes extravagans , conformément aux idées bizarres qu'ils s'étoienc
faites de la Divinité & de la Perfonne de Jefus-Chrift. D'où il eft certain >
que quoiqu'on n'employât pas dans ces Baptêmes la même forme dont
on fe fert aujourd'hui , l'Eglife Romaine ne laiflbit pas de recevoir indif-
féremment toutes fortes d'Hérétiques à la pénitence fans les rebaptifer r
Que d'ailleurs les Evêques d'Afrique, comme ceux de Cappadoce qui
étoient dans un fentiment diamétralement oppofé > enfeignoient qu'il
i
7 ) . Mais ceux qui ont quelque connoif-
fance de F jintiquité favent bien qu'on igno-
roit encore alors ce que c' etoit que matière,
forme fi» intention , &c.) Ceft-à-dire,
qae l'on ignoroit ces termes. Caid'aillears
on favoit bien que dans le Baptême , par
eiemple , il falloic fe fervir d*eau , que
rimmeiHon ou rafperfîon étoic accompa-
gnée de rinvocation de la Sainte Trinité,
éc que rintention de l'Eglife ou du Minière
qui agillbit en fbn nom étoit de régénérer
les Catéchumènes en Jefus Chrift , pour
les faire paflèr de Térat du péché à celui de
la judice. la manière piéfence d expri-
mer cela étoic inconnue, parce que le lan-
gage de TEçlife ne fe formoit pas alors fur
celui d'Âriftote ; mais fous dificrens teraies ,
on ne lailioit pas que d'avoir à peu près
k$ mêmes idées.
74. Et que le fentiment d Etienne /iV-
toit pas proprement celui qu'on lui attribue
ici, &c. ) Ce na pas été Fra-Paolo feul
ijui a penfé ain£u Plofieurs Sayans ont cru
de même , fur quelques endroits des Lettres
de Firmilien & de S. Cyprien , que le Pape
Etienne avoit admis le Baptême de toutes
fortes d'Hérétiques. M. de Launoi ^tre
autres s*eft cout-à-fait déclaré pour ce fenti-
ment , dans l'une de fes Lettres. Je n'ofê
pas dire que fes rai(bns foient toat-à-fàic
convaincantes > mais il eft vrai auffiqu elles
ont leur probabilité , & qu on ne pourroic
pas s*y refuser , fi la chaleur de îa contef
ration qui étoit entre Etienne & ces deux
Prélats ne nous don noie lieu d*appréhender
qu'ils auroient bien pu ne pas prendre exac-
tement fa penfée. D'ailleurs, comme nous
n'avons point les Lettres ê^ Etienne même»
il efl difficile de s'alfurer pleinement de &
doélrine > & je crois que Fra Paolo a ex-
cédé en difanc qu*il eft cenain que l'E-
glife Romaine recevoit indiffihremmenc
toutes fortes d'Hérétiques. Lachofen'eftpas
hors de vraifemblance > mais je ne voudiois
pas dire qu'elle eft certaine-
DE TRENTE, Livre II. 4jy
falloir rebaptifer toutes fortes d'Hcrétiques : Que le Concile de Nicéc moxlvii.
tenant une efpèce de milieu , défendit de rebaptifer les Cathares y mais fit ^^"^ ^^^•
rebaptifer les Fauliani/Us &c les MontaniJIes : Que celui de Conftantinople ——■■■■■""
marqua ptufieurs Fiérétiques qu'il falloir rebaptifer, 6c d autres donc il tal-
loit admettre ie Baptême , quoiqu'il feroic a(iez difficile de monrrer qu'ils
fe ferviffeni de la même forme que nous. Mais ce qui eft de plus impor-
tant , c'eft que S. BaJiU nous apprend qu'il rebaptifoit les Novatuns ^ les
Encratitcs , Ôc les Succophorcs , qu'on ne rebaptiloit point à Rome , fans
qu'il trouvât aucune abfurdicé dans cette différence de conduite; &qull
eût fouhaité feulement qu'on eût alfemblé plufieurs Evêques , pour trou-
ver les moyens d introduire par-tout une même pratique. 7i Mais fans
faire non plus d'attention à tout cela , que fi c'euifent été des fables , on
s en tint
a la Dodrine régnante , que (i les Hérétiques emploient la for-
& ont l'intention de TEglife , leur Baptême doit être regardé
me reçue
comme valide.
Da ns le quatrième Article , où il eft dit que le Baptême eft la Pénitence,
pludeurs ne trouvoient pas qu'on dût condamner l'ezpreffion comme fauflè ,
parce que l'Evangéhtte dit * que Jean préchoit le Baptême de la Pénitence , iMarc. 1.4.
?ue S. Paul dans fon Epître aux Hébreux ^ donne au Baptême le nom de yi^^
^ènitenu , & que plufieurs Pères s*étoient exprimés de même : Que par
confcquent on ne pouvoit condamner cet Article qu'en ce fens , que le
Baptême étoit le Sacrement de Pénitence. Mais comme en ce fens cet Ar-
ticle fembloit revenir au xvi > on convint à la pluralité de l'omettre.
Plusieurs étoient aufli d'avis qu'on omît le ix. & le x. qui regardoient
le Baptême de S. Jean , parce que , comme on ne parloit point des Sacremens
de l'Ancienne Loi , il convenoit encore moins de parler de celui qui avoir
été entre les deux Loix , & que le but du Concile n'étoit que de traiter des
Sacremens de la Loi Nouvelle. Mais on remontra de l'autre coté , que le
^ledein des Hérétiques n'étoit pas tant de relever le Baptême de S. Jean
r3ur régaler à celui de Jefus Chrift , que de rabaiffer celui de Jefus-Chrift
celui de S. Jean , & en inférer que comme celui-ci n'étoit qu'un pur fignc
3ui ne donnoit point la Grâce » celui de Jefus-Chrift ne la donnoir pas
avanrage » ce qui étoit une Héréfie formelle \ Se ce fentinient empêcha
d'omettre cet Article.
A l'égard des Rits dont il étoit parlé dans le onzième Article,quelques-Qns
vouloient^u'on diftinguat ceux qui font edèntiels d'avec les autres,5c qu'on /Fleury , L.
déclarât qu'il n'y avoit que les premiers qu'on ne pouvoit omettre fanspé- i43- N^
117.
7 s» l^^i^ fif^fifire nonplus d'attention Nicée. D'ailleurs, û en matière de Dif-
*i fut cela que fi c'euffent été des fables , on cipline & de Pratique qai n'eft point déter-
s* en tint à la Doârine régnante ^ êcc, ) On minée par rEciirare , on ne s*en rapporte
ne pouvoit faire mieux , puilque c*écoit pas à Tautorité de l'Eglife , il ny a plus de
éviter les deux extrêmes, & que cela étoit régie pour ceschofes , dont Vufzge oppolE
ibndé en autorité comme en rai fon , de- peut s'appuyer fur des raifons i peu près
puis les dédiions des Conciles d'Arles & de également folides.
m i
435 H IS T O IRE DU CONC ILE
MDXLvii. ché. Mais d'autres foutcnoient, qu'excepte le cas de* néccffîté , il n'étoit pa*
Paul III. permis d'en omettre aucun , même de ceux qui font moins elTcntiels ; parce
' qu'ayant tous été établis par l'Eglifc^ qui eft conduite par le Saint Efprit, ils
/ont tous nécefTaires de néceflite de précepte » quoiqu'ils ne foient pas né-
cellaires pour la validité du Sacrement. On allégua fur cela plufieurs Dé-
crets de Papes & de Conciles , qui parloient de quelques-unes de ces céré-
monies , & qui tous deviendroient inutiles 9 s'il écoic permis a chacun d'y
faire quelque changement. 7<^ L'autre partie de l'Article où il étoic parlé
de la néce/Eté de rimmerfion , comme exprimant mieux la mort , la fepuU
ture , Se la réfurreâion de Jefus - Chrift » fut unanimement condamnée
par les Théologiens , qui ayant allégué plufieurs endroits des Prophètes
où il eft parlé d'afperfion ou d'effiilion de Teau , prétendoienc que tous ces
endroits dévoient s'entendre littéralement du Baptême.
77 Les trois Articles qui traitent du Baptême des Enfans , furent con-
damnés généralement de tout le monde > comme contraires à la Doâirine
des anciens Pères & des Scolaftiques ; & on inveâiva beaucoup contre
Erafmc comme l'inventeur du quinzième , qu on qualifia d'impie &c de
pernicieux , & propre à ouvrir le chemin à l'abolition du Chriftianifme. Oa
ajouta , que fî les Enfans circoncis des Juifs étoient obligés lorfqu'ils étoienc
venus â l'âge de raifon d obferver toute la Loi » & étoient fournis au châ-
timent loriqu'ils la tranfgrefllbient 9 il étoit encore bien plus jufte d'obliger
les Enfans des Fidèles d'obferver la Loi de Jefus- Chrift : Que c'étoitavec
7^. L'autre partie de V Article , 9Ù il
étoit parlé de Vimnurfion ^^^fut unanime^
ment condamnée^ &c.) Quoique notre Hif-
toiien dife que cette panie de l'Article fut
condamnée, on ne voie pas cependant que
le Concile en an fait aucune mention dans
les Décrets. Et (i on eûr eu intention de
la condamner, ce n'auroit pu être par rap-
port à ce qui y eft dit , que Timmerfion
exprime mieux la mort, la répnlturc,&
laréfuireâion de Jefus-Chrift, puilquec'eft
aînfi qu'on en jugeoit dans l'Antiquité ;
mais Amplement parce qu'on y jugeoit
cette immerfion nécedàire , qui étoit cen-
furei la pratique contraire , généralement
établie depuis plufieurs (iécles , du moins
dans les Eglifes d'Occident.
77* Les trois Articles qui traitent du
Baptême des Enfans , fiirent condamnés gé-
néraUment de tout le monde , &c. ) Les
deux premiers, comme contraires à la pra-
tique générale du Chriftianirme , au moins
depuis le tems de 5. Irenée , & comme
conformes à la doâiine d^ Anabaptifiesi
& le dernier , comme inouï dans l*EgIife
Chrétien ne « & d'une conféquence dangé-
reufe pour la Religion. Mais je ne vois pas
od pouvoir être le danger , fie encore
moins comment on pouvoir traiter ce
dernier Anicle àTtmpie i pui(qu'a(Inrémenc
Erafme ne l'avoir propofé que comme un
mojen plus^ propre à établir la piété & i
n'admettre parmi les Chrétiens que des
perfonnes qui le fuHènt librement & fin-
cerement. Il eft vrai , que peut-être le
nombre des Chrétiens en feroic moins
grand , nuis en récompenfè ils en (èioient
meilleurs ; & cet avantage peut bien com*
penjfer l'autre. Une chofe d'ailleurs peoc
fervir à juftifier Erafme, ced qu'il n'avoic
propofé cela que comme une penfée ,
dont il laidbit l'examen & le jugement
aux Pafteurs , & non comme une Loi
qu'il voulût £iiire à TEglife d'une pareille
conduite > ce qui fuffit pour rêxcofer de
témérité , quand on ne feroit pas difpofé à
le difculpei d'imprudence»
DE T R E N T E , L I V R E II. 437
beaacoup de raifon que l'Uni verfité de Paris avoit condamné cette dodrine MDxtvir.
dans Erafmc , & que le Concile en dcvoit faire de même. Paul. III.
Le feizième Article fut condamné , comme détruifant la Pénitence , qui ■
cft un des vu Sacremens ; & on s*y arrêta peu , parce qu'on remarqua qu'il
étoit renfermé dans quelques-uns des Articles précédens.
Enfin on cenfura unanimement le dernier , comme contraire aux en-
gagemens pris dans le Baptême , au commencement de l'adminiftration du-
quel on avertit le Catéchumène , que s 'il veut arriver à la vie éternelle » il
faut qu'il obferve tous les Commandemens.
78 II n'y eut pas "* de difpute fur les trois premiers Articles de la Confit- «ricury,!.
mation> comme déjà décides dans le Concile de Florence , qui étoit allé- '^|' ^•
gué par tous à tous propos. Sur ce qui étoit dit dans le troifieme , qu'autre-
fois les Enfans étant parvenus à l'âge de raifon venoient rendre compte de
leur Foi en préfence de l'Eglife , 7?on oppofa , que puifquc cela ne fepra-
riquoit plus à préfent , on devoit croire que cela ne s'étoit jamais pratiqué
par le pafle , parce que l'Eglife n'auroit pas aboli une cérémonie fi utile.
'o On cita plufieurs pafTages des Conciles & des anciens Ecrivains , où il
-jt. Il n y eut fas de difpute fur Us trois gement , que d'abréger les di(pates à la
premiers Articles de la Confirmation , com" aveur d'ane telle aatoiicc.
me déjà décidés par le Concile de Florence , jf» On oppofa , que puifque cela ne fe
&c. ] Dans toutes ces dccifîons modernes , pratiquoit plus à préfent , on devoit croire
rinfïruâion ^Eugène aux Arméniens fer- que cela ne s'étoit jamais pratiqué par le
▼oit de légle au Concile , (ans presque p^ffé , &c. ] Cétoit un rai(bnnement très-
qu il osât s'en écarter. Cela ne doit pas faux , mais tout-à-fait propre à abbréger
furprendre dans la plupan des Prélats , qui les controverfes , & le moyen le plus court
Tegardoient cette Inftrudion comme^l'oa- pour fixer la créance & la pratique. Car
▼rage du Concile de Florence , qu'ils ref- fi ce qui fe &it aujourd'hui efl une preuve
peéloient comme an Concile Général, que la même cho(e s'eft toujours prati-
Mais cette Indrudlion n ctoit point lou- quée , c'eft inutilement qu'on fe donne
vrage du Concile ^ fie ce Concile lui~mê- la peine de remonter a l'Antiquité : les
me n'écoit pas univerfêllemenc reconnu recherches deviennent inutiles, & l'obfer-
pour Oecuménique. Du moins les . Fran- vance préfente e(l la feule cho(ê dont il
^is y comme on le voit par la lettre du (bit befbin de sinftruire pour (avoir ce
Card.de Lorraine a Breton fon Secrétaire, qu'il £aut croire & ce quil faut faire. Rien
faifoient hautement profefilon de ne point de plus commode que cette régie , fi elle
le regarder comme tel. 11 paroit d'ail- étoit bien fondée. Mais ce qui nous rede
leurs , qu Eugène dans cette Indruâion des monumens de l'Antiquité nous dé-
s'ed moins propofé de donner pour des montre fur bien des points , que ce qui
Articles de Foi tout ce qu'il enfeigne aux fe pratique aujourd'hui eft tout diâéientde
Arméniens , que de leur expofer la doc- ce qui Ce pratiquoit autrefois,
trine qui s'y enfeignoit communément %o. On citaplufieurspaffages des Conciles
alors dans les Ecoles de l'Eglife Romaine, & des anciens Ecrivains ^ oti il efl parlé de
êc dont on s'cft écarté, depuis en bien des Chrême & d'Onilion , ce qui ne peut con-
points. C'a été pourtant laie principal fon- venir à unefimple Inftru6lion ou à un Exa-
dément de plufieurs des nouveaux Dog- men. ] Mais les palfages où il e(l parlé de
mes. Mais que faire? on n'en (àvoit pas Chrême ou d'Ondion, regardoient la céré-
4avantage alors , & Ton croyoit agir ùr moniequiacconipagnoic anciennement le
438 HISTOIRE DU CONCILE
Mi^XLvii. cft psitlé de Chrême & d'Ondlion , ce qui ne peuc convenir à une Hniple
^"'^ Inftruékion ou à un Examen. D'où 1 on conclue que ce ne pouvoir être
l'effet que d'une extrême ignorance , que de vouloir conrre le fentimenc
commun de toute TEglife changer un Sacrement fi important en une fimple
ccrcmonie, qui pourroit bien avoir eu lieu en quelques endroits particu-
liers , mais qui n'avoir jamais été auflî univerfelle qne Tondion du Chrême.
iiFlcury , Il y eut beaucoup de difficulté ^ fur le quatrième Article , à caufède la
L. 145- N** pcrmillîon qu avoir accordée le Pape S. Grégoire à de fimples Prêrres d'ad-
9'C7.
p \. , miniftrer la Confirmation. ® Les Francifcains ^' qui conformément à la
' Dodrinc de S. Bonavcnturc & de Scoe , qui étoit auflî celle de leur Ordre,
attribuoient ce miniftère i TEvcque feul > Se tenoient pour nulle la colla-
tion de ce Sacrement par un fimple Prêtrc,ce qui avoir été auflî l'opinion d'-<^-
dricn AV, difoient : Que ce qu avoit fait S. (?/e^(?/>« n*étoit qu'une fimple
permiflîon , & pour une fois feulement • & qu'il ne lavoit donnée qu'à re*
gret 8c pour éviter le fcandale que cela auroit caufé parmi les peuples de
Sardaigntf ; ou que l'ondion qu'il avoit permife n'étoit point le Sacremenc
de Confirmation. Mais comme cette réponfe n'avoir pas plu à S. Thomas »
parce qu'elle ne purgeoit pas tout à fait ce Pape d'avoir erré , il trouva un
tempciament qui fut de dire : Que quoique l'Evêque fut le Miniftre de la
Confirmation , elle pouvoir néanmoins être adminiftrée par un Prêtre avec
la permiflîon du Pape. ^' Mais à cette fuppofition les autres oppofoient :
Que l'Eglife Romaine enfeignoit expreflcmcnt , que Jefus Chrift avoit inf-
citué les Minières des Sacremens > Se que fi le Pape avoit le pouvoir de
Baptême , & n'avoient tucan rapport à Tlnf-
trudion donc il s'agit ici y fi ce ne(k dans
les cas ou cette Ondion ayant été omife
dans le Baptême , fe fuppléoit par l'Evo-
que dans le cems od chacun lui venoic
rendre compte de fa Foi ; & ceux cjui
parloienc de cette Inflrudion , ne nioient
pas quelle ne fut accompagnée d'une
imposition des mains , ou de TOnôion,
Ainfi ces pafTages ne prouvoient rien
proprement contre eux , & ne montroient
pas que ce fur un Sacrement propre-
ment dit ÔL tout- à -fait diftingoé du Bap-
tême.
8 1 . Les Francifcains qui conformément
à la dodrine de Bonavcnturc & de Scot
— — attribuoient ce Miniftèrc à l'Evêque
feul y &c. ] Cette doéhine n'étoit point la
dodbrine conftanw de leur Ordre , puifque,
comme Ta fort bien remarqué Pailavhin y
plufieurs d'encre eux ont été d'un fenti-
ment oppofé ; 5c que dans \t% autres Eco-
les au contraire il fe trouve plqfieon dé-
fenfeurs de cette opinion j qui par confe*
quent ne peuc être regardée comme la
dodrine univerfelle ou particulière de cet
Ordre , comme femble l'infinuer Fra*
Paolo.
8i. Mais à cette fuppofition Us autres
oppofoient que tEglife Romaine enfei^
gnoit que JefuS'ChriJl avoit inftitué Us
Minijères des Sacremens , &c. ] Il n'y a rien
dans les Canons du Concile, qui nous pone i
croire que c^écoit là la doébine de l'Eglife
Romaine ; & nous avons an contraire
plufieurs raifons de penfer , qu'on y a cm
que le choix des Minières en plufieari
cas a dépendu de l'autorité de l'Eglife»
L*admini(îration du Baptême par les Laï-
ques en efl une preuve conibnte , audl-
bien que la diverfité qui fe trouve entre
les Eglifes Grecque Se Latine fur le Mi-
niftre de la Confirmation. La pratique
en CCS matières eft une preuve de iait^
plus convaincante que tous les raifbnoe-*
mens.
DE T R E N T E , L i V K E 1 1. 435^
leur commander quant à l'exercice de leur Minillèrc, il ne pouvoir pas faire mdxlvu.
que le Sacrement conféré par d'autres que par ceux qui avoient été mftitués ^^^^ '^^•
fut valide , ni que celui qui étoit conféré par le Miniftre établi par Jcfus- — — —
Chrift fut nul, quoiqu'il reut fait contre Tordre du Pape : Que par confé-
quent fi Jefus-Chrift avoir inftitué TE vcque pour le Miniftre delaConfir- •
mation , le Pape ne pouvoit pas permettre à un Prêtre de la conférer ; ou
que fi Jefus-Chrift avoit donné ce même pouvoir à un Prêtre, le Pape ne
pouvoit pas le lui ôter : Que d'ailleurs il paroîtroic fore érrange , que dans
les autres Sacremens qui font tous plus nécelTaires , Jefus-Chrift eût déter^
miné le Miniftre , fans laifTer la liberté d'en choifir un autre ; & que dans
celui-ci , qu'on peut différer jufqu'à ce qu'on en rrouve la commodité , il
eût ufé de cette nngularité , dont jufqu'à S. Grégoire on a fait nulle mention
pendant fix cens ans *, ôc qu'on voulût faire un Article de Foi fur quatre
mots dits par occafion : d'autant plus que fi cette Lettre de S. Grégoire fe
fut perdue , perfonne n'eût jamais inventé cette diftindion tout à fait iu«
folite en pareille matière , & qui n'eft applicable qu'à ce fait de ce Pape.
Tout le monde n'étant pas pleinement facisfait des raifons des deux partis
oppofés , quelques-uns propolerent de s'en tenir aux paroles du Concile de
Florence , fans pafter outre. Mais d'autres furent d'avis qu'on condamnât
feulement ceux qui diroient , que le Prêtre & non l'Evêque feul eft le Mi-
niftre ordinaire de la Confirmation ; pour laiflèr la liberté aux défenfeurs
des deux opinions d'inférer , ou qu'il y avoit un autre Miniftre extraor-
dinaire , ou qu'il ne pouvoit point y en avoir d'autre ^ puifque les Sa <
cremens n'ont point d'autre Miniftre qu'un ordinaire.
LXXXVII. ^3 Pendant que les Théologiens difcutoient ces Articles, Décrm
P la Congrégation des Canoniftes députés pour recueillir & réformer \cs formés fur
abus qui concernoient la matière des Sacremens en général & celle du Bap- ^* ^^firme
icrae ôc de la Confirmation , ^^ dreficrcnt un Décret envi Chapitres j ^p|^*'* ^^
8 3 . Pendant que les Théologiens difcw ther i & que le fécond ne préjaJîcioit p«int
toieni ces Articles y la Congrégation ^ &c. ] à la nécefficé du Baptême , & n'aÊrmoi:
Le Card. Pallavicin L. 9. c. 8. nous ap- point dogmatiquement le falot de ces en-
prend qu on en avoit encore préfencé deux £ins*
autres pour être cenfurés > le premier de 84. Ils drtfsèrtntun Décret en fix Chu"
Luther : Qu'aujffi-tôt après le péché d'A- pitres , &c. Raynaldus ne die rien ni de
dam , Dieu avoit inftitué des Sacremens qui ce Décret ni des dilpuces qu*il occafionnai
conféraient la Grâce ^ ï'simiede Cajetan: 8c Pallavicin L. 9. c. ^.dicpofitivoment.
Que ce feroit une précaution irrépréhenfi- qu'il ne s'en trouve pas un feul mot ni
hie à V égard des enfans qui foru dans le dans les Aâes ni dans les Mémoires du
ventre de leur mère , de Us bénir au nom Gsncile. Il n'eft pas naturel cependant de
de la Sainte Trinité , & de"^ remettre en- fuppofer que Fra-Paolo aie inventé une
fuite la^décifion de leur fort au jugemeru de telle chofe , puilqu'on ne voit pas quel but
Dieu. Mais tout bien examiné on jugea il pourroit avoir eu à la fuppofer , & que
plus à propos de n'y point toucher, d'au* d'ailleurs un tel Décret convenoit allez à la
unt plus qu'à l'égard du premier, plufieurs réfblution que T'on avoit prife auparavant
Catholiques avoient penft comme Lu^ de xéfexmei les abus ^ qui avoienc rapport
Paul IIL
440 HISTOIRE DU CONCILE
Minctvii. où après avoir marque que le Concile voulant remédier aux abus
Ti . ... ITT ^^^ j^ ^^^^ ^^ j^^ hommes a voient introduits en ces matières , & enfeigner
aux Miniftres de VEgVikSc aux autres Fidèles comment ils fe dévoient gou-
verner dans radfniniitratioEi , la réception , ou la garde des Sacremens , il ju-
geoità propos d'ordonner:
I .Que les Sacremens Ecclé(îa(Hques ^^ feroient admîniftrés gratuitemenr»
qu'on n exigeroit ni ne demanderoit rien fous quelque prétexte que ce pût
ctre 9 & qu'on ne mettroit ni tapis , ni baffin , ni vafe , ni aucune autre
chofe qui put faire paroitre tacitement qu'on demandât : Qu'on ne pourroic
ni refufer ni différer de les adminiftrer kmis prétexte de quelque ancienne 8c
longue coutume de ne point les conférer qu'après avoir reçu auparavant
quelque rétribution , ou avoir été payé de quelque dette ; anendu que le
tems Se la coutume ne font qu'augmenter le péché au lieu do le diminuer :
Et que les contrevenans feroient fournis aux peines portées par les Loir
contre les Simoniaques*
1. Que le Baptême ne feroit conféré à perfonne ailleurs que dans les
Eglifes , (inon en cas d'urgente nécefllîté , & à l'exception des Rois & des
Princes Souverains fpécidés par la Conftitution de Clément f^,qui cependant
ne pourroit avoir lieu qu'à l'égard des grands Princes , & non à l'égard de
tous les autres ; & que les Evèques ne pourroient donner la Confiiiaiation
qu'en habits convenables > Se que dans les Eglifes , les Lieux facrés, ou leurs
Maifons Epifcopales.
3 . Que le Sacrement de Baptême feroit adminiflré par des Prêtres.habiles
& capables , & feulement dans les Eglifes Matrices dans lefquelles il y a
des Fonts baptifmaux » à moins qu'eu égard à la difficulté de fe rendre à ces
Eglifes , TEvcque n'eût permis de l'adminiftrer dans d'autres > ou que cela
ne
aux matières de Do^rine qui fe traitoient
dans le Concile* Ce que je puis (bupçon-
ner de plus vraifemblable , c*eft que /><!-
Paolo y faute de Mémoires allez exa^ y a
rapporté à ce tems-ci y ce qui ne fe fit que
quelque tems après* Car l'on voit pdiRay-
naldus N° 7 1. que Ton dreflk de pareils Ré-
glemens quelques mois après à Bologne ,
& qu ils y furent difcuccs en plufieurs Con-
grégations & arrêtes mais Gins aucune fuite y
parce qu* on ne publia rien de tout ce qui s*é-
toit fait là, & qu*on rexamina de nouveau
toutes les mômes matières après le rctablif-
(èment du Concile à Trente.
S ç. Qite Us Sacremens EccUfiafliques fe-
roient admîniftrés gratuitement , &c. ] Ceft
un des Réglemens qui fîit arrêté à Bolo-
gne , ( Rajn. N° 7 X. ) & il feroit à foohai-
ter que celui-ci au(fi-bien que les fuivans
euffent pu avoir lieu. La chofe eut été
aflèz facile, s'il n'y eût eu d'autres Minif-
tres que les Titulaires , à la fubfiftance def-
duels le public ayant pourvu par Tétablid
fement de fonds fuffifans pour leur entre-
tien y il n'eAt plus été nécellâire de rien
exiger pi de rien donner pour la réception
des Sacremens. Mais un iîbus ne manque
guères d'en attirer un autre > & cette
multiplication inutile 8c onéreofe de Mi-
nières pauvres & fuperflos a donné lieu à
une infinité de Simonies y qui palliées (bus
le nom d'oblations ont fait cïégénérer le
Miniftère en une (ôrtê de profeffion lucra-
tive , qu'on embraife plûtAc comme un
moyen de vivre , que comme un OSke dt
Religion fie de cbariié»
DE TRENTE, Livre IL 441
tic fut établi de tems immémorial *, en quel cas ces E^Iifes confervoîent dans mcxitit.
un vafc propre & décent TEau-bénite qu elles tircroient de l'Eglife Matrice ^^^^ ^^^•
pour raaminiftration de ce Sacrement. «^i».— ^
4. Que pour le Baptême *^ & la Confirmation on ne prendroit qu'un feul
Parrain, qui ne feroit ni infâme , ni excommunié , ni interdit , ni au de0bus
de 1 âge de raifon , ni Moine , ni tel en un mot qu'il ne pût exécuter ce
qu'il promectoit : Et que pour la Confirmation , on n'admettroit pour
Parrain que celui qui lauroit reçue lui-même.
5 . Que pour ôter l'abus qui s'étoit glifK *7 en plufieurs endroits de tranf-
porter l'eau du Baptême, ou de conduire par les rues les enfans confir*
mes avec le bandeau fur le front , pour faire plufieurs Compères, foit en (è
lavant les mains avec cette eau , foit en déliant le bandeau , par où néan*
moins il ne fè contradte aucune Compaternité ; les Prêtres empêche-
roient qu'on ne tranfporcât l'eau du Baptême hors de l'Eglife , 6c au-
roient loin qu'on la jettât dans quelque Pifcine , & qu on fermât les
Foncs ; ôc que lorfque les Evêques auroient donné la Confirmation , ils
feroient demeurer deux Clercs à la porte de TEglife pour lever le bandeau,
& laver le front des Confirmés , fans laiflèr fortir aucun avec le bandeau fur
le front.
6. Que les Evêques auroient foin aufld de ne confirmer aucune per^
ibnne qu'ils connoitroient pour excommuniée , ou interdite , ou en pé^
ché mortel.
Quoique les Canoniftes eufiènt eu plus de facilité à s'accorder dans la Clrmfdê
oompoficion de ces Décrets , que les Théologiens dans la difcuflîon des ^^^'^fi^'^
Articles de Doûrine , ils ne laiflcrcnt pas de fe trouver auflî Partagés fur ^^^^^^^V
quelques points , fur lefqnels après avoir long-tems difputé fans pouvoir miniJhMtiûm
s'accorder , ils formèrent une Lifte de certains doutes , dont ils renvoyèrent des SMtri"
la décifion à la Congrégation générale. ^* Le premier doute étoit > fi à ces ''^^^*
\
8 6, Que pour le Baptême & la Confir-
mation on ne prendroit qu un feid Parrain ,
Sec. ) Cétoic pour diminuer le nombre de
ces Affinités fpiricuelles dont on avoir
fkit (ans ncceffité autant d*emp^hemens
pour le Mariage. Ceft auffî à quoi on eut
^ard dans la fuite en reftreignant, com-
me Ton fit dans la Seffîon zxiv, le nom*
bre des Parrain» 8c des Marraines à un (èul
& à une feule pour le Baptême , en itC'
ferrant aufH l'étendue de cette Affinité^
qu'on auroic pu & peut-^tre dft retrancher
tout-à-fait.
ty-Que pour ôter l'abus qui s'étoit gliffé
en plufieurs endroits de tranfporter Veau du
Baptême , &c. ] Le but de ceux qui avoient
préparé ce Réglemem étoit de piévenix
ToMB I.
Quantité d'ufages fuperftitîeux , que Ton
tifoitde l'eau qui avoitfervi an Baptême,
ou des bandeaux qui avoient fervi aux Con-
firmés y & dont quelques Miniftresabufoienc
par des vues intéred^es. Il y a peu de prati«
ques imaginées par religion , dont on n'aie
enfin abufé par intérêt ou par fupeifti*
tion.
%t , Le premier doute étoit, fi àcespa»
rôles du Décret , qui défendoit de rien exi^
ger ou de rien demander ^ on ajouteroit aujfi
de rien recevoir, ] C'eût été cenainemenc
le parti le plus sâr pour extirpertoutefone
de vue Simoniaque > mais prefque iiTH
praticable dans la conduite , êc même in«*
compatible avec la confHturion préfente de
l'EgUTe, od les Non titulaires & les Oidzcf
Kkk
f Matt.
X.8.
44Z HISTOIRE DU CONCILE
iipxLVii. paroles du Décret qui défendoit de rien exiger ou de rien demander y on ajoa^
Paul 111. ceroic aulli de rien rt avoir ^ Le fécond , fi on devoir auffi ajourer encore »
.1 . -L jous prétexte de quelque coutume que ce put être. Le troifiènie , li l'on devoir
ajourer quelques paroles pour marquer que le Concile ne défendoit point
les oblarions voionraires , ou qu il les défendoit feulement quand elles
étoienr faites en vue du Sacrement conféré, & non par quelques autres vues
de piété >QU fi Ton laiflèroir le Décret dans fon univerfalité.
Mais on eut les mêmes difficultés dans les Congrégations générales , te
on n*y put trouver moyen de les accorder. Ceux qui vouloient qu on ajoutât
la défenfe de recevoir fous prétexte de quelque coutume » s'autorilbient
de Tordre prefcritaux Apôtres 4 de donrur gratuitement ce qu ils avaient reçu
gratuitement y & de pluiieurs Canons de Conciles , qui prononçoient ana»
thème contre ceux qui. don noient ou qui recevoient des chofes temporelles
pour une fpirituelle. Us difoient : Que la coutume qui eft contraire a la Loi
divine & naturelle eft une corruption , qui ne doit point avoir lieu : Que
dans le titre De Simonia on condanme la coutume de donner ou de recevoir
pour la poflèflion des Bénéfices, la bénédiâion du Marine , la Sépulture,
tabénédiâion duChrêmeoude THuile , & pour la terre de la Sépulture ; 6c
que l'application de cette défenfe étoit bien plus jufte i 1 égard de ladn.iniC-
cration des Sacremehs : Que ce ne femit tien faire que de ne point interdire
la coutume de recevoir,puifque la corruption étoit devenue ^énérale,& que
chacun s'excuferoit fur elle : Que par la même raifon que le Décret avoic
condamné la coutume de rien recevoir avant ladminifîration des Sacre-
mens , on devoit aufli défendre généralement de rien recevoir après > parce
qu'en ne condamnant expreifément que la première , on femoleroit ap-
prouver la féconde. A Tégard des oblations volontaires > ils vouloient auffi
qu'on défendit généralement d'en recevoir ou peu avant ou peu après , pour
Quelque raifon que ce pût être; parce que la proximité du tems feroit pré-
iumer que le don fe feroit a caufe du Sacrement ^ conformément à ce que
dit la Glofe : quoique ce ibit une œuvre de piété que de mettre de l'argent
dans le baflin > il y a quelque apparence de Simonie de le faire , lorfqu* oa
vient de recevoir le Sacrement. Ils ajoutoient : Qu'une chofe peut avoir
une apparence de mal par rapport au tems où on la fait , qui dans tout
autre tems pourroit paroi tre bonne : Que c'eft un commandement de Dieu
d'écarter toute occafîon de fcandalc , & de s'abftenir de route apparence'
de mal : Qu'enfin pour faire en forte que les Sacremens fuflent adminiftrés
avec toute forte de pureté > il falloit retrancher abfolument toutes les of*
Mendians ne peuvent fubfîAei (ans ces
oblations volontaires. Ce douce dans la (î-
tnarion où écoienc les chofes écoic donc
toQC-à'faic fuperfla , & une de ces idées
Platoniques qui ne font belles que dans la
fpéculacion* Car va le befoin quavoit
K,9i&e M roos ces Ordres , qui pe pou-
voienr fubfifter. que par les offrandes qnlls
recevoient dans rezercice de leur Miniftère»
& le crédit que ces mêmes Ordres avoienc
dans le Concile par leurs Théologiens , c*é-
toît une tentative chinicriqaede demander
la chofe ^ & une prcibinption encore plii$
chimérique 4*efpérei de Tobtenir»
^DE TRENTE, Livre IL 443
frandes volontaires dans le tems de la réception des Sacremens , & exhorter MDxtviî.
les Fidèles à les faite dans d'autres tems èc d'autres occafions. ^^"^ ^^•
Mais d'autres difoient : Qu'il y avoit un Canon du quatrième Concile -
de Carthage , qui permettoit de recevoir ce qui étoit offert par celui qiû
faifoit bapcifer fes enfàns : Que les Théologiens , après avoir décidé qu on
ne devoir recevoir aucune chofe temporelle pour les Sacremens , conve-
noient tous qu'on pouvoit recevoir quelque rétribution pour la peine de
les adminiftrer, fur- tout (i elle n'étoit ni donnée ni reçue en vue du Sa-
crement , mais en forme d'aumône : Qu'abolir les offrandes volontaires ,
ce feroit ôter aux Laïques l'occafîon d'exercer des œuvres de piété , Se aux
pauvres Curés les moyens de fubfîfter : Que S. Paul ^ avoit enfeigné , que r i Cor.
ftti fere VAuttl doit vivre de P Autel , & avoit applique aux Miniftres ce ^^* '4*^»
précepte parabolique de l'Ancienne Loi > qu^il ne faut pas lier la bouche du
Bctuf qui foule le grain : Que Ton ne devoir point avouer qu'il y eût eu
«ne coutume établie dans l'Eglife de donner ou de recevoir aucune chofe
pour le miniftère des Sacremens , parce que l'ufage des offrandes fe trouvant
par- tout, 'ce feroit avouer que l'Eelife auroit toléré ou même approuvé un
abus rrès-perriidieux : Qu'il ne falloir donc point parler d'abolir une cou-
tume qui n'avoir point été introduite , de peur de faire une plaie mortelle
i l'Eglife en penfant remédier à une chofe qui n'étoit point un mal , quoi-
qu'elle en parut un à quelques perfv>nnes d'une confciencè trop fcrupuleufe :
Qu'enfin, ce qui devoir paroître plus convainquant, c'efl c^ Innocent 1 II
dans le Concile général cie Latran , cap. Ad Apojiolicam , tit. De Simonia,
avoir non-feulement approuvé comme louable la courume des oblations
volontaires dans l'adminiflration des Sacremens, mais que même il avoit
ordonné qu'on la retînt , & que TEvêque punît ceux qui voudroient la
changer : Que par conféquent on ne pourroit ordonner préfentement le
contraire fans un grand fcandale , en taxant ainfi un Pape & un Concile
général d'une erreur fî pcrnicieufe.
A cela les premiers repliquoienr ; Que le Concile de Carthage condamnoît
févéremenc l'ufage d'exiger quelque chofe ', & que s'il loléroit les offrandes
volontaires , il avoit été réformé en cela par le Concile d'Elvire, qui défcn-
doit l'ufage introduir que les perfonhes baptifécs miflent quelque argent dans
un vafe : Que la diflmâion inventée par les Théologiens , du miniftère du
Sacrement d'avec la peine de l'adminiftrer , comme auflfî celle de recevoir
en vue du Sacremenr ou pour quelque autre motif, ou la diftin£kicn de la
première & de la féconde inrention , éto^ent métaphyfîques & chiméri-
ques , puifque les paroles de l'Evangile étoient abfolues , & n'admettoient
ni chicanes ni Glofe contraire aux Texte : Que lorfque Dieu par Moyfo Se
Sar S. Paul avoit défendu de lier la bouche du Bœuf qui foule le grain , il
éfendoit feulement de refufcr la nourriture à un animal affamé-, mais qu'il
n'avoit pas eu intention qu'on le laiflat fe remplir fans néceflîté iufqu'a la
fatiété : Que l'on ne pouvoit pas prétexter la pauvreté de l'Ordre Ecclé-
fiaflique » puifqu'il avoit des revenus non-feulement fuffifans , mais abon^
Kkk t
444 HISTOIRE DU CONCILE
uDXLTii. dans : Que l*abus écoir , que les Reâeurs des Eglifes vouloient fans y réfî«
Paul III. dcr jouir néanmoins de cous les fruits, & pouffoienc l'avidité jufqu*à atfèr*
' ' mer même ceux qui étoient incertains à de pauvres Prêtres, qui étoienc
forcés de vendre tout pour vivre: Qu'il falloit donc pourvoir à faire vid^
der chacun dans fes Bénéfices , où il auroit de quoi vivre Se èire dans
l'abondance fans être obligé de vendre les Sacremens Eccléfîaftiques. A
cette occasion on revint à s'étendre de nouveau fur l'Article de la Rédden-
ce, & fur les avantages qui en reviendroient , û on la dédaroît d!e Droit
divin. On ajouta : Que s'il y avoir quelque Cure qui n'eût pas aflèz de
revenu , on pouvoit y pourvoir par l'union de quelques Bénéfices (impies ;
& que (i cela ne fe pouvoit pas , il falloit que le peuple pourvût à la fub-
(iftance de fon Pafteur : Qu'enfin il étoit meilleur Se plus agréable à Diea
de confeflfer les fautes padees & d y remédier , que de les défendre Se d'y
perfifter.
Le Cardinal Jel Monte , qui d'ailleurs paroiflbit peu porté à la Réfor-*
mation , fe déclara néanmoins vivement pour ce dernier parti , & répondic
si ceux qui alléguoîent Vamonié àî Innocent III Se du Concile de Latran :
Qu'ils faifoient grand tort à la réputation de ce Pape & de ce Concile ,
de leur attribuer la juftification d'un fi grand abus , Se qu'ils montroient en
cela leur ignorance : Que s'ils lifoient les trois Chapitres de ce Concile qui
précédoient celui j4d ApoJloLicam , ils verroient clairement fon intention ^
& que non-feulement il avoit défendu toute exaâion , mais condamné
même toute coutume contraire : Que dans le Chapitre même en queftion,
on n'approuvoit pas l'ufage de donner quelque choie pour le miniftère des
Sacremens , mais feulement quelques pratiques licites & honnêtes intro*
duites en faveur des Eglifes , comme les Décimes , les Prémices , les Of-
frandes qu'on avoir coutume de faire à l'Autel , les Portions Canoniques ,
& d'autres pareils ufages louables \ Se que c'étoit ainfi que Bartok Se Gilles
Romain avoient entendu ce Chapitre.
Autres Df- '^ Les Pères dépurés pour préparer les Décrets de foi , après avoir exa-'
€rits firmes miné les avis des Théologiens & les points dont ils convenoicnt , omis ou
fttrls Doc- diftingué les Arricles fclon leurs avis , & les avoir mis dans un ordre plus
naturel, formèrent xiv Canons fur les Sacremens en général , x fur le
Baptême , Se m fur la Confirmation , qui étoient dreffês avec tant de dexté*
rite, qu'on n'y avoit cenfuré aucune opinion Catholique, Se qu'on avoie
trouve moyen de contenter tout le monde en n'employant que des expref-
(ions générales. Mais quand l'on vint à drefler les C^hapitres de Dodhine ,
comme on avoit fait fur la matière de la Juftification , on trouva qu'il n'é-
• 9. Les Pères députés pour préparer Us Mâisau-lîea de 10 qu'il marque fiir le Bap-'
Décrets de Foi -formèrent 1 4 Canons fur tême il y en eut 1 4 , & ) fur la Confir-
Its Sacremens en général, 10 fur le Bap^ mation. Je m'étonne que le Continuateur
téme j & 5 fur la Confirmation, ) Notre de M. /Y^i^ry ait £ûc ici la mime faute que
.Hiftorien n'eft pas ici exad. Il n'y eut que Fra - Paolo»
X5 Canons fui les Saaeaiens en général*
DE TRENTE, LivRElL 44^
toit prerque pas poflible d'employer les cermes d'une opinion , fans paroicre tA^^^i^riu
rejetccr l autre ; ce qui ne plaifoit ni aux Théologiens , par 1 attacnement ^^"^ ^^^*
qu'ils avoient aux fencimens de leur Ecole , ni aux Légats & aux pcrfonncs ■■■"— ^
neutres , qui craignoient de faire naître quelque nouveau Schifme. Voyant
donc quiî étoit impoûîbletl expliquer la Doûnne Ci délicatement» que
l'on ne parût point favorifer l'une des parties au préjudice de l'autre , on
remit à la Congrégation générale à décider la manière dont les Sacremens
contiennent & produifent la Grâce.
Mais la Congrégation générale * n'y fut pas moins embarraflce que Ta- ' Flcurr, L.
voient été les Députés 5 ^^ ce qui fit qu'une partie des Pères fut d'avis '^^^ *•
d'omettre tout-à-tait les Chapitres de Doârine , & de ne publier que les
Canons , comme on avoir fait fur 1 Article du Péché originel. Mais les au-
tres vouloient abfolument , que pour les mêmes raifons qu'on avoit appor-
tées en traitant de la Juftification , on dredat de pareils Chapitres , & que
l'ufage en ayant été introduit , il étoit néceffaire de ne pas l'interrompre :
Que feulement il falloit tâcher de le faire avec tant de prudence , qu'on ne
mécontentât aucune des parties : Qu'il n'y avoit aucune divifion à craindre
en le faifant , puifque tous les jours dans le Concile les Théologiens , après
avoir défendu leurs fentimens avec le plus de chaleur , s'en remettoient â
fon jugement s & qu'on devoit s'alfurer que ceux qui étoient abfens en fe-
90. Ce qui fit qu'une partie des Pères fut
d* avis d'omettre tout' à-fait les Chapitres de
DoBrine, ] Cefl cet avis qui prévalut à la
i fin , & fi Ton en croit ici Fra-Paolo , ce
fut à caufe de la difficulté que l'on trouva
a les drefler de manière qu'on ne parut fa-
vorifer aucune Ecole au préjudice de l'au-
tre. Pallavicin dit au contraire, L. 9. c.
7 , que ce fut parce que cette matière ayant
été pleinement traitée par le Maître des
Sentences , & par S. Thomas & les autres
Sw'olaftiques , & ezpofée clairement par le
Concile de Florence , on jugea (uperflu d'en
faire une nouvelle ezpofition, & on crut
qu'il fuffifoir de condamner les Erreurs con-
traires. Mais comme ce Cardinal ne cite
point ici les Ad^s du Concile pour jufti-
fier ce fait , comme 11 a coutume de faire ,
il y a tout lieu de croire que ce n'eft
qu'une raifon imaginée pour colorer ce
changement de conduite dans les Pères , &
toute la vraifemblance eft pour le réckde
Fra-Paolo, En eîfet , quoique la matière
<ies Sacremens fe trouvât aiTez amplement
difcurée par les Sco'aftiques , il refloit
alTez de difficultés pour donner lieu à une
ezpofition de doékine , û on n*avoît en
quelque motif plus fecret de s'en difpen*
fer. D'ailleurs , Çl la raifon du Cardinal
étoit la véritable , il eût fallu fuivre la
même méthode fur le refle des Sacremens:
ce que l'on ne fit pas cependant , pnifqu'en
traitant de l'Eucharidie & des autres , on
reprit l'ufage que l'on avoit firivi en trai-
tant de la Juflification. Enfin il paroïc
clairement par les raifons de l'Evèque à' Al-
tengay que c'ctoit bien plutôt par la crainte
de fouîever un des deux partis , qu'on s'abP-
tint de l'expofition de Dodrine , que par-
ce qu'on crut la matière affe^ éclaircie
par les Scoladiques > d'autant plus que cette
prétendue clané n 'avoit pas empêché les
Théologiens du Concile d'avoir de gran-
des conteftations fur différens points , com-
me fur l'intention , fur la manière dont
les Sacremens opèrent la Grâce , fur l'ef-
ficacité des Sacremens de l'ancienne Loi,
& fur d'autres articles anfiî confidérables j
& n'empêcha pas dans la fiiite de revenir
à la méthode que l'on interrompit dans cette
Sefiion»
44« HISTOIRE DU CONCILE
MDxiTii. roienc de même : Qu'enfin » il ne falloit rien omettre de tout ce qai Ct
Paul 111. pouvoit faire pour convaincre les Hiérctiqucs.
"*""■"■"" Cet avis eue prévalu , * fans la vive oppoficion de /. B. Cigala Evèque
* "j^' ^ àiAlbcnga ôc Auditeur de la Chambre. 11 remonrra : Qu'on ne trouveroit
* pas dans THiftoire y qu'aucun ent jamais abfhdonné fa propre opinion »
quoiqu'elle eût été condamnée , à moins que d'y avoir été forcé : Que
quoique rous les Catholiques diflènt qu'ils s'en remettoient au jugement de
TEglile Romaine, lors néanmoins qu'on venoicà condamner leur opinion ^
' loin d'y renoncer ils s'opiniâtroient davantage à la défendre , & le forri-
fioienr même dans leurs fentimens par l'oppotition qu'on y faifoit : Que
c'étoit ainfî que les Scâres faifoient naître les Héréfies : Que le vrai moyen
pour les prévenir éroit de tolérer toutes les opinions , Se de faire enforttf
qu on ne fe condamnât point les uns les autres , Se que chacun vécut eh
paix : Que quelque oppofitiûn qu'il y eut entre les fentimens , il ne naîtroic
aucun inconvénient en obfervant cecte modération ; au lieu qu'en s'en écar-
tant , un différend fur un mot ou fur un ïota étoit capable de divifer tout
l'Univers : Qu'on auroit pu tolérer plufieurs des opinions des Novateurs
modernes » s'ils les avoient avancées avec modeftie , & fans condamneif
l'Eglife Romaine & la Doftrine des Ecoles : Que c'étoit ce qui avoit forcé
Lion Xi renvoyer contre Luther \ts mêmes traits qu'il avoit lancés contre
le Saint Siège : Qu'en un mot, toutes ces proteftations de s'en remettre au
jugement de l'Eglife étoient des coraplithens de civilité & de refpeA , aux*
ouels il falloit répondre par des égards réciproques , & par la confervatioo
aune parfaite neutralité entre leurs fentimens différens : Que la manière
de fe conduire dans le monde étoit de refpeâer celui dont on vouloit être
refpeâé, fans croire que celui qui parloir de fe foumettre eût réellement
envie de le faire, lorfqu'il en faudroit venir aux eflèts : Qu'on en avoit un
exemple en Luther , qui tant qu'il n'eut à faire qu'aux Quêteurs d'Aile**
magne & aux Théologiens de Rome dans la difpute des Indulgences , pro«'
tefta toujours qu'il s'en rapporteroit au jugement du Pape ; mais qu'aufli-tot
que Léon ayant pris pour une foumiflîon réelle ce qui n'étoit qu un com«
pliment , 1 eut condamné , Luther loin de tenir fa promefTè inveâiva plus
fortement contre le Pape , qu'il n'avoir fait contre les Quêteurs d'Alle-
magne.
V Flcury,L Les Légats envoyèrent i Rome ^ une copie des Articles qui avoient été
144. N° 3. arrêtés , & un Mémoire des difficultés qui reftoient à réfoudre tant fur \ci
matières de Doârine que fur celles de la Réforme des abus , Se demande**
rent en même-tcms qu'on leur envoyât des ordres fur ce qu'ils avoient i
faire. En attendant ils ne laiflerent pas de repaflcr de nouveau fur ces ma-
tières , mais plus férieufement encore fur l'Article de la pluralité des Béné-
fices , qui , comme on l'a dit , avoit déjà été propofé Se difcuté en partie«
Mais pour ne point partager ce qui regarde cette matière , j'ai remis à
raconter ici tout de fuite ce qui la regarde.
LXXXVIIL Apres que dans la Congrégation du 1 5 de Janvier on eut
DE TRENTE, Livre II. 447
propofé les Articles des Sacrcmens» on réfoluc qu'outre rArticle de la plu- mdxltiu
raiitc des Bénéfices , dont on avait commencé de parler le jour d'auparavant , ^^^^ ^^^*
çn traiceroit auffi des qualités requifes dans les Evcques -, parce que fi plu- .
^eurs ne réûdoient pas , c*eft qu'ils n ctoient pas capables d'exercer cet n^^P^^'f^
emploi. Sur quoi il le dit bien des chofes , en commençant par les qualités raUtéles^^
qu exige S. Paul dans les Evêques & les Diacres, & en taifant (ur-tout Bénéfices.
peaucoup de réflexions ^ fur ce qu'il demande qu'ils foient irrcprihcnfibUs , ^ < '^i™«
adonnes à L^fiofpital'uc , point avares , point Néophytes , mais ejUinés dts ^^* *"
perfonnes du dehors. On remarqua enfuite pluficurs autres conditions re-
quifes p^r les Canons , & il n'y eut fur-tout cela aucun partage , chacun
«'accordant unanimement contre les vices & les defordres des Prélats & de
touc l'Ordre Eccléfiadique. Ce n'étoit pas fans quelque fàtisfa£lion , que les
Légats voyoient ainfi les Pères fe repaître de cette petite apparence de liberté;
9^ lorfque dans la chaleur du difcours Jean di Sala^ar Eveque de Lanciano
attribua la fource du mal à la Cour de Rome 9 qui dans la diftribution des
Evêchés regardoit bien moins i la capacité des perfonnes , qu'aux (èrvicts
qu'elle en avoir reçus. Mais TEvèque de Bitonu y qui parla peu après lui ,
lui répliqua avec beaucoup de vivacité : Que l'on ne devoit pas taxer cette
Cour d'une faute qui venoit des autres , puifqu'en Allemagne les Evèchés
çtoient éleâifs , qu'en France, en Efpagne, & en Hongrie ils étoient de
nomination Royale , qu'en Italie plufieurs étoient en Patronage Laïc , &
que ceux même qui étoient libres étoient extorqués au Pape par les recom-
mandations de Princes , qui étoient des prières auxquelles il ne pouvoir
léfifter , & qui lui ôtoient la liberté de leur refufer la fatisfaâion qu'ils
dcmandoient : Que quiconque voudroit juger avec candeur , fans préven-
tion & fans pafiîon , pourroit voir que les Evcques faits librement à Rome
étoient peut-crre les meilleurs de toute l'Europe : Que la pluralité des
Bénéfices ^ qui étoit un mal inconnu dans l'Antiquité , ne venoit point de
- 91. Lorfque dans la chaleur du difcours
Jean de Sala^ar Eveque de Lanciano attri-
bua la fource du mal à la Cour de Rome y
4cc. ] Les Hiftoriens du Concile ne nous
ont rien rapporré de (on avis. Mais on ne
peut pas doucer que lui ou quelques aa-
txes n'ayenc parlé alfez fbnemenc contre
les abus de la Cour de Rome , puifque le
Cardinal del Monte dans le difcours adroit
qu'il Hc dans la Congrégation du 6 de Fé-
vrier , tâcha de la juftifîer contre les repro-
ches publics , dont quelques-uns avoienc
o(é la charger. j41u , dit - il execrati funt
Simoniam maxime Curialium, &haccul'
pa non eft rejicienda ad SS* Dominum nof-
trum, Sunt 6* in Curïa Romana & boni
& mali , nec efl pojpbile in omnes malos
animadvertere , &c. Le tour eft adroit^'
comme Ion voit. Les abus étoient trop
notoires pour les diflimuler: mais le Lé--
gtt ne Touloit pas qu on en crût le Pape
coupable , & en rejettoit toute la Ëiute Tnr
quelques Officiers, qui même agifToient
avec tant de précaution , qu'on ne pouvoir
les convaincre d'aucune nute. Cependant
ce n étoit pas de ces fautes fecrettes dont
on fe plaignoit , mais des abus publics,
comme des Unions à vie , des Regrès , des
Ezpedatives, des Réfervations mentales^
& d'une infinité d autres chofes de cette na--
tore , qui ne pouvoient fe ^ire que par
l'autorité du Pape , & dont on eut tant de
peine à obtenir le redreffement.
44« HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. la Cour de Rome , mais des Evcqucs&dcs Princes, avant que les Papes
Paul IIL euflcnt pris le foin de régler les matières Bénéâciales dans toute la Chrc-
»-^— — * rienté \ Se que ce mal leroit parvenu à fon comble fans les Conftitutions
des Pontifes , qu'on pouvoir voir dans le Corps du Droit Canon. Chacun»
félon fes vues & (es pallions particulieres,ccouta ces con^ellations avec plai«
iîr ou avec peine. Mais tous fentirent aifcment, quon ne pouvoit traiter
fans danger de cette matière ; & on s'en convainquit encore davantage dans
les Congrégations fuivantes.
Comme ce fujet mérite extrêmement d être connu , il eft bon de remon-
ter jufqu'â l'origine de l'abus , Se de faire voir comment il eft parvenu 1
^ Pallav. L Icxcès où il étoit alors, y Sans f^ parler de ces tems heureux , où le nom
9» c.^* .à'EgUfc étoit donné a toute TAllèmbiée des Fidèles, à qui appartenoit le
domaine & Tufage de tou^ les biens qu on appelle Biens Ecclefiaftiquesy
& fur le fond defquels fe prenoit le vivre & le vêtement des Pauvres & des
Miniilres , mais encore plus des premiers que des autres ; & fans faire
mention non plus du tems où commençant à s*écarter de ce degré de per-
feâion , on partagea la maffe de ces biens en quatre portions , dont les
Pauvres qui auparavant avoient la première fiirent réduits à la dernière Se
à la moindre *, je commencerai par celui , où le Clergé s étant approprié k
lui feul le nom d'Eglife , qui lui étoit commun auparavant avec tout le
Corps des Fidèles , s'appropria aufli le domaine Se Tufage des biens Ecclé*
iiaftiques : ce qui fît que quelque peu de perfonnes fe rendirent maîtres de
ce qui appartenoit â tous, & que les riches s'emparèrent de ce qui devoit
fervir à la fubfiftance des pauvres. Dans ces commencemens donc» les
Eccléfîaftiques ayant partagé entre eux tous les revenus des Eglifes , les
Charges qui s'appelloient auparavant Miniflères, & dont ceux qui étoienc
revêtus n'étoient occupés que du foin du Spirituel , furent nommées Béné-
fices, & ceux qui les exerçoient firent leur principal du Temporel. Ec
' comme les anciens Canons , qui étoient encore eu vigueur ^ ne permet-
coienc
91. Sans parler de ces tems heureux ^ oh
le nom d^Eglife itoit donné à toute l'Affem-
hléedes Fidiûs, &c. ] Toutes ces réflexions
de Fra Paolo (ont très judicieufes , & fon-
dées fur des faits connus & certains. Le
Cardinal Pallavicin , dont THiftoire n'cft
qu une Apologie des ufages ou plutôt des
abus préfens , déclame fortement contre ce
difcours comme Séditieux, & comme ten-
dant à jetcer la confufion dans le Gouver-
nement Ecclcfîadique. Mais s'il y a quelque
chofè de (éditieux à repréfenter les (âges
prariques de l'Antiquité , il faïut qu'un Hit
torien renoaceau devoir principal de l'Hif-
loîre , 6c qu'il diffimole tout ce qui s*eft
£iiCy pour ne point paroftre le Cenfeor des
morars préfentes. Fra - Paolo a cru cette
fbibleife indigne de lui , & fon ingénuité
fera toujours honte an caradère Cerrile êc
adulateur de fon Adveifaire. Tout ce qu'il
dit ici fur la divifion des biens EccléfSaftiques
eft amplement jnftifié par ce qu'il en a die
lui-même dans fon Traité des Bénéfices ,
aufli-bien que par le P. Thomaffin dans fon
Traité de la Difcipline Eccléfiaftique , par
Bingàam dans fes Origines Eccléfia(Hques »
par M. Simon fous le nom de Jérôme â
Cofta , & par difR^rens Auteurs qui ont traité
de la même matière.
9l*Ei
DE TRENTE, Livre IL 449
loient pas qu'on fut ordonné pour deux Titres enfembîc, on ne pouvoir MDxtvn.
avoir alors qu'un fcui Bénéfice. Les revenus enfuice étant venus à diminuer, ^^^^ ^^^
ou par les ravages de la guerre , ou par les inondations ou d'autres accidens, "
6c ne pouvant luffire à, la fubCftance du Miniflre , on permit quelquefois i
celui qui avoir un tel Bénéfice d'en recevoir encore un autre , pourvu ce-
pendant qu'il pût vaquer au fervice de tous les deux. Ainfi tut d'abord
introduit cet ufaee, non pas en faveur du Bénéficier pour l'enrichir^ mais^
«n faveur de l'Eglife » qui n ayanr point de quoi entretenir un propre Mi-
niftre , ne laiilbit pas que d être deflêrvie , autant qu'il étoit pofiible de le
faire. Sous prétexte donc qu'un Bénéfice ne fuffifoit pas pour l'entretien de
ion Miniftte , Se qu'on ne trouvoit perfonne pour le defiervir , on fe donna
la liberté d'en donner plufieurs à une même perfonne » quoique cela ne
parût pas néceflàire pour le fervice des Eglifes *» * 8c peu-â-peu on leva ie«Fr.Paolo;
mafque , ^^ & on n eut plus hpnte de faire en faveur du Bénéficier , ce qui '^'- ^ ^"
n'avoitété introduit que pour l'utilité de TEglife. Puis, pour obvier au ^^^*
icandale qui naifToit de cet abus , on convint de le modérer & de le couvrir
de quelque prétexte honnête -, ce qu'on fit en diftinguant d'abord les Béné-
fices qui demandoient Réfidence d'avec ceux qui n*y obligeoient pas ;
diftinâion qui attira celle des Bénéfices compatibles & incompatibles > 8c
qui fit appeller incompatibles ceux oui obligeoient à la Réfidence , 8c com-
patibles ceux qui n'exigeant point de Réfidence , pouvoient être polfédés
avec d'autres Bénéfices de Tune on de l'autre efpéce. Cependant , poiu:
conferver toujours quelque régie de bienféance , on continua félon le pre-
mier ufage , en fuivant la Glofe des Canoniftes , de dire qu'on nepermet-
toit de jouir de plufieurs , que quand un ne pouvoir pas fuffire pour
vivre. '^ Mais on étendit étrangement cette fu£lance , en la proportion-
nant non poipt ila néceffité de la fubfiflance, mais à la qualité. Car un Prê-
9 y Et on n*eut plus honte défaire en 6c le Bénéficier pour s'enrichir négligea en-
fayeur du Bénéficier^ce qui navoit été intro- tièrement le ÇÔÀn des âmes , qui avoic été
duit que pour l'utilité de l'Eglife. ] La pre- Tobjec de la dotation 6ss Eglifès.
mièie dotation des Eglifes n'avoit eu pour 94.. Mais on étendit étrangement cette
objet que de les pourvoir de Miniftres , qai fuffifance , &c. ] Le Cardinal PalUvicin6xt
(ans être panagés par les néceffités de la vie qa*il ne connoit aaciin Théologien à Rome,
&les (bins de pourvoir à lem fubfiftance, qui ait enfeigné cette doébrine ezorbiume,
puflent vaquer (ans ceflè à leurs ibnâions, qui £ixt mesurer les revenus néceflkiresnon
& s'occuper uniquemeiy de leur Miniflàre à la néceffité de la fubfi(bnce , mais à la
& du foin à^ âmes. Comnae , en réunifiant qualité de la perfonne. Au(E n'eft-ce pas
fur une ofième tète plufieurs Bénéfices, on aux Théologiens , mais aux Ginoniftesque
choquoit diredement cette vue primardiale Fra-Paolo attribue cette licendeufe doâri-
de leur inftitution , on eut regardé comme ne. Mais qui que ce foit qui Taitenfeignée»
un abus intolérable , fi tout anu'e motif que per(ônne n'ignore que pre(que tous les
la nécefiité eut engagé un ËcdéCaftique à Cardinaux & les Prélats a^ent fur ceprin-
& charger en mlKme-tems de deux Béné- cipe , & que beaucoup de CafuUles n'ont
fices. Maïs on fie enfuitepar cupidité , ce j«^ifié la pluralité des Bénéfices que ÙX ce
que la nécefficé avoit introduit quelquefois ï fendemenu
ToM£L LU
4ÎO .HISTOIRE DU C ON C I L E
uvxvni. tre ordinaire ne croyoic pas avoir fuffifammenc , s'il n'avoir non-feulemchcT
Paul IlL de quoi fe nourrir , mais aufli fa famille & fes parens , crois fervireurs Se
■■ un cheval. Si c'écoit un homme noble ou un homme de Lercres , il lui fal-
loir fans comparaifon beaucoup davanrage. Pour un Evèque , on ne fauroit
croire jufqu'où on étendoir ce qu'il lui falloir pour la décence* £r à l'égard
des Cardinaux , il ne faut que lavoir la maxime Romaine , qu'ils font égaux
aux Rois , pour ji^er qu'ils ne peuvent jamais trop avoir *) ce qui a fait
conclure aufli , que leur revenu ne peut jamais être rrop grand , à moins
qu'il ne furpafle celui des Rois. Cette coutume s'érant (i oien affermie »
que ni le monde ni l'équité ne pou voient plus la détruire, ks Papes fe ré-
ferverenr à eux ieuls le pouvoit de donner des Difpenfes pour tenir enfem-
ble des. Bénéfices incompatibles ^ & en tenir plus de deux compatibles en-
femble. Et pour trouver moyen de colorer cette pratique de quelque appa-
«Pr-Paplorence, ^ on eut ^^ recours aux Commendes> dont l'inilitution avoit été
Tr. des Be- faite dans de très-bonnes vues , mais qui depuis ne fer virent plus qu'à cou*
ncÊN** 5;. yjj,. l»abus de la pluraliré. En effet, quand autrefois à caule de quelque
guerre , ou d'une pefte, ou d'autres pareils accidcns , on ne pouvoir adez-
tot faire unréleâiion, ou pourvoir a une Eglife vacante , le Supérieur en
recommandoit l'adminiftration à quelque perfonne de vertu ôc de mérite ,
qui outre le foin de fa propre Eglife , gouvernoir encore celle qui étoit va-
c^te , jufqu'à ce que le Supérieur y eût pourvu par le choix d'un Pafteur
propre Ôc Titulaire v & le Conunendataire n'étoit que le Gouverneur & le
Dépofîtaire > ôc non le Propriétaire des revenus. Mais dans la fuite les
Commendataires fous divers prétextes de néceflité ôc de bienféance k fer^
virent des fruirs , ôc pour en jouir plus longcems ils mettoient obilacle
autant qu'ils pouvoient à la nomination d'un Titulaire ; de forte même que
pour remédier à ce defbrdre , il fut ordonné que la Commende ne ponrroit
durer plus de fîx mois. Mais les Papes de l'autorité de leur pleine puiâance
prolongèrent les Commendes beaucoup au-delà de ce terme, & pour route
b vie même du Commendataire , avec la liberié de fe fervir des r£uits,non-
feulement pour les dépenfes néceffaires , mais audî pour lui- même* Cette
invention , qui d'abord avoit été très-bonne, étant ainii dégénérée, fervit
9f« On tut ncours aux Cvmmendes , guerres & les invafions ils poomiflênt à la
Jont l'inftitutum. avo'u été faiu dans de très,* défenfedes Eglifes. Mais ce qai n avoir d*a<»
tonnes vues. ] Les Commendes y comme la Ifoid été introduit que poar le bien des E-
pluralitédes Bénéfices , n avoient ea d'abori glifes , Ce fit enfiiiy pour Tavantage tem-
poar objet que le foin de l*Eglire donnée en porel des Eccléiiaftiqaes , âc on érigea en
Commende , & n avoient ésé établies, qu'a- véritables Titres de fimples Commiffions à
fin que pendantla vacance le foin des âmes cems , qui n*avoient été données que pour
j^efôt pas négligé. Çavoit été au(G pour e m- (obfifler peodant la vacance. PaLr-làron in-
pèchex la diffipation des biens , loiique la tioduifit la pluralité en la palliant fous le
eonfufion Se le. trouble regnoient par tout ; nom de Gooimende , & en changeant de
ai c'eft ce qui fit , qu*outre les CommeAda- noms on apprit à éluder- les Loiz C^ls rieft
?aires Eccléfiaftiques on eiv nomma quel- changer aux ckofes.
quefois de Laïques , afin que peadani le»
DE TRENTE, Livre IL 451
dans la fuite des temsà couvrir la pluralité, puifque le Titulaire d'un Bc- u^xiwit:
ncfice pouvoir en avoir un autre ou pluûeurs en Commende j & on trouva ^"^^^ ^^
moyen par-là d obfcrver les paroles de la Loi , qui défend de donner plus *"— ~^
d un Bénéfice à une perfonne ; & en mcme-tems d'en éluder le fens, puif-
que r(!ellement & de fait le Commendataire n eft point diftingué du Titu-
laire. L'abus de la multiplicité des Commendes fur la tète d'une même
petfonne étoit monté i un excès Ci énorme , que depuis la naiflance même
des troubles excités par Luther , 6c pendant que tout le monde demandoic
la Réforme , ^^ Clément Fil en mdxxxiv n'eut pas honte de donner en
Commende au Cardinal Hippolytt de Mididsy fon coufin , cous les Béné-
fices vacans par toute la Chrétienté , Séculiers & Réguliers y fimples & i
charge d'amcs , & les Dignités & Perfonats , pour le terme de fix mois , i
compter du jour qu'il en auroit pris po^feifion , avec pouvoir de difpofer ic
de convertir à fon ufage tous leurs fruits : excès exorbitant & porté au
dernier comble , & que Rome n'a voit jamais ofé tenter au point de donner
à une même perfonne un fi grand nombre de Commendes à la fois.
Pour pallier le même abus de la pluralité > on employa encore un autre
moyen , qui avoir au(fi été inventé pour une bonne nn , & qui étoit l'union
3,
charge au Bénéfice le plus voifin > dont on ne faifbit plus
u'un feul Bénéfice. Mais l'adrefie des Courrifans trouva enfuite moyen
e faire faire ces fortes d'unions même indépendamment de ces motifs »
& de couvrir ainfi la pluralité par la collation d'un Bénéfice groffi de ces
unions *, enforte qu'on vit quelquefois trente ou quarante Bénéfices fimés
en divers lieux de la Chrétienté , unis ainfi en faveur de quelque Cardinal
9^. Clément VII en tS34 rCeut pas aaoiqa*ilne foît pas à préfomer qu'ils ea&
honte de donner en Comnundt au Cardinal tenc omis un &ic (l eznaoxdinaire, s'il y eftt
Hippolyte de Médiois , fon coufin , tous Us eo le moindre fondement. Peut-êcre que ce
Bénéfices vacans '^^^ pour U terme de fix qui a donné lieu à ce lappon , eft que»
mois , &c. ] Le Cardinal Pallavicin L. 9. comme on le voit dans Ciaconius T. }.
c. 9* dit qu*il ne croie pas que ce hit foit p. f oj. le Cardinal de Médicis^ qui par (à
vrai , parce que Fra-Paolo n'en rapporte conduite s'étoit rendu indigne de Tes -Dignî-
aucunepreuve.Mais comme notre Hifbrien tés , fut réhabilité le 50 de Juillet i) )4 t
n'a pas coutume de citer Tes garants pour la qui eft l'année où l'on marque cette ton-
Juftifîcation des &its qu'il rapporte , cette cefllon de tous les Bénéfices de la Chrétieiv»
omifTton ne peut pas être apportée en pren- té > qu'il fut , dis-je , réhabilité à tous fts
Te contre la vérité de ce fait. Ce qui me le Bénéfices, à Tes Evêchés, & a la Dignité
Tendroit plus fufpeél , c'eft que la chofe eft de Cardinal : Ne de creationïsviribus duhi"
monfbrueufe en elle-même , & qu'on n'en tariunquam contîngeret , ad Bénéficia , Êé-
trouve aucune mention dans tous les Hifto- clefias , & Cardinalatus Hgnitatem reftU
riens du tems, c'eft-à-dire, ni dans PaUl tutus efidie jo JuUiannotS34- Ces dfetir
Jove qui a écrit l'Hiftoire de ce Cardinal , feiis (ont très-difRrens : mais il ne ferolt
ni dans Guiceiardin , ni dans Alberti , ni pas incroyable que l'un eût pu fervir de fort^
dans Ammirato , ni dans tous les autres*, dément à débiter l'aUtfe.
LU a
4J1 HISTOIREDU CONCILE
UDXLTix. OU de quelque autre perfonne puitTante. Mais comme il en naifibic un iii>
Paul III. convénienc > qui croit que le nombre des Bénéfices diminuoir confidéra-
■—■■■■■" blement , au grand préjudice de la Cour Se de la Chancellerie Romaine ,
& qu une grâce faite à une feule perfonne pafToic enfuice à fes fuccedèurs,
fans qu'ils TeufTenr ni méritée ni demandée '» on y remédia par l'inven-
tion du monde la plus ingénieufe & la plus fubtile , qui écoic d unir autant
de Bénéfices qu'il plairoit au Pape en un feul , uniquement pour la vie
de celui à qui on les conféroit , & par la mort duquel l'union devoir ceflèr
ipJofaSo , & tous les Bénéfices rentrer dans leur premier état* C'cft ainû
qu'on ouvrit la porte â une infinité de fupercheries , & qu'en recevant un
feul Bénéfice en apparence » on en tiroir véritablement plufieurs après ^en-
forte que celui qui les avoir auroit pu » s'il s'en fut confefTé , imiter celui
qui s'accufoit d'avoir volé la bride d'un cheval , mais fans dire que le che*
val étoit avec la bride.
"Rinàdis '" Pour remédier à l'abus de la pluralité , il eût été néceflaire d'ôter
frofofiscm- les trois prétextes dont on fe fervoir pour le couvrir. ^ Les plus fages Pré-
trecct shus. ^^j^ j^ yoyoient bien. C'cft pourquoi , ^ès la première propofition qui en
144. N^^ "^^ ^^^ ' ^^^^ unanimement turent davis quon détendit a aucune per-
fonne , de quelque condition qu'elle fut , de polleder plus de trois Bené*
fices enfemble. Quelques-uns vouloicnt même qu'on ajoutât cette dauiê »
tn cas que deux ne montajfent pas à lajomme de quatre cens ducats d'or dt
revenu; & que toutes fortes de perfonnes, de quelque qualité ou de quel-
que rang qu'elles putlènt être , tudènt fujettes a la régie de n'avoir qu'un
feul Bénénce quand il feroit de ce revenu , ou deux quand un ne monte-
roit pas à cette fomme ; mais jamais plus de trois , foit qu'ils fudcnt de ce
revenu , ou non. Il y eut fur cela beaucoup de difputcs > mais de bien plus
grandes encore » après que Louis Lipoman Evcque de Véroru eut propofé
d'étendre ce Décret à ceux qui en pofTédoient alors un plus grand nombre >
& de les obliger » de quelque degré & de quelque éminence qu'ils fu^
iènr y de renoncer au furplus dans fix mois s'ils étoient en Italie > ou dans
neuf s'ils étoient ailleurs \ faute de quoi» fans qu'il fut befoin d'une autre
déclaration, ils feroient privés de ces Bénéfices furnuméraires , & cela,
foit qu'on les podedat â titre dUnion , ou de Commende , ou foos quel:-
97. Pour remédiera F abus de laplura^ ment maintenir on tel abus, jugea à pro*
Uté , il eût été nicejfaire d*6ter les trois pré' pos d'y apponer quelque remède , en défen»
uxtes dont on fe fervo'u pour le couvrir. ] dant la pluralité des Evècbés, des Cures , &
Dans le Confeil des Cardinaux préfenté à des Bénéfices qui demandent Réfidence > Se
Paul III , on avoit demandé la réforma- en renvofanc aux Ordinaires la connoif-
tîon de cet abus, au(n> bien que de celui des iànce des Unions &ices depuis quarante
Comnœndes et des Unions à vie. Tout le ans. Mais en laiflànt fnbfifter les Commen-
inonde en fentoit la néce/Gtc, mais la plu- des & les Difpenfes on n'a remédié qu'à une
part des Courtifans s'oppofbient à 1 eiécu- panie des abus , & ceux qui (ont redcs n'ont
f ion , & la Cour de Rome ne s'j portoit pas &it que Ce fonifier davanuge pax la tolér
arec zélé. Le Concile ne pouvant décem- lance de k Loi.
DE TRENTE, Livre IL 453
,^e autre titre que ce fut. UEvèque de Feltri quoique de même avis y mbxitït.
«pporta un tempérament , qui étoit en diftinguant les Difpenfès » les ^^^^ I^^*
dommendcs , & les Unions faites pour l'utilité des Eglifes , d avec celles '
qui écoient faites pour l'avantage des Poilèfleurs \ de maintenir les premiè-
res , quelque grand que fût le nombre des Bénéfices unis enfemble » & de
réformer les fécondes. L*Evèque de Lanciano rejetta cette diftinâion , en
difant que (i on vouloir faire une Loi qui fût durable , il ne falloir point
Î faire d'exceptions \ parce que la corruption des hommes eft ingénieufe
trouver de taux prétextes pour fe mettre dans le cas de l'exception , Se
par-là fe délivrer de la régie, L'Evêque àiAlbcnga s'étendit fort au long
pour montrer : Que les bonnes Loix ne fe font uniquement que pour pré-
venir les abus à venir , & non pour remédier au pade : Qu'en fortaat de ces
bornes raifonnables , & voulant réformer le paUe , on excicoit toujours du
tumulte^ & qu'au lieu de corriger les vices» on les augmentoit : Qu'il
. écoit bien dimcile de dépouiller les gens de ce qu'ils avoient poiledé long-
tems , & qu'on fe flatcoit en vain de leur perfuader de fe contenter de ce
<}ui leur reileroit : Que (1 on propofoit un tel Décret, il prévoyoit qu'il ne
feroit pas feçu *, ou que s'il l'etoit » il donneroit lieu à quantité de réfigna-
cions umulées & Simoniaques, & à des maux bien plus grands que celui
de retenir plufieurs Bénéfices : Que même par rapport à l'avenir » il lui pa-
roidôic fuperflu de rien ftatuer ; parce que peribnne ne pouvant polTéder
plus d'un Bénéfice que par la difpenfe du Pape , il fuffifoit que le Pape fe
réiblût de n'en point accorder.
Parmi plufieurs exclamations tragiques que firent divers Prélats dans
cette Congrégation, Bernard Dia^ Evêque de Calahorraà\t\ ^ Que TE- g Pallav.
glife de yUtn^e étant tombée dans tous les defordres que tout le monde !•• 9» c. lo.
connoidbit, auroit eu befoin d'un Apôtre pour Evêque» >^ taxant par- là
le Cardinal Ridolfi , qui , outre un grand nombre d'autres Bénéfices , jouif-
ibit encore de cet Evêché^ fans en prendre aucun foin, fans avoir reçu
l'Ordre Enifcopal , fans y avoir même jamais été , & fans en connoitre ,
& fans fe foncier d'en favoir autre choie que le produit de fes revenus*
^S. Taxant pat'lâ le Cardinal Ridolfi^ bien d'iaacres. C'eft pooiqooi le Cardinftlir/
imi , outre un grand nombre des Bénéfices , Monu repiéfenca quon dévoie fe conten-
jo'ûîjfo'a encore de cet Eveché fans en pren- ter de reprendre les abus en gén6:al , (ans
dre aucun foin* ] Ce Cardinal parent àta nommer les perfonnes en particulier. Mais
Médicisy mais jaloux de leur fbnùne , étoit il ne laiflà pas en m^me-cems d'écrire au
on homme d'une grande ambition. Chargé Pape, qu'il devoit avertir le Cardinal Ri-
des Bénéfices il n*en cherchoit que le rêve- dolfi de remédier à ce fcandale. Je ne fai fi
nu , & en négligeoit le miniftère. L excès ce Cardinal le fit , mais il ne (arvécut pas
étoit fi vifible , que non-feulement l'Evêque long-tems i ces reproches , étant mort dans
de CaUhorra , mais auparavant encore le Conclave oà Jules III fut élu , & od il
celui de FUfoli » n'avgient pu s'empêcher avoit lui-même une aiTez Ibrte faâion poux
de le ceniurer hautement dans le Concile, le poner â la Papauté. Adr. L. 7. p. 491.
Cela ne plut pas aux Légats , qui appréhen- & 49 1.
doient qu'on n'abulac de cette liberté contre
4T4 HISTOIRE DU CONCILE
.MDZLYii. Sur quoi chacun trouva à mordre , Se à faire valoir l'inconvénient qa*il y
Paul III. ^^^j^ ^^ç j^^ Eglifes confidérables ne vident jamais leur Evcquc, occupe
" . ou dans quelque autre Evcché , ou â des dignités plus lucratives. Plufîeurs
éle renvZ^^^^^^^ ^"^ ^^ P^P^ ^®^ pouvoit remédier â ces maux-, & quelques-uns
sette ii/iwr* commençoient à gourer l'avis de TEvêque A'Albcnga , qui croit de rcn-
MH PMfi. voyer cette Réforme au Pape. Cet avis plaifoit beaucoup aux Légats » tanc
à caufe que c'étoit un relief pour la digniré du Pape , que parce qu'ils (e
trouveroifcnt délivrés par-lâ d*un travail qu'ils pcévoyoient devoir être dif&-
cile à digérer , à canie de la diveriité des opinions & des intérêts \ & qu'ils
efpéroient que fi on laiflbit au Pape à faire cette Réforme , on jpourroîc
facilement après lui remettre aum laftaire de la Réfidence , encore plus
difficile à manier , parce qu'elle étoit plus populaire , & qu elle tireroit i
fa fuite le recouvrement de l'autorité & de la jurifdiâion Epifcopale. Les
Légats remplis donc de l'efpérance qu'on pourroit obtenir du Concile ce
renvoi au Pape y fur-tout fi on te propofoit comme une chofe déjà faite 6c
non à faire , en donnèrent avis à Paul , à qui cette nouvelle fut fort aigréa^
ble , parce que toute fa Cour & lui-même étoient a(Iez inquiets de favoir
à quoi fe termineroient toutes les tentatives & les de(feins deS Evêques.
Ci ?ontife Et pout ne point tarder à battre le fer pendant qu'il étoit chaud , allant
veut Tn/o-pius loin que ne lui avoient marqué les Légats, « ^^ il fît expédier une
quer à fit g^^^ç p^^^ laquelle il évoquoit à foi toute l'affaire de la Réformarion. Mais
Bulle, pendant qu'à Trente on attendoit la réponfe de Rome , on ne laiffa pas d'y
ê Pallav. L. continuer à traiter la même matière ^ & l'on y dreffa une Minute de Dé<-
^. c 10. cret, qui portoit : Que perfonne n'c pourroit tenir plus d'un Evcché , &
que ceux qui en avoient un plus grand nombre n'en tiendroient qu'un feul {
Qu'à Tavenir ceux qui obtienidroient plus d'un Bénéfice inférieur incompa-
tible , en feroient privés fans aucune autre déclaration *, & que ceux qui en
pofTédoient déjà » montreroient leur Difpenfe à l'Ordinaire > qui procéder
roit félon la Décrétale à' Innocent IV ^ OrdinariL Quand on vint a opiner
/Flcury, L. ^^^ ces deux points , plufieurs infiftèrent à ce qu'on ajoutât ^ qu*à l'avc^
144. N^ 7. nir on n'accorderoit auCuiles Difpenfes. Mais peu de gens aproavereht
99. ^i'fit expédier une Bulle, pdrtaqtieiU
il évoquait a foi toute l'affaift de la Rifor^
mation. ] Nonre Hiflotîen s'cft trompé ici,
en prenant ane BûlIe pour une aatre. Il n'y
en eut point pour évoquer toute la 'Réfor*
mation à Rome. Le Pape aroit fîmplement
ordonné aaz LépLts par. an Bref dû 2 8 de
Mars I j"4^ , cit&pzT^RuynàtdUs N** 3 8. de
ne rien laiffier (laraer fnr h, Réferfhation ,
qu'après le loi àVoir côhimaniqaé. Le Car-
dinal Pallavicin fait fhencion d'un autre
Brefda ij de Février ir47 , qui àutorifoîe
le Concile à réformer ce qui regardoit les
Unions de Bénéfices , en lérexvanc pourtant
ao Pape feul le pouvoir dé régler ce qui re*
gardoir fes Minifbês félon qae rezigeroient
les conjonékires , fans'qae les Pères fe don*
nalfént l'autorité de loi lier les tfnains s U
c eft peat-ètre ce Bref qui a ddnné occafioA
à la méprifè de Fra-P'uolo. Mais les Légats
n'o(?rent communiquer ^e Bfef ^au Concile^
depeurqtie quelques uns he le regarcfedëilt
comme une injure feite àl'autctfîic Aeàettt
Aflemblée, dont PaUl fembteit mécotinot-
èrela jurifdiéHon en lui déléguant la 'fiefirie,
comme l'avoue Pallâvicîh loi • tndne ^
L. 9.C.X0.
DE TRENTE, LiTRH IL 4yj
qu'on renvoyât aux Ordinaires les Difpenfes déjà accordées , & qu'on pro- Monvuk;
cédât félon le Décret à'Irmoctru If^; vu que de le faire , ce feroit les ap- ^^^^ ^^
Eouver toutes & rendre le mal plus grand. Car ce Pape ordonnant que
\ Difpenfes fuflent admifes n on les trouvoit bonnes , ou que (1 ello$
étoient douteufes on eût recours à Rome , il écoit indubitable qu'en cas de
doute on décideroit toujours en faveur de la conceffion : Qu'au contraire ,
tant qu'on laiflferoit les chofes en fufpens , les perfonnes qui avoient ob*
tenu ces Difpenfes ayant toujours lieu de craindre qu'elles nç fudent point
légitimes , nepourroient s'en autorifec ; au lieu que li une fois elles étoient
txaminées & approuvées , comme elles le feroient toutes fans doute , labus
fèroitplus fortifié que jamais. ^^^ Sur cela pluiieurs étoient d'avis qu'on
abolît tout à fait les Difpenfes \ mais d'autres s'y oppofoient en difanc
qu'elles avoient toujours eu lieu d^ns l'Eglife , & qu'elles étoient nécelTai*-
fcs> & que le tout écoit d'en bien ufcr.
' Marc Figuier Evoque de Senigag/ia ouvrit un avis ^ qui > s'il eut été
iuivi , eut procuré aifément la Réformation de tout l'Onlce Eccléûaftiquei
11 dit donc : Que le Synode pouvoit remédier à, tous les defordres » en dé-^
clarant qu'il falloit néce({airement une caufe légitime pour une Difpenfe }
que celui qui l'accorde fans cela pèche , & ne peut être abfous qu'en la ré«
voquant *, Se que celui qui l'obtient n'eft point en fureté de confcience par
une pareille Difpenfe > & eft toujours en péché, tant qu'il ne renonce point
loo. Sur cela pluficurs étaient d'avis
qu'on abolit tout^-fait les Difpenfes, &c. ]
Comme les Loix homaioes pratiquées dans
toute la ligueur ont toujours quelque cho(ë
de trop dur félon la maxime des Canon ides,
parce qu'elles ne peuvent prévoir tous les
cas , c*eft ce qui a toujours donné lieu aux
DifpenTes. Mais d^un autre càcé , comme
les Difpenfes dégénèrent pre(que toujours
en abus , ce feroit une qneftion rai&nnable
à agiter, dequeicÀcéil y a plus d'inconvé-
nient, ou à abroger toutes les Difpenfes,
cm à les perniiettre dans les cas raifbnnables.
En po(ant ainti Tétat de la queAion , elle ne
paroit pas difBcile à décidez , puifque les
cns de néce(Gcé étant raies , il femble que
l'abrogation toule des Difpenfes feroit
moins préjudiciable a l'Eglife que Içur mul-
tiplication > Se qu* il feroit bien plus avan-
tageux que quelque particulier- fouffirît de la
ligueur des Loix , pour empêcher que lor**
dre de la Difcipline ne fôt détruit par l'abus
des Difpenfes > d'autant plus que l'inobfer-
vation d'une Loi même fans Difpenfe ne
peut rendre perfdnne criminel , lorfque
cette inobfèrvation eft fondée fiirane jufte
néceffité.
I • Marc Figuier Evêque de Senigaglia
ouvrit un avis , Sec] Rien de plus raifon-
nable que ce que prérendoic ici ce Prélat ,
^'il &ut une caufe légitime pour une Dif-
penfe , âc que celui qui l'accorde comoie
celui qui l'obtient pèchent > fi le motif qui
la £iic obceoii n'eft pas jufte, C'eft renverfer
toutes les régies de la Monde, que de &ire
dépendre la validité d une Difpenfe de lafbi-
bleffe oa du caprice d'un Supérieur. Toute
Loi fondée en raifon&bfifte, tant que fub-
fifte la raifon qui l'a &it établir s & on n'en
eiipas nooins prévaricateur, lorfque leSo-
périear conaive à la tranfgreffion d'une Loi
jufte, qtie lorfifi^'il s'y oppol'e. Cette oonnir
vence peut bien, exenater de la peine devant
le Tribunal des homoies, mais elle ne fàu-
Toit juftifier la confcience devant Dieu ,
lorfque d'ailleurs la Loi de la Difcipline eft
fondée fur un devoir naturel ou mora] , 3c
qu'elle ne regarde pas des chofes puxeineiKt
indifSbe&tes.
456 HISTOIRE DU CONCILE
HDitlyiT. aux Bénéfices qu'il a obtenus de cette manière. Mais cet avis fut combatta
Paul 111. par d'autres qui foutinrent : Qu'à la vérité , celui qui donne une Difpenfe
■ ' làns caufe légitime pour tenir plufieurs Bénéfices, pèche-, mais que laDif-
penfe ne laiue pas d'être valide *, Se que celui qui l'obtient eft en fureté de
confcience» quoiqu'il fâche qu'il Ta obtenue (ans caufe légitime. Ea cons-
tellation fur ce pomc dura plufieurs jours , ceux-ci difant que c*étoit ôter
coûte l'autorité au Pape \ & les autres , que l'autorité du Pape n'alloit pas
jufqu'à faire que ce qui étoit mal ne fut pas mal.
^ De cette queftion on pafla à une autre , oui étoit de favoir ù la plu*
ralité des Bénéfices étoit défendue de Droit divin , ou de Droit humain*
Ceux quiitenoient pour la Réfidence de Droit divin , foutenoient auffi que
la défenfe de la pluralité étoit de même nature. Mais les autres préten*
doient qu'elle n'étoit que de Droit Eccléfiaftique ; & les Légats eurent
bien de la peine à adbupir cette conteftation » qu'ils regardoicnt comme
crès-dangereufe , tant parce qu'elle réveilloit la difpute de la Réfidence ^
que parce qu'elle toucnoit à l'autorité du Pape fans le nommer , 6c ptïom
cipalement fur-tout parce que cette diicuflSon trop délicate de la valeur
des Difpenfes les mettoit toutes en compromis. Au milieu de cette con*
fufion , Diego d^Alva Evêque èiAtlorga , propofa que puifqu'on ne pou-
voit pas s'accorder fur les Difpenfes > on devoir au moins défendre les
Commendes ôc les Unions à vie^qui n'étoienc que des prétextes pour pallies
l'abus de la pluralité. Il parla fortement contte les unes & les autres , &
dit qu'elles étoient tout-à-fait contre la raifon , puifqu'il étoit clair que
ce n'étoit point à l'utiliré de l'Eglife qu'on les faifoit ièrvir, mais unique<f
ment à celle des particuliers *> que n'étant employées que pour fatisfaire
l'avarice
1. De cette ptefiion onpaffa â une au-
tre j qui itoit ie favoir fi U pluralité des
Bén^ces étoit défendue de Droit divin , ou
de Droit humain. ] Je ne m'étonne pas ,
que les Légats fiflenttoat ce qu'ils poavoient
jour aflbopir une telle conteftation , qui
pouvoit avoir de fi dangereufes coniïquen-
ces pour l'autorité du Pape. Chaque pani
d'ailleurs avoit des raifons adez fpécieuû<s
pour Tappui de (on opinion. U me (emble
cependant , que ceux qui étoient pour le
Droit divin confnltoient plus leur zélé que
la nature des chofes. Car quoiqu'il foit très-
véritable que la Réfidence eft de Droit di-
vin , & qu'il (bit impofEble de réfider dans
plufieurs Bénéfices en mème-temss il n'eft
pas moins certain d'une autre part, que les
Titres des Bénéfices , & l'étendue de leur
diftrid , étant d'un établiflèment purement
humain , l'Eglife a pu permettre en cçxtains
avance
cas , qu*une même petibnne pHc le foin
d'un diftrid plus ou nooins énenda , toit
qu'il {3t réuni (bus un (èul Titre , ou qu'il
ffit partagé en plufieun i n'y ayant gnéres
plus d'inconvénient , qu'une perfbnne pré^
ûâe a plufieun Paroi(Iès d'une moindre éten*
due , qu'à une feule , qui quelq^efisis fiifr
roit a plufieun Titres en mime-tems. Mais
cela fiippofe toujonn » que cette pluralité à
permette pour le bien de l*Egli& , Se non
pour l'avantaee du Particuliers parce qu^n-
trement ce ^roit non-feulement violer la
Loi Eccléfiaftique , qui interdit cette plura-
lité, mais même la Loi divine ^ qui inteiv
difant aux Miniftres toute antre vue dans
-leur vocation que celle du (âlut dti amet ,
ne permet la pluralité que pour le fisrvict
de TEglife, & non pour tevorifior la copSilit^
ou l'ambition do particulier*
J
Méie
DE T R E N T E , L I V R E IL 4^7
l'avarice & l^ambicion des hommes , elles croient d un grand fcandalc ; &: mdxivu.
.qu'il croit honteux de maintenir un abus fi pernicieux & fi public. J Mais P^utlII.
les Evcques Italiens qui étoient intcreflcs à Texcufer , ne pouvoient goû- — — — •
xer des propoûtions fi abfolues , & vouloient bien qu'on y apportât quelque
modération , mais non pas qu'on abolît tout-à-fait ces ufages.
4 Au commencement de Février arriva de Rome la réponfe du Pape LeConctW
t avec la Bulle d'cvocarion , que les Légats eux-mcmes jugèrent trop ample. i> ôpfofe.
Néanmoins pour tenter de s'en fervir , ils propoferent de nouveau la ma- i ï^leury, L.
tièie , & firent dire par leurs Confidcns , qu attendu les difficultés & ladif- ^^^* ^** *•
ierence des fentimens , on feroit mieux de fe décharger de l'embarras de la
Réformation , & d'en renvoyer le foin au Pape Mais les Prélats Impériaux,
^ ôc ceux même qui par le pafle n'avoient point paru contraires à la propo- ^ PalUv. L.
fition y répondirent vivement, que cet avis étoit contraire à l'honneur du 9.0. 10.
.Concile*, & leur oppofition fut fécondée du plus grand nombre , qui fit va*
loir les raifons qu'on avoir déjà rapportées , ce qui produifit plus de confu-
fion que jamais. Les Légats voyant donc qu'il leur éroit impoflîble de fe
firvir de la Bulle , récrivirenr à Rome : Qu'il n'y avqîc nul lieu d'efperer
qu'on remît à S. S. le foin de toute la Réformation , mais qu'ils croyoienc
qu'on pourroic la partager : Que le Pape pouvoir fe charger de celle qui le
)• Mais les Italiens , qui étaient Inté-
rejfis à Vexcufer f ne pouvaient coûter des
propqfitions fi abfolues , &c. ] Ce n'écoient
pas cous les Italiens, & il y en avoir d'aufli
zélés pour la Réforme & le récabliflèment du
bon ordre , que les Prélats d'aucune autre
Nation 5 témoin TEv^que de Fiéfoli & plu-
£eurs autres. Mais il faut avouer que le
plus grand nombre y étoit contraire , foie
par la plus grande dépendance oi^ ils écoient
de la Cour de Rome , foit parce qu étant
plus pauvres , ils avoient plus d'incér^c à
maintenir les Commendes & les Unions i
vie. Ce qu il y a de vrai , c'eft que tous les
Bidoriens du tems marquent unanimement,
que les Légats & tous les Prélats qui agif*
(oient fous leur direâion s'oppoferenc le plus
qu* ils purent à une Réformation férieufe &
folide > qu'ils vouloienc tout renvoyer au
Pape , afin qu'on ne réfonnâc que ce qui ne
portoic aucun préjudice à les intérêts ou à
fes prétentions i que les François , les Alle-
mands , & les Efpaj^nols s'en plaignirent
unanimement ; que fous Pie IFle Cardinal
de Mantoue fut prefque difgracié , parce
Îiu'il paroiflbît Cavorifer la Réforme plus
incérement 8c plus efficacement qu'on ne
Ù fuuhaitoit à Rome > en un mot , que
Tome I.
quoique pour la fatisfadion des Princes 8c
des Peuples , les Romains confèntirent enfin
qu'on travaillât à quelque Réformation , on
la fît toute la plus légère qu'il fut pofGble ,
comme on le voit par la protefbtion que fie
le Cardinal Je Lorraine à la fin du Concile >
& encore en laiflànt au Pape tout le pouvoir
d'endifpenfer, ce qui en a rendu inutiles
les points les plus efientiels.
4. j4u commencement Je Février arriva
de Rome la réponfe du Pape avec la Bulle
d'éi'ocation j &c. ] Si c'ed de la Bulle du
1 ^ de Février , dont parle ici Fra-Paolo ,
elle ne put être envoyée au commencement
du même mois, puifqu'elle n'écoit pas en-
core dredée. D'ailleurs nous avons vu que
ce n*étoit point une Bulle d'évocation , &
qu'au contraire le Pape y autorifoit le Con-
cile à réformer labus des Unions à vie , &
quelques autres de mc^me nature ; & que ce
qui empêcha les Légats de la publier , ce fut
la crainte où ils furent , que cela n'occa-
fionnât quelque confiiâ de jurifdidion en-
tre le Pape 8c le Concile , & n'excitât des
plaintes de la part des Prélats , qui feroient
fâchés de voir qu'on leur accordât comme
une grâce , un pouvoir dont ils fe croyoiepc
revêtus par leur caradère.
Mm m
4j8 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLTii. rcgardoîc ^avantage , comme pourroic être la modération des di/penfês &
Paul III. des Privilèges , & la Réformacion des Cardinaux ; & que s*il agréoir ce
■ I parti , it feroit bon qu'il prévînt le Concile , en publiant une Bulle fous
le Titre de Rtformation de la Courx Que perfonne ne pourroit nier que le
Pape n'eut le droit de réformer fa propre Cour , & les chofesqui le regar-
doient perfonnellement : Qu'il ne feroit pas befoin de publier cette Bulle
dans te Concile : Et que le Svnode pourroit être pleinement fatisfait fi le
Pape lui abandonnoit la Réfoimarion de tout ce qui ne touchoit point la
i Pallav. L. Cour de Rome. ^ Les Légats donnoient en même rems avis au Pape , qu'ils
5. CIO. croyoient que le Concile ne fe contenteroit pas qu'on fît desRégiemens
pour l'avenir , mais qu'il demanderoit encore qu'on révoquât aâuellement
tes concédions fcandaleufes qui avoient été faites.
Au fortir de cette Congrégation , les Evêques Efpagnols fuivis de quel-
ATkary,!. ques autres y avec le Cardinal Pachéco à leur tête , ^ s'étant aflemblés aa
144. N^^. nombre de vingt > pour s'entretenir enfemble , dirent : Que de la manière
qu'on s'y prenoit dans les Congrégations , on n'en viendroit jamais à au-
cune bonne réfolutiBb , parce que ce que Ton y difoit de bon étoit ou diffi-
SDolé par les Préfidens 3 ou obfcurci par les difputes : Qu'il falloir donè
changer de méthode , & donner par écrit fes aemandes , & que c*étoit
le feul moyen d'en venir i quelque conclufioc. > En conféquence ik dcef^
ferent un Cahiet de Demandes mr les Articles au'on avoir propofés » & le
préfenterent par écrie aux Légats dans la Congr^ation du 3 de Février. Ce
Cahier coneesoit les onze Articles fuivans.
Onti Af- LXXXIX. 1. Qu'on exigeât pout les Evêques 6c les Curés tourcs les
licles de Eé- condition? prefcrites par le dernier Concile de Latran , d autant que
•^?^'** par la conduite qu'on tenoit on avoir donné trop d'entrée aux Difpenfes ;
UsE%4^ qu'il étoit befoin de les abolir tout à fair , à caufe des Hcréfies qui regnoient»
xncU. éc <lu feaodale qu'elles caufoient *, Se de faire une Réformation plus
étroite.
1. Qu'il fut fpécifié ouvertement , que les Cardinaux qui auroient des
Evcchés fuflent obligés d'y ré(ider au moins fix mois de Tannée > comme la
Seflion précédente l'avoit ordonné aux autres Evêques.
3* Qu'avant toute autre chofe , on déclarât la Réfidence Jt Drou
divin.
S. En confequence ils dreffertnt un Ca^
hier de Demandes fur Us Articles qu'on
avait propofis , &c. ] Toutes les demandes
que feifoient ici les Efpagnols étoient très-
juftes, & très propres à rétablir le bon or-
dre dans i'Egîife. Mais comme quelques-
unes fembloient donner trop d'autrrité aux
Evêques , 8c refferrer trop 'brt celle du Pa-
pe , & que d'ailleurs elles mettoient trop
de bornes à l'ambition & à l'avarice des
Coimifans , il n eft pas étonnant que tant
de perfbnnes cherchaflbit à les éluder paf
des motifs difTérens M P^pe, pour le main-
tien de fon autorité s les Légats , pour ne
laiflèr pas prendre le deflbs aux Pores » les
Prélats ambitieux & Counifàns y poux fiaccer
le Pape , & fe conferver des moyens de yine
dans le luxe & l'abondance. C'eft ain£ que
les différentes pafHons des hommes con-
courent a maintenir le defordre, & que ks
intérêts particuliers prévalent giefqœ coiH.
joQzs fuirutilicé publique*
DE T RE NTE, L I V HE IL 4^9
' 4. Qu*ON déclarât la pluralité des Evcchés un très-grand abus , & qu on p '^^^'î"'
avertît chacun & même les Cardinaux de n en retenu qu'un , 6c de fc dé ^^^
jnettrc des autrres dans un terme coure qui ferait prefcrit > même avant la
£tï du Concile.
5. Qx3£ Ton fupprimatla plortltté des autres moindres Bénéfices » 8c que
jlon-iêulement on la défendît pour l'avenir , mais enconfi > qa*à l'égard
du pade on révoquât toutes les Oifpenfes accordées ^ ians exception de
-Cardirraux ni d'autres perfonnes > à moins qu'elles n'cuflènt éfé données
.pour des caufes juftes & raifonnables , qui fèroient produites Ôc prouvées
-devant POrdinaire.
6. QvE ks Unions i vie » même celles qui étoient déjà faites , fiiâenc
ixEvoquces , comme rendantes à introduire la pluralité des Bénéfices.
f^ Que toute perfonne qui avoir une Cure ou tout autre Bénéfice oblt*
l^nt i Réfidence , & ne réliderott point, en fût privée; £c qu'on n'accor-
dât aucune Di{pen£b de faire deflèrvirpar un autre ^iînon dans les cas per«
•ttîs par la Loi.
t. Qufi quiconque ièroit nconmé à un Bénéfice-Cnre pût erre examiné
par TEvèque^ qui pût le deiliiuer 9 s'il le trou voit ignorant , ou vicieux »
jOvl inhabile i le pouéder pour quelque autre chofe ; Ce que le Bénéfice fut
-donnéi un autre , qai en feroic Juge digne par un examen rigoureux j 8c
non à la volonté de l'Ordinaire.
9. Qu'a l'avenir on ne donnât les Cures » qu'après un examen & une in-
formation préalable.
10. Que perfonne ne fût promu i un £v^hé , que fur un procès-verbal
de naiffance , de vie & de mœurs , fait fur les lieux.
11. Qu'aucun Evèque ne pût ordonner dans le Diocèfe d'un autre ians
iapermiffion , & rien que des perfonnes de ce Diocèfe.
Cet Ecrit inquiéu les Légats ,^ non pas tant encore! caufe du nombre j„quUtMde
d'Articles qu'il contenoit,& qui tendoient tous à augmenter l'autorité Epif- ^u*en pm-
copale aux dépens descelle du Pape , que jjaicc qu'ils fentoient toutes les »^»^ '^^ ^'-
conféqui
&
qu'ils penfoient , & infiftant uniquement fur l'importance des chofes qu'
avoit propofées « ils demandèrent quelque tems pour y réfléchir , & dirent
cu'on ne laidèroit pas de travailler, y ayant plufieurs autres Articles de Ré-
formation à régler. Ils donnèrent enfuite avis au Pape de tout ce qui s'étoic
paffé , ajoutant : Que les Evèque prenoientde jour en jour plus de liberté,
$c qu'ils ne ceffoient de parler des Cardinaux fans refpeA , & de dire hau-
tement qu'il étoit néceflaire de les difcipliner : Que fans refpeâer beaucoup
plus le Pape , ils difoient qu'il ne leur donnoit que des paroles , & qu'il ne
tenoit le Concile que pour amufer le monde par dévalues efpcrances, &
ïion pour travailler fincérement à une bonne Réforme : Qu'il feroit difficile
à l'avenir de les tenir en règle -, & qu'ils avoient fouvent des Aflembiées &
dcs^Conférences entre eux. Ils firent encendrc en même tems au Pape , qu^il
Mmm 1
4^o HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. fcroitbon qu'il fit quelque Réforme cffcûive à Rome, & qu'il la publiât
Paul III. avant la Seilion. Ils lui envoyèrent auflii les Demandes des Ëfpagnols , ôc
■ lui firent remarquer les conféquences de leur entreprife, & lesluites qu'elle
pouvoir avoir; n'étant pas probable qu'ils euflTent pris cette hardiefie s'ils
n'étaient appuyés , ou même animés par quelque puiiTant Prince. Enfin ils
preflerent le Pape de leur prefcrire ce qu'ils dévoient faire , & lui dirent :
Que pour eux , ils étoient d'avis de tenir toujours ferme , & de ne céder en
rien > tant par rapport à l'importance des chofes en elles-mêmes , que pour
ne pas laiflèr croire aux Eveques qu'ils pourroient obtenir par fédition 6c
par force ce qu'on ne voudroit pas leur accorder de bop gré : Qu'autre*
\ ment ce feroit fe foumettre à leur merci , & courir rifque de quelque fa*
cheux accident : Que quelque chofe qui pût fe pzffçt dans les difputes , ils
ne laiiferoient jamais les autres prendre fur eux le deiTus; mais qu'après
les difcufiions, fi ceux qui étoient d'un avisi:ontraireau leur ne vouloient
pas céder , il faudroit bien s'en rapporter au plus ou au moins de fufïrages. :
Que comme ils ne fe jpefoient pas» mais qu'ils fe comptoient > il feroit nécef-
faire , pour ne s'expofer à aucun rifque & s'afTurer de la fupériorité des voix
ëans la Sedion d'envoyer un ordre exprès aux Evêques qui étoient allés i.
Veniiè fous le prétexte de paflèr le commencement du Carême dans leuis
Eglifes, mais peut-être dans l'intention de ne point revenir-, de leur enr-
voyer, dis-je, un ordre exprès de retourner à Trente y parce qu'on dévoie
déterminer dans la Seflion luivante ce qu'il y avoit de plus efTentiel à réfor*
mer, fur-tout par rapport à ce qu'il y avoit à régler entre le Pape & les
EVêques *, & que le fuccès de cette Sefiion ou rendroit les mutins plus faciles
à former des oppofitions , ou les rendroit plus foumis ôc plus obéifTans.
Les Légats , après avoir envoyé avis à Rome de ce qui £e paffbit , pro-
poferent dans les Congrégations fuivanres divers autres abus à réformer,
iw f Icury ,L. ™ L^ premier regardoit ceux qui ne prenoient point les Ordres requis pour
144. N^ii. les Bénéfices , dont ils é'^oient Titulaires. Tout le monde condamna cet
abus,& jugea qu'il y falloit remédier. Mais le Cardinal Pachéeo lemonit^i
Que tous les remèdes feroient illiifoires , fi on n'aboliflbit les Commendes
Se les Unions •, étant manifefte , qu'une Eglife Epifcopale pouvoit être don-
née en Commende même à un Diacre , & que quiconque voudroit tenir
une Cure fans prendre d'Ordres Sacrés , n avoit qu'à la faire unir a im Bé-
néfice fimple qui ne les exigcoit point , & que fans être ordonné il tiendroic
ainfi la Cure hmplement comme une Annexe du Bénéfice fimple.
Les autres poinrs de Réformation regardoient la fupprefiion de di0eremes
Exemptions des vifites & de l'examen des Evêques , & le maintien du pou-
voir de juger de quelques Caufes civiles , & du Droit d'infpeûion fur le
gouverncmenr des Hôpitaux. En étendant atnfi l'autorité des Evêques , les
Légats croyoient fe les acquérir. Mais comme ordinairement il arrive que
ceux qui prétendent tout fe tiennent ofFenfés de ce qu'on ne leur rend qu'une
partie , les Evêques & fur- tout ceux d'Efpagne fe perfuadoient qu'on leur
faifoit un plus grand tort en ne remédiant qu'à quelques-unes des ufur--
DE TRENT E, Livre II. 461
Earions dont ils fc plaignoienr. Cependant , quand ils virent groffir le nom- mdxlvh.
re des Italiens qui tenoient pour les Ltgats, & qu on attendoit de Rome ^^"^ ^^^•
ia rcponfc à leurs Propolitions qu'on y avoit envoyées > ils commencèrent à
parler avec plus de réfervc Se moins de roideur.
Aussi-tôt que le Pape eut reçu Tavis des Légats , ° il écrivit a fon Nonce i^ p^g
à Venife des lettres très-fortes , mais en même tems très-gracieufes , poar fitu déUbé-
rengager à prelFcr les Evêques , qui étoient encore prefque tous en cette nrfiir aU^
ville , de retourner à Trente j & le Nonce s'y prit h bien qu'ils fe firent &J^y>i'f*
tous un honneur de faire ce voyage , où il s'agiflbit de rendre un fi grand '^^^li îticL
fervice au Pape. Ce Pontife remit aufC à la Conerégation du Concile les
Demandes des Efpagnols pour en délibérer , & le réferva à lui-même là
détermination des cnofes qui étoient les plus importantes y & de celles
dont on lui avoit auparavant donné avis.
Apre's avoir bien examiné l'état deschofes > les Députés jugèrent que le
f)arti que propofoient les Légats étoit le plus honorable, & qu'il feroit même
e plus utile > fi Ton pouvoit être alTuré du fuccès *, mais aufli , que dans
une affaire de (1 grande importance , il n'étoit pas de la prudence de courir
un n grand rifque. Voyant d ailleurs qu'il étoit également dangereux de
tout refufer & de tout accorder , ils conclurent que fi les Légats n étoient
plus que certains du fucccs , ils pourroient , félon l'exigence de 1 ctat à^^
chofes , accorder en tout ou en partie les Demandes des Efpagnols avec les
modifications qu'on leur envoyoit , & qui étoient digérées en forme dp
réponfes , Article par Article.
® Sur le I . où l'on demandoit le renouvellement du Concile de Latran ^ W.N°.i2.
fur les deux chefs propofés , on difoit qu'on pou voit l'accorder aux Evcques>
pourvu qu'au refte les Canons qu'on reroit fuflènt raifonnables.
^ Sur le 11. où il s'agifïbit d'obliger les Cardinaux à la réfîdence,
on répondoit> que la demande n'étoit pas raifonnable à l'égard de ceux
qui étoient aduellement à Rome pour le fervice de TEglife Uuiverfelle \
& qu a l'égard des autres Sa Sainteté y pourvoiroit , comme on le lui avoic
confeillé dans la lettre.
7 Sur le 1 1 1. c'efl-à-dire » fur la demande de déclarer la Réfîdence de
é. Sur le fécond , où il s'agijfoit d'obli-
ger les Cardinaux à la Réfidence, on répon-
doit que la demande n étoit pas raifonnable
À regard de ceux qui étoient afluellement à
Rome , &c. ] On ne voie pas à quel titre
on pouvoit dire que la demande n'étoit pas
zaifonnable, puifque s*il étoit néceflaire qae
les Cardinaux reflalTent à Rome pour le
fervice de TEglife , il ne Ictoit pas qu'ils
tinrent des Evèchcs. Il convenoit au con-
traire qu'ils n*en tinlïent point, puifqu'ctant
attachés par leur Titre au fervice de TEglife
Romaine , cétôic une forte d'incapacité,
qui fembloît les exclurre de toute autre Pré-
lature. Il ell vrai que par leur multiplica-
tion cette dignité n étant plus proprement
qu'un titre d'honneur , leur préfence à Ro-
me eft aiTez inutile. Mais par cette raifon
même , il n'y avoit plus de rai(bn de les
difpenfer de la Réfîdence dans leurs Evd-
chés j & comment par (^onféquent pouvoit-
on dire que la demande des Efpagnols
n'étoit pas raifonnable ?
7. Sur le troijîéme , c'eft-à-dire , fur la
demande de déclarer la Réfîdence de Droit
divin j on marquoit que premièremint le
4tft HISTOIRE DU CONCILE
S er mettre en même cems , au moins caciteiixcnt , le contraire pour la moitié
e Tannée.
Ëvechés
fieme
Clle-m^me , comme on Ta dit auparavant.
Sua le V. qui regardoit la ploraliré des Bénéfices inférieurs , on répon-
doit que la Réforme que propofoient les Légats paroiilbit fuffifante ; que
cependant) (làTézaid dupade on vonloit ordonner quelque chofede plus
jfévere , Sa Sainteté s'en rapportoit au Concile : mais qu elle ravertiflbit en
même cems^ que le trop de rigueur fur ce point pourroit produire un effet
tout contraire, par la rçtiftance qu*on devoir prélumer qixe feroient les pof-
fedeurs ; ^ Se que d'ailleurs , en laifTant purement & amplement le ju-
gement de la bonté des Difpenfes aux Ordinaires , ils poinrroient en abufer ,
6c qu'il n'en proviendroit aucun autre effet, que celui d'accroître leur au-
torité.
Sur le V I . où il étoit queftion des Unions â vie , on difoit que quoique
Sa Sainteté eût deffein d'y remédier d'une manière convenable , cependant
A le Concile fouhaitoit qu'on les aboltt tout à fait , on pou voit l'accorder ,
pourvu que Ton donnât un tems raifonnable à ceux qui poflfédoient ces fortes
de Rénénces pour en difpofer.
^Sua le VII. où l'on demandoit la deftitution des Curés qui ne réfi-
■ Décret ne feroit peut-être pas vrai , Sec. ]
Comment dire que ce Décret ne feroit pas
Yiai s*il écoic appliqué aux Eglifes particu-
lières y comme ïî la RéCdence n étoit pas
également d'obligation dans ces fones d*£-
glifes, ou.plutôt, comme iî Tobligation de
xéfider ne regardoit pas uniquement ces
fortes d^Eglifes , puifqne toute Eglife eft une
Eglife particulière ? Il faut avouer cepen*
dant , qu'il eA très - vrai qu'il y avoit une
efpéce de concradi£lion à déclarer îa Réfl-
dence de Droit divin , &â en reftreindre en
mème-tems l'obligation à fîx mois. Mais
cela ne prouve pal^ que l'obligation n étoit
pas réellement de Droit divin 5 mais am-
plement , que la rellriâlon de l'obligation
de la Réûdence à fix mois n'étoit pas
jufte.
8. Et que (Tailleurs , en laijfant pUfe^
ment &fimpUment le jugement de la homi
des Difpenfes aux Ordinaires , ils pour-
raient en abufer , &c. ] C'étoit une foiBle
raifbn que celle-là , puifqu'on poovoit au-
tant abuiêr à Rome du pouvoir de difpen-
fer, que les Ordinaires du pouvoir déjuger
des Difpenfes. Mais le vrai motif de réfuter
la demande étoit celui qui étoit rappoipé
après, c*eft-i-dnre , qu'H ft'en proriendroic
d'autre effet, que celui d'^ccrotrre Faiitotké
des Evèques , qui eft ce qu'bn ctasgnoît4e
plus à Rome.
9. Sur lefeptième^ où Pon demanéoit7a
dejlitution des Curés qui ne réfidoieni pas ,
— Von trouvait la peine trop forte ,. &c» ]
Il femble pourtant qu'elle fut affez propor-
tionnée à la faute , putfqu^on ne pouvoit rien
foire de plus raifonnable que dé priver du
Miniflère ceux qui ne rexer(aient*pas,-âc
DE TRENTE,LiVKE iL 4^3
doienc pas > & qu on n'en difpenfâc pecfonne que dans le cas permis par la ubxvm.
Loi, on trouvoit la peine trop forte , & Ion mfoit que cela ae pourroitja- ^^viIII.
mais s obfervcr » quand bien même cela feroit ordonne par le Concile. — i— —
Sur le VI I . qui regardoit la dépo(îcion des Curés vicieux > ou ignorans »
au jugement de TOrdinaire , on cro]roic qu'on pouvoir empki)per cette peine
s'il s agilToit d'une incapacité qui de Dfoit mérite privation ; qu'autrement
la demande ne feroit pas honnête » puifque ce feroit rendre les Ordinaires
maîtres de tout.
Sua le iz. où Ton demandoit qu'on ne donnât les Cures qu'après un bon
examen préalable , on répondoit qu'il falloir laiflèr à la conicience du Col*
lateur du Bénéfice la manière & u qualité de l'examen , 6c qu^il paroiflbtc
inutile de faire faire fur cela un autre Décret.
Sua le X. on diibit , que l'on nevoyoit ni la manière ni l'utilité dedref-
fer fur les lieux un jprocès- verbal de la vie & des mœurs de ceux qui étoient
promus aux Evèches ', puifqu'il étoit aufli facile de trouver des faux té-
moins fur les lieux qu'a Rome ; où , comme on 7 pouvoir avoir ôc que
l'on y avoir prefque roujours une connoiflance fuffiiance des perfonnes> il
étoir tout â fait inutile d*ea rechercher une plus grande.
Enfin fur le xi. ou Ton demandoir que perfonne ne fur ordonné que
par fon propre Evêque > on difoir que la Bulle remédioir fuffifamment i
cela , d'autant plus qu'on y avoit pourvu d'ailleurs de plus d'une manière
aux inconvéniens qu'on prérendoir ie trouver fur ce poinr.
Le Pape envoya auffi-rot cette réponfe à Trente P , remettant du furplus i p Pallav. L.
la prudence des Légats de faire ce qu'après avoir pris confeil de ceux qui lui ^' ^ ' ?•
étoient le plus attachés ils jugeroient plus à propos» felouque l'exigeroit
l'état des chofes , & d'accorder en tout ou en partie les Demandes des Ef-
pagnols , avec les modifications pourranr qui avoient été faites a Rome par
les Députés ; ou de refufer tout , s'ils fe voyoient en état de le pouvoir faire.
Il les avenir en même tems de ce qu'il avoit fait à 1 égard des Evèques qui
étoient à Venife -, & leur ordonna de tenir la Seffion dans le tems marqué }
d'omettre rout â fait les Chapitres doârinaux , puifqu'on ne pouvoit les
faire pa(Ier fans quelque danger d'excirer quelque divifîon ; de ne publier
que les Canons fur leiquels tout le monde étoit d'accord ; & d'omerrre auffi
tout à fait le Décret des abus fur les Sacremens de Baptême & de Con-
firmation , étant prefque impoflible de toucher à cette matière , fans révol-
ter rous les pauvres Prêtres & les Mendians , & fans donner trop de prife
aux Hérétiques en avouanr que par le patfé on avoir approuvé de u. grands
abus. Il finit en leur recommandant de faire enforteque la SeflSon fe paflac
avec le plus de tranquillité qu'il fe pourroit > mais toujours en confervanc
la dignité du Saint Siège.
de le commettre à d'antres qui en remplif- vigilance daPaftenr , il n'y a point de peine
fent les fonélions. Le (âlat da peuple e(l la trop font pour punir la négligence d'un
foaveraine Loi du Gouvernement i 3e puif* Miniftre , qmi manque au devoir le plus e(^
que ce falot cftpre(qoe toujoun attaché à la fbitiel de fbn Miniftère.
4^4 HISTOIRE DU CONCILE
MDxivii. «o XC. Paul réfléchiflant cnfuitc fur les avis qu il avoit reçus de Trente
Paul III. ^ jg fg^ Nonce en Allemagne , il fit part â {z% Confidens des foupçoos &
de la crainte qu'il avoit , que le Concile ne vînt à tramer quelque chofe de
commence k "^^5-préjudiciabIe à lui-même & au Pontificat. Il voyoit les factions qui rè-
craindre le gnoient entre les Théologiens , & fur-tout entre les Dominicains & les Fran*
Concile é" cifcains , qui toujours d'une doârifie contraire , & jaloux les uns des autres »
fin Parti q^'îl^ nétoicntpas moins oppofcs entre eux qu'
fétr f envoi mêmes , &c qu'ils avoient pris la hardieflTe de fe taxer d'erreurs les uns les
de nou' ^ :autres , il fcntit tout le danger qu'il y auroit eu de voir quelque grand dc-
veauxEvê' fjjfjrc , fi on avoit eu moins d'attention à, tâcher de les concilier. ifreDafibic
liens. '*" ^^^^ ^^^ efprit avec quelle chaleur on avoit difputé fi la Réfidence etoit de
.Droit divin , & écoit effrayé de la hardieffe de Caran^a j qui à rindigation
de plufieurs autres avoit ofé traiter de Doârine diabolique le fentiment de
ceux qui étoient contraires au Droit divin. Il voyoit combien facilement il
pouvoit naître un autre défordre aufii confidérable que celui qu'avoir excité
Luther y & que la Papauté feroit réduite à rien , fi on faifoit un Article de
Foi de la néccflîté de la Réfidence. Il s'appercevoit que toutes les Réformes
tendoienr à reftreindre l'autorité des Papes»& à augmenter celle des Evêques.
Il regardoit combien peu d'égards on avoit eu pour fa dignité , puifqu'après
lui avoir fait efpérer de lui remettre le foin de la Réformation ,en confé-.
quenqe de quoi il avoit fait drefièr une Bulle pour l'évoquer à foi, le Concile
lans aucun refpect pour lui ^ en avoit traité avec plus de zèle qu'auparavant.
11 concevoir de grands ombrages de la vigueur & de la fermeté des Eipagnols^
Nation prudente & qui ne fait rien au nazard , qui montre beaucoup plus
de refpe6tau dehors qu'elle n'en a intérieurement ; & qui concentrée au
dedans d'elle-même » ne fait jamais un pas en avant qu'elle ne regarde a
cent autres plus loin ; & il envifageoit comme une chofe très-hardie de leur
f>art , qu'ils cuflent pris le parti de s'aflembler en commun pour préfcntcr
eurs Demandes , ce qu'il ne croyoit pas qu'ils euflent ofé faire , s'ils n'euffcnt
été fourenus par l'Empereur, qui avoit là un Ambaflàdeur qui rraitoit tous
q Adr.'L ^. les jours avec eux. La profpérité dont jouiflbit alors ce Prince *i redoublcit
p. 38 c. encore
10. Paul réfléchijfant enfuîte fur Us avis ces cas, fur- tout lorfqae Ton fait d'ailleun
qu il avoit reçus de Trente 6» de fon Nonce 3c que les Légats & que le Pape dès long-
tn Allemagne y il fit part à fes Confidens de tenis auparavant avoient pris la xc(bIucion
ipts foupçons , &c. J Toutes les reflexions de profiter de toutes les -occafîons quils
que fait faire ici Fra - Paolo au Pape (ont trouveroient pour transférer ou pour fuf-
extrêmement naturelles , quoiqu'elles ne pendre le Concile , comme on le voit &
(oient fondées que fur de fimples conjeda- par les tentatives qu'avoii faites le Npnce
Tes, & fur rimpreffion que les faits avoient en Allemagne^ & par les inûnuations des
pu faire fur Telprit de ce Pontife. Ceft tout Légats dans le Concile,
ce qu on peut exiger d'un Hillorien dan$
II. Il
£
DE TRENTE, Livre IL 46$
.'encore les foupçons de Paul > qui favoic que les fuccès portent les hommes mpxlvu.
â ne point mettre de bornes à leurs deflfeins ; & voyant qu'il toleroit la Re- ^^^^ ^^'
.ligion des Luthériens , il fe perfuadoit qu'il n avoit en cela d'autres vues que '
de fe les attacher par cette connivence.Il favoit toutes les jplaintes qu'avoient
faites l'Empereur Se fes Minières du rappel qu'il avoit rait de fes troupes >
£c les reproches qu'ils lui avoient faits d'abandonner ce Prince au befoin. Il
n'ienoroit pas , qu'il regardoit le Duc de Plaifance fon fils comme l'auteur
delà fédition de Gènes. ' Il étoit allarmé ' ' fur-tout de ce que Charles avoit r I<Lp. }?$•
dit à fon Nonce , qu'il n avoit point de plus grand ennemi que le Pape ^ & il
craignoit que s'il venoit à bouc de fe rendre maître abfblu en Allemagne , il
ne lui prit envie de faire la même chofe en Italie , & de fe fervir du Con-
xile pour déprimer lePontificac.il levoyoic comme l'Arbitre de l'Europe
ar la maladie incurable du Roi de France > dont on att;pndoit inceiTammenc
a mort. Il ne fàvoic que fe promettre du Dauphin , encore jeune & fans
expérience. Enfin il ne doutoic pas que les Prélats ^ qui jufqu'alors étoienc
demeurés attachés à la Cour de Rome , ne fe déclaradènt pour l'Empereur
lorfqu'il fe feroit découvert , & qu'ils ne s'attachaflènt à ce Prince , foit par
la crainte de fa puitlance > foit par la jaloufie que tous avoient de la gran-
deur des Papes , & qu'ils découvriroienc auffi-tot qu'ils trouveroient l'occa-
Xion de la modérer.
Toutes ces diflférentes confidérations portèrent le Pape à s'affurer du llformê U
Concile, de quelque manière que ce pût être. De le finir , la chofe nepa- dejfein de
roillbit pas faifable , à caufe de la multiplicité des matières qui reftoient i ^^^f^ v
traiter. De le fufpendre , il ne le pouvoir fans de fortes raifons -, & d'ailleurs ^^i^ ^
le remède lui fembloit trop foible , parce qu'on n'auroit pas tardé à lui de- fntmâe fin
mander de lever la fufpenlion. Le parti qui lui parut le meilleur étoit donc frmét m$x
de le transférer dans un lieu où il eut une autorité abfolue ; & puifqu'il le ^é^^*
devoir faire , il réfolut de le faire d'une manière qui remédiât à tous les dan-
gers , ce qui ne (e pouvoit qu'en le transférant dans fes propres Etats. Puis
penfant à lendroît qui pourroit être le plus convenable , il jugea bien qu'il
II. // était alUrmé fur^tout de ce que cîlio di Trento li dava molto da penfarey
. Charles avoit dit â fon Nonce, qu'il n'a^ temendo che V Imperadore non vole ffevaUr^ ,
. voit point de plus grand ennemi que le Pa- fine a fiemar l'autoritâ nella religione de
pe, &c.] Ceft àAdriani, que notre Hif- Pontefici , & haver con ejfo gccafione dl
torien a ciré la plûpan de ces réflexions & meglibfirmare & fittonutterfi la Germania^
de ces £iics« Car dans le Livre fixième de haveva tentate piu vie dUpoterfm^a offe"
fon Ouvrage, cet Hiibrien rendant compte fii di Cefiire quindi Uvarlo h fofpenderlo^
des difFérens moci£s qui ponoîent le Pape C*e(]b donc à toxt que PaUavicin fait un
a fufpendre ou à transiéret le Concile , il crime à Fra^Paoto de toutes ces réflexions.
. marque la crainte que ce Pontife avoit de Quand elles (croient de lui y elles n*en fe-
TEmpereoff , & les motifs qui lui infpfroienc roient pas moins eftimables. Mais on voit
fette crainte : Si era fico fieramenu adira^ bien qu il n'y a donné que la forme , &
,fo,& haveva apertamente detto alfio Nun- qu'elles font fondées fui des faits qui en
p^io , chc non haveva maggior nimico al prouvent la foUditc»
monda che'l Papa, — Epercià che*l Cêrh
TqmiL Nnn
466 HISTOIRE-DU CONCILE
MMRTTi. ne falioic pas fonger à Rome » de peur de faire trop parler en Allem^e ;
Pavl Ul ^ Bologne lui parue la ville la plus propre , comme étant fenile » abon-
- dante , & la plus proche pour ceux qui leroient obligés d*y venir de de-li
les monts. '^ Mais pour ne point fe commettre il réfoluc de ne point pa-
roître , & de lailTer tout faire à fes Légats » en conféquence de l'autorité
qu'il leur en avoit donnée par fa Bulle du ii de Février mdxlv , & qu'il
leur avoit envoyée le mois a'Août fuivant. Par ce moyen il jugeoit que s'il
fe faifoit quelque oppodtion i la tranflation du Concile , tout leroit mis fur
le compte de fes Légats ; & que lui , comme n'y étant point iméreflë , anroit
plus de facilité â les foutenir *, ou que Ci par quelque accident imprévu il
étoit obligé de changer d'avis , il le pourroit toujours fans compromettre £i
s Pallar. dignité • ' Sa réfolution prife 9 '^ n dépêcha aux deux Légats un Gentil-
L ^. c. 15. homme du Cardinal iUl Menu » chargé de Lettres de créance , avec ordre a
lui de ne point arriver à Trente avant te tems de la Seffion , & d'ordonner
aux Légats de transférer le Concile à Bologne fous quelque prétexte véri-
table ou fîmulé , & de le faire ù brufquemenr , qu'auffi-tôt après en avoir
laiflfé prendre connoififance ils en vinlfent à l'exécution, (ans laifler le tems de
former aucune oppofition qui put y apporter quelque empcchemenr.
VEmferutr XCI. En Allemagne , la plupart des Villes du Rhin s'etanr accommodées
t^'uUlA. ^^^^ rEmpcreur,& TEleûeur Palatin ayant défendu aux Miniftres qu'il avoit
auêiêCê- *"*r^ ^^ ^^i ^ paflfer outre,*4 Chartts'^c^i crut l'occafion propre pour pri-
/jfj»# iê fin IX. B r^olut de ne point paroître & dt paroît affex fabuleux , comme PaUavicïn le
lAïU'A ^^^J^'' ^ûi«//i/>e âfes Légats , en conféquen- montre aflcz bien. Ce qu*il y a de réel , c eft
Itt*. i ce de fautorhi qu'il leur en avoit donnée que le Pape foutaitoit véritablement la tranf-
18 par/a BuIU du 22 de Février tf4f ,& qu'il lation du Concile, fit que ce Cent ilhomme,
Fleury L* ^^^ ^^^ ^'^^^y^ ^ "^^^ d' Août fuivant» ] fuppoft qu*il jr en ait eu vérltablemenr un
2 . .J^lg^* Ce n'étoit point cette Bulle » qui avoit été d'envoyé, ce qui eft aCn «boteax , poovoit
' envoyée aux Légats le niois d*Aout i f 4f • bien être porteur xie ces fentimens. Mais de
Frs-Paolo confond ici deux chofes toutes croire qve la précipitation avec laquelle
«ëiffirences. Au mois d'Août non de x jr4f , agirent les Légats fut la fuite des ordres du
mais de i f 4^ , le Pape avoit envoyé à fes FÎpe, c*eft ce qui ne paroit nullement vrai-
L^ts un Bref de tranllation du Concile à femblable , d'autant plus qu'il ne pouvoit pas
Toccafion du voifiiiage de la guerre , dont être encore informé des brtrits de Peftequi
on appréhendoit l'événement. Cependant s'étoient répandus. Ce qu'il y a de plus pro-
cette crainte étant diflSpée par ht retraite bable , c*e(l que les Légats inftrurrs des in-
des troupes, les L^ats tinrent ce Bref fe- tentions de Paul, Se bien fSrs qu'ils n'en
- crtty Bc n'en firent aucun ufàge > & ce ftit feroient pas défavoués , faifirent cette occa-
celui du 11 Février 1^4; dont ils fe fervi- ffon comme très-&vorable , de brufquèrent
xent , lorfqu'ils fe déterminèrent de tranf- Taflàire , de peur qu'en la différant , les or-
firer le Concile , comme nous Tapprend dres contraires de fEmpereurneb leur fiflênt
J^allavicin L.y. c, 16. échapper pour toujours.
ij. Sa réfàhnion prîfe y il dépêcha aox 14. Charles, qui crut Toccafton propre
deux Légats un Genrilàomme du Cardinal pour priver l'Archevêque de Cologne de fin
del Monte , &c. ] Je ne fais oi Fra-Paolo Eleâoretty envoya deux Commijfaires ^ &c. ]
a pris ce fiit , qui n'efl rapporté ni dans les Cétoient Philippe Ldein , & Kigfius
Ades publics , ni par les Hifboriens du ch^m*
tenu , & qui dans quelques circonflances
DE TRENTE, Livre IL 4^7
ver l'Archevêque de G)iogne de ion Eleâorac, envoya deux Commîilaires , umctnu
qui ordonnèrent aux Etats qu'ils avoient fait aflcmbler , de renoncer d lo- ^'^^^ ^^
bciflance de l'Arche vcque , dfc reconnoître pour leur Evêque Se leur Prince "
Adolphe fon Coadjuceur , &c de lui prêter leiferment de fidélité. ' ^ Les Ec*
cléiiaftiques le firent fans différer , pour les raifons qu'on a rapportées ail-^
leurs. Mais la Nobie(fe 6c les Ambadadeurs des Villes le refuferent , fous
prétexte qu'ils ne pouvoient abandonner un Prince à qui ils avoient juré
obéidance. Sur cela le Duc de Cléves > dont les Etats étoient voifins , dé-
puta à r Archevêque & engagea les principaux de la NobleÛe i l'aller trouver,
pour le prier de trouver quelque moyen d'empêcher la défolation de feu
Etats, & la ruine de ceux de fes voifins. L'Archevêque toudié de compaffion,
& craignant qu'en attirant chez l|ii la guerre , le peuple qui en étoit innocent
n'en fût la viÂime » renonça généreufement i fa Dignité & remit à fcs Sujets
le ferment de fidélité. Airni fut reconnu pour fbn luccefllèur Adolphe y qu'il
avoir toujours aimé comme fon frère , & avec la participation duquel il
avoit fiiit tout ce qu'il avoit entrepris pour la Réformation de ion Eglife.
' ^ Mais , foit par inconftance , ou par quelque autre motif» Aiolpht paroif-
foit alors dans d'autres fentimens.
XCIl. « 7 Au milieu de Février on apprit à Trente " la mort du Roi d'An- „ ^^^r
gleterre , arrivée le mois précédent. Les Pères en rendirent grâces à Dieu , & B^^An- *
allèrent prefque tous féliciter l'Evêque de Worcefter, de ce que le Kojzumc ^Uterre,
V Sleid. L»
I f . Les EccUJiadiques U firent fans dif- (à maintenir, & cmt qa'il valoic mieaz Te JL^' .
firer , pour Us raifons qu'on a rapportées retirer de bonne grâce , que de (è fiiire ex- J^^
ailleurs, ] Fra-Paolo ne£ûc ici qae copier pulfer par force & d*enveloper par-là plu- •!' ^*
Sleidan , qui regarde comme une générofi- (ieors perfonnes dans (à nune. Cétoit ccr- j j, ^^
té dans l'Eleveur d'avoir mieux aimé céder cainemenc un trait de bonté dans ce Prélat , Bom. P. Y.
fans réfiftance , que dexpofer fon peuple à & on ne peut nier que dans tout ce qu il fit l. ,, p.}f ol
une ruine inévitable , s'il vouloit s'engager pour U Réforme deionDiocèfe, il n'ait paru Flcury , I«
dans une guerre. C'en étoit une en effet, fi on fort homme de bien. j^^. n^88«
c'a été là fon motif j & Pallavicin a mau- i^. Mais y foit par inconfiance , ou par
vaife grâce de dire que c'étoit trahir fi>n de- quelque autre motif, Adolphe paroijfoit
voir , s'il croyoit avoir la vérité pour luit alors dans d'autres fentimeru. ] Et horafi
Car la Religion ne confifte pas à fe défen- vcdeva d'altro parer , dit Fra - Paolo, M.
dre par les armes , fiir-tont lorfqu*en les pre- Amelot a traduit , avoit d'autres fentimens ,
Bant on rilqoe le maflkcre & la niïne de Maii cela ne répond pas à l'expreHion de
tant de peuples » mais à fe déclarer conf- Fra-Paolo , qui n'ofe prononcer fi c'étoit
tamment pour la vérité , & à tout facrifier par inconftance on par diiEmulation qu'>#-
pour elle. Il fe peut bien^re a« refte > que dolphe paroidbit avoir changé , & qui par
fi Herman aima mieux céder qtie d'entre- confiquent ne peut parler que des fentimens
prendre la guerre , c'eft qa'apr^ le de(k* apparens & non réels,
vantage qu'avoient eu les Proteftans , il ne 17. Au milieu de Ftprier on apprit A
vit plus perfonne capable de le (butenir î & Trente la mort du Roi d'Angleterre , &c. ]
qu'ayant à fe défendre contre les deux Pnif- Arrivée le 1 8 de Janvier i f 47. L'Evêque de
fances Ecdéfiaftique & Temporelle , & irorc^yi^r, dont il efl fait ici mention, s'ap-
voyant une panie de fon Diocèfe Ibnlevée pelloit Richard Pote, êc non Parrt, com^
contre lai , U (cfentit dans l'impuiflaoce de me le die M. Amelot*
Nn n ^
1^
4(5S HISTOIRE DU CONCILE
MBXLTii. éc lui-même ctoicnt , difoienc-ils , délivrés de la tyrannie d'un cruel pcrf?^
PaulIIL cmcaj , & de ce qu'il écoic mort lorfque fon fils n'avoir encore que neuf
*""""""■"" ans ; ce qu'ils regardoienr comme un miracle opéré par la Providence , afin
qu'il ne marchât pas fur les traces de Ton père. Il n'y marcha pas en effets
Car Edouard gouverné par le Duc de Sommer fit fon oncle maternel » qui*
avoit du penchant pour la doârine des Protcftans , changea la Religion y
comme on le dira en fon lieu \ au-lieu que Htnri avoit conftammeot con^
fervé la doârine de TEelife Romaine , quoiqu'il eût aboli entièrement dans^
fon Royaume l'autorité du Pape > & défendu de lui obéir fous peine de
la vie.
Différence XCIII. Les Légats ayant reçu les lettres du Pape , « le Cardinal de Sainte
davis entre Croix étoit d'avis , que pour adoucir l'efprir des Prélats qui s'étoient unis
/*^ ^/^**d ^"^^"^^'^ > ^" '^"^ accordât celles des demandes que Rome confcntoit de*
mandes lu ^^^^ paffcr , efpérant qu'on rrouveroit aifémcnt par-li le moyen de les ap-
Efpagnoîs. paifer. Mais le Cardinal dcl Monte diCoit au contraire : Que céder à des
X Id.L.144. inférieurs & fur-tout à la multitude , c'étoit leur donner occafion de fûre
^^ ^}» de plus grandes demandes ; qu'il vouloir fonder auparavant ceux qui étoienr
plus affcdionnés -, & que s*il pouvoit s'aflurer du plus grand nombre de.
voix , il étoit réfolu de ne pas reculer d'un feul pas : mais qu'en cas qu'il fe
fentit le plus foible , il uferoit alors de ménagement & de prudence. Après
{>lufieurs difcours » Sainte Cro/or céda à l'autre ^ qui marquoit plus de cha^
eur , comme cela arrive ordinairement entre Collègues. Avertis enfuite
que les Evêques abfens fe retrouveroient à Trente avant la fin de Février ,
& ayant reconnu en fondant ceux qui étoient préfens qu'il y en avoit plu- .
fieurs dans les intérêts du Pape , qui fur les efperances qu'on leur avoit don-^
nées pour eux mêmes en attirèrent encore d'autres en les flattant que ce Pon-
j»Pallav. L. tife reconnoîtroit le mérite de chacun , Y ils firent former le Décret de Ré-
8. c II. formation en xv Chapitres , 6c le propoferent dans la Congrégation.
' Lesfenti* XCIV. Maîs les difficultés fe trouvèrent plus grandes que |amais. On,
é^ns font ç„ gj d'abord une »* fur cette claufe du Prdogue, Salvafimperin omnibtis^
Us Difhm-^^^^^^^^^^ '^P^fi^^^^^' Car les moins pénétrans s'a ppercevoient où tendoit
fes y fur Im cette exception , & il n'y avoit perfonne qui ne vît qu'on vouloit cacher
B^éfidence , par-la un deflein opiniâtre de maintenir les abus ; puifque tandis qu'on par.
fnr les qun-
lit h des < '• On en fit â' abord une fur cette claufe fier la claufe , eft encore pire qde la cenftre
Evêques ^ du Prologue , SaU'a femper in omnibas au- injude qu'il fait de Fra-Paolo fur ce point*
des Curés , thoritace Apoflolica. ] Ce fut TEvèque de Car il dit, que (ans cela on auroitcni que
<^ j/tf /a r«- ^ai^yo^ , qui fit remarquer que cette claufe le Concile pooroic prefcrire des Loix au
forme des ne tendoit à rien moins qoa éluder toute la Pape , chofe à fon avis fon déraifbnnable r
C/fr/^';?4«x5 force du Décret. Cette remarque étoit fon comme fi les Papes eux-mêmes n*avoient
m4/V /tf ^4r- jade , & quoi qu'en dife Pallmvicin^ L. 9. pas reconnu mille fois , qu'iU éteient fou-
ti des Rc» c. i x. on n'en a que trop vu les conféquen- mis aux Canons comme les autres , Se qne*
fnatns pre- ^5 ^ pnifqu*à la Éaveur des Difpenfes on a toute leur autorité confifle à en procurer
vaut fur ce- tjQuv^ moyen de rendre inutiles la plupart l'obfervation , & non à en anthorifer la
M es SU' ^g Décrets , au moins à l'égard des Grands, tranfgreflîon par leur exemple ou leun Dif-
Mais ce que ce Cardinal ajoute pour )u(ti« penfes..
DE TR E N TE, LivKB IL 469
loitd'y remédier » on ne vouloic pas coucher à ce qui en écoic la cau(ê. Il n'y mdxitix;
eue cependant perfonnc qui ofac s'y appofer , que TEvèi^uede Badajo^y qui ^^"^ ^'•
dit :Que cette claufe avoir befoin d'explication , puilque le Concile ne
pou voit ni ne devoit blelTer l'autorité de qui que ce fut , & encore moins
celle du Saint Siège , que tous les Catholiques reconnoifibient pour leur
Chef : Qu'il fembloit que par-là on voulût faire entendre qu'à Rome on
devoit toujours procéder fur cette matière comme on avoit fait auparavant!
fans que le Deaet pût empêcher les Difpenfes>ni les autres moyens dont on
s'étoit toujours fervipour affoiblir l'autorité des anciens Canons. Mais ceux
2ui vouloient maintenir cette claufe , dirent pour la juftifier : Qu'il n'en
toit pas des Loix des Conciles comme des Loix naturelles , où la rigueur Se
l'équité ne font qu'une mcmechofe : Que celles des Conciles étoientfujettes
au défaut commun de toutes les Loix , dont il faut que l'équité limite l'u-
niverfalité dans les cas imprévus » où il feroit injufte de les exécuter : Que
n'y ayant pas toujours de Concile fubfiftant auquel on puifle avoir recours )
ou que quand il y en auroit , le Concile ne pouvant pas toujours être occupé
à régler tous ces cas iinguliers , il étoit néceffaire d'avoir recoure à l'autorité
du Pape. A cela l'on répliqua : Que quoique toutes les Loix euflènt le dé-
faut de l'univerfalité , on ne laiflbit pas de les publier toutes fans y inférer
les exceptions : Que par conféquent on en devoit faire de même dansToc*
caûon préiènte ; parce qu'en inférant la claufe en queftion , ce feroit dire
que le Pape peut difpenfer du Décret non- feulement dans des occasions
rares & imprévues , mais même dans les cas ordinaires. Cet avis ne fut pas
foutenu 9 comme il devoit , par tous ceux qui dans leur confcience le
croyoient jufte i ôcMonu y en prenant avantage, dit que tout cela n'étoic
3u'une fubtilité inventée pour ne pas rendre au Saint Siège ce qui lui étoic
û : ce qui fit taire tout le monde.
^9 L'EvEQUE de Sadajoi * demanda enfuite , qu'on déclarât dans le ii Fleur jr, !•
Prologue du'Decrer, que l'article de la Réfidence n'étoit pas omis, mais 144- N^M-
diffère. Mais les Légats répondirent : Que c'étoit fe défier de leur promedè
& de celle du Pape , & les obliger en vain à une chofe qui feroit toujours en ^
leur pouvoir : Que cependant , pour fatisfaire à un denr fi ardent , on mar*
queroit qu'on avoit defièin de pourfuivre la matière de la Réfidence dont
on avoit déjà commencé à traiter *, pour faire entendre par-là que l'examen
19. L'Evéque de JBadajoi demanda in-
fuite , qu*ùn déclarai dans le Prologue du
Décret , que l'Article de la Réfidence n'étoit
pas omis , mais différé, ] Autant que les Lc-
gats cheichoient à éloigner la décifion de
Tobligaiion de la Ré/îdence , autant let
Efpagnols s'efTorçoient-ils de la foUiciter à
tout propos. Les Légats les en âattérent ,
mais (ans deflein d'en venir à Tezécution ;
& il fallut bien que les autres fe concenuf-
(ênt d'erpéran<:es , n'ayant pour eux ni l'au*
torité ni la fnpérioricé. Mais lorfque fous Pig
ly il âdlut enfin en venir a une réfblntion ,
la Cour de Rome paya d*adreflè , & les Pt&*
lats zélés y de peur de tout perdre , furent
obligés de fe contenter du peu qui leur fut
accordé, c*eft-à-dire , de paroles envelopées,
que chacun pouvoit expliquer à fa manière ,
& de Loix qu'on pouvoit éluder à la faveoi
des Difpenfes.
47« HISTOIRE DU CONCILE
ù;6xtru. éc cette matière n'avoit pas été achcré dans la Seflion précédente, 9C ^tf^ii en
Paul IIL ^eftoit encore une partie à difcuter.
— — ~^ Sur les Chapitres où il étoit traité des qualités des Evèques & des Cur és^
AUpo Archevêque de Saffari dit : Que non-feulement ils ne remédioient
point aux abus introduits , mais qu'ils n'étoient propres qu'à énerver ]i»
anciennes règles ; puifque fous les termes généraux d'âee , de mceurs » de
feience , & ae mérité » chacun pouvoit paflèr pour habile â potCédet cer
emplois : Qu'alléguer (împlement le Décret d' Alexandre III , c'étoit a
nuiler les autres Canons qui prefcrivoient d'autres condirions ; puifqo'ea
nommant celui-là feul , c'étoit déroeer à tous ceux qu'on aâèâoit de ne pà»
nommer : Qu'il étoit néceffaire de déclarer nettement en quoi confiftoient
' éette gravité de mœurs & cette connoilTance des Lettres que l'on exigeoir ;
&: qu'en le faifant ^ les Counifans fe trouveroient par-là exclus pour toa-^
h I. Tim. jours de ces emplois :^ Que S. Paul avoir marqué très-nettement quelles
UL &• dévoient être les moeurs nécdflfaires à un Evoque , fans qu'on y fie la moindre
attention : Que la feience & le Doâorat , que requiert cet Apôtre , confiftent
dans la connoiflfance de la Doftrine Chrénenne 6c des Sainres Ecritures ; ic
qu'on ne devoir pas imiter le Pape Honoré III , qui dépofa un Evèque de la
BalTe-Saxé , parce qull n'avoit ni lu Donat , ni appris la Grammaire , 8C
que y comme dit la Glofe , il ne pouvoit enfeigner la Grammaire à fon
peuple ', comme fi les règles de la Grammaire, 6c non l'Evangile, étotenr
ce qu'il devoit prêcher à Ion peuple.
»o L'EvÈSQUE de Huefca ajouta : Qu'il n'approuvoir point qu'on ren-
voyât , comme on faifoit , aux Décrétâtes ou aux Ct>nftitutions des Papes»
parce qu'où on le faifeit pour leiu: domier plus d'autorité , ou pour en rece^
voir , ou pour rendre les Loix plus fortes par l'union de leur autorité avec
celle du Concile ; & que dans quelque vue que cela iè fit, la cfaofe ne con^^
venoit pas , & que cela ne fervoit qu'à aflbiblir l'autorité de l'an & des au*
rres enlemble : Que cela étoit bon , quand la Conftitation étoit trop Ion**
eue pour la rapporter route entière *, mais que quand elle ne contenoit que
la même chofe qu'on vouloit ordonner , il ne voyoit pas à quoi bon y ren«
lo. L'Eviqui ée Huefem mjmitm qu'H
n'éjmrouvok pas qu if H renvoyât ^ tomme
on faifoit , aux DécrétaUs ou aux Confti-
tutions des Papes , &c. ] Mais les Romains
avoîent leur rai(bn poor le faire. Ce Code eft
proprement letir cinqaiéme Evangile , &
ils voaloient en y renvoyant fims ceflè lai
donner plu^ d'àutoritë , $c en même tems
^«mettre coajoors celle dû Concile an Pape,
dont les Loix fervoient pour ainfi dire de
tègle , & dont il (e trouvoit par-là mènrie en
état de dirpenfer. Les Efpagnols, qui fen-
toientbien ces conflk|aence$ , enflent voola
les prévenir. Mais comment prévaloir fbr ce
nombre d'Italiens , qui tioienc ou aux gaqjet
de Rome ^ ou dans ft dépendance? Lachoft
n*étoit pas poflîble » Se on doit s*étonner en-
core plas qae malgié tant d oppodtions ,
les Prélats bien nuencionnéis «yent eu aièz
de crédit pour faire porfèt la Réforftie aafi
loin , que de ce ^e l\Dti n*«it pis pu «b«
tenir davantage. An tékè , ef^^UjÊt m»
fennsdj^etquefoflèm )es Teflénoiis <|aeâiif
ici l*Evèqoe de Huefca , âH y eac fbn peu
d*atcenQon , & l'on voit qae dans la fiiiet
on n'y renvoya pas iMoîns fféqoeftimefic mm
pécrètales & aux Conflitatioiii des PapfS*
/
DE TRENTE, tivR» 1%. 471
yeftt y ptttfquc cela ne pouvoît fervir qu'à occafionncr àc$ conticftackMis Se ^o^f^
des dUpuces , pour (avoir £ ces Confticuûons écoienc approuvées à la lec- ^^^^ ^
: ttc « ou bien avec les limuacipns » les aoipdiaaons s fie les kicerprétacions ""^""""""^
4if&ences des Dodeurs , ce qui ne ferok que répandre de la confu&m :
Qi»e Ton avoir befbin de Décrecs qui produiâflènr la paix , la charicé , ic
une bonne réforme dans l'Eclife » & non qui jr fifleni aaîcre df nouvelles
disputes Se de nouveaux deârdres. A quoi par exemple » dîibit-il , pouf-
foit iervir aufourd'hui de donner aux Ordic^ures le dcot^ d'impofer les pei-
.0CS portées par Je C Grave mmU , donc Texécucioa eft ttaàik aux Conciles
Provinciaux , qui ne font plus en ufage , à moins qu'on ne les rérabli(fe
auparavant \ D'aîllears » le non^re des Bénéfices conférés par les Ordinaires
ne £ii£uit pas la dixième partie des Coltarînns > à ouiie des différentes
Réfervations ; à qooi ficrr de réformer cetoe petire panie , (i on lai0è régner
les abus dans les neuf aaae$ , qm fbût i k diipoAtion de k Cour de Roi^
De même , Ç\ pour remédier à la pLuralicé 6t% Bénéfices on approuvé la
Conititution De midia , à quoi cela peut-il iecvir qu a fortifier davantage
Tabus par la permiifion qui s'y rroture d'accorder des Di/penfes ?
^' On difputa longtems fur la demande que fiûibient les Efpagnols , ^;Fleary,L.
que les Carcfinanx fimènt fpécifiés nonunémenr dans le Décret. Les uns 144. N^i4,
difoient : Que pour l'honnem jdc cet Ordre, qui eftie premier de TEgtife, &
rempli de pcrfonnes d'un mérite fingulicr , il ne convcnoit pas de montrer
£ oaverceoient qu'il y e&r parmi eux des abus à réfootner , ou qu'ils ne le
^udent pas faire eux-mêmes \ 8c qu'en fe £srvant des termes ^éraux qui
es compriflènt, comme en difant 4jue Les Décrets s'étendoicnt à routes fortes
de perfbnnesy de quelque dimité, rang, ou prééminence qu'elles fullènt,cela
feroit le même effet. Mais ks aucies repliquoient : Que puiiqae , félon la
•anaxime des Canonifles , les Cardinaux ne font jamais compris fous aucune
expreilion générale , à moins qu'ib ne foient expricpés nommément , il ne
reitoit d'autre moyen de remédier au mauvais exemple qulls donnoient au
' monde , qu'en les réformant en particulier : Que le Clergp inférieuif avoir
Bx>ins beloin de réforme , parce que fes defbrdres éroiem plus légers > ^
qu'il ne fe dérangeoirxjue par Texemok de fes Supérkurs : Qoe pour gué^-
rir un corps malade , il fàtloic s'actacner aux pins grands* maux & aux par-
tff. Qndijjmu iangums fia Udem^nit MApÀ faut ils vo«k>ieni £ii«e xéfesves Go«t
. fUr fêifoUm Us EffûfiÊols , firr lu CarM- /ce qiû iegsr<bit la jUlorimtwn lie fa Com s
naux firffcnt fjdctfiés aommémOÊt dans le ^ par u«i %»$% éffoi po^r la ilignké des
. Dècrtt. ] Les Li^ss vc^Boieoe bien la ni- Cartânpna ,:à laquelle ils-cipjmeiic ^qoe k
•< ccfficé qa*il y avoit de W hvn \ 9c c*étoîc Con€ileid09MMTMau6ince««^kSil9inm»f¥.
E
pour cela qu'ils avoieac ccMifiallé au Pape Ces vues hoitfèt Jbien iMmiaines } mais on
.é'en^ftireineotian dans la Bulle qQ*il a^aic ne doit pas s'aciendae que dans les a&i-
fubliée à ïem (bHicitaiioit. Ce n^tc pas xes les plus fainEes les Ito^nmes fe dépouij-
icanc au£ pour les «zemier de cette Loi , lent alTez de leurs foiblefTes pow ne Te con-
qu'ils s^oppo&ienc à ce que le Concile les duire que par d(^ vBes.d^ane fag^ 5c d'une
nommât dam (bn Décret , que jncT une dé- xeligioa £ip£skixt à tome attMe ^stt di-
Iscatelfe qu'ils aaoiempaKÏaïKQSiiéjdofiape, ^gafd^
47* HISTOIRE DU CONCILE
BCDXLTii. cies principales ; parce que celles-ci écanr guéries , il écoic iacile de gnérir
•Paul III. \q^ aurres , ou du moins qu'il fuffifoit d'y employer des remèdes légers.
■ Quant à l'abus des Unions perpétuelles , les parcifans des Légats dirent :
Qu'on y avoir fuffifammenr pourvu en remettant aux Evêques l'examen de
celles qui étoient déjà faites , Se le pouvoir de déclarer lubreptices celles
3ui ne fe trouveroient pas fondées fur des caufes raifbnnables. Mais on ne
ifoit pas , que ce Dédret étoit rendu inutile par cette reftridion qui y étoic
jointe , Si U SUge Apojloliquc ntn juge autrement ; reftriâion qui non->
feulement tendoit à aotorifer l'abus , mais encore à conftituer l'Evêque en
procès & en dépenfes.
^^ L'on demanda aufllî de nouveau encore , qu'on défendît tout-â-faic
les Unions à vie , & qu'on caflat celles qui étoient déjà feites. Mais le plus
grand nombre approuva les Décrets tels qu'ils avoient été propofés par les
Légats , les uns par leur attachemenf propre pour la Cour de Rome > les
autres parce qu'ils avoient été gs^és. Il y eut même quelques gens de
bien , qui fe lai({èrent aller comme les autres > par la promeOe qu on leur
fit que le Pape remédieroit à cet abus & à plufieurs autres , par une Bulle \
mais qu'il étoit de la réputation du Saint Siège de le lailTer agir lui-même ,
& de ne pas laifTer paroitre que le Synode l'eût forcé maigre lui â recevoir
la Loi. ^3 Tous ces Prélats réunis faifoient enfemble les trois quarts da
Concile.
Le tems de la Seffion approchant, l'on relut les Canons. Quelques-uns
demandèrent qu'on y joignît des Chapitres de Poârine , comme dans la
Seffion précédente *, *4 & les autres s'étonnèrent de ce qu'on omettoit le
Décret des abus qu'on avoit trouvé à réformer fur cette matière. Mais on
répondit i ces derniers , que la chofe n'avoir pas été allez difcutée > & qu'il
feroic
tu Von demanda auffi de nouveau en' fieme afeendevana a* tre quarti di tutio'lnu*
eore ^ quon d^endit tout^à-faït les Unions mcro délia Sinodo* Je ne (àt donc poorqnoi
à vie , & quon cajfât celles qui étoient M. Amelot a nradait les deu^ tiers. La dîf-
dêja faites, ] Les Aucenis des Notes fox le ^ ftience eft pen eflèntielle } mais pouiquoi
Concile de Trente ont bien xai(bn d*appel- ' s'écarter de (on Original, loxfqa'il ny en •
1er ces foites d'Unions monjirueufes , èc il nulle nécefllté }
eût été à foohaiter que le 0>ncile fe fât ex- 14. Et les autres s'étonnirent de ce qu'oie
pliqaé d'ane manière on peu plas pofitive omettoit le Décret des àbiu qu'on avoit trou^
for on abus fi déteftable. Car qooiqo'gn y vé à réformer fur cette matière* ] Les abus
ait condamné ces fortes d'Unions , on s*eft vraifemblablemenc avoient été recoeillis ,
exprimé for ce point d'one manière fi légè' mais non pas examinés \ & cet examen ,
re , qo*il femble qoe ce ne (bit qo'à regret comme noos l'avons vo , ne fe fit qo*aprèf
qu'on ait retranché on de(brdre C\ otile a la la tranflation do Concile â Bologne. Rayn^
Coor de Rome & à qoelqoes Eccléfiaftiqoes, N^ 7 t. Les Prélats poovoient donc bien
mais en même tems û, préjodiciable ao bien s'étonner de ce qoe l'on n*avpit pas réfisr*
de toote l'Eglife. . mé ces abos , mais non de ce qaon n'en
1 )• Tous ces Prdau réunis faifçienten" avoit pas publié le Décret', poifqoe ce Dé«
fcmhU les trois quarts du Concile, ] Ce font cret n'exiftoit pas encore, & par coniéqoenc
^ les termes de Fra-Paolo i & quefti pofii <^- n'avoir pas pu (tre propcfé*
%^* Criolani
DE T R E N T E , L I V R E II. 473
fcroit plus convenable de renvoyer le tout après qu'on auroir traite de cous mdxlvxi.
les Sacremens, auquel tems on pourvoiroicà tous les abus qu'on auroic Paul III.
remarqués dans ladminidration de chaque Sacrement en parriculier , com- '
me auifi à ceux qui leur fèroienc communs à tous. La meilleure raifon
qu'on pût apporter aux autres pour juditîer lomidion des Chapitres de
Dodbrine , fut : Qu'on en avoir ulé ainfi dans la Seflion du Péché originel :
Que rExpofition de Doctrine n croit néccflàiie, que lorfque fans elle on
ne pouvoir entendre les Canons : Que c'étoic pour cela qu'on l'avoir jugée
néceffaire fur la matière de la JuiHfication : mais que comme cous les Ca-
nons fur les Sacremens étoienr fort clairs , il eûr été inutile de les faire
accompagner d'une Expodtion de Doârine. Le peu de tems qui reftoit , &
le conlentement du plus grand nombre , firent prévaloir ce parti , & obli-
gèrent de fe taire tant ceux qui demandoienr que les Canons fuflcnt précé-
dés d une ExpoHtion de Doârine f que ceux qui fouhaicoienc la réforme
des abus qui regnoient fur cet article.
XCV. Les Décrets ayant été arrêtés, quoiqu'avec les difficultés qui ont VILSeJflfi».
été rapportées , & le troifième de Mars jour de la Seflîon étant venu , les ^P'*"*^' L.
Prélats avec les cérémonies ordinaires fe rendirent à TEglife , ^ où la Mefle Rayn n*
fut célébrée par /^c^ae5 Cocco Archevêque de Cor/ou.'-^ Coriolan Manirano jj.
Evêque de S, Marc devoir faire le Sermon. Mais jugeant qu'après les mor- Spond.
tifications qu'il avoit cflTuyées dans les Congrégations , il ne lui convenoit N° 5*
pas de fe trouver à la Seflîon fans perfifter dans les fentimens qu'il avoir ^^^J
défendus , & qu'il n'y avoit pas de fureté pour lui à s'oppofcr aux Décrets •
dans la Seflîon publique , *^ il crut qu'il feroit mieux de refter chez lui
fous prétexte d'une indifpofition •, enforte que la cérémonie fe paflà fans
Sermon. Chofe furprenante , que de foixante Evèques & de trente Théolo-
giens exercés à prècner , il ne s'en trouvât pas un leul , qui pût dire quatre
if. Coriolan Martirano Evêque de S.
'Marc devo'u faire le Sermon , &c. ] Et fon
Sermon fiic enregidré dans les Aéles , oà
l'on marque qu*il ne fut pas prononcé ,
parce que ce Prélat étoit G. enroué qu il ne
pouvoit pre(c]ue parler.
té. Il crut qu'il feroit mieux de refter
che[ lui fous prétexte d'une indifpofition, ]
Notre Hiftorien prétend que cette indifpo-
fition étoit affedée , & que la vraie raifon
pourquoi ce Prélat ne prêcha pas, fiit quaprès
les mortifications qu il avoit reçues dans les
Congrégations , il ne pouvoit adlder à la
SefHon fans perfifter dans les fentimens qu'il
avoit défendus , & qu*il n'y avoit pas de fu-
ifeté pour lui à le taire. Mais Pallavicin
fbutient que tout ceci n eft fondé que fur de
£iux rapports , & cela eft très-vrai femblable.
T O Jkf £ I.
Car ni ce Cardinal , ni Fra-Paolo lui-même ,
ne nous marquent rien de ces prétendues
mortifications , ni de loppofirion que fie
Martirano dans les Congrégations. Il paroit
au contraire , que ce Prélat étoit a^Tez dans
les idées des Légats > & quand il n'y eut pas
été, il n'y eût pas eu moins de liberté pour
lui de s'expliquer dans la Seflton , que pour
TEvèque de Fiéfoli Se pour plufieurs autres ,
qui perfiftèrent au jour de la Seffion dans les
mêmes oppofitions qu'ils avoient formées
auparavant dans les Congrégations* 11 fane
donc que Fra-Paolo ait été mal informé s
& il n'eft pas furprenant que faute d'avoir vu
les Aéles mêmes du Concile , il Ce foit quel-
quefois mépris dans ces fortes de détails,
Praeano dans fon Recueil d'Adles confirme
le récit de Pallavicin.
Ooo
474 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLVii. mots avec une préparation de quatre heures. L'on marqua dans les AStcs,.
Paul. III. q^i^il n'y avoir point eu de Sermon , parce que TEvêque de S, Marc avoit
■— — ■"■ été enroué , & cela fut même imprimé ainfi : ce qui marque la politellê
du Secrétaire, mais qui eft une preuve en même- tcms, qu'on *7 ne pen--
foit pas alors qu'il viendroit un tems , où l'on croiroit que toutes les aâions
de cette Aflemblée étoient femblables à celles des Âpotres , lorfqu'étant
tous enfemble ils attendoient la venue du Saint-Efprit.
Apres la Meflè & toutes les autres cérémonies , on lut les deux Dé-
crets. *
i Conc L^ premier , qui concernoît la Foi , contenoit. en fubftance : Que pour
Trid.Sdr.7. complément de la Doârine de la Juftification qui avoit été établie dans 1^
Sedion précédente , l'ordre naturel avoit demandé qu'on traitât des Sacre«-
mens; & que pour extirper les Héréfîes qu'on avoit répandues fur ce point»
le Concile avoit fait les Canons fuivans^ qui dévoient être fuivis dans leur
tems de quelques autres. •
Il y en avoit xiii fur les Sacremens en général , où l'on difoit Anatheme
à tous ceux qui diroient :
CMumsfin '• Q^E ^^ les Sacremens de la Loi Nouvelle n'ont pas tous été inftitués
Us Sdcre- par Jefus-Chrift , ou qu'il y en a plus ou moins de vu , ou que quelqu'un
mins en gi- d'eux n'eft pas véritablement & proprement Sacrement.
nksl. ^^ Qu'ils ne font différens de ceux de l'Ancienne Loi , que dans lc%
Rits & les Cérémonies.
5. Qu'aucun d'eux ^^ n'eft plus digne qu'un autre , fous aucun refpeâ:;
4* Qu'ils 30 ne font pas nécefTaires au falut , & que la Grâce fe peut
obtenir fans eux , ou fans le defir de les recevoir , & par la Foi feule.
17.* On ne penfoît pas alors quit vien- c eft ne dire autre chofe , finon que Jefiis^
droit un tems , oà l'on croiroit que toutes les Chrift a hittè à fon Eglife le pouvoir d*inftir:
avions de cette AjfembUe étoient femblables tuer ces fortes de f^nes extérieurs.
à celles des Apôtres , &c. ] Ce tems n'eft 19. Qu'aucun d'eux n'eft plus dîgn€
point encore venu , & ceux même qui font qu'un autre »fous aucun refpeU» J 11 eft aSèx
le plus prévenus en faveur de l'autorité de étonnant , comme on l'a dit, qu'on aie voolo
cette AiTemblée, n'ont jamais été ju(qu*à faire un Dogme d'un Anicleaudiléj^er. Sup-
prétendre que toutes Tes aftions étoient fem- po(é la vérité même de ce qu'enieigne le
blables à celles des Apôtres , lorfqulls atten- Concile , quelle néceflité d'en impofer la
doient le Saint Efprit. Le tems en viendra créance , lors fur-tout qu'on ne détermine
peut-être : on a vu des chofes plus extra- point quels Sacremens font plus dignes les
ordinaires dans l'Eglife i & il n*v a guères uns que les autres , pui(qu'à différens égards
d'événement dont on puîHIe être (urpris. les uns peuvent être cen(és tantôt ou plus
18. Que Us Sacremens de la Loi Nou- ou moins dignes que les autres ?
velle n'ont pas tous été inftitués par Jefus^ 50. Quils ne font pas néceffaires au
Chrift y &c. ] Si la décifion doit s'entendre falut , &c. ] Cette définition dans fa génér»-
d'une inftitution immédiate, il eft bien diffi- lité ne peut être conteftce après la dcclar»-
cile de la juftifier à l'égard des vu Sacre- tion que fait le Concile , que tous ne font
mensreconnusparleConcile. Si on l'entend pas nécef&ires à chacune Ce n'eft pas an
feulement d'une inftitution médiate , le refte , que Dieu ne fupplée quelquefois an
Canon n'eft pas d'un grand ufage , poifque dé£wit des Sacremens dans la néoefGxc» Mais-
DE TRENTE, Livre IL 47^
5, Qu'ils ne font infticués que pour nourrir la Foi.
è. Qu'ils ne contiennenc point en eux ia Grâce qu'ils fignifient , ou
qu'ils ne la donnent pas 4 ceux qui n'y réfiftent point -, mais qu'ils ne font "
que des fignes extérieurs de la Juftice & des caraftères de la profeffion
Chrétienne , pour diftinguer les Fidèles des Infidèles.
7. Que Dieu ne donne pas toujours ni à tous la Grâce par les Sacrc-
mens , quoiqu'ils fbient reçus avec les difpofitions requifes.
8. Que 5 » les Sacremens ne donnent pas la Grâce par leur propre vertu ,
ce qu'on appelle opus optratum ; mais que la feule Foi aux promefles de
Dieu fuffit pour la faire obtenir.
9. Que 5* le Baptême, l'Ordre, ic la Confirmation n'impriment pas
dans Tame un caraâère fpirituel qui ne peut s'effacer, & qui fait qu'on ne
peut les recevoir qu'une fois.
10. Que 33 tous les Chrétiens ont le pouvoir d'annoncer la Parole de
Dieu , & d'adminiftrer les Sacremens.
1 1. Que dans l'adminiftration des Sacremens, il n'efl pas néceflaireque
le Miniftre ait l'intention au moins de faire ce que l'Eglife fait.
1 1. Que le Miniftre qui eft en péché mortel ne confère point un véri<*
table Sacrement , quoiqu'il obferve toutes les chofes nécefTaires.
15. Que 54 chaque Pafleur peut méprifer , omettre , ou changer les céré-
monies approuvées par l'Eglife qui font en ufage.
MDXtVlI.
Paul III.
le G)ncile apparemment n*a voulu rien en-
ièigper autre chofe , ûnon que ce font des
moyens ordinaires établis pour nous fandi-
fier dans le cours ordinaire de la vie Chré-
tienne. En tout autre fens , le Canon pour-
toit être raifonnablement contefté.
% I • Que Us Sacremens ne donnent pas
la Grâce par leur propre vertu , ce qu'on
appelle opus opéra tum. ] Si Vopus opéra-
ium des Théologiens étoit imaginé pour ex-
durre la nécefllté des difpofîtions , le Canon
ne feroit pas un Anicle de Foi , mais une
erreur. Mais s'ils n'entendent autre chofe ,
finon que ce font des moyens que lefus-
Chrift a rendu utiles & efficaces pour le
fa lut , & qui ne le feroient pas fans Tinf-
titution qu il en a £iite , mais qui fuppo-
fent toujours la néceflité des difpofîtions ,
c'eft , je crois , ce qu'aucun Chrétien ne
contefle.
3 t. Que le Baptême , l* Ordre , & la
Confirmation n impriment pas dans l'ame
un caraâlre fpirituel , 8c; ] Si par le ca-
laélére on n'entend autre chofe finon que
ces Sacremens ne doivent pas fe réitérer ,
la chofe eft aiffe à comprendre 8c à croire*
Mais que cela vienne de quelque imprefllon
formée dans l'ame , c'eft ce que l'efprit ne
conçoit pas , ce que l'on ne trouve ni dans
l'Ecriture ni dans les Ecrits des anciens
Doé^eurs , 8c ce qu'on ne croyoit pas
avant que les ScoUftiques en eoflènt fait un
Dogme.
5 ) . Que tous les Chrétiens ont le pou"
voir d'annoncer la Parole de Dieu , &c. ]
Le Concile avoit raifon de condamner une
dodrine , qui fous prétexte de faire de cous
les Chrétiens autant de Prédicateurs , eftt in-
troduit une confufîon générale & un en*
thoufîafme univerfèl. Puifque lefus-Chrift
a établi des Miniftres , & qu ils ont eu foin
de fe choifir des fucceifeurs diftingués de la
multitude des Chrétiens , il faut bien que
les Apôtres ayent cru que le pouvoir d'an-
noncer la Parole de Dieu n'écoit pas donné
à tous i 8c quand leur conduite ne fèroic
par pour nous une règle , ce que nous con-
noiflbns du commun des Chrétiens , nous
convaîncroit alTez que tous n'ont pas ce
pouvoir.
} 4. Que chaque Pafleur peut méprifer i
omettre ^ ou changer les cérémonies approu"
O Ou 2
47<î HISTOIRE D U C O N C I L E ^
liDXLvn. On lue audi xiv Canons fur le Bapccme, où l'on difoic Anachèmeà ceux
Paul IIL qoi diroicnt -,
■ 1. Que le Baptême de S. Jean avoir la même icrcu que celui de Jefus^
Mfttm. ^ Q^^ jj j.^^^ véritable & naturelle n'cft pas néceflTaire pour le Bap-
tême.
j • Qu'on n'enfeigne pas la vraie doârine fur le Baptême dans l'Eglife
Romaine , qui eft la Mère & la Maîtreile de toutes les Eglifes.
4. Que le Baptême donné par les Hérétiques au nom du Pire 5 du Filsi
& du Saint'EJ'prit , avec intention de faire ce que TEglife fait , n'eft pas
un véritable Baptême.
5. Que î^ le Baptême eft libre, & n'eft point néceflTaire au falut.
6. Que le Baptifé ne peut perdre la Grâce, quoiqu'il pèche , pourvu
qu'il ne ceflc point de croire.
7. Que le Baptifé n'eft obligé que de croire , 6c non pas d obferver Iz
Loi de Jefus-Chrift.
8. Qu'il n'eft point obligé d'obferver les préceptes de l'Eglife.
9. Que 37 Ion doit rappeller les Fidèles au fouvenir de leur Baptême,'
vées par l'Eglife , &. ] Quoique ces céré-
monies paillent être peac-êcre indifférentes
en elles-mêmes , ce (èroit introduire une
véritable confufîon dans TEglife , que de
laiiTer à chaque Pafleur la liberté de les chan-
ger à Ton gré. Lordre de la Société deman-
de une certaine conformité à ce qui eft établi
juridiquement. Trop de confiance dans de
iimples cérémonies eft une fuperftition. Le
refus de s*j foumettre eft entêtement , ou
lîngularitc.
j I . Que l'eau véritable 6» naturelle nefi
pas nécejaire pour le Baptême, ] Comme le
Baptême eft une foi te de purification myfti-
que , elle ne peut mieux être repréfentée
que par l'eau naturelle , qui a été choifie
pour la matière de ce Sacrement. Mais dans
un cas de néceflicé , il n eft pas douteux qu au
défaut d*eau naturelle toute eau artificielle
né fût également propre au Baptême , dont
1 effet eft tout myftique , & par conféquent
jia aucune connexion néce(&ire avec l'une
plutôt qu'avec l'autre, qu'en vertu de l'infti-
tution , qui n a rien de déterminé dans le cas
de néceflîté.
3^. Que le Baptême efl libre & n'eft
point nécejfaire au falut, ] C'a toujours été
la dodrine de l'Eglife Chrétienne , que le
Baptême étoit néceflaire \ & la pratique
conftante & perpétuelle de l'Eglife en eft
une preuve fans réplique. Ce n'eft pas que.
l'on n'ait cru que dans rimpoilibilitc de \%.
recevoir , la Foi rie fupplcat au Sacrement.
Tel eft le cas de toutes les inftitutions ex«
térieures , dont la nécefCté (e mefure toa«
jours à la poilibilité. Les difpofitions inté«>
rieures ne fe luppléent point. Mais tour
moyen extérieur qui n'eft néceffiiire qu'en
vertu d'une inftitution pofitive , & qui n*s
aucune connexion eilèntielle avec la Cha*
rite & la Foi y n'eft cenfé nécelTaire , qu'an**
tant qu'il eft connu & qu'il eft pofCble.
57. Que Von doit rappeller les Fidèles^
au fouvenir de leur Baptême , de manière
qu'ils regardera tous les vaux qui /ont faits
depuis, comme nuls , & comme dérogeans à
la Foi & à la profeffion même du Baptême. J
Il peut y avoir de bonnes raifons pour em-
pêcher qu'on ne s'engage témérairement à
faire des vœux , lorfqu'il y a lieu d'appré-
hender qu'il ne foit pas en notre pouvoir*
de les accomplir. Mais je ne vois rien qui
prouve que les vœux ^its après le Baptême
foient nuls , & dérogent en aucune forte
à la profeffion du Baptême. Si l'on y pre-
noit des engageméns contraires au Baptê-
me , il eft certain que ces vœux feroient nuls. •
Mais coiiune ce ne font que des moyens*
DE T R E N T E , L I V R E IL 477
de manière qu*ils regardent tous les vœux qui font faits depuis,commc nuls, mdxlvu.
& comme dérogeans à la Foi & à la profcmon même du Baptême. ^^"^ ^^ï-
10. Que les péchés commis depuis le Baptême font remis ou deviennent — — —
véniels par la Foi & le fou venir du Baptême.
1 1 . Qu ON 5* doit réitérer le Baptême en ceux qui ont renié la Foi.
X 1. Que î9 perfonne ne doit être baptifc qu'à lage que Jefus-Clirift la
été , ou à rheure de la mort.
I }. Qu'on ^ ne doit pas mettre au nombre des Fidèles les Enfans bap-»
tifés , ou qu'il faut les rebaptifer lorfqu'ils ont l'âge de raifon , ou qu'il
vaut mieux ne les point baptifer du tout dans l'enfance.
14. Que ceux qui ont été baptifés dans leur enfante doivent être inter-
rogés , quand ils font venus à l'âge de raifon , s'ils veulent ratifier la promeflè
faite en leur nom 'y ^* ôc s'ils ne le veulent pas , qu'on doit les laiflcr â leur
pour pratiquer plus ai(Sment les devoirs du
Baptême , je ne vois point pourquoi ils fe-
roienr regardés comme nuls, finon lorfqu'ils
(ont hits fans allez de connoidànce & de
liberté : en quel cas ils font certainement
nuls , non parce qu'ils font feits après le
Baptême , mais parce quils font faits fans
liberté , ou fans connoiilànce.
^ÎJ. Qu'on doit réitérer le Baptême en
ceux qui ont renié la Foi, ] Si l'Eglife Ta voit
ainfi ordonné , il y auroit des raifons alTez
plaufîbies pour juftifier cette conduire. Mais
la confiante pratique contraire eft une rai-
fon décifîve dans des matières où nous n a-
vons pour règle de notre conduite que l'au-
torité de l'Eglife » & une autorité fondée fur
des raifons qui ont leur poids & leur mérite.
Comme le Baptême , en le confîdérant in-
dépendamment ik fon effet , eft une intro-
duélion au Chriftianifme , un homme qui
la une fois reçu ne laiffe pas que d'être cenfé
appartenir a cette Société , quoiqu'il en ab-
jure la profeffion j & c*efl fans doute la rai-
fon pourquoi on ne le réitère pas a ccnr
qui y rentrent > parce que n'ayant pu perdre
le caraélcre de Chrétien , ils n'ont befbin-en
reprenant leur profefTîon , que de faris^aire
à leurs enj^agemens ; & de réparer par la
pénitence le fcandale qu'ils ont donné , fans
une nouvelle introduélion dans la Religion
qu'ils ont abandonnée,
^9. Qjie perfonne ne doit être haptifé
quà rage que Jefus-Chrift l'a été ] C'eft
une fuperdition , plutôt qu'une religion , de
prétendre Imiter Jefus-Chrift dans des chofes
où il n'a pas prétendu être imité. Il a com-
mandé le Baptême , mais il n'en a point &xé
le tems ; & comme les raifons qui l'ont fait
recevoir à lefus - Chrid à cet âge ne nous
regardent pas, il n'cd point d'obligation pouc
nous de l'imiter en ce point. ' »
40. Qu'on ne doit pas mettre au nombre
des Fidèles les Enfans baptifés , &c. ] C'eft
contredire l'opinion de tous les fiècles , que
d'avancer une telle dnélrine. Sans décider
fi le Baptême a été inditué ou non pour les
Enfans aufll-bien que pour les Adultes , oa
fî on l'a jugé abfolnment néceffaire ou non
pour eux , il ed certain du moins que les
Enfans baptifés ont toujours été mis au nom-
bre des Fidèles , & qu'on ne les a jamais
rebaptifés lorfqu'ils parvenoient à l'âge de
raifon. C'efl donc avec juftice que le Con-
cile a condamné une doébrine contredite
par toute l'Antiquité , 8c qui n'a aucun fon-
dement dans l'Ecriture. 11 eft vrai que le
Baptême femble avoir été principalement
infîitué pour les Adultes. Mais comme les
Enfans n'en font exclus en aucun endroit ^
c'eft une raifon fiiflifante pour croire que
lorfqu'ils l'ont reçu , il n'y a nulle raifon de
le réitérer , ou de les regarder toujours com-
me Infidèles, quoiqn'initiés auChhftianif*
me par ce Sacrement.
41- Et s'ils ne le veulent pas , qu'on
doit les laiffer à Unr liberté , fans les can-
traindre à vivre en Chrétiens que par Vex*
clufion de If participation des Sacremens, ]
MDXLVII.
Paul III.
Ctmonsfm
la Confit'
msthn.
Décrit fur
Is réforme
des Abus.
478 HISTOIRE DU CONCILE
liberté fans les contraindre à vivre en Chrétiens, finon par Icxclufion de
la participation des Sacremens.
Enfin on lut encore trois autres Canons fur la Confirmation ^ où i on
difoit Anathême à quiconque diroit :
I. Que 41 la Confirmation neft point un véritable Sacrement, Se n'eft
qu'une cérémonie inutile ; ou qu'autrefois ce n'étoit qu'une efpéce de Ca-
téchifme , où les Enfans rendoient compte en public de leur Foi.
1. 43 Que c eft faire injure au Saine Efprit que d'attribuer quelque
vertu au Chrême.
3 • Que TEvêque n'eft pas le feul Miniftre ordinaire de la Confirmation,
mais que les fimples Prêtres le font auflS.
Ensuite de ces Canons on lut le Décret de Réformation , qui dans les
A6fces porte le titre de Canon de Ré/idtncc\ Se il contenoit en fubftance :
I. Qu'aucun ne de voit être créé Evêque, s'il n'étoit né de légitime
Comme TEglifè n*ad*aacre puiflânce qu'âne
paremenc fpirituelle , on ne voie pas quelle
aucre force de punition elle pourroic infliger
à ces perlbnnes , que Texcluiion de la Com-
munion* Ainfî ce ne peuc être fur cet en-
droit que combe d*Anachème du Concile ,
ou il nudroic avouer que cet Anacbème fe-
roic aflez légèrement lancé. Pour y donner
«n fondemenc plus raifonnable, il £iuc fup-
pofèr qu'on na condamné cecce maxime
i'Erafme^ que parce qu'on fuppofe qu'il eut
voulu que TEglife fe fut fait une loi de ne
regarder comme véricablemenc Chrétiens
que les Adulces , & qu'il a cru que les Enfans
n'étoienc enga^ à rien par leur Baptême ,
jufqu'à ce qu'ils euflènt confirmé par un
choix délibéré les engagemens que l'on avoic
pris pour eux dans le Baptême. Mais c'eft ,
je crois, ce que cet Auteur n'a jamais pré-
rendu.
41. Que la Confirmaùon neft point un
véritable Sacrement , & n'efi qu'une céré"
ntonie inutile , &c. ] L'ulage de la Confir-
mation employée par les Apâtres , & à leur
exemple par les Evêquès , même depuis là
ceflàtion des dons miraculeux , n'a point été
difcontinué dans l'Eglife , quoiqu'en diffé-
rentes manières. Dans les premiers cems ,
cetce cérémonie fembloic figiire parcie du
Baptême 1 & depuis on l'a regardée comme
une forte de fupplément. Le nom de Sacre-
ment lui a été (buvent donné depuis le cin-
quième fiècle s & fi cela a été||ioins com-
mun auparavant , cela peut venir de ce
qu'on ne diflinguoit pas ce Rit de celui du
Baptême. 11 eft cenain d'ailleurs que le nom
de Sacrement lui convient à plufieurs égards,
quoique peut-être non pas à tous les mêmes
aùfquels il convient au Baptême 8c à J'Eu-
chariftie. Le mot de Sacrement ne fe prend
pas toujours dans un f<rns univoque , même
à l'égard des tu Sacremens propoGÊs par le
Concile > autrement il ne feroic pas tout-
à-fak aifé de juftifier fa décifion. Mais il
fuffit pour ne la pas contefter , que le nom
de Sacrement lui convienne à quelque jufte
ticre, & que cette cérémonie ait fon utilité ,
comme on Ta toujours cru dans l'Eglife.
4). Que c'eft faire injure au Saint
Efprit « que d'attribuer quelque vertu au
Chrême^ ] Ce n'efi non plus fiiire injure au
Saint Efprit d'attribuer quelque venu aa
Chrême , que d'en attribuer à l'eau du Bap-
tême \ puifqu'en leur attribuant quelque
vertu , on fuppofe toujours qu'elle vient du
Saint Efprit même , & que toute la force
de ces élémens ne conbfte qu'à être les
inflrumens par lefquels il communique fa
Grâce. Il n'y a pas plus d'injure £aite au Saint
Efprit , en croyant qu'il agit par des moyens
extérieurs & par des inftrumens, qu'en le
fàifânt agir par lui-même. Tout ce qu'exige
rhonneur qui lui eft du, eft de croire qu'il
eft Auteur de toute Grâce , foit qu'il la com-
munique immédiatement, foit qu'il la con-
fère par quelques inftrumens extérieurs.
DE T R E N T E , L I V R E IL 479
mariage , & s'il n croit d'un âge mûr, de bonnes mœuDS, &: inftruit dans mdxlvh.
les Lettres. ^ ^ ^ ^^^'^ "^'
1. 44 Que nul ne pourroit recevoir plufieurs Evcchés enfemble enTitm, — ■— — ■
ou en Commende , ou fous quelque autre nom que ce pût être ; ou que fi
quelqu'un en avoic aâuellement plufieurs , après en avoir retenu un à fon
cnoix , il feroic obligé de quitter les autres d^ns le terme de fix mois , s'ils
étoient à la collation du Pape , ou dans celui d'un an , s'ils n'y étoienc pas ;
& que faute de fatisfaire à ce Décret , ils feroienc cous tenus pour vacans»
à la réferve du dernier obtenu.
3. 4f Que les autres Bénéfices Se principalement les Cures feroienc don-
nées à des perfonnes qui en fufient dignes , & capables de fe charger du
foin des âmes , à faute de quoi le Collateur feroic puni.
4. Que quiconque à l'avenir recevroic plufieurs Bénéfices inconlpacibles
par voie d'Union a vie^ de Commende perpécuelle, ou aucremenc, ou
reciendroit ceux qu'il auroic reçus concre les L)anons , feroic privé de cous.
5* 4^ Que ceux qui pofiedoienc plufieurs Cures ou Bénéfices incompati^
44* Que nul ne pourrait recevoir plu^
fieurs Evcchés enfemble en Titre ou en Corn*
menée i &c. ] Ce Règlement, ù conforme
à refprK de l'Antiquité & à la nacore même
du Miniflère Ecdéfîafiiaae , qui demande
que chacun veille par (oi-même aa Trou-
peau qui lui e(l confîé,ce qui ne peut fe faire
en réuniffanc fur une même tête plufieurs
Evêchés enfemble, a remédié à un abus très-
commun avant le Concile de Trente , oïl
chacun accumuloit autant de Bénéfices &
d*Evêchés qu il pouvoit. Ce qui feroit à (bu-
haiter feulement , eft , que ce .Décret fut
obfervé généralement. Mais c*e(l à quoi Ton
n*a eu aucun égard en Allemagne , où les
£vèques continuent de poflévler plufieurs
Evèchés enfemble , (bus prétexte d'avoir
be(bin d'une puifiânce alfez forte pour dé-
fendre leurs États contre les invafions des
Proteftans. Cette raifon a peut-être fa pro-
babilité aux yeux des hommes : mais je ne
fai G. elle efl de quelque (blidité devant
Dieu , fur-tout dans la filiation préfente des
affaires , où tout étant réglé de part & d'au-
tre y l'on ne voit pas que les Puifiânces Pro-
teftantes cherchent à empiéter fur les Etats
Catholiques , ou du moins fongent à j
détruire la piofeffion de Religion qui y eft
établie.
4f. Que les autres Bénéfices & princi-
paiement les Cures feroient données à des
perfonnes qui en fuffent dignes — - â faute
de quoi le Collateur feroit puni* ] La peine
ordonnée par le Can. Grave nimis , 5c re«
nouvellée ici par le Concile, étoit la fufpen-
fion du droit de Collation , ita ut qui poft
primam 6» fecundam correptionem fuerit re*
pertus culpahilisyâ beneficiis conferendis per
ipfum Concilium fuffendatur. Le Canon ne
marque point Çi cette fufpenfioti devoit êae
pour toute la vie du Collateur , ou fimple-
ment pour cette fois. Mais quoiqu'il en toit,
ce Canon n'a point eu d'exécution à l'égard
de la fufpenfion du droit des Collateurs ;
mais fi la perfbnne qu'ils ont pourvue eft
jugée juridiquement indigne, ils (ont obligés
d'en préfenter une autre en certain tems > à
£iute de quoi, ou ù. le nouveau pourvu eft
également indigne, après un certain terme
la nomination eft dévolue pour cette fois â
rOrdinaire.
4^. Que ceux qui pojffédoient plujieura
Cures ou Bénéfices incompatibles , feroient
obligés de faire voir leurs Dijpenfes à l'Or^
dinaire ^ &c. ] Comme il a été réglé par les
Ordonnances des Rois & parla Jurifpruden**
ce des Arrêts , qu'il ne feroit permis en
aucun cas en France de poffeder des Béné-
fices incompatibles , ce Décret ne fauroit y
avoir aucun lieu , pui(au'on n'y reconnoic
point la validité des Difpenfes fur ce poin»v
& qu'elles font toutes jugées de nulle valeoi»
48o HISTOIRE D U C O N C I L E
MDXLVTT. blcs , fcroieiit obligés de faire voir. leurs Difpcnfes à TOrdinairc, qui fc-
Paul m. |.QJj charge de pourvoir au foin des âmes , &c à [acquit des autres obliga-
^ fions.
6. Que les Unions à perpétuité faites depuis quarante ans pourroient
être examinées par les Ordmaires comme Délégués du Saint Siège , &c qulls
pourroient, après avoir cité les intéreffés , déclarer nulles celles.qui avoienc
été faites contre les règles, aufli-bien que celles qui n'auroient pas eu
Jieu , & les autres que 1 on pourroit obtenir à Taveiiir , s'il y avoir lieu de
préfumer qu'elles fulTent fubreptices , & fi elles n'étoient pas faites pour
CCS caufes raifonnables , 47 à moins que le Saine Siège ne le déclarât au-
trement.
7. Que 48 les Cures unies feroient vifirces tous les ans par les Ordinai-
res , qui y mectroient des Vicaires perpétuels , ou .pour un tems , à qui ils
afligneroient une portion des fruits telle qu'il leur plairoit , nonobftanc
toute Appellation ou Exemtion quelconque.
8. Que les Ordinaires en vertu de l'autorité du Saint Siège vifiteroicnc
tous les ans les Eglifcs exemptes , & pourvoiroient au foin des amcs & aux
autres charges , nonobftaht tous Privilèges, Exemtions ou Coutumes , &
Préfcription quelconque.
9. Que 4> les Evêques nommés fe feroient facrer dans le tems ordonne
par la Loi , fans que les délais accordés au-delà de fix mois pufTènt valoir.
10. ^0 Que les Chapitres des Eglifes ne pourroient accorder de Diroif-
foire
ëc tout Bénéfice qui exige une refidence per* tés amovibles qae qaelqaes Chanoines Ré«
Tonnelle y eft cenfé incomparible avec un guliers, qui foncreftés enpofTefCon défaire
autre de même nature , foie qu'il (bit à char- delfervir leurs Bénéfices plutôt en Commif*
ge d*ames , ou non. fion qu'en Titre.
47. A moins que U Saint Siègi ne U dé' 49. Qite les Eveques nommés fe feroient
tîarât autrement. ] Cette reflridion eftde facrer dans le tems ordonné par la Loi, &c.]
nul ufage en France , où la chofè doit être Le Concile dans ce Décret n'avoir ordonné
jugée fur les lieux & par l'Ordinaire. aucune peine contre ceux qui difeeroient
48, Que les Cures unies feroient vifitées Jeur (acre au delà du terme prcfcrit. Mais
tous Us ans par Us Ordinaires , qui y met' dans le chapitre ii de la Seflîon xxiii.
troient des Vicaires perpétuels ^ ou pour un il fot réglé que ^ trois mois après leur
ttms , &c. ] Cette disjondHve de Vicaires confirmation les Evêques différoient de fe
perpétuels , ou pour un tems , autori(ée par 6ire facrer, ils feroient tenus à îa reftirntion
k Décret du Concile, a cédé en France de leurs fruits 5 & que s'ils négîigeoient
à une Difcipline contraire 5 ou l'on n'ad- de te Êiire trois autres mois après , ils
met point de ces Vicaires amovibles , ré- feroient privés de leurs Evêchés mèines.
tocables au gré de ceux qui les commet- Ce Règlement jufte en lui-même , & con-
tent. Les Chapitres ou les Abbayes, qui forme aux anciennes régies, ne s'exécute
«n qualité de Curés primitif!; (ont obligés pounant pas à la rigueur , & l'on voit
de faire deflervir les Paroiffes de leur dé- tous les jours des facres diflfcrés au delà
pendance , font obligés de le faire par des d'un terme , (ans qu'on encoure aucune
Vicaires perpétuels , à qui Ton aflîgne une peine.
portion congrue , foit en fruits, foit en $0. Que les Chapitres des Eglifes ne pour-
argent} & il n'y a plus proprement deCu- roient accorder de Dimijosrepvtir Us Ordres
pendant
DE TRENTE, Livre IL 4S1
foire pour les Ordres pendant la vacance du Siège Epifcopal , finon à ceux MDxtvn.
qui à raifon de leur Bénéfice fcroicnt obliges de les recevoir à un certain ^^"^ ^^^'
tems. — — —
II. Que h les Permiifions accordées pour être promu aux Ordres pat
quelque Evèque que ce foit ne pourroient fervir , fi dans la Licence on n a-
voit exprime la caufe légitime pour laquelle on étoit difpenfé d être or-
donné par le fien *, & qu'en ce cas-là même on ne feroit ordoané que par
l*Evcque dans le Diocèfe duquel on réfidoir.
1 1. Que les Difpenfes de recevoir les Ordres requis ne pourroient valoir
au-delà d'une année, finon dans les cas marqués par la Loi.
15. Que ^^ ceux qui feroient préfentésà des Bénéfices par des Patrons
Eccléfiaftiques , quels qu'ils fuflqnt , ne fi:roient mis en poflcflîon qu après
avoir érc examinés par l'Ordinaire , à moins qu'ils n'euflcnt été nommés
par des Univerficés,
1 4. Que dans les Caufes des Excmts on obfirrveroit la Conftitution f^o-
lentes , à'Innoum IF^ & que dans les affaires de falaire ou àcs pauvres ou
|X)urroit citer devant l'Ordinaire les Excmts , quoiqu'ils cuflent un Jug^
Député du Saint Siège ; & qu'à l'égard de ceux qui n'étoient point Exemcs,
ils pourroient être cités devant TOrdinaire pour toutes fortes de Caufes.
pendant U vacance du Siège Epifcopal, 8cc, ) que ce /bit , ne pourroient fervir , fi dans
Lts Auteurs des Notes lur le Concile de la Licence on n'avoit exprimé la caufe U"
Trente obfervent que ce neftque depuis gitime , &c. ] Ces Facultés, qui félon les
la fin du treizième fiécle , que les Chapi- Aateurs des Notes furie Concile de Trente
très ont commencé d'exercer quelque ju- ne s'expédient qu'en Cour de Rome, n'ont
rilHiélion fur leur Diocèfe pendant la va- guères de lieu en France > excepté peut-
cance du Siège ; qu'auparavant elle étoit être dans des tems de divifion. Autre-
exercée par le Métropolitain , & que ce ment les Evêques n'ont aucun égard à
fut Boniface VllL qui introduifîtcechan- ces fones de Facultés fans le Dimilfoire
gement. Les Canoniiles même enfeignent particulier des Evêques de ceux qui fe
qu'il n'y a que la jurifdiéHon néceifairé préfenteroient pour demander l'Ordina-
qui leur foit dévolue » & non la volontaire, tiôn : ce qui eft abfelument confomie aux
Mais it n'y a pas (br toAt cela une unifor- régies.
mité entière dans toutes les Eglifes , & Ton f i. (^ue ceux qui feroient prifentés à des
voit que cenains Chapitres exercent cette Bénéfices par des Patrons Eccléfiafiiijues ^
jurifdidion avec beaucoup plus d'étendue quels qu'Us ftiffent , ne feroient mis en pof
que les autres. Quoiqu*ilen (bitycomme feffion quaprh avoir été examinés par VOr*
l'Ordination eft on Aôe de ' jurifdiéHon dinaire,â moins qu ils neuffent été nommés
gracieofe , le Concile défend aux Chapi- par des Univerfités* ] Par les Ordonnances
cres de donner pendant la vacance des à^Orléans & de Moulins , les nommés par
Dimiflbires, finon à ceux qui font obli- les Univerfités ne font pas plus exemts
gés à raifon de leurs Bénéfices de rece*- de l'examen que les autres en France j &
▼oir les Ordres en ccnain teins : en quel ceux même qui font nommés par des Pa-
casc'eftun Ade de jurifiiiâion néceifairé , trons Laïques à àt% Bénéfices à charge
plutôt que volontaire. d'ames , y font fujcts comme ceux qui
$ r. Que Us permifiions accordées pour font nommés par des Patron^ Ecclcfiafti-
iire promu aux Ordns par quelque Eviqué- qnes»
XPMB I. Ppp
MDXLVir.
Paul 111,
482, HISTOIRE DU CONCILE
1 5. Que î î les Evcques auroient infpeAion fur les Hôpitaux, pour voir
s'ils écoienc bien gouvernés par leurs Adminiftrateurs même exemts *, en gar»
dant pounanc toujours la formé prefcrite par la Conftitution Quia contins
^v/^ , au Concile de Vienne.
^^ Les Prélats» qui dans les Congrégations s'étoient oppofés a plufieursr
Articles de ce Décret » renouvelèrent leur oppofition dans la Seffion> mais
d'une manière plus modefte ; demandant qu on exprimât les qualités des-
perfonnes obligées d'obéir à ces Réglemens, Se que non concenr de pour-
voir aux maux futurs, on remédiât auili aux maux préfens, qui étoienc
& plus pernicieux & plus dangereux que les autres, n Mais les Légats ne
regardant ces paroles que comme les derniers eflfbrts de perfonnes expiran-
tes y terminèrent la Seifion fans y avoir le moindre égard» ôc aiEgnérem la
prochaine au 1 1 d*Avril fuivant.
f ) • Que Us Evêques auroient tnfpe&ion
fur les Hôpitaux , pourvoir s'ils ètoient bien
gouvernés , &c. ] Quoique ce R^lement
paroiiTefon raifonnable & conforme mteie
à lancien efpric 4e TEglife , où les Evo-
ques écoient regarilés comme les pères U
les proreéleurs à^s pauvres ; cependant on
ne s*e(l pas fait une loi de Tadoprer en
France, où lès Evèqoes nont aacune inf-
pe^ion fuiu«e grande paxtie des Hôpitaux ,
donc Tadminiflration teaipoielle eft foa-
venc confiée aux (Ms Laïques. C'eft en
conformité des QrdonndWKes de nos Rois
que cela fe p;'4(iqae aitifi , parce qo*il
vkj eft actiibué aucune juriiHiébon ^lui
Evfques fur les Hôpitaux , ^ qu'il 7 eflfe
dit feulement > que ceux qui ont droit die
pourvoir à cette adminiftration y feront
Qiaintenus. Mais comme ces droits iie fontr
que locaux^ le Décret à caufe deiàgénérap
lité n'a pas été adopté dans le RoyaucRe.
f 4. Les Prélats y qui dans Us Congre'^
gâtions s* étaient oppofés à pUiJkurs Articles
de ce Décret , renouvellcrent kur oppofition
dans laSejffion] les Evèques de Badajo^,
61Aftorga , de Huefca , de Calahorra , ^
de CUrmont, demandèrent que les Cardi-
naux foilènt i^mmés dans les Décrets.
Ceux de Port<y., de Bojfa , àeFiéfoli^ de
Lanciano ^ de'Caftell'â Mare ,. ScdtMityr-
Une 4 comme auflî quelques-uns des prc^
cedens , requirent qu on mît dan^ le titre
du Décret , que le Synode reprèfentoitl'E-
glife Uniyerfelle. Ceux de Fiéfoli & de Se-
nigaglia deinandèrent qu'en donnant. «u^
Evèque^ le droit d'agir comme Délégnéf •
du Saint Siège , on déclarât qu'on ne pré-
tendoit pas préjudiciel à leur autorité prcv
pre. Ceux de C/tfitU'à Mare 6e de Lan^
c'iano dirent qu'ils approuvoiem les Ca-
nons , mais non le Décret, tant à cau(è
du titre ou l'on avoit omis ces mots ,'.
Repréfentant l'Eglife UniverfeUe , que par
rapport à la dauiê inf&rée , ialyafemfttt in
omnibus auâoritatt Appfiolica* Calque»
Efpagnols enfin fouhaitçrejt^ qu'em pou^
vue efficacement à Tautorké des fivtques
contre les- Exemts. C'eft ce que ni^is ap-
prend FaUavicitk L. 9^ c» i \» RaynaUus
N^ 4^ nous indique la mènaechofe en g6>
néral, & fans entrer dans aucf» détail (ur'
cette diverfité de demandes.
f f . Mais Us Légats — Urminèrcni Im
Seffion fans ,y tpvokr U.nmnin é^trd y drcj
Ils avoient pour eux 1^ régie ordinaire , qui
eft de conclure à la plufaliiéi & ils avoient
d'autant plus d'inclination à en pretidre
avantage , qu'ils n'avoient rien épaigné
pour fe procurer la cnajorité des fuffirages
dans une matière dont ils apprélxendoie&8
les conféquences pour l'autoriré da Saine
Siège. Iln'eftdonc pas éDQddQam qu'ils n'eat
&nt aucun. égard à ces-oppoficions, qu'ils
croyoient trop foibles. pour diminoer l'ait*
torité de leun Décrets v d'autant plus qu'ils
voyoient -qu'on ne viendroit jamais à au^^
cune réfolution , s'il falloit avoir égard à
l'oppofition de quelques partioiliers , com-
me il ne manquejamais de s'en trouver dans
jes grandes AEèmblées*. . .
DE T R E N T E , L I V R E II. 4%)
XCVI. ï^ Le mcme jour TEnvoyc du Pape, ^ qui sccoit tenu caché mdxlvu.
même aux Légats, ics vint trouver, &: leur ayant cxpofc fcs Lettres de Paul III.
créance , il pafla immédiatement à Infpruck fans s'arrêter à Trente. ^7 Lor-
Ordre de
dre qu'il avoir apporté con&crm, Sainte Croix. Mais iWb»/^ naturellement
intrépide dit : Qu'il avoir toujours connu le Pape pour un Prince fort fage , ^^^^J^
mais qu'à préfcnt il cornioifloit toute 1 étendue cfc fa prudence, puifque iju^/^f^^^
s'il vouloit confervcr lautorité du Saint Siège, il ne pouvoir fe difpenfer Lf^.tw,
de faire ce qu'il faifoit ; & que par conféquent il falloir fcrvir Sa Sainteté /Pallav. L.
fidèlement, fccrettcment , Ôc diligemment, ^^ Heureufemcnt , pour lors ^•^- ^^
f 6é Le même jonrV Envoyé du Pape , qui
ji^étoit tenu caché même aux Légats , les
vint ti^uver , &c. Nous ne favons de cet
Envoyé ^ comme on Ta déjà die , que ce que
nous en apprend Fra - Paolo. A len croire ,
il Tembleque cet bomme apportât des or-
dres abfolûs de transférer le Concile. Mais
en ce cas, pourquoi aller à Inrpruck , 6c
ne pas retourner directement à Rome?
<D*ailleurs comment le Pape pouvoit-il être
Indruit de cette efpèce de contagion qui
legnoit dans le Tirol , puifquon n*en eut
avis dans le Concile que quelques jours
après ? De plus , ft^ Pape eut envoyé fur
cela dès ordres précis, comment en té-
moigna-t-il par des lettres fecrettes fon peu
de (atisfàâion au premier Légat , comnrre
Von voit par Pallavicin L. 9. c. ly.qu'il
le fit ? Ces raifons, & qnelqueis autres rap-
ponées par le même Cardinal , rendent
donc cette relation de Fra-Paolo bien fbf-
peéle , d'autant plus que dans les protcfta-
tioris fiiites à Rome & à Bologne contre
la tranflation du Concile , elle efl toujours
mife fur le compte des Légats , & non (ûr
celui du Pape. Tout ce que Ton peut donc
con;eâ"urer de plus vraifemblablc , c'eft
que les Légats avoient des ordres géné-
Taux de transférer le Concile , s'ils jugeoient
que cela convînt; & qu'ils profitèrent des
bruits de Pefte qui fe répandirent , comme
4e Toccafion la plus fpécieufe qui pût fe ren-
contrer , d'autant plus qu'ils ne fa voient pas
quand aifément ils pourroient en trouver
une pareille.
ST» L'ordre qu^ïl avait apporté conjierna
Ste, Croix, ] Cette circonftance n'éft pas
non plus dans la vraifemblancesd'autant plus
^uece Cardinal avoit paru plus vif que fon
CoUègue pour la tranflation au Concile, êc
qu'il avoir agi fortement à Rome pour en
montrer la néceffité. La chofe même étoit
fi connue, que l'Empereur lavoit fait me-
nacer de le faire jetter dans TAdige, s'il
faifoit transférer le Concile fans la volonté
du Pape. Et peroche qnefta difpofi^ione
de Prelati di Roma , pareva the fiijfe nu-
trita & creata in gran parte da Marcello
Cervini Cardinal Ste Croce uno de Legati ,
govemandofiin quefti affari il CardJi Mon"
te altro Legato aflutamenu per non dijpia-
cerne ail* Imperadore , haveva mandato Ce-
fare à minacciarlo , eht fe del levar quindi
Concilio feruça volontà dd Papa & efpreffa
BoUa fi ragionajfe, che lofarebbe g'utare
in Adice. Adr. L. f.p. 357, Ceft ce qui
cft auflS confirmé par les A^te de Pratano,
D'oà lui firoit donc venue fubitement cette
condernation ? La cliofèeft fans apparence ,
& eft d'amant moins probable , qu'après
que la tranflation lut faite , il la jufbifia
hautement ,( Ptf//tfv. L. 9. c, 17.) &qtie
l'Empereur la lui attribua à lui feul. Id, ib«
c. 15.
f8. Heurenfement pour lors il y avoit
plufiturs Domejliques de différens Prélats qui
étoient malades , &c« ] Fra - Paolo parok
douter fi cette maladie étoit réelle > éi plu-
fieurs autres Hiftoriens , comme Adriani ,
Sleidan de M. de Thou , en ont douce de
même. L'AmbaHàdeur Mcndo^e dit même
nettement , que plufieurs Evèques Se les
Médecins du Concile avoient été payés pat
les Légats pour le &ire croire, (ans qu'il
Y eût en cela rien de. véritable. Cepen-
dant M. d*l/rfc AmbafTadeur de François
L au Concile , mandoit positivement le
CMtraixe. Sire^ écrivoit-il. Vous pourrei
ppp 1
484 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. il y avoir plufieurs Domeftiqucs de dificrcns Prélats B qui croient mala*
Paul III. ^^ ^ {q[^ Jqj débauches du Carnaval, foit par Tintempérie de lair qui
avoit été fort humide depuis quelques jours. Morne ayant donc fait de-
j^ ^°^' mander aux Médecins par plusieurs des fiens, s'il n'y avoit pas quelque
Adr. £ 6. fuj^^ d^ craindre que ces maladies ne fuffent contagieufes , ceux-ci, qui
p. 581. font toujours le mal le plus grand qu'ils peuvent , parce que s'il arrive ils
SIcid-L. 19. en paroiflent plus habiles pour l'avoir prévu , ou pour y avoir remédié s'il
P:J^'* n'arive pas; ceux-ci, dis-je, répondirent d'une manière ambiguë: ce
2 1^0 jg' qui étant répandu avec aifedation & recueilli avec légèreté, trouva
Rayn. d'abord créance parmi les plus (impies , & fut re^u avec avidité bar ceux
N''4i. qui fouhaitant paflionnément de fe retirer, eudent voulu que la chofe
Spond. eût ^i^ véritable. ^9 H arriva fort à propos encore pour le deflèin des
Flcaiv L ^^S^^^ > ^^^^ quelques jours après la Seflîon un Evcquc étant mort , & fcs
i^^^o^j funérailles ayant été honorées ae la préfence de tout le Concile , la chofêett
éclata davantage, &que non-feulement à Trente, mais dans les lieux cir*
convoidns , le bruit fe répandit que la contagion étoit dans la ville.
Toftr y XCVII. Cependant les Légats, pour raire croire qu'ils n'y avoient
chéir , iis aucune part , tinrent le jour d après la Seflion une Congrégation générale
ptnnent p^y^ difpofer ce qu'il y avoit à traiter fur le Sacrement de l'Eucoariftie ,
dun^hruit ^ '^ femaine d'après on commença la Congrégation des Théologiens. Mais
ilewntMgion^otfqiic le bruit qui alloit toujours en augmentant fe fut bien répandu ,
^Ht 5*éîoit le Cardinal dcl Monte ordonna i Hercule Sévérole Procureur du Concile
téfandu. (Je drefler un procès- verbal de la contagion, •o On interrogea enfuite ks
voir par ce que mes Collègues & moi vous commînciate à fpargere , il quale non è al
écrivons , Voccafion de la prompte tranjU" tutb contagiofo , & ejjendo mono di taie
tion du Concile , qui a été fi foudaine y quil infirmit à uno de Vefeovi del ConciliofoU"
a été impojfible d*en avertir V* M. ni au£i mente ^fattalor raunan^a propofero i , Le--
r Empereur ni autres Princes* Car pour cer^ gati , cheper ejferequella Città infetta d*in^
tain , enfix jours la mortalité s* efl tellement fermit àpericolofa , bene farebbe flato quindi
augmentée en ce lieu , que c étoit chofe pref- partirfi , portandovifi pericolo délia vita, II
que impojjlhle que cette grojfe compagnie y cft donc vrai , félon cet Aureur, & qu'il
€Ût fu demeurer. Rib. Mcm. d*Erat,T. i. y avoicdes maladies^ &qae cependant ces
p. 6iz, Cette lettre judifie aHez les Légats, maladies ne furent qu un piéceice dontfe
Mais le refus que firent les Médecins de la fervirent les Légats , puifque ce mal n aranc
• ville de Trente de ligner le procès-verbal rien de contagieux , il n y avok nuJJc né-
de Fracaftor Médecin du Concile , les infbr- ceditc de fort irde Trente. Mais tout prétexte
mations faites par le Cardinal P^c^^ca, efl bon, quand on ne cherche que des oc-
& l 'événement même, dcpofènt contre eux. cafions*
Peut-être qu'^^/'/Wi en a mieux jugé que y 9. Il arriva fort à propos encore pour
tous les au:res , en avouant qu'il y avoit le defjein des Légats , que quelques jours
quelques maladies qui donnèrent aux Lé- après la Seffion un Evéque étant mort , &c, ]
gats le prétexte quils cherchoient, mais Cétoit TEvêque de C<7/»ptf cao , & avant lui
que ces maladies n*avoient rien de conta- le Général des Frères Mineurs , & quel*
gieux./. Cardinali Légati-^-^prefero occa- ques DomeAiques.
fione di partir/! ccn preteflo del malore délie 60, On interrogea enfuite les Médecins 2
petecchie , le quali in quella terra fi erano &c. ] Sàyoii Jérôme Fracafior Médecin du
DE T R E N T E, Livre II. 48^
Médecins & fur-tout Jérôme Fracaflory qui avoic le titre de Médecin du 'mdxlvii.
Concile, & plufîeurs autres pcrfonnes. Puis fur les rapports qui fe firent , ^^^^-^^^
que les lieux voidns fe prcparoient à rompre tout commerce avec Trente , — ■"— "^
f)luneurs Prélats , ou par la crainte du mal , ou par le defir de fç voir eh
iberté , demandèrent aux Légats lapermidjon de fe retirer. ^ * Monte la
donna à quelques-uns , dans le deflein de fe fervir de leur départ pour
en faire un des motifs de la tranflation du Concile. Mais pour ceux qui
étoient plus à lui , il les encouragea à attendre ; en apparence , pour ne
pas paroitre vouloir la difiblution du Concile ; mais réellement & en fecret>
pour avoir des voix à lui , lorfqu'il en propoferoit la tranflation : & ce-
pendant il leur dit qu'ils pouvoient faire dans les Congrégations quelque
proteftation , pour porter le Concile à prendre quelque expédient. ^^ On
continua jufqu'au 8 de Mars â dreflèr le procès-verbald*enquête , lorfqu on
reçut de Vérone la nouvelle feinte ou véritable , que cette ville vouloir
rompre tout commerce avec Trente : ce qui effraya tout le monde ^ parce
qu'ils craignoient d'être retenus là comme autant de prifonniers.
XCVIII. On tint donc le 9 une Congrégation générale fur cette aflàire^ lal^ffu^
où on lut le procès- verbal qui avoir été dreflé : après quoi les Légats pro-^^^* '//-
poftrent de délibérer fur le remède auquel on pouvoir avoir recours , pour f^^''/. ^ ^*
ne pas refter renfermés au-dedans avec le mal , & être privés au-dehors du V^^yf/^'^^^*
fecours des vivres & de toutes les autres chofes neceflaires. Plufieurs/Vm/ Vemx
proreftèrent qu'ils vouloient parrir , & que rien ne les pourroit arrêter, to^^^*
Sur quoi , après que Ion eut dit bien des chofes , le Cardinal dcl Monte
propofa de rransférer le Concile , en vertu du pouvoir que le Pape en
avoir donné à {t& Légats dès le commencement. ^^ Li-defliis il fit lire la
Bulle adreflfée à lui & aux Cardinaux de Sainte Croix & Pool^ où le Pape ,
après avoir dit qu'il avoit convoqué le Concile à Trente où il lesenvoyoic
Concile, & Balduino Balduîni Médecin drcffir Uprocès-verial d'enquête yêcc,]Ct{t
du premier Légat. Car pour ceux de la ville le fens de Fra-Paolo \ que M. Amelotz,
de Trente , ils ne voulurent jamais fouf- mal entendu en traduifant, ^\x H y avoit
crire au proccs-verbal , quelques înftances 8 jours que duroit le procès , &c. ce qui
quon leur «i fît. Rayn.K^ 4f. ne peut être vrai. Car Tenquète n ayant
6 1. Monte la donna à quelques-uns y dans commencé que depuis le 4 où l'on avoit
It deffèin de fe fervir de leur départ pour en propofé les matières pour la Seflîon fui-
faire iin des motifs de la tranflation du Con- vante , il ne pouvoir pas y avoir 8 jours
cile^X^e Cardinal le nia cependant dans que duroit ce procès, lor(que Ton propofa
la Congrégation du 9 Mars , où ayant dit la tranflation dans la Congrégation du 9.
qu'il y avoit déjà douze Prélats de panis , il Auffi Fra-Paolo dit amplement, Sifegui il
ajopta que quelques-uns Tavoientfait fans proceffofino al di 8 y ce qui fait un fens
demander de permiffion , & d autres mal- tout différent de celui de M. Amelot,
gré le refus qu'il avoit fait de la leur ac- 6^. Là-deffus il fit lire la Bulle adrefflc
cx)rder. Difceffiffe Tridento 12 Pralatos par- à lut , 8fc. Cette Bulle ne fat lue que clans
timfe infalutato , partim petit a a fe at non la Seflion du 1 1 , où fut ordonnée la tranl-
abtenta abeundi facultate. Rayn. N** 41. lation*
61, On continua jufqu'au 8 de Mars d
4«^ HISTOIRE DU CONCILE
MDXtviï, comme des Ambafladeurs & des Anses de paix , il ajouroit : Qu'afin qu'une
Paul. III. ^ fainte œuvre ne fôc point arrctcc par Tincommodité du lieu, il leur
■— "■"— ^ donndit le pouvoir , ou à deux d'entre eux en labfence de l'autre , de
transférer le Concile dans un lieu plus commode & plus fur , de défendre
fous les peines & les cenfurcs Ecclcfiaftiques aux Prélats de paflcr plus ou-
tre dans la ville de Trente., & de leur commander fous peine de parjure &
des autres Cenfures contenues dans les Lettres de Convocation , de fe
rendre dans la ville qu*ils auroient choifie pour y continuer le Concile
corhmencé à Trente ; leur promettant au furplus ac ratifier tout ce qu'ils
auroient fait , nonobftant toute opposition contraire. Cette leâure finie ,
les Prélats Impériaux remontrèrent fur le champ : Que le mal & le danger
n*ctoientpas h grands qu'on le faifoit : Qu'on pouvoit permettre aux plus
timides de fc retirer iufqu'a ce que le bruit de contagion fe diflîpât , ce
qu'ils efpéroient de la grâce de Dieu qui arriveroit bien- tôt; & que s'il
écoit befoin on n'avoit qu'à différer la Seffion , comme on avoir fait Tan-
née d'auparavant durant plus de fix mois fur les bruits de guerre, qui
avoient engagé comme à préfent plufieurs Prélats de fe retirer , ce que
Ton pouvoir faire fans grande conféquence. Les mêmes Prélats apportè-
rent encore plufieurs autres raifons , lut Icfquelles il fut long-tems con-
teftc. Puis s'étant aflemblés entre eux au fortir de la Congrégation pour
approfondir une chofc , dont ils avoient auparavant trop négligé de
s'inftruire , ^4 ils fcnrirent bien que ces bruits de Perte étoicnt non la
véritable caufe, mais feulement un prétexte qu'on prenoit pour latranfla*
tion du Concile.
^f Le lendemain on tint une nouvelle Congrégation fur la même ma-
^Pallav.L. ^i^r^> ^ oiiic trouvèrent de moins onze Prélats qui étoient déjà partis, l!
9. c 14.
^4. Ils fentîrent bien que ces bruits de tor & de Balduinî, ( Pallav. L. ^. c. 14.'
Pefte étoient non la véritable caufe, mais Rayn.N^ 44.) L'cYeneinenc ne jurtifiaque
fcuUment un prétexte qu'on prenoit pour la trop en effet le rapport de Pachéco » puif-
tranflation du Concile. ] Ce qui lervit le qtia peine le Concile fut* il hors de Tien te,
plus à les en perfuader , c*eft que le Catd. quon n>ntendit plus parler ni de Perte ,
Pachéco ayant fait fsiire des informations ni d'interruption de coir<me];|e > & que
particulières (lu ce point , les Médecins la maladie ceflà avec la caufe , c*ert-àdire
de la ville ne voulurent pas fîgner le pio- la Perte aprcs la tranllation du Concile ,
cès' verbal des Médecins étrangers > que les que Natalis Cornss attribue pofîtiveaient i
Curés témoignèrent que dans leurs Paroidès la jaloude du Pape contre l'Empereur , com-
ils avolcnc ton peu de per{bnnes attaquée^ nie on la vu plus haut,
de ce maU que dans toute la ville il n y 6^, Le lendemain on tint une nouvelle
a voit pas plus de 40 malades, dont il ny Congrégation , où fe trouvèrent de moins
avoit que s de plus attaques de quelques on^e Prélats , &c. ] Notre Hiftorien veut
fièvres malignes i que dans une des prin- apparemment parler des Prélats, dont a voie
cipales Paroilfes de la ville il n'étoit mort fait mention le Card. del Monte , & qui
que deux per(bnnes depuis un mois , un étoient partis non depuis la Congrégation
enfant & un hydropique; & pludeurs au- du jour précédent , mais depuis la SeiCoa
très chofes de cette nature ^ fort capables ten^e liait jours aupaxaviuyç*
de contrebalancer le témoignage de fracaf
s
D E T RE N T E, Li VRE IL 487
y fut queftion de choifir le lieu où le Concile devoir être transféré. Tous MDxirir.
avoient de la répugnance à le choifir en Allemagne •, & d'ailleurs on ne ^^^ ^^"
pouvoir non plus le transférer dans TEtat d'aucun Prince , fans en avoir au- """"""""""^
paravant traité avec lui. Il ne reftoif par conféquent que l!Etat Ecdéfiadi-
que ; & les Légats ayant propofé Bologne, tous ceux qui étoient pour la
xranilation y conféntirent. Les Impériaux s y oppoferent encore , & quel*
ques-uns même palferent jufqu'à faire une efpece de proteftation. Mais la
pluralité des voix fut pour le fentiment des Léeats« Le feul fcrupule qu'a-
voient quelques Pères , étoit , que le Pape ne defapprouvât une tranflation
faite fans fa participation. Mais Monte leur dit : Que dans les cas impré-
vus , &c où l'on couroit rifque de la vie , on n'exigeoit pas ces fortes d'é-
gards , & qu'il prenoit fur lui de faire agréer cette réfolution au Pape. On
conclut auAi » que pour fatisfaire à la confidération qui étoit due a TEm-
jpereur & aux autres Princes 9 il feroit fait mention d'eux dans le Décret y
& qu'on y parleroit encore de retourner à Trente , pour tacher d'appaifer
ceux qui étoient d'un fentiment contraire à la tranflation. Le Décret fut
donc h>rmé ainfi , en manière de délibération : Vous plaît-il ,dc déclarer ^
pour Us raifons alUguécs & plujîcurs autres , qiCil confit de la contagion qui
ejl en u lieu dune manière fi notoire y que les Prélats ny peuvent refier fans
danger de leur vie , & quon nt petit Us y retenir contre leur volonté ? Vous
plaît-'il de déclarer aujfi , que vu le départ de plufieuts Prélats & les protefia"
fions de plufieurs autres y dontU départ produiroit la dijfolution du ConciU ,
& pour plufieuts autres raifons légitimes 6* notoirement vraies ^ il efi nécef- .
faire pour la fureté de la vie des Prélats , & pour continuer U Concile ^ deU
transférer à Bologne , & quily efi transféré par le préfent Décru , pour
la Seffion intimée au ^\ d^ Avril y être célébrée , &y continuer U Concile,
fufquà ce qu*il plaife au Pape & au ConciU lui-même y de ravis de VEm^
pereur , du Roi Très-Chrétien , & des autres Rois & Princes Chrétiens y de U
rétablir en ce lieu- ci y ou de le transférer en un autre ?
XCIX. Le jour fuivant , i c'eft-à dire, le ii de Mars, fe tint la Scf- ^^^^ ^f^/^'
iîon , ^^ où le Décret fut approuvé par trente-cinq Evèques & trois Gêné- Jj^" i ^f'^^^
raux d'Ordres, & rejette par le Cardinal Packéco Se dix-fept autres Eve- cutée furU
ques. ^7 Du nombre de ceux qui furent pour la tranflation , il n'y eut ckamf,
. VîïLSef
66, Où U Décret fut approuvé par 3 s CaftelT^ Mare , de Lanciano y At Syra^ fion y ok ort.
'Eviques & 3 Généraux d* Ordres , & re- çufe , de Badajo^ , d'AJlorga , de Cala^ Ucentie U
jeué par U Cardinal Packéco & 17 autres àorra^ de Huefca^ de Fiéfoli , des Cana- Concile, Les
Mviques. ] Raynaldus en marque x ^ ou ries , & èiAquino, Les Evèques de Porto & Légats quit-
j/. M. Dupin dit if , & cependant nen d^Agde s'exprimèrent d^une manière anibi> fent Trente,
^mme que i^.PaUavicin L. 9. c. i f .die gue. L'Archevêque de Rojfano & celui de &font fm---
qu'il ny en eut que 14. qui le rejetèrent P^/^rme rejettcrent auffi le Décret , soffir«^nt '^isdesEve-
tbfolument , deux conditionellenient , & pourtant de l'accepter fi c'étoit la volonté q^^^ de leur
deux qui le firent d une manière douteufe. du Pape. ^rr^' /
Ceux qui le rejettèrent abfolumenc, furent 67. Du nombre de ceux qui furent pour ^t^f^^'j.
le Gard. Pachéco ,Vhxc\iQykx\M^At S ajfari^ la tranflation , U ny eut aucun des Sujets yy^". ^
& )es Evéqueyde Guadix'ydtS.MarCydi de l'Empereur, que Michel Sarraceno Ar^-'^"^^' ^
Paul III.
autres y é^
reftent à
Trente,
$ Rayn.
488 HISTOIRE DU CONCILE
MDXtvii. aucun des Sujets de TEmpereur , que Michel Saracéno Napolitain , Arche-
^*"' HT vcquc de Jtftf//rtf . ^^ Mais parmi les dix- huit oppofans, on nomme CViiiy^
de la Guiche Evcquc de Mirepoix , Martello Evcquc de Fiifoli , ^» & Marc
Vigiier Evcquc de Sénigaglia , dont on rapporte que le Cardinal del
Monte lui ayant reproché fon ingratitude envers le Saint Siège, qui ayant
tiré fon oncle du néant pour l'élever au Cardinalat , d ou ctoit venue
lui-mc-
parolcs
luite la
x44.N°x8. Croix levée , accompagnés des Evèques de leur Parti, avec les cérémonies
Mart. Coll. & les prières marquées pour cette occafion. Mais les Impériaux eurent
Ampl.T.s.Qfjfç jç TAmbafladeur de l'Empereur de reftcr à Trente, jufquà ce que
Ad ofnc ^^ Majefté leur eût fait connoître fa volonté.
pcr L. Pra- '^ A Romc, ccttc Cour fut ravie "^ de fe voir délivrée de fcs craintes »
parce
tan.
k Gai. VI.7.
L lAA. ILochevêque de Matera ] Fra-Paolo manque
* ici il exaditude , paifqa on trouve de ce
\n Nat. "^^^^^6 ^65 Evêq\ies de Milet , à'Ifernis ,
Com. L. x.^^ Minori , A*Alif^ , & de Balcaflro , dont
p^ . y^ les Evêckcs fe trouvoicnt dans les Fcacs de
Pallav.L^. l'Empereur, & plufieurs autres nés fes Su-
c. 1 6. jets , quoiqu*Evcques dans les païs qui n c-
Fleury , L toient pas de (â dépendance , comme les
Z44.N**3j. Evèques de P/tfi/jnc^^ à'Albe, dePefaro^
de Saluées, &c. Pallav. L. 9.C. i^.
6 S • Mais parmi Us tS oppofans on nom-
me Claude de la Guiche Evêque de Mire-
poix , &c. ] Il étoic alors Evêque d'Agdey
& ne le fut de Mirepoix que quelques mois
après. Il ne fut pas même proprement un
des oppolkns : mais il ne voulut fe déclarer
pour aucun des partis, & dit Amplement
qu'il n*approuyoit ni ne défaprouvoit la
chofe, mais qu*il s*en rapportoit au Con«
ciîe. Epifcopus Agathenjls non probat neque
reprobat ; hoc tantiim ut Synodus faciat
quod Ecclefia 6* Reipublica Chriftianœ eft
expediens. Rayn. N®. y t.
€$, Et Marc Viguer Evêque de Séni-
gaglia , dont on rapporte , &c. ] Notre Hif-
torien ne paroit pas non plus avoir été bien
informe fur le £iit de cet Evèque. Car il
vota pour la translation , & ajouta (impie-
ment , que s*il y avoit quelque péril de
Scliilhie , il valoit mieux mourir à Trente ,
que de s*expofer à rompre Tunité. Probo
— ex hoc timendum fit de aliquo /chif-
mate , cenferem quod potiàs hic moreremur
omnes quam quod hodie occafionim fchif'
matis praheremus in Ecclefia Dei. Rajn*
N^ f i.Si donc ce Prélat a &it au Légat
la réponfe que lui attribue ici Fra-Paolo ,
il faut que ^*ait été dans quelque autre oc-
cafion y puifque par le fuf&ageque les Aétes
rapportent, il ne paroit pas que le Légat
ait eu lieu de lui reprocher (bn ingncir
tude.
70. Les Légats partirent enfiiite la Croix
levée y &c. ] Ils ne panirent que le lende-
main Il de Mars félon Pallavicin L. 9. c«
1 7. & Raynaldus N'' f } , & fôîon le Jour-
nal MS. de Z. Pratano,
71.^ Rome y cette Cour fut ravie defe
voir délivrée , &c. ] Il eft cenain , que le
Concile intriguoit fort les Romains, parla
crainte qu'ils avoient d'une Réformation
peu conforme à leurs inclinations. Cepen-
dant à en croire Pallavicin , le Pape ne
fut pas trop content de la précipitation
avec laquelle la tranflatipn s'étoit faites
peut- être parce qu il prévoyoit que celaTal-
loit brouiller davantage avec TEmperear ,
& que ce changement ne remédioit point
au mal , puifqu'il faudroit ncceflkirement
reprendre le Concile. Ces réflexions étoient
vraies > mais maigre cela , la plupart def
Hiftetiens fe font per(uadésque Paul Z7o\t
dacretum 6* tranflationem -*-* quod fi ctc tiès-content de cette tzanflation , comme
le
DE T R E N T E , L I V R E 1 1. 489
parce que tout y croit dans 1 agitation que caufoit le Décret qui ordonnoit wDXLVit.
de fc défaire de la pluralité des Bénéfices , & -qu'on cherchoit à trafiquer , . P^^^ m>
pour trouver moyen de les quitter fans perdre que le moins qu'on pourroit •^— — — ~
des profits que chacun en retiroit.
Pour le Pape , ° il difoit : Qu'ayant donné à fcs Légats le pouvoir de » Adr. L. ^
transférer le Concile , ôc promis de ratifier ce qu'ils feroient, & de le faire P* lî^^V
exécuter , il ne pouvoir fe difpenfer d'approuver ce qu'ils avoient fait > c. i ;. *
iur-tout après que ce qu'ils avoient ordonné avoir été approuvé par le plus
grand nombre , ôc pour une raifon auffi légitime que l'étoit l'infeâiion de
rair. '^^ Cependant il n'y avoir perfonne aflez fimple pour ne pas croire
que tout ne ic fût fait par fes ordres , tout le monde lâchant qu'il ne fe
traitoit pas la moindre chofe dans le Concile , fans en avoir auparavant un
ordre de Rome : Que pour cet eflèt il n'y avoit pas de femaine qu'on n'y
envoyât 6c qu'on n'en reçût des lettres , ôc que fouvcnt on y expédioit des
Couriers jufqu'à deux fois la femaine : Qu'il étoit par conséquent impof-
fible que les Léeats euflènt fait de leur chef une chofe de cette importan-
ce ; ôc que d'ailleurs ils n eudent jamais ofé tenter d'introduire un n grand
nombre de perfonnes dans une ville aufli jaloufe que Bologne , à Tinlu du
Prince qui en étoit le maître. 73 Quelques-uns croyoient même que la
Bulle étoit nouvelle , mais qu'on lavoit antidatée , & qu'on n y avoir
inféré le nom du Cardinal Pool que pour lui donner plus de crédit , ôc
k 6ït pofïcivement Natalîs Cornes 5 & il
efl cenainau moins que fa conduite publi-
que donna lieu de le croire, quoiqu'incé-
rieurement il fut agite de mouvemens aflèz
difKrens , comme l'obferve le Continua-
teur de M. Fltury.
71. Ctpendant il n'y avoit perfonne ajje^
fimple pour ne pas croire que tout ne fe fût
fait par fes ordres , &c. ] Cécoic certaine-
ment la créance générale, comme on le
Toic par les Mémoires de Du Sellai , par
les Lettres de Mendo^e , par THiftoire d'y#-
drianiSc de M. de Thow, 8c ces foupçons
étoient une fuite générale de l'opinion où
ton étoit , que rien ne fe faifbit au Con-
cile qui n'eue été délibéré à Rome. Je
jie vois point bien clairement cependant ,
quil y ait eu des ordres particuliers du
Pape à Tocca/îon de cette maladie. La
chofe même fe fît avec tant de précipi-
tation , qu il e(l affez difficile de croire
qu'on en ait pu recevoir à tems i & (î ce
que dit le Cardinal Pallavicin , que dans
une Congrégation tenue à Rome on fe dé-
T O M E I.
termina de (bivre laTis des Légats » mais
que la nouvelle de la tranflation étant venue
avant qu'on pût leur faire (avoir cette ré-
folution , Paul fit fupprimer cette délibé-
ration i fi, di$-je , cela eft vrai, il eft évi-
dent que l'on prévint les ordres. Tout ce.
que Ton peut dire pour appuyer Ibpi/iion
commune , c'eft que les Légats ayant des
ordres généraux de transférer le Concile fi
l'occafîon s'en préfentoit , tout ce qui fe fit
en conféquence fut cenfé fait par les ordres
& là volonté du Pape.
75. Quelques-uns croyoient même que
cette Bulle étoit nouvelle , &c. ] Fra-Paolo
ajoute avec raifon , qu'il croit ce foupçoa
fans fondement. Car outre la certitude de
la date , il afièz naturel de croire , que
dans l'incertitude oïl on écoit à Rome
des évenemens du Concile futur, on fut
bien aife que dès le commencement les
Légats eufienc en main dequoi prévenir
tous les inconvéniens qu'on en pouvoir
craindre.
Qqq
490 HISTOIRE DU CONCILE
umivnjé 74 qu'ancretnenc la clauie qui dcmnoû le pouvoii à deux d*cntre eax en
Paul IIL l'ablence da croifiéme de cransférer le Concile y eût été uae efpéce de pro-
•■■™'— ""^ phétic du dépan du Cardinal Pool , qui n'itoit arrivé qo'an an après* Enfin
ce qui rendoic encore fufpede cette Bulle, c'eâ; qu'on crouvoic trop anrple
6c peu vraisemblable la lioercé qui y étoic donnée aux Légats de transfeter
le Concile oà il leur plairoit *> d autant plus qu'on favoit adèz la aainte
qp avok le Pape qu'il ne fe tînt dans une ville qui lui fut fufpeâe , comme
il ne l'avoit que trop fait voir en le convoquant : deibrce que perfbnne ne
pou voit fe pecfuader » que dans une chofe de Ci grande importance il fe fut,
mis à la dilcrction d'autmî fans néceffité. Cependant , fuivant les Mémoi-
res que j'ai vus , & d<mt j'ai parlé dans letems $ ^^^ |e regarde comme cer-
tain que cette Bulle avoic été dreiTée deux ans auparavant , & envojrée à
Trente dix-huit mois avant cette tranflation.
Mais ce qui ne pouvoit aucunement fe cacher ^ &ce qui fcandalifoit
tout le nK>nde $ c'eft que 7^ Ion voyoit clairement par cette Bulle quelle
étoit la fervitude du Concile. Car enfin, A deux Légats pouvoienc ordon-
ner à tous les Prélats enfemblede quitter Trente ^ & les y contraindre par
les peines & les Cenfures Ecclédaftiques , qu'on ài(k fi on le fait , ou fi on
le peut , quelle poavoit ctre la liberté de ces Prélacs.
74. Qu'autremtftt la clauff^eût été
une efpéce de prophétie , &c.] Ce (bapçon
écoit bien imaeinaire ^ puifque dans les
CommifEons ou (ont jointes plufieuis per-
(bnnes , on a courame d'y ajouter ces for-
tes de daufes , & qae de même il y en avoir
une pareille dans la Bulle de Légation. Pat-
lavicin même nous apprend L. v* c. x6.
que peu de jours après , c*eft-à-dire , le ^.
de Mars x ;4f , le Pape fît expédier un au-
tre Bref « par lequel il communiquoit à
un fenl des Légats toutes les mêmes fa-
cultés , en cas que les deux autres fudènc
empêchés. Mais on n'en fit aucun ufâge ,
& même cet Hiflorien foupçonne que le
premier Légat n'en eut aucune connoif-
fance.
7^. Je regarde comme certain ^ que cette
JBuUe avoit été drtffée deux ans aupara-
vant , & envoyée à Trente tS mois avant
cette tranflation, ] Le premier peut être
effedivement regardé comme certain j mais
pour l'envoi , il ne Teft pas de même ,
& il 7 a toute apparence qu'elle fut en-
voyée en même tems que la Bulle de Lé-
gation , c eft - à - dire , plus de deux ans au*
paravant.
j 6. L'on voit ctairemtnt par cette BuUé
quelle étoit la liberté du Concile ^ &c. ]
Il devoit paioîtie en eSec alTez étrange ,
que le Pape donnât par cette Bulle une
pleine autorité à fes Légats feols de transfères
ou fufpendre le Concile , fans faire aucune
mention du confentement préalable des Pè«.
res. Mais c'étoit une fuite des prétentions des
Romains , qui affujettilTent le Concileau Pa-
pe, & lui attribuent à lui feul le pouvoir d'a^
fembler , de fufpendie , de transférer , ou'
de didbudre un Concile, fans le concours'
d'aucune autre Puiflànce. Eft-il étonnant
que Fra-PaoU ait jugé que de telles pré-
tentions bleiToient la liberté dn Concile ? Les
Pape même croyoit fi bien qu on l'en pou-,
voit foupfonner y qu^il avoit donné des
ordres fecrets à fes Légats de ne rien faire,
en ce point ^ que de Tavis du plus grand
nombre. Mais comme ces ordres fecret».
étoient inconnus, & que les Légats ne pro*
duifùrent que la première Bulle; n'étoit-il pat
naturel de penfer que par-là la liberté d»^
Concile écoit violée ^ pui(quon n'y lai(Ibi«,
rien à £aire aux Pères y & que tousétok Sd- .
mis à la dilcrécion des Légats ?
DE T R £ N T E, L I V R E II. 491
C. L*Empereur apprit avec une. extrême peine ^ la nouvelle de cette mdxivii.
traniiatiofl , foie parce «Qu'il Je crut mcprift > ioit parce qu'il fc voyoît en- ^^^^ ^*
lever un moyen , qui ménagé à propos poinpit lui lervir à pacifier la Reli-
gionen Allemagne, fcis'y rcnure maitre^bfelu. 77 Mais pour le Roi de François l
France , il n*en put rien faroir avant fa mort , P qui arrira le 1 1 du même 0 Pallav. £»
mois. 9. CI 8.
Rayn. N*"
77. Mais pour te Roi de France , il mais (or laqueHe il ne put prendre avcones V^iJrry
n'en put rien faroir avant fa mort , fui mefores. €*eft tppafeninent par '"^ej^j .Tj^q
arriva le sti iu même mois*] Cent mon ÊMce d'impxeflîon » qoe ceue moct fe «q,
n'aniva ptsie II « oiais le ^sdeMan, tioure maïqué^ daû lii /^(fws M f } de
c*eft-â-4ire , %o jours «près la a:anflacioa du Atos.
Concile 9 qu'il jpiit Curwx avanc ik moft^
Qsi»'
L
5 O M M A I R E
Du III. Livre de THiftoire du Concile de Trente.
^EMPEREUR approuve ft conduite des Prélats rejlis à Trente^ qui
conviennent de ne rien faire , de peur de donner lieu à un Sckijfme^ II.
Première Seffion tenue à Bologne , ou la neuvième du Concile. Lon ypro^
roge ladecijion des matières. III. Défaite des Protejlans par l'Empereur y qui
fait prifonniers l'EleSeur de Saxe & le Landgrave de ffejfe. IV. Le Pape^
; jaloux decefuccèsyfe lie avec le Roi de France. V. Sédition à Naples par
la crainte de V Inquijition. VI. Dixième Seffion , où Von proroge de nowveane
Us , matières. VII. Traité tT Allianu entre le Pape & le Roi de France. VIII.
V Empereur difpofe V Allemagne àfefoumettre au Concile. IX. Affaffinat de
Pierre-Louis Duc de Parme , & interruption des opérations du ConiiU à Ba^
logne. X. Les Prélats d! Allemagne écrivent au Pajke pour Iz prier de rétablir
le Concile à Trente. XI. Le Pape prejfe V Empereur d* approuver la tranjla^
tion. XII. Inflances de C Empereur pour le retour du Concile à Trente. En*
voi du Cardinal Madruce à Rome pour ce fujet. Le Pape ne lui donne que
des paroles générales , non plus quà D. Diego de Mendo^e , qui étoit charge
de redoubler les mêmes follicitations de la part de t Empereur. XIIL Difcours
du Cardinal de Guife dans le Confîfloire. XIV. Le Pape écrit aux Prélats de
Bologne , qui défendent la canonicité de leur tranjlation. Mcndo^e veut pro-
téger contre leur Ecrit , mais il en efl empêché par quelques Cardinaux. XV.
Réponfe artificieufe du Pape aux Prélats d^ Allemagne. XVI. VEmpereur
fait protefler premièrement à Bologne , & enfuite à Rome contre la tranjla-
tion du Concile. XVII. Paul III. tache i éluder la p'otejlation , & les Im^
périaux fe raillent de fa réponfe. XVIII. Le Pape fait part de fa réponfe aux
Prélats de Trente , qui ne veulent pas fefoumettre àfon arbitrage. XIX. Re-
marques des Procureurs du Concile de Bologne fur la réponfe des Efpagnols.
L*affdire de la tranflation rejle indécife. XX. Le Pape infiflefur la reflitution
de Plaifance^ mais CEmpireur fe mocque de fes follicitations auffi-bien que de
fes menaces. La France & les Vénitiens refufent de s engager dans une Ligue
avec le Pape y à caufedefa vieilleffe. XXI. VEmpereur fait publier /'Inté-
rim , également odieux aux Catholiques 6* aux Luthériens. Il ordonne en
même tems une Réformation qui déplaît à Rome , à caufe que ce Prince fem-
ble y ufurper une autorité qui napparticrit quau Clergé. XXII. Les Prélats
d* Allemagne prient F Empereur d^ obtenir du Pape un Légat pour faciliter / V-
xécutioH de cette Réformation j & ce Prince y confent. XXI II. Nonces en-
voyés en Allemagne j & inutilité de cet envoi. XXIV. Efforts de r Empereur
pour faire recevoir Clntcnm , & oppojition quil y trouve ^ principalement à
Magdebourg quil met au Ban de [Empire. Les Catholiques & les Pro-
teflans écrivent contre cet Ouvrage. XXV. Changement de Religion en An-
gleterre. XXVI. Réforme de VEmpereur reçue différemment en Allemagne*
Conciles Diocèfains & Provinciaux tenus à Cologne , à Mayence & ailleurs
SOMMAIRE. 493
pour ccfujct. Ltr Nonces du Pape communiquent leurs Pouvoirs à quelques
Evêques , mais on en fait tris-peu d'ufage. XXVII. Henri IL Roi de France
perficute les Réformés. XXVIII. Mort de Paul III y & EleBon de Jules III.
CaraSire de ce Pape. Il fait efperer à l* Empereur de rétablir le Concile â
Trente. XXIX. L Empereur veut établir VInquifuion dans Us Pais - Bas ,
mais ilefl obligé S abandonner ce deffein. XXX. Le Pape délibère fur le r/-
tablijfement du Concile à Trente. XXXI. Il fût part de fon deffein à lEm^
pereur & au Roi de Frarue , & laiffe communiquer Us InfiruSions données
àfes Nonces. XXXII. // exige certaines conditions préliminaires de VEmpe^
reur qui les accepte. XXXIII. Ce Prince tâche d'engaeerla Diète d*Ausbourg
àfe foumettre au Concile y mais les Protejlans ru le font qu* à certaines condi-
tions. XXXIV. Le Pape envoie à f Empereur la Bulle du Concile \ & u
Prince qui ne la trouve pas à fon gré y tâche en-vain de la faire réformer.
XXXV. Le Pape effeHivement refufe d'y rien changer ; mais V Empereur pro^
met aux Protejlans de Usfatisfaire lui-même y fans qu*ils dûffentfe mettre en
peine de la Bulle. XXX VI. Le Pape nomme Us Préjîdens du ConciU. XXXVII.
Semences de troubles entre le Pape , r Empereur , & le Roi de France , aufu^
jet du Duché de Parme. Projet d'une nouyelU Ligue en Allemagru contre
l'Empereur.
v&/
494
HISTOIRE
D U
CONCILE DE TRENTE.
LIVRE TROISIEME.
iS> E n'igaorc pas quelles font les Loix de lliilloice , ni en
''— quoi elle difôre des Annales & des Journaux. Je fai aulfi
que le récit d'evcnemens trop uniformes dégoûte l'Hiftorien
yx éc ennuyé le Leâeur , Se qu'un détail trop circonftancié de
ifj; chofes peu importantes fait donner i celui qui les rapporte
le nom d'Ecrivain peu judicieux. Cependant , quand j'ob-
ferve dans ffomire de pareils détails & des redites fréquentes , & que Xé-
nopkon dans fa Cyroptdu attache & inftruit davantage en racontant les en-
tretiens féiieux ou plaifans des Soldats, que par le récit des aâioos ou
des dépeins des Princes s je me pa:fuade que chaque matière a une forme
qui lui eft propre , & que l'HiEtoire que j'écris ne peut pas s'afluieiiir aux
règles ordinaires. ■ Audi je compte bien que mon Ouvrage n'aura pas un
grand nombre de Lcâcurs , & fera bientôt oublié -, non pas tant cependant
par rapport aux défauts qui s'y trouvent , que par la nature de la matière ;
& j'en juge ainfî par ce qui eft arrivé \ plufîeucs autres fembUbles Ou-
vrées. Mais fans m'erabarralTèr (i cette Htftotie fubfîftera toujours ou
loDg-tems, il me fu£c qu'elle puidè pour le ptéfent Être utile d ceux i
I. Ai^je compte tien qut mon Ouvrage & malgré tes diHcrentes ermn de hit,oli le
■iimura pat un grand nomirc dt LeHeun , dé&ui d'inibiinations nfceflaires l'a bit
&c. ] Fra-Paoio ï'eft enrËmeoient crom- tombei , on peut dire qu'il j a. pea dllif-
pé, puiTqu'il j a peu d'Hifloiies qui ayent loites plus judicienfemenT tente* , tc<pc
" i life avec plus d'agiéoieDi.
été plus lues & plus eflimfes qge la lïenne >
DE T RENT E, Li VK E III. 4^y
qui )c la C(»nrminiquerai » ic que je faarai en pouvoir faire leur profic , MDxivir.
éranc bien alTorè que pour Tayeiiir chacun en jugera félon les circonftances ^^^^ '1^*
où il fe trouvera* .
I. Les Prélat* reftés è Trente • étoicm fort inquiets , jufqu'à ce ^^'il»^*!^/^
reçuffent des letnes àt TEmpereor , qui lonoit leur conduite , & qui con- €ùnduit§des
damnoit la tranftation du Concile 3 & l^ur ordonnolr de demeurer à Trente. TriUts r$f
Ils délibérèrent encre eux , s'ils dévoient y faire quelque aâion Synodale : '^^ ^ Jren^
mais ils convinrent tous de ne rien faire , de peur de donner lieu à quelque ^*» ^'^ ^^'
Schifme -, & de fe contenter d'étudier les matières dont on devoir traiter ^ ^n^^f\
attendant à agir félon que l'exigeFoient les conjonâures. ^ Il y eut quelques te ^ d^iet^
Ecrits entre les Théologiens de Trente & ceux de Bologne. Ceux-ci afec- de donner
roicnt d'appellcr leur Alfembléc le Synode de Bologne \ mais les autres di- ^'*. ^ «»
{oitni y U f aine Synode en quelque lieu quHfi>it\ Se on voit encore quel- ^cf^^' |.
ques-uns de ces Ecrits imprimé» à Bologne. Les Légat» & quelques autres ,,^ p/i'is.
Cardinaux de Rome agirerK anprèsde quelques-uns des Prélat» demenrés â Sfond.
Trente , pour les engager à venir à Bologne s ou au moins i quitter Trente ; N® 4.
* mais ils ne purent gagner que GaUas FlorimoneeEytqtxtàijéqiiinoMs firent ^ ^^^^o'
aurtî leur poflîble pour faire venir à la Se(Bontous ceux qui étoienf fortis ,«*^^
de Trente , & plufieurs autres encore ^ ce qui étoit facile » à caufe de la
commodité qu'il y avoit de venir de Rome à Bologrie. Enfin on tint diverfes
Congrégations , où Ion ne parla qae des moyens de maintenir la validité de
la tranflacion, & de montrer que les Prélats qui étoient reftés à Trente
dévoient s'unir avec eux.
5 IL Le i i d'Avril jour deftiné pour la Seffion , étant arrivé, ^ les Légats J^Sêffion /#-
accompagnés de trente-quatre Evcques & fuivis de tout le peuple de Bo- '^*' ^ ^^^*
logne fe rendirent en grande cérémonie au lieu de la Seflîon,où l'on ne ^^ix.*duCon^
autre chofc que lire un Décret qui portoit : Que les Pères avoient jugé i pro- àù,
pos de transférer le Concile de Trente à Bologne , & d'y célébrer la Seflîon c Pallav. U
eu ce jour , pour y publier les Décrets qui feroient faits fur la matière des 9- c. 10.
Sacremens & de la Réformarion : mais que confidérant que plufieurs des ^J^l
Prélats , qui avoient accoutumé de s'y trouver , étoient occupés dans leurs ^ndN**c.
Eglifcsà caufe des Fêtes de Pâque, & efperant qu'ils ne tardcroient pas i Man.T. 8.
venir fe joindre aux autres , afin de faire les chofes avec plus de dignité & de p- 1 145*
gravité, ils prorogcoient la Seflîon iufqu'au 1 de Juin , fe réfervaat néan- ^^^*^^^^*
144*^ ^^*
1. Mais ils ne purent gagner que Gatèas
Ftorrmonre Evique d*Àquinô.) Nôtre Hif-
torien dit fivfcqae à'Aquila , rrïaiS c*eff
une faute. Patlavicîn ne dit rien de la ve-
nue de l'Evèii^ae à'Aquînô i Bologne : mais
il noos marque que l'Bvêque de Fiéfoli s'y
rendit dé Trente , après y avoir été invité
par les lettres du Card. farnèfe. Les Evê-
C]VLes d'Aide 8c de Porto s'y fendirent âuftî
dans la mite . fc ce furent les feuls de
tons cétîx cfcà n'avoieitt point d'abord fuivî
les autres , qui fe joignirent depais à TAC-
femblée de Bologne.
^. Le 21 d'Avril — les Légats — fi
rendirent en grande cérémonie au lieu de la
Sejfion , Sec. ] Oà Sebaftien Leceavela Ar-
chevêque de Nax'ia célébra la MefTe j & le
Sermon fut prêché par Ambroije Catharin
Evtqae de Minori»
MDXLVII.
Paul. III.
d Rayn.
N° €1.
Dêfmtf dês
Troteftms
fxt l*Emfe-
rtur ^ qui
fait prifiit-
niers tElee-
tfurdeSaxê
^ U Land'
grave de
Hefâ,
e Adr. L.
6, p. 587.
Thuan. L.
4.N^ II.
& 13.
Sleid.L. 1$,
p. 31^- &
ll.ayn.
N** 100.
Spond.
ricury , L.
X44.N^4.
49^ HISTOIRE DU CONCILE
moins la liberté d'abrcgcr ce terme , s'il convcnoïc de le faire. < On or-
donna aulfî en même rems ^ d écrire au nom du Concile des lettres aux Pères
qui écoient reftés à Trente , pour les exhorter à fe rendre à. Bologne & â /e
réunir avec leur Corps, dont étant féparés ils ne pouvoient pas prendre le
nom d'AlTemblée £cclé(iaftique , ^ & ne faifoient au contraire que fcan-
daliferlc Monde Chrétien. ^ On trouva à Trente ces lettres fort impru-
dentes > comme n'étant propres qu a aigrir les efprits au- lieu de les adoucir;
Se Ion réfolut de n y faire aucune réponfe , pour ne point faire naître de
nouvelles conteftations ,& laider tomber une attaque qu'on attribuoit au
caraâère trop libre du Cardinal Jel Monte , plutôt qu au refte de l'A(Ièm«
blée qu on jugeoit plus modéré.
III. L'Empereur , qui à la tête d'une puiflante Armée fe trouvoit en
Saxe à la vue de TEleâeur , & qui étoit tout occupé de la guerre, ne fon^
geoitguères aux affaires du Concile. Le 24 du même mois, ^ ayant rangé
Ion Armée le long de l'Elbe , il donna bataille , où TEleâreut fut blcfle &
pris , & fon Armée taillée en pièces. Les Proteftans étant afïbiblis par cette
défaite , le Landgrave fut obligé d'en venir à un accommodement ; & peu
de jours après, Maurice fon gendre & l'Eledteur de Brandebourg obtinrent
de l'Empereur qu'il fepréfentât devant lui. L'Eledleur de Saxe fut d'abord
condamné â mort comme rebelle par l'Empereur > qui enfuite lui accorda la
vie à des conditions très dures , auxquelles il fe fournit , à la réferve feule
d'obéir au Concile en matière de Religion. L'on propofa auQi pluGeurs
conditions au Landgrave , dont l'une étoit de fe foumettre aux Décrets du
Concile de Trente j mais il refufa d'y confentir , promettant d'ailleurs,
aufli-bien que le Duc Maurice & l'ElcÂeur de Brandebourg , de fe foumettre
à un Concile pieux & libre , où l'on réformât le Chef & les membres. L'E-
leâeur de Saxe demeura prifonnier pour toujours, & le Landgrave au bon
plaifir
4. On ordonna auffi en même tems d'écrire
au nom du Concile des lettres aux Pères
qui étoient reftés à Trente , &c. ] Ce ne fut
point dans cette Sedion , comme le dit
Fra-Paolo , que ces lettres furent ordon-
nées, puifqu'elle ne fe tint que le 1 1 j au-
lieu que les lettres qui furent datées du i r
avoient été lues dans la Congrégation du
Il & expédiées auflî-tôt , pour y inviter
les Evêques à la SefHon qui fe devoit tenir
le II.
j. Et ne faifoient au contraire que fcan-
daliferle Monde Chrétien, ) Il faut que Fra-
Paolo n*ait par lu ces lettres, où il ny a
lien de pareil. C ctoic une invitation hon*-
nête à ces Prélats de fe rendre à Bologne ,
fans qu*on y eût rien inféré qui pût fen-
tir la cenfure ou le mécontentement. On
peut les voir dans Raynaldus N** 61.
6, On trouva à Trente ces lettres fort
imprudentes , comme n étant propres qu'à,
aigrir Us efprits, &c,) Il n*y avoir certai-
nement ni dans la lettre auCard. Pachéco^
ni dans celle aux autres Evêques , rien de
propre à aigrir les efprits , ni qui fentit le.ca-
raélère trop libre du Cardinal del Monte*
C'écoic un fimple compliment d'honnêteté j
& fi les Pères de Trente n'y voulurent pas
faire de réponfe, ce n'eftpas quilsyrrou-
vafïènt rien de choquant , mais apparem-
ment pour ne faire aucune démarche d où
Ion pût conclure qu'ils regardaflent la trant
lation comme légitime*
f . Et
DE TRENTE, Livre IÏL
4*7
flziCiT de rEmpcrcur 7. Ce Pânce , devenu par cette viâoire le maître de moxevyi.
Allemagne, s'empara de quantité d'artillerie , & tira des Villes Ôc des ^^"^ '^'•
Princes (KgrofIès(onicnes d'argent \ puis , pour donner i fcs conquêtes une •^— —
forme pacihque , il convoqua une Diète à Ausbourg.
IV. Ces luccès affligèrent extrêmement le Pape , qui voyoit l'Italie fans £« PÀpg .
fecours & demeurée â la discrétion de l'Empereur. Mais ce qui leraflurott/^^wppirfr^
un peu , ceft qu'il fentoit que ce Prince leroit obligé de maintenir par la {'^^^^^ ' ^.
rorce les conquêtes qu u avoit rai tes par les armes *, & que ne pouvant retirer ^^ ^
fitoc fes troupes de4a » il lui laidèroit k temsdc traiter avec le nouveau Roi Fr40«r.
de France ic les Princes Italiens , pour k mettre en fureté. Au milieu de
ces inquiétudes , c étoit pour lui un grand plaiiir de fe fentir délivré des
craintes du Concile \ Se illouoit fans réserve la résolution du Cardinal J€l
Monte y à qui il fe reconnoi(Ibit redevable de cet avantage. ^ U ^ réfolut /Fleury »
en même tems d'envoyer en France Jtréme Capo^i-firro , Romain , Car- ^' ^44» N*
dinal de S. George , fous le prétexte apparent de faire au jeune Roi des com- U^ ^
plimensde condoléance fur la mort de fon père , & le féliciter lui-même fur x. t^ îo.
fon avènement à la Couronne ; mais réellemenr pour traiter avec lui d'une Pailav.Li^
Ligue. Il donna pour cela à fon Légat un pouvoir très-ample d'accorder au c. i9. 6c C
Roi tout ce qu'il lui dcmanderoit au fujet des matières Béncficialcs , fans au- ^^' ^ '•
cun égard à tout ce qui avoit été réglé dans le Concile de Trente. £t pour
être en état de profiter de toutes lesoccafions qui fe préfenteroient d'em*
barraflcr l'Empereur en Allemagne , & cmpêcncr qu'on ne prît dans la
Diète aucune rélblution contraire d fes intérêts » > il y envoya pour Légat le g Flenry «'
Cardinal Sfondrétte , avec ordre de traiter avec les Éccléfiaftiques pour les I- i44-NT
tenir attachés à lui>& de ptopofer i l'Empereur difFérens partis pour lui faite ^^*
agréer que le Concile fe continuât à Bologne \ ayant plus de crainte d'une
Ademblée qui fe tiendroit dans un lieu où il ne feroit pas le maître > que
des Armées que ce Prince poturroit faire marcher en Italie*
7* Et U Landgravn en hon-plaifir de
V Empereur. ) Tout le monde fait (Juc cette
prifon du Landgrave fut la fuite d'une équi-
voque qu on avoit fait glilTer dans les Arti-
cles de la Capitulation , où profitant de la
xeâêniblance de deux mocs Allemands , qui
avoient un (êns tout oppofé , on prétendit
que TEmpereur adroit accordé amplement ,
que la décemion de ce Prince ne feroit point
perpétuelle ; aulieu que te Landgrave pré-
Dendoit qu'on lui avoit don né parole qu*il ne
feroit point détenu prifonnier. I>b quelque
part que vint réquivoqoe, tout le blime en
retomba («r rEmpereor ; ft peut- erre Tin-
fidéliré dont on TaccuGi ateis fat en partie
caufe du changement de fortune , q^i ku
arriva quelque tems après.
Tome L
s. // réfolut en tittme tems t^envoytr en
France Jérôme Capo-A-ferro > Romain ^
Cardinal de 5. George , &c. ) Ce ne fut
pas le fuccès de la bataille de Mulberg , qui
fit prendre cette rcfolution au Pape, puifque
cet envoi avoit été réfolu dans le Confifloire
du 1 f de Février , ât q«e ce Cardinal étoic
Srti dès le \6 d'Avril , i % jours avant la
faite de l*Ele<^eur de Saxe. Cette Légation
avoit efu d'autres motifs \ mais après la vic^
toire de TEmpereur , il eft aifêz naturel de
croire que le Légat ftit chargé de traiter
d'une Alliance avec le nouveau Roi de Fran-
ce , comme il le fit en effet. Au refte je
dois remarquer , que Fra-Paolo s'eft mcprif
dans le nom de ce Cardinal , qui appelle
Boceaferro , aa4iea de Capo^i-ferro*
Rrr
498 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. V. Il arriva pendant ces entrefaites une grande fédirion à Naples , ** au
Paul III. {-yj^j jç rinquilition , que le Viceroi D, Pierre de Tolide y voulut intro-
SéMticff
la ersinie COUS S a(Ieml>ierent pour élire un Magiftrat qui les derendit y diiant qu
detln^tiifi' ne s'ctoient fournis au Roi Catholique qu'à cette condition cxprefTe , qu'on
tio». n'introduiroit point chez eux d'Inquifition ,& que les Caufesd'Hcrcne fc-
^ roient jugées par les Juges Eccléfiaftiques ordinaires. Cependant les Ef-
Adi,lJ 6, psignols & les Napolitains en étant venus aux mains , il y eut beaucoup de
p. 401. gens tués de part 6c d'autre , & Ion courut rifque d'une révolte générale.
Thuan. L La fédition prit enfuite une forme, & 50, 000 hommes qui fcrafïem-
3. N® 4. bloient au fon des cloches ayant pris les armes , il fe fit une guerre en forme
entre les Espagnols qui s'étoient rétirés dans les Châteaux , ôc le peuple qui
s'étoit fortinédans tous les lieux avantageux, qu'on avoit munis d'artillerie.
Pendant ce tumulte , qui dura depuis le mois de Mai jufqu'à la mi-Juillet >
il y eut plus de trois cens perfonnes de tués de part Se d'autre •, 8c dans cet
Pallav. L.
20. c. X.
Rayn. N*
iji.
Spond. N*»
^/' . intervalle les Napolitains envoyèrent des Députés à l'Empereur & au Pape ,
j^A^o ' à qui ils offrirent de fe rendre s'il vouloit les recevoir. Mais Paul ne fc
croyant pas a(Ièz fort pour foutenir une telle entreprife , il lui fuffifoit do
$ Nat.Com. fomenter la fédition , ' comme il fit avec beaucoup d'adreflfe ; ' quoique le
I" 3* ?• 47* Cardinal Thcatin Archevêque de Naples Texhortât fortement à ne pas laif-
^. p. jCçj. échaper une occafion fi favorable d'acquérir un fi beau Royaume à l'E-
glife > & lui promît , s'il le vouloit , de l'aider de tout fon crédit & du fe«
cours de tousfes parens, qui étoient nombreux & puillans , &de l'afliftec
lui-même en perfonne. Cependant les Efpagnols ayant tiré du fecours de
divers endroits , fe rendirent à la fin les plus forts , & le tumulte s'appaifa
par les lettres de l'Empereur qui déclara : Qu'on n'établiroit point d'In-
quifition , & qu'il pardonnoit à la Ville à l'exception de dix-neuf perfonnes
qu'il nomma , & d'une autre qu'il nommeroit en fon tems , & à condition
qu'elle feroit condamnée à payer 100 , 000 écus d'amende; condition qu'il
falJut accepter par néceffite, & dont fureat la victime ceux des dix-neuf
qu'on put attraper.
9 • // lui fuffifoit de fomenter la fédition ,
comme il fit avec beaucoup d*adreffe, ) C'eft
^'Adriani que Fra-Paalo a emprunté ce
Êit , & pour ainfi dire Texpreffion ; & il
Papa fpe^ialmente , dit cet Hiftorien , ha-
verebbe havuto caro , che vi havejfe havuto
cht fare , & s'ingegnava con ogni arte di
fomantarvi il tumulto. Je ne vois pas ce-
pendant , que la chofe foie bien atreflée > &
il efl certain au moins , que Paul ne fît rien
publiquement qui pût donner fujet à l'Em-
pereur de Taccufei d avoir fomenté la fédi-.
tion. Mais comme ces deux Princes corn*
mençoient a être aflèz mal enfemble , il n'y
a pas , ce femble , beaucoup de témérité à
croire que du moins Paul n'étoit pas trop
fâché de cette brouiUerie ; & Natalis Cornes
le dit aifèz ouvertement, au L. 3. de fon
Hiftoire. Sic igitur , écrit-il , confopiti funî
tumultus , qui , Pontifice ajfentiente , cum
magna utilitate Régis Gallorum videbantnr
excitati» Ainfi Ion voit bien que ce foup^on
n'eft pas de ImTention de Fra^Paoto.
DE TRENTE, Livre II L 499
A Bologne , les Légats ne favoient encore que faire. ^ Le Pape leur avoïc mdxlvii.
donné ordre d'éviter tout ce qui pourroit être critiqué 6c faire naître quel- ^^"^ ^^^'
que divifîon , de différer autant qu'ils pourroient les Seflîons, & cependant , ^ „
de tenir quelques Congrégations pour ne paroitre pas demeurer dans 1 01- ^ ^^ ^^^ ^
fiveté» "0 Mais il n croit pas aifé de trouver un bon moyen de difcuter les l! 10. ci.
matières de l^uchariftie , à caufe de labfence des Principaux Théologiens Rayn.
qui avoient coutume de digérer les matières de Foi à Trente. On tint néan- N** ^^•
moins quelques Congrégations où parlèrent divers Théologiens ; mais on
n'y forma aucun Décret. ' ' Pour la Réformation , on n a ici autre chofe â
en dire , ^ (inon que Ton garda fur cela un profond filence. /Paliav , L.
'^ VL Le 1 de Juin venu , on célébra la Seflion "^ avec les cérémonies or- ^^ ^ *•
dinaires , mais fans y faire autre chofe que de la proroger encore par un De- ^^^ i^ntro-
cret femblable au précédent , qui portoit : Que le Concile avoit différé la roge dénota
Seflion jufqua cetems > d caufe delabfence des Pères qu'on attendoit ; & veau Us
que pour les traiter encore avec bonté , on la prorogeoit de nouveau juf- ntaùhes.
qu'au 15 de Septembre , pendant lequel tems on ne laiffèroit pas de conti- ^ ff^^'
nucr l'examen des Dogmes & de la Réformation, en feréfervant le pouvoir picu^y l.
d'abréger ou d'allonger ce terme , même dans une Congrégation parti- 144. N^ji.
culière.
VIL En France, il ne fut pas difficile au Légat d'obtenir du Roi tout Trahi
ce que le Pape deiiroit ; & ce prince étant aufli jaloux que le Pontife de la tCAllitvice
entre le PM"
te f^ le Râi
10. Mais il nàoit pas aifi de trouver à craindre , que fi ceux des Pères qai écoient \ ^rancê^
un bon moyen de difcuter les matières de reftés à Trente refufoienc d'y foulcriie, cela
VEuchariJlie , à caufe de Vabfence des prin- n* excicâr un nouveau Schidne.
cipaux Théologiens qui avoient coutume de ii. Pour la Réformation, on na ici
digérer les matières de Foi à Trente, ) Ce autre chofe à en dire , fenon que Von garda
n'étoic pas le nombre des Théologiens qui fur cela un profond filence, ) C e(è faute
manquoit. Car Pallavicin , L. lo. c. z. d*avoir vu les Aéles de ce qui s'écoit fiéiit à
nous marque que félon les Ades il en a Bologne , que Fra-Paolo parle ai>nfi. Car
obfervc jufquà 60 ou 70 dans quelques quoique dans le commencement on ne s*oc-
Congrégations. Mais il ne faut pas douter cupât prelque que des Dogmes , on y traita
que quelques-uns des plus confidérables ne cependant auflI dans la fuite de tout ce qui
fuflent reftés à Trente avec les Efpagnols , regardoit les abus des Sacremens , ( Rayn.
parce qu'ils étoient de la môme Nation & N** 71. & feqq. ) & même de la Rcddence
fijjets aux mêmes ordres > & c*e(l ce qui & de la pluralité des Bénéfices - Cures , félon
£iit aufiî , que Fra Paolo ne parle que des Pallavicin L. 10. c. i. Q^ielques Prélats
principaux r^^o/o^ir/rj. Cependant cela n ar- même s'y occupèrent à la traduéîion de plu-
xêtoit pas beaucoup les autres , pui(que Ton fieurs Sermons des Pères en langue vulgai*
Yoit par les Aéles rapportés par Raynaldus « re , comme nous l'apprend le Continuateur
qu'ils expédièrent prefque toutes les matiè- de M. FUury , L. 144. N** ^ 5. & tâcheient
res qui furent depuis décidées dans le Con- ainfi de remplir utilement un tems que leur
cile 'i & que ce ne fut pas tant le défaut de laifibit l'inaâion du Concile.
Théologiens, que les follicitations de l'Bm- n. Le t de Juin venu, on célébra la
pereur & les ordres du Pape , qui empêche- SeJJion avec les cérémonies ordinaires , &c. )
rent qu'on ne publiât rien de ce qu'ils Et ce fiit Ola'ûs Magnus Archevêque Titu-
avoienc déterminé 3 d'autant plus qu'il y avoit laire d'I/pfal qui y cilebra la Mefiè.
Rrr 1
jo^ HISTOIRE DU CONCILE
ii9xivik profpérké de l*Emperear y ils firent enfemblo un Traité , ' dom on rinr (rès«
Pavl IIL {(xrecces pLuâeurs des conditions. Mais encte celles qui furent publiques »
""— ~''— ~" Tuoe ctoit que le Roi envayeroit au plutôt au Concile de Bologne te plu»
•fJ^IJP'* grand Bwmbrc <te fes Evèqu^ qu'il pourroit ; ôc lautre , qu*il donneroir
l^^t]^^ Z>ia;^ fa fille ikaraceUe,agée feuienoenc de neuf ans,en nn.ariagei Horace Far'"
109. nkfn pectt-fils de Sa Sainteté. En mènae tems le Roi envo^ra fept Cardinaux
Slei(LLi> François réfiderâ Rome , pour donner plus de crédit au Pape , & entretenir
P- 5 if- la bonne imelligcnce entre cui v m & Faid de fon côté le iG Juilkc fir Car-
p 400 & dinaux i la pcicie du Roi , ® Ckarlis d$ Vindonu Prince du Sang , & CharU$
41a. ' ^ Guift Archevêque de Reims.
#Flottrr>^ ^^ V^^'* ^^^ la fin du mois d'Août, l'Empereur avec une Arm^d'EC-
i^44.N^ 5^. pagnols & d'Italiens auprès d'Ausbourg , 6c quelques Compagnies d'Ir^fen*
Rayn. N^ ^^^\^ q^'^^ £j entrer dans la Ville , s'y rendit pour y tenir la Diète. Elle com-
VEmperntr n^^nça f le I . de Septembre , & ce l^inœ qui n'écoir occupé que de la pa-
M/pcfi PAl' cification de T Allemagne, y expofa tout ce qu'il avoit fait auparavant dany
Uméignt i diverfes Diètes pour y réu(Iir. il dit : Que c'étott dans cette vue qu'il avoir
fefoumettrt procuré la convocation & louvcrturc du Concile de Trente : Que tout cela:
mê^naU. ^'^y^^^ f^j-yj de rien, il avoir été obligé d'avoir recours à d'autres remèdes r
4.N** 17. ' Q^^ Ditxx ayant fait réuflîr fes projets en réduifant l'Allemagne au point de
siei<L L15. pouvoir s'auurer de la réformer , il avoit convoqué les Princes pour concer-
p* 317- ter avec eux les moyens de le faite ; mais que les différends de Religionr
Adr. L. <. étant la caufc des troubles , c'étoit par-là qu'il falloir commencer. Les
SpooIn® P^'^'^^^s ne fe trouvèrent pas d'accord fur ce point, a Car ks Eleâeurs Ec-
^^oao. cléâaâiques defiroient & demandoient qu'on tint le Concile à Trente , ëd
f leury , L. qu'on s'y fournît fans aucune condition \ au-lieu que les Eleéteurs Laïques
i44.N**7i. qui adhéroient aux Luthériens ne vouloicnt du Concile , qu'à conditioa
?i^*?*j^TL? j' <iu'il fut pieux & libre ; que le Pape n'y préfidât ni p*ir lui-mcroe ni par fes
Légats *, c]u il remit aux Evoques le ferment qu ils liu a^votem tav \ que iea
Théologiens Proteftans y euUent voix délibéracive \ Se que les Detrcf^ qut
avoient été déjà faits fuHent examinés de nouveau. Les autres Catholique»
demandoient que le Concile fc continuât ; qu'on donnât aux Proteftans un
Sauf-conduit pour y aller, & qu'ils euflent la liberté d'y parler ; mais qu'en-
fuite ils fuflènt obligés d*obéir à fqs Décrets.
A/fsfftnat IX. Les nouvelles du fuccès de la Diète en Allemagne avolcnt un pea
Jf Pierre- tranquillifé l'efprit du Pape 9 lorfqu'il apprit ' que le iode ScptmsJxe
Lpuis Duc i î pi:iri'l/>ms Duc de Plaifance , ion fil^naturel , avoit été tué dans ion
de Fétrme,
r Sleid. Ib.
p. 5x8. > )• Ft Pduide fim eètéte 16 dé JuiUti f9iKt qtie neos voyons difterens Ordrts dé
Adr. L. 6. fif Cardinatâx , &c. ) Raynaldus N* x 34. l^mpcreor fîgnés d'Aushourg dans Ip cou-
p. 41^. ditq«e cefe le 17. rant da nnois d'AoAt , ce qui ne poorroîr
Thuaa. L. 14. Sur la fin du mois d'Août , /'£m- être vrai , s'il n 7 étoit venu que fur Ja fin dfe
4. N** 10. fereur. Sec, ) Sleidan dit aa contraire , que ce mois.
Pallav. L. ce fut fur la fin de Juillet ; Suh finem Julù i f . Pierre-Louis Duc de Plaifance y fur»
I o c. 4. menfis Auguftum Cetfar venit cum Saxone fils-naturel , avoit été tué dans fin propre
ctf/riva;&celainepft!X)itplQivraifemblabIey Palais , &c. } LesCfaefi de la conjuration
DE T REN T E, L I V RE IIL yot
propre Paltis , & fon corps jette dans la Place publique , Se ignominieu- wdxlvu.
fcment expofé à tous les outrages du peuple -, Se que quelques heures après ^^^^ '^^•
front qui en retomboit fur lui, que pour la perte de cette ville , Se parce i44.N**8i.
qu'il vojroit clairement que tien ne s étoit fait qu'avec la participation de
TEmpereur.
'* Pendant que lePapectoît dans cette afBiâion , les Légats jugèrent
qu'il ne convenott pas de le fatiguer de deux dépèches par ièmaine , comme Intenup-
ils avoient coutume de faire , pour Tinformer de tout ce qui fepaflbit au ^'^»^'<»;^
Conale -, & que par conféquent il fiUoit proroger pour un long terme le q^^^"/^ ^*
tems de la Sellîon , Se interrompre toutes les fondions Synodales. * Gar bien Bchgne.
que Ton eut pu pour la dignité du Concile célébrer la Seffion indiquée pour s Fleurv, L.
le 15 de Septembre, & prendre un long terme pour la fuivante ; néan- x44N'^8i.
moins la douleur que l'on devoir montrer pour la mort du Duc ne permet-
tant pas que l'on fit aucune térémonie folemnelle^on crut qu'il valoit mieux
anticiper le tems de la Seffion , & la proroger dans une fimple Congré-
gation. C'eft pourquoi le Cardinal del Monu ayant convoqué chez lui tous
les Prélats le 14, il leur dit en fubftance : Que le lendemain avoit été fixé
pour la Seffion , mais que chacun voyoit l'embarras où éroit le Concile :
Qu'il y avoit * encore peu de Prélats arrivés de ceux qui étoient en voyage , ^ j. ^o
Se futcout des François , & que ceux qui étoient arrivés n avoient pas eu 71, * ,.
^ient , (êfon Adriani , Auptft. LanJi , 1 aflâlSnat <hi Duc de Plaifance , comme on
Jean^ Frêder. Ango/choU , Jian- Louis le voit par les lettres de Maffti 9c du Carch
CanfalûnUre , êc Jerâmt PaUAvicinL Les Famlfê citées par le Cardinal PaUég^icin I.
Hidoriens ne s'accordent pas tous evaâe- x». c. 4. qai nous affiure en même tem»,
ount fur quelûoes légères circooilances da que les Légats ne difcontinuerent pas pen-
fait , mais ils (ont tous d|accofd for la fubf- daot tout ce tems-là d'informer le Pape de
tance : ce qui fuflît pour reflènce de THif^ tout ce qui fe pafToit au Concile , & de con-
toire. Il n'y a guèrès non plus de différend tinuer l'examen des matières qui dévoient
entre eux furlecaraélèrede ce Prince, qu'ils 7 être décidées. C'eft ce qui eft auill confir-
Tepréfcntent prefque tous avec les plus noires mé par Raynaldus ^ qui nous apprend que
ccHileurs » de comme on monftre de libeni- ce Âk principalement en Septembre 9c en
3fia^e% de débauche , 9/l de cruauté. La haine Octobre qu'on travailla à la ré&fmadon des
Se l'on avoir conçue contre lui t peot-fttie abus fur les Sacienaenfi. Au refte ce qui peqt
t ezaj^èrer fes crimes > mais on ne peut avoir donné liea à Fra^Paolù de cxoixe que
douter au moins » qu'il ne fe foit abandonné la* léiblution de différer la Seffion fe prit en
à de grands excès , & qu'il n'ait que trop confSkjuence de la nouvelle de la mort du
mérité la fin tsagique qui termina fon règne Duc de Parme , c*eft que cela ne fiit déter-
ic fes jours. miné publiquement que dans la Congréga-
i^. Pendant que U Pape était dans cette tion du 14 de Septembre. Mais les ordres
affliéfion , les Légats jugèrent qu'il ne con- fecrets en avoient été envoyés dès avant l'afi-
venait pas de Le fatiguer de deux dépêches fàffinat de Pierre-Louis , 9l c'eft feute de les
par femaine , &c. ) La réfolution de différer avoir connus que notre Hlftorien a tait cette
le tems de la Seffion avoit été prife avant méprifè.
SOI HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. encore le te/ns de s'inftruice des matières : Que ceux mêmes qui avoienc
Paul III. aflîfté tout TEcé aux difputes épineufes des Théologiens , n'étoient pas ea-
"——""" core préparés : Que d ailleurs laflaffinat horrible du DucdePlaifance tenoic
tout le monde en fufpens , & les obligeoit même de pourvoir à la fureté des
villes de TEtat Eccléfiadique y Qu'ils étoient bien aifes de s être réfervés le
pouvoir de proroger la SelIion,pour s'exemter de la peine de la tenir folem-
nellcment: Qu'il éroit d avis> & même qu'il jugeoii nécellaire de faire ufage
de ce pouvoir pour la proroger dcs-â>préfent > fans attendre â le faire le len-
demam dans une Sellion folemnelle. Tous les Pères acquiefcerent à lavis du
Cardinal , qui ajouta : Qu'après y avoir bien penfé , il ne crouvoic poinc
3u on pût fixer aucun jour poHtif pour la tenir : Que lorfqu étant à Trente
s avoient cru pouvoir expédier en quinze jours le Décret de la Juftification»
il avoient été obligés d'y employer fept mois , quoique fouvcnt ils eudenc
tenu deux Congrégations par jour : Que lorfqu 'on traite de la Foi , & qu'il
s'agit de confondre les Hérétiques , il faut aller i pas comptés , & fouvenc
employer beaucoup de tems à la difcuflion d'une feule parole : Qu'il ne pou-*
voit favoir certainement s'il faudroit tenir la Ssflion dans peu de jours , ou
s'il ne faudroit pas la différer encore de pluHeurs mois : Qu'ainfi il croyoic
qu'on feroit mieux de la proroger pour le tems qu'il plairoit au Concile > ôc
que c'étoit fans doute le meilleur parti : Que fi quelqu'un difoit qu'en en
fâchant le tems précis on pourroit prendre des meiures plus propres, il
pouvoir être afluré qu'en fort peu de tems on vcrroit quel cours pourroit
avoir le Concile. Cet avis fut approuvé de tous les Pères , & le Légat les
congédia.
Les Prélats '7 X. Le même jour , ^ les Prélats de la Diète d'Allemagne écrivirent par
êTAIlema' l'ordre de l'Empereur au Pape, pour lui demander le retour du Concile à
gne écrivent Trente. La lettre étoit mêlée de prières & de menaces. Ils y rcpréfentoienc
^r U prier ^^ '"^"vais état & le danger de l'Allemagne , & difoient : Que l'on eût pu
de réssbiir prévenir le mal , fi le remède du Concile eût été apporté à tems , Se qu'il fc
le Cencile À fut tenu en Allemagne , comme on l'avoir demandé : Que comme ils avoient
Trente. de grands Etats , ils ne pouvoient s'en abfenter pour un long-tems y & que
^ T^"*8^^ c'étoit pour cette raifon qu'aucun d'eux n'avoit été ni à Mantoue , ni i
sicid.L.iV V^^^"^^> & que fort peu même avoient été â Trente, qui eft une Ville
p. 319. d'Italie plutôt que d'Allemagne, principalement en tems de guerre : Qu^
Rayn. N** préfent que tout étoit calme , & qu'ils efpcroient voir le vaifleau arriver
*4- neureufement au port , ils avoient appris avec beaucoup de furprife , que
Pallav^ . jç Concile dans lequel ils avoient mis toutes leurs efpérances avoir été trans-
Spônd. N^ ^^^^ ailleurs , ou plutôt divifé en deux : Qu'étant privés de ce remède , il ne
X5. leur reftoit plus d'autre reflburce que de s'adreflcr au Siège Apoftolique »
îlcury , L. pour prier Sa Sainteté de vouloir pour le falut de l'Allemagne rétablir le
17. Le même jour , les Prélats de la mépr!fe,& Ton voit par la date de la lettre
Diète d'Allemagne écrivirent , &c. ) Le rapportée par Raynaldus , qu elle fat réelle^
même jour, c'eft-à-dire le 14. M. ^ Thou , ment écrite le 14.
I.. 4. N^ 1 8. marque le i } , mais c*eft une
DE TRENTE, Livre III. yoj
Concile à Trente: Qu'en le faifanc, il n'y avoir point deferviccs qu'il ne mdxlvii.
dût attendre d eux : Qu'autrement , comme ils ne favoient à qui avoir re- ^^"^ ^^^'
' cours contre Icsmaux & les dangers qui les menaçoient, s'il n'avoit pas
d'égard à leurs demandes *, & s'il ne remédioit pas à leurs malheurs , il
pourroit arriver qu'ils prendroient d'autres confeils & d autres mefures pour
mettre fin à leurs peines. Enfin ils prioient Sa Sainteté de prendre en bonne
part une lettre y que leur devoir & laconjondfcure des tems les avoient forcés
de lui écrire.
L'Empereur de fon côté n'omit rien pour porter tout le monde à fe fou-
mettre au Concile , priant & prefTant chacun de s'en repofer fur fa bonne-
foi. * Les prières qu'il employa envers l'Eledeur Palatin avoient un air de x Bcicar. L.
i»enaces , a caufe des fautes qu'il lui avoit pardonnées tout nouvellement. ^4- N° 47.
Les bienfaits que Maurice Duc de Saxe avoit reçus tout récemment, & le ^^^'^'^^P-
defir qu'il avoit de voir délivrer le Landgrave fon beau-père, lui iropo-ThJjj^ L,
foienc une forte de néccflîté de complaire à l'Empereur. C'eft pourquoi , 4. N° 17.
fur la proxneflc que Charles leur fit de faire en forte que le Concile leur Fleury , L.
donnât la fatisfaétion qu'ils demandoient, & fur fes inftanccs réitérées de M4«N°75-
fe repofer fur lui , ils donnèrent enfin leur confcntement , qui fut fuivi de
celui des Ambaffadeurs de l'Eledeur de Brandebourg & de tous les Princes.
Mais les Villes refufèrent le leur , comme y ayant trop de danger à fe fou-
tnettre indifféremment à tous les Décrets du Concile. Granvelle négocia
long-tems avec leurs Ambaffadeurs , qu'il traita d'obftinés fur ce qu'ils
refufoient de confcntir à ce que les Princes avoient approuvé ; & fur les
menaces qu'il leur fit de faire payer à leurs Villes de plus grofles fommes
^ue celles qu'on avoit déjà tirées d'elles , ils furent tous contraints à la fin
e condefcendre à la volonté de l'Empereur, mais à condition qu'on
leur donneroit une caution des promedes qui leur étoient faites. Les Am-
baffàdeurs furent donc appelles devant l'Empereur ; & interrogés s'ils fe
conformoient a la délibération des Princes, ils dirent que ce feroitune
trop grande témérité à eux , de vouloir corriger la réponfe des Princes 5
& ils donnèrent tous enfemble un Ecrit , qui contenoit les conditions aux-
quelles ils vouloient bien recevoir le Concile. L'Ecrit fut reçu , mais non
pas lu ; & le Chancelier au nom de l'Empereur les loua de ce qu'à l'exem-
fie des autres ils avoient tout remis a ce Prince , & s'étoient repofés fur la
onne>foi de Sa Majefté , qui de fon coté leur témoigna fa fatisfaâion de
leur conduite. '^ C'eft ainii que chacun des deux partis vouloir bien être
trompé.
3,
18. C*eft aïnfi que chacun des deux par^
lis voulait bien être trompé, ] L'Empereur
en leur faifancdiie plus quils ne Touloient,
& les AmbafTadeurs des Villes en ne s opofant
pas ouvertement à la déclaration des Prin-
ces , à laquelle cependant ils ne fe confor-
moient qu a certaines conditions , dont ils
confentirent qu'il ne fut point parlé. Mais
cet accord , comme tous ceux qui fe font
d une manière équivoque & ambiguë, n'eue
aucune fuite j & quoique les Princes Pro-
tefbins & quelques Villes envoyaflènt des
Ambadàdeurs au Concile pour complaire à
l'Empereur , ils ne voulurent jamais pro-
J04 HISTOIRE DU CONCILE
MoxLvu. XI. Le Cardinal Sfondrau ne manqua pas de (on côcc de propofer i
Paul 111. l'£nu>ereur toutes fartes d'avantages » poar le faire confentir à la tranlla*
-"■"■"— ^ tion du Concile à Bologne. ^ 11 lui repréfenta la confufion <jui croit en
V \^v' Angleterre fous un Roi mineur gouverne par des perfonnes qui ne s ac-r
Klreur d'Z- cordoient pas entre elles , ôc parmi des peuples que la différence de Reli-
prouver U gton tenoit dans une défiance réciproque les uns des autres. Il luidéooa*
tranfîxtton. yrit ies intelligences que ie Pape avoit dans ce Royaume » 6c qu'il feroic
y ^'^"^i toutes agir en ia faveur. Il lui offrit , s'il vouloit s'en rendre maître , que
6 ^tc 7o ^^ Pape lui fourniroit des troupes & des vaidèauic, & lui accordcroic la le^
Adr. L. 6. vée des revenus Ecdéfiaftiques de cous fes Etats. '^ Mais l'Empereur, qui
p. 4x i. voyoit que le but du Pape étoit de l'embarquer dans de nouvelles entrepris
PalliT, L. Pj5^ pour déranger celle qu'il avoir heureufemenc terminée» répondit:
lo.c. j. Qy^w vouloit agir de concert avec le Pape dans les choies de Religion;
mais que pour les affaires de la guerre il étoit réfolu de ne s'en repofer
3ue fur lui n^me , pour ne pas fe trouver à la tète d'une Armée qui l'abaii-
onnât aitbefoin , cotnme il étoit arrivé dans la guerre d'Alleinagne« De
fon côté il jpropofa aulli divers avantages au Pape , s'il vouloir confentir aa
Infisncês retour du Concile i Trente, Mais le Légat ayant dit qu'il n'avoit aucune
de rEmf€' commiffion de traiter fur ce point , ' l'Empereur dépêcha en diligence le
teurpour U Cardinal Madruct au Pape pour n^ocier avec lui le retour du Concile , 8c
retour du traiter de quelques autres chofes , dont je tendrai compte. Le Pape l'ayant
TrTntê entretenu plufieurs fois fans lui découvrir (a penfée, lui dit enfin, qu'il
Envoidu croyoit qu il dévoie en faire la propodtion dans le Conûftoire.
Card. M«- XII. ^° Lfi 9 de Décembre le Cardinal s'y préfenta , ^ & y ayant expofé
druce À Rc^ J^
m • , pour
^ p /r' T "^^"'^ ^^ ^® (bumettre à fes Décrets » qu*à Hiftorien , & la proruei^a de papoli & d%
xi al av. L. jgj conditions qui firent quon ne put tirer Signori a fart quanto à Cefare piaceva ,
rj.1* * '« aucun avantage de leur compIai(ânce. creava maggior temen^a ncl Pontefice & ne
vjo j o ' 19- Mais l'Empereur , qui voyoit que le gli altri Potentati minori. Etpercib il Papa
w^^ 'Y^hut du Pape étoit de V embarquer dans de harebbe voluto implicatt rimperadore in
P ii^x/ nouvelles enereprifis répondit , &c. ] Le guerra comro ad Inghilterra — & ciô JS
Adr. L.6. Ciidïnai Pallavicin', L. lo c. ). voadroic sfor^ava di perfuaden il Legato Cardinale^
e. 414. bien nous faire accroire que le Pape n*avoic j4lle quali demande piacevolmente rijpofi
Spond. en cela que des vues de Religion. Mais TEm- rimperadore , clu da quinci innanii voUva
N** 51. pereur n'en jugea pas ainfi de lui-môme, fare i fatti fuei da fe ftejfo , ne pik ejjcr
Rayn. comme on peut voir par la réponfe qu'il fît Capitano di Signore — & pur tornava à
N® 87. au Légat , & que ce Cardinal rapporte, ricordare al Ltgato , che^l Concilo fi de^
a Sleid. L. Charles en effet étoit trop éclairé pour être voffe richiamare a Trcnto , la quai cofa il
1 9- P- 5 3^« la dupe d une telle propoficion ; & il ne faut Papa non voleva , &c. Ce n*eft donc pas
ralla? .L.9. pasbeaucoop de lumière pour voir que Paul une invention de Fra-Pmolo y que ce dedêin
^' * fongeoit moins en cela au fervice de Dieu , d embarraniêr TEmperear dans une noutellè
^o^r* 90* ^^' propres intérêts , & afin d*empècher guerre j & la piété de Paul lll n'eft pat
PI ^* T rEniperenr de preifer le retour do Concile afiet bien établie , pour (aire croire que la
j j^o_ 'àTrente, comme nous lapprend .^^/nVfAi, Religion eut plus de part à (es dématchtl
Thuan. L. * ^°"' ^^^ ' ^^^ * '"é ce qu'il rapporte, que la Politique.
4. N^ 11. Quefto fi gran fgvore di Gtrmsnia, dit cet xo. Le $ de Décembre h Carditial A^
préfenta ^
DE TRENTE, LivreII. yoy
ks peines & les dangers que TEmpereur avoit efluyés pour foutenir la di- mdxlvu.
gnitc du Concile , & comment enfin par fes foins & fon aucoritc il ve- ^^^^ ^^'•
noie d engager tous les Princes & les Etats d'Allemagne à le recçnnoîrre & — —
à. s Y foumettre , il pria Sa Sainteté au nom de l'Empereur , du Roi FcrJi*
nandy 8c de tout TEmpire , de vouloir pour Tamour de Dieu faire retour-
ner à Trente les Evcques qui croient à Bologne , pour y terminer l'œuvre
finéceflfaire qu'on y avoit commencée, & d'envoyer un ou deux Légats
en Allemagne avec des pouvoirs très-amples & fans reftridtion , afin que
de concert avec eux on piii; établir une manière de vivre jufqu a la fin du
Concile, & réformer l'Ordre Eccléfiaftique. *' Il prioit en mcme tems ,
qu'on délibérât , Se qu'on décidât , â qui , le Saint Siège venant à vaquer ,
appartiendroit l'Eleâion , aux Cardinaux ou au Concile -, de peur que fi le
cas arrivoit , cela ne vînt à exciter quelques nouveaux troubles. Ce dernier
point fut ajouté pour avertir le Pape de fa vieillefle ôc de fa mort pro-
chaine, & le porter par- là â avoir plus de complaifànce pour l'Empereur ,
par la crainte de laiHer fa poftérité héritière du reflèntiment qu'auroit ce
Prince de fa réfiftance. Le Pape pour toute réponfe au Cardinal , après ^f P^p^ w
avoir loué la bonne volonté de l'Empereur , & tout ce qu'il avoit fait pour ^^ ^fî*
* • ^ ^ quê d$s fa-
préfenta , 5cc. ] Le Cardinal PaUavicin , rogavît ut — Patres r- Tridtntum redire ^^^^ ^^'*'"
L. I ) • c. 8 . dh que Madruce longtems avant juberet , &c. Peot-on doater après cela qui ^^.^' * f '^
le 9 de Décembre avoit expo(c fes Inftruc- fe trompe , de Fra-Paolo ou de fon Cen-^*^ y^*
dons au Pape en particulier , ce qui eft vrai, feur ? -j' J?^^^
Mais Fra-Paolo , loin de le nier, dit deux î i. // prîoit en même tems qu'on déli- ' f^
lignes auparavant, que le Pape Tavoit en- bérdt & qu'on décidât , â qui , le Saint ^f^^* j^'
f retenu plufîeurs fois fans lui découvrir (a Siège venant â vaquer , ^Pf^f^i^f^droit l'E- ^^^^^^i^i
penfée. Quant à ce que PaUavicin ajoute, leélion, &c. ] Notre Hidofien s'eft ici trom- f^êmes foUi-
quedansleConfiftoiredu ^ilnefutqueftion pé groflièremenr , (î Ton s*en rapporte i citations de
que de lire les avis des Députés, c*elt ce qui PaUavicin , qui alTure, L. lo c. 6. que la la part de
e(l abfolument convaincu de &az par le té- chofè avoit été proposée auparavant par les t Empereur,
Aïoignage des Hidoriens , qui tous atteftent Romains mêmes & réglée. Que la cbofe
que le Cardinal Madruce y fit unlongdif- eftt étépropofSe auparavant à Rome, c'eft
cours pour perfuader le Pape de rétablir le ce que Fra-Paolo ne nie point. Mais il n'en
Concile à Trente. Cardinalis Tridentinus , eft pas moins vrai > que le Cardinal Ma-'
dit Sleidan , nona die Decemhris infrequen^ druce la propolà derechef dans le Confifloire
tijfimo Senatu Cardinalium prafente Pan'- comme un cMf de délibération î & c'efl ce
tifice rem proponit ut erat jujfus, Adriani qui efl attefté par Raynaldus , qui ajoute
rapporte la même cho(e. // Card. Madruc- que le Pape en fut fort choqué. Demùm
ci y dit-il , con longo 6» bel fermone féconda jnjfus addidit non fine Pontificis offenfione ,
rtnjiruiiione s*ingegno di perfuadere al perpendiret ac ftatueret ^ fi Conciliitempore
Papa & a Cardinali , — chcH Papa fojfe contingeret ipfiim h vivis eripi , utrum eli*
contenta per falute délia Chriflianita • di gtndi potefias ad Patres in Synodo congre^
ritarnarla là dcv*egli era Jlata intimato , gâtas , an ad Cardinales qui Ramée degant ,
&c. Et c*ell cz qui e(l auffi attedc par Ray- pertineat, Sleidan dit poficivenient la môme
jialdus même en ces termes : Nona die chofe, L. I9. p. 551.au/fi-bicn que M. de
Decembris Chrïflapharus Madrutius Cardi- Thou , L. 4. N° zi. &ces autoiiccs jufti-
jialis Rama in frequentiffimo Cardinalium fient aflez le récit de Fra-Paolo*
:Senatu coram Pontifice habita oratione^ —
T O M £ I. S f f
h Adr. L
6, p. 41^.
Thuan.
J06 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. le fervice public de lEglifc, dit : Qu'il feroit route raticntion que itiéri-
PaulIII. toientles propofirions qu'on venoit de faire, ôc prcndtoit le parti qu'il
plairoit à Dieu de luiinfpirer. ** Le Cardinal voyant qu'après avoir tenté
inutilement dans plufieurs audiences fecrettes d'avoir quelque téponfc fa-
vorable du Pape , il n'en pouvoir rien tirer , ^ s'en retourna à Ausbourg ,
&c lailTa fes Inftruftions i Mendo:^e , que rEnipereur avoir envoyé à Rome
îuan. L. jç Sienne , où il ctoit pour accommoder les différends de cette République.
t rL^^ ^^ Dans le Confiftoirc public que tint le Pape pour donner le Chapeau
j|o " 1. au Cardinal de Guifc , ^ & où peuvent aflîfter toutes fortes de perfonnes ^
cVslWzw.L. Mendozz redit au Pape les mêmes chofes que lui avoit reprefcntées le
9, c. s. Cardinal Madnicc , & ajouta : Que (1 Sa Sainteté différoit ou refufoit de
^^^Ti'o ^* donner fatisfaélion à fon Maître , il avoit ordre de protefter que le Concile
!/slci<l L^ ^^ Bologne n'étoit pas légitime. ^^ Le Pape répondit : Qu'il vouloir aupa-
^9' P- 5 îî. ^^^^^^ entendre les raifons du Concile , & en communiquer avec les Rois
Thuan. L & Ics Princes Chrétiens , pour prendre enfuite la réfolurion la plus avan-
4. N** 11. tageufe au fervice de Dieu , & la plus propre à fatisfaire tout k monde.
XIII. Dans le même Condftoire le Cardinal de Guiji fit un difcours
public au nom du Roi de France » où il dit en fubftance : ^ Que le Rot
11.
Spond.
Kayn.
Bcicar. L
M.N°49,
21. Le Caniinal'^''^s'en rttùuma à
Ausbourg, & laijjafts Inanitions à Men-
do^e , &c. ] Par ce récit de Fra-Paolo , il
femble que le Cardinal Madruce (bit pani
imnicdiatemenc après le Confiftoire du $.
Mais cela n eft pas exad. Car Madruce refta
encore quelques jours à Rome , d'où il ne
partit qu'après la prote(lation que fit Men-
do^e dans le Çon£iloire Tecret du 14 de
Décembre , ainfi que le dit Pallavicin , L.
9. c. 8. & que l'infinue aflèz le r6cit de
donné occafion à cette £iare , eft ce qua
difent Slcidan L« 19. & M. ie Thou L. 4.
N^ 11. que- dans le Confi(loire du 14. de
Décembre le Cardinal de Guift, qoi étoît
chargé de TAmbaflàde d'Obédience de la.
pan du nouveau Roi Henri , fie un difconiSL
où il releva beaucoup le mérite des Rois de
France envers le Saint Siège , & aflîira Paul
de toute l'afllftance & la proteâion qu'il pou-
Toit attendre de fon Maître.
14. Le Pape répondit fu'U vouUit au-^.
Sleidan , qui ne met le dépan de Madruce paravant entendre les raifons du Concile ,^
qu'après la demznàe de Mendo{e» Pontifex 8cc, ] C'eft ce que d^t Sleidan, L. X9* p«
uhi poftulata Tridentini & Mendo^ee cog- i^\*VellefedicitcumPatrihusquiSononim
npvit , velU fe dicit cum Patrihus qui Bo^ jini delièerare» Mais Pallavicin aufli-biea
npnûe fine deliherare , & ad-^fUteros etiam Qfi'Adriam & M. de Thou marquent qu'il
Orbis Chriftiani Principes rem déferre. Tri-
dentinus et go cum aliud refponfum impetrari
non poffet , domum revertit reliâo ibi Men^
dô^a , &c. SIeid. L. 19. p. 3)5*
1 3 . Dans le Confiftoïre public que tint le
Pape pour donner le Chapeau au Cardinal
de Guife ^ &c ] Le Cardinal de Guife avoit
reçu le Chageau dans le ConfiHoire du 14
d*Oélobre, Pallav. L. io. c. 8. ainfi c*eÂ
une méprife vîfible dans Fra^Paolo d'avoir
marqué cette cérémonie au 14 de Décem-
bre , comme a fait audi le Continuateur de
M. Fleuri* Il 7 a apparence que ce qui a
le contenta de répondre d'abord , qull en
Youloit délibérer. Ainfi , après la (ortie de
l'Ambaflàdeur , ayant pris la Toix des Car-
dinauz » & la pluralité étant pour entendre
les raifons des Pères de Bologne > il fit fa voir
cette rétblution à Madruce 8c à Aiendo^e»
Au fond cette différence eft légère , & ces
Hiftoriens ne varient qu'en ce que Fra^
Paolo rapporte d'abord le réfiilut de la dé-
libération du Confiftoire , au lieu que les
autres diftinguent la première réponfè da
Pape d'avec la féconde : ce qui ne change
lien à la fubftance du fait.
DE TRENTE, Livre II L T07
François 1. n'avoit épargné ni peines ni dépenfes pour maintenir la liberté mdjclvu.
de tous les autres Princes : Qu'à fon exemple , Henri fon fils , héritier de Paul WI-
Ja bonté de fon père , ayant à peine calmé la douleur , avoit voulu donner *
des marques de fon refpeét pour le Saint Siège : Que les Rois de France Difiours
^voient plus fait pour les Papes qu aucun autre Prince •, mais que rien de ^ ^^j^ns
tout cela n'égaloit lof&e que raifoit Henri de routes fes forces pour mainte i/con^oi-
nir Tautorité du Pape^ dans un temsoù elle étoic auffi méprifée : Qu'il re.
pioit Sa Sainteté de recevoir le Roi pour fon fils , & de fe promettre de
lui toute forte de fccours : Qu'au reftc , il l'cxhortoit i faire en forte que
TEglifc ne reçût ni af&ont ni donimage , puifqu'on nefavoit que trop qu'il
s'étoit fouvent formé de grandes Faâions de petits commcncemens , qui
avoient expofé les Papes à de grandes extrémités. Puis 3 après avoir rap-
porté l'exemple de plufieurs Papes que les Rois de France avoient mainte-
nus & défendus dans leurs malheurs , il dit que le Roi préfènt ne feroit
inférieur à aucun de fes prédécellèurs dans le zèle qu'il marqueroit peur le
maintien de la dignité du Saint Siège.
XIV. Bien des gens crurent que c'écoit le Pape qui avoit fait ainfi . f ^ ^^f^
parler le Cardinal de Guife , pour relever le courage des Cardinaux de fa ^^^^iJ^^ ^^
dépendance , & mortifier les Impériaux , en leur faifant voir qu'ils ne de- Bologne^qui
voient pas penfer à le forcer. Et pour exécuter ce qu'il avoit dit iMendo[e , déftndcnt la
il écrivit au Cardinal dd Monte la propofition de ce Miniftre & fe réjponfe •, cMoniciti
& lui ordonna qu'aptes avoir invoque le Saint Efprit, il expo(at le tout **''^'' .
au Concile , & lui mandât cnfuite quel étoii l'avis des Pères & leur ré- '^Rayn-^l
folution. ^ Morue après les avoir a(lemblés leur expofafa commiflion , & &n. 1547.
dit le premier fon avis , qui fut fiiivi de tous les autres , *^ paire que l'Efprit N^ 51* ^
qui avôit coutume d'infpirer les Légats <:oRforméfnent aux intentions du ^^V^
Pape, & les Evèques conformément à celles des Légats ^ opéra en cette p^J,', ' '^'
occafion , comme il avoit fait dans les autres. Le Légat ayant donc re- Mait.T. 8.
cueilli les voix, répondit de l'avis de TAdèmUée, & en fon nom : Que p. 11^7.
les Pères , après avoit fait un Décret légitime de fc transférer de Trente Pallav. L.
•i Bologne , avoient averti tout le monde de s'y rendre ; & qu'ayant appris 1^' ^ ^' t
depuis qu'ils étoicnt à Bologne , que quelques-uns des Prélats étoient rcf- j/^^^ôg^.
tés à Trente, ils les avoient exhortés d'une manière pleine d'amitié ave-
nir fe rejoindre au Corps du Concile \ mais qu'au mépris du Synode Se au
icandale de tout le nxmde , ceux-ci n'en avoient tenu aucun compte &
1 f . Parce que VEfprît qui avoit coutume
d*infpïrer les Légats conformément aux in-
tentions du Pape , & les Evêques conformé-
inem à celles des Légats , opéra en cette oc-
xafion , comme il avoit fait dans les autres.^
It m*étonne que Pallavicin , qui eft G. fort
'cn garde contre toutes les exprefKons de
Twtre HiftoTÎen , n'ait trouvé ici quelque
"ipcétcndue impiété dans ces paroles de Fra^
Paolo j qtri fè moque fi finement de la fer-
vitudedes Pères , qui fuivoient aveuglément
toutes les impreflions que Home infpiroit
aux Légats. Il faut avouer cependant , que
tous les Prélats ne fiirent pas toujours égale-
ment docites à CCS infpirations ; & Ton verra
dans la fuite , que les Hfpagnols furent quel-
quefois terriblement rebelles à r£rprir qu*on
^nvoYOxtde Rome.
Sff »
yo8 HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. écoient demeurés à Trente, comme s'ils éroient le Concile légitime, oa
Paul III. qu ils ne fulTent pas obligés d'obéir à celui de Bologne : Qu ils ne voyoicnt
— — pas comment , fans blefler la dignité & la réputation du Concile , ils pou-
voient retourner à Trente , à moins que ceux qui j éroient encore ne
vinflent d'abord à Bologne fe rejoindte aux autres , & reconnoître l'auto-
rité du Concile : Que quand ils auroient fait cette démarche , on pourroit
en confidération de l'Allemagne parler de retourner à Trente , pourvu que
cette Nation donnât une fureté fufiifante de fe foumettre tant aux Décrets
qui éroient déjà faits , qu'à ceux qui étoient à faire : Que comme- il s*étoic
répanda un bruit , que quand le Concile feroic retourné à Trente on peu-
foit d y introduire une manière de procéder populaire & licentieufe , les
Pères jugeoient néceffaire qu'on donnât aufli une bonne fureté , qu'on j
obferveroit l'ordre qu'on avoir tenu dans la célébration des Conciles de-
puis le tems des Apôtres jufqu a ce fiècle : Qu'outre cela > ils vouloient
encore une affurance , qu'outre la fureté de leurs perfonnes ils auroient
la liberté de fe retirer & de transférer le Concile quand on le jugeroit n&«
cefTaire à la pluralité des voix , '&c de le pouvoir nnir quand on auroir far
tisfait au fujec pour lequel il avoir été convoqué : Qu'enfin ils prioient Sa
Sainteté de ne les point forcer a rien faire qui fût contraire à l'honneur de
Dieu , & âla liberté de l'Eglife.
^^ Apre's avoir reçu ces lettres, le Pape , le jour de S. Jean TEvangé-
/Mart. T. lifte ^ après la Mefle , retourna dans la chambre des Paremens , & commu-
ai P*^'7i- niqua aux Cardinaux la réponie du Concile , qui fut approuvée de la plus
^^^^' grande partie. Ilfir enfuite appeller itfe/z^o:[e , à qui, après avoir fait part
Belcar. L. ^^ ^^^ lettres & de Tapprobarion des Cardinaux , il dit : Qu*il n'y avoir
14. N^ 50. rien qu'il n'eut voulu faire pour l'Allemagne, & que l'Empereur pouvoir
Pallav. L. en rendre lui-même un bon témoignage : Qu'il etoit affuré que la de-
mande que Mtndoiç avoir faite au nom de l'Empereur , du Roi Ferdinand
Se de TEmpire , fuppofoir que c'étoit à condition qu'elle ne fiir pas con-
fleury I L. traire â la paix & â l'avantage des autres Nations , non plus qu'à la liberté
244. N*^^o. de l'Eglifè : Que le Concile Général en ayant jugé autremenr , aufli-bieir
que le Sacré Collège , il n'avoir ni pu n'y dû s'empêcher d^approuver la.'
tranflation comme légitime & raifonnable, comme il l'approuvoit encare:
Que pour l'amour qu'il portoit à l'Empereur & au Roi Ferdinand , il eût
deiîré lui rendre une réponfe plus agréable v mais que l'on ne devoit atten^
dre d'un Pape Se d'un Chef de l'Eglife que ce que le bien public l'obli-
geoit de déterminer : Que connomant la prudence de l'Empereur Se fon
10. c. 10.
Rayn.
N^ 96.
z€. Après avoir reçu ces lettres , le Pape^
le jour de S. Jean l'EvangeUJU après la
Meffe s retourna , &c. J Ceft ainfi qu'il £iut
traduire Fra-Paolo , & non comme a £ût
M. Amelot, qui £ûc dire ÊtuITement à notre
Auteur, que le Pape avait reçu ces lettres
le jour de S. Jean l Evangelifie^ c'efl*à-dixe
le 17. Car elles étoient arrivées à Rome dès
le 14, mais elles ne furent communiquée»
à Mendo^e que le zj.Sc Fra^Paolo ne dit
rien autre chofe. // Pontifice , ricevute
quefte lettre , finita la Meffè del giorno dl
5. Giovanni Evangelifia ritomato alla.
Caméra '^fatochiamarilAfendoi{a , &ç»
DE TRENTE, Livre III. J09
amour filial , il cfpéroit que ce Princcprcndroit en bonne part une réfo- mdxlvh;
lution que les Pères avoicnt jugée néceflaire ; qu'il ordonneroit aux Pré- ^^"^ ^^^
lats Efpagnols qui étoienr encore à Trente de fe rendre à Bologne , & — •
feroit tout fon poffible pour faire accepter à rAllemaene les conditions
propofées par le Concile j qu'il y envoyeroit au plutôt les Prélats Alle-
mands ; & donncroit des furetés pour lobfervation des conditions propo*
{éts. Mcndo^e connoifTant par cette réponfe la réfolution du Pape, vou- Mendoze
loit protefter fur le champ : Que rAflcmblée de Bologne n'éroit pas un "^^«^ fraej^
Concile légitime, & que fi Sa Sainteté ne la renvoyoit pas à Trente , elle *f^ ^'*^'
feroit la caufc de tous les maux qui en arriveroient,& qu a fon défaut l'Em- ^^ ^^^^
pereur comme Proteâeur de TÊglife y pourvoiroit.. Mais à la prière d\Xeftemfé:hé
Cardinal de Trani Doyen du Sacre Collège , & de quelques autres Cardi-/«r quel-
naux , il confentit à mander cette réponlc â fon Maître & à en attendre de ^f'^ ^^^
nouveaux ordres. dtnmuc.
XV, Le Pape jugeant aux démarches de Mendoie , que cette affaire ^ponfe
S)ourroic produire quelque nouvelle brouillerie entre lui & l'Empereur , ^^(/^^«A
entit qu'en ce cas il lui feroit defavantageux d'avoir les Prélats d'Allema- ^^^ p^'/_
gne à dos. S ^7 Ayant été d'abord extrêmement ofFenfé du dernier article Uts tCAUe-
de leur lettre , dont j'ai parlé» & où ils marquoient qu'ils feroient ohXi- mmine,
gés de prendre d'autres mefures & d'employer d'autres remèdes, il avoir X ^^^"H^^-
réfolu de ne leur faire aucune réponfe ; & trois mois fe paflcrcnt fans qu'il '^^' ^•'
changeât d'avis. Mais mieux confeillé enfuite , & craignant que ces Pré-*
jetter dans de plus grands embarras -, ^^ il réfolu t pour
les honorer d'une réponfe tout enfemble modefte & arriîîcieufe , & mêlée
d'un peu de refienriment , comme il convenoit a fa dignité. Après avoir
donc conunencé ^ par louer la piété qu'ils faifoient paroître dans le zèle^ Slzïà. £,
qu'ils avoient pour remédier aux Héréfies & aux Séditions, il les afluroit : '^' P- 55 5'-
Que de fa part il n'avoit rien omis de ce qui étoit du devoir paftoral , Se ^*"*^- ^
que quoiqu'aflèz occupé d'ailleurs , il n'avoit paffé & ne palibit encore Rayn. ad
an. i$^9^
17. Ayant été d* abord cxtrémenunt offtn- Mais eft-il naturel de croire que c'en fSt-là N® 4.
y? du dernier article de leur lettre — il la véritable caafe , puifcju il fe paflà deux Thuan. L.
avoit réfolu de ne leur faire aucune répon- mois entiers entre la réception de la lettre 5. N® i.
fe , &c. ] A en croire la Cardinal Palla- & l'envoi du Cardinal Madruce , qu'il ne Spond.
vicin , L, i o. c 1 o. la feule raifon qui avoit pouvoir prévoir ? 11 y eut donc de la politi« N**. i.
fait différer au Pape (à réponfe aux Prélacs que dans ce retardement , &quoiquendife^lcar. L^
Allenwnds eft , qu'il vouloit attendre le fuc- PaUavicin , il femble que Fra-Paolo eo ait ^$ • N** 7-
.ces de la négociation du Cardinal Madruce aflèz bien imaginé la caufe.
fcde Mendo^e 9* & la preuve qu'il en ap- 1%. Il réfolut pour prévenir le mal , de
porte eft , qu'il leur avoir fait faire des ex* les honorer d*une réponfe , &c. ] On la peut
cttfes de ce retardement par le Cardinal voir dans /^/x^A^uj N^ 4. datée du i. de
Sfondrate (on Légat, qu'ils avoient reçies Janvier rf48 , c'eft-à-dire , écrite trois
Êivorablemenr. Il eft vrai que c*eft-là le mois & demi après celle des Prélats d'Aile*
prétexte qu'il en apporte dans fâ réponfe. magne»
yio HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvir. aucun jour fans penfer au remède qu'on pourroit apporter a ces maux :
Paul III. Quec'écoic pour cela que dès le commencement de fon Pontificat il avoit
eu recours a celui dont ils lui parloienc , c*cft-à dire, au Concile. Puis ,
après avoir rappelle tout ce qui étoic arrivé dans la convocation de ce
Concile , & les empêchemens qui en avoient retardé l'ouverture , il ajou-
toit: Que depuis la tenue du Concile, il s'y étoit fait plufieurs Décrets,
tant pour la condamnation d'une grande partie des Héréfies , que pour la
Reformation de l'Eglife : Que la tranflation du Concile à Bologne s'étoic
faite à fon infu -, mais que le Synode ayant eu le pouvoir de la faire , il
préfuppofoit qu'il avoit eu des raifons légitimes , jufqu'à ce qu'on lui fît
connoître le contraire : Que quoique quelques-uns des membres n'y euf-
fentpas confenti , on ne pouvoit pas dire pour cela que le Concile fut
divifc : Qu'on ne l'avoir pas transféré dans une ville qui fut fort éloignée,
ni mal affurée *, & qu'étant fujette à l'Eglife , elle en étoit au contraire
plus fure pour l'Allemagne , qui avoit reçu de l'Eglife Romaine la Reli-
gion Chrétienne Se pluueurs autres bienfaits : Qu'il lui importoit peu que
le Concile fût célébré là ou ailleurs , ôc qu'il n'empechoit point que les
Pères ne pufTent choifir une autre ville , pourvu qu'ils n'y fuflênt point
forcés -, mais qu'ils verroient par une copie des lettres des Pères de Bo-
logne , les railons qui les empêchoient de retourner à Trente : Qu'il
avoit diftéré de répondre à leur lettre , parce que le Cardinal Madmct
6c cnfuite D. Di^o de Mendoie étant venus le trouver de la part de l'Em-
pereur , il avoit voulu d'abord répondre à ce Prince : Que par la leâur e
des lettres des Pères de Bologne qu'il leur envoyoit , ils verroient ce qu'il
y avoit à faire avant que de parler de retourner d Trente : Qu'il les piioit
donc de venir eux-mêmes , ou d'envovet des Procureurs à Bologne pour y
pourfuivre le Concile. Il ajoutoit en nniffant : Qu'il n'étoit point embar-
raffé de l'endroit de leur lettre où ils difoient qu'ils prendroient d'autres
mefures Se d'autres voies , puifqu'il pouvoit fe rendre ce témoignage i
lui-même de n'avoir rien omis de fon. devoir, & d'avoir ufé de toute la
charité poffible envers l'Allemagne : Qu'il fe promettoit d'eux & de l'Em-
pereur , qu'ils ne feroient rien fans l'avoir bien pefé auparavant : Que
s'ils tentoient quelque chofe contre l'autorité du Saint Siège , il ne pour-
roit pas lempecher , puifque Jefus-Chrift lavoir prédit quand il l'avoir
établi 5 mais qu'il ne craignoit point que les efforts qu'on feroit contre ce
Siège pufTent réuffir , parce qu'il étoit fondé fur un roc très-ferme :
Qu on avoit effayé plufieurs fois la même chofè , mais que routes les ten-
tatives avoient échoué *, & que Dieu avoit donné dans les premiers qui
l'avoient tenté , des exemples de ce que dévoient attendre ceux qui les
imiteroiem : Qu'enfin s'il y en avoir à préfent que les miféres palTées n'cuf-
ient pas la force d'arrêter, il fe promettoit néanmoins d'eux qu'ils perfé-
véreroient conftamment dans la piété Se dans la fidélité qu'ils avoient pro-
.'mife, & que dans tomes leurs Alfemblées ils ne prendroient aucuBS con-
feils contraires à la dignirc de l'Eglife.
DE TRENTE, Livre IIL yii
XVI. Mcndo[c ayant donné avis à TEmpcrcur des conditions que propo- mdxlvii.
foietit les Prélats de Bologne & de la fernaetc de la réponfe du Pape , quoi- ^^"^ ^^^•
que ce Prince vît clairement que Sa Sainteté fc couvroit du nom du Con-
cile , qui étoit abfolumcnt dans fa dépendance , & à qui il donnoit entiè- ^^^^ ^^^
rement le mouvement ; ^^ cependant , pour montrer au monde qu'il n'avoit^^/^j?^
rien omis pour procurer le retour du Concile à Trente , * il envoya à ^o-fremi^re-
lognc François f^argas 8c Martin Vclafco , qui ayant obtenu audience le 1 6 ^^^ ^ ^^*
de Janvier , 5° préfcnterent aux deux Légats & aux Pères , qui ne fe trou- •^'.» x
verent pas en plus grand nombre que dans la dernière Seffion , les lettres de ^l^^ ^^^
l'Empereur adrcilces à rÀflcmbléc fous ce titre , Conventui Patrum Bononia. tre U trans*
5' Après qu'on en eut fait la lefture, Fargas ayant commencé à parler , ^'«^/<'» du
fut irtterronipu par le Cardinal dcl Monte , qui lui dit : Que quoique le ^f ^f'^^'
Concile ne fut pas obligé de l'écouter , parce que les lettres de l'Empereur ^ ^^ '
n croient pas adreflces au Synode , qui n'étoit pas une fimple Aflemblée Adr. L. 6. *
mais un véricable Concile , néanmoins ils vouloient bien Tentendre , en p. 430.
pioteftant cependant que c'étoit fans préjudice â leurs droits, & fans qu'on Bclcar. L.
pût en tirer avantage contre eux ; & qu il leur feroit toujours libre de con- l^' ' ^'
tinuer le Concile , & de paflcr outre , & même de procéder contre les con- an/i^c/g.
tumaces & les rebelles félon la rigueur des Loix. Fargas demanda qu'avant N'' 6. &
que d'expofer la proportion qu'il avoit à faire , il fut fait un Inflrument fcqq.
public de la Protcftation qu'ils apportoient ; après quoi il pria les Pères au ^^ °^'
nom de toute la République Chrétienne , de procéder avec équité dans j^ *' j
cette affaire; parce que s'ils perfiftoient dans une réfolution qu'ils avoient r. n° î.
prife peu prudemment & fans y avoir fait alTez d'attention > il ne pouvoit Pallav. L.
qu'en arriver de grands maux -, au lieu que s'ils vouloient fe rendre aux 'o- c- ir«
juftes defirs de l'Empereur , tout viendroit à une heureuiè fin. Puis , com-' ***^* ^* ^"
me il dit qu'il fe propofoit de leur montrer combien ils fc tromperoient piç^^^* j^
29. Cependant , pour montrer au monde terrompu , icc, ] Toute cette narration ^ '^^' ^'
^* il navoit rien omis pour procurer le retour quanti la fabflance, eft entièrement con-
du Concile à Trente , il envoya à Bologne forme anx Ades rapportés par Raynaîdus *
François Fargas , &c. ] Cétoit bien la vue mais il y manque qaelques ctrconfbnces „
de Charles dans cet envoi , mais il n*avoit qae les formes des procédures exigeoient,
pas attendu a le &ire , qn il eût reçu la ré- & qui n'intéreffcnt nullement le iand de
pon(e de Mendo^e , comme le dit Fra^ THiftoire s comme par exemple, la demaa*
Paolo y puifque Vargas & Velafco étoient de que firent les Envoyés de fskire drdlèr
à Bologne dès le commencement de No- TAéte de leur Protefbtion par leun propres
vembre 1^47. Rayn* N* 87, Pallav, L, Notaires , ce qui ne leur fut accordé qu'à
10. c. II. condition qu'ils le dreflercient en commun
3 o. Préfentlrent aux deux Légau & aux avec ceux du Concile i la demande auflî d*in-
P,eres , &c. ] Il n'y avoit alors à Bologne de troduire leurs propres Témoins ; TAÔe de
Légat que le Cardinal del Monte , car S te refus qui leur fut fait de parler avant que le
Croix étoic retourné à Rome dès le 9 de Concile eût fait lire fa propre Protefbtion ,
Novembre i ^ ^1 • Raynaîdus ^^ %j , Pal-' &c. toutes circonftances qui ne regar-
lavicin L. lo» c. 6. dent que les formalités delà procédure, ^
31. Après quon en eut fait la leBure , nullement le fait principal.
Vargas ayant commencé â parler , fut in^
yji HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. dangercufcment en voulant pcrfifter dans leur rcfolution, & combien ctoienr
Paul III. bonnes les intentions de TEmpercur pour le fervice de Dieu & celui de
— ■""— " TEglife , Monte l'interrompit de nouveau en lui difanc : Je fuis Ui Préji"
dent du Saint Concile , & Légat de Paul lll , Succejfeur de faint Pierre 6»
Vicaire de Jefus^Chriji en Terre , pour continuer à la gloire de Dieu conjoin^
tement avec ces SS. Pères le Concile trans/ér/ légitimement de Trente en cette
ville ; & nous prions V Empereur de changer lui-même d*avis , d'accorder fa
protection au Concile ^ & de réprimer ceux qui le troublent , Sa Majeflê
Jachant bien que ceux qui mettent quelque empêchement aux Conciles , de
quelque rang qu'ils foicnt , encourent les peirus rigoureufes qui foru portées
par les Loix. Et notre difpofition ejl , quelque chofe qui arrive , de n'avoir
aucun égard aux menaces qu'on pourroit nous faire j & de ne jamais rrmnqtur
à ce que nous devons à la liberté & à l'honneur de l'Eglife & du Concile ^ &
au nôtre.
Aussi-tôt Velafco , qui tenoit en main fa Proteftation par écrit » en fit
la leâure. Elle portoit en fubftance : Que la Religion étant ébranlée y les
mœurs fort corrompues , & TAUemagne féparée de TEglife > l'Empereur
avoir demandé le Concile à Léon , Adrien y Clément^ & Paul! IL Puis »
après un détail des difficultés qu'il y avoit eues à radèmbler 3 & avoir
touché quelque chofe des matières qui avoient été traitées dans le Concile^
il ajouta : Que pendant que TEmpereur faifoit la guerre en Allemagne
principalement pour caufe de Religion , & que par fon courage il avoit
donné la paix à ce païs , & conçu de grandes efperances de faire aller au
Concile ceux qui jufque-lâ lavoient refufé , les Légats à l'infu du Pape &
contre Tattente de tour le monde avoient , fur un prétexte léger & con-
trouvé , propofé aux Pères la tranflation du Concile fans donner le tems
d'y penfer: Que quelques-uns des Evêques s y étant oppofés, & proteftanc
u 'ils vouloient refterà Trente, les Légats, du contentement leulemenc
e quelque peu d'Italiens , avoient ordonné la tranflation , & étoient
partis le jour fuivant pour aller à Bologne : Que l'Empereur après la vic-
toire qu'il avoit obtenue , avoit foliicite le Pape de'plufieurs manières pour
le déterminer â faire retourner les Pères i Trente , & lui avoit remontré
le fcandale & le danger qu'il y auroit à craindre , (i le Concile ne fe conti-
nuoit pas en cette Villes & qu'en même- tems il avoit engagé tous \cs Al^
lemands dans la Diète d'Ausbourg à fe foumettre au Concile : Que ce
Prince avoit envoyé le Cardinal Madruce à Rome pour notifier cela au
Pape , & le prier de renvoyer les Pères à Trente : Que Mendo^e y avoit été
enluite pour le même fujet : Que le Pape ayant demandé du tems pour
confulter les Prélats de Bologne , ils avoient fait une réponfê vaine , cap-
tieufe , pleine de tromperie , & digne d'être condamnée par le Pape > qui
pourtant l'avoir approuvée , appcUanr TAflcmblée de Bologne , tput illégi-
time qu'elle ctoit , du nom de Concile Général , & lui donnant plus d'au-
torité qu'elle-même n'avoit ofé s'en arroger : Que quoiqu'il fut certain que
le Concile âlfemblé à Trente ne p^t fe transférer que pour un befoin prêt
fanf
i
DE TRENTE, Livre III. yi5
ianc 9 après une difcuflSon èxaâe , & dû confentcmenc de coas les Pères ; md^ltut.
cependant les Légats & quelques autres avec eux ctoient fortis prccipitam- ^^"^ ^^^'
ment de Trente, fous le feint prétexte de quelques fièvres malignes, d un — — — •
air inkSté , &c fur le témoignage mendié de quelques Médecins : Que
quoiqu'il eût paru par l'événement , qu'il n'y avoit pas même matière à une
^u(fe crainte , la frayeur ztkStét avoit été fi grande , qu'ils n'avoient pas
même pris le tems de délibérer entre eux : Qu'il eût été de leur devoir
d'écouter ôc d'examiner les oppodrions & les avis des Evêques qui parloienc
felon leur confcience , ôc qui quoiqu'en plus petit nombre auroient dû être
S référés , comme les plus fages : Que quand ils auroient été obligés de fortir
e Trente, ils euflènt dû ne pas changer de Province, mais, conformé-
ment aux Décrets des SS. Conciles , choidr un autre lieu en Allemagne :
Qu'ils ne pouvoient juftifier le choix qu'ils avoient fait de Bologne , Ville
fujette de i'Eglife , étant bien aflfurés que jamais les Allemands ne s'y ren-
droient , & que tous les autres pouvoient la recufer pour pludeurs caufcs :
Qu'en agir ainfi , n'étoit autre chofe que vouloir dilïbuare le Concile i
l'improvifte : Que pour toutes ces caufes , l'Empereur , à qui il apparte-
fioit de défendre I'Eglife & de protéger les Conciles Généraux , voulant
éteindre les différends de Religion en Allemagne , comme aufli rétablir
une vie véritablement Chrétienne dans l'Efpagne & tous ks autres Etats 9
& voyant que le départ de Trente fans raifon mcttoit obftaclc d de fi bons
defTeins , requéroit que lefdits Légats & les Evêques qui éroient partis de
Trente y retournaflent : Qu'ils ne pouvoient le refufcr, ayant pron is de
retourner aufli-tôt que feroient cefles les foupçons que Ton avoit eus de la
Pefte; & qu'en le faifant, ils feroient une chofe très agréable à la Chré-
tienté : Qu a leur refus, ils étoient chargés d'un ordre Ipécial de TEmpe-
reur de protefter contre leur retraite & la tranflarion , comme nulle & illé-
gitime ; comme auflî contre tout ce qui en étoit fuivi & en itiivroit et>fui-
te ; l'autorité des Légats foi-difans & des Evêques qui étoienr la préfens t
comme dépendans entièrement du Pape , n'étant ras affèz grande pour
donner la loi à tout le Monde Chrétien en matière de Religion & de ré-
formation des mœurs , fur-tout à des Provinces dont ils ne connoiflbient
ni les mœurs ni les u(ages : Qu'ils proteftoient de même , que la réponfc
de Sa Sainteté & la leur n'étoient point fatisfaifanres, mais illégitimes »
frauduleufes & illu(bires ; & que tous les maux , les troubles , les calamités
& les ruines des peuples qui en étoient nés , ou qui en pourroient naître »
ne dévoient point s'imputer à l'Empereur , mais à cette A(Tèmblée qui pre-
noitle nom de Concile, attendu qu'elle y pouvoit facilement & canoni-
quement remédier : Qu'ils proteftoient en outre qu'à leur défaut, & par la
négligence du Pape & la leur propre , l'Empereur y pourvoiroit de tout
fon pouvoir , & qu'il n'abandonneroit point la défenfe & la proteârion de
TEglife , à laquelle comme Empereur & comme Roi il étoit obligé , con-
formément aux Loix & au confentement dts SS. Pères & de tout le mon-
de. Enfin ils demandèrent Â6te de ce qu'ils venoient de dire , & que l'ordre
TombL Ttt
JI4 HISTOIRE DU CONCILE
"UDxtriij. de l'Empereur & leur Proceftaûon fuflènc inférés dans les Âûes de cette
Paul m. prétendue Congrégation.
Après la leâturc de cet Ecrit» Ftlafco le ptéfenta, ^ & demanda de
Séculière affcmbldt U Concile : Que l'Empereur itoii le Fils de VEglijé , &
n'en étoit pm U Seigneur -& U Maure : Que lui & fon Collègue itoient LU
gats du Saint Siège , & quils ru refufoient pas de rendre compte k Dieu &
au Pape de leur Légation ; ^^ & que dans peu de jours ils donneroient leur
réponfe à la Proufiation qu'on venoit de lire.
/M T ^^ Mendo^e ^ ayant reçu la réponfe de l'Empereur , fie ordre de faire fa
s. p. II 80' I^^oteftation au Pape en préfence des Cardinaux & des AmbaflTadears des
Rayn. ad Ptinces , & ayant eu avis de ce que Fargas & Felafco avoient fait i Bo*
an. 1548. logne , fe préfenta dans le Confiftoire ; & s'étant mis à genoux devant le
N° 18. & Pape, il lut la Proteftation qu'il tenoit écrite entre les mains. Elle corn*
S^oïià ïncnçoit par l'éloge du zélé & des foins qu'avoir pris l'Empereur pour
Isfo ^ ' réunir le Monde Chrétien 5 diviié par différentes opinions en matière de
Pallav. L. Religion. Puis, après avoir expofé tout ce que ce Prince avoir fait fuccef-
10. c II. Hvement auprès à Adrien^ Clément & Paul tui-mèn^ pour les engager à
Tkuan. L. convoquer le Concile , il ajouta : Que les rebelles d'Allemagne ayant re-
Adrian L. ^^^^ ^^ ^V foumettre, Charles pouffé par fa piété les y avoir forcés par fes
6, p. 419. armes : Que quoique, le Pape , pour ne pas paroître manquer à la Caufe
Fleury , L. publique , y eût contribué de quelque léger lecours , on pouvoir dire ce-
14;. N*> ^. pendanr que l'Empereur avoir nni heareufement cette guerre par fcs feules
forces : Que pendant qu'il y étoit occupé , on avoit interrompu tout-d'un-
coup la bonne œuvre qu'on avoit commencée i Trente , par la pernicieufe
réfolution qu'on avoit prife de transférer le Concile fous des prétextes qui
n'étoient ni vrais ni vraifemblables , & réellement pour empêcher TEm*
pereur de pouvoir parvenir à établir une paix générale : Que cela s'éroit
fait contre l'avis de la plus pieufe & de la plus faine prtie des Pères , qui
étoient toujours demeurés a Trente : Que c'éroienr ceux-ci qui croient vé-
ritablement le Concile , ic non ceux de Bologne 9 que le Pape honoroic
5 1. Et que dans peu de jours ils donne'
rûîent leur réponfe a la Proteftation qu'on
venoit de lire. ] Cette réponfe foc rencioe
quatre joars après, c'eft-à-dire le Vendredi
%o de Janvier. Rayn. N^ x8. Pailay. L.
lO. c. II.
5 5 . Mendo^e ayant reçu la réponfe de
V Empereur , 6» ordre de faire fa Protefta-
tion — fe préfenta dans le Confiftoire , &c. ]
Cette Protcrtation de Mendo^e fe fit hait
jours af^ès celle de Vargas, c*eft-à-diie, le
13, de Janvier i f 48. Rayn. N** i f Pallav,
L. 10. c. II. Ceft donc une méprife à M,
de Tkou L. f. N° 1, d avoir mis ces deux
Proceftations au m^me joiir & au 1 8 de Jan-
vier; & M. Prévôt s'eft également nwmpé
dans (es Notes fur cette HiQoire, en disant
que celle de Mendo^e s*écoit faite deax jours
après celle de rargas, puii'qii'il eft confbnc
par les Actes , que cette dernière fe & le i ^
de Janvier , 5c que celle de Mendg^e ne (e
fit que le 13. '
s
D E TRENTE, LitreIII nr
^ ce tiom parce qu'ils lui écoienc attachés : Que Sa Sainteté préféroit leur uDxtrm.
fàcisfaétion aux prières de TEmpereur , de Ferdinand , ôc des Princes de Taul IIL
l*£mpire , fens (e foucier du falut de l'AUctnagne ni de la converfion de — —
ceux qui étoient égarés , & pour le retour defquels il ne s'agiïlbit que de
rétablir le Concile à Trente, puifqu'iis écoienc convenus de s'y foumetcre :
Que lui AmbaiTadeur en ayant fupplié le Pape d^ nom de tous ces Princes »
il lui avoit fait une réponle pleine d'artifices &: dtftituée de toute raifbn :
Que voyant donc qu il n'avoit tenu aucun compte dts requifitions Evangé*
liques qu'il lui avoit faites à lui-même te 1 4 & le 17 de Décembre au nom
de Sa Majefté Impériale , non plus que de celles qa'avoient faites à Bo-
logne le 1 d de Janvier au nom du même Prince deux autres de fes Miniftre^y
il proteft^c qUe la tranflation du Concile de Trente  Bologne étoit nulle
& illégitime ; qu'elle ne pouvoic fervir qu'à incroduire la divi(ion dans
l'Egliie , & qu'à mettre la Foi Catholique & la Religion en danger , fans
parler du fcandale Se du defordre qu'elle caufbit dès-apréfenc : Que c^koic
au Pape qu'on devoit imputer tous les malheurs , les divi(!ons , & les (can-
daies qui en naîcroient , puifqu'étant obligé de procurer le bien de l'Eglife
aux dépens de (on fang, il favorifbit & foutenoic les auteurs du mal : Que
l'Empereur au défaut du Pape y pourvoifoit de coures fes forces , y étant
obligé comme Empereur & comme Roi , de la manière que l'avoient mar-
qué les SS. Pcrts , Se qu'on l'avoir toujours obfervé du confentement dfe
tout le monde. L'Ambadàdeur fe tournant enfuite vers les Cardinaux 9
leur dit : Que puifque le Pape refufoic de travailler à la paix de Religion »
à l'union de l'Allemagne , & à la réformàti'on desjmœurs , s'ils négligeoienc
comme lui le même devoir , il faifoic les mêmes proteftations par rapport
à eux , qu'il vehoit de faire au Pape, Puis ayant laiflc l'Ecrit qu'il \enoit
^ lire, il fe retira » fans que perfonne lui eut fait aucune réponfe.
XVII. 54 Le Pape ayant réfléchi fur la Proceftation de Mendo^e , « & Psalllt
pefé l'affaire avec les Cardinaux , fe trouva embarqué dans un pas délicac •, *^^^ '^^^
Se juceanc qu'il écoic contre ia dignité de fe laiflèr prendre à partie , & de '*! ^ ^^^
voir attaque diredcemenc , il crut qu il n y avoit pour lui d autre parti à /;^ impe-
prendre que celui de paroître neutre , & de fe faire Juge entre ceux qui ristix f§
approu voient Se ceux qui condamnoient la tranflation. Pour y réuflir il fal- fMllent de
loit décliner la Proteftation , Se faire enforte qu'elle parut faite non contre-^* réponfe.
lui , mais devanc lui contre les Prélacs de Bologne. Mais comme elle étoit ^ ^ J*
faite de manière à n'être pas fufceptible d'équivoque , il réfolut de charger xinlan. Û
l'AmbafTadcur d'avoir palfé les ordres de l'Empereur; afin que ce Prince 5.N®4.
voyant le tour qu'on avoit pris pour éviter de rompre avec lui , fût obligé Flcury , L.
5 4» Le Pape ayant réfléchi fur la Pro- & tous lui confeillerent de fufpendre toutes
teflatiàn de Mendoxe , 6» pefi l*afkire avec les opérations du Concile , & de répondre de
les Cardinaux , etc. ] Il en délibéra non*- manière qu'il (è rendit Juge & non Partie
feulement avec les Cardinaux , mais anffi dans cette affiiire. Rayn. N^ i8, Pallav»
avec les Légats de Bologne, a qui il avoic L. lo. c* x)* Adr. L. ^.p. 45i.
communiqué la Piotefiation de Mendop ;
Ttt JL
^lé HISTOIRE DU CONCILE
MDxtvixi. de limiter 6c de le reconnoître pour Juge , comme fi réellement fa Pri>
Paul III. ceftation navoicctéque concrc TAdèmblée de Bologne, h C'eft pourquoi
le Mercredi i de Février ayant fait appeller Mtndo^c au Confilloire , il
^ ' lui fit une longue réponfe , où il dit en fubftancc : " Que protefter , comme
Slcid.L. 10. ^^ a voit fait > étoit une chofede mauvais exemple , & qui n etoit pratiquée
p. 340. que par ceux qui avoienc fecoué lobéifiance, ou qui chanceloient dans
Rayn. ad celle qu'ils lui dévoient : Que lui & le Sacré Collège ne pouvoicnt voir
N° ' 8^& 4"'^^^^ ^^^ extrême peine une aâion qu'ils a voient K peu lujet d'attendre
2^^ de l'Empereur , pour lequel ils avoient un amour paternel > dans un tems
Pallav. L fur-tout où ce Prince avoir obtenu la vidoire contre fes ennemis & ceux
10. c. 1 5. de l'Eglife par le moyen des puifTans fecours qu'il lui avoir fournis , & des
]^^' ^ troupes qu'il avoit maintenues avec tant de fraix & de dépcnfes : Qu'il n'a-
Sqond^ voit pas dû efpérer que tel dût être le fruit de la vidoire qu'il avoit obte-«
MO ^ * nue i & que la fin de la guerre feroit de commencer à protefter contre lui :
Que ce qui adoucilToit la douleur , c'eft qu'il favoit que l'ÂmbalIadeuc
avoit pafle les ordres de fon Maître , qui avoit bien ordonné à fes Miniftces
à Bologne de protefter devant fes Légats , & à lui Âmbaftadeur de faire U
même chofe devant le Pape & les Cardinaux contre le Concile de Bologne;,
mais non pas contre le Pape même : Que l'Empereur en avoir ufé en Prince
modefie, qui connoifibit que le Pape étoit Tunique Juge légitime de la
eaufe de la tranflation , &c qu'il n'y auroit lieu de protefter contre lui qu'ea
cas qu'il refiifât d'en connoîcre : Qu'ainfi, fi les Pères de Trente avoienc à
iè plaindre de ceux de Bologne , ils n'avoient qu'à porter leur accufation
devant lui : Que lui Ambafiadeur avoit renverfé tout cet ordre, en omet-
tant la demande qu'il devoit faire » & en demandant une chofe injufte
contre le Concile : Que l'Âéte de la^roteftation tombant ainfi de lui-mê-
me , il n'eût pas été befoin qu'il y fît d'autre réponfe y mais que néanmoins
il vouloir bien en faire une pour defabufer tout le monde : Que premiè-
rement y à l'égard de la négligence dont on le taxoit pour relever davantage
le zélé de l'Empereur ; fans vouloir exténuer les bonnes intentions & les
aâions de ce Prince , il pouvoir bien dire qu'il le devançoit autant eadili-
fence qu'en âge : Qu'il avoit toujours defiré le Concile , & jprouvé fes de-
rs par les effets. Là , après avoir raconté tout ce qu'il avoit rait pour cette
fin , & les obftacles qui y avoient été mis de la part des autres ^ & quelque-
fois de l'Empereur même à caufe de fes guerres , il ajouta : Que par rapport
à la tranflation du Concile , il fe réfervoit de juger n les caufes en avoienc
été légitimes ou non *, mais que louer les Prélats qui étoient demeurés i
Trente » c'étoit louer des gens qui s'étoient féparés du Corps de l'Eglife :
Qu'il ne refufoit pas , & n'a voit jamais refufé que les autres retournaUènc
) f • C'tft pourquoi U Mercredi i.de Fé- dreflà : ce qai eft anfli attefté parle Cardinal
vrîer ayant fait appeller Mendo^e au Con- Pallayicin L. 10 c. 1 5. & par M. de Thou
fifioïre ^ il ùii fit une longue réponfe , &c. ] L. f . N^ 4. Elle fut lae par Palladio Séeré-
L'Aateur de la Vie do Cardinal Pool noos taire du Pape , nommé Evèque de Fo/*-
apprend que ce fiit ce Cardinal qui la gnQ^^
DE TRENTE,L I V KE IIL yij
à Trente, pourvu que cela fe fie légidmemenc & fans ofFcnferles autres mdxlviu.
Nations : Que regarder Trente comme la feule ville propre à y célébrer un ^^^"^ ^^^•
Concile , c'écoit taire injure au Saint-Efprit > qui ell adoré & préfent en — — — "■
tous lieux : Que les befoins de l'Allemagne n*étoient pas une raifon bien
folide d'y renir le Concile , puifque par la même raifon il faudroit le tenir
en Angleterre &c ailleurs : Que Ion ne prend pas la commodité de ceux pour
qui fe font les Loix , mais de ceux qui les doivent faire , qui font les Eve*
ques : Que fouvent on avoit tenu des Conciles hors des Provinces où étoient
.nées les Hérélles : Qu'il fentoit bien que ce qui déplaifoit dans la réponfe
qu'il avoit donnée , étoit qu'on devoit recevoir les Décrets faits & â taire »
& obferver la forme gardée depuis le tems des Apôtres : Qu'il auroit foin
xl'éviter toute néglieence dans le Gouvernement die TEgliie *, 6c que (î l'Em-
.|)ereur vouloir joindre fes foins aux (iens , pourvu qu'il fe contînt dans les
Dornes qui lui convenoient , & qui éioient marquées par les Loix &par
les Pères y les fondions de l'un & de l'autre ainh diftinguées feroient tore
falutaires à l'Eglife : Que pour ce qui regardoit la caufe de la tranflation
. du Concile , il en avoit évoqué à lui la connoiflance > & avoit député les
Cardinaux P^r^j de Burgos ^ Pool ^ & Crefcemia pour l'examiner , dé-
fendant à chacun de rien faire de nouveau pendant l'inftruâion du pro-
cès > & donnant un mois de terme aux Pères de Bologne comme à ceux de
Trente pour produire leurs raifons. Ce Décret fut dre(I2 par le Secré-
taire ConHftorial dans le llyle judiciaire de la Cour Romaine , & HgniSé
aux deux Parties , avec défenfe de rien innover pendant l'inftruâion de
l'affaire.
Les Impériaux ne fè contentèrent pas de fe railler de la diftinâion que
le Pape faifoit de protefter non contre lui , mais devant lui ; ^ Mtndo^e fit ^ Pal'av. L
encore une' nouvelle Proteftation , où il dit : Qu'il avoit eu un ordre exprès »°' ^' ' ^'
de l'Empereur de protefter de la manière dont il avoit fait. ^o^
Lorsqu'on eut reçu à Bologne les défenfes du Pape , comme il ne s'y Flemy , L
tint plus des Congrégations d'Evêques ni de Théologiens, tous fe retirèrent i45*N^ i x-
les uns après les autres , â la réferve des Penfionnaires de Rome , qui nc^ Adr. L. 7.
pouvoient pas le faire avec honneur. Mais à Trente perfonne ne quitta ^^' ^^ '
l'Empereur le voulant ainfî , tant pour confbrver l'apparence de Concile >
& tenir les Catholiques d'Allemagne en efpérance , & les Proteftans dans
le devoir , que de peur que ceux-ci ne fe cruflent quittes de la promeffe de
fe foumettre au Concile , fous prétexte qu'il n'exiftoit point.
. XVIII. J^ Le Pape ayant fait notifier aux Prélats qui étoient à Trente ^ - .^' ^^'
* ' ^ JMttfmt de
5^. Lt Papt ayant fait notifier aux de cette affiiite. Mais Pallavîcin L. lo.c.^^j^p,,//^,
. ^prélats qui étoient à Trente la reponfe qu'il 14. prétend que ce ne {ut que parce qu'on ^/^ Trem'e
avoit faite a Mendo[e , attendit x f jours, négocioit pendant ce tems-làavec Mendo^e, qui ne veu-'
. &c. ) FraPaolo dit ici , que le Pape n* at- pour voir fl on pourroit en venir à quelque Unt pas fê
, Cendit fî longtems à écrire à Trente , que accommodement 5 & que c*efl pour cela ^foumettre à
pour voir û les Prélats qui y étoient feroient que dès qu'il iiit parti on fit citer les ^eresfin arkitra-
quelque dcaïaiche poux le rendre le Toge de Trente & de Bologne pour produire leiin/^*
^lé HISTOIRE DU CONCILE
^DXLvui. de limiter Se de le rcconnoîcrc pour Juge , comme fi réellement fa Prb-
Paul 111. jeftacion n avoir été que contre rAflcmblce de Bologne. 3 s C*eft pourquoi
le Mercredi i de Février ayant fait appeller Mcndo^c au Confiftoire , il
if . c 9 '"* ^^ ^"^ longue réponfe , où il dit en iubftance : ^ Que protefter , comme
Sleid.L xo. ^' ^voit fait > étoit une chofe de mauvais exemple , & qui n etoit pratiquée
p. 5 40. que par ceux qui avoienc fecoué lobéilTance , ou qui chanceloient dans
Rayn. ad celle qu'ils lui dévoient : Que lui & le Sacré Collège ne pouvoient voir
1^ ' 8^& qu'avec une extrême peine une aâion qu'ils avoient u peu lujet d'attendre
^^^ de l'Empereur , pour lequel ils avoient un amour paternel > dans un cems
Pallav. L. fur-tout où ce Prince avoir obtenu la vidoire contre fes ennemis & ceux
10. c. j 5. de l'Eglife par le moyen des puitTans fecours qu'il lui avoir fournis , & des
*^^^* ^ troupes qu'il avoit maintenues avec tant de fraix & de dépcnfes : Qu'il n'a-
Sqond^ voit pas dû efpérer que tel dût être le fruit de la viéloire qu'il avoit obtc-
>^o ^^ ' jiue , & que la fin de la guerre feroit de commencer à protefter contre lui :
Que ce qui adoucilTbit fa douleur , c'eft qu'il favoit que l'Ambadadeuc
avoit pafle les ordres de fon Maître , qui avoit bien ordonné à fes Miniftces
d Bologne de protefter devant fes Légats , & à lui Ambaftadeur de faire la
même chofe devant le Pape & les Cardinaux contre le Concile de fiolognef
mais non pas contre le Pape même : Que l'Empereur en avoit uféen Prince
roodefie, qui connoifibit que le Pape étoit Tunique Juge légitime de. la
eaufe de la tranflation , & qu'il n'y auroit lieu de protefter contre lui qu'ea
cas qu'il refîifât d'en connoitre : Qu'ainfi, fi les Pères de Trente avoient à
le plaindre de ceux de Bologne » ils n'avoient qu'à porter leur accufation
devant lui : Que lui Ambafiadeur avoit renverfé tout cet ordre > en omet-
tant la demande qu'il devoit faire » & en demandant une chofe injufte
contre le Concile : Que ïkQx, de laJ?roteftation tombant ainfi de lui-mê-
me, il n'eût pas été befoin qu'il y fît d'autre réponfe *, mais que néanmoins
il youloit bien en faire une pour defabufer tout le monde : Que premiè-
rement , à l'égard de la négligence dont on le taxoit pour relever davantage
le zélé de l'Empereur *, fans vouloir exténuer les bonnes intentions & les
avions de ce Prince , il pouvoir bien dire qu'il le devançoit autant eadili-
gence qu'en âge : Qu'il avoit toujours defiré le Concile , & prouvé fês de-
Irs par les effets. Là » après avoir raconté tout ce qu'il avoit rait pour cette
fin , & les obftacles oui y avoient été mis de la part des autres ^ & quelque-
fois de l'Empereur même à caufe de fes guerres , il aionta : Que par rapport
à la tranftation du Concile , il fe réfervoit de juger u les caufes en avoient
été légicinfies ou non -, mais que louer les Prélats qui étoient demeurés à
Trente , c'étoit louer des gens qui s'éroient féparés du Corps de l'Eglife :
Qu'il ne refufoit pas, & n'avoit jamais refufé que les autres retournaflènt
«
) f • C'tft pourquoi U Mercredi i.de Fi- drefTa : ce qni eft and! attefté parleCardlnal
vrîer ayant fait appeller Mendo^e au Con- Pallavicin L* xo c. i ;• & par M. de Thou
J{[loire i il lui fit une longue réponfe , &c. ] L. f . N^ 4. Elle fut lue par PoUadio Sécré:-
L'Âuteur de la Vie do Cardinal Pool nous taire du Pape , nommé £vique de Fait-
apprend que ce fiit ce Cardinal qui la gnç^^
DE TRENTE,L I V HE IIL 517
à Trente » pourvu que cela fc fie légitimement & fans ofFenfer les autres mdxlvui.
Nations : Que regarder Trente comme la feule ville propre à y célébrer un ^^"^ ^^^
Concile , c ccoit taire injure au Saint-Efprit , qui ell adoré & préfent en — — """
tous lieux : Que les befoins de l'Allemagne n'étoient pas une raifon bien
folide d'y tenir le Concile , puifque par la même raifon il faudroit le tenir
en Angleterre Se ailleurs : Que Ton ne prend pas la commodité de ceux pour
qui fe font les Loix , mais de ceux qui les doivent faire , qui font les Eve-
ques : Que fouvent on avx>it tenu des Conciles hors des Provinces où étoient
.nées les Hérélies : Qu'il fentoit bien que ce qui déplaifoit dans la réponfè
qu'il avoir donnée , étoit qu'on devoit recevoir les Décrets faits & à taire ,
ëc obferver la forme gardée depuis le tems des Apôtres : Qu'il auroit foin
<i'éviter toute négligence dans le Gouvernement die TEeliie -, & que (1 l'Em-
pereur vouloir joindre fes foins aux Cicns , pourvu qu'il fe contînt dans les
bornes qui lui convenoient , & qui étoient marquées par les Loix & par
les Pères y les fondions de l'un & de l'autre ainli diftinguées feroient ton
falutaires à l'Eglife : Que pour ce qui regardoit la caufe de la tranflation
.du Concile , il en avoir évoqué à lui la connoiHance , & avoit député les
Cardinaux Pari/?! de Burgos , Pool , & Crefccntia pour l'examiner , dé-
fendant à chacun de rien faire de nouveau pendant l'inftruéfcion du pro-
cès > & donnant un mois de terme aux Pères de Bologne comme à ceux de
Trente pour produire leurs raifons. Ce Décret fut dreflf^ par le Secré-
taire Confiftorial dans le llyle judiciaire de la Cour Romaine , & (IgniSé
aux deux Parties , avec défenfe de rien innover pendant l'inftruéfcion de
l'affaire.
Les Impériaux ne fe contentèrent pas de fe railler de la difUnâlon que
le Pape faifoit de protefter non contre lui » mais devant lui •> ^ Mendo^e fît ^ ^^H^v- L
encore une' nouvelle Proteftation > où il dit : Qu'il avoit eu un ordre exprès »^' ^' ' '*
de l'Empereur de protefter de la manière donc il avoit fait. i^^ _
Lorsqu'on eut reçu à Bologne les défenfes du Pape» comme il ne syFlcury, L,
tint plus des Congrégations d'Evcques ni de Théologiens, tous fc retirèrent i45-N** n.
les uns après les autres , â la réferve des Penfionnaires de Rome, qui ne' ^^* ^* 7-
pouvoient pas le faire avec honneur. Mais a Trente pcrfonne ne quitta ^^' ^^ *
l'Empereur le voulant ainfi , tant pour conferver l'apparence de Concile ,
& tenir les Catholiques d'Allemagne en efpérance , & les Proteftans dans
le devoir , que de peur que ceux-ci ne fe cruflent quittes de la promeffe de
fe foumettre au Concile , fous prétexte qu'il n'exiftoit point.
XVIII. î* L£ Pape ayant fait notifier aux Prélats qui étoient à Trente ^ - ^^^^^
* ' ^ féMpéÊTt de
5^. Lt Papt ayant fait notifier aux de cette afiàire. Mais Pallavicin L. ^<^»^' aux Prélats
. ^prélats qui étoient à Trente la rèpenfe qu'il 14. prétend que ce ne fut que parce qu'on jg Trente
avoit faite à Mendo^e , attendit i f jours, négocioit pendant ce tems-Iâavec Mendo^e, qui ne veu-
. &c. ) Fra-Paolo dit ici , que le Pape n at- pour voir fi on pourroit en venir à quelque Unt pas fe
. tendit Ç\ longrems à écrire à Trente , que accommodement 5 & que c*eft pour cela ^foumettre à
pour voir G les Prélats qui y étoient feroient que dès qu*il fut parti on fit citer les Veresfin arbitra'
quelque dcaiaxcfae poux le rendre le Jogç de Trente & de Bologne pour prodoixeleon^^-
yiS HISTOIRE DU CONCILE
icozLvm. '* féponfe au'il avoir faite à Mendoie , attendit quinze jours , pour voir fi
Pau;. III. lui ou eux rcroient quelque démarche pour le rendre Juge de cette a&ire ,
-^-— * comme cavoit été fon dedein. Mais trouvant que cela n'avoit autun fuc-
jPallav. Lcès, il écrivit un Bref en forme de Citation au Cardinal Packéco^ Se aut
10. c 14. Archevêques & Evèques rtftcs à Trente , ' dans lequel , après avoir expofé
an^**f 48 Icscàufes qui Tavoient porté à convoquer le Concile , les obftacles & les
J4Ô j i, ' tetardemens qui en avoient empt'ché l'ouverrure , la fati^faébion qu'il avoit
r U.N® 34- eue de le voir commencer , Se refpérancc que fes heureux progrès lui don-
noient de voir bientôt remédier d tous les maux de rEgliië , il ajoutoic :
Qu'il recevoir à préfent autant de déplailir des événemens qui étoienc
venu fruftrer fes cfpérances : Que lorfqu*il avoit appris que les Légats & la
plus grande partie des Evèques étoicnt partis ue Trente , & queux y
ctoient reftés , il en avoit fenti beaucoup de peine, comme d'une chofb
qui pouvoit arrêter le progrès du Concile , & fcandalifer TEglifc : Que
confioiflànt cela auffi-bien que lui» il s'étonnoit pourquoi ils n avoient pas
fuivi les autres , (i la tranflarion étoit jufte ; & h elle ne l'étoit pas , pour-
quoi ils ne lui en avoient pas porté leurs plainres : Qu'il étoit clair qu'ils
ùt pouvoient ignorer l'obligation où ils étoienc de faire l'une ôu l'autre de
ces deux chôfes ; & qu'à quelqu'un de ces deux partis qu'ils fe fudenc dé-
terminés, ilseudènt prévenu le fcandale : Qu'il ne pouvoir iê difpenfer
de leur écrire avec douleur , (pi'ils avoient manqué dans l'uh ou dans l'au-
tre , Se qu'il étoit étrange qu'il eât appris leurs plaintes par l'Empereur ,
avant que de les avoir apprifes par leurs lettres ou par leurs Députés : Qu'il
> avoit encore plus à fe plaindre de la négligence du Cardinal Pachtco que
de tout autre , parce que Ai dignité l'obligeoit plus étroitement qu'aucun
d s'acquitter de ce devoir : Que néanmoins , puifque ce qu'ils auroient dû
faire par eux-mêmes avoit été déjà fait par l'Empereur , qui s'étoir plaint
par fon Ambaffadeur que la tranflarion du Concile étoit nulle & illégitf-
tne , il leur ofFroit de lui-mèttie ce ou'il ne leur auroit pas re&ië s'ils lui
enflent adreÛfé leurs plaintes , c'eft-a-dire , d'écouter leurs raifons & de
juger de ce différend : Que quoiqu'il dût préfuppofèr que la trandation
étdit légitime , cependant , pour faire l'office d'un jufte Juge , il étoit
|>rèt d'écouter les raifons eontrâites Qu'ils pourroieht avoir i produire:
Qu'en cette occafion il vouloit aufli marèuer le cas -qu'il fkifoit de la Na-
tion Efpagnole & de leurs perfonnes , lans vouloir aVoir -égard aux pré-
raifons devant les Cardinaux dfpatês par le très , c*eft biie preuve àtfèz coVi^âific^nte ,
Pape pour connoicie de cette a&ire. Cette que Tinaâion de ces deux Aflfemblées & le
îàifbn ^arott effedivement d'autahc plus na- retardement de la citatioh furent lefief des
torelle , qa^il ne fembte pas que le Pape d&t négociations qae Ton eAheHnt avec Mtk"
rien attendre des Prélats de Trente , |u(qu^ ^K!^$ po^r tâcher de terminer ce diffétendà
cequ'oh leur eût fait ane citation jarldidtia. / Tamiàble fans en tenir a One Sénttence jn-
Et comme ceux de Bologne , quoique fort ridique, qui n*auroit pu q\]*ajgrîr les chofe^,
aifes de voir le Pape Juge de cette affaire , puifque Paul ne pouvoir guères jâger qu'en
ne ârêht pas plus de démarches que les aa->- fiiteur de la ttanilation*
à Trente
L.
DE TRENTE, Livre III. J19
ibmpcions que Ton pouvoir avoir contre eux : Que pour ce fujet , ayant UDXLntu
évoqué à lui la Caufe de la tranflation du Concile , qu'il avoir commiie à ^^^^ ^^*
quelques Cardinaux pour en faire leur rapport dans le Confiftoire , & a)^ant ^
appelle les Parties , 6c défendu tant à Bologne qu a Trente que tandis que /
le procès étoit pendant on fit quelque chofe de nouveau , comme ils ver-
doient par l'Ecrit dont il leur envoyoït copie *, il leur commandoit , dans le
dcllein qu'il avoir de terminer au plutôt cette affaire , d'envoyer à Rome
tu plutôt au moins trois d'entre eux , bien informés des raifons qu'ils
tvoient de traiter la cranflation d'illégitime > pour y alléguer leurs préten*
tions & aflîfter au Jugement ; voulant que fon Bref figniâé au Cardinal Se
à deux ou trois d'entre eux, &c affiché aux portes de rbglife de Trente , les
obligeât tous, comme s'ils étoient pcrfonncllement intimés. * Le 57 Pape , ^^ ^^ ^^
ûi figniâer le même Décret aux Pères de Bologne, qui envoyèrent aufli-tôt an. 1548.
à Rome leurs Députés. N° j^. Se
Mais le Cardinal Pachéco Se les autres Efpagnols, qui fc trouvèrent ^^S|î-
Trente au nombre de treize , ayant d'abord envoyé à l'Empaeur pour ^^ ^^'
fçavoir fes intentions , firent une réponfe au Pape le 13. de Mars 9Flciiry,L.
où ils lui difoient en fubftance : ^ Qu'ils fe promettoient de fa bonté & de i45.N° 15.
fa prudence , qu'il reconnoîtroit aifément au'ils n'avoient rien moins ^ l^ayn.
penfé qu'à oâenler fa Sainteté , foit en s'oppotant à la tranflation du Con- ^ '^*
aie , foit en demeurant à Trente , foit en- gardant le filence : Qu'au con«
traire , une des principales raifons de leur oppofition avoir été , qu'on
ce devoir pas traiter d'une chofe fi importante fans la participation de
Sa Sainteté , & qu'on devoit auili tenir un peu plus de compte de l'Empe-
reur : Qu'il leur avoir paru afTuré que Sa Sainteté n'auroit pas agréé fi
aifément ni interprété fi favorablement la tranflation : Qu'ils la prioient
de croire que fi l'Empereur avoir prévenu les plaintes qu'elle attendoic
d'eux fiu: la tranflation illégitime au Concile , ce n'étoit point qu'ils en
enflent prié ce Prince ; mais parce qu'il avoit cru que cela le regardoic
comme Protedeur de TEglife : Qu'ils n euffenr jamais penfé que Sa Sain^
teté attendit d'eux qu'ils lui en rendiflenr compte j puifqu'ils avoient eu
fujet de croire que fes Légats l'avoient fait ; & que le fuffirage qu'ils
avoienr donné en public ayant été écrit par les Notaires , il leur fem<-
bloit qu'il leur fumfoit de l'avoir propofé , & qu'il ne leur refloit plus
qu'à fe taire : Que par cette même raifbn , ils croyoient que leur pré^
ience n'éroir i^uUement néceflaire â Rome : Que s'ils avoient manqué en
quelque chofe , on ne pouvoit du moins douter de la droiture de leurs
intentions : Qu'ils croyoient qu'il leur fuffifoit de s'être oppofés à la
tranflation en queftion , & qu'ils dévoient par modeftie & par humilité
s'abflenir d'importuner Sa Sainteté, qu'ils efperoienr ne uevoir man-
57. Le Pape fit fignifier U même Décret de Saluffes , d'Alheoga & d'Aliffi , ^ le
mux Pères de Bologne, qui envoyèrent aujp- Coadjateur de Vérone , avec rAbbréviawuf
tût à Rome leurs Députés. ) Ce furent TAr- Se le Promoteur du Concile,
cbe vtqoe de Mater m , les Eyêques de Feltri ^
yii HISTOIRE DU CONCILE
MDXLvii. dangercufemcnc en voulant pcrfiftcr dans leur réfolucion, & combien ccoient
Paul III. bonnes les intentions de TEmpereur pour le fervice de Dieu & celui de
"—""■" TEglife , Monte Tinterrompit de nouveau en lui âifant : Je fuis ici Priji^
dent du Saint Concile , & Légat de Paul III , Succejfeur de faim Pierre 6*
Vicaire de Jefus^ChriJl en Terre , pour continuer à la gloire de Dieu conjoin-
temcnt avec ces SS. Pères le Concile transféré legitimemeru de Trente en cette
ville ; & nous prions V Empereur de changer lui-même d*avis , d'accorder fa
proteclion au Concile , & de réprimer ceux qui le troublent , Sa Majeflé
Jachant bien que ceux qui mettent quelque empêchement aux Conciles , de
quelque rang qu*ils foient , encourent les peines rigoureufes qui font portées
par les Loix. Et notre difpofition ejl , quelque chofe qui arrive , de n'avoir
aucun égard aux menaces qu'on pourroit nous faire y & de ne jamais manquer
à ce que nous devons à la liberté & à l'honneur de l'EgUfe & du Concile y &
au nôtre.
Aussi-tôt Velafco , qui tenoit en main fa Proteftation par ccric » en fit
la leâure. Elle portoit en fubftance : Que la Religion étant ébranlée > les
mœurs fort corrompues , & l'Allemagne féparée de TEglife , l'Empereur
avoir demandé le Concile à Léon y Adrien , Clément , & Paid IIL Puis ,
après un détail 6i^s difficultés qu'il y avoit eues à Taflèmbler y Se avoir
couché quelque chofe des matières qui avoient été traitées dans le Concile»
il ajouta : Que pendant que l'Empereur faifoit la guerre en Allemagne
principalement pour caufe de Religion , & que par fon courage il avoir
donné la paix à ce païs y & conçu de grandes efperances de faire aller au
Concile ceux qui jufque-là l'avoient refufé , les Légats à Tinfu du Pape ôc
contre l'attente de tour le monde avoient » fur un ,prétexte léger &c con-
trouvé , propofé aux Pères la tranflation du Concile fans donner le tems
d'y penfer: Que quelques-uns des Evêques s'y étant oppofés, & proteftant
u'ils vouloient rcfteri Trente, les Légats, du contentement leulemenc
quelque peu d'Italiens , avoient ordonné la tranflation , & étoient
partis le jour fuivant pour aller à Boloene : Que l'Empereur après la vic-
toire qu'il avoit obtenue , avoit follicite le Pape de'plufieurs manières pour
le déterminer i faire retourner les Pères à Trente , & lui avoit remontré
le fcandale & le danger qu'il y auroir à craindre , fi le Concile ne fe conri-
nooit pas en cette Ville; & qu'en même- tems il avoit engagé tous les Al-
lemands dans la Diète d'Ausbourg à fe foumettre au Concile : Que ce
Prince avoit envoyé le Cardinal Madruce à Rome pour notifier cela au
Pape , & le prier de renvoyer les Pères à Trente : Que Mendo^e y avoit été
cniuite pour le même fujet : Que le Pape ayant demandé du rems pour
confulter les Prélats de Bologne , ils avoient fait une réponfe vaine > cap-
tieufe , pleine de tromperie , Se digne d'être condamnée par le Pape , qui
pourtant l'avoit approuvée , appellanr rAflcmblée de Bologne , tout illégi-
time qu'elle étoit , du nom de Concile Général , & lui donnant plus d'au-
torité qu'elle-même n'avoit ofé s'en arroger : Que quoiqu'il fût certain que
le Concile alTemblé à Trente ne pût fe transférer que pour un bcfoin prêt
fanf
3."
DE TRENTE, Livre III. yij
lant , après une difcufBon exaâe, & dû confencemenc de tous les Pères ; mdxlvixi.
cependant les Légats & quelques autres avec eux croient fortis précipitam- ^^"^ ^^•
ment de Trente , fous le feint prétexte de quelques fièvres malignes , d un — — ■
air infedbé , & fur le témoignage mendié de quelques Médecins : Que
quoiqu'il eût paru oar l'événement ^ qu'il n'y avoit pas même matière aune
iauffe crainte , la frayeur afifèârée avoit été (i grande , qu'ils n'avoient pas
même pris le tems de délibérer entre eux : Qu'il eût été de leur devoir
d'écouter & d'examiner les oppofitions & les avis des Evêques qui parloienc
felon leur confcience , & qui quoiqu'en plus petit nombre auroient dû être
S référés > comme les plus fages : Que quand ils auroient été obligés de fortir
e Trente, ils eudènt dû ne pas changer de Province, mais, conformé-
ment aux Décrets des SS. Conciles , choifir un autre lieu en Allemagne :
Qu'ils ne pouvoient juftifier le choix qu'ils avoient fait de Bologne , Ville
fujette de PEglife , étant bien aflfurés que jamais les Allemands ne s'y ren-
droient , & que tous les autres pouvoient la recufer pour plufieurs caufes :
Qu'en agir ainH , n'étoit autre chofe que vouloir didbudre le Concile à
l'improviile : Que pour toutes ces caufes , l'Empereur , à qui il apparte-
aoit de défendre l'Eelife & de protéger les Conciles Généraux , voulanc
éteindre les différends de Religion en Allemagne , comme aufli rétablir
une vie véritablement Chrétienne dans l'Efpagne & tous Tes autres Etats 9
& voyant que le départ de Trente fans raifon metroit obftacle â de fi bons
defTeins, requéroirque lefdits Légats & les Evêques qui éroient partis de
Trente y rctournalfent : Qu'ils ne pouvoient le rcfufer, ayant pron i$ de
retourner audi-tôt que feroient cèdes les foupçons que Ion avoit eus de la
Pefte ; & qu'en le faifant, ils feroient une chofe très agréable à la Chré-
tienté : Qu'à leur refus , ils éroient chargés d'un ordre fpécial de TEmpe-
reur de protefter contre leur retraite & la tranflation, comme nulle & illé-
gitime ; comme audi contre tout ce qui en étoit fuivi & en fliivroit et^fui-
ce; l'autorité des Légats foi-difans & des Evêques qui étoient là préfens»
comme dépendans entièrement du Pape , n'étant r^s adez grande pour
donner la loi à tout le Monde Chrétien en matière de Religion & de ré-
formation des mœurs, fur-tout à des Provinces dont ils ne connoidbienc
ni les mœurs ni les ufages : Qu'ils proteftoient de même , que la réponfe
de Sa Sainteté & la leur n'étoient point fatisfaifantes, mais illégitimes»
firauduleufes & illulbires ; & que tous les maux , les troubles , les calamités
& les ruines des peuples qui en étoient nés , ou qui en pourroient naître»
ne dévoient point s'imputer à l'Empereur , mais à cette Ademblée qui pre-
noit le nom de Concile, attendu qu'elle y pouvoir facilement & canoni-
quement remédier : Qu'ils proteftoient en outre qu'à leur défaut, & par la
négligence du Pape & la leur propre , l'Empereur y pourvoiroit de tout
fon pouvoir , & qu'il n'abandonneroit point la défenfe & la protedion de
l'Eglife , à laquelle comme Empereur & comme Roi il éroir obligé , con-
formément aux Loix & au confentement des SS. Pères & de tour le mon-
de. Enfin ils demandèrent Ade de ce qu'ils venoient de dire » & que l'ordre
To M B L Tct
"x
JI4 HISTOIRE DU CONCILE
^CDXLTxii. de l'Empereur & leur Proteftatiotn fulTenr inférés dans les Ââes de certe
Paul m. ptctendue Congrégation.
^ Ai>R£s la leâure de cet Ecrir > Ftlafco le préfenta, ^ & demanda de
SecuHire affcmbldt U Concile : Que l'Empereur étoii le Fils de VEg/ijè , &
n\n itoit pas le Seigneur "& U Maure : Que lui & fon Collègue itoient LU
gats du Saint Siège , & quils nt refufoknt pas de rendre compte à Dieu &
au Pape de leur Légation ; ^^ & que dans peu de jours ils domuroient leur
riponfe à la Proufiation qu^on venait de lire,
/M T ^^ Mendo^e ^ ayant reçu la réponfe de l'Empereur , & ordre de faire fa
5. p. ji8o* Pi^oteftation au Pape en préfence des Cardinaux & des Ambaifadeurs des
Rayn. ad Ptinces , & ayant eu avis de ce que Fargas & Velafco avoient fait à Bo-
aa. I J48. logne , fe présenta dans le Condftoire ; & s'étant mis à genoux devanr le
N** i8. & Pape, il lut la Proteftation qu'il tenoit écrite entre les mains. Elle cora-
5^^^\ mençoit par l'éloge du zélé & des foins qu'avoir pris l'Empereur pour
2^0 ' réunir le Monde Chrétien , diviié par diflférentcs opinions en matière de
Pallav. L. Religion. Puis, après avoir expofé tour ce que ce Prince avoir fait fuccef-
10. c II. fivement auprès & Adrien^ Clément & Paul lui-même pour les engager i^
T^o'** ^ convoquer le Concile , il ajouta : Que les rebelles d'Allemagne ayanr rc-
Adrian L, ^^^^ ^^ ^V foumettre, Charles pouffe par fa piété les y a voit forcés par fes
6, p. 419. armes : Que quoique le Pape , pour ne pas paroicre manquer à la Caufe
Fleury , L. publique , y eût contribué de quelque léger fecours , on pouvoir dire ce-
14J. N** ^, pendant que l'Empereur avoir nni heureufemenr certe guerre par fcs feules
forces : Que pendant qu'il y étoit occupé, on avoit interrompu tour-d'un-
coup la bonne œuvre qu'on avoir commencée i Trenre, par la pernicieufe
réfolution qu'on avoit prife de transférer le Concile fous des préiexccs qui
n'étoient ni vrais ni vraifemblables , & réellement pour empêcher TEm*
Eireur de pouvoir parvenir à établir une paix générale : Que cela s'éroir
it contre l'avis de la plus pieufe & de la plus faine partie des Pères , qui
étoienc toujours demeurés a Trente : Que c'étoient ceux-ci qui étoient vé-
ritablement le Concile , & non ceux de Bologne , que le Pape honoroic
3 1. Et que dans peu de jours ils donne"
rotent leur réponfe à la Proteftation qu'an
venoit de lire, ] Certe réponfe fot renciiK
quatre jours après , c'eft-à-Jire le Vendredi
10 de Janvier. Rayn, N^ l%. Pallav. L.
10. eu.
î 5 . Mendo[e ayant reçu la réponfe de
V Empereur , & ordre de faire fa Proteft^-
tion — fe préfenta dans le Confiftoire , &c. J
Cette Protcrtarion de Mendo^e fè fît hait
jours après celle de Fargas, c*cfl-ft-diie, le
13. de Janvier î f 48. Rayn. N** i f Pallav,
L. ro. c. II. Ceft donc une méprifeà M,
de Tkou L. f . N** 1. d'avoir mis ces deux
PtoteAations au même jovir & au 1 8 de Jan-
vier; &M, Prévôt s'eft également trompé
dans Tes Notes fur cette HiQotre , en difani
que celle de Mendo^e s'écoit faite deox jourt
après celle de Fargas , puiîquileft confiant
par les Ades , que cette dernière fe & le i ^
de Janvier , Se que celle de Mendo^e ne £è
fie que le ij. '
DET RENTE, Litre ÎÎÎ. yiy
<)e ce nom parce qu'ils lui écoienc attachés : Que Sa Sainteté préféroic leur RDXLvm.
iâtisfadion aux prières de TEmpereur , de Ftniinand , & des Princes de f Aut 111.
l'Empire , ù^s fe foucier du falut de 1 Allemagne ni de la converfion de — —
ceux qui étoient égarés > & pour le retour defquels il ne s'agidbit que de
rétablir le Concile à Trente > puifqu'ils étoient convenus de s'y fbumettre :
Que lui Ambadadeur en ayant fupplié le Pape M nom de tous ces Princes,
il lui avoir fait une réponie pleine d artifices & dëftituée de toute railbn :
Que voyant donc qu il n avoit tenu aucun compte des requifitions Evangé«
liques qu'il lui avoit faites d lui-même le 14 & le zy de Décembre au nom
de Sa Majefté Impériale , non plus que de celles qu avoient faites d Bo-
logne le 1 (> de Janvier au nom du même Prince deux autres de fes Miniftres,
il proteftoit que la tranflation du Concile de Trente â Bologne éroit nulle
& illéjgitime \ qu'elle ne poavoit fervir qu'à introduire la diri(ion dans
TEgliie , & qu'à mettre k Foi Catholique & la Religion en danger , fans
parler du fcandale & du defordre qu'elle caufoit dès-a-préfenc : Que cNkoic
au Pape qu'on devoit imputer tous les malheurs , les divi(!ons , & lés fcan«
dales qui en naîtroient , puifqu'écant obligé de procurer le bien de l'Eglifc
aux dépens dé (on fang, il favori(bit & foutenoit les auteurs du mal : Que
l'Empereur au défaut du Pape y pourvôitoit de routes fes forces ^ 7 étant
obligé comme Empereur & comme Roi 5 de la manière que l'avoient mar-
qué les SS. Pèrts , Se qu'on l'avoir toujours obfervé du confentement dt
tout le monde. L'Ambadadeur fe rournant enfuite vers les Cardinaux »
leur dir : Que puifque le Pape refiifoit de travailler à la paix de Religion ,
^ l'union de l'Allemagne , & à la réformatibn desjmœurs , s'ils négligeoienc
comme lui le mènfie devoir , il fkifoit les mêmes proteftations par rapport
•à eux , qu'il vchoit de faire au Pape. Puis ayant kiflfé l'Ecrit qu'il *venoit
<le lire, il fe retira , fans que perfonne lui eut fait aucune réponfe.
XVII. î4 Le Pape ayant réfléchi fur la Protèftation de Mtndo[€ , « & Paul Ut
jpefé l'afi^ire avec les Cardinaux , fc trouva embarqué dans un pas délicar -, *^^' ^^^^
& fueeanr qu'il éroit contre fa dignité de fe laiflfèr prendre à partie, & de ^ . ^^
le voir attaque direacmenr , il crut qu il n y avoit pour lui d aurre parti a //, Jmpé^
-prendre que celui de paroître neutre , & de fe faire Juge entre ceux qui risux fe
approuvoienr Se ceux qui oondamnoient la tranflarion. Pour y réuflîr il fal- rsillent de
loit décliner la Protèftation , & faire enforte qu'elle parût feite non contre-^ ''^^^"^*
lui , mais devant lui contre les Prélars de Bologne. Mais comme elle étoit ^ ^*
faite de manière à n'être pas fufceptible d'équivoque , il réfblut de charger xhuan. Û
l'Ambalfadeur d'avoir palfé les ordres de l'Empereur; afin que ce Prince 5.N**4.
voyant le tour qu'on avoit pris pour éviter de rompre avec lui , fût obligé FIcury , L.
5 4» Le Pape ayant réfléchi fur la Pro^ & tous lui confeillerent de fufpendre toutes
teftatiàn de Mendo^e , & pefi Vafkire avec les opérations du Concile , & de répondre de
les Cardinaux , etc. ] Il en délibéra non- manière qu'il fe rendît Juge & non Pârrîe
feulement avec les Cardinaux , mais auffi dans cette affaire. Rayn, N^ i8. PaUay»
avec les Légats de Bologne, à qui il avoit L. lo. c. x)» j4dr. L. 6. p. 431.
communiqué la Protèftation de Mcndop >
Ttt 1
^lé HISTOIRE DU CONCILE
liiDXLvm. de l'imiter Se de le reconnoîcrc pour Juge , comme fi réellement fa Pro-
Paul 111. fçftation n'avoit été que contre TAdèmblée de Bologne, n Ccft pourquoi
le Mercredi i de Février ayant fait appelier Mcndx)[c au Confiftoire , il
if c^ ^"^ ^^ ^"^ longue réponfe , où il dit en fubftance : ^ Que protefter , comme
Sleid.L xo. ^^ ^voit fait > étoit une chofede mauvais exemple , & qui n etoit pratiquée
g. 340. que par ceux qui avoienc fecoué lobéidance, ou qui chanceloient dans
.ayiL ad celle qu'ils lui dévoient : Que lui & le Sacré Collège ne pouvoient voir
N^ ' 8^L 4^^^^^ ^^^ extrême peine une aâion qu ils avoient u peu lujet d'attendre
^^^ de l'Empereur , pour lequel ils avoient un amour paternel , dans un tems
Pallav. L. fur-tout où ce Prince avoir obtenu la vidboire contre fes ennemis & ceux
10. c 1 5. de l'Eglife par le moyen des puitfans fecours qu'il lui avoir fournis , & des
*^^^- ^ troupes qu'il avoit maintenues avec tant de fraix & de dépenfes : Qu'il n a-
Sqond^ voit pas dû efpérer que tel dût être le fruit de la viûoire qu'il avoit obtc-
>^o ^^ ' nue i & que la fin de la guerre feroit de commencer à protefter contre lui :
Que ce qui adoucilfoit fa douleur y c'eft qu'il favoit que l'Ambadadeuc
avoit pafle les ordres de fon Maître , qui avoit bien ordonné à fes Miniftres
â Bologne de protefter devant fes Légats , & à lui Ambaftadeur de faire la
même chofe devant le Pape &c les Cardinaux contre le Concile de Boloene^
mais non pas contre le Pape même : Que l'Empereur en avoit ufé en Prince
iDodefie , qui connoifibit que le Pape étoit Tunique Juge légitime de. la
eaufe de la tranflation , & qu'il n'y auroit lieu de protefter contre lui qaen
cas qu'il refufât d'en connoîire : Qu'ainfi, fi les Pères de Trente avoient i
le plaindre de ceux de Bologne , ils n'avoient qu'à porter leur accufàtion
devant lui : Que lui Ambafiadeur avoit renverfé tout cet ordre > en omet-
tant la demande qu'il devoit faire » & en demandant une chofe injufte
contre le Concile : Que l'Aélede laJ?roteftation tombant ainfi de lui-mê-
me, il n'eût pas été befoin qu'il y fît d'autre réponfe ; mais que néanmoins
il vouloir bien en faire une pour defabufer tout le monde : Que premiè-
rement , à l'égard de la négligence dont on le taxoit pour relever davantage
le zélé de l'Empereur ; fans vouloir exténuer les bonnes intentions & les
avions de ce Prince , il pouvoir bien dire qu'il le devançoit autant eadili-
fence qu'en âge : Qu'il avoit toujours defiré le Concile , & prouvé fes do-
rs par les effets. Là , après avoir raconté tout ce qu'il avoit rait pour cette
fin , & les obftacles oui y avoient été mis de la part des autres ^ & quelque-
fois de l'Empereur même à caufe de fes guerres , il ajouta : Que par rapport
à la tranftation du Concile , il fe réfervoit de juger n les caufes en avoient
été légicinfics ou non s mais que louer les Prélats qui étoient demeurés à
Trente , c'étoit louer des gens qui s'étoient féparés du Corps de l'Eglife :
Qu'il ne refiifoit pas , & n'a voit jamais refufé que les autres retournafiènt
) f • C'ift pourquoi U Mercredi i.deFè- drefTa : ce qui eft and! attefté par le Cardinal
vrïer ayant fait appelUr Mendo^e au Con- Pallayicin L. xo c. i ;. & par M. de Thou
fijioire , il lui fit une longue réponfe , Sec. ] L. f . N ^ 4. Elle fut lue par Palladio Sécré>-
L'Âuteur de la Vie do Cardinal Pool nous taire du Pape , nommé £vfque de Fotir
apprend que ce fiit ce Cardinal qui la gnç^^
DE TRENTE, L I V HE III. 517
à Trente » pourvu que cela fc fie légitimement & fans ofFenfet les autres MDxivin.
Nations : Que regarder Trente comme la feule ville propre à y célébrer un ^^^"^ ^^^
Concile , c'ccoit taire injure au Saint-Efprit , qui ell adore & préfent en — — """
tous lieux : Que les befoins de l'Allemagne n*étoient pas une raifon bien
folide d'y tenir le Concile , puifque par la même raifon il faudroit le tenir
en Angleterre Se ailleurs : Que Ion ne prend pas la commodité de ceux pour
qui fe font les Loix , mais de ceux qui les doivent faire , qui font les Eve-
ques : Que fouvent on avx>it tenu des Conciles hors des Provinces où étoient
nées les Hérélies : Qu'il fencoit bien que ce qui déplaifoit dans la réponfe
qu'il avoit donnée , écoit qu'on devoit recevoir les Décrets faits & à taire »
ëc obferver la forme gardée depuis le tems des Apôtres : Qu'il auroit foin
d'éviter touce négligence dans le Gouvernement de TEelife *, & que fî l'Em-
pereur vouloir joindre fes foins aux liens » pourvu qu'il fe contînt dans les
bornes qui lui convenoient , & qui étoient marquées par les Loix & par
les Pères j les fondions de l'un & de l'autre ainii diftinguées feroient n>rc
falutaires à l'Eglife : Que pour ce qui regardoit la caufe de la tranflation
. du Concile , il en avoit évoqué à lui la connoiHance , & avoit député les
Cardinaux Pari/? > de Burgos , Pool , & Crefccntia pour l'examiner , dé-
fendant à chacun de rien faire de nouveau pendant l'inftruéfcion du pro-
cès 9 & donnant un mois de terme aux Pères de Bologne comme à ceux de
Trente pour produire leurs raifons. Ce Décret fut dreflf^ par le Secré-
taire Confiftorial dans le ily le judiciaire de la Cour Romaine , & figniSé
aux deux Parties » avec défenfe de rien innover pendant rinftru6fcion de
l'afFaire.
Les Impériaux ne fe contentèrent pas de fê railler de la diftinâion que
le Pape faifoit de protefter non contre lui , mais devant lui ; ^ Mcndo^e fit ^ ^^H^v- L.
encore une' nouvelle Proteftation , où il dit : Qu'il avoir eu un ordre exprès »^' ^* ' '*
de l'Empereur de protefter de la manière dont il avoit fait. ^jo^
Lorsqu'on eut reçu à Bologne les défenfes du Pape, comme il ne s'yFlcury, L.
tint plus des Congrégations d'Evêques ni de Théologiens, tous fe retirèrent i45-N** 1 1-
les uns après les autres , â la réferve des Penfionnaires de Rome , qui ne' Adr. L 7.
pouvoient pas le faire avec honneur. Mais â Trente perfonne ne quitta ^^' ^^ '
l'Empereur le voulant ainfi , tant pour conferver l'apparence de Concile ,
& tenir les Catholiques d'Allemagne en efpérance , & les Proteftans dans
le devoir , que de peur que ceux-ci ne fe cruflent quittes de la promeffe de
fe foumettre au Concile , fous prétexte qu'il n'exiftoit point.
XVIII. î* L£ Pape ayant fait notifier aux Prélats qui étoient à Trente ^ ^ .^' ^^'.
* ' ^ fmtfégrt de
5^. Lt Papt ayant fait notifier aux de cette afiàire. Mais Pallavicin L. ^o»c, ^^^^ p^^i^^
'prélats qui étoUnt â Trente la réponfe qu'il 14. prétend que ce ne fut que parce qu'on ^ Trente
avoit faite à Mendo^e , attendit i f jours, négocioit pendant ce tems-lâavec Mendo^e, qui ne veu-
&c. ) fraPaolo dit ici , que le Pape n at- pour voir fi on pourroit en venir à quelque Unt pMs fi
tendit (i longrems à écrire à Trente , que accommodement 5 8c que c'eft pour cela ^fiumettre à
pour voir (i ^es Piélacs qui y étoient feroient que dès qu*il fut parti on fit citer les Peresy^» arbitra'
quelque dcaiaxcfae foui le rendre le Jogç de Trente & de Bologne pour prodoixeleon^^.
5i8
HISTOIRE DU CONCILE
MDXiviu. croire qu'une viâoire fuffîc pour le rendre l'Arbitre du Genre-huinain , 8c
Paul IU q^'H pue s*imaçiner être en crat de pouvoir tenir tète aux deux Partis i
parce qu*il eft bien vrai qu'un Prince en s'attachant à un Parti peut oppri-
mer l'autre» mais que c'eft une entreprit difficile & vaine de vouloir
combattre tous les deux en même tems. Il prévit que cette doârine déplai-
roit encore plus à tous les Catholiques qu*à fa Cour , & aux Proteftans
plus qu'à tous les autres ; & qu'elle feroit combattue de tous , fans que
perfonne en prît la défenfe ; Que par conféquent , il n'étoit point befoin
qu'il s'en mît en peine , & que Tes ennemis leroient plus pour lui que lui-
même : Qu'il feroit mieux de laiffer publier cet Ouvrage , que derempe*
cher -, 8c qu'aHn qu'il tombât plus promptement, il valoit mieux Je laiuèc
paroître dans l'état où il étoit , qu'après l'avoir mis en meilleur état. Il
jugea feulement , qu'il n'y avoit pour lui que trois chofes à faire. Pré«>
mièrement » de faire enforce que l'Empereur ne connut rien de fon dedèin ;
fecondement > de tacher qu'il le mît au plutôt en exécution ; & enfin » de
faire que le premier coup portât contre les Proteftans. Pour l'exécution du
premier point , il ne s'agiflbit que de s'oppofer légèrement , & fans trop
infifter , à de certains points. Pour le fécond , il ne falloit qu'exciter les
Prélats Allemands par les motifs de leur propre intérêt. Et pour venir i
bout du troi(icme > la queftion n'étoit que de faire croire adroitement que
cet Ouvrage n'avoir pas ccé fair pour réunir les deux partis, mais feulement
pour donner un frein aux Proteftans î car c'étoit gagner un grand point ,
que de perfuader que le Prince faifoir des Statuts de Foi non pour les Fidè*
les , mais pour les Hérétiques*
ifïtm , L ' ' Lb Pape ' envoya donc ordre au Cardinal S fondrait de faire quelques
X4/. N^4». oppofitions , puis de prendre congé de l'Empereur & de partir » pour ne
point fe trouver préfcnt lorfqu'on publieroit ce Formulaire de Doârine.
Le Cardinal, en exécution de fa comniiilion , expofa au nom du Pape :
i^S!ei<LL ^ Que la permiftion de continuer de communier fous les deux efpéces,
^o* p- 547* même fans condamner ceux qui ne recevoient pas le Calice , étoit un droit
réfervé au Pape , cette coutume ayant été abolie depuis long tems : Que
jc'étoit auifi à lui à permettre le mariage de$ Prêtres , d'autant plus que cela
n'avoit
f !• Lt Pape envoya donc ardre au Car-
d'nal Sfondrate de faire quelques oppofi-
fions j puis de prendre congé de P Empereur
£• de partir ^ &c. ] Il ne paroit pas qoe cet
ordre ait écé tel , puirqoe ce Légat ne panir
que deux mois après la pièiication de Via-
terîm , com9ie on le voit par plafieors de
fes lettres datées d*Atisboaig longtems après
ceccc publication. Mais pour ce qai regarde
les oppofitions , il eft vsai qoe Sfondrate Me
ordre deu faire , dt il eft également vrai
qu elles furent allez légères i (bit qoe réel-
lement le Pape ne (&t pas trop fiché de Toif
l'Empereur embarqué dans cette affitire. Coït
3u*il ne vottl&t pas achever d'aliéner YeCprît
e ce Prince » en s'oppo(ànt trop fortement
it Ces deflèins. 11 étoit de la dignité du Pon-
tife de Élire quelque réfiftance , 8c il était
de (bn intérêt de ne la &ire que légère. Par*
là tout fe concilie , & Toppofition fur laquelle
iniifte PaUavicin pour convaincre de &ux
la narration de Fra-Paoh j eft préciSmenc
ce qui la juAifie.
\
DE TRENTE, Livre III. yi9
iR^avolc jamais écé en ufage dans TEglife, Se que les Qrecs & les autres iiDxtyiix^
Peuples Orientaux , qui n obligent point au Célibat , permettent bien à P^^^ ^^
ceux qui font manés de recevoir TOrdination & de retenir leurs femmes - -
dans Texercice de ce Miniftère , mais qu'ils ne permettent point & n ont
jamais permis qu on fe mariât après avoir reçu les Ordres. ^ ^ Il ajouta :
Qu'il ne doutoit aucunement , que (ï Sa Majefté accordoit ces chofes com-
me licites > Elle n ofTenfat grièvement Dieu \ mais qu'il croyoit que quoi-
qu'Elle les regardât comme illicites & illégitimes , Elle pouvoit néanmoins
les permettre à ceux qui étoienc égarés > comme un moindre mal : Qu'il
cft tolérable & même prudent à un Prince , lorfqu'il ne peut empêcher
tous les maux , de permettre les moindres pour éviter les plus grands :
Que Sa Sainteté ayant vu le Livre , avoir conçu qu'il n avoit été rait que
pour les Luthériens, afin qu'ils ne palfaflent pas d'erreurs en erreurs à l'in*
fini ; mais qu'à l'égard des Catholiques , il ne leur étoit permis ni de croire
pi d'agir , que félon les ordres du Siège Apoftolique , qui étant le feul
inaître des Fidèles > a aufli feul le pouvoir de Faire des Décrets fur le&ma-
tières de Religion: Que comme il ne doutoit point que ce ne fût-U l'in^
(ention de Sa Majefté , il feroit bon qu'EUe en tît une déclaration expreÛe »
& qu'Elle ferrât encore un peu plus la bride aux Luthériens , fur- tout â
l'égard du pouvoir de changer les Cérémonies > puifqu'il fembloit que
ç'étoit leur laifler trop de liberté , que de leur permettre, comme on tai-
foit dans le dernier Chapitre , d'abroger celles qui pouvoient donner lieu z
U .fuperftition. Enfin le Légat ajouta: Que les Luthériens fe pourrcdent
regarder comme en droit de retenir les biens Ecclédaftiques & la jurifdiâioa
qu'ils avoienc ufurpée , (i on ne les obligeoit l les reftituer > qu'il n'étoitpas
nécedaire d'attendre pour cela le Concile , mais qu'il en falloir venir inceC-
famment a l'exécution , & que puifque Tufurpation étoit certaine , il n'&-
toit pas nécedaire d'obferver les formalités de Juftice , mais qu'il falloir
procéder d'autorité , & comme Ion dit > Manu Regia.
L'Empereur ^ communiqua cette cenfure aux EleâeursEccléfiaftiques, LSlçiJLU
qui l'approuvèrent , particulièrenient à legard de la reftitucion des biens 10.^,347 .
Ecclénaftiques > qu'ils dirent tout à-fait nécefTaire , & fans laquelle il étoic
ji. // ajouta , quîl ne doutoit aucune- bien des Cafaiftes de ce fentiment. Car qooî-
pient , que fi Sa Majefté accordoit ce4 cho" (]ae toas conviennent que la confcience
fes comme licites , elle n'ojfenfdt grièvement n'eft pas la (eule règle de nos a^ion$ , Se
Dieu ; mais , &c. ] Si le Légac débita cette ' qu'il ne fuffit pas pour qu'elles (oient bçn-
maxime , Ta Morale me paroic un peu fin- nés d'icre conformes à cette règle » fi en
galière. Charles - Quint , à Ten croire , même tems elles ne font conformes a Ja
pfFenfoit grièvement Dieu en accordant ces Loi > tout le monde convient du moins
chofes s'il les croyoit licites , mais ne blCoit qu'elles font criminelles , lorfqu'elles font
rien que d'innocent en permettant ce qu'il contre la confcience. Ainfi la Morale du
f royoit illicite > c'eft-à-dire , qu'il péchoit ligat étoit également défeâiieufe des deux
gricyement en agidàot félon les lumières de côtés , & je ne (ai même fi dans le confeil
fà confcience , &/qu'il étoit fort innocent eh qu'il donnoit il étoit meiUeoi Politique quQ
iigiflànt contre. Je ne (ai fi l'on tiouYeroit Cafuifte.
TomeI. Xxx
J50 HISTOIRE DU CONCILE
irtHrtlrttt. irtpoflîSIe de rétablit le Culte divin , de confervcr la Religion , 8c d'at
Pâtt^lIL furer |a paix. Et comme rufurpation étoit certaine^ la juftice vouloit
*^ ()a*on expédi&t en bref cette affaire. Tous les Evcques fe déclarèrent auffl
pour cet avis. Les Princes Séculiers, pour ne point offenfer l'Empereur;
gardèrent le filence •, & les Ambaffadeurs des Villes parlèrent très-peu >
& de ce peu m&mc on n'en tint pas grand compte.
n Ek conféquence de la remontrance du Légat, l'Empereur fit ajouter
i l'Ecrit une Préface où il difoit en fubftance : Que s'étânt propofé de ré-
tablir la tranquillité en Allemagne, il avoit reconnu qu'il n étoit pas pof-
fible d'y réumr , fi l'on n'accordoit auparavant les différends de Religion >
d'où éroient nées les guerres & les divifions : Que n'y voyant point d autre
remède qu'un Concile Générai en ce païs-lâ, il en avoit procuré un a
Trente , & engagé tous les Etats de l*Empire à y adhérer & à s y foumcttre :
Que pour r\e pomt laider les chofes dans le defordre 6c la confufion juf-
du'â la célébration du Concile, quelques gens fort atélés lui avoienrpré-^
fente un Formulaire de Dod^ine, qu'il avoit fait examiner par des Ca^
tholiques habiles : Qu'en le prenant dans un bon fens » ils n'y avoiené
rien trouvé d'incompatible avec la Religion Catholique , excepté fut Far-î
dcle de la Communion du Calice & £l Mariage des Prêtres : Qu'il p^ioit
donc tous les Etats , qui jufque-là avoient obier vé les Statuts dt i'Egli/è
UnivcrfcUe , de continuer à les garder fans y rien changer, comme ik l'a-
Voient promis ^ ic ceux qui avoient changé l'ancienne obfervafice , ou
de la reprendre , ou en attendant la déclaration du Concile , de fe côtr^
, fermer à cette Confeffion dans les articles où on s'en feroît ttap écarté i
^5 permerrre qu'on l'attaquât ou qu'on enfeignât , qu'on écrivit , Oc qu'on
prêchâr au contraire. Et comme dans le dernier Chapitre on leur accordoit
la libené d'abroger les Cérémonies funerftitîcufes , il fe réfcrvoir la li-
berté de s'expliquer fur cet article , Se lut toutes les autres difficulté qui
naîtroient.
iH Slèî^ L Le 1 5 de Mai on lut l'Ouvrage en pleine Diète. *■ On tt*y prit pay les
ao. p. )4l voix de tout le mondé , félon la coutume \ mais le feul Eieâeut de Màyencei
^ l. En confi^tnct dt la remontrance du que le Di(coaîs que fit l^Empereor à la
'Ugat, t Empereur fit ajouter â t Ecrit uni Diétê. Là (^ale difficulté qu'il peut y aToii
Pyéface, &c. ] SkÙan , L. io. p. 347. né êft , qut dans le Di(cotirs l'Ëmpeteut s'ex-
Àmble parler de cette Préface qbe comme' ptime en tierce peffôrtrie : ce qai ne pot»-*
d*an Ditcours , que l*Empeteai fit dans la toit être , s'il Tavoit prônonte lui- même.
I^iète. Cafar Idîhus Mail convocat omnes Mais cette difficulté fe réfbuc aiflhhent pat
Ôrdines , & de fua in Germaniam Chari' Steidan , qui dit que le Difcours fut lu par
$ate prafiitus , Perfpicuis , inquit , argu- lè Secrétaire , félon la coutume : Quù^ fit
ttlehtis y Stc, Ce Difcouis , que Ton peut voir pèr Scfibam effet tocktiis , uit feû fûht ,
Ibût entier dans GoldaÛe^ & doiit Steidan &c. AihC il â dû être en éietce beffbnne ,
HÇ nous donné que la (obfunce , fe lappotté tt c*eft aù(ti eri cette (orme qu'eft doH<^ !i
entièrement à Textràit que nous donné /Va- iMhzt (]iii èft dans Gotdape : pfetM eCf-
Paoià dé là t^ré&ce > doi il eft naturel de taine que la Préface & le DifcoutI ilé Ibot
condorre que cette Bié£u:e n'eft autfe c&ofè ^â*lâié ÊtHè & mfoxè cbofe.
DE THENTE, LivuE UL Jjï
ft leva , & rçipcr(;i4 ft^i nom 4c ipus l'Çmpcrçi^r , qui prit ce rçnjçrcîniçiit yBXlTHV
jiour une îipprobacipn Çç un confentçmçnt de coûte rAflfcrpbléç. Pctfonnc ^^^^ ^P*
ne s bppofa -, mais pluCçuri des Princes qui ftiivoient la Confcffion d*Auj- -
bourg s'étant retirés i pi^rc ^ dirent, qu'ils ne pouvoienc accepter cet Ecrit ^
& pliiHçurs des Péputés des Villes dirent quelques paroles qui fignifipicnt
la mcme chofe > quoique par la crainte de 1 hmpereur ils n ofalTenç pas parler
ouvertement. L'Ouvrage fut d'abord imprimé en Laûa ^ en Allemi^nd» 6c
enfuite traduit de imprimé en Italien & en François.
Outre cet Ecrit ° l'Empereur fit publier le 1 4 de Juin une Ordonnant fl wt40mé
ce pour la Réformation de l'Ordre Ecclcfiaftique , qui avojt été drçflce & «» »^
digérée avec beaucoup de foin par quelques préUcs & d'autres personnes ^fjf '^
Êieufes & iàyantes. Elle cQntenou xxii Chapitres , où | on traitoit , ^^ ^
^e l'Ordination & de l'Eleâ^ion dçs Miniftres > Du devoir des ditFérenç tUff^^ k
Ordres Eccledaftiques » De celui des Doypns Se des Chanoines t Des i^« % k
Heures Canoniales.., Des Monaftères , Des Ecotes & des Univerficé^ , ^r^i^^
^Des Hôpitaux ^ Du devoir des Prédicateurs , De l'adminiftration ^^^xtJ^tmf
Sacremens » D<^ celle du Baptême & de la Confirmation > Des Céi:émpnie$ (mtrrfté ^r^
de la MefTe , De Tadminidration de Ut Pénitence • De celle dç TExtrème- n*0ppjmi^
Ondlion & du Mariage , Des Cérémonies Eecléuaftique? , De la Difci- f*>^ Clf^
pline du Clergé (& du Peuple , De la pluralité des Bénfôcçs 3 Pe ^^^' ct^Ar
Vifite , Des Conciles , & De l'Excommunication. Il y^voit fur ?*5 * • ^-^
différens fujets cxxx Réglemens » H juftes & fi pleins d'équité » quç Iph p^lar- V
pourroit dire fans crainte d'pcre contredit 9 que jamais avant ce tefnsU ^i'9*h
n'a voit paru de Formulaire de Réformation mus exaé^ , moins inréreflf , MJf^
6c plus exemt de ces ambiguïtés & de ces équivoques qui ne font ew- ^L^^
ployées que pour furprcudre les fimples : Se que $'il eût été dreffé par 4^s k^^
Eccléfiaftiques feuls , il n'eut pas déplu i Rçn^e pi^me , excepté en dp|)x Th^^n, U
endroits ou on y autorifele Concile de Bile, Se dans quelques ^ut|:ç$ pvfr^f»
l'on touche aux Difpenfes , aux Exemçlons , & aux autres droits réferyé$ 4a
Pape. Mais parce qu'il avoip été établi par TautQrité de TEmpeceUf t A
parut encore plus infuppor table que Vlnicrim ; la Cour de Rome ayaPC
pour maxime fondamentale , que les Laïques , de quelque rang PU dç
, quelque piété qu'ils foient , ne peuvent donner aucunes Loix aux ^cclé-
uaftiques , même pour quelque bonne fin que ce foit. Cependant , ne ppvt^ .
vant faire autrement > il fallut fppporter cette tyrannie , comme ils l'appeU
loient, parce qu'ils ne pouvoient pas s'y oppofer alors. Cette Réfotmarion
fut imprimée dans pluueurs Villes Catholiques d*Allemagne > & mcmç i
Milan cette même année par Innocent Ciconiaire.
Peu de jpurs après l^ publication de cette Ordonnance , ® l'Empereui 0 Spondi
enjoignit encore « que les Synodes Diocéfains fudènt tenus â U S. Martin , M* ><«
&ies Provinciaux avant le Carême. Et parce que les Prélats defiroient que
lePape voulut confentir du moins aux Chapitres où il n'y avoir rien de
contraire à fon autorité, l'Empereur leur offrit par une lettre en date du 1 8
Juillet , d'employer tous fes bons offices auprès de Sa Sainteté » afin d^ U
X XX 1
\
î^i HISTOIRE DU CONCILE
^îttTnL réfoudre à, ne rien omettre en cette occafion de ce qui écoic de fon devoir^
Paul m. l^ dernier de Juin , P le Recès de la Diète fut publié , & TEmpcrcur y
^-- promit de faire enferre que le Concile fe rétablît i Trente , Se fe reprît bien-
i4f! N^'t I. ^^^ ' ^ ordonna que lorfque cela feroit fait , tous les Eccléfiafttques eudènc
Sleid. LxiA ^'x rendre» Sc que ceux de la Confeffion d*Ausbourg y alladent avec uii
p. 5J5. fauf-conduit & promedè qu'ils y feroient écoutés , & que tout s'y décide-
rpit par l'Ecriture Sainte & la doârine des Pères.
LisPri- XXII. Le Cardinal à^Ausbourg *\ & les autres Prélats , appréhendant que
^^ffjj^* l'autorité du Pape ne fût bannie de l'Allemagne pat ces commencemens de
P ^ Mr«f auprès de ceux qui conférvant encoi'e beaucoup de refpeâ: pour le Pape ,
f^'^f*^ s'y pôrteroient plus volontiers , quand ils verroicnt intervenir fon autorité.
tint détins L'Empereur , qui s croit perfuadé que la fin des troubles de Religion le
HéformM" rendroit maître abfolu de l'Allemagne , embraflbit tous les moyens qu'oii
Hon^ <^ r# lui propofoit comme plus faciles» s'a(!urant qu'enfuite il régleroit tour
Prinn y comme il lui plairoit. î4 11 fit donc rendre compte au Pape dt tout ce qu'il
^^IM* L ^^^^^ fait pour la Reformation de l'Allemagne, & l'invita à y envoyer
ao-'p. î f I. *^^ ^'^ pluhcurs Légats. Sur cela le Pape lui envoya ' en qualité de Nonce
r PalîaY. l! l'Evoque de Vano ^u'il favôit lui être ^réable ; fous prétexte de mieux
Ti. c r. connoitre fês intentions dans la demande qu'il lui faifoit de Légats ; ' mais
f Adr. L; en effet pour foUiciter la reftitution de Plaifance,& l'envoi des Prélats
7. p. 44S; Efpagnois à Bologne. Ayant enfuite délibéré avec les Cardinaux ' fur la
N^rj . première dépêche de fon Nonce , il jugea bien qu'il n'étoit pas de fa dignité
%ton'L d'envoyer des Légats pour fimples Exécuteurs des Décrets Impériaux. Mais
*N* II. * ébranlé par les raifbns du Cardinal d'^£^5^oi/r^, il prit un milieu» qui fur
I Mart.T. d'envoyer des Nonces , non pour la fin que lïmpercur fe propofbir , ^ mais
*• ^ aV* L P^^^ accorder des grâces & des abfolutions , s'imaginant que cela produi-
^ ' ^ roit de bons effets pour le maintien de fon autorité , (ans courir le rifquc
jrMart/T.deconfentir que d'autres s'attribuaflènr un pouvoir qu'il prétendôit n'ap-
%. p. iio5.pattenir qu'à lui feul.
Skid. L XXnL II deftina donc » pur fes Nonces en Allemagne avec l'Evcque
"• ?• ^^'^^ ^tFaiio^ ceux de Véront & de Ftrtntlno , auxquels de la participarion
Pallav.L. des Cardinaux il fit expédier une Bulle datée du dernier fOur d'Aoûr> par
II. c. X. laquelle il les autotifbit à déclarer ï tous ceux qui voudroient retourner
Rayn ad i ITEglife Catholique , qu'il étoit prêt de les recevoir , & de leur accorder
au. 1549.
^ J* j f 4. // // donc mirt commît au Pape au Heu qac le Nonce étoît parti cfe Rome
vto A * de tout ce qu'il avoit fait pour ta Réfor^ dès le 9. ( Pallav. L. u.c. i. ) Mais il e(t
Thuan. L ^^'^^^ ^ t Allemagne y & f invira ^ Sec. ] afez vraifemblaWe , qoc rEmpcrear avoir
^^ jsjo ^^ ' Cttte invitation , Bc mime l'envoi dn Non- (blliché (à venue poor faire dâge de fon
Spond. ad ce, avoient précédé la publication de ces Dé- autorité auprès des Eccléfiaftiqoes , quai
an IJ48. crets de Réfoimarion , qui ne furent pro- youloit obliger de & ibcnnettre à cette Ri^
pods aux Eccléfiaftiques que le 1 4 de Juin , formation.
.*
DE TRENTE, LirkB III. fjj
itil^ment le pardon » podrvu^qu'ils ne voaludenr pas lui donner des Loix » Mi^xirm.%
mais les recevoir ; reraeccanc du furplus à leur confcience de relâcher quel- ^^^^ ^'^*
eue chofe dé l'ancienne Difcipline , s'ils jugcoient le pouvoir faire fans -
Scandale. Pour cet e&c il leurdonnoic la faculté d'abibudre pleinement |^ j^nAtu
'in utraque forçât toutes efpccesd'Exconununications & de Cenfures ^ 6c de Fieiîry /l.
toutes les peines même temporelles encourues pour caufe d'Héréûe , toutesT4|. N^44.
fortes xle perfonnes Séculières, Eccléfiaftiques & Régulières, même les^^^^' '^
Rois & les Princes , comme auffi les Collèges & Communautés , & même !^^ ^ -^
les relaps ; de les difpenfer de toutes fortes d'irrégularités , fans même en i^^ll ^
excepter la Bigamie; de les rétablir dans leur réputation, honneurs, &M#mM»
dignités*) de modérer & même de remettre entièrement toutes fortes d'ab-
f'urations & de pénitences ; de déclarer toutes les Communautés comme
es Particuliers , quittes de tous paâes & conventions illicites faites avec*
les Hérétiques î de les abfoudre des fermens & hommages prêtés , ôc même'
des parjures dont ils fe feroient rendus coupables par l'inexécution de leurs
engagemens ; d'abfoudre de même les Réguliers de leur Apoftade , & de
leur permettre de porter l'habit Régulier fous celui de Prêtre Séculier -, de
donner auffi permiffion à toute perfonne même EccléHaftiqae de pouvoir
manger des viandes défendues en Carême & les jours dé jeime, de l'avis
de leur Médecin corporel ou fpirituèl , ou feulement du fecond , & même-
fans lui , s'ils le jugeoient a propos *> de modérer le nombre des Fêtes *, Se
d'accorder à vie ou pour un ten^ , fplon qu'ils le trouveroient convenable ,
la Communion du Calice à ceux qui l'ayant déjà reçu en demanderoienc'
humblement la continuation. Se confeflèroient que l'Eglife le refufe iufte-»
ment aux Laïques , à cette condition néanmoins , qu'ils le reçuHent dans
un autre lieu & dans un autre rems que celui où l'on communie^par le Dé-
cret de l'Eglifè.. Enfin il leur açcordoit la faculté d'unir des Bénéfices Ecclé-
fiaftiques aux Ùniverfités , aux Ecoles & aux Hôpitaux , & d'abfoudre ceux
qui avoient ufurpé les biens d'Eglife après qu'ils auroient reftirué les fonds,
& qu'ils auroient compofè pour les fruits perçus & les biens meubles qui
auroient été confumés; & la Bulle donnoit aux Nonces le pouvoir de
communiquer toutes ces mêmes facultés à des perfonnes de rang & de con-
fidération.
Cette Bulle y ayant été répandue par-tout par l'impreflîon qui s'en fir â y Pallav.
l'occafion que je dirai, donna beaucoup matière i parler. On y cririquoit^^ "'C- *•
d'abord ce que le Pape difoitdans le préambule, que parmi les troubles **^J ^
qui aflfligeoient l'Eglife , il s'étoit coiifolé fur la'promeflc que Jefus-Chrift ^^' ^^*
avoir faite de conferver par la Foi de Pierre le grain de l'Eglife, * que Satan ^ Luc
avoU demandé à cribler ^ fur-tout depuis qu'on avoit appliqué au mal le XXII. 31.
remède d» Concile Général : n comme fi l'Eglife n'a voit eu d'autre appui
■ • ' • • •
s f • Comme fi VEfUfe n' avoit eu d'au- qae le Pape ne poavoitguères s'expliquer au-
tre appui que le Pape & jo perfonnes affem* trement , prévenu de Tidée de (on in&ilibilv*
hlées â Trente, ] - Cétoir pouiter la critique té , for-toat à la tête d un' Concile. Pour les
un peu loin. Car on doit bien concevoir Proiefians, qui étoientdaosd'avitxesidfety
f54 HISTOIRE DU CONCILE
aiMLTin. que le Pape, &fuixance & dix perfonoes aiTembléos il Trenfc/'^^ Eafiiîip
J?AVL III. i on traicoic de grande préfompcion le pouvoir qu'il 9 tccribaQK de r^uibUr
" ■ ' ' dans leurs lépurarions» honneMrs ic dignités. Us Rois Se Iqs Princes»
f 7 L on crouvoic au(fi une forte de conrradiâion dtns le pouvoir qu'il ao«
cordoic d'abfoudre des {ermens même illicites s puifque s'ils écoient illicii-
Ms » on n*avoic pas be(bin d'en être abfoiis > & que s'ils étPiMt juftes » peff-
fonne n'avoir le pouvoir d'en abfoudre^ f ^ On trouvait de m^me une autre
concradiAion à accorder le Calice feulement à eeux qui CF&jfgient que l'&-
Î^life n*erroit point en le refufaBt aux Laïques. Car comwcnt fcroit-il pof-
ible de le croire > fans vouloir être compris daiu cette interdiâion } De
plus , Y 9 on ne pouvoir s'empêcher de rire de la condition finis laquelle
ils svoient bien qaekjae fu}erdç croire fiue
Qpr appui écoiç un pçu fQÎble. Mais ils eullent
dû confidérer que ce n'étoit pas d'eux que
Paul devoir empninter Tes expreffions > &
la moindre gracQ quiis padënt'iui frire,
icoir de ne pas trouver mauvais qu*il parUt
en Pape , & non en Procédant.
f ^. Snfuiu Von traitou de grande pr^
fomntion fe pçuyoir qu'il s'atp-ihupk df ri-
iabîir dans leur réputation ^ 6cç, ] On n*^-
voit pas tout à (ait tort i 8c qupique pour
jttftifier cette conduite PaUavicin nous ren-
yojt k i*Hiftoire ficdéfiaftique , qui afltiré-
.aienc fie nous fournit rien de pareil que
dans les fiècles modernes , ^ aux Théolo-
giens & Canonid^ , qui font Juges fore in-
çompétans dans cettfr matière % il aura peine
à nous £iire croire que la répnution des
Rois & des Princes dépende du Pape , &
qu'il foit en fon pouvoir de les priver de
leurs d^ités Se de les rétablir , finon par
ttae ufttrpation contre laquelle on a toujouR
stdamé , comme contre un reaverfement
cotai de Tordre , & un &fte condamné par
rjSvângile a|i0i-bîen que pa^ ia zaifon«
^7. L'on (rouyoit auffi unf forte de çon^
tradiêiorii dans le pouvoir qu'il ^ecordoit
d'ahfqudre des fermens illicites, Scc ] Ct
n'écoit pas tant une contradiâipn , qu'une
fierté de fuperftition.Car les feroiens illicites
étant nuls par eux-mêmes , rabfolntion
quoR en demande 09 qnîçn e« denna p'eft
proprement qu'une cérémonie inventée
four la monm , Se qui séelleoiefir n'opère
YÎen.
f 8. 0/1 trouvait de même une autre CQé?
trûdiSwn 4 accorder U CalUç fiukmem À
ceu^ qui eroy oient que VEf^life- n'errok
point en le refufant aux Laïques , Sec, ] Ce
n'étoit pas non plus « à proprement parier,
une contradiébon , mais une conceflîon de
peu d*ufage , puifijue la plupart des peuples
nedemandeiientfiindamment la reaicution
dfi Calice , que parce qu'ils le croyoient nç-
ceQàif e. Car a T^an) dq plus ou dp inoins
de ^r^ces atuchéçs i la réception de {'une
ou des deux Efpices , c'étoit une opinion (t
incertaine Se fi peu fondée en raiCon , qu*on
devoir bien juger que ce n^oit pas ce qui
fendoit le peuple fi ardent à foUiciter la
xeftitutiQn du CiUcet Anfli pe pguroit-il pas
que rpn £|c gr^nd H^âge 4e cette conceiCon »
Ac (elon Ptf//«^f/r«p m^me • Im u.c. i»les
Npnces en paient f 0 Allemagne s'apperçu*
rent bientôt ^ qu'on les avoir honorés d^
pouvoirs afTez inutiles.
f 9. On nt pouvoit s'empêoktr tPmlkttrr
de rire de la condiiian fous laquelle en ai'
cardoit l'Abfolutian oMt Mwvs ApefiêU »
Itf • ) \f^ mPTen lie $*en empikber w ei&t «
en voyant faire dépendre l'abroloppo d'une
xonditipn aufll vainf q«9e celle de poner
l'habit de l'Ordre fous un autre » comme s'il
y avoit quelque vertu attachée à cf t h^it i
Car autrement 9 quelle obligation de poner
un habit invifiÛe ? puifque fiippeff qu'il j
eût quelque fcandale à ne poiiir porter ce^
habir , f n le pprtant ain(i fous un autre , )p
fcafidple étoit toujours le même pour ceux
qui ne le voyoient point. On a toujours été
t|))s - formaUfte à Home : mais fiins cette
OMulitipa preforite sux J^^ïi^rs , on 93^
twt peine à cjaise qa'of) Veut é;é jofqnà Çje
Miitf#
/
DE TRENTE, tivAE III. nf
6n ft(^rôrdoic l'abfolution aut Moines Apoftats , qui ctoit de porter l'habit Mi>nTîil
de leur Ordre fous un autf« j ëemftic fi le Royaume de Dido eue été attache P^^* ^^
i quelque couleur eu à quelque fèrrftê d'habit, & qae fans le porter cxtc-
ricurement il fût au fnoins néceflTairè de le portftr en fecrôt- ^° Cependant i
quoique la nomination des Nonces chargés de etite Bulle fe fut faite d*a-^
Wrd, leur voyage fut néanmoins ffcrardé ju(qu'à l'âttflée prochaine, parce
^ue rEmpdreur n*étôit pa^ c6nt6iit quori Ae fkâtLtfâns tfientionr dans la
Bulle d'àutorifer les Ré^tMhs qu'il avoir faiti^ di qu'cm ne fat jamais
engager le Papdà éonfentir q» aucurt à& ki Mmifkti ifitenrînten £Emnom
â en procurer Teitécuriofi.
XXIV. L'EMpÉRÉ»ii étafte parti d'AùAâîttrg, • employa tods fe's foins Efforts éê
pour faire recevoir fon Intérim par lés Villes Prôteftantes. Mais il trouva rBmp^rHtr'
par-tout dé la réfiftance \ it A ri y eut aucun liUu 6Ù il ne rencontrât beau- poitr faire
coup de difficultés , parte que les Proieftitehaïflbient encore plus V Intérim ^^civoir
que les Catholiques. Ilsdifcient que c'était réeahliflfement total duPa-^JfJ^»*
pifme. Ils blimoient fiit-tout la dôtftrine de là Jùftiflcatioft , fit trouvoient qu^/lT^rou^
fnauvâis qu'on révoquât en doute la néd^flité'dé là Côfktnmmon du Calice > vêy prmci-
6c la légitimité du Mariage des Ptêtrei. ^ Jeân-Fridific Duc de Saie , poliment i
quoique toujouri prifohnier , dit libremefit, QutÙ'aii & fa confcience ^ ^^i^^^
auxqtieb il i taie plus oblige éPabéir mi" à ttmi autfé^ fie M permiuaitni P^^ ^êtéM^Jn
de U recevoir* Par - tout « où il fut reçu, ce fut avec tant de variété , ietEfkpiti^
de confusion, &d'accidons5 & cm le fie avec tant de redriâion &ii'Aif.L^.
de diverftté , qu'on peut bieù plutôt dire qu'il fut rejette de tous , 6* 41 ^< «
Su'acceptéde quelqu'un. Les Catholiques de leur C3até ne fe (bucioient pas ^j^ft ^ ■
*en procutejf Tinrroduftion , parce cpi'eut-fnéiues ne l'approuvaient pas» ^ ^^^ *
*' Ce qui arrêta davantage rèftiptfreur , fut U liberté môdôfté d'utie petite j;^
que Sa Majefté voulut les forcer à accepter & à croire une chofé , qu'Elle^
m&me ne fuivôit pas, & Ac droyoit pai véri!!^te.
Ce Priticé rencontra encore plus de difficdlé^ dims Ta' Bà^llSs Alléiliagtie»
€o. CtpehêaM ^ âuâiijué hà /féfrtinàitàn on te vofc pftr une de fes letties au CtrdîM
des Nonces - ^- - - — - • ' - .. . ^,^ .
roydgefiit
nie prochaihi , ^ , .^
memént mal informé. Car ces Nonces par- Fra-Pàotà ftfe noas ipprend pôlnr qaellb
tirent aanH-cèt après leur dépuration. En éroitcetré Ville, êc je n'en* tfoore rien non
effet, Ton rdît Tun d'eux pa&r à Bbîbgnfe plus lii dans Sieida/fi ni da^s M. di Tkoà.
ëès la mi -Septembre , comme le n^arqii^ On conjéAûré flmplertient , qne cette Villfe
Pallavicin , L. 1 1. c. t. & Pigliîftû Evéque étoit dans ia Hadte Alleinagne , & M; Ba^
dé Firentino tioxi à Mayehce Ah \^ cbm- ntt ^ T. z. L. i.p. t7. dit que c'énsit iii»»
Mencemenr de Navétnbre i f 4^ , coiàaie date ,■ pètSH* Vifcr]»tod»e€BiiftB«M»
Spon<L
j)tf HISTOIRE DU CONCILE
KDxtviix. QÙ il vint au mois de Septembre. La plupart des ViUcis de Sa^ç fc fervirenc
PaplIIL Jç diverfes excufes pour avoir lieu de le refufer •, & la Ville de Magde«-
. j .. - bourg ^ le rcjctta d'une manière fi méprifante , qu'elle fut mife pour ce
iLD^t^i* fujetau Ban de l'Empire » &foutint une très- longue guerre, qui entre-
tint dans l'Allemagne un feu , qui trois ans après fervit à confumer le^
Trophées de TEmpereur , comme nous le verrons en fon lieu. Au milieu
de cette confufion il Quitta l'Allemagne pour paflèr en Flandres , & y fakc
prêter Le ferment de ndélité à fon fils. Mais quoiqu'il eût défendu rigou-
reufisment d'attaquer la dodrine de VInurim , & d'écrire , d'enfeigner ,
^^afono. ^^ j^ prêcher contre , il fut néanmoins combattu par plufieurs Protefians.
^leory,L * Le Pape lui-mème , qui jugçoit propre âfes intérêts de ruiner cette en-
^4j,N^x;,rreprife, ordonna à François Romu Général des Dominicains d'employer
les plus habiles de fon Ordre pour y faire une vive & folide réponfe. Plu-'
fieurs l'attaquètent auffi en France, ^^ en forte qu'en peu de rems il y eue
une foule d'Ecrits de Catholiques .& de Proteftans, & fur-tout des Villes
Hanféatiques , contre cet Ouvrée *, auquel il arriva ce qui arrive ordinai-
rement à ceux qui veulent concilier deux Partis contraires , qui eft de les
. unir pour combattre l'opinion mitoyenne, & de les attacher plus opinisU
crémentâla leur. ^^ Mais il produifit encore un autre efièt, qui hit de
/SléU. L* femer de la divifion parnû les Proteftans mêmes. ^ Car ceux que l'Empe-
*i- P- M3- rcuç
Thuan* L.
• N^ c. ^^* Enfant qu'en peu de tems il y eut lor(qa*on les T»2aidoit comme néceflaires ,
pon<L N^ une foule d'Ecrits de Catholiques & de Pro* & qu'on en £ailoit une Loi , parce qo alors
$.,& 9, teflans -^contre cet Ouvrage , &c.] On elles devenoient ane occafion d'impiété. Ce
Rayn. N^ peut roir les principaux mentionnés par Schifme a fubfifté depuis parmi les Lathé-
^\* Çponde fur Tan ^4!. N^ 7. qni nomme riens, ftlçs deux partis ont tionvé des5ec-
Fleniv L. parmi les Catholiques Auteurs de ces Ecrits, tateun , parce que chaque opinion fe peut
145. N®}^, /{a^^rr Cf/M/i/Evtqoed'ATrancheS) Fran^ défendre par des raifons également proba-
4P rxif çqI^ Romée Général des Dominicains « i^o- bies, & qu'il femble que ce Toit une aflEii-
^tf^i//tfje(nite$ de parmi les Proteftans, Aff- re de prudence plutôt que de Religion. Il
lan6hn , Calvin , Aqulla , qui furent les femble cependant que le parti qae prit Me^
principaux Asteurs de ces Réponfes. hnSon étoit plus conforme aux intentions
^3» Mais il produifit encore un autre de L^ther. C^r ce Réfonn^teur , dans une
i^et , qui fut de femer de la d'tvifipn parmi lettre écrite en i f 1 1. à Guillatttne Prawef
les Proteftans mêmes. ) En effet quelques- Pafteur Luthérien du Holftein , citée par le
uns , do nombre defquels étoit le célèbre nouvel Auteur d*ttne Hiftoire des Papes ,
MelanBon , ayant cru que I'ob pouvoit to- Tom. 4. p. 4^7 , (e déclare hautement poux
.lerer plufieurs des cérémonies 9l des prati- la tolérance de toutes les cérémonies qui
ques recommandées par V Intérim , comme n'ont rien de criminel. Je hais fouverai"
cnores indifférentes » ce qui leur & donner nement , dit-il ^ ceux qui condamnent des
ie nom à* Adiaphoripes , un ^nd Parti cérémonies indifirentes , & qui changent la
s'éleva contre eux , $c les Minières de Mag- lilferté en néceffité^ Si vous lifet^ mes lÀyres^
debourg , de Hambqurg , dç Lubec > ot vous verre^ que je n'approuve pas ces per-
Xunebourg , ,& pluGeurs autres condamne- turbateurs de la p4^ix qui détruifent des cho^
rent ces mêmes pratiques « & foutinrent fes qu'on peut laijjir fans crime* ^ Je ne
que quoique ces chofes (uflfent jndiffêren- condamne que les cérémonies qui font oppo^
pes en elto-m2oi0s ^ ell^ cçflôien; d^ l'^ci^ fies 4 PEyanfUe ^ je garde touu^ les aur
m
i
D E T R EN T E, Liyr..» IIL oT
«Uf avoit for<!és de céder crt partie , & de rétablir les «nciennes Cérémo- ^^xurn
fvfôs y s*cxcttfoicnc ciï dtfant qiills E^a^oiem cédé qu'en des chofcs iodiffifr- P^^»-^*^
rentes 5 qa'il r^'impotrodc pas ^us aru faUw de les rêjettcr ,. quedelcssece-
voir V qu'il étok permis^& mâsm néceiTaire Jbtoléver quelq^iefbis (petqiie'
fervitude , lorfqu'ei'le n'eft pas mêlée d impiété;^ & que par conféqucDC ilft
avoienc dû obéir à l'Empereur en ces- chofes. Maïs ccu% que la nécetScén-'a*'
voit point forcés à cette condefcemtance y répondoienc qu'il étoir TTai que
les cnofes indifférentes n'imére(Ibiem point le faluc ^ imi» que par le mojrdRi
des indifférentes il s'en introduifoit de pernicieofes y d^où ils tkoient cecte-
conclufion générale , que toutes les Cérémonies 6c les Rits^, quoiqu'indiffê*
rens de leur nature . deviennent mauvais , auffi-câc que cemt qui les Tui^vent'
viennent à croire qu'ils font bons^ oc( néceflàires. De-li vinrent d^a% nois^ •
velles SedeS) qui eurenft enfaite d'auaes- difpuitts enfemble, & nom ja^*
mais bien pu fe réconcilier.
XXV. Les divisions de Religkm n^excitèrent pas moins de tumulte ca*ChMnge^
Angleterre. »» Car EJ&aarJ Comte de Hanfort , oncle maternel du jeune ^^^^ ^^ *^
Kôi Edouard y qui avoir acquis un grand crédit for fon neveu & beaucoup ^«^'^^ ^
d*a\Koriré fur les Grands da Royaume, & qui favorifoic le^ P^oteftans de g^^ç^ y.
concert a^eo Cramfltcr A<rchev<êquc de Camoricri , ayant jGtxé les^ fondemcns i.Li.p. 41.
ât la nouvelle Doârinepaf lenAoyen^ de quelques-uns de leurs Doâreor&Siei(LL.xo.
qa'il avoit appelles cnccRoyàurtic^, ôi qui troi^ivèrent créance principale-t H o«
ilaent parmi- la Noblefle , fir afïèn^bler le Parlement , mri par un Décret pa- , n^" *^
blic autorifé dd Roi abolit la MefTe. Maiss'érant éie^ enfuite une fiSdirion f ieury , L.
parmi le peuple, qui demandoit le rétablifTememr des Edits de IRnri^ FIII*!^^. N''54.
en faveur de l'ancienne Rcligidnr tout le Royaame f« trouva remplè decon*
fiifîon & de difoorde.
XX VI. La S-Mafânvenùe, (^fqae' grand <|ae fût te (rouble en A4te- "^fmmM^
itoâgne, 0n tintenplttficurSf VillcS' les Conciles Diocéfains-, 8» Ton f reçut'^'^^fl,:
là noitvcJHe Réfbrmation dor TEmperetu: y à la feule fbrme ftï%y que lV>n ac- ^rlmmenttn
ck>mmoda â Vnfage de etiâqne Diocèfe. Mais comme on ne ponrvcrt aticu- AlUmMgne.
liemênr irexécuriorr^ il parut qiie tous ces Déct^ets n'écoient fair^ qfaê pour CcndUs
fatisfaire aii« appatencesr Pbur les Conciles Pfôvincîacix , il ne %'itti tint ^^^(P*''^
point avant le CJaren» , firfon l'evdf e de TEmperear. ^MuxTemît
Mais dès le commencement du Carême , ^ l'Eledeur de Colc^ne ^i^Colopuyk
l'ouverture du fien. Après y avoir expofé d'abord lo belbin qu avoir le Mayenct c^
mUeurs »
ttts dans inmi Eglifê , jf^cmfetot &*' Fânté* n*êfi qUtj'y ntiU ^IfUH'CantiqUis m l^f^V^^
BafiïfinàUm ^ & on y admMflfe k Bàpêi*^ gu& vulgaire ^ & qiw jéftM&néê tfp Ath' hs\t\L L.
tke à iMi^éfhé' m langue fulgaire ^ muw manàlè^ffapoUt delà ûôtUièréAôn. Je n^n.p. }6o.
àvéi (éutis Iti eérémeniet tfki éteiirtt itiê^ prtMU péiftê déttiili^U^mèffh tétine j ^y^Fleuiy , L.
fiige aUpàfH-varU. Je /hiifié fi' il y ait dei été rié m'eût féh i4okttâr, je n*dufols ja^ 145.N® Sl.
Images défis lé tèitipli, qiiùique des furieux mais permis quein là eèUbtêi- ePt' langage
m ayent brifi qUèUpies* unet d^am mtrh' commurt^ 81c. CtP fentimcM» (ôflt in&i^*-
retour. Je céUhreU Mtffe opec les orne- menroKxiérés^: o'eft ai»^ public à jdgerfilâ
mens & les cérémonies accoutumées , fi Ct eoadaka de Lttâket' f% coajcKaii ré^iiAi/
TgmeI. Yyy
n8 HISTOIRE DU CONCILE
MozLix. Clergé de Réforme, il dit : Qu'il avoit mis toute fon efpéf ancc dans le
Paul III. Concile de Trente , qui avoit commencé fi heureufcment •, mais que cette
efpétance fe trouvant trompée parle retardement inattendu qu avoit faic
naître la divifion des Pères au fujet de la tranflation du Concile , TEmpe*
leur ) pour ne pas manquer à fon devoir , après avoir fournis les rebelles 6c
rétabli la Doffcrine & les Cérémonies Catholiques, avoit remis feulement
au Concile la détermination de deux Articles , & ordonné la Réformation
du Clergé : Qu'en exécution de cela , le Synode après en avoir délibéré
plufieurs fois avoit établi une Forme convenable pour être obfervée dans fa
Métropole , à commencer le Dimanche de la Paillon. On voit enfuite les
fujets des Décrets au nombre de fix , où il n'eft parlé aucunement des ma-
tières de Foi, mais uniquement des moyens de reformer la Difcipline , 8c
où Ton traite du rétabliflement des Etudes , de l'Examen des Ordinans , des
Devoirs de chaque Ordre , de la Vifite , des Synodes , & du rétabliflement
de la Jurifdiâion Eccléfiaftique ; avec plufieurs Décrets fur chaque Chapi-
tre. Il y a fur chacun d'eux un long difcours , & plufieurs préceptes qui
fourniflent un beau champ à des difcours de fpéculation y ôc tout cela efl:
fuivide xxxviii Articles pour le rétabliflement des anciennes Cérémonies
& des Ufages Eccléfiaftiques. Comme les Païs-Bas héréditaires de l'Em-
pereur étoient foumis à la Métropole de Cologne , l'Empereur , après avoir
fait examiner ce Concile par fes Confeillers & fes Théologiens , l'approuva
par fes Lettres-Patentes du 4 de Juillet , ordonna qu'il fut obfervé par
toutes les Terres de fon obéiflance » & chargea fes Magiftrats de prêter la
main à l'exécution de fes Décrets , lorfqu'ils en feroient requis.
• là IbM ScbaflUn Elefteur de Mayence * ne fuivit pas tout-a-fait la même mé-
N^ 85. ' cbode. Car dans le Concile de la Province qu'il aflembla la troifième fe-
sidd.L.xz. maine d'après Pâques, il fit xLviii Décrets en matière de Dodrine, &
p. j^j. Lvi fur l'article. de la Réformation. Sur la Do£b:ine , il fuivit le Concile
de Trente dans les chofes qu'il avoit déjà décidées ; & fur celles qu'on ny
avoit point encore décidées , il fuivit les opinions les plus communes des
Scolaftiques , en s'abftenant de toucher aux points qui étoient controverfés
entre eux. ^4 Entre ces Chapitres , les xjli & xlii font fur-tout remarqua-
blés , en ce qu'on y enfeigne & qu'on y répète, que Us Images nor^t point
6\, Entre ces Chapitres , les 41 & 42
font fur 'tout remarquables , en ce quon y
tnfeigne que les Images n'ont point été pro-
pofées pour être adorées , &c. ] C'étoit conf-
ummenc la doârine de TEglife Catholiaue
aprèsTintroduétion des Images, & celle lur-
toac des Egltfes de France , d'Allemagne &
d'Angleterre jufqa'au dixième Hécle) oïl
Tufage des Images , qui n'a rien de mau-
vais en lui-même, & qui peut avoir d'ail-
leurs fon utilité, dégénei;a en fuperflition
k. donna lieu à une infinité d'abus. Ce
que j'en dis n'eft pas pour Tou tenir que le
culte des Images foit criminel , Ci par culte
on n'entend autre chofe qu'un cenain ref-
ped extérieur qu'on marque pour tout ce
qui apparrient à la Religion. Mais (i par
culte on entend une forte de fervice qui fe
rapporte à l'Image comme ayant quelque
vertu , c'eft conl&mment une forte d'Ido-
lâtrie , condamnée par le Concile de Franc-
fort & par tous les Ecrivains Eccléfîadiques ,
& qui n'^ft fondée ni fur l'autorité ni fux
la iai£bn.
DE T RENT E, Li V RE III. 539
été propofcts pour cm oAorcts o}^ pour rcctvoir aucun culte ^ mais feulement mdxliy.
pour rappcller lefouvenlr de ce que Con doit adorer. L'on y ordonne même, ^^^^ ^.^*
qu'en cas qu'il fe faflfe en aucun lieu quelque concours vers une Image , & — *—
qu'on s'apperçoive que les peuples y attribuent quelque forte de Divinité,
l'on doit loter, & en mettre quelque autre en fa place , de peur que les
peuples ne fe portent à croire que Dieu ou les Saints n'accordent ce qu'on
leur demande que par le moyen de cette Image , & non autrement, ^s Le
XLv Chapitre n'eftpas moins digne de remarque que les précédens. L'on y
dit ; que Us Saints doivent être honoris d^un culte de Jociété & de dileSion ,
comme on pourroit honorer les perfonnes qui vivent fatntemeru en ce monde ;
avec cette feule différence^ quon doit honorer plus dévotement les Saints bien^
heureux , comme étant dans un état plus affuré. ^^ Ces explications bien
examinées montrent combien alors les fenrimens des Prélacs Catholiques . .
d'Allemagne étoient différens de ceux de la Cour de Rome , ou de la pra-
tique qui s'eft introduite depuis le Concile de Trente. ^7 L'on peut voir î
Cf* Le 4^ neft pas moins remarqua"
Île, L'on y dit que les Saints doivent être
onerês d*un culte de focieti & de dileSHon ,
&c. ] Ce font les propres termes de S. Au-
guftin, ( L. de ver, Relig. c. f y.) & fi le
culte des Saints étoit réduit à ces termes,
je ne vois pas pourquoi s'en ofFenferoient
les Proteftans. Mais il eft vrai auflî , que
ion a poudë la chofe beaucoup plus loin
^ans rÊglife Romaine , & c*e(l ce qui fait
que quelque orthodoxe que (bit TexpreC-
£on du Concile de Mayence , le Card. Pal-
lavicin L. 1 1 • c. 4. ne la trouve pas exa^e^
le quali parole benche nonfieno gaftigatijjime.
Il eft bien plus naturel à quiconque eft
un peu inftruic de la véritable Jo<flrine de
TEglife , de penfer que c*eft la cenfure de
ce Cardinal qui eft très-peu exade. Mais
comme elle eft plus dans le goût de TOr-
thodoxie moderne , je ne ferai point fur-
pris que beaucoup de Théologiens trai-
tent en lui de dévotion , ce que dans
des tems plus puis on eût traité de fupexf-
tition.
66. Ces explications bien examinées mon*
trent combien alors les fentimens des Pré-
lats Catholiques d'Allemagne étoient diffé"
rens de ceux de la Cour de Rome ou de
la pratique , &c. ] Pour la pratique , on ne
•peut guèxes en douter, en voyant rattache-
ment fuperftitieux que les peuples ont pour
certaines Images , attachement qui ne peut
être fondé que fur tme idée de vertu qui
y eft jointe. Mais je ne crois pas quon
puilTe dire la même chofe à Tégard deUi
dodrine , puifque le Concile^de Trente dé-
clare pofitivenient dans la Scflîon xxv. qu'on
ne doit reconnoître aucune vertu dans les
Images j qu'on n'y doit mettre aucune con-
fiance, & qu'on ne doit rien leur deman-
der ; Non quod credatur inejfe aliqua in 0$
divinitas , vel virtus , propter quamfint CO"
lendûe , vel quod ab eis aliquid fit peten^
dum j vel quod fiducia in imaginibus fit
figenda, C*eft-là , comme on voit, la même
dodrineque celle du Concile de Mayence,
c'eft encore aujourd'hui celle des Théolo-
giens les plus éclairés. Je ne nie pas , qu'il
n'y en ait d'autres qui ne fe contiennent
pas dans de fi juftes bornes ; mais on ne
doit pas £&ire un crime à une Eglife, des
erreurs ou des extravagances de quelques-
uns de fes Théologiens , & elle n'eft ref-
ponfable que de la doébine qu'elle propofe
elle-même dans les Régies de Foi qu'elle
prefcrit, 3c non des fauues interprétations
que quelques-uns peuvent y donner (ans
fon aveu , & (buvent même fans fà con-
noiflànce.
^7. Von peut voir de même par tant
d'Articles de Do£irine déterminés dans ce
Concile , avec quelle vérité Us Papes ont
fi fi>uveru fait dire en Allemagne , quon
ne pouvoit pas traiter des affaires de Re--
Yyj i
J40 HISTOIRE DU CONCILE
MtDxttx. de même par iianc d*Acckle&tde Doâicine jdétermiDfés dans ce Concile , trev
PiuL m. quelle yénré tesi^ipes o»nc£drouvenc Étîc dire en AUecnagne , qu'on ne pou«
"■'■"—"• Toiç pas Bcaitcr Aas ^afifaires de Religion dans wn -CiWBctle Matipnal. Car
quoique cela & fuiSé céf uror fUxs iolidement :par leiefnp^ des Concile»
NatâoAiaiKx >ceiiiis eoA&ique> ou Egypte » en iyxicy 6c dans d!aucFes en-
droits de rOntenc» le Leâeur pourra peuc-êtceièjtre jphis frappé'de l'exenH
pie de ccdoinoi» quoique joioios illnftie » parce qu'il eu «npder ne. A i'exem-
plede ces deux Ëleétenrs , .celui de Trêves célébra auffi -Ton Synode , auffi^
Dienqueles.aotces Métropolitains Catholiques qui oe sîétoifiot point répa*-
réfiduPapeK, &vqtti .tous publièrent ks £dits Impériaux d'Ausboiicg» tant
pour VInUfim ^que pourJa ftéfornoacion du Clei^é.
Lêf'HmMi ^^ ^^ Noncies qm avaient rétc -nomniés Tannée précédente, pour venir
ém Vâf4 ^^ Allemagne* flDaisdoot le voyage avoit été différé pour les iraifi^ns que
ROTiMM- ^'ai rapportées ,> ^ 6 y rendirent cnnn. Mais ils fiifeat méprii& par les Ca-
wm Umrs choliqucs oieœes , f»i tous des iieux où îk pail^reor s taot le nom du Pape ,
Um' ^ ^^"^ ^^ 3^^ vcnoit de fa part comme fes Miniftres , étoient devenus odieux
^l^Jsy fpi^ies'différen(kavecl!£mpereur:& ra.€ondiûte:en^ Sur la
msisamen wk de 'Mai ils TaUerent trouver aux Païs-£as,'^ où après avoir traité long-
fmt trh'femtcms des moyens d'exécuter les conuniflions du Pape , comme l'en trouvoir
^I^As^' des difficultés À tout ce que Ion propofoit de part ou d'autre , l'Empereur
* j y*^ réfolut enfin , quepuifqtte Sa Sainteté leur avoit donné le pouvoir dp fub-
'N® i; * ftiuier quelqu'un à leur place &. de lui communiquer leurs Facultés > ils
Flcurv , L iubftituecoient les Eveques chacun dans leur Diocèfe > & les autres prin-
i45.N%j.xipaux Prélats xlaos- le lieu de leur jurifdidlion ^ s!eo remettant entière-
Adr. L 7. fDQi^f 4 ]^uf conicience. Ce parti n'agréa pas facilement aux Minières du
fallav. L ^^^ > ^"^^ ^V lendantà la fin , ils firent imprimer fous le nom des trois
II. c. 1. Nonces un Induit, où étoit inférée la Bulle du Pape ; & cet Induit fut
/Sleicl. Ladrelleà chaque 4^rélat ^ dont on avoit laifTé le nom en blanc. Usydon*
±ï. p. 1^;- noient pour caufe de la fubftitution qu'ils faifoienr s l'impoflibilité où ils
étaient de fe trouver par-tout *, & ils communiquoient roiute leur autorité à
m Rayn ad^^^^ '^^^ * °^ '^ avertiflànt feulement de ne permettre qu'avec beaucoup
an. IC45,
N' 1. ii§ian dans wkConeiU National, ] L'aveî- portit ces Conciles à ruiie .ODndefctndance
•fion , jqoe lesPiapes des derniers fièdesont pvéjodicîableala pureté de UFot , quoiqu'ils
'£ùc paroicie pour la tenoe ides Conciles ne puâèm ignorer d aiilems , t]ae TEglilè
tvlationaux , nt'eft pas venue pxccirénsent «wic Souvent anèté/le progrès des: Enenxs
deœ qu'ils xroyoient qu'on n'y pouvoir pas par ces .fortes ;de Conciics.
traiter les aËiires^de iteligton.i mais oo 6%, Les Nonces qui avolent iti nûmméf
du. préjudice qu'ils .en-af^téhendoiem pour J'sMoée fréoédânte 'pour vtnir tn jUUsus^
\eaic aocoricé , ou de ce que dans la confufion pit — s'y jmuHreai mfin , &c« ] ^ Cdk ,
que les divisons avoienc répandue fur les ma- «oauneon Ta déjà remarqué , une.méprifr
tièresde Doârine» ils ne cro)roient pasque de notre ^Hiftorien , poiique ces 'Nonces
rancoricé (i'un Concile National fât (M- s'écoîent rendus 'en Atleroagnepeudeteqas
iânre pour y apporter tiu Teméde. Peut- après leur deftination ,6c qu'ils y rétoieac
txTt mtme qu'ils craignoient auffi qiic le anivés^dès l'an r^4<.
trop vgraxxdidtéib de concilier les el^ritsna ' .
Dp TRENTE, Livre III. 541
de précaution & une ucilité évidente h Communion du Calice & Tufage mdxlix.
de la viande les joues de jeune , & leur défendant de fc rien faire payer pour ^^^^ ^^^
ces fortes de grâces. L'Empereur fe chargea d envoyer cet Aûe à qui & ou
il convenoit \ & patntout où il Teavoya , il ât entendre qu on devoit s'en
fervir avec douceur & dextérité. Mais ;l ufage n!en fut pas grand. Car ceux
.^ui étoient demeurés dans robéiflfance du Pape n!en ^voient pasbefoin -, ^
,ceux qui s'en étoient Réparés ^ non-£eulemen,t ne s'en foucioient pas » cnais nid. N^ i.
ils rejettoient même la permiffion qui leur étoit offerte. ^' Peu de jours
après, r£vêquede Férçaii/io 9p2Lttiz \ m^s çciix de yerone&c de /4/ro de-
meurèrent auprès de l'Empereur , jufqu'à l'cavod de l' Archevêque de Si^
jfonu par Jules III , .conune je le ^ai en fyn lieu.
XXVII. y SAS çc meaftc-tçpas , ^ le Roi de Fiance ayant f«c fa prçnMère Hmn IL
entrée dans Paris le 4 dç JaiUet, fit faire une Proceflion iblemnelle , dont ^i^^rm-
le motif j comme i^ ledit dans un Edit qu'il publia alors , itoit de mon- f* ^;^^'
irer â tout k moi^de : Qu'il voulait .prendre la proteftion de la iReligion ^^
Catholique & du Saint Siège , (&: la déheniè de l'Ordre Eccléfi^ique : Qu'il 4 Thoan. L.
avoir en horreur toutes les nou^eaiués de Relieion : Qu'il vouloit perfé- ^ N'^ 4.
vérer conftamment dans -la Doârine de rEglile Romaine , & exten;mner ^^^^ ^
de tout fon Royaumeles nouveaux 'Héréitiques. 11 fit imprimer cet Edit en i^ P* ^f^'
: François , & l'envoya par toute la. France. Il permit auffi à fcs P-rélats de an.^w f^^
, tenir une AÛè^iblée Provinciale pour réformer leurs EgJifes \ ce qu^qn re- M® 5 3.
garda cependant à Rome comme une chofe de mauvais exemple, à cauib que Spond.
c'étoit un.commencement , qui pou^roit aboutir 1 ^tendre l'Eglife Gallicane '^^ ^*
indépeqdajKC de Rome. Enfin ce Prince fit exécuter phifieurs Luthériens â , ^'"^'o^
Paris, P aux fupplices defquels il voulutafiifter lui-çième ; & il cenou- xtr!
vella au commencement de l'année fuivante l'Edit pviblié contre eux parf Thoan.!.
fon père» ordonnant de rigoureufes peines cpntre les juges qui fëroient ^* ^^ 4*
négligens à les découvrir & à les punir.
XX VIII. 70 x^fi Concile dormoit depuis deux ans â Bologne , ^ lorfque
,^9. Ptfi dt jours aprh , VEvêque 4e qu'il/ok vrai qo'il Tavoît licentxé pxèsde
Férentino partit , &c,J Non pas pour re- deux mois avant (à mort. [Rayn. N*^ii.
. couiner a Rome , mais pour paÔer en Boliè^ falUv.- X. ii • c. 74* ) . Car Ou des .ordres
me auprès du^i F&rdïnasid^ Se y ménager xejiis . d^ .Çatd. Famèfi^ le Çard. del Mante
h réunion des Hnflites conjoinâementiivec .congédia les Père&ki ,1.7 • .de Septembre , en
le Nonce SanAt -.Croce. Ils y travaillèrent deux di(ànt fjue le Pape nét^ir point -dans
en çffet avec tant de (accès, que partie p^r rintention ^le pouxruivxe le Concile à Qp-
toléiance, panie par autorité, ils en xa- logne, jnaisde&ire travailler à Rome i
menèrent un ad^z grand pomlne a robéif- la R^oxmation, pour laquelle il avoit in«
iàoce de FEglife JUimaine. fi^yn.^^ if . vite dès le mois de luillet quatre des Pères
^ ti. de ^Bologne v& aotantde Trente. ( Rayn,
70. Le Concile dt^rmou dq>uis deux 4ns N^ ^ ; . ) Ceue invitation cependant de-
a Bologne, iorfpu k 7 Novembre, &c. ] vint im^cile , far le refus que firent de
Fra-Paolo fappolè ici unechofe fàudè , fë tendre i Rome les quatre Prélats de
.qui «ft que le Concile AibfiOoit encore i Trente^ quoique ceux de Bologne n'eoflênc
.^Sologne lors de la mon du Pape , ^uoi- B^.fnai^oéd'y Tenir.^^^ii, N^ x^.& iS»
HZ' HISTOIRE DU CONCILE
MDL. le 7 de Novembre le Pape ayant vu une lettre d*03avc fon petit-fils , qui
Jules 111. youioit faire fon accord avec Ftrrand dt Gon^agut pour entrer dans Parme ,
—"■——" que Paul faifoit tenir au nom du Saint Siège , fut fi faifi de chagrin & de
P inie^ colère , qu'il fut tenu pour mort , & qu'ayant été furpris de la fièvre après
éleéiion de ^tre revenu à lui , il mourut eflfeékivcment trois jours après. 7» Monte pzz^
j/iles IIL tit auflî-tôt de Bologne pour fe trouver à TEleétion du nouveau Pape , de
Caraaetedi fon départ fut fuivx de celui de tous les autres Prélats , qui fe retirèrent
Ài^Empe- C'est la coutume ordinaire, ' que les obféquesdu Pape défunt durent
reur t
tablir
Concile » mois. Le i^ardinal taciitcoy qui n a voit point voulu partir de 1 rente qu
^^^%\ P^^* 4^^ TEmpereur , fur l'avis de la mort du Pape , lui eut envoyé ordre
L? J4<. N° ^^ ^^ rendre au Conclave , n'y arriva que plufieurs jours après qu'il eut été
141. fermé. L'ufage des Cardinaux quand ils font adèmblés eft de drefler quel-
pour
14° II. MDL , ce qui ne fe peut faire que par le Pape ; & comme cette année le
Thuan. L. concours jdu peuple étoit extraordinaire , tout le monde fe flattoit que cela
é. N^ * ^' cngageroit les Cardinaux à preflcr TElcdHon. Il y avoir ^ alors trois Fa£^ions
1^0 g^^"* dans le Conclave, VImpériaUy la Françoifcy Se celle des Cardinaux qui
Thuaji. L. dépendoicnt des Famifes neveux du dernier Pape. Les Impériaux portoient
6, N° 10. le Cardinal Pool^ & les François SalviatL Mais ni l'une ni l'autre n'étoit
SkicLLii. afie^j forfc pour faire le Pape •, & elles ne pouvoient s'accorder entre elles »
p. J^^-î^o- j[ ^J^^fç jçj intérêts différens de leurs Princes, Celle des Farnifes , qui pou-
an. 1550. voit déterminer l'Elcdion en fe joignant à celle des deux autres Factions
N° 3. • qu'elle choifiroit, avoir aflcz d'inclination pour Pool^ tant à caufe de fa
Mart. T. 8. bonté naturelle , que par rapport à l'attachement conftant qu'il avoit eu
P- '^!f\/ pour le Pape & pour le Cardinal Farnife. 7î Mais le Cardinal Tkcaiin
^AdrL. 7 7 1 'Monte partit aujp'tôt de Bologne pour riennes , détacha plujieurs Cardinaux de
0 484. &V^ trouver à VEUBion du nouveau Pape y fon parti. ] Quelques Relations Italiennes
icqq. * &fQndépaTtfutfuivideceluidetous les au- chargent de cette albcafation le Card- de
Sicid. L.ii."'"* *c. ] Cette méprife eft une fuite de Toumon & les François. Il eft certain ce-
p. 571. Id précédente, puifqu*il ny avoit plus de pendant que dans le Conclave de P^u/ /^
Spond. N° Prélats à Bologne que le Card. del Monte, les François s'intéreflèrent pour faire élire
13. qui étant Légat y étoit refté , quoique le PooL ( Pallav, L. 1 5. c. 11. ) Ainfî il eft
Flcury , L. Concile eut été licentié. bien plus naturel de croire avec Fra-Paolo ,
145. N® • y 1. Mais V abjence de plufieurs en fit dif- que ce fut le Card, Théatinc^mizxz Pool
X4^» flrer Fentrée jufqu'au 28 du même mois, ] d'Héréfîe , comme le marquent Sleidan ,
Sleidan dit le 19. ce qui eft conforme aux Beaucaire, M. de Thou , S ponde , Bur-»
Ades rappohés par Raynaldus N° 48. net y & quelques Italiens même. L'on fait
7 5 . Mais le Cardinal Théatin l'ayant ac- d ailleurs que le Card. Théatin ne laimoit
eufè de penchant pour l(f opinions ' Luthé^ pas, le qu'étant Pape il roolot Taïuqner
DE T RENTE, Livre III. hj
Tayanc accufé de penchant ^ pour les opinions Luthériennes , détacha plu- mdl.
fieurs Cardinaux de fon parti. Farnïft n'agréoit point Salviati , & il ctoit ^ui*" 11^
réfolu de ne concourir qu'au choix d'une des créatures de fon oncle. Les
Fadions avoient des intérêts fi oppofés , que ni la confidération de l'Année ^ Tf^"^^
Sainte , ni le concours du peuple qui fc tint aflemblé ce jour-là jufque bien spond. N"*
avant dans la nuit, ne purent faire avancer TEledion. Enfin les Farnijcs 13.
remportèrent par le concours des François , &c Ton élut Jean-Marie del
Monte y qui a voit fait la fondion de Légat au Concile de Trente & de
Bologne , & qui prit le nom de Jules III. Farnefe l'agréa comme un fidèle
ferviteur de fon ayeul & de fa Maifon , & les François comme un Sujet
affedkionné à leur Roi , & peu porté pour l'Empereur à caufe du différend
furvenu fur le fait de la tranflation du Concile. Les Impériaux même ne lui
furent pas contraires •, 74 Cofme Duc de Florence les ayant afliirés * qu'il x Adr. L. 7,
n'avoir pas l'ame Françoife, & qu'il n'avoit paru porté pour cette Cou- P- 495.
ronne que par la reconnoiflânce qu'il devoir avoir pont Paul y aux intérêts J""q"- ^•
duquel il avoir dû paroître attaché , & dont la morr de ce Pape l'ayant
dégagé , il ne feroit plus que pour la juftice. Plufieurs aimoient aufii en
lui ce caradère libre , éloigné de Thypocrifie & de la diflîmulation , &
ouverr à rout le monde. Auflî-tôt après fon Eleâion , il jura de continuer
le Concile , conformément à ce que l'on en étoit convenu, y II 7 y fut élu j'Rayn. ad
le 8 de Février , couronné le ij , & ouvrit la Porte-Sainte le 15. tîo '^^^*
7^ L'Empereur voyant que les affaires de Religion en Allemagne n'ai- pi ^* t
lôient pas à fon gré, & fe flattant de furmonrer les difficultés par fa pré i^. 1^0 *
fence, * intima une nouvelle Diète à Ausbourg pour cette année, &1J4.
z SJcid. L
comme fufpeél d'Héréfie. Si nous en 7^. Il fut élu U 8 de Février , roM-n.p. 375.
croyons Heidegger dans fon Hiftoire de la ronné le 23 , & ouvrit la Pont Sainte le Thuan. L.
Papauté , ce fut le Gard, del Monte qui 2/. ] Sleidan L. 11. p. 571. metfonelec- ^* N° ^7-
par argent empêcha réleé^ion de /'oo/. Mais tion au 7. fon couronnement au ii, & Adr. L. 8,
cet Auteur n'apporte aucune preuve de louverture de la Porte Sainte au 14. P- ^j^S.
ce fait 5 & les Hiftoiiens y font tous con- Pallavicin L. u.c. 6, met auffi fon élec- *^^"^^' ^•
traires. tion au 7. aufïi-bien que les Ades cités par ^}' c. &.
74. Cofme Duc de Florence les ayant Raynaldus N°. i. Mais par le Bref de /m- ^^'^vii '
affurés qu'il navoit pas l'ame Françoife , les lai-même au Duc de Ferrare , daté du
&c. ] Selon Adriani L. 7. p. 49 ) . & M. jour de fon éleAion, il paroît que ce fut le 8.
de Thou {.. 6. No 1 o. ce ^z del Monte lut- La rai(bn apparemment de cette différence
même , qui fe fervit du Duc (ècrettement vient de ce qu ayant été élu au commen-
pour donner cette alfurance à TEmpereur , cément de la nuit du 7. Téleé^ion ne fut
& qui avoit eu raddreffe de faire tomber annoncée que le 8. au matin. Pour le
fur le Gard, de Ste. Croix toutes les dé- couronnement, tous s*accordent à le met-
marches du Goncile qui avoient déplu à CA^r- tre au ii , & non au 25 €omme Fra-
ies. C'eft ce qui fit aurtî , que ce Prince mar- Paolo.
qua toujours plus ouvenement fon indi- 76. L'Empereur — intima une nou-
gnation contre S te Croix , & que de peur de veUe Diète â Ausbourg pour cette année. ]
trouver quelque Pape dune inclination plus C'eft-à-dire, félon Sleidan y pour le if. de
Françoife , il confentit enfin à Téledion Juin iy;o,
du Caïd, del Monte.
UDJttrm.
JifLES ni.
M RanL
^Pallav.L
II. c 8.
c Pallav. L
II. c 7.
Onuph. in
vica Jul.
Adr. L 8.
P-Jo/-.
144 HISTOIRE D Uf C O N C ï L E
envoya Loids d^jévila au nouveaa Pape pour le fclicicer fur fon exatratibn»
& !e preflcr de* rétabFir le Concile 77. A/« répondit i ces avances avec la
même polîtcflfe, * & fit è rEtn^crcur dé grandes offres de fon amirié. Mais
il ne donna qtredes paroles génétàles fur le fait da* Corïciie» n^étant pas
bien encord réfolu Im-même-rarceqa'il a voit st' faire. It tù pârta avec ki
mime irréfolucion aa Cardinal de ôuifc , qui (t difpofoic- i recod^ner en
France » raffurant featement qu'il né fetoie rien i fani^én avMr communiqué
auparavant avec le Roi Trè^-Chrétien. Toutes les fois de même que le
Cardinal PachécaSc les autres Impériaux lui en parloient , il leur dit : Qu'il
s'accorderoit aifément avec TEmpereur fur ce point , auffi-tôt que ce Prince
en aeiroTt fîncèrement avec lui \ ^ mais que le Concile devoir (t tenir pour
confondre les Hérétiques , & favorifer les intérêts de rEttipéreur > & non
pour préjudicier ï ceux du Saint Siège ; & qu'il y avoit fur cela bien ios'
chofbs i cotrCdcirer , qu'il fèrbit fàvoir j Sa Majefté dafnfs fon tems.
JuUs ne demeura pas long- tems fans faire connoîtré ce que l'on devoir
attendre de fon Gouvernement. 78 i\ patlbitTes joc^rs entiers dans fes jar-*
dins> ^ faifoit élever des maifons de plaifance» & montroit beaucoup de*
penchant '
Tf* Et envoya, LouU tTAviU au nou"
veau Pape pour Ufiliciter fur fan exaka»
non , & U preffer de rêtahUr U CoàcUt» ]
PaUaviein L. xi. c. 8. prétend que les In^
tru^ions à*Avila neponoientrienfurrar-
tîcle du Concile , & qa avant fon arrivée
le Pape avoic envoyé Pierre dû Tolède à
rËm'pereaf pour lui porter des efpérânces
génôales de rétablir cette Aflèfnblée à cer-
taines conditions. Ce fécond point éft
confirmé par Adfîani L. 8. p. 496. Mais
a regard du premier , quoiqu'il .foie certain
que le principal motif extérieur de FAm-
baflàde de à*Avîla (ut de féliciter Jules
fur (on exaltation ,. il n*y a aucune appa-
rence quil ne fut pas chargé en même
tèms de porter quelques paroles au Pape
fur là tenue du Concile , que TEmpereur
avoit n fort à cqèur , & pour laquelle il
n avoit jamais ce(I2 de £àire de fortes inf-
tances par tous fes Minières. La chofe
môme feroit abfolument hors dé doute , fî
ce que dit Adrîani L. 8. p. 4981. étoithien
cenain , favoir » que c*écoit fur les oflfres
que Jules avoit &it £aire par Tolède à TEm-
pereur, que ce Prince. avoit dépêché à'A-
vila à Rome.- Mais indépendamment det
la vérité de cette circonftance , il eft plus
que probable , que à'Avila n'alla pas à
Rome &m être chargé de quelques cotn^
miilloTtf phis- importâmes que celle de fiS-,
Ikiter amplement le Pape fur fon éleûion.
78. Il paffoit les jours entiers dans fis
jardins, &c.] C*e(l le caradère que don«-
nent tc^ leS Hifterfens de ce Pa^ , 9à
dont PaUaviein lui-même a été obligé de
convenir L. it. c. 7. La maggiorpane'
dèltènipo, dît Adfiatâ L. 8. p. f Of . dïmo^
ràva o^fè à Uri fuo gatdino dovt faeeva
fahricare pala^jj, £• lôggie , adomandole
di fiatue antiehe S rharmi pelUgrihi , &
di opti àltro raro & rîeco tavoro eon if-
pefa grandiffima. Onde i Cortipani & al^
tri a cui là Cofit importava fi ne dijpera'
i^an^. OnUpHté nVri parle pas aufréifienr'
dans la Vie. dé Jitlèi • qtf il Tepïéfchte
comme cfiïiqliéifieht Xittl i-l'oi/rveté* Et aux
plaifirs . Pfuéndo pdtîùs , dit cet HIftotien ,
çuatâregendà Pontificatui ihtuiHb'ehàt , to-
tié/que erat in extruenda eiegà/ifij^nia ad
volupiarîosficeffus Villa Jjilîa , in quapef
toium Pontificatum canviviis potius quam
pûhlîcé procufatiorà vacaBat — ^ abMcâtd
rerum cura hilarîtati & pnio fiio nimiàm
indulfit» les autres Hiftoriens n'en par**
lent pas diffi^remment ^ & s'accordent en-
tièrement zwec Frd'Paàlo dans Tidéé qu'il
nous donne de ce Pape*
79. AuJJI*
DE T RENTE, LivR E III. 54^
penchant pour les plaifirs , & peu d'inclination pour les affaires , & prin- u d l.
cipalcmcnc pour celles qu'il trouvoit diflSciles à manier. L'AmbaflTadeur '^^^^ ^^'
McnJoie qui s'en apperçut bientôt , le manda à fon Maître , & lui mar- -— — ""
quon vouaroit lui taire taire , en 1 intimidant. 1. opinion
que Ton avoit , qu'il s'occuperoit moins du bien public que de fatistaire à
ics inclinations , fe confirma bientôt par la promotion qu'il fit le 31 de
Mai d'un Cardinal , i qui il donna fon propre Chapeau , félon l'ufàge des
Papes.
Lorsque Juies n'étoit encore qu'Archevêque de Siponte & Gouverneur ^^^'' ^ '•
de Bologne , ^ il reçut dans fa maifon un jeune enfant natif de Plaifance , s\J^i^ ^i,
dont on n'a jamais bien fu la naiflance. Il prit pour lui autant de tendreflè p. 373.
que fi c'eût été fon propre fils. On dit que ce jeune homme étant tombé Thnan. L
malade à Trente d'une maladie que les
l'envoya par leur avis à f^érone pour chanj
& le jour même qu'il revenoit à Trente , _
nombre de Prélats étant forti de la ville pour fe promener & l'ayant ren-
contré , le reçut avec des témoignages extraordinaires de joie. Soit que cette
rencontre fût arrivée par hazard , ou que le Cardinal ne fut forti fous un
autre prétexte que pour aller à fa rencontre 9 cela fournit matière i bien
des diicours. Il avoit coutume de dire qu'il aimoit ce jeune homme » & le
regardoit comme l'ouvrier de fa fortune ; vu que les Aflrolc^ues lui avoient
prédit de grandes richefles & de grandes dignités , auxquelles il n'eût pu
parvenir , fi lui-même n'eût été élevé au Poruificat. ^ Auffi-tot 79 qu'il tut « Pallav. L.
Pape , il ibuhaita que Baudouin del Monte fon frère adoptât pour fon fils ''- ^* 7*
Innocent y qui étoit le nom de ce jeune homme , & qui après cette adoption
prit le nom d'Innocent del Monte. Après l'avoir chargé de plufieurs Béné*
nces^rî! le créa Cardinal , comme nous l'avons dit , ce qui donna occafion L'Empertur
i quantité de difcoùts & aux pafquinadcs des Courtifans , qui cherchoient ^'«^ éiMbiér
dans quelques événemens pafles le véritable motif d'une aâion fi extraor- ^/"f ^î/^''^"»
dinaire. Pmïs-Bms
XXIX. L'Empereur Char/es y ^ avant que de partir des Païs-Bas, yfuméUsU eft
publier un Edit pour y établir l'Inquifition. Les Marchands kWtm^nàs&c chUgé déi-
Anglois , qui fe trouvoient en grand nombre dans ces Provinces, en ayant ^^^»»^
pris l'allarme , s'adrcfFerent i la Reine Marie & aux Magiflrats pour faire ^ r^i^'j L
11. p. 378.
79. Attffi-tét qu'dfut Pape ,il fouhalta ce jeane homme fiit fait Cardinal le 30 Thuan. L.
fue Baudouin dtl Monte fon firhre adoptât de Mai de non le 31. Mais le Pape eut €. N^ 17*
pour fii^ fils Innocent y qui étoit le nom de fajec de fe repentir d'pne amitié fi mal Spond. N^
ee jeune hçmme » &c. ] Ce récit n'eft pas placée , & que bien du monde ne jugea pas 4« ^
tpuc-à-fait exaâ. Car cette adoption s*étoic innocente. Car Innocent fe conduifît avec ^^y"* *^
&ite dès que Jules étoit Légat à Bologne , tant de ^ndale & de dérèglement , que \^'
comme on le voit par les Adbs de Maf- Pie IF. fot obligé de le dégrader de fes di- '^^^'^Jo
, farelh cités par PaUaviein L. 11* c. 7. & gnités. i4«. ^ 3 •
T OMB I. Zz z
Î4tf HISTOIRE DU CONCILE
M D L. modérer l'Edic , à faute de quoi ils procefterenc qu'ils fe retireioicat. La
TuLts IIL réfiftance que trouvèrent par-tout ceux qui étoient chargés de l'ezécotioi^
' de TEdit & de réubliflcment de Tlnquilhion , força la Reine Mark t
aller elle-même à Ausboure trouver TEropereur qui s'y étoit rendu pour \t
Diète , pour tacher de le détourner de fbn dedein > de peur de Êiire un Dé-t
fert d-un paï» fi peuplé , & de faire naître quelque lédition dangereufè.
Ce ne (ut qu'avec beaucoup de peine cme ce Prince fe lai(& perfvad^ ;
mais il confentit enfin de fupprimer (e nom d'Inquifition qui éîoic fi*
odieux y & de révoquer tout ce qui regardoit les Etrangers dans iba Edit r
perfiftant toujours néanmoins à y foumettre les Naturels du païs.
I# IV' ^ XXX. It ne ceiTbit en memê-tehas de foUtctter le Pape s par fes ievires
Uhere fmkicfts Ambaflâdeufs de rétablir le Concile à Trente , œmaitdanr fur eeta^
fttMbUffi- une réponfe précife , & qui ne fût ni fi générale que celle qu'il avoir dkM-
^'^^^.M T^étkaAvila^ m auffi ambiguë que celles qu'il donnoîc tous Im jours è
Tfmê P^chicà. Il lui fie demander auffi , ^ qu'il sfexpliqiiât fi» les conditions qu'il
X tkaxj y fouhaitoit » afin qu'il Ût nettement ou fl'ù devoir compter fur ce remédei
L. 14^. N^pour pourvoir aux maux de l'Allemagne , on s'il falloir avoir recours i
>• qqelques autres y étant impofiible de refter plus long-tems dans cet bM
^ ^^^* ^ a'irrémmion. Le Pape jurant que cette amire étoir la plus impotrant^
' ^* ^' ' qui pouvoir arriver pendant fon Pontifieat » balança avec fi» plus coniàim
les raifixis qui pouvoient lui perfuader our le (Muader d'e&trer dans les vue§
de l'Empereur. D'un côté il confideroit : Que remettre le Concile à Trente y
c*étoit condamner b tranflatiôn qui en avoir été fiiite à Bologne , & dofii
il avoit été le principal inftrument ; Se que c'étoit avouer ouvertemanf
qu'il avoit mal »ie, ou par fa propre volonré » ou par le mouvement ^atm
tmi : Qu'encore s*il n'y avoit que la tranflatiôn , ce n'éroit pas une fi grandb
af&ire s mais qu'après s'être déclaré partie pour la défendre Se l'avoir fiiit
avec chaleur , il ne pouvoir fi: retraéfcer h aifément fiins fis faire rater de
malice : Que ce qu'il y avoit en cela de plus efientiel , c'eft qu'il allcÂtiS'eis-
pofer de nouveau > lui & le Saint Siège y à tous les dangers contre lefquels
Paul y Pape très-prudent > n'avoit pas cru pouvoir St précautionner qu'en
s'alTurant du Concile : Que jufqu'à la mort il avoit perfifté dans l'idée que
c'étoit évidemment une fituflè démarche , que de s'expofèr de nouveau aux
mêmes rifisues : Que quoique peut-être il n'y eût pas encore beaiscoop de
perfbnnes mdifpofèes conrre lui , qui ne fiaifoir que d'entrer dans le Got^
vemement ; comme néanmoins ce n'étoit pas tant du Pape que du Podci^
ficat que la plupart faifoient des plaintes , il n'y avoit point de Pape en
particulier qui put s'affiirer que dans la fuite du tems il lï'arrivît quelque
chofe qui le rMdtt plus odieux > fans iiiême qu'il y eut dfe £î fiîute : Qtt<»
d'ailleurs » comme tous les hommes n'agiflbnt pas ftt haine > mai$ Mie tet
^lùs itiéchàAs n<i font fou vent lé mal que pcMif Véfevér fur la ruine cK^ Ai*-'
très ; if s'enfoivôit que les mêmes râiiôhs qui avoitùt obligé PatU 4 faire
tt qii'it avoir fait > deyoiênt lé déterminer i fui vre la même conduite.
D'un autrfc côté , Àifant réflexion fur toutes les peines qpo PmI avoii
Jules HT.
DE TRENTE, Livre III. ' 547
eues i foulfrir pendant vingt- fix mois poar cette aflfaîre » & les itulignicés ^ o Z"
qa*il aroit eues â eélmer , fans pouvok empècber la dimiQUcion 4e Tauto*
rite Pontificale non-feulement en Allemagne , mais même en Italie » il
fàâ&it.attention : Que fi ce Pape , affermi dans le Pontificat depuis piuffieurs
années. Se malgré l'eftime qu'il f'étc^t acquife , n'avoit pu empêcher dd
voir fon amorité s'afIbibUr 'y ix>nvbien lui , qui écoit tout nouveau » 3c -qui
méprifé de tout le monde , s'il prenoit envie à l'Empei
fier quelque nouvelle Proteftation , ou de faire quelque autre Déctet icm-^
Uable i Vlmerim ^ -Qu^il devoit peu s'embarrafler de ce qu'il avoir é|£
rinftpoment de la tranflation du Concile , ou de la fermeté avec laquelle
il l'avoic défisndue , puifqu'en changeant de ibrmne il avoit dianj^ d'iacé*
rets : Que ks aéHons du Cardinal
Jiiie$ in ^ Se que ce qui avoir
pas dohner & Tautre : Que dans l'état où il étôir alors , il avoic dû agir
Don (êrvîteur de fon Maître , Se le fervir felon les intentions ; mais qii-1
ptéfent n'ayant plus de Maître , il ne s'agtdbit plus de bien fervir » Se que
dansle notrveau pofte où il fe trouvoit , il étoit queftion de s'accommoder
prudenmient au^foin des affaires. ^ Il voyoit d'ailleurs , quel fcandale ce iPallav, L:
{tv6k de ne montrer aucun égard pour les demandes de l^mpereur , qui x i. c. 8.
swoient un motif au (fi fpécieuxque celui de réduire T Allemagne: Que les
caufès qui faifoient founairer le Concile étoient publiques Se connues de
tbut le monde, au Keu que celles qui en détoumoient étoient fecrettes 8c
connues de fon peu de pefonnes : Qu'enfin il devoit avoir quelque égard
pour fc ferment ^u'il avoit fait Se réitéré ; Se que quoiqifen promettant de
continuer le Concile on n'en eût point déterminé le lieu , d'étoit refufer
de lexontinuer que de ne le point Tétablir à Trente, n'étant pas poffible
de le tenir ailleurs contre la volonté de Charhs , Empereur , Roi dWpagne
& de Naples , Prince des Païs-Bas , & qui avoit beaucoup de parti&ns en
Italie.
Ces ràifotts le Fatfbient peneher pour ce parti , connne plus eonfûtmt i
fen raraftère , qui étoit de penfer plutôt i fe libérer des enibarras préfens '^
qu^'à fe précantionner tx>ntn: les dangers â venir ; & il y étoit d'autant plus
porté , que par-là il éviteroit toutes Tes mortifications que poturoit lui don-
ner l^Empereur. Car à l'égard des dangers qu'il y avoit à appréhender du
Concile^ il conmiençoit i les croire moins grands , i caufe dachaqgemenc
arrivé ila fortune de ce Prince , craint avant fa viâoive., maistqui-en étoic
emborafïé depuis qu'il l'avoit obtenue. Il voyoit «n câèt^queTetenircoiiMM
fetfoit î?W-&5deux Princes prifonnicrs , c'étçfit , pour ainfi'dife , tehir le.
Loup parles oreilles : Que les Villes d'Allemagne rtifpirôienr ^vertement
la révolte : Que les Eccléfiaftiques étoient las.de fa domination : Qu'iT
avoit des embarras doineftiques *, &que fi3n fils, fon frère. Se. {on neveu
qui afpiroient à l'Empire, lui donneraient plus.dAi^^ qu'iîL n'c;a ppUH
Zzz 1
54» HISTOIRE DU CONCILE
roic faire. Enfin , concluant tout ceci félon fon naturel , Sortons , dit-il »
Jules IIL. j^ difficultés prifcntes^ & cfptrons que notre bonne forturu ne nous abandon^
M D L.
nerapas.
80
Cependant» fans découvrir fa réfolution , il nomma uneCongréga*
k Pallay. L. ^^^^ ^c Cardinaux & d'autres Prélats, la plupart Impériaux , ^ afin qu'ils ne
1 1. c. 8. s'écartaflent pas de fes vues •, & il y joignit quelques-uns de fes Confidcns ,
Rayn. pour mieux diriger lafïàirc conformément à fes intentions. Il leur propofa
^" ^" la demande de lEmpereur , & leur ordonna que fans aucun égard pour
iléUv" o. pcrfonne , ils diflcnt librement ce qu'ils croiroient être davantage du fcrvicc
de Dieu & de l'honneur du faint Siège *, & qu'en cas qu'on jugeât à propos
d'y condefcendre, ils propofaflent les moyens de le faire avec honneur, fu-
reté , & avantage. Après plufieurs délibérations , l'avis de la Congrégation
fut , qu'on devoit continuer le Concile , tant â caufe du ferment que le
Pape en avoit fait dans le Conclave , & depuis fon exaltation « que pour em-
pêcher le fcandale qui en arriveroit fi on ne le faifoit pas. A l'égard de Iz
manière de le tenir , on trouvoit qu'il y en avoit deux , l'une de le conti-
nuer à Bologne , & l'autre de le rétablir à Trente : Qu'à l'égard de Bolo-
gne, le Pape Paulzyzni évoqué à lui la connoiflance de la validité de la
franflation & défendu de pafTer outre, il étoit impoffible de l'y continuer »
à moins que Jules ne déclarât auparavant qu'elle étoit valide ; & que s'il le
failbit, il donneroit un prétexte légitime de regarder fon jugement comme
fufpecb , tout le monde fâchant que cette tranflation étoit fon ouvrage ,
comme Légat & comme Préfident du Concile : Que par conféquent il ne ref-
toit (1 autre voie que celle de le rétablir â Trente : Que par-là on ôteroit à
l'Allemagne le prétexte de ne point s'y foumettre , & qu'on fatisferoit l'Em-
pereur, qui étoit un autre point très eflenriel. Cet avis fut approuvé du
Pape, après quoi on paffa à délibérer fur le refte.
L'on convint d'abord, qu'il falloit avoir le confentement & l'affiftance
du Roi de France ^ & l'intervention des Prélats de ce Royaume , ^ fans quoi
la réputation du Concile feroit bien foible , & l'on courroit rifque de per-
dre la France pour regagner T Allemagne : ce qui , félon la fable , feroit quit-
;r le corps pour courir après l'ombre. La diniculté pour engager ce Prince
/ Rayn.
"7-
N°
ter
étoit de le guérir des foupçons qu'il pourroit prendre , en voyant tenir le
Concile dans un lieu foumis à l'Empereur & voifin de fes Armées. Mais en
mVzWzy. confidérant qu'il ne pouvoit avoir d'autres craintes , "> finon qu'on ne fit
L.1X.C5. ^^"^ 1^ Concile quelques Réglemens préjudiciables aux Droits de (bn
80. Ceptndéint fans découvrir fa r</blu'
tion , i/ nomma une Congrégation de Car-
dinaux & d^ autres Prélats , la plupart Im-
périaux , afin au ils ne s'écartaffentpas de
fes vues , &c. J Ces Cardinaux , àlexcep*
tion de Cervin^ écoienc les mêmes qae
ceux qui du tems de Paul IIL avoient
été chargés de la çonnoiflknce de cette affaire.
Mais comme ils n'avoiemplos les miines
rai(bns de vouloir que le Concile (e tint â
Bologne , ils fe trouvèrent difpofts à le
remettre à Trente félon les intentions de
Jules , qui ne voyoit pas d'autre moyen
de contenter l'Empereur > avec qui il
avoit intérêt de s*accommoder , & à qui il en
avoit donné refpérance par la médiation du
Duc de Florence.
DE TRENTE, Livre IIL 549
Royaume , aux Privilèges de fa Couronne , ou aux Libertés de TEglifc Gai- m d t.
licanci on ciut qu'en lui donnant des aflurances quon n'y toucneroit en ^^^^ ^^^'
rien , on ne pouvoir douter que la poffcflîon héréditaire où il étoit de pro- •— "— "
teger & de favorifer le faint Siège , ne luifit prendre la proteftion du Con-
cile , & ne rengageât à y envoyer fcs Prélats.
Une autre difficulté étoit , ^ que les Prélats Italiens , qui la plupart font ^ Rayn. N**
pauvres , avoient un grand éloignennent pour ce lieu , à caufe qu'ils ne 9,
pou voient foutenir la dépenfe *, & que la Chambre Apoftolique qui étoit
cpuifée, & qui fuffifoit à peine pour foutenir les Légats & lesOmciers du
Concile , & les dépenfes extraordinaires , n'étoit guères en état de les fou-
lagcr. Mais après y avoir bien penfé ° & repenfé , Ton ne put trouver « Paliav*
moyen de tenir le Concile fans dépenfe , & Ton jugea bien qu'il falloir ava- ^^^^
1er le Calice *, & que tout ce que Ton pouvoir faire étoit de retrancher les
dépenfes inutiles , d'expédier le Concile le plus promtement qu'il fe pour-
roit , & de ne demeurer-là qu'autant qu'il leroit abfolument néceffaire.
La troifième difficulté étoit , que l'on craienoit que les Proteftans ne
voulurent faire examiner de nouveau les choies qui avoient été déjà dé-
terminées. Mais toute la Congrégation conclut fans héHter , qu'il falloir
faire entendre clairement , qu'on devoit tenir pour certain ce qui avoit été
décidé , & qu'on ne permettroit point qu'on le remît en queftion \ & qu'il
falloir fe déclarer fur cela avant le Concile , & ne pas attendre a le faire
qu'il fût aflcmblé.
Mais la dernière difficulté fc la plus importante de toutes, regardoic
l'autorité du faint Siège» tant dedans que hors & fur le Concile \ autorité
non- feulement attaquée par les Proteftans qui cherchoient à la détruire »
mais auflli par plufieurs Princes qui vouloient la reftraindre» & par quan-
tité d'Evcqucs qui fongeoient à la modérer. P C'éroit-là la caufe qui avoit Z^*^^*^- L.
porté plufieurs des derniers Papes à ne point confentir au Concile , & pour ' '' ^' ^^'
laquelle Paul lui-même, qui s'en étoit apperçu après sy être laifTé enga-
ger , avoit cherché à y remédier en le transtérant ailleurs. ^' Tout le monde
voyoit bien ce danger ; mais le feul remède qu'on y trou voit étoitjComnie le
difoient quelques-uns, que Dieu qui avoit fondé l'Eglife Romaine, Se l'a-
voit élevée au defTus de toutes les autres , fauroir bien difUper tout ce qu'on
s I . Tout le monde voyoii bien et dan- . Pighlno aa nom dé ce Prince. PalUv. L%
ger, &c. ] Cécoit jafteitienc celui qai avoit ii. c. lo. Finalmente in quello ehe appar'
toujours infpiré aux Papes tant de repu- teneva aW autorità Pontificia diffe il Gran»
gnance à tenir le Concile hors de Tltalie. villa ehe oltre al [elo délia Religione non
Mais refpérance dont ils fe flatcoient y que folamente fua Maeftâ la defenderebbe per •
Dieu nal>andonneroic pas la défenfe de la corriJppndin[a ch'egli doyevaalprefeme
l'Eglife Romaine, n*étoit pas la feule ref- Pontefice , ma perche l'obbaiterla farebbe
fource qu'ils avoient dans leur crainte $ & Jiato un dehilitar la propria. Ce isx cette
ils earenc foin que rEmpeieur leur don- aflurance > autant que la confiance en la *
nât de bonnes aflurances qu'il ne laifleroic Providence , qui (ervit un peu i calmer
donner aucune atteinte a leur autorité , les frayeurs de la Cour de Rome,
omme GranveUe en aflura le Nonce
yyo HISTOIRE DU CONCILE
uDu entceptendroit <:ontce'«Ue ; ce 4^ue les uns croyoient pac fimplicicé , 8c d'aa«
Jules 11*L ^^^ ^^ întérèc , & ce que <|iielqucs-4ins ne dUbient que parce qu*ib ne ùl^
*'""*'"""* went que due aucce chofë. Cela cependant ne fuffiloic pas pont calmer
HUKes ies fcayeurs.
Mais le Cardinal Crcfcenu , après avoir fait beaucoup valoir cette on-
iidération » ajoiua : Qu'il «l'y avoir point ^'affaires dans le inonde , où il n'y
eût des rif^ues àx:o»cir : Qu'on .en voyoit un exemple dans la€«erre , qui
— — __ — — — — — — . ^ ~. — - _ — — — — — ^_ — — — ^_ —
perdre : Que l'on ne fauroit jamais entreprendre une afiàire > quelqi
aflttcance que l'on ait du fuccès » qu'elle ne puiflè échouer par des accîdens
imprévus , ic que les chofes ies moins importances ne puiflènt attirer leg
plus gr^inds inconvéniens : Que ceux qui , pour éviter d'autres maux , font
tosoés de prendre un parti , ne doivent point être arrêtés par les ril^es :
Que les cnofes étoient dans une Atuation > que il le Concile ne le tenoit
pas 5 il ^ avoit tout fujet de craindre que le monde & les Princes ^en étant
Icandalifés ne s'aliénaltent tout-à-fait du Pape , 8c qu'ils ^le lui naSIiflènt
plus par voie de fait , qu'on ne pourroit jamais faine dans le Concile par-ies
diipuces 8c les Décrets : Qu'y ayant du péril de toutes parts » il valoir mieux
S rendre le parti le plus honorable 8c le moins dangereux : C^'il j avoir
'ailleurs bien des moyens de détourner le danger » comme^coit de tenir les
Pères du Concile occupés le plus qu'il feroit pofliible en d'autres matières ,
de man^é qu'ils n'euflènt pas letems de foiiger & celle-là *, de s'attacher
beaucoup <te Prélats » 8c fur- tout les Italiens , par des fèrvices > des e(péran-
ces , 6c d'autres moyens ordinaires de cette natuK *, de tenir la balance en*
tre les Princes en nourriflfànc entre eux quelquejaloufied'intérèr» afin qu'ils
ne £t réuniâènt point pour faire quelque 'Oncreprife de concert » &: que l'un
propofanc une cnofe, 1 autre eut intérêt de s'y oppofer ; 8c que d'atHeurs un
nomme prudenr trouvoit fut le champ des expediens pour prolonger» 8c
enfuite pour faire manquer une aftàire. Cet avis fut approuva de tout le
monde » 8c l'on convint qu'il ne falloic montrer aucune crainte : 8c qu'on
pouivoic bien lai(!êr entrevoir à l'Empereur qu'on avoir prévu le mal , mais
qpCon ne le craignoit pas, & qu'on avott le f envède tout prêt.
IlfMÎt part JCXXL Cette délibération étant finie, & le parti pris de remettre Je
r' "^w»f'^ Concile à Trente , le Pape en donna avis au Cardinal de Ftrrarc '8c à l'Am-
t€r€ur é^' baffadwrde France., & dépêcha un Coucier exprès^u Roi Stmi , pour lut
^ _ fpècha
L. II. c 9. Nonces , l'un vers PEmpcrcur , qui étoit SébaJHen PIghino Archevêque de
i4<.N*' 10. ^VOfTWi ,'^ Antoine Trivulcc Eveque de Toutou y ers le Roi de France. Il
chargp lé^premier de parler conformément aux ^libérations prifès dans la
Congrégation ; 8c il£t pactir le fécond enppfte, afin qu'il put lui rendre
inceiumment compte dtes intentions de ia France >.ilont il vouhm^tre iof-
Il II.
DE TRENTE, LivUE III. yjt
truie avamt qucdepafler oucce. ' il le chargea par fes Inftruâîons de rebdre n d z.
iHi comptepiinkQner au Red àe$ t2À(oM€fdV ravoient décermitié à réraUh te ^"'■^ ^^*
Concile à Trente > f^avcir qac f l'Allemagne »voit promis de s'y feumertie^.
qac TEmpereat r«vott denàaifdé ârrec de vive6 inftances ; & qo^on ne peu^ ii.^ac^u.
voit le contiiHyer â Bologne poM ces raiibas > & de pecnr qi^on^ ne fît mw
les ProtdHa^^ qoetqae acodrd pté)adkiable » & qu'on n'en rejetcâr for hfi
toute la faute. Le Non<:e devoir ajouter ^ Que le Pâfe fatfoit prîndpiilemetfk
fond far Taffiftance de Sâ( Ma|efté Très-Chrétienne , 8c l'intervention des
fivèques de fon Royaume 3 & qu'il efperoît cela du Roi comme Procefteot
de ta Foi , & digne imitateur de fes Amarres , qui t» ^étoiânt fâmiis éc*^
tés des ientimens d(W Papes : Qu'on ne s'attacncroic dans le Concile qut
la déclaration & à la réformîation des Dogmes & des Mcturs , fai$s toucW
à rien de ce qui i^Koreflbk tels* Etats de Sa Majcfté , ni les Privilèges para-»
culi»s de la Couronne de FtatiCë i Que fur la demande que l'E^npe^eM
avoit hïtt d» cétablk le Côndile â Trente , le Pape avoit répondu qi/il t
confentoit aux condh ieffis marquéds dansf \é Congrégation , ic que M
Nonce avoit ordre de Im Gommoniquer : QUe Sa Sainte <{e(iroît de iatoi<
am-plntoc fur oeta k» intentions de Sa Majefté» & qu'fiUe efjpérôit qù'elléé
feroieni confemie^^ la- piété de ée Prtnce yêôit Tamouf qu'Etto favoil q^'fl
avoir pour te Pape & ^ laf confiafice ou- il avoit en \\èlU Le Nonce atoit êr^
dreen mèrtae temo de édmmtmiquer ies InftruâiénfS au Cardinal à^Ùiùfii
Se d'en fake pmt m Roi & i qiH il (erc^t aécéflfaiit conjoineeiiient aveo et
Prélat , oiâr (te k> msMière qu'ir jug^tbit l6fitài à propos.
XXXIL JaUs donné de pareilles Indruftions au Nonce qu'il énwydit j/ ^^f^^
à l'Empereur^ avec ordre de luî éâtt outre cela : Qu'il vouloir nionMl: ^ emmines
des emts la (incérité des prbmefllés qu'il' avoit fakes â D. PUrrê dû TôOde \ conditions
c'cft^à dire , en agir avec Sa Majefté é'ûne nuinière fimple , ouverte 6ù fans ^j'^jf^*
artifice, & lui fàirt connefrre l'inclination (incère qu'il avoir de continuer *^^^ '•
le Concile pour là gloire de Dieu , l'imérèc de fa confcience , & l'utilité qui Us Mcc§ft9.
en pouvoir revenir à Sa Majefté & i l'Empiré : Qu'à l'égard de ta demandé
qu» lui avok fiiit faire ce Prince de déclarer è quelles cohdkion^ il fouhai<<-
toit de rétablir le Concile, il pouvoir lui répondre que Sa Sainteté n'aVok
famis pénfé 4 capituler ni i faire aucun paAe fur ce point ; mais qu'ÉUe
avoir chargé fon Nonce de lui expofer de fa part quatre confidérations 9 . . . .
auxquelles l'Empereur devoir avoir ^ard. La première : » Qu'il étoit né- * Pallav.
ceflàire d'avoir le concours du Roi xk France , & rincer venrion des Evèques ^' ''
François , fans quoi le Concile n'aurok que très^peu de répiltarioh , & on ^^^
conrroit rifque de voir convoquer un Concile Nationai & de perdre la Fran-
ce : Qu'il ne s'açidbit: pas de fef rrômpér foi-mèitie, &: que comniê' la Ville
de Trente cdnvenok fort à l'Empércfu cll&pburrok èttc'fufpJ^iae à laFran*
ce , & qu'il iS({l0i.t trouver moyen dé levéi: tes foupçbns , Qu'il falloir com-
muniquer â l'Empereur rexpédienr qu'il prqpofoit \ mais que fi Sa Majefté
ne fagtéott pas , il tallôit qu'ËUe en fournît un aocre^ La . fcoHide regar-»
doklesdépcn&s^» quebGhathkrApoAolique'déjaépiàfée & cfalu^éedt
6.10*
îjt HISTOIRE DU CONCILE
MOL. dettes feroit obligée de faire pour l'entretien des Légats & les autres fraiz
Jules III. extraordinaires que le Concile entraînoit après foi , comme auffi pour main-
■ tenir les pauvres Evêques Italiens , dont le revenu ne luffifoit pas pour les
faire fubfiller à Trente : Que par conféquent il £illoit fi bien calculer le
cems , foit pour commencer le Concile , foit pour y expédier les affaires «
qu on ne perdît pas inutilement une feule heure \ qu'autrement le Saine
Siège ne pourroit pas fournir à la dépenfe » ni empêcher que les Prélats Ita-
liens ne perdidènt patience , comme on Tavoit vu par l'expérience du paf«
fé : Que d'ailleurs , il n etoit pas de la dignité du Saint Siège » de tenir Ces
Légats oififs , & pour ainfi dire à Tanchre , fans rien faire : Que par confé-
quent > avant que Ion s'aHemblât pour agir , il étoit nécellaire que l'Em-
pereur s'affurât bien des intentions & de l'obéiflance des Catholiques ôc
des Protedans d'Allemagne » en établiffant de nouveau les chofes dans la
Diète > en faiiânt expédier des Mandcmens authentiques par les Villes Se
par les Princes , Se fur- tout en s'obligeant lui & la Diète a l'exécution des
Décrets du Concile ; de peur que tant de peines & de dépenfes ne devinf-
fent inutiles , Se ne fervilfent qu'à les expofer à la dérifion. Se qu'on ne
laifsât lieu d'efperer â quelqu'un d'exciter quelque nouveau trouble. La
troifième chofe à repréfenter à Sa Majefté étoit , qu'il falloit déclarer jnette-
menr » qu'on devoir ne plus remettre en queftion les Décrets qui avoienc
été déjà faits i Trente en matière de Foi , non plus que ceux des autres Con-
ciles précédons , & ne point confentir aux demandes que pourroient faire
les Proteftans d'être ouïs fur ces points. Enfin l'on devoir faire entendre à
l'Empereur , que le Pape comptoir fur fa bonne volonté réciproque , & que
comme il s'étoit porté promtement à procurer fes intérêts » Se ceux de l'Em-
S>ire en rétablifiant le Concile d^ns un lieaauffi favorable à fes vues» il de-
iroit aufii qu'on ne fe fervît pas contre fes propres intérêts de fa fincérité
& de fa complaifance : Que fi quelqu'un par artifices ou par calomnies vou-
loir abufèr dfe fa complaifance , Sa Majeftç ne devoir pas être furpriie s'il fe
fervoit , tant dans le Concile que dehors , des moyens qu'il auroic pour la
défenfe de l'autorité que Dieu lui avoir donnée & cle celle du Saint
Siège.
Il Ulfe 8 1 Le Pjipc jugeant qu'il étoit de fon intérêt de laiflèt; cOnnoî^re fa ré£>lu-
quêfUsln- "^*00
ftfMChâfU
#piiffm s Zt.Le Pape — fit entendt^ à JuUs Ca» en eût ^ connoiflànce » l'Empereur ne
'* ' non fin Secrétaire f ^u il pouvait comme en pouvoir pas enclcremenc goûter celles qui
confidence & en recommendant le fecret étoient données aa Konce de France. Ce-
montrer ces InftruSions à quelques Courti- pendant il fe peut fon l^ien faire » oucjae
fans , &c.] Le Csifd. PaUavicin a quelque . le Secrétaire eût ordre de. ne laiflèr voir
rai(bn de regarder comme fufpedl iWdre qae leslnflîrudionsenvo^^esà TEmpereor,
CfàtFra-Paolo 'die que Jules laifïàà fon Sé<r ou de ne communiquer les ânes ou les au*
créraire, de latflêr voir confidemment k très qu'à ceux qui étoient déclarés pour l'un
quelques Counifans les Infbuâions don- de ces Princes $ ce qui ferviioit à concilier
nées a (es Nonces » puUqne, pour peu qa'on les Hiftoriens. Mais dans un Ùxi ii fecret
il
DE TRENTE, Livre IIL çyj
won tant en Italie qu'en Allemagne , ^ fit entendre à JuUs Canon fon Se- m n t.
ijrétaire , qu'il npuvoit comme en confidence , & en recommandant lefecret ^u^-^s ilf.
montrer ces inftruâions à quelques Courtifans , dont par ce moyen la con- '
noiflance fe répandit promtement par-tout. Ce Pontife reçut auffi bientôt ' ^^^^*^* ^
4e fon Nonce en France les nouvelles qu'il attendoit. Car le Roi fâchant
les raifons que le Pape avoir de ne fè pas fier à l'Empereur à caufe du palfê »
&c lui croyant beaucoup d'inclination pour la France » fit beaucoup de ca-
rcflcs & de civilités au Nonce , promit de protéger le Concile & d'y en-
voyer les Prélats de fon Royaume » & fit omre au Pape de fon amitié & de
toute fa puiÛance pour le maintien de fon autorité & de celle du Saine
Siège.
* L*Emp£reur , ^ après avoir délibéré mûrement fur les prc^fitions devFteury,!.
l'Archevêque de .9^0/z^r , loua beaucoup la candeur & la prudence du Pape, i4^*N^ i^*
qui connoifTant la néceflité qu'il y avoit de rétablir le Concile à Trente,
avoir trouvé moyen de le faire fans s'amufer à juger la Caufe de la tranfla-
lion , qui étoit une affaire délicate , difficile , ic de nulle utilité. Il dit au
Nonce ^ que les quatre confidérations qu il lui avoit propofées étoient tou-
tes importantes & raisonnables : Que pour ce qui concernoit la France ,
non>feulement il louoit ce que Sa Sainteté avoit déterminé , mais qu'ils'of-
firoit de la fbcondec , & de donner au Roi toutes les furetés Qu'il pou voie
defirer : Qu'à l'égard des dépenfes, il étoit très-raifonnable d'éviter toutes
celles qui étoient fuperfiues , & de ne pas laiiler le Concile ouvert fans rien
faire : Que dans la Diète d'Ausbourg de l'année précédente il s'étoit fait ua
Décret , que toute l'Allemagne & les Proteftans mêmes fe foumettroiehc
au Concile ; qu'il lui en donneroit une copie , & qu'il le fèroit confirmer
de nouveau dans la Diète préfente : Que le tems ne lui paroifloit pas propre
à préfent pour déclarer que ce qui avoit été déjà décidé à Trente ne dévoie
poinr être remis de nouveau en queftion , & que cela fe feroit plus à pro-
wii *„ _ i_r _.i_-r- -'-''' "^Mé: Que pouc
vouloir con-
— *.^. ^ w. — , ^^ ,w.- — par le paflc,
ic qu'il étoit réfolu de la maintenir de toutes fes forces , & aux dépens
même de fon propre fang , s'il en étoit befbin : Qu'enfin il ne pouvoir pas
alTurer le Pape , que dans le Concile il n y eût quelque efprit inquiet qui ne
fit ou ne dît quelque choie mal à propos ; mais qu*il lui donnoit parole fi
cela arrivoit de s'y oppofèr de telle forre , que Sa Sainteté fe loueroit de
fa conduite.
XXXIII. L'Empereur , comme on Ta dit, étoit à Ausbourg pour y te- CrPrÂir»
nir la Diète ; ' & quoioue cette Ville ne fût pas environnée de tant de tâche itn-
troupes qu'elle l'avoit été dans la Diète précédente , elle n'étoit pas entiè- gMgêr u
rement dcfarmée. Charles y propofa y la continuation du Concile de Trente, -^'^'^
robfervation de Ylnurim accepté par la dernière Diète , Se la recherche de f ^*i***^
* *• ' àjefitimet^
il eft difficile de rien déterminer , & ce que préjugé eft cenaio pour Pallavicîn. ^* ^^ Cùn^
Ton peut dire de plus pofitif eft , quç k . >' êlU^mms
ToMcL Aaaa
un L.
5^4 HISTOIRE DU CONCILE
quelques moyens pour la rcfticucion des biens Ecciéfiaftiques & le recou--
Ju LES 111. vremcnc delà Jurifdiâion, Les Princes Catholiques agréqienc fort la con-
tinuacion du Concile; mais les AmbalTadcurs de quelques Princes Protef-
'^'•^ tans n*y confentirent qu'aux conditions fuivantes : i. Que ce qui avoir été
font mik décidé à Trenrc feroit examiné de nouveau : i. Que les ThéoU^iens de la
(iriMims Confellîon d'Ausbour? y fuflfent non-feulement entendus, mais qu'ils y euf-
conditions, fent aufli droit de funrage : j. Que le Pape n'y préHdâr point , mais qu'il
:ur 1er-
;nit des
loliques
II. c. II. de ce qu'ils ne metroient point en exécution fes Régleniensde Réformation
Skid.Lix. pour l'Ordre Eccléfiaftique. Mais quelques-uns de ceux-ci s'cxcuferent fur
£• '^^" • ce qu'il falloit aller lentement pour prévenir les diflTenfions •, & les autres ,
an. 1550. ^^^ ^^ 9^^ 1^^ Exemts fous prétexte de leurs privilèges ne vouloient pas
N^ 18. obéir. Pour les Proteftans , ils rejettoient la caule de l'inobfervation del7/i-
Spond. lerim fur le peuple qui fe mutinoit , & qu'on ne pouvoir pas forcer en ma-
^u^iK'j tièrc de conlcicncc. L'Empereur rendir compte au Nonce de tout ceci, &
lui donna avis non-feidemenc du confentcment que les Catholiques 6c la
plupart des Proteftans donnoient au Concile , mais aaffi des limitations
fous la condition defquelles ceux-ci promettoient de s*y rendre, de peur
que (i ce Miniftre l'apprenoit par une autre voie > cela ne fît un mauvais ef-
fet. Il ajouta néanmoins » qu'il n'avoit pas voulu qu'on inférât ces condi-
tions dans les Aâes , parce qu'il avoir eu parole de ces Princes , qu'ils ne
s'écarteroient point de fa volonté ; & qu'aind il pouvoit adurer le Pape >
que toute TAlIemagne étoit fatisfaite du Concile. Enfuite il traita plus par-
ticulièremenr avec les principaux Prélats pour les engager i y aller en per-
fonne , & propofa qu'on le commençât avanr Pâques : & ayant rirépromefle
des Eledbeurs de s'y rendre, il fit folliciter le Pape de le convoquer pour
cette Fetc ou immédiatement après , puifqu'il étoit fur du confentcment de
M Rayn. l'Allemagne. Pour s'en aflîirer mcme davantage * il pria Sa Sainteté qu'après
^^^9- avoir dreffé fa Bulle, Elle lui en envoyât la Minute avant que de la pu-
blier , afin que l'ayant fait voir à tout le Monde , il put en dreflèr un Déaet
dans le Recès de la Dière , &c engager chacun â le recevoir.
h Flcurv ^^ ^^P^ comptoit ^ qu'il n'y avoit rien de fair de tout ce qu'il avoit pro^
L*i4^. N** * p^fé , tant qu'on ne feroit pas convenu que les Décrets qui avoient été déjà
^4* faits à Trente fuflenr reçus. Il ne vouloir pas que dès le commencement du
Concile ce point fût mis en difpute , prévoyant alTez que fi cela arrivoir ,
on perdroit oeaucoup de tems fars rien faire , & que le Concile fe romproit
fans rien terminer. Il éroit évident d'ailleurs , que de la difpute générale fi
on devoir recevoir ces Décrets , il en naîtroit une particulière fur chacun ;
Se que s'il vouloir inrerpofer fon Jugement , il feroit regardé comme fuf-
peâ, àcaufequ'il en avoit été leprmcipal Aureur en qualité de Préfidenr.
D'un rurre côté , prefler davantage l'Empereur pour faire décider ce poinr»
c'étoit lui domier un grand chagrin > & le jettcr dans des difficultés infoc^
DE TRENTE, Livre IIL yyy
montabics. On lui confcilla donc, comme le meilleur parti, que fans en md l.
parler il fuppofît dans fa Bulle comme une choie non concédée , que les_"^__
Décrets déjà faits étoienc acceptés de tout le monde ; parce que fa Bulle ainû
tournée étant portée à la Dicte , ou les Allemands s'en contenteroient , par ^ Palby. L.
où il en viendroit à fon but ; ou s'ils n*en étoient pas contens , la difputc 1 1. c. x r.
commenccroit dans la Dicte , & on feroit hors d'inquiétude. Le Pape ^ agréa Thuan. L.
le confeil , & après avoir drefle fa Bulle fur ce plan , pour complaire en par- ^' ^^"^ '^'
tie à TErapcreur il la lui envoya non en Minute , comme ce. Prince lavoic
fouhaité, parce que Jules jugeoic cela contraire à fa digni>té , mais toute
dreflfée , datée & fcellée , quoique non encore publiée. ^' Sa date étoit du i/Rayn.
15 de Novembre. * N**. xi.
Il y difoit : ^ Que pour faire cefler les différends de Religion en Allema- ^^^^^'^^i ^
gne, il avoir trouvé à propos , comme l'Empereur l'avoir ïbuhaité , de rc- ^^ ' ^^'
tablir à Trente le Concile Général , que Paul IIL y avoir convoqué , qui
avoit été ouvert & continué par lui alors Cardinal Se Préfident dudit Con-
cile au nom de ce Pape , & dans lequel il s etoit fait plusieurs Décrets tou-
chant la Foi & les Mœurs : Que pour ces caufes lui à qui il appartenoit de
convoquer & de diriger les Conciles Généraux , dans la vue de travailler à
étendre la Religion Orthodoxe , & de rendre la paix à rAllemagne , qui par
le.pade n*avoit cédé à aucune autre Province en refpeâ & en foumiflion pour .
les Papes qui fonr les Vicaires de Jefus-Chrift , comme aufli dans Tefpé-
rance que les Rois Se les Princes le feconderoient , exhortoit & conjuroir les
Patriarches , Archevêques , Evêques , Abbés , & tous ceux qui par droit »
pat Privilège , ou par courume dévoient avoir féance au Concile , de fe trou-
ver à Trenre le premier de Mai , jour que de fon autorité Apoftolique 8c du
confenrement des Cardinaux il avoit choifi pour reprendre le Concile tel
qu'il étoit alors , Se le pourfuivre : Que s'il ne pouvoir s'y trouver en per-
K)nne , il y préfideroit par fcs Légats , & le celebreroit nonobftant toute
cranHation , fufpendon , ou autre chofe contraire , & fpccialemenc nonobf-
tant toutes les caufes que Paul III. avoit fpécifiées danç fa Bulle de convo-
cation & dans toutes celles qui concernoient le Concile , lefquelles Bulles
il vouloir maintenir en vigueur avec toutes leurs claufes & leurs Décrets»
les confirmant même & les renouvellant autant qu'il en feroit befoin. ^' ^^t*
XXXIV. Les Miniftres de l'Empereur & les autres Catholiques zèles , i î.r!!2!Lf^
qui ce Prince communiqua cette Bulle, jugèrent quelle ne lerviroit qviiuBulU du
-aigrir les Proceftans , & a leur donner occafion de ne pas accepter le Concile, QomiU \ é*
tant à caufe que le Pape y déclaroit qu'il vouloit non-feulement y préjidtry ce Prinu^
mais le diriger \ que parce que les mots de reprendre Se de pourfuivre le Con- ^''' "'
cile les rcmpliroienr de foupçons ; Se que d'ailleurs en relevant fon autoriré ^^^f^l^^
comme il faifoit, cela ne ferviroit qu'à les irriter. *^ Ils lui confeillèrerit ^^rAf en-
Vélin de Im
8i. Stf date étoit du i^ de Novembre'] Bulle <îu 11 Novembre : ce qui eft nt\ep'iri réfir-
Ceft ane faute. Elle étoit du 1 4 , puiliju*eJle mcprife encore plus grande que celle it^^^*
porte pour date le 18 des Calendesdep^- .Fra-^aolo^ , * #Slcid. L.
ccmbre. M. de Thou date cette même ii. p. 381.
A aaa 1
/
yjé HISTOIRE DU CONCILE
M D L. donc de tâcher d'engager Jules i modérer fà Bulle , & de la drcflcr d'une
Imlils III. manière qui ne donnât pas lieu aux Protcftans de s'aliéner davantage. *4
^ , L'Empereur en traita donc avec le Nonce, & chargea fon Anibafladeur de
6. N^ 19 P^*^^ ^ ^^ prefTer le Pape tendrement & fortement ^ de vouloir par charité
adoucir c&s paroles , qui pouvoient empêcher l'Allemagne d'accepter le
/ Rayn.ad Concile. L'Ambailadeur, avec toute la dextérité Efpagnole , repréfentaau
*^ M5<>- pape : 8 Que comme ,'pour prendre les bctcs fauvages dans les filets , il fai-
v' '^' îoit les attirer doucement au lieu où ils étoient tendus » en faifant femblanr
]^j!f ' de fuir, & leur cacher le feu & les armes de peur de les irriter & les jetter
Pallav. L. àzns le defefpoir , ce qui ne fert qu'à redoubler leurs forces ; il convenoic
ii.Qii, |i'en agir ainn avec les Proteftans , c'ell-â-dire , de les engager par douceur
avec promede de les écouter & de les inftruire , & de les attirer au Concile»
où il fercMt tems de leur montrer la vérité , lorfqu'ils y feroient adèmblés r
Que de les condamner avant que de les entendre , c'étoit les irriter & les
animer davantage. Le Pape , avec fa liberté ordinaire , répondit : Qu'il ne
vouloit point qu'on lui apprît â fe battre avec un chat enfernaé , mais qu'il
vouloir lui laifler la liberté de s'enfuir : Que d'attirer par de belles paroles
les Proteftans au Concile , & ne point foutenir cela par des effets , c'étoit
les mettre au defefpoir & les forcer à prendre quelque réfolution violente >
& qu'il falloit s'expliquer plus clairement fur ce qu'on fouhaitoit qu'il fît.
L'Amba(fadeur répliqua : Qu'il approuvoit ^ qu'on dît ce qu'il étoit nécef-
faire de dire , mais qu'il ne voyoit pas le befoin qu'avoir le Pape de dire que
c'étoit â lui à diriger les Conciles : Que ces choies écoient véritables \ mais
' qu'il ne convenoit pas de dire la vérité en tout tems & en toys lieux i Qu'il
étoit quelquefois à propos de la taire , lorfqu'elle pouvoir faire un mauvais
efict : Qu'il devoit fe fbuvenir que c etoit la dureté de Léon X. & du Car-
dinal Cajétan fon Léeat , qui avoit allumé le feu qu'il voyoit brûler > &
qu'on auroit pu éteindre par de bonnes paroles : Que les Papes fuivans , &
^Raya.
S 4. V Empereur tn traita avec le Nonce ^
& chargea fort Ambajfadeur de prier & de
prejfer le Pape , &c. ) Pallavicin L. u.c.
II. dit qa*il n*a TÎeo fu de toat cela , &
qa*aa contraire il fait qu'une de ces chofes
cft faufTe , & Tautre pea vraifemblable.
Mais fi ce Cardinal n'a point va ce que rap-
porte ici Fra-Paolo , c'efl qu'il n'a pas
tout vu. Car Raynaldus , for l'aatorité
d'an Manufcrit du Cardinal Pio , rapporte
précifemenc la même chofe , N** 19. Vi^
fumqut eft illud Cafaris Senatorihus ajpe-
rius in ajferendo Jure PontificiOy fenjere^
que exacerhatum iri Lutheranos , fi in ipfo
diplomate de inftaurando Concilio, deere-
toria in ipfos fintentia promulgetur , molU-
ter potiits pelliciendos ad ConeiUum. *"* Jlt
Pontifex confiantijfime re/pondit ^ omnia^
Proteftantihus libère exponenda , &c. Cefk^
comme l'on voit, à quoi revient en rubf-
tance la narration de Fra^Paolo^ dont la
fidélité efl entièrement jaftifiée parce Ma-
nufcrit. C'eft donc affez téméndremenr,
qae le Cardinal adîire qu'il n'y a rien dans
la Bulle de Jules qui infinue la conti-
nuation , puifque le mot de pourfui»
vre , dont on s'y fetvoit , eft aufll ugnifio^
ttf que celui de continuer. Et à Té^id da
pende vraifemblance qu'il dit y avoir, que
les Catholiques défàprouvaflent que le Pape
s'expliquât h clairement, & fur l'autorité
qu'il fe donnoit fur les Conciles , & fur le
refus d'exatniner de nouyea,u les points
déjà décidés s c'eft en quoi on le verra
foffifamment démenti par toute la fiûte de
cmcHifloize*
»
DE TR E NT E, L I V RE III. 5^7
fur-tout Clément FIL & Paul 111. Princes fages , s'en ccoicnt plaints plu- m d i.
Heurs fois : Et que s'il pouvoit regagner l'Allemagne par la douceur , pour- Jules lit
quoi s'entêter à l'aliéner davantage par la hauteur & l'amertume ? p
XXXV. Le Pape prefque en colère dit : Qu'il falloir toujours prêcher ou- ^e?Mfê
vertement , & inculquer ce que Jefus-Chrift avoir enfeigné : Qu'il l'avoit ^fi^''^*-
fait fon Vicaire , Chef de fon Eglife, & la Lumière du Monde : Que cette ^'J^^ IJ^'
vérité étoit de celles qu'il falloit jpublier Se avoir toujours en bouche , & fe- chsn^gr.
Ion l'expreflfion de Saint Paul » ^ â tems & à corare-tems : Que faire autre- * ^- Tim.
ment , ce feroit agir contre le précepte de Jefus-Chrift , & tenir fous le ^^' *•
boidèau la lumière , qui devoir être lur le chandelier : Qu'il n'étoit pas de
la dignité du Siège Apoftolique de s'exprimer avec artifice & diflimulation,
mais qu'il fiiUoit parler ouvertement. L'Ambalfadeur avec fa même fouplefle
lui dit : Qu'il croyoit au contraire > que le véritable efprir Apoftolique étoic
de cacher les verges , & de montrer de la douceur & de la condefcendance
avec tout le monde : Qu'il fe fouvenoit d avoir lu dans Saint Paul , ^ y« V- ' * i. Cor.
tant libre il s* étoit fait Itferviteur de tous y pour gagner tout le monde à Jefus- ^* ^^'
Ckriji ; qu il ^ itoit fait Juif avec les Juifs , Gentil avec les Gentils , 6* foibU
avec lesfoibles : Que c'étoit-là le vrai moyen de planter l'Evangile. Enfin
le Pape , pour couper court a la difpate, dit ; Que la Bulle avoir été formée
félon le ftyle de la Chancellerie, & qu'il ne pouvoit pas Talterer : Qu'il avoir
de l'averiion pour les nouveautés » & au il de voit fuivre les traces de fes
prédécefteurs : Qu'enfin» en fui van t la forme ordinaire, perfonne ne pou-
voir le charger de ce qui pouvoit en arriver de mal > au-lieu que s'il fuivoic
une nouvelle route, il feroit refponfable de tout le mal qui en arriveroir.
L'Ambafladeur , pour lui donner le tems d'y mieux penfer, lui dit : Qu'il
le de({ein de lui donner un autre afiaut après les Fêtes de Noël. ^ Mais le /Spond.
Pape, qui étoit réfolu de ne pas changer un ïora, & qui difoit fou vent N^ ).
qu'il vouloit prévenir & n'être pas prévenu 5 pour fe délivrer du defagré-
ment d*avoir a fbutenir de nouvelles inftances , fie expédier le jour de Saine
Jean un Bref, où rapportant la fubftance de fa Bulle , & difanr qu'il crai-
gnoit que n'ayant point été publiée, quelqu'un ne pût en prétendre caufe
d'ignorance, il ordonnoit de lire , puolier, & afficher ce Bref & la Bulle
aux portes de S. Pierre & de S. Jean de Latran , & d'en envoyer des copies
imprimées aux Archevêques , pour en intimer la connoiffance aux Evcques
& aux autres Prélats» L'Ambaflfadeur fe voyant par-là hors d'état de prdièr
dav^tnM|e le Pape fur ce point , dépêcha un Exprès à l'Empereur , pour lui
donnloMms de tout ce qui fe paflfoit. Ce Prince inftruitde la réfolution du
Pape , & après avoir penfé au remède qu'il y pourroit apporter , °» fit lire -• ».
la Bulle dans la Diète, où elfe produifit l'effet qu'il avoit prévu , c'eft4- ^"^ p 'gj]
dire , de faire retraâer aux Proteftans la promefle de fe foumettre au Con- Fletvy , L.'
qIcj & aux Catholiques celle d'y affifter. Ceux-ci ne pou voient goùtcc la X4drN^ft^»
yy» HISTOIRE DU CONCILE
M D L I. manière dure & intraitable avec laquelle le Pape en agidbit ; Se les Proref-
JuLEs 111. tans y defapprou voient hautement ce que le Pape y difoit , Que c'ctoit à
■— ■"■■■^ lui non-fculcmcnt de convoquer Us Conciles , mais encore de les diriger 6* de
les gouverner : Quil avoit rifolu de continuer & de pourfuivre les chofes
commencées^ ce qui leur ôtoit Icfpcrance d'examiner les Décrets qui avoient
déjà été faits. Ils fe plaignoienc auffi : Que fans occaflons Se fans ncceflité
il difoit, que l'Allemagne avoit reconnu Us Papes pour Us f^icaires de
JefuS'ChnJ! : QvL il s'y déchïoit Préfident du Concile, & n y appelloit que
les Eccléfiaftiqucs qui lui obéiflbient : Qu'il confirmoit avec oeaucoup de
paroles & d'affc£kation la Bulle de convocation de Paul III. Ils ajoutoient :
Que c ctoit inutilement qu'on tiendroit un Concile fur ces fondeniens , &
qu'ils ne pouvoicnt s'y ioiimettre fans ofFenfer Dieu , & bleflcr leur
confcience. Les Catholiques de leur côté difoient : Que puifqu'on pcrdoic
Pefpcrance de réduire les Proteftans , ce feroit eu vain qu'on prendroit tant
de peine & qu'on feroit la dcpenfc de s'y rendre.
w . «P ^ L'Empereur, pour tâcher d'appaifer les uns & les autres, leur repréfenta :
percnr pro^ Q^c comme il s'agifloit d'un Cdncilc Général de toutes les Nations Chrc-
f»et aux tiennes, & que toutes les autres obéiflbient au Pape, Jules avoit dreflc
Vrotefidns \^ Bulle dc convocation dans la forme qui leur convenoit : Que pour ce
fUUs Af"-qQÎ concernoit l'Allemagne , fi elle vouloit s'en rcpofer fur lui, il fauroit
même '/iw^^^^ comment on devoit traiter : Qu'on laiflat affembler les autres Nations,
qu'ils \uf- & qu'alors il iroit en perfonneau Concile , ou au moinsdans un lieu très-
ftntfe met' prochc , Sc que de là il prendroit foin , non pas par des paroles mais par
tre en peine jçg cfFcts , que tout fe paflat comme il devoit : Qu'on ne fit aucune atten-
àeU Bulle. ^-^^^ ^ ^^ ^^^ difoit le Pape , ;nais à ce qu'il leur promettoit lui-même foi
d'Empereur & de Roi. ^ .
»S!cid. L. Cette remontrance calma les efprlts, " *î & le 13 de Février Ton pu-
II. p. 587. i^ji^ |ç Reccs delà Diète , Se le Décret , qui portoit en fubftance: Que
anTç ci' ^"^ ^^ ^"^ ^*^^ avoit propofé dans la Diète précédente qu'il n'y avoit aucun
N** I. ' autre moyen dv^tminer les différends de Religion en Allemagne que par
Thuan. L. un Concile Général pieux & libre , tous les Ordres de l'Empire , après
8. N° I. avoir approuvé la propofition , avoient confenti d'accepter le Concile &
X^o de s'y foumctrre : Que la chofc n'ayant pu être mife encore en exécution*,
Ficury L. on avoit renouvelle dans la préfente Dicte la même propofition , & pris la
146» N°7^. même réfolution : Que pour ce fujet l'Empereur par fes inftances avoit ob-
" . tenu du Pape que le Concile fut rétabli à Trente pour le premier Mai
fuivant : Que le Pape l'ayant fait. Se la Bulle de convocation ayant été
lue & propofce dans ta Diète, il étoit juile de perfifter dans la agnie ré-
folution d'attendre le Concile avec le refped qui lui étoic dâ^^^ d'y
%$. Et le i^ de Février on publia le Re- aux Ides de Février, qui font le 15. Idibus
ces de la Diète , &c. ) Raynaldus met Fetruarii ditnittitur Imperii Conventus.
cette publication au 14 j mais ceft une Sleid L. 11. p. 587. ce qui eft aufH con-
mcpiife, puillpe félon SUidan cela fe fit firme parM.Î? Thou L. 8, N^ i.
MD t I.
DE TRENTE, Livre III. 559
intervenir , comme feroient tous les Princes Chrétiens , & comme il fcroic
lui-même , où en qualité d'Avocat de TEglifc ôc de Défenfeur des Conciles Jules IlL
il feroit tout ce qui étoitdu devoir d'un Empereur, comme il Tavoii pro- —"■■■■■"
mis : Qu'en conicquencc de cette réfolution , il notifioit à tout le monde
que fon intention étoit , que tous ceux qui iroient au Concile y p uflcniallc
librement, & y demeurer, en revenir, & y propofer tout ce qu'en conf-
cience ils jugeroient nécelTaire, & que chacun le put faire en fureté & fe re-
pofer fur fon autorité ôc fa proteâion Impériale : Que pour être mieux en
état de ralfurer tout le monde , il fe tranfporteroit fur les frontières de l'Em-
pire , & dans le lieu le plus proche du Concile qu'il pourroit : Qu'il exhor-
toit les Electeurs , les Princes , & les Etats de l'Empire , & fur- tout les Ec-
cléfiaftiques , &c ceux qui avoient innové dans la Religion , à fe préparer
pour fe trouver U bien inftruits ^ afin de n'avoir aucune excufe : Qu'il ati-
roit foin que tout fe paffât légitiniement & dans l'ordre, & que les queftions
fe craitalTent & fe décidaflcnt chrétiennement & conformément àladoûri-
ne de l'Ecriture & des Pères : Qu'à l'égard de l'inobfervation de V Intérim ,
ôc du Décret de Réformation , s'étant convaincu qu'il étoit impoffible de
furmonter les difficultés , ôc que plus il prenoit de peine pour les faire exé-
cuter , plus le trouble augmenroit > il evoquoic à lui pour éviter une plus
grande confuCon la connoiflance des contraventions palTces-, & que cepen-
dant il chargeoic les Princes & les Ordres de l'Empire de faire obferver ces
Décrets à l'avenir.
^^ La publication de ceRecès le fit regarder comme un contrepoids à
la Bulle du Pape, ° ôc il l'étoit en effet à tous égards. L^ Pape vouloir «Pallav.L.
diriger le Concile*, ôc l'Empereur fe chargeoit du loin quef tout sy paflat "'^^ ^^*
dans l'ordre, & s'y fit juridiquement. Le premier vouloir y préjîder; ôc
le fécond vouloit que tout s'y décidât félon l'Ecrirure & les Pères. Le Pape
prétcndoit continuer le Concile *, & l'Empereur , que chacun pur y propofer
f 6» La publication de ce Recès le fit re-
garder comme un^ontrepoids à la Bulle du
Pape , &c. ) Comme il eft die auparavant ,
que tous les Ordres de l'Empire avoient
confenti à accepter le Gjncile , & à s*y
foumecrre , le Card. Pallavicin feit fem-
blant d'ignorer en quoi pouvoir confîfler
le contrepoids du Recès de la Diète avec
la' Bulle. La chofe pourtant n étoit pas dif-
ficile à connoitre , en fâchant à quelles
conditions les Allemands avoient confenti
d'accepter le Concile. D'ailleurs , on voit
bien en quoi Fra^Paolo met ici Toppoû-
tion. Le Pape vouloit reprendre le Concile
& le pourfuivre'y & l'Empereur vouloit
bien qu'on parlât de le raifembler à Tren-
te } mais non qu'on donnât le moindre lieu
de croire qu'il ne feroit pas libre aux Pro-
teftans de revenir fur ce qui avoit été déjà
décidé. Le Pape ne vouloit pas qu'on tou-
chât a (on autorité } & l'Empereur n'eue
pas été fôcKé qu'on lui eût donné des bor-
nes. Le Pape vouloit qu on crût que c'étoic
lui qui procuroit le Concile 3 ic l'Empe-
reur , que c'étoit à fa foUicitation. En
un mot , le Pape vouloit y être le maître i
& l'Empereur étoit bien aife que les Pro*
teftans cruflent que c'étoit lui qui y avoit
tout pouvoir. Voila où étoit le contrepoids ,
& n le Cardinal ne Ta pas fenti , c'ed qu'il
ne fent que ce qu'il croit favorable à (ts
idées , ic qu'il ne trouve de raifbn que dans
ce qui peut fervii à appuyer fes préjugés.
^60 HISTOIRE DU CONCILE
M DLL ce qu'il jugeroic ncccllaire félon fa confcicncc. Bn un mot, la Cour de
Jules, m. Rome ne pouvoir digérer cet affront, & regardoit le Décret de cette Diète
"—"■"■■" comme une autre Convocation du Concile ; mais le Pape en plaifantant i
fon ordinaire difoit, que V Empereur lui avoit rendu U change de la publia
cation de la Bulle qu'il avoit faite fans lui.
j^^ p XXXVI. L'année mdli arrivée, le Pape occupé du Concile qu'il avoit
nommi Us % ^^^^^^ y fe propofa principalement deux chofes. P La première d'yen<-
FréfidensdH voyer pour Préhdens des perfonnes en qui il eût une entière confiance. La
Concile^ fecondc , d épargner la dépcnfe autant qu'il fcroit poffible. Pour éviter U
^Hciiry, dépenfe, on lui confeilloit de n envoyer qu'un Légat. Mais comme il ju-
10^7 S^^^^ ^^^ ^ ^^^^^ ^'^^P ^^ crn^i'gc pour un feul homme , premièrement de n a-*
voir perfbnne auprès de lui en qui il pût prendre entièrement confiance
faute d avoir les mêmes intérêts , & enfuite de pader pour l'unique Au*
teur de tout ce qui fe faifoit , il crut qu'il valoit mieux partager l'emploi
entre plufieurs perfonnes. Mais il prit un milieu» qui fut de n'a(Tbciec
au Légat que de (impies Nonces, qui feroiçnt pourtant revêtus de la même
autorité; Se ce parti lui parut d'autant meilleur > que comme Tefpérance
fait agir avec plus de zèle & de foin » il comptoit encore d'en être mieux
f Pallav. L. ^'^^^^ ^ ^^ '^"^ '^^ Cardinaux fur lefquels il jecta les yeux, il n'en
XI. c 13. trouva point de plus propre , ni en qui il pût prendre plus de confiance »
Raya. que Marcel Crefcence Cardinal de S* Marcel , auquel il joignit Sibaflien
^ ^ Pigfùno Archevêque de Siponte , & Louis Lipoman Evêque de Vérone ; le
^o^^ ' premier, comme étroitement attaché à lui dès avant fon Pontificat ; Se le
fécond , comme un homme qui avoit une grande réputation de piété , de
bonté, & de fidélité.
Jules eut avec eux plufieurs entretiens fecrets 9 où il leur ouvrit entiè-
rement fon cœur , & les inftruifit pleinement de fes intentions ; après quoi
rFlcury, il leur fit expédier ^ une Commiflion très-ample pour préfider au Concile
10/^^ P' en fon nom. Elle portoit en fubftance: Qu'un père de famille doit fubfti-
tuer des perfonnes qui puidenc faire en fon nom ce qu'il ne peut pas faire
par lui-même : Qu'ainfi ayant rétabli à Trente le Concile Général que le
Pape Paul y avoit aflemblé , & efpérant que les Rois & les Princes le fa»
voriferoicnt Se le protegeroient , il y avoit cité tous les Prélats qui avoienr
droit de s'y trouver , 6c les avoit avertis de fç rendre à Trente au premier
de Mai , afin d'y reprendre le Concile dans l'état où on l'avoit laide :
Que fon âge avancé & quelques autres raifons l'empêchant de s'y trouver
s Paliav. L. ^^ perfonne, ainfi qu'il l'eût defiré ; » de peur que fon abfence n'en arrêtât
RAyn. ad 1* ^wue , '^ il conftituoit Marcel 9 Cardinal Jtèlé, prudpnc, fie habile,
an. ijji. pour
N
ty. Il conflîtuoït Marcel y Cardinal lé! é , iffi, oft il le peint comme un homme
prudent & habile , pour fon Légat ^ &c. ) ^ui a perdu toute honte ^ plein d'orgueil 6»
Ce caradcre eft fort noble, mais il eft d* effronterie , parlant avec hauteur & avec
bien diffcrenc de celui que lui donne Var- fierté , traitant les Evêques comme des ef*
ga/ dans Ot lettre da ;.é. de Novembre cUves , devenant intraitable par fes fuccès ^
menaçant
DE TRENTE, Livre III. jtfi
|K>ur fon Légat , avec l'Arche vcquc de Siponu & TEvèquc de Feront , cous M » 1 1. '
deux recommandablcs par leur Icience ic leur expérience , pour fes Nonces9 '^^^^ ^^
par un Mandement fpécial muni de toutes les claufes néceffaires : Qu'il les •"■■■'■•
eavoyoit en ce lieu comme des Anges de paix , leur donnant l'autorité de
reprrâdre , diriger , & pourfuivre le Concile , & de faire toutes les autres
chofes nécelTaires & convenables , félon la teneur des Lettres de convoca-
tion tant de lui que de fon prédécellcur.
L'Empereur. » qui slntereflbit plus que perfonne au Concile, & qui
le regardoit comme le ièul moyen de fe rendre maître abfolu en Allema-
gne, fit expédier à tous les Ordres Proteflans de l'Empire un Sauf.conduic
très ample pour eux-mêmes , ou pour leurs An^adàdeurs & pour les Théo*
logiens qu'ils y en voyeroieitt.
XXX VII. Mais pendant qu'à Rome& à Ausbourg on jettolt les fon- 5^^^^,,^
démens fur lefquels devoir s'édifier le Concile de Trente , ^ on traraoit ail- troubUs #»-
leurs divers projets , qui venant à éclore firent grand ombrage â la dignité tteU ?Mfê^
OSave Famife la ville de Parme > dont Paul s'étoit faifi au nom de l'Edife , ché de P^v»
* & lui alligna outre cela 2000 écus par mois pour la défendre. Oaavc , w- Pr^fn
que Ftrrand de Goniague Gouverneur de Milan haïïToit, & qui foupçon- '**»* »^«^
nant à beaucoup d'indices que l'Empereur avoit deffcin de (e rendre maître ^ AlUmm^
de Parme , ne croyoit pas erre en état de la défendre par fes propres forces, gne contre
fur-roue n étant point payé de la penfion de 1000 ecus qui lui avoit été PEmperêttr,
ttflîgnée , s'adrefla au Pape y par le moyen du Cardinal fbn frère , pour ' Fkurv, L.
le prier de le fccourir, ou de liii permettre de rechercher la prore6tion de '^^* \î
quelque autre Prince qui fût en état de le défendre contre l'Empereur. ^^ f J?â*
•^ Le Pape fans beaucoup de réflexion lui ayant répondu qu il pouvait faire N** j.
X Pallav. L
menaçant & jurant , &c. Ce ponraît eft nerepojfe — Pontîficem per fratrtm Cardi" ''-^ 7« *
peut-ètie outré, mais on verra par la con- naUm Famcfium inttrptîlavït ^ utvtl ma-^ ^^t •
iluite de ce Cardinal dans le Concile , qu'il jore ( ptcuniarum fumma ) ft fuhltvartt , -^ mo^^
étoit au moins fon haut , fon opiniâtre , vtl rébus fibifuis confulere , atquc allcujus Dlirar L-
& fon entier. fi Principis fidei credere permittcret, Fon- ^ # , N^ « 1.
S 8. Zr Pape fans beaucoup de réflexion tîfex derepentèy re non cognita , & pariim , y^^r, L 8, '
iuî ayant répondu qu il pouvoit faire ce qu'il uti eventus docuit , prudenter , Cardinali p, y 14.
jugerait de mieux pour fes intérêts , ta. ) Le fratris nomine roganti refpondit , ut qua Onuph. in
Card. Pallavicin L. ii. c. 11. femble eommodiks videretur ratione fuis Dux dif yïxz IvX^
vouloir hixt douter de ce fait. Mais comme ficuUatibus confuUret, Le même fait eft at-
il eft attefté par les Hiftoriens du tems , tefté par Adriani , à cette feule différence
qu'on ne peut foup^onner de l'avoir in- près , qu'au lieu que félon Onuphre cette
▼enté , c'eft une foible raifon pour le con- repréfen ration fut faite par le Cardinal Far^
tefter, que de dire, comme fait ce Car- nife , OHave félon Adriani la fît faire par
dinal , qu'il ne le trouve point dans les Mé- un Gentilhomme nomme Marc - Antoine
moires qu'il a vus. Ofiavius , dit Onuphre, Venturi. Le mêine fait eft auflî confirmé
diffidens fe invito Cœfare diutiàs illam te- par M. de Thou > qui apparemment Ta
ToMiL Bbbb
ytf* HIST. DU CONCILE DE TRENTE, Liy. III.
M » t z. et quU jugeroit de mieux pour Jcs intérêts , 03ave par le moyen (ÏIforac€
perfuada au Pape que c'ëcoic un accencac contre fa dignicé
lui qui écoit le Seigneur Souverain tant de cette ville que du Duc lui-mè-
g, Ail. L. S. me. ' Le Pape cita donc le Duc à Rome , & lé déclara rebelle s'il man«
Pj 5 M* quoit à comparoître. L'Empereur , dont ce Pontife avoir en même tems
88 * demandé la proreâion , fe déclara auiH-tor pour Sa Sainreté, & lui promit
FaUaT! L. d'employer fes armes pour la défenfe de ics droits. Ce fut- là la fourcc
1 1. c. z }. d'une guerre ouverte qui éclata depuis entre l'Empereur Se le Roi de France,
Rayn. & de la brouillerie qui furvint entre le Pape & le même Roi. Ce fut à peu
ji'r ' ' ' P^^^ ^^"^ ^^ même tems , que les Eleébeurs de Saxe & de Brandebourg s'étanc
^^' abouchés dans la Saxe fur TElbe , commencèrent à traiter entre eux d'une
Ligue pour empêcher l'Empereur de fubjuguer entièrement l'Allemagne 9
comme je le dirai dans fon lieu.
«Pallar.L, Mais nonobftant ces femences de guerre, & quelques autres encore
I z. c Z4. que l'on voyoit dès le commencement d'Avril germer en Italie, Jules ordon*
Flcory , L. na i fon Légat & â fes Nonces de fe rendre a Trente > ^ & les chargea d'y
Itt' ^"^ ouvrir le Concile le premier de Mai , qui étoit le jour préfix , avec les
Prélars qui s'y trouveroicnt ; & même s'il ne s\ en trouvoit point , d'en
faire toujours l'ouverture fans aucun Prélat , a l'exemple des Nonces de
Martin V^ qui ouvrirent feuls le Concile de Pavie > fans qu'il y eût au*
cun Prélat.
tiré de cet Hifbrien, fvt Bioueaire Bcpir dire notre Auteur, qoe Pattavîcin a pré-
Spondt^ aafll-bienque par placeurs aacres tendu rendre ce bk domeuz, en difant
Ecrivains ; enfozce qae ce ne peat être qa*il ne l'a point tJOOTé dams fes Màno>
que par une inclination affeâée de contre- res»
104.
fif^ dtà Tûme 7.
3-